SAINT ASTÈRE
ÉVÊQUE D'AMASÉE
( Fêté le 30 Octobre)
Le saint est né dans le Pont au 4e siècle. Il s'appliqua dans sa jeunesse à
l'étude de la rhétorique et du droit, et exerça quelque temps la profession
d'avocat. Mais une voix intérieure lui disait sans cesse qu'il devait se
consacrer au service spirituel du prochain : ce qui le détermina à
quitter le barreau et tous les avantages du monde pour entrer dans l'état
ecclésiastique. Il fut choisi pour succéder à Eulalius sur le siège
métropolitain d'Amasée, et montra beaucoup de zèle pour maintenir, parmi son
peuple, la pureté de la foi et la fidélité à la Tradition. Il déploya aussi un
grand talent pour la prédication, et les Sermons qui nous restent de lui sont
un monument impérissable de son éloquence et de sa piété.
Nous avons aussi de lui un discours en l'honneur de sainte Euphémie, qui fut
lu au deuxième Concile de Nicée, (787) dans une église dédiée sous l'invocation
de cette illustre martyre. Il a laissé aussi un panégyrique de saint Phocas le
Jardinier. Son style est élégant, naturel, énergique. Il réunit à la vivacité
des images la beauté et la variété des descriptions, ce qui trahit un génie
vigoureux et fécond. Également nous est parvenu de lui une homélie sur saint
Pierre et Paul et une autre sur Daniel le prophète. Les écrits qui restent de
lui, sont reproduit dans la Patrologie grecque (tome XL).
Saint ASTÈRE
Le saint est né
dans le Pont au 4e siècle. Il s'appliqua dans sa jeunesse à l'étude de la
rhétorique et du droit, et exerça quelque temps la profession d'avocat. Mais
une voix intérieure lui disait sans cesse qu'il devait se consacrer au service
spirituel du prochain : ce qui le détermina à quitter le barreau et
tous les avantages du monde pour entrer dans l'état ecclésiastique. Il fut
choisi pour succéder à Eulalius sur le siège métropolitain d'Amasée, et montra
beaucoup de zèle pour maintenir, parmi son peuple, la pureté de la foi et la
fidélité à la Tradition. Il déploya aussi un grand talent pour la prédication,
et les Sermons qui nous restent de lui sont un monument impérissable de son
éloquence et de sa piété.
Nous avons aussi de lui un discours en l'honneur de sainte Euphémie, qui fut lu
au deuxième Concile de Nicée, (787) dans une église dédiée sous l'invocation de
cette illustre martyre. Il a laissé aussi un panégyrique de saint Phocas le
Jardinier. Son style est élégant, naturel, énergique. Il réunit à la vivacité
des images la beauté et la variété des descriptions, ce qui trahit un génie
vigoureux et fécond. Également nous est parvenu de lui une homélie sur saint
Pierre et Paul et une autre sur Daniel le prophète. Les écrits qui restent de
lui, sont reproduit dans la Patrologie grecque (tome XL).
Non plus deux, mais une
seule chair
Le mariage, institution
souveraine, n’est pas une plaisanterie ; on ne peut le contracter ou le
dissoudre que selon des lois strictes. « Est-il permis à un homme de
renvoyer sa femme pour n’importe quel motif ? » (Mt 19, 3).
Voilà la question posée par des Hébreux ; elle intéresse tous les hommes.
Les femmes sont plus
confiantes, plus promptes à s’émerveiller devant les signes du Christ ;
elles sont plus portées à sentir sa divinité et à s’y confier. Au dernier jour,
quand ses bourreaux traînent le Christ à la croix, elles sont plusieurs à
suivre le Sauveur, en larmes. Aussi, les pharisiens cherchent, par leurs
perfides questions, à le rendre suspect et odieux à ce sexe. Ils veulent le
faire tomber dans les pièges qu’ils lui tendent. Mais le Seigneur, dans sa
connaissance souveraine, sonde leur arrière-pensée et, tandis qu’il tient aux
autres des propos empreints de bonté, il parle durement à ces traîtres ;
tandis qu’il se fait le défenseur des femmes, il renvoie ces pharisiens comme
loups affamés, qui en vain ont hurlé.
La création même, dit le
Christ, vise l’union, non la rupture. Celui qui a noué le premier hymen est le
Créateur ; c’est lui qui a uni le premier couple humain par le lien du
mariage, lui qui a donné à ceux qui viendraient après eux la vie commune comme
ordre naturel et infrangible à honorer comme une loi de Dieu. Les époux qui
s’unissent « ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que
Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. »
St Astère d’Amasée
Astère d’Amasée († 410),
évêque, nous a laissé seize écrits, homélies, commentaires de l’Écriture ou
panégyriques de martyrs. / Homélie 5, trad. F. Quéré, Le mariage dans
l’Église ancienne, Paris, Le Centurion/Grasset, 1969, coll. Ichtus 13,
p. 222-223, revue.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/vendredi-25-fevrier/meditation-de-ce-jour-1/
1. SUR L'ÉCONOME INFIDÈLE
Que de
fois, dans mes discours, je vous ai fait observer que des erreurs enracinées
dans l'esprit humain étaient tantôt une source de péchés, tantôt un obstacle
aux bonnes oeuvres dont notre vie sur la terre devrait être semée. C'est un
préjugé semblable qui nous persuade que tous ces biens dont nous n'avons que
l'usage, que la simple jouissance, sont notre propriété absolue et irrévocable.
De là des contestations, des querelles, des luttes acharnées ; de là une
attache sans bornes, une cupidité sans frein pour des biens que nous plaçons au
premier rang. Mais que nous sommes loin de la vérité ! Rien de ce
que nous possédons ne nous appartient en réalité : nous ne sommes
pas établis sur la terre avec droit de possession permanente, nous n'avons là
ni résidence fixe, ni position stable ; nous ressemblons à des étrangers,
à des voyageurs, ou plutôt à des exilés. Sans consulter nos voeux, le Seigneur,
lorsqu'il Lui plaît, nous arrache de ces lieux, et nous dépouille de toutes nos
richesses. Enfin rien de plus sujet aux mutations que les choses de ce
monde : celui qui est aujourd'hui dans l'opulence et les honneurs
sera demain dans la honte et dans la misère ; celui qui nage dans
l'abondance et les richesses est bientôt réduit au dénuement le plus triste, et
manque de pain pour soutenir son existence. C'est par là surtout que Dieu se
trouve infiniment au-dessus des hommes : Dieu seul ne change pas, Il
est immuable ; sa Vie, sa Gloire, sa Puissance sont les mêmes de toute
éternité.
Les
hommes sages et versés dans la connaissance des Livres saints voient déjà de
quel passage j'ai tiré cet exorde. Il m'a été inspiré par la parabole où saint
Luc, s'occupant de la question morale que nous traitons, raconte l'histoire
d'un économe qui avait été chargé de l'administration des biens d'un homme
riche. L'évangéliste nous le représente pleurant et désolé, lorsque son maître,
s'apercevant de ses prodigalités et de ses malversations, lui eut adressé ces
reproches : « Rends-moi compte de ta gestion, et retire-toi
d'ici au plus vite ; car je ne souffrirai pas que tu abuses plus longtemps
de mes biens, et que tu t'en serves pour tes plaisirs, comme s'ils
t'appartenaient en propre ». Ceci n'est point une histoire véritable, mais
bien une parabole, qui, par une ingénieuse fiction, nous instruit des principes
de la morale.
Ainsi,
qui que vous soyez, apprenez que vous êtes chargé simplement de gérer les
possessions d'un autre, et, vous dépouillant de cet orgueil qui ne convient
qu'à un maître, prenez la réserve et l'humble attitude d'un administrateur qui
doit rendre ses comptes ; tenez vos livres avec le plus grand soin, parce
que le Seigneur peut venir d'un instant à l'autre. Vous n'êtes que fermier, et
pour peu de temps ; la concession qui vous a été faite ne doit pas avoir
une longue durée. Si des idées si simples et si communes vous étonnent,
rendez-vous aux leçons de l'expérience qui ne trompe jamais. Supposons que vous
possédiez une terre : ou vos pères vous l'ont laissée, ou vous
l'avez acquise ; comptez, si vous le pouvez, et repassez en votre mémoire
tous ceux qui l'ont eue avant vous ; puis jetez vos regards dans l'avenir,
et songez à cette succession innombrable de gens par les mains desquels elle
devra passer encore ; après cela, dites-moi à qui appartient en réalité le
droit de propriété, quel est celui que nous devons regarder comme vrai
possesseur parmi tous les maîtres passés, présents et à venir ? Si
l'on pouvait par enchantement les ressusciter tous à la fois, certes on verrait
plus de propriétaires qu'il n'y a de mottes de terre dans ces champs. Si vous
voulez une autre image de la vie de l'homme ici-bas, supposez, par une
ingénieuse fiction, que, voyageant par une chaude journée d'été, vous ayez
rencontré sur votre route un arbre dont les rameaux épais vous invitent à
chercher sous leur ombre un abri contre la chaleur. Sous ce toit hospitalier,
vous vous êtes arrêté pour respirer le frais, et vous avez joui de son ombre
aussi longtemps que vous l'avez pu : à l'heure de votre départ
arrive un autre voyageur ; il dépose sa charge, prend la place que vous
venez de quitter, profite du feu que vous avez allumé, de l'ombre dont vous
avez joui, et se désaltère dans les eaux limpides qui ont servi à vous
rafraîchir. Il s'est reposé quelque temps sur l'herbe, tandis que vous marchiez,
et ensuite il a continué son chemin. Le même jour, et dans un court espace de
temps, cet arbre aura vu dix voyageurs venir réparer leurs forces sous son
ombrage ; il a servi à tous ceux qui se sont présentés, et cependant il ne
reconnaît qu'un seul maître. Il en est de même des richesses de ce monde, des
avantages de cette vie ; ils servent aux besoins et à l'agrément de
chacun ; mais ils appartiennent à Dieu seul, qui n'est sujet ni à la mort,
ni à la corruption.
Sans
doute il vous est arrivé quelquefois en voyageant de descendre dans un
hôtel : là, quoique vous n'eussiez rien apporté, vous avez trouvé un
lit, une table, des coupes, des vases, en un mot, tous les objets qui pouvaient
vous être nécessaires. À peine avez-vous eu le temps de vous en servir, qu'il
survient quelque autre voyageur hors d'haleine et couvert de poussière. Il use
de tout, comme s'il en était le maître, et vous force en quelque sorte à
partir. Voilà l'image fidèle de notre vie, mes frères, si ce n'est qu'il y a
quelque chose de moins durable encore dans les accidents de ce monde. Quand
j'entends dire ma terre, ma maison, je ne puis revenir de ma surprise ; je
ne comprends pas comment, par un vain mot, on pense s'arroger les droits d'un
maître, s'approprier ce qui appartient à un autre, en prononçant deux lettres.
De même
que sur le théâtre tel rôle ne revient pas exclusivement à tel acteur, mais
qu'il est joué indifféremment par l'un ou par l'autre, suivant les
convenances ; ainsi les terres et les autres propriétés passent, comme un
habit, de main en main. Dites-moi, quoi de plus grand que la
royauté ? Passez en revue tout ce qu'un prince peut avoir en sa
possession ; comptez ses manteaux de pourpre, quel qu'en soit le
nombre ; ils ont brillé sur les épaules de plus d'un personnage ;
d'autres se sont servis également de ses couronnes, de ses bandelettes et de
ses autres ornements. Tout cela compose un héritage qui change continuellement
de maître ; tout cela est à l'usage commun de tous les princes qui se
succèdent ; celui qui s'en va les abandonne à celui qui vient après lui.
Que dirons-nous des insignes qui distinguent nos gouverneurs de province, de
leur siège d'argent et de leur bâton d'or ? Ces ornements
n'appartiennent en propre à aucun de ces hommes ; chacun les possède à son
tour, et pendant un assez court espace de temps. Comme un même char, un même
poêle servent aux funérailles d'un grand nombre de personnes, de même les
insignes affectés aux grandes dignités de l'état sont employés à revêtir
successivement une foule d'hommes. Souvent, la voix de l'Apôtre nous rappelle
cette grande vérité. Il nous déclare que la figure du monde change sans cesse,
que « ceux qui achètent doivent être comme ne possédant pas, et ceux qui
usent du monde comme n'en usant pas » (1 Co 7,30&endash;31),
ce qui signifie une seule chose, que nous devons vivre sans nous occuper du
lendemain, et nous tenir toujours prêts à partir au premier signal.
Pour vous
mieux convaincre de la soumission entière que nous devons aux préceptes du
Seigneur, préceptes qui sont destinés à être la règle de notre conduite,
reportez vos regards sur vous-mêmes, considérez que votre âme et votre corps
sont également assujettis aux lois de la vertu, que vous n'êtes pas le maître
de suivre vos penchants ; que vos paroles, vos actions, tous vos
mouvements doivent être conformes à la Volonté divine. Le Seigneur vous a donné
un corps dans lequel on distingue différentes parties, et qu'il a pourvu de
cinq sens pour l'usage et l'agrément de la vie ; mais ces organes, au lieu
d'être indépendants, sont soumis à des lois déterminées ; et en ce qui
concerne la vue, qu'on regarde comme le sens principal, il vous est permis de
contempler la nature et tout ce qu'elle renferme de beau et d'admirable, de
considérer le soleil, qui répand sur la terre des torrents de lumière ; la
lune, dont la douce clarté charme les tristes heures de la nuit ; les
étoiles, dont la faible lueur parvient avec peine jusqu'à nous, mais dont la
flamme scintillante orne la voûte des cieux. Admirez la surface de la terre,
couverte d'une végétation si riche et si variée, les plaines immenses de la
mer, qui s'étendent comme une campagne unie, lorsque le calme règne sur ses
eaux tranquilles : ce sont là des objets dont la vue ne vous est
point interdite ; mais que vos regards se détournent avec soin de ceux qui
pourraient donner atteinte à l'innocence de votre âme ; fuyez, placez un
voile devant vos yeux ; il vaut mieux les condamner aux ténèbres,
lorsqu'ils peuvent donner occasion à des oeuvres d'iniquité. Aussi le Seigneur
nous disait-il hier, par la bouche de saint Matthieu :
« Quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère
avec elle dans son coeur » (Mt 5,28). Il vaudrait mieux arracher son
oeil que de lui permettre de se reposer sur des objets obscènes. Pour l'ouïe,
il y a également des lois à observer, des précautions à prendre. Il faut ouvrir
ses oreilles et les rendre attentives aux discours sages et pieux ; elles
servent alors de canaux pour transmettre à l'âme des leçons salutaires. Si un
homme corrompu, livré à tous les vices, s'approche et veut souffler dans votre
âme la contagion du péché, fuyez-le aussi promptement que ces bêtes dangereuses
qui répandent autour d'elles un venin mortel. On doit aussi mettre un frein à
la langue, afin qu'elle ne profère que des paroles honnêtes, s'abstenant de
tout ce qui pourrait offenser la vertu ; qu'elle évite les médisances, les
calomnies, les injures envers le prochain, les blasphèmes contre Dieu ;
enfin que tous ses discours soient dictés par la piété, la religion et le désir
de porter aux bonnes oeuvres. Que chacun répète souvent ces paroles du
psalmiste : « J'ai dit, je veillerai sur mes voies, afin de ne
pas pécher par ma langue » (Ps 38,1). Ailleurs on lit :
« De leur langue ils lui mentaient » (Ps 77,36). Et
encore : « Pourquoi te glorifier de ta méchanceté,
puissant ? Tout le jour ta langue rumine l'iniquité et
l'injustice ; tu es comme un rasoir effilé, tu agis avec ruse »
(Ps 51,3&endash;4). En un mot, que notre langue soit d'un grand secours
pour notre salut. Veillons de même sur notre odorat ; qu'il ne soit point
l'esclave de la volupté ; qu'il ne recherche pas avec trop d'avidité les
douces exhalaisons des essences précieuses. Isaïe s'élève avec force contre des
goûts si efféminés. Nos mains doivent se souvenir des préceptes du Seigneur, et
ne point se livrer à toute sorte d'attouchements. Étendons-les pour faire
l'aumône, et non pas pour commettre des soustractions ; qu'elles servent à
défendre nos biens, et non à nous emparer de ceux du prochain, à secourir les
personnes qui sont dans les maladies et les souffrances, et non à nous mettre
en contact avec celles qui, jouissant d'une santé florissante, ont un attrait
irrésistible pour la volupté.
