Sainte Marie de l'Incarnation
Ursuline au Canada (+ 1672)
Des quais de la Loire, aux rives du Saint-Laurent - l'histoire de Marie Guyard par Hermann Giguère, professeur à l'Université Laval avec son aimable autorisation.
Marie de l'Incarnation (1599-1672), femme de Dieu pour aujourd'hui, fondatrice des Ursulines à Québec, béatifiée le 22 juin 1980, est appelée à juste titre 'mère de l'Église canadienne' puisqu'elle a aidé à mettre au monde cette jeune Église, dans des circonstances particulièrement épineuses, par sa présence et son engagement dans la jeune colonie, de 1639 à 1672.
Après quatre siècles, l'exemple de sa vie et sa doctrine continuent de rayonner et d'attirer à Dieu ceux et celle qui apprennent à la connaître. Son expérience mystique et missionnaire, enracinée dans le terreau de la vie concrète quotidienne, exerce une fascination et lance un appel à plusieurs de nos contemporains. (diocèse d'Edmundston)
- Marie de l'Incarnation: femme de miséricorde Mystique et missionnaire, Marie-de-l'Incarnation goûte à la miséricorde comme expérience salvatrice.
À Québec au Canada, en 1672, la bienheureuse Marie de l'Incarnation (Marie
Guyart Martin). Mère de famille à Tours, après la mort de son mari, elle confia
son tout jeune fils Claude aux soins de sa sœur, fit profession religieuse chez
les Ursulines, fonda leur première maison au Canada et réalisa beaucoup de
choses remarquables.
Martyrologe romain
Éléments biographiques
Vie de Marie de
l’Incarnation
En dehors d’un cercle
restreint de spécialistes, Marie de l’Incarnation est une figure peu connue de
nos contemporains. Cette femme que Bossuet qualifia de « Thérèse de nos
jours et du Nouveau Monde » (1697) est pourtant une des plus grandes mystiques
de tous les temps, ainsi qu’une figure historique de première importance.
Née à Tours le 28 octobre
1599, à l’aube du Grand Siècle des âmes, elle est la quatrième enfant de
Florent Guyart, maître boulanger, et de Jeanne Michelet. Dans l’une de ses
autobiographies – elle en a laissé deux, écrites sur ordre de ses directeurs
spirituels – elle rapporte qu’elle fut comblée de grâces mystiques dès son
jeune âge. Ainsi, une nuit, alors qu’elle avait environ sept ans, elle eut un
songe :
Ayant les yeux levés vers
le ciel, je le vis ouvert et Notre-Seigneur Jésus-Christ, en forme humaine, en
sortir […]. Cette suradorable Majesté s’approchant de moi, mon cœur se sentit
tout embrasé de son amour. Je commençai à étendre mes bras pour l’embrasser.
Lors, lui, le plus beau de tous les enfants des hommes, avec un visage plein
d’une douceur et d’un attrait indicibles, m’embrassant et me baisant
amoureusement, me dit : « Voulez-vous être à moi ? » Je lui
répondis : « Oui » […]. L’effet que produisit cette visite fut
une pente au bien.
C’est ainsi qu’elle put
écrire : « Le bien que je voyais, je le faisais, même sans me faire
violence, parce que la douceur de cet attrait m’était incomparablement plus
suave que tout ce que je voyais. »
Toute jeune, Marie Guyart
avait une grande inclination pour les cérémonies de l’Église et recevait
fréquemment les sacrements. Elle écoutait volontiers les prédications et vivait
même dans une semi-retraite, lisant des livres de piété et faisant oraison. En
1614, elle manifesta son désir d’entrer à l’abbaye bénédictine de
Beaumont-lès-Tours, où l’une de ses parentes était abbesse. Cependant, cela ne
correspondant pas aux vues que ses parents avaient sur elle, ils décidèrent de
la marier, ce à quoi elle consentit par obéissance. En 1617, elle épousa donc
Claude Martin, maître ouvrier en soie, qui mourut en septembre ou octobre 1619.
Entre-temps, le 2 avril 1619, elle avait accouché d’un fils, prénommé Claude
comme son père. Devenu bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, il laissa
plusieurs écrits spirituels et fut l’éditeur des écrits de sa mère.
À la mort de son époux,
Marie Guyart hérita d’un atelier au bord de la faillite. Elle le liquida après
avoir remboursé les créanciers. On voulut la marier à nouveau, mais elle
refusa, faisant pour elle-même vœu de chasteté. C’est à cette époque, on est en
mars 1620, qu’elle vécut une deuxième grande expérience mystique :
[…] en un moment, les
yeux de mon esprit furent ouverts et toutes les fautes, péchés et imperfections
que j’avais commis depuis que j’étais au monde, me furent représentés en gros
et en détail, avec une distinction et clarté plus certaines que toute certitude
que l’industrie humaine pouvait exprimer.
Au même moment, je me vis
toute plongée en du sang, et mon esprit, convaincu que ce sang était le Sang du
Fils de Dieu, de l’effusion duquel j’étais coupable par tous les péchés qui
m’étaient représentés, et que ce Sang précieux avait été répandu pour mon
salut.
Le lendemain, dans
l’église des Feuillants de Tours, elle fit une confession générale à dom
François de Saint-Bernard qui fut son directeur spirituel pendant plusieurs
années. Marie s’engagea également dans des pratiques ascétiques d’une grande
rigueur et mena une vie semi-recluse dans une chambre au-dessus de la
boulangerie de son père.
En 1622, elle alla aider
sa sœur et son beau-frère qui possédaient une importante entreprise de
transport. Chez eux, elle se fit « la servante des servantes de la
maison », travaillant surtout aux cuisines et au soin des malades. Puis,
sa sœur étant tombée enceinte après quatorze années de vie conjugale, elle
seconda son beau-frère dans la direction de l’entreprise, ayant « le soin
de tout le négoce ». C’est alors qu’elle prononça secrètement, en accord
avec son directeur de conscience, un vœu d’obéissance à son beau-frère et à sa
sœur. Durant cette période, elle se livra par ailleurs à des mortifications qui
dépassent l’entendement.
En 1625, année durant
laquelle elle expérimenta « qu’on avait ravi [son] cœur et qu’on l’avait
enchâssé dans un autre cœur », elle eut la première de ses trois grandes
révélations trinitaires, révélation que les spécialistes de la théologie
spirituelle considèrent comme des fiançailles mystiques. À la Pentecôte 1627,
elle eut une deuxième vision trinitaire, vision durant laquelle elle fut
gratifiée du mariage mystique avec le Verbe :
Étant donc en cette
occupation d’une manière que je ne puis dire, j’oubliai la personne du Père et
celle du Saint-Esprit, et me trouvai tout absorbée en celle du Verbe divin, qui
caressait mon âme comme étant sienne et lui appartenant. Il lui faisait
expérimenter qu’il était tout à elle et qu’elle était toute à lui par une union
et un fort embrassement où il la tenait captive. […] Ce fut là que je
connus et expérimentai que le Verbe est véritablement l’Époux de l’âme.
Après cette expérience,
Marie rapporte : « Je me sentais remplie d’un amour véhément, sans
pouvoir faire aucun acte intérieur pour me soulager, et cela durait deux ou
trois jours, pendant lesquels il semblait que mon cœur dût éclater. J’en ressentais
dans le corps une douleur si grande, que si elle eût duré davantage, il eût
fallu mourir. »
Quelques années plus
tard, le 17 mars 1631, elle vécut une troisième révélation trinitaire :
« Ici toutes les trois Personnes de la très sainte Trinité m’absorbèrent
en elles, de sorte que je ne me voyais point dans l’une que je ne me visse dans
les autres. Pour mieux dire, je me voyais dans l’Unité et dans la Trinité tout
ensemble. » Elle se voyait, écrivit-elle encore, « dans la Majesté
comme un pur néant abîmé dans le Tout, lequel néanmoins me montrait
amoureusement que quoique je ne fusse rien, j’étais néanmoins toute propre pour
lui qui est mon Tout ».
Entre-temps, le 25
janvier 1631, Marie était entrée chez les Ursulines de Tours : « Dès
que j’eus les premières et fortes impressions de quitter le monde, ce fut
d’être Ursuline, parce qu’elles étaient instituées pour aider les âmes, chose à
laquelle j’avais de puissantes inclinations. » Elle confia son fils aux
bons soins de sa sœur Claude et de son beau-frère, chez qui il avait grandi, et
le plaça en pension au collège des Jésuites de Rennes. Ce fut un déchirement
pour les deux. Plusieurs années plus tard, elle lui écrivit : « Il en
fallut passer par là, et lui obéir sans raison parce qu’il n’en veut point en
l’exécution de ses volontés absolues. » Elle lui confia également :
Vous avez donc beaucoup
gagné en me perdant, et mon abandonnement vous a été utile : et moi
pareillement ayant quitté en vous ce que j’avais de plus cher et d’unique dans
le monde ; et en un mot, vous ayant volontairement perdu, je me suis
trouvée avec vous dans le sein de ce Dieu tout aimable, par la vocation sainte
que vous et moi avons suivie, et par laquelle selon la promesse de notre
Seigneur nous sommes récompensés au centuple dès cette vie, sans parler des
récompenses éternelles que nous espérons dans le ciel.
Le 25 janvier 1633, Marie
de l’Incarnation fit profession religieuse. Cette année-là, elle eut un nouveau
directeur spirituel, le père Georges de la Haye, qui lui demanda de rédiger un
texte autobiographique dont il nous reste des extraits : la Relation
de 1633.
Durant l’octave de Noël
1633, dans un songe, elle vit « un grand et vaste pays, plein de
montagnes, de vallées et de brouillards épais qui remplissaient tout, excepté
une petite maisonnette qui était l’église de ce pays-là ». Sur ce pays,
« autant pitoyable qu’effroyable », reposait le regard de la Vierge
Marie. À partir de ce moment, elle eut en son âme « un feu » qui la
« consommait » pour le salut des âmes. Elle entra dans un nouvel état
intérieur qui « était une émanation de l’esprit apostolique, qui n’était
autre que l’Esprit de Jésus-Christ ». Elle témoigna qu’elle était
« toute dans les intérêts de ce divin et suradorable Maître et dans le
zèle de sa gloire, à ce qu’il fût connu, aimé et adoré de toutes les nations
qu’il avait rachetées de son Sang précieux. » Si son corps était dans son
monastère, son esprit voyageait « dans les Indes, au Japon, dans
l’Amérique, dans l’Orient, dans l’Occident ».
La signification de son
songe lui fut donnée un an plus tard, dans les premiers mois de 1635 :
« […] un jour étant en oraison devant le très saint sacrement […] mon
esprit fut en un moment ravi en Dieu, où lui fut représenté ce grand pays qui
lui avait été montré en la façon que j’ai déduite ci-devant avec toutes les
circonstances. Lors, cette adorable Majesté me dit ces paroles :
"C’est le Canada que je t’ai fait voir ; il faut que tu y ailles
faire une maison à Jésus et à Marie". » Depuis lors, elle ne voyait
« plus d’autre pays […] que le Canada, et [ses] plus grandes courses
étaient dans le pays des Hurons, pour y accompagner les ouvriers de l’Évangile,
y étant unie d’esprit au Père Éternel […] pour lui gagner des âmes. »
Finalement, après bien
des péripéties, elle reçut son obédience pour le Canada en février 1639. Elle
s’embarqua à Dieppe le 4 mai suivant avec une religieuse de Tours, une autre de
Dieppe, ainsi qu’avec Marie-Madeleine de la Peltrie qui finança les Ursulines
et qui est, à ce titre, considérée comme la fondatrice temporelle du monastère
de Québec. Ce départ lui fut à la fois un déchirement et une grande joie. Un
déchirement à cause de l’océan qu’elle était sur le point de mettre entre elle
et son fils bien-aimé qu’elle savait ne plus revoir en ce monde : « À
votre sujet, il me semblait, lui écrivit-elle, que mes os se déboîtaient et
qu’ils quittassent leur lieu, pour la peine que le sentiment naturel avait de
cet abandonnement. » En même temps, ce départ lui fut une grande
joie : « Mais à mon égard mon cœur fondait de joie dans la fidélité
que je voulais rendre à Dieu et à son Fils, lui donnant vie pour vie, amour
pour amour, tout pour tout, puisque cette divine majesté m’en rendait digne, et
me mettait dans l’occasion, moi qui étais la lie du monde. »
Après une traversée
extrêmement difficile au cours de laquelle les religieuses pensèrent périr à
deux reprises, elles arrivèrent à Québec le 1er août 1639. Elles
s’empressèrent de baiser le sol de leur terrain d’apostolat : « La
première chose que nous fîmes fut de baiser cette terre en laquelle nous étions
venues, pour y consommer nos vies pour le service de Dieu et de nos pauvres
Sauvages. »
À cette époque, Québec
était une petite bourgade d’environ 250 colons. En attendant de pouvoir
construire un monastère, les Ursulines logèrent dans une minuscule maison qui
ne comportait que deux petites chambres sans meubles. À peine arrivées, elles
se mirent à l’étude des langues autochtones afin de pouvoir déployer leur
apostolat :
Les Sauvages étaient en
ce temps-là en grand nombre, et ils affluaient en notre parloir, de l’un et de
l’autre sexe. Nous les instruisions et nous entretenions avec eux : ce
qui, en mon particulier, m’était une consolation indicible. Nous fûmes quatre
ou cinq ans de suite dans un exercice continuel de charité à l’endroit de ces
pauvres Sauvages qui arrivaient ici de diverses nations. Nous avions plusieurs
séminaristes sédentaires et des passagères qui nous étaient données pour les
disposer au baptême et autres sacrements.
Marie de l’Incarnation vécut 33 ans au Canada : elle y fonda un monastère (et le reconstruisit avec détermination lorsque le premier brûla en décembre 1650), fut alternativement supérieure et économe du couvent, éducatrice auprès des Amérindiennes et des petites Françaises, confidente des missionnaires et des responsables de la colonie. Elle fut également une épistolière extrêmement prolixe et, sans en avoir la prétention, elle se fit linguiste et ethnologue, laissant plusieurs dictionnaires et un catéchisme. Ses écrits sont d’une grande richesse : son œuvre est toujours une source de première importance pour les historiens de la Nouvelle-France et elle est considérée, par plusieurs âmes en quête d’absolu, comme une maîtresse spirituelle inépuisable.
Philippe Roy-Lysencourt
SOURCE : https://www.cemi.ulaval.ca/marie-de-lincarnation/elements-biographiques
Mère
Sainte-Ursule, d'après Enrico Bottoni. L'Extase de Marie de l'Incarnation,
vers 1890. Huile sur toile, 100 x 77, Musée national des beaux-arts du Québec
SAINTE MARIE de
L'INCARNATION
Veuve, Ursuline
(1599-1672)
Marie Guyart-Martin,
quatrième d'une famille de sept enfants, naquit à Tours, en France. Toute
jeune, elle eut un songe qui la toucha profondément. «J'avais environ sept ans,
écrit-elle. Une nuit, durant mon sommeil, il me sembla que j'étais dans la cour
d'une école... Tout à coup le ciel s'ouvrit, et Notre-Seigneur en sortit,
venant vers moi! Quand Jésus S'approcha de moi, je Lui tendis les bras pour
L'embrasser... Et Jésus m'embrassa affectueusement et me dit: "Voulez-vous
être à Moi? -- Oui, Lui répondis-je..." Ce "oui", clé de toute
son existence, elle ne cessera de le répéter en toute occasion, dans la joie
comme dans l'adversité.
A 18 ans, ses parents la
crurent faite pour le mariage. Marie obéit et épouse Claude Martin, maître
ouvrier en soie. En 1619, elle met au monde un fils qui deviendra Dom Claude
Martin. Six mois plus tard, le Seigneur la marqua de Son choix: c'est la croix
du veuvage avec toutes ses épreuves. Marie de l'Incarnation se sentait
fortement attirée à la vie religieuse, reconnaissant toutefois que l'heure de
Dieu n'était pas encore venue.
Plusieurs années très
dures se succédèrent. En service chez sa soeur, Marie de l'Incarnation devint
l'esclave des serviteurs et servantes de la maison. Dans cette pénible
situation, la bienheureuse poussa l'humilité, la charité, la patience et
l'oubli d'elle-même jusqu'à l'héroïsme. Dans les occupations les plus débordantes,
elle conservait sans cesse la présence de Dieu.
A l'âge de vingt et un
an, elle se liait dans le monde par les voeux de chasteté, de pauvreté et
d'obéissance. En 1625, Dieu la gratifia d'une vision de la Très Sainte Trinité.
A trente et un ans, l'appel
de Dieu qui lui demande de tout quitter retentit impérieusement dans l'âme de
Madame Martin. Le 25 janvier 1631, elle quitte son vieux père, et surmontant
les déchirements de son coeur de mère, elle confie son fils, lequel n'a pas
encore douze ans, aux soins de sa soeur. Ce détachement absolu, qui en fait un
modèle pour les parents, fut l'un des actes les plus héroïques et les plus
sublimes de la vie de la bienheureuse Marie de l'Incarnation. «Dieu le veut mon
fils, disait la courageuse mère, et si nous L'aimons, nous devons le vouloir
aussi. C'est à Lui de commander, à nous d'obéir.» Le coeur brisé, elle entre
enfin au noviciat des Ursulines de Tours.
Huit ans plus tard, soit
à l'âge de 40 ans, Marie de l'Incarnation s'embarque à Dieppe avec quelques
compagnes, en destination du Canada. Elle compte parmi les premières
religieuses qui vinrent en Amérique. A cette époque, une telle aventure
missionnaire était considérée comme une innovation. L'héroïsme était de règle
chez ces pionnières de l'Église de Nouvelle-France qui joignait la vie cloîtrée
à la vie missionnaire. «Nous voyons ici une espèce de nécessité de devenir
sainte, écrira Marie de l'Incarnation. Ou il faut mourir, ou y donner son
consentement.»
Bien qu'âgée de plus de
quarante ans, elle étudia les langues indiennes extrêmement difficiles, et
rédigea un dictionnaire algonquin-français, ainsi qu'un dictionnaire et un
catéchisme iroquois. Son travail préféré consistait dans l'enseignement des
petites Indiennes qu'elle appelait les «délices de son coeur» et «les plus
beaux joyaux de sa couronne.»
Les maladies, les
humiliations et les persécutions de la part même des personnes de bien, les
longues peines intérieures et les croix de toutes sortes dont la vie de la
Bienheureuse abonde, ont manifesté avec éclat l'esprit de sainteté qui régnait
dans cette âme totalement livrée à l'amour divin. Bien qu'entraînée par
l'Esprit-Saint aux plus hauts sommets de la contemplation, Marie de
l'Incarnation ne cessa d'être une femme d'action extraordinaire, douée d'un
sens pratique hors pair.
Elle rendit sa belle âme
à Dieu à l'âge de 72 ans. Par les vocations diverses que la divine Providence
lui réserva successivement, cette âme admirable se présente comme un modèle
pour les époux, les parents, les apôtres laïcs et les religieux. Surnommée à
juste titre: la Thérèse de la Nouvelle-France, Marie de l'Incarnation figure
parmi les plus grandes gloires nationales du Canada et comme la véritable Mère
de la patrie.
Par le décret d'héroïcité
des vertus, promulgué le 19 juillet 1911, le saint pape Pie X justifia et confirma
la réputation de sainteté dont elle jouissait déjà à sa mort. Le 24 juin 1976,
Grégoire XVII plaça l'illustre Marie de l'Incarnation au catalogue des
bienheureuses.
Tiré d'une composition
O.D.M. et du magazine bimestriel Univers, juillet-août 1980, no: 4, p. 6.
SOURCE : http://www.magnificat.ca/cal/fran/06-02.htm
Marie de l'Incarnation
Nous signalons parmi les
héros de la fondation de Québec, la Bienheureuse Marie de l’Incarnation, qu’on
a surnommée: «Mère de l’Eglise canadienne, la Thérèse d’Avila du Canada»,
béatifiée par Jean-Paul II. Voici une courte biographie, que nous prenons de la
vie des saints de tous les jours.
Marie Guyart, quatrième
enfant de Jeanne Michelet et du boulanger Florent Guyart, est née à Tours, en
France, le 28 octobre 1599.
Dieu allait en faire une
des plus grandes mystiques de l’Église, une missionnaire exceptionnelle et la
mère de l’Église canadienne.
Dès l’âge de sept ans,
elle voit, dans un songe, Jésus qui vient vers elle et lui demande:
«Voulez-vous être à moi?»
Avec toute sa spontanéité
d’enfant, elle répond «OUI!» Un «Oui» libre et ardent qui ne s’est jamais
démenti.
A dix-sept ans, ses
parents, selon la coutume du temps, la donnent en mariage à Claude Martin,
marchand en soieries. Son mari meurt deux ans plus tard la laissant avec le
soin d’un enfant de six mois, le petit Claude (qui deviendra plus tard prêtre
bénédictin), et tous les embarras d’un commerce en faillite. Avec courage, elle
fait face à cette nouvelle situation.
En 1621, elle avait
accepté de travailler au commerce de son beau-frère qui gérait une entreprise
importante de transport. On voit Marie, dans les rues de Tours, en train de
négocier, de s’occuper des employés ou de prendre soin de soixante chevaux.
Parfois, il est minuit et elle est encore sur les quais à faire charger et
décharger la marchandise.
En 1627, lors d’une
expérience profonde de la Trinité, Jésus la prend pour son épouse et l’unit à
lui de façon inexprimable. Elle vit ces expériences au milieu d’une vie très
occupée.
En 1631, à la suite des
appels répétés du Seigneur, elle entre chez les Ursulines, à Tours, où elle
prend le nom de Marie de l’Incarnation. Là, Dieu continue à la préparer à la
vocation missionnaire qu’il a choisie pour elle.
En 1634, dans un nouveau
songe, elle voit «un lieu très difficile», qu’elle reconnaîtra à son arrivée à
Québec, et perçoit que la Vierge Marie et son fils Jésus semblent l’appeler à
une mission qu’elle ne connaît pas encore.
Elle entre en contact
avec quelques Jésuites, missionnaires de la Nouvelle-France. Finalement, le 25
janvier 1639, elle quitte son monastère de Tours, en route pour Québec. Elle
est accompagnée de madame de la Peltrie, une veuve qui est prête à la suivre et
à l’aider financièrement dans son projet de fonder une école pour les jeunes
filles amérindiennes et françaises.
De 1639 à 1672, elle vit
dans son monastère à Québec, au coeur de la nouvelle Église canadienne.
Pour se protéger du
froid, les soeurs dorment dans des coffres, sortes de cercueils doublés de
serge.
L’activité qu’elle
déploie au service de la Mission est tout simplement prodigieuse. En plus
d’accueillir les jeunes filles pour leur enseigner les fondements de la
religion chrétienne, elle reçoit au parloir un grand nombre de visiteurs
amérindiens et français.
