MESSAGE DE SA SAINTETÉ
BENOÎT XVI
POUR LA CÉLÉBRATION DE LA
JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX
BENOÎT XVI
POUR LA CÉLÉBRATION DE LA
JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX
1er JANVIER 2011
LIBERTÉ RELIGIEUSE, CHEMIN VERS LA PAIX
1. AU
DÉBUT D’UNE ANNÉE NOUVELLE, mes vœux voudraient rejoindre tous et chacun ;
vœux de sérénité et de prospérité, mais surtout vœux de paix. L’année qui vient
de se clôturer a été marquée, elle aussi, malheureusement par la persécution,
la discrimination, par de terribles actes de violence et d’intolérance
religieuse.
Je
pense en particulier à la chère terre d’Irak qui, dans sa marche vers une
stabilité et une réconciliation tant souhaitées, continue à être une scène de
violences et d’attentats. Viennent à la mémoire les récentes souffrances de la
communauté chrétienne, et tout particulièrement le lâche attentat contre la
cathédrale siro-catholique Notre-Dame du Perpétuel Secours, à Bagdad, où, le 31
octobre dernier, deux prêtres et plus de cinquante fidèles ont été tués, alors
qu’ils étaient réunis pour la célébration de la sainte Messe. Et il y eut
d’autres attaques les jours suivants, aussi contre des habitations privées,
suscitant la peur au sein de la communauté chrétienne et le désir, chez
beaucoup de ses membres, d’émigrer pour aller chercher de meilleures conditions
de vie. Je les assure de ma proximité et de celle de toute l’Eglise. Ce
sentiment a été concrètement exprimé lors de la récente Assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques.
Cette Assemblée a adressé un encouragement aux communautés catholiques en Irak
et dans tout le Moyen-Orient à vivre la communion et à continuer à offrir un
témoignage courageux de foi en ces régions.
Je
remercie vivement les Gouvernements qui s’efforcent de soulager les souffrances
de ces frères en humanité et j’invite les catholiques à prier pour leurs frères
dans la foi qui souffrent violences et intolérances, et à leur manifester leur
solidarité. Dans ce contexte, j’ai ressenti de manière particulièrement vive l’opportunité
de partager avec vous tous quelques réflexions sur la liberté religieuse,
chemin vers la paix. Il est douloureux en effet de constater que, dans
certaines régions du monde, il n’est pas possible de professer et de manifester
librement sa religion, sans mettre en danger sa vie et sa liberté personnelle.
En d’autres points du monde, il existe des formes plus silencieuses et plus
sophistiquées de préjugés et d’opposition à l’encontre des croyants et des
symboles religieux. Les chrétiens sont à l’heure actuelle le groupe religieux
en butte au plus grand nombre de persécutions à cause de leur foi. Beaucoup
subissent des offenses quotidiennes et vivent souvent dans la peur à cause de
leur recherche de la vérité, de leur foi en Jésus Christ et de leur appel
sincère afin que soit reconnue la liberté religieuse. Tout cela ne peut être
accepté, parce que cela constitue une offense à Dieu et à la dignité
humaine ; de plus, c’est une menace à la sécurité et à la paix, et cela
empêche la réalisation d’un réel développement humain intégral[1].
C’est
en effet dans la liberté religieuse que se trouve l’expression de la
spécificité de la personne humaine, qui peut ainsi ordonner sa vie personnelle
et sociale selon Dieu : à Sa lumière se comprennent pleinement
l’identité, le sens et le but de la personne. Nier ou limiter de manière
arbitraire cette liberté signifie cultiver une vision réductrice de la personne
humaine ; mettre dans l’ombre le rôle public de la religion signifie
engendrer une société injuste, puisque celle-ci n’est pas en harmonie avec la
vraie nature de la personne humaine ; cela signifie rendre impossible
l’affirmation d’une paix authentique et durable de toute la famille humaine.
J’exhorte
donc les hommes et les femmes de bonne volonté à renouveler leur engagement
pour la construction d’un monde où tous soient libres de professer leur
religion ou leur foi, et de vivre leur amour pour Dieu de tout leur cœur, de
toute leur âme et de tout leur esprit (cf. Mt 22,37). Voilà le sentiment qui inspire et
guide le Message
pour la XLIVème Journée Mondiale de la Paix, consacré au thème : Liberté religieuse, chemin vers la paix.
Le
droit sacré à la vie et à une vie spirituelle
2. Le droit à la liberté religieuse
s’enracine dans la dignité même de la personne humaine[2],
dont la nature transcendante ne doit être ni ignorée ni négligée. Dieu a créé
l’homme et la femme à son image et à sa ressemblance (cf. Gn 1,27). C’est pour cela que chaque personne
a le droit
sacré à une vie
intègre aussi du point de vue spirituel. Sans la reconnaissance de son être
spirituel, sans l’ouverture au transcendant, la personne humaine se replie sur
elle-même, et elle n’arrive pas à trouver des réponses aux interrogations de
son cœur sur le sens de la vie et à conquérir des valeurs et des principes
éthiques durables. Elle ne peut donc même pas réussir à expérimenter une
authentique liberté et à développer une société juste[3].
La
Sainte Ecriture, en harmonie avec notre propre expérience, révèle la valeur
profonde de la dignité humaine : « A voir ton ciel, ouvrage de tes
doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est donc le mortel, que tu t’en
souviennes, le fils d’Adam, que tu le veuilles visiter ? A peine le fis-tu
moindre qu’un dieu ; tu le couronnes de gloire et de beauté, pour qu’il
domine sur l’œuvre de tes mains ; tout fut mis par toi sous ses
pieds » (Ps 8, 4-7).
Devant
la sublime réalité de la nature humaine, nous pouvons faire l’expérience du
même émerveillement que le psalmiste. Elle se manifeste comme ouverture au
Mystère, comme capacité de s’interroger en profondeur sur soi-même et sur
l’origine de l’univers, comme intime résonnance à l’Amour suprême de Dieu,
principe et fin de toutes choses, de toute personneet de tous les peuples[4].
La dignité transcendante de la personne est une valeur essentielle de la
sagesse judéo-chrétienne, mais grâce à la raison, elle peut être reconnue par
tous. Cette dignité, comprise comme une capacité de transcender sa propre
matérialité et de rechercher la vérité, doit être reconnue comme un bien universel, indispensable pour la
construction d’une société orientée vers la réalisation et la plénitude de
l’homme. Le respect des éléments essentiels de la dignité de l’homme, tels que
le droit à la vie et le droit à la liberté religieuse, est une condition de la
légitimité morale de toute norme sociale et juridique.
Liberté
religieuse et respect mutuel
3. La liberté religieuse est à l’origine de
la liberté morale. En
effet, l’ouverture à la vérité et au bien, l’ouverture à Dieu, qui est
enracinée dans la nature humaine, confère une pleine dignité à chaque personne
et elle est garante d’un respect mutuel et plénier entre les personnes. C’est
pourquoi la liberté religieuse doit être comprise non seulement comme une
absence de la coercition, mais d’abord comme une capacité d’ordonner ses choix
selon la vérité.
Il
existe un lien infrangible entre liberté et respect ; car, « la loi
morale oblige tout homme et tout groupe social à tenir compte, dans l’exercice
de leurs droits, des droits d’autrui, de leurs devoirs envers les autres et du
bien commun de tous »[5].
Une liberté ennemie ou indifférente à l’égard de Dieu finit par se nier
elle-même et ne garantit pas le plein respect de l’autre. Une volonté qui se
croit radicalement incapable de rechercher la vérité et le bien n’a plus de
raisons objectives ni de motifs pour agir, sinon ceux que lui imposent ses
intérêts momentanés et contingents, elle n’a pas « une identité » à
conserver et à construire en opérant des choix vraiment libres et conscients.
Elle ne peut donc revendiquer le respect de la part d’autres
« volontés », elles aussi détachées de leur être plus profond et qui,
de ce fait, peuvent faire valoir d’autres « raisons » ou même aucune
« raison ». L’illusion que l’on puisse trouver dans le relativisme
moral la clé d’une coexistence pacifique, est en réalité l’origine des
divisions et de la négation de la dignité des êtres humains. On comprend alors
qu’il soit nécessaire de reconnaître une double dimension dans l’unité de la
personne humaine : la dimension religieuse et la dimension sociale.
A cet égard, il est inconcevable que des croyants « doivent se priver
d’une partie d’eux-mêmes – de leur foi – afin d’être des citoyens actifs ;
il ne devrait jamais être nécessaire de nier Dieu pour jouir de ses droits »[6].
La
famille, école de liberté et de paix
4. Si
la liberté religieuse est chemin vers la paix, l’éducation religieuse est une route privilégiée pour donner aux
nouvelles générations la possibilité de reconnaître en l’autre un frère et une
sœur, avec qui marcher ensemble et collaborer pour que tous se sentent comme
les membres vivants d’une même famille humaine, au sein de laquelle personne ne
doit être exclu.
La
famille fondée sur le mariage, expression d’une union intime et d’une
complémentarité entre un homme et une femme, s’insère dans ce contexte comme
première école de formation et de croissance sociale, culturelle, morale et
spirituelle des enfants, qui devraient toujours trouver dans leur père et leur
mère les premiers témoins d’une vie orientée vers la recherche de la vérité et
de l’amour de Dieu. Les parents eux-mêmes devraient être toujours libres de
transmettre, sans entraves et de manière responsable, leur patrimoine de foi,
de valeurs et de culture à leurs enfants. La famille, première cellule de la
société humaine, reste le milieu primordial de formation pour des relations
harmonieuses à tous les niveaux de la convivialité humaine, nationale et
internationale. Nous trouvons ici la route à suivre avec sagesse pour
construire un tissu social solide et solidaire, pour préparer les jeunes à
prendre leurs propres responsabilités dans la vie, au sein d’une société libre,
dans un esprit de compréhension et de paix.
Un
patrimoine commun
5. On
pourrait dire que, parmi les droits et les libertés fondamentaux enracinés dans
la dignité humaine, la liberté religieuse jouit d’un statut spécial. Quand la liberté religieuse est
reconnue, la dignité de la personne humaine est respectée à sa racine même, et
l’ethos et les
institutions des peuples se consolident. A l’inverse, quand la liberté
religieuse est niée, quand on essaie d’empêcher de professer sa religion ou sa
foi et de vivre en conformité avec elles, la dignité humaine est lésée, et de
cette manière se trouvent menacées la justice et la paix, lesquelles se fondent
sur l’ordre social juste qui s’édifie à la lumière de la Vérité Suprême et du
Souverain Bien.
