dimanche 24 novembre 2013

FÊTE DU CHRIST ROI DE L'UNIVERS


Painting of Christ in Majesty from the Ghent Altarpiece by Hubert and Jan van Eyck (AD 1427)

Créée en 1925, par le pape Pie XI dans le but d’affirmer la royauté du Christ, la fête du Christ-Roi a pris un sens différent avec le renouveau conciliaire.

Elle est désormais située, non plus le dernier dimanche d’octobre, mais le dernier dimanche de l’année liturgique, comme son couronnement.

Elle porte le titre de fête du Christ Roi de l’Univers.

Elle se trouve enrichie de lectures qui explicitent le sens et l’objet de la célébration, et nous font, chaque année, célébrer une facette de ce mystère du Christ Roi de l’Univers.

En cette fête du Christ Roi de l’Univers, nous contemplons Jésus en croix excerçant sa royauté au profit du bon larron qui l’implore. Jésus, fils de David, est venu apporter la paix. "Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute créature et le premier-né d’entre les morts. Il a en tout la primauté, car il a voulu tout réconcilier en faisant la paix par le sang de la croix.

Le Seigneur est Roi, chante le psalmiste. Il donne son pouvoir à un Fils d’homme, dit le prophète Daniel. Jésus Christ est le souverain de la terre, proclame le visionnaire de l’Apocalypse. Ma royauté ne vient pas de ce monde, dit Jésus dans l’Évangile de Jean. Avec la fête du Christ Roi, terminons le cycle liturgique en acclamant le Christ, Roi de l’Univers, venu rendre témoignage à la vérité.

Puisse toute la création, libérer de la servitude, reconnaître sa puissance et le glorifier sans fin.

SOURCE : http://www.liturgiecatholique.fr/Solennite-du-Christ-roi-de-l.html

Igreja São Sebastião, Porto Alegre : Vitral : Cristo Rei


La fête du Christ Roi de l’Univers, est une solennité du Seigneur qui clôt la série des dimanches ordinaires : elle tombe donc le trente-quatrième et dernier dimanche du temps ordinaire. C’est, à la fin de l’année liturgique, l’évocation du règne éternel de l’Agneau immolé : « Lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même se soumettra à Celui qui lui a tout soumis, afin que Dieu soit tout en tous » (1 Co 15, 28).

Fête tardive, instituée par le Pape Pie XI en 1925 par l’encyclique Quas Primas : toute l’année liturgique célèbre la royauté du Christ, mais spécialement l’Épiphanie, le Vendredi saint et l’Ascension.

Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés

SOURCE : http://www.liturgiecatholique.fr/Qu-est-ce-que-la-fete-du-Christ.html


QUAS PRIMAS

LETTRE ENCYCLIQUE

DE SA SAINTETÉ LE PAPE PIE XI
DE L'INSTITUTION D'UNE FÊTE DU CHRIST-ROI.

Aux Patriarches, Primats, Archevêques, Évêques et autres ordinaires de lieu, en paix et communion avec le Siège apostolique.

1. Dans (1) la première Encyclique qu'au début de Notre Pontificat Nous adressions aux évêques du monde entier (2), Nous recherchions la cause intime des calamités contre lesquelles, sous Nos yeux, se débat, accablé, le genre humain.

Or, il Nous en souvient, Nous proclamions ouvertement deux choses: l'une, que ce débordement de maux sur l'univers provenait de ce que la plupart des hommes avaient écarté Jésus-Christ et sa loi très sainte des habitudes de leur vie individuelle aussi bien que de leur vie familiale et de leur vie publique; l'autre, que jamais ne pourrait luire une ferme espérance de paix durable entre les peuples tant que les individus et les nations refuseraient de reconnaître et de proclamer la souveraineté de Notre Sauveur. C'est pourquoi, après avoir affirmé qu'il fallait chercher la paix du Christ par le règne du Christ, Nous avons déclaré Notre intention d'y travailler dans toute la mesure de Nos forces ; par le règne du Christ, disions-Nous, car, pour ramener et consolider la paix, Nous ne voyions pas de moyen plus efficace que de restaurer la souveraineté de Notre Seigneur.

2. Depuis, Nous avons clairement pressenti l'approche de temps meilleurs en voyant l'empressement des peuples à se tourner - les uns pour la première fois, les autres avec une ardeur singulièrement accrue - vers le Christ et vers son Eglise, unique dispensatrice du salut: preuve évidente que beaucoup d'hommes, jusque-là exilés, peut-on dire, du royaume du Rédempteur pour avoir méprisé son autorité, préparent heureusement et mènent à son terme leur retour au devoir de l'obéissance.

Tout ce qui est survenu, tout ce qui s'est fait au cours de l'Année sainte, digne vraiment d'une éternelle mémoire, n'a-t-il pas contribué puissamment à l'honneur et à la gloire du Fondateur de l'Eglise, de sa souveraineté et de sa royauté suprême?

Voici d'abord l'Exposition des Missions, qui a produit sur l'esprit et sur le cœur des hommes une si profonde impression. On y a vu les travaux entrepris sans relâche par l'Eglise pour étendre le royaume de son Epoux chaque jour davantage sur tous les continents, dans toutes les îles, même celles qui sont perdues au milieu de l'océan; on y a vu les nombreux pays que de vaillants et invincibles missionnaires ont conquis au catholicisme au prix de leurs sueurs et de leur sang; on y a vu enfin les immenses territoires qui sont encore à soumettre à la douce et salutaire domination de notre Roi.

Voici les pèlerins accourus, de partout, à Rome, durant l'Année sainte, conduits par leurs évêques ou par leurs prêtres. Quel motif les inspirait donc, sinon de purifier leurs âmes et de proclamer, au tombeau des Apôtres et devant Nous, qu'ils sont et qu'ils resteront sous l'autorité du Christ?

Voici les canonisations, où Nous avons décerné, après la preuve éclatante de leurs admirables vertus, les honneurs réservés aux saints, à six confesseurs ou vierges. Le règne de notre Sauveur n'a-t-il pas, en ce jour, brillé d'un nouvel éclat? Ah! quelle joie, quelle consolation ce fut pour Notre âme, après avoir prononcé les décrets de canonisation, d'entendre, dans la majestueuse basilique de Saint Pierre, la foule immense des fidèles, au milieu du chant de l'action de grâces, acclamer d'une seule voix la royauté glorieuse du Christ: Tu Rex gloriae Christe!

A l'heure où les hommes et les Etats sans Dieu, devenus la proie des guerres qu'allument la haine et des discordes intestines, se précipitent à la ruine et à la mort, l'Eglise de Dieu, continuant à donner au genre humain l'aliment de la vie spirituelle, engendre et élève pour le Christ des générations successives de saints et de saintes; le Christ, à son tour, ne cesse d'appeler à l'éternelle béatitude de son royaume céleste ceux en qui il a reconnu de très fidèles et obéissants sujets de son royaume terrestre.

Voici encore le XVIe centenaire du Concile de Nicée qui coïncida avec le grand Jubilé. Nous avons ordonné de célébrer cet anniversaire séculaire; Nous l'avons Nous-même commémoré dans la basilique vaticane, d'autant plus volontiers que c'est ce Concile qui définit et proclama comme dogme de foi catholique la consubstantialité du Fils unique de Dieu avec son Père; c'est lui qui, en insérant dans sa formule de foi ou Credo les mots cuius regni non erit finis, affirma du même coup la dignité royale du Christ.

Ainsi donc, puisque cette Année sainte a contribué en plus d'une occasion à mettre en lumière la royauté du Christ, Nous croyons accomplir un acte des plus conformes à Notre charge apostolique en accédant aux suppliques individuelles ou collectives de nombreux cardinaux, évêques ou fidèles; Nous clôturerons donc cette année par l'introduction dans la liturgie de l'Eglise d'une fête spéciale en l'honneur de Notre Seigneur Jésus-Christ Roi.

Ce sujet, Vénérables Frères, Nous tient à ce point à cœur que Nous désirons vous en entretenir quelques instants; il vous appartiendra ensuite de rendre accessible à l'intelligence et aux sentiments de votre peuple tout ce que Nous dirons sur le culte du Christ-Roi, afin d'assurer, dès le début et pour plus tard, des fruits nombreux à la célébration annuelle de cette solennité.

4. Depuis longtemps, dans le langage courant, on donne au Christ le titre de Roi au sens métaphorique; il l'est, en effet, par l'éminente et suprême perfection dont il surpasse toutes les créatures. Ainsi, on dit qu'il règne sur les intelligences humaines, à cause de la pénétration de son esprit et de l'étendue de sa science, mais surtout parce qu'il est la Vérité et que c'est de lui que les hommes doivent recevoir la vérité et l'accepter docilement. On dit qu'il règne sur les volontés humaines, parce qu'en lui, à la sainteté de la volonté divine correspond une parfaite rectitude et soumission de la volonté humaine, mais aussi parce que sous ses inspirations et ses impulsions notre volonté libre s'enthousiasme pour les plus nobles causes. On dit enfin qu'il est le Roi des cœurs, à cause de son inconcevable charité qui surpasse toute compréhension humaine (3) et à cause de sa douceur et de sa bonté qui attirent à lui tous les cœurs: car dans tout le genre humain il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais personne pour être aimé comme le Christ Jésus.

5. Mais, pour entrer plus à fond dans Notre sujet, il est de toute évidence que le nom et la puissance de roi doivent être attribués, au sens propre du mot, au Christ dans son humanité; car c'est seulement du Christ en tant qu'homme qu'on peut dire: Il a reçu du Père la puissance, l'honneur et la royauté (4); comme Verbe de Dieu, consubstantiel au Père, il ne peut pas ne pas avoir tout en commun avec le Père et, par suite, la souveraineté suprême et absolue sur toutes les créatures.

6. Que le Christ soit Roi, ne le lisons-nous pas dans maints passages des Ecritures ! C'est lui le Dominateur issu de Jacob (5), le Roi établi par le Père sur Sion, sa montagne sainte, pour recevoir en héritage les nations et étendre son domaine jusqu'aux confins de la terre (6), le véritable Roi futur d'Israël, figuré, dans le cantique nuptial, sous les traits d'un roi très riche et très puissant, auquel s'adressent ces paroles: Votre trône, ô Dieu, est dressé pour l'éternité; le sceptre de votre royauté est un sceptre de droiture (7).

Passons sur beaucoup de passages analogues; mais, dans un autre endroit, comme pour dessiner avec plus de précision les traits du Christ, on nous prédit que son royaume ignorera les frontières et sera enrichi des trésors de la justice et de la paix: En ses jours se lèvera la justice avec l'abondance de la paix... Il dominera, d'une mer à l'autre, du fleuve jusqu'aux extrémités de la terre (8).

A ces témoignages s'ajoutent encore plus nombreux les oracles des prophètes et notamment celui, bien connu, d'Isaïe: Un petit enfant... nous est né, un fils nous a été donné. La charge du commandement a été posée sur ses épaules. On l'appellera l'Admirable, le Conseiller, Dieu, le Fort, le Père du siècle futur, le Prince de la paix. Son empire s'étendra et jouira d'une paix sans fin; il s'assoira sur le trône de David et dominera sur son royaume, pour l'établir et l'affermir dans la justice et l'équité, maintenant et à jamais (9).

Les autres prophètes ne s'expriment pas différemment.

Tel Jérémie, annonçant dans la race de David un germe de justice, ce fils de David qui régnera en roi, sera sage et établira la justice sur la terre (10). Tel Daniel, prédisant la constitution par le Dieu du ciel d'un royaume qui ne sera jamais renversé... et qui durera éternellement (11) ; et, peu après, il ajoute: Je regardais durant une vision nocturne, et voilà que, sur les nuées du ciel, quelqu'un s'avançait semblable au Fils de l'homme; il parvint jusqu'auprès de l'Ancien des jours et on le présenta devant lui. Et celui-ci lui donna la puissance, l'honneur et la royauté; tous les peuples, de toutes races et de toutes langues, le serviront; sa puissance est une puissance éternelle, qui ne lui sera pas retirée, et son royaume sera incorruptible (12). Tel Zacharie, prophétisant l'entrée à Jérusalem, aux acclamations de la foule, du juste et du sauveur, le Roi plein de mansuétude monté sur une ânesse et sur son poulain (13): les saints évangélistes n'ont-ils pas constaté et prouvé la réalisation de cette prophétie?

Cette doctrine du Christ-Roi, Nous venons de l'esquisser d'après les livres de l'Ancien Testament; mais tant s'en faut qu'elle disparaisse dans les pages du Nouveau; elle y est, au contraire, confirmée d'une manière magnifique et en termes splendides.

Rappelons seulement le message de l'archange apprenant à la Vierge qu'elle engendrera un fils; qu'à ce fils le Seigneur Dieu donnera le trône de David, son père; qu'il régnera éternellement sur la maison de Jacob et que son règne n'aura point de fin (14). Ecoutons maintenant les témoignages du Christ lui-même sur sa souveraineté. Dès que l'occasion se présente - dans son dernier discours au peuple sur les récompenses ou les châtiments réservés dans la vie éternelle aux justes ou aux coupables ; dans sa réponse au gouverneur romain, lui demandant publiquement s'il était roi; après sa résurrection, quand il confie aux Apôtres la charge d'enseigner et de baptiser toutes les nations - il revendique le titre de roi (15), il proclame publiquement qu'il est roi (16), il déclare solennellement que toute puissance lui a été donnée au ciel et sur la terre (17). Qu'entend-il par là, sinon affirmer l'étendue de sa puissance et l'immensité de son royaume?

Dès lors, faut-il s'étonner qu'il soit appelé par saint Jean le Prince des rois de la terre (18) ou que, apparaissant à l'Apôtre dans des visions prophétiques, il porte écrit sur son vêtement et sur sa cuisse: Roi des rois et Seigneur des seigneurs (19). Le Père a, en effet, constitué le Christ héritier de toutes choses (20); il faut qu'il règne jusqu'à la fin des temps, quand il mettra tous ses ennemis sous les pieds de Dieu et du Père (21).

