dimanche 1 juillet 2012

Fête du Très PRÉCIEUX-SANG de NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST


Fête du Très PRÉCIEUX-SANG de Notre-Seigneur Jésus-Christ

L'Histoire de l'Église, c'est l'histoire du Précieux Sang. "C'est par lui, et non par le sang des taureaux et des boucs, que nous avons été rachetés; c'est par Son propre Sang que le Christ est entré une fois pour toutes dans le Saint des Saints, après avoir acquis une rédemption éternelle," déclare saint Paul, le premier docteur du Précieux Sang.

Le sang des Martyrs et les sueurs des Saints de tous les temps sont le prolongement du Précieux Sang de Jésus-Christ. Chacun d'eux ne pouvait-il pas répéter avec saint Paul: "J'achève en ma propre chair ce qui manque aux souffrances de Jésus-Christ."

Aussi est-ce à bon droit que la liturgie sacrée célèbre le Précieux Sang durant tout le cours de l'année. Par le sacrifice des autels, Notre-Seigneur Jésus-Christ ne cesse de répandre Sa vertu purificatrice sur le monde, criant non vengeance, mais miséricorde. Il étouffe la voix des crimes des pécheurs et change les foudres vengeresses en pluie de grâces. Le Père Éternel exige que le Sang de Son Fils bien-aimé soit le bain qui purifie notre conscience. Ce Sang d'un si haut prix nous est donné, non avec parcimonie, mais avec une générosité divine.

Incomparable Victime préparée par l'Éternel, l'Enfant-Dieu commence Sa mission de Rédempteur au jour de la Circoncision. Au jardin des oliviers, la terre est arrosée de la sueur de Son sang adorable. Au prétoire, ce ne sont plus des gouttes, mais des ruisseaux de sang qui coulent de tout Son corps, sous les coups redoublés de la flagellation. Sa tête n'est pas épargnée, les épines qui y sont enfoncées l'inondent et l'empourprent de Son sang.

Dans les sentiers du Calvaire, tous les pas du Rédempteur sont marqués par des traces de sang. Ce Précieux Sang jaillit encore avec effusion au moment où les soldats Lui arrachent violemment Ses habits collés à Ses plaies. Lorsque Ses pieds et Ses mains sont percés par de gros clous qui fixent Son saint corps à la croix, quatre fleuves de sang fécondent la terre desséchée et maudite par le péché. Avec le coup de lance, une nouvelle plaie s'ouvre encore et laisse sortir la dernière goutte de sang des veines de notre très doux Sauveur.

Rachetés à un si haut prix, ne nous rendons plus esclaves des créatures. Nous portons sur nos fronts la croix du Christ, nous sommes teints de Son sang; n'effaçons pas les marques d'une si glorieuse servitude. Puisqu'Il a racheté notre vie si chèrement, consacrons-la toute entière au service de ce Dieu d'amour et ne rompons pas un marché qui nous est si avantageux. Lorsque le prêtre offre ce Précieux Sang sur l'autel, entourons-le de nos plus respectueux hommages.

Tiré de: Frères des Ecoles Chrétiennes, Vies des Saints, Edition 1932, p. 229; Edition 1903, p. 639-640 -- L'abbé Jouve, édition 1886, p. 499-500.

SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/precieux-sang-de-jesus.html


Le Précieux Sang

L’Église, que les Apôtres ont rassemblée de toutes les nations qui sont sous le ciel, s’avance vers l’autel de l’Époux qui l’a rachetée de son Sang, et chante son miséricordieux amour. C’est elle qui est désormais le royaume de Dieu, la dépositaire de la vérité (Dom Guéranger).

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Jean-Baptiste a montré l’Agneau, Pierre affermi son trône, Paul préparé l’Épouse : œuvre commune, dont l’unité fut la raison qui devait les rapprocher de si près tous trois sur le Cycle. L’alliance étant donc maintenant assurée, tous trois rentrent dans l’ombre ; et seule, sur les sommets où ils l’ont établie, l’Épouse apparaît, tenant en mains la coupe sacrée du festin des noces.

Tel est le secret de la fête de ce jour. Son lever au ciel de la sainte Liturgie, en la saison présente, est plein de mystère. Déjà, et plus solennellement, l’Église a révélé aux fils de la nouvelle Alliance le prix du Sang dont ils furent rachetés, sa vertu nourrissante et les honneurs de l’adoration qu’il mérite. Au grand Vendredi, la terre et les cieux contemplèrent tous les crimes noyés dans le fleuve de salut dont les digues éternelles s’étaient enfin rompues, sous l’effort combiné de la violence des hommes et de l’amour du divin Cœur. La fête du Très-Saint-Sacrement nous a vus prosternés devant les autels où se perpétue l’immolation du Calvaire, et l’effusion du Sang précieux devenu le breuvage des humbles et l’objet des hommages des puissants de ce monde. Voici que l’Église, cependant, convie de nouveau les chrétiens à célébrer les flots qui s’épanchent de la source sacrée : qu’est-ce à dire, sinon, en effet, que les solennités précédentes n’en ont point sans doute épuisé le mystère ?

La paix faite par ce Sang dans les bas lieux comme sur les hauteurs ; le courant de ses ondes ramenant des abîmes les fils d’Adam purifiés, renouvelés, dans tout l’éclat d’une céleste parure ; la table sainte dressée pour eux sur le rivage, et ce calice dont il est la liqueur enivrante : tous ces apprêts seraient sans but, toutes ces magnificences demeureraient incomprises, si l’homme n’y voyait les avances d’un amour dont les prétentions entendent n’être dépassées par les prétentions d’aucun autre amour. Le Sang de Jésus doit être pour nous à cette heure le Sang du Testament, le gage de l’alliance que Dieu nous propose [58], la dot constituée par l’éternelle Sagesse appelant les hommes à cette union divine, dont l’Esprit de sainteté poursuit sans fin la consommation dans nos âmes. Et c’est pourquoi la présente fête, fixée toujours à quelqu’un des Dimanches après la Pentecôte, n’interrompt point l’enseignement qu’ils ont mission de nous donner en ce sens, mais le confirme merveilleusement au contraire.

« Ayons donc confiance, ô mes Frères, nous dit l’Apôtre ; et, par le Sang du Christ, entrons dans le Saint des Saints. Suivons la route nouvelle dont le secret est devenu nôtre, la route vivante qu’il nous a tracée au travers du voile, c’est-à-dire de sa chair. Approchons d’un cœur vrai, d’une foi pleine, purs en tout, maintenant ferme la profession de notre inébranlable espérance ; car celui qui s’est engagé envers nous est fidèle. Excitons-nous chacun d’exemple à l’accroissement de l’amour [59]. Et que le Dieu de paix qui a ressuscité d’entre les morts notre Seigneur Jésus-Christ, le grand pasteur des brebis dans le Sang de l’Alliance éternelle, vous dispose à tout bien, pour accomplir sa volonté, pour que lui-même fasse en vous selon son bon plaisir par Jésus-Christ, à qui soit gloire dans les siècles des siècles [60] ! »

Nous ne devons pas omettre de rappeler ici que cette fête est le monument de l’une des plus éclatantes victoires de l’Église au dernier siècle. Pie IX avait été chassé de Rome, en 1848, par la Révolution triomphante ; dans ces mêmes jours, l’année suivante, il voyait rétablir son pouvoir. Les 28, 29 et 30 juin, sous l’égide des Apôtres, la fille aînée de l’Église, fidèle à son glorieux passé, balayait les remparts de la Ville éternelle ; le 2 juillet, fête de Marie, s’achevait la conquête. Bientôt un double décret notifiait à la Ville et au monde la reconnaissance du Pontife, et la manière dont il entendait perpétuer par la sainte Liturgie le souvenir de ces événements. Le 10 août, de Gaète même, lieu de son refuge pendant la tourmente, Pie IX, avant d’aller reprendre le gouvernement de ses États, s’adressait au Chef invisible de l’Église et la lui confiait par l’établissement de la fête de ce jour, lui rappelant que, pour cette Église, il avait versé tout son Sang. Peu après, rentré dans sa capitale, il se tournait vers Marie, comme avaient fait en d’autres circonstances saint Pie V et Pie VII ; le Vicaire de l’Homme-Dieu renvoyait à celle qui est le Secours des chrétiens l’honneur de la victoire remportée au jour de sa glorieuse Visitation, et statuait que la fête du 2 juillet serait élevée du rite double-majeur à celui de seconde classe pour toutes les Églises : prélude à la définition du dogme de la Conception immaculée, que l’immortel Pontife projetait dès lors, et qui devait achever l’écrasement de la tête du serpent.

A LA MESSE.

L’Église, que les Apôtres ont rassemblée de toutes les nations qui sont sous le ciel, s’avance vers l’autel de l’Époux qui l’a rachetée de son Sang, et chante dans l’Introït son miséricordieux amour. C’est elle qui est désormais le royaume de Dieu, la dépositaire de la vérité.

Gage de paix entre le ciel et la terre, objet des plus solennels hommages et centre lui-même de toute Liturgie, protection assurée contre les maux de la vie présente, le Sang de l’Homme-Dieu dépose dès maintenant dans les âmes et les corps de ceux qu’il a rachetés le germe des joies éternelles.

L’Église demande, dans la Collecte, au Père qui nous a donné son Fils unique, que ce germe divin ne reste pas stérile en nous et arrive à son plein développement dans les cieux.

On fait mémoire du Dimanche après la Pentecôte, qui cède à la fête du Précieux Sang les premiers honneurs de cette journée [61].

ÉPÎTRE.

L’Épître qu’on vient de lire est la confirmation de ce que nous avons dit du caractère de cette fête. C’est par son propre Sang que le Fils de Dieu est entré dans les cieux ; le Sang divin reste pour nous l’introducteur à l’Alliance éternelle. Ainsi l’ancienne Alliance, fondée sur l’observation des préceptes du Sinaï, avait-elle consacré dans le sang le peuple et la Loi, le tabernacle et les vases qu’il devait contenir ; mais tout cela n’était que figure. « Or, dit saint Ambroise, c’est à la vérité que nous devons tendre. Ici est l’ombre, ici l’image, là-haut la vérité. Dans la Loi c’était l’ombre, l’image se trouve dans l’Évangile, la vérité au ciel. Jadis on sacrifiait un agneau ; maintenant c’est le Christ : mais ici sous les signes des Mystères, tandis qu’au ciel il est sans voiles. Là seulement donc est la pleine perfection à laquelle se doivent arrêter nos pensées, parce que toute perfection est dans la vérité sans image et sans ombre » [62]. Là seulement sera le repos. Là, dès ce monde, aspirent les fils de Dieu : sans y atteindre pleinement, ils s’en rapprochent chaque jour ; car là seulement se trouve la paix qui fait les saints. « Seigneur Dieu, dit à son tour un autre grand Docteur, saint Augustin, donnez-nous cette paix, la paix du repos, la paix du septième jour, du sabbat sans couchant. Car, il est vrai, tout cet ordre de la nature et de la grâce est bien beau pour vos serviteurs, et bien bonnes sont les réalités qu’il recouvre ; mais ses images, ses modes successifs, n’auront qu’un temps, et, leur évolution accomplie, il passera. Les jours que vous avez remplis de vos créations se composent de matin et de soir, le septième excepté qui n’a pas de déclin, parce que vous l’avez sanctifié dans votre reposa jamais. Or ce repos, quel est-il, sinon celui que vous prenez en nous, quand nous-mêmes reposons en vous dans la paix féconde qui couronne en nous la série de vos grâces ? Repos sacré, plus productif que tout labeur, les parfaits seuls vous connaissent, ceux-là qui ont laissé le travail divin accomplir en eux l’œuvre des six jours » [63].

