Saint Hermas
Frère du pape Pie Ier
(140-155), esclave chrétien affranchi, Hermas fait fortune dans l'agriculture
et le commerce, se marie et a des enfants. Lors des persécutions, lui et sa
femme confessent leur foi, mais leurs enfants apostasient, et les ruinent. L'épreuve
a réveillé la foi, jusque-là tiède, d'Hermas. Il écrit un ouvrage : Le
Pasteur, sorte d'apocalypse qui aura longtemps beaucoup de succès. Aujourd'hui
son intérêt est surtout de faire mieux connaître la communauté chrétienne des
Ier et IIème siècles.
SOURCE : http://www.paroisse-saint-aygulf.fr/index.php/prieres-et-liturgie/saints-par-mois/icalrepeat.detail/2015/05/09/685/-/saint-hermas
SAINT HERMAS.
DU LIVRE INTITULÉ LE PASTEUR.
Saint
Hermas, Grec d’origine et d’une famille distinguée, habitait l’Italie. Il fut
disciple des apôtres. Saint Paul, dans son épître aux Romains, le fait saluer
de sa part. Mais est-ce bien cet Hermas qu’on doit regarder comme l’auteur de
l’ouvrage intitulé : le Pasteur. Les savants ne s’accordent pas sur
ce point, qu’il est d’ailleurs fort difficile d’éclaircir. C’est pour cette
raison que nous avons rangé ce livre parmi les ouvrages dont les auteurs ne
sont pas connus, mais qui ne sont pas pour cela supposés.
L’Hermas
dont il s’agit ici était-il prêtre ou simple laïque ? Nous n’avons
à cet égard que des conjectures. Le livre du Pasteur nous apprend qu’il
avait été marié, qu’il éprouva des peines domestiques causées par
l’indiscrétion de sa femme et par l’ambition de ses enfants ; qu’il manqua
de courage pour réprimer leurs écarts, mais qu’il se repentit dans la suite de
sa faiblesse et en fit une sévère pénitence.
Le
livre du Pasteur est écrit en forme de dialogues, et divisé en trois
parties, sous les titres de Visions, de Préceptes, de Similitudes.
Dans
la première partie, l’ange tutélaire d’Hermas lui apparaît sous la figure d’un
berger pour l’instruire. De là vint à tout l’ouvrage le nom de Pasteur :
témoignage incontestable de la croyance de l’Église, dès la plus haute
antiquité, touchant les anges gardiens.
Les
sentiments sur le mérite de ce livre sont extrêmement partagés. Chez les
Latins, les premiers Pères seulement en ont fait de grands éloges. Mais il a
mieux conservé sa réputation chez les Grecs, plus amateurs d’allégories.
Clément d’Alexandrie et Origène en parlent comme d’un ouvrage inspiré :
ils lui donnent la plus haute antiquité. Du reste, tous les savants s’accordent
à le regarder comme un des plus précieux et des plus anciens monuments de nos
traditions ecclésiastiques. On y trouve, en effet, des détails pleins d’intérêt
sur la foi et sur la discipline des premiers temps, sur les mœurs primitives
des Chrétiens. Il appartient évidemment aux temps apostoliques. Il fut écrit
sous le pontificat de saint Clément et avant la persécution de Domitien,
c’est-à-dire vers l’an 92. Il est facile de démontrer par certains détails
qu’il est antérieur à saint Hermas, frère de Pie I, pape en 142, et ne peut lui
être attribué.
Le
livre du Pasteur était écrit en grec ; il ne nous en reste plus
qu’une traduction latine faite dans les temps les plus reculés. C’est encore
une raison de ne pas lui donner la même importance qu’aux ouvrages dont les
auteurs sont certains et les textes conservés. Aussi nous permettrons-nous
d’abréger ce livre en le resserrant dans de justes proportions, sans toutefois
détruire son ensemble et sans rien omettre d’essentiel.
DU LIVRE INTITULÉ LE
PASTEUR.
LIVRE PREMIER.
Les Visions.
I.
En
ce temps-là, c’est-à-dire sous le pontificat de saint Clément, deuxième
successeur du prince des apôtres, vivait à Rome un homme d’une piété
singulière, le bon et simple Hermas, que saint Paul salue dans l’épître aux
Romains. Celui qui l’avait nourri avait pour esclave et vendit une petite fille
qu’Hermas retrouva au bout de quelques années, qu’il reconnut et qu’il aima comme une sœur ; le jeune
homme se disait : « Heureux si j’avais une telle
épouse !… »
Plus
tard, et devenu père de famille, Hermas se promenait un jour le cœur plein du
souvenir de celle qu’il avait aimée, et tout à coup il s’endormit et fut enlevé
dans un lieu sauvage où jamais homme n’avait passé ; il arriva ensuite
dans une plaine, et, se mettant à genoux, il commença à prier Dieu et à
confesser ses fautes. Il priait, et soudain le ciel s’ouvrit, et la jeune fille
qu’il avait chérie dans sa jeunesse le saluait d’en haut, disant :
« Hermas ! bonjour ! — Que fais-tu là ? répondit Hermas. —
Je suis ici, disait-elle, pour t’accuser devant Dieu. — M’accuser !
toi !… que t’ai-je fait ? — Hermas ! reprit en souriant la jeune
fille, il est des pensées qui ne naissent jamais dans le cœur des
justes. » Elle dit, et le ciel se referma.
Hermas,
remplit d’épouvante, repassa dans son cœur ce qu’il venait d’entendre, et voilà
qu’à ses côtés se dresse une grande chaire faite de laines blanches comme la
neige, et une vieille femme, magnifiquement vêtue, s’y asseoit un livre à la
main, et lui dit : « Pourquoi pleurez-vous ? Ce n’est pas vous,
mais vos enfants qui excitent la colère du Très-Haut, car ils ont péché contre
leurs parents et contre Dieu. Vous les aimez trop, Hermas ! vous permettez
qu’ils agissent avec
violence ; et
c’est pour cela que le Seigneur est irrité, c’est pour cela que vos affaires
temporelles vont si mal. Consolez-vous, cependant, prêchez-leur la parole sainte, ne
cessez pas de les avertir, Dieu sait qu’ils feront pénitence, et il écrira
votre nom au livre de vie. Maintenant, voulez-vous m’entendre
lire ? » Et ayant ouvert le livre qu’elle avait à la main, elle lut.
Mais Hermas ne put retenir ce qu’elle lisait et ce qui jetait la terreur dans
son âme ; ces dernières paroles seulement se gravèrent dans son
esprit : « Voici le Dieu des vertus, qui par son invisible force et
sa grande sagesse a créé le monde, qui par son conseil glorieux a environné de
beauté sa créature, qui par la force de sa parole a affermi le ciel et fondé la
terre sur les eaux, et par sa souveraine puissance a formé sa sainte Église,
qu’il a bénie ; voici qu’il transportera les cieux et les montagnes, les
collines et les mers, et tout sera rempli de ses élus, afin qu’il accomplisse
en eux sa promesse, après qu’ils auront observé avec respect et avec joie les
lois du Seigneur, qu’ils reçurent avec une foi si pleine et si grande. »
Lorsqu’elle eut fini, elle se leva, et quatre jeunes hommes vinrent et
emportèrent la chaire à l’orient ; alors elle appela Hermas, lui toucha la
poitrine, et lui dit : « Ma lecture vous a-t-elle plu ? — Vos
dernières paroles m’ont plu, répondit Hermas, mais les autres sont effrayantes.
— Mes dernières paroles sont pour les justes, et les autres pour les apostats
et les païens, répartit la
vieille femme. » Et soudain deux hommes apparurent qui la prirent sur
leurs épaules et la portèrent là où était la chaire à l’orient. Et la vieille
était contente, et en partant elle disait : « Courage !
Hermas ! »
II.
L’année
suivante, l’esprit enleva de nouveau Hermas dans le même lieu, et après qu’il
eut fait sa prière, il vit encore cette même vieille, marchant et lisant un
livre qu’elle lui donna à copier : il l’écrivit lettre à lettre, sans
pouvoir distinguer les syllabes. À peine eut-il fini que le livre fut arraché
de ses mains, mais
Hermas ne put voir par qui. Il jeûna et pria beaucoup pendant quinze jours,
après lesquels le sens de cet écrit lui fut révélé : c’étaient encore des
avis sur les péchés de ses enfants et de sa femme, qui était médisante ;
il lui était ordonné de les corriger, mais sans leur vouloir du mal pour le
tort qu’ils lui avaient fait. Cela lui fut révélé pendant son sommeil par un
beau jeune homme, qui lui dit encore : « Cette vieille femme qui t’a
donné ce livre est l’Église de Dieu. — Pourquoi est-elle vieille, demanda
Hermas ? — Parce qu’elle a été créée la première, et que le monde a été
fait pour elle. » Elle lui apparut ensuite une autre fois, en sa
maison : « J’ai encore quelque chose à vous dire, Hermas ;
écrivez ces deux mémoires : vous enverrez l’un à Clément, et l’autre à
Grapté. Clément l’enverra aux villes du dehors, cela le regarde ; Grapté
avertira les veuves et les orphelins ; et vous, Hermas, vous lirez ces
mémoires dans cette ville avec les prêtres qui gouvernent l’Église[1]. »
III.
Hermas
continua ses jeûnes et ses prières. Une nuit, il vit encore l’Église qui lui
donna rendez-vous dans un lieu écarté, pour l’heure de midi : il n’y
manqua pas. Et d’abord il apperçut un banc avec un oreiller et un linge étendu
dessus ; ces apprêts dans un lieu si solitaire lui faisaient peur :
il se mit à genoux, confessant ses péchés. Cependant l’Église arriva
accompagnée de six jeunes hommes, et le touchant par derrière, elle lui
dit : « Hermas, ne prie pas tant pour tes péchés, et prie pour la
justice, afin que ta maison y ait part. » Et, le faisant lever, elle le
prit par la main, le mena vers le banc, et dit aux jeunes hommes qui
l’accompagnaient : « Allez ! bâtissez ! » Ensuite elle
fit asseoir Hermas à sa gauche, la droite étant, dit-elle, réservée aux
martyrs, et elle lui montrait une grande tour carrée que les
six jeunes hommes bâtissaient sur les eaux, avec des pierres carrées et
luisantes, apportées les unes de la terre, les autres du fond de l’eau, par des
milliers d’hommes tous uniquement occupés à cela. Les pierres qu’ils tiraient
du fond de l’eau étaient toutes taillées et joignaient si bien, que la tour
semblait d’une seule pierre ; mais parmi les autres quelques-unes
seulement étaient admises, on jetait le reste ; et il y avait aussi près
de la tour beaucoup de pierres, ou raboteuses, ou fendues, ou blanches et
rondes, qui ne pouvaient servir : et entre les pierres qu’on jetait, les
unes roulaient dans le chemin et de là dans des lieux déserts, d’autres dans le
feu où elles brûlaient, quelques autres roulaient jusqu’au bord de l’eau sans
pouvoir jamais y tomber, si rapide et si précipitée que fût leur chute.
« Cette tour, Hermas ! c’est moi, dit l’Église : elle est bâtie
sur les eaux régénératrices du baptême, par la foule innombrable des anges,
sous la direction des premiers d’entre eux ; et quand le bâtiment sera
achevé, ils feront tous ensemble un festin près de la tour, pour glorifier le
Seigneur. Elle a pour fondement les apôtres, les évêques, les docteurs, les
prêtres et les diacres qui s’acquittent de leur devoir avec sainteté ; les
anges tirent, pour la construire, les âmes des martyrs des eaux de la douleur,
et celles des néophytes et des fidèles des terres de l’incrédulité. Celles
qu’ils trouvent pures et saintes, ils
les emploient ; celles qui ont péché et qui veulent faire pénitence, ils
les placent auprès de la tour. Les unes sont raboteuses, elles n’ont pas
fidèlement gardé la vérité après l’avoir connue ; les autres sont fendues,
l’esprit de discorde est dans leur cœur ; les autres trop petites, elles
ont embrassé la foi, mais en conservant la plus grande partie de leurs vices.
D’autres sont blanches, mais rondes, et il faudra pour qu’elles soient bonnes à
quelque chose, en retrancher beaucoup ; elles sont riches, il faudra, pour
les rendre saintes, que leurs richesses leur soient enlevées : elles y
tiennent trop. Quand tu étais riche, Hermas, tu étais mort ; aujourd’hui
tu es vivant, car tu as été de ces pierres. Enfin, les anges brisent et jettent
au loin celles qui ont embrassé la foi avec dissimulation et sans se dépouiller
en rien de leur malice ; les unes ont abandonné la voie véritable, elles roulent dans les sentiers de
l’hérésie et de là dans les champs déserts de l’erreur ; d’autres ont
renoncé à Dieu pour toujours et sont tombées vivantes dans le feu de
l’impénitence ; d’autres ont connu la vérité, elles désirent ardemment les
eaux du baptême, elles viennent jusqu’au bord de ces eaux sacrées ; mais
la sainteté de la religion les effraie, la pensée de leur faiblesse les épouvante ;
elles se retirent. Hermas ! continua l’Église, vois-tu ces sept femmes qui
soutiennent la tour et y font entrer tous ceux qui les servent ? ce sont
la Foi, la Mortification, la Simplicité, l’Innocence, la Modestie, la
Discipline et la Charité ; chacune est fille de celle qui la
précède. » À ces mots elle disparut.
Chaque
fois que l’Église apparut à Hermas, ce fut sous une forme nouvelle, et il
souhaitait en savoir la raison : il jeûna et pria beaucoup plein de ce
désir. Le jeune homme qui lui avait révélé le nom de la vieille femme vint
enfin le lui dire. « Vous êtes faibles et languissants, vous n’avez pas de
confiance en Dieu ; le soin de vos affaires temporelles vous rend tristes
et paresseux comme dans une vieillesse décrépite ; vous êtes infirmes et
demeurez toujours assis, sans pouvoir bouger : voilà pourquoi l’Église a
paru d’abord sous la forme d’une femme tout à fait vieille, assise et immobile
dans sa chaire. Dieu a eu pitié de vous, il vous a donné un peu de force, il
vous a guéris de vos infirmités ; voilà pourquoi l’Église a paru ensuite
sous la forme d’une femme qui avait la chair et les cheveux d’une vieille, il
est vrai, mais dont le visage était jeune, mais qui parlait debout et en riant.
Dieu vous a comblés de biens, il a renouvelé vos cœurs, il vous a fait asseoir
sur le siège inébranlable de la sincère pénitence ; voilà pourquoi
l’Église a paru la dernière fois sous la forme d’une femme aux cheveux blancs,
à la vérité, mais toute jeune et toute belle, pleine de douceur et d’une grande
joie, assise sur un banc à quatre pieds. »
IV.
Vingt
jours après, Hermas se promenait seul dans un lieu solitaire. Il entendit tout
à coup une grande voix ; elle disait : « Courage,
Hermas ! » Il vit ensuite de la poussière qui s’élevait de la terre
au ciel : « Ce sont des chevaux, » pensa-t-il. Mais la poussière
augmentant toujours, il soupçonna quelque chose de divin, et bientôt, en effet,
une bête grande comme une baleine et vomissant par sa bouche immense des
sauterelles de feu s’avança vers lui, et elle marchait avec une impétuosité
capable de renverser tout une ville d’un seul coup. Saisi de frayeur, Hermas se
prit à pleurer et à prier le Tout-Puissant ; mais se rappelant la voix
qu’il avait entendue, le courage lui revint, et il alla lui-même vers la bête
d’un pas intrépide. Dès qu’il approcha, elle se coucha par terre, et tirant
seulement un peu la langue elle ne bougea point qu’il ne l’eût dépassée tout
entière. Il alla trente pas plus loin, et là il rencontra une jeune fille parée
comme au sortir de sa chambre ; elle était vêtue de blanc et portait une
mitre, ses cheveux qui étaient luisants la couvraient tout entière. Hermas,
plein de joie, reconnaît l’Église. « Le Seigneur, lui dit-elle, a envoyé
son ange Nigrin qui commande aux bêtes ; il a fermé la gueule à celle-ci,
de peur qu’elle ne te dévorât ; va donc, et raconte les merveilles de Dieu
à ses élus. Cette bête est la persécution qui doit venir ; qu’ils aient
confiance, s’ils veulent, ce ne sera rien. » Elle parlait encore, et un
grand bruit se fit, et Hermas regarda derrière lui, car il eut peur : il
lui semblait que la grande bête était là qui revenait ; il ne vit rien,
mais quand il retourna la tête, il n’y avait plus de jeune fille.
LIVRE SECOND.
Les Préceptes.
Hermas
venait de prier et il s’était assis sur son lit : un homme vénérable,
en habit de pasteur, avec un manteau blanc, une pannetière sur l’épaule, un
bâton à la main, entra dans sa chambre, et l’ayant salué, lui dit :
« Je suis envoyé par l’ange qui t’est apparu, pour habiter avec toi le
reste de tes jours. — Qui es-tu ? dit Hermas craignant qu’il ne fût venu
pour le tenter ; je connais celui à qui cet ange m’a confié. — Tu ne le
connais pas, car c’est moi. » À ces mots il change de figure, et aussitôt
Hermas le reconnaît ; son cœur se trouble, car il lui avait parlé sans
réflexion, mais l’ange l’ayant rassuré : « Écris, lui dit-il, mes
préceptes et mes similitudes. Hermas écrivit :
« Croyez
en un seul Dieu créateur, conservateur et maître de toutes choses.
« Ne
dites jamais de mal de personne ; n’écoutez pas ceux qui en disent, n’ayez
aucune foi à leurs paroles ; donnez à tout pauvre indistinctement ;
ceux qui reçoivent rendront compte de ce qui leur est donné.
« Fuyez
le mensonge ; mentir, c’est nier le Seigneur.
« Soyez
chastes, l’adultère est égal dans l’homme et dans la femme ; que celui qui
a péché fasse pénitence, la pénitence est une grande sagesse ; si l’un des
époux meurt, les secondes noces sont permises à celui qui survit, mais il
acquiert une grande gloire devant Dieu, s’il demeure seul.
« Ne
soyez point inquiets ; quand l’inquiétude apperçoit un homme
ou une femme au cœur vide et chancelant, elle se jette dans ce cœur, qui se
remplit d’amertume pour la moindre chose, pour la nourriture, pour une parole,
pour un accident, pour un ami, pour une dette, ou d’autres vanités semblables.
L’égalité d’âme, au contraire, est puissante et forte ; elle a une grande
vertu ; toujours à l’aise, elle est dans la paix, se réjouissant et
glorifiant Dieu en tout temps et avec douceur. L’inquiétude et l’Esprit saint
ne peuvent demeurer dans le même vase ; comment cet esprit de douceur
habiterait-il avec l’esprit de malice ? Il se retire, et alors, vide de
l’Esprit saint, l’homme se remplit d’esprits méchants ; les pensées
mauvaises l’aveuglent. Laissez donc l’inquiétude et vivez dans l’égalité d’âme.
« Lorsqu’il
viendra dans votre cœur, le bon ange vous parlera de la justice, de la pureté,
de la chasteté, de la bienfaisance, du pardon, de la charité, de la
piété ; il le remplira d’une douceur ineffable ; il vous donnera la
paix. L’ange mauvais vous amènera, au contraire, l’inquiétude et l’amertume ;
il ne vous parlera que de richesses, de festins, d’honneurs, de tout ce que
vous n’avez point. Repoussez ces suggestions perfides ; écoutez votre bon
ange.
« Il
faut craindre Dieu, il ne faut pas craindre le démon ; Dieu seul est fort,
le démon n’a aucune force ; qui craint Dieu est plus fort que lui.
« Vous
devez non-seulement vous abstenir de tout mal, mais encore faire le bien et
pratiquer toutes sortes de bonnes œuvres.
« Demandez
à Dieu avec confiance ; croyez qu’il accordera ce que vous demandez ;
croyez, n’en doutez pas. Si votre prière n’est pas exaucée, attribuez-le à vos
péchés, ou dites-vous que c’est une épreuve ; mais sur toutes choses ne
cessez pas de prier, vous recevrez tôt ou tard. Le manque de confiance fait
beaucoup de mal ; fils du démon, il a déraciné la foi de plusieurs qui
étaient pourtant fidèles et forts.
« Les
païens ont de faux prophètes qui leur répondent suivant leurs désirs :
quelquefois aussi ils disent la vérité, car le démon les inspire pour faire
tomber les justes. Les forts dans la foi qui sont attachés à la vérité les
fuient ; mais le manque de confiance fait que d’autres les consultent
comme les païens, et qu’ils tombent dans l’idolâtrie par trop d’attachement à
leurs affaires temporelles ; car c’est là-dessus que ces hommes les
interrogent. Le manque de confiance et l’inquiétude ont pour sœur la
tristesse : bannis-la de ton cœur, l’esprit de Dieu ne peut la
souffrir ; le vin où l’on a mis du vinaigre n’a plus le même goût ;
la prière mêlée de tristesse ne monte plus aussi pure vers le Très-Haut. Que
ton âme soit toujours dans la joie ; la joie est agréable au Seigneur.
« L’esprit
terrestre fuit l’Église des vivants. Il parle dans les lieux cachés aux hommes
qui manquent de confiance : il les charme, car il prophétise suivant tous
leurs désirs. Ne l’écoute pas ; tu le reconnaîtras à ses œuvres. Prends
une pierre, jette-la en l’air ; remplis d’eau un verre, jette-le en
l’air ; crois-tu que la pierre ou l’eau parviennent jamais jusqu’au
ciel ? Un grain de grêle est fort petit, et pourtant s’il tombe sur la
tête d’un homme, il lui fait mal. Qu’est-ce qu’une goutte d’eau ? et pourtant elle creuse le rocher
sur lequel elle tombe. Tu le vois, ce
qui part de la terre n’a aucune force, mais la moindre chose en a beaucoup
quand elle vient du ciel.
« L’esprit
de Dieu est humble et paisible ; il ne parle pas à l’homme quand l’homme
veut, mais quand Dieu veut. On reconnaît au contraire l’esprit terrestre, vain,
sans sagesse et sans force, en ce que celui qu’il agite s’élève et affecte la
première place. Il est importun, parleur, vivant dans la mollesse et les
plaisirs ; il se fait payer et ne devine point sans récompense. Un
prophète de Dieu n’agit pas ainsi. Tu les distingueras donc à leurs
œuvres ; le prophète de Dieu suit les bons désirs, le faux prophète
n’écoute que les désirs mauvais. Fuis les désirs mauvais, arme-toi contre eux
de la crainte de Dieu ; la crainte de Dieu amène les bons désirs, qui
chassent tous les autres de notre âme. »
Le
pasteur ayant donné ces douze préceptes à Hermas, lui recommanda de les mettre
en pratique. « Mais un homme le peut-il ? » s’écria Hermas. À
ces mots, le pasteur changea de visage, et sa colère était si terrible, que
personne n’eût pu supporter son regard. « Ces commandements sont faciles,
reprit-il, mais tu ne les garderas point, si tu te mets dans l’esprit qu’on ne
peut les garder ; et si tu y manques, tu ne seras point sauvé, ni toi, ni
tes enfants, ni ta maison, je te le dis. » Mais voyant le trouble et
l’épouvante d’Hermas, il se mit aussitôt à lui parler avec plus de douceur et
de gaîté : « Insensé ! ne vois-tu pas que le Tout-Puissant a
donné à l’homme l’empire sur les créatures et la force de faire ce qu’il lui
prescrit ? — Mais le diable, disait Hermas, n’a-t-il pas aussi puissance
sur l’homme ? — Il n’en a aucune sur les serviteurs de Dieu qui croient en
lui de tout leur cœur ; le diable peut les combattre, il ne peut les
vaincre. Ne le craignez donc pas, mais craignez le Seigneur ; comprenez
que rien n’est plus facile que sa loi, que rien n’a plus de douceur, plus de
mansuétude, plus de sainteté ; tournez-vous donc vers lui, faites
pénitence, et il guérira vos infirmités ; il vous
donne tout pouvoir contre le démon. Purifie ton cœur, si tu veux garder les
commandements que je t’ai donnés ; ceux-là les garderont qui sauront
purifier leurs cœurs de tous les vains désirs du siècle, et ils vivront en
Dieu. »
Le
pasteur dit à Hermas : « Savez-vous, serviteur de Dieu, que vous êtes
en voyage et que votre patrie est loin de ce monde ? Mais si vous
n’ignorez pas quelle doit être votre demeure, pourquoi achetez-vous ici des
champs ? pourquoi préparez-vous des festins ? pourquoi bâtissez-vous
des palais ? pourquoi vous inquiétez-vous de tant de choses superflues et
vaines ? Qui achète ici-bas ne pense pas à revenir dans son pays. Ô
insensé ! ô homme misérable et sans confiance ! Il ne comprend pas
qu’en ces lieux tout lui est étranger et appartient à d’autres ! Le roi de
la patrie te dit : Sois soumis à mes lois ou sors de mon royaume ;
que feras-tu ? La loi qui régit ta patrie, tu la connais ; la
voudrais-tu nier à cause de tes champs et de tes richesses ? La nier, à la
bonne heure ; mais un jour tu voudras revenir dans ta patrie, et alors on
refusera de te recevoir, on te chassera. Vois donc, tu es en voyage ;
n’achette que ce qui est nécessaire à tes besoins, que ce qui te suffit :
soit prêt, afin d’obéir au souverain lorsqu’il t’appellera pour aller dans ta
patrie jouir du bonheur et de la paix sous ses lois ineffables. »
Hermas
se promenait un jour dans la campagne ; il vit une vigne et un orme, et
s’arrêta pour les considérer. Le pasteur lui apparut pendant qu’il les
regardait : « Cette vigne, dit-il, porte beaucoup de fruits ;
l’orme n’en donne pas ; mais, si elle n’était appuyée sur lui, la vigne
elle-même n’en produirait que fort
peu, et celui qu’elle produirait ne vaudrait rien, rampante comme elle le serait
sur la terre. Ainsi, comme elle ne peut avoir du fruit en abondance et de bonne
qualité qu’avec son appui, l’orme n’est pas moins fécond que la vigne. Celui
qui est dans l’opulence est pauvre ordinairement aux yeux du Seigneur ;
car ses trésors le détournent de Dieu, et sa prière est courte, faible, sans
aucune vertu ; s’il donne au pauvre ce qui lui est nécessaire, le pauvre
qui est riche aux yeux du Seigneur, et dont la prière est puissante, le pauvre
prie pour lui et Dieu l’exauce ; ainsi le riche l’ayant pris pour soutien,
ils sont tous deux féconds devant le Très-Haut, l’un par l’aumône, l’autre par
la prière. »
Le
pasteur montrait à Hermas des arbres dépouillés de leurs feuilles.
« Pendant l’hiver, disait-il, aucun arbre ne porte de feuilles, et l’on ne
saurait distinguer des autres ceux qui sont morts : en ce monde, on ne
peut distinguer les justes des hommes pervers.
« Le
printemps viendra, alors on coupera, on jettera au feu les arbres morts, et
tous les autres seront couverts de feuilles, de fleurs et de fruits. Travaille
donc, Hermas, afin qu’on te reconnaisse à tes œuvres quand l’été sera
venu ; fuis la multitude des affaires : elles sont comme des chaînes
qui empêchent de servir Dieu ; et comment celui qui néglige de le servir
pourra-t-il lui demander et espérer d’en obtenir quelque chose ? »
Un
jour Hermas faisait la station[2],
et selon la coutume, il s’était retiré dès le matin dans la solitude pour
prier. Le pasteur vint sur la montagne où il était, et s’étant assis à ses
côtés, il lui dit : « Il ne suffit pas de jeûner, il faut commencer
par observer les commandements de Dieu ; et si ensuite on veut y ajouter
quelque bonne œuvre comme le jeûne, on recevra une plus grande récompense. Le
jour que tu jeûneras, ajoute-t-il, tu ne prendras que du pain et de l’eau, et
ayant calculé ce que tu as accoutumé de dépenser pour ta nourriture, tu le
mettras à part et le donneras à la veuve, à l’orphelin et au pauvre. »
Mais écoute cette similitude : « Un homme avait un fonds de terre et
beaucoup d’esclaves ; ayant planté en vigne une partie de ce fonds et
partant pour un long voyage, il choisit un de ses esclaves pour la cultiver,
lui ordonnant d’y mettre des échalas. Quand cet esclave l’eut fait, il se
dit : J’ai fait ce qui m’était ordonné ; mais cette vigne est pleine
de mauvaises herbes ; si je la fouille elle sera plus belle et donnera bien
plus de fruit. À son retour, le maître ayant vu sa vigne, non-seulement garnie
d’échalas, mais encore entourée d’un fossé et délivrée de toute mauvaise herbe,
en ressentit une grande joie, et faisant appeler son fils et ses amis, il leur
dit : Voyez ma vigne ! J’avais promis la liberté à cet esclave, s’il
exécutait mes ordres ; il a fait beaucoup plus : je veux le déclarer
co-héritier de mon fils. Quelques jours après, ayant ses amis à dîner, il
envoya des mets de sa table à cet esclave, qui s’empressa de les partager
aussitôt avec ses compagnons ; le maître sut le fait et le raconta à son
fils et à ses amis, qui l’exhortèrent alors vivement à exécuter le projet dont
il leur avait fait part. — Je ne comprends pas cette similitude, disait Hermas.
