Saint Césaire de Nazianze
Confesseur (+ 369)
Frère cadet de saint
Grégoire de Nazianze, il le suivit dans les grands centres culturels
de son époque où il apprit, avec succès, les mathématiques, l'astronomie, la
philosophie, donnant toutefois préférence à la médecine. Nommé médecin du
palais impérial à Constantinople, il fut l'un des rares chrétiens à ne pas
avoir été exilé par Julien l'Apostat. Sous le règne de Valens, il fut nommé
questeur des finances publiques à Nicée. Ce n'est que plus tard qu'il demandera
le Baptême, rendant son âme à Dieu quelque temps plus tard. Son frère, saint
Grégoire le théologien, prononcera son éloge funèbre, dont nous avons encore le
texte dans la Patrologie grecque.
À Nazianze en Cappadoce, l’an
369, saint Césaire, médecin, frère de saint Grégoire. Il fut intendant de
Bithynie et mourut peu après son baptême, faisant des pauvres ses héritiers.
Martyrologe romain
SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/6084/Saint-Cesaire-de-Nazianze.html
Saint Césaire de
Nazianze
Frère de saint Grégoire
le théologien
Fête le 25 février
† 369
Autre graphie :
Césaire ou Cézaire
Frère de saint Grégoire
de Naziance et fils de l’évêque Grégoire de Nazianze l’Ancien, il se fit une
brillante réputation de médecin à Constantinople et défendit ardemment sa foi
contre Julien l’Apostat. Après la mort de ce dernier, il fut intendant de Bithynie ;
il vécut ensuite en reclus pour ne plus songer qu’à son salut. Saint Césaire de
Nazianze est fêté en Orient le 9 mars.
SOURCE : http://www.martyretsaint.com/cesaire-de-nazianze/
GRÉGOIRE DE NAZIANZE
EN L'HONNEUR DE CÉSAIRE
SON FRÈRE
DISCOURS FUNÈBRE
I. Vous croyez de moi
peut-être, amis, frères, pères, douces choses et doux noms, que c'est pour
répandre des plaintes et des gémissements sur celui qui s'en est allé, que je
m'empresse d'entreprendre ce discours, ou bien pour m'étendre en des discours longs
et ornés, qui font l'agrément de la foule. [2] Et vous voilà préparés, les uns
à partager mon deuil et mes plaintes, afin dans mon malheur de pleurer vos
propres malheurs, vous tous qui avez quelque chose de semblable, et de tromper
votre douleur grâce aux malheurs d'un ami ; les autres, à vous repaître
l'oreille et goûter quelque plaisir : [3] il faudrait que nous fissions étalage
même de notre infortune, ainsi que nous en usions jadis, au temps où nous
étions trop attaché aux choses de la matière et désireux notamment de la gloire
de l'éloquence, avant que nous n'eussions élevé les yeux vers le Verbe de
vérité, le très haut, et donné tout à Dieu de qui tout vient, pour recevoir
Dieu en échange de tout. [4] Point du tout, ne pensez pas cela de moi, si vous
voulez penser sainement. Nous ne donnerons point à celui qui est parti plus de
larmes qu'il ne convient, n'admettant même point chez les autres les choses de
ce genre, et dans l'éloge non plus, nous ne dépasserons la mesure. Pourtant un
présent cher et très approprié, s'il en est un, pour l'homme éloquent, c'est un
discours, et pour celui qui aima singulièrement mes discours, c'est l'éloge;
[5] même ce n'est pas seulement un présent, c'est aussi une dette, la plus
juste de toutes les dettes. Mais nous paierons suffisamment tribut à l'usage
qui règle ces choses et par nos larmes et par nos éloges, — et ceci n'est même
pas étranger à notre philosophie, car « la mémoire des justes sera accompagnée
de louanges » (Prov., X, 7), et : « Sur le mort, est-il dit, verse des
larmes, et comme un homme qui souffre des choses dures, commence à gémir »
(Eccl., XXXVIII, 16), pour nous préserver également de l'insensibilité et
de l'excès. [6] Puis après cela, nous montrerons la faiblesse de la nature
humaine, nous rappellerons la dignité de l'âme, nous ajouterons la consolation
qui est due aux affligés, et nous ferons passer le chagrin, de la chair et des
choses temporelles, aux choses spirituelles et éternelles.
II. Césaire eut — pour
commencer par où il est le plus expédient pour nous — des parents que tous vous
connaissez, et dont la vertu, que vous voyez et dont vous entendez parler, fait
et votre envie et votre admiration, est pour vous un sujet de récits auprès de
ceux qui l'ignorent, si toutefois il en est, — chacun de vous s'attachant à
quelque détail particulier, puisque l'ensemble n'est pas à la portée du même
homme ni l'œuvre d'une seule langue, malgré tout l'effort et tout le zèle qu'on
y pourrait apporter. [2] Entre les titres nombreux et considérables qu'ils ont
à l'éloge (à moins qu'on ne trouve excessive mon admiration pour ma maison), il
en est un, le plus grand de tous, qui est en outre comme une marque
distinctive, la piété ; je parle des vénérables têtes blanches que vous voyez,
non moins respectables par la vertu que par la vieillesse, dont le corps est
fatigué par le temps, mais dont l'âme est jeune pour Dieu.
III. Le père, de
l'olivier sauvage greffé avec succès sur l'olivier franc et associé à sa
graisse (Rom., XI, 17 suiv.), au point qu'on le chargea de greffer autrui
et qu'on lui confia la culture des âmes, haut et présidant hautement à ce
peuple, est un second Aaron ou Moïse, qui mérita d'approcher de Dieu et de
dispenser la voix divine à ceux qui se tiennent à distance, doux, sans colère,
la sérénité sur le visage, la chaleur dans l'âme, abondant en biens apparents,
plus riche en biens cachés. [2] Pourquoi vous dépeindrions-nous ce qui vous est
connu? Non, nous aurions beau nous étendre en un long discours ; nous ne
pourrions établir de proportion entre ce qu'il mérite, ce que chacun sait et
attend, et ce discours. Et mieux vaut s'en remettre à la pensée que de mutiler
par la parole la plus grande partie de cette merveille.
IV. La mère, dès
longtemps et depuis des générations consacrée à Dieu ; et comme un héritage
nécessaire, non seulement sur elle-même mais aussi sur ses enfants, faisant
descendre la piété, « vraie masse sainte formée de saintes prémices »
(Rom., XI, 16), qu'elle augmenta et accrut si bien que certains (je le
dirai, si audacieux que soit ce propos) croient et disent que
la perfection même de son mari n'a pas été l'œuvre d'un autre, et que, ô
prodige! comme prix de sa piété, il lui fut donné une plus grande et plus
parfaite piété.
[2] Aimant leurs enfants
tous deux et aimant le Christ, chose des plus extraordinaires, ou plutôt aimant
le Christ plus qu'aimant leurs enfants, puisque de leurs enfants ils n'avaient
qu'une seule jouissance, celle de les voir tirer du Christ et leur renom et
leur nom, et que leur bonheur en enfants n'eut qu'une règle, la vertu et
l'union avec le bien. [3] D'entrailles miséricordieuses, compatissants,
soustrayant la plupart de leurs biens aux vers, aux voleurs et au dominateur du
monde, de l'exil émigrant vers la demeure, et pour héritage très grand à leurs
enfants thésaurisant la gloire qui leur venait de là. [4] Oui, c'est de la
sorte aussi qu'ils ont marché à grands pas vers une grasse vieillesse (Od.,
XIX, 367), égaux en vertu et en âge, pleins de jours (Gen., XXV, 8), aussi
bien de ceux qui demeurent que de ceux qui passent ; privés chacun du premier
rang sur terre dans la mesure où ils s'interdisaient mutuellement la
prééminence ; et ils ont rempli la mesure du bonheur complet, sauf à la fin ce
qu'il faut nommer, suivant l'idée qu'on s'en peut faire, soit une épreuve soit
une grâce de la Providence. [5] Et cela veut dire, d'après moi, qu'ayant envoyé
devant eux celui de leurs enfants que l'âge exposait le plus à tomber, ils
peuvent désormais finir leur vie en sécurité et se transporter là-haut avec
toute leur maison.
V. Et si j'ai donné ces
détails, ce n'est point que je désire les louer, ni que j'ignore qu'on
atteindrait difficilement à leur mérite, même en consacrant à leur éloge toute
la matière d'un discours; mais j'ai voulu montrer que la vertu était pour Césaire
une obligation de famille, et que vous ne devez pas trouver étonnant ou
incroyable qu'avec de tels parents il se soit rendu digne de telles louanges;
et que vous le devriez au contraire, s'il eût jeté les yeux sur d'autres, pour
négliger les exemples domestiques et proches.
[2] Ses débuts furent
donc tels qu'il convient aux hommes réellement bien nés et qui doivent bien
vivre. Mais, sans parler des avantages vulgaires, sa beauté, sa taille, la
grâce du héros en toutes choses, et cette eurythmie quasi musicale, — car il ne
nous appartient même pas déjuger de pareilles choses, encore qu'elles
n'apparaissent pas sans importance aux autres, — je vais en arriver à la suite
du discours et aux points que, en dépit même de mes désirs, je ne puis
facilement négliger.
VI. Nourris et élevés
dans de tels principes, et suffisamment exercés dans les sciences d'ici, où on
vit Césaire par une promptitude et une élévation naturelle plus qu'on ne
saurait dire surpasser le plus grand nombre (ah! comment ne pas verser des
larmes en repassant ces souvenirs? comment empêcher la douleur d'infliger un
démenti à ma philosophie, contrairement à ma promesse?), [2] quand le moment de
nous expatrier fut venu, ce fut aussi pour l'un et l'autre le temps de la
première séparation; car moi je m'arrêtai dans les écoles de Palestine,
florissantes à cette époque, par amour de la rhétorique, et lui alla occuper la
ville d'Alexandre qui était et passait pour être, alors comme aujourd'hui, le
laboratoire de toutes variétés de sciences.
[3] Quelle est la
première ou la plus grande à rappeler des qualités de celui-là? que puis-je
omettre sans causer à mon discours son plus grand préjudice? qui fut plus que
lui fidèle à ses maîtres? qui fut plus cher à ceux de son âge? qui évita
davantage la société et la fréquentation des méchants? qui rechercha davantage
celle des meilleurs, et en particulier ceux de ses compatriotes les plus
distingués et les mieux connus? persuadé que s'il y a une chose aussi qui n'est
pas d'une mince influence sur la vertu ou le vice, ce sont les liaisons. [4] En
conséquence, qui fut plus que lui estimé des magistrats? et qui, dans toute la
ville, où cependant à cause de son immensité tous demeurent ignorés, fut plus
connu pour sa sagesse ou plus fameux pour son intelligence?
VII. Quel genre n'a-t-il
pas abordé dans la science? ou plutôt abordé comme un autre ne le fait même pas
pour une seule branche? à qui a-t-il permis d'approcher de lui, même un peu, je
ne dis pas parmi ses camarades et ceux de son âge, mais même parmi de plus âgés
et de plus anciens dans l'étude,— exercé dans toutes les parties comme on l'est
dans une seule, et dans chacune comme s'il l'eût cultivée à la place de toutes,
surpassant ceux qui sont prompts de nature par son assiduité, et ceux qui sont
généreux au travail par la pénétration de son intelligence, ou plutôt
l'emportant en promptitude sur les esprits prompts et en application sur les
laborieux, et sur ceux qui se distinguent par ces deux qualités, par l'une et
par l'autre?
