Sainte Eustochium
Fille de sainte
Paule (+ 418)
Comme sa mère,
elle se fit religieuse sous la direction de saint Jérôme et
toutes deux le suivirent en Orient. Elles se succédèrent à la tête du monastère
de Bethléem où l'étude et la méditation de la Bible étaient particulièrement à
l'honneur.
Un internaute nous écrit:
"Sainte Eustochium s'est rendue à Béthléem et s'y établit. Elle fonda,
avec sa mère, sainte Paula, quatre petits monastères contemplatifs sous la
houlette spirituelle de st Jérôme dans les grottes toutes contigües à celle où
naquit le Sauveur."
À Bethléem, commémoraison
de sainte Eustochium, vierge, qui, avec sainte Paule sa mère, se rendit de Rome
auprès de la crèche du Seigneur, pour ne pas manquer des conseils de leur
maître spirituel, saint Jérôme, et c’est là que, vers 419, brillante de mérites
éclatants, elle s’en alla vers le Seigneur.
Martyrologe romain
SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1930/Sainte-Eustochium.html
Saint JÉRÔME, Lettre
XXII, à EUSTOCHIUM
Julia Eustochium, fille
cadette de Paul, menait la vie religieuse dans un appartement retiré du palais
de sa mère. Jérôme l’exhorte à garder la virginité, lui en indique les moyens
et réfute avec véhémence les objections qu’opposent à cette méthode de vie les
païens et les chrétiens tièdes.
Cette lettre que Jérôme
qualifie lui-même de libellus, avait-elle un sous-titre original ? De
nombreux manuscrits anciens lui attribuent un : de virginitate, de
virginibus, de virginitate servanda ; ce dernier titre fait penser au
texte de Rufin (Apol. II, 5 ; PL XXI, 587) : libellum quemdam de
conservanda virginitate.
En dehors de l’exorde
(1-2) et de l’épilogue (41), il serait vain de chercher à discerner un plan rigoureux ;
l’auteur lui-même s’excuse de digressions étendues. En réalité, les thèmes
traités se succèdent sans lien bien logique, souvent en vertu d’une simple
imbrication verbale. Voici les principaux : vigilance (3-5) ; garde
des sens (6-8) ; sobriété et mortification (8-12) ; les Vierges
légères ou coupable (13-15) ; critique des mondaines (16) ; le
recueillement de la cellule (17-18) ; mariage et virginité (19-24) ;
contemplation dans la cellule (25-26) ; fuir l’orgueil et la singularité
(27) ; critique des moines et clercs mondains (28) ; comment traiter
les autres religieuses (29) ; le Songe de saint Jérôme (30) ; guerre
à la cupidité (31-33) ; description du monachisme égyptien (34-36) ;
la prière (37) ; la vie mortifiée des moines et des vierges (38-40)
recevra sa récompense (41).
La lettre à Eustochium
date probablement du printemps 384.
Vous trouverez ci-dessous la traduction de la lettre donnée par la collection des Belles Lettres. Vous pouvez également télécharger l’édition bilingue de la lettre à Eustochium.
Lettre XXII : À
Eustochium
1. « Écoute, ma
fille, regarde, prête l’oreille, oublie ton peuple et la maison de ton père,
car le roi convoitera ta beauté. » (Ps 44, 11-12) Au psaume 44, Dieu parle
de l’âme humaine et l’invite, à l’exemple d’Abraham qui sort de son pays et de
sa parenté, à abandonner les Chaldéens (qu’on traduit par : quasi-démons)
pour habiter dans la région des vivants après laquelle ailleurs soupire le
prophète quand il dit : « Je crois voir les biens du Seigneur dans la
terre des vivants. » (Ps 26, 13) Mais il ne te suffit pas de quitter ta
patrie, si tu n’oublies pas ton peuple et la maison de ton père, si, méprisant
la chair, tu ne te joins aux embrassements de l’époux. « Ne regarde pas en
arrière, dit-il, et ne t’arrête pas dans tout le pays voisin ; sauve-toi
dans la montagne, de peur d’être prise. » (Gn 19, 17) Quand on saisi la
charrue, il ne convient pas de regarder en arrière, ni de revenir du champ à la
maison, ni, après avoir revêtu la tunique du Christ, de descendre du toit pour
prendre un autre vêtement. Grande merveille ! un père exhorte sa
fille : ’Ne te souviens pas de ton Père !’ « Vous autres, vous
avez le diable pour père et vous voulez accomplir les désirs de votre
père » (Jn 8, 44), est-il dit aux Juifs, et ailleurs : « Qui
commet le péché vient du diable. » (1 Jn 3, 8) Engendrés d’abord d’un tel
père, nous sommes noirs ; devenus pénitents, mais n’ayant pas encore gravi
le faîte de la vertu, nous disons : « Je suis noire, mais belle,
fille de Jérusalem ! » (Cant 1, 5).
— Je suis sortie de
la maison de mon enfance, j’ai oublié mon père, je renais dans le Christ ;
quelle récompense vais-je recevoir ? Voici la suite : « et le
roi convoitera ta beauté » (Ps 44, 12). Voilà donc ce grand mystère :
« Pour cela l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à son
épouse ; ils seront deux en une chair ? » (Gn 2, 24) non, pas
comme dans ce texte : en une chair, mais en un esprit. Ton époux n’est ni
arrogant ni orgueilleux : c’est une Éthiopienne qu’il prend pour
épouse ! Dès que tu voudras écouter la sagesse du véritable Salomon et
t’approcher de lui, il te racontera tout ce qu’il sait ; puis le roi
t’introduira dans sa chambre et ta couleur changera comme par miracle ;
alors te conviendra cette parole : « Quelle est celle-ci, qui monte,
toute blanche ? » (Cant 8, 5).
2. Tout cela, je l’ai
dit, ma dame Eustochium — car c’est dame que je dois appeler l’épouse de mon
Seigneur — pour que dès le début de la lecture tu te rendes compte que, pour le
moment, je ne me propose pas de chanter les louanges de la virginité ; tu
connais parfaitement cet état, puisque tu l’as embrassé. Je n’énumérerai donc
pas les tracas du mariage : le sein se gonfle, l’enfant vagit, la
domesticité agace, le souci du ménage importune ; puis, tous ces bonheurs
qu’on a imaginés, la mort, enfin, les fauche. Non, car les femmes mariées ont
aussi leur rang dans l’Église, quand le mariage est honorable et le lit sans
tache. Mais, puisque tu quittes Sodome, comprends que tu as à craindre le sort
de la femme de Loth. Dans ce petit ouvrage, il n’y aura point de flatterie — le
flatteur n’est qu’un ennemi doucereux — point de rhétorique ni de phrases
pompeuses pour te situer par avance parmi les anges, exposer les béatitudes de
la virginité, enfin placer le monde entier sous tes pieds.
3. De ton dessein, ce
n’est pas de l’orgueil que tu dois ressentir, mais de la crainte. Tu t’avances
chargée d’or : crains le voleur ! C’est un stade que cette vie pour
nous autres mortels : ici nous luttons, pour être couronnés ailleurs. Nul
ne chemine tranquille parmi les serpents et scorpions. Le Seigneur a dit :
« Au ciel mon glaive s’est enivré » (Is 34, 5), et tu croirais avoir
la paix sur une terre qui engendre des ronces et des épines, de quoi se repaît
le serpent ? « Notre lutte n’est pas contre la chair et le sang, mais
contre les principautés et puissances de ce monde et des ténèbres présentent,
contre les esprits mauvais dans les régions célestes. » (Éph 6, 12) De
gros bataillons d’ennemis nous environnent ; tout est plein d’êtres
hostiles. Une chair pourtant fragile et qui bientôt deviendra cendre doit
combattre seule contre plusieurs adversaires [1].
Mais à l’heure où elle se dissoudra, quand se présentera le prince de ce monde,
mais sans pouvoir pour y trouver rien qui relève de lui, alors te rassurera la
parole du prophète : « tu ne craindras pas les terreurs nocturnes, ni
la flèche qui vole de jour, ni le danger qui rôde dans les ténèbres, ni
l’attaque du démon de midi. À ton côté mille tomberont, et dix mille à ta
droite, mais il n’approchera pas de toi. » (Ps 90, 5-7) Si la multitude
des ennemis te trouble, si tu te prends à brûler de quelque excitation
vicieuse, si ta conscience te suggère : ’Qu’allons-nous pouvoir
faire ?’, Élisée répondra : « Ne crains pas, plus nombreux sont
nos auxiliaires que les leurs. » (2 R 6, 15-17) Il dira dans sa
prière : ’Seigneur, ouvre les yeux de ta fille, et qu’elle voie !’
Tes yeux s’ouvriront, tu verras un char de feu qui, à l’exemple d’Élie, doit
t’enlever au-dessus des astres, et alors tu chanteras joyeusement :
« Notre âme, telle un passereau, a été arrachée au lacet des
chasseurs ; le lacet a été brisé et nous avons été délivrés ! »
(Ps 123, 7)
4. Tant que ce pauvre
corps fragile nous enveloppe, tant que nous « possédons ce trésor dans des
vases de terre » (2 Co 4, 7), l’esprit convoite contre la chair et la
chair contre l’esprit : nulle victoire n’est certaine. Notre ennemi le diable
« rôde, tel un lion rugissant qui cherche une proie à dévorer [2] ».
« Tu as établi les ténèbres, ô Dieu ! dit David, et la nuit s’est
faite ; toutes les bêtes sauvages la parcourent, les lionceaux
rugissent ; ils cherchent une proie pour se procurer la nourriture que
Dieu leur ménage. » (Ps 103, 20-21) Ceux que cherche le diable, ce ne sont
pas les infidèles, ceux du dehors, dont le roi d’Assyrie fait bouillir les chairs
dans sa marmite [3],
c’est du sein de l’Église du Christ qu’il a hâte de ravir ses victimes. Selon
Habacuc, ses viandes sont de choix : il souhaite renverser Job, il dévore
Judas et ensuite sollicite le pouvoir de « cribler les apôtres [4] ».
Le Sauveur n’est pas venu apporter sur la terre la paix, mais le glaive.
Lucifer qui se levait dès le matin est tombé ; celui qui avait été nourri
dans le jardin de délices [5]
mérita d’entendre : « Si tu t’envolais aussi haut que l’aigle,
j’irais t’en faire tomber » (Abd 4), dit le Seigneur, car il avait dit
dans son cœur : « Au-dessus des astres du ciel, je placerai mon
trône, et je serai semblable au Très-Haut. » (Is 14, 13-14) Aussi Dieu
adresse-t-il chaque jour ces paroles à ceux qui descendent l’échelle du songe
de Jacob : « J’ai dit : vous êtes tous dieux et fils du
Très-Haut. Cependant, vous mourrez comme des hommes et vous tomberez comme l’un
des princes. » (Ps 81, 6-7) En effet, le diable est tombé le premier, et,
lorsque Dieu se dresse dans l’assemblée des dieux et jugement publiquement les
dieux, l’apôtre écrit à ceux qui cessent d’être des dieux : « Quand
il y a parmi vous des dissensions et des jalousies, n’êtes-vous pas de simples
hommes, ne marchez-vous pas selon l’homme [6] ? »
(1 Co 3, 3)
5. Si Paul, l’Apôtre —
vase de choix préparé en vue de l’évangile du Christ, à cause des aiguillons de
la chair et des poussées du vice réprime son corps et le réduit en servitude,
pour éviter que lui qui prêche aux autres soit, pour sa part, réprouvé [7],
mais, malgré ses efforts, remarque en ses membres une autre loi qui répugne à
la loi de son esprit et le subjugue sous la loi du péché — si (dis-je), après
avoir souffert nudité, jeûnes, faim, prison, fouets, supplices, lorsqu’il fait
retour sur lui-même, Paul en vient à s’écrier : « Malheureux homme
que je suis, qui me libérera de cette mort ? » (Ro 7, 24), toi tu
crois devoir être en sécurité ? Attention, je te prie ; que jamais
Dieu ne dise de toi : « la vierge d’Israël est tombée ; il n’y a
personne pour la relever ! » (Am 5, 2) Je vais m’exprimer avec
audace : Dieu qui peut tout ne peut pas relever une vierge après sa ruine.
Il peut bien la délivrer de la peine due à son péché, il ne peut pas la
couronner, puisqu’elle a été déflorée. Craignons que ne s’accomplisse aussi à
notre sujet cette prophétie : « même les vierges vertueuses
défailliront » (Am 8, 13), car il y a aussi des vierges coupables :
« Qui regarde, dit Jésus, une femme pour la convoiter, l’a déjà violée
dans son cœur » (Mt 5, 28) ; donc la virginité peut se perdre aussi
par la simple pensée. Ce sont là des vierges coupables — vierges charnellement,
non spirituellement — vierges folles qui, n’ayant pas d’huile, sont exclues par
l’époux du banquet nuptial [8].
6. Mais si ces vierges-là
sont aussi des vierges — bien qu’à cause de leurs autres fautes la virginité de
leurs corps ne suffise pas à les sauver —, qu’adviendra-t-il de celles qui
ont prostitué les membres du Christ et changé le temple du Saint-Esprit en
lupanar [9] ?
Elles entendront aussitôt : « Descends, assieds-toi par terre,
vierge, fille de Babylone ; assieds-toi par terre ; point de trône
pour la fille des Chaldéens ! On ne t’appellera plus désormais molle et
délicate. Prends la meule, mouds la farine, écarte ton voile, dénude tes jambes
pour passer les torrents ; alors sera dévoilée ton ignominie et apparaîtra
ton opprobre… » (Is 47, 1-3), et cela après avoir partagé les noces du
Fils de Dieu, après les baisers du cousin [10]
et de l’époux ! C’est pourtant celle dont jadis l’oracle prophétique
chantait : « La reine est assise à ta droite dans une robe dorée,
entourée de broderies. » (Ps 44, 10) Elle sera dénudée et l’on verra ses
parties honteuses ; elle s’assiéra près des eaux du désert et, dans une
posture indécente, elle s’abandonnera à tous les passants, qui la souilleront
des pieds jusqu’au chef [11].
Il eût mieux valu subir
le mariage avec un homme, cheminer dans la plaine, plutôt que d’aspirer aux
sommets et de choir au fond du gouffre ! Je t’en prie, qu’elle ne devienne
pas une cité courtisane, la fidèle Sion ; qu’après qu’elle aura été
l’asile de la Trinité, les démons n’y dansent pas ni les sirènes, que les
hérissons n’y fassent pas leur nid ! Que sa guimpe pectorale ne se délace
pas, mais dès que l’instinct chatouille les sens, dès que le doux incendie de la
volupté nous pénètre de son agréable chaleur, écrions-nous aussitôt :
« Le Seigneur est mon auxiliaire, je ne craindrai pas ce que peut me faire
la chair ! » (Ps 97, 6) Que si l’homme intérieur se met à vaciller un
peu entre le vice et la vertu, tu diras : « Pourquoi es-tu triste, ô
mon âme, et pourquoi me troubles-tu ? Espère dans le Seigneur ! Oui,
je le glorifierai, car il est le sauveur de ma face ; il est mon
Dieu. » (Ps 41, 6-7) Je ne voudrais pas que tu laisses la mauvaise pensée
progresser ; que rien ne germe en toi de Babylonien, c’est-à-dire de
trouble ; pendant que l’ennemi est encore petit, tue-le ! Que la
malice soit écrasée dans le germe même. Écoute parler le psalmiste :
« Fille de Babylone, misérable, heureux qui t’infligera le châtiment que
tu mérites ; heureux qui saisira tes petits pour les écraser contre le
rocher ! » (Ps 136, 8-9) Il est impossible que les sens de l’homme ne
soient pas envahis de cette chaleur des moelles [12]
que chacun connaît. Mais celui-là est digne de louanges, celui-là est appelé
bienheureux qui, à peine nées les mauvaises pensées, les tue et les écrase
contre le rocher ; or, ce rocher, c’est le Christ.
7. Oh ! Combien de
fois, moi, qui étais installé dans le désert, dans cette vaste solitude
torréfiée d’un soleil ardent [13],
affreux habitat offert aux moines, je me suis cru mêlé aux plaisirs de
Rome ! J’étais assis, solitaire, car l’amertume m’avait envahi tout
entier. Mes membres déformés se hérissaient d’un sac. Malpropre, ma peau
rappelait l’aspect minable de l’épiderme d’un nègre. Chaque jour pleurer,
chaque jour gémir ! Toutes les fois que, malgré mes résistances, le
sommeil m’accablait soudain, mes os, presque désarticulés, se brisaient sur le
sol nu. De la nourriture et de la boisson, je ne dis rien : les malades
eux-mêmes n’usent que d’eau froide ; accepter un plat chaud, c’est un
excès. Or, donc, moi, oui, moi-même, qui, par crainte de la géhenne, m’étais
personnellement infligé une si dure prison, sans autre société que les
scorpions et les bêtes sauvages, souvent je croyais assister aux danses des
jeunes filles. Les jeûnes avaient pâli mon visage, mais les désirs enflammaient
mon esprit, le corps restant glacé ; devant ce pauvre homme, déjà moins
chair vivante que cadavre, seuls bouillonnaient les incendies des
voluptés !
Privé de toute aide, je
gisais donc aux pieds de Jésus, je les arrosais de mes larmes, je les essuyais
de mes cheveux ; ma chair rebelle, je la domptais par une abstinence de
plusieurs semaines. Je ne rougis pas de mon infortune ; bien plutôt, je
déplore de n’être plus ce que j’étais alors [14].
Il m’en souvient : fréquemment, mes cris joignaient le jour à la nuit, et
je ne cessais de me frapper la poitrine que quand les menaces du Maître avaient
ramené le calme [15].
Ma cellule elle-même, j’en venais à la redouter, comme si elle était complice
de mes pensées impures. Irrité contre moi, dur à moi-même, j’allais seul plus
avant dans le désert. Une vallée profonde, une âpre montagne, des rochers
abrupts étaient-ils en vue, j’y installais ma prière et l’ergastule de ma
misérable chair. Le Seigneur même m’en est témoin : après avoir beaucoup
pleuré et fixé mes regards au ciel, il me semblait parfois être mêlé aux
cohortes des anges ; alors, plein de joie et d’allégresse, je
chantais : « Après toi nous courons, à l’odeur de tes
parfums ! » (Cant 1, 3).
8. Si telles sont les
épreuves que supportent ceux-là même dont le corps est tout décharné et n’ont
donc à soutenir que l’assaut des pensées, que peut bien éprouver une jeune
fille qui vit dans les délices ? Voici son cas, d’après l’Apôtre :
« Vivante, elle est morte ! » (1 Tim 5, 6) Si je suis à même de
donner un conseil, si l’on fait crédit à mon expérience, voici mon premier
avis, ou plutôt ma supplication : que l’épouse du Christ fuie le vin comme
du poison ! Telle est, contre la jeunesse, la première arme des démons.
Moindre est le choc de l’avarice, l’enflure de l’orgueil, le charme de
l’ambition. Nous nous passons plus aisément d’autres vices ; dans le cas
présent, l’adversaire est enfermé à l’intérieur de la place ; où que nous
allions, nous portons avec nous notre ennemi. Vin et jeunesse : double fournaise
de volupté. Pourquoi jeter de l’huile sur le feu ? Pourquoi à ce jeune
corps ardent fournir l’aliment de ses flammes ? Paul à Timothée :
« Ne bois plus désormais d’eau pure, mais use d’un peu de vin à cause de
ton estomac et de tes indispositions répétées. » (1 Tim 5, 23) Vois de
quels motifs dépend la permission de boire du vin : c’est à peine si la
justifient les maux d’estomac et les indispositions répétées, et, pour nous
empêcher de nous dorloter à l’occasion des maladies, il ordonne de n’en prendre
qu’un peu. C’est un conseil de médecin plutôt que d’apôtre — bien que l’apôtre
soit aussi un médecin spirituel —, dans la crainte que Timothée, vaincu
par la faiblesse physique, ne puisse pas continuer ses tournées de prédication
évangélique [16].
Sinon, il se serait souvenu d’avoir dit : « Le vin, en qui réside la
luxure » (Éph 5, 18), et : « Il vaut mieux pour l’homme de ne
pas boire de vin, de ne pas manger de viande ! » (Ex 32, 6)
Noé a bu du vin et s’est
enivré, le monde étant encore fruste [17] ;
car il avait été le premier à planter la vigne et peut-être ignorait-il que le
vin enivrât. Et, pour que tu comprennes complètement le mystère de l’Écriture —
car la parole de Dieu est une perle qu’on peut percer de part en part —,
après l’ébriété survint la nudité des cuisses : volupté jointe à l’excès
de bouche. D’abord le ventre, et aussitôt le reste : « Le peuple
mangea et but, puis ils se levèrent pour se livrer à la débauche. »
Loth, l’ami de Dieu,
sauvé dans la montagne [18]
et trouvé seul juste parmi des milliers de gens, est enivré par ses
filles ; elles pensaient, il est vrai, que la race humaine avait péri, et,
ce faisant, elles recherchaient plutôt les enfants que la volupté. Cependant,
elles savaient bien que cet homme juste ne l’aurait pas fait, s’il n’eût été
ivre. Ensuite, il ne savait plus ce qu’il faisait. (Ainsi la volonté ne saurait
être incriminée, et il y a plutôt erreur que faute.) Pourtant, de ce commerce
naissent Moabites et Ammonites, ennemis d’Israël, qui, jusqu’à la quatorzième
génération, c’est-à-dire à jamais, ne peuvent entrer dans l’église de Dieu.
9. Élie, fuyant Jézabel,
se couche, fatigué, sous un chêne ; un ange vient à lui, l’éveille
« et lui dit : ’Debout ! mange !’ Il regarda, et il y avait
près de sa tête un pain d’épeautre [19]
et un vase d’eau. » (1 R 19, 5-6) En vérité, Dieu n’aurait-il pas pu lui
envoyer du vin pur aromatisé, des plats cuits à l’huile et de la face de viande
pilée ? Élisée invite à déjeuner les fils des prophètes ; c’est
pendant qu’il les nourrissait de légumes sauvages qu’il entend les convives
s’écrier de concert : « La mort est dans la marmite, homme de
Dieu ! (2 R 4, 40) » Sans s’indigner contre les cuisiniers — car il
n’avait pas l’habitude d’une table soignée —, il y jeta de la farine pour
en adoucir l’amertume, par la même vertu spirituelle dont Moïse usa pour
changer Merra [20]
en eau douce. Une autre fois, quand il eut amené, à leur insu, à Samarie les
soldats venus pour se saisir de lui, après avoir aveuglé tout ensemble leurs
yeux et leur esprit, quels mets commanda-t-il pour leur réfection ?
Écoute : « Place devant eux du pain et de l’eau ! Qu’ils mangent
et boivent ; puis qu’on les renvoie à leur maître ! » (2 R 6,
22) À Daniel aussi, on aurait pu dresser une table opulente avec les mets
royaux ; mais c’est le repas des moissonneurs que lui porte Habacuc ;
il était, je pense, fort rustique [21] !
Et on l’a appelé ’l’homme de désirs’, parce qu’il n’a ni mangé le pain du
désir, ni bu le vin de la concupiscence.
10. Innombrables sont les
textes parsemés dans les divines Écritures, qui condamnent la gourmandise et
mettent en lumière la simplicité dans la nourriture ; mais mon but présent
n’est pas de disserter du jeûne. Un traité complet exigerait un titre et un
volume à part. Contentons-nous de ces quelques considérations entre mille. Tu
pourras du reste te composer un recueil personnel d’après les échantillons que
voici : comment, du paradis, le premier homme lui-même, pour avoir obéi à
son ventre plutôt qu’à Dieu, fut expulsé vers cette vallée de larmes ;
c’est par la faim que Satan, au désert, a tenté le Seigneur lui-même ;
l’Apôtre s’écrire : « La nourriture est pour le ventre, et le ventre
pour la nourriture, mais Dieu détruira l’un et l’autre » (1 Co 6, 13), et
au sujet des luxurieux : « Leur dieu, c’est le ventre » (Phi 3,
19) ; chacun, en effet, adore ce qu’il aime. Il s’ensuit ce conseil
pressant : ceux que la gloutonnerie a chassés du paradis, que la faim les
y ramène !
11. Que si tu veux
répondre qu’issue de noble race, toujours dans les délices, toujours dans le
duvet, tu ne peux ni te passer de vin ou de plats nourrissants, ni vivre très
chichement d’après cette loi que je t’expose, je te rétorquerai :
« Vis donc sous ta propre loi, toi qui ne peux vivre sous celle de
Dieu ! » Ce n’est pas que Dieu, créateur et maître de l’univers,
trouve plaisir aux rugissements de nos intestins, au vide de l’estomac, à la
brûlure des poumons. Mais c’est qu’autrement la pureté ne saurait être en
sécurité. Job, cher à Dieu et d’après son propre témoignage, immaculé et
simple, écoute de quoi il soupçonne le diable : « Sa force est dans
les reins et sa puissance dans le nombril. » (Jb 40, 11) C’est une manière
honnête de désigner par des euphémismes les parties génitales de l’homme et de
la femme. Exemples : on promet qu’un personnage sorti des reins de David
s’asseoira sur son trône ; soixante-quinze âmes entrèrent en Égypte, qui
étaient issues de la cuisse de Jacob ; le même, après sa lutte avec
Dieu [22],
lorsque l’épaisseur de sa hanche se fut desséchées, cessa de procréer des
enfants ; celui qui doit célébrer la fête de Pâques a l’ordre de le faire
les reins ceints et mortifiés ; Dieu dit à Job : « Ceins tes
reins comme un homme » (Jb 38, 3) ; Jean est ceint d’une ceinture de
peau ; les apôtres ont l’ordre de ceindre leurs reins et de tenir en leurs
mains les flambeaux de l’Évangile ; quant à Jérusalem, qui, couverte de
sang, se trouve dans la plaine de l’erreur, il lui est dit, en Ézéchiel :
« Ton nombril n’a pas été réséqué. » (Éz 16, 4) Oui, contre les
hommes, toute la vertu du diable est dans leurs reins ; c’est dans leur
nombril qu’est toute la force contre les femmes.
12. Veux-tu savoir s’il
en est bien ainsi ? Voici des exemples. Samson, plus fort que le lion,
plus dur que le rocher, qui, seul et nu, avait poursuivi mille hommes armés,
mollit parmi les baisers de Dalila ; David, l’élu selon le cœur du
Seigneur, avait souvent de sa sainte bouche chanté le Christ à venir ;
mais, après que, se promenant sur le toit de sa maison, il eut été séduit par
la nudité de Bethsabée, à l’adultère il joignit l’homicide (à ce propos, une
brève remarque : aucun regard n’est absolument sûr, même quand on est chez
soi). Aussi s’adresse-t-il à Dieu comme pénitent, en ces termes :
« Contre toi seul j’ai péché, et j’ai fait le mal devant toi » (Ps
50, 6) ; (comme roi, en effet, il n’avait personne d’autre à craindre).
Salomon, par qui la Sagesse elle-même s’est changée, Salomon, qui « a traité »
de tout, « depuis le cèdre du Liban jusqu’à l’hysope qui sort de la
muraille » (1 R 4, 33), s’est éloigné du Seigneur pour avoir trop aimé les
femmes. Que nul ne se rassure sur la consanguinité la plus proche : Amnon,
son frère, brûla d’une flamme illégitime pour Thamar, sa sœur !
