mardi 10 juillet 2012

Sainte FÉLICITÉ de ROME et ses sept fils, martyrs


Vitrail de sainte Félicité et ses sept fils.

Cathédrale Saint-Samson. Dol-de-Bretagne.


Sainte FÉLICITÉ et ses sept fils

Martyrs

(en 150)

Sainte Félicité était une dame romaine distinguée par sa vertu et par sa naissance. Mère de sept enfants, elle les éleva dans la crainte du Seigneur. Après la mort de son mari, elle servit Dieu dans la continence et ne s'occupa plus que de bonnes oeuvres. Ses exemples, ainsi que ceux de sa famille, arrachèrent plusieurs païens à leurs superstitions, en même temps qu'ils encourageaient les chrétiens à se montrer dignes de leur vocation. Les prêtres païens, furieux de l'abandon de leurs dieux, la dénoncèrent.

Elle comparut, avec ses pieux enfants, devant le juge, qui l'exhorta à sacrifier aux idoles, mais reçut en réponse une généreuse confession de foi:

"Malheureuse femme, lui dit-il alors, comment avez-vous la barbarie d'exposer vos enfants aux tourments et à la mort? Ayez pitié de ces tendres créatures, qui sont à la fleur de l'âge et qui peuvent aspirer aux premières charges de l'État.

Mes enfants, reprit Félicité, vivront éternellement avec Jésus-Christ, s'ils sont fidèles; ils doivent s'attendre à d'éternels supplices, s'ils sacrifient aux idoles. Votre pitié apparente n'est donc qu'une cruelle impiété." Se tournant ensuite vers ses enfants:

"Regardez, leur dit-elle, regardez le Ciel, où Jésus-Christ vous attend avec Ses Saints."

Le juge, prenant les enfants séparément, essaya d'ébranler leur constance. Il commença par Janvier; mais il en reçut cette réponse:

"Ce que vous me conseillez de faire est contraire à la raison; le Sauveur Jésus, je l'espère, me préservera d'une telle impiété." Félix, le second, fut ensuite amené. Comme on le pressait de sacrifier, il répondit:

"Il n'y a qu'un seul Dieu, et c'est à Lui que nous devons offrir le sacrifice de nos coeurs; employez tous les artifices, tous les raffinements de la cruauté, vous ne nous ferez pas trahir notre foi!"

Les autres frères, interrogés, répondirent avec la même fermeté. Martial, qui parla le dernier, dit:

"Tous ceux qui ne confessent pas que Jésus-Christ est le vrai Dieu seront jetés dans un feu qui ne s'éteindra jamais."

L'interrogatoire fini, les Saints souffrirent la peine du fouet et furent ramenés en prison; bientôt ils achevèrent leur sacrifice de différentes manières: Janvier fut frappé jusqu'à la mort avec des fouets garnis de plomb; Félix et Philippe furent tués à coups de massue; Sylvain fut jeté, la tête en bas, dans un précipice; Alexandre, Vital et Martial eurent la tête tranchée. Félicité, mère de ces nouveaux Macchabées, subit le martyre la dernière.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.


Francesco Coghetti, Martirio di Santa Felicita e dei suoi sette figli
Chiesa parrocchiale di Ranica, Bergamo

SAINTE FÉLICITÉ

VEUVE ET MARTYRE ROMAINE ( V. 165)

À Rome, au cimetière de Maxime,sur la nouvelle voie Salarienne, sainte Félicité, martyre. Veuve romaine, elle fut livrée au martyre avec ses fils à Rome sous l'empereur Marc-Aurèle. Ce n'est pas elle qui est mentionnée dans la prière eucharistique mais la compagne de sainte Perpétue. Elle est enterrée sur la via Salara à Rome. Son culte n'est plus fêté dans l'Église universelle, mais seulement admis pour des Églises locales.

À Rome, au cimetière de Maxime, sur la nouvelle voie Salarienne, sainte Félicité, martyre.

Martyrologe romain

SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/193/Sainte-Felicite.html



FÉLICITÉ de Rome
et ses sept enfants

Martyrs, Saints

† 163

Sainte Félicité était une dame romaine distinguée par sa vertu et par sa naissance. Mère de sept enfants, elle les éleva dans la crainte du Seigneur. Après la mort de son mari, elle servit Dieu et ne s'occupa plus que de bonnes œuvres. Ses exemples, ainsi que ceux de sa famille, arrachèrent plusieurs païens à leurs superstitions, en même temps qu'ils encourageaient les chrétiens à se montrer dignes de leur vocation. Les prêtres païens, furieux de l'abandon de leurs dieux, la dénoncèrent.

Elle comparut, avec ses pieux enfants, devant le juge, qui l'exhorta à sacrifier aux idoles, mais reçut en réponse une généreuse confession de foi :

« Malheureuse femme, lui dit-il alors, comment avez-vous la barbarie d'exposer vos enfants aux tourments et à la mort ? Ayez pitié de ces tendres créatures, qui sont à la fleur de l'âge et qui peuvent aspirer aux premières charges de l'État.

— Mes enfants, reprit Félicité, vivront éternellement avec Jésus-Christ, s'ils sont fidèles ; ils doivent s'attendre à d'éternels supplices, s'ils sacrifient aux idoles. Votre pitié apparente n'est donc qu'une cruelle impiété. » Se tournant ensuite vers ses enfants :

« Regardez, leur dit-elle, regardez le Ciel, où Jésus-Christ vous attend avec ses saints. »

Le juge, prenant les enfants séparément, essaya d'ébranler leur constance. Il commença par Janvier ; mais il en reçut cette réponse :

« Ce que vous me conseillez de faire est contraire à la raison ; le Sauveur Jésus, je l'espère, me préservera d'une telle impiété. » Félix, le second, fut ensuite amené. Comme on le pressait de sacrifier, il répondit :

« Il n'y a qu'un seul Dieu, et c'est à Lui que nous devons offrir le sacrifice de nos cœurs; employez tous les artifices, tous les raffinements de la cruauté, vous ne nous ferez pas trahir notre foi ! »

Les autres frères, interrogés, répondirent avec la même fermeté. Martial, qui parla le dernier, dit :

« Tous ceux qui ne confessent pas que Jésus-Christ est le vrai Dieu seront jetés dans un feu qui ne s'éteindra jamais. »

L'interrogatoire fini, les saints souffrirent la peine du fouet et furent ramenés en prison ; bientôt ils achevèrent leur sacrifice de différentes manières : Janvier fut frappé jusqu'à la mort avec des fouets garnis de plomb ; et Philippe furent tués à coups de massue ; Sylvain fut jeté, la tête en bas, dans un précipice ; Alexandre, Vital et Martial eurent la tête tranchée. Félicité, mère de ces nouveaux Macchabées, subit le martyre la dernière.




- Sainte Félicité et ses sept fils, martyrs à Rome. 150.
Pape : Saint Pïe Ier
Empereur romain : Antonin le Pieux.
" Admirez la bienheureuse Félicité dont nous célébrons aujourd'hui la naissance au ciel ; servante du Christ par sa foi, elle devient sa mère par sa prédication auprès de ses fils : elle ne les perd pas, mais ne fait que les envoyer avant elle au paradis."
Saint Grégoire le Grand, hom. III ; saint Augustin, serm. CX.
Trois fois en quelques jours, à la gloire de la Trinité, le septénaire va marquer dans la sainte Liturgie le règne de l'Esprit aux sept dons. Félicité, Symphorose, la Mère des Machabées, échelonnent sur la route qui conduit au mois de l'éternelle Sagesse le triple bataillon des sept fils que leur donna le ciel. L'Eglise, que Pierre et Paul viennent de quitter par la mort, poursuit sans crainte ses destinées ; car les martyrs font de leur corps un rempart au dépôt sacré du témoignage apostolique. Vivants, ils sont la force de l'Epouse ; leur trépas ne saurait l'appauvrir : semence de chrétiens (Tertull. Apolog. 50.), leur sang versé dans les tourments multiplie l'immense famille des fils de Dieu. Mystère sublime du monde des âmes ; c'est donc au temps où la terre pleure l'extinction de ses races les plus généreuses, qu'elles font souche dans les cieux pour les siècles sans fin. Ainsi en sera-t-il toujours ; devenue plus rare avec la suite des âges, la consécration du martyre laissera en ce point sa vertu à l'holocauste de la virginité dans la voie des conseils.

La foi d’Abraham fut grande d'avoir espéré, contre toute espérance, qu'il serait le père des nations en cet Isaac qu'il reçut l'ordre un jour d'immoler au Seigneur ; la foi de Félicité aujourd'hui est-elle moindre, lorsqu'à l'immolation sept fois renouvelée des fruits de son sein, elle reconnaît le triomphe de la vie et la bénédiction suprême donnée à sa maternité ? Honneur à elle, comme à ses devancières, comme aux émules que suscitera son exemple ! Nobles sources, épanchant l'abondance de leurs eaux sur le sable aride du désert, elles recueillent le dédain des sages de ce siècle ; mais c'est par elles que la stérile gentilité se transforme à cette heure en un paradis du Seigneur, par elles encore qu'après le défrichement du premier âge le monde verra sa fertilité maintenue.

