< La trentième année, au quatrième mois, le cinq du
mois, … le ciel s'ouvrit et je fus témoin de visions divines (Ezéchiel 1,1)...
Je regardai : c'était un vent de tempête soufflant du nord, un gros nuage, un
feu jaillissant, avec une lueur autour, et au centre comme l'éclat du vermeil
au milieu du feu. Au centre, je discernai quelque chose qui ressemblait à
quatre animaux dont voici l'aspect : ils avaient une forme humaine. Ils avaient
chacun quatre faces et chacun quatre ailes (Ezéchiel 1, 4-6)... Au-dessus de la
voûte qui était sur leurs têtes, il y avait quelque chose qui avait l'aspect
d'une pierre de saphir en forme de trône, et sur cette forme de trône, dessus,
tout en haut, un être ayant apparence humaine (Ezéchiel 1,26)… je vis quelque
chose comme du feu et une lueur tout autour ; l'aspect de cette lueur, tout
autour, était comme l'aspect de l'arc qui apparaît dans les nuages, les jours
de pluie. C'était quelque chose qui ressemblait à la gloire de Yahvé. Je
regardai, et je tombai la face contre terre ; et j'entendis la voix de
quelqu'un qui me parlait. Il me dit : "Fils d'homme, tiens-toi debout, je
vais te parler." L'esprit entra en moi comme il m'avait été dit, il me fit
tenir debout et j'entendis celui qui me parlait.> (Ezéchiel 1, 27-28; 2,1)
Ezéchiel est représenté sous les traits d’un vieil
homme, l’air affligé, s’adressant à un jeune homme sur sa gauche. Il fut le
premier prophète d'Israël envoyé hors de son pays. Il fut en effet déporté en
exil à Babylone (environ 593 av. J.-C.) où il tenta de rappeler les Israélites
à leur responsabilité morale vis-à-vis de la déportation en Mésopotamie et de
la destruction de Jérusalem, causée par l'infidélité à leur alliance avec Dieu.
Le livre des prophéties d'Ezéchiel peut être divisé en trois parties : la
première, la dénonciation des péchés du peuple élu qui porteront à l'inévitable
châtiment de Dieu, arrivant à son comble dans la chute de Jérusalem (Ezéchiel,
chapitres 1-24). La deuxième partie est l'annonce de la ruine des peuples
idolâtres (chapitres 25-32). Dans les derniers chapitres (33-48) le prophète
reçoit de Dieu la mission de rappeler le peuple israélite à la conversion de
ses péchés (33, 10-20) et d'annoncer son avenir par la vision d'une nouvelle
Jérusalem, la fondation d'un nouveau culte et d'une nouvelle terre sous le
guide d'un nouveau pasteur, David.
vers 1602, 46 X 38, musée du Louvre, département
des Arts graphiques.
Saint Ézéchiel
fils de Buzi, prêtre de Jérusalem, Ancien
Testament (Ve siècle av. J.-C.)
ou Ézékiel.
Quelques années avant la chute de Jérusalem, il fut emmené en captivité à
Babylone où il exerça la plus grande partie de son ministère prophétique. Comme
prêtre, il montra un grand zèle pour le Temple et la Loi. Comme prophète, il
centra sa prédication sur le renouvellement intérieur du cœur. "Je leur
donnerai, dit le Seigneur, un seul cœur et je mettrai en eux un esprit nouveau.
J'extirperai de leur corps le cœur de pierre et je leur donnerai un cœur de
chair. Ils seront mon Peuple et je serai leur Dieu." (Ézéchiel 11. 19 et
20)
Commémoraison de saint Ézéchiel, prophète. Fils du prêtre Bouzi, il eut, au
temps de l'exil au pays des Chaldéens, la vision de la gloire du Seigneur qui
l'établit comme guetteur pour la maison d'Israël. Reprochant au peuple élu son
infidélité, il annonça la ruine de la cité sainte de Jérusalem et la
déportation du peuple. Établi lui-même au milieu des captifs, il entretint leur
espérance et leur prophétisa le retour à la vie des ossements desséchés.
On oublie trop les saints de l’Ancien Testament. II ne
sera peut-être pas inutile d’esquisser la grande figure d’Ezéchiel, que le
martyrologe romain célèbre le 10 avril.
Ezéchiel veut dire Force de Dieu, ou Empire de Dieu.
II est souvent appelé Fils de l’Homme, car il fut l’image de Jésus-Christ.
II est caractérisé dans l’Écriture par une parole rarement
prononcée, parole courte et mystérieuse qui lui donne une place á part parmi
les grands élus.
Ezechiel,
qui vidi conspectum gloriae.
Ezéchiel qui contempla l’aspect de la gloire! Quel
homme était-il donc pour avoir été ainsi désigné par la parole sobre de l’Écriture,
á qui l’emphase est inconnue ?
On croit qu’Ezéchiel naquit en l’an du monde 3411. II
avait vingt-quatre ans quand il fut conduit captif á Babylone avec le roi
Jéchonias.
Pendant qu’Ezéchiel partait pour Babylone, Jérémie
restait á Jérusalem. Mais il se passa entre eux un merveilleux phénomène de
lumière qui est très oublié,
Ezéchiel voyait á Babylone ce que Jérémie voyait à
Jérusalem. La même désolation remplissait leurs deux âmes; les mêmes horreurs
étaient placées devant les yeux de leur esprit. L’un était en Chaldée, l’autre
en Judée, mais les menaces qui partaient de la Chaldée et les menaces qui partaient
de la Judée étaient les mêmes menaces. L’esprit prophétique disait á
l’oreille d’Ezéchiel, le captif de Babylone, les mêmes plaintes et les mêmes
imprécations qu’à l’oreille de Jérémie, le désolé de Jérusalem.
Ezéchiel voyait en esprit ce qui se passait à
Jérusalem et lançait sur les crimes de sa patrie, qu'il voyait par les yeux de
l’âme, les mêmes anathèmes que Jérémie, qui les voyait par les yeux du corpa.
Ezécbiel était captif depuis cinq ans, quand le don de
prophétie lui fut fait.
Il était au milieu des captifs, quand les cieux lui furent
ouverts. II avait vingt-neuf á trente ans, et l’on peut voir ici, entre cet âge
et l’âge de Jésus-Chríst, une certaine ressemblance qui n’est pas sans mystère.
Saint Jean-Baptiste et Jésus-Christ avaient trente ans quand ils commencèrent à
prêcher. Ezéchiel avait trente ans quand il commença à voir. Voir pour lui,
c’était prêcher.
II demeura á Babylone, au milieu des Juifs endurcis et
captifs, captif comme eux, non pas endurci comme eux. La présence des Juifs á
Babylone était un châtiment La présence d’Ezéchiel au milíeu des Juifs était
une miséricorde. II était là pour adoucir par sa captivité l’horreur de la captivité
des autres. II était là pour avertir que Dieu n’avait pas oublié son peuple.
Il était, dit le Saint-Esprit, le prodige de son
siècle, et le signe donné à la maison d’Israël. Par sa voix, le souffle de Dieu
passait encore sur la tête de ce peuple infidèle, puní, rappelé, averti,
caressé, menacé. Saint Jérôme nous dit que les prophéties de Jérémie étaient
envoyées de Jérusalem á Babylone, et les prophéties d’Ezéchiel de Babylone á
Jérusalem.
Ainsi les Juifs échangeaient leurs trésors. Les coups
et les contre coups de la lumière allaient de la terre d’exil á la terre de la
patrie, et de la terre de la patrie á la terre d’exil. Et, par une magnifique
concordance, les échos de Babylone et les échos de Jérusalem se renvoyaient les
uns aux autres les mêmes lamentations, íes mêmes supplications, les mêmes
imprécations et les mêmes espérances.
Dans le langage symbolique, Jérusalem représente la
cité de Dieu; Babylone, la cité de Satan.
Jérusalem et Babylone sont les deux pôles du monde
moral.
Ces deux voix discordantes ont été, pour un moment,
réduites á l’harmonie. C’est qu’à ce moment-là, Ezéchiel était á Babylone,
dépositaire sacré de l'esprit de Jérusalem. Et á ce moment-lá, Jérémie, qui
était á Jérusalem, lançait sur elle ses foudres, parce qu’il reconnaissait en
elle l’esprit de Babylone.
L’esprit de Babylone avait envahi Jérusalem, et c’est
pourquoi les habitants de Jérusalem furent condamnés á Babylone.
Mais parmi ces captifs, voici Ezéchiel. Et, par lui,
l’esprit de Jérusalem envahit Babylone, et les Juifs, á la fois instruits et
confondus, virent fondre sur eux, de droite et de gauche, la même lumière et la
même foudre.
Les deux nuages portaient les mêmes mystères.
Les deux tonnerres avaient les mêmes grondements.
Saint Grégoire dit qu’Ezéchiel n’est pas seulement
prophète, mais docteur. Ses prophéties ont le caractère de prédications. Et,
comme s’il eut voulu donner aux prédicateurs futurs un enseignement muet et
profond, Ezéchiel, avant de parler, pleura sept jours en silence.
Il décrit le lieu où il osa enfin élever la voix. C’était
prés du fleuve Chobar, qui verse ses eaux dans l’Euphrate, non loin de
Circésium.
David semblait avoir prophétisé ce prophète quand il
disait : Nous nous sommes assis et nous avons pleuré le long des fleuves de
Babylone.
Super
flumina Babylonis illic sedimus et flevimus.
On dirait que la tristesse d’Ezéchiel avait été
devinée par l’âme de David et le fleuve Chobar entrevu par les yeux de son
esprit.
On dirait que la mélancolie du captif contemplait dans
l’eau courante la rapidité du torrent qui emporte les choses humaines.
Le langage d’Ezéchiel est superbe de liberté. Des
imbéciles en ont ri au siècle dernier ; mais leur rire ne s’entend plus. Et la
parole d’Ezéchiel retentit toujours.
La vision du char mystérieux traîné par quatre animaux
promène de siècle en siècle les mystères dont elle est remplie. Et si les échos
de Jérusalem répondaient instantanément aux échos de Babylone, par la voix de
Jérémie, les échos de Pathmos leur ont répondu plus tard, par la voix de saint
Jean.
La résurrection universelle apparut au prophète.
Ezéchiel vit d’avance l’heure solennelle où les terres et les océans rendront
leurs morts.
« La main de Jéhova se reposa sur moi et me transporta
dans une plaine couverte d’ossements. »
Voici quelques traits de cette scène grandiose :
« — Fils de ‘homme, me demanda Jéhova, ces restes
desséchés revivront-ils?
« Seigneur, vous le savez.
« — Adresse-leur la parole. Dis-leur : Ossements
arides, écoutez l’ordre de Jéhova. Voici ce qu’a dit l’Éternel : Mon souffle va
vous pénétrer et vous vivrez. J’étendrai sur vous des nerfs comme un réseau :
je ferai croître les chairs ; j’inspirerai en vous l’Esprit de Vie et vous
ressusciterez.
« — Je pris la parole et je répétai l’ordre.
