01 Quand arriva le
jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours, ils se trouvaient réunis
tous ensemble.
02 Soudain un bruit
survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient
assis en fut remplie tout entière.
03 Alors leur apparurent
des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une
sur chacun d’eux.
04 Tous furent
remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et
chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.
05 Or, il y avait,
résidant à Jérusalem, des Juifs religieux, venant de toutes les nations sous le
ciel.
06 Lorsque ceux-ci
entendirent la voix qui retentissait, ils se rassemblèrent en foule. Ils
étaient en pleine confusion parce que chacun d’eux entendait dans son propre
dialecte ceux qui parlaient.
07 Dans la
stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient : « Ces gens qui
parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ?
08 Comment se
fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue
maternelle ?
09 Parthes, Mèdes et
Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la
province du Pont et de celle d’Asie,
10 de la Phrygie et
de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène,
Romains de passage,
11 Juifs de
naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons parler dans
nos langues des merveilles de Dieu. »
12 Ils étaient tous
dans la stupéfaction et la perplexité, se disant l’un à l’autre :
« Qu’est-ce que cela signifie ? »
13 D’autres se
moquaient et disaient : « Ils sont pleins de vin doux ! »
14 Alors Pierre,
debout avec les onze autres Apôtres, éleva la voix et leur fit cette
déclaration : « Vous, Juifs, et vous tous qui résidez à Jérusalem,
sachez bien ceci, prêtez l’oreille à mes paroles.
15 Non, ces gens-là
ne sont pas ivres comme vous le supposez, car c’est seulement la troisième
heure du jour.
16 Mais ce qui
arrive a été annoncé par le prophète Joël :
17 Il arrivera dans
les derniers jours, dit Dieu, que je répandrai mon Esprit sur toute
créature : vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront
des visions, et vos anciens auront des songes.
18 Même sur mes
serviteurs et sur mes servantes, je répandrai mon Esprit en ces jours-là, et
ils prophétiseront.
19 Je ferai des
prodiges en haut dans le ciel, et des signes en bas sur la terre : du
sang, du feu, un nuage de fumée.
20 Le soleil sera
changé en ténèbres, et la lune sera changée en sang, avant que vienne le jour
du Seigneur, jour grand et manifeste.
21 Alors, quiconque
invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.
22 Hommes d’Israël,
écoutez les paroles que voici. Il s’agit de Jésus le Nazaréen, homme que Dieu a
accrédité auprès de vous en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et
des signes au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes.
23 Cet homme, livré
selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu, vous l’avez supprimé en
le clouant sur le bois par la main des impies.
24 Mais Dieu l’a
ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort, car il n’était pas possible
qu’elle le retienne en son pouvoir.
25 En effet, c’est
de lui que parle David dans le psaume : Je voyais le Seigneur devant moi
sans relâche : il est à ma droite, je suis inébranlable.
26 C’est pourquoi
mon cœur est en fête, et ma langue exulte de joie ; ma chair elle-même
reposera dans l’espérance :
27 tu ne peux
m’abandonner au séjour des morts ni laisser ton fidèle voir la corruption.
28 Tu m’as appris
des chemins de vie, tu me rempliras d’allégresse par ta présence.
29 Frères, il est
permis de vous dire avec assurance, au sujet du patriarche David, qu’il est
mort, qu’il a été enseveli, et que son tombeau est encore aujourd’hui chez
nous.
30 Comme il était
prophète, il savait que Dieu lui avait juré de faire asseoir sur son trône un
homme issu de lui.
31 Il a vu d’avance
la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : Il n’a pas été
abandonné à la mort, et sa chair n’a pas vu la corruption.
32 Ce Jésus, Dieu
l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins.
33 Élevé par la droite
de Dieu, il a reçu du Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu
sur nous, ainsi que vous le voyez et l’entendez.
34 David, en effet,
n’est pas monté au ciel, bien qu’il dise lui-même : Le Seigneur a dit à
mon Seigneur : “Siège à ma droite,
35 jusqu’à ce que
j’aie placé tes ennemis comme un escabeau sous tes pieds.”
36 Que toute la
maison d’Israël le sache donc avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et
Christ, ce Jésus que vous aviez crucifié. »
37 Les auditeurs
furent touchés au cœur ; ils dirent à Pierre et aux autres Apôtres :
« Frères, que devons-nous faire ? »
38 Pierre leur
répondit : « Convertissez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au
nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés ; vous recevrez alors le
don du Saint-Esprit.
39 Car la promesse
est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, aussi nombreux
que le Seigneur notre Dieu les appellera. »
40 Par bien d’autres
paroles encore, Pierre les adjurait et les exhortait en disant :
« Détournez-vous de cette génération tortueuse, et vous serez
sauvés. »
41 Alors, ceux qui
avaient accueilli la parole de Pierre furent baptisés. Ce jour-là, environ
trois mille personnes se joignirent à eux.
42 Ils étaient
assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la
fraction du pain et aux prières.
43 La crainte de
Dieu était dans tous les cœurs à la vue des nombreux prodiges et signes
accomplis par les Apôtres.
44 Tous les croyants
vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ;
45 ils vendaient
leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous
en fonction des besoins de chacun.
46 Chaque jour, d’un
même cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple, ils rompaient le pain dans
les maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité de
cœur ;
47 ils louaient Dieu
et avaient la faveur du peuple tout entier. Chaque jour, le Seigneur leur
adjoignait ceux qui allaient être sauvés.
Saint LUC, ACTES DES
APÔTRES, chapitre II
Psaume 103
(104)
©AELF
SOURCE : http://www.aelf.org/bible-liturgie/Rm/Lettre+de+saint+Paul+Ap%C3%B4tre+aux+Romains/chapitre/8
SÉQUENCE
Viens, Esprit Saint en nos coeurs
et envoie du haut du ciel
un rayon de ta lumière.
Viens en nous, Père des pauvres,
viens, dispensateur des dons,
viens, lumière de nos coeurs.
Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes,
adoucissante fraîcheur.
Dans le labeur, le repos ;
dans la fièvre, la fraîcheur ;
dans les pleurs, le réconfort.
Ô lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu’à l’intime
le coeur de tous tes fidèles.
Sans ta puissance divine,
il n’est rien en aucun homme,
rien qui ne soit perverti.
Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé.
À tous ceux qui ont la foi,
et qui en toi se confient,
donne tes sept dons sacrés.
Donne mérite et vertu,
donne le salut final,
donne la joie éternelle.
Amen !
SOURCE : http://www.mavocation.org/vocation/suivre-jesus-christ/prieres/1860-sequence-pentecote.html
Évangile de
Jésus-Christ selon saint Jean - Chapitre 14
15 Si
vous m’aimez, vous garderez mes commandements.
16 Moi,
je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour
toujours avec vous :
17
l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et
ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de
vous, et il sera en vous.
18 Je ne
vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous.
19 D’ici
peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et
vous vivrez aussi.
20 En ce
jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et
moi en vous.
21 Celui
qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et
celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me
manifesterai à lui. »
22 Jude –
non pas Judas l’Iscariote – lui demanda : « Seigneur, que se
passe-t-il ? Est-ce à nous que tu vas te manifester, et non pas au
monde ? »
23 Jésus
lui répondit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon
Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une
demeure.
24 Celui
qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez
n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé.
25 Je
vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ;
26 mais
le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous
enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.
27 Je
vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du
monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé.
28 Vous
avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers
vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père,
car le Père est plus grand que moi.
29 Je
vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi,
lorsqu’elles arriveront, vous croirez.
30
Désormais, je ne parlerai plus beaucoup avec vous, car il vient, le prince du
monde. Certes, sur moi il n’a aucune prise,
31 mais
il faut que le monde sache que j’aime le Père, et que je fais comme le Père me
l’a commandé. Levez-vous, partons d’ici.
SOURCE : http://www.aelf.org/bible-liturgie/Jn/Evangile+de+J%C3%A9sus-Christ+selon+saint+Jean/chapitre/14
Jacques Blanchard (1600–1638), La
Descente du Saint-Esprit, 1634, 340 x 245, Notre-Dame de Paris
Qu’est-ce que l’Esprit
Saint ?
Homélie de Benoît XVI
lors de la Veillée de la Pentecôte 2006, avec les mouvements ecclésiaux
(24/5/2015)
Lorsque nous récitons le
Credo, nous disons:
Je crois en l'Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie
Il procède du Père et du Fils.
Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire.
Il a parlé par les prophètes.
Mais qu'est-ce que cela signifie? Et cet Esprit, dont se réclament abondamment
en ce moment ceux qui veulent changer la Doctrine de l'Eglise, qu'est-Il, au
juste?