13. On a regret de le
dire : que de vierges tombent tous les jours, combien l’Église notre mère
en perd-elle, échappées de son giron ! Sur combien d’astres l’orgueilleux
ennemi n’asseoit-il pas son trône ! Que de rochers il parvient à miner,
aux failles desquelles habitera le Serpent ! On peut en voir beaucoup,
veuves avant que mariées, dont la misérable conscience n’est protégée que par
le mensonge du vêtement : à moins que ne les trahisse le gonflement du
sein ou le vagissement des enfants, elles marchent la tête haute et les pieds
frétillants. D’autres dégustent d’avance les commodités de la stérilité ;
elles tuent un être humain avant qu’il ne soit procréé. Plusieurs, quand elle
s’aperçoivent qu’elles ont conçu dans le crime, songent aux poisons qui font
avorter. Souvent elles en meurent aussi de même coup. Alors, coupables d’un
triple crime, elles sont traînées aux enfers : suicidées, adultères du
Christ, parricides d’un enfant non encore né.
Ce sont celles-là qui ont
coutume de dire : « tout est pur pour les purs ! » (Tit 1,
1) ma conscience me suffit. C’est un cœur pur que désire Dieu, pourquoi me
priver de nourritures que Dieu a créées pour qu’on en use ?’ Si elles se
mettent en frais de charme et de gaieté, elles se gorgent de vin pur, puis joignant
à l’ébriété le sacrilège, elles s’exclament : ’Bien sûr que non, je ne
m’abstiendrai pas du sang du Christ [23] !’
Voient-elles une compagne sérieuse et un peu pâlie, elles la traitent de
malheureuse, de moinesse, de manichéenne et le reste. Dans une telle méthode de
vie, le jeûne devient une hérésie ! Les mêmes circulent dans la foule en
se faisant remarquer. Par leurs furtives œillades, elles entraînent derrière
elles un troupeau de jeunes gens. À elles s’adresse toujours l’anathème du
prophète : « Tu t’es composé un visage de courtisane, tu es une
impudique ! » (Jr 3, 3) La pourpre n’apparaît que sur ta robe, et en
touche légère ; mais, trop lâche, leur bandeau de tête laisse retomber les
cheveux ; le brodequin est assez grossier, mais sur leurs épaules voltige
l’écharpe ; étroites sont les manches et moulées aux bras, mais le rythme
incertain des genoux rend langoureuse la démarche. Voilà, estiment-elles, le
tout de la virginité. Que ces pécores trouvent qui les louent ! Que leur
profession de vierges leur soit une plus lucrative perdition ! C’est
volontiers qu’à de telles femmes nous renonçons à plaire !
14. On a honte d’en
parler, car c’est chose triste, hélas ! mais véritable. D’où s’est
introduit dans les églises le fléau des « agapètes » ? N’est-ce
pas, sans le mariage, un synonyme d’épouses ? Ou plutôt : d’où vient
cette nouvelle espèce de concubines ? J’irai plus loin : d’où
viennent ces courtisanes monogames ? Une seule maison, une seule chambre,
souvent un seul lit les rassemble, et l’on nous qualifie de soupçonneux si nous
songeons à certaines choses ? Un frère quitte sa soeur vierge, une vierge
délaisse son frère qui garde le célibat ; l’un et l’autre, feignant de
partager la même profession religieuse, cherchent avec des étrangers une
consolation soi-disant spirituelle pour se procurer à domicile le commerce
charnel ! Ces gens-là, Dieu les réprouve dans les Proverbes de Salomon,
quand il dit : « Quelqu’un attache à son sein un charbon allumé et
ses vêtements ne seraient pas brûlés ? Il marcherait sur des charbons
ardents et ses pieds ne grilleraient pas ? » (Pr 6, 27-28)
15. Maintenant que nous
avons sifflé et mis au ban de la société chrétienne ces jeunes filles qui
veulent non pas être des vierges, mais le paraître, tout mon discours ne
s’adressera plus désormais qu’à toi. C’est toi qui, la première dans la ville
de Rome, as, parmi les nobles, inauguré la classe des Vierges.Raison de plus
pour faire davantage d’efforts, de peur qu’après t’être privée des biens
présents, tu ne sois privée aussi des biens à venir. Les tracas du mariage et
les incertitudes d’un ménage, un exemple domestique t’en a instruite. Ta soeur
Blésilla, ton aînée par l’âge, mais ta cadette dans la profession religieuse,
au bout de sept mois de mariage est devenue veuve. O condition humaine vouée au
malheur et ignorante de l’avenir ! Elle a donc perdu et la couronne de la
virginité et la volupté du mariage. Elle observe, bien entendu, le second degré
de la chasteté. Mais n’imagines-tu pas quelles croix elle supporte par moments,
alors que chaque jour elle admire en sa soeur ce qu’elle a perdu, alors que, si
difficile qu’il soit de se passer de la volupté jadis goûtée, elle ne saurait
attendre de sa continence qu’une récompense moindre ? Qu’elle soit
pourtant confiante ! Qu’elle soit joyeuse ! Le fruit cent fois
multiplié ou celui qui l’est soixante fois seulement proviennent d’une même
semence : la chasteté.
16. Ne va pas dans les
réunions de matrones, ne visite pas les demeures des nobles ; je
n’aimerais pas que tu fréquentes beaucoup un milieu que tu as méprisé pour te
faire Vierge. Ces braves dames ont coutume de se vanter de ce que leurs maris
sont juges ou titulaires de quelque dignité ; l’affluence des visiteuses
se bouscule chez la femme de l’empereur, pourquoi ferais-tu, toi, injure à ton
Époux ? Pourquoi te précipiter chez la femme d’un homme, toi qui est
l’épouse de Dieu ? Sur ce chapitre, apprends un saint orgueil, sache-toi
meilleure qu’elles toutes. Je souhaiterais que tu n’évites pas seulement de
rencontrer celles qui sont toutes gonflées des honneurs de leur mari,
qu’entourent des troupeaux d’eunuques ou qui sont vêtues d’étoffes tissées d’or
ou d’argent ; fuis également celles qui ne sont veuves que par contrainte.
Bien sûr, elles n’avaient pas à souhaiter la mort de leur mari, mais elles
auraient dû saisir avec joie l’occasion qui leur était offerte d’observer la
continence. Au contraire, si leur vêtement a changé, leur faste d’autrefois n’a
pas changé. Un bataillon d’eunuques précède leur litière profonde, leurs joues
sont carminées, leur peau est tendue par l’apprêt ; on dirait non pas
qu’elles ont perdu leur mari, mais qu’elles en cherchent un. Leur maison est
pleine d’adulateurs, pleine de convives. Des clercs mêmes, à qui devrait
revenir le rôle d’un magistère redouté, viennent, baisent le front de leurs
patronnes. Ils étendent la main pour bénir, croirait-on, si l’on ne savait pas
que c’est pour recevoir le salaire de leur visite. Cependant, ces femmes, qui
s’aperçoivent que les prêtres ont besoin de leur aide, en sont bouffies
d’orgueil. Et parce qu’à la domination d’un mari qu’elles ont naguère
expérimentée, elles préfèrent la liberté du veuvage, on les appelle
« chastes » et « nonnes » ; or, au sortir d’un repas
copieux, elles voient en rêve, leurs apôtres !
17. Tes compagnes, ce
seront celles que tu vois amaigries par le jeûne et le visage pâle ; celle
que leur âge et leur vie a éprouvées, celles qui, chaque jour, chantent dans
leur cœur : « Où conduis-tu ton troupeau ? ou reposes-tu à
midi ? » (Cant 1, 6) et qui disent amoureusement : « Je
désire mourir pour être avec le Christ. » (Phil 1, 23) Sois soumise à tes
parents, imite ton époux [24].
Sors rarement en public. Les martyrs, va les chercher dans ta chambre [25].
tu ne manquerais jamais de prétexte pour sortir, si tu devais sortir chaque
fois que c’est nécessaire. Nourriture modérée, estomac jamais rempli. Plusieurs
s’abstiennent de vin, qui s’enivrent d’une nourriture trop copieuse. Quand tu
te lèves la nuit pour prier, que ce ne soit pas l’indigestion qui te fasse
rote, mais l’inanition.
Lis assez souvent et
étudie le plus possible. Que le sommeil te surprenne un livre à la main ;
qu’en tombant, ton visage rencontre l’accueil d’une page sainte. Jeûne
quotidien, repas qui évitera la plénitude. Inutile d’avoir l’estomac vide,
après une abstinence de deux ou trois jours, s’il est d’un seul coup surchargé,
si la satiété compense le jeûne. Aussitôt l’esprit serait engourdi par cette
plénitude ; une terre trop arrosée voit germer les épines des passions. Tu
sentiras parfois « l’homme extérieur » soupirer après le parfum de
l’adolescence en fleur ; après le repas, dans le calme du lit, le doux
cortège des désirs cherchera peut-être à t’émouvoir : saisis le bouclier
de la foi où s’éteindront les flèches enflammées du diable : « Tous
sont adultères, leur cœur est comme une fournaise. » (Os 7, 4) Pour toi,
cheminant en compagnie du Christ et attentive à ses paroles, dis :
« Notre cœur n’était-il pas ardent sur la route, tandis que Jésus nous
expliquait les Écritures ? » (Lc 24, 32) Et encore : « Ta
conversation est enflammée, et ton serviteur s’y complaît. » (Ps 118, 140)
Il est difficile à l’âme humaine de ne pas aimer, et il faut bien que notre esprit
soit attiré par certaines affections. L’amour charnel est vaincu par l’amour
spirituel ; un désir est éteint par l’autre désir ; si l’un diminue,
l’autre s’accroît d’autant. Bien plutôt, répète sans cesse : « Sur
mon lit, pendant la nuit, j’ai cherché celui qu’a aimé mon âme ! »
(Cant 3, 1) « Mortifiez, dit l’Apôtre, vos membres sur la terre. »
(Col 3, 5) Aussi ajoutait-il lui-même avec confiance : « Je vis, mais
ce n’est plus moi qui vis ; celui qui vit en moi, c’est le Christ. »
(Ga 2, 20) Un homme qui avait mortifié ses membres et dont la conduite était
symbolique n’a pas craint de dire : « Je suis devenu comme une outre
gelée (Ps 118, 83) », car toutes les humeurs de mon corps ont été comme
desséchées par la cuisson. Et encore : « A force de jeûner, mes
genoux ont perdu leur fermeté. » (Ps 108, 24) Ou bien : « J’ai
négligé de manger mon pain ; ma voix a tant gémi que mes os collent à ma
chair ! » (Ps 101, 5-6)
18. Sois la cigale des
nuits [26] !
Chaque nuit lave ton lit de tes pleurs ; que tes larmes arrosent ta
couche [27] !
Veille et sois comme le passereau au désert [28].
Chante par l’Esprit, chante aussi par l’entendement : « Bénis, ô mon
âme, le Seigneur, et n’oublie pas tous ses bienfaits ; il pardonne toutes
tes iniquités, il guérit toutes tes infirmités, il rachète ta vie de la
corruption. » (Ps 102, 2-4) Qui de nous peut dire de tout cœur :
« J’ai mangé de la cendre comme du pain, je mêlais mon breuvage de mes
larmes ? » (Ps 101, 10) Ne faut-il pas pleurer, ne faut-il pas gémir
quand de nouveau le serpent m’invite à une nourriture illicite ? quand,
après m’avoir chassé du paradis de la virginité il prétend me vêtir de ces
tuniques de poil de bêtes qu’Élie, pendant son retour au paradis, jeta sur la
terre ? Quoi de commun entre moi et la volupté, qui périt si vite ?
Qu’ai-je à faire avec ce chant des sirènes, charmant mais mortel ? Je ne
veux pas être soumis à cette sentence de condamnation qui fut portée contre
l’humanité : « C’est dans les souffrances et les angoisses que tu
enfanteras, ô femme (cette loi n’est pas mienne), et tu te tourneras vers
l’homme. » (Gn 3, 16) Qu’elle se tourne vers un mari, celle qui a épousé
le Christ, mais à la fin « tu mourras de mort » (Gn 2, 17) terminera
ce mariage : ma règle de vie ne considère pas le sexe. Que le mariage ait
son opportunité et sa dignité, j’y consens ; pour moi, la virginité est
consacrée, dans la personne de Marie et dans celle du Christ !
19. Mais, dira-t-on, ’tu
oses dénigrer le mariage, qui a été béni par le Seigneur’ ? Ce n’est pas
dénigrer le mariage que de lui préférer la virginité ; nul ne saurait
comparer un mal avec un bien. Que les femmes mariées soient fières de prendre
rang aussitôt après les vierges. « Croissez, a dit Dieu, multipliez-vous,
remplissez la terre ! » Qu’il croisse et se multiplie, celui qui doit
remplir la terre : ton armée à toi est aux cieux. « Croissez et
multipliez-vous » ; par le mariage trouve son accomplissement la loi
portée après l’expulsion du Paradis, après la nudité et les feuilles de figuier
qui préludèrent à la lascivité des noces. Qu’il épouse et soit épousé celui qui
mange son pain à la sueur de son visage, pour qui la terre engendre ronces et
buissons et dont l’herbe est étouffée par les épines. Ma graine à moi porte
fruit au centuple ; telle est sa fécondité. « Tous ne comprennent pas
la parole de Dieu, mais ceux à qui en est donnée la grâce. » (Mt 19, 11)
Cet autre, c’est la contrainte qui le fera eunuque, moi c’est ma volonté.
« Il y a un temps pour embrasser et un temps pour que les mains
s’abstiennent d’embrasser, un temps pour lancer les pierres, un temps pour les
ramasser. » (Eccl 3, 5) Après que, tirés de la dureté des gentils, ont été
engendrés des fils d’Abraham, on a commencé à voir rouler des pierres saintes
sur cette terre ; en effet, ils traversent les tourbillons de ce monde et
roulent dans le char de Dieu de toute la vitesse de ses roues. Qu’ils se
cousent des tuniques, ceux qui ont perdu cette tunique sans couture qui venait
d’en-haut, ceux qui trouvent du charme au vagissement des enfants : à
peine ceux-ci ont-ils vu le jour qu’ils pleurent comme pour déplorer d’être
nés ! Ève au Paradis était vierge : après les tuniques de peau commença
le mariage. Ton pays, c’est le Paradis. Garde-toi telle que tu es née et dit
« retourne, ô mon âme, à ton repos ». (Ps 114, 7) Sache que la
virginité, c’est l’état de nature, le mariage n’est venu qu’après le
péché ; à la naissance, elle est vierge, cette chair qui procède du
mariage ; elle recouvre dans son fruit ce qu’elle avait perdu dans sa
racine. « Une branche sortira de la racine de Jessé et une fleur montera
de cette racine. » (Is 11, 1) La branche, c’est la Mère du Seigneur,
simple, pure ; aucun germe venu du dehors n’adhéra à son corps
intact ; à l’image de Dieu [29],
unique fut sa fécondité. La fleur de cette branche, c’est le Christ qui
dit : « Je suis la fleur des champs et le lis des vallées. »
(Cant 2, 1) En un autre endroit, on le compare à une pierre qui se détache de
la montagne sans qu’on y ait mis les mains ; c’est une prophétie qui
signifie que vierge il naîtra d’une vierge. Les mains, en effet, signifient parfois
l’œuvre de chair, comme dans ce passage : « Sa main gauche est sous
ma tête et sa droite m’étreindra. » (Cant 2, 6) À la détermination de ce
sens concourent les remarques suivantes : les animaux que Noé introduit
par paires dans l’arche sont impurs (le nombre impair est pur) ; Moïse et
Josué, fils de Navé, reçoivent l’ordre de fouler pieds nus la terre
sainte ; les disciples sont dépêchés pour prêcher l’Évangile sans
surcharge de chaussures ou de tuniques de cuir ; les soldats, après s’être
partagé au sort les vêtements de Jésus, n’ont pas eu de souliers à emporter,
car le Seigneur ne possédait pas ce qu’il avait interdit à ses serviteurs.
20. Je loue les noces, je
loue le mariage, mais parce qu’ils m’engendrent des vierges. Des épines je
cueille les roses, de la terre son or, de la coquille sa perle. Celui qui
laboure, labourera-t-il otut le jour ? Ne jouira-t-il pas aussi du fruit
de son travail ? Le mariage est plus honoré quand l’être qui en naît est
plus aimé. Mère, pourquoi en voudrais-tu à ta fille ? Nourrie de ton lait,
sortie de tes entrailles, elle a grandi dans ton sein, c’est toi qui l’as
gardée avec une pieuse sollicitude. Et tu t’irrites parce qu’elle veut être
l’épouse non d’un soldat, mais du roi même ? Elle t’a apporté un grand
avantage : tu es devenue la belle-mère de Dieu [30] !
« À propos des
vierges, dit l’Apôtre, je n’ai pas de commandement du Seigneur. » (1 Co 7,
25) Pourquoi ? Parce que, si lui-même a été vierge, ce n’est pas par
ordre, mais par libre choix. Ne prêtons pas l’oreille à ceux qui prétendent
qu’il avait pris femme, puisque, lorsqu’il disserte de la continence et
conseille la chasteté perpétuelle, il allègue son propre cas : « Je
voudrais que tous fussent comme moi-même » (1 Co 7, 7), et plus bas :
« Je dis aux célibataires et aux veufs : il est meilleur de rester
ainsi, comme moi-même » (1 Co 7, 8), et dans un autre endroit : « N’avons-nous
pas la faculté de promener avec nous des épouses comme les autres
apôtres ? » (1 Co 9, 5) Pourquoi n’a-t-il pas de commandement du
Seigneur au sujet de la virginité ? Parce que l’offrande a plus de prix si
elle est faite sans contrainte ; parce que, si la virginité eût été
commandée, le mariage eût semblé éliminé. Or, c’eût été une contrainte très
dure et contre nature que d’imposer par violence aux hommes la vie des anges,
et de condamner en quelque sorte le plan même de la création.
21. Autre était, dans
l’ancienne Loi, la conception du bonheur. « Heureux qui possède semence en
Sion et famille en Jérusalem » (Is 31, 9) ; maudite était la stérile
qui n’enfantait pas ; « tes fils sont comme un surgeon d’olivier
autour de la table » (Ps 127, 3) ; promesse de richesses ;
enfin : « Il n’y aura pas d’infirme dans tes tribus. » (Ps 104,
36) À présent, il nous est dit : ’Ne t’imagine pas être du bois sec ;
tu as une demeure éternelle au ciel au lieu de fils et de filles.’ À présent
les pauvres sont bénis, Lazare est préféré au riche dans sa pourpre ; à
présent, qui est infirme est plus robuste. Jadis, l’univers était vide et, pour
ne rien dire des sens typiques, il n’y avait qu’une seule bénédiction :
les enfants. Aussi Abraham, quoique déjà vieux, s’unit-il à Cétura ; Jacob
se rachète pour des mandragores ; la belle Rachel, figure de l’Église, se
plaint que sa matrice est fermée. Mais, peu à peu, la moisson grandissant, est
envoyé le moissonneur. Élie est vierge, Élisée est vierge ; sont vierges
aussi beaucoup de fils des prophètes. Il est dit à Jérémie : « Mais
toi, ne prends pas femme » (Jr 16, 2) : sanctifié dans le sein de sa
mère, et la captivité étant d’ailleurs proche, il lui est défendu de prendre
femme. En d’autres termes, l’Apôtre dit la même chose : « Je pense
donc que voici ce qui est bon, à cause de l’imminence de la détresse : il
est bon à l’homme d’être ainsi. » (1 Co 7, 26) Quelle est cette détresse
qui annulera les joies du mariage ? « Le temps est abrégé, il reste
que ceux qui ont des épouses soient comme ceux qui n’en ont pas. » (1 Co
7, 29) Nabuchodonosor est tout près, « le lion s’est élancé de sa
couche » (Jr 4, 7), à quoi bon me marier pour le service du plus
orgueilleux des rois ? Pourquoi des enfants, que devra pleurer le
prophète : « La langue du nourrisson s’attache à sa gorge, tant il a
soif ; les petits ont demandé du pain et il n’y avait personne pour leur
en rompre ? » (Lam 4, 4)
Nous l’avons dit tout à
l’heure : ce privilège de la continence ne se trouvait que parmi les
hommes ; Ève enfantait continuellement dans la douleur. Mais depuis qu’une
vierge a conçu dans son sein et nous a enfanté un fils, « dont le
principat est marqué sur l’épaule » (Is 9, 6), Dieu fort, père du siècle à
venir, cette malédiction a été annulée. La mort vint par Ève, la vie par Marie.
Aussi le don de la virginité s’est-il plus libéralement répandu sur les femmes,
parce qu’il a commencé par une femme. Dès que le Fils de Dieu est venu sur la
terre, il se constitua une nouvelle famille, en sorte que Celui que des anges
adoraient au ciel eût aussi des anges sur la terre.
Alors, Judith la chaste
coupa la tête d’Holopherne [31] ;
alors, Aman, dont le nom veut dire « iniquité », fut brûlé par le feu
qu’il avait allumé [32] ;
alors, Jacques et Jean, abandonnant père, filets et barque, suivirent le
Sauveur, abandonnant du même coup l’amour de la famille, les liens du siècle et
les soucis domestiques. Alors, on entendit pour la première fois :
« Qui veut venir après moi, se renie soi-même, porte sa croix et me
suive » (Mt 16, 24) ; or, nul soldat ne marche au combat avec son
épouse ; au disciple qui veut assister aux funérailles de son père, la
permission est refusée. « Les renards ont leurs tanières, les oiseaux du
ciel leurs nids ; mais le Fils de l’Homme n’a pas où reposer sa
tête » (Mt 8, 20) — ceci pour que tu ne t’attristes pas si ta cellule est
trop exiguë. « Qui est sans épouse n’est soucieux que des affaires du
Seigneur et de la manière de plaire à Dieu ; mais qui a une épouse est
soucieux des affaires de ce monde et de la manière de plaire à son
épouse. » (1 Co 7, 32-33) Divers sont les destins de la femme mariée et de
la vierge ; celle qui n’est pas mariée pense aux choses du Seigneur :
être sainte de corps et d’esprit ; au contraire, celle qui est mariée
pense aux choses du monde : comment plaire à son mari [33].
22. Les graves
incommodités du mariage, les nombreux soucis dont il est entravé, je les ai
décrits, me semble-t-il, sommairement dans le livre que je viens de faire
paraître contre Helvidius sur la perpétuelle virginité de la bienheureuse
Marie. Il serait trop long de me répéter ici ; on pourra, si l’on veut,
puiser à cette modeste source [34].
Je dirai seulement ceci, pour éviter l’apparence d’une omission totale :
l’Apôtre nous ordonne de prier sans cesse, d’autre part celui qui accomplit le
devoir conjugal ne peut pas prier pendant ce temps ; dès lors, ou nous
prions toujours, mais nous restons vierges, ou nous cessons de prier pour obéir
aux lois du mariage. « Que si, dit-il, une vierge se marie, elle ne pèche
pas ; mais les gens mariés éprouveront la tribulation de la chair. »
(1 Co 7, 28) Dans la préface de ce petit livre, j’ai prévenu le lecteur que je
parlerais très peu ou même pas du tout des souffrances du mariage ; je
renouvelle ici cet avis. Mais si tu veux savoir de combien de tracas la vierge
est libérée, tandis que l’épouse y est astreinte, lis le livre de Tertullien à
un ami philosophe et ses autres traités sur la virginité, ou encore le
remarquable volume du bienheureux Cyprien, les compositions en vers et en prose
du pape Damase sur ce sujet et les récents opuscules de notre Ambroise [35]
dédiés à sa soeur. Il s’y épanche en une langue magnifique ; cet éloge de
la virginité est parfait : invention, disposition, expression.
23. Pour nous, nous
suivons une autre route. Il ne s’agit pas de louer la virginité, mais de
l’observer. Il ne suffit pas de savoir ce qui est le bien, mais de garder plus
soigneusement ce bien que nous avons déjà choisi. Cela est affaire de jugement,
et ceci d’effort ; cela est le partage d’un grand nombre, cedi de très
peu. « Qui persévérera, dit le Seigneur, jusqu’à la fin, celui-là sera
sauvé » (Mt 10, 22), et encore : « beaucoup d’appelés, mais peu
d’élus » (Mt 20, 16). Je t’en supplie donc, devant Dieu, le Christ Jésus
et ses anges élus : ces vases du temple, que seuls les prêtres pouvaient
regarder licitement, ne les produis pas facilement en public, que nul profane
ne porte ses regards sur le sanctuaire de Dieu. Ozias toucha l’Arche ; il
n’en avait pas le droit, aussi fut-il frappé de mort subite. Mais nul vase d’or
et d’argent n’est aussi cher à Dieu que le temps d’un corps virginal.
Autrefois, ce n’était qu’une ombre ; maintenant, c’est la réalité.Pour ta
part, il est vrai, tu parles avec simplicité, et ta gentillesse ne sait pas
regarder hautainement les inconnus eux-mêmes ; mais des yeux impudiques
ont une autre façon de regarder ; ils ne savent pas considérer la beauté
de l’âme, mais bien celle des corps. C’est le trésor de Dieu qu’Ézéchias montre
aux Assyriens, mais chez les Assyriens cette vue excita la convoitise. Après
des guerres répétées et la ruine de la Judée, ce qu’on captura, en premier
lieu, ce furent les vases du Seigneur ; on les emporta à l’étranger.
Finalement, parmi les ripailles et les troupeaux de concubines (car le vice
triomphe à souiller ce qui est noble), Balthasar boit dans les coupes
sacrées !
24. Ne prête pas
l’oreille aux mauvaises conversations. Souvent ceux qui tiennent des propos
inconvenants cherchent à éprouver la fermeté d’une conscience. Si, toi qui es
une vierge, tu écoutes volontiers ce qu’on dit, si tu te détends à n’importe
quelle plaisanterie, ils loueront chacune de tes affirmations et souscriront à
toutes tes négations. Ils t’appelleront spirituelle, sainte, sans malice.
’Voilà une vraie servante du Christ’, diront-ils ; ’elle est toute simple.
Ce n’est pas comme cette mégère affreuse, vulgaire, rébarbative, et qui, pour
ces motifs, peut-être, n’a pas été capable de trouver un mari’ ! Un
fâcheux instinct naturel nous y porte : trop volontiers, nous sympathisons
avec nos flatteurs. Nous avons beau protester que nous ne méritons pas ces
louanges, une chaude rougeur a beau colorer nos joues, malgré tout, au fond de
nous-même, notre âme est heureuse d’être louée. L’épouse du Christ est comme
l’arche du Testament ; toi, de même, n’accueille aucune pensée venue du
dehors. Au-dessus de ce propitiatoire, comme au-dessus des chérubins, veut
trôner le Seigneur (Cf. He 9, 5). Il envoie ses disciples, comme il fit à
propos de l’ânon, pour te délier des soucis du siècle, pour que, délaissant
pailles et briques d’Égypte, tu suives Moïse dans le désert et entres dans la
Terre promise. Qu’il ne se trouve personne pour t’empêcher, ni ta mère, ni ta
soeur, ni une parente ou un frère ; le Seigneur te tient pour son amie.
S’ils veulent t’empêcher, qu’ils craignent les fléaux de Pharaon, qui, ayant
refusé de laisser partir le peuple de Dieu pour l’adorer, a souffert ce que
relate l’Écriture.
Jésus, entré dans le
temple, expulsa tout ce qui n’était pas du temple. Dieu, en effet, est jaloux,
il n’admet pas que, de la maison de son Père, on fasse une caverne de brigands.