« A ma voix un cliquetis sonore retentit parmí les
ossements. Les os se rapprochaient des os; ils se couvrirent de leur réseau
nerveux ; voici la peau; voici des chairs nouvelles. Mais ils n’avaient pas
encore l’Esprit de Vie, et Jéhová me dit : — Fils de l’homme, parle á l’Esprit.
Dis-lui : Voici la parole du seigneur Adonaï : Esprit, accours des quatre vents
du ciel Souffle sur ces morts et qu’ils revivent!
« Ma voix répéta l’ordre, et l’Esprit de Vie pénétra
les cadavres; ils ressuscitèrent, et se dressant sur leurs pieds, ils parurent
devant moi comme une armée innombrable. »
D’après une tradition recueillie par saint Isidore et
saint Epiphane, Ezéchiel eut le don des miracles. D’après cette tradition, il
aurait conduit le peuple juif qui l’aurait suivi á pied sec par le milieu du fleuve
Chobar, comme autrefois Moïse á travers la mer Rouge ; il aurait, dans une
famine, suscité tout á coup un nombre immense de poissons, etc. Mais l’Écriture
est muette sur cette tradition»
Enfin Ezéchiel mourut martyr.
L’ouvrage attribué á saint Epiphane sur la vie et la
mort des martyrs, la tradition de saint Isidore, évêque de Séville et le
martyrologe romain, nous apprennent qu’il fut tué á Babylone, parce qu’il
reprochait son idolâtrie au magistrat chargé de juger Israël captif.
Le martyrologe ajoute qu’il fut enterré dans la
sépulture de Sem et d’Arphaad, qui étaient les ancêtres d’Abraham.
Saint Athanase, dans son livre de l’Incarnation du
Verbe, dit qu’Ezéchiel est mort pour la cause du peuple. On ne sait s’il fut
lapidé ou écartelé. Andricominius, dans son Théâtre
de la terre sainte, adopte ce dernier sentiment.
On voit encore aujourd’hui, au lieu nommé Kiffel, le
tombeau du prophète. Le lieutenant Lepich, chargé par les Etats-Unis d’une
mission en Palestine, rapporte sur ce tombeau d’intéressants détails cités par
M. l’abbé Darras, dans son Histoire de
l’Église (t. III, p. 344).
Le chef des tribus qui habitent ce pays conduit les
voyageurs dans une grande salle soutenue par des colonnes. Au fond de cette
salle une grande boîte contient une copie des cinq livres de Moïse écrite sur
un seul rouleau. Au sud, une pièce plus petite contient le tombeau d’Ezéchiel.
Le dôme de cette chambre est doré, et continuellement illuminé par une grande
quantité de lampes qui ne s’éteignent ni jour ni nuit.
Telle est, dans sa forme historique, et vue du côté de
la terre, du côté des ténèbres, la grande figure d’Ezéchiel.
Une certaine obscurité plane sur les détails, comme il
arrive aux hommes qui sont plus haut que les lieux qui fixent ordinairement les
yeux et le coeur de l’histoire.
Ézékiel est un prêtre du temple
de Jérusalem. Il fait partie des Israélites déportés à Babylone en 597 avant
Jésus-Christ. Environ quatre ans plus tard, Dieu l'appelle à devenir son
prophète.
Le livre d’Ézéchiel s’ouvre sur une vision grandiose
et saisissante du prophète : celle du «char de Yavhé» quittant le Temple
dans un grand déploiement de splendeur (Ézéchiel 1, 4-28). Ce char de Yavhé est
composé de quatre Vivants – que la tradition chrétienne assimilera aux quatre
évangélistes – d’Anges aux ailes déployées, de feu, d’éclairs, d’animaux
et de pierres précieuses. Il repose sur quatre roues démesurées qui lui donnent
une étrange mobilité. Même si la vision de ce «char de Yavhé» reste obscure, le
sens général en est parfaitement clair : la présence de Dieu n’est pas
attachée à un lieu déterminé, elle accompagne les Juifs fidèles dans leur exil.
Cette vision fait partie du trésor de la
mystique juive. Elle sera employée au 1er siècle par les savants juifs pour
comprendre comment survivre après la destruction du second Temple par Titus.
Yohannan Ben Zakkai, fondateur du judaïsme rabbinique en sera, avec bien
d’autres un adepte fervent. On retrouvera ce thème du «voyage céleste» dans la
Kabbale.
Ézéchiel est ensuite conduit par Dieu lui-même
dans un étonnant voyage initiatique et prophétique qui lui permet de voir les
abominations et les infidélités du peuple élu. Il a été sacrilège, idolâtre,
meurtrier, désormais Dieu le délaisse (chapitres 4 à 24). Quant aux nations,
tout aussi infidèles, elles ne sont pas en reste en fait de jugement et
d’annonce de châtiments (chapitres 25 à 32).
Pourtant, un espoir demeure pour Israël
(chapitres 33 à 48) : l’Alliance ancienne doit être remplacée par une
Alliance éternelle et nouvelle plusieurs fois annoncée (16, 60 ; 23, 26).
Mais Israël n’y aura aucun mérite. Il s’agira d’un pur don de Dieu (16, 61-63).
Le Messie annoncé par Ézéchiel ne sera plus un roi mais un berger. (34, 23) Il
ne s’agit plus de l’annonce d’une théocratie mais de la mise en avant du
rapport personnel de l’homme avec son Dieu, seul source de salut. C’est ainsi
qu’apparaissent deux thèmes tout à fait nouveaux : celui de la rétribution
personnelle et celui du renouvellement intérieur : «J’ôterai de votre
chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair». (36, 26).
Cette spiritualisation de la foi d’Israël est le
grand apport d'Ézéchiel. Elle ouvre la voie au Judaïsme moderne et au
christianisme. Jésus est le bon pasteur annoncé par le prophète et il annonce
le culte «en esprit et en vérité» dont Jésus parlera à la Samaritaine.
Fils de Busi, prophète de la race sacerdotale
(Eze 1 :3), fut emmené captif à Babylone par Nabuchodonosor, avec
Jéchonias, roi de Juda, l'an du monde 3405, avant Jésus-Christ 595, avant l'ère
vulgaire 599. Dieu ne lui communiqua l'esprit de prophétie que durant sa
captivité ; car il ne paraît pas qu'avant son arrivée dans la Mésopotamie, il
eût encore prophétisé.
Il commença son ministère la trentième année
(Eze 1 :1) de son âge, selon plusieurs, ou plutôt, la trentième année
depuis le renouvellement de l'alliance avec le Seigneur, faite sous le règne de
Josias ; ce qui revient à la cinquième année de la captivité d'Ezéchiel, du
monde 3410 ; et il prophétisa pendant vingt ans, jusqu'en 3430, qui était la
quatorzième année après la prise de Jérusalem, avant Jésus-Christ 570, avant
l'ère vulgaire 574.
Un jour donc qu'Ezéchiel était au milieu des
captifs, sur le fleuve de Chobar, ou Chaboras, il eut une vision, où le
Seigneur lui apparut sur un trône ou une espèce de chariot, porté par quatre
chérubins, appuyés sur quatre manières de roues (Eze 1). Le Seigneur lui fit
entendre sa voix ; et l'envoya annoncera son peuple ce qui devait leur arriver
(Eze 2). Il lui sembla qu'on lui présentait un livre en rouleau, et qu'il le
mangeait. Après cela, il se trouva au milieu des captifs (Eze 3), et y demeura
assis sur le fleuve Chobar pendant sept jours, ne cessant de pleurer. Alors le
Seigneur lui adressa sa parole, et l'établit sentinelle de son peuple. En même
temps le Seigneur lui apparut de nouveau dans sa gloire, et lui ordonna de
s'enfermer dans sa maison, et lui prédit qu'on l'y arrêterait, et qu'on l'y
lierait avec des chaines comme un furieux. Ce qui arriva en effet.
Pendant qu'il était ainsi arrêté dans son logis
(Eze 4), Dieu lui dit de dessiner sur une brique, ou sur une pièce de terre
molle, la ville de Jérusalem assiégée et environnée de remparts, suivant la manière
ancienne d'assiéger les villes ; de mettre entre la ville et lui une plaque de
fer ; d'avoir les yeux arrêtés sur cette ville ; de demeurer trois cent
quatre-vingt-dix jours couché sur son côté gauche, pour marquer les iniquités
des enfants d'Israël ; et, après cela, de se retourner et de demeurer quarante
jours couché sur son côté droit, pour marquer les iniquités de Juda. Ces quatre
cent trente jours marquaient la durée du siège de Jérusalem par Nabuchodonosor
et celle de la captivité des dix tribus ; qui devait être de trois cent
quatre-vingt-dix ans ; et celle de Juda, qui devait être de quarante ans, à
commencer à la dernière prise de Jérusalem, sous Sédécias, ou plutôt à la
quatrième année d'après ce siège, lorsque Nabuzardan enleva ce qui testait de
Juifs dans le pays, et les transporta à Babylone (Jer 52 :30), l'an du
monde 3420, et en les finissant, à la mort de Balthazar, vers l'an 3466, selon
Ussérius ; ou, mettant le commencement à la prise de Jérusalem en 3416 et la
fin en 3457, qui est la première année de Cyrus à Babylone, selon notre
supputation.
Dieu lui dit ensuite (Eze 4 :9,10) de
prendre du froment, de l'orge, des fèves, des lentilles, du millet et de la
vesce ; de s'en faire autant de pains qu'il devait demeurer de jours couché,
sur son côté, et de frotter ces pains avec des excréments qui sortent du corps
de l'homme. Ezéchiél ayant témoigné sa répugnance sur ce dernier article, Dieu
lui permit de prendre en la place de la fiente de bœuf. Tout cela était une
figure de ce qui devait arriver dans Jérusalem, où les Israélites devaient être
réduits pendant le siége à manger du pain souillé, et encore en petite
quantité, et dans des frayeurs et des inquiétudes continuelles. Après cela,
Dieu lui dit de se couper les cheveux (Eze 5), d'en faire trois parts, d'en
brûler une partie, d'en couper une autre partie avec l'épée, et de jeter le
reste auvent, pour marquer que les habitants de Jérusalem seraient, les uns
consumés par la peste et par la famine, les autres mis à mort par le glaive, et
les troisièmes dispersés en divers endroits du monde.
L'année suivante, Ezéchiel fut transporté en
esprit à Jérusalem (Eze 8), et Dieu lui fit voir les abominations et les
idolâtries que les Juifs y commettaient, et qui devaient attirer sur eux les
plus terribles effets de la vengeance du ciel. Comme il était encore dans le
temple, Dieu ordonna à cinq anges, qui portaient chacun un instrument de mort,
de tuer dans Jérusalem tous ceux qui ne seraient point marqués du signe de vie
(Eze 9); et en même temps il ordonna à un ange, qui était avec les cinq autres,
de passer au milieu de la ville, et de marquer d'un T tous ceux qui
gémissaient et qui étaient affligés des désordres de Jérusalem. Tout cela
fut exécuté, et la vengeance commença par le temple du Seigneur, qui fut
bientôt rempli de sang et de carnage. Le Seigneur, ayant de nouveau paru dans
sa gloire (Eze 10), ordonna au même ange qui avait imprimé le caractère de vie
sur ceux qui devaient être, sauvés, de prendre des charbons du milieu des
chérubins qui portaient le trône du Seigneur, et de répandre ces charbons sur
la ville qui marquait le feu de la guerre et de la vengeance divine qui devait
bientôt tomber sur elle.