— La terre, répondit le pasteur, est le domaine du Créateur de toutes choses,
et son Église est la vigne qu’il a plantée, dont il a confié le soin à son
fils, lui commandant d’y envoyer des ministres pour gouverner son peuple ;
et non-seulement ce divin fils, qui a pris la forme d’esclave, et qui a
beaucoup travaillé et beaucoup souffert pour expier les péchés des hommes, a
envoyé des ministres dans la vigne du Seigneur, il a encore arraché des âmes
des serviteurs de Dieu tous les vices, toutes les mauvaises passions, il a fait
plus : il leur
a montré le chemin de vie en leur donnant les viandes célestes, nourriture de
l’intelligence, les commandements qu’il avait reçus de son père. Et le Père a
appelé l’Esprit saint et les anges, et leur montrant l’ouvrage du Sauveur, il
leur a demandé s’il ne fallait pas donner à son corps si pur, si saint, si
soumis à l’âme, si obéissant à Dieu, quelque récompense immortelle. Et cela
doit t’apprendre, Hermas, à conserver ton corps exempt de toute souillure, afin
qu’il reçoive aussi l’immortalité. Qui souille son corps souille son âme ;
car ils sont indissolublement unis : conserve-les donc purs l’un et
l’autre, si tu veux vivre en Dieu. »
Un
jour, le pasteur apparut à Hermas, et l’ayant amené dans la campagne, il lui
fit voir un jeune berger en habit de fête, de couleur écarlate, dont les
nombreux troupeaux étaient comme dans l’ivresse, bondissant de contentement et
courant çà et là tout transportés de joie ; et ce troupeau semblait causer
à ce berger une grande satisfaction, et il marchait au milieu de ses brebis, et
l’allégresse était peinte sur son visage. Ils allèrent ensuite un peu plus loin
et virent un autre berger, haut de stature, à l’aspect repoussant, vêtu d’une
peau de chèvre toute blanche, avec la pannetière sur l’épaule, tenant d’une
main un bâton noueux, de l’autre un fouet. Ce berger s’emparait de quelques
brebis échappées au premier berger, et les poussait aussitôt à coups de fouet
et de bâton, sans les laisser respirer un moment, dans des lieux escarpés et sauvages,
couverts de ronces et d’épines. « Le premier berger, dit le pasteur à
Hermas, est le démon des plaisirs, de la mollesse et de la volupté ; le
second berger est l’ange du châtiment ; et quand il a rendu ses brebis
meilleures, elles me sont confiées, à moi l’ange de la pénitence. »
Quelques
jours après, Hermas courait dans ces mêmes lieux où
il avait vu le démon de la volupté et l’ange du châtiment. « Que veux-tu,
Hermas ? dit le pasteur qui lui apparut soudain. — Je venais vous prier,
répondit Hermas humblement, de faire sortir de ma maison l’ange du châtiment,
car il me tourmente. — Cela t’est nécessaire, Hermas, non pas à cause de tes
péchés, mais à cause des péchés de ta famille ; les membres peuvent-ils
souffrir, si le chef ne souffre pas ? et quel chef ne souffre pas, quand
ses membres souffrent ? Ta famille a commencé de faire pénitence, je le
sais ; mais la peine ne cesse pas aussitôt que la pénitence a
commencé : Dieu ne nous fait grâce que lorsque nous avons beaucoup
souffert, et souffert pour l’amour de son nom. Cependant je prierai l’ange du
châtiment de te traiter avec plus de douceur ; mais supporte-le avec
patience et persévère dans l’humilité. »
Le
pasteur montra à Hermas un saule qui couvrait de ses rameaux les plaines et les
montagnes, et à l’ombre duquel venaient s’asseoir tous ceux qui étaient appelés
au nom du Seigneur ; un ange d’une grande beauté se trouvait près de ce
saule, coupant avec une grande faux ses branches qu’il distribuait à la
multitude. Chacun reçut un petit rameau, d’une coudée de long à peine, et
cependant l’arbre était toujours entier et tel qu’Hermas l’avait vu
d’abord ; ce qui le remplissait d’étonnement et d’admiration. L’ange ayant posé sa grande faux,
appela par ordre tous ceux auxquels il avait donné des branches, et leur
ordonnant de les lui montrer, il les examinait attentivement ; les unes
étaient desséchées, pourries et comme rongées des vers ; d’autres
desséchées seulement, et d’autres seulement desséchées à moitié ; d’autres
à demi desséchées et fendues en tous sens ; d’autres une moitié desséchée,
l’autre moitié toute verte ; d’autres desséchées aux deux tiers, le
troisième encore vert ; d’autres vertes aux deux tiers, le troisième déjà
sec ; d’autres toutes vertes, mais fendues en tous sens et le bout déjà
sec ; d’autres au contraire toutes sèches, mais
le bout encore vert. Et l’ange fit ranger en troupes séparées ceux dont les
branches étaient dans ces différents états : d’autres avaient leurs
rameaux tels qu’ils les avaient reçus, tout verts, et l’ange en ressentit une
grande joie, car c’était le plus grand nombre ; les rameaux de plusieurs
non-seulement étaient verts, mais encore remplis de bourgeons, et l’ange en
était ravi ; plusieurs avaient leurs rameaux non-seulement verts et
remplis de bourgeons, mais encore de fleurs et de fruits, et le bonheur était
peint sur leurs visages : l’ange du saule et le pasteur en étaient
transportés d’allégresse, et le pasteur fit apporter des couronnes de palmier
et les leur donna, et il les fit entrer dans la tour. Il fit aussi entrer dans
la tour ceux dont les branches avaient des bourgeons, après leur avoir donné à
chacun un sceau et une robe blanche ; et il fit encore entrer dans la
tour, revêtus d’une robe blanche, ceux qui avaient conservé les rameaux tels
qu’ils les avaient reçus. Cela fait, il dit au pasteur : « Je m’en
vais : pour toi, prends sous ta garde ceux qui n’ont pu entrer dans la
tour, examine leurs rameaux encore une fois et envoie chacun dans le lieu qu’il
mérite ; si quelqu’un se trompait, je l’éprouverais sur l’autel. Lorsqu’il
fut parti, le pasteur dit à Hermas : « Plantons toutes ces branches,
elles reverdiront peut-être, le saule est si vivace ! » Et il les
planta, et il les arrosa de telle sorte que l’eau les couvrait. Au bout de
quelques jours, il revint avec Hermas dans ce même lieu, et lui ayant fait
mettre un linge blanc autour du corps : « Appelle, lui dit-il, ceux
dont les branches ont été plantées ; que chacun arrache la sienne et me
l’apporte ! » Ils vinrent dans le même ordre que la première fois,
ceux dont les branches avaient été trouvées sèches et pourries les premiers, et
ainsi de suite ; et le pasteur faisait séparer des autres ceux dont les
branches étaient devenues meilleures : les unes avaient reverdi, les
autres n’avaient plus de fente, d’autres avaient des bourgeons et même des
fruits ; et le pasteur était dans la joie, et il disait à Hermas :
« Je te l’avais bien dit, le saule est vivace. »
Ce
saule est la loi de Dieu donnée à toute la terre, et à l’ombre
de laquelle se repose la multitude des croyants, gouvernés par Michel, qui
connaît et qui éprouve ceux qui l’accomplissent ; les martyrs reçoivent
des couronnes et entrent dans la cité céleste ; ceux qui ont confessé la
foi, mais qui ne sont pas morts pour elle, y entrent aussi avec un sceau et une
robe blanche, et la foule des justes qui ont observé les commandements de Dieu
y entrent encore comme eux, vêtus de blanc. Quant à ceux qui ont péché, Dieu ne
les rejette pas aussitôt, il les arrose des eaux de la pénitence, et malheur à
ceux qui n’en profitent pas ! Mais bien heureuses les âmes qui reverdissent
dans les eaux salutaires, et s’y couvrent de bourgeons et de fruits !
L’ange
de la pénitence voyant qu’Hermas avait écrit ses préceptes et ses similitudes,
lui dit : « Je te montrerai maintenant ce que t’a fait voir l’ange
qui t’est apparu sous la forme de l’Église, et qui est le fils de Dieu. Il n’a
pas voulu se révéler à toi dans toute sa gloire, tu n’étais pas assez fort pour
en supporter l’éclat ; c’est lui qui m’envoya dans ta maison. » À ces
mots, il enleva Hermas en Arcadie sur une hauteur, et de là il lui montre une
grande plaine entourée de douze montagnes de diverses formes, au milieu de
laquelle s’élevait une pierre énorme, beaucoup plus haute que toutes ces
montagnes, et assez forte pour porter l’univers. Cette pierre semblait fort
vieille, mais elle avait une porte toute neuve qui venait d’être sculptée et
qui, au grand étonnement d’Hermas, qu’elle éblouissait, rayonnait comme le
soleil ; autour de cette pierre étaient douze vierges, quatre surtout
étaient belles et se tenaient aux quatre angles de la porte ; les autres
étaient très-belles aussi. Bientôt arrivèrent six hommes d’une haute taille et
dont la vue inspirait le respect ; et ces six hommes en commandaient une
multitude d’autres, tous grands et forts, et ils leur ordonnaient de bâtir une
tour sur cette porte, et toute cette multitude se mit à bâtir, et ils tirèrent
d’une eau profonde qui était là dix pierres carrées et polies que les douze
vierges prirent l’une après l’autre, et elles les faisaient passer par la porte
pour bâtir, et les disposaient de
manière que les plus fortes étaient aux quatre angles, les autres par côté. Ces
dix pierres remplirent toute la tour de la porte, qui fut ainsi le fondement de
tout l’édifice. Après elles, on en tira de l’eau vingt-cinq autres, puis trente,
puis quarante, qu’on porta et qu’on disposa toutes comme les premières, et il y
avait déjà quatre rangs de pierres sur le fondement ; et l’on, cessa de
tirer de l’eau, et les six hommes ordonnèrent qu’on allât en chercher dans les
douze montagnes pour achever la tour ; on y alla, et les pierres qu’on
apporta étaient de diverses couleurs, et les douze vierges les prirent et les
posèrent pour bâtir, et elles devinrent blanches, et brillantes et
semblables ; et les hommes ayant voulu en poser eux-mêmes quelques-unes,
celles-là ne changèrent point, elles produisaient à l’œil un mauvais effet, et
les six hommes s’en étant apperçus, les firent ôter, et ils défendirent que
personne en posât aucune, ordonnant qu’on les portât toutes aux douze vierges,
afin qu’elles-mêmes les posassent. Voilà ce qui fut fait ce jour-là, et la tour
n’était pas encore finie, et cependant les six hommes ordonnèrent aux autres
d’aller prendre un peu de repos ; et recommandant aux vierges de rester
pour garder la tour, ils se retirèrent eux aussi. Hermas et le pasteur en
firent autant, et revenant au bout de quelques jours, ils ne virent que les
douze vierges, mais bientôt parut une multitude immense, et au milieu de cette
multitude un homme si grand qu’il dépassait la tour de beaucoup ; et près
de cet homme les six qui avaient présidé à la construction du bâtiment et tous
ceux qui y avaient travaillé, et plusieurs autres qui semblaient puissants et
élevés en dignité. Les douze vierges furent au-devant de cet homme et elles
l’embrassèrent, et elles marchaient à ses côtés ; et il examinait le
bâtiment avec attention, et il touchait les pierres de la main et les frappait
d’une baguette qu’il portait, et quelques-unes devenaient noires comme de la suie, d’autres
prenaient une couleur incertaine, ni noire, ni blanche ; d’autres se
couvraient d’aspérités, joignaient mal ; d’autres avaient des taches
noires. Il les fit ôter et ordonna que, les laissant près de la tour, on mît à
leur place des pierres d’un champ qui était auprès ; elles étaient
brillantes et carrées, et elles furent toutes portées aux vierges et employées
à la construction, sauf quelques-unes qu’il eût été trop long de préparer parce
qu’elles étaient toutes rondes et fort dures ; mais comme elles étaient
cependant fort brillantes, on les posa près de la tour pour s’en servir dans la
suite ; et le maître ayant fait appeler le pasteur, les lui confia,
ordonnant qu’après avoir nettoyé toutes celles qui seraient bonnes à quelque
chose, il jeta les autres. Après cela, il partit avec tous ceux qui
l’accompagnaient, et les douze vierges restèrent pour garder la tour. Quant au
pasteur et à Hermas, ils s’en allèrent aussi ; mais étant revenu au bout
de trois jours, le pasteur examina les pierres qui lui avaient été confiées,
fit jeter celles qui n’avaient point changé, et porta les autres aux douze
vierges qui s’en servirent pour bâtir, mettant les plus petites et les plus
faibles dans le milieu du mur. Parmi les rondes, le pasteur prit les plus
belles, laissant les autres au lieu où elles étaient : « Le maître,
disait-il, voudra peut-être les employer ; car la tour n’est pas
finie. » Il fit ensuite appeler douze femmes d’une grande beauté, vêtues
toutes de noir avec de belles ceintures, leurs longs cheveux flottant sur leurs
épaules nues, et il leur ordonna de reporter sur les montagnes les pierres qui
avaient été jetées, ce qu’elles firent avec une grande joie ; et l’ange
fit le tour avec Hermas, et les douze vierges arrosèrent, balayèrent, de sorte
que la tour et ses environs étaient d’une grande propreté et d’une beauté
inexprimable ; et, après l’avoir admirée, le pasteur voulait s’en aller,
et Hermas ne voulait pas qu’il l’abandonnât, et cependant il partit après
l’avoir recommandé aux douze vierges. Hermas demeura avec elles jusqu’au
soir ; alors il voulut aussi aller chez lui, mais elles l’en
empêchèrent ; la nuit étant venue, elles la passèrent en prières, et
Hermas pria comme elles, ce qui les réjouit beaucoup. Enfin le pasteur revint,
et expliqua à Hermas tout ce qu’il avait vu. Le fils de Dieu est la pierre
antique qui existe avant toute créature, sur laquelle repose l’univers ;
il est la porte du royaume des cieux, qui s’ouvrira à la fin des temps, et par
laquelle tout élu doit passer pour entrer dans la cité sainte. Aucune pierre ne
peut faire partie de cette tour sacrée sans entrer par cette porte, sans être
marqué du nom de fils de Dieu ; et les ministres du Seigneur, qui dirigent
les premiers d’entre eux, bâtissent la tour ; et le Sauveur arrive,
accompagné de la foule des anges, pour examiner leur travail ; et nul ne
fera partie de l’édifice s’il n’est porté par les douze vierges, qui sont la
Foi, la Mortification, la Force, la Patience, la Simplicité, l’Innocence, la
Chasteté, la Paix, la Vérité, l’Intelligence, la Concorde, la Charité ; et
quelques-uns de ceux qu’elles porteront, et qu’elles auront revêtus de leurs
vêtements, se laisseront après cela séduire par les douze femmes noires, qui
sont la Perfidie, l’Intempérance, l’Incrédulité, la Volupté, la Tristesse, la
Malice, la Débauche, la Colère, le Mensonge, la Folie, la Vanité, la
Haine ; et s’ils ne font pénitence, ils ne pourront servir à la
construction de la tour. Les saints du premier siècle de ce monde forment la
première assise de la tour ; les saints du second, la deuxième ; les
prophètes, la troisième ; les apôtres et les prédicateurs du fils de Dieu,
la quatrième : ces derniers n’avaient pas besoin de descendre dans l’eau
pour être sauvés, car ils avaient reçu ici-bas les eaux du baptême, et pourtant
ils sont descendus dans l’eau pour en retirer les premiers, leur donner le
sceau du baptême et leur prêcher le fils de Dieu. Les autres assises de la tour
sont formées de pierres prises dans les douze montagnes, c’est-à-dire dans
toutes les nations de l’univers ; et toutes ces âmes deviennent
semblables, car la loi du Seigneur les transforme et leur donne à toutes un
même esprit. Cependant plusieurs de ces âmes se gâtent et deviennent pire
qu’auparavant ; car celui-là est bien plus coupable qui pèche après avoir
reçu la grâce de la vérité. Le champ d’où l’on tire des pierres blanches et
luisantes, pour remplacer les mauvaises, est le champ de ceux qui croient, et
quelques-unes de ces pierres sont rondes ; il faut les rendre carrées pour
qu’elles deviennent propres à la construction, il faut retrancher de leurs
richesses à ceux qui y sont trop attachés ; mais il est des pierres si
dures qu’on les brise en les façonnant. Ô vous tous que rien n’éloigne du
Seigneur, vous êtes bien heureux ! c’est moi, c’est l’ange
de la pénitence qui vous le dit et vous le jure, mais malheureux aussi et bien
méprisable quiconque s’éloigne de lui ! Malheureux surtout le pasteur dont
le troupeau s’égare ! Qu’il ne dise pas : « Mon troupeau se
révolte et m’entraîne ; » jamais troupeau n’a gouverné son berger.
Cependant faites pénitence, et vous pourrez être employés à la construction de
la tour ; je pourrai vous purifier et vous tailler moi-même.
Hermas
avait écrit ces similitudes ; l’ange qui l’avait confié au pasteur vint
dans sa maison, monta sur son lit, et le pasteur s’assit à sa droite :
« Hermas, dit-il, je t’ai confié à cet ange, qui a sur tout l’univers le
pouvoir de la pénitence ; si tu veux être heureux, mets en pratique ses
commandements, prêche-les aux autres, afin qu’ils se repentent et se
convertissent ; ceux qui les observent seront sauvés, les autres mourront.
Mais parce que tu ne pourrais absolument rien sans les douze vierges, je les
enverrai dans ta maison et je leur ordonnerai d’y rester ; cependant
purifie-la, car la moindre souillure les mettrait en fuite. » Et alors cet
ange le remit de nouveau entre les mains du pasteur, et il fit venir les douze
vierges en sa maison, et il renouvela ses exhortations à Hermas, lui
recommandant sur toutes choses de secourir ceux qui sont dans le besoin :
« Le besoin, disait-il, cause le désespoir, et celui-là est bien coupable
qui, pouvant arracher ses frères à un si grand mal, ne le fait pas. » Et
puis l’ange se leva et disparut avec le pasteur et les vierges, promettant
cependant que les vierges et le pasteur reviendraient bientôt dans la maison
d’Hermas.
HERMAS. ―
I.
Sa personne.
II.
II. Son ouvrage.
III.
III. Sa doctrine.
I. SA PERSONNE. ―
Abréviations : Vis. = Vision,
Le
Pasteur d'Hermas est un écrit chrétien catholique du IIème
siècle après Jésus-Christ.
1° Autobiographie.
― On ne sait de l’auteur du Pasteur que ce qu’il a dit de lui-même dans son
ouvrage. Et voici les quelques renseignements qu’il donne. Son nom est Hermas ;
c’est ainsi qu’il se désigne à plusieurs reprises. Vis.¸ I, 1, 4 ; 2, 2 ; 4, 3
; II, 2, 2. Esclave de naissance, vendu à Rome à une femme nommée Rhoda, il dut
être affranchi par elle. Marié, père de famille, mais commerçant peu
scrupuleux, il réussit à s’enrichir ; car, porté au mensonge et à la
dissimulation, il avoue n’avoir jamais dit la vérité. Mand., III, 3, 3. La fortune
jeta le désordre dans sa famille ; lui-même devint un grand pécheur, Mand., IV,
2, 3 ; sa femme fut une mauvaise langue et ses fils tournèrent mal au point de
renier leur foi et de dénoncer leurs parents. Vis., I, 3, 1 ; II, 3, 2 ; III,
6, 7, et il ne lui resta plus qu’un champ à cultiver sur la route de Rome à
Cumes. Vis., III, 1, 2 ; IV, 1, 2. Il était donc chrétien ainsi que toute sa
famille, mais ils avaient tous péché et devaient faire pénitence pour se
relever ; et c’est ce qu’ils firent. Comment donc fut-il amené à écrire le
Pasteur ?
Un jour, comme il longeait le Tibre, il aperçut Rhoda, qu’il aimait comme une
sœur, se baignant dans le fleuve ; il lui tendit la main pour l’aider à sortir
de l’eau non sans se dire à lui-même : " Que je serais heureux d’avoir
pour épouse une femme de cette beauté et de ce mérite ! " Pensée mauvaise
pour un homme marié et père de famille ; il devait en faire pénitence. Un peu
plus tard, comme il se rendait à Cumes, il fut transporté par l’Esprit de Dieu
dans un endroit inaccessible ; et là il vit dans le ciel Rhoda, qui lui apprit
que Dieu était irrité contre lui à cause de sa mauvaise pensée. " Prie le
Seigneur, lui dit-elle, et il guérira tes péchés, ceux de ta maison et de tous
les tiens. " Réfléchissant alors au moyen d’apaiser Dieu et d’assurer son
salut, il eut successivement, à intervalles plus ou moins longs, la vision
quatre fois répétée d’une femme, qui représentait l’Eglise, qui lui lut et lui
confia un livre, avec l’ordre de le transcrire en double exemplaire, l’un pour
Clément, qui, selon le devoir de sa charge, devait le transmettre aux villes
étrangères, l’autre pour Grapta, qui devait en instruire les veuves et les
orphelins. Vis., II, 4, 3. Lui-même devait l’interpréter à Rome avec ceux qui
présidaient à l’Eglise. Dans la suite, ce fut la visite d’un homme qu’il reçut
; celui-ci, habillé en pasteur, la besace à l’épaule et la houlette à la main,
se dit chargé de lui rappeler les visions qu’il avait eues et de lui faire écrire
des préceptes et des similitudes : c’était l’ange de la pénitence, Vis., V : de
là le livre du Pasteur.
Tels sont les renseignements autobiographique s fournis par Hermas sur sa
vie et l’origine de son ouvrage. Il se présente donc comme un contemporain du
pape saint Clément, à la fin du Ier siècle. Mais qu’y a-t-il de vrai dans tout
cela ? Hermas s’est-il imaginé avoir eu ces visions ? A-t-il voulu faire croire
qu’il les avait eues réellement ? N’a-t-il pas plutôt recouru à un simple
artifice littéraire pour faire entendre d’une manière saisissante la leçon de
morale qu’exigeait une période de relâchement ? Sa personne est restée dans une
ombre discrète ; mais, en revanche, son livre a joui, dès la seconde moitié du
IIe siècle, d’une assez grande célébrité ; car il fut lu publiquement dans les
églises, tout au moins à titre d’instruction et d’édification, et il passa
même, aux yeux de quelques Pères, pour un livre inspiré. Il import donc de
savoir ce qu’en pensa l’antiquité chrétienne.
2° Tradition primitive chez les
grecs. ― Le Pasteur a été connu, apprécié et cité chez certains Pères
grecs. Saint Irénée, par exemple, en a reproduit un passage, en le faisant
précéder de ces mots assez significatifs : χαλώς είπεν ή αφήγ. Cont. hær., IV,
20, 2, P. G., t. VII, col. 1032. De même Clément d’Alexandrie, qui admet la
réalité et le caractère divin des révélations d’Hermas, cite fréquemment le
Pasteur et le qualifie d’Ecriture. Strom., I, 17,
29 ; II, 1, 9, 12, 13 ; VI, 6, P. G., t. VIII, col. 800, 928, 933, 980, 994, t.
IX, col. 357. Mais ni saint Irénée, ni Clément d’Alexandrie ne
disent formellement qu’Hermas ait été un contemporain des apôtres. Origène, au
contraire, qui croit à l’inspiration du livre, identifie son auteur avec
l’Hermas nommé dans l’épître aux Romains : Puto quod Hermas iste (celui de
l’épître aux Romains) sir scriptor libri illius, qui Pastor appellatur, quæ
scriptura valde mihi utilis videtur et, ut puto, divinitus inspirata. In Rom.,
X, 31, P. G., t. XIV, col. 1282. Il n’ignore pourtant pas que son opinion n’est
pas celle de tout le monde, In Matth., XIV ? 21 ? P. G., t. XIII, col. 1240, et
que certains ont peu d’estime pour cet ouvrage, De princ., IV ? 11, P. G., t.
XI, col. 35. Quatre fois même, quand il en parle, il use de cette précaution
oratoire : Si cui tamen placeat eum legere ou recipere. P. G., t. II, col.
823-826. Il n’y avait donc pas unanimité chez les grecs, du temps d’Origène,
sur la question de savoir s’il fallait tenir pour inspiré le livre du Pasteur,
mais on s’accordait à lui reconnaître une utilité et une valeur morale de
quelque importance. Au commencement du IVe siècle, Eusèbe constatait qu’il était
lu publiquement dans les églises et servait à l’instruction des catéchumènes,
mais que certains mettaient en doute son inspiration. Dans ces conditions, il
le retranche des όμολογουμένα avec les Πράξεις Παύλου, l’Αποχάλυψις Πέτρου,
l’Επιοτολή Βαρνάδα et les Διδαχαί τών άποστολων, H. E., III, 3, P. G., t. XX,
col. 217 ; il les range parmi les νόθα. H. E., III, 25, ibid., col. 269. Plus
tard, saint Athanase, tout en l’excluant aussi du canon des Ecritures, De decr.
Nic. syn., 18, P¨. G., t. XXV, col. 456, le range parmi ceux que l’on doit lire
aux catéchumènes : " Pour plus d’exactitude, écrit-il, je suis obligé de
dire que nous avons d’autres livres qui ne sont point dans le canon, mais qui,
selon l’institution des Pères, doivent être lus à ceux qui veulent être
instruits des maximes de la foi. " Et il signale, parmi ces derniers, le
Pasteur ainsi que des livres de l’Ancien Testament, tels que la Sagesse de
Salomon, la Sagesse de Sirach, Esther, Judith, Tobie, qui n’étaient pas encore
reçus dans le canon des Ecritures par un consentement unanime. Epist., fest.,
XXXIX, P. G., t. XXVI, col. 1437. Il n’hésite pas, quant à lui, à s’appuyer sur
le Pasteur pour réfuter les ariens qui l’exploitaient à leur profit. De
incarnatione Verbi, 3, P. G., t. XXV, col. 101. Didyme l’Aveugle cite de même
Vis., III, 2, 8, P. G., t. XXXIX, col. 1141. L’auteur de l’Opus imperfectum in
Matthæum (fin du IVe siècle), XIX, 28, homil. XXXIII, P. G., t. LVI, col. 829,
cite Sim., IX, 15. Il est à noter que, dans le Codex Sinaiticus, le Pasteur se
trouve avec l’épître du pseudo-Barnabé à la suite des livres du Nouveau
Testament. Somme toute, jusqu’au IVe siècle, le Pasteur d’Hermas a joui parmi
les grecs d’une grande autorité puisqu’on en faisait la lecture publique et
qu’on s’en servait pour l’instruction des catéchumènes. Mais bientôt son
influence décline. Il est pourtant encore cité par quelques écrivains. Et
tandis que Nicéphore l’exclut de la liste des livres canoniques, l’interprète
éthiopien en a fait un grand cas qu’il regarde comme de la main de saint Paul.
Voici, en effet, ce qu’on lit en appendice dans la version éthiopienne,
traduite en latin par Antoine d’Abbadie dans les Abhandlungen für die Kunde des
Morgenlandes, 1860, t. II ; Finitæ sunt visiones et mandata et similitudines
Hermæ, qui est Paulus.
3° Tradition primitive chez les
latins. ― Beaucoup moins favorable a ιté le jugement chez les latins. Vers
180, l’auteur du fragment de Muratori attribue formellement le Pasteur au frère
du pape Pie, et refuse d’admettre son caractère inspiré : Pastorem vero
nupperime temporibus nostris, in urbe Roma, Hermas conscripit, sedente cathedra
urbis Romæ ecclesiæ Pio episcopo, fratre ejus. Et ideo legi eum quidem oportet,
se publicare vero in ecclesia populo, neque inter prophetas completum
(completos) numero, neque inter apostolos in fine temporum potest. Tertullien,
encore catholique, la traitait, il est vrai, de scriptura, De orat., 16, P. L.,
t. I, col. 1172 ; mais, devenu montaniste, il le qualifia de Pastor mæchorum et
le repoussa comme un livre apocryphe, De pudicit., 11, 20, P. L., t. II, col.
1000, 1021 ; sans nul doute parce que la pénitence y était accordée aux
adultères, et vraisemblablement parce que le pape Zéphirin avait dû s’appuyer
sur le Pasteur pour décider l’admission des adultères à la pénitence. Cf. A.
d’Alès, La théologie de Tertullien, Paris, 1903, p. 228. Mais cela n’empêcha
point l’auteur du De alcatoribus, c. IV, édit. Hartel, t. III, p. 96, de le
citer comme Ecriture. Au commencement du IVe siècle, le décret attribué au pape
Pie par le pseudo-Isidore en appelait à Hermas pour réfuter les quartodécimans.
Hardouin, t. I, col. 95 ; Mansi, t. I, p. 672. C’est qu’en effet on prétendait
alors que la célébration de la Pâque le dimanche avait été prescrite par l’ange
à Hermas. Et le Liber pontificalis, dans la notice consacrée au pape Pie, s’est
fait l’écho de cette tradition : Sub hujus episcopatum, Hermis librum scripsit, in
quo mandatum continet quod ei præcepit angelus Domini, cum venit ad eum in
habitu pastoris, et præcepit ut Pascha die dominico celebratur. Liber
pontificalis, édit. Duchesne, Paris, 1886, t. I, p. 132. Mais, d’une part, le
Pasteur ne contient pas la moindre allusion à la Pâque, et, d’autre part,
l’usage romain de célébrer la Pâque le dimanche était antérieur au pape Pie,
puisque, au témoignage de saint Irénée, dans Eusèbe, H. E., V, 24, P. G., t.
XX, col. 505, Hygin, Télesphore et Xyste le pratiquait déjà. Le Liber
pontificalis, qui confond l’auteur du Pasteur avec le livre lui-même, s’accorde
du moins, quant à la date, avec le fragment du Muratori. Ce titre Liber
Pastoris a fait croire à quelques écrivains que Pastor était un nom d’auteur.
L’auteur du poème contre Marcion présente déjà cette confusion, Adv. Marc.,
III, 9, P. L., t. II, col. 1078 ; et Rufin tout autant, In symb., 38, P. L., t.
XXI, col. 374, ainsi que plus tard (vers 530) l’auteur de la Vie de saint
Geneviève. Acta sanctorum, januarii, t. I, p. 139. Saint Jérôme, après avoir
rappelé les témoignages d’Origène et d’Eusèbe, affirme que le Pasteur était
presque inconnu chez les latins, De vir. ill., 10, P. L., t. XXXII, col. 625 ;
qu’il ne faisait point partie du canon, Præf. in libr. Sam. et Malach., P. L.,
t. XXXVIII, col. 556 ; et il accuse Hermas de folie ou de sottise au sujet de
ce qu’il avait dit relativement l’ange Tyri (Thegri). In Habac., I, 14, P. L.,
t. XXV, col. 1286. On en appelait encore malgré tout au Pasteur ; c’est ainsi
Cassien s’appuyait sur lui pour soutenir que chaque homme a deux anges.
Collat., VIII, 17 ; XIII, 12, P. L., t. XLIX, col. 750, 929. Mais saint Prosper
répliquait à Cassien : Nullius auctoritatis est testimonium, quod disputationi
suæ de libello Pastoris inserucrit. Cont. Collat., XIII, 6, P. L., t. LI, col.
250. Le Pasteur se trouve cité dans l’appendice de la liste des Livres saints
reproduite dans le Codex Claromontanus ; mais le décret de Gélase, Hardouin, t.