7. De cette doctrine, commune à tous les Livres Saints, dérive naturellement cette conséquence : étant le royaume du Christ sur la terre, qui doit s'étendre à tous les hommes et tous les pays de l'univers, l'Eglise catholique se devait, au cours du cycle annuel de la liturgie, de saluer par des manifestations multiples de vénération, en son Auteur et Fondateur, le Roi, le Seigneur, le Roi des rois. Sous une admirable variété de formules, ces hommages expriment une seule et même pensée; l'Eglise les employait jadis dans sa psalmodie et dans les anciens sacramentaires; elle en fait le même usage à présent dans les prières publiques de l'Office qu'elle adresse chaque jour à la majesté divine et, à la sainte messe, dans l'immolation de l'hostie sans tache. En cette louange perpétuelle du Christ-Roi, il est facile de saisir le merveilleux accord de nos rites avec ceux des Orientaux, en sorte que se vérifie, ici encore, l'exactitude de la maxime: " Les lois de la prière établissent les lois de la croyance. "

8. Quant au fondement de cette dignité et de cette puissance de Notre-Seigneur, saint Cyrille d'Alexandrie l'indique très bien: " Pour le dire en un mot, dit-il, la souveraineté que Jésus possède sur toutes les créatures, il ne l'a point ravie par la force, il ne l'a point reçue d'une main étrangère, mais c'est le privilège de son essence et de sa nature " (22). En d'autres termes, son pouvoir royal repose sur cette admirable union qu'on nomme l'union hypostatique.

Il en résulte que les anges et les hommes ne doivent pas seulement adorer le Christ comme Dieu, mais aussi obéir et être soumis à l'autorité qu'il possède comme homme; car, au seul titre de l'union hypostatique, le Christ a pouvoir sur toutes les créatures.

9. Mais quoi de plus délectable, de plus suave que de penser que le Christ, en outre, règne sur nous non seulement par droit de nature, mais encore par droit acquis, puisqu'il nous a rachetés? Ah! puissent tous les hommes qui l'oublient se souvenir du prix que nous avons coûté à notre Sauveur : Vous n'avez pas été rachetés avec de l'or ou de l'argent corruptibles, mais par le sang précieux du Christ, le sang d'un agneau sans tache et sans défaut (23). Le Christ nous a achetés à grand prix (24) ; nous ne nous appartenons plus. Nos corps eux-mêmes sont des membres du Christ (25).

Nous voulons maintenant expliquer brièvement la nature et l'importance de cette royauté.

10. II est presque inutile de rappeler qu'elle comporte les trois pouvoirs, sans lesquels on saurait à peine concevoir l'autorité royale. Les textes des Saintes Lettres que Nous avons apportés en témoignage de la souveraineté universelle de notre Rédempteur le prouvent surabondamment. C'est, d'ailleurs, un dogme de foi catholique que le Christ Jésus a été donné aux hommes à la fois comme Rédempteur, de qui ils doivent attendre leur salut, et comme Législateur, à qui ils sont tenus d'obéir (26). Les évangélistes ne se bornent pas à affirmer que le Christ a légiféré, mais ils nous le montrent dans l'exercice même de son pouvoir législatif.

A tous ceux qui observent ses préceptes, le divin Maître déclare, en diverses occasions et de diverses manières, qu'ils prouveront ainsi leur amour envers lui et qu'ils demeureront en son amour (27).

Quant au pouvoir judiciaire, Jésus en personne affirme l'avoir reçu du Père, dans une réponse aux Juifs qui l'accusaient d'avoir violé le Sabbat en guérissant miraculeusement un malade durant ce jour de repos: " Le Père, leur dit-il, ne juge personne, mais il a donné au Fils tout jugement (28). Dans ce pouvoir judiciaire est également compris - car il en est inséparable - le droit de récompenser ou de châtier les hommes, même durant leur vie.

Il faut encore attribuer au Christ le pouvoir exécutif : car tous inéluctablement doivent être soumis à son empire; personne ne pourra éviter, s'il est rebelle, la condamnation et les supplices que Jésus a annoncés.

11. Toutefois, ce royaume est avant tout spirituel et concerne avant tout l'ordre spirituel: les paroles de la Bible que Nous avons rapportées plus haut en sont une preuve évidente, que vient confirmer, à maintes reprises, l'attitude du Christ-Seigneur.

Quand les Juifs, et même les Apôtres, s'imaginent à tort que le Messie affranchira son peuple et restaurera le royaume d'Israël, il détruit cette illusion et leur enlève ce vain espoir; lorsque la foule qui l'entoure veut, dans son enthousiasme, le proclamer roi, il se dérobe à ce titre et à ces honneurs par la fuite et en se tenant caché; devant le gouverneur romain, encore, il déclare que son royaume n'est pas de ce monde. Dans ce royaume, tel que nous le dépeignent les Evangiles, les hommes se préparent à entrer en faisant pénitence. Personne ne peut y entrer sans la foi et sans le baptême; mais le baptême, tout en étant un rite extérieur, figure et réalise une régénération intime. Ce royaume s'oppose uniquement au royaume de Satan et à la puissance des ténèbres; à ses adeptes il demande non seulement de détacher leur cœur des richesses et des biens terrestres, de pratiquer la douceur et d'avoir faim et soif de la justice, mais encore de se renoncer eux-mêmes et de porter leur croix. C'est pour l'Eglise que le Christ, comme Rédempteur, a versé le prix de son sang; c'est pour expier nos péchés que, comme Prêtre, il s'est offert lui-même et s'offre perpétuellement comme victime: qui ne voit que sa charge royale doit revêtir le caractère spirituel et participer à la nature supraterrestre de cette double fonction?

12. D'autre part, ce serait une erreur grossière de refuser au Christ-Homme la souveraineté sur les choses temporelles, quelles qu'elles soient: il tient du Père sur les créatures un droit absolu, lui permettant de disposer à son gré de toutes ces créatures.

Néanmoins, tant qu'il vécut sur terre, il s'est totalement abstenu d'exercer cette domination terrestre, il a dédaigné la possession et l'administration des choses humaines, abandonnant ce soin à leurs possesseurs. Ce qu'il a fait alors, il le continue aujourd'hui. Pensée exprimée d'une manière fort heureuse dans la liturgie: " Il ne ravit point les diadèmes éphémères, celui qui distribue les couronnes du ciel (29). "

13. Ainsi donc, le souverain domaine de notre Rédempteur embrasse la totalité des hommes. Sur ce sujet, Nous faisons Volontiers Nôtres les paroles de Notre Prédécesseur Léon XIII, d'immortelle mémoire: " Son empire ne s'étend pas exclusivement aux nations catholiques ni seulement aux chrétiens baptisés, qui appartiennent juridiquement à l'Eglise même s'ils sont égarés loin d'elle par des opinions erronées ou séparés de sa communion par le schisme; il embrasse également et sans exception tous les hommes, même étrangers à la foi chrétienne, de sorte que l'empire du Christ Jésus, c'est, en stricte vérité, l'universalité du genre humain (30). "

Et, à cet égard, il n'y a lieu de faire aucune différence entre les individus, les familles et les Etats; car les hommes ne sont pas moins soumis à l'autorité du Christ dans leur vie collective que dans leur vie privée. Il est l'unique source du salut, de celui des sociétés comme de celui des individus: Il n'existe de salut en aucun autre; aucun autre nom ici-bas n'a été donné aux hommes qu'il leur faille invoquer pour être sauvés (31).

Il est l'unique auteur, pour l'Etat comme pour chaque citoyen, de la prospérité et du vrai bonheur: " La cité ne tient pas son bonheur d'une autre source que les particuliers, vu qu'une cité n'est pas autre chose qu'un ensemble de particuliers unis en société (32). " Les chefs d'Etat ne sauraient donc refuser de rendre - en leur nom personnel, et avec tout leur peuple - des hommages publics, de respect et de soumission à la souveraineté du Christ; tout en sauvegardant leur autorité, ils travailleront ainsi à promouvoir et à développer la prospérité nationale.

14. Au début de Notre Pontificat, Nous déplorions combien sérieusement avaient diminué le prestige du droit et le respect dû à l'autorité; ce que Nous écrivions alors n'a perdu dans le temps présent ni de son actualité ni de son à-propos: " Dieu et Jésus-Christ ayant été exclus de la législation et des affaires publiques, et l'autorité ne tenant plus son origine de Dieu mais des hommes, il arriva que... les bases mêmes de l'autorité furent renversées dès lors qu'on supprimait la raison fondamentale du droit de commander pour les uns, du devoir d'obéir pour les autres. Inéluctablement, il s'en est suivi un ébranlement de la société humaine tout entière, désormais privée de soutien et d'appui solides (33). "

Si les hommes venaient à reconnaître l'autorité royale du Christ dans leur vie privée et dans leur vie publique, des bienfaits incroyables - une juste liberté, l'ordre et la tranquillité, la concorde et la paix -- se répandraient infailliblement sur la société tout entière.

En imprimant à l'autorité des princes et des chefs d'Etat un caractère sacré, la dignité royale de Notre Seigneur ennoblit du même coup les devoirs et la soumission des citoyens. Au point que l'Apôtre saint Paul, après avoir ordonné aux femmes mariées et aux esclaves de révérer le Christ dans la personne de leur mari et dans celle de leur maître, leur recommandait néanmoins de leur obéir non servilement comme à des hommes, mais uniquement en esprit de foi comme à des représentants du Christ; car il est honteux, quand on a été racheté par le Christ, d'être soumis servilement à un homme: Vous avez été rachetés un grand prix, ne soyez plus soumis servilement à des hommes. (34).

Si les princes et les gouvernants légitimement choisis étaient persuadés qu'ils commandent bien moins en leur propre nom qu'au nom et à la place du divin Roi, il est évident qu'ils useraient de leur autorité avec toute la vertu et la sagesse possibles. Dans l'élaboration et l'application des lois, quelle attention ne donneraient-ils pas au bien commun et à la dignité humaine de leurs subordonnés!

15. Alors on verrait l'ordre et la tranquillité s'épanouir et se consolider; toute cause de révolte se trouverait écartée; tout en reconnaissant dans le prince et les autres dignitaires de l'Etat des hommes comme les autres, ses égaux par la nature humaine, en les voyant même, pour une raison ou pour une autre, incapables ou indignes, le citoyen ne refuserait point pour autant de leur obéir quand il observerait qu'en leurs personnes s'offrent à lui l'image et l'autorité du Christ Dieu et Homme.

Alors les peuples goûteraient les bienfaits de la concorde et de la paix. Plus loin s'étend un royaume, plus il embrasse l'universalité du genre humain, plus aussi - c'est incontestable - les hommes prennent conscience du lien mutuel qui les unit. Cette conscience préviendrait et empêcherait la plupart des conflits; en tout cas, elle adoucirait et atténuerait leur violence. Pourquoi donc, si le royaume du Christ s'étendait de fait comme il s'étend en droit à tous les hommes, pourquoi désespérer de cette paix que le Roi pacifique est venu apporter sur la terre? Il est venu tout réconcilier (35); il n'est pas venu pour être servi, mais pour servir (36); maître de toutes créatures, il a donné lui-même l'exemple de l'humilité et a fait de l'humilité, jointe au précepte de la charité, sa loi principale; il a dit encore: Mon joug est doux à porter et le poids de mon autorité léger (37).

16. Oh! qui dira le bonheur de l'humanité si tous, individus, familles, Etats, se laissaient gouverner par le Christ! " Alors enfin - pour reprendre les paroles que Notre Prédécesseur Léon XIII adressait, il y a vingt-cinq ans, aux évêques de l'univers - il serait possible de guérir tant de blessures; tout droit retrouverait, avec sa vigueur native, son ancienne autorité; la paix réapparaîtrait avec tous ses bienfaits; les glaives tomberaient et les armes glisseraient des mains, le jour où tous les hommes accepteraient de bon cœur la souveraineté du Christ, obéiraient à ses commandements, et où toute langue confesserait que " le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu le Père " (38) ".

17. Pour que la société chrétienne bénéficie de tous ces précieux avantages et qu'elle les conserve, il faut faire connaître le plus possible la doctrine de la dignité royale de notre Sauveur. Or, aucun moyen ne semble mieux assurer ce résultat que l'institution d'une fête propre et spéciale en l'honneur du Christ-Roi.

Car, pour pénétrer le peuple des vérités de la foi et l'élever ainsi aux joies de la vie intérieure, les solennités annuelles des fêtes liturgiques sont bien plus efficaces que tous les documents, même les plus graves, du magistère ecclésiastique. Ceux-ci n'atteignent, habituellement, que le petit nombre et les plus cultivés, celles-là touchent et instruisent tous les fidèles; les uns, si l'on peut dire, ne parlent qu'une fois; les autres le font chaque année et à perpétuité; et, si les derniers s'adressent surtout à l'intelligence, les premières étendent leur influence salutaire au cœur et à l'intelligence, donc à l'homme tout entier.

Composé d'un corps et d'une âme, l'homme a besoin des manifestations solennelles des jours de fête pour être saisi et impressionné; la variété et la splendeur des cérémonies liturgiques l'imprègnent abondamment des enseignements divins; il les transforme en sève et en sang, et les fait servir au progrès de sa vie spirituelle.

Du reste, l'histoire nous apprend que ces solennités liturgiques furent introduites, au cours des siècles, les unes après les autres, pour répondre à des nécessités ou des avantages spirituels du peuple chrétien. Il fallait, par exemple, raffermir les courages en face d'un péril commun, prémunir les esprits contre les pièges de l'hérésie, exciter et enflammer les cœurs à célébrer avec une piété plus ardente quelque mystère de notre foi ou quelque bienfait de la bonté divine.

C'est ainsi que, dès les premiers temps de l'ère chrétienne, alors qu'ils étaient en butte aux plus cruelles persécutions, les chrétiens introduisirent l'usage de commémorer les martyrs par des rites sacrés, afin, selon le témoignage de saint Augustin, que " les solennités des martyrs " fussent " des exhortations au martyre " (39).