En outre, elle se met à
l’étude des langues du pays et compose des dictionnaires, des catéchismes et
des histoires saintes dans au moins trois langues amérindiennes.
C’est à elle que revient
tout le soin du matériel: la construction du monastère et la reconstruction
après l’incendie de 1650, le souci d’assurer la nourriture et les vêtements
pour les religieuses et les jeunes pensionnaires.
Le soir à la chandelle,
elle écrit des milliers de lettres à son fils, à ses amis et aux bienfaiteurs
de France.
En 1654, elle répond aux
demandes insistantes de son fils Claude, devenu bénédictin, en lui envoyant la
Relation de sa vie.
Au dire de Bossuet, Marie
de l’Incarnation est la «Thérèse du nouveau monde et de son temps.»
Elle est appelée, à juste
titre «mère de l’Église canadienne».
Elle meurt à Québec le 30
avril 1672, et a été béatifiée par Jean-Paul II le 22 avril 1980.
Bienheureuse Marie de
l’Incarnation, ramenez nos Canadiens à la pratique religieuse.
SOURCE : http://www.michaeljournal.org/marieincarnationf.asp
Sainte
Marie de l'Incarnation, peintre anonyme du XIXe siècle
Santa Maria
dell'Incarnazione (Marie Guyart)
MARIE DE L'INCARNATION
(1599-1672)
DES QUAIS DE LA LOIRE AUX
RIVES DU ST-LAURENT
Son itinéraire spirituel
par Hermann Giguère,
professeur à l'Université Laval
(article paru dans la
revue de spiritualité SELON SA PAROLE, vol.12, numéro 5, 15 mai 1986)
Marie Guyart (c'était le
nom de famille de Marie de l'Incarnation), née en 1599, épousa en 1617 Claude
Martin, un fabricant de tissus et de soieries à Tours en France dont elle eut
un fils qu'on prénomma Claude comme son père. A 20 ans, elle était veuve. Son
mari était mort en lui laissant son enfant à élever et une entreprise sur le
bord de la faillite.
Premières grâces (1599-1619)
Marie Guyart, comme
beaucoup des ancêtres québécois, était de constitution robuste et ne se
laissait pas écrasée facilement par les problèmes. Elle prit en main
l'entreprise de son mari, régla les dettes, liquida les biens et se retira chez
son père avec son jeune fils. Plusieurs prétendants se présentent. Elle préfère
attendre avant de se remarier. Elle se consacre à son fils et à son vieux père.
Pendant cette période plus calme de sa vie, elle voit son goût de Dieu se
développer. Déjà dans son enfance , elle nous raconte qu'elle avait une 'pente
au bien' et qu'elle aimait bien rendre service autour d'elle. Maintenant
qu'elle est plus libre, elle va suivre de plus ce penchant.
Les étapes unitives (1619-1631)
Un matin de mars 1620, le
24 mars plus précisément, alors qu'elle s'en va à la messe , elle fait une
expérience bouleversante. Elle n'avait jamais saisi dans le fond d'elle-même
que Dieu l'aimait telle qu'elle était, qu'il avait donné son Fils pour son
salut. Ce matin-là, elle se voit comme plongée dans le sang du Christ. A 55 ans
, elle se rappelle encore ce jour comme celui d'un nouveau départ dans sa vie
" Je m'en revins à notre logis, changée en une autre créature, mais si
puissamment changée que je ne me connaissais plus moi-même" écrira-t-elle
à son fils en 1654.
Dans les années qui
suivent , Marie met de côté les projets de mariage. Elle accepte d'aller aider
sa soeur et son beau-frère. Elle fera tous les travaux ménagers, elle
s'occupera des employés malades et finalement elle dirigera l'entreprise de son
beau-frère lors de ses nombreuses absences. C'était une entreprise de
transports de marchandises par bateau sur la Loire. "Quelquefois,
écrit-elle, il était minuit que j'étais sur le port à faire charger ou
décharger des marchandises. Ma compagnie ordinaire était des crochetiers, des
charretiers (nous dirions aujourd'hui des débardeurs)."
Par toute cette vie assez
occupée, Marie Guyart ne se sent pas éloignée de Dieu qu'elle a rencontré. Au
contraire, parce qu'elle peut venir en aide à toutes sortes de gens , les
encourager, les soigner, leur parler de Jésus, elle est sûre qu'elle répond de
cette façon à l'appel de Dieu. Sa rencontre avec le Seigneur continuera de se
faire à travers la vie quotidienne et concrète. Son fils grandit. Sa vie
spirituelle s'épanouit. Elle connaît des moments pour elle inoubliables en la
présence de Dieu dans la prière comme en 1627 où elle se voit liée à Jésus
comme en un mariage spirituel et mystique. Sa vie n'en sera pas changée
extérieurement. Ce qui comptera encore plus pour Marie, ce sera de vire
l'Évangile de Jésus. Les "maximes de l'Evangile", comme elle dit,
seront là pour la guider où Dieu voudra.
La vocation missionnaire (1631-1647)
En entrant dans la
trentaine, Marie Guyart ne se doutait pas encore que son amour de Dieu et son
goût du service la conduiraient en Nouvelle-France comme missionnaire dans pays
de froidures, de chasses et de commerce de peaux de castors. Québec à ce moment
était un petit village de 300 personnes à peine. Après être entrée dans la
congrégation des religieuses Ursulines en 1631, tout en souffrant de se séparer
de son fils, elle avait senti que le Seigneur la préparait à d'autre chose. On
lui proposa d'aller en Nouvelle-France et elle décida d'accepter. Le 1 août
1639, elle débarquait à Québec avec quelques compagnes. Il fallait se bâtir un
logis, puis commencer à apprendre les langues indiennes, car le but de ce petit
groupe d'Ursulines était l'éducation des enfants des colons et des jeunes
indiennes.
L'état consommatif et
permanent (1647- 1672)
Dans cette période de la
vie de Marie de l'Incarnation (c'est le nom qu'elle avait pris en entrant chez
les Ursulines), les épreuves ne font pas défaut comme par exemple l'incendie du
monastère en plein hiver en 1650 dans la nuit du 30 au 31 décembre.
Conclusion
Ce qui nous frappe chez
Marie de l'Incarnation C'est qu'elle ne retourne jamais en arrière. Favorisée
d'un grand sens pratique et d'une confiance inébranlable en Dieu, elle vit ses
soucis, son enseignement, ses responsabilités dans la paix. "Dieu luit au
fond de mon âme, qui est comme dans l'attente" écrira-t-elle en ajoutant
que toutes ses occupations ne lui font pas perdre de vue la présence de Dieu
dans sa vie. Elle est parvenue à une intégration spirituelle remarquable du
service de ses frères et soeurs et de la communion intime avec Dieu au fond
d'elle-même. Après une brève maladie, elle meurt en 1672. Elle avait voulu de
toutes ses forces contribuer à l'annonce de l'Evangile dans ce nouveau pays où
elle apprit à vivre de façon différente sa fidélité au Seigneur
Mariée et mère de
famille, gérante du commerce de son beau-frère, éducatrice des enfants sur les
rives du St-Laurent, Marie Guyart s'est appliquée à répondre de tout son coeur
aux appels que le Seigneur lui a fait au cours de sa vie. Elle a vécu
simplement, n'a pas eu peur de prendre de nouveaux départs et surtout elle
s'est attachée à cette lumière de l'Evangile qui l'a soutenue et réjouie bien
souvent. "Dieu ne m'a jamais conduite par un esprit de crainte, mais par
celui de l'amour et de la confiance" dira-t-elle en 1668, quelques années
avant sa mort.Elle a été déclarée bienheureuse par le pape Jean-Paul II, le 22
juin 1980. Sa sainteté est ainsi reconnu de façon officielle par l'Eglise. On
peut souhaiter qu'un jour elle devienne comme Thérèse d'Avila et Catherine de
Sienne Docteur de l'Eglise.
SOURCE : http://www.carrefourkairos.net/minc/marieinc.html
Marie de
l'Incarnation (1599-1672)
Elle occupe une place
rare en France. Elle occupe une place rare en Nouvelle-France. L'abbé Henri
Brémond, un historien de la spiritualité, a sorti Marie de l'Incarnation de
l'oubli dans son grand ouvrage sur l'Histoire du sentiment religieux en France à
partir des guerres de religion.
1. Sa place parmi les
mystiques
L’abbé Henri Brémond
situe Marie de l'incarnation dans la foulée mystique du XVIIe siècle et lui
consacre la moitié d'un tome de son ouvrage. Il la classe dans la ligne de
l'école mystique du P. Louis Lallemant dont nous reparlerons plus loin. Si
Brémond considère Marie de l'Incarnation de l'école du père Louis Lallemant,
Cognet dans La spiritualité moderne, voit sa spiritualité comme une
"adaptation mystique" bérullienne.
Qu'en penser?
Le silence et l'oubli où
elle fut si longtemps tenue n'avouent-ils pas une situation
"hors-école"? Elle a cherché sa voie et s'est toujours remise à
l'action de Dieu, ne s'attachant qu'à sa présence, toujours parfaitement libre
de saisir son bien où il le lui présentait.
On peut trouver des
indices et des preuves en faveur d'une opinion ou de l'autre. Je crois, quant à
moi, que Marie de l'Incarnation a une place à part dans l'histoire de la
spiritualité. Elle se situe en dehors des écoles. Elle cherché sa voie et s'est
toujours remise à l'action de Dieu dans sa vie sans s'attacher à une voie plus
qu'une autre. Elle a toujours été souverainement libre vis-à-vis les écoles.
Elle a sûrement lu Thérèse d'Avila, François de Sales et d'autres auteurs
spirituels, mais elle a pris son bien où il était. Ses directeurs spirituels
furent Feuillants (Dom François de St-Bernard et Dom Raymond de St-Bernard),
une congrégation monastique de tradition bénédictine, jésuites (le Père Jérôme
Lallemant), mais son guide fut toujours comme nous le verrons, le "Maître
intérieur". C'est pourquoi, nous nous attacherons à regarder surtout
l'expérience de Marie de l'Incarnation.
Il n'y a pas non plus une
école de spiritualité qui se rattache à Marie de l'Incarnation car elle n'a pas
eu de disciples. Chez les Ursulines, elle a été vénérée comme fondatrice et
comme éducatrice d'abord et avant tout. Pierre Pourrat dans La spiritualité
chrétienne s'intéresse seulement à son oeuvre d'éducatrice lui aussi. Cela
n'enlève rien à la grandeur et la beauté de son expérience spirituelle
personnelle, mais elle est sans postérité. C'est un cas fréquent dans
l'histoire de la spiritualité. Son expérience et ses écrits mériteraient de la
déclarer Docteur de L'Église au même titre que Thérèse d'Avila et Catherine de
Sienne. Aujourd'hui, on commence à s'inspirer de sa spiritualité.
Dans l'histoire de la
spiritualité, elle se situe un peu en dehors des écoles. Elle n'est pas dans
l'école de Lallemant comme telle, ni tout à fait bérullienne. Elle est UNIQUE.
Son expérience spirituelle s'est nourrie de la piété de l'Église et de la
Parole de Dieu méditée. L'Écriture Sainte est importante dans sa vie.
2. Son expérience
spirituelle
Voici quelques notes
brèves qui seront commentées en classe. Marie de l'Incarnation répondant à la
demande insistante de son fils devenu moine a raconté son cheminement spirituel
dans une longue lettre (Relation) en 1654. Elle l'a divisé en étapes spirituelles
qu'elle appelle des "états d'oraison". Ces "états
d'oraison" sont plus englobants que les "demeures" de Thérèse
d'Avila. Ils ne se limitent pas malgré leur noms à décrire les progrès dans la
prière. Dans la langue de Marie de l'Incarnation ce qu'on peut mettre sous le
mot "état d'oraison" est ainsi présenté par Colette Gombervaux dans
L'itinéraire mystique de Marie de l'Incarnation (p.191)
A travers de nombreuses
péripéties extérieures et intérieures, "un état d'oraison, écrit-elle, n'a
d'autre stabilité pour notre mystique que celle d'un don sans repentance dont
Dieu arrive à faire profiter pleinement celui ou celle à qui il le
destine"
Ainsi un "état
d'oraison" est d'abord marqué par la nouveauté de l'action de Dieu qui est
reçue et perçue par le sujet (par Marie de l'Incarnation). L'"état
d'oraison" comportera un début et une fin dans le temps, mais il ne sera
toujours qu'un étape ou une phase plus ou moins longue d'une unique expérience
qui s'enrichit et s'épanouit.
Marie Guyart, née en
1599, épouse à dix huit ans, en 1617, un fabricant de tissus et de soieries à
Tours: Claude Martin. Claude, leur fils, naît en 1618. En 1619, Marie (Guyart)
Martin devient veuve à vingt ans, une entreprise en faillite et un bébé d'un an
sur les bras!
Premières grâces (1599-1619)
Avec la constitution
robuste de nos ancêtres, Marie Guyart fait face aux chocs. Elle règle les
dettes, liquide les biens et se retire, avec son bébé, chez son père, où,
ignorant les prétendants, elle se consacre à son fils et à son vieux papa.
Période calme où grandit l'attrait de Dieu, 'une pente au bien' disait-elle de
son enfance, avec ce goût à rendre déjà service autour d'elle.
Les étapes unitives (1619-1631)
Le 24 mars 1620, alors
qu'elle s'en va à la messe, c'est, dans la rue, l'expérience bouleversante de
l'amour de Dieu, ressentie jusqu'au fond d'elle-même.
Ce matin du 24 mars, elle
se voit comme plongée dans le sang du Christ. Pour la première fois Marie
Guyart-Martin sait que Dieu l'aime telle qu'elle est, qu'il a donné son Fils
pour son salut: "...Je m'en revins à notre logis, changée en une autre
créature, mais si puissamment changée que je ne me connaissais plus
moi-même...", écrira-t-elle à Claude en 1654; trente ans plus tard!
Les années suivantes,
hébergée par sa soeur mariée, Marie les passe aux travaux ménagers, au soin des
employés malades et, finalement, à diriger le commerce de son beau-frère durant
ses nombreuses absences, une entreprise de transports par bateau, sur la Loire.
Si occupée soit sa vie,
Marie Guyart-Martin reste près du Dieu qu'elle a rencontré. Venir en aide à
chacun, encourager, soigner, parler de Jésus, elle sait qu'elle répond à
l'appel de Dieu, que la rencontre avec le Seigneur passe par la vie
quotidienne.
Elle connaît, dans la
prière en la présence de Dieu, des moments pour elle inoubliables. En 1627 elle
se voit liée à Jésus en un mariage spirituel et mystique, sans que sa vie n'en
soit extérieurement changée. Vivre l'Évangile, les "maximes de
l'Évangile", comme elle dit, voilà ce qui la guide où Dieu veut.
Vocation missionnaire (1631-1647)
Vers trente ans, madame
Martin, déchirée à l'idée de se séparer de son fils de 12 ans, se présente
pourtant en 1631, à la porte d'une congrégation vouée à l'éducation: les
religieuses Ursulines.
Reçue, pour toujours,
Marie Guyart-Martin s'appelle désormais Marie de l'Incarnation.
La vie intérieure
unifiée, s'amplifie, encore qu'elle présente que le Seigneur la prépare à
d'autre chose où son dévouement, son sens de l'action, son goût de servir,
trouveront leur consommation.
L'état consommatif et
permanent (1647- 1672)
L'offre de mission tombe,
qu'elle accepte. Et le 1 août 1639, elle voit, comme ses compagnes, se dresser
devant elle le Cap Diamant!
Nous connaissons ce qui
l'attend: 300 pauvres habitants et combien d'autochtones, dont il faut tout
apprendre, si l'on veut les servir. Si on veut servir; sans retour.
Les uns comme les autres
-en fait, la Nouvelle-France et l'Église-, disposent désormais, avec ces femmes
dans la force de l'âge et de la disponibilité, d'un instrument d'éducation pour
leurs enfants.
3. Thèmes principaux de
ses écrits
Il y a quatre thèmes sur
lesquels on peut insister pour caractériser sa spiritualité.
a) Le Verbe Incarné
- Songe à 7ans "le
plus beau des enfants des hommes"
- Enchâssement des coeurs
(Vision en 1623-24 dans le demi-sommeil)
- Mariage mystique
-Dévotion au Sacré-Coeur
(de 1635 à sa mort) durant 37 ans
Note sur la dévotion au
Sacré-Cœur de Marie de l’Incarnation
En 1627 ou 1628, selon
Dom Oury même si le mot coeur ne figure pas dans le texte. Elle voit sortir du
sein du Fils de Dieu "avec impétuosité un fleuve d'amour qui recréait tout
le ciel"
Au début des années
trente. Raconté dans sa grande lettre sur le Sacré-Coeur de 1661. Elle entend
une voix qui lui dit "Demande-moi par le Coeur de mon Fils, c'est par lui
que je t'exaucerai" Des ce jour, commente-t-elle dans la Relation de 1654,
"L'Esprit qui m'agissait m'unit à ce divin et très adorable Coeur de Jésus
en sorte que je ne parlais ni ne respirais que par lui, en expérimentant de
nouvelles infusions de grâces dans ce divin Coeur et l'Esprit de mon Jésus qui
me faisait produire des choses admirables... au sujet de l'amplification du
royaume" Jamet t. II, p.315)
Cette dévotion au Sacré
Coeur est plus qu'une dévotion elle exprime un trait essentiel de la
spiritualité de Marie de l'Incarnation
Le Coeur est ici un
symbole comme dans le courant bérullien de saint Jean Eudes. Mais ce symbole
est lié de façon explicite dans la prière apostolique à la Rédemption,
"l'amplification du Royaume" dans le langage savoureux de Marie de
l'Incarnation.
Voici le texte de cette
fameuse prière dite "Prière apostolique de Marie de l'Incarnation"
Marie de l'Incarnation
raconte : "un soir que j’étais dans notre cellule, traitant avec le Père
éternel de la conversion des âmes et souhaitant avec un ardent désir que le
Royaume de Jésus-Christ fût accompli, il me semblait que le Père éternel ne
m’écoutait pas... cela m’affligeait, mais en ce moment j’entendis une voix
intérieure qui me dit : "Demande-moi par le Coeur de mon Fils, c’est par
lui que je t’exaucerai".
PRIÈRE APOSTOLIQUE DE
MARIE DE L'INCARNATION
"C’est par le Coeur
de mon Jésus, ma voie, ma vérité et ma vie que je m’approche de vous, ô Père
éternel.
Par ce divin Coeur je
vous adore pour tous ceux qui ne vous adorent pas ;
je vous aime pour tous
ceux qui ne vous aiment pas ;
je vous adore pour tous
les aveugles volontaires qui par mépris ne vous connaissent pas.
Je veux par ce divin
coeur satisfaire pour tous les mortels.
Je fais le tour du monde
pour y chercher toutes les âmes rachetées du Sang très précieux de mon divin
Epoux : je veux vous satisfaire pour elles toutes par ce divin Coeur. Je les
embrasse toutes pour vous les présenter par lui. Je vous demande leur
conversion ; voulez-vous souffrir qu’elles ne connaissent pas mon Jésus ?
Permettrez-vous qu’elles ne vivent pas en Celui qui est mort pour tous ? Vous
voyez, ô divin Père, qu’elles ne vivent pas encore. Ah ! faites qu’elles vivent
par ce divin Coeur.
Sur cet adorable Coeur je
vous présente tous les ouvriers de l’Evangile ; remplissez-les de votre
Esprit-Saint par les mérites de ce divin Coeur. Sur ce Sacré Coeur comme sur un
Autel divin je vous présente Claude Martin, votre petit serviteur (mon fils) et
Marie Buisson, votre petite servante (ma nièce), je vous demande au nom de mon
divin Epoux que vous les remplissiez de son esprit et qu’ils soient
éternellement à vous sous les auspices de cet adorable Coeur.
Vous savez, mon
bien-aimé, tout ce que je veux dire au Père par votre divin Coeur et par votre
sainte âme : en lui disant je vous le dis parce que vous êtes en votre Père et
que votre Père est en vous. Faites donc que tout cela s’accomplisse et
joignez-vous à moi pour fléchir par votre Coeur celui de votre Père. Faites
selon votre parole que comme vous êtes une même chose avec lui, toutes les âmes
que je vous présente soient aussi une même chose avec lui et avec vous."
Le Coeur de Jésus est une
voie d'entrée dans le mystère du dessein d'amour du Père et aussi un lieu
d'insertion dans le Corps Mystique.
L'amplification du
royaume implique l'idée de mission et d'évangélisation; étendre le royaume de
Jésus. C'est une conception de la mission qui voit l'évangélisation un peu
comme dans les Actes des Apôtres, à l'image de l'Église primitive qui rayonnait
et qui voyait de plus de plus de gens s'adjoindre à la communauté des croyants.
Cette nouvelle Église qui naît en Nouvelle-France est une communauté chrétienne
fervente qui se crée. Et créer une communauté chrétienne, c'est évangéliser. On
a appellé Marie de l'Incarnation, la "Mère de l'Église canadienne".
Sa méthode insiste sur la
connaissance et l'adaptation. Elle apprend les langues indiennes à quarante et
cinquante ans.
b) L'union de l'action et
de la contemplation.
C'est une compénétration
des deux.
c) L'amour de l'Écriture
Sainte ou de la Parole de Dieu.
Elle insiste sur les
maximes de l'Évangile de Jésus Christ.
d) La docilité à l'Esprit
ou au Maître intérieur
qui se traduit dans la pauvreté spirituelle, une forme de désappropriation
spirituelle et d'ouverture à l'Esprit. Autre versant confiance aux inspirations
de l'Esprit.
Conclusion
Ce qui nous frappe chez
Marie de l'Incarnation c'est qu'elle ne retourne jamais en arrière. Telle est
cette femme. Soucis, enseignement, responsabilités, tout se vit avec un rare
sens pratique et en la présence irréductible de Dieu: "...Dieu luit au
fond de mon âme, qui est comme dans l'attente". C'est la communion
intégrale du service à ses frères et soeurs et du commerce intime de son être
avec Dieu, où toutes ses forces contribuent à l'évangélisation de la
Nouvelle-France. Telle était cette femme dans la constance de sa foi et de son
espérance.
Jeune fille, femme, mère,
veuve, gérante commerciale, missionnaire éducatrice,
Guyart-Martin-Marie-de-l'Incarnation attend, entend, écoute les appels que le
Seigneur lui fait. Elle y répond simplement, sans crainte du nouveau ou de
l'inconnu, baignée et nourrie de la Parole de Dieu qui "...ne m'a jamais
conduite par un esprit de crainte, mais par celui de l'amour et de la
confiance". (lettre de 1668, quatre ans avant sa mort en 1672).
