mercredi 2 janvier 2013

Saint MACAIRE d’ALEXANDRIE, (« le Jeune »), anachorète


Saint Macaire d’Alexandrie, (« le Jeune »)

Saint Macaire d'Alexandrie est appelé le Jeune, pour le distinguer de saint Macaire d'Egypte, surnommé l’Ancien. Il était originaire d'Alexandrie, où sa profession fut d'abord de vendre des dragées et des fruits ce qui n'a pas empêché qu'on ne lui ait aussi donné le titre de bourgeois de cette ville. Il n'y demeura pas longtemps car le grand amour qu'il avait pour la solitude le porta à se rendre près de saint Antoine, qu'il choisit pour son guide dans les premières années de sa retraite. Ce Saint lui donna l'habit monastique et lui prédit ce qui arriverait dans le cours de sa vie. En effet, Dieu manifesta dès lors au saint abbé, par une merveille évidente, qu'il destinait Macaire à de grandes choses. Saint Antoine avait fait dans une occasion un grand amas de rameaux de palmier pour faire des nattes. Comme ils étaient parfaitement beaux, Macaire le pria de lui en donner quelques-uns. Il lui répondit : « Il est écrit Vous ne désirerez point le bien de votre prochain ». Mais à peine eut-il achevé ces paroles, que les rameaux devinrent aussi secs que si le feu y eût passé. Saint Antoine, étonné de ce prodige, lui dit : « Je comprends que le Saint-Esprit repose sur vous. Je vous considérerai désormais comme l'héritier des grâces dont Dieu a daigné me favoriser ». Il se trouva quelque temps après dans sa solitude extrêmement affaibli, sans doute par ses grandes austérités, et le démon, faisant allusion à ces paroles de saint Antoine, lui dit « Puisque tu as reçu la grâce d'Antoine, que n'en uses-tu pour obtenir de Dieu de la nourriture et des forces, afin que tu puisses marcher dans le chemin que tu as à faire ». Mais il le repoussa par ces paroles « Le Seigneur est ma force et ma gloire, et quant à toi, n'entreprends pas de tenter son serviteur n. Cela n'empêcha pas que cet esprit de malice ne vînt de nouveau lui tendre un piège. Il prit la figure d'un chameau chargé de vivres, et vint s'arrêter auprès de lui. Macaire soupçonna sans peine que c'était une illusion de sa part. Il se mit en prière, et aussitôt la terre s'ouvrit et engloutit l'animal fantastique.

On rapporte aux premières années de sa profession monastique ce qu'on dit de lui, que pendant quatre mois il alla tous les jours visiter un frère, sans pouvoir lui parler, parce qu'il le trouvait toujours en oraison. Ce qui lui fit dire dans un sentiment d'admiration « Voilà véritablement un ange de la terre ».

Ses différentes cellules

Après avoir reçu et mis à profit les instructions de saint Antoine, il quitta la Thébaïde et vint au désert de Scété. Il fut le premier qui y bâtit un monastère. Il est certain qu'il avait là une cellule et qu'il s'y rencontra souvent avec saint Macaire d'Egypte. Il en eut une aussi en Libye et une autre à Nitrie mais son principal séjour fut au désert des Cellules, où il exerça les fonctions du sacerdoce, ayant été fait prêtre peu de temps après l'autre saint Macaire.

Ces différentes cellules étaient plus propres à satisfaire son amour pour la pénitence, qu'à le garantir des injures de l'air; car les unes étaient sans fenêtres, et il y passait tout le carême assis dans l'obscurité. Une autre était si étroite qu'il ne pouvait s'y étendre de tout son long. Celle de Nitrie était la plus spacieuse, parce qu'il n'y allait que pour recevoir et instruire les étrangers.

Quoique son amour pour le recueillement l'eût fixé davantage au désert des Cellules, il ne se passait rien d'extraordinaire dans les déserts voisins, surtout dans celui de Nitrie, où on ne l'appelât pour déterminer ce qu'on devait faire les anciens de ces déserts agissant tous de concert pour l'avantage spirituel des solitaires de leur dépendance.

Saint Macaire se distingua principalement par sa pénitence, par son attrait pour la solitude et pour l'oraison, et par le pouvoir que Dieu lui donna sur les esprits de ténèbres, et d'autres prodiges qu'il opéra, attestés par ses historiens en leur qualité de témoins oculaires.

Ses mortifications

Nous avons vu que les différentes cellules qu'il avait, étaient des séjours de mortification plutôt que des logements commodes. Il n'était point d'austérités si grandes, pratiquées par les autres, qu'il ne tentât de les imiter et même de les surpasser. Ayant appris qu'un solitaire ne mangeait qu'une livre de pain par jour, il eut la pensée, pour mieux mortifier son appétit, de rompre son pain en petits morceaux, qu'il mit dans une bouteille de terre, et de ne manger que ce qu'il en pouvait prendre avec les doigts, ce qu'il pratiqua l'espace de trois ans, non sans en souffrir beaucoup car, outre la peine qu'il avait à retirer ces petits morceaux, il ne mangeait tout au plus que cinq onces de pain par jour, et ne buvait de l'eau qu'à proportion.

On remarque encore que durant toute une année il ne consuma qu'une petite cruche d'huile. Il passait aussi quelquefois le jour sans prendre aucune nourriture, quoiqu'il travaillât beaucoup.

