lundi 25 mars 2013

Saint DISMAS, le bon larron


Le Bon Larron

Il regarda Jésus avec confiance en confessant son péché et mérita d’être le premier saint canonisé, non par le jugement infaillible de l’Église mais par la Parole de Dieu lui-même, quand le Crucifié lui promit : « Aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le paradis". Celui auquel la tradition a donné le nom de « saint Dismas » nous enseigne ce qu’est l’acte de foi, nous indique la véritable source de la sainteté, nous fait goûter la miséricorde de Dieu et nous guérit de toutes désespérance vis-à-vis de nous mêmes et des autres.

SOURCE : http://www.paroisse-saint-aygulf.fr/index.php/prieres-et-liturgie/saints-par-mois/icalrepeat.detail/2015/03/25/14191/-/le-bon-larron


Michelangelo Cerquozzi  (1602–1660). il Buon Ladrone, vers 1640, 41,5 X 26,5, At Porcini Gallery


Saint Dismas

le Bon Larron qui, en Croix, reconnut Jésus comme le Messie (1er s.)


Il confessa le Christ sur la croix et, pour cela, il est le premier saint canonisé, "Tu seras avec moi dans le paradis", lui dit le Christ avant de mourir. S'ajoute à ce passage de l'Évangile, une belle légende qui mérite d'être contée. Elle date des tout-premiers temps de l'Église. Lors de la fuite en Égypte, deux brigands dévalisèrent la Sainte Famille de son argent et de son âne, mais Dismas intervint et les leur fit restituer, parce que c'étaient des pauvres gens sur la route de l'exil. L'Enfant-Jésus l'en remercia lui promettant qu'il lui revaudrait çà à l'occasion. Dismas continua à être un larron, mais Jésus ne l'oublia pas à la dernière minute. 

Commémoraison du bon Larron, qui confessa le Christ sur la croix et mérita d’entendre de lui ces paroles: “Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis.”

Martyrologe romain


SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/857/Saint-Dismas.html


Entrée de saint Dismas au Paradis (Paradise)- Пятичастная икона, фрагмент. Благоразумный разбойник в раю  -Solovetsky Monastery, Icône russe du XVIIe siècle  Cоловецкий монастырь. Ризница


XL. CRUCIFIXION DES LARRONS

Pendant qu'on crucifiait Jésus, les deux larrons, ayant toujours les mains attachées aux pièces transversales de leurs croix, qu'on leur avait placées sur la nuque, étaient couchés sur le dos, près du chemin, au côté oriental du Calvaire, et des gardes veillaient sur eux. Accusés d'avoir assassiné une femme juive et ses enfants qui allaient de Jérusalem à Joppé, on les avait arrêtés dans un château où Pilate habitait quelquefois lorsqu'il exerçait ses troupes, et où ils s'étaient donnés pour de riches marchands. Ils étaient restés longtemps en prison avant leur jugement et leur condamnation. J'ai oublié les détails. Le larron de gauche était plus âgé : c'était un grand scélérat, le maître et le corrupteur de l'autre. On les appelle ordinairement Dismas et Gesmas ; j'ai oublié leurs noms véritables : j'appellerai donc le bon, Dismas, et le mauvais, Gesmas. Ils faisaient partie l'un et l'autre de cette troupe de voleurs établis sur les frontières d'Égypte qui avaient donné l'hospitalité, pour une nuit à la sainte Famille, lors de sa fuite avec l'enfant Jésus. Dismas était cet enfant lépreux que sa mère, sur l'invitation de Marie, lava dans l'eau où s'était baigné l'enfant Jésus, et qui fut guéri à l'instant. Les soins de sa mère envers la sainte Famille furent récompensés par cette purification, symbole de celle que le sang du Sauveur allait accomplir pour lui sur la croix. Dismas était tombé très bas ; il ne connaissait pas Jésus, mais comme son cœur n'était pas méchant, tant de patience l'avait touché. Couché par terre comme il l'était, il parlait sans cesse de Jésus à son compagnon : " ils maltraitaient horriblement le Galiléen, disait-il ; ce qu'il a fait en prêchant sa nouvelle loi doit être quelque chose de pire que ce que nous avons fait nous-mêmes, mais il a une grande patience et un grand pouvoir sur tous les hommes, ce à quoi Gesmas répondit : « Quel pouvoir a-t-il donc ? S'il est aussi puissant qu'on le dit, il pourrait nous venir en aide ? » C'est ainsi qu'ils parlaient entre eux. Lorsque la croix du Sauveur fut dressée, les archers vinrent leur dire que c'était leur tour, et les dégagèrent en toute hâte des pièces transversales, car le soleil s'obscurcissait déjà, et il y avait un mouvement dans la nature comme à l'approche d'un orage. Les archers appliquèrent des échelles aux deux croix déjà plantées, et y ajustèrent les pièces transversales. Après leur avoir fait boire du vinaigre mêlé de myrrhe, on leur ôta leurs misérables tuniques, puis on leur passa des cordes sous les bras et on les hissa en l'air à l'aide de petits échelons où ils posaient leurs pieds. On lia leurs bras aux branches de la croix avec des cordes d'écorce d'arbre ; on attacha de même leurs poignets, leurs coudes, leurs genoux et leurs pieds, et on serra si fort les cordes, que leurs jointures craquèrent et que le sang en jaillit. Ils poussèrent des cris affreux, et le bon larron dit au moment où on le hissait : " Si vous nous aviez traités comme le pauvre Galiléen, vous n'auriez pas eu la peine de nous élever ainsi en l'air ". 

Pendant ce temps, les exécuteurs avaient fait plusieurs lots des habits de Jésus afin de les diviser entre eux. Le manteau était plus large d'en bas que d'en haut et il avait plusieurs plis ; il était doublé à la poitrine et formait ainsi des poches. Ils le déchirèrent en plusieurs pièces, aussi bien que sa longue robe blanche, laquelle était ouverte sur la poitrine et se fermait avec des cordons. Ils firent aussi des parts du morceau d'étoffe qu'il portait autour du cou, de sa ceinture, de son scapulaire, et du linge qui avait enveloppé ses reins, tous ces vêtements étaient imbibés de son sang. Ne pouvant tomber d'accord pour savoir qui aurait sa robe sans couture, dont les morceaux n'auraient pu servir à rien, ils prirent une table où étaient des chiffres, et y jetant des dés en forme de fèves, ils la tirèrent ainsi au sort. Mais un messager de Nicodème et de Joseph d'Arimathie vint à eux en courant et leur dit qu'ils trouveraient au bas de la montagne des acheteurs pour les habits de Jésus, alors ils mirent tous ensemble et les vendirent en masse, ce qui conserva aux chrétiens ces précieuses dépouilles. 

XLI. JESUS CRUCIFIE ET LES DEUX LARRONS

Le choc terrible de la croix, qui s'enfonçait en terre, ébranla violemment la tête couronnée d'épines de Jésus et en fit jaillir une grande abondance de sang, ainsi que de ses pieds et de ses mains. Les archers appliquèrent leurs échelles à la croix, et délièrent les cordes avec lesquelles ils avaient attaché le corps du Sauveur pour que la secousse ne le fasse pas tomber. Le sang, dont la circulation avait été gênée par la position horizontale et la compression des cordes, se porta avec impétuosité à ses blessures : toutes ses douleurs se renouvelèrent jusqu'à lui causer un violent étourdissement. Il pencha la tête sur sa poitrine et resta comme mort pendant près de sept minutes. Il y eut alors une pause d'un moment : les bourreaux étaient occupés à se partager les habits de Jésus, le son des trompettes du Temple se perdait dans les airs, et tous les assistants étaient épuisés de rage ou de douleur. Je regardais, pleine d'effroi et de pitié, Jésus, mon salut, le salut du monde : je le voyais sans mouvement, presque sans vie, et moi-même, il me semblait que j'allais mourir. Mon cœur était plein d'amertume, d'amour et de douleur : ma tête était comme entourée d'un réseau de poignantes épines et ma raison s'égarait ; mes mains et mes pieds étaient comme des fournaises ardentes ; mes veines, mes nerfs étaient sillonnés par mille souffrances indicibles qui, comme autant de traits de feu, se rencontraient et se livraient combat dans tous mes membres et tous mes organes intérieurs et extérieurs pour y faire naître de nouveaux tourments. Et toutes ces horribles souffrances n'étaient pourtant que du pur amour, et tout ce feu pénétrant de la douleur produisait une nuit dans laquelle je ne voyais plus rien que mon fiancé, le fiancé de toutes les âmes, attaché à la croix, et je le regardais avec une grande tristesse et une grande consolation. Son visage, avec l'horrible couronne, avec le sang qui remplissait ses yeux, sa bouche entrouverte, sa chevelure et sa barbe, s'était affaissé vers sa poitrine, et plus tard il ne put relever la tête qu'avec une peine extrême, à cause de la largeur de la couronne. Son sein était tout déchiré ; ses épaules, ses coudes, ses poignets tendus jusqu'à la dislocation ; le sang de ses mains coulait sur ses bras. Sa poitrine remontait et laissait au-dessous d'elle une cavité profonde ; le ventre était creux et rentré. Ses cuisses et ses jambes étaient horriblement disloquées comme ses bras ; ses membres, ses muscles, sa peau déchirée avaient été si violemment distendus, qu'on pouvait compter tous ses os ; le sang jaillissait autour du clou qui perçait ses pieds sacrés et arrosait l'arbre de la croix ; son corps était tout couvert de plaies, de meurtrissures, de taches noires, bleues et jaunes ; ses blessures avaient été rouvertes par la violente distension des membres et saignaient par endroits ; son sang, d'abord rouge, devint plus tard pâle et aqueux, et son corps sacré toujours plus blanc : il finit par ressembler à de la chair épuisé de sang. Toutefois, quoique si cruellement défiguré, le corps de Notre Seigneur sur la croix avait quelque chose de noble et de touchant qu'on ne saurait exprimer : oui, le Fils de Dieu, l'amour éternel s'offrant en sacrifice dans le temps, restait beau, pur et saint dans ce corps de l'Agneau pascal mourant, tout brisé sous le poids des péchés du genre humain. 

Le teint de la sainte Vierge, comme celui du Sauveur, était d'une belle couleur jaunâtre où se fondait un rouge transparent. Les fatigues et les voyages des dernières années lui avaient bruni les joues au-dessous des yeux. 

Jésus avait une large poitrine ; elle n'était pas velue comme celle de Jean-Baptiste qui était toute couverte d'un poil rougeâtre. Ses épaules étaient larges, ses bras robustes, ses cuisses nerveuses, ses genoux forts et endurcis comme ceux d'un homme qui a beaucoup voyagé et s'est beaucoup agenouillé pour prier ; ses jambes étaient longues et ses jarrets nerveux ; ses pieds étaient d'une belle forme et fortement construits : la peau était devenue calleuse sous la plante à cause des courses nombreuses qu'il avait faites, pieds nus, sur des chemins cahoteux ; ses mains étaient belles, avec des doigts longs et effilés, et, sans être délicates, elles ne ressemblaient point à celles d'un homme qui les emploie à des travaux pénibles. Son cou était plutôt long que court, mais robuste et nerveux, sa tête d'une belle proportion et pas trop forte, son front haut et large ; son visage formait un ovale très pur ; ses cheveux d'un brun cuivré, n'étaient pas très épais : ils étaient séparés sans art du haut du front et tombaient sur ses épaules ; sa barbe n'était pas longue, mais pointue et partagée au-dessous du menton. Maintenant sa chevelure était arrachée en partie et souillée de sang ; son corps n'était qu'une plaie, sa poitrine était comme brisée, ses membres étaient disloqués, les os de ses côtés paraissaient par endroits à travers sa peau déchirée ; enfin son corps était tellement aminci par la tension violente à laquelle il avait été soumis, qu'il ne couvrait pas entièrement l'arbre le la croix. La croix était un peu arrondie par derrière, aplatie pal devant, et on l'avait entaillée à certains endroits, sa largeur étalait à peu près son épaisseur. Les différentes pièces qui la composaient étaient de bois de diverses couleurs, les unes brunes, les autres jaunâtres ; le tronc était plus foncé, comme du bois qui est resté longtemps dans l'eau.

Les croix des deux larrons, plus grossièrement travaillées, s'élevaient à droite et à gauche de celle de Jésus : il y avait entre elles assez d'espace pour qu'un homme à cheval pût y passer ; elles étaient placées un peu plus bas, et l'une à peu près en regard de l'autre. L'un des larrons priait, l'autre insultait Jésus qui dominait un peu Dismas en lui parlant. Ces hommes, sur leur croix, présentaient un horrible spectacle, surtout celui de gauche, hideux scélérat, à peu près ivre, qui avait toujours l'imprécation et l'injure à la bouche. Leurs corps suspendus en l'air étaient disloqués, gonflés et cruellement garrottés. Leur visage était meurtri et livide : leurs lèvres noircies par le breuvage qu'on leur avait fait prendre et par le sang qui s'y portait, leurs yeux rouges et prêts à sortir de leur tête. La souffrance causée par les cordes qui les serraient leur arrachait des cris et des hurlements affreux ; Gesmas jurait et blasphémait. Les clous avec lesquels on avait attaché les pièces transversales les forçaient de courber la tête ; ils étaient agités de mouvements convulsifs, et, quoique leurs jambes fussent fortement garrottées, l'un d'eux avait réussi à dégager un peu son pied, en sorte que le genou était saillant.

XLII. PREMIERE PAROLE DE JESUS SUR LA CROIX

Lorsque les archers eurent mis les larrons en croix et partagé entre eux les habits de Jésus, ils vomirent encore quelques injures contre le Sauveur et se retirèrent. Les Pharisiens aussi passèrent à cheval devant Jésus, lui adressèrent des paroles outrageantes et s'en allèrent. Les cent soldats romains furent remplacés à leur poste par une nouvelle troupe de cinquante hommes. Ceux-ci étaient commandés par Abénadar, Arabe de naissance, baptisé depuis sous le nom de Ctésiphon ; le commandant en second s'appelait Cassius, et reçut depuis le nom de Longin : il portait souvent les messages de Pilate. Il vint encore douze Pharisiens, douze Sadducéens, douze Scribes et quelques anciens. Parmi eux se trouvaient ceux qui avaient demandé vainement à Pilate de changer l'inscription de la croix : il n'avait pas même voulu les voir, et son refus avait redoublé leur rage. Ils firent à cheval le tour de la plate-forme et chassèrent la sainte Vierge, qu'ils appelèrent une mauvaise femme ; elle fut ramenée par Jean vers les saintes femmes ; Marthe et Madeleine la reçurent dans leurs bras lorsqu'ils passèrent devant Jésus, ils secouèrent dédaigneusement la tête en disant : «  Eh bien ! Imposteur, renverse le Temple et rebâtis-le en trois jours ! »  « Il a toujours voulu secourir les autres et ne peut se sauver lui-même ! » « Si tu es le fils de Dieu, descends de la croix ! » « S'il est le roi d'Israël, qu'il descende de la croix, et nous croirons en lui ! » « Il a eu confiance en Dieu, qu'il lui vienne maintenant en aide ! » Les soldats aussi se moquaient de lui, disant : " Si tu es le roi des Juifs sauve toi maintenant toi-même ". 

Lorsque Jésus tomba en faiblesse, Gesmas, le voleur de gauche, dit : " Son démon l'a abandonné ". Alors, un soldat mit au bout d'un bâton une éponge avec du vinaigre et la présenta aux lèvres de Jésus qui sembla y goûter : on ne cessait pas de le tourner en dérision. " Si tu es le roi des Juifs, dit le soldat, sauve-toi toi-même ". Tout ceci se passa pendant que la première troupe faisait place à celle d'Abénadar. Jésus leva un peu la tête et dit : " Mon père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font ". Puis il continua à prier en silence. Gesmas lui cria : " Si tu es le Christ, sauve-toi et sauve-nous " ! Les insultes ne cessaient pas, mais Dismas, le bon larron, fut profondément touché lorsque Jésus pria pour ses ennemis. Quand Marie entendit la voix de son fils, rien ne put la retenir elle se précipita vers la croix, suivie de Jean, de Salomé et de Marie de Cléophas. Le centurion ne les repoussa pas Dismas, le bon larron, obtint par la prière de Jésus, au moment où la sainte Vierge s'approcha, une illumination intérieure : il reconnut que Jésus et sa mère l'avaient guéri dans son enfance, et dit d'une vois forte et distincte : « Comment pouvez-vous l'injurier quand il prie pour vous ? Il s'est tu ; il a souffert patiemment tous vos affronts, et il prie pour vous ; c'est un prophète, c'est notre roi, c'est le fils de Dieu. » A ce reproche inattendu sorti de la bouche d'un misérable assassin sur le gibet, il s'éleva un grand tumulte parmi les assistants ; ils ramassèrent des pierres et voulaient le lapider sur la croix : mais le centurion Abénadar ne le souffrit pas ; il les fit disperser et rétablit l'ordre. Pendant ce temps, la sainte Vierge se sentit fortifiée par la prière de Jésus, et Dismas dit à son compagnon qui injuriait Jésus : « N'as-tu donc pas crainte de Dieu, toi qui es condamné au même supplice ! Quant à nous, c'est avec justice ; nous subissons la peine que nos crimes ont méritée : mais celui-ci n'a rien fait de mal. Songe à ta dernière heure et convertis-toi. » Il était éclairé et touché : il confessa ses fautes à Jésus, disant : « Seigneur, si vous me condamnez, ce sera avec Justice, mais ayez pitié de moi. » Jésus lui dit : « Tu éprouveras ma miséricorde. » Dismas reçut pendant un quart d'heure la grâce d'un profond repentir. Tout ce qui vient d'être raconté se passa entre midi et midi et demi, quelques minutes après l'exaltation de la croix ; mais il y eut bientôt de grands changements dans l'âme des spectateurs, car, pendant que le bon larron parlait, il y eut dans la nature des signes extraordinaires qui les remplirent tous d'épouvante.