Cinq ans avant le dernier siége de Jérusalem, le
Seigneur dit à Ezéchiel (Eze 12) : « Préparez-vous comme un homme qui quitte
son pays pour aller ailleurs ; vous ferez transporter vos meubles devant votre
peuple en plein jour, et vous passerez d'un lieu, en un autre devant leurs yeux,
pour voir s'ils y feront attention. Percez la muraille de votre maison et
sortez-en par l'ouverture que vous aurez faite. Vous aurez des hommes qui
vous porteront sur leurs épaules durant l'obscurité, et vous aurez un voile sur
les yeux, afin que ce spectacle attire leur attention. Vous leur direz que ce
que vous faites s'exécutera lorsque l'ennemi aura pris Jérusalem, et que le roi
Sédécias sera ainsi traité et emporté de son palais. » Il ajouta : que ces
choses n'étaient point éloignées, et que bientôt on enverrait l’accomplissement. Enfin il invective
fortement contre les faux prophètes, et les fausses prophétesses, et contre
ceux qui, se laissaient séduire à leurs vaines prédictions (Eze 13 Eze 14).
Pendant que ces choses se passaient dans la
Mésopotamie, Sédécias, roi de Juda, prenait des mesures sécrètes avec les rois
d'Égypte, d'Edom, et quelques autres princes voisins, pour se révolter contre
Nabuchodonosor, roi de Babylone. Ce prince marcha contre Jérusalem, et en fit
le siège l'an du monde 3414, avant Jésus-Christ 556, avant l'ère vulgaire 590, le
dixième jour du dixième mois de la neuvième année de Sédécias. Le même jour et
la même année, Ezéchiel, qui était en Mésopotamie, à plus de deux cents lieues
de Jérusalem, annonça cet événement aux Juifs qui étaient avec lui en captivité
(Eze 14) ; il représenta la ruine future de Jérusalem et de ses habitants sous
la figure d'une chaudière pleine de chair et d'os, laquelle est mise sur le feu
jusqu'à ce que la chair et les os soient consumés et que le cuivre même de la
chaudière soit fondu et brûlé. En même temps, la femme du prophète étant morte,
Dieu lui défendit de la pleurer et d'en faire le deuil. Le peuple ayant demandé
au prophète ce que voulaient dire toutes ces actions figuratives, il leur
répondit que Dieu leur allait ôter tout ce qu'ils avaient de plus cher : leur
temple, leur ville, leur patrie, leurs parents et leurs amis; et qu'ils
n'auraient pas même la triste consolation de les pleurer.
Pendant le siège de Jérusalem, Ezéchiel
prophétisa contre l'Égypte (Eze 19 :16 Eze 30 Eze 31) et contre Tyr (Eze
24). Il apprit la prise de Jérusalem le cinquième jour du dixième mois (Eze
33 :21), de l'an du monde 3417, environ six mois après que la ville avait
été rendue ; ce qui fait juger que la demeure de ce prophète était dans un
endroit fort reculé de la province, et fort éloigné de Babylone, où cette
nouvelle fut sans doute bientôt portée. Dès la veille du jour auquel le
messager arriva, le Seigneur avait ouvert la bouche au prophète, et lui avait
fait prédire que les restes du peuple qui étaient demeurés dans la Judée, et
qui se flattaient encore d'un prompt rétablissement, seraient aussi dispersés,
comme il arriva en effet quatre ans après (Jer 52 :30). Ce fut apparemment
en, ce même temps qu'il prédit les malheurs des Sidoniens, des Tyriens, des Iduméens,
des Ammonites (Eze 25), qui arrivèrent cinq ans après la ruine de Jérusalem.
Le siège de la ville de Tyr (Eze 26 Eze 27) et
la guerre de Nabuchodonosor contre l'Égypte (Eze 25) sont, après les affaires
des Juifs, ce qui se fait le plus remarquer dans Ezéchiel. Après ces visions
fâcheuses, Dieu lui fit voir des objets plus consolants : le retour de la
captivité, le rétablissement de la ville et du temple, du royaume et des villes
de Juda et d'Israël ; leurs victoires centre leurs ennemis, et leur état
nouveau plus florissant que le premier. Tout cela est compris dans les
chapitres XXXVI, XXXVII XXXVIII et les suivants, jusqu'à la fin du livre.
Saint Jérôme croit que comme Jérémie
prophétisait à Jérusalem en même temps qu'Ezéchiel au delà de l'Euphrate, on
envoyait les prophéties de celui-ci à Jérusalem, et réciproquement celles de Jérémie
dans la Mésopotamie, afin de consoler et d'affermir les Juifs captifs dans leur
exil. On dit qu'Ezéchiel fut mis à mort par le prince de son peuple, parce
qu'il l'exhortait à quitter l'idolâtrie. On ne voit guère quel pouvait être ce
prince du peuple juif sur le Chaboras, où demeurait Ezéchiel. On assure aussi
que son corps fut mis dans la même caverne où avaient été mis Sem et Arphaxad,
sur le bord de l'Euphrate. Benjamin de Tudèle dit que ce tombeau est derrière
la synagogue, entre l'Euphrate et le Chaboras ; qu'il est placé sous une fort
belle voûte bâtie par le roi Jéchonias; que les Juifs y entretiennent une lampe
qui brûle toujours, et qu'ils se vantent d'y conserver le livre écrit de la
main de ce prophète, qu'ils lisent tous les ans au jour de l'Expiation
solennelle.
Josèphe dit qu'Ezéchiel laissa deux livres sur
la captivité de Babylone. Il dit ailleurs que, ce prophète ayant prédit la
ruine du temple et que Sédécias ne verrait pas Babylone, cet écrit fut envoyé à
Jérusalem. Il est vrai qu'Ezéchiel, (Eze XII :13), prédit que ce prince
serait mené à Babylone, et qu'il ne la verrait point. Mais on ne lit pas dans
les ouvrages d'Ezéchiel que nous avons aujourd'hui, que cet écrit ait été
envoyé à Babylone. Saint Athanase a cru que l'un des deux volumes d'Ezéchiel ne
subsistait plus. Spinoza croit que ce que nous avons de ce prophète n'est que
le débris d'un plus grand écrit. Mais nous ne voyons aucune bonne preuve de
tout cela ; et nous ne savons d'où Josèphe avait appris ce qu'il dit de ces deux
prétendus ouvrages d'Ezéchiel.
Les oeuvres de ce prophète ont toujours été
reconnues pour canoniques, et on ne les lui a point contestées. Toutefois les
Juifs disent que le sanhédrin délibéra longtemps si l'on mettrait son livre
dans le canon. On lui objectait l'obscurité du commencement et de la fin de sa
prophétie, et ce qu'il dit (Eze XVIII, 2, 20), que le fils ne porterait plus
l'iniquité de son père; ce qui est contraire à Moïse (Ex 34 :7 ;
20 :5), qui dit que le Seigneur venge l'iniquité des pères sur les enfants
jusqu'à la troisième et quatrième génération.
Saint Clément d'Alexandrie dit que quelques-uns
croient que Nazaratus, Assyrien, précepteur de Pythagore, était le même
qu'Ezéchiel. Mais pour lui il n'est nullement de cet avis. Il ne croit pas que
Pythagore ait jamais vu Ezéchiel Ce philosophe a vécu assez longtemps après
notre prophète. Saint Epiphane et Dorothée racontent diverses choses dans la
vie d'Ezéchiel qui passent pour fabuleuses dans l'esprit des plus savants
critiques. Ils disent, par exemple, que ce prophète fit plusieurs miracles dans
la Chaldée; qu'il partagea les tribus de Dan et de Gad dans Babylone; qu'il
envoya contre eux des serpents, qui dévorèrent leurs enfants et leur bétail, en
punition de leur idolâtrie; qu'il ramena le peuple à Jérusalem pour confondre
les incrédules ; enfin qu'il fut enterré dans le pays des Spyres, apparemment
des Sapires. Quoi qu'en disent certains auteurs, le temps et le genre de sa
mort sont incertains. Les Juifs ne permettaient pas la lecture, au moins du
commencement de ce prophète, avant l'âge de trente ans.
Les Juifs ont parlé d'Ezéchiel d'une manière
fort méprisante. Ils disent qu'il était Serviteur ou garçon, puer, de
Jérémie; qu'il était l'objet des railleries et des moqueries de son peuple :
d'où vient qu'on lui donna le nom de fils de Buzi, c'est-à-dire, fils du
mépris, ou du méprisé. Ils l'accusent d'avoir enseigné plus d'une chose
contraire à Moïse, par exemple sur la matière des sacrifices, et d'avoir dit
que Dieu ne ferait pas passer la peine du péché des pères aux enfants ; au lieu
que Moïse la fait descendre jusqu'à la troisième et quatrième génération (Comp
Ex 20 :5 Eze 18 :2-4). Sous ce prétexte, le sanhédrin délibéra un
jour de le rayer du nombre des écrivains sacrés et de retrancher ses ouvrages
du canon des livres saints.
Une autre raison qui fit balancer de supprimer
ses ouvrages fut leur obscurité, principalement la vision du chariot mystérieux
au chapitre premier. Les suffrages allaient presque tous à le condamner, si le
rabbin Chananias, qui vivait alors, ne se fût offert d'en lever toutes les
difficultés. On y consentit, et, pour l'aider dans son travail, on lui fit
présent de trois cents tonneaux d'huile pour allumer ses lampes, et pour
l'éclairer pendant qu'il travaillerait à cet ouvrage. On comprend bien que tout
cela n'est qu'une hyperbole des talmudistes, pour exagérer la difficulté
d'expliquer les prophéties d'Ezéchiel ; et il est à croire que tout ce qu'ils
racontent de la délibération du sanhédrin à ce sujet est une pure fable.
Benjamin de Tudèle raconte dans ses voyages
qu'il a vu, à quelques lieues de Bagdad, un superbe mausolée, au-dessus duquel
était une fameuse bibliothèque. Le mausolée était le tombeau du prophète
Ezéchiel, qui était fréquenté tous les ans par tous les chefs de la captivité,
qui s'y rendaient avec une nombreuse suite. C'est un lieu de dévotion,
non-seulement pour les Juifs, mais aussi pour les Perses, les Mèdes, et
quantité de musulmans, qui y vont faire leurs présents et s'acquitter de leurs voeux.
Ces peuples ont ce lieu en une singulière vénération; les armées mêmes n'y
touchent jamais. Une lampe luit continuellement sur son tombeau, et c'est le
chef de captivité de Bagdad qui fournit de quoi l'entretenir. Ce pèlerinage
continue encore aujourd'hui avec beaucoup de dévotion.
Quant à la bibliothèque qu'on voyait au même
lieu, il dit qu'elle était très-nombreuse, et que tous ceux qui mouraient sans
enfants l'augmentaient, en y envoyant de leurs livres. On y voyait même,
dit-on, l'original des prédictions de ce prophète, qu'il avait écrit de sa
main. Voilà qui paraît fort circonstancié, et qui a assez l'air de
vrai.