Du reste, là où l’on compte l’argent, là où sont les cages des colombes, là
aussi est mise à mort la simplicité ; quand, dans un cœur virginal,
bouillonne le souci des affaires du siècle, aussitôt le voile du temple se
déchire ; l’époux se lève irrité et s’écrie : « On vous laissera
votre maison déserte ! » (Mt 23, 38) Lis l’Évangile, vois comme
Marie, assise aux pieds du Seigneur, est préférée à Marthe l’empressée — et
pourtant Marthe remplissait avec soin le devoir de l’hospitalité en préparant
un repas au Seigneur et à ses disciples. « Marthe, dit-il, Marthe, tu es
soucieuse et troublée à l’excès ! on n’a pas besoin de grand’chose,
peut-être d’une seule. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas
enlevée. » (Lc 10, 41-42) Sois Marie, toi aussi ; au repas préfère la
doctrine. Que tes soeurs s’affairent pour chercher comme recevoir le Christ,
toi, rejette une fois pour toutes le fardeau du siècle, reste assise aux pieds du
Seigneur et dis : ’J’ai trouvé celui que cherchait mon âme, je le tiens et
ne le lâcherai pas.’ Et puisse-t-il répondre : « unique est ma
colombe, ma parfaite, elle est l’unique de sa mère, l’élue de sa
génitrice » (Cant 6, 8), c’est-à-dire de la Jérusalem céleste.
25. Que toujours te garde
le secret de ta chambre, que toujours à l’intérieur l’Époux y joue avec toi. Tu
pries, c’est parler à l’Époux ; tu lis, c’est lui qui te parle. Puis,
quand le sommeil t’aura accablée, il viendra derrière la cloison, passera sa
main par le guichet et touchera ton corps. Alors tu te lèveras, frissonnante,
et tu diras : « Je suis blessée d’amour » (Cant 5, 8) ;
puis tu l’entendras encore : « C’est un jardin clos, ma soeur et mon
épouse, un jardin clos, une source scellée. » (Cant 4, 12)
Garde-toi de sortir pour
aller dans la maison [36],
ne cherche pas à voir les filles d’un pays étranger [37],
puisque les patriarches sont tes frères et que tu as la joie qu’Israël soit ton
père. Dina sort, elle est violée ! Je ne veux pas que tu cherches ton
époux à travers les places [38],
ni que tu fasses le tour des coins de la cité. Tu auras beau dire :
« Je me lèverai, je circulerai dans la cité, au forum et sur les
places ; j’y chercherai celui qu’aime mon âme » (Cant 3, 2), et
questionner : « Celui qu’aime mon âme, ne l’avez-vous pas
vu ? » (Cant 3, 3) Nul ne daignera te répondre. Ce n’est pas sur les
places qu’on peut trouver l’Époux (« il est, au contraire, étroit et
resserré le chemin qui conduit à la Vie » (Mt 7, 14), et voici la
suite : « Je l’ai cherché sans le trouver, je l’ai appelé et il ne
m’a pas répondu. » (Cant 5, 6) Plaise au ciel qu’il n’y ait rien de pire
que de ne pas l’avoir trouvé ! Blessée, dénudée, gémissante, tu feras ce
récit : « Ils m’ont trouvée, les gardes qui circulent en ville, ils
m’ont frappée, ils m’ont blessée, ils m’ont enlevé ma robe légère
d’été ! » (Cant 5, 7)
Si tels sont les
traitements qu’endure, parce qu’elle est sortie, celle qui avait dit :
« Je dors, mais mon cœur veille » (Cant 5, 2) et « mon cousin
est pour moi comme un bouquet de myrrhe, il demeurera au milieu de mes
seins » (Cant 1, 13), qu’adviendra-t-il de nous, qui ne sommes encore que
des adolescentes, et qui, lorsque l’épouse entre avec l’époux, demeurons
dehors [39] ?
Il est jaloux, Jésus, il ne veut pas que d’autres voient son visage. Tu
allégueras excuses et prétextes : ’J’ai baissé mon voile pour cacher mon
visage, je t’ai cherché, je t’ai dit : « Enseigne-moi, ô l’aimé de
mon âme, où tu fais paître, où tu te reposes à midi, afin que je n’erre pas
comme si j’étais couverte [40],
parmi les troupeaux de tes amis »’ (Cant 1, 7) ; il s’indignera,
s’emportera et dira : « Si tu ne te connais pas, ô belle entre les
femmes, sors sur les traces des troupeaux, et fais paître tes boucs parmi les
tentes des bergers ! » (Cant 1,8) c’est-à-dire : ’sois belle,
qu’entre toutes les femmes ta beauté soit aimée de l’époux ; si tu ne te
connais pas, si tu ne gardes pas [41]
très strictement ton cœur, si tu ne fuis pas les yeux des jeunes gens, tu
sortiras de ma couche et tu feras paître les boucs, qui prendront place à ma
gauche [42] !’
26. C’est pourquoi, ô mon
Eustochie, ma fille, ma maîtresse, ma coservante, ma soeur — divers sont les
titres que valent l’âge, la vertu, la religion, l’affection — écoute les
paroles d’Isaïe : « Ô mon peuple, entre dans tes chambres ;
ferme ta porte, cache-toi un petit instant, jusqu’à ce qu’ait passé la colère
du Seigneur ! » (Is 26, 20) Que vaquent dehors les vierges
folles [43] !
Toi, sois à l’intérieur avec l’Époux. Si, en effet, tu fermes ta porte, si,
selon le précepte de l’Évangile, tu pries ton père dans le secret [44],
il viendra frapper et dira : « Voici que je me tiens devant la porte
et que je frappe ; si quelqu’un m’ouvre, j’entrerai, je dînerai avec lui
et lui avec moi » (Ap 3, 20) ; aussitôt tu répondras avec
empressement : « C’est la voix de mon cousin qui frappe :
ouvre-moi, ma soeur, ma proche, ma colombe, ma parfaite. » (Cant 5, 2) Et
tu n’auras pas à dire : « J’ai dépouillé ma tunique, comment la
remettre ? J’ai lavé mes pieds, comment les salir ? » (Cant 5,
3) Lève-toi tout de suite et ouvre, de peur que, si tu tardais, il ne passe son
chemin. Après quoi tu te plaindrais par ces mots : « J’ai ouvert à
mon cousin, mais mon cousin était passé. » (Cant 5, 6) Qu’est-il besoin
que les portes de ton cœur soient fermées à l’époux ? Ouvertes au Christ,
qu’elles soient fermées au diable, selon ce texte : « Si l’esprit de
celui qui détient le pouvoir monte sur toi, ne lui fais pas de
place ! » (Ecc 10, 4) Daniel [45],
dans son cénacle — car il ne pouvait pas rester en bas — tint ses fenêtres
ouvertes dans la direction de Jérusalem : toi aussi tiens tes fenêtres
ouvertes, mais du côté où la lumière peut entrer, où tu peux voir la cité de
Dieu. N’ouvre pas ces fenêtres, dont il est dit : « La mort est
entrée par vos fenêtres ! » (Jr 9, 21)
27. Évite aussi avec
beaucoup de soin ce travers : ne te laisse pas prendre à l’ardeur de la
vaine gloire. « Comment, dit Jésus, pouvez-vous croire, si vous recevez la
gloire de la part des hommes ? » (Jn 5, 44) Vois donc quel défaut ce
peut être, puisque celui qui y succombe ne peut avoir la foi ! Disons, au
contraire, nous autres : « Oui, tu es ma gloire » (Ps 3, 4), et
« qui se glorifie, qu’il se glorifie dans le Seigneur » (1 Co 1, 31),
et « si je cherchais encore à plaire aux hommes, je ne serais pas
serviteur du Christ » (Ga 1, 10) ; « je n’ai garde de me
glorifier, sinon dans la croix de mon Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde
est crucifié pour moi, et moi pour le monde » (Ga 6, 14) ; et
encore : « en toi nous serons loués toute la journée » (Ps 93,
9) ; « dans le Seigneur sera louée mon âme » (Ps 33, 3).
Quand tu fais
l’aumône [46],
que Dieu soit seul à le voir. Quand tu jeûnes, que soit gai ton visage [47].
Ton vêtement : ni trop net, ni trop malpropre ; qu’aucune originalité
ne le fasse remarquer, en sorte que les passants que tu croises ne s’arrêtent
pas pour te montrer au doigt [48].
Un frère est mort [49],
tu auras à accompagner le cadavre d’une soeur, attention ! ne le fais pas
trop souvent, tu finirais par mourir toi-même. Ne cherche pas à paraître trop
pieuse, ni plus effacée qu’il n’est nécessaire. Ne cherche pas la gloire en
ayant l’air de la fuir. Plusieurs évitent qu’il y ait des témoins de leur
pauvreté, de leur bienfaisance ou de leur jeûne, mais ils désirent plaire,
justement parce qu’ils méprisent de plaire. O merveille ! on prétend éviter
la louange, pendant qu’on la recherche. Aux autres troubles de l’âme
humaine : la joie, le chagrin, l’espoir, la crainte, je trouve pas mal
d’hommes qui savent échapper. Mais, de ce défaut-là, très peu sont
exempts [50] ;
or, celui-là est parfait qui, tel un beau corps, n’est entaché que de peu de
verrues.
Je n’ai pas à t’avertir
de ne pas te glorifier de ta fortune, ou de ne pas te vanter de ta noblesse, ou
de ne pas te préférer à autrui ; je sais ton humilité, je sais que tu peux
dire de tout cœur : « Seigneur, mon cœur ne s’est pas exalté et mes
yeux ne se sont pas orgueilleusement levés » (Ps 130, 1) ; je sais
que, chez toi et chez ta mère, l’orgueil, qui causa la chute du diable,
n’existe absolument pas. Aussi me suis-je dispensé d’écrire là-dessus. Il est
tout à fait idiot d’enseigner à quelqu’un ce que sait parfaitement le prétendu
disciple. Mais il ne faudrait pas que ce devînt pour toi un sujet de jactance
d’avoir méprisé la jactance du siècle, ou qu’une pensée inexprimée et
subreptice ne te porte, toi qui as renoncé à plaire en robes tissées d’or, à
chercher à plaire en haillons, soit, quand tu te joins à un groupe de frères ou
de soeurs en t’asseyant sur un escabeau bas, en te proclamant indigne, en
baissant à dessein la voix comme une femme épuisée par les jeûnes, ou, pour
feindre la démarche d’une personne qui va défaillir, en t’appuyant sur l’épaule
d’une voisine. Il y a en certaines qui « défigurent leur visage [51]
pour bien faire voir aux autres qu’elles pratiquent le jeûne.
Aperçoivent-elles
quelqu’un ? Aussitôt elles gémissent, abaissent les paupières, se couvrent
la figure ; c’est tout juste si elles libèrent un œil pour regarder. La
robe est grossière, la ceinture de vil tissu, les mains et les pieds
sales ; mais l’estomac, lui, parce qu’on ne peut le voir, étouffe de
mangeaille ; c’est pour elles que l’on chante tous les jours ce
psaume : « Dieu a dissipé les os des hommes qui se complaisent en
eux-mêmes » (Ps 52, 6). D’autres adoptent une tenue masculine, changent
leur vêtement, honteuses d’être des femmes, ce qu’elles sont de naissance, coupent
leur chevelure et, sans pudeur, dressent un visage d’eunuque. Il en est qui,
vêtues de cilices et de capuchons truqués, comme si elles retombaient en
enfance, imitent les hiboux et les chouettes.
28. Je ne voudrais pas
avoir l’air de ne discourir que des femmes. Aussi bien, fuis ces hommes que
l’on peut voir nattés : chevelure de femme, en dépit de l’Apôtre [52],
barbe de bouc, manteau noir, pieds nus comme pour souffrir du froid : tout
cela, c’est manifestations du démon. Tel autrefois Antimus, tel naguère
Sofronius : Rome s’en lamentait ! Ils pénètrent dans les demeures des
nobles, ils séduisent des femmelettes « chargées de péchés, ils feignent
d’étudier toujours sans jamais parvenir à la science de la vérité » (2 Tim
3, 6-7) ; ils simulent l’austérité ; leurs jeûnes semblent longs, ils
les prolongent en s’alimentant la nuit, en cachette. J’ai honte de dire le
reste, de peur de paraître invectiver plutôt qu’avertir. Il y en a d’autres —
je parle des hommes de mon ordre [53]
— qui ambitionnent le sacerdoce et le diaconat pour voir plus librement les
femmes. Ils n’ont souci que de leurs vêtements, de leurs parfums ; que
leur pied ne dans pas dans un soulier avachi ; leurs cheveux bouclés
portent l’empreinte du fer à friser, leurs doigts scintillent de bagues et, de
peur que la chaussée trop humide ne leur mouille la plante des pieds, ils y
impriment juste le bout des orteils ! Tu croirais voir des fiancés plutôt
que des clercs.
Il en est qui consacrent
tous leurs soins, et leur vie tout entière, à connaître le nom des matrones,
leur adresse et leurs habitudes. Je n’en décrirai qu’un, le premier en cet art,
brièvement et sommairement, afin que, connaissant le maître, tu reconnaisses
plus aisément les disciples. En même temps que le soleil, en toute hâte, il se
lève. Ses visites ? Il en a réglé l’ordre. Il a étudié les trajets les
plus courts. C’est tout juste s’il ne pénètre pas dans leur chambre même,
tandis qu’elles dorment encore, ce vieillard importun. Remarque-t-il un
coussin, une étoffe élégante, ou n’importe quel meuble de l’appartement, il le
loue, l’admire, le palpe ; il se plaint de n’en point posséder de pareil
et obtient l’objet moins qu’il ne l’extorque, car chacune redoute d’offenser le
courrier de la Ville. Il n’aime pas la chasteté, il déteste les jeûnes. Il
expertise les mets en les flairant, aussi le surnomme-t-on vulgairement le
chapon gras, ou γέρων ποππύζων [54].
Sa bouche est grossière, impudente, toujours armée pour l’insulte. Tourne-toi
où tu voudras, il est le premier en face de toi. Entend-on quelque nouvelle,
c’est lui qui l’a inventée, ou qui l’amplifie et la diffuse. Ses chevaux qu’il
change selon les heures sont si brillants et si fougueux qu’on le croirait
frère du roi de Thrace [55].
29. Bien divers sont les
pièges par quoi nous combat un ennemi rusé. Le serpent était le plus
intelligent de tous les animaux qu’avait créés le Seigneur Dieu sur la terre.
D’où ce mot de l’Apôtre : « nous n’ignorons pas ses astuces » (2
Co 2, 11). Ni la malpropreté affichée, ni les recherches de la coquetterie ne
conviennent aux chrétiens. Si tu ne comprends pas ou si tu hésites sur un
passage des Écritures, interroge quelqu’un que recommande sa vie, que son âge
met à l’abri du reproche, que ne disqualifie pas la réputation, enfin qui
puisse dire : « je vous ai fiancée à un seul homme, vierge chaste à
présenter au Christ » (2 Co 11, 2). S’il n’y a personne qui soit capable
d’expliquer, mieux vaut ignorer, pour rester en sûreté, que risquer pour
apprendre. Souviens-t-en ! c’est au milieu des pièges que tu
marches ; pour beaucoup de vétéranes de la virginité, cette couronne de la
chasteté que nul ne mettait en doute leur a échappé des mains au seuil même de
la mort !
Si quelques servantes
sont associées à ton ascèse, ne sois pas hautaine à leur égard, ni orgueilleuse
parce que tu es leur maîtresse. Vous appartenez au même Époux, ensemble vous
chantez le Christ, ensemble vous recevez son Corps, pourquoi votre table
serait-elle différente ? Qu’on amène de nouvelles compagnes ! Que les
vierges mettent leur honneur à en attirer d’autres ! Si tu en sens une
faiblir dans sa foi, prends-la en charge, console-la, caresse-la, que sa
persévérance dans la chasteté soit ton gain personnel. Si quelqu’une dissimule,
mais cherche à fuir la servitude de la continence, lis-lui carrément les mots
de l’Apôtre : « Mieux vaut se marier que d’être consumée de
désirs » (1 Co 7, 9). Mais ces vierges ou veuves oisives, curieuses, qui
font le tour des palais des matrones, dont le front ne sait plus rougir et qui
dépassent en impudence les parasites des comédies, chasse-les comme des
pestes : « Les moeurs vertueuses sont corrompues par les
conversations coupables » (1 Co 15, 33). Elles n’ont qu’un souci : le
ventre et ses environs ! Ces femmes-là ont coutume de prodiguer les
conseils : ’ma petite chienne, jouis de ta fortune, et vis tant que tu es
en vie’, ou bien : ’C’est pour tes enfants que tu la gardes ?’
Ivrognes, lascives, par leurs insinuations malfaisantes de toute nature, elles
amolliraient même des âmes de fer pour les porter au plaisir et, « quand
elles ont péché par luxure bien que chrétiennes, elles veulent se marier et
encourent la damnation parce qu’elles ont violé leur premier engagement »
(1 Tim 5, 11-12).
Ne te complais pas à être
réputée très diserte ou à savoir tourner agréablement les vers d’amusants
madrigaux. N’imite pas la prononciation mignarde et invertébrée des
dames ; tantôt parce qu’elle serrent les dents, tantôt parce que leurs
lèvres sont trop peu fermes, elles gouvernent leur langue balbutiante de façon
à n’émettre que la moitié des mots ; elles estiment grossier tout ce qui
vient à terme [56] ;
tant leur plaît l’adultère, même s’il ne s’agit que de la langue !
« Oui, quelle communauté y a-t-il entre la lumière et les ténèbres, quel
accord entre le Christ et Bélial ? » (2 Co 6, 14-15) Que fait Horace
avec le psautier ? et Virgile avec l’Évangile, et Cicéron avec l’Apôtre ?
N’est-il pas scandalisé, le frère, s’il te voit prendre un repas dans un temple
d’idoles ? Sans doute « tout est pur aux purs (Tt 1, 15) »,
« il ne faut rien repousser de ce que l’on peut recevoir en rendant grâces »
(Tt 4, 4), cependant nous ne devons pas boire en même temps la coupe du Christ
et la coupe des démons. Je vais te raconter ma malheureuse histoire.
30. Il y a bien
longtemps ! maison, père et mère, soeur, parenté et, ce qui est plus
difficile, habitude de la bonne chère, pour le Royaume des cieux je m’étais
sevré [57]
de tout cela ; j’allais à Jérusalem militer pour le Christ. Mais de la
bibliothèque qu’à Rome je m’étais composée avec beaucoup de soin et de peine,
je n’avais pas pu me passer. Malheureux que j’étais ! avant de lire
Cicéron, je me livrais au jeûne. Je veillais souvent des nuits entières, je
versais des larmes, que le souvenir de mes péchés d’autrefois arrachait du fond
de mes entrailles. Après quoi, je prenais en mains mon Plaute ! Si,
rentrant en moi-même, je me mettais à lire un prophète, ce langage inculte me
faisait horreur. Mes yeux aveuglés m’empêchaient de voir la lumière. Or, ce
n’étaient pas mes yeux que j’incriminais, mais le soleil ! Le Serpent
ancien se jouait ainsi de moi.
Vers le milieu du carême,
jusqu’au plus profond de mon être s’insinue la fièvre. Elle envahit mon corps
épuisé, ne lui laisse aucun repos et — détail à peine croyable —, mes
pauvres membres en sont tellement dévorés, que je ne tenais plus guère que par
mes os. Cependant, on préparait mes obsèques, car la vie, le souffle, la
chaleur — tout mon corps étant déjà refroidi — ne palpitaient plus que dans un
coin encore tiède de ma poitrine. Tout d’un coup, j’ai un ravissement
spirituel. Voici le tribunal du Juge ; on m’y traîne ! La lumière
ambiante était si éblouissante que, du sol où je gisais, je n’osais pas lever
les yeux en haut. On me demande ma condition : « Je suis chrétien »,
ai-je répondu. Mais celui qui siégeait : ’Tu mens’, dit-il ; ’c’est
cicéronien que tu es, non pas chrétien’ ; « où est ton trésor, là est
ton cœur » (Mt 6, 21).
Aussitôt je deviens muet.
Parmi les coups — car il avait ordonné qu’on me flagellât — ma conscience me torturait
davantage encore de sa brûlure ; je me redisais ce verset :
« Mais, dans l’enfer, qui te louera ? » (Ps 6, 6) Je me suis mis
cependant à crier et à me lamenter en répétant : « Pitié pour moi,
Seigneur, pitié pour moi ! » (Ps 16, 2) Cet appel retentissait parmi
les coups de fouet. Enfin, prosternés aux genoux du président, les assistants
suppliaient de faire grâce à ma jeunesse, de permettre à mes erreurs de faire
pénitence ; je subirais par la suite le supplice mérité, si jamais je
revenais à la lecture des lettres païennes. Quant à moi, coincé dans une
situation aussi critique, j’étais disposé à promettre encore davantage. Aussi
me suis-je mis à jurer, à prendre son nom à témoin : ’Seigneur, disais-je,
si jamais je possède des ouvrages profanes, ou si j’en lis, c’est comme si je
te reniais [58] !’
Après que j’eus prononcé ce serment, on me relâcha ; me voici revenu sur
terre. À la surprise générale, j’ouvre les yeux. Ils étaient tellement trempés
de larmes qu’ils attestaient ma douleur aux plus sceptiques. Ce n’était pas du
sommeil, ni de ces songes vains qui nous illusionnent souvent. Témoin le
tribunal devant lequel je gisais ; témoin le jugement, si redoutable !
— puissé-je ne jamais subir pareille question ! — j’avais les épaules
tuméfiées, et j’ai senti les plaies au réveil. Depuis, j’ai lu les livres
divins avec plus de soin que je n’avais lu jadis les ouvrages des
mortels [59].
31. La cupidité aussi,
c’est un défaut que tu dois éviter. Bien sûr tu ne désireras pas ce qui n’est
pas à toi ; cela, les lois de l’État elles-mêmes le punissent. Mais ce qui
est tien — qui, en réalité, est à autrui — tu ne dois pas le garder. « Si
vous n’avez pas été fidèles, dit Dieu, pour ce qui ne vous appartient pas, ce
qui est à vous qui vous le donnera ? » (Lc 16, 12) Ne sont pas à nous
les lingots d’argent et d’or. Notre bien est spirituel ; il en est dit
ailleurs : « rachat de l’homme, sa propre richesse. » (Pr 13, 8)
« Nul ne peut servir deux maîtres, ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou
il supportera l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir Dieu et
Mammon, c’est-à-dire la richesse » (Mt 6, 24). Dans la langue païenne des
Syriens, la richesse s’appelle, en effet, Mammona. Penser à la
subsistance ? épines de la foi, racine d’avarice, souci des païens. Mais,
diras-tu, je suis une jeune fille d’éducation raffinée qui ne peut travailler
de ses mains. Si j’arrive à la vieillesse, si je tombe malade, qui aura
compassion de moi ? Écoute Jésus qui s’adresse aux apôtres :
« Ne réfléchissez pas dans votre cœur sur ce que vous aurez à manger, ou
pour votre corps de quoi vous serez habillés. L’âme n’est-elle pas plus que la
nourriture et le corps plus que le vêtement ? Regardez les oiseaux du
ciel, ils ne sèment ni ne moissonnent ni n’engrangent ; or, votre père
céleste les nourrit » (Mt 6, 25-26). Si le vêtement vient à te manquer, on
te proposera l’exemple des lis ; si tu as faim, tu entendras proclamer
bienheureux les pauvres et les affamés. Si quelque souffrance t’afflige, lis
donc : « c’est pourquoi je me complais dans mes infirmités » (2
Co 12, 10), et encore : « on m’a donné l’aiguillon de ma chair,
l’ange de Satan, pour me souffleter » (2 Co 12, 7), afin que j’évite
l’orgueil. Réjouis-toi dans tous les jugements de Dieu, car « les filles
de Juda ont exulté dans tous tes jugements, Seigneur » (Ps 96, 8). Que ta
bouche ne cesse de proférer ce mot : « Nu je suis sorti du sein de ma
mère, nu j’y reviendrai » (Jb 1, 21), et : « Nous n’avons rien
apporté en ce monde, nous n’en pouvons pas davantage rien emporter » (1
Tim 6, 7).
32. Mais on voit
actuellement beaucoup de femmes dont les armoires sont bourrées de vêtements,
qui change de tunique tous les jours et pourtant ne peuvent vaincre les mites.
Or, celle qui est plus pieuse n’use qu’un seul vêtement à la fois et, les
coffres pleins [60],
elle fait durer ses loques. On teint le parchemin de couleur pourpre, on trace
les lettres avec de l’or liquide, on revêt de gemmes les livres [61],
mais tout nu, devant leurs portes [62],
le Christ est en train de mourir ! Tendent-elles la main pour faire l’aumône,
la trompette sonne ; convoquent-elles à l’agape, on loue un crieur. J’ai
vu récemment — je tais les noms, pour que l’on ne croie pas à une satire — une
très noble parmi les matrones romaines, dans la basilique saint Pierre,
précédée d’eunuques, distribuant une pièce à chaque pauvre, de sa propre main,
pour paraître plus pieuse. Cependant — facile manœuvre pour les habitués — une
vieille chargée d’ans et de haillons [63]
court se replacer plus haut dans la file, afin de recevoir une seconde pièce.
Arrivée à sa hauteur, c’est un coup de poing que la dame lui donne au lieu d’un
denier, et la coupable d’un si grand forfait est tout en sang !
« La racine de tous
les maux, c’est l’avarice » (1 Tim 6, 10), aussi l’apôtre
l’appelle-t-il : « service des idoles. » « Cherche d’abord
le royaume de Dieu et tout cela te sera apporté [64]. »
Le Seigneur ne fera pas mourir de faim la vie du juste : « j’ai été
plus jeune, me voici vieux ; je n’ai pas vu le juste abandonné ni sa
progéniture chercher son pain » (Ps 36, 25). Élie est nourri par le
ministère des corbeaux ; la veuve de Sarepta, qui se préparait à mourir la
nuit même avec ses enfants, nourrit le prophète, bien qu’elle eût faim ;
la cruche est miraculeusement remplie, celui qui venait pour être nourri
nourrit lui-même son hôtesse. L’apôtre Pierre dit [65] :
« De l’argent et de l’or, je n’en ai point. Mais ce que j’ai, je te le
donne : au nom du Seigneur Jésus-Christ, lève-toi et marche ! »
(Ac 3, 6) Mais à présent beaucoup disent aux pauvres, non par des mots qu’ils
taisent, mais par leurs actes : ’la foi et la miséricorde, je n’en ai
pas ; mais ce que j’ai, or et argent, je ne t’en donne pas.’ Donc, quand
nous avons le vivre et le vêtement [66],
nous devons nous en contenter. Écoute ce que Jacob demande en son
oraison : « Si le Seigneur est avec moi et me garde dans ce chemin
par lequel je fais route, et s’il me donne du pain à manger et un vêtement pour
me couvrir » (Gn 28, 20). Il ne demandait que le nécessaire. Vingt ans
après, riche propriétaire, plus riche encore comme père [67],
il retourne à la terre de Chanaan. Les Écritures nous fournissent une infinité
d’exemples pour nous enseigner qu’il faut fuir l’avarice.
33. Je n’en fais pour le
moment qu’une digression ; si le Christ y consent, je réserve ce sujet
pour un ouvrage à part ; pourtant je vais rapporter un fait qui a eu lieu
voici peu d’années en Nitrie [68].
