samedi 26 novembre 2016

Saint LÉONARD (CASANUOVA) de PORT-MAURICE, religieux franciscain, missionnaire et confesseur

Saint Léonard de Port-Maurice

Frère mineur à Rome ( 1754)

Religieux franciscain qui (peut-être) a inventé le chemin de croix, mais en fut certainement un grand propagateur au cours de ses missions intérieures, spectaculaires et étonnantes.

Paul Jérôme Casanova est né à Porto Maurizio, province de Gênes dans une famille de marins. A 23 ans il entre chez les Franciscains et prend le nom de Léonard. Son maître des novices est un Corse très austère de la famille de Bernardin de Calenzana. Ordonné prêtre en 1702, à la suite d'une maladie, il décide de se consacrer aux missions populaires. Saint Alphonse de Liguori le nommait 'le grand missionnaire de notre temps'. Envoyé en Corse (alors en révolte) par Benoît XIV il mène une action à la fois religieuse et politique. Tâche immense en ces temps troublés... En bon contemporain de l'époque baroque, il cherchait à captiver son auditoire en encourageant un large retour à soi-même et une meilleure préparation à la Pénitence et à l'Eucharistie. Le moment le plus favorable semblait être la cérémonie du chemin de Croix... Il en érigea 572 dont une centaine en Corse... (d'après 'Église de Corse en prière' - diocèse d'Ajaccio)

À Rome, au couvent de Saint-Bonaventure sur le Palatin, en 1754, saint Léonard de Port-Maurice, prêtre de l’Ordre des Mineurs. Rempli du zèle des âmes, il se dépensa pendant presque toute sa vie à prêcher, à publier des livres de piété, et à visiter plus de trois cents missions à Rome, en Corse et dans l’Italie du Nord.

Martyrologe romain


S. Léonard de Port-Maurice
26 novembre

Cet illustre disciple de saint François d’Assise est né en 1676, le bienheureux Innocent XI étant pape, Léopold Ier empereur et Louis XIV roi de France. Après une enfance et une jeunesse saintes, saint Léonard se sentit animé d’une ardente soif d’austérités et d’un zèle immense pour le salut des âmes : ce sont les deux principaux caractères de sa vie.
Sa passion de la souffrance lui fit fonder une solitude où ses disciples s’engageaient à ne manger ni viande, ni œufs, ni laitage, ni poisson, à observer neuf Carêmes, à l’exemple de saint François, à coucher sur la dure, à marcher pieds nus par tous les temps, à observer un continuel et rigoureux silence. Il ne sortait de « ce lieu de délices » que pour prêcher des missions, et il avait hâte d’y revenir se plonger dans la pénitence et dans la prière.
On comprend que la prédication d’un tel religieux, même à part son éloquence, devait produire de merveilleux fruits de salut ; toutes les résistances cédaient devant lui ; ses sermons étaient interrompus par des cris de douleur et des sanglots ; le don des miracles ajoutait encore à sa puissance apostolique.
Il mourut l’an 1751, Benoît XIV étant pape, Marie-Thérèse impératrice et Louis XV roi de France.

Leonardo Massabo (1812-1886). San Leonardo in Corsica
Basilique Saint-Maurice, Imperia (Italie)


Vie brève de Saint Léonard de Port-Maurice

Chapitre 1 : La jeunesse

Chapitre 2 : Le religieux

Chapitre 3 : Le prédicateur

Chapitre 4 : Supérieur et fondateur d’un ermitage

Chapitre 5 : La fin du Bienheureux


CHAPITRE 1

La jeunesse


Paul-Jérôme Casanuova est originaire de la ville italienne de Port-Maurice qui lui a donné son nom et qui se trouve dans la province de Gênes. Il naquit le 20 décembre 1676. Ses parents étaient aisés et profondément chrétiens. L’enfant perdit sa mère, lorsqu’il n’avait encore que deux ans. Son père se remaria et eut quatre enfants de sa seconde femme. Il donna à ses enfants une éducation chrétienne tant par ses exemples que par ses exhortations. Sa préférence allait cependant à Paul-Jérôme dont les dispositions à la piété semblaient naturelles.Autant il montra, dès l'âge le plus tendre, peu d’attrait pour les jeux auxquels s’adonnaient les enfants de son âge, autant son plus grand plaisir était de penser à Dieu. Il avait coutume de construire de petits autels et de faire des processions auxquelles il invitait des camarades : après avoir récité avec eux des prières ou chanté des cantiques, il leur faisait souvent de petits sermons, à la façon d'un prédicateur.

Son amour de la Vierge se manifestait par la récitation du chapelet et d’autres prières qui lui sont dédiées. Jeune homme, il faisait, pieds nus, en compagnie de quelques camarades, de fréquents pèlerinages à l'église de Notre-Dame de la Plaine, située à trois kilomètres environ de Port-Maurice. A cette époque, la ville de Naples subissait de nombreux tremblements de terre qui provoquaient partout la frayeur ; aussi Paul-Jérôme suppliait-il la Vierge Marie de délivrer son pays de ce terrible fléau.

Il aimait visiter les églises, toujours accompagné de ces mêmes compagnons avec lesquels il récitait de nombreuses prières. Il cherchait ainsi à les préserver des mauvaises influences par son exemple et ses enseignements ; à l'âge de dix ans, il fut pris à parti avec ses amis, par un officier de marine qui tenta de les porter au mal ; ils s’enfuirent pour lui échapper. Ayant réussi à le distancer, Paul-Jérôme fit un pèlerinage de reconnaissance à Notre-Dame de la Plaine.

Après avoir étudié avec grand succès dans sa ville natale, son père l’envoya à Rome chez un de ses frères, nommé Augustin ; cet homme, sage et vertueux, le confia d’abord à un maître habile. Charmé de ses progrès dans les sciences et de sa conduite édifiante, son oncle le traita avec autant d'affection que ses propres enfants. Au bout de trois ans, Paul-Jérôme suivit les leçons publiques du collège romain. Il eut pour maître le Père Toloméi qui devint plus tard cardinal.

Ses progrès n'étaient pas moindres dans la piété que dans la science. Sa vie spirituelle et intérieure était à la mesure de sa ferveur ; il s'approchait des Sacrements tous les jours de fête, et, matin et soir, il se recommandait à Dieu, comme s'il eût dû mourir le jour même ou la nuit suivante. Il était modeste, humble, pieux, studieux et vigilant sur lui-même, au point que jamais il ne dit une parole, ni ne fit la moindre action qui fût de nature à causer du scandale ou de l'étonnement ; tous ses entretiens avec ses compagnons roulaient sur des sujets de piété ou des études, si bien que ses vertus et sa vie exemplaire faisaient l’admiration de ses camarades du collège romain.

Ami de la solitude et de la retraite, il eut peu d'amis qu’il choisit parmi les meilleurs de son établissement. Il aimait surtout l'un d'eux qui partageait le même idéal et dont les conseils poussaient à la ferveur. Ainsi lui apprit-il que vivre sous le regard de Dieu faisait éviter bien des impatiences et d’autres défauts et que le péché ne peut rester toujours impuni. Un de ses auteurs spirituels préférés était St François de Sales dont le livre de l’Introduction à la vie dévote ne le quittait pas.

Il s’était agrégé à des assemblées de jeunes qui se réunissaient, l'une à l'oratoire du Père jésuite Caravita, l'autre à celui de saint Philippe de Néri, à la Chiesa Nuova ; dans ces réunions, il puisait un enthousiasme et une ferveur grandissante pour la pratique des vertus et le désir des pénitences. Mais c’est surtout après une confession générale dans une cellule qu’avait autrefois occupé St Philippe de Néri qu’il se sentit plus attiré par les austérités et la pénitence. La nuit, il n’était pas rare que, quittant son lit, il dormît sur le sol ayant une planche pour oreiller.

Quand il rentrait chez son oncle après ces rencontres des Oratoires du Père Jésuite et de St Philippe de Néri, il ne pouvait s’empêcher de communiquer son ardeur en racontant à table, et avec tant d’entrain, ce qu’il y avait entendu et fait, qu’il en oubliait de manger. Son zèle était si brûlant que les jours de fête, il allait par les rues et les places de Rome, et, bravant les mépris et les injures des indifférents et des pécheurs, il exhortait les gens à se rendre aux sermons dans les églises qu’il aimait lui-même entendre volontiers et qu’il répétait aux personnes de sa maison. Prêchant à Rome, en 1749, il recommanda à ses auditeurs de s'affilier à quelque pieuse fraternité pour conserver la foi et grandir dans la charité, les assurant qu'il parlait d'expérience, ajoutant que, s'il avait fait quelque bien, et surtout évité le mal dans sa jeunesse, il s'en croyait redevable à l’oratoire du Père Caravita et à celui de la Chiesa Nuova.

Son assiduité à la prière et aux sacrements, sa ferveur communicative firent penser à son entourage que Paul-Jérôme deviendrait un jour religieux et un grand prédicateur. Et en effet, tout en vivant dans le monde, il n’était pas du monde et se sentait appelé à l’état religieux. Il en parla à son confesseur qui voulut d'abord l’éprouver par d’humiliantes épreuves. Pendant que Paul-Jérôme, multipliant ses oraisons et ses pénitences, demandait à Dieu de lui faire connaître sa volonté, il vit, en traversant la place du Gésu, deux religieux d'un extérieur pauvre et d'un maintien fort modeste ; il en fut frappé, et, en même temps, se sentit enflammé du désir d'embrasser leur genre de vie. Mais, ne sachant pas à quel Ordre ils appartenaient, ni quel couvent ils habitaient, il se mit à les suivre jusqu'à leur couvent de Saint Bonaventure, situé sur le Palatin, et habité par les Frères Franciscains. Il entra dans l'église du couvent au moment où les religieux commençaient la récitation des Complies, et il entendit ces mots : Converte nos, Deus, salutaris noster : « Convertissez-nous, ô mon Dieu, notre Sauveur ! » Ces paroles lui allèrent droit au cœur et il décida d’entrer dans ce monastère.


CHAPITRE 2

Le religieux


Après avoir entretenu son confesseur de sa découverte des Frères Franciscains et de son attrait pour leur genre de vie, et ayant vaincu les résistances de son oncle, il frappa à la porte du couvent le 2 octobre 1697. On lui donna le nom de Léonard. Lui-même a fait connaître avec quelle ferveur il fit son noviciat : car, quand, dans un âge avancé, il lui arrivait de parler de cette époque de sa vie religieuse, il appelait le jour de sa prise d'habit religieux « le jour de sa conversion », et l'année de son noviciat « l'année sainte » : il se plaignait d'avoir perdu la dévotion qu'il avait alors, et de n'avoir fait depuis que reculer au lieu d'avancer dans le chemin de la perfection. Il était fidèle jusque dans les plus petites choses, et exact à garder les pieuses pratiques de l'Ordre, car disait-il, il ne faut pas regarder comme peu de chose ce qui peut plaire ou déplaire à Dieu. « Si, pendant que nous sommes jeunes », ajoutait-il quelquefois, « nous ne faisons pas cas des petites choses et si nous y manquons volontairement, nous nous permettrons de manquer à des points plus importants, lorsque nous serons plus avancés en âge et que nous aurons plus de liberté». Aussi c’est à l’unanimité qu’il fut admis à la profession solennelle, le 2 octobre 1698.

Après ses voeux, il étudia la théologie dans laquelle il excella et puisa un plus grand désir de sainteté. Cette pensée le poursuivait même pendant les heures de récréation. Il avait coutume d’exhorter ses compagnons à l’espérance, disant « qu’avec le secours de la grâce, qui ne manque jamais, nous pouvons non seulement être bons, mais même devenir des Saints ». Il leur suggéra de choisir chaque semaine une vertu, dont chacun devait produire pendant cette période le plus d'actes possible ; cette vertu et les moyens de l'acquérir devaient faire le sujet des conversations. Et si quelqu'un venait à commettre une faute, il devait s’en accuser humblement, sollicitant l’aide de la prière de ses frères. Lorsqu'il fut ordonné prêtre, il prit l'habitude de se confesser chaque matin avant de monter à l'autel : souvent même il se confessait le soir et le matin

Ses dons naturels et son application lui obtinrent de brillants résultats dans ses études. Mais il ne cessa pas de les poursuivre après la fin de leur cycle. Il insistait sur la nécessité d’acquérir de nouvelles connaissances pour procurer la gloire de Dieu et le salut des âmes ; ce qui ne peut se faire que par l’étude. Et il reconnaissait qu’il avait toujours étudié et qu’il étudiait encore dans ce but. Aussi à la réputation de sainteté sut-il unir la réputation de savant : c'est pourquoi on le nomma professeur de philosophie. Peu de temps après, il tomba malade. Sa constitution fragile, ses rigoureuses pénitences, son application à l’étude firent craindre le pire : il devint comme un squelette n'ayant plus que la peau sur les os. On l'obligea d'aller à Naples, puis à Port-Maurice, son pays natal, pour se rétablir. Les remèdes restant inefficaces, il s’adressa à la Vierge Marie la suppliant de lui obtenir de son divin Fils une santé qu'il consacrerait à gagner des âmes pour le ciel. Sa prière fut exaucée ; l'infirmité dont il souffrait depuis cinq ans disparut si complètement qu'il put entreprendre et continuer de nouveaux travaux plus nombreux et plus difficiles.


CHAPITRE 3

Le prédicateur



Embrasé d'amour pour Dieu et de zèle pour le salut du prochain, il nourrissait le plus vif désir de partir pour les missions. Il fut sur le point de partir en Chine. Mais Dieu le réservait pour d’autres tâches et ne permit pas qu’il s’éloigna de l’Italie. Aussi répétait-il souvent qu'il n'avait pas été jugé digne de verser son sang pour Jésus-Christ. Et quand il apprenait le martyre de plusieurs confrères de ces contrées lointaines, il disait : « Moi aussi, je devrais en être, mais mes péchés ont été la cause que je n'y suis pas allé ».

Il commença par faire connaître l’exercice du chemin de la croix et le trésor incomparable des indulgences que l'on peut gagner en le pratiquant ; il s'employa même auprès des souverains pontifes Benoît XIII, Clément XII et Benoît XIV, pour que ces indulgences fussent étendues à tous les lieux. C’est à lui que le chemin de croix doit sa forme actuelle. Saint Léonard en érigea plus de 500, dont celui du Colisée, à Rome.

Ce fut dans son diocèse d'Albenga qu'il fit sa première mission, à Artallo, distant de trois kilomètres de Port-Maurice. Il partait chaque matin de cette résidence, et y revenait le soir, nu-pieds, quoiqu’on fut en plein hiver, pratique qu'il continua, malgré ses fatigues, jusqu'à l'avant-dernière année de sa vie, lorsque Benoît XIV l'obligea de porter des sandales.

Il fit une guerre sans merci aux bals et aux fêtes mondaines. Une fois, à l'occasion de la fête de saint Barthélémy, il fut invité, à la paroisse de Caramagna, à faire un sermon ; ayant été averti que, chaque année à pareil jour, les hommes et les femmes dansaient ensemble publiquement, et faisaient d'un jour de fête un véritable carnaval, il s'éleva avec force contre une telle pratique, affirmant que le démon a tout à gagner dans les bals. Malgré cela, la plupart de ses auditeurs, à peine sortis de l'église, se rendirent, comme les autres années, au lieu où l'on dansait. L’ayant appris, Léonard prit en main un crucifix, et, accompagné de deux hommes qui portaient des cierges allumés, il se transporta lui-même sur les lieux. A son aspect, les musiciens et les danseurs voulurent s’enfuir. Mais il les retint, leur adressa la parole, et leur fit une si vive impression, que toute la foule émue aux larmes, offrit le spectacle d’un repentir sincère et universel. Or, tandis qu'il parlait, un bras du crucifix se détacha de la croix ; à cette vue, le peuple manifesta encore une plus vive émotion. Saint Léonard profita de cette circonstance pour condamner avec plus d'énergie l'usage coupable de profaner par des bals les fêtes consacrées aux Saints ; ajoutant que le Seigneur avait voulu faire comprendre par ce signe qu'il était prêt à lancer sa foudre s'ils ne promettaient pas de ne plus commettre ces sortes de profanations. Le peuple, saisi d’une grande crainte, en fit sur-le-champ la promesse qu’il tint fidèlement. Le jeune missionnaire, voyant que le ciel bénissait ses travaux, en fut encouragé dans son ministère de prédicateur de l’Evangile, en sorte qu'il se rendait partout où il était demandé, sans s'inquiéter des fatigues ou des difficultés.

On ne peut dire l’étendue de son apostolat ; presque toute l'Italie fut successivement témoin de ses prédications et de ses victoires sur le péché. Le grand-duc de Toscane, Cosme III, le demanda pour réformer les mœurs de ses Etats, et lui-même allait souvent lui rendre visite et prendre conseil auprès de lui. Il le pria de donner des missions dans tout le grand-duché, lui offrant assistance et protection, tant pour lui-même que pour ses compagnons. Le serviteur de Dieu accepta volontiers l’offre du prince d’évangéliser les habitants de son pays, mais il refusa les libéralités dont le Grand-Duc voulait le combler, car il ne voulait vivre que d’aumônes. Voici comment un familier de Cosme III relate les missions de St Léonard en Toscane : « Je ne puis m'empêcher de vous donner avis, dans les sentiments de la joie la plus vive, du bonheur qu’a eu Pitigliano de posséder ce grand serviteur de Dieu, qui y termine sa mission, pour aller ensuite à Sorano, et sanctifier cet endroit-là à son tour ; car ce n'est pas seulement convertir, c'est sanctifier, qu’il fait. Le Père Léonard est un instrument de l'Esprit-Saint, qui, par ses bonnes manières, attire à lui tous ceux qui l'entendent, même les plus endurcis. J'ai l'honneur d'avoir été chargé par Son Altesse Royale de le servir et de lui faire apprêter tout ce dont il a besoin ; mais j'ai eu peu d'occasions de lui être utile, ainsi qu'à ses compagnons ; car le peu qu'ils prennent pour leur nourriture, ils vont le quêter. Je lui avais fait préparer un petit appartement composé de cinq chambres, avec un lit pour lui, fourni de matelas et de tout ce qui convient ; à peine arrivé, il fit tout emporter pour mettre à la place quelques planches sur lesquelles il prend son repos la nuit. Je crois que Dieu lui conserve la vie par une assistance spéciale, car il n'est pas possible de se soutenir naturellement au milieu de si grandes fatigues, avec de si rudes pénitences ».