Cependant un auteur assez ancien dit qu'il fut
tué par le commandant de sa nation, irrité de la censure que le prophète faisait
de sa conduite, et qu'il fut enterré dans la caverne où reposaient Sein et
Arphaxad, ancêtres d'Abraham. Un auteur qui vivait du temps de Constantin dit
qu'Ezéchiel est enterré à Bethléem, dans le même lieu que Jessé, David et
Salomon.
On sait qu'Ezéchiel parle d'une résurrection
fameuse (Eze 37 :1), et qu'un jour ayant été mené dans un champ plein
d'os, l'esprit de Dieu lui ayant fait faire le tour du champ, lui dit:
Croyez-vous que ces os ressusciteront? En même temps il lui dit : Prophétisez sur
ces os, et dites-leur : Os arides, écoutez la parole du Seigneur; je vais
répandre dans vous l'esprit de vie, et vous vivrez. En effet, comme le prophète
parlait, tous ces os commencèrent à se remuer et à se rejoindre, et enfin ils
ressuscitèrent. On a fort disputé sur cet événement s'il était réel, ou s'il
était seulement figuratif et arrivé en esprit pour marquer au prophète d'une
manière plus vive et plus expresse le retour de la captivité des Juifs.
Plusieurs rabbins ont cru que la chose était arrivée dans la rigueur comme le
raconte le prophète; mais la plupart des commentateurs croient que le tout se
passa en idée et en vision.
Voici comme les mahométans la racontent : La
petite ville de Davardan, qui est de la dépendance de la ville de Vassith,
ayant été attaquée de la peste, plusieurs des habitants quittèrent leurs
demeures et conservèrent leur vie. Une autre année, la peste s'y fit sentir de
nouveau, et tous les habitants en sortirent avec leurs troupeaux. Comme ils
furent arrivés dans une profonde vallée, deux anges apparurent aux deux
extrémités de la vallée, qui leur annoncèrent la mort de la part dè Dieu. Ils
moururent tous avec leurs bestiaux. Les habitants du voisinage en ayant été
informés, s'y rendirent pour leur donner la sépulture; mais le nombre des morts
était si grand, qu'ils n'en purent venir à bout. Ils fermèrent la vallée de
deux murailles aux deux bouts, et laissèrent une grande partie des cadavres sur
la terre, où ils furent bientôt consumés, et il n'en resta que les os. Le
prophète Ezéchiel, passant par là quelques années après, fit cette prière à
Dieu : Seigneur, de même qu'il vous a plu manifester sur ceux-ci votre
puissance avec terreur, regardez-les maintenant d'un oeil de clémence et de
miséricorde. Dieu exauça ses prières, et les ressuscita. Voilà quel est le
caractère de ces peuples orientaux ; il n'y a presque aucune histoire
qu'ils ne déguisent, et qu'ils n'embellissent à leur manière. Les musulmans
font succéder Ezéchiel à Caleb, fils de Jéphoné, qui jugea Israël après la mort
de Josué. Voila un anachronisme des plus
forts.
Les circonstances
historiques et politiques au sein desquelles Ezéchiel a commencé son
ministère ont été, pensons-nous, suffisamment esquissées dans l'introduction au
livre de Jérémie. Nous y renvoyons d'une manière générale, nous bornant à
rappeler ici ce qui importe plus particulièrement au sujet actuel.
A Jéhojakim, dont la
rébellion avait amené l'armée de Nébucadnetsar sous les murs de Jérusalem,
succéda Jéhojachin, qui ne régna que trois mois. Le nouveau roi était monté sur
le trône au milieu des embarras et des misères du siège. Ce fut sans doute
l'arrivée du monarque chaldéen en personne devant sa capitale, qui le décida à
conclure une capitulation. La ville fut épargnée ; mais en se rendant, le
roi ne sauva que sa vie. Il fut emmené à Babylone avec dix mille habitants de
Jérusalem, environ tous ceux qui, en cas de nouvelles complications, pouvaient
se rendre redoutables par leur position, leur intelligence ou leur connaissance
des armes (2 Rois 24.15 et suivants). Ces choses se passaient en 599 avant J-C.
Tandis que Jéhojachin
était conduit à Babylone, où il demeura en prison durant de longues années
(comparez 2 Rois 25.27), une partie des captifs, emmenés avec lui, furent
transportés sur les bords du fleuve Kébar, en Mésopotamie. C'est au nombre de
ces derniers que se trouvait l'homme de Dieu dont nous allons étudier la
personne et le ministère.
II
Ezéchiel, dont le nom signifie : Dieu
fortifie, était fils d'un sacrificateur nommé Buzi (1.3). Nous ne
connaissons rien de sa vie antérieure. De la manière dont il parle du temple,
et généralement de sa connaissance de la vie sacerdotale (chapitres 8 ; 40
et suivants), on peut conclure qu'il avait exercé à Jérusalem, pendant un
certain temps, les fonctions sacrées. Nous pouvons calculer jusqu'à un certain
point la durée de son activité. Il fut appelé au ministère
prophétique cinq ans après sa déportation en Chaldée (1.2,3, vers l'an 595
avant J-C), six ans par conséquent avant la ruine de Jérusalem. D'après 29.17,
celui de ses discours qui porte la date la plus tardive a été prononcé la
vingt-septième année de la captivité ; nous devons donc attribuer à son
ministère une durée de vingt-deux ans au moins. Nous ne savons rien de sa mort.
Une légende juive prétend qu'il fut tué par un des princes de Juda auquel il
avait reproché son idolâtrie ; mais rien de moins certain que ces
traditions extra-bibliques. Tout ce que nous pouvons dire, c'est que l'on ne découvre
dans son livre absolument rien qui puisse faire supposer qu'il ait vu lui-même
le retour de la captivité et l'accomplissement des promesses par lesquelles il
avait si souvent relevé le courage du peuple captif.
Son livre jette quelque
lumière sur son genre de vie au milieu de ses frères de la captivité. Il était
marié (24.18) ; il jouissait d'une grande considération auprès de ses
compatriotes qui l'entouraient ; on le consultait volontiers (8.4 ;
14.1 ; 33.31). Son activité avait quelque analogie avec le ministère
évangélique. Nous recueillons dans le livre d'Ezéchiel les renseignements
suivants sur la situation extérieure et l'état moral de la colonie israélite.
La localité
où les exilés se trouvaient groupés s'appelait Tel-Abib, colline
des épis (3.15), nom qui paraît indiquer la fertilité. Les exilés
jouissaient d'une assez grande liberté. Leurs relations avec la mère-patrie
n'étaient pas entravées. Ils possédaient des maisons et des terres (8.1 et
Jérémie 29.5). Ils étaient administrés par leurs propres anciens
(14.1 ; 20.1), sans doute sous la surveillance d'un représentant du roi.
Les exilés formaient l'élite de la nation, au point de vue intellectuel et
social (voir plus haut), aussi bien qu'au point de vue religieux. C'est ce qui
ressort de la vision des deux paniers de figues (Jérémie 24.1 et suivants).
Mais cette supériorité ne pouvait être que relative. Les illusions auxquelles
se livrait la portion du peuple demeurée à Jérusalem et qui allaient lui être
si fatales, n'avaient pas pris fin tout d'un coup chez les premières victimes
de la captivité. Aussi Dieu lui-même dépeint-il à Ezéchiel ses compagnons comme
une race rebelle, en face de laquelle il rendra son front dur comme le diamant.
Sous le respect extérieur pour Jéhova et pour son prophète (33.31), se
retrouvaient chez eux les dispositions qui allaient causer la ruine de
Jérusalem. L'influence des faux prophètes (chapitre 13) contrebalançait celle
de l'envoyé de Dieu. L'idolâtrie persistait sous une forme ou sous une autre
(14.3 et suivants), et le tableau des moeurs de la colonie, tracé dans des
passages comme 23.25-26, justifie l'assertion du prophète que le nom de
l'Eternel était blasphémé à cause d'Israël au milieu des païens, 36.20,21. En
un mot, ce commencement de châtiment n'avait pas plus produit ses fruits sur la
terre d'exil qu'à Jérusalem, et il devenait toujours plus évident que, pour
être profitable, le jugement devait s'exécuter jusqu'au bout.
III
Quelle était, dans ces
circonstances, la tâche du prophète ?
Etrangers au milieu d'une
grande nation idolâtre, sans culte, sans lien religieux avec le centre de la
vie israélite, les exilés étaient exposés à perdre rapidement la connaissance
vivante du vrai Dieu et par là tout espoir de restauration. Il était
nécessaire, pour parer à ce danger, de suppléer autant que possible, aux moyens
de grâce qui leur manquaient. C'est à ce besoin que Dieu pourvoit par les
révélations accordées au prophète qu'il suscite au sein de l'exil. Il se révèle
à lui dans une apparition magnifique, à la suite de laquelle le prophète fait
entendre aux exilés de nombreuses prédictions, d'une étonnante précision de
détail et d'une forme symbolique très riche, en harmonie avec le milieu où ils
vivent, et décrit enfin, dans le tableau du nouveau temple, la perfection
sublime des derniers temps.
Un fait capital partage
en deux parties le ministère d'Ezéchiel : c'est la ruine de Jérusalem. Jusqu'à
ce moment le prophète parle à son peuple un tout autre langage que celui qu'il
emploiera plus tard. Le patriotisme religieux des Israélites se révoltait à la
pensée qu'un jugement de Dieu pût détruire la ville sainte. Il fallait préparer
les esprits à cette catastrophe, et pour cela leur faire sentir jusqu'à quel
point elle était méritée. Voilà ce que Dieu fait en Babylonie par le ministère
d'Ezéchiel, en même temps qu'à Jérusalem par celui de Jérémie. C'est dans ce
but que notre prophète accumule dans la première partie de son livre les
descriptions des crimes de Jérusalem, de son idolâtrie, de son immoralité. Il
travaille ainsi à renverser la chimérique attente d'un retour prochain des
exilés dans leur patrie et l'espérance, plus folle encore, d'une victoire
remportée par le peuple de Jérusalem sur les Chaldéens. Par là il prévient en
même temps le découragement qui aurait pu si facilement saisir les exilés au
moment de la ruine de Jérusalem, et il prouve que dans cette catastrophe tout
est à la charge du peuple rebelle, et que rien ne peut être imputé à
l'impuissance ou à l'infidélité de Dieu lui-même.
Mais dès que fut arrivée
la fatale nouvelle (23.21), les prédications du prophète prirent un tout autre
caractère. Aux censures de la sainteté succèdent les promesses. Ezéchiel
s'adresse maintenant au résidu croyant, à ce « saint reste, » dont avait parlé
Esaïe, qui a su reconnaître « qu'il y avait un prophète au milieu d'eux. »
Devant ce peuple humilié, qu'il faut désormais garder d'abattement, il étale
les perspectives du relèvement ; il décrit l'avènement du vrai Berger
prenant la place des pasteurs indignes, l'effusion de l'Esprit et la conversion
des coeurs, la résurrection nationale et le triomphe de la théocratie restaurée
sur tous ses futurs ennemis. Préparées comme elles l'avaient été par la
première partie de son ministère, ces promesses purent tomber dans un sol bien
préparé et être saisies par la foi, sans que les illusions de l'orgueil ou d'un
patriotisme faussé risquassent d'en dénaturer le sens.