C’est pourquoi, nous dit l’Apôtre, interprétant lui-même à l’aide des autres Écritures le passage qui vient de lui être emprunté par la sainte Église, c’est pourquoi aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs [64]. Le Sang divin nous a rendus participants du Christ [65] : à nous de ne pas dissiper, comme un bien sans valeur, l’incorporation initiale qui nous unit au Chef divin ; mais livrons-nous, sans défiance ni réserve, à l’énergie de ce ferment précieux qui doit transformer en lui tout notre être. Craignons de manquer la promesse rappelée dans notre Épître, et qui est celle d’entrer dans le repos de Dieu, d’après saint Paul lui-même [66]. Elle regarde tous les croyants, affirme-t-il [67], et ce divin sabbat est pour le peuple entier du Seigneur [68]. Donc, pour y entrer, faisons diligence [69] ; n’imitons pas les Juifs que leur incrédulité exclut pour jamais de la terre promise [70].

Le Graduel nous ramène au grand témoignage de l’amour du Fils de Dieu, confié à l’Esprit-Saint avec le Sang et l’eau des Mystères ; témoignage qui se relie d’ici-bas à celui que rend dans les cieux la Trinité souveraine. Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand, proclame le Verset. Qu’est-ce à dire, sinon encore une fois qu’il nous faut céder à ces invitations réitérées de l’amour ? Nul, pour s’y dérober, n’est recevable à arguer de son ignorance, ou d’un manque de vocation aux voies plus élevées que celles où se traînent nos tiédeurs. Écoutons l’Apôtre s’adressant à tous, dans cette même Épître aux Hébreux que l’Église nous fait lire en cette fête : « Oui, sans doute ; grandes et ineffables sont ces choses. Mais si vous êtes devenus peu capables de les comprendre, c’est par votre fait ; car, depuis le temps, vous devriez y être maîtres. Vous êtes réduits au lait des enfants, quand votre âge réclame la nourriture solide des parfaits. Quant à nous, dans nos instructions, faisant trêve aux discours qui n’ont pour but que d’inoculer les premiers éléments du Christ, nous devons nous porter plus avant, sans revenir sans cesse à poser le fondement, qui consiste à se dégager des œuvres mortes et à ouvrir sur Dieu les yeux de la foi. N’avez-vous pas été illuminés ? N’avez-vous pas goûté le don céleste ? N’avez-vous pas été faits participants de l’Esprit-Saint ? Quelle pluie de grâces, à tout moment, sur la terre de vos âmes ! Il est temps qu’elle rapporte en conséquence à Dieu qui la cultive. Assez tardé ; soyez de ceux qui par la patience et la foi hériteront des promesses, jetant votre espérance, comme une ancre assurée, au delà du voile, aux plus intimes profondeurs, où Jésus n’est entré devant nous que pour nous attirer à sa suite » [71].

ÉVANGILE.

C’est au grand Vendredi que nous entendîmes pour la première fois ce passage du disciple bien-aimé. En deuil au pied de la Croix où venait d’expirer son Seigneur, l’Église n’avait point alors assez de lamentations et de larmes. Aujourd’hui elle tressaille d’autres sentiments, et le même récit qui attirait ses pleurs la fait déborder dans ses Antiennes en allégresse et chants de triomphe. Si nous voulons en connaître la cause, demandons-la aux interprètes autorisés qu’elle-même a voulu charger de nous donner sa pensée en ce jour. Ils nous apprendront que la nouvelle Ève célèbre aujourd’hui sa naissance du côté de l’Époux endormi [72] ; qu’à dater du moment solennel où l’Adam nouveau permit à la lance du soldat d’ouvrir son Cœur, nous sommes devenus en vérité l’os de ses os et la chair de sa chair [73]. Ne soyons plus étonnés si, dès lors, l’Église ne voit plus qu’amour et vie dans ce Sang qui s’épanche.

Et toi, ô âme, rebelle longtemps aux touches secrètes des grâces de choix, ne te désole point ; ne dis pas : « L’amour n’est plus pour moi ! » Si loin qu’ait pu t’égarer l’antique ennemi par ses ruses funestes, n’est-il pas vrai qu’il n’est point de détour, point d’abîme peut-être, hélas ! Où ne t’aient suivie les ruisseaux partis de la source sacrée ? Crois-tu donc que le long trajet qu’il t’a plu d’imposer à leur poursuite miséricordieuse, en ait épuisé la vertu ? Fais-en l’épreuve. Et tout d’abord, baigne-toi dans ces ondes purifiantes ; puis, abreuve à longs traits au fleuve de vie cette pauvre âme fatiguée ; enfin, t’armant de foi, remonte le cours du fleuve divin. Car s’il est sûr que, pour arriver jusqu’à toi, il ne s’est point séparé de son point de départ, il est également assuré que, ce faisant, tu retrouveras la source elle-même.

Crois bien, en effet, que c’est là tout le secret de l’Épouse ; que, d’où qu’elle vienne, elle ne procède point autrement pour trouver la réponse à la demande posée au sacré Cantique : « Indiquez-moi, ô vous que chérit mon âme, le lieu de votre repos en ce Midi dont l’ardeur est si douce [74] ! » D’autant que, remontant ainsi le fleuve sacré, non seulement elle est sûre d’arriver au divin Cœur, mais encore elle renouvelle sans fin, dans ses flots, la beauté très pure qui fait d’elle pour l’Époux un objet de complaisance et de gloire [75]. Pour ce qui est de toi, recueille aujourd’hui précieusement le témoignage du disciple de l’amour ; et félicitant Jésus, avec l’Église son Épouse et ta mère, de l’éclat de sa robe empourprée [76], aie bien soin aussi de conclure avec Jean : « Nous donc aimons Dieu, puisqu’il nous a aimés lui-même le premier » [77].

L’Église, présentant les dons pour le Sacrifice, rappelle en ses chants que le calice offert par elle à la bénédiction des prêtres ses fils devient, par la vertu dès paroles sacrées, l’intarissable réservoir d’où s’épanche sur le monde le Sang du Seigneur.

La Secrète implore le plein effet de la divine Alliance, dont le Sang du Seigneur Jésus est venu le moyen et le gage, depuis que son effusion, renouvelée sans fin aux saints Mystères, a fait cesser le cri de vengeance que celui d’Abel faisait monter de la terre au ciel.

On fait mémoire du Dimanche. Le Prêtre ensuite entonne la Préface triomphante de la Croix, sur laquelle s’est conclue dans le Sang divin l’union ineffable.

L’Antienne de Communion chante le miséricordieux amour dont le Seigneur fit preuve à sa venue, ne se laissant pas détourner de ses projets divins par l’entassement de crimes qu’il devait dissoudre en son propre Sang, pour purifier l’Épouse. Grâce à l’adorable Mystère de la foi opérant dans le secret des cœurs, quand il reviendra visiblement, il ne restera plus de ce douloureux passé qu’un souvenir de triomphe.

Abreuvés d’allégresse aux fontaines du Sauveur, qui sont ses plaies sacrées, obtenons que le Sang précieux qui rougit nos lèvres demeure, jusqu’en l’éternité, la source vive où nous puiserons la béatitude et la vie.

On ajoute comme mémoire la Postcommunion du Dimanche, dont l’Évangile se dit aussi, après la bénédiction du Prêtre, en place de celui de saint Jean.

A VÊPRES.

Hier, ouvrant la fête, l’Église chantait : « Quel est celui-ci qui vient de Bosra en Édom, avec sa robe richement teinte ? Il est beau dans ce vêtement ! — C’est moi, était-il répondu, dont la parole est toute de justice, moi qui viens défendre et sauver ». Celui qui parlait ainsi était vêtu d’une robe teinte de sang, et le nom qu’on lui donne, c’est le Verbe de Dieu. « Pourquoi donc, reprenait l’Église, votre robe est-elle rouge, et vos vêtements comme les habits de ceux qui foulent le vin dans le pressoir ? — J’ai été seul à fouler le vin, et nul d’entre les hommes ne m’a prêté aide ». Ainsi apparaissait, par la vertu du Sang divin, celui auquel le Psalmiste avait dit : « Levez-vous dans votre gloire et votre beauté, et marchez au triomphe [78] ! » Après l’Époux, un autre dialogue nous montrait ce matin l’Épouse, puisant elle-même dans ce Sang précieux la surhumaine beauté qui convient au banquet des noces de l’Agneau. Car les Antiennes des Laudes mettaient en scène, ainsi qu’il suit, les membres de l’Église, spécialement les Martyrs, en qui sa gloire rayonne davantage : « Ceux-ci que l’on voit revêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où sont-ils venus ? — Ceux-là sont venus de la grande tribulation, et ont lavé leurs robes dans le Sang de l’Agneau, C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu et le servent jour et nuit. Ils ont vaincu le dragon par le Sang de l’Agneau et la parole du Testament. — Bienheureux ceux qui lavent leurs robes dans le Sang de l’Agneau ! »

L’Église ce soir revient à son Seigneur, en reprenant aux secondes Vêpres les Antiennes des premières.

Si cette fête doit passer comme toute fête ici-bas, son objet reste et fait le trésor du monde. Qu’elle soit pour chacun de nous, comme elle l’est pour l’Église, un monument des plus sublimes faveurs du ciel. Puisse chaque année, en ramenant son passage sur le Cycle, trouver en nos cœurs de nouveaux fruits d’amour éclos sous la rosée féconde du Précieux Sang.

58] Ex. XXIV, 8 ; Heb. IX, 20.

[59] Heb. X, 19-24.

[60] Ibid. XIII, 20-21.

[61] Le commentaire de l’Année Liturgique date d’avant la réforme du calendrier de St Pie X, qui libéra le 1er dimanche de juillet de la fête du Précieux Sang pour la fixer au 1er juillet.

[62] Ambr. De Offic. I, 48.

[63] Aug. Confess. XIII, 35-37 ; de Genesi ad litt. IV, 13-17 ; et alibi passim.

[64] Heb. III, 7-8, ex Psalm. XCIV.

[65] Ibid. 14.

[66] Ibid. IV, 1.

[67] Ibid. 3.

[68] Ibid. 9.

[69] Ibid. 11.

[70] Ibid. II, IV.

[71] Hebr. V, VI.

[72] Aug. Homil. diei, ex Tract, CXX in Johan.

[73] Sermo IIi Nocturni.

[74] Cant. I, 6.

[75] Eph. V, 27.