On ne saurait en effet se faire une idée des foules qui se pressaient autour du missionnaire. Un jour, que l'on portait en procession une image miraculeuse de la sainte Vierge, pour la remercier d'avoir délivré la Toscane de la peste, le nombre des fidèles qui assistaient à cette cérémonie s’élevait à plus de cent mille personnes ! Et chose extraordinaire, lorsque la procession fut arrivée au sommet de la colline de Sainte-Marie, le saint missionnaire prononça un discours qui fut clairement entendu par tous, même par les plus éloignés qui se trouvaient à plusieurs centaines de mètres du prédicateur.

Tous les diocèses auraient voulu accueillir le serviteur de Dieu ; il parcourut ceux de Massa, d'Arezzo, de Volterra et les campagnes de Sienne, recueillant partout d'abondantes moissons pour le ciel. On ne savait qu’admirer le plus : son zèle, son éloquence ou ses austérités. L'évêque de San-Miniato, remerciant dans une lettre le Père gardien de Saint-François du Mont, de lui avoir envoyé l’apôtre, écrivit : « Le Père Léonard rentre dans sa sainte retraite chargé de mérites ; il a travaillé avec un zèle admirable pendant quinze jours, et je pourrais dire aussi pendant quinze nuits, au salut de mon bien-aimé troupeau. Rien ne surpasse son dévouement, si ce n'est, j'ose l'espérer, les fruits qu'il produit. Pour moi, je dis que la grâce divine triomphe en lui, car il ne me semble pas possible que, sans un secours tout spécial de Dieu, un homme puisse faire tant ». .

Le curé de Saint-Roch, près Pistoie, exprime ainsi sa reconnaissance et témoignant son admiration : « Toute la ville vénère le Père Léonard comme un Saint, comme un prédicateur savant, comme un fervent missionnaire, et toutes les âmes ont été comme enchaînées à sa parole de feu. Il brise les cœurs, même les plus indifférents, qui ne prêtent l'oreille qu'à ce qui les flatte, et la ferment à la vérité. Nul n'a pu résister que celui qui n'est pas venu l'entendre. Son auditoire a été des plus nombreux ; à la seconde procession de pénitence on juge qu'il y avait bien quinze mille personnes, et à la bénédiction papale environ vingt mille. Tous les confesseurs de la ville ont eu beaucoup à faire, et l'on remarquait chez tous les pénitents des dispositions extraordinaires, une préoccupation très vive des besoins de leur âme et un profond oubli de tout autre chose. Il a emporté avec lui les regrets universels manifestés par les larmes des fidèles qui ne le laissaient point partir. Aussi, la ville tout spécialement attend-elle avec anxiété le bonheur de le posséder de nouveau. Les habitants les plus notables de Pistoie, hommes et femmes, venaient à Saint-Roch à des heures très incommodes et au fort de la chaleur, pour pouvoir l'entendre et se confesser à lui. Beaucoup de personnes passaient la nuit sous le portique de l'église. Dieu soit béni, qui daigne visiter son Eglise en lui envoyant de tels serviteurs ! On peut juger du fruit de la mission, rien qu'à voir la dévotion avec laquelle se pratique l'exercice du Chemin de la Croix. C'est une chose tout à fait étrange que de voir les hommes et les dames de qualité de Pistoie, si ennemis des démonstrations extérieures de piété, faire le Chemin de la Croix avec tant de recueillement et de ferveur, qu'ils ne rougissent pas de baiser la terre, et cela même depuis que la mission est terminée ».

Dans une ville du diocèse de Pise, il produisit une émotion extraordinaire sur son auditoire, en prêchant sur le scandale; tandis qu'il se donnait publiquement la discipline, selon l'usage qui se pratiquait en Italie pendant les missions. Le curé du lieu, montant alors sur l'estrade, saisit l'instrument de pénitence et commença à se flageller rudement les épaules nues, en confessant à haute voix qu'il était lui-même le scandaleux ; le peuple, qui déjà pleurait en entendant la parole de feu de Saint Léonard, fut encore plus ému en voyant son pasteur, qui était un prêtre digne et vertueux, lui donner ainsi un exemple d'humilité.

La ville de Livourne semblait être le repaire de tous les vices : le Père Léonard entreprit de la convertir aux approches du carnaval : on versa bientôt des larmes à ses sermons, on donna publiquement les signes les plus manifestes du repentir ; on ne parla plus de carnaval, et, quoiqu'on eût fait de grands préparatifs et de grands frais, les mascarades, d'un commun accord, furent prohibées ; quant aux théâtres, ils restèrent fermés faute de spectateurs, et des multitudes de repentants assiégeaient jour et nuit les confessionaux. Plus de quarante personnes de mauvaise vie s'étant rendues au sermon par curiosité, sans avoir le moindre dessein de changer de vie, furent effrayées de leur état en entendant les menaces terribles du prédicateur contre ceux qui haïssent leur âme jusqu'à lui préférer un vil plaisir, et qui craignent si peu de la perdre éternellement : elles conçurent une telle douleur de leurs péchés, que toutes ensemble se repentirent et demandèrent pardon à Dieu et à la ville du scandale dont elles étaient la cause jusqu'alors. Le missionnaire les reçut et les plaça dans une maison particulière, d'où, les jours suivants, on les voyait sortir, vêtues d'un habit de pénitence, pour se rendre à l'église ; Dieu leur accorda ainsi la grâce d'édifier la ville qui avait été d’abord scandalisée par leur mauvaise conduite.

Le Père Léonard se rendit aussi en Corse qui était alors dépendante du Royaume de Gênes. Théâtre d’animosités et de rancunes ancestrales, de nombreuses familles de l’île étaient divisées par des haines invétérées. Mais les exhortations du missionnaire eurent tôt fait d’apporter la réconciliation. On renonça aux hostilités, on déposa les armes et on conclut la paix. Des scènes inouïes se produisaient : des familles jadis ennemies émues, s’embrassaient. Et non contentes de rétablir l’entente devant tous, elles voulurent scellèrent leur nouvelle union par des actes officiels.


CHAPITRE 4

Supérieur et fondateur d’un ermitage



En 1715, après ses missions en Toscane, il fut nommé gardien et directeur du couvent de Saint-François du Mont, à Florence. Il y établit la plus grande régularité par ses exhortations et par ses exemples. Il parlait avec tant de chaleur et d'onction que les frères se sentaient à l'écouter, portés non seulement à être bons, mais à devenir des saints. Non content d'observer avec une grande exactitude tout ce qui était prescrit, il se livrait en outre à de grandes austérités ; il ne prenait qu'un seul repas par jour, se contentant de légumes ; il ne portait en toute saison qu'un seul vêtement déchiré et rapiécé, sans parler de bien d'autres mortifications dont on a déjà parlé et dont il sera question plus loin. On ne pouvait assez admirer la charité qu'il mettait en toute rencontre à aider ses religieux ainsi que les personnes séculières, ne s'épargnant aucune fatigue pour amener les uns à une parfaite observance, et pour secourir les autres dans leurs besoins quelconques.

Mais la solitude d'un couvent ordinaire ne suffisait pas au Père Léonard ; il cherchait, comme saint François, un lieu écarté où il pût, du moins de temps en temps, vivre seul avec Dieu. Il put se procurer un ermitage situé sur une montagne, à dix kilomètres environ de Florence, et appelé Sainte-Marie de l'Incontro. Avec l'agrément des supérieurs de son Ordre, Léonard y établit une solitude en faveur des religieux que Dieu, par une inspiration particulière, y appellerait de temps en temps. Il dressa des constitutions qui furent approuvées, et le jour de l'Annonciation, il partit nu-pieds sur la neige avec quelques religieux, et en chantant des psaumes et des cantiques. Il veilla à ce qu'on observât les règles de la plus stricte pauvreté. La cellule de chaque solitaire était si petite, qu'en étendant les bras, on pouvait facilement atteindre les deux extrémités, et en les élevant toucher la voûte, formée de simples roseaux. Quant à la nourriture, il établit qu'on ne mangerait ni viande, ni œufs, ni laitage, ni poissons, et qu'on y observerait les neuf Carêmes, à l'exemple de saint François; de sorte qu’il n’était permis de faire usage d'œufs et de laitage, que quinze ou seize jours par an. Il ordonna de plus que les frères coucheraient sur la dure, et que chacun s'exercerait encore à d'autres mortifications. Les pieux solitaires embrassaient toutes ses austérités avec joie et empressement, et ils étaient les uns pour les autres des sujets de sainte émulation. Le Père Léonard, en sa qualité de fondateur de cette solitude, pour donner l'exemple aux siens, voulut être le premier à s'y retirer et à exécuter rigoureusement tous les points de sa Règle, faisant de plus tout ce que son amour des souffrances et la ferveur de son esprit pouvait lui suggérer. Il observait un continuel et rigoureux silence ; il assistait de jour et de nuit, sans jamais y manquer, à l'oraison vocale et mentale que l'on faisait en commun ; il vivait dans un sévère isolement qui ne permettait à personne, excepté au supérieur, d'administrer les sacrements, d'écrire, ou de recevoir des lettres sauf cas exceptionnels ; il se donnait la discipline, comme la Règle l'indiquait, chaque nuit, après Matines, et le jour, après Vêpres ; il s'appliquait comme les autres, pendant une heure, à des travaux manuels.

Il n’aurait jamais voulu sortir de cette solitude qu’il appelait le lieu de ses délices. En s'y rendant, il disait qu'il allait faire le noviciat du paradis. Son zèle ardent d’apôtre pouvait seul l’en arracher. Il s'y rendait régulièrement deux fois par an ; il y passait des mois pour faire les exercices spirituels; il y allait de plus à l'approche d’une grande fête, ou au retour des missions auxquelles, par ordre de Clément XI, il dut s'employer, même pendant le temps qu'il était gardien du couvent. Son repos, après une vie d'apostolat et de fatigues, était une vie plus mortifiée et plus pénitente dans cet ermitage.

La nouvelle de la vie tout évangélique qu'on y menait se répandit au dehors. Des réguliers de divers instituts demandèrent d’y être admis pour y faire les exercices spirituels, et, après y avoir séjourné quelques jours, ils s'en retournaient profondément touchés et édifiés. Beaucoup d'hommes du monde même, mus par le désir de s'amender, regardaient comme une faveur singulière de pouvoir passer une semaine avec ces solitaires; ils prenaient part à leurs pieux et austères exercices de jour et de nuit. Ils y passaient des jours si heureux qu’ils les considéraient comme des jours de paradis, et c’est avec regret qu’ils s’en retournaient chez eux. Beaucoup d’ecclésiastiques, de prélats et de princes, qui vinrent visiter cet ermitage, furent remplis d’admiration pour la ferveur qui y régnait. Le Pape Clément XI, lui-même, vénérait le saint religieux : c’est dire le crédit qu’il avait dans toute l’Italie, auprès des plus humbles comme des plus grands.


CHAPITRE 5

La fin du bienheureux


Interrompant sa vie solitaire pour reprendre ses missions pour obéir aux ordres de ses supérieurs, iI lui arrivait quelquefois de succomber d'épuisement, de s'évanouir au milieu du sermon et de rester à demi mort. Mais il ne tenait aucun compte de ces avertissements et surmontant sa faiblesse physique, il poursuivait sa prédication : « Mon âne s'est jeté par terre », disait-il, « mais j'aurai soin de le châtier pour qu'il ne s'avise plus de recommencer et qu'il tienne ferme sur ses pieds ». Il se mettait alors une chaîne au cou, sur la tête une couronne d'épines, prenait sa discipline et se frappait souvent jusqu'à ce qu'on se jetât sur lui pour le retenir. On s'étonnait qu'il pût résister à tant d’austérités et de travaux. Le cardinal Corradini, le voyant un jour exténué, l'invita à se reposer. « Mon repos », répondit-il, « je ne le désire ni le veux sur la terre, mais je le désire et je le veux en paradis ». A Rome où il prêcha pour le Jubilé ; il se retira au couvent de Saint-Bonaventure. Là, comme si, en s'épuisant au service des autres, il se fût négligé lui-même, il voulut vaquer à son tour aux exercices spirituels. Le soir qui précédait sa retraite, il se jeta aux genoux de son supérieur, dans le réfectoire commun, pour demander sa permission et sa bénédiction ; et tout en protestant à la face de ses confrères qu'il n'avait de religieux que l'habit, et en se recommandant aux prières de la communauté, il fut ému au point que les larmes étouffaient sa voix. Etant interrogé sur le fruit qu'il avait retiré de cette retraite, il répondit qu’il consistait en un désir ardent de mourir bientôt pour aller jouir de son Dieu.

Dans les missions qui suivirent, il dit plusieurs fois à ses compagnons que c'étaient les dernières. Il laissa entendre que sa mort approchait. Le Pape lui ayant écrit une lettre pour le rappeler à Rome, il se mit en route pour lui obéir. Ce voyage fut pour lui très-pénible. L’hiver approchait. En partant de Tolentino, il dut traverser des montagnes qui étaient déjà couvertes de neige. Il endura un froid si grand que la chaleur de son corps semblait s’être retirée de ses membres et que son aspect était davantage celui d’un cadavre que d’un être vivant. Son compagnon de voyage lui ayant demandé comment il se trouvait, il reconnut par deux fois : «Je suis mal ». Aucune souffrance n'avait pu lui arracher cette plainte depuis vingt-cinq ans. Arrivé à Foligno, il voulut pourtant dire la messe ; et, comme le frère le priait de s'en abstenir pour cette fois, attendu qu'il ne tenait plus sur ses jambes, il lui répondit : « Mon frère, une messe vaut plus que tous les trésors du monde ». Dès qu'il eut franchi la porte de Rome, il dit à son compagnon : « Entonnez le Te Deum, et je répondrai ». Il le fit en effet, et c'est en récitant ce chant d'actions de grâces qu'il arriva au couvent de Saint-Bonaventure, le 26 novembre après le coucher du soleil.

On le descendit avec peine de la voiture : car il était si faible qu'on ne lui sentait plus de pouls : aussi fallut-il le porter à bras jusqu'à l'infirmerie. A peine y fut-il entré qu'il se confessa et demanda le saint Viatique, qui lui fut administré environ une heure après son arrivée, en présence de toute la communauté. Dès que le prêtre entra dans la chambre, le malade prononça ses actes de foi, d'espérance et de charité avec tant d'énergie et de sentiment, que tous les assistants en furent émus jusqu'aux larmes. Après être resté pendant quelque temps recueilli en Dieu, il reçut la visite du médecin, qu'il pria de ne pas lui ordonner de manger de la viande, tant il était jaloux d'observer, jusqu'à son dernier soupir, l'abstinence qu'il gardait depuis tant d'années. Le docteur le trouva si faible qu’il ordonna de prendre une boisson fortifiante ; l'infirmier la lui apporta et il la prit en le remerciant et en ajoutant : « Oh ! si l'on en faisait autant pour l'âme que pour le corps ! » Après avoir bu, il dit encore : « Mon frère, je n'ai pas de termes suffisants pour remercier Dieu de la grâce qu'il m'accorde de mourir au milieu de mes confrères ». Le Bienheureux désirait demeurer dans le recueillement et demanda aux religieux de le laisser en leur disant d'aller se reposer ; il ne resta près de lui que l'infirmier pour l'assister au besoin. Celui-ci, se tenait en dehors de la chambre, dont la porte était ouverte. S'étant approché du lit, il vit que le malade avait le visage tout enflammé ; il le toucha, et il le trouva brûlant de fièvre. On lui donna l'Extrême-Onction, qu'il reçut avec les sentiments de la dévotion la plus parfaite; peu après, ayant conservé jusqu'à la fin toute sa présence d'esprit, il parut comme surpris d'un doux sommeil ; et, sans faire aucun mouvement, il s'endormit dans le Seigneur. Ce fut le vendredi, 26 novembre 1751, un peu avant minuit, qu'il alla recevoir la récompense de tant de travaux entrepris pour la gloire de Dieu et pour le salut du prochain : il était âgé de soixante-quatorze ans, onze mois et six jours ; il avait passé cinquante-trois ans en religion et il en avait consacré quarante-quatre aux missions. Le matin, de bonne heure, conformément aux instructions reçues, on en fit donner avis au Saint-Père, qui, en apprenant la mort du Père Léonard, dit avec un profond sentiment de douleur : « Nous avons beaucoup perdu ; mais nous avons gagné un protecteur dans le ciel ».

Les funérailles du serviteur de Dieu eurent lieu le 28 novembre 1751 : le concours du peuple était si grand qu'on résolut de ne point l'exposer dans l'église, par peur des désordres. Mais pendant la messe, il fut placé devant le grand autel. On le transporta ensuite de l'église dans la chapelle du couvent ; il fut enseveli en face de la chapelle de Saint-François. Ce tombeau devint très célèbre en Italie : beaucoup de miracles s'y opéraient. Le corps a échappé à la corruption et est parfaitement conservé ; il repose à découvert sous le maître-autel. En 1796, le pape Pie VI l'a mis au rang des Bienheureux, et, en 1867, à l'occasion du Centenaire de saint Pierre, il a été solennellement canonisé par le pape Pie IX.

St Léonard de Port-Maurice est surtout connu pour avoir répandu la dévotion au chemin de croix. Mais on le représente aussi portant une bannière de la sainte Vierge, à cause du zèle qu'il mettait à propager le culte de la Mère de Dieu.

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LE SERMON DE SAINT LÉONARD DE PORT-MAURICE 

SUR LE NOMBRE DES ÉLUS

Saint Léonard de Port-Maurice fut l’un des grands prédicateurs de missions populaires. Ses quarante-quatre années de ministère apostolique se passèrent à parcourir inlassablement l’Italie. A Rome même, sur la place Navona, saint Léonard prêcha une mission à laquelle assista Benoît XIV. Sa prédication était extrêmement efficace.

« Mes sermons sont à base non de belles paroles mais de belles vérités... Je me servirai de mots simples, familiers pour être compris des plus rustres et des plus lourdauds sans pour autant lasser les plus intelligents ».

Son infatigable compagnon, le frère Jacques de Florence, lui conseilla un jour de changer ses thèmes de sermon, car, disait-il, en faisant toujours les mêmes sermons, on n’obtient pas autant de fruit que si on les varie. Le saint lui répondit par cet argument décisif : « Fais-le, tu seras un petit docteur présomptueux qui cherche la gloire du monde et non celle de Dieu ». Ainsi raisonnent les saints.