Je crois
avoir suffisamment démontré que nous ne sommes pas les maîtres de nous-mêmes,
mais que nous sommes plutôt chargés de notre conduite, et en quelque sorte de
notre administration. Tout ce qui tombe dans le domaine de la loi est soumis au
législateur, si nos membres, si les diverses parties de notre corps ne
dépendent point d'elles-mêmes ; si elles exécutent, d'après la Volonté de
Dieu, les fonctions pour lesquelles elles ont été formées, que dirons-nous à
ces gens qui s'imaginent tenir complètement en leur possession l'or, l'argent ;
les terres et les autres biens, et qui s'imaginent en être les maîtres
absolus ? Ô mon ami ! Rien de tout cela n'est à
vous ; vous n'êtes qu'un esclave ; tout ce que vous regardez comme
vous appartenant est au Seigneur ; un esclave n'a le droit de rien posséder
en propre. Vous étiez nu lorsque vous êtes entré en ce monde, tout ce que vous
avez, vous le tenez de la loi de Dieu. Si vos richesses vous viennent de
l'héritage paternel, c'est parce que Dieu a dit que les biens des parents
seraient partagés entre les enfants ; si elles ont leur source dans le
mariage, c'est encore en vertu de la loi du Seigneur, qui a établi le
mariage et la conséquence qu'il entraîne ; si elles proviennent du
commerce de l'agriculture ou de toute autre voie, c'est parce que Dieu vous a
accordé son appui et sa protection. Il est donc manifeste que vos prétendues
possessions ne vous appartiennent pas réellement ; voyons maintenant
ce qui vous est prescrit, et de quelle manière vous devez les gérer. Donnez des
aliments à celui qui a faim, des habits à celui qui est nu, des soins à celui
qui est malade ; ne délaissez pas le pauvre que la misère a laissé sans
abri sur le pavé ; soyez sans inquiétude sur votre propre compte ; ne vous
demandez pas comment vous parviendrez à la journée de demain.
Si vous
conformez votre conduite aux prescriptions de la loi, le Législateur vous
décernera des récompenses ; mais si vous foulez aux pieds ses préceptes,
vous en serez puni, vous porterez la peine de votre désobéissance. Toutes ces
obligations qui pèsent sur l'homme montrent qu'il ne s'appartient pas ;
qu'il n'est pas le maître de ses actions ; elles prouvent que, bien loin
de là, il est soumis tout entier au souverain Pouvoir de Dieu, qui lui trace la
ligne de ses devoirs et l'oblige à ne point s'en départir ; cependant nous
vivons dans une sorte d'indépendance, comme si nous n'avions point de compte à
rendre un jour ; nous traitons les pauvres avec dédain, nous les laissons
périr dans la misère, tandis que nous faisons de folles dépenses pour satisfaire
notre ambition et notre vanité. Nous entretenons une foule de vils flatteurs,
de vils parasites viennent s'asseoir à notre table ; nous dépensons des
sommes énormes pour nourrir des bêtes curieuses, des animaux féroces, de beaux
coursiers, des saltimbanques, des pantomimes et d'autres hommes perdus de
réputation et de moeurs, notre fortune devient complice de notre folie. Lorsque
nos libéralités pourraient nous procurer des avantages inappréciables, le salut
éternel, nous serrons la main, de crainte d'en laisser tomber seulement
quelques oboles ; s'agit-il, au contraire, de dépenses pour des occasions
où l'on ne peut manquer de pécher, qui conduisent à des peines infinies, au feu
de l'enfer, entraînés par la passion, nous nous empressons de répandre nos richesses
à grands flots. Ce n'est point là certainement la conduite d'un esclave qui
attend son maître avec crainte, mais bien plutôt celle d'un jeune libertin qui
ne refuse rien à ses commodités et à ses plaisirs.
Si vous
voulez savoir avec quelle vigilance, avec quelle sollicitude un sage économe
administre les biens qui lui ont été confiés, ouvrez les Psaumes de David, et
lisez ce passage où le saint prophète prie Dieu avec instance de lui découvrir
le jour fixé pour son départ de ce monde : « Fais-moi savoir,
dit-il, Seigneur, le terme de ma vie et quel est le nombre de mes jours, afin
que je sache ce qui me manque » (Ps 38,5). Vous voyez dans ces
paroles se peindre toute l'anxiété d'une âme craintive, vivement
préoccupée : elle jette un long regard dans l'avenir, et s'enquiert
avec inquiétude du moment suprême où il lui faudra quitter le jour, dans la
crainte de ne pas se trouver prête au moment où sera donné le signal du
départ ; elle veut connaître l'espace qui lui reste à parcourir, afin qu'à
force d'activité et d'ardeur elle ait pris toutes ses dispositions avant que
celui qui doit l'emmener se présente. Entre un homme qui abandonne la vie et un
économe dont la gestion touche à son terme, il y a la plus grande
ressemblance ; et quand on compare entre elles ces deux situations, on y
trouve une identité parfaite. Celui qui meurt laisse à ses successeurs le soin
d'administrer les biens qu'il a possédés ; l'économe, en partant, laisse à
d'autres les clefs qui lui avaient été confiées ; l'un est forcé de
quitter les champs qu'il a cultivés, l'autre sort de ce monde, que l'on peut
comparer à une vaste propriété ; l'économe s'éloigne triste et à regret du
séjour qu'il a longtemps habité, des vignes et des jardins théâtre de ses
travaux. Quels sentiments supposez-vous à celui que la mort arrache aux
douceurs de la vie ? Ne déplore-t-il pas la perte de ses
biens ? Ne jette-t-il pas un douloureux regard sur ces meubles
précieux, sur ces trésors auxquels il était si vivement attaché ? Il
sent que tous ces biens lui échappent à la fois ; qu'on va le conduire aux
lieux qui ont été préparés pour sa demeure ; déjà retentissent à ses
oreilles ces paroles terribles : « Rendez compte de votre
administration ». Montrez quelle docilité vous avez eue pour les ordres qui
vous avaient été donnés, comment vous avez traité ceux qui partageaient
vos travaux ; avez-vous été doux et indulgent pour eux ; ou,
plutôt, comme un vrai tyran, ne les avez-vous pas accablés de
coups ? N'avez-vous pas frustré ces malheureux du salaire qui leur
était dû ? Il n'aura rien à craindre s'il parvient à se rendre son
maître propice en prouvant qu'il s'est conduit en bon serviteur ; mais,
s'il en est autrement, ce ne sont pas des coups de verges, une prison obscure,
et de fers qui l'attendent, mais un feu sans relâche, mais une nuit éternelle,
où jamais ne pénétrera le plus léger rayon de lumière, et où l'on entendra
d'affreux grincements de dents, ainsi que l'affirment les textes de l'évangile.
Ô vous
qui m'écoutez, s'il est vrai que vous ne devez jamais être dépouillés des biens
de ce monde ; s'ils ne sont point périssables, ah ! jouissez
sans inquiétude de tous les plaisirs, livrez vos sens aux voluptés ; mais
si, quelle que soit la durée de nos jouissances, il faut s'attendre à un terme
fatal qui les détruira, tremblons, mes frères, à l'idée de cette séparation
redoutable, et, durant notre séjour sur la terre, observons scrupuleusement les
préceptes du Seigneur, craignons de nous trouver chargés de dettes et couverts
d'obligations au moment où nous en serons arrachés, afin que nous puissions
entrer dans les voies éternelles, libres de tout engagement, avec le témoignage
d'une conscience tranquille, qui n'a rien à se reprocher dans le passé, et qui
ne craint point l'examen à venir.
Ce fut un
mauvais économe que ce riche dont parle l'évangile, à qui ses terres
rapportaient des revenus considérables, et qui, au milieu de l'abondance dont
il jouissait, n'eut pas une bonne pensée, ne fit pas une bonne action ;
livré aux appétits insatiables de la chair, à toutes les fureurs d'une
dévorante cupidité, il était d'une avarice qu'on aurait pu comparer aux abîmes
sans fond où allaient s'engouffrer des richesses immenses ; il faisait
tout servir à son usage et à la satisfaction de ses penchants, et il s'écriait
quelquefois dans l'ivresse de l'orgueil et de la débauche :
« Voici, dit-il, ce que je ferai : j'abattrai mes greniers,
j'en bâtirai de plus grands, j'y amasserai toute ma récolte et tous mes
biens ; et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de
biens en réserve pour plusieurs années ; repose-toi, mange, bois, et
réjouis-toi » (Lc 12,18&endash;19). À peine achevait-il de
parler, qu'il fut surpris par l'apparition subite du ministre chargé de
l'emmener, et dont l'aspect terrible ne lui annonçait que trop le châtiment qui
allait suivre sa destitution. Que lui sert alors d'avoir mené une vie
voluptueuse ? L'évangile nous fait une vive peinture des
dérèglements et du sort funeste de cet homme, afin que nous y puisions une
leçon salutaire. N'avons-nous pas, hélas ! l'expérience de chaque
jour ? Ne nous présente-t-elle pas incessamment les exemples les plus
propres à faire impression sur nous ? Celui qui, à midi, jouissait
encore d'une santé parfaite n'atteint pas la fin du jour ; cet autre, qui,
le soir, était plein de force et de vie, expire avant de voir les premiers
rayons du jour ; enfin nous en voyons que la mort vient surprendre à table
et au milieu des festins. Quel est l'homme assez aveugle pour ne pas apercevoir
les vides que la mort fait autour de nous, enlevant les hommes de ce monde,
comme d'un lieu où ils avaient été placés momentanément ? Mais toi,
fidèle ministre, fort du témoignage de ta conscience, partage les sentiments
qu'exprimait autrefois saint Paul. Ce grand apôtre, sans attendre les ordres du
Seigneur, soupirait vers Lui et demandait à quitter la terre ; il désirait
se voir déchargé de son ministère, et s'écriait : « Misérable
que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ?... »
(Rm 7,24). Et ailleurs : « J'ai le désir de m'en aller et
d'être avec Christ » (Ph 1,23). Tout au contraire, celui dont les
pensées se portent vers la terre à laquelle il est étroitement uni, s'inquiète
à l'approche de l'heure du départ ; il se lamente comme cet homme de la parabole :
« Que ferai-je, puisque mon maître m'ôte l'administration de ses
biens ? Travailler à la terre ? Je ne le puis.
Mendier ? J'en ai honte » (Lc 16,3). Ces plaintes,
ce désespoir ne peuvent convenir qu'à un oisif, qu'à un voluptueux. Celui qui,
au moment du départ, verse des larmes amères et se répand en lamentations est
un homme qui s'était presque identifié avec ses fonds de terre, et qui ne peut,
sans un violent chagrin, renoncer aux plaisirs dans lesquels il a cherché le
bonheur. Cette faiblesse, cette aversion pour le travail, n'est-elle pas la
preuve et le fruit d'une vie passée dans une coupable oisiveté ? On
n'a tant de répugnance pour les occupations laborieuses que lorsqu'on s'en est
dispensé pendant longtemps.
Que si
nous cherchons le sens allégorique renfermé dans cette parabole, nous verrons
qu'à partir du moment où nous aurons quitté ces lieux, on n'a plus le loisir ni
de travailler, ni de mendier ; il est donc fort inutile de
dire : « Je n'ai pas la force de creuser la terre ». Quand
vous en auriez la force, on ne vous le permettrait pas. L'accomplissement des
préceptes du Seigneur, telle doit être l'occupation de notre vie ; voilà
la culture à laquelle nous devons nous livrer ; nous goûterons le fruit
de nos travaux dans la vie future. Si vous avez vécu dans la paresse, si vous
n'avez rien fait en ce monde, il sera trop tard après la mort pour songer à
votre vigne et aux champs que vous avez négligés. Toutes vos prières, toutes
vos supplications n'aboutiront à rien : on peut s'en convaincre par
l'exemple terrible des vierges folles ; comme elles manquaient d'huile pour
leurs lampes, elles s'adressèrent en vain aux vierges sages pour en obtenir.
Cette parabole nous apprend qu'à l'arrivée de l'Époux, personne ne peut
recourir à une huile étrangère, c'est-à-dire ne peut se prévaloir des bonnes
actions faites par d'autres.
