Site archéologique de Carthage (Tunisie)
Saints Lucius, Montanus
et leurs compagnons, martyrs à Carthage (✝ 259)
Lucius, Montanus, Julien et Victoric étaient disciples
de saint Cyprien et
appartenaient presque tous au clergé. Ils furent rendus responsables de
désordres provoqués dans la ville et pour cette raison furent mis à mort.
À Carthage, en 259, les saints martyrs Lucius, Montan, Julien et Victoric. Sous
l’empereur Valérien, ils furent décapités pour la religion et la foi que saint
Cyprien leur avait enseignées. Avec eux sont commémorés saint Victor, prêtre,
martyrisé avant eux, et saint Donatien, mort en prison.
Martyrologe romain
SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1208/Saints-Lucius--Montanus.html
Dans l'Afrique
proconsulaire, la mort de saint Cyprien donna le signal de la persécution. Le
proconsul ayant provoqué une émeute par sa férocité, affecta, comme jadis
Néron, d'y voir l'ouvrage des chrétiens. Parmi les victimes se trouve un groupe
de martyrs dont nous avons des actes très curieux et dignes de toute confiance,
mais dans lesquels, comme dans ceux de Jacques et Marien, le mauvais goût
littéraire du temps a prodigué l'obscurité et la déclamation. Nous n'avons pas
pensé que ces taches, qui peuvent intéresser vivement dans l'étude de
l'original, dussent être reproduites dans la présente traduction. M. de Rossi a
rapproché une phrase de la lettre écrite par les martyrs à leurs « frères » de
quatre vers hexamètres du poète Commodien qu'ils citaient fort exactement.
BOLL. 24/III, 454-459. RUINART, Act. sinc. p.132 et suiv. —
DE ROSSI, Inscript. christ. Urb. Rom. t. II, p. XXXII. — P.
ALLARD, Hist. des persec. III, 116 et suiv. — DE ROSSI, Bullett. di arch. crist. (1880), p. 66-68. — TILLEMONT, Mém. IV, 206-14, 647-9. — PIO FRANCHI DE CAVALIERI, Gli
atti dei SS. Montano, Lucio e compagni, dans Romische
Quartalschrift., VIII,1898, et Anal. boll., 1899, p. 67.
Nous vous
envoyons, frères bien-aimés, le récit de nos combats ; car des serviteurs de
Dieu, consacrés à son Christ, n'ont pas d'autre devoir que de penser à leurs
nombreux frères. C'est une raison de fraternelle tendresse et de charité qui
nous a portés à vous envoyer ces lettres, afin que les frères qui viendront
après nous y trouvent un témoignage fidèle de la magnificence de Dieu, de nos
travaux et de nos souffrances pour lui.
A la suite de
l'émeute qu'excita la férocité du pro-consul, et de la persécution qui vint
aussitôt après, nous, Lucius, Montan, Flavien, Julien, Victor, Primole, Renon
et Donatien, nous fumes arrêtés. Donatien n'était encore que catéchumène, il
fut baptisé dans la prison et mourut aussitôt, passant ainsi du baptême au
martyre. Primole eut la même fin. Toutefois on n'eut pas le temps de lui
administrer le sacrement, sa confession lui en tint lieu.
Dès que l'on
nous eut pris, nous fûmes confiés à la garde des magistrats municipaux; nos
gardes nous dirent que le proconsul voulait nous faire brûler vifs dès le
lendemain. Mais le Seigneur, à qui seul appartient de garder ses disciples de
la flamme et entre les mains de qui sont les ordres et la volonté du prince,
détourna de nous la cruauté du proconsul, et, par nos prières incessantes, nous
obtînmes ce que nous demandions dans l'ardeur de notre foi; le feu déjà presque
allumé pour nous consumer fut éteint et la flamme des bûchers embrasés fut
étouffée par la rosée divine.
Eclairés par
les promesses que le Seigneur a faites par son Saint-Esprit, les fidèles
croiront sans peine que les miracles récents égalent ceux d'autrefois, car le
Dieu qui avait fait éclater sa gloire dans les trois enfants, triomphait de
même en nous. Ainsi donc, — Dieu aidant, — le proconsul, revenu de son dessein,
donna ordre de nous conduire dans les prisons. Nous y fûmes menés par une garde
de soldats et nous nous montrâmes assez peu soucieux de l'obscurité fétide de
notre nouveau séjour. Bientôt la prison toute noire fut éclairée des feux du
Saint-Esprit, et au lieu des fantômes de l'obscurité et
des ignorances aveugles qu'apporte la nuit, la foi nous revêtit d'une lumière
semblable à celle du jour, et nous descendions dans la geôle la plus
douloureuse comme nous serions montés au ciel.
Les mots nous
manquent pour dire quels jours et quelles nuits nous passâmes en ce lieu.
L'imagination se refuse à concevoir l'horreur de ce cachot, et la parole ne
peut suffire à en décrire les souffrances. Mais la gloire de celui qui triomphe
en nous se mesure à l'épreuve elle-même : ce n'est pas nous qui combattons, la
victoire est à celui qui combat pour nous. Qu'importe la mort au fidèle, cette
mort dont le Seigneur a triomphé par sa croix, dont il a émoussé l'aiguillon et
fait, par son supplice, évanouir l'horreur? Mais on ne parle d'armes que pour
le soldat, et le soldat lui-même ne s'arme que pour le combat ; ainsi nos couronnes
ne sont une récompense que parce qu'il y a eu combat : on donne les prix à la
fin des jeux.
Pendant
plusieurs jours nous fûmes réconfortés par la visite des frères, de sorte que
la joie et la consolation des jours faisait oublier l'horreur des nuits.
Renon, l'un de
nous, eut une vision pendant son sommeil. C'étaient des hommes qu'on menait
mourir. devant chacun desquels on portait une lampe ; ceux qu'une lampe ne
précédait pas étaient abandonnés. Il nous ,vit marcher précédés de nos lampes ;
sur ces entrefaites, il s'éveilla. Quand Renon nous raconta sa vision, nous
fûmes bien heureux, nous savions maintenant que nous étions dans le bon chemin,
nous marchions avec le Christ, lumière de nos pas et Verbe de Dieu.
Après une
telle nuit, on passait le jour dans la joie. Précisément, ce matin-là, nous
fûmes subitement traduits devant le procurateur, qui faisait l'intérim du
proconsul, mort depuis peu.
O jour de joie ! ô
glorieux liens ! ô chaînes désirées ! ô fers plus glorieux et plus précieux que
l'or ! ô bruit des anneaux qui sursautent sur le pavé ! Nous parlions de
l'avenir et de peur que notre félicité ne fût retardée, les soldats, ne sachant
où le procurateur voulait nous entendre, nous menèrent dans tout le Forum ;
enfin nous fûmes appelés dans son cabinet.
Mais l'heure
de mourir n'était pas arrivée. Ayant vaincu le diable, nous fûmes renvoyés en
prison ; l'on nous réservait à une autre victoire. Vaincu cette fois, le diable
combina de nouvelles embûches, il tenta de nous vaincre par la faim et la soif.
Cette nouvelle épreuve se prolongea longtemps, et nos corps épuisés
n'obtenaient même pas un peu d'eau froide de Solon, l'économe.
Cette fatigue,
ces privations, ce temps de misère étaient permis de Dieu, car celui qui voulut
que nous fussions éprouvés, montra qu'il voulait nous parler au sein même de
l'épreuve. Voici donc ce que le prêtre Victor apprit dans une vision qui
précéda de peu d'instants son martyre. Il nous l'a racontée ainsi : « Je voyais
un enfant entrer dans cette prison; son visage était resplendissant au delà de
ce que l'on peut dire; il nous conduisait à toutes les portes, comme pour nous
rendre à la liberté, mais nous ne pouvions sortir. Il me dit alors : « Encore
quelques jours de souffrance, puisque vous êtes retenus ici, mais ayez confiance,
je suis avec vous ». Il reprit : « Dis-leur que leurs couronnes seront d'autant
plus glorieuses, car l'esprit vole vers son Dieu et l'âme près de souffrir
aspire aux demeures qui l'attendent ». Connaissant que c'était le Seigneur,
Victor demanda où était le Paradis. « Hors du monde », dit l'enfant.— «
Montrez-le-moi. » — « Et où serait la foi? » dit encore l'enfant. Par un reste
de faiblesse humaine, le prêtre dit : « Je ne puis m'acquitter de l'ordre que
vous m'avez donné : laissez-moi un signe qui serve de témoignage à mes frères
».
L'enfant répondit :
« Dis-leur que mon signe est le signe de Jacob ». Maintenant voici ce qui a
trait à notre compagne de captivité, la matrone Quartillosa, dont le mari et le
fils avaient été martyrisés trois jours auparavant, et qui ne devait pas tarder
à les suivre. Elle nous a raconté sa vision en ces termes : « Je vis mon enfant
martyr venir à la prison et il s'assit au bord de l'eau; il me dit : « Dieu
voit votre angoisse et votre souffrance ». Alors entra un jeune homme d'une
taille extraordinaire, portant dans chaque main une coupe de lait ; il me dit :
« Courage, Dieu tout-puissant s'est souvenu de vous ». Et il donna à boire à
tous les prisonniers, mais il n'y paraissait pas, ses coupes ne diminuaient pas.
Soudain la pierre qui bouchait la moitié de la fenêtre du cachot sembla
s'écrouler, laissant voir un coin de ciel; le jeune homme posa les coupes à
droite et à gauche : « Vous voilà rassasiés, dit-il; cependant les coupes sont
encore pleines et même l'on va vous en apporter une troisième ».
Il disparut.
Le lendemain,
nous étions dans l'attente de l'heure où l'administrateur de la prison nous
ferait porter, non la nourriture, il ne nous en donnait plus et depuis deux
jours nous n'avions rien mangé, mais de quoi sentir notre souffrance et notre
privation, lorsque tout à coup, ainsi que la boisson arrive à celui qui est
altéré, la nourriture à l'affamé, le martyre à celui qui le demande, de même le
Seigneur nous réconforta par l'intermédiaire du prêtre Lucien qui, forçant
toutes les consignes, nous envoya deux coupes, par l'entremise de Hérennien,
sous-diacre, et Janvier, catéchumène, qui portèrent à chacun l'aliment qui ne
diminue pas. Ce secours soutint les malades et les infirmes ; ceux-là mêmes que
la férocité de Solon et le manque d'eau avaient rendus malades, furent guéris,
ce dont tous rendirent à Dieu de grandes actions de grâces.