C'est une question à laquelle il est difficile trouver une réponse qui
satisfasse à la fois la raison et la foi.
Et c'est la réponse de Benoît XVI que nous trouvons ici. Cette homélie,
inhabituellement longue, a été prononcée le samedi 3 juin 2006, lors de la
veillée de la Pentecôte, alors que le saint Père rencontrait les mouvements
ecclésiaux et les communautés nouvelles. Elle est particulièrement sublime, et
elle doit être relue plusieurs fois pour être longuement méditée.
[On trouvera toutes les homélies de Pentecôte de Benoît XVI, sur le site du
Vatican, ICI]
www.vatican.va/liturgical_year/pentecost/2006/pentecoste_fr.html#4
juin 2006
[après les salutations d'usage]
A présent, en cette Veillée de Pentecôte, nous nous demandons: qui est ou
qu'est-ce que l'Esprit Saint? Comment pouvons-nous le reconnaître? De quelle
façon allons-nous à Lui et Lui vient-il à nous? Qu'est-ce qu'il fait?
Une première réponse nous est donnée par le grand hymne de Pentecôte de
l'Eglise, par lequel nous avons commencé les Vêpres: "Veni, Creator
Spiritus... - Viens, Esprit Créateur..." (cf Annexe).
L'hymne fait ici référence aux premiers versets de la Bible qui évoquent, en
ayant recours à des images, la création de l'univers.
Il y est tout d'abord dit qu'au-dessus du chaos, sur les eaux des abîmes,
l'Esprit de Dieu planait. Le monde dans lequel nous vivons est l'oeuvre de
l'Esprit Créateur. La Pentecôte n'est pas seulement l'origine de l'Eglise et
donc, de manière particulière, sa fête; la Pentecôte est aussi une fête de la
création. Le monde n'existe pas tout seul; il provient de l'Esprit créateur de
Dieu, de la Parole créatrice de Dieu. C'est pourquoi il reflète également la
sagesse de Dieu. Celle-ci, dans son ampleur et dans la logique qui embrasse ses
lois sous tous leurs aspects, laisse entrevoir quelque chose de l'Esprit
Créateur de Dieu. Celle-ci nous appelle à la crainte révérentielle. Précisément
celui qui, en tant que chrétien, croit dans l'Esprit Créateur, prend conscience
du fait que nous ne pouvons pas user et abuser du monde et de la matière comme
d'un simple matériau au service de notre action et de notre volonté; que nous
devons considérer la création comme un don qui nous est confié non pour qu'il
soit détruit, mais pour qu'il devienne le jardin de Dieu et, ainsi, un jardin
de l'homme. Face aux multiples formes d'abus de la terre que nous voyons
aujourd'hui, nous entendons presque le gémissement de la création dont parle
saint Paul (Rm 8, 22); nous commençons à comprendre les paroles de l'Apôtre,
c'est-à-dire que la création attend avec impatience la révélation des fils de
Dieu, pour être libérée et atteindre sa splendeur.
Chers amis, nous voulons être ces fils de Dieu que la création attend, et nous
pouvons l'être, car dans le baptême, le Seigneur nous a rendus tels. Oui, la
création et l'histoire - celles-ci nous attendent, elles attendent des hommes
et des femmes qui soient réellement des fils de Dieu et qui se comportent en
conséquence.
Si nous regardons l'histoire, nous voyons de quelle manière, autour des
monastères, la création a pu prospérer, tout comme avec le réveil de l'Esprit
de Dieu dans le coeur des hommes, le rayonnement de l'Esprit Créateur est
revenu également sur la terre - un rayonnement qui avait été obscurci par la
barbarie de la soif de pouvoir de l'homme et parfois presque éteinte. Et à
nouveau, autour de François d'Assise, la même chose se produit - cela se
produit partout où l'Esprit de Dieu pénètre dans les âmes, cet Esprit que notre
hymne qualifie de lumière, d'amour et de vigueur.
Nous avons ainsi trouvé une première réponse à la question sur ce qu'est
l'Esprit Saint, ce qu'il accomplit et comment nous pouvons le reconnaître. Il
vient à notre rencontre à travers la création et sa beauté. Toutefois, la bonne
création de Dieu, au cours de l'histoire des hommes, a été recouverte par une
épaisse couche de saleté qui rend, sinon impossible, du moins difficile de
reconnaître en elle le reflet du Créateur - même si face à un coucher de soleil
sur la mer, au cours d'une excursion en montagne ou devant une fleur à peine
éclose se réveille toujours à nouveau en nous, presque spontanément, la
conscience de l'existence du Créateur.
Mais l'Esprit Créateur
vient à notre aide. Il est entré dans l'histoire et ainsi, il nous parle d'une
manière nouvelle. En Jésus Christ, Dieu lui-même s'est fait homme et nous a
accordé la possibilité, pour ainsi dire, de jeter un regard dans l'intimité de
Dieu lui-même. Et nous voyons là une chose tout à fait inattendue: en Dieu
existent un Moi et un Tu. Le Dieu mystérieux n'est pas une infinie solitude, Il
est un événement d'amour.
Si, à partir du regard sur la création, nous pensons pouvoir entrevoir l'Esprit
Créateur, Dieu lui-même, presque comme des mathématiques créatives, comme un
pouvoir qui modèle les lois du monde et leur ordre, mais également, comme la beauté
- à présent nous le savons: l'Esprit Créateur a un coeur. Il est Amour. Il
existe le Fils, qui parle avec le Père. Et tous les deux sont une seule chose
dans l'Esprit qui est, pour ainsi dire, l'atmosphère du don et de l'amour qui
fait d'eux un Dieu unique. Cette unité d'amour, qui est Dieu, est une unité
beaucoup plus sublime que ne pourrait l'être l'unité d'une dernière particule
indivisible. Le Dieu trine est précisément le seul et unique Dieu.
Au moyen de Jésus, nous jetons, pour ainsi dire, un regard dans l'intimité de
Dieu.
Jean, dans son Evangile, l'a exprimé ainsi: "Dieu, personne ne l'a jamais
vu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c'est lui qui a conduit à le
connaître" (Jn 1, 18).
Mais Jésus ne nous a pas seulement laissé regarder dans l'intimité de Dieu;
avec Lui Dieu est également comme sorti de son intimité et il est venu à notre
rencontre. Cela a tout d'abord lieu dans sa vie, sa passion, sa mort et sa
résurrection; dans sa parole. Mais Jésus ne se contente pas de venir à notre
rencontre. Il veut davantage. Il veut l'unification. Telle est la signification
des images du banquet et des noces. Nous ne devons pas seulement savoir quelque
chose sur Lui, mais à travers Lui, nous devons être attirés en Dieu. C'est
pourquoi Il doit mourir et ressusciter. Car à présent, il ne se trouve plus
dans un lieu déterminé, mais désormais son Esprit, l'Esprit Saint, émane de Lui
et entre dans nos coeurs, nous mettant ainsi en liaison avec Jésus lui-même et
avec le Père - avec le Dieu Un et Trine.
La Pentecôte est cela: Jésus, et à travers Lui Dieu lui-même, vient à nous et
nous attire en Lui. "Il envoie l'Esprit Saint" - ainsi s'exprime
l'Ecriture.
Quel effet cela a-t-il?
Je voudrais tout d'abord noter deux aspects: l'Esprit Saint, à travers lequel
Dieu vient à nous, nous apporte la vie et la liberté.
Regardons ces deux choses d'un peu plus près.
"Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu'ils l'aient en
abondance", dit Jésus dans l'Evangile de Jean (10, 10).
Vie et liberté - ce sont les choses auxquelles nous aspirons tous. Mais
qu'est-ce que cela veut dire? - où et comment trouvons-nous la "vie"?
Je pense que, spontanément, la très grande majorité des hommes a la même
conception de la vie que le fils prodigue de l'Evangile. Il s'était fait donner
sa part d'héritage, et à présent, il se sentait libre, il voulait finalement
vivre en n'ayant plus le poids des devoirs de la maison, il voulait seulement
vivre. Avoir de la vie tout ce qu'elle peut offrir. En profiter pleinement -
vivre, seulement vivre, s'abreuver à l'abondance de la vie et ne rien perdre de
ce qu'elle peut offrir de précieux. A la fin, il se retrouva gardien de porcs,
enviant même ces animaux - sa vie était devenue vide à ce point, vaine à ce
point. Et sa liberté aussi se révélait vaine.