Il se rend à Tabennes

On lui dit qu'à Tabennes les disciples de saint Pacôme ne mangeaient rien de cuit pendant le Carême, et il voulut faire la même chose durant sept ans, ne se nourrissant que d'herbes crues ou de légumes trempés seulement dans l'eau froide. Mais sa ferveur le porta à aller reconnaître par lui-même la discipline de Tabennes, soit pour mieux s'instruire et s'édifier, soit pour y vivre confondu parmi tant d'austères religieux, et se dérober par là à la vénération qu'on avait pour lui à Nitrie et aux Cellules.

Le trajet de là à Tabennes était très-long. Il fallait traverser des déserts fort vastes, non sans souffrir extrêmement. Mais cette difficulté ne l'arrêta pas. Il quitta son habit pour n'être pas connu et prit un costume d'artisan. Il marcha pendant quinze jours dans ces solitudes affreuses jusque dans la Haute-Thébaïde, où il se présenta à la porte du monastère de saint Pacôme, qu'il pria humblement de le recevoir au nombre de ses religieux. Le saint abbé, à qui Dieu ne le fit pas connaître alors, quoiqu'il l'éclairât dans beaucoup d'autres rencontres d'une lumière prophétique, bien loin d'acquiescer à sa demande, lui dit qu'il était trop âgé pour soutenir le poids des austérités de sa règle qu'il fallait y être exercé de bonne heure et que s'il l'entreprenait, il serait tenté d'impatience dans les travaux dont on le surchargerait, ce qui le porterait au murmure, et qu'enfin, au lieu de persévérer, il quitterait tout, mécontent du monastère, et l'irait décrier ailleurs. Ce refus ne le rebuta pas. Il persévéra pendant sept jours dans la même demande, quoiqu'il ne reçût du Saint que la même réponse, et fut tout ce temps-là sans manger. Enfin il lui dit K Je vous conjure, mon Père, de me recevoir, et si je ne jeûne pas et ne fais pas la même chose que les autres, je consens que vous me renvoyiez ». Saint Pacôme, touché de sa persévérance, en parla aux autres frères, qui, selon Pallade, étaient au nombre de mille quatre cents, et qui conclurent à l'admettre.

Ceci arriva peu de temps avant le Carême, et saint Macaire, attentif à tout ce qui se pratiquait pour le faire servir à son avancement spirituel, remarqua que les religieux, suivant chacun l'ardeur qu'ils avaient pour la pénitence, s'étaient proposé, les uns de ne manger que le soir durant la sainte quarantaine, les autres une fois en deux jours, et les autres après cinq jours. Il observa encore que quelques-uns, après être demeurés assis tout le jour occupés à leur travail, passaient toute la nuit debout.

Ces exemples de mortification animèrent tellement sa ferveur, qu'il fit tremper une grande quantité de feuilles de palmier pour son travail et se retira dans un coin où il se tint debout tout le Carême, sans jamais s'asseoir ni même s'appuyer, sans prendre un morceau de pain, mais seulement le dimanche quelques feuilles de choux toutes crues, et en si petite quantité, qu'il les mangeait plutôt pour éviter la tentation de vanité que pour se nourrir. Il garda pendant tout ce temps un rigoureux silence, et lorsqu'il était contraint de sortir, il retournait aussitôt à son travail, conservant toujours son esprit et son cœur élevés vers Dieu.

Dieu le fait connaître à saint Pacôme

Saint Pacôme, occupé au gouvernement général de l'Ordre, ne s'était pas aperçu de la façon dont il avait vécu. Mais les autres religieux, et surtout ceux qui étaient les plus austères, y avaient pris garde, et ils en furent si frappés, qu'ils en portèrent leurs plaintes à leur abbé, disant qu'il avait amené un homme qui vivait comme s'il n'était qu'un pur esprit, sans chair et sans os, et qui semblait n'être venu chez eux que pour les condamner. Ils le prièrent en conséquence de le congédier, et avouèrent que s'il demeurait davantage, ils ne pouvaient plus eux-mêmes y tenir.

Le saint abbé s'informa sur ces plaintes du détail de sa conduite. Il en fut tout étonné il comprit qu'il y avait quelque chose d'extraordinaire dans cet inconnu et qu'il n'en était pas à commencer les travaux de la vie religieuse. Il ne leur en dit pourtant rien mais il eut recours à la prière, pour obtenir de Dieu qu'il le lui fît connaître. Il lui fut révélé que c'était Macaire, dont la réputation était répandue dans tous les déserts. Après qu'il eut fini son oraison, il alla droit à lui, le prit par la main, le conduisit à la chapelle où était l'autel, et l'embrassant tendrement, il lui parla ainsi a C'est donc vous, ô vénérable vieillard? Vous êtes Macaire, et vous me l'avez caché. II y a longtemps que j'ai entendu parler de vous et que je désirais vous voir. Je vous dois des actions de grâces d'avoir humilié mes enfants. Vous leur avez ôté par votre exemple tout sujet de s'enfler de vanité et d'avoir des sentiments trop avantageux d'eux-mêmes à cause de leurs austérités. Retournez, je vous supplie, à votre solitude, et priez pour nous ».

