samedi 6 juillet 2013

Sainte GODELIEVE de GHISTELLES, martyre



Sainte Godelieve de Ghistelles

Martyre à Ghistelles (Gistel en flamand) (✝ 1070)

Godeliève, Godeleine, Godelaine ou Godelive.

Son histoire, même si elle est triste, a toute raison d'être vraie.

Elle naquit à Saint-Omer en Artois. Elle avait dix-huit ans lorsqu'elle épousa Bertholf, le seigneur de Ghistelles. Elle était bonne, jolie et douce, ce qui n'empêcha pas sa belle-mère de la haïr bientôt et son mari de décider de la faire disparaître. Ils la firent enfermer dans un cachot quelque temps après le mariage, mais elle réussit à s'enfuir et à revenir au château paternel. Son père, par souci de conscience, porta cette séparation devant l'évêque de Tournai qui exigea que les époux reprennent la vie commune. Godelieve lui obéit et revint chez Bertholf qui la fit jeter dans un étang par deux valets, quelques jours après son retour. Le comte de Flandre se soucia peu de cet assassinat, il avait d'autres soucis avec ses seigneurs pour ne pas y ajouter celui-là.

Elle est fêtée dans le diocèse d'Arras le 6 juillet, à Wierre-Efffroy, et aussi en Belgique (diocèse de Tournai-Noyon, à l'époque).

Née vers 1049, de Hemrid, seigneur de Wierre-Effroy, et de Ogine (Boulonnais)

Mariée avec Bertolf, il ne semble pas que ce fut un mariage heureux... Elle décède dans la nuit du 6 au 7 juillet 1070. Les femmes maltraitées peuvent trouver en elle un bel exemple à imiter, et sujet de consolation, puisque Godeleine, après sa mort, transforma les mœurs de son mari...

Les peintres tiennent sainte Godeleine pour vierge, puisqu'ils la représentent avec deux couronnes: celle de la virginité et celle du martyre; on la peint aussi avec une corde, mais préférablement avec un linge tordu ou une écharpe autour du cou; l'épargne qu'elle faisait sur sa maigre portion pendant sa réclusion peut être rappelée par un morceau de pain qu'elle donne aux pauvres.

Une fête et procession patronale a lieu en été le dimanche de juillet proche du 6 juillet. Fête de Sainte-Godeleine à Wierre-Effroy.

À Ghistelles en Flandre, vers 1070, sainte Godelieve, martyre. Donnée en mariage au seigneur du lieu, elle eut beaucoup à souffrir de son mari et de sa belle-mère, et fut enfin étranglée par deux valets.

Martyrologe romain

SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1452/Sainte-Godelieve-de-Ghistelles.html

Sainte Godelieve

martyre

(† 1070)

Bertolf, gentilhomme flamand, recherchait avec ardeur une jeune fille noble et accomplie, nommée Godelieve. Elle lui fut accordée. Il semblait que cette union vivement désirée dût être heureuse, et pourtant dès l'abord les fleurs de l'hymen se changèrent en épines: Bertolf, caractère violent et brutal, homme sans éducation et sans foi, conçut pour son épouse une aversion sauvage.

Isolée de sa famille, méprisée de son époux, sans expérience et sans secours, la jeune châtelaine se tourna vers Dieu, son unique soutien. Prier, assister les pauvres et les malades, surveiller sa maison, instruire ses domestiques et travailler de ses mains: telles furent ses continuelles occupations.

Loin d'amollir le cœur du gentilhomme, une si sage conduite l'irrita davantage. Pour punir sa femme d'avoir tant de vertu, il commença par lui ôter l'administration de son intérieur et la faire dépendre elle-même d'un valet, personnage digne d'un tel maître et qui sut enchérir sur les ordres barbares de Bertolf. La victime de ces deux monstres n'avait jamais d'autre pitance qu'un morceau de pain et un verre d'eau; mais en revanche elle recevait avec profusion les injures et les mauvais traitements. Toujours douce et résignée, Godelieve s'encourageait de l'exemple du divin Maître, et s'estimait heureuse de marcher après lui dans la voie des souffrances et des humiliations. Elle donnait aux pauvres la moitié de sa chétive nourriture; et si des âmes compatissantes, pensant la consoler blâmaient les violences de son tyran: «Ne parlez pas ainsi,» leur répondait-elle; «vous me faites de la peine en médisant de Bertolf. Dieu, qui peut changer les cœurs, a voulu ce qui m'est arrivé. Priez pour mon mari; mais, je vous en conjure, n'en dites pas de mal.»

La pensée intime de Bertolf était que sa femme ne résisterait pas au régime qu'il lui avait imposé. Déçu dans son espoir, il ne lui donna plus que la moitié de sa faible ration de pain. Godelieve s'en contenta et continua de partager avec les pauvres. Cependant lorsqu'elle comprit que son persécuteur en voulait à sa vie, elle se sauva chez son père, qui porta ses plaintes au comte de Flandre. Réprimandé par son souverain, Bertolf parut regretter sa conduite, et Godelieve suivit son époux avec l'espoir d'un peu de bonheur tardif. Hélas! Son bourreau ne se contraignit pas longtemps. Elle s'aperçut bien qu'il voulait se défaire d'elle à tout prix; néanmoins elle ne le quitta plus et s'abandonna sans réserve à la Providence. Lui, désespérant qu'elle mourut de faim, chargea deux misérables de l'étrangler en son absence, et l'on cacha le crime sous la déclaration d'une mort subite (1070). Les personnes qui virent le corps inanimé remarquèrent bien un cercle noir autour du cou, mais elles crurent prudent de garder d'abord leurs soupçons qui devinrent plus tard une triste certitude.

Plusieurs miracles attestèrent la sainteté de cette martyre de la foi conjugale. Ils ébranlèrent, dit-on, Bertolf lui-même: il pleura ses fautes et fit pénitence.

Réflexion pratique – Un chrétien qui se retrempe dans le souvenir de la passion du Sauveur, est capable de supporter sans défaillances les plus dures épreuves. Un sort malheureux, chrétiennement supporté, ouvre à l'âme le plus court chemin du ciel.

J.-M. Planchet, Nouvelle Vie des Saints, 2e éd. Paris, 1946


Sainte Godelieve

Son nom s'écrit aussi Godelive; il a pour variante française Godeleine. Son histoire dépasse en horreur les plus affreux romans de François Mauriac.

Sainte Godelieve, que l'Église propose à notre vénération comme le modèle le plus accompli de la patience chrétienne dans le mariage, naquit vers l'an 1049 dans le Boulonnais, ancien diocèse de Thérouanne, alors siège apostolique des Flandres côtières. Ses parents étaient riches et nobles. Hemfrid, son père, seigneur de Wierre-Effroy, dans le Boulonnais, avait choisi pour compagne Ogine, jeune fille pleine de tendresse et de vertus, quoique de noble origine fort belle.

Chrétiens de coeur et d'esprit, les deux époux, qui habitaient le château de Longfort, s'appliquèrent surtout à rendre heureux leurs vassaux, qu'ils regardaient comme leurs enfants, et qu'ils traitaient avec une bonté tout à fait évangélique.

Dieu bénit leur union par la naissance de trois filles, Ogine, Adèle, et Godelieve, dont le nom signifie, en flamand, "Amie de Dieu" - c'est le même sens que Théophile.