XLIII. ECLIPSE DE SOLEIL, DEUXIEME ET TROISIEME PAROLES DE JESUS SUR LA CROIX.

Jusque vers dix heures, moment où le jugement de Pilate fut prononcé, il tomba un peu de grêle, puis le ciel fut clair jusqu'à midi, après quoi il vint un épais brouillard rougeâtre devant le soleil. Vers la sixième heure, selon la manière de compter des Juifs, ce qui correspond à peu près à midi et demi, il y eut une éclipse miraculeuse de soleil. Je vis comment cela avait lieu, mais malheureusement je ne l'ai pas bien retenu, et je n'ai pas de paroles pour l'exprimer. Je fus d'abord transportée comme hors de la terre : je voyais les divisions du ciel et les routes des astres se croisant d'une manière merveilleuse. Je vis la lune à l'un des côtés de la terre : elle fuyait rapidement semblable à un globe de feu. Je me retrouvais ensuite à Jérusalem, et je vis de nouveau la lune apparaître pleine et pâle sur le Mont des Oliviers : elle vint de l'Orient avec une grande vitesse se placer devant le soleil déjà voilé par la brume. Je vis au côté occidental du soleil un corps obscur qui faisait l'effet d'une montagne et qui le couvrit bientôt tout entier. Le disque de ce corps était d'un jaune sombre : un cercle rouge, semblable à un anneau de fer rougi au feu, l'entourait. Le ciel s'obscurcit et les étoiles se montrèrent, jetant une lueur sanglante. Une terreur générale s'empara des hommes et des animaux : les bestiaux beuglaient et s'enfuyaient ; les oiseaux cherchaient des coins où s'abriter et s'abattaient en foule sur les collines qui entouraient le Calvaire ; on pouvait les prendre avec la main. Ceux qui injuriaient Jésus baissèrent le ton. Les Pharisiens essayaient encore de tout expliquer par des causes naturelles, mais cela leur réussissait mal, et eux aussi furent intérieurement saisis de terreur ; tout le monde avait les yeux levés vers le ciel. Plusieurs personnes frappaient leur poitrine et se tordaient les mains en criant : « Que son sang retombe sur ses meurtriers! » Beaucoup de près et de loin, se jetèrent à genoux, implorant leur pardon, et Jésus, dans ses douleurs, tourna les yeux vers eux. Comme les ténèbres s'accroissaient et que la croix était abandonnée de tous, excepté de Marie et des plus chers amis du Sauveur, Dismas, qui était plongé dans un profond repentir, leva la tête vers Jésus avec une humble espérance et lui dit : « Seigneur, pensez à moi quand vous serez dans votre royaume ». Jésus lui répondit : « En vérité, Je te le dis, tu seras aujourd'hui avec moi dans le paradis ».

La mère de Jésus, Madeleine, Marie de Cléophas et Jean se tenaient entre la croix du Sauveur et celles des larrons et regardaient Jésus. La sainte Vierge, dans son amour de mère, priait intérieurement pour que Jésus la laissât mourir avec lui. Alors le Sauveur la regarda avec une ineffable tendresse, puis tourna les yeux vers Jean, et dit à Marie : ì Femme, voilà votre fils. Il sera votre fils plus que si vous l'aviez enfanté î. Il fit encore l'éloge de Jean et dit : «  Il a toujours eu une foi inébranlable et ne s'est jamais scandalisé, si ce n'est quand sa mère a voulu qu'il fût élevé au-dessus des autres. » Puis il dit à Jean : «  Voilà la mère. » Jean embrassa respectueusement, sous la croix du Rédempteur mourant, la mère de Jésus, devenue maintenant la sienne. La sainte Vierge fut tellement accablée de douleur à ces dernières dispositions de son fils, quelle tomba sans connaissance dans les bras des saintes femmes qui l'emportèrent à quelque distance, la firent asseoir un moment sur le terrassement en face de la croix, puis la conduisirent hors de la plate-forme, auprès de ses amies.

Je ne sais pas si Jésus prononça expressément toutes ces paroles ; mais je sentis intérieurement qu'il donnait Marie pour mère à Jean et Jean pour fils à Marie. Dans de semblables visions, on perçoit bien des choses qui ne sont pas écrites, et il y en a très peu qu'on puisse rendre clairement avec le langage humain, quoiqu'en les voyant on croie qu'elles s'entendent d'elles-mêmes. Ainsi, on ne s'étonne pas que Jésus s'adressant à la sainte Vierge ne l'appelle pas «  ma mère », mais «  femme » ; car elle apparaît comme la femme par excellence, qui doit écraser la tête du serpent, surtout en cet instant où cette promesse s'accomplit par la mort de son fils. On ne s'étonne pas non plus qu'il donne Jean pour fils à celle que l'ange salua en l'appelant « pleine de grâce », parce que le nom de Jean est un nom qui signifie la grâce, car tous sont ici ce que leur nom signifie : Jean était devenu un enfant de Dieu, et le Christ vivait en lui. On sent aussi que Jésus en la donnant pour mère à Jean la donne pour mère à tous ceux qui croient en son nom, qui deviennent enfants de Dieu, qui ne sont pas nés de la chair et du sang ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu. On sent encore que la plus pure, la plus humble, la plus obéissante des femmes qui, après avoir dit à l'Ange : « Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole », devint mère du Verbe fait chair. apprenant aujourd'hui de son fils mourant qu'elle doit devenir la mère spirituelle d'un autre fils, a répété ces mêmes paroles avec une humble obéissance, dans son cœur déchiré par les angoisses de la séparation, et qu'elle a adopté pour enfants tous les enfants de Dieu, tous les frères de Jésus-Christ, Tout cela est plus facile à ressentir par la grâce de Dieu qu'à exprimer avec des paroles, et je pense alors à ce que me dit une fois mon fiancé céleste : « Tout est écrit dans les enfants de l'Eglise qui croient, qui espèrent, qui aiment (1) »

(1) Ceci se rapporte à une vision qu'eut la Sœur le 3 novembre de la troisième année de la prédication de Notre-Seigneur, vingt-huit jours après la résurrection de Lazare et cinq mois avant la mort du Sauveur. Elle le vit à la frontière orientale de la Terre promise, dans une petite ville située au nord d'un endroit plus considérable qu'elle nommait Cédar ; il y enseigna pendant plusieurs jours, à l'occasion d'une noce, sur l'importance et la sainteté du mariage. Dans cette vision, dit la Sœur, j'étais comme un des assistants et j'allais çà et là comme eux. Les discours de notre Sauveur me parurent si beaux, si importants et si applicables à notre misérable époque, que je m'écriais dans mon cœur : Ah ! Pourquoi cela n'est-il pas écrit, pourquoi n'y a-t-il pas ici de disciples pour l'écrire, afin que l'univers entier le sache. Alors mon fiancé céleste se tourna tout à coup vers moi et me dit : « Je cultive la vigne là où elle porta des fruits. Si ceci était écrit, ce serait négligé ou mal interprété comme une grande partie de ce qui est écrit. Cet enseignement et une infinité d'autres qui n'ont pas été écrits ont porté plus de fruit que ce qui est écrit. La loi écrite n'en est pas plus suivie pour cela. Tout est écrit dans les enfants de l'Eglise qui croient, qui espèrent, qui aiment ».

LA DOULOUREUSE PASSION DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST D'APRES LES MEDITATIONS D'ANNE CATHERINE EMMERICH. Publiées en 1854. Traduction de l'Abbé DE CAZALES

SOURCES : : https://www.icrsp.org/Calendriers/La%20Pensee%20du%20Jour/Semaine%20Sainte/Douloureuse-Passion.htm

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/CatherineEm/LaPassion/40crucif.html

Der gute Schächer (Dismas) zur Rechten Jesu. Burgkapelle der Burg Herzberg in der Gemeinde Breitenbach am Herzberg im Landkreis Hersfeld-Rotenburg (Hessen), aus dem 13. Jahrhundert, Rest einer Wandmalerei der Kreuzigung Christi aus dem 16. Jh.


Saint Dismas

Le Bon Larron

Fête le 25 mars

Il confessa le Christ sur la croix et, pour cela, il est le premier saint canonisé, "Tu seras avec moi dans le paradis", lui dit le Christ avant de mourir. S'ajoute à ce passage de l'Evangile, une belle légende qui mérite d'être contée. Elle date des tout-premiers temps de l'Eglise. Lors de la fuite en Egypte, deux brigands dévalisèrent la Sainte Famille de son argent et de son âne, mais Dismas intervint et les leur fit restituer, parce que c'étaient des pauvres gens sur la route de l'exil. L'Enfant-Jésus l'en remercia lui promettant qu'il lui revaudrait çà à l'occasion. Dismas continua à être un larron, mais Jésus ne l'oublia pas à la dernière minute.

« Après que le Seigneur qui n'était plus qu'une plaie eut été crucifié, afin que les clous ne se détachassent point et que le corps divin ne tombât à terre, ces monstres de cruauté jugèrent bon de les river par derrière. Ils commencèrent donc par élever la croix pour la renverser sens dessus-dessous, et appuyer ainsi contre la terre Jésus crucifié. Cette nouvelle cruauté fit frémir tous les assistants, et il s'éleva un grand bruit dans la foule touchée de compassion. La mère affligée recourut au Père éternel pour cette inconcevable cruauté, afin qu'il ne permît qu'elle se fit selon l'intention des bourreaux, et elle commanda aux anges de venir au secours de leur créateur. Dès qu'ils eurent fini, ils élevèrent la croix et la firent tomber dans le trou creusé à cet effet, mais ces monstres soutinrent le corps avec leurs lances et lui firent de profondes blessures sous les bras, en enfonçant le fer dans la chair pour aider à dresser la croix. A ce spectacle si cruel, le peuple redoubla ses cris et le bruit et la confusion augmentèrent, de sorte que le coeur de la pauvre mère était entièrement accablé de douleur. Les juifs le blasphémaient, les dévots le pleuraient, les étrangers étaient confondus d'étonnement, et quelques uns n'osaient pas le regarder par l'horreur qu'ils en éprouvaient,, et le corps sacré répandait son sang en abondance par les blessures qui avaient été faites et les plaies qui avaient été renouvelées. Ils crucifièrent également les deux voleurs, et ils dressèrent leurs croix l'une à droite l'autre à gauche, ils le placèrent au milieu, afin qu'il fut considéré comme le chef et le plus grand des scélérats. Les pontifes et les pharisiens branlaient la tête avec des gestes de mépris, ils l'insultaient et lui jetaient de la poussière et des pierres , en disant; toi qui détruis le temple de Dieu et le rebâtis en trois jours, sauve- toi toi-même. Les deux voleurs l'injuriaient aussi et lui disaient; si tu es le fils de Dieu, sauve-toi toi-même et nous aussi. Cependant la sainte Vierge à genoux adorait son divin fils, elle pria le Père éternel de faire éclater l'innocence de Jésus-Christ. Sa prière fut exaucée la terre trembla, le soleil s'éclipsa, la lune s'obscurcit et les éléments furent dans la confusion, les montagnes se, fendirent ainsi que le voile du temple, les tombeaux s'ouvrirent ‘et les bourreaux se retirèrent contrits, gémissants et convertis, parce que Jésus en agonie, proféra ces paroles qui renferment l'excès de la charité : Mon père, pardonnez leur, car ils ne savent ce qu'ils font.

L'un des voleurs appelé Dismas, entendant ces paroles, et la sainte Vierge près de laquelle il était intercédant en même temps pour lui, il fut éclairé intérieurement et par cette divine lumière, il fut touché de contrition pour ses péchés, il reprit son compagnon et défendit l'honneur de Jésus-Christ, il se recommanda au Sauveur et le paradis lui fut promis. Le bon larron ayant été justifié, Jésus jeta un regard plein de tendresse sur sa mère, et proféra la troisième parole : femme voilà votre fils, en lui montrant saint Jean, et il dit à celui-ci : voilà votre mère. Il était près de trois heures et il adressa à son père la quatrième parole: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez vous abandonné, s'affligeant de ce que la divinité avait suspendu les divines influences à sa sainte humanité, et aussi parce qu'il voyait un grand nombre de méchants, qui quoique devenus ses membres, et malgré son sang versé avec une si surabondante profusion, devaient se séparer de son corps divin et se damner. C'est pourquoi il proféra la cinquième parole : j'ai soif. Il avait soif de voir tous les hommes correspondre au salut par la foi et la charité qu'ils lui devaient. Mais les méchants lui présentèrent à l'extrémité d'un roseau une éponge trempée de fiel et de vinaigre. A la prière de la sainte Vierge, il refusa pour ne pas martyriser sa sainte bouche. Il prononça la sixième parole : Consummatum est, pour annoncer que la grande oeuvre de la rédemption du monde était accomplie. Enfin il ajouta; mon père, je remets mon. âme entre vos mains, il prononça ces divines paroles d'une voix forte èt sonore, en élevant au ciel ses yeux pleins de sang, et inclinant sa tête divine, il expira. Si la divine mère n'expira pas aussi ce fut par un miracle de la toute-puissance de Dieu. Lucifer et tous les siens par la vertu de ces dernières paroles fut vaincu et précipité dans l'enfer, et son empire fut détruit. La sainte Vierge demeura au pied de la croix jusqu'à la fin du jour, où l'on ensevelit le corps du rédempteur. Et en récompense de cette dernière douleur la très-pure mère fut toute spiritualisée dans le peu de l'être terrestre, que son corps virginal avait encore. Chaque père de famille fait son testament avant de mourir, ainsi Jésus-Christ avant de prononcer les sept paroles fit son testament sur la croix concerté avec le Père éternel, il resta scellé et caché pour les hommes, il ne fut ouvert qu'à la divine mère comme coadjutrice de la rédemption. il la déclara héritière, et exécutrice testamentaire pour accomplir sa divine volonté, et tout fut remis dans ses mains par le divin maître, comme le Père avait tout remis dans celles du fils. Ainsi notre grande reine dut distribuer les trésors dus à son fils parce qu'il est Dieu, et acquis par ses mérites infinis. Elle fut déclarée donc la dépositaire de toutes les richesses, dont son fils, notre rédempteur nous cède les droits auprès du Père éternel, afin que les secours, les grâces, et les faveurs soient accordés par la sainte Vierge et qu'elle les distribue de ses mains miséricordieuses et libérales.

Extrait de la Vie Divine de la Sainte Vierge, Maria d'Agreda, chapître 24

Voir : http://www.maria-valtorta.org/Personnages/Dismas.htm


Statue of St Dismas (1750) on a bridge in Březnice, Příbram District, Czech Republic.


Prière au Bon Larron

Saint Bon Larron, toi qui, malgré tes péchés passés fus assuré d’une entrée immédiate au Ciel, par la gratuité de l’Amour de Dieu, qui en un instant t’a transformé en un saint, demande, je t’en supplie, à Jésus mon Sauveur, de faire tomber sur moi ce même regard de miséricorde, qui fera plonger mes yeux dans les siens, pour en recevoir le pardon et la sainteté. Ainsi, envahi par le feu de l’Amour Divin consumant et transformant, je pourrai entendre à mon tour la promesse que Jésus t’a faite : « Aujourd’hui même tu seras avec moi dans le Paradis. » Amen.

Approuvé par Mgr François Lapierre, 24 février 2004

SOURCE : http://imagessaintes.canalblog.com/archives/2009/04/20/13453047.html

Dismas, the good felon crucified to the right of Jesus, depicted here in Italy, South Tyrol, Badia/Abtei, Heilig-Kreuz-Kirche/Santa Croce/La Crusz,


Le bon Larron

Fête le 24 avril


O admiranda Latronis conversio ! Crucifixum videt et Regem prœdicat. Alleluia.

