samedi 19 novembre 2016

Saint ABDIAS (OVADIA, OBADIAH, OBADIAS), Prophète


Dieu apparaissant en songe à Abdias. Livre d'Abdias, XIII e siècle, Bourges - BM - ms. 0007, f. 155v.

Saint Abdias

Prophète (6ème s. av JC.)

Le Prophète qui, peu après la ruine de Jérusalem et la destruction du Temple en 587 av. JC, fut appelé à réconforter le peuple d'Israël déporté, en exaltant la Justice de Dieu, maître des nations et de l'histoire.

Commémoraison de saint Abdias, prophète, qui, après l’exil du peuple d’Israël, vers le Ve siècle avant le Christ, annonça le châtiment des nations ennemies par le Seigneur et le relèvement d’Israël.


Martyrologe romain

SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/9175/Saint-Abdias.html

SUR LE PROPHÈTE ABDIAS. A PAMMAQUE.

Saint JÉRÔME

Quand j'étais enfant je parlais en enfant, je jugeais en enfant, je raisonnais en enfant ; mais depuis que je suis devenu homme, je me suis défait de tout ce qui tenait de l’enfance. Si l'Apôtre a fait des progrès, et si chaque jour il a oublié te qu'il avait déjà fait, pour s'avancer vers quelque chose de plus parfait et obéir à la parole du Sauveur, qui défend à ceux qui ont mis la main à la charrue de regarder derrière eux, ne dois-je point espérer, à plus forte raison, émoi qui ne suis point arrivé à l'état d'un homme parfait, à la mesure de l'âge de Jésus-Christ, qu'on me pardonnera une faute que j'ai faite en ma jeunesse, lorsque poussé par mon extrême ardeur de l'étude des Ecritures, j'osai entreprendre d'expliquer le prophète Abdias dans le sens allégorique, n'étant pas encore assez instruit du sens historique et littéral. J'avais alors une  forte passion pour l'intelligence du sens mystique et figuré des Ecritures; et parce que j'avais lu dans l’Evangile que tout est possible à ceux qui ont la foi, j'oubliais en même temps ma propre insuffisance, et je ne faisais pas attention que les dons sont différents dans l'Eglise, et que tous n'y possèdent pas les mêmes grâces. La connaissance que je croyais avoir des belles-lettres et des sciences humaines était cause que je me croyais, et me flattais de pouvoir lire un livre scellé. Mata qu'il y avait en moi de la témérité et de l'imprudence d'oser espérer de réussir dans l'explication de ce livre, pendant que les vingt-quatre vieillards et les animaux mystérieux, tous pleins de lumières, se lèvent de leurs trônes pour se prosterner devant l'agneau et lui rendre gloire, en confessant leur propre ignorance! Dieu ne m'avait pas encore ordonné d'annoncer sa parole, et je ne pouvais me flatter que la pratique de ses commandements m'en eût mérité l'intelligence. J'avais mis en oubli cette parole de l'Evangile : « Bienheureux sont ceux qui possèdent la pureté de cœur, parce qu'ils verront Dieu. » Enfin, quoique mes lèvres n'eussent point été purifiées par un charbon ardent pris sur l'autel, et que le Saint-Esprit n'eût point encore dissipé les ténèbres de mes anciennes erreurs, j'avais néanmoins la hardiesse de dire avec un prophète : « Me voici, envoyez-moi.

Je croyais que cette première épreuve de mon petit génie demeurerait inconnue et cachée dans ma cassette, et j'avais destiné au feu un ouvrage si imparfait; mais je fus bien surpris d'en voir un exemplaire entre les mains d'un jeune homme qui venait d'Italie, et qui était à peu près du même âge que moi quand je fis ce commentaire. Lorsque je le vis louer si hautement mes explications allégoriques, je vous avoue que je fus étonné que mon livre, malgré la faiblesse de son style, eût des admirateurs. J'entrai, en admiration à cause que, si mal écrit que soit un livre, il ne laisse pas d'avoir des approbateurs. Il louait ce qui me faisait rougir de confusion, et élevait jusqu'au ciel les sens mystiques que j'avais trouvés dans les paroles du prophète, pendant que je tenais baissés les yeux vers la terre de peur qu'on ne s'aperçût de la honte qui paraissait sur mon visage.

Mais quoi donc! faut-il que je condamne tout-à-fait et que je désavoue les premiers essais de ma jeunesse? Non, ce n'est point là mon dessein, car je sais que pour la construction du tabernacle on n'offrit pas seulement de l'or, mais qu'on fit aussi des présents d'étoffes de poils de chèvre. Nous lisons même dans l'Evangile que toutes les offrandes des riches ne furent pas si agréables à Dieu que deux oboles d'une pauvre femme veuve. Je donnais donc en ma jeunesse ce que je pouvais avoir en ce temps-là, et maintenant je rendes au Seigneur tout le profit que j'ai fait en plusieurs années, me souvenant que c'est par sa grâce que je suis ce que je suis, et avouant que je me suis beaucoup appliqué à l'étude des Ecritures durant trente années qui se sont écoulées depuis mon premier coup d'essai. J'ai trouvé un père plein de bonté, qui reçoit avec empressement ses enfants quand ils reviennent de leurs égarements, et qui, n'attendant point qu'on se présente à la porte, va lui-même au-devant de ceux qui reviennent, pour leur donner Panneau et le riche vêtement qu'il leur avait fait préparer. Quoique le frère aîné en témoigne du chagrin et de la jalousie, et qu'il ose leur reprocher les débauches passées, les anges du ciel font retentir des concerts harmonieux et se réjouissent du salut de ceux qui font pénitence.

Au reste, mon cher Pammaque, que j'aime plus que n a vie, je composai ce premier commentaire mystique aussitôt après que nous eûmes quitté vous et moi les écoles de rhétorique, et dans le temps que je songeais, avec mon cher Héliodore, à me retirer du monde et. à aller vivre solitaire dans le désert de Chalcide, sur les confins de la Syrie et de l'Arabie. Puis donc qu'un ouvrage que je croyais n'être connu de personne est devenu si public malgré moi, je tâcherai de revenir sur mes pas, et de redresser les lignes qui tombent et qui vont de travers. J'étais alors encore tout enfant, et à peine avais-je appris à bien écrire; ma main était chancelante, mes doigts tremblaient encore en écrivant. Actuellement, quand je n'aurais fait d'autres progrès, je suis du moins persuadé de cette belle maxime attribuée à Socrate : « Je sais que je ne sais rien. »

Mais Cicéron, l'honneur de votre ville, ne se plaint-il pas lui-même de n'avoir pas écrit d'abord très bien, et, pendant un temps, d'avoir laissé échapper des fautes de commençant? Si donc ce célèbre orateur a trouvé des défauts et dans ses livres à Hérennius et dans ses pièces de rhétorique (que je regarde comme des pièces achevées), et s'il a méprisé ces ouvrages en les comparant à ceux qu'il a composés dans sa vieillesse, pourquoi ne me sera-t-il point permis de regarder mon premier commentaire sur Abdias comme l’ouvrage imparfait d'un jeune homme, et celui que je fais présentement comme le travail d'un homme qui est arrivé à la maturité de la vieillesse? Je pourrais encore me défendre par l'exemple de Tertullien, d'Origène et de Quintilien, même dans les douze livres où ce dernier donne des règles pour former un orateur.


Abdias, prophète 

Les vingt-et un versets du prophète Abdias en font le livre le plus court de toute la sainte Bible. Et saint Jérôme en dit qu’il est d’autant plus difficile qu’il est court (quanto brevius est, tanto difficilius).

En effet, on ne sait rien sur le prophète en question, ni sur son époque.

Le nom même du prophète pose des problèmes : il vaudrait mieux dire Abdiou, ou même Obdeiou, comme l’ont gardé les Anglo-saxons.

La période de l’activité de ce «petit prophète» n’est pas connue : elle pourrait se situer, pour les uns, au 9e siècle, pour d’autres au 6e.

Si Abdiou est rangé parmi les «petits prophètes», c’est justement en vertu de la brièveté de son message, comme les onze autres, dont les livres sont beaucoup plus brefs que ceux des quatre «grands prophètes».

Le texte se présente comme une «vision», une sorte d’extase, durant laquelle Abdiou a entendu un message divin, qu’il répète.

Cette vision accuse fortement le pays d’Edom, qui n’est pas venu au secours d’Israël, et même s’est réjoui des attaques dont il était victime, avant que la «vengeance» de Dieu s’enflamme contre lui.

On y a vu la rivalité héréditaire entre les deux frères Esaü et Jacob, et plus tard l’action dominatrice de la Rome païenne contre Israël.

Le livre d’Abdiou n’est jamais cité dans le Nouveau Testament. Parmi les Pères de l’Eglise, trois en particulier l’ont commenté : Théodore de Mopsueste, Théodoret de Cyr et saint Cyrille d’Alexandrie, qui penchent pour une interprétation historique du texte, rappelant la rivalité constante entre l’Idumée et Israël, puis la «punition» providentielle de l’Idumée, alliée de Babylone, ces deux dernières renversées par les Perses.

Ce renversement de situation, l’écrasement de l’Idumée, a finalement été interprété comme l’écrasement du diable par le Christ ressuscité (saint Hésychius de Jérusalem). Saint Jérôme enfin applique cette victoire finale à l’effacement des hérésies.

Saint Abdias est commémoré le 19 novembre au Martyrologe.



Livre d’Abdias

Chapitre 1


1
Vision d'Abdias. Ainsi a dit le Seigneur Yahweh à Edom:
Nous avons reçu de Yahweh un message, et un héraut a été envoyé parmi les nations: "Debout! Levons-nous contre lui pour combattre!

2
Voici que je t'ai rendu petit parmi les nations, tu es l'objet du plus grand mépris.

3
La fierté de ton coeur t'a égaré! Lui qui habite dans des creux de rochers, dont les hauteurs sont la demeure, il dit dans son coeur: " Qui me fera descendre à terre? "

4
Quand tu t'élèverais aussi haut que l'aigle, que tu placerais ton aire parmi les étoiles, je t'en ferais descendre, -oracle de Yahweh.
5

Si des voleurs étaient entrés chez toi, des pillards de nuit, - comme te voilà dévasté! - n'auraient-ils pas emporté que ce qui leur suffisait? Si des vendangeurs étaient entrés chez toi, n'auraient-ils rien laissé à grapiller?

6
Comme Esaü a été fouillé, comme on a cherché ses trésors cachés!
7

Ils t'ont chassé jusqu'à la frontière, tous tes alliés; ils t'ont joué, ils ont prévalu sur toi, ceux qui jouissaient de ton amitié; ceux qui mangeaient ton pain ont mis un piège sous tes pas. II n'y a point en lui d'intelligence!
8

Est-ce qu'en ce jour-là, - oracle de Yahweh, je n'ôterai pas d'Edom les sages, et de la montagne d'Esaü l'intelligence?
9

Tes guerriers, ô Théman, seront dans l'épouvante, afin que tout homme soit retranché de la montagne d'Esaü,

A cause du massacre, à cause de la violence contre ton frère Jacob; la honte te couvrira, et tu seras retranché à jamais.

Au jour où tu te tenais en face de lui, au jour où des ennemis emmenaient son armée, et où des étrangers pénétraient dans ses portes, et jetaient le sort sur Jérusalem, toi aussi, tu étais comme l'un d'eux!

Ne repais pas ta vue du jour de ton frère, au jour de son infortune; ne te réjouis pas au sujet des enfants de Juda, au jour de leur ruine; et ne profère pas d'insolentes paroles, au jour de la détresse.

N'entre pas dans la porte de mon peuple; au jour de leur calamité; ne repais pas ta vue, toi aussi, de son malheur, au jour de sa calamité; et n'étends pas ta main sur ses richesses, au jour de sa calamité.

Ne te tiens pas au carrefour des chemins, pour massacrer ses fuyards; ne livre pas ses réchappés, au jour de la détresse.

Car il est proche le jour de Yahweh, pour toutes les nations; comme tu as fait, il te sera fait; ton oeuvre retombera sur ta tête.

Car, de même que vous avez bu sur ma sainte montagne, toutes les nations boiront continuellement; elles boiront, elles avaleront, et elles seront comme n'ayant pas été.

Mais sur la montagne de Sion il y aura des réchappés; elle sera un lieu saint, et la maison de Jacob rentrera dans ses possessions.

La maison de Jacob sera un feu, la maison de Joseph une flamme, et la maison d'Esaü sera réduite a être du chaume. Celles-là l'allumeront et le dévoreront, et il n'y aura pas de survivant pour la maison d'Esaü; car Yahweh a parlé.

Ceux du Négéb posséderont la montagne d'Esaü et ceux de la sephélah le pays des Philistins; Ils posséderont le territoire d'Ephraïm, et le territoire de Samarie; et ceux de Benjamin posséderont Galaad.

Les captifs de cette armée des enfants d'Israël posséderont le pays des Chananéens jusqu'à Sarepta. Et les captifs de Jérusalem qui sont à Sépharad posséderont les villes du Négéb.

Et des libérateurs monteront à la montagne de Sion, pour juger la montagne d'Esaü; et à Yahweh sera l'empire.


SOURCE : https://bible.catholique.org/livre-d-abdias/4906-chapitre-1


Statue du prophète Abdias, sculptée par Aleijadinho, 
devant l'église du sanctuaire du Bon Jésus de Matosinhos à Congonhas, Minas Gerais, Brésil

Le PROPHÈTE ABDIAS

par Henri Rossier (1915)


Table des matières :




1 - AVANT-PROPOS

Tous les chrétiens, réellement soumis à la parole de Dieu, ne peuvent se tromper quant à l’avenir du monde religieux qui les entoure. Ils savent que la chrétienté marche à grands pas vers l’apostasie finale et vers le règne de l’Antichrist ; aussi, sentant le sérieux de leur témoignage, au milieu de cette ruine morale grandissante, ils ont de plus en plus le devoir de retenir « la simplicité quant au Christ » (2 Cor. 11:3), la doctrine qu’une âme fidèle, enseignée par l’Esprit de Dieu doit conserver, comme étant de Lui, en contraste avec l’enseignement des hommes.