Il est temps de
dire quelque chose de la tendresse mutuelle que nous nous portions.
Montan avait
eu avec Julien d'assez vives discussions au sujet d'une femme exclue de la
communion, qui s'y fit recevoir par surprise. La dispute finie, une certaine
froideur ne laissa pas que de subsister entre les confesseurs ; mais, la nuit
suivante, Montan eut une vision. La voici telle qu'il l'a racontée : « Je vis
des centurions venir à nous, ils nous conduisirent, après une longue traite,
dans une plaine immense où Cyprien et Lucius vinrent à nous. Une blanche
lumière baignait la campagne, nos propres vêtements étaient blancs, notre chair
plus blanche que nos vêtements. A travers la chair transparente les regards
pénétraient jusqu'au coeur. Je regardais ma poitrine, il y avait des taches. A
ce moment je m'éveillais et Lucius entrait. Je lui racontai la vision : «
Sais-tu, ajoutai je, d'où viennent ces tâches ? De ce que je ne me suis pas
tout de suite réconcilié avec Julien. J'en conclus, frères très chers, que nous
devons mettre tous nos soins à conserver la concorde, la paix, l'entente entre
nous. Efforçons-nous d'être dès ce monde tels que nous serons dans l'autre. Si
les récompenses promises aux justes nous attirent, si le châtiment réservé aux
impies nous épouvante, si nous souhaitons vivre et régner avec le Christ,
faisons ce qui y conduit. Adieu. »
Ce qui précède
fut écrit par les martyrs dans leur prison, mais il était indispensable que
quelqu'un recueillît de ce martyre tout ce que la modestie des confesseurs
s'ingéniait à tenir secret. Flavien m'a confié la charge de suppléer à tout ce
qu'ils avaient omis ; j'ai donc ajouté ce qui suit :
Après
plusieurs mois d'une détention pendant laquelle ils souffrirent de la faim et
de la soif, tous les confesseurs :furent amenés un soir devant le nouveau
proconsul.
Tous confessèrent le Christ.
Flavien s'était déclaré diacre, mais ses amis présents déclarèrent, poussés par
une affection intempestive, qu'il n'avait pas cette qualité.
Quant à
Lucius, Montan, Julien, Victor, ils furent condamnés sur-le-champ. Flavien fut
ramené en prison. Encore qu'il eût tout sujet de s'affliger d'être séparé d'une
compagnie si sainte, cependant sa foi et sa charité étaient si profondes qu'il
n'y voulut voir que la volonté de Dieu. Ainsi sa piété modérait son chagrin.
Pendant que Flavien regagnait la prison, les condamnés se rendaient au lieu des
exécutions. Une cohue énorme, où les chrétiens roulaient pêle-mêle avec les
païens, suivait les martyrs. Les fidèles en avaient vu un grand nombre déjà,
mais jamais avec autant d'émotion et de respect. Le visage des victimes rayonnait
de bonheur, leurs paroles étaient brûlantes et fortifiaient les fidèles.
Lucius, naturellement doux et timide, épuisé par ses infirmités et le séjour de
la prison, avait pris les devants avec quelques amis, car il craignait d'être
étouffé dans les remous de la foule et de perdre l'occasion de répandre son
sang. Pendant le trajet, il s'entretenait avec ses compagnons et ne laissait
pas de les instruire. Ceux-ci lui disaient : « Vous vous souviendrez de
nous ! » — « C'est à vous, répondit-il, à vous souvenir de moi » ; car son
humilité était si profonde qu'à cet instant même il ne se prévalait pas de son
martyre. Julien et Victor recommandaient aux frères avec instances la concorde,
le soin des clercs, de ceux-là surtout qui souffraient en prison les horreurs
de la faim. Joyeux et calmes, les confesseurs arrivaient au lieu du supplice.
Montan était
de haute taille, intrépide et habitué jusqu'alors à dire toute sa pensée sans
ménagement. Exalté par la perspective du martyre tout proche, il criait à
pleine voix « Quiconque sacrifiera à d'autres qu'au seul Dieu sera anéanti ».
Et il répétait sans se lasser qu'il n'est pas permis de déserter l'autel de
Dieu pour s'adresser aux idoles fabriquées. Il s'adressait ensuite aux
hérétiques : « Que la multitude des martyrs, leur disait-il, vous apprenne où
est la véritable Eglise, celle dans laquelle vous devez entrer ». Aux apostats
il rappelait que la communion ne leur serait accordée qu'après la pénitence. A
ceux qui n'avaient pas faibli il disait: « Tenez ferme, frères, combattez avec
courage. Les exemples ne vous manquent pas. Que la lâcheté de ceux qui sont
tombés ne vous entraîne pas dans leur ruine ; loin de là, que nos souffrances
vous excitent à gagner la couronne ». Apercevant des vierges chrétiennes, il adressa
la parole à chacune d'elles, les exhortant à garder la chasteté. A tous les
fidèles il recommanda d'obéir aux prêtres ; aux prêtres il demanda de garder
entre eux la bonne entente qui,disait-il, est préférable à tout. De l'exemple
qu'ils en donneront, dépendront l'obéissance et l'affection du peuple envers
eux. Voilà qui est vraiment souffrir pour le Christ et le reproduire par
l'action et par la parole. Quel exemple pour le fidèle !
Le bourreau était
prêt, sa longue épée déjà suspendue sur le cou des condamnés, lorsqu'on vit
Montan lever les bras au ciel, et, tout haut, de manière à être entendu des
païens et des chrétiens, il demanda à Dieu que Flavien, séparé de ses
compagnons par l'ordre du peuple, les suivit dans trois jours. Et comme pour
donner un gage que sa prière était exaucée, il déchira en deux morceaux le
bandeau mis sur ses yeux et prescrivit qu'on en gardât la moitié pour servir à
Flavien. Enfin il recommanda de réserver la place de celui-ci entre leurs
tombeaux,afin que la mort au moins lui rendît leur compagnie. Nous avons vu de
nos yeux s'accomplir la promesse faite par le Seigneur dans l'Évangile, que
rien ne sera refusé à une demande inspirée par une foi vive. Deux jours après,
Flavien fut exécuté.
Comme je l'ai
dit, Montan ne voulait pas que le retard imposé à Flavien le séparât de leur
compagnie dans le tombeau ; il me faut maintenant raconter sa fin.
A la suite des
réclamations qui s'étaient produites à son sujet, Flavien avait été ramené en
prison ; il était fort, intrépide et confiant. Son malheur n'avait pu entamer
la trempe de son âme. Un autre peut-être eût été ébranlé ; quant à lui, la foi
qui l'avait précipité vers le martyre, lui faisait mépriser tous les obstacles
humains.
Son admirable
mère, qui, digne par sa foi des anciens patriarches, rappelait ici Abraham
lui-même impatient d'immoler son fils, se désolait que Flavien eût perdu la
gloire du martyre. Quelle mère ! Quel modèle ! elle était digne d'être la
mère des Macchabées, car qu'importe le nombre ? puisqu'elle offrait à Dieu
l'unique objet de son amour.
Mais Flavien
lui disait : « Mère que j'aime tant, j'avais souvent désiré confesser le
Christ, rendre mon témoignage, porter des chaînes, et jamais cela n'arrivait.
Aujourd'hui mon désir est accompli; rendons gloire au lieu de gémir ».
Quand les
geôliers vinrent, ils eurent peine à ouvrir la porte malgré leurs efforts ; il
semblait que la prison elle-même répugnait à recevoir un hôte déjà marqué pour
le ciel ; mais comme ce sursis était dans les desseins de Dieu, le cachot,
quoique à regret, reçut son hôte. Que dire des sentiments de Flavien pendant
ces deux jours ? son espérance, sa confiance dans l'attente du martyre ?
Le troisième jour sembla non celui de la mort, mais celui de la résurrection.
Les païens, qui avaient entendu la prière de Montan, ne cachaient plus leur
admiration.
Dès que l'on
sut donc, le troisième jour, que Flavien allait mourir, tous les mécréants et
impies se rendirent au prétoire,afin de voir comment il se comporterait.
Il sortit
enfin de cette prison où il ne devait plus rentrer. Quand il parut , la joie
fut grande parmi les spectateurs, mais lui-même était plus joyeux encore,
assuré que sa foi et la prière d'autrui lui procureraient le martyre, quelque
opposition qu'on y fît. Aussi disait-il à tous les frères qui venaient le
saluer qu'il leur donnerait la paix dans les plaines de Fuscium. Quelle
confiance ! quelle foi !
Enfin il pénétra
dans le prétoire et attendit son tour d'appel dans la salle des gardes. J'étais
à côté de lui, ses mains dans les miennes, rendant au martyr l'honneur et les
soins dus à un ami intime. Ses anciens élèves l'importunaient afin qu'il
renonçât à son obstination et qu'il sacrifiât; on l'eût laissé faire ensuite
tout ce qu'il eût voulu. « Il faut être fou, disaient-ils, pour ne pas craindre
la mort et avoir peur de vivre. »
Flavien les remerciait d'une
affection qu'ils témoignaient à leur manière et des conseils qu'elle lui valait
; cependant il reprenait : «Sauver la liberté de sa conscience vaut mieux
qu'adorer des pierres. Il n'y a qu'un seul Dieu, qui a tout fait et à qui seul
est dû notre culte ». Il disait encore d'autres choses dont les païens
convenaient malaisément : « Même quand on nous tue, nous vivons, disait-il ;
nous ne sommes pas vaincus, mais vainqueurs de la mort ; et vous-mêmes, si vous
voulez savoir la vérité, soyez chrétiens ».