La vertueuse noble dame, tendre à l'égard de ses 3 filles, se sentait surtout portée d'inclination pour la plus jeune, dont l'intelligence précoce se développa dès qu'elle sut babiller. Sa mère profita de cette heureuse disposition pour semer dans cette jeune âme les sentiments de la plus tendre piété, et comme, pour cet effet, une mère ne se remplace jamais, ce fut sur les genoux d'Ogine que Godelieve reçut les premières semences de la Foi. Mères Chrétiennes, si, dès que brillent les premières lueurs de leur raison, vos enfants apprenaient de vous à connaître Dieu, à l'aimer et à le prier, bientôt on verrait renaître la piété des anciens jours; car elle est immense l'influence qu'exerce sur sa famille la mère véritablement pieuse.

Parvenue à l'âge de jeune fille, l'apparence de Godelieve était des plus séduisants, elle était belle et bonne, compatissante pour les pauvres. Sa taille élancée était remplie de grâce et de noblesse, rien n'égalait la douceur de ses yeux, la délicatesse de ses traits; et la blancheur de son teint, agréablement coloré, était relevée par la belle et soyeuse chevelure noire dont sa tête était ornée. Nous citons à dessein la couleur des cheveux de Godelieve, parce que cette couleur fut pour elle, dans la suite, le prétexte des injures les plus sanglantes et de l'aversion qu'elle inspira.

La beauté était le moindre des avantages de notre sainte; mieux qu'aucune jeune fille elle maniait l'aiguille et le fuseau, et sous ses doigts habiles la laine et la soie prenaient les formes les plus diversifiées et les plus gracieuses, et personne ne la surpassait dans tous les travaux domestiques. Mais sa vertu était de beaucoup supérieure à ses talents et à sa beauté. Qui pourrait dire son ardent amour pour Dieu, sa docilité à l'égard de ses parents, et surtout la sensibilité de son coeur et sa tendre compassion pour les malheureux? Les soulager était sa passion dominante, et travailler pour eux son occupation favorite. Jeune enfant, elle se privait même de sa nourriture pour apaiser leur faim, et trouvait mille moyens ingénieux pour intéresser ses parents en leur faveur, et pour satisfaire ce noble et doux penchant de son coeur généreux. L'intendant de Longfort, étonné de voir disparaître peu à peu les provisions de la seigneurerie, ne pouvait s'expliquer comment avaient lieu ces soustractions si fréquentes, lorsqu'un jour il surprit, chargée de provisions, la jeune Godelieve au moment même où elle s'apprêtait à les distribuer aux pauvres. Cet homme, craignant que son honnêteté ne fût mise en doute, accabla Godelieve des plus amers reproches, se plaignit à Hemfrid, et le pria de réprimander sa fille qui, disait-il, non contente de ruiner le château par ses prodigalités, l'exposait lui-même à faire douter de sa fidélité et à répandre sur sa gestion une tache ineffaçable.

Hemfrid rassure l'intendant, fait appeler sa fille et lui adresse des reproches. Godelieve se jette aux genoux de son père, en le suppliant de lui pardonner. Mais quand Hemfrid lui eut signifié qu'il fallait renoncer à ce qu'il appelait manque de prudence dans sa charité, Godelieve, qui se regardait comme l'avocate des pauvres, fondit en larmes, et plaida leur cause avec tant de force et de persuasion, qu'Hemfrid, surpris et touché tout à la fois de cette chaleureuse éloquence du coeur de sa fille, l'embrassa tendrement, lui permit de continuer ses aumônes, et lui assigna même une partie de son patrimoine pour le soulagement des malheureux. Libre alors de suivre l'impulsion généreuse de son coeur, Godelieve, dès ce jour, se regarde comme la mère de tous les pauvres de Wierre et des environs, et Dieu seul connaît combien de pleurs elle essuya, combien de privations elle sut s'imposer pour qu'aucun des membres souffrants de Jésus-Christ n'implorât inutilement son assistance.

C'est ainsi que, partageant son temps entre la prière, le travail et le soin des pauvres, Godelieve vit s'écouler dans la maison paternelle les 18 premières années de sa jeunesse. Ne trouvant parmi les hommes rien qui pût égaler l'amour qu'elle avait pour son Dieu, elle résolut de ne pas Lui dérober un coeur auquel ce Dieu savait si tendrement répondre par les suaves délices qu'Il y répandait. Elle songea alors la vie monastique, mais, en fille Chrétienne, elle s'en remit aux conseils de ses parents, qui, malgré leur haute piété, l'obligèrent à réfléchir mûrement avant de prendre une décision. Godelieve obéit, et, en attendant l'instant où elle se consacrerait au Céleste Époux, elle s'appliqua à pratiquer les vertus qui la rendirent pour tous un objet d'admiration et d'affection respectueuse.

Cependant Eustache 2, comte de Boulogne et père de l'illustre Godefroid de Bouillon, roi de Jérusalem, convoqua ses vassaux pour délibérer avec eux sur les intérêts du pays. Hemfrid se rendit auprès de son suzerain, et fut reçu avec une bienveillante distinction. L'assemblée terminée, Hemfrid s'approcha d'Eustache et le supplia de vouloir honorer son manoir de sa présence. Sur la réponse favorable de son seigneur, il se hâte de se rendre à Longfort pour prévenir Ogine de tout disposer pour recevoir son suzerain. Aussitôt Ogine prépare toutes choses pour cet effet, et n'oublie rien pour que le festin soit servi de la manière la plus splendide et digne de l'hôte illustre qu'elle doit recevoir.

Eustache arriva au jour indiqué. Hemfrid, averti de son approche, alla au-devant de lui avec ses vassaux, et l'ayant reçu avec tous les honneurs dûs à son rang, le conduisit à son château, qui ce jour-là avait pris un air de fête. Les convives, en voyant ce luxe inhabituel, pensèrent assister aux préludes des fiançailles de Godelieve. Au milieu du jour devait commencer le festin. Cependant la foule des pauvres, plus nombreuse que d'habitude, se tenait à l'entrée du château; tous connaissant le coeur de Godelieve, ils pensaient cependant que dans un jour où elle était forcée de se tenir auprès de sa mère pour faire honneur à ses hôtes, il lui serait difficile de s'occuper de ses chers indigents. Mais la jeune noble, dont le coeur saignait à la vue de tous ces nécessiteux, sortit furtivement, et leur apporta, cachés dans les plis de sa robe, quelques-uns des mets destinés à la table de son père.

Le maître-d'hôtel s'apercevant de cette nouvelle disparition, alla en prévenir Hemfrid, qui, cette fois, n'admit aucune des excuses de sa fille, et lui parla même avec dureté et colère. "Père," lui dit Godelieve, "j'ai cru qu'aujourd'hui était un jour de fête pour tous, et que les pauvres devaient aussi se ressentir de l'honneur que nous fait le seigneur Eustache. Je n'ai pas cru vous offenser en dérobant ce superflu au repas somptueux que vous donnez à ces gentilshommes, qui, tous les jours, se rassasient des mets les plus succulents. Mais ces pauvres qui souffrent et qui gémissent à notre porte, tandis que nous sommes dans l'abondance, devons-nous les laisser ainsi, et ne pas considérer que Jésus Christ souffre en leur personne? Non, je n'ai pas cru vous manquer en secourant de vos aumônes Celui qui nous ordonne d'avoir pitié de nos frères misérables; et, d'ailleurs, ce que j'ai enlevé est si peu de chose, que vos hôtes, mon père, auront bien au-delà de ce qui est nécessaire pour se rassasier."