II, col. 941 ; Thiel, Epistolæ romanorum pontificum, 1868, t. I, p. 463, le
rejette parmi les apocryphes. Il ne resta pourtant pas inconnu ; il fut même
utilisé encore dans l’Eglise latine, comme en témoignent, vers 530, l’auteur de
la Vie de sainte Geneviève, qui cite un passage selon la version latine du
manuscrit palatin, Acta sanctorum, januarii, t. I, p. 139, et Sedulius Scotus,
au IXe siècle, qui partageait l’opinion d’Origène sur le caractère inspiré de ce
livre. Collect. ad Rom., XVI, 14, P. L., t. CIII, col. 124. Quelques manuscrits
contiennent la version latine du Pasteur parmi les livres de l’Ancien
Testament. Des auteurs du moyen âge en citèrent quelques passages.
4° La critique moderne. ― Du
XVIe siècle à la moitié du XVIIIe, la plupart des critiques continuèrent à voir
dans Hermas un contemporain des apôtres et plaçaient la date du Pasteur, les
uns avant la ruine de Jérusalem, les autres vers l’an 92. Mais, en 1740, la
découverte et la publication du fragment de Muratori, si précis relativement à
l’époque où vécut et écrivit Hermas, firent abandonner cette opinion par la
plupart des critiques. On admit qu’Hermas n’avait vécu qu’au IIe siècle. Et
c’est aujourd’hui l’opinion à peu près unanime. Mais à ce compte, dit-on
l’auteur du Pasteur nous a trompés en se donnant comme le contemporain du pape
Clément. Rien de plus vrai. Or, en dehors du témoignage si formel du fragment
de Muratori, il y a des raisons internes qui favorisent l’opinion nouvelle. A
considérer, en effet, les idées du Pasteur, sa composition vers le milieu du
IIe siècle, note Bardenhewer, Les Pères de l’Église, trad. franç., Paris, 1899,
t. I, p. 91, est sinon hors de conteste, du moins très vraisemblable. " Le
Pasteur se complaît si fort à traiter la grave question du pardon des péchés
graves, il y déploie une si étonnante insistance, qu’on se prend naturellement
à penser qu’Hermas est au courant et tient compte des premiers pas au moins de
l’agitation montaniste. En tout cas, les gnostiques, pour lui, sont déjà
l’ennemi. " L’auteur écrit pendant une longue période de paix, qui semble
être celle d’Antonin le Pieux (138-161) ; le sens chrétien s’est affaibli chez
beaucoup de fidèles ; l’esprit du monde reprend de l’empire. Vis., II, 2, 3.
Une tempête a précédé ce calme, et les circonstances signalées, Sim., IX, 28,
désignent la persécution de Trajan (98-117) plutôt que celle de Domitien
(81-96). L’Eglise se trouve dans un état de crise morale ou de relâchement, qui
nécessite un retour à une discipline sévère pour assurer le salut de ses
membres. Les apôtres sont morts, Vis., III, 5 Sim., IX, 15, 4 ; on n’est donc
plus aux temps apostoliques.
Si Hermas nous a trompés sur la date, faut-il récuser toute son autobiographie
? Comment adorer ce qu’il dit de lui-même avec l’idée qu’en donne son livre ?
Certes, tous les détails cadrent admirablement avec la tendance de l’ouvrage,
et laissent l’impression d’une histoire vraie. Hermas et maison figurent les
plaies de l’Eglise ; aussi est-il visé le premier, ainsi que les siens, par
l’appel à la pénitence. La forme apocalyptique qu’il donne à son ouvrage n’a
pas lieu d’étonner. Ce n’est l’œuvre ni d’un naïf, ni d’un imposteur. Mgr
Freppel, qui s’en tient malgré tout à l’opinion ancienne quant à la date, écrit
: " J’incline à penser que nous sommes en présence d’un traité didactique,
d’un sorte de trilogie morale qui, sans se donner pour une révélation
proprement dite, se développe sous la forme d’une apocalypse, dans une série de
communications entre le ciel et la terre. " Les Pères apostoliques, 4e
édit., Paris, 1885, p. 269. Et c’est encore ici, note Bardenhewer, op. cit., p.
92, une de ces fictions, un de ces artifices littéraires, que goûte et prodigue
la littérature des apocryphes, et dont la critique ne saurait être dupe.
Signalons pourtant une troisième opinion, celle de Gaâb, Der Hirt des
Hermas, Bâle, 1866, et de Th. Zahn, Der Hirt des Hermas, Gotha, 1868, d’après
laquelle le Pasteur n’aurait été composé ni par le frère du pape Pie, ni par
l’Hermas de l’Epître aux Romains, mais par un personnage du même nom,
contemporain du pape saint Clément. Ce fut aussi l’opinion de Peters, Theolog.
Litiraturblatt, 1869, p. 854 sq., de Mayer, Die Schriften der apost. Väter,
1869, p. 255 sq., de Caspari, Quellen zur Geschichte des Taufsymbols, 1875, t.
III, p. 298, et de Nirschl, Patrologie, 1881, t. I, p. 80-88. D’après Salmon,
Dictionary of christian biography, t. II, p. 912-921, cet Hermas aurait été un
prophète comme Quadrat, et son ouvrage ne serait autre qu’un spécimen de
l’enseignement des prophètes au début du IIe siècle.
Quant à l’opinion de Champagny, Les Antonins, Paris, 1863, t. I, p.134,
n. 1 ; t. II, p. 347, n. 3, partagée par dom Guéranger, Sainte Cécile, 2e
édit., p. 132 sq., 197 sq., et d’après laquelle le Pasteur aurait deux auteur,
l’Hermas de l’Epître aux Romains pour les Visions, et le frère du pape Pie pour
les Préceptes et les Similitudes, elle ne mérite pas, dit Funk, Opera Patr.
apost., Proleg., p. CXX, d’être réfutée, tellement s’impose l’unité d’auteur.
E. Spitta a cru remarquer que le Pasteur avait été composé sous Claude
(41-54) ou même auparavant par un juif, mais qu’il avait été interpolé en
beaucoup d’endroits par un chrétien, vers l’an 130. Zur Geschichte und
Litteratur des Urchristentums, Gœttingue, 1896, t. II, p. 241-447. Daniel
Völter, Die Visionen des Hermas, die Sybille und Clemens von Rom, 1900, et H.
A. van Bakel, De compositie van den Pastor Hermæ, 1900, ont plus ou moins
adhéré à ce sentiment, qui doit être absolument rejeté. Voir Funk, dans
Theologische Quartalschrift, 1899, p. 321-360. Cf. A. Lelong, Le Pasteur
d’Hermas, Paris, 1912, p. XXXIX-XLVI.
C’est donc au témoignage du fragment de Muratori, corroboré d’ailleurs par des
arguments d’ordre interne, qu’il convient de s’en tenir avec Lipsius,
Bibellexicon, 1871, t. III, p. 20 sq. ; Heyne, Quo tempore Hermæ Pastor
scriptus sit, Kœnigsberg, 1872 ; Behm, Ueber den Verfasser der Schrift, welche
den Titel " Hirt " führt, Rostoch, 1876 ; Harnack, Patrum apostol.
opera, Leipzig, 1876, t. I, p. LXXVII sq. ; Batiffol, La littérature grecque,
Paris, 1897, p. 63 sq. ; Mgr Duchesne, Histoire ancienne de l’Eglise, Paris,
1906, t. I, p. 224 ; A. Lelong, Le Pasteur d’Hermas, p. XXV-XXIX ; Funk, Opera
Patr. apost., Tubingue 1881, t. I, p. CXVII sq. ; Bardenhewer, Les Pères de
l’Eglise, trad. franç., Paris, 1899, t. I, p. 98-92.
Hermas fait allusion à l’amour des richesses ; bonne preuve que l’Eglise avait
joui d’un temps de paix. Mais des persécutions avaient eu lieu ; il y eut des
martyrs mais aussi des apostats ; mais quelques chrétiens s’en tirèrent par la
seule perte de leurs biens. Hermas lui-même avait été dénoncé par ses fils et
ruiné ; au moment de ses visions, il ne restait plus qu’un champ. Peut-être
avait-il été, au temps de sa jeunesse, à l’âge de 30 ou 35 ans, l’une des
victimes de la persécution de Domitien auxquelles Nerva, d’après Dion Cassius,
68, 2, avait fait rendre les biens confisqués. Dans ce cas, sous le règne
d’Antonin le Pieux (138-161) contemporain du pape Pie (140-155), il aurait été
plus que septuagénaire. Il écrit dans un temps où le gnosticisme existe, mais
ne paraît pas encore un danger grave pour l’Eglise ; il combat le relâchement
des chrétiens, mais sans signaler des erreurs doctrinales. Le seul passage qui
se rapporte à un enseignement gnostique est celui où il est question de ceux
qui abusent de la chair, Sim., V, 7 ; mais les faux docteurs visés par Hermas
semblaient encore appartenir à l’Eglise et n’en avoir pas été rejetés, comme
ils ne tardèrent pas à l’être. Dans le passage plus particulièrement relatif
aux gnostiques, Sim., IX, 22, 2, il est encore question de fidèles, πιστοί, qui
« veulent tout savoir et ne connaissent rien, " " être des maîtres
quand ils ne sont que des insensés. " Parmi eux beaucoup ont été rejetés,
mais d’autres, reconnaissant leurs fautes, ont fait pénitence ; à ceux qui
restent la pénitence est proposée comme moyen de salut, car ils n’ont pas été
mauvais, mais plutôt fous et sans esprit : ούχ έγένοντο γάρ πονηροί, μάλλον δέ
μωροί χαί άσύνετοι, Sim., IX, 22, 4. ce n’est pas ainsi que se serait exprimé
Hermas, si de son temps le gnosticisme avait été pour l’Eglise le danger qu’il
devint peu après ; il pouvait parler de la sorte avant l’explosion du
gnosticisme vers le milieu du IIe siècle.
Était-ce un montaniste ? Il n’y paraît guère, malgré certaines affinités de sa
morale avec celles du montanisme. Il considère, en effet, l’Eglise comme étant
en droit une société de saints, mais étant en fait un mélange de justes et de
pécheurs ; il regarde comme imminente la parousie du Seigneur ; il a des
visions et des révélations. Mais la solution d’Hermas diffère de celle du
montanisme et porte la marque d’une date antérieure. Tandis que les montanistes
refusaient le pardon aux grands pécheurs, Hermas leur accorde au moins une fois
la pénitence et promet le salut aux pénitents. Montaniste, il n’aurait pas loué
le mari d’une épouse adultère de la reprendre, si elle venait à faire pénitence,
et il aurait condamné les secondes noces. Les montanistes ajoutaient des jeûnes
aux jeûnes prescrits par l’Eglise ; Hermas se contente de jeûner les jours de
station, sans voir dans cette pratique une obligation et en insistant sur le
côté spirituel du jeûne. Il y a donc dans le Pasteur moins de rigorisme que
dans le montanisme, et il n’y a rien de ce qui est spécial au montanisme. A.
Stahl, Patristische Untersuchungen. . . III, Der " Hirt " des Hermas,
Leipzig, 1901, a même prétendu que l’auteur combattait les montanistes, mais il
date son œuvre des années 165-170. Le témoignage du fragment de Muratori a plus
d’autorité que les arguments de Stahl n’ont de valeur.
II. SON OUVRAGE. ―
1° Texte et versions.
― Le Pasteur a été composé en grec, mais le texte original ne nous est point
parvenu dans son intégrité. Le premier quart, Vis., I - Mand., IV, 3, 6, se
trouve dans le Codex Sinaiticus de la Bible du IVe siècle, découvert en 1859 ;
deux autres morceaux se trouvent dans un papyrus du Ve siècle rapporté de
Fayoum et conservé à Berlin ; un manuscrit du mont Athos, XIVe-XVe siècle,
publié à Leipzig par Tischendorf, en 1856, le contient dans sa presque totalité
; trois feuilles de ce manuscrit, comprenant Mand., XII, 4, 7 - Sim., VIII, 4,
3, et Sim., IX, 15, 1, - 30, 2, dérobées par Constantin Simonide, ont été
acquises par la bibliothèque de Leipzig. C’est à l’aide de ces manuscrits
qu’ont été faites toutes les éditions du texte grec par Hilgenfeld, Novum
Testamentum extra canonem receptum, Leipzig, 1866 ; 2e édit., 1881 ; 3e, 1887 ;
Gebhardt-Harnack, Hermæ Pastor, Leipzig, 1877. En 1880, Lambros découvrit au
Mont-Athos un manuscrit contenant une partie du texte grec du Pasteur et il
constata plus tard qu’il était la source du manuscrit de Leipzig. Robinson fit la collation du texte, A collation of
the Athos codex of the Shepherd of Hermas, 1888, p. 25-29. Henner fut le premier qui utilisa ce manuscrit dans
son édition des Pères apostoliques en 1891. Photographie par K. Lake, Oxford,
1907.
La même année, U. Wilcken découvrit une feuille manuscrite sur papyrus,
du IVe siècle, reproduisant Sim., II, 7-10 ; IV, 2-8, et il en publia le texte.
Tabeln zur ältern griechischen Paläographie, Leipzig et Berlin, 1891, tab. III.
Diels et Harnack rééditèrent et commentèrent ce fragment, trouvé au Fayoum et
conservée au musée de Berlin, dans les Sitzungsberichte der Berliner Akademie
der Wissenschaften, 1891, p. 427-431 ; Albert Ehrhard, dans la Theologische
Quartalschrift, 1892, p. 294-303, et K. Schmidt et W. Schubart, Altchristliche
texte, Berlin, 1910, p. 13-15. Une feuille de papyrus, contenant une courte
citation de Mand., XI, 9 sq., a été publiée par Grenfell et Hunt, en 1899. Des
fragments de sept feuilles de papyrus ont été publiés par les mêmes savants
papyrologistes, The Amherst papyri II, Londres, 1901, p. 195 sq., (Vis., I, 2,
2-3, 1 ; III, 12, 3 ; 13, 3, 4 ; Mand., XII, 1, 1, 3 ; Sim., IX, 2, 1, 2, 4, 5
; 12, 2, 3, 5 ; 17, 1, 3 ; 30, 1-4). Cf. A. Lelong, Le Pasteur d’Hermas, p.
CIII. un fragment (Sim., X, 3, 3-6) a encore été publié par les mêmes. Cf.
ibid., p. CIII-CIV. Une feuille de parchemin, trouvée en Egypte et conservée à
la bibliothèque municipale de Hambourg, du IVe au Ve siècle, contient la fin de
Sim., V. Cf. K. Schmidt et W. Schubart, dans les Siztungsberichte der Berliner
Akademie, 28 octobre 1909 ; A. Lelong, op. cit., p. XCV-CII. Un papyrus du VIe
siècle donne le dé but de Sim., VIII, 1, 1-12, publié par K. Schmidt et W.
Schubart, Altchristliche Texte, p. 17-20.
Jusqu’en 1856, le Pasteur n’était connu que par une version latine, dite
Vulgate, publiée la première fois par Lefèvre d’Etaples, Liber trium virorum et
trium spiritualium virginum, Paris, 1513, et reproduite dans leurs éditions des
Pères apostoliques par Cotelier. Fell, Gallandi, Migne, Hefele. Hilgenfeld en a
donné une édition critique insuffisante, Hermæ Pastor, Leipzig, 1873. Une autre
version latine, dite palatine, en a été publiée par Dressel à Leipzig, en 1857
et en 1863, puis par Hollenberg, à Berlin, en 1868, d’après un manuscrit du
fonds palatin du Vatican, du XIVe siècle. Ces deux version sont indépendantes
l’une de l’autre ; la première doit avoir suivi de près l’apparition de
l’original grec ; Tertullien parle du Pastor, non du Ποιμήν ; la seconde, dιjà
connue de l’auteur de la Vie de sainte Geneviève, vers 530, remonte au Ve
siècle et a eu très vraisemblablement la Gaule pour berceau, cf. I,
Haussleiter, De versionibus Pastoris Hermæ latinis, Erlangen, 1884 ; Ph. Thielmann,
dans Archiv für lat. Lexikographie, 1885, p. 176 ; Still, dans Jahresberichit
für Altertumswissenschaft, 1887, t. XVII, p. 35.
En 1860, Antoine d’Abbadie découvrait en Abyssinie une version
éthiopienne du Pasteur ; il la traduisit en latin et la publia dans les
Abhandlungen für die Kunde des Morgenlandes, 1860, t. II, n. 1. Dillmann
démontra qu’elle avait été faite directement sur le grec. Zeitschrift der
Deutschen morgenländischen Gesellschaft, 1861, t. XV, p. 111-118.
On possède aussi de courts fragments d’une version copte. Voir A. Lelong,
Le Pasteur d’Hermas, p. CV-CVI.
F. X. Funk, profitant des travaux antérieurs et les améliorant encore, a
publié le texte grec avec une traduction latine faite à l’aide de celles qui
existaient déjà ; à partir de Sim., IX, 30, 3, où l’original grec fait défaut
jusqu’à la fin, il a transcrit d’une part, le texte de la version de la Vulgate
et, d’autre part, la version latin d’Antoine d’Abbadie. C’est à cette édition
que nous nous référons, Opera patrum apostolicorum, Tubingue, 1881. Une seconde
édition a paru en 1901 sous le titre : Patres apostolici. Voir aussi sa petite
édition : Die apostolischen Väter, Tubingue, 1881.
Photographie du codex Sinaiticus par K. Lake, Oxford, 1911.
2° Division. ― Par l’étendue
des matières, la richesse du fond et l’originalité de la forme, le Pasteur
constitue un ouvrage à part dans la littérature chrétienne du IIe siècle. Il
comprend cinq Visions, όράσεις, douze Préceptes, έντολαι, et dix Similitudes,
παραδολαι ; et c’est sous ces trois titres distincts qu’il est divisé dans les
éditions actuelles, contrairement aux indications de l’auteur, qui ne signale
que deux parties, la première comprenant les quatre premières Visions, et la
seconde, tout le reste avec la cinquième Vision pour préface et la dixième
Similitude pour épilogue. Cette division de l’auteur correspond aux deux
personnages qui sont les interprètes ou les organes des révélations : dans la
première partie, c’est l’Eglise qui paraît et parle à Hermas sous les traits
d’une femme, dans la seconde, c’est le Pasteur qui lui notifie les Préceptes,
propose et explique les Similitudes. Le tout forme un ensemble cohérent qui
accuse nettement l’unité d’auteur ; et le titre, Ποιμήν, donnι à l’ouvrage, lui
vient du personnage qui entre en scène dès la première partie, bien qu’il n’y
joue qu’un rôle secondaire, Vis., II, 4, 1 ; III, 10, 7, mais qui paraît
ensuite comme le personnage chargé de faire connaître les Préceptes et les
Similitudes à Hermas.
Les Visions indiquent la raison
d’être de l’ouvrage et en tracent l’esquisse ; les Préceptes et les Similitudes
en sont le développement. Tout s’y ramène à l’idée fondamentale de pénitence ou
de réforme morale. Et cette discipline se dessine dans les Visions sous forme
apocalyptique, se développe d’une manière plus nette et plus précise dans les
Préceptes et s’achève sous forme de parabole dans les Similitudes. C’est cette
pénitence qu’Hermas doit s’appliquer à lui-même, et qu’il doit prêcher ensuite
aux membres de sa propre famille, à l’Église, aux fidèles et au clergé. Et la
raison de cet appel général à la pénitence n’est autre, comme Hermas le donne à
entendre, que l’imminence de la persécution et l’approche de l’avènement du
souverain juge.
On a discuté l’unité du livre. Le comte de Champagny a soutenu que
l’ouvrage actuel est formé de deux livres très différents, comme il a été dit
plus haut. Haussleiter a émis une opinion analogue : le Pasteur serait composé
d’un premier livre, Vis., V - Sim., X, œuvre d’Hermas frère du pape Pie (un peu
avant 150), et d’un second, Vis., I-IV, œuvre d’un inconnu publiée sous le nom
d’Hermas, personnage apostolique, à la fin du IIe siècle. De versionibus
Pastoris Hermæ latinis, Erlangen, 1884. A Hilgenfeld a discerné trois écrits :
un écrit de pastorale, Vis., V - Sim., VII, antérieur au règne de Trajan, une
apocalypse, Vis., I-IV, rédigée sous Adrien (117-138), un écrit secondaire,
Sim., VIII-X ; Vis., V, 5, avec quelques autres additions, joints aux deux premiers
par le frère du pape Pie. Hermæ Pastor, 2e édit., 1881, p. XXI-XXIX. Ces
opinions n’obtinrent aucun succès. elles furent réfutées par A. Link, Die
Einheit des Pastor Hermas, 1888, et par P. Baumgartner, Die Einheit des
Hermasbuchs, Fribourg-en-Brisgau, 1889. Ce dernier toutefois soutint que
l’auteur rédigea d’abord séparément Vis., I-IV et Vis., V - Sim., IX, qu’il
réunit ensuite en un seul livre. A. Harnack entra dans ces vues et détermina
l’ordre successif de la composition des parties. Geschichte der altchrist,
Litteratur, t. II a, p. 260-263. Ses arguments n’ont pas paru concluants.
1. Les Visions. ― C’est sous
forme d’apocalypse ou de rιvélation que débute le Pasteur ; et ce procédé
rappelle, parmi les auteurs sacrés, les visions d’Ezéchiel et de saint Jean,
et, parmi les apocryphes, l’Ascension d’Isaïe, le Livre d’Hénoch et surtout le
IVe livre d’Esdras. L’entrée en matière est faite pour piquer la curiosité.
Hermas raconte, en effet, comme nous l’avons vu dans son autobiographie,
les incidents qui donnèrent lieu à la rédaction de son livre et à sa mission de
prêcher la pénitence : c’est l’objet de la première Vision. Dans la seconde
Vision, il aperçoit encore l’Église sous la forme d’une vieille femme, qui lui
confie son livre pour qu’il le transcrive en double exemplaire, et qui lui
apprend que ses fils ont éché contre Dieu et blasphémé le Seigneur, qu’ils ont
trahi leurs parents et sont tombés dans une grande iniquité, que sa femme a
beaucoup péché par la langue, mais qu’ils seront tous pardonnés s’ils font de
tout leur cœur une sincère pénitence. Hermas se met à pratiquer le jeûne. Dans
la troisième Vision, la vieille le fait asseoir, non à sa droite, car c’est la
place réservée à ceux qui ont souffert pour Dieu, mais à sa gauche, et lui
montre, s’élevant sur les eaux, une tour construite par des anges avec des
pierres tirées du fond de l’abîme ou du sein de la terre, qui s’adaptaient si
bien entre elles qu’on aurait dit un monolithe. Elle lui conseille de conserver
la paix, de secourir les indigents et lui prescrit de recommander aux chefs de
l’Église d’éviter les dissensions et d’observer la discipline. ― Vingt jours
après, comme il se rendait à son champ, priant le Seigneur de lui faire
comprendre le sens de ces visions et de lui accorder, ainsi qu’à tous les
serviteurs de Dieu, la pénitence, il rencontre une bête énorme et horrible, qui
soulevait des flots de poussière. A sa vue, il se met à pleurer et à prier,
quand lui apparaît la femme comme une vierge parée, vêtue de blanc. Il reprend
aussitôt courage apprend qu’il a échappé au monstre grâce à la fermeté de sa
foi et à la protection de l’ange Thégri. Le monstre annonçait une grande
tribulation, à laquelle on n’échappera que par la pénitence et la conversion,
par la pureté de vie et la persévérance, par la confiance en Dieu. ― Dans la
cinquième Vision, qui n’est à vrai dire qu’une transition et l’amorce de la
seconde partie, Hermas est dans sa demeure ; il vient de prier et est assis sur
son lit quand se présente à lui un homme, à l’habit de pasteur : c’est l’ange
de la pénitence, qui lui est déjà apparu sous un autre forme, Vis., II, 4 ;
III, 10, 7, et qui se dit chargé de lui rappeler les visions précédentes et de
lui faire écrire les Préceptes et les Similitudes.
2. Les Préceptes. ― Cette partie
n’est pas sans offrir quelques traites de ressemblance avec l’apocryphe connu
sous le nom de Testament des douze patriarches. C’est un petit traité de morale
en douze préceptes, renfermant la plupart des devoirs de l’homme envers Dieu,
envers le prochain et envers lui-même. Il a pour point de départ et pour
fondement la foi en un seul Dieu, créateur de toutes choses, et pour but le
retour à la vertu par le moyen d’une crainte salutaire et d’un ascétisme bien
compris. Dès le début, en effet, sont recommandées la foi, la crainte et la
continence, πίστις, φόδος, έγχράτεια, trois vertus dont la force et
l’efficacité sont montrées à partir du VIe précepte. Le second précepte
recommande la simplicité et l’innocence, άπλδότης, άχαχία ; il interdit la médisance
parlée ou écoutée, χατχλαλίά, et prescrit l’aumône sans acception de personnes.
Le troisième ordonne l’amour et la pratique de la vérité, la fuite du mensonge.
Le quatrième prescrit la pureté, άγνεία, et proscrit toute pensée et tout désir
déshonnête, ce qui provoque, de la part d’Hermas, certaines questions sur le
mariage, l’adultère et la pénitence. Pour pratiquer la justice, est-il dit dans
le cinquième, il faut posséder la longanimité et la prudence et éviter l’irascibilité,
όξυχολία, qui chasse le Saint-Esprit et appelle le diable ; c’est une sorte de
démence qui engendre l’amertume, πιχρία, la colère, θυμός, la passion, όργή, et
la fureur, μήνις ; cette dernière est un péché inguérissable.
Relativement à la foi, il faut croire que l’homme a deux anges, celui de
la justice et celui de la malice : les inspirations du premier sont à suivre ;
car elles sont bonnes ; les tentations du second à repousser, car elles sont
pervers. Relativement à la crainte, il faut distinguer celle de Dieu et celle
du diable : la première est à pratiquer parce qu’elle est salutaire, la seconde
à éviter parce qu’elle pernicieuse. relativement à la continence, il faut
distinguer le mal auquel on doit se soustraire, et le bien dont on ne doit pas
s’abstenir.
Le neuvième précepte recommande la prière par la foi et la confiance, car
Dieu est plein de miséricorde, une prière dénuée du moindre doute, quelque
temps que s’en fasse attendre le résultat, car le doute est d’inspiration
diabolique. Il faut en outre fuir la tristesse, sœur du doute, et revêtir la
joie, qui est toujours agréable à Dieu et favorable au bien. Mand., X.
Il existe des prophètes ; mais, parmi eux, quelques-uns sont faux et
troublent les sens de ceux qui les consultent. Ils n’ont pas l’esprit de Dieu :
orgueilleux, sensuels, loquaces, avides, intéressés, on les reconnaît à leurs
œuvres, et on doit absolument s’en garder. Mand., XI.
Reste enfin l’έπιθυμία, qui est bonne ou mauvaise selon que les dιsirs
qu’elle inspire sont bons ou mauvais ; il faut donc éviter la mauvaise
concupiscence, qui donne la mort spirituelle, et, pour lui résister avec
succès, il convient d’embrasser le désir de la justice et de s’armer de la
crainte de Dieu. Mand., XII.
3. Les Similitudes. ― Cette
dernière partie du Pasteur a le même caractère que la première, celui d’une
apocalypse, et se rattache à certaines paraboles évangéliques. Des comparaisons
et des tableaux, qui ne sont pas sans charme, servent à mettre en relief
quelques points de doctrine et de morale.
Dans les deux premières similitudes, il s’agit du bon emploi de la
fortune. n’ayant pas ici-bas de cité permanente, l’homme ne doit pas s’attacher
exclusivement aux biens ; ces biens sont donnés par Dieu pour en faire
bénéficier les indigents. Sim., I. Le riche et le pauvre sont l’un pour l’autre
comme l’ormeau et la vigne. L’ormeau soutient la vigne, la vigne pare l’ormeau
de ses fruits. Le riche aide le pauvre, mais ne se dépouille pas sans profit,
car sa pauvreté spirituelle est secourue par le pauvre, qui par sa prière,
enrichit spirituellement le riche. Sim., II.
Une comparaison non moins gracieuse sert, dans les deux similitudes suivantes,
à expliquer le mélange en ce monde des justes et des pécheurs, et leur séparation
dans le siècle futur. C’est ainsi qu’en hiver les arbres, dépouillés de leurs
feuilles, se ressemblent ; mais, vienne, l’été, tandis que les uns se parent de
feuilles et de fruits, les autres ne changent pas et sont morts. De même sur la
terre, qui est l’hiver pour eux, bons et mauvais sont confondus ; mais le
siècle futur, comme l’été, est révélateur des uns et des autres : les justes,
chargés de fruits, seront récompensés ; les pécheurs, restés stériles, seront
punis.
Dans la cinquième similitude s’accuse le caractère profondément
spiritualiste de l’ascétisme chrétien, les pratiques extérieures ne devant être
qu’un moyen pour opérer la réforme morale. Voici la vraie notion du jeûne :
" Ne fais pas le mal dans le cours de ta vie, dit le Pasteur à Hermas,
mais sers Dieu avec un cœur pur, observe ses commandements, entre dans la voie
de ses préceptes, et repousse jusqu’au désir coupable qui cherche à se glisser
dans l’âme. Aie pleine confiance en Dieu ; car si tu acceptes ces choses, si tu
t’abstiens de tout par crainte de lui déplaire, il te donnera la victoire :
voilà le véritable jeûne, celui que Dieu agrée. " Et cela n’est point la
condamnation du jeûne pratiquée par Hermas, car l’ange de la pénitence ajoute :
" Le jour où tu jeûneras, tu ne goûteras d’aucune nourriture pour te
borner au pain et à l’eau. Tu mettras de côté la quantité d’aliments que tu as
coutume de prendre chaque jour, et tu la donneras à la veuve, à l’orphelin et
aux pauvres ; c’est ainsi que tu consommeras la mortification de ton âme.
" Telle est la notion complète du jeûne.
A côté de ce précepte, il y a le conseil. Dans la similitude, imitée de
l’Evangile, le Maître et le serviteur de la vigne, ce dernier ne se contente
pas d’exécuter les ordres reçus, il va au-delà, et, ce faisant, il mérite et
reçoit une récompense plus grande, il est adopté par le Maître.