O admirable conversion du Larron ! Il voit le Crucifié et il proclame qu’il est Roi. Alleluia. (Ant. De l’office).

Canonisation

Le Bon Larron a été mis au nombre des saints par Notre Seigneur lui-même sur la Croix, lorsque le Sauveur lui dit : En vérité, je te le déclare, tu seras aujourd’hui avec moi en paradis.

Cette canonisation, extraordinaire entre toutes, doit exciter une vive dévotion pour ce voleur pénitent. L’Eglise lui a consacré un office et une messe le 24 avril, et son nom figure au martyrologe au jour du 25 mars, qui fut à la fois la date de l’Incarnation à Nazareth et de la mort du Sauveur à Jérusalem. Nous dirons plus loin les différents motifs qu’on a de l’invoquer et les circonstances où il convient de le faire.
D’après la tradition la plus autorisée, le Bon Larron s’appelait Dismas et le mauvais larron Gestas. On ne connaîtra l’histoire de leur vie qu’au jugement dernier, lorsqu’ils se retrouveront, comme au vendredi saint, à la droite et à la gauche de Jésus ; toutefois, le pardon du Sauveur ayant effacé d’une façon toute royale les crimes de Dismas, le monde assemblé ne pénétrera de son histoire que ce qui lui fait honneur et gloire.

Peut-être serons-nous émerveillés de voir alors au milieu de cette vie de crimes, des élans de l’âme pour répondre à la grâce, qui eussent largement suffi à le convertir, si cette grâce avait été aussi abondante pour lui que pour nous. N. S., qui voulait conquérir cette âme, laissait accumuler ses premiers bons mouvements pour les inonder au Calvaire, des mérites de son sang.

Ce qu’une tradition assez autorisée nous rapporte des premières années de Dismas nous démontre en effet dès lors au milieu même de ses désordres, l’objet des prévenances de Jésus. Cette tradition est rapportée par Saint Anselme, il la raconte à l’une de ses sœurs à propos d’une méditation sur l’enfance de Jésus, et il la donne comme une légende, sinon certaine, du moins très répandue de son temps.

Première rencontre de Jésus avec Dismas

C’était à l’époque du massacre des Innocents ; Joseph, Marie et Jésus fuyaient la colère d’Hérode, brigand illustre qui usurpait le pouvoir pour commettre de grands crimes.

Lorsque la Sainte Famille eut dépassé la région de Bethléem, elle entra sur les terres d’Egypte. L’Egypte est dans l’Ecriture Sainte le pays du péché, d’où Dieu retire son peuple, et c’est pour cela qu’il convenait que Jésus portant la similitude du péché, fût envoyé en Egypte et vécût au milieu de ce monde ennemi, qu’il venait racheter à force de pardon.

Or, dans cette fuite vers le pays du démon, Jésus, Marie et Joseph pénétrèrent en une forêt où vivaient des brigands, et parmi eux Dismas.

Dismas, déjà dans la force de l’âge était assassin, de profession, disait Saint Anselme ; ce qui explique ce malheur, c’est qu’il avait pour père le chef d’une nombreuse troupe de malfaiteurs qui vivaient en ce lieu. Il avait donc été nourri dans le crime comme d’autres sont nourris dans la vertu, mais semblable à ces âmes que le souffle d’une éducation toute mondaine ne parvient pas à corrompre complètement, il conservait au fond de son cœur les grâces cachées du remords.

Or, un jour où il se tenait en embuscade, attendant l’occasion de faire quelque mauvais coup et de se souiller d’un nouveau méfait, il vit arriver le vieillard, la jeune femme et le petit enfant ; ces trois voyageurs portaient quelque bagage, peut-être les dons des mages, dons réservés par la Providence pour ce lointain voyage.

Dismas jugea que cette faible caravane n’opposerait aucune résistance ; le bâton de Saint Joseph, qu’on vénère aujourd’hui avec amour à Florence, ne l’effrayait guère, et il s’avança vers les voyageurs pour les maltraiter et les dépouiller. Ses compagnons étaient là.

Quand il fut proche de la Sainte Famille, son regard rencontra le visage du petit Jésus, et cette physionomie lui apparut si merveilleusement illuminée de beauté, qu’au lieu de frapper, il recula attendri, et pris de commisération, non seulement il ne dépouilla pas les pauvres voyageurs, mais après avoir renvoyé ses compagnons, il leur offrit l’hospitalité dans la caverne qu’il habitait.

C’est ainsi que le moment d’angoisse auquel la Sainte Famille venait d’être soumise se terminait, comme dans les angoisses précédentes, par la consolation. En effet, la route était longue, le soir descendait et ils étaient sans abri ; or, voici qu’au lieu d’un ange, pour les secourir, il trouvait un voleur prêt à les massacrer, mais tout à coup ce voleur attendri se transformait en bon ange.

Dès qu’ils furent en cette caverne, comme naguère à Bethléem, les dons abondèrent. Dismas, qui avait renvoyé ses mauvais complices sans tenir compte sans doute de leurs blasphèmes, se prodiguait à ses hôtes ; cet homme, armé jusqu’aux dents pour le meurtre, regardait avec tendresse l’enfant Jésus ; celui-ci daignait se laisser caresser par ce brigand qu’il voulait sauver, et Marie admirait ce spectacle sans terreur.

L’hospitalité de l’Orient est frugale, on partagea quelques fruits ; c’étaient les fruits de la forêt, car la Sainte Famille n’a certainement jamais touché à ce qui devait provenir du vol ; c’était le lait des chèvres et le produit de la chasse : on étendit les meilleures nattes et l’on reposa, mais l’empressement de Dismas montrait qu’il voulait donner avec sa pauvre caverne, son cœur plus pauvre encore.

Le lendemain, Marie considérant le respect et l’affection du brigand pour l’enfant qu’il ne cessait de regarder rendit grâces, puis, elle l’assura avec solennité, qu’il serait récompensé avant sa mort. Dismas conserva le souvenir de cette promesse, et au milieu de ses débordements, il en attendait l’accomplissement avec une invincible espérance.

Quiconque secourt un pauvre sur la route, lui sacrifie son repas et sa maison, reçoit Jésus ; et Marie, continuée par l’Eglise, est là pour lui promettre qu’il sera récompensé avant sa mort.

La Sainte Famille poursuivit sa route vers l’Egypte, laissant partout des traces de ses bienfaits et jetant des germes de salut dans les âmes ; mais l’heure de prêcher la vérité n’était pas venue, et le Sauveur, s’il eût parlé, aurait pu, comme à Cana, répondre à sa mère qui promettait un miracle : « Ne savez-vous pas que mon heure n’est pas encore venue ! »

Seconde rencontre de Jésus avec Dismas.

Que se passa-t-il pour le brigand de la forêt pendant les trente-trois ans qui suivirent ? nous ne savons rien, sinon que lui, Gestas et Barabbas se trouvaient l’an 33 dans les prisons de Jérusalem comme d’insignes coquins, condamnés pour leurs crimes innombrables au supplice infamant de la croix.
Barabbas fut délivré par l’acclamation universelle, et les deux autres portèrent la croix à la suite de Jésus.

Ces deux larrons furent accolés au cortège de Jésus pour le couvrir d’infamie ; comme la couronne d’épines et le sceptre de dérision, ils étaient des instruments destinés à grandir le supplice et ils accomplissaient, dit l’Evangile, la prophétie d’Isaïe : cum sceleratis reputatus est, il a été mis au rang des scélérats.

Mais ce fut une bien grande grâce pour eux que de faire ainsi le chemin de la Croix avec Jésus, d’en suivre toutes les lamentables stations, tandis que les Apôtres, en fuite, eurent le regret de n’en avoir pas été les témoins.

Dismas vit le long de ce chemin la tête blonde du petit enfant de la forêt couronnée d’épines sanglantes, elle était plus belle encore qu’en Egypte ; l’innocence de la face divine le toucha peut-être, mais il ne reconnut ni Jésus ni Marie. Les crimes avaient épaissi son regard.

Jésus fut cloué sur la croix. Dismas entendit avec Marie les coups de marteau, et les deux larrons furent attachés avec des cordes. Ils admiraient qu’on les épargnât, tandis que tant de fureurs, de flagellations et de raffinements étaient dirigés contre Jésus, et cependant ils se mêlaient tous les deux aux blasphémateurs.

Les trois croix furent élevées entre le ciel et la terre, l’un des larrons à droite, l’autre à gauche, et le tableau du crucifiement devant lequel l’humanité entière demeure depuis dix-huit siècles en adoration, apparut dans sa réalité. Dismas en fait partie.

Du haut de sa croix, durant trois heures, Dismas fut associé à Jésus pour voir le spectacle de cette foule qui représentait le monde entier et qui blasphémait, il vit les soldats se diviser les vêtements, jouer la robe sans couture ; Marie qui avait tissé cette robe était debout au pied de la croix.

On attacha le titre : Celui-ci est Jésus, rois des Juifs, et il y eu un cri de joie ; la foule pleine de sarcasmes disait en hochant la tête et en se moquant :

- Toi qui détruis le temple de Dieu et le relèves en trois jours, sauve-toi toi-même. Si tu es le fils de Dieu descends de la croix.

- Descends, et nous croirons ! répétait le peuple.

Et, chose affreuse ! les deux larrons et Dismas lui-même, entraînés par ce spectacle, disaient comme le peuple et le maudissaient (S. Mathieu et S. Marc).

Marie, entendant ces blasphèmes, le regarda, reconnût sans doute Dismas, et pria pour lui.

Conversion du larron.

Cependant la sixième heure, celle des ténèbres, approchait, l’ombre de la croix de Jésus s’allongeait sur la colline et elle passa sur le corps de Dismas ; à ce moment l’autre larron blasphémait avec fureur, disant :

- Si tu es le Christ, sauve-toi toi-même et nous aussi (Luc, XXIII, 39).

Mais l’ombre des plaies divines pénétrait au cœur de Dismas et on l’entendit répondre :

- Ne crains-tu pas Dieu parce que tu as été condamné au même supplice que lui ?

« Pour nous c’est juste, car nous recevons un châtiment mérité par nos crimes, mais celui-ci n’a point fait de mal. » (Luc, XXIII, 40 et 41). Gestas le mauvais larron fut surpris, Barabbas, s’il était dans la foule, fut étonné, les pharisiens sentirent comme une morsure.

Puis cette confession suprême faite avec contrition, le larron, devenu le Bon Larron, prononça un acte sublime de foi, d’espérance et d’amour en se tournant vers Jésus :

- Seigneur, dit-il, souvenez-vous de moi, lorsque vous entrerez dans votre royaume. (Luc, XXIII, 42.)
Et Jésus, sur ce tribunal où il siégeait en juge, quoique les hommes aient cru le mettre parmi les condamnés, Jésus prononça la sentence et lui dit :

- En vérité, je te le déclare, tu seras avec moi aujourd’hui en paradis. (Luc, XVIII, 43).

Hodie mecum eris in paradisio

Si la légende de l’Egypte est vraie, Jésus, à ce moment, a rempli la promesse de Marie, et sans doute, Dismas reconnut enfin la Mère qui lui fit la promesse lorsque le sauveur mourant s’adressant à elle lui dit :

Femme voici votre fils.

Ce fils c’était Jean, mais c’était Dismas aussi et tous les pécheurs convertis.

Il était midi ; une nuit de trois heures se répandit sur toute la terre, le voile du temple se déchira et le désarroi se mit dans la foule consternée.

Gestas entra dans un affreux désespoir, Dismas priait et il entendit : Eli, Eli lamma sabbacthani ; c’étaient les dernières paroles de Jésus ; le soldat lui présenta le vinaigre, le Sauveur poussa un grand cri et expira.

La mort du Bon Larron

Le soleil éclairait à nouveau la scène de désolation. Les juifs préparaient le temple et disaient : c’est demain le grand sabbat de la Pâque, il ne faut pas que ces corps restent sur les croix. Ils allèrent trouver Pilate et lui demandèrent qu’on brisât les os des condamnés et qu’on enlevât les cadavres.
Des soldats arrivèrent donc à nouveau au Calvaire, le centurion qui avait conduit ceux du crucifiement s’était converti.

Ces nouveaux soldats brisèrent les jambes et les cuisses et sans doute tous les os de Dismas et de Gestas ; ils étaient mourants, lorsque ces soldats se tournant vers Jésus et voyant qu’il était déjà mort, ne prirent point la peine de les briser, mais l’un d’eux, Longin, fit au côté droit une profonde ouverture avec la lance.

Cette plaie du côté droit, s’ouvrait du côté du Bon Larron expirant, elle allait jusqu’aux profondeurs du Cœur de Jésus et elle versa l’eau et le sang du pardon. Dismas purifié, mourut ; il avait reçu les prémisses de la Rédemption.

La croix du Bon Larron, retrouvée par Ste Hélène en même temps que celle du Sauveur fut longtemps honorée à Chypre ; aujourd’hui elle est à Rome, à Ste-Croix de Jérusalem, sur l’autel où s’exposent la vraie Croix, le clou et les épines.

Son patronage

Le Bon Larron est le patron des condamnés à mort ; mais à ce titre, il n’aurait pas assez de clients.
Il est de plus le patron des malheureux dont les affaires sont douteuses, qui ne savent pas comment restituer et ne voudraient pas mourir voleurs impénitents, et à ce titre, combien de chrétiens sont les débiteurs insolvables de l’Église !

Le Bon Larron est la planche de salut de tant de grands coupables qui blasphèment Jésus et qui, tombant dans le malheur, se tourneront enfin vers leur Créateur.

Il y a des pays où à ce titre, on devrait lui dresser des autels sur les places publiques.

Il est le patron des grands pécheurs, des enfants prodigues, et il délivre de l’impénitence finale.

« L’impiété de l’impie ne lui nuira point, au jour quelconque où il sera détourné de son impiété et converti. » (Antienne du Magnificat, à l’office du Bon Larron).

Le Bon Larron est aussi le patron des âmes qui se découragent, soit parce qu’elles ont péché, soit parce que tout va mal dans leurs entreprises, soit surtout parce que la persécution triomphe.

« Le Bon Larron, dit S. Jean Chrysostome en l’office de la fête, a vu le Sauveur non sur le trône royal, non adoré au temple, non point parlant du haut de son ciel et commandant à ses anges, mais il l’a vu dans les tourments, et il l’adore comme s’il était dans la gloire ; il le voit sur la Croix et il le prie comme s’il était puissant au Ciel. Il voit le condamné et il invoque le roi, disant : Seigneur, souvenez-vous de moi lorsque vous arriverez dans votre royaume. Tu vois le Crucifié et tu lui annonces le Roi. Tu le vois suspendu au gibet, et à ce spectacle, tu penses au royaume des cieux. O admirable conversion du Larron ! (Leçon II de l’office.)

Autrefois, on l’invoquait beaucoup contre les voleurs, et le moyen âge nous a transmis une antienne versifiée que récitaient en son honneur les personnes dont les biens sont exposés à la rapacité des larrons. Nous en donnons la traduction :

« Pour des raisons différentes, trois corps sont suspendus au gibet : Dysmas d’un côté, Gestas de l’autre, au milieu, le Dieu tout-puissant, Dysmas monte aux cieux, Gestas descend aux abîmes. Que la souveraine puissance nous conserve nous et nos biens. Récite ces vers pour ne pas perdre, par le vol, ce qui t’appartient. »

Voici maintenant l’oraison solennelle de l’Eglise pour son office :

Oraison du Bon Larron

Dieu tout-puissant et miséricordieux, qui justifiez les impies, nous vous en prions et vous en supplions, dirigez vers nous, pour exciter nos cœurs à la pénitence, le doux regard de votre Fils, qui lui gagna le cœur du Bienheureux larron ; et daignez nous accorder à nous-mêmes la gloire éternelle qu’il lui promit. Nous vous le demandons par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur.



Robert Campin, Il buon ladrone in croce, vers 1425

Le saint bon larron

Evangile selon saint Luc (XXIII 39-43)

L'un des malfaiteurs suspendus à la croix l'injuriait : N'es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec !  Mais l'autre lui fit de vifs reproches : Tu n'as donc aucune crainte de Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c'est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n'a rien fait de mal. Et il disait : Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton règne. Jésus lui répondit : Amen, je te le déclare : aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis.

Prière

Dieu de puissance et de miséricorde, toi qui justifie les pécheurs, nous te supplions humblement : par le regard aimant de ton Fils qui attira le bon larron, appelle-nous à la vraie pénitence et donne-nous cette gloire éternelle dont il reçut alors la promesse. Par Jésus-Christ, ton fils unique, notre Seigneur et notre Dieu, qui vit et règne avec toi, dans l'unité du Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. - Amen.

