Saint Jean d'Avila
Prêtre, 34ème docteur de l'Eglise (+ 1569)
Né en 1502 près de Tolède, ses parents étaient des juifs convertis. Il fut ordonné prêtre, après de brillantes études, à Alcala et il mit ses talents d'orateur et de théologien au service de l'Evangile. Il obtint ainsi de nombreuses conversions dont celles de saint Jean de Dieu et de saint François Borgia. Son extraordinaire clairvoyance théologique le fit suspecter par l'Inquisition espagnole qui l'emprisonna. Selon la parole du pape Paul VI "Il domina ces épreuves par une intense spiritualité."
Dès l'âge de quatorze ans, il se distingue par sa maturité intellectuelle. A Salamanque, ses études universitaires furent des plus brillantes, d'autant qu'il avait grande facilité à exprimer le sens exact de sa pensée. Il vivait une vie chrétienne profonde. Quand il perdit son père et sa mère, il se sentit libre de s'orienter vers le sacerdoce après avoir vendu la majeure partie de ses biens pour les plus pauvres. Ses prédications à Tolède attiraient les foules et, parmi ceux dont il marqua définitivement la vie, nous pouvons mentionner saint Jean de Dieu, saint François Borgia, sainte Thérèse d'Avila. Il insistait sur la nécessité de bien se connaître et de bien connaître Dieu. Il fut l'un des maîtres spirituels de son temps et ses lettres sont encore d'actualité. Accusé de rigorisme, il connut même, un temps, les rigueurs des prisons de l'Inquisition. Lorsque son innocence fut reconnue, il remercia les juges d'avoir voulu le perdre et ainsi de lui avoir fait partager un temps la vie du Divin crucifié.
Canonisé le 31 mai 1970 par Paul VI - homélie en italien.
Il faisait partie des Saints patrons des JMJ de Madrid.
"... je déclarerai prochainement saint Jean d’Avila, prêtre, Docteur de l’Église universelle..."
Benoît XVI - Messe avec les séminaristes, Madrid 20 août 2011.
Dimanche 7 octobre 2012 - Messe pour l'ouverture du Synode des Évêques et proclamation comme "Docteur de l'Église" de saint Jean D'Avila et sainte Hildegarde de Bingen.
"Ces deux grands témoins de la foi vécurent à des époques et dans des contextes culturels très différents. Hildegarde, une bénédictine vivant en plein Moyen Age allemand, fut un vrai maître de théologie versée dans les sciences naturelles et la musique. Prêtre de la Renaissance espagnole, Jean prit part au renouveau culturel et religieux d'une Eglise et d'une société parvenues au seuil des temps modernes". Leur sainteté de vie et la profondeur de leur doctrine disent leur actualité. La grâce de l'Esprit les projeta dans une expérience de plus profonde compréhension de la Révélation, et leur permit de dialoguer intelligemment avec le monde dans lequel l'Eglise agissait". Puis le Pape a indiqué que ces deux figures de saints docteurs revêtent de l'importance à la veille de l'Année de la foi et en vue de la nouvelle évangélisation, à laquelle est consacrée la prochaine assise synodale. "Aujourd'hui encore, dans leurs enseignements, l'Esprit du Ressuscité résonne et éclaire le chemin vers la Vérité qui rend libre et donne son plein sens à nos vies". (source: VISnews)
Autre lien utile: l'Œuvre de Saint Jean d’Avila fondée en 1919 - site du Vatican - Conseil pontifical pour les laïcs.
À Montilla en Andalousie, l’an 1569, saint Jean d’Avila, prêtre, qui parcourut
toute la région en prêchant le Christ et, suspecté injustement d’hérésie, fut
jeté en prison, où il écrivit la plus grande partie de sa doctrine spirituelle.
Martyrologe romain
SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1125/Saint-Jean-d-Avila.html
La colère de Dieu
Considérez que Dieu n’agit jamais avec colère, mais
avec amour ; ou que s’il est en colère, c’est une colère de père qui ne
châtie ses enfants que pour leur bien et non pas par un esprit de vengeance.
Répondez donc par votre amour à ce châtiment d’amour : humiliez-vous sous
le bras du Tout-Puissant ; recevez avec patience cette médecine salutaire
de la main de votre céleste médecin, qui veut par elle vous donner la vie et
non pas la mort. Remerciez-le beaucoup de la grâce qu’il vous fait de vous
procurer par une telle amertume un bien auquel la douceur serait contraire, et
considérez l’obligation que vous lui avez d’employer pour votre salut tant de
différents moyens. Car les afflictions nous purifient de nos péchés,
réchauffent notre tiédeur, nous détachent de l’affection de cette vie, et
augmentent notre désir de passer dans une meilleure. Puis donc que ce n’est que
pour ce sujet que Dieu nous envoie des afflictions, ne soyons pas si malheureux
que de nous servir pour l’offenser de la grâce qu’il nous fait de nous donner
ce moyen de satisfaire à nos péchés et nous avancer dans son service.
Gardons-nous bien de nous éloigner de Dieu, et au lieu
de croire que son amour pour nous soit diminué, remercions-le de tout notre
cœur de la grâce qu’il nous a faite.
St Jean d’Avila
Jean d’Avila († 1569) fut en Andalousie un modèle de pasteur
dans l’esprit du concile de Trente. Écrivain fécond, prédicateur, directeur
spirituel, son influence s’exercera notamment en France à travers saint
François de Sales. / Œuvres, Paris, Le Petit, 1673, p. 130.
Un Dieu passionné pour
notre salut
S’il vous paraît
incroyable qu’étant aussi misérables que nous sommes, nous puissions
éternellement posséder Dieu, vous devez trouver encore plus étrange que le Fils
de Dieu ait été à la vue de tout un peuple attaché à une croix dans la
résolution d’y demeurer jusqu’à la fin du monde s’il eut été nécessaire pour
notre salut. Trouverons-nous étrange après cela qu’il donne une vie éternelle
et bienheureuse à ceux qui ont une entière confiance en lui et qui l’aiment de
tout leur cœur ? Gravez dans votre esprit ces paroles de saint Paul :
Dieu, en nous donnant son Fils, nous a tout donné (cf. Rm 8, 32).
Car, qui peut douter qu’après nous avoir donné son Fils, et un tel Fils, il ne
nous donne tout le reste, puisque tout le reste est beaucoup moindre. Que si
vous faites à cela l’attention qui est due aux choses de Dieu, vous
considérerez tout ce qui vous arrivera comme des rayons de lumière qui font
connaître la grandeur de cet amour, et comme des flèches qui doivent nous
pénétrer le cœur de telle sorte qu’à moins qu’il fût de marbre nous ne saurions
ne point aimer avec ardeur un Dieu qui nous aime si ardemment.
St Jean d’Avila
Né près de Tolède d’une
famille juive convertie, Jean d’Avila († 1569) fut en Andalousie un modèle
de pasteur dans l’esprit du concile de Trente. / Œuvres, Paris, Petit, 1673,
p. 321.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/mardi-6-decembre/meditation-de-ce-jour-1/
San
Juan de Ávila. Iglesia de San Andrés. Sevilla, Andalucía, España.
VIE
DU BIENHEUREUX JEAN D'AVILA*
Sacerdoce
et rêves d'apostolat lointain. *
Difficultés
avec l'inquisition d'espagne. *
Avila
et le concile de trente.*
Avila
et la compagnie de jésus.*
II
Les
sermons. Confusions et découvertes.*
L'armature
théologique des sermons. *
III
I
Vie de Jean d'Avila.
La jeunesse.
Jean d'Avila naît avec le siècle d'or espagnol. Fils d'Antoine Avila et de
Catherine Xixona; aucune parenté ne le lie à sainte Thérèse d'Avila, ni au
chapelain de celle-ci, le bon Julien d'Avila, dont la Vie de la sainte
nous conte l'ingénue charité. Ce nom d'Avila a-t-il même quelque attache avec
la ville illustre de Castille où a vécu Thérèse? Il peut ici y avoir un doute.
La famille du bienheureux, d'origine juive, sans doute désireuse de changer son
nom, avait-elle choisi celui d'une cité comme il a été longtemps d'usage ?
C'est une hypothèse plausible et nous verrons que cette ascendance suivra Jean
d'Avila dans tout le. cours de sa carrière et, peut-être bien, contribuera à la
détourner des chemins glorieux qu'elle aurait pu prendre, pour l'orienter, la
grâce aidant, vers le plus fécond des apostolats.
C'est à Almodovar del Campo, non loin de Ciudad Real, dans la Manche, où son
père était établi riche marchand, que Jean d'Avila voit le jour en 1500. On
possède peu de renseignements sur sa petite enfance qui dut, jusqu'en 1514,
s'écouler dans le calme d'une de ces cités, grands villages blanchis à la
chaux, qui s'étalent sur les vastes étendues du plateau manchois où les moulins
battent des ailes.
A cette date, juste âgé de 14 ans, Jean part, suivant la coutume des fils de
familles aisées, pour l'Université de Salamanque. Il va s'y préparer à cette
carrière des " Lettres ", que Cervantès compare et oppose à la
fois à celle des " Armes ", dans un célèbre discours du Don
Quichotte. Mais les Lettres c'est aussi bien les Arts que le Droit, la
Philosophie que la Théologie: c'est tout ce qui débouche sur l'une des nobles
carrières où l'Etat puise ses grands serviteurs. Jean d'Avila optera bien vite
pour un sacerdoce vécu dans l'humilité et la pauvreté.
Étudiant à Salamanque.
Il reste quatre ans à Salamanque et l'on s'étonne même qu'il y soit resté
si longtemps, car la pureté du sang, la fameuse " limpieza de sangre
", était exigée des étudiants de cette vieille université. Toujours est-il
qu'en 1518 Jean se retire un temps dans sa famille et ne retrouve les études
qu'en 1520, à cette Université d'Alcalá, qui est fille du génie de Cisneros,
imbue des idées nouvelles et où aucune exigence formaliste n'empêche les
descendants de converses d'obtenir les grades universitaires. Il se fortifie
dans toutes les branches de la Philosophie d'alors: Physique, Métaphysique,
Logique. Il est bachelier en 1523 et il a travaillé sous la direction d'un
futur dominicain, qui illustrera son ordre par son enseignement et par sa
glorieuse participation au Concile de Trente: Domingo de Soto.
Il commence alors ses études théologiques, pour les poursuivre jusqu'en 1526.
Il les reprendra un peu plus tard et ne conquerra qu'en 1537, à Grenade, ce
titre de Maestro qui, avec celui de Beato, le distingue dans ses
appellations espagnoles.
Sacerdoce et rêves d'apostolat lointain.
En 1525 il a été ordonné prêtre et c'est alors que sa route va être traversée
par un providentiel incident, dont les raisons exactes ne nous sont pas
clairement données par ses biographes.
Jean d'Avila, une fois prêtre, est très vite remarqué pour la flamme singulière
de sa jeune éloquence et l'ardeur de sa charité. N'a-t-il point, au jour de sa
première messe, à Almodovar, refusé le banquet - de style traditionnel pourtant
- organisé par son père, pour partager son repas avec les douze pauvres qu'une
autre tradition, plus évangélique, fait seigneurs des évêques et des rois le
Jeudi saint, lors du Mandatum?
Pourquoi l'ami des humbles ne partirait-il pas, Conquistador de l'amour de
Dieu, vers ces Indes Occidentales dont on parle tant depuis plus d'un quart de
siècle et vers lesquelles se dirige l'expédition du P. Garces, premier évêque
du Tlaxcala? Nous sommes en 1527 et Séville attend le départ des hardis
navigateurs du Christ.
Or Jean d'Avila, malgré son vif désir d'embrasser la vie missionnaire, ne
partira pas. Ici les hypothèses sont fort divergentes.
Pour les uns c'est l'origine juive du jeune prêtre qui l'écarté de l'expédition
en partance : par principe les conversons n'étaient pas admis en Amérique.
L'interdiction, dit-on, " était formelle ".
Cependant, nous est-il dit également, Jean d'Avila " restait
inébranlable " (J. Cherprenet, o. c., p. 13) dans son projet de départ.
Sans doute avait-il quelque espérance de faire lever l'interdiction. On en est
réduit aux conjectures. C'est alors, croit-on, que serait intervenu un autre
facteur. Un prêtre sévillan, Hernando de Contreras, lui aurait montré quel
champ d'apostolat il aurait, et combien plus utile à cultiver, dans cette
Andalousie où il vivait, encore si peuplée de morisques. L'archevêque de Séville,
le grand inquisiteur Alonso Manrique, admirateur d'Erasme, intervenant à son
tour, le jeune prêtre se décida à rester en Espagne. Les deux explications
peuvent d'ailleurs n'en faire qu'une. Deux causes ont pu s'unir pour maintenir
dans la péninsule si catholique et si trouble à la fois, celui que travaillait
un tel désir de jeter les hommes aux pieds du Christ...
Prédicateur.
Dès lors va commencer cette carrière de prédicateur qui sera presque toute sa
vie, mais qui n'empêchera pas les fondations originales. Celles-ci, dans sa
pensée, devront continuer l'oeuvre de conversion commencée par la parole, car
une grâce éminente est enfermée dans la distribution de la parole de
Dieu: " Fides ex intellectu ".
Protégé de Contreras, hébergé quelque temps dans le propre palais de
l'archevêque, Avila commence sa vie itinérante. Nous le trouvons tour à tour à
Séville, à Ecija (où il conduit vers la vie religieuse Dona Sancha Carrillo,
une fille de haute lignée à laquelle il dédiera son seul ouvrage mystique
: Audi, Filia et vide...,), à Alcalá de Guadaira, à Palma del Rio, à
Cordoue, à Jerez. C'est au cours de cette existence vagabonde qu'il rencontrera
d'innombrables âmes auxquelles il apportera la lumière. Mais pourrait-on ne pas
citer les deux célèbres conversions qu'il obtint à Grenade: celle du futur
saint Jean de Dieu, après un sermon le jour de la Saint-Sébastien; celle de
saint François de Borgia, après l'oraison funèbre de l'impératrice Isabelle?
Difficultés avec l'Inquisition d'Espagne.
Nous anticipons cependant. Il faut s'arrêter et revenir en arrière. En effet un
grave incident a failli couper court à cet apostolat. A l'automne 1531, Jean
d'Avila a été dénoncé, par des délateurs dont le masque tombera un peu plus
tard, au Tribunal de l'Inquisition comme coupable d'hérésie: en l'espèce
illuminisme et même de luthéranisme. En 1532 il est mis en prison à Séville. En
décembre de la même année, il subit son premier interrogatoire. Ce n'est qu' à
l'été de 1533 que la sentence est rendue: elle est heureusement absolutoire.
Mais tout absous qu'il fžt, l'intéressé était invité à surveiller son langage,
à se montrer plus prudent dans l'énoncé de la Parole de Dieu et à réunir ses
anciens auditeurs pour leur expliquer clairement ce que peut-être ils n'avaient
pas suffisamment compris. Il semble qu'un seul sermon solennel, prononcé dans
l'église San Salvador de Séville, ait alors suffi à satisfaire l'oreille
chatouilleuse des inquisiteurs. Mais s'ils avaient voulu honorer l'accusé
d'hier, ils n'auraient rien pu trouver de mieux, car l'épreuve fut triomphale
et ne fit souffrir que l'humilité du saint.
Que s'était-il exactement passé?
Pour le comprendre il faut se mettre dans la perspective de ce siècle
bouillonnant d'idées, de désirs de renouvellement, de rêves et d'ambitions
impériales qui portent cette race toujours plus haut, toujours plus loin : il
lui faut un empire sur lequel le soleil ne se couche pas et un ciel dont on
aspire à pénétrer les cercles les plus secrets. Conquérants de l'or et des
forêts de l'Amérique, mystiques et ascètes sont de la même veine, si leurs buts
sont différents.
En 1517 un moine allemand a rompu avec Rome et prêché un christianisme purement
évangélique : le luthéranisme sera pour beaucoup d'Espagnols une excitation à
repenser la foi traditionnelle dans la parfaite soumission à l'évangile. Mais
l'Inquisition veille et nous savons que le protestantisme ne pénétrera jamais
dans la péninsule ibérique.
Cependant au cours de ces années 1527-1528 où Jean d'Avila, achevant d'étudier
à Alcalá, songeait à partir en Amérique, une doctrine moins inquiétante,
orthodoxe à n'en pas douter, s'infiltrait en Espagne: c'était l'érasmisme. La
pensée du chanoine de Rotterdam, tout empreinte d'un pur évangélisme,
commençait alors à être en grand honneur chez les spirituels espagnols,
particulièrement à l'Université d'Alcalá où Avila étudiait. Le grand
inquisiteur lui-même était un admirateur d'Erasme et couvrait de son manteau
d'archevêque les disciples du Flamand. Jusqu'en 1555 l'érasmisme occupera en
Espagne une place prépondérante, attaqué par les uns, portés aux nues par les
autres. Mais ses adversaires sont déj à dans la place et faciliteront la
confusion entre ce mouvement de rénovation spirituelle et les courants de
fausse mystique qui circulent en Espagne: illuminisme des alumbrados et
surtout des dejados, sorte de quiétisme ou abandon dont certains érasmistes, il
faut le dire, ne se seront pas assez méfiés...
Or l'illuminisme était partout attaqué par l'Inquisition, durant le temps même
où l'érasmisme était en pleine vigueur. Dès 1525 l'Edit inquisitorial de Tolède
condamne 48 propositions, dont certaines d'ailleurs pourraient être professées
par tout chrétien soucieux de renouvellement intérieur, dans " un
sentiment vif de la grâce ", à la lumière du seul Évangile.
Pour Jean d'Avila, ancien étudiant d'Alcalá, protégé de l'archevêque Manrique,
apôtre qui regarde l'évangile comme l'arme essentielle, impossible de ne pas
frôler ces familles spirituelles pour lesquelles le recueillement, le
détachement, la découverte de Dieu dans l'oraison mentale, la charité et la
pauvreté sont les maîtres mots. Le futur fondateur d'une compagnie de prêtres
séculiers doit penser, lui aussi, comme Erasme, que " monachatus non
est pietas ", que l'état monastique n'est pas la seule voie qui mène à
Dieu. Comment s'étonner alors quand on voit certains auditeurs, prévenus contre
lui et contre sa prédication, fondée sur les Béatitudes, se faire auprès du
tribunal redouté, ses accusateurs ou ses témoins à charge? Sans être le moins
du monde " illuminé ", moins encore " abandonné ", Avila
emploie parfois des termes qui prêtent à équivoque, surtout pour certains
auditeurs qui ne demandent qu' à le perdre. On s'en servira.
Et c'est tout le secret de ce procès, assez odieux pour maintenir l'accusé de
longs mois en prison, assez heureux pour tourner à sa gloire et à la confusion
de ses détracteurs.
Que lui a-t-on reproché? Des mots mal compris, des expressions frisant
l'hétérodoxie; de rudes sévérités contre les riches; un appel, alors jugé
dangereux, à la prière mentale, de préférence à la prière vocale, voire des
méthodes troubles, comme par exemple l'idée de s'enfermer avec tels de ses
pénitents pour méditer dans l'obscurité...
A dire vrai les témoignages à charge s'effritent à mesure que se déroule le
procès: tel a mal vu, mal entendu, ou même n'était pas présent lors du sermon
incriminé. En revanche, les témoins à décharge se présentent nombreux. Et comme
le dit Robert Ricard: " // est certain que le prédicateur des
Béatitudes, profondément évangélique, heurtait les préjugés d'alors ou
certaines résistances qui sont de toujours, par exemple quand il blâmait la
haine ou le mépris que tels de ses pénitents confessaient avoir pour les Juifs
et les Musulmans, ou qu'il mettait les fidèles en garde contre les révélations
ou les prodiges trop facilement acceptés... Il est certain aussi que le
bienheureux fut victime d'une coupable machination: des riches offensés, des
confrères jaloux tentèrent de lui faire expier sa sollicitude pour les pauvres
ou ses succès de prédicateur ". (R. Ricard. Du nouveau sur le Bienheureux
d'Avila. Revue d'Ascétisme et de Mystique, 1948)
Tout se termina par le triomphal sermon " de réparation " qui
souleva Séville d'enthousiasme. L'apôtre de l'Andalousie avait devant lui le
champ libre.
Le groupe avilien.
Déj à des disciples se sont mis à l'école apostolique de Jean d'Avila: Pedro
Fernandez de Cordoba, Bernardino de Carlaval, Diego de Santa Cruz et son frère
Cristobal Sanchez, Gaspar Lopez, les deux frères Loarte, Diego Ferez de
Valdivia, Pedro Navarro, Ramirez. On pourrait allonger la liste. Ils vont, à la
suite de leur entraîneur, parcourir, dans leurs vêtements usés, blancs de la
poussière des chemins, ces routes de l'Andalousie, où chante la joie de vivre,
mais d'où le Christ est si souvent absent.
En effet il n'y a pas que des morisques, de nouveaux convertis plus ou moins
sincères, restés en contact avec leur première profession. L'Andalousie, dans
ses grandes villes surtout, est aussi le réceptacle de toute une pègre, que la
littérature du temps nous peint sous de bien tristes couleurs. Picaros de toute
espèce, soldats en congé dont l'épée, toujours prête à sortir du fourreau,
dépasse la cape rapiécée, voleurs de grands chemins, fonctionnaires indélicats,
filles de misère avec leurs protecteurs, truands et coquins. Cependant la
richesse s'étale orgueilleusement chez les grands et même chez les clercs... Ah
! les Béatitudes ont bien ici leur place. Sans compter qu' à côté de ces
pécheurs, grands et petits, riches ou misérables, il y a la foule des
travailleurs des champs, gens honnêtes au fond, mais souvent abandonnés des
pasteurs, d'une immense ignorance religieuse et que guettent la
sorcellerie et toutes les aberrations qui en découlent.
C'est à ces foules qu'Avila - Maître Avila depuis qu'il a obtenu
ses " grados " suprêmes à l'Université de Grenade - va
s'adresser, aidé de ce groupe de disciples enthousiasmés par l'ardeur
communicative du maître et la magnificence du labeur à accomplir. Rien ne les
lie, ni voeu, ni promesse de stabilité ou d'obéissance. Aucune hiérarchie ni
savante organisation, comme dans la Compagnie de Jésus, si proche pourtant par
son élan de la compagnie avilienne. Les prêtres de Jean d'Avila pourront
passer, s'ils le veulent, à cette armée de Loyola et nous verrons que
quelques-uns réaliseront ce voeu et qu'il n'a pas tenu à eux ou à leur
fondateur d'y entrer en plus grand nombre. En revanche, ils se mettent à la
disposition des évêques pour tout travail d'apostolat. Ils sont essentiellement
" disponibles " comme on dit aujourd'hui.
Cordoue les reçoit en 1535 et le bienheureux passera en cette ville près de
huit années. Puis Grenade, puis Baeza. L à va se fonder, modèle d'organisation
et de méthode, le plus célèbre collège avilien : sorte d'université où petits,
moyens et grands trouvent leur pâture intellectuelle et spirituelle. Futurs
clercs et jeunes laïques y sont formés en vue du rôle qu'ils auront à jouer.
Les filles ne sont pas exclues de cette solide formation. Les plus hautes
disciplines sont enseignées: même l'Ecriture sainte, même la Théologie. Et les
séminaires, dont le Concile de Trente demandera demain la fondation, auront
beaucoup à apprendre de cet effort éducatif du bienheureux. De nombreux
collèges se forment aussi, dus à son impulsion, dirigés par ses prêtres. Nous
verrons bientôt quel don il songe généreusement à en faire et qui fut, peut
être imprudemment, refusé.
Avila et le Concile de Trente.
En novembre 1544, la paix ayant été signée entre le roi de France et l'empereur
Charles-Quint, le pape Paul III peut enfin convoquer à Trente le concile
général auquel depuis si longtemps on songeait. L'Espagne y sera
particulièrement représentée. Certes, au début, l'empereur n'a voulu laisser
partir au concile qu'un nombre restreint d'évêques espagnols. Certains, des
plus grands, manqueront: tel l'illustre saint Thomas de Villeneuve, archevêque
de Valence. Il en sera de même du côté des théologiens: le maître Avila ne
participera pas au concile, mais, comme Frère Thomas, il jouera en coulisse un
rôle important tant par les précieux conseils qu'il donnera, que par l'exemple
il apporte, depuis longtemps, à la chrétienté rénovée. S'il faut une
contre-réforme charitable et constructive, il n'y a qu' à les regarder vivre et
agir, lui et les siens; il n'y a qu' à écouter sa parole et se mettre à l'école
de son apostolat. Le pape Paul III, convocateur du concile, connaissait bien
cette oeuvre puisqu'il avait, dans une Bulle du 14 mars 1538, érigé
canoniquement le collège fondé à Baeza par le bienheureux. La semence des
séminaires tridentins y était incluse.
Mais Avila jouera un rôle plus direct encore, surtout dans la seconde et la
troisième périodes du concile, comme conseiller d'un grand prélat espagnol, son
ancien condisciple d'Alcalâ, l'archevêque de Grenade, Don Pedro Guerrera.
C'est en effet, en 1551 que Jules III ouvre cette seconde période conciliaire -
Pedro Guerrero, archevêque depuis 1547, doit s'y rendre et désire s'y faire
accompagner, à titre de théologien, par son ami, le maître Avila. Mais celui-ci
est retenu en Espagne par son mauvais état de santé. Cependant il va fournir à
l'archevêque un mémoire et un appendice d'une importance capitale, qui seront
en partie incorporés aux décisions conciliaires et vaudront au Docteur Logrono
- surnom universitaire de l'archevêque originaire de la Rioja - un succès,
qu'avec une sincère humilité, il saura rejeter sur son pieux et savant ami.
De ces deux Mémoires, qu'il faut bien ranger parmi les Tratados - nous
verrons combien ce mot a été abusivement employé dans les premières éditions
des oeuvres d'Avila - l'un traite de " la Réforme de l'Etat ecclésiastique
", l'autre est un " Avis aux Evêques ", dont la gravité, en
raison du rang et du rôle des destinataires, ne nous échappe pas.
En outre, au lendemain du concile, Avila rédige pour un autre prélat
réformateur, Cristobal de Rojas, évêque de Cordoue, des "
Observations " qui serviront grandement, en complétant, et précisant, les
décisions conciliaires, au synode provincial tenu à Tolède en 1565.
La pensée d'Avila se développe suivant une loi de logique vivante, dans la
clarté, mais aussi dans la réalité minutieusement étudiée. Partant du drame de
l'Eglise, en ce seizième siècle troublé, drame extérieur d'une chrétienté
attaquée à ses frontières, drame intérieur d'une église dont les pasteurs, très
souvent, ne sont pas à la hauteur de leur tâche, Avila étudie successivement
les causes du mal et ses remèdes. Les causes résident dans une ignorance
religieuse qu'expliquent une mauvaise interprétation de l'Ecriture, une
prédication la plupart du temps insuffisante, quand elle n'est pas dangereuse,
un sacerdoce inadapté aux besoins du temps, le plus souvent négligent dans
l'exercice de ses fonctions sacrées, et cela depuis les simples prêtres
jusqu'aux hauts dignitaires et aux évêques eux-mêmes. " L'éminentissime
réforme ", que souhaitait Dom Barthélémy des Martyrs, est au bout de la
plume du consulteur espagnol... Les remèdes seront faciles à trouver, s'ils
sont difficiles à appliquer : l'étude attentive de la vocation cléricale et
religieuse - qu'il s'agisse, en ce dernier cas, des hommes ou des femmes
engagés dans une " religion " - précédera toute tentative
d'amélioration. Alors, sur un terrain bien préparé - et ici tout le problème
des séminaires tridentins est posé - on pourra former des apôtres qui seront à
la fois, chacun dans son rôle et à sa place, des théologiens, des
interprétateurs valables de l'évangile, des éducateurs et des prédicateurs...
Ce qu'Avila était déj à depuis si longtemps...
Nous savons tout ce que la Contre-réforme a tiré des conseils de Maître Jean
d'Avila. Nous lui devons en grande partie l'idée et la réalisation
des " Séminaires conciliaires " comme l'on dit encore en
Espagne, ces séminaires que Saint-Sulpice et Saint-Lazare allaient porter en
France à leur perfection du moment.
Avila et la Compagnie de Jésus.
Tandis que se déroulait le concile, Avila, que de nombreuses infirmités
éprouvaient cruellement, tantôt lui laissant juste le temps de faire une
prédication, de diriger une mission, tantôt le clouant sur son grabat, Avila,
en ce moment même, tentait de donner à sa petite compagnie un cadre résistant
qui lui permettrait de survivre à la disparition du fondateur. Une autre
compagnie - qui allait devenir illustre - s'était fondée postérieurement à la
sienne: la milice d'Ignace de Loyola. Une sympathie mutuelle, tout empreinte de
charité active, poussa les deux familles spirituelles l'une vers l'autre. Ceci
se passait en 1547 ou 1548. Les deux fondateurs correspondent. Avila prend même
la défense de la compagnie ignatienne contre Melchior Cano en 1549. Bientôt, en
plein accord avec lui, plusieurs de ses disciples entrent dans ce qui désormais
va être seule à s'appeler " la Compagnie ", la Compagnie de
Jésus. Et Avila rêve même d'une fusion progressive de l'une dans l'autre : son
humilité est ici le fruit d'un sens apostolique qui le fait avant tout penser
au bien des âmes. En ce qui le concerne sans doute ne lui était-il plus
possible - l'âge, la santé, le tempérament y contribuaient - d'entrer dans la famille
de saint Ignace. Mais il lui aurait bien volontiers cédé ses quinze collèges et
proposition en est faite par lui aux jésuites en 1554. Ce sera, pense-t-il,
pour le bien commun, un avantage considérable : la survie d'une série de
créations qui, moins encadrées, peuvent s'avérer précaires.
Ce beau projet n'aboutira pas. Une fois de plus, semble-t-il, le préjugé contre
les converses a joué. Non seulement le fondateur, mais certains des
prêtres de Jean d'Avila étaient de " nouveaux chrétiens ". La Compagnie
de Jésus était, alors, assez critiquée pour ne pas ajouter encore à ses
difficultés. D'autre part les fondations aviliennes avaient leur esprit propre,
leurs traditions. On ne donna pas suite au projet du bienheureux. Grande
désillusion pour le magnifique apôtre. Combien de fondateurs, de pionniers
connurent de semblables épreuves?
Les saints savent y voir le doigt même de Dieu.
De 1555 à 1559 Avila, de
plus en plus malade, presque aveugle dans les dernières années, continuera de
jouer, comme il le pourra, son rôle d'animateur et de conseiller des prêtres et
des âmes éprises de perfection. Il se retire à Montilla dans la demeure de la
comtesse de Feria et meurt saintement en 1569. Sa Compagnie, fort diminuée,
poursuivra ses efforts, jusque vers la fin du siècle, puis disparaîtra. Mais le
grain semé par le groupe avilien lèvera dans cette Andalousie qui a l'honneur
de prêter son nom à celui de Jean d'Avila pour désigner le champ privilégié de
son apostolat. Et le clergé d'Espagne bénéficiera grandement, dans la suite, du
zèle et des méthodes du réformateur, qui fut déclaré bienheureux par Léon XIII
le 6 avril 1894.
II
L'Oeuvre écrite
Premières éditions.
Chose étonnante de ce grand prédicateur on a longtemps ignoré ses sermons. Ou
du moins on en connaissait peu et encore les connaissait-on sous le nom
de Traités. " // y a très peu de temps, écrivait Jacques Cherprenet,
on croyait encore qu'il fallait se résigner à la perte irréparable de tous ces
sermons et que nous devions nous contenter des belles pages de Louis de Grenade
pour nous faire une idée de l'éloquence avilienne ." Et Robert Ricard,
plus près de la vérité, notait : " Jusqu'ici... on connaissait plusieurs
de ses écrits... mais (que) la plupart des sermons de cet infatigable
prédicateur restaient inconnus ."
Jetons un coup d'oeil rapide sur les éditions de cette oeuvre écrite, à tel
point mélangée aux sermons eux-mêmes qu'une semblable confusion a pu si
longtemps subsister.
Dès 1556 avait paru le petit livre intitulé Audi, Filia, qui permet à Jean
d'Avila de se ranger parmi les meilleurs écrivains ascétiques et mystiques de
son temps. Commentaire de ce "vers de David" : " Audi, Filia,
vide, inclina aurem tuam ", il est qualifié par son auteur : Avis et
Règles chrétiennes pour ceux qui désirent servir Dieu. L'abusive mise à l'Index
de 1559 de ce court et savoureux ouvrage n'en empêcha pas le retentissement
dans les âmes éprises de perfection. Et notre époque en goûte mieux encore que
par le passé ce que l'on pourrait appeler sa " modernité " dans
l'attachement à la doctrine commune et continuelle de l'Église.
En 1578, le maître étant depuis près de 10 ans disparu, ses disciples éditent
une collection de lettres, sous le titre: Primera y secunda parte del
Epistolario espitual para todos estados.
Les lettres d'Avila à ses prêtres, à des laïcs hommes et femmes, permettaient
d'apprécier après la sévérité de l'enseignement avilien ordonné aux foules, la
douceur, la charité du directeur spirituel s'adressant à des individus,
connaissant des cas particuliers.
En dehors de ces deux ouvrages et des Notes rédigées pour le Concile, nous ne
connaissions que des traités, parmi lesquels un sur le Très Saint Sacrement
- sujet où Avila se montrait si respectueux et si hardi - semblait
particulièrement s'imposer.
Les Sermons. Confusions et découvertes.
C'est qu'en effet, en 1595 et 1596, le Père Juan Diaz avait publié, sous le
titre Obras del Padre Maestro Juan de Avila, un recueil de quarante trois
traités, dont exactement quarante et un étaient des sermons authentiques, sans
doute pas tous intégralement reproduits, affligés de certaines amputations
arbitraires. Mais l'écho de la voix de Jean d'Avila s'y pouvait faire entendre,
à la condition de les lire comme ce qu'ils sont - c'est- à -dire des sermons.
Ce que nous faisons aujourd'hui.
Dans la suite d'heureuses découvertes furent faites, lentement il est vrai. En
1604, dans la Vie de Dona Ana Ponce de Léon, le P. Martin de Roa S. J.
publiait le sermon prononcé à la profession religieuse de la comtesse de Feria.
En 1909, le Père Miguélez O. S. A., exhumait deux nouveaux sermons: sur la
Vierge et sur tous les saints.
Dépôts importants.
Mais une plus grande découverte allait être faite en 1947. A cette date, en
effet, un jésuite, le Père Villoslada découvrait à Loyola d'abord, à Rome
ensuite, toute une série de sermons inédits d'Avila et les publiait sous le
titre suivant: Coleccion de Sermones inédites del Beato Juan de Avila.
Introduccion y notas por el P. Ricardo G. Villoslada S. J. (Miscelánea Comillas
VIII. 1947). Robert Ricard nous a fait connaître cette importante publication
dans la Revue d'Ascétique et de Mystique dès 1948. Suivons cet excellent
introducteur.
De ces vingt-quatre sermons, vingt-deux proviennent des archives de Loyola,
mais ont été déposés, en 1942, au Collège d'Ona, dans la Province de Burgos.
Les deux autres sont à la Bibliothèque Nationale Victor-Emmanuel II à Rome.
Découverte capitale, bien que nous ayons l à surtout des plans, des résumés,
dont certains de la main de l'auteur, d'autres sans doute de celles de ses
disciples, sous sa direction cependant. Avila prêchait d'abondance et longuement
- deux heures d'affilée à l'ordinaire - non sans une préparation également
longue et profonde. Le texte des innombrables sermons qui jalonnèrent sa vie
apostolique ne peut nous être restitué tel quel en vertu même de la manière du
prédicateur. Heureux sommes-nous pourtant d'en avoir la substance et, en bien
des endroits, de pouvoir entendre l'écho de cette voix qui réveilla tant d'âmes
endormies. " Ce que l'on voit bien, dit Robert Ricard, c'est la
véhémence du zèle et la profondeur de la foi; ce que l'on sent bien c'est
l'ardeur brûlante de l'amour de Dieu et des âmes... " (Article cité, p.
141) Mais réalisme, pittoresque, couleur locale, poésie, tout l'art d'un maître
qui met pleinement ses talents au service de l'évangile, voil à également ce que
ces fragments d'une oeuvre considérable nous révèlent. Ecoutons encore R.
Ricard. " On peut... signaler un trait, qui paraît tout à fait
caractéristique du dialogue. A chaque instant le prédicateur feint d'être
interrompu par quelque auditeur qui lui pose une question, lui objecte une
difficulté ou au contraire se reconnaît vaincu: Pourquoi me dites-vous cela,
Père? - J'ai déj à fait cela, Père. - Père, je préférerais que vous n'ayez pas
dit cela. - Père, je ne saurais répondre, etc... " Certains développements
prennent ainsi une allure d'autant plus vivante que l'orateur emploie le
tutoiement. Et c'est bien ce genre, volontairement abrupt, avec ces sautes de
l'éloquence au dialogue, de la majesté à la familiarité, qui rend si difficile
au traducteur français, le passage de cette langue dans la nôtre.
Mais que de poésie, et de poésie andalouse, au milieu de cette catéchèse si
rigoureusement évangélique ! " Le sermon se trouve ainsi très
étroitement adapté aux nécessités spirituelles de l'auditoire et d'un auditoire
andalou, les vignobles et les olivettes de la grasse Bétique se profilent
souvent à l'arrière plan. " Et cependant " ces sermons sont d'une
tenue irréprochable... la langue... à la fois savante et populaire " (R.
Ricard, ibid.). C'est un bonheur, c'est une grâce que ces textes nous aient été
restitués.
Mais la chance des amis d'Avila n'était pas épuisée. Un très grand travailleur,
le Père Don Luis Sala Balust, avait entrepris depuis plusieurs années une
édition nouvelle et complète des oeuvres de Jean d'Avila. Le Tome II
des Obras complétas del Beato Maestro Juan de Avila, Sermones y pláticas
espirituales publié par la Editorial cat—lica, nous donnait, en édition
critique, 82 sermons et 16 allocutions spirituelles destinées à des prêtres et
à des religieuses. D'heureuses découvertes, faites soit à Rome, dans le dossier
du procès de béatification d'Avila, soit à Madrid et ailleurs, permettaient,
venant s'ajouter aux pièces déj à connues - ou reconnues - d'avoir enfin une
véritable physionomie de l'éloquence du bienheureux. A Valence dans la
bibliothèque du patriarcat, tout un sermonnaire avilien, copié par un autre
bienheureux, Jean de Ribera (Canonisé en 1960), nous montre à quel point on
avait utilisé ce prédicateur, dont les sermons couraient de main en main pour
le bien des fidèles, ordinairement habitués à plus maigre pitance.
La méthode d'Avila.
Ce que le Père Sala nous apprend dans cette édition monumentale, c'est la
méthode qu'employait Jean d'Avila pour se préparer à prêcher. Il en distingue
quatre formules.
Jean d'Avila, le plus souvent, prenait un court texte tiré de la Bible; il en
lisait parfois un commentaire classique, jetait quelques notes sur un carton,
réfléchissait, priait longuement, et s'élançait d'un vol audacieux.
Mais, pendant qu'il parlait, des amis - la plupart du temps spécialisés par une
habile division du travail - prenaient, sous sa chaire, des notes précises:
citations, références, points du développement, tout y passait. On demandait,
sur le texte ainsi rétabli, l'avis du maître, qui approuvait ou faisait
quelques corrections... C'est ordinairement le texte, refait après coup, qui
nous reste.
Cependant à la demande d'amis, qui désiraient avoir, pour leur usage ou leur
édification personnelle, tel sermon qui les avait touchés, Avila dictait
parfois un nouveau sermon. Alors il s'attardait, d'où l'allure de Traités que
prenaient parfois ces sermons refaits dans le silence de la cellule...
Enfin, il arrivait au Beato de reprendre telle ou telle copie des sermons
reconstitués avec ses disciples. Et ayant relu son texte soigneusement, il le
refaisait d'une toute autre verve...
Précieux fil d'Ariane qui nous est ainsi donné et qui nous permet de lire les
sermons d'Avila d'un _il plus averti, d'un coeur plus ému.
C'est cette édition de Don Luis Sala que nous avons utilisée: Nous avons
extrait du Cycle temporal 5 sermons sur le Saint-Esprit, puis 3 textes de
moindre longueur. Les uns et les autres révéleront au lecteur l'âme apostolique
d'Avila...
L'armature théologique des sermons.
Avant de passer à la lecture de ces pages ferventes, en voici un court aperçu.
Les sermons sur le Saint-Esprit font partie d'une architecture théologique dont
la rigoureuse armature n'apparaît pas du premier coup dans l'oeuvre oratoire et
épistolaire du bienheureux. C'est peut-être Audi, Filia qui la révèle le
mieux, de la façon la plus didactique. Cependant c'est dans l'ensemble de
l'oeuvre, écrite et parlée, qu'il faut aller en chercher les grandes lignes.
Le centre de la doctrine d'Avila, c'est le Christ. C'est par lui que nous
remontons à ce Père commun, que nous nommons dans la prière essentielle dont le
Fils nous a donné la formule; en lui que nous le voyons, et que nous comprenons
ce que nous pouvons comprendre de la majesté et de la réalité divines.
Mais c'est également de lui que nous recevons l'Esprit, qui est à la fois le
sien et celui du Père, ce qui fait de l'âme croyante, fermement attachée au
Christ, Verbe incarné, une demeure ou les trois personnes de la Trinité
prennent plaisir à se reposer; un temple, que l'on nomme, à juste titre, le
temple du Saint-Esprit.
Mais l'homme n'est pas seul en ce monde. Il ne sera d'ailleurs jamais seul:
ciel, purgatoire, enfer sont communs et rien ne se fait qui ne retentisse sur
l'ensemble de cette communauté des âmes que Dieu lui-même a voulue: Eglise
militante, Eglise souffrante, Eglise triomphante forment un tout non
dissociable.
1. - Le Corps mystique.
Un tout? Un corps plutôt... Et ici Avila reprend fréquemment, sans se lier
jamais par une froide construction scolastique, l'image et la doctrine du Corps
mystique exposée par saint Paul, qui la tenait, comme tout son enseignement, de
Jésus lui-même.
De ce corps nous savons que Jésus est la tête et que nous sommes les membres.
La solidarité de fait qui existe entre chacun de ces membres et leur tête, doit
se doubler d'une solidarité de volonté, d'un effort continuel, dans les limites
de notre pouvoir de choix, auquel la grâce ne fait jamais défaut. Toute
infirmité, toute mutilation des membres retentit sur l'ensemble du Corps, sur
la tête elle-même, ce Christ qui a tant souffert pour nous et dont la Passion
n'est jamais achevée, puisqu'il ne cessera jamais de lui " manquer
" ce que justement nous pouvons " accomplir ".
2. - Rôle du Saint-Esprit.
Mais dans cette stricte ordonnance du Corps mystique, quel rôle joue donc
l'Esprit-Saint? C'est ici que la pensée de Jean d'Avila se fait
particulièrement originale et forte. Le Saint-Esprit c'est l'âme du Corps
mystique, c'est le moteur spirituel de cette société des âmes sauvées ou à
sauver, l'âme de nos âmes et du tout. " De même, dit-il, que dans un corps
il n'y a qu'un seul esprit, qui se répand dans tous les membres et tous vivent
une vie humaine et non (l'un) une vie d'homme, et un autre une vie de lion ou
d'un autre animal, de même tous ceux qui sont incorporés au Christ vivent de
/'Esprit du Christ, comme le sarment de la vigne et les membres de la tête.
"
On retrouvera cette doctrine essentielle dans les sermons sur le Saint-Esprit,
dont Marie-Madeleine Lelaidier, diplômée d'études supérieures d'espagnol,
présente ici la traduction.
Certes aucun lien logique ne relie entre eux ces sermons. On peut cependant en
tisser un qui facilitera la lecture de ces pages, dont il ne faut jamais
oublier qu'elles ont d'abord, et surtout, été parlées par un orateur peu
soucieux, dans ses véhémentes exhortations, de ce cartésianisme auquel nous nous
plaisons.
Le sermon n° 27 invite les religieuses à se mettre, durant l'Octave de
l'Ascension, dans l'attente de l'Hôte divin. Aux vierges du cloître, le
prédicateur propose l'exemple des vierges sages qui veillent, la lampe bien
préparée à la main, dans l'obscurité de l'espérance. Que le regret de l'absence
soit compensé par le désir de l'arrivée ! Recommandation est faite à ces femmes
- à quoi du reste nous sommes tous également invités - de préparer
soigneusement la demeure de celui qui va venir et que Jésus, lui-même, nous
envoie. Car si on ne le désire pas, il ne vient pas. Si la demeure n'est pas
digne de lui, il n'y pourrait descendre. Et comme l'Hôte c'est l'Esprit qui
anime tout le Corps mystique, la charité pour nos frères souffrants est la meilleure
préparation à sa venue, le meilleur repas que nous puissions lui offrir. Alors
le Consolateur nous redonnera Jésus, dont la mystérieuse présence se fera
sentir en nous, comme à la mère celle de l'enfant enfermé dans son sein.
Le 29 mai 1552, il prêche sur le même thème général toujours dans cette période
de Pentecôte, pas assez comprise de la masse des chrétiens. Aussi le
prédicateur voudrait-il amener ses auditeurs à désirer vivement l'Esprit du
Christ: qui ne l'a pas n'est pas du Christ... Et d'ailleurs notre propre esprit
pourrait-il de lui-même, plaire à Dieu? Ici le bienheureux donne aux prêtres ce
conseil salutaire: ne pas substituer un feu quelconque au feu même de Dieu. Et
le feu, c'est l'Esprit-Saint qui descendit, sous cette symbolique apparence,
sur les apôtres.
Il faut, pour le faire descendre à nouveau, écouter la Parole de Dieu et la
recevoir en esprit de pénitence. Une allusion à la médecine purgative de son
temps devait alors faire sourire, mais aussi toucher les auditeurs du bienheureux.
Purifions-nous donc afin de recevoir le Paraclet, semblable en cela à la
colombe qui vint vers l'arche porteuse d'une pure branche d'olivier renaissant,
alors que le corbeau restait à terre à se nourrir de pourriture. La tristesse
de nous être éloignés de Dieu qui est toute pureté, nous révélera l'apparition,
à notre horizon, de l'autre colombe, le visible Saint-Esprit du Baptême de
Jésus. (S. N 28)
A l'occasion d'une profession de moniale, (S. N 29) Avila va décrire les
merveilles que l'Esprit-Saint réalise dans l'Eglise. Ces merveilles sont, dans
leur teneur essentielle, le rétablissement de l'équilibre divin dans les âmes,
corrompues par le péché, fû-ce à l'aide du salutaire remède de la douleur. Où
donc conviendra-t-il mieux d'enseigner cette vérité que dans le cloître, à ces
vierges qui doivent mener une vie, non pas oisive, mais pénitente, et se
réjouir quand " le monastère leur paraîtra un enfer, le ch_ur une
arène et la cellule une prison ". Heureuses, dans l'Esprit de Dieu, seront-elles
alors.
Heureux, disons-nous ! Si paradoxal que cela puisse paraître, c'est vrai si
l'on se place dans la perspective des Béatitudes, enseignées par
Jésus. " Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
" Et, nous suggère Avila, " est-il jamais venu vers toi semblable
consolation ? " L'habitation de la Trinité Sainte en nous, par les soins
du Saint-Esprit, vaut toutes les consolations humaines. Les oeuvres produites
alors sont admirables: guérison, allégresse, force, courage, résurrection si c'est
nécessaire. Quelle plénitude de dons ! Et l'orateur, dans un appel pathétique
aux âmes encore tièdes, de s'écrier : " Qui l'aime? Qui l'aime ? "
Cri des mystiques authentiques, ces mystiques parmi lesquels Avila se range
incontestablement, quoique avec humilité et discrétion dans l'aveu des grâces
reçues. Appel à l'Esprit-Saint qu'il faut demander au nom de Jésus-Christ, sans
crainte de l'importuner, et conserver avec toute la prudence de la mère qui
attend un enfant. (S. N¡ 30)
Un mardi de Pentecôte, partant du récit de la résurrection d'un enfant par le
prophète Elisée, Avila montre à ses auditeurs ces morts innombrables que sont
les hommes en Adam. Champ de carnage et de douleur ! Qui viendra redonner vie à
cette humanité condamnée ? Avant Jésus-Christ ce ne furent que des
falsificateurs qui se présentèrent. Seule la loi de l'évangile est venue nous
annoncer notre réveil, par la souffrance, la mort et la résurrection du divin
Rédempteur. Mais la Pentecôte complète l'oeuvre rédemptrice. Et le prédicateur
de décrire la scène de la Pentecôte, et ensuite de broder sur ce thème de la
descente de l'Esprit-Saint sur Marie et les apôtres... Puis il s'élève:
l'Esprit est Dieu et nous divinise. Le mariage mystique ainsi réalisé entre
Dieu et nous est décrit avec une verve où. s'unissent réalisme et poésie. Et
dans un éclair de lumière et de feu, attributs de l'Esprit-Saint, l'orateur
nous conduit du pardon à la confiance la plus absolue. Malheureux qui ne
croirait pas à ce divin pardon. Ici nous trouvons dans la bouche d'Avila,
prédicateur de l'espérance chrétienne, la thèse théologique que Tirso de Molina
utilisera dans son drame religieux: " Celui qui fut condamné pour
n'avoir pas gardé confiance. " Mais Avila ne condamne pas : il exhorte à
la joie et à l'action, comme les apôtres qui, au sortir du Cénacle, partirent à
travers le monde prêcher le salut. (S. N¡ 32)
Le salut, c'est au sermon n° 31, que l'on trouvera placé en conclusion, de le
décrire. Aujourd'hui - c'est un lundi de Pentecôte - Dieu sauve le monde
par l'Esprit-Saint, après l'avoir racheté par son Fils comme Jésus le confiait,
dans un émouvant colloque, au pusillanime Nicodème, qui depuis...
Qu'importé alors - et les auditeurs espagnols pouvaient ici se reconnaître dans
les défauts de leur temps, et sans doute de toujours - qu'importent le lignage,
la fortune, la beauté?
L'orateur, qui a salué de grands personnages - " Vuestras Senorias
" - ne leur mâche pas la vérité. Le seul honneur - cet honneur si mal
entendu des fervents du Pundonor - c'est ce don que Dieu fait aux hommes: son
Fils et, après lui, le Saint-Esprit.
3. - Dons et vertus infuses.
Suit une page de théologie sur les Dons du Saint-Esprit et les Vertus
infuses, d'où il ressort que, non seulement nous sommes rachetés et sauvés, par
l'Esprit-Saint, mais que nous sommes même passés maîtres en vie chrétienne,
comme est devenu maître le jeune médecin auquel on dit: " Tu en sais
assez, va guérir "; nous entendons, nous aussi, le grand appel à
l'aventure spirituelle. Autrefois, avant le Christ, le Saint-Esprit oeuvrait
peu dans le monde. Mais aujourd'hui ses oeuvres sont visibles partout. Et nous
voil à invités à partir nous-mêmes, sur la route des grandes réalisations. Non
pas seuls, pourtant, comme des gens qui voudraient, par leurs propres forces,
acquérir une haute perfection, se créer une grande légende. Rêve d'orgueil
improductif. Mais c'est avec le guide qui nous est donné que tout devient
possible à notre chair régénérée.
Tel est, résumé dans ses grandes lignes, autant que l'on peut fixer une parole
vivante, l'enseignement d'Avila sur le Saint-Esprit.
4. - Autres thèmes.
On a cru bien faire d'y adjoindre enfin quelques extraits qui montreront,
malgré leur brièveté, une autre face, ou plus exactement une autre expression
de sa pensée. Sur la pénitence d'abord, oeuvre de Dieu seul: exemple terrible
de Judas, pénitent pourtant, mais qui ne trouva pas la voie de la confiance;
sur le Christ, lumière du monde, qui nous invite, dans sa clarté, à voir la
réalité spirituelle à travers les choses, l'éternel à travers le temps; sur le
Corps mystique contemplé dans ses éléments "sociaux-": le Pape qui
est la tête, les chevaliers qui forment les bras, les religieux et religieuses
- celles à qui il s'adresse - qui sont le coeur lui-même.
Le texte utilisé.
La traduction présentée dans cet ouvrage a été faite sur un texte établi par le
chercheur persévérant et heureux qu'est le Père Sala Balust, à qui l'on doit,
en ce qui concerne les Sermons d'Avila, tant de précieuses découvertes. Avec
une patience jamais démentie, s'orientant à travers les manuscrits du
Prédicateur d'Andalousie, il a choisi les meilleures leçons et relevé toutes
les citations, notations souvent rapides et incomplètes, que le bienheureux
fait de la Bible et des ouvrages des Pères et des Docteurs. Les sermons,
classés suivant la division en Cycle temporal et Cycle sanctoral, font l'objet
d'une excellente table des matières où chaque sermon est résumé succinctement
et exactement à la fois. C'est sur cette base indiscutable que les Editions du
Soleil Levant ont voulu que travaillât la traductrice française. Mais le texte
d'Avila, semé d'interrogations faites à l'auditeur inconnu, de suspensions,
amorces d'un développement que l'apôtre, pressé, n'a pu achever pour le lecteur
éventuel, demeure rempli de pièges à éviter et de hardiesses à affronter. On
veut espérer que cette pensée et cette parole si originales ne perdront rien de
leur saveur première dans la présente traduction française.
La grande figure de Jean
d'Avila mériterait - il viendra, espérons-le - le livre qui, sans tomber dans
le style édifiant, restituerait dans sa vigueur, son réalisme et sa candeur à
la fois, l'homme qui aurait pu être un autre Ignace, le fondateur d'un grand
ordre conquérant. Il fut, des deux, celui qui passa sans laisser derrière lui
le sillon que rien n'efface. Il fut une voix, il fut un coeur. Sans y penser,
sans doute, les fils de la grasse et douce Bétique vivent encore, dans leur
christianisme pénitent et allègre, dans leurs erreurs comme dans leurs
repentances, du grenier d'abondance que leur a constitué Jean d'Avila.
III
Notice bibliographique.
Oeuvres de Jean d'Avila.
1¡ - 1556-1560. Avisos y
reglas cristianas para los que desean servir a Dios... compuestas sobre aquel
verso de David - " Audi, Filia... ! "
2¡ - 1578. Primera (y segunda) parte del Epistolario Espiritual para todos
estados. Compuesto por el Reverendo Padre Maestro Juan de Avila, ... Madrid en
casa de Pierres Cosin. 1578.
3¡ - 1579- Primera (y segunda) parte del Epistolario Espiritual... Alcalá, en
casa de Juan Leguerica. 1579.
4¡ - 1588. Obras del Padre Maestro Juan de Avila... Madrid. En casa... de Pedro
Madrigal. 1588.
5¡ - 1595- Primera (y segunda) parte de las obras del Padre Maestro Juan de
Avila... Madrid, Por Luis Sanchez. Ano 1595.
6¡ - 1596. Obras del P. Maestro Juan de Avila, 3¡ parte... Sevilla. Ano de
1596.
7¡ - 1603. Tercera parte de las Obras del Padre... Sevilla por Bartme
G—mez.
8¡ - 1604. Segunda parte de las obras del... Sevilla, por Francisco Pérez.
9¡ - 1618. Vida y Obras del... Madrid. Por la viuda de Alonso Martin de Balboa.
10¡ - 1674. Vida y obras... Madrid. Antonio González de Reyes... 1674...
11¡ - 1759-1760. Obras... Madrid... Andrés Ortega...
12¡ - 1792-1806. Obras... Madrid... Imprenta Real. Ano de 1792.
13¡ - 1850. - Epistolario Espa–ol... Bibl. Autores Espa–oles de Rivedeneyra.
14¡ - 1894-1895. Nueva edici—n de las obras... Madrid. Tipograf’a de San
Francisco de Sales. 1894.
15¡ - 1909. Obras... Madrid. Apostolado de la Prensa. (P. Miguélez. O. S. A.).
16¡ - 1947. Colecci—n de Sermones inéditos del Bto J. de A. (Miscelanea
Comillas. P. Villoslada S. J.).
17¡ - 1953- Obras completas del Bto J. de A. Edici—n critica. - La Editorial
cat—lica - I. II. III. (Introduci—n de Dn Luis Sala Balust).
18¡ - Traduction française de Chappuis (1608) Simon Martin (1653) Arnauld
d'Andilly (1673) Couderc (1894).
http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Jeandavila/savie.html#_Toc529164668%7C
* * *
Ouvrages sur Jean d'Avila
1) Luis de Granada. Vida
del P. M. Beato J. de Avila (Edition de l'Apostolado de la Prensa. Madrid
1943).
2) Luis Munoz. El V. M. J. de A... (Fernández Montana. Madrid 1889).
3) le bienheureux Jean d'Avila. Écoute, ma Fille (Audi, Filia) - Introduction,
traduction et notes de Jacques Cherprenet (A Paris. Aubier 1954. - Maîtres de
la Spiritualité Chrétienne).
Oeuvres du BIENHEUREUX JEAN D'AVILA choisis et introduits par MONSEIGNEUR
JOBIT traduits par Marie-Madeleine VARNEAU-LELAIDIER Imprimatur :
Namurci, die 20a junii F. Toussaint, v. g. Les Éditions du Soleil Levant,
Namur (Belgique) 1960
SOURCE : http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Jeandavila/savie.html#_Toc529164668%7C
San
Juan de Ávila. Fachada exterior Iglesia de los Jesuitas. Montilla. Francisco J.
Márquez Luque
À
L'OCCASION DE LA XXVIème JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE
MESSE AVEC LES
SÉMINARISTES
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT
XVI
Cathédrale Sainte Marie
la Royale de la Almudena de Madrid
Samedi 20 août 2011
Monsieur le Cardinal
Archevêque de Madrid,
Vénérés frères dans l’Épiscopat,
Chers prêtres et religieux,
Chers recteurs et formateurs,
Chers séminaristes,
Chers amis,
C’est avec une joie
profonde que je célèbre la sainte Messe en votre présence, vous qui aspirez à
être prêtres du Christ pour le service de l’Église et des hommes, et je reçois
avec reconnaissance les aimables paroles par lesquelles vous m’avez accueilli.