Un frère, plutôt économe qu’avare, mais qui oubliait que le Maître avait été
vendu trente deniers, laissa en mourant cent sous d’or qu’il avait gagnés à
tisser du lin. Les moines réunissent un conseil (sache qu’en ce même endroit il
en vit à peu près cinq mille en cellules séparées) : que fallait-il faire
de ces pièces ? Les uns disaient : qu’on les distribue aux pauvres,
d’autres : qu’on les donne à l’église ; plusieurs : qu’on les
rende à sa famille. Mais Macaire, Pambo, Isidore et les autres, qu’on appelle
Pères — l’Esprit Saint parlant en eux — décidèrent qu’on les enfouît avec leur
propriétaire : « Que ton argent, disaient-ils, t’accompagne pour la
perdition ! » (Ac 8, 20) Qu’on ne croie pas à un acte de cruauté :
une si grande terreur envahit tous les moines par toute l’Égypte, que laisser à
sa mort un seul sou y passe pour criminel.
34. Nous venons de
mentionner les moines ; comme je sais que tu te plais à entendre parler
des choses saintes, prête-moi un peu l’oreille. Il y a en Égypte trois sortes
de moines. Les cénobites, ils les nomment dans la langue du pays ’sauhes",
nous pourrions les appeler ’ceux qui vivent en commun’, les anachorètes, qui
habitent seuls, parmi les déserts ; ils tirent leur nom de ce qu’ils se
sont écartés loin des hommes ; une troisième sorte qu’ils appellent
’remnuoth’, cette espèce est détestable et l’on n’en fait pas cas ; mais,
dans notre province, elle est seule ou du moins prépondérante. Ils habitent
ensemble à deux ou trois ou guère davantage, vivent à leur guise et
indépendants ; du fruit de leur travail ils mettent en commun une partie,
afin d’avoir une table commune. Le plus souvent, c’est dans les villes ou les
bourgs qu’ils habitent ; comme si c’était leur métier qui fût saint, et
non leur vie, de tout ce qu’ils vendent, ils majorent le prix. Entre eux les
disputes sont fréquentes, car, gagnant eux-mêmes la nourriture dont ils vivent,
ils n’acceptent aucune subordination. À la vérité, ils ont coutume de rivaliser
de jeûnes : de la matière d’un secret ils font un bulletin de
victoire [69].
Chez ces gens-là, tout est affecté : manches larges, chaussures mal
ajustées, vêtement trop grossier, fréquents soupirs — mais visite des vierges,
dénigrement du clergé ; puis, quand vient un jour de fête, ils
s’empiffrent jusqu’au vomissement.
35. Puisque nous avons
exterminé ceux-là comme des pestes, venons-en à ceux qui forment des
communautés assez nombreuses ; on les appelle cénobites, avons-nous dit.
Leur pacte primordial, c’est d’obéir aux Anciens et d’exécuter tous leurs
ordres. Ils sont répartis en décuries et centuries, de façon que neuf hommes
soient présidés par un dixième, et que, d’autre part, un centième ait sous lui
dix chefs. Ils demeurent séparés, mais les cellules sont contiguës. Jusqu’à la
neuvième heure, c’est comme un jour férié : nul ne va chez un autre, sauf
ces dizeniers dont nous avons parlé, afin de consoler par leurs entretiens ceux
dont les idées seraient troublées.
Mais, après l’heure de
none, c’est le mouvement de la vie commune. Les psaumes résonnent. On lit les
Écritures selon la tradition. Les oraisons achevées, tous s’assoient ; au
milieu d’eux, celui qu’ils nomment le Père commence une conférence. Tandis
qu’il parle, il se fait un tel silence que nul n’ose en regarder un autre, nul
n’ose même cracher. Pas d’autre louange à l’orateur que les larmes des
auditeurs. Silencieux sont les pleurs qui roulent sur le visage ; la
douleur ne s’échappe jamais en sanglots. Mais quand le Père entame des
prédications sur le règne du Christ, le bonheur futur ou la gloire à venir, on
peut les voir tous, contenant leurs soupirs et les yeux levés au ciel, dire en
eux-mêmes : « Qui me donnera les plumes de la colombe, pour que je
puisse voler et m’y reposer ? » (Ps 54, 7)
Ensuite, l’assemblée se
disperse. Chaque décurie avec son père particulier se dirige vers les tables,
où chacun à son tour sert une semaine. Aucun bruit pendant le repas ; nul
ne parle en mangeant. On vit de pain, de légumes et d’herbes potagères
assaisonnées de sel et d’huile. Pour le vin, on n’en donne qu’aux vieillards. À
ceux-ci, ainsi qu’aux tout jeunes gens, on sert souvent un déjeuner ; pour
les uns, c’est afin de sustenter leur vie fatiguée, pour les autres, afin
qu’elle ne soit pas brisée dès son début. Ensuite, ils se lèvent tous ensemble,
récitent l’hymne et retournent à leurs enclos. Là chacun peut converser avec
ses amis jusqu’au soir : ’Avez-vous, dit-on, un tel et un tel, quelle
grâce en sa personne, quel silence, quelle retenue dans la démarche ?’
Aperçoivent-ils un malade, ils le consolent, un fervent dans l’amour de Dieu,
ils s’exhortent ensemble au zèle. La nuit, comme, en dehors des oraisons publiques,
chacun veille sur son lit, ils font le tour des cellules, collent leur oreille
à la paroi et enquêtent avec soin sur ce qui se fait. S’ils dépistent un
paresseux, ils ne le blâment pas sur le champ, mais dissimulant ce qu’ils
savent, ils vont le visiter plus souvent et, s’y mettant les premiers, ils le
provoquent à la prière plutôt qu’ils ne l’y contraignent.
L’ouvrage de la journée
est déterminé. On le rend au doyen qui le porte à l’économe ; celui-ci,
tous les mois, rend compte au Père général, non sans une grande crainte. C’est
lui aussi qui goûte les mets quand ils sont préparés.Et, comme nul n’a
permission de dire : « je n’ai pas de tunique, de manteau ou de
paillasse de sparterie », c’est lui encore qui arrange toutes choses pour
que nul n’ait à demander, nul n’ait à manquer. Si l’un d’eux tombe malade, on
le transfère dans une salle fort spacieuse. Là les vieillards s’emploient si
bien à le dorloter qu’il n’a lieu de souhaiter ni les agréments des villes, ni
même l’affection d’une mère. Tous les dimanches, ils ne s’emploient qu’aux
prières et aux lectures ; c’est ce qu’ils font d’ailleurs en tout temps
quand ils ont achevé leurs modestes travaux. Chaque jour on étudie un passage
de l’Écriture. Le jeûne est le même toute l’année, sauf en carême qui le seul
temps où l’on permette une vie encore plus austère. À la Pentecôte, le dîner se
change en déjeuner ; on satisfait ainsi la tradition ecclésiastique [70]
et l’on évite de charger l’estomac d’un double repas. C’est ainsi que Philon,
l’imitateur du langage de Platon, et Josèphe [71],
le Tite-Live des Grecs, dans sa deuxième histoire de la captivité des Juifs,
décrivent les Esséniens.
36. Je m’aperçois que,
dans un écrit sur les Vierges, j’ai bavardé sur les moines de façon presque
superflue. Aussi en viens-je à la troisième sorte qu’on appelle les anachorètes,
et qui, sortant des communautés, vont au désert sans rien emporter que du pain
et du sel. L’initiation de ce genre de vie, c’est Paul ; Antoine l’a
illustré ; pour remonter plus haut, le chef de file fut Jean-Baptiste.
C’est aussi un homme de cette sorte qu’a décrit le prophète Jérémie par ces
mots : « Il est bon à l’homme de porter le joug dès la
jeunesse ; il s’assiéra tout seul et se taira, car il a pris sur lui le
joug ; il offrira sa joue à qui le frappe, il sera rassasié d’opprobres,
aussi le Seigneur ne rejettera-t-il pas pour l’éternité » (Lm 3, 27-30).
Le travail de ces héros, leur manière de vivre dans la chair, non selon la
chair, je te l’expliquerai, si tu veux, à un autre moment. À présent, je vais
revenir à mon propos, car c’est en dissertant sur l’avarice que j’en étais venu
aux moines. En te proposant leurs exemples, ce n’est pas seulement, te
dirai-je, l’or, l’argent et les autres richesses, mais la terre et le ciel même
que tu devras mépriser ; alors, unie au Christ, tu chanteras :
« Ma part, c’est le Seigneur ! » (Ps 72, 26)
37. Autres remarques.
L’Apôtre, il est vrai, nous ordonne de prier toujours ; pour les saints,
d’ailleurs, le sommeil même est aussi une prière. Pourtant, nous devons avoir
des heures de prière bien distinctes. De la sorte, si nous étions absorbés par
quelque travail, l’horaire lui-même nous avertirait d’accomplir le
devoir : l’heure de tierce, de sexte, de none, l’aube aussi et le
soir ; nul n’ignore cette pratique. Et tu ne prendras de repas qui ne soit
précédé d’une prière, tu ne quitteras pas la table sans avoir rendu grâces au
Créateur. Chaque nuit, tu te lèveras deux ou trois fois pour ruminer les textes
de l’Écriture que nous savons par cœur. Si nous sortons de notre demeure,
armons-nous de prière ; revenons-nous de la place publique : prière
d’abord, avant de nous asseoir ; que notre pauvre corps ne prenne pas son
repos, avant que notre âme n’ait goûté sa nourriture. En toute action, en toute
démarche, que notre main trace le signe de la croix. Ne dis du mal de personne,
ne suscite pas de scandale devant le fils de ta mère. « Toi, qui es-tu
donc pour juger le serviteur d’un autre ? Cela concerne son maître, qu’il
se tienne debout ou qu’il tombe. Mais il se tiendra debout, car Dieu est assez
puissant pour le soutenir » (Ro 14, 4). Si tu jeûnes deux jours, ne
t’estime pas meilleure que celui qui ne jeûne pas.Tu jeûnes, mais tu te
fâches ; lui mange, mais peut-être pratique la douceur. La fatigue de ton
esprit et la fringale de ton estomac, c’est en querellant que tu les
digères ; lui se nourrit avec modération, mais rend grâces à Dieu. Aussi
Isaïe s’exclame-t-il tous les jours : « Ce n’est pas un tel jeûne que
j’ai choisi, dit le Seigneur » (Is 58, 5). Et encore : « À
l’époque de vos jeûnes se rencontrent vos exigences ; tous ceux qui
dépendent de vous, vous les piquez de votre aiguillon ; c’est au milieu
des procès et des litiges que vous jeûnez ; de vos poings vous frappez le
petit ; à quoi bon jeûner en mon honneur ? » (Is 68, 3-4) De
quelle qualité peut bien être le jeûne de cet homme, si sa colère, je ne dis
pas seulement dure jusqu’à la nuit, mais persiste après une lunaison tout
entière ? Quand tu médites sur toi-même, ne fonde pas ta gloire sur la
chute d’autrui, mais sur la valeur même de ton acte.
38. Ne te propose pas
comme exemples celles qui, adonnées aux soucis charnels, calculent les revenus
de leurs propriétés et les dépenses quotidiennes de leur maison. Les onze
apôtres, en effet, n’ont pas été abattus par la trahison de Judas ; quand
Phygèle et Alexandre ont fait naufrage, les autres n’ont pas arrêté la course
de leur foi. Ne dis pas : ’Telle ou telle jouit de sa fortune ; tous
l’honorent ; les frères et les soeurs se réunissent chez elle ;
aurait-elle pour autant cessé d’être vierge ? Car « ce n’est pas comme
voit l’homme, que Dieu verra, l’homme voit le visage, Dieu voit le cœur »
(1 S 16, 7). Ensuite : si elle est vierge de corps, est-elle vierge en
esprit ? Je l’ignore. Or, voici comment l’Apôtre défini la vierge :
« Qu’elle soit sainte et de corps et d’esprit. » (1 Co 7, 34). Et,
après tout, qu’elle garde pour soi sa propre gloire ; qu’elle l’emporte
sur la décision de Paul, qu’elle mène, s’il lui plaît, une vie de jouissance et
de plaisirs ! Pour nous, suivons les exemples des meilleurs. Propose-toi
celui de la bienheureuse Marie, dont la pureté fut telle qu’elle mérita d’être
la mère du Seigneur. Comme l’ange Gabriel était descendu jusqu’à elle sous
l’aspect d’un homme disant : « Salut, pleine de grâce, le Seigneur
est avec toi » (Lc 1, 28), dans son effroi elle ne put lui répondre ;
jamais, en effet, un homme ne l’avait saluée. Ensuite, elle écoute le message
et prend la parole ; elle avait eu peur d’un homme, elle converse sans
crainte avec un ange.
Toi aussi, tu peux être
la mère du Seigneur ! « Prends-toi une grande tablette, neuve,
traces-y des caractères avec un style d’homme qui rapidement emporterait un
butin » (Is 8, 1), et quand tu te seras approchée de la prophétesse, que
tu auras conçu dans tes entrailles et enfanté un fils, dis : « De par
ta crainte, Seigneur, nous avons conçu, souffert, enfanté ; l’esprit de
ton salut, nous l’avons accompli sur terre » (Is 26, 18). Alors ton fils
te répondra : « Voici ma mère et mes frères. » (Mt 12, 49) Chose
admirable ! Celui que tout à l’heure tu décrivais, dans la générosité de
tes sentiments, celui que d’un cœur nouveau et d’un style ailé tu avais
dessiné, après avoir pris du butin aux ennemis, mis à nu Principautés et
Puissances et les avoir cloués à la croix, une fois conçu il grandit ;
devenu adulte il te reçoit pour épouse des mains de sa mère. Grand labeur,
certes, mais grande récompense d’être ce que sont les martyrs, ce que sont les
apôtres, ce qu’est le Christ. Tout cela n’est utile au salut qui c’est fait
dans l’Église, si dans cette unique maison nous célébrons la Pâque, si nous
entrons dans l’arche avec Noé [72],
si, tandis qu’on détruit Jéricho, Raab la justifiée [73]
nous abrite. Mais les vierges que l’on dit exister dans diverses sectes
hérétiques ou chez le très impur Manès, il faut les réputer courtisanes, et non
pas vierges. Si, en effet, c’est le diable qui est l’auteur de leur
corps [74],
comment pourraient-elles honorer la figurine modelée par leur ennemi ?
Mais, sachant que le nom de vierge est glorieux, sous leur toison de brebis ce
sont des loups qui se cachent. C’est le Christ que caricature
l’Antéchrist ; leur vie honteuse, elles la travestissent sous l’honneur
d’un nom usurpé. Réjouis-toi, ma soeur ; réjouis-toi, ma fille ;
réjouis-toi, ma vierge ; ce que d’autres simulent, toi, c’est en toute
vérité que tu as commencé de l’être.
39. Toutes ces
considérations paraîtront sévères à qui n’aime pas le Christ. Mais celui qui
tient pour excréments toute la pompe du siècle, qui estime vain tout ce qui est
sous le soleil, afin de gagner le Christ [75],
celui qui est mort avec son Seigneur, ressuscité avec lui, qui a crucifié sa
chair avec ses vices et convoitises [76],
celui-là s’écriera en toute liberté : « Qui nous séparera de la
charité du Christ ? la tribulation ? l’angoisse ? la
persécution ? la faim ? la nudité ? le péril ? le
glaive ? » (Ro 8, 35) Et encore : « Mais je suis sûr que ni
mort, ni vie, ni ange, ni principauté, ni présent, ni futur, ni force, ni
sommet, ni abîme, ni aucune autre créature ne pourra nous sevrer de la charité
de Dieu, qui est dans le Christ Jésus Notre-Seigneur » (Ro 8, 38-39).
Fils de Dieu, pour notre
salut il est devenu fils d’homme. Dix mois, dans un sein, il attend de naître,
il supporte les ennuis [77],
est éjecté tout sanglant ; enveloppé de langes, il sourit aux caresses, et
lui, dont la main pourrait contenir le monde, il est emprisonné dans
l’étroitesse d’une crèche. Et j’en passe ! Jusqu’à sa trentième année,
obscur, il se contente de la pauvreté de ses parents ; on le frappe, et il
se tait ; on le crucifie, et il prie pour ceux qui le crucifient.
« Que rendrai-je dès lors au Seigneur, pour tous les bienfaits dont il m’a
comblé ? Je prendrai le calice du salut et j’invoquerai le nom du
Seigneur » (Ps 115, 3-4) ; « précieuse en présence du Seigneur
est la mort de ses saints » (Ps 115, 6). Il n’y a d’autre rétribution
méritoire que de compenser le sang par le sang ; rédimés par le sang du
Christ, nous succombons volontiers pour notre Rédempteur. Quel saint a jamais
été couronné sans combat ? Abel le juste est tué [78].
Abraham risque de perdre sa femme [79]… ;
mais je ne veux pas développer ce thème en un volume démesuré ; cherche
toi-même ; tu le trouveras sans peine : chacun a souffert à sa
manière. Seul Salomon a vécu dans les délices [80] ;
de là probablement sa chute. « Car celui qu’aime le Seigneur, il le
réprimande ; il châtie tous les enfants qu’il agrée » (He 12, 6).
N’est-il pas préférable de combattre pendant une courte période, de porter le
pieu, les armes, les provisions, de se fatiguer sous la cuirasse pour, ensuite,
se réjouir comme vainqueur, plutôt que, pour n’avoir pas su pâtir une heure, de
subir une éternelle servitude ?
40. Rien n’est dur à qui
aime ; à qui désire, nul effort n’est difficile. Vois tout ce que supporte
Jacob pour Rachel, à lui promise pour épouse. « Jacob servit, dit
l’Écriture, sept années pour Rachel. Elles lui parurent comme peu de jours,
parce qu’il l’aimait » (Gn 29, 20). Aussi lui-même évoque-t-il plus tard
ses souvenirs : « le jour me brûlait la chaleur, et la nuit la
gelée » (Gn 31, 40). Aimons nous aussi le Christ, recherchons toujours ses
embrassements, et tout le difficile nous semblera facile. Nous estimerons court
tout ce qui est long ; blessés par son javelot d’amour [81],
nous dirons au fil des heures : « Hélas ! comme mon exil se
prolonge ! Les souffrances de ce monde sont sans proportion avec la gloire
future qui se révélera en nous, car la tribulation crée la patience, la
patience crée la probation, et la probation l’espérance ; or l’espérance
ne déçoit pas » (Ps 119, 5). Quand ce que tu supportes te semble pesant,
lis la Deuxième aux Corinthiens de Paul : « À travers mille
souffrances, en prison très souvent, battu sans mesure, fréquemment exposé à la
mort — des Juifs, j’ai reçu cinq fois quarante coup moins un, trois fois j’ai
été battu de verges, une fois lapidé, trois fois j’ai fait naufrage, nuit et
jour j’ai été au fond de la mer ; j’ai très souvent voyagé : périls
des cours d’eau, périls des voleurs, périls du fait de ma race, périls du fait
des païens, périls en ville, périls au désert, périls en mer, périls de par les
faux frères ; parmi les souffrances, les misères, les veilles nombreuses,
la faim et la soif, les jeûnes fréquents, le froid et la nudité. » (2 Co
11, 23-27) Qui de nous peut revendiquer pour soi une part, même minime, du
catalogue de ces hauts faits ? Aussi pouvait-il dire plus tard en toute
confiance : « J’ai achevé ma course, j’ai gardé ma foi. Il me reste à
attendre la couronne de justice, que me décernera le Seigneur » (2 Tim 4,
7-8). La nourriture est-elle trop fade, nous voilà tristes et nous croyons rendre
service à Dieu [82] ;
si notre vin est un peu trop mouillé d’eau, on brise la coupe, on renverse la
table, les coups retentissent ; une eau trop tiède est punie par le
sang [83].
« Le royaume des cieux souffre violence et les violents le
ravissent » (Mt 11, 12) Si tu ne te fais pas violence, tu n’emporteras pas
le royaume des cieux ; si tu ne heurtes la porte jusqu’à l’importunité, tu
ne recevras pas le pain mystérieux. Et n’est-ce pas un état de violence, quand
la chair ambitionne d’être ce qu’est Dieu, et de monter au sommet d’où furent
précipités les anges, pour juger elle-même les anges ?
41. Quitte un instant, je
te prie, le monde corporel ; offre à tes yeux le tableau de la récompense
que méritera la souffrance d’aujourd’hui, cette récompense que « ni l’œil
de l’homme n’a vue, ni l’oreille entendue, et qui n’est pas montée jusqu’au
cœur de l’homme » (1 Co 2, 9). Quel beau jour ce sera, quand Marie, la
mère du Seigneur, s’avancera vers toi escortée des chœurs virginaux, quand [un
autre Marie [84]],
après le passage de la mer Rouge et la submersion de Pharaon avec son armée,
s’accompagnant du tympanon, préludera aux répons de la foule :
« Chantons le Seigneur ; il est glorieux et magnifique ; le
cheval et le cavalier, il les a jetés dans la mer ! » (Ex 15, 1)
Alors, Thècle [85],
joyeuse, volera pour t’embrasser. Alors l’Époux lui-même s’avancera et
dira : « Lève-toi, viens, mon amie, ma toute belle, ma colombe, car
l’hiver a passé, la pluie s’en est allée ! » (Cant 2, 10-11) Alors,
les anges émerveillés s’écrieront : « Qui est celle-ci, qui a
l’aspect de l’aurore, belle comme la lune, élue comme le soleil ? À ta
vue, les filles du roi te loueront ; reines et concubines
t’exalteront [86] »
(Cant 6, 9).
Puis s’avancera aussi un
autre chœur de chasteté : Sara viendra avec les femmes mariées, Anne,
fille de Phanuel [87],
avec les veuves. Comme en des troupeaux différents, celui de la chair et celui
de l’esprit, elles te serviront de mères. Celle-là se réjouira, parce qu’elle a
enfanté, celle-ci exultera, parce qu’elle a enseigné. Alors vraiment le
Seigneur montera sur l’ânesse et fera son entrée dans la céleste
Jérusalem ; alors les enfants dont parle le Sauveur en Isaïe :
« Me voici, avec les enfants que m’a donnés le Seigneur » (Is 8, 18),
brandissant les palmes de la victoire, chanteront à l’unisson :
« Hosanna dans les hauteurs, béni celui qui vient au nom du
Seigneur ; hosanna dans les hauteurs ! » (Mt 21, 9) Alors les
cent quarante-quatre mille élus [88],
en présence du trône et des vieillards, tiendront leurs cithares ; ils
chanteront le cantique nouveau — or, nul ne peut savoir ce cantique, si ce
n’est le nombre prédestiné : « Les voici, ceux qui ne se sont pas
souillés avec les femmes, car ils sont restés vierges » (Ap 14, 4) ;
les voici ceux qui suivent l’Agneau partout où il va !
Chaque fois que
t’alléchera la vaine pompe du siècle, chaque fois que dans le monde tu
remarqueras quelque objet fastueux, émigre en esprit au Paradis. Comme d’être
ici-bas ce que tu seras là-haut. Alors tu entendras la voix de ton Époux :
« Place-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton
bras » (Cant 8, 6). Pareillement fortifiée par tes actes et par tes
pensées, tu t’écrieras : « Les grandes eaux ne sauraient éteindre
l’amour, ni les torrents les submerger ! » (Cant 8, 7).
Source :
Saint Jérôme, Lettres, t.
1, Les Belles Lettres, Paris 1949, p. 110-160, avec l’aimable autorisation de
publication pour un an de Mme Laure de Chantal, responsable d’édition.
[1] C’est-à-dire :
les instincts physiques suffisent, dans beaucoup de cas, à faire succomber les
ascètes, sans même l’intervention du démon.
[2] D’après
1 P 5, 8.
[3] D’après
Am 4, 2.
[4] D’après
Lc 22, 31.
[5] C’est-à-dire
Adam.
[6] Selon
le « vieil homme » que symbolise Adam pécheur, et non
selon « l’homme nouveau » qui est le Christ.
[7] Allusion
1 Co 9, 27.
[8] Allusion
à la parabole célèbre de Mt 25, 1-12.
[9] Cette
doctrine est très fréquemment exposée dans le Nouveau Testament, p. ex. 1 Co 6,
15.
[10] Cousin
a ici le sens d’amant.
[11] Cette
comparaison réaliste n’est pas de l’invention de saint Jérôme ; elle
se rencontre fréquemment dans les écrits des prophètes (par exemple Éz 16).
[12] Cf.
Énéide 8, 389.
[13] Cf.
Salluste, Jugurtha 19, 6.
[14] C’est-à-dire :
de n’être plus aussi fervent qu’au début de ma profession monacale.
[15] Allusion
au miracle de la tempête apaisée, Lc 8, 24. Les
« menaces » du Maître ne s’adressaient pas au saint
moine, mais aux éléments déchaînés et aux démons qu’ils représentent.
[16] Timothée
fut l’un des compagnons habituels de saint Paul dans ses missions. Il était
chétif et timide, malgré son énergie. Cf. Spicq, Les épîtres pastorales, 1947,
p. xxxv.
[17] C’est-à-dire :
peu civilisé, inexpérimenté.
[18] Où
il s’était établi pour fuir le cataclysme de Sodome, Gn 19, 30-38. Les
descendants des filles de Loth étaient réprouvés en raison de leur origine.
[19] Céréale
apparentée au blé, mais de qualité inférieure.
[20] Le
point d’eau appelé Mara, dont Moïse adoucit miraculeusement les eaux saumâtres
(d’après Ex 15, 25).
[21] D’après
Dn 14, 32. Daniel, déjà dans la fosse aux liions, est nourri par Habacuc, qui
lui apporte le frugal repas de ses ouvriers.
[22] D’après
Gn 32, 25.
[23] C’est-à-dire :
je ne me priverai pas pour cela de communier ; l’usage romain de
cette époque était que les fidèles pussent communier chez eux tous les jours,
s’ils le désiraient.
[24] Comme
Jésus à Nazareth (voir Lc 2, 59).
[25] Au
lieu d’aller visiter les diverses catacombes où ils sont vénérés. Cette époque
est précisément celle où s’épanouit davantage à Rome le culte des martyrs. Le
pape Damase aménage leurs cryptes et les orne d’inscriptions versifiées, plus
remarquables, à vrai dire, par la beauté des caractères que par celle du style.
[26] La
cigale est un insecte très répandu dans les pays chauds. Le mâle émet de jour
sans arrêt des sons stridents et monotones, que les anciens — surtout les Grecs
— jugeaient exquis et mélodieux. En qualifiant Eustochium de ’cigale des
nuits’, Jérôme entend lui signifier, non seulement que son oraison doit être
continuelle, mais qu’elle se poursuivra avec efficacité pendant le
recueillement et le silence de la nuit. On sait que l’Église catholique a
conservé cette tradition, et que les Nocturnes du bréviaire doivent, en
principe, être chantés ou récités la nuit.
[27] D’après
Ps 6, 7.
[28] D’après
Ps 101, 8.
[29] C’est-à-dire
qu’elle fut fécondée sans le concours d’un homme, de même que Dieu engendra son
Fils sans le concours d’une mère.
[30] Cette
expression a été fort critiquée par Rufin. Toxotius, frère d’Eustochie, et sa
femme Laeta, vouèrent à la virginité, dès sa naissance, leur fille Paula.
[31] Cf.
Judith 13, 14-21.
[32] Il
s’agit d’un feu métaphorique. En réalité, Assuérus condamna Aman à la pendaison
pour avoir excité le roi contre les Juifs.
[33] Cf.