N'est-ce pas ce qui se passe aujourd'hui aussi? Lorsqu'on veut uniquement
devenir le maître de sa vie, celle-ci devient toujours plus vide, plus pauvre;
on finit facilement par se réfugier dans la drogue, dans la grande illusion. Et
le doute apparaît de savoir si vivre, en fin de compte, est vraiment un bien.
Non, de cette façon nous ne trouvons pas la vie.
La parole de Jésus sur la vie en abondance se trouve dans le discours du bon
Pasteur. C'est une parole qui se place dans un double contexte. A propos du
Pasteur, Jésus nous dit qu'il donne sa vie. "Personne ne me l'enlève, mais
je la donne de moi-même" (cf. Jn 10, 18). On ne trouve la vie qu'en la
donnant; on ne la trouve pas en voulant en prendre possession. C'est ce que nous
devons apprendre du Christ; et c'est ce que nous enseigne l'Esprit Saint, qui
est pur don, qui est Dieu qui se donne. Plus quelqu'un donne sa vie pour les
autres, pour le bien même, plus le fleuve de la vie coule en abondance.
En deuxième lieu, le Seigneur nous dit que la vie naît en allant avec le
Pasteur qui connaît le pâturage - les lieux où jaillissent les sources de la
vie. Nous trouvons la vie dans la communion avec Celui qui est la vie en
personne - dans la communion avec le Dieu vivant, une communion dans laquelle
l'Esprit Saint nous introduit, appelé par l'hymne des Vêpres "fons
vivus", source vivante. Le pâturage, où coulent les sources de la vie, est
la Parole de Dieu telle que nous la trouvons dans l'Ecriture, dans la foi de
l'Eglise. Le pâturage est Dieu lui-même, que, dans la communion de la foi, nous
apprenons à connaître à travers la puissance de l'Esprit Saint.
Chers amis, les Mouvements sont nés précisément de la soif de la vraie vie; ce
sont des Mouvements pour la vie sous tous les aspects.
Là où ne s'écoule plus la source véritable de la vie, là où on s'approprie
seulement de la vie au lieu de la donner, la vie des autres se trouve également
en danger; on est disposé à exclure la vie sans défense qui n'est pas encore
née, car elle semble ôter de l'espace à sa propre vie. Si nous voulons protéger
la vie, nous devons alors surtout retrouver la source de la vie; la vie
elle-même doit alors réapparaître dans toute sa beauté et son caractère
sublime; nous devons alors nous laisser vivifier par l'Esprit Saint, source
créatrice de la vie.
Le thème de la liberté a
déjà été évoqué il y a peu.
Dans le départ du fils prodigue se rejoignent justement les thèmes de la vie et
de la liberté. Il veut la vie, et c'est pourquoi il veut être totalement libre.
Etre libre signifie, de ce point de vue, pouvoir faire tout ce que l'on veut;
ne devoir accepter aucun critère en dehors ou au-dessus de moi-même. Suivre
seulement mon désir et ma volonté. Qui vit ainsi s'opposera très vite à l'autre
qui veut vivre de la même manière. La conséquence nécessaire de cette
conception égoïste de la liberté est la violence, la destruction réciproque de
la liberté et de la vie.
L'Ecriture Sainte relie en revanche le concept de liberté à celui de filiation,
dit saint Paul: "Aussi bien n'avez-vous pas reçu un esprit d'esclave pour
retomber dans la crainte; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous
fait nous écrier "Abba! Père"" (Rm 8, 15).
Qu'est-ce que cela signifie?
Saint Paul se réfère ici au système social du monde antique, dans lequel
existaient les esclaves, qui ne possédaient rien et qui ne pouvaient donc pas
être intéressés à un juste déroulement des choses. De manière correspondante,
il y avait les fils qui étaient également les héritiers et qui par conséquent
se préoccupaient de la préservation et de la bonne administration de leur
propriété ou de la conservation de l'Etat. Puisqu'ils étaient libres, ils
avaient également une responsabilité. En faisant abstraction de l'arrière-fond
sociologique de cette époque, le principe est toujours valable: liberté et
responsabilité vont de pair. La véritable liberté se démontre dans la
responsabilité, dans une manière d'agir qui prend sur soi la coresponsabilité
pour le monde, pour soi-même et pour les autres. Libre est le fils auquel appartient
quelque chose et qui ne permet donc pas qu'elle soit détruite. Toutes les
responsabilités de ce monde, dont nous avons parlé, ne sont que des
responsabilités partielles, dans un domaine déterminé, un Etat déterminé, etc.
L'Esprit Saint en revanche fait de nous des fils et des filles de Dieu. Il nous
fait participer à la responsabilité de Dieu lui-même pour son monde, pour
l'humanité tout entière. Il nous enseigne à regarder le monde, l'autre et
nous-mêmes avec les yeux de Dieu. Nous faisons le bien non comme des esclaves
qui ne sont pas libres de faire autrement, mais nous le faisons parce que nous
portons personnellement la responsabilité pour le monde; parce que nous aimons
la vérité et le bien, parce que nous aimons Dieu lui-même et donc ses créatures
également. Telle est la liberté véritable, à laquelle l'Esprit Saint veut nous
conduire.
Les Mouvements ecclésiaux veulent et doivent être des écoles de liberté, de
cette liberté véritable. Là nous voulons apprendre cette liberté véritable, non
celle d'esclaves qui visent à couper pour eux-mêmes une part du gâteau qui
appartient à tous, même si cette part doit ensuite manquer à l'autre. Nous
souhaitons la véritable et grande liberté, celle des héritiers, la liberté des
fils de Dieu. Dans ce monde, débordant de fausses libertés qui détruisent
l'environnement et l'homme, nous voulons, avec la force de l'Esprit Saint,
apprendre ensemble la liberté véritable; construire des écoles de liberté;
démontrer aux autres par notre vie que nous sommes libres et comme il est beau
de vivre véritablement libres dans la liberté véritable des enfants de Dieu.
L'Esprit Saint, en donnant la vie et la liberté, donne également l'unité. Il
s'agit ici de trois dons inséparables les uns des autres. J'ai déjà parlé
trop longuement; permettez-moi toutefois de dire encore un mot sur l'unité.
Pour la comprendre, une phrase peut se révéler utile même si, au premier abord,
elle semble plutôt nous éloigner de celle-ci.
A Nicodème qui, dans sa recherche de la vérité, vient une nuit poser des
questions à Jésus, celui-ci répond: "L'Esprit souffle où il veut"
(cf. Jn 3, 8).
Mais la volonté de l'Esprit n'est pas arbitraire. C'est la volonté de la vérité
et du bien. C'est pourquoi il ne souffle pas n'importe où, se tournant une fois
de ce côté-ci, et une autre de ce côté-là; son souffle ne nous disperse pas
mais nous réunit, parce que la vérité unit et l'amour unit. L'Esprit Saint est
l'Esprit de Jésus Christ, l'Esprit qui unit le Père avec le Fils dans l'Amour
qui, dans l'unique Dieu, donne et accueille. Il nous unit à ce point que saint
Paul a pu dire: "Vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus" (Ga 3,
28). L'Esprit Saint, par son souffle, nous pousse vers le Christ. L'Esprit
Saint oeuvre de façon corporelle; il n'oeuvre pas seulement subjectivement,
"spirituellement". Aux disciples qui voyaient en lui simplement un
"esprit", le Christ ressuscité dit: "C'est bien moi! touchez-moi
et rendez-vous compte qu'un esprit - un fantôme - n'a ni chair ni os, comme
vous voyez que j'en ai" (cf. Lc 24, 39). Cela vaut pour le Christ
ressuscité à toutes les époques de l'histoire. Le Christ ressuscité n'est pas
un fantôme, il n'est pas simplement un esprit, une pensée, une idée seulement.
Il est demeuré l'Incarné - celui qui a assumé notre chair - et il continue
toujours à édifier son Corps, il fait de nous son Corps. L'Esprit souffle où il
veut, et sa sainteté est l'unité faite corps, l'unité qui rencontre le monde et
le transforme.
Dans la Lettre aux Ephésiens, saint Paul nous dit que ce Corps du Christ qui
est l'Eglise, possède des jointures (cf. 4, 16), il les nomme également: ce
sont les apôtres, les prophètes, les évangélistes, les pasteurs et les docteurs
(cf. 4, 11).