En
ce sens, la liberté religieuse est aussi un acquis de civilisation politique et
juridique. C’est un bien essentiel : toute personne doit pouvoir
exercer librement le droit de professer et de manifester individuellement ou de
manière communautaire, sa religion ou sa foi, aussi bien en public qu’en privé,
dans l’enseignement et dans la pratique, dans les publications, dans le culte
et dans l’observance des rites. Elle ne devrait pas rencontrer d’obstacles si
elle désire, éventuellement, adhérer à une autre religion ou n’en professer
aucune. En ce domaine, la règlementation internationale se révèle emblématique
et est un exemple essentiel pour les Etats, en ce qu’elle ne permet aucune
dérogation à la liberté religieuse, sauf l’exigence légitime de l’ordre public
pénétré par la justice[7].
La règlementation internationale reconnaît ainsi aux droits de nature
religieuse le même status que le droit à la vie et à la liberté personnelle, car ils
appartiennent au noyau essentiel des droits de l’homme, à ces droits universels et naturels
que la loi humaine ne peut jamais nier.
La
liberté religieuse n’est pas le patrimoine exclusif des croyants, mais de la
famille tout entière des peuples de la terre. C’est l’élément incontournable d’un Etat
de droit ; on ne peut pas la nier sans porter atteinte en même temps à
tous les droits et aux libertés fondamentales, puisqu’elle en est la synthèse
et le sommet. Elle est « le ‘papier tournesol’ qui permet de vérifier le
respect de tous les autres droits humains »[8].
Celle-ci favorise l’exercice des facultés plus spécifiquement humaines tout en
créant les prémisses nécessaires pour la réalisation d’un développement intégral, lequel concerne de manière unitaire la
totalité de la personne en chacune de ses dimensions[9].
La
dimension publique de la religion
6. La liberté religieuse, comme toute
liberté, tout en provenant de la sphère personnelle, se réalise dans la
relation avec les autres. Une liberté sans relations n’est pas une liberté
achevée. La
liberté religieuse ne s’épuise pas non plus dans la seule dimension individuelle,
mais elle se met en œuvre dans la communauté dont elle fait partie et dans la
société, ceci en cohérence avec l’être relationnel de la personne et avec la
nature publique de la religion.
La mise en relation est une composante décisive de la liberté
religieuse qui pousse les communautés des croyants à pratiquer la solidarité en
vue du bien commun. Dans cette dimension communautaire, chaque personne reste
unique et absolument originale, tout en se complétant et en se réalisant
pleinement.
On ne
peut pas nier la contribution que les communautés religieuses apportent à la
société. Nombreuses sont les institutions caritatives et culturelles qui
attestent le rôle constructif des croyants pour la vie sociale. D’une
importance plus grande encore est la contribution éthique de la religion dans
le domaine politique. Elle ne devrait pas être marginalisée ou interdite, mais
comprise comme un apport valable à la promotion du bien commun. Dans cette
perspective il convient de mentionner la dimension religieuse de la culture,
tissée au long des siècles grâce aux contributions sociales et surtout éthiques
de la religion. Une telle dimension ne constitue en aucune manière une
discrimination vis-à-vis de ceux qui n’en partagent pas la croyance, mais elle
renforce plutôt la cohésion sociale, l’intégration et la solidarité.
Liberté
religieuse, force de liberté et de civilisation :
les dangers de son instrumentalisation
7. L’instrumentalisation de la liberté
religieuse pour masquer des intérêts occultes, comme par exemple la subversion
de l’ordre établi, l’accaparement de ressources ou le maintien du pouvoir de la
part d’un groupe, peut provoquer des dommages énormes aux sociétés. Le fanatisme, le fondamentalisme, les
pratiques contraires à la dignité humaine, ne peuvent jamais trouver une
justification, encore moins si cela est accompli au nom de la religion. La
profession d’une religion ne peut pas être instrumentalisée, ni imposée par la
force. Il faut donc que les Etats et les diverses communautés humaines
n’oublient jamais que la liberté religieuse est une condition de la recherche de la
vérité et que la vérité ne s’impose pas par la violence mais par « la force de la vérité
elle-même »[10]. En ce sens, la religion est une force positive et propulsive pour la construction de la société civile
et politique.
Comment
nier la contribution des grandes religions du monde au développement de la
civilisation ? La recherche sincère de Dieu a conduit à un plus grand
respect de la dignité de l’homme. Les communautés chrétiennes, avec leur
patrimoine de valeurs et de principes, ont fortement contribué à la prise de
conscience de la part des personnes et des peuples, de leur identité et de leur
dignité, de même qu’à la conquête d’institutions démocratiques et à
l’affirmation des droits de l’homme ainsi que des devoirs correspondants.
Aujourd’hui
encore, dans une société toujours plus mondialisée, les chrétiens sont appelés,
non seulement à un engagement civil, économique et politique responsable, mais
aussi au témoignage de leur charité et de leur foi, à offrir une contribution
précieuse à l’engagement rude et exaltant pour la justice, le développement
humain intégral et le juste ordonnancement des réalités humaines. Exclure la
religion de la vie publique, c’est enlever à cette dernière un espace vital qui
ouvre à la transcendance. Sans cette expérience originelle, orienter les sociétés
vers des principes éthiques universels s’avère pénible et il devient difficile
de mettre en place des règlements nationaux et internationaux où les droits et
les libertés fondamentaux peuvent être pleinement reconnus et mis en œuvre
comme se le proposent les objectifs – malheureusement encore négligés ou
contredits – de laDéclaration universelle des Droits de l’homme de
1948.
Un
problème de justice et de civilisation :
le fondamentalisme et l’hostilité à l’égard des croyants
nuisent à la laïcité positive des Etats
8. La
même détermination avec laquelle sont condamnées toutes les formes de fanatisme
et de fondamentalisme religieux, doit animer aussi l’opposition à toutes les
formes d’hostilité à l’égard de la religion, qui limitent le rôle public des
croyants dans la vie civile et politique.
On ne
peut oublier que le fondamentalisme religieux et le laïcisme sont des formes
spéculaires et extrêmes du refus du légitime pluralisme et du principe de
laïcité. Tous
deux, en effet, absolutisent une vision réductrice et partiale de la personne
humaine, favorisant dans le premier cas, des formes d’intégralisme religieux,
et dans le second, de rationalisme. La société qui veut imposer, ou qui, au contraire, nie la
religion par la violence, est injuste à l’égard de la personne et de Dieu, mais
aussi envers elle-même. Dieu appelle à lui l’humanité dans un dessein d’amour
qui, alors qu’il concerne la personne tout entière dans sa dimension naturelle
et spirituelle, exige d’y répondre en termes de liberté et de responsabilité,
de tout son cœur et de tout son être, individuel et communautaire. La société elle-même, en tant
qu’expression de la personne et de l’ensemble de ses dimensions constitutives,
doit donc vivre et s’organiser en sorte de favoriser l’ouverture à la transcendance.
C’est précisément pour cela que les lois et les institutions d’une société ne
peuvent pas être configurées en ignorant la dimension religieuse des citoyens
ou au point d’en faire totalement abstraction. Elles doivent se mesurer – grâce
à la participation démocratique de citoyens conscients de leur haute vocation –
à l’être de la personne afin de pouvoir la seconder dans sa dimension
religieuse. N’étant pas une création de l’Etat, elle ne peut être manipulée par
lui ; elle devrait plutôt en recevoir reconnaissance et respect.
Lorsque
l’ordonnancement juridique, à tous les niveaux, national et international,
permet ou tolère le fanatisme religieux ou antireligieux, il manque à sa
mission même qui est de protéger et de promouvoir la justice et le droit de
chacun. Ces réalités ne peuvent être abandonnées à l’arbitraire du législateur
ou de la majorité, car, comme l’enseignait déjà Cicéron, la justice consiste en
quelque chose de plus qu’un simple acte productif de la loi et de son
application. Elle implique de reconnaître à chacun sa dignité[11],
laquelle, sans liberté religieuse, garantie et vécue dans son essence, résulte
mutilée et lésée, exposée au risque de tomber sous la coupe des idoles, des
biens contingents transformés en absolus. Tout cela risque de mener la société
à des totalitarismes politiques et idéologiques qui donnent une place exagérée au
pouvoir public, tandis que les libertés de conscience, de pensée et de religion
sont humiliées ou jugulées, comme si elles pouvaient lui faire concurrence.
Dialogue
entre institutions civiles et religieuses
9. Le
patrimoine de principes et de valeurs exprimés par une religiosité authentique
est une richesse pour les peuples et pour leurethos. Ce patrimoine parle
directement à la conscience et à la raison des hommes et des femmes, il leur
rappelle l’impératif de la conversion morale, les incite à cultiver la pratique
des vertus et à se rapprocher les uns des autres avec amour, sous le signe de
la fraternité, en tant que membres de la grande famille humaine[12].
Dans
le respect de la laïcité positive des institutions étatiques, la dimension
publique de la religion doit toujours être reconnue. Dans ce but, il est
fondamental que s’instaure un dialogue sincère entre les institutions civiles et
religieuses pour le
développement intégral de la personne humaine et l’harmonie de la société.
Vivre
dans l’amour et dans la vérité
10.
Dans l’univers mondialisé caractérisé par des sociétés toujours plus
multi-ethniques et multi-confessionnelles, les grandes religions peuvent
représenter un important facteur d’unité et de paix pour la famille humaine. A
partir de leurs propres convictions religieuses et de la recherche rationnelle
du bien commun, leurs fidèles sont appelés à vivre de manière responsable leur
propre engagement dans un contexte de liberté religieuse. Au sein des cultures
religieuses variées, s’il faut rejeter tout ce qui est contraire à la dignité
de l’homme et de la femme, il est nécessaire, à l’inverse, d’accueillir comme
un trésor tout ce qui s’avère positif pour la convivialité civile.
L’espace public que la communauté internationale rend disponible pour les
religions et pour leur proposition d’une « vie bonne », favorise
l’émergence d’une mesure commune de vérité et de bien, ainsi qu’un consensus
moral, qui sont essentiels pour une coexistence juste et pacifique. Les leaders des grandes religions, en vertu de leur
rôle, de leur influence et de leur autorité dans leurs propres communautés,
sont appelés les tout premiers au respect mutuel et au dialogue.
Les
chrétiens, pour leur part, sont invités, par la foi même en Dieu, Père du
Seigneur Jésus-Christ, à vivre en frères, qui se rencontrent dans l’Eglise et
qui collaborent à l’édification d’un monde où les personnes et les peuples ne feront
« plus de mal ni de violence […] car le pays sera rempli de la
connaissance du Seigneur, comme les eaux couvrent le fond de la mer » (Is 11,9).
Le
dialogue comme recherche en commun
11.
Pour l’Eglise, le dialogue entre les fidèles des diverses religions représente
un instrument important pour collaborer au bien commun avec toutes les
communautés religieuses. L’Eglise elle-même ne rejette rien de ce qui est vrai
et saint dans les diverses religions. « Elle considère avec un respect
sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui,
quoiqu’elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu’elle-même tient et
propose, cependant apportent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous
les hommes »[13].