Chez Marie de
l'Incarnation se conjugue un état de contemplation et d'oraison très profond
avec une action apostolique et sociale qu'aucune adversité ne tue: incendie de
1650, destruction de la huronie, martyre des pères jésuites.... Rien ne l'aura
déstabilisée.
Déclarée bienheureuse par
Jean-Paul II, le 22 juin 1980, sa sainteté ainsi reconnue par l'Église, le
souhait demeure que comme Thérèse d'Avila pour l'Espagne, comme Catherine de
Sienne pour l'Italie, Marie de l'Incarnation pour les Amériques, soit la
première femme Docteur de l'Église universelle.
La Bienheureuse Marie de
l'Incarnation (1599-1672) suscite un intérêt qui ne se dément pas depuis
l'Histoire du sentiment religieux en France de Brémond.
MARIE DE L'INCARNATION (1599-1672)
Les premières grâces
28-10-1599 Naissance à
Tours de Marie Guyart.
1607 Songe prophétique.
Première conversion à Dieu.
1607-1619 Premières
Grâces.
1614 Attraits à la vie
religieuse.
1617 Mariage avec Claude
Martin.
1619 Naissance d'un fils:
Claude junior.
1619 Veuvage et solitude.
Ruine de la fortune.
Les étapes mystiques
unitives
24-03-1620 Conversion
(Vision du Sang de Jésus).
1620-1631 Itinéraire
mystique unitif. Pratique héroïque des vertus (mortification, pauvreté,
chasteté, obéissance, charité, religion...).
1621-1625 État de service
chez une soeur aînée.
1625-1631 A la tête du
commerce de son beau-frère.
1627 2ème Vision de la
Trinité - Mariage spirituel
1631 Entrée chez les
Ursulines.
25-03-1631 Prise de
voile, Prend le nom de Marie de l'Incarnation
1631-1633 Années de
Noviciat. Aridités et nuits spirituelles.
01-1633 Profession
religieuse.
Vocation missionnaire
Noël 1633 Songe
prophétique du Canada.
1634 Sous-maîtresse du
Noviciat. Grâces d'esprit apostolique.
1633-1639 Itinéraire
mystique de vie apostolique.
1636-1639 Exécution de la
vocation missionnaire.
1639 Songe prophétique
des souffrances apostoliques
05-08 1639 Voyage en
Canada.
1639-1645 Premiers
établissements au Canada. Première période de supériorat. Rédaction des Constitutions
et du Directoire. L'enseignement des enfants. Les grandes souffrances de la vie
intérieure apostolique.
1645 Direction
spirituelle par le Père Jérôme Lallemant.
1646 Maladie de Marie.
Dépositaire.
État foncier et permanent
(consommation)
1647 Itinéraire mystique
de vie apostolique.(consommation)
1650 Incendie du premier
monastère. Nouveaux triennats de supériorat.
1651-1657 L'union
mystique à la T.S. Vierge Marie.
1654 Itinéraire mystique
de vie apostolique.
1663-1670 Dernier supériorat.
Graves maladies.
1670 Assistante et
maîtresse des novices.
1672 Maladie, guérison,
rechute.
30-04-1672 Décès.
Histoire de la
spiritualité moderne et contemporaine (Hiver 2007)
Cours THL- 15770:
HISTOIRE DE LA SPIRITUALITÉ MODERNE ET CONTEMPORAINE
Cours donné à
Marie-Jeunesse à Sherbrooke
Faculté de théologie et
de sciences religieuses
Université Laval, Québec,
QC
Professeur: Hermann
Giguère
Tous droits réservés
SOURCE : http://www.carrefourkairos.net/minc/minc_hsp98.htm
Tombeau
de Marie de l'Incarnation, chapelle des Ursulines de Québec
BIBLIOGRAPHIE
HISTOIRE DE LA
SPIRITUALITÉ MODERNE ET CONTEMPORAINE
Hermann Giguère,
professeur
Automne 1998
Marie de l'Incarnation
Oeuvres
Marie de l'Incarnation,
Ursuline de Tours: fondatrice des Ursulines de la Nouvelle-France. Écrits
spirituels et historiques, avec annotations critiques, pièces documentaires et
biographie, 4 vol., DDB, Paris et L'Action Sociale, Québec, 1929-1939. édités
par Dom Albert Jamet.
Marie de l'Incarnation,
Ursuline, (1599-1672). Correspondance, Abbaye Saint-Pierre, Solesmes, nouvelle
éd., 1971, 1071p.édité par Dom Albert Jamet.
Éditions partielles:
Dieu, mon Amour. Extraits
des écrits de Marie de L'Incarnation, mystique de France et du Canada,
(Réflexion et Vie, 2) Bellarmin, Montréal, 1972, 107p.
La relation
autobiographique de 1654, préface de Guy-Marie OURY, Solesmes, 1976, 134p.
Le témoignage de Marie de
l'Incarnation, Ursuline de Tours et de Québec, Beauchesne Paris,1932, 350p.
édité par Dom Albert Jamet.
Constitutions et
Règlements des Premières Ursulines de Québec 1647 (avec le P. Jérome
Lallemant), Edition miméographiée préparée par S. Gabrielle Lapointe, Québec,
1974, 268p.
Autres ouvrages
AA. VV., L'itinéraire
mystique d'une femme. Marie de l'Incarnation, ursuline, sous la direction de
Jean Comby, (Epiphanie Documents), Cerf/Bellarmin, Paris, 1993, 226 p.
AA. VV., Béatification
de Mère Marie de l'Incarnation, fondatrice du premier monastère des Ursulines
en Amérique, née à Tours, en France, le 28 oct. 1599, arrivée au Canada le Ier
août 1639, décédée à qQuébec le 30 avril 1672, béatifiée le 22 juin 1980 par sa
Sainteté le Pape Jean-Paul II, Vieux monastère de Québec, 1980.
ADOUR, Paul, Marie
de l'Incarnation: Ursuline missionaire en Canada, (La Colombelle, 6) Ed. du
Vieux Colombier, Paris, 1961, 143p.
ADRIAZOLA, Maria, La
connaissance spirituelle chez Marie de l'Incarnation, préface de L. BOUYER,
(Patrimoines / Christianisme), Anne Sigier, Lac-Beauport (Qc) / Cerf, Paris,
1989, 250p.
BELANGER, Anna, "Une
éducatrice d'hier pour aujourd'hui: Marie Guyart de l'Incarnation",
dans S.C.H.E.C., Sessions d'études, 39 (1972) 55-64.
BOUCHER, Ghislaine, Du
centre à la croix. Marie de l'Incarnation (1599-1672). Symbolique spirituelle,
préface de Guy-Marie OURY, (Symbole et Esprit) Les religieuses de Jésus-Marie,
Québec, 1976, 190p.
BREMOND, Henri, La
conquête mystique. Marie de l'Incarnation. Turba magna, t. IV de l'Histoire
littéraire du sentiment religieux en France, Bloud & Gay, Paris, 1922,
pp.1-226.
CHABOT,
Marie-Emmanuel, Dis-moi ton nom, Ed. Anne Sigier, Sainte-Foy (Qc), 1989,
99p.
CHABOT,
Marie-Emmanuel, Marie de l'Incarnation, Ed. du Centre Marie de
l'Incarnation, Québec, 1980, 55p.
CUZIN, Henri, Du
Christ à la Trinité, d'après l'expérience mystique de Marie de l'Incarnation,
Librairie du Sacré-Coeur, Lyon, 1936.
DEROY-PINEAU,
Françoise, Marie de l'Incarnation, Ed. Robert Lafont, Paris, 1989.
GERVAIS, Pierre,
"L'esprit apostolique chez Marie de l'Incarnation", dans Vie
consacrée, (1982), 139-170.
GERVAIS, Pierre,
"Une femme conduite par l'Esprit: Marie de l'Incarnation", dans Vie
consacrée, (1978), 131-150.
GERVAIS, Pierre, Marie
de l'Incarnation. Études de théologie spirituelle, (Collection Vie consacré,
13), Editions Anne Sigier, Namur, 1996, 224 p.
GERVAIS, Pierre,
"Mystique et apostolat chez Marie de l'Incarnation", dans Vie
consacrée, 3 (1989), 131-154.
GIGUERE, Hermann,
"Marie de l'Incarnation (1599-1672). Des quais de la Loire aux rives du
St-Laurent", dans Selon Sa Parole, 5 (1986), 10-11.
GOURDEAU, Claire, Les
délices de nos coeurs. Marie de l'Incarnation et ses pensionnaires
amérindiennes 1639-1672, (Les Nouveaux Cahiers du CELAT, 6) Septentrion,
Québec, 1994, 132p.
HUIJBEN, J., "La
Thérèse de la Nouvelle-France", dans Vie Spirituelle, Supplément, 22
(1930) 97-128.
JEAN, Aurore, Elle
aimait, Ed. du Centre Marie de l'Incarnation, Québec, 1980, 70p.
JETTE, F., La voie
de la sainteté d'après Marie de l'Incarnation, fondatrice des Ursulines de
Québec, Ed. de l'Université, Ottawa, 1954, 226p.
KLEIN, Joseph, L'itinéraire
mystique de la vénérable Mère Marie de l'Incarnation, Ursuline de Tours et de
Québec, Dillen, Paris, 1938, 240p.
LABELLE, Suzanne, L'esprit
apostolique d'après Marie de l'Incarnation, Ed. de l'Université, Ottawa, 1968,
220p.
LEBRETON, Jules,
"L'union mystique dans la vie apostolique: Marie de l'Incarnation",
dans Tu solus sanctus, Jésus-Christ vivant dans les saints, Beauchesne,
Paris, 1948, 169-206.
L'HEUREUX, M.A., The
mystical vocabulary of venerable Mère Marie de l'Incarnation and its problems,
Teh Catholic University of America Press, Washington, 1956.
MARIE
LEON-DE-VENISE, L'action à l'école d'une mystique, Bellarmin, Montréal,
1964, 116p.
MICHEL, Robert,
"Marie de l'Incarnation et la Vierge Marie", dans Église et
Théologie, 10 (1979) 207-222.
MICHEL, Robert, Vivre
dans l'Esprit: Marie de l'Incarnation, Bellarmin, Montréal, 1975, 337p.
OURY, Guy-Marie, Ce
que croyait Marie de l'Incarnation et comment elle vivait sa foi, Mame, 1972,
195p.
OURY, Guy-Marie, Dom
Claude Martin. Le fils de Marie de l'Incarnation, Abbaye Saint-Pierre de
Solesmes, Solesmes, 1983, 346p.
OURY, Guy-Marie,
"Jeanne Mance, Marie de l'Incarnation et Madame de la Peltrie",
dans Bulletin de la société historique et archéologique de Langres, 14
(1968) 322-337.
OURY, Guy-Marie, "La
contemplation de l'Incarnation", dans Esprit et Vie, 2e partie, n.5-6
(1973) 42-46.
OURY, Guy-Marie, "La
correspondance de Marie de l'Incarnation d'après le Registre des bienfaiteurs
des Ursulines de Québec", dans Église et Théologie, 3 (1972) 5-44.
OURY, Guy-Marie, Marie
de l'Incarnation, 2 vol., P.U.L., Québec et Abbaye Saint-Pierre, Solesmes,
1973, 607p.
OURY, Guy-Marie, Marie
de l'Incarnation; autobiographie, préface de Dom OURY, Solesmes, 1976, 134p.
OURY, Guy-Marie,
"Marie de l'Incarnation et la bibliothèque du noviciat des Ursulines de
Québec", dans Revue d'Ascétique et de Mystique, 46 (1970) 397-410.
OURY, Guy-Marie,
"Marie de l'Incarnation et le problème de l'adaptation", dans Esprit
et Vie, 2e partie, n.3-4 (1973) 24-28.
OURY, Guy-Marie, Marie
de l'Incarnation. Physionomie spirituelle, Solesmes, 1980, 153p.
OURY, Guy-Marie,
"Marie de l'Incarnation, supérieure", dans Esprit et Vie, 2e
partie, n.1-2 (1973) 10-14.
OURY, Guy-Marie,
"Pour une meilleure connaissance de la formation spirituelle de Marie de
l'Incarnation: le mouvement de restauration catholique en Touraine
(1599-1639)", dans Église et Théologie, 1 (1970) 39-59 et 171-204.
PENIDO, M.T.L.,
"Autour de Marie de l'Incarnation", dans La conscience
religieuse, Essai systématique suivi d'illustrations, Téqui, Paris, 1935,
177-245.
PERRET, Madeleine, La
vie tourangelle de Marie de l'Incarnation, introduction de Mgr FERRAND, photos
de Robert ARSICAUD, 1964, 52p
RENAUDIN, Paul, Une
grande mystique française au XVIIe siècle, Marie de l'Incarnation, Ursuline de
Tours et de Québec. Essai de psychologie religieuse, Bloud & Gay, Paris,
1935.
RETIF, A., "A propos
d'un anniversaire spirituel. Les héroïques débuts de Marie de l'Incarnation au
Canada (1639-1654)", dans Revue de l'Université d'Ottawa, 24 (1954)
385-397.
RETIF, A., "Marie de
l'Incarnation et la mission", dans Vie Spirituelle, 91 (1954)
175-192.
RETIF, A., Marie de
l'Incarnation et la mission, (Esprit et Mission), Mame, Tours, 1964, 173p.
THIRY, André, Marie
de l'Incarnation. Itinéraire spirituel, introd. par Dom Guy OURY, Beauchesne,
Paris, 1973, 175p.
VILNET, Jean,
"L'Écriture et les mystiques. Marie de l'Incarnation", dans Dictionnaire
de Spiritualité, t.4, col. 253-258.
Nouvelle présentation: 30
septembre 2004 sans mise à jour de la bibliographie.
Tous droits réservés
Copyright de la version électronique 1998 par Hermann Giguère
SOURCE : http://www.carrefourkairos.net/minc/bibminc.htm
Marie de l'Incarnation
« Mariée et mère de
famille, gérante du commerce de son beau-frère, éducatrice des enfants sur les
rives du St-Laurent, Marie Guyart s'est appliquée à répondre de tout son coeur
aux appels que le Seigneur lui a fait au cours de sa vie. Elle a vécu
simplement, n'a pas eu peur de prendre de nouveaux départs et surtout elle
s'est attachée à cette lumière de l'Évangile qui l'a soutenue et réjouie bien
souvent. "Dieu ne m'a jamais conduite par un esprit de crainte, mais par
celui de l'amour et de la confiance" dira-t-elle en 1668, quelques années
avant sa mort. Elle a été déclarée bienheureuse par le pape Jean-Paul II, le 22
juin 1980. »
Marie de l’Incarnation, 1599-1672
Témoin et catéchète en
Nouvelle-France
C’est sous les traits de
Marie Tifo que nous redécouvrons aujourd’hui Marie de l’Incarnation, à la fois
au théâtre dans La déraison de l’amour et au cinéma dans La Folle de Dieu. Une
réalisation de Jean-Daniel Lafond, à partir des centaines de lettres que la
religieuse écrivait à son fils Claude Martin, devenu moine bénédictin.
Marie Guyart est veuve et
a trente-deux ans quand elle entre chez les Ursulines. Elle y prend le nom de
Marie de l’Incarnation pour signifier son désir d’incarner et de transmettre
son amour pour Jésus. En 1639, elle s’embarque pour le Canada , terre de
mission..
Elle fonde à Québec un
couvent et une école pour l’éducation des filles des colons français et des
jeunes sauvagesses. Très vite, elle se rend compte qu’elle ne peut transmettre
la parole de Dieu si elle ne parle pas leur langue, si elle ne s’imprègne pas
de leur culture. Elle entreprend alors le difficile apprentissage des langues
amérindiennes et rédige pour elles dictionnaires, catéchismes et livres
d’histoire sainte en algonquin et en iroquois.
Comprenant l’attrait des
jeunes indiennes pour le chant et la danse, elle compose des chants à saveur
d’Évangile. Cette étonnante missionnaire qui savait chanter et danser pour Dieu
avec ses jeunes élèves ne serait-elle pas la première catéchète en Nouvelle
-France? Elle a saisi l’importance du respect et du dialogue entre les
cultures, un premier pas vers l’inculturation.
Nous ne sommes pas si
loin des défis auxquels cette audacieuse pédagogue a fait face en son temps :
oser annoncer l’Évangile dans la langue et la culture de chez nous.
Françoise Lagacé
« Marie comprend qu'elle
est choisie. Lors d'un rêve prophétique, elle n'est pas seule mais bien en
compagnie « d'une bonne fille »... « Ah! Voilà Notre Seigneur! C'est à moi
qu'il vient! » Pourquoi à elle? Voilà une question qui restera sans réponse.
Les choix divins sont
tout à fait gratuits, inexplicables par nos raisonnements humains, ils sont
grâces. Le Seigneur laisse l'occasion d'exercer notre foi et de lui faire confiance.
Et Marie ajoute : Le Seigneur avait un secret que je ne connaissais pas. Ainsi
pour chaque personne. Dieu a un projet qui sera connu au fur et à mesure du
déroulement des jours. Quel grand mystère que cette prédilection, cette
préférence! C'est avec beaucoup d'humilité qu'il convient d'accueillir les
prévenances divines. Ce qui suppose aussi beaucuop d'attenction aux moindres
signes que la vie présente. »
NOËL, Gabrielle
o.s.u. Marie Guyart de l'Incarnation, mère de l'Église canadienne,
collection Prier 15 jours, Éditions Nouvelle cité, Montrouge, France, p.25.
SOURCE : http://www.catechetes.qc.ca/sac/spiritualite/temoins/marie_incarnation.html
Plaque
de la fondation du premier monastère des Ursulines en Nouvelle-France, Place
Royale dans la Basse-Ville du Vieux-Québec. Texte de la plaque: Le
1er août 1639, Marie de l'Incarnation, ursuline de Tours en France et ses deux
compagnes fondent à cet emplacement le premier monastère d'Ursulines en
Nouvelle-France. Dans une maison concédée par la Compagnie des Cent-Associés,
elles accueillent jusqu'à dix-huit enfants pensionnaires. Après le départ des
Ursulines pour la Haute-Ville en 1642, les Augustines, arrivées en même temps
que les Ursulines, occupent à leur tour cette maison. 1639-1989
GUYART, MARIE, dite de
l’Incarnation (Martin), ursuline, fondatrice des Ursulines de la
Nouvelle-France, baptisée à Tours (France) le 29 octobre 1599, décédée à Québec
le 30 avril 1672.
Fille de Florent Guyart,
maître boulanger, et de Jeanne Michelet, Marie fut portée sur les fonts
baptismaux de l’ancienne église Saint-Saturnin. Sa mère descendait des Babou de
La Bourdaisière, noble et ancienne famille qui s’était distinguée au service de
l’Église et de l’État. Mais Jeanne Michelet avait épousé un simple et honnête
artisan bien établi et honoré dans sa corporation. Les Guyart donnèrent à leurs
sept enfants, trois garçons et quatre filles, une éducation profondément
chrétienne et une solide instruction. De bonne heure, Marie fréquenta l’école.
Ses premiers souvenirs nous la montrent dans une cour de récréation, jouant au
cerceau avec une compagne. Une nuit, elle vit le Seigneur en songe. Se penchant
vers elle, il lui demanda : « Voulez-vous estre à moy ? »
Elle répondit : « Ouy ». Un oui qui devait tisser son existence
d’élans généreux. Marie Guyart était une petite fille attirée vers les réalités
divines. Toute jeune, elle passait des heures à raconter ses « petites
affaires » au bon Dieu. Debout sur une chaise, elle répétait les sermons
entendus à l’église, et, des yeux, elle suivait les prêtres qu’elle croisait
dans la rue. Ce qu’elle appelle « une petite prudence » l’empêchait
de baiser leurs traces et de courir après eux. De bonne heure, Marie révèle
l’équilibre de sa riche nature faite à la fois pour les expériences mystiques
et les réalisations pratiques. Elle est bien fille de la première moitié
du xviie siècle. Époque de chevalerie et de bon sens, époque où la
spéculation et l’action se rencontrent dans une harmonieuse synthèse.
Vers l’âge de 14 ans,
Marie Guyart manifesta des attraits pour le cloître ; mais, la voyant
d’humeur gaie et agréable, ses parents la crurent plutôt propre au mariage.
Quoique pieuse, Marie lisait des romans, faisait bon visage au monde. Claude
Martin, maître ouvrier en soie, se présenta, et Marie se laissa engager dans
cette union qui ne lui apporta pas le bonheur. Elle demeura toujours réticente
sur cette période de sa vie, mais son premier biographe, Dom Claude Martin,
parle d’épreuves d’une espèce rare et nouvelle. Mystère qui recèle des ennuis
domestiques causés par une belle-mère jalouse et des embarras financiers qui
devaient aboutir à la faillite. Il se peut que l’état précaire de son commerce
ait conduit Claude Martin au tombeau. Il mourut dans les derniers mois de 1619,
après deux ans de ménage, laissant à sa veuve un fils âgé de 6 mois. Le petit
Claude, né le 2 avril précédent, avait été le seul rayon de soleil de leur
union. Une fois libre, Marie se retira chez son père et ses désirs du cloître revinrent
impérieux. Mais l’état pitoyable de ses affaires et son fils au berceau la
retenaient dans le monde. De nombreux prétendants se présentèrent. De toutes
parts, on la pressait de se remarier pour renflouer son budget et pourvoir à
l’éducation de son fils. Après quelques moments d’hésitation, elle décida de
suivre sa pente vers la solitude. Retirée dans une chambre haute, elle se mit à
lire des livres pieux, à converser intimement avec Dieu.
Soudain, le Seigneur fit
irruption dans sa vie. Elle-même raconte l’expérience mystique qui produisit ce
qu’elle appelle sa « conversion ». Un matin qu’elle se rendait à ses
occupations, une force irrésistible fond sur elle et l’arrête au milieu de la
rue. En un moment, les yeux de son esprit s’ouvrent et toutes ses fautes et
imperfections lui sont montrées en gros et en détail, avec une « clarté
plus certaine que toute certitude ». Au même moment, elle se voit plongée
dans le sang du Fils de Dieu. Elle se confesse au premier religieux qu’elle
trouve dans la chapelle des Feuillants et s’en retourne si puissamment changée
qu’elle ne se reconnaît plus. C’était le 24 mars 1620. Marie n’était que dans
le début de la vingtaine. Elle signifia par son habit et son maintien que sa
fortune était faite dans le monde. Comme elle avait beaucoup de talent pour le
négoce, sa sœur, mariée à Paul Buisson, marchand voiturier, l’invita à venir
habiter chez elle. D’abord, Marie assuma les besognes les plus obscures de la
maison. Tour à tour cuisinière, femme de chambre, garde-malade, elle
s’attablait avec une trentaine de rouliers pour les empêcher de blasphémer et
les soignait comme une mère quand ils étaient souffrants. Déjà liée à Dieu par
le vœu de chasteté, elle fit aussi les vœux de pauvreté et d’obéissance. On
imagine ce qu’elle eut à souffrir de la part de sa sœur et de son beau-frère
qui n’en soupçonnaient rien. En 1625, Paul Buisson lui confie la responsabilité
de toute son entreprise. La voilà dans un « tracas d’affaires », en
conversation avec un grand nombre de clients, sur les quais de la Loire, jusque
dans la boutique des huguenots. Cependant, elle expérimente « un paradis
intérieur », reçoit des révélations ineffables concernant le mystère de la
sainte Trinité. Elle a environ 27 ans et son fils Claude vient d’avoir 8 ans.