Homélie sur la Croix et le Bon Larron

« Seigneur, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne » (Luc, XXIII 42). Le larron n'a pas osé faire cette prière avant d'avoir déposé par son aveu le fardeau de ses péchés. Tu vois, chrétien, quelle est la puissance de la confession ! II a avoué ses péchés et le paradis s'est ouvert. II a avoué ses péchés et il a eu assez d'assu­rance pour demander le Royaume après ses brigandages.

Songes-tu à tous les bienfaits que la croix nous procure ? Tu veux connaître le Royaume ? Dis-moi : Que vois-tu donc ici qui y ressemble ? Tu as sous les yeux les clous et une croix, mais cette croix même, disait Jésus, est bien le signe du Royaume. Et moi, en le voyant sur la croix, je le proclame roi. Ne revient-il pas à un roi de mourir pour ses sujets ? Lui-même l'a dit : « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis » (Jean X 11). C'est également vrai pour un bon roi : lui aussi donne sa vie pour ses sujets. Je le proclamerai donc roi à cause du don qu'il a fait de sa vie. « Seigneur, souviens-toi de moi quand tu seras dans ton Royaume ».

Comprends-tu maintenant comment la croix est le signe du Royaume ? Si tu le veux, voici encore une autre preuve. Le Christ n'a pas laissé sa croix sur la terre, mais il l'a soulevée et emportée avec lui dans le ciel. Nous le savons parce qu'il l'aura près de lui quand il reviendra dans la gloire. Tout cela pour t'apprendre combien est vénérable la croix qu'il a appelée sa gloire (...)

Lorsque le Fils de l'homme viendra, « le soleil s'obscurcira et la lune perdra son éclat » (Matthieu XXIV 29). Il régnera alors une clarté si vive que même les étoiles les plus brillantes seront éclipsées. Les étoiles tomberont du ciel. « Alors paraîtra dans le ciel le signe du Fils de l'homme » (Matthieu XXIV 29-30).

Tu vois quelle est la puissance du signe de la croix ! (...) Quand un roi entre dans une ville, les soldats prennent les étendards, les hissent sur leurs épaules et marchent devant lui pour annoncer son arrivée. C'est ainsi que des légions d'anges et d'archanges précéderont le Christ, lorsqu'il descendra du ciel. Ils porteront sur leurs épaules ce signe annonciateur de la venue de notre Roi.

Saint Jean Chrysostome

SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/10/12.php

Jacopo Bassano  (1510–1591). Le Bon Larron, seconda metà del XVI sec., Museo del Louvre  


Qui est saint Dismas, le bon Larron ?

Publié le : 09/01/2020 - Catégories : Anges et saints , Tous les articles

Sur notre boutique religieuse nous proposons une icône qui représente le visage du Christ et qui est intitulée Le regard au bon Larron ; cette icône est une reprise d'une statue réalisée par le frère Marie Bernard de la Grande Trappe.

Cette icône se rapporte bien évidemment à la cène du bon Larron alors que Jésus était en croix.

Le bon Larron dans les Évangiles

Mais qui est ce bon Larron ? Les Évangiles nous ne disent rien de plus sinon qu'il fut un voleur condamné à mort et crucifié avec Jésus ; voici les différents textes :

On menait aussi deux autres, des malfaiteurs, pour être exécutés avec lui. Lorsqu'ils furent arrivés au lieu appelé Calvaire, ils l'y crucifièrent, ainsi que les malfaiteurs, l'un à droite, l'autre à gauche. (st Luc, 23, 32 - 33)

C'est là qu'ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. (St Jn, 19, 18)

Les brigands aussi, crucifiés avec lui, l'insultaient de la même manière. (st Math, 27, 44)

Or, l'un des malfaiteurs, mis en croix l'injuriait, disant: " N'es-tu pas le Christ? Sauve-toi toi-même et sauve-nous! " Mais l'autre le reprenait, disant: " Tu n'as pas même la crainte de Dieu, toi qui subis la même condamnation! Pour nous, c'est justice, car nous recevons ce que méritent les choses que nous avons faites; mais lui n'a rien fait de mal. " Et il dit: " Jésus, souvenez-vous de moi, quand vous serez dans votre royaume. " Et il lui dit: " Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. " (st Luc, 23, 39 - 43)

 Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes du premier, puis de l'autre qui avait été crucifié avec lui. (St Jn, 19, 32)

Le bon Larron Dismas, d'après Anne-Catherine Emmerich 

Cette fin admirable du bon Larron nous le rend attachant et nous aimerions en savoir plus à son sujet. Heureusement la tradition nous a transmis d'autres informations, qui aideront à mieux connaître ce saint.

La tradition nous a conservé le nom des deux larrons, Gesmas pour le mauvais, et le bon larron s'appelait Dismas. Ce nom signifie "Celui qui a du coeur".

La bienheureuse Anne-Catherine Emmerich nous donne dans ses révélations un certain nombre de détails. Dismas était le fils d'une famille de brigands. La sainte Famille, durant la fuite en Egypte fut accueilli par les parents de Dismas alors qu'il était encore petit enfant mais atteint de la lèpre. Il fut guéri miraculeusement par l'eau que la sainte Vierge avait utilisée pour laver l'Enfant Jésus, et dans laquelle la mère de Dismas plongea son enfant. Ce miracle sensible se produisit une nouvelle fois d'une manière spirituelle sur la croix quand, par son propre sang, Jésus purifia Dismas de la lèpre du péché.

Anne-Catherine écrit que les deux larrons avaient été arrêtés lors d'une attaque de brigandage. Gesmas en avait été l'instigateur et aurait entraîné Dismas à voler. Elle décrit Dismas comme dépravé mais sans méchanceté.

Quoiqu'il en soit les deux voleurs se trouvaient à la droite et à la gauche du Sauveur au sommet du Golgotha.

Guter Schächer Dismas (17.Jhdt.). Maria Bründl ( Putzleinsdorf / Oberösterreich ). Kreuzweg - Kreuzigungskapelle


Les dispositions intérieures du bon Larron Dismas

Il est intéressant de remarquer qu'au début le bon larron insultait le Christ comme le faisaient les pharisiens et Gesmas. Mais peu à peu, éclairé par une grâce intérieure, il fut impressionné de la patience du Sauveur et la première parole du Christ en croix, "mon Père, pardonnez leur car ils ne savent pas ce qu'ils font" fut comme le coup de grâce qui amena Dismas, illuminé par une lumière intérieure, à cette héroïque acte de foi où il reconnaissait le Christ comme le Fils de Dieu.

La courte harangue de Dismas à Gesmas, manifeste l'intensité de son repentir et la profondeur de sa foi  :

- il reconnait la Justice de Dieu.

- il a manifesté sa charité fraternelle en encourageant son compagnon d'infortune à reconnaître la justice de leur sort et en blâmant les calomniateurs.

- il a imité le Sauveur en supportant avec patience les souffrances. 

- il a élevé vers le Ciel, une prière humble et confiante pleine de foi.

Le repentir de Dismas

Le Bon Larron est l'exemple du repentir. Avec dégoût, il se détourne des égarements de sa vie passée et reconnaît publiquement son ancienne adhésion au péché, mais aussi son amour total pour le Christ. Il accepte les terribles souffrances de la crucifixion et les tourments de la mort. Il reconnaît publiquement qu'il a mérité tout cela. Dismas est la preuve vivante de la puissance inimaginable du Sang du Christ et de l'infinie miséricorde de Dieu. Par la force de son Sang, répandu sur la Croix, le Christ provoque la transformation intérieure de Dismas et, en l'espace de trois heures, fait d'un malfaiteur un saint...

Dismas confesse Jésus-Christ avec courage. Il est l'avocat du Crucifié et blâme les calomniateurs. Il annonce ouvertement l'innocence de Jésus et reconnaît le Christ comme son Seigneur et son Dieu.

Du haut de sa croix, le Bon Larron devient un maître de la prière et un apôtre de la foi au Christ.  Humblement, plein d'espoir et de foi, il prie le Seigneur de l'accueillir dans son Royaume. Sa prière pénètre jusqu'au Cœur divin de Jésus. Il craint Dieu et il est rempli d'humilité, de foi et de confiance.

Dismas est aussi la consolation de Jésus crucifié et de sa douloureuse Mère. Alors que Jésus est bafoué par ceux qui l'entourent, le Larron se convertit grâce aux mérites des souffrances amères du Christ et des supplications puissantes de Marie. Il reçoit le regard de grâce du visage du Christ. Le Larron, crucifié à la droite du Seigneur, trouve, par le Fils de Dieu, le chemin vers le Père.

Saint Dismas et ses divers patronages

Cette admirable cène ou Jésus promet le Ciel au Larron repentant ne laisse indifférent personne. La parole du Christ est comme un décret de canonisation que l'Eglise, ne pouvait que ratifier : saint Dismas est fêté le 25 mars et de nombreux patronages lui ont été reconnus :

• Protecteur des condamnés à mort.

• Intercesseur pour une bonne confession.

• Intercesseur pour obtenir un repentir sincère et plein d'amour.

• Intercesseur contre l'impénitence et la confession sacrilège.

• Intercesseur pour les pauvres pécheurs et les conversions difficiles.

• Protecteur contre les vols, les violences, les attaques, les calomnies, le désespoir et les enlèvements criminels.

• Patron des conducteurs de véhicules divers.

• Protecteur des mourants, des agonisants.

• Protecteur du foyer et des biens matériels.

Basilica di Santa Croce in Gerusalemme, Roma. Reliques de la vraie Croix et de la Passion dans la chapelle Sainte-Hélène. La chapelle des Reliques contient des morceaux de la Croix du "bon larron", crucifié aux cotés de Jésus (la traverse de la croix de Dismas est une poutre exposée à gauche du reliquaire), des fragments de la vraie Croix, une partie de l'inscription de la Croix ; INRI (Jésus de Nazareth roi des Juifs), deux épines de la couronne du Christ, le doigt de Saint-Thomas, un clou de la Passion, et d’autres reliques.

Dans l'église "Santa Croce" de Rome, on conserve une traverse de la croix de saint Dimas : une poutre à gauche du reliquaire.

Prières à saint Dismas, le bon Larron

Pour terminer nous vous indiquons quelques prières

Confiance en la Miséricorde

Saint Dismas, Bon Larron, toi qui par ta courageuse profession de foi et ton humble pardon dans la souffrance, fus proclamé saint par le Christ crucifié, nous te prions d'obtenir pour nous une confiance sans faille en la Miséricorde du divin Cœur de Jésus.

Nous recommandons à ta protection nos biens et notre vie. Préserve-nous de toute violence, de toute ruse et protège particulièrement la jeunesse si exposée au danger et aux tentations du Malin.

Obtiens aux agonisants la grâce d'un parfait repentir de leurs péchés, afin qu'à ton exemple, ils puissent percevoir ces paroles consolantes : "Aujourd'hui même, tu seras avec moi en Paradis." Amen.

Prière pour obtenir l'esprit de pénitence

Très bon Jésus, toi qui dans ton infinie Miséricorde pour le meurtrier se trouvant à ta droite sur la croix, ce grand pécheur, n'en fis pas seulement un pénitent, mais en si peu d'heures un saint, accorde-nous que, par son intercession et le secours de ta grâce, nous éprouvions un véritable regret de nos fautes ; qu'à l'heure de notre mort, nous soyons fortifiés par le sacrement des mourants et que nous soyons rendus dignes d'entrer dans l'éternelle joie du Paradis. Toi qui vis et règnes avec Dieu le Père et l'Esprit Saint pour les siècles des siècles. Amen.

Prière pour obtenir la patience dans les souffrances

Saint Dismas, toi qui sur le Calvaire, à la droite du Seigneur, eus la grâce d'expier tes crimes, je te prie d'obtenir pour moi la grâce de supporter toutes mes souffrances par amour pour Dieu. Obtiens-moi aussi, qu'avant ma mort, j'expie mes nombreuses et lourdes fautes et qu'au jour du jugement, je sois au nombre des élus. Amen.

Vous trouverez plus d'informations sur le bon Larron dans le livret "Saint Dismas, le Bon Larron", aux éditions Bénédictines : www.editionsbenedictines.com

SOURCE : https://www.traditions-monastiques.com/fr/blog/qui-est-saint-dismas-le-bon-larron--n238

Joseph Bergler the Younger. Saint Dismas as penitent sinner in chains. Pilgrim's church Mariahilf: Altar of the Lamentation of Christ (1774), Passau (Lower Bavaria).

Joseph Bergler dem Jüngeren. Sankt Dismas als reuiger Sünder. Wallfahrtskirche Mariahilf: Altar der Beweinung Christi (1774). Passau (Niederbayern). 


La vie de saint Dimas, le bon larron, entre légende et vérité

La rédaction d'Aleteia - Publié le 02/06/16

Le 12 octobre, nous fêtons le bon larron. Cet heureux coupable peut nous en apprendre beaucoup sur le repentir et la miséricorde.

Selon l’une des légendes populaires les plus anciennes du christianisme, le bon larron crucifié aux côtés du Christ, s’appelait Dimas. Il serait né dans une caverne de voleurs, fils du chef de la bande et, encore tout petit, il avait contracté la lèpre. Toujours selon la légende, durant la fuite en Égypte, la Sainte Famille avait trouvé refuge dans cette grotte pour passer la nuit. Le lendemain matin, la femme du chef de bande lava son petit garçon  avec la même eau que la Vierge Marie avait utilisée pour laver l’Enfant Jésus – et la lèpre disparut aussitôt.

Cependant, le petit garçon devint un voleur comme son père. Finalement arrêté à l’âge adulte, il fut conduit à Jérusalem et condamné à mort par Ponce Pilate. C’est alors que Dimas put voir le Seigneur portant sa Croix et crucifié à côté de lui. Il se rendit à la grâce de Dieu et proclama cet acte de foi et d’amour qui sera enregistré à jamais dans l’Évangile ; un geste de foi qui lui valut la promesse la plus sublime du Fils de Dieu.

« Aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis »

En fait, il s’agit de la seule information historique sur cet homme connu sous le nom du « Bon Larron ». Si tout son passé reste un mystère que l’imagination pieuse a cherché à peindre avec la légende rapportée ci-dessus, son avenir éternel est une certitude de foi !

Sur l’épisode spécifique narré dans l’Évangile, saint Augustin, docteur de l’Église, fait ce commentaire : « si l’Évangile nous fournit l’exemple d’un pécheur converti au moment de sa mort, c’est pour nous empêcher de tomber dans le désespoir ; et, afin que nous ne présumions pas de la Miséricorde de Dieu, cet exemple est le seul qui nous soit proposé ».

SOURCE : https://fr.aleteia.org/2016/06/02/la-vie-de-saint-dimas-le-bon-larron-entre-legende-et-verite/

Lovis Corinth  (1858–1925). Le Bon Larron, 1883, 180 X 80, Gerhart Hauptmann (1862-1946) (Villa Hauptmann in Agnetendorf


Christiane Klapisch-Zuber (2015). Le voleur de paradis. Le Bon larron dans l’art et la société (XIVe-XVIe siècles)Paris, Alma, 384 pages, 54 illustrations, 29 €

Jean-Claude Zancarini

Disons-le d’emblée : ce livre est un grand livre, à lire toutes affaires cessantes ! Christiane Klapisch-Zuber nous fait parcourir, sur les traces du « voleur de paradis », un voyage de plusieurs siècles, dont la production artistique toscane des xive-xvie siècles est le centre, mais qui touche bien d’autre lieux et moments, avec une approche qui mêle analyse iconographique, histoire sociale, lecture des récits de pèlerinage et des archives des compagnies qui réconfortaient les condamnés. Cela avec une érudition exceptionnelle par son ampleur et cependant jamais pédante, dans une langue précise et maîtrisée où les touches d’humour ne sont pas rares : outre le plaisir de la connaissance, ce livre procure un vrai plaisir de lecture.

Le titre de l’ouvrage, quelque peu intrigant en un premier temps, est une belle trouvaille qui s’inspire d’une remarque de Bernardin de Sienne dans un de ses sermons : « Forza di ladro ! Il primo che furò il regno di Dio fu egli. » Ce « sacré larron » – tellement fort qu’il fut le premier à voler le royaume de Dieu ! – est, d’après l’évangile de Luc, un des deux brigands crucifiés avec le Christ. Mais alors que l’un d’eux nargue Jésus incapable de se sauver lui-même, se faisant ainsi l’écho des moqueries des juifs et des soldats romains, l’autre réplique : « Pour nous c’est justice, nous payons nos actes, mais lui n’a rien fait de mal », et ajoute en s’adressant au Christ : « Souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton royaume ». Alors Jésus lui répond : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Hodie mecum eris in paradiso). Celui qui vola le royaume de Dieu par la reconnaissance de ses fautes et sa foi dans le Sauveur est l’occasion d’un voyage dans l’imaginaire occidental auquel ce livre nous invite.