Reçus de la
sorte, les païens, voyant que la persuasion ne réussissait pas, usèrent d'une
étrange miséricorde à l'égard de Flavien : ils s'imaginèrent que la torture
viendrait à bout de sa résistance. On le mit sur le chevalet et le proconsul
lui demanda pourquoi il prenait indûment la qualité de diacre : « Je ne mens
pas, dit-il je le suis ». Un centurion apporta un certificat qui prouvait le
contraire. « Pouvez-vous croire que je mente, dit Flavien, et que l'auteur de
cette fausse pièce dise vrai ? » Le peuple brailla: « Tu mens ». Le
proconsul revint à la charge et lui demanda s'il mentait ; il répondit :
« Quel intérêt aurais-je à mentir ? » Le peuple, exaspéré, hurlait : « La
torture, la torture ! » Mais Dieu savait assez, depuis l'épreuve de la
prison, la fermeté de son serviteur ; il ne permit pas que le corps du martyr
déjà éprouvé fût déchiré. Flavien fut condamné à être décapité.
Maintenant qu'il
était sûr de mourir, Flavien marchait plein de joie et causait avec une extrême
liberté à ceux qui l'entouraient. Ce fut alors qu'il me chargea d'écrire
l'histoire de tout ce qui s'était passé. Il tenait en outre à ce que le récit
des visions qui avaient occupé ses deux derniers jours fût consigné avec
quelques autres plus anciennes.
« Peu après la
mort de saint Cyprien, nous raconta-t-il, il me sembla que je causais avec lui,
et je lui demandai si le coup de la mort est bien douloureux, — futur martyr,
ces questions m'intéressaient . — Il me répondit : « Ce n'est plus notre chair
qui souffre quand l'âme est au ciel. Le corps ne sent plus quand l'esprit
s'abandonne tout entier à Dieu. Plus tard, ajouta-t-il, après le supplice de
mes compagnons, je me sentais sous le coup d'une grande tristesse, à la pensée
que je demeurais seul ; mais pendant mon sommeil je vis un homme qui me dit : «
Pourquoi t'affliges-tu ? » Je lui dis le sujet de mon chagrin. — « Quoi !
reprit-il, te voilà triste, toi qui, deux fois confesseur, seras demain martyr
par le glaive ? » Et ceci arriva de point en point. Après une première
confession dans le cabinet du proconsul, et une autre en public, il fut
reconduit en prison, puis, traduit de nouveau, il confessa encore et mourut. Il
nous raconta une autre vision, qui eut lieu le lendemain de la mort de Successus
et de Paul. « Je vis, dit-il, l'évêque Successus qui entrait dans ma maison,le
visage radieux, mais à peine reconnaissable à cause de l'éclat céleste dont
brillaient ses yeux. Cependant je le reconnus et il me dit : « J'ai été envoyé
pour t'annoncer que tu souffriras ». Aussitôt deux soldats m'emmenèrent en un
lieu où une multitude de frères étaient assemblés. On me conduisit au juge, qui
me condamna à mort. Soudain ma mère se montra dans la foule: « Vivat, vivat !
disait-elle, il n'y a pas eu de martyre plus glorieux ». Elle disait vrai ;
car, outre les privations de la prison, imaginées par la rapacité
du fisc, Flavien savait encore se
priver du peu qu'on lui donnait, tant il aimait à pratiquer les jeûnes
prescrits et à s'abstenir du nécessaire pour en faire part à autrui.
J'en viens aux
circonstances de son martyre. Tout en parlant, Flavien habitait déjà en esprit
? dans le royaume où, dans peu d'instants, il devait régner avec Dieu ; ses
entretiens en avaient la dignité sereine. Le ciel lui-même avait pris parti
pour nous. Une pluie torrentielle avait dispersé la foule, les païens curieux
étaient partis,comme pour laisser le champ libre aux consolations et afin que
nul profane ne fût témoin du suprême baiser de paix. Flavius remarqua que la
pluie semblait tomber afin que l'eau et le sang fussent mélangés,ainsi qu'il
arriva dans la passion du Sauveur.
Après qu'il
eut fortifié chacun et donné le baiser, il quitta l'étable où il avait cherché
un abri et qui touche au domaine de Fuscium et monta sur un pli de terrain ;
d'un geste il réclama le silence : « Frères bien-aimés, dit-il, vous avez la
paix avec nous si vous restez en paix avec l'Église ; gardez l'union dans la
charité. Ne méprisez pas mes paroles : Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même,
peu avant sa passion, a dit: « Je vous laisse le commandement de vous aimer les
uns les autres ». Il termina donnant à ses dernières paroles l'apparence d'un
testament par lequel il désignait le prêtre Lucien comme le plus capable, à ses
yeux, d'occuper le siège de saint Cyprien. Puis il descendit à l'endroit où il
devait mourir, se lia le bandeau laissé par Montan à cette intention, se mit à
genoux et mourut pendant sa prière.
Oh ! qu'ils
sont glorieux les enseignements des martyrs ! qu'elles sont nobles les épreuves
qu'ont subies les témoins de Dieu ! C'est avec raison que l'Écriture les
transmet aux générations à venir ; car, si nous trouvons dans l'étude des
ouvrages anciens de précieux exemples, il convient que les saints qui ont
fleuri de nos jours deviennent également nos maîtres.
Les Martyrs, TOME
II. Le Troisième Siècle. Dioclétien. Recueil de pièces authentiques sur les
martyres depuis les origines du christianisme jusqu'au XXe siècle. Traduites et publiées par le B. P. DOM H. LECLERCQ, Moine bénédictin de
Saint-Michel de Farnborough. Imprimi potest, FR. FERDINANDUS CABROL, Abbas Sancti Michaelis Farnborough. Die 15 Martii 1903. Imprimatur. Pictavii, die 24 Martii 1903. + HENRICUS, Ep. Pictaviensis.
Montanus, Lucius & Companions MM (RM)
Died 259. Montanus, Lucius, Julian, Victoricus, Flavian, Rhenus, and two
companions were a group of African martyrs. Several of them were clergy of
Saint Cyprian, who had been executed the previous year under Valerian. Their
acta are thoroughly authentic: the first part of their acts- -their
imprisonment--was written down by themselves, and that of their martyrdom by
eyewitnesses.
After Cyprian's
martyrdom, the proconsul Galerius Maximus died. Solon, the procurator,
continued the persecution while awaiting the arrival of a new proconsul from
Rome. The citizens of Carthage rose up against Solon's tyranny, but instead of
seeking to discover the culprits, Solon vented his fury upon the Christians,
knowing this would be agreeable to the idolaters.
Eight disciples of
Saint Cyprian were arrested on a false charge of complicity in the revolt.
After interrogation they were remanded to custody; they were kept on short
rations, and suffered greatly from hunger and thirst. One of them writes:
"As soon as we
were taken, we were given in custody to the officers of the quarter: when the
governor's soldiers told us that we should be condemned to the flames, we
prayed to God with great fervor to be delivered from that punishment and He in
whose hands are the hearts of men, was pleased to grant our request. The
governor altered his first intent, and ordered us into a very dark and
incommodious prison, where we found the priest, Victor and some others, but we
were not dismayed at the filth and darkness or the place, our faith and joy in
the Holy Ghost reconciled us to our sufferings in that place, though these were
such as it is not easy for words to describe; but the greater our trials, the
greater is He who overcomes them in us.
"Our brother
Rhenus in the mean time, had a vision, in which he saw several of the prisoners
going out of prison with a lighted lamp preceding each of them, while others,
that had no such lamp, stayed behind. He discerned us in this vision, and
assured us that we were of the number of those who went forth with lamps. This
gave us great joy; for we understood that the lamp represented Christ, the true
light, and that we were to follow Him by martyrdom.
"The next day
we were sent for by the governor, to be examined. It was a triumph to us to be
conducted as a spectacle through the market-place and the streets, with our
chains rattling. The soldiers, who knew not where the governor would hear us,
dragged us from place to place, till, at length, he ordered us to be brought
into his closet.
"He put several
questions to us; our answers were modest, but firm: at length we were remanded
to prison; here we prepared ourselves for new conflicts. The sharpest trial was
that which we underwent by hunger and thirst, the governor having commanded
that we should be kept without meat and drink for several days, inasmuch that
water was refused us after our work: yet Flavian, the deacon, added great
voluntary austerities to these hardships, often bestowing on others that little
refreshment which was most sparingly allowed us at the public charge.
"God was
pleased Himself to comfort us in this our extreme misery, by a vision which He
vouchsafed to the priest Victor, who suffered martyrdom a few days after. 'I
saw last night,' said he to us, 'an infant, whose countenance was of a
wonderful brightness, enter the prison. He took us to all parts to make us go
out, but there was no outlet; then he said to me, "You have still some
concern at your being retained here, but be not discouraged. I am with you:
carry these tidings to your companions, and let them know that they shall have
a more glorious crown."
"'I asked him
where heaven was; the infant replied, "Out of the world." Show it
me,' says Victor. The infant answered, "Where then would be your
faith?" Victor said, 'I cannot retain what you command me: tell me a sign
that I may give them.' He answered, "Give them the sign of Jacob, that is,
his mystical ladder, reaching to the heavens."' Soon after this vision,
Victor was put to death. This vision filled us with joy.
"God gave us,
the night following, another assurance of His mercy by a vision to our sister
Quartillosia, a fellow-prisoner, whose husband and son had suffered death for
Christ three days before, and who followed them by martyrdom a few days after.
'I saw,' says she, 'my son, who suffered; he was in the prison sitting on a
vessel of water, and said to me: "God has seen your sufferings." Then
entered a young man of a wonderful stature, and he said "Be of good
courage, God hath remembered you."'"
The martyrs had received
no nourishment the preceding day, nor had they any on the day that followed
this vision; but at length Lucian, then priest, and afterwards bishop of
Carthage, surmounting all obstacles, got food to be carried to them in
abundance by the subdeacon, Herennian, and by Januarius, a catechumen. The acta
say they brought the never-failing food, the Blessed Eucharist.
The acta continue:
"We have all
one and the same spirit, which unites and cements us together in prayer, in
mutual conversation, and in all our actions. These are those amiable bands
which put the devil to flight, are most agreeable to God, and obtain of Him, by
joint prayer, whatever they ask. These are the ties which link hearts together,
and which make men the children of God. To be heirs of His kingdom we must be
His children, and to be His children we must love one another. It is impossible
for us to attain to the inheritance of His heavenly glory, unless we keep that
union and peace with all our brethren which our heavenly Father has established
among us.