[2] En géométrie et en astronomie,
dans la science dangereuse pour les autres, il ramassait tout ce qu'elle a
d'utile, c'est-à-dire que l'harmonie et l'ordre des choses célestes lui faisait
admirer le Créateur ; et il évitait tout ce qu'elle a de nuisible, n'attribuant
pas au cours des astres ce qui est et ce qui arrive, comme ceux qui dressent la
créature, leur compagne d'esclavage, en face du Créateur, mais à Dieu, en même
temps que tout le reste, comme il est juste, rapportant aussi leurs mouvements.
[3] Quant aux nombres, aux calculs et, dans l'admirable médecine, à toute cette
partie qui étudie les natures, les constitutions et les principes des maladies,
afin, en même temps qu'on enlève les racines, de supprimer aussi les rejetons,
qui eût été assez ignorant ou jaloux pour lui attribuer la seconde place et ne
pas se tenir pour satisfait d'être compté immédiatement après lui, et d'occuper
en second la première place? [4] Ce ne sont point là des paroles sans
témoignages : les contrées tout ensemble de l'orient et du couchant, et toutes
celles que celui-là parcourut plus tard, sont des stèles commémoratives de son
savoir.
VIII. Quand après avoir
amassé, comme un grand navire des marchandises de tous pays, toutes les vertus
et toutes les sciences dans sa seule âme, il repartit pour sa ville, afin de
faire participer les autres à sa belle cargaison de science, il se produisit
alors un fait merveilleux ; et il n'est rien de tel — car il y a pour moi entre
tous du charme dans ce souvenir, et il pourra vous faire quelque plaisir — que de
le rapporter brièvement.
[2] Notre mère formait un
vœu digne d'une mère et de l'amour qu'elle a pour ses enfants : c'était, comme
elle nous avait vus partir tous deux, de nous voir aussi revenir ensemble
; car nous paraissions, sinon aux autres, du moins à notre mère, un couple
digne qu'on souhaitât d'en avoir le spectacle, quand nous étions vus l'un avec
l'autre ; et le voilà aujourd'hui misérablement séparé par l'envie. [3] Dieu en
ayant ainsi disposé, lui qui entend une juste prière et honore l'amour des
parents pour des enfants vertueux, sans aucune préméditation ni entente, l'un
venant d'Alexandrie, l'autre de la Grèce, dans le même temps dans la même ville
nous descendîmes, l'un par terre, l'autre par mer. [4] Cette ville était
Byzance, aujourd'hui la capitale de l'Europe. Là, Césaire, avant qu'il fût
longtemps, acquit assez de gloire pour que des honneurs publics, un
mariage illustre, une place dans l'assemblée du Sénat lui fussent offerts,
et pour qu'une ambassade fût envoyée vers le grand empereur en vertu d'un
décret public : afin que la première ville eût le premier des savants pour
ornement et pour gloire, s'il avait à cœur qu'elle fût réellement la première
et digne de son nom, [5] et pour qu'elle pût ajouter à tous les récits dont
elle était l'objet l'orgueil de compter Césaire au nombre et de ses médecins et
de ses habitants, bien que, avec ses autres illustrations, elle fût riche en
hommes, grands aussi bien dans la philosophie que dans le reste de la science.
[6] Mais c'est assez sur
ce sujet. A ce moment, l'événement sembla aux autres une coïncidence étrange et
fortuite, comme le hasard en comporte beaucoup dans nos affaires ; mais aux
personnes pieuses, il apparut 'très clairement que cette conjoncture n'était
rien d'autre que le fait de parents pieux, réunissant leurs enfants par terre
et par mer, et rien que pour voir leurs souhaits accomplis.
IX. Voyons! gardons-nous
aussi d'omettre une des belles actions de Césaire, que les autres peut-être
trouvent petite et même indigne de mémoire, mais qui, à mes yeux, paraissait à
cette époque et paraît encore aujourd'hui très grande, — si toutefois l'amour
fraternel est une chose louable, — et que je ne cesserai de placer en première
ligne, chaque fois que j'aurai à passer en revue ses actions.
[2] La ville voulait le
retenir par les honneurs dont j'ai parlé et, quoi qu'il arrivât, protestait
qu'elle ne le lâcherait point ; mais je tirai en sens contraire et je réussis,
moi qui, en toutes circonstances, eus une grande place dans l'estime de
Césaire, à satisfaire les parents dans leur vœu, la patrie dans une dette,
moi-même dans mon désir. [3] Je le pris pour associé de ma route et compagnon
de voyage, et je me vis préférer non seulement à des villes et à des peuples, à
des honneurs et à des richesses, qui, en grand nombre et de tous côtés, ou bien
affluaient vers lui ou bien se laissaient espérer, mais presque à l'empereur
lui-même et aux ordres partis de là.
[4] Dès lors je résolus
de vivre en philosophe et de me conformer à la vie d'en-haut, après avoir,
comme un lourd despote et une pénible maladie, secoué toute ambition ; ou
plutôt le désir était ancien, la vie vint plus lard. [5] Pour lui, quand il eut
consacré les prémices de sa science à sa patrie, et excité une admiration digne
de ses travaux, après cela un désir de gloire, de se faire le protecteur de la
ville, comme il me le persuadait le livre à la cour, fait qui n'était pas
précisément pour me plaire, ni à mon gré, — car je dirai pour m'excuser auprès
de vous qu'une place quelconque auprès de Dieu est meilleure et plus haute que
le premier rang auprès du roi d'ici-bas ; — pourtant il ne méritait pas de
blâme. [6] En effet, vivre en philosophe, si c'est une chose très grande, c'est
aussi par là même une chose très difficile ; l'entreprise n'est pas à la portée
d'un grand nombre, mais seulement de ceux qui sont appelés par la grande
intelligence divine qui prête une main opportune aux élus. [7] D'autre part, ce
n'est pas peu de chose, quand on s'est proposé la seconde vie, de participer à
la vertu ; de faire plus d'estime de Dieu et de son propre salut que de l'éclat
d'en bas ; de considérer cet éclat comme un théâtre ou un masque des choses
vulgaires et éphémères pour jouer la comédie de ce monde, tandis que soi-même
on vit pour Dieu, avec l'image qu'on sait avoir reçue de lui et devoir à celui
qui l'a donnée : réflexions auxquelles nous savons avec certitude que Césaire
s'est livré.
X. D'une part, il occupe
le premier rang parmi les médecins, sans avoir besoin de beaucoup
d'effort, et en se bornant à montrer son savoir, ou plutôt une sorte de
court préliminaire de son savoir ; et aussitôt compté au nombre des amis de
l'empereur, il recueille les plus grands honneurs. [2] Mais d'autre part il
offre gratuitement aux magistrats la charité de son art, persuadé qu'il n'y a
rien comme la vertu et le renom que donnent les plus belles actions pour
pousser en avant. Ceux à qui il était inférieur par le rang, il les surpassait
de beaucoup par la réputation ; aimé de tous pour sa réserve, et à cause de
cela se voyant confier les objets précieux, sans qu'il eût besoin du serment
d'Hippocrate, si bien que la simplicité de Cratès n'était rien, en regard de la
sienne ; [3] entouré par tous d'un respect qui dépassait sa dignité ; toujours
estimé digne de sa grande fortune présente, et jugé digne de la fortune plus
grande qui se laissait espérer, aux yeux des empereurs eux-mêmes et de tous
ceux qui tiennent la première place après eux. [4] Et le plus important, c'est
que ni la réputation ni les plaisirs qui étaient à sa portée ne corrompirent la
noblesse de son âme ; mais entre les titres nombreux et considérables qui lui
appartenaient, le premier dans son estime, c'était d'être chrétien et de porter
le nom de chrétien, et tous les biens ensemble n'étaient pour lui qu'enfantillage
et bagatelle auprès de ce seul bien-là. [5] Le reste n'était que jeux destinés
à autrui et sur une sorte de théâtre bien vite dressé et disparu, plus facile
peut-être à détruire qu'à édifier, comme on peut voir par les nombreuses
vicissitudes de la vie et par les alternatives de hauts et de bas de la
prospérité ; il n'y avait qu'un bien qu'on possède en propre, et qui reste
sûrement, la piété.
XI. Voilà quelle était la
philosophie de Césaire, même sous la chlamide; voilà dans quelles pensées il vécut
et s'en alla, manifestant sous le regard de Dieu une piété plus grande que
celle qui paraissait en public, la piété de l'homme caché
(I Petr., III, 4). [2] Et s'il faut que je laisse tout de côté : la
protection accordée à ceux de sa famille qui avaient eu des revers, son mépris
du faste, son égalité pour ses amis, sa franchise avec les magistrats, et en
faveur de la vérité les luttes et les discours sans nombre où il s'engagea bien
des fois et contre bien des hommes, non seulement avec sa raison, mais encore
avec toute l'ardeur de sa piété, — il y a un trait que je vais raconter pour
les remplacer tous, c'est ce qu'il y a de plus notable chez lui. [3] Il
déchaînait sa rage contre nous, l'empereur au nom odieux. Sa fureur avait
débuté contre lui-même, et sa renonciation au Christ l'avait déjà rendu
insupportable aux autres. Il n'apportait même pas la même grandeur d'âme que le
reste des ennemis du Christ à se faire inscrire dans l'impiété, mais il
escamotait le persécuteur sous une apparence de modération ; et semblable au
serpent tortueux qui posséda son âme, il usait de toutes sortes de manœuvres
pour entraîner les malheureux dans son propre abîme. [4] Son début dans
l'artifice et la ruse, ce fut, ceux qui souffraient comme chrétiens, de les
punir comme malfaiteurs, pour nous priver même de la gloire des combats; car il
enviait jusqu'à cela aux chrétiens, le brave. Le second, ce fut qu'on donna à
ce qui se faisait le nom de persuasion et non celui de tyrannie, afin qu'il y
eût plus de honte que de danger pour ceux qui passeraient de leur plein gré du
côté de l'impiété. [5] Attirant les uns par des richesses, les autres par des
dignités, d'autres par des promesses, d'autres par des honneurs de tout genre
qu'il n'offrait même pas en roi, mais en pur esclave, aux yeux de tous, tous
enfin parla magie des discours et par son propre exemple, il en arrive, après
bien des hommes, à tenter même Césaire. Hélas! quel égarement et quelle folie,
s'il espérait dans un Césaire, dans mon frère, dans le fils des parents que
vous savez, trouver une proie!
XII. Mais je veux
insister un peu sur ce trait, je veux jouir du récit, comme ceux qui étaient
présents jouirent du spectacle. Il s'avançait le héros, armé du signe du
Christ, ayant le grand Verbe pour se protéger contre un adversaire riche en
armes, grand par l'habileté de l'éloquence. [2] Mais sans se sentir frappé
devant ce spectacle, sans que la flatterie lui fît rien rabattre de son
orgueil, il était prêt en athlète à lutter par la parole et par l'action contre
un homme puissant dans l'une et dans l'autre. [3] Telle était l'arène, et tel
le champion de la piété. Et comme agonothète, il y avait d'une part le Christ,
armant son athlète de ses propres souffrances, de l'autre un tyran redoutable,
caressant par l'affabilité de ses paroles et épouvantant par l'immensité de sa
puissance ; [4] pour spectateurs, d'un côté et de l'autre, ceux qui restaient
encore à la piété et ceux qui s'étaient laissé entraîner par lui, attentifs à
regarder de quel côté pencherait leur sort et plus inquiets de connaître le
vainqueur que ceux qu'entouraient les spectateurs.