Chacun
s'avance revêtu de ses propres oeuvres, comme d'un habit, tantôt riche et
brillant, tantôt sale et de vil prix, et au jour du jugement il ne sera permis
à personne de l'ôter ou de le changer, quand même on trouverait quelqu'un qui
voulût en donner ou seulement en prêter un autre : chacun restera dans
l'état où il se trouve, chargé des haillons du péché ou resplendissant de
l'éclat de la vertu. Mais en voilà assez sur ce point. Que dirai-je des moyens
dont s'avisa cet économe coupable, en remettant leurs dettes à tous ses
débiteurs, afin de se procurer quelque consolation et de se ménager leur
appui ? Il ne parait pas facile de faire accorder cette
circonstance avec le sens général de l'allégorie. Je vous dirai cependant à
quelle idée je me suis arrêté, après y avoir longtemps réfléchi. Ceux qui
désirent obtenir le pardon de leurs péchés trouvent une ressource en
distribuant des biens qui ne leur appartiennent pas ; je dis des biens qui
ne leur appartiennent pas, puisqu'en effet ils sont au Seigneur ; nous ne
possédons rien en propre : ce que nous croyons avoir, c'est Dieu qui
nous l'a confié pour un temps. Lors donc que quelqu'un, songeant à sa fin et à
son départ pour l'autre vie, veut rendre par sa bienfaisance le poids de ses
péchés plus léger, ou il dégage ses débiteurs de leurs obligations, ou il fait
d'abondantes aumônes aux pauvres ; et distribuant des richesses qui
n'appartiennent réellement qu'à Dieu, il se crée de nombreux amis, qui
témoigneront devant le souverain Juge de sa bienfaisance et de sa libéralité,
et dont la médiation lui fera obtenir un lieu de repos et de bonheur.
Il n'est
pas nécessaire que ceux qui ont reçu des bienfaits aillent déposer de vive voix
devant le tribunal du Seigneur, comme s'Il ignorait les faits ; ce sont
les actions vertueuses elles-mêmes qui parlent et qui font accorder à leurs
auteurs la rémission des peines qu'ils ont encourues par leurs péchés. De même
que le sang d'Abel criait vengeance devant Dieu, de même les oeuvres
charitables parleront en faveur de celui qui les aura faites pour l'amour de
notre Seigneur Jésus Christ, à qui gloire soit rendue dans tous les siècles des
siècles. Amen.
2. SUR L'AVARICE
Chrétiens,
qui avez été appelés à l'espérance de l'héritage céleste, habitants des champs
ou de la ville, je m'adresse à vous tous que la solennité de ce jour a réunis
dans cette enceinte ; aucun de vous n'ignore ni l'objet qui nous
rassemble, ni le motif de cette pompe qu'on déploie dans ce temple consacré aux
martyrs ; vous le savez, des fêtes annuelles ont été instituées en leur
honneur, et vous connaissez les vues qui ont guidé nos ancêtres, lorsqu'ils les
ont établies, et transmises à leurs descendants. Un instant de réflexion suffit
pour nous convaincre que de pareilles institutions sont nées d'une piété
ardente, et que le but de ces réunions solennelles est l'instruction et
l'édification des âmes ; le culte que nous rendons aux martyrs doit nous
porter à imiter leur zèle pour la foi, et les discours que prononcent les
docteurs dans cette solennité nous apprennent toujours quelque vérité utile,
que nous avions ignorée jusque là, ils donnent des fondements solides à nos
croyances, éclaircissent à nos yeux quelque point obscur de l'Écriture, ou nous
fournissent des lumières pour l'amendement de la vie et la règle des moeurs.
Mais il me semble que, négligeant la pratique de la vertu, oubliant le soin de
vos âmes, vous ne songez qu'à Mamon et à ses dons sordides ; vous ne
quittez pas un instant le marché ; sans cesse attentifs à inventer mille
ruses, vous avez recours au mensonge, à l'artifice pour vous procurer à peu de
frais ce qui excite vos désirs ; vos efforts ne tendent qu'à déprécier,
qu'à avilir le bien d'autrui.
Ah !
croyez-moi, tournez cette activité, cette ardeur, vers les choses
saintes : renoncez aux calculs de l'avarice, gardez-vous de cette
fièvre mercantile ; méprisez cette basse cupidité comme ressemblant à une
prostituée qui sourit à tous les passants, qui porte des habits empruntés et un
visage couvert de fard. Attachez-vous, au contraire, à cette religion divine,
pleine de décence et de pudeur, dont la parure et le maintien sont à la fois si
graves et si modestes. Salomon a dit dans le livre des Proverbes :
« Ne la forcez pas à s'éloigner, et elle vous défendra ; aimez-la, et
elle vous conservera ». Ne passez pas dédaigneusement devant l'église sans
y entrer ; ne méprisez pas ce qui vous est servi à cette table
sainte, parce que vous pouvez l'obtenir gratuitement. Écoutez nos paroles avec
d'autant plus d'empressement que nous ne sommes pas ici comme des marchands
placés derrière un comptoir, tenant une balance à la main, no songeant qu'aux
intérêts de leur commerce ; quant à nous, nous n'avons d'autre but que le
bien de nos auditeurs et le salut de ceux que nous instruisons. Nous avons lu,
dans les Actes des apôtres, le discours adressé par saint Paul à Agrippa ;
saint Paul était un apôtre fidèle et un habile orateur. Avec un peu
d'attention, vous reconnaîtrez que la crainte ne lui fit point trahir la
vérité ; il parle à Agrippa avec une liberté respectueuse, il ménage
l'extrême susceptibilité de son caractère : on dirait qu'il cherche
à adoucir une bête féroce par un langage plein de réserve et de charme. Nous
avons également entendu aujourd'hui la voix prophétique de Zacharias, qui nous
a entretenus d'une pierre sur laquelle brillaient sept yeux, d'un candélabre
d'or portant sept flambeaux et deux branches d'oliviers ; ce sont autant
de symboles qui jettent la plus vive lumière sur les mystères profonds qui
enveloppent la personne du Fils unique de Dieu. Que d'autres passages dans les
Livres saints qui sont autant de mines fécondes ! Je voudrais les
creuser avec vous et vous mettre en possession de ces divins trésors ;
mais je me sens lié par la promesse que je vous ai faite hier, et je reviens à
la matière que je me suis engagé à traiter. Nous avons touché en passant à la
question de l'avarice ; mais le temps nous a manqué pour signaler la folie
et la vanité de ce vice, nous nous sommes réservé d'entrer aujourd'hui en de
plus longs développements. Veuillez donc me prêter votre attention et recueillir
mes paroles avec l'impartialité d'un juge équitable. Il ne s'agit point ici
d'affaires étrangères, il est question de notre salut éternel, notre âme
elle-même est en cause, il faut prononcer sur son sort, et décider si elle n'a
pas mérité d'être honteusement expulsée du séjour de la vie.
L'avarice
ne consiste pas seulement à vouloir entasser trésors sur trésors, à rechercher
avec une ardeur insatiable l'argent et les autres biens de ce monde ; mais
on tombe dans ce défaut toutes les fois que l'on s'abandonne à des désirs
coupables, à un attachement déréglé, quelle que soit d'ailleurs la nature de
l'objet qui nous l'inspire. L'auteur de ce péché est le démon lui-même qui,
élevé à l'origine des choses au rang éminent d'archange, entreprit de remplacer
sur son trône la Divinité elle-même, et dans son fol orgueil osa lever
l'étendard de la révolte contre le Tout-Puissant ; mais il fut précipité
dans l'abîme, non loin de la terre que nous habitons, et il est devenu pour
nous un voisin redoutable ; ainsi, loin d'atteindre le rang suprême auquel
il avait eu l'audace d'aspirer, il fut dépouillé de la splendeur dont il avait
été revêtu en sa qualité d'archange ; semblable à ce serviteur infidèle
qui, au moment où il espérait s'enrichir par sa soustraction, fut traité comme
un voleur ; rappelant dans sa mésaventure ce chien dont il est parlé dans
la fable, qui lâcha la proie qu'il tenait pour courir après son ombre, et qui
ne put atteindre cette insaisissable apparence. Après lui, le premier homme,
séduit par la volupté, goûta du fruit défendu, et perdit ses droits sublimes à
l'immortalité ; de même Ésaü, tenté par un plat de lentilles, renonça plus
tard à son droit d'aînesse.
N'est-ce
pas l'ambition désordonnée de nos pères qui a ouvert la porte à cette multitude
de langues et d'idiomes divers qui se parlent sur la surface du
globe ? L'excès du bonheur leur donna le vertige ; ils
s'imaginèrent follement pouvoir se frayer un chemin jusqu'au ciel, et dans
cette présomptueuse pensée, ils élevèrent une tour immense, du haut de laquelle
ils espéraient y atteindre ; mais tout-à-coup ils furent arrêtés par un
obstacle imprévu ; à la clarté du langage, à la valeur convenue des
termes, succéda une horrible confusion de sons inconnus et d'expressions
inintelligibles, et dès lors l'obscurité des paroles, l'incertitude dans leur
sens, le besoin de les interpréter fut légués aux nations.
Quelle
fut la cause de toutes les calamités qui fondirent sur Pharaon si ce n'est son
ambition injuste et le désir de soumettre à son empire un peuple étranger, sur
lequel il n'avait aucun droit ?
Pour
n'avoir pas voulu permettre de se retirer à des hommes qui n'appartenaient
point à sa domination, il perdit un grand nombre de ses sujets qui périrent
lors du massacre des premiers-nés et de la catastrophe de la mer Rouge. Je ne
parle point des eaux du fleuve changées en sang, de ces myriades de grenouilles
et d'insectes qui se répandirent sur toute l'Égypte, de cette maladie honteuse,
qui attaqua les habitants, dont les corps furent bientôt couverts de lèpre et
de pustules, de cette mortalité effroyable qui fit périr tant d'animaux, enfin
de la peste et de toutes les plaies qui désolèrent le peuple d'Égypte en
punition de l'avarice et de la cupidité de son roi. L'Écriture sainte nous
apprend ailleurs que ce péché fut puni dans une autre occasion par une lèpre
horrible. Vous qui aimez à vous rappeler les faits historiques, reportez votre
mémoire sur les principales circonstances de la vie d'Élisée :
souvenez-vous du Syrien Naaman, qui fut guéri de la lèpre en se lavant dans les
eaux du Jourdain ; Giézi, ce serviteur avare, fut au contraire atteint de
ce mal, pour avoir trafiqué des choses spirituelles et reçu de l'argent en
récompense de la guérison que son maître avait gratuitement opérée. A quoi faut-il
attribuer l'audace et la barbarie d'Absalon, ce fils dénaturé qui voulut
attenter aux jours du plus tendre des pères, sinon l'impatience de monter sur
le trône, et au désir injuste de s'approprier le bien d'autrui ?
Comment Judas fut-il déchu du rang de disciple du Sauveur, et d'apôtre préféré
devint-il un traître infâme ? Il avait été administrateur infidèle
des deniers confiés à sa garde, il espérait s'emparer de ce qui restait, il
convoita le prix du sang innocent. N'est-ce pas à la cupidité qu'il faut
attribuer encore la fin tragique d'Ananias et de Saphire, telle qu'elle est
rapportée dans les Actes des apôtres ? Ils eurent recours à la
supercherie pour conserver une partie de leur argent, et commirent un sacrilège
en mentant à l'Apôtre. Un jour ne me suffirait pas si je voulais faire ici le
dénombrement des ministres ou des esclaves de l'avarice.
Laissons
donc les faits que nous présentent les temps passés, consultons notre
expérience de chaque jour ; elle nous apprendra les funestes effets de ce
vice, elle nous apprendra avec quelle peine on se dégage des liens dont il nous
enlace, quelles racines profondes il pousse dans les coeurs où il a su
s'introduire, et comment, au lieu de s'affaiblir par le temps, il s'affermit,
vieillit et meurt avec ceux dont il s'est une fois emparé. Le libertin, l'homme
livré aux plaisirs tombe épuisé par ses excès, sa fougue s'est ralentie aux
glaces de l'âge, ou lorsque la beauté qui l'avait captivé a vu ses charmes se
flétrir. L'homme soumis aux appétits de son ventre renonce à la table par
satiété, ou lorsque les organes digestifs, affaiblis de fatigue et refusant des
aliments, ont apaisé cette insatiable intempérance. L'ambitieux brille sur
différents théâtres, et se lasse enfin de se donner en spectacle et de rechercher
de vains applaudissements. Mais l'avarice est une passion dont on a peine à se
délivrer. Semblable à ce lierre plein de sève et de verdeur, qui se glisse
autour des branches d'un arbre voisin, les enveloppe de ses contours, les
enlace avec tant de force qu'on ne peut l'en arracher, et s'attache tellement
même aux rameaux desséchés que le fer seul parvient à l'en séparer en brisant
ses longs replis ; ainsi le mal qui ronge le coeur d'un avare, jeune ou
vieux, s'oppose à tous les efforts que l'on tente pour l'en détacher ; il
faut, pour opérer cette cure, que votre parole soit tranchante comme le glaive.
L'avare
est odieux à ses proches, il est à charge à tous ceux qui vivent avec lui, ne
rend aucun service à ses amis, se laisse à peine aborder par des
étrangers ; c'est un voisin incommode, un époux insupportable ; il ne
donne à ses enfants qu'une éducation incomplète, sordide ; il se refuse
presque tout à lui-même ; nuit et jour il est assiégé d'inquiétudes et de
soucis ; enfin on l'entend s'adresser la parole et se parler tout haut à
lui-même comme un homme tombé en démence. Tandis qu'il a de tout en abondance,
il se plaint de sa misère extrême ; il ne jouit pas des biens présents, et
regrette toujours ceux qu'il ne peut atteindre ; il ne tire aucun profit
de sa fortune, et il fixe continuellement un regard d'envie sur celle de son
prochain. Il ne sait où renfermer ses nombreux troupeaux, ils couvrent de
vastes plaines, et s'il aperçoit une seule brebis appartenant à son voisin, et
qui lui paraisse belle, il oublie toutes celles qui sont à lui, et il est
tourmenté du désir de s'approprier celle qu'il ne peut avoir. Boeufs, chevaux
et terres, ses regards s'arrêtent sur tout. Sa maison est remplie de richesses,
mais elles ne lui servent à rien. Celui qui est insatiable n'a pas de
jouissance, sa demeure peut se comparer à ces tombeaux qui renferment des
trésors dont nul ne possède l'usage. Le corps de l'avare se consume
d'inanition, et son âme demeure dans un affreux dénuement ; sa bourse ne
s'ouvre point pour soulager le pauvre. Mais quand guérira-t-il de cette
déplorable passion, le malheureux qui en est atteint ?
Apprenez-le-nous, vous que ce mal a attaqués !