Mais Hemfrid, loin de s'apaiser, ne fut que plus irrité, et Godelieve, après avoir inutilement essayé de le calmer, se retira dans sa chambre pour prier et pleurer. Cependant les convives se mirent à table; le festin fut servi avec une grande somptuosité, et Ogine en fit les honneurs avec toute la grâce et l'aimable urbanité qui la caractérisaient.

Le repas fini, tous se préparèrent à regagner Boulogne, et le plus beau coursier d'Hemfrid fut mis à la disposition du comte. Mais celui-ci ne voulut pas repartir sans voir Godelieve, dont il avait entendu vanter les vertus et la beauté. A la voix de sa mère, Godelieve se rendit dans la salle d'honneur du château, et se présenta avec tant de grâce et de modestie devant Eustache, que celui-ci se leva, et, baisant respectueusement le front candide de la jeune fille, la fit asseoir auprès de lui.

"Godelieve, notre chère fille," lui dit-il avec une affectueuse bonté, "que le Ciel vous bénisse de plus en plus, car vous le méritez bien. Comme la rose brille entre toutes les fleurs, de même vous brillez entre toutes les jeunes filles par vos qualités et les charmes de votre personne. Vous êtes parvenue à l'âge de penser à vous marier; dès que votre choix sera fixé, comptez sur notre protection et notre bienveillance qui ne vous manqueront jamais."

Godelieve répondit avec autant de sagesse que de modestie à ces bienveillantes paroles de son seigneur, et lui déclara qu'ayant réfléchi sur tous les avantages de la vie monastique, elle espérait que ses parents accéderaient à ses désirs, et qu'un jour elle pourrait recevoir le voile virginal des épouses de Jésus-Christ.

Tous les assistants furent surpris d'une réponse si sage; mais pas un n'osa dissuader la sainte jeune fille de prendre une telle décision, et tous, en adressant à Hemfrid des félicitations sur son bonheur de posséder une telle fille, prirent congé de leur hôte et se rendirent à Boulogne.

Cependant le comte Eustache ne pouvait taire la vive impression qu'avaient produite sur lui la sagesse et la beauté de Godelieve, il en parlait à tous ceux qu'il voyait, et la jeune sainte fut bientôt connue au loin. Plusieurs jeunes seigneurs se lièrent d'amitié avec Hemfrid, dans l'intention d'obtenir la main de sa fille. Sa réputation dépassa même les limites de l'Artois et se répandit jusqu'en Flandre. Un jeune seigneur de cette contrée, Bertolf de Gistel, au seul portrait qu'on lui en fit, résolut, à quelque prix que ce fût, de l'avoir pour épouse, et se rendit en grande pompe au château de Longfort, avec l'espérance d'être plus heureux que les autres prétendants.

La vue de Godelieve produisit sur lui une impression telle, qu'il déclara sur-le-champ le motif qui l'amenait à Longfort. Mais Hemfrid, trop Chrétien pour disposer sans son accord d'un coeur qui voulait se consacrer à Dieu, répondit à Bertolf qu'il ne voulait pas contrarier l'inclination de sa fille, et qu'il la laissait libre d'accepter ou de refuser le brillant parti qui lui était offert. Bertolf, affligé d'une telle réponse, essaya de plaider lui-même sa cause auprès de Godelieve; mais, ni ses protestations, ni les riches présents qu'il étala devant elle ne purent ébranler sa résolution; et Bertolf, le désespoir dans l'âme, quitta le château de Wierre le coeur rempli de l'image de Godelieve et saisi d'admiration pour sa sagesse, qu'il appréciait à l'égal de sa beauté – et probablement aussi de l'héritage potentiel...

Cependant il ne se laissa pas abattre et sut mettre dans ses intérêts Baudouin, son parent, comte de Flandre, qui lui promit son intervention auprès Hemfrid et de sa fille.

Quelques jours après, il convoqua tous les grands vassaux de la Flandre et de l'Artois pour régler les intérêts généraux de son comté. Le comte de Boulogne, Hemfrid, et Bertolf s'y rendirent, et ce dernier y parut vêtu d'habits magnifiques, tour à tour agité de crainte et d'espérance, et comptant beaucoup sur l'influence de son noble parent. Quand le conseil fut séparé, Baudouin, fidèle à la promesse qu'il avait faite à Bertolf, dit, en présence de toute la noblesse du pays, qu'une jeune fille, nommée Godelieve, est aimée d'un jeune et puissant seigneur, et que, si leur union peut avoir lieu, rien ne sera plus avantageux à l'un et à l'autre, et rien aussi ne lui sera plus agréable à lui, leur seigneur suzerain. A ces paroles, tous les yeux se tournèrent vers Bertolf et vers Hemfrid; mais celui-ci répondit qu'il ne voulait contrarier en rien sa fille, et qu'il la laissait maîtresse de disposer de sa main et de son coeur. Bertolf supplia alors de nouveau Eustache, qui décida qu'il irait lui-même à Longfort essayer une dernière tentative auprès de Godelieve, espérant que son éloquence triompherait de la résistance de la jeune châtelaine.

Effectivement, Godelieve, craignant de déplaire à ses parents, et voyant dans cette démarche du comte Eustache une manifestation de la volonté du Ciel, donna son consentement. Elle se prépara, par la prière et les bonnes oeuvres multipliées, à embrasser une vie de mariage pour laquelle elle se sentait de la répugnance, mais où elle résolut de se sanctifier, en cherchant, pour l'amour de Dieu, à en remplir tous les devoirs. C'est ainsi que le seigneur de Ghistel, le Flamand Bertholf, l'épousa. Des fêtes brillantes furent célébrées dans le château de Longfort. Godelieve se montra affable avec tous les convives qui proclamèrent Bertolf le plus heureux des hommes de posséder dans sa jeune épouse un aussi rare assemblage de grâces et de perfection, et les deux époux se préparèrent à partir pour Ghistel, résidence de Bertolf et patrimoine de ses ancêtres.

Ce ne fut pas sans répandre beaucoup de larmes que Godelieve quitta ses excellents parents et les gens du château de Wierre, qui regrettaient en elle une jeune maîtresse pleine de bonté et de douceur à leur égard. Une foule nombreuse de pauvres la suivit pendant quelque temps, pleurant en elle leur bienfaitrice, la comblant de bénédictions et suppliant le Ciel de lui rendre aussi au centuple, tout le bien qu'elle leur avait fait. Godelieve, en mêlant ses larmes aux leurs, répondit à leurs démonstrations douloureuses, et leur assura que ses parents, pour l'amour de Dieu et d'elle-même, prendraient toujours soin d'eux comme auparavant.

Plusieurs jeunes seigneurs accompagnèrent Bertolf jusqu'à Ghistel, et leurs propos joyeux, et les témoignages de tendresse que lui prodigua son jeune époux, empêchèrent Godelieve de se livrer à toute la tristesse que lui causait son départ de la maison paternelle.