L'Esprit dans ses dons prend de multiples formes - nous le voyons ici. Si nous
regardons l'histoire, si nous regardons cette assemblée ici sur la Place
Saint-Pierre - alors nous nous rendons compte qu'il suscite toujours de
nouveaux dons, nous voyons combien il crée d'organes différents, et comment, de
manière toujours nouvelle, il oeuvre corporellement. Mais en Lui la
multiplicité et l'unité vont de pair. Il souffle où il veut. Il le fait de
manière inattendue, dans des lieux inattendus et sous des formes qu'on ne peut
jamais imaginer à l'avance. Et avec quelle multiplicité de forme et quelle
corporéité il le fait! Et c'est précisément ici que la multiplicité des formes
et l'unité sont inséparables entre elles. Il veut que vous preniez de multiples
formes et il vous veut pour l'unique corps, dans l'union avec les ordres
durables - les jointures - de l'Eglise, avec les successeurs des apôtres et
avec le Successeur de saint Pierre. Il ne nous enlève pas la difficulté
d'apprendre comment nous rapporter les uns aux autres; il nous démontre
également qu'il oeuvre en vue de l'unique corps et dans l'unité de l'unique
corps. C'est vraiment uniquement de cette manière que l'unité trouve sa force
et sa beauté. Prendre part à l'édification de l'unique corps! Les pasteurs
seront attentifs à ne pas éteindre l'Esprit (cf. 1 Th 5, 19) et vous, vous ne cesserez
d'apporter vos dons à la communauté tout entière. Une fois de plus: l'Esprit
Saint souffle où il veut. Mais sa volonté est l'unité. Il nous conduit vers le
Christ, dans son Corps. "[du Christ] le Corps tout entier - nous dit saint
Paul - reçoit concorde et cohésion par toutes sortes de jointures qui le
nourrissent et l'actionnent selon le rôle de chaque partie, opérant ainsi sa
croissance et se construisant lui-même, dans la charité" (Ep 4, 16).
L'Esprit veut l'unité, il veut la totalité. C'est pourquoi sa présence se
démontre aussi surtout dans l'élan missionnaire. Qui a rencontré quelque chose
de vrai, de beau et de bon dans sa propre vie - le seul vrai trésor, la perle
précieuse! -, court le partager partout, dans sa famille et au travail, dans tous
les domaines de son existence. Il le fait sans aucune crainte, parce qu'il sait
qu'il a été adopté comme un fils; sans aucune présomption, parce que tout est
don; sans découragement, parce que l'Esprit de Dieu précède son action dans le
"coeur" des hommes et il est comme une semence dans les cultures et
les religions les plus diverses. Il le fait sans frontières, parce qu'il est
porteur d'une bonne nouvelle qui est pour tous les hommes, pour tous les
peuples. Chers amis, je vous demande d'être, plus encore, beaucoup plus, des
collaborateurs dans le ministère apostolique universel du Pape, en ouvrant les
portes au Christ. C'est le meilleur service que l'Eglise rend aux hommes et en
particulier aux pauvres, afin que la vie de la personne, un ordre plus juste
dans la société et la coexistence pacifique entre les nations trouvent dans le
Christ la "pierre angulaire" sur laquelle construire l'authentique
civilisation, la civilisation de l'amour. L'Esprit Saint donne aux croyants une
vision supérieure du monde, de la vie, de l'histoire et il fait d'eux des
gardiens de l'espérance qui ne déçoit pas.
Prions donc Dieu le Père, à travers notre Seigneur Jésus Christ, dans la grâce
de l'Esprit Saint, afin que la célébration de la solennité de la Pentecôte soit
comme un feu ardent et un vent impétueux pour la vie chrétienne et pour la
mission de toute l'Eglise. Je dépose les intentions de vos Mouvements et
Communautés dans le coeur de la Très Sainte Vierge Marie, présente au Cénacle
avec les Apôtres; puisse-t-elle obtenir par la prière leur réalisation
concrète. J'invoque sur vous tous l'effusion des dons de l'Esprit, afin qu'à
notre époque également, l'on puisse faire l'expérience d'une Pentecôte
renouvelée.
Amen!
© Copyright 2006 - Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : https://benoit-et-moi.fr/2015-I/benoit-xvi/quest-ce-que-lesprit-saint.php
Jacques Blanchard (1600–1638), La
Descente du Saint-Esprit, 1634, 340 x 245, Notre-Dame de Paris
Qu’est-ce que l’Esprit
Saint ?
Homélie de Benoît XVI
lors de la Veillée de la Pentecôte 2006, avec les mouvements ecclésiaux
(24/5/2015)
Lorsque nous récitons le
Credo, nous disons:
Je crois en l'Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie
Il procède du Père et du Fils.
Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire.
Il a parlé par les prophètes.
Mais qu'est-ce que cela signifie? Et cet Esprit, dont se réclament abondamment
en ce moment ceux qui veulent changer la Doctrine de l'Eglise, qu'est-Il, au
juste?
C'est une question à laquelle il est difficile trouver une réponse qui satisfasse à la fois la raison et la foi.
Et c'est la réponse de Benoît XVI que nous trouvons ici. Cette homélie,
inhabituellement longue, a été prononcée le samedi 3 juin 2006, lors de la
veillée de la Pentecôte, alors que le saint Père rencontrait les mouvements
ecclésiaux et les communautés nouvelles. Elle est particulièrement sublime, et
elle doit être relue plusieurs fois pour être longuement méditée.
[On trouvera toutes les homélies de Pentecôte de Benoît XVI, sur le site du
Vatican, ICI]
www.vatican.va/liturgical_year/pentecost/2006/pentecoste_fr.html#4
juin 2006
[après les salutations d'usage]
A présent, en cette Veillée de Pentecôte, nous nous demandons: qui est ou
qu'est-ce que l'Esprit Saint? Comment pouvons-nous le reconnaître? De quelle
façon allons-nous à Lui et Lui vient-il à nous? Qu'est-ce qu'il fait?
Une première réponse nous est donnée par le grand hymne de Pentecôte de
l'Eglise, par lequel nous avons commencé les Vêpres: "Veni, Creator
Spiritus... - Viens, Esprit Créateur..." (cf Annexe).
L'hymne fait ici référence aux premiers versets de la Bible qui évoquent, en
ayant recours à des images, la création de l'univers.
Il y est tout d'abord dit qu'au-dessus du chaos, sur les eaux des abîmes,
l'Esprit de Dieu planait. Le monde dans lequel nous vivons est l'oeuvre de
l'Esprit Créateur. La Pentecôte n'est pas seulement l'origine de l'Eglise et
donc, de manière particulière, sa fête; la Pentecôte est aussi une fête de la
création. Le monde n'existe pas tout seul; il provient de l'Esprit créateur de
Dieu, de la Parole créatrice de Dieu. C'est pourquoi il reflète également la
sagesse de Dieu. Celle-ci, dans son ampleur et dans la logique qui embrasse ses
lois sous tous leurs aspects, laisse entrevoir quelque chose de l'Esprit
Créateur de Dieu. Celle-ci nous appelle à la crainte révérentielle. Précisément
celui qui, en tant que chrétien, croit dans l'Esprit Créateur, prend conscience
du fait que nous ne pouvons pas user et abuser du monde et de la matière comme
d'un simple matériau au service de notre action et de notre volonté; que nous
devons considérer la création comme un don qui nous est confié non pour qu'il
soit détruit, mais pour qu'il devienne le jardin de Dieu et, ainsi, un jardin
de l'homme. Face aux multiples formes d'abus de la terre que nous voyons
aujourd'hui, nous entendons presque le gémissement de la création dont parle
saint Paul (Rm 8, 22); nous commençons à comprendre les paroles de l'Apôtre,
c'est-à-dire que la création attend avec impatience la révélation des fils de
Dieu, pour être libérée et atteindre sa splendeur.
Chers amis, nous voulons être ces fils de Dieu que la création attend, et nous
pouvons l'être, car dans le baptême, le Seigneur nous a rendus tels. Oui, la
création et l'histoire - celles-ci nous attendent, elles attendent des hommes
et des femmes qui soient réellement des fils de Dieu et qui se comportent en
conséquence.
Si nous regardons l'histoire, nous voyons de quelle manière, autour des monastères, la création a pu prospérer, tout comme avec le réveil de l'Esprit de Dieu dans le coeur des hommes, le rayonnement de l'Esprit Créateur est revenu également sur la terre - un rayonnement qui avait été obscurci par la barbarie de la soif de pouvoir de l'homme et parfois presque éteinte. Et à nouveau, autour de François d'Assise, la même chose se produit - cela se produit partout où l'Esprit de Dieu pénètre dans les âmes, cet Esprit que notre hymne qualifie de lumière, d'amour et de vigueur.