Dans la sixième similitude, Hermas voit deux bergers et deux troupeaux :
l’ange de la volupté et l’ange de la peine : l’un respirant la douceur et la
joie mais perdant les âmes parce qu’elles ne font pas pénitence ; l’autre, d’un
aspect rude et repoussant, menant ses brebis, le bâton levé, au milieu des
ronces et des épines, et leur faisant faire pénitence pour leur salut.
Dans la septième similitude, Hermas demande que l’ange de la peine soit
éloigné de sa maison ; mais le Pasteur lui montre la nécessité d’expier ses
fautes et de faire pénitence, car la pénitence bien acceptée mérite la
réconciliation.
Dans les deux similitudes suivantes, VIIIe et IXe reparaît sous le double
symbole du saule et de la tour. Le saule est ébranché ; chaque fidèle en reçoit
une tige qu’il devra représenter, et selon l’état de cette tige, sera
récompensé ou puni ; c’est une manière de faire entendre que chacun sera traité
selon ses œuvres. Les pécheurs seront soumis à la pénitence et, s’ils
l’accomplissent de tout leur cœur, obtiendront le pardon, sinon ils seront
condamnés. Quant au symbole de la tour, il reparaît avec un ensemble de
circonstances qui sert à caractériser ceux qui entrent dans la construction
pour leur fidélité persévérante ou peur leur sincère pénitence, et ceux qui en
sont écartés.
La dernière similitude sert de conclusion : à Hermas de faire pénitence
et de persévérer ; à Hermas d’enseigner aux autres ce moyen de salut. Puisque
le salut est assuré par la pénitence, chacun doit prendre ce moyen tant que la
tour est en construction, car après il serait trop tard.
III. SA DOCTRINE. ―
1°
Trinité et incarnation. ― Le Pasteur est
avant tout l’œuvre d’un moraliste préoccupé de remédier aux maux de la société
chrétienne, et non celle d’un polémiste qui entend réfuter certaines erreurs ou
celles d’un théologien exposant avec preuves à l’appui quelqu’une des vérités
de la foi. Il n’en affirme pas moins avec netteté certains dogmes, tels que
l’unité divine et la création ex nihilo, Mand., I, 1, p. 388 ; cf. Sim., V, 5,
2 ; VII, 4 ; mais il est loin d’être aussi catégorique sur la Trinité et la
christologie. Là, sa pensée est nuageuse et son langage déconcertant. Ce n’est
point sans quelques subtilités que certains critiques ont défendu son
orthodoxie, entre autres Jackman, Der Hirt des Hermas, Kœnigsberg, 1835, p.
65-73 ; Hefele, Opera patrum apostol., 4e édit., Tubingue, 1855, p. 386, n. 3 ;
Dorner, Lehre von den Person Christi, 2e édit., 1845, p. 190-205 ; Gaâb, Der
Hirt des Hermas, Bâle, 1866, p.77-82 ; Zahn, Der Hirt des Hermas, Gotha, 1868,
p. 253-282 ; Donaldson, The apostolical Fathers, 2e édit., Londres, 1874, p.
353-358 ; Freppel, Les Pères apostoliques, 4e édit., Paris, 1885, p.318 ;
Rambouillet, L’orthodoxie du livre du Pasteur d’Hermas, Paris, 1880 ; Un
dernier mot sur l’orthodoxie d’Hermas, Paris, 1880, dans la Revue du monde catholique,
1880, p. 21 sq. ; A. Brüll, Der Hirt des Hermas, 1882 ; J. Schwane,
Dogmengeschichte der vornicanischen Zeit, 2e édit., 1892, p. 61 ; trad. franç.,
Paris, 1903, t. I, p. 65 ;R. Seeberg, Lehrbuch der Dogmengeschichte, 1895, t.
I, p. 22 ; d’autres par contre, Lipsius, Zeitschrift für wiss. Theologie, 1865,
p. 277-282 ; 1869, p. 273-285 ; Bardenhewer, Les Pères de l’Eglise, trad.
franç., Paris, 1898, t. I, p. 94 ; Funk, Opera Patrum apostol., Tubingue, 1881,
t. I, p. 458 ; 1901, t. I, p. CXLI, CXLIII, ont accusé Hermas d’identifier la
seconde personne de la Trinité avec le Saint-Esprit, et même, d’après Harnack,
dans ses notes, Vis., V, 2 ; Sim., V, 5, 2 ; 6, 5 ; VIII, 1, 2 ; IX, 1, 1 ;
Duchesne, Les origines chrétiennes, édit. lith., Paris, 1885, p. 198 avec
l’archange saint Michel. Mgr Duchesne ne parle plus de cette identification,
Histoire ancienne de l’Eglise, Paris, 1906, t. I, p. 232-234. Cf. Lueken,
Michael, Gœttingue, 1898, p. 87, 148-154 ; E. Hückstadt, Der Lehrbegriff des
Hirten, 1889 ; O. Bardenhewer, Christi Person und Werk in Hirten des Hermas,
1886 ; Funk, Patres apostolici, 2e édit., Tubingue, 1901, t. I, p. 532-540. Ce
que l’on doit reconnaître à tout le moins, c’est que sa terminologie laisse
beaucoup à désirer.
Voici, en effet, un premier message qui permettra d’en juger : il est
relatif aux trois personnes divines. Un homme, dit le Pasteur, Sim., V, 2, p.
450-452, possède un domaine et de nombreux serviteurs. Il sépare une partie de
ce domaine et y plante une vigne. Puis choisissant un serviteur fidèle et
honorable, il le charge d’échalasser cette vigne, en lui promettant la liberté.
Le maître parti, ce serviteur se met à l’œuvre, et non seulement il échalasse
la vigne, mais encore il en arrache les mauvaises herbes, chose qui ne lui
avait été prescrite. A son retour, le maître est informé du zèle de son
serviteur, et voyant que celui-ci avait fait plus qu’on lui avait demandé, il
convoque en conseil son fils et ses amis ; d’accord avec eux, il décide que le
bon serviteur partagera son héritage avec son fils. Ayant fait un festin, il
envoie des provisions au serviteur fidèle qui, après en avoir pris part, donne
le reste à ses compagnons de servitude.
Il y a bien là trois personnages distincts : le maître, son fils et le
serviteur. Mais qui sont-ils ? Le champ, explique le Pasteur, Sim., V, 5, 2-3,
p. 460, représente ce monde, dont le maître est Dieu, créateur de toutes
choses. Le fils du maître est le Saint-Esprit, Filius autem Spiritus Sanctus
est, porte la version Vulgate. Ces mots, il est vrai, ne se trouvent ni dans le
texte grec ni dans la version palatine ; ils n’en représentent pas moins la
pensée de l’auteur, puisqu’il dit ailleurs : " Je veux te montrer ce que
t’a montré l’Esprit-Saint, qui t’a parlé dans la personne de l’Eglise ; car cet
Esprit est le fils de Dieu : έχείνο γάρ τό πνεϋμα ό ύίος τού Θεο έστίν. Sim.,
IX, 1, 1, p. 498. Quant au serviteur, il est le fils de Dieu ; ό δε δοϋλος ό
ύίος τού Θεο έστίν. Sim., V, 5, 2, p. 460. Or ce serviteur, nommé fils de Dieu,
prépose des anges à la garde de l’Eglise ; il extirpe les mauvaises herbes ou
déracine les péchés par ses labeurs et ses souffrances ; et il partage les
reliefs du festin avec les autres serviteurs. Telle est son œuvre : œuvre de rédemption,
sang que soit mentionnée la mort expiatoire, et œuvre de communication de la
grâce par la prédication évangélique. Pas une seule fois l’auteur ne le signale
sous le nom de Verbe, de Christ ou de Jésus, pas plus qu’il ne songe à dire la
différence qu’il y a entre sa filiation divine et celle du Saint-Esprit.
Voici un autre passage relatif à l’incarnation : " Le maître a
appelé en conseil son fils et les anges glorieux pour délibérer sur la
participation du serviteur à l’héritage ; cela veut dire : l’Esprit-Saint qui
préexistait, qui a créé toute créature, Dieu l’a fait habiter dans une chair
choisie par lui. Cette chair, dans laquelle habitait le Saint-Esprit, a bien
servi l’Esprit en toute pureté et toute sainteté, sans jamais lui infliger la
moindre souillure. Après qu’elle se fut ainsi bien et saintement conduite,
qu’elle eut aidé l’Esprit et travaillé avec lui en toute action, se montrant
toujours forte et courageuse, Dieu l’a admise à participer avec l’Esprit-Saint.
La conduite de cette chair a plu à Dieu, car elle ne s’est pas souillée sur la
terre pendant qu’elle possédait l’Esprit-Saint. Il a donc consulté son fils et
ses anges glorieux afin que cette chair, qui avait servi l’Esprit sans aucun
reproche, obtînt un lieu d’habitation et ne perdît pas le prix de son service.
" Sim., V, 6, 4-7, p. 462. " Que conclure de là, demande Bardenhewer,
Les Pères de l’Eglise, trad. franç., Paris, 1898, t. I, p. 94, sinon que,
visiblement, la distinction entre le Saint-Esprit et le Fils de Dieu avant
l’incarnation et le Saint-Esprit ne font qu’un. " Et Bardenhewer ajoute :
" C’en est donc fait de la Trinité, dans la pensée d’Hermas, tant que
Jésus n’a pas achevé l’œuvre de la rédemption ; la Trinité ne se constitue que
lorsque l’humanité du Sauveur s’élève au rang du Père et du Saint-Esprit.
"
Il est question plusieurs fois, Vis., V, 2 ; Mand., V, 1, 7 ; Sim., V, 4,
4 ; VII, 1, 5 ; VIII, 1, 1 ; p. 384, 402, 456, 474, 476, 478, d’un ange qui est
au-dessus des six anges supérieurs qui forment le conseil de Dieu ; et cet ange
est tour à tour qualifié de très vénérable, de saint, de glorieux, σεμνότατος,
άγιος, ένδοξος, dans lequel la plupart des interprètes ont vu le Christ. Mais
Hermas finit par le nommer, et il l’appelle Michel. Sim., VIII, 3, 3, p. 484.
Serait-ce qu’il identifie le Fils de Dieu avec l’archange saint Michel ? La
réponse semblerait devoir être affirmative à raison de multiples ressemblances
que le Pasteur relève entre l’un et l’autre dans leurs fonctions. L’un et
l’autre, en effet, sont investis de la toute-puissance sur le peuple de Dieu,
Sim., V, 6, 4 ; VIII, 3,3, p. 462, 484 ; l’un et l’autre prononcent sur le sort
des fidèles, Sim., VIII, 3, 3 ; IX, 5, 2-7 ; 6, 3-6 ; 10, 4, p. 484, 508, 510 ;
l’un et l’autre remettent les pécheurs à l’ange de la pénitence pour les
amender. Sim., VIII, 2, 5 ; 4, 3 ; IX, 7, 1-2, p.480, 484, 510, 512. Mais cette
analogie de situations et de missions n’a point paru suffisante à Zahn, Der
Hirt des Hermas, Gotha, 1868, p. 263-278, et à Bardenhewer, Les Pères de l’Eglise,
trad. franç., Paris, 1898, t. I, p. 95, pour en induire l’identité des
personnes, d’autant plus que les différences de dénominations et d’attributs
sont caractéristiques. C’est ainsi que saint Michel est toujours qualifié
d’ange et que le Fils de Dieu ne porte jamais ce nom ; si saint Michel a
pouvoir sur le peuple, le Fils de Dieu n’est pas seulement le maître du peuple,
Sim., V, 6, 4, p. 462, il est encore le maître de la tour, son propriétaire,
son possesseur ; il en dispose souverainement ; αύθέντης, δεσπότης, Sim., IX,
5, 2, 6, 7 ; IX, 7, 1, p. 508-510 ; et tandis que saint Michel grave simplement
la loi dans le cœur des fidèles, " cette loi est le Fils de Dieu, tel
qu’il a été prêché jusqu’aux extrémités du monde. " Sim., VIII, 3, 3, p.
484. Cf. Heurtier, Le dogme de la Trinité dans l’Eglise de S. Clément de Rome
et le Pasteur d’Hermas, Lyon, 1900.
2°
Les anges.
― Hermas, sans parler de la nature des anges, fait allusion à leur nombre
considérable et à leurs diverses fonctions. Il distingue, comme nous l’avons
déjà observé, les anges supérieurs des anges inférieurs ; ceux-ci sont chargés
de la vigne ou des membres de l’Eglise, Sim., V, 5, 3, p. 460 ; ils travaillent
à la construction de la tour mystique, sous la direction des six anges
glorieux. Sim., IX, 6, 2, p. 510. Les anges glorieux font parti du conseil de
Dieu et assistent à la délibération qui doit donner au serviteur l’héritage
divin et à son corps la récompense céleste. Sim., V, 6, 4-7, p. 462. Diverses sont
les fonctions des anges : il y a l’ange de la pénitence, qui joue un si grand
rôle dans le Pasteur ; il y a l’ange Thégri, Θεγρί, prιposé à la garde des
bêtes sauvages, Vis., IV, 2, 4, p. 382 ; il y a surtout saint Michel, dont nous
avons vu le rôle prépondérant. Chaque homme a son ange gardien, άγγελος
διχαιοσύνης, dont il doit suivre les inspirations et les conseils pour
pratiquer la justice et se prιserver du mal. Mand., VI, 2, 1-3, p. 406. Mais il
a aussi un autre ange, άγγελος πονηρίας, ibid., qui n’est autre que le diable,
dont il doit se méfier, car celui-ci est l’inspirateur et l’instigateur du
péché ; toutes ses œuvres sont mauvaises. Mand., VI, 2, 10, p. 408. Il est donc
à redouter, car il pourrait empêcher l’accomplissement des préceptes et faire
ainsi manquer le salut. Mais il ne peut rien sur les serviteurs de Dieu, car il
est dominé par l’ange de la pénitence : έγώ γάρ έσομαι μεθ’ ύμων, ό άγγελος τής
μετανοίας, ό χαταχυριεύων αύτού, Mand., XII, 4, 7, p. 436 ; il les tente, mais
ceux qui sont pleins de foi lui résistent avec succès, et il s’éloigne, faute
de trouver place en eux, pour entrer dans les hommes vains, dont il fait ses
esclaves. Mand., XII, 5, 4, p. 436.
3° L’Église.
Hermas donne peu de renseignements sur l’organisation de l’Eglise. Il fait
allusion à l’épiscopat quand il dit de Clément qui enverra son livre aux villes
du dehors selon le devoir de son charge : έχείνω γάρ έπιτέτραπται. Vis., II, 4,
3, p. 350. Il parle des presbytres qui président l’Eglise. Ibid. Parmi les
pierres qui s’adaptent parfaitement à la tour, il signale celles qui figurent
les apôtres, les évêques, les didascales et les diacres. Vis., III, 5, 1, p.
360. Il recommande aux προηγουμένοις et aux πρωτοχαθεδρίταις d’ιviter toute
dissension, d’observer la discipline pour pouvoir faire avec fruit la leçon aux
autres, Vis., III, 9, 7-10, p. 370 ; car ils étaient peut-être du nombre de ces
fidèles ambitieux qui luttaient pour la première place et les honneurs. Sim.,
VIII, 7, 4, p. 492. A une époque où le charisme de prophétie avait ses
contrefaçons, il met en garde les fidèles contre les faux prophètes qui
n’étaient que des exploiteurs de la crédulité publique, Mand., XI, 1-4, p.424,
tandis que le prophète selon Dieu se fait reconnaître à la probité de sa vie, à
son humilité, à son ascétisme, à sa discrétion, ne parlant pas en secret, ne
répondant pas à quiconque l’interroge, mais s’exprimant en public, dans
l’assemblée, sous l’inspiration de l’esprit prophétique. Mand., XI, 7-10, p.
426. Hermas fait enfin allusion au rôle des diaconesses, quand il nomme Grapta,
chargée du soin des veuves et des orphelins. Vis., II, 4, 3, p. 350.
Ce qui retient surtout l’attention d’Hermas c’est l’Eglise considérée
comme une société de saints parfaitement une. Par deux fois il la compare à une
tour dont la construction ne forme qu’un monolithe. Une première fois, Vis.,
III, cette tour est représentée comme bâtie sur les eaux, par une allusion
transparente au baptême ; et cette tour figure l’Eglise, qui ne comprend que
des saints, les uns déjà sortis de ce monde, les autres vivant encore sur la
terre. Il n’y a pour s’adapter parfaitement à elle que les matériaux
appropriés, tels que les pierres cubiques et blanches, c’est-à-dire les
apôtres, les évêques, les didascales et les diacres, qui ont marché dans la
sainteté et ont bien rempli leur ministère, les martyrs et les justes. Quant
aux autres pierres, les unes gisent au pied de la tour, les autres sont brisées
et rejetées au loin, en attendant qu’une préparation convenable les mette à
même d’être utilisées. Une seconde fois, Sim., IX, la tour est bâtie sur un
immense roc, dans lequel est pratiquée une porte ; allusion au Christ qui est
la pierre et la porte de l’Eglise. Mais cette fois les pierres qui entrent dans
la construction à titre provisoire représentent toutes sortes de baptisés, les
pécheurs aussi bien que les justes ; car, avant d’être achevés, l’édifice doit
subir, l’inspection du maître qui, éprouvant les pierres employées, écartera
celles qui ne sont pas de bon aloi pour les livrer à l’ange de la pénitence. Et
celui-ci, selon ce qu’elles seront devenus aptes ou non à la construction,
reste chargé de les utiliser ou de les rejeter définitivement. De telle sorte
qu’à la fin de l’Église ne comprend plus que des saints et forme un corps,
pareil à un monolithe brillant, dont les membres n’ont qu’une pensée, qu’un
sentiment, qu’une foi, qu’une charité. Cf. P. Batiffol, L’Eglise naissante, 2e
édit., Paris, 1909, p. 222-224.
4° Le
baptême et la vie chrétienne.
― Nature, nécessité, effets du baptême, obligations qu’il impose, autant de
points signalés par Hermas. C’est au baptême par immersion qu’il est fait
allusion : " On descend mort dans l’eau (baptismale), et on en remonte
vivant. " Sim., IX, 16, 4, p. 532. Ce sacrement assure la rémission de
tous les péchés antérieurs. Mand., IV, 3, 1, p. 395. Il imprime un sceau
tellement nécessaire pour faire partie de l’Eglise que les justes de l’Ancien
Testament n’ont pu prendre place dans la construction de la tour et en former
les trois premières assises qu’après l’avoir reçu. Et comme c’était la seule
chose qui manquait à leur justice, c’est aux apôtres qu’ils ont été redevables
d’en connaître l’existence et la nécessité comme aussi d’en recevoir l’impression.
Sim., IX, 16, 3-7, p. 532. Cette opinion singulière d’une mission posthume des
apôtres auprès des justes de l’Ancien Testament en vue de leur prêcher et de
leur conférer le baptême, a bien été partagée par Clément d’Alexandrie, Strom.,
II, 9 ; VI, 6 ; P. G., t. VIII, col. 980 ; IX, col.263-269, mais elle est
restée sans autre écho parmi les Pères. Voir t. II, col. 212. Or, " celui
qui a reçu le pardon de ses péchés (dans le baptême) ne doit plus pécher, mais
persister dans la pureté (baptismale), " έν άγνεία χατοιείν. Mand., IV, 3,
2, p. 398. Il est pleinement justifié, et cette justification confère une
sainteté positive, faisant de l’âme la demeure même du Saint-Esprit. "
Conservez votre chair pure et sans tache, afin que l’Esprit, qui réside en elle,
lui rende témoignage et que votre chair soit justifiée. Gardez-vous de laisser
monter dans votre cœur la pensée que votre chair est périssable et d’en abuser
par vos souillures (comme faisaient certains gnostiques), car, en souillant
votre chair, vous souillez aussi le Saint-Esprit, et si vous outragez le
Saint-Esprit, vous ne vivrez pas. " Sim., VI, 7, 1-2, p. 464. Tel était le
magnifique idéal proposé au baptisé.
La foi, cela va sans dire, et aussi la crainte de Dieu sont recommandées
au chrétien par le Pasteur, mais tout particulièrement la continence. "
Quiconque l’observe (cette continence) sera heureux dans cette vie, et aura la
vie éternelle pour héritage. " Vis., III, 8, 4, p. 368. Il ne faudrait pas
croire que ce soit là un écho de la doctrine outrée des encratites. Car être
continent, aux yeux du Pasteur, c’est s’abstenir de tout mal et faire le bien ;
et les maux dont il faut s’abstenir sont l’adultère et la fornication,
l’ivrognerie, l’orgueil, le mensonge, le blasphème, l’hypocrisie, le vol, le
dol, le faux témoignage, l’avarice, la concupiscence mauvaise et tout ce qui
lui ressemble. Mand., VIII, 2-6, p. 412. Etre continent, c’est aussi pratiquer
la foi, la crainte de Dieu, la charité, la concorde, la justice, la vérité, la
patience, et c’est secourir les veuves, les orphelins et les pauvres, exercer
l’hospitalité. Mand., VIII, 9-10, p. 412. Tout autant de devoirs qui incombent
à la vie ordinaire du chrétien, où il n’est nullement question de l’ascétisme
encratite, mais qui montrent bien qu’à la foi on doit joindre les œuvres. Nous
avons déjà dit comment le Pasteur entendait le jeûne.
Dans l’état de justification, tel qu’il est constitué par le baptême,
l’homme peut acquérir des mérites, observer les commandements, suivre même les
conseils et pratiquer les vertus héroïques dignes d’une récompense spéciale.
Ceci n’est autre que l’affirmation du dogme catholique relatif aux œuvres
surérogatoires. Pour avoir procédé à l’arrachement des mauvaises herbes,
opération qui ne lui avait été pas prescrite, le serviteur a été adopté comme
cohéritier du Fils de Dieu. " Observez les commandements du Seigneur, et
vous plairez à Dieu, et vous serez inscrit au nombre de ceux qui observent ses
commandements. Mais si vous faites quelque bien qui dépasse les commandements
de Dieu, vous vous acquerrez à vous-mêmes une gloire suréminente et vous
jouirez auprès de Dieu d’un crédit plus grand que vous ne pouvez l’espérer.
" Sim., V, 3, 1-3, p. 454.
Il est vrai que l’observation des commandements paraît très difficile à
Hermas, Mand., XII, 3, 4, p. 432. Elle n’est pourtant pas impossible, observe
le Pasteur : il suffit de se persuader qu’elle est possible pour en rendre
l’accomplissement aisé, Mand., XII, 3, 4-5, p. 432. En tout cas elle est
obligatoire, car " si tu ne les observes pas, dit le Pasteur à Hermas,
Mand., XII, 3, 6, p. 432, il n’y aura de salut ni pour toi, ni pour tes
enfants, ni pour ta maison, " c’est-à-dire pour personne. Mais il y a le
diable, remarque Hermas, Mand., XII, 5, 1 ; et le Pasteur de répondre : On n’a
qu’à lui résister, car s’il peut lutter, il ne peut vaincre ; l’ange de la
pénitence est là pour soutenir les efforts du chrétien tenté.
5°
La pénitence et le salut.
― Comment conserver intact le sceau baptismal, pratiquer la chasteté de la
vérité, άγνότης τής άληθείας, et atteindre cet idιal de perfection, quand la
fragilité humaine est si grande ? Il faut tenir compte d’une chute toujours
possible, trop souvent réelle. Le chrétien qui succombe doit-il désespérer de
son salut ? Ici deux solutions se présentaient, radicalement opposées l’une à
l’autre ; celle des gnostiques relâchés et des rigoristes outrés. Les premiers
tenaient pour indifférente toute faute commise après le baptême ; mais c’était
là " une doctrine étrangère, un enseignement d’hypocrites, " de
nature à pervertir les serviteurs de Dieu, surtout les pécheurs, en ne leur
laissant pas faire pénitence et en les rassurant par des propos insensés. Sim.,
VIII, 6, 5, p. 490. Par réaction contre ce cynique relâchement, d’autres
prêchaient un rigorisme outré et cherchaient à imposer un ascétisme complet.
Comme on peut le voir dans les Acta Thomæ, Bonnet, Acta Thomæ, Leipzig, 1883,
p. 11-13, 55-73, et dans d’autres pièces apocryphes, tels que les Actus Petri cum
Simone, Lipsius, Acta Petri, Leipzig, 1891, p. 85-87, 228-234, et l’Evangile
selon les Egyptiens, Nestle, Novi Testamenti supplementum, Leipzig, 1896, , p.
72, l’idéal d’une pureté intégrale, d’une continence absolue, devait être la
règle à suivre. L’auteur de la IIe Clementis, 7, 8, 9, 13, 15, Funk, Opera
Patrum apostol., Tubingue, 1881, t. I, P. 152, 154, 158, 160, 162, préconise
cet ascétisme. La solution d’Hermas est plus humaine ; elle est opposée à ceux
qui soutenaient déjà comme devaient le faire les montanistes, l’impossibilité
pour le chrétien failli de reconquérir l’innocence baptismale et d’obtenir
après le baptême le pardon de ses péchés.
" Dieu est plein de longanimité, et il veut que l’appel adressée par
son Fils ne soit pas frustré. " Sim., VIII, 11, 1, p. 469. " Il
connaît l’infirmité de l’homme et l’astuce du diable, et il a pitié de sa
créature. " Mand., IV, 3, 4-5, p. 398. Lui seul assure la guérison du
pécheur. Mand., IV, 1, 11, p. 396. Comment ? Par la μετάνοια. A la volontι
divine de sauver les baptisés, à la miséricorde de Dieu prête à pardonner et à
guérir, doit correspondre de la part du coupable un acte, ou mieux une conduite
morale qui accepte ce moyen et s’y soumette. Or, il ne s’agit ici ni du sacrement
de pénitence, dont Hermas ne parle pas, ni du processus canoniquement institué
pour la réconciliation officielle des pécheurs, tel qu’il ne tarda pas à
fonctionner, mais d’un exercice de la vertu de pénitence, comportant beaucoup
plus que ce que signifie le mot latin de pænitentia, à savoir, un changement de
l’âme, une réforme intérieure, un renouvellement moral, une transformation des
idées, des sentiments et des mœurs, en un mot, une vraie conversion, car telle
est la force du mot grec μετάνοια. Et cela comprend, avec le regret du passι et
le ferme propos pour l’avenir, c’est-à-dire avec la contrition, l’expiation
pénible du péché, c’est-à-dire la satisfaction. " La μετάνοια est une
grande prudence ; car celui qui l’accomplit comprend qu’il a péché, se repent
de son acte, ne fait plus le mal, s’applique à faire le bien, humilie et
tourmente son âme parce qu’il a péché. " Mand., IV, 2, 2, p. 396.
Cette μετάνοια s’applique à tous les péchés sans distinction, même à ceux
qui, pour un temps assez court, vont être regardés comme des cas réservés,
l’apostasie, l’adultère et l’homicide. Hermas ne parle pas, il est vrai, de
l’homicide, mais il signale les adultères et les blasphémateurs. L’épouse
adultère dit-il, Mand., IV, 1, 7, p. 394, doit être reçue par son époux, si
elle a fait pénitence de son péché. Quant aux apostats, ceux-là peuvent bénéficier
de la μετάνοια qui ont renié de bouche et non de cœur. Sim., IX, 26, 5, p. 546.
Mais cette μετάνοια, si elle s’étend à tous les péchés, ne convient pas
indistinctement à tous les pécheurs : elle ne sert qu’aux chrétiens anciens, et
non à ceux qui viennent d’être baptisés ou le seront dans la suite. Ceux-ci ont
bien la rémission de leurs péchés (par le baptême), mais ils n’ont pas la
μετάνοια. Mand., IV, 3, 3, p. 398. Cette restriction arbitraire accuse bien
rigorisme de l’époque, mais elle n’est pas seule, car il est spécifié que celui
qui a profité de la μετάνοια ne peut y recourir une seule fois ; μίαν μετάνοιαν
έχει. Mand., IV, 3, 6, p. 398. Si donc il retombe dans le péché, il n’y a pas à
compter sur le secours efficace d’une seconde μετάνοια, et il le vivra
difficilement : άσύμφορόν έστι τώ άνθρώπω τώ τοιούτω δυσχολως γάρ ζήσεται.
Ibid. C’est ainsi que, pendant quelques temps, l’Eglise introduira dans le régime
pénitentiel une restriction de ce genre en n’accordant qu’une seule fois au
chrétien pécheur le bienfait de la pénitence canonique.
Ces deux points établis, le Pasteur énumère par trois fois les pécheurs qui
peuvent recourir efficacement à la μετάνοια. Une première fois, au sujet de la
tour bâtie sur les eaux. il n’y a ici de définitivement rejetés de la
construction, c’est-à-dire de l’Eglise, et privés de salut, que les fils
d’iniquité : ils ont exaspéré le Seigneur, Vis., II, 6, 1, p. 362. Parmi les
pierres non encore utilisées, les unes gisent près de la tour, les autres sont brisées
et rejetées au loin. Les premières ne sont que momentanément délaissées parce
qu’elles sont encore impropres à la construction. Il en est de noires : ce sont
ceux qui ont connu la vérité, mais n’y ont point persévéré. Il en est de
fendues : ce sont ceux qui n’ont pas gardés la paix vis-à-vis les uns des
autres. Il en est d’ébréchées : ce sont ceux qui ne possèdent pas la justice
intégrale. Il en est de rondes et blanches : ce sont les croyants asservis à la
fortune, qui, au moment de l’épreuve, ont renié le Seigneur en vue de conserver
leurs richesses ; et tel fut le cas d’Hermas. Mais toutes ces pierres pourront,
après une appropriation nécessaire, faire partie de la tour : les pécheurs
qu’elles figurent pourront, après avoir fait pénitence, prendre rang dans cette
société de saints qu’est l’Eglise. Parmi les pierres brisées et rejetées au
loin, les unes roulent hors du chemin : ce sont ceux qui ont eu la foi, mais
qui, par le doute, ont perdu la voie. D’autres sont tombées dans le feu : ce
sont ceux qui se sont éloignés sans songer à se repentir. D’autres enfin sont
tombées près de l’eau, mais sans pouvoir y entrer : ce sont ceux qui ont entendu
la parole (de vérité) et ont voulu recevoir le baptême, mais n’ont pas osé le
demander afin de pouvoir se livrer à leurs mauvais désirs. Les pécheurs de
cette triple catégorie pourront-ils recourir à la μετάνοια et prendre place
dans la tour ? A cette question prιcise d’Hermas le Pasteur répond : " Ils
ont la μετάνοια, mais ils ne peuvent point prendre place dans cette tour ; ils
seront dans un lieu bien inférieur, mais après avoir été châtiés. Ils seront
transférés pour avoir eu part à la parole du juste. Et il leur arrivera d’être
transférés de leurs tourments, s’ils ont au cœur le repentir de leurs
iniquités, sinon ils ne seront pas sauvés à cause de la dureté de leur cœur.