Au sujet de cet enseignement, un enfant de Dieu, étranger aux études scientifiques qui, du reste, obscurciraient son intelligence des livres saints, plus souvent qu’elles ne l’éclaireraient, est bientôt convaincu, en étudiant la Bible, que la seule clef pour l’ouvrir et la comprendre est son texte lui-même, son texte intégral, enseigné, reçu et compris par le Saint Esprit. La paléontologie, l’ethnographie, les explorations scientifiques et les découvertes qu’elles amènent, les recherches historiques, en un mot toutes les branches de la science, si intéressantes qu’elles soient, n’éclairent pas la parole de Dieu. Si elles la confirment parfois, elles ne peuvent jamais, un seul instant, en infirmer la valeur aux yeux du chrétien. Quand les découvertes de la science appuient les choses qui nous ont été transmises « avec une pleine certitude » par les saintes Écritures, le croyant se réjouit de voir réfutées les objections aux documents sacrés, soulevées par les incrédules ; cependant, malgré l’aide qu’elles peuvent lui apporter dans la lutte, elles ne sont jamais pour lui le commentaire indispensable à la connaissance du saint Livre, mais, bien plus, elles deviennent souvent un obstacle véritable pour le comprendre. Voici pourquoi : les hommes de science ont la tendance de rabaisser la connaissance de la Bible au niveau de ce que la raison humaine peut admettre. Même quand ils ne vont pas jusqu’au rationalisme proprement dit, auquel cependant, en vertu de ses études, le théologien le plus orthodoxe, le plus sincère dans sa foi, ne peut entièrement se soustraire, ils introduisent un élément rationnel dans l’interprétation biblique.

Nous ne contestons nullement à la science son domaine propre. Nous ne méconnaissons pas la valeur des sciences ou disciplines purement scientifiques, excellentes à leur place. Nous estimons dignes d’estime les méthodes scientifiques, quand elles n’élèvent pas la prétention de contrôler et de juger la révélation de Dieu dans les saintes Écritures. Le chrétien est infiniment redevable, en particulier, aux divers hommes de science qui se sont appliqués à bien éditer les textes sacrés, à les traduire avec exactitude, à mieux connaître les langues dans lesquelles ont été écrits leurs originaux. Il accepte avec reconnaissance certains renseignements que l’exégèse biblique ordinaire met au service de la foi ; mais lui n’a qu’une source certaine : les Écritures ; qu’une ressource pour les comprendre : l’Esprit de Dieu. Pour le chrétien, c’est l’Esprit seul qui connaît les choses de Dieu, qui les enseigne et les communique, qui les fait recevoir et comprendre, indépendamment de toute science humaine ; c’est lui seul enfin qui nous rend capables de les exposer.

Le danger de la tendance rationnelle saute aux yeux quand il s’agit de la prophétie. Des hommes, dirigés par le raisonnement humain, sont bien obligés de reconnaître chez les prophètes l’annonce d’événements historiques avant leur accomplissement, et ce fait est pour eux la plus étonnante expression de ce qu’ils appellent l’inspiration ; mais ils ont à peine quelque soupçon d’une vision prophétique des temps de la fin, et s’ils l’admettent, c’est pour attribuer aux prophètes un messianisme « plus ou moins clair, selon les temps où ils vivaient », ou l’annonce d’un vague « règne de Dieu », résultat graduel et triomphe final du christianisme sur le paganisme dans le monde. C’est ainsi qu’ils interprètent d’habitude le règne de Dieu. Ils refusent de voir que la Parole nous enseigne exactement le contraire, en nous montrant que la venue du Seigneur pour enlever son Église dans le ciel, mettra fin au christianisme sur la terre, et que la chrétienté apostate, laissée ici-bas, deviendra la grande Babylone, mère d’une idolâtrie d’autant plus odieuse, qu’elle sera entée sur le tronc chrétien. Les nations païennes ne pourront donc pas être converties par la chrétienté ; mais, par contre, une multitude d’entre elles recevra l’Évangile du royaume (qui n’est pas l’Évangile de la grâce) par le ministère du Résidu juif futur.

Ces mêmes hommes voient dans la prophétie de l’Ancien Testament des événements maintenant accomplis, en sorte que, pour eux, l’histoire explique la prophétie : c’est une grave erreur. Nous ne nions aucunement qu’il n’y ait un accomplissement historique partiel des prophéties de l’Ancien Testament (et c’est même ce qui les distingue de celles du Nouveau Testament qui nous introduit d’emblée dans les temps de la fin), mais cet accomplissement partiel n’est jamais le dernier mot de la prophétie, car ce serait, comme dit l’apôtre, lui donner « une interprétation particulière » (2 Pierre 1: 20). C’est un axiome élémentaire dans l’étude de la prophétie que, tout en ayant souvent une réalisation partielle dans le passé, elle ne « s’interprète pas elle-même ». On ne trouve pas son sens dans un passage isolé portant en lui-même sa propre solution. Elle ne peut être comprise que selon la pensée de l’Esprit de Dieu qui l’a dictée par la bouche « des saints hommes de Dieu ». Si elle nous parle de ce qui est aujourd’hui le passé, jamais elle ne s’arrête là, et ne signale dans les événements prochains que des analogies avec les choses à venir. Quelque perspective qu’elle ouvre devant nous, la prophétie aboutit toujours à Christ. Elle annonce « la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ » (2 Pierre 1: 16). En révélant d’avance « les souffrances qui devaient être la part de Christ », elle proclame « les gloires qui suivront ». Et, comme les jugements font partie des gloires de Christ, la prophétie nous les révèle aussi : ils font connaître sa justice aux habitants du monde (Ésaïe 26: 9).

En parlant ainsi nous ne prétendons pas avoir défini le champ de la prophétie, mais avoir montré où elle aboutit toujours. De fait, le prophète commence par constater l’état moral d’Israël (et dans le Nouveau Testament de l’Église de Christ) ; et fait ressortir sa ruine totale et irrémédiable, malgré les appels pressants qui le poussent à la repentance ; il annonce les jugements qui atteindront ce peuple dans le présent et dans l’avenir, et la restauration finale d’un Résidu fidèle sous le sceptre glorieux de Christ. Quant aux nations, auxquelles Dieu a confié le pouvoir à la suite de la faillite de son peuple et qu’il emploie comme verge contre lui, le prophète montre leur jugement prochain, afin d’encourager la foi des fidèles ; mais, comme la restauration d’Israël n’aura lieu que lors du règne glorieux du Messie, le jugement des nations ne sera pleinement accompli que lors de l’établissement de ce règne.
La prophétie doit donc aboutir, comme nous l’avons dit, à la puissance et à la venue de Christ dans son royaume. Le royaume est en effet son but spécial. Elle n’est pas, comme dans le christianisme, la révélation des conseils célestes de Dieu quant à l’Église, mais celle de son royaume ici-bas et des voies par lesquelles Il l’introduira. Cela est si vrai que même le prophète Amos qui, plus que tout autre prophète, ne parle que d’événements prochains et à brève échéance, son sujet étant les voies du gouvernement actuel de Dieu envers les hommes, Amos, dis-je, fait aboutir ces voies au jour de l’Éternel (Amos 9: 11-15). Il mentionne sans doute ce dernier brièvement, en quelques versets, mais cela suffit pour nous prouver que le règne glorieux de Christ est le but final contemplé par le prophète.

Il en est de même pour le prophète Abdias, sujet de cette étude. Les derniers mots de sa courte prophétie sont : « Le royaume sera à l’Éternel. » Mais en outre Abdias présente une particularité commune à la plupart des prophètes, sauf Amos. Un événement passé n’y est que l’image et comme le prélude des événements futurs. Il suffit pour s’en convaincre de comparer Édom dans le premier chapitre d’Amos et dans Abdias. Amos annonce, au sujet d’Édom (1: 11, 12), des événements qui eurent lieu moins de deux siècles après sa prophétie, et ne va pas au-delà. Abdias, contemplant un événement qui vient de se produire, la prise de Jérusalem par Nébucadnetsar, y voit une analogie avec le rôle d’Édom dans les événements de la fin qui précéderont l’établissement définitif du règne de Christ.

Ce dernier fait est absolument nié par les commentateurs dont nous avons parlé, leur raison s’opposant à la réapparition, sur la scène du monde, de nations qui semblent aujourd’hui complètement éteintes. C’est pourquoi, nous le répétons, les pensées de Dieu, contenues dans sa Parole, et la prophétie en particulier, sont inexplicables pour la raison humaine. Aussi les simples sont bienheureux, car il est dit d’eux : « L’entrée de tes paroles illumine, donnant de l’intelligence aux simples » (Ps. 119: 130). Qu’ils se laissent donc enseigner par la Parole, et ne cherchent qu’en elle -seule la lumière pour la comprendre : « En ta lumière, nous verrons la lumière » (Ps. 36: 9). Qu’ils ne cherchent pas même à combler, par les sciences, les lacunes apparentes (mais nullement réelles) de la parole de Dieu, ou à compléter ce sur quoi les Écritures ont gardé le silence. Quand Dieu parle, qu’ils disent comme Samuel : « Parle, Éternel, car ton serviteur écoute » (1 Sam. 3: 9) ; et, quand Dieu se tait, qu’ils disent avec le Psalmiste : « Veille sur l’entrée de mes lèvres » (Ps. 141: 3). Peut-être Dieu leur révélera-t-il la cause de son silence, quand leur confiance en Lui aura été mise à l’épreuve et ils trouveront alors, dans ce silence même, des instructions nouvelles. Enfin, qu’ils ne cherchent pas à tout connaître, à tout expliquer à la fois. Les richesses de Christ se communiquent à nous graduellement par le Saint Esprit qui nous révèle Dieu dans Sa Parole. Le mineur, poursuivant un filon d’or, en rassemble graduellement le produit. Pour en acquérir beaucoup, il ne doit pas perdre de vue le filon précieux qui, dans un moment d’inattention, pourrait échapper à ses regards. Un jour, il est vrai, la récolte sera petite, un autre jour, la découverte d’un riche lingot remplira le mineur de joie, mais, qu’il découvre peu ou beaucoup, c’est toujours le même noble métal, dont toute la valeur sera mise en lumière à la fin de l’exploitation. Il en est de même pour nous, quand nous nous appliquons à étudier la Parole sous la direction de l’Esprit Saint. En ne perdant jamais Christ de vue, nous ne nous égarerons point. Toujours nous ferons quelque découverte nouvelle de Ses gloires. Les unes auront un caractère plus étendu que d’autres, car les gloires de Christ peuvent être célestes ou terrestres, mais les unes comme les autres concourent à former l’incomparable couronne que Dieu veut poser un jour sur la tête de son Bien-aimé, quand Il entrera dans son règne comme Fils de l’homme, Roi d’Israël, Roi des nations et Roi de gloire.

2 - Édom, son passé, son présent et son avenir

« Ésaü c’est Édom. » Ainsi s’exprime à trois reprises le chapitre 36 de la Genèse. Le caractère de cette nation lui a été transmis par son père en traits ineffaçables. Voyons en quoi il consiste.

Ésaü n’a pas acquis le nom d’Édom à sa naissance. Dieu voulait illustrer par lui, comme premier-né des jumeaux de Rebecca, l’un des grands principes de son gouvernement. Ce principe était celui du libre choix de Dieu selon l’élection de grâce. C’est pourquoi Dieu ne donne pas le droit d’aînesse à Ésaü, le premier-né, mais le confère à Jacob de par son propos arrêté et son arbitre souverain. Cette révélation du choix de Dieu n’était faite ni à Jacob, ni à Ésaü, ni même à Isaac leur père, mais à Rebecca qui, avant la naissance de ses fils, était allée consulter l’Éternel (Gen. 25: 22). C’est alors que Dieu lui dit : « Le plus grand sera asservi au plus petit. » Dans cette sentence il n’est question, en aucune manière, d’une malédiction prononcée contre Ésaü, car, avant qu’ils fussent nés, ni l’un ni l’autre de ces enfants n’avait « rien fait de bon ou de mauvais » (Rom. 9 :11) ; mais Dieu revendiquait ainsi son droit de choisir les héritiers de la promesse. La malédiction ne fut prononcée contre Ésaü que lorsque, au cours de sa longue histoire, Édom eut rejeté tous les appels de la grâce (Mal. 1: 3). Au début, Dieu n’ôtait à Ésaü que l’autorité sur son frère et le droit à l’héritage ; il ne lui enlevait pas, même après son acte profane, des bénédictions accessoires. C’est pourquoi Isaac, tout en conservant, contre ses désirs et sa volonté, la prérogative du premier-né à Jacob, bénit aussi Ésaü, son frère. « Par la foi Isaac bénit Jacob et Ésaü à l’égard des choses à venir » (Héb. 11: 20). Il restait à Ésaü une bénédiction réelle, quoique de beaucoup moindre valeur que celle de son frère : « Son habitation devait être en la graisse de la terre, et en la rosée des cieux d’en haut. Il devait vivre de son épée et servir son frère », car ce qui était promis à Jacob : « Sois le maître de tes frères » ne pouvait être révoqué. Seulement le patriarche ajoute : « Quand tu seras devenu nomade tu briseras son joug de dessus ton cou » (Gen. 27: 39, 40).

Cette prophétie d’Isaac s’est accomplie. Toujours l’épée a dominé dans l’histoire d’Édom. C’est par l’épée qu’il s’empare de la montagne de Séhir et en extermine les Horiens qui l’habitaient avant lui (Gen. 36: 21) ; il bataille continuellement avec les fils d’Israël et même avec ses voisins immédiats, tels que Moab. Par l’épée il brise finalement le joug de Juda et s’en affranchit « jusqu’à ce jour » (2 Rois 8: 20-22) ; par l’épée il pille plus tard Jérusalem et s’empare des captifs de Juda (Ps. 137: 7; Amos 1: 11) ; par l’épée enfin il étend son territoire aux dépens de Juda et de Siméon, car à la longue, mû par sa haine et son ambition, il veut « s’attribuer le pays de l’Éternel comme une possession » (Ézéch. 36: 5). De là le nom d’Idumée, contrée qui s’étend bien au-delà de la montagne de Séhir (Marc 3: 7).

Ésaü est donc Édom, mais non pas au premier chapitre de son histoire. Il acquiert ce nom quand il se montre profane au sujet de son droit d’aînesse (Héb. 12: 16) qu’il croyait lui appartenir (car, je le répète, la sentence de Dieu n’avait été révélée qu’à Rébecca) et qui ne lui avait pas encore été enlevé par la ruse de Jacob. « Pour un seul mets » il vendit ce droit, méprisa le don de Dieu et lui préféra la satisfaction momentanée d’un besoin charnel. C’est ainsi qu’il se priva de la bénédiction et fut rejeté, non par le fait de sa naissance, mais par son mépris des dons divins (Héb. 12: 17) ; et ce fut alors qu’il reçut le nom d’Édom, allusion à cette parole : « Laisse-moi avaler de ce roux-là » (Gen. 25:30).