Le
chemin ainsi indiqué n’est pas celui du relativisme ou du syncrétisme religieux. L’Eglise en effet « annonce, et
elle est tenue d’annoncer sans cesse, le Christ qui est "la voie, la
vérité et la vie" (Jn 14,6), dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de
la vie religieuse et dans lequel Dieu s’est réconcilié toutes choses »[14].
Cela n’exclut pas cependant le dialogue et la recherche commune de la vérité
dans divers milieux vitaux, car, selon une expression souvent utilisée par
saint Thomas d’Aquin, « toute vérité, qui que ce soit qui la dise, vient
de l’Esprit Saint »[15].
En
2011 sera fêté le 25e anniversaire de la Journée mondiale de prière pour la paix, convoquée en 1986 à Assise par le
vénérable Jean-Paul II. A cette occasion, les responsables des grandes
religions du monde ont manifesté combien la religion est un facteur d’union et
de paix et non de division et de conflits. Le souvenir de cette expérience est
un motif d’espérance en un avenir où tous les croyants se sentent et deviennent
effectivement artisans de justice et de paix.
Vérité
morale dans la politique et dans la diplomatie
12. La
politique et la diplomatie devraient prendre en considération le patrimoine
moral et spirituel offert par les grandes religions du monde pour reconnaître
et affirmer des vérités, des principes et des valeurs universelles qui ne
peuvent être niés sans nier en même temps la dignité de la personne humaine.
Mais, dans la pratique, qu’est-ce que cela veut dire promouvoir la vérité
morale dans le monde de la politique et de la diplomatie ? Cela signifie
agir de manière responsable à partir de la connaissance objective et complète
des faits ; cela veut dire déstructurer des idéologies politiques qui
finissent par supplanter la vérité et la dignité humaine et veulent promouvoir
des pseudo valeurs sous le couvert de la paix, du développement et des droits
humains ; cela veut dire favoriser un engagement constant pour fonder la
loi positive sur les principes de la loi naturelle[16].
Tout cela est nécessaire et est cohérent avec le respect de la dignité et de la
valeur de la personne humaine, respect garanti par les Peuples de la
terre dans la Charte de
l’Organisation des Nations Unies de 1945, qui présente des valeurs et des principes moraux
universels de référence pour les normes, les institutions, les systèmes de
coexistence au niveau national et international.
Au-delà
de la haine et des préjugés
13. En
dépit des enseignements de l’histoire et de l’engagement des Etats, des
Organisations internationales au niveau mondial et local, en dépit des efforts
des Organisations non gouvernementales et de tous les hommes et femmes de bonne
volonté qui, chaque jour, se dépensent pour la sauvegarde des droits et des
libertés fondamentaux, on constate aujourd’hui encore, dans le monde des
persécutions, des discriminations, des actes de violence et d’intolérance liés
à la religion. En Asie et en Afrique en particulier, les principales victimes
sont les membres des minorités religieuses, auxquels il est interdit de
professer librement leur religion ou d’en changer, par des intimidations, par
la violation des droits et des libertés fondamentaux et des biens essentiels,
allant jusqu’à la privation de la liberté personnelle ou même de la vie.
Il
existe en outre - comme je l’ai déjà dit - des formes plus élaborées
d’hostilité envers la religion, qui, dans les pays occidentaux, se manifestent
parfois par le reniement de l’histoire et des symboles religieux dans lesquels
se reflètent l’identité et la culture de la majorité des citoyens. Ces
attitudes alimentent souvent haine et préjugés et ne sont pas cohérentes avec
une vision sereine et équilibrée du pluralisme et de la laïcité des institutions,
sans compter qu’elles peuvent empêcher les jeunes générations d’entrer en
contact avec le précieux héritage spirituel de leurs pays.
La
défense de la religion passe par la défense des droits et des libertés des
communautés religieuses. Que les leaders des grandes religions du monde et les responsables des
Nations renouvellent donc leur engagement pour la promotion et la sauvegarde de
la liberté religieuse, en particulier pour la défense des minorités
religieuses, qui ne représentent pas une menace pour l’identité de la majorité,
mais représentent au contraire une opportunité de dialogue et d’enrichissement
culturel réciproque ! Leur défense est la meilleure manière de renforcer
l’esprit de bienveillance, d’ouverture et de réciprocité avec lequel protéger
les droits et les libertés fondamentaux dans tous les domaines et toutes les
régions du monde.
La
liberté religieuse dans le monde
14. Je
m’adresse maintenant aux communautés chrétiennes qui souffrent de persécutions,
de discriminations, de violences et d’intolérance, particulièrement en Asie, en
Afrique, au Moyen-Orient et spécialement en Terre Sainte, lieu choisi et béni
par Dieu. Tout en leur renouvelant l’assurance de mon affection paternelle et
de ma prière, je demande à tous les responsables d’agir avec promptitude pour
mettre fin à toute brimade contre les chrétiens qui habitent dans ces régions.
Puissent les disciples du Christ, confrontés aux adversités du moment, ne pas
perdre courage, car le témoignage rendu à l’Evangile est et sera toujours signe
de contradiction !
Méditons
en notre cœur les paroles du Seigneur Jésus : « Heureux les
affligés, car ils seront consolés. Heureux les affamés et assoiffés de la
justice, car ils seront rassasiés. […] Heureux êtes-vous quand on vous
insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement contre vous toute
sorte d’infamie à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre
récompense sera grande dans les cieux » (Mt 5, 5-12). Renouvelons donc
« l’engagement pris par nous à l’indulgence et au pardon, que nous
demandons à Dieu dans le Notre Père, en posant nous-mêmes la condition et la mesure de la
miséricorde désirée. En effet, nous prions ainsi : "Pardonne-nous nos
offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont
offensés" (Mt 6, 12) »[17].
La violence ne se vainc pas par la violence. Que notre cri de douleur soit
toujours accompagné par la foi, par l’espérance et le témoignage de l’amour de
Dieu ! J’exprime aussi le souhait qu’en Occident, spécialement en Europe,
cessent l’hostilité et les préjugés à l’encontre des chrétiens qui veulent
donner à leur vie une orientation cohérente avec les valeurs et les principes
exprimés dans l’Evangile. Que l’Europe apprenne plutôt à se réconcilier avec
ses propres racines chrétiennes : elles sont essentielles pour comprendre
le rôle qu’elle a eu, qu’elle a et veut avoir dans l’histoire ; elle saura
ainsi faire l’expérience de la justice, de la concorde et de la paix, en
cultivant un dialogue sincère avec tous les peuples.
La
liberté religieuse, chemin vers la paix
15. Le
monde a besoin de Dieu. Il a besoin de valeurs éthiques et spirituelles, universelles
et partagées, et la religion peut offrir une contribution précieuse dans leur
recherche, pour la construction d’un ordre social juste et pacifique au niveau
national et international.
La
paix est un don de Dieu et en même temps un projet à mettre en œuvre, jamais
complètement achevé. Une société réconciliée avec Dieu est plus proche de la paix,
qui n’est pas simplement l’absence de guerre, qui n’est pas le simple fruit
d’une prédominance militaire ou économique, ni encore moins de ruses mensongères
ou d’habiles manipulations. La paix, en fait, est le résultat d’un processus de
purification et d’élévation culturelle, morale et spirituelle de chaque
personne et chaque peuple, processus dans lequel la dignité humaine est
pleinement respectée. J’invite tous ceux qui désirent devenir artisans de paix,
et spécialement les jeunes, à se mettre à l’écoute de la voix intérieure qui
est en eux, pour trouver en Dieu, le point de référence stable pour la conquête
d’une liberté authentique, la force inépuisable pour orienter le monde avec un
esprit nouveau, capable de ne pas répéter les erreurs du passé. Comme
l’enseigne le Serviteur de Dieu Paul VI, dont la sagesse et la clairvoyance nous ont
valu l’institution de la Journée Mondiale de la Paix : « Il faut
avant tout donner à la Paix d’autres armes que celles destinées à tuer et à
exterminer l’humanité. Il faut surtout les armes morales, qui donnent force et
prestige au droit international, à commencer par l’observation des
pactes »[18].
La liberté religieuse est une arme authentique de la paix, et elle a une mission historique et prophétique. En effet, elle valorise et fait
fructifier les qualités les plus intimes et les potentialités de la personne
humaine capables de changer et rendre meilleur le monde. Elle permet de nourrir
l’espérance en un avenir de justice et de paix, même devant les graves
injustices et les misères matérielles et morales. Puissent tous les hommes et
toutes les sociétés, à tout niveau et en tout point de la terre, faire sans
tarder l’expérience de la liberté religieuse, chemin vers la paix !
Au
Vatican, le 8 décembre 2010.
BENEDICTUS PP XVI
[2] Cf. Concile
œucuménique Vatican II, Déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis humanae, n. 2.
[4] Cf. Concile
œcuménique Vatican II, Déclaration sur les relations de l’Eglise avec les
religions non chrétiennes Nostra aetate, n.1.
[6] Benoît XVI, Discours à l’Assemblée Générale de l’Organisation des
Nations Unies (18
avril 2008) : AAS 100 (2008), 337, DC2403 (2008°, p. 537.
[7] Cf. Concile
œcuménique Vatican II, Déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis humanae, n.2.
[10] Cf. Concile œcuménique Vatican II, Déclaration sur la
liberté religieuse Dignitatis humanae, n. 1.
[12] Cf. Benoît
XVI, Discours aux Représentants des autres religions du
Royaume-Uni (17
septembre 2010) : L’Osservatore
Romano(18 septembre 2010), p.12 ; DC 2454 (2010), p. 876.
[13] Concile
oecuménique Vatican II, Déclaration sur les relations de l’Eglise avec les
religions non chrétiennes Nostra aetate, n.2.
[16] Cf. Benoît XVI, Discours aux Autorités civiles et au Corps diplomatique à
Chypre (5 juin
2010) : L’Osservatore
Romano (6 juin 2010), p.
8 ; DC 2448 (2010), p. 572-573 ;
Commission Théologique Internationale, A la recherche d’éthique universelle : Nouveau regard
sur la loi naturelle, Cité du Vatican, 2009.
[17] Paul VI, Message pour la Journée mondiale de la Paix 1976 : AAS 67 (1975), 671 ; DC 1686 (1975), p. 953.
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Vaticana
MESSAGE OF HIS HOLINESS
POPE BENEDICT XVI
FOR THE CELEBRATION OF THE
WORLD DAY OF PEACE
POPE BENEDICT XVI
FOR THE CELEBRATION OF THE
WORLD DAY OF PEACE
1 JANUARY 2011
RELIGIOUS FREEDOM,
THE PATH TO PEACE
1. At the beginning of the new year I offer good
wishes to each and all for serenity and prosperity, but especially for peace.