Hélas !
j'en ai connu qui étaient malades et alités, et qui préféraient leur argent à
leur guérison. Si le médecin leur prescrit un de ces remèdes qu'on se procure à
peu de frais, un de ces remèdes composés de thym ou d'une plante facile à trouver,
alors le malade s'empresse de suivre l'ordonnance ; mais s'il s'agit de
médicaments préparés à grand prix dans les pharmacies, il aimera mieux mourir
que de délier sa bourse. Eh pourquoi s'en étonner ? Toutes les
pensées de l'avare sont tournées vers la terre ; la richesse, voilà sa
vie. Il s'afflige de la prospérité publique ; il se réjouit des malheurs
de l'État : ce qu'il désire c'est de voir le peuple accablé d'impôts
afin d'augmenter ses bénéfices en prêtant son argent à gros intérêts ; il
se réjouit quand de malheureux débiteurs sont poursuivis par d'impitoyables
créanciers, parce qu'il y voit une occasion de s'emparer à vil prix de leurs
terres, de leurs troupeaux, de tout ce qu'ils possèdent. Vous le voyez souvent,
comme un astronome occupé à considérer les astres ; ce qui l'intéresse, ce
n'est point le lever d'une étoile, ni le cours d'une planète ; il examine
si l'état de l'atmosphère, si les apparences du ciel annoncent une sécheresse
ou des inondations. Il se réjouit des calamités qu'il prévoit, parce qu'elles
secondent ses espérances. Alors il fait de grandes provisions qu'il entasse
dans ses greniers, où il les enferme avec soin ; il suppute ses richesses
et se livre à de grands calculs. Si, lorsqu'il se berce des plus douces
espérances, et qu'il rêve aux profits imaginaires qui doivent l'enrichir,
quelque épais nuage s'élève sur l'horizon, il s'effraie comme à l'approche d'un
grand péril ; qu'une pluie légère tombe du ciel, des larmes s'échappent de
ses yeux ; et si l'eau coule en abondance et détruit l'espoir d'une
sécheresse, le voilà dans la désolation ; et avec autant d'empressement
que si son fils unique était en danger de mort, il court de tous côtés,
cherchant des moyens de garantir ses blés des vers et de toute avarie. S'il
s'aperçoit qu'ils commencent à s'échauffer, il ne sait qu'inventer pour les
rafraîchir ; il les fait secouer, étendre, exposer à l'air ; le
malheureux ne les perd pas de vue dans sa sollicitude ; pendant le jour il
a soin de les mettre à l'abri de la chaleur, la nuit il les laisse à découvert,
exposés à la fraîcheur de l'air. Qu'au moment où plein de soucis il s'occupe de
ces soins, un pauvre se présente, et sollicite de lui un peu de ce froment
qu'il est menacé de perdre, ou il lui refusera tout secours, ou il ne lui en accordera
que d'une main avare et mourant de regret.
Vous qui
êtes dominés par ce vice malheureux, je vous engage à ne pas vous tourmenter si
fort, à vous épargner ces soucis dévorants ; la condition d'un avare est
vraiment digne de pitié. Celui-là même est à plaindre, qui se livre à tous les
plaisirs ; qui place le bonheur dans la bonne chère et les jouissances
matérielles, et qui s'imagine que l'homme ne doit se proposer d'autre but que
la satisfaction des sens. Est-il en effet quelqu'un de plus malheureux que
l'homme rongé par une sordide avarice, qui se refuse le nécessaire ; qui,
possédant seul ce qui suffirait au bonheur de tant d'autres, ne trouve dans la
possession de ses richesses que des soucis sans fin et aucun fruit de ses
longues fatigues ? Ignore-t-on que tout dans la vie, excepté la vertu, a
un but d'intérêt personnel, et que toutes les actions humaines tendent à une
fin ? On ne s'expose pas aux dangers de la navigation uniquement
pour le plaisir de traverser les mers ; on ne se livre pas aux travaux de
l'agriculture dans le seul but de remuer la terre ; on a toujours une
raison qui porte à braver les peines et les dangers ; l'agriculteur songe
à ses moissons, le navigateur aux richesses qu'il rapportera d'outre-mer. Mais
vous, insensé, quel but vous proposez-vous ? Pourquoi ramasser de toutes
parts, et à grand'peine tant d'inutiles trésors ? La vue de ces
biens me réjouit, direz-vous ? Eh, contentez autrement cette
faiblesse : regardez, regardez les biens d'autrui, et ce désir
s'apaisera ; que si l'éclat de l'argent vous captive et vous éblouit,
entrez dans les magasins d'un orfèvre ; là il vous sera permis de repaître
vos yeux de la vue de ce brillant métal, ou bien encore, transportez-vous sur
la place où se vendent les ouvrages d'orfèvrerie, et là, considérez à loisir
ces bassins, ces aiguières, ces vases ciselés, et tant d'autres merveilles
gratuitement étalées aux regards des passants. Vous pourrez en même temps jouir
de la vue de ceux qui pèsent sans cesse de l'argent, qui le manient et l'empilent
sur les comptoirs. Mais si vous voulez m'en croire, vous écouterez les conseils
de la sagesse, vous renoncerez à ce penchant dépravé, et vous changerez les
dispositions de votre âme. On se corrige aisément de l'avarice puisqu'elle
n'est point une nécessité de nature, mais un penchant volontaire dont
s'affranchit sans peine celui qui sait prendre une détermination.
Portez
votre pensée dans l'avenir, songez à cette époque où un peu de terre couvrira
votre corps étendu dans un cercueil et privé de tout sentiment, où votre
dépouille froide et glacée sera déposée sur une pierre. Où seront alors vos
richesses, et ces trésors amassés avec tant de soin ? Qui héritera
des biens que vous aurez laissés sur la terre ? Est-il bien sûr qu'ils
arrivent à celui à qui vous les aurez destinés ? Si vous laissez des
enfants, peut-être se trouvera-t-il un avare comme vous, qui leur intentera
quelque procès injuste, et qui, sans pitié pour leur douleur, les chassera du
toit paternel. Que si, manquant d'enfant, vous faites un choix parmi vos amis,
avez-vous lieu de compter sur l'exécution de vos dispositions
testamentaires ? La loi vous offre-t-elle une garantie
certaine ? Croyez-vous avoir prévenu toute discussion, toute
chicane ? Il faut si peu pour décider de la nullité d'un
testament ! Ne voyez-vous pas qu'en cette matière des contestations
nouvelles sont chaque jour portées devant les tribunaux ? Que les
clauses les plus évidentes ne sont pas à l'abri de la subtilité des procureurs,
des avocats, de la mauvaise foi des témoins qui trafiquent de leurs consciences
et de l'injustice même des juges ?
Par ce
qui se passe sous vos yeux, vous pouvez juger de ce qui arrivera lorsque vous
ne serez plus. Si vous avez acquis votre fortune par des moyens qu'approuve
l'honnêteté, faites-en un bon usage, à l'exemple de Job ; si vous
avez eu recours à l'injustice, défaites-vous du bien mal acquis, rendez-le à
ses possesseurs légitimes, et dans le même état que vous l'avez reçu, en y
ajoutant l'intérêt, comme le fit Zachée. Si vous n'avez point de richesses,
gardez-vous de vous en procurer par des voies injustes. Autrement, lorsqu'il
vous faudra partir et vous engager dans le voyage de l'éternité, ce sera une
mauvaise provision pour vous que le péché ; alors des étrangers et des inconnus
prendront la jouissance de vos biens, et vous comprendrez la vérité de cette
parole de David : « Il accumule des richesses, et il ne sait pour
qui il les amasse » (Ps 38,7). Alors vous vous rappellerez ce mauvais
riche qui se montra si insensible aux maux de Lazare : nous avons lu
son histoire dans l'Évangile, et le récit de sa punition n'est pas une
invention imaginée pour effrayer les esprits ; il nous retrace avec
exactitude ce qui nous attend dans la vie future. La pourpre a disparu, le
sceptre a passé en d'autres mains, les plaisirs se sont évanouis ; mais
les crimes qui en sont nés ont survécu, et, comme l'ombre suit le corps, ils
suivent le coupable lorsqu'il sort de ce monde. L'infortuné ! il a
vécu dans l'abondance et le faste, et il sollicite à grands cris la goutte
d'eau qui coule du doigt d'un lépreux, il implore le secours de ce pauvre
mendiant qu'il a vu naguère étendu à l'entrée de son palais, il implore son
secours, et naguère il n'eut pas même une main pour éloigner les chiens qui venaient
lécher ses plaies : aujourd'hui son désir est de se voir uni à
Lazare, qu'il aperçoit au loin dans les régions des bienheureux, mais dont il
est séparé par un abîme infranchissable. Cet abîme ne ressemble point à ces
fossés qui entourent un camp et qui sont destinés à en défendre l'accès à
l'ennemi ; c'est une barrière que le péché établit entre le coupable qui a
subi sa condamnation et le juste qui jouit de sa béatitude, et qui doit
maintenir entre eux une séparation éternelle.
Le
prophète Isaïe semble exprimer la même opinion, lorsqu'en réprimandant un
peuple insensé il s'écrie : « Non, la Main de l'Éternel n'est
pas trop courte pour sauver, ni son Oreille trop dure pour entendre. Mais ce
sont vos crimes qui mettent une séparation entre vous et votre Dieu »
(Is 59,1&endash;2). Si par le péché les hommes sont séparés de Dieu,
on ne peut douter qu'ils n'en soient séparés par l'avarice, le plus grand de
tous les péchés, puisque le grand apôtre saint Paul l'appelle avec raison une
idolâtrie, et déclare qu'elle est la source et l'origine de tous les maux.
Qu'est-ce qui ramena au culte des démons ces hommes qui avaient embrassé la foi
du Christ, et qui étaient instruits de nos mystères ? N'est-ce pas
le désir d'augmenter leurs richesses, et de s'emparer du bien
d'autrui ? S'ils abandonnèrent avec tant de légèreté le culte et la
religion du vrai Dieu, c'est qu'on leur avait fait espérer de hauts emplois
dans la magistrature et le gouvernement ; c'est qu'on leur avait promis un
rang et une opulence égale à celle des rois. Ces faits remontent à une époque
déjà assez éloignée ; mais il en est de beaucoup plus récents, et qui se
sont passés, pour ainsi dire, sous nos yeux. Lorsque de nos jours un perfide
empereur, après s'être longtemps donné pour chrétien, renonça tout-à-coup au
christianisme, et, laissant tomber le masque dont il s'était paré, non
seulement ne rougit point de sacrifier ouvertement aux démons, mais engagea
tout le monde par l'appât des récompenses à imiter cet affreux exemple, combien
qui désertèrent alors l'Église pour courir aux autels des faux
dieux ! Combien qui séduits par l'espérance des richesses et des
honneurs, ne reculèrent point devant une honteuse apostasie ! On les
voit aujourd'hui parcourir nos villes, portant sur leur front le signe de
l'ignominie, devenus pour tout le monde odieux et méprisables, pour avoir
préféré un peu d'argent à Jésus Christ, pour avoir imité la trahison de
Judas ; on les désigne par le nom d'apostats, comme certains animaux à qui
l'on donne des dénominations particulières, à cause des taches qu'ils
portent ; ils se sont laissés entraîner sans résistance au plus grand de
tous les forfaits, en marchant sur les traces d'un prince qui s'était souillé
par la plus exécrable impiété. C'est ainsi que, suivant la parole de l'Apôtre,
l'avarice est une idolâtrie, la source malheureuse d'où émanent toutes sortes
de crimes et d'atrocités. Ceux qui vont chercher l'or dans les entrailles de la
terre, prétendent que l'on rencontre des mines principales d'où partent des filons
qui se répandent en sens divers semblables à ces ramifications des racines qui
s'étendent au loin du pied des arbres d'où elles naissent : on peut
dire de l'avarice qu'elle ressemble à ces mines d'or, puisqu'elle pousse des
rejetons et, pour ainsi dire, des veines d'où partent des fruits de mort.
Là je
vois un fils coupable lever une main sacrilège sur son père, sans respect pour
ses cheveux blancs : sans égard pour celui dont il tient la vie, il
veut abréger des jours trop longs au gré de son impatiente cupidité. Tout
abonde chez lui, mais il n'a pas la haute main, il voudrait exercer un pouvoir
absolu, et il prend en aversion l'autorité de son père. D'abord il se tait et
dévore son chagrin en silence ; mais le mal empire chaque jour, et bientôt
il n'en est plus le maître ; tout-à-coup sa colère fait explosion avec autant
de fureur qu'un torrent qui brise les digues opposées à l'impétuosité de ses
eaux. Il accable alors de mauvais traitements ce vieillard dont il ne peut
supporter la présence. S'il le voit monter encore légèrement à cheval, il s'en
afflige ; s'il le voit prendre une nourriture abondante, comme un homme
qui jouit d'une forte santé, il ne peut cacher son humeur ; s'il l'entend
réveiller de bonne heure ses serviteurs et les exciter au travail, il s'irrite
de l'activité et de la vigueur du vieillard. Si ce père se permet d'offrir un
présent à un ami, de donner la liberté à un esclave, il le traite de fou et
d'insensé : à l'entendre, son père oublie tous ses devoirs, il
prodigue un bien qui ne lui appartient pas ; enfin il n'épargne ni
injures, ni outrages à l'auteur de ses jours ; hélas ! quel est
le crime de ce vieillard, c'est de prolonger trop longtemps son existence.
Voilà
pourtant tes effets, odieuse avarice ; c'est toi qui armes le fils contre
le père, qui remplis la terre de voleurs et d'assassins, la mer de pirates, les
villes de perturbateurs, les tribunaux de faux témoins, d'avocats et même de
juges qui ne consultent que tes inspirations honteuses. L'avarice est la mère
de l'inégalité qui subsiste entre les hommes ; c'est elle qui étouffe dans
les âmes tout sentiment de compassion et d'humanité pour y substituer la dureté
et la barbarie ; c'est elle qui a établi ces différences de conditions
dans la vie, qui a voulu que les uns, rassasiés de richesses, les rejetassent
par satiété, comme on rejette un aliment incommode, tandis que d'autres,
pressés par la faim, réduits à la plus extrême misère, ont à lutter contre les
rigueurs de la détresse : les uns vivent sous des lambris dorés,
embellis par les chefs-d'oeuvre des arts ; ils habitent des palais qui par
leur étendue ressemblent à des villes ; là on voit de vastes salles de
bains, d'immenses portiques resplendissants d'éclat et de luxe ; d'autres
n'ont pas seulement le toit d'une planche pour se mettre à l'abri, ils ne
peuvent échapper à l'intempérie des saisons qu'en se réfugiant sous les
galeries, et lorsque d'impitoyables gardiens les chassent de cet asile, ils
sont réduits, comme certains animaux immondes, à creuser la terre et à s'y
enfoncer pour conserver un reste de chaleur. Oh ! déplorable
inégalité dans la condition des hommes que la nature avait destinés à être tous
égaux en dignité ! Ce renversement des principes naturels, c'est à
l'avarice qu'il faut le rapporter. L'un possède à peine de quoi couvrir ce que
la pudeur lui ordonne de voiler, l'autre orne sa demeure de draperies
magnifiques. Tel indigent n'a pas même une table de bois sur laquelle il puisse
placer le pain dont il se nourrit, tandis que tel riche qui vit dans le luxe
s'enorgueillit devant une énorme table d'argent, enrichie de ciselures d'un
haut prix. Qu'il eût été plus juste que ce riche fastueux, tout en satisfaisant
son goût pour les délices de la table, eût employé le prix de ce riche meuble à
fournir des aliments à ceux qui souffrent la faim !