Dès ce moment l’attitude profane d’Ésaü caractérise la nation qui descend de lui, nation qui méprise les fils d’Israël et le Dieu qui en a fait les objets de ses promesses. Un autre trait vient s’ajouter au premier. La colère d’Ésaü s’enflamme contre Jacob dont la ruse a su profiter de son indifférence pour le don de Dieu. Cette colère dégénère en une haine meurtrière. « Et Ésaü eut Jacob en haine, à cause de la bénédiction dont son père l’avait béni. Et Ésaü dit en son coeur : Les jours du deuil de mon père approchent, et je tuerai Jacob, mon frère » (Gen. 27: 41). Ces desseins homicides, rappelant ceux de Caïn à l’égard d’Abel, furent rendus vains par la prolongation des jours d’Isaac, dont la mort était, aux yeux d’Ésaü, la limite jusqu’à laquelle il voulait reculer sa vengeance. Cela explique aussi que la haine d’Ésaü ne se soit pas donné carrière quand les deux frères se rencontrèrent après le passage du gué de Jabbok, et qu’il l’ait même voilée sous des dehors généreux, malgré la présence inquiétante de ses quatre cents hommes de guerre et son offre ambiguë d’en laisser une partie avec son frère (Gen. 32: 6; 33: 15). Les deux frères avaient cent vingt ans quand ils ensevelirent Isaac âgé de cent quatre-vingts ans (Gen. 35: 27-29). Dès lors, ne pouvant vivre ensemble à cause de leurs nombreux troupeaux, — nouvelle preuve de la bonne providence de Dieu qui délivrait ainsi Jacob d’une menace perpétuelle, — il fallut qu’Ésaü se rendît dans le pays de Séhir, loin de Jacob son frère (Gen. 36: 8). Toutefois, il habitait déjà avant cette époque une partie du pays plat qui débordait de divers côtés dans la plaine (Gen. 14: 6), et était appelé « le pays de Séhir, la campagne d’Édom » (Gen. 32: 3; 33: 1). Les fils d’Ésaü s’emparèrent alors de la montagne de Séhir, dont ils exterminèrent ou asservirent le peuple primitif, les Horiens (Gen. 36: 20; 14: 6). Ce peuple, dont le nom vient, comme on le sait, de Hor, caverne, était troglodyte. Édom, qui lui succéda, s’accommoda de ces demeures creusées dans le roc, qui subsistent encore aujourd’hui (Jér. 49: 16; Abd. 3). La montagne de Séhir, appelée aussi en Abdias « la montagne d’Ésaü » (Abd. 8, 9, 19, 21), située entre Élath, sur la langue orientale de la mer Rouge, et la pointe méridionale de la mer Morte, devint ainsi le domaine principal et comme la patrie d’Édom.

La jalousie, la haine d’Ésaü et sa soif de vengeance se transmirent à sa postérité. Amalek était un descendant direct d’Ésaü dont il était le petit-fils par Éliphaz (Gen. 36: 12). Son hostilité sans merci contre Israël éclata aussitôt que ce peuple quitta l’Égypte pour entrer en Canaan. Amalek est le type effrayant de la haine de Satan contre le peuple de Dieu, aussi l’Éternel déclare qu’il aura la guerre de génération en génération contre lui (Ex. 17: 16). Au moment de sa première attaque, Amalek occupait une partie des déserts de Paran et de Shur qui ferment l’accès de la Palestine au midi. Israël ayant pris possession de son héritage, l’Éternel attendit le moment où Saül serait oint comme roi pour lui ordonner la destruction d’Amalek ; mais Saül épargna Agag et le meilleur du menu et du gros bétail et Dieu lui fit dire par Samuel : « Parce que tu as rejeté la parole de l’Éternel, il t’a aussi rejeté comme roi » (1 Sam. 15: 9, 23). David, par contre, avant même de revêtir la royauté, combat Amalek et l’extermine (1 Sam. 27: 8-12; 30 : 1-20). Ce peuple fut anéanti ; au temps d’Ézéchias, son territoire fut, ainsi qu’une partie de la montagne de Séhir, occupé par la tribu de Siméon (1 Chron. 4: 42) ; mais plus tard, repris par Édom, il fut compris dans l’Idumée sous le joug romain (Marc 3: 7). Dans le livre d’Esther, nous assistons, chez Haman, l’ennemi implacable des Juifs, au dernier effort d’Amalek pour détruire le peuple de Dieu. Ce livre est un type de l’histoire prophétique d’Israël à la fin des temps (*). Aussi voyons-nous reparaître Amalek dans la confédération finale des peuples qui se liguent contre Israël (Ps. 83: 7).

(*) Voyez « Méditations sur le livre d’Esther », par H. R.

Les Édomites avaient des chefs ; ils eurent aussi des rois qui « régnèrent dans le pays d’Édom avant qu’un roi régnât sur les fils d’Israël » (Gen. 36: 31-39). Ce fut un roi d’Édom qui refusa le passage au peuple de Dieu (Juges 11: 17).

L’humeur batailleuse d’Édom, jointe à sa haine invétérée, le mit en conflit continuel avec Israël, et les victoires de ce dernier sur lui ne firent qu’exalter sa soif de vengeance et de meurtre. Cette méchanceté perpétuelle trouva sa rétribution. Saül défit Édom (1 Sam. 14: 47) ; David le battit dans la vallée du sel (1 Rois 11: 15, 16 ; 2 Sam. 8: 13, 14) et mit des garnisons dans son pays. Une seule fois Édom s’allia avec Israël et Juda, sous Joram et Josaphat, pour faire la guerre à Moab, alliance contre nature qui certes ne profita pas à Israël. Ce même Édom (les Maonites de la montagne de Séhir), allié à Moab et à Ammon, s’éleva plus tard contre Juda, son ancien allié, et fut détruit par l’Éternel, dans la vallée de Beraca devant Josaphat et son peuple (2 Chron. 20: 1, 10, 22). Sous le règne de Joram, les Édomites sont battus par ce roi, mais se révoltent de dessous sa main et se choisissent de nouveau un roi (2 Rois 8: 20). Ils gardent un demi-siècle leur indépendance (2 Chron. 21: 8) ; sont battus par le fidèle Amatsia (2 Rois 14: 7; 2 Chron. 25: 11, 12) ; se soulèvent contre Juda, sous l’impie Achaz et sont la verge de Dieu contre lui (2 Chron. 28: 17).

Enfin, mettant le comble à leur haine incessante, ils s’allient avec Babylone et les ennemis des Juifs, aux jours de la calamité de Juda et de Jérusalem (Jér. 49; Ézéch. 25: 35; Ps. 137: 7). À la suite de cette dernière transgression, les prophètes prononcent une malédiction sur Édom (Ésaïe 34: 9-11, 63: 1-6 ; Jér. 49 ; Lam. 4: 21 ; Ézéch. 25: 12-14 ; Amos 1) qui devient, à son tour, la proie de Nébucadnetsar, le dévastateur babylonien (Jér. 49: 22; cf. 48: 8, 32, 40). Telle est, selon l’Écriture, l’histoire d’Edom dans le passé.

* * *

Dans le présent cette histoire se résume en deux mots. Édom a disparu de la scène et on n’en retrouve plus aucune trace. Il a été remplacé, au dire des historiens, par les Nabatéens que quelques-uns estiment être les Nebaioth, descendants d’Ismaël et apparentés à Édom (Gen. 25: 13 ; 36: 3). Malgré toutes les recherches et dissertations des savants, « peu de points des annales antiques de l’Orient restent, selon Lenormant, enveloppés d’aussi épaisses ténèbres ». Nous mentionnons cette parole pour faire ressortir l’incertitude de la science historique tant vantée, en regard des certitudes absolues que les récits bibliques nous présentent. Quand il plaît à Dieu de se taire, la sagesse de l’homme erre. L’histoire des temps qui précédèrent la création de l’homme en est une des mille preuves ; l’histoire d’Édom, dans son cadre si restreint qu’il semble facile de l’embrasser d’un coup d’oeil, en est une autre. N’ayant aucune compétence pour aborder ces questions, quelque intérêt qu’elles puissent présenter à la curiosité de l’homme, et notre seul but étant d’édifier les enfants de Dieu sur la toute-suffisance des Écritures, nous nous bornons à constater cette lacune. La Parole nous apprend que, dans le passé, une tourmente a mis fin, à diverses époques, d’abord à l’existence des dix tribus, puis à celle de tous les peuples qui enserraient les frontières de la Palestine, tels qu’Édom, les Amalékites, Moab, Ammon, les Philistins. De ces nations, les trois dernières, détruites autrefois par Nébucadnetsar, ont été et semblent encore de nos jours, occupées par les « fils de l’Orient », les Beni-Kedem, Arabes issus d’Ismaël (Ézéch. 25: 1-11; Gen. 29: 1; Job 1: 3; Juges 6: 3, 33; 7: 12; 8: 10) que Nébucadnetsar avait aussi conquis autrefois (Jér. 49: 28). Tous les peuples que nous avons mentionnés n’occupent plus la scène du monde, mais la parole de Dieu va nous apprendre que, plongés dans le sommeil et le silence, ils attendent le jour de leur résurrection nationale et celui de leur jugement définitif. Ce jour se lèvera, et, pour nous le prouver, nous allons voir succéder à la disette présente de renseignements, des documents authentiques, parce qu’ils sont divins, concernant l’histoire d’Édom au temps de la fin, histoire qui nous occupera dans l’étude du prophète Abdias.

* * *

Nous venons de voir que le croyant possède, sur le passé d’Édom, un document certain, le livre de Dieu ; et que, Dieu gardant à dessein le silence sur le présent de ce peuple, l’on se trouve réduit à son égard à l’incertitude de la science humaine. Aussi le simple croyant en conclura que la sagesse consiste pour lui non pas à s’occuper du présent, au sujet duquel Dieu ne nous a rien révélé, mais à chercher dans la Parole ce qu’elle nous révèle au sujet de l’avenir. Quel est donc, selon l’Écriture, l’avenir d’Édom ?

Détail remarquable : tous les événements prophétiques des derniers jours se rattachent à une résurrection nationale des peuples et des empires, si bien que l’on pourrait presque dire à ce sujet, comme Paul : « Pourquoi, parmi vous, juge-t-on incroyable que Dieu ressuscite des morts ? » Ce retour à la vie préparera le jugement définitif de ces nations, en vue de l’établissement du royaume de Christ sur la terre, seul royaume qui ne sera jamais ébranlé. La prophétie a toujours en vue ce royaume terrestre ; le royaume céleste, dans lequel seront introduits les saints glorifiés et l’Église, n’est pas proprement du domaine prophétique, sans en être absolument exclu (voyez Apoc. 4: 5 ; 19 à 21) ; car les deux sphères du royaume, la céleste et la terrestre, seront en communication habituelle l’une avec l’autre.

Nous rencontrons donc, dans le domaine terrestre de la prophétie, une résurrection de l’empire romain, jadis blessé à mort (Apoc. 13: 3; 17: 8) ; une résurrection nationale d’Israël (Ézéch. 37) ; une résurrection de l’Assyrien (Daniel 11: 40-45 et tout Ésaïe) ; une résurrection de toutes les nations, aujourd’hui éteintes, et leur jugement final dans la vallée de Josaphat (Ps. 83; Joël 3). Édom est du nombre de ces dernières (Joël 3: 19).

Beaucoup de commentateurs estiment que l’idée d’une résurrection nationale est une erreur découlant du « littéralisme d’une certaine école », dont ils méprisent les vues prophétiques comme contredisant le sens commun. De fait, leur opposition découle de la manière même dont ils considèrent la Bible. Elle est, disent-ils, une « série de documents » soumis à la critique comme une « science historique » ; dangereuse affirmation qui ruine d’avance l’autorité absolue et divine des Écritures. Si « toute Écriture est divinement inspirée » et fait partie de la « parole de Dieu » qui est « la vérité », la vérité ne se trouvera jamais du côté de ceux qui se permettent de critiquer cette inspiration. Pour le simple croyant toute la question qui nous occupe se résout à ceci : Que dit l’Écriture ? Parle-t-elle clairement de l’avenir du monde et des nations ? S’il en est ainsi, le chrétien se soumet à son autorité. Mais cette autorité ne suffit pas à la théologie actuelle qui sent le besoin de la contrôler par l’autorité de la science, érigeant ainsi cette dernière en juge des pensées de Dieu. Devant une aussi monstrueuse prétention, le croyant qui a trouvé la vie éternelle dans la parole de Dieu, et dont la vie est entretenue journellement par cette même Parole, le croyant, dis-je, ne tient aucun compte des doutes et des négations de cette science faussement ainsi nommée et se contente de puiser la vérité dans la parole de Dieu.

La réapparition des nations aux derniers jours est intimement liée à celle des dix tribus d’Israël, dont la restauration semble tout aussi, sinon plus impossible que celle d’Édom. Quant à la tribu de Juda, multitude immense qui porte aujourd’hui les caractères indélébiles de sa race parmi toutes les nations du globe, d’innombrables passages des écrits prophétiques nous montrent qu’elle rentrera dans son pays. Mais que sont devenues les dix tribus depuis leur transportation par Shalmanéser, roi d’Assyrie ? (A.-C. 721.) Disparues ! Où donc ? Dans quels pays ? Parmi quels peuples de la terre ? Obscurité complète ! Les recherches à ce sujet n’ont cependant pas manqué : que de fois on les crut près d’aboutir… ces espérances ont été déçues. Pas plus en Chine que dans aucun des pays dont Dieu déclare qu’il les ramènera, on n’en a trouvé la moindre trace. Mais Dieu sait où elles sont cachées ; Il les voit et les retrouvera. Cela nous suffit.

Cette restauration des dix tribus, rentrant à la fin des jours dans leur héritage, nous est présentée dans une foule de passages des Écritures dont nous nous bornerons à citer quelques-uns.

Parlant des dix tribus, appelées constamment Éphraïm et Israël, le prophète Jérémie dit (chap. 31) : « Tu planteras encore des vignes sur les montagnes de Samarie… car il y a un jour auquel les gardes crieront sur la montagne d’Éphraïm : Levez-vous, et nous monterons à Sion, vers l’Éternel, notre Dieu » (v. 5, 6). « Éternel, sauve ton peuple, le reste d’Israël. Voici, je les fais venir du pays du Nord, et je les rassemble des extrémités de la terre… tous ensemble, une grande congrégation : ils retourneront ici. Ils viendront avec des larmes, et je les conduirai avec des supplications ; je les ferai marcher vers des torrents d’eaux par un chemin droit ; ils n’y trébucheront pas ; car je serai pour père à Israël, et Éphraïm sera mon premier-né » (v. 8, 9). « Il y a espoir pour ta fin, dit l’Éternel » (à Rachel, mère de Joseph) « et tes fils reviendront dans leurs confins » (v. 17). « J’ai très bien entendu Éphraïm se lamentant : tu m’as corrigé et j’ai été corrigé comme un veau indompté ; convertis-moi et je serai converti, car tu es l’Éternel, mon Dieu » (v. 18). Les versets 21 à 26 de ce même chapitre montrent le rétablissement des captifs de Juda ; puis la réunion de la maison d’Israël avec la maison de Juda et la nouvelle alliance établie avec le peuple tout entier.