Sadly, the year now ending has again been marked by persecution,
discrimination, terrible acts of violence and religious intolerance.
My thoughts turn in a special way to the beloved
country of Iraq, which continues to be a theatre of violence and strife as it
makes its way towards a future of stability and reconciliation. I think of the
recent sufferings of the Christian community, and in particular the reprehensible
attack on the Syro-Catholic Cathedral of Our Lady of Perpetual Help in Baghdad,
where on 31 October two priests and over fifty faithful were killed as they
gathered for the celebration of Holy Mass. In the days that followed, other
attacks ensued, even on private homes, spreading fear within the Christian
community and a desire on the part of many to emigrate in search of a better
life. I assure them of my own closeness and that of the entire Church, a
closeness which found concrete expression in the recent Special Assembly for the
Middle East of the Synod of Bishops. The Synod
encouraged the Catholic communities in Iraq and throughout the Middle East to
live in communion and to continue to offer a courageous witness of faith in
those lands.
I offer heartfelt thanks to those Governments
which are working to alleviate the sufferings of these, our brothers and
sisters in the human family, and I ask all Catholics for their prayers and
support for their brethren in the faith who are victims of violence and
intolerance. In this context, I have felt it particularly appropriate to share
some reflections on religious freedom as the path to peace. It is painful to
think that in some areas of the world it is impossible to profess one’s
religion freely except at the risk of life and personal liberty. In other areas
we see more subtle and sophisticated forms of prejudice and hostility towards
believers and religious symbols. At present, Christians are the religious group
which suffers most from persecution on account of its faith. Many Christians
experience daily affronts and often live in fear because of their pursuit of
truth, their faith in Jesus Christ and their heartfelt plea for respect for
religious freedom. This situation is unacceptable, since it represents an
insult to God and to human dignity; furthermore, it is a threat to security and
peace, and an obstacle to the achievement of authentic and integral human
development.[1]
Religious freedom expresses what is unique about
the human person, for it allows us to direct our personal and social life to
God, in whose light the identity, meaning and purpose of the person are fully
understood. To deny or arbitrarily restrict this freedom is to foster a
reductive vision of the human person; to eclipse the public role of religion is
to create a society which is unjust, inasmuch as it fails to take account of
the true nature of the human person; it
is to stifle the growth of the authentic and lasting peace of the whole human
family.
For this reason, I implore all men and women of
good will to renew their commitment to building a world where all are free to
profess their religion or faith, and to express their love of God with all
their heart, with all their soul and with all their mind (cf. Mt22:37). This is the sentiment
which inspires and directs this Message
for the XLIV World Day of Peace, devoted to the theme:Religious Freedom,
the Path to Peace.
A sacred right to life and to a
spiritual life
2. The
right to religious freedom is rooted in the very dignity of the human person,[2] whose transcendent
nature must not be ignored or overlooked. God created man and woman in his own
image and likeness (cf. Gen 1:27). For this reason each person is
endowed with the sacred right to a full life, also from a
spiritual standpoint. Without the acknowledgement of his spiritual being,
without openness to the transcendent, the human person withdraws within
himself, fails to find answers to the heart’s deepest questions about life’s
meaning, fails to appropriate lasting ethical values and principles, and fails
even to experience authentic freedom and to build a just society.[3]
Sacred Scripture, in harmony with our own
experience, reveals the profound value of human dignity: “When I look at your
heavens, the work of your fingers, the moon and the stars which you have
established, what is man that you are mindful of him, and the son of man, that
you care for him? Yet you have made him little less than God, and crowned him
with glory and honour. You have given him dominion over the works of your
hands; you have put all things under his feet” (Ps 8:3-6).
Contemplating the sublime reality of human
nature, we can experience the same amazement felt by the Psalmist. Our nature
appears as openness to the Mystery, a capacity to ask deep questions about
ourselves and the origin of the universe, and a profound echo of the supreme
Love of God, the beginning and end of all things, of every person and people.[4] The transcendent
dignity of the person is an essential value of Judeo-Christian wisdom, yet
thanks to the use of reason, it can be recognized by all. This dignity,
understood as a capacity to transcend one’s own materiality and to seek truth,
must be acknowledged as a universalgood, indispensable for the building
of a society directed to human fulfilment. Respect for essential elements of human
dignity, such as the right to life and the right to religious freedom, is a
condition for the moral legitimacy of every social and legal norm.
Religious freedom and mutual respect
3. Religious
freedom is at the origin of moral freedom. Openness to truth and perfect
goodness, openness to God, is rooted in human nature; it confers full dignity
on each individual and is the guarantee of full mutual respect between persons.
Religious freedom should be understood, then, not merely as immunity from
coercion, but even more fundamentally as an ability to order one’s own choices
in accordance with truth.
Freedom and respect are inseparable; indeed, “in
exercising their rights, individuals and social groups are bound by the moral
law to have regard for the rights of others, their own duties to others and the
common good of all”.[5]
A freedom which is hostile or indifferent to God becomes self-negating and does
not guarantee full respect for others. A will which believes itself radically
incapable of seeking truth and goodness has no objective reasons or motives for
acting save those imposed by its fleeting and contingent interests; it does not
have an “identity” to safeguard and build up through truly free and conscious
decisions. As a result, it cannot demand respect from other “wills”, which are
themselves detached from their own deepest being and thus capable of imposing
other “reasons” or, for that matter, no “reason” at all. The illusion that
moral relativism provides the key for peaceful coexistence is actually the
origin of divisions and the denial of the dignity of human beings. Hence we can
see the need for recognition of a twofold dimension within the unity of the
human person: a religious dimension and a social dimension. In this regard, “it is
inconceivable that believers should have to suppress a part of themselves –
their faith – in order to be active citizens. It should never be necessary to
deny God in order to enjoy one’s rights”.[6]
The family, the school of freedom and
peace
4. If religious freedom is the path to peace, religious education is the highway which leads new
generations to see others as their brothers and sisters, with whom they are
called to journey and work together so that all will feel that they are living
members of the one human family, from which no one is to be excluded.
The family founded on marriage, as the
expression of the close union and complementarity between a man and a woman,
finds its place here as the first school for the social, cultural, moral and
spiritual formation and growth of children, who should always be able to see in
their father and mother the first witnesses of a life directed to the pursuit
of truth and the love of God. Parents must be always free to transmit to their
children, responsibly and without constraints, their heritage of faith, values
and culture. The family, the first cell of human society, remains the primary
training ground for harmonious relations at every level of coexistence, human,
national and international. Wisdom suggests that this is the road to building a
strong and fraternal social fabric, in which young people can be prepared to
assume their proper responsibilities in life, in a free society, and in a
spirit of understanding and peace.
A common patrimony
5. It could be said that among the fundamental rights and
freedoms rooted in the dignity of the person, religious freedom enjoys a
special status. When religious freedom is acknowledged, the dignity of the
human person is respected at its root, and the ethosand institutions of
peoples are strengthened. On the other hand, whenever religious freedom is
denied, and attempts are made to hinder people from professing their religion
or faith and living accordingly, human dignity is offended, with a resulting
threat to justice and peace, which are grounded in that right social order
established in the light of Supreme Truth and Supreme Goodness.
Religious freedom is, in this sense,
also an achievement of a sound political and juridical culture. It is
an essential good: each person must be able freely to exercise the right to
profess and manifest, individually or in community, his or her own religion or
faith, in public and in private, in teaching, in practice, in publications, in
worship and in ritual observances. There should be no obstacles should he or
she eventually wish to belong to another religion or profess none at all. In
this context, international law is a model and an essential point of reference
for states, insofar as it allows no derogation from religious freedom, as long
as the just requirements of public order are observed.[7] The international
order thus recognizes that rights of a religious nature have the same status as
the right to life and to personal freedom, as proof of the fact that they
belong to the essential core of human rights, to those universal
and natural rights which human law can never deny.
Religious freedom is not the
exclusive patrimony of believers, but of the whole family of the earth’s
peoples. It is
an essential element of a constitutional state; it cannot be denied without at
the same time encroaching on all fundamental rights and freedoms, since it is
their synthesis and keystone. It is “the litmus test for the respect of all the
other human rights”.[8] While it favours
the exercise of our most specifically human faculties, it creates the necessary
premises for the attainment of an integral
development which concerns
the whole of the person in every single dimension.[9]
The public dimension of religion
6. Religious
freedom, like every freedom, proceeds from the personal sphere and is achieved
in relationship with others. Freedom without relationship is not full freedom.
Religious freedom is not limited to the individual dimension alone, but is
attained within one’s community and in society, in a way consistent with the
relational being of the person and the public nature of religion.
Relationship is a decisive
component in religious freedom, which impels the community of believers to
practise solidarity for the common good. In this communitarian dimension, each
person remains unique and unrepeatable, while at the same time finding
completion and full realization.
The contribution of religious communities to
society is undeniable. Numerous charitable and cultural institutions testify to
the constructive role played by believers in the life of society. More
important still is religion’s ethical contribution in the political sphere.
Religion should not be marginalized or prohibited, but seen as making an
effective contribution to the promotion of the common good. In this context
mention should be made of the religious dimension of culture, built up over
centuries thanks to the social and especially ethical contributions of
religion. This dimension is in no way discriminatory towards those who do not
share its beliefs, but instead reinforces social cohesion, integration and
solidarity.
Religious freedom, a force for
freedom and civilization:
dangers arising from its exploitation
7. The
exploitation of religious freedom to disguise hidden interests, such as the
subversion of the established order, the hoarding of resources or the grip on
power of a single group, can cause enormous harm to societies. Fanaticism,
fundamentalism and practices contrary to human dignity can never be justified,
even less so in the name of religion. The profession of a religion cannot be
exploited or imposed by force. States and the various human communities must
never forget that religious
freedom is the condition for the pursuit of truth, and truth does not impose
itself by violence but “by the force of its own truth”.[10] In this sense,
religion is a positive driving force for the building of civil
and political society.
How can anyone deny the contribution of the
world’s great religions to the development of civilization? The sincere search
for God has led to greater respect for human dignity. Christian communities,
with their patrimony of values and principles, have contributed much to making
individuals and peoples aware of their identity and their dignity, the
establishment of democratic institutions and the recognition of human rights
and their corresponding duties.
Today too, in an increasingly globalized
society, Christians are called, not only through their responsible involvement
in civic, economic and political life but also through the witness of their
charity and faith, to offer a valuable contribution to the laborious and stimulating
pursuit of justice, integral human development and the right ordering of human
affairs. The exclusion of religion from public life deprives the latter of a
dimension open to transcendence. Without this fundamental experience it becomes
difficult to guide societies towards universal ethical principles and to
establish at the national and international level a legal order which fully
recognizes and respects fundamental rights and freedoms as these are set forth
in the goals – sadly still disregarded or contradicted – of the 1948 Universal Declaration of Human
Rights.