1 Co 7, 34.
[34] Cf.
Horace, Sat. I, 1, 56.
[35] L’évêque
de Milan est ici qualifié de ’notre’, soit parce qu’il a écrit en latin et non
en grec, soit parce qu’il fréquentait le cercle des amis de Paula et de Jérôme
(à supposer que Marcellina de la lettre 45, 7, soit bien la propre soeur
d’Ambroise à qui il dédie son traité sur la virginité). Saint Ambroise avait
participé, aux côtés du pape Damase, au concile romain de 382. Plus tard,
Jérôme formulera à son endroit des réserves sévères, au moment de la
controverse origéniste.
[36] Le
palais de Paula, où Eustochie habitait une chambre retirée. La vigilance
n’était pas superflue. Poussée par son mari Hymatius, la propre tante
d’Eustochie, Prétextata, s’empara un jour par force de sa personne, accommoda
sa chevelure et ses vêtements au goût de la mode et prétendit faire rentrer
dans le circuit mondain cette jeune fille de dix-sept à dix-huit ans. Pour les
vertus monacales, le palais de Paul était un abri moins sûr que ne fut plus
tard le couvent de Bethléem.
[37] Gn
34.
[38] En
sortant de sa chambre, même pour se rendre dans le palais de sa mère, Eustochie
rencontrerait des femmes ou des jeunes filles de l’aristocratie, les unes encore
païennes, les autres purement mondaines, d’une religion moins élevée et moins
exigeante, étrangère à son unique préoccupation, qui est de chercher Dieu.
D’autre part, Dieu est ’jaloux’, comme en témoignent maints passages des
Écritures. De même qu’il abhorrait toute trace de polythéisme, de même Jésus ne
veut pas d’un cœur partagé.
[39] Allusion
aux vierges folles, d’après Mt 25, 12.
[40] C’est-à-dire :
comme une courtisane.
[41] Cf.
Pr 4, 23.
[42] C’est-à-dire :
seront réprouvés ; d’après Mt 25, 33.
[43] Cf.
Mt 25, 10-12.
[44] Cf.
Mt 6, 6.
[45] Cf.
Dn 6, 10.
[46] Cf.
Mt 6, 2-4.
[47] Cf.
Mt 6, 16-18.
[48] Cf.
Horace, Carmina, l. IV, iii, 22.
[49] Il
s’agit ici d’un chrétien, d’une chrétienne quelconque, non pas d’un membre de
la famille d’Eustochie.
[50] Cf.
Horace, Sat., l. I, vi, 65-67.
[51] Mt
6, 16.
[52] Cf.
1 Co 9, 14.
[53] C’est-à-dire :
moines comme moi-même.
[54] Expression
que l’on peut traduire par : vieux soiffard.
[55] Diomède,
roi des Bistoniens, qui passait pour nourrir ses chevaux avec la chair des
prisonniers, et fut vaincu par Hercule. Claudien emploie aussi cette métaphore.
[56] Ou
bien : tout ce qui est naturel.
[57] Littéralement :
’châtré’ ; allusion à Mt 19, 12.
[58] Rufin,
devenu son ennemi, reprochera à Jérôme d’avoir cependant enfreint ce serment en
faveur des écoliers qu’il instruisait à Bethléem. Il répondra : le fait
est ancien, « les prophètes interdisent de croire aux
rêves », enfin il est souvent victime d’affreux
cauchemars ! « veut-on le tuer pour cela ? »
Voir aussi : Virgile. Énéide. vi, 568.
[59] Sur
la réalité de ce songe fameux, voir de Labriolle, Miscellanea Geronimiana,
217-239 ; Collombet, Histoire de saint Jérôme, t. 1, p. 122-143, et
surtout Cavallera, t. ii, p. 76-78. Ces deux derniers auteurs soulignent avec
raison le curieux parallèle que présente le songe de Tutuslymeni, rapporté par
saint Augustin au sermon 308.
[60] Mais
qu’elle s’apprête à vider pour vêtir les pauvres.
[61] Sans
doute les évangéliaires et autres livres liturgiques.
[62] Allusion
à la parabole du mauvais riche, Lc 10, 20.
[63] D’après
Térence, Eun. 236.
[64] D’après
Mt 6, 33.
[65] Au
paralytique qui mendiait à la porte du Temple (Ac 3, 6).
[66] D’après
1 Tim 6, 8.
[67] C’est-à-dire :
père de nombreux enfants.
[68] L’un
des plus fameux déserts d’Égypte, au sud-ouest d’Alexandrie.
[69] Selon
l’Évangile (Mt 6, 16-18), le jeûne devrait être tenu secret par ceux qui le
pratiquent ; ces moines en font un match dont ils publient les
résultats.
[70] Qui
défend de jeûner pendant le temps pascal.
[71] Cf.
de Bello Iudaico II, 8, 2-13, cité par Jérôme lui-même dans Adu. Iouin. II, 14.
Mais, remarque Courcelle (Les lettres grecques, p. 73), Josèphe ne dit rien de
semblable dans le passage allégué. Jérôme plagierait un passage de Porphyre
qu’il a lu trop rapidement.
[72] Cf.
Gn 6, 8.
[73] Cf.
Jos 6, 17.25.
[74] Selon
les Manichéens, le corps est mauvais et principe de tout mal.
[75] Cf.
Phi 3, 8 ; 2 Tim 2, 11 ; Col 3, 1.
[76] Cf.
Ga 5, 24.
[77] De
la parturition.
[78] Cf.
Gn 4, 8.
[79] Cf.
Gn 12, 1-20, et 20, 2-18.
[80] Cf.
1 R 11, 1-10.
[81] « Blessés
par son javelot d’amour. » Cette expression est la réplique des mots
du Cant 4, 9.
[82] En
la mangeant tout de même ; comme si ce sacrifice était avantageux à
Dieu.
[83] C’est-à-dire :
qu’on fouette jusqu’au sang l’esclave maladroite ou qu’on la pique cruellement
avec une aiguille, comme faisaient les matrones irritées.
[84] La
soeur de Moïse, assimilée ici par homonymie à la mère de Notre Seigneur.
[85] Célèbre
vierge martyre du premier siècle.
[86] D’après
Cant 6, 8.
[87] Cf.
Lc 2, 36.
[88] D’après
Ap 14, 1-3.
SOURCE : http://www.patristique.org/Jerome-lettre-XXII-a-Eustochium.html
Juan de Valdés Leal (1622–1690).
Santa Eustoquio, 1656, 207 x 154, Barnard Castle, Bowes Museum
Profile
Daughter of Saint Paula
of Rome and Roman senator Toxotius. Sister of Saint Blaesilla.
Spiritual student of Saint Jerome in 382. Made
a personal vow of perpetual virginity. Spoke Latin and Greek, and could read
Hebrew. Travelled with Paula and Jerome to
the Holy Land where she helped with the Vulgate Bible translation,
working as Jerome‘s housekeeper,
reading and writing for him when his eyesight began to fail. When Paula died in 404,
Eustochium took over the spiritual direction of three women‘s
communities formerly guided by her mother.
Born
c.419 at Bethlehem of
natural causes
Additional
Information
Book
of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Letter
to Eustochium, by Saint Jerome
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Saints
of the Day, by Katherine Rabenstein
books
Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints
other
sites in english
sitios
en español
Martirologio Romano, 2001 edición
fonti
in italiano
nettsteder
i norsk
MLA
Citation
“Saint Eustochium“. CatholicSaints.Info.
12 November 2021. Web. 28 September 2023.
<https://catholicsaints.info/saint-eustochium/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-eustochium/
St. Eustochium Julia
Virgin,
born at Rome c.
368; died at Bethlehem,
28 September, 419 or 420. She was the third of four daughters of
the Roman Senator Toxotius and his wife St.
Paula, the former belonging to the noble Julian race, the latter
tracing her ancestry through the Spipios and
the Gracchi (Jerome, Ep. cxviii). After the death of her husband (c.
380) Paula and her daughter Eustochium lived in Rome as
austere a life as the Fathers of the desert.
When St.
Jerome came to Rome from
Palestine in 382, they put themselves under his spiritual guidance.
Hymettius, an uncle of Eustochium, and his wife Praetextata tried to
persuade the youthful Eustochium to give up her
austere life and enjoy the pleasures of the world, but all their
attempts were futile. About the year 384 she made a vow of
perpetual virginity, on which occasion St.
Jerome addressed to her his celebrated letter "De custodia
virginitatie" (Ep. xxii in P.L., XXII, 394-425). A year later St.
Jerome returned to Palestine and soon after was followed to
the Orient by Paula and Eustochium. In 386 they
accompanied St.
Jerome on his journey to Egypt,
where they visited the hermits of
the Nitrian Desert in order to study and afterwards imitate
their mode of life. In the fall of the same year they returned to Palestine and
settled permanently
at Bethlehem. Paula and Eustochium at once began to
erect four monasteries and
a hospice near the spot where Christ was born. While the
erection of the monasteries was
in process (386-9) they lived in a small building in the neighbourhood. One of
the monasteries was
occupied by monks and
put under the direction of St.
Jerome. The three other monasteries were
taken by Paula and Eustochium and the
numerous virgins that flocked around them. The three nunneries,
which were under the supervision of Paula, had only one oratory,
where all the nuns met
several times daily for prayer and
the chanting of psalms. St.
Jerome testifies (Ep. 308)
that Eustochium and Paula performed the most menial
services. Much of their time they spent in the study of Holy
Scripture under the direction of St.
Jerome.
Eustochium
spoke Latin and Greek with equal ease and was able to read
the Holy
Scripture in the Hebrew text. Many of St.
Jerome's Biblical commentaries owe their existence to her
influence and to her he dedicated his commentaries on
the prophets Isaias and Ezechiel.
The letters which St.
Jerome wrote for her instruction and spiritual advancement
are, according to his own testimony (Illustrious
Men 135), very numerous. After the death of Paula in
404, Eustochium assumed the direction of the nunneries.
Her task was a difficult one on account of the
impoverished condition of the temporal affairs which was brought
about by the lavish almsgiving of Paula. St.
Jerome was of great assistance to her by his encouragement
and prudent advice. In 417 a great misfortune overtook the monasteries at Bethlehem.
A crowd of ruffians attacked and pillaged them, destroyed one of them by fire,
besides killing and maltreating some of the inmates.
The wicked deed was probably instigated by John, the Patriarch of Jerusalem,
and the Pelagians against
whom St.
Jerome had written some sharp polemics. Both St.
Jerome and St. Eustochium informed Pope
Innocent I by letter of the occurrence, who severely reproved
the patriarch for having permitted the
outrage. Eustochium died shortly after and was succeeded in the
supervision of the nunneries by
her niece, the younger Paula. The Church celebrates
her feast on
28 September.
Ott,
Michael. "St. Eustochium Julia." The Catholic
Encyclopedia. Vol. 5. New York: Robert Appleton
Company, 1909. 28 Sept.
2015 <http://www.newadvent.org/cathen/05629a.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Marcia L. Bellafiore.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. May 1, 1909. Remy Lafort, Censor. Imprimatur. +John
M. Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2021 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/05629a.htm
September 28
St. Eustochium, Virgin
THIS holy virgin, whose
memory is rendered illustrious by the pen of St. Jerom, was daughter of St.
Paula, whose admirable life, after her entire conversion to God, this saint
faithfully copied. St. Paula, upon the death of her husband Toxotius,
retrenched all splendour and magnificence in her household, and devoted herself
wholly to God in a life of simplicity, poverty, mortification, and assiduous
prayer. Eustochium entered into all the pious views of her mother, and rejoiced
to consecrate all the hours which so many mispend in vain amusements, to the
exercises of charity and religion, and to see the poor relieved with what other
ladies throw away to maintain their idleness, luxury, and pride, converting the
blessings of God into their most grievous misfortunes, and the means of
salvation and virtue into their most heavy condemnation. Eustochium often
visited, and received instructions from St. Marcella, the first of her sex in
Rome who embraced an ascetic or retired austere life, for the more perfect
exercise of virtue.
St. Jerom left Rome in
385, and Eustochium bore her mother company in all her journies through Syria,
Egypt, and Palestine, and settled with her in her monastery at Bethlehem. After
the death of St. Paula in 404, Eustochium was chosen abbess in her room. Having
St. Jerom for her master, she was learned above her sex, and was well skilled
in the Hebrew language. St. Jerom dedicated to her his Comments on Ezechiel and
Isaias, and translated the rule of St. Pachomius into Latin, for the use of her
nuns. A troop of Pelagian heretics burnt down her monastery in 416, and
committed many outrages; of which St. Eustochium, and her niece, the younger
Paula, informed by letter Pope Innocent I., who wrote in strong terms to John,
bishop of Jerusalem, charging him to put a stop to such violences, adding that
otherwise he should be obliged to have recourse to other means to see justice
done to those who were injured. St. Eustochium was called to receive the reward
which God bestows on the wise virgins about the year 419. Her body was interred
near that of her mother, St. Paula. See St. Jerom, l. de Virgin, et ep.
22, 26, 27.
Knowing the infinite
importance of a good guide in a spiritual life, our devout virgin, about the
year 382, put herself under the direction of St. Jerom, and made a solemn vow
of virginity. To commend her resolution, and to instruct her in the obligations
of that state, he composed his treatise On Virginity, otherwise called his
letter to Eustochium on that subject, towards the latter end of the pontificate
of Damasus, about the year 383. In this treatise, having spoken of the
excellency of the state of virginity, and of the difficulty of preserving, and
the danger of losing the great treasure of purity, he lays down precepts which
a virgin is to observe in order to keep herself pure. The first thing he
prescribes, is sincere humility, and a great fear of losing this virtue. The
second, is constant watchfulness over the heart and senses against all dangers,
rejecting the very first suggestions of evil thoughts, killing the enemy before
he gains strength, and crushing the least seeds of temptation. The third, is
extraordinary temperance in eating and drinking. He forbids her dainty fare,
effeminacy, pleasures, and superfluous ornaments. He enjoins her to forbear
ever drinking any pure wine, which he calls a poison in youth, and throwing oil
upon a flame. He would not have fasts carried to excess, and rather commends
such as are moderate, but constant; and he enjoins that a person always rise
from his meals with an appetite. He recommends solitude, and all Christian
virtues, and gives a charge to the virgin, that she never visit those ladies
whose dress and discourse have any tincture of the spirit of the world; and
adds: “Go very seldom abroad, not even to honour the martyrs: honour them in
your chamber.” St. Jerom gives Eustochium useful documents concerning the
exercise of assiduous prayer, and puts her in mind (besides the hours of
Morning, Evening, Tierce, Sext, and None, which all know to be consecrated to
public prayer) that she ought to rise twice or thrice in the night to pray, and
never to omit this duty before and after meals, before going abroad, and after
coming in, and on all occasions; and that at every action she ought to make the
sign of the cross. This venerable author relates, that when Eustochium was a
child, her mother accustomed her to wear only plain ordinary clothes; but that
one day her aunt Prætextata put on her rich apparel, and had her hair
gracefully curled, according to the custom of young ladies of her quality: that
in the night following Prætextata seemed to see in her sleep a terrible angel,
who, with a threatening voice, reproached her for attempting to lay
sacrilegious hands on a virgin consecrated to Christ, and to instil vanity into
one who was consecrated his spouse
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume IX: September. The Lives of the
Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/9/283.html
Eustochium V (RM)
September 28
People clamour for
stories about the irascible Saint Jerome, and Saint Eustochium's story
converges with his.
St. Jerome was obviously
well-loved by the matrons of Rome, though he did have a biting tongue. His
counsel to St. Eustochium: "Set before your eyes the blessed Virgin Mary,
whose purity was such that she earned the reward of being the mother of the
Lord."
Saint Paula's life was
such a powerful witness that she inspired her own daughter Eustochium, who was
born in Rome c. 368, to sainthood. Eustochium was single for the Lord-- she
consecrated herself to a life of virginity, having learned austerity from her
widowed mother and St. Marcella.
The home of the widow
Saint Marcella became a sort of monastery/school for the ladies, who devoted
themselves to intense, scientific study of the Scriptures on their own. These
patrician women of the capital city--SS Paula, Eustochium, Blaesilla, Marcella
and her ward Principia, Marcellina (sister of St. Ambrose), Fabiola, Asella,
and Lea (all saints)--encouraged one another to strive for Christian
perfection. Living just prior to the fall of Rome, they did not wait until
disaster forced the ascetic life upon them; they saw that luxury is out of
place in a Christian.
When young, sarcastic
Jerome arrived in Rome in 382, Marcella prevailed upon him to teach their group
Hebrew and exegesis. And he did. Eustochium was given spiritual guidance and
scriptural instruction by St. Jerome between 382-385 during his stay in Rome.
Eustochium's sister St. Blaesilla threw herself so vehemently into the ascetic
life that she died in 384. Paula was almost crazy with grief, but Jerome
rebuked her and promised to glorify Blaesilla by writing about her. The group
was very close urging each other on to sanctity. In fact, St. Paulina
(Eustochium's other sister) married one of Jerome's school friends. When
Paulina's children were stillborn and she died young, her husband became a
monk.
When Jerome left Rome,
St. Paula and her daughter Eustochium followed and joined St. Jerome at Antioch,
Egypt, and Bethlehem.
Paula's fortune was added
to what money Jerome possessed to found a monastery near Bethlehem. Jerome
lived in a cave nearby 'to make sure (said Paula) that if Mary and Joseph came
again to Bethlehem, there would be somewhere for them to stay.'
Three communities of
women were founded close by St. Jerome's monastery, and Paula took charge of
one of them. Eustochium took care of every material need, including the
cooking. But Jerome relied on her for much more. He was busy translating the
Bible into Latin. When his eyes began to fail, he would have been obliged to
abandon the work, had not Eustochium and her mother been there to help him. He
reckoned that they were better able to judge the value of his work than most
men, and dedicated some of his writings to them.
When Paula died in 404,
Eustochium (said Jerome) wished she could have been buried with her. But
instead she took over the community abbey. She died in 418 or 419.
Eustochium's life is also
documented by the many surviving letters and scriptural commentaries of St.
Jerome, which are directed to Paula and Eustochium. Eustochium in her youth was
the addressee of one of Jerome's most famous letter (Ep. 22)--a lengthy
treatise on virginity. (In his letters to the women St. Jerome demonstrated
true humanity and fatherly care.)
(Note: Since the
universal Church celebrates St. Wenceslas, the martyr-king of Bohemia, on
September 28 (died 929), St. Eustochium's feast is only celebrated
locally.)
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0928.shtml
Eustochium
Biography:
Julia Eustochium was the
third daughter born to Paula and Toxotius. Her mother had adopted an ascetic
life after the death of her husband and Eustochium, still quite young and a
virgin, joined her in it. Jerome speaks of her having been trained in Marcella's
cell, ep.127, and calls her a "paragon of virgins." Despite the
attempts of her paternal (and pagan) uncle and aunt to draw her into the life
of a rich aristocrat, she chose to remain a virgin and dedicated herself to a
religious life, when she was 14 or 15. Jerome encouraged her in that choice and
wrote her a treatise on preserving virginity (ep.22). (1)
Eustochium was trained in
Latin and Greek and learned Hebrew, like her mother, to study the bible and
work with Jerome on his translations. She accompanied her mother Paula to the
Holy Land following Jerome in 385 and once they had settled in Bethlehem after
visiting many holy sites, she lived there for the rest of her life. As Jerome
had commented about them to another virgin in their circle, Asella, when he
left Rome, Paula and Eustochium, "whether the world likes it or not,
belong to me in Christ," ep.45. Paula died in 404, but Eustochium stayed,
running their convent, by now home to fifty women, and working with Jerome
until she died. Her niece, the younger Paula, joined her aunt perhaps in 410
and she remained with Jerome until his death. Jerome wrote many of his
translations from Hebrew and commentaries on books of the old and new testament
for Paula and her daughter, and after Paula died he continued to write for
Eustochium.
Jerome sent greetings
from the two younger women to Augustine in 416: "Your holy and venerable
daughters, Eustochium and Paula, are progressing in a manner worthy of their
own rank and your encouragement, and they send special greetings to your
blessedness" (ep.134). When followers of Pelagius violently attacked the
Latin monasteries at Bethlehem in 416, Pope Innocent I wrote to John of
Jerusalem at the behest of the two women: "the most noble virgins of great
clemency, Paula and Eustochium, deplored the plundering, slaughter, arson, and
every outrage perpetrated against the places of your church by the devil,"
PL 20 c.601. They and Jerome had to leave their monasteries for a short while,
but were able to return.
Jerome wrote to his
friend Pammachius after the death in 395 of his wife Paulina, Eustochium's
sister, (ep.66) praising the women of the family: Eustochium harvests the
flowers of virginity, Paula rubs the laborious threshing-floor of widowhood,
Paulina preserves the chaste bed of matrimony (66.2), and Pammachius joined
them, making a "quadriga," a team of four horses from one house,
which Jerome connects with the cardinal virtues, Pammachius with prudence,
Paula with justice, the virgin with fortitude and the wife with temperance
(66.3). Jerome divides the family group of five into the two who have died,
Paulina and Blesilla, and the three who will fly together to Christ, Paula, and
Eustochium, with Pammachius between them (66.15). But Jerome adds even if you
did all I said, you would be conquered by Paula and Eustochium, if not in deed
then in sex (66.13).
Only three letters from
Jerome to Eustochium are to be found in his collected letters, the one on
virginity, ep.22, a thank-you note for gifts she had sent, ep.31, and a eulogy
of her dead mother, Paula, ep.108. Jerome says, in De viris illustribus,
ch.135, that he wrote to Paula and Eustochium every day while they were in
Bethlehem. Those letters are not extant, but the prologues attached to the
works and sometimes to the individual parts of the works he did for them are,
and they constitute a fair-sized body of correspondence. Only one letter from
Eustochium and her mother is extant, the one inviting Marcella to visit them in
the Holy Land, which may be primarily the work of Paula (though, of course, it
has also been attributed to Jerome). (2)
After Eustochium died,
Jerome described his enormous sense of loss to his friends: to Riparius,
"the sudden dormition/death of the venerable holy virgin of Christ Eustochium
saddened me greatly and utterly changed the state of our life, since we cannot
do many things we want to and the weakness of old age conquers the mind's
ardor," ep.151; to Donatus, "the dormition of the holy and venerable
lady Eustochium has violently saddened us, who as you know gave up her spirit
in that ardor of confession and preferred to leave her home and familiar things
and endure honorable exile rather than be stained by intercourse with
heretics," ep.154. (3)
Biographical notes:
(1) Jerome mentions this
letter in the list he gives of his works in Liber de viris illustribus, ch.135,
PL23, c.758, "ad Eustochium de virginitate servanda." (2) J.N.D.
Kelly says the letter was "written in the name of Paula and her daughter
but manifestly by Jerome himself," though he gives no reason for the
judgment, Jerome, His Life, Writings, and Controversies (New York:
Harper and Row, 1975), 141. Since Marcella knew all of them so well, it is hard
to imagine why they would have bothered with such a subterfuge. (3) Sancti
Eusebii Hieronymi Epistulae, ed. Isidorus Hilberg, 3 v. (New York:
Johnson, 1970, repr.1910-18), ep.151.2: nos sanctae [ac] venerabilis virginis
Christi Eustochiae repentina dormitio admodum contristavit et paene
conversationis nostrae mutavit statum, dum quoque, quae volumus, multa non
possumus et mentis ardorem superat inbecillitas senectutis; ep.154.2: Sanctae
et venerabilis domnae Eustochiae nos vehementer dormitio contristavit, quam in
ipso confessionis ardore sciatis spiritum reddidisse, libentiusque habuit et
rem familiarem et domum suum dimittere et honorata exilia sustinere quam
hereticorum conmunione maculari.
SOURCE : http://epistolae.ccnmtl.columbia.edu/woman/33.html
Saint Jerome:
Letter 23: to Eustochium
1. “Hear, O daughter, and
consider, and incline thine ear; forget also thine own people and thy father’s
house, and the king shall desire thy beauty.” In this forty-fourth psalm God
speaks to the human soul that, following the example of Abraham, it should go
out from its own land and from its kindred, and should leave the Chaldeans,
that is the demons, and should dwell in the country of the living, for which
elsewhere the prophet sighs: “I think to see the good things of the Lord in the
land of the living.” But it is not enough for you to go out from your own land
unless you forget your people and your father’s house; unless you scorn the
flesh and cling to the bridegroom in a close embrace. “Look not behind thee,”
he says, “neither stay thou in all the plain; escape to the mountain lest thou
be consumed.” He who has grasped the plough must not look behind him or return
home from the field, or having Christ’s garment, descend from the roof to fetch
other raiment. Truly a marvellous thing, a father charges his daughter not to
remember her father. “Ye are of your father the devil, and the lusts of your
father it is your will to do.” So it was said to the Jews. And in another
place, “He that committeth sin is of the devil.” Born, in the first instance,
of such parentage we are naturally black, and even when we have repented, so
long as we have not scaled the heights of virtue, we may still say: “I am black
but comely, O ye daughters of Jerusalem.” But you will say to me, “I have left
the home of my childhood; I have forgotten my father, I am born anew in Christ.
What reward do I receive for this?” The context shows – “The king shall desire
thy beauty.” This, then, is the great mystery. “For this cause shall a man
leave his father and his mother and shall be joined unto his wife, and they two
shall be” not as is there said, “of one flesh,” but “of one spirit.” Your
bridegroom is not haughty or disdainful; He has “married an Ethiopian woman.”
When once you desire the wisdom of the true Solomon and come to Him, He will
avow all His knowledge to you; He will lead you into His chamber with His royal
hand; He will miraculously change your complexion so that it shall be said of
you, “Who is this that goeth up and hath been made white?”
2. I write to you thus,
Lady Eustochium (I am bound to call my Lord’s bride “lady”), to show yon by my
opening words that my object is not to praise the virginity which you follow,
and of which you have proved the value, or yet to recount the drawbacks of
marriage, such as pregnancy, the crying of infants, the torture caused by a
rival, the cares of household management, and all those fancied blessings which
death at last cuts short. Not that married women are as such outside the pale;
they have their own place, the marriage that is honorable and the bed
undefiled. My purpose is to show you that you are fleeing from Sodom and should
take warning by Lot’s wife. There is no flattery, I can tell you, in these
pages. A flatterer’s words are fair, but for all that he is an enemy. You need
expect no rhetorical flourishes setting you among the angels, and while they
extol virginity as blessed, putting the world at your feet.
3. I would have you draw
from your monastic vow not pride but fear. You walk laden with gold; you must
keep out of the robber’s way. To us men this life is a race-course we contend
here, we are crowned elsewhere. No man can lay aside fear while serpents and
scorpions beset his path. The Lord says: “My sword hath drunk its fill in
heaven,” and do you expect to find peace on the earth? No, the earth yields
only thorns and thistles, and its dust is food for the serpent. “For our
wrestling is not against flesh and blood, but against the principalities,
against the powers, against the world-rulers of this darkness, against the
spiritual hosts of wickedness in the heavenly places.” We are hemmed in by
hosts of foes, our enemies are upon every side. The weak flesh will soon be
ashes: one against many, it fights against tremendous odds. Not till it has
been dissolved, not till the Prince of this world has come and found no sin
therein, not till then may you safely listen to the prophet’s words: “Thou
shall not be afraid for the terror by night nor for the arrow that flieth by
day; nor for the trouble which haunteth thee in darkness; nor for the demon and
his attacks at noonday. A thousand shall fall at thy side and ten thousand at
thy right hand; but it shall not come nigh thee.” When the hosts of the enemy
distress you, when your frame is fevered and your passions roused, when you say
in your heart, “What shall I do?” Elisha’s words shall give you your answer,
“Fear not, for they that be with us are more than they that be with them.” He shall
pray,” Lord, open the eyes of thine handmaid that she may see.” And then when
your eyes have been opened you shall see a fiery chariot like Elijah’s waiting
to carry you to heaven, and shall joyfully sing: “Our soul is escaped as a bird
out of the snare of the fowlers: the snare is broken and we are escaped.”