"Nevertheless,
this union suffered some prejudice in our troop, but the breach was soon
repaired. It happened that Montanus had some words with Julian, about a person
who was not of our communion, and who was got among us, (probably admitted by
Julian). Montanus on this account rebuked Julian, and they, for some time
afterwards, behaved towards each other with coldness, which was, as it were, a
seed of discord.
"Heaven had
pity on them both, and, to reunite them, admonished Montanus by a dream, which
he related to us as follows: 'It appeared to me that the centurions were come
to us, and that they conducted us through a long path into a spacious field,
where we were met by Cyprian and Lucius. After this we came into a very
luminous place, where our garments became white, and our flesh became whiter
than our garments, and so wonderfully transparent, that there was nothing in
our hearts but what was clearly exposed to view: but in looking into myself, I
could discover some filth in my own bosom; and, meeting Lucian, I told him what
I had seen, adding, that the filth I had observed within my breast denoted my
coldness towards Julian. Wherefore, brethren, let us love, cherish, and
promote, with all our might, peace and concord. Let us be here unanimous in
imitation of what we shall be hereafter. As we hope to share in the rewards
promised to the just, and to avoid the punishments wherewith the wicked are
threatened: as, in the end, we desire to be and reign with Christ, let us do
those things which will lead us to him and his heavenly kingdom.'"
Hitherto the
martyrs wrote in prison what happened to them there: the rest was written by
those persons who were present, to whom Flavian, one of the martyrs, had
recommended it. Their imprisonment lasted several months, and then those in
holy orders were condemned to death because the edict of Valerian condemned
only bishops, presbyters, and deacons.
Because of his
popularity, the false friends of Flavian maintained before the judge that he
was no deacon, and, consequently, was not included within the emperor's decree.
Though Flavian declared himself to be one, he was not then condemned; but the
rest were adjudged to die. They walked cheerfully to the place of execution,
and each of them gave exhortations to the people.
Lucius went to the
place of execution in advance, being so enfeebled that he feared he could not
keep up with the others; but Montanus was full of vigor and exhorted the
heathen among the bystanders to repentance and the brethren to faithfulness:
"He that
sacrificeth to any God but the true one, shall be utterly destroyed." He
also checked the pride and wicked obstinacy of the heretics, telling then that
they might discern the true church by the multitude of its martyrs. He exhorted
those that had fallen not to be over hasty, but fully to accomplish their
penance. He exhorted the virgins to preserve their purity, and to honor the
bishops, and all the bishops to abide in concord.
When the
executioner was ready to give the stroke, Montanus prayed aloud to God that
Flavian who had been reprieved at the people's request, might follow them on
the third day. And, to express his assurance that his prayer was heard, he
ripped in half the handkerchief with which his eyes were to be covered, and
asked that one part of it to be reserved for Flavian, and desired that a place
might be kept for him where he was to be interred, that they might not be
separated even in the grave.
Flavian, seeing his
crown delayed, made it the object of his ardent desires and prayers. He
continued to insist that he was a deacon, and so he was beheaded three days
later (Attwater, Benedictines, Husenbeth).
Saint of the Day: Sts. Montanus and Lucius and their
Companions
“We have all one and the same spirit”
Martyrs (d. 259)
Their story
+ In the year 259, the Roman procurator Solon arrested
eight Christians following an uprising in Carthage in North Africa. Although
the Christian community was not connected to the insurgence, Solon used this as
an excuse for persecuting Christians.
+ Many of those arrested were clergy serving Saint
Cyprian, the bishop of Carthage.
+ After being imprisoned for several months, during
which time they were deprived of food and water, each of the martyrs died after
having spoken to the crowds, especially urging those who have denied their
faith in Christ to return to the Church.
+ Only the names of the two of the martyrs—the priest
Lucius and a layman named Montanus—have come down to us.
+ Saints Montanus, Lucius, and companions died in the
year 250. Devotion to the martyrs spread quickly throughout the Christian world
and the historic account of their martyrdom is considered to be authentic.
For prayer and reflection
“We have all one and the same spirit which unites and
cements us together in prayer, in mutual intercourse, and in all actions. These
are the bonds of affection which put the devil to flight, which are most
pleasing to God… It is impossible for us to attain the inheritance of heavenly
glory unless we keep that union and peace with our brothers which our heavenly
Father has established among us.”—Saint Lucius
Prayer
O God, from whom faith draws perseverance and weakness
strength, grant, through the example and prayers of the Martyrs Montanus,
Lucius and their companions, that we may share in the Passion and Resurrection
of your Only Begotten Son, so that with the Martyrs we may attain perfect joy
in your presence. Through our Lord Jesus Christ, your Son, who lives and reigns
with you in the unity of the Holy Spirit, one God, for ever and ever. Amen.
(from The Roman Missal: Common of Martyrs—For
Several Martyrs During the Easter Season)
Saint profiles prepared by Brother Silas Henderson,
S.D.S.
SOURCE : https://aleteia.org/daily-prayer/saturday-may-23/
Montanus, Lucius, Flavian, Julian, Victoricus &
Companions
St Montanus (Died 259) was a disciple of St Cyprian, a
lawyer and then Bishop of Carthage in Tunisia.
In 258, St Cyprian was martyred on the orders of
Galerius Maximus by the sword; the reason, spreading Christianity and
refusing to offer deities to pagan gods. The soldier who executed St Cyprian
died soon afterwards and a replacement soldier was ambushed and killed by
rebels. In revenge, eight Christians, a mixture of lay people, Priests and
Bishops, including St Montanus, St Lucius, St Flavian, St Julian and St
Victoricus were selected at random for execution by beheading.
On the day of their execution, St Montanus, who had
lived a hermit lifestyle, spoke to the gathered crowd, probably a large number
of them peasant Christians. He said, hold dear to your faith, live the life
Jesus asked and never forget Jesus’ promise namely, “Your reward will be great
in heaven”.
All eight martyrs accepted their torture and execution
by beheading rather than renounce their Christian faith. Their Feast Day is
24th February.
St Montanus & Companions:
Pray for us that we will never forget Jesus’ promise,
“Your reward will be great in Heaven”.
Glory be to the…
SOURCE : https://www.daily-prayers.org/saints-library/montanus-companions/
SS. Montanus,
Lucius, Flavian, Julian, Victoricus, Primolus, Rhenus, and Donatian, Martyrs at
Carthage
From their
original acts, written, the first part by the martyrs themselves, the rest by
an eye-witness. They are published more correctly by Ruinart than by Surius and
Bollandus. See Tillemont, t. 4. p. 206.
A.D. 259
THE PERSECUTION,
raised by Valerian, had raged two years, during which, many had received the
crown of martyrdom, and, amongst others, St. Cyprian, in September, 258. The
proconsul Galerius Maximus, who had pronounced sentence on that saint, dying
himself soon after, the procurator, Solon, continued the persecution, waiting
for the arrival of a new proconsul from Rome. After some days, a sedition was
raised in Carthage against him, in which many were killed. The tyrannical man,
instead of making search after the guilty, vented his fury upon the Christians,
knowing this would be agreeable to the idolaters. Accordingly he caused these
eight Christians, all disciples of St. Cyprian, and most of them of the clergy,
to be apprehended. As soon as we were taken, say the authors of the acts, we
were given in custody to the officers of the quarter: 1 when the governor’s soldiers told us that we should be condemned to the
flames, we prayed to God with great fervour to be delivered from that
punishment: and he, in whose hands are the hearts of men, was pleased to grant
our request. The governer altered his first intent, and ordered us into a very
dark and incommodious prison, where we found the priest, Victor, and some
others: but we were not dismayed at the filth and darkness of the place, our
faith and joy in the Holy Ghost reconciled us to our sufferings in that place,
though these were such as it is not easy for words to describe; but the greater
our trials, the greater is he who overcomes them in us. Our brother Rhenus, in
the mean time, had a vision, in which he saw several of the prisoners going out
of prison with a lighted lamp preceding each of them, whilst others, who had no
such lamp stayed behind. He discerned us in this vision, and assured us that we
were of the number of those who went forth with lamps. This gave us great joy;
for we understood that the lamp represented Christ, the true light, and that we
were to follow him by martyrdom.
The next day we
were sent for by the governor, to be examined. It was a triumph to us to be
conducted as a spectacle through the market-place and the streets, with our
chains rattling. The soldiers, who knew not where the governor would hear us,
dragged us from place to place, till, at length, he ordered us to be brought
into his closet. He put several questions to us; our answers were modest, but
firm: at length we were remanded to prison; here we prepared ourselves for new
conflicts. The sharpest trial was that which we underwent by hunger and thirst,
the governor having commanded that we should be kept without meat and drink for
several days, insomuch that water was refused us after our work: yet Flavian,
the deacon, added great voluntary austerities to these hardships, often
bestowing on others that little refreshment which was most sparingly allowed us
at the public charge.
God was pleased
himself to comfort us in this our extreme misery, by a vision which he
vouchsafed to the priest Victor, who suffered martyrdom a few days after. “I
saw last night,” said he to us, “an infant, whose countenance was of a
wonderful brightness, enter the prison. He took us to all parts to make us go
out, but there was no outlet; then he said to me, ‘You have still some concern
at your being retained here, but be not discouraged, I am with you: carry these
tidings to your companions, and let them know that they shall have a more
glorious crown.’ I asked him where heaven was; the infant replied, ‘Out of the
world.’” Show it me, says Victor. The infant then answered, “Where then would
be your faith?” Victor said, “I cannot retain what you command me: tell me a
sign that I may give them.” He answered, “Give them the sign of Jacob, that is,
his mystical ladder, reaching to the heavens.” Soon after this vision, Victor
was put to death. This vision filled us with joy.
God gave us, the
night following, another assurance of his mercy by a vision to our sister
Quartillosia, a fellow-prisoner, whose husband and son had suffered death for
Christ three days before, and who followed them by martyrdom a few days after.