En És. 49, l’Éternel dit au Messie : « C’est peu de chose que tu me sois serviteur pour rétablir les tribus de Jacob et pour ramener les préservés d’Israël. » Puis vient la description touchante de leur rentrée dans le pays de leur héritage : « Voici, ceux-ci viendront de loin ; et voici, ceux-là du Nord et de l’Ouest, et ceux-ci du pays de Sinim » (v. 6-13; 22-26).

Ézéch. 20: 34-38 décrit le retour des dix tribus, tout différent de celui de Juda qui sera jugé dans son pays, tandis que les rebelles d’Israël seront jugés en chemin, comme jadis le peuple sorti d’Égypte dans le désert, et « n’entreront point dans la terre d’Israël ».

Ézéch. 37 nous parle, par une image frappante, de la résurrection nationale future du peuple de Dieu. « Ces os sont toute la maison d’Israël » (v. 11), donc aussi les dix tribus, c’est-à-dire Éphraïm, que l’Éternel rassemble de toutes parts et fait entrer dans leur terre, pour que « Juda et Joseph » ne fassent plus « qu’une seule nation » (v. 16, 17, 21, 22).

Zach. 10 dit : « Je rendrai forte la maison de Juda, et je sauverai la maison de Joseph, et je les ramènerai… et ceux d’Éphraïm seront comme un homme fort… Je les sifflerai et je les rassemblerai… et je les ramènerai du pays d’Égypte, et je les rassemblerai de l’Assyrie, et je les ferai venir au pays de Galaad et au Liban, et il ne sera pas trouvé assez de place pour eux » (v. 6-12).

Terminons ces quelques citations par le remarquable passage d’Ésaïe 11 qui nous servira de transition pour la réapparition d’Édom aux jours de la fin sur la scène prophétique. Dans les versets 1 à 10 de ce chapitre, nous trouvons le portrait du Messie, venant dans la plénitude de l’Esprit de Dieu et introduisant ici-bas son règne de paix millénaire. « Et il arrivera, en ce jour-là, que le Seigneur mettra sa main encore une seconde fois pour acquérir le résidu de son peuple, qui sera demeuré de reste, de l’Assyrie, et de l’Égypte, et de Pathros, et de Cush, et d’Élam, et de Shinhar, et de Hamath, et des îles de la mer. Et il élèvera un étendard devant les nations, et rassemblera les exilés d’Israël, et réunira les dispersés de Juda des quatre bouts de la terre » (v. 11, 12). Alors les deux nations seront réunies comme au début de leur histoire  : « Éphraïm ne sera pas rempli d’envie contre Juda, et Juda ne sera pas l’adversaire d’Éphraïm » (v. 13). C’est donc une scène entièrement future. Mais voici qu’avec le réveil de Juda et des dix tribus, et leur formation en unité, leurs adversaires d’autrefois se sont aussi réveillés : « Ils voleront sur l’épaule des Philistins vers l’ouest, ils pilleront ensemble les fils de l’Orient : Édom et Moab seront la proie de leurs mains, et les fils d’Ammon leur obéiront » (v. 14).

Ce passage nous amène donc à la réapparition d’Édom aux derniers jours. Citons, au sujet de cette dernière, les passages suivants :

Nomb. 24: 17, 18. — Balaam annonce que, dans un temps futur, « une étoile surgira de Jacob, et un sceptre s’élèvera d’Israël ». Cette prophétie aurait été accomplie selon Matt. 2: 2, 7-10, si le peuple n’avait pas crucifié son Messie. Elle s’accomplira plus tard, quand le Christ, jadis rejeté, reprendra ses relations avec Israël et établira son règne sur la terre. Alors se réalisera ce qui nous est dit ensuite : « Il transpercera les coins de Moab, et détruira les fils de tumulte. Et Édom sera une possession, et Séhir sera une possession… eux, ses ennemis ; et Israël agira avec puissance. » Rien de pareil n’a eu lieu jusqu’à ce jour. Le sceptre de Christ ne s’est pas encore élevé ; Israël n’a pas encore agi avec puissance et ne s’est pas encore emparé d’Édom. Cet Édom, disparu aujourd’hui, devra donc renaître pour devenir « la proie des mains d’Israël ».

Ps. 108: 7-11. — Dans ce chant de triomphe qui peut être aussi bien placé dans la bouche du Messie, que dans celle d’Israël restauré, le peuple étant de nouveau entièrement réuni (v. 8), le Psalmiste s’écrie : « Moab est le bassin où je me lave ; sur Édom j’ai jeté ma sandale ; sur la Philistie je pousserai des cris de triomphe… qui me mènera jusqu’en Édom ? » La réponse est que ce sera Dieu, qui avait rejeté le peuple et n’était pas sorti avec ses armées. Donc, lors de la restauration d’Israël, après sa longue réjection qui dure encore, Édom, ainsi que toutes les nations voisines, sera conquis par le peuple de Dieu.

Ps. 83: 6-8. — Ce Psaume est évidemment prophétique, comme du reste tous les Psaumes. Jamais la confédération des peuples dont il est question ici, et dont Édom a pris la direction, n’a eu lieu (*). C’est Édom, en effet, qui est placé à la tête de cette coalition dont le but est de « prendre possession des habitations de Dieu ». Assur se joint à eux plus qu’il ne les dirige, car cet Assyrien de la fin ne semble pas conduire en personne la première attaque contre Jérusalem, le premier siège futur de cette ville ; il se réserve pour l’invasion définitive, à son retour d’Égypte, et c’est alors qu’il « viendra à sa fin » (Dan. 11: 45). Rien de pareil à ce premier siège ne s’est encore passé dans l’histoire. Nous nous en sommes expliqués autre part (**). Ce que nous retenons ici, c’est qu’Édom reparaît à la fin des temps en compagnie de nations, aujourd’hui détruites comme lui, et qui chercheront à s’emparer de Jérusalem, car, sauf la présence d’Édom, la prise de Jérusalem par Nébucadnetsar n’a aucun rapport quelconque avec ce qui nous est présenté ici.

(*) Pour donner une idée des difficultés dans lesquelles se débattent des commentateurs pieux, pour avoir méconnu le caractère prophétique des Psaumes, je cite l’un d’eux, à propos de ce passage. « Quand une coalition aussi universelle s’est-elle produite ? On peut hésiter entre deux époques, celle de Josaphat (2 Chron. 20) et celle des Macchabées (1 Macc. 5). Sous Judas Macchabée, les Juifs eurent en effet à lutter contre tous les peuples qui les entouraient, y compris les Tyriens, qui sans cela ne sont jamais nommés comme étant en état d’hostilité ouverte contre Israël ( ?). Mais, d’autre part, à cette époque, les Amalékites étaient détruits depuis longtemps (1 Chron. 4: 42, 43). Moab n’existait pas comme nation, enfin la mention de l’Assyrie serait étonnante à ce moment-là, puisque l’empire de Ninive était dès longtemps tombé, et si l’on voulait essayer de prendre le nom d’Assur comme une désignation du royaume de Syrie, on ne comprendrait pas qu’il fût placé en dernier lieu (v. 9) comme l’un des moins importants. Nous pensons donc plutôt qu’il s’agit de la formidable invasion racontée en 2 Chron. 20. Ce récit ne parle, il est vrai, que des Moabites et des Ammonites, auxquels s’était joint Édom. Ce sont ces peuples qui, dans notre Psaume, semblent être les promoteurs de la levée de boucliers (v. 9). Il faudrait admettre que leur armée comprenait des détachements de nomades ismaélites et amalékites, et que les Philistins et Tyr, sans avoir encore pris les armes, se disposaient à se joindre à la coalition. » Cette phrase nous semble être suffisante pour condamner tout un système d’interprétation qui méconnaît la portée de la prophétie, cherche à l’adapter à des événements passés et en oublie le but final, l’établissement en puissance du règne de Christ par les jugements.

(**) L’histoire prophétique des derniers jours et les Cantiques des degrés, par H. R. (p. 31).

És. 34: 1-8. — « La colère de l’Éternel est sur toutes les nations et sa fureur sur toutes leurs armées. » C’est la fin des temps, le jugement qui précède le règne de Christ (comp. v. 4 avec Apoc. 6: 13, 14). C’est en particulier l’épée descendant sur Édom, et « le sacrifice de Botsra », la destruction en Édom des armées de la grande confédération occidentale, une subversion comme celle du premier chapitre de la Genèse (comp. v. 11 avec Gen. 1: 2).

És. 63: 1. — « Qui est celui-ci qui vient d’Édom, de Botsra, avec des habits teints en rouge, celui-ci, qui est magnifique dans ses vêtements, qui marche dans la grandeur de sa force ? C’est moi, qui parle en justice, puissant pour sauver. » Le Messie paraît ici, venant d’Édom, de Botsra. C’est Lui qui exerce la vengeance et « d’entre les peuples, pas un homme n’a été avec Lui » (remarquez qu’Israël seul est excepté ici). Ce passage peut-il être assimilé en quoi que ce soit à l’histoire passée d’Édom ? Les jugements de cette nation ont toujours été exécutés par « les peuples » ; ils le sont ici par le Seigneur lui-même. L’essai de spiritualiser une telle scène ne fait que prouver l’incapacité de recevoir simplement l’enseignement de la Parole. Édom se retrouvera donc à la fin des temps, au moment où le Seigneur exercera le jugement terrible qui placera entre Ses mains les rênes du royaume.

Jér, 49: 7. — Au chap. 48, « les captifs de Moab sont rétablis par l’Éternel à la fin des jours ». De même au chap. 49: 6, les fils d’Ammon. Par contre Édom n’aura point de grappillages, car, comme nous le verrons en Abdias, il n’y aura « pas de reste de la maison d’Ésaü ». Donc ces trois peuples existeront à la fin des jours pour être jugés, mais les deux premiers ne seront pas totalement anéantis, tandis qu’Édom le sera.

Lament. 4: 21, 22. — La fille d’Édom boira la coupe et son iniquité sera visitée quand l’iniquité de la fille de Sion aura pris fin. Ces deux faits sont contemporains et il faudrait être aveugle pour ne pas voir qu’il s’agit ici d’un temps futur, et que Jérusalem porte encore aujourd’hui son iniquité et est foulée aux pieds des nations.

Ézéch. 25:12-24. — Tandis qu’Ammon et Moab sont livrés aux fils de l’Orient (c’est, comme nous l’avons vu, leur histoire passée), Édom, qui s’est vengé cruellement de la maison de Juda et s’est rendu fort coupable à son égard, tombera sous la vengeance de l’Éternel exercée par la main de son peuple Israël. Dans l’impossibilité d’adapter ce passage à l’histoire, les commentateurs admettent que cette prophétie « atteint jusqu’aux derniers temps. On verra alors la puissance du paganisme, représentée par Édom, crouler devant le règne de Christ sorti de Juda ». ( !) Une telle manière de commenter l’Écriture porte en elle-même sa condamnation. Comme le Seigneur est vu, en Ésaïe 34 et 63, exerçant la vengeance sur les armées rassemblées en Édom, sans aucun secours de la part des nations, par conséquent d’une manière entièrement différente de ce qu’il a fait dans le passé, ainsi il se servira d’Israël pour exercer la vengeance sur Édom lui-même.

Ézéch. 35 est d’un intérêt tout particulier pour le sujet qui nous occupe, la réapparition d’Édom aux derniers jours. Il s’agit ici du « temps de l’iniquité de la fin » où les fils d’Israël seront livrés à « la puissance de l’épée, au temps de leur calamité » (v. 5). Or toute la prophétie nous fait connaître l’apostasie des Juifs rentrés dans leur pays aux derniers temps, pour y tomber sous le joug de l’Antichrist. Dans ce temps-là, Édom, comme nous l’avons vu au Ps. 83, se met à la tête de la confédération des peuples qui, favorisés par l’Assyrien futur, veulent « prendre possession des habitations de Dieu » (v. 12). Édom dit : « Les deux nations et les deux pays seront à moi, et nous les posséderons » (Ézéch. 35: 10). « Elles sont désolées ; elles nous sont données pour les dévorer » (v. 12.). Nous savons aussi qu’au moment de ce dernier effort des ennemis d’Israël, le Seigneur manifeste sa gloire aux yeux du faible Résidu de Jérusalem, comme un avant-goût du règne qu’il va établir (Zach. 14: 4), ce qui fait dire par le prophète Ézéchiel à Édom : « Tu as dit : Les deux nations seront à moi… et l’Éternel y était ! » (v. 10). Cela rend Édom doublement coupable de son « inimitié perpétuelle », aussi est-il retranché à toujours : « Quand toute la terre se réjouira, je te réduirai en désolation » (v. 14).

Dan. 11: 41. — Quand le roi du Nord, l’Assyrien de la fin, entrant en conflit avec l’Égypte (le roi du midi) envahit la terre d’Israël, « Édom, Moab et les principaux des fils d’Ammon échappent de sa main ». Cette prophétie ne se rattache en rien à des événements présents. Il nous suffit de la citer ici, sans de plus amples explications, pour montrer ce que nous désirons prouver, c’est que ces nations subsisteront lors de la destruction de l’Assyrien, dernier acte qui précédera l’établissement du royaume de Christ (v. 45). Tout cela est appliqué, par les théologiens qui ne voient dans la prophétie que l’accomplissement d’événements historiques, à une expédition problématique d’Antiochus contre Ptolémée Philométor !

Joël, dont la prophétie ne traite que du « jour de l’Éternel » (*), c’est-à-dire du jour de la fin, dit : « Édom sera un désert désolé, à cause de sa violence contre les fils de Juda, parce qu’ils ont répandu du sang innocent dans leur pays. Mais Juda sera habité à toujours, et Jérusalem de génération en génération » (3: 19, 20). Vision entièrement prophétique, concernant l’établissement du règne, à la suite du jugement national des peuples dans la vallée de Josaphat.

(*) Voyez « Le livre du prophète Joël », par H. R.