4. So long as we are held
down by this frail body, so long as we have our treasure in earthen vessels; so
long as the flesh lusteth against the spirit and the spirit against the flesh,
there can be no sure victory. “Our adversary the devil goeth about as a roaring
lion seeking whom he may devour.” “Thou makest darkness,” David says, “and it
is night: wherein all the beasts of the forest do creep forth. The young lions
roar after their prey and seek their meat from God.” The devil looks not for
unbelievers, for those who are without, whose flesh the Assyrian king
roasted in the furnace. It is the church of Christ that he “makes haste to
spoil.” According to Habakkuk, “His food is of the choicest.” A Job is the
victim of his machinations, and after devouring Judas he seeks power to sift
the [other] apostles. The Saviour came not to send peace upon the earth but a
sword. Lucifer fell, Lucifer who used to rise at dawn; and be who was bred up
in a paradise of delight had the well-earned sentence passed upon him, “Though
thou exalt thyself as the eagle, and though thou set thy nest among the stars,
thence will I bring thee down, saith the Lord.” For he had said in his heart,
“I will exalt my throne above the stars of God,” and “I will be like the Most
High.” Wherefore God says every day to the angels, as they descend the ladder
that Jacob saw in his dream, “I have said ye are Gods and all of you are
children of the Most High. But ye shall die like men and fall like one of the
princes.” The devil fell first, and since “God standeth in the congregation of
the Gods and judgeth among the Gods,” the apostle writes to those who are
ceasing to be Gods–” Whereas there is among you envying and strife, are ye not
carnal and walk as men?”
5. If, then, the apostle,
who was a chosen vessel separated unto the gospel of Christ, by reason of the
pricks of the flesh and the allurements of vice keeps under his body and brings
it into subjection, lest when he has preached to others he may himself be a
castaway; and yet, for all that, sees another law in his members warring
against the law of his mind, and bringing him into captivity to the law of sin;
if after nakedness, fasting. hunger, imprisonment, scourging and other
torments, he turns back to himself and cries “Oh, wretched man that I am, who
shall deliver me from the body of this death?” do you fancy that you ought to
lay aside apprehension? See to it that God say not some day of you: “The virgin
of Israel is fallen and there is none to raise her up.” I will say it boldly,
though God can do all things He cannot raise up a virgin when once she has
fallen. He may indeed relieve one who is defiled from the penalty of her sin,
but He will not give her a crown. Let us fear lest in us also the prophecy be
fulfilled, “Good virgins shall faint.” Notice that it is good virgins who are
spoken of, for there are bad ones as well. “Whosoever looketh on a woman,” the
Lord says, “to lust after her hath committed adultery with her already in his
heart.” So that virginity may be lost even by a thought. Such are evil virgins,
virgins in the flesh, not in the spirit; foolish virgins, who, having no oil,
are shut out by the Bridegroom.
6. But if even real
virgins, when they have other failings, are not saved by their physical
virginity, what shall become of those who have prostituted the members of
Christ, and have changed the temple of the Holy Ghost into a brothel?
Straightway shall they hear the words: “Come down and sit in the dust, O virgin
daughter of Babylon, sit on the ground; there is no throne, O daughter of the
Chaldaeans: for thou shalt no more be called tender and delicate. Take the
mill-stone and grind meal; uncover thy locks, make bare the legs, pass over the
rivers; thy nakedness shall be uncovered, yea, thy shame shall be seen.” And
shall she come to this after the bridal-chamber of God the Son, after the
kisses of Him who is to her both kinsman and spouse? Yes, she of whom the
prophetic utterance once sang, “Upon thy right hand did stand the queen in a
vesture of gold wrought about with divers col ours,” shall be made naked, and
her skirts shall be discovered upon her face. She shall sit by the waters of
loneliness, her pitcher laid aside; and shall open her feet to every one that
passeth by, and shall be polluted to the crown of her head. Better had it been
for her to have submitted to the yoke of marriage, to have walked in level
places, than thus, aspiring to loftier heights, to fall into the deep of hell.
I pray you, let not Zion the faithful city become a harlot: let It not be that
where the Trinity has been entertained, there demons shall dance and owls make
their nests, and jackals build. Let us not loose the belt that binds the
breast. When lust tickles the sense mad the soft fire of sensual pleasure sheds
over us its pleasing glow, let us immediately break forth and cry: “The Lord is
on my side: I will not fear what the flesh can do unto me.” When the inner man
shows signs for a time of wavering between vice and virtue, say: “Why art thou
cast down, O my soul, and why art thou disquieted within me? Hope thou in God,
for I shall yet praise Him who is the health of my countenance and my God.” You
must never let suggestions of evil grow on you, or a babel of disorder win
strength in your breast. Slay the enemy while he is small; and, that you may
not have a crop of tares, nip the evil in the bud. Bear in mind the warning
words of the Psalmist: “Hapless daughter of Babylon, happy shall he be that
rewardeth thee as thou hast served us. Happy shall he be that taketh and
dasheth thy little ones against the stones.” Because natural heat inevitably
kindles in a man sensual passion, he is praised and accounted happy who, when
foul suggestions arise in his mind, gives them no quarter, but dashes them
instantly against the rock. “Now the Rock is Christ.”
7. How often, when I was
living in the desert, in the vast solitude which gives to hermits a savage
dwelling-place, parched by a burning sun, how often did I fancy myself among
the pleasures of Rome! I used to sit alone because I was filled with
bitterness. Sackcloth disfigured my unshapely limbs and my skin from long
neglect had become as black as an Ethiopian’s. Tears and groans were every day
my portion; and if drowsiness chanced to overcome my struggles against it, my
bare bones, which hardly held together, clashed against the ground. Of my food
and drink I say nothing: for, even in sickness, the solitaries have nothing but
cold water, and to eat one’s food cooked is looked upon as self-indulgence.
Now, although in my fear of hell I had consigned myself to this prison, where I
had no companions but scorpions and wild beasts, I often found myself amid
bevies of girls. My face was pale and my frame chilled with fasting; yet my
mind was burning with desire, and the fires of lust kept bubbling up before me
when my flesh was as good as dead. Helpless, I cast myself at the feet of
Jesus, I watered them with my tears, I wiped them with my hair: and then I
subdued my rebellious body with weeks of abstinence. I do not blush to avow my
abject misery; rather I lament that I am not now what once I was. I remember how
I often cried aloud all night till the break of day and ceased not from beating
my breast till tranquillity returned at the chiding of the Lord. I used to
dread my very cell as though it knew my thoughts; and, stern and angry with
myself, I used to make my way alone into the desert. Wherever I saw hollow
valleys, craggy mountains, steep cliffs, there I made my oratory, there the
house of correction for my unhappy flesh. There, also–the Lord Himself is my
witness–when I had shed copious tears and had strained my eyes towards heaven,
I sometimes felt myself among angelic hosts, and for joy and gladness sang:
“because of the savour of thy good ointments we will run after thee.”
8. Now, if such are the
temptations of men who, since their bodies are emaciated with fasting, have
only evil thoughts to fear, how must it fare with a girl whose surroundings are
those of luxury and ease? Surely, to use the apostle’s words, “She is dead
while she liveth.” Therefore, if experience gives me a right to advise, or
clothes my words with credit, I would begin by urging you and warning you as
Christ’s spouse to avoid wine as you would avoid poison. For wine is the first
weapon used by demons against the young. Greed does not shake, nor pride puff
up, nor ambition infatuate so much as this. Other vices we easily escape, but
this enemy is shut up within us, and wherever we go we carry him with us. Wine
and youth between them kindle the fire of sensual pleasure. Why do we throw oil
on the flame–why do we add fresh fuel to a miserable body which is already
ablaze. Paul, it is true, says to Timothy “drink no longer water, but use a
little wine for thy stomach’s sake, and for thine often infirmities.” But
notice the reasons for which the permission is given, to cure an aching stomach
and a frequent infirmity. And lest we should indulge ourselves too much on the
score of our ailments, he commands that but little shall be taken; advising
rather as a physician than as an apostle (though, indeed, an apostle is a
spiritual physician). He evidently feared that Timothy might succumb to
weakness, and might prove unequal to the constant moving to and fro involved in
preaching the Gospel. Besides, he remembered that he had spoken of “wine
wherein is excess,” and had said, “it is good neither to eat flesh nor to drink
wine.” Noah drank wine and became intoxicated; but living as he did in the rude
age after the flood, when the vine was first planted, perhaps he did not know
its power of inebriation. And to let you see the hidden meaning of Scripture in
all its fulness (for the word of God is a pearl and may be pierced on every
side) after his drunkenness came the uncovering of his body; self-indulgence
culminated in lust. First the belly is crammed; then the other members are
roused. Similarly, at a later period, “The people sat down to eat and to drink
and rose up to play.” Lot also, God’s friend, whom He saved upon the mountain,
who was the only one found righteous out of so many thousands, was intoxicated
by his daughters. And, although they may have acted as they did more from a
desire of offspring than from love of sinful pleasure–for the human race seemed
in danger of extinction–yet they were well aware that the righteous man would
not abet their design unless intoxicated. In fact he did not know what he was
doing, and his sin was not wilful. Still his error was a grave one, for it made
him the father of Moab and Ammon, Israel’s enemies, of whom it is said: “Even
to the fourteenth generation they shall not enter into the congregation of the
Lord forever.”
9. When Elijah, in his
flight from Jezebel, lay weary and desolate beneath the oak, there came an
angel who raised him up and said, “Arise and eat.” And he looked, and behold
there was a cake and a cruse of water at his head. Had God willed it, might He
not have sent His prophet spiced wines and dainty dishes and flesh basted into
tenderness? When Elisha invited the sons of the prophets to dinner, he only
gave them field-herbs to eat; and when all cried out with one voice: “There is
death in the pot,” the man of God did not storm at the cooks (for he was not
used to very sumptuous fare), but caused meal to be brought, and casting it in,
sweetened the bitter mess with spiritual strength as Moses had once sweetened
the waters of Mara. Again, when men were sent to arrest the prophet, and were
smitten with physical and mental blindness, that he might bring them without
their own knowledge to Samaria, notice the food with which Elisha ordered them
to be refreshed. “Set bread and water,” he said, “before them, that they may
eat and drink and go to their master.” And Daniel, who might have had rich food
from the king’s table, preferred the mower’s breakfast, brought to him by
Habakkuk, which must have been but country fare. He was called “a man of
desires,” because he would not eat the bread of desire or drink the wine of
concupiscence.
10. There are, in the
Scriptures, countless divine answers condemning gluttony and approving simple
food. But as fasting is not my present theme and an adequate discussion of it
would require a treatise to itself, these few observations must suffice of the
many which the subject suggests. By them you will understand why the first man,
obeying his belly and not God, was cast down from paradise into this vale of
tears; and why Satan used hunger to tempt the Lord Himself in the wilderness;
and why the apostle cries: “Meats for the belly and the belly for meats, but
God shall destroy both it and them;” and why he speaks of the self-indulgent as
men “whose God is their belly.” For men invariably worship what they like best.
Care must be taken, therefore, that abstinence may bring back to Paradise those
whom satiety once drove out.
11. You will tell me,
perhaps, that, high-born as you are, reared in luxury and used to lie softly,
you cannot do without wine and dainties, and would find a stricter rule of life
unendurable. If so, I can only say: “Live, then, by your own rule, since God’s
rule is too hard for you.” Not that the Creator and Lord of all takes pleasure
in a rumbling and empty stomach, or in fevered lungs; but that these are
indispensable as means to the preservation of chastity. Job was dear to God,
perfect and upright before Him; yet hear what he says of the devil: “His
strength is in the loins, and his force is in the navel.”
The terms are chosen for
decency’s sake, but the reproductive organs of the two sexes are meant. Thus,
the descendant of David, who, according to the promise is to sit upon his
throne, is said to come from his loins. And the seventy-five souls descended
from Jacob who entered Egypt are said to come out of his thigh. So, also, when
his thigh shrank after the Lord had wrestled with him, he ceased to beget
children. The Israelites, again, are told to celebrate the passover with loins
girded and mortified. God says to Job: “Gird up thy loins as a man.” John wears
a leathern girdle. The apostles must gird their loins to carry the lamps of the
Gospel. When Ezekiel tells us how Jerusalem is found in the plain of wandering,
covered with blood, he uses the words: “Thy navel has not been cut.” In his
assaults on men, therefore, the devil’s strength is in the loins; in his
attacks on women his force is in the navel.
12. Do you wish for proof
of my assertions? Take examples. Sampson was braver than a lion and tougher than
a rock; alone and unprotected he pursued a thousand armed men; and yet, in
Delilah’s embrace, his resolution melted away. David was a man after God’s own
heart, and his lips had often sung of the Holy One, the future Christ; and yet
as he walked upon his housetop he was fascinated by Bathsheba’s nudity, and
added murder to adultery. Notice here how, even in his own house, a man cannot
use his eyes without danger. Then repenting, he says to the Lord: “Against
thee, thee only, have I sinned and done this evil in Thy sight.” Being a king
he feared no one else. So, too, with Solomon. Wisdom used him to sing her
praise, and he treated of all plants “from the cedar tree that is in Lebanon even unto the hyssop that springeth
out of the wall;” and yet he went back from God because he was a lover of
women. And, as if to show that near relationship is no safeguard, Amnon burned
with illicit passion for his sister Tamar.
13. I cannot bring myself
to speak of the many virgins who daily fall and are lost to the bosom of the
church, their mother: stars over which the proud foe sets up his throne, and
rocks hollowed by the serpent that he may dwell in their fissures. You may see
many women widows before wedded, who try to conceal their miserable fall by a
lying garb. Unless they are betrayed by swelling wombs or by the crying of
their infants, they walk abroad with tripping feet and heads in the air. Some
go so fat as to take potions, that they may insure barrenness, and thus murder
human beings almost before their conception. Some, when they find themselves
with child through their sin, use drugs to procure abortion, and when (as often
happens) they die with their offspring, they enter the lower world laden with
the guilt not only of adultery against Christ but also of suicide and child
murder. Yet it is these who say: “‘Unto the pure all things are pure;’ my
conscience is sufficient guide for me. A pure heart is what God looks for. Why
should I abstain from meats which God has created to be received with
thanksgiving?” And when they wish to appear agreeable and entertaining they
first drench themselves with wine, and then joining the grossest profanity to
intoxication, they say “Far be it from me to abstain from the blood of Christ.”
And when they see another pale or sad they call her “wretch” or “manichaean;”
quite logically, indeed, for on their principles fasting involves heresy. When
they go out they do their best to attract notice, and with nods and winks
encourage troops of young fellows to follow them. Of each and all of these the
prophet’s words are true: “Thou hast a whore’s forehead; thou refusest to be
ashamed.” Their robes have but a narrow purple stripe, it is true; and their
head-dress is somewhat loose, so as to leave the hair free. From their
shoulders flutters the lilac mantle which they call “maforte;” they have their
feet in cheap slippers and their arms tucked up tight-fitting sleeves. Add to
these marks of their profession an easy gait, and you have all the virginity
that they possess. Such may have eulogizers of their own, and may fetch a
higher price in the market of perdition, merely because they are called
virgins. But to such virgins as these I prefer to be displeasing.
14. I blush to speak of
it, it is so shocking; yet though sad, it is true. How comes this plague of the
agapetae to be in the church? Whence come these unwedded wives, these novel
concubines, these harlots, so I will call them, though they cling to a single
partner? One house holds them and one chamber. They often occupy the same bed,
and yet they call us suspicious if we fancy anything amiss. A brother leaves
his virgin sister; a virgin, slighting her unmarried brother, seeks a brother
in a stranger. Both alike profess to have but one object, to find spiritual
consolation from those not of their kin; but their real aim is to indulge in
sexual intercourse. It is on such that Solomon in the book of proverbs heaps his
scorn. “Can a man take fire in his bosom,” he says, “and his clothes not be
burned? Can one go upon hot coals and his feet not be burned?”
15. We cast out, then,
and banish from our sight those who only wish to seem and not to be virgins.
Henceforward I may bring all my speech to bear upon you who, as it is your lot
to be the first virgin of noble birth in Rome, have to labor the more
diligently not to lose good things to come, as well as those that are present.
You have at least learned from a case in your own family the troubles of wedded
life and the uncertainties of marriage. Your sister, Blaesilla, before you in
age but behind you in declining the vow of virginity, has become a widow but
seven months after she has taken a husband. Hapless plight of us mortals who
know not what is before us! She has lost, at once, the crown of virginity and
the pleasures of wedlock. And, although, as a widow, the second degree of
chastity is hers, still can you not imagine the continual crosses which she has
to bear, daily seeing in her sister what she has lost herself; and, while she
finds it hard to go without the pleasures of wedlock, having a less reward for
her present continence? Still she, too, may take heart and rejoice. The fruit
which is an hundredfold and that which is sixtyfold both spring from one seed,
and that seed is chastity.
16. Do not court the
company of married ladies or visit the houses of the high-born. Do not look too
often on the life which you despised to become a virgin. Women of the world,
you know, plume themselves because their husbands are on the bench or in other
high positions. And the wife of the emperor always has an eager throng of
visitors at her door. Why do you, then, wrong your husband? Why do you, God’s
bride, hasten to visit the wife of a mere man? Learn in this respect a holy
pride; know that you are better than they. And not only must you avoid
intercourse with those who are puffed up by their husbands’ honors, who are
hedged in with troops of eunuchs, and who wear robes inwrought with threads of
gold. You must also shun those who are widows from necessity and not from
choice. Not that they ought to have desired the death of their husbands; but
that they have not welcomed the opportunity of continence when it has come. As
it is, they only change their garb; their old self-seeking remains unchanged.
To see them in their capacious litters, with red cloaks and plump bodies, a row
of eunuchs walking in front of them, you would fancy them not to have lost
husbands but to be seeking them. Their houses are filled with flatterers and
with guests. The very clergy, who ought to inspire them with respect by their
teaching and authority, kiss these ladies on the forehead, and putting forth
their hands (so that, if you knew no better you might suppose them in the act
of blessing), take wages for their visits. They, meanwhile, seeing that priests
cannot do without them, are lifted up into pride; and as, having had experience
of both, they prefer the license of widowhood to the restraints of marriage,
they call themselves chaste livers and nuns. After an immoderate supper they
retire to rest to dream of the apostles.
17. Let your companions
be women pale and thin with fasting, and approved by their years and conduct;
such as daily sing in their hearts: “Tell me where thou feedest thy flock,
where thou makest it to rest at noon,” and say, with true earnestness, have a
desire to depart and to be with Christ.” Be subject to your parents, imitating
the example of your spouse. Rarely go abroad, and if you wish to seek, the aid
of the martyrs seek it in your own chamber. For you will never need a pretext
for going out if you always go out when there is need. Take food in moderation,
and never overload your stomach. For many women, while temperate as regards wine,
are intemperate in the use of food. When you rise at night to pray, let your
breath be that of an empty and not that of an overfull stomach. Read often,
learn all that you can. Let sleep overcome you, the roll still in your hands;
when your head falls, let it be on the sacred page. Let your fasts be of daily
occurrence and your refreshment such as avoids satiety. It is idle to carry an
empty stomach if, in two or three days’ time, the fast is to be made up for by
repletion. When cloyed the mind immediately grows sluggish, and when the ground
is watered it puts forth the thorns of lust. If ever you feel the outward man
sighing for the flower of youth, and if, as you lie on your couch after a meal,
you are excited by the alluring train of sensual desires; then seize the shield
of faith, for it alone can quench the fiery darts of the devil. “They are all
adulterers,” says the prophet; “they have made ready their heart like an oven.”
But do you keep close to the footsteps of Christ, and, intent upon His words,
say: “Did not our heart burn within us by the way while Jesus opened to us the
Scriptures?” and again: “Thy word is tried to the uttermost, and thy servant
loveth it.” It is hard for the human soul to avoid loving something, and our
mind must of necessity give way to affection of one kind or another. The love
of the flesh is overcome by the love of the spirit. Desire is quenched by
desire. What is taken from the one increases the other. Therefore, as you lie
on your couch, say again and again: “By night have I sought Him whom my soul
loveth.” “Mortify, therefore,” says the apostle, “your members which are upon
the earth.” Because he himself did so, he could afterwards say with confidence:
“I live, yet not I, but Christ, liveth in me.” He who mortifies his members,
and feels that he is walking in a vain show, is not afraid to say: “I am become
like a bottle in the frost. Whatever there was in me of the moisture of lust
has been dried out of me.” And again: “My knees are weak through fasting; I
forget to eat my bread. By reason of the voice of my groaning my bones cleave
to my skin.”
18. Be like the
grasshopper and make night musical. Nightly wash your bed and water your couch
with your tears. Watch and be like the sparrow alone upon the housetop. Sing
with the spirit, but sing with the understanding also. And let your song be
that of the psalmist: “Bless the Lord, O my soul; and forget not all his
benefits; who forgiveth all thine iniquities; who healeth all thy diseases; who
redeemeth thy life from destruction.” Can we, any of us, honestly make his
words our own: “I have eaten ashes like bread and mingled my drink with
weeping?” Yet, should we not weep and groan when the serpent invites us, as he
invited our first parents, to eat forbidden fruit, and when after expelling us
from the paradise of virginity he desires to clothe us with mantles of skins
such as that which Elijah, on his return to paradise, left behind him on earth?
Say to yourself: “What have I to do with the pleasures of sense that so soon
come to an end? What have I to do with the song of the sirens so sweet and so
fatal to those who hear it?” I would not have you subject to that sentence
whereby condemnation has been passed upon mankind. When God says to Eve, “In
pain and in sorrow thou shalt bring forth children,” say to yourself, “That is
a law for a married woman, not for me.” And when He continues, “Thy desire
shall be to thy husband,” say again: “Let her desire be to her husband who has
not Christ for her spouse.” And when, last of all, He says, “Thou shalt surely
die,” once more, say, “Marriage indeed must end in death; but the life on which
i have resolved is independent of sex. Let those who are wives keep the place
and the time that properly belong to them. For me, virginity is consecrated in
the persons of Mary and of Christ.”
19. Some one may say, “Do
you dare detract from wedlock, which is a state blessed by God?” I do not
detract from wedlock when I set virginity before it. No one compares a bad
thing with a good. Wedded women may congratulate themselves that they come next
to virgins. “Be fruitful,” God says, “and multiply, and replenish the earth.”
He who desires to replenish the earth may increase and multiply if he will. But
the train to which you belong is not on earth, but in heaven. The command to
increase and multiply first finds fulfilment after the expulsion from paradise,
after the nakedness and the fig-leaves which speak of sexual passion. Let them
marry and be given in marriage who eat their bread in the sweat of their brow;
whose land brings forth to them thorns and thistles, and whose crops are choked
with briars. My seed produces fruit a hundredfold. “All men cannot receive
God’s saying, but they to whom it is given.”
Some people may be
eunuchs from necessity; I am one of free will. “There is a time to embrace and
a time to refrain from embracing. There is a time to cast away stones, and a
time to gather stones together.” Now that out of the hard stones of the
Gentiles God has raised up children unto Abraham, they begin to be “holy stones
rolling upon the earth.” They pass through the whirlwinds of the world, and
roll on in God’s chariot on rapid wheels. Let those stitch coats to themselves
who have lost the coat woven from the top throughout; who delight in the cries
of infants which, as soon as they see the light, lament that they are born. In
paradise Eve was a virgin, and it was only after the coats of skins that she
began her married life. Now paradise is your home too. Keep therefore your
birthright and say: “Return unto thy rest, O my soul.” To show that virginity
is natural while wedlock only follows guilt, what is born of wedlock is virgin
flesh, and it gives back in fruit what in root it has lost. “There shall come
forth a rod out of the stem of Jesse, and a flower shall grow out of his
roots.” The rod is the mother of the Lord–simple, pure, unsullied; drawing no
germ of life from without but fruitful in singleness like God Himself. The
flower of the rod is Christ, who says of Himself: “I am the rose of Sharon and
the lily of the valleys.” In another place He is foretold to be “a stone cut
out of the mountain without hands,” a figure by which the prophet signifies
that He is to be born a virgin of a virgin. For the hands are here a figure of
wedlock as in the passage: “His left hand is under my head and his right hand
doth embrace me.” It agrees, also, with this interpretation that the unclean
animals are led into Noah’s ark in pairs, while of the clean an uneven number
is taken. Similarly, when Moses and Joshua were bidden to remove their shoes
because the ground on which they stood was holy, the command had a mystical
meaning. So, too, when the disciples were appointed to preach the gospel they
were told to take with them neither shoe nor shoe-latchet; and when the soldiers
came to cast lots for the garments of Jesus they found no boots that they could
take away. For the Lord could not Himself possess what He had forbidden to His
servants.
20. I praise wedlock, I
praise marriage, but it is because they give me virgins. I gather the rose from
the thorns, the gold from the earth, the pearl from the shell. “Doth the
plowman plow all day to sow?” Shall he not also enjoy the fruit of his labor? Wedlock
is the more honored, the more what is born of it is loved. Why, mother, do you
grudge your daughter her virginity? She has been reared on your milk, she has
come from your womb, she has grown up in your bosom. Your watchful affection
has kept her a virgin. Are you angry with her because she chooses to be a
king’s wife and not a soldier’s? She has conferred on you a high privilege; you
are now the mother-in-law of God. “Concerning virgins,” says the apostle, “I
have no commandment of the Lord.” Why was this? Because his own virginity was
due, not to a command, but to his free choice. For they are not to be heard who
feign him to have had a wife; for, when he is discussing continence and
commending perpetual chastity, he uses the words, “I would that all men were
even as I myself.” And farther on, “I say, therefore, to the unmarried and
widows, it is good for them if they abide even as I.” And in another place,
“have we not power to lead about wives even as the rest of the apostles?” Why
then has he no commandment from the Lord concerning virginity? Because what is
freely offered is worth more than what is extorted by force, and to command
virginity would have been to abrogate wedlock. It would have been a hard
enactment to compel opposition to nature and to extort from men the angelic
life; and not only so, it would have been to condemn what is a divine
ordinance.
21. The old law had a
different ideal of blessedness, for therein it is said: “Blessed is he who hath
seed in Zion and a family in Jerusalem:” and “Cursed is the barren who beareth
not:” and “Thy children shall be like olive-plants round about thy table.”
Riches too are promised to the faithful and we are told that “there was not one
feeble person among their tribes.” But now even to eunuchs it is said, “Say
not, behold I am a dry tree,” for instead of sons and daughters you have a
place forever in heaven. Now the poor are blessed, now Lazarus is set before
Dives in his purple. Now he who is weak is counted strong. But in those days
the world was still unpeopled: accordingly, to pass over instances of
childlessness meant only to serve as types, those only were considered happy
who could boast of children. It was for this reason that Abraham in his old age
married Keturah; that Leah hired Jacob with her son’s mandrakes, and that fair
Rachel–a type of the church–complained of the closing of her womb. But
gradually the crop grew up and then the reaper was sent forth with his sickle.