Nous avons ainsi trouvé une première réponse à la question sur ce qu'est
l'Esprit Saint, ce qu'il accomplit et comment nous pouvons le reconnaître. Il
vient à notre rencontre à travers la création et sa beauté. Toutefois, la bonne
création de Dieu, au cours de l'histoire des hommes, a été recouverte par une
épaisse couche de saleté qui rend, sinon impossible, du moins difficile de
reconnaître en elle le reflet du Créateur - même si face à un coucher de soleil
sur la mer, au cours d'une excursion en montagne ou devant une fleur à peine
éclose se réveille toujours à nouveau en nous, presque spontanément, la
conscience de l'existence du Créateur.
Mais l'Esprit Créateur vient à notre aide. Il est entré dans l'histoire et ainsi, il nous parle d'une manière nouvelle. En Jésus Christ, Dieu lui-même s'est fait homme et nous a accordé la possibilité, pour ainsi dire, de jeter un regard dans l'intimité de Dieu lui-même. Et nous voyons là une chose tout à fait inattendue: en Dieu existent un Moi et un Tu. Le Dieu mystérieux n'est pas une infinie solitude, Il est un événement d'amour.
Si, à partir du regard sur la création, nous pensons pouvoir entrevoir l'Esprit
Créateur, Dieu lui-même, presque comme des mathématiques créatives, comme un
pouvoir qui modèle les lois du monde et leur ordre, mais également, comme la beauté
- à présent nous le savons: l'Esprit Créateur a un coeur. Il est Amour. Il
existe le Fils, qui parle avec le Père. Et tous les deux sont une seule chose
dans l'Esprit qui est, pour ainsi dire, l'atmosphère du don et de l'amour qui
fait d'eux un Dieu unique. Cette unité d'amour, qui est Dieu, est une unité
beaucoup plus sublime que ne pourrait l'être l'unité d'une dernière particule
indivisible. Le Dieu trine est précisément le seul et unique Dieu.
Au moyen de Jésus, nous jetons, pour ainsi dire, un regard dans l'intimité de
Dieu.
Jean, dans son Evangile, l'a exprimé ainsi: "Dieu, personne ne l'a jamais vu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c'est lui qui a conduit à le connaître" (Jn 1, 18).
Mais Jésus ne nous a pas seulement laissé regarder dans l'intimité de Dieu;
avec Lui Dieu est également comme sorti de son intimité et il est venu à notre
rencontre. Cela a tout d'abord lieu dans sa vie, sa passion, sa mort et sa
résurrection; dans sa parole. Mais Jésus ne se contente pas de venir à notre
rencontre. Il veut davantage. Il veut l'unification. Telle est la signification
des images du banquet et des noces. Nous ne devons pas seulement savoir quelque
chose sur Lui, mais à travers Lui, nous devons être attirés en Dieu. C'est
pourquoi Il doit mourir et ressusciter. Car à présent, il ne se trouve plus
dans un lieu déterminé, mais désormais son Esprit, l'Esprit Saint, émane de Lui
et entre dans nos coeurs, nous mettant ainsi en liaison avec Jésus lui-même et
avec le Père - avec le Dieu Un et Trine.
La Pentecôte est cela: Jésus, et à travers Lui Dieu lui-même, vient à nous et
nous attire en Lui. "Il envoie l'Esprit Saint" - ainsi s'exprime
l'Ecriture.
Quel effet cela a-t-il?
Je voudrais tout d'abord noter deux aspects: l'Esprit Saint, à travers lequel
Dieu vient à nous, nous apporte la vie et la liberté.
Regardons ces deux choses d'un peu plus près.
"Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu'ils l'aient en
abondance", dit Jésus dans l'Evangile de Jean (10, 10).
Vie et liberté - ce sont les choses auxquelles nous aspirons tous. Mais qu'est-ce que cela veut dire? - où et comment trouvons-nous la "vie"?
Je pense que, spontanément, la très grande majorité des hommes a la même conception de la vie que le fils prodigue de l'Evangile. Il s'était fait donner sa part d'héritage, et à présent, il se sentait libre, il voulait finalement vivre en n'ayant plus le poids des devoirs de la maison, il voulait seulement vivre. Avoir de la vie tout ce qu'elle peut offrir. En profiter pleinement - vivre, seulement vivre, s'abreuver à l'abondance de la vie et ne rien perdre de ce qu'elle peut offrir de précieux. A la fin, il se retrouva gardien de porcs, enviant même ces animaux - sa vie était devenue vide à ce point, vaine à ce point. Et sa liberté aussi se révélait vaine.
N'est-ce pas ce qui se passe aujourd'hui aussi? Lorsqu'on veut uniquement devenir le maître de sa vie, celle-ci devient toujours plus vide, plus pauvre; on finit facilement par se réfugier dans la drogue, dans la grande illusion. Et le doute apparaît de savoir si vivre, en fin de compte, est vraiment un bien.
Non, de cette façon nous ne trouvons pas la vie.
La parole de Jésus sur la vie en abondance se trouve dans le discours du bon
Pasteur. C'est une parole qui se place dans un double contexte. A propos du
Pasteur, Jésus nous dit qu'il donne sa vie. "Personne ne me l'enlève, mais
je la donne de moi-même" (cf. Jn 10, 18). On ne trouve la vie qu'en la
donnant; on ne la trouve pas en voulant en prendre possession. C'est ce que nous
devons apprendre du Christ; et c'est ce que nous enseigne l'Esprit Saint, qui
est pur don, qui est Dieu qui se donne. Plus quelqu'un donne sa vie pour les
autres, pour le bien même, plus le fleuve de la vie coule en abondance.
En deuxième lieu, le Seigneur nous dit que la vie naît en allant avec le Pasteur qui connaît le pâturage - les lieux où jaillissent les sources de la vie. Nous trouvons la vie dans la communion avec Celui qui est la vie en personne - dans la communion avec le Dieu vivant, une communion dans laquelle l'Esprit Saint nous introduit, appelé par l'hymne des Vêpres "fons vivus", source vivante. Le pâturage, où coulent les sources de la vie, est la Parole de Dieu telle que nous la trouvons dans l'Ecriture, dans la foi de l'Eglise. Le pâturage est Dieu lui-même, que, dans la communion de la foi, nous apprenons à connaître à travers la puissance de l'Esprit Saint.
Chers amis, les Mouvements sont nés précisément de la soif de la vraie vie; ce sont des Mouvements pour la vie sous tous les aspects.
Là où ne s'écoule plus la source véritable de la vie, là où on s'approprie
seulement de la vie au lieu de la donner, la vie des autres se trouve également
en danger; on est disposé à exclure la vie sans défense qui n'est pas encore
née, car elle semble ôter de l'espace à sa propre vie. Si nous voulons protéger
la vie, nous devons alors surtout retrouver la source de la vie; la vie
elle-même doit alors réapparaître dans toute sa beauté et son caractère
sublime; nous devons alors nous laisser vivifier par l'Esprit Saint, source
créatrice de la vie.
Le thème de la liberté a déjà été évoqué il y a peu.
Dans le départ du fils prodigue se rejoignent justement les thèmes de la vie et de la liberté. Il veut la vie, et c'est pourquoi il veut être totalement libre.
Etre libre signifie, de ce point de vue, pouvoir faire tout ce que l'on veut; ne devoir accepter aucun critère en dehors ou au-dessus de moi-même. Suivre seulement mon désir et ma volonté. Qui vit ainsi s'opposera très vite à l'autre qui veut vivre de la même manière. La conséquence nécessaire de cette conception égoïste de la liberté est la violence, la destruction réciproque de la liberté et de la vie.
L'Ecriture Sainte relie en revanche le concept de liberté à celui de filiation,
dit saint Paul: "Aussi bien n'avez-vous pas reçu un esprit d'esclave pour
retomber dans la crainte; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous
fait nous écrier "Abba! Père"" (Rm 8, 15).
Qu'est-ce que cela signifie?
Saint Paul se réfère ici au système social du monde antique, dans lequel
existaient les esclaves, qui ne possédaient rien et qui ne pouvaient donc pas
être intéressés à un juste déroulement des choses. De manière correspondante,
il y avait les fils qui étaient également les héritiers et qui par conséquent
se préoccupaient de la préservation et de la bonne administration de leur
propriété ou de la conservation de l'Etat. Puisqu'ils étaient libres, ils
avaient également une responsabilité. En faisant abstraction de l'arrière-fond
sociologique de cette époque, le principe est toujours valable: liberté et
responsabilité vont de pair. La véritable liberté se démontre dans la
responsabilité, dans une manière d'agir qui prend sur soi la coresponsabilité
pour le monde, pour soi-même et pour les autres. Libre est le fils auquel appartient
quelque chose et qui ne permet donc pas qu'elle soit détruite. Toutes les
responsabilités de ce monde, dont nous avons parlé, ne sont que des
responsabilités partielles, dans un domaine déterminé, un Etat déterminé, etc.