Bertolf avait souvent parlé à sa femme de la tendresse de sa mère pour lui, aussi Godelieve se proposa-t'elle de la regarder comme sa propre mère, et d'avoir pour elle toute la déférence et la tendresse d'une fille. Enfin, après 3 jours de marche pendant lesquels ils s'arrêtèrent chez quelques seigneurs de leur connaissance, ils arrivèrent à Ghistel. Le coeur de la jeune épouse se serra à l'aspect de ce pays plat, marécageux et dénué de toute espèce d'agrément, où rien ne pouvait lui faire illusion et lui rappeler le Boulonnais si riant, si bien boisé, si pittoresque. "Le ciel est la véritable patrie," dit-elle, "peu m'importe les lieux, pourvu que j'y puisse aimer et servir Dieu, et soulager les malheureux; car il doit y en avoir dans ce pays si peu favorisé." Arrivé au château, Bertolf s'empressa de présenter à sa mère son épouse bien-aimée. Mais la mère de Bertholf se déclara immédiatement contre sa bru. A la vue de l'éclatante beauté de Godelieve, elle sentit circuler dans ses veines les poisons de la plus noire jalousie, et dit brutalement à Bertolf : "Que nous amenez-vous là? Nous avons assez de corneilles dans le pays, sans que vous alliez de si loin chercher celle-ci !..." Elle les quitta alors en les laissant l'un et l'autre dans une stupéfaction difficile à décrire. Dès ce moment, Bertolf sentit s'éteindre dans son coeur le brûlant amour qu'il avait pour sa femme; le désespoir dans l'âme, il alla rejoindre les jeunes seigneurs qui l'avaient accompagné, s'efforçant de s'étourdir sur le malheur qu'il avait d'être uni à une épouse qu'il prévoyait devoir être détestée de sa belle-mère.

Pour Godelieve, une telle réception lui fit pressentir le triste avenir qui l'attendait; elle éleva son coeur vers Dieu, et le supplia d'être son protecteur et son appui. "Mon Dieu", dit-elle, «conserve purs et sans tache mon corps et mon âme, et peu m'importe le reste, puisque jamais on ne pourra me ravir la liberté de T'aimer."

Le reste de la journée se passa agréablement pour les compagnons de Bertolf, et l'on se retira pour goûter les douceurs du sommeil. Quand Godelieve parut le soir sans ornements étrangers, et que sa belle-mère aperçut flotter sur ses épaules ses longs cheveux noirs, elle entra dans une espèce de rage; elle appela ses femmes de chambre, et, leur montrant Godelieve: "Voyez", leur dit-elle, "en accablant sa bru des plus méprisants sarcasmes, voyez la belle corneille que mon fils s'est choisie. Le malheureux a déshonoré notre maison, et l'opprobre y est entré dès que cette femme a mis le pied sur le seuil de la porte. Honte, malheur et malédiction sur toi," dit-elle à Bertolf, qui parut en ce moment dans la chambre nuptiale; "tu feras le tourment de ma vie de m'avoir donné une telle corneille pour belle-fille; jamais plus de repos pour moi, tant que le même toit nous abritera! Maudit, maudit sois-tu mille fois!"

Arrêtons-nous un instant pour expliquer la cause de l'aversion que la chevelure de Godelieve inspira pour elle à sa belle-mère.

Il faut se souvenir que Bertolf était de race Normande ou Germanique, et que tous les hommes de cette race avaient une haute stature, des yeux bleus, la peau fort blanche et les cheveux ou roux, ou d'un blond très prononcé. Godelieve, au contraire, avait reçu le jour dans le Boulonnais, qui pendant longtemps resta sous la domination romaine, laquelle fut presque toujours en horreur aux indigènes. Comme ces conquérants avaient les cheveux noirs, on peut soupçonner, d'après la couleur de ceux de Godelieve, qu'un sang latin coulait dans ses veines, ce qui explique l'aversion qu'elle inspira à l'âme toute germanique de sa belle-mère, antipathie de race qui existe toujours entre les vainqueurs et les vaincus. L'histoire nous apprend que l'antipathie des peuples du Nord subsistait encore au 11ième siècle, et qu'elle éclata dans toute son énergie lors de l'insurrection de la Flandre contre le pouvoir de Richilde.

Quand Bertolf eut entendu de nouveau sa détestable mère vociférer contre sa femme et contre lui, épouvanté des malédictions qu'elle avait prononcées, il eut en horreur son mariage, et pensa dès lors aux moyens à prendre pour le faire casser. Sa mère les lui fournit : "Absente-toi du château," lui dit-elle, "laisse là les jeunes gentilshommes qui t'ont accompagné; ennuyés de t'attendre, ils s'en iront; et alors moi je me charge de la Boulonnaise; je l'accablerai de tant de mauvais traitements, qu'elle sera forcée de retourner chez ses parents, ou bien elle succombera. Tu seras libre alors de contracter un mariage plus digne de ta noble race."

Ces paroles démoniaques trouvèrent un écho dans le coeur de Bertolf. Par un revirement inexplicable du coeur humain, passant subitement de l'amour le plus tendre à une haine excessive, il quitta sur-le-champ le séjour de Ghistel et alla dans les châteaux voisins, en proie aux plus sinistres pensées.

Sa mère, pour l'excuser auprès des jeunes seigneurs ses amis, leur dit qu'il était allé faire un pèlerinage à Notre Dame à Brugge pour l'heureuse fécondité de sa femme. Personne ne fut dupe de ce mensonge, et, sans pouvoir deviner la cause d'un départ si subit, tous, le lendemain, prirent congé de la mère de Bertolf, et laissèrent à cette mégère le champ libre pour persécuter sa vertueuse belle-fille.

En effet, dès qu'elle se vit seule au château, elle alla trouver Godelieve dans sa chambre, et, après l'avoir de nouveau injuriée et appelée corneille, elle lui enjoignit de lui rendre sur-le-champ tous les bijoux, les joyaux et les objets précieux qu'elle avait eus en dot. Godelieve, qui n'aimait que les choses du Ciel, et qui, bien différente des autres jeunes femmes, n'attachait aucun prix à ces bagatelles, les donna sans hésiter à sa belle-mère. Celle-ci la fit ensuite conduire dans une cellule à l'extrémité du château, et la lui assigna pour demeure; elle lui donna ensuite pour compagnie, ou plutôt pour espion de toutes ses actions, une jeune fille qui fut aussi chargée de lui apporter ses aliments.

Godelieve, traitée comme prisonnière, tourna les yeux vers le ciel:

"Mon Dieu," dit-elle, "Tu ne m'abandonneras pas, et je Te remercie de m'associer à Tes souffrances."

Considérant ensuite ses persécuteurs comme providentiels pour sa sanctification, elle ne cessait de prier pour eux, leur parlait avec bonté, et n'opposait aux injures, dont par l'ordre de sa belle-mère l'accablaient les derniers valets, qu'une patience digne des regards des Anges. Ayant toujours devant les yeux l'image de son Dieu crucifié, elle en méditait Sa passion pour tenir avec courage.