Cette sainte cathédrale Sainte Marie la Royale de la Almudena est aujourd’hui
comme un immense cénacle où le Seigneur célèbre sa Pâque avec un ardent désir,
en compagnie de ceux qui désirent présider un jour en son nom les mystères du
salut. À dire vrai, je constate une nouvelle fois que le Christ appelle à Lui
de jeunes disciples pour qu’ils soient ses apôtres, en poursuivant ainsi la
mission de l’Église et le don de l’Évangile au monde. Comme séminaristes, vous
êtes en chemin vers un but saint : prolonger la mission que le Christ a reçue
du Père. Appelés par Lui, vous avez suivi sa voix et, attirés par son regard
d’amour, vous avancez vers le ministère sacré. Levez les yeux vers Lui : par
son Incarnation, il donne la révélation ultime de Dieu au monde et, par sa
Résurrection, il accomplit fidèlement sa promesse. Rendez grâce pour ce signe
de prédilection qui marque chacun d’entre vous.
La première lecture que
nous avons écoutée nous montre le Christ comme le prêtre nouveau et définitif,
qui fit de sa vie une offrande totale. L’antienne du psaume peut s’appliquer à
Lui à la perfection, car, entrant dans le monde, il s’adresse à son Père et lui
dit : « Je suis venu ici pour faire ta volonté » (cf. Ps 39 [40],
8-9). Il cherchait à Lui plaire en toutes choses, dans ses paroles et ses
actions, quand il marchait sur les chemins et accueillait les pécheurs. Sa vie
fut un service et sa mort une intercession définitive, qui le plaça au nom de
tous devant le Père comme Premier-né d’un grand nombre de frères. L’auteur de
la Lettre aux Hébreux affirme que, par son abandon à Dieu, il nous
rendit parfait pour toujours, nous qui étions appelés à avoir part à sa
filiation (cf. He 10, 14).
L’Eucharistie, dont
l’évangile qui vient d’être proclamé nous rapporte l’institution (cf. Lc 22,
14-20), est l’expression véritable de ce don inconditionnel de Jésus pour tous,
même pour ceux qui le trahissaient. Don de son corps et de son sang pour la vie
des hommes et le pardon de leurs péchés. Le sang, signe de la vie, nous fut
donné par Dieu comme une alliance, afin que nous puissions communiquer la force
de sa vie, là où règne la mort à cause de notre péché, et ainsi le détruire. Le
corps lacéré et le sang versé du Christ, c’est-à-dire sa liberté offerte, sont
devenus, par les signes eucharistiques, la nouvelle source de la liberté
rachetée des hommes. En Lui, nous avons la promesse d’une rédemption définitive
et la ferme espérance des biens à venir. Par le Christ, nous savons que nous ne
sommes pas en train de marcher vers l’abîme, vers le silence du néant ou de la
mort, mais que nous allons jusqu’à une terre promise, jusqu’à Celui qui est
notre but en même temps que notre principe.
Chers amis, vous vous
préparez à être apôtres avec le Christ et comme le Christ, à être compagnons de
route et serviteurs des hommes.
Comment vivre ces années
de préparation ? Avant tout, elles doivent être des années de silence
intérieur, de prière permanente, d’étude constante et d’insertion progressive
dans les actions et les structures pastorales de l’Église, une Église qui est
communauté et institution, famille et mission, création du Christ par son
Esprit saint, en même temps que résultat de notre action, à nous qui la formons
avec notre sainteté et nos péchés. C’est ce que Dieu a aimé, Lui qui n’a pas
hésité à faire des pauvres et des pécheurs ses amis et ses instruments pour la
rédemption du genre humain. La sainteté de l’Église est avant tout la sainteté
objective de la personne même du Christ, de son Évangile et de ses sacrements,
la sainteté de la force d’en-haut qui l’anime et la stimule. Nous devons être
saints pour éviter la contradiction entre le signe que nous sommes et la
réalité que nous voulons signifier.
Méditez bien ce mystère
de l’Église, en vivant les années de votre formation avec une profonde joie, en
vous montrant dociles, lucides et radicalement fidèles à l’Évangile, tout en
ayant une relation d’amour avec le temps et les personnes au milieu desquelles
vous vivez. Personne ne choisit le contexte ou les destinataires de sa mission.
Chaque époque a ses problèmes, mais Dieu donne en tout temps la grâce voulue
pour les assumer et les dépasser avec amour et réalisme. C’est pourquoi, en
quelque situation qu’il soit, aussi difficile soit-elle, le prêtre doit donner
du fruit par toute sorte d’œuvres bonnes, gardant à jamais vivantes en son cœur
les paroles du jour de son Ordination, par lesquelles il était exhorté à
configurer sa vie au mystère de la croix du Seigneur.
Se laisser configurer au
Christ signifie, chers séminaristes, être identifié chaque fois davantage à Celui
qui s’est fait pour nous serviteur, prêtre et victime. Se laisser configurer à
Lui, c’est, en réalité, la mission du prêtre tout au long de sa vie. Nous
savons déjà qu’elle nous dépasse et que nous ne parviendrons jamais à
l’accomplir entièrement, mais, comme le dit saint Paul, nous courons vers le
but que nous espérons atteindre (cf. Ph 3, 12-14).
Mais le Christ, Souverain
Prêtre, est aussi le Bon Pasteur qui veille sur ses brebis au point de donner
sa vie pour elles (cf. Jn 10, 11). Pour imiter le Seigneur sur ce
point aussi, votre cœur doit devenir mature au Séminaire, en étant totalement à
la disposition du Maître. Cette disponibilité, qui est un don de l’Esprit
Saint, inspire la décision de vivre le célibat pour le Royaume des cieux, le
détachement des biens de la terre, la sobriété de la vie, l’obéissance sincère
et sans dissimulation.
Demandez-lui donc de vous
accorder de L’imiter dans sa charité pour tous jusqu’au bout, sans repousser
ceux qui sont loin et pécheurs, de sorte que, avec votre aide, ils se
convertissent et reviennent au bon chemin. Demandez-lui de vous apprendre à
être très proches des malades et des pauvres, avec simplicité et générosité.
Relevez ce défi sans complexe ni médiocrité, mais bien comme une belle forme de
réalisation de la vie humaine dans la gratuité et le service, en étant témoins
de Dieu fait homme, messagers de la très haute dignité de la personne humaine
et, par conséquent, ses défenseurs inconditionnels. Appuyés sur son amour, ne
vous laissez pas intimider par un environnement qui prétend exclure Dieu et
dans lequel le pouvoir, l’avoir ou le plaire à peu de frais sont les critères
principaux qui dirigent l’existence. Il peut se faire que vous soyez méprisés,
comme il arrive d’ordinaire à ceux qui recherchent des buts plus élevés ou
démasquent les idoles devant lesquelles nombreux sont aujourd’hui ceux qui se
prosternent. C’est alors qu’une vie profondément enracinée dans le Christ se
montrera réellement comme une nouveauté et attirera avec force ceux qui
cherchent vraiment Dieu, la vérité et la justice.
Encouragés par vos
formateurs, ouvrez votre âme à la lumière du Seigneur pour voir si ce chemin,
qui demande du courage et de l’authenticité, est le vôtre, et n’avancez
jusqu’au sacerdoce que si vous êtes fermement persuadés que Dieu vous appelle à
être ses ministres et pleinement décidés à exercer ce ministère dans
l’obéissance aux dispositions de l’Église.
Avec cette confiance,
apprenez de Lui qu’il s’est défini lui-même comme doux et humble de cœur, en
vous dépouillant pour cela de tout désir humain, de manière à ne pas vous
rechercher vous-mêmes, en édifiant vos frères par votre comportement, comme le
fit le saint patron du clergé séculier espagnol, saint Jean d’Avila. Animés par
son exemple, regardez surtout la Vierge Marie, Mère des prêtres. Elle saura
former votre âme sur le modèle du Christ, son divin Fils, et elle vous
enseignera toujours à garder les biens qu’Il a acquis sur le Calvaire pour le
salut du monde. Amen.
PAROLES DU SAINT-PÈRE
Déclaration de
Saint Jean d’Avila, prêtre, Docteur de l’Église universelle
Chers frères,
Avec grande joie, en
cette sainte église cathédrale de Sainte Marie la Royale de la Almuneda, je
voudrais annoncer maintenant au Peuple de Dieu que, accueillant les demandes du
Président de la Conférence épiscopale espagnole, Son Éminence le Cardinal
Antonio Maria Rouco Varela, Archevêque de Madrid, des autres Frères dans
l’Épiscopat d’Espagne, comme aussi d’un grand nombre d’Archevêques et d’Évêques
des autres parties du monde, et de nombreux fidèles, je déclarerai
prochainement saint Jean d’Avila, prêtre, Docteur de l’Église universelle.
En rendant publique ici
cette nouvelle, je souhaite que la parole et l’exemple de cet éminent pasteur
illuminent les prêtres et ceux qui se préparent avec joie et espérance à
recevoir un jour l’Ordination sacrée.
Je vous invite tous à
tourner votre regard vers lui, et je recommande à son intercession les Évêques
d’Espagne et du monde entier, comme aussi les prêtres et les séminaristes, pour
que, en persévérant dans la même foi dont il fut un maître, ils modèlent leur
cœur selon les sentiments de Jésus Christ, le Bon Pasteur, à qui soit rendus
gloire et honneur dans les siècles des siècles. Amen.
© Copyright 2011 -
Libreria Editrice Vaticana
Pourquoi l’Église
proclame-t-elle des saints Docteurs de l’Église ?
Benoît XVI a proclamé dimanche 7 octobre sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)
et Saint Jean d’Avila (1499/1500-1569) Docteurs de l’Église. Ces derniers
sont désormais au nombre de 35. Le P. François-Marie Léthel, carme Déchaux
et consulteur pour les Causes des saints, explique le sens de cette décision.
Les Docteurs de l’Église
ne sont pas des supersaints. D’ailleurs, Saint François d’Assise en est sans
doute un – il continue d’influencer l’Église et le peuple de Dieu et il
est aimé bien au-delà de l’Église – mais il n’est pas Docteur de
l’Église.
Les Docteurs de l’Église
sont des saints qui ont laissé des écrits nombreux, dans lesquels ils ont
développé une doctrine éminente qui apporte quelque chose de nouveau sur la
foi, qui touche de nombreux chrétiens. Leur nombre est donc limité.
Tous les chrétiens appelés à la sainteté
En appelant tous les
chrétiens à la sainteté quel que soit leur état de vie, Vatican II a
marqué un tournant. De nouvelles figures ont pu être proposées. Après le
Concile, Paul VI a ainsi proclamé pour la première fois deux femmes
docteurs de l’Église : jusque-là, seuls ceux qui avaient un savoir
théologique étaient considérés comme des connaisseurs de Dieu.
Après le Concile,
l’Église a reconnu que là où il y a sainteté, il y a connaissance de Dieu.
Sainte Catherine de Sienne était certes illettrée, mais elle avait quelque
chose à dire de Dieu, et elle le disait admirablement.
Thérèse d’Avila n’était
pas une intellectuelle, mais elle écrivait beaucoup à partir de son
expérience. En les proclamant Docteurs de l’Église, Paul VI a intégré la
science amoureuse dans la théologie, menacée d’être réduite à une science
intellectuelle. Jean-Paul II puis Benoît XVI se sont inscrits dans ce
mouvement.
La tête et le cœur
L’enseignement des
Docteurs de l’Église peut prendre des modalités différentes, Jean-Paul II
l’explique très bien dans sa lettre apostolique Novo Millennio ineunte
(6 janvier 2001) : « Conjointement à la recherche théologique,
écrit-il, une aide sérieuse peut nous venir du grand patrimoine qu’est la
‘théologie vécue’des saints ».
Parmi eux, certains comme
saint Anselme ou saint Thomas d’Aquin sont ainsi plus intellectuels, d’autres
plus spirituels, comme Thérèse de Lisieux qui, disait Jean-Paul II, était
« experte en science d’Amour ».
En 2011, j’ai été invité
à prêcher la retraite de Carême à
Benoît XVI. J’ai repris l’image de la ronde des saints dans le Jugement
dernier de Fra Angelico et montré la petite Thérèse donnant la main à saint
Anselme et à saint Thomas d’Aquin. « La science de la foi et la science de
l’amour se complètent, la grande raison et le grand amour vont ensemble, le
grand amour va plus loin que la raison seule », m’avait dit
Benoît XVI à l’issue de la retraite.
La proclamation de deux
nouveaux docteurs de l’Église est l’occasion de découvrir deux belles
figures : saint Jean d’Avila, un des grands saints espagnols, témoigne
d’une belle spiritualité sacerdotale, sainte Hildegarde, moniale bénédictine,
fut une grande mystique allemande de Moyen Âge. Ces commentateurs de l’Évangile
avaient une connaissance profonde de la personne de Jésus et
du cœur de l’homme. »
Propos recueillis par
MARTINE de SAUTO
Relicario
Itinerante que contiene el corazón de San Juan de Ávila, que viaja por las
Diócesis españolas.
BIENHEUREUX JEAN D'AVILA
27.
Dans l'attente de l'Hôte divin. *
Dimanche
de l'octave de l'ascension.* dans un couvent de religieuse (1596)
Exorde
: Cette semaine est une Semaine sainte. *
Dispositions
pour recevoir le Saint-Esprit. *
Il
ne viendra pas si tu ne le désires pas. *
Prépare-lui
une maison propre. *
Prépare
le repas pour l'Hôte. *
Le
Saint-Esprit nous consolera et nous donnera de la force. *
Le
Saint-Esprit nous est donné par les mérites du Christ. *
28.
Celui qui n'a pas l'Esprit du Christ * n'appartient
pas au Christ. *
Celui
qui n'a pas l'Esprit du Christ n'appartient pas au Christ. *
Il
ne suffit pas de vivre par la chair ou par son propre esprit. *
Il
faut posséder l'Esprit-Saint.*
Comment
tu dois écouter la parole de Dieu. *
Comment
saurai-je si j'ai l'Esprit du Christ ? *
Préparation
pour recevoir le Paraclet. *
29.
Le Saint-Esprit fait des merveilles *
C'est
en lui que nous ferons notre demeure, dit Jésus-Christ. *
Dommages
que le péché d'Adam causa dans l'homme. *
Jésus-Christ
portera remède à tant de maux en nous donnant son Esprit.*
Que
fait le Saint-Esprit dans les âmes ? *
Le
Saint-Esprit est celui qui pousse à embrasser l'état religieux. *
Péroraison
: Heureuse jeune fille qui laisses la terre pour le ciel. *
30.
Est-il venu à toi ce Consolateur ? *
Si
nous aimons le Christ, la Trinité demeurera en nous. *
Le
Consolateur sera tel, qu'ils ne regretteront pas le Christ. *
Ce
que fait le souffle du Saint-Esprit. *
Il
console, il encourage, il réjouit. *
Si
tu attends ou si tu possèdes déjà cet Hôte... *
Appelle-le
au nom de Jésus-Christ.*
31.
Dieu sauve le monde par le Saint-Esprit. *
Entretien
du Seigneur avec Nicodème. *
L'homme
créé dans l'honneur, ne le comprit pas. *
SERMONS SUR LE SAINT-ESPRIT.
27. Dans l'attente de
l'Hôte divin.
dimanche de l'octave de
l'ascension.
dans un couvent de
religieuses.
(Ed. 1596, II, ff. I-24).
Exorde : Cette semaine
est une Semaine sainte.
Pour ce sermon que je
dois faire, il n'y aura pour moi d'autre thème que de nous préparer à devenir
la demeure du Saint-Esprit, de lui demander avec beaucoup d'énergie de bien
vouloir descendre en nous et de le lui demander avec obstination. Et nous
ferons beaucoup si nous nous préparons, comme la raison nous le demande, à
recevoir un tel Hôte.
Vous devez savoir, mes
frères, que, si, pour l'histoire, la venue de Dieu sur la terre est terminée,
la vertu de ses souffrances ne l'est pas.
Croyez-vous que ce serait
bon pour nous si la vertu des souffrances de Jésus-Christ s'était éteinte avec
ses souffrances mêmes ? Qu'en serait-il de nous si, après plus de mille ans,
elle ne durait point? Elle durera toujours jusqu'à la fin du monde. Au sujet de
la fête du Saint-Esprit, tu dois reconnaître, que malgré tant d'années passées,
le Saint-Esprit produira aujourd'hui le même effet dans ton âme qu'au temps des
apôtres; vois si tu le désires. Oh! qui n'aurait vu Notre Seigneur Jésus-Christ
sans lui demander de grâces quand il souffrait en ce monde pour nous!
Si, quand il était en ce
monde, tu étais tombé à ses pieds et si tu tiens pour certain qu'il ne t'aurait
pas refusé en raison de sa pitié, de son infinie charité, les grâces demandées
- toi mon frère, tu crois bien cela ? - crois aussi qu'aujourd'hui encore il
est disposé à t'accorder, d'aussi bon gré, les grâces, étant au ciel, que lors
de sa présence parmi nous.
Si tu te prépares en ce
moment pour que le Saint-Esprit descende en toi, fais le nécessaire et de sa
part je te dis qu'il viendra dans ton âme apporter sa grâce comme le jour où il
apparut aux apôtres durant sa vie dans le monde. Oh ! quel temps, celui qui
s'écoule de ce jour jusqu'à cette si sainte Pâque ! C'est une Semaine sainte
(En espagnol, comme en français d'ailleurs, mais plus nettement encore, le
mot Pâque au singulier surtout, signifie toute grande solennité de la
vie du Christ. Ici c'est de la Pâque du Saint-Esprit (Pâque des rosés
disons-nous) qu'il s'agit.) : l'Avent de l'Esprit-Saint.
Cette période sainte
rappelle le moment où les apôtres, après l'Ascension de Notre-Seigneur au ciel,
attendaient la promesse qu'il leur avait faite en leur disant : Moi je
m'en vais, mais je vous enverrai le Saint-Esprit qui vous consolera; je
vous enverrai le Consolateur pour qu'il vous console de la douleur que vous
avez de mon départ.
Comme ils avaient entendu
cette parole, ils attendaient ce qui allait se passer, les yeux levés vers le
ciel.
Ils disaient : "
Notre Maître nous a dit qu'il nous enverrait un Consolateur qui nous ferait
oublier notre amour pour lui. "
Les apôtres aimaient
extrêmement notre Seigneur et Rédempteur : II était le Consolateur de leurs
tristesses, le Père dans le besoin, le Maître dans leur ignorance; ils le
considéraient comme un miroir dans lequel ils se regardaient : ils étaient tous
subjugués par leur Maître et faits à son image. " Doit-il en venir un
autre qui sera si grand, si puissant, si sage, si bon qu'il nous fera oublier
notre Maître ? Qui sera-t-il ?"
Ils élevaient leurs
pensées vers le ciel, poussaient des cris et disaient : " Seigneur, nous
vous désirons et nous ne vous connaissons pas; nous voudrions que vous veniez
et nous ne savons pas qui vous êtes. Par votre miséricorde, veuillez venir
consoler nos coeurs; venez Seigneur, car, en attendant votre venue
nous sommes dans l'affliction. "
Tels étaient les saints
apôtres du Seigneur en cette époque sainte; et, mes frères, la raison nous
commande d'être comme eux parce que nous ne formons qu'un avec eux, nous
formons une seule Eglise et une union en Jésus-Christ. Tous ceux qui servent
Jésus-Christ, tous ceux qui sont à son service, ne font qu'un, l'Eglise de Dieu
et la congrégation des chrétiens. Dieu parle à son Eglise et dit : Tu es
mon amie, tu es ma colombe. (Cant. 6, 8. La traduction de Crampon dit :
" Une seule est ma colombe, mon immaculée ")
II est donc raisonnable
qu'en cette période sainte, nous préparions, nous désirions, avec les saints
apôtres, la venue du Saint-Esprit. Que nos coeurs s'élèvent vers le ciel;
demandons avec nos larmes :Consolateur de mon âme, viens, console la! et
durant toute cette période ne faisons rien d'autre que de désirer la venue du
Saint-Esprit dans nos âmes.
Dispositions pour
recevoir le Saint-Esprit.
Pour que le Saint-Esprit
descende dans nos âmes, la première condition est d'avoir un très
grand regret de son absence et d'avoir foi en sa puissance. Il suffit à
consoler une âme affligée, à enrichir celle qui est pauvre, à réchauffer celle
qui est tiède, à fortifier celle qui est faible, à enflammer d'une dévotion
très ardente celle qui n'est pas dévote. Quel est le moyen pour faire venir le
Saint-Esprit ? Avoir un extrême regret de son absence. Et c'est ainsi qu'en
parlant du Saint-Esprit on dit : le pouvoir de Dieu est très grand et il
n'est honoré que par les humbles.
La seconde condition
pour que le Saint-Esprit veuille bien venir dans nos coeurs, pour qu'il ne nous
rejette pas et ne nous tienne pas en peu d'estime, est de brûler d'un grand
désir de le recevoir, de l'avoir pour invité et d'en avoir un très grand souci,
un très ferme et anxieux désir : " Oh ! si le Saint-Esprit venait ! Oh si
ce Consolateur venait visiter et consoler mon âme !"
Sachez, mes frères, que
les nécessités de la chair sont un très grand obstacle à ce souci. Sur ce point
les religieux ont sur nous un avantage; qu'ils soient dans le choeur, au
réfectoire, dans la solitude, ils sont partout au service de Dieu, travaillant
pour leur âme, louant Jésus-Christ à tout moment, lui rendant grâce. S'ils
mangent ce n'est que pour louer Dieu, s'ils boivent, il en est de même, et il
en est ainsi dans toutes leurs opérations humaines. (On saisit ici tout ce qui
sépare la pensée d'Avila du " Monachatus non est pietas " d'Erasme)
Les gens mariés ont
certainement une trop grande confiance en eux. La femme qui se marie pense dès
le lever du jour qu'il suffit de prendre sa mante, venir au sermon et choisir
une bonne place dans l'église; son mari arrive pour manger et il ne trouve
point le repas prêt; il s'emporte et offense Dieu. Il aurait mieux valu, ma
soeur, qu'avant de venir vous laissiez la maison en ordre et une fois tout en
place veniez au sermon; même si tu dois arriver en retard, il n'est pas
nécessaire de tant te presser, car un mot entendu par hasard te profitera plus
que tout le sermon, et malgré tout tu peux accomplir ton devoir; si tu ne peux
pas venir, mieux vaut faire ce que Dieu t'ordonne, puisque tu t'es mariée. (Le
réalisme, plein de santé, d'Avila ne nous échappera pas)
Je ne le disais pas pour cela, mais parce que ceux qui se marient ont beaucoup d'audace, en se contraignant à de grandes obligations : pourvoir aux besoins de la maison, à l'existence des enfants, s'efforcer de les rendre vertueux; la femme doit les élever et leur donner de bonnes habitudes. Cela est bien peu; et le souci de l'âme, le souci d'accomplir le service de Dieu ? On peut tout faire; mais les obligations terrestres sont prenantes et il est difficile de s'en détacher. Voilà pourquoi on considère comme malaisé que l'homme marié, assailli de tant de soucis, puisse prendre soin de son âme comme il le doit.
Prends garde, mon frère, à ta façon de vivre; toi, mari, à ne pas en venir à
aimer ta femme à un tel point que, pour lui offrir des cadeaux, tu en arrives à
offenser Dieu comme Adam : " J'aime beaucoup ma femme, je dois lui donner
un bijou, je sais que je ne dois pas le faire, mais je le lui donnerai quand
même ."
Et toi, femme, n'en viens
pas à aimer ton mari à un tel point que tu oublies Dieu pour lui et à cause de
l'amour que tu lui portes, négliges de faire ce qui convient à ton âme et ce
que Dieu ordonne.
Oh ! combien celui qui se
marie devrait, avant le mariage, s'être appliqué à suivre la religion; combien
l'homme devrait être saint, et la femme sainte ! Avant de s'unir ils devraient
avoir passé de nombreuses années au service de Dieu; savoir être chastes,
humbles, patients, miséricordieux, savoir garder les commandements de
Notre-Seigneur et ne se marier qu'après, afin que, si, plus tard, ils ont
beaucoup de soucis, s'ils ont de multiples obstacles, d'un coup d'-il, d'un retour
dans leur conscience sur leurs habitudes premières, tout soit apaisé et calmé.
Comme le domestique si
bien stylé, si soumis (a phrase du centurion : " Va et il va ",
" Viens et il vient " (Mat. 8. 5-13; Luc 8 1-10) est certainement ici
dans la pensée d'Avila), qui au seul regard de son maître, et sans plus,
reprend l'attitude imposée pour le servir. Mais l'homme marié ne comprend pas
le mariage et la femme mariée encore moins; ils s'unissent et tous deux le
traînent dans la boue. Vous devez beaucoup vous instruire.
- Comment pourrai-je,
Père, mener à bien les deux, mon foyer et Dieu ?
- C'est très difficile.
Saint Paul dit : Celui qui a une femme, celui qui est marié, est
très angoissé et affairé pour savoir comment lui faire plaisir et la
contenter, il est très soucieux pour cela des choses de ce monde et se trouve
partagé entre les deux. Mais la femme qui ne veut pas se marier et la jeune
fille pensent aux choses spirituelles, pour être saintes de corps et d'esprit.
Il ne viendra pas si tu
ne le désires pas.
Mesdames, employons cette
fête à chercher comment plaire à Notre-Seigneur. De même que les jeunes mariées
ont grand soin de leur coiffure et de leur toilette, emportent avec elles une
glace au cas où elles auraient quelque chose de mal arrangé, de même les mères,
les religieuses et les novices doivent avoir grand soin de ne rien présenter de
déshonnête, elles doivent se regarder en Jésus-Christ, se voyant comme dans un
miroir, n'avoir aucune tache sur le visage, n'avoir aucun péché dans l'âme,
aucune impureté, afin que leur Epoux ne les rejette pas.
Mes frères, soyez pleins
d'attention et soucieux du service de Jésus-Christ, et soyez dans l'attente du
Saint-Esprit, ne vous occupant pas des choses abjectes et viles d'ici-bas. Le
Saint-Esprit est très susceptible pour nous consoler, un rien l'en empêche, et
il ne compatit pas aux choses de ce monde. " La consolation divine est
susceptible et très subtile, dit saint Bernard, ceux qui admettent des
consolations humaines ne la reçoivent pas. " Toute âme se détachera des
consolations humaines si elle veut que le Saint-Esprit la console et posséder
toujours en elle la consolation du Saint-Esprit; en effet, comme nous le
disions, le Saint-Esprit veut qu'on le désire très fortement. Ecoutez donc : si
un homme refuse d'aller chez un autre, sans y être désiré, que fera alors le
Saint-Esprit qui, lui, veut être ardemment désiré par l'homme qui le souhaite
et veut aussi se laisser désirer ?
Oh ! combien fut désiré
notre Rédempteur avant sa venue au monde ! Adam le désira, Noé le désira,
Abraham, Isaac, Jacob le désirèrent; les prophètes et les patriarches, tous
souhaitèrent sa venue : Versez du haut des deux, une abondante ondée et
que les nuages se résolvent en pluie; que la terre s'ouvre et enfante le
Sauveur !
Le prophète Aggée disait
: D'ici peu, dit le Dieu des armées, je bouleverserai le ciel, la mer, et
la terre, je bouleverserai tout, alors viendra le Désiré de tout le monde, et
l'ange du Testament que vous voulez.
Jésus-Christ fut
extrêmement désiré. Plût au ciel, Seigneur, que fendant les nues
vous descendiez sur la terre! Jésus-Christ fut très désiré, extrêmement
désiré, et le Saint-Esprit veut l'être de la même façon. Il convient
parfaitement qu'il soit bien désiré avant son arrivée; une nourriture bonne par
elle-même, est mal venue chez celui qui n'a pas faim. On tue une poule ou une
perdrix, qui semblent appétissantes. Le malade à qui on les donne dit : "
Otez-les moi, car j'ai perdu le goût et l'appétit, cela ne me plaît
point." Très mauvais signe; vous n'avez pas envie de manger ? C'est un
signe de mort.
L'Esprit-Saint ne viendra
pas à toi, si tu n'as pas faim de lui, si tu ne le désires pas. Les désirs de
Dieu, que tu as, sont des indices que Dieu va élire domicile en toi et si tu le
désires, c'est le signe qu'il viendra bientôt en toi. Ne te lasse pas de
souhaiter sa venue, car, bien qu'il semble que tu l'espères sans qu'il vienne,
que tu l'appelles sans qu'il te réponde, persévère toujours dans le désir et il
ne te fera pas défaut.
Mon frère, aie confiance
en lui, même s'il ne vient pas lorsque tu l'appelles; il viendra lorsqu'il
verra que c'est le moment pour toi.
Mon frère, n'oublie
jamais que si, étant affligé, tu appelles le Saint-Esprit et il ne vient pas,
c'est que ton désir de recevoir un tel Hôte n'est pas encore suffisant. S'il ne
vient pas, ce n'est pas parce qu'il ne veut pas venir, ce n'est pas oubli, mais
pour que tu persévères dans ce désir et qu'en persévérant tu te rendes digne de
lui, pour faire grandir et augmenter ta confiance, car de sa part, je te
certifie que personne n'a jamais recours à lui sans être consolé.
Comme le roi prophète,
David, l'exprime bien par ces mots : Dieu n'a pas méprisé le désir du
pauvre, le Seigneur l'a entendu.
Qui est pauvre ? Est
pauvre celui qui doute de lui-même et ne se confie qu'à Dieu; est pauvre celui
qui se défie de sa personne, de ses forces, de sa richesse, de son savoir, de
son pouvoir; est pauvre celui qui connaît sa bassesse, l'immensité de sa
petitesse, qui a conscience d'être un ver, une pourriture et en vertu de tout
cela ne se place que sous la protection de Dieu et s'en remet à la grandeur de
sa miséricorde qui ne la laissera pas dans la désolation. Dieu entend les
désirs de tels hommes.
Prépare-lui une maison
propre.
Prends garde, il ne
suffit pas au Saint-Esprit de te voir occupé à le désirer; mon frère, lorsque
tu l'attends, tu ne fais pas tout ce qu'il faut en le désirant seulement, des
oeuvres sont nécessaires. En veux-tu la preuve ? Considère ce qui a été dit aux
apôtres quand, le jour de l'Ascension du Seigneur, ils regardaient tout
interdits vers le ciel. Leur attention était fixée sur lui, ils désiraient et
attendaient le Saint-Esprit dont leur Maître leur avait parlé en termes
élogieux; ils ne songeaient pas à eux en regardant Jésus-Christ Notre-Seigneur
monter au ciel. Béni soit celui qui, si attentif à notre bien, en eut tant de
souci que, non seulement il ne se contenta pas de prendre soin de nous, mais
encore, une fois au ciel, se préoccupa tant des siens qu'il envoya deux anges
vêtus de robes blanches pour leur dire : Hommes de Galilée, que
regardez-vous au ciel? Ce même Jésus-Christ que vous venez de voir monter au
ciel reviendra tel que vous l'avez vu, avec une aussi grande majesté.
Ils leur dirent d'aller
au Cénacle, car c'est là que le Saint-Esprit devait descendre sur eux. Il ne
faut pas passer votre temps à regarder le ciel; toute la journée ne doit pas
consister à prier et contempler; va au Cénacle, mon frère, ne t'occupe pas et
ne t'arrête pas à la pensée de la présence corporelle du Christ.
Je vous ai déjà dit
maintes fois que, si le Saint-Esprit n'était pas descendu sur les apôtres,
quand Jésus-Christ était ici-bas, c'était parce qu'ils se trouvaient subjugués
par la présence de leur Maître et cela seul les contentait; malgré la sainteté
et le bienfait de la présence de Notre-Seigneur, elle était un obstacle à la
perfection des apôtres et voici pourquoi Jésus-Christ voulut partir : "
Chers disciples, vous avez pour moi une grande affection, vous m'aimez
beaucoup. Je sais que vous êtes heureux près de moi, mais je vous aime
davantage et pour vous le prouver, je veux m'en aller afin qu'avec la venue du
Saint-Esprit, vous soyez plus parfaits et éleviez plus haut vos pensées. "
Ne vous étonnez-vous pas
que la présence de Jésus-Christ soit un obstacle à la venue du Saint-Esprit ?
Le Saint-Esprit est très jaloux; ne pensez pas qu'il est tel que vous le voulez. " Je suis Yahweh, ton Dieu " (Ex. 20. a), a dit Dieu à Mo?se, pour te faire comprendre, mon frère, que le Saint-Esprit ne viendra pas tant que tu ne perdras pas l'amour exagéré des créatures, toi qui as donné ton estime au confesseur, même bon, et qui as les yeux fixés sur le prédicateur qui te donne de bons conseils et te prodigue des consolations. Le Saint-Esprit veut être seul en toi.
- Oh, Père, vous, qui êtes un saint, qui me guidez sur le chemin de
Dieu et m'encouragez dans les souffrances ! (Exemple du dialogue supposé entre
Avila et ses auditeurs) - Plus saint encore était Jésus-Christ et pourtant il
fut un obstacle pour le Saint-Esprit. Les esclaves de Dieu, le confesseur et le
prédicateur ne doivent pas te faire obstacle pour le Saint-Esprit, mais être un
escalier pour monter vers Dieu.
L'amour exagéré - même
s'il n'est pas coupable - est un obstacle, il ne te ferait pas de mal si tu
savais t'en servir; ce que tu aimes chez le confesseur et le prédicateur, que
ce soit pour Dieu et en Dieu.
- A quoi verrai-je, Père,
qu'il s'agit bien d'amour de Dieu ? - Si Dieu t'enlève ou permet que s'éloigne
de toi quelqu'un que tu aimes beaucoup, si alors l'amour n'est pas assez
puissant pour te faire oublier tes devoirs envers Dieu, je veux dire, pour que
tu ne souffres pas tellement de son départ que ton coeur perde sa quiétude et
devienne tumultueux au point de t'arracher à tes pieux exercices, si cela ne se
produit pas, tu as l'amour de Dieu. Une peine légère est naturelle, mais une
grande peine est mauvaise. Si ces petits riens sont un obstacle pour le
Saint-Esprit, que seront les pensées impures, les injures et autres fautes de
même sorte ? Où en sommes-nous arrivés ? Que faut-il pour que le Saint-Esprit
vienne dans nos âmes ? Non seulement le désirer mais encore nettoyer la maison.
Si vous le faites quand vous recevez un hôte, à plus forte raison votre âme ne
doit-elle pas être pure, sans mauvaises pensées, sans mauvaises paroles, ni
mauvaises actions, ornée de vertus parce que l'Hôte que vous attendez est la
pureté même ?
Prépare le repas pour
l'Hôte.
Considérez qu'il est une
chose plus nécessaire encore que d'appeler le Saint-Esprit, plus nécessaire que
d'arranger la demeure, c'est de préparer le repas. Vous devez mettre la main à
la bourse, vous devez beaucoup dépenser et n'en point souffrir. Vous devez être
généreux et très libéral. Lorsque vous avez un hôte, vous ne vous permettez pas
de ne prendre que le nécessaire, mais vous achetez largement. Il le faut, mon
frère; vous attendez cet Hôte très saint; puisqu'il est libéral à l'extrême
envers vous, soyez-le envers lui; mettez la main à la bourse et ne donnez pas
des sommes infimes; donnez une généreuse aumône, donnez à manger à l'affamé,
habillez l'orphelin et la veuve, tenez lieu de père à tous les pauvres.
Considère que tu es le père des pauvres et la consolation des affligés. Le
saint Job remplissait bien cet office quand il disait : Ma bouchée était
petite, Seigneur, mais nous l'avons mangée à deux. Et il disait ailleurs
: Je suis le pied pour le boiteux et la main pour le manchot. Donne à
manger au Saint-Esprit et offre-lui ton coeur; car il mange de la chair; mais
de la chair mortifiée, sache-le.
Que serait-ce si tu
offrais à ton invité une volaille vivante ? " Quoi ? - te dirait-il, -
enlève cela, cette volaille n'est pas bonne à manger ". Elève maintes fois
ce coeur au ciel et supplie le Saint-Esprit de l'embraser du feu de l'amour. Ta
chair doit être morte et attendrie, châtiée et mortifiée, domptée par les
jeûnes et la discipline; tu dois être mort au monde, tiens ton coeur en éveil,
tes pensées et tes désirs élevés vers Dieu.
Dans ces pensées et dans
ces exercices vole comme un aigle, ne prends aucun repos avant d'avoir agrippé
le Saint-Esprit; ne te base pas sur les choses mortes et viles et n'y arrête
pas tes pensées.
Vois ce qu'a fait la
colombe qu'ils envoyèrent de l'arche de Noé; ils la lancèrent dehors, elle
s'envola (quand elle sortit, le déluge avait cessé), sur la terre gisaient de
nombreux cadavres, elle ne voulut se poser sur aucun d'eux ni même se reposer
entre eux, mais se dirigea vers un olivier, cueillit de son bec un rameau et le
ramena à l'arche. C'est ce que doit faire l'âme du chrétien, ne se poser sur
aucun cadavre; tu ne dois pas tourner tes pensées vers des choses mortes,
périssables, fétides, mais tu dois les diriger vers le ciel. Que ton coeur soit
là où se trouve Jésus-Christ, ton trésor, en particulier durant cette fête.
Sachons maîtriser nos
sens.
Sois très recueilli cette
semaine pour recevoir le Saint-Esprit. Sois très appliqué. Prends exemple sur
ces serviteurs qui attendent leur maître revenant des noces. Ne sois pas comme ces
vierges folles et sottes, ne sois pas endormi, ni enivré par les choses de ce
monde, mais imite les vierges sages en ayant le souci de te parer et d'avoir de
l'huile de miséricorde pour toi d'abord, en prenant grand soin de ton âme et de
transformer ton coeur.
Cherche, ces jours-ci, un
lieu de retraite et restes-y. Pense à la Très Sainte Vierge et aux saints
apôtres réunis dans le Cénacle. Que feraient-ils, eux ? Quelles larmes
verseraient-ils au souvenir des souffrances de Jésus-Christ, au souvenir de son
absence ! Quels soupirs lanceraient-ils vers le ciel en brûlant de désir pour
leur Consolateur et Rédempteur ! Corrige tous tes désirs, aie les yeux baissés
d'une personne mortifiée, ne regarde rien que tu puisses regretter ensuite, car
s'il regarde mal, l'-il pleure. David vit un mauvais spectacle, il eût été
préférable pour lui d'être aveugle que de voir ce qu'il a vu, car son -il, s'il
s'est réjoui à le regarder, pleura beaucoup ensuite, et pleura tant que,
dit-on, David avait dans son visage des sillons creusés par les larmes.
Le Saint-Esprit nous
consolera et nous donnera de la force.
Il est nécessaire de
célébrer cette fête avec grand soin, comme je vous l'ai dit, puisque ce que
nous attendons est si grand.
Te rends-tu compte, mon
frère, de l'importance de ces jours et quelle perte tu fais si le Saint-Esprit
ne vient pas demeurer dans ta maison ? Ni l'Incarnation de Jésus-Christ, qui
est la principale fête de l'année, ni sa sainte Naissance, ni sa Passion, ni sa
Rédemption, ni son Ascension ne te profiteront en rien, si tu ne tires avantage
de cette fête; si tu perds cela tu perds tout ce que Jésus-Christ a gagné pour
toi. S'il est vrai que, par la mort de Jésus-Christ le ciel se soit ouvert et
l'enfer fermé, à quoi cela te servira-t-il si tu ne reçois pas le Saint-Esprit
? Dis-moi quel profit tu peux tirer de tout le reste sans la grâce de Dieu; si
tu reçois le Saint-Esprit dans ton coeur, tout te sera profitable et te
consolera. Le Saint-Esprit seul suffira à te consoler et à donner de la force à
ta faiblesse, de la joie à ta tristesse, et comme il sait le faire !
J'ai appris que le
Saint-Esprit voulut se communiquer à une personne et que celle-ci est sortie
comme folle dans les rues en poussant des cris. Voulez-vous voir un cas
analogue ? Observez-le chez les apôtres qui, avant la venue du Saint-Esprit
étaient si apeurés, si craintifs, qu'ils n'osaient pas sortir et restaient
enfermés dans le Cénacle. Dès que le Saint-Esprit fut descendu en eux, ils
ouvrent les portes en grand, sortent par les places, et commencent à prêcher
Jésus-Christ.
Saint Athanase - grand
saint qui écrivit contre l'hérésie des ariens - disait en songeant aux
scrupules qu'avaient certains, " Suis-je vraiment baptisé, ou ne suis-je
pas vraiment baptisé ?" : " Sais-tu à quoi tu le verras ? Si tu sens
remuer le Saint-Esprit comme la femme enceinte sent remuer l'enfant. " -
Mais, Père, moi je suis un homme. - Moi je ne suis pas mariée. Je ne sais pas
ce que c'est qu'un enfant qui remue, comment le sentirai-je ? - Je te donne ce
signe, mon frère : C'est lorsque tu sentiras brûler dans ton coeur un feu de
charité, un amour très ferme en Dieu que tu sentiras le Saint-Esprit, car le
Saint-Esprit est un feu et tu le sens tressaillir dans tout ton être. - Comment
cela se peut-il, Père ? D'après saint Jean, Jésus-Christ lui-même parlant à la
Samaritaine a dit : Celui qui boira de mon eau. Quelle propriété a
cette eau, Seigneur ? On en fera - dit notre Rédempteur - une
source d'eau vive qui jaillira jusqu'à la vie éternelle. - Tu vois ici le
signe qu'a donné le Christ pour savoir à quel moment le Saint-Esprit est venu
en toi, car l'Esprit-Saint a ce caractère de ne pouvoir rester inaperçu et de
témoigner lui-même de la présence en toi de Jésus-Christ. Jésus-Christ dit dans
l'évangile ce que l'on dit à la messe : Lorsque le Paraclet viendra, quand
le Saint-Esprit viendra, l'Esprit de vérité qui procède de mon Père,
celui-là vous rendra témoignage de moi, celui-là vous parlera de moi.
Ce qui signifie qu'il
vous consolera, vous éclairera, vous réjouira, et vous guidera dans votre
chemin.
Le Saint-Esprit est
Consolateur, mes frères. Comme il doit savoir consoler, puisque par sa grandeur
même il s'appelle Consolateur !
Que cherchons-nous en
cette vie ? Où allons-nous ? Nous ne travaillons que pour chercher quelque
consolation, quelque contentement. Pourquoi donc ne travaillons-nous pas pour
posséder un Consolateur qui apaise nos tourments et qui enrichisse notre
pauvreté ? Oh si je pouvais vous communiquer la dévotion au Saint-Esprit ! Que
par sa miséricorde infinie il veuille bien vous la communiquer.
Quand tu seras affligé,
sois assuré que le Saint-Esprit, si tu le possèdes dans ton âme, te consolera
de cette affliction.
L'apôtre saint Paul dit :
On pense parfois : " Qui pourra suffire à consoler ma tristesse, mon
découragement, qui me viendra en aide ? "
Le corps soutient un
combat, l'âme est remplie de grandes craintes, mais celui qui habituellement
console les humbles, nous a consolés.
Le rôle du Saint-Esprit
est de consoler ceux qui sont affligés. Ce Consolateur est proclamé comme tel
dans toute l'Eglise de Jésus-Christ, Notre-Seigneur; il est proclamé et
publiquement connu comme Consolateur de nos peines. Le malade cherche le
médecin pour ses maladies, le plaideur cherche un bon avocat qui l'aide, il va
trouver le juge et lui dit : " Rendez-moi justice " (Ce Consolateur
ou cet avocat (car le mot grec Paraclet signifie l'un et l'autre)
était devenu nécessaire après le départ du Christ " (Saint AUGUSTIN. Tract. 94 in
Joann).
Puisque nous sommes tous
tristes, il nous faut recourir à celui qui console notre tristesse. Nous sommes
tous tristes : les méchants, pour les péchés commis; les justes ont aussi le
regret de leurs péchés et ils éprouvent une très grande tristesse en redoutant
d'offenser Dieu, de perdre Dieu. Tous nous sommes tristes, nous avons besoin
d'une consolation. Le Saint-Esprit a pour rôle de nous consoler tous;
demandons-lui qu'il veuille bien venir dans nos coeurs et nous consoler.
Le Saint-Esprit nous est
donné par les mérites du Christ.
Une âme traquée,
craintive, chargée de tant de péchés, pourra dire : " Père, ce
Saint-Esprit qui, dites-vous, est Dieu, est un Dieu tout-puissant, un Dieu
terrible, et moi je suis un ver, une fourmi; comment ce Saint-Esprit
voudra-t-il venir dans ma maison si mal préparée à le recevoir ? Je crains
qu'il ne veuille pas venir. "
S'il s'agit de toi, tu as
certainement raison de croire que le Saint-Esprit ne voudra pas venir; mais
sais-tu ce que tu dois faire ? Mettre entre toi et lui, Jésus-Christ et ses
mérites et le Saint-Esprit en voyant ce que Jésus-Christ a souffert pour toi
viendra tout de suite par amour pour lui.
Quand il s'en est trouvé
un qui s'est désolé pour que tu te consoles, un qui s'est attristé pour que tu
te réjouisses, un qui a supporté la fatigue pour que tu te reposes, un qui est
mort pour que tu vives, tu dois être sans crainte si tu sais pleurer tes péchés
et faire une digne pénitence.
Béni soit Jésus-Christ et
que les anges le bénissent ! Amen !
J'ai cherché un
consolateur, dit notre Rédempteur, et je ne l'ai pas trouvé. On m'a
donné du fiel en nourriture et quand j'avais soif on m'a donné à boire du
vinaigre.
Notre Rédempteur n'a
trouvé aucun consolateur. Notre Rédempteur fut profondément rempli de
tristesse, profondément désolé; il ne trouva aucune consolation, il était si
intensément affligé en son âme et en son corps qu'il a dit lui-même : "
Mon âme est triste jusqu'à la mort " (Mt. 26, 38). Ce qui signifie que
notre Rédempteur avait une tristesse mortelle. Il ne s'agit pas de l'âme
supérieure car elle jouissait de Dieu, je ne parle que de la partie sensitive
dans laquelle régnait la plus extrême affliction. Que de fatigues, de faim, de
soif, de sueur dans ces chemins ! Et quand vint le moment de la souffrance, il
avait tant de douleur en y pensant qu'il disait : Père, s'il est possible,
faites que je ne boive pas ce calice, cette coupe d'amertume. Le Christ,
notre Rédempteur voyant que Dieu le laissait souffrir et voyant les tourments
qu'il supportait en son corps, dit aussi : " Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi
m'avez-vous abandonné?" (Mt. 27, 46) Mes frères, les souffrances que
Notre-Seigneur endura furent si nombreuses et si extrêmes; ils furent si
nombreux les supplices qu'il supporta, les coups de fouet, la couronne d'épines,
les soufflets qu'on donna sur son divin visage qu'il en vint à dire : Vous
tous qui passez dans le chemin, vous tous qui vivez dans le monde, voyez
s'il existe une douleur semblable à la mienne (Thren. 1, 12). Soyez béni,
mon Rédempteur, à jamais !
Quelle est la cause de
tant de douleurs, Seigneur? Les douleurs, les tourments, ne sont-ils pas la
punition des péchés et le châtiment des méchants ? Le châtiment convient à ceux
qui font le mal; mais vous, Seigneur, quel mal avez-vous fait pour devoir supporter
tant de tourments ? Pourquoi tant de douleurs ?
- Quelle dette ont-ils ?
dit notre Rédempteur Jésus-Christ - Seigneur, ils ont beaucoup péché. - Eh
bien, je veux, dit Jésus-Christ, que le châtiment retombe sur moi, pour qu'ils
obtiennent le repos du ciel; que la tristesse retombe sur moi, pour qu'ils
aient la joie. Je veux qu'on me donne du fiel pour qu'on leur donne du miel;
qu'on m'inflige des supplices pour qu'on leur donne le repos; qu'on me donne la
mort, pour qu'on leur donne la vie.
Aie donc confiance, mon
frère, dans les mérites de Jésus-Christ. Ne crois pas que muette est la voix
que tu as au ciel pour te défendre; les mérites de Jésus-Christ plaident pour
toi là-haut. Ce n'est pas non plus une voix qui est muette, si tu supplies pour
que le Saint-Esprit vienne. Sois sans défiance, car si tu offres les mérites de
Jésus-Christ, pour eux on te donnera le Saint-Esprit. Ce que tu donnes vaut
autant que ce qu'on te donne. Si on te donne Dieu, tu donnes à Dieu et bien que
Jésus-Christ notre Rédempteur n'ait pas souffert en ce qu'il a de divin, en fin
de compte, on dit que celui qui était Dieu a souffert. Pour le fiel qu'il a bu
sur la croix, on te donnera le miel du Saint-Esprit.
Tes pensées, tes paroles,
tes actions appelleront le Saint-Esprit, de sorte qu'il surviendra en toi, sans
que tu saches comment ni de quelle manière, sans que tu le sentes ni que tu
saches par où il est entré et tu le trouveras en toi, logé dans ton coeur; tu
découvriras au fond de ton âme une grande joie, une réjouissance si admirable,
si totale qu'elle te fera sortir de toi-même. Le saint roi David disait : Tu
procureras, Seigneur, joie et allégresse à mon oreille et mes os mortifiés se
réjouiront. Le coeur qui était triste, l'âme qui était très angoissée,
seront remplis de joie et se réjouiront; tu entendras le Saint-Esprit te parler
à l'oreille, et t'indiquer tout ce que tu dois faire.
Celui qui a la charge de
consoler est aussi celui qui a la charge d'exhorter; celui qui te console est
aussi celui qui te blâme : " Homme lâche, sans grand courage, veux-tu ne
pas craindre comme un enfant, aie le courage d'un homme ! " Le
Saint-Esprit lui-même qui vient te consoler, te réprimandera, pour supprimer
les obstacles à ta consolation. Paracletus veut dire Consolateur. Et
puisque tu vois, mon frère, que par suite des mérites de Jésus-Christ, se donne
le Saint-Esprit, ne cesse pas de le demander, ne cesse pas de le désirer avec
une grande ferveur, en regrettant son absence, de sorte qu'il viendra dans ton
âme et sera une si grande consolation pour toi que personne ne pourra te
l'enlever.
Arrange ta demeure,
prépare le repas pour cet Hôte, puisqu'il le mérite tant et que tu as envers
lui tant d'obligations; faisons beaucoup d'aumônes aux pauvres; pardonnons à
notre prochain; abstenons-nous de tout péché et de toute faute pendant cette
sainte Semaine; soyons maîtres de nos sens, et ayons tous vraiment confiance,
que par sa miséricorde il viendra en feu d'amour, fortifier nos coeurs et nous
apporter ses dons.
Capilla
de San Juan de Ávila, antigua de San Felipe y Santiago. Conjunto escultórico
de Antonio Bernal Redondo (2013)
28. Celui qui n'a pas
l'Esprit du Christ n'appartient pas au Christ.
Dimanche de l'octave de
l'ascension, 29 mai 1552.
(Valencia, Bibl. Col.
Patriarca, Ms 1049, ff. 88. r-98v; ed. 1596,
II, pp. 25-53).
Lorsque viendra
l'Intercesseur, que je vous enverrai d'auprès du Père, l'Esprit de vérité qui
procède du Père, il rendra témoignage de moi.
(Jo. 15, 26).
Exorde :
Tous ont en vue leurs
propres intérêts, et non ceux de Jésus-Christ (Cf. Phil, 2, 21), dit
l'apôtre saint Paul, se plaignant des coutumes des hommes. Il dit en parlant de
Jésus-Christ : " Car le Christ n'a pas eu de complaisance pour
lui-même; mais selon qu'il est écrit : " Les outrages de ceux
qui t'outragent sont tombés sur moi. " (Rom. 15, 3) Tous
recherchent ce qui leur convient, et non ce qui convient à Jésus-Christ; mais
le Christ, oublieux de ce qui lui convient - pour se souvenir de ce qui
nous convient - n'a pas eu de complaisance pour lui-même." Il
n'accepta pas de vivre pour la satisfaction des choses matérielles, mais tout
au contraire se fatigua maintes fois dans les chemins, répandit d'abondantes
larmes, souffrit maintes insultes et, enfin, subit la mort, pour faire
comprendre aux hommes qu'au lieu de vivre en paix, il oubliait son repos pour
le leur donner. Seigneur, si vous aviez été comme nous, quels auraient été nos
maux !
Combien de fois avez-vous
poursuivi Notre-Seigneur en lui demandant quelque faveur, en l'importunant par
des prières, des larmes, des aumônes, des pénitences et lorsqu'il vous l'a
accordée, comme un mauvais payeur, vous oubliez Dieu ? Dans l'adversité vous
vous tournez vers le Seigneur, dans la prospérité vous l'oubliez. C'est mal
agir. S'il était comme nous, qu'adviendrait-il de nous ? A présent il est au ciel,
à présent rien ne lui manque pour son repos; s'il nous oubliait dans la
prospérité, qu'adviendrait-il de nous ? Bénie soit sa miséricorde. Jésus-Christ
alla au ciel, dit saint Paul, pour paraître devant son Père, lui offrir sa
souffrance et à force de prières obtenir pour nous le Saint-Esprit.
Par Jésus-Christ nous
serons délivrés car par lui nous recevrons le Saint-Esprit. Madame, serons-nous
délivrés par vous ? Rachel eut deux enfants; la Très Sainte Vierge a deux
enfants, l'un qui est sorti de son sein et l'autre qu'elle a adopté. Le Fils de
son sein est à présent au ciel, règne, est en sûreté. Elle n'a rien à demander
pour lui. Il lui reste à obtenir pour nous, qui sommes des enfants adoptifs, la
grâce de bien parler, de bien agir, et de bien finir. Et pour qu'elle le fasse,
disons-lui : Ave, Maria.
Évangile du jour.
Lorsque viendra
l'Intercesseur, etc. Nous sommes encore dans la semaine de la fête du
Saint-Esprit. Qu'il descende dans vos coeurs, pour que vous passiez de bonnes
fêtes.
Jésus-Christ au chapitre
15 de saint Jean dit : Quand viendra le Consolateur, que je vous enverrai
de la part du Père et qui est Esprit de vérité, il rendra témoignage de moi et
vous aussi me rendrez témoignage parce que vous avez été des témoins
oculaires, et que depuis le début de mes prédications, vous êtes avec
moi. Préparez-vous car de mauvais jours viendront; ils vous mettront
à la porte des églises et vous persécuteront; votre seul repos possible
sera de penser que vous vous reposerez le jour où ils cesseront de vous
persécuter; même ce jour-là vous fera défaut, parce qu'ils ne cesseront jamais,croyant
qu'en vous persécutant et vous tuant, ils servent Dieu. Consolez-vous
parce que ce sont des gens ignorants qui ne connaissent pas le Père et ne
me connaissent pas, et qui vous poursuivent par amour pour moi sans en
avoir le mérite. Je vous le dis avant que cela arrive, pour que vous vous
souveniez, lorsque cela se produira, que je vous ai dit le
meilleur et le pire qui devait vous advenir. Vous constaterez la
vérité de mes paroles dans l'un et l'autre cas. Ainsi dit l'Evangile qui est
très court.
Promesse du Consolateur.
Je vous ai déjà dit
plusieurs fois que si nous laissions faire ce que le coeur du Seigneur veut
pour nous, ce ne serait que pardon car le propre du Seigneur est de
pardonner, s'il châtie, il châtie par force, et contrairement à son
caractère : En effet ce n'est pas de bon coeur qu'il humilie et abaisse
les enfants des hommes. (Thren. 3, 33) Lorsque Dieu humilie quelqu'un, il
ne le fait pas de gaîté de coeur, mais par force; comme un père qui voit son
fils se montrer méchant, le châtie par amour et le fils agit de telle sorte
qu'il le met dans l'obligation de le châtier. " Dieu est doux de nature,
dit saint Jérôme, mais, nous, nous agissons de telle manière qu'il nous châtie.
" II s'ensuit qu'en punissant, il cherche aussitôt la consolation : Parce
que s'il abaisse plus encore, il a pitié en raison de l'immensité de ses
miséricordes. (Thren. 3, 32)
Combien furent désolés
les apôtres lorsqu'il leur dit qu'il voulait partir ! Parce que je vous ai
dit cela, la tristesse a rempli votre coeur. (Cf. Jo. 16, 6)
Ils aimaient tant
Jésus-Christ, qu'ils ne pouvaient pas supporter sans impatience de l'entendre
dire : " Je m'en vais ". Vous qui aimez tant consoler, quelle
consolation réserverez-vous aux apôtres plongés dans l'affliction, par amour
pour vous ?
Il leur en donne deux
: Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez. (Jo. 14, 28) Ne subordonnez
pas mon bonheur à votre contentement. Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de
me voir régner. Et parce que cette consolation est le propre des hommes
parfaits, qui vivent dans la souffrance et ont pour consolation
l'accomplissement en eux de la volonté de Dieu, il leur en donne une autre qui
est tout à leur avantage :Vous êtes tristes parce que je m'en vais; mais moi je
vous dis qu'il convient pour vous que je m'en aille. Concevez quelle foi
il faut avoir pour croire à une telle parole.
Moi, je vous le dis, en
vérité, mon départ vous convient. Vous pensez qu'en partant je vous
abandonne et que les Juifs et tous les hommes vous poursuivront. Pensez-vous
rester comme des enfants, que le loup mangera dès que leur mère s'éloignera
d'eux ?
- Si vous disiez, Seigneur, que cela vous convenait, ce serait bien; mais comment est-ce possible que cela nous convienne à nous ? - // est avantageux pour vous que je parte, car, si je ne pars pas, l'Intercesseur ne viendra pas vers vous; mais, si je m'en vais, je l'enverrai vers vous; (Jo. 16, 7) c'est pour cela qu'il vous convient que je m'en aille. - Seigneur, consolateur pour consolateur, n'êtes-vous pas, vous, un bon consolateur ? Que voulait donc le Seigneur en faisant la louange de ce Consolateur ? Diminuer par la venue du Saint-Esprit le chagrin ressenti par son départ.
" Je vous enverrai quelqu'un qui se nomme Consolateur. Il vous
apprendra non seulement les choses présentes, mais encore les choses à venir;
il vous dira qui je suis, car vous ne me connaissez pas bien encore; il sera
Esprit, il vous instruira, sans que des oreilles soient nécessaires pour
l'entendre ni des yeux pour le voir; il ne vous abandonnera jamais, au contraire
il sera avec vous quand vous mangerez et dormirez, quand vous serez à l'église
et dans votre maison, il sera tellement votre compagnon que jamais il ne
s'écartera de vous. A présent, considérez mon départ comme un bienfait, afin
que ce Maître vienne à vous. Tout ce dont je vous ai parlé, il vous le
rappellera. Il sera votre Maître, votre Précepteur, votre Consolateur, pour que
vous vous consoliez avec lui; tenez mon départ pour un bien." - Grande est
la majesté du Saint-Esprit, qui a eu pour prédicateur Jésus-Christ lui-même.