Voyez se
traîner avec peine ce malheureux dont la marche est ralentie par les années ou
par quelque infirmité naturelle ; il n'a pas même pour le porter une bête
de somme, tandis que ce riche ignore le nombre de ses coursiers ; celui-ci
manque d'un peu d'huile pour mettre dans sa lampe de terre, les lustres, les
candélabres que possède celui-là suffiraient pour assurer la fortune d'un homme
; tel couche sur la dure, et cet autre, gorgé de richesses, se délasse mollement
sur un lit parsemé de broderies, dont les glands et les cordons sont remplacés
par des chaînes d'argent. Voilà les tristes suites d'une avarice insatiable.
Sans elle plus d'inégalités parmi les hommes, plus de ces dissensions et de ces
luttes, causes de tant d'amertume, de tant de larmes ! C'est elle
qui dépouille les hommes de l'affection mutuelle qui devrait les unir ;
c'est elle qui aiguise le fer avec lequel ils s'arrachent la vie les uns aux
autres ; c'est elle qui les pousse au carnage, et qui leur inspire cette fureur
sanguinaire avec laquelle ils s'entre-déchirent comme des bêtes féroces. Qui
peut avoir le courage de retracer les maux qu'entraînent ces combats
impies ? Des remparts qui semblaient inébranlables sont renversés,
les villes sont saccagées, les femmes sont arrachées à leurs époux, les enfants
sont réduits en servitude, les campagnes sont dévastées par le fer et les
flammes ; on n'épargne même pas les arbres, comme si on avait quelque tort
à leur reprocher ; on fait une horrible boucherie de la jeunesse et de
l'âge mûr, et le sang coule par torrents des cadavres amoncelés ; tout ce
que possédaient les vaincus devient la proie des vainqueurs.
Que
dirai-je de plus ? Rappellerai-je la désolation des veuves, les
plaintes et les larmes des pauvres orphelins qui ont à déplorer à la fois et la
perte de leurs parents et celle de leur liberté ? Celui qui naguère
possédait d'immenses trésors est réduit à vivre d'un pain mendié à la pitié.
Celui qui avait de nombreux esclaves pour tisser son lin, qui remplissait des
salles entières de ses habits, se voit aujourd'hui couvert de vêtements
grossiers ou de haillons ; réduit à l'esclavage, il porte de l'eau,
entretient la propreté des écuries, et s'acquitte en un mot des services les
plus abjects. Que d'autres maux encore ! Que d'humiliations que ce
discours ne peut rappeler qu'en détail, dont la source, dont la racine est
toute dans l'avarice et dans la soif des biens d'autrui ! Si les
hommes bannissaient de leur coeur cette attache pour les biens de la terre, ils
pourraient désormais vivre des jours heureux au sein de la paix. Rivalités,
troubles, alarmes, tout disparaîtrait à jamais sous le règne de la charité et
de la concorde. Aussi le Seigneur ne cesse-t-Il pas de nous prémunir contre ce
penchant funeste : d'une part, Il nous déclare qu'on ne peut être à
la fois le serviteur de Dieu et de Mamon ; de l'autre, Il nous met sous
les yeux la fin malheureuse de ce riche qui se berçait d'espérances, qui se
promettait de longues voluptés, alors qu'il n'avait pas même un jour à vivre.
Dans un autre passage, Il comble d'éloges un riche qui, comprenant mieux
l'emploi de sa fortune, distribuait d'abondantes aumônes et vivait
volontairement dans une sage médiocrité, mère et compagne de la vertu.
Mais au
milieu du silence même j'entends ici les clameurs des docteurs du
siècle : Et comment, s'écrient-ils, soutiendrons-nous notre
existence si nous négligeons le soin de nos affaires domestiques ?
Comment pourvoir aux nécessités de la vie ? Comment payer ses emprunts
ou venir au secours de ses amis, si, nous rendant à vos conseils, nous
embrassons la pauvreté ? Ce n'est là que le langage d'un incrédule,
ou d'un homme qui manque de confiance en Dieu ; c'est le langage de celui
qui ignore que notre Maître est le Tout-Puissant, que c'est Lui qui règle et
gouverne souverainement toutes choses, qui, par un effet de sa munificence,
donne la nourriture et le vêtement à tous les animaux. La Providence divine
prend soin de ses oeuvres, et jamais celui qui est riche par la foi ne
souffrira les rigueurs de la pauvreté !
Je le
prouve éloquemment, je crois, en citant un seul exemple tiré de nos Livres
saints. Dans l'histoire des Rois il est parlé d'une pauvre femme, qui, durant
son triste veuvage, avait la douleur d'être en butte aux poursuites d'un
créancier avare et intraitable. Sans cesse il la menaçait de lui enlever ses
enfants pour gage de sa créance ; et c'était, hélas ! l'unique
bien qui restât à cette infortunée. Réduite au plus affreux désespoir, elle
tente d'attendrir quelques riches, mais aucun d'eux ne daigne l'écouter ;
alors elle s'adresse à un homme pieux et plein de charité : c'était
le prophète Elisée, pauvre des biens de la terre, mais riche par les dons
célestes dont il était orné : vrai philosophe, sans demeure fixe, ne
possédant qu'un seul habit, il venait de recueillir un héritage, mais cet
héritage n'était qu'une peau de brebis que le prophète Elie lui avait laissée à
l'instant où un char de feu l'enlevait dans le ciel. Il ne renvoya point la
pauvre veuve ; il ne désespéra point de la secourir, bien qu'il n'eût pas
en sa possession l'argent qu'elle demandait : il ne laissa pas
échapper un mot qui pût annoncer incertitude ou défiance. Un homme d'une vertu
ordinaire aurait dit : Où prendrai-je l'argent nécessaire pour
acquitter cette dette ? Mais, semblable à un habile médecin, qui dans un
besoin urgent trouve des remèdes inconnus, il lui dit : Femme,
n'avez-vous pas quelque chose dans votre demeure ? Que vous
reste-t-il encore ? Il n'est personne de si pauvre qui soit
absolument dénué de tout. Elle répondit avec vérité qu'il lui restait un vase
de terre avec un peu d'huile. Eh bien ! reprit le prophète,
mettez-vous à me préparer de semblables vases. Elle obéit ; alors il lui
ordonna de les remplir ; ainsi elle obtint de quoi satisfaire son
créancier, et fut délivrée des angoisses de sa misère. Ce peu d'huile qu'elle
avait déclaré au prophète posséder chez elle devint comme une source
intarissable ; elle remplit tous les vases qui avaient été réunis, et
l'huile ne cessa de couler que lorsqu'ils vinrent à manquer ; ce fut ainsi
que la Bonté divine répondit à l'indigence de cette femme ; cette huile ne
provenait point en effet de la terre mais d'un miracle du ciel.
Profitez
de cette leçon, ô vous, rois, princes, riches du monde dont les possessions
s'étendent d'Orient en Occident ; sages du siècle, apprenez d'un prophète né et
élevé dans les champs à acquérir ce don précieux qui résidait en lui et que
personne ne pouvait lui ravir. Ces biens que vous recherchez avidement sont
exposés à mille dangers, de la part des voleurs qui osent pénétrer dans vos
demeures, des tyrans qui vous dépouillent par la violence, des imposteurs qui
vous trompent par leurs manoeuvres ; enfin ils peuvent être détruits par
la tempête de l'océan, ou par la révolution de la terre. Que le bras du
Seigneur soit notre espoir et notre appui ; ce fut Lui qui retira le
peuple juif de la terre d'Égypte, et le nourrit dans les déserts de
Chanaan : qui accorda au prophète Daniel un secours miraculeux dans
la personne d'Habacuc, et prit soin d'lsmaël abandonné par sa mère ; ce
fut Lui enfin qui dans tous les temps protégea le peuple d'Israël et qui
multiplia tellement cinq pains d'orge, qu'ils suffirent pour rassasier
plusieurs milliers de personnes, et il en resta encore pour remplir plusieurs
corbeilles. Honneur et gloire au Seigneur notre Dieu, dans tous les siècles des
siècles. Amen.
3. LE DIVORCE EST-IL PERMIS ?
Le samedi
et le dimanche sont deux jours de la semaine dont le retour est agréable et à
ceux qui aiment la piété et à ceux qui s'occupent de travaux pénibles. Ce sont
des jours où, comme une bonne mère, l'Église réunit ses enfants, et invite ses
ministres à monter en chaire pour les instruire ; c'est ainsi qu'elle
engage les docteurs et les disciples à s'occuper des intérêts du salut éternel.
Les discours prononcés hier dans cette enceinte retentissent encore à mes
oreilles, et je me rappelle parfaitement le sujet qu'ils ont traité. Il me
semble que j'aperçois la croix élevée par le saint prophète Isaïe, les
vêtements du Seigneur couverts de sang et aussi rouges que ceux du vendangeur
dans le pressoir, le Sauveur Lui-même portant à sa Main la récompense due au
Juste. Je vois Salomon tenant d'une main ferme la balance de la justice. Je
plains ce débiteur de l'Évangile, qui n'eut pas pour son compagnon la même
indulgence que le Seigneur avait montrée pour lui, et qui s'attira par sa
dureté un irréparable malheur. Ce sont là, en effet, les textes des discours
que nous avons entendus comme peuvent se le rappeler tous ceux qui nous ont
suivi avec attention.
L'Esprit
saint nous propose aujourd'hui encore d'admirables leçons sur cette table
auguste que vous voyez ; mais mon attention s'est particulièrement arrêtée
sur la conduite de ces pharisiens qui cherchaient à surprendre le Sauveur par
leurs insidieuses questions. Je vois avec pitié leurs tentatives coupables
lorsqu'ils veulent tromper par leurs artifices l'Auteur même de la sagesse
tandis que le Fils de Dieu les confond sans peine et rend tous leurs efforts
inutiles. Il semble qu'Isaïe ait voulu parler d'eux, lorsqu'il a dit :
« Il a confondu les savants du monde, Il a prouvé que leur sagesse n'était
que folie et il Lui a suffi des paroles de son Fils ». David dit de
même : « Ils se sont servis de leur langue pour tromper :
juge-les, Seigneur, et qu'ils soient forcés d'abandonner leurs projets ».
Toutefois s'ils sont nos adversaires, nous leur devons des remerciements, pour
avoir mis la Sagesse divine en demeure de s'expliquer, et en avoir reçu des
réponses qui sont pour nous autant de leçons instructives consacrées par les
Livres saints. C'est maintenant sur le mariage, c'est-à-dire sur l'acte le plus
important de la vie humaine, que tombent les instructions du Sauveur. Il
définit son but, ses limites, les principes qui servent à le former ou à le
dissoudre. Que les deux sexes m'écoutent avec attention, afin qu'hommes et
femmes connaissent réciproquement leurs devoirs : « Peut-on
répudier sa femme pour quelque cause que ce soit ? ». Telle est
la question posée par les Juifs.
Ici je
devine déjà leurs intentions secrètes : ils avaient cru remarquer
que les femmes étaient plus disposées à croire à la mission du Christ, à
célébrer ses miracles et à reconnaître sa Divinité (et ils ne se trompaient
point, comme on en eut la preuve plus tard dans cette foule de femmes qui
suivirent le Sauveur jusqu'au lieu de son supplice, et qui pleurèrent amèrement
sa mort). Leur but était donc, en L'attirant sur ce terrain dangereux, de lui
arracher quelque parole qui Le rendit odieux au sexe faible ; c'était un
piège qu'ils Lui tendaient. Mais de son Regard divin Il pénètre leurs
artifices, et comme ses préceptes étaient toujours empreintes de la plus douce
charité, Il échappe à leurs ruses, et donne une réponse toute en faveur des
femmes. Les pharisiens avaient posé leur question, et ils écoutaient avidement
pour exploiter les paroles qui sortiraient de la Bouche du Sauveur ; mais
trompés dans leur attente, ils se retirent comme des loups à qui leur proie
vient d'échapper. La création, leur dit-Il, prouve que le but est de s'unir et
non pas de se séparer : l'Auteur de toutes choses a Lui-même établi
le mariage et engagé les premiers hommes dans ses liens sacrés ; par cette
institution, Il voulut imposer à tous leurs descendants comme une loi
inviolable les devoirs de vivre en famille. Ceux qui sont liés par cette
étroite union ne forment plus deux personnes distinctes, mais une même chair.
Que l'homme ne sépare point ce que Dieu a uni. Tel fut le langage que Jésus
Christ tint aux pharisiens.
Écoutez,
vous tous qui spéculez sur le sexe faible, qui changez de femme plus souvent
que d'habit, qui préparez ou défaites vos couches nuptiales comme les tentes de
vos foires, qui envisagez le mariage du même oeil qu'un acte de commerce, qui
épousez l'argent qu'on vous apporte en dot, qui regardez les femmes comme un
objet mercantile et d'un riche produit, qui pour les raisons les plus futiles
demandez une séparation, et qui de votre vivant avez réduit plusieurs femmes à
l'état de veuvage. Apprenez et persuadez-vous bien qu'il n'y a que deux causes
légitimes qui puissent rompre les liens du mariage, la mort et l'adultère.