Marc Aurèle venait de monter sur le trône impérial, où dix-neuf ans de règne n'allaient montrer en lui que le médiocre écolier des rhéteurs sectaires du second siècle. En politique comme en philosophie, le trop docile élève ne sut qu'épouser les étroites et haineuses idées de ces hommes pour qui la lumineuse simplicité du christianisme était l'ennemie. Devenus par lui préfets et proconsuls, ils firent de ce règne si vanté le plus froidement persécuteur que l'Eglise ait connu. Le scepticisme du césar philosophe ne l'exemptait pas au reste de la loi qui, chez tant d'esprits forts, ne dépossède le dogme que pour mettre en sa place la superstition. Par ce côté la foule, tenue à l'écart des élucubrations de l'auteur des Pensées, retrouvait son empereur ; césar et peuple s'entendaient pour ne demander de salut, dans les malheurs publics, qu'aux rites nouveaux venus d'Orient et à l'extermination des chrétiens. L'allégation que les massacres d'alors se seraient perpétrés en dehors du prince, outre qu'elle ne l'excuserait pas, ne saurait se soutenir ; c'est un fait aujourd'hui démontré : parmi les bourreaux de tout ce que l'humanité eut jamais de plus pur, avant Domitien, avant Néron lui-même, stigmatisé plus qu'eux de la tache du sang des martyrs, doit prendre place Marc Aurèle Antonin.
La condamnation des sept fils de sainte Félicité fut la première satisfaction donnée par le prince à la philosophie de son entourage, à la superstition populaire, et, pourquoi donc hésiter à le dire si l'on ne veut en plus faire de lui le plus lâche des hommes, à ses propres sentiments. Ce fut lui qui, personnellement, donna l'ordre au préfet Publius d'amener à l'apostasie cette noble famille dont la piété irritait les dieux ; ce fut lui encore qui, sur le compte rendu de la comparution, prononça la sentence et arrêta qu'elle serait exécutée par divers juges en divers lieux, pour notifier solennellement les intentions du nouveau règne. L'arène, en effet, s'ouvrait à la fois sur tous les points, non de Rome seule, mais de l'empire ; l'intervention directe du souverain signifiait aux magistrats hésitants la ligne de conduite qui ferait d'eux les bienvenus du pouvoir. Bientôt Félicité suivait ses fils ; saint Justin le Philosophe expérimentait la sincérité de l'amour apporté par César à la recherche de la vérité ; toutes les classes fournissaient leur appoint aux supplices que le salut de l'empire réclamait de la haute sagesse du maître du monde : jusqu'à ce que sur la fin de ce règne qui devait se clore, comme il avait commencé, comme il s'était poursuivi, dans le sang, un dernier rescrit du doux empereur amenât les hécatombes où Blandine l'esclave et Cécile la patricienne réhabilitaient par leur courage l'humanité, trop justement humiliée des flatteries données jusqu'à nos temps à ce triste prince.

Jamais encore le vent du midi n'avait à ce point fait de toutes parts couler la myrrhe et les parfums dans le jardin de l'Epoux (Cant. IV, 16 ; V, 1.) ; jamais contre un effort aussi prolongé de tousses ennemis, sous l'assaut combiné du césarisme et de la fausse science donnant la main aux hérésies du dedans, jamais pareillement l'Eglise ne s'était montrée invincible dans sa faiblesse comme une armée rangée en bataille (Ibid. VI, 3.). L'espace nous manque pour exposer une situation qui commence à être mieux étudiée de nos jours, mais reste loin d'être pleinement comprise encore. Sous le couvert de la prétendue modération antonine, la campagne de l'enfer contre le christianisme atteint son point culminant d'habileté à l'époque même qui s'ouvre par le martyre des sept Frères honorés aujourd'hui. Les attaques furibondes des césars du troisième siècle, se jetant sur l'Eglise avec un luxe d'atrocités que Marc Aurèle ne connut pas, ne seront plus qu'un retour de bête fauve qui sent lui échapper sa proie.
Les choses étant telles, on ne s'étonnera pas que l'Eglise ait dès l'origine honoré d'un culte spécial le septénaire de héros qui ouvrit la lutte décisive dont le résultat fut la preuve qu'elle était bien désormais invincible à tout l'enfer. Et certes, le spectacle que les saints de la terre ont pour mission de donner au monde (I Cor. IV, 9.) eut-il jamais scène plus sublime ? S'il fut combat auquel purent applaudir de concert et les anges et les hommes, n'est-ce pas celui du 10 juillet 162, où, sur quatre points à la fois des abords de la Ville éternelle, conduits par leur héroïque mère, ces sept fils de l'antique patriciat engagèrent l'assaut qui devait, dans leur sang, arracher Rome aux parvenus du césarisme et la rendre à ses immortelles destinées ?

Quatre cimetières, après le triomphe, obtinrent l'honneur d'accueillir dans leurs cryptes sacrées les dépouilles des martyrs ; tombes illustres, qui devaient en nos temps fournir à l'archéologie chrétienne l'occasion des plus belles découvertes et l'objet des plus doctes travaux. Aussi loin qu'il est possible de remonter à la lumière des plus authentiques monuments, le VI des ides de juillet apparaît, dans les fastes de l'Eglise Romaine, comme un jour célèbre entre tous, en raison de la quadruple station conviant les fidèles aux tombeaux de ceux que par excellence on nommait les Martyrs. L'âge de la paix maintint aux sept Frères une dénomination d'autant plus glorieuse, au sortir de la mer de sang où sous Dioclétien l'Eglise s'était vue plongée; des inscriptions relevées dans les cimetières mêmes qui n'avaient pas eu la faveur de garder leurs restes, désignent encore au IVe siècle le 11 juillet sous l'appellation de lendemain du jour des Martyrs.
En cette fête de la vraie fraternité qu'exalte l'Eglise (Resp. VIII ad Matut., et Versus alleluia.), deux sœurs vaillantes partagent l'honneur rendu aux sept Frères. Un siècle avait passé sur l'empire. Les Antonins n'étaient plus. Valé-rien, qui d'abord sembla vouloir comme eux mériter pour sa modération les éloges de la postérité, venait de glisser sur la pente sanglante à son tour : frappant à la tête, il décrétait du même coup l'extermination sans jugement des chefs de l'Eglise, et l'abjuration sous les peines les plus graves de tout chrétien d'une illustre origine.

Rufine et Seconde durent aux édits nouveaux de croiser leurs palmes avec celles de Sixte et de Laurent, de Cyprien et d'Hippolyte. Elles étaient de la noble famille des Turcii Asterii que de modernes découvertes ont également remis en lumière. En s'en tenant aux prescriptions de Va-lérien, qui n'ordonnait contre les femmes chrétiennes que la confiscation et l'exil, elles eussent paru devoir échapper à la mort ; mais leur crime de fidélité au Seigneur était aggravé par le vœu de la sainte virginité qu'elles avaient embrassée : leur sang mêla sa pourpre à la blancheur du lis qui avait leur amour. La Basilique Mère et Maîtresse garde, près du baptistère de Constantin, les reliques des deux sœurs ; le second siège cardinalice des princes de la sainte Eglise est placé sous leur protection puissante, et joint à son titre de Porto celui de Santa-Rufina.
Sainte Félicité était une dame romaine distinguée par sa vertu et par sa naissance. Mère de sept enfants, elle les éleva dans la crainte du Seigneur. Après la mort de son mari, elle servit Dieu dans la continence et ne s'occupa plus que de bonnes oeuvres. Ses exemples, ainsi que ceux de sa famille, arrachèrent plusieurs païens à leurs superstitions, en même temps qu'ils encourageaient les chrétiens à se montrer dignes de leur vocation. Les prêtres païens, furieux de l'abandon de leurs dieux, la dénoncèrent.

Elle comparut, avec ses pieux enfants, devant le juge, qui l'exhorta à sacrifier aux idoles, mais reçut en réponse une généreuse confession de foi :

" Malheureuse femme, lui dit-il alors, comment avez-vous la barbarie d'exposer vos enfants aux tourments et à la mort ? Ayez pitié de ces tendres créatures, qui sont à la fleur de l'âge et qui peuvent aspirer aux premières charges de l'État.

– Mes enfants, reprit Félicité, vivront éternellement avec Jésus-Christ, s'ils sont fidèles ; ils doivent s'attendre à d'éternels supplices, s'ils sacrifient aux idoles. Votre pitié apparente n'est donc qu'une cruelle impiété."

Se tournant ensuite vers ses enfants :

" Regardez, leur dit-elle, regardez le Ciel, où Jésus-Christ vous attend avec Ses Saints."

Le juge, prenant les enfants séparément, essaya d'ébranler leur constance. Il commença par Janvier; mais il en reçut cette réponse :

" Ce que vous me conseillez de faire est contraire à la raison ; le Sauveur Jésus, je l'espère, me préservera d'une telle impiété."

Félix, le second, fut ensuite amené. Comme on le pressait de sacrifier, il répondit :

" Il n'y a qu'un seul Dieu, et c'est à Lui que nous devons offrir le sacrifice de nos coeurs ; employez tous les artifices, tous les raffinements de la cruauté, vous ne nous ferez pas trahir notre foi !"

Les autres frères, interrogés, répondirent avec la même fermeté. Martial, qui parla le dernier, dit :
" Tous ceux qui ne confessent pas que Jésus-Christ est le vrai Dieu seront jetés dans un feu qui ne s'éteindra jamais."

L'interrogatoire fini, les Saints souffrirent la peine du fouet et furent ramenés en prison; bientôt ils achevèrent leur sacrifice de différentes manières. Janvier fut frappé jusqu'à la mort avec des fouets garnis de plomb ; Félix et Philippe furent tués à coups de massue ; Sylvain fut jeté, la tête en bas, dans un précipice ; Alexandre, Vital et Martial eurent la tête tranchée. Félicité, mère de ces nouveaux Macchabées, subit le martyre la dernière.

Il y avait sur la voie Salarienne une église bâtie en l'honneur et sur la tombe de sainte Félicité. C'est dans cette église que saint Grégoire le Grand prêcha sa troisième homélie sur les évangiles le jour de la fête de la sainte martyre.

Comme sainte Félicité n'eut que des garçons, on l'invoque pour en obtenir. Rappelons que selon une antique tradition, constatée dans les faits à de multiples reprises, le septième garçon d'une fratrie chrétienne possède des dons de thaumaturge.

PRIERE

" Enfants, louez le Seigneur ; chantez celui qui, dans sa maison, donne à la stérile une couronne de fils." ( Introit. diei.).

