Il regarda Jésus avec confiance en confessant son péché et mérita d’être le premier saint canonisé, non par le jugement infaillible de l’Église mais par la Parole de Dieu lui-même, quand le Crucifié lui promit : « Aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le paradis". Celui auquel la tradition a donné le nom de « saint Dismas » nous enseigne ce qu’est l’acte de foi, nous indique la véritable source de la sainteté, nous fait goûter la miséricorde de Dieu et nous guérit de toutes désespérance vis-à-vis de nous mêmes et des autres.
Saint Dismas
le Bon Larron qui, en Croix, reconnut Jésus comme le Messie (1er s.)
Il confessa le Christ sur la croix et, pour cela, il est le premier saint
canonisé, "Tu seras avec moi dans le paradis", lui dit le Christ
avant de mourir. S'ajoute à ce passage de l'Évangile, une belle légende qui
mérite d'être contée. Elle date des tout-premiers temps de l'Église. Lors de la
fuite en Égypte, deux brigands dévalisèrent la Sainte Famille de son argent et
de son âne, mais Dismas intervint et les leur fit restituer, parce que
c'étaient des pauvres gens sur la route de l'exil. L'Enfant-Jésus l'en remercia
lui promettant qu'il lui revaudrait çà à l'occasion. Dismas continua à être un
larron, mais Jésus ne l'oublia pas à la dernière minute.
Commémoraison du bon Larron, qui confessa le Christ sur la croix et mérita
d’entendre de lui ces paroles: “Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le
paradis.”
Martyrologe romain
SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/857/Saint-Dismas.html
XL. CRUCIFIXION DES LARRONS
Pendant qu'on crucifiait Jésus, les deux larrons,
ayant toujours les mains attachées aux pièces transversales de leurs croix,
qu'on leur avait placées sur la nuque, étaient couchés sur le dos, près du
chemin, au côté oriental du Calvaire, et des gardes veillaient sur eux. Accusés
d'avoir assassiné une femme juive et ses enfants qui allaient de Jérusalem à
Joppé, on les avait arrêtés dans un château où Pilate habitait quelquefois
lorsqu'il exerçait ses troupes, et où ils s'étaient donnés pour de riches marchands.
Ils étaient restés longtemps en prison avant leur jugement et leur
condamnation. J'ai oublié les détails. Le larron de gauche était plus âgé :
c'était un grand scélérat, le maître et le corrupteur de l'autre. On les
appelle ordinairement Dismas et Gesmas ; j'ai oublié leurs noms véritables :
j'appellerai donc le bon, Dismas, et le mauvais, Gesmas. Ils faisaient partie
l'un et l'autre de cette troupe de voleurs établis sur les frontières d'Égypte
qui avaient donné l'hospitalité, pour une nuit à la sainte Famille, lors de sa
fuite avec l'enfant Jésus. Dismas était cet enfant lépreux que sa mère, sur
l'invitation de Marie, lava dans l'eau où s'était baigné l'enfant Jésus, et qui
fut guéri à l'instant. Les soins de sa mère envers la sainte Famille furent récompensés
par cette purification, symbole de celle que le sang du Sauveur allait
accomplir pour lui sur la croix. Dismas était tombé très bas ; il ne
connaissait pas Jésus, mais comme son cœur n'était pas méchant, tant de
patience l'avait touché. Couché par terre comme il l'était, il parlait sans
cesse de Jésus à son compagnon : " ils maltraitaient horriblement le
Galiléen, disait-il ; ce qu'il a fait en prêchant sa nouvelle loi doit être
quelque chose de pire que ce que nous avons fait nous-mêmes, mais il a une
grande patience et un grand pouvoir sur tous les hommes, ce à quoi Gesmas
répondit : « Quel pouvoir a-t-il donc ? S'il est aussi puissant qu'on le
dit, il pourrait nous venir en aide ? » C'est ainsi qu'ils parlaient entre
eux. Lorsque la croix du Sauveur fut dressée, les archers vinrent leur dire que
c'était leur tour, et les dégagèrent en toute hâte des pièces transversales,
car le soleil s'obscurcissait déjà, et il y avait un mouvement dans la nature
comme à l'approche d'un orage. Les archers appliquèrent des échelles aux deux
croix déjà plantées, et y ajustèrent les pièces transversales. Après leur avoir
fait boire du vinaigre mêlé de myrrhe, on leur ôta leurs misérables tuniques,
puis on leur passa des cordes sous les bras et on les hissa en l'air à l'aide
de petits échelons où ils posaient leurs pieds. On lia leurs bras aux branches
de la croix avec des cordes d'écorce d'arbre ; on attacha de même leurs
poignets, leurs coudes, leurs genoux et leurs pieds, et on serra si fort les
cordes, que leurs jointures craquèrent et que le sang en jaillit. Ils
poussèrent des cris affreux, et le bon larron dit au moment où on le hissait :
" Si vous nous aviez traités comme le pauvre Galiléen, vous n'auriez pas
eu la peine de nous élever ainsi en l'air ".
Pendant ce temps, les exécuteurs avaient fait
plusieurs lots des habits de Jésus afin de les diviser entre eux. Le manteau
était plus large d'en bas que d'en haut et il avait plusieurs plis ; il était
doublé à la poitrine et formait ainsi des poches. Ils le déchirèrent en
plusieurs pièces, aussi bien que sa longue robe blanche, laquelle était ouverte
sur la poitrine et se fermait avec des cordons. Ils firent aussi des parts du
morceau d'étoffe qu'il portait autour du cou, de sa ceinture, de son
scapulaire, et du linge qui avait enveloppé ses reins, tous ces vêtements
étaient imbibés de son sang. Ne pouvant tomber d'accord pour savoir qui aurait
sa robe sans couture, dont les morceaux n'auraient pu servir à rien, ils
prirent une table où étaient des chiffres, et y jetant des dés en forme de
fèves, ils la tirèrent ainsi au sort. Mais un messager de Nicodème et de Joseph
d'Arimathie vint à eux en courant et leur dit qu'ils trouveraient au bas de la
montagne des acheteurs pour les habits de Jésus, alors ils mirent tous ensemble
et les vendirent en masse, ce qui conserva aux chrétiens ces précieuses
dépouilles.
XLI. JESUS CRUCIFIE ET LES DEUX LARRONS
Le choc terrible de la croix, qui s'enfonçait en
terre, ébranla violemment la tête couronnée d'épines de Jésus et en fit jaillir
une grande abondance de sang, ainsi que de ses pieds et de ses mains. Les
archers appliquèrent leurs échelles à la croix, et délièrent les cordes avec
lesquelles ils avaient attaché le corps du Sauveur pour que la secousse ne le
fasse pas tomber. Le sang, dont la circulation avait été gênée par la position
horizontale et la compression des cordes, se porta avec impétuosité à ses blessures
: toutes ses douleurs se renouvelèrent jusqu'à lui causer un violent
étourdissement. Il pencha la tête sur sa poitrine et resta comme mort pendant
près de sept minutes. Il y eut alors une pause d'un moment : les bourreaux
étaient occupés à se partager les habits de Jésus, le son des trompettes du
Temple se perdait dans les airs, et tous les assistants étaient épuisés de rage
ou de douleur. Je regardais, pleine d'effroi et de pitié, Jésus, mon salut, le
salut du monde : je le voyais sans mouvement, presque sans vie, et moi-même, il
me semblait que j'allais mourir. Mon cœur était plein d'amertume, d'amour et de
douleur : ma tête était comme entourée d'un réseau de poignantes épines et ma
raison s'égarait ; mes mains et mes pieds étaient comme des fournaises ardentes
; mes veines, mes nerfs étaient sillonnés par mille souffrances indicibles qui,
comme autant de traits de feu, se rencontraient et se livraient combat dans
tous mes membres et tous mes organes intérieurs et extérieurs pour y faire
naître de nouveaux tourments. Et toutes ces horribles souffrances n'étaient
pourtant que du pur amour, et tout ce feu pénétrant de la douleur produisait
une nuit dans laquelle je ne voyais plus rien que mon fiancé, le fiancé de
toutes les âmes, attaché à la croix, et je le regardais avec une grande
tristesse et une grande consolation. Son visage, avec l'horrible couronne, avec
le sang qui remplissait ses yeux, sa bouche entrouverte, sa chevelure et sa
barbe, s'était affaissé vers sa poitrine, et plus tard il ne put relever la
tête qu'avec une peine extrême, à cause de la largeur de la couronne. Son sein
était tout déchiré ; ses épaules, ses coudes, ses poignets tendus jusqu'à la
dislocation ; le sang de ses mains coulait sur ses bras. Sa poitrine remontait
et laissait au-dessous d'elle une cavité profonde ; le ventre était creux et
rentré. Ses cuisses et ses jambes étaient horriblement disloquées comme ses
bras ; ses membres, ses muscles, sa peau déchirée avaient été si violemment
distendus, qu'on pouvait compter tous ses os ; le sang jaillissait autour du
clou qui perçait ses pieds sacrés et arrosait l'arbre de la croix ; son corps
était tout couvert de plaies, de meurtrissures, de taches noires, bleues et
jaunes ; ses blessures avaient été rouvertes par la violente distension des
membres et saignaient par endroits ; son sang, d'abord rouge, devint plus tard
pâle et aqueux, et son corps sacré toujours plus blanc : il finit par
ressembler à de la chair épuisé de sang. Toutefois, quoique si cruellement
défiguré, le corps de Notre Seigneur sur la croix avait quelque chose de noble
et de touchant qu'on ne saurait exprimer : oui, le Fils de Dieu, l'amour
éternel s'offrant en sacrifice dans le temps, restait beau, pur et saint dans
ce corps de l'Agneau pascal mourant, tout brisé sous le poids des péchés du
genre humain.
Le teint de la sainte Vierge, comme celui du Sauveur,
était d'une belle couleur jaunâtre où se fondait un rouge transparent. Les
fatigues et les voyages des dernières années lui avaient bruni les joues
au-dessous des yeux.