Cette union sainte, contractée sous les auspices de la religion et de la loi,
ne ressemble en rien à ces relations que l'on entretient avec des femmes
perdues, relations éphémères dont le seul but est le plaisir. Rien de semblable
dans le mariage : ici l'âme et le corps obéissent aux mêmes
engagements ; l'union dans le coeur ne doit pas être moins intime que dans
la chair. Comment donc vous décidez-vous si facilement à une
rupture ? Comment, sans motif important, vous séparez-vous de celle
que vous avez choisie pour votre compagne éternelle et que vous n'avez pas
reçue pour quelques instants ? Vous abandonnez cette femme, qu'on
pourrait appeler votre soeur, en même temps qu'elle est votre épouse. Elle est
votre soeur, en effet, par son origine qui vous est commune, et par le
caractère que le Créateur a gravé en elle : elle est votre épouse
par les liens sacrés que le mariage a établis entre elle et vous. Comment
osez-vous rompre si légèrement cette double union, resserrée à la fois par la
loi et par la nature ? Comment osez-vous manquer à vos promesses et
rompre des engagements solennels ? Et à quels engagements
pensez-vous que je fasse ici allusion ? À ceux qui sont consignés
dans le contrat, qui est la loi de votre mariage, et garantis par votre
signature et par l'empreinte de votre sceau. Ceux-là, sans doute, ont un
fondement solide, et méritent tout votre respect. Mais je songe à ces paroles
d'Adam : « Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair
de ma chair ! On l'appellera femme, parce qu'elle a été prise de
l'homme. » (Gn 2,23).
Ce n'est
pas sans raison que ces paroles ont été conservées dans nos Livres
saints ; quoique sorties de la bouche du seul Adam, elles sont destinées à
exprimer les sentiments de tous les hommes pour la femme dont ils ont résolu de
faire leur légitime compagne. Afin que vous ne trouviez pas étrange que les
promesses faites par un seul homme puissent obliger les autres, souvenez-vous
que ce que firent nos premiers parents dans les temps qui suivirent leur
création fait partie de la loi naturelle qui régit leurs descendants. Si donc
votre femme, répudiée sans motif, ouvrait la Genèse et vous montrait ce
passage, à vous son juge et son accusateur, dites, qu'auriez-vous à lui
répondre ? Par quel moyen éluder le sens formel et significatif de
ces paroles prononcées par vous en face des autels, et qui ont été consignées
dans l'Écriture sainte, non par un écrivain peu digne de considération, mais
par Moïse lui-même, l'ami et le ministre de Dieu ? Le Seigneur,
voyant qu'Adam n'avait ni père ni mère, lui donna une femme, afin qu'il en prît
soin, et qu'il se montrât son protecteur.
Dans
cette sollicitude paternelle qu'il montra en sa faveur, les femmes peuvent
puiser un argument puissant contre la perfidie et l'ingratitude des
époux : il est évident, en effet, que vous ne pouvez déverser le
mépris et l'outrage sur votre compagne sans violer d'abord les lois divines,
ensuite les lois humaines.
Rougissez
de votre conduite en vous rappelant les douceurs qu'une femme sait répandre sur
votre vie. Elle est une partie de vous-même ; elle vous environne
constamment de ses soins ; vous la voyez toujours à vos côtés ; vos
enfants l'appellent leur mère ; elle est votre secours dans vos maladies,
votre consolation dans vos malheurs ; c'est la gardienne de votre maison
et de tout ce qui vous appartient. Elle partage vos douleurs et vos
joies ; dans la fortune, la possession de vos richesses lui est
commune ; dans la pauvreté, elle soutient avec vous le poids de la misère,
et cherche, en les partageant, à diminuer les maux qui vous accablent ;
enfin que de peine ne se donne-t-elle pas pour élever les enfants qu'elle a eus
de vous ? Qu'un malheur survienne, voilà le mari dans l'abattement
et le désespoir ; les amis, ou ceux que l'on croyait tels, réglant leur
attachement sur les faveurs de la fortune, se retirent à l'approche de l'orage,
les esclaves fuient leur maître et la misère dans laquelle il est tombé. La
femme reste seule auprès de son mari dans l'affliction ; elle se montre sa
servante assidue et dévouée ; elle est attentive à satisfaire à ses
moindres désirs, elle essuie ses larmes, elle répand sur ses plaies un baume
salutaire ; elle le suit jusqu'au fond des cachots, et si l'on ne veut pas
lui laisser une libre entrée, elle demande à s'enfermer avec lui ; qu'on
lui refuse cette faveur, et, comme un chien fidèle, elle ne quitte point les
portes de la prison. Nous avons connu nous-même une femme qui s'était fait
couper les cheveux et, qui avait pris des habits d'homme pour ne pas se séparer
de son mari obligé de s'enfuir et de se tenir caché. Tandis qu'elle se livrait
aux pénibles travaux d'un esclave, cette femme admirable obéissait aux
affections de son coeur ; elle mena cette pénible vie pendant plusieurs
années de suite, changeant continuellement de retraite et allant avec son mari
de solitude en solitude.
Tel fut
aussi, selon le témoignage des saintes Écritures, le dévouement sublime de la
femme de Job. Le saint patriarche était réduit à l'isolement, les flatteurs
avaient abandonné une maison d'où s'étaient retirées les richesses ;
l'attachement des amis les plus dévoués ne put résister à l'épreuve. Si
quelques-uns restèrent fidèles, ce fut plutôt un mal qu'un bien, ils
contribuèrent plutôt à augmenter les maux de Job qu'à les adoucir ; au
lieu de chercher à soutenir son courage, ils se lamentaient en sa présence.
Dans cet abandon général, sa femme, qui naguère occupait un rang élevé, sa
femme, accoutumée au luxe et aux jouissances de la fortune, resta seule auprès
de lui ; enfermée dans un lieu infect, elle pansait les ulcères affreux
dont il était couvert, les nettoyant de leurs ordures, écartant les vers qui
les rongeaient ; cette femme précieuse était une amie véritable et non une
compagne de plaisirs : elle n'était point esclave de la volupté,
celle qui ne se laissa point rebuter par un ministère si plein de
dégoûts ; elle fut l'unique consolation de Job dans sa détresse et dans l'abandon
où le laissèrent ses parents et ses amis. L'extrême attachement qu'elle avait
pour son mari lui mit même le blasphème dans la bouche ; pour mettre un
terme aux maux affreux auxquels elle le voyait en proie, elle lui conseilla de
hâter l'instant de sa mort et de se mettre ainsi en révolte contre Dieu.
Oubliant son veuvage et la solitude à laquelle elle serait réduite, elle ne
songeait qu'à voir son mari délivré d'une vie pire que la mort. Voilà des
exemples puisés dans les temps anciens et modernes et qui prouvent combien sont
coupables ceux qui traitent la femme avec si peu de ménagements et d'équité.
Que peut
alléguer pour sa justification celui qui est tombé dans une pareille
faute ? Le caractère de sa femme, dira-t-il, est méchant et
insupportable, sa langue est prompte et téméraire, ses goûts l'éloignent des
soins domestiques, elle n'entend rien à la conduite du ménage. Admettons que
tous vos reproches soient fondés, supposons que tout soit vrai dans vos
paroles ; je veux me conduire à votre égard comme un de ces juges peu
expérimentés, qui prêtent une oreille crédule à toutes les assertions des
accusateurs. Je vous le demande, lorsque vous avez conclu votre mariage, ne
saviez-vous pas que vous épousiez une créature humaine ? Or tout
être mortel n'est-il pas rempli de vices et de faiblesses ? Y a-t-il
un autre que Dieu qui soit infaillible et parfait ? Ne vous est-il
jamais arrivé de tomber en faute, et votre épouse n'a-t-elle jamais eu à se
plaindre de votre caractère ou de vos habitudes ? Votre conduite
a-t-elle été constamment irréprochable ?
Avez-vous
observé scrupuleusement les devoirs que vous imposait votre titre
d'époux ? Votre femme n'a-t-elle point eu à souffrir de vos mauvais
traitements, lorsque vous vous êtes mis en état d'ivresse ?
N'avez-vous pas vomi alors contre elle toutes sortes d'injures et de paroles
outrageantes ? Que de choses honteuses, que de désordres qui sont restés
inconnus, grâce à la discrétion d'une épouse ! Combien de fois
n'a-t-elle pas eu à supporter des colères ou des emportements sans
motif ? Et, quoique libre et d'une condition égale à la
vôtre, elle s'est résignée et a gardé le silence comme une esclave achetée
au marché. Lorsque votre avarice lui refusait le nécessaire, lorsque la misère
était au logis par suite de vos dérèglements, elle en a été affligée, mais elle
a modéré ses plaintes. Lorsque, revenant de quelque orgie, vous vous êtes
présenté chargé de vin et proférant des discours insensés, a-t-elle refusé de
vous recevoir ? Vous a-t-elle repoussé ? Malgré cet abrutissement
où vous étiez réduit, ne vous a-t-elle pas accueilli avec l'indulgence que peut
inspirer la plus douce humanité ? Ne vous a-t-elle pas conduit vers
le lit, tandis que vous l'accabliez et d'injures et de coups ?
N'a-t-elle pas pris soin de cette tête délirante et affligée par les vapeurs du
vin ? Seule, elle a eu pitié de vous lorsque le trouble de vos
esprits vous rendait la risée même de vos serviteurs. Et vous, sur le plus
léger prétexte, vous ne rougissez pas d'aller dans les rues et les places
publiques, déclamant avec force contre votre épouse, afin que tout ce bruit
vous ménage une justification, et prépare les voies au divorce que vous
méditez ? Race d'hommes impitoyables et féroces, nés, comme l'on
dit, au milieu des rochers et des pierres, qui, oubliant en un instant de
longues années passées ensemble, vous séparez sans regret de la compagne à qui
vous aviez juré un attachement éternel ! Quel est le malade assez
insensé pour amputer un membre, lorsque le mal est sans gravité, et que la
guérison en est presque certaine ? Qu'une pustule vienne à naître
sur notre main, nous songeons vite à la guérir, qu'une inflammation se déclare
à notre pied, nous arrêtons le mal par quelque remède. Renonçant au secours de
la médecine, si nous recourions au fer dès que la douleur se fait sentir sur
quelque partie de notre corps, certes nous serions bientôt privés de tous nos
membres.
Gardons-nous
de cette folie, ô mes chers auditeurs ; conservons nos membres avec
soin ; de même laissez-vous toucher par les nombreux services que vous
rendent vos femmes, et craignez d'avoir à rougir de votre ingratitude.
Lorsqu'elles vous causent quelque chagrin, et que vous êtes prêts à vous
emporter, souvenez-vous des douleurs qu'elles endurent pour vous donner des enfants
et vous comprendrez qu'il n'y a aucune comparaison entre vos peines et leurs
souffrances. Mettez bien sous vos yeux les jouissances que vous procure leur
amour, les soins qu'elles vous prodiguent dans vos maladies, la part qu'elles
prennent à toutes vos afflictions, à tous vos malheurs, les larmes que souvent
elles ont versées pour vous. Souvenez-vous que votre femme s'est arrachée à la
tendresse de ses parents, s'est éloignée du toit qui l'a vue naître, pour
s'attacher à vous qui n'étiez qu'un étranger pour elle. Combien de fois,
peut-être pour adoucir votre humeur et ressaisir vos bonnes grâces, n'a-t-elle
pas sacrifié ses économies personnelles ! Que tant d'affection et de
dévouement lui conserve votre coeur, qu'il resserre les liens qui vous unissent
à elle, et qui semblent prêts à se relâcher, qu'il raffermisse votre amour, cet
amour qui ressemble à un édifice chancelant sur ses bases ! 0uvrez
votre coeur à la pitié, n'oubliez pas ainsi les jours passés dans une étroite
union, et ne vous montrez pas plus insensibles que les brutes, puisqu'une telle
séparation est toujours douloureuse. J'ai entendu les tristes mugissements d'un
boeuf que le hasard avait séparé de son troupeau et le bêlement d'une brebis
isolée ; je l'ai vue parcourir avec inquiétude les monts et les bois
jusqu'à ce qu'elle eût rejoint ses compagnes dont elle s'était séparée en
paissant. Une chèvre s'était de même égarée ; elle rencontra plusieurs
troupeaux dans sa course, mais elle ne s'arrêta qu'en retrouvant celui dont
elle faisait partie et le berger qui le conduisait. Nous qui sommes doués de
raison, ne soyons pas plus durs que les brutes elles-mêmes, et ne montrons pas
moins d'attachement pour nos femmes que pour le premier passant qui se trouve
sur notre route, ou que le hasard nous amène. Vous savez que lorsqu'on a marché
quelque temps ensemble, lorsqu'on s'est trouvé sous un même toit, ou qu'on
s'est reposé en même temps à l'ombre d'un arbre durant la chaleur du jour, des
liaisons s'établissent entre ceux qu'un hasard a réunis, et qu'au moment où il
faut se séparer pour suivre des routes différentes, on éprouve quelques
regrets, on se sent ému, on s'éloigne en se regardant et après s'être donné des
assurances d'un attachement mutuel ; à quelque distance on se retourne
encore pour s'adresser de nouveaux adieux ; quelques instants ont suffi
pour faire naître des sentiments affectueux et rendre la séparation pénible. Et
votre femme est sans prix pour vous : elle est votre égale par sa
condition ; c'est avec elle que vous avez longtemps vécu, et vous ne l'estimez
pas plus qu'un meublé usé, qu'un vieux manteau, vous en souciant aussi peu que
d'un chien qui se serait enfui de votre demeure ! Qu'est devenue
cette amitié dont jadis vous donniez tant de témoignages ? Avez vous
oublié cette vie intime, ces plaisirs goûtés en commun ? Où est le
respect dû à une union légitime ? Où sont les égards commandés par
l'habitude, qui devient presque une nécessité de la nature, comme le démontre
l'expérience, et comme la raison le veut ? Vous avez brisé tous ces
liens avec plus de facilité que Samson ne brisa les cordes dont on se servit
pour le garrotter.
Un homme
ferme et plein de probité garde précieusement la mémoire d'une épouse ; il
aime ses enfants, parce que c'est un don qu'elle lui a fait de concert avec la
nature et il croit voir respirer en eux celle qui n'est plus. Celui-ci a le
même son de voix : celui-là porte les mêmes traits ; cet autre
a les mêmes façons et le même caractère. C'est ainsi que ce père, entouré des
portraits vivants et animés de son ancienne compagne, ne perd pas un instant le
souvenir de cette union que la mort est venue briser, et repousse toute idée de
contracter un engagement nouveau. Celui qui naguère s'occupait à ériger un
monument funèbre ne songe point à jeter des fleurs sur un lit nuptial, et il ne
quittera pas sitôt le deuil et les larmes pour se livrer aux joies d'un second
mariage ; il ne se hâtera pas de quitter l'habit noir, qui témoigne de sa
douleur, pour revêtir des habits de noce : il n'introduira pas une
nouvelle femme dans ce lit qu'une autre vient tout récemment de quitter ;
il n'admettra pas chez lui une marâtre que ses enfants auraient en
aversion ; il imitera la tourterelle dont la fidélité est due, il est
vrai, non à la raison mais à un l'instinct naturel. Quand cet oiseau a perdu sa
compagne il se condamne à un veuvage éternel ; bien différent de la
colombe qui vole aussitôt à de nouvelles amours.