L'Esprit Saint en revanche fait de nous des fils et des filles de Dieu. Il nous
fait participer à la responsabilité de Dieu lui-même pour son monde, pour
l'humanité tout entière. Il nous enseigne à regarder le monde, l'autre et
nous-mêmes avec les yeux de Dieu. Nous faisons le bien non comme des esclaves
qui ne sont pas libres de faire autrement, mais nous le faisons parce que nous
portons personnellement la responsabilité pour le monde; parce que nous aimons
la vérité et le bien, parce que nous aimons Dieu lui-même et donc ses créatures
également. Telle est la liberté véritable, à laquelle l'Esprit Saint veut nous
conduire.
Les Mouvements ecclésiaux veulent et doivent être des écoles de liberté, de
cette liberté véritable. Là nous voulons apprendre cette liberté véritable, non
celle d'esclaves qui visent à couper pour eux-mêmes une part du gâteau qui
appartient à tous, même si cette part doit ensuite manquer à l'autre. Nous
souhaitons la véritable et grande liberté, celle des héritiers, la liberté des
fils de Dieu. Dans ce monde, débordant de fausses libertés qui détruisent
l'environnement et l'homme, nous voulons, avec la force de l'Esprit Saint,
apprendre ensemble la liberté véritable; construire des écoles de liberté;
démontrer aux autres par notre vie que nous sommes libres et comme il est beau
de vivre véritablement libres dans la liberté véritable des enfants de Dieu.
L'Esprit Saint, en donnant la vie et la liberté, donne également l'unité. Il
s'agit ici de trois dons inséparables les uns des autres. J'ai déjà parlé
trop longuement; permettez-moi toutefois de dire encore un mot sur l'unité.
Pour la comprendre, une phrase peut se révéler utile même si, au premier abord,
elle semble plutôt nous éloigner de celle-ci.
A Nicodème qui, dans sa recherche de la vérité, vient une nuit poser des
questions à Jésus, celui-ci répond: "L'Esprit souffle où il veut"
(cf. Jn 3, 8).
Mais la volonté de l'Esprit n'est pas arbitraire. C'est la volonté de la vérité
et du bien. C'est pourquoi il ne souffle pas n'importe où, se tournant une fois
de ce côté-ci, et une autre de ce côté-là; son souffle ne nous disperse pas
mais nous réunit, parce que la vérité unit et l'amour unit. L'Esprit Saint est
l'Esprit de Jésus Christ, l'Esprit qui unit le Père avec le Fils dans l'Amour
qui, dans l'unique Dieu, donne et accueille. Il nous unit à ce point que saint
Paul a pu dire: "Vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus" (Ga 3,
28). L'Esprit Saint, par son souffle, nous pousse vers le Christ. L'Esprit
Saint oeuvre de façon corporelle; il n'oeuvre pas seulement subjectivement,
"spirituellement". Aux disciples qui voyaient en lui simplement un
"esprit", le Christ ressuscité dit: "C'est bien moi! touchez-moi
et rendez-vous compte qu'un esprit - un fantôme - n'a ni chair ni os, comme
vous voyez que j'en ai" (cf. Lc 24, 39). Cela vaut pour le Christ
ressuscité à toutes les époques de l'histoire. Le Christ ressuscité n'est pas
un fantôme, il n'est pas simplement un esprit, une pensée, une idée seulement.
Il est demeuré l'Incarné - celui qui a assumé notre chair - et il continue
toujours à édifier son Corps, il fait de nous son Corps. L'Esprit souffle où il
veut, et sa sainteté est l'unité faite corps, l'unité qui rencontre le monde et
le transforme.
Dans la Lettre aux Ephésiens, saint Paul nous dit que ce Corps du Christ qui
est l'Eglise, possède des jointures (cf. 4, 16), il les nomme également: ce
sont les apôtres, les prophètes, les évangélistes, les pasteurs et les docteurs
(cf. 4, 11).
L'Esprit dans ses dons prend de multiples formes - nous le voyons ici. Si nous
regardons l'histoire, si nous regardons cette assemblée ici sur la Place
Saint-Pierre - alors nous nous rendons compte qu'il suscite toujours de
nouveaux dons, nous voyons combien il crée d'organes différents, et comment, de
manière toujours nouvelle, il oeuvre corporellement. Mais en Lui la
multiplicité et l'unité vont de pair. Il souffle où il veut. Il le fait de
manière inattendue, dans des lieux inattendus et sous des formes qu'on ne peut
jamais imaginer à l'avance. Et avec quelle multiplicité de forme et quelle
corporéité il le fait! Et c'est précisément ici que la multiplicité des formes
et l'unité sont inséparables entre elles. Il veut que vous preniez de multiples
formes et il vous veut pour l'unique corps, dans l'union avec les ordres
durables - les jointures - de l'Eglise, avec les successeurs des apôtres et
avec le Successeur de saint Pierre. Il ne nous enlève pas la difficulté
d'apprendre comment nous rapporter les uns aux autres; il nous démontre
également qu'il oeuvre en vue de l'unique corps et dans l'unité de l'unique
corps. C'est vraiment uniquement de cette manière que l'unité trouve sa force
et sa beauté. Prendre part à l'édification de l'unique corps! Les pasteurs
seront attentifs à ne pas éteindre l'Esprit (cf. 1 Th 5, 19) et vous, vous ne cesserez
d'apporter vos dons à la communauté tout entière. Une fois de plus: l'Esprit
Saint souffle où il veut. Mais sa volonté est l'unité. Il nous conduit vers le
Christ, dans son Corps. "[du Christ] le Corps tout entier - nous dit saint
Paul - reçoit concorde et cohésion par toutes sortes de jointures qui le
nourrissent et l'actionnent selon le rôle de chaque partie, opérant ainsi sa
croissance et se construisant lui-même, dans la charité" (Ep 4, 16).
L'Esprit veut l'unité, il veut la totalité. C'est pourquoi sa présence se
démontre aussi surtout dans l'élan missionnaire. Qui a rencontré quelque chose
de vrai, de beau et de bon dans sa propre vie - le seul vrai trésor, la perle
précieuse! -, court le partager partout, dans sa famille et au travail, dans tous
les domaines de son existence. Il le fait sans aucune crainte, parce qu'il sait
qu'il a été adopté comme un fils; sans aucune présomption, parce que tout est
don; sans découragement, parce que l'Esprit de Dieu précède son action dans le
"coeur" des hommes et il est comme une semence dans les cultures et
les religions les plus diverses. Il le fait sans frontières, parce qu'il est
porteur d'une bonne nouvelle qui est pour tous les hommes, pour tous les
peuples. Chers amis, je vous demande d'être, plus encore, beaucoup plus, des
collaborateurs dans le ministère apostolique universel du Pape, en ouvrant les
portes au Christ. C'est le meilleur service que l'Eglise rend aux hommes et en
particulier aux pauvres, afin que la vie de la personne, un ordre plus juste
dans la société et la coexistence pacifique entre les nations trouvent dans le
Christ la "pierre angulaire" sur laquelle construire l'authentique
civilisation, la civilisation de l'amour. L'Esprit Saint donne aux croyants une
vision supérieure du monde, de la vie, de l'histoire et il fait d'eux des
gardiens de l'espérance qui ne déçoit pas.
Prions donc Dieu le Père, à travers notre Seigneur Jésus Christ, dans la grâce
de l'Esprit Saint, afin que la célébration de la solennité de la Pentecôte soit
comme un feu ardent et un vent impétueux pour la vie chrétienne et pour la
mission de toute l'Eglise. Je dépose les intentions de vos Mouvements et
Communautés dans le coeur de la Très Sainte Vierge Marie, présente au Cénacle
avec les Apôtres; puisse-t-elle obtenir par la prière leur réalisation
concrète. J'invoque sur vous tous l'effusion des dons de l'Esprit, afin qu'à
notre époque également, l'on puisse faire l'expérience d'une Pentecôte
renouvelée.
Amen!
© Copyright 2006 - Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : https://benoit-et-moi.fr/2015-I/benoit-xvi/quest-ce-que-lesprit-saint.php
LE SAINT-ESPRIT
(RV – Radio Vatican) « Viens Esprit Saint en nos cœurs, et envoie du haut du Ciel un rayon de ta lumière », chante la traditionnelle séquence de ce dimanche de Pentecôte. Cinquante jours après Pâques, l’Eglise célèbre donc la venue du Saint-Esprit sur la Vierge Marie et les Apôtres réunis au Cénacle, à Jérusalem.