Qui a annoncé Jésus-Christ? C'est le Saint-Esprit lui-même par la bouche des
prophètes, mais c'est Jésus-Christ lui-même, Dieu et homme, par sa propre
bouche, qui a annoncé le Saint-Esprit et a dit tant de bien de lui pour que les
apôtres attendent sans impatience son départ.
- Seigneur, consolateur
pour consolateur, pourquoi ne restez-vous pas, vous ? Nous sommes heureux avec
vous; il n'y a pas de chagrin qui avec vous ne s'évanouisse! - Restez avec
nous, Seigneur! Vous avez tort. - Cette Incarnation de Jésus-Christ qu'ils
voyaient n'était pas aussi bonne que le Saint-Esprit, parce que l'Incarnation
était une chose créée, et le Saint-Esprit était Dieu. La divinité de
Jésus-Christ ne s'en allait pas, elle n'est pas descendue du ciel; la divinité
non plus n'est pas montée à présent au ciel; ce qui disparaissait c'était l'âme
et le corps, et ils n'avaient pas la même valeur que le Saint-Esprit. Vous avez
donc tort de dire qu'il ne parte pas, pour que lui vienne. Quand ce Maître
viendra, il vous dira, qui je suis; et lorsque vous m'aurez connu et parce
que vous aurez appris à me connaître vous considérerez mon départ comme un
bienfait.
Celui qui n'a pas
l'Esprit du Christ n'appartient pas au Christ.
Nous voici arrivés là où
je le désirais (Expression de pure humilité). Que chacun ait sa préférence; la
mienne est bien misérable certainement, mais une des périodes où mon âme est
consolée et où elle espère recevoir de Dieu les plus grandes faveurs, c'est,
cette semaine avant cette Pâque, véritablement appelée Semaine sainte.
Par respect pour Dieu,
faites-moi cette faveur, rendez à Dieu ce service; et à votre âme faites ce
bien si grand, de servir vraiment Dieu cette semaine si à un autre moment vous
avez été ce que vous ne deviez pas; et moi au nom du Seigneur, que je
représente, quoique indigne, je vous donne ma parole qu'il vous récompensera de
ce service que vous lui rendez.
Celui qui participe à
cette semaine, participe à toutes les autres fêtes de l'année, celui qui ne
participe pas à cette semaine, ne participe pas à sa naissance, ni à son jeûne,
ni à sa prière, ni à ses coups de fouet, ni à sa mort, ni à sa résurrection, ni
à son ascension; il ne participe pas à tout ce qu'il a fait ou fera, s'il ne participe
pas à cette semaine.
Vous semble-t-il que
c'est attacher trop d'importance à cette fête ? C'est pour que les hommes
participent à cette fête, qu'il a fait tout ce qu'il a fait : Afin de nous
rendre participants à sa divinité. (Cf. Praet. de Ascens. Domini)
Voici ce qui est chanté à l'église ces jours-ci. - Qu'est-ce que participer à
sa divinité ? C'est bien célébrer cette Pâque, recevoir le Saint-Esprit, qui
est Dieu lui-même; c'est pour cela que Jésus-Christ travaille tant, afin que
nous jouissions de cette fête. - Et quelle est cette fête? La fête du
Saint-Esprit. - Et ne pourrai-je bien vivre sans le Saint-Esprit ? - Non,
assurément, et malheur à celui qui n'aura pas le Saint-Esprit ! - Ne sera-t-il
pas suffisant de vivre dans ma chair ou tout au moins dans mon esprit ? - Non.
Écoutez saint Paul : Pour vous, vous ne vivez point dans la chair, mais
dans l'Esprit. Si quelqu'un n'a pas l'Esprit du Christ, il ne lui appartient
pas. (Cf. Rom. 8, 9) Que personne ne se décourage.
" Vous ne
vives: pas dans la chair, dit saint Paul, vous ne vivez pas par votre
jugement, vous ne vous dirigez pas par votre volonté et votre instinct ".
Ah ! quel est le grand
prédicateur, qui pourra vous dire avec vérité : Vous ne vivez pas dans la
chair, mais dans l'Esprit, si tamen ou si quidem Nous laissons
en latin ce " si cependant ", ce " si du moins " dont
Avila farcit son discours; mélange de latin et d'espagnol, preuve d'érudition,
selon un procédé que l'art oratoire postérieur ne tardera pas à rejeter.
Rappelons-nous l'Intimé, des Plaideurs : " Celui contre lequel je parle,
autem, plumé "), comme dit une autre version, l'Esprit de Dieu habite
en vous... parce que certainement l'Esprit de Dieu demeure en vous ! Et
pour que vous compreniez votre bonheur qui est d'avoir pour hôte le
Saint-Esprit, sachez que, si quelqu'un ne possède pas l'Esprit du Christ,
il n'appartient pas au Christ. Il était nécessaire de le dire et de le
répéter mille autres fois: s'il n'appartient pas au Christ, à qui peut-il
appartenir ? Toute ma richesse, ô mon Roi, consiste à vous appartenir; à cette
condition : Pourvu qu'il appartienne à Dieu, Dieu donne les richesses au
chrétien.
Tout est à vous; et Paul,
et Apollos, et Cephas, et le monde, et la vie, et la mort, et les choses présentes,
et les choses à venir, tout est à vous; mais vous, vous êtes au Christ, et le
Christ est à Dieu. (1 Cor. 3, 23. ) Ne vous considérez pas comme
pauvre, car toutes les choses sont à vous. Paul est à vous, car il
travaille et souffre pour vous; Cephas qui veut dire Pierre, est à
vous parce que lui aussi peine beaucoup, s'épuise au travail, devenu votre
esclave; Apollos aussi, le prédicateur est à vous, puisqu'il vous
prêche; la vie vous appartient, puisque vous la vivez pour
Dieu; la mort vous appartient, puisque par la mort vous allez à
Dieu; le présent, l'avenir, vous appartiennent puisque vous usez
du présent comme Dieu le veut, l'avenir vous est réservé. Toutes les
choses vous appartiennent et vous, vous appartenez au Christ. (Autre
procédé : Avila cite en latin toute une phrase de saint Paul qu'il débite
ensuite et commente par le détail) Dans ces conditions tout est à vous, pourvu
que vous apparteniez au Christ. Si tu n'appartiens pas au Christ, à qui
appartiendras-tu ? " La colère de Dieu reste sur celui qui ne croit
pas au Fils de Dieu " (Jo. 3, 36) et n'est pas son ami.
C'est par Adam qu'elle
débuta, et par Adam nous naissons tous enfants de la colère; c'est par
Jésus-Christ que commença la grâce, et tous ceux qui n'appartiendront pas au
Christ, la colère de Dieu restera sur eux. En Adam est le péché, en
Jésus-Christ la justice; en Adam la disgrâce, en Jésus-Christ la grâce; en Adam
l'enfer, en Jésus-Christ le ciel. Si tu n'appartiens pas au Christ, si tu n'es
pas en accord avec le Christ, la colère de Dieu est sur toi. Ainsi la
justice de Dieu considère avec colère les pécheurs. Dès qu'un homme commet
un péché mortel, il meurt aussitôt pour Dieu, et Dieu pose sur lui des yeux
irrités. Qui tendra la main à Dieu ? Qui te défendra de Lui ? - De son dos
il te couvrira (ps. XCL (Vulg. XC), 4) - Qui te délivrera de la colère de
Dieu ? - Dieu de douceur. - Qui te défendra du Dieu sévère ? - Dieu agneau.
Dieu envoya son Fils pour que le fouet et le châtiment retombent sur lui,
innocent, et que le coupable demeure libre; pour que de son dos il te
fasse ombre (Avila cite selon la Vulgate) et que la justice de Dieu ne
t'embrase pas.
Mets-toi derrière lui,
car sur lui a frappé l'ardeur du soleil, sur lui la colère de Dieu s'est
déchargée, derrière lui il y a l'ombre; là tu trouveras la fraîcheur. Or
qu'adviendrait-il de moi si je ne résidais pas en lui ? Si le sarment ne
demeure pas sur la vigne, il n'échappera pas au feu; et toi si tu ne
résides pas en Jésus-Christ, tu n'échapperas pas à l'enfer. Seul monte au
ciel Jésus-Christ qui en est descendu. Personne n'entrera au paradis s'il
n'a la grâce, s'il n'est aimé du Père, et il n'est de grâce ni d'amour pour
personne, si ce n'est en Jésus-Christ. Celui qui ne se met pas sous la
protection de Jésus-Christ, sera damné pour toujours. Celui qui n'a pas
l'Esprit du Christ ne lui appartient pas; malheur à lui ! - Privez-moi,
Seigneur, de tout ce qu'il y a dans le ciel et sur la terre mais ne me privez
pas de vous appartenir. Si je vous appartiens, votre bonté me dirigera, votre
humilité me dirigera, votre mansuétude me dirigera. - Si je ne vous appartiens
pas, je serai dirigé par la colère, je serai dirigé par la chair, je serai
dirigé par la passion. Considérez quels maîtres ils sont pour vous gouverner, puisqu'ils
sont eux-mêmes des passions ! Considérez comment ils pourraient diriger sans
passion.
Il n'est pas de paroles
plus dures que celle-ci : Celui qui n'a pas l'Esprit du Christ, celui-là
ne lui appartient pas. Voyez que je dois m'adresser aujourd'hui à vos
coeurs, et c'est vous-mêmes que je dois prendre pour témoins.
A Sion, les pécheurs ont
été frappés d'épouvanté, le tremblement s'est emparé des hypocrites. (Is.
33, 14) - Pourquoi ? - Parce que celui qui n'a pas l'Esprit du Christ,
celui-là ne lui appartient pas. - Oh quelle dure parole ! Prenez garde de
ne pas vous décourager si vite.
Il ne suffit pas de vivre
par la chair ou par son propre esprit.
- Si vous disiez, Seigneur, que cela vous convenait, ce serait bien; mais comment est-ce possible que cela nous convienne à nous ? - // est avantageux pour vous que je parte, car, si je ne pars pas, l'Intercesseur ne viendra pas vers vous; mais, si je m'en vais, je l'enverrai vers vous; (Jo. 16, 7) c'est pour cela qu'il vous convient que je m'en aille. - Seigneur, consolateur pour consolateur, n'êtes-vous pas, vous, un bon consolateur ? Que voulait donc le Seigneur en faisant la louange de ce Consolateur ? Diminuer par la venue du Saint-Esprit le chagrin ressenti par son départ.
" Je vous enverrai quelqu'un qui se nomme Consolateur. Il vous
apprendra non seulement les choses présentes, mais encore les choses à venir;
il vous dira qui je suis, car vous ne me connaissez pas bien encore; il sera
Esprit, il vous instruira, sans que des oreilles soient nécessaires pour
l'entendre ni des yeux pour le voir; il ne vous abandonnera jamais, au contraire
il sera avec vous quand vous mangerez et dormirez, quand vous serez à l'église
et dans votre maison, il sera tellement votre compagnon que jamais il ne
s'écartera de vous. A présent, considérez mon départ comme un bienfait, afin
que ce Maître vienne à vous. Tout ce dont je vous ai parlé, il vous le
rappellera. Il sera votre Maître, votre Précepteur, votre Consolateur, pour que
vous vous consoliez avec lui; tenez mon départ pour un bien." - Grande est
la majesté du Saint-Esprit, qui a eu pour prédicateur Jésus-Christ lui-même.
Qui a annoncé Jésus-Christ? C'est le Saint-Esprit lui-même par la bouche des
prophètes, mais c'est Jésus-Christ lui-même, Dieu et homme, par sa propre
bouche, qui a annoncé le Saint-Esprit et a dit tant de bien de lui pour que les
apôtres attendent sans impatience son départ.
- Seigneur, consolateur
pour consolateur, pourquoi ne restez-vous pas, vous ? Nous sommes heureux avec
vous; il n'y a pas de chagrin qui avec vous ne s'évanouisse! - Restez avec
nous, Seigneur! Vous avez tort. - Cette Incarnation de Jésus-Christ qu'ils
voyaient n'était pas aussi bonne que le Saint-Esprit, parce que l'Incarnation
était une chose créée, et le Saint-Esprit était Dieu. La divinité de
Jésus-Christ ne s'en allait pas, elle n'est pas descendue du ciel; la divinité
non plus n'est pas montée à présent au ciel; ce qui disparaissait c'était l'âme
et le corps, et ils n'avaient pas la même valeur que le Saint-Esprit. Vous avez
donc tort de dire qu'il ne parte pas, pour que lui vienne. Quand ce Maître
viendra, il vous dira, qui je suis; et lorsque vous m'aurez connu et parce
que vous aurez appris à me connaître vous considérerez mon départ comme un
bienfait.
Celui qui n'a pas
l'Esprit du Christ n'appartient pas au Christ.
Nous voici arrivés là où
je le désirais (Expression de pure humilité). Que chacun ait sa préférence; la
mienne est bien misérable certainement, mais une des périodes où mon âme est
consolée et où elle espère recevoir de Dieu les plus grandes faveurs, c'est,
cette semaine avant cette Pâque, véritablement appelée Semaine sainte.
Par respect pour Dieu,
faites-moi cette faveur, rendez à Dieu ce service; et à votre âme faites ce
bien si grand, de servir vraiment Dieu cette semaine si à un autre moment vous
avez été ce que vous ne deviez pas; et moi au nom du Seigneur, que je
représente, quoique indigne, je vous donne ma parole qu'il vous récompensera de
ce service que vous lui rendez.
Celui qui participe à
cette semaine, participe à toutes les autres fêtes de l'année, celui qui ne
participe pas à cette semaine, ne participe pas à sa naissance, ni à son jeûne,
ni à sa prière, ni à ses coups de fouet, ni à sa mort, ni à sa résurrection, ni
à son ascension; il ne participe pas à tout ce qu'il a fait ou fera, s'il ne participe
pas à cette semaine.
Vous semble-t-il que
c'est attacher trop d'importance à cette fête ? C'est pour que les hommes
participent à cette fête, qu'il a fait tout ce qu'il a fait : Afin de nous
rendre participants à sa divinité. (Cf. Praet. de Ascens. Domini)
Voici ce qui est chanté à l'église ces jours-ci. - Qu'est-ce que participer à
sa divinité ? C'est bien célébrer cette Pâque, recevoir le Saint-Esprit, qui
est Dieu lui-même; c'est pour cela que Jésus-Christ travaille tant, afin que
nous jouissions de cette fête. - Et quelle est cette fête? La fête du
Saint-Esprit. - Et ne pourrai-je bien vivre sans le Saint-Esprit ? - Non,
assurément, et malheur à celui qui n'aura pas le Saint-Esprit ! - Ne sera-t-il
pas suffisant de vivre dans ma chair ou tout au moins dans mon esprit ? - Non.
Écoutez saint Paul : Pour vous, vous ne vivez point dans la chair, mais
dans l'Esprit. Si quelqu'un n'a pas l'Esprit du Christ, il ne lui appartient
pas. (Cf. Rom. 8, 9) Que personne ne se décourage.
" Vous ne
vives: pas dans la chair, dit saint Paul, vous ne vivez pas par votre
jugement, vous ne vous dirigez pas par votre volonté et votre instinct ".
Ah ! quel est le grand
prédicateur, qui pourra vous dire avec vérité : Vous ne vivez pas dans la
chair, mais dans l'Esprit, si tamen ou si quidem Nous laissons
en latin ce " si cependant ", ce " si du moins " dont
Avila farcit son discours; mélange de latin et d'espagnol, preuve d'érudition,
selon un procédé que l'art oratoire postérieur ne tardera pas à rejeter.
Rappelons-nous l'Intimé, des Plaideurs : " Celui contre lequel je parle,
autem, plumé "), comme dit une autre version, l'Esprit de Dieu habite
en vous... parce que certainement l'Esprit de Dieu demeure en vous ! Et
pour que vous compreniez votre bonheur qui est d'avoir pour hôte le
Saint-Esprit, sachez que, si quelqu'un ne possède pas l'Esprit du Christ,
il n'appartient pas au Christ. Il était nécessaire de le dire et de le
répéter mille autres fois: s'il n'appartient pas au Christ, à qui peut-il
appartenir ? Toute ma richesse, ô mon Roi, consiste à vous appartenir; à cette
condition : Pourvu qu'il appartienne à Dieu, Dieu donne les richesses au
chrétien.
Tout est à vous; et Paul,
et Apollos, et Cephas, et le monde, et la vie, et la mort, et les choses présentes,
et les choses à venir, tout est à vous; mais vous, vous êtes au Christ, et le
Christ est à Dieu. (1 Cor. 3, 23. ) Ne vous considérez pas comme
pauvre, car toutes les choses sont à vous. Paul est à vous, car il
travaille et souffre pour vous; Cephas qui veut dire Pierre, est à
vous parce que lui aussi peine beaucoup, s'épuise au travail, devenu votre
esclave; Apollos aussi, le prédicateur est à vous, puisqu'il vous
prêche; la vie vous appartient, puisque vous la vivez pour
Dieu; la mort vous appartient, puisque par la mort vous allez à
Dieu; le présent, l'avenir, vous appartiennent puisque vous usez
du présent comme Dieu le veut, l'avenir vous est réservé. Toutes les
choses vous appartiennent et vous, vous appartenez au Christ. (Autre
procédé : Avila cite en latin toute une phrase de saint Paul qu'il débite
ensuite et commente par le détail) Dans ces conditions tout est à vous, pourvu
que vous apparteniez au Christ. Si tu n'appartiens pas au Christ, à qui
appartiendras-tu ? " La colère de Dieu reste sur celui qui ne croit
pas au Fils de Dieu " (Jo. 3, 36) et n'est pas son ami.
C'est par Adam qu'elle
débuta, et par Adam nous naissons tous enfants de la colère; c'est par
Jésus-Christ que commença la grâce, et tous ceux qui n'appartiendront pas au
Christ, la colère de Dieu restera sur eux. En Adam est le péché, en
Jésus-Christ la justice; en Adam la disgrâce, en Jésus-Christ la grâce; en Adam
l'enfer, en Jésus-Christ le ciel. Si tu n'appartiens pas au Christ, si tu n'es
pas en accord avec le Christ, la colère de Dieu est sur toi. Ainsi la
justice de Dieu considère avec colère les pécheurs. Dès qu'un homme commet
un péché mortel, il meurt aussitôt pour Dieu, et Dieu pose sur lui des yeux
irrités. Qui tendra la main à Dieu ? Qui te défendra de Lui ? - De son dos
il te couvrira (ps. XCL (Vulg. XC), 4) - Qui te délivrera de la colère de
Dieu ? - Dieu de douceur. - Qui te défendra du Dieu sévère ? - Dieu agneau.
Dieu envoya son Fils pour que le fouet et le châtiment retombent sur lui,
innocent, et que le coupable demeure libre; pour que de son dos il te
fasse ombre (Avila cite selon la Vulgate) et que la justice de Dieu ne
t'embrase pas.
Mets-toi derrière lui,
car sur lui a frappé l'ardeur du soleil, sur lui la colère de Dieu s'est
déchargée, derrière lui il y a l'ombre; là tu trouveras la fraîcheur. Or
qu'adviendrait-il de moi si je ne résidais pas en lui ? Si le sarment ne
demeure pas sur la vigne, il n'échappera pas au feu; et toi si tu ne
résides pas en Jésus-Christ, tu n'échapperas pas à l'enfer. Seul monte au
ciel Jésus-Christ qui en est descendu. Personne n'entrera au paradis s'il
n'a la grâce, s'il n'est aimé du Père, et il n'est de grâce ni d'amour pour
personne, si ce n'est en Jésus-Christ. Celui qui ne se met pas sous la
protection de Jésus-Christ, sera damné pour toujours. Celui qui n'a pas
l'Esprit du Christ ne lui appartient pas; malheur à lui ! - Privez-moi,
Seigneur, de tout ce qu'il y a dans le ciel et sur la terre mais ne me privez
pas de vous appartenir. Si je vous appartiens, votre bonté me dirigera, votre
humilité me dirigera, votre mansuétude me dirigera. - Si je ne vous appartiens
pas, je serai dirigé par la colère, je serai dirigé par la chair, je serai
dirigé par la passion. Considérez quels maîtres ils sont pour vous gouverner, puisqu'ils
sont eux-mêmes des passions ! Considérez comment ils pourraient diriger sans
passion.
Il n'est pas de paroles
plus dures que celle-ci : Celui qui n'a pas l'Esprit du Christ, celui-là
ne lui appartient pas. Voyez que je dois m'adresser aujourd'hui à vos
coeurs, et c'est vous-mêmes que je dois prendre pour témoins.
A Sion, les pécheurs ont
été frappés d'épouvanté, le tremblement s'est emparé des hypocrites. (Is.
33, 14) - Pourquoi ? - Parce que celui qui n'a pas l'Esprit du Christ,
celui-là ne lui appartient pas. - Oh quelle dure parole ! Prenez garde de
ne pas vous décourager si vite.
Il ne suffit pas de vivre
par la chair ou par son propre esprit.
Il ne suffit pas, mon ami, de vivre par la chair, il ne suffit pas non plus de vivre par ton esprit. Ne pense pas qu'il suffise de mettre la main à la bourse et de faire l'aumône, si tu ne le fais pas en esprit. Dieu est esprit et aime ses semblables, il veut que tu l'adores et le serves en esprit. Si en toi il n'y a pas d'esprit de charité, faire l'aumône ici-bas, autour de toi, ne sert à rien. A quoi te sert d'égrener et d'égrener le chapelet si en toi ne prie pas l'esprit ? Ce peuple m'honore des lèvres, tandis qu'il tient son coeur éloigné de moi. (Cf. Is. 29, 13) A quoi sert le surplis blanc, qui signifie la chasteté, si, ni l'esprit, ni le corps, ne sont chastes ? A quoi sert d'avoir les genoux fléchis et l'âme endurcie et résolue à ne pas s'abaisser à obéir à Dieu ni à ses saints commandements ? Il est nécessaire de le servir extérieurement et intérieurement. Se contentera-t-il que nous le servions avec le corps et avec l'esprit ? Non. Que personne ne se décourage, je vous viendrai en aide quand vous vous découragerez.
Celui qui n'a pas l'Esprit du Christ, n'appartient pas au
Christ. Ton propre esprit ne te suffit pas. - Je ne comprends pas cela. -
Tant mieux. Il ne suffit pas qu'un homme vive suivant sa raison et qu'il ait
ses passions réfrénées et réglées par son esprit; non, cela ne suffit pas.
Saint Jean dit : // donna le pouvoir de devenir enfants de Dieu à ceux qui
croient en son nom: qui sont nés, non du sang, ni du désir de la chair, ni du
désir de l'homme, mais de Dieu. (Jo. 1, 12-13) Oh ! comme vous avez bien
dit cela, Aigle de Dieu ! Ceux qui sont enfants de Dieu, naissent, non des
hommes, non du sang, ni du désir de la chair ni de la volonté de l'homme
mais de Dieu même. Il ne suffit pas pour être enfants de Dieu et monter au
ciel, que tu sois né du sang, il ne sert à rien que tu sois fils de comte, ni
de duc, ni que tu sois de sang royal. C'est peu, cela. Le plus grand séraphin
qui est au ciel, s'il n'avait pas l'esprit du Christ, ne serait pas
bienheureux. On ne donne pas le ciel en considérant le rang social, non du
sang, ni du désir de la chair; ils ne naissent pas avec une volonté en
accord avec leur chair, ils ne naissent pas avec la volonté portée vers la
chair. Et s'il naît avec la volonté portée vers la raison, celui-là dans les
saintes Ecritures est appelé un homme; car celui qui vit en se soumettant à la
chair, ne mérite pas le nom d'homme. Rien de cela ne suffit pour posséder le
ciel, il ne suffit pas de n'être qu'un homme : Ce qui est né de la chair
est chair.( Cf. Jo. 3, 6)
Il faut posséder
l'Esprit-Saint.
Personne n'est monté au
ciel si ce n'est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme. (Jo. 3,
13) II ne suffit pas que tu sois homme, il faut que tu sois dans le Christ,
pour qu'en lui tu montes au ciel. Si tu es seulement homme tu hériteras de ton
père, mais tu n'hériteras pas de Dieu. Ceux qui doivent monter au ciel ne
naissent pas de la terre : Mais ils sont nés de Dieu; ils doivent
naître de Dieu. - Expliquez-le moi. - Nul, s'il ne renaît de l'eau et de
l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. (Jo. 3, 5) II est le
vrai fils de Dieu celui qui est né de l'eau et du Saint-Esprit; celui qui
ne naîtra pas de l'eau et du Saint-Esprit, n'entrera pas au ciel. Voici ce
que saint Paul a dit : Celui qui n'a pas l'esprit de Dieu, celui-là
n'appartient pas à Dieu; ne le possédant pas il ne sera pas fils de Dieu,
et ne se sauvera pas.
- C'est une dure vérité.
- Mais attendez un peu, car je n'ai pas encore terminé. Combien êtes-vous ici à
qui cette doctrine semblera aussi nouvelle que si vous n'étiez pas chrétiens,
et ayant la preuve de la parole de Jésus-Christ vous retournerez chez vous
doutant de la véracité de ce qu'on a dit ! Dieu dit à Isaïe : Proclame à
grands cris, Isole, que toute chair est foin et que tout ce qu'on honore le
plus dans la chair est comme fleur de foin. Le foin s'est séché et la fleur est
tombée, parce que l'esprit de Dieu a soufflé sur lui. (Cf. Is. 40, 6-7) II
lui demande de le proclamer à grands cris; car il peut se trouver là quelque
garçon ou fille qui s'imagineront être d'importants personnages, être un homme
noble ou une gente dame, qui s'imagineront être honorés et respectés, ou être à
la fleur de l'âge; disleur qu'ils se trompent, que tout est comme la fleurette
de foin, qu'un léger souffle d'air fait choir, dès qu'il survient. Un faible
souffle du Seigneur arrive et renverse tout. Qui comprendra cela : Toute
chair est foin? Que veut dire chair ? Et le Verbe s'est fait
chair. Saint Augustin, dans le livre 12 De civitate Dei dit que
" par chair on entend l'homme tout entier, prenant la partie pour le tout
". Il ne veut pas dire cette partie charnelle, mais l'homme tout
entier. Proclame-le à grands cris, il s'en trouvera peut-être
quelques-uns qui, même s'ils ne placent pas leur gloire en vêtements, en
ornements, en jouissances de la chair, seront peut-être plus dans l'erreur que
ceux qui vont clairement à leur perte. Prêche que tout homme dans sa
partie sensitive et dans sa partie intellective n'est que foin et que toute
sa gloire est comme la fleur du foin. - En quoi consiste l'honneur et la
gloire de la chair ? - Voyez le philosophe dont les oeuvres, quand on les lit,
semblent célestes; vous y trouverez tant de clarté d'esprit, d'horreur du vice,
et d'amour de la vertu.
C'est l'honneur et la
gloire; voici le meilleur de l'homme; meilleur que les richesses; meilleur que
l'honneur. Eh bien dis-leur que cette gloire est comme la fleur du foin.
Combien seront-ils parmi vous - voici venu le moment du découragement - qui
s'imagineront se trouver devant Dieu dans une bonne situation et quand vous
serez appelés au jugement vous ne pourrez vous tenir debout parce que le
souffle du Seigneur viendra ! Ce jugement si mesquin, cette recherche de
Jérusalem à la chandelle, cet examen non seulement des péchés mais aussi
des bonnes oeuvres; l'aumône que tu as faite, le Pater Noster, Y Ave
Maria que tu as récités, la messe que vous avez dite ou entendue,
l'intention que vous avez eue de faire de bonnes oeuvres, tout cela vous semblait
constituer un refuge à l'heure de la mort. Dis leur que toute chair est
foin. Un jour viendra où l'Esprit du Seigneur soufflera sur tout cela et
ils ne pourront pas rester debout, parce qu'ils seront sans force. Pourquoi ne
pourront-ils pas rester debout ? Qui te défendra du jugement de Dieu ?
Penses-tu, toi, que tu pourras te défendre ? Dieu seul peut te défendre de
Dieu. Le souffle de Dieu abat la fleur, ce qui veut dire que si tu as fait
l'aumône, si tu as pardonné l'injure, si tu as dit ou entendu la messe, il n'y
a aucun profit pour toi si cela provient de toi seul. - Je ne comprends pas. -
Eh bien ! que les prêtres écoutent et soient dans la crainte. Les fils d'Aaron
disent : " Encensons Dieu, qui est irrité, pour qu'il apaise son courroux
". Vous faites bien. Ils prennent les encensoirs et ils mettent du feu
d'ici-bas et non du feu du ciel; ils commencent à encenser et non seulement
Dieu ne l'accepta pas mais il les fit mourir lui-même à cet endroit-là. A cause
du feu qu'ils avaient allumé on les retira morts avec leurs nappes d'autels et
leurs surplis. Dieu leur avait ordonné de ne pas faire le sacrifice avec le feu
ordinaire mais avec celui qu'il envoyait. Ils désobéissent et reçoivent le
châtiment de leur délit. Malheur au prêtre qui dit la messe ou va aux
enterrements avec du feu de la terre, avec du feu de cupidité ou de vanité et
non avec du feu d'amour divin ! Malheur à lui car on lui dira : De quel coeur
est-il sorti ce bien que tu as fait ici-bas ? Vient-il de ton coeur ou de mon
coeur ? Dieu refusera tout ce qui ne proviendra pas du feu de l'amour divin. Je
ne viens pas de discuter ici, si les oeuvres indifférentes ou bonnes moralement
qui n'ont pas leur origine dans la charité seront méritoires; il suffit de
savoir que Dieu repoussera tout ce qui sera fait sans l'Esprit du Seigneur.
Qu'il s'agisse de miracles, qu'il s'agisse de répandre le sang, si le
Saint-Esprit n'est pas présent, tout est perdu. Oh ! Vierge Marie, combien
découvriront ce jour-là leur erreur !
Celui qui n'a pas l'Esprit
du Christ, n'appartient pas au Christ. Que ressentez-vous lorsque vous
entendez cela ? Ecoutez. Cette sentence est la sentence de Dieu. C'est par
rapport à elle que vos coeurs seront jugés. Ce jugement est une représentation
de ce qui se passera au Jugement dernier. Dieu dit : Celui qui n'a pas
l'Esprit du Christ, n'appartient pas au Christ.
Comment tu dois écouter
la parole de Dieu.
Attendez, n'avez-vous pas
dit que c'était de saint Paul ? - Ce qu'a prêché Dieu incarné n'est-il pas plus
vrai que les écrits de saint Paul? - N'existe-t-il pas de différence entre Dieu
et saint Paul? Si saint Paul parlait comme saint Paul, ce serait bien. Mais de
saint Paul est la langue et la gorge, de saint Paul est la voix, la parole est
celle du Christ. Augustin dit : Celui qui va semer porte un sac. Ce sac peut
être maculé de boue mais le blé qui s'y trouve est très beau. Le blé du sac
n'est-il pas bon parce qu'il est dans le sac? Saint Paul, Isaïe, Jérémie,
savez-vous ce qu'ils sont? Des sacs de semence de la parole de Dieu. Ne
méprisez pas la semence si le sac est vil. Le Concile de Trente, qui, me
dit-on, est dissous à cause de nos grands péchés, approuva comme conformes aux
canons de l'Église tous les livres de la Bible à l'exception du troisième et du
quatrième de Esdras, Ce que saint Paul dit dans ses épîtres est aussi vrai que
ce que le Christ dit dans son évangile, car c'est un même Esprit qui dit tout.
Quels sentiments fera
naître en vous le jour du Jugement ? Les uns se réjouiront et les autres
gémiront. Que ressentez-vous en entendant cette parole : Celui qui n'a pas
l'Esprit du Christ, n'appartient pas au Christ? En entendant cette parole,
certains béniront Dieu, parce qu'ils ont confiance de posséder l'Esprit du
Christ grâce à sa miséricorde; d'autres souffriront dans leur coeur, en
particulier ceux qui entendant nommer l'Esprit croient qu'ils entendent nommer
le diable, comme les gentils qui ne pouvaient pas entendre dire qu'il y avait
un Dieu. Les Juifs admettent bien l'existence d'un Dieu, mais lorsqu'ils
entendent dire que ce Dieu a un Fils, qui est égal au Père, aussitôt le démon
s'empare d'eux et ils disent : Cet homme, qui s'est fait Fils de Dieu, a
blasphémé. Les chrétiens, proclament qu'il existe un Dieu et qu'il a un
Fils égal à son Père. Mais, dès que nous parlons de l'Esprit, certains
ressentent dans le coeur une douleur. Ne devons-nous pas parler comme parlent
Dieu et l'Écriture? Des gens sont si ennemis de l'Esprit qu'ils ne veulent même
pas l'entendre nommer. D'où cela provient-il ? De la corruption du coeur. Que
faites-vous lorsque vous entendez une parole qui vous fait de la peine et que
l'on vous dit : " Dieu l'a dite " ? Que dit Achab ? " Ce Michée
ne me prophétise jamais rien qui me plaise ". Moi je suis crieur public,
quelle est ma faute ? C'est Dieu qui vous envoie le dire.
La parole qui, prononcée
en chaire, ne bouleverse pas l'âme du méchant n'est pas considérée comme parole
de Dieu, ni reçue comme parole de Dieu. Seigneur, vous êtes mon Dieu, je
chanterai i>os louanges. Louer la parole de Dieu c'est louer Dieu
lui-même. Je louerai votre nom, parce que vous avez fait des choses
merveilleuses et transformé en oeuvres les pensées anciennes et ce que de toute
éternité vous avez pensé. - Et maintenant, dites-vous, que veut dire
: Car vous avez fait de la ville un monceau de pierres, et de la cité
fortifiée une ruine; la citadelle des barbares n'est plus une ville, elle ne
sera jamais rebâtie: c'est pourquoi un peuple puissant vous glorifiera; la cité
des nations terribles vous révérera. (Is. 25, 1-3) Comment ne vous
louerai-je pas, mon Dieu, pour avoir bouleversé la ville, pour avoir bouleversé
cette ville où les coeurs vivaient en paix dans le vice; ne vous louerai-je pas
pour avoir transformé le coeur qui était débordant de péchés et vivait
paisiblement ? Il n'y a pas de rhubarbe et de phytolaque qui remuent autant
l'estomac que la parole de Dieu. Que personne n'espère la consolation divine
s'il n'est d'abord attristé. Pour être consolé, tu dois éprouver de la douleur
et des craintes, tu dois être bouleversé, faute de quoi la parole que tu as
entendue n'est pas une parole divine.
- Malheureux que je suis,
car on me dit que ni le fornicateur, ni l'avare, ni le médisant
n'entreront au ciel !
- Allez, ajoute un
autre, ce ne sera pas aussi terrible qu'on le dit car Dieu est miséricordieux.
- Vous cherchez des prétextes sinon pour annihiler la parole de Dieu, à tout le
moins pour la tronquer et l'affaiblir, comme ces ouvriers de la vigne qui,
mêlés aux serviteurs du Seigneur, tuèrent les uns et blessèrent les autres. Il
annihile la parole du Seigneur celui qui dit : " N'en parlez pas. Cela ne
me concerne pas "; il l'affaiblit celui qui dit : " Quand je serai
vieux, je serai bon ". Vous cherchez des prétextes pour ne pas sortir
affligés du sermon, car ils sortent du sermon inconsolables et au bout de peu
de temps, ils se consolent de nouveau et oublient ce qu'ils ont entendu. Voici
le pourquoi de la condamnation : " La lumière est venue dans le
monde, et les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière ".
(Jo. 3, 19)
Pourquoi agissent-ils
ainsi ? La lumière est venue dans le monde. Que Dieu soit béni pour
cela ! Qui est la lumière ? Jésus-Christ; la parole de Dieu est la lumière avec
laquelle vous devez regarder si votre âme est bonne ou mauvaise; et les
hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière. Que Dieu vous préserve
de l'homme que vous réveillez quand il dort, car dormir lui est nocif, vous lui
mettez un flambeau devant les yeux et il l'éteint pour dormir plus à son aise.
- Pourquoi détestes-tu la parole de Dieu ? - Parce qu'elle trouble le sommeil
où tu tiens à te plonger. On te dit : Si tu ne pardonnes pas à ton
prochain ses péchés, Dieu ne te pardonnera pas les tiens.
Que ressentira dans son
coeur celui qui a des ennemis ? Il nous dit : Si vous ne devenez pas comme
des enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume de Dieu. Que ressentira
l'homme sceptique ? Que ressentira celui qui possède le bien d'autrui quand il
entendra dire : " Si quelqu'un possède le bien d'autrui, il est la proie
du diable " ? Que doit-il faire ? Éteindre la lumière pour dormir à son
aise ? Souviens-toi que le sommeil te tue; considère que tu vas à toute allure
en enfer. T'éloigner du péché ne te fait-il pas souffrir et pour ne pas dire
" La parole de Dieu n'est pas vraie ", ne préfères-tu pas l'étouffer
et l'oublier ? Les hommes préfèrent les ténèbres (qui sont les
péchés) à la lumière.
- Comment devez-vous
faire ? - Lorsque la parole de Dieu vous afflige, ne l'oubliez pas. Car vous
avez l'emplâtre posé sur la plaie, ne l'ôtez pas et il vous guérira. Dieu vous
dit une parole qui vous blesse, mettez-la sur la plaie.
- Oh ! comme elle
m'afflige ! - Qu'elle vous afflige, qu'elle vous fasse pleurer, qu'elle agisse.
- Oh ! quel chagrin elle me donne ! - Avec cela, mon frère, vous guérirez et
vous verrez quelle grande consolation elle vous apportera ensuite. Dès que
cette parole : Celui qui n'a pas l'Esprit du Christ n'appartient pas au
Christ, vous fait souffrir, pensez-y bien, méditez. Que ressentez-vous ?
Que vous êtes découragé !
Celui qui ne vit pas par
l'esprit d'un autre (L'esprit de cet autre que nous, qui est le
Saint-Esprit, l'esprit du Christ l'Hôte divin, thème de tout le sermon), celui-là
n'appartient pas au Christ.
Tu ne dois pas vivre, mon
frère, par ton esprit ni par ta volonté, ni par ton jugement; tu dois vivre par
l'Esprit du Christ. Tu dois posséder l'Esprit du Christ. - Que veut dire Esprit
du Christ ? - Coeur du Christ. Celui qui n'a pas le coeur du Christ
n'appartient pas au Christ. - A l'épouse, Jésus-Christ dit, Mets-moi comme
un sceau sur ton coeur, comme un sceau sur ton bras: car l'amour est fort comme
la mort. (Cf. Gant. 8, 6) Église, chrétiens, vous devez être marqués de
mon fer, scellés de mon sceau ! Je dois être moi-même le sceau; amollissez vos
coeurs comme de la cire, et mettez mon cachet en eux, mettez-moi comme
signe sur votre bras.
- Que signifie cela
? - Que les prédestinés doivent, comme dit saint Paul être semblables à
Jésus-Christ.
En quoi doivent-ils être
semblables ? - Marchez dans la charité, à l'exemple du Christ, qui nous a
aimés. (Eph. 5, 2) - Donnez-moi, Seigneur, votre coeur, et tout de suite
j'aimerai ce que vous aimez, je détesterai ce que vous détestez.
Comment saurai-je si j'ai
l'Esprit du Christ ?
Celui qui ne possède pas
le coeur du Christ, n'appartient pas au Christ. - C'est une rude vérité. -
Ce n'est pas fatalement si rude. Oh ! mes frères, combien de sermons avez-vous
entendus et vous n'en finissez pas de comprendre ce qui est votre devoir ! - Nous
sommes inconsolables, Père. - C'est ce que je veux, mes frères, et c'est ce que
Dieu veut. - Quel est le remède ? Comment serai-je consolé ? Qu'en sais-je,
moi, si je suis en grâce ? Qu'en sais-je, moi, si j'ai l'Esprit du Christ ? -
Nous voilà bien, vraiment ! Qu'en savez-vous ? Je parle à des moines, des
prêtres, et des personnes qui vivent dans la retraite et dégagées des besognes
matérielles. Si vous me dites que vous le savez par une science certaine, si
vous me parlez d'articles de foi, vous dites bien que vous ignorez si vous êtes
en grâce. Mais nous parlons d'une connaissance par conjectures et par signes;
du repos et de la tranquillité d'un coeur débordant d'affection.
Malheur à celui - je ne
veux pas l'appeler damné mais châtié - qui n'a pas en lui cette consolation,
cette confiance, cette parole " Je dois me sauver " !
Il n'y a pas lieu de
s'étonner que les marchands, ceux qui négocient, les personnes mariées et ceux
qui sont occupés aux affaires temporelles n'aient pas cette consolation du
Saint-Esprit; mais celui qui est en relation avec Dieu, celui qui parle à Dieu
et à qui Dieu parle - car lorsque nous lisons c'est Dieu qui nous parle, et
quand nous prions c'est nous qui lui parlons - celui qui est dans l'intimité de
Dieu et vit dans l'affliction, celui-là est dans une très grande désolation et
grand est son malheur !
Que nous montions à
l'autel et que nous nous mettions un morceau de sucre dans la bouche et n'en
sentions pas la douceur, que nous mettions un grand feu en notre sein et n'en
sentions pas la chaleur ! C'est là une grande peine, une grande désolation !
Celui qui se verra ainsi pourra se considérer comme malheureux. Si vous
demandiez à une épouse : " Dites, madame, quel est le caractère de votre
époux, est-il doux ou est-il brutal ? " et qu'elle vous répondît " En
vérité je ne le sais pas ", vous diriez : Alors qui le saura? Si vous
demandez à un prêtre qui traite avec Dieu : Qu'est-ce que Dieu ? et qu'il dise
qu'il ne le sait pas, à qui le demanderez-vous ? Cet Esprit lui-même rend
témoignage à notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu (Cf. Rom. 8,
16). L'Esprit-Saint lui-même, avec sa consolation, avec sa
flamme, nous apporte l'assurance que nous sommes fils de Dieu. Vous
voyez ici comment on connaît par conjectures que quelqu'un est ami de Dieu.
Êtes-vous désolé ? Gardez-moi cette désolation pour le moment venu : Quand
viendra le Consolateur, dit le Christ, il rendra témoignage de
moi. Tu es désolé ? Les apôtres l'étaient aussi : eux parce que
Jésus-Christ les quittait et toi aussi parce que Jésus-Christ t'a quitté à
cause du péché que tu as commis. - Pourquoi es-tu triste ? - Parce que j'ai
offensé Dieu; parce que j'ai été ingrat envers lui et que je l'ai souffleté. -
Tu es triste ? A la bonne heure; attends quelque peu, d'ici huit jours un
Consolateur viendra et te consolera. Avant même de vous le dire, je voudrais
déjà vous avoir demandé mon cadeau de bonne nouvelle. (" Pedir AJbricias
" : demander des étrennes. La coutume espagnole était de demander une récompense
- des étrennes - quand on annonçait à quelqu'un de bonnes nouvelles)
Vous allez trouver le
confesseur ou le prédicateur :
- Père,
consolez-moi. -Voulez-vous que je vous laisse un Consolateur qui vous console
dans votre lit et que vous n'ayez pas besoin d'aller chercher quelqu'un pour
vous consoler ? Eh bien! c'est le Saint-Esprit, qui aime beaucoup la veuve et
l'orphelin et ceux qui sont dans la tristesse. Voulez-vous le recevoir? êtes-vous triste parce que Jésus-Christ vous a quitté ? De la part de Jésus-Christ
je vous promets qu'il viendra en vous; je m'en irai dormir cette nuit bien
tranquille si vous me traitez de menteur.
- Père, comment
consolera-t-il telle grande peine?
- Vous verrez en cela
qu'il est Dieu. Si le Saint-Esprit n'avait pas été plus grand que Jésus-Christ
fait homme, il n'aurait pas pu les consoler de la tristesse de son départ, il
n'aurait pas pu remplir le vide qu'il laissa par son absence. Considérez
l'affliction qu'avaient les apôtres en l'absence du Christ fait homme, la
consolation qu'ils ont reçu du Saint-Esprit est plus grande.
Il n'y a pas de
tristesse, si grande qu'elle soit, que le Saint-Esprit ne console.
Préparation pour recevoir
le Paraclet.
Mon frère, ce Consolateur
viendra. Pour le recevoir il faut que vous fassiez quelques apprêts. Celui qui
n'a pas l'Esprit de Dieu, que fera-t-il pour le posséder ? Voici ce dont nous
devons nous occuper cette semaine; laissez les affaires temporelles pour
recevoir dans vos coeurs l'Esprit du Christ. On dit c l'Esprit de Jésus-Christ
" parce qu'il procède de lui en tant que Dieu et parce qu'il demeure en
lui en tant qu'homme.
- Père, voudra-t-il me le
donner ? - Ce n'est pas bien que ce soit moi qui vous le dise; que celui qui
doit vous le donner vous le dise. Jésus-Christ se trouvait à Jérusalem un jour
de la fête des Tabernacles - qui tombait en septembre - et il prêchait dans le
temple. Il était en train de prêcher, une très grande ferveur s'empare de lui
et il commence à s'enflammer, tonner et élever la voix avec cette ferveur qu'il
avait pour sauver les âmes.
Ah ! si j'avais pu
t'entendre crier, mon Roi, car tu t'appelles bien voix et clameur du Père, car
sa voix ne put jamais être plus forte que lorsqu'il t'engendra ! Ah ! si
j'avais pu l'entendre crier et voir, ce visage enflammé ! Parlez, Seigneur, il
y a longtemps que vous n'avez prêché et pourtant nous vous entendons bien à
présent car vous le dites pour ceux d'alors et ceux qui leur succéderont.
Si quelqu'un a soif,
qu'il vienne à moi et qu'il boive. (Jo. 7, 38)
II se trouvait dans le
temple, et c'était un jour de fête; le dernier jour, le plus solennel de tous,
il disait, non comme à son habitude, mais à grands cris : Si quelqu'un a
soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive. Des rivières d'eau vive couleront de
l'estomac de celui qui croit en moi. Qu'il pénètre vos coeurs de ce qu'il
voulut bien prêcher ici-bas ouvertement.
Mes frères, pourquoi vous
laissez-vous mourir de faim et de soif ? Pourquoi dépenser de l'argent
pour ce qui n'est pas du pain, votre travail pour ce qui ne rassasie pas? (Cf.
Is. 55, 2) Pourquoi avez-vous des coeurs insatiables comme l'enfer ? Quelles
sont vos angoisses ? Venez à lui et il vous guérira; si vous avez soif, il vous
désaltérera : Une perdrix couve des oeufs qu'elle n'a pas pondus. (Jer.
17, 11) Une perdrix pond des oeufs; une autre perdrix passe près du nid et se
place sur les oeufs qui ne lui appartiennent pas. Celle qui les a pondus
revient et l'autre ne la laisse pas approcher, enfin elle tire de l'oeuf les
petits perdreaux et Dieu a créé chez eux un tel instinct qu'à la venue de la
véritable mère, ils abandonnent la fausse et s'en vont avec la vraie mère. Oh !
méchant animal, voleur du bien d'autrui, oh ! démon, pourquoi couves-tu les
oeufs que Dieu a mis ? Oh ! luxure, oh ! mauvais vouloir ! Pourquoi usurper une
âme que Jésus-Christ a créée et rachetée ? Vous ayant dérobés à la véritable
mère, il vous donne un peu de chaleur et vous couve. Vous êtes enfants de Dieu,
le ciel est pour vous. Allons, donc, chrétiens, rachetés par Jésus-Christ,
écoutez la voix de votre mère véritable; écoutez la voix de Jésus-Christ, qui
sur la croix, avec de grandes douleurs, vous donne la vie; reconnais la voix de
ta mère qui t'appelle : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et
boive. Venez à moi, je vous rendrai heureux et je vous rassasierai. Si
l'homme est raisonnable il dira : " Voici mon Rédempteur, voici celui qui
a donné son sang pour moi, je veux partir avec lui ". Il te donnera à
boire son esprit; tu en seras si heureux et si rassasié que de ton estomac
sortiront des sources d'eau vive. Non seulement il y aura de l'eau et de
la joie pour toi mais aussi pour les autres. Il désire nous communiquer son
Esprit; il fait le plus possible pour te donner ce dont tu as besoin; n'en
doutes pas, il donnera sans retenue. - Eh bien, que vais-je faire cette semaine
pour être prêt à le recevoir ? - Fais ce que les apôtres ont fait. Que
désirez-vous ? Le Saint-Esprit ? Sachez qu'il n'est pas ami de la chair. Les
saints docteurs disent qu'une des principales raisons du départ de Jésus-Christ
fut le grand amour qu'on portait à l'Homme-Dieu. - Qu'il parte, dit le
Saint-Esprit, et je viendrai aussitôt. - Vous êtes jaloux, Saint-Esprit. Et de
qui ? Est-ce de la chair très pure qui fut conçue par vous-même ?
Que les amants sortent de
leur erreur, et que ceux qui sont portés vers la chair sortent de leur erreur,
car le Saint-Esprit ne descendra en aucun d'eux. La colombe qui est sortie de l'arche
de Noé saisit un petit rameau vert d'olivier, et ne voulut pas poser ses pattes
sur un cadavre; et pure elle retourna à l'arche. Au corbeau de manger la chair
morte, à la colombe de la détester. La colombe est le symbole de l'Esprit, et
le Saint-Esprit ne touche pas à la chair morte : Purifiez vos coeurs des désirs
charnels. Que jeûnent cette semaine ceux qui en ont la force, car s'il veut de
la chair, ce doit être de la chair mortifiée et amaigrie par les jeûnes. En
récompense et en grâce je vous demande de balayer votre maison par une
confession très dévote car votre Hôte doit venir et il ne serait pas bien qu'il
trouve la maison sale.
- Que faut-il encore ? -
La nourriture; considérez que vous avez des gens avec vous et que vous devez
donner à manger à vos serviteurs; considérez les pauvres de votre quartier et
donnez-leur cette fête de la nourriture. (" Pascua de comer ".
Ici Pascua prend le sens très général de fête que le chrétien donnera
à ceux qui souffrent de cette faim matérielle, dont nous voyons tant de gens
torturés dans la littérature contemporaine d'Avila) Puisque Dieu se donne à
vous, donnez-lui au moins un peu d'aumône. Considérez que la charité est le
premier fruit du Saint-Esprit; donnez à manger à celui qui a faim; donnez la
robe à celle qui est nue; donnez la chemise à celui qui en a besoin; tirez des
geôles les prisonniers.
- Je n'ai pas de quoi
faire l'aumône. - Pardonnez les injures, priez Dieu pour ceux qui vous
persécutent, pleurez avec ceux qui pleurent, tombez avec celui qui est tombé,
faites vôtres les maux des autres, c'est là la vraie miséricorde.
- Peut-on faire plus ? On
ne peut rien faire de plus si ce n'est de lui demander instamment de venir dès
que la maison sera balayée et parée. Ne faites pas comme ces mal-élevés qui
disent : " Seigneur, venez chez moi " sans que la maison soit prête
et la table mise. Préparez d'abord la maison et ensuite pour qu'il vienne,
faites cette prière : " Seigneur, par le sang que vous avez versé,
envoyez-nous le Saint-Esprit que vous nous avez promis. " Récitez sept
fois le Pater Noster, et l'Ave Maria en l'honneur des sept
dons du Saint-Esprit. Je vous dis peu de choses; efforcez-vous de faire plus.
Tout au moins d'ici à cette Pâque récitez cela chaque jour; priez avec les
lèvres et avec l'esprit; importunez-le pour qu'il vienne, et il vous donnera sa
grâce en ce monde, et ensuite sa gloire, à laquelle il veuille bien nous
conduire. Amen.
Imagen
San Juan de Avila situada en la Basílica Montillana
29. Le Saint-Esprit fait
des merveilles dans l'Église.
dimanche de Pentecôte
pour la prise de voile
d'une religieuse. (Ed. 1596, II, pp. 132-159).
Nous irons à lui et nous
établirons notre demeure près de lui. Jo. 14, 23.
Exorde :
Parler et entendre parler
de Dieu est une grande affaire qui doit demander beaucoup de soin, aussi bien
pour celui qui écoute pour les écouter, que pour celui qui parle pour en
parler; celui qui sait parler des choses du ciel doit venir du ciel pour en
parler tant elles sont des choses élevées et profondes, si loin de tout
entendement humain. N'allez pas penser que ce fut en vain que Jésus-Christ
ordonna aux saints apôtres de ne pas prêcher son évangile par le monde avant
d'avoir reçu le Saint-Esprit.
Isaïe était rempli
d'orgueil, ignorant sa propre bassesse; il disait qu'il était le prophète de
Dieu. Dieu vint et lui dit : " Attendez donc, je vous ferai prendre
conscience de vous-même, et vous serez éclairé. " Dieu lui montra, en se
faisant connaître un peu, ce qu'il était et le mal qu'Isaïe ressentit en
lui-même fut si grand en voyant sa petitesse et sa misère, qu'il n'osait pas
parler et ne trouvait pas la force de prophétiser. Il dit : Malheur à moi,
car je suis un homme aux lèvres souillées ! (It.6,5) Malheureux que
je suis ! dit Isaïe. - Qu'y a-t-il, prophète, qu'avez-vous ? - Comment
puis-je parler, mes lèvres sont impures, elles ne sont pas dignes de
parler des choses de Dieu ! - Lorsque Dieu le vit dans cet état, il envoya un
séraphin qui plongea dans le feu de l'autel des mouchettes qui se trouvaient
là. Le séraphin prit un charbon ardent de ce feu, en toucha les lèvres d'Isaïe
et aussitôt elles devinrent très pures.
J'ignore, mes frères,
quel est l'état de vos oreilles; si elles sont pures ou non, je l'ignore. Si
mes lèvres sont souillées, je ne l'ignore point et elles ne sont pas dignes de
parler du ciel si le Seigneur n'envoie pas du feu céleste pour me les purifier;
supplions-le qu'il le fasse.
C'est en lui que nous
ferons notre demeure, dit Jésus-Christ.
Nous irons à lui, et, en
lui, nous ferons notre demeure: nous habiterons en lui. Ces paroles sont
sorties de la bouche de Jésus-Christ, il les a dites aux saints apôtres et non
seulement pour eux mais pour ceux qui sont et seront.
Notre Rédempteur dit
: Si quelqu'un m'aime bien qu'il observe mes commandements. Si quelqu'un
m'aime bien ! Malheureux celui qui ne vous aime pas bien, Seigneur ! Si
quelqu'un m'aime il gardera mes paroles. Si vous avez un ami qui fait
grand cas de votre amitié, vous lui dites : " Monsieur, m'aimez-vous ? Je
vous prie de garder cette parole, de faire cela pour moi ". Si l'autre
pense qu'en ne le faisant pas il risque de perdre votre amitié, il le fait pour
ne pas la perdre. Ainsi notre Rédempteur ordonna à ses saints apôtres d'observer
beaucoup de choses sous peine de perdre son amitié; et ceci est si vrai que
celui qui n'observe pas ce que le Christ ordonne, est perdu sans rémission.
Parce que les disciples ne considéraient peut-être pas autant les paroles du
Christ, du moment qu'elles étaient de lui, que si elles venaient de Dieu, il
leur dit : " Pour que vous ne pensiez pas que ces paroles sont de moi, et
que ce que je dis vient de moi, les paroles que je vous ai
dites, et que vous avez entendues ne sont pas les miennes mais sont celles
de mon Père, qui m'a envoyé (Cf. Jo. 7, 16); ayez pour elles un
grand respect et une grande vénération, et observez-les, puisque vous savez de
qui elles sont.
Si quelqu'un m'aime bien
qu'il garde mes paroles. Aimer Jésus-Christ, quel amour largement
récompensé ! Béni soit le Seigneur ! Faut-il aimer pour rien ? Que devez-vous
nous donner pour que nous vous aimions ? Le Christ notre Rédempteur dit
que nous viendrons à lui, et nous demeurerons en lui, que nous le
prendrons pour demeure. Quels sont ceux qui viendront ? Le Père, le Fils et le
Saint Esprit; car partout où vont les deux premiers, va le Saint-Esprit :
ensemble vont les personnes de la Très Sainte Trinité; cela vous paraît-il peu
de chose ! Nous ne nous en irons pas ensuite - dit notre Rédempteur - nous
demeurerons en lui, nous établirons notre demeure. Soyez béni pour
toujours, et que la bouche qui prononça de telles paroles et apporta une si
grande consolation soit bénie ! Ne vous l'ai-je pas dit que nous
attendions trois hôtes ? Nous viendrons à lui et nous demeurerons en
lui. Quel est notre effroi, mes frères, en voyant avec quel soin et avec
quel immense amour, la Très Sainte Trinité accompagne l'homme.
Ah! si quelqu'un lui
demandait : "Qu'avez-vous vu, Seigneur, en cet homme pour l'aimer tant,
car vous semblez mourir d'amour pour lui" ? Si nous voyions un vermisseau,
un petit homme d'entre nous aussi diligent et épris de la Très Sainte Trinité
qu'elle l'est de l'homme en l'accompagnant, nous en serions assurément remplis
d'effroi. - Qu'avez-vous trouvé dans l'homme qui vous ait plu tant ? Quel
intérêt avez-vous à aimer l'homme ? Est-ce parce qu'il est sage ? Parce qu'il
est bon ? parce qu'il est riche ? - Tout cela lui fait défaut. - Pourquoi alors
mourez-vous d'amour pour les hommes ? Pourquoi, Seigneur, voulez-vous demeurer
en eux ? - Je vais vous le dire : Parce que Dieu demeurait dans l'homme, et
Dieu cessant d'y demeurer, l'homme fut perdu; voilà pourquoi, afin de racheter
l'homme il veut revivre en lui là où Dieu vivait d'abord.
Dommages que le péché
d'Adam causa dans l'homme.
Dieu créa le premier
homme, il prit un peu de terre, fit ainsi une forme, et ensuite de son souffle
lui donna une âme, il souffla dans ses narines un souffle de vie (Cf.