Mal. 1: 3-5. — Nous touchons ici à la fin de l’histoire d’Édom. Quand toutes les tentatives de l’Éternel pour le ramener n’ont fait qu’attiser sa haine, Dieu dit : « J’ai haï Ésaü. » Alors Dieu le juge définitivement. Édom, dans sa rébellion perpétuelle, s’écrie : « Nous sommes détruits, mais nous rebâtirons ce qui est ruiné. » Alors, la patience de Dieu étant arrivée à son terme, Dieu dit, par le dernier prophète : « Ils bâtiront, mais moi je renverserai ! »

* * *

Toutes les citations que nous venons de faire et qui ont peut-être lassé la patience de nos lecteurs, étaient nécessaires pour prouver, sans hésitation possible, la résurrection d’Édom dans l’avenir. Les événements prophétiques sont liés à ce principe de la réapparition, au temps de la fin, de nations dès longtemps disparues. Puissent ces explications suffire pour réduire à néant tout un système d’interprétation prophétique qui fausse la parole de Dieu, en méconnaît l’autorité, ôte toute portée aux événements de la fin, et détourne finalement les yeux de Christ et de ses gloires, pour les reporter vers des événements passés sans portée morale pour le coeur et pour la conscience.

En adressant ces lignes à mes frères en Christ sur lesquels ce système exerce son influence, car je ne parle pas aux savants rationalistes et incrédules, je les supplie de désapprendre ce qu’ils ont appris à cette école et de revenir à la simplicité de la foi en l’autorité absolue des Écritures. S’ils voient clair, en un point d’apparence aussi secondaire que celui dont nous venons de nous occuper, ils auront les yeux ouverts sur d’autres points plus importants et pourront mesurer le danger d’appliquer à l’étude de la parole de Dieu les procédés de critique de l’homme. Hélas ! déjà les plus respectables d’entre eux ne craignent pas de se féliciter que la doctrine de « l’inspiration littérale soit morte de sa belle mort dans les milieux théologiques ». Nous répondons à ces frères qu’ayant abandonné l’inspiration absolue des Écritures (car le mot « littéral » n’est qu’un trompe-l’oeil) leur piété n’est plus capable de résister efficacement aux assauts de l’incrédulité moderne. Ils en gémissent, mais ayant laissé s’ébrécher la lame de leur glaive qui est la parole de Dieu, ils n’ont plus qu’une arme inutile quand il leur faudrait une épée à deux tranchants.

* * *

Ce très long préambule nous permet d’aborder la prophétie d’Abdias. Elle va nous faire le tableau, proportionné à son cadre, du sort d’Édom aux derniers jours, et s’il nous a fallu, dans notre Avant-propos, anticiper largement sur ce que nous avons encore à dire, les quelques versets d’Abdias nous offriront de quoi contrôler, à bien des égards, ce que nous venons de présenter.

Les jugements d’Édom et des nations, tel est le sujet d’Abdias. N’oublions pas que les jugements ont une immense importance pour l’avenir d’Israël. Si l’Église est sauvée aujourd’hui par grâce, Israël, dans l’avenir, sera délivré par les jugements. C’est pourquoi le Résidu fidèle dans les Psaumes en fait si souvent le sujet de ses supplications. Les analogies continuelles évoquées par les prophètes entre les jugements passés et les jugements à venir, font mieux comprendre le caractère de ces derniers. À leur tour, les jugements futurs dirigent nos regards vers la personne du Juge. Le Résidu d’Israël reconnaîtra en Lui l’homme débonnaire qu’il avait rejeté jadis, l’Agneau de Dieu qui avait été livré pour le péché de son peuple. Avec quel ravissement les fidèles verront alors, réunies dans cette personne auguste, la majesté et la grâce, la débonnaireté et la justice. « Tu es plus beau », diront-ils, « que les fils des hommes ; la grâce est répandue sur tes lèvres ; c’est pourquoi Dieu t’a béni à toujours. Ceins ton épée sur ton côté, homme vaillant, dans ta majesté et ta magnificence ; et, prospérant dans ta magnificence, mène en avant ton char, à cause de la vérité, et de la débonnaireté et de la justice ; et ta droite t’enseignera des choses terribles. Tes flèches sont aiguës — les peuples tomberont sous toi, — dans le coeur des ennemis du Roi ! » (Ps. 45: 2-5.)

3 - Abdias

« La vision d’Abdias. — Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel, touchant Édom. Nous avons entendu une rumeur de par l’Éternel, et un ambassadeur a été envoyé parmi les nations : Levez-vous ! et levons-nous contre lui pour la guerre » (v. 1).

La parole de Dieu ne nous renseigne pas sur la personne du prophète Abdias, ni sur le temps exact de sa prophétie ; toute supposition à cet égard est donc inutile et ne petit servir à l’édification des âmes. Ce que Dieu nous a révélé, voilà ce qu’il est bon de retenir ; l’on ne saurait trop répéter cette vérité élémentaire, mais si peu comprise. S’ils la mettent en pratique, les enfants de Dieu seront gardés d’apporter leurs propres pensées à la Parole au lieu de se laisser enseigner par elle. Que penserait-on d’un homme qui s’imaginerait ajouter quelque chose au lac en y vidant sa cruche ? Ne ferait-il pas mieux de venir l’y remplir ? Nos propres pensées pourront-elles jamais enrichir les Écritures ? Qu’Abdias ait prophétisé, comme Jérémie, vers la fin du royaume de Juda, cela ne peut faire aucun doute pour le chrétien animé de « l’esprit de sobre bon sens » (2 Tim. 1: 7). Il suffit de comparer le jugement d’Édom en Jér. 49: 7-22 avec la prophétie d’Abdias qui a pour sujet la ruine finale de cette nation. Jérémie emploie à peu près les mêmes termes que notre prophète : « J’ai entendu une rumeur de par l’Éternel, et un ambassadeur a été envoyé parmi les nations : Assemblez-vous, et venez contre lui, et levez-vous pour la guerre » (Jér. 49: 14). En présence de cette analogie, et d’autres encore que nous verrons au cours de cette méditation, les commentateurs se donnent beaucoup de mal pour savoir lequel de ces deux prophètes a copié l’autre. Question plus qu’oiseuse et sous laquelle, comme sous toute investigation semblable, il n’est pas difficile de découvrir un esprit critique hostile à l’inspiration plénière de la parole de Dieu. Le fait d’une copie est possible, mais n’y a-t-il donc que cette alternative pour expliquer une telle analogie ? Les mêmes hommes posent la même question au sujet des évangiles synoptiques ; à quoi ont abouti leurs recherches ? L’esprit de l’homme s’y use, et cela tourne toujours à sa confusion. Ce dont le chrétien est convaincu, c’est qu’en Jérémie comme en Abdias, Dieu lui parle et qu’il n’a plus qu’à recevoir de Lui l’instruction spéciale contenue dans chacun de ces prophètes.

Il est un trait caractéristique du prophète Jérémie auquel il n’est pas fait allusion dans Abdias. Jérémie prédit, à brève échéance, la destruction de Jérusalem, puis de toutes les nations, par Nébucadnetsar (Jér. 46-49), puis la destruction de ce grand empire par l’Éternel lui-même (chap. 50) ; il indique enfin les instruments, les Mèdes, par lesquels Dieu mettra historiquement fin à cette puissance (chap. 51). Le prophète Daniel a un autre point de vue : il décrit l’histoire successive des quatre grands empires universels aussi longtemps que le pouvoir sera confié aux nations ; cependant il montre aussi la chute simultanée de ces pouvoirs pour faire place au seul royaume « qui ne sera jamais détruit » (Dan. 2).

C’est la seconde alternative que l’on trouve en Jérémie. Pour lui, le sort de tous ces empires est, dès le début, fixé définitivement par la chute de Babylone, car elle a employé la puissance que Dieu a mise entre ses mains pour l’exaltation d’elle-même et la multiplication sans fin de ses idoles. Mais c’est elle qui exerce le jugement de Dieu sur toutes les nations jusqu’au moment de sa chute finale. Dès le moment de sa chute historique, le prophète nous conduit par-dessus tous les siècles intermédiaires jusqu’aux événements des derniers jours. C’est ainsi qu’après avoir décrit le renversement de l’Égypte par Nébucadnetsar, Jérémie nous dit : « Après cela elle sera habitée comme aux jours d’autrefois, dit l’Éternel » (46: 26) ; c’est ainsi qu’après la destruction de Moab par le même monarque, il ajoute : « Je rétablirai les captifs de Moab à la fin des jours » (48: 47) ; et de même pour les fils d’Ammon : « Après cela, je rétablirai les captifs des fils d’Ammon » (49: 6). Enfin, au sujet d’Élam, détruit par cette même épée de Babylone : « Il arrivera, à la fin des jours, que je rétablirai les captifs d’Élam » (49: 39).

Il n’en est pas tout à fait de même d’Édom (49: 7-22). Jamais il ne sera rétabli ; telle est sa sentence définitive. Aussi, tout en décrivant son jugement par Nébucadnetsar qui « monte comme un aigle et vole et étend ses ailes sur Botsra » (cf. 48: 40), l’Esprit de Dieu nous fait assister aux événements de la fin qui accompagnent sa chute. De là l’analogie si frappante entre Jérémie et Abdias. Dans les deux cas la fin d’Édom aux derniers jours, sa subversion sans restauration possible aura lieu par ses alliés de jadis ; par les nations assemblées contre lui et sur son territoire ; par l’Éternel lui-même (si j’interprète justement le « lion qui monte de la crue du Jourdain » (49 :19, cf. 50: 44), choses que nous trouvons dans ces deux prophéties parallèles ; enfin par le peuple d’Israël, un fait que nous ne rencontrons pas dans Jérémie, mais dans Abdias.

Voyons à quelle circonstance le premier verset d’Abdias fait allusion. Aucun événement historique ne correspond à ce que nous y lisons, mais le Ps. 83 nous parle, comme nous l’avons déjà vu en exposant l’avenir d’Édom, d’une confédération future des peuples qui entourent le territoire d’Israël. Édom est à leur tête. L’Assyrien futur, le Gog de la prophétie, soutient et favorise, si ce n’est en personne, ce complot qui a pour but d’exterminer le peuple de Dieu. « Venez, disent-ils, et exterminons-les de sorte qu’ils ne soient plus une nation et qu’on ne fasse plus mention du nom d’Israël » (v. 4). « Ils ont dit : Prenons possession des habitations de Dieu » (v. 12). À cette période des derniers jours, Israël, rentré dans son pays, deviendra l’objet de la convoitise de toutes les nations. Le roi du Nord, chef de la confédération assyrienne, autrement dit Gog ou la Russie, se servira de cette coalition pour accomplir ses desseins contre Jérusalem. En apparence et comme but avoué, Édom et ses associés « servent de bras aux fils de Lot », c’est-à-dire à Ammon et à Moab dont ils ont l’air d’embrasser et de revendiquer les intérêts par cette agression commune. Mais Édom, dévoré d’ambition et de haine, se propose à part lui de mettre lui-même la main sur l’héritage de l’Éternel. Il dit : « Les deux nations (Juda et Israël) et les deux pays seront à moi et nous les posséderons. » « Elles sont désolées », dit-il encore des montagnes d’Israël, « elles nous sont données pour les dévorer » (Ézéch. 35: 10, 12). Le premier siège de Jérusalem et son résultat partiel (Zach 14: 1, 2) semblent donner gain de cause à Édom (*). C’est alors qu’une réaction s’opère contre ses orgueilleuses prétentions parmi les nations alliées qui les démasquent. « La rumeur est de par l’Éternel » qui, selon la parole de Zacharie, « fera de Jérusalem une coupe d’étourdissement pour tous les peuples d’alentour » et « une pierre pesante pour tous les peuples » (Zach. 12: 2, 3). Les alliés d’Édom envoient « un ambassadeur parmi les nations » pour les engager à se lever en guerre contre Édom en les assurant de leur concours : « Levez-vous et levons-nous contre lui. » Quelles sont ces nations ? Nous savons d’après la prophétie que l’Assyrien de la fin, après s’être emparé de la Palestine, prétend se l’asservir ; que les Juifs, peuple apostat de l’Antichrist, font un pacte avec l’empire d’Occident (la Bête et les dix rois) pour résister à cette invasion (És. 28: 14-22) ; que pendant ce temps l’Assyrien, fondant comme une tempête sur l’Égypte, entre d’abord dans « le pays de beauté » (la Palestine), « tandis qu’Édom et Moab et les principaux des fils d’Ammon échappent de sa main » (Dan. 11: 41). Ces trois nations qui lui échappent sont précisément celles qui poursuivent leurs intérêts particuliers à son détriment et cherchent à contrecarrer ses vues sur la Terre sainte. Mais, comme nous venons de le voir, leur accord ne dure pas longtemps. Toutes se tournent contre Édom qui s’était mis à leur tête, et pour parer au danger dont son ambition les menace, cherchent leur appui parmi les nations en leur offrant leur alliance : « Levez-vous et levons-nous contre lui pour la guerre. » Ce plan réussit en apparence.

(*) Voyez sur ce sujet « L’histoire prophétique des derniers jours », par H. R.

« Voici, dit l’Éternel à Édom, je t’ai fait petit parmi les nations ; tu es fort méprisé. L’arrogance de ton coeur t’a séduit, toi qui demeures dans les creux du rocher, ta haute habitation ; toi qui dis dans ton coeur : Qui me fera descendre par terre ? Si tu t’élèves comme l’aigle, et que parmi les étoiles tu mettes ton nid, je te ferai descendre de là, dit l’Éternel. Si des voleurs, si des pillards de nuit venaient chez toi (comme tu es ruiné !), voleraient-ils plus que ce qui leur suffit ? Si des vendangeurs venaient chez toi, ne laisseraient-ils pas des grappillages ? Comme Ésaü est fouillé ! comme ses choses cachées sont mises à découvert ! » (v. 2-6). C’est dans des termes semblables que s’exprime Jérémie (49: 15, 16 et v. 9, 10). La dévastation est complète, le pillage organisé de manière à ne rien laisser à cette nation arrogante qui se confiait dans son territoire inaccessible.

« Tous tes alliés t’ont poussé à la frontière ; ceux qui étaient en paix avec toi t’ont trompé, ils ont prévalu contre toi ; ceux qui mangeaient ton pain ont mis un piège sous toi » (v. 7).

Au moment où Édom est près d’atteindre son but en s’annexant l’héritage d’Israël, ses alliés se tournent contre lui et « le poussent à la frontière », ce qui signifie, je pense, qu’il est refoulé jusqu’aux limites de son propre pays. Il va y rencontrer les armées d’Occident, notoirement levées pour s’opposer à l’occupation de Jérusalem par Édom, mais s’opposant tout aussi résolument à cette occupation par Ammon, Moab et l’Assyrien. C’est ainsi que « Jérusalem devient une coupe d’étourdissement pour tous les peuples d’alentour » (Zach. 12: 2).