[76] Quis est iste qui venit de Edom, tinctis vestibus de Bosra ? Iste formosus in stola sua. Prima Antiphona in Vesperis.

[77] I Johan. IV, 19.

[78] Psalm. XLIV.


Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum


Aujourd’hui le Missel note l’octave de saint Jean-Baptiste, qui pourtant, dans le calendrier romain, apparaît seulement durant le bas moyen âge. Dans la réforme liturgique accomplie sous Pie X, on fixa au contraire à ce jour la fête du Précieux Sang, déjà instituée sous Pie IX et attribuée au premier dimanche de juillet.

Le sens de cette fête est analogue au sens de celle du Sacré-Cœur. Le Sang représente le prix de la commune rédemption que l’amour de Dieu ne voulut pas être inférieur à Lui-même. Il existe une relation intime entre le Cœur et le Sang, non seulement parce que, au dire de saint Jean, du Cœur blessé de Jésus jaillit après sa mort le sang et l’eau ; mais parce que le premier calice où ce Sang divin fut consacré et vivifié fut le Cœur du Verbe incarné.

Le bienheureux Gaspar del Bufalo fut à Rome l’apôtre de la dévotion au Précieux Sang, sous le vocable duquel il fonda une congrégation de missionnaires. Son corps repose dans l’antique diaconie de Sainte-Marie in Trivio, et dans la Ville éternelle les vieillards se souviennent du fervent missionnaire.

La messe est d’une facture tout à fait récente. Dans l’ancien rit romain, la messe du dimanche de la Passion était consacrée à rappeler au souvenir des fidèles l’efficace du Sang de Jésus-Christ.

L’introït emprunte son antienne au cantique des Bienheureux dans l’Apocalypse (V, 9-10) : « Par votre Sang, Seigneur, vous nous avez rachetés de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation, et, de nous, vous avez formé le royaume de notre Dieu ». La rédemption est universelle, parce que Dieu est la charité par essence, et celle-ci n’a ni mesure ni bornes. Quels que soient le rang et la condition de vie où l’on se trouve, la plus héroïque sainteté est donc possible, et les fastes de l’Église le démontrent.

Suit le psaume 88. Tandis que, dans le royaume céleste, c’est-à-dire dans ce royaume dont parlait saint Jean tout à l’heure, les anges très purs entonnent le trisagion à la gloire de la sainteté de Dieu, les âmes rachetées dans le Sang de l’Agneau élèvent un autre cantique, beaucoup plus adapté à leur humble condition : « Je chanterai éternellement les miséricordes du Seigneur ; et mes lèvres annonceront à tous les âges votre vérité ».

Voici la première collecte : « Seigneur éternel et tout-puissant qui avez établi votre Fils Rédempteur du monde, et qui avez voulu être apaisé par son Sang ; faites que vénérant par un culte solennel le prix de notre rachat, nous évitions par ses mérites tous les maux ici-bas, pour obtenir ensuite dans le ciel la plénitude de son efficacité ».

La première lecture (Hebr., IX, 11-15) commune à la messe du dimanche de la Passion, dont cette fête récente constitue en quelque sorte une répétition. Après le sacrifice du Calvaire, il est impossible de désespérer de son salut. Si l’efficacité du sang des victimes légales de l’Ancien Testament était si grande, combien supérieure ne sera pas celle du Sang du Christ qui, dans les ardeurs du Paraclet, s’offrit tout entier à la sainteté et à la justice du Père pour le rachat du monde ? Chaque fois donc que nous levons les yeux vers l’image du Crucifix et que nous contemplons ses plaies et son sang, disons-lui avec confiance et amour : vulnera tua, merita mea. Mes mérites, Seigneur, ce sont les plaies que vous avez voulu souffrir pour moi.

Le répons est tiré de la Ire Épître de saint Jean, v, 6-8. « Voici que vient Jésus-Christ, qui n’est pas tel par le seul baptême dans l’eau du Jourdain, — comme le prétendait la fausse Gnose, — mais par l’eau et par le sang, — c’est-à-dire par la réalité de son humanité unie hypostatiquement à la divinité et reconnue authentiquement par la divine Trinité sur les eaux du Jourdain ». « Ils sont trois ceux qui sont témoins au ciel. Le Père, le Verbe et l’Esprit Saint, et ces trois sont un ». « Ils sont trois, ceux qui attestent la divinité de Jésus à l’occasion de son immersion dans le Jourdain. Le Saint-Esprit, l’eau — c’est-à-dire le baptême — et le sang, — c’est-à-dire sa véritable humanité, — et ces trois témoignages en constituent un seul ».

Le verset alléluiatique forme la suite du passage précédent : « Alléluia. Si nous recevons le témoignage humain, combien plus grand est le témoignage divin ! »

A vrai dire, celui qui a choisi ces passages pour la fête du Précieux Sang s’est arrêté trop exclusivement à la mention du sang, sans tenir compte du contexte de l’épître de saint Jean. Ici l’Apôtre veut démontrer, contre les gnostiques, la divinité du Christ, en soutenant qu’il est tel dès sa conception en vertu de l’union hypostatique, et non pas simplement parce qu’au moment de son baptême lui aurait été conférée la divinité en raison de ses mérites, comme le voulaient les hérétiques. « Non, dit Jean, Jésus est né Fils de Dieu, et il ne l’est pas devenu plus tard. Non in aqua solum, sed in aqua et sanguine ».

La lecture évangélique (Ioan., XIX, 30-35) est la même que pour la fête du Sacré-Cœur de Jésus. Le Sauveur, dans sa Passion, a répandu son Sang en grande abondance. Or on se demande pourquoi Jean rapporte en termes si solennels la dernière effusion de son sang mêlé à de l’eau, quand déjà le Cœur de Jésus avait cessé de battre ? A cause de son symbolisme, répondent les Pères. La fausse gnose prétendait que la divinité avait abandonné Jésus au moment où il s’écria sur la Croix : Deus meus, Deus meus, ut quid dereliquisti me ? Jean au contraire, qui avait déjà soutenu précédemment que le témoignage rendu par l’Esprit Saint à la divinité de Jésus dans les eaux du Jourdain était identique à celui qui ressortait du symbolisme de l’eau et du sang jaillis de son cœur après la mort, rapporte ici le prodige, l’authentiquant de la garantie propre de l’Apôtre du Verbe.

L’antienne pour l’offrande des oblations est tirée de la Ire Épître aux Corinthiens (X, 16) et contient probablement une allusion à la coupe qui, au banquet pascal, était appelée le calice de bénédiction. Jésus fit du symbole une réalité, et la coupe de bénédiction devint l’Eucharistie. « Le calice de bénédiction sur lequel nous prononçons la consécration, n’est-il pas la Communion au Sang du Christ ? Et le pain que nous brisons n’est-il pas la Communion au Corps du Christ ? »

La collecte sur les oblations s’inspire de l’Épître ad Hebræos : « Par les mérites de ces divins Mystères, faites que nous puissions, Seigneur, nous unir ainsi au Médiateur du testament nouveau, Jésus, pour renouveler ensuite dignement sur vos autels l’offrande de son Sang, beaucoup plus éloquent que le sang d’Abel ».

L’antienne pour la Communion est tirée de l’Épître aux Hébreux et nous rappelle le caractère différent de la double parousie du Christ. (Hebr., IX, 28) : « Une première fois le Christ s’offrit comme victime d’expiation pour les péchés de l’humanité. La seconde fois, Il apparaîtra sans avoir de péchés à expier, mais pour conduire au salut tous ceux qui attendent sa venue ».

La prière d’action de grâces s’inspire des textes bien connus d’Isaïe (XII, 4) et de saint Jean (IV, 14) ; mais il semble que le rédacteur de la messe les ait joints l’un à l’autre avec peu de bon goût littéraire : « Admis, Seigneur, à votre table sacrée, nous avons puisé avec joie les eaux aux sources du salut ; nous vous demandons donc que le sang du Rédempteur devienne en nous comme une source d’eau qui s’élève jusqu’à la vie éternelle ».

Dans la sainte Écriture, la grâce est à bon droit comparée à l’eau qui est... pretiosa et casta, comme chantait saint François, De même, en effet, que l’eau est limpide, qu’elle rafraîchit, féconde et purifie, ainsi l’œuvre du Divin Paraclet apaise la concupiscence, expie les fautes, ramène l’âme à sa vérité native et lui confère la force de s’élever à Dieu et d’agir conformément à ce nouvel état surnaturel de fille du Très-Haut.



Dom Pius Parsch, Le Guide dans l’année liturgique


Le sang divin, le prix de la Rédemption.

Cette fête populaire dépasse le Vendredi-Saint, le jour de la mort du Seigneur, les fêtes de la Croix et la fête du Sacré-Cœur ; elle met devant nos yeux la valeur immense du divin sang rédempteur. Tout le mois de juillet est consacré au « Précieux Sang » (c’est intentionnellement que cette fête a été placée le premier jour du mois).

Cette fête n’appartient pas à la liturgie strictement classique car elle est née de la réflexion, de la méditation. L’antique liturgie aime dans ses fêtes l’action plutôt que la pensée. D’un autre côté cette fête correspond aux aspirations de l’âme moderne qui s’attache si volontiers à la méditation de la Passion du Christ. Cette fête a en outre l’avantage de nous placer au centre même de notre foi, la Rédemption Conformément à cet esprit, nous allons rassembler les Images différentes que l’Église, au bréviaire et au missel, nous donne du Précieux Sang. Nous les partagerons en trois groupes : 1. Images figuratives, extraites de l’Ancien Testament ; 2. Images historiques, l’histoire du Précieux Sang du Seigneur ; 3. Images symboliques

1. Trois images figuratives.

a) L’Église nous ramène au berceau de l’humanité. Caïn et Abel offrent chacun un sacrifice. Le sacrifice d’Abel est agréable à Dieu, mais pas celui de Caïn. Ce fut l’origine du péché de jalousie et finalement du fratricide. La terre altérée but le sang d’Abel. Mais le sang cria vengeance contre le meurtrier. C’est une figure du sang du Christ qui, sur le Calvaire, crie non pas vengeance mais rédemption.

b) Quelques millénaires plus tard. Le peuple d’Israël est opprimé par les Égyptiens. Dieu ordonne au peuple d’immoler un agneau pascal et d’enduire de son sang les montants des portes. L’ange de la mort passera devant ces maisons sans entrer. Mais, là où les portes ne seront pas marquées de sang, tous les premiers-nés masculins seront tués, depuis le premier-né du roi jusqu’à celui de la servante. Ce sang sur les montants des portes est une figure du sang du Christ. « Le sang d’un agneau peut-il sauver un homme ? Non ; mais il a de la puissance comme figure du sang rédempteur ». Quand le meurtrier voit le seuil de notre âme marqué du sang du Christ, il passe sans s’arrêter ; notre âme est sauvée.

c) Le Prophète Isaïe voit, dans sa vision, un homme qui écrase des raisins dans le pressoir (C’était la coutume en Orient de piétiner les raisins rouges dans le pressoir). Le Prophète interroge cet homme : « Pourquoi ton vêtement est-il si rouge ? » « J’ai dû fouler seul le pressoir, et parmi les peuples personne n’est avec moi ». Celui qui foule le pressoir est le Christ dont l’habit est rougi par le sang rédempteur.