« Avec deux ou trois compagnons, à pied, sans chaussures, le bâton à la main, saint Léonard de Port-Maurice, nous dit le Père Gemelli (El Franciscanismo, VI), parcourut toute l’Italie Centrale, presque toute l’Italie du Nord et celle du Midi jusqu’à Naples. Partout où il s’arrêtait, il provoquait le même concours extraordinaire de peuple. Dès les premiers sermons, l’église se trouvait trop petite pour la foule qui accourait ; il ne lui restait plus qu’à parler sur la place publique qui se remplissait alors jusqu’aux toits. Une fois le sermon terminé, les confessionnaux étaient assiégés ; et le missionnaire, sans apparence de fatigue, confessait heure après heure, de jour et de nuit, avec le courage du soldat qui refuse d’abandonner le champ de bataille jusqu’à ce qu’il ait obtenu une complète victoire ; sans oublier qu’après la bataille, il reste encore à poursuivre l’ennemi. « Contre l’enfer, disait-il, ayez l’épée à la main... soyez prêts à combattre l’enfer jusqu’à votre dernier souffle ». Benoît XIV l’appelait « le grand chasseur du Paradis ».

Figure apostolique célèbre et très populaire, saint Léonard est le patron des missions populaires. Quelle est la raison de ce patronage ? C’est qu’il accomplissait parfaitement lui-même ce que commande le code de droit canon, dans le canon 1347 :

1. La prédication sacrée devra exposer avant tout ce que les fidèles doivent croire et pratiquer pour se sauver.

2. Les prédicateurs de la parole divine doivent s’abstenir de traiter des affaires profanes, des sujets abstraits qui dépassent la capacité ordinaire des auditeurs. Ils doivent exercer leur ministère évangélique non par des raisonnements persuasifs d’une éloquence humaine, ni par l’apparat profane ou la séduction d’une vaine et ambitieuse éloquence, mais en se montrant dans leur prédication pleins de l’esprit et de la vertu de Dieu, ne se prêchant pas eux-mêmes, mais le Christ Crucifié.

L’un des plus célèbres sermons de saint Léonard de Port-Maurice était celui du petit nombre des élus ; c’est à lui qu’il confiait la conversion des grands pécheurs. Dans ce sermon – qui fut soumis à examen canonique, comme ses autres écrits, au cours du procès de canonisation –, il passe en revue les différents états de vie des Chrétiens et conclut au petit nombre – relatif – de ceux qui se sauvent, là comparaison étant faite sur la totalité des hommes.

Le lecteur méditera lui-même sur ce texte remarquable et, faisant peut-être abstraction de quelques expressions qui peuvent paraître pittoresques à la mentalité moderne, il saisira la solidité de l’argumentation qui a mérité l’approbation de l’Eglise.

Voici donc le sermon vibrant et émouvant du grand missionnaire.
Sermon pour le mardi après le quatrième dimanche de Carême « Du nombre des élus », extrait du livre Sermons du bienheureux Léonard de Port Maurice (traduit de l'italien par Ch. Sainte Foy), pp. 134 à 161.

I. Ce qui remplit d’effroi les plus grands saints.

Grâce à Dieu, le nombre des disciples du Rédempteur n’est pas si petit que la malignité des scribes et des pharisiens doive en triompher. Quoiqu’ils s’efforçassent de calomnier l’innocence et de tromper la foule par leurs sophismes perfides, en discréditant la doctrine et le caractère de Notre-Seigneur, trouvant des taches jusque dans le soleil, beaucoup reconnurent en Lui le vrai Messie, et, sans craindre ni les châtiments ni les menaces, embrassèrent ouvertement Son parti. Malgré les impostures de Ses ennemis : "De turba autem multi crediderunt in Eum". Tous ceux qui suivirent le Christ L’ont-ils suivi jusque dans la gloire ? Oh ! c’est ici que, révérant ce profond mystère, j’adore en silence les abîmes des décrets divins, plutôt que de décider avec témérité un si grand point ! C’est un grave sujet que celui que je dois traiter aujourd’hui ; il a fait trembler les colonnes mêmes de l’Eglise, rempli de terreur les plus grands saints et peuplé d’anachorètes les déserts. Cette instruction, dans laquelle il s’agit de décider si le nombre des chrétiens qui se sauvent est plus grand ou moins grand que le nombre des chrétiens qui se perdent, vous inspirera, je l’espère, une crainte salutaire des jugements de Dieu.

II. Celui qui se damne, se damne par sa propre malice.


Mes frères, je voudrais, à cause de l’amour que je vous porte, pouvoir vous rassurer par les pronostics d’un bonheur éternel, en disant à chacun de vous : le paradis vous est assuré ; le plus grand nombre des chrétiens se sauvent, vous vous sauverez donc aussi. Mais comment puis-je vous donner cette douce assurance, si, ennemis de vous-mêmes, vous vous révoltez contre les décrets de Dieu ? J’aperçois en Dieu un sincère désir de vous sauver, mais je vois en vous une inclination décidée à vous perdre. Que ferai-je donc aujourd’hui si je parle clairement ? Je vous déplairai. Si je ne parle pas, je déplais à Dieu. Je partagerai donc ce sujet en deux points : dans le premier, pour vous épouvanter, je laisserai les théologiens et les Pères de l’Eglise décider la question, et prononcer que la plus grande partie des chrétiens adultes se damnent ; et, adorant en silence ce terrible mystère, je tiendrai caché mon propre sentiment. Dans le second point, j’essaierai de venger contre les impies la bonté de Dieu, en vous prouvant que ceux qui se damnent se damnent par leur propre malice, parce qu’ils ont voulu se damner. Voici donc deux vérités très importantes. Si la première vous effraie, ne vous en prenez pas à moi, comme si je voulais resserrer pour vous le chemin du ciel. Car je veux être neutre dans cette question : prenez-vous en plutôt aux théologiens et aux Pères de l’Eglise, qui, à force de raisons, vous imprimeront cette vérité dans le cœur. Si vous êtes détrompés par la seconde, rendez-en grâce à Dieu, qui ne veut qu’une chose, c’est que vous Lui donniez entièrement vos cœurs. Enfin si vous me forcez à dire clairement ce que je pense, je le ferai pour votre consolation.

Ce n’est pas une curiosité, mais une précaution.

Ce n’est pas une vaine curiosité, mais une précaution salutaire, de faire retentir du haut de la chaire certaines vérités qui servent merveilleusement à réprimer l’insolence des libertins, lesquels, parlant toujours de la miséricorde de Dieu et de la facilité de se convertir, vivent plongés dans toute sorte de péchés et dorment en assurance dans le chemin de la perdition. Pour les détromper et les réveiller de leur torpeur, examinons aujourd’hui cette grande question : le nombre des chrétiens qui se sauvent est-il plus grand que celui des chrétiens qui se perdent ? Ames pieuses, retirez-vous, ce sermon n’est pas pour vous : il a uniquement pour but de réprimer l’orgueil de ces libertins qui, chassant de leur cœur la sainte crainte de Dieu, se liguent avec le démon, lequel, au sentiment d’Eusèbe, perd les âmes en les rassurant “ immittit securitatem ut immittat perditionem ”. Pour résoudre ce doute, mettez d’un côté tous les Pères de l’Eglise, tant grecs que latins, de l’autre les théologiens les plus savants, les historiens les plus érudits et placez au milieu la Bible exposée au regard de tous. Ecoutez donc, non ce que je vais vous dire, car je vous ai déclaré que je ne voulais pas prendre moi-même la parole ni décider la question, mais ce que vous diront ces grands esprits, qui servent comme de phares dans l’Eglise de Dieu, pour éclairer les autres afin qu’ils ne manquent pas le chemin du ciel. De cette manière, guidés par la triple lumière de la foi, de l’autorité et de la raison, nous pourrons résoudre sûrement cette grave question.

Remarquez bien qu’il ne s’agit pas ici du genre humain tout entier, ni de tous les catholiques sans distinction, mais seulement des catholiques adultes, qui, ayant le libre arbitre, peuvent coopérer à la grande affaire de leur salut. Consultons d’abord les théologiens dont on reconnaît qu’ils examinent les choses de plus près et n’exagèrent pas dans leur enseignement ; écoutons deux savants cardinaux, Cajetan et Bellarmin : ils enseignent que la plus grande partie des chrétiens adultes se damnent et, si j’avais le temps de vous exposer les raisons sur lesquelles ils s’appuient, vous en seriez convaincus vous-même. Je me contenterai de citer ici Suarez qui, après avoir consulté tous les théologiens, après avoir étudié attentivement la question, a écrit ces mots : « Le sentiment le plus commun tient que parmi les chrétiens il y a plus de réprouvés que de prédestinés ».

Que si, à l’autorité des théologiens, vous voulez joindre celle des Pères grecs et latins, vous trouverez que presque tous disent la même chose. C’est le sentiment de saint Théodore, de saint Basile, de saint Ephrem, de saint Jean Chrysostome. Bien plus, au rapport de Baronius, c’était une opinion commune parmi les Père Grecs que cette vérité avait été expressément révélée à saint Siméon Stylite et que c’était pour assurer l’affaire de son salut qu’il s’était décidé, par suite de cette révélation, à vivre debout pendant quarante ans sur une colonne, exposé à toutes les injures du temps, modèle pour tous de pénitence et de sainteté. Consultez maintenant les pères latins, et vous entendrez saint Grégoire vous dire en termes clairs : « Beaucoup parviennent à la foi, mais peu au royaume céleste ». « Il en est peu qui se sauvent », dit saint Anselme, et saint Augustin dit plus clairement encore : « Il en est donc peu qui se sauvent en comparaison de ceux qui se perdent ». Le plus terrible cependant est saint Jérôme qui, sur la fin de sa vie, en présence de ses disciples, prononça cette épouvantable sentence : « Sur cent mille, dont la vie a toujours été mauvaise, vous en trouverez un à peine qui mérite l’indulgence ».

III. Témoignages de l’Ecriture.

Mais pourquoi chercher les opinions des Pères et des théologiens, lorsque la Sainte Ecriture tranche si clairement la question ? Parcourez l’Ancien et le Nouveau Testament, et vous y trouverez une multitude de figures, de symboles et de paroles qui font ressortir clairement cette vérité : il en est très peu qui se sauvent. Au temps de Noé, tout le genre humain fut submergé par le déluge, et huit personnes seulement furent sauvées dans l’arche. « Or, cette arche, dit saint Pierre, était la figure de l’Eglise », « et ces huit personnes qui se sauvent, reprend saint Augustin, signifient qu’il y a très peu de chrétiens de sauvés, parce qu’il en est très peu qui renoncent sincèrement au siècle, et que ceux qui n’y renoncent que de parole n’appartiennent point au mystère représenté par cette arche ». La Bible nous dit encore que deux Hébreux seulement sur deux millions entrèrent dans la terre promise après la sortie d’Egypte ; que quatre personnes seulement échappèrent à l’incendie de Sodome et des autres villes infâmes qui périrent avec elle. Tout cela signifie que le nombre des réprouvés, qui doivent être jetés au feu comme de la paille, l’emporte de beaucoup sur celui des élus que le Père céleste doit ramasser un jour comme un froment précieux dans ses greniers.

Je n’en finirais point, s’il me fallait exposer ici toutes les figures par lesquelles les Livres saints confirment cette vérité : contentons-nous d’écouter l’oracle vivant de la sagesse incarnée. Que répondit Notre-Seigneur à ce curieux de l’Evangile qui Lui demandait : « Seigneur, y en aura-t-il peu à se sauver ? » Garda-t-Il le silence ? répondit-Il, en hésitant ? dissimula-t-Il sa pensée, dans la crainte d’effrayer la foule ? Non : interrogé par un seul, Il s’adresse à tous ceux qui étaient présents. Vous me demandez, leur dit-Il, s’il en est peu qui se sauvent. Voici ma réponse : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer et ne le pourront ». Qui parle ici ! C’est le fils de Dieu, la vérité éternelle, qui dit plus clairement encore dans une autre occasion : « Beaucoup sont appelés, mais peu sont élus ». Il ne dit pas : tous sont appelés, et entre tous les hommes peu sont élus. Mais il dit : Beaucoup sont appelés, c’est-à-dire, comme l’explique saint Grégoire, qu’entre tous les hommes, beaucoup sont appelés à la vraie foi, mais parmi eux il en est peu qui se sauvent. Ces paroles, mes frères, sont de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; sont-elles claires ? Elles sont vraies. Dites-moi maintenant s’il est possible d’avoir la foi dans le cœur, et de ne pas trembler.

IV. Examen des divers états.

Ah ! je m’aperçois qu’en parlant ainsi de tous en général, je manque mon but : appliquons donc cette vérité aux divers états, et vous comprendrez qu’il faut ou renoncer à la raison, à l’expérience, au sens commun des fidèles, ou confesser que le plus grand nombre des catholiques se perd. Y a-t-il au monde un état plus favorable à l’innocence, où le salut semble plus facile, et dont on ait une plus haute idée que celui des prêtres, qui sont les lieutenants de Dieu ? Qui ne croirait, au premier abord, que la plupart d’entre eux sont non seulement bons, mais encore parfaits ; et cependant je suis saisi d’horreur, lorsque j’entends un saint Jérôme avancer que, quoique le monde soit plein de prêtres, il en est à peine un sur cent qui vive d’une manière conforme à son état ; lorsque j’entends un serviteur de Dieu attester qu’il a appris par révélation que le nombre de prêtres qui tombent journellement en enfer est si grand, qu’il ne lui semblait pas possible qu’il en restât autant sur la terre : lorsque j’entends saint Chrysostome s’écrier les larmes aux yeux : « Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de prêtres qui se sauvent, mais je crois au contraire, que le nombre de ceux qui se perdent est bien plus grand ».

Regardez plus haut encore ; voyez les prélats de la Sainte Eglise, les curés ayant charge d’âmes : le nombre de ceux qui se sauvent parmi eux est-il plus grand que le nombre de ceux qui se perdent ? Ecoutez Cantimpré ; il vous racontera un fait, ce sera à vous d’en tirer les conséquences. Un synode se tenait à Paris : un grand nombre de prélats et de curés à charge d’âmes s’y trouvèrent ; le roi et les princes vinrent encore ajouter par leur présence à l’éclat de cette assemblée. Un célèbre prédicateur fut invité à prêcher ; et pendant qu’il préparait son sermon, un horrible démon lui apparut, et lui dit : « Laisse de côté tous tes livres ; si tu veux faire un sermon utile à ces princes et à ces prélats, contente-toi de leur dire de notre part : « Nous, princes des ténèbres, nous vous rendons grâce, à vous princes, prélats et pasteurs des âmes, de ce que, par votre négligence, le plus grand nombre des fidèles se perd ; aussi nous nous réservons de vous récompenser de cette faveur, quand vous serez avec nous en enfer ».

Malheur à vous qui commandez aux autres : s’il en est tant qui se damnent par votre faute, que sera-ce de vous ? Si parmi ceux qui sont les premiers dans l’Eglise de Dieu il en est peu qui se sauvent, que deviendrez-vous ? Prenez tous les états, tous les sexes, toutes les conditions, maris, femmes, veuves, jeunes filles, jeunes gens, soldats, marchands, artisans, riches, pauvres, nobles, plébéiens ; que dirons-nous de tous ces gens qui vivent si mal d’ailleurs ? Saint Vincent Ferrier vous montrera par un fait ce que vous devez en penser. Il rapporte qu’un archidiacre de Lyon, ayant renoncé à sa dignité et s’étant retiré dans un désert pour y faire pénitence, mourut le même jour et à la même heure que saint Bernard. Apparaissant à son évêque après sa mort, il lui dit : « Sachez, Monseigneur, qu’à l’heure même ou j’ai expiré trente-trois mille personnes sont mortes. Sur ce nombre, Bernard et moi nous sommes montés au ciel sans délai, trois sont entrés au Purgatoire, et tous les autres sont tombés en enfer ».

Nos chroniques racontent un fait plus épouvantable encore. Un de nos religieux, célèbre par sa doctrine et sa sainteté, prêchant en Allemagne, représenta avec tant de force la laideur du péché impur qu’une femme tomba morte de douleur à la vue de tout le monde. Puis, revenant à la vie, elle dit : « Lorsque j’ai été présentée au Tribunal de Dieu, soixante mille personnes y arrivaient en même temps de toutes les parties du monde ; sur ce nombre, trois ont été sauvées en passant par le purgatoire, et tout le reste a été damné ».

O abîme des jugements de Dieu ! de trente-trois mille, cinq seulement se sauvent ! de soixante mille il n’y en a que trois qui vont au ciel ! Pécheurs qui m’écoutez, de quel nombre serez-vous ?... Que dites-vous ?... Que pensez-vous ?...

V. Les deux chemins.

Je vois que presque tous vous baissez la tête, saisis d’étonnement et d’horreur. Mais déposez votre stupeur, et au lieu de nous flatter, tâchons de retirer de notre crainte quelqu’avantage. N’est-il pas vrai qu’il y a deux voies qui conduisent au ciel, l’innocence et le repentir ? Or, si je vous démontre qu’il en est très peu qui prennent l’une de ces deux routes, vous conclurez en hommes raisonnables qu’il en est très peu qui se sauvent. Et pour en venir aux preuves, quel âge, quel emploi, quelle condition trouverez-vous où le nombre des méchants ne soit pas cent fois plus considérable que celui des bons, et de qui l’on puisse dire : « Les Bons y sont rares et les méchants très nombreux » ? On peut dire de notre temps ce que saint Salvien(1) disait du sien : il est plus facile de trouver une multitude innombrable de pécheurs plongés dans toute sorte d’iniquités que quelques innocents. Combien y en a-t-il, parmi les serviteurs, qui soient entièrement .probes et fidèles dans leur office ? Combien, parmi les marchands, qui soient justes et équitables dans leur commerce ? Combien, parmi les artisans, qui soient exacts et véridiques ? Combien, parmi les négociants, qui soient désintéressés et sincères ? Combien, parmi les gens de loi, qui ne trahissent pas l’équité ? Combien de soldats qui ne foulent pas aux pieds l’innocence ? Combien de maîtres qui ne retiennent pas injustement le salaire de ceux qui les servent ou qui ne cherchent pas à dominer leurs inférieurs ? Partout les bons sont rares et les méchants nombreux. Qui ne sait qu’aujourd’hui il y a tant de libertinage parmi les jeunes gens, tant de malice parmi les hommes mûrs, tant de liberté parmi les jeunes filles, de vanité chez les femmes, de licence dans la noblesse, de corruption dans la bourgeoisie, de dissolution dans le peuple, tant d’impudence chez les pauvres, que l’on peut dire ce que David disait de son temps : « Tous ensemble se sont égarés... Il n’en est pas qui fasse le bien, pas même un seul » (Ps. XIII et LII).