Jésus avait une large poitrine ; elle n'était pas
velue comme celle de Jean-Baptiste qui était toute couverte d'un poil
rougeâtre. Ses épaules étaient larges, ses bras robustes, ses cuisses
nerveuses, ses genoux forts et endurcis comme ceux d'un homme qui a beaucoup
voyagé et s'est beaucoup agenouillé pour prier ; ses jambes étaient longues et
ses jarrets nerveux ; ses pieds étaient d'une belle forme et fortement
construits : la peau était devenue calleuse sous la plante à cause des courses
nombreuses qu'il avait faites, pieds nus, sur des chemins cahoteux ; ses mains
étaient belles, avec des doigts longs et effilés, et, sans être délicates,
elles ne ressemblaient point à celles d'un homme qui les emploie à des travaux
pénibles. Son cou était plutôt long que court, mais robuste et nerveux, sa tête
d'une belle proportion et pas trop forte, son front haut et large ; son visage
formait un ovale très pur ; ses cheveux d'un brun cuivré, n'étaient pas très
épais : ils étaient séparés sans art du haut du front et tombaient sur ses
épaules ; sa barbe n'était pas longue, mais pointue et partagée au-dessous du
menton. Maintenant sa chevelure était arrachée en partie et souillée de sang ;
son corps n'était qu'une plaie, sa poitrine était comme brisée, ses membres
étaient disloqués, les os de ses côtés paraissaient par endroits à travers sa
peau déchirée ; enfin son corps était tellement aminci par la tension violente
à laquelle il avait été soumis, qu'il ne couvrait pas entièrement l'arbre le la
croix. La croix était un peu arrondie par derrière, aplatie pal devant, et on
l'avait entaillée à certains endroits, sa largeur étalait à peu près son
épaisseur. Les différentes pièces qui la composaient étaient de bois de
diverses couleurs, les unes brunes, les autres jaunâtres ; le tronc était plus
foncé, comme du bois qui est resté longtemps dans l'eau.
Les croix des deux larrons, plus grossièrement
travaillées, s'élevaient à droite et à gauche de celle de Jésus : il y avait
entre elles assez d'espace pour qu'un homme à cheval pût y passer ; elles
étaient placées un peu plus bas, et l'une à peu près en regard de l'autre. L'un
des larrons priait, l'autre insultait Jésus qui dominait un peu Dismas en lui
parlant. Ces hommes, sur leur croix, présentaient un horrible spectacle,
surtout celui de gauche, hideux scélérat, à peu près ivre, qui avait toujours
l'imprécation et l'injure à la bouche. Leurs corps suspendus en l'air étaient
disloqués, gonflés et cruellement garrottés. Leur visage était meurtri et
livide : leurs lèvres noircies par le breuvage qu'on leur avait fait prendre et
par le sang qui s'y portait, leurs yeux rouges et prêts à sortir de leur tête.
La souffrance causée par les cordes qui les serraient leur arrachait des cris
et des hurlements affreux ; Gesmas jurait et blasphémait. Les clous avec
lesquels on avait attaché les pièces transversales les forçaient de courber la
tête ; ils étaient agités de mouvements convulsifs, et, quoique leurs jambes
fussent fortement garrottées, l'un d'eux avait réussi à dégager un peu son
pied, en sorte que le genou était saillant.
XLII. PREMIERE PAROLE DE JESUS SUR LA CROIX
Lorsque les archers eurent mis les larrons en croix et
partagé entre eux les habits de Jésus, ils vomirent encore quelques injures
contre le Sauveur et se retirèrent. Les Pharisiens aussi passèrent à cheval
devant Jésus, lui adressèrent des paroles outrageantes et s'en allèrent. Les
cent soldats romains furent remplacés à leur poste par une nouvelle troupe de
cinquante hommes. Ceux-ci étaient commandés par Abénadar, Arabe de naissance,
baptisé depuis sous le nom de Ctésiphon ; le commandant en second s'appelait
Cassius, et reçut depuis le nom de Longin : il portait souvent les messages de
Pilate. Il vint encore douze Pharisiens, douze Sadducéens, douze Scribes et
quelques anciens. Parmi eux se trouvaient ceux qui avaient demandé vainement à
Pilate de changer l'inscription de la croix : il n'avait pas même voulu les
voir, et son refus avait redoublé leur rage. Ils firent à cheval le tour de la
plate-forme et chassèrent la sainte Vierge, qu'ils appelèrent une mauvaise
femme ; elle fut ramenée par Jean vers les saintes femmes ; Marthe et Madeleine
la reçurent dans leurs bras lorsqu'ils passèrent devant Jésus, ils secouèrent
dédaigneusement la tête en disant : « Eh bien ! Imposteur, renverse le
Temple et rebâtis-le en trois jours ! » « Il a toujours voulu
secourir les autres et ne peut se sauver lui-même ! » « Si tu es le
fils de Dieu, descends de la croix ! » « S'il est le roi d'Israël,
qu'il descende de la croix, et nous croirons en lui ! » « Il a eu
confiance en Dieu, qu'il lui vienne maintenant en aide ! » Les soldats
aussi se moquaient de lui, disant : " Si tu es le roi des Juifs sauve toi
maintenant toi-même ".
Lorsque Jésus tomba en faiblesse, Gesmas, le voleur de
gauche, dit : " Son démon l'a abandonné ". Alors, un soldat mit au
bout d'un bâton une éponge avec du vinaigre et la présenta aux lèvres de Jésus
qui sembla y goûter : on ne cessait pas de le tourner en dérision. " Si tu
es le roi des Juifs, dit le soldat, sauve-toi toi-même ". Tout ceci se
passa pendant que la première troupe faisait place à celle d'Abénadar. Jésus
leva un peu la tête et dit : " Mon père, pardonnez-leur, car ils ne savent
ce qu'ils font ". Puis il continua à prier en silence. Gesmas lui cria :
" Si tu es le Christ, sauve-toi et sauve-nous " ! Les insultes ne
cessaient pas, mais Dismas, le bon larron, fut profondément touché lorsque
Jésus pria pour ses ennemis. Quand Marie entendit la voix de son fils, rien ne
put la retenir elle se précipita vers la croix, suivie de Jean, de Salomé et de
Marie de Cléophas. Le centurion ne les repoussa pas Dismas, le bon larron,
obtint par la prière de Jésus, au moment où la sainte Vierge s'approcha, une
illumination intérieure : il reconnut que Jésus et sa mère l'avaient guéri dans
son enfance, et dit d'une vois forte et distincte : « Comment pouvez-vous
l'injurier quand il prie pour vous ? Il s'est tu ; il a souffert patiemment
tous vos affronts, et il prie pour vous ; c'est un prophète, c'est notre roi,
c'est le fils de Dieu. » A ce reproche inattendu sorti de la bouche d'un
misérable assassin sur le gibet, il s'éleva un grand tumulte parmi les
assistants ; ils ramassèrent des pierres et voulaient le lapider sur la croix :
mais le centurion Abénadar ne le souffrit pas ; il les fit disperser et
rétablit l'ordre. Pendant ce temps, la sainte Vierge se sentit fortifiée par la
prière de Jésus, et Dismas dit à son compagnon qui injuriait Jésus :
« N'as-tu donc pas crainte de Dieu, toi qui es condamné au même supplice !
Quant à nous, c'est avec justice ; nous subissons la peine que nos crimes ont
méritée : mais celui-ci n'a rien fait de mal. Songe à ta dernière heure et
convertis-toi. » Il était éclairé et touché : il confessa ses fautes à
Jésus, disant : « Seigneur, si vous me condamnez, ce sera avec
Justice, mais ayez pitié de moi. » Jésus lui dit : « Tu éprouveras ma
miséricorde. » Dismas reçut pendant un quart d'heure la grâce d'un profond
repentir. Tout ce qui vient d'être raconté se passa entre midi et midi et demi,
quelques minutes après l'exaltation de la croix ; mais il y eut bientôt de
grands changements dans l'âme des spectateurs, car, pendant que le bon larron
parlait, il y eut dans la nature des signes extraordinaires qui les remplirent
tous d'épouvante.
XLIII. ECLIPSE DE SOLEIL, DEUXIEME ET TROISIEME
PAROLES DE JESUS SUR LA CROIX.
Jusque vers dix heures, moment où le jugement de
Pilate fut prononcé, il tomba un peu de grêle, puis le ciel fut clair jusqu'à
midi, après quoi il vint un épais brouillard rougeâtre devant le soleil. Vers
la sixième heure, selon la manière de compter des Juifs, ce qui correspond à
peu près à midi et demi, il y eut une éclipse miraculeuse de soleil. Je vis
comment cela avait lieu, mais malheureusement je ne l'ai pas bien retenu, et je
n'ai pas de paroles pour l'exprimer. Je fus d'abord transportée comme hors de
la terre : je voyais les divisions du ciel et les routes des astres se croisant
d'une manière merveilleuse. Je vis la lune à l'un des côtés de la terre : elle
fuyait rapidement semblable à un globe de feu. Je me retrouvais ensuite à
Jérusalem, et je vis de nouveau la lune apparaître pleine et pâle sur le Mont
des Oliviers : elle vint de l'Orient avec une grande vitesse se placer devant
le soleil déjà voilé par la brume. Je vis au côté occidental du soleil un corps
obscur qui faisait l'effet d'une montagne et qui le couvrit bientôt tout
entier. Le disque de ce corps était d'un jaune sombre : un cercle rouge,
semblable à un anneau de fer rougi au feu, l'entourait. Le ciel s'obscurcit et
les étoiles se montrèrent, jetant une lueur sanglante. Une terreur générale
s'empara des hommes et des animaux : les bestiaux beuglaient et s'enfuyaient ;
les oiseaux cherchaient des coins où s'abriter et s'abattaient en foule sur les
collines qui entouraient le Calvaire ; on pouvait les prendre avec la main.
Ceux qui injuriaient Jésus baissèrent le ton. Les Pharisiens essayaient encore
de tout expliquer par des causes naturelles, mais cela leur réussissait mal, et
eux aussi furent intérieurement saisis de terreur ; tout le monde avait les
yeux levés vers le ciel. Plusieurs personnes frappaient leur poitrine et se
tordaient les mains en criant : « Que son sang retombe sur ses
meurtriers! » Beaucoup de près et de loin, se jetèrent à genoux, implorant
leur pardon, et Jésus, dans ses douleurs, tourna les yeux vers eux. Comme les
ténèbres s'accroissaient et que la croix était abandonnée de tous, excepté de
Marie et des plus chers amis du Sauveur, Dismas, qui était plongé dans un
profond repentir, leva la tête vers Jésus avec une humble espérance et lui dit
: « Seigneur, pensez à moi quand vous serez dans votre royaume ». Jésus
lui répondit : « En vérité, Je te le dis, tu seras aujourd'hui avec moi
dans le paradis ».