“I saw,” says she, “my son who suffered; he was in the prison sitting on a
vessel of water, and said to me: ‘God has seen your sufferings.’ Then entered a
youug man of a wonderful stature, and he said: ‘Be of good courage, God hath
remembered you.’” The martyrs had received no nourishment the preceding day,
nor had they any on the day that followed this vision; but at length Lucian,
then priest, and afterwards bishop of Carthage, surmounting all obstacles, got
food to be carried to them in abundance by the subdeacon, Herennian, and by
Januarius, a catechumen. The acts say they brought the never failing food, 2 which Tillemont understands of the blessed eucharist, and the following
words still more clearly determine it in favour of this sense. They go on: We
have all one and the same spirit, which unites and cements us together in
prayer, in mutual conversation, and in all our actions. These are those amiable
bands which put the devil to flight, are most agreeable to God, and obtain of
him, by joint prayer, whatever they ask. These are the ties which link hearts
together, and which make men the children of God. To be heirs of his kingdom we
must be his children, and to be his children we must love one another. It is
impossible for us to attain to the inheritance of his heavenly glory, unless we
keep that union and peace with all our brethren which our heavenly Father has
established amongst us. Nevertheless, this union suffered some prejudice in our
troop, but the breach was soon repaired. It happened that Montanus had some
words with Julian, about a person who was not of our communion, and who was got
among us (probably admitted by Julian). Montanus on this account rebuked
Julian, and they, for some time afterwards, behaved towards each other with
coldness, which was, as it were, a seed of discord. Heaven had pity on them
both, and, to reunite them, admonished Montanus by a dream, which he related to
us as follows: “It appeared to me that the centurions were come to us, and that
they conducted us through a long path into a spacious field, where we were met
by Cyprian and Lucius. After this we came into a very luminous place, where our
garments became white, and our flesh became whiter than our garments, and so
wonderfully transparent, that there was nothing in our hearts but what was
clearly exposed to view: but in looking into myself, I could discover some
filth in my own bosom; and, meeting Lucian, I told him what I had seen, adding,
that the filth I had observed within my breast denoted my coldness towards
Julian. Wherefore, brethren, let us love, cherish, and promote, with all our
might, peace and concord. Let us be here unanimous in imitation of what we
shall be hereafter. As we hope to share in the rewards promised to the just,
and to avoid the punishments wherewith the wicked are threatened: as, in fine,
we desire to be and reign with Christ, let us do those things which will lead
us to him and his heavenly kingdom.” Hitherto the martyrs wrote in prison what
happened to them there: the rest was written by those persons who were present,
to whom Flavian, one of the martyrs, had recommended it.
After suffering
extreme hunger and thirst, with other hardships, during an imprisonment of many
months, the confessors were brought before the president, and made a glorious
confession. The edict of Valerian condemned only bishops, priests, and deacons
to death. The false friends of Flavian maintained before the judge that he was
no deacon, and, consequently was not comprehended within the emperor’s decree;
upon which, though he declared himself to be one, he was not then condemned;
but the rest were adjudged to die. They walked cheerfully to the place of
execution, and each of them gave exhortations to the people. Lucius, who was
naturally mild and modest, was a little dejected on account of his distemper,
and the inconveniences of the prison; he therefore went before the rest,
accompanied but by a few persons, lest he should be oppressed by the crowd, and
so not have the honour to spill his blood. Some cried out to him, “Remember
us.” “Do you also,” says he, “remember me.” Julian and Victorius exhorted a long
while the brethren to peace, and recommended to their care the whole body of
the clergy, those especially who had undergone the hardships of imprisonment.
Montanus, who was endued with great strength, both of body and mind, cried out,
“He that sacrificeth to any God but the true one, shall be utterly destroyed.”
This he often repeated. He also checked the pride and wicked obstinacy of the
heretics, telling them that they might discern the true church by the multitude
of its martyrs. Like a true disciple of Saint Cyprian, and a zealous lover of
discipline, he exhorted those that had fallen not to be over hasty, but fully
to accomplish their penance. He exhorted the virgins to preserve their purity,
and to honour the bishops, and all the bishops to abide in concord. When the
executioner was ready to give the stroke, he prayed aloud to God that Flavian,
who had been reprieved at the people’s request, might follow them on the third
day. And, to express his assurance that his prayer was heard, he rent in pieces
the handkerchief with which his eyes were to be covered, and ordered one half
of it to be reserved for Flavian, and desired that a place might be kept for
him where he was to be interred, that they might not be separated even in the
grave. Flavian, seeing his crown delayed, made it the object of his ardent
desires and prayers. And as his mother stuck close by his side with the
constancy of the mother of the holy Maccabees, and with longing desires to see
him glorify God by his sacrifice, he said to her: “You know, mother, how much I
have longed to enjoy the happiness of dying by martyrdom.” In one of the two
nights which he survived, he was favoured with a vision, in which one said to
him: “Why do you grieve? You have been twice a confessor, and you shall suffer
martyrdom by the sword.” On the third day he was ordered to be brought before
the governor. Here it appeared how much he was beloved by the people, who
endeavoured by all means to save his life. They cried out to the judge that he
was no deacon; but he affirmed that he was. A centurion presented a billet
which set forth that he was not. The judge accused him of lying to procure his
own death. He answered: “Is that probable? and not rather that they are guilty
of an untruth who say the contrary?” The people demanded that he might be
tortured in hopes he would recall his confession on the rack; but the judge
condemned him to be beheaded. The sentence filled him with joy, and he was
conducted to the place of execution, accompanied by a great multitude, and by
many priests. A shower dispersed the infidels, and the martyr was led into a
house where he had an opportunity of taking his last leave of the faithful
without one profane person being present. He told them that in a vision he had
asked Cyprian whether the stroke of death is painful, and that the martyr
answered; “The body feels no pain when the soul gives herself entirely to God.”
At the place of execution he prayed for the peace of the church and the union
of the brethren; and seemed to foretell Lucian that he should be bishop of
Carthage, as he was soon after. Having done speaking, he bound his eyes with
that half of the handkerchief which Montanus had ordered to be kept for him,
and, kneeling in prayer, received the last stroke. These saints are joined
together on this day in the present Roman and in ancient Martyrologies.
Note 1. Apud regionantes. [back]
Note 2. Alimentum indeficiens. [back]
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume II: February. The Lives of the Saints. 1866.
Santi Lucio, Montano e compagni Martiri
23 maggio
m. 259
Martirologio Romano: A Cartagine, nell’odierna
Tunisia, santi Lucio, Montano, Giuliano, Vittorìco, Vittore e Donaziano,
martiri, che, per la religione e la fede che avevano appreso dall’insegnamento
di san Cipriano, affrontarono il martirio sotto l’imperatore Valeriano.
San MONTANO, Martire
Discepolo di Cipriano, subì il martirio a Cartagine nel 259 sotto l’impero di
Valentiniano. Dopo che a Cartagine aveva avuto luogo una sedizione popolare,
l’autorità civile mise in atto un’azione repressiva nei confronti dei
cristiani. Montano venne arrestato per ordine del governatore, e insieme a
Lucio, Flaviano, Giuliano, Vittorico, Primolo, Iteno e Donaziano, fu portato in
carcere e lasciato là alcuni mesi a soffrire la fame e la sete. Quindi venne
condotto davanti al giudice per essere interrogato, e continuò coraggiosamente
a professare la sua fede in Cristo, fino a quando subì l’estremo supplizio.
Mentre, si avviava a incontrare il suo carnefice sotto gli occhi del popolo
incuriosito, mostrava un aspetto gioioso e invitava tutti alla carità e
all’unità.
Montano con i suoi compagni è protagonista di una passione, ovvero la “Passio
SS. Montani et Luci” (cfr. BHL 6009) ed è menzionato in vari calendari antichi.
La “Passio SS. Montani et Luci”, il “Calendarium Carthaginensis” e il “Martyrologium
hieronymianum” pongono al 23 maggio il supplizio di Montano e Lucio e al 25
maggio il supplizio di Flaviano. Viceversa il “Martyrologium Romanum”,
probabilmente sbagliando, assegna la festa di Montano e di tutti i suoi
compagni al 24 febbraio.
Il culto di Montano nella zona di Tebessa è attestato da un’iscrizione, non
anteriore al VI secolo, appartenente all’altare della basilica di
Henchir-el-Beguer.
Autore: Paola Marone
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/54410
Nome: Santi Lucio, Montano e compagni
Titolo: Martiri
Ricorrenza: 23 maggio
Tipologia: Commemorazione
Questi martiri cartaginesi Subirono tutti il martirio durante la persecuzione
di Valeriano, nel corso della quale fu ucciso anche S. Cipriano (16 set.). Gli
Atti a loro contemporanei sono generalmente accettati come veri e degni di
fede, fornendo un legame diretto con coloro che nell'Africa del secolo patirono
per Cristo. Il governatore Solone era stato il bersaglio di un'insurrezione a
Cartagine, e invece di indagare per scoprire il vero colpevole, fece arrestare
otto cristiani, molti dei quali erano chierici di Cipriano, e tutti suoi
discepoli.
Subito dopo il loro arresto i servi del governatore dissero loro che sarebbero
stati arsi vivi: essi però pregarono con fervore di essere liberati da quella
punizione.
Vennero poi rinchiusi «in una prigione molto buia e scomoda [...] ma non
eravamo spaventati dalla sporcizia del posto, perché la nostra fede e gioia
nello Spirito Santo ci riconciliarono con le soffe-renze, anche se erano tali
da non poter essere facilmente descritte». Reno ebbe anche la visione di
parecchi prigionieri che uscivano fuori, preceduti da una lampada accesa: erano
i futuri martiri che seguivano Cristo, vera lucerna per i loro passi.
Il giorno seguente il governatore mandò a prenderli per interrogarli: «Fu un
trionfo per noi essere resi come uno spettacolo attraverso il luogo del mercato
e lungo le strade con le nostre catene che risuonavano».
Il governatore li interrogò; le loro risposte furono miti e ferme. Furono così
rispediti in prigione, dove rimasero senza cibo c bevanda per molti giorni.