" Vis., III, 7, 5-6, p. 366. Autrement dit, ces pécheurs n’ont pas encore
la justice requise pour faire partie de la société des saints, mais ils sont en
voie de purification par la pénitence, et ils restent assurés de leur salut.
Une seconde fois, dans la Similitude du saule, tous les chrétiens
reçoivent une branche de saule qu’ils devront représenter ; l’état de cette
branche servira à distinguer ceux qui ont mérité le salut. Or, sur treize
catégories de chrétiens, trois représentent les justes et dix les pécheurs.
Ceux-ci sont livrés à l’ange de la pénitence : mais tous ne font pas également
pénitence d’une manière utile à leur salut. Dieu a prévu ceux qui en
profiteraient et ceux qui feraient semblant d’y recourir. Sim., VIII, 6, 2, p.
488. Or une seule de ces dix catégories de pécheurs est rejetée, celles des
apostats et des traîtres : ceux-là sont morts définitivement à Dieu. Pourquoi ?
Parce que, parmi eux, " aucun ne s’est repenti, bien qu’ils aient entendu
ce que je t’ai prescrit de leur prêcher (relativement à la μετάνοια), dit le
Pasteur à Hermas ; la vie n’est plus en eux. " Sim., VIII, 6, 4, p. 490.
Toutes les autres seront sauvées : " Tous ceux qui se seront soumis à la
μετάνοια de tout leur cœur et se seront purifiés de leurs iniquités sans en
ajouter de nouvelles, auront le remède de leurs péchés et vivront à Dieu ; et
tous ceux qui ajouteront à leurs péchés et marcheront selon les désirs du
siècle se condamneront à la mort, " θανάτω έαυτούς χαταχρίνουσιν. Sim.,
VIII, 11, 3, p. 498.
Une dernières fois enfin, au sujet de la tour bâtie sur le roc, il y a
d’abord les quatre premières assises définitivement scellées qui représentent
les patriarches, les prophètes et les justes de l’Ancien Testament ainsi que
les apôtres et les prédicateurs de l’Evangile. Il y a ensuite des pierres de
toute sorte, dont quelques-unes sont écartées et d’autres provisoirement
employées jusqu’à l’inspection du maître de la tour, qui ne retiendra que les
bonnes et confiera les autres à l’ange de la pénitence. La tour reste inachevée
pour permettre aux pécheurs de ses préparer par la μετάνοια ΰ leur réintégration
dans l’édifice. Les pierres sont extraites de douze montagnes, qui représentent
le monde entier. Comme plus haut, une seule catégorie, celle des apostats, des
blasphémateurs et de ceux qui ont livré les serviteurs de Dieu, est
irrémédiablement condamnée : ce sont des endurcis : τούτοις όέ μετάνοια ούχ
έοτι, θάνατος όέ έοτι. Sim., IX, 19, 1, p. 536. Cinq autres, celle de ceux qui
ont conservé la simplicité, l’innocence et la paix, celle des apôtres et des didascales
qui ont prêché comme il convenait la parole de Dieu, celle des évêques et des
hospitaliers, celle des martyrs, et celle de ceux qui ont gardé la simplicité
des enfants, sont assurés de faire partie de cette tour. Pour les six qui
restent, la μετάνοια est la condition imposιe. Plein de confiance, Hermas
s’écrie : Spero quia omnes, qui antea peccaverunt, libenter acturi sunt
pænitentiam, vitam recuperantes. Et le Pasteur de répondre : Quicumque mandata
efficiunt, habebunt vitam. . . Quicumque vero mandata non servant, fugiunt a
sua vita, morti se tradunt, et unusquisque eorum reus fit sanguinis sui. Sim.,
IX, 2, 3-4, p. 560.
Somme toute, parmi les anciens baptisés, tout pécheur peut obtenir le
pardon et la guérison de ses péchés, à la condition de recourir sérieusement à
la μετάνοια.
Cette μετάνοια comporte, chez le pécheur, le repentir sincère du péché,
le ferme propos pour l’avenir, et une purification laborieuse. Dieu donne alors
la guérison, ϊασις. Mais de la part de Dieu, cette μετάνοια constitue une grâce
; et le bon usage qu’en fait le pécheur en est une autre. Dieu, en effet,
accorde la μετάνοια ΰ ceux qu’il voit disposés à purifier leur âme et à le
servir de tout leur cœur, tandis qu’il la refuse à ceux dont il prévoit la
duplicité, la malice, l’hypocrisie. Sim., VIII, 6, 2, p. 488. C’est pour avoir
reçu l’Esprit de Dieu que les uns en profitent, et c’est par leur faute que les
autres la rendent inutile. Le Pasteur dit à Hermas : " Tu vois combien ont
fait pénitence et ont été sauvés ; c’est afin que tu comprennes combien grande
et digne d’être glorifiée est la miséricorde du Seigneur, lui qui a rempli de
son esprit ceux qui ont été dignes de la μετάνοια.. » Sim., VIII, 6, 1, p. 488.
Mais le Seigneur ne se contente pas de leur donner cet esprit, il les assiste
encore dans l’accomplissement de leur acte, Sim., V, 3, 4, p. 454 ; il écoute
favorablement leur prière. Sim., V, 4, 4, p. 456.
Voilà déjà en germe les éléments satisfactoires du régime pénitentiel
futur. L’Eglise doit être une société de saints. Elle croit possible la
conservation intacte de la pureté baptismale, mais elle sait aussi combien est
grande la fragilité humaine. Au pécheur, elle offre après le baptême un moyen
de salut. Et de même qu’elle règle l’initiation et administre le baptême, elle
entend régler l’administration de la pénitence et intervenir à la fin de
l’épreuve satisfactoires par un acte juridique pour réconcilier officiellement
le pécheur converti. Mais dans ce développement de la discipline pénitentielle,
les distinctions arbitraires du Pasteur disparaîtront, et son rigorisme fera
place de plus en plus à un régime de bénignité et d’indulgence. Cf. Rauschen,
L’Eucharistie et la pénitence durant les six premiers siècles, trad. franç.,
Paris, 1910, p. 139 sq. ; A. Lelong, Le Pasteur d’Hermas, p. IV-VI, LX-LXXV ;
A. d’Alès, L’édit de Calliste, Paris, 1914, p. 52-113.
6°
Le mariage.
― Relativement au mariage chrétien, l’indissolubilité du lien conjugal, même
dans le cas d’adultère, est nettement affirmée, et la question des secondes
noces résolue dans un sens nullement prohibitif. Voici, en effet, les cas de
conscience proposés par Hermas et résolus par le Pasteur. ― 1. L’époux
pèche-t-il s’il vit avec sa femme coupable d’adultère ? Non, s’il ignore sa
faute ; oui, s’il vient à la connaître, car alors il se rendrait complice de
son péché. ― 2. Que doit-il faire dans le cas où sa femme persévère dans le
péché ? Il doit la quitter et rester seul, car s’il contractait un nouveau
mariage, il commettrait lui-même un adultère. Mand., IV, 1, 4-6, p. 392-394. ―
3. Si l’épouse adultère, après avoir été renvoyée, a fait pénitence, non pas
souvent mais une fois, μή έπί πολό δέ τοίς γάρ δούλοις τού θεού μετάνοια έστιν
μία, l’époux doit la reprendre, sans quoi il commettrait une faute grave.
Mand., IV, 1, 7-8, p. 394. ― 4. Mκmes solutions pour la femme, quand c’est
l’époux qui tombe dans l’adultère. Ibid. ― 5. Si l’un des deux époux vient à
mourir, le survivant pèche-t-il en se remariant ? Non, mais il acquerrait plus
d’honneur et de gloire auprès de Dieu, en restant dans le veuvage. Mand., IV,
4, 1-2, p. 378-400.
7° Les subintroductæ.
― Sans
la Similitude IX, 10, 6, p. 518, Hermas reçoit du Pasteur l’ordre de rester
près de la tour pour attendre l’arrivée du maître ; il est confié à la garde
des vierges. Mais la nuit approchant, il voudrait se retirer ; et les vierges
de lui dire : μεθ ήμών χοιμηθήοη ώς άδελφός, χαί ούχ ώς άνήρ. Sim., IX, 11, 3,
p. 520. Elles affirment qu’elles l’aiment, et l’une d’elles l’embrasse. Est-ce
une allusion à la coutume des femmes vivant avec les clercs sous le nom de
sorores, subintroductæ, άδελφαί, άγαπηταί, σνείσαχτοι ? Hefele l’a cru, Opera
Patrum apost., 4e édit., Tubingue, 1855, p. XCVI ; mais ni Gaâb, Der Hirt des
Hermas, Bâle, 1866, p. 56-59, ni Zahn, Der Hirt des Hermas, Gotha, 1868, p.
179-181, ne sont de cet avis. Harnack trouve suspect l’emploi de ces termes
χοιμηθήοη, άγαπώμεν, χαταφιλείν, sans regarder comme vraisemblable
l’introduction de cette coutume avant le IIIe siècle. Funk, à son tour, Opera
Patrum apost., p. 518-519, note , sans nier que le Pasteur y fasse allusion,
estime que l’usage des subintroductæ s’est introduit au IIe siècle, et il
appuie son opinion sur le langage tenu par Tertullien, De jejuniis, 17 ; De
virginibus velandis, 14, et par saint Cyprien, De habitu virginum, 19 ; Epist.
IV, 2. Il se peut fort bien, quoiqu’on n’en puisse pas donner une preuve
positive, que le langage du Pasteur ait favorisé cette coutume, qui ne devait
pas tarder à montrer qu’elle renfermait de choquant et de dangereux pour les
mœurs et à provoquer, dès la fin du IIIe siècle et au commencement du IVe, son
interdiction catégorique. Cf. concile d’Ancyre, c. 19 ; concile de Nicée, c. 3,
dans Lauchert, Die Kanones der wichtigsten altchr. Concilien, Leipzig, 1896, p.
34, 38. Pour le concile d’Elvire, c. 27, voir t. IV, col. 2388.
ÉDITIONS. ― Lefèvre d’Etaples, Liber trium virorum et trium
spiritualium virginum, Paris, 1513 ; Cotelier, Patres ævi apostolici, Paris,
1672 ; Leclerc, Patres ævi apostolici, Anvers, 1698 ; Galland, Bibliotheca
veterum Patrum, Venise, 1763-1767 ; Migne, P. G., t. II ; Hefele, Opera Patrum
apost., 4e édit., Tubingue, 1855 ; Tischendorf, Hermæ Pastor græce, Leipzig,
1856 ; Anger et Dindorf, Hermæ Pastor græce, Leipzig, 1856 ; Dressel, Patrum
apost. opera, Leipzig, 1857 ; Hilgenfeld a publié la version latine dite
Vulgate, Hermæ Pastor, Leipzig, 1873 ; 2e édit. à part, et le texte grec dans
Novum testamentum extra canonem receptum, Leipzig, 1866 ; Hermæ Pastor græce,
Leipzig, 1881 ; 3e édit., 1887, Hollenberg, Pastor Hermæ, Berlin, 1868 ;
Gebhardt, Harnack et Zahn, Patrum opera apost., Leipzig, 1877 ; 2e édit., 1894
; Funk, Opera Patrum apost., Tubingue, 1881 ; 2e édit., 1901 ; A. Lelong, Le
Pasteur d’Hermas, Paris, 1912 (texte grec, trad. française et introd.) ; Ant.
d’Abbadie a publié une traduction latine de la version éthiopienne d’Hermas,
Hermæ Pastor, dans les Abhandlungen für die Kunde des Morgenlandes, 1860, t.
II.
TRAVAUX. ― Outre les prolégomènes et les notes qui
accompagnent la plupart des éditions , on peut consulter ; Weinrich,
Disquisitio in doctrinam moralem ab Herma in Pastore propositam, 1804 ;
Jachmann, Der Hirt des Hermas, Kœnigsberg, 1835 ; Gaâb, Der Hirt des Hermas¸
Bâle, 1866 ; Zahn, Der Hirt des Hermas, Gotha, 1868 ; Freppel, Les Pères
apostoliques, Paris, 1859 ; 4e édit., 1885, p 257-322 ; Lipsius, Der Hirt des
Hermas und Montanismus in Rom, dans Zeitschrift für wissenschaftliche
Theologie, 1865, t. VIII, p. 266-308 ; 1866, t. IX, p. 27-81 ; Heyne, Quo
tempore Hermæ Pastor scriptus, sit, Kœnigsberg, 1872 ; Donaldson, The
apostolical Fathers, 2e édit., Londres, 1874, p. 351-382 ; Behm, Ueber der
Verfasser des Schrift welche den Tiel " Hirt " fuhrt, Rostock, 1876 ;
Ledrain, Deux apocryphes du IIe siècle, avec une étude sur la date du Pasteur
d’Hermas, Paris, 1871 ; Nirschl, Der Hirt des Hermas, Passau, 1879 ; E. Renan,
L’Eglise chrétienne, 3e édit., Paris, 1879, p. 401-425 ; M. du Colombien, Le
Pasteur d’Hermas, Paris, 1880 ; Brull, Der Hirt des Hermas,
Fribourg-en-Brisgau, 1882 ; Duchesne, Les origines chrétiennes, édit.
lith.,Paris, 1886 ; Link, Christi Person und Werk im Hirten des Hermas,
Marbourg, 1886 ; Die Einheit des Pastor Hermas, Marbourg, 1888 ; A. Ribagnac,
La christologie du Pasteur d’Hermas, Paris, 1887 ; Huckstaedt, Der
Lehresbegriff der Hirten, Anklam, 1888 ; Baumgartner, Die Einheit des Hermas
Buchs, Fribourg-en-Brisgau, 1889 ; Taylor, The witness of Hermas to the fous
Gospels, Londres, 1892 ; Spitta, Studien zum Hirten des Hermas, Gœttingue, 1896
; Fessler, Institutiones patrologiæ, édit. Jungmann ; Inspruck, 1890, t. I, p.
178 sq. ; Bardenhewer, Les Pères de L’Eglise, trad. franç, Paris, 1898, t. I,
p. 84-98 ; Geschichte der altkirchlichen Litteratur, Fribourg-en-Brisgau, 1902,
t. I, p. 557-578 ; J. Bénazech, Le prophétisme chrétien depuis les origines
jusqu’au Pasteur d’Hermas, Cahors, 1901 ; P. Batiffol, Les origines de la
pénitence, Hermas et le problème moral au IIe siècle, Paris, 1902, (ou Revue
biblique, 1901, t. X, p. 327-351) ; Wenel, dans Hennecke, Neutestamentliche
Apocryphen, 1904, p. 277-279 ; Kirchenlexicon, t. V, col. 1839-1844 ;
Dictionary of christian biography, t. II, col. 912-921 ; Richardson,
Bibliographical synopsis, Buffalo, 1887, p. 30-36 ; Realencyklopädie für
protestantische Theologie und Kirche, t. VII, p. 714-718 ; The catholik
encyclopedia, New-York, t. VII, p. 268-271 ; Chevalier, Répertoire.
Bio-bibliographie, t. I, col. 2132 ; D. Völter, Die Visionen des Hermas, etc.,
Berlin, 1900 ; B. Heurtier, Le dogme de la Trinité dans l’épître de saint
Clément de Rome et le Pasteur d’Hermas, Lyon, 1900 ; J. Réville, La valeur du
témoignage historique du Pasteur d’Hermas, Paris, 1900 ; Mgr Duchesne, Histoire
ancienne de l’Eglise, Paris, 1906, t. I, p. 225-235 ; K. Lake, The Shepherd of
Hermas and christian life in Rome in the second century, dans Harward
theological review, 1911, t. IV, p. 25-46 ; K. O. Macmillan, The Shepherd of
Hermas, apocalypse or allegory ? dans The Princeton theological review, 1911,
t. IX, p. 61-94 ; G. Bardy, Le Pasteur d’Hermas et les livres hérétiques, dans
la Revue Biblique, 1911, p. 391-407 ; Baumeister, Die Ethik des Pastor Hermæ,
Fribourg-en-Brisgau, 1912 ; A. d’Alès, L’édit de Calliste. Etude sur les
origines de la pénitence chrét., Paris, 1914, p. 52-113 ; A propos du Pasteur
d’Hermas, dans les Etudes, 1912, t. CXXXII, p. 79-94 ; C. H. Turner, The
Shepherd of Hermas and the problem of this text, dans Journal of theol.
studies, 1920, t. XXI, p. 193-209.
SOURCE : http://jesusmarie.free.fr/hermas_le_pasteur_d_hermas.html
Saint Hermas, chrétien des premiers siècles, disciple des apôtres, et même de saint Paul, si, comme on a sujet de le croire, et comme
le font entendre Origène, Eusèbe et saint Jérôme, c'est le même Hermas
que saint Paul fait saluer de sa part (1).
Hermas, selon toute apparence, était laïque ; quoique les Grecs le donnent comme évêque de Philippes, en Macédoine, ou de Philippopolis,
en Thrace ; d'autres veulent qu'il ait été prêtre. Quoique Grec d'origine, il habitait l'Italie, et
vraisemblablement la ville de Rome. Il était marié et avait des enfants, qui lui causèrent des chagrins par leur mauvaise
conduite ; mais il eut la consolation de les ramener à la vertu.
Hermas est célèbre par un
livre qui est intitulé Le Pasteur, parce que c'est un ange qui y parla sous la figure d'un pasteur. Ce livre est
en forme de dialogue, et divisé en trois parties, sous les titres de Visions,
de Préceptes et de Similitudes. Dans les visions, Hermas nous
apprend qu'une femme âgée lui apparut à diverses reprises, et lui remit un
livre mystérieux qu'elle lui commanda de transcrire, et dont le sens lui fut
révélé ; dans le reste de l'ouvrage, l'ange donne à Hermas différentes instructions, et l'exhorte
à la pénitence, au mépris du monde, aux aumônes et aux bonnes œuvres. Les
anciens Pères ont donné au livre d'Hermas beaucoup d'éloges, et une autorité
presque égale à celle des livres canoniques. Ils s'en servent même souvent pour la
réfutation des hérésies. Clément d'Alexandrie en regarde les révélations comme divines,
et Origène en parle comme d'un ouvrage inspiré de Dieu.
Ce sentiment, néanmoins,
n'est pas universel. Saint Prosper semble avoit fait moins d'estime du livre
du Pasteur, surtout relativement à certaines maximes dont Cassien avait
abusé ; et le concile de Rome, tenu sous le pape Gélase, ne paraît pas
favorable à ce livre sous le rapport de l'autorité, comme n'ayant point été
reçu de l'Eglise latine, à laquelle il était inconnu.
On doit avouer, au fond,
que tout n'y est pas également exact ; mais c'est un des plus précieux et des
plus anciens monuments des traditions ecclésiastiques ; et il contient des
choses très remarquables sur la foi, sur la discipline des premiers temps et
sur les mœurs primitives des chrétiens. Il fut écrit sous le pontificat de saint Clément et avant la persécution
de Domitien, c'est-à-dire vers l'an 92 de J.-C. Sur la foi de quelques pontificaux, le livre du Pasteur a été attribué
à saint Herme, frère de Pie I, pape en 442. Une simple observation
renverse ce système. Les pontificaux disent que le livre d'Herme avait
rapport à la célébration de la Pâque ; et dans celui d'Hermas, il n'est
nullement question de cette célébration. Le livre du Pasteur était
écrit en grec ; il ne nous en reste qu'une traduction latine faite dans des
temps fort reculés, et que, par la confrontation des passages qu'en ont cités
les auteurs anciens, on a lieu de croire fidèle. Cotelier l'a insérée dans
son Recueil des Pères qui ont vécu dans les temps apostoliques, Paris, 1672 ; traduit en français, ibid., 1717. Il y en a une
édition d'Oxford, revue, avec des notes, 1685, in-12. Le style du Pasteur est simple, sans figures
et sans ornements.
Le martyrologe romain marque au 09 mai la fête de saint
Hermas, dont il fait l'éloge. Les Grecs la célèbrent le 08 mars et le 05 octobre.
(1) Epître aux Romains, ch. 26, v. 14. (Biographie
universelle ancienne et moderne - Tome 19 - Pages 288-289)
SOURCE : http://www.france-spiritualites.fr/religions-fois-philosophie/christianisme/saints-bienheureux/H/saint-hermas.html
HERMAS LE PASTEUR D'
L'un des Pères
apostoliques. Hermas n'est connu que par les détails autobiographiques que
contient son œuvre : Le Pasteur ; esclave de naissance,
affranchi par la matrone qui l'avait acheté, il se serait adonné au commerce.
Ayant perdu ses biens à la suite d'une dénonciation portée contre lui par ses
propres fils, il aurait alors fait pénitence. Il se déclare contemporain de
Clément de Rome (peut-être le pape Clément Ier, mort en 97 env.).
Toutefois, le Canon de Muratori (VIIIe s.) qui donne la liste
des écrits du Nouveau Testament reconnus comme canoniques par l'Église de Rome
vers 180, affirme qu'Hermas était un frère du pape Pie Ier (mort en
155), ce que le contexte du Pasteur semble confirmer. La première
partie de l'ouvrage est consacrée au récit de cinq « visions » qu'eut
l'auteur (genre apocalyptique). Elles manifestent allégoriquement la gravité du
péché et la miséricorde de Dieu, qui permet au pécheur repentant d'être
pardonné une seconde fois — qui sera la dernière — des fautes commises après le
baptême. À partir de la cinquième vision, un ange vêtu en berger — origine du
titre de l'œuvre — explique les allégories. Le texte revêt alors un caractère
plus éthique ; il énonce douze préceptes moraux (objet de la IIe partie)
et illustre au moyen de dix « similitudes » (paraboles) la béatitude
promise aux vertueux (IIIe partie).
Irénée, Clément
d'Alexandrie, Origène — qui a confondu l'auteur du Pasteur avec
l'Hermas dont parle saint Paul (Rom., XVI, 14) — et Tertullien ont
considéré le livre comme inspiré ; mais le décret gélasien (fin du Ve s.)
le classait parmi les apocryphes, et le Canon de Muratori ne le
tenait pas pour canonique. Fort peu connue dans l'Église d'Occident, selon
saint Jérôme, bien plus connue dans l'Église d'Orient, l'œuvre est contenue
dans le Codex Sinaïticus. Divers manuscrits en grec, en latin et en
éthiopien, et des fragments en copte et en persan en ont été découverts.
Universalis
SOURCE : http://www.universalis.fr/encyclopedie/le-pasteur-d-hermas/
Le « Pasteur »
d’Hermas
Le « Pasteur »
(ouvrage attribué à Hermas)
Hermas est un grec vendu
comme esclave dans la ville de Rome. Il est acheté par une certaine Rhôdé qu’il
finit par épouser après l’avoir affranchi. Lui est menteur. Elle, bavarde et
douée d’un très mauvais caractère. Leurs enfants sont mauvais au point
qu’ils dénoncent leurs parents lors d’une persécution.
Toute cette histoire est
inventée !
Hermas serait, selon
certaines sources, le frère de l’évêque de Rome St Pie Ier (140-155), le
10e pape (martyr). Il est l’auteur du « Pasteur d’Hermas » texte
chrétien du IIe siècle. Il s’agit de l’écrit le plus long de la période des
pères apostoliques ; il revêt un intérêt particulier par son genre
littéraire apocalyptique (plusieurs « visions »), par le message libérateur
sur la pénitence post-baptismale (en particulier après le péché d’adultère ou
encore celui d’apostasie), et par le portrait qu’il nous laisse de l’Église
catholique romaine vers l’an 150 (les détails manifestant une Eglise sainte
mais non pas exempte de pécheurs sont sans concession…Le vice de l’ambition est
souvent relevé comme cause de divisions). Il est présent dans le Nouveau
Testament de la plus ancienne Bible en notre possession : le « Codex
Sinaiticus ».
Hermas y décrit l’Eglise
sous deux images : une vieille femme et une tour (nous en sommes les
pierres plus moins hautes et belles, le Christ en est la porte). C’est une mère
qui prend soin de ses enfants :
« Ecoutez-moi mes
enfants. Je vous ai élevés en grande simplicité, innocence, et sainteté grâce à
la miséricorde du Seigneur qui a répandu sur vous la justice… Faites régner la
paix entre vous. Alors moi aussi, je pourrai me présenter joyeuse devant le
père pour rendre compte de vous tous à votre Seigneur » (vision 3 9).
Hermas reçoit la visite
d’un « pasteur » qui se révèle être l’ange de la pénitence (ou
conversion du cœur). Le désir du pasteur est que tout homme « vive pour
Dieu » (qu’il obtienne la Vie éternelle). « Marchez donc selon
ces préceptes et vous vivrez pour Dieu ».
Les préceptes qu’il donne
peuvent paraître difficiles à observer (Hermas le lui dira) mais ils sont
possibles :
« Il peut tout
dominer, y compris ces préceptes, l'homme qui a le Seigneur dans son cœur. En
revanche, pour ceux qui ne l'ont que sur le bout des lèvres, dont le cœur
endurci est loin de Dieu, ces préceptes sont durs et impraticables. Vous donc,
les hommes vains et légers dans la foi, mettez le Seigneur dans votre cœur et
vous connaîtrez qu'il n'y a rien de plus facile que ces préceptes, ni de plus
doux, ni de plus humain. 6. Convertissez-vous, vous qui suivez les préceptes du
diable, préceptes difficiles, amers, brutaux, impudiques, et ne craignez plus
le diable, car il n'a aucun pouvoir contre vous. 7. Moi, l'Ange de la pénitence
qui triomphe du diable, je serai avec vous. Il peut faire peur, le diable, mais
cette peur manque de force. Ne le craignez donc pas et il vous fuit." (…)
« Tu les garderas (tous les préceptes), dit-il, si ton cœur purifié se
tourne vers le Seigneur, et tous les garderont qui se purifieront le cœur des
vains désirs de ce monde, et ils vivront pour Dieu."
On trouve un petit traité
de démonologie dans le « pasteur » et quelques règles de
« discernement des esprits » pour savoir ce qui vient du bon ange et
du mauvais !
Il nous donne aussi une
série de « paraboles » ou « similitudes » (sic) de son cru
dont certaines ressemblent beaucoup à celles de Jésus dans l’Evangile. En tous
cas, si les images changent, la doctrine est la même. « Car toute
chair recevra sa rémunération, qui sera trouvée intacte et sans tache et où
l'Esprit saint aura pris demeure ».
Il décrit l’église de
Rome comme étant une assemblée de bons et de mauvais (ivraies et bon grains se
côtoient). « Ni les justes ni les pécheurs ne se distinguent dans ce
monde, mais sont semblables. Car ce monde pour les justes est un hiver et (les
justes) ne se remarquent pas, puisqu'ils l'habitent avec les pécheurs »
Les intérêts matériels,
la faiblesse, la lassitude, la persécution ont provoqué l’abandon (apostasie)
ou la chute (« lapsi » = ceux qui sont tombés) de beaucoup.
Ce livre est
essentiellement un appel à la pénitence et à l’Espérance en la miséricorde de
Dieu. A tout péché : miséricorde (sauf à celui contre l’Esprit
saint).
« Ayez donc
confiance en Dieu, vous qui, à cause de vos péchés, désespériez de la vie, qui
ajoutiez à vos péchés, qui alourdissiez votre vie, puisque, si vous vous
convertissez au Seigneur du fond de votre cœur, si vous pratiquez la justice le
reste des jours de votre vie, si vous le servez convenablement selon sa
volonté, il vous guérira de vos péchés passés et vous donnera le pouvoir de
triompher des œuvres du diable. La menace du diable, ne la craignez pas du tout
: il est sans force, comme les nerfs d'un mort. 3. Écoutez-moi donc et craignez
celui qui peut tout, sauver et perdre, et observez ses commandements et vous
vivrez pour Dieu."
Le Seigneur veut le salut
de tous. Une belle parabole des rameaux d’un saule illustre cette grande vérité
de foi : « Après avoir examiné les rameaux de tout le monde, le
Pasteur me dit : " Je t'ai dit que cet arbre est vivace. Vois-tu, dit-il,
combien ont fait pénitence et ont été sauvés ? - Je vois, Seigneur, dis-je. -
Pour que tu voies que la miséricorde de Dieu est grande et glorieuse, il a
aussi donné un esprit à ceux qui sont dignes de la pénitence ».(…)
« Ceux dont les rameaux furent trouvés desséchés et rongés de vers, ce
sont les apostats, traîtres à l'Église, qui dans leurs péchés ont blasphémé le
Seigneur et qui encore ont rougi du nom du Seigneur invoqué sur eux (Ac 15, 17;
Jc 2, 7; Gn 48, 16; etc.). Ceux-là donc pour Dieu sont morts définitivement. Tu
vois que pas un d'entre eux n'a fait pénitence, même après avoir entendu les
paroles que, sur mon ordre, tu leur as dites. La vie s'est donc retirée de
telles gens. 5. Ceux qui les ont remis desséchés, mais non pourris, ils sont
tout près des premiers : c'étaient des hypocrites qui introduisaient des doctrines
hétérodoxes et détournaient les serviteurs de Dieu et surtout les pécheurs
qu'ils empêchaient de faire pénitence, en les convainquant par des doctrines
folles. Ceux-là ont un espoir de faire pénitence. 6. Et tu vois que beaucoup
d'entre eux ont déjà fait pénitence depuis que tu leur as dit mes préceptes.