C’est un petit garçon frêle, timide, que sa mère prépare doucement à la
séparation définitive.
Mme Martin sait que
l’heure de quitter le monde va sonner. Assistée des conseils de Dom Raymond de
Saint-Bernard, religieux feuillant, elle attend que se précisent les voies de
Dieu. On la recevrait sans doute chez les Feuillantines, les Visitandines, les Carmélites,
les Bénédictines de Beaumont-lez-Tours, mais elle opte pour les Ursulines,
parce qu’une voix secrète lui dit que Dieu la veut là. Le 25 janvier 1631, elle
abandonne son vieux père, confie son fils Claude à la garde de sa sœur, et
entre toute brisée au noviciat des Ursulines de Tours. Aucune explication
humaine ne peut justifier pareil geste. Comme Abraham, Marie obéissait à des
exigences divines, ratifiées par son directeur spirituel et par Mgr Bertrand
d’Eschaux, évêque de Tours. Revenant plus tard sur cet épisode douloureux,
Marie avouera qu’elle s’était sentie mourir « toute vive ». Rien ne
lui fut plus pénible que la fugue de son fils. Pressentant quelque chose
d’insolite, il s’était enfui avant le départ de sa mère. On le retrouva après
trois jours, sur les quais de Blois. Puis le pauvre enfant fit l’assaut du
monastère avec une troupe d’écoliers. Dans ce vacarme, Marie distinguait la
voix de son fils qui, à hauts cris, disait : « Rendez-moy ma mère,
rendez-moy ma mère ».
Mme Martin devient religieuse
ursuline sous le nom de Marie de l’Incarnation et prononce ses vœux de religion
en 1633. Claude poursuit ses études chez les Jésuites de Rennes. Bientôt, Marie
est nommée sous-maîtresse des novices et professeur de doctrine chrétienne.
Cependant, elle a la secrète conviction que le monastère de Tours n’est pour
elle qu’un lieu de passage. Peu à peu sa vocation apostolique se précise. En
songe, Dieu la promène dans un vaste pays plein de montagnes, de vallées et de
brouillards épais. Plus tard, le Seigneur lui dit expressément :
« C’est le Canada que je t’ai fait voir ; il faut que tu y ailles
faire une maison à Jésus et à Marie ». Le mystère s’éclaircit, les
obstacles s’aplanissent. Les Relations des Jésuites renseignent Marie
sur les missions de la Nouvelle-France. Le père Poncet lui
permet de rencontrer Mme de Chauvigny de
La Peltrie, elle-même désireuse de se dévouer à l’évangélisation des petites
Amérindiennes. Humainement parlant, l’entreprise paraît pure folie :
comment imaginer de faibles femmes sur une mer infestée d’écueils et de
pirates ? De multiples objections surgissent contre le projet. Certains
pères de la compagnie veulent substituer les ursulines du faubourg
Saint-Jacques à celles de Tours ; Mgr d’Eschaux fait d’abord la sourde
oreille ; la Compagnie des Cent-Associés refuse le passage à Mme de La Peltrie
qui s’est présentée trop tard. Enfin, Marie de l’Incarnation, Marie de
Saint-Joseph [V. Savonnières]
et Mme de La Peltrie prennent le chemin de Paris. On comptait y recruter une
troisième ursuline ; mais l’archevêque refusa d’exposer la mère
Saint-Jérôme « aux injures de la mer et des barbares ». Mère Cécile
de Sainte-Croix, ursuline de Dieppe, compléta le nombre, à la dernière minute.
Trois hospitalières s’embarquaient aussi pour le Canada : les mères Marie
de Saint-Ignace [V. Guenet], Anne Le
Cointre, dite de Saint-Bernard et Marie de Saint-Bonaventure [V. Forestier].
Le 4 mai 1639, le Saint-Joseph cingla vers le Nouveau Monde. Marie de
l’Incarnation a laissé une description pittoresque de la traversée et de
l’immense iceberg qui faillit fracasser le navire. Le 1er août 1639, les
voyageuses arrivaient à Québec.
La vie apostolique de
Marie de l’Incarnation fut alors intimement liée à l’histoire de la
Nouvelle-France. Mère Marie se révèle d’abord femme d’affaires. Elle s’installe
cahin-caha dans une maison de la basse ville. Logement de fortune qu’elle
appelle finement son « Louvre ». Pour se garantir du froid, il faut
dormir dans des coffres doublés de serge. En 1642, on déménage sur le cap, dans
le beau monastère tout de pierre qui a 3 étages, 92 pieds de longueur et 28 de
largeur. Une merveille pour le pays. Dans la nuit du 31 décembre 1650, le feu
rase cette demeure, fruit d’immenses sacrifices. Marie de l’Incarnation
recommence à bâtir. Elle tient à coups d’énergie, d’ingéniosité et d’aumônes.
Elle sait rédiger des contrats, défendre ses droits contre certains messieurs
qui essaient de lui enlever ses concessions.
Bien plus, elle a des
idées neuves et personnelles sur l’économie du pays. La découverte des mines et
des salines l’intéresse. À la place des commerçants, elle ferait l’exportation
de l’huile de marsouin. Elle-même cultive un jardin, exploite une ferme, fait
creuser des puits. Sa correspondance abonde de détails concernant la vie
quotidienne. Devant nous, elle compte ses derniers sols, paie les ouvriers,
pétrit son pain d’orge. Elle s’interrompt même pour regarder ses bœufs à bout
de souffle. Gouverneurs, intendants et notables de la colonie la consultent au
sujet des affaires temporelles. Elle rêve grand pour la France, se réjouit des
exploits de ses compatriotes, mesure les progrès réalisés à Québec. En 1639,
elle était descendue dans une petite bourgade d’à peine quelques maisons ;
en 1663, on parle d’élire un maire et des échevins. On a établi l’usage des
dîmes pour l’entretien du séminaire et la fondation des paroisses, et l’on projette
même de bâtir un palais de justice et une prison. « Enfin tout cela sonne
gros, et commence bien », écrit Marie de l’Incarnation.
Avec l’aide des Jésuites,
elle rédigea des constitutions adaptées à la Nouvelle-France. Monument de
sagesse pratique et surnaturelle. Marie de l’Incarnation fut vraiment une
mystique d’action. Pendant 32 ans, tout le poids des responsabilités de la
fondation reposa sur ses épaules. Elle brava les raids iroquois, les
intempéries, la mauvaise volonté des hommes habiles à semer de l’ivraie dans le
champ des justes.
Marie de l’Incarnation
mit ses talents de chef au service des âmes. C’est en effet pour cette œuvre
évangélique que Dieu l’avait comblée des dons de la nature et de la grâce. Au
Canada, elle fut l’émule des pères de la Compagnie de Jésus, leur confidente et
leur soutien. Elle les accompagna par le désir jusqu’en Huronie, correspondit
avec eux, souhaita même de partager leur martyre. Les Jésuites furent ses
directeurs de conscience, ses professeurs de langues amérindiennes.
À la grille, mère Marie
reçut les confidences des Français chargés d’administrer la colonie. Plus
encore que de leurs entreprises temporelles, ils causaient spiritualité.
MM. Louis
d’Ailleboust, Jean Bourdon, Pierre
Legardeur de Repentigny et Alexandre de Prouville de
Tracy la considéraient comme leur meilleure amie. Mais Marie de l’Incarnation
est surtout venue pour l’éducation des petites Françaises et des petites
Amérindiennes. Dès le lendemain de leur arrivée à Québec, les Ursulines
reçurent toutes les jeunes filles françaises qui se purent rencontrer, pour les
instruire dans la piété et dans les bonnes mœurs. À cause de la rareté de l’argent,
les pensions des demoiselles étaient payées en marchandises. D’où l’originalité
des registres dont voici un extrait, daté de 1646 :
Reçu le 13 janvier pour
la pension de Mlle. C.
3½ cordes
de bois de
chauffage.
” le 6
mars 4
cordes de bois de
chauffage.
” le 13
mars 1 pot de
beurre pesant
12
lbs.
” le 13
novembre 1 cochon gras, 1 baril
de
pois.
” ………………...... 1
baril d’anguille salée.
Le pensionnat des
Ursulines se composa d’abord de 18 à 20 pensionnaires qui payaient 120# de
pension par an. Avec les années, le nombre alla croissant et la tâche parut
lourde, urgente. « S’il n’y avoit des Ursulines, écrit mère Marie, [les
jeunes filles] seroient dans un danger continuel de leur salut ». La
raison ? C’est qu’on laissait trop de liberté aux demoiselles. En somme,
les Canadiennes avaient « l’esprit bon » et devenaient fermes
dans le bien quand elles le connaissaient, mais il fallait quelquefois leur
apprendre « dans un an à lire, à écrire, à Jetter [...] et tout ce que
doit sçavoir une fille ». Avant de mourir, mère Marie eut la consolation
de donner l’habit religieux à plusieurs Canadiennes de naissance venues prendre
la relève.
Mais Marie de
l’Incarnation réserva toujours le meilleur d’elle-même pour les petites
Amérindiennes. Elle les recevait à bras ouverts, les nettoyait, s’ingéniait à
les comprendre, à les catéchiser, à les rendre heureuses. Ses lettres regorgent
d’histoires pittoresques racontant la ferveur, les luttes et les espiègleries
des enfants des bois. Aussi bien que la mentalité des néophytes, ces documents
révèlent la profonde psychologie et le sens apostolique de mère Marie. À toutes
les religieuses, elle recommandait, particulièrement envers les séminaristes,
« les salutations et petites paroles d’affection ». Souvent, elle les
appelait les « délices » de son cœur et « les plus beaux
fleurons » de sa couronne.
En 1668, les ministres du
roi prirent des mesures pour franciser les Amérindiens. Chez les Jésuites, au
séminaire de Québec et aux Ursulines, l’expérience s’avéra désastreuse :
« C’est pourtant une chose très difficile, pour ne pas dire impossible de
les franciser ou civiliser. Nous en avons l’expérience plus que tout autre, et
nous avons remarqué que de cent de celles qui ont passé par nos mains, à peine
en avons-nous civilisé une. »
Cependant, les fleurs des
bois ne manquèrent pas de s’épanouir pour la joie de mère Marie. Entre autres,
Marie-Madeleine Chrestienne, ancienne élève du séminaire amérindien des
Ursulines de Québec, qui devint l’épouse de Pierre Boucher*,
futur gouverneur de Trois-Rivières.
Intense fut aussi
l’apostolat de mère Marie auprès des Amérindiens adultes. Elle les catéchisait
et les régalait de sagamité. À plus de 40 ans, elle se mit à l’étude de leurs
langues et les maîtrisa au point d’écrire un dictionnaire français-algonquin,
un dictionnaire algonquin-français, un dictionnaire iroquois et un catéchisme
iroquois. Une partie de ces ouvrages a disparu dans l’incendie de 1686, l’autre
a été donnée à des missionnaires oblats en partance pour le Nord du Canada.
Après l’incendie de 1650,
les Hurons craignirent de perdre Marie de l’Incarnation et ses compagnes. Le
chef Taiearonk leur tint ce langage émouvant : « Courage, saintes
filles, ne vous laissez pas vaincre par l’amour de vos parents, et faites voir
aujourd’hui que l’affection que vous avez pour les pauvres sauvages est une
charité céleste plus forte que les liens de la nature ». Après cela, on
comprend que les Hurons de Lorette aient adressé une lettre postulatoire à Pie
IX, dans l’automne de 1875. En reconnaissance des bienfaits que Marie de
l’Incarnation avait prodigués à leurs pères, ils demandaient pour elle les
honneurs de la béatification.
Certes, Marie de
l’Incarnation eut beaucoup à souffrir de la part des Iroquois, qui saccagèrent
ses fermes, tuèrent ses domestiques et ses meilleurs amis. En 1660, son
monastère fut mis en état de siège. Chaque année, elle se demandait avec
angoisse s’il ne faudrait pas repasser en France. Mère spirituelle de l’Église
canadienne, elle ressentait le contrecoup de toutes les épreuves infligées à
son pays d’adoption.
Pendant 33 ans, elle
assista aux luttes des Français acharnés à s’implanter en Amérique du Nord. Ses
lettres racontent cette épopée frémissante d’efforts, d’échecs, de victoires et
de panache. C’est d’abord la petite colonie hésitante sous le gouvernement de
Montmagny [V. Huault].
Puis le sacrifice des martyrs et l’arrivée de Mgr de Laval* en
1659. Sa Grandeur avait d’abord logé dans la maison de Mme de La Peltrie,
humble demeure située à quelques pas du monastère des Ursulines. Parlant de
cette résidence épiscopale, Mgr de Laval écrivait : « Nous la
trouvons assez riche parce qu’elle suffit à notre pauvreté. Nous avons avec
nous trois prêtres, qui sont nos commensaux, deux serviteurs, et c’est
tout ». Marie de l’Incarnation lui avait prêté son jardin, et son œil
perspicace avait vite percé les dispositions de Monsieur de Pétrée :
« Je ne dis pas que c’est un saint, ce serait trop dire ; mais je
dirai avec vérité qu’il vit saintement et en apôtre ». En avril 1660, Mgr
de Laval avait fait sa première visite épiscopale aux Ursulines et déclaré
qu’il entendait apporter de notables changements aux constitutions de 1646,
rédigées avec tant de prudence par le père Jérôme Lalemant.
Établie en Canada depuis 1639, Marie de l’Incarnation voyait mieux le fond du
problème que Mgr de Laval, nouveau venu dans la colonie. Sans prendre
« huit mois ou un an » pour réfléchir, elle estime que les
modifications proposées ruinent les constitutions. Aussi bien, écrit-elle d’un
ton respectueux mais très ferme : « l’affaire est déjà toute pensée
et la résolution toute prise : nous ne l’accepterons pas, si ce n’est à
l’extrémité de l’obéissance. » A la ténacité s’ajoutent la prudence, le
don de peindre les hommes sur le vif : « Nous ne disons mot
néanmoins, pour ne pas aigrir les affaires ; car nous avons affaire à un
Prélat, qui étant d’une très haute piété, s’il est une fois persuadé qu’il y va
de la gloire de Dieu, il n’en reviendra jamais, et il nous en faudra passer par
là, ce qui causerait un grand préjudice à nos observances. » Mgr de Laval
maintint les anciennes constitutions à la réserve de cinq articles. En 1681,
neuf ans après la mort de Marie, on signera l’affiliation des Ursulines de
Québec avec les Ursulines de Paris.
Après les expéditions de
M. de Tracy, vinrent des années de prospérité et de paix illustrées par les
initiatives de l’intendant Talon. Mère Marie
avait beaucoup besogné. Des pénitences prolongées, des maladies soignées à la
bonne l’avaient épuisée. Ce qu’elle appelle son « flux hépatique » ne
cessait de la miner. Parfois ses lettres apportent un bulletin de santé peu
rassurant : elle ne peut plus se tenir à genoux, sa vue baisse, toute
nourriture goûte l’amertume de l’absinthe. Et pourtant, elle exulte de penser
que la fin approche, que bientôt elle pourra voir Dieu face à face. Avant de
mourir, elle repasse sa vie et trouve que l’heure de partir est venue : le
Seigneur l’a comblée de faveurs mystiques, l’œuvre des Ursulines est en
excellente voie, et son fils Claude est devenu sa gloire et sa joie. Entré chez
les Bénédictins de Saint-Maur en 1641, il a été promu à la charge de supérieur
dès 1652. En 1668, à titre d’assistant du supérieur général, il avait pris rang
parmi les supérieurs majeurs de son ordre. Sur le point de mourir, Marie de
l’Incarnation lui envoya un message de tendresse : « Dites-lui que je
l’emporte dans mon cœur ». Elle dit adieu à ses petites Amérindiennes et
s’éteignit le 30 avril 1672.
La cérémonie des obsèques
achevée, on descendit le corps dans le caveau ; mais on le remonta bientôt
pour tirer un portrait, afin que ne fût pas enseveli le « rayon de majesté
que Dieu faisait éclater sur son visage. » Malheureusement, le peintre
envoyé par le gouverneur de Rémy de
Courcelle était un artiste de second ordre : il ne fixa sur la toile que
les traits d’une morte. Il ne se trouva personne pour mouler la figure de celle
qui venait de fermer les yeux. La toile de 1672 a péri dans les flammes de
1686. En 1699, les Ursulines de Québec reçurent un autre portrait de leur
vénérable mère : une copie de l’original, disent les traditions
monastiques. Quoi qu’il en soit, cette réplique retouchée par des pinceaux
malhabiles représente une Marie de l’Incarnation sous les traits d’une
septuagénaire cassée par l’âge et les infirmités. Les paupières baissées, les
mains gonflées, elle a perdu le halo de la transfiguration. Cette peinture est
conservée chez les Ursulines de Québec. Ni la gravure de Jean Edelinck,
exécutée pour les éditions de Dom Claude Martin (1677 et 1681), ni le portrait
de Poilly, préparé pour la monographie de Charlevoix (1724), ne rendent justice
à Marie de l’Incarnation. Plus heureux que ses prédécesseurs, le peintre Botoni
(1878) nous a donné une Marie de L’Incarnation en extase ; mais cette
œuvre fantaisiste ne correspond pas à la physionomie qui se dégage de ses
lettres. Pour nous en faire une idée, relisons plutôt le portrait que Dom
Martin a laissé de sa mère : « Elle était, écrit-il dans la Vie,
d’une belle taille pour son sexe, d’un port grave et majestueux, mais qui ne
ressentait point le faste, étant modéré par une douceur humble et modeste. Elle
était assez belle de visage en sa jeunesse et avant que ses pénitences et ses
travaux y eussent causé de l’altération, et même en sa vieillesse l’on y
remarquoit encore une proportion de parties qui faisoit assez voir ce qu’elle
avait été autrefois. Cette beauté néanmoins n’avait rien de mol, mais l’on
remarquoit sur son visage le caractère du grand courage qu’elle a fait paroître
dans les occasions pour tout entreprendre et tout souffrir ce qu’elle
reconnaissoit être à la gloire de Dieu et au salut des âmes. Son courage était
accompagné de force, étant d’un bon tempérament et d’une constitution de corps
forte et vigoureuse, propre à supporter les grands travaux que Dieu demandoit
de son service. Elle étoit d’une humeur agréable, et quoy que la présence
continuelle de Dieu luy imprimât un sentiment de gravité et de retenue qui
ressentoit je ne sçay quoy de céleste, il ne se pouvoit voir néanmoins une
personne plus commode et plus accorte. »
Dès 1672, Marie de
l’Incarnation fut vénérée comme une sainte. On réclama comme des reliques les
objets qui avaient été à son usage. Le père Jérôme Lalemant qui avait presque
toujours été son directeur au Canada écrivait : « Si Monseigneur
l’évêque eût été ici, il ne l’eût point abandonnée pendant sa maladie, tant il
faisait état de sa personne ; à son défaut, M. de Bernières,
son Grand-Vicaire, et supérieur du Monastère, lui a rendu tout ce qu’on peut
attendre d’un bon Pasteur, et notre Compagnie, les témoignages de respect et
d’affection qui étaient dus à son mérite. Au reste, la mémoire de la défunte
sera à jamais en bénédiction dans ces contrées, et pour mon particulier, j’ai
beaucoup de confiance en ses prières, et j’espère qu’elle m’aidera mieux à bien
mourir que je n’ai fait à son égard. Je lui ai été en tout et partout un
serviteur inutile, me contentant d’être l’observateur des ouvrages du
Saint-Esprit en elle, sans m’ingérer d’aucume chose, la voyant en si bonne
main, de crainte de tout perdre. »
Un des plus beaux éloges
réservés à Marie de l’Incarnation reste la lettre que Mgr de Laval écrivit, le
12 novembre 1677, à Dom Claude Martin pour être mise en tête de l’édition de
1677. En voici un extrait :
« Nous tenons à
bénédiction particulière la connaissance qu’il a plu à Dieu nous en donner [de
Marie de l’Incarnation], l’ayant soumise à notre conduite pastorale, et le
témoignage que nous en pouvons rendre est qu’elle était ornée de toutes les
vertus dans un degré très éminent, surtout d’un don d’oraison si élevée et
d’une union à Dieu si parfaite qu’elle conservait sa présence parmi les
différentes occupations où sa vocation l’engageait et au milieu de l’embarras
des affaires les plus difficiles et les plus distrayantes. Elle était tellement
morte à elle-même et Jésus-Christ la possédait si pleinement que l’on peut
assurément dire d’elle, comme de l’Apôtre, qu’elle ne vivait pas, mais
Jésus-Christ en elle, et qu’elle ne vivait et n’agissait que par Jésus-Christ.
Dieu l’ayant choisie pour donner commencement à l’établissement des Ursulines
en Canada, lui avait donné la plénitude de l’esprit de son Institut. C’était
une parfaite supérieure, une excellente maîtresse des novices ; elle était
capable de tous les emplois de la religion. Sa vie, commune à l’extérieur mais
très régulière et animée d’un intérieur tout divin, était une règle vivante à
toute sa communauté. Son zèle pour le salut des âmes et surtout pour la
conversion des sauvages était si grand et si étendu qu’il semblait qu’elle les
portait tous en son cœur, et nous ne doutons point qu’elle n’ait beaucoup
contribué par ses prières à obtenir de Dieu les bénédictions qu’il a répandues
sur cette Eglise naissante. »
Vers le milieu du xviiie siècle,
le culte rendu à la mémoire de Marie de l’Incarnation fut sur le point d’être
porté à la connaissance officielle du Saint-Siège. Mais le traité de Paris qui
céda le Canada à l’Angleterre interrompit les démarches élaborées. En 1867, les
circonstances se montrèrent favorables à la reprise du projet. À la demande de
Mgr Baillargeon*,
évêque de Québec, commencèrent les procès préparatoires à l’introduction de la
cause de la servante de Dieu. Voici les principales étapes de ce procès :
introduction de la cause en cour de Rome, 1877 ; procès de non-culte,
1882 ; procès de réputation de sainteté, 1891 ; examen des écrits,
1895 ; validité des procès faits à Québec, 1897 ; procès de
l’héroïcité des vertus, 1907–1910 ; décret sur l’héroïcité des vertus de
Marie de l’Incarnation (19 juillet) 1911. Marie de l’Incarnation serait
béatifiée à Rome le 22 juin 1980.