La mère de Jésus, Madeleine, Marie de Cléophas et Jean
se tenaient entre la croix du Sauveur et celles des larrons et regardaient
Jésus. La sainte Vierge, dans son amour de mère, priait intérieurement pour que
Jésus la laissât mourir avec lui. Alors le Sauveur la regarda avec une ineffable
tendresse, puis tourna les yeux vers Jean, et dit à Marie : ì Femme, voilà
votre fils. Il sera votre fils plus que si vous l'aviez enfanté î. Il fit
encore l'éloge de Jean et dit : « Il a toujours eu une foi inébranlable
et ne s'est jamais scandalisé, si ce n'est quand sa mère a voulu qu'il fût
élevé au-dessus des autres. » Puis il dit à Jean : « Voilà la
mère. » Jean embrassa respectueusement, sous la croix du Rédempteur
mourant, la mère de Jésus, devenue maintenant la sienne. La sainte Vierge fut
tellement accablée de douleur à ces dernières dispositions de son fils, quelle
tomba sans connaissance dans les bras des saintes femmes qui l'emportèrent à
quelque distance, la firent asseoir un moment sur le terrassement en face de la
croix, puis la conduisirent hors de la plate-forme, auprès de ses amies.
Je ne sais pas si Jésus prononça expressément toutes
ces paroles ; mais je sentis intérieurement qu'il donnait Marie pour mère à
Jean et Jean pour fils à Marie. Dans de semblables visions, on perçoit bien des
choses qui ne sont pas écrites, et il y en a très peu qu'on puisse rendre
clairement avec le langage humain, quoiqu'en les voyant on croie qu'elles
s'entendent d'elles-mêmes. Ainsi, on ne s'étonne pas que Jésus s'adressant à la
sainte Vierge ne l'appelle pas « ma mère », mais «
femme » ; car elle apparaît comme la femme par excellence, qui doit
écraser la tête du serpent, surtout en cet instant où cette promesse
s'accomplit par la mort de son fils. On ne s'étonne pas non plus qu'il donne
Jean pour fils à celle que l'ange salua en l'appelant « pleine de
grâce », parce que le nom de Jean est un nom qui signifie la grâce, car
tous sont ici ce que leur nom signifie : Jean était devenu un enfant de Dieu,
et le Christ vivait en lui. On sent aussi que Jésus en la donnant pour mère à
Jean la donne pour mère à tous ceux qui croient en son nom, qui deviennent
enfants de Dieu, qui ne sont pas nés de la chair et du sang ni de la volonté de
l'homme, mais de Dieu. On sent encore que la plus pure, la plus humble, la plus
obéissante des femmes qui, après avoir dit à l'Ange : « Voici la servante
du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole », devint mère du Verbe
fait chair. apprenant aujourd'hui de son fils mourant qu'elle doit devenir la
mère spirituelle d'un autre fils, a répété ces mêmes paroles avec une humble
obéissance, dans son cœur déchiré par les angoisses de la séparation, et
qu'elle a adopté pour enfants tous les enfants de Dieu, tous les frères de
Jésus-Christ, Tout cela est plus facile à ressentir par la grâce de Dieu qu'à
exprimer avec des paroles, et je pense alors à ce que me dit une fois mon
fiancé céleste : « Tout est écrit dans les enfants de l'Eglise qui
croient, qui espèrent, qui aiment (1) »
(1) Ceci se rapporte à une vision qu'eut la Sœur le 3
novembre de la troisième année de la prédication de Notre-Seigneur, vingt-huit
jours après la résurrection de Lazare et cinq mois avant la mort du Sauveur.
Elle le vit à la frontière orientale de la Terre promise, dans une petite ville
située au nord d'un endroit plus considérable qu'elle nommait Cédar ; il y
enseigna pendant plusieurs jours, à l'occasion d'une noce, sur l'importance et
la sainteté du mariage. Dans cette vision, dit la Sœur, j'étais comme un des
assistants et j'allais çà et là comme eux. Les discours de notre Sauveur me
parurent si beaux, si importants et si applicables à notre misérable époque,
que je m'écriais dans mon cœur : Ah ! Pourquoi cela n'est-il pas écrit,
pourquoi n'y a-t-il pas ici de disciples pour l'écrire, afin que l'univers entier
le sache. Alors mon fiancé céleste se tourna tout à coup vers moi et me dit :
« Je cultive la vigne là où elle porta des fruits. Si ceci était écrit, ce
serait négligé ou mal interprété comme une grande partie de ce qui est écrit.
Cet enseignement et une infinité d'autres qui n'ont pas été écrits ont porté
plus de fruit que ce qui est écrit. La loi écrite n'en est pas plus suivie pour
cela. Tout est écrit dans les enfants de l'Eglise qui croient, qui espèrent,
qui aiment ».
LA DOULOUREUSE PASSION DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST D'APRES LES MEDITATIONS D'ANNE CATHERINE EMMERICH. Publiées en 1854. Traduction de l'Abbé DE CAZALES
SOURCES : : https://www.icrsp.org/Calendriers/La%20Pensee%20du%20Jour/Semaine%20Sainte/Douloureuse-Passion.htm
http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/CatherineEm/LaPassion/40crucif.htmlDer gute Schächer (Dismas) zur Rechten Jesu. Burgkapelle
der Burg Herzberg in der Gemeinde Breitenbach am Herzberg im
Landkreis Hersfeld-Rotenburg (Hessen), aus dem 13. Jahrhundert, Rest einer
Wandmalerei der Kreuzigung Christi aus dem 16. Jh.
Le Bon Larron
Fête le 25 mars
Il confessa le Christ sur la croix et, pour cela, il est le premier saint canonisé, "Tu seras avec moi dans le paradis", lui dit le Christ avant de mourir. S'ajoute à ce passage de l'Evangile, une belle légende qui mérite d'être contée. Elle date des tout-premiers temps de l'Eglise. Lors de la fuite en Egypte, deux brigands dévalisèrent la Sainte Famille de son argent et de son âne, mais Dismas intervint et les leur fit restituer, parce que c'étaient des pauvres gens sur la route de l'exil. L'Enfant-Jésus l'en remercia lui promettant qu'il lui revaudrait çà à l'occasion. Dismas continua à être un larron, mais Jésus ne l'oublia pas à la dernière minute.
« Après que le Seigneur qui n'était plus qu'une plaie eut été crucifié, afin que les clous ne se détachassent point et que le corps divin ne tombât à terre, ces monstres de cruauté jugèrent bon de les river par derrière. Ils commencèrent donc par élever la croix pour la renverser sens dessus-dessous, et appuyer ainsi contre la terre Jésus crucifié. Cette nouvelle cruauté fit frémir tous les assistants, et il s'éleva un grand bruit dans la foule touchée de compassion. La mère affligée recourut au Père éternel pour cette inconcevable cruauté, afin qu'il ne permît qu'elle se fit selon l'intention des bourreaux, et elle commanda aux anges de venir au secours de leur créateur. Dès qu'ils eurent fini, ils élevèrent la croix et la firent tomber dans le trou creusé à cet effet, mais ces monstres soutinrent le corps avec leurs lances et lui firent de profondes blessures sous les bras, en enfonçant le fer dans la chair pour aider à dresser la croix. A ce spectacle si cruel, le peuple redoubla ses cris et le bruit et la confusion augmentèrent, de sorte que le coeur de la pauvre mère était entièrement accablé de douleur. Les juifs le blasphémaient, les dévots le pleuraient, les étrangers étaient confondus d'étonnement, et quelques uns n'osaient pas le regarder par l'horreur qu'ils en éprouvaient,, et le corps sacré répandait son sang en abondance par les blessures qui avaient été faites et les plaies qui avaient été renouvelées. Ils crucifièrent également les deux voleurs, et ils dressèrent leurs croix l'une à droite l'autre à gauche, ils le placèrent au milieu, afin qu'il fut considéré comme le chef et le plus grand des scélérats. Les pontifes et les pharisiens branlaient la tête avec des gestes de mépris, ils l'insultaient et lui jetaient de la poussière et des pierres , en disant; toi qui détruis le temple de Dieu et le rebâtis en trois jours, sauve- toi toi-même. Les deux voleurs l'injuriaient aussi et lui disaient; si tu es le fils de Dieu, sauve-toi toi-même et nous aussi. Cependant la sainte Vierge à genoux adorait son divin fils, elle pria le Père éternel de faire éclater l'innocence de Jésus-Christ. Sa prière fut exaucée la terre trembla, le soleil s'éclipsa, la lune s'obscurcit et les éléments furent dans la confusion, les montagnes se, fendirent ainsi que le voile du temple, les tombeaux s'ouvrirent ‘et les bourreaux se retirèrent contrits, gémissants et convertis, parce que Jésus en agonie, proféra ces paroles qui renferment l'excès de la charité : Mon père, pardonnez leur, car ils ne savent ce qu'ils font.
L'un des voleurs appelé Dismas, entendant ces paroles, et la sainte Vierge près de laquelle il était intercédant en même temps pour lui, il fut éclairé intérieurement et par cette divine lumière, il fut touché de contrition pour ses péchés, il reprit son compagnon et défendit l'honneur de Jésus-Christ, il se recommanda au Sauveur et le paradis lui fut promis. Le bon larron ayant été justifié, Jésus jeta un regard plein de tendresse sur sa mère, et proféra la troisième parole : femme voilà votre fils, en lui montrant saint Jean, et il dit à celui-ci : voilà votre mère. Il était près de trois heures et il adressa à son père la quatrième parole: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez vous abandonné, s'affligeant de ce que la divinité avait suspendu les divines influences à sa sainte humanité, et aussi parce qu'il voyait un grand nombre de méchants, qui quoique devenus ses membres, et malgré son sang versé avec une si surabondante profusion, devaient se séparer de son corps divin et se damner. C'est pourquoi il proféra la cinquième parole : j'ai soif. Il avait soif de voir tous les hommes correspondre au salut par la foi et la charité qu'ils lui devaient. Mais les méchants lui présentèrent à l'extrémité d'un roseau une éponge trempée de fiel et de vinaigre. A la prière de la sainte Vierge, il refusa pour ne pas martyriser sa sainte bouche. Il prononça la sixième parole : Consummatum est, pour annoncer que la grande oeuvre de la rédemption du monde était accomplie. Enfin il ajouta; mon père, je remets mon. âme entre vos mains, il prononça ces divines paroles d'une voix forte èt sonore, en élevant au ciel ses yeux pleins de sang, et inclinant sa tête divine, il expira. Si la divine mère n'expira pas aussi ce fut par un miracle de la toute-puissance de Dieu. Lucifer et tous les siens par la vertu de ces dernières paroles fut vaincu et précipité dans l'enfer, et son empire fut détruit. La sainte Vierge demeura au pied de la croix jusqu'à la fin du jour, où l'on ensevelit le corps du rédempteur. Et en récompense de cette dernière douleur la très-pure mère fut toute spiritualisée dans le peu de l'être terrestre, que son corps virginal avait encore. Chaque père de famille fait son testament avant de mourir, ainsi Jésus-Christ avant de prononcer les sept paroles fit son testament sur la croix concerté avec le Père éternel, il resta scellé et caché pour les hommes, il ne fut ouvert qu'à la divine mère comme coadjutrice de la rédemption. il la déclara héritière, et exécutrice testamentaire pour accomplir sa divine volonté, et tout fut remis dans ses mains par le divin maître, comme le Père avait tout remis dans celles du fils. Ainsi notre grande reine dut distribuer les trésors dus à son fils parce qu'il est Dieu, et acquis par ses mérites infinis. Elle fut déclarée donc la dépositaire de toutes les richesses, dont son fils, notre rédempteur nous cède les droits auprès du Père éternel, afin que les secours, les grâces, et les faveurs soient accordés par la sainte Vierge et qu'elle les distribue de ses mains miséricordieuses et libérales.