Il redouble ses mortifications

Cet homme insatiable de pénitences se proposa un jour de combattre le sommeil, pour éprouver s'il pourrait le surmonter. Il le racontait depuis à Pallade, et lui disait « Je passai pour cela vingt jours et autant de nuits à découvert; étant brûlé durant le jour par la chaleur, et transi par le froid durant-la nuit. Mais au bout de ce temps je fus obligé de me jeter promptement dans une cellule, où je m'endormis, sans quoi je serais tombé en défaillance. »

L'ennemi du salut lui donna, dans une autre rencontre, 'par des tentations contre la pureté dont il l'assiégea, l'occasion de pratiquer une mortification terrible. Il alla au marais de Scété s'exposer nu aux moucherons, dont les aiguillons dans cet endroit sont si pénétrants, que la peau même des sangliers n'est pas à l'épreuve de leurs piqûres. Il pratiqua cette pénitence durant six mois, et ces insectes couvrirent son corps de tant de pustules et d'ampoules, que quand il revint à sa cellule on ne put le reconnaître qu'au son de sa voix, et que plusieurs crurent qu'il avait la lèpre.

Un autre acte de mortification, bien moindre que celui-là, et que Pallade rapporte, nous fait connaître en même temps combien les religieux qu'il avait sous sa discipline étaient fidèles à sacrifier à Dieu les satisfactions des sens. C'est ici un exemple des plus édifiants et qui mérite d'être rapporté, quoiqu'il soit commun au Père et aux disciples.

Saint Macaire eut l'envie une fois de manger des raisins. Il le fit connaître, et on lui en apporta aussitôt une grappe toute fraîche mais, quand il la vit, il voulut s'en priver, et joignant la charité à J'abstinence, il la fit porter à un frère qu'il croyait en avoir plus besoin que lui, parce qu'il ne jouissait pas d'une grande santé. Celui-ci témoigna d'abord de la joie de ce présent, qui lui était envoyé par un si saint homme mais quoiqu'il eût bien désiré d'en manger, il en fit le sacrifice à Dieu, à qui il rendit des actions de grâces, et la porta à un autre, qui également mortifié et charitable n'y toucha point, et la porta aussi à un troisième qui en fit de même. Enfin cette grappe de raisin fut ainsi portée de main en main dans toutes les cellules du désert, qui étaient en grand nombre et assez éloignées les unes des autres, jusqu'à ce que le dernier à qui elle fut offerte, l'envoya à saint Macaire comme un présent qui lui serait agréable, ignorant qu'il l'avait reçu avant tous les autres.

Le Saint reconnut d'abord la grappe, mais il voulut mieux s'en assurer et quand il apprit qu'elle avait passé par toutes les cellules sans qu'aucun frère y eût touché, il conçut une grande joie et remercia Dieu de voir tant de mortification et de charité dans ces saints solitaires. Il ne voulut pas non plus la manger, et cela lui servit de motif de pratiquer les exercices de la vie spirituelle avec une ardeur nouvelle.

Ses oraisons

Cet homme de pénitence était aussi un grand homme d'oraison, l'une conduisant à l'autre. Mais l'ordre qu'il gardait dans ses exercices était très propre à lui en obtenir de Dieu le précieux don. Il distribuait la journée en trois temps, dont l'un était employé à différentes heures, à la prière et à la contemplation, et il ne faisait pas moins de cent oraisons par jour. Il passait l'autre partie du temps au travail des mains, et la troisième à exercer la charité envers les frères, leur donnant les avis et les instructions dont ils avaient besoin.

En partageant le temps entre ces différents exercices, on peut dire qu'il ne perdait point Dieu de vue, soit qu'il priât, soit qu'il agît, conservant dans une grande paix la pureté de son âme par la pureté d'intention qui sanctifiait ses œuvres, et ayant toujours le cœur élevé vers Dieu, quelque chose qu'il fît. Il y avait d'autres solitaires qui faisaient un plus grand nombre d'oraisons que lui. Les uns en faisaient trois cents, d'autres en faisaient jusqu'à sept cents. Pour lui, il suivait l'attrait que Dieu lui avait donné, en mêlant la vie active avec la contemplative, et il n'était point jaloux que d'autres fissent plus d'oraisons que lui. On peut même dire, avec un savant historien, que la ferveur des siennes compensait bien ce défaut.

Visite du démon

C'était dans des oraisons sublimes que ce Saint puisait des lumières extraordinaires, soit pour distinguer les véritables révélations des illusions du démon soit pour pénétrer dans les secrets des consciences des frères, et de ceux qui s'adressaient à lui. Le démon vint une fois frapper à la porte de sa cellule et lui dit « Levez-vous, abbé Macaire, et allons avec les frères faire la prière de la nuit)). Mais, dit Rufin qui rapporte ceci, « le Saint, qui était rempli de Dieu, connut aussitôt l'artifice du démon et lui répondit : Ô esprit de mensonge et ennemi de toute vérité, qu'y a-t-il de commun entre toi et cette assemblée de Saints ? » « Tu ignores donc, 6 Macaire, lui répondit le démon, que jamais les solitaires ne s'assemblent pour la prière, sans que nous nous y trouvions ? Viens-y seulement, et tu verras nos œuvres ». ― « Esprit impur, répliqua le Saint, Dieu veuille réprimer ta malice et dompter ta puissance ? »

Il se mit ensuite en oraison et pria le Seigneur de lui faire connaître si ce dont le démon se vantait était véritable. Puis il s'en alla à l'assemblée où les frères faisaient l'office durant la nuit, et renouvela la même prière à Dieu. Alors il vit comme de petits enfants éthiopiens extrêmement laids, répandus dans toute l'église, qui couraient de tous côtés, et avec tant de vitesse qu'on eût dit qu'ils avaient des ailes.