Ainsi l'Eglise ouvre aujourd'hui ses chants. Etait-elle donc stérile, Ô Martyrs, la mère glorieuse qui vous avait donnés tous les sept à la terre ? Mais la fécondité qui s'arrête à ce monde ne compte pas devant Dieu ; ce n'est point elle qui répond à la bénédiction tombée des lèvres du Seigneur, au commencement, sur l'homme fait par lui son semblable (Gen. I, 26-28.). Saint et fils de Dieu, c'était une lignée sainte, une race divine (Act. XVII, 29.), qu'il recevait mission de propager par le Croissez et multipliez du premier jour. Ce que fut la première création, toute naissance devait l'être : l'homme était réservé à ce degré d'honneur de ne communiquer sa propre existence à d'autres hommes ses semblables, qu'en leur donnant avec elle la vie du Père qui est aux cieux ; celle-ci devait être aussi inséparable de la vie naturelle qu'un édifice l'est du fondement qui le porte, et, dans l'intention de Dieu, la nature appelait la grâce non moins que le cadre appelle l'œuvre d'art pour laquelle il est fait.

Trop tôt le péché brisa l'harmonie des lignes du plan divin ; la nature fut violemment séparée de la grâce, et ne produisit plus que des fils de colère (Eph. II, 3.). Le Dieu riche en miséricorde (Ibid. 4.) n'abandonnait point cependant les projets de son amour immense ; lui qui dès la première création nous eût voulus pour fils, nous créait comme tels à nouveau dans son Verbe fait chair (Ibid. 10.). Ombre d'elle-même, ne donnant plus directement naissance aux fils de Dieu, l'union d'Adam et d'Eve était découronnée de cette gloire près de laquelle eussent pâli les sublimes prérogatives des esprits angéliques ; mais elle restait la figure du grand mystère du Christ et de l'Eglise (Ibid. V. 32.).

La maternité s'était dédoublée. Stérile pour Dieu, confinée dans la mort qu'elle avait attirée sur sa race, l'ancienne Eve ne pouvait plus qu'en participation de la nouvelle mériter son titre de mère des vivants (Gen. III, 20.). A cette condition toutefois de s'incliner devant les droits de celle que l'Adam nouveau a choisie comme Epouse, l'honneur demeurait grand pour elle, et il lui était loisible de réparer en partie sa déchéance. Mieux que la fille de Pharaon sauvant Moïse et le confiant à Jochabed, l'Eglise allait dire à toute mère au sortir des eaux :

" Recevez cet enfant, et me le nourrissez." ( Ex. II, 9.).

Et humblement soucieuse de répondre à la confiance de l'Eglise, saintement fière de revenir aux intentions premières de Dieu pour elle-même, toute mère chrétienne allait faire sienne, en son labeur redevenu plus qu'humain, cette parole d'un amour dépassant la nature :

" Mes petits enfants, que j'enfante de nouveau, " jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous !" ( Gal. IV, 19.).

Honte à celle qui mettrait en oubli la destinée supérieure appelant le fruit de son sein aux honneurs de la filiation divine ! Le crime serait pire que d'étouffer en lui par négligence ou calcul, dans une éducation exclusivement préoccupée des sens, l'intelligence qui distingue l'homme des animaux soumis à son empire. La vie divine n'est pas moins nécessaire à l'homme, en effet, pour atteindre sa fin, que la vie raisonnable ; n'en point tenir compte, laisser dépérir le germe divin déposé dans l'âme d'un enfant à sa nouvelle naissance au bord de la fontaine sacrée, serait pour une mère replonger dans la mort l'être fragile qui lui devait l'existence.

Elle avait autrement compris sa mission votre illustre mère, Ô Martyrs ! Et c'est pourquoi l'Eglise, qui se réserve de nous rappeler sa mémoire sainte au jour où, quatre mois après vous, elle quitta notre terre, fait néanmoins de la fête présente le principal monument de sa gloire. C'est elle que célèbrent surtout et les lectures et les chants du Sacrifice (Introit., Epist., Evang., Commun.), et les instructions de l'Office de la nuit (Lect. VI, et Homil. diei.). C'est qu'en effet servante du Christ par la foi, proclame saint Grégoire, elle est aujourd'hui devenue sa mère, selon la parole du Seigneur même, en l'engendrant sept fois dans les fils que lui avait donnés la nature. Après vous avoir rendus si pleinement tous les sept à votre Père du ciel, que sera son propre martyre, sinon la fin trop longtemps retardée du veuvage, l'heure toute de joie (Prov. XXXI, 25.) qui la réunira dans la gloire à ceux qui sont devenus doublement ses fils ?

Dès ce jour donc qui fut pour elle la journée du labeur sans être encore celle de la récompense, à cette date où la mère passa sept fois par les tortures et la mort et dut accepter par surcroît la continuation de l'exil, il convenait qu'on vît se lever les fils (Ibid. 28.) et renvoyer à qui de droit l'honneur du triomphe. Car dès maintenant, tout exilée qu'elle reste encore, la pourpre, teinte non pas deux (Ex. XXV, 4, etc.) mais sept fois, est son vêtement (Prov. XXXI, 22.) ; les plus riches des filles d'Eve (Ibid. 29.) s'avouent dépassées par cette débordante fécondité du martyre ; ce sont ses œuvres mêmes qui la louent aujourd'hui dans l'assemblée des Saints (Ibid. 31.). Puissent donc en ce jour et les fils et la mère, puissent les deux nobles sœurs associées à leur triomphe, écouter nos vœux, protéger l'Eglise, rappeler le monde aux enseignements contenus dans les exemples de leur vie !"


LE MARTYRE DE SAINTE FÉLICITÉ ET DE SES SEPT FILS

(L'an de Jésus Christ 150)

fêtés le 10 juillet

Au temps de l'empereur Antonin, il y eut une sédition excitée par les pontifes, et l'on arrêta Félicité, noble dame, et ses sept fils, comme accusés de pratiquer le christianisme avec un grand zèle. Félicité était veuve; mais elle avait voué la chasteté à Dieu; ses jours et ses nuits s'écoulaient dans la prière, et sa vie était d'une grande édification pour les fidèles.

Mais les prêtres des faux dieux s'apercevant que les vertus de cette admirable veuve attiraient plusieurs personnes au christianisme, par l'odeur qu'elles répandaient dans toute la ville, allèrent trouver l’empereur, et lui parlèrent ainsi : «Nous croyons, Seigneur, devoir t'avertir qu'il y a dans Rome une veuve de cette secte ennemie de nos dieux, qui ne cesse de leur faire outrage, et de les irriter contre toi et ton empire. Elle est secondée dans cette impiété par ses enfants; elle a sept fils, qui, chrétiens comme leur mère, font comme elle des vœux sacrilèges, et qui, rendront nos dieux implacables, si ta piété ne prend soin de les apaiser, en obligeant cette famille impie à leur rendre le culte qui est dû.» Ce discours fit impression sur l'esprit de l'empereur; il manda, Publius, préfet de la ville, et lui enjoignit de contraindre par toutes sortes de voies Félicité et ses enfants à sacrifier aux dieux, et à fléchir par des victimes ceux dont ils s'étaient par leur mépris attiré la juste indignation.

Le préfet obéit aux ordres de l’empereur. Il mit d'abord la douceur en usage; il pria civilement cette clame de se rendre chez lui; elle y alla accompagnée de ses sept fils. Publius la prit en particulier; et mêlant adroitement quelques menaces à des manières engageantes, il lui fit entrevoir les peines qui l'attendaient, si elle ne se rendait à toutes les marques de bonté et de confiance qu'il lui donnait, et ne profitait des moments que l'empereur lui accordait pour mériter sa clémence par un prompt repentir.

Mais l'intrépide veuve lui répondit avec une assurance noble et une modeste fierté : «N'espère pas, Publius, qu'une molle complaisance ou une lâche crainte fassent oublier à Félicité ce qu'elle doit à son Dieu; tes menaces ne sauraient m'ébranler, ni tes promesses me séduire. Je porte en moi l'Esprit saint; je sens qu'Il me fortifie, et il ne permettra jamais que sa servante soit vaincue, puisqu'elle ne combat que pour sa gloire. Ainsi, Publius, tu as le choix de me laisser vivre, ou de me faire mourir; mais quelque parti que tu prennes, tu peux t'attendre à la honte d'être vaincu par une femme.» «Misérable ! répliqua le préfet, si la mort a pour toi de si grands charmes, va, meurs, je ne m'y oppose pas; mais quelle fureur te pousse à vouloir ôter la vie à tes enfants ; après la leur avoir donnée ?» «Mes enfants vivront, repartit Félicité, s'ils refusent de sacrifier à tes idoles; mais si leur main, devenue sacrilège, leur offre un criminel encens, une mort éternelle sera la punition de cette impiété.»

Le lendemain de cet entretien, le préfet, séant sur son tribunal, au Champ de Mars, commanda qu'on lui amenât Félicité et ses fils. Lorsqu’elle fut devant lui, il lui dit : «Prends pitié de tes enfants, et ne sois pas cause, par une résistance peu sensée, que des jeunes gens d'une si belle espérance soient enlevés du monde à la fleur de leur âge.» «Garde pour d'autres cette fausse compassion, répondit Félicité, nous n'en voulons point; nous, avons horreur d'une clémence apparente, qui n'est en effet, qu’une cruelle impiété.» Puis se tournant vers ses fils. «Levez les yeux, mes enfants, leur dit-elle, regardez le ciel, c'est là que Jésus Christ vous attend pour vous couronner. Combattez généreusement pour sa Gloire et pour la vôtre, et montrez-vous de fidèles serviteurs d'un roi si grand et si digne de tout votre dévouement.»