Jusqu'ici
nous avons mis tous les torts du côté du mari, nous; l'avons supposé dans des
circonstances où sa demande en séparation serait un acte de la plus noire
ingratitude ; mais s'il s'autorise des dérèglements de sa femme, je me
range de son côté et je poursuis le coupable : au lieu de me
déclarer son ennemi, je me proclame son défenseur ardent. Je le louerai de fuir
une perfide, de rompre un lien qui l'attache à un aspic, à une vipère. Le
Maître de l'univers lui accorde sa Grâce ; car son coeur a été pénétré
d'une douleur amère, et il n'a aucun tort de chasser de sa demeure une peste,
un fléau. Le mariage a un double but, celui de vivre dans une mutuelle
affection et d'obtenir des enfants : l'adultère ne remplit ni l'un
ni l'autre. Quel amour une femme peut-elle avoir pour son mari lorsque son
coeur est livré à un penchant criminel ? Et comment un mari outragé
peut-il envisager des enfants qui doivent le jour aux désordres de leur
mère ? Mais tout ce qui regarde ce péché a été traité avec étendue
dans un autre endroit. Que les époux se gardent mutuellement une fidélité
sévère ; ce n'est qu'à cette condition que le mariage est indissoluble.
Alors il régnera entre eux harmonie et tendresse, parce que l'âme, pure de
toute affection coupable, est livrée tout entière à l'ardeur d'un sentiment
légitime. Cette loi d'une sage continence n'a pas été seulement imposée aux
femmes, Dieu l'a étendue même sur les hommes. Mais quelques-uns, abusant du
privilège accordé par les législateurs profanes, qui ne mettent point de frein
au libertinage des hommes, s'établissent les juges de la vertu des femmes et ne
craignent pas de s'abandonner eux-mêmes aux plus impudents désordres,
justifiant ainsi ce proverbe : « Ils veulent guérir les autres,
et ils sont couverts d'ulcères ». Qu'on leur reproche leurs écarts, ils
répondent à ces accusations avec légèreté ou par un sourire. Que les hommes,
disent-ils, entretiennent commerce avec différentes femmes, ils ne portent
aucun préjudice à leurs familles, tandis que les femmes ne peuvent prendre la
même liberté sans introduire des étrangers héritiers dans la maison.
Qu'ils
m'écoutent, ceux qui allèguent des justifications aussi absurdes, et qu'ils
apprennent que leurs dérèglements sont la cause des plus graves désordres dans
les familles ; les compagnes qu'ils fréquentent sont nécessairement ou
filles ou mariées ; alors c'est un mariage où l'on veut arriver par des
voies honteuses, c'est un père qu'on afflige. Hélas ! Il avait élevé
sa fille avec soin, et il espérait la conduire vierge encore au lit
nuptial : cette douce attente est détruite par ces ravisseurs
indignes, par ces ennemis de la pudeur. Si celui qui consomme de telles
infamies est père de famille qu'il songe à la douleur que doit éprouver un père
si cruellement déçu ; s'il est époux, qu'il se figure qu'une pareille
atteinte a été portée à son honneur. Tout en effet vivrait en bonne
intelligence, si chacun observait pour autrui ce qu'il voudrait que chacun
observât pour lui. S'imaginer d'après la loi romaine, qu'il n'y a rien de
criminel dans une oeuvre d'impudicité, c'est embrasser l'erreur, c'est ignorer
que les préceptes de Dieu diffèrent souvent des lois établies par les hommes.
Écoutez l'interprète des volontés divines, Moïse, prononçant les plus terribles
menaces contre ceux qui s'abandonnent à l'impureté ; écoutez saint Paul
qui dit : « Dieu jugera les impudiques et les adultères »
(He 13,4). Les législateurs profanes ne pourront vous être d'aucun secours
lorsque vous serez en présence de votre juge ; tremblants, pleins
d'effroi, à peine auront-ils eux-mêmes la force de se tenir sur leurs pieds. Platon,
ce grand faiseur de rois, qui a surpassé tous les autres par l'éclat et la
force de son éloquence, sera taxé de folie et d'ignorance. Quelle épouvante
lorsqu'ils entendront la condamnation de ces malheureux à qui ils avaient
accordé toute licence ! Ils auront leur part aux crimes qu'ils n'ont
pas défendus, et seront déclarés doublement coupables pour avoir commis le
péché et pour avoir permis aux autres de le commettre. Ceux donc qui désirent
trouver de la pudeur et de la vertu dans leurs femmes doivent être eux-mêmes
des modèles par la régularité de leurs moeurs ; les premiers ils doivent
donner l'exemple des vertus qu'ils aiment à voir fleurir dans leurs épouses.
Asterius of Amasea B (AC)
Died c. 400. Bishop
Asterius of Amasea in Pontus, Asia Minor, was renowned as a preacher: 21 of his
sermons are still extant. From his writings we know that he studied rhetoric
and law in his youth. Although he practiced as a barrister for a time, he could
not long ignore his calling to the priesthood, which eventually led to his
elevation to the see of Amasea. Saint Gregory the Great describes this good
pastor as overflowing with the Holy Spirit.
His sermons highly
recommend charity to the poor, revealing his own favorite virtue. His place in
time is known because of the references he makes in his sermons to Julian the
Apostate and the Consul Eutropius. They also show that the Church already kept
the feasts of Christmas, Easter, Epiphany, and martyrs. His reflections are
just and solid; the expression natural, elegant, and animated. They abound with
lively images and descriptions both of persons and things.
In his homily on Saints
Peter and Paul, Saint Asterius repeatedly teaches the pre-eminent jurisdiction
Saint Peter received over all Christians. His panegyric to Saint Phocas
encourages the invocation of saints, the veneration of their relics, and
pilgrimages to pray before them.
The following passage is
from his sermon, On the Holy Martyrs:
"We keep through
every age their bodies decently enshrined, as most precious pledges; vessels of
benediction, the organs of their blessed souls, the tabernacles of their holy
minds. We put ourselves under their protection. The martyrs defend the church,
as soldiers guard a citadel. The people flock in crowds from all quarters, and
keep great festivals to honor their tombs. "All who labor under the heavy
load of afflictions fly to them for refuge. We employ them as intercessors in
our prayers and suffrages. In these refuges the hardships of poverty are eased,
diseases cured, the threats of princes appeased. A parent, taking a sick child
in his arms, postpones physicians, and runs to one of the martyrs, offering by
him his prayer to the Lord, and addressing him whom he employs for his mediator
in such word as these.
"'You who have
suffered for Christ, intercede for one who suffers by sickness. By that great
power and confidence you have, offer a prayer on behalf of fellow-servants.
Though you are now removed from us, you know what men on earth feel in their
sufferings and diseases. You formerly prayed to martyrs, before you were
yourself a martyr. You then obtained your request by asking; now you are
possessed of what you asked, in your turn assist me. By your crown ask what may
be our advancement. If another is going to be married, he begins his
undertaking by soliciting the prayers of the martyrs. Who, putting to sea,
weighs anchor before he has invoked the Lord of the sea by the martyrs?'"
The saint describes with
what magnificence and concourse of people the feasts of martyrs were celebrated
over the whole world. He says, the Gentiles and the Eunomian heretics, whom he
calls New Jews, condemned the honors paid to martyrs, and their relics; to whom
he answers:
"We by no means
adore the martyrs, but we honor them as the true adorers of God. We lay their
bodies in rich shrines and sepulchers, and erect stately tabernacles of their
repose, that we may be stirred up to an emulation of their honors. Nor is our
devotion to them without its recompense; for we enjoy their patronage with
God."
He says the New Jews, or
Eunomians, do not honor the martyrs, because they blaspheme the King of
martyrs, making Christ unequal to his Father. He tells them that they ought at
least to respect the voice of the devils, who are forced to confess the power
of the martyrs:
"Those whom we have
seen bark like dogs, and who were seized with frenzy, and are now come to their
senses, prove by their cure how effectual the intercession of martyrs is."
He closes this sermon
with a devout and confident address to the martyrs (Benedictines,
Husenbeth).
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/1030.shtml
Asterius of Amasea in Pontus (c.
400). The only fact in his life that is known is related by himself,
viz. his education by
a Scythian or Goth who had been sent in his youth to a schoolmaster
of Antioch and thus acquired an excellent education and
great fame among both Greeks and Romans. The extant writings
of Asterius are twenty-one homilies, scriptural and
panegyrical in content. The two on penance and "on the beginning
of the fasts''
were formerly is ascribed to St.
Gregory of Nyssa (Bardenhewer, Patrologie, 1901, 267).
A life of his predecessor, St.
Basil, is ascribed to Asterius (Acta SS. 26 April). His works (P.G.
XL) are described by Tillemont (Mem.,
X, 409). He was a student of Demosthenes and an orator of repute.
Lightfoot says (Dict. of Christ. Biogr., I, 178) that his
best sermons display "no inconsiderable skill in rhetoric great
power of expression, and great earnestness of moral conviction; some
passages are even strikingly eloquent." The homilies of Asterius,
like those of Zeno
of Verona, offer no little valuable material to the Christian
archaeologist. [De
Buck in Acta SS. 30 Oct. (Paris, 1883), XIII, 330-334.]
Shahan, Thomas. "Asterius." The Catholic
Encyclopedia. Vol. 2. New York: Robert Appleton
Company, 1907. 31 Oct.
2015 <http://www.newadvent.org/cathen/02018a.htm>.
Transcription. This article was transcribed for New Advent by Joseph P.
Thomas.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. 1907. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John
M. Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2020 by Kevin
Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/02018a.htm
October 30
St. Asterius, Bishop of Amasea in
Pontus, Father of the Church
WE learn from the writings of this
holy prelate that in his youth he applied himself to the study of eloquence and
the law, and pleaded for some time at the bar. But the love of God ceased not
to raise an interior voice in his soul which seemed continually to exhort him
to devote himself wholly to the spiritual service of his neighbour. In
obedience to this call he renounced his profession and preferments in the
world, and entered himself among the clergy. Upon the death of Eulalius,
archbishop of Amasea, he was unanimously placed in that metropolitical see.
Always zealous for the purity of the Catholic faith, he taught its most holy
maxims, and laboured assiduously to inspire his flock with its perfect spirit.
He appeared in the midst of his people as a vessel filled with that spirit, and
communicating the same from the overflowing fulness of his own heart, as St.
Gregory describes the good pastor. For it is a vain and foolish presumption and
a scandalous profanation for a man to set up for a doctor of penance, patience,
humility, and holy charity, who is himself a stranger to those virtues. St.
Asterius in his sermons recommends alms deeds with an energy which shows
charity to the poor to be his favourite virtue. Avarice, luxury, and all other
vices he paints in colours which set their deformity in a true light, and
inspire men with abhorrence. He lived to a very advanced age; speaks of the
persecution of Julian as an eye-witness, 1 and survived the year 400. For, in his sermon against the calends,
which he preached on New-Year’s Day, he says that Eutropius was consul the
foregoing year, which was in 399. He loudly exerts his zeal against the riots
of that day, derived from paganism, and declaims against the noise and
tumultuous wishes of a happy new year from door to door, in which idle employ
many lose that time which they ought rather to employ in dedicating to God the
first fruits of the year by prayer. He says that the church then kept the
feasts of Christ’s birth, resurrection, and epiphany, or of lights; likewise the
feasts of martyrs. But asks: “What is the festival which Christians keep on the
calends and in riots?” The ancients style St. Asterius blessed, and a divine
doctor who, as a bright star, diffused his light upon all hearts. 2
We have extant several sermons of
St. Asterius, 3 which, though few, are an immortal monument of his masterly eloquence
and genius no less than of his piety. His reflections are just and solid, and
the expression natural, elegant, and animated; he abounds in lively images and
descriptions both of persons and things, which he always beautifies by masterly
strokes. In these he discovers a great strength of imagination, and a
commanding genius, and moves the inmost springs of the soul. His homily on
Daniel and Susanna is a masterpiece. In that on SS. Peter and Paul he teaches
and often repeats the prerogative of jurisdiction which St. Peter received over
all Christians from the East to the West: and says that Christ made him his
vicar, and left him the father, pastor, and master of all those who should
embrace the faith. 4 In his panegyric of St. Phocas, the martyr at Sinope, 5 he established manifestly the invocation of saints, the honouring of
their relics, pilgrimages to pray before them, and miracles wrought by them. 6 In the following sermon, On the Holy Martyrs, he says: “We keep through
every age their bodies decently enshrined, as most precious pledges; vessels of
benediction, the organs of their blessed souls, the tabernacles of their holy
minds. We put ourselves under their protection. The martyrs defend the church,
as soldiers guard a citadel. The people flock in crowds from all quarters, and
keep great festivals to honour their tombs. All who labour under the heavy load
of afflictions fly to them for refuge. We employ them as intercessors in our
prayers and suffrages. In these refuges the hardships of poverty are eased,
diseases cured, the threats of princes appeased. A parent, taking a sick child
in his arms, postpones physicians, and runs to some one of the martyrs,
offering by him his prayer to the Lord, and addressing him whom he employs for
his mediator in such words as these: “You who have suffered for Christ,
intercede for one who suffers by sickness. By that great power and confidence
you have, offer a prayer in behalf of fellow-servants. Though you are now
removed from us, you know what men on earth feel in their sufferings and
diseases. You formerly prayed to martyrs, before you were yourself a martyr.
You then obtained your request by asking; now you are possessed of what you
asked, in your turn assist me. By your crown ask what may be our advancement.
If another is going to be married, he begins his undertaking by soliciting the
prayers of the martyrs. Who, putting to sea, weighs anchor before he has
invoked the Lord of the sea by the martyrs?” 7 The saint describes with what magnificence and concourse of people the
feasts of martyrs were celebrated over the whole world. He says, the Gentiles
and the Eunomian heretics, whom he calls New Jews, condemned the honours paid
to martyrs, and their relics; to whom he answers: “We by no means adore the
martyrs, but we honour them as the true adorers of God. We lay their bodies in
rich shrines and sepulchres, and erect stately tabernacles of their repose,
that we may be stirred up to an emulation of their honours. Nor is our devotion
to them without its recompence; for we enjoy their patronage with God,” &c.
He says, the new Jews, or Eunomians, do not honour the martyrs, because they
blaspheme the King of Martyrs, making Christ unequal to his Father. He tells
them that they ought at least to respect the voice of the devils, who are
forced to confess the power of the martyrs: “Those,” says he, “whom we have
seen bark like dogs, and who were seized with phrenzy, and are now come to
their senses, prove by their cure how effectual the intercession of martyrs
is.” He closes this sermon with a devout and confident address to the martyrs.