L’ouvrage commence par un inventaire des « recettes iconographiques » héritées de l’Orient chrétien et des artistes byzantins, mais aussi des textes qui, comme L’Evangile de Nicodème, donnent très vite au Bon larron un nom (Dismas), une attitude sur sa croix (il regarde le Christ, alors que son compagnon d’infortune fait tout pour s’éloigner de la Croix du Christ et éviter son regard), des aventures post mortem (Dismas attend, devant la porte du paradis, les justes que Jésus est allé libérer de l’Hadès : l’ange qui garde la porte, en voyant la croix symbole de son martyre, ouvre sans rechigner la porte du royaume de Dieu au brigand de grand chemin). La Vie de Jésus en arabe lui donne aussi une histoire : lors de la fuite en Égypte de la Sainte Famille, il l’aurait protégée contre ses propres compagnons. Ces images et ces traditions textuelles traverseront les siècles et serviront aux interprétations picturales occidentales, d’autant qu’un texte aussi important pour l’iconographie que la Légende dorée de Jacques de Voragine va reprendre les données textuelles forgées en Orient pour le Bon larron.

Mais, nous dit Christiane Klapisch-Zuber, l’Occident « ne se contenta pas d’hériter, il rénova profondément l’iconographie de la Passion à partir du xiie siècle ». Les deux innovations principales sont liées à la façon dont les ordres mendiants conçoivent désormais la dévotion moderne et elles portent, d’une part, sur la mise en évidence dans les œuvres artistiques de la souffrance du Christ (le Christus patiens) et, d’autre part, sur la volonté d’historiciser la représentation du Calvaire en mettant en scène tous les acteurs et participants de la passion. Ces deux innovations vont de pair avec deux expériences sociales, individuelles et collectives, qui sont des « viviers d’émotions fortes, liées à la mort et au sentiment de culpabilité » : l’exercice public de la justice qui fait des supplices un spectacle public (avec pour corollaire l’activité de confréries chargées d’accompagner les condamnés); la visite des lieux saints par les pèlerins.

Un ricordo trouvé dans les archives florentines est le point de départ du chapitre sur le spectacle public des exécutions (« Justice humaine, justice divine »), mais sans doute aussi de l’enquête même sur le Bon larron et son parcours dans l’art et la société. Ce bref ricordo de 1361, écrit par la personne qui exécuta la dernière volonté du testateur, exprime le souhait d’un condamné à mort, d’une famille de citoyens florentins « non médiocres », de faire peindre à Orsanmichele, « sur le pilier proche de l’oratoire, une image du Bon larron, afin que celui-ci prie Dieu de montrer à son égard, lors de son dernier souffle, la même miséricorde qui avait fait de lui un bienheureux ». Cette déclaration du condamné avait été faite à un frère de la compagnia dei Neri, qui assistait et accompagnait les condamnés à mort dans leurs derniers moments. L’exemple du Bon larron sert alors à convaincre les condamnés de faire le choix d’une « bonne mort » en acceptant leur sort et leur châtiment et en se repentant, car ils pourront ainsi non seulement bénéficier de la miséricorde de Dieu mais aussi, comme le brigand crucifié à la droite de Jésus, aller directement au Paradis sans passer par les tourments du Purgatoire, ceux qu’il aura subi sur terre jouant le rôle de purgation nécessaire. On note en effet qu’au moment même où la vérité théologique tend à affirmer que l’âme doit inéluctablement passer par le Purgatoire avant qu’elle ne puisse accéder à la vision béatifique, les confortatori ne font aucune allusion ni à ce dernier ni au jugement universel, mais affirment bien que la bonne mort peut permettre le passage direct de la vie pécheresse au paradis, par la repentance et la foi… Et Christiane Klapisch-Zuber précise d’ailleurs qu’il faudra attendre la Contre-Réforme pour que les traités des confortatori fassent allusion au Purgatoire.

Les récits de pèlerinage montrent que l’expérience directe des Lieux saints, la volonté de les mesurer, de les cartographier afin d’en ramener une image la plus précise possible pour ceux qui n’ont pas pu accomplir le voyage, modifient profondément la scénographie de la passion : ces visions rapportées en Occident, profondément marquées par la spiritualité franciscaine, puisque ce sont les franciscains qui prennent en main les visites des lieux saints, modifient en retour les représentations que les artistes fixeront dans leurs œuvres. La naissance des sacri monti qui, comme celui de Varallo, reproduisent les lieux de la Passion « comme si on y était », est complètement liée aux expériences à la fois visuelles et spirituelles de ces voyages en Terre sainte. Quant aux larrons, leur place dans le dispositif s’en est trouvée précisée : « Les places respectives des croix des deux bandits ont été identifiées et inscrites dans le rocher, les gestes, les paroles appropriées ont singularisé la dévotion due au Bon larron ».

Le livre débouche alors sur les effets de ces expériences sociales sur la peinture des xive-xvie siècles ; dans cette partie, intitulée « Les peintres et Dismas », particulièrement riche en analyses iconographiques rigoureuses et précises, Christiane Klapisch-Zuber montre qu’alors « les peintres de crucifixions ramènent la Rédemption universelle signifiée par la mort du Christ au niveau de l’individu pécheur. Ils reportent l’attention des fidèles sur les salut des malfaiteurs en tant qu’individus, en tant qu’âmes pécheresses dignes d’intérêt ». Ainsi offrent-ils aux croyants, avec l’image du Bon larron, « un modèle auquel s’identifier ». Le chapitre « Le départ de l’âme » permet de comprendre comment les artistes ont ouvert au Bon larron une voie directe vers le ciel alors que l’âme du mauvais larron était enlevé par les diables, en ne laissant qu’une seule alternative, Enfer ou Paradis, diables ou anges, sans jamais faire mention du Purgatoire, tranchant ainsi à leur tour, comme les confortatori qui accompagnaient des condamnés l’avaient fait, dans le débat théologique difficile qui naissait de « la coexistence des deux Jugements – le jugement particulier dès la mort et le jugement universel à la fin des temps ». Dans le chapitre « Le Calvaire en perspective », l’auteure explique comment la « diagonalisation » de la scène qui a remplacé la vision frontale des trois crucifiés des premières représentations permet de mettre en évidence le dialogue entre le Christ et Dismas qui désormais dépasse « le spectacle de la souffrance et de la rédemption par le martyre : la foi (et l’espérance) prévalent sur la contrition et le repentir ».

Dismas, au terme de son voyage, est passé « du gibet à l’autel », il est le compagnon de Jésus dans l’au-delà, voire son double dans la Descente aux Limbes ou l’Apparition du Christ ressuscité à sa mère ; il peut, dans le Jugement dernier de la Chapelle Sixtine, être peint par Michel-Ange comme un « colosse, véritable athlète de Dieu, lavé des souillures du supplice… qui tient pleinement son rôle d’élu ». Le Bon larron est devenu, au terme de ce parcours magistralement retracé par Christiane Klapisch-Zuber, « une image convaincante de la promesse de salut faite au moindre croyant ».

Jean-Claude Zancarini, « Christiane Klapisch-Zuber (2015). Le voleur de paradis. Le Bon larron dans l’art et la société (XIVe-XVIe siècles) », Laboratoire italien [Online], 2015, Online since 18 November 2015, connection on 25 March 2016. URL : http://laboratoireitalien.revues.org/916

SOURCE : http://laboratoireitalien.revues.org/916



Christiane Klapisch-Zuber, Le voleur de paradis. Le Bon Larron dans l’art et la société (xive-xvie siècles). Paris, Alma Éditeur, 2015

François BœspflugUniversité de Strasbourg.

Voici un ouvrage de science, fruit d’une enquête méthodique. Le titre principal, pourtant, pouvait faire douter de sa qualité. Il a beau s’autoriser de l’étymologie (« larron » provient du latin latro, « voleur ») et se réclamer de Bernardin de Sienne (15, 99‑100) voire de la Légende dorée (299), il ne convainc pas le lecteur tant soit peu théologien, car le Bon Larron de Luc (Lc 23,39‑49), nommé Dismas par l’Évangile de Nicodème (42), n’a rien volé mais tout reçu, par grâce. La dédicace à Jacques Le Goff, déjà, donne le « la » en parlant de « Ce personnage douteux qui boycotta le purgatoire… » (7). Il faut s’y faire, le style de l’A., pourtant exceptionnellement dense et sobre, semble payer tribut à l’esprit du temps qui veut, en France notamment, que l’on s’excuse de parler de sujets religieux en s’octroyant le droit au jeu de mot imprévisible, au trait d’esprit, à la virevolte. En veut-on des exemples ? L’A. parle d’ « un véritable court-circuit dans l’économie ordinaire du salut » (105), du bon larron comme de « l’homme à tout faire des confortatori » (108), du « kidnapping de l’âme enfantine de Dismas… » (225), de « trois paquets de damnés liés en bottes comme des asperges » (230), de « l’agenda chargé de Jésus avant son Ascension » (296), ajoutant que « le Christ a cambriolé l’enfer » (299), et que le Bon Larron a été jugé « digne d’un certificat d’assez bonne conduite pour monter [sic !] sur quelques autels » (327), etc.

Je m’en voudrais de faire un florilège de ces formules incongrues qui émaillent un livre qui pouvait s’en passer. Car j’ai hâte de souligner plutôt combien il est original, solide, puissant, savantissime et bien mené, même si son plan comporte des surprises (on ne s’attend pas à trouver un chapitre sur le pèlerinage en Terre Sainte (114‑124), mais c’est requis par celui sur le Golgotha, exigé à son tour par celui sur le Bon Larron…). Un livre ample (350 pages), érudit (plus de 1000 notes), destiné à servir (deux index, un « index bibliographique » et un « index général », sans index scripturaire, dommage…), bien illustré (54 figures, certaines en pleine page, d’autres il est vrai dans un format trop petit (fig. 16, 21, 41), focalisé sur la figure du Bon Larron dans l’art, italien surtout, des xive-xvie siècles (18), recouvrant en fait une étude approfondie de la Crucifixion et de la Descente aux limbes. La dernière précision du sous-titre (« …dans l’art et la société ») avertit qu’il ne s’agit pas d’un livre d’art stricto sensu : « j’ai considéré non pas les œuvres en tant que telles, comme le font les historiens de l’art, mais les situations sociales qui se nouaient autour d’elles » (20), autrement dit, en quoi elles correspondaient à autant d’« expériences sociales » et reflétaient et/ou modifiaient des idées que l’on se faisait à cette époque, entre autres, de la faute et du châtiment publiquement exécuté, de la peine de mort, de la bonne mort et de l’après-mort.

Un ouvrage aussi dense est rarement impeccable. Mais comme il peut espérer une nouvelle édition, voici quelques suggestions. Les défauts d’espaces sont innombrables, on se demande pourquoi, en particulier entre les phrases, chroniquement dépourvues d’espace intercalaire après le point final. Il sera ensuite facile de remédier à quelques accidents typographiques : la « cacathédrale » de Fribourg (83), davantace (89), « de du » (143), 1440‑1141 (149). Si Benoît XIV (pape de 1740 à 1758, auteur du De Canonisatione sanctorum) a pu refuser au Bon Larron d’être appelé un « martyr » au sens propre, ce n’est pas en 1590‑1591 (321)… L’image de la fig. 32 reproduite p. 215 ne correspond pas à sa légende (c’est un détail de la fig. 2 de la p. 34), et p. 226 il est renvoyé par erreur à la fig. 12, au lieu de la fig. 11 de la p. 63 ; quant à la p. 205, elle renvoie aux deux larrons de la fig. 31, où ils sont absents…

Voici quelques inexactitudes portant maintenant sur le fond. Si Longin perce le côté du Christ, ce n’est pas pour l’achever (50) : il était déjà mort au moment du coup de lance (Jn 19,34). Il est inexact que « pour les médiévaux, l’âme possède une matérialité » (209) : le fait de représenter l’âme comme une figure humaine à échelle réduite est une convention picturale, non l’affirmation d’une certaine corporéité, et parler d’une « corporéité iconographique » (210) relève du pléonasme. L’infusion de l’âme de Jésus en Marie lors de son Incarnation amène l’A. à une alternative qui n’en est pas une (212 : infusion de l’âme en Marie ou Incarnation du Verbe), et je me permets de renvoyer à mon étude sur les Annonciations à homoncule dans Le Dieu des peintres et des sculpteurs. L’Invisible incarné, Paris, 2010, p. 77‑104.

J’ai enfin un problème de fond, qui est à présenter à la tradition chrétienne plutôt qu’à l’A., j’en conviens, avec l’intercession (cf. 73‑74, 95‑100, 112‑113) et surtout avec la sainteté de Dismas, tenu pour un martyr (268 et suiv.). Cette qualité lui sera refusée au sens propre par Benoît XIV (321), ce qui me rassure. C’est bien à l’A., en revanche, que je m’adresse en contestant que l’on puisse qualifier le Bon Larron, comme elle le fait, de « premier converti chrétien » (273, 296). On doit se faire l’objection : et les saints innocents (274, ces « martyrs non baptisés », bien avant Dismas) ? Et Jean-Baptiste, qui a identifié l’Agneau de Dieu et a précédé Dismas dans le martyr ? (278‑279).

Abstraction faite de ces remarques, Le Voleur de paradis n’aura certes pas volé l’admiration qu’on lui vouera. Non que la lecture du livre soit délectable à tout moment. Les pages sur la douleur des suppliciés (198‑203) sont cruelles, à cause même de leur sujet. Mais c’est le plaisir de la lecture qui l’emporte haut la main, tant sont nombreux les paragraphes instructifs et bien troussés, tels ceux qui sont consacrés respectivement à la différence, dans l’art allemand, entre les croix à peine ébranchées des larrons et celle dûment équarrie du Christ (58‑67), aux différentes formules de la mise à mort et du spectacle public « édifiant » (87) qu’elle constituait (76‑87), à la question de savoir si le repentir d’un condamné in extremis lui donnait accès à la vision béatifique dès son exécution achevée, en le dispensant de tout séjour dans le purgatoire, d’où le « boycott » (100‑108), à la forme et aux mesures de la vraie croix (138‑145), à cet « exercice d’érudition microscopique », selon les mots mêmes de l’A., autour des trous et des piliers du Golgotha (146‑151). Au risque de paraître doubler la table des matières placée en tête du volume, je continue l’énumération de mes découvertes heureuses : les pages sur l’imagination des pèlerins et leur souci de prendre des mesures pour pouvoir à leur retour de Terre Sainte nourrir celle de tous ceux qui n’avaient pas les moyens de s’y rendre (162‑173) ; la mise au point sur la nudité totale du Christ dans les scènes de sa Passion et des deux larrons (178‑188). Sur l’orientation et la disposition des trois croix sur le mont Calvaire compte tenu de son exiguïté supposée, je n’avais jamais rien lu d’aussi précis ni d’aussi parlant (248‑257). De même, l’exposé portant sur le rôle de Dismas dans l’Anastasis, comme acolyte ou assistant du Christ dans « son expédition au royaume infernal » (269 et suiv.) est remarquable – bravo d’avoir repéré et reproduit l’œuvre de Giotto (280, fig. 45) conservée à Munich, où Dismas, une fois n’est pas coutume, est penché vers les Justes comme le Christ et apparaît comme son double, en « coadjuteur » et « parfait imitateur du Christ » (298‑303). Les pages du livre sur sa présence au côté du Ressuscité apparaissant à sa Mère sont de nouveau très originales (290 et suiv.) et comportent une belle analyse du tableau du Titien (294‑95). On est étonné, pour finir, à la lecture des faits multiples qui ont abouti à « hisser sur les autels le bandit repenti », à faire des restes de sa croix une relique (ou plutôt plusieurs : 312‑320), à décrocher son droit à l’auréole (320‑326), du moins en Italie : « les gens du Nord ont été plus chiches que les Latins dans l’attribution de cette marque de sainteté » (325), ce qui n’a pas empêché que « Dismas » soit parfois attribué comme prénom de baptême à un enfant noble dans l’Autriche ou la Haute Bavière du xviiie siècle (329)…

On l’aura deviné : tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin à l’histoire de cet archi-sujet de l’art chrétien qu’est la Crucifixion auront intérêt à se procurer et à potasser cet ouvrage très bien documenté, rendu aisément utilisable par ses index et la netteté de ses élaborations. Certains auteurs, en s’aventurant hors du champ qui leur était familier, prennent des risques et se fourvoient. D’autres administrent la preuve que le savoir-enquêter, le savoir-réfléchir et le savoir-dire ne se laissent pas arrêter aux frontières que les spécialistes se font habituellement un devoir de respecter. De ce point de vue, si tant est que ce livre soit pour son auteure un coup d’essai, il est assurément un coup de maître.