Les honneurs liturgiques qu'on décerna plus tard aux saints confesseurs, aux vierges et aux veuves contribuèrent merveilleusement à stimuler chez les chrétiens le zèle pour la vertu, indispensable même en temps de paix.

Les fêtes instituées en l'honneur de la bienheureuse Vierge eurent encore plus de fruit: non seulement le peuple chrétien entoura d'un culte plus assidu la Mère de Dieu, sa Protectrice la plus secourable, mais il conçut un amour plus filial pour la Mère que le Rédempteur lui avait laissée par une sorte de testament.

Parmi les bienfaits dont l'Eglise est redevable au culte public et légitime rendu à la Mère de Dieu et aux saints du ciel, le moindre n'est pas la victoire constante qu'elle a remportée en repoussant loin d'elle la peste de l'hérésie et de l'erreur. Admirons, ici encore, les desseins de la Providence divine qui, selon son habitude, tire le bien du mal.

Elle a permis, de temps à autre, que la foi et la piété du peuple fléchissent, que de fausses doctrines dressent des embûches à la vérité catholique; mais toujours avec le dessein que, pour finir, la vérité resplendisse d'un nouvel éclat, que, tirés de leur torpeur, les fidèles s'efforcent d'atteindre à plus de perfection et de sainteté.

Les solennités récemment introduites dans le calendrier liturgique ont eu la même origine et ont porté les mêmes fruits. Telle la Fête-Dieu, établie quand se relâchèrent le respect et la dévotion envers le Très Saint Sacrement; célébrée avec une pompe magnifique, se prolongeant pendant huit jours de prières collectives, la nouvelle fête devait ramener les peuples à l'adoration publique du Seigneur.

Telle encore la fête du Sacré Cœur de Jésus, instituée à l'époque où, abattus et découragés par les tristes doctrines et le sombre rigorisme du jansénisme, les fidèles sentaient leurs cœurs glacés et en bannissaient tout sentiment d'amour désintéressé de Dieu ou de confiance dans le Rédempteur.

18. C'est ici Notre tour de pourvoir aux nécessités des temps présents, d'apporter un remède efficace à la peste qui a corrompu la société humaine. Nous le faisons en prescrivant à l'univers catholique le culte du Christ-Roi. La peste de notre époque, c'est le laïcisme, ainsi qu'on l'appelle, avec ses erreurs et ses entreprises criminelles.

Comme vous le savez, Vénérables Frères, ce fléau n'est pas apparu brusquement; depuis longtemps, il couvait au sein des Etats. On commença, en effet, par nier la souveraineté du Christ sur toutes les nations; on refusa à l'Eglise le droit - conséquence du droit même du Christ - d'enseigner le genre humain, de porter des lois, de gouverner les peuples en vue de leur béatitude éternelle. Puis, peu à peu, on assimila la religion du Christ aux fausses religions et, sans la moindre honte, on la plaça au même niveau. On la soumit, ensuite, à l'autorité civile et on la livra pour ainsi dire au bon plaisir des princes et des gouvernants. Certains allèrent jusqu'à vouloir substituer à la religion divine une religion naturelle ou un simple sentiment de religiosité. Il se trouva même des Etats qui crurent pouvoir se passer de Dieu et firent consister leur religion dans l'irréligion et l'oubli conscient et volontaire de Dieu.

Les fruits très amers qu'a portés, si souvent et d'une manière si persistante, cette apostasie des individus et des Etats désertant le Christ, Nous les avons déplorés dans l'Encyclique Ubi arcano (40). Nous les déplorons de nouveau aujourd'hui. Fruits de cette apostasie, les germes de haine, semés de tous côtés; les jalousies et les rivalités entre peuples, qui entretiennent les querelles internationales et retardent, actuellement encore, l'avènement d'une paix de réconciliation; les ambitions effrénées, qui se couvrent bien souvent du masque de l'intérêt public et de l'amour de la patrie, avec leurs tristes conséquences: les discordes civiles, un égoïsme aveugle et démesuré qui, ne poursuivant que les satisfactions et les avantages personnels, apprécie toute chose à la mesure de son propre intérêt. Fruits encore de cette apostasie, la paix domestique bouleversée par l'oubli des devoirs et l'insouciance de la conscience; l'union et la stabilité des familles chancelantes; toute la société, enfin, ébranlée et menacée de ruine.

19. La fête, désormais annuelle, du Christ-Roi Nous donne le plus vif espoir de hâter le retour si désirable de l'humanité à son très affectueux Sauveur. Ce serait assurément le devoir des catholiques de préparer et de hâter ce retour par une action diligente; mais il se fait que beaucoup d'entre eux ne possèdent pas dans la société le rang ou l'autorité qui siérait aux apologistes de la vérité. Peut-être faut-il attribuer ce désavantage à l'indolence ou à la timidité des bons; ils s'abstiennent de résister ou ne le font que mollement; les adversaires de l'Eglise en retirent fatalement un surcroît de prétentions et d'audace. Mais du jour où l'ensemble des fidèles comprendront qu'il leur faut combattre, vaillamment et sans relâche, sous les étendards du Christ-Roi, le feu de l'apostolat enflammera les cœurs, tous travailleront à réconcilier avec leur Seigneur les âmes qui l'ignorent ou qui l'ont abandonné, tous s'efforceront de maintenir inviolés ses droits.

Mais il y a plus. Une fête célébrée chaque année chez tous les peuples en l'honneur du Christ-Roi sera souverainement efficace pour incriminer et réparer en quelque manière cette apostasie publique, si désastreuse pour la société, qu'a engendrée le laïcisme. Dans les conférences internationales et dans les Parlements, on couvre d'un lourd silence le nom très doux de notre Rédempteur; plus cette conduite est indigne et plus haut doivent monter nos acclamations, plus doit être propagée la déclaration des droits que confèrent au Christ sa dignité et son autorité royales.

Ajoutons que, depuis les dernières années du siècle écoulé, les voies furent merveilleusement préparées à l'institution de cette fête.

Chacun connaît les arguments savants, les considérations lumineuses, apportés en faveur de cette dévotion par une foule d'ouvrages édités dans les langues les plus diverses et sur tous les points de l'univers. Chacun sait que l'autorité et la souveraineté du Christ ont déjà été reconnues par la pieuse coutume de familles, presque innombrables, se vouant et se consacrant au Sacré Cœur de Jésus. Et non seulement des familles, mais des Etats et des royaumes ont observé cette pratique. Bien plus, sur l'initiative et sous la direction de Léon XIII, le genre humain tout entier fut consacré à ce divin Cœur, au cours de l'Année sainte 1900.

Nous ne saurions passer sous silence les Congrès eucharistiques, que notre époque a vus se multiplier en si grand nombre. Ils ont servi merveilleusement la cause de la proclamation solennelle de la royauté du Christ sur la société humaine. Par des conférences tenues dans leurs assemblées, par des sermons prononcés dans les églises, par des expositions publiques et des adorations en commun du Saint Sacrement, par des processions grandioses, ces Congrès, réunis dans le but d'offrir à la vénération et aux hommages des populations d'un diocèse, d'une province, d'une nation, ou même du monde entier, le Christ-Roi se cachant sous les voiles eucharistiques, célèbrent le Christ comme le Roi que les hommes ont reçu de Dieu. Ce Jésus, que les impies ont refusé de recevoir quand il vint en son royaume, on peut dire, en toute vérité, que le peuple chrétien, mû par une inspiration divine, va l'arracher au silence et, pour ainsi dire, à l'obscurité des temples, pour le conduire, tel un triomphateur, par les rues des grandes villes et le rétablir dans tous les droits de sa royauté.

Pour l'exécution de Notre dessein, dont Nous venons de vous entretenir, l'Année sainte qui s'achève offre une occasion favorable entre toutes. Elle vient de rappeler à l'esprit et au cœur des fidèles ces biens célestes qui dépassent tout sentiment naturel; dans son infinie bonté, Dieu a enrichi les uns, à nouveau, du don de sa grâce ; il a affermi les autres dans la bonne voie, en leur accordant une ardeur nouvelle pour rechercher des dons plus parfaits. Que Nous prêtions donc attention aux nombreuses suppliques qui Nous ont été adressées, ou que Nous considérions les événements qui marquèrent l'année du grand Jubilé, Nous avons certes bien des raisons de penser que le jour est venu pour Nous de prononcer la sentence si attendue de tous: le Christ sera honoré par une fête propre et spéciale comme Roi de tout le genre humain.

Durant cette année, en effet, comme Nous l'avons remarqué au début de cette Lettre, ce Roi divin, vraiment " admirable en ses Saints ", a été " magnifiquement glorifié " par l'élévation aux honneurs de la sainteté d'un nouveau groupe de ses soldats; durant cette année, une exposition extraordinaire a, en quelque sorte, montré à tout le monde les travaux des hérauts de l'Evangile, et tous ont pu admirer les victoires remportées par ces champions du Christ pour l'extension de son royaume; durant cette année, enfin, Nous avons commémoré, avec le centenaire du Concile de Nicée, la glorification, contre ses négateurs, de la consubstantialité du Verbe Incarné avec le Père, dogme sur lequel s'appuie, comme sur son fondement, la royauté universelle du Christ.

En conséquence, en vertu de Notre autorité apostolique, Nous instituons la fête de Notre-Seigneur Jésus-Christ-Roi.

Nous ordonnons qu'elle soit célébrée dans le monde entier, chaque année, le dernier dimanche d'octobre, c'est-à-dire celui qui précède immédiatement la solennité de la Toussaint. Nous prescrivons également que chaque année, en ce même jour, on renouvelle la consécration du genre humain au Sacré Cœur de Jésus, consécration dont Notre Prédécesseur Pie X, de sainte mémoire, avait déjà ordonné le renouvellement annuel. Toutefois, pour cette année, Nous voulons que cette rénovation soit faite le 31 de ce mois.

En ce jour, Nous célébrerons la messe pontificale en l'honneur du Christ-Roi et Nous ferons prononcer en Notre présence cette consécration. Nous ne croyons pas pouvoir mieux et plus heureusement terminer l'Année sainte ni témoigner plus éloquemment au Christ, " Roi immortel des siècles ", Notre reconnaissance - comme celle de tout l'univers catholique, dont Nous Nous faisons aussi l'interprète - pour les bienfaits accordés en cette période de grâce à Nous-même, à l'Église et à toute la catholicité.

Il est inutile, Vénérables Frères, de vous expliquer longuement pourquoi Nous avons institué une fête du Christ-Roi distincte des autres solennités qui font ressortir et glorifient, dans une certaine mesure, sa dignité royale. Il suffit pourtant d'observer que, si toutes les fêtes de Notre-Seigneur ont le Christ comme objet matériel, suivant l'expression consacrée par les théologiens, cependant leur objet formel n'est d'aucune façon, soit en fait, soit dans les termes, la royauté du Christ.

En fixant la fête un dimanche, Nous avons voulu que le clergé ne fût pas seul à rendre ses hommages au divin Roi par la célébration du Saint Sacrifice et la récitation de l'Office, mais que le peuple, dégagé de ses occupations habituelles et animé d'une joie sainte, pût donner un témoignage éclatant de son obéissance au Christ comme à son Maître et à son Souverain. Enfin, plus que tout autre, le dernier dimanche d'octobre Nous a paru désigné pour cette solennité: il clôt à peu près le cycle de l'année liturgique; de la sorte, les mystères de la vie de Jésus-Christ commémorés au cours de l'année trouveront dans la solennité du Christ-Roi comme leur achèvement et leur couronnement et, avant de célébrer la gloire de tous les Saints, la Liturgie proclamera et exaltera la gloire de Celui qui triomphe, en tous les Saints et tous les élus.

Il est de votre devoir, Vénérables Frères, comme de votre ressort, de faire précéder la fête annuelle par une série d'instructions données, en des jours déterminés, dans chaque paroisse. Le peuple sera instruit et renseigné exactement sur la nature, la signification et l'importance de cette fête; les fidèles régleront dès lors et organiseront leur vie de manière à la rendre digne de sujets loyalement et amoureusement soumis à la souveraineté du divin Roi.

20. Au terme de cette Lettre, Nous voudrions encore, Vénérables Frères, vous exposer brièvement les fruits que Nous Nous promettons et que Nous espérons fermement, tant pour l'Eglise et la société civile que pour chacun des fidèles, de ce culte public rendu au Christ-Roi.

L'obligation d'offrir les hommages que Nous venons de dire à l'autorité souveraine de Notre Maître ne peut manquer de rappeler aux hommes les droits de l'Eglise. Instituée par le Christ sous la forme organique d'une société parfaite, en vertu de ce droit originel, elle ne peut abdiquer la pleine liberté et l'indépendance complète à l'égard du pouvoir civil. Elle ne peut dépendre d'une volonté étrangère dans l'accomplissement de sa mission divine d'enseigner, de gouverner et de conduire au bonheur éternel tous les membres du royaume du Christ.

Bien plus, l'Etat doit procurer une liberté semblable aux Ordres et aux Congrégations de religieux des deux sexes. Ce sont les auxiliaires les plus fermes des pasteurs de l'Eglise; ceux qui travaillent le plus efficacement à étendre et à affermir le royaume du Christ, d'abord, en engageant la lutte par la profession des trois vœux de religion contre le monde et ses trois concupiscences; ensuite, du fait d'avoir embrassé un état de vie plus parfait, en faisant resplendir aux yeux de tous, avec un éclat continu et chaque jour grandissant, cette sainteté dont le divin Fondateur a voulu faire une note distinctive de la véritable Eglise.

21. Les Etats, à leur tour, apprendront par la célébration annuelle de cette fête que les gouvernants et les magistrats ont l'obligation, aussi bien que les particuliers, de rendre au Christ un culte public et d'obéir à ses lois. Les chefs de la société civile se rappelleront, de leur côté, le dernier jugement, où le Christ accusera ceux qui l'ont expulsé de la vie publique, mais aussi ceux qui l'ont dédaigneusement mis de côté ou ignoré, et punira de pareils outrages par les châtiments les plus terribles; car sa dignité royale exige que l'État tout entier se règle sur les commandements de Dieu et les principes chrétiens dans l'établissement des lois, dans l'administration de la justice, dans la formation intellectuelle et morale de la jeunesse, qui doit respecter la saine doctrine et la pureté des mœurs.