Seule, dans sa triste cellule, elle pensait encore aux malheureux, et elle travaillait sans cesse pour eux. Quoiqu'elle eût à peine de quoi se vivre, elle partageait avec les pauvres le peu d'aliments que lui envoyait sa barbare belle-mère. Mais celle-ci ayant appris que Godelieve trouvait encore le moyen de faire l'aumône du peu qu'elle lui donnait, ordonna qu'on diminuât sa portion de nourriture, de sorte que Godelieve fut continuellement torturée par l'aiguillon cruel de la faim. Cependant elle ne cessa pas dans son extrême détresse de faire encore l'aumône, car elle jeûnait pour ne pas laisser souffrir les nécessiteux, se souvenant de ces paroles de Tobie: "Si vous avez beaucoup, donnez beaucoup, et si vous avez peu, donnez encore du peu que vous avez."

Cependant, au bout de quelques jours, Bertolf revint à Ghistel et s'informa de Godelieve. L'horrible vieille la peignit à son époux sous les couleurs les plus noires, disant que c'était une femme incapable de pouvoir jamais gouverner une maison, et tellement acariâtre, qu'il lui était impossible de vivre avec elle. Bertolf fit appeler Godelieve; celle-ci, pensant qu'on voulait lui faire subir une nouvelle épreuve, éleva son coeur vers Dieu, mit sur ses épaules un mauvais manteau qu'on lui avait laissé, et se rendit auprès de sa belle-mère. A l'aspect de son mari, sa figure s'épanouit de joie, et elle lui tendit la main avec bonté; mais Bertolf, de colère, la repoussa avec indignation et sortit. La dame de Ghistel, se voyant seule avec sa bru, se mit de nouveau à hurler contre elle, l'accabla d'injures et vomit des imprécations si horribles contre cette pauvre femme, que les gens du château, attirés par ses cris, en furent épouvantés.

Godelieve, inébranlable dans sa patience, et semblable à un rocher contre lequel vient se briser la furie des vagues, crut pouvoir apaiser par le raisonnement cette femme irritée: "Dame," lui dit-elle avec une suave douceur, "j'ignore en quoi j'ai eu le malheur de vous déplaire; si j'ai fait quelque chose qui ait pu vous être désagréable, faites-le-moi connaître, et je suis prête à réparer ma faute sur-le-champ; mais si vous n'avez aucun motif d'agir ainsi, pourquoi vous emporter contre moi, et surtout pourquoi cherchez-vous à m'enlever l'affection de mon mari?"

A ces paroles si mesurées, la mère de Bertolf devint furieuse, et frappant à coups redoublés la malheureuse Godelieve : "Oui, c'est moi," dit-elle, "femme dépravée, c'est moi qui ait soulevé contre toi la haine de ton mari, et tu oses me demander pourquoi? C'est à cause de ton insupportable orgueil, femme abominable!"

Dans ce moment, Bertolf entra dans l'appartement, et Godelieve, tournant vers lui sa figure angélique : "Cher époux," lui dit-elle, "détournez de moi, je vous en supplie, la colère de votre mère! Souvenez-vous de l'amour que vous aviez pour moi, combien vous avez désiré d'unir votre sort au mien. Hélas! savais-je les voir finir de sitôt, ces jours de bonheur! Pourquoi me persécutez-vous? Pourquoi me laissez-vous, moi qui vous aime tendrement? Je ne veux pas commander ici, je veux y obéir, vous obéir, Bertolf, comme votre esclave, travailler pour vous, et surtout vous aimer; mais, je vous en prie, détournez de moi la main de votre mère, ayez pitié de moi! au nom de Dieu, ayez pitié de moi!"

Bertolf, ému, allait céder à la pitié qui déjà s'élevait dans son âme, lorsque son infernale mère, lui suggérant encore de barbares conseils, lui dit qu'une corneille telle que sa femme n'était bonne qu'à chasser les corneilles.

Godelieve fut donc envoyée dans les champs avec la fille qu'on lui avait donnée pour la servir, et il lui fut enjoint de chasser les corneilles dont ces pays étaient infestés à cette époque. Sans se plaindre d'un pareil traitement, la fille d'Hemfrid obéit, se ressouvenant du sacrement qui l'avait unie devant l'Autel et le respecta même dans l'abus que Bertolf faisait de son autorité. Elle ne s'attrista pas de son sort, mais elle s'affligea sur le danger que Bertolf courait pour son Salut; et en remplissant ces fonctions si viles aux yeux des hommes, mais si relevées par l'esprit de Foi qui les faisait accomplir, elle ne cessait d'offrir à Dieu ses prières pour qu'Il daignât toucher le coeur de Bertolf et de son indigne mère.

Bertolf, cependant, peu soucieux du sort de sa victime, quitta Ghistel, et, allant de ville en ville, de château en château, il allait déversant sur la pure et chaste vie de Godelieve le poison de la plus noire calomnie; et quand il fut revenu, ce fut pour déplorer son sort de s'être uni à la fille d'Hemfrid, et pour se plaindre de ce qu'il n'en était pas encore débarrassé. Et Godelieve entendait tout, souffrait tout en silence et priait pour ses lâches persécuteurs.

Cependant le bruit des malheurs de Godelieve se répandit dans les environs. Une pieuse femme, touchée de compassion, vint la trouver un jour, et lui dit qu'elle poussait trop loin la patience. "Dieu," lui dit-elle, "ne demande pas qu'on s'expose à la persécution; mais on ne doit prendre sa croix que lorsqu'elle se présente d'elle-même. D'ailleurs, vous risquez le Salut de votre mari et de votre belle-mère en leur fournissant l'occasion d'exercer sans cesse contre vous toute leur méchanceté. Il me semble qu'il serait sage de votre part de retourner chez vos parents."

Godelieve accueillit avec bienveillance et simplicité ces conseils de prudence. Tout en craignant ce que pourrait avoir de dangereux pour elle une pareille démarche, elle se décida à retourner dans sa famille. Elle sut mettre gagner à sa cause la jeune fille qui la servait, et qui s'était attachée de tout son coeur à cette malheureuse jeune femme; et toutes deux, après avoir imploré l'assistance du Ciel, partirent en cachette vers Longfort.

Après bien des difficultés et des fatigues à travers un pays inconnu et marécageux, et distant de 120 km de Wierre-Effroy, Godelieve et sa jeune compagne arrivèrent enfin à Longfort. Lorsqu'elle se présenta au château, personne ne la reconnut, tant les mauvais traitements et la faim l'avaient défigurée, et quand Godelieve se nomma, sa mère poussa un long cri et s'évanouit. Hemfrid, accouru aux clameurs des domestiques, stupéfait à la vue de sa fille bien-aimée, sentit son coeur défaillir et s'évanouit aussi. Quand ils furent un peu calmés, Godelieve essaya de les rassurer par des paroles de douceur, et ce ne fut que par la jeune fille qui l'avait accompagnée qu'ils connurent toute la vérité et toute l'étendue du malheur de leur chère enfant. Hemfrid alla trouver le comte Baudouin pour le prier d'interposer son autorité afin de rétablir la paix et l'harmonie entre les deux époux. Le comte fut extrêmement affligé d'une pareille nouvelle; mais comme cette affaire regardait l'autorité religieuse, il engagea Hemfrid à aller trouver l'évêque de Tournai et Soissons, dont Ghistel dépendait. Hemfrid, muni de lettres de recommandation de son suzerain, alla à Soissons, et fut reçu par le prélat avec beaucoup de bienveillance. Touché de la douleur de ce malheureux père, après un mûr examen des faits, il lança un mandement par lequel il enjoignait à Bertolf de reprendre sa femme et de vivre en bonne intelligence avec elle, sous peine des foudres de l'Église. Baudouin, de son côté, écrivit à Bertolf qu'il eût à redouter tout le poids de sa colère s'il agissait comme par le passé, et celui-ci, effrayé de tant de menaces, alla à Longfort pour chercher Godelieve. Il rejeta tout sur sa mère, qui, disait-il, ne pouvait supporter la pensée d'avoir une belle-fille et de n'être plus maîtresse à Ghistel; il promit de l'éloigner, et d'avoir pour sa femme les sentiments et les égards dus à sa haute vertu, et lui faire oublier par ses bons procédés les mauvais traitements qu'elle avait endurés. Hemfrid et Ogine bénirent de nouveau leur bien-aimée Godelieve, et, rassurés par les protestations et les serments de Bertolf, ils la laissèrent partir en suppliant le Ciel de la protéger.