Extrait de la Vie Divine de la Sainte Vierge, Maria d'Agreda, chapître 24
Statue of St
Dismas (1750) on a bridge in Březnice, Příbram District, Czech
Republic.
Prière au Bon Larron
Saint Bon Larron, toi qui, malgré tes péchés passés fus assuré d’une entrée immédiate au Ciel, par la gratuité de l’Amour de Dieu, qui en un instant t’a transformé en un saint, demande, je t’en supplie, à Jésus mon Sauveur, de faire tomber sur moi ce même regard de miséricorde, qui fera plonger mes yeux dans les siens, pour en recevoir le pardon et la sainteté. Ainsi, envahi par le feu de l’Amour Divin consumant et transformant, je pourrai entendre à mon tour la promesse que Jésus t’a faite : « Aujourd’hui même tu seras avec moi dans le Paradis. » Amen.
Approuvé par Mgr François Lapierre, 24 février 2004
SOURCE : http://imagessaintes.canalblog.com/archives/2009/04/20/13453047.html
Dismas, the good felon crucified to the right of
Jesus, depicted here in Italy, South Tyrol, Badia/Abtei,
Heilig-Kreuz-Kirche/Santa Croce/La Crusz,
Le saint bon larron
Evangile selon saint Luc (XXIII 39-43)
L'un des malfaiteurs suspendus à la croix l'injuriait : N'es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec ! Mais l'autre lui fit de vifs reproches : Tu n'as donc aucune crainte de Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c'est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n'a rien fait de mal. Et il disait : Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton règne. Jésus lui répondit : Amen, je te le déclare : aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis.
Dieu de puissance et de miséricorde, toi qui justifie les pécheurs, nous te supplions humblement : par le regard aimant de ton Fils qui attira le bon larron, appelle-nous à la vraie pénitence et donne-nous cette gloire éternelle dont il reçut alors la promesse. Par Jésus-Christ, ton fils unique, notre Seigneur et notre Dieu, qui vit et règne avec toi, dans l'unité du Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. - Amen.
Homélie sur la Croix et le Bon Larron
« Seigneur, souviens-toi de moi quand tu viendras
inaugurer ton Règne » (Luc, XXIII 42). Le larron n'a pas osé faire cette
prière avant d'avoir déposé par son aveu le fardeau de ses péchés. Tu vois,
chrétien, quelle est la puissance de la confession ! II a avoué ses péchés et
le paradis s'est ouvert. II a avoué ses péchés et il a eu assez d'assurance
pour demander le Royaume après ses brigandages.
Songes-tu à tous les bienfaits que la croix nous
procure ? Tu veux connaître le Royaume ? Dis-moi : Que vois-tu donc ici qui y
ressemble ? Tu as sous les yeux les clous et une croix, mais cette croix même,
disait Jésus, est bien le signe du Royaume. Et moi, en le voyant sur la croix,
je le proclame roi. Ne revient-il pas à un roi de mourir pour ses sujets ?
Lui-même l'a dit : « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis »
(Jean X 11). C'est également vrai pour un bon roi : lui aussi donne sa vie pour
ses sujets. Je le proclamerai donc roi à cause du don qu'il a fait de sa vie. «
Seigneur, souviens-toi de moi quand tu seras dans ton Royaume ».
Comprends-tu maintenant comment la croix est le signe
du Royaume ? Si tu le veux, voici encore une autre preuve. Le Christ n'a pas
laissé sa croix sur la terre, mais il l'a soulevée et emportée avec lui dans le
ciel. Nous le savons parce qu'il l'aura près de lui quand il reviendra dans la
gloire. Tout cela pour t'apprendre combien est vénérable la croix qu'il a
appelée sa gloire (...)
Lorsque le Fils de l'homme viendra, « le soleil
s'obscurcira et la lune perdra son éclat » (Matthieu XXIV 29). Il régnera
alors une clarté si vive que même les étoiles les plus brillantes seront
éclipsées. Les étoiles tomberont du ciel. « Alors paraîtra dans le ciel le
signe du Fils de l'homme » (Matthieu XXIV 29-30).
Tu vois quelle est la puissance du signe de la croix !
(...) Quand un roi entre dans une ville, les soldats prennent les étendards,
les hissent sur leurs épaules et marchent devant lui pour annoncer son arrivée.
C'est ainsi que des légions d'anges et d'archanges précéderont le Christ,
lorsqu'il descendra du ciel. Ils porteront sur leurs épaules ce signe
annonciateur de la venue de notre Roi.
Saint Jean Chrysostome
SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/10/12.php
Jacopo Bassano (1510–1591). Le Bon
Larron, seconda metà del XVI sec., Museo del Louvre
Qui
est saint Dismas, le bon Larron ?
Publié le : 09/01/2020 - Catégories : Anges
et saints , Tous les articles
Sur notre boutique religieuse nous proposons une icône
qui représente le visage du Christ et qui est intitulée Le regard au bon Larron
; cette icône est une reprise d'une statue réalisée par le frère Marie Bernard
de la Grande Trappe.
Cette icône se rapporte bien évidemment à la cène du bon Larron alors que Jésus était en croix.
Le
bon Larron dans les Évangiles
Mais qui est ce bon Larron ? Les Évangiles nous ne
disent rien de plus sinon qu'il fut un voleur condamné à mort et crucifié avec
Jésus ; voici les différents textes :
On menait aussi deux autres, des malfaiteurs, pour
être exécutés avec lui. Lorsqu'ils furent arrivés au lieu appelé Calvaire, ils
l'y crucifièrent, ainsi que les malfaiteurs, l'un à droite, l'autre à gauche.
(st Luc, 23, 32 - 33)
C'est là qu'ils le crucifièrent, et deux autres avec
lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. (St Jn, 19, 18)
Les brigands aussi, crucifiés avec lui, l'insultaient
de la même manière. (st Math, 27, 44)
Or, l'un des malfaiteurs, mis en croix l'injuriait,
disant: " N'es-tu pas le Christ? Sauve-toi toi-même et sauve-nous! "
Mais l'autre le reprenait, disant: " Tu n'as pas même la crainte de Dieu,
toi qui subis la même condamnation! Pour nous, c'est justice, car nous recevons
ce que méritent les choses que nous avons faites; mais lui n'a rien fait de
mal. " Et il dit: " Jésus, souvenez-vous de moi, quand vous serez
dans votre royaume. " Et il lui dit: " Je te le dis en vérité,
aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. " (st Luc, 23, 39 - 43)
Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les
jambes du premier, puis de l'autre qui avait été crucifié avec lui. (St Jn, 19,
32)
Le bon Larron Dismas, d'après Anne-Catherine
Emmerich
Cette fin admirable du bon Larron nous le rend
attachant et nous aimerions en savoir plus à son sujet. Heureusement la tradition
nous a transmis d'autres informations, qui aideront à mieux connaître ce saint.
La tradition nous a conservé le nom des deux larrons,
Gesmas pour le mauvais, et le bon larron s'appelait Dismas. Ce nom signifie
"Celui qui a du coeur".
La bienheureuse Anne-Catherine Emmerich nous donne
dans ses révélations un certain nombre de détails. Dismas était le fils d'une
famille de brigands. La sainte Famille, durant la fuite en Egypte fut accueilli
par les parents de Dismas alors qu'il était encore petit enfant mais atteint de
la lèpre. Il fut guéri miraculeusement par l'eau que la sainte Vierge avait
utilisée pour laver l'Enfant Jésus, et dans laquelle la mère de Dismas plongea
son enfant. Ce miracle sensible se produisit une nouvelle fois d'une manière
spirituelle sur la croix quand, par son propre sang, Jésus purifia Dismas de la
lèpre du péché.
Anne-Catherine écrit que les deux larrons avaient été
arrêtés lors d'une attaque de brigandage. Gesmas en avait été l'instigateur et
aurait entraîné Dismas à voler. Elle décrit Dismas comme dépravé mais sans
méchanceté.
Quoiqu'il en soit les deux voleurs se trouvaient à la
droite et à la gauche du Sauveur au sommet du Golgotha.
Guter Schächer Dismas (17.Jhdt.). Maria Bründl (
Putzleinsdorf / Oberösterreich ). Kreuzweg - Kreuzigungskapelle
Les
dispositions intérieures du bon Larron Dismas
Il est intéressant de remarquer qu'au début le bon
larron insultait le Christ comme le faisaient les pharisiens et Gesmas. Mais
peu à peu, éclairé par une grâce intérieure, il fut impressionné de la patience
du Sauveur et la première parole du Christ en croix, "mon Père, pardonnez
leur car ils ne savent pas ce qu'ils font" fut comme le coup de grâce qui
amena Dismas, illuminé par une lumière intérieure, à cette héroïque acte de foi
où il reconnaissait le Christ comme le Fils de Dieu.
La courte harangue de Dismas à Gesmas, manifeste
l'intensité de son repentir et la profondeur de sa foi :
- il reconnait la Justice de Dieu.
- il a manifesté sa charité fraternelle en
encourageant son compagnon d'infortune à reconnaître la justice de leur sort et
en blâmant les calomniateurs.
- il a imité le Sauveur en supportant avec patience
les souffrances.
- il a élevé vers le Ciel, une prière humble et
confiante pleine de foi.
Le
repentir de Dismas
Le Bon Larron est l'exemple du repentir. Avec dégoût,
il se détourne des égarements de sa vie passée et reconnaît publiquement son
ancienne adhésion au péché, mais aussi son amour total pour le Christ. Il
accepte les terribles souffrances de la crucifixion et les tourments de la
mort. Il reconnaît publiquement qu'il a mérité tout cela. Dismas est la preuve
vivante de la puissance inimaginable du Sang du Christ et de l'infinie
miséricorde de Dieu. Par la force de son Sang, répandu sur la Croix, le Christ
provoque la transformation intérieure de Dismas et, en l'espace de trois
heures, fait d'un malfaiteur un saint...
Dismas confesse Jésus-Christ avec courage. Il est
l'avocat du Crucifié et blâme les calomniateurs. Il annonce ouvertement
l'innocence de Jésus et reconnaît le Christ comme son Seigneur et son Dieu.