Ces paroles, pleines de grandeur d'âme, ne firent qu'irriter le préfet; il commanda qu'on lui donnât un soufflet, lui disant d'un ton de voix furieux : «Oses-tu bien, en ma présence, leur inspirer de pareils sentiments, et les porter à mépriser ainsi les ordres de nos empereurs ?» Et faisant ensuite approcher de son siège l'ainé des sept frères, nommé Janvier, il fit tous ses efforts pour l'engager à sacrifier; tantôt en lui promettant des biens immenses, et tantôt en le menaçant des plus rigoureux supplices. Mais ce vaillant soldat de Jésus Christ lui répondit : «Tu ne me donnes pas là un conseil digne d'un sage magistrat; il vaut mieux pour moi que je suive celui de la sagesse même : c’est de mettre toute mon espérance au Dieu que je sers; Il saura me garantir de tous tes artifices, et Il me fera surmonter les maux dont tu me menaces.» Le préfet l'envoya en prison, après l'avoir fait cruellement fouetter.

Félix se présenta ensuite. Publius le pressant de sacrifier. Il lui dit avec beaucoup de fermeté : «Nous ne sacrifions qu'à un seul Dieu que nous adorons ; et les sacrifices que nous lui offrons sont des vœux, des prières, et les sentiments affectueux d'une dévotion sincère. Crois moi, c'est en vain que tu t'efforces de nous faire renoncer à amour que nous avons pour Jésus Christ. Prends contre nous les résolutions les plus sanglantes; épuise sur nos corps les forces de tes bourreaux, et tous les tourments que la cruauté la plus ingénieuse te pourra suggérer, tout cela ne sera capable ni d'ébranler notre foi, ni de diminuer notre espérance.» Le préfet fit retirer celui-ci, et Philippe parut aussitôt sur les rangs. Publius lui dit : «Notre invincible empereur Antonin Auguste t'ordonne de sacrifier aux dieux tout-puissants.» Philippe répondit : «Ceux à qui l'on veut que je sacrifie, ne sont ni dieux, ni tout-puissants; ce ne sont que de vaines représentations, des statues privées de sentiment, et qui servent de retraites aux mauvais démons. Si je sacrifiais à ces misérables divinités, je mériterais d'être, comme elles, précipité dans un éternel malheur.»

On ôta Philippe de devant le préfet, qui frémissait de rage et Silvain prit la place de son frère. Publius lui parla ainsi : «À ce que je vois, vous agissez tous de concert avec la plus méchante de toutes les femmes, dans la résolution que vous avez prise ensemble de désobéir à nos princes. Une mère dénaturée vous empoisonne de ses conseils pernicieux; elle vous inspire la révolte et l'impiété; mais craignez de tomber avec elle dans le même précipice.» Silvain répondit au préfet : «Si nous étions assez faibles ou assez imprudents pour nous laisser ébranler par la crainte d'une mort qui ne dure qu'un moment, nous deviendrions la proie d'une mort qui ne doit jamais finir. Mais la religion que nous professons, nous apprenant qu'il y a dans le ciel des récompenses pour les gens de bien, et dans l'enfer des supplices pour les méchants, nous n'avons garde d'obéir à des ordres qui nous proposent un crime à commettre; mais nous obéissons aux lois de notre Dieu, qui ne nous inspirent que l'amour de la vertu. Quiconque méprise tes idoles pour ne servir que le vrai Dieu, vivra éternellement avec Lui; mais le culte abominable des démons te précipitera dans des feux éternels avec tes dieux.» Le préfet écouta impatiemment cette sage remontrance; il fit signe à celui qui la lui faisait de se retirer et de se taire.

Il fit ensuite approcher Alexandre. «Jeune homme , lui dit-il, ta destinée est entre tes mains; prends pitié de toi-même, sauve une vie qui ne fait encore que commencer, et dont je ne puis m'empêcher de regretter la perte. Obéis aux ordres de l'empereur; sacrifie, et tâche de mériter, par cette complaisance religieuse, la protection des dieux et la faveur des Césars.» Alexandre se pressa de répondre au magistrat : «Je sers un Maître plus puissant que César: c'est Jésus Christ. Je Le confesse de bouche; je le porte dans le cœur, et je L'adore sans cesse. Cet âge, au reste, qui te paraît si tendre, qui l’est en effet, aura toutes les vertus de l'âge le plus avancé, et surtout la prudence, si je demeure fidèle à mon Dieu, Mais pour tes dieux, puissent-ils périr avec ceux qui les adorent !»

Vital ayant été ensuite amené devant le préfet, Publius lui dit : «Pour toi, mon fils, ne viens pas ici, comme tes frères, chercher follement à mourir : je sais que tu as l'esprit trop bien fait, pour ne pas préférer une vie heureuse et comblée de toute sorte de biens, à une mort triste et honteuse.» Vital répondit : «Il est vrai Publius, j'aime la vie, et c'est pour en jouir longtemps que j'adore un seul Dieu, et que j'ai en horreur les démons.» «Et qui sont-ils, ces démons ?» répliqua le préfet. Ce sont les dieux des nations, reprit Vital, et ceux qui les reconnaissent pour des dieux.» Enfin, Publius ayant fait entrer le dernier des sept frères, appelé Martial : «Je plains tes infortunés frères, lui dit-il; ils se sont attiré eux-mêmes les malheurs dont ils vont être accablés. Veux-tu suivre leur exemple, et mépriseras-tu comme eux les ordonnances de nos princes ?» «Ah ! Publius, répondit Martial, si tu savais quels tourments effroyables sont préparés dans les enfers à ceux qui adorent les démons ! Mais Dieu tient encore sa foudre suspendue; n'attends pas qu'Il la lance sur toi et sur ces mêmes dieux, en qui tu mets ta confiance. Ou reconnais que Jésus Christ est l'unique Dieu auquel tout l’univers doit rendre hommage, on tremble à la vue des flammes qui sont prêtes à te dévorer.» Le préfet envoya à l'empereur le procès-verbal de tout ce qui s'était passé dans les divers interrogatoires que l'on vient de rapporter.

Cependant, Antonin commit à différents juges le soin de faire exécuter la sentence de mort qu'il avait portée contre Félicité et contre ses sept fils. Il y eut un de ces juges qui fit assommer à coups de fouets garnis de plomb le premier de ces saints martyrs; un autre fit mourir le second et le troisième à coups de bâton; un autre fit précipiter le quatrième dans le Tibre; un autre fit trancher la tête aux trois derniers; un autre enfin fit endurer la même peine à la mère de ces admirables confesseurs de Jésus Christ qui, par des routes différentes, arrivèrent tous au lieu où ce juste Juge les attendait, pour donner à chacun le prix que méritait une si invincible constance.

SOURCE : http://orthodoxievco.net/ecrits/vies/martyrs/juillet/felicite.htm


Hartmann Schedel, Félicité avec les têtes de ses sept fils, Chronique de Nuremberg, 1493

LES SEPT FRÈRES QUI FURENT LES FILS DE SAINTE FÉLICITÉ

Les sept frères étaient fils de sainte Félicité ; leurs noms sont: Janvier, Félix, Philippe, Silvain, Alexandre, Vital et Martial. D'après l’ordre de l’empereur Antonin, ils furent amenés tous avec leur mère auprès du préfet Publius qui les avait mandés devant lui, et qui exhorta la mère à avoir pitié d'elle et de ses enfants : Elle dit: « Je ne me laisserai ni gagner par tes caresses, ni effrayer par tes menaces. Ma confiance repose dans l’Esprit-Saint que je possède ; vivante, je triompherai de toi, mais morte, ma victoire sera encore plus grande.» Et se tournant vers ses enfants, elle dit : « Mes enfants, levez la tête et regardez le ciel, mes très chers, car c'est là que J.-C. nous attend. Combattez « avec courage pour J.-C., et persistez dans son amour. » Quand le préfet eut entendu cela, il lui fit donner des soufflets. Et comme la mère et ses fils paraissaient très constants dans la foi, tous furent tués dans divers supplices sous les yeux de leur mère qui les encourageait. Cette sainte Félicité est appelée par saint Grégoire plus que martyre, parce qu'elle fut martyrisée sept fois dans ses enfants et la huitième fois dans son propre corps. Le même saint parle ainsi dans ses homélies : « Sainte Félicité qui, par sa foi, fut la servante de J.-C., devint aussi martyre du même J.-C. par, sa prédication. Elle craignait de laisser vivre, après elle, les sept enfants qu'elle avait, autant que les parents charnels ont coutume de craindre de leur survivre. Elle enfanta dans l’esprit ceux qu'elle avait enfantés dans la chair, afin de donner à Dieu par ses paroles ceux qu'elle avait donnés au monde par la chair. Ces enfants qu'elle savait être son sang, elle ne pouvait les voir mourir sans douleur, mais elle avait dans le coeur un amour si fort , qu'elle put surmonter la douleur corporelle. Aussi ai-je bien raison d'appeler cette femme plus qu'une martyre, car elle mourut autant de fois et avec tant de douleur qu'elle avait de fils. Après avoir mérité tous ces martyres, elle obtint pour elle aussi la palme victorieuse des martyrs ; car ce n'était pas assez pour l’amour qu'elle portait à J.-C. que de mourir une seule fois. » — Ils souffrirent vers l’an du Seigneur 110.

La Légende dorée de Jacques de Voragine nouvellement traduite en français avec introduction, notices, notes et recherches sur les sources par l'abbé J.-B. M. Roze, chanoine honoraire de la Cathédrale d'Amiens, Édouard Rouveyre, éditeur, 76, rue de Seine, 76, Paris mdcccci

SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome02/092.htm


Richard de Montbaston et collaborateurs, Les Sept frères, fils de Sainte Félicité, XIVe siècle


Sainte Félicité était une dame romaine distinguée par sa vertu et par sa naissance. Mère de sept enfants, elle les éleva dans la crainte du Seigneur et prit soin de les pénétrer des plus subtiles maximes de la religion.