IV
A cette double tâche du
prophète correspond l'ordonnance de son livre.
Dans tout l'Ancien Testament il n'est pas d'écrit dont le plan et la pensée
intime ressortent avec plus de clarté. Il se divise en deux parties
principales, chapitres 1 à 24 et chapitres 33 à 48, datant l'une d'avant,
l'autre d'après la ruine de Jérusalem. Entre ces deux parties en est intercalée
une d'un caractère spécial (chapitres 25 à 32), qui comprend les prophéties
dirigées contre les peuples étrangers. Dans l'introduction à cette partie
intermédiaire, nous indiquerons les raisons pour lesquelles elle a été ainsi
placée.
Chacune de ces trois
grandes portions peut se diviser en un certain nombre de sections qui, sauf
dans la partie intermédiaire, se suivent dans un ordre strictement
chronologique.
Dans la première partie,
le premier groupe (chapitres 1 à 7) est daté de la cinquième année de la
captivité. Il renferme le tableau de la vocation du prophète (chapitre 1 à
3.15), puis l'annonce de la ruine de Jérusalem dans une série d'emblèmes
d'abord, puis dans un discours prophétique (3.16 à chapitre 7).
Le second groupe
(chapitres 8 à 19) porte la date, de l'année suivante. Ezéchiel nous transporte
avec lui à Jérusalem dans le temple même, où son regard prophétique contemple
les cérémonies païennes qui s'y pratiquent. L'Eternel donne l'ordre de détruire
la ville ; et la nuée, symbole de sa gloire, abandonne par degrés le
sanctuaire profané (chapitres 8 à 11). Suivent des menaces dirigées contre les
habitants de Jérusalem, contre Sédécias et contre les faux prophètes, des
avertissements adressés aux exilés, enfin une complainte sur les princes d'Israël
(chapitres 12 à 19).
Le groupe suivant
(chapitres 20 à 23), qu'une indication chronologique rapporte à la septième
année, commence par des censures suivies de promesses ; puis le prophète
annonce la marche de l'armée chaldéenne contre Jérusalem et rappelle, d'abord
en termes propres, puis sous une forme allégorique, les crimes de Jérusalem, en
les rapprochant de ceux de Samarie.
Enfin, deux ans plus tard
(chapitre 24), le prophète annonce la ruine imminente de Jérusalem ; puis
il se renferme dans le silence, en attendant la confirmation de cette menace.
Ainsi se termine la première partie.
La partie intermédiaire
(chapitre 25 à 32) se compose de prédictions prononcées en différents temps
contre des peuples étrangers. Ces peuples sont au nombre de sept : les
Ammonites, les Moabites, les Edomites, les Philistins, Tyr et Sidon, enfin
l'Egypte.
La dernière partie du
livre est introduite par une parole de Dieu à Ezéchiel, qui précède
immédiatement le message annonçant la ruine de Jérusalem (33.21). Le prophète
proclame ensuite le jugement des chefs d'Israël et des ennemis de la
théocratie, menaces qui se transforment en promesses pour le peuple converti
(chapitres 34 à 36) ; puis il trace le tableau magnifique de la
résurrection d'Israël (chapitre 37), et annonce sa victoire sur un dernier
ennemi (chapitres 38 et 39).
Le livre se termine par
une triple vision : d'abord celle d'un temple nouveau ; Ezéchiel le décrit
avec les détails les plus précis, ainsi que le culte nouveau que l'on y
célébrera (chapitres 40 à 46) ; en second lieu, la vision du torrent
d'eaux vives sortant du temple et portant partout la fécondité (47.1-14) ;
enfin, celle de la répartition nouvelle du pays entre les douze tribus
restaurées (47.15 à 48).
Aucun livre de l'Ancien
Testament, peut-être, n'a été arrangé avec un soin si scrupuleux. Presque tous
les discours sont accompagnés de leur date, et dans les deux parties
principales, du moins, comme nous l'avons dit, ils sont placés selon l'ordre
chronologique ; comparez 1.2 (5e année) ;
8.1 (6e année) ; 20.1 (7e année) ; chapitre 24 (9e
année) ; chapitre 40 (25e année) ;
de sorte que l'on ne peut guère douter que la rédaction définitive du livre ne
soit l'oeuvre d'Ezéchiel lui-même. Aussi, ni son authenticité, ni son intégrité
n'ont-elles été mises en doute. Il y a, sous ce rapport, contraste complet
entre l'écrit du troisième grand prophète et ceux de deux de ses prédécesseurs.
V
Etudions enfin de plus
près les caractères particuliers de ce livre, au double point de vue religieux et littéraire.
Le trait dominant dans la
conception religieuse d'Ezéchiel nous paraît être la puissance
illimitée de l'action divine. Esaïe avait fait ressortir surtout la sainteté du caractère de Dieu, en opposition à l'hypocrisie de
l'observance extérieure et aux abominations idolâtres auxquelles se livraient
tour à tour les contemporains de ce prophète. Dans les discours de Jérémie,
c'est la justice de Dieu qui fait entendre sa voix sévère. Le
peuple, définitivement condamné, n'a plus qu'à courber la tête sous le
châtiment ; et le prophète, en ce moment douloureux, a pour tâche de lui
montrer l'hommage qu'il doit rendre à Dieu par l'acceptation humble du jugement
mérité. Au temps d'Ezéchiel, le peuple captif est profondément découragé ;
sa dernière espérance s'évanouit ; Jérusalem est tombée ; l'exil se
prolonge. Comment les captifs de Juda reviendraient-ils jamais de cette terre
étrangère ? Ce serait une vraie résurrection des morts. Inutile de rien
attendre de pareil ! « Et quand vous seriez morts, morts depuis des
siècles, l'Eternel vous relèvera ; sa puissance n'a pas
de bornes » : tel est le message d'Ezéchiel, surtout dans la seconde période de
son ministère. Le prophète entretient ainsi l'étincelle de la foi chez ce
pauvre « reste, » qui se croit abandonné pour toujours ; et il rend par là
possible son rétablissement. Tel est, nous semble-t-il, le trait saillant de la
prophétie d'Ezéchiel.
On a cru découvrir chez
lui un autre caractère, dont l'école critique la plus récente a cherché à se
prévaloir. On trouve dans le livre d'Ezéchiel un esprit essentiellement légal, et l'on fait de ce prophète le précurseur de ce judaïsme
sacerdotal et rituel qui commença à régner dès le retour de la captivité et qui
aboutit au pharisaïsme du temps de Jésus. « Soit qu'il revendique une vieille
règle méconnue ou tombée en désuétude, soit qu'il en crée une nouvelle, dit M.
Reuss, Ezéchiel est le chef de file »...des Esdras, des Néhémie et de leurs
nombreux successeurs, qui ont imprimé au peuple juif des derniers siècles avant
notre ère son caractère étroitement légal. Et comme l'on avait été conduit à
placer à l'époque du retour de l'exil la composition du Pentateuque et
spécialement celle de toute la partie cérémonielle de ce livre, on fit de celui
d'Ezéchiel une sorte de transition entre la grande et libre période prophétique
qui avait fini avec la captivité et la période de servile littéralisme qui a
suivi la restauration.
C'est dans l'Introduction
au Pentateuque que nous devrons étudier de front cette hypothèse, qui renverse
de fond en comble l'histoire du peuple d'Israël, telle qu'elle a été jusqu'ici
comprise. Nous ne pouvons nous occuper ici que de ce qui concerne spécialement
le prophète Ezéchiel. On fait de lui l'inventeur du sacerdotalisme et de la
légalité judaïques. Nest-ce pas lui, en effet, qui trace, chapitres 40 à 48, le
tableau du temple qui doit être construit et du sacerdoce qui doit être établi
après l'exil ? Ces institutions ne diffèrent-elles pas sur plusieurs
points et du tabernacle et du culte décrits dans le Pentateuque ? Or,
dit-on, Ezéchiel n'aurait rien pu changer à tous ces statuts, s'ils eussent été
consignés dans un code vénéré et reçu de tous, comme l'aurait été un écrit de
Moïse lui-même. Cette objection renferme un grand malentendu
et une non moins grande inconséquence. On s'imagine que dans
la description du temple nouveau, Ezéchiel a tracé le modèle du sanctuaire qui
devait être matériellement élevé lorsque le peuple serait rentré dans son pays.
Mais s'il eût songé à imposer une tâche semblable au peuple restauré, il n'eût
pas fait entrer dans ce tableau du sanctuaire futur des choses complètement
irréalisables. Qu'est-ce, par exemple, que ce torrent qui sort du seuil de ce
temple, qui n'atteint dans le parvis qu'à la cheville du pied du prophète, mais
qui grossit par degrés, quoique sans affluent, tellement qu'un peu plus loin
Ezéchiel ne peut plus le traverser qu'en ayant de l'eau jusqu'aux genoux, puis
jusqu'aux reins ; et qu'enfin il est obligé de le traverser à la
nage ? Comment ce torrent naît-il et grossit-il de la sorte ? Comment
croissent sur ses bords deux rangées d'arbres pareils à ceux d'Eden ?
Comment parvient-il à l'est jusqu'à la plaine que le Jourdain traverse avant de
se jeter dans la mer Morte, alors que cette plaine est séparée de la vallée
située au pied du temple par un dos de terrain infranchissable ? Par
quelle vertu l'eau de ce torrent, en arrivant dans la mer Morte, purifie-t-elle
ses eaux saumâtres et les rend-elle habitables pour des êtres vivants ?
(chapitre 47) Tous ces traits, interprétés littéralement, n'ont aucun sens. Ils
conviennent, non à un torrent matériel, mais à un fleuve de vie spirituelle,
qui, partant d'un sanctuaire spirituel comme lui, doit renouveler l'humanité.
Ezéchiel pense si peu au temple que devra rebâtir le peuple à son retour,
qu'entre la restauration et la construction de cet édifice il place une crise
nouvelle, une terrible invasion étrangère, celle de Gog et Magog (chapitre 38
et 39). Aussi aucun des chefs du peuple après le retour de la captivité
n'a-t-il pensé à prendre pour modèle du nouveau sanctuaire celui dont Ezéchiel
a tracé le plan. On a imité aussi fidèlement que possible l'ancien temple de
Salomon, mais sans songer un instant à réaliser même approximativement le
tableau d'Ezéchiel. Le caractère tout spirituel du sanctuaire décrit par ce
prophète ressort du reste de plusieurs changements significatifs qu'il apporte
à l'ordonnance du tabernacle. Il remplace le voile entre le Lieu saint et le
Lieu très saint par une porte à battants, et fait de l'autel d'or, dans le Lieu
saint, la table de l'Eternel (41.22-24). Ces nouvelles
dispositions sont destinées à indiquer un progrès dans la relation de Jéhova
avec les siens, progrès que l'alliance nouvelle, déjà annoncée par Jérémie
(31.31 et suivants), doit réaliser sur l'ancienne, et auquel correspondent ces
paroles d'Ezéchiel lui-même : « Je vous donnerai un coeur nouveau, je mettrai
en vous un esprit nouveau...; je mettrai mon Esprit au-dedans de vous...et vous
serez mon peuple et je serai votre Dieu » (36.26-28).