XIII. Ne crains-tu pas
pour Césaire, qu'il n'ait des sentiments indignes de son courage? «
Rassurez-vous ». La victoire est avec le Christ, qui a vaincu le monde
(Jo., XVI, 33). Pour rapporter par le détail ce qui, à ce moment, fut dit
et mis en avant, aujourd'hui, sachez-le bien, je donnerais tout. Car il y a des
artifices et des subtilités de raisonnement qu'on trouve dans la discussion et
que je ne me rappelle pas sans plaisir; mais ce serait tout à fait étrangère la
circonstance et au discours. [2] Lorsque, après avoir réfuté toutes ses
arguties de langage, et repoussé toutes ses attaques ouvertes ou cachées, comme
un jeu, il eut d'une voix haute et éclatante proclamé qu'il était et demeurait
chrétien, même alors il ne se voit pas congédier définitivement. [3] Car
l'empereur avait un violent désir de garder contact avec la science de Césaire
et de s'en faire une parure. C'est alors aussi qu'il fit entendre aux oreilles
de tous la parole bien connue : « O heureux père! ô malheureux enfants! », car
il daigna nous honorer aussi en nous associant à l'outrage, nous dont il avait
connu à Athènes et la science et la piété. [4] Et mis en réserve pour une
seconde entrée, après que la justice eut armé à propos celui-là contre les
Perses, Césaire revient vers nous, exilé bienheureux, triomphateur non
sanglant, plus illustre par sa disgrâce que par sa splendeur.
XIV. Pour moi cette
victoire, auprès de la grande puissance de celui-là, de sa pourpre sublime et
de son somptueux diadème, est à mon jugement de beaucoup plus sublime et plus
honorable ; je me sens plus fier de ce récit, que s'il eût partagé avec
celui-là tout l'empire.
[2] Il cède donc à la
malignité des temps, et cela conformément à notre loi qui ordonne, quand le
moment est venu, de braver le danger pour la vérité et de ne point trahir
lâchement la piété ; mais, tant que cela est possible, de ne point provoquer
les périls (Matth., X, 23), soit par crainte pour nos âmes, soit par
ménagement pour ceux qui suscitent le péril. [3] Mais quand les ténèbres furent
dissipées, que la terre étrangère eut rendu un juste arrêt, que le glaive eut
étincelé pour abattre l'impie, que le pouvoir fut revenu aux chrétiens, faut-il
dire avec quelle gloire et quel honneur, quels témoignages et combien nombreux
et avec l'air d'accorder une grâce plutôt que d'en recevoir, il est de nouveau
repris par le palais et voit une faveur nouvelle succéder à la première? [4]
Les empereurs changèrent par le temps, mais Césaire jouit sans interruption de
la bonne estime et de la première place auprès d'eux ; et il y eut une
émulation entre les empereurs à celui qui s'attacherait davantage Césaire et de
qui il pourrait plutôt porter le nom d'ami et de familier. Telle fut pour
Césaire la piété, et les fruits de la piété. Qu’ils entendent, les jeunes
gens et les hommes; et que parla même vertu, ils se hâtent d'arriver à la même
illustration — car le fruit des bonnes œuvres est glorieux (Sap., III,
15), — tous ceux qui ont une telle fortune à cœur et la considèrent comme un
élément du bonheur.
XV. Mais quelle est donc
encore, entre les merveilles qui le concernent, celle où tout ensemble la piété
de ses parents et la sienne reçoivent une éclatante démonstration? Il vivait en
Bithynie, et remplissait une charge non vulgaire au nom de l'empereur. Elle consistait
à percevoir l'argent pour l'empereur et avoir la surveillance du trésor ; c'est
par là que l'empereur prélude pour lui à de plus hautes dignités. [2] Lors du
tremblement de terre survenu récemment à Nicée, qui fut, dit-on, le plus
terrible qu'il y eût de mémoire d'homme, et faillit surprendre en masse et
faire disparaître tous les habitants en même temps que la beauté de la ville,
seul des personnages de marque, ou en très rare compagnie, il échappe au danger
et d'une manière invraisemblable, puisqu'il trouva un abri dans l'écroulement
même et n'emporta du péril que des traces légères, assez pour puiser dans les
leçons de la peur l'idée d'un salut plus grand, pour se consacrer tout entier à
la région d'en-haut, pour transporter sa milice hors des choses agitées et
changer de cour. [3] Voilà quelle était sa pensée, et l'objet pour lui-même de
son ardent souhait, comme ses lettres me le persuadaient; car j'avais saisi
cette occasion pour l'avertir, ce que même en d'autres circonstances j'avais
fait sans relâche, voyant avec peine cette noble nature s'agiter dans la
médiocrité, une âme à ce point philosophe se débattre dans les affaires
publiques, et pour ainsi dire, un soleil voilé par un nuage.
[4] Il l'emporta sur le
tremblement de terre, mais non plus sur la maladie, car il était homme. L'une
de ces choses lui fut particulière, l'autre lui fut commune avec les autres ;
l'une fut l'œuvre de sa piété, l'autre de sa nature. Et la consolation avait
précédé la douleur, afin qu'ébranlés par sa mort nous pussions être fiers du
miracle de son salut dans cette circonstance. [5] Et maintenant, le grand
Césaire nous a été conservé, cendre vénérable ; mort loué ; accompagné d'hymnes
succédant aux hymnes ; porté en procession aux autels des martyrs ; honoré par
des mains pures de parents, la robe brillante d'une mère qui substitue la piété
à la douleur, des larmes vaincues par la philosophie, des psalmodies qui
endorment les chants de deuil ; et du néophyte, que l'Esprit a renouvelé par
l'eau, recueillant les dignes récompenses.
XVI. C'est là pour toi, ô
Césaire, le présent funèbre qui te vient de moi ; ce sont là les prémices de
mes paroles, que tu m'as reproché souvent de tenir cachées et que tu devais
faire éclater sur toi-même ; c’est la parure qui te vient de moi, et c'est pour
toi la plus chère, je le sais bien, de toutes les parures. [2] Ce ne sont pas
des étoffes de soie flottantes et moelleuses, où même pendant ta vie tu ne
prenais point plaisir, à la façon du grand nombre, content d'avoir la vertu
pour ornement; ni des tissus de lin transparent ni des parfums de prix
répandus, que tu abandonnais aux gynécées, même autrefois, et dont une seule
journée dissipe la bonne odeur; ni aucune autre de ces petites choses, chères
aux petites âmes, et que recouvrirait toutes aujourd'hui cette pierre amère,
avec ton beau corps. [3] Loin de moi les combats et les fables des Grecs,
par lesquels on honorait de malheureux éphèbes en proposant à de misérables
combats des prix misérables; et toutes ces choses, libations et prémices,
bandelettes et fleurs nouvelles par lesquelles ils rendent leurs hommages aux
hommes qui s'en sont allés en se faisant les esclaves d'une coutume des
ancêtres et d’une douleur qui ne raisonne pas, plutôt que de la raison. [4] Mon
présent c'est un discours, qui peut-être sera accueilli par le temps futur dans
un mouvement sans fin, qui ne laissera point périr tout à fait celui qui a
émigré d'ici, mais conservera éternellement aux oreilles et aux âmes celui que
nous honorons, et présentera plus vivement que des tableaux l'image de celui
que nous regrettons.
XVII. Telles sont donc
les choses qui viennent de nous. Si elles sont médiocres et inférieures à ton
mérite, ce que l'on fait selon ses forces, n'en est pas moins agréable à Dieu.
Les unes, nous les avons données, les autres, nous les donnerons en apportant
les honneurs et les souvenirs annuels, nous qui restons dans cette vie, [2]
Mais toi, puisses-tu entrer dans les cieux, divine et sainte tête! puisses-tu,
dans le sein d'Abraham (Luc, XVI, 22), quel qu'il soit, prendre ton repos
; puisses-tu voir la danse des anges, la gloire et la splendeur des hommes
bienheureux! [3] Ou plutôt puisses-tu t'associer à leur chant et à leur
allégresse, et mépriser d'en haut toutes les choses d'ici, ce qu'on nomme les richesses,
les dignités abjectes, les honneurs mensongers, l'égarement causé par les sens,
les agitations de cette vie, cette confusion et cette ignorance comparables à
un combat dans la nuit : debout à côté du grand roi et inondé de la lumière de
là-bas. [4] Nous n'en recevons ici qu'un faible rayonnement, seulement pour
pouvoir nous la représenter dans des miroirs et des énigmes
(I Cor., XIII, 12). Mais puissions-nous après cela arriver à la
source même du beau, contempler avec un pur esprit la vérité dans sa pureté ;
puissions-nous trouver, en récompense des efforts tentés ici en vue du beau, la
possession et la contemplation du beau plus parfaite là-bas! Car c'est là ce
terme de notre initiation que les livres et les esprits inspirés de Dieu
prophétisent.
XVIII. Que reste-t-il
encore? apporter les soins de la parole à ceux qui sont affligés. Il est grand,
pour ceux qui sont dans le deuil, le remède qui vient d'une douleur partagée;
et ceux qui ont la même part au malheur peuvent davantage pour consoler la souffrance.
Ce discours donc vise tout particulièrement ceux qui sont dans ce cas, pour qui
je rougirais si, de même que dans toutes les autres vertus, ils ne tenaient pas
le premier rang dans la patience. [2] Car s'ils aiment leurs enfants plus que
tous, plus que tous aussi ils aiment la sagesse et ils aiment le Christ ; et le
départ d'ici, il y a bien longtemps qu'ils s'y sont accoutumés eux-mêmes et
qu'ils en ont instruit leurs enfants, ou plutôt ils ont fait de leur vie tout
entière une préparation à la délivrance. [3] Mais si encore la douleur
obscurcit la raison, et semblable à une chassie qui s'insinue dans l'œil,
empêche de distinguer clairement le devoir, allons, recevez une consolation,
vieillards, du jeune homme ; parents, de votre fils ; de celui qui devrait
recevoir les avertissements de personnes de cet âge, vous qui avez averti
nombre de gens, et à qui de longues années ont accumulé l'expérience. N'ayez
nul étonnement, si jeune homme j'avertis des vieillards ; c'est encore votre
fait, si je puis mieux voir qu'une tête blanche.
[4] Combien de temps
vivrons-nous encore, ô têtes blanches vénérées et proches de Dieu? Combien de
temps souffrirons-nous ici? Même dans son ensemble, la vie des hommes n'est pas
longue, à la comparer à la nature divine et immortelle ; à plus forte raison le
reste de la vie, la dissolution pour ainsi dire du souffle humain, et les
derniers moments de cette vie d'un temps. De combien Césaire nous a-t-il
devancés? Combien de temps encore pleurerons-nous son départ? N'allons-nous pas
à grands pas vers la même demeure? [5] Ne devons-nous pas sous la même pierre
pénétrer dans un moment? Ne serons-nous pas la même cendre dans peu de temps?