2. Images historiques. — L’Église nous montre les premières gouttes de sang qui brillèrent sur le couteau le jour de la circoncision de Jésus. Sur le mont des Oliviers, nous voyons, dans la nuit, au clair de lune, le visage divin couvert du sang de l’agonie. L’infortuné Judas, désespéré, jette dans le temple l’argent du sang ; « J’ai trahi le sang innocent ». L’Église nous conduit ensuite à la colonne de la flagellation et nous montre le Seigneur dans sa plus profonde humiliation. Sous les coups cruels, le sang divin jaillit de tous côtés sur le sol. Le Christ est conduit devant Pilate. Celui-ci montre à la foule le corps ensanglanté : Ecce homo. Nous marchons à travers les rues de Jérusalem et nous suivons les traces sanglantes qui nous conduisent jusqu’au Golgotha. Du bois de la Croix ruisselle le sang. Un soldat ouvre le côté du Seigneur, et il en coule du sang et de l’eau.

3. Deux images symboliques.

a) Adam dort d’un sommeil extatique. Dieu ouvre son côté, prend une côte et en forme Ève, la mère des vivants. Nous considérons en esprit le second Adam, l’Adam divin, le Christ. Il dort du sommeil de la mort. De son côté ouvert coulent du sang et de l’eau. C’est le symbole du baptême et de l’Eucharistie, le symbole de la seconde Ève, la mère de tous les vivants. Par le sang et l’eau le Christ voulait sauver tous les nombreux enfants de Dieu et les mener à la fin éternelle.

b) Nous voyons une cérémonie du culte juif au jour de la Fête de l’Expiation. Le grand-prêtre pénètre une fois par an dans le Saint des Saints, et asperge l’arche d’alliance avec le sang des taureaux et des boucs en signe d’expiation pour les péchés du peuple. L’Église nous présente cette image en lui donnant une signification plus élevée : le grand-prêtre divin, le Christ, entre une fois pour toutes, le Vendredi Saint, dans le Saint des Saints du ciel, qui n’est pas fait de main d’homme ni aspergé avec le sang des taureaux et des boucs ; il procure au peuple avec son propre sang une éternelle rédemption. Cette image est mise sous nos yeux par l’Épître du jour

Une image finale : L’Église nous conduit au dernier acte du sacrifice. Nous voyons un office célébré au ciel : au centre, sur l’autel, l’Agneau, immolé mais vivant, empourpré de son sang ; autour de lui, la foule innombrable des élus, en vêtements blancs, lavés dans le sang de l’Agneau. La foule des saints chante l’hymne de la Rédemption : « Vous nous avez rachetés par votre sang, nous qui venons de toute tribu, de tout peuple, de toute nation ! » — Maintenant, de la méditation passons aux actes. Nous sommes assez heureux pour posséder réellement parmi nous ce Divin Sang, pour l’offrir au Père céleste en faveur des âmes du monde entier ; oui, nous pouvons le faire fructifier.

SOURCE : http://www.introibo.fr/Le-Precieux-Sang-1er-juillet


« Le Précieux Sang est le plus grand, le plus irrécusable de nos besoins. Il n'y a pas de véritable vie sans lui. Cependant il nous est très important de bien concevoir ceci, la création tout entière ne pouvait le mériter. Quelque nécessaire qu'il soit, il ne nous est nullement dû ; nous n'y avons aucun droit. L'amour de Dieu à notre égard nous a déjà paru comme une invention romanesque. Tout ce que Dieu a fait pour nous est prodigieux. Il nous est presque impossible de le croire, maintenant même que notre pensée s'y arrête avec plus de loisir. Nous connaissons la tendresse ineffable de notre Créateur, sa facilité à se laisser apaiser, la douceur de son Coeur, son inclination à pardonner. Nous savons que les besoins de ses créatures plaident auprès de lui d'une manière plus éloquente que nous ne pouvons le dire. Cependant, il n'y a pas de nécessité qui ait pu exiger le Précieux Sang, pas de mérites qui aient pu le gagner, pas de prières qui aient pu l'obtenir. Enfin, il n'y a pas d'intelligence créée, ni angélique, ni humaine, qui ait jamais pu imaginer rien de pareil.

Le ciel serait rempli de multitudes innombrables de bienheureux aussi parfaits que saint Joseph, que saint Jean-Baptiste ou les apôtres, et tous ces saints auraient-ils encore dans leur sainteté le pouvoir de mériter, jamais, pendant des milliers et des milliers de siècles, leurs mérites réunis n'auraient pu gagner une seule goutte du Précieux Sang. [...] Réunissons ensemble les saints, les anges et Marie dans tout l'éclat de leur sainteté, supposons que cette sainteté va toujours croissant dans la suite sans fin des âges et des siècles, jamais ils n'auraient pu mériter le mystère de l'Incarnation dont la vertu réparatrice réside dans le Précieux Sang. Oh ! cette pensée inonde mon coeur de joie. Avoir toujours à reposer sur la libre souveraineté de Dieu, au lieu de reposer sur ma petitesse et ma misère ; toujours retomber sur la magnificence gratuite de Dieu, être pour toujours redevable de tout, et de quel tout, à Jésus ! ô Dieu miséricordieux ! cette joie est de toutes les joies de la terre celle qui se rapproche le plus de la joie des cieux. »

R.P. F.W. Faber (1814-1863), Le Précieux Sang ou le Prix de notre Salut, Paris, Ambroise Bray, 1867 (4ème éd.).



L'histoire tout entière de l'Eglise est l'histoire du précieux sang, car c'est l'histoire de la prédication de Jésus crucifié, selon la mémo¬rable expression de saint Paul. Cette dévotion est née avec le christia¬nisme. L'Apôtre des nations la recommande à chaque page de ses sublimes écrits : il y parle en effet constamment de la croix de Jésus-Christ et du sang qu'il a répandu pour le salut du monde ; il revient sans cesse à ce sujet et c'est un besoin pour son amour de s'y arrêter. Les saints Pères, en particulier saint Jean Chrysostome et saint Augustin, ont marché sur les traces de saint Paul ; et parmi les Saints, ceux que nous honorons davan¬tage sont ceux qui ont le plus honoré la Passion de Notre Seigneur, qui ont reçu le plus dignement son corps comme nourriture et son sang comme breuvage divin.

Sainte Catherine de Sienne a beaucoup contribué à propager le culte du précieux sang, comme dévotion spéciale. On cite encore parmi les servantes de Dieu qui se distinguèrent par un amour plus ardent du précieux sang, Osanna de Mantoue, qui était ravie en extase chaque fois qu'elle voyait du sang ; sainte Marie-Madeleine de Pazzi ; la vénérable Marie-Françoise des Cinq Plaies, religieuse d'Alcantara; Françoise de la Mère de Dieu, carmélite de France ; la vénérable Anne de Jésus, compagne de sainte Thérèse, qui, un jour en communiant, eut la bouche remplie d'un sang délicieux qui découlait de l'hostie; la carmélite Marguerite de Beaune; Marguerite de la Passion, carmélite de Rouen, et tant d'autres.

On vénère en divers endroits des reliques soit d'un sang miraculeux, soit du précieux sang, et les grâces obtenues par ce moyen ont augmenté cette dévotion. Elle fut l'objet de plusieurs confréries qui contribuèrent aussi beaucoup à la répandre et à l'accroître. Il en existait anciennement une à Ravenne ; il y en avait une à Rome sous Grégoire XIII. Mais c'est spécialement sous Pie VII qu'une archiconfrérie du précieux sang fut établie à Rome. Ce Pape l'enrichit de nombreuses indulgences ; il favorisa de même la congrégation des missionnaires du précieux sang, fondée sous son pontificat. L'existence de confréries du même genre en Espagne atteste une dévotion spéciale pour le précieux sang dans ce pays. L'Angleterre a occupé aussi sa place autrefois dans l'histoire de cette dévotion. Le frère d'Henri III, Richard de Cornouailles, apporta dans ce pays une relique importante du précieux sang, et il fonda la congrégation des Bonshommes pour la garder. La France a donné, entre autres, les Bernardines du pré-cieux sang, qui atteignirent la plénitude de leur développement à Paris, en 1654.

Mais nul pontificat n'a été aussi favorable que celui de Pie IX, au déve¬loppement de la dévotion au précieux sang. C'est sous lui que, par suite d'une révélation particulière, le scapulaire rouge a été institué et enrichi de nombreuses indulgences. La confrérie du précieux sang a vu, grâce à la munificence du Pontife , augmenter ses indulgences ; et par suite de nouvelles confréries ayant le même but ont été établies dans différentes villes. Quand Pie IX, après son exil de Gaële, rentra dans Rome, il adressa à l'univers entier un décret qui instituait une nouvelle fête du précieux sang , le premier dimanche de juillet. L'institution de cette fête demeure aussi un monument des vicissitudes de l'Eglise et de l'assistance qu'elle reçoit de son divin fondateur.

Prenant pour guide le Père Faber, comme nous venons de le faire, nous indiquerons, quand nous parlerons de la fête de juillet, la nature de la dévotion au précieux sang et les avantages que les âmes pieuses en doivent retirer.

La fête du 1er juillet

Toutes les dévotions ayant leurs fruits caractéristiques, leurs significations théologiques, nous allons dire quelque chose des traits distinctifs de la dévotion au Précieux Sang. Notre époque est une époque de libertinage ; et une époque de libertinage, par une sorte de logique pra¬tique, est toujours une époque d'infidélité. Tout ce qui fait ressortir le côté de Dieu dans la. création, et exalte son action surnaturelle et incessante dans le monde, est une controverse à laquelle l'infidélité ne peut résister. Or, c'est ce que la dévotion au Précieux Sang fait d'une manière fort remarquable. Elle nous montre que l'on ne peut trouver la véritable signification de toutes choses que dans le plan de la rédemption, en dehors de laquelle il serait de toute inutilité de discuter les problèmes de là création. Elle nous révèle le caractère de Dieu aussi bien que celui de l'oeuvre de Jésus. En faisant ressortir les merveilles de l'Eglise et la vertu des sacre-ments, elle fait pénétrer dans nos cœurs l'amour de la souveraineté divine, en même temps que le sentiment d'une liberté large, pleine et entière. En répandant une brillante lumière sur les réalités humaines les plus intimes de l'incarnation, elle prévient la fausse spiritualité.