Après la mort de son mari, elle servit Dieu dans la continence et ne s’occupa plus que de bonnes œuvres. Ses exemples, ainsi que ceux de sa famille, arrachèrent plusieurs païens à leurs superstitions, en même temps qu’ils encourageaient les Chrétiens à se montrer dignes de leur vocation.

Les prêtres païens, furieux de l’abandon de leurs dieux, la dénoncèrent. Elle comparut, avec ses pieux enfants, devant le juge, qui l’exhorta à sacrifier aux idoles, mais reçut en réponse une généreuse confession de Foi :

« —Malheureuse femme, lui dit-il alors, comment avez-vous la barbarie d’exposer vos enfants aux tourments et à la mort ? Ayez pitié de ces tendres créatures, qui sont à la fleur de l’âge et qui peuvent aspirer aux premières charges de l’État.

« —Mes enfants, reprit Félicité, vivront éternellement avec Jésus-Christ, s’ils sont fidèles ; ils doivent s’attendre à d’éternels supplices, s’ils sacrifient aux idoles. Votre pitié apparente n’est donc qu’une cruelle impiété. »

Se tournant ensuite vers ses enfants :

« —Regardez, leur dit-elle, regardez le Ciel, où Jésus-Christ vous attend avec Ses Saints ; persistez dans Son amour et combattez généreusement pour vos âmes. » Le juge résolut de faire une nouvelle tentative, en prenant les enfants séparément, il essaya d’ébranler leur constance. Il commença par Janvier ; mais il en reçut cette réponse :

« —Ce que vous me conseillez de faire est contraire à la raison ; le Sauveur Jésus, je l’espère, me préservera d’une telle impiété. » Félix, le second, fut ensuite amené. Comme on le pressait de sacrifier, il répondit :

« —Il n’y a qu’un seul Dieu, et c’est à Lui que nous devons offrir le sacrifice de nos cœurs ; employez tous les artifices, tous les raffinements de la cruauté, vous ne nous ferez pas trahir notre Foi ! » Les autres frères, interrogés, répondirent avec la même fermeté et protestèrent que rien ne serait capable de les priver de la récompense éternelle promise aux justes. Martial, qui parla le dernier, dit :

« —Tous ceux qui ne confessent pas que Jésus-Christ est le vrai Dieu seront jetés dans un feu qui ne s’éteindra jamais. »

L’interrogatoire fini, les Saints souffrirent la peine du fouet et furent ramenés en prison ; bientôt ils achevèrent leur sacrifice de différentes manières : saint Janvier fut frappé jusqu’à la mort avec des fouets garnis de plomb ; saint Félix et saint Philippe furent tués à coups de massue ; saint Sylvain fut jeté, la tête en bas, dans un précipice ; saint Alexandre, saint Vital et saint Martial eurent la tête tranchée. Sainte Félicité, mère de ces nouveaux Machabées, subit le martyre la dernière.

C’était l’an 150, saint Pie Ier étant pape et Antonin le Pieux empereur.

SOURCE : http://www.cassicia.com/FR/Vie-des-Sept-Saints-martyrs-fete-le-10-juillet-fils-de-sainte-Felicite-martyre-elle-meme-et-sainte-Rufine-et-sainte-Seconde-No_438.htm

Les 7 Frères et les Stes Rufine et Seconde, martyrs

La messe d’aujourd’hui célèbre plusieurs martyrs d’époques différentes : les 7 fils de Ste Félicité, qui furent martyrisés sous les yeux de leur mère (d’où le choix de l’épître de la femme forte et la lecture de St Augustin à Matines) et les deux Vierges Rufine et Seconde, martyrisées un siècle plus tard.

Leçons des Matines avant 1960.

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. A Rome, pendant la persécution de Marc-Aurèle Antonin, sept frères, fils de sainte Félicité, furent mis à l’épreuve par le préfet Publius, qui eut recours à la flatterie, puis à d’effrayantes menaces pour les amener à renoncer au Christ, et à vénérer les faux dieux ; mais les Martyrs persévérèrent dans la profession de la vraie foi, grâce à leur propre courage et aux exhortations de leur mère, et subirent la mort de différentes façons. On déchira Janvier à coups de fouets garnis de plomb ; Félix et Philippe succombèrent à la bastonnade ; Silvain fut précipité d’un lieu très élevé ; Alexandre, Vital et Martial eurent la tête tranchée. Quatre mois après, leur mère obtint la même palme du martyre. Pour eux, ils rendirent leur âme au Seigneur le six des ides de juillet.

Cinquième leçon. Les deux sœurs, Rufine et Seconde, vierges romaines, avaient été fiancées par leurs parents, l’une à Armentarius et l’autre à Vénirus. Elles refusèrent ces alliances pour garder la virginité qu’elles avaient vouée à Jésus-Christ, et furent arrêtées sous le règne de Valérien et de Gallien. Le préfet Junius ne pouvant leur faire abandonner leur résolution ni par les promesses ni par la crainte des châtiments, donna l’ordre que Rufine, la première, fût bat tue de verges ; pendant qu’on la frappait, Seconde interpella ainsi le juge : « Pourquoi réserver tout l’honneur à ma sœur, et à moi l’ignominie ? Commande que nous soyons frappées en même temps, puisque nous confessons également la divinité du Christ. » Irrité de ces paroles, le juge les fit jeter dans un cachot ténébreux et fétide : la prison s’étant aussitôt remplie d’une vive lumière et d’une suave odeur, on les renferma dans un bain d’eau bouillante d’où elles sortirent saines et sauves ; alors on leur attacha une pierre au cou et on les jeta dans le Tibre ; mais un Ange les délivra de ce nouveau péril. Enfin on leur trancha la tête en dehors de la Ville, au dixième mille sur la voie Aurélia. Leurs corps ensevelis par la matrone Plautilla dans l’une de ses terres, furent transférés plus tard dans la Ville, et déposés dans la basilique Constantinienne, près le baptistère.

Sermon de saint Augustin, Évêque. Sermo 110 de diversis.

Sixième leçon. Mes frères, un grand spectacle a été offert aux yeux de notre foi. Notre oreille a entendu et notre âme a contemplé une mère qui, par des sentiments bien opposés aux vœux ordinaires de la nature, souhaite voir ses fils mourir avant elle. Tous les hommes veulent, en quittant ce monde, précéder leurs enfants, et non les suivre. Mais elle, elle a formé le souhait de mourir la dernière. C’est qu’elle ne perdait pas ses fils, elle ne faisait que les envoyer en avant, considérant, non point quelle vie finissait, mais quelle vie commençait pour eux. Car ils cessaient de vivre ici-bas, où ils devaient mourir un jour ou l’autre, et ils commençaient de vivre pour ne jamais cesser de vivre. Pour elle, c’est peu d’assister à leur mort : nous l’avons admirée les exhortant à mourir ; plus féconde en vertus qu’en enfants, en les voyant au combat, elle-même combattait avec eux tous ; en les voyant remporter la victoire, elle-même en eux tous était victorieuse.

Au troisième nocturne.

Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu. Cap. 12, 46-50.
En ce temps-là : Comme Jésus parlait aux foules, voici que sa mère et ses frères se tenaient dehors, cherchant à lui parler. Et le reste.

Homélie de saint Grégoire, Pape.. Homilia 3 in Evangelia.

Septième leçon. Très chers frères, la leçon que l’on vient de lire dans le saint Évangile est courte, mais elle est importante par les grands mystères qu’elle contient. En effet, Jésus, notre Créateur et notre Rédempteur, ayant feint de ne pas connaître sa mère, donne à entendre qui est sa mère, et qui sont ses proches, non par le lien du sang, mais par l’union de l’esprit. « Qui est ma mère, dit-il, et qui sont mes frères ? Quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur et ma mère ». En s’exprimant ainsi que veut-il signifier, sinon qu’il trouve chez les Gentils à rassembler beaucoup de cœurs dociles, et que les Juifs, dont il est frère par le sang, il ne les connaît plus ?

Huitième leçon. Rien d’étonnant à ce que celui qui fait la volonté du Père céleste soit appelé sœur et frère du Seigneur, eu égard aux deux sexes qui tous deux sont appelés à la foi ; mais qu’il soit aussi appelé sa mère, voilà une chose surprenante. Comme Jésus daigna donner à ses fidèles disciples le nom de frères, quand il a dit : « Allez, annoncez à mes frères » ; il nous faut examiner comment celui qui, en se convertissant à la foi, est devenu le frère du Seigneur, peut encore être sa mère.

Neuvième leçon. Apprenons-le donc : celui qui est sœur et frère du Christ par le fait de croire en lui, devient sa mère en le prêchant. C’est comme l’enfanter que de le déposer dans l’âme de celui qui vous écoute, et on est devenu sa mère par la prédication, lorsque l’amour du Seigneur a pris naissance dans un cœur à la voix de celui qui exhorte. Cette vérité, l’exemple de sainte Félicité dont nous célébrons aujourd’hui la fête vient opportunément la confirmer ; par la foi, elle a été la servante du Christ ; par la parole, elle est devenue sa mère. Les Actes de son martyre les plus autorisés nous disent qu’elle a eu autant de crainte de laisser ses sept fils lui survivre dans la chair, que les parents charnels en ont d’ordinaire de voir leurs enfants mourir avant eux.


Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Trois fois en quelques jours, à la gloire de la Trinité, le septénaire va marquer dans la sainte Liturgie le règne de l’Esprit aux sept dons. Félicité, Symphorose, la Mère des Machabées, échelonnent sur la route qui conduit au mois de l’éternelle Sagesse le triple bataillon des sept fils que leur donna le ciel. L’Église, que Pierre et Paul viennent de quitter par la mort, poursuit sans crainte ses destinées ; car les martyrs font de leur corps un rempart au dépôt sacré du témoignage apostolique. Vivants, ils sont la force de l’Épouse ; leur trépas ne saurait l’appauvrir : semence de chrétiens [1], leur sang versé dans les tourments multiplie l’immense famille des fils de Dieu. Mystère sublime du monde des âmes ; c’est donc au temps où la terre pleure l’extinction de ses races les plus généreuses, qu’elles font souche dans les cieux pour les siècles sans fin. Ainsi en sera-t-il toujours ; devenue plus rare avec la suite des âges, la consécration du martyre laissera en ce point sa vertu à l’holocauste de la virginité dans la voie des conseils.

La foi d’Abraham fut grande d’avoir espéré, contre toute espérance, qu’il serait le père des nations en cet Isaac qu’il reçut l’ordre un jour d’immoler au Seigneur ; la foi de Félicité aujourd’hui est-elle moindre, lorsqu’à l’immolation sept fois renouvelée des fruits de son sein, elle reconnaît le triomphe de la vie et la bénédiction suprême donnée à sa maternité ? Honneur à elle, comme à ses devancières, comme aux émules que suscitera son exemple ! Nobles sources, épanchant l’abondance de leurs eaux sur le sable aride du désert, elles recueillent le dédain des sages de ce siècle ; mais c’est par elles que la stérile gentilité se transforme à cette heure en un paradis du Seigneur, par elles encore qu’après le défrichement du premier âge le monde verra sa fertilité maintenue.

Marc Aurèle venait de monter sur le trône impérial, où dix-neuf ans de règne n’allaient montrer en lui que le médiocre écolier des rhéteurs sectaires du second siècle. En politique comme en philosophie, le trop docile élève ne sut qu’épouser les étroites et haineuses idées de ces hommes pour qui la lumineuse simplicité du christianisme était l’ennemie. Devenus par lui préfets et proconsuls, ils firent de ce règne si vanté le plus froidement persécuteur que l’Église ait connu. Le scepticisme du césar philosophe ne l’exemptait pas au reste de la loi qui, chez tant d’esprits forts, ne dépossède le dogme que pour mettre en sa place la superstition. Par ce côté la foule, tenue à l’écart des élucubrations de l’auteur des Pensées, retrouvait son empereur ; césar et peuple s’entendaient pour ne demander de salut, dans les malheurs publics, qu’aux rites nouveaux venus d’Orient et à l’extermination des chrétiens. L’allégation que les massacres d’alors se seraient perpétrés en dehors du prince, outre qu’elle ne l’excuserait pas, ne saurait se soutenir ; c’est un fait aujourd’hui démontré : parmi les bourreaux de tout ce que l’humanité eut jamais de plus pur, avant Domitien, avant Néron lui-même, stigmatisé plus qu’eux de la tache du sang des martyrs, doit prendre place Marc Aurèle Antonin.

La condamnation des sept fils de sainte Félicité fut la première satisfaction donnée par le prince à la philosophie de son entourage, à la superstition populaire, et, pourquoi donc hésiter à le dire si l’on ne veut en plus faire de lui le plus lâche des hommes, à ses propres sentiments. Ce fut lui qui, personnellement, donna l’ordre au préfet Publius d’amener à l’apostasie cette noble famille dont la piété irritait les dieux ; ce fut lui encore qui, sur le compte rendu de la comparution, prononça la sentence et arrêta qu’elle serait exécutée par divers juges en divers lieux, pour notifier solennellement les intentions du nouveau règne. L’arène, en effet, s’ouvrait à la fois sur tous les points, non de Rome seule, mais de l’empire ; l’intervention directe du souverain signifiait aux magistrats hésitants la ligne de conduite qui ferait d’eux les bienvenus du pouvoir. Bientôt Félicité suivait ses fils ; Justin le Philosophe expérimentait la sincérité de l’amour apporté par César à la recherche de la vérité ; toutes les classes fournissaient leur appoint aux supplices que le salut de l’empire réclamait de la haute sagesse du maître du monde : jusqu’à ce que sur la fin de ce règne qui devait se clore, comme il avait commencé, comme il s’était poursuivi, dans le sang, un dernier rescrit du doux empereur amenât les hécatombes où Blandine l’esclave et Cécile la patricienne réhabilitaient par leur courage l’humanité, trop justement humiliée des flatteries données jusqu’à nos temps à ce triste prince.

Jamais encore le vent du midi n’avait à ce point fait de toutes parts couler la myrrhe et les parfums dans le jardin de l’Époux [2] ; jamais contre un effort aussi prolongé de tous ses ennemis, sous l’assaut combiné du césarisme et de la fausse science donnant la main aux hérésies du dedans, jamais pareillement l’Église ne s’était montrée invincible dans sa faiblesse comme une armée rangée en bataille [3]. L’espace nous manque pour exposer une situation qui commence à être mieux étudiée de nos jours, mais reste loin d’être pleinement comprise encore. Sous le couvert de la prétendue modération antonine, la campagne de l’enfer contre le christianisme atteint son point culminant d’habileté à l’époque même qui s’ouvre par le martyre des sept Frères honorés aujourd’hui. Les attaques furibondes des césars du troisième siècle, se jetant sur l’Église avec un luxe d’atrocités que Marc Aurèle ne connut pas, ne seront plus qu’un retour de bête fauve qui sent lui échapper sa proie.

Les choses étant telles, on ne s’étonnera pas que l’Église ait dès l’origine honoré d’un culte spécial le septénaire de héros qui ouvrit la lutte décisive dont le résultat fut la preuve qu’elle était bien désormais invincible à tout l’enfer. Et certes, le spectacle que les saints de la terre ont pour mission de donner au monde [4] eut-il jamais scène plus sublime ? S’il fut combat auquel purent applaudir de concert et les anges et les hommes, n’est-ce pas celui du 10 juillet 162, où, sur quatre points à la fois des abords de la Ville éternelle, conduits par leur héroïque mère, ces sept fils de l’antique patriciat engagèrent l’assaut qui devait, dans leur sang, arracher Rome aux parvenus du césarisme et la rendre à ses immortelles destinées ? Quatre cimetières, après le triomphe, obtinrent l’honneur d’accueillir dans leurs cryptes sacrées les dépouilles des martyrs ; tombes illustres, qui devaient en nos temps fournir à l’archéologie chrétienne l’occasion des plus belles découvertes et l’objet des plus doctes travaux. Aussi loin qu’il est possible de remonter à la lumière des plus authentiques monuments, le VI des ides de juillet apparaît, dans les fastes de l’Église Romaine, comme un jour célèbre entre tous, en raison de la quadruple station conviant les fidèles aux tombeaux de ceux que par excellence on nommait les Martyrs. L’âge de la paix maintint aux sept Frères une dénomination d’autant plus glorieuse, au sortir de la mer de sang où sous Dioclétien l’Église s’était vue plongée ; des inscriptions relevées dans les cimetières mêmes qui n’avaient pas eu la faveur de garder leurs restes, désignent encore au IVe siècle le 11 juillet sous l’appellation de lendemain du jour des Martyrs.

En cette fête de la vraie fraternité qu’exalte l’Église [5], deux sœurs vaillantes partagent l’honneur rendu aux sept Frères. Un siècle avait passé sur l’empire. Les Antonins n’étaient plus. Valérien, qui d’abord sembla vouloir comme eux mériter pour sa modération les éloges de la postérité, venait de glisser sur la pente sanglante à son tour : frappant à la tête, il décrétait du même coup l’extermination sans jugement des chefs de l’Église, et l’abjuration sous les peines les plus graves de tout chrétien d’une illustre origine. Rufine et Seconde durent aux édits nouveaux de croiser leurs palmes avec celles de Sixte et de Laurent, de Cyprien et d’Hippolyte. Elles étaient de la noble famille des Turcii Asterii que de modernes découvertes ont également remis en lumière. En s’en tenant aux prescriptions de Valérien, qui n’ordonnait contre les femmes chrétiennes que la confiscation et l’exil, elles eussent paru devoir échapper à la mort ; mais leur crime de fidélité au Seigneur était aggravé par le vœu de la sainte virginité qu’elles avaient embrassée : leur sang mêla sa pourpre à la blancheur du lis qui avait leur amour. La Basilique Mère et Maîtresse garde, près du baptistère de Constantin, les reliques des deux sœurs ; le second siège cardinalice des princes de la sainte Église est placé sous leur protection puissante, et joint à son titre de Porto celui de Santa-Rufina.

Enfants, louez le Seigneur ; chantez celui qui, dans sa maison, donne à la stérile une couronne de fils » [6]. Ainsi l’Église ouvre aujourd’hui ses chants. Était-elle donc stérile, ô Martyrs, la mère glorieuse qui vous avait donnés tous les sept à la terre ? Mais la fécondité qui s’arrête à ce monde ne compte pas devant Dieu ; ce n’est point elle qui répond à la bénédiction tombée des lèvres du Seigneur, au commencement, sur l’homme fait par lui son semblable [7]. Saint et fils de Dieu, c’était une lignée sainte, une race divine [8], qu’il recevait mission de propager par le Croissez et multipliez du premier jour. Ce que fut la première création, toute naissance devait l’être : l’homme était réservé à ce degré d’honneur de ne communiquer sa propre existence à d’autres hommes ses semblables, qu’en leur donnant avec elle la vie du Père qui est aux cieux ; celle-ci devait être aussi inséparable de la vie naturelle qu’un édifice l’est du fondement qui le porte, et, dans l’intention de Dieu, la nature appelait la grâce non moins que le cadre appelle l’œuvre d’art pour laquelle il est fait.