Gagnerons-nous autre chose, dans ces courtes journées, que des maux, de plus,
ou à voir ou à souffrir, peut-être même à faire, avant de payer à la loi de la
nature le tribut commun et immuable? de partir après les uns, de partir avant
les autres, de pleurer ceux-ci, d'être pleures par ceux-là, et de recevoir des
uns en échange la contribution de larmes dont nous aurons fait l'avance à
d'autres?
XIX. Telle est notre vie,
frères, à nous qui vivons de la vie temporelle ; telle est le mime du monde :
ne pas exister et naître, naître et mourir. Nous ne sommes qu'un songe
inconsistant (Job, XX, 8), un fantôme insaisissable, un vol d'oiseau
qui passe, un vaisseau sur la mer ne laissant point de trace, une cendre, une
vapeur, une rosée matinale, une fleur qui naît en un moment et qui meurt en un
moment (Sap., V, 10, 12 ; Osée., XIII, 3). [2] « L'homme, ses
jours sont comme l'herbe ; comme la fleur du champ, ainsi il fleurira »
(Ps., CII, 15). Il a bien, le divin David, médité sur notre faiblesse. Et
de nouveau dans ces paroles : « Fais-moi connaître le petit nombre de mes jours
» (Ps., XXXVIII, 5); et il définit les jours de l'homme une mesure de
palme (Ps., XXXVIII, 6). Et que diras-tu à Jérémie qui va jusqu'à
reprocher à sa mère son enfantement (xv, 10) à cause de ses souffrances, et
cela au sujet de fautes d'autrui? [3] « J'ai tout vu, dit l'Ecclésiaste (I, 14
suiv., passim) ; j'ai parcouru par la pensée toutes les choses humaines,
la richesse, le plaisir, la puissance, la gloire qui ne dure pas, la sagesse
qui fuit plus qu'elle ne se laisse prendre, encore le plaisir, la sagesse
encore, par des retours fréquents aux mêmes objets, les plaisirs du ventre, les
jardins, une multitude de domestiques, une multitude de possessions, des
verseurs de vin et des verseuses de vin, des chanteurs et des chanteuses, des
armes, des satellites, des peuples qui se prosternent, des tributs amassés, le
faste de la royauté, toutes les superfluités de la vie, tout le nécessaire, par
quoi je me suis élevé au-dessus des rois mes prédécesseurs ; et quoi, après
tout cela? [4] Tout est vanité des vanités, l'ensemble est vanité et préjugé de
l'esprit (Eccl., I, 14), c'est-à-dire un élan irréfléchi de l'âme et un
égarement de l'homme, punition peut-être à la suite de l'ancienne chute. Mais
écoute, pour finir, le résumé de la Parole : « Crains Dieu »
(Eccl., XII, 43). C'est là qu'il s'arrête dans ses perplexités, et c'est
le seul gain qui te puisse venir de la vie d'ici, de trouver une direction,
dans le désordre des choses visibles et troublées, vers les choses stables et
non agitées.
XX. Donc, ne pleurons pas
sur Césaire, puisque nous savons de quels maux il a été affranchi ; mais
pleurons sur nous-mêmes, à l'idée de ceux auxquels nous avons été réservés et
des trésors de maux que nous amasserons, si nous ne nous attachons pas
sincèrement à Dieu, si nous ne laissons pas de côté les choses qui passent à
côté de nous pour nous hâter vers la vie d'en-haut, dès notre séjour sur la
terre quittant la terre et suivant sincèrement l'esprit qui nous porte vers les
choses d'en-haut : [2] pensées pénibles aux petites âmes, et légères aux
cœurs virils. Mais réfléchissons comme ceci. Césaire ne donnera pas
d'ordres, mais il n'aura pas non plus d'ordres à recevoir d'autrui. Il ne fera
trembler personne ; mais il n'aura plus à craindre la tyrannie d'un maître,
souvent indigne même qu'on lui commande. [3] Il n'amassera pas de richesses ; mais
aussi il n'aura pas d'envie à redouter, il ne perdra point son âme à amasser
injustement ni à s'efforcer sans cesse d'ajouter à ses biens autant qu'il en a
acquis. Car telle est la maladie de la richesse qu'elle ne met point de terme à
ses désirs croissants, et qu'au contraire, c'est dans la boisson qu'elle voit
toujours le remède à la soif. [4] Il ne fera pas étalage de discours, mais il y
aura des discours pour le proposer à l'admiration. Il ne méditera pas les
écrits d'Hippocrate, de Galien et de leurs adversaires, mais il n'aura pas non
plus à souffrir de la maladie en puisant des chagrins personnels dans des
malheurs d'autrui. Il n'expliquera pas les œuvres d'Euclide, de Ptolémée et
d'Héron ; mais il ne souffrira pas non plus de l'enflure des ignorants. [5] Il
ne se parera point des idées de Platon, d'Aristote, de Pyrrhon, d'un Démocrite,
d'un Héraclite, d'un Anaxagore, d'un Cléanthe, d'un Épicure et de je ne sais
quels personnages de l'auguste Portique et de l'Académie ; mais il n'aura pas
davantage à se préoccuper de la façon de réfuter leurs sophismes.
[6] Qu'ai-je besoin de
faire mention du reste? Mais du moins les objets précieux et désirables aux
yeux de tous? Il n'aura pas de femme, pas d'enfants? Mais il n'aura pas non
plus à les pleurer ou à être pleuré par eux, en laissant à d'autres ou en
restant un monument d'infortune. [7] Il ne recevra pas de biens par héritage ;
mais il aura les plus opportuns des héritiers, ceux qu'il a désirés lui-même,
afin de s'en aller d'ici riche, emportant tout avec soi. 0 la libéralité! ô la
consolation nouvelle! ô la grandeur d'âme de ceux qui se donnent! [8] Elle a
été entendue, cette promesse digne de toute audience, et la douleur d'une mère
se dissipe grâce à ce bel et saint engagement, de donner tout à son fils, la
fortune qui est à lui comme un présent funéraire en l'honneur de lui, et de ne
rien laisser à ceux qui l'attendaient.
XXI. N'est-ce pas encore
suffisant comme consolation? Je vais recourir au remède supérieur. Je crois à
ces paroles des sages, que toute âme bonne et pieuse, lorsqu'elle s'est
détachée des liens du corps pour s'éloigner d'ici, entre immédiatement dans la
perception et la vision du bien qui l'attend — puisque des ténèbres qui
l'obscurcissaient, elle s'est purifiée, ou débarrassée, ou je ne sais comment
dire — ; [2] et qu'alors elle jouit d'un plaisir indicible, qu'elle est fière
et s'avance joyeuse vers son Seigneur; après s'être, comme d'une prison
odieuse, échappée de la vie d'ici et débarrassée des entraves qui l'environnent
et appesantissent l'aile de sa pensée, et qu'elle goûte, comme elle faisait
déjà par l'imagination, la félicité mise en réserve. [3] Et peu de temps après,
elle .reprend cette chair, sa sœur, avec qui elle méditait sur les choses de
là-bas, à la terre qui l'avait donnée et qui l'avait reçue en dépôt, — d'une
façon que connaît, le Dieu qui les unit et qui les sépara —, et elle l'associe
à l'héritage de la gloire de là-bas; [4] et de même qu'elle avait participé à
ses souffrances à cause de son union avec elle, elle la fait aussi participer à
son bonheur, en se l'assimilant tout entière, ne faisant qu'un avec elle,
esprit, intelligence, dieu, la vie ayant absorbé le mortel et le périssable.
[5] Écoute donc les considérations que fait sur la réunion des os et des nerfs
le divin Ezéchiel. (XXXVIII, 3, suiv.); celles que fait après lui le divin Paul
sur la maison terrestre et sur l'habitation qui n'est point faite de main
d'homme (II Cor., V, 1, ), l’une destinée à se dissoudre, l'autre en
réserve dans les cieux ; et lorsqu'il affirme qu'aller loin du corps c’est
aller vers le Seigneur, qu'il déplore cette vie avec lui comme un exil, et que
pour ce motif il aspire ardemment après l'affranchissement (Philipp., I,
23).
[6] Pourquoi suis-je
faible au sujet de ces espérances? Pourquoi deviens-je temporel? J'attends la
voix de l'archange, la trompette dernière, la transformation du ciel, la
métamorphose de la terre (II Petr., II, 10); la liberté des éléments,
le renouvellement du monde entier. [7] Alors je verrai Césaire lui-même, non
plus exilé, non plus porté, non plus pleuré, non plus regretté ; je le verrai
brillant, glorieux, élevé, tel que je t'ai vu en songe bien des fois, ô le plus
aimant et le plus aimé des frères, soit que mon désir ait produit cette image
ou la réalité.
XXII. Maintenant donc,
laissant de côté les thrènes, je vais jeter les regards sur moi-même, par
crainte de porter en moi sans le savoir un digne sujet de thrènes, et
j'examinerai mes propres affaires. Fils des hommes, car c'est à vous que le
discours arrive, jusqu'à quand aurez-vous le cœur pesant et l’intelligence
épaisse? Pourquoi aimez-vous la vanité et recherchez-vous le mensonge
(Ps., IV, 3), vous imaginant que la vie d'ici est une grande chose et que
ces rares jours sont nombreux, et de cette séparation aimable et douce vous
détournant comme d'une chose pénible et affreuse? [2] Ne nous connaitrons-nous
pas nous-mêmes? Ne renoncerons-nous pas au apparences? Ne fixerons-nous pas nos
regards sur les choses de l'esprit? N'allons-nous pas, s'il faut nous affliger
de quelque chose, gémir au contraire de cet exil qui se prolonge
(Ps., CXIX, 5), comme le divin David qui appelait maisons de ténèbres,
lieu de douleur, boue d'abîme et ombre de mort les choses d'ici
(Ps., LXVIII, 3; XLIII, 20); puisque nous nous attardons dans
les tombeaux qui nous enveloppent, et qu'en qualité d'hommes nous mourons de la
mort du péché, alors que nous sommes nés dieux. [3] Voilà la crainte qui
s'empare de moi, qui s'attache à moi et le jour et la nuit; et je ne puis
respirer à la pensée de la gloire de là-bas et du tribunal de là ; l'une que je
désire au point même de pouvoir dire : « Mon âme défaille dans l'attente de ton
salut » (Ps., CXVIII, 81); l'autre qui m'inspire de la frayeur et de
l'aversion. [4] Ce que je crains, ce n'est pas de voir ce corps tomber en
dissolution et en ruine pour disparaître complètement mais bien que la
glorieuse créature de Dieu (glorieuse quand elle marche droit, comme elle est
infâme quand elle s'égare), où résident la raison, la loi, l'espérance ne soit
condamnée à la même ignominie que les êtres sans raison et ne soit rien de plus
après la séparation comme ce serait à souhaiter du moins pour les hommes
pervers et dignes du feu de là-bas.
XXIII. Puissé-je
mortifier les membres qui sont sur la terre (Coloss., III, 5)! Puissé-je
absorber tout dans l'esprit, et marcher dans la voie étroite et accessible au
petit nombre, non dans la voie large et libre (Matth., VII, 13-14)! Car ce
qui vient après est brillant et grand, et l'espérance dépasse notre mérite.