Gen. 2, 7) : Dieu souffla dans ce corps un souffle de vie; pour les Hébreux
l'âme se trouve dans ses narines, car c'est par le nez que Dieu donna
une âme à Adam. Saint-Paul le dit ainsi : Le premier homme, Adam, a été
fait âme vivante. ( Cf. 1 Cor. 15, 45)
Au commencement du monde,
Dieu créa les cieux et la terre, les étoiles, la mer, le sable, les poissons,
l'herbe et tous les animaux. Il créa le monde tout entier; il fit, en un jour,
une chose, en un autre jour, une autre chose, et ainsi Dieu inventa au fur et à
mesure. Quand tout fut fait, Dieu dit : Faisons l'homme à notre image,
selon notre ressemblance (Gen. 1, 26). Créons l'homme. Comme dit
un bon père de famille qui a préparé une maison très bien ornée avec beaucoup
d'objets précieux et tout ce qui est nécessaire : " A présent il ne manque
plus que la venue de mon fils pour qu'il jouisse de sa maison ". De même
Dieu avait créé tout l'univers, pour demeure, au service de l'homme; Dieu dit :
" Il est absurde de faire ces choses et qu'il n'y ait personne pour en
jouir. Créons l'homme à notre image et ressemblance."
Dieu créa l'homme, et si
vous y réfléchissez, vous saurez pourquoi : Pour qu'il aime Dieu, et en
l'aimant, qu'il le possède, et, en le possédant, qu'il en jouisse, et, en
jouissant de lui, qu'il soit bienheureux. Les hommes furent créés pour arriver
à la béatitude et l'atteindre en acceptant d'employer les moyens que Dieu leur
avait donnés. Ils ne voulurent pas attendre; ils voulurent sauter par-dessus
les clôtures et les haies, par les fenêtres; ils ne voulurent pas entrer par
les portes, ils se perdirent, péchèrent et furent malheureux. Dieu demeurait en
eux quand ils étaient en état de grâce; ils péchèrent, Dieu ne voulut pas
demeurer en eux. Privé de Dieu, vous voyez ici ce que l'homme est devenu. Créons
l'homme à notre image et ressemblance. L'âme est semblable à Dieu en deux
points. Le premier, l'immortalité, parce qu'elle n'est pas mortelle; de même
que Dieu n'a pas de fin, elle non plus n'en aura pas; de même que Dieu est
immortel, l'âme est immortelle. Le deuxième point de ressemblance réside dans
l'immatérialité et le fait d'être spirituel car de même que Dieu est esprit,
l'âme l'est également; grâce à cela elle a pu connaître Dieu; mais pas à la
façon des autres êtres sans raison, qui ne connaissent pas Dieu, et n'en ont
pas même conscience.
L'homme doit connaître
Dieu. Saint Jean le dit : Or voici la vie éternelle: qu'ils vous
reconnaissent, vous le seul vrai Dieu (Cf. Jo. 17, 13). Ainsi étaient nos
premiers parents.
Comme ils connaissaient
Dieu, étant en état de grâce, la vivacité de leur entendement leur permettait
de comprendre Dieu, leur volonté était assujettie à n'aimer que Dieu seul. Ils
réalisaient bien cette parole divine : Que votre volonté soit faite. Leur
chair était si soumise, qu'elle ne voulait que ce qu'ils voulaient; la chair
était comme une très humble esclave, obéissante au goût de son maître; elle
n'était pas rebelle, elle ne lançait pas de ruades.
Dès que l'homme eut
péché, dès qu'il eut enfreint le commandement de Dieu, il perdit aussitôt
l'état de grâce qu'il possédait et ce qui resplendissait en lui fut entièrement
détruit; l'entendement devint aveugle, il perdit la connaissance qu'il avait de
Dieu, sa volonté devint hésitante, cette volonté que Dieu avait donnée à
l'homme pour n'aimer que lui et lui consacrer tout ce qu'il aime; à présent
l'homme ne sait pas aimer Dieu uniquement pour Dieu, mais il l'aime pour ses
intérêts. S'il aime son prochain ce n'est pas pour Dieu, mais pour son plaisir.
Si auparavant la chair était mortifiée et soumise, à présent elle est rebelle
et lance des ruades.
Lorsque Dieu abandonna
les hommes, ces malheureux furent dans un tel état qu'il est pitoyable d'y
penser; la clarté s'en allant, ils furent dans les ténèbres. Demandez de grâce
aux lettrés, à ceux qui se considèrent comme des savants s'ils comprennent sans
Dieu, s'ils savent quelque chose sans Dieu. Ils peuvent bien savoir d'autres
choses mais, sans Dieu, ils ne peuvent connaître la véritable science. D'autre
part :
Si le savoir de quelqu'un
est tel qu'il est considéré parmi les hommes comme très
savant, et qu'il n'ait pas en lui la sagesse de Dieu mais qu'elle en
soit éloignée, il sera compté pour rien (Cf. Sap. 9, 6). Les aveugles
guéris par le Christ en sont un exemple. C'est ainsi que tout ce que l'homme
avait de bon fut détruit; l'entendement devint aveugle, la volonté hésitante,
la chair rebelle et combien rebelle !
Il n'existe pas de cheval
qui se laisse aller autant à la paresse que cette chair. N'est-ce pas vrai ?
Que chacun interroge sa conscience et il verra qu'il en est ainsi. Pas besoin
de le prouver par de longues pages. Le rôle de la chair n'est que de ruer
contre la raison. Ne vous est-il pas arrivé parfois de vouloir faire quelque
bonne oeuvre et d'en être empêché par votre chair ? Combien et combien de fois
cela arrive-t-il ! Si vous voulez jeûner, la chair veut manger; si la raison
veut se soumettre à Dieu, la chair l'en empêche. Si l'homme veut prier ou
pratiquer d'autres exercices, s'il veut discipliner la chair, celle-ci l'en
empêche et contrecarre son action. Si l'esprit est prêt à servir Dieu, la chair
rebelle crie : " Ne le fais pas ". Notre Rédempteur l'a dit ainsi de
sa bouche : L'esprit est ardent mais la chair est faible (Mt. 26,
41). L'esprit est préparé, est soumis à la souffrance, mais la
chair est malade et rebelle, et comme elle refuse le combat !
Avec le péché tout fut
perdu.
Vous voyez maintenant qui
nous sommes; regardons-nous dans ce miroir, nous verrons ce que nous sommes,
mais non pas ce que nous pourrions être. Oh ! mes frères, que serions-nous si
la main de Dieu nous abandonnait un tant soit peu ! Nous serions pires que des
démons; nous ferions des choses plus abominables encore. Si Dieu vous
permettait de comprendre ce que nous pourrions être, que verriez-vous, quelles
effroyables laideurs, quels spectacles d'abomination pires que tout ! J'ai
connu une personne qui pria souvent Dieu de lui montrer ce qu'elle pouvait
être. Dieu lui ouvrit un peu les yeux et cela devait lui coûter cher. Elle se
vit si effroyablement laide, si malodorante, si sale, si abominable, qu'à
grands cris elle disait : " Seigneur, par votre miséricorde, ôtez ce
miroir de ma vue, je ne veux pas voir plus longtemps mon image ."
Mes frères, nous sommes
une misérable pincée de terre, un peu de malpropreté; nous sommes un esprit du
mal qui a les apparences du Saint-Esprit et n'est que mauvais et hypocrite,
rempli de duplicité et de méchanceté pour tromper.
Lorsque Judas vint le
jeudi de la Cène avec cette troupe de gens pour vendre et faire arrêter
Jésus-Christ, il portait des lumières; mais parce qu'il venait, animé d'une
mauvaise intention, pour arrêter Jésus-Christ, elles ne l'éclairèrent pas, et
il demeura dans l'obscurité.
Oh ! combien parmi ceux
qui vivent dans les monastères, contents et très bons religieux, servant Dieu,
ont pensé qu'ils seraient plus recueillis et plus solitaires s'ils allaient au
désert; ils se donneraient plus à Dieu et leur conscience en tirerait plus de
profit qu'au monastère où ils ne font que manger, se rendre au choeur, et
perdent leur temps sans profit. Cette pensée leur fait une telle guerre, pensée
qui paraît sainte tandis qu'elle est mauvaise, qu'elle les fait partir de leur
monastère et gagner la solitude pour mieux servir Dieu.
Un homme marié entre dans
un monastère et, en voyant les religieux, tout lui semble si bien que sa vie,
sa femme, ses enfants et toutes les choses d'ici-bas lui déplaisent. Il déteste
et nomme enfer les choses d'ici-bas et le travail - et encore celui-ci est-il
fait peut-être pour subvenir aux besoins de sa maison. Il dit qu'il n'existe
pas d'autre vie pour servir Dieu que celle des religieux et qu'il voudrait
divorcer et entrer au monastère. Il le désire et tente d'y parvenir. Cela est
faux, car il ne le fait que par paresse afin de ne pas travailler. Puisque Dieu
vous a placé dans cet état, c'est dans celui-ci que vous vous sauverez; ayez
soin de faire tout ce que vous devez car c'est dans cet état qu'il vous donnera
sa grâce qui vous conduira au ciel; le démon ne vous donne pas de satisfaction
de cette vie sainte et ne vous donne du mécontentement de votre propre vie que
pour vous faire perdre la paix et le contentement que vous deviez avoir dans
votre état, en vous faisant espérer et désirer ce qui ne peut être, et ce qu'il
est impossible d'atteindre.
N'ayez confiance en rien,
considérez combien vous pouvez facilement vous tromper même si vous recevez des
révélations et des inspirations; ne vous précipitez pas, car tout esprit doit
avoir fait ses preuves; ceux-ci sont des voleurs et de la fausse lumière, ce
qui est pire que des ténèbres. Il y a un certain nombre de voleurs qui sont
vêtus et parés d'habits de soie, de sorte que personne, à les voir, ne pense
qu'une telle méchanceté puisse habiter chez des hommes qui semblent si
honorables (L'escroquerie " à l'homme du monde " était bien
connue dans la société contemporaine d'Avila. La littérature picaresque ne
tarit pas sur ce chapitre), jusqu'à ce qu'ils les prennent en flagrant délit;
alors ils s'épouvantent que ce soient des voleurs et disent : " Qui l'eût
cru ? " Ils te laissaient sans âme et tu ne le sentais pas; ils
t'emportaient tous tes biens et tu ne t'en apercevais pas. Avant moi tous
étaient des voleurs. Jérémie : Si les voleurs viennent de
nuit... (Avila fait allusion, en un texte hâtif, à Jérémie. : Jer. I, 9-10
et Jo. 10, 8). Lorsque les voleurs de biens matériels viennent te voler, ils
t'emportent une partie de ta fortune, et t'en laissent un peu, ou bien ce
qu'ils ne peuvent pas emporter, ou bien ce qu'ils ont oublié; mais les voleurs
de biens spirituels, qu'ils viennent de jour ou de nuit ou furtivement, te
volent tout ce que tu as, ils te volent ta fortune et tout ton bien. Ton corps
est resté en bonne santé, mais ton coeur et ton âme sont très corrompus. Ils
ont fouillé toute la maison, tous les recoins, et le coeur; il ne te reste
aucun bien, ils t'enlèvent tout et ils te laissent accablé de tous les maux.
Tes ennemis ont semé la ruine en toi, les soldats t'ont blessé, ils t'ont fait
ce que le loup fait à la brebis; tu restes pauvre. Si quelque chose demeure en
toi, c'est la foi, encore est- elle décapitée, parce que tu ne la possèdes pas
avec la charité mais morte.
Jésus-Christ portera
remède à tant de maux en nous donnant son Esprit.
- Qui portera remède à
ceci ? Qui portera remède à tant de maux ? - II n'y a pas de vie sans
Jésus-Christ. Sans lui tout fait mourir, tout trompe. Qui pourra donner de la
vie à ces âmes qui sont mortes ?
- A quoi verrai-je, Père,
que je suis mort ? - Par la vie que mène ton âme; quand elle est vivante, elle
aime et connaît Dieu, elle emploie toutes ses forces à son service. Il y a
trois sortes de morts : la mort par l'oubli, la mort par l'erreur, la mort par
les passions. L'âme qui n'aime pas Dieu, mortes sont sa volonté, son
intelligence et sa mémoire; elle est morte, et ne fait rien de bon.
Jésus-Christ dit : Je
suis venu pour qu'ils aient la vie et qu'ils l'aient en abondance. Jésus-Christ
est venu pour que nous vivions. Qu'il soit béni pour toujours, car c'est avec
sa mort qu'il a acheté notre vie ! Le Très-Haut, le Tout-Puissant est venu, il
s'est abaissé et s'est uni à l'enfant. Quelle douleur de voir Jésus-Christ sur
une croix, tenu pour un scélérat, déshonoré et tourmenté, insulté! Tel il est
sur la croix, telle est ton âme. Il est là comme un scélérat, ton âme est
mauvaise et malade; il est enlaidi par les tourments, ton âme est ainsi, laide
et tachée par les fautes; il est entouré de bourreaux et de larrons, ton âme
est ainsi, entourée de péchés et de démons.
Soyez béni et glorifié,
Seigneur, qui avez voulu, tellement à vos dépens, me porter secours de telle
sorte que, en simulant ma mort, vous m'avez donné la vie. Que mes mains aient
péché et que les mains de Jésus-Christ aient payé leur méfait ! Que mes pieds
aillent de péché en péché et que les vôtres soient cloués sur la croix ! Que
mon coeur pèche et vous offense et que le vôtre soit ouvert et déchiré pour moi
! Finalement tous les péchés que mes mains, mes pieds, et mon coeur ont commis
envers Dieu, les mains, les pieds et le coeur cloués et déchirés les payèrent
pour moi sur la croix; avec son corps béni il a payé tous les péchés et les
offenses que j'ai faites, moi qui suis méchant.
Dieu créa le premier
homme et il lui souffla sur le visage, il lui donna le souffle et l'esprit de
vie et il vécut. Le premier homme, Adam, a été fait âme vivante; le
dernier Adam a été fait esprit vivifiant, (Cf. 1 Cor. 15, 45)
Jésus-Christ fut le
second Adam créé; et non seulement on lui donna et il eut de l'esprit pour lui
comme le premier Adam mais encore il en eut pour beaucoup d'autres. Le Christ a
de l'esprit qui vivifie, de l'esprit qui donne la vie, qui ressuscite
ceux qui désirent vivre. Allons au Christ, car il possède le souffle de vie.
Même si tu es méchant, même si tu es perdu, même si tu es troublé, si tu vas à
lui, si tu le cherches, il te rendra bon, il te gagnera, te redressera, et te
guérira : Ceux qui sont venus avant moi, sont des voleurs. C'est pour cela
que je suis venu, pour que ceux qui viennent à moi, ceux qui me cherchent,
ceux qui m'appellent, possèdent la vie, reçoivent la vie et
ressuscitent.
- Père, comment
Jésus-Christ donne-t-il la vie ? - Lui-même a dit : En vérité, en vérité,
je vous le dis : Je suis la porte; celui qui n'entre pas par moi est un voleur.
Je suis la porte. - Si Jésus-Christ est la porte on ne peut parvenir
ensuite au Père que par Jésus-Christ. Je suis la porte: si quelqu'un entre
par moi il sera sauvé, il ira et viendra, et il trouvera des pâturages (Cf.
Jo. 10, 9.).
- Si Jésus-Christ est une
porte, où cette porte nous conduira-t-elle ? - Où ? chez le Saint-Esprit. Je
suis la porte : celui qui entre par moi trouvera le Saint-Esprit. La
loi de l'Esprit de vie m'a affranchi en Jésus-Christ. (Rom. 8) La loi met
l'esprit de vie en Jésus-Christ. Dès que Dieu le mit en lui, Adam fut vivant,
il eut l'esprit; de même Jésus-Christ a mis en toi son Esprit qui vivifie; il
t'apportera la vie. Il convient ainsi que le grand Elisée se penche sur le
petit enfant mort, qu'il se courbe et s'abaisse sur lui, qu'il veuille bien lui
donner de son haleine le souffle de vie.
- Celui qui n'a pas le
souffle du Christ, même s'il est riche, même s'il est puissant, même s'il
possède tous les autres biens en abondance, est pauvre, faible, misérable, il
ne possède pas le Christ. La vigne et les sarments se nourrissent d'une même
sève, la tête et le corps sont soutenus par une même force; l'Esprit du Christ et
celui de ceux qui sont incorporés en lui ne font qu'un. Il est la vigne et
ses membres sont les sarments. Je suis la porte: Que celui qui veut
l'Esprit-Saint entre par moi.
- Comment entrerons-nous ? Où est cette porte ? - Ne connaissez-vous pas
encore la porte ? Quelle belle porte et comme elle est bien ornée ! Comme ses
pierres sont bien travaillées et bien taillées en imitant les pierres rustiques
! La pierre d'en-haut est plus ouvragée et d'un travail plus rustique encore
que toutes les autres. Jésus-Christ et ses serviteurs furent ainsi façonnés par
les peines et les persécutions de ce monde et méritèrent ainsi une place avec
le Christ.
- S'il est la porte,
comment entrerons-nous par lui ? Que celui qui veut le Saint-Esprit, aime
Jésus-Christ, lui obéisse, le désire pour toujours. Le Père lui-même vous
aime, parce que vous m'avez aimé (Cf. Jo. 16, 27). Crois-tu que l'amour du
Père pour vous soit sans importance ? Il n'y a pas de chaînes plus fortes pour
retenir le Saint-Esprit que d'aimer Jésus-Christ. Parce que vous m'aimez
- dit Jésus-Christ - parce que vous m'avez bien aimé le Père vous
aime. Bon échange, assurément, celui de Dieu, qui est de donner le
Saint-Esprit à celui qui aime et affectionne bien Jésus-Christ ! Et parce que
les apôtres ont tant aimé Jésus-Christ, aujourd'hui on leur envoie, on leur
donne le Saint-Esprit. Ce souffle fut supérieur à celui que reçut le premier
homme quand on le créa.
Les apôtres étaient
semblables à des hommes lâches et faibles. Dieu souffla du ciel ce jour-là et
comme il créa Adam du limon de la terre, de même il régénéra ces apôtres
insignifiants, éplorés, troublés, craintifs. Pense à Jésus-Christ, obéis-lui,
aime-le du plus profond de ton coeur, car le Saint-Esprit entre par là. En
effet Jésus-Christ a dit ceci : Je suis le chemin, la vérité et la
vie. (Jo. 14, 6)
Par le Christ nous
passons au Saint-Esprit. La sainteté qui ne passe pas par Jésus-Christ n'est
pas sûre, et je ne la tiens pas pour sûre. Celui qui se moque des pénitences,
celui qui estime peu ces signes et ces oeuvres extérieures de dévotion n'a pas
le Saint-Esprit. D'où proviennent ces esprits faux? D'où proviennent ces
esprits d'erreurs ? Du fait de croire qu'il y a un autre moyen de sainteté que
celui de Jésus-Christ. Prenez bien garde de ne pas vous tromper : pour qu'une
chose soit sainte, bonne et solide, c'est cette voie qu'elle doit suivre et si
elle ne suit pas cette voie, tout n'est rien. Il est le chemin.
Que fait le Saint-Esprit
dans les âmes ?
Après sa venue, que fit
le Saint-Esprit pour l'Église ? Qu'a-t-il fait dans le coeur des croyants chez
qui il est venu ? Il leur a donné la vie, il leur a donné des dons infinis, il
leur a donné du courage, il les a beaucoup améliorés. Les bienheureux apôtres
avaient en eux la grâce, mais ils étaient encore pleins de faiblesse, ils
n'osaient pas confesser publiquement la vérité de Jésus-Christ, ils avaient de
la crainte; mais une fois venu ce souffle saint du Saint-Esprit, remplis de
grâce et devenus forts, sans aucune crainte, ils se mettent à prêcher aux
hommes les mystères de notre rédemption, opérés par la mort et la résurrection
sacrée de Jésus-Christ vrai Dieu et vrai homme. Il imprima dans leur coeur de
toujours se souvenir de Dieu et d'avoir un grand respect de Dieu, la source
d'où proviennent tous les biens et miséricordes.
Vous qui êtes mariés,
dites-moi, seriez-vous jaloux de quelqu'un qui aurait tant de force qu'il
prendrait un quintal de plomb et le lancerait jusqu'au ciel, une barre de fer
et relèverait plus haut que les cieux ? Vous allez, inconsolables et tristes
alors que vous pouvez tirer de vos souffrances des mérites pour le ciel. Soyez
patients pour supporter les souffrances de votre ménage, transformez tout en
bien, offrez tout au ciel; ayez de la force pour lancer ces quintaux de plomb
au-delà des cieux.
N'importe quelle petite
souffrance que vous ayez et supportiez chez vous, n'importe quelle importunité,
n'importe quelle peine, le mauvais caractère de votre femme, ou de votre mari,
ou de votre maître, ou de ceux qui sont en votre compagnie, le travail que vous
endurez pour vous nourrir vous et vos enfants, dites : " Par amour pour
vous, Seigneur, je me réjouis de le supporter ". Levez les yeux et élevez
votre coeur à Dieu, recommandez-vous à lui, offrez-lui vos souffrances, car
moi, je vous le dis, en vérité, pour tout vous recevrez récompense. Le sommeil
que vous prenez, la nourriture que vous mangez, et ce que vous buvez, tout
cela, élevez-le vers le ciel, envoyez-le au ciel, en le faisant et en le
supportant pour Dieu; en le lui recommandant et en le lui offrant, vous le
lancez au ciel. Faites ainsi, et de cette manière, ce qui est pesant, deviendra
léger; vous ferez monter au ciel le plomb et la terre. Et de cette façon il est
possible que vous gagniez plus en une seule année qu'un autre en dix. Cela est
dû à l'amour avec lequel vous les faites et au fait de savoir l'acheminer vers
le but comme on doit le faire parce qu'on vous a mis, dans toutes vos oeuvres,
le souvenir de Dieu et le respect de sa sainte présence.
- " Le Saint-Esprit
est un animateur - dit le Christ - que le Père vous enverra; et il
s'appelle Paraclet, Consolateur et Exhortateur." Consolateur,
parce que même s'il gronde parfois, il ne s'en va pas sans consoler l'âme qu'il
réprimande. Parfois ce Consolateur blâme et gronde les âmes en disant par
exemple : " A quoi prêtes-tu attention ? Que fais-tu ? Pourquoi
négliges-tu tes devoirs ? Fais attention, cela va mal. Considère qu'il faut
faire ceci avant de faire cela, quitter telle compagnie, rechercher cette
autre, entrer en relation avec telles personnes. Prends garde, la vie passe;
fais le bien que tu peux, les aumônes que tu peux; mets en oeuvre ce que l'on
t'a enseigné. Que la vie ne s'écoule pas seulement en bons désirs et bonnes
pensées, et sans aucune oeuvre. Considère que la vie passe; et tu ignores si
Dieu notre Seigneur ne t'appellera pas au milieu de ta jeunesse. Veille à ne
pas être surpris. " Et d'autres choses du même ordre. Si de cette semonce
et de cette exhortation votre âme est sortie bouleversée, inconsolable et
remplie de crainte, ce n'était pas le Saint-Esprit. Il ne gronde que pour
consoler, il ne gronde que pour amender et pour qu'on parte joyeux avec ses
avertissements. Si après la semonce, après ce trouble, les larmes et la honte
que vous avez d'avoir travaillé contre le Seigneur, vous demeurez joyeux,
rempli de confiance dans le Seigneur, qui ne vous abandonnera pas, qui vous
aidera à être meilleur et vous amendera, cela provient du Saint-Esprit. Le
Consolateur est entré dans votre coeur : il vous a grondé, II vient vous
consoler : il a coutume de faire ainsi, apporter la tranquillité après l'orage,
et l'amour après la crainte. L'Animateur, l'Exhortateur, le Consolateur, le
Maître, lui t'enseignera à commander et guider ton navire et tout ce qu'il y
aura à faire. Il fera que, contre vents et marées, grâce à son seul conseil et
à son adresse tu arrives à bon port.
D'où vient que, dans
l'Eglise primitive, les croyants ne pouvaient supporter la fortune, ni les
possessions, ni l'argent, ni rien de ce qu'ils avaient gagné ? Ils vendaient
tout ce qu'ils possédaient, ils prenaient l'argent et se jetaient avec lui aux
pieds des apôtres : " Prenez ce fumier ". Le grand amour qu'ils
avaient dans leurs coeurs et leurs entrailles pour Jésus-Christ et sa sainte
pauvreté leur faisait mépriser tous les biens visibles.
- Qui leur communiqua cet
amour ? - Qui ? Le Saint-Esprit, qui en abondance, était venu dans leurs
coeurs. - Qui changea le caractère de tel homme ? Qui lui donna tant de
patience ? Il était d'ordinaire très emporté, personne ne pouvait s'en garantir;
à présent c'est un saint Jérôme, il a le coeur d'un ange, devant tout il reste
muet, tolère tout. - C'est le Saint-Esprit qui fait tout cela, et plus encore,
car il encourage l'âme où il demeure, la console, et lui donne des biens et des
miséricordes innombrables. Tout provient d'en-haut; il en descend; il n'existe
pas ici-bas, sur la terre, de pouvoir capable de faire de telles choses; il n'y
a personne qui transforme les coeurs. Si forte que soit ta chair pour le mal,
plus fort est le Saint-Esprit pour le bien; si sain que tu sois, il te fait
languir; si frais que tu sois, il fanera ta beauté, si sauvage que tu sois, il
te domptera; si grand que tu sois, il te renverse, et il tue en toi et supprime
tout ce qu'il y a d'extérieur et de contraire à Dieu; il élève, augmente et
ressuscite tout ce qui plaît à Dieu. Quelle diligence il t'inspire pour
chercher la façon de plaire à Dieu, quel amour pour le prochain car ses
souffrances et ses nécessités lui font mal comme les siennes propres et
davantage encore ! Il te donne des pieds légers comme ceux du cerf pour courir
sur le chemin du Seigneur.
Le Saint-Esprit est celui
qui pousse à embrasser l'état religieux.
Qui pourra dire les
mystères, les merveilles, les changements que ce Saint-Esprit, ce Consolateur
et Exhortateur a faits dans l'Eglise primitive! Nous pourrions avoir de
nombreux témoignages de ce temps-là mais puisque nous en avons d'autres près de
nous, prenons ce que nous avons entre les mains, Grâce à qui beaucoup méprisent-ils
le monde, apprécient-ils peu les vêtements, les parures, les plaisirs, les
fêtes, la pompe et les réjouissances profanes, ne veulent-ils pas voir ni
entendre les choses du monde, les jeux de lutte, les joutes, les tournois, ne
veulent-ils pas être vus, ne veulent-ils pas voir, car même par force ils
n'iront pas, dans la mesure du possible, pour ne pas aller dans les rues et
rencontrer quelque chose qui trouble leurs âmes même pour un moment ? Ces
serviteurs de Jésus-Christ abandonnent les plaisirs et vont chercher les
souffrances; ils vont se faire esclaves alors qu'ils étaient libres. Faut-il
des livres entiers pour l'expliquer ?
Le Saint-Esprit le
montre, c'est son enseignement; ils veulent fuir les choses d'ici-bas pour
aller avec Jésus-Christ, ils aiment mieux pleurer et gémir là que rire dans le
monde. La chair et le sang ne peuvent y parvenir, ils n'en ont pas la force;
par exemple demandez-le à une dame : elle ne le fera pas, car le sang ne peut
le faire; et parce que c'est un don et une grâce du Saint-Esprit et le
Saint-Esprit les envoie au Christ. Qui fait ces merveilles ? Si vous voyez
quelqu'un qui fait ainsi, ne considérez pas tant ses actes que son coeur; car
il est certain qu'il abandonnerait plus s'il possédait plus. Il ne regrette pas
ce qu'il laisse mais regrette seulement de n'avoir pas beaucoup à laisser par
amour pour Jésus-Christ; s'il possédait mille mondes, il les laisserait pour
venir aux pieds du Christ. Il aime mieux lui plaire et le servir que d'être
seigneur de la terre entière.
Or pourquoi fait-il cela
? Pourquoi choisit-il cet état ? Pourquoi veut-il s'enfermer ? Seul celui qui
le comprend peut le dire.
Le souci du serviteur de
Dieu qui veut lui plaire est si grand, le souci de celui qui veut se garder en
toute pureté est si grand qu'il ne tient pas pour certain ce qui l'est, même ce
qui est bon, il le tient pour suspect.
Etre marié et avoir un
foyer n'est pas mauvais, mais parce qu'on ignore si ce qui est bon à présent ne
sera pas une cause de chute plus tard, il considère pour plus sûr cet autre
état. Qui sait si elle ne se noiera pas dans les tourbillons du mari, du foyer,
et de la famille ? C'est comparable à cette proposition faite à quelqu'un :
entrez dans cette rivière, sur le bord elle n'est pas profonde, vous ne pouvez
pas vous noyer. - Je ne veux pas - dit-il - car si je mets les pieds dans l'eau
j'ignore si, après les avoir plongés, je n'aurai pas envie d'y entrer
davantage, et ensuite davantage encore, et je tomberai dans la partie la plus
profonde d'où je ne pourrai sortir et me noierai. Je préfère ne pas commencer à
y entrer, peut-être ensuite ne sera-t-il pas en mon pouvoir de sortir quand je
le voudrai.
- Pourquoi a-t-il voulu
cet état ? - On lui a montré le sang de Jésus-Christ, on lui a montré
les souffrances de Jésus-Christ, on lui a fait comprendre tout ce que
Jésus-Christ a fait pour lui, combien il l'aime, combien il doit être aimé et
servi et voilà pourquoi il a voulu embrasser cet état. Qui a fait cela ? Qui
l'a ordonné ? - Dieu; non pas le sang ni la chair.
Il n'y a pas de force
dans le sang, ni dans la chair pour faire ce bien. Qui l'a ordonné ? - Je
l'ignore, mais Dieu le sait.
Dieu, dans l'ancienne
Loi, ordonnait qu'on lui offrît des prémices; Après elle, des vierges, ses
compagnes, te sont amenées (Cf. ps. 45, 15). La pureté de Notre-Dame la
Vierge plut tellement à Dieu que, dans ce vers, Jésus-Christ promettait
qu'elles seraient semblables à Notre-Dame.
Il arrivait de nombreuses
jeunes filles, qui s'offraient à ce Roi céleste, Jésus-Christ, et abandonnaient
de très bon gré tout ce qui fleurit dans le monde, le choisissaient et étaient
plus contentes de le posséder que d'être épouses de rois et de princes de la
terre : " Les prémices, dit saint Cyprien, ce sont les vierges, la pureté
la plus pure qui soit au ciel parce qu'elle possède la pureté du corps et de
l'âme. Elle représente ici-bas ce que nous devons être et ce que nous serons au
ciel. Nous devons y entrer incorruptibles, purs d'âme et de corps. Ainsi sont
les vierges qui vivent ici-bas sur la terre, de chair, elles ne vivent pas
selon la chair." Elles sont pour Dieu les meilleures demeures
parmi les hommes. Il se repose dans les coeurs purs, préservés de la corruption
et du péché. Saint Jérôme dit : " Celui qui, tout en étant un être de
chair, garde dans sa chair la virginité et la pureté est plus qu'un ange, parce
que l'un, qui est l'ange, travaille et agit par don naturel, l'autre, par la
grâce. Ce sont des vierges et elles ont cette vertu. On les appelle anges
puisqu'elles gardent dans la chair faible et corruptible, par le don de la
grâce, la nature des anges ".
Cette dignité et cet état
ne doivent pas être choisis parce qu'on ne peut pas faire plus. Il doit être
choisi pour l'amour de Dieu, avec le seul désir de lui plaire et de le servir.
Celle qui le choisit, pour cette raison-là, celle qui au milieu de la vanité
foule au pied le monde et méprise ses faveurs, celle-là est la meilleure.
Ceux qui ont tourné le
dos au monde alors qu'ils pouvaient en jouir dans la jeunesse, au moment où ils
avaient la beauté et en avaient les moyens sont les serviteurs de Dieu. Ce sont
les prémices et les épis mûrs. - Qui vous a mis dans un tel état ? - "Le
soleil m'a décolorée; l'amour du soleil me tient dans cet état; je suis un
épi brûlé, à l'intérieur je suis belle, à l'extérieur brûlée et noircie par
l'amour de Jésus-Christ ". Que les belles ne se glorifient pas de leur
beauté, si cette beauté n'est qu'extérieure, parce que à l'extérieur elles
paraissent belles et à l'intérieur elles sont l'enfer. Épouses du Christ, ne
vous scandalisez pas car si vous avez perdu, pour l'amour du Christ, votre beauté,
on vous rendra de la splendeur.
Tout ce que vous avez
laissé pour le Christ, tout vous sera rendu en plus grande abondance.
Réjouissez-vous et dites lorsque vous serez angoissées au souvenir de ce que
vous avez quitté : " Seigneur si j'ai quitté quelque chose pour vous, tout
cela est peu de chose car vous méritez beaucoup plus et que je devrais faire
encore plus ."
Saint Paul dit aux
Hébreux (Hebr. 9, 13-14) : Si le sang des boucs et des taureaux et
les cendres de la génisse que l'on répand pour la sanctification de la chair,
sanctifient les impurs, combien le sang du Christ qui s'offrit pur à Dieu par
le Saint-Esprit n'a-t-il pas sanctifié plus encore nos consciences des oeuvres
mortes pour servir Dieu?
Que possède ce sang béni
? Ce sang qui nettoie nos taches lave-t-il nos délits ? Ah ! si je demandais à
Jésus-Christ : Qui vous conduit, Seigneur, à souffrir tant ? Qui pousse ce
coeur pour qu'il souffre tant ? Le sang du Christ, qui fut répandu par le
Saint-Esprit; ce fut l'Esprit qui l'a fait et l'a poussé à le répandre de
si bon gré. C'est lui qui lui disait : " Si vous ne mourez pas, personne
n'entrera au ciel; mourez; sinon personne ne sera sauvé ".
Péroraison : Heureuse
jeune fille qui laisse la terre pour le ciel.
Ne vous effrayez pas que
le Saint-Esprit vous ait amené aujourd'hui à vous mettre en croix car il a fait
une oeuvre plus grande, celle d'obtenir que le Christ renonce à ses plaisirs,
qu'il soit obéissant, pauvre, rejeté. Celui qui a poussé Jésus-Christ à se
mettre en croix, a poussé votre coeur à suivre le Christ, après avoir quitté et
oublié tous les plaisirs. Ne vous repentez pas, ne vous découragez pas de ce
qui vous arrive, car je vous fais savoir que, plus votre oeuvre est grande,
d'autant plus grandes seront les tentations du démon. Le monastère vous
semblera un enfer, le choeur une arène, la cellule une prison, les messes des
tourments, il vous semblera que vous mangez peu et qu'on vous traite mal. Vous
vous direz : " Ceci, je l'avais lorsque j'étais dans le monde. J'ai quitté
beaucoup de choses. J'aurais bien pu me sauver en possédant tout cela et en en
jouissant. " D'infinies tentations s'empareront de vous pour vous abattre.
Soyez averties. Que Dieu vous fasse comprendre combien ce que vous laissez est
peu de chose, combien ce que l'on vous donnera est immense. Que le monde ne
vous trompe pas, jeune fille, car derrière ces plaisirs, combien y a-t-il
d'angoisses et de chagrins, de douleurs et de soucis ! Celui qui considère bien
la chose, dira qu'il est bienheureux celui qui en est exempt. Que Dieu vous le
fasse comprendre, afin que vous voyiez clairement que ce n'est pas une perte
mais un gain; ce n'est pas là une erreur de votre part, c'est un succès.
David, pour échapper à
ces dangers, ne demandait-il pas : Détournez mes regards, Seigneur, pour
qu'ils ne voient pas la vanité (ps. 118, 37). Il a voulu dire, que les
yeux qui devaient voir Dieu, ne devaient pas servir à voir des vanités. Ce que
nous aimons beaucoup, gardons-le bien. Que vos yeux s'abstiennent de voir des
vanités puisqu'ils espèrent voir Dieu; car vous ne pourrez pas voir Dieu avec
les yeux qui voient des vanités. Mettez vos pieds dans le piège de la clôture,
et votre cou sous le joug de l'obéissance; faites-vous captifs pour le Christ,
enchaînez-vous pour son amour, et tenez fermement car vous trouverez plus de
liberté que dans tout le monde.
A quoi vous sert la
liberté si votre âme est soumise à la privation ? Supportez de bon gré et
fidèlement les souffrances qui peuvent venir pour lui plaire, car il vous en
récompensera et vous fera comprendre les mille biens que vous obtiendrez en
agissant de la sorte. Malheur à celui qui n'a pas un tel coeur. N'ayons pas de
regret en quittant argent, père, frères, maisons, et plaisirs pour Dieu; agir
ainsi est un honneur suprême.
Je voudrais plus, si on
me donnait à choisir, et les souffrances et les affronts que saint Paul a
endurés en ce monde pour Jésus-Christ ont davantage de valeur que ses
consolations et ses révélations.
Bienheureuse jeune fille,
vous qui quittez la terre pour que l'on vous donne le ciel, vous perdez pour
gagner davantage ! Que dirons-nous ? Vous entrez pour le servir et c'est lui
qui vous servira. Mettez vos pieds dans le piège et mettez votre cou dans le
collier d'or; même si vos pieds sont dans la douleur et la souffrance, levez
vos yeux vers l'honneur qui vous est préparé; regardez votre couronne, regardez
votre récompense.
Dans la Vie des
Pères on raconte qu'un moine vit une procession de saints et quelques-uns
portaient de très beaux colliers d'or à leur cou; on lui dit qu'ils jouissaient
de cet honneur de porter ces colliers parce qu'en ce monde ils avaient humilié
leur nuque sous le joug de l'obéissance.
Obéissez, jeune fille,
humiliez-vous, servez, balayez, faites tout ce que vous pourrez. Plus vous
aurez de travail ici-bas, plus votre collier au ciel sera riche et digne de
gloire. Perdez ici et vous gagnerez là-bas.
Si en ce monde vous
souffrez de la solitude, vous serez ensuite la compagne de ceux qui jouissent
de Dieu; si ici-bas vous fermez les yeux, au ciel ils verront Dieu; si vous
travaillez en ce monde, dans l'autre, vous vous reposerez dans la gloire à
jamais.
30. Est-il venu à toi ce
Consolateur ?
dimanche de Pentecôte (Ed. 1596, II, pp. 99-131).
Le Saint-Esprit
Consolateur (Jo. 14, 26).
Exorde :
Celui qui appartient à la
terre a un langage terrestre; celui qui vient du ciel, est au-dessus de
tous, a dit saint Jean-Baptiste à ses disciples. Ils furent un peu jaloux,
parce que la foule suivait davantage Jésus-Christ que saint Jean et, pour les
apaiser, l'apôtre leur dit ces mots : " Personne ne peut prendre plus que
la part qui lui vient du ciel, que celle qui lui est envoyée par le
ciel. Celui qui est de la terre, (Cf. Jo. 3, 31. Avila suppose que
ses auditeurs connaissent le texte cité) etc... //appartient à la terre celui
qui a un langage terrestre.
Que fera la terre, si on
lui demande de monter au ciel ? Que fera-t-elle ? Comment pourra-t-elle monter
? Que fera l'homme à qui on demande de parler du ciel ? C'est une entreprise
impossible, qu'il ne peut pas faire de lui-même, entreprise aussi irréalisable
que pour la terre de monter au ciel. Celui qui est de la terre, son
langage est terrestre.
Si nous devions parler de
choses matérielles, si nous devions parler de choses d'ici-bas, nous en
parlerions avec précision, mais parler du Saint-Esprit, parler de chose si
élevée, parler du ciel, que ferons-nous, nous qui sommes plus bas que la terre
elle-même ? Que ferons-nous pour bien parler ? La grâce du Saint-Esprit est
tout à fait nécessaire. Pour parler elle ne fut pas donnée en vain aux apôtres
: Nous les entendons dire dans nos langues les merveilles de
Dieu. (Cf. Act. 2, 11)
Les bienheureux apôtres
furent remplis et totalement remplis par le feu du Saint-Esprit; ils furent
remplis de cette grâce céleste, pour faire comprendre que personne ne doit
prêcher ni parler du Saint-Esprit s'il n'est rempli et totalement rempli de ce
don céleste et de ce feu sacré. Les saints apôtres avaient le coeur enflammé et
plein de la grâce que Notre-Seigneur leur envoya pour conter les merveilles et
les grandeurs qu'ils ont contées et dites de Dieu, et qu'ils ont publiées par
toute la terre. Il vint sous la forme de langues de feu, pour nous faire
entendre que la langue de ceux qui parlent de Dieu et de ses merveilles, doit
être enflammée du feu, enflammée d'amour. La langue qui doit parler du ciel et
de ses merveilles, ne doit pas être faite d'eau, ne doit pas être faite de
vent, ne doit pas être faite de terre.
Nous venons entendre les
paroles de Dieu, nous venons entendre ses sermons et nous venons comme on va au
théâtre, sans plus d'amour ni de respect. Je vous dis, en vérité, que nous tous
qui entendons des sermons courons un grand risque; nous courons un grand danger
si nous n'écoutons pas comme nous devons écouter. Nous devrions venir
l'entendre avec le coeur enflammé, avec les entrailles embrasées. Nous nous
sommes réunis pour écouter et parler du Saint-Esprit; pour une si grande
affaire, nous avons besoin de la grâce, nous avons besoin du Saint-Esprit
lui-même, nous avons besoin qu'il pénètre dans nos coeurs, qu'il les adoucisse
et qu'il les embrase du feu saint de ses dons divins. Saint Paul dit que
le Saint-Esprit prie pour nous avec des gémissements ineffables. La prière
qui n'est pas inspirée par le Saint-Esprit a peu de valeur; celle qui ne se
fait pas selon lui, celle qu'il n'inspire pas et n'ordonne pas, porte très peu
de fruit, profite peu. Le Christ a dit à ses apôtres : Vous êtes tristes
parce que je veux m'en aller: le Consolateur viendra, car le Père l'enverra en
mon nom, et il vous consolera; il vous enseignera toutes les choses; il vous
remettra en mémoire tout ce que je vous ai dit; il ouvrira vos oreilles pour
que vous entendiez et votre entendement pour que vous compreniez; il vous
enseignera à prier et il vous enseignera tout ce que vous aurez à faire pour
réussir en tout.
Nous avons un besoin
extrême de ce Consolateur, de ce Docteur, de ce Conseiller et de ce Maître.
- Quel remède ? - Nous
tourner vers la Très Sainte Vierge. Elle est près du coeur, très près du coeur
du Saint-Esprit et le coeur du Saint-Esprit est près du sien. Ses entrailles
ont abrité l'incompréhensible. Il abaissa sa grandeur, sa puissance et s'est
fait temporel étant éternel, le riche s'est fait pauvre et le Très-Haut s'est
abaissé et tout cela par l'oeuvre du Saint-Esprit, par son habileté, son ordre
et son savoir. L'ange saint Gabriel dit à la Vierge: Le Saint-Esprit,
Madame, descendra en vous et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son
ombre. (Lc. 1, 35) Le Saint-Esprit connaît très bien le coeur de la
Vierge; il connaît très bien son coeur si totalement pur, il connaît très bien
ce palais où il élabora tant de mystères et de si grands mystères. La Vierge ne
fit rien, ne pensa rien, ne dit rien qui pût déplaire en un seul point au
Saint-Esprit. Elle lui plut en tout, en tout elle fit sa sainte volonté. Par
les supplications de cette glorieuse Vierge, par les gémissements, les désirs
et les prières, il apporta le Verbe Eternel et le mit dans ses entrailles.
Supplions-la, puisqu'elle
est si près du Saint-Esprit, de nous communiquer sa grâce pour parler d'un Hôte
si grand.
Si nous aimons le Christ,
la Trinité demeurera en nous.
Avez-vous reçu le
Saint-Esprit quand vous avez embrassé la foi? (Act. 19, 2) a dit un jour
saint Paul à quelques-uns. Avez-vous reçu le Saint-Esprit ?
L'avez-vous dans vos entrailles ?
Bienheureuse l'âme qui a reçu un tel don; bienheureux celui qui a reçu un tel
Hôte en devenant croyant car c'est par la foi qu'il se donne ! Ils répondirent
: Nous n'avons même pas entendu dire qu'il y ait un Saint-Esprit - et
à plus forte raison nous ne savons pas si nous l'avons reçu. On ne le leur
avait pas donné; et peut-être même y en a-t-il ici qui l'ignorent. Oh ! si vous
disiez vrai ! L'avez-vous reçu ? L'aimez-vous ? L'avez-vous servi ? Le
désirez-vous ? Souhaitez-vous ardemment qu'il pénètre dans vos coeurs ? Vous
n'avez même pas entendu dire qu'il y ait un Saint-Esprit. Le désirer ne sert à
rien, lui demander de venir, vouloir le recevoir ne suffisent pas; tout cela ne
sert à rien si les oeuvres dignes de mériter sa venue font défaut. Mais
par leurs actes ils le nient. (Tit. 1. 16) Les oeuvres doivent s'accorder
avec les paroles et les désirs pour que cet Hôte si grand veuille venir et
habiter dans votre âme.
Le Saint-Esprit a tant de
prédicateurs, tant de prophètes qui ont parlé de lui avant la création du
monde. L'Ecriture dit que "l'Esprit du Seigneur se mouvait au-dessus des
eaux " (Gen. 1, 2). Tous les prophètes ont vu et ont conté de grands
secrets et de grands mystères du Saint-Esprit. Entre tous et plus que tous,
Jésus-Christ Notre-Seigneur a donné de telles preuves de son existence, et a
rapporté sur lui de telles choses qu'ils étaient tous stupéfiés d'entendre les
merveilles qu'il en a dites. Jésus-Christ a dit à ses apôtres : N'ayez pas
de peine, ne souffrez pas parce que je m'en vais. Mais au contraire,
Seigneur, c'est pour cela qu'ils ont de la peine. Quelles sont ces nouvelles
preuves d'amour, Seigneur ? Quelles nouvelles façons de se comporter avec ceux
qui vous aiment ? Vous partez et vous dites que vous nous aimez plus que la
prunelle de vos yeux; vous voulez vous en aller et pour nous consoler de votre
départ vous dites : N'ayez pas de peine parce que je m'en vais? Au
contraire c'est pour cela qu'ils ont de la peine et la pensée, Seigneur, que
vous devez vous en aller est la raison de tout leur chagrin et de toute leur
affliction.
- Personne ne peut le
comprendre ni parvenir à le comprendre sinon celui qui possède le Saint-Esprit.
" Avec moi vous avez été consolés; avec ma présence vous avez été réjouis;
vous avez été instruits de ma doctrine; vous avez été forts grâce à ma
présence. Moi je m'en vais et je prierai mon Père de vous envoyer un autre
Consolateur en mon nom. Jusqu'à présent c'est moi qui vous ai consolés; je
m'en irai et en m'en allant, je vous enverrai un autre Consolateur, une autre
personne ." - Oh ! Dieu puissant ! Qui est ce Consolateur que vous devez
envoyer ? - Un Esprit de vérité qui demeurera en vous, qui vous enseignera des
vérités, non pas des opinions, non pas des erreurs.
Seigneur, que les cieux
et la terre vous bénissent ! Dieu le Père ne se contenta pas de nous donner son
Fils très aimé et unique, Notre-Seigneur Jésus-Christ pour qu'il meure pour nous
mais il se donna lui-même.
Jésus-Christ dit
: Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera, et nous
viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure. (Jo. 14, 23)
Qu'il étudie, pense et
repense ses paroles, qu'il les accomplisse et les garde; il vous les donne pour
preuve et gage de son amour. Dites-moi, mon frère, que ressentez-vous lorsque
vous entendez la parole du Christ ? Vous réjouissez-vous quand on vous parle de
lui ? Votre coeur est-il rempli de joie quand vous l'entendez nommer, lorsqu'on
prêche de lui, lorsqu'on le loue, le bénit, le glorifie en chaire ? Vous vous
réjouissez davantage des découvertes, des nouveautés; vous vous y intéressez
plus volontiers.
Celui qui garde ma
parole, celui-là m'aime. - Que signifie cela ? Comment dois-je garder ses paroles
? Comment dois-je l'aimer ? - Vous devez l'aimer et vous montrerez que vous
l'aimez véritablement, si pour cela vous oubliez et abandonnez tout ce qui vous
empêche de l'aimer et de le servir véritablement : si votre -il droit
- si ce que vous aimez comme vos yeux - vous scandalise, si votre
main droite - si quelque chose encore de grande utilité - vous écartent de
ce but sacré, coupez-les.
- C'est là un devoir
bien pénible, Père ! - Vous devez avoir un couteau si affilé que même si on
vous oppose père et mère, frères, parents et amis et tout ce qu'on peut
imaginer, si cela vous éloigne de l'amour de Jésus-Christ, coupez-le, ne le
laissez pas, foulez-le aux pieds, passez dessus; si cela semble être un acte de
cruauté, c'est pourtant une grande preuve de piété. Si pour des raisons
d'argent, ou de fortune, si à cause d'un parent ou d'un ami, si pour des
raisons de déshonneur ou d'honneur, à cause de la faveur ou de l'appui, à cause
de la mort ou de la vie tu viens à pécher, détourne-toi d'eux.
- Bien pénible devoir ! Dois-je ne pas désirer
la femme d'autrui ? Non seulement ne pas prendre la fortune d'autrui mais
encore avoir à donner la mienne ? Non seulement ne faire de mal à personne mais
encore faire tout le bien possible ? C'est une dure et pénible obligation; un
peu de sucre, Seigneur, s'il vous plaît ! Car je peine et transpire pour faire
cela et avec toutes mes forces n'y parviens qu'un peu; apportez-nous quelque
consolation, donnez-nous quelque récompense.
- Cela me plaît. Mon
père l'aimera; mon Père le chérira bien - dit Jésus-Christ - et la
récompense qu'il lui donnera pour obéir à mes paroles et observer mes
commandements (et cela repaiera ses souffrances) c'est que le Père éternel
abaissera ses regards sur lui, et nous viendrons à lui et nous ferons chez
lui notre demeure. Nous ne viendrons pas en passant car nous nous
arrêterons pour fixer notre résidence et séjourner.
- Qui pourra entendre
cette parole sans bénir et louer le Père, le Fils et le Saint-Esprit, car le
Père et le Fils viendront et ils établiront leur demeure en lui.
Désirez-vous plus ?
Etes-vous contents ? A présent continuerez-vous à poursuivre les chimères, à
chercher de l'argent, les honneurs, à désirer vous élever plus haut, vous faire
valoir et rechercher des charges ?
Voulez-vous davantage ?
Saint Bernard dit : " Oh ! coeurs endurcis que ne blesse pas un tel
couteau, que n'enflamme pas un tel feu, que n'émeut pas, n'adoucit pas, et
n'attendrit pas une telle bonté ! " Quand le Fils et le Père viennent, le
Saint-Esprit vient aussi. Ne te considère pas comme orphelin dorénavant parce
que le monde te refuse les honneurs, parce que le monde ne t'accorde pas de
faveurs, parce que tu n'as ni prospérités, ni richesses ici-bas.
- Vous reste-t-il quelque
chose, Seigneur, vous reste-t-il quelque chose à donner ? Je prierai le
Père et il vous enverra un autre Consolateur.
Le Consolateur sera tel,
qu'ils ne regretteront pas le Christ.
Voilà ce qui me stupéfie
le plus. Les disciples attendaient ce Consolateur. Ils le désiraient beaucoup
tout en ignorant qui était ce Consolateur ou quelle était sa puissance. Les
apôtres l'aimaient avant sa venue et désiraient beaucoup qu'il vînt à
eux. Je prier ai le Père et il vous enverra un autre Consolateur.
- Que dites-vous,
Seigneur ? Quelles paroles sublimes sortent de votre bouche ? Combien doit être
grand le Consolateur pour que sa venue console de votre douloureuse absence;
pour qu'il console, pour qu'il enseigne et pour qu'il fasse tout ce que vous
faisiez.
Pourrez-vous vous
imaginer et pourrez-vous dire l'immense consolation que le Christ apportait à
ses apôtres, combien sa vue et sa présence leur donnaient de joie ? Rien que de
le voir, toutes leurs souffrances s'évanouissaient. Nulle mère n'aime autant
ses enfants et les comble d'aussi nombreux présents que Jésus-Christ n'aimait
et comblait ses apôtres de présents; il n'existe pas d'oiseau qui prenne autant
de soin de ses petits, les défende et les abrite sous ses ailes que ne le
faisait Jésus-Christ avec les siens. Il les aimait du plus profond de son
coeur, il leur parlait, il les instruisait, il leur prodiguait mille
consolations, il les préservait des défaillances, il les encourageait, il leur
faisait beaucoup de bien. Eux l'aimaient tellement qu'ils abandonnèrent leur
richesse et leur fortune, les filets avec lesquels ils gagnaient leur vie, des
maris quittèrent leurs femmes, des enfants leurs parents, et quelques femmes
leurs maris. Il était si affectueux pour eux, sa conversation si affable et si
pleine d'amour, qu'ils auraient donné mille mondes s'ils les avaient possédés,
afin de jouir de sa présence une seule heure. Comme ils étaient pleins
d'assurance, comme ils étaient joyeux, comme ils étaient heureux avec le Christ
! On peut les considérer comme riches et heureux, et ils l'étaient, ceux qui
voyaient Jésus-Christ de leurs yeux et entendaient de leurs oreilles ses très
saintes paroles.
Jésus-Christ, le jeudi de
la Cène, leur dit : Vous êtes tristes parce que je vous ai dit que je veux
partir. Ces bienheureux étaient si heureux avec Jésus-Christ qu'il leur
semblait impossible qu'après son départ, quelque chose put venir consoler leur
coeur, et ils pensaient que personne au monde ne pourrait remplir le vide causé
par son absence. Ils étaient stupéfiés, ravis par ce corps très saint et par sa
présence; ils ne croyaient pas qu'ils pouvaient être consolés une fois que le
Christ les aurait quittés. Qui consolera ces affligés ? Qui portera remède à
une si grande perte ? Qui guérira cette plaie que l'absence du Christ a causée
dans le coeur de ses apôtres ? C'est une grande plaie d'amour, elle a besoin de
grand remède et de grand soin.
- Si je m'en vais un
autre Consolateur viendra qui vous consolera. Quel Consolateur peut venir, qui
les empêche de regretter Jésus-Christ ? Il leur dit qu'il veut s'en aller et
pour adoucir leur peine et leur tristesse il leur promet de leur envoyer un
autre Consolateur. Et il sera tel, que vous ne souffrirez pas de mon départ; un
autre Consolateur aussi bon que moi, un autre qui vous consolera et vous fera plus
de présents que moi.
Seul Dieu pouvait guérir
cette plaie; et voici un argument très important pour croire que le
Saint-Esprit est Dieu, parce que, s'il était moins que Dieu, il n'aurait pas pu
consoler, il n'aurait pas pu guérir la plaie que le Christ avait faite par son
absence. Jésus-Christ est Dieu; si le Consolateur qu'il devait envoyer avait
été moins que Jésus-Christ, il n'aurait pas pu guérir la plaie faite par le
départ du Christ. Donc, il est clair que, devant être Consolateur comme le Christ
l'a dit, puisqu'il devait consoler les apôtres de la peine qu'ils avaient du
départ du Christ, il devait être aussi Dieu que Jésus-Christ et aussi puissant
pour consoler que l'était le Christ. Seul le Saint-Esprit qui est Dieu comme
Jésus-Christ sera capable de le faire réellement. C'est pourquoi, vous devez
être tout à fait consolés, parce que, si vous l'appelez, il vous secourera dans
toutes vos difficultés. Peut-être dites-vous : " On m'a calomnié, j'ignore
ce qu'on a dit de moi, j'ai perdu ma fortune, mon mari est parti, je souffre
beaucoup et suis très malade, mon père est mort, mon ami m'a manqué de parole,
je suis affligé, j'ai de grandes tentations, j'éprouve une grande sécheresse
dans mon coeur, je ne sais pas ce que j'ai, je suis toujours aux prises avec la
souffrance et en danger de mort ". Ayez de la patience, ne vivez pas dans
l'affliction; ne vous laissez pas abattre, appelez ce Consolateur qui vous
consolera et vous instruira; car puisqu'il a suffi à combler, à guérir et à
consoler la désolation que le Christ a causée à ses apôtres, il vous consolera
aussi; car ce fut une perte plus grande et une affliction plus grande que
toutes celles que vous pouvez avoir, si grandes et si pénibles soient-elles.
Compare ton affliction et ta plaie avec celles des apôtres, et tu verras
comment celui qui a guéri et consolé celles là, alors qu'elles étaient si
grandes consolera et guérira les tiennes aussi bien et encore mieux.
Ce que fait le souffle du
Saint-Esprit.
Ce Consolateur est-il
venu à vous ? Cet Hôte est-il venu à vous ? Ce grand jour pour votre maison
est-il arrivé ? - Père, je ne sais pas ce qui m'arrive; ce qui me réjouissait
beaucoup auparavant, m'importune à présent; les joies qu'offre le monde
m'attristent, les plaisirs me font de la peine; les jeux, les passe-temps, les
joies et toutes les jouissances du monde me sont fastidieux; tout me procure de
l'ennui.
- Si ce jour est arrivé
pour vous, si ce sentiment s'est emparé de votre coeur, si vous l'avez reçu,
sachez-en remercier le Seigneur, et sachez-lui en rendre grâce. Celui qui
reçoit cet Hôte, celui qui reçoit ce Consolateur, n'a que mépris et peu
d'attention pour tout ce qui fleurit dans le monde, et tout ce que les mondains
tiennent pour quelque chose, tout cela lui donne du dégoût, tout le rebute,
tout l'ennuie et lui fait de la peine.
Sais-tu l'appeler ce
Consolateur, tâche de lui plaire et de le contenter; parce que celui qui
possède un tel Hôte ne doit pas s'en distraire, car un si grand Hôte demande un
grand soin. Dis-lui : " Seigneur, c'est avec vous seul que je suis
content, vous seul suffisez à me rassasier; sans vous je n'aime personne, et
avec vous je possède tout; soyez, vous seul, avec moi et peu importe que tous
les autres m'abandonnent; vous, consolez-moi, peu m'importe que tout le monde
me remplisse de désolation; soyez, vous seul avec moi et peu m'importe que tout
le reste soit contre moi."
- Où est la sagesse ? Où
la trouverons-nous ? Elle est dans le coeur de Dieu. Eh bien dites-moi : après
son départ restons-nous orphelins, restons-nous seuls, restons-nous sans
conseil, sans appui ? Comment restons-nous ?
Nous a-t-il laissé
ici-bas un autre à sa place ? Qu'il vous le prêche celui qui le sait et qu'il
vous le fasse comprendre par sa miséricorde.
Oh ! grâces immenses de
Dieu ! Oh ! grandes merveilles de Dieu !