Marie de l’Incarnation a
beaucoup écrit, mais tous ses textes ne sont pas parvenus jusqu’à nous. Il nous
reste d’elle : Une Relation autobiographique, écrite à Tours, en
1633 ; des Lettres de conscience, datant des années 1625–1634 ;
des notes spirituelles, Exclamations et Élévations, remontant aux années
1625–1638 ; une Exposition du Cantique des Cantiques, écrite entre
1631 et 1637 ; l’École sainte, Explication des mystères de la foy rédigées
entre 1633 et 1635 ; une Relation autobiographique, écrite à Québec
en 1654 ; un Mémoire complémentaire de cette Relation,
écrit en 1656 ; La Correspondance, comprenant des lettres historiques
et spirituelles. En 1677, Dom Claude Martin a publié une Vie de sa
mère, qui contient des fragments des deux Relations. Un Recueil de
Lettres suivit en 1681. Aujourd’hui, l’édition de Dom Claude est devenue
très rare. Celle, plus savante et plus complète, de Dom Jamet comprend deux
volumes d’écrits spirituels et deux volumes de lettres (1639–1660).
La Relation de
1633 : Marie de l’Incarnation, alors ursuline du monastère de Tours,
écrivit ce mémoire à la demande du père de La Haye, recteur du collège
d’Orléans. Ce religieux eut plusieurs entretiens avec mère Marie et voyant la
qualité exceptionnelle de son interlocutrice, « il voulut encore qu’elle
mît par écrit toutes les grâces qu’elle avait reçues de Dieu depuis son
enfance, et l’usage qu’elle en avait fait, afin de porter un jugement plus
assuré sur [son] état ».
Avant de mourir (1652),
le père de La Haye légua cette Relation aux Ursulines de Saint-Denis
(France), en leur recommandant de garder le secret jusqu’au décès de Marie.
Elles respectèrent si fidèlement la consigne que Dom Claude chercha cette pièce
pendant 20 ans. Après 1672, les Ursulines la lui envoyèrent « fort
obligeamment sur l’avis qu’elles [avaient] eu qu’il travaillait à la Vie [de sa
vénérable mère] ».
Dom Claude mit les
ciseaux dans la Relation, en découpa 87 fragments qu’il distribua au cours
des 757 pages de la Vie et retourna le précieux document à ses
propriétaires. À l’aide de comparaisons et de recoupements, Dom Jamet a réussi
une reconstitution rationnelle de la Relation de 1633. Ainsi, on peut
suivre les différentes étapes de l’itinéraire mystique de Marie de
l’Incarnation.
Lettres de conscience :
sous ce titre se rangent quelques lettres de Marie à son directeur, Dom Raymond
de Saint-Bernard ; ses absences de Tours ont motivé la correspondance de
Marie entre 1622 et 1634. Les échantillons qui restent montrent qu’en dépit
d’un noviciat, du vœu d’obéissance à son père spirituel et de la lecture des
traités d’oraison, l’ursuline a gardé sa trempe personnelle. Un jour, elle prit
la liberté de dire à Dom Raymond qu’il lui fallait se détacher de tout, même
des dons de Dieu.
Exclamations et Élévations :
sous ces deux chefs, on peut grouper les épithalames ou plaintes
amoureuses qu’écrivait Marie « pour évaporer la ferveur de
l’esprit ». La plupart ont été brûlées, mais les épaves qui échappèrent au
feu montrent l’émoi d’une femme qui a rencontré la Vie au plus intime de son
être. Rejetant toutes les métaphores, toutes les analogies, Marie nomme Dieu
tel qu’elle l’expérimente : « Non, mon Amour, vous n’êtes pas feu,
vous n’êtes pas eau, vous n’êtes pas ce que nous disons. Vous êtes ce que vous
êtes en votre éternité glorieuse. Vous êtes : c’est là votre essence et
votre nom. Vous êtes vie, vie divine, vie vivante, vie unissante. Vous êtes
tout béatitude. Vous êtes unité suradorable, ineffable, incompréhensible. En un
mot, vous êtes Amour et mon Amour. »
Entretien spirituel sur
l’Épouse des Cantiques : en qualité de sous-maîtresse des novices,
Marie de l’Incarnation donna des instructions aux jeunes religieuses du
monastère de Tours. Ces conférences roulaient sur les mystères de la foi,
les Psaumes et le Cantique des Cantiques. Une seule de ses
conférences nous est parvenue. Marie avait le don de la parole et se livrait,
selon la grâce du moment, à des improvisations qui émerveillaient
l’assistance : « Je ne me pouvais taire, écrit-elle ; et j’avais
une très grande simplicité pour produire mes pensées à mes sœurs qui étoient
toutes étonnées de m’entendre ainsi parler. Une entre les autres ayant trouvé
dans son livre François un passage de l’Épouse des Cantiques, me dit :
« Prêchez-nous un peu, Sœur Marie ; dites-nous ce que c’est à
dire : Qu’il me baise du baiser de sa bouche. » Nôtre Maîtresse
étoit présente, laquelle pour me mortifier me fit apporter une chaise. Sans
autre cérémonie, je commençay par ce premier mot : Qu’il me baise du
baiser de sa bouche ; lequel m’emporta dans une suite de
discours, en sorte que dès ce mot, n’étant plus à moy, je parlay fort
long-temps selon que l’amoureuse activité me possédoit. Enfin, je perdis la
parole, comme si l’Esprit de mon Jésus eût voulu le reste pour luy. Je ne me
pûs cacher en cette rencontre, qui ensuite me donna bien de la confusion, ce
qui m’est encore arrivé, par surprise, en d’autres occasions. »
L’École sainte ou
explication familière des mystères de la foy était, selon le père de Charlevoix*,
l’un des meilleurs catéchismes qui existaient en français. La vénérable mère
fondait son enseignement sur l’Écriture sainte qu’elle exposait d’une manière
simple et claire. Non contente d’éclairer l’esprit, elle réchauffait le cœur et
l’engageait à se sanctifier. Marie parlait d’abondance, surprise elle-même de
sa facilité : « J’avais beaucoup de lumières là-dessus, et je portais
en mon âme une grâce de science qui me faisait quelquefois dire ce que je
n’eusse pas voulu ni ose avancer de moi-même. »
Les Relations d’oraison :
Dom Claude Martin a publié ces Relations sous le titre de Retraites
de la Vénérable Mère Marie de l’Incarnation. Il s’agit de notes d’oraison
prises pour son usage personnel. Ces confidences soumises à son directeur
expliquent tous les modes d’agir de l’Esprit divin sur une âme fidèle à ses
inspirations. C’est dans ce petit livre de Méditations, « plus utile
que vingt traités de mystique », qu’Henri Bremond a puisé les principaux éléments
de son étude sur la psychologie spirituelle de Marie de l’Incarnation.
La Relation de
1654 : plus élaborée que la première, cette seconde autobiographie n’en
est pas une réplique. Marie de l’Incarnation l’écrivit à bâtons rompus, sur les
instances longtemps renouvelées de son fils et sur l’ordre de son directeur, le
père Jérôme Lalemant. « Parmi un grand divertissement de ses affaires
domestiques », Marie a retracé l’histoire de sa vie. Après avoir
recommandé le secret, elle parle à cœur ouvert des grâces qu’elle a reçues, des
sommets que Dieu lui a fait gravir. Sa fine psychologie démêle le jeu des
facultés et les touches ineffables de l’amour divin. À elle seule, cette Relation suffit
pour classer Marie au nombre des plus sublimes mystiques de l’Église
universelle. Théologiens, philosophes et linguistes n’ont pas fini d’exploiter
ce journal encore palpitant d’intérêt.
Marie de l’Incarnation
expédia cette longue lettre à son fils avec cette recommandation :
« Si vous y avez des difficultés, vous pouvez me les proposer en me
marquant les endroits. » Le prieur des Blancs-Manteaux envoya un long
questionnaire à Québec. En 1656, il recevait un Supplément dont nous
ne possédons que quelques articles.
La Correspondance :
Marie de l’Incarnation était née épistolière. On estime qu’elle dut écrire dans
sa vie environ 13 000 lettres. Ont échappé à l’oubli 5 ou 6 originaux. Dom
Claude Martin en a publié 221, chiffre très restreint qui devait être réduit
parce que certaines pièces avaient été partagées en deux. Richaudeau et Dom
Jamet ont eu le bonheur d’en trouver quelques-unes. Si la plupart des lettres
de Marie ont disparu, le Registre des Bienfaiteurs des Ursulines de Québec nous
révèle la liste des principaux destinataires. Liste incomplète mais assez vaste
pour faire déplorer le dommage causé par la destruction d’une multitude
d’épîtres. Si l’on en juge par certaines pièces fort élaborées, quelques-unes
devaient être de véritables traités de vie spirituelle et des chapitres
d’histoire coloniale.
Marie aborde tous les
sujets, écrit au fil de la plume, la nuit, à la lueur de la chandelle. Ses
lettres ne sont que des brouillons qu’elle expédie sans trouver le temps de se
relire. Les vaisseaux attendent et sa main devient si lasse qu’elle a peine à
la conduire. En pareille occurrence, elle aurait pu s’en tenir à l’essentiel,
expédier des billets laconiques, des requêtes et des remerciements en style
télégraphique. Non pas ! Elle s’accorde le plaisir de raconter des scènes
pittoresques, croquées sur le vif et toutes palpitantes d’actualité. Du coup,
elle se révèle tout entière en même temps que son époque et ses contemporains.
C’est là surtout qu’elle s’épanche sans contrainte, se montrant sous tous les
angles de sa géniale personnalité. On sent vibrer son cœur de mère, d’amie, de
moniale et de patriote. Elle parle de tout sans avoir passé par les écoles
spécialisées, règle les problèmes les plus complexes, parce qu’elle regarde le
monde à la lumière de l’éternité. Avec des yeux détachés de toute convoitise
malsaine. Et son style court, sourit, prend tous les tons de la gamme humaine.
En sortant du parloir, elle jette ses impressions sur le papier et voilà que se
dessinent des figures inoubliables de vérité et de mouvement. Les lettres de
mère Marie ont toutes les qualités et les défauts des pièces de premier
jet ; mais on pardonne quelques négligences de forme à qui sait manier la
baguette magique de la vie. Fille du Grand Siècle, Marie de l’Incarnation avait
le sens de l’ordre et de l’harmonie. L’unité qu’elle a réalisée dans son être
transparaît dans ses écrits, limpides comme son esprit détaché de toutes
bagatelles.
En 1645, Marie de
l’Incarnation souhaitait l’union de toutes les congrégations d’Ursulines françaises.
Son rêve s’est réalisé au Canada en 1953. Ses filles se sont groupées sous
la direction d’une supérieure générale et des provinces ont été érigées à
Québec, à Trois-Rivières et à Rimouski. Fidèles à l’esprit missionnaire de leur
fondatrice, les Ursulines canadiennes ont essaimé au Japon (1935) et en
Amérique du Sud (1961).
Archives manuscrites des
Ursulines de Québec.— Archives manuscrites du couvent des Ursulines du faubourg
Saint-Jacques, Paris.— Eugène Griselle, La vénérable Mère Marie de
l’Incarnation, première supérieure des Ursulines de Québec : supplément
à sa correspondance, (Paris, [1909 ?]).— Marie Guyart de
l’Incarnation, L’École sainte ou explication familière des mystères de la
foy pour toutes sortes de personnes qui sont obligées d’enseigner la doctrine
chrétienne (Paris, 1684) ; Écrits (Jamet) ; Lettres
de la Vénérable Mère Marie de l’Incarnation, Première Supérieure des Ursulines
de la Nouvelle-France, divisées en deux parties, éd. Claude Martin (Paris,
1681) ; Lettres (Richaudeau) ; Retraites de la
Vénérable Mère Marie de l’Incarnation, religieuse ursuline, avec une exposition
succincte du « Cantique des cantiques » (Paris,
1682) ; Le témoignage de Marie de l’Incarnation, ursuline de Tours et
de Québec, éd. Albert Jamet (Paris, [1932]).— JJ (Laverdière et
Casgrain), passim.— JR (Thwaites), passim.— La Vie de
la Vénérable Mère Marie de l’Incarnation, première supérieure des Ursulines de
la Nouvelle-France, tirée de ses lettres et de ses écrits, éd. Claude Martin
(Paris, 1677).— J.-L. Beaumier, Marie Guyart de l’Incarnation, fondatrice
des Ursulines au Canada, 1599–1672 (Trois-Rivières, 1959).— Henri
Bremond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France depuis les
guerres de religion jusqu’à nos jours (12 vol., Paris, 1916–36), VI
(1926) : La conquête mystique : Marie de l’Incarnation.—
H.-R. Casgrain, Histoire de la Mère Marie de l’Incarnation, première
supérieure des Ursulines de la Nouvelle-France, précédée d’une esquisse sur l’histoire
religieuse des premiers temps de cette colonie (Québec, 1864).—
Marie-Emmanuel Chabot, Marie de l’Incarnation d’après ses lettres (Québec
et Ottawa, 1946).— P. F.-X. de Charlevoix, La vie de la Mère Marie de l’Incarnation,
institutrice et première supérieure des Ursulines de la Nouvelle-France (Paris,
1724).— Henri Cuzin, Du Christ à la Trinité, d’après l’expérience mystique
de Marie de l’Incarnation (Lyon, 1936).— Glimpses of the monastery ;
scenes from the history of the Ursulines of Quebec during two hundred years,
1639–1839, by a member of the community (Québec, 1897).— Georges Goyau, La
Première Française missionnaire : la vocation canadienne de Mère Marie de
l’Incarnation, Études, CCXXVII (1936) : 145–168.— Fernand
Jetté, La Voie de la sainteté d’après Marie de l’Incarnation, fondatrice
des Ursulines de Québec (Ottawa, 1954).— Joseph Klein, L’Itinéraire
mystique de la Vénérable Mère Marie de l’Incarnation, Ursuline de Tours et de
Québec, 1599–1672 (Issoudun et Paris, 1938).— Marie de l’Incarnation,
éd. Marie-Emmanuel Chabot (« Classiques canadiens », XXV, Montréal et
Paris, [1962]).— Marie de l’Incarnation fondatrice du Monastère des
Ursulines de Québec (Québec, 1935).— M. T.-L. Penido, La Conscience
religieuse. Autour de Marie de l’Incarnation (Paris, 1935).— A.
Poisson, La Dévotion au Saint-Esprit illustrée par le témoignage de Marie
de l’Incarnation de Tours et de Québec (Paris, 1960).— Paul
Renaudin, Une Grande Mystique française au XVIIe siècle, Marie de l’Incarnation,
ursuline de Tours et de Québec ; essai de psychologie religieuse (Paris,
1935).— Agnes Repplier, Mère Marie of the Ursulines : a study
in adventure (New York, 1931).— Les Ursulines de Québec, I.
Bibliographie de la version révisée :
Arch. départementales d’Indre-et-Loire (Tours, France), « Reg.
paroissiaux », Tours, Saint-Saturnin, 29 oct. 1599 : archives.cg37.fr/Chercher/REGISTRES_PAROISSIAUX-ABCN.html (consulté
le 6 juill. 2016).— Le Saint-Siège, « Beati e Santi del pontificato di
Giovanni Paolo II » : www.vatican.va/news_services/liturgy/saints/ns_lit_doc_20020527_saints-jp-ii_it.html#1980 (consulté
le 12 sept. 2012).
© 1966–2023 Université
Laval/University of Toronto
SOURCE : http://www.biographi.ca/fr/bio.php?BioId=34392
Monument aux Communautés religieuses enseignantes. Œuvre de Jules Lasalle inaugurée en 1997 à la Place des Tourangelles, Québec.
Saint Marie of
the Incarnation Guyart
Also
known as
Marie Guyard
Marie Guyart of the
Incarnation
Marie Guyart
Marie de l’Incarnation
Marie of the Ursulines
Mother of New France
Theresa of the New World
formerly 27
February
Profile
Daughter of a baker,
she was raised in a family of craftsmen and tradesmen, and was related on
her mother‘s
side to the noble Barbon de la Bourdaisière family. A pious and sometimes mystical child,
she would memorize and recite homilies, and early wanted to become a nun.
Against her wishes, she entered an arranged marriage with
Claude Martin, a silk
manufacturer, at age seventeen, and was soon the mother of
one son. Widowed after
two years of marriage,
she moved back with her family, and refused to discuss re-marriage.
Worked as an embroiderer.
On 25
March 1620 she
experienced a vision in which she was shown all her faults and human frailties,
then was immersed in Christ’s blood. This event changed her completely, and her
desire to be involved in religious
life translated to prayer,
liturgical devotion, and charity.
Finally leaving her father‘s
house, Marie worked as a bookkeeper in
her brother-in-law’s shipping company. Having a gift for administration, Marie
was soon the company manager. However, the drive to the religious
life never ended, and in January 1631 she
asked her sister to care for her son Claude, and then joined the Ursulines
at Tours, France on 25
January 1631.
Claude gathered a group of his friends, all 12 or 13 years old, and tried to
storm the convent to
“free” his mother,
but they were unable to gain entry. This incident has been often cited by her
detractors as indicative of a serious flaw in Marie, and even she did not
wholly understand why she did what she did. She later explained, however, that
she was following God‘s
will, and Claude apparently came to understand it – he became a Benedictine priest in 1641,
the assistant to his Order‘s
superior general, and his mother‘s biographer.
Marie took her final vows
in 1633 as Marie
de l’Incarnation. Assistant mistress
of novices for the Order in Tours.
Doctrinal instructor.
After a few years of this work, Marie received another vision that would change
her life. This time it was a huge country of mountains and forests, and the
message that it was Canada,
and that she must go there to build a house for Christ. She worked for years to
collect the money and support for her mission,
and in 3
April 1639 she
sailed from Dieppe with Marie-Madeleine de la Peltrie, one of her primary
supporters.
She landed in New
France on 4
July 1639,
and arrived in the future Québec, Canada on 1
August 1639.
She was the first superior of the Ursulines in Canada.
Worked as a missionary to
the Natives and other residents in the area. Studied the
local languages with the Jesuits who
were already in the area; she became so proficient that she later wrote Algonquin,
Iroquois, Montagnais, and Ouendat dictionaries, and a catechism in
Iroquois.
She laid the first stone
of the convent in 1641,
and took it over in 1642.
It formed the base for her work, and when it burned on 29
December 1650,
she supervised its reconstruction, finishing construction on 29
May 1651.
Ever strong-willed, she opposed bishop Blessed Francis
de Montmorency Laval‘s attempt to control the Quebec Ursulines.
A prolific correspondent, over 12,000 of her letters have survived.
Born
28
October 1599 at Tours, France
30
April 1672 of
hepatitis in Quebec, Canada
19
July 1911 by Pope Saint Pius
X
22
June 1980 by Pope John
Paul II
3
April 2014 by Pope Francis (equipollent
canonization)
Additional
Information
Catholic
Encyclopedia, by A Fournet
Illustrated
Catholic Family Annual
Life
of the Venerable Mother Mary of the Incarnation, by a Religious of the
Ursuline Community
Saints
of the Day, by Katherine Rabenstein
books
Book
of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Our
Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints
other
sites in english
Dictionary
of Canadian Biography
Ursuline
Monastery, Quebec, Canada
images
sitios
en español
Martirologio
Romano, 2001 edición
sites
en français
Dictionnaire
biographique du Canada
Folle
de Dieu – video
fonti
in italiano
Readings
When the soul has reached
this state, it makes very little difference whether it is buried in business
worries or enjoys restful solitude. It is all the same for the soul, for everything
that touches it, everything that surrounds it, everything that strikes its
senses does not prevent its enjoyment of love’s presence. – Blessed Marie
MLA
Citation
“Saint Marie of the
Incarnation Guyart“. CatholicSaints.Info. 28 July 2020. Web. 1 May 2021.
<http://catholicsaints.info/saint-marie-of-the-incarnation-guyart/>
SOURCE : http://catholicsaints.info/saint-marie-of-the-incarnation-guyart/
Illustrated Catholic Family Annual –
Mother Mary of the Incarnation
Article
Among the remarkable and
holy personages who illustrated the church in France during the seventeenth
century, few rose higher than Mary Guyard, known in religion as Mother Mary of
the Incarnation, who, with Madame de la Peltrie, founded the Ursuline Convent
at Quebec. Charlevoix, called by Bancroft “the best of our early historians,”
styles her the Saint Teresa of New France; and so great an admirer was he of
her singular ability and holiness that he wrote her life. She was born at
Tours, 18 October 1599. Her childhood was marked by eminent piety, and her
inclinations all pointed to a religious life, but, yielding to the will of her
parents, she married at the age of seventeen Mr. Martin, a silk manufacturer.
Aiding him in his affairs, she showed already an ability for management that
was to be subsequently of great assistance to her. But her married life was
short. Left a widow at the age of nineteen, her mind turned to the religious
state; but, till her son attained the age of twelve, she remained in the world,
leading a life of piety and industry, combining the highest contemplation with
the most distract ing employments.
In 1631, she entered the
Ursuline Convent at Tours. Here she felt supernaturally called to labor in a
country utterly strange to her. The vocation of Madame de la Peltrie to labor
in Canada drew the two together, and led to the project of founding the
Ursuline Convent of Quebec. Mother Mary of the Incarnation came over in 1639
with a few nuns.
In the organization and
direction of her new convent, Mother Mary of the Incarnation showed that she
was indeed called by God. She began at once the work of instruction, the nuns
taking as pupils, not only the daughters of the colonists, but also those of
the friendly Indian tribes. This led Mother Mary to acquire several of the
Indian languages, in which she wrote instructions for her little pupils. They
lived for a time as best they could, their monastery not being begun till 1641;
in fact, they did not enter it till 21 November 1642. Poverty and trials of
various kinds befell them; their convent was destroyed by fire in December
1650, in the very middle of a Canadian winter, but nothing could daunt the
great soul of Mother Mary of the Incarnation. She restored her house, and the
nuns resumed their work of devotion. She continued to direct the monastery as
Superior to her last illness, and died 30 April 1672.
In the troubles of the
colony caused by the war waged by the Iroquois, she was frequently consulted,
all respecting her advice. Her son, Dom Claude Martin, who had become an
eminent Benedictine, published her Life and her Spiritual and
Historical Letters, her Holy School, or, Explanation of the Larger
Catechism, and her Spiritual Retreats.
Bossuet, Camus, Mr.
Emery, in France, as well as Bishop Laval, Fathers Lallemant and Charlevoix,
speak of her in the highest terms of admiration, Bossuet styling her “the
Teresa of our days and of the New World”; and Rev. Mr. Emery used her works
exclusively in one of his spiritual retreats, saying: “She is a saint whom I
most sincerely revere.”
The convent she founded,
the oldest on the continent north of the Spanish parts, still flourishes in
Quebec, both as a select academy for young ladies and a free school for poor
children. In August 1873, it contained professed choir sisters, novices, and
lay sisters – ninety-three in all. In the select school there are four hundred
and ten pupils, and in the free school three hundred pupils.