Du haut de sa croix, le Bon Larron devient un maître
de la prière et un apôtre de la foi au Christ. Humblement, plein d'espoir
et de foi, il prie le Seigneur de l'accueillir dans son Royaume. Sa prière
pénètre jusqu'au Cœur divin de Jésus. Il craint Dieu et il est rempli
d'humilité, de foi et de confiance.
Dismas est aussi la consolation de Jésus crucifié et
de sa douloureuse Mère. Alors que Jésus est bafoué par ceux qui l'entourent, le
Larron se convertit grâce aux mérites des souffrances amères du Christ et des
supplications puissantes de Marie. Il reçoit le regard de grâce du visage du
Christ. Le Larron, crucifié à la droite du Seigneur, trouve, par le Fils de
Dieu, le chemin vers le Père.
Saint
Dismas et ses divers patronages
Cette admirable cène ou Jésus promet le Ciel au Larron
repentant ne laisse indifférent personne. La parole du Christ est comme un
décret de canonisation que l'Eglise, ne pouvait que ratifier : saint Dismas est
fêté le 25 mars et de nombreux patronages lui ont été reconnus :
• Protecteur des condamnés à mort.
• Intercesseur pour une bonne confession.
• Intercesseur pour obtenir un repentir sincère et
plein d'amour.
• Intercesseur contre l'impénitence et la confession
sacrilège.
• Intercesseur pour les pauvres pécheurs et les
conversions difficiles.
• Protecteur contre les vols, les violences, les
attaques, les calomnies, le désespoir et les enlèvements criminels.
• Patron des conducteurs de véhicules divers.
• Protecteur des mourants, des agonisants.
• Protecteur du foyer et des biens matériels.
Basilica di Santa Croce in Gerusalemme, Roma. Reliques de la vraie Croix et de la Passion dans la chapelle Sainte-Hélène. La chapelle des Reliques contient des morceaux de la Croix du "bon larron", crucifié aux cotés de Jésus (la traverse de la croix de Dismas est une poutre exposée à gauche du reliquaire), des fragments de la vraie Croix, une partie de l'inscription de la Croix ; INRI (Jésus de Nazareth roi des Juifs), deux épines de la couronne du Christ, le doigt de Saint-Thomas, un clou de la Passion, et d’autres reliques.
Dans l'église "Santa Croce" de Rome, on conserve une traverse de la croix de saint Dimas : une poutre à gauche du reliquaire.
Prières
à saint Dismas, le bon Larron
Pour
terminer nous vous indiquons quelques prières
Confiance
en la Miséricorde
Saint Dismas, Bon Larron, toi qui par ta courageuse
profession de foi et ton humble pardon dans la souffrance, fus proclamé saint
par le Christ crucifié, nous te prions d'obtenir pour nous une confiance sans
faille en la Miséricorde du divin Cœur de Jésus.
Nous recommandons à ta protection nos biens et notre
vie. Préserve-nous de toute violence, de toute ruse et protège particulièrement
la jeunesse si exposée au danger et aux tentations du Malin.
Obtiens aux agonisants la grâce d'un parfait repentir
de leurs péchés, afin qu'à ton exemple, ils puissent percevoir ces paroles
consolantes : "Aujourd'hui même, tu seras avec moi en Paradis." Amen.
Prière
pour obtenir l'esprit de pénitence
Très bon Jésus, toi qui dans ton infinie Miséricorde
pour le meurtrier se trouvant à ta droite sur la croix, ce grand pécheur, n'en
fis pas seulement un pénitent, mais en si peu d'heures un saint, accorde-nous
que, par son intercession et le secours de ta grâce, nous éprouvions un
véritable regret de nos fautes ; qu'à l'heure de notre mort, nous soyons
fortifiés par le sacrement des mourants et que nous soyons rendus dignes
d'entrer dans l'éternelle joie du Paradis. Toi qui vis et règnes avec Dieu le
Père et l'Esprit Saint pour les siècles des siècles. Amen.
Prière
pour obtenir la patience dans les souffrances
Saint Dismas, toi qui sur le Calvaire, à la droite du
Seigneur, eus la grâce d'expier tes crimes, je te prie d'obtenir pour moi la
grâce de supporter toutes mes souffrances par amour pour Dieu. Obtiens-moi
aussi, qu'avant ma mort, j'expie mes nombreuses et lourdes fautes et qu'au jour
du jugement, je sois au nombre des élus. Amen.
Vous trouverez plus d'informations sur le bon Larron dans le livret "Saint Dismas, le Bon Larron", aux éditions Bénédictines : www.editionsbenedictines.com
SOURCE : https://www.traditions-monastiques.com/fr/blog/qui-est-saint-dismas-le-bon-larron--n238
Joseph Bergler the Younger. Saint Dismas as penitent sinner in chains. Pilgrim's
church Mariahilf: Altar of the Lamentation of Christ (1774), Passau (Lower
Bavaria).
Joseph Bergler dem Jüngeren. Sankt Dismas als reuiger
Sünder. Wallfahrtskirche Mariahilf: Altar der Beweinung Christi (1774). Passau
(Niederbayern).
La vie de saint Dimas, le bon larron, entre légende et vérité
La rédaction d'Aleteia - Publié le 02/06/16
Le 12 octobre, nous fêtons le bon larron. Cet heureux
coupable peut nous en apprendre beaucoup sur le repentir et la miséricorde.
Selon l’une des légendes populaires les plus anciennes
du christianisme, le bon larron crucifié aux côtés du Christ,
s’appelait Dimas. Il serait né dans une caverne de voleurs, fils du
chef de la bande et, encore tout petit, il avait contracté la lèpre. Toujours
selon la légende, durant la fuite en Égypte, la Sainte Famille avait trouvé
refuge dans cette grotte pour passer la nuit. Le lendemain matin, la femme du
chef de bande lava son petit garçon avec la même eau que la Vierge Marie
avait utilisée pour laver l’Enfant Jésus – et la lèpre disparut aussitôt.
Cependant, le petit garçon devint un voleur comme son
père. Finalement arrêté à l’âge adulte, il fut conduit à Jérusalem et condamné
à mort par Ponce Pilate. C’est alors que Dimas put voir le Seigneur
portant sa Croix et crucifié à côté de lui. Il se rendit à la grâce de Dieu et
proclama cet acte de foi et d’amour qui sera enregistré à jamais dans
l’Évangile ; un geste de foi qui lui valut la promesse la plus sublime du Fils
de Dieu.
« Aujourd’hui tu seras avec moi dans le
Paradis »
En fait, il s’agit de la seule information historique
sur cet homme connu sous le nom du « Bon Larron ». Si tout son passé
reste un mystère que l’imagination pieuse a cherché à peindre avec la légende
rapportée ci-dessus, son avenir éternel est une certitude de foi !
Sur l’épisode spécifique narré dans l’Évangile, saint
Augustin, docteur de l’Église, fait ce commentaire :
« si l’Évangile nous fournit l’exemple d’un pécheur converti au
moment de sa mort, c’est pour nous empêcher de tomber dans le désespoir ; et,
afin que nous ne présumions pas de la Miséricorde de Dieu, cet exemple est le
seul qui nous soit proposé ».
SOURCE : https://fr.aleteia.org/2016/06/02/la-vie-de-saint-dimas-le-bon-larron-entre-legende-et-verite/
Lovis Corinth (1858–1925). Le Bon Larron, 1883, 180 X 80, Gerhart Hauptmann (1862-1946) (Villa Hauptmann in Agnetendorf
SOURCE : http://laboratoireitalien.revues.org/916
Christiane Klapisch-Zuber, Le voleur de paradis. Le Bon Larron dans l’art et la société (xive-xvie siècles). Paris, Alma Éditeur, 2015
François Bœspflug, Université de Strasbourg.
Voici un ouvrage de science, fruit d’une enquête
méthodique. Le titre principal, pourtant, pouvait faire douter de sa qualité.
Il a beau s’autoriser de l’étymologie (« larron » provient du
latin latro, « voleur ») et se réclamer de Bernardin de Sienne
(15, 99‑100) voire de la Légende dorée (299), il ne convainc pas le
lecteur tant soit peu théologien, car le Bon Larron de Luc (Lc 23,39‑49), nommé
Dismas par l’Évangile de Nicodème (42), n’a rien volé mais tout reçu, par
grâce. La dédicace à Jacques Le Goff, déjà, donne le « la » en
parlant de « Ce personnage douteux qui boycotta le purgatoire… » (7).
Il faut s’y faire, le style de l’A., pourtant exceptionnellement dense et
sobre, semble payer tribut à l’esprit du temps qui veut, en France notamment,
que l’on s’excuse de parler de sujets religieux en s’octroyant le droit au jeu
de mot imprévisible, au trait d’esprit, à la virevolte. En veut-on des
exemples ? L’A. parle d’ « un véritable court-circuit dans l’économie
ordinaire du salut » (105), du bon larron comme de « l’homme à tout
faire des confortatori » (108), du « kidnapping de l’âme
enfantine de Dismas… » (225), de « trois paquets de damnés liés en
bottes comme des asperges » (230), de « l’agenda chargé de Jésus
avant son Ascension » (296), ajoutant que « le Christ a cambriolé
l’enfer » (299), et que le Bon Larron a été jugé « digne d’un
certificat d’assez bonne conduite pour monter [sic !] sur
quelques autels » (327), etc.
Je m’en voudrais de faire un florilège de ces formules
incongrues qui émaillent un livre qui pouvait s’en passer. Car j’ai hâte de
souligner plutôt combien il est original, solide, puissant, savantissime et
bien mené, même si son plan comporte des surprises (on ne s’attend pas à
trouver un chapitre sur le pèlerinage en Terre Sainte (114‑124), mais c’est
requis par celui sur le Golgotha, exigé à son tour par celui sur le Bon
Larron…). Un livre ample (350 pages), érudit (plus de 1000 notes), destiné à
servir (deux index, un « index bibliographique » et un « index
général », sans index scripturaire, dommage…), bien illustré (54 figures,
certaines en pleine page, d’autres il est vrai dans un format trop petit
(fig. 16, 21, 41), focalisé sur la figure du Bon Larron dans l’art,
italien surtout, des xive-xvie siècles (18), recouvrant en fait une
étude approfondie de la Crucifixion et de la Descente aux limbes. La dernière
précision du sous-titre (« …dans l’art et la société ») avertit qu’il
ne s’agit pas d’un livre d’art stricto sensu : « j’ai considéré
non pas les œuvres en tant que telles, comme le font les historiens de l’art, mais
les situations sociales qui se nouaient autour d’elles » (20), autrement
dit, en quoi elles correspondaient à autant d’« expériences
sociales » et reflétaient et/ou modifiaient des idées que l’on se faisait
à cette époque, entre autres, de la faute et du châtiment publiquement exécuté,
de la peine de mort, de la bonne mort et de l’après-mort.