Qui pourrait vous faire
comprendre ce que vous perdez et aussi qui pourrait vous faire comprendre comme
vous pourriez vite le regagner ! C'est un grand mal et un grand dommage, de ne
pas connaître une telle perte. C'est un dommage plus grand encore de ne pas lui
porter remède lorsqu'on le peut. Dieu t'aime bien; il veut te faire des
faveurs, il veut t'envoyer son Saint-Esprit; il veut te remplir de ses dons et
de ses grâces, et je ne sais pas pourquoi tu perds un tel Hôte. Pourquoi
consens-tu à une telle chose ? Pourquoi le laisses-tu passer ? Pourquoi ne te
plains-tu pas ? Pourquoi ne pousses-tu pas de cris ?
Mais comment
appellerons-nous cette union que le Saint-Esprit veut faire et fait avec ton
âme ? Incarnation ? Non; toutefois l'âme est jointe à Dieu avec une telle force
et forme une union si puissante et si pacifique que cela ressemble beaucoup à
une incarnation bien que par ailleurs les différences soient grandes.
L'incarnation fut une union si haute du Verbe divin à sa nature humaine très
sainte, qu'elle l'éleva à une unité de personne, ce qui n'est ici-bas qu'une
unité de grâce; et comme on dit d'une part incarnation du Verbe, on dit
ici-bas spiritualisation (Le mot espirituaci—n n'existe pas
comme tel en espagnol. C'est un de ces néologismes frappants qui sont bien dans
le genre de Jean d'Avila. N'ayant pas d'autre mot
que spiritualisation pour le traduire en français, il convient de
donner à celui-ci le sens fort qu'entendait lui donner Avila, c'est-à-dire :
union intime du Saint-Esprit et de l'homme, conçue par analogie - sans plus -
avec l'union de la divinité et de l'humanité dans l'Incarnation.) du
Saint-Esprit. De même que Jésus-Christ prêchait, le Saint-Esprit prêche à
présent; de même qu'il enseignait, le Saint-Esprit enseigne, de même que le
Christ consolait, le Saint-Esprit console et réjouit. Que demandes-tu ? Que
cherches-tu ? Que veux-tu de plus ? Avoir en toi un conseiller, un précepteur,
un administrateur, quelqu'un qui te guide, qui te conseille, qui t'encourage,
qui t'achemine, qui t'accompagne en tout et pour tout ! Finalement, si tu ne
perds pas la grâce, il sera tellement à ton côté, que tu ne pourras rien faire,
ni dire, ni penser qui ne passe par sa main et son saint conseil. Il sera pour
toi un ami fidèle et véritable; il ne t'abandonnera jamais si tu ne
l'abandonnes pas.
De même que le Christ
pendant cette vie mortelle opérait de grandes guérisons et répandait sa
miséricorde dans le corps de ceux qui avaient besoin de lui et l'appelaient, de
même ce Maître et Consolateur opère ces oeuvres spirituelles dans les âmes où
il demeure et se trouve en union de grâce. Il guérit les boiteux, il fait que
les sourds entendent, il donne la vue aux aveugles, il ramène les égarés, il
enseigne aux ignorants, il console les affligés, il encourage les faibles. De
même que le Christ faisait ces oeuvres si saintes parmi les hommes, et de même
qu'il n'aurait pas pu faire ces oeuvres s'il n'avait pas été Dieu, il les fit
avec cette nature humaine qu'il avait assumée, et nous les appelons oeuvres qui
furent faites par un Dieu homme, de même ces autres oeuvres que fait ici-bas le
Saint-Esprit dans le coeur où il demeure, nous les appelons oeuvres du
Saint-Esprit avec l'homme, considéré comme élément secondaire.
Ne peut-on considérer
comme malheureux et infortuné celui qui ne possède pas cette union, celui qui
ne possède pas un tel hôte dans sa maison, celui qui n'a pas un tel conseiller,
celui qui n'a pas un tel guide, un tel soutien, un tel précepteur, consolateur et
gardien ? Et parce que vous ne le possédez pas, vous êtes tels que vous êtes,
remplis de misère. Dites-moi, l'avez-vous reçu ? L'avez-vous appelé ?
L'avez-vous importuné pour qu'il vienne ? Combien de larmes vous en coûte-t-il
? Combien de soupirs ? Combien de jeûnes ? Quels actes de dévotion avez-vous
faits ? Que Dieu soit avec nous ! Je ne sais pas comment vous avez la patience
ni comment vous pouvez être privés d'un si grand bien. Voyez tous les biens,
toutes les grâces et les miséricordes que le Christ est venu faire aux hommes,
ce Consolateur les répand toutes dans nos âmes; il te prêche, te guérit, te
rend la santé, t'enseigne et te fait mille millions de biens.
Il console, il encourage,
il réjouit.
Ne vous est-il pas arrivé
de sentir votre âme desséchée, sans fraîcheur, mécontente, remplie de
découragement, affligée, dégoûtée, ne goûtant vraiment rien de ce qui est bon ?
Alors qu'elle se trouve dans cet état de mécontentement, et parfois d'abandon,
survient une brise sainte, un souffle saint, un rafraîchissement qui t'apporte
la vie, t'encourage, t'anime, te fait revenir à toi, te donne de nouveaux
désirs, un amour vif, des satisfactions très grandes et très saintes et te fait
prononcer des paroles et oeuvrer à tel point que tu t'en étonnes toi-même. C'est
le Saint-Esprit; c'est le Consolateur; aussitôt que son souffle est arrivé, dès
sa venue, vous vous trouverez attiré comme par une pierre d'aimant, avec un
courage nouveau, des oeuvres, des paroles et des désirs nouveaux; car
auparavant vous ne trouviez de valeur à rien, tout vous importunait; à présent
vous trouverez de la saveur en tout et beaucoup de satisfaction, tout vous
réjouit, tout vous instruit. Une petite herbe, que vous regardez avec attention
vous fait louer mille fois Dieu, Notre-Seigneur, et vous fait connaître
l'Auteur et le Créateur merveilleux de toutes choses, met en votre coeur des
sentiments de dévotion et de reconnaissance au Seigneur tout-puissant, et
d'autres encore; s'il vous était permis de parler, vous proclameriez les merveilles
et la grandeur de ce que le Seigneur fait connaître de tout ce qui est créé.
Oh ! joyeux Consolateur !
Oh ! souffle bienheureux qui conduit les vaisseaux au ciel ! Cette mer où nous
naviguons est très dangereuse; mais avec ce vent et avec un tel pilote nous
voguerons en toute sécurité. Combien de navires se perdent ! Combien soufflent
de vents contraires et combien y a-t-il de grands dangers ! Mais dès que
souffle ce Consolateur compatissant, il les fait rentrer dans un havre sûr. Qui
pourra compter les biens qu'il nous faits et les maux dont il nous préserve ?
C'est du ciel que vient le vent, du Père et du Fils, et c'est vers eux qu'il
retourne; c'est de là que ceux-ci l'exhalent, et c'est de là qu'il l'envoie à
ses amis. (" L'Esprit de vérité... ne tirera pas de son propre fonds ce
qu'il vous dira, mais il vous répétera ce qu'il a entendu". (Jo. 15, 13).)
II les guide vers le terme; il les y conduit; c'est là qu'il veut les mener.
- Avant la venue de ce
Consolateur, avant que souffle ce vent du Saint-Esprit, nous sommes assis, nous
sommes lourds, notre âme doit peser beaucoup, tout lui paraît difficile, tout
lui semble impossible, il ne lui semble pas qu'il existe un chemin pour le
ciel, elle trouve partout de la gêne, et elle marche alourdie par une arrobe de
plomb, que dis-je arrobe ! cent quintaux de plomb. Comment les ossements des
morts auront-ils la vie ? Comment, desséchés, se couvriront-ils de chair et
ressusciteront-ils ? Il est évident que par eux-mêmes et seulement par
eux-mêmes, ils ne pourront rien; mais Dieu qui peut tout, peut les couvrir de
chair, et leur donner l'esprit de vie, et les ressusciter et leur donner
mouvement et existence.
Dieu appela le prophète
Ezéchiel et lui dit : Fils de l'homme, pour toi, ces os que tu vois ici
pourront-ils avoir la vie et être couverts de chair et de nerfs?
Ezéchiel répondit : Seigneur, ce que vous me demandez, vous le
savez. Dieu dit : Dis-leur ceci: " Os desséchés, je
jetterai sur vous de l'esprit de vie, et je vous couvrirai de nerfs et je ferai
pousser de la chair sur vous, et je vous donnerai de la vie, et vous saurez que
je suis le Seigneur."
Un os sec, dur, sans
humeurs liquides, ni vertu, voilà tout homme qui se trouve privé du
Saint-Esprit; un os mort. Mais quand le prophète eut appelé le vent pour qu'il
soufflât sur les morts, les os eurent la vie; tout change, ce qui est lourd
devient léger et ce qui est mort revit. Tu étais malade, lourd, privé du feu de
charité, mort, et tu n'avais pas la plus petite miséricorde pour personne ni
n'avais de tendresse; tu étais découragé par la faiblesse, sans espoir de
pouvoir réaliser une oeuvre qui soit bonne et aussi pesant qu'un mort. Dans cet
état Dieu te dit : " Homme, ne perds pas courage, penses-tu que tu ne
pourras pas ressusciter ? Reprends courage, car moi je suis plus puissant pour
te sauver, pour te ressusciter, te donner vie et te réjouir que tous les maux
pour t'abattre, te perdre, te tuer et t'attrister. Ma bonté est plus grande
pour te rendre bon, que ta méchanceté pour te damner et te rendre
méchant."
Seigneur Dieu
tout-puissant que les cieux et la terre vous bénissent ! Combien verrons-nous
de témoins le jour du jugement dernier, dont les navires couraient déjà à leur
perte, allaient se briser en morceaux, allaient sombrer et qui en recevant ton
souffle furent sauvés et rentrèrent tranquillement au port et en toute sécurité
! Combien son Esprit ressuscita-t-il de gens qui avaient perdu toute espérance
de vie et leur donna une nouvelle vie et des désirs nouveaux, les réjouit et
les confirma dans une espérance nouvelle ! Qui fait tout cela ? Le Saint-Esprit
qui a soufflé et a conduit sans résistance vers Dieu.
Que fait-il de plus ? Qui
le dira ? Qui pourra le dire ? On jette les apôtres en prison, on les fouette
et on leur ordonne de ne plus prêcher, eux sortent en
riant, joyeux, éprouvant le sentiment d'être des
bienheureux, parce qu'ils ont été dignes d'endurer des souffrances
et des affronts pour le Christ notre Rédempteur. Sinon, considère que
par peur d'une simple femme saint Pierre nie et renie trois fois Jésus-Christ,
et dit : Je ne connais pas cet homme, et après la venue en son coeur
de ce Consolateur, de ce souffle, ni les menaces, ni la prison, ni les chaînes,
ni les coups de fouet, ni la mort même ne sont suffisants pour l'empêcher de
prêcher et de confesser le saint nom de Jésus-Christ; saint Paul mis dans les
fers et jeté en prison disait : " Ne croyez pas que je sois affligé parce
que je suis dans cette prison; sachez qu'ici, dans cette prison où je suis,
j'ai de la consolation pour moi et pour vous, et que d'ici je console tout le
monde ."
Jésus-Christ dit dans son
saint évangile : Que celui qui a soif, vienne. Que voulez-vous dire,
Seigneur ? Quelle eau avez-vous pour apaiser la soif de ceux qui viendront à
vous ? Il n'y a pas d'eau, ni de sources plus fraîches pour apaiser ainsi la
soif et rafraîchir ceux qui sont altérés que le Saint-Esprit du Christ. Avec
lui, les convoitises et la soif de ce monde s'apaisent et le feu ardent
qu'allument en nous les désirs d'aimer et de convoiter les choses de la terre
s'éteint. C'est pourquoi le Christ Notre-Seigneur dit : Que celui qui a
soif vienne à moi. En venant à lui, en buvant de l'eau de son
Saint-Esprit, en recevant ce Consolateur, ce souffle du Saint-Esprit, il sera
rassasié, consolé, instruit, plein d'abondance et guidé sans erreur et hors de
doute.
Il enseigne.
Saint Bernard dit qu'il
t'enseignera toutes choses; quelquefois de lui à toi, quelquefois par la bouche
d'un autre homme, il te prévient, t'enseigne, te console, t'aide et t'encourage,
car il le veut ainsi; si beaucoup de disciples désiraient être marqués de cette
doctrine, désiraient entendre et suivre les cours dans cette école, ils
jouiraient de cet Esprit doux, source de sagesse. Dans les autres écoles, même
si un homme est mauvais, il peut en sortir savant en sa matière et maître en
quelques disciplines; mais ici ses disciples jouiront du Saint-Esprit et ils en
sortiront ablactatos a lacte, avulsos ab uberibus (Nous laissons ici
les mots latins intercalés par Avila dans son texte. Le lecteur comprendra
mieux, une fois de plus, sa méthode et ses procédés.), sevrés et éloignés
du sein de leurs mères. C'est à ceux-ci que le Saint-Esprit enseigne qu'il
se communique, qu'il se donne. Mes frères, osez vous sevrer pour Dieu, osez vous
éloigner du sein de vos mères pour que vous soyiez des disciples et soyiez
instruits à l'école du Saint-Esprit.
Sevrez-vous de votre
volonté, de votre opinion; sortez et éloignez-vous de vous-mêmes, sortez de
votre naturel et de vos jugements. Mon Seigneur et mon Dieu, si vous n'êtes pas
mon ami, si vous ne m'aidez pas, si votre puissante main ne me favorise pas,
comment pourrai-je y pourvoir moi-même ? Comment pourrai-je me séparer, me
sevrer et m'écarter des choses d'ici-bas ? Si vous m'aidez, je pourrai tout, je
ferai tout; rien ne m'arrêtera; j'oublierai tout, je mépriserai tout et je
chasserai tout de moi. Je préfère, Seigneur, être triste à cause de vous que
joyeux dans le monde; j'aime mieux pleurer que rire puisque Jésus-Christ, notre
Rédempteur a promis une si grande récompense, en disant de sa bouche
inestimable : Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu'ils seront consolés (Mt.
5. 5).
Lorsqu'on les sevré,
quelques enfants parfois en meurent. Les uns mettent leur consolation dans
leurs enfants, dans leurs trésors et leurs richesses, d'autres dans l'honneur,
d'autres dans les charges et l'autorité, d'autres dans les faveurs, d'autres
dans leur femme ou leur mari; et ainsi chacun se repaît et se réjouit selon son
caractère de ce qui lui donne le plus de contentement. Quitte tout, mon frère;
sevré ce coeur qui est le tien, écarte-le du sein où il a placé son amour.
Parmi ceux qui sont sevrés quelques-uns reviennent parfois en arrière. Ose, mon
frère, et si une chose te plaît, sacrifie-la pour Notre-Seigneur Dieu et dis :
" Pour votre amour, je veux perdre cette joie, cette consolation, ceci qui
me plaisait et cela qui me donne du contentement. Seigneur et mon Dieu, tout ce
que vous voudrez que j'oublie, que j'écarte, que je refuse, que je fasse, je ferai
tout et je m'éloignerai de tout; aidez-moi, mon Seigneur et ma consolation;
donnez-moi du courage, donnez-moi votre grâce." Faites briller la
lumière en nos esprits, versez l'amour en nos coeurs; soutenant la faiblesse de
notre corps par votre constante vigueur. (Hymne " Veni Creator ".
Même procédé qu'au sermon 28)
Eclairez, Seigneur des rayons
de votre lumière et de votre clarté éternelle, les ténèbres
de mon entendement, pour que je puisse avec clarté et certitude ne
choisir que vous pour mon bien éternel et que j'oublie et estime peu toutes ces
autres choses, car elles sont des ombres fausses et des apparences trompeuses.
Et en vous connaissant mieux, faites, Seigneur et mon Dieu, que
mon coeur (et toute ma volonté) s'enflamme de votre amour et de désir
pour vous, pour que je n'aime que vous, je ne veuille que vous, je ne me mette
que sous votre protection, je ne tourne mes regards que vers vous et que vous
ne permettiez pas que je m'éloigne jamais de votre amour. Et parce que la
faiblesse de nos corps empêche de le faire aussi librement que le demande la
raison, fortifiez, Seigneur, avec votre force la faiblesse de
mon corps, la bassesse de ma sensualité et de mes aptitudes, afin que tout
ce qu'il y a en moi vous contente et vous plaise, vous comprenne, vous aime et
vous serve.
- Père, puisque j'ai
entendu tant de biens de ce Consolateur, de cet Hôte, que nous devons recevoir
dans nos âmes, sachons pourquoi il vient, ce qu'il fait dans nos âmes.
- C'est un long compte
que vous me demandez; qui vous pourra compter les grâces qu'il répand là où il
vient ? Combien de dons il laisse ! Que de miséricordes il apporte à l'âme qui
se donne tout entière à lui ! Le Christ, notre Rédempteur, faisait des
miracles, il guérissait des malades, ressuscitait des morts, prêchait. Qui
pourra raconter tous les biens que Jésus-Christ Notre-Seigneur fit aux hommes ?
Or le Saint-Esprit fait dans les âmes tout ce que Notre-Seigneur Jésus-Christ
faisait : il guérit des malades, ressuscite des morts, donne une langue aux muets
pour proclamer la grandeur de Dieu Nôtre-Seigneur. Qui veut emporter cet Hôte ?
Qui veut ce Conseiller, ce Consolateur ?
Qui le veut? Qui le veut?
- Eh bien, voudra-t-il
venir ? - Écoutez : O vous tous qui avez soif, venez aux eaux. Vous-mêmes
qui n'avez-pas d'argent, approchez-vous vite et mangez. Venez, achetez, sans
argent, et sans rien donner en échange, du vin et du lait. (Cf. Is. 55, 1)
D'abord il
dit eau, et ensuite vin et lait. Eau parce qu'elle apaise
la soif et rafraîchit l'ardeur du corps et repose les membres fatigués et
nettoie tout ce qui est sale. Vin parce qu'il te fait perdre ta
raison et prendre celle du Christ; il t'enlève ton opinion et ta volonté et te
donne l'opinion, la volonté et les intentions de Jésus-Christ notre Seigneur et
Rédempteur. Qui veut le recevoir car il se donne gratuitement ? Vin, parce
qu'il donne de la force et du courage pour souffrir et endurer des souffrances
pour le Christ, il réjouit le coeur et donne de la satisfaction dans
l'adversité. Lait aussi, parce que le Saint-Esprit traite l'âme de
celui qui le possède comme s'il s'agissait d'un enfant qui est au sein de sa
mère et il le dirige, le gouverne et lui fait des présents comme pour un
enfant; c'est ainsi notre précepteur, notre défenseur, le pédagogue de notre
enfance.
Qui le veut ? Qui le
veut, mes frères ? Qui le désire et se trouve en même temps plongé dans le
péché ? Qui le demande avec le coeur occupé à d'autres choses ? Le glorieux
apôtre saint Paul dit aux Ephésiens : C'est en lui que vous avez cru et
que vous avez été marqués du sceau du Saint-Esprit, qui avait été promis, et
qui est une arrhe de notre héritage. (Cf. Eph. 1, 13). A quoi me sert
d'être baptisé et de croire en Jésus-Christ si je n'ai pas le Saint-Esprit ? Si
je n'ai pas ce gage de l'héritage céleste promis, à quoi me servent
ces autres biens même si j'en ai beaucoup ? Sans cela être baptisé et m'appeler
chrétien n'est rien. De même que la circoncision
était un signe pour le Juif, de même le baptême est un signe extérieur
pour le Chrétien; rien ne sert pour te sauver, si tu n'as pas le Saint-Esprit.
Le signe par lequel quelqu'un doit se sauver et atteindre les
promesses du Christ notre Rédempteur, n'est pas de m'appeler chrétien, ce n'est
pas seulement d'être baptisé. Parce que bien qu'il y ait ceci, s'il manque la
présence du Saint-Esprit, ceci ne suffira pas; les baptisés sont des enfants,
mais ce ne sont pas des enfants légitimes, ce sont des bâtards; ce sont des
enfants, mais ils n'héritent pas de leur Père parce que les bâtards ne sont pas
des enfants qui héritent; leur Père peut leur donner des dons, mais il ne leur
donnera pas le patrimoine. Celui qui est baptisé et n'obéit pas à Dieu,
Notre-Seigneur, n'est pas un fils légitime; celui qui est baptisé et ne possède
pas le Saint-Esprit n'est pas légitime; il est bâtard, car il n'a pas
le signe qui rend les enfants légitimes et héritiers des biens de
leur Père, qui est le Saint-Esprit. C'est en lui que vous avez cru et que
vous avez été marqués. Lorsqu'on t'a marqué avec le signe extérieur
de chrétien et quand on t'a donné le Saint-Esprit, on t'a fait brebis du Christ
et on t'a marqué comme étant sa brebis et de son troupeau. Si nous n'avons pas
le Saint-Esprit, nous ne possédons pas l'harmonie éternelle, que Dieu promet
par Isaïe : J'ai conclu avec vous un pacte éternel, vous accordant les
grâces assurées à David. ( Cf. Is. 55, 3)
Qui le veut ? Qui le veut
? Oh ! envoyez-nous des crieurs qui publient la bonne nouvelle ! Qui veut cet
Hôte ? Qui veut ce Consolateur ? Il ne sera pas donné à tous de recevoir ce
Consolateur, il ne sera pas donné à tous de recevoir un Hôte, à plus forte
raison si on vous dit que c'est une personne très sensée et sage. Un jeune
homme dit : " Je dois rester devant lui comme saint Jérôme; je ne dois pas
bouger, je ne dois pas parler ni me promener, aller aux jeux, ni aux fêtes, ni
où je veux; je dois toujours me tenir dans les justes limites; voilà un grand
ennui, qui le pourrait supporter ? " Ah ! Seigneur, que signifie cela ?
Ils vous prient et ne vous veulent pas ! Vous vous donnez gratuitement à eux et
ils ne vous apprécient pas. Eh bien! Seigneur, vous savez ce qu'il nous faut et
ce que nous perdons si nous ne vous recevons pas, dites-le nous et faites-le
nous comprendre.
Si tu attends ou si tu
possèdes déjà cet Hôte...
La femme enceinte ne
saute pas, ne fait pas non plus de travaux excessifs pour ne pas risquer de
perdre ce qu'elle porte en son sein; la jeune femme follette qui n'est pas
enceinte, saute et danse, joue sans crainte parce que rien n'est en péril en
elle. Voulez-vous voir de quel péril il s'agit et quel est ce bien qui ne vous
manque pas ? Regardez : Si vous voyez des personnes inconséquentes ou si vous
l'êtes vous-même car vous allez où vous voulez, vous parlez, riez, jouez sans
crainte, c'est le signe certain que vous n'avez rien à perdre; ou nous pourrons
vous prédire que vous le perdrez vite, puisque l'amour vous fait défaut. C'est
un signe certain que nous avons quelque chose à perdre si nous avons le souci
de le garder et la crainte de le perdre; ainsi lorsqu'on vous dit : Regardez
cela. Vous répondez : Je n'ose pas. - Allons par là. - Je n'ose pas. -
Réjouissons-nous un peu. - Je ne peux pas. - Allons nous distraire. - Je
n'oserai pas. - Que se passe-t-il ? Qui vous a ravi votre volonté ? Qui vous a
pris votre liberté ? La sainte crainte et le respect de l'Hôte que j'ai en moi,
tiennent enchaînés mes pieds, mes mains, mes désirs et mon coeur. Il me tient
tout entier attaché si bien que je ne peux faire ni ne veux faire plus que ce
qu'il désire et que ce qui est sa volonté.
Celui qui attend ou qui
possède cet hôte, accepte ces liens, soit pour le recevoir mieux ou avec de
meilleurs préparatifs, soit, s'il est venu, pour le garder afin qu'il ne s'en
aille pas. - Pourquoi ne partez-vous pas par là ? Pourquoi ne faites-vous pas
comme les autres ? Pourquoi êtes-vous si ennuyeux ? Sortez de vous-même,
existez pour quelque chose ! Si vous voyez quelqu'un agir de la sorte, et qui a
souci de lui-même, et ne sait pas répondre par lui-même, ne sait pas se
défendre, celui-là le possède dans son coeur; chez lui habite cet Hôte; ce sont
des signes de la présence du Saint-Esprit : N'attristez pas le
Saint-Esprit ( Eph. 4, 30. ). Surveille ta manière de
vivre, afin de ne pas attrister le Saint-Esprit qui demeure en nous.
Sois soucieux comme celui qui a pour hôte un grand seigneur, et n'ose pas aller
aux fêtes ni aux jeux. Il se souvient immédiatement de son hôte et dit : "
Qui le servira ?
Qui lui préparera le
repas? Qui veillera sur lui? Je veux rentrer chez moi, de peur qu'il ait besoin
de moi, que je lui manque, que je lui fasse défaut ". Si tu n'as pas ce
souci, cette crainte et ce respect du Saint-Esprit qui est ton hôte, avec
quelle liberté tu agis ! Tu cours, joues, te moques, manges, et bois sans crainte
de le perdre et sans aucun souci de l'attendre et de le recevoir. Oh ! quelle
douleur ! Si tu attends, si tu veux, si tu désires qu'il vienne, quel souci en
prends-tu ?
Il n'y a personne, si
pauvre soit-il, qui, prévenu que le roi doit venir chez lui, ne cherche sous
forme de prêt ou de toute autre façon quelque chose à suspendre et des parures
pour orner sa maison. " Oh ! on me dit que le roi doit venir chez moi !
Que ferai-je ? Prêtez-moi quelque chose à suspendre en ornement; prêtez-moi
quelques draperies avec lesquelles j'embellisse et orne ma maison. Bien que je
sois pauvre, ce n'est pas une raison pour que le roi venant dans ma maison, la
trouve sans parure, sale et mal arrangée. "
Lorsqu'on t'incitera à quelque péché, à quelque tentation mauvaise, réponds aussitôt: "J'attends la pureté, pourquoi me souillerai-je ? J'attends mon Seigneur, comment quitterai-je ma maison ?" Mon esprit ne demeurera pas toujours dans l'homme, car l'homme n'est que chair (Cf. Gen. 6, 3). Saint Paul dit aussi : Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit (1 Cor. 6, 19)? N'ignorez-vous pas que vos yeux, vos mains et votre bouche, sont le temple du Saint-Esprit; ne souillez pas la maison du grand seigneur. Tu recherches les joies de la chair, aussitôt le Saint-Esprit s'en va. Le Saint-Esprit ne peut se supporter d'aucune manière dans un esprit souillé; ils ne peuvent vivre ensemble. Il n'est point de moyen terme, il faut choisir l'un ou l'autre. Si tu choisis le Saint-Esprit, tu dois rejeter tout péché et souillure; et si tu veux conserver quelque péché, le Saint-Esprit s'en ira.
Considère donc, à présent, ce qui vaut plus, avoir dans ton coeur le
Saint-Esprit Consolateur avec la pureté ou perdre un si grand bien pour un
plaisir charnel que les bêtes des champs connaissent. Ce n'est pas beaucoup, ce
n'est pas beaucoup certainement, de risquer et de perdre ce qui est faux pour
choisir ce qui est vrai; de perdre l'incertain pour le certain. Pour une
affaire si claire, pour une affaire qui te convient tant, il n'est pas
nécessaire de prendre conseil.
Qui le veut ? Considérez
qu'il se donne gratuitement, qu'il ne vous demandera pas beaucoup de choses.
Pour révérer le Saint-Esprit, qui est venu aujourd'hui remplir le coeur des
apôtres, dorénavant ayez de la vénération et du respect pour cet Hôte,
servez-le avec beaucoup de soin; même si vous avez de la peine, travaillez à le
contenter; même si vous, vous dormez sur le sol, donnez-lui votre lit; et même
si vous en souffrez, contentez-le. Je vous demande par révérence et amour pour
lui, d'avoir pour lui du respect. Ne vous donnez pas à l'esprit du mal;
n'échangez ce Consolateur avec personne. Ne pensez pas pouvoir vivre sans le
Saint-Esprit ou sans l'esprit du mal, car c'est l'un ou l'autre.
Nous faisons le signe de
la croix lorsque nous entendons parler du démon ou lorsque nous l'entendons
nommer et ne nous signerons-nous pas si nous l'avons dans le coeur, comme nous
l'avons quand, par quelque péché mortel, nous sommes ennemis de Dieu et fâchés
avec lui ?
Appelle-le au nom de
Jésus-Christ.
Si nous avions un peu
d'attention et considérions les apôtres qui l'attendaient avec foi ! Les
bienheureux attendaient le Consolateur. Sois ainsi dans les oeuvres de
miséricorde en faisant du bien à tous ceux que tu pourras.
Les apôtres étaient
enfermés en compagnie de la Très Sainte Vierge Marie; appelle-le; force-le
comme la veuve dont je vous ai parlé, qui insista et contraignit Elisée.
Je pensais que s'il est
venu chez ceux qui ont crucifié le Christ, il viendra, à présent, aussi, chez
ceux qui l'appelleront avec dévotion.
Sa douceur et son amour
étonnent véritablement, lui qui est entré en eux par la prédication et la
prière des apôtres. Saint Pierre prêche ceci : " Mes frères, vous avez
péché, connaissez vos péchés et repentez-vous en, car le Seigneur vous
pardonnera aussitôt, et vous enverra un don. Préparez vos coeurs pour le
recevoir ." Dieu ouvre leur coeur, leurs entrailles et ils connaissent
leur mal; et alors retentit cette voix-là, qui est connaître son péché et le
pleurer, et qui résonne plus que l'orgue et répand une odeur plus forte que la
civette; ils appellent du fond du coeur Notre-Seigneur Jésus-Christ; et, dès
qu'ils le font, le Saint-Esprit descend en eux. Voulez-vous que le Saint-Esprit
vienne à vous ? Appelez-le au nom de Jésus-Christ. Le Saint-Esprit aime tant
Jésus-Christ, que, si vous l'appelez en son nom pour qu'il vienne à vous, il
viendra aussitôt.
- Il est pur; comment
viendra-t-il à moi qui ne le suis pas ?
- Voici la raison.
Pourquoi le Saint-Esprit a-t-il tant aimé Jésus-Christ? Parce que Jésus-Christ
s'est mis sur la croix de très bon gré en obéissant au Père éternel et au
Saint-Esprit; c'est pourquoi il viendra à vous en son nom, et n'aura pas de
dégoût de votre misère; il ne manquera pas de venir; il ne se bouchera pas le
nez à cause de toi. - Qui à la vase a uni l'or, la pureté à l'impureté, la
richesse à l'extrême pauvreté, la grandeur à la bassesse, un si grand bien à
tant de faiblesse et de petitesse ?
- Il est donc vrai que
l'homme n'est pas un lieu fait pour le Saint-Esprit, ni la croix n'était un
lieu fait pour mettre notre Rédempteur Jésus-Christ; mais c'est à cause de
cette union de Dieu avec la croix qu'il y a cette autre union du Saint-Esprit
avec l'homme. Le Saint-Esprit inspira Jésus-Christ et l'avertit d'avoir à se
mettre dans ce lieu si bas et si infect de la croix, voilà pourquoi le
Saint-Esprit vient dans cet autre lieu si indigne et si bas : l'homme.
Demandez-le lui instamment, importunez-le, appelez-le au nom de Jésus-Christ
Notre-Seigneur, il viendra certainement et se donnera à vous avec tous ses
dons, il éclairera votre entendement; il enflammera votre volonté par son amour
et il vous donnera ses grâces et sa gloire.
31. Dieu sauve le monde
par le Saint-Esprit.
Lundi de Pentecôte
(O–a, Ms; est; 8, plut;
4, n. 55 bis, ff. 58 r-61 r.)
Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais
pour que le monde soit sauvé par lui.
(Jo. 3, 17)
Exorde :
C'est un grand stimulant
pour celui qui veut entreprendre quelque ouvrage d'en comprendre le but et
d'avoir confiance d'y parvenir. Quand nous désespérons d'atteindre quelque
chose, nous n'en cherchons pas les moyens et nous ne les mettons pas en oeuvre,
etc.
Je me demande parfois
pourquoi si peu d'hommes cherchent le Saint-Esprit et comment ils peuvent vivre
si peu soucieux de savoir si moi je le possède. Ils mangent, ils rient, ils
font des affaires, et les charmes d'une jolie femme les mènent à la perdition
alors que la beauté du Saint-Esprit a si peu d'amis qui perdent le sommeil pour
elle...
Combien d'heures de
sommeil vous a enlevées cette angoisse du Saint-Esprit ? Il est étonnant de
voir le petit nombre de ceux qui aiment et désirent ce Seigneur. Lui qui paie
de retour mieux que le monde. Il y a des hommes qui pour un real perdent
l'honneur, le sommeil, et qui feront un faux serment, etc.; et des richesses du
Saint-Esprit rien ne vous importe. Pour quelle raison ne les poursuivons-nous
pas ?
Dieu a dit par la bouche
de Moïse : " Ne dis pas : Cette loi est loin de nous, qui l'accomplira ?
Qui montera au ciel pour aller la chercher ou qui descendra en enfer pour l'en
retirer ? " Tu vois comment il te l'a envoyé dire verbalement : elle est
tout près de toi, en ta présence. Saint Paul l'explique. Ne dis pas : Qui
montera au ciel pour chercher Jésus-Christ ? Qui descendra en
enfer? " Ce qui signifie faire remonter le Christ d'entre les
morts ". " Près de toi est la parole, dans ta bouche et
dans ton coeur. C'est la parole de la foi que nous prêchons " (1). Il
ajoute encore : Ne sois pas soucieux en disant : Qui montera au
ciel pour nous en apporter le salut, c'est-à-dire, Jésus-Christ
? Qui descendra en enfer pour l'en retirer ? Qui pourra être près de
lui pour jouir de lui et recevoir son salut ? Ne dis pas cela - ajoute saint
Paul - parce que dans ta bouche, dans ton coeur, tout près, contre
toi c'est là qu'il se trouve. Si tu as la foi, tu seras sauvé. (Cf.
Rom. 10, 6-10)
Revenons à notre sujet. Y
aura-t-il quelqu'un ici désireux de voir le Saint-Esprit ? Quelqu'un n'a-t-il
pas dit : " Ne jouierais-je pas, moi, de lui, car les apôtres étaient si
désireux de voir le Saint-Esprit à cause de ce qu'il leur avait dit de lui,
qu'ils en mouraient de désir ? " Ne dites pas : " Ne verrais-je pas un
si grand bien ? Peut-être suis-je en train de soupirer pour ce que je ne peux
atteindre ! J'ai placé mon amour dans une chose si haute, qui est plus propice
au désespoir qu'à la réussite. Lui véridique, moi menteur; lui pur, moi
souillé; lui grand, moi si petit; comment m'aimerait-il ? " Ne vous
tourmentez pas, ne vous désespérez pas, attachez-y vos soins, votre désir, car
le reste lui s'en préoccupera, etc.
Daniel vit un fleuve
de feu qui descendait. Comment cela se fait-il ? Sa nature n'est-elle pas
de monter ? Que dit l'Apôtre ? Qu'il convenait que le Christ, après avoir
souffert pour nous, montât aux cieux et s'assit à la droite du Père, afin
de se tenir désormais pour nous présent devant la face de Dieu? (Cf. Hebr.
9. 24), etc. Qu'est-ce que cela, Seigneur ? Il vous restait à faire ceci pour
nous : vous mettre devant les yeux du Père et lui présenter vos plaies et vos
souffrances, et lui dire : " Père Eternel, si vous m'aimez bien, aimez
bien ceux-ci que j'ai enfantés et pour lesquels j'ai souffert ". Car c'est
de cette face et de ce visage de Jésus-Christ, de ses mérites (car il est le
visage de Dieu; et l'on dit visage, parce qu'il nous en donne la représentation
et nous met devant les yeux la divinité de Dieu, comme visage, comme image de
Dieu :Ce fils qui est le rayonnement de sa gloire, l'empreinte de sa
substance " (Cf. Hebr. 1, 3), c'est de la face et des mérites de
Jésus-Christ qu'il vient. Qu'est-ce que venir, sinon couler vers le bas ?
N'est-il pas venu du ciel à la terre ? N'est-ce pas cela descendre ? Il coule,
il descend vers la bassesse des hommes le fleuve de feu qu'est le Saint-Esprit.
Aujourd'hui il entre dans
ces coeurs et il les allume et les enflamme. Ne crains pas, car si le Christ a
accumulé les mérites, il l'a fait pour cela, et à cause de ses mérites il te le
donnera. Et de même que, quand il vint et se fit homme et s'enferma dans les
entrailles d'une femme, la Très Sainte Vierge, elle le pria, et ainsi
prié il vint; à ses supplications, il vint et entra dans son sein et le
sanctifia et le purifia, ainsi fera-t-il avec nous, etc.
Entretien du Seigneur
avec Nicodème.
Dieu donne à vos
seigneuries de très bonnes fêtes et la grâce du Saint-Esprit abondamment. Il
nous appartient aujourd'hui de prêcher quelques paroles que le Saint-Esprit a
dites par la bouche de l'évangéliste saint Jean. On les a chantées à l'évangile
de la messe, etc. Ce sont des paroles douces, et plus encore parce qu'elles
sont dans la bouche du Christ. Il veut dire : Dieu n'a pas envoyé son Fils
dans le monde pour le juger et le condamner mais pour que le monde
soit sauvé par lui. Il doit en avoir bien envie, puisqu'il envoie un tel
gage; il a envie de ce joyau, puisqu'il donne un tel prix pour lui. Je vous en
conjure, vous qui savez le latin lisez ce chapitre. Il me semble que ce sont
les paroles les plus douces qu'il y ait dans l'Évangile.
Voyez comment le Seigneur
s'entretient avec Nicodème. C'était un homme bon et savant, etc. Parmi tout ce
que vous pouvez y lire, il lui dit : Vois, si l'homme ne naît de nouveau,
il ne peut être sauvé. Il lui répondit : Comment un homme déjà vieux
peut-il naître de nouveau? Peut-il par hasard rentrer dans le sein de sa mère? etc.
- Toi, maître et docteur en Israël, tu ignores ces choses? Tu es très
savant peut-être, pour te sauver tu es ignorant. Ne sais-tu pas ce que signifie
naître de nouveau ? C'est qu'on ne peut voir le royaume de Dieu. Voir et entrer
vont de pair, etc. Saint Augustin dit : Celui qui n'est pas né ne peut voir les
choses d'ici-bas, les choses du monde; et tu ne peux voir les choses de Dieu si
tu ne viens à renaître, etc. Et tu ne sais pas cela? Ne l'as-tu pas
lu dans la Loi, dans les Nombres, que les enfants d'Israël ayant murmuré contre
Moïse, Dieu envoya des serpents qui les tuaient, et comment celui même contre qui
ils murmuraient intercéda auprès de Dieu pour eux, pour qu'il leur enlevât
cette plaie, et Dieu lui ordonna d'ériger un serpent, etc. ? Voici la réalité
de cette figure et le corps de cette ombre. Il convient que je sois élevé sur
la croix, pour que tous ceux qui me regarderont et avec foi lèveront les yeux
sur moi, aient la vie. Et si tu t'étonnes de savoir pourquoi j'apporte tant de
soin au salut, ce n'est pas à cause de leurs mérites. Sais-tu d'où cela
provient? Dieu a tellement aimé le monde, (Jo. 3, 16) etc.
Que ressentent vos
oreilles quand vous entendez dire : Dieu a tellement aimé le monde qu'il a
donné son Fils unique, et en sachant que ce qu'il avait à faire pour le
monde allait lui coûter la vie ? Que je sois moi aimé de Dieu ! Que mon âme soit
si agréable à Dieu, qu'elle lui soit si précieuse que, pour qu'elle ne se perde
pas, il envoie son Fils unique afin de mourir pour elle !
Seigneur, qui donc
s'honore de sa race, qui s'honore de ses biens, de sa condition, de sa beauté,
etc. ? Ayez honte des honneurs et estimez-vous parce que vous êtes si aimés, si
chéris de Dieu, qu'un Fils, etc. Il ne suffit pas de l'entendre, etc. On vous
l'aurait envoyé pour qu'il nous perdît ? Pouviez-vous avoir un plus grand
bonheur, pouvez-vous avoir une plus grande raison de suivre celui qui vous aime
tant ? etc. La plupart de ceux qui ne servent pas Dieu c'est parce qu'ils ne
savent pas combien Dieu les aime, ils ignorent les bienfaits de celui qui a
donné son Fils pour toi, etc. Qu'il pleure, lui, pour que toi tu sois heureux
et en paix! etc. (" Je vous dis pourtant la vérité : votre bien exige que
je m'en aille " (Jo. 16, 7).) Ne te réjouis-tu pas beaucoup d'entendre ces
paroles, que Dieu t'a aimé tellement ? Et c'était lui qui les disait, etc.
// ne l'a pas envoyé pour condamner le monde, il ne l'a pas envoyé
pour le juger; car s'il était venu pour cela, qui aurait échappé ?
Qui n'aurait été condamné ? Il est venu seulement pour que le monde soit
sauvé.
L'homme créé dans
l'honneur, ne le comprit pas.
- Il semble, d'après cela, que le monde était perdu avant qu'il ne vînt. - Oui,
et avant qu'il ne vienne à l'âme elle est perdue. - Comment le monde s'est-il
perdu ? - Sachons-le, parce que peut-être par là verrons-nous comment il doit
être sauvé. Alors que l'homme possédait l'honneur, il ne le comprit pas,
il fut comparé aux bêtes, il leur devint semblable (ps. 48, 21). Dieu créa
le monde, il l'orna d'arbres, d'herbes, d'animaux. Il créa l'homme et la femme.
Il les fit seigneurs de tout, il leur donna le commandement et l'honneur. Le
plus grand honneur qu'il leur donna fut de les créer à son image et à sa
ressemblance et il les mit sous son obédience.
Étant ainsi honoré, il
n'en comprit pas la valeur, il ne sut pas se maintenir tel, car il faut
davantage de vertu pour ne pas tomber quand on possède l'honneur et la
prospérité qu'il n'en faut dans les épreuves; il faut plus de lumière pour ne
pas tomber quand on possède l'honneur que pour ne pas succomber sous les
épreuves. Il ne connut pas ce qu'il avait, il voulut monter plus haut, et parce
qu'il voulut ce qui était au-dessus de cet honneur, il perdit ce qui lui était
destiné, et perdit cet honneur lui-même; non seulement il perdit Dieu en
l'abandonnant, mais il perdit ce que... (N'oublions pas que beaucoup de ces
sermons sont faits de notes souvent incomplètes, sur lesquelles le prédicateur
improvisait)
Celui qui est en état de
péché est moins qu'un homme. Le voici perdu, changé en bête, dès
qu'il rejette la grâce et l'obéissance à Dieu. Dès que tu pèches, aussitôt tu
suis ce que veut ton appétit et ce que ta chair te demande, etc. N'est-ce pas
un homme celui qui vit selon la raison, etc., celui qui se gouverne par la
lumière naturelle ? Qu'est-ce qu'un chevalier vêtu de brocart et de soie si à
l'intérieur il n'est qu'une bête ? etc. De quoi a l'air celui qui semble
gouverner les autres quand lui-même est guidé et gouverné par une bête ? Il n'y
a pas de plus grand déshonneur que d'être en état de péché. C'est pour un homme
être transformé en bête, etc. Il ne comprit pas, etc. et il ne savait
pas quel poids c'était d'être une bête, ni ce qu'étaient les souffrances, ni
les fatigues, etc. A cause des péchés ces espèces entrèrent dans le monde. De
là vinrent la convoitise, l'orgueil, les majorais (Le majorât (mayorazgo) est
une institution de droit civil et qui avait pour objet de perpétuer dans la
famille la propriété de certains biens sous certaines conditions. Le majorât
était constitué sur la tête de l'un des membres de la famille, ordinairement
l'aîné.), etc.
Vous souvenez-vous d'un
fou qui avait édifié une grande ville pour se fortifier dans son royaume contre
Dieu, pour qu'il ne pût l'en rejeter ? Nabuchodonosor : Qui pourra - dit-il -
m'enlever mon commandement et mon pouvoir ? Il attend donc, II entend une voix
du ciel : On va te jeter hors de ton royaume et de ta maison, et pendant sept
années tu iras vivre comme une bête parmi les bêtes, passant comme elles, et
sept années passeront sur toi, jusqu'à ce que tu confesses que le pouvoir et la
force sont dans le ciel et non dans les villes, non dans les briques, ni dans
les pierres, etc. Qu'un coeur de bête lui soit donné (f. Dan. 4,
13), il lui semblait à lui qu'il était une bête. Il sort de son palais et
s'en va dans la campagne avec les bêtes, et il y passe sept années. Que signifie
cela ? Que sept époques passeront sur toi, jusqu'à ce que tu reconnaisses que
la force et le pouvoir appartiennent au ciel, et non aux villes, aux briques,
etc. Puisque tu as enlevé à Dieu l'honneur, que l'on t'enlève non seulement le
royaume, mais que l'on t'enlève le coeur; qu'on te fasse homme et qu'il semble
que tu ne l'es pas, etc. C'est ainsi que, puisque tu abandonnes Dieu, que non
seulement on t'enlève la grâce et les vertus, etc., mais qu'il te semble être
une bête, etc. Allons.
Quoi ? Ceci ne se
passe-t-il pas tous les jours parmi nous ? Parce que vous vous êtes trouvé un
certain temps dévot et porté à la prière et à la contemplation, et que toutes
les tentations ne vous effleuraient pas, vous vous êtes enorgueilli, vous avez
eu confiance en vos forces. Qu'on vous enlève le royaume, que vous ne sachiez
pas ce que c'est que la dévotion ni la prière, ni ce qu'est Dieu, mais que vous
deveniez semblable à une bête, pour reconnaître que ce qu'il vous donnait était
une grande grâce et qu'il ne vous le devait pas; que maintenant paroles de Dieu
et bonnes actions n'aient plus un goût agréable pour vous. Connaissez-vous,
etc. Le lion connaît celui qui lui donne à manger. Et n'importe quel animal
aussi. Et vous, vous ne le connaissez pas ? Que l'on vous donne un coeur de
bête; que vous perdiez la miséricorde, etc. C'est ce que Job pleurait au nom du
pécheur, en disant : Ce que mon âme autrefois haïssait, maintenant elle le
mange. Tel est le péché d'Adam et Eve et tous leurs descendants naissent
avec le péché.
Dieu dit : " Laissez
ces fous, car moi je ferai passer sept années sur eux; je leur ferai comprendre
leur peu de valeur sans moi ", etc. Saint Augustin dit : " Pour que
les hommes éprouvent bien leurs forces et connaissent leur faiblesse, etc., et
appellent le secours de Dieu, etc., il fait chercher le remède ". Vient la
loi naturelle; ils font le contraire. Ils la comprenaient; mais ils ne
l'accomplissaient pas. Connaissant ce qui était le bien, ils ne le suivaient
pas; ce qui était le mal, ils ne s'en écartaient pas. Ils avaient là une loi
dans leur âme, non pour la garder, mais pour connaître leur infirmité, etc. Ils
disaient : " S'il y avait une loi et quelqu'un qui ordonne, il n'y aurait
personne qui ne l'accomplirait ". Dieu leur donna sept cent soixante-dix
commandements, pour qu'ils ne se plaignissent pas qu'il ne les commandait pas,
et eux non seulement ne furent pas bons, mais furent pires qu'avant sous la
loi. La loi est intervenue pour faire abonder la faute.( Cf. Rom. 5,
20) Non parce qu'elle était mauvaise, mais à cause de la méchanceté et de
la faiblesse humaines, etc. Soyez dès lors libérés de cette opinion, tenez-vous
pour faibles et méchants, etc.
Oh ! combien de fois
disons-nous : " Je suis absorbé maintenant par une affaire, il n'est pas
question que j'aille me confesser ni m'occuper de ma conscience; demain, cette
affaire terminée, je le ferai ." Et après, non seulement vous ne vous
débarrassez pas de ces mauvaises actions que vous avez entre les mains, mais
vous en ajoutez tout autant, etc. (Nous sommes ici en face d'une de ces notes
jetées par Avila sur le papier avant de parler)
Cette folie et cette
présomption, cette confiance en nos forces nous perd. Finalement l'homme s'est
perdu par désir d'honneur, et il est tombé plus bas que la bête. Et dans le
septième âge, depuis que les hommes étaient traités comme des bêtes à cause des
péchés, Dieu envoie le Sauveur de ceux qui sont perdus, non pour qu'il les juge
et les châtie - car Dieu ri a pas envoyé son Fils, etc. - mais pour que le
monde soit sauvé par lui, pour qu'il lui porte remède.
Aujourd'hui Dieu sauve le
monde par le Saint-Esprit.
Nous voici maintenant le
jour de la fête. Comment le sauvera-t-il ? L'homme était au-dessous de la
condition de bête et encore plus bas que la bête. Comment peut-on y remédier ?
Qu'on lui enlève le coeur de bête et qu'on lui donne un coeur. De qui ? D'homme
non, mais de Dieu. Par le péché il a perdu son coeur d'homme. Qu'on lui enlève
maintenant le coeur de bête, et qu'on lui donne celui d'un homme. Ote
de notre chair le coeur de pierre (Cf. Ep. 11, 10; 36, 26) C'est
aujourd'hui ce jour de la création nouvelle de l'homme, de sa rénovation, quand
on enlève au monde un coeur de bête et qu'on lui donne celui de Dieu, etc.
Autrefois on ne baptisait qu'à Pâques et à la Pentecôte, pour donner à entendre
que le baptême est une nouvelle résurrection de l'âme, et aujourd'hui aussi,
parce que c'est aujourd'hui le jour où les hommes reçoivent des coeurs nouveaux
de Dieu, etc. Ceux qui sont déjà enfants des hommes, aujourd'hui sont des
enfants adoptifs de Dieu. C'est aujourd'hui ce jour.
Ecoutez-moi
attentivement. Comment Jésus-Christ les a-t-il sauvés ? Voyez-vous ce combat
qu'il soutint durant toute sa vie, luttant avec le Père, le priant pour nous,
s'offrant pour nous, etc. ? Il lutta avec nous pour que nous le connaissions et
que nous croyions en lui et lui obéissions, etc., et il se battit et négocia
mieux avec le Père notre pardon qu'avec nous notre foi, etc. Pendant tout ce
temps il réunit douze apôtres, choisis parmi tous les hommes qu'il y avait dans
le monde.
Eh bien ! comment le
sauva-t-il ? Comment obtint-il son rachat ? Aujourd'hui c'est le jour du
Seigneur, qui vient aux hommes. Semblable à l'autre jour est celui-ci.
Autrefois Dieu est venu par union, maintenant Dieu vient par union non
hypostatique, mais d'opération et de régénération. Bienheureux jour ! Qui ne
s'émerveille ? Aujourd'hui la lumière descend parmi les hommes, aujourd'hui
descend la personne même de Dieu, le Saint-Esprit, et il entre dans le coeur
des hommes.
Quel beau jour et quel
mariage harmonieux ! Aujourd'hui Dieu sauve le monde par le Saint-Esprit. Eh
bien! pourquoi dit-on Jésus-Christ Sauveur ? C'est ainsi, parce qu'il l'est,
parce que par ses prières le Saint-Esprit est venu aux hommes, etc., guérir les
coeurs abominables des hommes, si mal enclins, etc. Dieu se plaint par la
bouche de Jérémie : Israël est-il un esclave, est-il né d'un esclave dans
la maison? Pourquoi donc est-il traité comme un butin? Pourquoi les lions rugissent-ils
contre lui? (Jer. 2, 14-15) Par hasard es-tu esclave?
Pourquoi t'es-tu laissé prendre par le péché ? Pourquoi es-tu devenu la
proie et la victime des péchés ? Pourquoi a-t-il été fait captif du démon ?
Pourquoi es-tu esclave, chrétien ? Pourquoi consens-tu à ce
que les lions rugissent contre lui, à ce qu'ils se réjouissent sur
lui, comme des vautours sur les cadavres ? Pourquoi consens-tu à ce qu'on
l'amène au moulin pour l'écraser ? Dis : Pourquoi suis-je pécheur, esclave du
démon ? Lève les yeux vers le ciel, comme Nabuchodonosor, au bout des sept
années, et dis : Seigneur, à toi est le royaume et tu le donneras à qui tu
voudras. C'est ainsi, ainsi que je vous assagirai.
En toi est la force; dans
ta main est le salut, et si j'ai été fou et mauvais, et si le coeur se brise,
s'il sent sa faiblesse, sa dureté, et se rompt et que vous lui faites de
nombreuses incisions, le salut est proche. Vous n'êtes pas éloignés de quitter
votre coeur de bête, dit Dieu. Que le Saint-Esprit vienne et vous enlève ce
coeur cruel, dur, etc., et qu'on vous en donne un autre qui soit bon (On pense
en lisant cette phrase hardie, à une page admirable de Péguy dans sa Note
conjointe "On a vu les jeux incroyables de la grâce et les grâces
incroyables de la grâce pénétrer une mauvaise âme et même une âme perverse et
on a vu sauver ce qui paraissait perdu. Mais on n'a pas vu mouiller ce qui
était verni, on n'a pas vu traverser ce qui était imperméable, on n'a pas vu
tremper ce qui était habitué. Les cures et les réussites et les sauvetages de
la grâce sont merveilleux et on a vu gagner et on a vu sauver ce qui était
(comme) perdu ". Charles Péguy " Note conjointe ", page 95,
édition de la Nouvelle Revue. On remarquera que le mot habitué, sous
la plume de Péguy, signifie tout autre chose que le mot " habitudes "
(habites), que nous trouvons plusieurs fois ici sous celle d'Avila), De même
qu'il guérit ce qui est à l'intérieur, il guérit ce qui est à l'extérieur, et
aussitôt à l'intérieur il guérit l'extérieur.
Lorsque les prêtres
entrent dans l'eau avec l'arche, (Allusion au passage de la Mer Rouge par les
Hébreux) elle cesse de couler. Lorsqu'entrent dans l'âme les bonnes pensées,
qui sont représentées par les prêtres, parce qu'ils nous portent Dieu,
lorsqu'ils entrent dans l'âme, lorsqu'y entre la grâce, l'arche, aussitôt
s'arrêtent les vices et les mauvaises coutumes, aussitôt les hommes sont
changés, etc. L'Esprit-Saint commence à agir. On dit : " Cela suffit;
c'est assez car j'ai offensé Dieu jusqu'à présent ". Suffit-il pour ne pas
être mauvais de ne pas pécher? Cela les philosophes l'ont senti. Socrate,
Platon, Pythagore. Vous savez qui ? Si vous voyez un homme vertueux, qui vit
selon la raison, s'il n'y a que cela, il n'entrera pas dans le royaume des
cieux, parce que nous n'y entrerons pas à cause de notre naissance, mais parce
que nous sommes nés de nouveau; ce ne sont pas des hommes qui entreront, mais
des enfants de Dieu : foi, grâce, espérance, obéissance. Si tu te gouvernes
seulement par la raison, tu n'entreras pas là-haut, non, homme, car du ciel
doit venir ton salut, etc. Tu ne nais pas de nouveau, même si on te donne de la
force pour bien agir, ce chemin n'est pas encore bon pour le salut; il n'est
pas tout à fait bon tant qu'il n'y a pas toutes les habitudes (Habitudes, nous
rendons le mot espagnol h‡bitos par celui de habitude, n'oubliant pas
pourtant que " le mot habitude ne traduit pas exactement l'expression
latine habitus " à laquelle Avila fait ici appel, (cf. art. de
A. Michel, dictionnaire de théologie catholique, fascicules CXLVI-CXLVII, art.
Vertu), mais alors que habitas pouvait être compris des auditeurs de
Jean d'Avila, habitus ne le serait pas d'un auditeur français moyen. Nous
prenons donc le mot habitude en le restreignant à la conception que saint Thomas
s'en est faite a comme une chose dont on est maître, qui fait qu'on est maître
chez soi ".) des vertus.
Tu dois avoir un amour
infus, qui t'inspire. La foi et la charité sont communiquées à l'âme, et cela
ne suffit pas. Bien que tu sois sain, etc., sans la main de Dieu il n'y a pas
de véritable salut. Que Dieu vous communique ces vertus que les théologiens
appellent habitudes. Il y en a de certains, etc. Il en est de même lorsqu'on
habille une belle mariée, bien qu'elle soit belle, on lui met de nombreux
bracelets et bijoux. Et ainsi saint Jérôme dit que ces richesses de la Loi
antique figuraient les grandeurs qui allaient être données dans la Loi de
grâce. Et ainsi Dieu donne des dons, des dons grâce auxquels vous agissez
mieux, etc. L'Esprit-Saint ne se contente pas de ce que tu sois beau de
l'extérieur, mais il veut que tu sois beau intérieurement; non seulement dans
ton oeuvre, mais dans ce qui te fait agir. Et si tu voyais la beauté que le
Saint-Esprit met dans l'âme où il demeure, tu la poursuivrais de toutes tes
forces; toutes les richesses d'ici-bas te seraient indifférentes. Celui qui a
créé le soleil, étant dans l'âme, comment sera-t-elle ? Ainsi doit être
l'épouse du Saint-Esprit; ainsi dit l'Epoux dans les Cantiques : Oui, tu
es belle, mon amie; oui tu es belle!... 17(Cant. 4, 1.)
Soyez attentifs. Oh ! si
je pouvais être assez puissant pour mettre dans vos entrailles un amour qui
vous fît aimer éperdument le Saint-Esprit ! Puisque vous dites, quand ces dons
sont dans l'âme, que là est le Saint-Esprit, comment saint Jean peut-il dire
que l'Esprit- Saint n'était pas encore donné, parce que Jésus-Christ
n'était pas glorifié?
- Voici : avez-vous
vu quand un maître forme un élève qui en sait autant que lui ? Il lui dit :
" Va et agis selon ta science; te voilà un bon médecin; observe et guéris
". Il quitte son maître et il agit par lui-même. C'est là ce que j'ai dit
jusqu'à maintenant. Le Saint-Esprit met en toi foi et charité, etc., et mille
vertus, et il te laisse agir, comme lorsqu'un médecin guérit, et que le malade
une fois guéri il lui dit : " Allez, mangez de tout, parce que maintenant
vous êtes guéri; gouvernez-vous comme quelqu'un de bien portant ". "
Puisque vous êtes savant, vivez comme un savant" II en est de même lorsque
le Seigneur vient dans l'âme et te donne des dispositions pour bien agir,
éclaire ton entendement, guérit ta volonté, l'enflamme de l'amour de Dieu et te
donne la force de l'aimer.