Un autre trait distinctif de la dévotion au Précieux Sang, c'est la ma¬nière dont elle fait ressortir, et dont elle conserve toujours présent à nos yeux le principe du sacrifice. Le sacrifice est tout particulièrement l'élé¬ment chrétien de la sainteté; et c'est précisément cet élément que la na¬ture a en horreur et qu'elle repousse de toutes ses forces. Ce serait chose facile d'être un homme spirituel, si pour cela il suffisait d'avoir des vues droites, des sentiments élevés, ou des aspirations ferventes. La pierre de touche de la spiritualité, c'est la mortification. Les amusements mondains, le bien-être domestique, une nourriture choisie, l'habitude quotidienne de faire toujours notre propre volonté dans les moindres détails de la vie, sont toutes choses incompatibles avec la sainteté, lorsqu'elles sont habi¬tuelles et qu'elles forment le courant normal et ordinaire de notre exis¬tence. La peine est nécessaire pour la sainteté; la souffrance est essentielle pour la destruction de l'amour-propre ; il est de toute impossibilité que les habitudes de vertu puissent se former sans la mortification volontaire, et la douleur doit féconder la grâce, pour lui faire porter des fruits. Si un homme ne s'impose pas constamment des sacrifices, il se trompe, il est dans l'illusion, et il ne fait aucun progrès dans la spiritualité. Si un homme ne renonce pas tous les jours à lui-même, il ne porte pas sa croix. Toutes les formes, toutes les images, toutes les associations, toutes les idées de la dévotion au Précieux Sang respirent le sacrifice. Elles fatiguent l'âme par un sentiment perpétuel de mécontentement et de défiance à l'égard de. tout ce qui n'est pas sacrifice; et cette gêne est une sollicitation de la grâce. Avec le temps, elles nous pénètrent de l'amour du sacrifice; et gagner cet amour du sacrifice, c'est avoir gravi les premières hauteurs de la sainteté, c'est respirer l'air pur et fouler le sol plus uni du plateau supé-rieur des montagnes de la perfection. C'est la mission particulière du Pré¬cieux Sang, de prêcher une croisade contre la tranquillité du bien-être.

Un autre trait caractéristique de la dévotion au Précieux Sang, c'est qu'elle ne prend pas la place des autres dévotions, mais que par son exten¬sion même elle leur procure un plus large espace pour se développer. Il nous est impossible d'avoir une dévotion égale pour tous les objets, il n'y a pas assez de largeur en nous pour cela; nous sommes obligés de prendre les choses en détail. Le Calvaire finit par détourner nos pensées de Bethléem, et Bethléem finit par détourner nos pensées du Calvaire. Un mystère vient se mettre à la traverse d'un autre, et les dévotions se dérobent mu¬tuellement la lumière. Mais ce qu'il y a de particulier dans la dévotion au Précieux Sang, c'est qu'elle n'embarrasse pas les autres, et qu'au contraire elle favorise plutôt leur développement. Elle n'est pas seulement une dévotion distincte, séparée, et douée de son esprit propre, mais elle entre aussi dans d'autres dévotions; elle est une forme particulière, et une forme que beaucoup d'entre elles peuvent revêtir. Elle se mêle de la manière la plus naturelle avec la dévotion à la sainte Vierge. Elle est une splendeur ajoutée à chacun de ses mystères; elle répand sur eux la lumière; et elle fait venir Marie dans les mystères de Jésus. Elle a, comme nous le verrons bientôt, un rapport spécial avec l'Immaculée Conception. Elle forme en elle-même une dévotion séparée envers notre tendre Mère, considérée comme la source du Précieux Sang, et uns dévotion de la tendresse la plus ineffable, puisque c'est la dévotion à son Cœur immaculé et à son sang pur et sans tache.

Elle est aussi une variété de la dévotion à la Passion. Elle nous offre un point de vue sous lequel nous pouvons considérer chacun des mystères sé¬parés de ce grand drame, en même temps qu'elle est un moule dans lequel nous pouvons les jeter tous pour ne plus en faire qu'un seul. Elle produit ainsi l'unité dans la dévotion de la Passion, et elle y produit aussi la variété. puisqu'elle vient s'y ajouter comme dévotion spéciale. Lorsque nous dési¬rons embrasser l'ensemble de la passion d'un seul coup d'œil, nous sentons que, ne la considérer que comme le mystère unique de la Passion, c'est quelque chose de trop large pour nous, et que nous tombons dans le vague. Or, le vague est précisément ce que nous devons chercher à éviter dans la dévotion à la Passion. Sa vertu réside dans son caractère saisissant; à moins d'avoir ce caractère, elle ne sera pas vraie ; et si elle n'est pas vraie, elle ne sera pas respectueuse. Aussi nous avons divers moyens à l'aide desquels nous obtenons l'unité dans le mystère de la Passion, quoique nous en con-sidérions séparément les diverses parties. Nous prenons les cinq jugements de Notre Seigneur, ses sept voyages, ses sept paroles ou ses cinq plaies. Toutes ces choses sont d'excellentes inventions de l'amour; mais le Pré¬cieux Sang nous donne une unité plus naturelle et aussi des détails plus frappants.

Nous pouvons dire la même chose de la dévotion à Jésus ressuscité. C'est une dévotion que nous cultivons par des méditations séparées sur les belles apparitions des quarante jours. Nous en retirons de brillantes pen¬sées sur Dieu, les vues les plus lumineuses sur sa souveraineté adorable, des désirs célestes, une dévotion plus respectueuse et plus profonde envers Marie, un zèle plus ardent des âmes, et tout ce qui peut servir à l'allégresse de sa sainteté. L'allégresse est le trait distinctif de cette dévotion. Mais lorsque nous désirons lui donner de l'unité, nous la trouvons, cette unité, ou bien dans la dévotion à l'âme de notre tendre Sauveur, ou bien dans la dévotion à son Sang précieux.

La dévotion au Précieux Sang est aussi une autre forme de la dévotion au Saint-Sacrement. La dévotion au Précieux Sang dans le calice peut être considérée non seulement comme une nouvelle forme de cette dévotion, mais aussi comme une dévotion particulière, en même temps que l'adora¬tion spéciale du Précieux Sang, lorsque nous nous tenons à genoux devant le tabernacle, est une forme de dévotion qui dit beaucoup à notre intelli¬gence, et qui nous rend plus capables de comprendre les augustes réalités de ce redoutable sacrement.

Mais il n'y a pas pour la dévotion au Précieux Sang d'alliance plus étroite que celle qui existe entre elle et la dévotion au Sacré Cœur; le Pré¬cieux Sang est la richesse du Sacré Cœur ; le Sacré Cœur est le symbole du Précieux Sang, et non seulement son symbole, mais son palais, son foyer, sa source. C'est au Sacré Cœur qu'il doit la joie de sa mobilité et la gloire de son impétuosité. C'est au Sacré Cœur qu'il retourne avec une prompti¬tude de tous les instants, et c'est à lui qu'il s'adresse comme un entant à sa mère, pour en recevoir de nouvelles forces, une nouvelle vigueur et la con¬tinuation des pulsations qui ne doivent jamais s'arrêter. La dévotion au Précieux Sang est la dévotion qui dévoile les réalités physiques du Sacré Cœur. La dévotion au Sacré Cœur est l'expression figurative des qualités, des dispositions, et du génie du Précieux Sang; la figure seulement est elle-même une réalité vivante et adorable. Le Sacré Cœur est le Cœur de notre Rédempteur : cependant ce n'est pas le Sacré Cœur qui nous a ra¬chetés. C'est uniquement le Précieux Sang, et rien que le Précieux Sang, qui a été l'instrument choisi de notre rédemption. C'est dans cette réalité spéciale, dans cet office où il n'a pas d'égal, dans ce privilège que personne ne partage avec lui, que réside la grandeur du Précieux Sang, grandeur qu'il communique aussi à la dévotion qui lui est consacrée. Sans cette dis¬tinction, la dévotion au Précieux Sang et la dévotion au Sacré Cœur n'en formeraient qu'une seule, considérée sous deux différents aspects. L'une honorerait les opérations actuelles de la nature humaine de notre tendre Sauveur, l'autre exalterait ses dispositions intérieures, ses charmes cachés, sa tendresse caractéristique, ses libéralités prodigues, et ses magnifiques affections. L'une aurait à s'occuper des opérations, l'autre de leurs signifi¬cations; l'une examinerait les actes, l'autre, leurs conséquences; l'une serait l'explication et le commentaire de l'autre. Telle est l'intimité de leur union. Mais le fait mystérieux que le sang et le sang seul de Jésus a été choisi pour être le prix de la rédemption de l'homme, et que c'est le sang seulement et le sang versé dans la mort qui nous a réellement rachetés, ce fait, disons-nous, revêt le Précieux Sang d'une majesté distinctive, à la¬quelle ne participent que par circonstance le corps et l'âme de Notre-Sei-gneur. De là il suit que, si nous voyons communément que la dévotion au Précieux Sang et la dévotion au Sacré Cœur vont ensemble, nous voyons aussi de temps en temps, et c'est une exception à la règle donnée plus haut, que l'une vient se mettre à la traverse de l'autre, comme si elle n'en était qu'un aspect différent, plus en rapport avec le goût spirituel de l'âme. Mais en réalité celte apparence d'opposition n'est qu'une preuve de l'inti¬mité de leur alliance.

En parlant de celte harmonie de la dévotion au Précieux Sang avec les autres dévotions, nous devons mentionner un autre de ses traits distinctifs, qui offre un grand intérêt au point de vue dont il enchaîne toutes les vies de Jésus, de façon à n'en faire qu'une seule. Le Précieux Sang fait dans la dévotion ce qu'il fait dans la réalité de son existence. De même qu'il pé¬nètre le corps tout entier de Nôtre Seigneur, et qu'il est sa vie, ainsi il est le moule dans lequel ne viennent plus en former qu'une seule toutes ces vies. Le Précieux Sang coule dans toutes ces vies, et il est leur seule et unique vie humaine. Cependant il n'est pas un lien purement Imaginatif auquel notre dévotion se plaît à les rattacher, par convenance, comme autant de grains d'un chapelet, il est une unité vivante ; en coulant dans toutes, il n'en fait qu'une seule, et il donne à chacune d'elles une signification spé¬ciale, une lumière particulière.

Son usage comme puissance d'intercession est un autre trait caracté¬ristique de la dévotion au Précieux Sang. C'est l'office spécial du sang de notre Sauveur d'intercéder. Son existence même est la plus puissante de toutes les prières ; sa présence dans le ciel est une force qui n'est surpassée que par la toute-puissance. Le Précieux Sang a été la force par laquelle Dieu a racheté l'homme. Il est la force au moyen de laquelle l'homme obtient auprès de Dieu. Il a été l'oblation qui, dans son offrande actuelle, a réconcilié avec ses créatures coupables le Créateur offensé. Il a été l'oblation dont la prévision seule a déterminé Dieu à inonder le monde de miséricordes, et dont l'imitation, dans le sang des animaux, a été autrefois la religion véritable de la terre. Il est l'oblation qui donne aux oblations chrétiennes toute leur efficacité par leur union spirituelle avec elle-même. Il est l'oblation dont la répétition réelle sur l'autel continue à donner à la création ses droits à l'indulgence de son Créateur. Sous ce rapport aussi la dévotion au Précieux Sang offre une réalité plus vivante et plus intime que les autres dévotions. Bien des révélations, qui nous viennent de l'autre monde, attestent la dévotion particulière des morts au Précieux Sang. Il a été permis à des âmes du purgatoire d'apparaître et de dire comment, dans leur patrie de souffrance et de désolation, il n'y a que le sang, le sang de l'adorable sacrifice de la messe qui puisse éteindre les feux qui les dé¬vorent. Les tableaux qui représentent les anges tenant des calices auprès du côté ouvert de Jésus, pendant que Marie prie à ses pieds, et puis, ver¬sant ces calices dans les flammes du purgatoire, ne font que nous exposer simplement cette vérité catholique telle qu'elle existe dans la pensée des fidèles. Les prières pour la conversion des pécheurs cherchent naturelle¬ment leur efficacité dans l'oblation du Précieux Sang ; le Précieux Sang s'est répandu pour leur conversion. La conversion est sa principale occu¬pation sur la terre ; c'est son ouvrage bien plus que le nôtre. Employé pour atteindre ce but, il est quelque chose de plus qu'une puissance d'interces¬sion ; c'est lui qui accomplit l'oeuvre, il est tout à la fois la prière et la réponse à la prière. La prière pour l'exaltation de l'Eglise a spontanément recours au Précieux Sang, car l'Eglise est sa création spéciale, et la dévo-tion à l'Eglise est sa dévotion personnelle. C'est pourquoi il n'attend que notre invitation pour se joindre à nous avec toute l'impatience de l'amour. Aussi, nous pouvons bien nommer la dévotion au Précieux Sang une dévotion apostolique.