Référence papier

François Bœspflug, « Christiane Klapisch-Zuber, Le voleur de paradis. Le Bon Larron dans l’art et la société (xive-xvie siècles) », Revue de l’histoire des religions, 1 | 2017, 167-170.

Référence électronique

François Bœspflug, « Christiane Klapisch-Zuber, Le voleur de paradis. Le Bon Larron dans l’art et la société (xive-xvie siècles) », Revue de l’histoire des religions [En ligne], 1 | 2017, mis en ligne le 24 mars 2017, consulté le 21 novembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/rhr/8696 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rhr.8696

SOURCE : https://journals.openedition.org/rhr/8696

LA FIN DE MARS.

Il y a tant de choses à dire sur la fin de mars, que nous nous trouvons dans la nécessité de choisir. C'est la fête de l’Annonciation; mais c’est aussi la fête de l’Incarnation. Car l’Incarnation, après l’Annonciation, ne s’est pas fait attendre ; c'est donc la fête de ce moment suprême, prédit depuis tant de siècles, c’est la fête désirée par les patriarches et les prophètes, celle dont Abraham a désiré de voir le jour. L’Incarnation était appelée par toutes les grandes voix inspirées qu’avait entendues le monde; et les gentils eux-mêmes, agités par un instinct confus, la désiraient sans la connaître. Virgile élevait la voix au milieu des angoisses et des espérances du monde païen ; et la Sybille rendit des témoignages qui sont acceptés. L’églogue de Virgile a cela d'étrange qu’elle part du centre même de la civilisation, du centre poli et lettré. Souvent les hommes civilisés, raffinés et instruits, dans le sens vulgaire de ce dernier mot, sont plus sourds et plus muets que les foules ignorantes, quand il s’agit d’instinct divin. Cependant le bruit sourd qui se faisait dans le monde fut entendu au pied du trône d’Auguste, dans cette Rome fière d’elle-même, occupée de sa gloire et pleine de sa vanité. Virgile n’était pas dans les conditions où l’on entend les choses profondes. Pourtant il se chargea de rendre témoignage et de dire en vers élégants qu’il avait entendu quelque chose. Plus loin Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Daniel, le grand Daniel, l’homme de désirs. Et Balaam ? Que dire de ce personnage extraordinaire, qui parlait malgré lui ? Et Abraham, et Isaac, et Jacob, et Israël ? Dans l’intervalle Moïse.

Toutes les grandes voix s’étaient donné un rendez-vous suprême. L’écho de toutes les montagnes, de toutes les vallées, de toutes les colines, répétait la même promesse. Il répétait et ne se répétait pas; car la promesse, uniforme en elle-même, variait sans cesse dans les points de vue, dans les aspects, dans les paroles, dans les détails. C’était la même promesse; mais elle ne retentissait pas partout de la même manière : l’écho des montagnes n’est pas celui des vallées. Elle disait toujours la même chose, et jamais ne se ressemblait à elle-même.

Que dut-il se passer dans l’âme de la Vierge, quand l’ange lui apparut ? quand l’ange, lui apparaissant, lui apprit que le moment était venu, le moment que son désir avait appelé après tant d'autres désirs ? Mais que dut-il se passer dans l’âme de la Vierge, quand l’ange lui annonça que le moment était venu non-seulement pour elle, mais par elle, que c’était elle, elle-même, qui était la Mère du Messie ? Et non-seulement il lui annonça la chose, mais il la lui proposa. Il attendit son acceptation. Le cardinal de Bérulle fait ici une assez singulière remarque. Il constate que rien n’était plus facile à Marie que de deviner qu’elle était elle-même la Mère du Messie. Elle savait les promesses ; elle savait que les temps de l'accomplissement étaient venus; elle savait que le Messie sortirait de la maison de David ; elle savait qu’elle était de la maison de David. Elle savait qu’une Vierge concevrait et enfanterait. Elle savait qu’elle avait fait voeu de virginité, et qu’elle était la seule qui eût fait ce voeu contraire aux pensées des Juives. Elle pouvait voir se réunir sur sa tête prédestinée toutes les conditions requises pour cette prédestination ; elle pouvait voir converger vers elle tous les rayons de la lumière prophétique. Eh bien ! elle ne voyait pas ! elle ne comprenait pas ! Elle ne savait pas ! elle ne devinait pas ! elle était aveugle sur elle-même et ne reconnaissait pas en elle la personne désignée, quoiqu’elle connût toutes les clauses de la désignation. On dit même qu’elle demandait comme un honneur suprême d’être la servante de la Mère du Messie et que l’idée d’en être elle-même la Mère ne s’était pas présentée à son esprit.

Quoi qu’il en soit, elle dit : Fiat !

Une ancienne tradition veut que le monde ait été créé en Mars. Le Fiat lux avait retenti dans ce mois. Le mot Fiat est plein de mystères, et ce sont des mystères de création ou des mystères de rénovation. Ce sont aussi des mystères de consommation ; car la fin du monde pourrait avoir lieu à l’époque de la création du monde. Quoi qu’il en soit de ce dernier point, il est bien remarquable que le mot Fiat ait donné à la lumière naturelle et à la lumière surnaturelle l’ordre ou la permission de briller. A peu près à la même époque, à peu près au moment où le Fils de Dieu s incarna et où le Fils de Dieu mourut, se groupent quelques personnages dont la fête, presque ignorée, se place un peu capricieusement : par exemple Melchisédech, Isaac, le bon Larron. Leurs fêtes varient du 25 mars au 15 avril. Les Éthiopiens honorent Melchisédech le 12 avril et Isaac le 1er mai ; mais d’autres placent ces fêtes moins loin. Le bon Larron arrive aussi vers le temps de Pâques ; mais le jour est incertain.

Ces personnages, grands et mystérieux, sont groupés autour des jours où le Sauveur s’incarne et meurt, parce qu’ils ont avec lui de profondes et mystérieuses relations. 

Qu’est-ce que Melchisédech ? Personne ne le sait au juste. Mai sa grandeur, constatée par saint Paul, semble attestée, témoignée, glorifiée par le mystère même où est plongé son nom. Il est sans père et sans mère, sans généalogie. Le voisinage où il est de l’éternité permet de le déclarer sans commencement et sans fin. Quelle attitude sublime que la sienne ! Il apparaît, dans le lointain de l’histoire, comme Roi de justice ! Il est Roi de la Cité de Paix! Roi de Salem, c’est-à-dire de Jérusalem, avant que Jérusalem n’eût reçu son dernier nom ! Il est Roi et il est Prêtre. Il est Pontife éternel ! Roi de justice signifie : Melchisédech. Melchisédech signifie : Roi de justice. De sorte que cet homme ne peut être nommé, sans que la justice soit nommée en même temps. La justice s’est assimilée à lui. Elle a pénétré son nom.

Ce roi nous apparaît comme Roi de justice et comme Prêtre. Quant à l’exercice de ses fonctions, nous le connaissons peu. Cependant nous voyons l’offrande et la bénédiction.

Quelle scène grandiose ! Ces personnages semblent dépasser de beaucoup la taille humaine ! Abraham, le père des croyants, celui dont la postérité sera nombreuse comme les étoiles, vient de délivrer Loth des mains des rois ses voisins. Mélchisédech vient à sa rencontre, offrant le pain et le vin, car il était prêtre du Très-Haut. Il est, je crois, le premier auquel la qualité de prêtre soit attribuée dans l’Écriture. C’est pourquoi il offre le pain et le vin, solennellement et prophétiquement. Il annonce l’Eucharistie et donne sa bénédiction. Sa bénédiction est simple et solennelle comme l’offrande. Que le Dieu Très-Haut, qui a fait le ciel et la terre, bénisse Abraham ! Que béni soit le Dieu Très-Haut qui a mis les ennemis d’Abraham entre les mains d’Abraham !

Du reste, aucune connaissance bien précise ne nous est donnée. Peut-être le vague du nom de Melchisédech convient-il à sa grandeur. L’Église ne lui assigne pas de fête universellement célébrée. Mais elle le place, dans le canon de la messe, à côté d’Abraham et d’Abel. M. Olier a écrit de belles choses sur les ressemblances et les différences de ces trois sacrificateurs et des sacrifices offerts par leurs mains.

Le plus illustre est Abraham. Son sacrifice est devenu populaire, parce qu’il remue la nature humaine plus profondément. La fête d’Isaac se place à peu près au même moment que celle de Melchisédech. Comme elle, elle est locale et variable.

Le nom d’Isaac signifie : Rire.

Quand le Seigneur annonça sa naissance, Sara rit; car elle était vieille. Elle se cacha pour rire; elle rit derrière la porte.

Et le Seigneur dit : Pourquoi Sara a-t-elle ri ? Est-ce que quelque chose est difficile à Dieu?...

-Je n’ai pas ri, dit Sara épouvantée.

-Il n’en est pas ainsi, dit le Seigneur: vous avez ri.

Et l’enfant, quand il naquit, fut appelé Rire.

-Le Seigneur, dit Sara, est l’auteur de mon rire. Quiconque entendra mon histoire rira avec moi.

Le mot rire, qui apparaît à chaque instant quand il est question d’Isaac, est un des mots les plus absents de l’Écriture Sainte. L’Écriture en est prodigue à propos d’Isaac ; partout ailleurs elle en est avare. Et même, quand elle l’emploie, c’est dans un sens figuré. Il s’agit de l’ironie ; il s’agit de l’impiété des hommes ou des colères du Seigneur. Mais le rire ordinaire, le rire proprement dit, ne reparaît pas, je crois, après la naissance d’Isaac, qui est un des premiers faits de l’histoire humaine racontés par l’Écriture.

Qu’arriva-t-il sur la montagne du sacrifice ? C’est ce que personne ne sait précisément. Jusqu’où alla la douleur d’Abraham ? Ce Fils si longtemps désiré, ce Fils tellement inespéré que la promesse de sa naissance faisait rire Sara, ce Fils dont la naissance était le chef-d’œuvre de l’Invraisemblable, ce Fils était celui qu’il fallait immoler ! Sa naissance avait ressemblé à une victoire de Dieu sur les lois de la nature. Et quand ce Fils bien-aimé, né contre la vraisemblance, est devenu un jeune homme, il faut lui donner la mort, à lui qui porte l’Espérance et la Promesse d’une postérité nombreuse comme les étoiles du ciel ! Il faut tuer ce germe de vie si chèrement acheté, si désiré, si précieux.

Quelles pensées tumultueuses devaient gronder au fond d’Abraham ! quelle tempête ! Cependant il obéit avec une telle simplicité, que cette simplicité remplit seule le récit de l’Écriture. Pas de réflexions, rien que le fait; mais le fait est si terrible qu’il sous-entend tous les sentiments humains.

Saint Ephrem fait une remarque intéressante.

Abraham, quand il voit la montagne du sacrifice, dit aux serviteurs : Attendez ici avec l’âne ; moi et l’enfant, quand nous aurons adoré, nous reviendrons vers vous.

Abraham ne croyait pas ce qu’il disait. Et cependant il disait la vérité, mais la disait sans la connaître. Il avait l’intention de tuer l’enfant. Il ne savait pas que l’enfant reviendrait avec lui. Et cependant il le disait, comme s’il avait prévu le dénouement qu’il ne prévoyait pas. Il prophétisait sans le savoir. Ses lèvres, dit saint Ephrem, prononçaient ce que son esprit ne savait pas. Et elles prononçaient la vérité.

Un instant après, seul avec son père, Isaac fait une question déchirante pour Abraham.

Mon père ! - Que veux-tu mon fils ? - Voici le feu et le bois; mais où donc est la victime? - Dieu se fournira à lui-même la victime, mon fils.

Abraham prophétise encore et prophétise sans le savoir. Il annonce l’apparition de l’ange et la rencontre du bélier qu’il ignorait toutes les deux.

L’Écriture est tellement féconde, qu’elle apparaît constamment jeune. Le sacrifice d’Abraham est un drame, dont l’émotion a traversé les siècles sans diminuer. Il est impossible de constater comme elle le mérite la simplicité du récit. Cette simplicité est redoutable. Moins elle dit de choses, plus elle en fait deviner. La question d’Isaac est d’une ignorance qui déchire le coeur. La réponse d’Abraham est d’une science qui le déchire aussi. Car cette science prophétique n'était que sur ses lèvres; et ses paroles, quoique vraies, ne pénétraient pas son esprit.

D’Isaac au bon Larron il n’y a pas de transition visible. Ces deux personnages ne se ressemblent pas et sont séparés par bien des siècles. Mais tout se tient tellement dans l’économie de la Rédemption, que l’art heureux des transitions y est absolument inutile. Isaac est la figure du pécheur racheté.

Et le bon Larron n’est-il pas le type du pécheur pardonné ? Isaac était innocent, le Larron était coupable. Le coupable est près de Jésus-Christ physiquement, dans le temps et dans l’espace. L’innocent symbolise Jésus-Christ de loin, à travers le temps et l’espace.

D’après la tradition, le bon Larron s’appelait Dismas.

Saint Anselme raconte son histoire, non comme un fait authentique, mais comme une légende très accréditée.

D’après le récit de saint Anselme, Dismas vivait dans une forêt au moment de la fuite en Égypte. Il était fils du chef des assassins qui étaient là, en Bande, dévalisant les voyageurs. La Sainte Famille paraît. Voyant l’homme, la femme et l’enfant, il se prépara à les attaquer. Mais quand il approche, il est saisi d’un respect affectueux et tendre; il offre l’hospitalité aux voyageurs ; il leur donne tout ce qui leur est nécessaire ; il accable l’enfant de caresses. Marie le remercie et lui promet une grande récompense.

Jésus-Christ mourant tient la promesse de sa Mère. Dismas fut récompensé sur la croix des procédés qu’il avait eus dans la forêt.

Quoi qu’il en soit de la légende racontée par saint Anselme, le bon Larron est une des figures les plus singulières de l’histoire des Saints. Voleur et assassin, il est canonisé par les lèvres de Jésus-Christ. Il est placé à la droite du Fils; par là il représente tous les élus.

Le Calvaire figure le jugement dernier. Donc le bon Larron est la figure du peuple prédestiné. Ouvrier de la dernière heure, il éprouve la magnificence de Celui qu’il invoque et qu’il adore. Il reconnaît le Crucifié, son voisin, comme juge des vivants et des morts. Et le Crucifié répond.

D’après le Père Ventura, les deux Larrons donnent aux hommes deux leçons capitales. Le bon Larron, chargé de crimes et armé seulement d’un repentir très court, dit au genre humain :

Il ne faut jamais désespérer.

Le mauvais larron, dans des conditions en apparence identiques, meurt tout près de Jésus et dit au genre humain :

Il ne faut jamais présumer.

Le bon Larron est spécialement invoqué contre la torture, contre l’impénitence finale et contre les voleurs.

Ernest HELLO. Physionomies de saints.

SOURCE : https://archive.org/stream/PhysionomiesDeSaintsParErnestHello/physionomies%20de%20saints_djvu.txt

Ermitage Sant Dimes, Montserrat, Catalogne, Espagne

Ermita de Sant Dimes, Muntanya de Montserrat. Vista des de la Miranda de Fra Garí, Catalogne, Espagne


St. Dismas was the so-called Good Thief who was crucified along with another thief (later named Gestas) and Jesus on the hill called Golgotha on the outskirts of Jerusalem. Writing centuries apart, two Church Fathers, Tertullian and Augustine, claimed that the three died on March 25, the date that was designated as Dismas’s feast day.

The Gospel of Luke relates Jesus’ conversation with the two thieves, though it does not name them. After having been mocked by both the Jewish authorities and the Roman soldiers, Jesus is taunted by one thief, who challenges Jesus, “Are you not the Messiah? Save yourself and us.” (Luke 23:39) But the other thief, the Good Thief, takes the opposite view.

The Good Thief recognizes that Jesus is innocent and has done nothing wrong He also acknowledges that Jesus is the Messiah, by saying to Him, “Jesus, remember me when you come into your kingdom.” (Luke 23:42) To which Jesus replies, “Amen, I say to you today, you will be with me in paradise.” (Luke 23:43)

St. Dismas is the patron Saint of those condemned to Death.

SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/saint-dismas/

Anonyme (École de Moscou). Le Bon Larron, Благоразумный разбойник, vers 1560, Kremlin


Dismas the Good Thief (RM)

1st century. The Good Thief, who was crucified with Christ on Calvary, was given the name Dismas; the other thief is known as Gestas (Luke 23:39-42). A popular myth during the Middle Ages in the Arabic Gospel of the Infancy said that the two thieves held up the Holy Family on their flight into Egypt. In this tale, Dismas bought off Gestas with forty drachmas to leave them unmolested, whereupon the Infant Jesus predicted that they would be crucified with him in Jerusalem and that Dismas would accompany him to paradise.