An issue of justice and civility:
fundamentalism and hostility to believers
compromise the positive secularity of states
8. The same determination that condemns every
form of fanaticism and religious fundamentalism must also oppose every form of
hostility to religion that would restrict the public role of believers in civil
and political life.
It should be clear that religious fundamentalism and
secularism are alike in that both represent extreme forms of a rejection of
legitimate pluralism and the principle of secularity. Both absolutize a
reductive and partial vision of the human person, favouring in the one case
forms of religious integralism and, in the other, of rationalism. A society that would violently
impose or, on the contrary, reject religion is not only unjust to individuals
and to God, but also to itself. God beckons humanity with a loving plan that,
while engaging the whole person in his or her natural and spiritual dimensions,
calls for a free and responsible answer which engages the whole heart and
being, individual and communitarian. Society too, as an expression of the
person and of all his or her constitutive dimensions, must live and organize
itself in a way that favours openness to transcendence. Precisely for this
reason, the laws and institutions of a society cannot be shaped in such a way
as to ignore the religious dimension of its citizens or to prescind completely
from it. Through the democratic activity of citizens conscious of their lofty
calling, those laws and institutions must adequately reflect the authentic
nature of the person and support its religious dimension. Since the latter is
not a creation of the state, it cannot be manipulated by the state, but must rather
be acknowledged and respected by it.
Whenever the legal system at any level, national
or international, allows or tolerates religious or antireligious fanaticism, it
fails in its mission, which is to protect and promote justice and the rights of
all. These matters cannot be left to the discretion of the legislator or the
majority since, as Cicero once pointed out, justice is something more than a
mere act which produces and applies law. It entails acknowledging the dignity of each
person[11] which, unless
religious freedom is guaranteed and lived in its essence, ends up being
curtailed and offended, exposed to the risk of falling under the sway of idols,
of relative goods which then become absolute. All this exposes society to the
risk of forms of political and ideological totalitarianism which emphasize
public power while demeaning and restricting freedom of conscience, thought and
religion as potential competitors.
Dialogue between civil and religious
institutions
9. The patrimony of principles and values
expressed by an authentic religiosity is a source of enrichment for peoples and
theirethos. It speaks directly to the conscience and mind of men and
women, it recalls the need for moral conversion, and it encourages the practice
of the virtues and a loving approach to others as brothers and sisters, as
members of the larger human family.[12]
With due respect for the positive secularity of
state institutions, the public dimension of religion must always be
acknowledged. A healthy
dialogue between civil and religious institutions is fundamental for the integral
development of the human person and social harmony.
Living in love and in truth
10. In a globalized world marked by increasingly
multi-ethnic and multi-religious societies, the great religions can serve as an
important factor of unity and peace for the human family. On the basis of their
religious convictions and their reasoned pursuit of the common good, their
followers are called to give responsible expression to their commitment within
a context of religious freedom. Amid the variety of religious cultures, there
is a need to value those elements which foster civil coexistence, while
rejecting whatever is contrary to the dignity of men and women.
The public space which the international
community makes available for the religions and their proposal of what
constitutes a “good life” helps to create a measure of agreement about truth
and goodness, and a moral consensus; both of these are fundamental to a just
and peaceful coexistence. The leaders of the great religions, thanks to their
position, their influence and their authority in their respective communities,
are the first ones called to mutual respect and dialogue.
Christians, for their part, are spurred
by their faith in God, the Father of the Lord Jesus Christ, to live as brothers
and sisters who encounter one another in the Church and work together in
building a world where
individuals and peoples “shall not hurt or destroy … for the earth shall be
full of the knowledge of the Lord as the waters cover the sea” (Is 11:9).
Dialogue as a shared pursuit
11. For the Church, dialogue between the
followers of the different religions represents an important means of
cooperating with all religious communities for the common good. The Church
herself rejects nothing of what is true and holy in the various religions. “She
has a high regard for those ways of life and conduct, precepts and doctrines
which, although differing in many ways from her own teaching, nevertheless
often reflect a ray of that truth which enlightens all men and women”.[13]
The path to take is not the way of
relativism or religious syncretism. The Church, in fact,
“proclaims, and is in duty bound to proclaim without fail, Christ who is the
way, the truth and the life (Jn 14:6);
in Christ, in whom God reconciled all things to himself, people find the
fullness of the religious life”.[14] Yet this in no way
excludes dialogue and the common pursuit of truth in different areas of life,
since, as Saint Thomas Aquinas would say, “every truth, whoever utters it,
comes from the Holy Spirit”.[15]
The year 2011 marks the twenty-fifth anniversary
of the World Day of Prayer for
Peace convened in Assisi in
1986 by Pope John Paul II. On that occasion the leaders of the great world
religions testified to the fact that religion is a factor of union and peace,
and not of division and conflict. The memory of that experience gives reason to
hope for a future in which all believers will see themselves, and will actually
be, agents of justice and peace.
Moral truth in politics and diplomacy
12. Politics and diplomacy should look to the
moral and spiritual patrimony offered by the great religions of the world in
order to acknowledge and affirm universal truths, principles and values which
cannot be denied without denying the dignity of the human person. But what does
it mean, in practical terms, to promote moral truth in the world of politics
and diplomacy? It means acting in a responsible way on the basis of an
objective and integral knowledge of the facts; it means deconstructing
political ideologies which end up supplanting truth and human dignity in order
to promote pseudo-values under the pretext of peace, development and human
rights; it means fostering an unswerving commitment to base positive law on the
principles of the natural law.[16] All this is
necessary and consistent with the respect for the dignity and worth of the
human person enshrined by the world’s peoples in the 1945 Charter of the United Nations,
which presents universal values and moral principles as a point of reference
for the norms, institutions and systems governing coexistence on the national
and international levels.
Beyond hatred and prejudice
13. Despite the lessons of history and the
efforts of states, international and regional organizations, non-governmental
organizations and the many men and women of good will who daily work to protect
fundamental rights and freedoms, today’s world also witnesses cases of
persecution, discrimination, acts of violence and intolerance based on
religion. In a particular way, in Asia and in Africa, the chief victims are the
members of religious minorities, who are prevented from freely professing or
changing their religion by forms of intimidation and the violation of their
rights, basic freedoms and essential goods, including the loss of personal
freedom and life itself.
There also exist – as I have said – more
sophisticated forms of hostility to religion which, in Western countries,
occasionally find expression in a denial of history and the rejection of
religious symbols which reflect the identity and the culture of the majority of
citizens. Often these forms of hostility also foster hatred and prejudice; they
are inconsistent with a serene and balanced vision of pluralism and the
secularity of institutions, to say nothing of the fact that coming generations
risk losing contact with the priceless spiritual heritage of their countries.
Religion is defended by defending the rights and
freedoms of religious communities. The leaders of the great world religions and
the leaders of nations should therefore renew their commitment to promoting and
protecting religious freedom, and in particular to defending religious
minorities; these do not represent a threat to the identity of the majority but
rather an opportunity for dialogue and mutual cultural enrichment. Defending
them is the ideal way to consolidate the spirit of good will, openness and
reciprocity which can ensure the protection of fundamental rights and freedoms
in all areas and regions of the world.
Religious freedom in the world
14. Finally I wish to say a word to the
Christian communities suffering from persecution, discrimination, violence and
intolerance, particularly in Asia, in Africa, in the Middle East and especially
in the Holy Land, a place chosen and blessed by God. I assure them once more of
my paternal affection and prayers, and I ask all those in authority to act
promptly to end every injustice against the Christians living in those lands.
In the face of present difficulties, may Christ’s followers not lose heart, for witnessing to the Gospel is, and
always will be, a sign of contradiction.
Let us take to heart the words of the Lord
Jesus: “Blessed are those who mourn, for they shall be comforted … Blessed are
those who hunger and thirst for righteousness, for they shall be satisfied …
Blessed are you when men revile you and persecute you and utter all kinds of
evil against you falsely on my account. Rejoice and be glad, for your reward is
great in heaven” (Mt 5:4-12).
Then let us renew “the pledge we give to be forgiving and to pardon when we
invoke God’s forgiveness in the Our
Father. We ourselves lay down the condition and the extent of the mercy we
ask for when we say: ‘And forgive us our debts, as we have forgiven those who are in
debt to us’ (Mt 6:12)”.[17] Violence is not
overcome by violence. May our cries of pain always be accompanied by faith, by
hope and by the witness of our love of God. I also express my hope that in the
West, and especially in Europe, there will be an end to hostility and prejudice
against Christians because they are resolved to orient their lives in a way
consistent with the values and principles expressed in the Gospel. May Europe
rather be reconciled to its own Christian roots, which are fundamental for
understanding its past, present and future role in history; in this way it will
come to experience justice, concord and peace by cultivating a sincere dialogue
with all peoples.
Religious freedom, the path to peace
15. The world needs God. It needs universal,
shared ethical and spiritual values, and religion can offer a precious
contribution to their pursuit, for the building of a just and peaceful social
order at the national and international levels.
Peace is a gift of God and at the
same time a task which is never fully completed. A society
reconciled with God is closer to peace, which is not the mere absence of war or
the result of military or economic supremacy, much less deceptive ploys or
clever manipulation. Rather, peace is the result of a process of purification
and of cultural, moral and spiritual elevation involving each individual and
people, a process in which human dignity is fully respected. I invite all those
who wish to be peacemakers, especially the young, to heed the voice speaking
within their hearts and thus to find in God the stable point of reference for
attaining authentic freedom, the inexhaustible force which can give the world a
new direction and spirit, and overcome the mistakes of the past. In the words
of Pope Paul VI, to whose wisdom and farsightedness we owe the institution of
the World Day of Peace: “It is necessary before all else to provide peace with
other weapons – different from those destined to kill and exterminate mankind. What
are needed above all are moral weapons, those which give strength and prestige
to international law – the weapon, in the first place, of the observance of
pacts”.[18] Religious freedom
is an authentic weapon of peace, with an historical and prophetic
mission. Peace brings to full fruition the deepest qualities and potentials
of the human person, the qualities which can change the world and make it
better. It gives hope for a future of justice and peace, even in the face of
grave injustice and material and moral poverty. May all men and women, and
societies at every level and in every part of the earth, soon be able to
experiencereligious freedom, the path to peace!
From the Vatican, 8 December 2010
BENEDICTUS
PP XVI
[4] Cf. SECOND VATICAN
ECUMENICAL COUNCIL, Declaration on the Relation of the Church to Non-Christian
Religions Nostra Aetate, 1.
[6] BENEDICT XVI, Address to the General
Assembly of the United Nations (18 April 2008): AAS 100 (2008), 337.
[8] JOHN PAUL II, Address to Participants in
the Parliamentary Assembly of the Organization for Security and Cooperation in
Europe (OSCE) (10
October 2003), 1: AAS 96 (2004), 111.