Une vision

Or, c'était la coutume des solitaires que dans la prière, tous les frères étant assis, il y en avait un qui récitait un psaume et les autres qui l'écoutaient et répondaient à chaque verset. Ces petits éthiopiens courant deçà et delà, faisaient diverses malices à ceux qui étaient assis. Ils fermaient les paupières aux uns, qui s'endormaient aussitôt; ils en faisaient bâiller d'autres en leur mettant le doigt dans la bouche. Ensuite, lorsque le psaume était achevé, les frères se prosternant à terre, selon l'usage, pour faire oraison, ils couraient à l'entour d'eux, paraissant à l'un sous la figure d'une femme, à un autre comme bâtissant quelque maison ou portant quelque chose, et enfin à d'autres en d'autres manières; ce qui faisait que ces solitaires roulaient dans leur esprit tout ce que les démons leur représentaient en se jouant.

Mais ils ne réussissaient pas de même envers tous; car voulant s'approcher de quelques-uns, ils en étaient si vivement repoussés, qu'ils tombaient par terre, et ne pouvaient après cela ni demeurer debout, ni repasser auprès d'eux; au lieu qu'ils marchaient sur la tête et sur le dos de quelques autres frères dont la dévotion était faible, et se moquaient d'eux parce qu'ils n'étaient pas attentifs à leur oraison.

Saint Macaire voyant cela, jeta un profond soupir, et dit à Dieu en répandant beaucoup de larmes H Considérez, Seigneur, comme le démon nous tend des pièges. Faites-lui entendre votre voix puissante, et les effets de votre colère. Levez-vous, afin que vos ennemis soient dissipés et s'enfuient devant votre face, puisque vous voyez comment ils remplissent nos âmes d'illusions ».

Cependant la prière étant achevée, le Saint voulut approfondir davantage la vérité, et appela en particulier les uns après les autres ceux des frères à qui il avait remarqué que les démons avaient apparu sous diverses formes, et il leur demanda si pendant la prière ils n'avaient pas pensé à des bâtiments, à des voyages ou à d'autres choses semblables. Ils lui en firent l'aveu, et il connut alors que les vaines pensées qui nous viennent à l'esprit dans l'oraison, sont, la plupart du temps, causées par l'illusion des démons, repoussés par ceux qui veillent avec soin sur eux-mêmes; « parce que, ajoute Rufin une âme qui est unie à Dieu et qui dans le temps de l'oraison a une attention particulière vers lui, ne peut souffrir que rien d'étranger ni rien d'inutile entre dans elle pour l'en détourner ».

Si saint Macaire fut grand par l'éminence de ses oraisons et de ses lumières surnaturelles, il ne le fut pas moins par le don des miracles, et il ne le céda pas en cela au célèbre Macaire d'Egypte, que les historiens nous représentent comme le thaumaturge de son temps. Nous avons dit quel était le pouvoir que Dieu lui avait donné sur les démons. II délivra un si grand nombre d'énergumènes par sa parole. accompagnée d'une foi vive, que l'historien de sa vie dit qu'il serait bien difficile de les compter.

Enfin, saint Macaire d'Alexandrie, après avoir passé au moins soixante ans dans la solitude, termina par sa mort (394 ou 395 d'après Tillemont), une vie de sainteté et de prodiges, et laissa après lui, avec le souvenir de ses vertus, la mémoire d'un des plus célèbres solitaires qui ait sanctifié les déserts par son amour pour Dieu et par la pratique d'une sévère pénitence.

P. Giry : Les petits Bollandistes : vies des saints. T. I. Source http://gallica.bnf.fr/
Bibliothèque nationale de France.



Saint Macaire d’Alexandrie, (« le Jeune »)

Anachorète

(† 394)

Plusieurs Saints de l’Église d’Orient ont porté le nom de Macaire qui, en grec, signifie heureux ; mais il en est deux plus renommés, disciples de saint Antoine, et unis par les liens d’une tendre amitié.

Saint Macaire d’Alexandrie, (« le Jeune ») natif de cette ville où il pratiquait le négoce, avait dépassé la quarantaine quand il reçut le Baptême. S’étant retiré dans la solitude, il atteignit bientôt une si haute excellence que saint Antoine dit à son sujet que « le Saint-Esprit s’était reposé sur lui ».

Il vécut, à ce qu’on croit, dans le désert de Nitria, qui, d’après le nombre des ascètes, fut appelé les Cellules, et visita probablement d’autres parties de la Libye. Ami de saint Macaire l’Ancien dit l’Égyptien ; éxilé pour la cause de l’orthodoxie de la Foi ; bien qu’il eût un talent extraordinaire pour la conduite des religieux, il se déroba à cet honneur et, sur la fin de sa vie, alla s’offrir comme novice au monastère de Tabenne, que venait de fonder saint Pacôme. Il mourut, dit-on, centenaire, vers 394.

Saint Macaire le Jeune naquit à Alexandrie au commencement du IVe siècle. Le trait suivant prouve qu’il passa son enfance dans une grande pureté de cœur : menant paître son troupeau avec d’autres enfants de son âge, il ramassa par terre une figue volée par ses compagnons. Réfléchissant ensuite sur cette action, il la pleura longtemps avec une profonde douleur.

Cette âme d’élite n’était point faite pour le monde, et Dieu fit naître en elle la noble passion de marcher sur les traces des Antoine, des Pacôme et de tant d’illustres Saints qui, vivant dans la solitude des déserts, au milieu des plus effrayantes pénitences, étaient la gloire de l’Église et l’admiration du monde.