Tradition assumes that because Jesus told Dismas: "Today you will be with me in Paradise," his salvation was assured and he could therefore be invoked as a saint. Because so little is known of Saint Dismas--not even his name, which means "dying"--perhaps the Mass for his feast can give us some insights.

Introit: Psalm 130:6: "My soul waited for the Lord, more than the night watchmen wait for the dawn." Psalm 121:1, "I rejoiced when I heard them say, 'Let us go up to the house of the Lord.'" 

Reading from Ezekiel 33:11-12: "I am living says the Lord. It is not the death of the sinner that I want. What I want is that he be converted, and that he live. Be converted, be converted, change your way of life! And why would I condemn you to die? Let the prophet say to his people: 'The just are just in vain, for it is not his justice which will save him, if one day he sin. And it is not for his sin that the sinner will be judged, if one day he is converted.'"

Gospel from Luke 23:39-43 [RSV]: "One of the criminals who were hanged railed at him, saying, `Are you not the Christ? Save yourself and us!' But the other rebuked him, saying, `Do you not fear God, since you are under the same sentence of condemnation? And we indeed justly; for we are receiving the due reward of our deeds; but this man has done nothing wrong.' And he said, `Jesus, remember me when you come into your kingdom.' And he said to him, `Truly, I say to you, today you will be with me in Paradise.'"

Communion antiphon: "Happy is he who sees his debts paid, and whose sins are forgiven! Happy is the man whom the Lord does not punish as he deserves, and who does not try to defraud him" (Psalm 31:1-2) (Attwater2, Benedictines, Delaney, Encyclopedia, Farmer).

In art, Dismas is represented as carrying his cross immediately behind Christ in pictures of the Harrowing of Hell. He may also be shown (1) crucified at Christ's right hand, or (2) naked, holding his cross, often with his hand on his heart to signify penitence (Roeder). Dismas is the patron of criminals, condemned men, and thieves (Farmer, Roeder).
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0325.shtml

Dismas, der gute Schächer. Kreuzigungsaltar ( 1450 ) Altarbild ( Detail ). Kath. Pfarrkirche Mariä Himmelfahrt. Hallstatt ( Oberösterreich ).

Dismas, the good felon. Altar of crucifixion ( 1450 ) Altar painting ( detail ). Assumption of Mary parish church.  Hallstatt ( Oberösterreich ).


The Good Thief, Dismas

The Roman Martyrology, on the 25th of March, makes mention of the Good Thief, who, according to tradition, is called Dismas, in the following words:

"At Jerusalem, on this day, is the Feast of the Good Thief, who acknowledged Christ on the Cross, and from Him deserved to hear the words: 'This day shalt thou be with Me in Paradise.' The sudden change and conversion (for Dismas from a sinner became a penitent and Saint) has been rightly attributed to the prayers of our Blessed Lady. Mary, say the holy Fathers, had obtained the soul of the malefactor, as a recompense of her sorrows, and the price of her compassion. Saint Peter Damien assures us, that Mary prayed for the thief who was on the right side of the Cross, on which side she also stood, and exhorted him to hope in Jesus, and to do penance. Saint Anselm, in a treatise on the youth of Jesus, relates the following pathetic incident about the early years of Saint Dismas, which we will give to our readers as a pious legend: -----

" 'Dismas was living in a forest on the confines of Egypt, when Mary went thither with the Child Jesus, to escape the rage of Herod. He was a highwayman, and the son of the chief of a band of robbers. One day, as he lay in ambush, he saw a man, a young woman, and a little Child approaching, from whom he rightly expected no opposition. Therefore, he went towards them, with his comrades, with the intention to ill-treat them. But he was at once so charmed with the supernatural beauty and grace which shone on the countenance of Jesus, that instead of doing them harm, he gave them hospitality in the cave which he inhabited, and made ready for them everything of which they stood in need. Mary was grateful for the tenderness and care which the robber bestowed on her Beloved Son, and warmly thanking him, she assured him that he would be rewarded before his death. This promise was fulfilled later, when Dismas was crucified with the Saviour of the World, and obtained the grace of repentance in his last hour, openly confessing Jesus Christ's Divinity. When the Apostles had fled, he had the happiness to receive the first fruits of the Redeemer's Sacrifice, and soon after, entered the Heavenly Kingdom with his Saviour.'

"Saint Dismas is considered as the Patron of penitents, and is especially invoked for the conversion of hardened and obstinate sinners, and always with a favorable result. The Catholic Church has indeed sanctioned the veneration given to this Saint, by instituting a special Feast, with a most beautiful Office, in his honour, as also, a proper Mass. This Feast is allowed in many Dioceses and religious Orders."

SOURCE : http://www.catholictradition.org/Mary/blessings18.htm


Saint Dismas

Posted by catholic_saints

Also known as

§  The Good Rogue
§  The Good Thief
§  The Penitent Thief
§  Demas
§  Desmas
§  Dimas
§  Dysmas
§  Rach
§  Titus
§  Zoatham


§  25 March
§  date derived from tradition that this was the calendar date of the Crucifixion, though the Passover and Easter celebrations move from year to year

Profile

One of the thieves crucified with Jesus, the other being traditionally known as Gestas; Dismas is the Good Thief, the one who rebuked the other, and asked for Christ’s blessing.

An old legend from an Arabic infancy gospel says that when the Holy Family were running to Egypt, they were set upon by a band of thieves, including Dismas and Gestas. One of the highwaymen realized there was something different, something special about them, and ordered his fellow bandits to leave them alone; this thief was the young Dismas.


§  crucified c.30 at Jerusalem




§  prisoners
§  prisons
§  Merizo, Guam


§  man carrying his cross immediately behind Christ
§  man crucified at Christ’s right hand
§  naked man, holding his cross, often with his hand on his heart to signify penitence
§  tall cross

Readings

Now one of the criminals hanging there reviled Jesus, saying, “Are you not the Messiah? Save yourself and us.” The other, however, rebuking him, said in reply, “Have you no fear of God, for you are subject to the same condemnation. And indeed, we have been condemned justly, for the sentence we received corresponds to our crimes, but this man has done nothing criminal.” Then he said, “Jesus, remember me when you come into your kingdom.” He replied to him, “Amen, I say to you, today you will be with me in Paradise.” – Luke 23:39-43


Katholische Pfarrkirche St. Johannes Baptist in Bergkirchen im Landkreis Dachau (Bayern/Deutschland), heiliger Dismas am Hauptaltar


Book of Saints – Good Thief

Article

(March 25) (1st century) Our Lord’s words on the Cross promising him Paradise have entitled the Good Thief to be registered among the Saints honoured by the Catholic Church. Apochryphal Gospels and other ancient writings assign to him the name of DISMAS, and give various details concerning him. But we have nothing in any way historical to allege. His Feast, though kept on various days, is put in the Roman Martyrology. as by the Greeks, on March 25, from an old belief that Our Lord’s Crucifixion, and therefore the Good Thief’s confession, fell on that day in the year of the T^ocsioti

MLA Citation

Monks of Ramsgate. “Good Thief”. Book of Saints1921. CatholicSaints.Info. 11 August 2018. Web. 20 November 2020. <https://catholicsaints.info/book-of-saints-good-thief/>

SOURCE : https://catholicsaints.info/book-of-saints-good-thief/


Dismasstatue am Galgenberg bei Eggenburg 

New Catholic Dictionary – Good Thief

Article

Traditionally known as Dismas, one of the thieves crucified with Christ, who rebuked his companion for demanding that Christ should save them, prayed instead a share in His Kingdom, and received the assurance: “This day thou shalt be with Me in paradise.” A portion of the cross on which he died is preserved in the Chapel of Relics, Santa Croce in Gerusalemme, Rome. He is patron of persons condemned to death.

MLA Citation

“Good Thief”. New Catholic Dictionary. CatholicSaints.Info. 15 August 2018. Web. 20 November 2020. <https://catholicsaints.info/new-catholic-dictionary-good-thief/>

SOURCE : https://catholicsaints.info/new-catholic-dictionary-good-thief/

Le bon larron, Calvaire, Laz (Bretagne, Finistère) 


Mar 25 – St Dismas – the Good Thief

25 March, 2012

"Jesus, remember me when you come into your kingdom"

Summary: After listing the Annunciation for this day, The Roman Martyrology, in the second paragraph says: “At Jerusalem, the commemoration of the good thief who confessed Christ on the cross, and who deserved to hear from him these words: ‘This day shalt thou be with me in paradise.’ March 25th is the supposed date of the Crucifixion.

Patrick Duffy retells what is known about St Dismas.

The Good Thief

The Christian tradition of Saint Dismas (or, more correctly, Dysmas) is based on the story of The Good Thief, as told in Luke 23:39-43. One of the criminals crucified with Jesus abused him saying: “Are you not the Christ? Save yourself, and us as well”. But the other rebuked him, saying: “Have you no fear of god at all? You got the same sentence as he did, but in our case we deserved it. but this man has done nothing wrong.” Then he said: “Jesus, remember me when you come into your kingdom”.  Jesus replied, “Indeed, I promise you, today you will be with me in Paradise”.

Apocryphal gospels

The name is used in the narrative of this incident in the apocryphal Gospel of Nicodemus (10.2). The word may be derived from a Greek word dusme meaning “sunset” or “death”. An Arabic Gospel of the Infancy further embellishes the story by identifying the Good Thief with Titus, one of a band of robbers who captured the Holy Family during the flight into Egypt, but later released them.

Dismas’s prayer in the liturgy

The prayer of Dismas, “Jesus, remember me when you come into your kingdom” has a prominent place in the Orthodox Liturgy of St John Chrysostom, where it is repeated three times as part of the Prayer before Communion. It is occurs in a beautiful and popular Taizé chant, often used also as a recessional in Christian funerals.

Patron of prisoners and thieves

 In the Middle Ages Dismas came to be regarded as the patron saint of prisoners and thieves. His feast day is given in the Roman Martyrology as 25th March is the supposed date of the crucifixion. In 1959 in the USA Fr Charles Dismas Clark SJ and attorney Morris Shenker founded Dismas House, a half-way house which offers ex-convicts a temporary home, counselling and help to find a job. Fr Clark’s story was dramatised in the 1961 film The Hoodlum Priest. Today there are many Dismas Houses throughout the US.

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SOURCE : https://www.catholicireland.net/saintoftheday/st-dismas-the-good-thief/

Skulptur Rechter Schächer. Kalvarienberg / Kreuzweg, Lilienfeld, Niederösterreich 


DURING the time of the crucifixion of Jesus, the two thieves were left lying on the ground at some distance off; their arms were fastened to the crosses on which they were to be executed, and a few soldiers stood near on guard. The accusation which had been proved against them was that of having assassinated a Jewish woman who, with her children, was travelling from Jerusalem to Joppa. They were arrested, under the disguise of rich merchants, at a castle in which Pilate resided occasionally, when employed in exercising his troops, and they had been imprisoned for a long time before being brought to trial. The thief placed on the left-hand side was much older than the other; a regular miscreant, who had corrupted the younger. They were commonly called Dismas and Gesmas, and as I forget their real names I shall distinguish them by these terms, calling the good one Dismas, and the wicked one Gesmas. Both the one and the other belonged to a band of robbers who infested the frontiers of Egypt; and it was in a cave inhabited by these robbers that the Holy Family took refuge when flying into Egypt, at the time of the massacre of the Innocents. The poor leprous child, who was instantly cleansed by being dipped in the water which had been used for washing the infant Jesus, was no other than this Dismas, and the charity of his mother, in receiving and granting hospitality to the Holy Family, had been rewarded by the cure of her child; while this outward purification was an emblem of the inward purification which was afterwards accomplished in the soul of Dismas on Mount Calvary, through that Sacred Blood which was then shed on the cross for our redemption. Dismas knew nothing at all about Jesus, but as his heart was not hardened, the sight of the extreme patience of our Lord moved him much. When the executioners had finished putting up the cross of Jesus, they ordered the thieves to rise without delay, and they loosened their fetters in order to crucify them at once, as the sky was becoming very cloudy and bore every appearance of an approaching storm. After giving them some myrrh and vinegar, they stripped off their ragged clothing, tied ropes round their arms, and by the help of small ladders dragged them up to their places on the cross. The executioners then bound the arms of the thieves to the cross, with cords made of the bark of trees, and fastened their wrists, elbows, knees, and feet in like manner, drawing the cords so tight that their joints cracked, and the blood burst out. They uttered piercing cries, and the good thief exclaimed as they were drawing him up, This torture is dreadful, but if they had treated us as they treated the poor Galil?an, we should have been dead long ago.

The executioners had divided the garments of Jesus, in order to draw lots for them; his mantle, which was narrow at the top, was very wide at the bottom, and lined over the chest, thus forming a pocket between the lining and the material itself; the lining they pulled out, tore into bands, and divided. They did the same with his long white robe, belt, scapular, and under-garment, which was completely saturated with his Sacred Blood. Not being able to agree as to who was to be the possessor of the seamless robe woven by his Mother, which could not be cut up and divided, they brought out a species of chessboard marked with figures, and were about to decide the point by lots, when a messenger, sent by Nicodemus and Joseph of Arimathea, informed them that there were persons ready to purchase all the clothes of Jesus; they therefore gathered them together and sold them in a bundle. Thus did the Christians get possession of these precious relics.

The Dolorous Passion of Our Lord Jesus Christ by Anne Catherine Emmerich. CHAPTER XL. Crucifixion of the Thieves.

SOURCE : https://www.ecatholic2000.com/anne/passion55.shtml

Le bon larron. Calvaire. Lanrivain Bretagne (Côtes-d'Armor)

THE tremendous concussion caused by the fall of the cross into the hole prepared for it drove the sharp points of the crown of thorns, which was still upon the head of our dear Saviour, still deeper into his sacred flesh, and blood ran down again in streams, both from it and from his hands and feet. The archers then placed ladders against the sides of the cross, mounted them and unfastened the ropes with which they had bound our Lord to the cross, previous to lifting it up, fearing that the shock might tear open the wounds in his hands and feet, and that then the nails would no longer support his body. His blood had become, in a certain degree, stagnated by his horizontal position and the pressure of the cords, but when these wore withdrawn, it resumed its usual course, and caused such agonising sensations throughout his countless wounds, that he bowed his head, and remained as if dead for more than seven minutes. A pause ensued; the executioners were occupied with the division of his garments; the trumpets in the temple no longer resounded; and all the actors in this fearful tragedy appeared to be exhausted, some by grief, and others by the efforts they had made to compass their wicked ends, and by the joy which they felt now at having at last succeeded in bringing about the death of him whom they had so long envied. With mixed feelings of fear and compassion I cast my eyes upon Jesus,--Jesus my Redeemer,--the Redeemer of the world. I beheld him motionless, and almost lifeless. I felt as if I myself must expire; my heart was overwhelmed between grief, love, and horror; my mind was half wandering, my hands and feet burning with a feverish heat; each vein, nerve, and limb was racked with inexpressible pain; I saw nothing distinctly, excepting my beloved Spouse hanging on the cross. I contemplated his disfigured countenance, his head encircled with that terrible crown of thorns, which prevented his raising it even for a moment without the most intense suffering, his mouth parched and half open from exhaustion, and his hair and beard clotted with blood. His chest was torn with stripes and wounds, and his elbows, wrists, and shoulders so violently distended as to be almost dislocated; blood constantly trickled down from the gaping wounds in his hands, and the flesh was so torn from his ribs that you might almost count them. His legs and thighs, as also his arms, were stretched out almost to dislocation, the flesh and muscles so completely laid bare that every bone was visible, and his whole body covered with black, green, and reeking wounds. The blood which flowed from his wounds was at first red, but it became by degrees light and watery, and the whole appearance of his body was that of a corpse ready for interment. And yet, notwithstanding the horrible wounds with which he was covered, notwithstanding the state of ignominy to which he was reduced, there still remained that inexpressible look of dignity and goodness which had ever filled all beholders with awe.

The complexion of our Lord was fair, like that of Mary, and slightly tinted with red; but his exposure to the weather during the last three years had tanned him considerably. His chest was wide, but not hairy like that of St. John Baptist; his shoulders broad, and his arms and thighs sinewy; his knees were strong and hardened, as is usually the case with those who have either walked or knelt much, and his legs long, with very strong muscles; his feet were well formed, and his hands beautiful, the fingers being long and tapering, and although not delicate like those of a woman, still not resembling those of a man who had laboured hard. His neck was rather long, with a well-set and finely proportioned head; his forehead large and high; his face oval; his hair, which was far from thick, was of a golden brown colour, parted in the middle and falling over his shoulders; his beard was not any great length, but pointed and divided under the chin. When I contemplated him on the cross, his hair was almost all torn off, and what remained was matted and clotted with blood; his body was one wound, and every limb seemed as if dislocated.