Lors de la messe solennelle qu’il a présidée à cette occasion en la Basilique Saint-Pierre, le Pape François a rappelé que le don du Paraclet avait un but essentiel : « rétablir notre relation avec le Père, nous arracher à la condition d’orphelins et nous rendre celle de fils ».
La « solitude intérieure », « une prétendue autonomie par rapport à Dieu », « l’analphabétisme spirituel » qui nous empêche de prier, la difficulté à concevoir l’Eternité et la plénitude de la communion avec Dieu : voilà, pour le Pape, autant de signes révélateurs de notre condition d’orphelins, qui s’oppose à celle de Fils. Cette vocation originelle de l’homme avait été abimée, mais a été restaurée par le sacrifice du Fils unique de Dieu. L’Histoire du Salut est ainsi une œuvre de régénération, a expliqué François, et celui qui plonge « avec foi dans (ce) mystère, renaît à la plénitude de la vie filiale ».
Cette appartenance au Christ, signifiée par l’Esprit, nous fait entrer « dans une nouvelle dynamique », a encore affirmé le Pape. Nous ne sommes plus orphelins, « mais fils du même Père », et « cela change tout ! », car désormais « nous pouvons nous regarder comme des frères, et nos différences ne font que multiplier la joie et l’émerveillement d’appartenir à cette unique paternité et fraternité ».
Et le Pape de conclure en évoquant la présence maternelle de la Vierge Marie, Mère de l’Eglise, au Cénacle : « à son intercession nous confions de manière particulière tous les chrétiens et les communautés qui en ce moment ont le plus besoin de la force de l’Esprit Paraclet, Défenseur et Consolateur, Esprit de vérité, de liberté et de paix ».
(MA)
Ci-dessous, en intégralité, l'homélie prononcée par le Pape François :
La mission de Jésus, culminant dans le don de l’Esprit Saint, avait ce but essentiel : rétablir notre relation avec le Père, abîmée par le péché ; nous arracher à la condition d’orphelins et nous rendre celle de fils.
L’apôtre Paul, écrivant aux chrétiens de Rome, dit : « Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions “Abba ! ”, c’est-à-dire : Père ! » (Rm 8, 14-15). Voilà la relation renouée : la paternité de Dieu se rétablit en nous grâce à l’œuvre rédemptrice du Christ et au don de l’Esprit Saint.
L’Esprit est donné par le Père et nous conduit au Père. Toute l’œuvre du salut est une œuvre de ré-génération, dans laquelle la paternité de Dieu, au moyen du don du Fils et de l’Esprit, nous libère de l’état d’orphelins dans lequel nous sommes tombés. À notre époque aussi nous rencontrons différents signes de notre condition d’orphelins : cette solitude intérieure que nous éprouvons même au milieu de la foule et qui parfois peut devenir tristesse existentielle ; cette prétendue autonomie par rapport à Dieu qui s’accompagne d’une certaine nostalgie de sa proximité ; cet analphabétisme spirituel diffus à cause duquel nous nous retrouvons dans l’incapacité de prier ; cette difficulté à percevoir comme vraie et réelle la vie éternelle, comme plénitude de communion qui germe ici-bas et s’épanouit au-delà de la mort ; cette difficulté pour reconnaître l’autre comme frère, en tant que fils du même Père ; et d’autres signes semblables.
À tout cela s’oppose la condition de fils, qui est notre vocation originaire, elle est ce pour quoi nous sommes faits, notre plus profond ADN, mais qui a été abimé et qui, pour être restauré, a demandé le sacrifice du Fils Unique. Du don immense d’amour qu’est la mort de Jésus sur la croix, a jailli pour toute l’humanité, comme une immense cascade de grâce, l’effusion de l’Esprit saint. Celui qui s’immerge avec foi dans ce mystère de régénération renaît à la plénitude de la vie filiale.
« Je ne vous laisserai pas orphelins ». Aujourd’hui, fête de Pentecôte, ces paroles de Jésus nous font penser aussi à la présence maternelle de Marie au Cénacle. La Mère de Jésus est au milieu de la communauté des disciples rassemblés en prière : elle est mémoire vivante du Fils et invocation vivante de l’Esprit Saint. Elle est la Mère de l’Église. À son intercession nous confions de manière particulière tous les chrétiens et les communautés qui en ce moment ont le plus besoin de la force de l’Esprit Paraclet, Défenseur et Consolateur, Esprit de vérité, de liberté et de paix.
L’Esprit, comme affirme encore saint Paul, fait que nous appartenons au Christ. « Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas » (Rm 8, 9). Et en consolidant notre relation d’appartenance au Seigneur Jésus, l’Esprit nous fait entrer dans une nouvelle dynamique de fraternité. Par le Frère universel qui est Jésus, nous pouvons nous mettre en relation avec les autres d’une manière nouvelle, non plus comme des orphelins, mais comme des fils du même Père, bon et miséricordieux. Et cela change tout ! Nous pouvons nous regarder comme des frères, et nos différences ne font que multiplier la joie et l’émerveillement d’appartenir à cette unique paternité et fraternité.
15 mai 2016
Presso gli Ebrei la festa era inizialmente denominata “festa della mietitura” e “festa dei primi frutti”; si celebrava il 50° giorno dopo la Pasqua ebraica e segnava l’inizio della mietitura del grano; nei testi biblici è sempre una gioiosa festa agricola.
È chiamata anche “festa delle Settimane”, per la sua ricorrenza di sette settimane dopo la Pasqua; nel greco ‘Pentecoste’ significa 50ª giornata. Il termine Pentecoste, riferendosi alla “festa delle Settimane”, è citato in Tobia 2,1 e 2 Maccabei, 12, 31-32..
Quindi lo scopo primitivo di questa festa, era il ringraziamento a Dio per i frutti della terra, cui si aggiunse più tardi, il ricordo del più grande dono fatto da Dio al popolo ebraico, cioè la promulgazione della Legge mosaica sul Monte Sinai.
Secondo il rituale ebraico, la festa comportava il pellegrinaggio di tutti gli uomini a Gerusalemme, l’astensione totale da qualsiasi lavoro, un’adunanza sacra e particolari sacrifici; ed era una delle tre feste di pellegrinaggio (Pasqua, Capanne, Pentecoste), che ogni devoto ebreo era invitato a celebrare a Gerusalemme.
La discesa dello Spirito Santo
L’episodio della discesa dello Spirito Santo è narrato negli Atti degli Apostoli, cap. 2; gli apostoli insieme a Maria, la madre di Gesù, erano riuniti a Gerusalemme nel Cenacolo, probabilmente della casa della vedova Maria, madre del giovane Marco, il futuro evangelista, dove presero poi a radunarsi abitualmente quando erano in città; e come da tradizione, erano affluiti a Gerusalemme gli ebrei in gran numero, per festeggiare la Pentecoste con il prescritto pellegrinaggio.
“Mentre stava per compiersi il giorno di Pentecoste, si trovavano tutti insieme nello stesso luogo. Venne all’improvviso dal cielo un rombo, come di vento che si abbatte gagliardo e riempì tutta la casa dove si trovavano.
Apparvero loro lingue di fuoco, che si dividevano e si posarono su ciascuno di loro; ed essi furono tutti pieni di Spirito Santo e cominciarono a parlare in altre lingue, come lo Spirito dava loro di esprimersi.
Si trovavano allora in Gerusalemme giudei osservanti, di ogni Nazione che è sotto il cielo. Venuto quel fragore, la folla si radunò e rimase sbigottita, perché ciascuno li sentiva parlare nella propria lingua.
Erano stupefatti e, fuori di sé per lo stupore, dicevano: ‘Costoro che parlano non sono forse tutti Galilei? E com’è che li sentiamo ciascuno parlare la nostra lingua nativa?…”.
Il passo degli Atti degli Apostoli, scritti dall’evangelista Luca in un greco accurato, prosegue con la prima predicazione dell’apostolo Pietro, che unitamente a Paolo, narrato nei capitoli successivi, aprono il cristianesimo all’orizzonte universale, sottolineando l’unità e la cattolicità della fede cristiana, dono dello Spirito Santo.
Lo Spirito Santo
È il nome della terza persona della SS. Trinità, principio di santificazione dei fedeli, di unificazione della Chiesa, di ispirazione negli autori della Sacra Scrittura. È colui che assiste il magistero della Chiesa e tutti i fedeli nella conoscenza della verità (è detto anche ‘Paraclito’, cioè ‘Consolatore’).
L’Antico Testamento, non contiene una vera e propria indicazione sullo Spirito Santo come persona divina. Lo “spirito di Dio”, vi appare come forza divina che produce la vita naturale cosmica, i doni profetici e gli altri carismi, la capacità morale di obbedire ai comandamenti.