Elijah lived a virgin life, so also did Elisha and many of the sons of the
prophets. To Jeremiah the command came: “Thou shall not take thee a wife.” He
had been sanctified in his mother’s womb, and now he was forbidden to take a
wife because the captivity was near. The apostle gives the same counsel in
different words. “I think, therefore, that this is good by reason of the
present distress, namely that it is good for a man to be as he is.” What is
this distress which does away with the joys of wedlock? The apostle tells us,
in a later verse: “The time is short: it remaineth that those who have wives be
as though they had none.” Nebuchadnezzar is hard at hand. The lion is
bestirring himself from his lair. What good will marriage be to me if it is to
end in slavery to the haughtiest of kings? What good will little ones be to me
if their lot is to be that which the prophet sadly describes: “The tongue of
the sucking child cleaveth to the roof of his mouth for thirst; the young
children ask for bread and no man breaketh it unto them”? In those days, as I
have said, the virtue of continence was found only in men: Eve still continued
to travail with children. But now that a virgin has conceived in the womb and
has borne to us a child of which the prophet says that “Government shall be
upon his shoulder, and his name shall be called the mighty God, the everlasting
Father,” now the chain of the curse is broken. Death came through Eve, but life
has come through Mary. And thus the gift of virginity has been bestowed most
richly upon women, seeing that it has had its beginning from a woman. As soon
as the Son of God set foot upon the earth, He formed for Himself a new
household there; that, as He was adored by angels in heaven, angels might serve
Him also on earth. Then chaste Judith once more cut off the head of Holofernes.
Then Haman – whose name means iniquity – was once more burned in fire of his
own kindling. Then James and John forsook father and net and ship and followed
the Saviour: neither kinship nor the world’s ties, nor the care of their home
could hold them back. Then were the words heard: “Whosoever will come after me,
let him deny himself and take up his cross and follow me.” For no soldier goes
with a wife to battle. Even when a disciple would have buried his father, the
Lord forbade him, and said: “Foxes have holes and the birds of the air have
nests, but the Son of Man hath not where to lay His head.” So you must not
complain if you have but scanty house-room. In the same strain, the apostle
writes: “He that is unmarried careth for the things that belong to the Lord,
how he may please the Lord but he that is married careth for the things that
are of the world how he may please his wife. There is difference also between a
wife and a virgin. The unmarried woman careth for the things of the Lord that
she may be holy both in body and in spirit. But she that is married careth for
the things of the world how she may please her husband.”
22. How great
inconveniences are involved in wedlock and how many anxieties encompass it I
have, I think, described shortly in my treatise–published against Helvidius –
on the perpetual virginity of the blessed Mary. It would be tedious to go over
the same ground now; and any one who pleases may draw from that fountain. But
lest I should seem wholly to have passed over the matter, I will just say now that
the apostle bids us pray without ceasing, and that he who in the married state
renders his wife her due cannot so pray. Either we pray always and are virgins,
or we cease to pray that we may fulfil the claims of marriage. Still he says:
“If a virgin marry she hath not sinned. Nevertheless such shall have trouble in
the flesh.” At the outset I promised that I should say little or nothing of the
embarrassments of wedlock, and now I give you notice to the same effect. If you
want to know from how many vexations a virgin is free and by how many a wife is
lettered you should read Tertullian “to a philosophic friend,” and his other
treatises on virginity, the blessed Cyprian’s noble volume, the writings of
Pope Damasus in prose and verse, and the treatises recently written for his
sister by our own Ambrose. In these he has poured forth his soul with such a
flood of eloquence that he has sought out, set forth, and put in order all that
bears on the praise of virgins.
23. We must proceed by a
different path, for our purpose is not the praise of virginity but its
preservation. To know that it is a good thing is not enough: when we have
chosen it we must guard it with jealous care. The first only requires judgment,
and we share it with many; the second calls for toil, and few compete with us
in it. “He that shall endure unto the end,” the Lord says, “the same shall be
saved,” and “many are called but few are chosen.” Therefore I conjure you
before God and Jesus Christ and His elect angels to guard that which you have
received, not readily exposing to the public gaze the vessels of the Lord’s
temple (which only the priests are by right allowed to see), that no profane
person may look upon God’s sanctuary. Uzzah, when he touched the ark which it
was not lawful to touch, was struck down suddenly by death. And assuredly no
gold or silver vessel was ever so dear to God as is the temple of a virgin’s
body. The shadow went before, but now the reality is come. You indeed may speak
in all simplicity, and from motives of amiability may treat with courtesy the
veriest strangers, but unchaste eyes see nothing aright. They fail to
appreciate the beauty of the soul, and only value that of the body. Hezekiah
showed God’s treasure to the Assyrians,
who ought never to have seen what they were sure to covet. The consequence was
that Judaea was torn by continual wars, and that the very first things carried
away to Babylon were these vessels of the Lord. We find Belshazzar at his feast
and among his concubines (vice always glories in defiling what is noble)
drinking out of these sacred cups.
24. Never incline your
ear to words of mischief. For men often say an improper word to make trial of a
virgin’s steadfastness, to see if she hears it with pleasure, and if she is
ready to unbend at every silly jest. Such persons applaud whatever you affirm
and deny whatever you deny; they speak of you as not only holy but
accomplished, and say that in you there is no guile. “Behold,” say they, “a
true hand-maid of Christ; behold entire singleness of heart. How different from
that rough, unsightly, countrified fright, who most likely never married
because she could never find a husband.” Our natural weakness induces us
readily to listen to such flatterers; but, though we may blush and reply that
such praise is more than our due, the soul within us rejoices to hear itself
praised.
Like the ark of the
covenant Christ’s spouse should be overlaid with gold within and without; she
should be the guardian of the law of the Lord. Just as the ark contained
nothing but the tables of the covenant, so in you there should be no thought of
anything that is outside. For it pleases the Lord to sit in your mind as He
once sat on the mercy-seat and the cherubims. As He sent His disciples to loose
Him the foal of an ass that he might ride on it, so He sends them to release
you from the cares of the world, that leaving the bricks and straw of Egypt,
you may follow Him, the true Moses, through the wilderness and may enter the
land of promise. Let no one dare to forbid you, neither mother nor sister nor
kinswoman nor brother: “The Lord hath need of you.” Should they seek to hinder
you, let them fear the scourges that fell on Pharaoh, who, because he would not
let God’s people go that they might serve Him, suffered the plagues described
in Scripture. Jesus entering into the temple cast out those things which
belonged not to the temple. For God is jealous and will not allow the father’s
house to be made a den of robbers. Where money is counted, where doves are
sold, where simplicity is stifled where, that is, a virgin’s breast glows with
cares of this world; straightway the veil of the temple is rent, the bridegroom
rises in anger, he says: “Your house is left unto you desolate.” Read the
gospel and see how Mary sitting at the feet of the Lord is set before the
zealous Martha. In her anxiety to be hospitable Martha was preparing a meal for
the Lord and His disciples; yet Jesus said to her: “Martha, Martha, thou art
careful and troubled about many things. But few things are needful or one. And
Mary hath chosen that good part which shall not be taken away from her.” Be
then like Mary; prefer the food of the soul to that of the body. Leave it to
your sisters to run to and fro and to seek how they may filly welcome Christ.
But do you, having once for all cast away the burden of the world, sit at the
Lord’s feet and say: “I have found him whom my soul loveth; I will hold him, I
will not let him go.” And He will answer: “My dove, my undefiled is but one;
she is the only one of her mother, she is the choice one of her that bare her.”
Now the mother of whom this is said is the heavenly Jerusalem.
25. Ever let the privacy
of your chamber guard you; ever let the Bridegroom sport with you within. Do
you pray? You speak to the Bridegroom. Do you read? He speaks to you. When
sleep overtakes you He will come behind and put His hand through the hole of
the door, and your heart shall be moved for Him; and you will awake and rise up
and say: “I am sick of love.” Then He will reply: “A garden inclosed is my
sister, my spouse; a spring shut up, a fountain sealed.”
Go not from home nor
visit the daughters of a strange land, though you have patriarchs for brothers
and Israel for a father. Dinah went out and was seduced. Do not seek the
Bridegroom in the streets; do not go round the comers of the city. For though
you may say: “I will rise now and go about the city: in the streets and in the
broad ways I will seek Him whom my soul loveth,” and though you may ask the
watchmen: “Saw ye Him whom my soul loveth?” no one will deign to answer you.
The Bridegroom cannot be found in the streets: “Strait and narrow is the way
which leadeth unto life.” So the Song goes on: “I sought him but I could not
find him: I called him but he gave me no answer.” And would that failure to
find Him were all. You will be wounded and stripped, you will lament and say:
“The watchmen that went about the city found me: they smote me, they wounded
me, they took away my veil from me.” Now if one who could say: “I sleep but my
heart waketh,” and “A bundle of myrrh is my well beloved unto me; he shall lie
all night betwixt my breasts”; if one who could speak thus suffered so much
because she went abroad, what shall become of us who are but young girls; of us
who, when the bride goes in with the Bridegroom, still remain without? Jesus is
jealous. He does not choose that your face should be seen of others. You may
excuse yourself and say: “I have drawn close my veil, I have covered my face
and I have sought Thee there and have said: ‘Tell me, O Thou whom my soul
loveth, where Thou feedest Thy flock, where Thou makest it to rest at noon. For
why should I be as one that is veiled beside the flocks of Thy companions?'”
Yet in spite of your excuses He will be wroth, He will swell with anger and
say: “If thou know not thyself, O thou fairest among women, go thy way forth by
the footsteps of the flock and feed thy goats beside the shepherd’s tents.” You
may be fair, and of all faces yours may be the dearest to the Bridegroom; yet,
unless you know yourself, and keep your heart with all diligence, unless also
you avoid the eyes of the young men, you will be turned out of My bride-chamber
to feed the goats, which shall be set on the left hand.
26. These things being
so, my Eustochium, daughter, lady, fellow-servant, sister–these names refer the
first to your age, the second to your rank, the third to your religious
vocation, the last to the place which you hold in my affection–hear the words
of Isaiah: “Come, my people, enter thou into thy chambers, and shut thy doors
about thee hide thyself as it were for a little moment, until the indignation”
of the Lord “be overpast.” Let foolish virgins stray abroad, but for your part
stay at home with the Bridegroom; for if you shut your door, and, according to
the precept of the Gospel, pray to your Father in secret, He will come and
knock, saying: “Behold, I stand at the door and knock; if any man … open the
door, I will come in to him, and will sup with him, and he with me.” Then
straightway you will eagerly reply: “It is the voice of my beloved that
knocketh, saying, Open to me, my sister, my love, my dove, my undefiled.” It is
impossible that you should refuse, and say: “I have put off my coat how shall I
put it on? I have washed my feet; how shall I defile them?” Arise forthwith and
open. Otherwise while you linger He may pass on and yon may have mournfully to
say: “I opened to my beloved, but my beloved was gone.” Why need the doors of
your heart be closed to the Bridegroom? Let them be open to Christ but closed
to the devil according to the saying: “If the spirit of him who hath power rise
up against thee, leave not thy place.” Daniel, in that upper story to which he
withdrew when he could no longer continue below, had his windows open toward
Jerusalem. Do you too keep your windows open, but only on the side where light
may enter and whence you may see the eye of the Lord. Open not those other
windows of which the prophet says: “Death is come up into our windows.”
27. You must also be
careful to avoid the snare of a passion for vainglory. “How,” Jesus says, “can
ye believe which receive glory one from another?” What an evil that must be the
victim of which cannot believe! Let us rather say: “Thou art my glorying,” and
“He that glorieth, let him glory in the Lord,” and “If I yet pleased men I
should not be the servant of Christ,” and “Far be it from me to glory save in
the cross of our Lord Jesus Christ, through whom the world hath been crucified
unto me and I unto the world ;” and once more: “In God we boast all the day
long; my soul shall make her boast in the Lord.” When you do alms,
let God alone see you. When you fast, be of a cheerful countenance. Let your
dress be neither too neat nor too slovenly; neither let it be so remarkable as
to draw the attention of passers-by, and to make men point their fingers at
you. Is a brother dead? Has the body of a sister to be carried to its burial?
Take care lest in too often performing such offices you die yourself. Do not
wish to seem very devout nor more humble than need be, lest you seek glory by
shunning it. For many, who screen from all men’s sight their poverty, charity,
and fasting, desire to excite admiration by their very disdain of it, and
strangely seek for praise while they profess to keep out of its way. From the
other disturbing influences which make men rejoice, despond, hope, and fear I
find many free; but this is a defect which few are without, and he is best
whose character, like a fair skin, is disfigured by the fewest blemishes. I do
not think it necessary to warn you against boasting of your riches, or against
priding yourself on your birth, or against setting yourself up as superior to
others. I know your humility; I know that you can say with sincerity: “Lord, my
heart is not haughty nor mine eyes lofty;” I know that in your breast as in
that of your mother the pride through which the devil fell has no place. It
would be time wasted to write to you about it; for there is no greater folly
than to leach a pupil what he knows already. But now that you have despised the
boastfulness of the world, do not let the fact inspire you with new boastfulness.
Harbor not the secret thought that having ceased to court attention in garments
of gold you may begin to do so in mean attire. And when you come into a room
full of brothers and sisters, do not sit in too low a place or plead that you
are unworthy of a footstool. Do not deliberately lower your voice as though
worn out with fasting; nor, leaning on the shoulder of another, mimic the
tottering gait of one who is faint. Some women, it is true, disfigure their
faces, that they may appear unto men to fast. As soon as they catch sight of
any one they groan, they look down; they cover up their faces, all but one eye,
which they keep free to see with. Their dress is sombre, their girdles are of
sackcloth, their hands and feet are dirty; only their stomachs–which cannot be
seen–are hot with food. Of these the psalm is sung daily: “The Lord will
scatter the bones of them that please themselves.” Others change their garb and
assume the mien of men, being ashamed of being what they were born to be–women.
They cut off their hair and are not ashamed to look like eunuchs. Some clothe
themselves in goat’s hair, and, putting on hoods, think to become children
again by making themselves look like so many owls.
28. But I will not speak
only of women. Avoid men, also, when you see them loaded. with chains and
wearing their hair long like women, contrary to the apostle’s precept, not to
speak of beards like those of goats, black cloaks, and bare feet
braving the cold. All these things are tokens of the devil. Such an one Rome
groaned over some time back in Antimus; and Sophronius is a still more recent
instance. Such persons, when they have once gained admission to the houses of
the high-born, and have deceived “silly women laden with sins, ever learning
and never able to come to the knowledge of the truth,” feign a sad mien and
pretend to make long fasts while at night they feast in secret. Shame forbids
me to say more, for my language might appear more like invective than
admonition. There are others–I speak of those of my own order–who seek the
presbyterate and the diaconate simply that they may be able to see women with
less restraint. Such men think of nothing but their dress; they use perfumes
freely, and see that there are no creases in their leather shoes. Their curling
hair shows traces of the tongs; their fingers glisten with rings; they walk on
tiptoe across a damp road, not to splash their feet. When you see men acting in
this way, think of them rather as bridegrooms than as clergymen. Certain
persons have devoted the whole of their energies and life to the single object
of knowing the names, houses, and characters of married ladies. I will here
briefly describe the head of the profession, that from the master’s likeness
you may recognize the disciples. He rises and goes forth with the sun; he has
the order of his visits duly arranged; he takes the shortest road; and,
troublesome old man that he is, forces his way almost into the bedchambers of
ladies yet asleep. If he sees a pillow that takes his fancy or an elegant
table-cover–or indeed any article of household furniture–he praises it, looks
admiringly at it, takes it into his hand, and, complaining that he has nothing
of the kind, begs or rather extorts it from the owner. All the women, in fact,
fear to cross the news-carrier of the town. Chastity and fasting are alike
distasteful to him. What he likes is a savory breakfast–say off a plump young
crane such as is commonly called a cheeper. In speech he is rude and forward,
and is always ready to bandy reproaches. Wherever you turn he is the first man
that you see before you. Whatever news is noised abroad he is either the
originator of the rumor or its magnifier. He changes his horses every hour; and
they are so sleek and spirited that you would take him for a brother of the
Thracian king.
29. Many are the
stratagems which the wily enemy employs against us. “The serpent,” we are told,
“was more subtile than any beast of the field which the Lord God had made.” And
the apostle says: “We are not ignorant of his devices.” Neither an affected
shabbiness nor a stylish smartness becomes a Christian. If there is anything of
which you are ignorant, if you have any doubt about Scripture, ask one whose
life commends him, whose age puts him above suspicion, whose reputation does
not belie him; one who may be able to say: “I have espoused you to one husband
that I may present you as a chaste virgin to Christ.” Or if there should be
none such able to explain, it is better to avoid danger at the price of
ignorance than to court it for the sake of learning. Remember that you walk in
the midst of snares, and that many veteran virgins, of a chastity never called
in question, have, on the very threshold of death, let their crowns fall from
their hands.
If any of your handmaids
share your vocation, do not lift up yourself against them or pride yourself
because you are their mistress. You have all chosen one Bridegroom you all sing
the same psalms; together you receive the Body of Christ. Why then should your
thoughts be different? You must try to win others, and that you may attract the
more readily you must treat the virgins in your train with the greatest
respect. If you find one of them weak in the faith, be attentive to her,
comfort her, caress her, and make her chastity your treasure. But if a girl
pretends to have a vocation simply because she desires to escape from service,
read aloud to her the words of the apostle: “It is better to marry than to burn.”
Idle persons and
busybodies, whether virgins or widows; such as go from house to house calling
on married women and displaying an unblushing effrontery greater than that of a
stage parasite, cast from you as you would the plague. For “evil communications
corrupt good manners,” and women like these care for nothing but their lowest
appetites. They will often urge you, saying, “My dear creature, make the best
of your advantages, and live while life is yours,” and “Surely you are not
laying up money for your children.” Given to wine and wantonness, they instill
all manner of mischief into people’s minds, and induce even the most austere to
indulge in enervating pleasures. And “when they have begun to wax wanton
against Christ they will marry, having condemnation because they have rejected
their first faith.”
Do not seek to appear
over-eloquent, nor trifle with verse, nor make yourself gay with lyric songs.
And do not, out of affectation, follow the sickly taste of married ladies who,
now pressing their teeth together, now keeping their lips wide apart, speak
with a lisp, and purposely clip their words, because they fancy that to
pronounce them naturally is a mark of country breeding. Accordingly they find
pleasure in what I may call an adultery of the tongue. For “what communion hath
light with darkness? And what concord hath Christ with Belial?” How can Horace
go with the psalter, Virgil with the gospels, Cicero with the apostle? Is not a
brother made to stumble if he sees you sitting at meat in an idol’s temple?
Although “unto the pure all things are, pure,” and “nothing is to be refused if
it be received with thanksgiving,” still we ought not to drink the cup of
Christ, and, at the same time, the cup of devils. Let me relate to you the
story of my own miserable experience.
30. Many years ago, when
for the kingdom of heaven’s sake I had cut myself off from home, parents,
sister, relations, and–harder still–from the dainty food to which I had been
accustomed; and when I was on my way to Jerusalem to wage my warfare, I still
could not bring myself to forego the library which I had formed for myself at
Rome with great care and toil. And so, miserable man that I was, I would fast
only that I might afterwards read Cicero. After many nights spent in vigil,
after floods of tears called from my inmost heart, after the recollection of my
past sins, I would once more take up Plautus. And when at times I returned to
my right mind, and began to read the prophets, their style seemed rude and
repellent. I failed to see the light with my blinded eyes; but I attributed the
fault not to them, but to the sun. While the old serpent was thus making me his
plaything, about the middle of Lent a deep-seated fever fell upon my weakened
body, and while it destroyed my rest completely–the story seems hardly
credible–it so wasted my unhappy frame that scarcely anything was left of me
but skin and bone. Meantime preparations for my funeral went on; my body grew
gradually colder, and the warmth of life lingered only in my throbbing breast. Suddenly
I was caught up in the spirit and dragged before the judgment seat of the
Judge; and here the light was so bright, and those who stood around were so
radiant, that I cast myself upon the ground and did not dare to look up. Asked
who and what I was I replied: “I am a Christian.” But He who presided said:
“Thou liest, thou art a follower of Cicero and not of Christ. For ‘where thy
treasure is, there will thy heart be also.'” Instantly I became dumb, and amid
the strokes of the lash–for He had ordered me to be scourged–I was tortured
more severely still by the fire of conscience, considering with myself that
verse, “In the grave who shall give thee thanks?” Yet for all that I began to
cry and to bewail myself, saying: “Have mercy upon me, O Lord: have mercy upon
me.” Amid the sound of the scourges this cry still made itself heard. At last
the bystanders, failing down before the knees of Him who presided, prayed that
He would have pity on my youth, and that He would give me space to repent of my
error. He might still, they urged, inflict torture on me, should I ever again
read the works of the Gentiles. Under the stress of that awful moment I should
have been ready to make even still larger promises than these. Accordingly I
made oath and called upon His name, saying: “Lord, if ever again I possess
worldly books, or if ever again I read such, I have denied Thee.” Dismissed,
then, on taking this oath, I returned to the upper world, and, to the surprise
of all, I opened upon them eyes so drenched with tears that my distress served
to convince even the incredulous. And that this was no sleep nor idle dream,
such as those by which we are often mocked, I call to witness the tribunal
before which I lay, and the terrible judgment which I feared. May it never, hereafter,
be my lot to fall under such an inquisition! I profess that my shoulders were
black and blue, that I felt the bruises long after I awoke from my sleep, and
that thenceforth I read the books of God with a zeal greater than I had
previously given to the books of men.
31. You must also avoid
the sin of covetousness, and this not merely by refusing to seize upon what
belongs to others, for that is punished by the laws of the state, but also by
not keeping your own property, which has now become no longer yours. “If have
not been faithful,” the Lord says, “in that which is another man’s, who shall
give you that which is your own?” “That which is another man’s” is a quantity
of gold or of silver, while “that which is our own” is the spiritual heritage
of which it is elsewhere said: “The ransom of a man’s life is his riches.” “No
man can serve two masters, for either he will hate the one and love the other;
or else he will hold to the one and despise the other. Ye cannot serve God and
Mammon.” Riches, that is; for in the heathen tongue of the Syrians riches are
called mammon. The “thorns” which choke our faith are the taking thought for
our life. Care for the things which the Gentiles seek after is the root of
covetousness.
But you will say: “I am a
girl delicately reared, and I cannot labor with my hands. Suppose that I live
to old age and then fall sick, who will take pity on me?” Hear Jesus speaking
to the apostles: “Take no thought what ye shall eat; nor yet for your body what
ye shall put on. Is not the life more than meat, and the body than raiment?
Behold the fowls of the air: for they sow not, neither do they reap nor gather
into barns; yet your heavenly Father feedeth them.” Should clothing fail you,
set the lilies before your eyes. Should hunger seize you, think of the words in
which the poor and hungry are blessed. Should pain afflict you, read “Therefore
I take pleasure in infirmities,” and “There was given to me a thorn in the
flesh, the messenger of Satan to buffet me, lest I should be exalted above
measure.” Rejoice in all God’s judgments; for does not the psalmist say: “The
daughters of Judah rejoiced because of thy judgments, O Lord”? Let the words be
ever on your lips: “Naked came I out of my mother’s womb, and naked shall I
return thither;” and “We brought nothing into this world, and it is certain we
can carry nothing out.”
32. To-day you may see
women cramming their wardrobes with dresses, changing their gowns from day to
day, and for all that unable to vanquish the moths. Now and then one more
scrupulous wears out a single dress; yet, while she appears in rags, her boxes
are full. Parchments are dyed purple, gold is melted into lettering,
manuscripts are decked with jewels, while Christ lies at the door naked and
dying. When they hold out a hand to the needy they sound a trumpet; when they
invite to a love-feast they engage a crier. I lately saw the noblest lady in
Rome–I suppress her name, for I am no satirist–with a band of eunuchs before
her in the basilica of the blessed Peter. She was giving money to the poor, a
coin apiece; and this with her own hand, that she might be accounted more
religious. Hereupon a by no means uncommon incident occurred. An old woman,
“full of years and rags,” ran forward to get a second coin, but when her turn
came she received not a penny but a blow hard enough to draw blood from her
guilty veins.
“The love of money is the
root of all evil,” and the apostle speaks of covetousness as being idolatry.
“Seek ye first the
kingdom of God and all these things shall be added unto you.”
The Lord will never allow
a righteous soul to perish of hunger.
“I have been young,” the
psalmist says, “and now am old, yet have I not seen the righteous forsaken nor
his seed begging bread.” Elijah is fed by ministering ravens. The widow of Zarephath,
who with her sons expected to die the same night, went without food herself
that she might feed the prophet. He who had come to be fed then turned feeder,
for, by a miracle, he filled the empty barrel. The apostle Peter says: “Silver
and gold have I none, but such as I have give I thee. In the name of Jesus
Christ rise up and walk.” But now many, while they do not say it in words, by
their deeds declare: “Faith and pity have I none; but such as I have, silver
and gold, these I will not give thee.” “Having food and raiment let us be
therewith content.” Hear the prayer of Jacob: “If God will be with me and will
keep me in this way that I go, and will give me bread to eat and raiment to put
on, then shall the Lord be my God.” He prayed only for things necessary; yet,
twenty years afterwards, he returned to the land of Canaan rich in substance.
and richer still in children. Numberless are the instances in Scripture which
teach men to “Beware of covetousness.”
33. As I have been led to
touch to the subject–it shall have a treatise to itself if Christ permit–I will
relate what took place not very many years ago at Nitria. A brother, more
thrifty than covetous, and ignorant that the Lord had been sold for thirty
pieces of silver, left behind him at his death a hundred pieces of money which
he had earned by weaving linen. As there were about five thousand monks in the
neighborhood, living in as many separate cells, a council was held as to what
should be done. Some said that the coins should be distributed among the poor;
others that they should be given to the church, while others were for sending
them hack to the relatives of the deceased. However, Macarius, Pambo, Isidore
and the rest of those called fathers, speaking by the Spirit, decided that they
should be interred with their owner, with the words: “Thy money perish with
thee.” Nor was this too harsh a decision; for so great fear has fallen upon all
throughout Egypt, that it is now a crime to leave after one a single shilling.
34. As I have mentioned
the monks, and know that you like to hear about holy things, lend an ear to me
for a few moments. There are in Egypt three classes of monks. First, there are
the coenobites, called in their Gentile language Sauses, or, as we should say,
men living in a community. Secondly, there are the anchorites, who live in the desert, each
man by himself, and are so called because they have withdrawn from human
society. Thirdly, there is the class called Remoboth, a very inferior and
little regarded type, peculiar to my own province, or, at least, originating
there. These live together in twos and threes, but seldom in larger numbers,
and are bound by no rule; but do exactly as they choose. A portion of their
earnings they contribute to a common fund, out of which food is provided for
all. In most cases they reside in cities and strongholds; and, as though it
were their workmanship which is holy, and not their life, all that they sell is
extremely dear. They often quarrel because they are unwilling, while supplying
their own food, to be subordinate to others. It is true that they compete with
each other in fasting; they make what should be a private concern an occasion
for a triumph. In everything they study effect: their sleeves are loose, their
boots bulge, their garb is of the coarsest. They are always sighing, or
visiting virgins, or sneering at the clergy; yet when a holiday comes, they
make themselves sick–they eat so much.