22. Quelle énergie encore, quelle vertu pourront puiser les fidèles dans la méditation de ces vérités pour modeler leurs esprits suivant les véritables principes de la vie chrétienne! Si tout pouvoir a été donné au Christ Seigneur dans le ciel et sur la terre; si les hommes, rachetés par son sang très précieux, deviennent à un nouveau titre les sujets de son empire; si enfin cette puissance embrasse la nature humaine tout entière, on doit évidemment conclure qu'aucune de nos facultés ne peut se soustraire à cette souveraineté.

Il faut donc qu'il règne sur nos intelligences : nous devons croire, avec une complète soumission, d'une adhésion ferme et constante, les vérités révélées et les enseignements du Christ. Il faut qu'il règne sur nos volontés: nous devons observer les lois et les commandements de Dieu.

Il faut qu'il règne sur nos cœurs: nous devons sacrifier nos affections naturelles et aimer Dieu par-dessus toutes choses et nous attacher à lui seul. Il faut qu'il règne sur nos corps et sur nos membres : nous devons les faire servir d'instruments ou, pour emprunter le langage de l'Apôtre saint Paul, d'armes de justice offertes à Dieu (41) pour entretenir la sainteté intérieure de nos âmes. Voilà des pensées qui, proposées à la réflexion des fidèles et considérées attentivement, les entraîneront aisément vers la perfection la plus élevée.

Plaise à Dieu, Vénérables Frères, que les hommes qui vivent hors de l'Eglise recherchent et acceptent pour leur salut le joug suave du Christ! Quant à nous tous, qui, par un dessein de la divine miséricorde, habitons sa maison, fasse le ciel que nous portions ce joug non pas à contrecœur, mais ardemment, amoureusement, saintement! Ainsi nous récolterons les heureux fruits d'une vie conforme aux lois du royaume divin. Reconnus par le Christ pour de bons et fidèles serviteurs de son royaume terrestre, nous participerons ensuite, avec lui, à la félicité et à la gloire sans fin de son royaume céleste.

Agréez, Vénérables Frères, à l'approche de la fête de Noël, ce présage et ce vœu comme un témoignage de Notre paternelle affection ; et recevez la Bénédiction apostolique, gage des faveurs divines, que Nous vous accordons de grand cœur, à vous, Vénérables Frères, à votre clergé et à votre peuple.

Donné à Rome, près Saint-Pierre, le 11 décembre de l'Année sainte 1925, la quatrième de Notre Pontificat.

NOTES

1. AAS XVII (1925) 593-610.

2. Pie XI, Lettre encyclique Ubi arcano, 23 décembre 1922, AAS, XIV (1922) 673-700, CH pp. 602-629.

3. S. PAUL, Ephés. III 19.

4. DANIEL, VII 13-14.

5. Nombres XXXIV 19.

6. Ps. II.

7. Ps. XLIV (XLV) 7.

8. Ps. LXXI (LXXII) 7-8.

9. ISAÏE, IX 6-7.

10. JÉRÉMIE, XXIII 5.

11. DANIEL XX 44.

12. DANIEL, VII 13-14.

13. ZACHARIE, IX 9.

14. S. LUC, I 32-33.

15. S. MATTHIEU, XXV 31-40.

16. S. JEAN, XVIII 37.

17. S. MATTHIEU, XXVIII 18.

18. Apocalypse I 5.

19. Apocalypse XIX 16.

20. S. PAUL, Hébr. I 1.

21. S. PAUL, I Cor. XV 25.

22. S. CYRILLE D'ALEXANDRIE, In Lucam X, PG LXXII 666.

23. S. PIERRE, I Epître I 18-19.

24. S. PAUL, I Cor. VI 20.

25. S. PAUL, I Cor. VI 15.

26. Concile de Trente sess. VI c. 21, Denzinger n. 831.

27. Cf. S. JEAN, XIV 15 ; XV 10.

28. S. JEAN, V 22.

29. Non eripit mortalia, qui regna dat coelestia, Office de la fête de l'Epiphanie, hymne Crudelis Herodes.

30. LÉON XIII, Lettre encyclique Annum sacrum, 25 mai 1899 AAS XXXI (1898-1899) 647.

31. Actes IV 12.

32. S. AUGUSTIN, Epist. CLIII ad Macedonium ch. III, PL XXXIII, 656.

33. PIE XI, Lettre encyclique Ubi arcano, 23 décembre 1922, AAS XIV (1922), 683, CH n. 936.

34. S. PAUL, I Cor. VII 25.

35. S. PAUL, Coloss. I 20.

36. S. MATTHIEU, XX 28.

37. S. MATTHIEU, XI 30.

38. LÉON XIII, Lettre encyclique Annum sacrum, 25 mai 1899, AAS XXXI (1898-1899) 647.

39. S. AUGUSTIN, Sermo XLVII de sanctis, PL XXXVIII, 295.

40. PIE XI, Lettre encyclique Ubi arcano, 23 décembre 1922, AAS XIV (1922) 673-700, CH pp. 602-629.

41. S. PAUL, Rom. VI 13.

 SOURCE : http://www.vatican.va/holy_father/pius_xi/encyclicals/documents/hf_p-xi_enc_11121925_quas-primas_fr.html


AUDIENCE GÉNÉRALE DE JEAN-PAUL II

Mercredi 18 septembre 2002

Lecture: Ps 95, 1-2.5-6.8b-10a

Dieu, roi et juge de l'univers

1. "Dites chez les païens: "Yahvé règne!"". Cette exhortation du Psaume 95 (v. 10), qui vient d'être proclamé, nous donne presque le ton sur lequel se déroule tout l'hymne. En effet, il se situe parmi les psaumes qui sont intitulés les "Psaumes du Seigneur roi", qui comprennent les Psaumes 95-98, en plus du 46 et du 92.

Par le passé, nous avons déjà eu l'occasion d'étudier et de commenter le Psaume 92, et nous savons que ces cantiques sont centrés sur la figure grandiose de Dieu, qui dirige l'univers tout entier et qui gouverne l'histoire de l'humanité.

Le Psaume 95 exalte lui aussi le Créateur des êtres, ainsi que le Sauveur des peuples: grâce à Dieu "le monde est stable, point ne bronchera, sur les peuples il prononce avec droiture" (v. 10). Dans l'original hébreu, le verbe traduit par "juger" signifie, en réalité, "gouverner": nous avons ainsi la certitude que nous ne sommes pas abandonnés aux forces obscures du chaos ou du hasard, mais que nous sommes toujours entre les mains d'un Souverain juste et miséricordieux.

2. Le Psaume commence par une invitation festive à louer Dieu, une invitation qui ouvre immédiatement une perspective universelle: "Chantez à Yahvé, toute la terre!" (v. 1). Les fidèles sont invités à "raconter aux païens sa gloire", pour s'adresser ensuite "à tous les peuples" afin de raconter "ses merveilles" (v. 3). Le Psalmiste interpelle même directement les "familles des peuples" (v. 7), pour inviter à glorifier le Seigneur. Enfin, il demande aux fidèles de dire "chez les païens: "Yahvé règne"" (v. 10), et il précise que le Seigneur vient pour "juger la terre" (v. 10), "les peuples" (v. 13). Cette ouverture à la dimension universelle, de la part d'un petit peuple écrasé entre deux grands empires, est significative. Ce peuple sait que son Seigneur est le Dieu de l'univers et que "[sont] néant, tous les dieux des nations" (v. 5).

Le Psaume est substantiellement composé de deux tableaux. La première partie (cf. vv. 1-9) comprend une épiphanie solennelle du Seigneur "dans son sanctuaire" (v. 6), c'est-à-dire dans le temple de Sion. Elle est précédée et suivie par les chants et les rites sacrificiels de l'assemblée des fidèles. Le flux de louanges, face à la majesté divine, s'écoule de façon incessante: "Chantez à Yahvé un chant nouveau... chantez... chantez... bénissez... proclamez son salut... racontez sa gloire... ses merveilles... rapportez à Yahvé gloire et puissance... présentez l'oblation... tremblez devant lui" (vv. 1-3.7-9).

Le geste fondamental face au Seigneur roi, qui manifeste sa gloire dans l'histoire du salut, est donc le chant d'adoration, de louange, de bénédiction. Ces attitudes devraient être présentes également au sein de notre liturgie quotidienne et de notre prière personnelle.

3. Au coeur de ce chant choral, nous trouvons une déclaration contre l'idolâtrie. La prière se révèle ainsi comme une voie pour atteindre la pureté de la foi, selon la célèbre affirmation lex orandi, lex credendi: la norme de la véritable prière est également la norme de la foi, elles est une leçon sur la vérité divine. En effet, celle-ci peut précisément être découverte à travers la communion intime avec Dieu, réalisée dans la prière.

Le Psalmiste proclame: "Grand, Yahvé, et louable hautement, redoutable, lui, par-dessus tous les dieux! Néant, tous les dieux des nations. C'est Yahvé qui fit les cieux" (vv. 4-5). A travers la liturgie et la prière, la foi est purifiée de toute dégénérescence, les idoles auxquelles on sacrifiait facilement quelque chose de soi-même au cours de la vie quotidienne sont abandonnées, on passe de la peur face à la justice transcendante de Dieu à l'expérience vivante de son amour.

4. Mais nous voilà au deuxième tableau, celui qui s'ouvre par la proclamation de la royauté du Seigneur (cf. vv. 10-13). A présent, c'est l'univers qui chante, également à travers ses éléments les plus mystérieux et obscurs, comme la mer, selon l'antique conception biblique: "Joie au ciel! exulte la terre! Que gronde la mer, et sa plénitude! Que jubile la campagne, et tout son fruit, que tous les arbres des forêts crient de joie, à la face de Yahvé, car il vient, car il vient pour juger la terre" (vv. 11-13).

Comme le dira saint Paul, la nature, avec l'homme, est "en attente... d'être elle aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu" (Rm 8, 19.21).

Arrivés à ce point, nous voudrions faire place à une relecture chrétienne de ce Psaume, effectuée par les Pères de l'Eglise, qui y ont vu une préfiguration de l'Incarnation et de la Crucifixion, signe de la royauté paradoxale du Christ.

5. Ainsi, au début du discours prononcé à Constantinople, à Noël de l'an 379 ou 380, saint Grégoire de Nazianze reprend certaines expressions du Psaume 95: "Le Christ naît, glorifiez-le! Le Christ descend du ciel: allez à sa rencontre! Le Christ est sur la terre: levez-vous! "Chantez à Yahvé, toute la terre" (v. 1), et, pour réunir les deux concepts, "Joie au ciel! exulte la terre!" (v. 11) en raison de celui qui est céleste mais qui est ensuite devenu terrestre" (Homélies sur la nativité, Discours 38, 1, Rome 1983, p. 44).

C'est de cette façon que le mystère de la royauté divine se manifeste dans l'Incarnation. Celui qui règne en "devenant terrestre", règne même précisément dans l'humiliation sur la Croix. Il est significatif que beaucoup d'anciens pères aient lu le verset n. 10 de ce Psaume comme un complément christologique suggestif: "Le Seigneur régna sur le bois".

C'est pourquoi, la Lettre de Barnaba enseignait que "le royaume de Jésus se trouve sur le bois" (VIII, 5: Les Pères apostoliques, Rome 1984, p. 198) et le martyr saint Justin, en citant presque intégralement le Psaume dans sa Première Apologie, concluait en invitant tous les peuples à se réjouir car "le Seigneur régna sur le bois" de la Croix (Les apologistes grecs, Rome 1986, p. 121).

C'est sur ce terrain qu'a fleuri l'hymne du poète chrétien Venanzio Fortunato, Vexilla regis, dans lequel est exalté le Christ qui règne du haut de la Croix, trône d'amour et non de domination: Regnavit a ligno Deus. En effet, au cours de son existence terrestre, Jésus avait averti: "Celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l'esclave de tous. Aussi bien, le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude" (Mc 10, 43-45).

***

Je suis heureux de saluer les pèlerins de langue française présents à cette audience. Soyez des hommes et des femmes de louange, rendant grâce au Seigneur pour tous ses dons ! Je vous bénis de grand cœur.


La prière du Pape pour la paix au Moyen-Orient

A l'issue de l'Audience générale, le Saint-Père prononçait les paroles suivantes:

Ces jours derniers, après les rumeurs de guerre qui menaçaient de bouleverser toute la région du Moyen-Orient, nous est parvenue la bonne nouvelle de la possibilité d'une reprise de la collaboration de l'Irak avec la Communauté internationale. Je vous exhorte à poursuivre votre prière, afin que le Seigneur illumine les responsables des nations, qu'il suscite et soutienne les initiatives de bonne volonté et qu'il conduise l'humanité, déjà affligée par tant de maux, vers une coexistence exempte de la guerre et du joug de la violence.

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SOURCE : http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/audiences/2002/documents/hf_jp-ii_aud_20020918.html


Jésus, un roi qui est aussi un ami

Jean-Michel Castaing | 22 novembre 2019

La royauté du Christ ne consiste pas à se soumettre les hommes, mais plutôt à les inviter à vivre en sa compagnie éternelle. Jésus conçoit son règne comme une vie partagée avec ses amis.

Le christianisme n’est pas avare de paradoxes. Il en fait encore la démonstration en cette fin de l’année liturgique où nous célébrons leChrist, Roi de l’univers. En effet, c’est avec les dernières paroles d’un supplicié que l’Église illustre la royauté de ce dernier sur le monde ! Curieux moment pour proclamer le règne du Christ ! Mais au fait, comment se manifeste ce règne ? En domination sur ses sujets ? En coercition ? En revanche sur ses bourreaux ? N’est-ce pas plutôt en amour et en service des autres ? 