- Eh bien, pourquoi
faut-il plus ? - C'est là justement la question. Saint Thomas a dit ceci mieux
que tous, et il l'a tiré de saint Augustin, ou pour mieux dire, de
Jésus-Christ. Il dit que toutes les vertus et les grâces qui te sont données ne
suffisent pas pour te sauver et te faire agir, il faut encore que la main du
Seigneur soit sur toi; non que tu ne puisses, toi, aimer Dieu et croire avec
ces dons, mais pour que tu en uses bien, il faut que la main de Dieu soit
toujours sur toi car sans elle tu ne peux bien en user. Celui qui est de
Dieu ne pèche point... (Jo. 3, 6; 5, 18) Si on te demandait : Pourquoi
quelqu'un qui est en état de grâce pèche-t-il, puisqu'il a cette force et ce
secours ? - Parce que nous avons le libre-arbitre, pour autant de dons que nous
ayons reçus, tu peux cesser d'agir selon ces vertus et pécher parce que tu
n'agis pas conformément à elles; et pour cette raison, pour te servir toujours
d'elles, la main du Saint-Esprit vient sur l'âme, non sur le don, cela n'est
pas nécessaire, mais sur le libre-arbitre pour que tu ne t'éloignes pas de la
grâce, etc., bien que tu puisses t'en éloigner, mais pour que tu sois toujours
ferme. Eh bien! tel est le rôle du Saint-Esprit, que, bien que vous puissiez
pécher parce que vous êtes libres, vous ne péchiez pas; pour cela il faut le
Saint-Esprit, et sans Lui personne, quels que soient ses dons, ne peut se
sauver. C'est ce que dit David : Apprends-moi à faire ton bon
plaisir (Cf. Ps. 143, 10). Aussi bien pourvu que soit un navire de voiles
et de tous instruments, s'il n'a pas de pilote qui le gouverne, il se perdra;
ainsi si tu n'as pas ce Saint-Esprit, même si tu as beaucoup de dons, tu te
perdras, etc. Soyez béni Seigneur, qui ne vous êtes pas contenté de nous donner
votre Fils pour qu'il mourût, etc., mais votre Saint-Esprit pour qu'il fût
notre guide !
- Où est la différence ?
- Les saints de l'Ancien Testament, n'avaient-ils pas le Saint-Esprit ? - Si.
La différence la voici : En ces temps-là il se donnait peu et ainsi agissait
peu; maintenant, depuis que le Saint-Esprit est venu, il est à chaque pas et
presque dans toutes les oeuvres des saints apôtres.
Voici la fête
d'aujourd'hui. Considérez, c'est une chose d'agir comme un homme bon, même
favorisé de Dieu; c'en est une autre que le Saint-Esprit soit l'auteur et le
promoteur, et que l'homme ne soit presque rien de plus qu'un instrument. C'est
beaucoup que vous fassiez une bonne oeuvre et que, avec la vertu et les
habitudes, vous vous efforciez et pensiez à ce que vous avez choisi, etc.; c'en
est une autre que vous fassiez une grande oeuvre, que vous n'avez ni pensée ni
choisie, pour laquelle vous n'aviez ni force ni vertu, pour laquelle ni la foi
ordinaire ni la charité ne suffisaient, mais comme l'enfant, dont vous estimez
que ce qu'il dit n'est pas de lui. C'est comme si un grand peintre tenait la
main de quelqu'un qui ne sait pas peindre et faisait avec celle-ci un très beau
tableau; celui qui le fait nous disons que c'est le peintre, mais l'instrument
c'est la main de l'autre. Il en est de même ici-bas. Dans les oeuvres
excellentes que l'homme fait avec l'aide des vertus et de Dieu, l'homme agit
aidé de Dieu, Dieu agit en le guidant, l'homme est l'instrument du
Saint-Esprit; mais si vous lui dites : " Qui t'a dit cela ? Quand l'as-tu
pensé ? Pourquoi l'as-tu fait ?", il n'en saura pas la cause, mais saura
qu'il l'a trouvé fait. C'est comme le vent dont vous ne savez d'où il est venu
ni où il va; et le Saint-Esprit vous meut. L'oeuvre est tellement au-dessus de
votre propre force que vous vous étonnez de la voir faite.
Je vais l'expliquer.
Combien de fois vous acharnez-vous pour avoir de la dévotion, et vous l'avez
très faible; parce que celle-ci est conforme à la sainteté qui est en vous, et
ne vous est-il pas arrivé d'autres fois, sans y penser, etc., d'avoir un feu si
grand, qui vous embrase les entrailles, que vous dites : " Je n'ai jamais
pensé de la sorte " ? Ceci ne vient pas de vous ni de la grâce ni des
vertus. Qu'est-ce donc ? C'est l'oeuvre du Saint-Esprit. Comme Dieu, il vous a
poussé à faire une chose pour laquelle votre force ne suffisait pas. Quand tu
verras en toi quelque chose de pareil, dis : " Je ne l'ai pas imaginé
moi-même "; c'est le Saint-Esprit qui demeure en vous. Quand tu as une
grande contrition, il fait appeler Père! Père! Il fait en sorte que
tu ne te négliges pas, mais que tu sois toujours au côté de Dieu. Ce Seigneur
est celui qui se donne à nous pour cela et pour d'autres choses, etc.
SOURCE : http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Jeandavila/Saintesprit.html
Also
known as
Apostle of Andalusia
Juan de Ávila Jijón
Profile
Born to a wealthy Castilian family
with Jewish ancestry. Studied law at
the University of Salamanca from age 14, and felt a call to religious life. Studied theology and philosophy at Alcala, Spain at
age 17. Lawyer.
Following the death of
his parents, he liquidated most of his large fortune, and gave it to the poor. Ordained in 1525.
He wanted to be a missionary in
the West
Indies and Mexico,
but became a travelling preacher in Andalusia for
40 years, re-evangelizing a
region previously ruled by the Moors. He
spoke boldly against the sins of the ruling classes, made powerful enemies, and
at one point was imprisoned in Seville, Spain by
the Inquisition, accused of false teachings; the charges were dismissed, John
was released, and his preaching became
more popular than ever. Spiritual director of Saint Teresa
of Avila, Saint Francis
Borgia, Saint John
of God, Saint John
of the Cross, Saint Peter
of Alcántara, and Saint Louis
of Granada. Writer whose
works continue their influence today. Declared a Doctor
of the Church by Pope Benedict
XVI on 7 October 2012.
Born
6 January 1499 at
Almodovar del Campo (Ciudad Real), Toledo, New Castile, Spain
10 May 1569 at
Montilla, Provincia de Córdoba, Andalucia, Spain of
natural causes
interred in
the Basílica de
San Juan de Ávila in Montilla
8 February 1759 by Pope Clement
XIII (decree of heroic
virtues)
clergy in
general
Spanish
secular clergy (proclaimed by Pope Pius XII on 8 March 1946)
–
Additional
Information
Book
of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Letter
to Saint Teresa of Avila: Discussing her account of her spiritual life
Saints
of the Day, by Katherine Rabenstein
books
Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints
other
sites in english
images
video
The Letters of Saint John of Avila (Priory Librarian
audiobook)
e-books
on other sites
Letters of Saint John of Avila
Life
of the Blessed Master John of Avila, by Longaro degli Oddi
sitios
en español
Martirologio Romano, 2001 edición
sites
en français
fonti
in italiano
Dicastero delle Cause dei Santi
nettsteder
i norsk
Readings
Turn yourself round like
a piece of clay and say to the Lord: I am clay, and you, Lord, the potter. Make
of me what you will. – Saint John
of Avila
Withdraw your heart from
the world before God takes
your body from it. – Saint John
of Avila
Your life consists in
drawing nearer to God. To do this
you must endeavor to detach yourself from visible things and remember that in a
short time they will be taken from you. – Saint John
of Avila
A single ‘Blessed be God’
in adversity is worth more than a thousand acts of thanksgiving in
prosperity. – Saint John
of Ávila
Dear brothers and
sisters, I pray God may open your eyes and let you see what hidden treasures he
bestows on us in the trials from which the world thinks only to flee. Shame
turns into honor when we seek God’s glory. Present affliction become the source
of heavenly glory. To those who suffer wounds in fighting his battles God opens
his arms in loving, tender friendship. That is why he (Christ) tells us that if
we want to join him, we shall travel the way he took. It is surely not right
that the Son of God should go his way on the path of shame while the sons of
men walk the way of worldly honor: “The disciple is not above his teacher, nor
the servant greater than his master.” – from a letter by Saint John
of Avila
The celebrated John of
Avila divides the week into stages of the Passion of Christ:
Monday think of our
Lord’s agony in the garden and what passed in the house of Annas and Caiphas
Tuesday, of the
accusations, the removal from judge to judge, and the flagellation
Wednesday, of the
crowning with thorns and the mockery
Thursday, of the washing
of the feet, and the Blessed Eucharist
Friday, of the sentence,
the carrying of the cross, the crucifixion and death
Saturday, of the piercing
of the side, the taking down from the cross, the burial, and the grief of the
Blessed Virgin
Sunday, of the
resurrection and the state of future glory.
– Illustrated Catholic
Family Annual
MLA
Citation
“Saint John of
Ávila“. CatholicSaints.Info. 9 May 2024. Web. 25 October 2024.
<https://catholicsaints.info/saint-john-of-avila/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-john-of-avila/
APOSTOLIC LETTER
Proclaiming Saint John of Avila, diocesan priest,
a Doctor of the Universal Church
BENEDICTUS PP. XVI
FOR PERPETUAL REMEMBRANCE
1. Caritas Christi
urget nos (2 Cor 5:14). The love of God, made known in Jesus Christ,
is the key to the personal experience and teaching of the Holy Master John of
Avila, an “evangelical preacher” constantly grounded in the sacred Scriptures,
passionately concerned for the truth and an outstanding precursor of the new
evangelization.
The primacy of grace,
which inspires good works, the promotion of a spirituality of trust and the
universal call to holiness lived as a response to God’s love are central themes
in the teaching of this diocesan priest who devoted his life to the exercise of
his priestly ministry.
On 4 March 1538 Pope Paul
III issued the Bull Altitudo Divinae Providentiae, addressed to John of
Avila and authorizing him to found the University of Baeza in the province of
Jaén. John is there described as “praedicatorem insignem Verbi Dei”. On 14
March 1565 Pius IV sent a Bull confirming the faculties granted to the
University in 1538, wherein John is called “Magistrum in theologia et verbi Dei
praedicatorem insignem” (cf. Biatiensis Universitas, 1968). His
contemporaries readily called him “Master”, a title which he held from 1538. In
the homily for his canonization on 31 May 1970, Pope Paul VI praised his person
and his outstanding teaching on the priesthood; he held him up as an example of
preaching and spiritual direction, called him a advocate of ecclesiastical
reform and stressed his continuing influence down to our own time.
2. John of Avila lived in
the first half of the sixteenth century. He was born on 6 January 1499 or 1500
in Almodóvar del Campo (Ciudad Real, in the Archdiocese of Toledo). He was the
only son of devout Christian parents, Alonso Ávila and Catalina Gijón, who were
wealthy and of high social standing. When John was fourteen years old, he was
sent to study law at the prestigious University of Salamanca. He left his
studies at the end of the fourth term, after a profound experience of
conversion. This prompted him to return home to devote himself to meditation
and prayer.
Set on becoming a priest,
in 1520 he went to study theology and humanities at the University of Alcalá de
Henares, which was open to the great currents of the theology of that time and
to the stirring of Renaissance humanism. In 1526, he received priestly
ordination and celebrated his first solemn Mass in his parish church. Intending
to go as a missionary to the West Indies, he determined to distribute his large
inheritance among the needy. Then, with the consent of the future first Bishop
of Tlaxcala in New Spain (Mexico), he went to Seville to await a ship for the
new world.
While preparing for his
journey, John devoted himself to preaching in the city and its environs. There
he met the venerable Servant of God Fernando de Contreras, a doctor of Alcalá
and a celebrated catechist. Fernando, impressed by the young priest’s witness
of life and his rhetorical ability, got the Archbishop of Seville to dissuade
him from going to America in order to remain in Andalusia. He stayed with de
Contreras in Seville, sharing with him a life of poverty and prayer. Devoting
himself to preaching and spiritual direction, he continued to study theology at
the College of Saint Thomas, where he may have been granted the title of
“Master”.
In 1531, because of a
misunderstanding about a homily he had given, John was imprisoned. It was in
prison that he began writing the first version of his work, Audi, Filia.
In those years he received the grace of an unusually profound insight into the
mystery of God’s love and the great benefits bestowed on humanity by Jesus
Christ our Redeemer. Thereafter these were to be pillars of his spiritual life
and central themes of his preaching.
Following his acquittal
in 1533, he continued to preach with considerable success among the people and
before the authorities, but he chose to move to the Diocese of Córdoba, where
he received incardination. Some time later, in 1536, the Archbishop of Granada
summoned him, desirous of his counsel. There, in addition to continuing his
work of evangelization, he completed his studies at the university.
Thanks to his insight
into the times and his excellent academic training, John of Avila was an
outstanding theologian and a true humanist. He proposed the establishment of an
international court of arbitration to avoid wars and he invented and patented a
number of engineering devices. Leading a life of great poverty, he devoted
himself above all to encouraging the Christian life of those who readily
listened to his preaching and followed him everywhere. He was especially
concerned for the education and instruction of boys and young men, especially
those studying for the priesthood. He founded several minor and major colleges,
which after the Council of Trent would become seminaries along the lines laid
down by that Council. He also founded the University of Baeza, which was known
for centuries for its work of training clerics and laity.
After travelling
throughout Andalusia and other regions of Central and Eastern Spain in
preaching and prayer, in 1554, already ill, he finally withdrew to a simple
house in Montilla (Córdoba), where he exercised his apostolate through an
abundant correspondence and the preparation of several of his writings. The
Archbishop of Granada wanted to take John as his theological expert to the last
two sessions of the Council of Trent. Prevented from travelling because of ill
health, he drafted the Memoriales, which were to have considerable
influence on that great ecclesial assembly.
On the morning of 10 May
1569, in his humble home in Montilla, surrounded by disciples and friends,
clinging to a crucifix, after much suffering he surrendered his soul to the
Lord.
3. John of Avila was a
contemporary, friend and counsellor of great saints, and one of the most
celebrated and widely esteemed spiritual masters of his time.
Saint Ignatius Loyola,
who held him in high regard, was eager for him to enter the nascent “Company”
which was to become the Society of Jesus. Although he himself did not enter,
the Master directed some thirty of his best students to the Society. Juan
Ciudad, later Saint John of God, the founder of the Order of Hospitallers, was
converted by listening to the saintly Master and thereafter relied on him as
his spiritual director. The grandee Saint Francis Borgia, later the General of
the Society of Jesus, was another important convert thanks to the help of
Father Avila. Saint Thomas of Villanova, Archbishop of Valencia, disseminated
Father Avila’s catechetical method in his diocese and throughout the south of
Spain. Among Father Avila’s friends were Saint Peter of Alcántara, Provincial
of the Franciscans and reformer of the Order, and Saint John de Ribera, Bishop
of Badajoz, who asked him to provide preachers to renew his diocese and later,
as Archbishop of Valencia, kept a manuscript in his library containing 82 of
John’s sermons. Teresa of Jesus, now a Doctor of the Church, underwent great
trials before she was able to send him the manuscript of her Autobiography.
Saint John of the Cross, also a Doctor of the Church, was in touch with his
disciples in Baeza who assisted in the Carmelite reform. Blessed Bartholomew of
the Martyrs was acquainted with his life and holiness through common friends,
and many others acknowledged the moral and spiritual authority of the Master.
4. Although “Father
Master Avila” was primarily a preacher, he did not fail to make masterful use
of his pen to set forth his teaching. His memory and his posthumous influence,
down to our own times, are closely linked not only to his life and witness, but
also to his various writings.
His major work, Audi,
Filia, a classic of spirituality, is his most systematic treatise, wide-ranging
and complete; its definitive edition was completed by the author in the last
years of his life. The Catechism or Christian Doctrine, the only work
printed during his lifetime (1554), is a pedagogical synthesis of the content
of the faith, addressed to children and adults. The Treatise on the Love
of God, a literary gem, reflects the depths of his insight into the mystery of
Christ, the Incarnate Word and Redeemer. The Treatise on the Priesthood is
a brief compendium including his conversations, sermons and letters. Saint
John’s writings also include minor works consisting of guidelines or
recommendations (avisos) for the spiritual life. The Treatises on Reform are
linked to the Council of Trent and the provincial synods which implemented it,
and fittingly deal with personal and ecclesial renewal. The Sermons and Conversations, like
his Letters, are writings which span the entire liturgical year and the
years of his priestly ministry. His commentaries on the Bible — including those
on the Letter to the Galatians, the First Letter of John and others — are systematic
expositions of remarkable insight and of great pastoral value.
All these works are
marked by profound content, a clearly pedagogical format and the use of images
and examples which give a glimpse into the sociological and ecclesial realities
of the time. The tone is one of supreme trust in God’s love, which calls each
person to the perfection of charity. His language is the classical and sober
Castilian of his birthplace, La Mancha, coloured at times by the imagination
and warmth of the south, an environment in which he spent the greater part of
his apostolic life.
In his effort to discern
the working of the Spirit in the Church during a complex historical period
fraught with confusion, cultural change, various currents of humanism and the
search for new forms of spirituality, he was clear in his presentation of
criteria and concepts.
5. In his teaching,
Master John of Avila constantly spoke of baptism and redemption as spurs to
growth in holiness. He explained that Christian spiritual life, as a
participation in the life of the Blessed Trinity, begins with faith in the God
who is Love, is grounded in God’s goodness and mercy as expressed in the merits
of Christ, and is wholly guided by the Spirit; that is to say, by love of God
and our brothers and sisters. He writes: “Open your little heart to that
breadth of love by which the Father gave us his Son, and with him gave us
himself, and the Holy Spirit, and all things besides” (Letter 160). And
again: “Your neighbour is a concern of Jesus Christ” (ibid., 62), and
therefore: “The proof of perfect love of our Lord is seen in the perfect love
of our neighbour” (ibid., 103). He also showed a deep appreciation of created
realities, ordering them in the perspective of love.
Since we are temples of
the Trinity, it is the Triune God who grants us his own life, and thus our
hearts become gradually one with God and our brothers and sisters. The way of
the heart is one of simplicity, goodness, love and filial affection. This life
according to the Spirit is markedly ecclesial, for it expresses the spousal
love between Christ and the Church — the central theme of Audi, Filia. It
is also Marian: configuration to Christ, through the working of the Holy
Spirit, is a process of growth in virtues and gifts which takes Mary as our
model and Mother. The missionary dimension of spirituality, derived from its
ecclesial and Marian dimension, is clearly seen in the writings of Master
Avila, who calls for apostolic zeal grounded in contemplation and the constant
pursuit of holiness. Devotion to the saints is something he recommends, since
they point us toward “a great Friend, God himself, who embraces our hearts in
his love (...) and commands us to have many other friends, who are his saints”
(Letter 222).
6. If Master Avila was a
pioneer in pointing to the universal call to holiness, he also had an essential
role in the historical development of a systematic doctrine on the priesthood.
Down the centuries his writings have been a source of inspiration for priestly
spirituality and even a current of mysticism among secular priests. His
influence can clearly be seen in a number of later spiritual writers.
Central to Master Avila’s
teaching is the insight that, as priests, “during the Mass we place ourselves
on the altar in the person of Christ to carry out the office of the Redeemer
himself” (Letter 157), and that acting in persona Christi demands
that we humbly embody God’s paternal and maternal love. This calls for a
particular lifestyle, marked by regular recourse to the word of God and the
Eucharist, by the adoption of a spirit of poverty, by preaching “temperately”,
in other words, based on prior study and prayer, and by love for the Church as
the Bride of Christ.
The creation of means for
providing candidates to the priesthood with a suitable formation, the need for
greater holiness among the clergy and the necessary reform of ecclesial life
were deep and constant concerns of the Holy Master. A holy clergy is essential
to the renewal of the Church, and this in turn calls for the careful selection
and suitable training of aspirants to the priesthood. To meet this need, Saint
John urged the establishment of seminaries and the creation of a special
College for the study of sacred Scripture. These proposals would affect the
entire Church.
The foundation of the
University of Baeza, to which he gave all his attention and enthusiasm, turned
out to be one of his most successful ventures, since it succeeded in offering
seminarians an excellent initial and permanent formation, with special emphasis
on the study of a pastorally oriented “positive theology”; it also gave rise to
a priestly school which flourished for centuries.
7. Given the evident and
growing reputation for sanctity of Master John of Avila, the cause for his
beatification and canonization was opened in the Archdiocese of Toledo in 1623.
It was not long before witnesses were questioned in Almodóvar del Campo and
Montilla, where the Servant of God was born and died, and in Córdoba, Granada,
Jaen, Baeza and Andujar. Nevertheless, for various reasons the cause was left
unfinished until 1731, when the Archbishop of Toledo sent to Rome the
informative processes that had already been completed. In a decree dated 3
April 1742, Pope Benedict XIV approved Master Avila’s writings and praised his
doctrine, and on 8 February 1759, Clement XIII declared his heroic virtues.
John of Avila was beatified by Pope Leo XIII on 6 April 1894 and canonized by
Pope Paul VI on 31 May 1970. Acknowledging his outstanding role as a model of
priesthood, in 1946 Pius XII named him Patron of the diocesan clergy of Spain.
The title of “Master”, by
which Saint John of Avila was known in his lifetime and down the centuries,
made it possible, following his canonization, to consider naming him a Doctor
of the Church. Thus, at the request of Cardinal Benjamín de Arriba y Castro,
Archbishop of Tarragona, the twelfth Plenary Assembly of the Spanish Episcopal
Conference in July 1970, decided to petition the Holy See to declare him a
Doctor of the Universal Church. Many other petitions followed, particularly on
the twenty-fifth anniversary of his canonization (1995) and the fifth centenary
of his birth (1999).
The declaration that a
saint is a Doctor of the Universal Church implies the recognition of a charism
of wisdom bestowed by the Holy Spirit for the good of the Church and evidenced
by the beneficial influence of his or her teaching among the People of God. All
this was clearly evident in the person and work of Saint John of Avila. He was
often sought out by his contemporaries as a master of theology, gifted with the
discernment of spirits, and a director of souls. His help and guidance were
sought by great saints and acknowledged sinners, the wise and the unlearned,
the poor and the rich; he was also responsible for important conversions and
sought constantly to improve the life of faith and the understanding of the
Christian message of those who flocked to him, eager to hear his teaching.
Learned bishops and religious also sought him out as a counsellor, preacher and
theologian. He exerted considerable influence on those who came into contact
with him and on the environments in which he moved.
8. Master Avila was not a
university professor, although he had organized and served as the first rector
of the University of Baeza. He held no chair in theology, but gave lessons in
sacred Scripture to lay people, religious and clerics.
He never set forth a
systematic synthesis of his theological teaching, yet his theology was
prayerful and sapiential. In his Memorial II to the Council of Trent,
he gives two reasons for linking theology and prayer: the holiness of
theological knowledge, and the welfare and upbuilding of the Church. As
befitted a true humanist endowed with a healthy sense of realism, his was a
theology close to life, one which answered the questions of the moment and did
so in a practical and understandable way.
The teaching of John of
Avila is outstanding for its quality and precision, and its breadth and depth,
which were the fruit of methodical study and contemplation together with a
profound experience of supernatural realities. His abundant correspondence was
soon translated into Italian, French and English.
Particularly evident was
his profound knowledge of the Bible, which he wished to be known by all. For
this reason he did not hesitate to expound the Scriptures, both in his daily
preaching and his lessons on specific books. He was in the habit of comparing
translations and analysing their literary and spiritual meaning, and was
familiar with the most important patristic commentaries. He was also convinced
that study and prayer were necessary for a proper understanding of revelation,
and that insight into the meaning of the sacred texts could be gained with the
aid of tradition and of the magisterium. From the Old Testament he cited most
frequently the Psalms, Isaiah and the Song of Songs. From the New, he cited the
Apostle John and, most of all, Saint Paul. Pope Paul VI, in the Bull for his
canonization, described him as “a faithful imitator of Saint Paul”.
9. The teaching of Master
John of Avila clearly contains a sound and enduring message, capable of
strengthening and deepening the deposit of faith while lighting up new pathways
of doctrine and life. The relevance of his teaching can be seen by comparing it
to the papal magisterium; in this way we see that his eminens doctrina constitutes
a genuine charism, a gift of the Holy Spirit to the Church past and present.
The primacy of Christ and
of grace which, in relation to the love of God, was a constant theme of Master
Avila’s teaching, has been taken up by contemporary theology and spirituality,
and has clear implications for pastoral activity, as I stressed in my
Encyclical Deus
Caritas Est. Trust, based on the acknowledgement and experience of God’s
love, goodness and mercy, has also been proposed in the recent papal
magisterium, as for example in the Encyclical Dives
in Misericordia and the Post-Synodal Apostolic Exhortation Ecclesia
in Europa, which is a real proclamation of the Gospel of hope, as I also
wished my Encyclical Spe
Salvi to be. In the Apostolic Letter Ubicumque
et Semper, establishing the Pontifical Council for Promoting the New
Evangelization, I noted that “to proclaim fruitfully the word of the Gospel it
is first necessary to have a profound experience of God”; these words evoke the
serene and humble figure of this “evangelical preacher” whose outstanding
doctrine continues to be most timely.
10. In 2002, the Spanish
Episcopal Conference was informed of the positive outcome of the review of the
teaching found in the works of Saint John of Avila conducted by the
Congregation for the Doctrine of the Faith. In 2003 a number of Cardinals,
Archbishops and Bishops, Presidents of Bishops’ Conferences, Superiors General
of Institutes of Consecrated Life, leaders of ecclesial associations and
movements, universities and other institutions, along with certain
distinguished individuals, joined the Spanish Episcopal Conference in
expressing to Pope John Paul II, through a Postulatory Letter, the
appropriateness of bestowing on Saint John of Avila the title of Doctor of the
Church.
Once the dossier was
forwarded to the Congregation
for the Causes of Saints and a relator for the cause was named, it was
necessary to draft the relative Positio. The President and Secretary
of the Spanish Episcopal Conference, together with the President of the
committee for the doctorate and the postulator of the cause, then signed the
definitive Petition (Supplex Libellus) on 10 December 2009. The particular
meeting of the theological consultors of the Congregation met on 18 December
2010 to discuss naming the Holy Master a Doctor of the Church. The vote was
positive. On 3 May 2011, the plenary session of Cardinal and Bishop members of
the Congregation presided over by the Prefect, Cardinal Angelo Amato, and with
Archbishop Salvatore Fisichella as relator, decided, with another unanimous
vote, to ask me, if I so desired, to declare Saint John of Avila as a Doctor of
the Universal Church. On 20 August 2011, during the World Youth Day
celebrations in Madrid, I announced to the People of God: “I will shortly
declare Saint John of Avila a Doctor of the Universal Church”. On
27 May 2012, Pentecost Sunday, I had the joy of telling the throngs of
pilgrims from throughout the world gathered in Saint Peter’s Square that “the
Spirit, who has spoken through the prophets, continues to inspire with his
gifts of wisdom and knowledge men and women committed to the pursuit of truth,
who offer new insights into the mystery of God, of man and of the world. Hence
I am pleased to announce that on 7 October next, at the start of the
Ordinary Assembly
of the Synod of Bishops, I will proclaim Saint John of Avila and Saint
Hildegard of Bingen Doctors of the Universal Church... The sanctity of their
lives and the profundity of their doctrine make them perennially relevant: the
grace of the Holy Spirit guided them to that experience of insight into divine
revelation and intelligent dialogue with the world which constitutes the
constant horizon of the Church’s life and activity. Especially in the light of
the new evangelization to which the Assembly of the Synod of Bishops will be
dedicated, and the beginning of the Year of Faith, these two Saints and Doctors
will be most important and relevant”.
Today, with the help of
God and the approval of the whole Church, this act has taken place. In Saint
Peter’s Square, in the presence of many Cardinals and Prelates of the Roman
Curia and of the Catholic Church, in confirming the acts of the process and
willingly granting the desires of the petitioners, I spoke the following words
in the course of the Eucharistic sacrifice: “Fulfilling the wishes of numerous
brethren in the episcopate, and of many of the faithful throughout the world,
after due consultation with the Congregation
for the Causes of Saints, with certain knowledge and after mature
deliberation, with the fullness of my apostolic authority I declare Saint John
of Avila, diocesan priest, and Saint Hildegard of Bingen, professed nun of the
Order of Saint Benedict, to be Doctors of the Universal Church. In the name of
the Father, and of the Son, and of the Holy Spirit”.
I hereby decree the
present Letter to be perpetually valid and fully effective, and I establish
that from this moment anything to the contrary proposed by any person, of
whatever authority, knowingly or unknowingly, is invalid and without force.
Given in Rome, at Saint
Peter’s, under the ring of the Fisherman, on 7 October 2012, in the eighth year
of my Pontificate.
BENEDICTUS PP. XVI
© Copyright 2012 -
Libreria Editrice Vaticana
John of Ávila, Priest
(RM)
Born at Almodovar del
Campo, New Castile, Spain, in January 6, 1499; died at Montilla, Spain, on May
10, 1569; beatified in 1894; canonized by Pope Paul VI in 1970.
Born of wealthy parents
of Jewish extraction, John studied law at the University of Salamanca beginning
when he was age 14. He was attracted to the religious life instead and left to
live a life of austerity. Three years later he went to Alcalá (Complutum) to
study philosophy under Dominic de Soto for six years. There he met Peter
Guerrero and was ordained. Left wealthy when his parents died, he disposed of
his riches to aid the poor.
After his ordination in
1525 he was preparing to sail for the missions of the West Indies and Mexico,
but was detained by the archbishop of Seville. The southernmost province had
been ruled by the Moors and needed the Gospel message to be preached again.
Instead of evangelizing foreign lands, John spent 40 years of his priestly
career preaching the Gospel to the natives of his own Andalusia. He soon
achieved fame as a powerful preacher, drawing huge crowds to his missions. He
made enemies by his fearless denunciation of evil even in high places, which
led to his imprisonment by the Inquisition at Seville. They accused him of
teaching rigorism and the exclusion of the rich from heaven. When the charges
were dismissed and he was released, his popularity reached new heights. He
continued preaching all over Spain.
Not only did John
evangelize in the pulpit, he also did so through his writing and spiritual
direction. He was spiritual adviser to SS. Teresa of Ávila, John of God, John
of the Cross, Francis Borgia, and Peter of Alcántara, among others. Francis
Borgia and John of God owed their conversions to him. His ascetical writings,
chiefly his letters, rank high among the Spanish classics. They are substantial
in quantity and notable for their spiritual depth. The most famous is Audi
filia, a treatise on Christian perfection written in 1530 for Donna Sancha
Carillo, who had renounced wealth and status to lead a life of prayer and
solitude.
John was ill for much of
the last 15 years of his life. His admiration for Saint Ignatius Loyola
inclined him to join the Society of Jesus, but he was dissuaded by the
provincial of Andalusia. The "Apostle of Andalusia" was, however,
buried in the Jesuit church at Montilla (Benedictines, Delaney, Farmer).
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0510.shtml
Retrato
de Juan de Ávila. Libro «Retratos de Españoles ilustres» publicado por la Real
Imprenta de Madrid. Según la información brindada en el prólogo, las imágenes
contenidas y los textos fueron realizados por distintos autores. 1791
Bl. John of Avila
Apostolic
preacher of Andalusia and
author, born at Almodóvar del Campo, a small town in the diocese
of Toledo, Spain,
6 January, 1500; died at Montilla, 10 May, 1569.
At the age of fourteen he
was sent to the University
of Salamanca to study law.
Conceiving a distaste for jurisprudence he
returned after a year to his father's home,
where he spent the next three years in the practice of most austere piety.
His wonderful sanctity impressed
a Franciscan journeying
through Almodóvar, and at the friar's advice
he took up the study of philosophy and theology at Alcalá,
where he was fortunate to have as his teacher the famous Dominican De
Soto.
His parents died
while he was a student and after his ordination he
celebrated his first Mass in
the church where
they were buried,
sold the family property and
gave the proceeds to the poor.
He saw in the severing of natural ties a vocation to
foreign missionary work and made preparation to go to Mexico in America.
While awaiting, at Seville in
1527, a favorable opportunity to start for his new field of labour, his
extraordinary devotion in celebrating Mass attracted
the attention of Hernando de Contreras, a priest of Seville,
who reported his observations to the archbishop and
general inquisitor,
Don Alphonso Manrique. The archbishop saw
in the young missionary a powerful instrument to stir up the faith of Andalusia,
and after considerable persuasion Blessed John was induced to abandon his
journey to America.
His first sermon was
preached on 22 July, 1529, and immediately his reputation was
established; crowds thronged the churches at
all his sermons.
His success, however, brought with it the hatred of
a certain class, and while living at Seville he
was brought before the inquisitor and
charged with exaggerating the dangers of wealth and
closing the gates of heaven to
the rich. His innocence of the charges was speedily proved,
and by special invitation of the court he was appointed to preach the sermon on
the next great feast in
the church of San Salvador, in Seville.
His appearance was a cause of
public rejoicing.
He began his career
as apostolic
preacher of Andalusia at
the age of thirty. After nine years in that province he returned to Seville only
to depart for the wider fields of Cordova, Granada,
Bolza, Montilla, and Zafra. For eighteen years before his death he was the
victim of constant illness, the results of the hardships of his apostolate of
forty years. He was declared Venerable by Clement
XIII, 8 Feb., 1799, and beatified by Leo
XIII, 12 Nov., 1893.
Among the disciples drawn
to him by his preaching and saintly reputation may
be named St.
Theresa, St.
John of God, St.
Francis Borgia, and Ven.
Louis of Granada. The spread of the Jesuits in Spain is
attributed to his friendship for that body. Blessed John of Avila's works were
collected at Madrid in
1618, 1757, 1792, 1805; a French translation
by d'Andilly was published at Paris in
1673; and a German translation
by Schermer in six volumes was issued at Ratisbon between
1856 and 1881. His best known works are the "Audi Fili" (English
translation, 1620), one of the best tracts on Christian
perfection, and his "Spiritual Letters" (English translation,
1631, London, 1904) to his disciples.
Smith, Ignatius. "Bl.
John of Avila." The Catholic Encyclopedia. Vol. 8. New
York: Robert Appleton Company, 1910. 10 May 2015 <http://www.newadvent.org/cathen/08469a.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Sara-Ann Colleen Hill.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. October 1, 1910. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2023 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/08469a.htm
St. John of Avila
Saint John of Ávila was born in Almodóvar del Campo of a wealthy and pious
family of Jewish converso descent. At the age of fourteen he was sent
to the University of Salamanca to study law but returned after a year to his
father's home, where he spent the next three years in the practice of austere
piety. His sanctity impressed a Franciscan journeying through Almodóvar, on
whose advice he took up the study of philosophy and theology at Alcalá de
Henares, where he was fortunate to have as his teacher the famous Dominican
Domingo de Soto. While he was a student his parents died and after his
ordination he celebrated his first Mass in the church where they were buried,
sold the family property and gave the proceeds to the poor.
He saw in the severing of
natural ties a vocation to foreign missionary work and prepared to go to
Mexico. In 1527, while he was in Seville looking for a favorable opportunity to
set out for his new field of labor, his unusually great devotion in celebrating
Mass attracted the attention of Hernando de Contreras, a priest of Seville, who
mentioned him to the archbishop and Inquisitor General, Don Alonso Manrique de
Lara. The archbishop saw in the young missionary a powerful instrument to stir
up the faith in Andalusia, and after considerable persuasion Juan was induced
to abandon his journey to America.
His first sermon was
preached on 22 July 1529, and immediately established his reputation. During
his nine years of missionary work in Andalusia, crowds packed the churches at
all his sermons. However, his strong pleas for reform and the denunciation of
the behavior of the high society brought him before the inquisitor at Seville.
He was charged with exaggerating the dangers of wealth and with closing the
gates of heaven to the rich. The charges were quickly refuted and he was
declared innocent in 1533. By special invitation of the court he was appointed
to preach the sermon on the next great feast in the church of San Salvador, in
Seville. Like other Spanish mystics of the period, including La Beata de
Piedrahita, he was suspected several times during his career of belonging to
the Alumbrados, deemed a heretical sect.
John of Avila is also
remembered as a reformer of clerical life in Spain. He founded several colleges
where his disciples dedicated themselves to the teaching of youths. Among the
disciples attracted by his preaching and saintly reputation were Saint Teresa
of Ávila, Saint John of God, Saint Francis Borgia and the Venerable Louis of
Granada. Of special importance was the University of Baeza established in 1538
by a papal bull of Pope Paul III Its first rector was Saint John of Ávila and
became a model for seminaries and for the schools of the Jesuits.
He is especially revered
by the Jesuits. Their development in Spain is attributed to his friendship and
support to the Society of Jesus.
St. John of Avila was
declared Venerable by Pope Clement XIII on February 8, 1759 and beatified by
Pope Leo XIII on November 15, 1893. On May 31, 1970 he was canonized by Pope
Paul VI. Pope Benedict XVI named him a Doctor of the Church on October 7, 2012,
the Feast of the Holy Rosary.
—Excerpted from Patron Saints
Patronage: Andalusia,
Spain; Spain; Spanish secular clergy; World Youth Day 2011
Highlights and Things to
Do:
Read more about St. John
of Avila:
New Doctors of the Church: St. Hildegard, St. John of Avila
St John of Avila: Learning the Language of God
St. John of Avila's Life of Prayer
The Letters
of St. John of Avila can be found at the Open Library.
St. John's body is
interred in the Basílica
de San Juan de Ávila in Montilla, Spain.
SOURCE : https://www.catholicculture.org/culture/liturgicalyear/calendar/day.cfm?date=2014-05-10
Pope : Two new Doctors of the Church
2012-10-07 Vatican Radio
(Vatican Radio) – Pope Benedict XVI has proclaimed two new Doctors of the Church: St. John of Avila and St. Hildegard of Bingen. Below find Pope Benedict XVI’s reflections on St. Hildegard delivered during his general audiences September, 2010.
Saint Hildegard of Bingen
Dear Brothers and Sisters,
In 1988, on the occasion of the Marian Year, Venerable John Paul II wrote an Apostolic Letter entitled on the precious role that women have played and play in the life of the Church. "The Church", one reads in it, "gives thanks for all the manifestations of the feminine "genius' which have appeared in the course of history, in the midst of all peoples and nations; she gives thanks for all the charisms that the Holy Spirit distributes to women in the history of the People of God, for all the victories which she owes to their faith, hope and charity: she gives thanks for all the fruits of feminine holiness" ().
Various female figures stand out for the holiness of their lives and the wealth of their teaching even in those centuries of history that we usually call the Middle Ages. Today I would like to begin to present one of them to you: St Hildegard of Bingen, who lived in Germany in the 12th century. She was born in 1098, probably at Bermersheim, Rhineland, not far from Alzey, and died in 1179 at the age of 81, in spite of having always been in poor health. Hildegard belonged to a large noble family and her parents dedicated her to God from birth for his service. At the age of eight she was offered for the religious state (in accordance with the Rule of St Benedict, chapter 59), and, to ensure that she received an appropriate human and Christian formation, she was entrusted to the care of the consecrated widow Uda of Gölklheim and then to Jutta of Spanheim who had taken the veil at the Benedictine Monastery of St Disibodenberg. A small cloistered women's monastery was developing there that followed the Rule of St Benedict. Hildegard was clothed by Bishop Otto of Bamberg and in 1136, upon the death of Mother Jutta who had become the community magistra (Prioress), the sisters chose Hildegard to succeed her. She fulfilled this office making the most of her gifts as a woman of culture and of lofty spirituality, capable of dealing competently with the organizational aspects of cloistered life. A few years later, partly because of the increasing number of young women who were knocking at the monastery door, Hildegard broke away from the dominating male monastery of St Disibodenburg with her community, taking it to Bingen, calling it after St Rupert and here she spent the rest of her days. Her manner of exercising the ministry of authority is an example for every religious community: she inspired holy emulation in the practice of good to such an extent that, as time was to tell, both the mother and her daughters competed in mutual esteem and in serving each other.
During the years when she was superior of the Monastery of St Disibodenberg, Hildegard began to dictate the mystical visions that she had been receiving for some time to the monk Volmar, her spiritual director, and to Richardis di Strade, her secretary, a sister of whom she was very fond. As always happens in the life of true mystics, Hildegard too wanted to put herself under the authority of wise people to discern the origin of her visions, fearing that they were the product of illusions and did not come from God. She thus turned to a person who was most highly esteemed in the Church in those times: St Bernard of Clairvaux, of whom I have already spoken in several Catecheses. He calmed and encouraged Hildegard. However, in 1147 she received a further, very important approval. Pope Eugene iii, who was presiding at a Synod in Trier, read a text dictated by Hildegard presented to him by Archbishop Henry of Mainz. The Pope authorized the mystic to write down her visions and to speak in public. From that moment Hildegard's spiritual prestige continued to grow so that her contemporaries called her the "Teutonic prophetess". This, dear friends, is the seal of an authentic experience of the Holy Spirit, the source of every charism: the person endowed with supernatural gifts never boasts of them, never flaunts them and, above all, shows complete obedience to the ecclesial authority. Every gift bestowed by the Holy Spirit, is in fact intended for the edification of the Church and the Church, through her Pastors, recognizes its authenticity.I shall speak again next Wednesday about this great woman, this "prophetess" who also speaks with great timeliness to us today, with her courageous ability to discern the signs of the times, her love for creation, her medicine, her poetry, her music, which today has been reconstructed, her love for Christ and for his Church which was suffering in that period too, wounded also in that time by the sins of both priests and lay people, and far better loved as the Body of Christ.
Hildegard's mystical visions resemble those of the Old Testament prophets: expressing herself in the cultural and religious categories of her time, she interpreted the Sacred Scriptures in the light of God, applying them to the various circumstances of life. Thus all those who heard her felt the need to live a consistent and committed Christian lifestyle. In a letter to St Bernard the mystic from the Rhineland confesses: "The vision fascinates my whole being: I do not see with the eyes of the body but it appears to me in the spirit of the mysteries.... I recognize the deep meaning of what is expounded on in the Psalter, in the Gospels and in other books, which have been shown to me in the vision. This vision burns like a flame in my breast and in my soul and teaches me to understand the text profoundly" (Epistolarium pars prima I-XC: CCCM 91).
Hildegard's mystical visions have a rich theological content. They refer to the principal events of salvation history, and use a language for the most part poetic and symbolic. For example, in her best known work entitled Scivias, that is, "You know the ways" she sums up in 35 visions the events of the history of salvation from the creation of the world to the end of time. With the characteristic traits of feminine sensitivity, Hildegard develops at the very heart of her work the theme of the mysterious marriage between God and humanity that is brought about in the Incarnation. On the tree of the Cross take place the nuptials of the Son of God with the Church, his Bride, filled with grace and the ability to give new children to God, in the love of the Holy Spirit (cf. Visio tertia: PL 197, 453c).
From these brief references we already see that theology too can receive a special contribution from women because they are able to talk about God and the mysteries of faith using their own particular intelligence and sensitivity. I therefore encourage all those who carry out this service to do it with a profound ecclesial spirit, nourishing their own reflection with prayer and looking to the great riches, not yet fully explored, of the medieval mystic tradition, especially that represented by luminous models such as Hildegard of Bingen. The Rhenish mystic is also the author of other writings, two of which are particularly important since, like Scivias, they record her mystical visions: they are the Liber vitae meritorum (Book of the merits of life) and the Liber divinorum operum (Book of the divine works), also called De operatione Dei. In the former she describes a unique and powerful vision of God who gives life to the cosmos with his power and his light. Hildegard stresses the deep relationship that exists between man and God and reminds us that the whole creation, of which man is the summit, receives life from the Trinity. The work is centred on the relationship between virtue and vice, which is why human beings must face the daily challenge of vice that distances them on their way towards God and of virtue that benefits them. The invitation is to distance themselves from evil in order to glorify God and, after a virtuous existence, enter the life that consists "wholly of joy". In her second work that many consider her masterpiece she once again describes creation in its relationship with God and the centrality of the human being, expressing a strong Christo-centrism with a biblical-Patristic flavour. The Saint, who presents five visions inspired by the Prologue of the Gospel according to St John, cites the words of the Son to the Father: "The whole task that you wanted and entrusted to me I have carried out successfully, and so here I am in you and you in me and we are one" (Pars III, Visio X: PL 197, 1025a).
Finally, in other writings Hildegard manifests the versatility of interests and cultural vivacity of the female monasteries of the Middle Ages, in a manner contrary to the prejudices which still weighed on that period. Hildegard took an interest in medicine and in the natural sciences as well as in music, since she was endowed with artistic talent. Thus she composed hymns, antiphons and songs, gathered under the title: Symphonia Harmoniae Caelestium Revelationum (Symphony of the Harmony of Heavenly Revelations), that were performed joyously in her monasteries, spreading an atmosphere of tranquillity and that have also come down to us. For her, the entire creation is a symphony of the Holy Spirit who is in himself joy and jubilation.
The popularity that surrounded Hildegard impelled many people to seek her advice. It is for this reason that we have so many of her letters at our disposal. Many male and female monastic communities turned to her, as well as Bishops and Abbots. And many of her answers still apply for us. For instance, Hildegard wrote these words to a community of women religious: "The spiritual life must be tended with great dedication. At first the effort is burdensome because it demands the renunciation of caprices of the pleasures of the flesh and of other such things. But if she lets herself be enthralled by holiness a holy soul will find even contempt for the world sweet and lovable. All that is needed is to take care that the soul does not shrivel" (E. Gronau, Hildegard. Vita di una donna profetica alle origini dell'età moderna, Milan 1996, p. 402). And when the Emperor Frederic Barbarossa caused a schism in the Church by supporting at least three anti-popes against Alexander iii, the legitimate Pope, Hildegard did not hesitate, inspired by her visions, to remind him that even he, the Emperor, was subject to God's judgement. With fearlessness, a feature of every prophet, she wrote to the Emperor these words as spoken by God: "You will be sorry for this wicked conduct of the godless who despise me! Listen, O King, if you wish to live! Otherwise my sword will pierce you!" (ibid., p. 412).
With the spiritual authority with which she was endowed, in the last years of
her life Hildegard set out on journeys, despite her advanced age and the
uncomfortable conditions of travel, in order to speak to the people of God.
They all listened willingly, even when she spoke severely: they considered her
a messenger sent by God. She called above all the monastic communities and the
clergy to a life in conformity with their vocation. In a special way Hildegard
countered the movement of German cátari (Cathars). They cátari means
literally "pure" advocated a radical reform of the Church, especially
to combat the abuses of the clergy. She harshly reprimanded them for seeking to
subvert the very nature of the Church, reminding them that a true renewal of
the ecclesial community is obtained with a sincere spirit of repentance and a
demanding process of conversion, rather than with a change of structures. This
is a message that we should never forget. Let us always invoke the Holy Spirit,
so that he may inspire in the Church holy and courageous women, like St
Hildegard of Bingen, who, developing the gifts they have received from God,
make their own special and valuable contribution to the spiritual development
of our communities and of the Church in our time.
San
Juan de Ávila. Iglesia de San Alberto de Sicilia. Sevilla, Andalucía
Saint John of Avila,
Apostle of Andalusia
May 10, 2023
Today’s optional memorial
as we continue the Easter season (alleluia!) commemorates Saint John of
Avila (1499 – 1569), a contemporary of his fellow Spaniards, saints and
correspondents, Teresa of Avila, Ignatius of Loyola and John of God. Like them,
he was one of the primary instruments in what is (somewhat inaccurately) termed
the Catholic ‘counter-reformation’. It was in fact the reinvigoration of the
Catholic Church in the face of Protestant revolt.
Nothing like a few good
heresies and schisms to make the Church stronger, and raise up more than a few
glorious saints.
John had mystical
leanings from his youth, one of those souls chosen by God. At first he studied
law, but left without finishing, and began his formation for the priesthood. He
was ordained in 1526, just as the ‘Reformation’ was beginning, and prayed his
first Mass in the church where his parents were buried, they having died during
his time away at university. Given the conditions back then, John could not zip
back to see them off, but spiritually-minded Catholics have always had a
healthy and realistic view of the inevitability of death, realizing that we are
only separated for a time, and there is never much distance in Christ’s
Mystical Body.
Father Juan at first
desired to go to Mexico as a missionary, but was persuaded to stay and
evangelize Andalusia – of which he is known as ‘the Apostle’ – the southernmost
portion of Spain, jutting out in the Atlantic and Mediterranean Seas, where the
Faith had been severely compromised by centuries of Islamic domination and
persecution. The Muslims, who forbade the Faith, had been driven out not that long
before, in 1492, by Ferdinand and Isabella.
From his first sermon –
propitiously on the feast of Mary Magdalene, July 22, 1529 – John preached to
packed churches, his words converting untold numbers. As with all such saints,
it was not so much what he said, but how he lived that did the work. He set up
colleges and schools across the region; noted especially was the University of
Baeza, established in 1538 by papal decree of Paul III (who also opened the
Council of Trent in 1545), with Father Juan as the first rector. (Baeza closed
as an official university in 1824, but still runs a summer program (revived in
the 1979), a library and other courses.)
Father John of Avila
helped reinvigorate the spirit of his time, working with other reformers – the
aforementioned Ignatius and Teresa especially – to make Spain a powerhouse of
the true Catholic reformation. He was a great supporter of the Jesuits, and,
although he may have thought of beginning his own community, he advised those
so called to join the new, dynamic Order (which now, alas, needs its own
reformation).
But all this external
work was the fruit of a deep mystical life, hours in prayer and conversation
with God. He left behind six volumes of spiritual writings, his magnum opus
being his Audi, filia (Listen, O Daughter), a treatise on spiritual
perfection, adapted from his original letters to the nun Doña Sancha Carillo.
Father John of Avila died
after a protracted illness, on this day, May 10th, 1569. He was canonized by
Pope Saint Paul VI on May 31st, 1970, and was enrolled amongst the elite
Doctors of the Church by Pope Benedict XVI on the feast of the Holy Rosary,
October 7th, 2012 (along with Hildegard of Bingen). During his
homily, the Pope described Father John in these words (and we will keep his
words on Hildegard as well, for good measure, of whom we hope to write more in
the near future):
At this point, let us
pause for a moment to appreciate the two saints who today have been added to
the elect number of Doctors of the Church. Saint John of Avila lived in the
sixteenth century. A profound expert on the sacred Scriptures, he was gifted
with an ardent missionary spirit. He knew how to penetrate in a uniquely
profound way the mysteries of the redemption worked by Christ for humanity. A
man of God, he united constant prayer to apostolic action. He dedicated himself
to preaching and to the more frequent practice of the sacraments, concentrating
his commitment on improving the formation of candidates for the priesthood, of
religious and of lay people, with a view to a fruitful reform of the Church.
Saint Hildegard of
Bingen, an important female figure of the twelfth century, offered her precious
contribution to the growth of the Church of her time, employing the gifts
received from God and showing herself to be a woman of brilliant intelligence,
deep sensitivity and recognized spiritual authority. The Lord granted her a prophetic
spirit and fervent capacity to discern the signs of the times. Hildegard
nurtured an evident love of creation, and was learned in medicine, poetry and
music. Above all, she maintained a great and faithful love for Christ and his
Church.
This summary of the ideal
in Christian life, expressed in the call to holiness, draws us to look with
humility at the fragility, even sin, of many Christians, as individuals and
communities, which is a great obstacle to evangelization and to recognizing the
force of God that, in faith, meets human weakness. Thus, we cannot speak about
the new evangelization without a sincere desire for conversion. The best path
to the new evangelization is to let ourselves be reconciled with God and with
each other (cf. 2 Cor 5:20). Solemnly purified, Christians can regain
a legitimate pride in their dignity as children of God, created in his image
and redeemed by the precious blood of Jesus Christ, and they can experience his
joy in order to share it with everyone, both near and far.
May God raise up a few
more priests like Juan of Avila, rooted in Christ and His Church, and fearless
in the truth.
Ora pro nobis, sancte
sacerdos Dei!
SOURCE : https://catholicinsight.com/saint-john-of-avila-apostle-of-andalusia/
Letter
of Saint Juan de Avila to Saint Teresa of Avila, Discussing Her Account of Her
Spiritual Life
May the grace and peace
of Jesus Christ our Lord be ever with you.
I consented to read your
book which was sent me, not so much because I considered myself competent to
judge of such matters, as because I thought that, by the grace of God, its
teaching might benefit me. Although I have had no leisure to study it as
thoroughly as it deserves, yet, thanks be to God, it has given me great
consolation, and it will be my own fault if it does not profit my soul. On my
own account it might suffice to say no more about it, yet I think the gravity
of the subject and the respect due to the person who sent it, require me to
express my opinion of it, at least In general terms.
It is not a book proper for
every one to read – the language requires to be corrected in some places and to
be made clearer in others. There are things in it which, though useful to you
in your own spiritual life, would not do for every one to practise, for God
guides some souls along extraordinary paths which are not intended for others.
I have noted most of these passages and will arrange them for you as soon as
possible, and send them to you without fail. If you knew the infirm state of my
health, and how I am constantly employed in many necessary duties, you would, I
am sure, be more inclined to pity me, than to accuse me of neglect.
On the whole, your
teaching on prayer is correct, and you may safely trust to it and practise it;
the raptures too afford proof of being genuine. What you say about God’s
teaching the soul without the use of the imagination, that is by interior or
exterior communications, is safe, and I can find no fault with it. Saint
Augustine treats this subject well. Such communications, both interior and
exterior, have misled many in our times; the exterior ones specially are less
safe; for though there is little difficulty in knowing that they are not from
ourselves, it is not so easy to decide whether they proceed from a good or from
an evil spirit. There are many rules for discovering when they come from God;
one is, that they should come to us in times of need; or be a great help to the
soul, such as strengthening it in times of temptation or doubt; or warning it
of the approach of danger. For if even a. man who is good never speaks without
purpose, how much less would God do so. Considering that the communications
mentioned in your book are conformable to the Holy Scriptures and the teaching
of the Church, I judge that, if not all, at least the greater part of them,
come from God. Visions, whether imaginary or corporeal, are the most deceptive;
they are never to be desired, and, should they come uninvited they should, as
far as possible, be resisted. Unless, however, it is certain that they proceed
from an evil spirit, this should not be done by making signs of contempt. I was
pained and shocked to hear of its having been done in your case. We should beg
of God not to allow us to walk by sight, but to defer the revelation of Himself
and His Saints until we reach Heaven, and we should ask Him to guide us whilst
on earth along the common path by which He leads His faithful friends. We must
also take other suitable means for shunning these visions. If, nevertheless,
they continue to come to us and are profitable to the soul, not inciting her to
vanity, but increasing her humility; if, moreover, these communications be
conformable to the teaching of the Church, and if they last a considerable time
and infuse a spiritual joy into the soul which can be better felt than described,
I do not think that it is necessary any longer to try to avoid them. No one,
however, should be his own guide in these cases, but should communicate them at
once to some enlightened counsellor. This is the universal rule to be followed
on all such occasions, and we may trust that God will not suffer any one to be
deceived who wishes to be safe and has the humility to acknowledge his
incompetence to judge in such matters for himself. It is not right, however, to
cause alarm, and at once condemn these favours because the soul to whom they
are vouchsafed is not perfect, for, as I have often witnessed, God withdraws
people from harmful pleasures, and even from grievous sins, by sending them His
sweet consolations. Who shall place limits to God’s mercies? As these graces,
moreover, are not bestowed on any one on account of his own merits or strength
but, on the contrary, are often given to souls because of their weakness, they
neither necessarily increase sanctity, nor are always granted to the greatest
saints. It is unreasonable for any one to disbelieve these matters because of
their sublime nature, or since it appears incredible that a Majesty so exalted
should abase Himself to hold such loving intercourse with His creatures. It is
written that “God is love” – and if He is love, He must needs be infinite love
and infinite goodness, and it is no wonder that such love and goodness should
at times bestow on certain souls an affection which confounds those who do not
understand it. Although many know this by faith, yet, unless they have
experienced it themselves, they cannot understand the affectionate, and more
than affectionate way, in which God elects to treat some of His creatures.
Those who themselves are far from having received favours of this kind, cannot
believe God would deal with others in so different a manner. Yet it would be
only reasonable to think that such love, a love which fills us with wonder,
must come from God, Who is marvellous in all His works, but still more
marvellous in His mercies. But what should really be a proof of the truth of
these favours, (provided other circumstances confirm the evidence) is taken by
some people as a pretext to deny their reality.
From your book it is
clear that you have resisted in these matters even more firmly than necessary.
These graces have evidently benefited you, especially by showing you your
misery and faults, and helping you to correct them. They have continued for a
long time and always profited your soul, moving you to love God and despise
yourself and to do penance. I am therefore more inclined to think these favours
beneficial than to condemn them, if you are cautious, and do not blindly trust
to them, especially those of an unaccustomed kind, or those which urge you to
perform any action doubtfully good. In cases such as this, you must suspend
your belief in them, and at once seek counsel. I warn you that, though these
graces should be sent by God, yet the devil might mingle falsehood with them :
therefore always be on your guard. Even though it be certain that the favours
come from God, yet do not let your mind dwell on them with complacency, for
holiness does not consist in such things, but in a humble love of God and our
neighbour. Fear all ways other than this, and practise humility, the virtues,
and the love of our Lord. Do not worship any of these visions, but only our
Lord Jesus Christ, either in Heaven, or in the Blessed Sacrament. If one of the
Blessed should appear to you, raise your heart to that Saint in Heaven, and not
to what you see before you : let the image lead your thoughts to the reality.
The things of which you treat in your book happen to many souls in these times,
and there is no doubt that they proceed from God, Whose arm is not shortened so
that He cannot do now what He did in past ages: He chooses the weaker vessels
the better to manifest His glory. Continue in in this path then, but be
watchful against robbers and pray for guidance. Thank God for having given you
a love for Him, a knowledge of yourself, and an attraction for penance and for
the cross. Do not concern yourself much about the other matters, though you
should not despise them, for many show signs of coming from God, and the rest
can do you no harm it you ask direction about them. I cannot believe that I
have written this by my own power, for I have none, but it is the result of
your prayers. I beg you for the love of Jesus Christ our Saviour, to pray for
me to Him; He knows that I need it urgently, and I feel sure that is enough to
make you grant my request, I must beg you now to let me conclude, as I am
obliged to write another letter.