Si registrarono altre visioni. Il prete Luciano riuscì infine a ottenete da un
suddiacono e un catecumeno portassero loro del cibo. Questo «cibo che non viene
mai meno» fu probabilmente l'eucaestia.
Ugualmente straordinaria era l'esigenza di condividere lo spirito della carità:
«Noi abbiamo tutti un solo e unico spirito che ci unisce e ci lega nella
preghiera, nei rapporti vicendevoli e in tutte le nostre azioni. Sono questi i
vincoli d'amore che spingono il diavolo alla fuga e sono molto graditi a Dio
[...] questi sono i legami che uniscono insieme i cuori e rendono gli uomini
figli di Dio [...]
È impossibile per noi ottenere l'eredità della gloria celeste, se non
conserviamo con i nostri fratelli quell'unione e quella pace che il Padre
celeste ha costituito tra noi».
Queste sono le parole dei martiri; il resto della loro vicenda fu descritto da
alcuni testimoni, come Flaviano, prima di morire, raccomandò loro.
Dopo essere stati imprigionati per alcuni mesi in durissime condizioni, patendo
oltre misura la fame e la sete, fecero una gloriosa professione di fede.
Ciascuno di essi camminò fino al luogo dell'esecuzione ed esortò il popolo.
Un certo Montano denunciò l'orgoglio e l'ostinazione degli eretici, dicendo
loro che avrebbero potuto riconoscere la vera Chiesa dalla moltitudine dei suoi
martiri. Esortò coloro che avevano ritrattato a completare la loro penitenza e
incoraggiò l'insieme dei vergini a conservare la loro purezza e a onorare i
vescovi.
Poi pregò ad alta voce che Flaviano, di cui per richiesta del popolo era stata
sospesa l'esecuzione, potesse seguirli il terzo giorno. Egli divise in due
parti la benda che gli doveva coprire gli occhi, lasciandone una metà per
Flaviano e chiedendo di poter dividere con lui la stessa tomba.
Fu quindi giustiziato con la spada. Flaviano lo seguì pochi giorni più tardi,
dopo aver consolato la madre ed essere stato sottoposto alla tortura. Disse ai
cristiani che lo seguivano che S. Cipriano, gli aveva assicurato in visione che
«il corpo non avverte il dolore, quando l'anima si offre interamente a Dio».
Sul luogo dell'esecuzione pregò per la pace e l'unità della Chiesa e dei
fratelli. Bendandosi gli occhi con la metà della benda di Montano e
inginocchiandosi in preghiera, ricevette l'ultimo colpo. In passato questi
martiri erano venerati il 24 febbraio.
MARTIROLOGIO ROMANO. A Cartagine, nell’odierna Tunisia, santi Lucio,
Montano, Giuliano, Vittoríco, Vittore e Donaziano, martiri, che, per la
religione e la fede che avevano appreso dall’insegnamento di san Cipriano,
affrontarono il martirio sotto l’imperatore Valeriano.
SOURCE : https://www.santodelgiorno.it/santi-lucio-montano-e-compagni/
LUCIO, MONTANO E I LORO COMPAGNI
Una cieca retata di polizia provoca l'arresto di
parecchi cristiani della comunità cartaginese. Due di loro muoiono in carcere.
Altri cinque saranno giustiziati, nel maggio del 259, dopo otto mesi di
interrogatori, di privazioni e di sofferenze. A guisa di memoriale, i
prigionieri redigono una lettera che riferisce le condizioni della loro
detenzione e proclama la loro speranza.
Completata dopo il loro martirio da un testimone
oculare, questa lettera è oggi uno dei più commoventi documenti antichi
sull'universo carcerario. Nell'oscurità e nell'afa di una cella, spossati dalla
fame e dalla sete, angosciati dall'attesa interminabile della morte, i
detenuti, dei quali si ignora la posizione esatta all'interno della Chiesa, si
rifugiano nella preghiera e nei sogni. Questi, abbaglianti di luce, non hanno bisogno,
per essere interpretati, dei manuali di oniromanzia pagana: essi parlano di
bevande rinfrescanti e di sbarre che cadono, di un fanciullo-guida nella notte
e di un aldilà risplendente in cui si è accolti dal vescovo Cipriano
di Cartagine, da poco decapitato.
Dietro a ogni avvenimento della loro prigionia, questi
comuni cristiani scoprono la presenza del Dio di misericordia al quale il
salmista fa dire: «Invocami nel giorno dell'angoscia, io ti libererò e tu mi
renderai gloria ... Scritta in una lingua relativamente sobria, quest'opera si
colloca nella tradizione inaugurata dalla Passione delle sante
Perpetua e Felicita. Lucio e i suoi compagni hanno voluto, espressamente,
insegnare alle generazioni future che la repressione più violenta non ha il
potere di spezzare coloro che camminano sulle orme di Cristo. La nostra sola
fonte di informazione su Lucio e i suoi compagni è il racconto in latino della
loro prigionia e del loro martirio, considerato fin dal XVI secolo come uno dei
gioielli della letteratura cristiana antica.
In seguito a una sommossa che era degenerata in un
tentativo d'assassinio a danno del proconsole d'Africa, otto cristiani di
Cartagine sono arrestati dalla polizia. La condanna a morte del vescovo
Cipriano, eseguita alcuni giorni prima, il 14 settembre del 258, aveva già
provocato veementi proteste e anche dei tafferugli. In una provincia
regolarmente agitata da forze centrifughe (essa tenterà anche la secessione
intorno al 265), la situazione è tesa per il potere.
Una lettera dal carcere
La prima parte della Passione dei martiri è una
lettera collettiva, inviata dai prigionieri ai loro fratelli cristiani rimasti
in libertà. Parecchi documenti di questo tipo si sono conservati tanto in greco
quanto in latino, in particolare nella corrispondenza di san Cipriano:
espressione letteraria di uno spirito comunitario che pare non avere
l'equivalente nel mondo pagano. Dalla seconda parte della Passione apprendiamo
il nome del redattore principale della lettera: si tratta di Flaviano, che,
dopo aver citato il proprio nome al terzo posto nell'enumerazione iniziale, ha
evitato in seguito di mettersi in scena.
Ma l'ispirazione del testo, che manca talora di
coerenza, rimane autenticamente collettiva. Il racconto in prima persona
plurale si interrompe solamente quando l'uno o l'altro dei prigionieri narra ai
compagni di carcere i suoi sogni notturni. Oltre che ai fratelli di Cartagine,
il documento si rivolge espressamente alle generazioni future, a «testimonianza
fedele della magnificenza di Dio» e a «memoria delle sofferenze sopportate con
l'aiuto del Signore». Gli otto cristiani sono in un primo momento sorvegliati a
vista. Costretti a udire le chiacchiere dei guardiani, che predicono loro il
rogo, essi vivono per qualche ora nel terrore di un supplizio che, agli occhi
di persone semplici, pareva impedire ogni possibilità di resurrezione futura
della carne. Con sollievo perciò essi si vedono incarcerati nella cittadella di
Cartagine, nonostante l'oscurità della cella.
La relazione del martirio
Ciò che segue non è più che una lunga attesa, nei
tormenti della sete, della fame e della malattia: attesa punteggiata solamente
dalle convocazioni giudiziarie e dalle visite dall'esterno. Lucio e i suoi
compagni hanno trovato in prigione altri fratelli, tra i quali una donna,
Quartillosia, il cui figlio e il cui marito avevano già subito il martirio. In
questo piccolo gruppo che cerca di vivere nella carità, la promiscuità non
sembra essere sentita come una sofferenza. I detenuti si comunicano i loro
sogni, nei quali cercano instancabilmente di leggere il loro avvenire e di
trovare dei motivi di speranza. Si intuisce infatti che l'indebolimento
progressivo dei corpi fa temere la capitolazione delle volontà. Il messaggio
finale della lettera è un'esortazione «alla concordia, alla pace e all'unità»,
il che fa pensare che la Chiesa di Cartagine, come già nove anni prima sotto il
regno di Decio, si fosse divisa dinanzi alla persecuzione. La parte che segue è
meglio costruita, ma più convenzionale. Degli otto cristiani arrestati verso la
fine di settembre del 258, due sono morti in prigione: Primolo e Donaziano.
La sorte di un terzo, Reno, non è precisata, ma si può
supporre con una certa verosimiglianza che sia stato rilasciato. Flaviano ha
affidato a un amico l'incarico di riferire il processo e l'esecuzione dei
cinque ultimi membri del gruppo. L'udienza, però, non si svolge esattamente
come era stato previsto. Tutti confessano la loro fede, ma l'avvocato di
Flaviano, al fine di permettere a questo di sfuggire alle disposizioni della
legge, nega che il suo cliente sia diacono. Un tale argomento rende necessario
un supplemento d'inchiesta, di modo che il caso di Flaviano si trova disgiunto
da quello dei suoi quattro coimputati. Egli è ricondotto in carcere mentre i
suoi compagni, condannati a morte, vanno gioiosi al supplizio. Lucio, timido
per natura e indebolito dalla prigionia, teme la ressa, e si apparta con poche
persone alle quali manifesta sino alla fine la sua umiltà. Giuliano e Vittorico
raccomandano ai fratelli i chierici che hanno fatto loro visita in carcere.
Montano, le cui forze sono rimaste intatte e che è sempre stato sicuro nel
parlare, arringa a lungo la folla degli amici e dei curiosi.
Le sue parole, che riflettono l'insegnamento di
Cipriano, si rivolgono, con un'autorità profetica, agli scismatici e alle
diverse componenti della comunità cristiana: come la lettera collettiva,
anch'esse si chiudono con un appello ardente alla pace della carità. Alcuni
istanti prima di essere decapitato con la spada, nel momento in cui gli si
coprono gli occhi, Montano fa tenere da parte metà della benda per Flaviano e
chiede a Dio per l'amico la grazia del martirio entro tre giorni. La fine della
Passione dimostra che una giusta preghiera è esaudita dal Signore. La dilazione
imposta a Flaviano da amici maldestri è per lui un'occasione di esercitare la
sua pazienza. Sua madre, pari per fervore a quella dei Maccabei, vera figlia di
Abramo, si affligge nel veder rinviare il martirio del suo unico figlio: egli
la consola dimostrandole la sua costanza. Ai condiscepoli pagani che lo
esortano a sacrificare per pura formalità e a scegliere la vita piuttosto che
la morte, egli risponde che la morte, agli occhi di un cristiano, non è che
apparenza. Il terzo giorno, Flaviano compare di nuovo dinanzi al proconsole.