Sa ferveur le fit tellement avancer, dès sa jeunesse, en la perfection évangélique, qu’on le regardait à bon droit comme un maître dont les essais égalaient déjà les merveilles de vertus des vieux solitaires. Son recueillement était continuel ; saint Macaire ne parlait qu’à Dieu. Ses austérités dépassaient toute imagination ; après avoir vécu plusieurs années ne mangeant que des herbes crues, il en vint bientôt à ne manger qu’une fois par semaine.

Non moins admirable était son détachement : un jour il présenta lui-même au voleur qui venait de dévaliser sa propre cellule, un instrument de travail que le malheureux n’avait pas aperçu. L’âme de toutes ces héroïques vertus, c’étaient la contemplation et la prière ; il y passait ses jours et ses nuits ; « Allons, mon âme, disait-il, montez au Ciel et méprisez toutes les vanités de la terre. Vous y trouverez un Dieu, Créateur de l’univers, que les Anges adorent ; à Lui seul il faut vous attacher. »

Est-il étonnant que saint Macaire soit devenu la terreur des démons ? Nulle puissance infernale ne saurait nuire à celui qui s’est complètement vaincu lui-même. Il joignit à tant de gloires celle d’être persécuté par les hérétiques ariens, et s’endormit dans la paix du Seigneur, après plus de soixante ans passés dans la solitude. C’était vers l’an 394, saint Sirice étant pape, Théodose empereur d’Orient et Eugène en Italie.

De tels exemples ne sont-ils point une éloquente condamnation du monde, de ses passions et de ses vices ? Le bonheur n’est pas où la plupart des hommes le cherchent ; il est dans la pratique de l’Évangile et dans la fermeté constante à se vaincre soi-même.

C’est bien en lisant la vie d’un Saint si mortifié et si détaché de la terre qu’on saisit toute la lumineuse vérité de ces paroles de la Sainte Écriture : « Vanité des vanités, tout est vanité, hors aimer Dieu et Le servir… Que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme ?… Bienheureux ceux qui pleurent… Bienheureux ceux qui souffrent !… »

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.



SAINT MACHAIRE *

Machaire vient de macha, génie, et ares, vertu, ou de macha, percussion et rio, maître. Il fut en effet ingénieux contre les tromperies du démon, vertueux dans sa vie; il frappa son corps pour le dompter, et il fut maître dans l’exercice de la prélature.

L'abbé Machaire descendit à travers la solitude du désert et entra pour dormir dans un monument où étaient ensevelis des corps de païens; il en prit ail qu'il mit sous sa tête en guise d'oreiller. Or, les démons, voulant l’effrayer, l’appelaient comme on fait à, une femme, en disant : « Levez-vous et venez au bain avec nous.» Et un autre, démon qui était sous lui comme s'il élit été dans le corps mort, disait: « J'ai un étranger sur moi, je lie puis venir. » Machaire ne fut pas effrayé, mais il battait le cadavre en disant : « Lève-toi et va-t-en, si tu peux. » Et les démons, en entendant ces paroles, s'enfuirent en criant à haute voix: « Vous nous avez vaincus, Seigneur ! » Un jour l’abbé Machaire, traversant un marais pour aller à sa cellule, rencontra le diable qui portait une faux de moissonneur et qui voulait le frapper, sans pouvoir en venir à bout. Et il lui dit: « Machaire, tu me fais bien du mal, parce que je ne puis l’emporter sur toi. Et cependant vois, tout ce que tu fais, je le fais aussi tu jeûnes et je ne mange absolument rien; tu veilles, et moi je ne dors jamais. Il n'y a qu'une chose en laquelle tu me surpasses. » « En quoi? lui dit l’abbé. » « C'est en humilité, répondit le diable; elle fait que je ne puis rien contre toi. » Comme les tentations venaient l’assaillir, il alla prendre un grand sac qu'il emplit de sable, le mit sur ses épaules et le porta ainsi nombre de jours à travers le désert. Théosèbe l’ayant rencontré, lui dit: « Père, pourquoi portez-vous un si lourd fardeau ? » Il lui répondit : « Je tourmente celui qui me tourmente.» L'abbé Machaire vit Satan passer sous la figure d'un homme couvert de vêtements de lin tout déchirés, et de chacun des trous, pendaient des bouteilles; et il lui dit: « Où vas-tu? » «Je vais, répondit-il, faire boire les frères. » Machaire lui dit : « Pourquoi portes-tu tant de bouteilles? » II répondit: « Je les porte pour les donner à goûter aux frères. Si l’une ne leur plaît pas, j'en offre une autre, voire une troisième, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'il tombe à la bonne. » Et quand le diable revint, Machaire lui dit : « Qu'as-tu fait. » Il répondit : « Ils sont tous des saints; personne d'eux n'a voulu m’écouter, si ce n'est un seul qui s'appelle Théotite. ». Machaire se leva aussitôt, et alla trouver le frère qui s'était laissé tenter,, et le convertit par son exhortation. Après quoi, Machaire rencontrant encore le diable lui dit: « Où vas-tu ? » « Chez les frères, répondit-il.' » A sou retour le vieillard, le voyant venir: « Que font-ils, les frères, dit-il? » Le diable: « Mal. » « Et pourquoi, dit Machaire? » « Parce que ce sont tous des saints, et le plus grand mal encore, c'est que le seul que j'avais, je l’ai perdu et c'est le plus saint de tous. » En entendant cela, le vieillard rendit grâces à Dieu. — Un jour, saint Machaire: trouva une tête de mort et, après qu'il eut prié, il lui demanda, de qui était la tête. Elle répondit, qu'il avait été païen. Et Machaire lui dit: « Où est ton âme? » Elle répondit: « Dans l’enfer. » Comme il demandait s'il était beaucoup profond: Elle répondit que sa profondeur était égale à la distance qu'il y a de la terre au ciel. Machaire continua: « Y en a-t-il qui soient plus avant que toi ? » « Oui, dit-il, les juifs. » Machaire: « Et au-dessous des juifs, y en a-t-il? » Le diable: « Les plus enfoncés de tous sont les faux chrétiens, qui, rachetés par le sang de J.-C., estiment comme rien une . si. précieuse rançon. » Comme il traversait une solitude profonde; à chaque mille, il fichait un roseau en terré, pour savoir par où revenir. Or, ayant cheminé pendant neuf jours, comme il se reposait, le diable ramassa tous les roseaux, et les plaça auprès de sa tête; aussi eut-il beaucoup de peine pour rentrer.