Nous sommes arrivés, hélas ! à ce déluge universel de vices prédit par Osée : Maledictum et mendacium et furtum et adulterium inundaverunt.

Parcourez les rues et les places, les palais et les maisons, les villes et les campagnes, les tribunaux et les cours, les temples de Dieu même : où trouverez-vous la vertu ? « Hélas ! dit saint Salvien, à l’exception d’un très petit nombre qui fuient le mal, qu’est-ce que l’assemblée des chrétiens, sinon une sentine de tous les vices ? » On ne trouve partout qu’intérêt, ambition, gourmandise et luxe. La plus grande partie des hommes n’est-elle pas souillée par le vice impur, et saint Jean n’a-t-il pas raison de dire que le monde, si l’on peut appeler ainsi quelque chose d’aussi immonde, est tout entier posé dans le mal ? Ce n’est pas moi qui vous le dis, c’est la raison qui vous force à croire que parmi tant de gens qui vivent si mal, il en est très peu qui se sauvent.

VI. Les Confessions.

Mais la pénitence, dites-vous, ne peut-elle pas réparer avec avantage la perte de l’innocence ? C’est vrai, j’en conviens : mais je sais aussi que la pénitence est si difficile dans la pratique, qu’on en a tellement perdu l’usage, ou qu’on en abuse tellement parmi les pécheurs que cela seul suffit pour vous convaincre qu’il en est peu qui se sauvent par cette voie. Oh ! que ce chemin est escarpé, étroit, semé d’épines, horrible à voir, dur à monter ! On y voit partout des traces sanglantes, et des choses qui rappellent de tristes souvenirs. Combien défaillent rien qu’à le voir ! Combien se retirent dès le commencement ! Combien tombent de fatigue au milieu, combien s’abandonnent misérablement à la fin ! et qu’il en est peu qui y persévèrent jusqu’à la mort ! Saint Ambroise déclare qu’il est plus facile de trouver des hommes qui aient gardé l’innocence, que d’en trouver qui aient fait une pénitence convenable : « Facilius inveni qui innocentiam servaverint, quam qui congruam pœnitentiam egerint ».

Si vous considérez la pénitence comme sacrement, que de confessions tronquées, que d’apologies étudiées, que de repentirs trompeurs, que de promesses mensongères, que de propos inefficaces, que d’absolutions nulles ! Regarderez-vous comme valide la confession de celui qui s’accuse de péchés déshonnêtes dont il garde auprès de lui l’occasion, ou de celui qui s’accuse d’injustices manifestes sans avoir l’intention de les réparer autant qu’il le peut ; ou de celui qui, à peine confessé, retombe dans les mêmes iniquités ? Oh ! abus horribles d’un si grand sacrement !

L’un se confesse pour éviter l’excommunication, l’autre pour se donner la réputation d’un pénitent. Celui-ci se débarrasse de ses péchés pour calmer ses remords, celui-là les cache par honte ; l’un les accuse imparfaitement par malice, l’autre les découvre par habitude. Celui-ci ne se propose point la véritable fin du sacrement ; celui-là manque de la douleur nécessaire ; un autre du ferme propos. Pauvres confesseurs, que d’efforts ne vous faut-il pas pour amener la plus grande partie des pénitents à ces résolutions, à ces actes, sans lesquels la confession est un sacrilège, l’absolution une condamnation et la pénitence une illusion !

Où sont maintenant ceux qui croient que le nombre des élus parmi les chrétiens est plus grand que celui des réprouvés, et qui, pour autoriser leur opinion, raisonnent ainsi la plus grande partie des catholiques adultes meurent dans leurs lits, munis des sacrements de l’Eglise, donc la plupart des catholiques adultes sont sauvés ? Oh ! quel beau raisonnement ! Il faut dire tout le contraire. La plupart des catholiques adultes se confessent mal pendant leur vie, donc à plus forte raison ils se confessent mal à la mort, donc la plupart sont damnés. Je dis : à plus forte raison, parce qu’un moribond qui ne s’est pas bien confessé pendant qu’il était en santé aura beaucoup plus de peine encore à le faire lorsqu’il sera au lit, le cœur oppressé, la tête chancelante, la raison assoupie ; lorsqu’il sera combattu en plusieurs manières par les objets encore vivants, par les occasions encore fraîches, par les habitudes contractées, et surtout par les démons qui cherchent tous les moyens de le précipiter en enfer ? Or si à tous ces faux pénitents vous ajoutez tant d’autres pécheurs qui meurent à l’improviste dans le péché, ou par l’ignorance des médecins, ou par la faute des parents, qui meurent empoisonnés ou ensevelis dans un tremblement de terre, ou frappés d’apoplexie, ou dans une chute ou sur un champ de bataille, ou dans une rixe, ou pris dans un piège, ou frappés de la foudre, ou brûlés, ou noyés, n’êtes-vous pas forcé de conclure que la plupart des chrétiens adultes sont damnés ? C’est le raisonnement de saint Chrysostome. La plupart des chrétiens, dit ce saint, ne marchent-ils pas toute leur vie dans le chemin de l’enfer. Pourquoi donc vous étonner que le plus grand nombre aille en enfer ? Pour arriver à la porte il faut prendre le chemin qui y mène. Qu’avez-vous à répondre à une raison si forte ?

VII. Comme les sables de la mer... Comme les étoiles du firmament...

La réponse, me direz-vous, c’est que la miséricorde de Dieu est grande. Oui, pour celui qui le craint : « Misericordia Domini super timentes eum », dit le Prophète ; mais Sa justice est grande pour celui qui ne le craint pas, et elle réprouve tous les pécheurs opiniâtres : « Discedite a Me, omnes operarü iniquitatis ».

Mais alors, me direz-vous, pour qui est donc le paradis, s’il n’est pas pour les chrétiens ? Il est pour les chrétiens, sans doute, mais pour ceux qui ne déshonorent pas leur caractère, et qui vivent en chrétiens. Et d’ailleurs, si au nombre des chrétiens adultes qui meurent dans la grâce de Dieu vous ajoutez cette foule innombrable d’enfants qui meurent après le baptême, avant d’avoir atteint l’âge de raison, vous ne vous étonnerez plus que l’apôtre saint Jean ait dit en parlant des élus : « J’ai vu une grande foule que personne ne pouvait compter ».

Et c’est là ce qui trompe ceux qui prétendent que le nombre des élus parmi les catholiques est plus grand que celui des réprouvés. Il est certain que, si vous prenez tous les catholiques ensemble, la plus grande partie se sauve, parce que, d’après les observations qui ont été faites, la moitié des enfants environ meurent après le baptême, avant l’âge de raison. Or, si à ce nombre vous ajoutez les adultes qui ont conservé la robe de l’innocence, ou qui, après l’avoir souillée, l’ont lavée dans les larmes de la pénitence, il est certain que le plus grand nombre est sauvé ; et c’est là ce qui explique les paroles de l’Apôtre saint Jean : « J’ai vu une grande foule », et ces autres de Notre-Seigneur : « Beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident, et se reposeront avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux », et les autres figures que l’on a coutume de citer en faveur de cette opinion. Mais si l’on parle des chrétiens adultes, l’expérience, la raison, l’autorité, la convenance et l’Ecriture s’accordent à prouver que le plus grand nombre se damne. Ne croyez pas pour cela que le paradis soit désert ; c’est au contraire un royaume très peuplé ; et si les réprouvés sont aussi nombreux que les sables de la mer, les élus le sont autant que les étoiles du firmament, c’est-à-dire que les uns et les autres sont innombrables, quoiqu’en des proportions très différentes. Saint Jean Chrysostome, prêchant un jour dans la cathédrale de Constantinople et considérant cette proportion, ne put s’empêcher de frémir d’horreur : « Combien, dit-il, parmi ce peuple si nombreux croyez-vous qu’il y aura d’élus ? » Et sans attendre la réponse, il ajouta : « Parmi tant de milliers de personnes ou n’en trouverait pas cent qui se sauvent, et pour ce cent je doute encore ». Quelle chose épouvantable ! Le grand saint croyait que dans un peuple si nombreux il y en avait à peine cent qui dussent se sauver, et encore n’était-il pas sûr de ce nombre. Qu’arrivera-t-il de vous qui m’écoutez ? Grand Dieu ? je n’y puis penser sans frémir. C’est une chose bien difficile, mes frères, que l’affaire du salut ; car selon la maxime des théologiens, quand une fin exige de grands efforts, peu seulement l’atteignent. « Deficit in pluribus, contingit in pauciori-bus ».

C’est pour cela que le Docteur Angélique saint Thomas, après avoir, avec son immense érudition, pesé toutes les raisons pour et contre, conclut à la fin que le plus grand nombre des catholiques adultes est damné : « La béatitude éternelle dépassant l’état de nature, surtout depuis qu’elle est privée de la grâce originelle, c’est le petit nombre qui se sauve ».

VIII. Dieu, Père Juste.

Otez-vous donc des yeux ce bandeau dont vous aveugle l’amour-propre, et qui vous empêche de croire une vérité aussi évidente, en vous donnant les idées les plus fausses sur la justice de Dieu. « Père juste ! le monde ne Vous connaît point », dit Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il ne dit pas Père tout-puissant, Père très bon, miséricordieux, Il dit : « Père juste », pour nous faire entendre que de tous les attributs de Dieu, il n’en est aucun qui soit moins connu que Sa justice, parce que les hommes refusent de croire ce qu’ils craignent d’éprouver. Otez donc le voile qui vous bouche les yeux, et dites avec larmes : Hélas ! le plus grand nombre des catholiques, le plus grand nombre des habitants de ce lieu, et peut-être même de cet auditoire, sera damné. Quel sujet mérite plus vos larmes ? Le roi Xerxès, voyant du haut d’une colline son armée composée de cent mille soldats rangés en ordre de bataille et considérant que de tout cela il n’y aurait pas un seul homme vivant dans cent ans, ne put retenir ses larmes. N’avons-nous pas bien plus de raison de pleurer en pensant que, de tant de catholiques, le plus grand nombre sera damné ?

Cette pensée ne devrait-elle pas tirer de nos yeux des ruisseaux de larmes ou du moins exciter dans nos cœurs ce sentiment de compassion qu’éprouva autrefois le vénérable Marcel de saint Dominique, religieux Augustin ? Comme il méditait un jour sur les peines éternelles, le Seigneur lui montra combien d’âmes allaient en ce moment en enfer et lui fit voir un chemin très large ou vingt-deux mille réprouvés couraient vers l’abîme, se heurtant les uns les autres. A cette vue, le serviteur de Dieu, stupéfait, s’écria : « Oh ! quel nombre ! quel nombre ! et encore il en vient d’autres. O Jésus ! O Jésus ! quelle folie ! » Laissez-moi donc répéter avec Jérémie : « Qui donnera de l’eau à ma tête et une source de larmes à mes yeux, et je pleurerai ceux que la fille de mon peuple a perdus ». Pauvres âmes ! Comment courez-vous si empressées vers l’enfer ? Arrêtez-vous de grâce, écoutez-moi un instant. Ou vous comprenez ce que veut dire se sauver et se damner pendant toute l’éternité, ou bien vous ne comprenez pas. Si vous le comprenez, et si malgré cela vous ne vous décidez pas aujourd’hui à changer de vie, à faire une bonne confession, à fouler le monde aux pieds, en un mot, à faire tous vos efforts pour être du petit nombre de ceux qui se sauvent, je dis que vous n’avez pas la foi. Si vous ne le comprenez pas, vous êtes plus excusables ; car il faut dire que vous avez perdu le sens. Se sauver pendant toute l’éternité ! se damner pendant toute l’éternité ! et ne pas faire tous ses efforts pour éviter l’un et s’assurer l’autre, c’est une chose qui ne se peut concevoir.

Peut-être ne croyez-vous pas encore les vérités terribles que je viens de vous enseigner. Mais ce sont les théologiens les plus considérables, les Pères les plus illustres qui vous ont parlé par ma bouche. Comment pouvez-vous donc résister à des raisons fortifiées par tant d’exemples, par tant de paroles de l’Ecriture ? Si malgré cela, vous hésitez encore, et si votre esprit penche vers l’opinion opposée, cette seule considération ne suffit-elle pas pour vous faire trembler ? Ah ! vous faites voir par là que vous avez peu de souci de votre salut ? Dans cette affaire importante, un homme de sens est plus frappé par le moindre doute du danger qu’il court que par l’évidence d’une ruine complète dans les autres affaires où l’âme n’est point intéressée. Aussi un de nos religieux, le bienheureux Gille, avait coutume de dire que, si un seul homme eût dû se damner, il aurait fait tout son possible pour s’assurer que ce n’était pas lui. Que devons-nous donc faire nous qui savons que, non seulement parmi tous les hommes, mais encore parmi les catholiques, le plus grand nombre sera damné ? Ce que nous devons faire ? Prendre la résolution d’appartenir au petit nombre de ceux qui se sauvent. Si le Christ, dites-vous, voulait me damner, pourquoi m’a-t-Il mis au monde ? Tais-toi, langue téméraire : Dieu n’a créé personne, pas même les Turcs, pour les damner ; mais quiconque se damne, se damne parce qu’il le veut bien. Je veux donc entreprendre maintenant de défendre la bonté de mon Dieu, et de la venger de tout reproche : ce sera le sujet du second point.

IX. Avant d’aller plus loin, ramassez d’un côté tous les livres et toutes les hérésies de Luther et de Calvin, de l’autre les livres et les hérésies des Pélagiens, des semi-Pélagiens et mettez-y le feu. Les uns détruisent la grâce, les autres la liberté, et tous sont remplis d’erreurs ; jetez-les donc au feu. Tous les réprouvés portent gravé sur leur front l’oracle du Prophète Osée : Ta perte vient de toi, afin qu’ils puissent comprendre que quiconque se damne, se damne par sa propre malice, et parce qu’il veut se damner.

Prenons d’abord pour base ces deux vérités incontestables : « Dieu veut que tous les hommes se sauvent ». « Tous ont besoin de la grâce de Dieu ». Or, si je vous démontre que Dieu a la volonté de sauver tous les hommes, et que pour cela Il leur donne à tous Sa grâce, avec tous les autres moyens nécessaires pour obtenir cette fin sublime, vous serez forcés de convenir que quiconque se damne doit l’imputer à sa propre malice, et que, si le plus grand nombre des chrétiens sont réprouvés, c’est parce qu’ils le veulent. « Ta perte vient de toi ; en Moi seulement est ton secours ».

Que Dieu ait vraiment la volonté de sauver tous les hommes, Il nous le déclare en cent endroits des livres saints. « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais plutôt qu’il se convertisse et qu’il vive. Je vis, dit le Seigneur. Je ne veux pas la mort de l’impie – convertissez-vous et vivez ». Lorsque quelqu’un désire beaucoup une chose, on dit qu’il en meurt de désir, c’est une hyperbole. Mais Dieu a voulu, et veut encore, si fortement notre salut qu’Il en est mort de désir, et Il a souffert la mort pour nous donner la vie : « et propter nostram salutem mortuus est ». Cette volonté de sauver tous les hommes n’est donc pas en Dieu une volonté affectée, superficielle et apparente, c’est une volonté vraie, effective et bienfaisante, car Il nous fournit tous les moyens les plus propres pour nous sauver, Il nous les donne, non pour qu’ils n’aient point leur effet et parce qu’Il voit qu’ils ne l’auront point ; mais Il nous les donne avec une volonté sincère, avec l’intention qu’ils obtiennent leur effet, et, s’ils ne l’obtiennent pas, Il s’en montre affligé et offensé. Il ordonne aux réprouvés eux-mêmes de les employer à faire leur salut, Il les y exhorte, Il les y oblige, et s’ils ne le font pas, ils pèchent. Ils peuvent donc le faire et se sauver ainsi.

Bien plus, Dieu, voyant que sans Son aide nous ne pourrions pas même nous servir de Sa grâce, nous donne d’autres secours et s’ils restent quelquefois inefficaces, la faute en est à nous ; parce que, avec ces mêmes secours, in actu primo comme parlent les théologiens, avec ces mêmes secours dont l’un abuse et avec lesquels il se damne, un autre peut faire le bien et se sauver ; il le pourrait même avec des secours moins puissants. Oui, il peut se faire que l’un abuse d’une grâce plus grande et se perde, tandis que l’autre coopère à une moindre grâce et se sauve.

« Si donc quelqu’un s’écarte de la justice, s’écrie saint Augustin, il est emporté par son libre arbitre, entraîné par sa concupiscence, trompé par sa propre persuasion. Mais pour ceux qui n’entendent pas la théologie, voici ce que j’ai à leur dire : Dieu est si bon que, lorsqu’Il voit un pécheur courir à sa perte, Il court après, l’appelle, le prie et l’accompagne jusqu’aux portes de l’enfer ; et que ne fait-Il pas, pour le convertir ? Il lui envoie de bonnes inspirations, de saintes pensées, et s’il n’en profite pas, Il se fâche, Il s’indigne, Il le poursuit. Va-t-Il le frapper ? Non : Il vise en l’air et lui pardonne. Mais le pécheur ne se convertit pas encore : Dieu lui envoie une maladie mortelle. Tout est fini pour lui sans doute. Non, mes frères, Dieu le guérit ; le pécheur s’opiniâtre dans le mal, Dieu cherche dans Sa miséricorde quelque nouveau moyen ; Il lui donne encore un an, et, l’année finie, Il lui en accorde une autre. Mais si malgré tout cela le pécheur veut se jeter en enfer, que fait Dieu ? L’abandonne-t-Il ? Non : Il le prend par la main ; et pendant qu’il a un pied en enfer et l’autre dehors, Il le prêche encore, Il le supplie de ne pas abuser de Ses grâces. Or, je vous le demande, si cet homme se damne, n’est-il pas, vrai qu’il se damne contre la volonté de Dieu et parce qu’il veut se damner ? Venez me dire maintenant : si Dieu voulait me damner, pourquoi m’a-t-Il mis au monde ?...