May Jesus be glorified by
all and in all!
Your servant for Christ’s
sake,
Juan de Avila
Workshop of El Greco (1541–1614), San Juan de Ávila, 1580, 79 x 62, El Greco Museum
San Giovanni d'Avila Sacerdote
e Dottore della Chiesa
Almodovar del Campo,
Spagna, 6 gennaio 1499 – Montilla, Spagna, 10 maggio 1569
Giovanni d’Avila visse
nel secolo XVI. Profondo conoscitore delle Sacre Scritture, era dotato di
ardente spirito missionario. Seppe penetrare con singolare profondità i misteri
della Redenzione operata da Cristo per l’umanità. Uomo di Dio, univa la
preghiera costante all’azione apostolica. Si dedicò alla predicazione e all’incremento
della pratica dei Sacramenti, concentrando il suo impegno nel migliorare la
formazione dei candidati al sacerdozio, dei religiosi e dei laici, in vista di
una feconda riforma della Chiesa. Proficua la sua collaborazioni con grandi
santi spagnoli suoi contemporanei quali Ignazio di Loyola, Francesco Borgia,
Pietro d’Alcantara e Teresa d'Avila. Beatificato nel 1894 e canonizzato nel
1970, Papa Benedetto XVI lo ha proclamato “Dottore della Chiesa” il 7 ottobre
2012.
Patronato: Clero
diocesano spagnolo
Martirologio
Romano: A Montilla nell’Andalusia in Spagna, san Giovanni d’Ávila,
sacerdote, che percorse tutta la regione predicando Cristo e, sospettato
ingiustamente di eresia, fu gettato in carcere, dove scrisse la parte più
importante della sua dottrina spirituale.
«San Giovanni di Avila visse nel secolo XVI. Profondo conoscitore delle Sacre Scritture, era dotato di ardente spirito missionario. Seppe penetrare con singolare profondità i misteri della Redenzione operata da Cristo per l’umanità. Uomo di Dio, univa la preghiera costante all’azione apostolica. Si dedicò alla predicazione e all’incremento della pratica dei Sacramenti, concentrando il suo impegno nel migliorare la formazione dei candidati al sacerdozio, dei religiosi e dei laici, in vista di una feconda riforma della Chiesa». Così Papa Benedetto XVI ha presentato in sintesi questa ricca esemplare figura di sacerdote nel proclamarlo “Dottore della Chiesa” il 7 ottobre 2012 insieme alla mistica tedesca Santa Ildegarda di Bingen.
Giovanni d’Avila, mistico e scrittore, amico e consigliere dei grandi santi spagnoli suoi contemporanei, fu indubbiamente un sacerdote assai stimato nella Spagna del suo tempo. Principale suo biografo fu il discepolo Luigi di Granada.
Giovanni nacque il 6 gennaio 1499 ad Almodovar del Campo, in Spagna, un centinaio di chilometri a sud di Toledo. La sua famiglia, di condizioni agiate, era di origini giudaiche. Inviato all’università di Salamanca per studiare diritto, non si sentì però portato per tale genere di studi e, tornato a casa, trascorse tre anni in preghiera e penitenza. Un francescano gli consigliò di studiare filosofia e teologia, come fece presso Alcalà tra il 1520 ed il 1526, sotto la guida di Domenico de Soto. Nel frattempo rimase orfano e, ordinato sacerdote nel 1525, devolvette ai poveri buona parte della sua eredità e celebrò la sua prima Messa nella chiesa dov'erano sepolti i genitori. Ottimo predicatore, avrebbe desiderato partire missionario per il Messico, ma l’arcivescovo di Siviglia lo trattenette in patria per destinarlo alla predicazione in Andalusia.
Per ben nove anni Giovanni d’Avila operò in tale regione, convertendo persone di ogni età e classe sociale e conducendole a notevoli progressi nel loro cammino di fede. Durante la riconquista della penisola iberica operata sotto i “Re Cattolici” Ferdinando d’Aragona ed Isabella di Castiglia, parecchie conversioni dall’ebraismo e dall’islam furono in realtà solo fittizie, quindi a maggior ragione si rivelarono indispensabili le predicazioni del santo per una piena conversione dei cuori. Dal 1529 al 1538 predicò con strepitoso successo, tanto che venne incaricato anche di pronunciare il sermone in occasione dei funerali della regina Isabella di Portogallo, moglie di Carlo V, tenutisi il 17 maggio 1538. Questa sua omelia guadagnò a Cristo San Francesco Borgia, che si convertì abbandonamdo la carica di Viceré di Catalogna e divenne sacerdote gesuita.
Un’immeritata accusa di eresia gli fu rivolta dall’Inquisizione, in merito all’estremo rigore che caratterizzava i suoi insegnamenti sino talvolta ad escludere a priori i ricchi dal Regno dei Cieli, ma scagionato dalle ingiuste accuse, fu accolto trionfalmente dal popolo e riprese la sua attività presso Cordova, Granada e Siviglia.
E’ pervenuto a noi integralmente il suo epistolario spirituale, nonché degli estratti delle sue omelie trascritti dai suoi uditori. Dal 1554 il suo corpo fu segnato dalla malattia, ma nonostante ciò proseguì il suo apostolato sino alla morte, avvenuta presso Montilla il 10 maggio 1569.
Giovanni d’Avila costituisce un modello nell’attuazione della Riforma cattolica in Spagna. Sacerdote secolare, dunque non appartenente ad alcun ordine religioso, ebbe tuttavia un ruolo determinante nello sviluppo e nella diffusione dei Gesuiti, quale amico di Sant’Ignazio di Loyola, sostenne Santa Teresa d'Avila nella sua grande opera di riforma dell'Ordine Carmelitano e San Giovanni di Dio nella fondazione dei Fatebenefratelli. Sognò talvolta di poter entrare egli stesso nella Compagnia di Gesù, ma fu dissuaso da tale proposito proprio dal provinciale dei Gesuiti in Andalusia, trovando però alla sua morte sepoltura proprio nella chiesa tenuta da tale congregazione a Montilla.
I vari aspetti dell’insegnamento di questo santo possono essere analizzati nel trattato sistematico “Audi filia”, piuttosto che nel suo epistolario spirituale, oppure rintracciandolo negli estratti delle sue prediche. Di questi ultimi riportiamo un esempio, volto a tratteggiare la diversità fra ogni anima: “I corpi degli uomini sono di diversa indole, e c’è grande dissomiglianza nella conformazione delle loro menti, perché Dio ha concesso doni diversi a individui differenti. Non guida tutti nel medesimo sentiero, perciò è impossibile indicare una devozione particolare come la più opportuna. Alcuni non sentono alcuna attrattiva speciale per qualsivoglia forma di devozione ed essi dovrebbero consultare qualcuno [...] così per conoscere se si siano lasciati guidare da una causa d’amore o di timore, di tristezza o di gioia, e come applicare i rimedi più adatti alle loro necessità”. Questo pare essere uno di quegli eterni insegnamenti già contenuti nella Regola Pastorale del papa San Gregorio Magno.
Giovanni d’Avila insiste circa l’unicità della via tracciata da Cristo, valida per tutti: “Cristo di dice che se noi desideriamo unirci a lui, dobbiamo camminare sulla strada che egli ha percorso. Non è sicuramente cosa retta dire che il Figlio di Dio avrebbe camminato nei sentieri dell’ignominia mentre i figli dell’uomo vanno per le vie dell’onore mondano”. Innalza inoltre preghiere affinché il suo corrispondente posa gustare “quali tesori nascosti Dio ci elargisce nelle prove delle quali il mondo pensa solo a fuggire”. Similmente sottolinea come coloro i quali “immaginano di ottenere la santità per mezzo della loro sapienza e forza si ritroveranno, dopo molte tribolazioni, fatiche e sforzi gravosi, lontani dal possederla, e questo in proporzione alla loro certezza di averla ottenuta con le proprie forze”.
Dopo un lungo oblio, si risvegliò un discreto interesse nei suoi confronti con la beatificazione il 4 aprile 1894 sotto il pontificato di Papa Leone XIII, della proclamazione a patrono del clero diocesano spagnolo fatta dal Venerabile Pio XII e soprattutto con la canonizzazione, avvenuta il 31 maggio 1970 ad opera di Papa Paolo VI. Iscrivendolo così nell’albo dei Santi, volle proporre un valido ed attuale modello di sacerdote vissuto in un “tempo di riforme e di discussioni conciliari […], come lo è questo che stiamo vivendo”, in cui “il Sacerdozio stesso soffre d’una crisi profonda; una crisi d’identità, quasi che sia la natura, sia la missione del Sacerdote non abbiano ora motivi sufficienti per giustificare la loro presenza in una società, come la nostra, sconsacrata e secolarizzata”. Così Papa Montini ebbe ad asserire nell’omelia per la sua canonizzazione, donando “alla Chiesa pellegrinante in terra un intercessore nuovo e potente, un maestro di vita spirituale, provvido e sapiente; un rinnovatore esemplare di vita ecclesiastica e di costume cristiano”.
Autore: Fabio Arduino
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/91275
Reliquia
de San Juan de Ávila, se conserva en Almodóvar del Campo su pueblo natal
Giovanni d’Avila
(1499-1569)
Beatificazione:
- 04 aprile 1894
- Papa Leone XIII
Canonizzazione:
- 31 maggio 1970
- Papa Paolo VI
- Basilica Vaticana
Ricorrenza:
- 10 maggio
Sacerdote e Dottore della
Chiesa, che percorse tutta la regione predicando Cristo e, sospettato
ingiustamente di eresia, fu gettato in carcere, dove scrisse la parte più
importante della sua dottrina spirituale
"Cristo di dice che
se noi desideriamo unirci a lui, dobbiamo camminare sulla strada che egli ha
percorso"
Juan de Ávila Gijón nacque
il 6 gennaio 1499 ad Almodóvar del Campo (Ciudad Real, diocesi di Toledo),
figlio unico di Alonso Ávila e di Catalina Gijón, genitori molto cristiani e
con un’alta posizione economica e sociale. A 14 anni lo portarono a studiare
Legge nella prestigiosa Università di Salamanca; ma abbandonò questi studi al
termine del quarto corso perché, in seguito di un’esperienza molto profonda di
conversione, decise di ritornare nella dimora familiare per dedicarsi a
riflettere e a pregare.
Con il proposito di
diventare sacerdote, nel 1520 andò a studiare Arti e Teologia nell’Università
di Alcalá de Henares, aperta alle grandi scuole teologiche del tempo e alla
corrente dell’umanesimo rinascimentale. Nel 1526, ricevette l’ordinazione
sacerdotale e celebrò la prima Messa solenne nella parrocchia del suo paese e,
con il proposito di recarsi come missionario nelle Indie, decise di ripartire
la sua consistente eredità tra i più bisognosi. Quindi, in accordo con colui
che doveva essere primo Vescovo di Talxcala, in Nueva España (Messico),
si recò a Siviglia in attesa d’imbarcarsi per il Nuovo Mondo.
Mentre preparava il
viaggio, si dedicò a predicare nella città e nelle località vicine. Lì incontrò
il venerabile Servo di Dio Fernando de Contreras, dottore ad Alcalá e
prestigioso catechista. Questi, entusiasmato dalla testimonianza di vita e
dall’oratoria del giovane sacerdote Giovanni, riuscì a far sì che
l’arcivescovo sivigliano lo facesse desistere dalla sua idea di andare in
America per restare in Andalusia; rimase a Siviglia condividendo casa, povertà
e vita di preghiera con Contreras e, mentre si dedicava alla predicazione e
alla direzione spirituale, continuò gli studi di Teologia nel Collegio di San
Tommaso, dove forse ottenne il titolo di Maestro.
Tuttavia nel 1531, a
causa di una sua predicazione mal interpretata, fu mandato in carcere.
Nella prigione cominciò a scrivere la prima versione dell’Audi, filia. In
quegli anni ricevette la grazia di penetrare con singolare profondità nel
mistero dell’amore di Dio e del grande beneficio fatto all’umanità
da Gesù Cristo, nostro Redentore. Da allora in poi sarà quello l’asse portante
della sua vita spirituale e il tema centrale della sua predicazione.
Una volta emessa la
sentenza assolutoria nel 1533, continuò a predicare con notevole successo tra
il popolo e dinanzi alle autorità, ma preferì trasferirsi a Cordova,
incardinandosi in questa diocesi. Poco dopo, nel 1536, lo chiamò per
ricevere un suo consiglio l’arcivescovo di Granada dove, oltre a continuare la
sua opera di evangelizzazione, completò gli studi in quella Università.
Buon conoscitore del suo
tempo e con un’ottima formazione accademica, Giovanni d’Ávila fu un eminente
teologo e un autentico umanista. Propose la creazione di un Tribunale
Internazionale di arbitrato per evitare le guerre e fu persino capace
d’inventare e di brevettare alcune opere d’ingegneria. Vivendo però molto
poveramente, incentrò la sua attività sulla promozione della vita cristiana di
quanti ascoltavano compiaciuti i suoi sermoni e lo seguivano ovunque.
Particolarmente
preoccupato dell’educazione e dell’istruzione dei bambini e dei giovani,
soprattutto di quanti si preparavano al sacerdozio, fondò vari Collegi minori e
maggiori che, dopo il concilio di Trento, sarebbero diventati Seminari
conciliari. Fondò altresì l’Università di Baeza (Jaén), per secoli
importante punto di riferimento per la qualificata formazione di chierici e
secolari.
Dopo aver percorso l’Andalusia
e altre regioni del centro e dell’ovest della Spagna predicando e
pregando, ormai malato, nel 1554 si ritirò definitivamente in una
semplice casa a Montilla (Cordova), dove esercitò il suo apostolato delineando
alcune delle sue opere attraverso un’abbondante corrispondenza.
L’Arcivescovo di Granada voleva portarlo come consultore teologo alle
ultime due sessioni del concilio di Trento; non potendo viaggiare
per problemi di salute, redasse i Memoriales che esercitarono grande influenza
in quella assemblea ecclesiale.
Accompagnato dai suoi
discepoli e amici e afflitto da fortissimi dolori, con un Crocifisso tra le
mani, rese la sua anima al Signore nella sua umile casa di Montilla la mattina
del 10 maggio 1569
SOURCE : https://www.causesanti.va/it/santi-e-beati/giovanni-d-avila.html
El
relicario fue instalado en 2012 en el Oratorio construido con ocasión del
nombramiento de san Juan de Ávila como Doctor de la Iglesia. Está situado anexo
a la Cueva de las penitencias.
CANONIZZAZIONE DEL BEATO
GIOVANNI D’AVILA
OMELIA DEL SANTO PADRE
PAOLO VI
Domenica, 31 maggio 1970
Venerati Fratelli e Figli
carissimi!
Ringraziamo Iddio che, mediante questa esaltazione del Beato Giovanni d’Avila allo splendore della santità, offre alla Chiesa universale l’invito allo studio, all’imitazione, al culto, all’invocazione d’una grande figura di Sacerdote.
Lode sia all’Episcopato Spagnolo, che, non pago della proclamazione, fatta dal
Nostro Predecessore di venerata memoria Pio XII, del titolo, attribuito
all’apostolo dell’Andalusia, cioè al medesimo Beato Giovanni d’Avila, di
Protettore speciale del Clero diocesano di Spagna, ha sollecitato da questa
Sede Apostolica la sua canonizzazione, trovando, sia nella nostra Sacra
Congregazione per le cause dei Santi, che nella nostra stessa persona, le
migliori e meritate disposizioni ad atto celebrativo di tanta importanza. E
voglia Iddio che questa elevazione del Beato Giovanni d’Avila nell’albo dei
Santi, nella schiera gloriosa dei figli della Chiesa celeste, valga ad ottenere
alla Chiesa pellegrinante in terra un intercessore nuovo e potente, un maestro
di vita spirituale, provvido e sapiente; un rinnovatore esemplare di vita
ecclesiastica e di costume cristiano.
TEMPO POST-CONCILIARE
E questo Nostro voto sembra esaudito dal raffronto storico dei tempi, nei quali visse ed operò il Santo, con i tempi nostri; raffronto di due periodi certamente molto diversi fra loro, i quali, per altro, presentano analogie non tanto nei fatti, quanto piuttosto in alcuni principi ispiratori, sia delle vicende umane di allora, sia di quelle presenti: risveglio, ad esempio, di energie vitali e crisi di idee, fenomeno questo proprio del Cinquecento e proprio del nostro secolo ventesimo; e tempo di riforme e di discussioni conciliari quello, come lo è questo che stiamo vivendo. E parimente sembra provvidenziale che sia rievocata ai nostri giorni la figura del Maestro Avila per i tratti caratteristici della sua vita sacerdotale, i quali conferiscono a questo Santo un pregio singolare e sempre apprezzato dal gusto contemporaneo, quello dell’attualità.
San Giovanni d’Avila è un Sacerdote, che per molti riguardi possiamo dire
moderno, specialmente per la pluralità degli aspetti, che la sua vita offre
alla nostra considerazione e perciò alla nostra imitazione. Non indarno egli è
già stato offerto al Clero Spagnolo, come suo modello esemplare e celeste
tutore. Noi pensiamo ch’egli può essere onorato come tipo polivalente da ogni
Prete dei giorni nostri, nei quali, si dice, che il Sacerdozio stesso soffre
d’una crisi profonda; una «crisi d’identità», quasi che sia la natura, ‘sia la
missione del Sacerdote non abbiano ora motivi sufficienti per giustificare la
loro presenza in una società, come la nostra, sconsacrata e secolarizzata. Ogni
Prete, che dubitasse della propria vocazione, può avvicinare il nostro Santo ed
avere una risposta rassicurante. Come ogni studioso, incline a ridurre la
figura del Sacerdote entro gli schemi d’una sociologia profana ed utilitaria,
guardando quella di Giovanni d’Avila, avrebbe di che modificare i suoi giudizi
riduttivi e negativi circa la funzione del Sacerdote nel mondo moderno.
UN SEMPLICE PRETE
Giovanni è un uomo povero e modesto, di propria elezione. Non è nemmeno sostenuto dall’inserzione nei quadri operativi dell’ordinamento canonico; non è parroco, non è religioso; è un semplice prete, di scarsa salute e di più scarsa fortuna dopo i primi esperimenti del suo ministero: subisce subito la prova più amara che possa essere inflitta ad un apostolo fedele e fervoroso; quella d’un processo, con relativa detenzione, per sospetto d’eresia, come allora si usava. Egli non ha nemmeno la fortuna di potersi sostenere abbracciando un grande ideale avventuroso; voleva partire missionario per le terre americane, le «Indie» occidentali allora recentemente scoperte; ma non gliene è dato il permesso.
Ma Giovanni non dubita. Ha la coscienza della sua vocazione. Ha la fede nella
sua elezione sacerdotale. Una introspezione psicologica della sua biografia ci
porterebbe a individuare in questa certezza della sua «identità» sacerdotale la
sorgente del suo impavido zelo, della sua fecondità apostolica, della sua sapienza
di lucido riformatore della vita ecclesiastica e di squisito direttore di
coscienze. San Giovanni d’Avila insegna almeno questo, e soprattutto questo al
Clero del nostro tempo, di non dubitare dell’essere suo: Sacerdote di Cristo,
ministro della Chiesa, guida ai fratelli.
Egli avverte
profondamente ciò che oggi alcuni Sacerdoti e molti Alunni nei Seminari non
comprendono più come un dovere corroborante e un titolo specifico alla
qualificazione ministeriale nella Chiesa, la propria definizione – chiamiamola
pure sociologica - desunta da quella che, come servo di Gesù Cristo, e come
apostolo, San Paolo dava di sé: «Segregato per annunciare il Vangelo di Dio» (Rom.
1, 1). Questa segregazione, questa specificazione, ch’è poi quella d’un organo
distinto e indispensabile per il bene d’un intero corpo vivente (Cfr. 2
Cor. 12, 16 ss.), è oggi la prima nota del sacerdozio cattolico ad essere
discussa e contestata anche da motivi, spesso per sé nobili e sotto certi
aspetti ammissibili; ma quando essi tendono a togliere questa «segregazione»,
ad assimilare lo stato ecclesiastico a quello laico e profano, e a giustificare
nell’eletto l’esperienza della vita mondana col pretesto ch’egli non dev’essere
da meno d’ogni altro uomo, facilmente spingono l’eletto fuori dal suo cammino e
fanno facilmente del prete un uomo qualunque, un sale senza sapore, un inabile
al sacrificio interiore, e un destituito dalla potenza di giudizio, di parola e
di esempio, proprio d’un forte, d’un puro, d’un libero seguace di Cristo. La parola
tagliente ed esigente del Signore: «Chiunque, dopo aver messo la mano
all’aratro, volge indietro lo sguardo, non è idoneo al regno di Dio» (Luc. 9,
62), era penetrata profondamente in questo singolare Sacerdote, che nella
totalità del suo dono a Cristo ritrovò centuplicate le sue energie.
PREDICAZIONE RINNOVATRICE
La sua parola di predicatore divenne potente e risuonò rinnovatrice. San Giovanni d’Avila può essere ancor oggi maestro di predicazione, tanto più degno d’essere ascoltato e imitato quanto meno indulgente agli artifici oratori e letterari del suo tempo, e quanto più abbeverato di sapienza attinta alle fonti bibliche e patristiche. La sua personalità si manifesta e grandeggia nel ministero della predicazione. E, cosa apparentemente contraria a tale sforzo di parola pubblica ed esteriore, Avila conobbe l’esercizio della parola personale e interiore, propria del ministero del sacramento della penitenza e della direzione spirituale. E forse ancor più in questo ministero paziente e silenzioso, estremamente delicato e prudente, la personalità di lui eccelle su quella dell’oratore. Il nome di Giovanni d’Avila è legato alla sua opera più significativa, la celebre opera Audi, filia, ch’è libro di magistero interiore, pieno di religiosità, di esperienza cristiana, di umana bontà. Precede la Filotea, opera, in certo senso analoga, d’un altro Santo, Francesco di Sales, e tutta una letteratura di libri religiosi, che daranno profondità e sincerità alla formazione spirituale cattolica dal Tridentino fino ai nostri giorni. Anche in questo Avila è esemplare maestro.
E quante altre sue virtù potremmo ricordare a nostra edificazione! Avila fu scrittore fecondo. Aspetto anche questo che lo avvicina a noi mirabilmente e ci offre la sua conversazione, quella d’un Santo.
E poi l’azione. Un’azione varia e instancabile: corrispondenza, animazione di
gruppi spirituali, di sacerdoti specialmente, conversione di anime grandi, come
Luigi di Granada, suo discepolo e suo biografo, e quali i futuri Santi Giovanni
di Dio e Francesco Borgia, amicizia con gli spiriti magni del suo tempo, quali
Sant’Ignazio e Santa Teresa, fondazione di Collegi per il Clero e per la
gioventù. Una grande figura davvero.
PRECURSORE E MILITE
FEDELE
Pero donde nuestra
atención querría detenerse particularmente es en la figura de reformador o,
mejor, de innovador, que es reconocida a San Juan de Avila. Habiendo vivido en
el período de transición, lleno de problemas, de discusiones y de controversias
que precede al Concilio de Trento, e incluso durante y después del largo y
grande Concilio el Santo no podía eximirse de tomar una postura frente a este
gran acontecimiento. No pudo participar personalmente en él a causa de su
precaria salud; pero es suyo un Memorial, bien conocido, titulado: Reformación
del Estado Eclesiástico ( 1551) (seguido de un apéndice: Lo que se
debe avisar a los Obispos), que el Arzobispo de Granada, Pedro Guerrero, hará
suyo en el Concilio de Trento, con aplauso general. Del mismo modo, otros
escritos como: Causas 31 remedios de las herejias (Memorial Segundo, 1561),
demuestran con qué intensidad y con cuáles designios Juan de Avila participó en
el histórico acontecimiento: del mismo claro diagnóstico de la gravedad de los
males que afligían la Iglesia en aquel tiempo se trasluce la lealtad, el amor y
la esperanza. Y cuando se dirige al Papa y a los Pastores de la Iglesia iqué
sinceridad evangélica y devoción filial, qué fidelidad a la tradición y
confianza en la constitución intrínseca y original de la Iglesia y qué
importancia primordial reservada a la verdadera fe para curar los males y
prever la renovación de la Iglesia misma!
«Juan de Avila ha sido, en cuestión de reforma, como en otros campos espirituales, un precursor; y el Concilio de Trento ha adoptado decisiones que él había preconizado mucho tiempo antes» (S. CHAKPRENET, p. 56). Pero no ha sido un crítico contestador, como hoy se dice. Ha sido un espíritu clarividente y ardiente, que a la denuncia de los males, a la sugerencia de remedios canónicos, ha añadido una escuela de intensa espiritualidad (el estudio de la Sagrada Escritura, la práctica de la oración mental, la imitación de Cristo y su traducción española del libro del mismo nombre, el culto de la Eucaristía, la devoción a la Santísima Virgen, la defensa del sacro celibato, el amor a la Iglesia aún cuando algún ministro de la misma fue demasiado severo con él . ..) y ha sido el primero en practicar las enseñanzas de su escuela.
Una gran figura, repetimos, también ella hija y gloria de la tierra de España, de la España católica, entrenada a vivir su fe dramáticamente, haciendo surgir del seno de sus tradiciones morales y espirituales, de tanto en tanto, en los momentos cruciales de su historia, el héroe, el sabio, el Santo.
Pueda este Santo, que Nós sentimos la alegría de exaltar ante la Iglesia, serle
favorable intercesor de las gracias que ella parece necesitar hoy más: la
firmeza en la verdadera fe, el auténtico amor a la Iglesia, la Santidad de su
Clero, la fidelidad al Concilio, la imitación de Cristo tal como debe ser en
los nuevos tiempos. Y pueda su figura profética, coronada hoy con la aureola de
la santidad, derramar sobre el mundo la verdad, la caridad, la paz de Cristo.
Copyright © Dicastero per
la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : https://www.vatican.va/content/paul-vi/it/homilies/1970/documents/hf_p-vi_hom_19700531.html
Talla
de San Juan de Ávila en la parroquia de Nuestra Señora de la Asunción de
Almodóvar del Campo (Ciudad Real)
Statue
de San Juan de Ávila à la paroisse de Nuestra Señora de la Asunción de
Almodóvar del Campo (Ciudad Real)
LETTERA APOSTOLICA
BENEDETTO PP. XVI
A PERPETUA MEMORIA
1. Caritas Christi
urget nos (2 Cor 5, 14). L’amore di Dio, manifestato in Gesù Cristo,
è la chiave dell’esperienza personale e della dottrina del Santo Maestro di
Ávila, un «predicatore evangelico» sempre ancorato alla Sacra Scrittura,
appassionato della verità e referente qualificato per la «Nuova
Evangelizzazione».
Il primato della grazia
che spinge a operare il bene, la promozione di una spiritualità della fiducia e
la chiamata universale alla santità vissuta come risposta all’amore di Dio,
sono punti centrali dell’insegnamento di questo presbitero diocesano che dedicò
la sua vita all’esercizio del suo ministero sacerdotale.
Il 4 marzo 1538, Papa
Paolo III emise la Bolla Altitudo Divinae Providentiae, diretta a Giovanni
d’Ávila, autorizzandolo a fondare l’Università di Baeza (Jaén), nella quale lo
definì come “praedicatorem insignem Verbi Dei”. Il 14 marzo 1565 Pio IV
emetteva una Bolla confermatoria delle facoltà concesse a tale Università nel
1538, nella quale lo designava come “Magistrum in theologia et verbi Dei
praedicatorem insignem” (cfr. Biatiensis Universitas, 1968). I suoi
contemporanei non esitarono a chiamarlo “Maestro”, titolo con cui figura fin
dal 1538, e Papa Paolo VI, nell’omelia
della sua canonizzazione, il 31 maggio 1970, esaltò la sua figura e la sua
dottrina sacerdotale eccelsa, lo propose come modello di predicazione e di
direzione delle anime, lo definì paladino della riforma ecclesiastica e
sottolineò la sua costante influenza storica fino al momento presente.
2. Giovanni d’Ávila visse
nella prima ampia metà del XVI secolo. Nacque il 6 gennaio 1499 o 1500, ad
Almodóvar del Campo (Ciudad Real, diocesi di Toledo), figlio unico di Alonso
Ávila e di Catalina Gijón, genitori molto cristiani e con un’alta posizione
economica e sociale. A 14 anni lo portarono a studiare Legge nella prestigiosa
Università di Salamanca; ma abbandonò questi studi al termine del quarto corso
perché, in seguito di un’esperienza molto profonda di conversione, decise di
ritornare nella dimora familiare per dedicarsi a riflettere e a pregare.
Con il proposito di
diventare sacerdote, nel 1520 andò a studiare Arti e Teologia nell’Università
di Alcalá de Henares, aperta alle grandi scuole teologiche del tempo e alla
corrente dell’umanesimo rinascimentale. Nel 1526, ricevette l’ordinazione
sacerdotale e celebrò la prima Messa solenne nella parrocchia del suo paese e,
con il proposito di recarsi come missionario nelle Indie, decise di ripartire
la sua consistente eredità tra i più bisognosi. Quindi, in accordo con colui
che doveva essere primo Vescovo di Talxcala, in Nueva España (Messico), si recò
a Siviglia in attesa d’imbarcarsi per il Nuovo Mondo.
Mentre preparava il
viaggio, si dedicò a predicare nella città e nelle località vicine. Lì incontrò
il venerabile Servo di Dio Fernando de Contreras, dottore ad Alcalá e
prestigioso catechista. Questi, entusiasmato dalla testimonianza di vita e
dall’oratoria del giovane sacerdote Giovanni, riuscì a far sì che l’arcivescovo
sivigliano lo facesse desistere dalla sua idea di andare in America per restare
in Andalusia; rimase a Siviglia condividendo casa, povertà e vita di preghiera
con Contreras e, mentre si dedicava alla predicazione e alla direzione
spirituale, continuò gli studi di Teologia nel Collegio di San Tommaso, dove
forse ottenne il titolo di Maestro.
Tuttavia nel 1531, a
causa di una sua predicazione mal interpretata, fu mandato in carcere. Nella prigione
cominciò a scrivere la prima versione dell’Audi, filia. In quegli anni
ricevette la grazia di penetrare con singolare profondità nel mistero
dell’amore di Dio e del grande beneficio fatto all’umanità da Gesù Cristo,
nostro Redentore. Da allora in poi sarà quello l’asse portante della sua vita
spirituale e il tema centrale della sua predicazione.
Una volta emessa la
sentenza assolutoria nel 1533, continuò a predicare con notevole successo tra
il popolo e dinanzi alle autorità, ma preferì trasferirsi a Cordova,
incardinandosi in questa diocesi. Poco dopo, nel 1536, lo chiamò per ricevere
un suo consiglio l’arcivescovo di Granada dove, oltre a continuare la sua opera
di evangelizzazione, completò gli studi in quella Università.
Buon conoscitore del suo
tempo e con un’ottima formazione accademica, Giovanni d’Ávila fu un eminente
teologo e un autentico umanista. Propose la creazione di un Tribunale
Internazionale di arbitrato per evitare le guerre e fu persino capace
d’inventare e di brevettare alcune opere d’ingegneria. Vivendo però molto
poveramente, incentrò la sua attività sulla promozione della vita cristiana di
quanti ascoltavano compiaciuti i suoi sermoni e lo seguivano ovunque.
Particolarmente preoccupato dell’educazione e dell’istruzione dei bambini e dei
giovani, soprattutto di quanti si preparavano al sacerdozio, fondò vari Collegi
minori e maggiori che, dopo il concilio di Trento, sarebbero diventati Seminari
conciliari. Fondò altresì l’Università di Baeza (Jaén), per secoli importante
punto di riferimento per la qualificata formazione di chierici e secolari.
Dopo aver percorso
l’Andalusia e altre regioni del centro e dell’ovest della Spagna predicando e
pregando, ormai malato, nel 1554 si ritirò definitivamente in una semplice casa
a Montilla (Cordova), dove esercitò il suo apostolato delineando alcune delle
sue opere attraverso un’abbondante corrispondenza. L’Arcivescovo di Granada
voleva portarlo come consultore teologo alle ultime due sessioni del concilio
di Trento; non potendo viaggiare per problemi di salute, redasse i Memoriales che
esercitarono grande influenza in quella assemblea ecclesiale.
Accompagnato dai suoi
discepoli e amici e afflitto da fortissimi dolori, con un Crocifisso tra le
mani, rese la sua anima al Signore nella sua umile casa di Montilla la mattina
del 10 maggio 1569.
3. Giovanni d’Ávila fu
contemporaneo, amico e consigliere di grandi santi e uno dei maestri spirituali
più prestigiosi e consultati del suo tempo.
Sant’Ignazio di Loyola,
che lo stimava molto, desiderò vivamente che entrasse nella nascente Compagnia
di Gesù; ciò non avvenne ma il Maestro orientò verso di essa una trentina dei
suoi migliori alunni. Giovanni Ciudad, poi san Giovanni di Dio, fondatore
dell’Ordine Ospedaliero, si convertì ascoltando il Santo Maestro e da allora si
affidò alla sua guida spirituale. Il nobilissimo san Francesco Borgia, un altro
grande convertito grazie alla mediazione di Padre Ávila, divenne addirittura
preposito generale della Compagnia di Gesù. San Tommaso da Villanova,
arcivescovo di Valencia, diffuse nelle sue diocesi e in tutto il Levante
spagnolo il suo metodo catechetico. Suoi amici furono pure san Pietro de
Alcántara, provinciale dei Francescani e riformatore dell’Ordine; san Giovanni
de Ribera, vescovo di Badajoz, che gli chiese dei predicatori per rinnovare la
sua diocesi, e poi arcivescovo di Valencia, aveva nella sua biblioteca un
manoscritto con 82 suoi sermoni; Teresa
di Gesù, oggi Dottore della Chiesa, che patì grandi travagli prima che
potesse far arrivare al Maestro il manoscritto della sua Vida; San
Giovanni della Croce, anch’egli Dottore della Chiesa, che si mise in contatto
con i suoi discepoli di Baeza che lo aiutarono nella riforma del Carmelo; il
Beato Bartolomeo dei Martiri, che, grazie ad amici comuni, venne a conoscenza
della sua vita e della sua santità, e altri ancora che riconobbero l’autorità
morale e spirituale del Maestro.
4. Sebbene il «Padre
Maestro Ávila» fu, prima di tutto, un predicatore, non trascurò di fare un uso
magistrale della sua penna per esporre i suoi insegnamenti. Di fatto la sua
influenza e la sua memoria postuma, fino ai nostri giorni, sono strettamente
legate non solo alla testimonianza della sua persona e della sua vita, ma anche
ai suoi scritti, tanto diversi tra di loro.
La sua opera principale,
l’Audi, filia, un classico della spiritualità, è il suo trattato più
sistematico, ampio e completo, la cui edizione definitiva fu preparata dal suo
autore negli ultimi anni di vita. Il Catechismo o Dottrina cristiana,
unica opera che fece stampare in vita (1554), è una sintesi pedagogica, per
bambini e adulti, dei contenuti della fede. Il Trattato dell’amore di Dio,
un tesoro letterario e per il contenuto, riflette con quale profondità gli fu
concesso penetrare nel mistero di Cristo, il Verbo incarnato e redentore.
Il Trattato sul sacerdozio è un breve compendio che si completa con
le conversazioni, i sermoni e le lettere. Ci sono anche altri scritti minori,
che consistono in orientamenti o Avvisi per la vita spirituale.
I Trattati di Riforma sono legati al concilio di Trento e ai sinodi
provinciali che lo applicarono e si riferiscono molto opportunamente al
rinnovamento personale ed ecclesiale. I Sermoni e le Conversazioni, come
l’Epistolario, sono scritti che abbracciano tutto l’arco liturgico e l’ampia
cronologia del suo ministero sacerdotale. I commenti biblici — dalla Lettera
ai Galati alla Prima Lettera di Giovanni e altri — sono esposizioni
sistematiche di notevole profondità biblica e di grande valore pastorale.
Tutte queste opere
offrono contenuti molto profondi, presentano un’evidente impostazione
pedagogica nell’uso di immagine e di esempi e lasciano intuire le circostanze
sociologiche ed ecclesiali dell’epoca. Il tono è di somma fiducia nell’amore di
Dio, invitando la persona alla perfezione della carità. Il suo linguaggio è il
castigliano classico e sobrio della sua terra d’origine La Mancha, mescolato a
volte con l’immaginazione e il calore del meridione, ambiente in cui trascorse
la maggior parte della sua vita apostolica.
Attento a cogliere quello
che lo Spirito ispirava alla Chiesa in un’epoca complessa e agitata da
cambiamenti culturali, da varie correnti umanistiche, dalla ricerca di nuove
vie di spiritualità, chiarì criteri e concetti.
5. Nei suoi insegnamenti
il Maestro Giovanni d’Ávila alludeva costantemente al battesimo e alla
redenzione per dare impulso alla santità, e spiegava che la vita spirituale
cristiana, che è partecipazione alla vita trinitaria, parte dalla fede in Dio
Amore, si basa sulla bontà e sulla misericordia divina espressa nei meriti di
Cristo ed è interamente mossa dallo Spirito; cioè, dall’amore a Dio e ai
fratelli. «Allarghi la vostra misericordia il suo piccolo cuore in
quell’immensità di amore con cui il Padre ci ha dato suo Figlio, e con Lui ci
ha dato se stesso, e lo Spirito Santo e tutte le cose» (Lettera 160),
scrive. E ancora: «Il vostro prossimo è cosa che riguarda Gesù Cristo» (Ibidem 62),
perciò «la prova del perfetto amor di nostro Signore è il perfetto amore del
prossimo» (Ibidem 103). Dimostra anche grande apprezzamento per le cose
create, ordinandole nella prospettiva dell’amore.
Essendo templi della
Trinità, incoraggia in noi la stessa vita di Dio e il cuore pian piano si
unifica, come processo di unione con Dio e con i fratelli. Il cammino del cuore
è cammino di semplicità, di bontà, di amore, di atteggiamento filiale. Questa
vita secondo lo Spirito è fortemente ecclesiale, nel senso di esprimere l’amore
sponsale tra Cristo e la sua Chiesa, tema centrale dell’Audi, filia. Ed è anche
mariana: la configurazione con Cristo, sotto l’azione dello Spirito Santo, è un
processo di virtù e doni che guarda a Maria come modello e come madre. La
dimensione missionaria della spiritualità, come derivazione della dimensione
ecclesiale e mariana, è evidente negli scritti del Maestro Ávila, che invita
allo zelo apostolico a partire dalla contemplazione e da un maggiore impegno
nella santità. Consiglia di nutrire devozione per i santi, perché mostrano a
tutti noi «un grande Amico, che è Dio, il quale tiene i cuori prigionieri nel
suo amore […] ed Egli ci ordina di avere molti altri amici, che sono i suoi
santi» (Lettera 222).
6. Se il Maestro Ávila è
pioniere nell’affermare la chiamata universale alla santità, risulta anche un
anello imprescindibile nel processo storico di sistematizzazione della dottrina
sul sacerdozio. Nel corso dei secoli i suoi scritti sono stati fonte d’ispirazione
per la spiritualità sacerdotale e può essere considerato come il promotore del
movimento mistico tra i presbiteri secolari. La sua influenza è evidente in
molti autori spirituali successivi.
L’affermazione centrale
del Maestro Ávila è che i sacerdoti «nella messa ci poniamo sull’altare nella
persona di Cristo a fare l’ufficio dello stesso Rendentore» (Lettera 157),
e che agire in persona Christi comporta l’incarnare, con umiltà,
l’amore paterno e materno di Dio. Tutto ciò richiede alcune condizioni di vita,
come il frequentare la Parola e l’Eucaristia, l’avere spirito di povertà,
l’andare sul pulpito «con misurazione», cioè, essendosi preparati con lo studio
e con la preghiera, e l’amare la Chiesa, perché è la sposa di Gesù Cristo.
La ricerca e la creazione
di mezzi per formare meglio gli aspiranti al sacerdozio, l’esigenza di maggiore
santità del clero e la necessaria riforma nella vita ecclesiale costituiscono
la preoccupazione più profonda e costante del Santo Maestro. La santità del
clero è imprescindibile per riformare la Chiesa. S’imponevano quindi la
selezione e l’adeguata formazione di quanti aspiravano al sacerdozio. Come
soluzione propose di creare seminari e giunse a suggerire l’opportunità di un
collegio speciale affinché si preparassero nello studio della Sacra Scrittura.
Queste proposte raggiunsero tutta la Chiesa.
Da parte sua la
fondazione dell’Università di Baeza, nella quale riversò tutto il suo interesse
e il suo entusiasmo, costituì una delle sue aspirazioni più riuscite, perché
riuscì a offrire un’ottima formazione iniziale e permanente ai chierici,
tenendo particolarmente presente lo studio della cosiddetta «teologia positiva»
con orientamento pastorale, e diede origine a una scuola sacerdotale che
prosperò per secoli.
7. Data la sua indubbia e
crescente fama di santità, la Causa di beatificazione e canonizzazione del
Maestro Giovanni d’Ávila fu avviata nell’arcidiocesi di Toledo, nel 1623.
S’interrogarono subito i testimoni di Almodóvar del Campo e Montilla, luoghi di
nascita e di morte del Servo di Dio e a Cordova, Granada, Jaén, Baeza e
Andújar. Ma, per diversi problemi, la Causa rimase interrotta fino al 1731,
anno in cui l’arcivescovo di Toledo inviò a Roma i processi informativi già
realizzati. Con decreto del 3 aprile 1742 Papa Benedetto XIV approvò gli
scritti ed elogiò la dottrina del Maestro Ávila, e l’8 febbraio 1759 Clemente
XIII dichiarò che aveva esercitato le virtù in grado eroico. La beatificazione
ebbe luogo, per opera di Papa Leone
XIII, il 6 aprile 1894 e la canonizzazione,
per opera di Papa Paolo VI, il 31 maggio 1970. Data l’importanza della sua
figura sacerdotale, nel 1946 Pio
XII lo nominò Patrono del clero secolare in Spagna.
Il titolo di «Maestro»
con il quale per tutta la sua vita e nel corso dei secoli, è stato conosciuto
Giovanni d’Ávila ha motivato la eventualità, dopo la sua canonizzazione, la
possibilità di nominarlo Dottore. Così, su richiesta del cardinale Don Benjamín
de Arriba y Castro, arcivescovo di Tarragona, la XII Assemblea Plenaria della
Conferenza Episcopale Spagnola (luglio 1970) decise di chiedere alla Santa Sede
di dichiararlo Dottore della Chiesa Universale. Seguirono numerose istanze,
particolarmente in occasione del XXV anniversario della sua Canonizzazione
(1995) e del V centenario della sua nascita (1999).
La dichiarazione di
Dottore della Chiesa Universale di un santo presuppone il riconoscimento di un
carisma di sapienza conferito dallo Spirito Santo per il bene della Chiesa e
dimostrato dall’influenza benefica del suo insegnamento sul popolo di Dio,
fatti ben evidenti nella persona e nell’opera di Giovanni d’Ávila. Questi fu
richiesto molto spesso dai suoi contemporanei come Maestro di teologia,
discernitore di spiriti e direttore spirituale. A lui si rivolsero alla ricerca
di aiuto e di orientamento grandi santi e riconosciuti peccatori, sapienti e
ignoranti, poveri e ricchi, e alla sua fama di consigliere si unì sia il suo
attivo intervento in importanti conversioni sia la sua quotidiana azione per
migliorare la vita di fede e la comprensione del messaggio cristiano di quanti
si recavano solleciti ad ascoltare i suoi insegnamenti. Anche i vescovi e i
religiosi dotti e ben preparati si rivolgevano a lui come consigliere,
predicatore e teologo, esercitando una notevole influenza su quanti entravano
in contatto con lui e sugli ambienti che frequentava.
8. Il Maestro Ávila non
esercitò come professore nelle Università, anche se fu organizzatore e primo
Rettore dell’Università di Baeza. Non spiegò la teologia da una cattedra, ma
impartì lezioni di Sacra Scrittura a laici, religiosi e chierici.
Non elaborò mai una
sintesi sistematica del suo insegnamento teologico, ma la sua teologia è orante
e sapienziale. Nel Memoriale II al concilio di Trento dà due motivi
per vincolare la teologia e la preghiera: la santità della scienza teologica e
il bene e l’edificazione della Chiesa. Come autentico umanista e buon
conoscitore della realtà, la sua è anche una teologia vicina alla vita, che
risponde alle questioni poste in quel momento e lo fa in modo didattico e
comprensibile.
L’insegnamento di
Giovanni d’Ávila si evidenzia per la sua eccellenza e precisione e per la sua
estensione e profondità, frutto di uno studio metodico, di contemplazione e per
mezzo di una profonda esperienza delle realtà soprannaturali. Inoltre il suo
ricco epistolario poté ben presto contare su traduzioni italiane, francesi e
inglesi.
Spicca la sua profonda
conoscenza della Bibbia, che lui desiderava vedere nelle mani di tutti, per cui
non dubitò a spiegarla tanto nella sua predicazione quotidiana come offrendo
lezioni su determinati Libri sacri. Era solito confrontare le versioni e
analizzare i sensi letterari e spirituali; conosceva i commenti patristici più
importanti ed era convinto che per ricevere adeguatamente la rivelazione erano
necessario lo studio e la preghiera, e che si poteva penetrarne il suo senso
con l’aiuto della tradizione e del magistero. Dell’Antico Testamento cita
soprattutto i Salmi, Isaia e il Cantico dei cantici. Del
Nuovo l’apostolo Giovanni e San Paolo che è, indubbiamente, il più citato.
«Copia fedele di San Paolo», lo chiamò Papa Paolo
VI nella bolla della sua canonizzazione.
9. La dottrina del
Maestro Giovanni d’Ávila possiede, senza dubbio, un messaggio sicuro e
duraturo, ed è capace di contribuire a confermare e ad approfondire il deposito
della fede, mettendo persino in luce nuove prospettive dottrinali e di vita. Attenendosi
al magistero pontificio, risulta evidente la sua attualità, il che prova che la
sua eminens doctrina costituisce un autentico carisma, dono dello
Spirito Santo alla Chiesa di ieri e di oggi.
Il primato di Cristo e
della grazia che, in termini di amore di Dio, attraversa tutto l’insegnamento
del Maestro Ávila, è una delle dimensioni sottolineate tanto dalla teologia
come dalla spiritualità attuale, da cui derivano conseguenze anche per la
pastorale, come Noi abbiamo sottolineato nell’enciclica Deus
caritas est. La fiducia, basata sull’affermazione e sull’esperienza
dell’amore di Dio e della bontà e misericordia divine, è stata proposta anche
nel recente magistero pontificio, come nell’enciclica Dives
in misericordia e nell’esortazione apostolica post-sinodale Ecclesia
in Europa, che è una vera proclamazione del Vangelo della speranza, come
abbiamo anche voluto fosse nell’enciclica Spe
salvi. E quando nella lettera apostolica Ubicumque
et semper con la quale abbiamo istituito il Pontificio
Consiglio per la promozione della Nuova Evangelizzazione, abbiamo detto:
«Per proclamare in modo fecondo la Parola del Vangelo, è richiesto anzitutto
di fare una profonda esperienza di Dio», emerge la figura serena e umile
di questo «predicatore evangelico», la cui eminente dottrina è di grande
attualità.
10. Nel 2002 la
Conferenza Episcopale Spagnola è venuta a conoscenza del fatto che lo Studio
riassuntivo sull’eminente dottrina ravvisata nelle opere di San Giovanni
d’Ávila, della Congregazione
per la Dottrina della Fede, si concludeva in modo nettamente affermativo, e
nel 2003 un consistente numero di Signori Cardinali, Arcivescovi e Vescovi,
Presidenti di Conferenze Episcopali, Superiori Generali d’Istituti di vita
consacrata, Responsabili di Associazioni e Movimenti ecclesiali, Università e
altre istituzioni, e singoli personaggi di spicco, si unirono alla supplica
della Conferenza Episcopale Spagnola attraverso Lettere Postulatorie che
esprimevano a Papa Giovanni
Paolo II l’interesse e l’opportunità del Dottorato di San Giovanni
d’Ávila.
Ritornato il dossier
alla Congregazione
delle cause dei Santi e nominato un Relatore per questa Causa, è stato
necessario elaborare la corrispondente Positio. Fatto ciò, il Presidente e
il Segretario della Conferenza Episcopale Spagnola, insieme al Presidente della
Giunta Pro Dottorato e alla Postulatrice della Causa hanno firmato,
il 10 dicembre 2009, la definitiva Supplica (Supplex libellus) del Dottorato
per il Maestro Giovanni d’Ávila. Il 18 dicembre 2010 si è tenuto il Congresso
Peculiare dei Consultori Teologici di detta Congregazione, relativo al
Dottorato del Santo Maestro. I voti sono stati affermativi. Il 3 maggio 2011,
la Sessione Plenaria di Cardinali e Vescovi membri della Congregazione ha
deciso, con voto ancora una volta all’unanimità affermativo, di proporci la
dichiarazione di San Giovanni d’Ávila, se così lo desideriamo, come Dottore
della Chiesa universale. Il 20
agosto 2011, a Madrid, durante la Giornata Mondiale della Gioventù, abbiamo
annunciato al Popolo di Dio: «dichiarerò prossimamente San Giovanni d’Ávila,
presbitero, Dottore della Chiesa universale». Il 27
maggio 2012, domenica di Pentecoste, abbiamo avuto la gioia di dire a
Piazza San Pietro, alla moltitudine di pellegrini di tutto il mondo lì riuniti:
«Lo Spirito, che ha parlato per mezzo dei profeti, con i doni della
sapienza e della scienza continua a ispirare donne e uomini che si impegnano
nella ricerca della verità, proponendo vie originali di conoscenza e di
approfondimento del mistero di Dio, dell’uomo e del mondo. In questo contesto,
sono lieto di annunciare che il prossimo 7 ottobre, all’inizio dell’Assemblea
Ordinaria del Sinodo dei Vescovi, proclamerò san Giovanni d’Ávila e santa
Ildegarda di Bingen dottori della Chiesa universale […] La santità della vita e
la profondità della dottrina li rendono perennemente attuali: la grazia dello
Spirito Santo, infatti, li proiettò in quell’esperienza di penetrante
comprensione della rivelazione divina e di intelligente dialogo con il mondo
che costituiscono l’orizzonte permanente della vita e dell’azione della Chiesa.
Soprattutto alla luce del progetto di una nuova evangelizzazione alla quale
sarà dedicata la menzionata Assemblea del Sinodo dei Vescovi, e alla vigilia
dell’Anno della Fede, queste due figure di santi e dottori saranno di grande
importanza e attualità».
Oggi, dunque, con l’aiuto
di Dio e il plauso di tutta la Chiesa, ciò è fatto. In Piazza San Pietro, alla
presenza di molti Cardinali e Presuli della Curia Romana e della Chiesa
cattolica, confermando ciò che è stato fatto e soddisfacendo con grande piacere
i desideri dei supplicanti, durante il sacrificio Eucaristico abbiamo
pronunziato queste parole:
«Noi accogliendo il
desiderio di molti Fratelli nell’Episcopato e di molti fedeli del mondo intero,
dopo aver avuto il parere della Congregazione delle Cause dei Santi, dopo aver
lungamente riflettuto e avendo raggiunto un pieno e sicuro convincimento, con
la pienezza dell’autorità apostolica dichiariamo San Giovanni d’Avila,
sacerdote diocesano, e Santa Ildegarda di Bingen, monaca professa dell’Ordine
di San Benedetto, Dottori della Chiesa universale, Nel nome del Padre, del
Figlio e dello Spirito Santo».
Queste cose decretiamo e
ordiniamo, stabilendo che questa lettera sia e rimanga sempre certa, valida ed
efficace, e che sortisca e ottenga i suoi effetti pieni e integri; e così
convenientemente si giudichi e si definisca; e sia vano e senza fondamento
quanto diversamente intorno a ciò possa essere tentato da chiunque con
qualsivoglia autorità, scientemente o per ignoranza.
Dato a Roma, presso San
Pietro,col sigillo del Pescatore, il 7 ottobre 2012, anno ottavo del Nostro
Pontificato
BENEDETTO PP. XVI
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Libreria Editrice Vaticana
Iglesia
de San Juan de Ávila, en el barrio de Las Delicias, Valladolid
CANONIZACIÓN DEL BEATO
JUAN DE ÁVILA
HOMILÍA DEL SANTO PADRE
PABLO VI
Domingo 31 de mayo de
1970
Venerables hermanos y
amados hijos:
Demos gracias a Dios que,
con la exaltación del Beato Juan de Ávila al esplendor de la santidad, ofrece a
la Iglesia universal una invitación al estudio, a la imitación, al culto, a la
invocación de una gran figura de sacerdote.
Alabanzas al Episcopado
español que, no satisfecho de la proclamación de Protector especial del Clero
diocesano de España, que nuestro predecesor de venerada memoria, Pío XII, hizo
ya a favor del Beato Juan de Ávila, ha solicitado a esta Sede Apostólica su
canonización, encontrando tanto en nuestra Sagrada Congregación para las causas
de los santos como en nuestra misma persona las mejores y merecidas
disposiciones para un acto celebrativo de tanta importancia. Quiera el Señor
que esta elevación del Beato Juan de Ávila al catálogo de los Santos, en las
filas gloriosas de los hijos de la Iglesia celestial, sirva para obtener a la
Iglesia peregrina en la tierra un intercesor nuevo y poderoso, un maestro de
vida espiritual benévolo y sabio, un renovador ejemplar de la vida eclesiástica
y de las costumbres cristianas.
Este nuestro deseo parece
satisfecho al hacer una comparación histórica de los tiempos en los que vivió y
obró el Santo, con nuestros tiempos; comparación de dos períodos ciertamente
muy diversos entre sí, pero que por otra parte presentan analogías no tanto en
los hechos, cuanto más bien en algunos principios inspiradores, ya de las
vicisitudes humanas de aquel entonces, ya de las de ahora; por ejemplo, el
despertar de energías vitales y crisis de ideas, un fenómeno propio del siglo
XVI y también del siglo XX; tiempos de reformas y de debates conciliares como
los que estamos viviendo. E igualmente parece providencial que se evoque en
nuestros días la figura del Maestro Ávila por los rasgos característicos de su
vida sacerdotal, los cuales dan a este Santo un valor singular y especialmente
apreciado por el gusto contemporáneo, el de la actualidad.
San Juan de Ávila es un
sacerdote que, bajo muchos aspectos, podemos llamar moderno, especialmente por
la pluralidad de facetas que su vida ofrece a nuestra consideración y, por lo
tanto, a nuestra imitación. No en vano él ha sido ya presentado al clero
español como su modelo ejemplar y celestial Patrono. Nosotros pensamos que él
puede ser honrado como figura polivalente para todo sacerdote de nuestros días,
en los cuales se dice que el sacerdocio mismo sufre una profunda crisis; una
"crisis de identidad", como si la naturaleza y la misión del
sacerdote no tuvieran ahora motivos suficientes para justificar su presencia en
una sociedad como la nuestra, desacralizada y secularizada. Todo sacerdote que
duda de la propia vocación puede acercarse a nuestro Santo y obtener una
respuesta tranquilizadora. Igualmente todo estudioso, inclinado a empequeñecer
la figura del sacerdote dentro de los esquemas de una sociología profana y
utilitaria, mirando la figura de Juan de Ávila, se verá obligado a modificar
sus juicios restrictivos y negativos acerca de la función del sacerdote en el
mundo moderno.
Juan es un hombre pobre y
modesto por propia elección. Ni siquiera está respaldado por la inserción en
los cuadros operativos del sistema canónico; no es párroco, no es religioso; es
un simple sacerdote de escasa salud y de más escasa fortuna después de las
primeras experiencias de su ministerio: sufre enseguida la prueba más amarga
que puede imponerse a un apóstol fiel y fervoroso: la de un proceso con su
relativa detención, por sospecha de herejía, como era costumbre entonces. Él no
tiene ni siquiera la suerte de poderse proteger abrazando un gran ideal de
aventura. Quería ir de misionero a las tierras americanas, las «Indias»
occidentales, entonces recientemente descubiertas; pero no le fue dado el
permiso.
Mas Juan no duda. Tiene
conciencia de su vocación. Tiene fe en su elección sacerdotal. Una
introspección psicológica en su biografía nos llevaría a individuar en esta
certeza de su «identidad» sacerdotal, la fuente de su celo sereno, de su
fecundidad apostólica, de su sabiduría de lúcido reformador de la vida
eclesiástica y de exquisito director de conciencias. San Juan de Ávila enseña
al menos esto, y sobre todo esto, al clero de nuestro tiempo, a no dudar de su
ser: sacerdote de Cristo, ministro de la Iglesia, guía de los hermanos.
Él advierte profundamente
lo que hoy algunos sacerdotes y muchos seminaristas no consideran ya como un
deber corroborante y un título específico de la calificación ministerial en la
Iglesia, la propia definición —llamémosla si se quiere sociológica— que le
viene de ser siervo de Jesucristo y como el apóstol san Pablo decía de sí
mismo: «Segregado para anunciar el Evangelio de Dios» (Rm 1, 1). Esta
segregación, esta especificación, la cual es además la de un órgano distinto e
indispensable para el bien de un entero cuerpo viviente (cf. 1 Co 12,
16 ss.), es hoy la primera característica del sacerdocio católico que es
discutida e incluso «contestada» por motivos, frecuentemente nobles en sí
mismos y, bajo ciertos aspectos, admisibles; pero cuando estos motivos tienden
a cancelar esta «segregación», a asimilar el estado eclesiástico al laico y
profano y a justificar en el elegido la experiencia de la vida mundana con el
pretexto de que no debe ser menos que cualquier otro hombre, fácilmente llevan
al elegido fuera de su camino y hacen fácilmente del sacerdote un hombre
cualquiera, una sal sin sabor, un inhábil para el sacrificio interior y un
carente de poder de juicio, de palabra y de ejemplo propios de quien es un
fuerte, puro y libre seguidor de Cristo. La palabra tajante y exigente del
Señor: «Ninguno que mire atrás mientras tiene la mano puesta en el arado es
idóneo para el reino de los cielos» (Lc 9, 62), había penetrado
profundamente en este ejemplar sacerdote que en la totalidad de su donación a
Cristo encontró sus energías centuplicadas.