Un frère était singulièrement tourmenté par ses pensées, il se disait, par exemple, qu'il était inutile dans sa cellule, au lieu que s'il habitait parmi les hommes, il pourrait être utile à bien du monde.

Ayant manifesté ces pensées à Machaire, celui-ci lui dit : « Mon fils, réponds-leur; : « Voici ce que « je fais, je garde les murailles de cette cellule pour «l’amour de J.-C. » Un jour, avec la main, il tua un moucheron qui l’avait piqué; et beaucoup de sang sortait de la piqûre; il se reprocha d'avoir vengé sa propre injure, et resta tout nu six mois dans le désert, d'où il sortit entièrement couvert de plaies que lui avaient occasionnées les insectes. Après quoi, il mourut en paix et devint illustre par beaucoup de miracles.

* Tiré des Vies des Pères du désert.

La Légende dorée de Jacques de Voragine nouvellement traduite en français avec introduction, notices, notes et recherches sur les sources par l'abbé J.-B. M. Roze, chanoine honoraire de la Cathédrale d'Amiens, Édouard Rouveyre, éditeur, 76, rue de Seine, 76, Paris mdccccii

SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome01/021.htm

Saint Macaire d'Alexandrie, abbé

Souvent confondu avec son homonyme, Macaire le Grand, il naquit vers 293 et vendait des fruits et des sucreries à Alexandrie quand, à l'âge de 40 ans, il reçut le baptême et choisit de devenir moine au désert, il se rendit auprès de saint Antoine. C'est des mains d'Antoine qu'il reçut l'habit monastique. Après quelques années, il se rendit au désert de Scété, puis de Nitrie. Comme d'autres moines de la première génération, Macaire n'était nullement confiné à un seul lieu. Il disposait de quatre cellules, une à Nitrie, une à Kellia, une à Scété et une autre « au Sud-Ouest ». Il fut un des premiers moines de Nitrie à être ordonné prêtre. Son zèle de néophyte le rendit avide d'égaler, voire de dépasser, tous les autres moines en ascèse. Ayant appris que les moines de Tabennèse ne mangeaient rien de cuit durant le Carême, il passa sept ans à ne manger que des légumes crus et des lentilles trempées. La rigueur de son ascèse le fit reconnaître, et Pacôme lui demanda de partir « pour ne pas décourager les autres moines ». Il vécut une soixantaine d'années au désert et mourut en 393, centenaire.

SOURCE : http://www.paroisse-saint-aygulf.fr/index.php/prieres-et-liturgie/saints-par-mois/icalrepeat.detail/2015/01/19/1555/-/saint-macaire-d-alexandrie-abbe


St. Macarius, of Alexandria, Anchoret

From Palladius, bishop of Helenopolis, who had been his disciple, c. 20. Rufin, Socrates, and others in Rosweide, D’Audilly, Cotelier, and Bollandus, p. 85. See Tillemont, T. 8. p. 626. Bulteau, Hist. Mon. d’Orient, l. 1. c. 9. p. 128.

A.D. 394.

ST. MACARIUS the younger, a citizen of Alexandria, followed the business of a confectioner. Desirous to serve God with his whole heart, he forsook the world in the flower of his age, and spent upwards of sixty years in the deserts in the exercise of fervent penance and contemplation. He first retired into Thebais, or Upper Egypt, about the year 335. 1 Having learned the maxims and being versed in the practice of the most perfect virtue, under masters renowned for their sanctity; still aiming, if possible, at greater perfection, he quitted the Upper Egypt, and came to the Lower, before the year 373. In this part were three deserts almost adjoining to each other; that of Scété, so called from a town of the same name on the borders of Lybia; that of the Cells, contiguous to the former, this name being given to it on account of the multitude of hermit-cells with which it abounded; and a third, which reached to the western branch of the Nile, called from a great mountain, the desert of Nitria. St. Macarius had a cell in each of these deserts. When he dwelt in that of Nitria, it was his custom to give advice to strangers, but his chief residence was in that of the Cells. Each anchoret had here his separate cell, which he made his continued abode, except on Saturday and Sunday, when all assembled in one church to celebrate the divine mysteries, and partake of the holy communion. If any one was absent, he was concluded to be sick, and was visited by the rest. When a stranger came to live among them, every one offered him his cell, and was ready to build another for himself. Their cells were not within sight of each other. Their manual labour, which was that of making baskets or mats, did not interrupt the prayer of the heart. A profound silence reigned throughout the whole desert. Our saint received here the dignity of priesthood, and shone as a bright sun influencing this holy company, whilst St. Macarius the elder lived no less eminent in the wilderness of Scété, forty miles distant. Palladius has recorded 2 a memorable instance of the great self-denial professed and observed by these holy hermits. A present was made of a newly gathered bunch of grapes to St. Macarius: the holy man carried it to a neighbouring monk who was sick; he sent it to another: it passed in like manner to all the cells in the desert, and was brought back to Macarius, who was exceedingly rejoiced to perceive the abstinence of his brethren, but would not eat of the grapes himself.