MLA
Citation
“Mother Mary of the
Incarnation”. Illustrated Catholic Family Annual, 1874. CatholicSaints.Info.
16 January 2017. Web. 1 May 2021. <https://catholicsaints.info/illustrated-catholic-family-annual-mother-mary-of-the-incarnation/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/illustrated-catholic-family-annual-mother-mary-of-the-incarnation/
Ven. Marie de
l'Incarnation
(In the world, MARIE
GUYARD).
First superior of
the Ursulines
of Quebec, born at Tours, France,
28 Oct., 1599; died at Quebec, Canada,
30 April 1672. Her father was by birth a bourgeois; her mother was connected
with the illustrious house of Barbon de la Bourdaisière. From infancy Marie
gave evidences of great piety and
detachment from the world. At the age of seventeen, in obedience to her parents,
she was married to a silk manufacturer of the name of Martin, and devoted
herself without reserve to the duties of
a Christian wife.
The union was a source of trials: the only consolation it brought her was the
birth of a son, who afterwards became a Benedictine as
Dom Claude, wrote his mother's biography and died in the odour of sanctity.
Left a widow after
two years of married life, she entertained the idea of
joining the Ursulines,
but the care which her child required of her delayed the realization of this
project, until he had reached the age of twelve, when she followed her vocation
unhesitatingly. The Ursuline Order
had recently been introduced into France by
Madame de Sainte-Beuve, and Madame Martin took the veil in the house of that
order at Tours.
The care of the novices was
confided to her two years after her entry into the convent.
She always felt intense zeal for
saving souls,
and at the age of about thirty-four she experienced new impulses of "the
apostolic spirit which transported her soul even
to the ends of the earth"; and the longing for her own sanctification, and
the salvation of
so many souls still
under the shadows of paganism inspired
her with the resolution to go and live in America. She communicated this desire
to her confessor, who, after much hesitation, approved it. A pious woman,
Mme de la Peltrie, provided the means for its execution. This lady, better
known as Marie-Madeleine de Chauvigny, by her generosity, and the sacrifice she
made in leaving her family and
her country, deserved to be called the co-worker of Marie de l'Incarnation
in Canada.
Sailing from Dieppe 3 April, 1639, with a few sisters who had begged to be
allowed to accompany her, Marie de l'Incarnation, after a perilous voyage of
three months, arrived at Quebec and was there joyfully welcomed by the settlers
(4July). She and her companions at first occupied a little house in the lower
town (Basse-Ville). In the spring of 1641 the foundation-stone was laid of
the Ursuline monastery,
on the same spot where it now stands. Marie de l'Incarnation was acknowledged
as the superior. To be the more useful to the aborigines, she had set herself
to learn their languages immediately on her arrival. Her piety,
her zeal for
the conversion and instruction of the young aborigines, and the wisdom with
which she ruled her community were alike remarkable. She suffered great
tribulations from the Iroquois who
were threatening the colony, but in the midst of them she stood firm and was
able to comfort the downcast. On 29 December, 1650, a terrible conflagration
laid the Ursuline monastery in
ashes. She suffered much from the rigours of winter, and took shelter first
with the Hospitalières and then with Mme de la Peltrie. On 29 May of the
following year she inaugurated the new monastery.
The rest of her life she passed teaching and catechizing the young Indians, and
died after forty years of labours, thirty-three of them spent in Canada.
Marie de l'Incarnation
has left a few works which breathe unction, piety,
and resignation to Divine
Providence. "Des Lettres" (Paris, 1677-1681) contains in its
second part an account of the events which took place in Canada during
her time, and constitute one of the sources for the history of the French
colony from 1639 to 1671. There are also a "Retraite", with a short
exposition of the Canticle of Canticles, and a familiar "Explication"
of the mysteries of the Faith — a catechism which
she compiled for young religious women.
Sources
CASGRAIN, Histoire
de la Vén. Mère Marie de l'Incarnation, (Quebec, 1888); CHAPOT Hist. de la
Vén. Mère Marie de l'Incarnation (Paris. 1S92); RICHAUDEAU, Lettres
de la rév. Mère M. de l'Incarnation (Paris, 1876).
Fournet, Pierre Auguste.
"Ven. Marie de l'Incarnation." The Catholic Encyclopedia. Vol.
9. New York: Robert Appleton Company, 1910. 30 Apr. 2016
<http://www.newadvent.org/cathen/09668a.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Douglas J. Potter. Dedicated to the
Immaculate Heart of the Blessed Virgin Mary.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. October 1, 1910. Remy Lafort,
Censor. Imprimatur. +John M. Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2020 by Kevin
Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/09668a.htm
Marie of the Incarnation
March 27, 2014 —
Sarah Patterson
“My dearest Jesus,
through the holiness of Your actions, sanctify mine. I ardently wish them to
depend upon You and to be performed for You alone, O my Jesus.” ~Marie of the
Incarnation
On
April 2, 2014, Pope Francis will canonize three new saints for the Catholic
Church. Included in these three is Blessed Marie of the Incarnation,
an Ursuline nun from France who came to the New World to establish a community
and school for Indian girls. Below is the story of Blessed Marie and her
beautiful dedication to Jesus and serving his people
Marie Guyart was born on
Oct. 28, 1599 in Tours, France to Florent Guyart, a silk merchant, and his
wife, Jeanne Michelete of the illustrious house of Baou de la Bourdaisière.
Marie grew up strong in faith, adventuresome, confident and full of joy. At the
age of 14 Marie confided to her parents her desire to join her cousin in the
convent. Her parents chose instead to engage their daughter to marry Claude
Martin, a young manufacturer. Claude was an honest man and Marie admitted she
was beginning to love him “very much.” The couple soon welcomed a son, named
Claude after his father. Their joy as a family came to an end six months later
when Marie’s husband Claude died in 1919, leaving behind his 20-year-old widow
and baby son.
Marie of the Incarnation
Marie and her son lived
for several years in her father’s house and eventually moved to live with her
sister. Marie proved herself to have a great talent for management and was soon
given control over the entire household. By the time Marie reached the age 30
she again felt the urgency of entering the religious life. In consultation with
her spiritual advisor, she entered the Ursulines, feeling the desire to teach
the young. Her sister took charge of young Claude and raised him as her own
son. This decision was not easy for Marie, who was torn by the heartbreaking
decision to leave her son. In the convent she was given the name Marie of the
Incarnation.
Eight years after her
entrance to the Ursuline community, Mère Marie of the Incarnation felt the call
to serve the young Indian girls in Canada. The ship “St. Joseph” landed in
Québec on July 31, 1639. Two other Ursulines made this journey with Mère Marie.
The routine of everyday life was organized in the little house lent by Sieur
Juchereau des Châtelets. It consisted of two rooms, walls and a leaky roof.
Little Indian girls flocked to the convent in such great numbers that it was
thought necessary to build a monastery in 1641. Setbacks could have discouraged
this little community, but the management strength of Mère Marie kept the
community going. Not only did the sisters teach the young Indian girls, but they
also washed, dressed and fed them free of charge. To teach the girls more
effectively, Mère Marie learned the Algonquin, Huron and Iroquois languages and
wrote dictionaries and catechisms for her students. Slowly but surely the
number of sisters grew as they received new vocations.
A fire destroyed the
monastery and in a few hours the sisters’ work of nearly ten years was
destroyed. Mère Marie and the sisters decided to not leave the area and to
build again. She wrote, “We are in the dark here, and we must grope around for
our way. We consult wise persons, but things do not turn out as foreseen. We
roll along, however, and when we think we are at the bottom of the precipice,
we find ourselves standing upright.”
A rendering of the 1650
convent.
Back in France, Mère
Marie’s son Claude became a Benedictine monk in 1641. He was eventually elected
prior, assistant, definer and president of the General Chapter of his Order.
For 30 years he kept up regular correspondence with his mother in Canada.
Beginning in 1664 Mère Marie suffered with sickness from time to time. On April
30, 1672, after 33 years in the New World, Mère Marie passed on to eternal
life. Her son was the first to write a biography of his mother, and in the
foreword, the Bishop of Quebec wrote:
“Having chosen her to
establish the Ursulines in Canada, God gave her the full spirit of her
Institute. She was a perfect superior, an excellent Mistress of novices,
capable of undertaking any religious enterprise. Her exterior life, simple and
well-disciplined, was animated by an intense interior life, so that she was a
living Rule for all her Community. Her zeal for the salvation of souls, and
especially for the conversion of the Indians, was great and so universal that
she seemed to carry them all in her heart. We cannot doubt that, by her
prayers, she greatly called down God’s many blessings upon this new-born
Church.”
Ursuline Sisters of Mount
Saint Joseph
8001 Cummings Road
Maple Mount, Kentucky
42356
SOURCE : http://ursulinesmsj.org/blog/marie-of-the-incarnation
Blessed Marie of the
Incarnation Martin, OSU (AC)
Born in Tours, France, on
October 28, 1599; died in Quebec, Canada, on April 30, 1672; beatified in 1980
by John Paul II. If you're not confused, I am. There appears to be two beatae
of the same name on this day. This Marie of the Incarnation had a very
different beginning than did Mme Acarie, though she also had her roots in
France.
Marie Guyard was the daughter
of a baker and married a silk manufacturer named Claude Martin when she was 17.
The couple had one son before Claude died two years later. Marie became a
bookkeeper for her brother-in-law.
In 1629, Marie joined the
Ursulines at Tours and took the name Marie of the Incarnation. Ten years later
she was sent to Canada, where she laid the foundation for the first Ursuline
convent in Quebec in 1641. She rebuilt the convent after fire destroyed it in
1650. As part of her apostolate, she compiled dictionaries in Algonquin and
Iroquois and taught the Indians until her death.
Like Mme Acarie, Marie
experienced mystical visions. She also suffered periods of spiritual aridity
about which she wrote. Her letters give a valuable account of life in Quebec in
1639-71 (Delaney).
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0430.shtml
Mère Marie (Guyart) of
the Incarnation
A woman of pioneering
spirit, Marie Guyart (Mère Marie of the Incarnation) was born in Tours, France
in 1599. From an early age she demonstrated great piety. At age 17, in
accordance with the wishes of her parents, she married a silk manufacturer and
devoted herself to being a wife and mother. Widowed after only two years and
with her husband's company left bankrupt, Marie and her young son, Claude,
lived with her sister and brother-in-law for the next 10 years. During most of
that time, Marie served as manager of her brother-in-law's business.
Over the years, as she
meditated and prayed, Marie experienced an emotional conversion and felt
strongly called to religious life. In 1632, although heartbroken at leaving her
son, she joined the Ursuline monastery in Tours, taking the name Marie de
l'Incarnation. In the monastery, Marie read Jesuit Relations, an account by
members of the Society of Jesus of their work as missionaries in Canada. Marie
concluded that her vocation was also as a missionary and, in 1639, she set sail
from France with two other Ursulines for a three-month voyage to Quebec. The
Sisters arrives on Aug. 1, and quickly established a convent in the lower town.
Three years later, the convent moved to a more permanent stone building in the
upper town.
Marie quickly went about
her missionary efforts, enthusiastically educating both Native American and
French girls. In order to teach the Native Americans, she learned their
language and later wrote many spiritual and theological texts, an Iroquois
catechism and Algonquin and Iroquois dictionaries. She spent 18 years as the
Ursuline superior, effectively dealing with French and Native American leaders,
along with serving in other offices.
Marie became known for
both her wisdom and courage as she led her community through numerous
hardships, including threats from the Iroquois, a terrible fire that destroyed
the Ursuline convent in 1650, and the harsh Canadian winters. After overseeing
the building of a new monastery, Marie spent the rest of her life teaching and
catechizing young Native Americans.
She died in Quebec in
April 1672.
SOURCE : http://www.ursuline-sisters-cincinnati.org/MereMarie.html
Monument aux Communautés religieuses enseignantes,
sculpture réalisée par Jules Lasalle en 1997, située à la place des
Tourangelles, Québec
« Une main posée en porte-à-faux sur une pile de livres symbolise l’apport
des communautés de femmes enseignantes à la construction de la colonie. L’œuvre
souligne également le 325e anniversaire de la mort de Marie de l’Incarnation,
fondatrice du monastère des Ursulines de Québec et de la première école pour
filles en Amérique du Nord, en 1639. »
3 1/2 cords of firewood.
” 6 March—4 cords of firewood.
” 13 March—1 pot of butter weighing 12 lbs.
” 13 November—fat pig, 1 barrel of peas.
” . . . . . . . .—1 barrel of salted eel.
The Ursulines of Quebec
The Ursuline monastery of
Quebec is the oldest institution of learning for women in
North America. Its history begins on 1 August, 1639, when its first members
landed in Canada,
thirty-one years after Champlain had
founded Quebec (1608) and only four after his death. The monastery was
established by Marie
Huyard de l'Incarnation, declared Venerable by the Holy
See (1874), and Madame de la Peltrie, a rich widow of
Alen on in Normandy.
The former, after ten years of widowhood,
had joined the Ursulines at Tours.
Her first biographer was her son, Dom Claude Martin, a Benedictine,
who died in the odour of sanctity,
in 1696. His "Life of the Venerable Mother of the Incarnation" was
approved (1677), by the venerable Bishop Laval. Bossuet (Etats
d'oraison, IX) calls Marie de l'Incarnation "the Theresa of her time and
of the New
World." The letters royal sanctioning the foundation and signed by
Louis XIII are dated 1639.
After three years spent in the Lower Town, near Champlain's Habitation,
the nuns entered
(1642) the convent built
on the ground they still occupy, conceded to them (1639) by the Company
of New
France. Their first pupils were Indians, with whom they succeeded better
than the Jesuits with
their native boys. Marie de l'Incarnation mastered the difficult Indian
languages thoroughly, composed dictionaries in Algonquin and Iroquois,
also a sacred history in the former, and a catechism in
the latter idiom. The first monastery was
burned in 1650, but was soon rebuilt. The Constitutions, written by Father
Jérôme Lalemant, uncle of the Jesuit martyr, Gabriel
Lalemant, combined the rules of the two Congregations of Paris and Bordeaux,
and were observed until Bishop Laval decided (1681) in favor of the former,
which binds its members by a fourth vow to
teach girls.
The monastery shared
at all times the country's fate. It was threatened by the Iroquois in
1661-2, when one of its chaplains,
the Sulpician Vignal, was slain and devoured near Montreal by
those savages. It underwent the siege and bombardment of Quebec by Phips (1690)
and by Wolfe (1759). After the fateful battle of 13 Sept., 1759, the French
hero, Montcalm, was buried by night in the convent chapel.
The first English governor, Murray, used part of the monastery as
his headquarters. On that occasion the rations served to the nuns for
nursing the wounded and sick saved them from perishing of starvation. The
governors and viceroys, both English and French, were always friendly to the
institution.
The foundress, who died
in 1672, one year after Madame de la Peltrie, practised devotion to the Sacred
Heart of Jesus, and had established it in the cloister years
before the revelation to the blessed Margaret Mary. The first celebration of
the feast in the New
World took place in the monastery 18
June, 1700 (Mandement of Bishop de St-Vallier, 30 March, 1700. The
register of the Confraternity of the Sacred Heart begins in 1716. Clement
XI (1718) enriched it with indulgences.
The first superior elected (1760) after the conquest was Esther Wheelwright, a
New England captive, rescued from the Abenakis by the Jesuit Bigot,
and a protégée of the first governor, Vaudreuil.
Besides the French, the Irish,
Scotch and American elements in Canada have
given distinguished subjects to this cloister,
prominent among whom was Mother Cecilia O'Conway of the Incarnation, the first
Philadelphia nun,
one of Mother Seton's earliest associates. The list of alumnae is not less
remarkable. Conspicuous among its pupils were Jeanne Le Ber, the saintly
"recluse of Montreal",
and Venerable
Mother D'Youville, foundress of the Grey Sisters at Montreal.
The Quebec monastery founded convents at Three
Rivers (1697), Roberval (1882), Stanstead (1884), and Rimouski, with
normal school (1906),
besides sending missionaries to New
Orleans (1822), Charlestown (Boston) (1824), Galveston (1849),
and Montana (1893).
During the Revolution several
French refugees were chaplains to
the monastery,
the most notable being Abbé L.-P. Desjardins, who died in France, Vicar-General of Paris.
Through him were procured the valuable paintings by
Philippe de Champaigne, Lebrun,
Collin de Vermont, Peter
of Cortona, and others, that adorn the chapel.
Sources
Glimpses of the Monastery (Quebec,
1897); CHAPOT, Histoire de la Vén. Marie de l'Incarnation (Paris,
1892); Les Ursulines de Québec (Quebec, 1863); RICHAUDEAU, Lettres
de la Vén. Marie de l'Incarnation (Tournai, 1876); CASGRAIN, Histroire
de la Vén. Marie de l’Incarnation (Quebec, 1864); La Vén. Marie de
l'Incarnation (Paris, 1910).
Lindsay, Lionel.
"The Ursulines of Quebec." The Catholic Encyclopedia. Vol. 15. New
York: Robert Appleton Company, 1912. 30 Apr. 2016 <http://www.newadvent.org/cathen/15229a.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Catherine A. Twohill. Dedicated to
the nuns who educated me and so many others.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. October 1, 1912. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2021 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE http://www.newadvent.org/cathen/15229a.htm
Église
et pensionnat du second monastère des Ursulines, à Québec. Lallemand, Sc.
Illustration publiée dans Histoire de la mère Marie de l'Incarnation,
première supérieure des ursulines de la Nouvelle France : précédée d'une
esquisse sur l'histoire religieuse des premiers temps de cette colonie par
l'abbé H.R. Casgrain, 1864, entre p. 390 et [391]. Bibliothèque et Archives
nationales du Québec (BAnQ). URL: https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/1956072
Santa Maria
dell’Incarnazione Guyart Martin Vedova e fondatrice
Tours, Francia, 28
ottobre 1599 – Quebec, Canada, 30 aprile 1672
Nacque il 28 ottobre 1599
a Tours in Francia, in una famiglia di panettieri. Fin da giovane il suo
percorso esistenziale fu segnato da esperienze mistiche, che la convinsero di
essere chiamata a una vita religiosa. Ma per lei la famiglia aveva altri
progetti: nel 1617 sposò il proprietario di un setificio. Dall’unione, il 2
aprile 1619, nacque il figlio Claudio. Appena sei mesi dopo Maria rimase vedova
e le toccò farsi carico sia dell’educazione del figlio, il quale poi si fece
religioso, che dell’azienda.
La sua vita da «manager»,
però, non interruppe le esperienze mistiche che la spingevano sempre di più
verso la consacrazione. Ma questo per lei non significò abdicare ai doveri
della vita familiare o rinunciare alla difficile impresa di portare avanti il
setificio, in un contesto in cui le donne non avevano alcun ruolo rilevante
nella vita economica. È innegabile che questa esperienza le insegnò a coniugare
la vita dello spirito con la vita attiva in mezzo agli uomini.
In quel periodo
intraprese un cammino spirituale assieme a Raimondo di san Bernardo, religioso
dei fogliantini (congregazione soppressa dalla Rivoluzione), il quale
l’accompagnò fino alla scelta di entrare tra le orsoline di Tours il 21 gennaio
1631 ed emettendo la professioni religiosa il 15 gennaio 1633. Intanto le
visioni continuavano e la spingevano a percepire la grandezza della missione
cui era chiamata: offrire la vita di Dio, di quella Trinità che le si era
manifestata durante le esperienze mistiche, a tutti gli uomini.
La sua vocazione
missionaria maturò grazie al contatto epistolare con i gesuiti missionari in
Canada. Dopo aver conosciuto Madame de la Peltrie, una vedova di Alençon, che
intendeva fondare nel Nuovo Mondo un convento per l’educazione delle bambine
native americane, Maria decise di partire per il Québec, dove arrivò il 1°
agosto 1639. Là portò avanti con determinazione la sua attività: costruì un
convento, che venne distrutto da un incendio e che fu subito sostituito da una
nuova casa religiosa. E qui nel tempo arrivarono numerose religiose,
provenienti da congregazioni diverse. Per loro Maria scrisse una nuova regola,
che fu approvata nel 1662 dal vescovo Francesco de Laval. Per la diffusione del
Vangelo tra i nativi americani, Maria imparò le loro lingue e scrisse per loro
catechismi, grammatiche, dizionari. Inoltre sostenne i missionari, che in
quegli anni subirono numerosi martirii. Provata da una salute malferma, nel
1669 lasciò la guida del convento. Morì il 30 aprile 1672 lasciando una
comunità di suore che diventeranno le Orsoline del Canada.
Martirologio Romano: Nel
Québec in Canada, beata Maria dell’Incarnazione Guyart Martin, che, madre di
famiglia, dopo la morte del marito affidò il figlioletto alle cure della
sorella e, fatta la professione religiosa tra le Orsoline, aprì una loro casa
in Canada, compiendo molte opere insigni.
Maria Guyart nacque a
Tours in Francia il 28 ottobre 1599, i genitori Fiorenzo Guyart e Giovanna
Michelet erano panettieri, e educarono la figlia ad una vita austera e cristiana.
Pur avendo avuto già da
piccola esperienze mistiche, verso i quindici anni, era il 1614, avvertì la
vocazione religiosa; ma secondo le consuetudini del tempo, il padre scelse per
lei il matrimonio e in obbedienza alla volontà paterna, Maria accettò.
Quindi nel 1617 a 18
anni, sposò Claudio Martin piccolo proprietario di un setificio; dopo due anni
il 2 aprile 1619 nacque il figlio Claudio, ma la serenità della famiglia durò
poco, perché il 10 ottobre dello stesso 1619 rimase vedova e a 20 anni si trovò
gravata dei debiti della piccola azienda e coinvolta in alcuni processi.
Costretta dalla
situazione, per i successivi dieci anni Maria Guyart, si dedicò all’educazione
del figlio e con coraggio prese in mano gli affari aziendali, sbrigandoli con
grande responsabilità.
Presa da queste
occupazioni, rifiutò le seconde nozze, orientandosi verso una vita di
contemplazione nell’attività, che la fa collocare fra le grandi mistiche della
Chiesa. Nel 1620 ebbe una “visione del sangue”, che ella chiamò la sua
conversione, alle quali seguirono tre visioni trinitarie; l’anno successivo
fece il voto di castità, nel contempo un suo cognato Paolo Buisson la invitò ad
aiutarlo nel suo lavoro.
Inizialmente s’interessò
di sbrigare tutte le faccende di casa, finché nel 1625 le fu affidata
l’amministrazione generale dell’impresa di trasporti del cognato. Siamo nel
XVII secolo e ci sembra quasi da non credere che una donna di circa 26-27 anni,
vedova con un figlio, fosse a capo di aziende sia pure modeste, in un contesto
storico sociale che emarginava in genere la donna e poi nel difficile ambiente
di un porto fluviale sulla Loira; comunque Maria pur impegnatissima nelle sue
multiformi attività, mantenne sempre una stretta visione con Dio, in una vita
attiva-contemplativa.