Un ouvrage aussi dense est rarement impeccable. Mais
comme il peut espérer une nouvelle édition, voici quelques suggestions. Les
défauts d’espaces sont innombrables, on se demande pourquoi, en particulier
entre les phrases, chroniquement dépourvues d’espace intercalaire après le
point final. Il sera ensuite facile de remédier à quelques accidents
typographiques : la « cacathédrale » de Fribourg (83), davantace
(89), « de du » (143), 1440‑1141 (149). Si Benoît XIV (pape de
1740 à 1758, auteur du De Canonisatione sanctorum) a pu refuser au Bon
Larron d’être appelé un « martyr » au sens propre, ce n’est pas en
1590‑1591 (321)… L’image de la fig. 32 reproduite p. 215 ne
correspond pas à sa légende (c’est un détail de la fig. 2 de la
p. 34), et p. 226 il est renvoyé par erreur à la fig. 12, au
lieu de la fig. 11 de la p. 63 ; quant à la p. 205,
elle renvoie aux deux larrons de la fig. 31, où ils sont absents…
Voici quelques inexactitudes portant maintenant sur le
fond. Si Longin perce le côté du Christ, ce n’est pas pour l’achever
(50) : il était déjà mort au moment du coup de lance (Jn 19,34). Il est
inexact que « pour les médiévaux, l’âme possède une matérialité »
(209) : le fait de représenter l’âme comme une figure humaine à échelle
réduite est une convention picturale, non l’affirmation d’une certaine
corporéité, et parler d’une « corporéité iconographique » (210)
relève du pléonasme. L’infusion de l’âme de Jésus en Marie lors de son
Incarnation amène l’A. à une alternative qui n’en est pas une (212 :
infusion de l’âme en Marie ou Incarnation du Verbe), et je me permets de
renvoyer à mon étude sur les Annonciations à homoncule dans Le Dieu des
peintres et des sculpteurs. L’Invisible incarné, Paris, 2010, p. 77‑104.
J’ai enfin un problème de fond, qui est à présenter à
la tradition chrétienne plutôt qu’à l’A., j’en conviens, avec l’intercession
(cf. 73‑74, 95‑100, 112‑113) et surtout avec la sainteté de Dismas, tenu pour
un martyr (268 et suiv.). Cette qualité lui sera refusée au sens propre par
Benoît XIV (321), ce qui me rassure. C’est bien à l’A., en revanche, que
je m’adresse en contestant que l’on puisse qualifier le Bon Larron, comme elle
le fait, de « premier converti chrétien » (273, 296). On doit se
faire l’objection : et les saints innocents (274, ces « martyrs non
baptisés », bien avant Dismas) ? Et Jean-Baptiste, qui a identifié
l’Agneau de Dieu et a précédé Dismas dans le martyr ? (278‑279).
Abstraction faite de ces remarques, Le Voleur de
paradis n’aura certes pas volé l’admiration qu’on lui vouera. Non que la
lecture du livre soit délectable à tout moment. Les pages sur la douleur des
suppliciés (198‑203) sont cruelles, à cause même de leur sujet. Mais c’est le
plaisir de la lecture qui l’emporte haut la main, tant sont nombreux les
paragraphes instructifs et bien troussés, tels ceux qui sont consacrés
respectivement à la différence, dans l’art allemand, entre les croix à peine
ébranchées des larrons et celle dûment équarrie du Christ (58‑67), aux
différentes formules de la mise à mort et du spectacle public
« édifiant » (87) qu’elle constituait (76‑87), à la question de
savoir si le repentir d’un condamné in extremis lui donnait accès à
la vision béatifique dès son exécution achevée, en le dispensant de tout séjour
dans le purgatoire, d’où le « boycott » (100‑108), à la forme et aux
mesures de la vraie croix (138‑145), à cet « exercice d’érudition
microscopique », selon les mots mêmes de l’A., autour des trous et des
piliers du Golgotha (146‑151). Au risque de paraître doubler la table des
matières placée en tête du volume, je continue l’énumération de mes découvertes
heureuses : les pages sur l’imagination des pèlerins et leur souci de
prendre des mesures pour pouvoir à leur retour de Terre Sainte nourrir celle de
tous ceux qui n’avaient pas les moyens de s’y rendre (162‑173) ; la mise
au point sur la nudité totale du Christ dans les scènes de sa Passion et des
deux larrons (178‑188). Sur l’orientation et la disposition des trois croix sur
le mont Calvaire compte tenu de son exiguïté supposée, je n’avais jamais rien
lu d’aussi précis ni d’aussi parlant (248‑257). De même, l’exposé portant sur
le rôle de Dismas dans l’Anastasis, comme acolyte ou assistant du Christ dans
« son expédition au royaume infernal » (269 et suiv.) est remarquable
– bravo d’avoir repéré et reproduit l’œuvre de Giotto (280, fig. 45)
conservée à Munich, où Dismas, une fois n’est pas coutume, est penché vers les
Justes comme le Christ et apparaît comme son double, en
« coadjuteur » et « parfait imitateur du Christ » (298‑303).
Les pages du livre sur sa présence au côté du Ressuscité apparaissant à sa Mère
sont de nouveau très originales (290 et suiv.) et comportent une belle analyse
du tableau du Titien (294‑95). On est étonné, pour finir, à la lecture des
faits multiples qui ont abouti à « hisser sur les autels le bandit
repenti », à faire des restes de sa croix une relique (ou plutôt
plusieurs : 312‑320), à décrocher son droit à l’auréole (320‑326), du
moins en Italie : « les gens du Nord ont été plus chiches que les
Latins dans l’attribution de cette marque de sainteté » (325), ce qui n’a
pas empêché que « Dismas » soit parfois attribué comme prénom de
baptême à un enfant noble dans l’Autriche ou la Haute Bavière du xviiie siècle
(329)…
On l’aura deviné : tous ceux qui s’intéressent de
près ou de loin à l’histoire de cet archi-sujet de l’art chrétien qu’est la
Crucifixion auront intérêt à se procurer et à potasser cet ouvrage très bien
documenté, rendu aisément utilisable par ses index et la netteté de ses
élaborations. Certains auteurs, en s’aventurant hors du champ qui leur était
familier, prennent des risques et se fourvoient. D’autres administrent la
preuve que le savoir-enquêter, le savoir-réfléchir et le savoir-dire ne se
laissent pas arrêter aux frontières que les spécialistes se font habituellement
un devoir de respecter. De ce point de vue, si tant est que ce livre soit pour
son auteure un coup d’essai, il est assurément un coup de maître.
Référence papier
François Bœspflug, « Christiane Klapisch-Zuber, Le
voleur de paradis. Le Bon Larron dans l’art et la société (xive-xvie siècles) », Revue
de l’histoire des religions, 1 | 2017, 167-170.
Référence électronique
François Bœspflug, « Christiane Klapisch-Zuber, Le voleur de paradis. Le Bon Larron dans l’art et la société (xive-xvie siècles) », Revue de l’histoire des religions [En ligne], 1 | 2017, mis en ligne le 24 mars 2017, consulté le 21 novembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/rhr/8696 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rhr.8696
SOURCE : https://journals.openedition.org/rhr/8696LA FIN DE MARS.
Il y a tant de choses à
dire sur la fin de mars, que nous nous trouvons dans la nécessité de choisir.
C'est la fête de l’Annonciation; mais c’est aussi la fête de l’Incarnation. Car
l’Incarnation, après l’Annonciation, ne s’est pas fait attendre ; c'est donc la
fête de ce moment suprême, prédit depuis tant de siècles, c’est la fête désirée
par les patriarches et les prophètes, celle dont Abraham a désiré de voir le
jour. L’Incarnation était appelée par toutes les grandes voix inspirées
qu’avait entendues le monde; et les gentils eux-mêmes, agités par un instinct
confus, la désiraient sans la connaître. Virgile élevait la voix au milieu des
angoisses et des espérances du monde païen ; et la Sybille rendit des
témoignages qui sont acceptés. L’églogue de Virgile a cela d'étrange qu’elle
part du centre même de la civilisation, du centre poli et lettré. Souvent les
hommes civilisés, raffinés et instruits, dans le sens vulgaire de ce dernier
mot, sont plus sourds et plus muets que les foules ignorantes, quand il s’agit
d’instinct divin. Cependant le bruit sourd qui se faisait dans le monde fut
entendu au pied du trône d’Auguste, dans cette Rome fière d’elle-même, occupée
de sa gloire et pleine de sa vanité. Virgile n’était pas dans les conditions où
l’on entend les choses profondes. Pourtant il se chargea de rendre témoignage et
de dire en vers élégants qu’il avait entendu quelque chose. Plus loin Isaïe,
Jérémie, Ezéchiel, Daniel, le grand Daniel, l’homme de désirs. Et Balaam ? Que
dire de ce personnage extraordinaire, qui parlait malgré lui ? Et Abraham, et
Isaac, et Jacob, et Israël ? Dans l’intervalle Moïse.
Toutes les grandes voix
s’étaient donné un rendez-vous suprême. L’écho de toutes les montagnes, de
toutes les vallées, de toutes les colines, répétait la même promesse. Il
répétait et ne se répétait pas; car la promesse, uniforme en elle-même, variait
sans cesse dans les points de vue, dans les aspects, dans les paroles, dans les
détails. C’était la même promesse; mais elle ne retentissait pas partout de la
même manière : l’écho des montagnes n’est pas celui des vallées. Elle disait
toujours la même chose, et jamais ne se ressemblait à elle-même.
Que dut-il se passer dans
l’âme de la Vierge, quand l’ange lui apparut ? quand l’ange, lui apparaissant,
lui apprit que le moment était venu, le moment que son désir avait appelé après
tant d'autres désirs ? Mais que dut-il se passer dans l’âme de la Vierge, quand
l’ange lui annonça que le moment était venu non-seulement pour elle, mais par
elle, que c’était elle, elle-même, qui était la Mère du Messie ? Et
non-seulement il lui annonça la chose, mais il la lui proposa. Il attendit son
acceptation. Le cardinal de Bérulle fait ici une assez singulière remarque. Il
constate que rien n’était plus facile à Marie que de deviner qu’elle était
elle-même la Mère du Messie. Elle savait les promesses ; elle savait que les
temps de l'accomplissement étaient venus; elle savait que le Messie sortirait
de la maison de David ; elle savait qu’elle était de la maison de David. Elle
savait qu’une Vierge concevrait et enfanterait. Elle savait qu’elle avait fait
voeu de virginité, et qu’elle était la seule qui eût fait ce voeu contraire aux
pensées des Juives. Elle pouvait voir se réunir sur sa tête prédestinée toutes
les conditions requises pour cette prédestination ; elle pouvait voir converger
vers elle tous les rayons de la lumière prophétique. Eh bien ! elle ne voyait
pas ! elle ne comprenait pas ! Elle ne savait pas ! elle ne devinait pas ! elle
était aveugle sur elle-même et ne reconnaissait pas en elle la personne
désignée, quoiqu’elle connût toutes les clauses de la désignation. On dit même
qu’elle demandait comme un honneur suprême d’être la servante de la Mère du
Messie et que l’idée d’en être elle-même la Mère ne s’était pas présentée à son
esprit.