A ce malentendu, qui
transforme de magnifiques promesses en commandements inexécutables et
absurdes, se joint chez les défenseurs de cette hypothèse une très grande
inconséquence. Ils prétendent qu'Ezéchiel ne peut s'être permis de changer
quelque chose au code mosaïque, si déjà il existait. Mais peut-on nier que le temple de Jérusalem n'ait existé avant l'exil et n'ait possédé aux
yeux du prophète le caractère d'une institution divine ? Et cependant il
en modifie le plan très librement, comme nous l'avons vu, en traçant le tableau
de son temple idéal. Bien plus, il annonce une répartition de la Terre Sainte
entre les douze tribus, qui diffère absolument du partage exécuté sous Josué
(chapitre 48). Pour être conséquents, les auteurs de l'hypothèse devraient
conclure de là que ce partage antérieur n'avait point eu lieu et que par
conséquent toute l'histoire du peuple depuis Josué jusqu'à l'exil n'a été qu'un
rêve des historiens sacrés !
Nous pouvons donc d'ores
et déjà, et avec la plus parfaite quiétude, nous inscrire en faux contre
l'hypothèse récente de la critique, au moins en ce qui concerne le rôle
attribué à Ezéchiel dans cette nouvelle construction de l'histoire sainte.
Au point de vue littéraire, le livre d'Ezéchiel frappe dès l'abord par un déclin
manifeste de la langue ; l'influence de l'araméisme se fait fortement
sentir. Des répétitions fatigantes pour notre oreille occidentale, une
prolixité étrange, des tournures absolument prosaïques, marquent une différence
absolue entre cet écrit et la seconde partie d'Esaïe, par exemple, tout en
accusant une ressemblance relative avec Jérémie. D'autre part, une abondance
d'images saisissantes et un symbolisme riche et grandiose, révèlent chez lui
une nature de feu, qui se livre tout entière à la puissance de l'Esprit dont
elle est saisie. Ces images, ces emblèmes, ne sont pas en effet chez Ezéchiel
de simples ornements de style ; sa personne elle-même est constamment en
jeu dans ces allégories par lesquelles il décrit à l'avance le sort de son
peuple ; il est lui-même, comme il le dit, « un signe » prophétique
(24.9-4,27). C'est là ce que signifie l'acte étrange qu'il doit accomplir au
commencement de son ministère (3.3,14,15) et qui représente la fusion la plus
intime de sa personne et de son oeuvre. En face de ces faits, comment a-t-on pu
songer à faire d'Ezéchiel une sorte d'écrivain savant, d'homme de cabinet, «
parlant à la postérité qui lira des discours que personne n'aura entendus » (M.
Reuss). Ce genre imagé, symbolique, où l'allégorie prend des dimensions
colossales et se revêt en même temps des contours les plus minutieux et les
plus précis, répondait on ne peut mieux aux besoins des auditeurs d'Ezéchiel,
familiarisés depuis leur séjour en Babylonie avec les figures de ces animaux fantastiques
dont les Chaldéens aimaient à peupler l'entrée de leurs temples et les
vestibules de leurs palais. Rien donc de plus actuel que ce style d'Ezéchiel,
dans lequel on prétend voir une oeuvre artificielle, destinée à la postérité
plutôt qu'à des auditeurs immédiats.
Ezéchiel se trouve placé
sur la limite d'un passé, l'ancienne théocratie visible qui s'en va, et d'un
avenir qui doit sortir de ces ruines. Jérémie avait en quelque sorte inhumé
l'ancien ordre de choses ; Ezéchiel inaugure le nouveau. Mais qu'on ne s'y
trompe pas ! Cet avenir qu'Ezéchiel contemple et prépare, n'est pas celui
qui se réalisera immédiatement après la restauration. Le regard du prophète
passe par-dessus les cinq siècles qui sépareront la captivité de l'économie
spirituelle. Quand Ezéchiel dit : « J'ôterai du dedans de vous le coeur de
pierre et je mettrai à la place un coeur de chair » (36.26), ce n'est pas
assurément l'oeuvre du judaïsme légal et pharisaïque qu'il décrit de la sorte,
mais celle du Christ. La loi n'est que l'ombre, après aussi
bien qu'avant l'exil ; Christ est le corps (Colossiens
2.17), la réalité promise.
6th century BC. Ezekiel is one of the four major prophets of the Old Testament.
Tradition says that he was put to death, while in captivity in Babylon, by one
of the Jewish judges who had apostatized, and that he was buried there in the
tomb of Shem. He grave was a site of pilgrimage for the early Christians
(Benedictines, Encyclopedia). Raphael painted this Vision of Ezekiel.
Prophet, son of Buzi, exiled to Babylon about 598 BC.
He began to prophesy five years later and continued for over twenty years. His
prophecies form one of the books of the Old Testament and are given in
forty-eight chapters. After a vision of the glory of the Lord, under various
symbols, he foretells the fall of Jerusalem,
its transgression, and the mark of those who are to be saved. He utters the
destruction that will come on pagan nations
and prophesies the restoration of Theocracy. God will demand penance, triumph
over Gog and Magog, and establish a new kingdom of His own in which the city
will be called, “The Lord is there” (Ezechiel 48). He is often quoted by Saint
John in the Apocalypse; indeed there are many points of similarity between the
writings of the Prophet and of the Apostle. He was buried in
the sepulchre of Sem and Arphaxad, ancestors of Abraham. Many people were in
the habit of going to his tomb to pray. Passages from the prophecy are read in
the Divine Office during the first weeks of November.
"
In the thirtieth year, in the fourth month, on the fifth day of the month,...
the heavens were opened, and I saw visions of God (Ezekiel 1,1)...As I looked,
behold a stormy wind came out of the north, and a great cloud, with brightness
round about it, and fire flashing forth continually, and in the midst of the
fire, as it were gleaming bronze. And from the midst of it came the likeness of
four living creatures. And this was their appearance: they had the form of men,
but each had four faces and each of them had four wings (Ezekiel 1, 4-6)... And
above the firmament over their heads there was the likeness of a throne, in appearance
like sapphire; and seated above the likeness of a throne was a likeness as it
were of a human form (Ezekiel 1,26)...Like the appearance of the bow that is in
the cloud on the day of rain, so was the appearance of the brightness round
about. Such was the appearance of the likeness of the glory of the Lord. And
when I saw it, I fell upon my face, and I heard the voice of one speaking. And
he said to me, 'Son of man, stand upon your feet, and I will speak to you'. And
when he spoke to me, the Spirit entered into me and set me upon my feet; and I
heard him speaking to me." (Ezekiel 1, 28; 2,1)
Ezekiel is portrayed as an old man
in deep conversation with a young man on his right. He was the first prophet of
Israel and was active outside his land. He was in fact deported into exile in
Babylon (approx. 593 BC) where he tried to call the Jews to their moral
responsibility for the deportation in Mesopatamia and for the destruction of
Jerusalem, caused by their unfaithfulness to the alliance with God. The book of
the prophecies of Ezekiel can be divided into three sections. The first
includes the exposure of the sins of the chosen people which will lead to
unavoidable punishment by God, that will reach its apex in the fall of
Jerusalem (Ezekiel, ch. 1-24). The second regards the announcement of the ruin
of the idolatrous people (ch. 25-32), while in the last chapters (33-48) God
entrusts the prophet with the task of calling the Jewish people to conversion
from their sins (33, 10-20) and of announcing their future with the
vision of a new Jerusalem, the founding of a new cult and of a new land under
the leadership of a new shepherd, that is David.
Ezekiel, whose name, Yehézq'el
signifies "strong is God",
or "whom God makes strong" (Ezek. i, 3;
iii, 8), was the son of Buzi, and was one of the priests who, in the year 598 B.C., had been deported
together with Joachim as prisoners from Jerusalem(2 Kings 24:12-16; cf. Ezekiel 33:21, 40:1). With the other exiles he settled in
Tell-Abib near the Chobar (Ezek.
i,1; iii, 15) in Babylonia, and seems to have spent the rest
of his life there.In the fifth year after the captivity
of Joachim, and according to
some, the thirtieth year of his life, Ezekiel received his call as a prophet (Ezek. i, 2, 4 etc) in the vision
which he describes in the beginning of his prophecy
(Ezek. i,4; iii, 15). From Ezek.
xxix, 17 it appears that he prophesied
during at least twenty-two years.
Ezekiel was called
to foretell God'sfaithfulness
in the midst of trials, as well as in the fulfilment of His promises. During
the first period of his career, he foretold the complete destruction of the kingdom
of Juda, and the annihilation of
the city and temple. After the
fulfilment of these predictions, he was commanded to announce the future return
from exile, the re-establishment of the people in their own country and,
especially, the triumph of the Kingdom of the Messiah, the second David, so that the people would not abandon
themselves to despair and perish
as a nation, through contact with the Gentiles, whose gods had apparently triumphed over the God of Israel. This is the principal burden of Ezekiel's
prophecy, which is divided into
three parts. After the introduction, the vision
of the calling of the prophet (Ezek. i-iii, 21), the first part contains the
prophecies against Juda
before the fall of Jerusalem (Ezek. iii, 22-xxiv). In this part
the prophet declares the hope
of saving the city, the kingdom,
and the temple to be vain, and
announces the approaching judgment
of God upon Juda.
This part may be subdivided into five groups of prophecies.
After a second revelation,
in which God discloses to the prophet His course of action
(iii, 22-27), the prophet foretells by symbolic
acts (iv, v) and in words
(vi-vii), the siege and capture of Jerusalem, and the banishment of Juda.
In a prophetic
vision, in the presence of
the elders of Israel, Godreveals
to him the cause of these
punishments. In spirit he witnesses
the idolatry practiced in and near the temple
(viii); God commands that the guilty be punished and the faithful
be spared (ix); God's majesty departs from the temple
(x), and also, after the announcement of guilt and punishment, from the
city. With this the judgment
which the prophet communicates to the exiles ends (xi).
In the third group (xii-xix) many different prophecies
are brought together, whose sole connection is the relation they bear to
the guilt and punishment of Jerusalem and Juda.
Ezekiel prophesies
by symbolic actions
the exile of the people, the flight of Sedecias, and the devastation of
the land (xii, 1-20). Then follow Divine revelations
regarding belief in falseprophecies,
and disbelief in the very presence of trueprophecy.
This was one of the causes
of the horrors (xiii, 21-xiv, 11), to be visited upon the remnant of the
inhabitants of Jerusalem (xiv, 12-23). The prophet likens Jerusalem to the dead wood of the vine, which is destined
for the fire (xv); in an elaborate denunciation
he represents Juda as a
shameless harlot, who surpasses Samaria
and Sodom in malice
(xvi), and in a new simile, he condemns King Sedecias (xvii). After a
discourse on the justice of God (xviii), there follows a further lamentation
over the princes and the people of Juda
(xix).