Dal 1624 in poi, ebbe
varie intense visioni di Cristo, estasi che la facevano sentire perduta in un
oceano d’amore; e fu in questo periodo che si fece sempre più struggente in
lei, il desiderio di consacrarsi totalmente a Dio, guidata spiritualmente dal
religioso Raimondo di san Bernardo, fogliantino (Cistercensi riformati nel 1577
da Jean de La Barrière, abate di Feuillant, Ordine poi soppresso dalla
Rivoluzione Francese).
Indecisa fra le
Carmelitane e le Cistercensi riformate (Fogliantine), alla fine scelse le
Orsoline di Tours, fra le quali entrò il 21 gennaio 1631; fu accompagnata alla
porta del monastero dal figlio, il quale fu affidato alla sorella, dopo aver
resistito ad accondiscendere alla decisione della madre, da lui ritenuta troppo
grave.
In seguito lui stesso
diverrà benedettino e sarà il primo biografo della madre, essendo quello che
più di tutti ne aveva conosciuto il misticismo e le virtù.
Maria Guyart, vedova
Martin prese il velo il 25 marzo 1631, cambiando il nome in Maria
dell’Incarnazione e dopo aver fatto il noviziato, emise la professione
religiosa il 25 gennaio 1633. Intanto nel maggio 1631 ebbe la terza visione
della Trinità, sentendosi rapire in Essa, ma la sua vita non fu solo visioni ed
estasi, perché sentì che Dio l’avvolgeva di tenebre e aridità; assillata da
oscurità spirituali e tentazioni, mantenne ugualmente in quella che i mistici
chiamano “la notte dello spirito”, l’unione con Dio, con il dono della
comprensione della Sacra Scrittura che ha dell’eccezionale.
Divenne ben presto
Maestra delle Novizie; il periodo in cui visse come suora, vide il
cattolicesimo impegnato in una fase di rinnovamento; nel 1622 papa Gregorio XV
aveva istituito la Congregazione di ‘Propaganda Fide’ per aiutare i tanti
missionari che partivano per le terre lontane, specie del Nuovo Mondo
americano, e in questa atmosfera Maria maturò ancor di più la sua vocazione
missionaria; il suo corpo era nel monastero, ma il suo spirito volava lontano.
Intraprese una
corrispondenza con i missionari gesuiti del Canada; nel 1639 si mise in
contatto con Madame de la Peltrie, una vedova di Alençon, che intendeva fondare
nel Quebec un convento per l’educazione delle bambine indiane.
Appena la vide, Maria
dell’Incarnazione riconobbe in lei la persona vista in un suo sogno e il 22
febbraio 1639 lasciò Tours per Parigi, con la compagnia della giovane suora
Maria di S. Giuseppe, rimanendovi due mesi per sbrigare i preparativi della
fondazione.
Il 4 maggio 1639 partì da
Dieppe, insieme a tre agostiniane ospedaliere, imbarcata sulla nave “Saint
Joseph” per l’America del Nord, dove sbarcò il 1° agosto 1639. Subito suor
Maria si stabilì a Québec e vi costruì un convento e quando questo fu distrutto
da un incendio, ne costruì un altro più grande; nel contempo arrivarono altre
suore e ben presto fu costretta a scrivere nuove Regole e Costituzioni, adatte
alle nuove esperienze ed esigenze.
Senza mai uscire dal
convento imparò i dialetti degli indiani Algonchini, Montagnesi e Uroni e per
loro scrisse catechismi, grammatiche e dizionari, occupandosi nel contempo dei
bambini indiani, ai quali forniva nutrimento, assistenza ed educazione.
Era l’angelo custode dei
missionari, che accompagnava con la sua preghiera e tramite la corrispondenza
epistolare interessava quanti più poteva, all’ideale e necessità missionarie.
In quegli anni dal 1642 al 1649 subirono il martirio in Canada, ben otto
missionari gesuiti (Isacco Jogues, ecc.) e Maria dell’Incarnazione, fu invitata
visto il pericolo, a ritornare in Francia, ma lei non volle abbandonare il suo
“centro” come definiva il Canada; anzi nel maggio del 1653 fu ispirata ad
offrirsi in olocausto a Dio per il bene di quella terra.
Continuò intrepidamente
ad avere una vita contemplativa e attiva, con semplicità ed equilibrio, finché
nel 1669 fu liberata dalla responsabilità di Superiora, a causa delle malferme
condizioni di salute, che continuarono ad aggravarsi e il 30 aprile 1672 morì a
Québec, lasciando una Comunità di una trentina di suore, dalle quali sarebbero
derivate le “Orsoline del Canada”.
Le sue spoglie riposano
nell’Oratorio accanto alla Cappella delle Orsoline di Québec; per il suo ruolo
di maestra di vita spirituale e di promotrice di opere evangeliche, gode di
tale stima nella storia canadese, da essere considerata la ‘madre’ della Chiesa
Cattolica del Canada.
Madre Maria
dell’Incarnazione Guyart fu beatificata da papa Giovanni Paolo II il 22 giugno
1980. Papa Francesco ha decretato la sua canonizzazione equipollente in
data 3 aprile 2014 ed il 12 ottobre 2014 ha presieduto la celebrazione in
piazza San Pietro a Roma in cui è stata proclamata santa.
Autore: Antonio Borrelli
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/91912
Santa Messa di
ringraziamento per la canonizzazione equipollente dei santi canadesi Francesco
de Laval e Maria dell’Incarnazione Guyart Martin, 12.10.2014
Alle ore 10 di oggi, XXVIII Domenica del Tempo Ordinario, il Santo Padre Francesco ha presieduto nella Basilica Vaticana la Celebrazione Eucaristica in ringraziamento per la canonizzazione equipollente dei santi canadesi: san Francesco de Laval, Vescovo (1623-1708) e santa Maria dell’Incarnazione Guyart Martin, Religiosa, Fondatrice della Congregazione delle Orsoline dell’Unione Canadese (1599-1672).
Hanno concelebrato con il Santo Padre i Vescovi e i Sacerdoti indicati dall’Arcidiocesi di Québec (Canada).
Di seguito riportiamo il testo dell’omelia che il Papa ha tenuto dopo la
proclamazione del Santo Vangelo:
Abbiamo ascoltato la
profezia di Isaia: «Il Signore Dio asciugherà le lacrime su ogni volto…» (Is 25,8).
Queste parole, piene della speranza di Dio, indicano la meta, mostrano il
futuro verso cui siamo in cammino. Su questa strada i santi ci precedono e ci
guidano. Queste parole delineano anche la vocazione degli uomini e delle donne
missionari.
I missionari sono coloro
che, docili allo Spirito Santo, hanno il coraggio di vivere il Vangelo. Anche
questo Vangelo che abbiamo appena ascoltato: «Andate ai crocicchi delle strade»
- dice il re ai suoi servi (Mt 22,9). E i servi uscirono e radunarono
tutti quelli che trovarono, «cattivi e buoni», per portarli al banchetto di
nozze del re (cfr v. 10).
I missionari hanno
accolto questa chiamata: sono usciti a chiamare tutti, agli incroci del mondo;
e così hanno fatto tanto bene alla Chiesa, perché se la Chiesa si ferma e si chiude
si ammala, si può corrompere, sia con i peccati sia con la falsa scienza
separata da Dio, che è il secolarismo mondano.
I missionari hanno
rivolto lo sguardo a Cristo crocifisso, hanno accolto la sua grazia e non
l’hanno tenuta per sé. Come san Paolo, si sono fatti tutto a tutti; hanno
saputo vivere nella povertà e nell’abbondanza, nella sazietà e nella fame;
tutto potevano in Colui che dava loro la forza (cfr Fil 4,12-13). Con
questa forza di Dio hanno avuto il coraggio di "uscire" per le strade
del mondo con la fiducia nel Signore che chiama. Così è la vita di un
missionario e di una missionaria… per finire poi lontano da casa, dalla propria
patria; tante volte uccisi, assassinati! Come è accaduto in questi giorni per
tanti fratelli e sorelle nostri.
La missione
evangelizzatrice della Chiesa è essenzialmente annuncio dell’amore, della
misericordia e del perdono di Dio, rivelati agli uomini mediante la vita, la
morte e la risurrezione di Gesù Cristo. I missionari hanno servito la Missione
della Chiesa, spezzando ai più piccoli e ai più lontani il pane della Parola e
portando a tutti il dono dell’inesauribile amore, che sgorga dal cuore stesso
del Salvatore.
Così furono san Francesco
de Laval e santa Maria dell’Incarnazione. Vorrei lasciare a voi, cari pellegrini
canadesi, in questo giorno, due consigli: sono tratti dalla Lettera agli Ebrei,
e pensando ai missionari faranno tanto bene alle vostre comunità.
Il primo è questo:
«Ricordatevi dei vostri capi, i quali vi hanno annunciato la parola di Dio.
Considerando attentamente l’esito finale della loro vita, imitatene la fede»
(13,7). La memoria dei missionari ci sostiene nel momento in cui sperimentiamo
la scarsità degli operai del Vangelo. I loro esempi ci attirano, ci spingono a
imitare la loro fede. Sono testimonianze feconde che generano vita!
Il secondo è questo:
«Richiamate alla memoria quei primi giorni: dopo aver ricevuto la luce di
Cristo, avete dovuto sopportare una lotta grande e penosa…Non abbandonate la
vostra franchezza, alla quale è riservata una grande ricompensa. Avete solo
bisogno di perseveranza…» (10,32.35-36). Rendere omaggio a chi ha sofferto per
portarci il Vangelo, significa portare avanti anche noi la buona battaglia
della fede, con umiltà, mitezza e misericordia, nella vita di ogni giorno. E
questo porta frutto.
Memoria di quelli che ci
hanno preceduti, di quelli che hanno fondato la nostra Chiesa. Chiesa feconda
quella del Québec! Feconda di tanti missionari che sono andati dappertutto. Il
mondo è stato riempito di missionari canadesi come questi due. Adesso un
consiglio: che questa memoria non ci porti ad abbandonare la franchezza e il
coraggio. Forse – anzi no senza forse! – il diavolo è invidioso e non tollera
che una terra sia così feconda di missionari. Pregiamo il Signore perché il
Québec torni su questa strada della fecondità, per dare al mondo tanti
missionari. Questi due che hanno – per cosi dire – fondato la Chiesa del
Québec, ci aiutino come intercessori. Che il seme da loro seminato cresca e dia
frutto di nuovi uomini e donne coraggiosi, lungimiranti, con il cuore aperto
alla chiamata del Signore. Oggi si deve chiedere questo per la vostra patria.
Loro, dal cielo, saranno i nostri intercessori. Il Québec torni ad esser quella
fonte di bravi e santi missionari.
Ecco la gioia e la
consegna di questo vostro pellegrinaggio: fare memoria dei testimoni, dei
missionari della fede nella vostra terra. Questa memoria ci sostiene sempre nel
cammino verso il futuro, verso la meta, quando «il Signore Dio asciugherà le
lacrime su ogni volto…».
«Rallegriamoci, esultiamo
per la sua salvezza» (Is 25,9).
[01601-01.02] [Testo
originale: Italiano]
Nous avons écouté la
prophétie d’Isaïe : « Le Seigneur essuiera les larmes sur tous les
visages… » (Is 25, 8). Ces paroles, pleines de l’espérance de Dieu,
indiquent le but, montrent l’avenir vers lequel nous sommes en chemin. Sur
cette route, les saints nous précèdent et nous guident. Ces paroles esquissent
aussi la vocation des hommes et des femmes missionnaires.
Les missionnaires sont
ceux qui, dociles à l’Esprit Saint, ont le courage de vivre l’Évangile. Et
aussi cet Évangile que nous venons d’entendre : « Allez donc aux
croisées des chemins » - dit le roi à ses serviteurs (Mt 22, 9). Et
les serviteurs sortirent et rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvaient,
« les mauvais comme les bons », pour les conduire au banquet des
noces du roi (cf. v. 10).
Les missionnaires ont
accueilli cet appel : ils sont sortis pour appeler tous les gens, aux
carrefours du monde ; et ainsi ils ont fait beaucoup de bien à l’Église,
parce que si l’Église s’arrête et se ferme, elle tombe malade, on peut la
corrompre, aussi bien par les péchés que par la fausse science séparée de Dieu,
qu’est le sécularisme mondain.
Les missionnaires ont
tourné leur regard vers le Christ crucifié, ils ont accueilli sa grâce et ils
ne l’ont pas gardée pour eux. Comme saint Paul, ils se sont faits tout à
tous ; ils ont su vivre dans la pauvreté et dans l’abondance, être
rassasiés et souffrir de la faim ; ils pouvaient tout en celui qui leur
donnait la force (cf. Ph 4, 12-13). Avec cette force de Dieu, ils ont
eu le courage de "sortir" sur les routes du monde mettant leur
confiance dans le Seigneur qui appelle. Ainsi est la vie d’un missionnaire,
d’une missionnaire… pour finir ensuite loin de chez soi, de son propre
pays ; bien des fois tués, assassinés ! Comme c’est arrivé ces
jours-ci pour tant de nos frères et de nos sœurs.
La mission
évangélisatrice de l’Église est essentiellement annonce de l’amour, de la
miséricorde et du pardon de Dieu, révélés aux hommes dans la vie, la mort et la
résurrection de Jésus Christ. Les missionnaires ont servi la mission de
l’Église, en rompant le pain de la Parole aux plus petits et aux plus éloignés
et en portant à tous le don de l’amour inépuisable, qui jaillit du cœur même du
Sauveur.
C’est ainsi que furent
saint François de Laval et sainte Marie de l’Incarnation. Je voudrais vous
laisser en ce jour, chers pèlerins canadiens, deux conseils : ils sont
tirés de la Lettre aux Hébreux, et en pensant aux missionnaires ils feront
beaucoup de bien à vos communautés.
Le premier est
celui-ci : « Souvenez-vous de ceux qui vous ont dirigés : ils
vous ont annoncé la parole de Dieu. Méditez sur l’aboutissement de la vie
qu’ils ont menée, et imitez leur foi » (13, 7). La mémoire des
missionnaires nous soutient au moment où nous faisons l’expérience de la rareté
des ouvriers de l’Évangile. Leur exemple nous attire, nous pousse à imiter leur
foi. Ce sont des témoignages féconds qui engendrent la vie !
Le second est
celui-ci : « Souvenez-vous de ces premiers jours où vous veniez de
recevoir la lumière du Christ : vous avez soutenu alors le dur combat des
souffrances… Ne perdez pas votre assurance ; grâce à elle, vous serez
largement récompensés. Car l’endurance vous est nécessaire… » (10,
32.35-36). Rendre hommage à qui a souffert pour nous apporter l’Évangile
signifie livrer nous aussi la bonne bataille de la foi, avec humilité, douceur
et miséricorde, dans la vie de chaque jour. Et cela porte du fruit.
Mémoire de ceux qui nous
ont précédés, de ceux qui ont fondé notre Église. Église féconde que celle du
Québec ! Féconde de nombreux missionnaires qui sont allés partout. Le
monde a été rempli de missionnaires canadiens comme ces deux-ci. Maintenant un
conseil : que cette mémoire ne nous conduise pas à abandonner la franchise
et le courage. Peut-être – ou plutôt non, sans peut-être ! – le diable est
jaloux et il ne tolère pas qu’une terre soit ainsi féconde de missionnaires.
Prions le Seigneur pour que le Québec revienne sur ce chemin de la fécondité,
pour donner au monde de nombreux missionnaires. Que ces deux-ci qui ont – pour
ainsi dire – fondé l’Église du Québec, nous aident comme intercesseurs. Que la
graine semée croisse et donne comme fruit de nouveaux hommes et femmes
courageux, clairvoyants, avec le cœur ouvert à l’appel du Seigneur.
Aujourd’hui, on doit demander cela pour votre pays. Eux, du ciel, seront nos
intercesseurs. Que le Québec redevienne cette source de bons et de saints missionnaires.
En cela se trouve la joie
et le mot d’ordre de votre pèlerinage : faire mémoire des témoins, des
missionnaires de la foi dans votre terre. Cette mémoire nous soutient toujours
sur le chemin vers l’avenir, vers le but, quand « le Seigneur essuiera les
larmes sur tous les visages … ».
« Exultons,
réjouissons-nous : il nous a sauvés » (Is 25, 9).
[01601-03.02] [Texte
original: Italien]
We have heard Isaiah’s
prophecy: "The Lord God will wipe away the tears from all faces…" (Is 25:8).
These words, full of hope in God, point us to the goal, they show the future
towards which we are journeying. Along this path the Saints go before us and
guide us. These words also describe the vocation of men and women missionaries.
Missionaries are those
who, in docility to the Holy Spirit, have the courage to live the Gospel. Even
this Gospel which we have just heard: "Go, therefore, into the
byways…", the king tells his servants (Mt 22:9). The servants then go
out and assemble all those they find, "both good and bad", and bring
them to the King’s wedding feast (cf. v. 10).
Missionaries have
received this call: they have gone out to call everyone, in the highways and
byways of the world. In this way they have done immense good for the Church,
for once the Church stops moving, once she becomes closed in on herself, she
falls ill, she can be corrupted, whether by sins or by that false knowledge cut
off from God which is worldly secularism.
Missionaries have turned
their gaze to Christ crucified; they have received his grace and they have not
kept it for themselves. Like Saint Paul, they have become all things to all
people; they have been able to live in poverty and abundance, in plenty and
hunger; they have been able to do all things in him who strengthens them
(cf. Phil 4:12-13). With this God-given strength, they have the
courage to "go forth" into the highways of the world with confidence
in the Lord who has called them. Such is the life of every missionary man and
woman… ending up far from home, far from their homeland; very often, they are
killed, assassinated! This is what has happened even now to many of our
brothers and sisters.
The Church’s mission of
evangelization is essentially a proclamation of God’s love, mercy and
forgiveness, revealed to us in the life, death and resurrection of Jesus
Christ. Missionaries have served the Church’s mission by breaking the bread of
God’s word for the poor and those far off, and by bringing to all the gift of
the unfathomable love welling up from the heart of the Saviour.
Such was the case with
Saint François de Laval and Saint Marie de l’Incarnation. Dear pilgrims from
Canada, today I would like to leave you with two words of advice drawn from the
Letter to the Hebrews. Keeping missionaries in mind, they will be of great
benefit for your communities.
The first is this:
"Remember your leaders, those who spoke the word of God to you; consider
the outcome of their way of life, and imitate their faith" (13:7). The
memory of the missionaries sustains us at a time when we are experiencing a
scarcity of labourers in the service of the Gospel. Their example attracts us,
they inspire us to imitate their faith. They are fruitful witnesses who bring
forth life!
The second is this:
"Recall those earlier days when, after you had been enlightened, you
endured a hard struggle with sufferings… Do not therefore abandon that
confidence of yours; it brings a great reward. For you need endurance…"
(10:32,35-36). Honouring those who endured suffering to bring us the Gospel
means being ready ourselves to fight the good fight of faith with humility,
meekness, and mercy, in our daily lives. And this bears fruit.
We must always remember
those who have gone before us, those who founded the fruitful Church in Quebéc!
The missionaries from Quebec who went everywhere were fruitful. The world was
full of Canadian missionaries like François de Laval and Marie de
l’Incarnation. So a word of advice: remembering them prevents us from renouncing
candour and courage. Perhaps – indeed, even without perhaps – the devil is
jealous and will not tolerate that a land could be such fertile ground for
missionaries. Let us pray to the Lord, that Quebéc may once again bear much
fruit, that it may give the world many missionaries. May the two missionaries,
who we celebrate today, and who – in a manner of speaking – founded the Church
in Québec, help us by their intercession. May the seed that they sowed grow and
bear fruit in new courageous men and women, who are far-sighted, with hearts
open to the Lord’s call. Today, each one must ask this for your homeland. The
saints will intercede for us from heaven. May Quebéc once again be a source of
brave and holy missionaries.
This, then, is the joy
and the challenge of this pilgrimage of yours: to commemorate the witnesses,
the missionaries of the faith in your country. Their memory sustains us always
in our journey towards the future, towards the goal, when "the Lord God
will wipe away the tears from all faces…".
"Let us be glad and
rejoice in his salvation" (Is 25:9).
[01601-02.02] [Original
text: Italian]
[B0749-XX.02]
SOURCE : https://press.vatican.va/content/salastampa/it/bollettino/pubblico/2014/10/12/0749/01601.html
Figure di santita
Santa Maria dell'Incarnazione
Orsoline dell'Unione Romana
Santa Maria
dell’Incarnazione, iscritta nel catalogo dei Santi il 3 aprile 2014 è
considerata l’apostola del nuovo mondo ed una madre nella fede per il Canada.
Papa Francesco canonizza
la Beata Maria dell’Incarnazione fondatrice della prima comunità di Orsoline
del Canada, che Giovanni Paolo II, in occasione della sua beatificazione, nel
1980, aveva definito come “la madre della Chiesa canadese… Non solamente perché
è stata storicamente la prima. Ma innanzitutto a causa dell’orientamento
spirituale della sua vita e della sua azione. È per questo che bisogna
seguirla”.
Santa Maria dell’Incarnazione, iscritta nel catalogo dei Santi il 3 aprile
2014, con una canonizzazione equipollente, come Angela Da Foligno, è
considerata l’apostola del nuovo mondo ed una madre nella fede per il Canada.
Trecento anni prima, poco dopo la sua morte, era stata chiamata dal missionario
Jean de Brébeuf e dal vescovo Bossuet la “Teresa del nuovo mondo”.
Era nata a Tours, in Francia, il 28 ottobre 1599 ed allora portava il nome di Marie Guyart.
I suoi genitori, Florent Guyart e Jeanne Michelet, erano panettieri ed educarono la figlia in una famiglia convintamente cattolica attraverso la preghiera e l’educazione religiosa. Fin da bambina si sente attratta ad offrire la sua vita a Gesù che confida di aver visto in sogno a sette anni mentre la invitava a seguirlo. Il suo desiderio di abbracciare la vita religiosa è grande, ma i suoi genitori hanno già scelto lo sposo per lei, Claude Martin, che lei accetta di sposare e dal quale ha un figlio, Claude.
Le esperienze intense e mistiche si fanno per lei sempre più frequenti, è una frequentatrice assidua della S. Scrittura che orienta le sue azioni e le sue scelte. Nell’autunno del 1619, quando Claude ha solo pochi mesi, rimase vedova, ma pur desiderando fortemente di farsi religiosa si dedica con lena ed impegno da un lato nell’educazione del figlio e dall’altro con grandi doti di imprenditrice gestendo un’impresa di trasporti della sorella e del cognato.