Nel Nuovo Testamento, lo Spirito appare talora ancora come forza impersonale carismatica. Insieme però, avviene la rivelazione della ‘personalità’ e della ‘divinità’ dello Spirito Santo, specialmente nel Vangelo di san Giovanni, dove Gesù afferma di pregare il Padre perché mandi il Paraclito, che rimanga sempre con i suoi discepoli e li ammaestri nella verità (Giov. 14-16) e in san Paolo, dove la dottrina dello Spirito Santo è congiunta con quella della divina redenzione.
Il magistero della Chiesa insegna che la terza Persona procede dalla prima e dalla seconda, come da un solo principio e come loro reciproco amore; che lo Spirito Santo è inviato per via di ‘missione’ nel mondo, e che esso ‘inabita’ nell’anima di chi possiede la Grazia santificante.
Concesso a tutti i battezzati (1 Corinzi, 12, 13), lo Spirito fonda l’uguale dignità di tutti i credenti. Ma nello stesso tempo, in quanto conferisce carismi e ministeri diversi, l’unico Spirito, costruisce la Chiesa con l’apporto di una molteplicità di doni.
L’insegnamento tradizionale, seguendo un testo di Isaia (11, 1 sgg.) enumera sette doni particolari, sapienza, intelletto, consiglio, fortezza, scienza, pietà e timore di Dio. Essi sono donati inizialmente con la grazia del Battesimo e confermati dal Sacramento della Cresima.
Simbologia
Lo Spirito Santo, rarissimamente è stato rappresentato sotto forma umana; mentre nell’Annunciazione e nel Battesimo di Gesù è sotto forma di colomba, e nella Trasfigurazione è come una nube luminosa.
Ma nel Nuovo Testamento, lo Spirito divino è esplicitamente indicato, come lingue di fuoco nella Pentecoste e come soffio nel Vangelo di Giovanni (20, 22); “Gesù disse loro di nuovo: Pace a voi! Come il Padre ha mandato me, anch’io mando voi. Dopo aver detto questo, soffiò su di loro e disse: Ricevete lo Spirito Santo; a chi rimetterete i peccati, saranno rimessi e a chi non li rimetterete, resteranno non rimessi”.
Lo Spirito Santo, più volte preannunciato nei Vangeli da Gesù, è stato soprattutto assimilato al fuoco che come l’acqua è simbolo paradossale di vita e di morte.
In tutte le religiosità, il fuoco ha un posto fondamentale nel culto ed è spesso simbolo della divinità e come tale adorato. Il dio sumerico del fuoco, Gibil, era considerato portatore di luce e di purificazione; a Roma c’era una fiamma sempre accesa custodita dalle Vestali, simbolo di vita e di forza.
Nell’Antico Testamento, Dio si rivela a Mosè sotto forma di fuoco nel roveto ardente che non si consuma; nella colonna di fuoco Dio Illumina e guida il popolo ebraico nelle notti dell’Esodo; durante la consegna delle Tavole della Legge a Mosè, per la presenza di Dio il Monte Sinai era tutto avvolto da fuoco.
Nelle visioni profetiche dell’Antico Testamento, il fuoco è sempre presente e Dio apparirà alla fine dei tempi con il fuoco e farà giustizia su tutta la terra; anche nel Nuovo Testamento, Giovanni Battista annuncia Gesù come colui che battezza in Spirito Santo e fuoco (Matteo, 3, 11).
La Pentecoste nel cristianesimo
I cristiani inizialmente chiamarono Pentecoste, il periodo di cinquanta giorni dopo la Pasqua. A quanto sembra, fu Tertulliano, apologista cristiano (155-220), il primo a parlarne come di una festa particolare in onore dello Spirito Santo. Alla fine del IV secolo, la Pentecoste era una festa solenne, durante la quale era conferito il Battesimo a chi non aveva potuto riceverlo durante la veglia pasquale.
Le costituzioni apostoliche testimoniano l’Ottava di Pentecoste per l’Oriente, mentre in Occidente compare in età carolingia. L’Ottava liturgica si conservò fino al 1969; mentre i giorni festivi di Pentecoste furono invece ridotti nel 1094, ai primi tre giorni della settimana; ridotti a due dalle riforme del Settecento.
All’inizio del XX secolo, fu eliminato anche il lunedì di Pentecoste, che tuttavia è conservato come festa in Francia e nei Paesi protestanti.
La Chiesa, nella festa di Pentecoste, vede il suo vero atto di nascita d’inizio missionario, considerandola insieme alla Pasqua, la festa più solenne di tutto il calendario cristiano.
La Pentecoste nell’arte
Il tema della Pentecoste, ha una vasta iconografia, particolarmente nell’arte medioevale, che fissò l’uso di raffigurare lo Spirito Santo che discende sulla Vergine e sugli apostoli nel Cenacolo, sotto la forma simbolica di lingue di fuoco e non di colomba.
Lo schema compositivo richiama spesso quello dell’Ultima Cena, trovandosi nello stesso luogo, cioè il Cenacolo, e lo stesso gruppo di persone: Gesù è sostituito da Maria e il posto lasciato vuoto da Giuda viene occupato da Mattia.
Viene così a comunicarsi il valore dell’unità dell’aggregazione e successione apostolica, oltre che la sua disposizione a raggiungere i confini del mondo.
Nella Liturgia
Lo Spirito Santo viene invocato nel conferimento dei Sacramenti e da vero protagonista nel Battesimo e nella Cresima e con liturgia solenne nell’Ordine Sacro; e in ogni cerimonia liturgica, ove s’implora l’aiuto divino, con il magnifico e suggestivo inno del “Veni Creator”, il cui testo in latino è incomparabile.
Nella solennità di Pentecoste si recita la Sequenza, il cui testo della più alta innologia liturgica, si riporta a conclusione di questa scheda come preghiera, meditazione, invocazione allo Spirito Santo.
Catéchisme
de l'Eglise Catholique
CATÉCHISME DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE:
L'Eglise,
Temple de l'Esprit Saint
L'Esprit
et l'Eglise à la fin des temps
Dominum
et Vivificantem (18 mai 1986)
[Anglais, Espagnol, Français, Italien, Polonais, Portugais]
Redemptoris
Missio (7 décembre 1990)
[Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Polonais, Portugais]
Lettre
aux Artistes, (4 avril 1999)
[Allemand, Anglais, Arabe, Espagnol, Français, Italien, Polonais, Portugais]
Christifideles
Laici (30 décembre 1988)
[Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Polonais, Portugais]
Catéchèse sur les dons de
l'Esprit Saint
"Regina Coeli" et "Angelus" prononcé par le Saint Père en
1989:
Réflexion sur les sept
dons de l'Esprit Saint (2 avril 1989)
[Anglais, Italien]
Don de la Sagesse (9
avril 1989)
[Anglais, Italien]
Don de l'Intelligence (16
avril 1989)
[Anglais, Italien]
Don de la Science (23
avril 1989)
[Anglais, Italien]
Don du Conseil (7 mai
1989)
[Anglais, Italien]
Don de la Force (14 mai
1989)
[Anglais, Italien]
Don de la Piété (28 mai
1989)
[Anglais, Italien]
Don de la Crainte de Dieu
(11 juin 1989)
[Anglais, Italien]
Ecclesiam
Suam (6 août 1964)
[Anglais, Espagnol, Français, Italien, Portugais]
Mysterium
Fidei (3 septembre 1965)
[Anglais, Français, Italien, Portugais]
Catéchèses du Pape Paul
VI sur l'Esprit Saint
(Italien)
Perenne
la presenza e l'azione dello Spirito Santo (12/10/1966)
Perenni
e vitali doni della Pentecoste (17/05/1967)
Lo
Spirito Santo "Fons vivus ignis caritas..." (26/05/1971)
Lo
Spirito Santo animatore e santificatore della Chiesa (29/11/1972)
Un'esperienza
spirituale che è un invito alla fede (10/05/1975)
Andare
all'incontro con il Dio vivo (18/05/1975)
Dall'Ascensione
alla Pentecoste (22/05/1977)
Ai ragazzi dell'Azione Cattolica (20/05/1978)
Message radio de Pentecôte (1er juin 1941)
Spiritus Paraclitus (15
septembre 1920)
[Anglais, Espagnol]
Divinum Illud Munus (9
mai 1897)
[Anglais, Espagnol]
Décret
"Ad Gentes" (7 décembre 1965)
[Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Italien, Portugais, Swahili, Tchèque]
SOURCE : https://www.vatican.va/liturgical_year/pentecost/2006/pentecoste_fr.html#LEONE%20XIII