[12] Cf. BENEDICT XVI, Address to Representatives
of Other Religions in the United Kingdom (17 September
2010): L’Osservatore Romano (18 September 2010), p. 12.
[13] Cf. SECOND VATICAN
ECUMENICAL COUNCIL, Declaration on the Relation of the Church to Non-Christian
Religions Nostra Aetate, 2.
[14] Ibid.
[16] Cf. BENEDICT XVI, Address to Civil Authorities
and the Diplomatic Corps in Cyprus (4 June 2010): L’Osservatore Romano (6 June 2010), p. 8; INTERNATIONAL
THEOLOGICAL COMMISSION, The
Search for Universal Ethics: A New Look at Natural Law,Vatican City, 2009.
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2010 - Libreria Editrice Vaticana
MESSAGGIO
DEL SANTO PADRE
BENEDETTO XVI
PER LA CELEBRAZIONE DELLA
XLIV GIORNATA MONDIALE DELLA PACE
BENEDETTO XVI
PER LA CELEBRAZIONE DELLA
XLIV GIORNATA MONDIALE DELLA PACE
1°
GENNAIO 2011
LIBERTÀ
RELIGIOSA, VIA PER LA PACE
1. All’inizio di un
Nuovo Anno il mio augurio vuole giungere a tutti e a ciascuno; è un augurio di
serenità e di prosperità, ma è soprattutto un augurio di pace. Anche l’anno che
chiude le porte è stato segnato, purtroppo, dalla persecuzione, dalla
discriminazione, da terribili atti di violenza e di intolleranza religiosa.
Il mio
pensiero si rivolge in particolare alla cara terra dell'Iraq, che nel suo
cammino verso l’auspicata stabilità e riconciliazione continua ad essere
scenario di violenze e attentati. Vengono alla memoria le recenti sofferenze
della comunità cristiana, e, in modo speciale, il vile attacco contro la
Cattedrale siro-cattolica “Nostra Signora del Perpetuo Soccorso” a Baghdad,
dove, il 31 ottobre scorso, sono stati uccisi due sacerdoti e più di cinquanta
fedeli, mentre erano riuniti per la celebrazione della Santa Messa. Ad esso hanno
fatto seguito, nei giorni successivi, altri attacchi, anche a case private,
suscitando paura nella comunità cristiana ed il desiderio, da parte di molti
dei suoi membri, di emigrare alla ricerca di migliori condizioni di vita. A
loro manifesto la mia vicinanza e quella di tutta la Chiesa, sentimento che ha
visto una concreta espressione nella recente Assemblea Speciale per il Medio Oriente del Sinodo dei Vescovi.
Da tale Assise è giunto un incoraggiamento alle comunità cattoliche in Iraq e
in tutto il Medio Oriente a vivere la comunione e a continuare ad offrire una
coraggiosa testimonianza di fede in quelle terre.
Ringrazio
vivamente i Governi che si adoperano per alleviare le sofferenze di questi
fratelli in umanità e invito i Cattolici a pregare per i loro fratelli nella
fede che soffrono violenze e intolleranze e ad essere solidali con loro. In
tale contesto, ho sentito particolarmente viva l’opportunità di condividere con
tutti voi alcune riflessioni sulla libertà religiosa, via per la pace. Infatti,
risulta doloroso constatare che in alcune regioni del mondo non è possibile
professare ed esprimere liberamente la propria religione, se non a rischio
della vita e della libertà personale. In altre regioni vi sono forme più
silenziose e sofisticate di pregiudizio e di opposizione verso i credenti e i
simboli religiosi. I cristiani sono attualmente il gruppo religioso che soffre
il maggior numero di persecuzioni a motivo della propria fede. Tanti subiscono
quotidianamente offese e vivono spesso nella paura a causa della loro ricerca
della verità, della loro fede in Gesù Cristo e del loro sincero appello perché
sia riconosciuta la libertà religiosa. Tutto ciò non può essere accettato,
perché costituisce un’offesa a Dio e alla dignità umana; inoltre, è una
minaccia alla sicurezza e alla pace e impedisce la realizzazione di un
autentico sviluppo umano integrale.[1]
Nella
libertà religiosa, infatti, trova espressione la specificità della persona
umana, che per essa può ordinare la propria vita personale e sociale a Dio,
alla cui luce si comprendono pienamente l’identità, il senso e il fine della
persona. Negare o limitare in maniera arbitraria tale libertà significa
coltivare una visione riduttiva della persona umana; oscurare il ruolo pubblico
della religione significa generare una società ingiusta, poiché non
proporzionata alla vera natura della persona umana; ciò significa rendere impossibile
l’affermazione di una pace autentica e duratura di tutta la famiglia umana.
Esorto,
dunque, gli uomini e le donne di buona volontà a rinnovare l’impegno per la
costruzione di un mondo dove tutti siano liberi di professare la propria
religione o la propria fede, e di vivere il proprio amore per Dio con tutto il
cuore, con tutta l’anima e con tutta la mente (cfr Mt 22,37). Questo è il
sentimento che ispira e guida il Messaggio
per la XLIV Giornata Mondiale della Pace, dedicato al tema: Libertà religiosa, via per la pace.
Sacro diritto alla vita e ad una vita
spirituale
2. Il diritto alla libertà religiosa è
radicato nella stessa dignità della persona umana,[2] la
cui natura trascendente non deve essere ignorata o trascurata. Dio ha creato
l’uomo e la donna a sua immagine e somiglianza (cfr Gen 1,27). Per questo
ogni persona è titolare del sacro diritto ad una vita integra anche dal
punto di vista spirituale. Senza il riconoscimento del proprio essere spirituale,
senza l’apertura al trascendente, la persona umana si ripiega su se stessa, non
riesce a trovare risposte agli interrogativi del suo cuore circa il senso della
vita e a conquistare valori e principi etici duraturi, e non riesce nemmeno a
sperimentare un’autentica libertà e a sviluppare una società giusta.[3]
La
Sacra Scrittura, in sintonia con la nostra stessa esperienza, rivela il valore
profondo della dignità umana: “Quando vedo i tuoi cieli, opera delle tue
dita,la luna e le stelle che tu hai fissato, che cosa è mai l’uomo perché di
lui ti ricordi, il figlio dell’uomo, perché te ne curi? Davvero l’hai fatto
poco meno di un dio,di gloria e di onore lo hai coronato. Gli hai dato potere
sulle opere delle tue mani,tutto hai posto sotto i suoi piedi” (Sal 8,
4-7).
Dinanzi alla sublime realtà della
natura umana, possiamo sperimentare lo stesso stupore espresso dal salmista. Essa si manifesta come apertura al Mistero, come capacità
di interrogarsi a fondo su se stessi e sull’origine dell’universo, come intima
risonanza dell’Amore supremo di Dio, principio e fine di tutte le cose, di ogni
persona e dei popoli.[4] La
dignità trascendente della persona è un valore essenziale della sapienza
giudaico-cristiana, ma, grazie alla ragione, può essere riconosciuta da tutti.
Questa dignità, intesa come capacità di trascendere la propria materialità e di
ricercare la verità, va riconosciuta come un bene universale, indispensabile
per la costruzione di una società orientata alla realizzazione e alla pienezza
dell’uomo. Il rispetto di elementi essenziali della dignità dell’uomo, quali il
diritto alla vita e il diritto alla libertà religiosa, è una condizione della
legittimità morale di ogni norma sociale e giuridica.
Libertà
religiosa e rispetto reciproco
3. La libertà religiosa è all’origine
della libertà morale. In effetti, l’apertura alla verità e al bene,
l’apertura a Dio, radicata nella natura umana, conferisce piena dignità a
ciascun uomo ed è garante del pieno rispetto reciproco tra le persone.
Pertanto, la libertà religiosa va intesa non solo come immunità dalla
coercizione, ma prima ancora come capacità di ordinare le proprie scelte
secondo la verità.
Esiste
un legame inscindibile tra libertà e rispetto; infatti, “nell’esercitare i
propri diritti i singoli esseri umani e i gruppi sociali, in virtù della legge
morale, sono tenuti ad avere riguardo tanto ai diritti altrui, quanto ai propri
doveri verso gli altri e verso il bene comune”.[5]
Una libertà nemica o indifferente verso Dio
finisce col negare se stessa e non garantisce il pieno rispetto dell’altro. Una
volontà che si crede radicalmente incapace di ricercare la verità e il bene non
ha ragioni oggettive né motivi per agire, se non quelli imposti dai suoi
interessi momentanei e contingenti, non ha una “identità” da custodire e
costruire attraverso scelte veramente libere e consapevoli. Non può dunque
reclamare il rispetto da parte di altre “volontà”, anch’esse sganciate dal
proprio essere più profondo, che quindi possono far valere altre “ragioni” o
addirittura nessuna “ragione”. L’illusione di trovare nel relativismo morale la
chiave per una pacifica convivenza, è in realtà l’origine della divisione e
della negazione della dignità degli esseri umani. Si comprende quindi la
necessità di riconoscere una duplice dimensione nell’unità della persona umana:
quella religiosa e
quella sociale. Al
riguardo, è inconcepibile che i credenti “debbano sopprimere una parte di se
stessi - la loro fede - per essere cittadini attivi; non dovrebbe mai essere
necessario rinnegare Dio per poter godere dei propri diritti”.[6]
La
famiglia, scuola di libertà e di pace
4. Se
la libertà religiosa è via per la pace, l’educazione religiosa è strada privilegiata per abilitare le
nuove generazioni a riconoscere nell’altro il proprio fratello e la propria
sorella, con i quali camminare insieme e collaborare perché tutti si sentano
membra vive di una stessa famiglia umana, dalla quale nessuno deve essere
escluso.
La
famiglia fondata sul matrimonio, espressione di unione intima e di
complementarietà tra un uomo e una donna, si inserisce in questo contesto come
la prima scuola di formazione e di crescita sociale, culturale, morale e
spirituale dei figli, che dovrebbero sempre trovare nel padre e nella madre i
primi testimoni di una vita orientata alla ricerca della verità e all’amore di
Dio. Gli stessi genitori dovrebbero essere sempre liberi di trasmettere senza
costrizioni e con responsabilità il proprio patrimonio di fede, di valori e di
cultura ai figli. La famiglia, prima cellula della società umana, rimane
l’ambito primario di formazione per relazioni armoniose a tutti i livelli di
convivenza umana, nazionale e internazionale. Questa è la strada da percorrere
sapientemente per la costruzione di un tessuto sociale solido e solidale, per
preparare i giovani ad assumere le proprie responsabilità nella vita, in una
società libera, in uno spirito di comprensione e di pace.