Da sposa, a madre, a vedova, a grande lavoratrice nutre la sua vita con la preghiera e la meditazione e con delle singolari esperienze mistiche che le permettono di coniugare la profonda spiritualità con una vita particolarmente attiva. Quando il figlio Claude compie dodici anni, sotto la guida del padre spirituale Raimondo di san Bernardo, Maria dopo averlo affidato alla sorella e ai padri gesuiti, il 25 gennaio 1631 entra nel convento delle orsoline di Tours dove farà la professione religiosa il 15 gennaio 1633 prendendo il nome di Maria dell’Incarnazione.
Per tre anni sarà incaricata delle giovani novizie, ma nel gennaio 1635 un rapimento mistico la chiama ad una vocazione particolare: “Ti ho fatto vedere il Canada; devi andare lì e costruire una casa a Gesù e a Maria”.
Affascinata da questa prospettiva, in un tempo in cui era quasi impensabile che una monaca di clausura lasciasse il proprio monastero per recarsi nel nuovo mondo, parte per il Quebec dove arriva il 1° agosto 1639. E da quel giorno prendono il via 33 anni della sua vita consacrati alla missione.
Con due compagne inizia ad accogliere giovani amerindie che venivano affidate loro dai gesuiti perché le istruissero. Costruiscono il monastero dove nel tempo arrivano diverse religiose con esperienze e appartenenze differenti.
Per loro Maria dell’Incarnazione scrive una nuova regola che fu approvata nel 1662 dal vescovo Francesco de Montmorency-Laval, allora vicario apostolico della Nuova Francia, che viene canonizzato ora assieme a lei. Ciò che la sfida e l’interpella è l’incontro con i popoli autoctoni e pertanto si dedica con tenacia all’apprendimento delle loro lingue, redige dizionari, grammatiche e catechismi utili ai missionari e alle religiose, costruisce una scuola per le ragazze amerinde e francesi.
Ritiratasi poi dal mondo nel suo monastero, vi accoglie, fino alla morte, il 30 aprile 1672, le ragazze autoctone e le loro famiglie, i missionari, i coloni, gli esploratori, i commercianti, gli stessi governanti e il vescovo di Québec, monsignor de Laval.
La sua vita spirituale e le sue opere ci sono note grazie alle testimonianze dei suoi contemporanei, ai suoi scritti e all’abbondante corrispondenza con il figlio Claude, divenuto monaco benedettino. E’ proprio quest’ultimo a non aver accolto il desiderio della madre di bruciare tutte le sue lettere, con le quali lei ha continuato a mantenere un vivo legame con il figlio che aveva lasciato per seguire la chiamata di Dio. Desiderava, più di ogni altra cosa, aiutarlo a comprendere le vie di Dio che lei stessa aveva vissuto e scoperto. Rendendosi conto del grande valore spirituale, teologico e storico degli scritti della madre, Claude decise di pubblicarli dopo la sua morte.
Ancora oggi il contenuto e lo stile di quei testi, scritti in gran parte sotto forma di colloquio intimo, interpellano le donne e gli uomini nel loro desiderio di incontrare Dio e di contribuire a edificare un mondo migliore.
Come Suore Orsoline ringraziamo Dio per questo dono, per certi versi inatteso,
e che ci provoca ulteriormente a vivere un’intensa vita spirituale che anima la
nostra presenza nel mondo a favore delle donne, con loro e grazie a loro.
Santa Maria dell'Incarnazione
SOURCE : http://www.angelamerici.it/index_dettagli.php?get_id=375
MARIA DELL’INCARNAZIONE
GUYART (1599-1672) - FONDATRICE DELLE SUORE ORSOLINE DEL CANADA
MARIA DELL'INCARNAZIONE
GUYART nacque a Tours, Francia, il 28 ottobre 1599 da Fiorenzo Guyart e
Johanna Michelet, umili panettieri. Al battesimo, il giorno seguente,
ricevette il nome di Maria. Fu educata in famiglia ad una vita austera e
cristiana. Già fin da piccola ebbe delle esperienze mistiche ed a quindici
anni, nel 1614, avvertì la vocazione religiosa, ma il padre scelse per lei il
matrimonio. In ossequio alla volontà dei genitori, Maria obbedì.
A diciotto anni, nel 1617, sposò Claudio Martin, proprietario di un modesto setificio. Il 2 aprile 1619 nacque il piccolo Claudio, ma il 10 ottobre dello stesso anno rimase vedova, con la piccola azienda gravata di debiti e coinvolta in alcuni processi. Per i seguenti dieci anni Maria si dedicò all'educazione del figlio e prese coraggiosamente in mano gli affari, sbrigandoli con grande responsabilità. Immersa in queste occupazioni, rifiutò di passare a seconde nozze, orientandosi sempre di più verso una vita di contemplazione nell'attività, che la colloca fra le grandi mistiche della Chiesa. Nel 1620 ebbe una « visione del sangue » che ella chiamò la sua conversione, alla quale seguirono tre visioni trinitarie. Nel 1621 fece il voto di castità e accettò poi l'invito del marito della sorella, Paolo Buisson, ad aiutarlo nel suo lavoro. Egli era capo di un'impresa di trasporti e Maria accettò di attendere a tutte le faccende di casa, finché nel 1625 le fu affidata l'amministrazione generale dell'impre. Pure in mezzo a tutta questa responsabilità, nel difficile ambiente di un Porto fluviale sulla Loira, assorbita in ogni minuto della giornata dalle multiforme attività, mantenne sempre una stretta unione con Dio, unendo la vita attiva con la contemplazione.
Verso il 1624-25 emise anche i voti di povertà e di obbedienza. Nella solennità
di Pentecoste del 1625 ebbe la prima visione della Trinità, seguita poi da una
comprensione più chiara dei misteri del Verbo Incarnato e da una visione di
Cristo. In queste visioni si sentiva come assorbita fuori del tempo. Due anni
più tardi, nella Pentecoste del 1627, fu di nuovo rapita in estasi, sentendosi
perduta in un oceano d'amore. « Perduta a me stessa, non mi vedevo più, essendo
diventata Lui per partecipazione ».
Fu in questo periodo che si fece sempre più struggente in lei il desiderio di
consacrarsi totalmente a Dio. Guidata spiritualmente da Raimondo di San
Bernardo, fogliantino, maturò la sua vocazione religiosa. La scelta non fu
facile. Dopo aver esitato fra il Carmelo e le Cistercensi riformate, alla fine
entrò il 21 gennaio 1631 fra le Orsoline di Tours, perché « istituite per
aiutare le anime ». Il figlio, che ella affidò alla sorella per obbedire a Dio,
la accompagnò fino alla porta del monastero, benché per lui la decisione della
madre costituisse una rinuncia troppo grave e perciò avesse cercato di fare
resistenza alla sua decisione. Divenuto poi Benedettino e primo biografo di sua
madre, ci fece sapere che fin dal momento del suo matrimonio la Beata aveva
detto: « Se Dio mi farà la grazia di darmi un figlio, prometto di consacrarlo
al suo servizio; e se poi egli mi ridarà la mia libertà, prometto anche di
consacrarmi io stessa ».
Nel maggio 1631 ebbe la terza visione della Trinità vedendosi rapita nell'Unità della Trinità. Raggiunta la vetta dell'unione, provò « la sensazione di essere un nulla che affonda nel Tutto ». Da Dio si senti avvolta di tenebre e di aridità, affinché, unita con Cristo sulla croce, avesse una fecondità apostolica immensa. Così, avvolta da oscurità e da tentazioni, mantenne ugualmente l'unione con Dio, col dono di una comprensione della Sacra Scrittura che ha dell'eccezionale. Ricevuto il velo e preso il nome di Maria dell'Incarnazione il 25 marzo 1631, dopo avere fatto il noviziato, emise la professione religiosa il 25 gennaio 1633.
Ben presto fu nominata maestra delle novizie. Ma Maria si sentiva chiamata a lavorare per le anime. In quel tempo il cattolicesimo stava vivendo un momento di rinnovamento. Nel 1622 papa Gregorio XV aveva istituito la Congregazione de Propaganda Fide per aiutare i tanti missionari che partivano per terre lontane. In questa atmosfera Maria maturò sempre di più la vocazione missionaria. « Il mio corpo era in monastero, ma lo spirito non poteva essere confinato. Questo spirito mi portava nelle Indie, nel Giappone, nell'America, in Oriente, in Occidente, nel Canada, tra gli Uroni ». Attraverso la corrispondenza con i missionari gesuiti del Canada, nel 1639 si mise in contatto con una vedova di Alençon, M.me de la Peltrie, che intendeva fondare nel Quebec un convento per l'educazione delle bambine indiane. Appena la incontrò, Maria riconobbe in lei la persona vista in un sogno e dopo pochi giorni, il 22 febbraio 1639, con la giovane Maria di San Giuseppe lasciò Tours per Parigi, dove rimase per due mesi per concludere gli affari relativi alla fondazione. Alla fine di aprile, parti per Dieppe, da dove il 4 maggio, insieme a tre agostiniane ospedaliere, a bordo del Saint Joseph, salpò verso il nuovo mondo, ove sbarcò il 1° agosto 1639.
Maria si stabilì a Quebec e vi costruì un convento. Quando questo fu distrutto
da un incendio, lo ricostruì più grande ancora. Ben presto vennero religiose ed
ella fu costretta a redigere costituzioni e regole proprie per armonizzare
esperienze cosi diverse.
Senza mai uscire dal convento, la Beata imparò i dialetti indiani degli
Algonchini, dei Montagnesi e degli Uroni, per i quali scrisse catechismi,
trattati di linguistica e dizionari. Intanto si occupava dell'educazione dei
bambini indiani e li nutriva. Allo stesso tempo, accompagnava con la preghiera
i missionari nel loro apostolato, scriveva lettere per interessare quanti più
poteva all'evangelizzazione del nuovo mondo e riceveva e dava consigli a tutti
coloro che venivano alle grate.
Invitata a tornare in Francia per i pericoli che la minacciavano e dei quali il
martirio subito dai gesuiti era una prova, Maria non abbandonò il suo « centro
», come usava chiamare il Canada.
Tutta questa attività esteriore non la distoglieva da una intensa vita spirituale
e contemplativa. Suo figlio Claudio, superato il trauma della separazione e
divenuto Benedettino, le domandò una relazione sulla sua vita interiore. La
descrizione dei suoi stati interiori formarono la base per la successiva
biografia, scritta da suo figlio. Da questa descrizione risulta che Maria stava
in continuo contatto con Dio e riceveva comunicazioni particolari. Già a sette
anni, si sentì chiamata da Dio. Poi apprese con certezza la vocazione religiosa
ed ebbe, come già detto, diverse visioni. Nel maggio del 1653, infine, fu
ispirata ad offrirsi in olocausto a Dio per il bene del Canada. Tutte queste
esperienze non disturbavano per niente la sua attività che restava semplice ed
equilibrata.
Nel 1669 fu liberata dalla responsabilità di superiora per le cagionevoli
condizioni di salute che presto si aggravarono. Il 30 aprile 1672, Maria
dell'Incarnazione morì a Quebec, lasciando una comunità di una trentina di
suore, da cui sarebbero derivate le Orsoline del Canada (Fig.). Il
2 maggio le sue spoglie mortali furono sepolte nella cripta del coro della
prima chiesa del monastero; oggi riposano nella cappella funebre di Maria
dell'Incarnazione nell'Oratorio accanto alla cappella delle Orsoline, al n. 18
di rue Donnacona, Quebec, Canada.
La sua dottrina si trova nelle Lettres, nelle sue Relations
spirituelles ed in alcuni scritti didattici come L'exposition
succincte sur le Cantique de Cantiques, L'ecole sainte, Costitutions e Regles
de Ursulines de Quebec.
Per il suo ruolo di maestra di vita spirituale e di promotrice di opere di
evangelizzazione, Maria dell'Incarnazione gode di una tale stima nella storia
del Canada da essere considerata la « madre » della Chiesa cattolica canadese.
Era una donna tenace, coraggiosa, piena di vitalità e di gioia.
Il 22 giugno 1980, Maria dell'Incarnazione Guyart e stata beatificata da Papa
Giovanni Paolo II e il 3 aprile 2014 Papa Francisco la ha proclamato Santa.
SOURCE : https://paolaserra97.blogspot.com/2014/04/maria-dellincarnazione-guyart-1599-1672.html
“Mi vedevo immersa nel
sangue”. Le estasi di Maria dell’Incarnazione
Gelsomino
Del Guercio - pubblicato il 06/08/21
“Non avevo bisogno di
meditare su ciò che dovevo fare: lo Spirito che mi guidava, mi insegnava tutto
questo e mi portava dove voleva lui”
Le estasi di sangue della
nativa di Tours Maria dell’IncarnazioneGuyart (1599-1672). Questa
religiosa è una figura di spicco della Chiesa della Nuova Francia e ci offre il
resoconto insieme più completo, più potente e meglio equilibrato di ciò che è
un’esperienza mistica.
Max Huot de Longchamp con Antonino
Raspanti ne parlano nel nuovo volume “Cos’è la mistica” (Città Nuova).
Dal porto di Tours al
Quebec
Maria, una giovane vedova
di 21 anni, è in procinto di risolvere i problemi derivanti dalla morte del
marito, quando Dio si impone improvvisamente nella sua vita. Diventerà
successivamente direttrice di una ditta commerciale nel porto di Tours,
poi suora Orsolina. Infine missionaria in Canada tra le tribù indiane del
Québec.
È da lì che, su ordine
del suo confessore, scrive per suo figlio, il riformatore benedettino Dom
Claude Martin, il racconto di questa sorprendente avventura spirituale.
Galleria fotografica
L’estasi del 24 marzo
1620
Senza aver dimenticato nulla
di ciò che le accadde il 24 marzo 1620, la sua intelligenza cartesiana seppe
mettere in ordine tutte le componenti, dando vita a uno dei testi più ricchi
della letteratura mistica francofona.
“Una mattina stavo
andando a fare i miei lavori – scrive Maria dell’Incarnazione – che
raccomandavo insistentemente a Dio con la mia ispirazione ordinaria, In Te
Domine speravi, non confundar in aeternum[In te, Signore, ho riposto la mia
speranza, e non rimarrò deluso per sempre], che avevo inciso nel mio spirito con
una certezza di fede che mi assisteva immancabilmente. Sulla mia strada fui
improvvisamente fermata, interiormente ed esteriormente, mentre mi trovavo in
quei pensieri, che vennero tolti dalla mia memoria da questo arresto così
improvviso. In un momento, gli occhi del mio spirito furono aperti, e tutte le
colpe, i peccati e le imperfezioni che avevo commesso da quando ero al mondo mi
furono rappresentati sia in blocco che nei dettagli, con una distinzione
e una chiarezza più certa di qualsiasi certezza espressa da attività
umana”.
Leggi anche:Estasi e conversioni: così San Michele arcangelo parlava a
Giuseppina Berettoni
“Sangue del Figlio di
Dio”
Suor Maria
dell’Incarnazione racconta l’estasi:
“Nello stesso tempo mi
vedevo tutta immersa nel sangue. E il mio spirito era convinto che questo
sangue fosse il Sangue del Figlio di Dio, della cui effusione ero colpevole per
tutti i peccati che mi erano stati rappresentati. Vedevo ancora che questo
prezioso Sangue fosse stato versato per la mia salvezza. Se la bontà di Dio non
mi avesse sostenuto, credo che sarei morta di paura, perché la vista del
peccato, per quanto piccola, è orribile e spaventosa. Non c’è lingua umana che
possa esprimerla. Ma vedere un Dio di infinita bontà e purezza, offeso da
un verme di terra, supera persino l’orrore. Un Dio fatto uomo, che muore
per espiare il peccato, e sparge tutto il suo prezioso sangue per placare il
Padre suo e così riconciliare i peccatori con lui. Infine, non si può dire
ciò che l’anima concepisce in questo prodigio. Ma ciò che consuma e annienta
l’anima, è il vedere che, oltre a ciò, è personalmente colpevole. E che, anche
se fosse stata la sola a peccare, il Figlio di Dio avrebbe fatto quel che ha
fatto per tutti”.
Leggi anche:Estasi, contemplazione, angeli: il misticismo del beato Dalmazio
Moner
Dardo d’amore
“penetrante”
In quello stesso momento,
il cuore di Maria dell’Incarnazione si è sentito estasiato, «e cambiato
nell’amore di colui che gli aveva fatto questa insigne misericordia. Egli,
nell’esperienza di quello stesso amore, gli fece provare dolore e rammarico per
averlo offeso nel modo più estremo che si possa immaginare. No, non
sarebbe possibile!».
L’esperienza mistica è
fortissima. Il dardo d’amore «è così penetrante e così inesorabile da non
liberare il dolore, tanto che mi sarei gettata tra le fiamme per soddisfarlo. E
ciò che è più incomprensibile, il suo rigore sembra dolce. Esso porta seduzione
e catene che legano e vincolano l’anima in modo tale che lui la porta dove
vuole, ed ella si considera felice di essere catturata in questo modo […]».
L’estasi l’ha trasformata
in “un’altra creatura”
«Tornando a ciò che mi
era successo – conclude la religiosa francese – sono tornata a casa
nostra, cambiata in un’altra creatura. Ma così fortemente cambiata che non
conoscevo più me stessa. (…) Dopo questa operazione di Dio nella mia
anima, per più di un anno l’impressione del Sangue di Nostro Signore rimase
attaccata al mio spirito tramite una nuova impressione delle sue sofferenze, e
incessantemente la mia anima riceveva nuove luci, che mi facevano vedere e
scoprire la più piccola polvere di imperfezione, dalla quale ero ispirata a
confessarmi».
Maria dell’Incarnazione,
in Dom Claude Martin, La vie de la vénérable mère Marie de l’Incarnation,
Reproduction de l’édition originale de 1677 préparée par les moines de Solesmes,
p. 696.
Leggi anche:Il misticismo di Suor Fortunata Viti: l’angelo custode le
svelava segreti e cose nascoste
Cinque
caratteristiche
L’estasi di Maria
dell’Incarnazione ci permette di raccogliere in poche righe tutte le
caratteristiche dell’esperienza mistica.
1)Si nota una completa
discontinuità tra questa esperienza e tutte le altre. «Fui improvvisamente
fermata, interiormente ed esteriormente…».
2)Per quanto riguarda la
conoscenza, questa esperienza è quella di un’immensa lucidità, di una certezza
che è quel- la dell’evidenza. «Gli occhi del mio spirito furono aperti […], con
una distinzione e una chiarezza più certa…». Notiamo l’acutezza della memoria,
perché Maria scrive trentaquattro anni dopo i fatti, e dal lontano Canada dove
morirà.
3)Per quanto riguarda la
volontà, questa esperienza è quella della presenza amorosa e trasformante di
colui che così irrompe nell’anima di Maria. «Il mio cuore si è sentito
estasiato e cambiato nell’amore di colui che gli aveva fatto questa insigne
misericordia».
4) Il tempo è sospeso;
questa esperienza è quella di un eterno presente. «In un attimo […], nello
stesso tempo […], nello stesso momento…». E questo è accompagnato da una
simultaneità di percezioni che siamo abituati a dissociare nella vita quotidiana:
Maria si vede immersa in un’estasi che è allo stesso tempo un dolore, ma il cui
«rigore sembra dolce».
5)Condannata a dire
l’indicibile, Maria ci fa assistere a una straordinaria produzione linguistica.
«Non si può dire ciò che l’anima concepisce in questo prodigio», ma cerca
comunque di dirlo associando la dolcezza alla violenza, l’orrore e l’estasi.
Come la lava di un vulcano si cristallizza in ondate che si sovrappongono l’una
sull’altra. Così vediamo qui formarsi un linguaggio man mano che Maria fa un
passo indietro rispetto all’avvenimento, linguaggio che permetterà agli altri
di dirsi a loro volta la loro esperienza di Dio. Ed è così che i mistici sono i
motori della Tradizione a cui appartengono.
Leggi anche:Come si fa a capire se una esperienza è realmente mistica?
SOURCE : https://it.aleteia.org/2021/08/06/mi-vedevo-immersa-nel-sangue-le-estasi-di-maria-dellincarnazione/
Les grandes dates de
Marie de l’Incarnation (1/6)
12/07/2022
Écouter en audio Télécharger le podcast
Marie Guyart de
l’Incarnation (1599-1672) s’est vu attribuer des titres prestigieux : « Mère de
l’Église en Canada » (Jean Paul II), « Apôtre des Amériques » (pape François) ;
et sa sainteté a été reconnue par l’Église (2014). Marie Guyart a retenu l’attention
de théologiens aussi importants et différents que Bossuet et Fénelon, Charles
Journet et Henri de Lubac, Albert Deblaere et Charles André Bernard. Pourtant
cette femme de l’aube de la modernité, mystique et missionnaire, n’a pas écrit
de traité de théologie et s’est encore moins présentée comme théologienne.
Avant de se pencher sur les aspects théologiques de la vie de cette sainte, la
conférence intitulée « Les grandes dates de Marie de l’Incarnation » permet de
situer la vie extraordinaire de cette femme qui s’est tenu dans un siècle lui
aussi extraordinaire, de la France à la Nouvelle France. Avec Philippe
Roy-Lysencourt. Colloque sur les « Fondements théologiques et dimensions
prophétiques d’une « vie selon le Christ » » enregistré les 8, 9 et 10 juin
2022 au Séminaire français de Rome. : https://www.ktotv.com/video/00415031/marie-de-lincarnation-1-3
Les Amérindiens dans la pensée et la vie de Marie de l'Incarnation (Philippe Roy-Lysencourt) : https://www.youtube.com/watch?v=fF8DNd2vkxs&ab_channel=Centred%27%C3%89tudesMarie-de-l%27Incarnation-C%C3%89MI
Travaux des membres du Centre d’études Marie-de-l’Incarnation (CÉMI) sur Marie de l'Incarnation : https://www.cemi.ulaval.ca/publications/travaux-des-membres-du-cemi-sur-marie-de-lincarnation
Isabelle
Landy-Houillon. « « Au bruit de tous les infinis » : la
correspondance de Marie Guyart de l'Incarnation et de son fils Claude Martin »,
Littératures
classiques 2010/1
(N° 71), pages 303 à 325 : https://www.cairn.info/revue-litteratures-classiques1-2010-1-page-303.htm
The
Life of the Venerable Mother Mary of the Incarnation, by a Religious of the
Ursuline Community : https://catholicsaints.info/the-life-of-the-venerable-mother-mary-of-the-incarnation-by-a-religious-of-the-ursuline-community/
http://ursulines.union.romaine.catholique.fr/Qui-est-Marie-Guyart
http://www.radio-canada.ca/radio/profondeur/RemarquablesOublies/marie_incarnation.htm
http://saltandlighttv.org/blog/general/saint-marie-of-the-incarnation