I suoi amici hanno fabbricato un falso per salvarlo,
ma egli riafferma di essere diacono e, nonostante l'imbarazzo evidente del
magistrato e la rumorosa simpatia del pubblico, ottiene di essere condannato.
La sua morte, in mezzo a un grande concorso di popolo, assomiglia più a un
trionfo che a un'esecuzione capitale. Un violento acquazzone consente
provvidenzialmente al piccolo gruppo dei fratelli di appartarsi per un ultimo
bacio di pace. Flaviano ricorda ai membri della comunità il duplice
comandamento dell'unità e dell'amore e raccomanda un candidato alla successione
di Cipriano. Muore pregando, con gli occhi coperti dalla benda che gli aveva
lasciato Montano.
Sette racconti di sogni
I sogni assicurano l'unità dell'opera e conferiscono
ad essa, per un lettore d'oggi, il suo tono così particolare. Quattro sono riferiti
e subito interpretati nella lettera collettiva. Altri tre, di cui Flaviano è
stato il beneficiario e sui quali egli aveva taciuto per discrezione, sono
narrati dal cronista degli ultimi giorni dei martiri. Analoghi a quelli che
sono esposti in altre Passioni africane (in particolare quella di Perpetua e
Felicita), essi sono stati ampiamente commentati dagli psicanalisti e dagli
storici moderni, che sono in generale d'accordo nel riconoscere il loro
carattere non letterario. I racconti più lunghi sono vicini alla lingua parlata
e si distinguono nettamente, sul piano stilistico, dalle parti narrative che
sono attribuibili a Flaviano o al suo continuatore anonimo. Avrebbe però torto
chi vedesse in questa diversità un motivo per isolare i sogni dal loro contesto
interpretativo e per considerarli come documenti greggi. Un testo agiografico è
sempre una forma di preparazione, e i redattori scelgono ciò che deve entrare a
fame parte in riferimento ai loro scopi apologetici o parenetici.
Quello che oggi è visto come un fenomeno psichico,
legato al subcosciente dell'individuo, non era altro, per questi cristiani del
III secolo, che un messaggio implicito e premonitore della compassione divina.
Nonostante le condizioni penose in cui vivevano i prigionieri, non è fatta
parola di alcun incubo. Colui che sogna prova semplicemente una sensazione
oscura di disagio, un'inquietudine diffusa che corrisponderebbe, in uno stato
di veglia, a un momento di depressione spirituale.
La parte successiva del sogno reca una risposta positiva
e luminosa, tanto più abbagliante quanto più si avvicina il momento cruciale
della grande prova. I quattro sogni che sono inseriti nella lettera iniziale
formano una specie di rivelazione progressiva del disegno di Dio riguardo ai
suoi servitori sofferenti. In conformità con la profezia di Isaia (IX, 1), Reno
non vede dapprima che delle lucerne che precedono i prigionieri, i quali
camminano ancora senza meta nelle tenebre. Il prete Vittorico, che era già in
carcere quando vi sono giunti Lucio e i suoi compagni, fa un passo in più nella
contemplazione del mistero: le lucerne di Reno sono divenute il volto
risplendente di un fanciullo-guida, ma nessuna via d'uscita si apre dinanzi ai
prigionieri; la vista del paradiso è negata a Vittorico, che riceve l'incarico,
in quanto prete, di incoraggiare i fratelli ricordando loro le parole che
concludono la visione di Giacobbe: «In verità, il Signore è in questo luogo e
io non lo sapevo ! ... Quanto è terribile questo luogo ! Esso è proprio la casa
di Dio e la porta del cielo» (Genesi, XXVIII, 16-17).
La tappa successiva è superata da Quartillosia, che è
più degli altri protesa verso il martirio, in quanto anela a ricongiungersi con
il figlio e il marito, già incoronati nella prova. « Vidi - ella dice - venire
qui nel carcere mio figlio, che ha sofferto la sua passione; sedendo sulla
vasca dell'acqua, egli disse: "Dio ha visto la vostra tribolazione e la
vostra sofferenza". E dopo di lui entrò un giovane di statura
straordinaria, che portava, una per mano, due coppe piene di latte, e disse:
"Fatevi coraggio, Dio si è ricordato di voi ". E da quelle coppe che
portava diede a tutti da bere, e le coppe non si svuotavano. E d'un tratto fu
tolta la pietra che divideva in due la finestra; ed ecco anche le sbarre della
finestra stessa, tolte di mezzo, lasciarono entrare liberamente la vista del
cielo. E il giovane posò a terra le coppe che portava, una a destra e l'altra a
sinistra, e disse: "Ecco, siete sazi e vi rimane latte in abbondanza, e vi
sarà data ancora una terza coppa". E se ne andò».
I corpi sono ancora prigionieri, ma la «porta del
cielo» è ormai aperta. Il fanciullo si è trasformato in giovane; il confronto
non deriva più dalla meditazione sulle Scritture, ma dal cibo eucaristico
(portato, fin dall'indomani, da un suddiacono e da un catecumeno). La terza
coppa annunciata sembra essere quella del martirio. A Montano infine è
riservata la rivelazione ultima. I centurioni che, nella realtà, avevano
assurdamente girato in cerchio nel foro senza sapere dove dovessero condurre
gli imputati, guidano questa volta i loro prigionieri in una pianura lontana,
immensa e scintillante di candore. La presenza, in questo luogo, di Cipriano
rivela che si tratta del paradiso dei giusti, celato poco prima a Vittorico. La
luce che vi regna era prefigurata, nelle visioni precedenti, dalle lucerne, dal
volto radioso del fanciullo e dalla sinistra aperta sul cielo.
Essa richiede non solo il candore di una veste
nuziale, ma anche la trasparenza assoluta del cuore. La lunga attesa dei detenuti
si spiega con la necessità di purificarsi da ogni sozzura. Nel Regno possono
entrare solamente coloro che sono divenuti essi stessi luce nella notte per gli
altri. Nel racconto redatto dal continuatore anonimo, i tre sogni di Flaviano
presentano una progressione analoga. Dapprima preoccupato per il timore della
sofferenza, poi angosciato dall'idea di essere separato dai compagni, il
martire perviene infine, nel suo ultimo sogno, alla pace interiore. Questa
riconciliazione con se stesso è simboleggiata dall'elogio pubblico che fa di
lui sua madre e dal fatto che un vescovo in persona, già rivestito di luce, è
inviato ad annunciargli l'imminenza della passione. Poiché ha conquistato la
pace, Flaviano è divenuto degno del sacrificio. La stretta corrispondenza tra
la realtà e il sogno procede da una riflessione, individuale e collettiva, sul
valore religioso del martirio.
I santi e il loro ambiente
Questi confessori cartaginesi, che nella tribolazione
hanno voluto divulgare i loro sogni, le loro angosce e le loro speranze,
rimangono sotto molti aspetti degli sconosciuti. L'introduzione della loro
lettera ci fa sapere che Donaziano e Primolo erano catecumeni. Vittorico, che
riceve l'incarico di commentare per i compagni di prigionia la visione di
Gia-obbe, è prete. Una circostanza del processo consente di attribuire a
Flaviano il titolo di diacono. Di tutti gli altri, si ignorano completamente la
condizione sociale e la posizione precisa all'interno della comunità cristiana.
Gli storici moderni hanno supposto che i quattro condannati del 23 maggio 259 -
Lucio, Montano, Giuliano e Vittorico - facessero parte anch'essi del clero,
come se la qualità di laico riconosciuta a Flaviano fosse tale da permettere a
questo di sfuggire alla pena capitale.
Si dimentica in realtà che il secondo editto di
Valeriano colpiva anche notabili e funzionari e che inoltre l'arresto degli
imputati era stato conseguente a una sommossa. Famiglie intere, come quella di
Quartillosia, furono eliminate nel corso della persecuzione, che evidentemente
non si limitò ai vescovi, preti e diaconi. È dunque imprudente voler a tutti i
costi precisare ciò che gli autori della nostra unica fonte hanno passato sotto
silenzio. Risulta chiaro tuttavia, dai discorsi dei martiri, che i tre
protagonisti - Lucio, Montano e Flaviano - hanno beneficiato direttamente degli
insegnamenti di Cipriano e conoscevano dall'interno i dissidi esistenti nella
Chiesa cartaginese.
Ciascuno di loro ha una sua personalità ben precisa:
Lucio è fragile e modesto; Montano è invece noto per la sua eloquenza e non
risparmia i consigli; Flaviano è ancora vicino al mondo delle scuole, e sono i
suoi antichi compagni di studi che tentano di salvarlo contro la sua volontà;
del resto, l'amico a cui egli ha affidato l'incarico di continuare la sua opera
è anche lui un intellettuale, esperto nelle finezze della retorica e della
prosa metrica. Il racconto iniziale della prigionia e le ultime parole dei
condannati ci fanno conoscere certi aspetti della società africana del III
secolo. La comunità cristiana è profondamente divisa, e non è un caso che il
tema fondamentale della Passione sia quello della pace che deve regnare tra i
fratelli. Lo scisma causato dagli strascichi della persecuzione di Decio non è
ancora stato riassorbito. Parecchi cristiani che hanno abiurato sotto le
minacce cercano indebitamente di sfuggire alle conseguenze disciplinari della
loro debolezza. Per una sorta di contraccolpo, le numerose scomuniche provocano
dei contrasti nelle file stesse dei fedeli. Ma queste ombre non devono far
dimenticare il fervore dei prigionieri, la coraggiosa solidarietà di una parte
del clero con i detenuti, la carità sollecita dei fratelli verso i condannati a
morte.