Il y a encore un autre trait caractéristique de cette dévotion, qui nous est fourni par son histoire, mais qui est loin toutefois de ne reposer que sur les circonstances historiques; c'est son alliance particulière avec l'Im¬maculée Conception. Le principal office de ces deux mystères est de faire mieux ressortir la grâce réparatrice, et tous les deux nous prêchent égale¬ment la rédemption. Le Précieux Sang a été l'instrument qui a racheté le monde ; et l'Immaculée Conception a été la première et la plus grande des victoires qu'il ait remportées. Ainsi, l'Immaculée Conception a été la plus haute et la plus ancienne des œuvres du Précieux Sang. Mais il y a plus que tout cela, nous voyons dans ces deux mystères un cercle vicieux ravis¬sant de cause et d'effet ; car tantôt c'est la cause qui est l'effet, et tantôt l'effet qui devient cause. C'est dans l'Immaculée Conception, qui est son œuvre de prédilection, que le Précieux Sang a d'abord pris naissance ; et l'Immaculée Conception n'a existé qu'à cause du Précieux Sang ; elle n'a existé que pour garantir sa pureté et protéger son honneur. Le Précieux Sang, par les mouvements souterrains de son ardent amour, a élevé les montagnes de l'Immaculée Conception, et puis, il a coulé de leur sommet comme l'onde pure d'une fontaine pour le bonheur des nations. L'Imma-culée Conception rentre donc de fait dans la dévotion au Précieux Sang. Elle est l'offrande la plus riche de la création, faite par la Reine des créa¬tures qui, dans la jubilation de son aurore sans tache, a ainsi couronné le Précieux Sang, en recevant elle-même sur son front sa couronne de prédi¬lection.

Il n'y a donc rien d'étonnant que nous trouvions dans ces deux dévo¬tions, la dévotion au Précieux Sang et la dévotion à l'Immaculée Con¬ception, une similitude d'esprit, une similitude de dons, et une similitude de grâces. Mais quelle est la distinction que la dévotion au Précieux Sang ne partage avec aucune autre ? Est-ce qu'il n'est pas une grandeur qui lui soit uniquement personnelle ? Oui, il en est une, mais elle n'est pas seule pour la posséder, et elle la partage avec la dévotion au Saint-Sacrement. Le privilège distinctif de la dévotion au Précieux Sang consiste en ce qu'elle renferme l'union particulière d'adoration et de dévotion, qui forme la spiritualité du ciel. Mais considérons plus attentivement l'esprit de cette dévotion, tel que nous le révèlent les fruits qu'il produit dans l'âme.

D'abord, il nourrit en nous un étonnement plein d'amour et toujours renaissant à la vue des choses ordinaires de la foi. Le surnaturel n'est pas nécessairement la même chose que le merveilleux ; l'amour du surnaturel est quelque chose de plus élevé que le désir du merveilleux ; c'est une grâce plus grande, une grâce féconde, une grâce qui en renferme beaucoup d'autres ; il y a peu de grâces que nous dussions désirer avec plus d'em¬pressement, pour beaucoup de raisons, mais pour celle-ci en particulier, qu'elle donne une très grande fécondité aux trois vertus théologales. La multitude est attirée par les miracles, les prophéties, les apparitions, les visions et les héroïsmes extraordinaires d'une sainteté inimitable. Nous devons aussi nous laisser attirer par ces objets ; Dieu les offre comme autant d'attraits, et dans son intention, ils doivent nous attirer. Mais pour l'âme qui réfléchit, pour l'âme qui aime, les choses communes de la foi sont mille fois plus attrayantes ; et pour la plupart aussi, elles sont en elles-mêmes beaucoup plus merveilleuses. Dans la religion, ce qui est com¬mun vaut mieux que ce qui ne l'est pas ; car les choses communes sont universelles, et ce sont ses dons les plus précieux que Dieu donne à tous les hommes, et ses dons particuliers qu'il accorde au petit nombre. Cette manière d'agir est une des voies de Dieu qui mérite d'être observée et justement appréciée ; ses faveurs de choix sont les plus universelles. Or, de toutes les choses surnaturelles, le Précieux Sang est la plus répandue, la plus commune et la plus accessible. Il entre dans tout ce qu'il y a de plus ordinaire dans la religion, avec une ubiquité qui ne se fatigue jamais, et sa dévotion participe à cette universalité qui lui est personnelle. Dans la spiritualité, à mesure que les années s'écoulent, les sages apprécient de plus en plus cette estime et cet amour des choses communes de la foi.

Voici un autre fruit de l'esprit de cette dévotion au Précieux Sang. Il est plus facile d'aimer Dieu que d'avoir confiance en lui. Notre plus grand défaut, dans le culte que nous rendons à Dieu, c'est le manque de confiance en lui. La confiance est la marque de la vérité de l'adoration ; c'est la plé¬nitude tranquille de l'amour. Quoi, mieux que l'étude du Précieux Sang, peut nous donner cette confiance en Dieu ? Qui peut douter de Jésus, quand il le voit verser son sang? Soit que nous regardions les grandeurs de ce sang précieux, ou ses libéralités, ou sa tendresse, ou ses particularités, le résultat de notre contemplation sera une confiance ferme et filiale. De là naîtra la générosité à l'égard de Dieu, cette vertu si importante, dont nous déplorons tous les jours l'absence en nos âmes, et que nous ne pre¬nons jamais la peine d'acquérir. Il est plus aisé d'être généreux, lorsque nous parvenons à avoir une entière confiance dans l'objet de notre amour. D'ailleurs, la prodigalité du Précieux Sang nous fera gagner la générosité, comme par une sorte de contagion. Il est difficile de vivre au milieu des flammes, et de ne pas brûler soi-même. L'excès de l'amour se trahit par l'imitation. Nous forons de grandes choses pour Dieu, si nous nous entre¬tenons continuellement des grandes choses que Dieu a faites pour nous.

Un autre don de cette dévotion est une haine violente et intelligente du péché. Il est inutile que la haine soit intelligente, si elle n'est pas aussi violente, et il vaudrait mieux qu'elle ne fût pas violente, si elle n'était pas, en même temps intelligente. Ce que réclame le plus impérieusement notre fidélité pour Dieu, c'est la sévérité à l'égard de la déloyauté. Notre vie, qu'est-ce autre chose qu'un composé de résistances à la grâce, de mépris d'avertissements divins, de lenteur dans l'exécution de nos devoirs, et d'inspirations négligées? Si nous haïssions le péché, comme nous devrions le haïr, purement, fermement, énergiquement, nous ferions plus de péni¬tences, nous nous imposerions plus de châtiments, et la douleur de nos fautes persévérerait autrement dans nos cœurs. Et puis, le couronnement de la déloyauté à l'égard de Dieu, c'est l'hérésie ; c'est le péché des péchés, le plus rebutant des objets sur lesquels puisse s'abaisser l'œil de Dieu dans ce monde de malice. Elle est la souillure de la vérité divine, la pire de toutes les impuretés. Cependant, combien nous la traitons légèrement ! Nous la regardons, et nous demeurons calmes ; nous la touchons, et nous ne frissonnons pas, nous nous mêlons avec elle, et nous n'éprouvons pis de crainte , nous la voyons toucher les choses sacrées, et nous n'avons pas le sentiment du sacrilège ; nous respirons son odeur, et nous ne manifestons aucun signe d'horreur ou de dégoût. Nous n'aimons pas assez Dieu pour entrer dans une sainte colère pour sa gloire. Nous n'aimons pas assez les hommes pour rendre à leurs âmes le service d'être vrais à leur égard. Nous n'avons plus l'esprit antique de l'Eglise, ni son antique génie. Notre charité n'est pas vraie, parce qu'elle n'est pas sévère, et elle n'est pas per¬suasive, parce qu'elle n'est pas vraie Dans ces jours où l'hérésie est répandue si universellement, nous avons besoin que saint Michel mette un cœur nouveau en nous. Mais la dévotion au Précieux Sang, avec son attachement à l'Eglise et sa parure des sacrements, nous donnera le cœur de saint Michel, et nous revêtira de la force nécessaire pour manier son épée. Qui jamais a tire cette épée avec une précipitation plus noble, ou qui a usé de la victoire avec plus de tendresse que ce généreux archange, dont le cri de guerre était : Tout pour Dieu ?

Le Précieux Sang est le sang de celui qui est spécialement la vérité incréée. Il est le sang de celui qui est venu avec sa vérité pour racheter les âmes. Aussi, l'amour des âmes est-il une autre grâce qui dérive de l'es¬prit de cette dévotion De toutes les choses qui existent, l'amour des âmes est peut être le plus éminemment catholique II semble que c'est un sentiment surnaturel, qui n'appartient qu'a l’Eglise II y a plusieurs classes de Saints, distinguées les unes des autres par des glaces toutes différentes, et par des dons dissemblables, presque incompatibles. Cependant, l'amour des âmes est un instinct commun aux Saints de toutes les classes. C'est une grâce qui vient accompagnée du plus grand nombre de faveurs, et qui suppose l'exercice du plus gland nombre de vertus C'est la grâce qui déplaît le plus au public irréligieux, car le péché lui même a ses instincts de conservation ; et c'est une grâce qui est particulièrement désagréable aux personnes mondaines. C'est un don aussi qui exige un discernement spirituel d'une délicatesse plus qu'ordinaire, car il est partout et toujours l'accord de l'enthousiasme et de la discrétion. L'activité naturelle, l'émulation vulgaire, une Bienveillance bruyante, l'amour de la louange, l'habitude de se mêler à tout, la trop grande estime de nos capacités, la bouillante ardeur d'une ferveur exagérée, l'obstination des vues particulières les folies sans fin d'une originalité indocile , toutes ces choses préparent autant d'illusions pour l'âme, et elles les multiplient tellement par leurs combinaisons variées, que le don de conseil et la vertu de prudence, de même que la froide audace d'un apôtre sont de toute nécessité pour l'exercice de cet amour des âmes. C'est une grâce laborieuse aussi, une grâce qui ennuie l'esprit, fatigue l'intelligence et apporte des désappointements au cœur. Voilà pourquoi, chez beaucoup de personnes, elle a une durée si courte. Elle entre dans la ferveur de presque tout le monde, mais elle se trouve dans la persévérance d'un bien petit nombre. C'est une grâce qui ne vieillit jamais, qui jamais n'éprouve les sentiments de la vieillesse, jamais ne ressent sa lenteur, ni son besoin de repos. Aussi, bon nombre d'hommes la laissent de côté, comme un objet appartenant à la jeunesse ; pour eux, c'est un état par lequel il fallait passer, mais dont on ne tarde pas à sortir ensuite. L'âme d'un apôtre est toujours jeune. Elle était mûre dans sa jeune prudence, et elle est impétueuse dans son zèle orné de che¬veux blancs.