Trop tôt le péché brisa l’harmonie des lignes du plan divin ; la nature fut violemment séparée de la grâce, et ne produisit plus que des fils de colère [9]. Le Dieu riche en miséricorde [10] n’abandonnait point cependant les projets de son amour immense ; lui qui dès la première création nous eût voulus pour fils, nous créait comme tels à nouveau dans son Verbe fait chair [11]. Ombre d’elle-même, ne donnant plus directement naissance aux fils de Dieu, l’union d’Adam et d’Ève était découronnée de cette gloire près de laquelle eussent pâli les sublimes prérogatives des esprits angéliques ; mais elle restait la figure du grand mystère du Christ et de l’Église [12].

La maternité s’était dédoublée. Stérile pour Dieu, confinée dans la mort qu’elle avait attirée sur sa race, l’ancienne Ève ne pouvait plus qu’en participation de la nouvelle mériter son titre de mère des vivants [13]. A cette condition toutefois de s’incliner devant les droits de celle que l’Adam nouveau a choisie comme Épouse, l’honneur demeurait grand pour elle, et il lui était loisible de réparer en partie sa déchéance. Mieux que la fille de Pharaon sauvant Moïse et le confiant à Jochabed, l’Église allait dire à toute mère au sortir des eaux : « Recevez cet enfant, et me le nourrissez » [14]. Et humblement soucieuse de répondre à la confiance de l’Église, saintement fière de revenir aux intentions premières de Dieu pour elle-même, toute mère chrétienne allait faire sienne, en son labeur redevenu plus qu’humain, cette parole d’un amour dépassant la nature : « Mes petits enfants, que j’enfante de nouveau, jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous [15] ! »

Honte à celle qui mettrait en oubli la destinée supérieure appelant le fruit de son sein aux honneurs de la filiation divine ! Le crime serait pire que d’étouffer en lui par négligence ou calcul, dans une éducation exclusivement préoccupée des sens, l’intelligence qui distingue l’homme des animaux soumis à son empire. La vie divine n’est pas moins nécessaire à l’homme, en effet, pour atteindre sa fin, que la vie raisonnable ; n’en point tenir compte, laisser dépérir le germe divin déposé dans l’âme d’un enfant à sa nouvelle naissance au bord de la fontaine sacrée, serait pour une mère replonger dans la mort l’être fragile qui lui devait l’existence.

Elle avait autrement compris sa mission votre illustre mère, ô Martyrs ! Et c’est pourquoi l’Église, qui se réserve de nous rappeler sa mémoire sainte au jour où, quatre mois après vous, elle quitta notre terre, fait néanmoins de la fête présente le principal monument de sa gloire. C’est elle que célèbrent surtout et les lectures et les chants du Sacrifice [16], et les instructions de l’Office de la nuit [17]. C’est qu’en effet servante du Christ par la foi, proclame saint Grégoire, elle est aujourd’hui devenue sa mère, selon la parole du Seigneur même, en l’engendrant sept fois dans les fils que lui avait donnés la nature. Après vous avoir rendus si pleinement tous les sept à votre Père du ciel, que sera son propre martyre, sinon la fin trop longtemps retardée du veuvage, l’heure toute de joie [18] qui la réunira dans la gloire à ceux qui sont devenus doublement ses fils ? Dès ce jour donc qui fut pour elle la journée du labeur sans être encore celle de la récompense, à cette date où la mère passa sept fois par les tortures et la mort et dut accepter par surcroît la continuation de l’exil, il convenait qu’on vît se lever les fils [19] et renvoyer à qui de droit l’honneur du triomphe. Car dès maintenant, tout exilée qu’elle reste encore, la pourpre, teinte non pas deux [20] mais sept fois, est son vêtement [21] ; les plus riches des filles d’Ève [22] s’avouent dépassées par cette débordante fécondité du martyre ; ce sont ses œuvres mêmes qui la louent aujourd’hui dans l’assemblée des Saints [23]. Puissent donc en ce jour et les fils et la mère, puissent les deux nobles sœurs associées à leur triomphe, écouter nos vœux, protéger l’Église, rappeler le monde aux enseignements contenus dans les exemples de leur vie !

[1] Tertull. Apolog. 50.

[2] Cant. IV, 16 ; V, 1.

[3] Ibid. VI, 3.

[4] I Cor. IV, 9.

[5] Resp. VIII ad Matut., et Versus alleluiat.

[6] Introit. diei.

[7] Gen. I, 26-28.

[8] Act. XVII, 29.

[9] Eph. II, 3.

[10] Ibid. 4.

[11] Ibid. 10.

[12] Ibid. V. 32 .

[13] Gen. III, 20.

[14] Ex. II, 9.

[15] Gal. IV, 19.

[16] Introït., Epist., Évang., Commun.

[17] Lect. VI, et Homil. diei.

[18] Prov. XXXI, 25.

[19] Ibid. 28.

[20] Ex. XXV, 4, etc.

[21] Prov. XXXI, 22.

[22] Ibid. 29.

[23] Ibid. 31.

Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

La veille : La vigile des saints Sept Frères.

Cette vigile romaine, avec le jeûne la précédant, nous est attestée par le Sacramentaire Léonien qui conserve aussi les différentes formules de la messe. En voici un exemple : Accipe, quæsumus Domine, munera populi tui pro Martyrum festivitate sanctorum, et sincero nos corde fac eorum natalitiis interesse. [24]

La belle préface était ainsi conçue : Vere dignum... Quia, licet in omnium Sanctorum tu sis, Domine, provectione mirabilis, in hiis tamen speciale tuum munus agnoscimus, quos et fratres sorte nascendi, et magnifica præstitisti passione germanos ; ut simul esset veneranda et gloria Genitricis, et florentissima proles Ecclesiæ. Per etc [25].


Dies Martyrorum. Les saints Sept Frères, et sainte Félicité.

Une inscription du cimetière des saints Processus et Martinien donne à ce jour le nom significatif de dies Martyrorum par antonomase. A Rome en effet, si grande était l’antique vénération pour sainte Félicité et ses fils, que les Sacramentaires assignent quatre messes stationnales à ce jour et on les célébrait dans les quatre différents cimetières où reposaient leurs reliques.

Dès le temps de saint Grégoire le Grand, la critique avait essayé de s’exercer sur ce groupe de saints, du martyre desquels nous ne possédons plus les Actes originaux. A cette lacune suppléent d’ailleurs amplement les monuments liturgiques et épigraphiques que nous trouvons dans les cimetières romains ; ils confirment tous entièrement la substance de l’actuelle recension de la Passio, de saveur assez antique.

Sainte Félicité et ses sept fils furent donc immolés pour la foi vers 162 sous Marc-Aurèle. Ses fils la précédèrent au ciel, elle les y suivit un peu plus tard. Pour terroriser les chrétiens, l’exécution capitale ne se fit pas en un seul lieu, car Janvier mourut sous les fouets plombés et fut enseveli au cimetière de Prétextat ; Félix et Philippe succombèrent à la bastonnade et furent ensevelis dans celui de Priscille ; Silain fut précipité d’une hauteur et enseveli avec sa Mère dans le cimetière de Maxime ; Alexandre, Vital et Martial furent décapités et obtinrent l’honneur du sépulcre dans le cimetière des Jordani.

D’accord avec la Passio, le Calendrier Philocalien assigne au 10 juillet : VI id. Felicis et Philippi in Priscillæ, et in Iordanorum : Martialis, Vitalis, Alexandri ; et in Maximi : Silani. Hunc Silanum martyrem Novati furati sunt ; et in Prætextati : Ianuari [26].

Cependant au IIIe siècle le corps de Silain avait été soustrait par les Novatiens, qui ambitionnaient eux aussi la gloire de posséder les reliques de quelque martyr. Plus tard, les ossements sacrés furent cependant restitués à leur tombeau primitif, d’où à la fin du VIIIe siècle, Léon III les transféra avec ceux de sainte Félicité dans le Titre de Sainte-Susanne où on les conserve encore.

Du Calendrier Philocalien, le groupe de nos martyrs est passé dans le Martyrologe Hiéronymien, mais la leçon des manuscrits est inexacte et pleine de confusions.

Félicité et ses fils y apparaissent en effet le 9 et le 10 juillet. Le 9 ils sont indiqués ad guttam iugiter manantem, après la martyre Anatolie de Tora en Sabine, et les fils ne deviennent rien moins que sept prêtres : Anatoliæ, Felicitatis cum presbyteris VII.

Le 10 au contraire, les Martyrs sont bien répartis entre les divers cimetières de Rome, mais, ici encore, en désordre : Romæ, in cimiterio Priscillæ via Salaria : natale sanctorum VII germanorum, idest Felicis, Filippi, in cimiterio Vitalis, Marcialis, Maximi, sancti Silani, Prætextati via Appia, sancti lanuarii via Cornelia, miliario VIIII, Rufine, Secundæ Filiorum eius, Felicitatis etc.

Le Sacramentaire Léonien, au contraire, rétablit l’ordre voulu : VI id. luliarum. Natale sanctorum martyrum Felicis, Philippi, in cœmeterio Priscillæ ; Vitalis et, Martialis et Alexandri, in cœmeterio lordanorum ; et Silani in cœmeterio Maximi via Salaria ; et Ianuarii in cœmeterio Prætextati via Appia.

Dans le même manuscrit, la fête est précédée d’un jeûne et d’une messe vigiliale, et la solennité stationnale du lendemain est riche de diverses formules de rechange. La messe de sainte Félicité se présente le 23 novembre, et cette fois encore elle est associée à ses sept fils.

Le Gélasien omet au contraire notre groupe de Martyrs qui reprend sa place dans le Sacramentaire d’Hadrien où se trouve déjà la messe insérée dans le Missel de la réforme de Trente, actuellement en usage.
Le Capitulaire des Évangiles de Würzbourg reflète une période liturgique un peu plus ancienne. Il conserve trois des quatre messes du Sacramentaire Léonien, tandis qu’il garde à peine une trace de la quatrième :

Die X mensis iuli, natale VII Fratrum. Appia, Salaria...
Prima Missa ad aquilonem, secunda ad sanctum Alexandrum etc.
Ad Sanctam Felicitatem etc.