See Photius, Biblioth. Cod. 271; St. Austerius’s fourteen homilies, published
by F. Combefis, in Auctar. Bibl. Patr. t. 1, p. 1, with extracts from several
others in Photius, loc. cit. and seven homilies on the Psalms, published by
Cotelier, Mon. Græc. vol. 2, p. 1; see also Tillem. t. 10; Du Pin, vol. 3, p.
53; Fabricius, Bibl. Gr. l. 5, c. 28, § 8, vol. 8, p. 607; Oudin, t. 1, p. 892;
Ceillier, &c.
Note
1. Or. 3. [
back]
Note 2. Apud. Phot. Cod. 127. [back]
Note 3. Published by F. Combefis in his Auctarium to the Bibliotheca Patrum. The
fourteen first are undoubtedly genuine. Several of the latter appear uncertain,
and perhaps are the productions of Asterius, bishop of Scythopolis, mentioned
by St. Jerom in his Catalogue. [
back]
Note 4. P. 142. [
back]
Note 5. See July 3, p. 22. [back]
Note 6. P. 178. [back]
Note 7. P. 186. [back]
Rev.
Alban Butler (1711–73). Volume X: October. The Lives of the Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/10/303.html CHURCH FATHERS (48) – SAINT ASTERIUS OF AMASEA
admin / March
22, 2019
I bet that not
many are aware of the existence of a certain Asterius, once Bishop of Amasea
(modern Turkey). Not only because he lived many centuries
ago (350-410) but also because, let us be honest, he is not one of the most
popular early Christian writers. But indeed he is not someone to be taken
lightly.
Let us say that even if one may think that it is not
easy to know something about him, we need to discover that indeed that were
many “Asteriuses” that were quite prominent in early Christian history,
something that to us may seem strange because this name is so out of use
nowadays (have you ever met someone called Asterius?). But also our own
Asterius, the Bishop of Amasea, hasn’t got many things in record regarding his
life. We know about him because of his homilies and these are luckily
preserved, at least part of them. Catholic Encyclopedia says: “The
only fact in his life that is known is related by himself, viz.
his education by a Scythian or Goth who had been sent in his youth to
a schoolmaster of Antioch and thus acquired an
excellent education and great fame among both Greeks and Romans. The
extant writings of Asterius are twenty-one homilies, scriptural and
panegyrical in content. The two on penance and ‘on the beginning of
the fasts’ were formerly ascribed to St Gregory of Nyssa (Bardenhewer, Patrologie,
1901, 267). A life of his predecessor, St Basil, is ascribed to Asterius
(Acta SS. 26 April). His works (P.G. XL) are described
by Tillemont (Mem., X, 409). He was a student of Demosthenes and an
orator of repute. Lightfoot says (Dict. of Christ. Biogr., I, 178) that his
best sermons display ‘no inconsiderable skill in rhetoric great power of
expression, and great earnestness of moral conviction; some passages are even
strikingly eloquent.’ The homilies of Asterius, like those
of Zeno of Verona, offer no little valuable material to the Christian
archaeologist.” (Shahan, T. (1907). “Asterius.” In The
Catholic Encyclopedia: http://www.newadvent.org/cathen/02018a.htm).
And so, let us turn to some passages from his homilies
(translated by Galusha Anderson and available in the very precious
www.tertullian.org), to have a better idea about the impact of this Bishop. In
one Sermon about the rich man and Lazarus he has said: “There was a certain
beggar named Lazarus. The narrative describes him not simply as poor, destitute
of money, and of the necessaries of life, but also as afflicted with a painful
disease, emaciated in body, houseless, homeless, incurable, cast down at the
rich man’s gate. And very carefully the narrative finally works up the
circumstances of the beggar to signalize the hard-heartedness of him who had no
pity; for the man that has no feeling of pity or sympathy for hunger or disease
is an unreasoning wild beast in human form, deliberately and wickedly deceiving
men; nay more, he is less sympathetic than the very beasts themselves; since,
at least, when a hog is slaughtered, the rest of the drove feel some painful
sensation and grunt miserably over the freshly spilled blood; and the
cattle that stand about when the bull is killed indicate their distress by
passionate lowing. Flocks of cranes also when one of their mates is caught in
the nets, flutter about him and fill the air with a sort of grieving clamor,
seeking to release their mate and fellow. And how unnatural that man, endowed
with reason and blessed with culture, who has also been taught goodness by the
example of God, should take so little thought of his kinsman in pain and
misfortune!”
Or let us read this one about the unjust reward: “You
possess an estate, having either inherited it from your fathers, or obtained it
by some exchange. Call up therefore in memory and count over, if you can, all
who have occupied it before you. And direct your mind also to the time to come,
and think how many are to occupy it after you. Then tell me who owns it, and to
whom does it especially belong; those who have had it, or those who now have
it, or those who in the future are to have it? For if some one should in some
way or other call them all together, the owners would be found more numerous
than the clods. And, further, if you wish to see exactly what our life is like,
call to mind if ever in summer, while traveling, you have seen a flourishing
tree extending far enough in breadth and height to serve with its shadow
the purpose of a shelter. You were glad to come under its shade, and there you
remained as long as possible. And when it was necessary to move on, even as you
were thinking of setting off again, another wayfarer appeared. And you took up
your luggage while he laid his down and appropriated all your conveniences,
the. bed of leaves, the fire, the shade of the tree, the water flowing by. And
he began to recline and rest, while you resumed your walk. He, too, enjoyed the
place and then left it. And that one tree was, in a single day, the temporary
lodging-place for perhaps ten strangers. And that which was enjoyed by all
belonged to but one owner. And thus also the abundance of our life here
delights and supports many, while it belongs to God alone, who has imperishable
and indestructible life.”
Would that these two short passages may create in the
reader the willingness to know more about our Asterius, who has so much to say
even for our troubled times.
SOURCE : https://www.oclarim.com.mo/en/2019/03/22/church-fathers-48-saint-asterius-of-amasea/
Ancient Sermons for Modern Times
By Asterius, Bishop of Amasia Circa 375-405, A. D.
Put into English from the Greek
By GALUSHA ANDERSON, S. T.D., LL. D., Professor of Homiletics, University of Chicago,
and
EDGAR JOHNSON GOODSPEED, Ph. D., Instructor in Biblical and Patristic Greek, University of Chicago
"As ye go, preach"
The Pilgrim Press
NEW YORK
BOSTON CHICAGO
Copyright, 1904, by J. H. TEWKSBURY
To those who have studied Homiletics under my direction and are now engaged in
the peerless work of preaching Christ.
INTRODUCTION
FOUR or five years ago, while lecturing in the
Divinity School of the University of Chicago on the History of Preaching, I
spoke of the sermons of Asterius as especially interesting, and, although
preached in the fourth century, as still fresh and admirably fitted to our
times. Dr. Goodspeed, at that time a member of my class, and an enthusiastic
and accurate Greek scholar, impressed by my remark, began to read some of the
Greek discourses which I had so warmly commended. Convinced of their
excellence, he made a literal translation of five of them. He chose for
translation those sermons concerning whose authenticity there can scarcely be a
reasonable doubt. Each of us went over this |6 translation
again and again, striving to present faithfully both the thought and spirit of
the author, and at the same time to clothe his thought in clear and forceful
English. All who have undertaken such a task, know how very difficult it is.
How near we have come to the realization of our ideal the reader himself must
judge.
Very little is known of the life of Asterius. We have
no knowledge of his family. We have barely one fact concerning his early
education. His principal teacher was a Scythian, who in his youth had been sold
as a slave to a citizen of Antioch. His owner was a schoolmaster, and took
great pains in educating him thoroughly. He made marvelous progress in learning
and won for himself a great name among both Greeks and Romans. Under the
immediate direction of this celebrated educator Asterius was trained for his life-work.
At some time, probably early in his' career, he made a
careful study of Demosthenes, and became himself no mean orator. He won popular
favor. He was made Bishop of Amasia, in Pontus, Asia Minor. A few of his
sermons there delivered have come down to us. They show rare rhetorical skill,
a vivid and disciplined imagination, great power of expression, and, above all,
intense moral conviction. He acted with the orthodox party of his day, and
should be carefully distinguished from a contemporary of the same name, who was
an Arian and a controversialist. He also has the reputation of having been a
faithful pastor, one who earnestly devoted himself to the care of his flock.
Moreover, his life was without a stain; his teaching and preaching were
enforced by his godly living. Nor was his fame confined to the place where he
preached publicly and from |8 house
to house. During the iconoclastic controversy, at the second council of Nicaea,
with a play on his name, he was referred to as "a bright star illumining
the minds of all."
The limits of his public career are not definitely
known. He preached in the latter part of the fourth century and it may be for a
short time in the fifth. In his sermon, On the Festival of the
Calends, he refers to the fall of Eutropius from his consulship as an
event of the preceding year; now that event was in 399; this sermon therefore
was called forth by the festivities of New Year's Day, A. D. 400. Elsewhere
Asterius spoke of himself as a man of advanced age, so that he probably did not
continue to preach long after the beginning of the fifth century. So far as our
knowledge extends that New Year's sermon closed his career. He then historically |9 passed
from view. What he did thereafter, no one in our day has ascertained. When,
where and how he died is as yet wrapped in impenetrable mystery; but he lives
on in the very few of his many discourses that have survived the ravages of
time. We have between twenty and thirty of them. Some scholars have doubted the
authenticity of all that have been attributed to him, but he is in all
probability the author of most of them. In addition to these discourses, with a
high degree of plausibility, he has also been considered the author of a life
of his predecessor, St. Basil of Amasia. These five sermons, which we send out
to the public in English dress, meet the altogether reasonable demand of our
day for ethical preaching. In them moral subjects are handled with
discrimination and with rare tact. This early Greek preacher laid right hold of
the problems that were thrust upon his attention by his immediate surroundings
and solved them by the application of the immutable principles of
righteousness, and the acknowledged truths of the Word of God. Measuring the
conduct of men by principles and truths universally admitted, his discourses
are as applicable to men now as they were to those living in the fourth
century. But he confined himself so strictly to topics purely ethical, that we
cannot but wish that he had treated ethically some of the great fundamental
doctrines of grace. Still, in whatever respect he may be justly criticized,
all, we are sure, will agree that he was a "live preacher."
We wish also to call attention to the fact that since
these sermons deal with men as they were in the society of that early period,
they vividly present to us conditions and customs then prevailing among the
common people, that historians have failed to portray. Moreover, these
discourses are enriched with passages quoted from the Scriptures, which for the
most part are suggestively and justly interpreted; so that the words of our
author contribute something of value to our knowledge both of history and
exegesis.
Asterius was a contemporary of Chrysostom; but while
all of Chrysostom's sermons have been more than once translated into English,
so far as we are aware this is the first time that any of the discourses of
Asterius have appeared in our own tongue. And it will give us great pleasure,
if, by this small volume, we shall be able to give to any one a larger
knowledge of the early Greek pulpit, and at the same time incidentally to call
attention to a striking evidence of the unity in thought and spirit of the believers
of the fourth and twentieth centuries.
These sermons stand in the Greek without texts; but in
conformity to the custom of our day, I have placed on the page preceding each
discourse the Scripture which the preacher freely discussed. There is, however,
one exception. In his sermon, On the Festival of the Calends, he expounded
no passage of Scripture. Like Chrysostom in his Homilies of the Statues, he
seized upon a passing event, making that the foundation of his discourse, and
with great force castigated a crying evil.
Last of all we wish to call special attention to the
fact that these discourses are genuine sermons. They are at the farthest
possible remove from essays. They were spoken directly to men. The preacher
frequently said "you." He also often interrogated those to whom he
spoke. He abundantly illustrated his thought. He appealed to reason; he pinched
the |13 conscience;
he ridiculed folly; he shamed vice; he allured to virtue. He was not, to be
sure, faultless, but in many respects he is a fine homiletical model, that will
richly repay thoughtful study.
The Greek text from which these sermons were
translated is found in Migne's Library of the Greek and Latin fathers.
GALUSHA ANDERSON.
Newton Centre, March 1, 1904.
CONTENTS
I. THE RICH MAN AND
LAZARUS 17
II. THE UNJUST
STEWARD 45
III. AGAINST
COVETOUSNESS 73
IV. ON THE FESTIVAL OF THE
CALENDS 111
V. ON
DIVORCE 131
This text was transcribed by Roger Pearse, Ipswich,
UK, 2003. All material on this page is in the public domain - copy
freely.
Greek text is rendered using the Scholars Press
SPIonic font, free from here.
SOURCE : http://www.earlychristianwritings.com/fathers/asterius_00_intro.html
Den
hellige Asterius av Amaseia ( -~410)
Minnedag: 30.
oktober
Den hellige Asterius ble
født på 300-tallet og var biskop av Amaseia (i dag Amasya) ved elva Iris (i dag
Yesilirmak) i Pontos i Lilleasia. Han var en predikant av betydelig kraft, og
21 av hans prekener eksisterer fortsatt. Fra hans skrifter vet vi at han studerte
retorikk og jus i sin ungdom. Selv om han praktiserte som advokat en tid,
klarte han ikke å ignorere sitt prestekall. Den hellige pave Gregor I den Store (590-604)
skriver at han «flyter over av Den Hellige Ånd».
Hans prekener anbefaler
høyt nestekjærlighet mot de fattige og avslører dermed hans egen favorittdyd.
Hans plassering i tid er kjent på grunn av de henvisningene han gir i sine
prekener til keiser Julian den Frafalne (Apostaten) (361-63) og konsulen
Eutropius. Prekenene viser også at Kirken allerede feiret jul, påske, epifani
og martyrer. Hans refleksjoner er rettferdige og solide og han uttrykker seg
naturlig, elegant og livlig. Prekenene er fulle av livfulle bilder og beskrivelser
både av personer og ting.
I sin preken om de
hellige apostelfyrstene Peter og Paulus gjentar
han flere ganger den øverste jurisdiksjon som Peter mottok over alle kristne.
Hans lovtale over den hellige Fokas Gartneren av
Sinope oppmuntrer påkallingen av helgener, venerasjon av deres
relikvier og valfarter for å be foran dem.
Asterius døde rundt 410.
Hans minnedag er 30. oktober.
Kilder:
Attwater/Cumming, Benedictines, Bunson, KIR - Kompilasjon og oversettelse:
p. Per Einar
Odden - Opprettet: 1999-01-05 17:54 -
Sist oppdatert: 2006-08-06 11:56
SOURCE : http://www.katolsk.no/biografier/historisk/aamasea