Mais si c'est une grâce sans laquelle il est difficile de persévérer, c'en est une aussi qui donne une grande unité et une consistance merveilleuse à la vie d'un homme, et qui finit nécessairement par la couronner du suc¬cès le plus digne d'envie. S'il n'y a rien qui exige un travail plus pénible que l'amour des âmes, il n'y a rien non plus qui promette un succès aussi certain. L'amour des âmes est une combinaison parfaite de grandeurs spi-rituelles. C'est la plus large de. toutes les expressions du Sacré Cœur. Mieux que toute autre chose, il unit la charité envers Dieu et la charité envers les hommes. Il semble d'un côté comprendre Dieu d'une manière intui¬tive, et de l'autre posséder en lui-même un attrait surnaturel, qui le fait couronner le roi des hommes. Par lui, l'homme est doué d'une fécondité surprenante et jouit d'un bonheur que rien ne peut lui ôter. Il arrache du cœur la jalousie, la rivalité, les petitesses. L'amour des âmes vit également dans l'action et dans la contemplation, et il satisfait par là pour de nom¬breuses omissions dans la vie spirituelle. Il donne une simplicité charmante au caractère, modérant ce qu'il y aurait de trop enjoué, égayant ce qu'il y aurait de trop sérieux. Il est une émanation de la grandeur apostolique, une part à la mission des Apôtres, dont la vocation est au-dessus de toutes les autres vocations du monde, comme leur sainteté a été supérieure à toutes les autres saintetés. Il pénètre l'âme d'un violent amour de Jésus, et il la fait participer à ce qu'il y a de communicatif dans l'adorable carac¬tère de Dieu. Quelle grâce de posséder cet amour des âmes ! Et c'est la grâce peut-être qui ressort de la manière la plus directe, la plus naturelle et la plus infaillible de la dévotion au Précieux Sang.

Un autre fruit de la dévotion au Précieux Sang est une grande dévotion aux Sacrements. Le zèle des âmes est donné naturellement pour faire triompher les Sacrements. L'homme apostolique connaît les Sacrements par expérience. Il a vu ce qu'il y a de magique dans leurs opérations. Il a vu comment ils peuvent demeurer au sein de la corruption, semblables à des charmes divins, et détruire par leur influence mystérieuse tout ce qu'il pouvait y avoir de nuisible dans le voisinage, les restes, les associations, les racines et les attraits du péché. Il a manié leurs réalités divines, et c'est plutôt ce qu'il a vu que ce qu'il croit, qu'il adore. Mais non seulement une grande dévotion aux Sacrements est une suite nécessaire du zèle des âmes, elle est aussi un remède efficace contre tout ce qu'il y a de mondain, de matériel et d'antisurnaturel dans les tendances de l'époque. Et cette dévotion se développera en nous, à mesure que nous ferons des progrès dans la dévotion au Précieux Sang.

L'effet de la dévotion au Précieux Sang sur notre dévotion à la sainte Vierge peut bien aussi être cité comme une de ses grâces, et l'une des révélations de son esprit. Par elle notre dévotion à Marie devient partie intégrante de notre dévotion à Jésus, et ces deux dévotions se trouvent réunies en une seule. Elle fait entrer Marie d'une manière si intime dans le plan de la rédemption, et en même temps elle la considère séparément revêtue d'une telle splendeur, que le langage le plus élevé dont les Saints usaient à son égard nous devient facile, et qu'il n'est plus que l'expression naturelle de l'amour qui nous anime. Pour être enthousiaste, notre amour de Marie n'a besoin que d'être théologique. La dévotion au Précieux Sang revêt Marie d'une gloire nouvelle. Par elle, Jésus glorifie Marie, et Marie glorifie Jésus. Par elle, les mystères de Marie brillent comme désastres lumineux, et le Précieux Sang forme la clarté de la nuit de pourpre au milieu de laquelle leur éclat se montre plus visible et plus distinct. Celui qui peut trouver un point de vue différent d'où notre tendre Mère lui appa¬raît plus grande qu'auparavant, s'est procuré un nouveau moyen de sancti¬fication, car il a acquis une puissance nouvelle pour aimer Dieu; or, la dévotion au Précieux Sang est remplie de pareils points de vue.

La dévotion au Précieux Sang doit aussi naturellement nous donner un amour spécial pour la sainte humanité. Elle nous fait pénétrer jusque dans les plus profondes retraites de la vie humaine de Notre Seigneur. Comme chacune des pulsations de ce Sang divin, tous ses mystères présentent, à notre foi et à notre amour les réalités redoutables de la nature créée de Jésus, en même temps qu'ils paraissent ouvrir à nos regards les merveilles de l'union hypostatique, et nous en démontrer toute la force. Notre Sei¬gneur Jésus-Christ est Bien ; et nous l'adorons tous comme tel. Mais il y a une adoration particulière de sa Divinité qui procède d'un amour spécial pour son humanité. Nous voudrions bien aimer Dieu comme il nous aime. Mais il y a dans son amour pour nous une tendresse que son infinie majesté ne nous permet pas de lui rendre. Cependant, l'adoration de la divinité de Jésus, inspirée par une dévotion spéciale à son humanité, renferme un je ne sais quoi qui insinue cet élément de tendresse dans notre adoration, sans diminuer la sainte terreur de notre anéantissement; cet élément est un des dons particuliers de la dévotion au Précieux Sang.

Où se trouve Jésus, là tout honneur, toute gloire, tout amour se réunis¬sent autour de Dieu le Père. Qui peut douter alors que la dévotion au Pré¬cieux Sang ne soit aussi une dévotion au Père éternel ? Pensez à l'immen¬sité de l'amour de Dieu le Père pour ce Sang rédempteur ; de toutes les créations possibles, c'est lui seul qu'il a choisi pour être le prix de notre rédemption. Sa valeur seule a pu rendre au Créateur les trésors de gloire que le péché de la créature avait cherché à lui ravir. C'est seulement à la suite de sa victoire qu'il a bien voulu condescendre à recevoir de nouveau la souveraineté dont il avait été dépouillé ; sa plénitude seule a pu satis¬faire les exigences de ses perfections outragées, et il n'y a que sa mansué¬tude qui ait pu ramener une paix universelle entre le ciel et la terre. C'est à la personne du Père, par appropriation, que cette précieuse rançon de nos âmes a été payée. Bien plus, notre dévotion au sang du Fils n'est qu'une imitation de la complaisance que le Père y trouve. Ce sang est sa joie et sa dévotion ; nous unir à lui dans cette dévotion au sang de son Fils, c'est, en toute vérité, pratiquer une dévotion spéciale envers lui. La dévotion au Père éternel ! voilà la grâce si suave que nous devons appeler de toute l'ardeur de nos désirs.

Le Précieux Sang est une source intarissable dont les eaux fécondes coulent sur les âmes et les emportent dans leur cours vers l'abîme sans fond de l'amour. Travaillons donc à développer de plus en plus dans nos âmes cette dévotion précieuse que l'Eglise cherche aujourd'hui à raviver en nous.

Les Confréries du Précieux Sang ont été enrichies de nombreuses indul¬gences par les papes Grégoire XVI, Pie VII et Pie IX.


Precious Blood



The blood of our Divine Saviour. Jesus, at the Last Supper, ascribes to it the same life-giving power that belongs to His flesh (see EUCHARIST). The Apostles, St. Peter (1 Peter 1:2, 19), St. John (1 John 1:7; Apocalypse 1:5 etc.), and above all St. Paul (Romans 3:25; Ephesians 1:7; Hebrews 9:10) regard it as synonymous with Jesus's Passion and Death, the source of redemption. The Precious Blood is therefore a part of the Sacred Humanity and hypostatically united to the Second Person of the Blessed Trinity. In the fifteenth century some theologians, with a view of determining whether the blood shed by the Saviour during His Passion remained united to the Word or not, raised the point as to whether the Precious Blood is an essential part or only a concomitant of the Sacred Humanity. If an essential part, they argued, it could never be detached from the Word; if a concomitant only, it could. The Dominicans held the first view, and the Franciscans the second. Pius II, in whose presence the debate took place, rendered no doctrinal decision on the point at issue, However, chiefly since the Council of Trent (Sess, XIII, c. 3) called the body and blood of Jesus "partes Christi Domini the trend of theological thought has been in favour of the Dominican teaching. Francisco Suárez and de Lugo look askance at the Franciscans' view, and Faber writes: "It is not merely a concomitant of the flesh, an inseparable accident of the body. The blood itself, as blood, was assumed directly by the Second Person of the Blessed Trinity" (Precious Blood, i). The blood shed during the triduum of the Passion therefore reunited to the body of Christ at the Resurrection, with the possible exception of a few particles which instantly lost their union to the Word and became holy relics to be venerated but not adored. Some such particles may have adhered and yet adhere to the instruments of the Passion, e.g. nails, scourging pillar, Scala Sancta. Several places like Saintes, Bruges, Mantua etc. claim, on the strength of ancient traditions, to possess relics of the Precious Blood, but it is often difficult to tell whether the traditions are correct. Viewed as a part of the Sacred Humanity hypostatically united to the Word, the Precious Blood deserves latreutical worship or adoration. It may also like the Heart or the Wounds from which it flowed, be singled out for special honour, in a way that special honour was rendered it from the beginning by St. Paul and the Fathers who so eloquently praised its redeeming virtue and rested on it the Christian spirit of self-sacrifice. As Faber remarks, the lives of the saints are replete with devotion to the Precious Blood. In due course of time the Church gave shape and sanction to the devotion by approving societies like the Missionaries of the Precious Blood; enriching confraternities like that of St. Nicholas in Carcere, in Rome, and that of the London Oratory; attaching indulgences to prayers and scapulars in honour of the Precious Blood; and establishing commemorative feasts of the Precious Blood, Friday after the fourth Sunday in Lent and, since Pius IX, the first Sunday of July.

Sources

BENEDICT XIV, De servorum Dei Beatificatione, II, 30; IV, ii, 10, de Festis, I, 8 (Rome, 1747); FABER, The Precious Blood (Baltimore, s.d.); HUNTER, Outlines of Dogm. Theol. (New York, 1896); IOX, Die Reliquien des Kostb. Blutes (Luxemburg, 1880); BERINGER, Die Ablässe (12th ed., Paderborn, 1900).