The austerities of all the inhabitants of that desert were extraordinary; but St. Macarius in this regard far surpasses the rest. For seven years together he lived only on raw herbs and pulse, and for the three following years contented himself with four or five ounces of bread a day, and consumed only one little vessel of oil in a year; as Palladius assures us. His watchings were not less surprising, as the same author informs us. God had given him a body capable of bearing the greatest rigours; and his fervour was so intense, that whatever spiritual exercise he heard of, or saw practised by others, he resolved to copy the same. The reputation of the monastery of Tabenna, under St. Pachomius, drew him to this place in disguise, some time before the year 349. St. Pachomius told him that he seemed too far advanced in years to begin to accustom himself to their fastings and watchings; but at length admitted him, on condition he would observe all the rules and mortifications of the house. Lent approaching soon after, the monks were assiduous in preparations to pass that holy time in austerities, each according to his strength and fervour; some by fasting one, others two, three, or four days, without any kind of nourishment; some standing all day, others only sitting at their work. Macarius took some palm-tree leaves steeped in water, as materials for his work, and standing in a private corner, passed the whole time without eating, except a few green cabbage leaves on Sundays. His hands were employed in almost continual labour, and his heart conversed with God by prayer. If he left his station on any pressing occasion, he never stayed one moment longer than necessity required. Such a prodigy astonished the monks, who even remonstrated to the abbot at Easter, against a singularity of this nature, which, if tolerated, might on several accounts be prejudicial to their community. St. Pachomius entreated God to know who this stranger was; and learning by revelation that he was the great Macarius, embraced him, thanked him for his edifying visit, and desired him to return to his desert, and there offer up his prayers for them. 3 Our saint happened one day inadvertently to kill a gnat that was biting him in his cell; reflecting that he had lost the opportunity of suffering that mortification, he hastened from his cell to the marshes of Scété, which abound with great flies, whose stings pierce even wild boars. There he continued six months exposed to those ravaging insects; and to such a degree was his whole body disfigured by them with sores and swellings, that when he returned he was only to be known by his voice. 4 Some authors relate 5 that he did this to overcome a temptation of the flesh.

The virtue of this great saint was often exercised with temptations. One was a suggestion to quit his desert and go to Rome, to serve the sick in the hospitals; which by due reflection, he discovered to be a secret artifice of vain-glory inciting him to attract the eyes and esteem of the world. True humility alone could discover the snare which lurked under the specious gloss of holy charity. Finding this enemy extremely importunate, he threw himself on the ground in his cell, and cried out to the fiends: “Drag me hence, if you can, by force, for I will not stir.” Thus he lay till night, and by this vigorous resistance they were quite disarmed. 6 As soon as he arose they renewed the assault; and he, to stand firm against them, filled two great baskets with sand, and laying them on his shoulders, travelled along the wilderness. A person of his acquaintance meeting him, asked him what he meant, and made an offer of easing him of his burden; but the saint made no other reply than this—“I am tormenting my tormentor.” He returned home in the evening, much fatigued in body, but freed from the temptation. Palladius informs us, that St. Macarius, desiring to enjoy more perfectly the sweets of heavenly contemplation, at least for five days without interruption, immured himself within his cell for this purpose, and said to his soul—“Having taken up thy abode in heaven, where thou hast God and his holy angels to converse with, see that thou descend not thence: regard not earthly things.” The two first days his heart overflowed with divine delights; but on the third he met with so violent a disturbance from the devil, that he was obliged to stop short of his design, and return to his usual manner of life. Contemplative souls often desire, in times of heavenly consolation, never to be interrupted in the glorious employment of love and praise: but the functions of Martha, the frailty and necessities of the human frame, and the temptations of the devil, force them, though reluctant, from their beloved object. Nay, God oftentimes withdraws himself, as the saint observed on this occasion, to make them sensible of their own weakness, and that this life is a state of trial. St. Macarius once saw in a vision, devils closing the eyes of the monks to drowsiness, and tempting them by diverse methods to distractions, during the time of public prayer. Some, as often as they approached, chased them away by a secret supernatural force, whilst others were in dalliance with their suggestions. The saint burst into sighs and tears; and, when prayer was ended, admonished every one of his distractions, and of the snares of the enemy, with an earnest exhortation to employ, in that sacred duty, a more than ordinary watchfulness against his attacks. 7 St. Jerom 8 and others relate, that a certain anchoret in Nitria, having left one hundred crowns at his death which he had acquired by weaving cloth, the monks of that desert met to deliberate what should be done with that money. Some were for having it given to the poor, others to the church; but Macarius, Pambo, Isidore, and others, who were called the fathers, ordained that the one hundred crowns should be thrown into the grave and buried with the corpse of the deceased, and that at the same time the following words should be pronounced: May thy money be with thee to perdition. 9 This example struck such a terror into all the monks, that no one durst lay up any money by him.