Le territoire d’Édom est, à ce moment-là, un point stratégique de toute importance pour s’opposer à Gog (l’Assyrien) qui vient de se jeter sur l’Égypte comme un torrent débordé (Dan. 11: 40-43), car Édom n’est pas confiné, comme nous l’avons remarqué plus haut, à la « montagne de Séhir », mais comprend aussi les territoires de l’Idumée dont l’occupation par les armées d’Occident va couper à l’Assyrien le retour d’Égypte en Palestine, soit le long de la Méditerranée, soit par la presqu’île du Sinaï. Le plan des armées d’Occident peut être sagement conçu, mais elles ont compté sans l’Éternel. C’est Lui qui, à leur insu, les a rassemblées en Édom pour les anéantir. « Sa colère est sur toutes les nations et sa fureur sur toutes leurs armées. » « Son épée descend sur Édom et sur le peuple qu’il a voué à la destruction pour le jugement. » « Il a un sacrifice à Botsra et une grande tuerie dans le pays d’Édom. » « Car c’est le jour de la vengeance de l’Éternel, l’année des récompenses pour la cause de Sion » (Ésaïe 34: 2-8). Ce jugement des armées des nations a lieu par l’Éternel seul : « Aucun homme des peuples n’est avec lui » quand « il vient d’Édom, de Botsra, avec ses habits teints en rouge » (Ésaïe 63: 1-3) (*).

(*) Ce que nous présentons ici est le côté juif de la destruction des armées occidentales en Édom, par le Messie seul. En Apoc. 19: 11-16, nous le voyons, venant du ciel, suivi des saints célestes, et détruisant ces mêmes armées par l’épée aiguë à deux tranchants qui sort de sa bouche. Ces deux points de vue s’accordent parfaitement avec le caractère de la prophétie soit dans l’Ancien soit dans le Nouveau Testament.

Ce n’est qu’après l’anéantissement des armées de l’empire occidental, et la destruction de leurs chefs, la Bête et le faux prophète (Apoc. 19: 19-21) que le Seigneur détruit, sur la terre d’Israël, toute l’armée de l’Assyrien, remonté d’Égypte pour s’emparer, à son tour, de Jérusalem et de la Palestine (Dan. 11: 44, 45).

La destruction des armées occidentales en Édom n’est pas mentionnée dans la prophétie d’Abdias. Nous apprenons seulement qu’Édom lui-même est pillé et grappillé par ses alliés d’autrefois qui étaient en paix avec lui, et qu’il en est fait un grand carnage.

Édom s’est donc trompé dans ses plans, si astucieusement combinés, mais qui tournent tous à sa perte parce qu’il s’est attaqué à l’ancien peuple de Dieu et à la cité sainte au moment de leur restauration. À quoi lui servent maintenant ses sages si vantés ? « Il n’y a pas d’intelligence en lui ! N’est-ce pas en ce jour-là, dit l’Éternel, que je détruirai au milieu d’Édom les sages, et de la montagne d’Ésaü l’intelligence ? Et tes hommes forts, ô Théman, seront terrifiés, afin que chacun soit retranché de la montagne d’Ésaü par le carnage » (Abd. 8, 9).

On pourrait s’étonner que cette petite nation d’Édom, si insignifiante, même quand elle renaîtra dans l’avenir, joue un si grand rôle dans l’histoire de la fin des temps et devienne même l’objet unique d’une prophétie comme celle d’Abdias. La raison en est, qu’à part le caractère profane d’Édom, sa haine implacable contre le peuple de Dieu, ses ambitieux projets pour s’emparer par la violence de l’héritage d’Israël et de la ville du grand Roi — qu’à part tout cela, dis-je, Édom se trouve être le point central où se résoudra tout le conflit des derniers jours : lutte entre le roi du nord et le roi du midi (entre l’Assyrien Gog et l’Égypte) ; lutte entre les nations limitrophes d’Israël et Édom pour la possession de l’héritage de l’Éternel ; lutte entre la Bête romaine, l’empire occidental et Gog au sujet de la possession de Jérusalem et de la conquête de l’Égypte ; en un mot, toute l’histoire prophétique des derniers jours se concentre sur ce territoire, lorsque « Jérusalem est devenue une coupe d’étourdissement pour tous les peuples ». — Le noeud gordien d’Édom une fois tranché, l’avènement du Messie se lève comme une aube bienfaisante, messagère du soleil de justice. Tous ces événements de la fin ramènent nos pensées vers le conflit actuel (*) dont les principes ne diffèrent pas de ceux-là et qui pourrait être un acheminement vers des événements futurs, bien autrement redoutables.

(*) Première édition 1915.

« À cause de la violence faite à ton frère Jacob, la honte te couvrira, et tu seras retranché pour toujours » (v. 10).

« L’arrogance de son coeur » (v. 3) était le premier caractère d’Édom ; le second est la violence faite à son frère. Le Seigneur, quelque coupable qu’Israël ait été, n’oublie pas qu’il est l’objet de ses promesses, et Dieu est fidèle à ce qu’Il a promis. Ce qui atteint son peuple l’atteint Lui-même. Au temps de l’infidélité d’Israël, il avait dû cacher sa face à la maison de Jacob, mais maintenant l’heure est venue où il pourra reprendre ouvertement en main la cause de son peuple. Dans les derniers jours d’Édom et lors du siège de Jérusalem par les nations, dont Édom était le chef, la repentance est entrée dans le coeur du Résidu, « et en ce jour-là les sourds entendront les paroles du livre, et les yeux des aveugles, délivrés de l’obscurité et des ténèbres, verront » (És. 29: 1-8, 18). Alors la rétribution d’Ésaü, jusque-là suspendue, pour laisser libre cours au jugement de Dieu sur son peuple, cette rétribution s’abattra sur Édom. Il ne pourra plus être pardonné aux ennemis de Jacob, l’élu de l’Éternel. Édom sera « retranché pour toujours ». En effet, quelque prophétie, touchant Édom, que l’on considère, l’Esprit de Dieu conclut toujours qu’il ne restera rien d’Édom comme nation. Son territoire sera voué à une désolation perpétuelle : « Je te réduirai en désolations perpétuelles et tes villes ne seront plus habitées ; et vous saurez que je suis l’Éternel. Parce que tu as dit : Les deux nations et les deux pays seront à moi, et nous les posséderons ; — et l’Éternel y était ; à cause de cela, je suis vivant, dit le Seigneur, l’Éternel, que j’agirai selon ta colère et selon ta jalousie, comme tu as agi à cause de ta haine contre eux ; et je me ferai connaître parmi eux, quand je t’aurai jugé. Et tu sauras que moi, l’Éternel, j’ai entendu tous tes outrages que tu as proférés contre les montagnes d’Israël, disant : Elles sont désolées, elles nous sont données pour les dévorer. Et vous vous êtes, de votre bouche, élevés contre moi, et vous avez multiplié contre moi vos paroles ; moi, je l’ai entendu. Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Quand toute la terre se réjouira, je te réduirai en désolation. Comme tu t’es réjouie sur l’héritage de la maison d’Israël, parce qu’il a été désolé, j’en ferai de même envers toi ; tu seras une désolation, montagne de Séhir, et Édom tout entier ; et ils sauront que je suis l’Éternel » (Ézéch. 35: 9-15). Dieu a entendu ces cris de haine, ces outrages contre son peuple, et « l’Éternel y était ! » Comble de l’aveuglement d’Édom ! Au temps où Dieu détournait sa face de la maison d’Israël, il a laissé libre cours à la haine d’Édom ; mais quand Il se révèle de nouveau comme Sauveur aux yeux de son peuple repentant, le jugement d’Édom ne peut plus être différé, car il combat contre le peuple de la promesse, que l’Éternel lui-même défend ! (*)

(*) Il n’en est pas ainsi de nos jours, car les voies de l’Éternel interrompues aujourd’hui envers le peuple d’Israël, n’ont pas encore recommencé en vue de sa délivrance. Y a-t-il une nation dont l’Éternel épouse aujourd’hui la cause ? Il peut, selon ses voies, donner la suprématie ou un gain momentané à l’une ou à l’autre des nations en lutte, mais aucune n’a sa faveur. Toutes sont inexcusables et les plus inexcusables de toutes sont celles qui revendiquent le plus hautement le nom de l’Éternel en couvrant de ce nom leurs injustices.

Sur cette même désolation future, lisez encore Ésaïe 34: 9-17. Édom sera désormais le repaire de toute créature impure, dangereuse, mauvaise de la création. Quelque peu habitée que soit aujourd’hui cette contrée, son sort actuel n’est pas celui qu’Ésaïe nous décrit. Il nous faut « chercher dans le livre de l’Éternel » pour connaître son sort définitif. Pas une bête malfaisante n’y manquera : « L’un n’aura pas à chercher l’autre ; car ma bouche l’a commandé, et mon Esprit les a rassemblés. Et Lui a jeté le sort pour eux, et sa main leur a partagé le pays au cordeau : ils le posséderont pour toujours ; ils y habiteront de génération en génération. »

Dans les versets 11 à 14, le prophète Abdias développe les derniers griefs de l’Éternel contre Édom :
« Au jour où tu te tins vis-à-vis, au jour où des étrangers emportaient ses richesses, et où des forains entraient dans ses portes et jetaient le sort sur Jérusalem, toi aussi tu étais comme l’un d’eux. Mais tu n’aurais pas dû regarder le jour de ton frère, le jour de son désastre ; et tu n’aurais pas dû te réjouir au sujet des fils de Juda, au jour de leur destruction, et tu n’aurais pas dû ouvrir ta bouche toute grande au jour de la détresse. Tu n’aurais pas dû entrer dans la porte de mon peuple, au jour de leur calamité, ni regarder, toi non plus, sa misère, au jour de sa calamité ; et tu n’aurais pas dû porter la main sur ses richesses au jour de sa calamité ; et tu n’aurais pas dû te tenir au carrefour pour exterminer ses réchappés, et tu n’aurais pas dû livrer ceux des siens qui étaient demeurés de reste au jour de la détresse. »

Il semble naturel d’appliquer ce passage à l’histoire passée de Jérusalem, au siège de cette ville par Nébucadnetsar, et nous ne voyons pas de raison qui s’oppose à cette interprétation. Dieu se souvient de la violence faite à la ville adultère, mais qui, dans ses conseils, reste toujours la bien-aimée. C’est de cette journée de Jérusalem que se souviennent les captifs, auprès des fleuves de Babylone, quand ils disent : « Éternel ! souviens-toi des fils d’Édom, qui, dans la journée de Jérusalem, disaient : Rasez, rasez jusqu’à ses fondements ! » (Ps. 137: 7). C’est à elle qu’il est fait allusion en Amos 1: 6, 11, 12 (*) et peut-être en Joël 3: 6. Cependant ce passage s’applique avec la même vérité au siège futur de Jérusalem, mentionné au Ps. 83, et au chap. 14: 1, 2 du prophète Zacharie : « Voici, un jour vient pour l’Éternel, et tes dépouilles seront partagées au milieu de toi. Et j’assemblerai toutes les nations contre Jérusalem, pour le combat ; et la ville sera prise, et les maisons seront pillées, et les femmes violées, et la moitié de la ville s’en ira en captivité ; et le reste du peuple ne sera pas retranché de la ville. » (**)

(*) Voyez « Le livre du prophète Amos », par H. R.

(**) Voyez encore pour d’autres passages « L’histoire prophétique des derniers jours », page 31, par H. R.

Que fait Édom tout le long de son histoire, aussi bien dans l’avenir que dans le passé ? Ce profane veut acquérir ce que Dieu lui a formellement refusé en conférant l’héritage à son frère Jacob, et il use de violence pour s’en emparer. Sans doute, Jacob avait été infidèle et avait mérité ce jugement, mais Édom qui, dans le passé, avait été la verge de Dieu contre Israël (2 Rois 8: 20) poursuit ses propres desseins, complètement étrangers à ceux de Dieu. Dieu pouvait-il révoquer ses promesses inconditionnelles ? Combien moins dans les jours de la fin, dont parlent Zacharie et d’autres prophètes, lorsque sous le poids des jugements, un Résidu amené à la repentance se tourne vers le Messie que le peuple avait jadis rejeté ? (Zach. 12: 8-14.)

Le passage compris entre les versets 11 et 14 d’Abdias peut donc rappeler l’attitude d’Édom dans le passé historique et dans l’avenir prophétique tel qu’il nous est révélé. Il semble même que l’allusion à ce dernier soit ici au premier plan. Il est parlé dans ce passage du jour de la calamité et du jour de la détresse de Jérusalem. Nous avons souvent fait remarquer que ce dernier mot, dans les Psaumes et dans les prophètes, signifie habituellement, peut-être toujours, la « grande tribulation » de la fin, appelée aussi la « détresse de Jacob ». Quoi qu’il en soit, ce passage parle d’un jour passé au moment de la prophétie, et que Dieu n’a pas oublié. Rien ne me touche plus que cette répréhension : « Tu n’aurais pas dû ! » (*). Comme ces mots résonnent miséricordieusement, au moment où le jugement va atteindre cette nation endurcie ! « Tu n’aurais pas dû ! » Ah ! si tu n’avais pas mérité ce jugement, combien j’aurais désiré t’épargner ! Rien ne montre davantage que l’Éternel est lent à la colère, qu’il cherche et aurait désiré trouver quelque sentiment de commisération, ne fût-ce qu’une ombre de pitié, chez les pires ennemis de son peuple. Telle est la patience de Dieu, tel est le caractère de Christ. Mais non, Édom avait poussé, jusqu’à ses dernières limites, la haine et l’outrage. S’associant aux déprédations, se réjouissant de la calamité des fils de Juda, ouvrant la bouche toute grande pour injurier et maudire son frère (cf. Ps. 35: 21) ; s’emparant de la ville, pillant les biens, exterminant les réchappés, vendant comme captifs ceux qui étaient demeurés de reste… Édom n’aurait pas dû faire toutes ces choses ; maintenant il était trop tard !

(*) Combien cette version adoptée, du reste, par nos anciens traducteurs, est préférable à celle de certains traducteurs modernes !