Sollier, Joseph. "Precious Blood." The Catholic Encyclopedia. Vol. 12. New York: Robert Appleton Company, 1911. 1 Jul. 2018 <http://www.newadvent.org/cathen/12372c.htm>.
Transcription. This article was transcribed for New Advent by W. Stuart French, Jr. Dedicated to Theresa Gloria Roberts French.

Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. June 1, 1911. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.




Preziosissimo Sangue di Gesù


La Santa Chiesa è nata nel Sangue di Cristo e lo custodisce in sacro deposito. I più grandi Santi sono stati tutti devoti, amanti e predicatori appassionati di questo Preziosissimo Sangue che ci ha redento e, attraverso i Sacramenti, ci purifica e santifica.

Il Vangelo (Gv 19,34) attesta che uno dei soldati con la lancia aprì il fianco di Gesù in croce. Secondo tradizione quel soldato, di nome Longino, raccolse un po’ di terra imbevuta del sangue sgorgato dalla ferita da lui stesso provocata, e lo portò a Mantova, dove la nascose sotterra e dove fu ritrovata l’anno 804. Nell’occasione venne anche il Papa Leone III, che venerò quel segno della Passione, riconoscendo Mantova come sede vescovile. Si avviò da allora lo sviluppo religioso, culturale e civile della città. Per custodire quello che fu chiamato il “Preziosissimo Sangue di Nostro Signore Gesù Cristo”, furono in successione costruite tre chiese – ultima, l’attuale Basilica di Sant’Andrea – meta di innumerevoli pellegrini, illustri e anonimi, mossi dall’intento di venerare questo segno che “ravviva la memoria e la fede nel mistero della redenzione e del dono dell’Eucaristia” (Giovanni Paolo II, Lettera al Vescovo di Mantova in occasione del Giubileo della Diocesi, 10 giugno 2004). Nel 1991, IV centenario della morte di San Luigi Gonzaga, giunse in Sant’Andrea – nel corso della sua Visita apostolica alla diocesi – anche il Papa Giovanni Paolo II.

«Tesoro preziosissimo, incomparabile sono le stille del Sangue di Cristo», dice San Bonaventura. Michelangelo, sul braccio della croce d’una delle sue meravigliose Pietà, scrisse: «Non si pensa quanto costa».
Dalla meditazione assidua sulla Passione di Cristo nasce l’amore a quel Sangue preziosissimo che, versato goccia a goccia fino alla feccia, ha operato la nostra Redenzione. La verità della croce, e del Sangue che la bagna, dà alla vita spirituale di ogni cristiano, e alla vita religiosa in particolare, un carattere sacrificale, come partecipazione all’immolazione che Cristo fece di Sé sul Calvario.

Il Crocifisso, che nelle chiese deve occupare un posto centrale, non solo ricorda che in noi c’è il peccato e che occorre espiarlo, ma ci dice anche che quel peccato è stato lavato, cioè redento. Secondo la mirabile espressione di Sant’Agostino, «Cristo col suo Sangue s’è comprato l’universo». Santa Caterina cercava con ansia di spingere le anime verso la croce e il Sangue del divin Redentore: «Se vedi la croce, attendi anche quel che sgorga»; «Chi ne beve ne vive, chi non ne beve ne muore».

Il Sangue di Cristo dà inizio ad una storia nuova, nella quale gli uomini, cessati gli antichi sacrifici, vengono incorporati nell’unica eterna oblazione di Cristo. Con la partecipazione dei fedeli al Sacrificio della croce, che si rinnova misticamente sugli altari, essi non solo ricevono i frutti della Redenzione, ma son chiamati a partecipare al mistero di quel divin Sangue. Occorre infatti – come dice San Paolo – completare nella propria carne ciò che manca ai patimenti di Cristo (cf. Col l,24). Se la Redenzione di Cristo è già perfetta e completa, essa attende quella parte che ciascun fedele è chiamato a dare per partecipare attivamente ad essa. «Che cosa manca alla Passione di Cristo?», si chiedeva il Cardinal Biffi. «Manco io», rispondeva, ossia la mia attiva partecipazione ad essa che si realizza con la mia perfetta conformità al divin Crocifisso.

Quando Dio chiama a questa “partecipazione”, talvolta anche cruenta, l’anima deve rispondere sempre con slancio irrefrenabile come i Santi che avevano una sete inestinguibile di soffrire per l’Amato.

Ecco come scrive Santa Caterina, amante tra le più appassionate del Preziosissimo Sangue, al giovane Sacerdote domenicano Padre Ranieri: «...io Caterina... scrivo nel Prezioso Sangue suo. L’arbore della croce sia trapiantato nel cuore e nell’anima vostra. Conformatevi al Cristo crocifisso, nascondetevi nelle piaghe di Cristo crocifisso, inebriatevi e vestitevi di Cristo crocifisso; come dice Paolo, gloriatevi nella croce di Cristo crocifisso, satollatevi di obbrobri, di vergogna e vituperi, sostenendoli per amore di Cristo Crocifisso. Conficcatevi il cuore e l’affetto in croce con Cristo; perocché la croce ne è fatta nave e porto che vi conduce a porto di salute; i chiodi si sono fatti chiave per aprire il reame del cielo».

La vita spirituale è alimentata dal Sangue di Cristo. Ancora Santa Caterina scriveva con parole brucianti: «Nel Sangue troviamo la fonte della misericordia; nel Sangue la clemenzia; nel Sangue il fuoco; nel Sangue la pietà; nel Sangue è fatta la giustizia delle colpe nostre; nel Sangue saziata la misericordia; nel Sangue si dissolve la durizia nostra; nel Sangue le cose amare diventano dolci; e li grandi pesi leggeri. Rallegratevi nel Sangue, bagnatevi nel Sangue, doletevi di voi nel Sangue. Crescete e fortificatevi nel Sangue, perdete la debolezza e cecità vostra nel Sangue dell’immortale Agnello, vestitevi del Sangue, inebriatevi del Sangue, annegatevi nel Sangue di Gesù Cristo crocifisso, saziatevi nel Sangue».

È nella Chiesa, nata dal Sangue di Cristo, che circola questo Sangue per la vita dei suoi figli. È lei la madre dei Ministri, che consacrano il Sangue sugli altari, e dei Santi che se ne nutrono. «Il sangue ha una voce sonora – scriveva Sant’Ambrogio alla sorella –, che dalla terra raggiunge il Cielo». Il Sangue di Cristo è dunque la linfa che alimenta la vita dei Santi. Costoro più lo amano e più ne sentono la brama e lo invocano: «Sangue di Cristo, inebriami!», perché «il Sangue di Cristo – dice Sant’Agostino – inebria la mente affinché dimentichi l’amore del mondo».

Le grandi anime, che vivono la santa follia della croce, sono avide del Corpo di Cristo e del suo Sangue, ossia del prezzo della nostra Redenzione che è moneta d’amore inesauribile.
Autore: Veronica Silvestri

Fonte: Il Settimanale di Padre Pio






Il Sangue, è descritto nella Bibbia come un importante elemento della vita.

"La vita di una creatura risiede nel sangue" (Levitico 17,11). E' soprattutto in questo versetto biblico che si può comprendere l'assoluta importanza che questo liquido comporta nella vita sia degli esseri umani che degli animali.

L'Antico Testamento si sofferma diverse volte sull'argomento del sangue, ribadendone la preziosità. Dio Padre comanda di non versare il sangue, cioè di non spargerlo inutilmente con gli assassinii, di non berlo e di non mangiare carni animali che contengano ancora residui di sangue; perchè il sangue è vita, il sangue è sacro. (Deuteronomio 12,23).

Ed è all'importanza del sangue nell'Antico Testamento, che si affianca l'importanza del sangue Divino di colui che ha voluto assumere la nostra natura umana: Gesù. Il Sangue di Cristo è la più grande e perfetta rivelazione dell'Amore del Padre Celeste e la sua effusione vivificante è sorgente della Chiesa, che continuamente rinasce nutrendosi del Sangue Divino, e, attraverso di essa, è riscatto per l'uomo peccatore a cui viene donata la salvezza.

La vita spirituale trova un insostituibile alimento nel Sangue di Cristo, vero fulcro del cuore, della vita e della missione della Chiesa.

Gesù stesso, nell'Ultima Cena, dà importanza rilevante al Sangue, che è simbolo della Redenzione. Anche San Paolo nelle sue lettere parla con devozione del Riscatto umano dal peccato, che è avvenuto tramite la morte di Gesù, il quale ha tanto amato gli uomini fino a versare il suo Prezioso Sangue.

Dal punto di vista storico si può dire che già anticamente era viva la devozione al Preziosissimo Sangue. Dopo un lungo periodo nel corso del quale questa devozione non venne più praticata, il Sangue di Cristo cominciò nuovamente ad essere adorato nella prima metà dell'ottocento, attorno a una presunta reliquia della Passione che si conservava nella Basilica di S.Nicola in Carcere (oggi S.Giuseppe a Capo le case).

L'iniziatore, fu un pio sacerdote, poi vescovo, don Francesco Albertini, promotore di una Confraternita intitolata appunto al Preziosissimo Sangue, nel cui seno si formarono grandi spiriti che ne proseguirono e ne diffusero la devozione.

Tra gli altri propagatori di questa devozione, brillano i nomi di S.Gaspare del Bufalo, fondatore dei Missionari del Preziosissimo Sangue, e di S.Maria De Mattias, che fondò le Suore Adoratrici del Sangue di Cristo.

In tutta Italia e anche nel mondo, sorsero diversi Istituti femminili dedicati al Sangue di Cristo, come le Suore del Preziosissimo Sangue, fondate a Monza da Madre Maria Matilde Bucchi, le Figlie della Carità del Prezioso Sangue, fondate a Pagani (SA) da don Tommaso Fusco. E ai nostri giorni altre congregazioni presero vita a Honk Kong, in Sudafrica e negli USA.

Nel 1822, S.Gaspare presentò istanza alla Santa Sede per ottenere il "Nulla osta" per la celebrazione della festa del Preziosissimo Sangue. La Sacra Congregazione dei Riti Religiosi, concesse di celebrarla la prima domenica di luglio, ma solo all'interno della congregazione di S. Gaspare.

Pio IX la fissò al primo luglio, e Pio XI la elevò a rito doppio di prima classe nell'aprile 1934, a ricordo del XIX centenario della Redenzione.

Paolo VI poi, abbinò questa festa a quella del Corpus Domini, creando però malcontento tra i devoti e gli istituti religiosi dedicati al Sangue di Cristo. Ricevuti in udienza i devoti e gli istituti, il Papa volle chiarire il significato di tale abbinamento, ribadendo la sua intenzione di non degradare in nessun modo la devozione al Sangue.

Il Santo Padre concesse ugualmente il diritto di celebrare la festa il primo luglio, con liturgia di solennità.


Voir aussi : http://notredamedesneiges.over-blog.com/article-11112662.html