[2] Qu'est-ce que l'homme
pour que tu te souviennes de lui (Ps., VIII, 5)? Quel est sur moi ce
nouveau mystère? Je suis petit et grand, humble et élevé, mortel et immortel,
terrestre et céleste; cela avec ce bas monde, ceci avec Dieu ; cela avec la chair,
ceci avec l'esprit. [3] Il faut que je sois enseveli avec le Christ, que je
ressuscite avec le Christ, que je sois héritier avec le Christ, que je devienne
fils de Dieu, Dieu même. Voyez jusqu'où dans sa marche nous a élevé ce
discours. Peu s'en faut que je ne rende grâce au malheur qui m'a suggéré de
telles réflexion et m’a rendu plus désireux d'émigrer d'ici. [4] Voilà ce que
nous indique ce grand mystère ; voilà ce que nous indique le Dieu qui s'est
fait homme et pauvre pour nous afin de relever la chair, de sauver son image,
de renouveler l'homme, pour que tous nous ne fassions qu’un dans le Christ, qui
s'est fait en nous absolument tout ce qu’il est lui-même, pour qu'il n'y ait
plus parmi nous ni homme ni femme, ni barbare ni scythe, ni esclave ni libre
(Gal., III, 28), distinctions de la chair ; [5] mais que nous
portions seul en nous-même le caractère divin, par qui et pour qui nous sommes
nés et que sa forme et son empreinte suffisent à elles seules à nous faire
reconnaître.
XXIV. Et puissions-nous être
ce que nous espérons par la grande bonté de ce Dieu magnifique qui demande peu
pour accorder beaucoup, et maintenant et dans le temps qui suivra, à ceux qui
l'aiment sincèrement! excusant tout, endurant tout (I Cor., XIII, 7) par
amour pour lui et par espérance en lui; rendant grâces de tout: de la
prospérité aussi bien que de l'adversité, je veux dire des joies et des
douleurs, car même là l'Écriture voit souvent des armes de salut; lui confiant
nos âmes, les âmes de ceux qui nous devancent au terme, comme ceux qui dans un
voyage commun sont plus diligents. [2] Faisons cela nous aussi: et mettons
fin à ce discours, mais vous aussi à vos larmes, pour nous hâter enfin vers ce
tombeau qui est le vôtre, présent triste et durable que Césaire tient de vous ;
préparé pour des parents et pour la vieillesse, comme il est naturel et donné à
un fils et à la jeunesse, contrairement à la vraisemblance, mais non pas sans
raison aux yeux de celui qui dirige nos affaires.
[3] O maître et auteur de
toutes choses, et spécialement de cette créature-ci, Dieu des hommes qui sont à
toi, père et pilote, seigneur de la vie et de la mort, gardien et bienfaiteur
de nos âmes, toi qui fait et transformes toutes choses par l'industrie de ton
Verbe, à propos et de la manière que tu sais, grâce à la profondeur de ta
sagesse et de ta providence, puisses-tu recevoir aujourd'hui Césaire comme
prémices de notre départ! [4] Si c'est le dernier que tu reçois le premier,
nous cédons à tes décrets qui mènent tout : mais puisses-tu nous recevoir
aussi dans la suite, au moment opportun, après nous avoir régis dans la chair
autant qu'il sera utile! et puisses-tu nous recevoir préparés par ta crainte et
non troublés, ni reculants au jour dernier, ne nous arrachant pas avec effort
aux choses d'ici, ce qui est le fait des âmes amies du monde et amies
de la chair, mais nous empressant vers cette vie-là, la vie longue et
bienheureuse qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur, à qui est la
gloire dans les siècles des siècles. Amen.
Oeuvre numérisée par Marc
Szwajcer
SOURCE ` http://remacle.org/bloodwolf/eglise/gregoire/cesaire.htm
Profile
Son of Saint Gregory
of Nazianzen the Elder and Saint Nonna.
Brother of Saint Gorgonia and Saint Gregory
of Nazianzen. Studied in
Caesarea, Cappadocia, and Alexandria, Egypt.
Noted and skillful physician.
He moved to Constantinople c.355 where
he became wealthy in his profession. Served in the court of
Emperor Julian
the Apostate who tried to get Caesarius to renounce his faith;
when he refused, he was exiled.
From there he moved to Bithynia where he served Emperor Valens as quaestor.
Confirmed bachelor,
though he had offers to marry into
nobility. Upon his death he donated his entire estate to the poor.
Born
c.329 in
Arianzus
c.369 of
natural causes
interred at Nazianzus
Additional
Information
Book
of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Panegyric
On His Brother Saint Caesarius by Saint Gregory
of Nazianzen
Saints
of the Day, by Katherine Rabenstein
books
Our
Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints
other
sites in english
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en español
Martirologio
Romano, 2001 edición
fonti
in italiano
MLA
Citation
“Saint Caesarius of
Nanzianzen“. CatholicSaints.Info. 22 May 2020. Web. 23 February 2021.
<https://catholicsaints.info/saint-caesarius-of-nanzianzen/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-caesarius-of-nanzianzen/
Caesarius Nazianzen (RM)
Born c. 329; died 369.
Son of Gregory the Elder, bishop of Nazianzen, and brother of Gregory
Nazianzen, Saint Caesarius studied philosophy and medicine at Alexandria and
Constantinople and became a famous physician. He was named physician to Emperor
Julian the Apostate, a schoolmate of his brother. When Julian apostatized he
tied to persuade Caesarius to do likewise. He rebuffed the emperor's efforts to
get him to abjure his religion though he was yet only a catechumen. Finally, he
resigned his position to avoid continued harassment, although Julian exempted
him from the various edicts promulgated against Christians. Later, Caesarius
was physician to Emperor Jovian, and Emperor Valens made him treasurer for his
own private purse.
Like so many Christians
of the period, Caesarius remained a catechumen nearly all his life. He was
baptized in 368 after he had narrowly escaped death in an earthquake in Nicaea,
Bithynia. When he died, he left his fortune to the poor. We owe all the
information we have about Caesarius to the funeral oration delivered by his
brother Gregory. The Greeks honor his memory on March 9, as Nicephorus
testifies, (Hist. l. 11, c. 19,) and as appears from the Menaea: the Roman
Martyrology he is named on the 25th of February (Benedictines, Bentley,
Delaney, Husenbeth).
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0225.shtml
St. Caesarius of
Nazianzus
Physician, younger and
only brother of Gregory
of Nazianzus, born probably c. 330 at Arianzus, near Nazianzus; died at the
end of 368 or the beginning of 369. He received a careful training from his
saintly mother Nonna and his father Gregory, Bishop of Nazianzus.
He studied probably at Caesarea in Cappadocia, and then at the celebrated schools of
Alexandria. Here his favourite studies were geometry, astronomy,
and especially medicine. In the last-named science he
surpassed all his fellow students. About 355 he came to Constantinople, and had
already acquired a great reputation for
his medical skill, when his brother Gregory,
homeward bound from Athens,
appeared there about 358. Caesarius sacrificed a remunerative and honourable
post and returned to his parents with Gregory.
The capital, however, soon proved to be too great an attraction for him; we
find him occupying an exalted position as physician at the court of Constantine
and, much to the regret of his family,
at that of Julian
the Apostate. Julian failed
in his efforts to win him over to Paganism.
Caesarius, more appreciative of his faith than
of imperial favour, ultimately left the court, but returned to Constantinople
after Julian's death.
Under the Emperor
Valens he became quaestor of Bithynia. His remarkable escape from the
earthquake which shook Nicaea (11 October, 368) induced him to heed the
insistent appeals of his brother and St.
Basil, who urged him to leave the world. He was suddenly seized with a
fatal illness, shortly after having received baptism,
which he, like many others at the period, had deferred until late in life. He
as unmarried, and directed that all his goods should be distributed to
the poor,
an injunction which his servants abused in their own interests. His remains were interred at Nazianzus,
where his brother pronounced the funeral oration in the presence of his parents.
The admission of the
identity of this Caesarius with his namesake, the Prefect of Constantinople,
who, in 365, was thrown into the prison by
Procopius, rests on an assumption of James Godefroy, the editor of the
Theodosian Code (Lyons, 1665), and not on any solid historical ground. The four
"Dialogues" of one hundred and ninety-seven questions and answers
which go under his name, and are to be found in Migne,
P.G., XXXVIII, 851-1190, can hardly be from his pen, owing to their nature,
contents, and anachronisms. Today they are generally looked upon as spurious.
Sources
Greg. Naz. in P.G.,
XXXV. 751-88; BIRKS and CAZENOVE in Dict. Christ. Biog., s.v.;
BARDENHEWER, Patrologie (Freiburg, 1901), 257; VERSCHAFFEL in Dict.
de théol. cath. (Paris, 1905), II, 2185-86.
Weber,
Nicholas. "St. Caesarius of Nazianzus." The Catholic
Encyclopedia. Vol. 3. New York: Robert Appleton
Company, 1908. 23 Feb.
2021 <http://www.newadvent.org/cathen/03138a.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Matthew Reak.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. November 1, 1908. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2020 by Kevin
Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : https://www.newadvent.org/cathen/03138a.htm
Saint
Gregory Nazianzus: Panegyric On His Brother Saint Caesarius
1. It may be, my friends,
my brethren, my fathers (ye who are dear to me in reality as well as in name)
that you think that I, who am about to pay the sad tribute of lamentation to
him who has departed, am eager to undertake the task, and shall, as most men
delight to do, speak at great length and in eloquent style. And so some of you,
who have had like sorrows to bear, are prepared to join in my mourning and
lamentation, in order to bewail your own griefs in mine, and learn to feel pain
at the afflictions of a friend, while others are looking to feast their ears in
the enjoyment of my words. For they suppose that I must needs make my
misfortune an occasion for display – as was once my wont, when possessed of a
superabundance of earthly things, and ambitious, above all, of oratorical
renown – before I looked up to Him Who is the true and highest Word, and gave
all up to God, from Whom all things come, and took God for all in all. Now pray
do not think this of me, if you wish to think of me aright. For I am neither
going to lament for him who is gone more than is good – as I should not approve
of such conduct even in others – nor am I going to praise him beyond due
measure. Albeit that language is a dear and especially proper tribute to one
gifted with it, and eulogy to one who was exceedingly fond of my words – aye,
not only a tribute, but a debt, the most just of all debts. But even in my
tears and admiration I must respect the law which regards such matters: nor is
this alien to our philosophy; for he says The memory of the just is accompanied
with eulogies, and also, Let tears fall down over the dead, and begin to
lament, as if thou hadst suffered great harm thyself: removing us equally from
insensibility and immoderation. I shall proceed then, not only to exhibit the
weakness of human nature, but also to put you in mind of the dignity of the
soul, and, giving such consolation as is due to those who are in sor-sow,
transfer our grief, from that which concerns the flesh and temporal things, to
those things which are spiritual and eternal.
2. The parents of
Caesarius, to take first the point which best becomes me, are known to you all.
Their excellence you are eager to notice, and hear of with admiration, and
share in the task of setting it forth to any, if there be such, who know it
not: for no single man is able to do so entirely, and the task is one beyond
the powers of a single tongue, however laborious, however zealous. Among the
many and great points for which they are to be celebrated (I trust I may not
seem extravagant in praising my own family) the greatest of all, which more
than any other stamps their character, is piety. By their hoar hairs they lay
claim to reverence, but they are no less venerable for their virtue than for
their age; for while their bodies are bent beneath the burden of their years,
their souls renew their youth in God.