Su palabra de predicador
se hizo poderosa y resonó renovadora. San Juan de Ávila puede ser todavía hoy
maestro de predicación, tanto más digno de ser escuchado e imitado, cuanto
menos indulgente era con los oradores artificiales y literarios de su tiempo, y
cuanto más rebosante se presentaba de sabiduría impregnada en las fuentes
bíblicas y patrísticas. Su personalidad se manifiesta y engrandece en el
ministerio de la predicación. Y, cosa aparentemente contraria a tal esfuerzo de
palabra pública y exterior, Ávila conoció el ejercicio de la palabra personal e
interior, propia del ministerio del sacramento de la penitencia y de la
dirección espiritual. Y quizás todavía más en este ministerio paciente y
silencioso, extremadamente delicado y prudente, su personalidad sobresale por
encima de la de orador.
El nombre de Juan de
Ávila está vinculado al de su obra más significativa, la célebre obra Audi,
filia que es el libro del magisterio interior, lleno de religiosidad, de
experiencia cristiana, de bondad humana. Precede a la Filotea, obra en
cierto sentido análoga de otro santo, Francisco de Sales, y a toda una
literatura de libros religiosos que darán profundidad y sinceridad a la
formación espiritual católica, desde el Concilio de Trento hasta nuestros días.
También en esto Ávila es maestro ejemplar.
¡Y cuántas virtudes suyas
más podríamos recordar para nuestra edificación! Ávila fue escritor fecundo.
Aspecto que también lo aproxima a nosotros admirablemente y nos ofrece su
conversación, la de un santo.
Y además la acción. Una
acción variada e incansable: correspondencia, animación de grupos espirituales,
de sacerdotes especialmente, conversión de almas grandes, como Luis de Granada,
su discípulo y biógrafo, y como los futuros santos Juan de Dios y Francisco de
Borja, amistad con los espíritus magnos de su tiempo, como san Ignacio y santa
Teresa, fundación de colegios para el clero y para la juventud. Verdaderamente
una gran figura.
Pero donde nuestra
atención querría detenerse particularmente es en la figura de reformador, o mejor,
de innovador, que es reconocida a San Juan de Ávila. Habiendo vivido en el
período de transición, lleno de problemas, de discusiones y de controversias
que precede al Concilio de Trento, e incluso durante y después del largo y
grande Concilio, el Santo no podía eximirse de tomar una postura frente a este
gran acontecimiento. No pudo participar personalmente en él a causa de su
precaria salud; pero es suyo un Memorial, bien conocido, titulado: Reformación
del Estado Eclesiástico (1551), (seguido de un apéndice: Lo que se
debe avisar a los Obispos), que el arzobispo de Granada, Pedro Guerrero, hará
suyo en el Concilio de Trento, con aplauso general.
Del mismo modo, otros
escritos como: Causas y remedios de las herejías (Memorial Segundo,
1561), demuestran con qué intensidad y con cuáles designios Juan de Ávila
participó en el histórico acontecimiento: del mismo claro diagnóstico de la
gravedad de los males que afligían la Iglesia en aquel tiempo se trasluce la
lealtad, el amor y la esperanza. Y cuando se dirige al Papa y a los Pastores de
la Iglesia, ¡qué sinceridad evangélica y devoción filial, qué fidelidad a la
tradición y confianza en la constitución intrínseca y original de la Iglesia y
qué importancia primordial reservada a la verdadera fe para curar los males y
prever la renovación de la Iglesia misma!
«Juan de Ávila ha sido,
en cuestión de reforma, como en otros campos espirituales, un precursor; y el
Concilio de Trento ha adoptado decisiones que él había preconizado mucho tiempo
antes» (S. Charprenet, p. 56).
Pero no ha sido un
crítico contestador, como hoy se dice. Ha sido un espíritu clarividente y
ardiente, que a la denuncia de los males, a la sugerencia de remedios
canónicos, ha añadido una escuela de intensa espiritualidad (el estudio de la
Sagrada Escritura, la práctica de la oración mental, la imitación de Cristo y
su traducción española del libro del mismo nombre, el culto de la Eucaristía,
la devoción a la Santísima Virgen, la defensa del sacro celibato, el amor a la
Iglesia aún cuando algún ministro de la misma fue demasiado severo con él...) y
ha sido el primero en practicar las enseñanzas de su escuela.
Una gran figura,
repetimos, también ella hija y gloria de la tierra de España, de la España
católica, entrenada a vivir su fe dramáticamente, haciendo surgir del seno de
sus tradiciones morales y espirituales, de tanto en tanto, en los momentos
cruciales de su historia, el héroe, el sabio, el Santo.
Pueda este Santo, que Nos
sentimos la alegría de exaltar ante la Iglesia, serle favorable intercesor de
las gracias que ella parece necesitar hoy más: la firmeza en la verdadera fe,
el auténtico amor a la Iglesia, la santidad de su clero, la fidelidad al
Concilio, la imitación de Cristo tal como debe ser en los nuevos tiempos. Y
pueda su figura profética, coronada hoy con la aureola de la santidad, derramar
sobre el mundo la verdad, la caridad, la paz de Cristo.
Copyright © Dicastero per
la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : https://www.vatican.va/content/paul-vi/es/homilies/1970/documents/hf_p-vi_hom_19700531.html
Église
Saint Jean d’Avila, Bogotá, Colombia
CARTA APOSTÓLICA
BENEDICTO PP. XVI
Ad perpetuam rei
memoriam.
1. Caritas Christi
urget nos (2 Co 5, 14). El amor de Dios, manifestado en Cristo Jesús, es
la clave de la experiencia personal y de la doctrina del Santo Maestro Juan de
Ávila, un «predicador evangélico», anclado siempre en la Sagrada Escritura,
apasionado por la verdad y referente cualificado para la «Nueva
Evangelización».
La primacía de la gracia
que impulsa al buen obrar, la promoción de una espiritualidad de la confianza y
la llamada universal a la santidad vivida como respuesta al amor de Dios, son
puntos centrales de la enseñanza de este presbítero diocesano que dedicó su
vida al ejercicio de su ministerio sacerdotal.
El 4 de marzo de 1538, el
Papa Pablo III expidió la Bula Altitudo Divinae Providentiae, dirigida
a Juan de Ávila, autorizándole la fundación de la Universidad de Baeza (Jaén),
en la que lo define como «praedicatorem insignem Verbi Dei». El 14 de
marzo de 1565 Pío iv expedía una Bula confirmatoria de las facultades
concedidas a dicha Universidad en 1538, en la que le califica como «Magistrum
in theologia et verbi Dei praedicatorem insignem» (cf. Biatiensis
Universitas, 1968). Sus contemporáneos no dudaban en llamarlo «Maestro»,
título con el que figura desde 1538, y el Papa Pablo VI, en la homilía
de su canonización, el 31 de mayo de 1970, resaltó su figura y doctrina
sacerdotal excelsa, lo propuso como modelo de predicación y de dirección de
almas, lo calificó de paladín de la reforma eclesiástica y destacó su continuada
influencia histórica hasta la actualidad.
2. Juan de Ávila vivió en
la primera amplia mitad del siglo XVI. Nació el 6 de enero de 1499 ó 1500, en
Almodóvar del Campo (Ciudad Real, diócesis de Toledo), hijo único de Alonso
Ávila y de Catalina Gijón, unos padres muy cristianos y en elevada posición
económica y social. A los 14 años lo llevaron a estudiar Leyes a la prestigiosa
Universidad de Salamanca; pero abandonó estos estudios al concluir el cuarto
curso porque, a causa de una experiencia muy profunda de conversión, decidió
regresar al domicilio familiar para dedicarse a reflexionar y orar.
Con el propósito de
hacerse sacerdote, en 1520 fue a estudiar Artes y Teología a la Universidad de
Alcalá de Henares, abierta a las grandes escuelas teológicas del tiempo y a la
corriente del humanismo renacentista. En 1526, recibió la ordenación
presbiteral y celebró la primera Misa solemne en la parroquia de su pueblo y,
con el propósito de marchar como misionero a las Indias, decidió repartir su
cuantiosa herencia entre los más necesitados. Después, de acuerdo con el que
había de ser primer Obispo de Tlaxcala, en Nueva España (México), fue a Sevilla
para esperar el momento de embarcar hacia el Nuevo Mundo.
Mientras se preparaba el
viaje, se dedicó a predicar en la ciudad y en las localidades cercanas. Allí se
encontró con el venerable Siervo de Dios Fernando de Contreras, doctor en
Alcalá y prestigioso catequista. Éste, entusiasmado por el testimonio de vida y
la oratoria del joven sacerdote San Juan, consiguió que el arzobispo hispalense
le hiciera desistir de su idea de ir a América para quedarse en Andalucía y
permaneció en Sevilla, compartiendo casa, pobreza y vida de oración con
Contreras y, a la vez que se dedicaba a la predicación y a la dirección
espiritual, continuó estudios de Teología en el Colegio de Santo Tomás, donde
tal vez obtuvo el título de Maestro.
Sin embargo en 1531, a
causa de una predicación suya mal entendida, fue encarcelado. En la cárcel
comenzó a escribir la primera versión del Audi, filia. Durante estos
años recibió la gracia de penetrar con singular profundidad en el misterio del
amor de Dios y el gran beneficio hecho a la humanidad por Jesucristo nuestro
Redentor. En adelante será éste el eje de su vida espiritual y el tema central
de su predicación.
Emitida la sentencia
absolutoria en 1533, continuó predicando con notable éxito ante el pueblo y las
autoridades, pero prefirió trasladarse a Córdoba, incardinándose en esta
diócesis. Poco después, en 1536, le llamó para su consejo el arzobispo de
Granada donde, además de continuar su obra de evangelización, completó sus
estudios en esa Universidad.
Buen conocedor de su
tiempo y con óptima formación académica, Juan de Ávila fue un destacado teólogo
y un verdadero humanista. Propuso la creación de un Tribunal Internacional de
arbitraje para evitar las guerras y fue incluso capaz de inventar y patentar
algunas obras de ingeniería. Pero, viviendo muy pobremente, centró su actividad
en alentar la vida cristiana de cuantos escuchaban complacidos sus sermones y
le seguían por doquier. Especialmente preocupado por la educación y la
instrucción de los niños y los jóvenes, sobre todo de los que se preparaban
para el sacerdocio, fundó varios Colegios menores y mayores que, después de
Trento, habrían de convertirse en Seminarios conciliares. Fundó asimismo la
Universidad de Baeza (Jaén), destacado referente durante siglos para la
cualificada formación de clérigos y seglares.
Después de recorrer
Andalucía y otras regiones del centro y oeste de España predicando y orando, ya
enfermo, en 1554 se retiró definitivamente a una sencilla casa en Montilla
(Córdoba), donde ejerció su apostolado perfilando algunas de sus obras y a
través de abundante correspondencia. El arzobispo de Granada quiso llevarlo
como asesor teólogo en las dos últimas sesiones del concilio de Trento; al no
poder viajar por falta de salud redactó los Memoriales que influyeron
en esa reunión eclesial.
Acompañado por sus
discípulos y amigos y aquejado de fortísimos dolores, con un Crucifijo entre las
manos, entregó su alma al Señor en su humilde casa de Montilla en la mañana del
10 de mayo de 1569.
3. Juan de Ávila fue
contemporáneo, amigo y consejero de grandes santos y uno de los maestros
espirituales más prestigiosos y consultados de su tiempo.
San Ignacio de Loyola,
que le tenía gran aprecio, deseó vivamente que entrara en la naciente Compañía
de Jesús; no sucedió así, pero el Maestro orientó hacia ella una treintena de
sus mejores discípulos. Juan Ciudad, después San Juan de Dios, fundador de la Orden
Hospitalaria, se convirtió escuchando al Santo Maestro y desde entonces se
acogió a su guía espiritual. El muy noble San Francisco de Borja, otro gran
convertido por mediación del Padre Ávila, que llegó a ser Prepósito general de
la Compañía de Jesús. Santo Tomás de Villanueva, arzobispo de Valencia,
difundió en sus diócesis y por todo el Levante español su método catequístico.
Otros conocidos suyos fueron San Pedro de Alcántara, provincial de los
Franciscanos y reformador de la Orden; San Juan de Ribera, obispo de Badajoz,
que le pidió predicadores para renovar su diócesis y, arzobispo de Valencia
después, tenía en su biblioteca un manuscrito con 82 sermones suyos; Teresa de
Jesús, hoy Doctora de la Iglesia, que padeció grandes trabajos hasta que pudo
hacer llegar al Maestro el manuscrito de su Vida; San Juan de la
Cruz, también Doctor de la Iglesia, que conectó con sus discípulos de Baeza y
le facilitaron la reforma del Carmelo masculino; el Beato Bartolomé de los
Mártires, que por amigos comunes conoció su vida y santidad y algunos más que
reconocieron la autoridad moral y espiritual del Maestro.
4. Aunque el «Padre
Maestro Ávila» fue, ante todo, un predicador, no dejó de hacer magistral uso de
su pluma para exponer sus enseñanzas. Es más, su influjo y memoria posterior,
hasta nuestros días, están estrechamente vinculados no sólo con el testimonio
de su persona y de su vida, sino con sus escritos, tan distintos entre sí.
Su obra principal,
el Audi, filia, un clásico de la espiritualidad, es el tratado más
sistemático, amplio y completo, cuya edición definitiva preparó su autor en los
últimos años de vida. El Catecismo o Doctrina cristiana, única obra
que hizo imprimir en vida (1554), es una síntesis pedagógica, para niños y
mayores, de los contenidos de la fe. El Tratado del amor de Dios, una
joya literaria y de contenido, refleja con qué profundidad le fue dado penetrar
en el misterio de Cristo, el Verbo encarnado y redentor. El Tratado sobre
el sacerdocio es un breve compendio que se completa con las pláticas,
sermones e incluso cartas. Cuenta también con otros escritos menores, que
consisten en orientaciones o Avisos para la vida espiritual.
Los Tratados de Reforma están relacionados con el concilio de Trento
y con los sínodos provinciales que lo aplicaron, y apuntan muy certeramente a
la renovación personal y eclesial. Los Sermones y Pláticas, igual que
el Epistolario, son escritos que abarcan todo el arco litúrgico y la
amplia cronología de su ministerio sacerdotal. Los comentarios bíblicos —de
la Carta a los Gálatas a la Primera carta de Juan y otros—
son exposiciones sistemáticas de notable profundidad bíblica y de gran valor
pastoral.
Todas estas obras ofrecen
contenidos muy profundos, presentan un evidente enfoque pedagógico en el uso de
imágenes y ejemplos y dejan entrever las circunstancias sociológicas y
eclesiales del momento. El tono es de suma confianza en el amor de Dios,
llamando a la persona a la perfección de la caridad. Su lenguaje es el
castellano clásico y sobrio de su tierra manchega de origen, mezclado a veces
con la imaginación y el calor meridional, ambiente en que transcurrió la mayor
parte de su vida apostólica.
Atento a captar lo que el
Espíritu inspiraba a la Iglesia en una época compleja y convulsa de cambios
culturales, de variadas corrientes humanísticas, de búsqueda de nuevas vías de
espiritualidad, clarificó criterios y conceptos.
5. En sus enseñanzas el
Maestro Juan de Ávila aludía constantemente al bautismo y a la redención para
impulsar a la santidad, y explicaba que la vida espiritual cristiana, que es
participación en la vida trinitaria, parte de la fe en Dios Amor, se basa en la
bondad y misericordia divina expresada en los méritos de Cristo y está toda
ella movida por el Espíritu; es decir, por el amor a Dios y a los hermanos.
«Ensanche vuestra merced su pequeño corazón en aquella inmensidad de amor con
que el Padre nos dio a su Hijo, y con Él nos dio a sí mismo, y al Espíritu
Santo y todas las cosas» (Carta 160), escribe. Y también: «Vuestros
prójimos son cosa que a Jesucristo toca» (Ib. 62), por esto, «la
prueba del perfecto amor de nuestro Señor es el perfecto amor del prójimo» (Ib. 103).
Manifiesta también gran aprecio a las cosas creadas, ordenándolas en la
perspectiva del amor.
Al ser templos de la
Trinidad, alienta en nosotros la misma vida de Dios y el corazón se va
unificando, como proceso de unión con Dios y con los hermanos. El camino del
corazón es camino de sencillez, de bondad, de amor, de actitud filial. Esta
vida según el Espíritu es marcadamente eclesial, en el sentido de expresar el
desposorio de Cristo con su Iglesia, tema central del Audi, filia. Y
es también mariana: la configuración con Cristo, bajo la acción del Espíritu
Santo, es un proceso de virtudes y dones que mira a María como modelo y como
madre. La dimensión misionera de la espiritualidad, como derivación de la
dimensión eclesial y mariana, es evidente en los escritos del Maestro Ávila,
que invita al celo apostólico a partir de la contemplación y de una mayor
entrega a la santidad. Aconseja tener devoción a los santos, porque nos
manifiestan a todos «un grande Amigo, que es Dios, el cual nos tiene presos los
corazones en su amor [...] y Él nos manda que tengamos otros muchos amigos, que
son sus santos» (Carta 222).
6. Si el Maestro Ávila es
pionero en afirmar la llamada universal a la santidad, resulta también un
eslabón imprescindible en el proceso histórico de sistematización de la
doctrina sobre el sacerdocio. A lo largo de los siglos sus escritos han sido
fuente de inspiración para la espiritualidad sacerdotal y se le puede
considerar como el promotor del movimiento místico entre los presbíteros seculares.
Su influencia se detecta en muchos autores espirituales posteriores.
La afirmación central del
Maestro Ávila es que los sacerdotes, «en la misa nos ponemos en el altar en
persona de Cristo a hacer el oficio del mismo Redentor» (Carta 157),
y que actuar in persona Christi supone encarnar, con humildad, el
amor paterno y materno de Dios. Todo ello requiere unas condiciones de vida,
como son frecuentar la Palabra y la Eucaristía, tener espíritu de pobreza, ir
al púlpito «templado», es decir, habiéndose preparado con el estudio y con la
oración, y amar a la Iglesia, porque es esposa de Jesucristo.
La búsqueda y creación de
medios para mejor formar a los aspirantes al sacerdocio, la exigencia de mayor
santidad del clero y la necesaria reforma en la vida eclesial constituyen la
preocupación más honda y continuada del Santo Maestro. La santidad del clero es
imprescindible para reformar a la Iglesia. Se imponía, pues, la selección y la
adecuada formación de los que aspiraban al sacerdocio. Como solución propuso
crear seminarios y llegó a insinuar la conveniencia de un colegio especial para
que se preparasen en el estudio de la Sagrada Escritura. Estas propuestas
alcanzaron a toda la Iglesia.
Por su parte, la
fundación de la Universidad de Baeza, en la que puso todo su interés y
entusiasmo, constituyó una de sus aspiraciones más logradas, porque llegó a
proporcionar una óptima formación inicial y continuada a los clérigos, teniendo
muy en cuenta el estudio de la llamada «teología positiva» con orientación pastoral,
y dio origen a una escuela sacerdotal que prosperó durante siglos.
7. Dada su indudable y
creciente fama de santidad, la Causa de beatificación y canonización del
Maestro Juan de Ávila se inició en la archidiócesis de Toledo, en 1623. Se
interrogó pronto a los testigos en Almodóvar del Campo y Montilla, lugares del
nacimiento y muerte del Siervo de Dios, y en Córdoba, Granada, Jaén, Baeza y
Andújar. Pero por diversos problemas la Causa quedó interrumpida hasta 1731, en
que el arzobispo de Toledo envió a Roma los procesos informativos ya
realizados. Por decreto de 3 de abril de 1742 el Papa Benedicto XIV aprobó los
escritos y elogió la doctrina del Maestro Ávila, y el 8 de febrero de 1759
Clemente XIII declaró que había ejercitado las virtudes en grado heroico. La
beatificación tuvo lugar, por el Papa León XIII, el 6 de abril de 1894 y la
canonización, por el Papa Pablo VI, el 31 de mayo de 1970. Dada la relevancia
de su figura sacerdotal, en 1946 Pío XII lo nombró Patrono del clero secular de
España.
El título de «Maestro»
con el que durante su vida, y a lo largo de los siglos, ha sido conocido San
Juan de Ávila motivó que a raíz de su canonización se planteara la posibilidad
del Doctorado. Así, a instancias del cardenal Don Benjamín de Arriba y Castro, arzobispo
de Tarragona, la XII Asamblea Plenaria de la Conferencia Episcopal Española
(julio 1970) acordó solicitar a la Santa Sede su declaración de Doctor de la
Iglesia Universal. Siguieron numerosas instancias, particularmente con motivo
del XXV Aniversario de su Canonización (1995) y del v Centenario de su
nacimiento (1999).
La declaración de Doctor
de la Iglesia Universal de un santo supone el reconocimiento de un carisma de
sabiduría conferido por el Espíritu Santo para bien de la Iglesia y comprobado
por la influencia benéfica de su enseñanza en el pueblo de Dios, hechos bien
evidentes en la persona y en la obra de San Juan de Ávila. Éste fue solicitado
muy frecuentemente por sus contemporáneos como Maestro de teología, discernidor
de espíritus y director espiritual. A él acudieron en búsqueda de ayuda y
orientación grandes santos y reconocidos pecadores, sabios e ignorantes, pobres
y ricos, y a su fama de consejero se unió tanto su activa intervención en
destacadas conversiones como su cotidiana acción para mejorar la vida de fe y
la comprensión del mensaje cristiano de cuantos acudían solícitos a escuchar su
enseñanza. También los obispos y religiosos doctos y bien preparados se
dirigieron a él como consejero, predicador y teólogo, ejerciendo notable influencia
en quienes lo trataron y en los ambientes que frecuentó.
8. El Maestro Ávila no
ejerció como profesor en las Universidades, aunque sí fue organizador y primer
Rector de la Universidad de Baeza. No explicó teología en una cátedra, pero sí
dio lecciones de Sagrada Escritura a seglares, religiosos y clérigos.
No elaboró nunca una
síntesis sistemática de su enseñanza teológica, pero su teología es orante y
sapiencial. En el Memorial ii al concilio de Trento da dos
razones para vincular la teología y la oración: la santidad de la ciencia
teológica y el provecho y edificación de la Iglesia. Como verdadero humanista y
buen conocedor de la realidad, la suya es también una teología cercana a la
vida, que responde a las cuestiones planteadas en el momento y lo hace de modo
didáctico y comprensible.
La enseñanza de Juan de
Ávila destaca por su excelencia y precisión y por su extensión y profundidad,
fruto de un estudio metódico, de contemplación y por medio de una profunda
experiencia de las realidades sobrenaturales. Además su rico epistolario bien
pronto contó con traducciones italianas, francesas e inglesas.
Es muy de notar su
profundo conocimiento de la Biblia, que él deseaba ver en manos de todos, por
lo que no dudó en explicarla tanto en su predicación cotidiana como ofreciendo
lecciones sobre determinados Libros sagrados. Solía cotejar las versiones y
analizar los sentidos literal y espiritual; conocía los comentarios patrísticos
más importantes y estaba convencido de que para recibir adecuadamente la revelación
era necesario el estudio y la oración, y que se penetrara en su sentido con
ayuda de la tradición y del magisterio. Del Antiguo Testamento cita sobre todo
los Salmos, Isaías y el Cantar de los cantares. Del Nuevo,
el apóstol Juan y San Pablo que es, sin duda, el más recurrido. «Copia fiel de
San Pablo», lo llamó el Papa Pablo VI en la bula de su canonización.
9. La doctrina del
Maestro Juan de Ávila posee, sin duda, un mensaje seguro y duradero, y es capaz
de contribuir a confirmar y profundizar el depósito de la fe, iluminando
incluso nuevas prospectivas doctrinales y de vida. Atendiendo al magisterio
pontificio, resulta evidente su actualidad, lo cual prueba que su eminens
doctrina constituye un verdadero carisma, don del Espíritu Santo a la
Iglesia de ayer y de hoy.
La primacía de Cristo y
de la gracia que, en términos de amor de Dios, atraviesa toda la enseñanza del
Maestro Ávila, es una de las dimensiones subrayadas tanto por la teología como
por la espiritualidad actual, de lo cual se derivan consecuencias también para
la pastoral, tal como Nos hemos subrayado en la encíclica Deus
caritas est. La confianza, basada en la afirmación y la experiencia
del amor de Dios y de la bondad y misericordia divinas, ha sido propuesta
también en el reciente magisterio pontificio, como en la encíclica Dives
in misericordia y en la exhortación apostólica postsinodal Ecclesia
in Europa, que es una verdadera proclamación del Evangelio de la
esperanza, como también hemos pretendido en la encíclica Spe
salvi. Y cuando en la carta apostólica Ubicumque
et semper, con la que acabamos de instituir el Pontificio Consejo para
promover la Nueva Evangelización, decimos: «Para proclamar de modo fecundo la
Palabra del Evangelio se requiere ante todo hacer una experiencia profunda
de Dios», emerge la figura serena y humilde de este «predicador
evangélico» cuya eminente doctrina es de plena actualidad.
10. En 2002, la
Conferencia Episcopal Española tuvo noticia de que el Studio riassuntivo
sull’eminente dottrina ravvisata nelle opere di San Giovanni d’Avila, de
la Congregación para la Doctrina de la Fe, concluía de modo netamente
afirmativo, y en 2003 un buen número de Sres. Cardenales, Arzobispos y Obispos,
Presidentes de Conferencias Episcopales, Superiores Generales de Institutos de
vida consagrada, Responsables de Asociaciones y Movimientos eclesiales,
Universidades y otras instituciones, y personas particulares significativas, se
unieron a la súplica de la Conferencia Episcopal Española por medio de Cartas
Postulatorias que manifestaban al Papa Juan Pablo II el interés y la
oportunidad del Doctorado de San Juan de Ávila.
Retornado el expediente a
la Congregación de las Causas de los Santos y nombrado un Relator para esta
Causa, fue necesario elaborar la correspondiente Positio. Concluido
este trabajo, el Presidente y el Secretario de la Conferencia Episcopal
Española junto con el Presidente de la Junta Pro Doctorado y la
Postuladora de la Causa firmaron, el 10 de diciembre de 2009, la definitiva
Súplica (Supplex libellus) del Doctorado para el Maestro Juan de
Ávila. El 18 de diciembre de 2010 tuvo lugar el Congreso Peculiar de
Consultores Teólogos de dicha Congregación, en orden al Doctorado del Santo
Maestro. Los votos fueron afirmativos. El 3 de mayo de 2011, la Sesión Plenaria
de Cardenales y Obispos miembros de la Congregación decidió, con voto también
unánimemente afirmativo, proponernos la declaración de San Juan de Ávila, si
así lo deseábamos, como Doctor de la Iglesia universal. El día 20 de agosto de
2011, en Madrid, durante la Jornada Mundial de la Juventud, anunciamos al
Pueblo de Dios que, «declararé próximamente a San Juan de Ávila, presbítero,
Doctor de la Iglesia universal». Y el día 27 de mayo de 2012, domingo de
Pentecostés, tuvimos el gozo de decir en la Plaza de San Pedro del Vaticano a
la multitud de peregrinos de todo el mundo allí reunidos: «El Espíritu
que ha hablado por medio de los profetas, con los dones de la
sabiduría y de la ciencia continúa inspirando mujeres y hombres que se empeñan
en la búsqueda de la verdad, proponiendo vías originales de conocimiento y de
profundización del misterio de Dios, del hombre y del mundo. En este contexto
tengo la alegría de anunciarles que el próximo 7 de octubre, en el inicio de la
Asamblea Ordinaria del Sínodo de los Obispos, proclamaré a san Juan de Ávila y a
santa Hildegarda de Bingen, doctores de la Iglesia universal [...] La santidad
de la vida y la profundidad de la doctrina los vuelve perennemente actuales: la
gracia del Espíritu Santo, de hecho los proyectó en esa experiencia de
penetrante comprensión de la revelación divina y diálogo inteligente con el
mundo, que constituyen el horizonte permanente de la vida y de la acción de la
Iglesia. Sobre todo, a la luz del proyecto de una nueva evangelización a la
cual será dedicada la mencionada Asamblea del Sínodo de los Obispos, y en la
vigilia del Año de la Fe, estas dos figuras de santos y doctores serán de gran
importancia y actualidad».
Por lo tanto hoy, con la
ayuda de Dios y la aprobación de toda la Iglesia, esto se ha realizado. En la
plaza de San Pedro, en presencia de muchos cardenales y prelados de la Curia
Romana y de la Iglesia católica, confirmando lo que se ha realizado y
satisfaciendo con gran gusto los deseos de los suplicantes, durante el
sacrificio Eucarístico hemos pronunciado estas palabras:
«Nosotros, acogiendo el
deseo de muchos hermanos en el episcopado y de muchos fieles del mundo entero,
tras haber tenido el parecer de la Congregación para las Causas de los Santos,
tras haber reflexionado largamente y habiendo llegado a un pleno y seguro convencimiento,
con la plenitud de la autoridad apostólica declaramos a san Juan de Ávila,
sacerdote diocesano, y santa Hildegarda de Bingen, monja profesa de la Orden de
San Benito, Doctores de la Iglesia universal, en el nombre del Padre, del Hijo
y del Espíritu Santo».
Esto decretamos y
ordenamos, estableciendo que esta carta sea y permanezca siempre cierta, válida
y eficaz, y que surta y obtenga sus efectos plenos e íntegros; y así
convenientemente se juzgue y se defina; y sea vano y sin fundamento cuanto al
respecto diversamente intente nadie con cualquier autoridad, conscientemente o
por ignorancia.
Dado en Roma, en San
Pedro, con el sello del Pescador, el 7 de octubre de 2012, año octavo de
Nuestro Pontificado.
BENEDICTO PP. XVI
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la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana
Monumento a San Juan de Ávila en lal Plaza de los Mercedarios de Ciudad Real
Den hellige Johannes av
Ávila (1499-1569)
Minnedag: 10.
mai
Kirkelærer (2012);
skytshelgen for sekularprestene i Spania (1946) og for presteskapet i
bispedømmet Tenerife; Andalusias apostel
Den hellige Johannes av
Ávila (sp: Juan de Ávila) ble født den 6. januar 1499 i Almodóvar del Campo nær
Cuenca i provinsen Ciudad Real og bispedømmet Toledo i den nåværende regionen
Castilla-La Mancha i Spania, som frem til 1982 sammen med Madrid utgjorde regionen
Castilla la Nueva («Nye Castilla»). Noen kilder, med Johannes’ biograf Luis de
Granada i spissen, oppgir 1500 som hans fødeår, mens 1499 er basert på
Inkvisisjonens registre. År 1500 er kanskje det mest sannsynlige, siden det var
det som var utgangspunktet for feiringen av 500-årsjubileet for hans fødsel i
2000. «Av Ávila» er hans familienavn og betyr ikke at han kom fra byen Ávila.
Johannes var eneste barn
av Alfonso de Ávila, som kom fra en jødisk familie som hadde konvertert til
katolisismen, og hans hustru Catalina Jijón (Xixón, Gijón), som kom fra en
familie av provinsiell lavadel. Johannes’ fulle navn var derfor Juan de Ávila
Jijón. Hans mor var muligens i slekt med en annen stor asket født i Almodóvar
del Campo, den hellige Johannes
García Gijón eller Juan Bautista Rico (1561-1613), ordensnavn Juan
Bautista de la Concepción. Familien var fromme og velstående borgere, og hans
far eide noen sølvgruver i Sierra Morena, så Johannes vokste opp uten
økonomiske vanskeligheter.
Johannes markerte seg
tidlig for sin intellektuelle modenhet, og i 1513 ble han som fjortenåring
sendt av sin far for å studere sivil- og kirkerett ved universitetet i
Salamanca. Men i 1517 fikk et okseløp ham til å kjenne avsky for det verdslige
livet, og han ga opp studiene uten noen grad. Det er mulig at han måtte forlate
universitetet fordi hans far var jøde, og noen kilder skriver at loven om
blodsrenhet (limpieza de sangre) ble implementert som et nødvendig
krav for å studere ved universitetet. Men dette synes umulig, siden vedtektene
om blodsrenhet først ble implementert ved universitetene i Salamanca,
Valladolid og Toledo etter ordre fra Inkvisisjonens råd den 20. november 1522,
det vil si fem år etter at Johannes forlot universitetet. Han dro uansett
tilbake til barndomshjemmet i Almodóvar. På det tidspunktet gjorde han et
forsøk på et religiøst liv, men vi vet ikke i hvilken orden og hvor lenge.
Forsøket mislyktes, og deretter levde han i tre år et liv i bønn og streng bot.
Hans hellighet imponerte
en fransiskaner som reiste gjennom Almodóvar, og etter hans forslag dro
Johannes i 1520 til universitetet i Alcalá de Henares (Complutum), som på
1800-tallet skulle bli flyttet til Madrid og få det nye navnet Universidad
Complutense de Madrid. Der studerte han til 1526 filosofi og teologi under den
berømte dominikaneren Domingo de Soto (1494-1560), en av tidens fremste
teologer. Der møtte han også Peter Guerrero (1501-76), senere erkebiskop av
Granada (1546-76), og han ble også kjent med Francisco de Osuna OFM (1492-1540)
og kanskje også den hellige Ignatius av Loyola SJ
(1491-1556). Det virker som at Johannes tok bachelor-graden i Alcalá og
deretter forlot universitetet uten å fullføre kravene til en lisensiatgrad.
Johannes ble presteviet
som sekularprest i 1525 [andre kilder skriver våren 1526]. I mellomtiden var
begge foreldrene døde med kort mellomrom, og som enearving var Johannes blitt
en svært velstående mann. Han feiret sin første messe i kirken hvor foreldrene
var gravlagt, og deretter solgte han sine eiendommer og ga bort det meste av
sin arv til de fattige. Han var nå fri fra alle verdslige bånd og så i det et
kall til å vie seg helt til evangelisering, og han startet med sin egen by.
Et år senere tilbød han
seg som misjonær til den nyutnevnte første biskopen av Tlaxcala (Nye Spania,
dagens Mexico) (1525-42), dominikanerpateren Julián Garcés (1452-1542), som
skulle reise til Amerika i januar 1527 fra havnen i Sevilla. Derfor reiste
Johannes i 1526 til Sevilla sammen med sin medstudent i Alcalá, Fernando de
Contreras, for å vente på avreisen til Amerika. Men mens han ventet der, ble
den ærverdige sekularpresten Hernando de Contreras oppmerksom på hans
ekstraordinære hengivenhet i feiringen av messen og hans dyktighet innen
katekese og prekener. Han rapporterte sine observasjoner til Sevillas
erkebiskop og generalinkvisitor (1523-38), Don Alonso Manrique de Lara y Solís
(1476-1538), kardinal fra 1531.
Erkebiskopen så i den
unge misjonæren et mektig redskap for re-evangeliseringen av Andalusia (sp:
Andalucía), landets sørligste region, som hadde vært under maurernes islamske
styre til 1492. Under gjenerobringen av den iberiske halvøy som ble fullført
under «de katolske monarkene» eller katolske majestetene» (Reyes
Católicos) Ferdinand av Aragon (1452-1516) og Isabella av Castilla
(1451-1504), var flere omvendelser fra jødedommen og islam i virkeligheten bare
fiktive, og derfor var en aktiv forkynnelse uunnværlig for en full omvendelse
av hjertene. Så erkebiskopen ga Johannes ordre om å gi opp ideen om Amerika og
heller evangelisere Andalusia, men det krevdes betydelige overtalelser før
erkebiskopen til slutt klarte å få Johannes til å oppgi sine planer. En kilde
skriver at han uansett ikke hadde kunnet gjennomføre reisen til Mexico som
misjonær fordi han var en «ny kristen», det vil si en etterkommer av jøder
eller muslimer som nylig hadde omvendt seg.
Fra 1529 til 1538
forkynte Johannes med stor suksess, og løpet av de ni årene han virket som
misjonær i Andalusia, trengte store menneskemengder seg sammen i kirkene hvor
han prekte, og mennesker i alle aldre og av alle klasser ble omvendt og
utviklet seg videre under hans ledelse. Hans første preken ble holdt i Sevilla
den 22. juli 1529, og hans berømmelse som taler spredte seg raskt blant alle
sosiale lag i befolkningen til den ble legendarisk. Han fikk tilnavnet
«Andalusias apostel». Hans suksess var så stor at han også fikk i oppdrag å
holde prekenen i begravelsen til dronning Isabella d’Aviz av Portugal (1503-39),
hustru til keiser Karl V (1500-1558), som ble holdt den 17. mai 1539. Denne
prekenen vant den hellige Frans Borgia (San
Francisco de Borja) (1510-72) for Kristus, og han omvendte seg og forlot embetet
som visekonge i Catalonia og ble i 1551 jesuittprest. Senere ble han valgt til
jesuittenes ordensgeneral (1565-72).
Det ser ut til at
Johannes de første årene etter 1526 bodde i et lite hus i Sevilla sammen med en
annen prest, trolig Hernando de Contreras, og disipler samlet seg rundt ham i
et løst strukturert broderlig liv. Ved hans død besto gruppen av over
hundre prester. Etter anmodning fra en av disse disiplenes yngre søster, Doña
Sancha Carrillo, datter av herskerne i Guadalcázar, begynte Johannes i 1527 å
skrive sitt mest berømte verk, Audi filia («Hør, o datter»), som han
fortsatte med å utvide og redigere helt til sin død. Verket er en kommentar til
Salme 45 (Vulgata 44): Audi, filia, et vide, et inclina aurem tuam («Hør,
min datter, gi akt og bøy ditt øre») (Sal 45,11). Sancha var blitt omvendt av
ham i Écija og ga avkall på rikdom og status for å leve et liv i bønn og
avsondrethet. Johannes skrev boken det som en avhandling om kristen perfeksjon,
og den inneholder kristne råd og regler for dem som ønsker å tjene Herren på
veien til fullkommenhet.
Boken ble utgitt i
hemmelighet i Alcalá i 1556, uten uttrykkelig tillatelse fra forfatteren, etter
at den hadde sirkulert lenge i håndskrevne eksemplarer. Senere ble den utvidet
og autorisert i Madrid i 1557. Men boken kom under den spanske inkvisisjonens
mistanke på grunn av den overdrevne mistanken som inkvisitorene betraktet
asketiske og teologiske bøker skrevet på folkespråket med, som om de var ideer
som var kjære for falske mystikere og lutheranere. Boken ble i 1559 satt
på indeks (katalogen over forbudte bøker), hvor den sto til 1574.
Johannes redigerte boken med omhu og klargjorde nådelæren i lys av konsilet i
Trient. Den kom ut i Toledo i 1574, etter forfatterens død. Boken kan betraktes
som et sant asketisk kompendium, og kong Filip II (1527-98) av Spania (1556-98)
satte det så høyt at han ba om at det aldri skulle mangle i El Escorial.
I sine prekener
oppfordret Johannes inntrengende til reform og fordømte oppførselen til
aristokratiet, og hans brennende nidkjærhet gjorde ham upopulær blant de rike.
Hans store suksess som forkynner forårsaket også misunnelse, og i 1531 anmeldte
noen geistlige ham til inkvisisjonen i Sevilla for å forkynne rigorisme og at
de rike var utelukket fra himmelen. Noen av hans modige uttrykk ble
misforstått, og visse former for praksis ble tolket med ondskapsfullhet, som om
han var en tilhenger av den pseudomystiske strømningen alumbrados, som
praktiserte en mystisk form for kristendom som ble regnet som heretisk.
Inkvisisjonen gransket ham mellom 1531 og 1533, og han ble arrestert og
fengslet sommeren 1532. I utgangspunktet ble han beskyldt for «erasmisme», en
strømning innen den kristne humanismen basert på ideene til nederlenderen
Erasmus av Rotterdam (1466-1536).
Han ble sittende i
fengsel i nesten et år i Castillo de San Jorge i bydelen Triana i Sevilla uten
noen gang å uttale et eneste beskyldende ord mot sine overivrige inkvisitorer.
Han var i stand til å dra stor nytte av fengselsoppholdet ved å be og meditere,
oversette Kristi etterfølgelse til folkespråket. Gud begunstiget ham
med et spesielt lys på forløsningens mysterium som tillot ham å
videreutvikle Audi filia. I prosessen mot ham stilte fem vitner for
anklagerne, men det var 55 som vitnet til hans fordel. Til slutt ble han den
16. juni 1533 frikjent med unntak av «å ha uttrykt i sine prekener og utenfor
dem noen forslag som ikke virket velbalanserte», og ble pålagt, under straff av
ekskommunikasjon, å trekke dem tilbake på de samme stedene hvor han hadde
forkynt dem (Écija og Alcalá de Guadaíra). Han ble løslatt i juli 1533, og han
takket da dommerne for at de hadde latt ham få dele livet til den Korsfestede
en tid. De troende i Sevilla ønsket ham velkommen til kirken «til trompeters og
basuners klang». Han gjenopptok sin virksomhet i flere byer i Andalusia som
Córdoba, Granada, Bolza, Montilla og Zafra, hvor han prekte og etablerte skoler
og kollegier.
I slutten av 1534 eller
begynnelsen av 1535 ble Johannes inkardinert i bispedømmet Córdoba, som ga ham
et lite beneficium (stipend). Han flyttet da permanent til Córdoba,
som ble hans base for å veilede sine disipler og for hans reiser rundt i
Andalusia. I Córdoba møtte han den berømte dominikanerpateren Ludvig av Granada
(1504-88), som skulle bli hans biograf. Ludvig beundret Johannes’ umiddelbare
og overbevisende forkynnelse så høyt at han ble dypt påvirket av den. Fra
Córdoba dro Johannes ofte til Granada etter invitasjon fra Gaspar de Ávalos de
la Cueva (1485-1545), erkebiskop av Granada (1529-42), senere erkebiskop av
Santiago de Compostela (1542-45) og kardinal (1544), som satte hans råd svært
høyt. I Granada utøvde han innflytelse på universitetet som ble grunnlagt i
1526 av keiser Karl V. Man mener at Johannes i denne perioden tok mastergraden
i teologi, trolig rundt 1538, noe som viser hvor mye han elsket å studere, selv
om han hele tiden var svært opptatt av prestetjenesten. Han hadde et svært
oppdatert bibliotek som også inkluderte bøkene med datidens beste katolske
kontroversialister (polemikere).
Under sine apostoliske
reiser grunnla Johannes rundt femten mindre og tre store kollegier i Baeza,
Jerez og Córdoba, samt kollegiene i Granada, Córdoba og Évora i Portugal for
utdannelse og instruksjon av geistlige. Den mest kjente av dem alle var Baeza,
som ble etablert i 1538 ved en bulle fra pave Paul III (1534-49) og opphøyd til
universitet i 1542. Johannes tjente som dets første rektor, og det ble en
modell for seminarer og for jesuittenes skoler. Etter hans vilje ble det bare
undervist i filosofi og teologi der.
Johannes ble værende i
Granada fra 1538 til 1539, og det virker som at en form for kommunitet tok
form. Fra 1546 til 1555 bodde han sammen med rundt tyve disipler i Córdoba, og
det synes som om han aktet å starte en slags formell grunnleggelse for
apostoliske prester. Imidlertid gjorde grunnleggelsen av jesuittene og deres
raske ekspansjon at hans ideer aldri ble satt ut i livet. Fra tidlig i 1551, da
Johannes begynte å få dårlig helse, begynte han aktivt å oppmuntre sine
disipler som ønsket det, til å slutte seg til jesuittene. Rundt tretti av dem
synes å ha fulgt hans oppfordring.
Johannes’ beundring for
Ignatius av Loyola, som han kjente personlig, gjorde at han selv tenkte på å
slutte seg til jesuittene, men han ble frarådet det av provinsialen for
Andalusia. Muligens var det hans jødiske bakgrunn som igjen spilte inn. Men
spredningen av jesuittordenen i Spania tilskrives hans vennskap med ordenen,
selv om han selv forble sekularprest. Dermed ble han et sjeldent eksempel på en
fremtredende eksponent for den spanske motreformasjonen som ikke tilhørte noen
religiøs orden.
Den 20. januar 1537, den
hellige Sebastians
dag som ble feiret som en stor fest i Granada, hørte den portugisiske reisende
bokhandleren João Cidade Duarte, som skulle bli kjent som den hellige Johannes av Gud (pt:
João de Deus; sp: Juan de Dios), en preken av Johannes av Ávila, som var på
besøk. Prekenen var om den glede som oppleves av dem som lider for Kristus og
de belønningene som ventet dem. Dette gjorde så stort inntrykk på Johannes at
han fylte kirken med sine skrik, slo seg for brystet og ba om nåde.
Tilsynelatende var han rammet av galskap og sprang formålsløst omkring i gatene
mens han rev seg i håret og angret sine synder. Han oppførte seg så vilt at
folk kastet kjepper og steiner på ham og brakt hjem som en ynkverdig skikkelse.
Der ga han bort lageret
sitt av bøker og begynte igjen å streife sanseløs rundt i gatene, inntil en
vennlig person brakte ham til Johannes av Ávila, som lovte å bli hans åndelige
rådgiver. Johannes av Gud var rolig en tid, men vendte snart tilbake til sin
ekstravagante oppførsel og ble sperret inne på et sinnssykehus. I tråd med
tidens praksis ble han der utsatt for pisking i månedsvis og perioder med
isolat. Johannes av Ávila hørte om dette og dro for å treffe ham. Han fortalte
Johannes av Gud at det nå måtte bli slutt på hans underlige botsøvelser og at
han måtte begynne å gjøre noe mer nyttig. Johannes av Ávila roet ham ned og
overtalte ham til å vie sin energi i fremtiden til omsorg for syke og fattige.
Til vokternes forbløffelse ble Johannes av Gud øyeblikkelig som forvandlet, men
han ble på sykehuset for å ta seg av de andre pasientene.
Johannes av Gud hadde
aldri tenkt å grunnlegge noen orden, men seks år etter hans død ble det satt
opp regler for hans disipler, som i 1570 avla løfter og ble organisert i en
hospitalsorden, «Barmhjertige brødre av St. Johannes av Gud» (Ordo
Hospitalarius Sancti Ioannis de Deo – OH) eller (Ordo Sancti Ioannis
a Deo – OSJD eller OSJdD), som regner ham som sin grunnlegger.
Kongregasjonen ble anerkjent i 1572 av den hellige pave Pius V (1566-72) – den
formelle godkjennelsen ble gitt i 1586 av pave Sixtus V (1585-90). I Italia har
De barmhjertige brødre alltid siden vært kjent som Fatebenefratelli.
Johannes av Ávila var en
av dem som hadde størst religiøs innflytelse i datidens Spania som forkynner,
forfatter og rådgiver. Han ble også høyt verdsatt av noen av tidens
betydeligste helgener. Den hellige Teresa av Ávila OCD
valgte ham som sin rådgiver, og han støttet henne i hennes store arbeid med
reform av karmelittordenen. Han var også åndelig veileder for de hellige Johannes av Korset OCD
og Peter av Alcántara OFMAlc.
Frans Borgia og Johannes av Gud kunne altså takke ham for sin omvendelse.
Johannes skrev brev til prelater som konsulterte ham, som erkebiskop Pedro
Guerrero Logroño (1501-76) av Granada (1546-76), den hellige erkebiskop Johannes de Ribera (1532-1611)
av Valencia (1569-1611) og den hellige erkebiskop Thomas av Villanueva (1488-1555)
av Valencia (1544-55).
Hans ord var en kilde til
inspirasjon for mange samtidige og senere prester og skribenter, blant andre
Antonio de Molina Herrera OCart (1560-1612), Luis de la Palma SJ (ca 1560-1641),
Luis de la Puente SJ (1554-1624), Diego av Estella OFM (Diego Ballestero de San
Cristóbal y Cruzat) (1524-78), Pierre de Bérulle CO (1575-1629) og de
hellige Karl Borromeus (1538-84), Bartolomeus dos Mártires
Fernandes av Braga (1514-90), Alfons Rodríguez av Mallorca SJ
(1533-1617), Frans av
Sales (1567-1622), Alfons Maria de Liguori CSsR
(1696-1787) og Antonius
Maria Claret CMF (1807-1870).
Fra tidlig i 1551 led
Johannes konstant av mange sykdommer som skulle vare livet ut, og det året
kunne han derfor ikke dra til konsilet i Trient, hvor erkebiskop Pedro Guerrero
Logroño av Granada ønsket å ta ham med som sin teologiske ekspert. Men han
fortsatte å forkynne og skrive helt til slutten. I 1554 tvang sykdommene ham
til å slå seg ned i Montilla, noen mil sør for Córdoba. Der døde Johannes den
10. mai 1569, sytti år gammel. Han ble etter eget ønske gravlagt i
jesuittkirken Iglesia de la Encarnación i Montilla. Denne kirken fikk
senere navnet Santuario de San Juan de Ávila, og den 20. juni 2012 ble den
opphøyd til Basilica minor av pave Benedikt XVI. En sognekirke i
Alcalá de Henares er også viet til ham. Johannes’ ry for hellighet og hans
arbeid for reform av presteskapet, for å etablere skoler og kollegier og for å
katekisere legfolket, var en inspirasjon for mange senere reformatorer.
Kirken Iglesia de la
Encarnación i Montilla tilhørte et jesuittisk kollegium og ble grunnlagt i
1568 ved hjelp av markiene av Priego, formidlet av Frans av Borgia og
tilstedeværelsen av Johannes av Ávila. Da kirken ble for liten, bestemte
jesuittene seg i 1726 for å bygge en større kirke i selskapets typiske stil, og
arbeidet fortsatte etter at jesuittene ble utvist fra landet i 1767. Etter
konfiskasjonen under Juan Álvarez Mendizábal (1790-1853), statsminister fra
1835 til 1836, havnet kirken i private hender. Francisco de Alvear y Gómez de
la Cortina, sjette greve av Cortina og en stor lokal mesen, kjøpte eiendommen
og fullførte kirken, bevarte jesuittenes modell og overlot kirken til dem da de
fikk komme tilbake. De åpnet den for offentlig bruk i 1944.
Johannes’ skrifter,
hovedsakelig brev og prekener, er omfattende og bemerkelsesverdige for sin
åndelige dybde. I sine prekener og skrifter understreket han kristendommens
sakramentale dimensjon, spesielt eukaristien. Hans åndelige korrespondanse er
bevart i sin helhet, samt utdrag fra hans prekener som ble skrevet ned av hans
tilhørere. Johannes’ 252 bevarte brev tilhører klassikerne i spansk litteratur.
I tillegg skrev han en katekisme på vers, som var så suksessfull at jesuittene
brukte den i sine skoler. Den var i bruk i størstedelen av Spania, spesielt i
Amerika og til og med i Afrika. I tillegg har vi små traktater eller taler av
ham, åndelige foredrag, håndskrevne nyhetsbrev og to Memoriales om
Trientkonsilets kirkelige reform. Men mer enn 2000 foliosider av hans skrifter
har gått tapt.
I tillegg til den nevnte
kommentaren til salmen Audi filia (Alcalá, 1556), skrev han Epistolario
espiritual para todos los estados (Madrid, 1578), en samling asketiske
brev adressert til alle slags ydmyke og fornemme mennesker, religiøse og
profane, men også til Ignatius av Loyola og Johannes av Gud og fremfor alt til
nonner og hengivne legfolk som den allerede nevnte Sancha Carrillo. Det
sentrale i Johannes av Ávilas lære er å etterligne Kristus Frelseren. For ham
er bønn det uunnværlige grunnlaget for hele det åndelige livet, og uten bønn er
det umulig å kjenne seg selv. Dyd er ikke mulig uten ydmykhet, som består i å
vandre i sannheten. «Siden Herren på korset har gitt oss alt, må vi elske ham
til galskap og følge ham på korset».
I sitt testamente
etterlot Johannes sitt bibliotek til jesuittkollegiet i Montilla, og av den
grunn er noen av hans kilder kjent. Merkelig nok er de færreste kastiljanske:
Stanisław Hozjusz (Stanislaus Hosius), Jacques Masson (Jacobus Latomus), Albert
Pigge (Albertus Phigius), Willem Damaszoon van der Lindt (Guilielmus Damasus
Lindanus), Friedrich Staphylus (Fridericus Staphylus), Thomas Netter (Thomas)
Valdensis), den andalusiske fransiskaneren Antonio de Córdoba (1485-1578), Luis
de Carvajal, Stephen Gardiner (Stephanus Winton), John Fisher, Georg Witzel
(Georgius Vuicelius), Johann Faber de Heilbronn, Antoine de Mouchy, Johannes
Cochläus (Ioannes Cochlaeus), Jan Coster (Ioannes Costerius), Beda den
ærverdige, Saint Cyril, Prosper av Aquitania, Primasius, Gregor av Rimini,
Augustino Steuco av Gubbio (Augustinus Steuchus Eugubinus) og Pietro Colonna
Galatino (Petrus Galatinus). Imidlertid må noen av bøkene av disse forfatterne
ha vært gaver de ga ham.
Johannes’ første og
fremste biograf var hans disippel Ludvig av Granada. I 1588 samlet Ludvig noen
skrifter som ble sendt ham av Johannes’ disipler, og fra dem og sine egne
minner skrev han den første biografien om Johannes, Vida del Padre Maestro
Juan de Ávila y partes que ha de tener un predicador del Evangelio. Etter en
lang tids glemsel ble en moderat interesse for Johannes vekket etter at det ble
igangsatt en saligkåringsprosess for ham. I 1623 innledet kongregasjonen
av San Pedro Apóstol for prester i Madrid en saligkåringsprosess. I
1635 skrev advokaten Luis Muñoz den andre biografien om Johannes basert på
Ludvig av Granadas verk, dokumentene fra saligkåringsprosessen og andre kilder
som har gått tapt, Vida y virtudes del venerable varón el P. Maestro Juan
de Ávila, predicador apostólico; con algunos elogios de las virtudes y vidas de
algunos de sus más principales discípulos.
Saligkåringsprosessen ble
ikke fullført før erkebiskopen av Toledo i 1731 avsluttet bispedømmefasen og
sendte alt materialet til Roma. I 1742 ble hans skrifter og lære anerkjent i et
dekret av pave Benedikt XIV (1740-58). Johannes’ «heroiske dyder» ble anerkjent
den 8. februar 1759 av pave Klemens XIII (1758-69), og han fikk da
tittelen Venerabilis, «Ærverdig». Han ble saligkåret den 15. april 1894
(dokumentet (Breve) var datert den 6. april) av pave Leo XIII (1878-1903) og
helligkåret den 31. mai 1970 av den hellige pave Paul VI (1963-78). Noen
kilder sier at han ble saligkåret den 12. november 1893 eller den 4. april
1894. Saligkåringsseremonien fant sted under den nasjonale arbeidervalfarten
til Roma (Peregrinación Nacional Obrera a Roma). Den ærverdige pave Pius
XII (1939-58) utropte ham den 2. juli 1946 til skytshelgen for det spanske
sekularpresteskapet.
De spanske og
portugisiske biskopene ba den hellige pave Johannes Paul II (1978-2005)
om å utnevne Johannes til kirkelærer. Helligkåringskongregasjonens teologiske
kommisjon møttes den 8. desember 2010 og stilte seg positiv til initiativet.
Kardinalene og biskopene med medlemskap i kongregasjonen møttes den 3. mai 2011
og anbefalte pave Benedikt XVI (2005-13) å utnevne Johannes til kirkelærer.
Under møtet med seminaristene ved Almudena-katedralen i Madrid den 20. august
2011 på verdensungdomsdagene i Madrid, som Johannes av Ávila var en av skytshelgenene
for, kunngjorde paven at han ville utnevne ham til kirkelærer. Den planlagte
datoen for utnevnelsen ble kunngjort av paven på pinsedag den 27. mai 2012.
Ved åpningen av den
trettende ordinære bispesynoden om nyevangelisering utropte paven den 7.
oktober 2012 Johannes til kirkelærer sammen med den hellige tyske
mystikeren Hildegard av
Bingen. Han ble dermed den fjerde spanske helgenen som oppnådde den
tittelen etter de hellige Isidor av Sevilla (ca
560-636), 25. april 1722, Johannes av korset OCD
(1542-91), 24. august 1926 og Teresa av Ávila OCD
(1515-82), 29. september 1970. Utnevnelsen skjedde ved dekretet De titulo
Basilicæ Minoris datert 20. juni 2012, undertegnet av prefekten for
Liturgikongregasjonen (Kongregasjonen for Gudstjenesten og Sakramentsordningen)
(2008-14), den spanske kardinalen Antonio Cañizares Llovera (f.
1945). Den 26. januar 2021 satte pave Frans Johannes’ minnedag inn i Kirkens
universalkalender på hans dødsdag den 10. mai som valgfri minnedag.
Han sto ikke i den
førkonsiliære utgaven av Martyrologium Romanum fordi han på den tiden ikke var
helligkåret ennå, men i den nyeste utgaven (2004) står han på tolvte plass den
10. mai:
Montíliæ in Vandalícia
Hispánia província, sancti Ioánnis de Abuka*, presbýteri, qui cunctam Bǽticam
regiónem Christum prǽdicans pererrávit et, iniúste de hǽresi suspicátus, in
cárcerem trusus est, ubi præcípuam doctrínǽ suæ spiritális partem scripsit.
I Montilla i provinsen
Andalusia i Spania, den hellige Johannes av Ávila, prest, som reiste gjennom
hele regionen Bætica for å forkynne Kristus, og urettferdig mistenkt for
kjetteri ble han kastet i fengsel, hvor han skrev den viktigste delen av sin
åndelige lære.
* Antagelig en trykkfeil
for Abula. De vanligste latinske navnene på Ávila er Abila og Óbila, men Abula
nevnes også. Hispania Bætica var en av tre romerske provinser i Hispania.
Bætica fikk navnet Andalusia av maurerne på 700-tallet.
I kunsten fremstilles
Johannes i bønn foran sakramentet, og hans attributter er en bok eller et
krusifiks som han holder i hendene. Han kalles «Andalusias apostel» for sin
omfattende tjeneste i denne sørligste spanske regionen.
Kilder: Attwater/Cumming,
Farmer, Butler (V), Benedictines, Benedictines (2), Benedictines (3), Delaney,
Delaney (1), Bunson, Rengers, Schauber/Schindler, Dammer/Adam, Index99, MR2004,
KIR, CE, CSO, CatholicSaints.Info, Infocatho, Bautz, Heiligenlexikon,
santiebeati.it, en.wikipedia.org, es.wikipedia.org, nominis.cef.fr, zeno.org,
newsaints.faithweb.com, it.cathopedia.org, findagrave.com, indcatholicnews.com
- Kompilasjon og oversettelse: p. Per Einar Odden
Opprettet: 5. januar 2006
– Oppdatert: 27. mars 2021
SOURCE : http://www.katolsk.no/biografier/historisk/johavila