X. Il n’y a pas d’excuse.

Pécheur ingrat, apprenez aujourd’hui que si vous vous damnez, ce n’est point à Dieu qu’il faut l’imputer, mais à vous et à votre propre volonté. Pour vous en convaincre, descendez jusqu’aux portes de l’abîme : là je vous ferai venir quelqu’un de ces malheureux réprouvés qui brûlent en enfer, afin qu’il vous explique cette vérité. En voici un : « Dis-moi, qui es-tu ? –. Je suis un pauvre idolâtre, né dans une terre inconnue ; je n’ai jamais entendu parler ni du ciel ni de l’enfer, ni de ce que je souffre maintenant. – Pauvre malheureux ! va-t-en ; ce n’est pas toi que je cherche ». Qu’un autre vienne ; le voici ; « Qui es-tu ? – Je suis un schismatique des derniers confins de la Tartarie, j’ai toujours vécu dans l’état sauvage, sachant à peine qu’il y a un Dieu. – Ce n’est pas toi que je demande, retourne en enfer ». En voici un autre. « Et toi, qui es-tu ? – Je suis un pauvre hérétique du Nord. Je suis né sous le pôle, sans avoir jamais vu ni la lumière du soleil, ni celle de la foi – Ce n’est pas toi encore que je demande, retourne en enfer ». Mes frères, j’ai le cœur brisé en voyant parmi les réprouvés ces malheureux qui n’ont jamais rien connu de la véritable foi. Sachez pourtant que la sentence de condamnation a été prononcée contre eux, on leur a dit : Perditio tua ex te. Ils se sont damnés parce qu’ils l’ont voulu. Que de secours ils ont reçus de Dieu pour se sauver ! Nous ne les connaissons pas, mais ils le savent bien, et ils s’écrient maintenant : « Vous êtes juste, Seigneur, et Vos jugements sont équitables »(Ps, 119 ; 137).

Vous devez savoir, mes frères, que la loi la plus ancienne est la loi de Dieu, que nous la portons tous écrite en notre cœur, qu’elle s’apprend sans maître, et qu’il suffit d’avoir la lumière de la raison pour connaître tous les préceptes de cette loi. C’est pour cela que les barbares eux-mêmes se cachent pour commettre leurs péchés parce qu’ils savent le mal qu’ils font ; et ils sont damnés pour n’avoir pas observé la loi naturelle qu’ils avaient gravée dans le cœur : car s’ils l’avaient observée, Dieu aurait fait un miracle plutôt que de les laisser se damner ; il leur aurait envoyé quelqu’un pour les instruire et leur aurait donné d’autres secours dont ils se sont rendus indignes en ne vivant pas conformément aux inspirations de leur propre conscience qui n’a jamais manqué de les avertir et du bien qu’il fallait faire, et du mal qu’il fallait éviter. Aussi c’est leur conscience qui les a accusés au Tribunal de Dieu, c’est elle qui leur dit continuellement en enfer : Perditio tua ex te, perditio tua ex te. Ils ne savent que répondre et sont forcés de confesser qu’ils ont mérité leur sort. Or, si ces infidèles n’ont point d’excuse, y en aura-t-il pour un catholique, qui a eu à sa disposition tant de sacrements, tant de sermons, tant de secours ? Comment ose-t-il dire : si Dieu devait me damner, pourquoi m’a-t-Il mis au monde ? Comment ose-t-il parler ainsi, lorsque Dieu lui donne tant de secours pour se sauver ? Achevons donc de le confondre.

XI. Le sort des catholiques pécheurs.

Répondez, vous qui souffrez dans ces abîmes. Y a-t-il des catholiques parmi vous ? S’il y en a ! Et combien ! Que l’un d’eux vienne donc ici. C’est impossible, ils sont trop bas, et, pour les faire venir, il faudrait bouleverser tout l’enfer ; il est plus facile d’arrêter un de ceux qui y tombent. Je m’adresse donc à toi qui vis dans l’habitude du péché mortel, dans la haine, dans la fange du vice impur et qui chaque jour t’approches davantage de l’enfer. Arrête-toi, retourne en arrière ; c’est Jésus qui t’appelle et qui, par Ses plaies, comme par autant de voix éloquentes, te crie : « Mon fils, si tu te damnes, tu n’as à te plaindre que de toi : Perditio tua ex te ». Lève les yeux, et vois de combien de grâces Je t’ai enrichi, afin d’assurer ton salut éternel. Je pouvais te faire naître dans une forêt de la Barbarie ; Je l’ai fait pour tant d’autres, mais pour toi, Je t’ai fait naître dans la foi catholique ; Je t’ai fait élever par un si bon père, par une mère excellente, au milieu des instructions et des enseignements les plus purs ; si malgré cela tu te damnes, à qui sera la faute ? A toi, Mon fils, à toi Perditio tua ex te. Je pouvais te précipiter en enfer après le premier péché mortel que tu as commis, sans attendre le second : Je l’ai fait avec tant d’autres, mais J’ai pris patience avec toi ; Je t’ai attendu pendant de longues années, Je t’attends encore aujourd’hui à la pénitence. Si malgré tout cela tu te damnes, à qui la faute ? A toi, Mon fils, à toi : Perditio tua ex te. Tu sais combien sont mort en réprouvés sous tes yeux : c’était un avertissement pour toi ; tu sais combien d’autres J’ai remis dans la bonne voie pour te donner le bon exemple. Te rappelles-tu ce que t’a dit cet excellent confesseur ? C’est Moi qui le lui faisais dire. Ne t’engagea-t-il pas à changer de vie, à faire une bonne confession ? C’est Moi qui le lui inspirais. Souviens-toi de ce sermon qui te toucha le cœur, c’est Moi qui t’y ai conduit. Et ce qui s’est passé entre Moi et toi dans le secret de ton cœur, tu ne le saurais oublier. Ces inspirations intérieures, ces connaissances si claires, ces remords continuels de ta conscience, tu oserais les nier ? Tout cela, c’était autant de secours de Ma grâce, parce que Je voulais te sauver. Je les ai refusés à tant d’autres et Je te les ai donnés à toi, parce que Je t’aimais tendrement. Mon fils, Mon fils, combien d’autres, si Je leur parlais aussi tendrement que Je te parle aujourd’hui, se remettraient dans la bonne voie ! et toi, tu Me tournes le dos. Ecoute ce que Je vais te dire, ce seront Mes dernières paroles : tu m’as coûté du sang ; si malgré ce sang que J’ai versé pour toi, tu veux te damner, ne te plains pas de Moi, n’accuse que toi, et pendant toute l’éternité n’oublie pas que si tu te damnes, tu te damnes malgré Moi, tu te damnes parce que tu veux te damner : Perditio tua ex te ».

Ah ! mon bon Jésus, les pierres elles-mêmes se fendraient à de si douces paroles, à des expressions si tendres. Y a-t-il ici quelqu’un qui veuille se damner avec tant de grâces et de secours ? S’il en est un, qu’il m’écoute, et qu’il résiste ensuite s’il le peut.

XII. Si vous le voulez, vous vous sauverez.

Baronius rapporte que Julien l’apostat, après son infâme apostasie, conçut une haine si vive contre le Saint Baptême, qu’il cherchait jour et nuit les moyens de l’effacer. Il fit pour cela préparer un bain de sang de chèvres et se mit dedans, voulant, avec ce sang impur d’un victime consacrée à Vénus, effacer de son âme le caractère sacré du Baptême. Cette conduite vous paraît abominable : mais si Julien avait pu réussir dans son dessein, il est certain qu’il aurait souffert beaucoup moins en enfer.

Pécheurs, le conseil que je veux vous donner vous paraîtra sans doute étrange ; et cependant, à le bien prendre, il est au contraire inspiré par une tendre compassion pour vous. Je vous conjure donc à genoux, par le sang de Jésus-Christ et par le cœur de Marie, de changer de vie, de vous remettre dans la voie qui conduit au ciel, et de faire tout votre possible pour appartenir au petit nombre des élus. Si, au lieu de cela, vous voulez continuer de marcher dans la voie qui conduit aux enfers, trouvez du moins le moyen d’effacer en vous le baptême. Malheur à vous, si vous emportez en enfer gravé dans votre âme le nom sacré de Jésus-Christ et le caractère sacré du chrétien. Votre confusion en sera beaucoup plus grande. Faites donc ce que je vous conseille : si vous ne voulez pas vous convertir, allez dès aujourd’hui prier votre curé d’effacer votre nom du registre des baptêmes, afin qu’il ne reste plus aucun souvenir que vous ayez jamais été chrétien, suppliez votre ange gardien d’effacer de son livre les grâces, les inspirations et les secours qu’il vous a donnés par l’ordre de Dieu, car malheur à vous s’il se les rappelle. Dites à Notre-Seigneur qu’il reprenne Sa foi, Son baptême, Ses sacrements. Vous êtes saisis d’horreur à cette pensée. Jetez-vous donc aux pieds de Jésus-Christ, et dites-Lui, les larmes aux yeux et le cœur contrit : « Seigneur, je confesse que jusqu’ici je n’ai point vécu en chrétien, je ne suis pas digne d’être compté parmi Vos élus, je reconnais que j’ai mérité la damnation, mais Votre miséricorde est grande : et plein de confiance en Votre grâce, je vous proteste que je veux sauver mon âme, dussé-je sacrifier ma fortune, mon honneur, ma vie même, pourvu que je me sauve. Si jusqu’ici j’ai été infidèle, je m’en repens, je déplore, je déteste mon infidélité, je vous en demande humblement pardon. Pardonnez-moi, mon bon Jésus, et fortifiez-moi en même temps, afin que je me sauve. Je ne Vous demande ni les richesses, ni les honneurs, ni la prospérité ; je ne demande qu’une chose, c’est de sauver mon âme ».

Et Vous, ô Jésus ! que dites-Vous ? Voici la brebis errante qui revient à Vous, ô bon pasteur ; embrassez ce pécheur repentant, bénissez ses larmes et ses soupirs, ou plutôt bénissez ce peuple si bien disposé et qui ne veut plus chercher autre chose que son salut. Protestons, mes frères, aux pieds de Notre-Seigneur, que nous voulons coûte que coûte, sauver notre âme. Disons-Lui tous, les larmes aux yeux : « Bon Jésus, je veux sauver mon âme ». O larmes bénies, ô bienheureux soupirs !

Je veux, mes frères, vous renvoyer tous consolés aujourd’hui. Si donc vous me demandez mon senti-ment sur le nombre des élus, le voici : qu’il y ait beaucoup ou peu d’élus, je dis que celui qui veut se sauver se sauve, et que personne ne se perd s’il ne veut se perdre. Et s’il est vrai qu’il en est peu qui se sauvent, c’est qu’il y en a peu qui vivent bien. Au reste, comparez ces deux opinions : la première, qui dit que le plus grand nombre des catholiques sont condamnés ; la seconde, qui prétend au contraire que le plus grand nombre des catholiques sont sauvés ; représentez-vous qu’un ange, envoyé par Dieu pour confirmer la première opinion, vienne vous dire que non seulement la plupart des catholiques sont damnés mais que de toute cette foule ici présente, un seul sera sauvé. Si vous obéissez aux commandements de Dieu, si vous détestez la corruption de ce siècle, si vous embrassez avec un esprit de pénitence la croix de Jésus-Christ, vous serez ce seul qui se sauvera. Représentez-vous ensuite que cet ange revienne parmi vous, et que, pour confirmer la seconde opinion, il vous dise que non seulement la plus grande partie des catholiques sont sauvés, mais que de tout cet auditoire une seule personne sera damnée et tous les autres se sauveront. Si vous continuez après cela vos usures, vos vengeances, vos actions criminelles, vos impuretés, vous serez ce seul qui se damnera.

A quoi sert donc de savoir s’il en est peu ou beaucoup qui se sauvent ? « Tachez de rendre votre élection certaine par vos bonnes œuvres », nous dit saint Pierre. « Si vous voulez, vous vous sauverez », dit saint Thomas d’Aquin à sa sœur, qui lui demandait ce qu’elle devait faire pour aller au ciel. Je vous dis la même chose : et voici comment je prouve mon assertion. Personne ne se damne s’il ne pèche mortellement, c’est de foi ; personne ne pèche mortellement s’il ne le veut, c’est là une proposition théologique incontestable. Donc personne ne va en enfer s’il le veut. La conséquence est évidente. Cela ne suffit-il pas pour vous consoler ? Pleurez les péchés passés, confessez-vous bien, ne péchez plus à l’avenir, et vous serez tous sauvés. Pourquoi donc tant se tourmenter, puisqu’il est certain que pour aller en enfer il faut pécher mortellement, que pour pécher mortellement il faut le vouloir, et que par conséquent on ne va en enfer que si on le veut ? Ce n’est pas là une opinion, mais une vérité incontestable et bien consolante ; que Dieu vous la fasse comprendre et vous bénisse. Amen ».

1 Saint Salvien (390, mort vers 484), fête le 22 juillet. Né sur les bords du Rhin, marié, puis prêtre, moine à Lérins et à Marseille ; apologiste et moraliste. Il a laissé des Lettres et deux ouvrages : De gubernatione Dei (Du gouvernement de Dieu) et Adversus avaritiam (Contre l’avarice) où il fait un tableau satirique des mœurs de la société romaine au Ve siècle, auxquelles il oppose la pureté de mœurs chez les barbares. Et il voit dans les invasions barbares, conformes à un plan de la Providence, le salut du peuple romain.

SOURCE : http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Portmaurice/deselus.htm


Textes de la Messe, supplément du Missel Pro aliquibus locis

Textes de la messe ‘Pro aliquibus Locis’ que tout prêtre peut prendre en ce jour selon le code des rubriques de 1962 [*].
die 26 novembris
SANCTI LEONARDI DE PORTU MAURITIO
Conf.
Ant. ad Introitum. Isai. 58,11.

Dóminus implébit splendóribus ánimam tuam, et ossa tua liberábit, et eris quasi hortus irríguus, et sicut fons aquárum, cuius non defícient aquae.

Ps. 80, 2.
Exsultáte Deo adiutóri nostro : iubiláte Deo Iacob.
V/. Glória Patri.
Oratio.
Deus, qui in obstinátis peccatórum córdibus ad pæniténtiam flecténdis beátum Leonárdum Confessórem tuum ópere ac sermóne poténtem effecísti : da, quǽsumus ; ut per eius preces et mérita e córdibus nostris contritiónis lácrimas elícere valeámus. Per Dominum nostrum.

Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Ephésios
Ephes. 1, 3-14.
Benedíctus Deus et Pater Dómini nostri Iesu Christi, qui benedíxit nos in omni benedictióne spirituáli in caæléstibus in Christo, sicut elégit nos in ipso ante mundi constitutiónem, ut essémus sancti et immaculáti in conspéctu eius in caritáte. Qui prædestinávit nos in adoptiónem filiórum per Iesum Christum in ipsum : secúndum propósitum voluntátis suæ, in laudem glóriæ grátiæ suæ, in qua gratificávit nos in dilécto Fílio suo. In quo habémus redemptiónem per sánguinem eius, remissiónem peccatórum secúndum divítias grátiæ eius, quæ superabundávit in nobis in omni sapiéntia et prudéntia : ut notum fáceret nobis sacraméntum voluntátis suæ, secúndum beneplácitum eius, quod propósuit in eo, in dispensatióne plenitúdinis témporum, instauráre ómnia in Christo, quæ in cælis et quæ in terra sunt, in ipso. In quo étiam et nos sorte vocáti sumus prædestináti secúndum propósitum eius, qui operátur ómnia secúndum consílium voluntátis suæ : ut simus in laudem glóriæ eius nos, qui ante sperávimus in Christo. In quo et vos, cum audissétis verbum veritátis, (Evangélium salútis vestræ) in quo et credéntes signáti estis Spíritu promissiónis Sancto, qui est pignus hereditátis nostræ, in redemptiónem acquisitiónis, in laudem glóriæ ipsius.
Graduale. Ps. 91, 13 et 14.
Iustus ut palma florébit : sicut cedrus Líbani multiplicábitur in domo Dómini.
V/. Ibid., 3. Ad annuntiándum mane misericórdiam tuam, et veritátem tuam per noctem.
Allelúia, allelúia. V/. Is. 52, 7. Quam pulchri super montes pedes annuntiántis et prædicántis pacem, annuntiántis bonum, prædicántis salútem ! Allelúia.
In missis votivis post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, dicitur
Tractus. Ps. 111, 1-3.
Beátus vir, qui timet Dóminum : in mandátis eius cupit nimis.
V/. Potens in terra erit semen eius : generátio rectórum benedicétur
V/. Glória et divítiæ in domo eius : et iustítia eius manet in sǽculum sǽculi.
Tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur :
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 111, 1. Beátus vir, qui timet Dóminum : in mandátis eius cupit nimis.
Allelúia. V/. Osee 14, 6. Iustus germinábit sicut lílium : et florébit in ætérnum ante Dóminum. Allelúia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Lucam.
Luc. 10, 1-9.
In illo témpore : Designávit Dóminus et álios septuagínta duos : et misit illos binos ante fáciem suam in omnem civitátem et locum, quo erat ipse ventúrus. Et dicebat illis : Messis quidem multa, operárii autem pauci. Rogáte ergo Dóminum messis, ut mittat operários in messem suam. Ite : ecce, ego mitto vos sicut agnos inter lupos. Nolíte portare sácculum neque peram neque calceaménta ; et néminem per viam salutavéritis. In quamcúmque domum intravéritis, primum dícite : Pax huic dómui : et si ibi fúerit fílius pacis, requiéscet super illum pax vestra : sin autem, ad vos revertétur. In eádem autem domo manéte, edéntes et bibéntes quæ apud illos sunt : dignus est enim operárius mercéde sua. Nolíte transíre de domo in domum. Et in quamcúmque civitátem intravéritis, et suscéperint vos, manducáte quæ apponúntur vobis : et curáte infírmos, qui in illa sunt, et dícite illis : Appropinquávit in vos regnum Dei.
Ant. ad Offertorium. 2 Cor. 3, 5-6.
Non sumus sufficiéntes cogitáre áliquid a nobis, quasi ex nobis : sed sufficiéntia nostra ex Deo est, qui et idóneos nos fecit minístros novi testaménti.
Secreta
Immaculátam hóstiam tibi, Dómine, offérimus, deprecántes : ut, sancti Leonárdi Confessóris interveniénte suffrágio, semper in nobis dilécti Fílii tui passiónis memória persevéret et fructus. Per eúndem Dóminum nostrum.
Ant. ad Communionem. 2 Cor. 5, 20.
Pro Christo legatióne fúngimur, tamquam Deo exhortánte per nos : obsecrámus pro Christo, reconciliámini Deo.
Postcommunio
Cito antícipent nos misericórdiæ tuæ, quǽsumus, Domine, intercedénte sancto Confessóre tuo Leonárdo : ut, a culpis expiáti, in electórum número esse mereámur. Per Dóminum nostrum.