3. His father was well
grafted out of the wild olive tree into the good one, and so far partook of its
fatness as to be entrusted with the engrafting of others, and charged with the
culture of souls, presiding in a manner becoming his high office over this
people, like a second Aaron or Moses, bidden himself to draw near to God, and
to convey the Divine Voice to the others who stand afar off; gentle, meek, calm
in mien, fervent in spirit, a fine man in external appearance, but richer still
in that which is out of sight. But why should I describe him whom you know? For
I could not even by speaking at great length say as much as he deserves, or as
much as each of you knows and expects to be said of him. It is then better to
leave your own fancy to picture him, than mutilate by my words the object of
your admiration.
4. His mother was
consecrated to God by virtue of her descent from a saintly family, and was
possessed of piety as a necessary inheritance, not only for herself, but also
for her children – being indeed a holy lump from a holy firstfruits. And this
she so far increased and amplified that some, (bold though the statement be, I will
utter it,) have both believed and said that even her husband’s perfection has
been the work of none other than herself; and, oh how wonderful! she herself,
as the reward of her piety, has received a greater and more perfect piety.
Lovers of their children and of Christ as they both were, what is most
extraordinary, they were far greater lovers of Christ than of their children:
yea, even their one enjoyment of their children was that they should be
acknowledged and named by Christ, and their one measure of their blessedness in
their children was their virtue and close association with the Chief Good.
Compassionate, sympathetic, snatching many a treasure from moths and robbers,
and from the prince of this world, to transfer it from their sojourn here to the
[true] habitation, laying up in store for their children the heavenly splendour
as their greatest inheritance. Thus have they reached a fair old age, equally
reverend both for virtue and for years, and full of days, alike of those which
abide and those which pass away; each one failing to secure the first prize
here below only so far as equalled by the other; yea, they have fulfilled the
measure of every happiness with the exception of this last trial, or
discipline, whichever anyone may think we ought to call it; I mean their having
to send before them the child who was, owing to his age, in greater danger of
falling, and so to close their life in safety, and be translated with all their
family to the realms above.
5. I have entered into
these details, not from a desire to eulogize them, for this, I know well, it
would be difficult worthily to do, if I made their praise the subject of my
whole oration, but to set forth the excellence inherited from his parents by
Caesarius, and so prevent you from being surprised or incredulous, that one
sprung from such progenitors, should have deserved such praises himself; nay,
strange indeed would it have been, had he looked to others and disregarded the
examples of his kinsfolk at home. His early life was such as becomes those
really well born and destined for a good life. I say little of his qualities
evident to all, his beauty, his stature, his manifold gracefulness, and
harmonious disposition, as shown in the tones of his voice – for it is not my
office to laud qualities of this kind, however important they may seem to
others – and proceed with what I have to say of the points which, even if I
wished, I could with difficulty pass by.
6. Bred and reared under
such influences, we were fully trained in the education afforded here, in which
none could say how far he excelled most of us from the quickness and extent of
his abilities – and how can I recall those days without my tears showing that,
contrary to my promises, my feelings have overcome my philosophic restraint? The
time came when it was decided that we should leave home, and then for the first
time we were separated, for I studied rhetoric in the then flourishing schools
of Palestine; he went to Alexandria, esteemed both then and now the home of
every branch of learning. Which of his qualities shall I place first and
foremost, or which can I omit with least injury to my description? Who was more
faithful to his teacher than he? Who more kindly to his classmates? Who more
carefully avoided the society and companionship of the depraved? Who attached
himself more closely to that of the most excellent, and among others, of the
most esteemed and illustrious of his countrymen? For he knew that we are
strongly influenced to virtue or vice by our companions. And in consequence of
all this, who was more honoured by the authorities than he, and whom did the
whole city (though all individuals are concealed in it, because of its size),
esteem more highly for his discretion, or deem more illustrious for his
intelligence?
7. What branch of
learning did he not master, or rather, in what branch of study did he not
surpass those who had made it their sole study? Whom did he allow even to
approach him, not only of his own time and age, but even of his elders, who had
devoted many more years to study? All subjects he studied as one, and each as
thoroughly as if he knew no other. The brilliant in intellect, he surpassed in
industry, the devoted students in quickness of perception; nay, rather he
outstripped in rapidity those who were rapid, in application those who were
laborious, and in both respects those who were distinguished in both. From
geometry and astronomy, that science so dangerous to anyone else, he gathered
all that was helpful (I mean that he was led by the harmony and order of the
heavenly bodies to reverence their Maker), and avoided what is injurious; not
attributing all things that are or happen to the influence of the stars, like
those who raise their own fellow-servant, the creation, in rebellion against
the Creator, but referring, as is reasonable, the motion of these bodies, and
all other things besides, to God. In arithmetic and mathematics, and in the
wonderful art of medicine, in so far as it treats of physiology and
temperament, and the causes of disease, in order to remove the roots and so
destroy their offspring with them, who is there so ignorant or contentious as
to think him inferior to himself, and not to be glad to be reckoned next to
him, and carry off the second prize? This indeed is no unsupported assertion,
but East and West alike, and every place which he afterward visited, are as
pillars inscribed with the record of his learning.
8. But when, after
gathering into his single soul every kind of excellence and knowledge, as a
mighty merchantman gathers every sort of ware, he was voyaging to his own city,
in order to communicate to others the fair cargo of his culture, there befell a
wondrous thing, which I must, as its mention is most cheering to me and may
delight you, briefly set forth. Our mother, in her motherly love for her
children, had offered up a prayer that, as she had sent us forth together, she
might see us together return home. For we seemed, to our mother at least, if
not to others, to form a pair worthy of her prayers and glances, if seen together,
though now, alas, our connection has been severed. And God, Who hears a
righteous prayer, and honours the love of parents for well-disposed children,
so ordered that, without any design or agreement on our part, the one from
Alexandria, the other from Greece, the one by sea, the other by land, we
arrived at the same city at the same time. This city was Byzantium, which now
presides over Europe, in which Caesarius, after the lapse of a short time,
gained such a repute, that public honours, an alliance with an illustrious
family, and a seat in the council of state were offered him; and a mission was
despatched to the Emperor by public decision, to beg that the first of cities
be adorned and honoured by the first of scholars (if he cared at all for its being
indeed the first, and worthy of its name); and that to all its other titles to
distinction this further one be added, that it was embellished by having
Caesarius as its physician and its inhabitant, although its brilliancy was
already assured by its throngs of great men both in philosophy and other
branches of learning. But enough of this. At this time there happened what
seemed to others a chance without reason or cause, such as frequently occurs of
its own accord in our day, but was more than sufficiently manifest to devout
minds as the result of the prayers to god-fearing parents, which were answered
by the united arrival of their sons by land and sea.
9. Well, among the noble
traits of Caesarius’ character, we must not fail to note one, which perhaps is
in others’ eyes slight and unworthy of mention, but seemed to me, both at the
time and since, of the highest import, if indeed brotherly love be a
praiseworthy quality; nor shall I ever cease to place it in the first rank, in
relating the story of his life. Although the metropolis strove to retain him by
the honours I have mentioned, and declared that it would under no circumstances
let him go, my influence, which he valued most highly on all occasions,
prevailed upon him to listen to the prayer of his parents, to supply his
country’s need, and to grant me my own desire. And when he thus returned home
in my company, he preferred me not only to cities and peoples, not only to
honours and revenues, which had in part already flowed to him in abundance from
many sources and in part were within his reach, but even to the Emperor himself
and his imperial commands. From this time, then, having shaken off all
ambition, as a hard master and a painful disorder, I resolved to practise
philosophy and adapt myself to the higher life: or rather the desire was
earlier born, the life came later. But my brother, who had dedicated to his
country the firstfruits of his learning, and gained an admiration worthy of his
efforts, was afterwards led by the desire of fame, and, as he persuaded me, of
being the guardian of the city, to betake himself to court, not indeed
according to my own wishes or judgment; for I will confess to you that I think
it a better and grander thing to be in the lowest rank with God than to win the
first place with an earthly king. Nevertheless I cannot blame him, for inasmuch
as philosophy is the greatest, so is it the most difficult, of professions,
which can be taken in hand by but few, and only by those who have been called
forth by the Divine magnanimity, which gives its hand to those who are honoured
by its preference. Yet it is no small thing if one, who has chosen the lower
form of life, follows after goodness, and sets greater store on God and his own
salvation than on earthly lustre; using it as a stage, or a manifold ephemeral
mask while playing in the drama of this world, but himself living unto God with
that image which he knows that he has received from Him, and must render to Him
Who gave it. That this was certainly the purpose of Caesarius, we know full
well.
10. Among physicians he
gained the foremost place with no great trouble, by merely exhibiting his
capacity, or rather some slight specimen of his capacity, and was forthwith
numbered among the friends of the Emperor, and enjoyed the highest honours. But
he placed the humane functions of his art at the disposal of the authorities
free of cost, knowing that nothing leads to further advancement than virtue and
renown for honourable deeds; so that he far surpassed in fame those to whom he
was inferior in rank. By his modesty he so won the love of all that they
entrusted their precious charges to his care, without requiring him to be sworn
by Hippocrates, since the simplicity of Crates was nothing to his own: winning
in general a respect beyond his rank; for besides the present repute he was
ever thought to have justly won, a still greater one was anticipated for him,
both by the Emperors themselves and by all who occupied the nearest positions
to them. But, most important, neither by his fame, nor by the luxury which
surrounded him, was his nobility of soul corrupted; for amidst his many claims
to honour, he himself cared most for being, and being known to be, a Christian,
and, compared with this, all other things were to him but trifling toys. For
they belong to the part we play before others on a stage which is very quickly
set up and taken down again – perhaps indeed more quickly destroyed than put
together, as we may see from the manifold changes of life, and fluctuations of
prosperity; while the only real and securely abiding good thing is godliness.
11. Such was the
philosophy of Caesarius, even at court: these were the ideas amidst which he
lived and died, discovering and presenting to God, in the hidden man, a still
deeper godliness than was publicly visible. And if I must pass by all else, his
protection of his kinsmen in distress, his contempt for arrogance, his freedom
from assumption towards friends, his boldness towards men in power, the
numerous contests and arguments in which he engaged with many on behalf of the
truth, not merely for the sake of argument, but with deep piety and fervour, I
must speak of one point at least as especially worthy of note. The Emperor of
unhappy memory was raging against us, whose madness in rejecting Christ, after
making himself its first victim, had now rendered him intolerable to others;
though he did not, like other fighters against Christ, grandly enlist himself
on the side of impiety, but veiled his persecution under the form of equity;
and, ruled by the crooked serpent which possessed his soul, dragged down into
his own pit his wretched victims by manifold devices. His first artifice and
contrivance was, to deprive us of the honour of our conflicts (for, noble man
as he was, he grudged this to Christians), by causing us, who suffered for
being Christians, to be punished as evil doers: the second was, to call this
process persuasion, and not tyranny, so that the disgrace of those who chose to
side with impiety might be greater than their danger. Some he won over by
money, some by dignities, some by promises, some by various honours, which he
bestowed, not royally but in right servile style, in the sight of all, while
everyone was influenced by the witchery of his words, and his own example. At
last he assailed Caesarius. How utter was the derangement and folly which could
hope to take for his prey a man like Caesarius, my brother, the son of parents
like ours!