L'impronta lasciata da Cipriano è profonda, e il
vescovo martire rimane i riferimento ultimo dei cristiani nella tempesta. La
società pagana, dal canto suo, non compare sotto una luce polemica. I
magistrati persecutori non sono chiamati per nome, poiché sono solamente gli
strumenti di un padrone esigente che è il diavolo: «Perché dovrei adirarmi,
dice Flaviano, contro un uomo che ripete soltanto ciò che gli è ordinato di
dire ?».
I rappresentanti del potere sono manifestamente messi
a disagio da una repressione impopolare e temono le udienze pubbliche. Il nuovo
proconsole non ha le medesime ragioni del suo predecessore di lasciarsi
trascinare dalla collera: si accontenterebbe di un falso per evitare a Flaviano
una sentenza di morte, se l'accusato stesso si mostrasse maggiormente disposto
a collaborare, e quando la folla si esaspera non acconsente a servirsi della
tortura. I guardiani del carcere sono naturalmente più rozzi e non hanno alcun
motivo di riservare al cristiano un trattamento privilegiato: sono capaci
tuttavia di chiudere gli occhi su certe visite dall'esterno, se lo si chiede
loro con le parole giuste. Il racconto sugli ultimi giorni dei martiri mostra
chiaramente che i cristiani godevano di grande simpatia presso i pagani. Per
amicizia nei confronti di Flaviano si tenta di ingannare in suo favore la
giustizia ufficiale.
I suoi compagni di studi accettano senza difficoltà la
credenza del loro amico in un Dio unico e creatore, ma non riescono a
comprendere il suo desiderio di morte carnale, che essi interpretano come una
follia suicida. Al momento dell'ultima udienza in tribunale, che vedrà la
condanna di Flaviano, il pubblico non è veramente ostile: se chiede che si
ricorra alla tortura, è per una sorta di pietà distorta, per spezzare cioè
l'ostinazione di un accusato sordo ad argomenti meno convincenti. La luce sotto
la quale appare la società cartaginese non ha nulla, è chiaro, di
convenzionale.
Autenticità e sopravvivenza del documento
Somiglianze incontestabili - a un duplice livello,
stilistico e aneddotico - tra la Passione delle sante Perpetua e Felicita e
quella di Lucio e Montano hanno fatto dubitare dell'autenticità della seconda
opera. Ma si ammetterà senza difficoltà che la fama di cui godevano Perpetua e
Felicita, l'impiego liturgico del racconto del loro martirio per una
cinquantina d'anni, il suo valore esemplare in periodo di crisi bastano a
spiegare l'influsso esercitato dalle due sante donne sui cristiani di
Cartagine. Testimoniando della compassione di Dio nei loro confronti, riferendo
ai fratelli i loro sogni, i prigionieri sono consci di imitare le martiri
dell'anno 203. Quanto all'agiografo incaricato di continuare il racconto fino
all'esecuzione dei detenuti, egli prende chiaramente come modello il suo
lontano predecessore. La narrazione degli avvenimenti del 258-259 è il
memoriale di un combattimento e di un sacrificio, analoghi a quelli dei
Maccabei o dei tre Ebrei nella fornace, che sono del resto, gli uni e gli
altri, ricordati esplicitamente nel testo. La Passione, come quella di Perpetua
e Felicita, presenta un nuovo esempio della fedeltà di Dio e prolunga, in certo
qual modo, la rivelazione delle Scritture.
Il titolo doppio di Actus et Visio, che si trova in
uno dei migliori manoscritti, è certamente antico e pone il documento in
rapporto con gli Atti degli Apostoli, in particolare con il versetto 2, 17,
dove è ripresa una profezia di Gioele: «Negli ultimi giorni, dice il Signore,
effonderò il mio Spirito su ogni uomo ... I vostri giovani vedranno visioni e i
vostri vecchi sogneranno sogni». La lettera collettiva dei prigionieri è
scritta in uno stile meno ricercato rispetto alla continuazione dell'agiografo.
Non si può perciò considerarla come un artificio letterario e mettere in dubbio
l'autenticità complessiva dell'opera. Ciò non esclude la presenza, all'interno
del testo che è giunto a noi, di diverse modificazioni, introdotte
verosimilmente in tre momenti distinti. Come redattore principale della lettera
dal carcere, Flaviano ha potuto stilizzare, e reinterpretare i sogni dei
compagni.
E ugualmente possibile che il continuatore anonimo
abbia ritoccato, secondo le regole della creazione letteraria, le parti
narrative del racconto dei martiri. Infine, l'impiego dell'opera nella liturgia
esponeva il documento alla possibilità di una certa attualizzazione, volta a
eliminare gli elementi divenuti con il tempo incomprensibili o addirittura
contrari alla disciplina della Chiesa. Allo stato attuale delle nostre
conoscenze, solo la terza serie di modificazioni può essere chiarita con
certezza. La Passione di Lucio e Montano, infatti, è stata tramandata in
Occidente secondo due recensioni che dipendono da tradizioni africane
differenti. In un primo gruppo di manoscritti, conformemente al calendario di
Cartagine del VI secolo, i martiri sono festeggiati il 23 maggio, e Lucio è
presentato come loro principale rappresentante.
In una seconda famiglia, essi sono commemorati il 24
febbraio, e Montano è qui distinto dagli altri, con l'assegnazione, a lui solo,
di un titolo peraltro enigmatico. Ora, la prima recensione omette certe
raccomandazioni dei martiri, concernenti l'elezione del successore di Cipriano
e la reintegrazione dei cristiani che avevano abiurato. Questa soppressione
sembra derivare da un desiderio della gerarchia di cui già troviamo
testimonianza nella corrispondenza di Cipriano, quello cioè di evitare che
l'autorità morale dei confessori della fede fosse abusivamente invocata in
questioni di ordine disciplinare. Nonostante l'esistenza di questa doppia tradizione
liturgica, il culto dei martiri cartaginesi del 259 pare essersi poco
sviluppato. Mentre si sono conservate in Africa tante tracce della devozione
alle vittime delle persecuzioni, nessuna iscrizione e nessun sermone possono
con certezza essere messi in rapporto con Lucio, Montano o uno qualsiasi dei
loro compagni. L'assenza a Cartagine di una basilica che fosse loro dedicata è
stato probabilmente un elemento a loro sfavore, e nessuna traslazione di
reliquie ha diffuso il culto di questi martiri fuori dell'Africa,
contrariamente a ciò che è avvenuto per esempio per i loro contemporanei numi
di, Mariano e Giacomo, divenuti in Umbria i patroni della cattedrale di Gubbio.
Solamente grazie ai suoi pregi intrinseci e ad una
certa consuetudine degli scribi, la Passione di Lucio e Montano è stata copiata
di leggendario in leggendario, senza legami con un santuario particolare. In
un'epoca in cui tante prigioni traboccano di condannati per reati di coscienza,
essa ritrova, ahimè, una tragica attualità.
Cronologia
Nel 258 i cristiani d'Africa sono perseguitati in
virtù dei due editti dell'imperatore Valeriano. Il primo sembra aver proibito
sotto pena di morte le riunioni di culto; il secondo, il cui contenuto ci è
riferito da una lettera di san Cipriano, ordinava l'esecuzione immediata dei
vescovi, preti e diaconi, la deportazione dei funzionari cristiani, la confisca
dei beni, l'esilio o la morte per i membri delle classi dirigenti che
aderissero alla religione proscritta. A Cartagine, la prima vittima fu il vescovo
Cipriano, giustiziato il 14 settembre, subito dopo la sua comparizione dinanzi
al governatore, allora malato, della provincia d'Africa, Galerio Massimo.
Quest'ultimo, secondo il redattore degli Acta Cypriani, sarebbe morto pochi
giorni dopo.
Il sollevamento popolare che è ricordato all'inizio
della Passione di Lucio e Montano si situa in questo intervallo di pochi
giorni. Proprio la morte del proconsole, conseguenza della sua malattia e anche
di un attentato commesso con il favore della sommossa, spiega la durata
insolita della prigionia dei martiri. Il procuratore incaricato dell'interim fa
comparire gli imputati, ma, per evitare di riaccendere i disordini, si limita a
rinviare il processo. All'inizio della primavera, la riapertura della
navigazione tra Roma e l'Africa consente l'insediamento di un nuovo proconsole,
che un'iscrizione mutila indica con il nome di Lucio Messio. Il 23 e 25 maggio,
quest'ultimo condanna alla decapitazione i cinque cristiani che erano
sopravvissuti, in condizioni igieniche spaventose, a otto mesi di carcere. Tre
settimane prima erano stati giustiziati in Numidia il diacono Mariano e il
lettore Giacomo.
Il sogno di Montano e la sua lezione morale
«Montano aveva avuto delle discussioni con Giuliano a
causa di quella donna che si era insinuata nella nostra comunità, senza avere
con noi comunione di fede. E mentre, dopo il rimprovero che gli aveva rivolto,
era rimasto con lui nella freddezza della discordia, nella medesima notte
Montano ebbe una visione: ... Vennero qui, da noi, dei centurioni. E
conducendoci questi per una lunga via, giungemmo infine in una pianura immensa,
nella quale ci si fecero incontro Cipriano e Leucio. Giungemmo in un luogo
splendente di bianchezza, e le nostre vesti divennero splendenti e la nostra carne
fu trasformata sino ad apparire più splendente delle nostre vesti splendenti.
La nostra carne, poi, era così trasparente che permetteva alla vista di
penetrare fin nell'intimo del cuore. E guardando nel mio petto, vedo come delle
macchie e, nella visione, mi svegliai.
E mi si fece incontro Luciano, e gli riferii la
visione e gli dico: "Sai che quelle macchie sono causate dal fatto che non
mi sono riconciliato subito con Giuliano ? ".
E in quel momento Montano si svegliò. Perciò, fratelli
carissimi, conserviamo con tutte le nostre forze, la concordia, la pace e
l'unità. Imitiamo fin da ora ciò che siamo destinati a divenire. Se ci
attraggono le ricompense promesse ai giusti, se ci atterrisce la pena predetta
agli ingiusti, se desideriamo vivere e regnare con Cristo, facciamo ciò che
conduce a Cristo e al suo regno».
SOURCE : http://www.cassiciaco.it/navigazione/africa/martiri/lucio.html