In the presence of the elders the prophetdenounces
the whole people of Israel for the abominations
they practiced in Egypt, in the Wilderness,
and in Canaan (xx). For these Juda
shall be consumed by fire, and Jerusalem shall be exterminated by the sword (xxi).
Abominable is the immorality
of Jerusalem (xxii), but Juda
is more guilty than Israel has ever been (xxiii).
On the day on which the siege of Jerusalem began, the prophet represents, under the figure of the rusty pot,
what was to befall the inhabitants of the city. On the occasion of the
death of his wife, God forbids him to mourn openly, in order to teach
the exiles that they should be willing to lose that which is dearest to
them without grieving over it (xxiv).
In
the second part (xxv-xxxii), are gathered together the prophecies
concerning the Gentiles. He takes, first of all, the
neighbouring peoples who had been exalted through the downfall of Juda,
and who had humiliated Israel. The fate
of four of these, the Ammonites, the Moabites, the Edomites, and the Philistines, is condensed in chapter
xxv. He treats more at length of Tyre and its king (xxxvi-xxviii,19), after which he
casts a glance at Sidon (xxviii, 20-26). Six prophecies
against Egypt follow, dating from different years
(xxix-xxxii. The third part (xxxiii-xlviii), is occupied with the Divine
utterances on the subject of Israel's restoration. As introduction, we have a
dissertation from the prophet, in his capacity of authorized champion of the
mercy and justice of God, after which he addresses himself to those
remaining in Juda, and to the
perverse exiles (xxxiii). The manner in which Godwill
restore His people is only indicated in a general way. The Lord
will cause
the evil shepherds to perish; He will gather in, guide,
and feed the sheep by means of the second David, the Messiah (xxxiv).
Though Mount
Seir shall remain a waste, Israel shall return unto its own. There Godwill
purify His people, animate the nation with a new spirit,
and re-establish it in its former splendour for the glory
of His name (xxxv-xxxvii). Israel, though dead, shall rise
again, and the dry bones shall be covered with flesh and endowed
with life before the eyes of the
prophet. Ephraim
and Juda shall, under the second David, be united into one kingdom,
and the Lord shall dwell in
their midst (xxxvii). The invincibleness and indestructibility of the restored kingdom
are then symbolically presented
in the war upon Gog, his inglorious defeat, and the annihilation
of his armies (xxxviii-xxxix). In the last prophetic
vision, God shows the new temple
(xl-xliii), the new worship
(xliii-xlvi), the return to their own land, and the new division thereof among
the twelve tribes (xlvii-xlviii), as a figure of His foundation
of a kingdom where He shall
dwell among His people, and where He shall be served in His tabernacle
according to strict rules, by priests of His choice, and by the prince of the house of David.
From this review of
the contents of the prophecy, it
is evident that the prophetic vision,
the symbolic actions
and examples, comprise a considerable portion of the book. The completeness of
the description of the vision, action
and similes, is one of the many causes
of the obscurity of the book of Ezekiel. It is often difficult to
distinguish between what is essential
to the matter represented, and
what serves merely to make the image more vivid. On this account it happens
that, in the circumstantial descriptions, words are used, the meaning of which,
inasmuch as they occur in Ezekiel only, is not determined. Because of
this obscurity, a number of copyist mistakes have crept into the text, and that
at an early date, since the Septuagint has some of them in common with the earliest Hebrew
text we have. The Greek version,
however, includes several readings which help to fix the meaning. The genuineness
of the book of Ezekiel is generally conceded. Some few consider chapters
xl-xlviii to be apocryphal, because the plan there described in the
building of the temple was not
followed, but they overlook the fact that Ezekiel here gives a symbolic
representation of the temple,
that was to find spiritual
realization in God's new kingdom. The Divine character
of the prophecies was recognized
as early as the time of Jesus
the son of Sirach (Eccles. xlix,
10, 11). In the New Testament, there are no verbatim references,
but allusions to the prophecy
and figures taken from it are prominent. Compare St.
John x etc. with Ezek.
xxxiv, 11 etc.; St. Matthew
xxii, 32, with Ezek. xvii, 23.
In particular St. John, in the Apocalypse,
has often followed Ezekiel. Compare Apoc.
xviii-xxi with Ezek. xxvii,
xxxviii etc., xlvii etc.
Sean
Goan sees the book of Ezekiel, characterised by prophecies based on four
strange visions, as one of the most interesting and challenging in the Old
Testament.
Ezekiel is the only prophet to have
received his calling outside the land of Israel. The prophet was a priest in
the Jerusalem temple at a time of considerable political and religious
upheaval. The Babylonians were the dominant world power but the leaders in
Judah were hoping, through alliances with Egypt, to escape their clutches.
Jeremiah had warned them that this strategy would end in disaster but he was
ignored. In 597, to show their power and dominance, the Babylonians took many
of the citizens of Jerusalem into exile and replaced the king with one of their
own choosing. Among those sent into exile in Babylon was Ezekiel whose calling
to be a prophet is described in chs 1-3 of his book. He explains an experience
he had as a “vision of the likeness of the glory of the Lord” (1 :4-28). God
speaks to him calling him “son of man” and telling him to prophesy to
“rebellious Israel” and with these phrases two of the characteristic features
of the book are established. The Prophet is a mere mortal (the meaning of the
term son of man) and the Israelites who have been called into covenant with God
are only rebels who have not sought to do God’s will. His vocation as a prophet
is then described using the symbolism of a scroll:
“It was then I saw
a hand stretched out to me, in which was a written scroll which was unrolled
before me. It was covered with writing front and back and on it was written:
Lamentation wailing and woe! He said to me: Son of man, eat what is before you;
eat this scroll then go, speak to the house of Israel. So I opened my mouth and
he gave me the scroll to eat…and it was as sweet as honey in my mouth. He said:
Son of man, go now to the house of Israel and speak my words to them.”
(2:9-3:4)
The paradox of
Ezekiel’s mission is summed up in this imagery. The word of God he has to
preach involves much lamentation and woe as he points out to rebellious Israel
that it is their own sinfulness that has brought them to this crisis. However
he will also preach a word of hope that looks forward to a new day when the
faithful Israelites will return to a restored temple.
These two aspects
of his preaching are reflected in the structure of the Book. Chapters 4-24 are
made up of oracles up to the time of the final destruction of the temple by the
Babylonians in 587. These are hard-hitting pronouncements of judgement on
Israel for her unfaithfulness. The next part of the book (25-32) is made up of
prophecies against the nations that played a part in Israel’s downfall or that
were willing to take advantage of her weakened position. After that the message
changes dramatically to one of hope and consolation as the prophet contemplates
God’s plan for his people now that Jerusalem and its temple have been
destroyed. Finally the last section of the book (40-48) is a vision of a new
Israel worshipping at a new temple in Jerusalem.
The
Four Visions
Ezekiel’s visions
are found at important moments in the book and represent a new way of
presenting the prophetic message. While beforehand the tendency was simply to
begin a prophecy with: “Thus says the Lord”, in Ezekiel God’s pronouncements
are preceded by dramatic visions that communicate the divine message in a new
way. The visions happen because the “hand of the Lord” comes upon the prophet
and in this state he is allowed to see the divine plan unfold in a symbolic
representation. This way of revealing God’s intention will soon develop into a
genre of its own known as “apocalyptic” i.e. the drawing aside of the veil.
When the era of the prophets is over it is followed by the age of apocalyptic
and the finest example of this writing in the OT is to be found in the book of
Daniel.
The
Vision of God (1: 1-3:15)
In this vision which marks the opening of his book, Ezekiel describes how he
saw a storm coming from the north and in the midst of the storm he saw four
living creatures with bizarre appearances each with four faces and four wings.
Accompanying the creatures were gleaming wheels within wheels and above these
was a throne on which was seated one who had the appearance of a man. All of
this he describes as the likeness of the glory of the Lord and that is as near
as we come in the OT to someone claiming to see God. The symbolism of the
vision expresses a theme that is important throughout the book: the glory and
transcendence of God which is, at one and the same time entirely beyond human
knowledge and yet has been revealed to Israel. As part of the vision, Ezekiel
is given the scroll to eat and feels that the spirit has seized him. The whole
experience leaves him in a stupor for seven days.
The
Vision of Jerusalem (8:1-10:23)
This vision is the description of a great turning point in the history of
Israel. Since the time of Solomon some 400 years earlier the temple of
Jerusalem has been thought of as the dwelling place of God on earth. Traditions
had grown up which regarded it as God’s inviolable sanctuary that would endure
forever. However, Jeremiah had warned against such presumption and now with
this vision of Ezekiel it becomes clear why the Jerusalem temple cannot endure.
The Spirit of God brings the prophet to the temple and shows him several ways
in which it is being desecrated: idol worship by the elders, women
participating in the rites of the Babylonians, sun worship by the priests. All
of this means that the wrath of God will be unleashed against the city and its
temple. However before this the glory of the Lord must depart and the prophet
is allowed to witness this event. Once again the description is of bizarre
creatures and gleaming wheels and a throne. It departs from the city and stands
on the Mount of Olives to the east. The symbolism is designed to show that
while the glory of the Lord did indeed rest on the house of God, this presence
could no longer remain because of the sins of Israel. With his departure the way
is cleared for the inevitable destruction of the sanctuary.
The
Valley of the Bones (37:1-14)
Probably the best known of the visions in Ezekiel, this belongs to that part of
the book that seeks to give hope to the exiles. After their darkest hour, a new
day is dawning and this will be the work of the Lord who gives life to all
living things. Once again Ezekiel is brought out “in the spirit of the Lord”
and he sees an enormous collection of dry bones, the very epitome of
lifelessness. The only way they can be brought to life is by the breath of God
(in Hebrew the same word ruah is used for spirit and breath)
and that is what happens. The valley of the dry bones becomes a place where a
vast army stands upright. The vision is then explained as God raising his people
out of their graves in order to bring them back home. Those who have been
without hope now find themselves renewed by the spirit of God that has breathed
life back into them.
The
New Temple in Jerusalem (40-48)
In this the longest and most detailed of the visions the catastrophe of the
destruction of the temple is finally undone. Ezekiel is brought to a high
mountain from which he can see the new city and temple that the Lord is
building. As he witnessed the glory of the Lord leaving the temple, so now he
witnesses the return. The vision not only describes a new place of worship but
also a renewed sense of the life-giving presence of the God who dwells there.
The water that from flows from the temple has the power to transform even the
Dead Sea. There is healing for the people in the leaves of the trees that grow
along its bank and there is constant and abundant nourishment in their fruit.
The vision shows how when God is truly at the centre of the lives of his people
then they flourish and grow.
In his own time
Ezekiel described the disastrous destruction of the Temple in Jerusalem in
terms of the glory of the Lord departing from the city (11 :22). Likewise in
showing the faithfulness of God who will restore his people and bring them to
life again he describes the glory of the Lord returning to the Temple (43:1-6).
The suffering that the people endured with the Babylonian captivity was
understood by Ezekiel as a punishment for sin; however if the people were to be
obliterated altogether what would that say about their God? So the prophet
argued that while each individual must accept responsibility for his or her
sins, the God of Israel also had to act for the sake of his name. Thus God
would act to save his people who were as good as dead, he would bring them to
life through the Spirit which would be breathed into them.(Ezek 37, 39:27-29).