Un
patrimonio comune
5. Si
potrebbe dire che, tra i
diritti e le libertà fondamentali radicati nella dignità della persona, la
libertà religiosa gode di uno statuto speciale. Quando la libertà religiosa
è riconosciuta, la dignità della persona umana è rispettata nella sua radice, e
si rafforzano l’ethos e le istituzioni dei popoli. Viceversa, quando la
libertà religiosa è negata, quando si tenta di impedire di professare la
propria religione o la propria fede e di vivere conformemente ad esse, si
offende la dignità umana e, insieme, si minacciano la giustizia e la pace, le
quali si fondano su quel retto ordine sociale costruito alla luce del Sommo
Vero e Sommo Bene.
La
libertà religiosa è, in questo senso, anche un’acquisizione di civiltà politica
e giuridica. Essa è un bene essenziale: ogni
persona deve poter esercitare liberamente il diritto di professare e di
manifestare, individualmente o comunitariamente, la propria religione o la
propria fede, sia in pubblico che in privato, nell’insegnamento, nelle
pratiche, nelle pubblicazioni, nel culto e nell’osservanza dei riti. Non
dovrebbe incontrare ostacoli se volesse, eventualmente, aderire ad un’altra
religione o non professarne alcuna. In questo ambito, l’ordinamento
internazionale risulta emblematico ed è un riferimento essenziale per gli
Stati, in quanto non consente alcuna deroga alla libertà religiosa, salvo la
legittima esigenza dell’ordine pubblico informato a giustizia.[7] L’ordinamento
internazionale riconosce così ai diritti di natura religiosa lo stesso status
del diritto alla vita e alla libertà personale, a riprova della loro
appartenenza al nucleo
essenziale dei diritti dell’uomo, a quei diritti universali e naturali
che la legge umana non può mai negare.
La
libertà religiosa non è patrimonio esclusivo dei credenti, ma dell’intera
famiglia dei popoli della terra. È elemento
imprescindibile di uno Stato di diritto; non la si può negare senza intaccare
nel contempo tutti i diritti e le libertà fondamentali, essendone sintesi e
vertice. Essa è “la cartina di tornasole per verificare il rispetto di tutti
gli altri diritti umani”.[8] Mentre
favorisce l’esercizio delle facoltà più specificamente umane, crea le premesse
necessarie per la realizzazione di uno sviluppo
integrale, che riguarda unitariamente la totalità della persona in ogni sua
dimensione.[9]
La
dimensione pubblica della religione
6. La libertà religiosa, come ogni
libertà, pur muovendo dalla sfera personale, si realizza nella relazione con
gli altri. Una libertà senza relazione non è libertà compiuta. Anche la
libertà religiosa non si esaurisce nella sola dimensione individuale, ma si
attua nella propria comunità e nella società, coerentemente con l’essere
relazionale della persona e con la natura pubblica della religione.
La relazionalità è una
componente decisiva della libertà religiosa, che spinge le comunità dei credenti
a praticare la solidarietà per il bene comune. In questa dimensione comunitaria
ciascuna persona resta unica e irripetibile e, al tempo stesso, si completa e
si realizza pienamente.
E’
innegabile il contributo che le comunità religiose apportano alla società. Sono
numerose le istituzioni caritative e culturali che attestano il ruolo
costruttivo dei credenti per la vita sociale. Più importante ancora è il
contributo etico della religione nell’ambito politico. Esso non dovrebbe essere
marginalizzato o vietato, ma compreso come valido apporto alla promozione del
bene comune. In questa prospettiva bisogna
menzionare la dimensione religiosa della cultura, tessuta attraverso i secoli
grazie ai contributi sociali e soprattutto etici della religione. Tale dimensione
non costituisce in nessun modo una discriminazione di coloro che non ne
condividono la credenza, ma rafforza, piuttosto, la coesione sociale,
l’integrazione e la solidarietà.
Libertà
religiosa, forza di libertà e di civiltà:
i pericoli della sua strumentalizzazione
7. La strumentalizzazione della
libertà religiosa per mascherare interessi occulti, come ad esempio il
sovvertimento dell’ordine costituito, l’accaparramento di risorse o il
mantenimento del potere da parte di un gruppo, può provocare danni ingentissimi
alle società. Il fanatismo, il fondamentalismo, le pratiche contrarie alla
dignità umana, non possono essere mai giustificati e lo possono essere ancora
di meno se compiuti in nome della religione. La professione di una religione
non può essere strumentalizzata, né imposta con la forza. Bisogna, allora, che
gli Stati e le varie comunità umane non dimentichino mai che la libertà religiosa è condizione
per la ricerca della verità e la verità non si impone con la violenza ma con
“la forza della verità stessa”.[10] In
questo senso, la religione è una forza positiva e propulsiva per la
costruzione della società civile e politica.
Come
negare il contributo delle grandi religioni del mondo allo sviluppo della
civiltà? La sincera ricerca di Dio ha portato ad un maggiore rispetto della
dignità dell’uomo. Le comunità cristiane, con il loro patrimonio di valori e
principi, hanno fortemente contribuito alla presa di coscienza delle persone e
dei popoli circa la propria identità e dignità, nonché alla conquista di
istituzioni democratiche e all’affermazione dei diritti dell’uomo e dei suoi
corrispettivi doveri.
Anche
oggi i cristiani, in una società sempre più globalizzata, sono chiamati, non
solo con un responsabile impegno civile, economico e politico, ma anche con la
testimonianza della propria carità e fede, ad offrire un contributo prezioso al
faticoso ed esaltante impegno per la giustizia, per lo sviluppo umano integrale
e per il retto ordinamento delle realtà umane. L’esclusione della religione
dalla vita pubblica sottrae a questa uno spazio vitale che apre alla
trascendenza. Senza quest’esperienza primaria risulta arduo orientare le
società verso principi etici universali e diventa difficile stabilire
ordinamenti nazionali e internazionali in cui i diritti e le libertà
fondamentali possano essere pienamente riconosciuti e realizzati, come si
propongono gli obiettivi - purtroppo ancora disattesi o contraddetti - della Dichiarazione Universale dei
diritti dell’uomo del 1948.
Una
questione di giustizia e di civiltà:
il fondamentalismo e l’ostilità contro i credenti pregiudicano
la laicità positiva degli Stati
8. La
stessa determinazione con la quale sono condannate tutte le forme di fanatismo
e di fondamentalismo religioso, deve animare anche l’opposizione a tutte le
forme di ostilità contro la religione, che limitano il ruolo pubblico dei
credenti nella vita civile e politica.
Non si
può dimenticare che il
fondamentalismo religioso e il laicismo sono forme speculari ed estreme di
rifiuto del legittimo pluralismo e del principio di laicità. Entrambe,
infatti, assolutizzano una visione riduttiva e parziale della persona umana,
favorendo, nel primo caso, forme di integralismo religioso e, nel secondo, di
razionalismo. La società che
vuole imporre o, al contrario, negare la religione con la violenza, è ingiusta
nei confronti della persona e di Dio, ma anche di se stessa. Dio chiama a sé
l’umanità con un disegno di amore che, mentre coinvolge tutta la persona nella
sua dimensione naturale e spirituale, richiede di corrispondervi in termini di
libertà e di responsabilità, con tutto il cuore e con tutto il proprio essere,
individuale e comunitario. Anche la società, dunque, in quanto espressione
della persona e dell’insieme delle sue dimensioni costitutive, deve vivere ed
organizzarsi in modo da favorirne l’apertura alla trascendenza. Proprio per
questo, le leggi e le istituzioni di una società non possono essere configurate
ignorando la dimensione religiosa dei cittadini o in modo da prescinderne del
tutto. Esse devono commisurarsi - attraverso l’opera democratica di cittadini
coscienti della propria alta vocazione - all’essere della persona, per poterlo
assecondare nella sua dimensione religiosa. Non essendo questa una creazione
dello Stato, non può esserne manipolata, dovendo piuttosto riceverne
riconoscimento e rispetto.
L’ordinamento
giuridico a tutti i livelli, nazionale e internazionale, quando consente o
tollera il fanatismo religioso o antireligioso, viene meno alla sua stessa
missione, che consiste nel tutelare e nel promuovere la giustizia e il diritto
di ciascuno. Tali realtà non possono essere poste in balia dell’arbitrio del
legislatore o della maggioranza, perché, come insegnava già Cicerone, la
giustizia consiste in qualcosa di più di un mero atto produttivo della legge e
della sua applicazione. Essa implica il riconoscere
a ciascuno la sua dignità,[11] la
quale, senza libertà religiosa, garantita e vissuta nella sua essenza, risulta
mutilata e offesa, esposta al rischio di cadere nel predominio degli idoli, di
beni relativi trasformati in assoluti. Tutto ciò espone la società al rischio
di totalitarismi politici e ideologici, che enfatizzano il potere pubblico,
mentre sono mortificate o coartate, quasi fossero concorrenziali, le libertà di
coscienza, di pensiero e di religione.
Dialogo
tra istituzioni civili e religiose
9. Il
patrimonio di principi e di valori espressi da una religiosità autentica è una
ricchezza per i popoli e i loro ethos.
Esso parla direttamente alla coscienza e alla ragione degli uomini e delle
donne, rammenta l’imperativo della conversione morale, motiva a coltivare la
pratica delle virtù e ad avvicinarsi l’un l’altro con amore, nel segno della
fraternità, come membri della grande famiglia umana.[12]
Nel
rispetto della laicità positiva delle istituzioni statali, la dimensione pubblica
della religione deve essere sempre riconosciuta. A tal fine è fondamentale un
sano dialogo tra le istituzioni civili e quelle religiose per lo sviluppo
integrale della persona umana e dell'armonia della società.
Vivere
nell’amore e nella verità
10.
Nel mondo globalizzato, caratterizzato da società sempre più multi-etniche e
multi-confessionali, le grandi religioni possono costituire un importante
fattore di unità e di pace per la famiglia umana. Sulla base delle proprie
convinzioni religiose e della ricerca razionale del bene comune, i loro seguaci
sono chiamati a vivere con responsabilità il proprio impegno in un contesto di
libertà religiosa. Nelle svariate culture religiose, mentre dev’essere
rigettato tutto quello che è contro la dignità dell’uomo e della donna, occorre
invece fare tesoro di ciò che risulta positivo per la convivenza civile.
Lo
spazio pubblico, che la comunità internazionale rende disponibile per le
religioni e per la loro proposta di “vita buona”, favorisce l’emergere di una
misura condivisibile di verità e di bene, come anche un consenso morale,
fondamentali per una convivenza giusta e pacifica. I leader delle grandi
religioni, per il loro ruolo, la loro influenza e la loro autorità nelle
proprie comunità, sono i primi ad essere chiamati al rispetto reciproco e al
dialogo.
I
cristiani, da parte loro, sono sollecitati dalla stessa fede in Dio, Padre del
Signore Gesù Cristo, a vivere come fratelli che si incontrano nella Chiesa e
collaborano all’edificazione di un mondo dove
le persone e i popoli “non agiranno più iniquamente né saccheggeranno […],
perché la conoscenza del Signore riempirà la terra come le acque ricoprono il
mare” (Is 11, 9).