Une royauté paradoxale proclamée du haut de la Croix

Le Christ est Roi en tant qu’il a été le serviteur de tous durant son existence terrestre, et qu’il le reste, après sa Résurrection, comme grand prêtre céleste qui nous conduit à Dieu son Père. 

Mais il est une autre caractéristique du règne du Christ qu’il nous faut souligner, et que l’évangile de la solennité du Christ-Roi de cette année met particulièrement en lumière. Il s’agit de l’amitié que les citoyens de ce royaume sont appelés à nouer avec ce roi paradoxal. Car ce n’est pas tous les jours qu’un souverain désire traiter ses sujets en amis ! Telle est pourtant la volonté du Christ. L’amitié recherche la compagnie de l’ami. Aussi Jésus, établi dans son royaume, désire-t-il partager sa vie avec nous ! Ce n’est pas là une spéculation hasardeuse, mais la révélation inouïe de l’évangile de ce dimanche, celui du bon larron. 

Le Paradis comme une amitié partagée

En effet, sur la croix Jésus ne s’est pas borné pas à gracier son compagnon d’infortune, celui que nous appelons le bon larron. Il lui a ouvert dans le même temps les portes du Paradis. Mieux, il lui a révélé en quoi consiste ce séjour bienheureux : être en sa compagnie. Dans le récit de la crucifixion que nous lisons ce dimanche, le bon larron lui demande, tandis qu’ils ne vont pas tarder à mourir tous les trois : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23, 42-43).

« La vie bienheureuse équivaut à être en relation les uns avec les autres. »

Ainsi, le Paradis n’est pas d’abord un lieu fabuleux, quelque peu mythique, mais une réalité interpersonnelle ! La vie bienheureuse équivaut à être en relation les uns avec les autres. L’Église du Ciel, la Jérusalem céleste, au lieu d’être un jardin comme le paradis primitif, est une ville, c’est-à-dire un rassemblement. Et au milieu de cette cité éternelle, de la Jérusalem d’en-haut, l’Agneau (c’est-à-dire Jésus) est présent comme une lumière « qui lui tient lieu de flambeau », ainsi que le révèle l’Apocalypse (Ap 21, 23). La lumière de l’amour et de l’amitié. 

 Lire aussi : On ira tous au Paradis ? Ce qu’en disent les grands saints

« Avec moi tu seras en Paradis » : désormais, les élus trouvent leur joie éternelle à contempler la gloire divine qui brille sur le visage du Christ, cette face en laquelle l’Amour transparaît. Le psalmiste demandait déjà : « C’est ta face, Seigneur, que je cherche » (Ps 26, 9). Le Paradis, tel que nous le révèle Jésus, exaucera sa prière. Les témoignages des saints de tous les temps sont particulièrement éloquents sur ce sujet. Eux aussi se sont entendus dire : « Aujourd’hui tu seras avec moi au Paradis. » Les vies des saints témoignent que le Christ partage sa royauté avec ceux qui ont mené le bon combat de l’amour et du service de leurs frères.

N’attendons pas l’heure de notre mort pour entrer en Paradis !

Cependant la plupart des saints venus après le bon larron n’ont pas attendu l’heure de leur mort pour recueillir cette promesse de la part de Jésus. C’est « aujourd’hui » qu’ils ont entendu cette parole, dans l’aujourd’hui des temps ordinaires. Dès lors, la compagnie de Celui qui la prononça sur la Croix ne les a plus quittés. Son visage, la méditation et la contemplation de sa Passion ont occupé chaque jour leurs esprits et leurs cœurs. Le Paradis, l’amitié de Jésus, ne souffrent plus de délais ! 

SOURCE : https://fr.aleteia.org/2019/11/22/jesus-un-roi-qui-est-aussi-un-ami/?utm_campaign=NL_fr&utm_source=daily_newsletter&utm_medium=mail&utm_content=NL_fr


The Feast of Christ the King

Pope Pius XI universally instituted The Feast of Christ the King in 1925 in his encyclical Quas Primas. Pope Pius XI connected the denial of Christ as king to the rise of secularism. At the time of Quas Primas, secularism was on the rise, and many Christians, even Catholics, were doubting Christ’s authority, as well as the Church’s, and even doubting Christ’s existence.

Pope Pius XI, and the rest of the Christian world, witnessed the rise of dictatorships in Europe, and saw Catholics being taken in by these earthly leaders. Just as the Feast of Corpus Christi was instituted when devotion to the Eucharist was at a low point, the Feast of Christ the King was instituted during a time when respect for Christ and the Church was waning, when the feast was most needed. In fact, it is still needed today, as these problems have not vanished, but instead have worsened.

Pius hoped the institution of the feast would have various effects.

1.) That nations would see that the Church has the right to freedom, and immunity from the state (Quas Primas, 32).

2.) That leaders and nations would see that they are bound to give respect to Christ (Quas Primas, 31).

3). That the faithful would gain strength and courage from the celebration of the feast, as we are reminded that Christ must reign in our hearts, minds, wills, and bodies (Quas Primas, 33).

Today, the same distrust of authority exists, although the problem has gotten worse. Individualism has been embraced to such an extreme, that for many, the only authority is the individual self. The idea of Christ as ruler is rejected in such a strongly individualistic system. Also, many balk at the idea of kings and queens, believing them to be oppressive. Some even reject the titles of “lord” and “king” for Christ because they believe that such titles are borrowed from oppressive systems of government. However true these statements might be (some kings have been oppressive), these individuals miss the point: Christ’s kingship is one of humility and service.

Jesus said:

“You know that those who are recognized as rulers over the Gentiles lord it over them, and their great ones make their authority over them felt. But it shall not be so among you. Rather, whoever wishes to become great among you will be your servant; whoever wishes to be first among you will be the slave of all. For the Son of Man did not come to be served, but to serve, and to give his life as a ransom for many.” (Mark 10:42-45, NAB).and Pilate said to Jesus, “Are you the King of the Jews?”… Jesus answered, “My kingdom does not belong to this world. If my kingdom did belong to this world, my attendants would be fighting to keep me from being handed over to the Jews. But as it is, my kingdom is not here.” So Pilate said to him, “Then you are a king?” Jesus answered, “You say I am a king. For this I was born and for this I came into the world,to testify to the truth (John 18:33b, 36-37).

Thus, Jesus knew the oppressive nature of secular kings, and in contrast to them, he connected his role as king to humble service, and commanded his followers to be servants as well. In other passages of Scripture, his kingdom is tied to his suffering and death. While Christ is coming to judge the nations, his teachings spell out a kingdom of justice and judgment balanced with radical love, mercy, peace, and forgiveness. When we celebrate Christ as King, we are not celebrating an oppressive ruler, but one willing to die for humanity and whose “loving-kindness endures forever.” Christ is the king that gives us true freedom, freedom in Him. Thus we must never forget that Christ radically redefined and transformed the concept of kingship.

Christ the King Sunday used to be celebrated on the last Sunday of October, but since the calendar reforms of 1969, the feast falls on the last Sunday of Ordinary Time, which is the Sunday before Advent. It is fitting that the feast celebrating Christ’s kingship is observed right before Advent, when we liturgically wait for the promised Messiah (King).

SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/christ-the-king/

Syrie - Maaloula : le couvent de Mar Sarkis ( Saint-Serge). 
Une icône présentant Jésus Christ en majesté, Roi des rois. 
Oeuvre de Michel de Crête (18e et 19e siècles)


Quas Primas

Encyclical on the Feast of Christ the King

His Holiness Pope Pius XI

December 11, 1925

To Our Venerable Brethren the Patriarchs, Primates, Archbishops, Bishops, and other Ordinaries in Peace and Communion with the Apostolic See.

Venerable Brethren, Greeting and the Apostolic Benediction.

IN THE FIRST ENCYCLICAL LETTER which We addressed at the beginning of Our Pontificate to the Bishops of the universal Church, We referred to the chief causes of the difficulties under which mankind was laboring. And We remember saying that these manifold evils in the world were due to the fact that the majority of men had thrust Jesus Christ and his holy law out of their lives; that these had no place either in private affairs or in politics: and we said further, that as long as individuals and states refused to submit to the rule of our Savior, there would be no really hopeful prospect of a lasting peace among nations. Men must look for the peace of Christ in the Kingdom of Christ; and that We promised to do as far as lay in Our power. In the Kingdom of Christ, that is, it seemed to Us that peace could not be more effectually restored nor fixed upon a firmer basis than through the restoration of the Empire of Our Lord. We were led in the meantime to indulge the hope of a brighter future at the sight of a more widespread and keener interest evinced in Christ and his Church, the one Source of Salvation, a sign that men who had formerly spurned the rule of our Redeemer and had exiled themselves from his kingdom were preparing, and even hastening, to return to the duty of obedience.

2. The many notable and memorable events which have occurred during this Holy Year have given great honor and glory to Our Lord and King, the Founder of the Church.

3. At the Missionary Exhibition men have been deeply impressed in seeing the increasing zeal of the Church for the spread of the kingdom of her Spouse to the most far distant regions of the earth. They have seen how many countries have been won to the Catholic name through the unremitting labor and self-sacrifice of missionaries, and the vastness of the regions which have yet to be subjected to the sweet and saving yoke of our King. All those who in the course of the Holy Year have thronged to this city under the leadership of their Bishops or priests had but one aim--namely, to expiate their sins--and at the tombs of the Apostles and in Our Presence to promise loyalty to the rule of Christ.

4. A still further light of glory was shed upon his kingdom, when after due proof of their heroic virtue, We raised to the honors of the altar six confessors and virgins. It was a great joy, a great consolation, that filled Our heart when in the majestic basilica of St. Peter Our decree was acclaimed by an immense multitude with the hymn of thanksgiving, Tu Rex gloriae Christe. We saw men and nations cut off from God, stirring up strife and discord and hurrying along the road to ruin and death, while the Church of God carries on her work of providing food for the spiritual life of men, nurturing and fostering generation after generation of men and women dedicated to Christ, faithful and subject to him in his earthly kingdom, called by him to eternal bliss in the kingdom of heaven.

5. Moreover, since this jubilee Year marks the sixteenth centenary of the Council of Nicaea, We commanded that event to be celebrated, and We have done so in the Vatican basilica. There is a special reason for this in that the Nicene Synod defined and proposed for Catholic belief the dogma of the Consubstantiality of the Only-begotten with the Father, and added to the Creed the words "of whose kingdom there shall be no end," thereby affirming the kingly dignity of Christ.

6. Since this Holy Year therefore has provided more than one opportunity to enhance the glory of the kingdom of Christ, we deem it in keeping with our Apostolic office to accede to the desire of many of the Cardinals, Bishops, and faithful, made known to Us both individually and collectively, by closing this Holy Year with the insertion into the Sacred Liturgy of a special feast of the Kingship of Our Lord Jesus Christ. This matter is so dear to Our heart, Venerable Brethren, that I would wish to address to you a few words concerning it. It will be for you later to explain in a manner suited to the understanding of the faithful what We are about to say concerning the Kingship of Christ, so that the annual feast which We shall decree may be attended with much fruit and produce beneficial results in the future.

7. It has long been a common custom to give to Christ the metaphorical title of "King," because of the high degree of perfection whereby he excels all creatures. So he is said to reign "in the hearts of men," both by reason of the keenness of his intellect and the extent of his knowledge, and also because he is very truth, and it is from him that truth must be obediently received by all mankind. He reigns, too, in the wills of men, for in him the human will was perfectly and entirely obedient to the Holy Will of God, and further by his grace and inspiration he so subjects our free-will as to incite us to the most noble endeavors. He is King of hearts, too, by reason of his "charity which exceedeth all knowledge." And his mercy and kindness[1] which draw all men to him, for never has it been known, nor will it ever be, that man be loved so much and so universally as Jesus Christ. But if we ponder this matter more deeply, we cannot but see that the title and the power of King belongs to Christ as man in the strict and proper sense too. For it is only as man that he may be said to have received from the Father "power and glory and a kingdom,"[2] since the Word of God, as consubstantial with the Father, has all things in common with him, and therefore has necessarily supreme and absolute dominion over all things created.

8. Do we not read throughout the Scriptures that Christ is the King? He it is that shall come out of Jacob to rule,[3] who has been set by the Father as king over Sion, his holy mount, and shall have the Gentiles for his inheritance, and the utmost parts of the earth for his possession.[4] In the nuptial hymn, where the future King of Israel is hailed as a most rich and powerful monarch, we read: "Thy throne, O God, is for ever and ever; the scepter of thy kingdom is a scepter of righteousness."[5] There are many similar passages, but there is one in which Christ is even more clearly indicated. Here it is foretold that his kingdom will have no limits, and will be enriched with justice and peace: "in his days shall justice spring up, and abundance of peace...And he shall rule from sea to sea, and from the river unto the ends of the earth."[6]

9. The testimony of the Prophets is even more abundant. That of Isaias is well known: "For a child is born to us and a son is given to us, and the government is upon his shoulder, and his name shall be called Wonderful, Counselor, God the mighty, the Father of the world to come, the Prince of Peace. His empire shall be multiplied, and there shall be no end of peace. He shall sit upon the throne of David and upon his kingdom; to establish it and strengthen it with judgment and with justice, from henceforth and for ever."[7] With Isaias the other Prophets are in agreement. So Jeremias foretells the "just seed" that shall rest from the house of David--the Son of David that shall reign as king, "and shall be wise, and shall execute judgment and justice in the earth."[8] So, too, Daniel, who announces the kingdom that the God of heaven shall found, "that shall never be destroyed, and shall stand for ever."[9] And again he says: "I beheld, therefore, in the vision of the night, and, lo! one like the son of man came with the clouds of heaven. And he came even to the Ancient of days: and they presented him before him. And he gave him power and glory and a kingdom: and all peoples, tribes, and tongues shall serve him. His power is an everlasting power that shall not be taken away, and his kingdom shall not be destroyed."[10] The prophecy of Zachary concerning the merciful King "riding upon an ass and upon a colt the foal of an ass" entering Jerusalem as "the just and savior," amid the acclamations of the multitude,[11] was recognized as fulfilled by the holy evangelists themselves.