From the restored temple where the glory of God abides would flow the waters of
life bringing abundance of growth and healing (47:1-12). Though the destruction
of Jerusalem was a catastrophic event the prophet saw in it a new stage in the
development of the unique relationship between Israel and its God. In this way
Ezekiel made a profound contribution to the theology and faith of Israel and
his message inspires hope to this day.
This
article first appeared in The
Word (January
2004), a Divine Word Missionary Publication.
The Holy Prophet
Ezekiel lived in the sixth century before the birth of Christ. He was born in
the city of Sarir, and descended from the tribe of Levi; he was a priest and
the son of the priest Buzi. Ezekiel was led off to Babylon when he was
twenty-five years old together with King Jechoniah II and many other Jews
during the second invasion of Jerusalem by the Babylonian king Nebuchadnessar.
The Prophet Ezekiel lived
in captivity by the River Chebar. When he was thirty years old, he had a vision
of the future of the Hebrew nation and of all mankind. The prophet beheld a
shining cloud, with fire flashing continually, and in the midst of the fire,
gleaming bronze. He also saw four living creatures in the shape of men, but
with four faces (Ez. 1:6). Each had the face of a man in front, the face of a
lion on the right, the face of an ox on the left, and the face of an eagle at
the back (Ez. 1:10). There was a wheel on the earth beside each creature, and
the rim of each wheel was full of eyes.
Over the heads of the
creatures there seemed to be a firmament, shining like crystal. Above the
firmament was the likeness of a throne, like glittering sapphire in appearance.
Above this throne was the likeness of a human form, and around Him was a
rainbow (Ez. 1:4-28).
According to the
explanation of the Fathers of the Church, the human likeness upon the sapphire
throne prefigures the Incarnation of the Son of God from the Most Holy Virgin
Mary, who is the living Throne of God. The four creatures are symbols of the
four Evangelists: a man (St Matthew), a lion (St Mark), an ox (St Luke), and an
eagle (St John); the wheel with the many eyes is meant to suggest the sharing
of light with all the nations of the earth. During this vision the holy prophet
fell down upon the ground out of fear, but the voice of God commanded him to
get up. He was told that the Lord was sending him to preach to the nation of
Israel. This was the begining of Ezekiel’s prophetic service.
The Prophet Ezekiel
announces to the people of Israel, held captive in Baylon, the tribulations it
would face for not remaining faithful to God. The prophet also proclaimed a
better time for his fellow-countrymen, and he predicted their return from
Babylon, and the restoration of the Jerusalem Temple.
There are two significant
elements in the vision of the prophet: the vision of the temple of the Lord,
full of glory (Ez. 44:1-10); and the bones in the valley, to which the Spirit
of God gave new life (Ez. 37:1-14). The vision of the temple was a mysterious
prefiguring of the race of man freed from the working of the Enemy and the
building up of the Church of Christ through the redemptive act of the Son of
God, incarnate of the Most Holy Theotokos. Ezekiel’s description of the shut
gate of the sanctuary, through which the Lord God would enter (Ez. 44: 2), is a
prophecy of the Virgin giving birth to Christ, yet remaining a virgin. The
vision of the dry bones prefigured the universal resurrection of the dead, and
the new eternal life bestowed by the Lord Jesus Christ.
The holy Prophet Ezekiel
received from the Lord the gift of wonderworking. He, like the Prophet Moses,
divided the waters of the river Chebar, and the Hebrews crossed to the opposite
shore, escaping the pursuing Chaldeans. During a time of famine the prophet
asked God for an increase of food for the hungry.
Ezekiel was condemned to
execution because he denounced a certain Hebrew prince for idolatry. Bound to
wild horses, he was torn to pieces. Pious Hebrews gathered up the torn body of
the prophet and buried it upon Maur Field, in the tomb of Sim and Arthaxad,
forefathers of Abraham, not far from Baghdad. The prophecy of Ezekiel is found
in the book named for him, and is included in the Old Testament.
St Demetrius of Rostov
(October 28 and September 21) explains to believers the following concepts in
the book of the Prophet Ezekiel: if a righteous man turns from righteousness to
sin, he shall die for his sin, and his righteouness will not be remembered. If
a sinner repents, and keeps God’s commandments, he will not die. His former
sins will not be held against him, beause now he follows the path of
righteousness (Ez. 3:20; 18:21-24).
Ezechiele viene considerato il profeta che fa da ponte
tra due diverse epoche della storia d'Israele, quella pre-esilica e quella
post-esilica; è situato tra Geremia e Daniele; la sua attività sociale e
religiosa si svolge fra i deportati, in particolare a Tell-Abib o Colle delle
spighe. Egli stesso descrive le sue vicissitudini: nel 597, quando aveva circa
venticinque anni, venne deportato da Nabucodonosor in Babilonia insieme a
diecimila persone fra le quali il re Ioakin, la corte, notabili, sacerdoti, artigiani.
Dalla bocca di Ezechiele gli esuli, sistemati lungo il gran canale fra
Babilonia e Nippur a coltivare i campi, ascoltavano i messaggi di Jahweh. Delle
molteplici visioni di Ezechiele alcune sono state ripetutamente rappresentate
in opere d'arte. Fra di loro è singolarmente significativa quella, grandiosa,
del campo cosparso di ossa secche che al soffio di Dio riprendono vita
rivestendosi di carne. Se per i giudei tale visione è simbolo della sicura
restaurazione nazionale a gloria di Dio e a dimostrazione della sua potenza,
per i cristiani è assurta a simbolo della resurrezione della carne. (Avvenire)
Etimologia: Ezechiele = Dio è la mia forza,
dall'ebraico
Martirologio Romano: Commemorazione di
sant’Ezechiele, profeta, che, figlio del sacerdote Buzì, al tempo dell’esilio
nella terra dei Caldei fu onorato della visione della gloria del Signore e,
posto come sentinella sulla casa di Israele, rimproverò l’infedeltà del popolo
eletto, predicendo la distruzione ormai prossima della città santa di Gerusalemme
e la deportazione del popolo; presente egli stesso in mezzo ai prigionieri,
tenne viva la loro speranza, profetizzando che le loro ossa inaridite sarebbero
risorte a nuova vita.
Secondo la cultura ebraica, con il termine “profeta”
non si indica tanto qualcuno in grado di prevedere il futuro, quanto piuttosto
una persona che abbia una cognizione profonda della volontà divina e della sua
presenza nel mondo; una persona di morale e rettitudine cristalline. Non fa
eccezione Ezechiele, uno dei quattro profeti definiti “maggiori” nell’Antico
Testamento: il più duro nel linguaggio e il più efficace quanto a simbolismi.
Esule tra gli esuli
Ezechiele nasce intorno alla metà del 600 a.C. a Sarara, in Palestina, nella
tribù di Levi: è, pertanto, un sacerdote. All’epoca a Roma regna ancora da
Tarquinio Prisco, mentre a Babilonia, Nabucodonosor; non è un bel periodo per
gli ebrei, costretti a sottostare alla tirannide dei figli di Assur. Nel 597
Ezechiele viene deportato in Babilonia assieme ad altri diecimila destinati al
lavoro nei campi ed è a questo punto della sua vita che Dio gli si manifesta
con visioni profetiche che lo accompagneranno fino alla morte. Ezechiele rivela
queste visioni al suo popolo, lo conforta con le parole che gli vengono da
Jahweh e perciò, ben presto, godrà di una certa autorevolezza tra la gente di
Israele. Non manca di operare prodigi e miracoli e ogni suo gesto ha un
obiettivo ben preciso: avendo profetizzato la caduta di Gerusalemme, esorta il
popolo alla penitenza; in seguito lo consolerà con la promessa della
liberazione e del ritorno all’amata patria. Muore da martire per mano di un
capo del popolo che aveva rimproverato per la sua idolatria.
Un linguaggio duro ma efficace
Il libro di Ezechiele nella Bibbia si pone tra quelli dei profeti maggiori,
dopo Geremia, e conta 48 capitoli in cui vengono narrate le profezie e le
rivelazioni che Jahweh fa al profeta durante la cattività babilonese. Tra le
visioni più potenti che vengono descritte, c’è quella al capitolo 37 in cui Dio
mostra a Ezechiele uno sterminato campo disseminato di ossa rinsecchite che al
Suo soffio riprendono vita rivestendosi di carne. Un’immagine certamente molto
forte e altrettanto criptica per i contemporanei, che l’hanno interpretata come
la profezia della restaurazione del potere d’Israele e la ricostruzione del
Tempio nella gloria di Dio; per i cattolici, invece, simboleggia la
Risurrezione di Cristo e dunque la costruzione del vero Regno, quello nei
cieli. Storicamente Ezechiele si pone come un ponte tra due epoche della storia
di Israele: quella prima e quella dopo l’esilio; dal punto di vista delle
Scritture, infine, tra Geremia e Daniele. Il suo linguaggio è ardito, intriso
di simbolismi, a tratti duro, ma dal potere evocativo potente e particolarmente
efficace. La sua venerazione come Santo è stata introdotta molto presto nella
Chiesa latina.
(Vatican News)
Nella chiesa latina il suo culto è stato introdotto
presto, al 10 aprile già dal martirologio di Beda. Il Martirologio Romano
conferma la data ricordando dettagli sulla morte e sulla sepoltura del profeta
quale quello, ripreso da antica tradizione, che vuole Ezechiele ucciso in
Babilonia da un capo del popolo di Israele, capo da lui ripreso per la sua
idolatria.
Ezechiele viene considerato il profeta che fa da ponte tra due diverse epoche
della storia d'Israele, quella pre-esilica e quella post-esilica; è situato tra
Geremia e Daniele; la sua attività sociale e religiosa si svolge fra i
deportati, in particolare a Tell-Abib o Colle delle spighe.
Egli stesso descrive le sue vicissitudini: nel 597, quando aveva circa
venticinque anni, venne deportato da Nabucodonosor in Babilonia insieme a
diecimila persone fra le quali il re Ioakin, la corte, notabili, sacerdoti,
artigiani. Dalla bocca di Ezechiele gli esuli, sistemati lungo il gran canale
fra Babilonia e Nippur a coltivare i campi, ascoltavano i messaggi di Iahweh.
Questi messaggi si traducono, attraverso profezie e visioni, in verità eterne
raccordate alla storia concreta di quei tempi: la maestà e l'onnipotenza di Dio
infinita e universale che si stende anche qui sui deportati; la potenza e la
giustizia di Dio fino alla distruzione nel 586 di Gerusalemme e dello stesso
Tempio; la profonda misericordia di Dio che impone il pentimento e la
conversione.
Delle molteplici visioni di Ezechiele alcune sono state ripetutamente
rappresentate in opere d'arte. Fra di loro è singolarmente significativa
quella, grandiosa, del campo cosparso di ossa secche che al soffio di Dio
riprendono vita rivestendosi di carne. Se per i Giudei tale visione è simbolo
della sicura restaurazione nazionale a gloria di Dio e a dimostrazione della
sua potenza, per i Cristiani è assurta a simbolo della resurrezione della carne
nell'ultimo giudizio.