Ce fut avec un serrement de coeur inexprimable que Godelieve se sépara de nouveau de ses parents ; mais comme à cette époque une femme, quelque malheureuse qu'elle fût, ne pouvait abandonner le domicile conjugal sans laisser planer sur elle les plus injurieux soupçons, force fut à notre Sainte de revenir auprès de Bertolf. Celui-ci, contraint de la reprendre, jura dans son coeur qu'il ne supporterait pas longtemps un pareil joug, et de concert avec sa mère, il mit tout en oeuvre pour désoler la patience de Godelieve.

Arrivée à Ghistel, elle ne fut pas plus heureuse qu'autrefois; elle fut reléguée dans sa triste cellule, où elle priait et travaillait comme auparavant, elle ne recevait qu'assez de nourriture pour ne pas mourir de faim; mais ce peu, elle le partageait encore avec les pauvres, et Bertolf et sa mère l'ayant aperçue distribuant le pain qu'elle venait de recevoir, l'accablèrent de railleries et d'injures atroces, et firent encore diminuer sa portion d'aliments. Godelieve, patiente et douce, supportait tout et priait pour eux. Les mauvais traitements qu'elle endurait ayant excité la compassion de quelques personnes charitables, plusieurs vinrent la voir et la consoler, et comme elles parlaient mal de son mari: "Ne parlez pas ainsi," leur dit-elle, "vous me faites de la peine en médisant de Bertolf; ce qu'il me fait arrive par la volonté de Dieu, qui saura bien changer son coeur. Prions plutôt pour lui, mais n'en parlez pas en mal, je vous en supplie." - "Vous me croyez bien malheureuse," disait-elle à un prêtre qui était venu la visiter, "eh bien! je ne le suis pas. Dieu répand en moi une si douce grâce, que, souffrant pour son amour, les persécutions que j'éprouve me deviennent chères. Dieu sait tirer le bien du sein des maux, et l'onction divine sait tout adoucir."

Il y avait un an que Godelieve était revenue de chez ses parents, et Bertolf et sa mère, furieux de ce qu'ils ne venaient pas à bout de la faire périr de faim et de misère, résolurent enfin d'en finir en s'en débarrassant par un moyen violent.

Il feignit tout à coup de se repentir de sa conduite, et s'approchant de Godelieve : "Chère épouse", lui dit-il, "je crois en vérité qu'un maléfice a été jeté sur moi, car je ne puis m'expliquer autrement comment j'ai pu te haïr si promptement après t'avoir aimée avec autant de tendresse. Maintenant je veux changer et te rendre heureuse autant que tu le mérites et qu'il sera en mon pouvoir. Reviens avec moi reprendre ton rang, et recevoir les honneurs qui y sont attachés."

Godelieve, étonnée d'un pareil langage, lui pardonna de bon coeur, se prêta à tout ce que voulut Bertolf, s'habilla magnifiquement pour lui plaire, et parut avec lui à l'église. Elle alla aussi visiter sa belle-mère, qui ne demeurait plus au château; celle-ci, aussi profondément hypocrite que son fils, la reçut avec une bienveillance qui surprit et enchanta tout à la fois Godelieve, trop droite et trop sincère pour soupçonner la moindre fausseté dans cet infernal manège d'hypocrisie.

Huit jours se passèrent ainsi pendant lesquels Godelieve ne cessa de remercier Dieu du changement de son mari. Bertolf lui dit un soir: "Chère Godelieve, comme je veux tout à fait rompre mes sentiments haineux, et que je veux t'aimer d'un amour sans fin, j'ai consulté à cet effet une matrone qui pût me guérir de mes mauvais penchants, et nous faire chérir mutuellement d'un amour si vif que rien ne pourra plus l'altérer. J'ai chargé Lambert et Hecca, mes 2 fidèles serviteurs, de l'introduire près de toi; tu peux te fier à eux. Je te préviens de cette décision afin que tu n'aies pas peur quand ils se présenteront devant toi."

Comme le chasseur imite le cri de la biche pour attirer son faon dans le piège, ainsi Bertolf parlait le langage de la tendresse et de la bonté pour ôter tout soupçon de l'esprit de Godelieve. Il l'embrasse affectueusement, descend de l'appartement, monte à cheval et se rend à Brugge pour y passer la nuit, car il ne voulait pas qu'on le soupçonnât de complicité du crime affreux qu'il avait ordonné et qui allait s'exécuter.

Godelieve passa le reste de la soirée dans la chapelle du château, y pria avec plus de ferveur encore que de coutume, et, après avoir donné à ses gens ses ordres pour le lendemain qu'elle ne devait plus revoir, elle se retira dans sa chambre, y recommanda de nouveau son âme à Dieu, et s'endormit.

Quand tout fut en paix dans le château, Hecca et Lambert, que Bertolf avait chargés d'exécuter ses ordres, frappèrent doucement à la porte de l'appartement de Godelieve. "Dame," lui dirent-ils respectueusement, "la femme dont vous a parlé notre seigneur est arrivée, elle désire vous parler ici, veuillez descendre." Godelieve se lève sur-le-champ, et se dispose à s'habiller. "Non, Madame," lui dirent ces scélérats, "c'est en négligé et avec vos cheveux épars qu'elle veut vous voir, elle dit que ce qu'elle a à faire agira plus efficacement." Godelieve, sans rien soupçonner, se hâte de descendre, les cheveux en désordre, et vêtue d'une simple tunique. A peine est-elle dans la cour, que ces tigres se précipitent sur elle, et l'étranglent avec une nappe longue et étroite qu'ils avaient prise pour cet effet. Ils le firent avec tant de violence que la sainte ne poussa pas un seul cri, et perdit tout à la fois la voix, la respiration et la vie. Comme le sang sortait par les yeux, par la bouche et par les narines, ils lui jetèrent la tête dans le puits qui se trouvait dans la cour; puis, après l'avoir lavée, ils la remontèrent dans sa chambre, la couchèrent dans son lit pour faire croire qu'elle était morte naturellement, et se retirèrent.

Ce fut dans la nuit du 6 au 7 juillet 1070 que les Anges reçurent dans leurs phalanges glorieuses l'âme de cette héroïne chrétienne, modèle admirable de charité, de patience et d'amour de Dieu. Le meurtre eut sans doute un motif politique en toile de fond, les luttes entre féodaux, le besoin d'alliances scellées par des mariages, car la seule haine de la belle-mère ne suffit à l'expliquer. Le seigneur de Ghistel risquait l'excommunication et avec ça, la perte de tout son pouvoir, le jeu était trop risqué sans un motif impérieux à la clé.