Le même sentiment de pitié miséricordieuse envers Édom se retrouve dans un autre passage : l’oracle touchant Duma (Ésaïe 21: 11, 12). Aux versets 5-9 de ce chapitre d’Ésaïe, le Seigneur a mis une sentinelle à Jérusalem pour voir ce qui allait arriver. La sentinelle a une vision de la ruine de Babylone, indiquant que la fin de la domination confiée aux Gentils est proche. Cette vision est rapportée à Israël auquel elle est destinée. Voici qu’Édom se moque de ce que l’Esprit de Dieu annonce : « Sentinelle, dit-il, à quoi en est la nuit ? Sentinelle, à quoi en est la nuit ? » La sentinelle répond : « Le matin vient, et aussi la nuit. » Le matin qu’attend la foi d’Israël est près de paraître, mais aussi la nuit pour l’incrédule et le moqueur ! « Si vous voulez vous enquérir, enquérez-vous », ajoute la sentinelle ; la certitude du jugement ne manquera pas. Édom est donc inexcusable de ne pas avoir voulu s’enquérir. Alors il est dit : « Revenez, venez ! » Jusqu’au dernier moment Dieu laisse encore une porte ouverte à la repentance. Cette parole n’est-elle pas touchante ? Comme elle s’accorde avec celle d’Abdias : « Tu n’aurais pas dû… tu n’aurais pas dû ! » Devant le sort arrêté de Babylone, pourquoi t’être associé avec elle ? N’aurais-tu pas dû séparer ta cause de la sienne et comprendre que je reprends mes voies envers mon peuple et que la chute de l’empire confié aux Gentils ouvre une ère nouvelle de bénédictions pour Israël qui m’avait rejeté, mais qui maintenant « a reçu de la main de l’Éternel le double pour tous ses péchés ? » (Ésaïe 40: 2.)

Voici l’ère des bénédictions qui s’ouvre pour le peuple. Cette délivrance d’Israël ne peut avoir lieu que par un jugement définitif et sans merci, à la suite du refus de toutes ces nations d’entendre les paroles de grâce qui leur étaient offertes : « Car le jour de l’Éternel est proche, contre toutes les nations : comme tu as fait, il te sera fait ; ta récompense retombera sur ta tête » (v. 15). La calamité et la détresse de Juda et de Jérusalem indiquent que le jour de l’Éternel est proche. Le jour de l’Éternel signifie partout, dans les prophètes, le jour du jugement qui précède l’établissement du règne de Christ sur la terre. C’est « le jour du Seigneur » annoncé dans le Nouveau Testament. Après s’être abattu sur Israël dans « la grande tribulation » dont la chute de Jérusalem fait partie, il faut que ce jour atteigne les nations (Édom en tête) qui ont fait souffrir, martyrisé, asservi, foulé aux pieds l’ancien peuple de Dieu. Édom devient ainsi l’exemple de la chute des nations dans « le jour de l’Éternel », comme Babylone est l’exemple de l’effondrement de leur empire pour faire place à l’empire universel de Christ, à la « grande montagne qui remplit toute la terre » (Dan. 2: 35). Ce jour atteindra non seulement Édom, mais toutes les nations ; ce sera un jour de rétribution où il leur sera fait selon ce qu’elles ont fait au peuple de Dieu. Édom aura pour récompense le jugement qui l’écrasera, mais ce jugement est universel et la place qu’Édom y occupe sert d’illustration à tout le reste (Ésaïe 34: 2; Abd. 15-17).

« Car, comme vous avez bu sur ma montagne sainte, toutes les nations boiront continuellement ; et elles boiront, et elles avaleront, et elles seront comme si elles n’avaient pas été » (v. 16; cf. Jér. 49: 12).

Ces nations s’étaient réjouies de leur victoire sur Jérusalem, oubliant qu’elles se trouvaient sur la montagne sainte de l’Éternel, qui n’avait jamais abandonné ses promesses, en dépit de la désobéissance de son peuple. Pour Dieu, Sion était toujours sa montagne sainte. Pouvait-il l’oublier, Lui qui voulait « oindre son Roi sur Sion, la montagne de sa sainteté » ? Quelle profanation de venir s’enivrer au lieu même où le Roi de gloire allait se manifester, quand les portes élèveraient leur tête et que les portails éternels se hausseraient pour le laisser passer ! (Ps. 24). Édom et Babylone avaient bu là, mais Dieu leur préparait, ainsi qu’à toutes les nations, une boisson continuelle et sans répit. Elles boiraient, avaleraient, boiraient, avaleraient encore, la coupe de la colère de Dieu. Elles disparaîtraient, anéanties, comme si elles n’avaient jamais existé. « J’ai compris leur fin », dit le Psalmiste, lorsqu’il entre dans les sanctuaires de Dieu : « Certainement tu les places en des lieux glissants, tu les fais tomber en ruine. Comme ils sont détruits en un moment ! Ils sont péris, consumés par la frayeur. Comme un songe, quand on s’éveille, tu mépriseras, Seigneur, leur image, lorsque tu t’éveilleras » (Ps. 73: 17-20).

« Et sur la montagne de Sion il y aura délivrance ; et elle sera sainte, et la maison de Jacob possédera ses possessions » (v. 17).

Cette montagne que les nations, et particulièrement Édom le « profane », avaient profanée, ne sera plus le lieu de l’esclavage et de la captivité, mais le lieu de la délivrance. Alors il sera montré que Dieu peut la parer de sainteté, malgré toutes ses souillures et celles dont les nations l’avaient chargée. Comment Jérusalem, cet objet impur, peut-elle être rendue sainte ? Par le sang de la Rédemption et de la même manière que chacun de nous individuellement. Le vrai Israël sera racheté à toujours par le sang de l’Agneau, comme le peuple fut jadis, en type, racheté d’Égypte. C’est aussi en vertu du sang versé sur Sion, la montagne de la grâce, que la royauté sera établie à Jérusalem. Alors « la maison de Jacob (Israël tout entier représenté par Juda) possédera ses possessions. Alors se réalisera cette parole que David met dans la bouche de Christ et dans la bouche d’Israël : « Sur Édom j’ai jeté ma sandale… qui me mènera jusqu’en Édom ? Ne sera-ce pas toi, ô Dieu, qui nous as rejetés, et qui n’es pas sorti, ô Dieu, avec nos armées ? » (Ps. 108: 9-11). En ce jour Israël possédera « ses possessions », rentrera pleinement dans son héritage et dans les confins que le Seigneur lui avait assignés de tout temps (Jos. 1: 4).

« Et la maison de Jacob sera un feu, et la maison de Joseph, une flamme ; et la maison d’Ésaü sera du chaume ; et elles y mettront le feu et la dévoreront ; et il n’y aura pas de reste de la maison d’Ésaü, car l’Éternel a parlé » (v. 18).

On trouve ici la réunion future, prédite par une foule de passages, des deux royaumes, divisés jadis à la suite de l’infidélité de Salomon. Le bâton de Juda et le bâton de Joseph, autrefois séparés, ne sont plus qu’un seul bois dans la main du Seigneur (Ézéch. 37: 15-17; Zach. 11: 7-14). La maison de Jacob (Israël représenté par Juda) la maison de Joseph (Israël représenté par Éphraïm) auront une action commune. Elles dévoreront Édom et n’y laisseront aucun Résidu. C’est le décret de l’Éternel contre ce peuple profane qui l’a méprisé, contre ce peuple violent dont la haine envers son frère a voulu s’emparer de l’héritage qui lui était refusé et contrecarrer le propos arrêté de Dieu selon l’élection de grâce, à l’égard de Jacob. Cette victoire des fils d’Israël sur Édom nous est décrite en Ésaïe 11: 13, 14. Toutes les nations seront pillées à leur tour par le peuple de l’Éternel, Édom en premier lieu. En Jér. 49: les captifs d’Ammon et de Moab, seront rétablis, mais rien de semblable n’aura lieu pour Édom. Il en sera de même des Philistins, quoique peut-être à un moindre degré (Amos 1: 8; Zach. 9: 7).

La destruction d’Édom par Israël, doit être distinguée du jugement exercé sur lui par le Seigneur lui-même. En Ésaïe 34: 1-8, il verse sa colère en Édom sur toutes les armées des nations, quoique Édom lui-même y ait aussi sa part (v. 5). « C’est le jour de la vengeance de l’Éternel, l’année des récompenses pour la cause de Sion » (v. 8). En Ésaïe 63: 1-6, il s’agit des nations armées exterminées par lui seul sur le territoire d’Édom. « Le jour de la vengeance était dans mon coeur », dit le Seigneur, « et l’année de mes rachetés était venue » (v. 4). En Apoc. 19: 11-16, le Seigneur sortant du ciel ouvert, suivi des armées célestes, est seul à frapper les nations avec l’épée à deux tranchants qui sort de sa bouche. En Apoc. 14: 19, 20, la même vengeance tombe sur le peuple juif apostat en Palestine. Tous ces jugements, c’est Lui seul qui les exerce. Sa victoire sur les armées des peuples est suivie du jugement de la vallée de Josaphat, exécuté par Lui seul, moisson et vendange à la fois (Joël 3, cf. Apoc. 14: 14-20). Enfin en Matt. 25: 31-46, toutes les nations sont assemblées devant le fils de l’homme, assis sur le trône de sa gloire, et c’est de nouveau Lui seul qui les juge individuellement selon la manière dont elles ont traité ses frères juifs, messagers de l’Évangile du royaume.

Le jugement d’Édom par les fils d’Israël est beaucoup plus restreint. C’est de lui qu’il est dit : « J’étendrai ma main sur Édom, et j’en retrancherai hommes et bêtes, et j’en ferai un désert depuis Théman, et, jusqu’à Dedan, ils tomberont par l’épée, et j’exercerai ma vengeance sur Édom, par la main de mon peuple Israël » (Ézéch. 25: 12-14). En Abdias, ce jugement a lieu exclusivement en vue de la possession de l’héritage dont Édom avait voulu s’emparer. Toutes les allusions aux Macchabées, répétées si souvent par des commentateurs qui ignorent le but et la portée de la prophétie, tombent entièrement devant ce fait. Par la vengeance, Israël tout entier recouvre son héritage, quand le jour de l’Éternel se lève, et que le Messie intervient en faveur de son peuple restauré. C’est ainsi que : « La maison de Jacob possédera ses possessions » et que « Ceux du midi posséderont la montagne d’Ésaü, et ceux du pays plat les Philistins ; et les fils d’Israël posséderont la campagne d’Éphraïm et la campagne de Samarie ; et Benjamin possédera Galaad » (v. 19).

Édom s’était emparé du midi, faisant partie du territoire de Juda, lors de la calamité de ce dernier. Maintenant c’est Juda, — « ceux du midi », — qui possède la montagne d’Ésaü, ce mont de Séhir que Dieu avait défendu jadis à Israël de toucher, quand Édom s’opposait au passage du peuple (Nomb. 20: 21), et que la patience de Dieu n’était pas encore arrivée à son terme. L’Éternel avait autrefois prononcé certaines bénédictions sur ce peuple par la bouche prophétique d’Isaac, mais maintenant le terme de ces bénédictions était arrivé ; Édom était désormais la propriété de Juda, terrain, sans doute, à jamais désolé, mais qui restait en la terre le témoin des jugements de Dieu contre ses ennemis. D’autres nations participeront à la bénédiction d’Israël, selon qu’il est dit : « Béni soit l’Égypte, mon peuple, et l’Assyrie l’ouvrage de mes mains, et Israël mon héritage » (Ésaïe 19: 25) ; Édom ne sera jamais béni. Un sort semblable échoit aux Philistins. Cet ennemi permanent d’Israël, habitant son territoire et occupant ses limites, ne subsistera pas. Il fera partie du territoire promis par l’Éternel à Josué et que ce dernier n’avait pas conquis en entier (Jos. 11: 16, 17). « Ceux du pays plat posséderont les Philistins. » Ce terme semble comprendre Benjamin et non pas Juda seulement car, selon la division du pays en Ézéch. 47 et 48, la Philistie tombera en héritage à ces deux tribus. D’autre part, Benjamin s’étendra, par-dessus le Jourdain, jusqu’au territoire de Galaad. Au reste, dans ces versets, il n’est pas question proprement d’un partage, mais de montrer que désormais tout ce qui s’opposait à la libre possession du pays a disparu, et qu’Israël forme un tout englobant les territoires ennemis et se rejoignant d’une manière ininterrompue aux tribus situées au-delà du Jourdain, et dont la position séparée avait si souvent entravé la manifestation de l’unité du peuple.

« Et les captifs de cette armée des fils d’Israël posséderont ce qui appartenait aux Cananéens jusqu’à Sarepta, et les captifs de Jérusalem, qui avaient été à Sepharad posséderont les villes du midi » (v. 20).

Le prophète continue à décrire ici la prise de possession du pays dans les limites autrefois ordonnées de Dieu. L’armée des dix tribus, transportée jadis, prendra possession du territoire de la Sidonie jusqu’à Sarepta au nord. Cette contrée appartenait jadis aux Cananéens et comprend le territoire de Tyr et le Liban. De même, le prophète Zacharie, parlant du retour des armées de Juda et d’Éphraïm, dit : « Je les ferai venir au pays de Galaad et au Liban, et il ne sera pas trouvé assez de place pour eux » (Zach. 10: 10). Enfin les captifs de Jérusalem qui avaient été à Sepharad (Sardes ?) posséderont les villes du Midi. Le retour de ces captifs est décrit dans un passage de Zacharie : « Quant à toi aussi (Sion), à cause du sang de ton alliance, je renverrai tes prisonniers hors de la fosse où il n’y avait point d’eau. Revenez à la place forte, prisonniers de l’espérance ! » (Zach. 9: 11, 12). C’est, suivant le même prophète, de cette transportation que l’Éternel formera les hommes forts qui combattront avec Lui et dont il fera son cheval de gloire dans la bataille.

Tout ceci n’est pas, comme en Ézéchiel, une description détaillée du territoire qui échoit à chaque tribu, mais celle de l’extension du peuple, en sorte que les limites primitivement assignées par les décrets divins et qu’en vertu de son infidélité il n’avait jamais atteintes, lui soient définitivement assurées par la grâce de Dieu. Cette nouvelle conquête de Son héritage par les mains de son peuple Israël, semble précéder la répartition du territoire entre les tribus, et s’étend, comme on le voit dans ce passage, au Midi, à l’Occident, au Nord et à l’Orient.

« Et des sauveurs monteront sur la montagne de Sion pour juger la montagne d’Ésaü » (v. 21).