Dialogo
come ricerca in comune
11.
Per la Chiesa il dialogo tra i seguaci di diverse religioni costituisce uno
strumento importante per collaborare con tutte le comunità religiose al bene
comune. La Chiesa stessa nulla rigetta di quanto è vero e santo nelle varie
religioni. “Essa considera con sincero rispetto quei modi di agire e di vivere,
quei precetti e quelle dottrine che, quantunque in molti punti differiscano da
quanto essa stessa crede e propone, tuttavia non raramente riflettono un raggio
di quella verità che illumina tutti gli uomini”.[13]
Quella
indicata non è la strada del relativismo, o del sincretismo religioso. La Chiesa, infatti, “annuncia, ed è tenuta ad annunciare,
il Cristo che è «via, verità e vita» (Gv 14,6), in cui gli uomini devono
trovare la pienezza della vita religiosa e in cui Dio ha riconciliato con se
stesso tutte le cose”.[14] Ciò
non esclude tuttavia il dialogo e la ricerca comune della verità in diversi
ambiti vitali, poiché, come recita un’espressione usata spesso da san Tommaso
d’Aquino, “ogni verità, da chiunque sia detta, proviene dallo Spirito Santo”.[15]
Nel
2011 ricorre il 25° anniversario della Giornata
mondiale di preghiera per la pace,convocata ad Assisi nel 1986 dal
Venerabile Giovanni Paolo II. In quell’occasione i leader delle grandi
religioni del mondo hanno testimoniato come la religione sia un fattore di
unione e di pace, e non di divisione e di conflitto. Il ricordo di
quell’esperienza è un motivo di speranza per un futuro in cui tutti i credenti
si sentano e si rendano autenticamente operatori di giustizia e di pace.
Verità
morale nella politica e nella diplomazia
12. La
politica e la diplomazia dovrebbero guardare al patrimonio morale e spirituale
offerto dalle grandi religioni del mondo per riconoscere e affermare verità,
principi e valori universali che non possono essere negati senza negare con
essi la dignità della persona umana. Ma che cosa significa, in termini pratici,
promuovere la verità morale nel mondo della politica e della diplomazia? Vuol
dire agire in maniera responsabile sulla base della conoscenza oggettiva e
integrale dei fatti; vuol dire destrutturare ideologie politiche che finiscono per
soppiantare la verità e la dignità umana e intendono promuovere pseudo-valori
con il pretesto della pace, dello sviluppo e dei diritti umani; vuol dire
favorire un impegno costante per fondare la legge positiva sui principi della
legge naturale.[16] Tutto
ciò è necessario e coerente con il rispetto della dignità e del valore della
persona umana, sancito dai Popoli della terra nella Carta dell’Organizzazione delle
Nazioni Unite del 1945, che presenta valori e principi morali
universali di riferimento per le norme, le istituzioni, i sistemi di convivenza
a livello nazionale e internazionale.
Oltre
l’odio e il pregiudizio
13.
Nonostante gli insegnamenti della storia e l’impegno degli Stati, delle
Organizzazioni internazionali a livello mondiale e locale, delle Organizzazioni
non governative e di tutti gli uomini e le donne di buona volontà che ogni
giorno si spendono per la tutela dei diritti e delle libertà fondamentali, nel
mondo ancora oggi si registrano persecuzioni, discriminazioni, atti di violenza
e di intolleranza basati sulla religione. In particolare, in Asia e in Africa
le principali vittime sono i membri delle minoranze religiose, ai quali viene
impedito di professare liberamente la propria religione o di cambiarla,
attraverso l’intimidazione e la violazione dei diritti, delle libertà
fondamentali e dei beni essenziali, giungendo fino alla privazione della
libertà personale o della stessa vita.
Vi
sono poi - come ho già affermato - forme più sofisticate di ostilità contro la
religione, che nei Paesi occidentali si esprimono talvolta col rinnegamento
della storia e dei simboli religiosi nei quali si rispecchiano l’identità e la
cultura della maggioranza dei cittadini. Esse fomentano spesso l’odio e il
pregiudizio e non sono coerenti con una visione serena ed equilibrata del
pluralismo e della laicità delle istituzioni, senza contare che le nuove generazioni
rischiano di non entrare in contatto con il prezioso patrimonio spirituale dei
loro Paesi.
La
difesa della religione passa attraverso la difesa dei diritti e delle libertà
delle comunità religiose. I leader delle
grandi religioni del mondo e i responsabili delle Nazioni rinnovino, allora,
l’impegno per la promozione e la tutela della libertà religiosa, in particolare
per la difesa delle minoranze religiose, le quali non costituiscono una
minaccia contro l’identità della maggioranza, ma sono al contrario
un’opportunità per il dialogo e per il reciproco arricchimento culturale. La
loro difesa rappresenta la maniera ideale per consolidare lo spirito di
benevolenza, di apertura e di reciprocità con cui tutelare i diritti e le
libertà fondamentali in tutte le aree e le regioni del mondo.
Libertà
religiosa nel mondo
14. Mi
rivolgo, infine, alle comunità cristiane che soffrono persecuzioni,
discriminazioni, atti di violenza e intolleranza, in particolare in Asia, in
Africa, nel Medio Oriente e specialmente nella Terra Santa, luogo prescelto e
benedetto da Dio. Mentre rinnovo ad esse il mio affetto paterno e assicuro la
mia preghiera, chiedo a tutti i responsabili di agire prontamente per porre
fine ad ogni sopruso contro i cristiani, che abitano in quelle regioni. Possano
i discepoli di Cristo, dinanzi alle presenti avversità, non perdersi d’animo,
perché la testimonianza del
Vangelo è e sarà sempre segno di contraddizione.
Meditiamo
nel nostro cuore le parole del Signore Gesù: “Beati quelli che sono nel pianto,
perché saranno consolati […]. Beati quelli che hanno fame e sete della
giustizia, perché saranno saziati [...]. Beati voi quando vi insulteranno, vi
perseguiteranno e, mentendo, diranno ogni sorta di male contro di voi per causa
mia. Rallegratevi ed esultate, perché grande è la vostra ricompensa nei cieli”
(Mt 5,4-12). Rinnoviamo
allora “l’impegno da noi assunto all’indulgenza e al perdono, che invochiamo
nel Pater noster da
Dio, per aver noi stessi posta la condizione e la misura della desiderata misericordia.
Infatti, preghiamo così: «Rimetti a noi i nostri debiti, come noi li
rimettiamo ai nostri debitori» (Mt 6,12)”.[17] La
violenza non si supera con la violenza. Il nostro grido di dolore sia sempre
accompagnato dalla fede, dalla speranza e dalla testimonianza dell’amore di
Dio. Esprimo anche il mio auspicio affinché in Occidente, specie in Europa, cessino
l’ostilità e i pregiudizi contro i cristiani per il fatto che essi intendono
orientare la propria vita in modo coerente ai valori e ai principi espressi nel
Vangelo. L’Europa, piuttosto, sappia riconciliarsi con le proprie radici
cristiane, che sono fondamentali per comprendere il ruolo che ha avuto, che ha
e che intende avere nella storia; saprà, così, sperimentare giustizia,
concordia e pace, coltivando un sincero dialogo con tutti i popoli.
Libertà
religiosa, via per la pace
15. Il
mondo ha bisogno di Dio. Ha bisogno di valori etici e spirituali, universali e
condivisi, e la religione può offrire un contributo prezioso nella loro
ricerca, per la costruzione di un ordine sociale giusto e pacifico, a livello
nazionale e internazionale.
La
pace è un dono di Dio e al tempo stesso un progetto da realizzare, mai
totalmente compiuto. Una società
riconciliata con Dio è più vicina alla pace, che non è semplice assenza di
guerra, non è mero frutto del predominio militare o economico, né tantomeno di
astuzie ingannatrici o di abili manipolazioni. La pace invece è risultato di un
processo di purificazione ed elevazione culturale, morale e spirituale di ogni
persona e popolo, nel quale la dignità umana è pienamente rispettata. Invito
tutti coloro che desiderano farsi operatori di pace, e soprattutto i giovani, a
mettersi in ascolto della propria voce interiore, per trovare in Dio il
riferimento stabile per la conquista di un’autentica libertà, la forza
inesauribile per orientare il mondo con uno spirito nuovo, capace di non
ripetere gli errori del passato. Come insegna il Servo di Dio Paolo VI,
alla cui saggezza e lungimiranza si deve l’istituzione della Giornata Mondiale
della Pace: “Occorre innanzi tutto dare alla Pace altre armi, che non quelle
destinate ad uccidere e a sterminare l'umanità. Occorrono sopra tutto le armi
morali, che danno forza e prestigio al diritto internazionale; quelle, per
prime, dell’osservanza dei patti”.[18] La
libertà religiosa è un’autentica arma della pace, con una missione
storica e profetica. Essa infatti valorizza e mette a frutto le più
profonde qualità e potenzialità della persona umana, capaci di cambiare e
rendere migliore il mondo. Essa consente di nutrire la speranza verso un futuro
di giustizia e di pace, anche dinanzi alle gravi ingiustizie e alle miserie
materiali e morali. Che tutti gli uomini e le società ad ogni livello ed in
ogni angolo della Terra possano presto sperimentare la libertà religiosa, via
per la pace!
Dal Vaticano, 8 dicembre 2010
BENEDICTUS PP XVI
[4]Cfr Conc. Ecum. Vat. II, Dichiarazione
sulle relazioni della Chiesa con le religioni non cristiane Nostra aetate, 1.
[6] Benedetto
XVI, Discorso all’Assemblea Generale dell’Organizzazione delle Nazioni
Unite (18 aprile 2008): AAS 100 (2008), 337.
[8] Giovanni
Paolo II, Discorso ai Partecipanti all’Assemblea Parlamentare
dell’Organizzazione per la Sicurezza e la Cooperazione in Europa(OSCE) (10
ottobre 2003), 1: AAS 96 (2004), 111.
[12] Cfr
Benedetto XVI, Discorso ai Rappresentanti di altre Religioni del Regno
Unito (17 settembre 2010): L’Osservatore Romano (18
settembre 2010), p. 12.
[13] Conc.
Ecum. Vat. II, Dichiarazione sulle relazioni della Chiesa con le religioni non
cristiane Nostra aetate, 2.
[16] Cfr Benedetto XVI, Discorso alle Autorità
civili e al Corpo diplomatico a Cipro (5 giugno 2010): L’Osservatore
Romano (6 giugno 2010), p. 8; Commissione Teologica Internazionale, Alla ricerca di un’etica
universale: uno sguardo sulla legge naturale, Città del Vaticano 2009.
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