10. This same doctrine of the Kingship of Christ which we have found in the Old Testament is even more clearly taught and confirmed in the New. The Archangel, announcing to the Virgin that she should bear a Son, says that "the Lord God shall give unto him the throne of David his father, and he shall reign in the house of Jacob for ever; and of his kingdom there shall be no end."[12]

11. Moreover, Christ himself speaks of his own kingly authority: in his last discourse, speaking of the rewards and punishments that will be the eternal lot of the just and the damned; in his reply to the Roman magistrate, who asked him publicly whether he were a king or not; after his resurrection, when giving to his Apostles the mission of teaching and baptizing all nations, he took the opportunity to call himself king,[13] confirming the title publicly,[14] and solemnly proclaimed that all power was given him in heaven and on earth.[15] These words can only be taken to indicate the greatness of his power, the infinite extent of his kingdom. What wonder, then, that he whom St. John calls the "prince of the kings of the earth"[16] appears in the Apostle's vision of the future as he who "hath on his garment and on his thigh written 'King of kings and Lord of lords!'."[17] It is Christ whom the Father "hath appointed heir of all things";[18] "for he must reign until at the end of the world he hath put all his enemies under the feet of God and the Father."[19]

12. It was surely right, then, in view of the common teaching of the sacred books, that the Catholic Church, which is the kingdom of Christ on earth, destined to be spread among all men and all nations, should with every token of veneration salute her Author and Founder in her annual liturgy as King and Lord, and as King of Kings. And, in fact, she used these titles, giving expression with wonderful variety of language to one and the same concept, both in ancient psalmody and in the Sacramentaries. She uses them daily now in the prayers publicly offered to God, and in offering the Immaculate Victim. The perfect harmony of the Eastern liturgies with our own in this continual praise of Christ the King shows once more the truth of the axiom: Legem credendi lex statuit supplicandi. The rule of faith is indicated by the law of our worship.

13. The foundation of this power and dignity of Our Lord is rightly indicated by Cyril of Alexandria. "Christ," he says, "has dominion over all creatures, a dominion not seized by violence nor usurped, but his by essence and by nature."[20] His kingship is founded upon the ineffable hypostatic union. From this it follows not only that Christ is to be adored by angels and men, but that to him as man angels and men are subject, and must recognize his empire; by reason of the hypostatic union Christ has power over all creatures. But a thought that must give us even greater joy and consolation is this that Christ is our King by acquired, as well as by natural right, for he is our Redeemer. Would that they who forget what they have cost their Savior might recall the words: "You were not redeemed with corruptible things, but with the precious blood of Christ, as of a lamb unspotted and undefiled."[21] We are no longer our own property, for Christ has purchased us "with a great price";[22] our very bodies are the "members of Christ."[23]

14. Let Us explain briefly the nature and meaning of this lordship of Christ. It consists, We need scarcely say, in a threefold power which is essential to lordship. This is sufficiently clear from the scriptural testimony already adduced concerning the universal dominion of our Redeemer, and moreover it is a dogma of faith that Jesus Christ was given to man, not only as our Redeemer, but also as a law-giver, to whom obedience is due.[24] Not only do the gospels tell us that he made laws, but they present him to us in the act of making them. Those who keep them show their love for their Divine Master, and he promises that they shall remain in his love.[25] He claimed judicial power as received from his Father, when the Jews accused him of breaking the Sabbath by the miraculous cure of a sick man. "For neither doth the Father judge any man; but hath given all judgment to the Son."[26] In this power is included the right of rewarding and punishing all men living, for this right is inseparable from that of judging. Executive power, too, belongs to Christ, for all must obey his commands; none may escape them, nor the sanctions he has imposed.

15. This kingdom is spiritual and is concerned with spiritual things. That this is so the above quotations from Scripture amply prove, and Christ by his own action confirms it. On many occasions, when the Jews and even the Apostles wrongly supposed that the Messiah would restore the liberties and the kingdom of Israel, he repelled and denied such a suggestion. When the populace thronged around him in admiration and would have acclaimed him King, he shrank from the honor and sought safety in flight. Before the Roman magistrate he declared that his kingdom was not of this world. The gospels present this kingdom as one which men prepare to enter by penance, and cannot actually enter except by faith and by baptism, which, though an external rite, signifies and produces an interior regeneration. This kingdom is opposed to none other than to that of Satan and to the power of darkness. It demands of its subjects a spirit of detachment from riches and earthly things, and a spirit of gentleness. They must hunger and thirst after justice, and more than this, they must deny themselves and carry the cross.

16. Christ as our Redeemer purchased the Church at the price of his own blood; as priest he offered himself, and continues to offer himself as a victim for our sins. Is it not evident, then, that his kingly dignity partakes in a manner of both these offices?

17. It would be a grave error, on the other hand, to say that Christ has no authority whatever in civil affairs, since, by virtue of the absolute empire over all creatures committed to him by the Father, all things are in his power. Nevertheless, during his life on earth he refrained from the exercise of such authority, and although he himself disdained to possess or to care for earthly goods, he did not, nor does he today, interfere with those who possess them. Non eripit mortalia qui regna dat caelestia.[27]

18. Thus the empire of our Redeemer embraces all men. To use the words of Our immortal predecessor, Pope Leo XIII: "His empire includes not only Catholic nations, not only baptized persons who, though of right belonging to the Church, have been led astray by error, or have been cut off from her by schism, but also all those who are outside the Christian faith; so that truly the whole of mankind is subject to the power of Jesus Christ."[28] Nor is there any difference in this matter between the individual and the family or the State; for all men, whether collectively or individually, are under the dominion of Christ. In him is the salvation of the individual, in him is the salvation of society. "Neither is there salvation in any other, for there is no other name under heaven given to men whereby we must be saved."[29] He is the author of happiness and true prosperity for every man and for every nation. "For a nation is happy when its citizens are happy. What else is a nation but a number of men living in concord?"[30] If, therefore, the rulers of nations wish to preserve their authority, to promote and increase the prosperity of their countries, they will not neglect the public duty of reverence and obedience to the rule of Christ. What We said at the beginning of Our Pontificate concerning the decline of public authority, and the lack of respect for the same, is equally true at the present day. "With God and Jesus Christ," we said, "excluded from political life, with authority derived not from God but from man, the very basis of that authority has been taken away, because the chief reason of the distinction between ruler and subject has been eliminated. The result is that human society is tottering to its fall, because it has no longer a secure and solid foundation."[31]

19. When once men recognize, both in private and in public life, that Christ is King, society will at last receive the great blessings of real liberty, well-ordered discipline, peace and harmony. Our Lord's regal office invests the human authority of princes and rulers with a religious significance; it ennobles the citizen's duty of obedience. It is for this reason that St. Paul, while bidding wives revere Christ in their husbands, and slaves respect Christ in their masters, warns them to give obedience to them not as men, but as the vicegerents of Christ; for it is not meet that men redeemed by Christ should serve their fellow-men. "You are bought with a price; be not made the bond-slaves of men."[32] If princes and magistrates duly elected are filled with the persuasion that they rule, not by their own right, but by the mandate and in the place of the Divine King, they will exercise their authority piously and wisely, and they will make laws and administer them, having in view the common good and also the human dignity of their subjects. The result will be a stable peace and tranquillity, for there will be no longer any cause of discontent. Men will see in their king or in their rulers men like themselves, perhaps unworthy or open to criticism, but they will not on that account refuse obedience if they see reflected in them the authority of Christ God and Man. Peace and harmony, too, will result; for with the spread and the universal extent of the kingdom of Christ men will become more and more conscious of the link that binds them together, and thus many conflicts will be either prevented entirely or at least their bitterness will be diminished.

20. If the kingdom of Christ, then, receives, as it should, all nations under its way, there seems no reason why we should despair of seeing that peace which the King of Peace came to bring on earth--he who came to reconcile all things, who came not to be ministered unto but to minister, who, though Lord of all, gave himself to us as a model of humility, and with his principal law united the precept of charity; who said also: "My yoke is sweet and my burden light." Oh, what happiness would be Ours if all men, individuals, families, and nations, would but let themselves be governed by Christ! "Then at length," to use the words addressed by our predecessor, Pope Leo XIII, twenty-five years ago to the bishops of the Universal Church, "then at length will many evils be cured; then will the law regain its former authority; peace with all its blessings be restored. Men will sheathe their swords and lay down their arms when all freely acknowledge and obey the authority of Christ, and every tongue confesses that the Lord Jesus Christ is in the glory of God the Father."[33]

21. That these blessings may be abundant and lasting in Christian society, it is necessary that the kingship of our Savior should be as widely as possible recognized and understood, and to the end nothing would serve better than the institution of a special feast in honor of the Kingship of Christ. For people are instructed in the truths of faith, and brought to appreciate the inner joys of religion far more effectually by the annual celebration of our sacred mysteries than by any official pronouncement of the teaching of the Church. Such pronouncements usually reach only a few and the more learned among the faithful; feasts reach them all; the former speak but once, the latter speak every year--in fact, forever. The Church's teaching affects the mind primarily; her feasts affect both mind and heart, and have a salutary effect upon the whole of man's nature. Man is composed of body and soul, and he needs these external festivities so that the sacred rites, in all their beauty and variety, may stimulate him to drink more deeply of the fountain of God's teaching, that he may make it a part of himself, and use it with profit for his spiritual life.

22. History, in fact, tells us that in the course of ages these festivals have been instituted one after another according as the needs or the advantage of the people of Christ seemed to demand: as when they needed strength to face a common danger, when they were attacked by insidious heresies, when they needed to be urged to the pious consideration of some mystery of faith or of some divine blessing. Thus in the earliest days of the Christian era, when the people of Christ were suffering cruel persecution, the cult of the martyrs was begun in order, says St. Augustine, "that the feasts of the martyrs might incite men to martyrdom."[34] The liturgical honors paid to confessors, virgins and widows produced wonderful results in an increased zest for virtue, necessary even in times of peace. But more fruitful still were the feasts instituted in honor of the Blessed Virgin. As a result of these men grew not only in their devotion to the Mother of God as an ever-present advocate, but also in their love of her as a mother bequeathed to them by their Redeemer. Not least among the blessings which have resulted from the public and legitimate honor paid to the Blessed Virgin and the saints is the perfect and perpetual immunity of the Church from error and heresy. We may well admire in this the admirable wisdom of the Providence of God, who, ever bringing good out of evil, has from time to time suffered the faith and piety of men to grow weak, and allowed Catholic truth to be attacked by false doctrines, but always with the result that truth has afterwards shone out with greater splendor, and that men's faith, aroused from its lethargy, has shown itself more vigorous than before.

23. The festivals that have been introduced into the liturgy in more recent years have had a similar origin, and have been attended with similar results. When reverence and devotion to the Blessed Sacrament had grown cold, the feast of Corpus Christi was instituted, so that by means of solemn processions and prayer of eight days' duration, men might be brought once more to render public homage to Christ. So, too, the feast of the Sacred Heart of Jesus was instituted at a time when men were oppressed by the sad and gloomy severity of Jansenism, which had made their hearts grow cold, and shut them out from the love of God and the hope of salvation.

24. If We ordain that the whole Catholic world shall revere Christ as King, We shall minister to the need of the present day, and at the same time provide an excellent remedy for the plague which now infects society. We refer to the plague of anti-clericalism, its errors and impious activities. This evil spirit, as you are well aware, Venerable Brethren, has not come into being in one day; it has long lurked beneath the surface. The empire of Christ over all nations was rejected. The right which the Church has from Christ himself, to teach mankind, to make laws, to govern peoples in all that pertains to their eternal salvation, that right was denied. Then gradually the religion of Christ came to be likened to false religions and to be placed ignominiously on the same level with them. It was then put under the power of the state and tolerated more or less at the whim of princes and rulers. Some men went even further, and wished to set up in the place of God's religion a natural religion consisting in some instinctive affection of the heart. There were even some nations who thought they could dispense with God, and that their religion should consist in impiety and the neglect of God. The rebellion of individuals and states against the authority of Christ has produced deplorable consequences. We lamented these in the Encyclical Ubi arcano; we lament them today: the seeds of discord sown far and wide; those bitter enmities and rivalries between nations, which still hinder so much the cause of peace; that insatiable greed which is so often hidden under a pretense of public spirit and patriotism, and gives rise to so many private quarrels; a blind and immoderate selfishness, making men seek nothing but their own comfort and advantage, and measure everything by these; no peace in the home, because men have forgotten or neglect their duty; the unity and stability of the family undermined; society in a word, shaken to its foundations and on the way to ruin. We firmly hope, however, that the feast of the Kingship of Christ, which in future will be yearly observed, may hasten the return of society to our loving Savior. It would be the duty of Catholics to do all they can to bring about this happy result. Many of these, however, have neither the station in society nor the authority which should belong to those who bear the torch of truth. This state of things may perhaps be attributed to a certain slowness and timidity in good people, who are reluctant to engage in conflict or oppose but a weak resistance; thus the enemies of the Church become bolder in their attacks. But if the faithful were generally to understand that it behooves them ever to fight courageously under the banner of Christ their King, then, fired with apostolic zeal, they would strive to win over to their Lord those hearts that are bitter and estranged from him, and would valiantly defend his rights.

25. Moreover, the annual and universal celebration of the feast of the Kingship of Christ will draw attention to the evils which anticlericalism has brought upon society in drawing men away from Christ, and will also do much to remedy them. While nations insult the beloved name of our Redeemer by suppressing all mention of it in their conferences and parliaments, we must all the more loudly proclaim his kingly dignity and power, all the more universally affirm his rights.

