mardi 3 janvier 2012

Troisième mystère douloureux : LE COURONNEMENT D'ÉPINES


Jérôme Bosch. Le Couronnement d'épines, 1495-1500, 
Huile sur panneau, 73 X 59, National Gallery, Londres


Antoine van DyckLe Couronnement d'épines1619-1620, 223 X 196, Musée du PradoMadrid


Suiveur de Jérôme Bosch. Le Couronnement d'épines, vers 1530, 
Huile sur panneau de bois, 157 X 194, L'Escurial, San Lorenzo de El Escorial


Le Caravage. Le Couronnement d'épines, 1604-1605
Huile sur toile, 125 X 178, Palais des Alberti, Prato

27 Alors les soldats du gouverneur prirent Jésus avec eux dans le prétoire, et ils assemblèrent autour de lui toute la cohorte.

28 L'ayant dévêtu, ils jetèrent sur lui un manteau écarlate.

29 Ils tressèrent une couronne avec des épines, qu'ils posèrent sur sa tête, avec un roseau dans sa main droite; et, fléchissant le genou devant lui, ils lui disaient par dérision : " Salut, roi des Juifs ! "

30 Ils lui crachaient aussi dessus et, prenant le roseau, ils en frappaient sa tête.

31 Après s'être moqués de lui, ils lui retirèrent le manteau, lui remirent ses vêtements et l'emmenèrent pour le crucifier.


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU, XXVII : 27-31


Le Caravage, Le Couronnement d'épines, 1602-1603 ou 1607
Huile sur toile, 127 X 165, Kunsthistorisches Museum, Vienne en Autriche

16 Les soldats l'emmenèrent à l'intérieur du palais, c'est-à-dire au prétoire, et ils convoquèrent toute la cohorte.

17 Ils le revêtirent de pourpre et le ceignirent d'une couronne d'épines qu'ils avaient tressée.

18 Et ils se mirent à le saluer : " Salut, roi des Juifs ! "

19 Et ils lui frappaient la tête avec un roseau, et ils lui crachaient dessus et, se mettant à genoux, ils se prosternaient devant lui.

20 Après s'être moqués de lui, ils lui retirèrent la pourpre, lui remirent ses vêtements et le firent sortir pour qu'on le crucifiât.


ÉVANGILE SELON SAINT MARC, XV : 16-20


Titien, Couronnement d'épines 1540-1542, Louvre

1. Alors Pilate prit Jésus et le fit flageller.

2. Et les soldats ayant tressé une couronne d'épines, la mirent sur sa tête, et le revêtirent d'un manteau de pourpre;

3. Puis s'approchant de lui, ils disaient: "Salut, roi des Juifs!" et ils le souffletaient.

4. Pilate sortit encore une fois et dit aux Juifs: "Voici que je vous l'amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime."

5. Jésus sortit donc, portant la couronne d'épines et le manteau d'écarlate, et Pilate leur dit: "Voici l'homme."


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN, XIX : 1-5


Henry de Groux, Le Christ aux outrages, 1889


XXVI. COURONNEMENT D'EPINES

Lorsque la Soeur rentra dans ses visions sur la Passion, elle ressentit une fièvre très forte et une soif tellement brûlante que sa langue était contractée convulsivement et comme desséchée. Elle était si épuisée et si souffrante, le lundi d'après le dimanche de Laetare, qu'elle ne fit les récits qui suivent qu'avec beaucoup de peine et sans beaucoup d'ordre. Elle ajouta qu'il lui était impossible, dans l'état où elle se trouvait, de raconter tous les mauvais traitements qui avaient accompagné le couronnement d'épines de Jésus, parce que cela faisait revenir sous ses yeux toutes ces scènes, etc.

Pendant la flagellation de Jésus, Pilate parla encore plusieurs fois au peuple, qui une fois fit entendre ce cri : “ il faut qu'il meure, quand nous devrions tous mourir aussi ” ! Quand Jésus fut conduit au corps de garde, ils crièrent encore : “ Qu'on le tue ! qu'on le tue ” ! Car il arrivait sans cesse de nouvelles troupes de Juifs que les Commissaires des Princes des Prêtres excitaient à crier ainsi. Il y eut ensuite une pause. Pilate donna des ordres à ses soldats ; les Princes des Princes et leurs conseillers, qui se tenaient sous des arbres et sous des toiles tendues, assis sur des bancs placés des deux côtés de la rue devant la terrasse de Pilate, se firent apporter a manger et à boire par leurs serviteurs. Pilate, l'esprit troublé par ses superstitions, se retira quelques instants pour consulter ses dieux et Leur offrir de l'encens.