D'autres encore feront pénitence et tous ceux qui ne feront pas pénitence ont
déjà perdu la vie; mais tous ceux d'entre eux qui se sont repentis sont devenus
bons et leur demeure a été fixée dans les premiers murs; certains même sont
montés dans la tour. Tu vois donc, dit-il, que le repentir des pécheurs assure
la vie, et l'impénitence, la mort ».(…) « Ceux qui ont remis des
rameaux verts, mais fendillés ont toujours été fidèles et bons, mais il y avait
entre eux de la jalousie pour des questions de priorité et d'honneurs. Et ils
sont tous bien fous de rivaliser ainsi pour les premiers rangs. 5. Mais après
avoir entendu mes préceptes, puisqu'ils étaient bons, ils se sont purifiés et
ont rapidement fait pénitence. Et leur demeure fut fixée dans la tour. Mais si
l'un d'entre eux en revient aux dissensions, il sera rejeté de la tour et
perdra sa vie. 6. La vie appartient à tous ceux qui observent les commandements
du Seigneur (Qo 12, 13). Or, dans les commandements, il n'est question ni de
priorité, ni d'honneurs, mais de patience et d'humilité pour l'homme. C'est
dans de telles gens que réside la vie du Seigneur; dans les querelleurs et les
violateurs de la loi, c'est la mort ».(…) « Beaucoup d'entre eux ont
fait pénitence et sont allés habiter dans la tour. Beaucoup se sont éloignés
définitivement de Dieu : ceux-là ont perdu définitivement la vie ».
Autre comparaison
de « la tour » qui figure l’Eglise :
" Dites-moi,
Seigneur, dis-je, le nom des vierges et des femmes vêtues de noir. - Écoute,
dit-il, le nom des vierges les plus fortes, celles qui se tenaient aux angles.
2. La première, c'est la Foi, la seconde, la Tempérance, la troisième, la
Force, la quatrième, la Patience; les autres, placées entre les premières, ont
comme nom : Simplicité, Innocence, Sainteté, Gaieté, Vérité, Intelligence,
Concorde, Charité. Celui qui porte ces noms et celui du Fils de Dieu pourra
entrer dans le royaume de Dieu (Jn 3, 5). 3. Écoute aussi, dit-il, le nom
des femmes vêtues de noir; quatre d'entre elles sont les plus fortes : la
première, Incrédulité, la seconde, Intempérance, la troisième, Désobéissance,
la quatrième, Tromperie. Leurs suivantes s'appellent : Tristesse, Méchanceté,
Débauche, Colère, Fausseté, Démence, Médisance, Haine. Le serviteur de Dieu qui
porte ces noms verra le royaume de Dieu, mais n'y entrera pas.
La
« similitude » des 12 montagnes :
« Voici ce que sont
les croyants venus de la sixième montagne, celle qui a des crevasses grandes et
petites et des herbes flétries dans ces crevasses : 2. ceux qui ont de petites
crevasses, ce sont ceux qui se gardent rancune mutuellement et, de par leurs
médisances réciproques, ils sont flétris dans la foi. Mais beaucoup d'entre eux
ont fait pénitence. Et les autres se repentiront quand ils entendront mes
préceptes; car leurs médisances ne sont pas graves et ils se repentiront vite.
3. Ceux qui ont de grandes crevasses s'obstinent dans la médisance, deviennent
rancuniers et ne décolèrent plus les uns contre les autres. Ceux-là donc ont
été rejetés loin de la tour et jugés indignes de la construction. De telles
gens vivront difficilement. 4. Si Dieu notre Seigneur qui domine tout et tient
sous son pouvoir toute la création ne garde pas de ressentiment à l'égard de
ceux qui avouent leurs péchés, s'il leur devient propice, un homme mortel et
plein de péchés pourra-t-il garder rancune à un homme, comme s'il avait le
pouvoir de le perdre ou de le sauver (Jc 4, 12) ? 5. je vous le dis, moi,
l'ange de la pénitence : vous tous qui avez ce penchant, supprimez-le et faites
pénitence, et le Seigneur guérira vos péchés précédents, si vous vous purifiez
de ce démon; sinon, vous lui serez livrés pour la mort ».
(…) « " 1.
Voici ce que sont les croyants venus de la onzième montagne, dont les arbres
étaient ornés d'une foule de fruits très variés : 2. des hommes qui ont
souffert pour le nom du Fils de Dieu, qui souffrirent même avec empressement,
du fond de leur cœur et qui ont livré leur vie (Ac. 15, 26). 3. - Et pourquoi
donc, Seigneur, dis-je, tous ces arbres ont-ils des fruits et certains, des
fruits plus beaux ? - Écoute dit-il. Tous ceux qui ont souffert à cause du nom
sont glorieux auprès de Dieu et leurs péchés à eux tous ont été effacés, parce
qu'ils ont souffert pour le nom du Fils de Dieu. Mais voici pourquoi leurs
fruits sont variés et certains meilleurs. 4. Tous ceux, dit-il, qui, traînés
devant les autorités, ont été soumis à la question et n'ont pas nié, mais au
contraire ont souffert avec empressement, ceux-là sont beaucoup plus glorieux
auprès du Seigneur et leurs fruits sont les meilleurs. Tous ceux, en revanche,
qui furent tremblants et indécis, qui se demandèrent en leur cœur s'ils
renieraient ou confesseraient (le Seigneur), mais qui pour finir ont souffert,
ceux-là ont des fruits plus médiocres, par la faute de cette intention qui
montait à leur cœur. Car c'est une mauvaise intention pour un serviteur que
celle de renier son propre maître. 5. Veillez donc, vous qui avez cette
intention, à ce qu'elle ne demeure pas dans votre cœur et que vous ne mouriez
pour Dieu. Et vous qui souffrez pour Dieu, vous devez le glorifier (1 P 4, 13,
15, 16) de ce qu'il vous a jugés dignes de porter son nom et d'être guéris de
tous vos péchés. 6. Félicitez-vous donc et croyez avoir accompli une grande
œuvre lorsque quelqu'un d'entre vous souffre pour Dieu. Le Seigneur vous fait
don de la vie et vous ne comprenez pas ! Car vos péchés vous alourdissaient et
si vous n'aviez pas souffert pour le nom du Seigneur, à cause de vos péchés,
vous seriez morts pour Dieu. 7. je dis cela pour vous qui hésitez à renier ou à
confesser. Confessez que vous avez un Seigneur, de peur d'être, en le reniant,
jetés en prison. 8. Si les gentils punissent leurs esclaves, s'ils renient leur
maître, que fera de vous, à votre avis, le Seigneur maître de toutes choses ?
Rejetez ces desseins de vos cœurs, afin de vivre éternellement pour
Dieu ».
(…) « Je vous le dis
à vous tous qui avez reçu le sceau : soyez simples, oubliez les offenses, ne
vous obstinez pas dans votre malice ou dans le souvenir amer des offenses,
n'ayez qu'un seul esprit, remédiez à ces discordes funestes, écartez-les de
vous : le maître du troupeau sera content de tout cela. 5. Il se réjouira s'il
trouve toutes ses brebis en bonne santé sans qu'aucune ne soit égarée. Mais
s'il découvre que certaines d'entre elles sont égarées, malheur aux bergers :
6. et si ce sont les bergers eux-mêmes qu'on trouve égarés, que répondront-ils
au maître de leurs troupeaux ? Car enfin, pourront-ils se dire égarés par une
brebis ? On ne les croira pas, car c'est une chose incroyable qu'un berger
puisse souffrir du fait d'une brebis; il sera plus lourdement puni à cause de
son mensonge. Et moi aussi je suis berger et il faut de toute nécessité que je
rende compte de vous. Guérissez-vous donc, pendant que la tour est encore
en construction ».
(...) « Pour ma
part, Seigneur, dis-je, je proclame à tout homme les merveilles du Seigneur et
j'espère que tous ceux qui ont péché auparavant, en entendant mes paroles,
feront spontanément pénitence pour recouvrer la vie. 4. - Persévère, dit-il,
dans cette mission, conduis-la à bon terme. Tous ceux qui appliquent les
préceptes du Pasteur obtiendront la vie et lui-même, une grande gloire auprès
du Seigneur. Tous ceux, en revanche, qui n'observent pas ces préceptes,
tournent le dos à leur propre vie et méprisent le Pasteur; lui, n'en a pas
moins d'honneur auprès de Dieu. Tous ceux donc qui le méprisent et n'observent
pas ses commandements se livrent eux-mêmes à la mort et chacun d'eux est comptable
de son propre sang. Je te le dis (encore) : mets-toi au service de ses
préceptes et tu posséderas le remède pour tes péchés ».
(…)" Aie dans tes
fonctions une énergie virile, révèle à tout le monde les merveilles du Seigneur
et tu auras de grands mérites par ce ministère. Quiconque marchera selon ces
préceptes, vivra et sera heureux dans sa vie; quiconque les aura négligés ne
vivra pas et son existence (ici-bas) sera malheureuse. 2. A tous ceux qui
peuvent faire le bien, dis de ne pas cesser de le faire; accomplir de bonnes
œuvres leur est utile. Je dis qu'il convient d'arracher tout homme à la misère.
Celui qui, par l'indigence, est dans sa vie quotidienne en butte aux
difficultés, endure un grand tourment et une grande épreuve. 3. Celui donc qui
arrache à la nécessité l'âme d'un tel homme se crée une grande joie : car
quelqu'un qui est tenaillé par des misères de ce genre souffre le même supplice
et les mêmes tortures que celui qui est dans les fers. Et beaucoup, quand ils
ne peuvent plus supporter ces souffrances, se donnent la mort. Celui donc qui,
connaissant la misère d'un tel homme, ne l'en retire pas, commet un grand péché
et devient comptable de son sang. 4. Faites donc de bonnes œuvres, vous tous
qui avez reçu (ces préceptes) du Seigneur, de peur que la construction de la
tour ne s'achève pendant que vous tardez à les faire. C'est pour vous, en
effet, qu'ont été interrompus les travaux. Si donc vous ne vous hâtez pas, la
tour sera achevée et vous en serez exclus. " 5. Quand il eut fini de me
parler, l'ange se leva du lit et, prenant avec lui le Pasteur et les vierges,
il se retira, mais il me dit qu'il renverrait chez moi ce Pasteur et ces
vierges » (fin du « pasteur » !).
Hermas nous décrit la
discipline romaine en matière de mariage, de remariage, d’adultère dans
l’église de Rome au 2° siècle ce qui est très précieux.
Le CEC cite par deux fois
le « Pasteur d’Hermas » :
CEC 760
L'Eglise - préfigurée dès
l'origine du monde
760 "Le monde
fut créé en vue de l'Eglise", disaient les chrétiens des premiers temps
(Hermas, vis. 2,4,1 cf. Aristide, apol. 16, 6 Justin, apol. 2,7). Dieu a créé
le monde en vue de la communion à sa vie divine, communion qui se réalise par
la "convocation" des hommes dans le Christ, et cette
"convocation", c'est l'Eglise. L'Eglise est la fin de toutes choses
(cf. S. Epiphane, hær. 1,1,5), et les vicissitudes douloureuses elles-mêmes,
comme la chute des Anges et le péché de l'homme, ne furent permises par Dieu
que comme occasion et moyen pour déployer toute la force de son bras, toute la
mesure d'amour qu'il voulait donner au monde:
De même que la volonté de
Dieu est un acte et qu'elle s'appelle le monde, ainsi son intention est le
salut des hommes, et elle s'appelle l'Eglise.
(St Clément d'Alexandrie, pæd. 1,6).
CEC 2517
Le cœur est le siège de
la personnalité morale: "C'est du cœur que viennent intentions mauvaises,
meurtres, adultères et inconduites" (Mt 15,19). La lutte contre la
convoitise charnelle passe par la purification du cœur et la pratique de la
tempérance:
Maintiens-toi dans la
simplicité, l'innocence, et tu seras comme les petits enfants qui ignorent le
mal destructeur de la vie des hommes (Hermas, mand. 2,1).
SOURCE : http://nouvl.evangelisation.free.fr/hermas_le_pasteur_0.htm
Précepte I
26.
1. "Premier point
entre tous : crois qu'il n'y a qu'un seul Dieu, celui qui a tout créé et
organisé (Ep 3,9), qui a tout fait passer du néant à l'être (2 M 7,28 ; cf. Sg
1,14), qui contient tout et qui n'est pas contenu. 2. Crois donc en lui et crains-le,
et, et par cette crainte, sois continent. Observe ces préceptes et tu
rejetteras de toi toute dépravation, tu revêtiras toute vertu de justice et tu
vivras pour Dieu - si du moins tu observes ce commandement. "
Précepte II
27.
1. Il me dit :
" Maintiens-toi dans la simplicité, l'innocence, et tu seras comme les
petits enfants qui ignorent le mal destructeur de la vie des hommes. 2. Et
d'abord, ne dis du mal de personne et ne prends pas de plaisir à écouter le
médisant (cf. Jc 4,11) ; sinon, tu auras part, toi qui l'écoutes, au péché du
médisant, si du moins tu ajoutes foi à la médisance entendue. Car en y ajoutant
foi, tu seras, toi aussi, hostile à ton frère, et c'est ainsi que tu auras part
au péché de médisance. 3. La médisance est mauvaise, c'est un démon agité,
jamais en paix, il ne se plaît que dans les discordes. Tiens-toi donc bien loin
de lui et tes rapports avec tout le monde seront toujours parfaits. 4.
Revêts-toi de gravité : avec elle, point d'achoppement, mais rien que des
chemins unis et de l'allégresse. Fais le bien et du produit du labeur que Dieu
t'accorde, donne à tous les indigents avec simplicité, sans t'inquiéter (de
savoir) à qui tu donneras et à qui tu ne donneras pas : donne à tous ; car
Dieu veut qu'on fasse profiter tout le monde de ses propres largesses. 5. Ceux
qui reçoivent rendront compte à Dieu du motif et de la destination de ce qu'ils
auront reçu : ceux qui recevront dans le besoin ne seront pas jugés, mais ceux
qui trompent pour recevoir seront punis. 6. Celui qui donne, lui, est
irréprochable, car, comme il a reçu du Seigneur ce ministère à remplir, il l'a
rempli avec simplicité : sans examiner à qui donner et à qui ne pas donner. Et
le ministère qui s'est ainsi achevé dans cette simplicité est glorieux devant
Dieu. Celui donc qui s'acquitte ainsi de son service vivra pour Dieu. 7.
Observe donc ce précepte comme je te l'ai dit, pour que ta pénitence et celle
de ta maison soient trouvées simples, pures, innocentes et
incorruptibles."
Précepte III
28.
1. Il me dit de nouveau :
" Aime la vérité, qu'elle seule puisse sortir de ta bouche ; de la sorte,
l'esprit que Dieu a logé dans ta chair sera trouvé authentique aux yeux de tous
les hommes et ainsi sera glorifié le Seigneur, qui habite en toi, car le
Seigneur est vrai en toutes ses paroles et il n'y a en lui aucun mensonge. 2.
Les menteurs renient donc le Seigneur et le dépouillent, puisqu'ils ne lui
rendent pas le dépôt qu'il leur a confié. Car ils ont reçu de lui un esprit qui
ne ment pas ; s'ils le lui rendent mensonger, ils violent le commandement du
Seigneur et se font spoliateurs. " 3. En entendant cela, je fondis en
larmes. Il me voit pleurer et me dit : " Pourquoi pleures-tu ? --Parce
que, Seigneur, dis-je, je ne sais pas si je puis être sauvé. --Pourquoi ?
dit-il --C'est que dans ma vie, Seigneur, je n'ai pas encore dit une parole
vraie, mais depuis toujours, j'ai vécu de fourberie envers tous et j'ai fait
passer mes mensonges pour la vérité aux yeux de tout le monde. Personne ne m'a
jamais contredit : on a eu confiance en mes paroles. Comment donc puis-je
vivre, Seigneur, après ces vilenies ? 4.--Tu penses bien et juste, dit-il. Car
tu aurais dû, comme serviteur de Dieu, marcher dans la vérité, ne pas faire
cohabiter en toi une mauvaise conscience avec l'esprit de vérité, ne pas
affliger un esprit auguste et véridique. --Jamais, Seigneur, dis-je, je n'ai
entendu parler de règles si précises. 5. Maintenant donc, dit-il, tu les
entends. Observe-les : ainsi, même les mensonges que tu faisais antérieurement
dans tes affaires obtiendront créance, puisqu'on trouvera vrai ton langage
d'aujourd'hui ; car ils peuvent aussi obtenir créance. Si m observes ces
préceptes et qu'à partir de maintenant tu ne dises plus que la vérité, tu
pourras acquérir la vie et quiconque observera ce commandement et s'abstiendra
du mensonge, ce grand vice, celui-ci vivra pour Dieu.
Précepte IV
29. (1)
1. “Je t'ordonne, dit-il
de garder la chasteté et que ne monte pas à ton coeur le désir d'une autre
femme (que la tienne), ni d'une quelconque fornication, ni d'aucun autre vice
semblable. Car ce faisant, tu commettrais un grand péché. Souviens-toi toujours
de ta femme et tu ne pécheras jamais 2. Si ces désirs montent à ton coeur, tu
pécheras et si ce sont d'autres pensées aussi mauvaises, tu commets un péché. Car
ce désir, pour un serviteur de Dieu, est un grand péché. Mais si on accomplit
cet acte vicieux, c'est la mort qu'on se prépare. 3. Veilles-y donc,
abstiens-toi de ce désir, car là où habite la sainteté, au coeur d'un homme
juste, l'iniquité ne devrait pas monter. " 4. Je lui dis : "
Seigneur, permettez-moi de vous poser quelques questions.--Parle,
dit-il.--Seigneur, dis-je, si quelqu'un a une femme qui croit au Seigneur, et
qu'il découvre qu'elle est adultère, est-ce qu'il commet un péché à vivre avec
elle ? 5.--Tout le temps qu'il l'ignore, dit-il, il ne commet pas de péché ;
mais s'il apprend le péché de sa femme et qu'elle, au lieu de se repentir,
persiste dans l'adultère, à vivre avec elle le mari partage sa faute et
participe à l'adultère. 6.--Que fera donc le mari, Seigneur, dis-je, si la
femme persiste dans cette passion ? --Qu'il la renvoie, dit-il, et qu'il reste
seul. Mais si, après avoir renvoyé sa femme, il en épouse une autre, lui aussi
alors, il commet l'adultère (Mc 10, 11 ; Mt 5, 32 ; 19, 9 ; cf. 1 Co 7, 11).
7.--Et si, Seigneur, dis-je, après avoir été renvoyée, la femme se repent et
veut revenir à son mari, ne faudra-t-il pas l'accueillir ? 8.--Certes, dit-il.
Si le mari ne l'accueille pas, il pèche, il se charge d'un lourd péché, car il faut
accueillir celui qui a péché et qui se repent, mais non beaucoup de fois. Pour
les serviteurs de Dieu, il n'y a qu'une pénitence. C'est en vue du repentir que
l'homme ne doit pas se remarier. Cette attitude vaut d'ailleurs aussi bien pour
la femme que pour l'homme. 9. L'adultère, dit-il, ne consiste pas uniquement à
souiller sa chair : celui-là aussi commet l'adultère, qui vit comme les
gentils. Donc, si quelqu'un persiste dans cette conduite sans se repentir,
écarte-toi de lui, ne vis plus avec lui ; sinon tu as part à sa faute. 10. Si
on vous a enjoint de ne pas vous remarier, homme ou femme, c'est parce que,
dans de tels cas, la pénitence est possible. 11. Donc, dit-il, mon intention
n'est pas de faciliter l'accomplissement de tels péchés, mais t'empêcher que le
pécheur retombe. Pour ce qui est du péché antérieur, il y a quelqu'un qui peut
apporter remède : c'est celui qui a le pouvoir de tout faire. "
30. (2)
1. Je continuai à le
questionner : " Puisque le Seigneur m'a jugé digne de vous avoir toujours
dans ma maison, supportez encore quelques paroles de moi, car je ne comprends
rien et mon coeur s'est endurci (Mc 6, 52) par mes méfaits passés.
Instruisez-moi, car je suis tout à fait dépourvu d'intelligence et je ne
comprends absolument rien. " 2. Il me dit en réponse : " Je suis,
moi, dit-il, préposé à la pénitence et à tous ceux qui se repentent, je donne
l'intelligence. Ne te semble-t-il pas, dit-il, que le fait de se repentir est
lui-même de l'intelligence ? Le repentir, dit-il, est un acte de grande
intelligence ; car le pécheur comprend qu'il a fait le mal devant le Seigneur
(Jg 2, 11 ; 3, 12 ; 4, 1 ; 10, 6 ; 13, 1 ; etc.) et l'acte qu'il a commis lui
remonte au coeur et il se repent et il ne commet plus le vice ; au contraire,
il met tout son zèle à faire le bien, humilie son âme et l'éprouve, puisqu'elle
a péché. Tu vois donc que le repentir est un acte de grande intelligence. 3.
--Voici pourquoi, Seigneur, dis-je, je vous demande tout cela avec autant de
minutie. C'est d'abord que je suis un pécheur, que je veux savoir ce que je
dois faire pour pouvoir vivre, car mes péchés sont nombreux et divers. 4.--Tu
vivras, dit-il, si tu observes mes commandements et si tu marches dans leur
voie, et quiconque sera attentif à ces commandements et les observera, vivra
pour Dieu. "
31. (3)
1. "Seigneur,
dis-je, j'ajouterai encore une question. - Parle, dit-il. - J'ai entendu
certains docteurs dire qu'il n'y a pas d'autre pénitence que celle du jour où
nous descendîmes dans l'eau et où nous reçûmes le pardon de nos péchés
antérieurs. " 2. Il me dit : " Ce que tu as entendu est exact. Il en
est ainsi. Celui qui a reçu le pardon de ses péchés ne devrait, en effet, plus
pécher, mais demeurer en sainteté. 3. Mais puisqu'il te faut toutes les
précisions, je t'indiquerai ceci aussi, sans donner prétexte de pécher à ceux
qui croiront ou à ceux qui se mettent maintenant à croire au Seigneur, car les
uns comme les autres n'ont pas à faire pénitence de leurs péchés : ils ont
l'absolution de leurs péchés antérieurs. 4. C'est donc uniquement pour ceux qui
ont été appelés avant ces tout derniers jours que le Seigneur a institué une
pénitence. Car le Seigneur connaît les coeurs, et sachant tout d'avance, il a
connu la faiblesse des hommes et les multiples intrigues du diable, qui fera du
tort aux serviteurs de Dieu et exercera contre eux sa malice. 5. Dans sa grande
miséricorde, le Seigneur s'est ému pour sa créature et a institué cette
pénitence et il m'a accordé de la diriger. 6. Mais je te le dis, reprit-il :
si, après cet appel important et solennel, quelqu'un, séduit par le diable,
commet un péché, il dispose d'une seule pénitence ; mais s'il pèche coup sur
coup, même s'il se repent, la pénitence est inutile à un tel homme : il aura
bien de la peine à jouir de la vie. " 7. Je lui dis : " Seigneur, je
reviens à la vie après ces renseignements détaillés. Car je sais que si je
n'ajoute plus à mes péchés, je serai sauvé. - Tu seras sauvé, dit-il, et tous
ceux qui feront ainsi."
32. (4)
1. Je le questionnai de
nouveau : " Seigneur, puisque pour une fois vous tolérez mes (questions),
indiquez-moi encore ceci. - Parle, dit-il. - Si une femme, Seigneur, dis-je, ou
un homme meurt et que le conjoint se remarie, ce dernier commet-il une faute en
se remariant ? 2. - Non, dit-il, mais s'il reste seul, il s'acquiert auprès du
Seigneur un honneur, une gloire supplémentaire (cf. 1 Co 7, 38-40). Mais s'il
se remarie, il ne pèche point. 3. Observe donc scrupuleusement la chasteté et
la sainteté, et tu vivras pour Dieu. Tout ce que je te dis et te dirai,
observe-le à partir de ce jour où tu m'es confié et j'habiterai dans ta maison.
4. De tes fautes passées, tu auras rémission, si tu observes mes commandements.
Et tous auront rémission, s'ils observent mes commandements et s'ils marchent
dans cette chasteté.
Précepte V
33. (1)
1. “Sois patient, dit-il,
et prudent, et tu triompheras de toutes les turpitudes et tu réaliseras toute
justice. 2. Si tu es patient, l'Esprit-Saint qui habite en toi sera pur de
n'être pas obscurci par un autre esprit mauvais. Trouvant un large espace
libre, il sera content, il se réjouira avec le vase 73 qu'il habite et servira
Dieu avec grande allégresse, puisqu'il aura en lui la plénitude. 3. Mais si
arrive un accès de colère, tout de suite l'Esprit-Saint, qui est délicat, se
trouve à l'étroit, sans espace pur, et il cherche à quitter ce lieu : il est
étouffé par l'esprit mauvais, il n'a plus l'espace où servir Dieu comme il
veut, souillé qu'il est par la colère. Car le Seigneur habite dans la patience
et le diable dans la colère. 4. Que ces deux esprits habitent ensemble est donc
un grand malheur pour l'homme en qui ils habitent 5. Si tu prends une toute
petite goutte d'absinthe et que tu la verses dans un pot de miel, n'est-il pas
vrai que tout le miel est perdu, que tant de miel est gâté par si peu
d'absinthe, qu'elle corrompt la douceur du miel qui n'a plus le même charme
pour le maître, puisqu'il est devenu amer et a perdu son utilité ? Mais si on
ne jette pas d'absinthe dans le miel, on le trouve doux et le maître peut l'utiliser.
6. Tu le vois donc : la patience surpasse le miel en douceur, elle est utile au
Seigneur et il habite en elle ; en revanche, la colère est amère et
inutilisable. Si donc on mêle la colère et la patience, la patience en est
souillée et Dieu n'a que faire de sa prière. 7. - je voudrais, Seigneur,
dis-je, connaître les effets de la colère, pour m'en bien garder. - Certes,
dit-il, si tu ne t'en lardes pas, toi et ta maison, tu anéantis tous tes
espoirs. Garde-toi d'elle, car je suis avec toi. Et ils se garderont d'elle,
tous ceux qui feront pénitence du fond de leur coeur ; car je serai avec eux et
je les protégerai, puisqu'ils ont été justifiés par l'ange le plus vénérable.
34. (2)
1. “Écoute, dit-il, quels
sont les effets de la colère, comment elle est mauvaise, comment par sa
puissance elle pervertit mes serviteurs, comment elle les détourne de la
justice. Elle ne détourne pas, il est vrai, ceux qui sont entiers dans leur
foi, elle ne peut rien sur eux, car ma puissance est avec eux ; elle n'égare que
les gens vides de leur foi et hésitants. 2. Quand elle voit de telles gens
tranquilles, elle s'insinue en leur coeur. alors, pour un rien, l'homme ou la
femme se laissent gagner par l'aigreur, à propos de détails de la vie
quotidienne, de nourriture, d'une chicane, d'un ami, d'un cadeau donné ou reçu
ou de toute autre niaiserie pareille : tout cela est fou, vain, insensé,
funeste aux serviteurs de Dieu. 3. La patience, elle, a de la grandeur de la
force, une énergie vigoureuse et solide qui s'épand largement ; elle est gaie,
réjouie, sans souci ; elle glorifie le Seigneur à toute occasion (Tb 4, 19 ; Ps
34, 2). Rien en elle n'est amer : en tout, elle reste douce et calme. La
patience habite avec ceux qui ont la foi entière. 4. La colère est tout d'abord
sotte, légère, stupide ; ensuite, de la stupidité, naît l'aigreur, de
l'aigreur, l'irritation, de l'irritation, la fureur, de la fureur, le
ressentiment. Et ce ressentiment, né de tant de maux, devient un péché énorme
et incurable. 5. Lorsque tous ces esprits viennent habiter un même vase où
habite déjà l'Esprit-Saint, le vase ne peut plus tout contenir, et déborde. 6.
Donc l'esprit délicat, qui n'a pas l'habitude de demeurer avec un mauvais
esprit ni avec la dureté, s'éloigne d'un tel homme et cherche à habiter avec la
douceur et le calme. 7. Mais quand il s'éloigne de l'homme, en qui il habitait,
cet homme se vide de l'esprit juste et désormais plein des esprits mauvais, il
s'agite dans tous ses actes, tiraillé en tous sens par les esprits mauvais et
il devient complètement aveugle, loin de la droite réflexion. Voilà ce qui
arrive à tous les colériques. 8. Abstiens-toi donc de la colère, cet esprit si
mauvais! Revêts-toi de patience, résiste à la colère, à l'aigreur et tu seras
trouvé en compagnie de la sainteté qu'aime le Seigneur. Veille à ne pas
négliger ce commandement, car si tu parviens à l'observer, tu pourras garder
aussi les autres commandements que je vais t'imposer. Aie de la force, de
l'énergie à leur propos, et qu'ils en aient aussi, tous ceux qui veulent
marcher dans cette voie.
Précepte VI
35. (1)
1. “Je t'ai ordonné,
dit-il, dans le premier Précepte, de garder la foi, la crainte et la
continence. - Oui, Seigneur, dis-je. - Maintenant, dit-il, je veux te montrer
leurs vertus, pour que tu comprennes quels sont leur force et leurs effets
respectifs. Leurs effets sont de deux sortes : ils ont rapport au juste et à
l'injuste. 2. Toi, aie confiance au juste, mais non à l'injuste ; car la
justice suit une voie droite, l'injustice, une voie tortueuses. Suis donc la
voie droite et unie, laisse la voie tortueuse. 3. La voie tortueuse n'est pas
frayée, mais impraticable, pleine d'obstacles, rocailleuse, épineuse. Elle est
funeste à ceux qui la prennent ; 4. mais ceux qui prennent la voie droite
marchent sur un terrain uni et sans obstacles, car elle n'est ni rocailleuse,
ni épineuse. Tu vois donc qu'il est plus avantageux de la prendre. 5. - Il me
plaît, Seigneur, dis-je, de la prendre. - Tu la prendras, dit-il, et quiconque
du fond du coeur se tournera vers le Seigneur (Jr 24, 5 ; Jl 2, 12 ; cf. Ps 22,
9 ; 51, 15) la prendra.
36. (2)
1. “Écoute maintenant,
dit-il, ce qui concerne la foi. Il y a deux anges avec l'homme : l'un, de
justice, l'autre, du mal. 2. - Comment donc, Seigneur, dis-je, distinguerai-je
leur action, si les deux anges habitent avec moi ? 3. - Écoute, dit-il, et
comprends. L'ange de justice est délicat, modeste, doux, calme. Quand c'est lui
qui monte à ton coeur, d'emblée, il te parle de justice, de chasteté, de
sainteté, de tempérance, de tout acte juste, de toute vertu noble. Quand tout
cela te monte au coeur, sache que l'ange de justice est avec toi, car ce sont
là les oeuvres de l'ange de justice ; aie confiance en lui et en ses oeuvres.