le 26 novembre
SAINT LÉONARD DE PORT-MAURICE
Confesseur
Introït
Le Seigneur remplira ton âme de splendeurs, et il délivrera tes os, et tu deviendras comme un jardin arrosé, et comme une fontaine dont les eaux ne tarissent pas.
Exultez en Dieu notre secours : jubilez pour le Dieu de Jacob.
Collecte
Dieu, vous avez rendu puissant par son œuvre et sa parole le bienheureux Léonard, votre Confesseur, pour amener à la pénitence les cœurs obstinés aux péchés : donnez-nous, nous vous en prions, par ses prières et ses mérites, de pouvoir tirer de nos cœurs les larmes de la contrition.
Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Éphésiens.
 [1]
Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis dans le Christ de toutes sortes de bénédictions spirituelles, dans les Cieux. Il nous a élus en lui avant la création du monde, par amour, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui ; nous ayant prédestinés à être ses fils adoptifs, par Jésus-Christ, pour lui-même, selon le bon plaisir de sa volontê, à la louange et à la gloire de sa grâce, par laquelle il nous a rendus agréables à ses yeux en son Fils bien-aimé. C’est en lui que nous avons la rédemption par son sang, la rémission des péchés, selon les richesses de sa grâce, qui a surabondé en nous, en toute sagesse et prudence, pour nous faire connaître le mystère de sa volonté, selon son bon plaisir, par lequel il s’était proposé en lui-même, dans la dispensation de la plénitude des temps, de réunir toutes choses dans le Christ, soit celles qui sont dans le Ciel, soit celles qui sont sur la terre, en lui-même. C’est ainsi en lui que nous avons été appelés par le sort, ayant été prédestinés suivant le dessein de celui qui fait toutes choses selon le conseil de sa volonté, pour que nous servions à la louange de sa gloire, nous qui avons d’avance espéré au Christ. C’est en lui que vous-mêmes, après avoir entendu la parole de vérité (l’Evangile de votre salut), et y avoir cru, vous avez été marqués du sceau de l’Esprit-Saint qui avait été promis, et qui est le gage de notre héritage, jusqu’à la délivrance du peuple que Dieu s’est acquis, pour la louange de sa gloire.
Graduel
Le juste fleurira comme le palmier : il se multipliera comme le cèdre du Liban dans la maison du Seigneur.
V/. Pour annoncer le matin votre miséricorde et votre vérité durant la nuit.
Allelúia, allelúia. V/. Qu’ils sont beaux sur la Montagne les pieds de celui qui vient pour annoncer et publier la paix, annoncer la bonne nouvelle et publier le salut ! Alléluia.
Aux messes votives après la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit
Trait
Heureux l’homme qui craint le Seigneur : qui met ses délices dans ses commandements.
V/. Sa race sera puissante sur la terre : la postérité des justes sera bénie.
V/. La gloire et les richesses sont dans sa maison : et sa justice demeure dans tous les siècles.
Pendant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit :

Allelúia, allelúia. V/. Heureux l’homme qui craint le Seigneur : qui met ses délices dans ses commandements.

Allelúia. V/. Le juste germera comme le lis : et il fleurira éternellement en présence du Seigneur. Alléluia.
Suite du Saint Évangile selon saint Luc.
©AEL 1964 [2]
En ce temps-là, le Seigneur désigna aussi soixante-douze disciples, et il les envoya deux par deux devant lui, dans toutes les villes et dans tous les lieux où lui-même devait aller. Il leur disait : « La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux ; priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. Allez, voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. N’emportez ni bourse, ni besace, ni chaussures ; ne saluez personne en chemin. Dans chaque maison où vous entrez, dites d’abord : « Paix à cette maison ! » S’il y a là un fils de la paix, votre paix reposera sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Restez dans cette maison, mangeant ce qu’on vous donne, car l’ouvrier mérite son salaire ; ne passez pas de maison en maison. Dans chaque ville où vous entrez et où l’on vous reçoit, mangez ce qu’on vous sert ; guérissez les malades qui sont là, et dites aux gens : Le Royaume de Dieu est arrivé chez vous ».
Offertoire
Nous ne sommes pas capables par nous-mêmes de penser quelque chose, comme de nous-mêmes : mais notre capacité vient de Dieu, qui nous a aussi rendus propres à être les ministres de la nouvelle alliance.
Secrète
Suppliants, nous vous offrons, Seigneur, la victime immaculée : avec l’appui de la prière du Confesseur saint Léonard, que la mémoire et le fruit de la passion de votre Fils bien-aimé demeure toujours en nous.
Communion
Nous faisons donc les fonctions d’ambassadeurs pour le Christ, comme si Dieu exhortait par nous : nous vous en conjurons au nom du Christ, réconciliez-vous avec Dieu.
Postcommunion
Par l’intercession de saint Léonard, votre Confesseur, que vos miséricordes nous surpassent rapidement, nous vous en prions, Seigneur : pour qu’ayant expié nos fautes, nous méritions d’être au nombre des élus.

 [*]
PROPRIUM SANCTORUM PRO ALIQUIBUS LOCIS

Infrascriptae Missae de Mysterio vel Sancto elogium in Martyrologio eo die habente, dici possunt ut festivae ubicumque, ad libitum sacerdotis, iuxta rubricas. Similiter huiusmodi Missae dici possunt etiam ut votivae, nisi aliqua expresse excipiatur.

PROPRE DES SAINTS POUR CERTAINS LIEUX

Les Messes données ici d’un Mystère ou d’un saint qui a le jour-même une mention au Martyrologe, peuvent être dites comme festives partout, selon la volonté du prêtre et les rubriques. De la même manière, les Messes peuvent être dites comme votives sauf si c’est indiqué expressément.

[1] Passage biblique non traduit dans le lectionnaire français de 1964.

[2] Cf. Motu proprio Summorum Pontificum : Art. 6. Dans les Messes selon le Missel du B. Jean XXIII célébrées avec le peuple, les lectures peuvent aussi être proclamées en langue vernaculaire, utilisant des éditions reconnues par le Siège apostolique.


SOURCE : http://www.introibo.fr/26-11-St-Leonard-de-Port-Maurice

Leonard of Port Maurice

(also known as Leonard Casanuova)

Born at Porto Maurizio, Liguria, Italy, December 20, 1676; died in Rome, on November 26, 1751; beatified in 1796; canonized in 1867.



Captain Dominic Casanuova had his son baptized Paul Jerome Casanuova. Throughout his life, the future Saint Leonard thanked God for giving him such an excellent father. At the age of 13, Paul Jerome was sent to the Jesuit Roman College. His uncle Augustine, with whom he was living, wanted him to become a physician. Paul studied medicine, but when he refused his uncle's wish that he become a doctor and announced he had other plans, Augustine disowned him.

He joined the Franciscans of the Strict Observance at Ponticelli in 1697, taking the name Leonard, continued his studies at the Observant Saint Bonaventure's on the Palatine in Rome, and was ordained there in 1703. For five years, Leonard had to stop preaching because he was spitting blood. When healing continued to elude him even in the mild climate of Liguria, he vowed that he would devote him entire life to the conversion of sinners, if God would make him well again.

He recovered and, in 1709, he went to the San Francesco del Monte monastery in Florence and from there preached all over Tuscany with tremendous effect for the next 44 years. He became guardian of San Francesco, founded a retreat for religious at nearby Incontro, where the friars retired twice a year to practice the eremitical life.

In 1730, Leonard was appoint guardian of Saint Bonaventure's in Rome. He spent the next six years conducting missions around Rome, preaching to soldiers, sailors, convicts, and galley-slaves in addition to conducting parochial missions. His contemporary, Saint Alphonsus Liguori, said Leonard was the finest missioner of his day. In 1736, he was released from this position to continue his evangelization in Umbria, Genoa, and the Marches of Ancona. His missions now attracted such huge crowds that they were often held in the open air.

Leonard is primarily responsible for the popularity of the Stations of the Cross devotion, of which he was an ardent promoter (reputedly setting up almost six hundred Stations throughout Italy, even in the Colosseum in Rome), and devotion to the Blessed Sacrament, the Sacred Heart, and the Immaculate Conception.

Leonard served for a time as spiritual director of Clementina Sobieska, wife of the "Old Pretender" to the English throne, King James III, whose son Cardinal Henry of York promoted the friar's canonization.

In 1744, Leonard was sent to Corsica by Pope Benedict XIV to preach and to restore peace there but he was unsuccessful, because the Corsicans felt he was more a political tool of the Genoese who ruled the island than a missionary. (Schamoni says that he helped to reconcile the Corsicans to one another, and Attwater notes that his success was ephemeral--as soon as he left the island, the people fell back into discord.) This mission lasted only six months before the Genoese government sent a ship to rescue Leonard.

He returned to Rome from the discouraging missionary tour in 1749 to prepare the Romans for the holy year. For two weeks Leonard preached in the Piazza Navona, which ironically had once been the hippodrome of Emperor Domitian. He had to promise Pope Benedict XIV, who held him in high esteem and himself attended his sermons, that he would die in Rome.

When he was preaching a mission in the holy father's native city of Bologna in 1751, Leonard had a premonition that he would soon die. Completely exhausted from his arduous work and severer mortifications, he returned to Rome and died at Saint Bonaventure the night he arrived.
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/1126.shtml

In addition to his oral evangelization, Leonard was a prolific ascetical writer. His printed works--mostly letters and sermons-- fill thirteen volumes. His most famous work is Resolutions. He is the patron of parish missions and popular missionaries (Attwater, Attwater 2, Benedictines, Coulson, Delaney, Encyclopedia, Farmer, Schamoni, White).





St. Leonard of Port Maurice

Preacher and ascetic writer, b. 20 Dec., 1676, at Porto Maurizio on the Riviera di Ponente; d. at the monastery of S. Bonaventura, Rome, 26 Nov., 1751. The son of Domenico Casanova and Anna Maria Benza, he joined after a brilliant course of study with the Jesuits in Rome (Collegio Romano), the so- called Riformella, an offshoot of the Reformati branch of the Franciscan Order [see FRIARS MINOR, II, B, (2)]. On 2 October, 1697, he received the habit, and after making his novitiate at Ponticelli in the Sabine mountains, he completed his studies at the principal house of the Riformella, S. Bonaventura on the Palatine at Rome. After his ordination he remained there as lector (professor), and expected to be sent on the Chinese missions. But he was soon afterwards seized with severe gastric haemorrhage, and became so ill that he was sent to his native climate of Porto Maurizio, where there was a monastery of the Franciscan Observants (1704). After four years he was restored to health, and began to preach in Porto Maurizio and the vicinity. When Cosimo III de' Medici handed over the monastery del Monte (that on San Miniato near Florence, also called Monte alle Croci) to the members of the Riformella, St. Leonard was sent hither under the auspices and by desire of Cosimo III, and began shortly to give missions to the people in Tuscany, which were marked by many extraordinary conversions and great results. His colleagues and he always practised the greatest austerities and most severe penances during these missions. In 1710 he founded the monastery of Icontro, on a peak in the mountains about four and a quarter miles from Florence, whither he and his assistants could retire from time to time after missions, and devote themselves to spiritual renewal and fresh austerities.


In 1720 he crossed the borders of Tuscany and held his celebrated missions in Central and Southern Italy, enkindling with zeal the entire population. Clement XII and Benedict XIV called him to Rome; the latter especially held him in high esteem both as a preacher and as a propagandist, and exacted a promise that he would come to Rome to die. Everywhere the saint made abundant conversions, and was very often obliged both in cities and country districts to preach in the open, as the churches could not contain the thousands who came to listen. He founded many pious societies and confraternities, and exerted himself especially to spread the devotion of the Stations of the Cross — the propagation of which he greatly furthered with the assistance of his brethren — the devotion to the Sacred Heart of Jesus, the perpetual adoration of the Most Blessed Sacrament, and devotion to the Immaculate Conception. One of his most ardent desires was to see the last-named defined as a dogma of faith by the Holy See. Besides the celebrated stations in the Colosseum at Rome, St. Leonard erected 571 others in all parts of Italy, while on his different missions. From May to November, 1744, he preached in the Island of Corsica, which at that time belonged to the Republic of Genoa and which was frightfully torn by party strife. In November, 1751, when he was preaching to the Bolognese, Benedict XIV called him to Rome, as already there were indications of his rapidly approaching end. The strain of his missionary labours and his mortifications had completely exhausted his body. He arrived on the evening of 26 November, 1751, at his beloved monastery of S. Bonaventura on the Palatine, and expired on the same night at eleven o'clock at the age of seventy-five. In the church of this monastery (which must soon make way for the excavations of the ground occupied by the palace of the Caesars) the partly incorrupt body of the saint is kept in the high altar. Pius VI pronounced his beatification on 19 June, 1796, and Pius IX his canonization on 29 June, 1867. The Franciscan Order celebrates his feast on 26 November, but outside this order it is often celebrated on 27 November.

The numerous writings of the saint consist of sermons, letters, ascetic treatises, and books of devotion for the use of the faithful and of priests, especially missionaries. The "Diary" (Diario) of his missions is written by Fra Diego da Firenze. A treasure for asceticism and homiletics, many of his writings have been translated into the most diverse languages and often republished: for example his "Via Sacrea spianata ed illuminata" (the Way of the Cross simplified and explained), "Il Tesoro Nascosto" (on the Holy Mass); his celebrated "Proponimenti", or resolutions for the attainment of higher Christian perfection. A complete edition of his works appeared first at Rome in thirteen octavo volumes (1853-84), "Collezione completa delle opere di B. Leonardo da Porto Maurizio". Then another in five octavo volumes, "Opere complete di S. Leonardo di Porto Maurizio" (Venice, 1868-9). In English, German, etc., only single works have been issued, but a French translation of the entire set has appeared: "OEuvres completes de S. Leonard de Port-Maurice" (8 vols., Paris and Tournai, 1858), and "Sermons de S. Leonard de Port Maurice" (3 vols., Paris).

Sources

Summarium processus beatificationis V.S.D. Leon. a P.M. (Rome, 1781); RAFELLO DA ROMA, Vita del P. Leonardoda P.M. (Rome, 1754); JOS. De MASSERANO, Vita del B. Leonardo da P.M. (Rome, 1796), written by the postulator and dedicated to the duke of York, son of James [III] of England; SALVATORE DI ORMEA, Vita del B. Leonardo da P.M. (Innsbruck, 1869); L. De CHERANCÉ, S. Leonard de Port-Maurice (Paris, 1903) in Nouvelle Bibliotheque Franciscaine (1st series), XIII. Chapter xx of this last mentioned work had already appeared in Études Franciscaines, VIII (Paris, 1902), 501-10.

Bihl, Michael. "St. Leonard of Port Maurice." The Catholic Encyclopedia. Vol. 9. New York: Robert Appleton Company, 1910. 26 Nov. 2016 <http://www.newadvent.org/cathen/09178c.htm>.

Transcription. This article was transcribed for New Advent by Michael T. Barrett. Dedicated to Leonard Cleary.

Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. October 1, 1910. Remy Lafort, Censor. Imprimatur. +John M. Farley, Archbishop of New York.

SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/09178c.htm




Saint Leonard of Port Maurice

Also known as
  • Jerome Casanova
  • Paul Jerome Casanova
Profile

Son of Domenico Casanova, a sea captain, and Anna Maria Benza. Placed at age thirteen with his uncle Agostino to study for a career as a physician, but the youth decided against medicine, and his uncle disowned him. Studied at the Jesuit College in Rome, Italy. Joined the Riformella, a branch of the Franciscans of the Strict Observance on 2 October 1697, taking the name Brother Leonard. Ordained in Rome in 1703. Taught for a while, and expected to become a missionary to China, but a bleeding ulcer kept him in his native lands for the several years it took to recover and regain his strength.

Sent to Florence, Italy in 1709 where he became a noted preached in the city and nearby region. He was often invited to other areas, and worked for devotion to the Blessed Sacrament, Sacred Heart, Immaculate Conception, and the Stations of the Cross. Established the Way of the Cross in over 500 places, including the Colosseum in Rome. Sent as a missionary by Pope Benedict XIV to the island of Corsica in 1744. There he restored discipline to the holy orders there, but local politics greatly limited his success in preaching. He returned exhausted to Rome where he spent the rest of his days.

Born


Saint Leonard of Port Maurice: "The Little Number of Those Who Are Saved"

Posted by Jacob


Today, November 26, we celebrate the feast day of Saint Leonard of Port Maurice (1676-1751), a Franciscan friar, preacher, and writer. Saint Leonard’s devotion to the Stations of the Cross, and his fierce sermons on the salvation of souls converted thousands as he preached in the great town squares across Europe. He was one of the greatest missionaries of the Church.

One of Saint Leonard of Port Maurice's most famous sermons was "The Little Number of Those Who Are Saved." It was the one he relied on for the conversion of great sinners. In it he reviews the various states of life of Christians and concludes with the little number of those who are saved, in relation to the totality of men. Below is an excerpt from this famous sermon.


Introduction 

Thanks be to God, the number of the Redeemer's disciples is not so small that the wickedness of the Scribes and Pharisees is able to triumph over them. Although they strove to calumniate innocence and to deceive the crowd with their treacherous sophistries by discrediting the doctrine and character of Our Lord, finding spots even in the sun, many still recognized Him as the true Messiah, and, unafraid of either chastisements or threats, openly joined His cause. Did all those who followed Christ follow Him even unto glory? Oh, this is where I revere the profound mystery and silently adore the abysses of the divine decrees, rather than rashly deciding on such a great point! The subject I will be treating today is a very grave one; it has caused even the pillars of the Church to tremble, filled the greatest Saints with terror and populated the deserts with anchorites. The point of this instruction is to decide whether the number of Christians who are saved is greater or less than the number of Christians who are damned; it will, I hope, produce in you a salutary fear of the judgments of God. 