12. However, that I may
dwell awhile upon this point, and luxuriate in my story as men do who are
eyewitnesses in some marvellous event, that noble man, fortified with the sign
of Christ, and defending himself with His Mighty Word, entered the lists
against an adversary experienced in arms and strong in his skill in argument.
In no wise abashed at the sight, nor shrinking at all from his high purpose
through flattery, he was an athlete ready, both in word and deed, to meet a
rival of equal power. Such then was the arena, and so equipped the champion of
godliness. The judge on one side was Christ, arming the athlete with His own
sufferings: and on the other a dreadful tyrant, persuasive by his skill in
argument, and overawing him by the weight of his authority; and as spectators,
on either hand, both those who were still left on the side of godliness and
those who had been snatched away by him, watching whether victory inclined to
their own side or to the other, and more anxious as to which would gain the day
than the combatants themselves.
13. Didst thou not fear
for Caesarius, lest aught unworthy of his zeal should befall him? Nay, be ye of
good courage. For the victory is with Christ, Who overcame the world. Now for
my part, be well assured, I should be highly interested in setting forth the
details of the arguments and allegations used on that occasion, for indeed the
discussion contains certain feats and elegances, which I dwell on with no
slight pleasure; but this would be quite foreign to an occasion and discourse
like the present. And when, after having torn to shreds all his opponent’s
sophistries, and thrust aside as mere child’s play every assault, veiled or
open, Caesarius in a loud clear voice declared that he was and remained a
Christian – not even thus was he finally dismissed. For indeed, the Emperor was
possessed by an eager desire to enjoy and be distinguished by his culture, and
then uttered in the hearing of all his famous saying – O happy father, O
unhappy sons! thus deigning to honour me, whose culture and godliness he had
known at Athens, with a share in the dishonour of Caesarius, who was remanded
for a further trial. (since Justice was fitly arming the Emperor against the
Persians), and welcomed by us after his happy escape and bloodless victory, as
more illustrious for his dishonour than for his celebrity.
14. This victory I esteem
far more sublime and honourable than the Emperor’s mighty power and splendid
purple and costly diadem. I am more elated in describing it than if he had won
from him the half of his Empire. During the evil days he lived in retirement,
obedient herein to our Christian law, which bids us, when occasion offers, to
make ventures on behalf of the truth, and not be traitors to our religion from
cowardice; yet refrain, as long as may be, from rushing into danger, either in
fear for our own souls, or to spare those who bring the danger upon us. But
when the gloom had been dispersed, and the righteous sentence had been
pronounced in a foreign land, and the glittering sword had struck down the
ungodly, and power had returned to the hands of Christians, what boots it to say
with what glory and honour, with how many and great testimonies, as if
bestowing rather than receiving a favour, he was welcomed again at the Court;
his new honour succeeding to that of former days; while tithe changed its
Emperors, the repute and commanding influence of Caesarius with them was
undisturbed, nay, they vied with each other in striving to attach him most
closely to themselves, and be known as his special friends and acquaintances.
Such was the godliness of Caesarius, such its results. Let all men, young and
old, give ear, and press on through the same virtue to the same distinction,
for glorious is the fruit of good labours, if they suppose this to be worth
striving after, and a part of true happiness.
15. Again another wonder
concerning him is a strong argument for his parents’ piety and his own. He was
living in Bithynia, holding an office of no small importance from the Emperor,
viz., the stewardship of his revenue, and care of the exchequer: for this had
been assigned to him by the Emperor as a prelude to the highest offices. And
when, a short time ago, the earthquake in Nicaea occurred, which is said to
have been the most serious within the memory of man, overwhelming in a common
destruction almost all the inhabitants and the beauty of the city, he alone, or
with very few of the men of rank, survived the danger, being shielded by the
very falling ruins in his incredible escape, and bearing slight traces of the
peril; yet he allowed fear to lead him to a more important salvation, for he dedicated
himself entirely to the Supreme Providence; he renounced the service of
transitory things, and attached himself to another court. This he both purposed
himself, and made the object of the united earnest prayers to which he invited
me by letter, when I seized this opportunity to give him warning, as I never
ceased to do when pained that his great nature should be occupied in affairs
beneath it, and that a soul so fitted for philosophy should, like the sun
behind a cloud, be obscured amid the whirl of public life. Unscathed though he
had been by the earthquake, he was not proof against disease, since he was but
human. His escape was peculiar to himself; his death common to all mankind; the
one the token of his piety, the other the result of his nature. The former, for
our consolation, preceded his fate, so that, though shaken by his death, we
might exult in the extraordinary character of his preservation. And now our
illustrious Caesarius has been restored to us, when his honoured dust and
celebrated coarse, after being escorted home amidst a succession of hymns and
public orations, has been honoured by the holy hands of his parents; while his
mother, substituting the festal garments of religion for the trappings of woe,
has overcome her tears by her philosophy, and lulled to sleep lamentations by
psalmody, as her son enjoys honours worthy of his newly regenerate soul, which
has been, through water, transformed by the Spirit.
16. This, Caesarius, is
my funeral offering to thee, this the firstfruits of my words, which thou hast
often blamed me for withholding, yet wouldst have stripped off, had they been
bestowed on thee; with this ornament I adorn thee, an ornament, I know well,
far dearer to thee than all others, though it be not of the soft flowing tissues
of silk, in which while living, with virtue for thy sole adorning, thou didst
not, like the many, rejoice; nor texture of transparent linen, nor outpouring
of costly unguents, which thou hadst long resigned to the boudoirs of the fair,
with their sweet savours lasting but a single day; nor any other small thing
valued by small minds, which would have all been hidden to-day with thy fair
form by this bitter stone. Far hence be games and stories of the Greeks, the
honours of ill-fated youths, with their petty prizes for petty contests; and
all the libations and firstfruits or garlands and newly plucked flowers,
wherewith men honour the departed, in obedience to ancient custom and
unreasoning grief, rather than reason. My gift is an oration, which perhaps succeeding
time will receive at my hand and ever keep in motion, that it may not suffer
him who has left us to be utterly lost to earth, but may ever keep him whom we
honour in men’s ears and minds, as it sets before them, more clearly than a
portrait, the image of him for whom we mourn.
17. Such is my offering;
if it be slight and inferior to his merit, God loveth that which is according
to our power. Part of our gift is now complete, the remainder we will now pay
by offering (those of us who still survive) every year our honours and
memorials. And now for thee, sacred and holy soul, we pray for an entrance into
heaven; mayest thou enjoy such repose as the bosom of Abraham affords, mayest
thou behold the choir of Angels, and the glories and splendours of sainted men;
aye, mayest thou be united to that choir and share in their joy, looking down
from on high on all things here, on what men call wealth, and despicable
dignities, and deceitful honours, and the errors of our senses, and the tangle
of this life, and its confusion and ignorance, as if we were fighting in the
dark; whilst thou art in attendance upon the Great King and filled with the
light which streams forth from Him: and may it be ours hereafter, receiving
therefrom no such slender rivulet, as is the object of our fancy in this day of
mirrors and enigmas, to attain to the fount of good itself, gazing with pure
mind upon the truth in its purity, and finding a reward for our eager toil here
below on behalf of the good, in our more perfect possession and vision of the
good on high: the end to which our sacred books and teachers foretell that our
course of divine mysteries shall lead us.
18. What; now remains? To
bring the healing of the Word to those in sorrow. And a powerful remedy for
mourners is sympathy, for sufferers are best consoled by those who have to bear
a like suffering. To such, then, I specially address myself, of whom I should
be ashamed, if, with all other virtues, they do not show the elements of
patience. For even if they surpass all others in love of their children, let
them equally surpass them in love of wisdom and love of Christ, and in the
special practice of meditation on our departure hence, impressing it likewise
on their children, making even their whole life a preparation for death. But if
your misfortune still clouds your reason and, like the moisture which dims our
eyes, hides from you the clear view of your duty, come, ye elders, receive the
consolation of a young man, ye fathers, that of a child, who ought to be
admonished by men as old as you, who have admonished many and gathered
experience from your many years. Yet wonder not, if in my youth I admonish the
aged; and if in aught I can see better than the hoary, I offer it to you. How
much longer have we to live, ye men of honoured held, so near to God? How long
are we to suffer here? Not even man’s whole life is long, compared with the
Eternity of the Divine Nature, still less the remains of life, and what I may
call the parting of our human breath, the close of our frail existence. How
much has Caesarius outstripped us? How long shall we be left to mourn his
departure? Are we not hastening to the same abode? Shall we not soon be covered
by the same stone? Shall we not shortly be reduced to the same dust? And what
in these short days will be our gain, save that after it has been ours to see,
or suffer, or perchance even to do, more ill, we must discharge the common and
inexorable tribute to the law of nature, by following some, preceding others,
to the tomb, mourning these, being lamented by those, and receiving from some
that meed of tears which we ourselves had paid to others?
19. Such, my brethren, is
our existence, who live this transient life, such our pastime upon earth: we
come into existence out of non-existence, and after existing are dissolved. We
are unsubstantial dreams, impalpable visions, like the flight of a passing
bird, like a ship leaving no track upon the sea, a speck of dust, a vapour, an
early dew, a flower that quickly blooms, and quickly fades. As for man his days
are as grass, as a flower of the field, so he flourisheth. Well hath inspired
David discoursed of our frailty, and again in these words, “Let me know the
shortness of my days;” and he defines the days of man as “of a span long.” And
what wouldst thou say to Jeremiah, who complains of his mother in sorrow for
his birth, and that on account of others’ faults? I have seen all things, says
the preacher, I have reviewed in thought all human things, wealth, pleasure,
power, unstable glory, wisdom which evades us rather than is won; then pleasure
again, wisdom again, often revolving the same objects, the pleasures of
appetite, orchards, numbers of slaves, store of wealth, serving men and serving
maids, singing men and singing women, arms, spearmen, subject nations,
collected tributes, the pride of kings, all the necessaries and superfluities
of life, in which I surpassed all the kings that were before me. And what does
he say after all these things? Vanity of vanities, all is vanity and vexation
of spirit, possibly meaning some unreasoning longing of the soul, and
distraction of man condemned to this from the original fall: but hear, he says,
the conclusion of the whole matter, Fear God. This is his stay in his
perplexity, and this is thy only gain from life here below, to be guided
through the disorder of the things which are seen and shaken, to the things
which stand firm and are not moved.