4. Vois maintenant les oeuvres de l'ange du mal. Et tout d'abord, il est
colérique, amer, insensé ; et ses oeuvres mauvaises corrompent les serviteurs
de Dieu. Quand donc il monte à ton coeur, connais-le d'après ses oeuvres, 5. -
Comment je le distinguerai, Seigneur, dis-je, je l'ignore. - Écoute, dit-il. Quand
la colère s'empare de toi, ou l'aigreur, sache qu'il est en toi ; de même les
désirs d'activité dispersée, les folles dépenses en festins nombreux, en
boissons enivrantes, en orgies incessantes, en raffinements variés et
superflus, la passion des femmes, de la grande richesse, l'orgueil exagéré, la
jactance et tout ce qui y ressemble : si cela te monte au coeur, sache que
l'ange du mal est en toi. 6. Puisque donc tu connais ses oeuvres, éloigne-toi
de lui, ne crois pas en lui, car ses oeuvres sont mauvaises et funestes aux
serviteurs de Dieu. Voilà quelle est l'action des deux anges. Comprends-la et
mets ta confiance dans l'ange de justice. 7. Éloigne-toi de l'ange du mal
puisque son enseignement est mauvais en tout. Car si quelqu'un est très fidèle
et que le désir de cet ange monte à son coeur, il est inévitable que celui-là,
homme ou femme, commette le péché. 8. Qu'un homme ou une femme, au contraire,
soit tout à fait dépravé et que les oeuvres de l'ange de justice montent à son
coeur, il est inévitable qu'il fasse le bien. 9. Tu vois donc qu'il est bon de
suivre l'ange de justice et de renoncer à l'ange du mal. 10. Ce commandement
indique ce qui concerne la foi, pour que tu aies foi dans les oeuvres de l'ange
de justice et en les accomplissant, tu vivras pour Dieu. Crois aussi que les
oeuvres de l'ange du mal sont funestes ; en les évitant, tu vivras pour Dieu.
Précepte VII
37.
1. “Crains, dit-il, le
Seigneur, et garde ses commandements (Qo 12, 13). En gardant les commandements
de Dieu, tu seras fort en toute action et ta façon d'agir sera incomparable.
Car en craignant le Seigneur, tu feras tout bien. C'est cette crainte-là qu'il
te faut avoir, et tu seras sauvé. 2. Le diable, ne le crains pas. En craignant
le Seigneur, tu triompheras du diable, car il n'a pas de pouvoir. Et qui n'a
pas de pouvoir n'inspire pas de crainte. Mais celui dont le pouvoir est
renommé, (celui-là) se fait craindre. Car quiconque a du pouvoir inspire de la
crainte ; celui qui n'en a pas est méprisé de tous. 3. Crains les oeuvres du
diable, parce qu'elles sont mauvaises. Et en craignant le Seigneur, tu
craindras les oeuvres du diable et loin de les accomplir, tu les éviteras. 4.
Il y a deux sortes de crainte : si tu veux faire le mal, crains le Seigneur, et
tu ne le feras pas. Mais si tu veux faire le bien, crains (encore) le Seigneur,
et tu le feras". Tant la crainte du Seigneur est puissante, grande, glorieuse.
Crains donc le Seigneur et tu vivras pour lui. Et tous ceux qui le craindront
et observeront ses commandements, vivront pour Dieu. 5. - Pour. quoi, Seigneur,
dis-je, avez-vous dit (seulement) de ceux qui observent ses commandements :
" Ils vivront pour Dieu " ? - Parce que, dit-il, toute la création
craint le Seigneur, mais elle ne garde pas toute ses commandements Ce sont donc
ceux qui le craignent et qui gardent ces commandements qui vivent auprès de
Dieu. Mais ceux qui ne les gardent pas n'ont pas la vie en eux.
Précepte VIII
38.
1. Je t'ai dit,
reprit-il, que les créatures de Dieu sont de deux sortes ; la tempérance aussi
est de deux sortes. Car il est des choses dont il faut s'abstenir et des choses
dont il ne le faut pas. 2. ― Faites-moi connaître, Seigneur, dis-je,
ce dont je dois et ce dont je ne dois pas m'abstenir. ― Écoute,
dit-il. Abstiens-toi du mal et ne le fais pas ; mais ne t'abstiens pas du bien
: fais-le, au contraire. Car si tu t'abstiens de faire le bien, tu commets un
grand péché ; en revanche, si tu t'abstiens de faire le mal, tu commets un
grand acte de justice. Abstiens-toi donc de tout mal, et fais le bien. 3. ― Quels
sont, Seigneur, dis-je, les vices dont il faut nous abstenir ? ― Écoute,
dit-il : l'adultère, la fornication, les excès de boisson, la mollesse
coupable, les festins multipliés, le luxe que permet la richesse,
l'ostentation, l'orgueil, la jactance, le mensonge, la médisance, l'hypocrisie,
la rancune et tout méchant propos. 4. Voilà de loin les plus mauvaises actions
dans la vie des hommes De ces actions, le serviteur de Dieu doit s'abstenir ;
car celui qui ne s'en abstient pas ne peut vivre pour Dieu. Écoute donc les
vices qui s'ensuivent. 5. ― Il y a encore, Seigneur, dis-je, d'autres
mauvaises actions ? ― Et beaucoup, dit-il, dont le serviteur de Dieu
doit s'abstenir : le vol, le mensonge, la spoliation, le faux témoignage, la
cupidité, la passion mauvaise, la tromperie, la vaine gloire, la vantardise et
tous les vices semblables. 6. Ne te semble-t-il pas que tout cela est mal
? ― C'est très mal, dis-je, pour les serviteurs de Dieu. ― De
tout cela, il faut que le serviteur de Dieu s'abstienne. Abstiens-toi donc de
tout cela, afin de vivre pour Dieu et d'être inscrit avec ceux qui s'en
abstiennent. Voilà ce dont tu dois t'abstenir. 7. Ce dont il ne faut pas
s'abstenir, ce qu'il faut faire, le voici. Ne t'abstiens pas du bien, fais-le
au contraire. 8. ― Montrez-moi, Seigneur, dis-je, la puissance des
bonnes actions, pour que je suive leur voie, que je les serve afin de pouvoir
être sauvé en les accomplissant. ― Écoute, dit-il, les oeuvres du
bien qu'il te faut accomplir et non éviter. 9. En tout premier lieu, la foi, la
crainte du Seigneur, la charité, la concorde, la parole de justice, la vérité,
la résignation : il n'y a rien de meilleur dans la vie humaine. Si quelqu'un
les observe, loin de s'en abstenir, il est bienheureux dans sa vie. 10. Et
voici les suites de ces vertus : assister les veuves, visiter les orphelins et les
indigents, racheter de l'esclavage les serviteurs de Dieu, être hospitalier
(car dans l'hospitalité se rencontre parfois l'occasion de faire le bien), ne
s'opposer à personne, être calme, se faire l'inférieur de tout le monde,
honorer les vieillards, pratiquer la justice, garder la fraternité, supporter
la violence, être patient, n'avoir pas de rancune, consoler les âmes affligées,
ne pas rejeter ceux qui sont inquiets dans la foi, mais les convertir, leur
rendre du coeur, reprendre les pécheurs, ne pas accabler les débiteurs et les
indigents, et autres actions semblables. 11. Ne te semble-t-i-1 pas que ce
soient là de bonnes actions ? reprit-il. ― Qu'y a-t-il de mieux,
Seigneur ? ― dis-je. ― Marche donc dans cette voie, dit-il,
ne t'en abstiens pu et tu vivras pour Dieu. 12. Observe ce commandement ; si tu
fais le bien au lieu de t'en abstenir, tu vivras pour Dieu et tous vivront pour
Dieu, qui agiront ainsi. Et je le répète : si tu ne fais pas le mal, si tu t'en
abstiens, tu vivras pour Dieu et vivront pour Dieu tous ceux qui garderont ces
préceptes et marcheront dans leur voie. "
Précepte IX
39.
1. Il me dit : "
Enlève de toi le doute et n'hésite pas le moins du monde à demander quelque
chose à Dieu, ans te dire : " Comment pourrais-je demander quelque chose à
Dieu et l'obtenir, après avoir commis de si grands péchés à son égard ? "
2. Ne raisonne pas ainsi, mais plutôt, du fond du coeur, tourne-toi vers le
Seigneur (Jr 24, 7 ; Jl 2, 12) et prie-le avec confiance et tu connaîtras sa
grande miséricorde : il n'aura garde de t'abandonner ; au contraire, il
comblera la prière de ton âme. 3. Car Dieu n'est pas comme les hommes
rancuniers : il ne connaît pas la rancune et il a compassion de sa créature. 4.
Toi donc, purifie ton coeur de toutes les vanités de ce monde et de ce que je
t'ai dit auparavant ; prie le Seigneur et tu obtiendras tout ; aucune de tes
prières ne sera repoussée, si toutefois tu pries le Seigneur avec confiance. 5.
En revanche, si tu doutes en ton coeur, tu n'obtiendras rien de tes prières ;
car ceux qui doutent de Dieu sont des irrésolus et ils n'obtiennent rien de ce
qu'ils demandent. 6. Au contraire, ceux dont la foi est entière, demandent tout
avec pleine confiance dans le Seigneur (Ps 2, 13 ; etc.) et ils sont exaucés,
parce qu'ils prient avec foi, sans incertitude. Tout homme incertain, s'il ne
fait pénitence, sera bien difficilement sauvé. 7. Purifie donc ton coeur de
tout doute, te. vêts-toi de foi, car elle est forte ; aie confiance que Dieu
exaucera toutes tes prières. Et si un jour tu as demandé quelque chose au
Seigneur et qu'il tarde à te l'accorder, ne sois pas ébranlé de ce que la
prière de ton âme n'a pas été exaucée tout de suite : de toute façon, c'est en
vue d'une épreuve ou à cause d'une faute que tu ignores, que tu tardes à être
exaucé. 8. Ne cesse donc pas de demander ce que ton âme souhaite et tu
l'obtiendras. Mais si en priant, tu tombes dans le découragement et le doute,
n'accuse que toi et non celui qui te donne. 9. Vois ce doute : il est mauvais,
insensé, et il déracine de la foi bien des gens, même des gens très fidèles et
fermes, Car le doute est le fils du diable et il fait beaucoup de mal aux
serviteurs de Dieu. 10. Méprise donc le doute, triomphes-en en tout ;
revêts-toi dans ce but d'une foi ferme et puissante. C'est la foi qui promet
tout, qui accomplit tout ; le doute, (lui n'a même pas confiance en lui-même,
échoue dans tout ce qu'il entreprend. 11. Tu vois, dit-il, que la foi vient
d'en haut, du Seigneur, et qu'elle a grande puissance ; le doute, lui, n'est qu'un
esprit terrestre qui vient du diable ; il n'a aucune puissance. 12. Sers donc
la foi qui a la puissance, et éloigne-toi du doute, qui n'en a pas, et tu
vivras pour Dieu, et tous ceux qui pensent ainsi, vivront pour Dieu.
Précepte X
40. (1)
1. “Éloigne de toi,
dit-il, la tristesse, car elle est soeur du doute et de la colère. 2. ― Comment,
Seigneur, dis-je, est-elle leur soeur ? Il me semble que la colère est une
chose, le doute, une autre chose, et la tristesse, une autre encore. ― Tu
n'es pas un homme intelligent, dit-il ; ne comprends-tu pas que la tristesse
est le plus méchant de tous les esprits et le plus redoutable pour les
serviteurs de Dieu et que plus que tous les esprits, elle ruine l'homme, chasse
l'Esprit-Saint et puis le sauve (cf. 2 Co. 7, 10) ? 3. ― Il est vrai,
Seigneur, dis-je, je ne suis pas intelligent et je ne comprends pas ces
paraboles. je ne vois pas comment elle peut chasser, puis sauver. 4. ― Écoute,
dit-il Ceux qui n'ont jamais fait de recherche au sujet de la vérité, de la
divinité, qui se sont bornés à croire, enfoncés dans les affaires, la richesse,
les amitiés païennes et dans de nombreuses autres occupations de ce monde, tous
ceux qui ne vivent que pour cela ne peuvent comprendre les paraboles concernant
la divinité. Ces divertissements les obscurcissent, les perdent, et ils se
dessèchent. 5. Les bons vignobles, s'ils viennent à manquer de soins, sont
desséchés par les chardons et les herbes de toute espèce : de même, les hommes
qui ont embrassé la foi et qui se perdent dans ces multiples activités dont
j'ai parlé, s'égarent loin de leur bon sens et ne comprennent plus rien à la
justice : même lorsqu'on leur parle de la divinité et de la vérité, leur esprit
est tout à leurs affaires et ils ne comprennent rien. 6. Mais ceux qui craignent
Dieu, qui s'inquiètent de la divinité et de la vérité, qui tiennent leur coeur
(tourné) vers le Seigneur, ceux-là saisissant et comprennent plus vite tout ce
qu'on leur dit, car ils ont en eux la crainte du Seigneur (cf. Ps 111, 10 ; Pr
1, 7, etc.) ; là où habite le Seigneur, se trouve aussi la complète
intelligence. Attache-toi donc fermement au Seigneur et tu saisiras et
comprendras tout.
41. (2)
1. Écoute donc, dit-il,
esprit borné, comment la tristesse chasse l'Esprit-Saint et puis sauve (2 Co 7,
10). 2. Quand un hésitant entreprend une action et qu'il échoue à cause de son
hésitation, la tristesse s'insinue en lui et attriste l'Esprit-Saint et le
chasse. 3. Ensuite, lorsqu'à son tour la colère s'empare d'un homme à propos de
quoi que ce soit et l'aigrit, de nouveau la tristesse s'insinue dans le coeur
de l'homme qui s'est laissé aller à la colère ; il s'attriste sur ce qu'il a
fait et il se repent d'avoir fait le mal. 4. Donc, cette tristesse semble
apporter le salut, puisque celui qui a fait le mai s'est repenti. Ces deux
attitudes attristent l'esprit : le doute, parce qu'il échoue dans ce qu'il
entreprend, la colère, parce qu'elle fait le mal. Tous les deux, le doute et la
colère, sont affligeants pour l'Esprit-Saint. 5. Éloigne donc de toi la
tristesse et n'étouffe par l'Esprit-Saint (Ep 4, 30) qui habite en toi, de peur
qu'il ne prie Dieu contre toi et ne s'éloigne de toi. 6. Car l'Esprit de Dieu
qui a été donné à ta chair ne supporte ni la tristesse ni le manque d'espace.
42. (3)
1. "Revêts-toi donc
de la gaieté (Qo. 26, 4) qui plaît toujours à Dieu et qu'il accueille
favorablement : fais-en tes délices. Tout homme gai fait le bien, pense le bien
et méprise la tristesse. 2. L'homme triste fait toujours le mal. D'abord, il
fait le mal parce qu'il attriste l'Esprit-Saint donné joyeux à l'homme ;
ensuite, en attristant l'Esprit-Saint, il commet l'iniquité en ne priant pas le
Seigneur et en ne lui avouant pas ses péchés. Car jamais la prière de l'homme
triste n'a la force de monter à l'autel de Dieu. 3. ― Pourquoi,
dis-je, la prière d'un homme triste ne monte-t-elle pas à l'autel ? ― Parce
que, dit-il, la tristesse siège dans son coeur. Mêlée à la prière, la tristesse
ne lui permet pas de monter pure à l'autel. Le vinaigre et le vin, mêlés, n'ont
plus le même agrément : de même la tristesse, mêlée à l'Esprit-Saint, n'est pas
capable de la même prière ― 4. Purifie-toi donc de cette tristesse
mauvaise et tu vivra pour Dieu, et ils vivront pour Dieu, ceux qui rejetteront
loin d'eux la tristesse et se revêtiront de la seule joie."
Précepte XI
43
1. Il me montra des
hommes assis sur un banc et un autre homme assis dans une chaire. Et il me dit
: " Tu vois les gens assis sur le banc? - je vois, dis-je, Seigneur. -
Ceux-là, dit-il, sont fidèles, et celui qui est assis dans la chaire est un
faux prophète : il corrompt le jugement des serviteurs de Dieu, mais de ceux
qui doutent, non des fidèles. 2. Ceux qui doutent viennent à lui comme à un
devin et le questionnent sur leur avenir 81. Et ce faux prophète, sans avoir en
lui aucune puissance d'esprit divin, leur répond selon leurs questions et leurs
désirs du vice, et il remplit leurs âmes de ce qu'ils souhaitent. 3. Car étant
vain lui-même, il donne des réponses vaines à des hommes vains. Quelle que soit
la question, il répond selon la vanité de son interlocuteur. Il y ajoute
cependant quelque vérité, car le diable le remplit de son esprit, dans l'espoir
de briser quelque juste. 4. Or, ceux qui sont forts dans la foi du Seigneur,
revêtus de vérité, ne s'attachent pas à de tels esprits, mais se gardent d'eux
; ceux, en revanche, qui sont hésitants et qui constamment changent d'avis,
consultent les devins comme les gentils et se chargent du péché plus grand
encore de l'idolâtrie : en effet, celui qui questionne un faux prophète
sur quelque affaire, est idolâtre, vide de vérité et insensé. 5. Car tour
esprit donné par Dieu n'a pas besoin d'être questionné, mais possédant la
puissance de la divinité, il dit tout spontanément, puisqu'il vient d'en haut
(Jc 3, 15), de la puissance de l'Esprit divin. 6. Mais un esprit qu'on doit
questionner et qui parle selon les désirs des hommes, est terrestre et léger,
puisqu'il n'a pas de puissance ; et il ne dit mot, s'il n'est questionné.
7. ― Mais comment, Seigneur, dis-je, saura-t-on qui parmi eux est le
vrai et qui est le faux prophète ? ― Voici, dit-il, au sujet des deux
sortes de prophètes, et c'est d'après ce que je vais te dire que tu éprouveras
le vrai et le faux prophète. Éprouve l'homme qui détient l'Esprit divin d'après
sa vie ! 8. D'abord, celui qui détient l'Esprit divin venant d'en haut, est
doux, calme, modeste ; il s'abstient de tout mal, de tout vain désir de ce
monde ; il se fait l'inférieur de tous et ne répond à aucune question de qui
que ce soit ; il ne se parle pas en particulier et ce n'est pas lorsque l'homme
a envie de parler que parle l'Esprit-Saint : il parle lorsque Dieu veut qu'il
parle. 9. Quand donc l'homme qui détient l'Esprit divin entre dans une
assemblée d'hommes justes qui ont foi en l'Esprit divin, et que cette assemblée
fait une prière à Dieu, alors l'ange de l'Esprit prophétique qui est près de
lui remplit cet homme et celui-ci, rempli de l'Esprit-Saint, parle à la foule
comme le veut le Seigneur. 10. Voilà comment se manifestera l'Esprit de la divinité
; telle est la puissance du Seigneur sur l'Esprit de la divinité. 11. Écoute
maintenant, dit-il, ce qui concerne l'esprit terrestre, vain, sans puissance,
insensé. 12. D'abord, cet homme qui croit posséder l'Esprit s'exalte lui-même,
il veut obtenir le premier rang et le voilà tout de suite effronté, impudent,
bavard ; il se vautre dans de multiples raffinements et de multiples autres
illusions et il accepte des rémunérations pour ses prophéties ; s'il n'en
reçoit pas, il ne prophétise pas. Est-ce qu'un Esprit divin peur accepter un
salaire pour prophétiser ? Il n'est pas possible qu'un prophète de Dieu agisse
ainsi : l'esprit de tels prophètes est terrestre. 13. Ensuite, il n'approche
pas du tout d'une assemblée d'hommes justes : il les fuit. Il s'attache aux
hésitants pleins de vanité, c'est dans les coins qu'il leur fait des prophéties
et il les trompe en ne leur disant que des choses vaines, conformes à leurs
désirs : car c'est à des gens vains qu'il répond. Un pot vide ajouté à d'autres
pots vides ne se brise pas ; ils font (seulement) le même bruit. 14. Quand le
faux prophète entre dans une assemblée pleine d'hommes justes qui détiennent
l'Esprit de divinité, s'ils se mettent à prier, cet homme se vide et l'esprit
terrestre, pris par la peur, s'enfuit de lui et l'homme est atteint de mutisme,
et tout brisé, il ne peut plus parler. 15. Si tu serres à la réserve du vin ou
de l'huile et que tu mettes au milieu un pot vide, quand tu voudras débarrasser
la réserve, le pot que tu y as mis vide, tu le retrouveras vide. De même les
prophètes vides, quand ils reviennent parmi les esprits des justes, tels ils
sont venus, tels on les retrouve. 16. Voilà la vie des deux genres de
prophètes. Éprouve donc d'après ses actes et sa vie, l'homme qui se dit porteur
de l'Esprit. 17. Toi, aie confiance en l'Esprit qui vient de Dieu et qui a de
la puissance, mais n'aie pas du tout confiance en l'esprit terrestre et vide,
car il n'y a pas de puissance en lui : il vient du diable. 18. Écoute la
comparaison que je vais te faire. Prends une pierre et jette-la vers le ciel :
vois si tu peux l'atteindre ! Ou bien prends une seringue et lance un jet vers
le ciel : vois si tu peux percer le ciel! 19. - Comment, Seigneur, dis-je, cela
pourrait-il arriver ? Ce sont deux choses impossibles! - Autant elles sont
impossibles, dit-il, autant les esprits terrestres sont impuissants et débiles.
20. Prends donc la force qui vient d'en haut : la grêle est un très petit
grain, mais quand elle tombe sur la tête d'un homme, quel mal elle fait ! Ou
bien prends la goutte qui du toit tombe à terre et perce la pierre. 21. Tu vois
ainsi que les plus petites choses qui tombent d'en haut sur la terre ont une
grande force ; de même, l'esprit divin qui vient d'en haut est puissant".
Aie donc confiance en cet esprit et éloigne-toi de l'autre. "
Précepte XII
44. (1)
1. Il me dit :
" Écarte de toi tout désir mauvais ; revêts-toi du désir bon et saint. Car
revêtu de ce désir, tu haras le désir mauvais, tu lui mettras un frein comme tu
voudras, 2. Le désir mauvais est sauvage et bien difficile à apprivoiser. Il
est terrible et, par sa sauvagerie, il perd beaucoup d'hommes. Mais surtout le
serviteur de Dieu, s'il tombe dans ce désir et qu'il manque de discernement,
est perdu par lui d'horrible façon. Il provoque aussi la perte de ceux qui ne
sont pas revêtus du bon désir et qui se laissent ballotter par ce siècle.
Ceux-là, il les livre à la mort. 3. - Quelles sont, Seigneur, dis-je, les
oeuvres du mauvais désir qui livrent les hommes à la mort? Faites-les moi connaître,
pour que je m'en éloigne. - Écoute, dit-il, par quelles oeuvres le mauvais
désir fait mourir les serviteurs de Dieu.
45. (2)
1. “Avant tout autre, le
désir d'une autre femme, d'un autre homme, le luxe que permet la richesse, les
festins multipliés et vains, l'ivresse et les mille autre voluptés insensées ;
car toute volupté est insensée et vaine pour les serviteurs de Dieu. 2. Ces
désirs sont mauvais, ils tuent les serviteurs de Dieu, car ce désir mauvais est
fils du diable ; il faut donc s'abstenir des désirs mauvais, pour que, par
cette abstention, vous viviez pour Dieu. 3. Tous ceux qui sont dominés par eux
n'y résistent pas, mourront finalement : car ces désirs sont mortels. 4. Quant
à toi, revêts-toi du désir de justice et cuirassé de la crainte du Seigneur,
résiste-leur (Ep. 6, 13) ; car la crainte de Dieu habite dans le bon désir. Le
désir mauvais, s'il te voit cuirassé de la crainte de Dieu et offrant de la
résistance, fuira loin de toi (Jc 4, 7) et tu ne le verras plus : il craindra
tes armes. 5. Et toi, vainqueur et couronné pour sa défaite, va auprès du juste
désir, offre-lui le prix que tu as reçu et sers-le selon ses volontés. Si tu
sers le bon désir et te soumets à ses ordres, tu pourras triompher du mauvais
désir et lui commander comme tu voudras. "
46. (3)
1. "Je voudrais
savoir, Seigneur, dis-je, de quelle façon je dois servir le bon désir. ― Écoute,
dit-il. Pratique la justice (Ps 15, 2 ; Ac 10, 35) et la vertu, la vérité et la
crainte du Seigneur, la foi, la douceur et tout ce qui est semblable. En les
pratiquant, tu plairas au service de Dieu et tu vivras pour lui. Et quiconque
sera au service du bon désir, vivra pour Dieu." 2. Il avait achevé les
douze commandements et il me dit : "Tu possèdes maintenant ces
préceptes ; marche dans cette voie et exhorte ceux qui les entendront à faire
une pénitence purificatrice le reste des jours de leur vie. 3. Ce ministère
dont je te charge, remplis-le scrupuleusement : tu feras ainsi une grande
oeuvre. Car tu trouveras bon accueil auprès de ceux qui se disposent à faire
pénitence et ils croiront en tes paroles. Moi, je serai avec toi et je les
forcerai à te croire. " 4. Je lui dis : " Seigneur, ces préceptes
sont grands, beaux, glorieux et ils peuvent réjouir le coeur de l'homme (Ps 19,
9 ; 104, 15) qui sera capable de les observer. Mais je ne sais, Seigneur, si
ces préceptes peuvent être gardés par un homme, car ils sont très durs. "
5. En réponse, il me dit : " Si tu te mets en tête qu'ils peuvent être
gardés, tu les garderas facilement et ils ne seront pas durs ; mais si te monte
déjà au coeur l'idée qu'ils ne peuvent être gardés par un homme, tu ne les
garderas pas. 6. Mais je te l'affirme : si tu ne les gardes pas, si tu les
négliges, tu n'obtiendras pas le salut, ni tes enfants, ni ta maison, car tu te
condamnes toi-même par ton sentiment que ces préceptes ne peuvent être gardés
par un homme. "
47. (4)
1. Et il me dit cela
d'une façon si indignée que j'en fus tout bouleversé et qu'il me fit grand
peur. Son extérieur avait changé au point qu'un homme n'aurait pu soutenir sa
colère. 2. Me voyant tout troublé et bouleversé, il se mit à me parler d'une
façon plus posée et plus sereine ; il me dit : " (Homme) insensé,
inintelligent, hésitant, tu ne saisis pas combien la gloire de Dieu est grande
(Ps 21, 6 ; 57, 12 ; 108, 6 ; 113, 4), forte, admirable, qu'il a créé le monde
pour l'homme (Ps 8, 7), qu'il a soumis toute la création à l'homme, qu'il lui a
donné l'empire absolu sur tout ce qui est sous le ciel ? 3. Si donc, dit-il,
l'homme est seigneur de toutes les créatures de Dieu et qu'il les domine
toutes, ne peut-il pas aussi dominer ces préceptes ? Certes, dit-il, il peut
tout dominer, y compris ces préceptes, l'homme qui a le Seigneur dans son
coeur. 4. En revanche, pour ceux qui ne l'ont que sur le bout des lèvres, dont
le coeur endurci est loin de Dieu, ces préceptes sont durs et impraticables. 5.
Vous donc, les hommes vains et légers dans la foi, mettez le Seigneur dans
votre coeur et vous connaîtrez qu'il n'y a rien de plus facile que ces
préceptes, ni de plus doux, ni de plus humain. 6. Convertissez-vous, vous qui
suivez les préceptes du diable, préceptes difficiles, amers, brutaux,
impudiques, et ne craignez plus le diable, car il n'a aucun pouvoir contre
vous. 7. Moi, l'Ange de la pénitence qui triomphe du diable, je serai avec
vous. Il peut faire peur, le diable, mais cette peur manque de force. Ne le
craignez donc pas et il vous fuit "
SOURCE : http://JesusMarie.free.fr
SOURCE : http://nouvl.evangelisation.free.fr/hermas_le_pasteur_2.htm
Hermas
(First or second
century), author of the book called "The Shepherd" (Poimen, Pastor),
a work which had great authority in ancient times and was ranked with Holy
Scripture. Eusebius tells
us that it was publicly read in the churches, and that while some denied it to
be canonical, others "considered it most necessary". St.
Athanasius speaks of it, together with the Didache,
in connection with the deuterocanonical books of the Old
Testament, as uncanonical yet recommended by the ancients for the reading
of catechumens.
Elsewhere he calls it a most profitable book. Rufinus similarly says that the
ancients wished it to be read, but not to be used as an authority as to the
Faith. It is found with the Epistle of Barnabas at the end of the New
Testament in the great Siniatic Bible Aleph (fourth
century), and between the Acts
of the Apostles and the Acts of Paul in the stichometrical list of the
Codex Claromontanus. In accordance with this conflicting evidence, we find two
lines of opinion among the earlier Fathers. St.
Irenæus and Tertullian (in
his Catholic days)
cite the "Shepherd" as Scripture. Clement
of Alexandria constantly quotes it with reverence, and so does Origen,
who held that the author was the Hermas mentioned by St.
Paul, Romans
16:14. He says the work seems to him to be very useful, and Divinely
inspired; yet he repeatedly apologizes, when he has occasion to quote it, on
the ground that "many people despise it". Tertullian,
when a Montanist,
implies that Pope St. Callistus had quoted it as an authority (though evidently
not as Scripture), for he replies: "I would admit your argument, if the
writing of the Shepherd had deserved to be included in the Divine Instrument,
and if it were not judged by every council of the Churches, even of your own
Churches, among the apocryphal and false."
And again, he says that the Epistle of Barnabas is "more received among
the Churches than that apocryphal Shepherd"
(On
Pudicity 10 and 20). Tertullian was
no doubt right, that the book had been excluded at Rome from
the Bible Instrumentum,
but he is exaggerating in referring to "every council" and to a total
rejection, for the teaching of the "Pastor" was in direct
contradiction with his own rigid views as to penance. His earlier use of it is
paralleled by the Acts of Sts. Perpetua and Felicitas, before the end of the
second century, but there is no trace of it in St.
Cyprian, so that it would seem to have gone out of use in Africa during the
early decades of the third century. Somewhat later it is quoted by the author
of the pseudo-Cyprianic tract "Adv. aleatores" as "Scriptura
divina", but in St.
Jerome's day it was "almost unknown to the Latins".
Curiously, it went out of fashion in the East, so that the Greek manuscripts of
it are but two in number, whereas in the West it became better known and was
frequently copied in the Middle
Ages.