Brothers, because of the love I have for you, I wish I were able to reassure you with the prospect of eternal happiness by saying to each of you: You are certain to go to paradise; the greater number of Christians is saved, so you also will be saved. But how can I give you this sweet assurance if you revolt against God's decrees as though you were your own worst enemies? I observe in God a sincere desire to save you, but I find in you a decided inclination to be damned. So what will I be doing today if I speak clearly? I will be displeasing to you. But if I do not speak, I will be displeasing to God. 


Therefore, I will divide this subject into two points. In the first one, to fill you with dread, I will let the theologians and Fathers of the Church decide on the matter and declare that the greater number of Christian adults are damned; and, in silent adoration of that terrible mystery, I will keep my own sentiments to myself. In the second point I will attempt to defend the goodness of God versus the godless, by proving to you that those who are damned are damned by their own malice, because they wanted to be damned. So then, here are two very important truths. If the first truth frightens you, do not hold it against me, as though I wanted to make the road of heaven narrower for you, for I want to be neutral in this matter; rather, hold it against the theologians and Fathers of the Church who will engrave this truth in your heart by the force of reason. If you are disillusioned by the second truth, give thanks to God over it, for He wants only one thing: that you give your hearts totally to Him. Finally, if you oblige me to tell you clearly what I think, I will do so for your consolation. 

The Words of Holy Scripture

But why seek out the opinions of the Fathers and theologians, when Holy Scripture settles the question so clearly? Look in to the Old and New Testaments, and you will find a multitude of figures, symbols and words that clearly point out this truth: very few are saved. In the time of Noah, the entire human race was submerged by the Deluge, and only eight people were saved in the Ark. Saint Peter says, "This ark was the figure of the Church," while Saint Augustine adds, "And these eight people who were saved signify that very few Christians are saved, because there are very few who sincerely renounce the world, and those who renounce it only in words do not belong to the mystery represented by that ark." The Bible also tells us that only two Hebrews out of two million entered the Promised Land after going out of Egypt, and that only four escaped the fire of Sodom and the other burning cities that perished with it. All of this means that the number of the damned who will be cast into fire like straw is far greater than that of the saved, whom the heavenly Father will one day gather into His barns like precious wheat.


I would not finish if I had to point out all the figures by which Holy Scripture confirms this truth; let us content ourselves with listening to the living oracle of Incarnate Wisdom. What did Our Lord answer the curious man in the Gospel who asked Him, "Lord, is it only a few to be saved?" Did He keep silence? Did He answer haltingly? Did He conceal His thought for fear of frightening the crowd? No. Questioned by only one, He addresses all of those present. He says to them: "You ask Me if there are only few who are saved?" Here is My answer: "Strive to enter by the narrow gate; for many, I tell you, will seek to enter and will not be able." Who is speaking here? It is the Son of God, Eternal Truth, who on another occasion says even more clearly, "Many are called, but few are chosen." He does not say that all are called and that out of all men, few are chosen, but that many are called; which means, as Saint Gregory explains, that out of all men, many are called to the True Faith, but out of them few are saved. Brothers, these are the words of Our Lord Jesus Christ. Are they clear? They are true. Tell me now if it is possible for you to have faith in your heart and not tremble.

The Goodness of God
Perhaps you do not yet believe the terrible truths I have just taught you. But it is the most highly-considered theologians, the most illustrious Fathers who have spoken to you through me. So then, how can you resist reasons supported by so many examples and words of Scripture? If you still hesitate in spite of that, and if your mind is inclined to the opposite opinion, does that very consideration not suffice to make you tremble? Oh, it shows that you do not care very much for your salvation! In this important matter, a sensible man is struck more strongly by the slightest doubt of the risk he runs than by the evidence of total ruin in other affairs in which the soul is not involved. One of our brothers, Blessed Giles, was in the habit of saying that if only one man were going to be damned, he would do all he could to make sure he was not that man.


So what must we do, we who know that the greater number is going to be damned, and not only out of all Catholics? What must we do? Take the resolution to belong to the little number of those who are saved. You say: If Christ wanted to damn me, then why did He create me? Silence, rash tongue! God did not create anyone to damn him; but whoever is damned, is damned because he wants to be. Therefore, I will now strive to defend the goodness of my God and acquit it of all blame: that will be the subject of the second point. 

Before going on, let us gather on one side all the books and all the heresies of Luther and Calvin, and on the other side the books and heresies of the Pelagians and Semi-Pelagians, and let us burn them. Some destroy grace, others freedom, and all are filled with errors; so let us cast them into the fire. All the damned bear upon their brow the oracle of the Prophet Osee, "Thy damnation comes from thee," so that they may understand that whoever is damned, is damned by his own malice and because he wants to be damned. 

First let us take these two undeniable truths as a basis: "God wants all men to be saved," "All are in need of the grace of God." Now, if I show you that God wants to save all men, and that for this purpose He gives all of them His grace and all the other necessary means of obtaining that sublime end, you will be obliged to agree that whoever is damned must impute it to his own malice, and that if the greater number of Christians are damned, it is because they want to be. "Thy damnation comes from thee; thy help is only in Me."




November 26: Saint Leonard of Port Maurice

Posted by Jacob


"If the Lord at the moment of my death reproves me for being too kind to sinners, I will answer, 'My dear Jesus, if it is a fault to be too kind to sinners, it is a fault I learned from you, for you never scolded anyone who came to you seeking mercy.’”

Today, November 26, we celebrate the feast day of Saint Leonard of Port Maurice (1676-1751), a Franciscan friar, preacher, and writer. Leonard, called "the great missionary of the 18th century" by Saint Alphonsus Liguori, wished to go to the foreign missions of China, but like other servants of the Lord, was called to serve in another manner. Saint Leonard’s devotion to the Stations of the Cross, and his fierce sermons on the salvation of souls converted thousands as he preached in the great town squares across Europe. He was one of the greatest missionaries of the Church.


Leonard (named Paul Jerome Casanova at birth) was born at Port Maurice, a seaport near Genoa, Italy. Leonard’s father was a pious sea captain, and paid so much attention to the spiritual education of his children that three of his sons entered the Franciscan Order (including Leonard), and his only daughter became a nun.

At the young age of thirteen, Leonard left home in Port Maurice and traveled to Rome to begin his studies at the Roman college. There, he was recognized for his piety, diligence, and charitable works, and was compared to Saint Aloysius who had attended the same school. Having planned on becoming a physician, Leonard soon was called by the Lord in another direction. One day, while visiting a church connected to the Franciscan convent of Saint Bonaventure, he was moved by the words of the choir: "Converte nos Deus, salutaris noster!” – “Convert us, O God, our salvation!” Hearing this as a call from the Lord, Leonard determined to enter the Franciscan Order and spend his life in service.

Leonard entered the Riformella, a branch of the Franciscans of the Strict Observance, taking the name Brother Leonard at the age of twenty-one. He became the model Franciscan and the pride of the order. His exact observance of the rule of Saint Francis was admirable. He similarly espoused the characteristics of the founder of the order, evidenced by his fervor at prayer, his burning love of Jesus and Mary, his rigorous penance, his humility, and his tireless charity toward his neighbor. Saint Leonard further scourged himself mercilessly for the salvation of sinners. While Leonard wanted nothing more that to travel overseas—specifically to China—to preach the Gospel, he was of poor health, having suffered earlier in his studies from Consumption. His miraculous survival of the illness is attributed to the intercession of the Blessed Virgin.


Unable to travel to China, Saint Leonard devoted himself to parish missions. His missions lasted 15 to 18 days, and he often stayed an additional week to hear confessions. He said: "I believe that in those days the real and greatest fruit of the mission is gathered. As much good is done in these days as during the mission." Leonard spent twenty-four years as a missionary, traveling throughout Italy and Corsica. He became known as one of the greatest missioners in the history of the Church. He preached to thousands in the open square of every city and town where the churches could not hold his listeners. So brilliant and holy was his eloquence that once when he gave a two weeks' mission in Rome, the Pope and College of Cardinals came to hear him. Through his preaching, even the most hardened of hearts was converted to Jesus Christ.

Saint Leonard also concerned himself with the care of the Order and his fellow brothers. He oversaw the building of a retreat house that the Franciscans used to prepare for missionary work, and founded several pious fraternities in Rome, including that of the Sacred Heart. 


Saint Leonard was devoted to spreading the adoration of the Blessed Sacrament, the veneration of the Sacred Heart of Jesus, and the Immaculate Conception of the Blessed Virgin (the doctrine had not yet been established). He was in no small way responsible for the definition of the Immaculate Conception made a little more than a hundred years after his death. He also wrote the Divine Praises, which are said at the end of Benediction. But Saint Leonard's most famous work was his devotion to the Stations of the Cross. He established the Way of the Cross in over 500 places, including the Coliseum in Rome. 

Pope Benedict XIV held Saint Leonard in high esteem, asking him to promise to die only in Rome, and no other city. Upon returning from a mission, Father Leonard kept his promise, dying peacefully at the convent of Saint Bonaventure. Numerous miracles were reported at his tomb side following his death. He is regarded as the patron saint of parish missions.


Saint Leonard preached with the fire of the Lord. Not only to withdraw from confrontation, his sermons detailed what waited for those who did not lead virtuous lives, wrapped in the redeeming love of Christ. His words have saved and will save countless souls till the end of until. The Church, in the prayer of the Divine Office, Sixth Lesson, says of Saint Leonard's heavenly eloquence: “Upon hearing him, even hearts of iron and brass were powerfully inclined to penance, by reason of the astonishing effectiveness of the sermon and the preacher's burning zeal. And in the liturgical prayer we ask of the Lord, Give the power to bend the hearts of hardened sinners by the works of preaching.” Today, like every day, we, too, are called to conversion. Saint Leonard of Port Maurice, pray for us!

Selected Quotations of Saint Leonard of Port Maurice

On Our Blessed Mother: “She has had a decisive influence on our lives. Each of us has his own experience. Looking back we see her intervention behind every problem, driving us forward and with the definitive push making us begin anew. Whenever I get down to thinking about the numerous graces I have received from Mary, I feel like one of those Marian Shrines on the walls of which, covered with 'offerings', there is inscribed only: 'Through grace received from Mary'. In this way, it seems that I am written all over: Through grace received from Mary'.

Every good thought, every good act of will, every movement of my heart: 'Through grace received from Mary'.”


On the Power of Holy Mass:

"The principal excellence of the most Holy Sacrifice of the Mass consists in being essentially, and in the very highest degree, identical with that which was offered on the Cross of Calvary: with this sole difference that the sacrifice on the Cross was bloody, and made once for all, and did on that one occasion satisfy fully for all the sins of the world; while the sacrifice of the altar is an unbloody sacrifice, which can be repeated an infinite number of times, and was instituted in order to apply in detail that universal ransom which Jesus paid for us on Calvary." 

"I believe that were it not for the Holy Mass, as this moment the world would be in the abyss, unable to bear up under the mighty load of its iniquities Mass is the potent prop that hold the world on its base." 

"What graces, gifts and virtues the Holy Mass calls down ... repentance for sin ... victory over temptation ... holy inspirations which dispositions to shake off tepidity ... the grace of final perseverance, upon which depends our salvation ... temporal blessings, such as peace, abundance and health ..." 



Almighty and merciful God, You made Saint Leonard an illustrious herald of the mystery of the cross. Through his prayers may we comes to know the riches of the cross on earth and attain to its reward in heaven. Amen.




St. Leonard's Way of the Cross

Though many saints were devoted to the Way [or Stations] of the Cross, perhaps no one did more to promote it than St. Leonard of Port Maurice, Italy (1676-1751). As a Franciscan priest, St. Leonard preached the Way of the Cross at missions for forty-three years and reportedly set up stations in 571 locations throughout Italy, including the Colosseum in Rome. (Read Origins of the Stations of the Cross and Stations of the Cross for the Elderly)

Born Paul Jerome Casanova in Porto Maurizio, he realized while still a teenager that he had a religious vocation. At the age of twenty-one, he joined a strict branch of the Franciscan Order, taking the name Leonard after a relative who had been kind to him.

Combining a severely austere monastic observance with active missionary work, St. Leonard earned the deep respect of Pope Benedict XIV, who enlisted the saint’s assistance in a diplomatic mission in 1744.

For a time, St. Leonard was the spiritual director of Clementina Sobieska of Poland, the wife of King James II of England.

In spite of wearing himself out in mission work, he also found time to write many letters and devotional work, such as his "Resolutions." He promoted devotion to the Sacred Heart, the Blessed Sacrament, and the Immaculate Conception but was best known for preaching the Way of the Cross.

Station One

Opening Prayer

Resolved to sin no more, I humble myself at your most holy feet, O Jesus, my most merciful Redeemer. With sorrow for my sins, I ask your forgiveness with all my heart, and I love you above all things.

Accompany me with your grace, O most loving Jesus. Enlighten my mind and soften my heart, so that by meditating on your most painful voyage to Calvary, I may be filled with sorrow for my sins. By your suffering, by your blood, make me worthy to obtain by this devotion the indulgence granted, which I offer for the souls in purgatory.

O my sweet Jesus, grant that in the Way of the Cross I may learn to love you always. Amen.

Jesus is condemned

"Crucify him!" Who? And for whom? Jesus, most innocent, for me, a sinner. Oh, what a cruel sentence, a sentence of death without mercy.

My most amiable Jesus, you wish to die for me. And I, with my sins, am that witness who accuses you, that judge who condemns you. How ungrateful I have been! You have given me life, and I deliver you to death.

I repent of my sins. I despise them. I detest them. And since you have not punished me by making me die on the cross, grant me at least the courage to accompany you in sorrow to Calvary.

Readings: Matthew 27:26; Mark 15:15; Luke 23:23-25; John 19:16

Second Station

Jesus takes up the cross

My most loving Jesus, you're already on the way to Calvary. It's not enough for you to have a crown of thorns, chains around your waist, scourges, wounds, blood covering your divine body: you also desire the cross.

You embrace it with such meekness, and I, with such diligence, seek to avoid it. You humbly accept so great a weight upon your innocent shoulders, and I, full of pride, reject my own lesser cross. How blind I am! You teach me to suffer so that I may be saved, and I neglect my salvation because I do not wish to suffer.

My dear Jesus, free me from self-love. And if the cross is the only way to heaven, here I am ready to embrace it. Help me with your mercy.

Reading: John 19:17

Third Station

Jesus falls

Alas, what do I see? My most amiable Jesus fallen under the cross, stretched out on the ground. Angels of heaven, sustain your Creator and my Redeemer. But oh! instead of angels, the enraged scoundrels come running and, with punches, slaps, and kicks, beat him horribly.

And you, my dear Jesus, faced with so many outrages, suffer and remain silent. I am puzzled at myself that, whenever some small evil strikes, I am shaken; at every offense I am resentful, become angry and complain.

My most patient Jesus, lessen my pride and grant me patience so that, imitating you, I may for my own good be with you until death.

Reading: Matthew 27:31

Fourth Station

Jesus meets his mother

To my great confusion, it wasn't enough that I should see Jesus covered with pain and clothed as a sinner; now his mother also joins him to suffer for my sins! Accursed sins; most painful encounter; most sorrowful mother! In your agony, I see my wickedness.

I know that, in such a painful encounter, the suffering of the Son is the suffering of the mother. I know that, if my sins have pierced Jesus' body, they have pierced your heart, O great virgin. But I also know that Jesus is the source of mercy, you, the refuge of sinners.

Therefore, most merciful mother, I humbly turn to you with sorrow for my sins. In your kindness, obtain for me from your suffering Son, Jesus, the pardon of my sins.

Reading: John 19:25-27

Fifth Station

Simon of Cyrene helps Jesus

Then, to assist my weary Jesus, a man is forced to carry the cross for him. Sadly, I see that I am that Cyrenean, who occasionally though unwillingly takes up some cross that you, my Jesus, offer me.

How foolish I am! For my whims, for my pleasure, I don’t dread hardships, I don’t fear dangers, I don’t count the sweat. For you, my dear Jesus, everything aggravates me, everything bores me, I seek to avoid everything. How lukewarm, how weak I am!

My Jesus, grant me a little fervor, enliven my courage to suffer with you, so that I may rejoice with you forever.

Reading: Matthew 27:32; Mark 15:21;Luke 23:26

Sixth Station

Veronica wipes Jesus’ face

Give me that shroud, holy woman. Let me keep it, blessed Veronica. I wish to imprint in my heart the holy face of my Savior. But oh, unhappy me! who, full of self-love and ambition, have a heart of stone, incapable of holy sentiments.

My most merciful Redeemer, create in me a new heart, a pure, contrite, and humble heart, and then imprint upon it your most holy name. I promise to love you alone, my Jesus, and to be detached from myself.

Jesus on my lips, Jesus in my heart. Jesus my delight, I’ll call upon him in life; Jesus my comfort, I’ll call upon him in death. And in the name of Jesus, I firmly hope to breathe forth my spirit.

Reading: Luke 23:27

Seventh Station

Jesus falls again

Here is the king of heaven, the Creator of the universe, once again stretched out on the ground under the heavy cross. What pain, what fatigue, what derision!

My most gentle Jesus, you bathe the ground with sweat from the front of your fallen head, and I, with my pride, have turned against heaven and exalted myself above what I really am, forgetting that I am nothing but lowly dust.

How despicable I am! Humility, my Jesus, humility. Lessen my pride, show me my nothingness. You created me from clay, and to clay I must return. Death is approaching, and my sinfulness weighs against me. Mercy, my God. By your sufferings, grant me sorrow for my sins. By your fall, help me to rise again.

Reading: Luke 23:26

Eighth Station

Jesus meets the women of Jerusalem

I hear you, most amiable Savior, I hear you: it is not for you but for myself that I should bitterly weep. My tears only increase your suffering if they are not tears of repentance.

Weep then, my heart! Weep not for your God who goes to his death, but for your sins that bring him there. You are even cruel to yourself unless you wipe out your sins with such sorrow.

Most precious blood of my sweet Jesus, soften the heart that does not weep; enlighten the mind that does not know; bend the will that does not obey. Yes, my Jesus, I’m sorry for my sins, and I’ll be sorry for them as long as I live. I would rather die a thousand times before committing them again. Strengthen me by your grace.