26. The way has been happily and providentially prepared for the celebration of this feast ever since the end of the last century. It is well known that this cult has been the subject of learned disquisitions in many books published in every part of the world, written in many different languages. The kingship and empire of Christ have been recognized in the pious custom, practiced by many families, of dedicating themselves to the Sacred Heart of Jesus; not only families have performed this act of dedication, but nations, too, and kingdoms. In fact, the whole of the human race was at the instance of Pope Leo XIII, in the Holy Year 1900, consecrated to the Divine Heart. It should be remarked also that much has been done for the recognition of Christ's authority over society by the frequent Eucharistic Congresses which are held in our age. These give an opportunity to the people of each diocese, district or nation, and to the whole world of coming together to venerate and adore Christ the King hidden under the Sacramental species. Thus by sermons preached at meetings and in churches, by public adoration of the Blessed Sacrament exposed and by solemn processions, men unite in paying homage to Christ, whom God has given them for their King. It is by a divine inspiration that the people of Christ bring forth Jesus from his silent hiding-place in the church, and carry him in triumph through the streets of the city, so that he whom men refused to receive when he came unto his own, may now receive in full his kingly rights.

27. For the fulfillment of the plan of which We have spoken, the Holy Year, which is now speeding to its close, offers the best possible opportunity. For during this year the God of mercy has raised the minds and hearts of the faithful to the consideration of heavenly blessings which are above all understanding, has either restored them once more to his grace, or inciting them anew to strive for higher gifts, has set their feet more firmly in the path of righteousness. Whether, therefore, We consider the many prayers that have been addressed to Us, or look to the events of the Jubilee Year, just past, We have every reason to think that the desired moment has at length arrived for enjoining that Christ be venerated by a special feast as King of all mankind. In this year, as We said at the beginning of this Letter, the Divine King, truly wonderful in all his works, has been gloriously magnified, for another company of his soldiers has been added to the list of saints. In this year men have looked upon strange things and strange labors, from which they have understood and admired the victories won by missionaries in the work of spreading his kingdom. In this year, by solemnly celebrating the centenary of the Council of Nicaea. We have commemorated the definition of the divinity of the word Incarnate, the foundation of Christ's empire over all men.

28. Therefore by Our Apostolic Authority We institute the Feast of the Kingship of Our Lord Jesus Christ to be observed yearly throughout the whole world on the last Sunday of the month of October--the Sunday, that is, which immediately precedes the Feast of All Saints. We further ordain that the dedication of mankind to the Sacred Heart of Jesus, which Our predecessor of saintly memory, Pope Pius X, commanded to be renewed yearly, be made annually on that day. This year, however, We desire that it be observed on the thirty-first day of the month on which day We Ourselves shall celebrate pontifically in honor of the kingship of Christ, and shall command that the same dedication be performed in Our presence. It seems to Us that We cannot in a more fitting manner close this Holy Year, nor better signify Our gratitude and that of the whole of the Catholic world to Christ the immortal King of ages, for the blessings showered upon Us, upon the Church, and upon the Catholic world during this holy period.

29. It is not necessary, Venerable Brethren, that We should explain to you at any length why We have decreed that this feast of the Kingship of Christ should be observed in addition to those other feasts in which his kingly dignity is already signified and celebrated. It will suffice to remark that although in all the feasts of our Lord the material object of worship is Christ, nevertheless their formal object is something quite distinct from his royal title and dignity. We have commanded its observance on a Sunday in order that not only the clergy may perform their duty by saying Mass and reciting the Office, but that the laity too, free from their daily tasks, may in a spirit of holy joy give ample testimony of their obedience and subjection to Christ. The last Sunday of October seemed the most convenient of all for this purpose, because it is at the end of the liturgical year, and thus the feast of the Kingship of Christ sets the crowning glory upon the mysteries of the life of Christ already commemorated during the year, and, before celebrating the triumph of all the Saints, we proclaim and extol the glory of him who triumphs in all the Saints and in all the Elect. Make it your duty and your task, Venerable Brethren, to see that sermons are preached to the people in every parish to teach them the meaning and the importance of this feast, that they may so order their lives as to be worthy of faithful and obedient subjects of the Divine King.

30. We would now, Venerable Brethren, in closing this letter, briefly enumerate the blessings which We hope and pray may accrue to the Church, to society, and to each one of the faithful, as a result of the public veneration of the Kingship of Christ.

31. When we pay honor to the princely dignity of Christ, men will doubtless be reminded that the Church, founded by Christ as a perfect society, has a natural and inalienable right to perfect freedom and immunity from the power of the state; and that in fulfilling the task committed to her by God of teaching, ruling, and guiding to eternal bliss those who belong to the kingdom of Christ, she cannot be subject to any external power. The State is bound to extend similar freedom to the orders and communities of religious of either sex, who give most valuable help to the Bishops of the Church by laboring for the extension and the establishment of the kingdom of Christ. By their sacred vows they fight against the threefold concupiscence of the world; by making profession of a more perfect life they render the holiness which her divine Founder willed should be a mark and characteristic of his Church more striking and more conspicuous in the eyes of all.

32. Nations will be reminded by the annual celebration of this feast that not only private individuals but also rulers and princes are bound to give public honor and obedience to Christ. It will call to their minds the thought of the last judgment, wherein Christ, who has been cast out of public life, despised, neglected and ignored, will most severely avenge these insults; for his kingly dignity demands that the State should take account of the commandments of God and of Christian principles, both in making laws and in administering justice, and also in providing for the young a sound moral education.

33. The faithful, moreover, by meditating upon these truths, will gain much strength and courage, enabling them to form their lives after the true Christian ideal. If to Christ our Lord is given all power in heaven and on earth; if all men, purchased by his precious blood, are by a new right subjected to his dominion; if this power embraces all men, it must be clear that not one of our faculties is exempt from his empire. He must reign in our minds, which should assent with perfect submission and firm belief to revealed truths and to the doctrines of Christ. He must reign in our wills, which should obey the laws and precepts of God. He must reign in our hearts, which should spurn natural desires and love God above all things, and cleave to him alone. He must reign in our bodies and in our members, which should serve as instruments for the interior sanctification of our souls, or to use the words of the Apostle Paul, as instruments of justice unto God.[35] If all these truths are presented to the faithful for their consideration, they will prove a powerful incentive to perfection. It is Our fervent desire, Venerable Brethren, that those who are without the fold may seek after and accept the sweet yoke of Christ, and that we, who by the mercy of God are of the household of the faith, may bear that yoke, not as a burden but with joy, with love, with devotion; that having lived our lives in accordance with the laws of God's kingdom, we may receive full measure of good fruit, and counted by Christ good and faithful servants, we may be rendered partakers of eternal bliss and glory with him in his heavenly kingdom.

34. Let this letter, Venerable Brethren, be a token to you of Our fatherly love as the Feast of the Nativity of Our Lord Jesus Christ draws near; and receive the Apostolic Benediction as a pledge of divine blessings, which with loving heart, We impart to you, Venerable Brethren, to your clergy, and to your people.

Given at St. Peter's Rome, on the eleventh day of the month of December, in the Holy Year 1925, the fourth of Our Pontificate.

REFERENCES

1. Eph. iii, 9. 

2. Dan. vii, 13-14. 

3. Num. xxiv, 19. 

4. Ps. ii. 

5. Ps. xliv. 

6. Ps. Ixxi. 

7. Isa. ix, 6-7. 

8. Jer. xxiii, 5. 

9. Dan. ii, 44. 

10. Dan. vii, 13-14. 

11. Zach. ix, 9. 

12. Luc. i, 32-33. 

13. Matt. xxv, 31-40. 

14. Joan. xviii, 37. 

15. Matt. xxviii, 18. 

16. Apoc. 1, 5. 

17. Apoc. xix, 16. 

18. Heb. 1, 2. 

19. Cf. 1 Cor. xv, 25. 

20. In huc. x. 

21. I Pet. i, 18-19. 

22. 1 Cor. vi, 20. 

23. I Cor. vi, 15. 

24. Conc. Trid. Sess. Vl, can. 21. 

25. Joan. xiv, 15; xv, 10. 

26. Joan. v, 22. 

27. Hymn for the Epiphany. 

28. Enc. Annum Sacrum, May 25, 1899. 

29. Acts iv, 12. 

30. S. Aug. Ep. ad Macedonium, c. iii. 

31. Enc. Ubi Arcano. 

32. I Cor.vii,23. 

33. Enc. Annum Sanctum, May 25, 1899. 

34. Sermo 47 de Sanctis. 

35. Rom. vi, 13.

Transcribed by Paul Halsall

SOURCE : http://www.newadvent.org/library/docs_pi11qp.htm

Christ pantocrator milieu du XIIe siècle CefalùSicile


Nostro Signore Gesù Cristo Re dell'universo

25 novembre (celebrazione mobile)

Martrologio Romano : Solennità di nostro Signore Gesù cristo, Re dell’universo : a Lui solo il potere, la gloria e la maestà negli infiniti secoli dei secoli.

Per rispondere al dilagante laicismo degli Stati occidentali, iniziato con il pensiero illuminista e messo in pratica con la Rivoluzione francese, Pio XI istituì la festa di Cristo Re con l’enciclica Quas Primas dell’11 dicembre 1925. Tale scelta si poneva come perno dottrinale fra la beatificazione dei «Martiri di settembre» (17 ottobre 1926) e la formale condanna dell’Action française, con l’allocuzione concistoriale del 20 dicembre 1926, dove il Pontefice (ponendosi in linea con il Ralliement di Leone XIII) non cedeva alle pressioni del pensiero controrivoluzionario, ma a quelle di chi pensava che era bene tenere buoni rapporti con la Repubblica francese, Repubblica che continuò, nonostante la mano tesa dalla Santa Sede, a perseguitare clero, episcopati e Chiesa intera.

Ma chi erano i «Martiri di settembre»? Dal 2 al 5 settembre 1792 vennero massacrati oltre mille detenuti delle carceri parigine. In un tribunale allestito all’interno del convento dei Carmelitani scalzi furono giudicati e condannati molti consacrati a Cristo che si erano rifiutati di prestare giuramento alla Costituzione civile del clero. Perirono in odium fidei o furono ostaggi politici, giustiziati come traditori della nazione? Una lunga e difficile indagine venne svolta dalla Congregazione dei Riti e il 17 ottobre 1926, riconosciuto il martirio, Pio XI beatificò 191 persone, per lo più religiosi e sacerdoti, compresi tre vescovi, che diedero la vita per la loro pubblica appartenenza a Cristo.

La Quas Primas proclama la festa della «realtà sociale permanente e universale di Gesù Cristo» contro lo Stato ateo e secolarizzato, «peste del nostro tempo». La preoccupazione del Papa era quella di chiarire che i mali del mondo venivano dall’aver allontanato sempre più Cristo «e la sua santa legge» dalla pratica della loro vita, dalla famiglia e dalla società, «ma altresì che mai poteva esservi speranza di pace duratura fra i popoli, finché gli individui e le nazioni avessero negato e da loro rigettato l’impero di Cristo Salvatore». Necessaria ed indispensabile per il magistero della Chiesa era pertanto la Restaurazione del Regno di Nostro Signore e la proclamazione di Cristo quale Re dell’Universo. Di grande attualità risulta l’analisi di Papa Ratti di un mondo moderno che decise e decide volontariamente di fare a meno di Dio:

«Ora, se comandiamo che Cristo Re venga venerato da tutti i cattolici del mondo, con ciò Noi provvederemo alle necessità dei tempi presenti, apportando un rimedio efficacissimo a quella peste che pervade l’umana società. La peste della età nostra è il così detto laicismo coi suoi errori e i suoi empi incentivi; […] tale empietà non maturò in un solo giorno ma da gran tempo covava nelle viscere della società. Infatti si cominciò a negare l’impero di Cristo su tutte le genti; si negò alla Chiesa il diritto — che scaturisce dal diritto di Gesù Cristo — di ammaestrare, cioè, le genti, di far leggi, di governare i popoli per condurli alla eterna felicità. E a poco a poco la religione cristiana fu uguagliata con altre religioni false e indecorosamente abbassata al livello di queste; quindi la si sottomise al potere civile e fu lasciata quasi all’arbitrio dei principi e dei magistrati. Si andò più innanzi ancora: vi furono di quelli che pensarono di sostituire alla religione di Cristo un certo sentimento religioso naturale. Né mancarono Stati i quali opinarono di poter fare a meno di Dio, riposero la loro religione nell’irreligione e nel disprezzo di Dio stesso».

Il Sommo Pontefice, già nell’enclicla Ubi arcano Dei lamentava che i semi della discordia accendevano «odii e quelle rivalità tra i popoli, che tanto indugio ancora frappongono al ristabilimento della pace; l’intemperanza delle passioni che così spesso si nascondono sotto le apparenze del pubblico bene e dell’amor patrio; le discordie civili che ne derivarono, insieme a quel cieco e smoderato egoismo sì largamente diffuso, il quale, tendendo solo al bene privato ed al proprio comodo, tutto misura alla stregua di questo; la pace domestica profondamente turbata dalla dimenticanza e dalla trascuratezza dei doveri familiari; l’unione e la stabilità delle famiglie infrante, infine la stessa società scossa e spinta verso la rovina».

Togliere al Figlio di Dio (Creatore di «tutte le cose visibili ed invisibili», come recita il Credo) il potere sulle cose temporali è tragico per tutti gli uomini. «Non toglie il trono terreno Colui che dona il regno eterno dei cieli», sta scritto nel Breviario Romano («Inno del Mattutino dell’Epifania») e Pio XI, nella Quas Primas, afferma che non c’è differenza fra gli individui e «il consorzio domestico e civile» e soltanto Cristo è «la fonte della salute privata e pubblica: è lui solo l’autore della prosperità e della vera felicità sia per i singoli sia per gli Stati». Tutto ciò corrispondeva al voto espresso nell’assemblea dei Cardinali e degli Arcivescovi francesi del 10 marzo 1925 in una riunione sul tema Sur les lois dites de laicité et sur les misure à prendre pour les combattre (Sulle leggi dette di laicità e sulle misure da prendersi per combatterle).