Contents
The book consists of five
visions, twelve mandates, or commandments, and ten similitudes, or parables. It
commences abruptly in the first person:
"He who brought me up sold me to a certain Rhoda, who was at Rome.
After many years I met her again, and began to love her
as a sister." As Hermas was on the road to Cumae, he had a vision of
Rhoda, who was presumably dead. She told him that she was his accuser in heaven,
on account of an unchaste thought he had once had concerning her, though only
in passing; he was to pray for
forgiveness for himself and all his house. He is consoled by a vision of
the Church in
the form of an aged woman,
weak and helpless from the sins of
the faithful,
who tells him to do penance and to correct the sins of
his children. Subsequently he sees her made younger through penance, yet
wrinkled and with white hair; then again, as quite young but still with white
hair — this is the Church of
the forgiven. Lastly, she shows herself all glorious as a Bride — this is
the Church of
the end of the days. In the second vision she gives Hermas a book, which she
afterwards takes back in order to add to it. He is to give this writing to
the presbyters,
who will read it to the people; another copy is for "Grapte", who
will communicate it to the widows;
and a third is to be sent by Clement to the foreign Churches, "for this is
his office". We see here the constitution of the Roman
Church: the presbyters set
over different parishes;
Grapte (no doubt a deaconess)
who is connected with the widows;
Clement, the pope,
who is the organ of communication between Rome and
the rest of the Church in
the second century is well known to us from other sources. The fifth vision,
which is represented as taking place twenty days after the fourth, introduces
"the Angel of repentance" in the guise of a shepherd, from whom the
whole work takes its name. He delivers to Hermas a series of precepts (mandata, entolai)
as to the belief in
one God,
simplicity, truthfulness, chastity, long-suffering, faith,
fear, continence, confidence, cheerfulness, humility,
good desires. These form an interesting development of early Christian ethics.
The only point which needs special mention is the assertion of a
husband's obligation to
take back an adulterous wife on her repentance. The eleventh mandate, on humility,
is concerned with false prophets who
desire to occupy the first seats (that is to say, among the presbyters).
It is possible that we have here a reference to Marcion,
who came to Rome about
142-4 and desired to be admitted among the priests (or
possibly even to become pope).
After the mandata come ten similitudes (parabolai) in the form of visions,
which are explained by the angel.
The longest of these (ix) is an elaboration of the parable of
the building of a tower, which had formed the matter of the third vision. The
tower is the Church,
and the stones of which it is built are the faithful.
But in Vis. iii it looked as though only the holy are a part of the Church;
in Sim. ix it is clearly pointed out that all the baptized are
included, though they may be cast out for grave sins,
and can be readmitted only after penance.
The whole book is thus
concerned with the Christian
virtues and their exercise. It is an ethical,
not a theological,
work. The intention is above all to preach repentance. A single chance of
restoration after fall is given to Christians,
and this opportunity is spoken of as something new, which had never been
clearly published before. The writer is pained by the sins of
the faithful and is sincerely anxious for their conversion and return to good works.
As a layman,
Hermas avoids dogma,
and, when incidentally it comes in, it is vague or incorrect. It has been
thought with some reason that he did not distinguish the Son from the Holy
Ghost, or that he held that the Holy Ghost became the Son by His Incarnation.
But his words are not clear, and his ideas on
the subject may have been rather misty and confused than definitely erroneous.
Authorship and date
It is not easy to decide
whether the writer has given us a genuine fragment of autobiography and a true account
of visions which he saw or imagined that he saw, or whether the entire work is
fictitious both in form and in setting. Three dates are suggested by the
variety of evidence available. The reference to St. Clement as pope would
give the date 89-99 for at least the first two visions. On the other hand, if
the writer is identified with the Hermas mentioned by St.
Paul, an earlier date becomes probable, unless he wrote as a very old man.
But three ancient witnesses, one of whom claims to be contemporary, declare
that he was the brother of Pope
St. Pius I, who was not earlier than 140-55. These three are (a) the Muratorian
fragment; (b) the Liberian catalogue of popes,
in a portion which dates from 235 (Hippolytus?);
(c) the poem of Pseudo-Tertullian against Marcion,
of the third or fourth century. (a) "Pastorem uero nuperrime temporibus
nostris in urbe Roma Herma conscripsit, sedente cathedra urbis Romae ecclesiae
Pio episcopo fratre ejus. Et ideo legi eum quidem oportet, se publicare uero in
ecclesia populo neque inter prophetas completos numero, neque inter apostolos
in fine temporum, potest" — "And very recently, in our own times, in
the city of Rome,
Herma wrote the Pastor, when his brother Pius,
the bishop,
sat upon the chair of the Church of
the city of Rome.
And therefore that [book] ought to be perused, but it cannot be publicly read
to the people assembled in church, neither among the Prophets, whose number is
complete, nor among the Apostles [who came] in the end of times." (b)
"Sub hujus [Pii] episcopatu frater ejus Ermes librum scripsit, in quo
mandatum continetur quae [quod] praecepit ei angelus, cum venit ad illum in
habitu Pastoris" — "Under his [Pius's]
episcopate, his brother Ermes wrote a book in which are contained the precepts which
the angel delivered
to him, coming to him in the guise of a Shepherd." (c) "Post hunc
deinde Pius, Hermas cui germine frater angelicus Pastor, quia tradita verba
locutus." — "Then, after him, Pius,
whose brother according to the flesh was Hermas, the angelic shepherd, because
he spoke the words given to him." The three authorities are probably
citing the same papal catalogue
(of Hegesippus?). As (c) quotes some details from this list which are absent
from (b), it would seem that he is independent of (b). (a) has added the
inference that the "Pastor" may be read publicly, provided it be not
numbered among the fourteen prophets,
nor among the Apostolic writings. The statement that Hermas wrote during his
brother's pontificate may similarly be an inference from the fact that it was in
a list of popes,
against the name of Pius,
that the writer found the information that Hermas was that pope's brother.
He may have been an elder brother of the pope,
who was probably an old man in 140. Hence it is quite possible that Hermas
might have been past thirty when Clement died, at the time of his first and
second visions. But because this is possible, it does not follow that it is
very probable.
Older critics unanimously
attributed the authorship to the Hermas of Rom., xvi, 14 — Bellarmine,
Cave, Le
Nourry, Rémi
Ceillier, Lardner, etc., with Baronius,
who strangely thought the same Hermas might have been brother to Pius
I. In the middle of the eighteenth century Mosheim and Schroeck preferred
the testimony of the Muratorian Canon, which was published in 1740; but Gallandi and Lumper adhered
to the earlier view. Zahn, in an early work (1868), stood by the references to
St. Clement and imagined a Hermas, neither known to St.
Paul nor brother to St.
Pius, but writing in the last decade of the first century. He was followed
by Peters and Caspari. But Hefele had been teaching that we cannot refuse the
contemporary witness of the Muratorian
Fragment, and this view has in the end prevailed amongst scholars, being
now almost universally received. The question remains how we are to explain the
mention of St. Clement. It was suggested above that Hermas may have been older
than his brother Pius.
But Harnack, holding that monepiscopacy was unknown in Rome until
Anicetus, the successor of Pius,
has no difficulty in holding that Clement really lived into the beginning of
the second century, and that Pius was
the most prominent among the priests at Rome even
before 140. He therefore dates part of Visio ii, the kernel of the whole,
before 110, and the final redaction not earlier than 135, nor later than 145.
It is indeed true that
the book itself describes the various parts as having been written down
successively, and the process may well have taken three or four years, but hardly
a decade or two. Perhaps the most probable view is that the historical data in
the book are fictitious; the author was really the brother of Pope
Pius, and wrote during his brother's pontificate. The evils of the Church in
his day which he describes are not impossible in the first century, but they
certainly suit the second better. There is a possible reference to Marcion's visit
to Rome about
142, and there is a probable reference to Gnostic theories
in Simil. viii, ix. The writer wished to be thought to belong to the preceding
generation — hence the name of Clement, the most famous of earlier popes,
instead of the name Pius.
We cannot even be sure that the writer's name was really Hermas. It is a
suitable name for a slave, being a shortened form of Hermogenes,
Hermodorous, or some such word. Dr. Rendel Harris has urged in an interesting
essay that where Hermas describes twelve mountains in Arcadia (Simil. ix, 1),
the description of the locality is taken from Pausanias. Dr. Armitage Robinson
thought that we must even suppose that Hermas knew the
place himself, and had been brought up in Arcadia. But all this is
inconclusive, though plausible. The notion of De Champagny (who was followed
by Dom
Guéranger), that the "Shepherd" is made up of two works, the one
(Vis. i-iv) by the disciple of St.
Paul, the remainder by the brother of Pope
Pius, is sufficiently refuted by the unity of style and matter, as
Baumgaertner has shown. The same is to be said of Hilgenfeld's opinion, that we
have before us a fusion of works by three authors. Spitta has brought into
patristic study the method he has applied to the Acts
of the Apostles and the Apocalypse, and he finds in Hermas traces of
a Christian enlargement
of a Jewish writing, as Voelter had said of the Apocalypse. It is natural that
Voelter should have approved this theory, but Spitta has not been followed by
patristic scholars. Haussleiter formerly attributed only Vis. v-Simil. x to the
brother of Pius,
regarding Vis. i-iv as an addition made at the end of the second century in
order to recommend the book as the work of Hermas, disciple of St.
Paul. But that personage is not even mentioned.
There is but one direct
quotation in the "Shepherd", and that is from the apocryphal book
of "Eldad and Modat, who prophesied to the people in the wilderness",
and the reference is apparently ironical. But there are many indirect citations
from the Old
Testament. According to Swete, Hermas never cites the Septuagint,
but he uses a version of Daniel akin to that of Theodotion. He shows
acquaintance with one or other of the Synoptic Gospels, and, since he also uses
that of St. John, he probably knew all
three. He appears to employ Ephesians and other Epistles, including perhaps I
Peter and Hebrews. But the books he most certainly and most often uses are the
Epistle of St. James and the Apocalypse. His matter is rather dull to us
moderns, and the simplicity of his manner has been characterized as childish.
But the admiration of Origen was
not given to a work without depth or value; and, even with regard to the style,
Westcott has reason to say ("On the Canon", pt. I, ch. ii): "The
beauty of the language and conception in many parts has never been sufficiently
appreciated. Much of it may be compared with the 'Pilgrim's Progress' and
higher praise than this cannot be given to a book of its kind." There is
indeed some resemblance between the intensity and directness of the
ancient Roman
Catholic and that of the persecuted Puritan,
however antipodean the antithesis between the individualism of
the one and the conception of a Universal Church which dominate the whole
thought of the other.
The "Shepherd"
was first printed in Latin by Faber
Stapulensis (Lefèvre d'Etaples) in "Liber trium virorum et trium
spiritualium virginum" (Paris, 1513); better edition by Fell (Oxford,
1685), and especially by Hilgenfeld (Leipzig, 1873), and von Gebhardt (Leipzig,
1877). This version, which is contained in many manuscripts,
and has been frequently reprinted in the editions of the Apostolic
Fathers, is known as the Vulgate.
It was certainly known to the author of the "Adversus aleatores"
(third or fourth cent.), and possibly to Tertullian,
and the translation was probably made in the second century. Another version is
contained in a single manuscript (Vat.
Palat. 150, saec. xiv), and has been printed by Dressel, "Patres
Apost." (Leipzig, 1857 and 1863), and von Gebhardt and Harnack
("Patres Apost.", Leipzig, 1877). It is of the fifth century, according
to Harnack, and the translator has used the Vulgate version
as an aid. Haussleiter's attempt to show that the Palatine is the older is
rejected by Harnack and Funk. An Ethiopic version
was discovered in 1847 by d'Abbadie;
it has unfortunately a few lacunae and accidental omissions. It seems to have
been made in the year 543. The Greek original was first known from a
fourteenth-century manuscript on Mount
Athos. The well-known forger Simonides
stole four of the leaves and copied the rest. But he sold to the library of
the University
of Leipzig a Greek version which he had composed himself. This was
published in 1856 by Rudolf Anger, with preface and index by Dindorf. The fraud was
soon discovered. The four leaves and Simonides' copy were procured by the library,
and the true readings
were published by Anger in the "Leipziger Repertorium der deutschen und
auslaendischen Literatur", III (1856), 138. Since then the six leaves
which remain on Mount
Athos have been collated by J. Armitage Robinson. The Codex
Sinaiticus discovered by Tischendorf and published by him in 1862,
contains the "Pastor", but in both manuscripts the
end is wanting. Two fragments of the book are found on a papyrus leaf from the
Fayoum, now at Berlin.
Sources
On the MSS. of the
Vulgate version, see HARNACK, Gesch., I, 51; DELEHAYE in Bull. crit., 1894,
p.14; EHRHARD, Altchristl. Litteratur, 104. The Palatine MS. has been
carefully collated by FUNK in Zeitschr. fuer die oesterreich. Gymn., XXXVI
(1885), 245. On the date and style of the Palatine version. HAUSSLEITER, De
versionibus Pastoris Hermae latinis (Erlangen, 1884); IDEM in Z. fuer
wiss. Theol., XXXVI (1883), 345. For the Ethiopic version, see D'ALBADIE and
DILLMAN, Hermae Pastor, with Latin translation, in Abhandlungen fuer die
Kunde des Morgenlandes, II (Leipzig, 1860), 1. The true Greek text appeared
first in DRESSEL, Patres Apostolici (Leipzig, 1857 and 1863), and has
been frequently republished in similar collections, as by HILGENFELD (1866 and
1881), GEBHARDT, and HARNACK (1877-); LIGHTFOOT and HARMER with English
translation (1891), FUNK (1901). On the Athos MS., LAMBROS and ROBINSON, A
Collation of the Athos Codex of the Shepherd (Cambridge, 1888); HILGENFELD
in Z. Weiss. Theol., XXXII (1889), 94. The Berlin Papyrus is given in
facsimile by WILCKEN, Tafeln zur aelteren griechischen Palaeogr. (Leipzig,
1891); a citation is found in a papyrus in GRENFELL and HUNT, The
Oxyrhynchus papyri, I (London, 1898), 8. On both papyri see DIELS and HARNACK
in Sitzungsber. der K. preussischen Akad. der Wiss. (Berlin, 1891),
p. 427, and EHRHARD in Theolog. Quartalschrift, LXXIV (1892), 294.
The literature dealing
with Hermas is very large, and only a selection is here mentioned. The best
introduction and notes, in Latin, are by FUNK, Patres Appostolici, I (Tuebingen,
1901). An excellent summary account by BARDENHEWER, Gesch. der altkirchl.
Litt., I (Freiburg im Br., 1902), 557-578; see also HARNACK, Gesch.
der altchr. Litt., I, 49, and Chronol., I, 257; KRUGER (who dates the book
c. 100), Gesch. der altchr. Litt. (1895), 29; ZAHN, Der Hirt des
Hermas untersucht (Gotha, 1868); IDEM, Gesch. des N.T. Kanons, I
(1888), 326; NIRSCHL, Der Hirt des Hermas (Passau, 1879);
BRUELL, Der H. des H. (Freiburg im Br., 1882); RENDEL HARRIS, Hermas
in Arcadia in Journal of Soc. of Bibl. Lit. and Exeg. (1887, and
reprinted, Cambridge, 1888). On Hermas's use of the N.T. see the works of
WESTCOTT, ZAHN, GREGORY, etc. on the Canon; and C. TAYLOR, The witness of
Hermas to the four Gospels (London, 1892); IDEM, Hermas and the Cebes (an
attempt to show that Hermas has used the pinakes of the Stoic
philosopher Cebes) in Journal of Philo., XXVIII (1900), 276. On the plural
authorship, DE CHAMPAGNY. Les Antonins, I (Paris, 1863); SPITTA, Zur
Gesch. und Litt. des Urchristentums, II (Goettingen, 1896); VOELTER, Die
Visionen des Hermas, die Sibylle, und Klemens von Rom (Berlin, 1900). For
the unity, LINK, Die Einheit des Hermasbuches (Freiburg im Br.,
1889); FUNK in Theol. Quartalschr., LXXXI (1899), 321; STAHL, Patrische
Untersuchungen (Berlin, 1901-), gives the date as 165-70, after the
appearance of Montanism; REVILLE, La valeur du témoignage historique du
Pasteur d'Hermas (Paris, 1900). On the theology of the Shepherd,
LINK, Christi Person und Werk im Hirten des Hermas (Marburg, 1886);
BENIGNI in Bessarione, VI (1899); HEURTIER, Le dogme de la Trinité dans
l'épitre de S. Clém. et le Pasteur d'H. (Lyons, 1900). Further
bibliography in RICHARDSON, Synopsis; CHEVALIER, Répertoire, and
BARDENHEWER, loc. cit.
Chapman, John.
"Hermas." The Catholic Encyclopedia. Vol. 7. New York: Robert
Appleton Company, 1910. 9 May 2015
<http://www.newadvent.org/cathen/07268b.htm>.
Transcription. This article was transcribed for New Advent by Don Ross.
Ecclesiastical approbation. Nihil
Obstat. June 1, 1910. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John
Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2021 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/07268b.htm
Hermas of Rome B (RM)
1st century. Hermas is
mentioned by Saint Paul (Romans 16:14) and, according to some, is the probable
author of The Shepherd, one of the earliest Christian works. Personally, I find
this unlikely, since the author was the reputed brother of Pope Pius who
reigned 140 to 155 AD, and The Shepherd is normally dated to that period. Some
conclude from the contents that The Shepherd was written prior to the beginning
of persecutions by Domitian, i.e., before AD 95; most believe that it was
written in reaction to the false prophets of the Montanists, placing its
composition about 142. Regardless of when it was written, it was one of the
most influential works of the post-Apostolic period. The title comes from the
appearance of the angel who's utterances the author professes to record. He
assigns to each of us a guardian angel and a tempting devil. He recommends
prayers, almsdeeds, and other good works on fast days; mentions a state of
continence with approbation; and says that penance, which is followed by
frequent relapses, is generally fruitless. A Greek tradition says that Saint
Hermas was bishop of Philippi and a martyr (Benedictines, Gill,
Husenbeth).
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0509.shtml
May 9
St. Hermas
HE was a Christian of
distinction in Rome, whom St. Paul salutes. 1 Origen
believes him to have been the author of the book entitled Pastor, and certain
modern writers fall in with this conjecture. But that seems rather to have been
the work of a later Hermas. Some, indeed, with Tillemont, Ceillier, &c.
conclude from the contents, that it was compiled before the persecution of Domitian
in 95: but Du Guet, 2 and
others think it was only written about the year 142, against the Montanists and
their false prophets. It is quoted by St. Clement of Alexandria, Origen,
Tertullian, Eusebius, St. Jerom, &c. It is divided into three books; the
first contains revelations; the second precepts; and the third similitudes,
which resemble the revelations of the first. The author entitles his work
Pastor, or the Shepherd, from the angel his monitor, who assumed the appearance
of a shepherd, and whose dictates he professes to write. He assigns to every
one not only an angel guardian, but also a devil who is his tempter; he
recommends prayers, alms-deeds, and other good works on fast days: mentions a
state of continency with approbation; says that penance, which is followed by
frequent relapses, is generally fruitless. Bishop Wake published an English
translation of this work, together with the epistles of St. Clemens, St.
Barnabas, St. Ignatius, and St. Polycarp, in 1693, and republished the same in
1710.
Note 1. Rom. xvi.
14. [back]
Note 2. Diss.
1. [back]
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume V: May. The Lives of the Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/5/092.html
Giants of the Spiritual
Life: Hermas
Jeff Ziegler
From the Mar/Apr 2007
Issue of Lay Witness Magazine
From Aquileia in
northeastern Italy came the 10th pope, St. Pius I, who governed the Church from
140 to 155 and defended the deposit of faith against the errors of Valentinus
and Marcion. The former was an influential Gnostic who denied the humanity of Christ;
the latter held that the God of the New Testament differed from the God of the
Old.
St. Pius I is also
remembered for having a remarkable brother. In the newest edition of the Roman
Martyrology, the official liturgical book that lists all of the saints and
blesseds, one of the 13 commemorations of July 11 reads:
At Rome, the
commemoration of Pope St. Pius I, the brother of Hermas, the author of the work
entitled Shepherd. Pius himself was a good shepherd who guarded the
Church for 15 years.[1]
Hermas, the pope’s
brother, was a former slave who had once been owned by a Roman woman named
Rhode. Described as “patient and temperate, and always smiling”—a man “who
keeps himself from all wicked desire, and is full of all simplicity, and of
great guilelessness”—he was a devout layman who prayed and fasted much. He also
had a sharp-tongued wife and unruly sons.
Many years after he was
freed, he saw Rhode again and thought to himself, “I should be a happy man if I
could but get a wife as handsome and good as she is.” It was not a lascivious
thought, for he recalled, “This was the only thought that passed through me:
this and nothing more.”
Rhode later appeared to
Hermas in a dream. She rebuked him for the wickedness of his thought, warned
him that wicked thoughts bring eternal death, and offered words of
encouragement: “Pray to God, and He will heal your sins, and the sins of your
whole house, and of all the saints.”
Thus begins the Shepherd
of Hermas (also known as the Pastor of Hermas), a collection of 5
visions, 12 commandments (or mandates), and 10 similitudes (or parables) that
merits a slow, careful, and prayerful reading—perhaps even with a sketchbook in
hand, on account of the power of its images.[2] In the bibliographic essay with
which his magisterial Spiritual Life begins, Fr. Adolphe Tanquerey
pays tribute to Hermas for “describ[ing] at length the conditions for true
penance.” Nearly 19 centuries after it was written, the Shepherd shines
a searching light into our souls, forces us to confront sins and vices of which
we had not been aware, and moves us to live more penitently and wisely, for
“repentance is great wisdom,” as the text says in one place.
After speaking with
Rhode, the saddened Hermas is granted a vision of a majestic old woman, who
tells him, “It is a wicked and horrible wish in an all-chaste and already
well-tried spirit to desire an evil deed; and especially for Hermas so to do.”
But God, she says, is not angry with him for this sin, but for his lax
parenting:
Although you love your
sons, yet did you not warn your house, but permitted them to be terribly
corrupted. On this account is the Lord angry with you, but He will heal all the
evils which have been done in your house. For, on account of their sins and
iniquities, you have been destroyed by the affairs of this world. . . . As a
smith hammers out his work, and accomplishes whatever he wishes, so shall
righteous daily speech overcome all iniquity. Cease not therefore to admonish
your sons. . . . Behave like a man, Hermas.
In the third and most
important vision, the old woman (a symbol of the Church) appears to him again
and describes the construction of a magnificent stone tower upon the waters.[3]
The tower, she explains, is the Church; the waters, baptism; the men who carry
stones to it, the angels.
“Like living stones be
yourselves built into a spiritual house,” St. Peter exhorts (1 Pet. 2:5). The
third vision of the Shepherd of Hermas beckons us to look upon
humanity in a new light, to see individuals as stones who ultimately will
either become part of the great tower of the heavenly Church or be rejected on
account of their serious sins. The description of the different types of stones
leads one to marvel at the great diversity within the one Church;[4] the
description, too, of the stones’ various flaws leads one to ask, “What sins
must be removed from my life through penance before I can become a fit stone
for the tower?”
Seven women support the
tower: Faith, Self-restraint, Simplicity, Guilelessness, Chastity, Intelligence,
and Love.[5] “Whoever devotes himself to these,” exhorts the old woman, “and is
able to hold fast by their works, shall have his dwelling in the tower with the
saints of God.” In the fifth vision, the Shepherd—the angel of repentance—
appears to Hermas. As Hermas’ guide for the rest of the text, the Shepherd
gives him the commandments and similitudes.
The Shepherd’s 12
commandments are a road map, as it were, of the spiritual life. Belief in God
the Creator is the foundation: “First of all, believe that there is one God who
created and finished all things, and made all things out of nothing . . . Have
faith therefore in Him, and fear Him; and fearing Him, exercise self-control.”
Second, “be simple and guileless, and you will be as the children who know not
the wickedness that ruins the life of men . . .
speak evil of no one, nor
listen with pleasure to any one who speaks evil of another . . . Give to all.”
Third, “love the truth, and let nothing but truth proceed from your mouth.”
At this point, the devout
Hermas weeps bitterly, “because, sir, I never spoke a true word in my life, but
have ever spoken cunningly to all, and have affirmed a lie for the truth to
all; and no one ever contradicted me, but credit was given to my word.” The
Shepherd then comforts him and assures him that repentance is possible.
The Shepherd’s fourth
commandment, too, is poignant. After the Shepherd exhorts, “Guard your
chastity, and let no thought enter your heart of another man’s wife, or of
fornication, or of similar iniquities . . . but if you always remember your own
wife, you will never sin,” Hermas asks for advice when one’s Christian wife
commits adultery.
In the next four
commandments, the Shepherd warns Hermas to cultivate patience and resist anger;
to trust the suggestions of the good angel, and shun those of the angel of
iniquity; to fear the Lord, but not the devil; and to restrain oneself from
evil, and not from good. The Shepherd’s list of interior and exterior deeds
emphasizes acts of self-denial (for instance, “being quiet” and “having fewer
needs than all men”) and mercy (for instance, “helping widows” and “encouraging
those who are sick in soul”). In the final four commandments, the Shepherd
urges Hermas to trust in the Lord and shun doubt; to remove grief, “the sister
of doubt and anger,” and cultivate cheerfulness; to distinguish false prophets
from true ones; and to put away evil desire while serving good desire. “If you
return to the Lord with all your heart,” the angel concludes, “and practice
righteousness the rest of your days, and serve [God] according to His will, He
will heal your former sins.”
The Shepherd of
Hermas concludes with 10 similitudes, or parables. In outlining the
differences between the city of God and the city of man, the first similitude
foreshadows St. Augustine’s City of God. The second portrays the
differences between the rich and the poor; the lesson of the third is that
“this life is a winter to the righteous.” The fourth anticipates St. Thérèse’s
little way: “In the performance even of a single action a man
can serve the Lord.” The
fifth promises Hermas glory, honor, and joy when he follows God’s will and goes
beyond what the commandments require, while the sixth warns against luxury.[6]
The seventh discusses the role of affliction in the life of the sinner.
The similitudes culminate
in the longer allegories of the branches and the building of the tower; the
latter recalls and deepens the imagery of the vision of the tower. The stones
for the tower come from 12 mountains that symbolize 12 types of men—from
apostates to those who are like “infant children, in whose hearts no evil
originates; nor did they know what wickedness is, but always remained as
children.”
God “calls together all
men, scattered and divided by sin, into the unity of his family, the Church” (Catechism
of the Catholic Church, no. 1). Hermas drives home the truth that every
human being will spend eternity either as part of the heavenly Church or as a
castaway stone. For us to become stones fit for this heavenly structure, Hermas
reminds us that much repentance is necessary, and in doing so he shines a
particularly penetrating light on our sins and vices.
“Do good works,
therefore, you who have received good from the Lord,” the Shepherd concludes;
“lest, while you delay to do them, the building of the tower be finished, and
you be rejected from the edifice: There is now no other tower being built.”
Jeff Ziegler, a member of
CUF’s board of directors writes frequently for Lay Witness and other
Catholic publications and is the former editor-in-chief of Emmaus Road
Publishing. He and his wife, Laura, have two daughters.
[1] A literal translation
of the text of the Martyrologium Romanum (2004 edition) would read,
“At Rome, the commemoration of Pope St. Pius I, who, the brother of that
Hermas, the author of the work for which the title is Shepherd, also
himself a good shepherd guarded the Church for 15 years.” The text of the 2001
edition for St. Pius I is identical; neither the 2001 edition nor the 2004
edition has been promulgated in English. The previous 1956 edition, which was
published in English in 1962, does not include any mention of Hermas in its
description of St. Pius I.
[2] The most widely
diffused translation, from which I quote in this article (while modernizing
some words and Americanizing the spelling of others), isFathers of the Second
Century: Hermas, Tatian, Athenagoras, Theophilus, and Clement of
Alexandria, vol. 2, Ante- Nicene Fathers: The Writings of the Fathers
Down to AD 325, ed. Alexander Roberts and James Donaldson, rev. A.
Cleveland Coxe (1885); it is available on many websites, including http://www.newadvent.org/fathers.
J. B. Lightfoot’s
translation is available
online at http://www.earlychristianwritings.com/text/shepherd-lightfoot.html.
The Loeb Classical Library includes a volume, originally published in 1913,
with the original Greek and an English translation on facing pages.
[3] “She was created
first of all. On this account is she old. And for her sake was the world made.”
[4] Cf. Catechism of
the Catholic Church, no. 814.
[5] Lightfoot’s
translation renders the Greek words as “Faith, Continence, Simplicity,
Guilelessness, Reverence, Knowledge, and Love.”
[6] In the fifth
similitude, Hermas appears to make the materially heterodox statement that
Jesus is the incarnation of Holy Spirit. The Catholic Encyclopedia comments,
“As a layman, Hermas avoids dogma, and, when incidentally it comes in, it is
vague or incorrect. It has been thought with some reason that he did not
distinguish the Son from the Holy Ghost, or that he held that the Holy Ghost
became the Son by His Incarnation. But his words are not clear, and his ideas
on the subject may have been rather misty and confused than definitely
erroneous.” See John Chapman, “Hermas,” Catholic Encyclopedia (1910), http://www.newadvent.org.
It is possible, however, that Hermas is merely expressing something akin to
what Pope Benedict XVI would teach 19 centuries later in his general audience
of November 15, 2006: “St. Paul spoke directly of the ‘Spirit of Christ’ (Rom
8:9), of the ‘Spirit of [H]is Son’ (cf. Gal 4:6), or of the ‘Spirit of Jesus
Christ’ (Phil 1:19). It is as though he wanted to say that not only is God the
Father visible in the Son (cf. Jn 14:9), but that the Spirit of God also
expresses Himself in the life and action of the Crucified and Risen Lord!” This
audience is available online at http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi.
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Witness Archive, March/April
2007 by Jeff
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Le Pasteur d’HERMAS : http://catho.org/9.php?d=cpi
http://www.croixsens.net/livres/hermas.php
http://www.biblicalaudio.com/hermas.html
Voir aussi : R.
Joly. La doctrine pénitentielle du Pasteur d'Hermas et l'exégèse
récente http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1955_num_147_1_7194
S. Salaville. Le «
Pasteur » d'Hermas et la « Divine Comédie » de Dante : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_1146-9447_1921_num_20_124_4295