Quoi qu’il en soit, elle
dit : Fiat !
Une ancienne tradition
veut que le monde ait été créé en Mars. Le Fiat lux avait retenti
dans ce mois. Le mot Fiat est plein de mystères, et ce sont des
mystères de création ou des mystères de rénovation. Ce sont aussi des mystères
de consommation ; car la fin du monde pourrait avoir lieu à l’époque de la
création du monde. Quoi qu’il en soit de ce dernier point, il est bien
remarquable que le mot Fiat ait donné à la lumière naturelle et à la
lumière surnaturelle l’ordre ou la permission de briller. A peu près à la même
époque, à peu près au moment où le Fils de Dieu s incarna et où le Fils de Dieu
mourut, se groupent quelques personnages dont la fête, presque ignorée, se
place un peu capricieusement : par exemple Melchisédech, Isaac, le bon Larron.
Leurs fêtes varient du 25 mars au 15 avril. Les Éthiopiens honorent
Melchisédech le 12 avril et Isaac le 1er mai ; mais d’autres placent ces
fêtes moins loin. Le bon Larron arrive aussi vers le temps de Pâques ; mais le
jour est incertain.
Ces personnages, grands
et mystérieux, sont groupés autour des jours où le Sauveur s’incarne et meurt,
parce qu’ils ont avec lui de profondes et mystérieuses relations.
Qu’est-ce que Melchisédech ?
Personne ne le sait au juste. Mai sa grandeur, constatée par saint Paul, semble
attestée, témoignée, glorifiée par le mystère même où est plongé son nom. Il
est sans père et sans mère, sans généalogie. Le voisinage où il est de
l’éternité permet de le déclarer sans commencement et sans fin. Quelle attitude
sublime que la sienne ! Il apparaît, dans le lointain de l’histoire, comme Roi
de justice ! Il est Roi de la Cité de Paix! Roi de Salem, c’est-à-dire de
Jérusalem, avant que Jérusalem n’eût reçu son dernier nom ! Il est Roi et il
est Prêtre. Il est Pontife éternel ! Roi de justice signifie : Melchisédech.
Melchisédech signifie : Roi de justice. De sorte que cet homme ne peut
être nommé, sans que la justice soit nommée en même temps. La justice s’est
assimilée à lui. Elle a pénétré son nom.
Ce roi nous apparaît comme
Roi de justice et comme Prêtre. Quant à l’exercice de ses fonctions, nous le
connaissons peu. Cependant nous voyons l’offrande et la bénédiction.
Quelle scène grandiose !
Ces personnages semblent dépasser de beaucoup la taille humaine ! Abraham, le
père des croyants, celui dont la postérité sera nombreuse comme les étoiles,
vient de délivrer Loth des mains des rois ses voisins. Mélchisédech vient à sa
rencontre, offrant le pain et le vin, car il était prêtre du Très-Haut. Il est,
je crois, le premier auquel la qualité de prêtre soit attribuée dans
l’Écriture. C’est pourquoi il offre le pain et le vin, solennellement et
prophétiquement. Il annonce l’Eucharistie et donne sa bénédiction. Sa
bénédiction est simple et solennelle comme l’offrande. Que le Dieu Très-Haut,
qui a fait le ciel et la terre, bénisse Abraham ! Que béni soit le Dieu
Très-Haut qui a mis les ennemis d’Abraham entre les mains d’Abraham !
Du reste, aucune
connaissance bien précise ne nous est donnée. Peut-être le vague du nom de
Melchisédech convient-il à sa grandeur. L’Église ne lui assigne pas de fête
universellement célébrée. Mais elle le place, dans le canon de la messe, à côté
d’Abraham et d’Abel. M. Olier a écrit de belles choses sur les ressemblances et
les différences de ces trois sacrificateurs et des sacrifices offerts par leurs
mains.
Le plus illustre est
Abraham. Son sacrifice est devenu populaire, parce qu’il remue la nature
humaine plus profondément. La fête d’Isaac se place à peu près au même moment
que celle de Melchisédech. Comme elle, elle est locale et variable.
Le nom d’Isaac signifie
: Rire.
Quand le Seigneur annonça
sa naissance, Sara rit; car elle était vieille. Elle se cacha pour rire; elle
rit derrière la porte.
Et le Seigneur dit :
Pourquoi Sara a-t-elle ri ? Est-ce que quelque chose est difficile à Dieu?...
-Je n’ai pas ri, dit Sara
épouvantée.
-Il n’en est pas ainsi,
dit le Seigneur: vous avez ri.
Et l’enfant, quand il
naquit, fut appelé Rire.
-Le Seigneur, dit Sara,
est l’auteur de mon rire. Quiconque entendra mon histoire rira avec moi.
Le mot rire, qui
apparaît à chaque instant quand il est question d’Isaac, est un des mots les
plus absents de l’Écriture Sainte. L’Écriture en est prodigue à propos d’Isaac
; partout ailleurs elle en est avare. Et même, quand elle l’emploie, c’est dans
un sens figuré. Il s’agit de l’ironie ; il s’agit de l’impiété des hommes ou
des colères du Seigneur. Mais le rire ordinaire, le rire proprement dit, ne
reparaît pas, je crois, après la naissance d’Isaac, qui est un des premiers
faits de l’histoire humaine racontés par l’Écriture.
Qu’arriva-t-il sur la
montagne du sacrifice ? C’est ce que personne ne sait précisément. Jusqu’où
alla la douleur d’Abraham ? Ce Fils si longtemps désiré, ce Fils tellement
inespéré que la promesse de sa naissance faisait rire Sara, ce Fils dont la
naissance était le chef-d’œuvre de l’Invraisemblable, ce Fils était celui qu’il
fallait immoler ! Sa naissance avait ressemblé à une victoire de Dieu sur les
lois de la nature. Et quand ce Fils bien-aimé, né contre la vraisemblance, est
devenu un jeune homme, il faut lui donner la mort, à lui qui porte l’Espérance
et la Promesse d’une postérité nombreuse comme les étoiles du ciel ! Il faut
tuer ce germe de vie si chèrement acheté, si désiré, si précieux.
Quelles pensées
tumultueuses devaient gronder au fond d’Abraham ! quelle tempête ! Cependant il
obéit avec une telle simplicité, que cette simplicité remplit seule le récit de
l’Écriture. Pas de réflexions, rien que le fait; mais le fait est si terrible
qu’il sous-entend tous les sentiments humains.
Saint Ephrem fait une
remarque intéressante.
Abraham, quand il voit la
montagne du sacrifice, dit aux serviteurs : Attendez ici avec l’âne ; moi et
l’enfant, quand nous aurons adoré, nous reviendrons vers vous.
Abraham ne croyait pas ce
qu’il disait. Et cependant il disait la vérité, mais la disait sans la
connaître. Il avait l’intention de tuer l’enfant. Il ne savait pas que l’enfant
reviendrait avec lui. Et cependant il le disait, comme s’il avait prévu le
dénouement qu’il ne prévoyait pas. Il prophétisait sans le savoir. Ses lèvres,
dit saint Ephrem, prononçaient ce que son esprit ne savait pas. Et elles
prononçaient la vérité.
Un instant après, seul
avec son père, Isaac fait une question déchirante pour Abraham.
Mon père ! - Que veux-tu
mon fils ? - Voici le feu et le bois; mais où donc est la victime? - Dieu se
fournira à lui-même la victime, mon fils.
Abraham prophétise encore
et prophétise sans le savoir. Il annonce l’apparition de l’ange et la rencontre
du bélier qu’il ignorait toutes les deux.
L’Écriture est tellement
féconde, qu’elle apparaît constamment jeune. Le sacrifice d’Abraham est un
drame, dont l’émotion a traversé les siècles sans diminuer. Il est impossible
de constater comme elle le mérite la simplicité du récit. Cette simplicité est
redoutable. Moins elle dit de choses, plus elle en fait deviner. La question
d’Isaac est d’une ignorance qui déchire le coeur. La réponse d’Abraham est
d’une science qui le déchire aussi. Car cette science prophétique n'était que
sur ses lèvres; et ses paroles, quoique vraies, ne pénétraient pas son esprit.
D’Isaac au bon Larron il
n’y a pas de transition visible. Ces deux personnages ne se ressemblent pas et
sont séparés par bien des siècles. Mais tout se tient tellement dans l’économie
de la Rédemption, que l’art heureux des transitions y est absolument
inutile. Isaac est la figure du pécheur racheté.
Et le bon Larron n’est-il
pas le type du pécheur pardonné ? Isaac était innocent, le Larron était
coupable. Le coupable est près de Jésus-Christ physiquement, dans le temps et
dans l’espace. L’innocent symbolise Jésus-Christ de loin, à travers le temps et
l’espace.
D’après la tradition, le
bon Larron s’appelait Dismas.
Saint Anselme raconte son
histoire, non comme un fait authentique, mais comme une légende très accréditée.
D’après le récit de saint
Anselme, Dismas vivait dans une forêt au moment de la fuite en Égypte. Il était
fils du chef des assassins qui étaient là, en Bande, dévalisant les voyageurs.
La Sainte Famille paraît. Voyant l’homme, la femme et l’enfant, il se prépara à
les attaquer. Mais quand il approche, il est saisi d’un respect affectueux et
tendre; il offre l’hospitalité aux voyageurs ; il leur donne tout ce qui leur
est nécessaire ; il accable l’enfant de caresses. Marie le remercie et lui
promet une grande récompense.
Jésus-Christ mourant
tient la promesse de sa Mère. Dismas fut récompensé sur la croix des procédés
qu’il avait eus dans la forêt.
Quoi qu’il en soit de la
légende racontée par saint Anselme, le bon Larron est une des figures les plus
singulières de l’histoire des Saints. Voleur et assassin, il est canonisé par
les lèvres de Jésus-Christ. Il est placé à la droite du Fils; par là il
représente tous les élus.
Le Calvaire figure le
jugement dernier. Donc le bon Larron est la figure du peuple prédestiné.