Palladius, who, from 391, lived three years under our saint, was eye-witness to several miracles wrought by him. He relates, that a certain priest, whose head, in a manner shocking to behold, was consumed by a cancerous sore, came to his cell, but was refused admittance; nay, the saint at first would not even speak to him. Palladius, by earnest entreaties, strove to prevail upon him to give at least some answer to so great an object of compassion. Macarius, on the contrary, urged that he was unworthy, and that God, to punish him for a sin of the flesh he was addicted to, had afflicted him with this disorder: however, that upon his sincere repentance, and promise never more during his life to presume to celebrate the divine mysteries, he would intercede for his cure. The priest confessed his sin, with a promise, pursuant to the ancient canonical discipline, never after to perform any priestly function. The saint thereupon absolved him by the imposition of hands; and a few days after the priest came back perfectly healed, glorifying God, and giving thanks to his servant. Palladius found himself tempted to sadness, on a suggestion from the devil, that he made no progress in virtue, and that it was to no purpose for him to remain in the desert. He consulted his master, who bade him persevere with fervour, never dwell on the temptation, and always answer instantly the fiend: “My love for Jesus Christ will not suffer me to quit my cell, where I am determined to abide in order to please and serve him agreeably to his will.”

The two saints of the name of Macarius happened one day to cross the Nile together in a boat, when certain tribunes, or principal officers, who were there with their numerous trains, could not help observing to each other, that those men, from the cheerfulness of their aspect, must be exceeding happy in their poverty. Macarius of Alexandria, alluding to their name, which in Greek signifies happy, made this answer—“You have reason to call us happy, for this is our name. But if we are happy in despising the world, are not you miserable who live slaves to it?” These words, uttered with a tone of voice expressive of an interior conviction of their truth, had such an effect on the tribune who first spoke, that hastening home, he distributed his fortune among the poor, and embraced an eremitical life. In 375, both these saints were banished for the Catholic faith, at the instigation of Lucius, the Arian patriarch of Alexandria. Our saint died in the year 394, as Tillemont shows from Palladius. The Latins commemorate him on the 2nd, the Greeks with the elder Macarius, on the 19th of January.

In the desert of Nitria there subsists at this day a monastery which bears the name of St. Macarius. The monastic rule, called St. Macarius’s, in the code of rules, is ascribed to this of Alexandria. St. Jerom seems to have copied some things from it in his letter to Rusticus. The concord or collection of rules, gives us another, under the names of the two SS. Macariuses; Serapion (of Arsinoe, or the other of Nitria); Paphnutius (of Becbale, priest of Scété); and thirty-four other abbots. 10 It was probably collected from their discipline, or regulations and example. According to this latter, the monks fasted the whole year, except on Sundays, and the time from Easter to Whitsuntide; they observed the strictest poverty, and divided the day between manual labour and hours of prayer; hospitality was much recommended in this rule, but, for the sake of recollection, it was strictly forbid for any monk, except one who was deputed to entertain guests, ever to speak to any stranger without particular leave. 11 The definition of a monk or anchoret, given by the Abbot Rancè of la Trappe, is a lively portraiture of the great Macarius in the desert; when, says he, a soul relishes God in solitude, she thinks no more of any thing but heaven, and forgets the earth, which has nothing in it that can now please her; she burns with the fire of divine love, and sighs only after God, regarding death as her greatest advantage: nevertheless, they will find themselves much mistaken, who, leaving the world, imagine they shall go to God by straight paths, by roads sown with lilies and roses, in which they will have no difficulties to conquer, but that the hand of God will turn aside whatever could raise any in their way, or disturb the tranquillity of their retreat; on the contrary, they must be persuaded that temptations will every where follow them, that there is neither state nor place in which they can be exempt, that the peace which God promises is procured amidst tribulations, as the rose buds amidst thorns: God has not promised his servants that they shall not meet with trials, but that with the temptation, he will give them grace to be able to bear it. 12 Heaven is offered to us on no other conditions; it is a kingdom of conquest, the prize of victory—but, O God, what a prize!

Note 1. Some confound our saint with Macarius of Pisper, or the disciple of St. Antony. But the best critics distinguish them. The latter, with his fellow-disciple Amathas, buried St. Antony, who left him his staff, as Cronius, the priest of Nitria, related to Palladius. To this Macarius of Pisper St. Antony committed the government of almost five thousand monks, as appears from the life of St. Posthumian. [back]

Note 2. Hist. Lausiac, c. 20. [back]

Note 3. Pallad. Laus. c. 20. [back]

Note 4. Ib. [back]

Note 5. Rosweide, b. 8. c. 20. p. 722. [back]

Note 6. Pallad. Laus. c. 20. [back]

Note 7. Rosweide, Vit. Patr. l. 2. c. 29. p. 481. [back]

Note 8. S. Hier. ep. 18. (ol. 22.) ad Eustoch, T. 4. par. 2. p. 44. ed. Ben. et Rosw. Vit. Patr. l. 3. c. 319. [back]

Note 9. Acts viii. 20. [back]

Note 10. Concordia Regularum, autore S. Benedicto Ananiæ Abbate, edita ab Hugone Menardo, O. S. B. in 4to. Parisiis, 1638. Item, Codex Regularum collectus à S. Benedicto Ananiæ, actus à Luca Holstenio, two vols. 4to. Romæ. 1661. [back]

Note 11. C. 60. p. 809. edit. Menardi. [back]

Note 12. 1 Cor. x. 13. [back]

Rev. Alban Butler (1711–73).  Volume I: January. The Lives of the Saints.  1866.

SOURCE : http://www.bartleby.com/210/1/021.html