Les domestiques ne voyant pas leur maîtresse se rendre à la chapelle, comme elle en avait l'habitude, montèrent à sa chambre, et, la trouvant couchée, ils crurent qu'elle dormait. Trouvant que son sommeil se prolongeait, ils entrèrent de nouveau, et voyant son extrême pâleur et la raideur de ses membres glacés par la mort, ils comprirent alors l'affreuse vérité et poussèrent de longs cris de douleur. L'ayant examinée de plus près, ils aperçurent autour de son cou l'empreinte bleuâtre d'un lacet trop serré, et cette trace du crime leur révéla l'horrible mystère. Chacun regarda dès lors Godelieve comme une martyre, et déjà plusieurs l'invoquèrent, car ils se souvenaient, dit la chronique, d'avoir entendu pendant la nuit des chants célestes, sans doute à l'heure où les Anges transportaient au Ciel l'âme de notre sainte.

Cependant Bertolf arriva dans la journée, inquiet de la réussite de son crime. Dès qu'il apprit la mort de sa femme, ce scélérat hypocrite feignit le plus violent désespoir; il se jeta sur les restes inanimés de sa victime, poussa de longs soupirs, accusa le Ciel de trop le punir en ne lui laissant pas le temps de réparer ses torts envers cette chère épouse. La mère de Bertolf accourut aussi, et cet abominable couple essaya d'en imposer en se lamentant de la manière la plus pitoyable. Mais ils ne trompèrent personne : l'empreinte fatale témoignait assez d'où partait le crime. Toutefois, comme Bertolf était aussi puissant que méchant, chacun le craignit et garda le silence, de sorte qu'Hemfrid et Baudouin crurent naturelle la mort de Godelieve, et ne cherchèrent pas à la venger. Quand il eut fini de jouer son odieuse comédie, il ordonna qu'on fit à sa femme des obsèques magnifiques. Il y parut en habits de deuil, et versa pendant le service des larmes menteuses, tandis qu'il était ivre de joie d'être délivré d'une femme qu'il détestait.

D'après les écrivains postérieurs à Drogon, hiéromoine de Bergues et auteur de la Vita, la douce martyre ne lâcha pas son bourreau et la main de Dieu le frappa: Bertholf, qui s'était remarié, eut une fille aveugle-née, objet continuel de douleur pour sa mère et de remords pour Bertolf. Cette enfant, parvenue à l'âge de 9 ans, ayant entendu parler de Godeleine et de ses vertus, se prit à l'aimer du plus tendre amour : pleine de confiance en son intercession, elle la priait tous les jours. Poussée par un mouvement extraordinaire, et pleine de cette foi vive qui transporte les montagnes, elle puisa de l'eau du puits dans lequel Godelieve avait été plongée, et la supplia d'obtenir sa guérison. Sa prière fut exaucée, Godelieve guérit la pauvre innocente, elle recouvra la vue, et, pleine de bonheur, elle alla trouver ses parents et leur raconta le prodige qui venait de s'opérer en sa faveur par l'intercession de sainte Godelieve.

Bertolf et sa femme, pénétrés de joie et d'admiration, ne doutèrent pas alors de la sainteté de Godelieve, et dès ce moment le remords ne cessa plus de ronger le coeur de Bertolf. Il résolut de se convertir et le fit. Ensuite il alla en Terre sainte comme Croisé, et après avoir prié et pleuré au Saint Sépulcre, il résolut de finir ses jours dans un monastère. Il mourut moine à Bergues-Saint-Winnoc : un jour l'abbé de Saint-Winnoc, à Bergues, près de Dunkerque, reçut au parloir un personnage mystérieux. Après leur entrevue, les portes du monastère se refermèrent sur l'étranger qui dès lors se montra le plus humble et le plus pénitent des moines. Une profonde tristesse était empreinte habituellement sur sa physionomie, et les rides profondes qui sillonnaient son front, jeune encore, annonçaient le ravage qu'avaient exercé les passions. Lorsqu'il mourut, une cuirasse de mailles de fer qu'il portait sous ses vêtements monastiques, attesta la longue pénitence qu'il s'était imposée, et quand, plusieurs années après sa mort, son corps fut exhumé, une odeur suave sortit de sa tombe, et les vers avaient respecté sa dépouille mortelle. Ce pénitent était Bertolf, le meurtrier de Godelieve, converti sans doute par les prières de sa bienheureuse épouse.

Les femmes maltraitées par leurs maris ont ici un bel exemple à imiter, et en même temps un sujet de grande consolation, puisque cette seule persécution domestique, pourvu que de leur part elles vivent dans une dévotion bien réglée, et qu'elles ne s'attirent pas, par leur mauvaise conduite et leur peu de bienveillance, la mauvaise humeur de leurs maris, leur peut apporter une grande abondance de grâces sur la terre et une illustre couronne de gloire dans le Ciel. Elles peuvent même espérer que leur patience servira à la conversion de ceux qui les persécutent et changera leur esprit farouche en un esprit doux, traitable et religieux.

Les iconographes présentaient sainte Godelieve comme vierge, la représentant avec 2 couronnes: celle de la virginité et celle du martyre; on la dépeint aussi avec une corde, mais préférablement avec un linge tordu ou une écharpe autour du cou; l'épargne qu'elle faisait sur sa maigre portion pendant sa réclusion peut être rappelée par un morceau de pain qu'elle donne aux pauvres. On l'invoque contre les maux de gorge et l'angine.

Quant à la fille de Bertolf, la miraculée, elle fit bâtir à Gistel, selon le désir de son père, une abbaye de bénédictines et s'y retira. Le monastère fut dédié à sainte Godelieve. Le puits sanctifié par la mort de Godelieve fut renfermé dans l'enceinte du monastère. Mais il ne reste plus rien de cette antique demeure des Bénédictines de Gistel. La tradition de l'emplacement du couvent est conservée dans le pays par les souvenirs des habitants, qui disent ou montrent la petite chapelle où coule une eau limpide, que ce fut là l'abbaye, et que ce fut là aussi que Godelieve prit son essor vers les Cieux.

Le culte rendu à sainte Godelieve remonte à l'époque même de son bienheureux trépas, ou du moins à l'année 1084, où son corps fut "levé de terre" le 30 juillet 1084 – terme équivalent à "reconnaissance de canonisation."

Après la consommation du Schisme des Latins, ses saintes reliques furent visitées par les prélats locaux dans les siècles suivants. Il y eut une reconnaissance le 15 mai 1380; une attestation fut rédigée en 1392, une autre en 1604. Une visite des reliques, assez mouvementée, fut effectuée le 7 juillet 1719. Une nouvelle reconnaissance a eu lieu le 12 août 1907.

Des parties de ces reliques ont été depuis distribuées à différentes églises hétérodoxes où le culte de sainte Godelieve étaient autrefois vécu à leur manière. On en trouvait à Tournai, à Gent, à Sleijdinghe près de Gent, à Ypres, à Kortrijk, au monastère d'Eeckhout, à Mechelen. Godelieve était très honorée en Flandre.

Si je ne m'abuse, il y aurait une petite relique au monastère Orthodoxe du patriarcat de Moscou, à Pervijze (B).