La sainte Vierge et ses amis se retirèrent du forum après avoir recueilli le sang de Jésus. Je les vis entrer avec Leurs linges sanglants dans une petite maison peu éloignée bâtie contre un mur. Je ne sais plus à qui elle appartenait. Je ne me souviens pas d'avoir vu Jean pendant la flagellation.

Le couronnement d'épines eut lieu dans la cour intérieure du corps de Barde situé contre le forum, au-dessus des prisons. Elle était entourée de colonnes et les portes étaient ouvertes. Il y avait là environ cinquante misérables, valets de geôliers, archers, esclaves et autres gens de même espèce qui prirent une part active aux mauvais traitements qu'eut à subir Jésus. La foule se pressait d'abord autour de l'édifice ; mais il fut bientôt entouré d'un millier de soldats romains, rangés en bon ordre, dont les rires et les plaisanteries excitaient l'ardeur des bourreaux de Jésus comme les applaudissements du public excitent les comédiens.

Au milieu de la cour ils roulèrent la base d'une colonne où se trouvait un trou qui avait dû servir pour assujettir le fût. Ils placèrent dessus un escabeau très bas, qu'ils couvrirent par méchanceté de cailloux pointus et de tessons de pot. Ils arrachèrent les vêtements de Jésus de dessus son corps couvert de plaies, et lui mirent un vieux manteau rouge de soldat qui ne lui allait pas aux genoux et où pendaient des restes de houppes jaunes. Ce manteau se trouvait dans un coin de la chambre : on en revêtait ordinairement les criminels après leur flagellation, soit pour étancher leur sang, soit pour les tourner en dérision. Ils traînèrent ensuite Jésus au siège qu'ils lui avaient préparé et l'y firent asseoir brutalement. C'est alors qu'ils lui mirent la couronne d'épines. Elle était haute de deux largeurs de main, très épaisse et artistement tressée. Le bord supérieur était saillant. Ils la lui placèrent autour du front en manière de bandeau, et la lièrent fortement par derrière. Elle était faite de trois branches d'épines d'un doigt d'épaisseur, artistement entrelacées, et la plupart des pointes étaient à dessein tournées en dedans. Elles appartenaient à trois espèces d'arbustes épineux, ayant quelques rapports avec ce que sont chez nous le nerprun, le prunellier et l'épine blanche. Ils avaient ajouté un bord supérieur saillant d'une épine semblable à nos ronces : c'était par là qu'ils saisissaient la couronne et la secouaient violemment. J'ai vu l'endroit où us avaient été chercher ces épines. Quand ils l'eurent attachée sur la tête de Jésus, ils lui mirent un épais roseau dans la main. Ils firent tout cela avec une gravité dérisoire, comme s'ils l'eussent réellement couronné Toi. Ils lui prirent le roseau des mains, et frappèrent si violemment sur la couronne d'épines que les yeux du Sauveur étaient inondés de sang. Ils s'agenouillèrent devant lui, lui firent des grimaces, lui crachèrent au visage et le souffletèrent en criant : “ Salut, Roi des Juifs ! ” Puis ils le renversèrent avec son siège en riant aux éclats, et l'y replacèrent de nouveau avec violence.

Je ne saurais répéter tous les outrages qu'imaginaient ces hommes. Jésus souffrait horriblement de la soif ; car les blessures faites par sa barbare flagellation lui avaient donné la fièvre (1), et il frissonnait ; sa chair était déchirée jusqu'aux os, sa langue était retirée, et le sang sacré qui coulait de sa tête rafraîchissait seul sa bouche brûlante et entrouverte. Jésus fut ainsi maltraité pendant environ une demi heure, aux rires et aux cris de joie de la cohorte rangée autour du prétoire.

LA DOULOUREUSE PASSION DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST d'après les méditations d'ANNE CATHERINE EMMERICH. Publiées en 1854.Traduction de l'Abbé DE CAZALES