35. Having then rid
ourselves of these as of so many plagues, let us come to that more numerous
class who live together, and who are, as we have said, called Coenobites. Among
these the first principle of union is to obey superiors and to do whatever they
command. They are divided into bodies of ten and of a hundred, so that each
tenth man has authority over nine others, while the hundredth has ten of these
officers under him. They live apart from each other, in separate cells. According
to their rule, no monk may visit another before the ninth hour; except the
deans above mentioned, whose office is to comfort, with soothing words, those
whose thoughts disquiet them. After the ninth hour they meet together to sing
psalms and read the Scriptures according to usage. Then when the prayers have
ended and all have sat down, one called the father stands up among them and
begins to expound the portion of the day. While he is speaking the silence is
profound; no man ventures to look at his neighbor or to clear his throat. The
speaker’s praise is in the weeping of his hearers. Silent tears roll down their
cheeks, but not a sob escapes from their lips. Yet when he begins to speak of
Christ’s kingdom, and of future bliss, and of the glory which is to come, every
one may be noticed saying to himself, with a gentle sigh and uplifted eyes:
“Oh, that I had wings like a dove! For then would I fly away and be at rest.”
After this the meeting breaks up and each company of ten goes with its father
to its own table. This they take in turns to serve each for a week at a time.
No noise is made over the food; no one talks while eating. Bread, pulse and
greens form their fare, and the only seasoning that they use is salt. Wine is
given only to the old, who with the children often have a special meal prepared
for them to repair the ravages of age and to save the young from premature
decay. When the meal is over they all rise together, and, after singing a hymn,
return to their dwellings. There each one talks till evening with his comrade
thus: “Have you noticed so-and-so? What grace he has How silent he is! How
soberly he walks!” If any one is weak they comfort him; or if he is fervent in
love to God, they encourage him to fresh earnestness. And because at night, besides
the public prayers, each man keeps vigil in his own chamber, they go round all
the cells one by one, and putting their ears to the doors, carefully ascertain
what their occupants are doing. If they find a monk slothful, they do not scold
him; but, dissembling what they know, they visit him more frequently, and at
first exhort rather than compel him to pray more. Each day has its allotted
task, and this being given in to the dean, is by him brought to the steward.
This latter, once a month, gives a scrupulous account to their common father.
He also tastes the dishes when they are cooked, and, as no one is allowed to
say, “I am without a tunic or a cloak or a couch of rushes,” he so arranges
that no one need ask for or go without what he wants. In case a monk falls ill,
he is moved to a more spacious chamber, and there so attentively nursed by the
old men, that he misses neither the luxury of cities nor a mother’s kindness.
Every Lord’s day they spend their whole time in prayer and reading; indeed, when
they have finished their tasks, these are their usual occupations. Every day
they learn by heart a portion of Scripture. They keep the same fasts all the
year round, but in Lent they are allowed to live more strictly. After
Whitsuntide they exchange their evening meal for a midday one; both to satisfy
the tradition of the church and to avoid overloading their stomachs with a
double supply of food.
A similar description is
given of the Essenes by Philo, Plato’s imitator; also by Josephus, the Greek
Livy, in his narrative of the Jewish captivity.
36. As my present subject
is virgins, I have said rather too much about monks. I will pass on, therefore,
to the third class, called anchorites, who go from the monasteries
into the deserts, with nothing but bread and salt. Paul introduced this way of
life; Antony made it famous, and–to go farther back still–John the Baptist set
the first example of it. The prophet Jeremiah describes one such in the words:
“It is good for a man that he bear the yoke in his youth. He sitteth alone and
keepeth silence, because he hath borne it upon him. He giveth his cheek to him
that smiteth him, he is filled full with reproach. For the Lord will not east
off forever.” The struggle of the anchorites and their life–in the flesh, yet
not of the flesh–I will, if you wish, explain to you at some other time. I must
now return to the subject of covetousness, which I left to speak of the monks.
With them before your eyes you will despise, not only gold and silver in
general, but earth itself and heaven. United to Christ, you will sing, “The Lord
is my portion.”
37. Farther, although the
apostle bids us to “pray without ceasing,” and although to the saints their
very sleep is a supplication, we ought to have fixed hours of prayer, that if
we are detained by work, the time may remind us of our duty. Prayers, as every
one knows, ought to be said at the third, sixth and ninth hours, at dawn and at
evening. No meal should be begun without prayer, land before leaving table
thanks should be returned to the Creator. We should rise two or three times in the
night, and go over the parts of Scripture which we know by heart. When we leave
the roof which shelters us, prayer should be our armor; and when we return from
the street we should pray before we sit down, and not give the frail body rest
until the soul is fed. In every act we do, in every step we take, let our hand
trace the Lord’s cross. Speak against nobody, and do not slander your mother’s
son. “Who art thou that judgest the servant of another? To his own lord he
standeth or falleth; yea, he shall be made to stand, for the Lord hath power to
make him stand.” If you have fasted two or three days, do not think yourself
better than others who do not fast. You fast and are angry; another eats and
wears a smiling face. You work off your irritation and hunger in quarrels. He
uses food in moderation and gives God thanks. Daily Isaiah cries: “Is it such a
fast that I have chosen, saith the Lord?” and again: “In the day of your fast
ye find your own pleasure, and oppress all your laborers. Behold ye fast for strife
and contention, and to smite with the fist of wickedness. How fast ye unto me?”
What kind of fast can his be whose wrath is such that not only does the night
go down upon it, but that even the moon’s changes leave it unchanged?
38. Look to yourself and
glory in your own success and not in others’ failure. Some women care for the
flesh and reckon up their income and daily expenditure: such are no fit models
for you. Judas was a traitor, but the eleven apostles did not waver. Phygellus
and Alexander made shipwreck; but the rest continued to run the race of faith.
Say not: “So-and-so enjoys her own property, she is honored of men, her
brothers and sisters come to see her. Has she then ceased to be a virgin?” In
the first place, it is doubtful if she is a virgin. For “the Lord seeth not as
man seeth; for man looketh upon the outward appearance, but the Lord looketh on
the heart.” Again, she may be a virgin in body and not in spirit. According to
the apostle, a true virgin is “holy both in body and in spirit.” Lastly, let
her glory in her own way. Let her override Paul’s opinion and live in the
enjoyment of her good things But you and I must follow better examples.
Set before you the
blessed Mary, whose surpassing purity made her meet to be the mother of the Lord.
When the angel Gabriel came down to her, in the form of a man, and said: “Hail,
thou that art highly favored; the Lord is with thee,” she was terror-stricken
and unable to reply, for she had never been saluted by a man before. But, on
learning who he was, she spoke, and one who had been afraid of a man conversed
fearlessly with an angel. Now you, too, may be the Lord’s mother. “Take thee a
great roll and write in it with a man’s pen Maher-shalal-hash-baz.” And when
you have gone to the prophetess, and have conceived in the womb, and have
brought forth a son, say: “Lord, we have been with child by thy fear, we have
been in pain, we have brought forth the spirit of thy salvation, which we have
wrought upon the earth.” Then shall your Son reply: “Behold my mother and my
brethren.” And He whose name you have so recently inscribed upon the table of
your heart, and have written with a pen upon its renewed surface – He, after He
has recovered the spoil from the enemy, and has spoiled principalities and
powers, nailing them to His cross – having been miraculously conceived, grows
up to manhood; and, as He becomes older, regards you no longer as His mother,
but as His bride. To be as the martyrs, or as the apostles, or as Christ,
involves a hard struggle, but brings with it a great reward.
All such efforts are only
of use when they are made within the church’s pale; we must celebrate the
passover in the one house, we must enter the ark with Noah, we must take refuge
from the fall of Jericho with the justified harlot, Rahab. Such virgins as
there are said to be among the heretics and among the followers of the infamous
Manes must be considered, not virgins, but prostitutes. For if–as they
allege–the devil is the author of the body, how can they honor that which is fashioned
by their foe? No; it is because they know that the name virgin brings glory
with it, that they go about as wolves in sheep’s clothing. As antichrist
pretends to be Christ, such virgins assume an honorable name, that they may the
better cloak a discreditable life. Rejoice, my sister; rejoice, my daughter;
rejoice, my virgin; for you have resolved to be, in reality, that which others
insincerely feign.
39. The things that I
have here set forth will seem hard to her who loves not Christ. But one who has
come to regard all the splendor of the world as off-scourings, and to hold all
things under the sun as vain, that he may win Christ; one who has died with his
Lord and risen again, and has crucified the flesh with its affections and
lusts; he will boldly cry out: “Who shall separate us from the love of Christ?
Shall tribulation, or distress, or persecution, or famine, or nakedness, or
peril, or sword?” and again: “I am persuaded that neither death nor life, nor
angels, nor principalities nor powers, nor things present, nor things to come,
nor height, nor depth, nor any other creature shall be able to separate us from
the love of God which is in Christ Jesus, our Lord.”
For our salvation the Son
of God is made the Son of Man. Nine months He awaits His birth in the womb,
undergoes the most revolting conditions, and comes forth covered with blood, to
be swathed in rags and covered with caresses. He who shuts up the world in His
fist is contained in the narrow l limits of a manger. I say nothing of the
thirty years during which he lives in obscurity, satisfied with the poverty of
his parents. When He is scourged He holds His peace; when He is crucified, He
prays for His crucifiers. “What shall I render unto the Lord for all His
benefits towards me? I will take the cup of salvation and call upon the name of
the Lord. Precious in the sight of the Lord is the death of His saints.” The
only fitting return that we can make to Him is to give blood for blood; and, as
we are redeemed by the blood of Christ, gladly to lay down our lives for our
Redeemer. What saint has ever won his crown without first contending for it?
Righteous Abel is murdered. Abraham is in danger of losing his wife. And, as I
must not enlarge my book unduly, seek for yourself: you will find that all holy
men have suffered adversity. Solomon alone lived in luxury and perhaps it was
for this reason that he fell. For “whom the Lord loveth, He chasteneth, and
scourgeth every son whom He receiveth.” Which is best – for a short time to do
battle, to carry stakes for the palisades, to bear arms, to faint under heavy
bucklers, that ever afterwards we may rejoice as victors? or to become slaves
forever, just because we cannot endure for a single hour?
40. Love finds nothing
hard; no task is difficult to the eager. Think of all that Jacob bore for
Rachel, the wife who had been promised to him. “Jacob,” the Scripture says,
“served seven years for Rachel. And they seemed unto him but a few days for the
love he had to her.” Afterwards he himself tells us what he had to undergo. “In
the day the drought consumed me and the frost by night.” So we must love Christ
and always seek His embraces. Then everything difficult will seem easy; all
things long we shall account short; and smitten with His arrows, we shall say
every moment: “Woe is me that I have prolonged my pilgrimage.” For “the
sufferings of this present time are not worthy to be compared with the glory
which shall be revealed in us.” For “tribulation worketh patience, and patience
experience, and experience hope; and hope maketh not ashamed.” When your lot
seems hard to bear read Paul’s second epistle to the Corinthians: “In labors
more abundant; in stripes above measure; in prisons more frequent; in deaths
oft. Of the Jews five times received I forty stripes save one; thrice was I
beaten with rods; once was I stoned; thrice I suffered shipwreck; a night and a
day I have been in the deep; in journeyings often, in perils of waters, in
perils of robbers, in perils by mine own countrymen, in perils by the heathen,
in perils in the city, in perils in the wilderness, in perils in the sea, in
perils among false brethren, in weariness and painfulness, in watchings often,
in hunger and thirst, in fastings often, in cold and nakedness.” Which of us
can claim the veriest fraction of the virtues here enumerated? Yet it was these
which afterwards made him bold to say: “I have finished my course, I have kept
the faith. Henceforth there is laid up for me a crown of righteousness which
the Lord, the righteous Judge, shall give me at that day.”
But we, if our food is
less appetizing than usual, get sullen, and fancy that we do God a favor by
drinking watered wine. And if the water brought to us is a trifle too warm, we
break the cup and overturn the table and scourge the servant in fault until
blood comes. “The kingdom of heaven suffereth violence and the violent take it
by force.” Still, unless you use force you will never seize the kingdom of
heaven. Unless you knock importunately you will never receive the sacramental
bread. Is it not truly violence, think you, when the flesh desires to be as God
and ascends to the place whence angels have fallen to judge angels?
41. Emerge, I pray you,
for a while from your prison-house, and paint before your eyes the reward of
your present toil, a reward which “eye hath not seen, nor ear heard, neither
hath it entered into the heart of man.” What will be the glory of that day when
Mary, the mother of the Lord, shall come to meet you, accompanied by her virgin
choirs! When, the Red Sea past and Pharaoh drowned with his host, Miriam,
Aaron’s sister, her timbrel in her hand, shall chant to the answering women:
“Sing ye unto the Lord, for he hath triumphed gloriously; the horse and his
rider hath he thrown into the sea.” Then shall Thecla fly with joy to embrace
you. Then shall your Spouse himself come forward and say: “Rise up, my love, my
fair one, and come away, for lo! the winter is past, the rain is over and
gone.” Then shall the angels say with wonder: “Who is she that looketh forth as
the morning, fair as the moon, clear as the sun?” “The daughters shall see you
and bless you; yea, the queens shall proclaim and the concubines shall praise
you.” And, after these, yet another company of chaste women will meet you.
Sarah will come with the wedded; Anna, the I daughter of Phanuel, with the
widows. In the one band you will find your natural mother and in the other your
spiritual. The one will rejoice in having borne, the other will exult in having
taught you. Then truly will the Lord ride upon his ass, and thus enter the
heavenly Jerusalem. Then the little ones (of whom, in Isaiah, the Saviour says:
“Behold, I and the children whom the Lord hath given me”) shall lift up palms
of victory and shall sing with one voice: “Hosanna in the highest, blessed is
he that cometh in the name of the Lord, hosanna in the highest.” Then shall the
“hundred and forty and four thousand “hold their harps before the throne and
before the elders and shall sing the new song. And no man shall have power to
learn that song save those for whom it is appointed. “These are they which were
not defiled with women; for they are virgins. These are they which follow the
Lamb whithersoever he goeth.” As often as this life’s idle show tries to charm
you; as often as you see in the world some vain pomp, transport yourself in
mind to Paradise, essay to be now what you will be hereafter, and you will hear
your Spouse say: “Set me as a sunshade in thine heart and as a seal upon thine
arm.” And then, strengthened in body as well as in mind, you, too, will cry
aloud and say: “Many waters cannot quench love, neither can the floods drown
it.”
SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-jerome-letter-23-to-eustochium/
Santa Eustochio Vergine
† 419
Appartenente
all'aristocrazia romana. Con sua madre, divenne figlia spirituale di San
Girolamo. Quando costui partì per la Terra Santa, esse lo seguirono. A
Gerusalemme si dedicò al lavoro di scrivano per San Girolamo, aiutandolo nella
traduzione della Vulgata.
Martirologio
Romano: A Betlemme di Giuda, commemorazione di santa Eustochio, vergine,
che, insieme a sua madre santa Paola, partì da Roma per raggiungere il presepe
del Signore e non privarsi del consiglio del suo maestro san Girolamo e in
questa terra passò al Signore rifulgendo di meriti insigni.
Santa EUSTOCHIO, figlia
di santa Paola romana
Eustochio nacque a Roma non prima del 367, terzogenita del senatore Tossozio e della matrona Paola, appartenenti ambedue all'alta aristocrazia romana. Dopo un periodo giovanile dedito alla mondanità, alla morte del padre, avvenuta nel 379, seguì la madre nell'aggregarsi al cenacolo di Marcella sull'Aventino. Quando, negli anni 382-85, san Girolamo soggiornò a Roma, ella gli fu affezionata discepola, frequentando assiduamente le conferenze sulla Sacra Scrittura che il santo dottore teneva a un gruppo di signore romane nella casa di Marcella. Per lei, alunna esemplare, egli scrisse l'Epistola XXII, che può definirsi il più diffuso trattato sulla verginità. In occasione della festa dei santi Apostoli Pietro e Paolo del 384, Eustochio gli mandò un biglietto e alcuni doni simbolici, cioè un paniere di ciliegie, alcune armille e alcune colombe. Girolamo le rispose con una lettera molto arguta.
Quando Paola decise di fissare la sua dimora in Palestina per non rimanere priva della direzione di san Girolamo, Eustochio si unì a lei. Nell’autunno del 385, madre e figlia si imbarcarono a Porto Romano e sbarcarono a Seleucia, porto di Antiochia di Siria, capitale della regione, accolte dal vescovo Paolino. Qui era Girolamo ad attendere le pellegrine. Il gruppo bordeggiò lungo la costa della Siria e, quindi, della Palestina, toccando Tolemaide, Cesarea, Diospoli, Joppe, salendo per Nicopoli a Gerusalemme e recandosi poi a Betlemme. Continuò le devote esplorazioni spingendosi nella Galilea e quindi in Egitto; in Egitto volle vedere anche la Nitria. Girolamo, profondo conoscitore della Sacra Scrittura, sapeva illustrare ogni luogo da dotto. Nel 386 la carovana ripartì per la Palestina; a Betlemme Paola costruì due monasteri, uno per le religiose presso la grotta e l’altro per i monaci, a debita distanza.
Qui Eustochio dedicò molto tempo allo studio della Sacra Scrittura, divenendo una brava ebraista come Paola; tutte e due, poi, sapevano stimolare Girolamo al lavoro biblico. Egli dedicò loro la traduzione del Libro dei Re; le diciotto prefazioni dei libri di Isaia e le quattordici prefazioni di Ezechiele sono dedicate a Eustochio. Ella era la disccpola prediletta, perché vergine.
Quando Paola nel 402-403 si ammalò di una malattia che doveva portarla alla morte, Eustochio compì verso di lei tutti i doveri dell’amor filiale. Morta la madre, Eustochio prese la cura e il governo del monastero da lei fondato, camminando sulla scia luminosa degli esempi e degli ideali della genitrice. Qui continuò a stimolare Girolamo a continuare i lavori biblici, che aveva intrapreso per le insistenze della madre. Per lei Girolamo tradusse la regola di san Pacomio, verso il 404. Morì nel 419, ma non si conosce il giorno del suo transito, per cui i martirologi lo mettono al 20 o 28 settembre, al 20 febbraio, al 2 marzo e al 2 novembre. Tre brevi lettere di Girolamo ci dicono la sua desolazione: «la morte improvvisa della santa e venerabile vergine di Cristo mi ha sconvolto ed ha cambiato il mio genere di vita».
Eustochio non ha avuto alcun culto nell’antichità: è entrata nei martirologi piuttosto recentemente, e in pochi. Il Martirologio Romano la ricorda al 28 settembre. È raffigurata assieme alla madre santa Paola come pellegrina ai Luoghi Santi.
Autore: Filippo Caraffa
SOURCE : https://www.santiebeati.it/dettaglio/72330
Den hellige Eustochium av
Betlehem (~367-~419)
Minnedag: 28.
september
Den hellige Eustochium
Julia ble født rundt 367 i Roma. Hun var av gammel adelsslekt og var den tredje
av de fire døtrene av den hellige Paula (347-404)
og hennes mann Julius Toxotius. Hennes søstre var den hellige Blesilla, Rufina og
Paulina, som giftet seg med den hellige senatoren Pammachius, men døde i 397
etter å ha satt et dødfødt barn til verden. I tillegg hadde de fire søstrene en
bror, Julius Toxotius den yngre. T.S.M. Mommaerts og D.H. Kelley hevder at
Eustochium Julias far var Julius Toxotius den yngre, og at hans mor var Laeta,
datter av Publius Ceionius Caecina Albinus av slekten Ceionii Volusiani,
en hedning og prest (The Anicii of Gaul and Rome, in Fifth-century Gaul: a
Crisis of Identity? redigert av John Drinkwater og Hugh Elton, Cambridge
University Press 1992, s 120-21).
Julia var rundt tolv år
gammel da hennes far døde i 379. Etter en periode med dyp sorg opplevde Paula,
som selv bare var 32 år gammel, en religiøs omvendelse. Hun sluttet seg til en
asketisk krets i Roma under ledelse av den hellige Marcella, og
deres veileder var den hellige Hieronymus etter
at han kom til Roma i 382. Eustochium ble fromt oppdratt av Paula og venninnen
Marcella.
Blesilla var Hieronymus’
yndlingsprotesjé, men da hun døde i 383, bare tyve år gammel, ble hans
interesse konsentrert om Paulas tredje datter, Eustochium. Han formet henne fra
tidlig alder til en slags lærd jomfruelighet, en oppdragelse som inkluderte
timer i hebraisk og formaninger til kyskhet «så presise og detaljerte at de
ville fått en legionær til å rødme». Slektninger var imidlertid bekymret over
at den askesen som han foreskrev for Eustochium var for streng. Hun var bare
fjorten eller femten år gammel da Hieronymus kom til byen, og en onkel og tante
av Eustochium, Hymettius og Praetextata, prøvde å overtale hennes til å gi opp
sitt asketiske liv og delta i noen av livets ordinære fornøyelser.
Men de lyktes ikke, og
rundt 384 avla hun løfte om evig jomfruelighet. Hun var den første unge
romerske adelskvinnen som gjorde dette, og for å markere anledningen skrev
Hieronymus til henne i 384 sitt berømte brev «Om å beholde
jomfrueligheten» (De custodia virginitatis). Men med sine avsnitt med
satire og sin nådeløse kritikk av visse konsekrerte jomfruer og prester, var
brevet opplagt ment for et bredere publikum. Et annet og mer rent personlig
brev, datert 29. juni 384, er bevart. Der gir Hieronymus henne en skarp
reprimande for å ha sendt ham noen kirsebær, duer og andre gjenstander, som han
åpenbart betraktet som trivielle.
Eustochium ser ikke ut
til å ha blitt permanent nedslått over dette. Hennes opplæring hadde blitt
betrodd til Marcella, som hjalp Paula gjennom hennes sorg og utøvde en sterk
innflytelse både på henne og datteren. I 385 forlot en skuffet Hieronymus Roma
etter å ha blitt forbigått ved pavevalget. Da Paula sammen med en rekke andre
kvinner som aspirerte til det religiøse liv, bestemte seg for å reise etter
ham, valgte Eustochium å bli med moren til Palestina. I mai 386 reiste Paula,
Eustochium og andre av hans disipler etter Hieronymus, som nå hadde flyttet til
Antiokia, og deretter dro de på pilegrimsreise til Det hellige Land og til
Egypt for å møte munkene og eremittene der. Hieronymus viste seg som en
stimulerende reiseleder og holdt lærde forelesninger om alle de stedene de
besøkte.
Senere i 386 slo de seg
ned i Betlehem. Paula og Eustochium var nå fornøyd med å bo i en knøttliten
hytte i stedet for sin romslige romerske villa. Paula tok nå ledelsen for
gruppen, og for hennes formue kjøpte de noen hus, hvor Paula under Hieronymus’
ledelse grunnla tre store kvinneklostre og han et mindre mannskloster hvor de
kunne leve et ordensliv i fred. Alle var likt og ganske enkelt kledd for å vise
at de alle var like i Guds øyne. Men midt i askesen holdt de fast ved de
romerske sosiale forskjellene: I et av kvinneklostrene ble søstrene delt i tre
grader etter sosial klasse, og de møttes bare til tidebønnene og
gudstjenestene. Eustochium hadde ansvaret for alle praktiske oppgaver,
inkludert matlaging. Paula ga bort så mye penger til velgjørenhet at mot
slutten av livet hadde hun og ledsagerne en svært anstrengt økonomi.
Det ble åpnet et
gjestehus for reisende og en gratis skole hvor Hieronymus lærte barn fra
området gresk og latin. Selv bodde han i en grotte nær Fødselsgrotten. Paula sa
at det var for å være sikker på at hvis Maria og Josef igjen kom til Betlehem,
ville det finnes et sted hvor de kunne bo. Både Paula og Eustochium lærte seg
hebraisk og gresk. Hieronymus’ disipler hjalp ham med hans arbeid med å
oversette Bibelen til latin. Men da synet begynte å svikte, ville han ha vært
nødt til å gi opp arbeidet om ikke Eustochium og hennes mor hadde vært der og
hjulpet ham. Han anså at de var bedre skikket til å vurdere verdien av hans
arbeid enn de fleste menn, og han dediserte noen av hans skrifter til dem. På
deres anmodning skrev han kommentarer til den hellige apostelen Paulus’ brev
til galaterne, efeserne, Titus og Filemon. Han dedikerte sine kommentarer til
profetene Jesaja og Esekiel til Eustochium.
I 403 ble Paula syk, og
Eustochium delte sin tid mellom å stelle for moren og å be for henne i
fødselsgrotten. Da moren til slutt døde den 26. januar 404, var smerten ved
atskillelsen og tapet svært hard for Eustochium. Hieronymus forteller at hun
var som et spedbarn som blir tatt fra barnepiken og at hun ønsket at hun kunne
ha blitt gravlagt sammen med moren. Men hun overlevde sorgen og tok ledelsen
for kvinnekommuniteten i Betlehem. Hun måtte ta seg av den store gjelden moren
etterlot seg. Situasjonen ble reddet delvis på grunn av den oppmuntring hun
fikk fra Hieronymus, delvis på grunn av sitt eget stille mot og delvis med midler
fra Hennes niese Paula, som hadde kommet fra Roma for å slutte seg til
kommuniteten.
Eustochium var leder for
kommuniteten da den i 416 ble plyndret og klostrene brent ned av en mobb.
Hieronymus, Eustochium og Paula skrev for å advare den hellige pave Innocent I (401-17),
og han sendte på sin side en reprimande til biskopen av Jerusalem fordi han
ikke klarte å sørge for bedre sikkerhet. Men Eustochium kom seg aldri helt
etter dette sjokket, og hun døde rundt 419 i Betlehem og ble etterfulgt som
leder for kvinneklostrene av sin niese, Paula den yngre. Hieronymus skrev at
hennes død «har voldt meg fryktelige bekymringer og nesten forandret min
levemåte, for alderdommen tar på meg». Ifølge Eustochiums legendariske vita døde
hun den 28. september 420, to dager før Hieronymus. Hun ble gravlagt i samme
grav som sin mor, nær fødselsgrotten. Graven er fortsatt der, men den er nå
tom.
Eustochium er
hovedsakelig kjent gjennom Hieronymus’ brev. Det lengste av dem var adressert
til henne da hun var rundt seksten år. Det er en informativ avhandling om det
jomfruelige liv, og er et berømt dokument i de monastiske idealenes historie.
Hieronymus skriver et annet sted at hun var en kvinne av stor ånd i en liten
kropp, og tilskriver skrivingen av mange av hans bibelkommentarer hennes
oppmuntring.
Det var ingen tidlig kult
for Eustochium, og hennes navn opptrer i bare noen få martyrologier. Det ble en
fornyet interesse for henne på 1500-tallet da den hellige Angela Merici grunnla
ursulinnenes kongregasjon. Paula og Eustochium er avbildet på veggene i
oratoriet i ursulinnenes kloster i Roma. Hennes minnedag i Martyrologium
Romanum er dødsdagen 28. september. Hun fremstilles som jomfru eller nonne med
lilje, som eneboerske eller i samtale med Hieronymus.
Kilder:
Attwater/John, Attwater/Cumming, Bentley, Butler (IX), Benedictines, Delaney,
Bunson, Gorys, KIR, CSO, Patron Saints SQPN, Infocatho, Bautz, santiebeati.it,
en.wikipedia.org, zeno.org - Kompilasjon og oversettelse: p. Per Einar Odden
Opprettet: 4. juli 1999
SOURCE : http://www.katolsk.no/biografier/historisk/eustochi
Voir aussi : http://www.christianiconography.info/eustochium.html