Ouvrier de la dernière heure, il éprouve la magnificence de Celui qu’il invoque
et qu’il adore. Il reconnaît le Crucifié, son voisin, comme juge des vivants et
des morts. Et le Crucifié répond.
D’après le Père Ventura,
les deux Larrons donnent aux hommes deux leçons capitales. Le bon Larron,
chargé de crimes et armé seulement d’un repentir très court, dit au genre
humain :
Il ne faut jamais
désespérer.
Le mauvais larron, dans
des conditions en apparence identiques, meurt tout près de Jésus et dit au genre
humain :
Il ne faut jamais
présumer.
Le bon Larron est
spécialement invoqué contre la torture, contre l’impénitence finale et contre
les voleurs.
Ernest HELLO. Physionomies
de saints.
SOURCE : https://archive.org/stream/PhysionomiesDeSaintsParErnestHello/physionomies%20de%20saints_djvu.txt
Ermitage Sant Dimes, Montserrat, Catalogne, Espagne
Ermita de Sant Dimes, Muntanya de Montserrat. Vista des de la Miranda de Fra Garí, Catalogne, Espagne
The Gospel of Luke relates Jesus’ conversation with the two thieves, though it does not name them. After having been mocked by both the Jewish authorities and the Roman soldiers, Jesus is taunted by one thief, who challenges Jesus, “Are you not the Messiah? Save yourself and us.” (Luke 23:39) But the other thief, the Good Thief, takes the opposite view.
The Good Thief recognizes that Jesus is innocent and has done nothing wrong He also acknowledges that Jesus is the Messiah, by saying to Him, “Jesus, remember me when you come into your kingdom.” (Luke 23:42) To which Jesus replies, “Amen, I say to you today, you will be with me in paradise.” (Luke 23:43)
St. Dismas is the patron Saint of those condemned to Death.
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/saint-dismas/
Anonyme (École de Moscou). Le Bon Larron, Благоразумный
разбойник, vers 1560, Kremlin
1st century. The Good Thief, who was crucified with Christ on Calvary, was given the name Dismas; the other thief is known as Gestas (Luke 23:39-42). A popular myth during the Middle Ages in the Arabic Gospel of the Infancy said that the two thieves held up the Holy Family on their flight into Egypt. In this tale, Dismas bought off Gestas with forty drachmas to leave them unmolested, whereupon the Infant Jesus predicted that they would be crucified with him in Jerusalem and that Dismas would accompany him to paradise.
Tradition assumes that because Jesus told Dismas: "Today you will be with me in Paradise," his salvation was assured and he could therefore be invoked as a saint. Because so little is known of Saint Dismas--not even his name, which means "dying"--perhaps the Mass for his feast can give us some insights.
Introit: Psalm 130:6: "My soul waited for the Lord, more than the night watchmen wait for the dawn." Psalm 121:1, "I rejoiced when I heard them say, 'Let us go up to the house of the Lord.'"
Reading from Ezekiel 33:11-12: "I am living says the Lord. It is not the death of the sinner that I want. What I want is that he be converted, and that he live. Be converted, be converted, change your way of life! And why would I condemn you to die? Let the prophet say to his people: 'The just are just in vain, for it is not his justice which will save him, if one day he sin. And it is not for his sin that the sinner will be judged, if one day he is converted.'"
Gospel from Luke 23:39-43 [RSV]: "One of the criminals who were hanged railed at him, saying, `Are you not the Christ? Save yourself and us!' But the other rebuked him, saying, `Do you not fear God, since you are under the same sentence of condemnation? And we indeed justly; for we are receiving the due reward of our deeds; but this man has done nothing wrong.' And he said, `Jesus, remember me when you come into your kingdom.' And he said to him, `Truly, I say to you, today you will be with me in Paradise.'"
Communion antiphon: "Happy is he who sees his debts paid, and whose sins are forgiven! Happy is the man whom the Lord does not punish as he deserves, and who does not try to defraud him" (Psalm 31:1-2) (Attwater2, Benedictines, Delaney, Encyclopedia, Farmer).
Dismas, der gute Schächer. Kreuzigungsaltar ( 1450 ) Altarbild
( Detail ). Kath. Pfarrkirche Mariä Himmelfahrt. Hallstatt ( Oberösterreich ).
Dismas, the good felon. Altar of crucifixion ( 1450 ) Altar painting ( detail ). Assumption of Mary parish church. Hallstatt ( Oberösterreich ).
The Good Thief, Dismas
The Roman Martyrology, on the 25th of March, makes mention of the Good Thief, who, according to tradition, is called Dismas, in the following words:
"At Jerusalem, on this day, is the Feast of the Good Thief, who acknowledged Christ on the Cross, and from Him deserved to hear the words: 'This day shalt thou be with Me in Paradise.' The sudden change and conversion (for Dismas from a sinner became a penitent and Saint) has been rightly attributed to the prayers of our Blessed Lady. Mary, say the holy Fathers, had obtained the soul of the malefactor, as a recompense of her sorrows, and the price of her compassion. Saint Peter Damien assures us, that Mary prayed for the thief who was on the right side of the Cross, on which side she also stood, and exhorted him to hope in Jesus, and to do penance. Saint Anselm, in a treatise on the youth of Jesus, relates the following pathetic incident about the early years of Saint Dismas, which we will give to our readers as a pious legend: -----
" 'Dismas was living in a forest on the confines of Egypt, when Mary went thither with the Child Jesus, to escape the rage of Herod. He was a highwayman, and the son of the chief of a band of robbers. One day, as he lay in ambush, he saw a man, a young woman, and a little Child approaching, from whom he rightly expected no opposition. Therefore, he went towards them, with his comrades, with the intention to ill-treat them. But he was at once so charmed with the supernatural beauty and grace which shone on the countenance of Jesus, that instead of doing them harm, he gave them hospitality in the cave which he inhabited, and made ready for them everything of which they stood in need. Mary was grateful for the tenderness and care which the robber bestowed on her Beloved Son, and warmly thanking him, she assured him that he would be rewarded before his death. This promise was fulfilled later, when Dismas was crucified with the Saviour of the World, and obtained the grace of repentance in his last hour, openly confessing Jesus Christ's Divinity. When the Apostles had fled, he had the happiness to receive the first fruits of the Redeemer's Sacrifice, and soon after, entered the Heavenly Kingdom with his Saviour.'
"Saint Dismas is considered as the Patron of penitents, and is especially invoked for the conversion of hardened and obstinate sinners, and always with a favorable result. The Catholic Church has indeed sanctioned the veneration given to this Saint, by instituting a special Feast, with a most beautiful Office, in his honour, as also, a proper Mass. This Feast is allowed in many Dioceses and religious Orders."
SOURCE : http://www.catholictradition.org/Mary/blessings18.htm
Saint Dismas
Readings
Katholische Pfarrkirche St. Johannes Baptist in Bergkirchen im
Landkreis Dachau (Bayern/Deutschland), heiliger Dismas am Hauptaltar
Article
(March 25) (1st century) Our Lord’s words on the Cross
promising him Paradise have entitled the Good Thief to be registered among the
Saints honoured by the Catholic Church. Apochryphal Gospels and other ancient
writings assign to him the name of DISMAS, and give various details concerning
him. But we have nothing in any way historical to allege. His Feast, though
kept on various days, is put in the Roman Martyrology. as by the Greeks, on
March 25, from an old belief that Our Lord’s Crucifixion, and therefore the
Good Thief’s confession, fell on that day in the year of the T^ocsioti
MLA Citation
Monks of Ramsgate. “Good Thief”. Book of Saints, 1921. CatholicSaints.Info.
11 August 2018. Web. 20 November 2020.
<https://catholicsaints.info/book-of-saints-good-thief/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/book-of-saints-good-thief/
New Catholic
Dictionary – Good Thief
Article
Traditionally known as Dismas, one of the thieves
crucified with Christ, who rebuked his companion for demanding that Christ
should save them, prayed instead a share in His Kingdom, and received the
assurance: “This day thou shalt be with Me in paradise.” A portion of the cross
on which he died is
preserved in the Chapel of Relics, Santa Croce in Gerusalemme, Rome. He is
patron of persons condemned to death.
MLA Citation
“Good Thief”. New
Catholic Dictionary. CatholicSaints.Info. 15 August 2018.
Web. 20 November 2020. <https://catholicsaints.info/new-catholic-dictionary-good-thief/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/new-catholic-dictionary-good-thief/
Le bon larron, Calvaire, Laz (Bretagne, Finistère)
Mar 25 – St Dismas – the Good Thief
25 March, 2012
"Jesus, remember me when you come into your
kingdom"
Summary: After listing the Annunciation for this
day, The Roman Martyrology, in the second paragraph says: “At Jerusalem, the
commemoration of the good thief who confessed Christ on the cross, and who
deserved to hear from him these words: ‘This day shalt thou be with me in
paradise.’ March 25th is the supposed date of the Crucifixion.
Patrick Duffy retells what is known about St
Dismas.
CatholicIreland.net © 2020. All Rights Reserved.
SOURCE : https://www.catholicireland.net/saintoftheday/st-dismas-the-good-thief/
Skulptur Rechter Schächer. Kalvarienberg /
Kreuzweg, Lilienfeld, Niederösterreich
The Dolorous Passion of Our Lord Jesus Christ by Anne
Catherine Emmerich. CHAPTER XL. Crucifixion of the Thieves.
SOURCE : https://www.ecatholic2000.com/anne/passion55.shtml
Le bon larron. Calvaire. Lanrivain Bretagne (Côtes-d'Armor)
The Dolorous Passion of Our Lord Jesus Christ by Anne
Catherine Emmerich. CHAPTER XLI. Jesus hanging an the Cross between two
Thieves.
SOURCE : https://www.ecatholic2000.com/anne/passion56.shtml
Crucifix between the felons sculptures atop Fóti Kálvária (1860) in the cemetery of Fót, Hungary
SOURCE : https://www.ecatholic2000.com/anne/passion57.shtml
Saint Dismas, Basílica de Nuestra Señora de Zapopan, Jalisco,
Mexico
The Dolorous Passion of Our Lord Jesus Christ by Anne Catherine Emmerich. CHAPTER XLIII. Eclipse of the Sun.--Second and
third Word of Jesus on the Cross.
Maîtresse-vitre de la collégiale
Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux (35). Détail. Le bon larron.
Titian (1490–1576). Le Christ et le bon larron, vers 1566, 137 X 149, Pinacoteca Nazionale di Bologna
Christus am Kreuz; Ausschnitt: Dismas, der
gute Schächer. Katholische Kirche Saint-Pierre in Dreux im
Département Eure-et-Loir (Centre-Val de Loire/Frankreich), Bleiglasfenster aus
dem 16. Jahrhundert in der Martinskapelle