Nel giorno della beatificazione dei «Martiri di settembre», alla Semaine religieuse di Lille, venne auspicato che si realizzasse la profezia del visconte Louis-Gabriel-Ambroise de Bonald (1754-1840): la «rivoluzione ha avuto inizio con la Dichiarazione dei diritti dell’uomo, […] essa non finirà che con la dichiarazione dei diritti di Dio».

Autore: Cristina Siccardi

Hans Memling  (circa 1433 –1494). Polyptyque de la Vanité terrestre et de la Rédemption céleste, circa 1485


Al termine dell’Anno liturgico si celebra la 34a domenica del cosiddetto «Tempo ordinario». La solennità, che cade di norma negli ultimi dieci giorni di novembre, è dedicata a Gesù Cristo Re dell’universo. In tal modo si vuole sottolineare che Cristo redentore è il Signore della storia, l’inizio e la fine del tempo.

L’istituzione della festa fu decisa da papa Pio XI, l’11 dicembre 1925, a conclusione del Giubileo che si celebrava in quell’anno. Come ha scritto lo studioso padre Francesco Maria Avidano, la relativa devozione si pone in riparazione del grido blasfemo contro Gesù, riportato dai Vangeli: «Non abbiamo altro re che Cesare».

Nei tre giorni precedenti la solennità di Cristo Re i devoti recitano uno specifico Triduo. Le invocazioni domandano in particolare che il Cuore di Gesù trionfi su tutti gli ostacoli al regno del suo amore. Mediante l’intervento della Madonna, poi, si auspica che tutti i popoli – disuniti dalla ferita del peccato – si sottomettano all’amore di Cristo.

Papa Leone XIII, l’11 giugno 1899, consacrò la Chiesa, il mondo e tutto il genere umano a Cristo. La formula dell’orazione, se viene recitata pubblicamente nella solennità di Gesù Cristo Re dell’universo, fa acquisire l’indulgenza plenaria.

L’atto di consacrazione è ricco di richiami all’amore di Cristo per l’intera umanità. Un amore che si è reso visibile proprio nella totale donazione di se stesso sulla croce. La preghiera è anche una richiesta di perdono collettivo e recita fra l’altro: «Molti, purtroppo, non ti conobbero mai; molti, disprezzando i tuoi comandamenti, ti ripudiarono. O benignissimo Gesù, abbi misericordia e degli uni e degli altri e tutti quanti attira al tuo sacratissimo Cuore. O Signore, sii il re non solo dei fedeli che non si allontanarono mai da te, ma anche di quei figli prodighi che ti abbandonarono».

Autore: Saverio Gaeta

Piero di Cosimo  (1462–1522). Christ King of the Universe. / Распятый Христос. 160 x 120,5, Budapest, Hungary, Museum of Fine Arts, Крест, изображенный на доске, находился в «tempietto» церкви Сан-Мартино в Лукке. На заднем плане изображен художник, который, сидя на подвешенной доске, готовит уличную фреску


Questa festa fu introdotta da papa Pio XI, con l’enciclica “Quas primas” dell’11 dicembre 1925, a coronamento del Giubileo che si celebrava in quell’anno. 

È poco noto e, forse, un po’ dimenticato. Non appena elevato al soglio pontificio, nel 1922, Pio XI condannò in primo luogo esplicitamente il liberalismo “cattolico” nella sua enciclica “Ubi arcano Dei”. Egli comprese, però, che una disapprovazione in un’enciclica non sarebbe valsa a molto, visto che il popolo cristiano non leggeva i messaggi papali. Quel saggio pontefice pensò allora che il miglior modo di istruirlo fosse quello di utilizzare la liturgia. Di qui l’origine della “Quas primas”, nella quale egli dimostrava che la regalità di Cristo implicava (ed implica) necessariamente il dovere per i cattolici di fare quanto in loro potere per tendere verso l’ideale dello Stato cattolico: “Accelerare e affrettare questo ritorno [alla regalità sociale di Cristo] coll’azione e coll’opera loro, sarebbe dovere dei cattolici”. Dichiarava, quindi, di istituire la festa di Cristo Re, spiegando la sua intenzione di opporre così “un rimedio efficacissimo a quella peste, che pervade l'umana società. La peste della età nostra è il così detto laicismo, coi suoi errori e i suoi empi incentivi”. 

Tale festività coincide con l’ultima domenica dell’anno liturgico, con ciò indicandosi che Cristo Redentore è Signore della storia e del tempo, a cui tutti gli uomini e le altre creature sono soggetti. Egli è l’Alfa e l’Omega, come canta l’Apocalisse (Ap 21, 6). Gesù stesso, dinanzi a Pilato, ha affermato categoricamente la sua regalità. Alla domanda di Pilato: “Allora tu sei re?”, il Divino Redentore rispose: “Tu lo dici, io sono re” (Gv 18, 37). 

Pio XI insegnava che Cristo è veramente Re. Egli solo, infatti, Dio e uomo – scriveva il successore Pio XII, nell’enciclica “Ad caeli Reginam” dell’11 ottobre 1954 – “in senso pieno, proprio e assoluto, … è re”. 

Il suo regno, spiegava ancora Pio XI, “principalmente spirituale e (che) attiene alle cose spirituali”, è contrapposto unicamente a quello di Satana e delle potenze delle tenebre. Il Regno di cui parla Gesù nel Vangelo non è, dunque, di questo mondo, cioè, non ha la sua provenienza nel mondo degli uomini, ma in Dio solo; Cristo ha in mente un regno imposto non con la forza delle armi (non a caso dice a Pilato che se il suo Regno fosse una realtà mondana la sua gente “avrebbe combattuto perché non fosse consegnato ai giudei”), ma tramite la forza della Verità e dell'Amore. 

Gli uomini vi entrano, preparandosi con la penitenza, per la fede e per il battesimo, il quale produce un’autentica rigenerazione interiore. Ai suoi sudditi questo Re richiede, prosegue Pio XI, “non solo l’animo distaccato dalle ricchezze e dalle cose terrene, la mitezza dei costumi, la fame e sete di giustizia, ma anche che essi rinneghino se stessi e prendano la loro croce”. 

Tale Regno, peraltro, già mistericamente presente, troverà pieno compimento alla fine dei tempi, alla seconda venuta di Cristo, quando, quale Sommo Giudice e Re, verrà a giudicare i vivi ed i morti, separando, come il pastore, “le pecore dai capri” (Mt 25, 31 ss.). Si tratta di una realtà rivelata da Dio e da sempre professata dalla Chiesa e, da ultimo, dal Concilio Vaticano II, il quale insegnava a tal riguardo che “qui sulla terra il Regno è già presente, in mistero; ma con la venuta del Signore, giungerà a perfezione” (costituzione “Gaudium et spes”). 

Con la sua seconda venuta, Cristo ricapitolerà tutte le cose, facendo “cieli nuovi e terra nuova” (Ap 21, 1), tergendo e consolando ogni lacrima di dolore e bandendo per sempre il peccato, la morte ed ogni ingiustizia dalla faccia della terra. Sempre il Concilio scriveva che “in questo regno anche la stessa creazione sarà liberata dalla schiavitù della corruzione per partecipare alla gloriosa libertà dei figli di Dio” (costituzione dogmatica “Lumen Gentium”). 

Per questo i cristiani di ogni tempo invocano, già con la preghiera del Padre nostro, la venuta del Suo Regno (“Venga il tuo Regno”) ed, in modo particolare durante l’Avvento, cantano nella liturgia “Maranà tha”, cioè “Vieni Signore”, per esprimere così l’attesa impaziente della parusia (cfr. 1 Cor 16, 22). 

Aggiunge ancora Pio XI che nondimeno sbaglierebbe colui il quale negasse al Cristo-uomo il potere su tutte le cose temporali, “dato che Egli ha ricevuto dal Padre un diritto assoluto su tutte le cose create”. Tuttavia – precisa – Cristo, quando era sulla terra, si astenne dall’esercitare completamente questo suo dominio, permettendo – come anche oggi – che “i possessori debitamente se ne servano”. 

Questo potere abbraccia tutti gli uomini. Ciò lo aveva anche chiaramente espresso Leone XIII, nell’enciclica “Annum sacrum” del 25 maggio 1899, con cui preparava la consacrazione dell’umanità al Sacratissimo Cuore di Gesù nell’anno santo del 1900. Papa Pecci aveva scritto in effetti che “il dominio di Cristo non si estende soltanto sui popoli cattolici, o a coloro che, rigenerati nel fonte battesimale, appartengono, a rigore di diritto, alla Chiesa, sebbene le errate opinioni li allontanino da essa o il dissenso li divida dalla carità; ma abbraccia anche quanti sono privi di fede cristiana, di modo che tutto il genere umano è sotto la potestà di Gesù Cristo”. 

L’uomo, misconoscendo la regalità di Cristo nella storia e rifiutando di sottomettersi a questo suo giogo che è “dolce” ed a questo carico “leggero”, non potrà trovare alcuna salvezza né troverà autentica pace, rimanendo vittima delle sue passioni, inimicizie ed inquietudini. È Cristo soltanto la “fonte della salute privata e pubblica”, diceva Pio XI. “Né in alcun altro vi è salvezza, né sotto il cielo altro nome è stato dato agli uomini, mediante il quale dobbiamo essere salvati” (At 4, 12). 

Lontano da Lui l’uomo ha dinanzi chimere e sistemi ideologici totalizzanti e fuorvianti; non cercando il suo Regno e la sua Giustizia, il genere umano ha di fronte a sé i vari “-ismi” della storia che, diabolicamente, in nome di un falso progresso sociale, economico e culturale, degradano ogni uomo, negandone la dignità. 

Ed il XX secolo non ha mancato di fornirne dei tragici esempi con i vari regimi autoritari, comunisti e nazista (che la Chiesa ha condannato vigorosamente), riproponendo, per l’ennesima volta, il duro scontro tra Regno di Cristo e regno di Satana, che durerà sino alla fine dei tempi. 

Basti qui far riferimento, a titolo esemplificativo, giusto al solo travagliato periodo del pontificato di papa Ratti per averne una pallida idea. 

Con l’enciclica “Mit brennender Sorge”, del 14 marzo 1937 – tra i cui estensori vi era pure il cardinale segretario di Stato e futuro papa Pio XII, Eugenio Pacelli – il Pontefice romano disapprovava il provocante neopaganesimo imperante in Germania (il nazismo), il quale rinnegava la Sapienza Divina e la sua Provvidenza, che “con forza e dolcezza domina da un'estremità all’altra del mondo” (Sap. 8, 1), e tutto dirige a buon fine; deplorava anche certi banditori moderni che perseguono il falso mito della razza e del sangue; biasimava, infine, le liturgie del Terzo Reich tedesco, veri riti paganeggianti, qualificate come “false monete”. 

In Messico, “totalmente infeudato dalla massoneria”, dove gli Stati Uniti avevano favorito – in nome dei loro interessi economici – la nascita di uno Stato dichiaratamente anticlericale ed anticristiano, furono promulgate pesanti leggi restrittive della libertà della Chiesa cattolica, stabilendo l’espulsione dei sacerdoti non sposati, la distruzione delle chiese e la soppressione persino della parola “adios”. Il fanatico anticlericale governatore dello Stato messicano di Tabasco, Tomás Garrido Canabal, autore di queste misure repressive, nella sua fattoria, “La Florida”, giunse a chiamare, in segno di dispregio, un toro “Dio”, ad un asino diede nome “Cristo”, una mucca “Vergine di Guadalupe”, un bue ed un maiale “Papa”. Suo figlio lo chiamò “Lenin” e sua figlia “Zoila Libertad”. Un nipote fu chiamato “Luzbel” [Lucifer], un altro figlio “Satan”. 

Si costituì allora un esercito di popolo, i “cristeros”, i quali combattevano al grido di “Viva Cristo Re! Viva la Vergine di Guadalupe! Viva il Messico!”. Con le stesse parole sulle labbra versavano il loro sangue in quella terra anche numerose schiere di martiri, mentre i loro carnefici esclamavano, riempiendo ceste di vimini con le teste mozzate dei cattolici, “Viva Satana nostro padre”. Si trattò di un vero “olocausto” passato sotto silenzio ed ignorato. Alcuni dei valorosi martiri cristiani messicani, sotto il pontificato di Giovanni Paolo II, hanno raggiunto la gloria degli altari, come il gesuita Miguel Agustin Pro, fucilato senza processo. Le sue ultime parole furono giusto “Viva Cristo Re!”. 

Questa grave situazione di persecuzione religiosa fu riprovata da Pio XI con le encicliche “Nos Es Muy Conocida” del 28 Marzo 1937 ed “Iniquis Afflictisque” del 18 novembre 1926. 

Una netta opposizione fu, infine, manifestata nei confronti della Russia sovietica, contro il comunismo ateo, condannato dall'enciclica “Divini Redemptoris” del 19 marzo 1937, e nei riguardi della Spagna repubblicana, dichiaratamente antireligiosa. 

Qui, il governo repubblicano socialista di Manuel Azaña Y Díaz proclamò che “da oggi la Spagna non è più cristiana”, mirando a “laicizzare” lo Stato. La nuova costituzione vanificava ogni potere della Chiesa, la religione cattolica era ridotta al rango d’associazione, senza sostegno finanziario da parte statale, senza scuole, esposta agli espropri; con il decreto 24 gennaio 1932 era dichiarata l’estinzione della compagnia di Gesù e se ne confiscavano i beni; era introdotto, nel 1932, il divorzio e il matrimonio civile ed abolito il reato di bestemmia; circa seimila religiosi furono massacrati. Pio XI reagì duramente con l’enciclica “Dilectissima Nobis” del 3 giugno 1933. 

Questi esempi dimostrano lo scontro plurisecolare, sin dalla fondazione del Cristianesimo, tra il Regno di Cristo e quello di Satana, e come, anche in epoca contemporanea, la regalità di Cristo sia contestata, preferendo ad essa degli “idoli” politici, economici, sociali e pseudo-religiosi.

Autore: Francesco Patruno

SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/20580

Voir aussi http://seletlumieretv.org/blogue/divers/vive-le-roi