Reading: Luke 23:28-31

Ninth Station

Jesus falls a third time

My Jesus, my life and my hope, I see you fallen a third time under the cross. It isn’t the wood of the cross, but my ingratitude, which makes it too heavy for you to carry. My repeated falls into hateful sin cause you to fall again.

How often I turn from sin to confession, then from confession to sin! Yes, I realize that this is the infinite weight of your most painful cross. But now I resolve to change.

What would become of me in my weakness if you did not help me to rise again whenever I fall? Oh, I see hell opened under my feet ready to swallow me! Most merciful Jesus, sustain me by your suffering, shield me by your wounds, so that I will never again fall into sin, never again.

Reading: John 19:17

Tenth Station

Jesus is stripped

Such a contrast should never exist: you, my beloved Jesus, stripped of your garments, with festering wounds; I, clothed in soft garments. I, unwilling to bear any pain, however slight. I, girded with delicacy and with pride.

To you, my sweet Savior, bitter gall; to me, pleasures and sweet delights. You, the joy of heaven, filled with sufferings; I, a most vile worm from this world, void of repentance.

No, my Jesus, may it not be so any longer. It’s not fair that you who are innocent should suffer, and I who am guilty enjoy. By your grace, grant me a share in some part of your sufferings.

And if a little contrition would sweeten that gall, why, my soul, don’t you weep? Yes, my most sorrowful Jesus, I repent of my sins and seek your mercy: I love you above all things.

Reading: Luke 23:34

Eleventh Station

Jesus is crucified

You have finally arrived at Calvary, my dear Jesus. You have arrived, dragged along like a lowly criminal, beaten and kicked, pulled with ropes, accompanied by two thieves for your greater humiliation.

What a horrible sight! The hammering of nails into your hands and feet, the sharpest thorns on your head, God transfixed on a most painful cross. So much confusion, so much blood! Who can contemplate you, my Jesus, and not be heartbroken with compassion?

Permit me to draw near to you, my dying Redeemer. Since my sins have brought you to death, I want to kiss that cross, to take shelter in those wounds, to drink of that most precious blood. Blood and wounds of my Jesus, which have redeemed me, save me. I beg of you, save me.

Reading: Matthew 27:33-38; Mark 15:22-27; Luke 23:33-34; John 19:18

Twelfth Station

Jesus dies

Here is the victim already immolated, the great sacrifice already accomplished, the will of the Eternal Father already carried out. Here is Jesus on the hill of Golgotha, nailed to a cross, a pitiful sight to heaven, to earth, to the elements.

My Jesus is dead; he is dead. Those most holy eyes discolored, those lips taking their final breath, those thorns, those nails, those wounds, that opening in his side, that blood — all are sources of mercy.

But near the cross I also see Divine Justice, ready with sword in hand! Poor me, if I remain obstinate in my sins, making vain the work of my redemption! No, my Jesus, don’t allow me to leave Calvary without impressing in my heart your most bitter passion. Grant that, fearing your justice, I will live in your wounds, in your mercy.

Readings: Matthew 27:46-50; Mark 15:34-37; Luke 23:46; John 19:28-30

Thirteenth Station

Jesus is taken from the cross

Most holy mother of my crucified Jesus, you receive him in your lap, and if you do not die of sorrow, if love does not kill you, it is because Jesus does not will it. Two most bitter passions for the sake of my redemption: the Son suffering torments of the body, the mother suffering martyrdom of the heart — both for me.

Infinite mercy of my Jesus, I adore you; most merciful mother of sorrows, I thank you. How cruel my sinfulness has been, executioner of the Son, tyrant of the mother’s heart!

Most holy mother, place a kiss for me upon those wounds, upon that bloody cross. I don’t dare to approach because sin reminds me of my ingratitude. Sorrowful virgin, intercede for me that I may be truly sorry for my sins, and may the power of your protection obtain my repentance, my salvation.

Reading: Matthew 27:57-58; Mark 15:42-45; Luke 28:50-52; John 19:38

Fourteenth Station

Jesus is buried

Who will give me a source of tears with which to weep over the death of my Jesus and accompany him to the tomb? Poor Jesus, at the cost of all your blood you have redeemed the whole world from the slavery of hell and, except for a few people, there is no one to weep with compassion at your tomb.

What ignorance! I wish, my beloved Jesus, to weep for everyone over your death and to detest the sins that have betrayed you. Enclose in your tomb my poor heart. Yes, my Jesus, accomplish your mercy: grant that, purified and sanctified, it will rise again with you.

And since you have encountered death voluntarily for my salvation, grant that I may humbly accept my death for love of you so that, by means of this sacrifice of humiliation and love, I may glorify you in heaven for all eternity.

Reading: Matthew 27:59-61; Mark 15:46-47; Luke 23:53-56; John 19:39-42




Voir aussi : http://canti-in-cappella.blogspot.ca/2015/10/via-crucis-di-san-leonardo-da-porto.html


San Leonardo da Porto Maurizio Sacerdote


Porto Maurizio, Imperia, 1676 - Roma, 26 novembre 1751

È il santo a cui si deve il merito di aver ideato la Via Crucis. Ligure (1676-1751), era figlio di un capitano di marina. Nato a Porto Maurizio, l'odierna Imperia, compie i suoi studi a Roma presso il Collegio romano, per poi entrare nel Ritiro di san Bonaventura, sul Palatino, dove vestirà il saio francescano. Inviato dal Papa in Corsica a ristabilire la concordia tra i cittadini, riuscì ad ottenere, nonostante le gravi divisioni tra gli abitanti, un impensabile abbraccio di pace. Il tema della Croce era al centro della sua predicazione: richiamava le folle alla penitenza e alla pietà cristiana. Alfonso Maria de' Liguori lo definì «il più grande missionario del nostro secolo». (Avvenire)

Patronato: Missioni al popolo

Etimologia: Leonardo = forte come leone, dal latino e dal tedesco

Martirologio Romano: A Roma nel convento di San Bonaventura sul Palatino, san Leonardo da Porto Maurizio, sacerdote dell’Ordine dei Frati Minori, che, pieno di amore per le anime, impegnò tutta la sua vita nella predicazione, nel pubblicare libri di devozione e nel far visita ad oltre trecento missioni a Roma, in Corsica e nell’Italia settentrionale.

Giovane francescano, Leonardo aveva chiesto di andare missionario in Cina. Il Cardinale Colloredo gli aveva risposto: " La tua Cina sarà l'Italia ".


E alla fine del Seicento, l'Italia aveva abbastanza miserie e sufficienti disgrazie per essere considerata terra di missione.


Leonardo era ancora studente a Roma, quando un compagno gli propose di andare a udire una predica. Fatti pochi passi, trovarono un impiccato che ciondolava dalla forca. " Ecco la predica " dissero i due giovani.


Pochi giorni dopo, il figlio del capitano marittimo di Porto Maurizio, in Liguria, seguì due figure di frati che salivano verso il convento di San Bonaventura, sul Palatino, dove vestì l'abito dei Francescani detti " della riformella ", o " scalzati ".


Datosi alla predicazione, forse ricordando quel suppliziato pendente dalla forca, fra Leonardo ebbe sempre in mente l'altro suppliziato, pendente dalla Croce. Perciò, il suo tema preferito fu quello della Via Crucis, devozione tipicamente francescana, alla quale egli dette la più grande diffusione.


La sua predicazione aveva qualcosa di drammatico e di tragico, spesso al lume delle torce e con volontari tormenti, ai quali fra Leonardo si sottoponeva, ora ponendo la mano sulle fiaccole accese, ora flagellandosi a sangue.


Folle immense accorrevano ad ascoltarlo e rimanevano impressionate dalla sua bruciante parola, che ri-chiamava alla penitenza e alla pietà cristiana. " E’ il più grande missionario del nostro secolo " diceva Sant'Alfonso de' Liguori. Spesso l'uditorio intero, durante le sue prediche, scoppiava in singhiozzi.


Predicò in tutta l'Italia, ma la regione più battuta fu la Toscana, a causa del freddo Giansenismo, ch'egli voleva combattere prima di tutto con l'ardore del suo cuore, poi con i suoi temi più efficaci, e cioè quello del Nome di Gesù, della Madonna e della Via Crucis.


In una sua missione in Corsica, i briganti dell'isola tormentata scaricarono in aria i loro archibugi, gridando: " Viva frate Leonardo, viva la pace! ".


Tornato in Liguria, fu messa in mare una galera, intitolata, in suo onore, San Leonardo. Ma di lui, gravemente ammalato, i marinai dicevano: " La barca fa acqua ".


Consumato dalle fatiche missionarie, venne infine richiamato a Roma, dove, con le sue appassionate prediche, alle quali assisteva anche il Papa, preparò il clima spirituale per il Giubileo del 1750. In quella occasione, piantò la Via Crucis nel Colosseo, dichiarando quel luogo sacro per i Martiri. Gli storici hanno dimostrato poi che nel Colosseo non furono mai martirizzati cristiani, ma la predicazione ~ in buona fede - di San Leonardo impedì l'ulteriore rovina del monumento, considerato fino allora come una cava di buona pietra.


Fu l'ultima sua fatica. Morì l'anno dopo, e a San Bonaventura al Palatino occorsero i soldati, per tenere indietro la folla che voleva vedere il Santo e portar via le sue reliquie. " Perdiamo un amico sulla terra - disse il Papa Lambertini - ma guadagnamo un protettore in Cielo ".


Fu lui a proporre la definizione del dogma mariano dell'Immacolata Concezione, mediante una consulta-zione epistolare con tutti i pastori della Chiesa.

Fonte:
Archivio Parrocchia


Note: Il sito dell'Associazione Compagnia di san Leonardo da Porto Maurizio: www.sanleonardoimperia.it


SAN LEONARDO DA PORTO MAURIZIO
(1676-1751) 26 novembre
Buttato fuori di casa dallo zio che non accetta la sua vocazione diventa un grande predicatore. Innamorato del SS Sacramento, del Sacro Cuore e alla Maria, ne anticipa la devozione. Il suo segreto? Una Madonna che portava sempre con se…
Nacque il 20 dicembre 1676 a Porto Maurizio, vicino a La Spezia. Figlio di Domenico Casanova e Anna Maria Benza, fu battezzato con i nomi di Paolo Gerolamo. La madre morì quando egli aveva due anni, ed il padre si risposò con Maria Ridolfo, della frazione di Artallo. Fu pertanto il padre che diede al futuro santo quelle  basi religiose alle quali in seguito ispirò la sua vita. Domenico Casanova era armatore e uomo di mare e, come voto di castità,  aveva stabilito di non ammettere tra i passeggeri dei suoi navigli alcuna donna. A tredici anni il padre  lo affidò alle cure di un ricco zio di Roma, che lo iscrisse al collegio gesuita della città, dove studiò letteratura e filosofia e cominciò anche a capire di avere una vocazione religiosa (sebbene fosse attratto dall’ordine dei frati minori, piuttosto che dalla Compagnia di Gesù.)
Lo zio, che desiderava diventasse medico, s’oppose e infine lo cacciò da casa, fortunatamente Paolo riuscì a trovare asilo presso un altro parente, Leonardo Ponzetti, con cui rimase finchè ricevette il permesso incondizionato da parte del padre di diventare frate. Nel 1697, ricevette la tonaca nel noviziato francescano a Ponticelli, con il nome di Leonardo per gratitudine verso Ponzetti. Completati gli studi al convento di S. Bonaventura di Roma, fu ordinato sacerdote nel 1702; questo convento era la casa principale dei Riformella, una diramazione del rigoroso ramo dei francescani riformati, e Leonardo mise in pratica, per tutta la vita, l’ideale di un attivo lavoro missionario combinato con l’austerità e la solitudine che apprese proprio in questo convento. La sua grande ambizione era sempre stata quella di recarsi in missione, ma subito dopo l’ordinazione contrasse la tubercolosi mentre insegnava filosofia al convento di S. Bonaventura, e fu informato che sarebbe rimasto in Italia.
Dopo la miracolosa guarigione dalla tisi avvenuta, per intercessione della Modonna, durante le sue frequentazioni del Santuario della Assunta a Piani. egli divenne ulteriormente devoto a Lei, e unitamente al tema della Croce anche  il tema di Maria fu fondamentale nelle prediche  missionarie. Nel 1709, Leonardo fu inviato con un gruppo di frati a S. Francesco del Monte a Firenze, un convento che era stato donato ai Riformella dal granduca Cosimo III de’ Medici, dove si riprese a seguire l’ideale francescano di povertà; di conseguenza la congregazione iniziò ad aumentare e ben presto il convento diventò un importante centro religioso, punto di partenza di Leonardo e degli altri frati che svolsero la loro attività in Toscana, infine Leonardo fu nominato guardiano di S. Francesco del Monte, un parroco scrisse della sua attività in quella zona:
solo Dio sa quanto bene ha fatto qui; le sue prediche hanno toccato il cuore di tutti […] tutti i confessori in città avranno un duro lavoro da svolgere”.
Per prima cosa istituì un eremo a Incontro sulle montagne vicine, dove i frati potevano ritirarsi per brevi periodi a turno, due volte l’anno, per vivere in solitudine e semplicità, mentre si rigeneravano spiritualmente. Leonardo risiedette a Firenze per molti anni, ma col passare del tempo, gli chiesero costantemente di predicare anche altrove. La sua prima missione a Roma fu fin troppo lunga, secondo il duca Cosimo, tanto che questi mandò una nave sul Tevere a riprenderlo, ma nel 1736, si trasferì a Roma definitivamente, come guardiano del S. Bonaventura. Mantenne l’incarico per un anno, durante il quale trovò tempo per predicare, con qualche risultato, a soldati, marinai, condannati, galeotti, nel porto di Civitavecchia: Una volta esonerato dall’incarico, iniziò nove attività in posti distanti come l’Umbria, Genova, le Marche, spesso attraendo una folla tale da essere costretto ad uscire dalla chiesa e predicare all’aperto.
Fra ‘ Leonardo, colpito dalla bellezza del quadro e dalla profondità del suo significato, lo benedisse e lo battezzò col nome di “Madonna del Bello Amore”; da allora lo portò sempre con sé in tutte le Missioni. In punto di morte lo consegnò al Guardiano del suo Convento, San Bonaventura al Palatino dove si trova tuttora. Nel 1744 papa Benedetto XIV, che teneva Leonardo in alta considerazione, d’accordo con il governo dell’isola, il doge di Genova, lo mandò in Corsica, dove la religione era trascurata e l’ordine in generale decaduto. Di tutte le missioni di Leonardo, questa fu quella più difficile per lui; fu ricevuto con una certa ostilità dato che diverse persone pensavano fosse un agente del doge in incognito. Era certamente vero che la missione aveva un aspetto politico, dato che quel disordine era in gran parte espressione di opposizione alla dominazione di Genova.
Leonardo, tuttavia, perseverò nel predicare, nonostante molti si presentassero al suo cospetto armati. Inoltre ebbe occasione di affermare in una delle sue molteplici lettere: Incoraggiò l’esposizione del SS. Sacramento e la devozione al Sacro Cuore e alla Madonna, nessuna delle quali era allora così diffusa come in seguito. Pensava in particolare che l’Immacolata Concezione dovesse essere considerata un dogma della fede e suggerì che le autorità ecclesiastiche si pronunciassero sull’argomento senza ricorrere ad un concilio ecumenico (come avvenne un secolo dopo).
Leonardo trovò anche il tempo, fra tutte le sue attività, di essere consigliere spirituale di un certo numero di persone, tra cui Clementina Sobieska, moglie di Giacomo Edoardo Stuart (conosciuto anche come Giacomo III d’Inghilterra). Nel 1741 mentre predicava le Missioni in Cave di Palestina vicino a Gaeta, un fedele gli portò un dono. Era un bellissimo ritratto della Vergine Maria con il Bambino Gesù che adorava il Crocifisso. Era stato dipinto per lui da un famoso pittore Sebastiano Conca, nativo di Gaeta, che diventerà il Presidente dell’Accademia di San Luca in Roma dove studierà anche il pittore portorino Leonardo Massabò.
In ogni parrocchia troviamo la più terribile delle faide, ma generalmente affiorano alla fine pace e quiete, a ogni modo, a meno che la giustizia non sia forte abbastanza da soffocare questa ostilità, il bene che stiamo facendo può essere solo transitorio […] durante questi anni di guerra il popolo non ha ricevuto nessun tipo di distruzione […] quando avrò l’opportunità di incontrare i vescovi, dirò loro ciò che penso […] nonostante la fatica, il raccolto non è abbondante”.
Leonardo aveva ormai sessantotto anni e il duro lavoro, gli intrighi e la costante necessità di essere vigile cominciarono a minare la sua salute; dopo sei mesi era così malato che fu imbarcato su una nave per riportarlo a casa. La sua valutazione dello stato delle cose in Corsica fu confermata in una lettera del papa: “Il popolo corso è peggiorato più che mai dopo la missione, quindi non è consigliabile che vi facciate ritorno”. Una volta rimessosi, continuò a predicare e a ospitare suore e laici, soprattutto in vista del giubileo del 1750, anno in cui soddisfò una delle sue più grandi ambizioni, quando ricevette dal papa il permesso di istruire le stazioni della croce nel Colosseo.
Nella primavera successiva, partì (in carrozza, gli ordinò il papa , piuttosto che a piedi) per andare a predicare a Lucca e in altri posti, ma dato che le sue energie cominciavano a venir meno, e che doveva anche affrontare l’ostilità o l’indifferenza che incontrava in alcuni luoghi, queste missioni tardive non ebbero molto successo. Agli inizi di novembre, conscio di avere ultimato il suo lavoro, ripartì per Roma; la carrozza si danneggiò, a Spoleto, perciò Leonardo continuò a piedi e raggiunse il convento di S. Bonaventura la sera del 26 novembre; giunse un messaggio molto affettuoso da parte del papa. Leonardo morì prima della mezzanotte. Oltre al metodo pastorale della predicazione, la sua eredità annovera diversi tratti devozionali e le Risoluzioni, che danno informazioni su di lui oltre che sull’argomento che trattano, inoltre sono rimaste le sue lettere. Leonardo fu beatificato nel 1796 e canonizzato nel 1867; il corpo e la maschera funebre si trovano nella chiesa di S. Boaventura a Roma.
Voir aussi : http://canti-in-cappella.blogspot.ca/2015/10/via-crucis-di-san-leonardo-da-porto.html
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