The crosses of the two thieves were placed, the one to the right and the other to the left of Jesus; there was sufficient space left for a horseman to ride between them. Nothing can be imagined more distressing than the appearance of the thieves on their crosses; they suffered terribly, and the one on the left-hand side never ceased cursing and swearing. The cords with which they were tied were very tight, and caused great pain; their countenances were livid, and their eyes inflamed and ready to start from the sockets. The height of the crosses of the two thieves was much less than that of our Lord.

The Dolorous Passion of Our Lord Jesus Christ by Anne Catherine Emmerich. CHAPTER XLI. Jesus hanging an the Cross between two Thieves.

SOURCE : https://www.ecatholic2000.com/anne/passion56.shtml

Crucifix between the felons sculptures atop Fóti Kálvária (1860) in the cemetery of Fót, Hungary

As soon as the executioners had crucified the two thieves and divided the garments of Jesus between them, they gathered up their tools, addressed a few more insulting words to our Lord, and went away. The Pharisees, likewise, rode up to Jesus, looked at him scornfully, made use of some opprobrious expressions, and then left the place. The Roman soldiers, of whom a hundred had been posted round Calvary, were marched away, and their places filled by fifty others, the command of whom was given to Abenadar, an Arab by birth, who afterwards took the name of Ct?siphon in baptism; and the second in command was Cassius, who, when he became a Christian, was known by the name of Longinus: Pilate frequently made use of him as a messenger. Twelve Pharisees, twelve Sadducees, as many Scribes, and a few Ancients, accompanied by those Jews who had been endeavouring to persuade Pilate to change the inscription on the Cross of Jesus, then came up: they were furious, as the Roman governor had given them a direct refusal. They rode round the platform, and drove away the Blessed Virgin, whom St. John led to the holy women. When they passed the Cross of Jesus, they shook their heads disdainfully at him, exclaiming at the same time, Vah! thou that destroyest the temple of God, and in three days buildest it up again, save thyself, coming down from the Cross. Let Christ, the King of Israel, come down now from the Cross, that we may see and believe.' The soldiers, likewise, made use of deriding language.

The countenance and whole body of Jesus became even more colourless: he appeared to be on the point of fainting, and Gesmas (the wicked thief) exclaimed, The demon by whom he is possessed is about to leave him.' A soldier then took a sponge, filled it with vinegar, put it on a reed, and presented it to Jesus, who appeared to drink. If thou art the King of the Jews,' said the soldier, save thyself, coming down from the Cross.' These things took place during the time that the first band of soldiers was being relieved by that of Abenadar. Jesus raised his head a little, and said, Father, forgive them, for they know not what they do.' And Gesmas cried out, If thou art the Christ, save thyself and us.' Dismas (the good thief) was silent, but he was deeply moved at the prayer of Jesus for his enemies. When Mary heard the voice of her Son, unable to restrain herself, she rushed forward, followed by John, Salome, and Mary of Cleophas, and approached the Cross, which the kind-hearted centurion did not prevent. The prayers of Jesus obtained for the good thief a most powerful grace; he suddenly remembered that it was Jesus and Mary who had cured him of leprosy in his childhood, and he exclaimed in a loud and clear voice, How can you insult him when he prays for you? He has been silent, and suffered all your outrages with patience; he is truly a Prophet--he is our King--he is the Son of God.' This unexpected reproof from the lips of a miserable malefactor who was dying on a cross caused a tremendous commotion among the spectators; they gathered up stones, and wished to throw them at him; but the centurion Abenadar would not allow it.

The Blessed Virgin was much comforted and strengthened by the prayer of Jesus, and Dismas said to Gesmas, who was still blaspheming Jesus, Neither dost thou fear God, seeing thou art under the same condemnation. And we indeed justly, for we receive the due reward of our deeds; but this man hath done no evil. Remember thou art now at the point of death, and repent.' He was enlightened and touched: he confessed his sins to Jesus, and said: Lord, if thou condemnest me it will be with justice.' And Jesus replied, Thou shalt experience my mercy.' Dismas, filled with the most perfect contrition, began instantly to thank God for the great graces he had received, and to reflect over the manifold sins of his past life. All these events took place between twelve and the half-hour shortly after the crucifixion; but such a surprising change ad taken place in the appearance of nature during that time as to astonish the beholders and fill their minds with awe and terror.

The Dolorous Passion of Our Lord Jesus Christ by Anne Catherine Emmerich. CHAPTER XLII. First Word of Jesus on the Cross.

SOURCE : https://www.ecatholic2000.com/anne/passion57.shtml

Saint Dismas, Basílica de Nuestra Señora de Zapopan, Jalisco, Mexico 


A LITTLE hail had fallen at about ten o'clock,--when Pilate was passing sentence,--and after that the weather cleared up, until towards twelve, when the thick red-looking fog began to obscure the sun. Towards the sixth hour, according to the manner of counting of the Jews, the sun was suddenly darkened. I was shown the exact cause of this wonderful phenomenon; but I have unfortunately partly forgotten it, and what I have not forgotten I cannot find words to express; but I was lifted up from the earth, and beheld the stars and the planets moving about out of their proper spheres. I saw the moon like an immense ball of fire rolling along as if flying from the earth. I was then suddenly taken back to Jerusalem, and I beheld the moon reappear behind the Mountain of Olives, looking pale and full, and advancing rapidly towards the sun, which was dim and overshrouded by a fog. I saw to the east of the sun a large dark body which had the appearance of a mountain, and which soon entirely hid the sun. The centre of this body was dark yellow, and a red circle like a ring of fire was round it. The sky grew darker and the stars appeared to cast a red and lurid light. Both men and beasts were struck with terror; the enemies of Jesus ceased reviling him, while the Pharisees endeavoured to give philosophical reasons for what was taking place, but they failed in their attempt, and were reduced to silence. Many were seized with remorse, struck their breasts, and cried out, May his blood fall upon his murderers!' Numbers of others, whether near the Cross or at a distance, fell on their knees and entreated forgiveness of Jesus, who turned his eyes compassionately upon them in the midst of his sufferings. However, the darkness continued to increase, and every one excepting Mary and the most faithful among the friends of Jesus left the Cross. Dismas then raised his head, and in a tone of humility and hope said to Jesus, Lord, remember me when thou shalt come into thy kingdom.' And Jesus made answer, Amen, I say to thee, This day thou shalt be with me in Paradise.' Magdalen, Mary of Cleophas, and John stood near the Cross of our Lord and looked at him, while the Blessed Virgin, filled with intense feelings of motherly love, entreated her Son to permit her to die with him; but he, casting a look of ineffable tenderness upon her, turned to John and said, Woman, behold thy son;' then he said to John, Behold thy mother.' John looked at his dying Redeemer, and saluted this beloved mother (whom he henceforth considered as his own) in the most respectful manner. The Blessed Virgin was so overcome by grief at these words of Jesus that she almost fainted, and was carried to a short distance from the Cross by the holy women.

I do not know whether Jesus really pronounced these words, but I felt interiorly that he gave Mary to John as a mother, and John to Mary as a son. In similar visions a person is often conscious of things which are not written, and words can only express a portion of them, although to the individual to whom they are shown they are so clear as not to require explanation. For this reason it did not appear to me in the least surprising that Jesus should call the Blessed Virgin Woman,' instead of Mother.' I felt that he intended to demonstrate that she was that woman spoken of in Scripture who was to crush the head of the serpent, and that then was the moment in which that promise was accomplished in the death of her Son. I knew that Jesus, by giving her as a mother to John, gave her also as a mother to all who believe in him, who become children of God, and are not born of flesh and blood, or of the will of man, but of God. Neither did it appear to me surprising that the most pure, the most humble, and the most obedient among women, who, when saluted by the angel as full of grace,' immediately replied, Behold the handmaid of the Lord, be it done to me according to thy word,' and in whose sacred womb the Word was instantly made flesh,--that she, when informed by her dying Son that she was to become the spiritual mother of another son, should repeat the same words with humble obedience, and immediately adopt as her children all the children of God, the brothers of Jesus Christ. These things are much easier to feel by the grace of God than to be expressed in words. I remember my celestial Spouse once saying to me, Everything is imprinted in the hearts of those children of the Church who believe, hope, and love.

The Dolorous Passion of Our Lord Jesus Christ by Anne Catherine Emmerich. CHAPTER XLIII. Eclipse of the Sun.--Second and third Word of Jesus on the Cross.

SOURCE : https://www.ecatholic2000.com/anne/passion58.shtml


Maîtresse-vitre de la collégiale Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux (35). Détail. Le bon larron.



San Dismas, il Buon Ladrone


I secolo


La tradizione evangelica narra che Cristo venne crocifisso tra due malfattori, condannati al medesimo supplizio per essersi macchiati del gravissimo peccato dell'assassinio a scopo di rapina. San Luca (23, 39-43) narra che uno dei due ladroni si unì al coro di ingiurie e scherni rivolti dalla folla a Gesù, mentre l'altro, quello a destra, dopo aver ammesso le proprie colpe e pentendosi dei peccati commessi, implorò il Figlio di Dio affinché si ricordasse di lui una volta giunto nel suo regno. Cristo accolse la sua preghiera e lo confortò promettendogli il Paradiso. 

I testi apocrifi aggiungono allo scarno racconto evangelico molti particolari giungendo perfino a dare un nome ai due ladroni: Gestas, il primo, e Dismas o Dimas il secondo, divenuto ben presto molto popolare. Nel Medioevo fu venerato in molti luoghi, a volte con il nome di Buon Ladrone, talora con il nome di Dismas.

Patronato: Condannati a morte

Martirologio Romano: Commemorazione del santo ladrone, che, avendo professato la fede in Cristo sulla croce, meritò di udire da lui: «Oggi con me sarai nel paradiso». 

Se i santi potessero provare invidia, sentimento molto diffuso tra i comuni mortali, certamente di lui avrebbero buon diritto di essere invidiosi. Perché mentre gli inquilini aureolati del Paradiso più “antichi” sono stati proclamati santi dal vescovo locale e per la canonizzazione degli altri ci ha pensato il Vicario di Cristo in terra (cioè il Papa), solo lui potrebbe vantarsi (anche questo sentimento non degno di un santo) di essere stato canonizzato da Cristo stesso. E non nello splendore della Gloria del Bernini, ma nel momento di maggior desolazione e di strazio umano, sul calvario stesso. Parliamo di uno dei due “malfattori” crocifissi insieme a Gesù in quel lontano Venerdì Santo. Della sua vita i Vangeli nulla dicono, e delle non encomiabili azioni che deve aver compiuto possiamo solo immaginare la gravità dal tipo di pena capitale che gli venne riservata. Però hanno conservato tutta la drammaticità della confessione estrema, che ha fatto di lui il primo “pentito” della storia, senza ottenere con ciò sconti di pena, garanzie o protezioni, ma qualcosa di ben più importante, almeno per un cristiano: il perdono e l’ingresso immediato in paradiso. E con una procedura “per direttissima” che rasserena e conforta: da quel momento in poi nessuno, per quanto male abbia utilizzato i suoi giorni quaggiù, può dubitare di ottenere il perdono e di salvare l’anima. A condizione che abbia il coraggio di gridare ad alta voce la sua fede in Cristo, confessare umilmente i suoi peccati, sperare che anche per lui ci sia un posto nel “suo Regno”. Proprio come ha fatto il “malfattore pentito”. Che, in mancanza di dati anagrafici certi, si è visto affibbiare un nome e un “curriculum vitae” che ovviamente appartengono alla leggenda, anche se con tradizioni millenarie. Per comodità, o anche solo perché non ci piace definirlo “ladrone” anche se accompagnato dall’aggettivo “buono, lo chiameremo quindi anche noi Disma, o meglio San Disma, visto che ci ha pensato Gesù stesso a proclamarlo tale. Nulla diciamo sulla sua poca onorevole professione, perché ci dovremmo affidare solo alla leggenda. Di sicuro era un uomo che molto ha sbagliato e che per questo ha pagato, come il “collega” crocifisso con lui, ma, a differenza di questo, senza disperare, che Gesù anche in extremis avrebbe potuto cambiargli il cuore e regalargli un destino nuovo oltre la morte. Di sicuro c’è un giorno per festeggiarlo, il 25 marzo; un grande santuario a san Josè dos Campos, in Brasile; una devozione abbastanza diffusa in varie parti del mondo. In particolare è il protettore degli agonizzanti, soprattutto di quelli la cui conversione nell'ultimo momento sembra più difficile; gli affidano la protezione delle case e delle proprietà contro i ladri; lo invocano nelle cause difficili, specialmente nei problemi finanziari, per la conversione e la correzione degli alcolizzati, dei giocatori d'azzardo e dei ladri; è il protettore dei prigionieri e delle carceri, dei cocchieri e dei conducenti di veicoli.

Autore: Gianpiero Pettiti
 

Titian  (1490–1576). Le Christ et le bon larron, vers 1566, 137 X 149, Pinacoteca Nazionale di Bologna


«Commemorazione del santo ladrone che, avendo confessato Cristo sulla croce, meritò di sentirsi dire da lui: “Oggi sarai con me in Paradiso”». Così leggiamo nell’elenco universale dei santi, il Martirologio romano, alla data del 25 marzo; e le Chiese orientali lo ricordano due giorni prima, il 23. È l’uomo che solitamente chiamiamo Buon Ladrone, e che si venera come santo. Un santo, possiamo anche dire, canonizzato per voce stessa di Gesù.

Non conosciamo il suo nome con certezza. Lo si chiama Disma negli Atti di Pilato, che sono un testo non canonico, ossia non accolto dalla Chiesa fra le Scritture sacre. E nulla di certo sappiamo della sua vita, se non che per i suoi delitti è stato condannato a morte insieme a un altro. Tutti e due, apprendiamo dai Vangeli, vengono messi in croce sul Calvario insieme con Gesù: uno alla sua destra, l’altro alla sua sinistra, come precisano Matteo, Marco e Luca. Quest’ultimo ci dà poi la narrazione più diffusa di quei momenti (Luca 23, 39-43). Uno dei due condannati, dalla sua croce, si mette a gridare insulti contro Gesù, deridendolo come fanno anche i soldati-carnefici: «Non sei il Cristo? Salva te stesso e anche noi!». Ed ecco il rimprovero dell’altro condannato per quelle ingiurie: «Neanche tu hai timor di Dio, benché condannato alla stessa pena? Noi giustamente, poiché riceviamo il giusto per le nostre azioni; egli invece non ha fatto nulla di male».

A questo punto l’uomo ha già meritato la qualifica di “buon ladrone”. È uno, infatti, che sa riconoscere di meritare per i suoi delitti la pena massima e infamante. Un pentito, insomma, ma che si pente espiando; non per scansare l’espiazione. Infine, un uomo che nel suo soffrire è anche capace di compassione per i dolori di Gesù, che è stato condannato pur essendo innocente.

In genere l’attenzione per l’uomo si ferma qui. Ma lui parla ancora, rivolgendosi direttamente a Gesù: «Ricordati di me quando entrerai nel tuo regno». E questo è il suo tranquillo e totale “attodi fede” in Gesù, che in questo momento non sta compiendo miracoli come quelli che meravigliavano le folle e incoraggiava noi discepoli: ora Gesù pende agonizzante dalla croce, tra ingiurie e disprezzo. Ma lui gli parla come a un sovrano in trono. Lo riconosce Signore di un regno nel quale supplica di essere accolto, senza una parola di rimpianto per la sua vita terrena che sta finendo. Ha quella fede che Gesù si sforzava di instillare nei suoi discepoli, e che ora egli premia nel ladrone con la breve risposta: «Oggi sarai con me nel paradiso».

Nell’antichità cristiana si sono diffuse molte leggende sul Buon Ladrone. Secondo una di esse, egli avrebbe partecipato al sequestro di Maria e Giuseppe col piccolo Gesù, durante la loro fuga in Egitto. Anche queste narrazioni fantasiose confermano l’importanza che fin dai primissimi tempi il mondo cristiano gli ha attribuito, venerandolo subito come santo.

Autore: Domenico Agasso


Christus am Kreuz; Ausschnitt: Dismas, der gute Schächer. Katholische Kirche Saint-Pierre in Dreux im Département Eure-et-Loir (Centre-Val de Loire/Frankreich), Bleiglasfenster aus dem 16. Jahrhundert in der Martinskapelle







Albert Bessières, Le bon larron : saint Dismas : sa vie, sa mission, d'après les Évangiles, les Apocryphes, les Pères et les Docteurs de l'Église, Impr. P. Téqui ; Éditions Spes, Paris, 1938, 232 p.