Sources latines : Vie écrite avant 1084 par le moine-prêtre Drogon, de Bergues. L. De Baecker a publié une édition dans les Annales de la Société d'émulation de Brugge (tiré à part, 1849). P. Coens a publié dans les Anal. boll., t. 44, 1926, p. 102-137, un texte plus ancien de Drogon.

Prière à Sainte Godelieve pour une épouse (ou un époux) maltraité en mariage.

Très sainte martyre Godelieve, dont plusieurs personnes dignes de foi ont témoigné qu'elles ont vu l'âme monter au ciel sous la forme d'une colombe, toi qui a été mariée, pleine de pureté et d'innocence, au cruel seigneur Bertholf, lequel, loin d'être attendri par ta patience et ta douceur, a fait de toi son souffre-douleur, t'infligeant les plus durs traitements et poussant la méchanceté jusqu'à te faire étrangler à la fin; toi qui répondais à ceux qui te conseillaient de fuir loin de ce criminel époux: "Dieu Tout-Puissant, qui rompt les chaînes des captifs, qui console les affligés et relève ceux qui sont accablés du poids de leur misère, saura mettre fin à ma détresse." Toi qui es l'espérance des femmes qui souffrent dans le mariage, j'implore ton intercession. Fais que par le moyen qui te paraîtra le plus approprié, je voie la fin de mon calvaire, et que je retrouve la joie de vivre et la sérénité. Amen.

le tropaire et cette prière ont pour source : "saintes et saints de Belgique au 1er millénaire," par le sous-diacre Jean Hamblenne, patriarcat de Moscou


St. Godelina

(GODELINA.)

Born at Hondeforte-lez-Boulogne, c. 1049; died at Ghistelles, 6 July, 1070. The youngest of the three children born to Hemfrid, seigneur of Wierre-Effroy, and his wife Ogina, Godelina was accustomed as a child to exercises of piety and was soon distinguished for a solidity of virtue extraordinary for one of her years. The poor flocked from all sides to the young girl, whose desires to satisfy their necessities often involved her in difficulties with her father's steward and even with her pious father himself. By her eighteenth year the fame of her beauty and admirable qualities had spread far and wide through Artois and even into Flanders, and many suitors presented themselves; but, the decision being left with Godelina, she persisted in the resolution she had made of renouncing the world for the cloister. One of the young noblemen, Bertolf of Ghistelles, determined to leave nothing undone, invoked the influence of her father's suzerain, Eustache II, Count of Boulogne, whose representations proved successful. After the wedding Bertolf and his bride set out for Ghistelles, where, however, Godelina found a bitter and unrelenting enemy in Bertolf's mother, who induced her son to forsake his wife on the very day of their arrival, and immured Godelina in a narrow cell, with barely enough nourishment to supportlife. Even this, however, the saint contrived to share with the poor. Under the influence of his mother, Bertolfspread abroad foul calumnies about his bride. After some time Godelina managed to escape to the home of her father, who roused the Bishop of Tournai and Soissons and the Count of Flanders to threaten Bertolf with the terrors of Church and State. Seemingly repentant, he promised to restore his wife to her rightful position, but her return to Ghistelles was the signal for a renewal of persecution in an aggravated form. After about a year Bertolf, again feigning sorrow, easily effected a reconciliation, but only to avoid the suspicion of the crime he wasmediating. During his absence two of his servants at his direction strangled Godelina causing it to appear that she had died a natural death. Bertolf soon contracted a second marriage, but the daughter born to him was blind from birth. Her miraculous recovery of sight through the intercession of St. Godelina so affected her father that, now truly converted he journeyed to Rome to obtain absolution for his crime, undertook a pilgrimage to the Holy Land, and finally entered the monastery of St-Winoc at Bergues, where he expiated his sins by a life of severepenance. At his desire his daughter erected at Ghistelles a Benedictine monastery dedicated to St. Godelina, which she entered as a religious. Devotion to St. Godelina dates from 1084, when her body was exhumed by theBishop of Tournai and Noyon, and her relics, recognized at various times by ecclesiastical authority, are to be found in various cities of Belgium.

Rudge, F.M. "St. Godelina." The Catholic Encyclopedia. Vol. 6. New York: Robert Appleton Company, 1909. 1 Apr. 2015<http://www.newadvent.org/cathen/06623b.htm>.

Saint Godelieve

Jul 052010

Also known as

• Godaleva

• Godliva

• Godeleva of Ghistelles

• Godeliva

• Godelive

• Godeleine

• Godelva

Memorial

• 6 July

Profile

Born to the Flemish nobility, the daughter of Hemfried, Lord of Wierre-Effray. Married to Bertulf of Ghistelles, a Flemish nobleman, who abandoned her before the wedding feast was over. Abused by her in-laws, especially her mother-in-law, Godelieve was variously locked in a cell, starved, and subjected to assorted physical and mental abuse. Her father threatened to turn the husband and in-laws over to state and Church authorities; Bertulf appeared to repent, Godelieve returned to him, and was soon after murdered; she is generally considered a martyr. Always a friend of the poor and sick, post-mortem miracles ascribed to her include restoration of sight to her step-daughter.

Born

• 1049 at Londefort-lez-Boulogne, France

Died

• murdered by drowning after being strangled into unconciousness by her mother-in-law’s servants on 6 July 1070 at Gistel, Belgium

Patronage

• difficult marriages

• healthy throats

• in-law problems

• throat diseases

• victims of abuse

• victims of verbal spouse abuse

Representation

• handkerchief

• woman strangled with a handkerchief

• rope

• young woman with a rope around her neck

• young woman with a rope

• young woman with four crowns

SOURCE : http://saints.sqpn.com/saint-godelieve/

Godeleva of Ghistelles M (AC)

(also known as Godeliva, Godelive, Godeleine, Godelva)


Born near Boulogne, c. 1045; died at Ghistelles, July 6, 1070. Godeleva provides an example of an innocent sufferer being popularly venerated as a martyr. When she was no more than 18, Godeleva married a Flemish nobleman named Bertulf of Ghistelles. Bertulf's mother was enraged by this, and she persuaded Bertulf to leave his poor wife even before the wedding feast was over.

There was little reason to persecute the poor girl, since she was given to good works, prayer, and kindliness. But her mother-in-law confined her to a tiny room and fed her on scraps until she escaped and found her way home. The bishop of Tournai-Noyon and the Bertulf's father, the count of Flanders, both insisted that Bertulf take her back and treat her gently and lovingly.

At first Bertulf pretended to love Godeleva. Soon, however, he became violent to her. On July 6, 1070, he went away to Bruges and that night two of his hired hands lured Godeleva through the back door of the castle, tied a rope round her neck, drowned her in a pond, and then tried to make it look like a natural death. Although it was obvious that she had been killed on his orders, no one was able to prove Bertulf guilty.

What seems to have persuaded many in Flanders that she was a saint were the many miracles that soon began to be performed at the site of Godeleva's murder. These events are known from an account written by a contemporary, Drogo of Bergues (Attwater, Benedictines, Bentley).

In art, Saint Godeleva is depicted as a young woman with a rope. At times the image may include a rope around her neck and four crowns, or she may be shown strangled with a handkerchief. Godeleva is venerated in Ghistelles, Belgium (Roeder).

SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0706.shtml