20. Let us not then mourn
Caesarius but ourselves, knowing what evils he has escaped to which we are left
behind, and what treasure we shall lay up, unless, earnestly cleaving unto God
and outstripping transitory things, we press towards the life above, deserting
the earth while we are still upon the earth, and earnestly following the spirit
which bears us upward. Painful as this is to the faint-hearted, it is as
nothing to men of brave mind. And let us consider it thus. Caesarius will not
reign, but rather will he be reigned over by others. He will strike terror into
no one, but he will be free from fear of any harsh master, often himself
unworthy even of a subject’s position. He will not amass wealth, but neither
will he be liable to envy, or be pained at lack of success, or be ever seeking
to add to his gains as much again. For such is the disease of wealth, which
knows no limit to its desire of more, and continues to make drinking the
medicine for thirst. He will make no display of his power of speaking, yet for
his speaking will he be admired. He will not discourse upon the dicta of
Hippocrates and Galen, and their adversaries, but neither will he be troubled
by diseases, and suffer pain at the misfortunes of others. He will not set
forth the principles of Eucleides, Ptolemaeus, and Heron, but neither will he
be pained by the tumid vaunts of uncultured men. He will make no display of the
doctrines of Plato, and Aristotle, and Pyrrho, and the names of any Democritus,
and Heracleitus, Anaxagoras, Cleanthes and Epicurus, and all the members of the
venerable Porch and Academy: but neither will he trouble himself with the solution
of their cunning syllogisms. What need of further details? Yet here are some
which all men honour or desire. Nor wife nor child will he have beside him, but
he will escape mourning for, or being mourned by them, or leaving them to
others, or being left behind himself as a memorial of misfortune. He will
inherit no property: but he will have such heirs as are of the greatest
service, such as he himself wished, so that he departed hence a rich man,
bearing with him all that was his. What an ambition! What a new consolation!
What magnanimity in his executors! A proclamation has been heard, worthy of the
ears of all, and a mother’s grief has been made void by a fair and holy
promise, to give entirely to her son his wealth as a funeral offering on his
behalf, leaving nothing to those who expected it.
21. Is this inadequate
for our consolation? I will add a more potent remedy. I believe the words of
the wise, that every fair and God-be-loved soul, when, set free from the bonds
of the body, it departs hence, at once enjoys a sense and perception of the
blessings which await it, inasmuch as that which darkened it has been purged
away, or laid aside – I know not how else to term it – and feels a wondrous
pleasure and exultation, and goes rejoicing to meet its Lord, having escaped as
it were from the grievous poison of life here, and shaken off the fetters which
bound it and held down the wings of the mind, and so enters on the enjoyment of
the bliss laid up for it, of which it has even now some conception. Then, a little
later, it receives its kindred flesh, which once shared in its pursuits of
things above, from the earth which both gave and had been entrusted with it,
and in some way known to God, who knit them together and dissolved them, enters
with it upon the inheritance of the glory there. And, as it shared, through
their close union, in its hardships, so also it bestows upon it a portion of
its joys, gathering it up entirely into itself, and becoming with it one in
spirit and in mind and in God, the mortal and mutable being swallowed up of
life. Hear at least how the inspired Ezekiel discourses of the knitting
together of bones and sinews, how after him Saint Paul speaks of the earthly
tabernacle, and the house not made with hands, the one to be dissolved, the other
laid up in heaven, alleging absence from the body to be presence with the Lord,
and bewailing his life in it as an exile, and therefore longing for and
hastening to his release. Why am I faint-hearted in my hopes? Why behave like a
mere creature of a day? I await the voice of the Archangel, the last trumpet,
the transformation of the heavens, the transfiguration of the earth, the
liberation of the elements, the renovation of the universe. Then shall I see
Caesarius himself, no longer in exile, no longer laid upon a bier, no longer
the object of mourning and pity, but brilliant, glorious, heavenly, such as in
my dreams I have often beheld thee, dearest and most loving of brothers,
pictured thus by my desire, if not by the very truth.
22. But now, laying aside
lamentation, I will look at myself, and examine my feelings, that I may not
unconsciously have in myself anything to be lamented. O ye sons of men, for the
words apply to you, how long will ye be hard-hearted and gross in mind? Why do
ye love vanity and seek after leasing, supposing life here to be a great thing
and these few days many, and shrinking from this separation, welcome and
pleasant as it is, as if it were really grievous and awful? Are we not to know
ourselves? Are we not to cast away visible things? Are we not to look to the
things unseen? Are we not, even if we are somewhat grieved, to be on the
contrary distressed at our lengthened sojourn, like holy David, who calls
things here the tents of darkness, and the place of affliction, and the deep
mire, and the shadow of death; because we linger in the tombs we bear about
with us, because, though we are gods, we die like men the death of sin? This is
my fear, this day and night accompanies me, and will not let me breathe, on one
side the glory, on the other the place of correction: the former I long for
till I can say, “My soul fainteth for Thy salvation;” from the latter I shrink
back shuddering; yet I am not afraid that this body of mine should utterly
perish in dissolution and corruption; but that the glorious creature of God
(for glorious it is if upright, just as it is dishonourable if sinful) in which
is reason, morality, and hope, should be condemned to the same dishonour as the
brutes, and be no better after death; a fate to be desired for the wicked, who
are worthy of the fire yonder.
23. Would that I might
mortify my members that are upon the earth, would that I might spend my all
upon the spirit, walking in the way that is narrow and trodden by few, not that
which is broad and easy. For glorious and great are its consequences, and our
hope is greater than our desert. What is man, that Thou art mindful of him?
What is this new mystery which concerns me? I am small and great, lowly and
exalted, mortal and immortal, earthly and heavenly. I share one condition with
the lower world, the other with God; one with the flesh, the other with the
spirit. I must be buried with Christ, arise with Christ, be joint heir with
Christ, become the son of God, yea, God Himself. See whither our argument has carried
us in its progress. I almost own myself indebted to the disaster which has
inspired me with such thoughts, and made me more enamoured of my departure
hence. This is the purpose of the great mystery for us. This is the purpose for
us of God, Who for us was made man and became poor, to raise our flest, and
recover His image, and remodel man, that we might all be made one in Christ,
who was perfectly made in all of us all that He Himself is, that we might no
longer be male and female, barbarian, Scythian, bond or free (which are badges
of the flesh), but might bear in ourselves only the stamp of God, by Whom and
for Whom we were made, and have so far received our form and model from Him,
that we are recognized by it alone.
24. Yea, would that what
we hope for might be, according to the great kindness of our bountiful God, Who
asks for little and bestows great things, both in the present and in the
future, upon those who truly love Him; bearing all things, enduring all things
for their love and hope of Him, giving thanks for all things favourable and
unfavourable alike: I mean pleasant and painful, for reason knows that even
these are often instruments of salvation; commending to Him our own souls and
the souls of those fellow wayfarers who, being more ready, have gained their
rest before us. And, now that we have done this, let us cease from our
discourse, and yon too from your tears, hastening, as yon now are, to your
tomb, which as a sad abiding gift you have given to Caesarius, seasonably
prepared as it was for his parents in their old age, and now unexpectedly
bestowed on their son in his youth, though not without reason in His eyes Who
disposes our affairs. O Lord and Maker of all things, and specially of this our
frame! O God and Father and Pilot of men who are Thine! O Lord of life and
death! O Judge and Benefactor of our souls! O Maker and Transformer in due time
of all things by Thy designing Word, according to the knowledge of the depth of
Thy wisdom and providence! do Thou now receive Caesarius, the firstfruits of
our pilgrimage; and if he who was last is first, we bow before Thy Word, by
which the universe is ruled; yet do Thou receive us also afterwards, in a time
when Thou mayest be found, having ordered us in the flesh as long as is for our
profit; yea, receive us, prepared and not troubled by Thy fear, not departing
from Thee in our last day, nor violently borne away from things here, like
souls fond of the world and the flesh, but filled with eagerness for that blessed
and enduring life which is in Christ Jesus, our Lord, to whom be glory, world
without end. Amen.
SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-gregory-nazianzus-panegyric-on-his-brother-saint-caesarius/
February 25
St. Cæsarius, Physician,
Confessor
HE was a physician,
and brother to St. Gregory Nazianzen. When the latter repaired to Cæsarea, in
Palestine, where the sacred studies flourished, Cæsarius went to Alexandria,
and with incredible success ran through the circle of the sciences, amongst
which oratory, philosophy, and especially medicine, fixed his attention. In
this last he became the first man of his age. He perfected himself in this
profession at Constantinople, but excused himself from settling there, as the
city and the emperor Constantius earnestly requested him to do. He was
afterwards recalled thither, singularly honoured by Julian the Apostate,
nominated his first physician, and excepted in several edicts which that prince
published against the Christians. He resisted strenuously the insinuating
discourses and artifices with which that prince endeavoured to seduce him, and
was prevailed upon by the remonstrances of his father and brother to resign his
places at court, and prefer a retreat, whatever solicitations Julian could use
to detain him. Jovian honourably restored him, and Valens, moreover, created
him treasurer of his own private purse, and of Bithynia. A narrow escape in an
earthquake at Nice, in Bithynia, in 368, worked so powerfully on his mind, that
he renounced the world, and died shortly after, in the beginning of the year
369, leaving the poor his heirs. The Greeks honour his memory on the 9th of
March, as Nicephorus testifies, (Hist. l. 11. c. 19.) and as appears from the
Menæa in the Roman Martyrology, he is named on the 25th of February.
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume II: February. The Lives of the
Saints. 1866.
SOURCE : https://www.bartleby.com/210/2/254.html
San Cesario di Nazianzo Confessore
E' il fratello di San
Gregorio Nazianzeno. Era medico alla corte imperiale di Bisanzio sotto Giuliano
l’Apostata, che tentò inutilmente di riconvertirlo al paganesimo. San
Cesario rimase per gran parte della sua vita un catecumeno. Si fece battezzare
solo dopo essere sfuggito miracolosamente alla morte durante un terremoto
avvenuto a Nicea. I particolari della Sua vita sono riportati nella commossa
orazione funebre composta dal fratello Gregorio.
Etimologia: Cesario =
nome di famiglia romana, assurto a dignità imperiale; grande, dall'etr
Martirologio Romano: A
Nazianzo in Cappadocia, nell’odierna Turchia, san Cesario, medico, fratello di
san Gregorio Nazianzeno.
Famiglia numerosa e di
eccezionali virtù cristiane fu quella in cui nacque Cesario, giacché anche il
padre Gregorio, la madre Monna, il fratello Gregorio, il celebre teologo, sono
venerati come santi. Nato nel 330, dalla città natale passò ad Alessandria
per dedicarsi allo studio della geometria, dell'astronomia e soprattutto della
medicina. Ritornato in patria, esercitò la professione di medico ottenendo
tanti validi successi da meritare la fiducia dell'imperatore Costanzo che lo
chiamò a Costantinopoli. Anche il successore Giuliano l'Apostata lo
confermò nell'incarico di medico di corte, nonostante rifiutasse di aderire al
ripristino del culto pagano. Dall'imperatore Gioviano fu nominato questore
della Bitinia, ove nel 368 si salvò quasi prodigiosamente da un funesto
terremoto. L'episodio, però, determinò in Cesario una crisi spirituale per cui decise
di abbandonare ogni pubblico incarico per dedicarsi più assiduamente alla
salvezza della sua anima. Si fece amministrare il Battesimo, condusse poi vita
penitente, finché fu colto da morte precoce (369).
Nel testamento dispose
che ogni sua ricchezza fosse donata ai poveri. Tali particolari sono accennati
nell'orazione funebre tenuta dal fratello Gregorio, documento che per sé, però,
non costituisce una prova della venerazione e del culto, probabilmente
sviluppatosi assai tardi. Infatti, presso i latini la prima menzione si trova
nel Martirologio Romano al 25 febbraio; tuttavia, presso i greci il culto è
senz'altro più antico e la memoria del santo viene celebrata il 9 marzo.
Autore: Gian
Domenico Gordini