Quels sont ces sauveurs ? Zach. 12: 6-8, nous renseigne sur ce point. Ce sont les chefs de Juda qui, après avoir dévoré à droite et à gauche tous les peuples d’alentour (voyez aussi Michée 5: 5), deviennent les juges et les législateurs des nations. « En ce jour-là », dit le prophète, « l’Éternel protégera les habitants de Jérusalem, et celui qui chancelle parmi eux sera en ce jour-là comme David, et la maison de David sera comme Dieu, comme l’Ange de l’Éternel devant eux » (Zach. 12: 8). À la bataille succédera le gouvernement des nations, exercé sur la terre par Juda le législateur, par Jérusalem, la maison de David et « le prince » (Ézéch. 48: 21), sous le règne glorieux de Christ. Ces sauveurs dont le centre du gouvernement sera Jérusalem jugeront « la montagne d’Ésaü ». Cette dernière, seul objet du prophète Abdias, est mentionnée seule ici, mais comme nous l’avons vu, ce prophète la considère comme le centre et le représentant de toutes les nations, les réunissant aux jours de la fin pour y subir leur jugement. Ce jugement ayant été exécuté, le centre du gouvernement est établi désormais à Jérusalem dont Édom avait dit : « Rasez, rasez jusqu’à ses fondements ! »

« Et le royaume sera à l’Éternel » (v. 21).

Après les événements préliminaires, énoncés dans cette prophétie : Édom trahi par ses alliés d’un jour, dont il espérait faire les instruments de son ambition ; sa dévastation par ces mêmes alliés qui appellent à leur aide les armées d’Occident ; la vengeance exercée sur Édom par les maisons désormais réunies de Juda et d’Israël ; le peuple de Dieu et les armées, captives autrefois, prenant possession de tout son héritage ; l’établissement du gouvernement des nations dans la ville du grand Roi, tout est prêt maintenant pour le recevoir. Le royaume de Christ ne s’établira pas soudainement, comme par un coup de théâtre, mais par une série d’actes déterminés à l’avance par la sagesse, la justice et la miséricorde de Dieu. Par ces actes l’Éternel atteint son but : l’oeuvre de repentance et de restauration dans le coeur de son peuple, les jugements sur les nations, dernier appel à leur conscience, et qui deviennent définitifs lorsque, la patience de Dieu ayant atteint ses limites, tous ses efforts ont glissé sans l’entamer sur le coeur endurci de l’homme.

L’aurore est près de paraître ; les derniers nuages se sont évanouis à l’horizon ; le soleil de justice va se lever sur les collines éternelles ; il se lève, il éclaire un paysage immense où tout est ordonné selon le coeur de Dieu, sous le sceptre du Fils de sa droite, où le mal, à peine manifesté, est aussitôt réprimé ; règne glorieux de mille ans tout rempli de la présence de l’Éternel et qui précédera le jour de Dieu, le jour des nouveaux cieux et de la nouvelle terre, où la justice habite !




Abdias

A Minor Prophet. This name is the Greek form of the Hebrew 'Obhádhyah, which means "the servant [or worshipper] of Yahweh". The fourth and shortest of the minor prophetical books of the Old Testament (it contains only twenty-one verses) is ascribed to Abdias.

In the title of the book it is usually regarded as a proper name. Some recent scholars, however, think that it should be treated as an appellative, for, on the one hand, Holy Writ often designates a true prophet under the appellative name of "the servant of Yahweh", and on the other, it nowhere gives any distinct information concerning the writer of the work ascribed to Abdias. It is true that in the absence of such authoritative information Jews and Christian traditions have been freely circulated to supply its place; but it remains none the less a fact that "nothing is known of Abdias; his family, station in life, place of birth, manner of death, are equally unknown to us" (Abbé Trochon, Les petits prophètes, 193). The only thing that may be inferred from the work concerning its author is that he belonged to the Kingdom of Juda. The short prophecy of Abdias deals almost exclusively with the fate of Edom as is stated in its opening words. God has summoned the nations against her. She trusts in her rocky fastnesses, but in vain. She would be utterly destroyed, not simply spoiled as by thieves (1-6). Her former friends and allies have turned against her (7), and her wisdom shall fail her in this extremity (8, 9). She is justly punished for her unbrotherly conduct towards Juda when foreigners sacked Jerusalem and cast lots over it (10-11). She is bidden to desist from her unworthy conduct (12-14). The "day of Yahweh" is near upon "all the nations", in whose ruin Edom shall share under the united efforts of "the house of Jacob" and "the house of Joseph" (16-18). As for Israel, her borders will be enlarged in every direction; "Saviours" shall appear on Mount Sion to "judge" the Mount of Esau, and the rule of Yahweh shall be established (19-20).

Date of the prophecy of Abdias

Besides the shortness of the book of Abdias and its lack of a detailed title such as is usually prefixed to the prophetical writings of the Old Testament, there are various reasons, literary and exegetical, which prevents scholars from agreeing upon the date of its composition.

Many among them (Keil, Orelli, Vigouroux, Trochon, Lesêtre, etc.) assign its composition to about the reign of Joram (ninth century B.C.). Their main ground for this position is derived from Abdias's reference (11-14) to a capture of Jerusalem which they identify with the sacking of the Holy City by the Philistines and the Arabians under Joram (2 Chronicles 21:16,17). The only other seizure of Jerusalem to which Abdias (11-14) could be understood to refer would be that which occurred during the lifetime of the prophet Jeremias and was effected by Nabuchodonosor (588-587 B.C.). But such reference to this latter capture of the Jewish capital is ruled out, we are told, by the fact that Jeremias's description of this event (Jeremiah 49:7-22) is so worded as to betray its dependence on Abdias (11-14) as on an earlier writing. It is ruled out also by Abdias's silence concerning the destruction of the city or of the Temple which was carried out by Nabuchodonosor, and which, as far as we know, did not occur in the time of King Joram.

A second argument for this early date of the prophecy is drawn from a comparison of its text with that of Amos and Joel. The resemblance is intimate and, when closely examined, shows, it is claimed, that Abdias was anterior to both Joel and Amos. In fact, in Joel 3:5 (Hebrews 3:5) "as the Lord hath said" introduces a quotation from Abdias (17). Hence it is inferred that the prophecy of Abdias originated between the reign of Joram and the time of Joel and Amos, that is, about the middle of the ninth century B.C. The inference is said also to be confirmed by the purity of style of Abdias's prophecy.

Other scholars, among whom may be mentioned Meyrick, Jahn, Ackerman, Allioli, etc., refer the composition of the book to about the time of the Babylonian Captivity, some three centuries after King Joram. They think that the terms of Abdias (11-14) can be adequately understood only of the capture of Jerusalem by Nabuchodonosor; only this event could be spoken of as the day "when strangers carried away his [Juda's] army captive, and foreigners entered into his gates, and cast lots upon Jerusalem"; as "the day of his [Juda's] leaving his country . . . . the day of their [the children of Juda's] destruction"; "the day of their ruin"; etc. They also admit that Abdias (20) contains an implicit reference to the writer as one of the captives in Babylon.

Others again, ascribe the present book of Abdias to a still later date. They agree with the defenders of the second opinion in interpreting Abdias (11-14) as referring to the capture of Jerusalem by Nabuchodonosor, but differ from them in holding that (20) does not really prove that the author of the book lived during the Babylonian exile. They claim that a close study of Abdias (15-21), with its apocalyptic features (reference to the day of the Lord as being at hand upon all nations, to a restoration of all Israel, to the wonderful extent of territory and position in command which await the Jews in God's kingdom), connects necessarily the prophecy of Abdias with other works in Jewish literature [Joel, Daniel, Zechariah 9-14] which, as they think, belong to a date long after the return from Babylon.

These, then are the three leading forms of opinion which prevail at the present day regarding the date of composition of the book of Abdias, none of which conflicts with the prophetical import of the work concerning the utter ruin of Edom at a later date and concerning the Messianic times.

Sources

Phillippe, in Dict. de la Bible; Selbie, in Hast., Dict. of Bible, s.v. Obadiah. Recent Commentaries: Trochon (1883); Peters (1892); Perowne (1898); Nowack (1897).

Gigot, Francis. "Abdias." The Catholic Encyclopedia. Vol. 1. New York: Robert Appleton Company, 1907. 19 Nov. 2016 <http://www.newadvent.org/cathen/01030b.htm>.

Transcription. This article was transcribed for New Advent by Hilary Ho Sang.

Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. March 1, 1907. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.




OBADIAH 


The name of thirteen different persons mentioned in the Bible. As vocalized in the Masoretic text, it means "worshiper of Yhwh." 1. Head steward to King Ahab of Israel. At the time of the persecution of the prophets of Yhwh by Jezebel, Obadiah succeeded in concealing one hundred of them in caves (I Kings xviii. 4-6). During the great famine he was sent by Ahab to search for food. He met the prophet Elijah, and brought Ahab the message that the famine was at an end (ib. 6 et seq.). 2. A descendant of Jeduthun (I Chron. ix. 16). 3. One of the grandchildren of the last king, Jeconiah (ib. iii. 21). 4. A descendant of the tribe of Issachar, and one of David's heroes (ib. vii. 3). 5. A descendant of Saul (ib. viii. 38, ix. 44). 6. A Gadite, the second in the list of David's heroes who joined him in the desert before the capture of Ziklag (ib. xii. 9). 7. Father of Ishmaiah, who was appointed representative of the tribe of Zebulun, under David (ib. xxvii. 19). 8. One of the officers sent by Jehoshaphat to teach in the different towns of Judea (II Chron. xvii. 7). 9. A Levite, who, during the reign of Josiah, was placed over the workmen repairing the Temple (ib. xxxiv. 12). 10. Son of Jehiel; chief of 218 men who returned with Ezra to Palestine (Ezra viii. 9). 11. One of those who signed, with Nehemiah, the covenant to live according to the doctrines of the law of Moses (Neh. x. 6). 12. One of the porters of the gates in the porticoes of the new Temple (ib. xii. 25). 13. A prophet who lived probably about 587 B.C. (Ob. 1).


Obadiah was a proselyte of Edomite origin (Sanh. 39b), and is said to have been a descendant of Eliphaz, the friend of Job (Yalḳ. ii. 549). He is identified with the Obadiah who prophesied against Edom (Ob. 1). It is said that he was chosen to prophesy against Edom because he was himself an Edomite. Moreover, having lived with two such godless persons as Ahab and Jezebel without learning to act as they did, he seemed the most suitable person to prophesy against Esau (Edom), who, having been brought up by two pious persons, Isaac and Rebekah, had not learned to imitate their good deeds.

Obadiah is supposed to have received the gift of prophecy for having hidden the hundred prophets from the persecution of Jezebel. He hid the prophets in two caves, so that if those in one cave should be discovered those in the other might yet escape (Sanh. l.c.).

Obadiah was very rich, but all his wealth was expended in feeding the poor prophets, until, in order to be able to continue to support them, finally he had to borrow money at interest from Ahab's son Jehoram (Ex. R. xxxi. 3). Obadiah's fear of God was one degree higher than that of Abraham; and if the house of Ahab had been capable of being blessed, it would have been blessed for Obadiah's sake (Sanh. l.c.).


Sant' Abdia Profeta


Quarto dei profeti minori visse probabilmente dopo la conquista di Gerusalemme avvenuta intorno al 587-586 a. C. Nel libro più breve dell’Antico Testamento, di cui è l’autore, cerca di consolare Gerusalemme con la speranza di una rapida restaurazione. Come i profeti d’Israele anche lui conferma l’esistenza di un solo Dio buono e giusto, che punisce i peccatori e vendica le ingiustizie fatte al suo popolo. Per la sua visione assai positiva nei confronti d’Israele, gli esegeti lo considerano l’annunciatore del Messia.

Etimologia: Abdia = servo di Jahvè, dall'ebraico

Martirologio Romano: Commemorazione di sant’Abdia, profeta, che, dopo l’esilio del popolo d’Israele, preannunciò l’ira del Signore contro le genti nemiche.

Sul lato del campanile del duomo di Firenze una statua di Nanni di Bartolo rappresenta il profeta Abdia: è un giovane robusto a capo scoperto, con un ricco mantello e tra le mani il 'volumen', cioè il libro che contiene la sua 'visione' o profezia lanciata contro gli abitanti dell'Idumea, gli Edomiti, un popolo nomade della Palestina meridionale, discendenti da Esaù, quindi i più vicini per parentela agli Ebrei. Gli antichi Martirologi latini non facevano menzione di Abdia, che compare tuttavia nel Martirologio Romano e nel Sinassario Costantinopolitano alla data del 19 novembre. Le molte raffigurazioni di Abdia, quarto dei profeti minori, autore del libro più breve del Vecchio Testamento, testimoniano la larga devozione verso questo santo, che emerge dalla notte dei tempi antichi come un bagliore di vivida luce. 'Profeta piccolo per il numero dei versetti, non delle idee', dice di lui S. Girolamo.

I ventun versetti del suo libro contengono anzitutto una dura minaccia contro gli Edomiti. Gli antichi rancori, mai sopiti dall'epoca della ingegnosa frode di Giacobbe ai danni del fratello Esaù, erano esplosi durante e dopo la distruzione di Gerusalemme, avvenuta nel 587 a.C. per opera del babilonese Nabucodonosor. In quella tristissima ora per il popolo della Giudea, gli Edomiti diedero man forte agli invasori, partecipando attivamente al saccheggio della città e alla spietata caccia ai fuggiaschi. Mentre a consolare i deportati in Mesopotamia, costretti al lavoro coatto nel grande canale tra Babel e Nippur, c'era il grande profeta Ezechiele, tra i rimasti ci fu il giovane Abdia, che proferì una dura minaccia contro gli Edomiti insieme all'annuncio consolatorio della restaurazione di Gerusalemme, destinata ad accogliere il Messia.

Abdia sviluppa questi due temi con un canto lirico stupendo. Così si rivolge al confinante popolo idumeo: 'Ecco, io t'ho fatto piccolo fra le nazioni, tu sei molto spregevole. La superbia del tuo cuore ti ha ingannato... Per le uccisioni, per le ingiustizie commesse contro il tuo fratello Giacobbe, tu sarai coperto di confusione e perirai per sempre... La casa di Giacobbe sarà di fuoco e la casa di Esaù sarà di paglia, verrà bruciata e divorata'. Il profeta segue una linea religiosa tradizionale, il cui tema costante è l'affermazione della unicità di Dio Javhè, padrone assoluto di tutte le cose e giudice supremo, che punisce i peccatori e vendica le offese fatte al suo popolo. In questa conclusione ottimistica della 'visione' di Abdia gli esegeti vedono il preannunzio di Cristo e della Chiesa.


Autore: Piero Bargellini




Voir aussi : http://www.interbible.org/interBible/ecritures/exploration/2011/exp_110329.html