Nous suivrons nous aussi l’ordre traditionnel des Sacramentaires romains.

A LA PREMIÈRE MESSE.
Station aux sépulcres des martyrs Félix et Philippe, in Priscilla.
In prima Missa ad aquilonem, via Salaria.
In cœmeterio Priscillæ, Felicis et Philippi.

Ces deux martyrs étaient ensevelis dans le cimetière de Priscille, sous l’autel de la basilique dédiée au pape Silvestre, et dans laquelle, outre ce Pontife, furent déposés Marcellin, Marcel, Libère, Sirice, Célestin et Vigile : une vraie nécropole papale par conséquent, qui s’étendait au IVe siècle autour de la tombe des deux frères martyrs.

Sur le sépulcre des deux fils de sainte Félicité, Damase plaça l’inscription suivante :

CVLTORES • DOMINI • FELIX • PARITERQVE • PHILIPPVS
HINC • VIRTVTE • PARES • CONTEMPTO • PRINCIPE • MVNDI
ÆTERNAM • PETIERE • DOMVM • REGNAQVE • PIORVM
SANGVINE • QVOD • PROPRIO • CHRISTI • MERVERE • CORONAS
HIS • DAMASVS • SVPPLEX • VOLVIT • SVA • REDDERE • VOTA 

Félix et Philippe, serviteurs du Seigneur,
L’ayant emporté avec une force égale sur le tyran terrestre,
sont arrivés à la demeure éternelle, au séjour des bienheureux.
Puisque, par leur sang, ils ont mérité les couronnes triomphales,
Damase, suppliant, a voulu leur rendre ses vœux.

La messe devait être une de celles que nous trouvons dans le Léonien. Dans la liste de Würzbourg, la première péricope évangélique est tirée de saint Matthieu (V, 1-12) ; nous y trouvons la proclamation des Béatitudes.

A LA DEUXIÈME MESSE.

Station à la tombe des martyrs Vital, Martial et Alexandre, dans le cimetière des Jordani.
In secunda missa, in cœmeterio lordanorum, via Salaria
Sanctorum Vitalis, Martialis et Alexandri.

Le cimetière des Jordani se trouve sur la voie Salaria nova, et les martyrs Darie, Chrysanthe, un groupe de 70 soldats, un second groupe de 62 martyrs, un enfant du nom de Maur, martyr lui aussi, par conséquent une véritable assemblée de martyrs, y furent ensevelis.

On a retrouvé dans les fouilles un fragment d’une inscription du temps de Vigile et qui probablement se rapporte au martyr Alexandre :

(Alexandr)O SEPTEM • DE (fratribus uni)
NS • HVNC
(la)PIS • IACT(ura...)

La liste de Würzbourg assigne à cette messe secunda ad sanctum Alexandrum, la péricope évangélique (Luc., XI, 33-36), où le Sauveur parle de la lumière intérieure de l’esprit qui est l’intention droite. Le Missel l’assigne maintenant à la fête de saint Martin le 11 novembre.

Au IXe siècle, le pape Grégoire IV donna le corps du martyr Alexandre à Sicard, abbé de Farfa, qui le déposa dans l’oratoire du Sauveur qu’il avait fait ériger à côté de sa basilique abbatiale. Aujourd’hui encore, à Farfa, les Sept Frères Martyrs sont l’objet d’une traditionnelle vénération.

A LA TROISIÈME MESSE.

Station à la tombe du martyr Silain, dans le cimetière de Maxime.
In tertio, missa, in cœmeterio Maximi, ad Sanctam Felicitatem. Silani Martyris.

Silain, ou Silvain, reposait près de sa Mère dans le cimetière de Maxime. Quand le corps de sainte Félicité fut transporté par les soins de Boniface Ier dans une basilique supérieure où le Pape même voulut ériger son propre tombeau, Silain demeura encore quelque temps dans l’obscurité du cimetière souterrain, comme nous l’atteste l’Itinéraire de Salzbourg. Bientôt après cependant, la Mère voulut avoir son fils à côté d’elle ; aussi l’Itinéraire de Malmesbury nous assure que, dès le temps où il fut rédigé, les reliques du martyr avaient déjà été réunies à celles de sainte Félicité.

Le pape Damase composa pour le sépulcre de la très courageuse Mère l’épigraphe suivante :

DISCITE • QVID • MERITI • PRÆSTET • PRO • REGE • FERIRI
FEMINA • NON • TIMVIT • MORTEM • CVM • NATIS • OBIVIT
CONFESSA • CHRISTVM • MERVIT • PER • SÆCVLA • NOMEN 

Considérez l’immense mérite de celle qui, pour le Souverain Roi, s’est laissé immoler.
La mort n’épouvanta pas une faible femme, mais celle-ci l’affronta même avec ses fils.
Elle confessa le Christ et acquit ainsi la gloire éternelle.

Boniface VIII, combattu par la faction schismatique d’Eulalius, résida d’abord sur le cimetière de Félicité. Puis, quand la légitimité de ses droits à la Chaire de Pierre eut été universellement reconnue et que le schisme fut éteint, il en attribua le mérite à l’intercession de la Martyre en l’honneur et sur la tombe de laquelle il construisit une nouvelle et plus vaste basilique. Les compilateurs de recueils épigraphiques du moyen âge copièrent l’inscription votive du Pontife qui devait être vraisemblablement placée sous l’image de Félicité et de ses Fils dans l’abside du nouveau sanctuaire.

INTONVIT • METVENDA • DIES • SVRREXIT • IN • HOSTEM
IMPIA • TELA • MALI • VINCERE • CVM • PROPERAT
CARNIFICIS • SVPERARE • VIAS • TVNC • MILLE • NOCENDI
SOLA • FIDES • POTVIT • QVAM • REGIT • OMNIPOTENS
CORPOREIS • RESOLVTA • MALIS • DVCE • PRÆDITA • CHRISTO
ÆTHERIS • ALMA • PARENS • ATRIA • CELSA • PETIT
INSONTES • PVEROS • SEQVTTVR • PER • AMŒNA • VIRETA
TEMPORA • VICTRICIS • FLOREA • SERTA • LIGANT
PVRPVREAM • QVOQVE • RAPIVNT • ANIMAM • CÆLESTIA • REGNA
SANGVINE • LOTA • SVA • MEMBRA • TENET • TVMVLVS
SI • TVMVLVM • QVÆRIS • MERITVM • DE • NOMINE • SIGNAT
NE • OPPRIMERER • (BELLO) • DVX • FVIT • ISTA • MIHI 

Enfin se leva le jour fatal, et Elle se hâta de combattre avec l’adversaire,
prête à émousser ses traits maudits.
Les innombrables ressources dont était riche la cruauté du tyran
purent être surmontées par la seule Foi, appuyée sur le Tout-Puissant.
Désormais affranchie de tous les maux qui entourent cette vie corporelle,
l’invincible Mère, guidée par le Christ, arrive aux nobles demeures du ciel.
Là, dans le paradis fleuri, elle suit ses innocents enfants,
tandis qu’une couronne de fleurs ceint le front de la Sainte victorieuse.
Si les cieux ravissent son âme empourprée de la robe du martyre,
cette tombe garde toutefois son corps sorti d’un bain de sang.
Si tu veux savoir le nom de celle qui gît en ce sépulcre,
il indique déjà par lui-même le mérite de la Martyre.
Félicité fut ma libératrice
pour que je ne succombasse pas aux coups de mes adversaires.

La messe de cette troisième station nous est ainsi indiquée dans la liste de Würzbourg : Ad Sanctam Felicitatem, lect. Sancti Evang. sec. Matt. k. cxix. Loquente Iesu ad turbas. C’est donc la même que dans notre Missel actuel et qui, pour cette raison, doit être considérée comme commune à la Mère et à ses Fils martyrs. Cette synaxe eucharistique, étant la plus importante de toutes les stations recensées en ce jour dans les Sacramentaires, il n’est pas étonnant qu’elle seule soit demeurée dans le Missel.

L’introït est tiré du psaume 112 : « Enfants, louez le Seigneur, louez le nom du Seigneur, qui fait habiter dans la maison celle qui était stérile et en fait une mère heureuse à cause de ses fils ».

Le commentaire de cette antienne nous est donné par saint Pierre Chrysologue, dans un discours qu’il fit précisément pour la fête de sainte Félicité : Discurrebat lætior inter confossa cadavera, quam inter cunabula cara filiorum ; quia internis oculis tot cernebat bravia, quot vulnera ; quot tormenta, tot præmia ; quot victimas, tot coronas [27].

La collecte et l’antienne pour la Communion sont identiques à celles de la messe des XL Martyrs de Sébaste, le 10 mars. Ceux-ci, après avoir servi ensemble, devinrent frères en raison de l’héroïque martyre qu’ensemble aussi ils subirent ; quant aux sept fils de sainte Félicité, déjà frères selon la chair, ils scellèrent de leur sang le lien de leur fraternité, et en un sens beaucoup plus élevé, ils devinrent frères au ciel une seconde fois et par le sang et par la foi.

La lecture est la même que pour la fête de sainte Françoise Romaine le 9 mars. Le Saint-Esprit, en faisant l’éloge de la femme forte, nous la montre non pas sur les places, dans les bureaux ou sur les chaires universitaires, mais à la maison, avec, en main, le fuseau et la quenouille, adonnée aux besognes domestiques et à la sage éducation de ses enfants. Chacun doit être saint dans l’état où Dieu l’a placé, sans ambitionner les perfections d’un état différent, auquel Dieu ne l’appelle pas et qu’il n’exige donc pas. La paix domestique, l’ordre de la maison, l’amour du mari et les consolations d’une lignée vigoureuse et vertueuse, voilà les gloires chrétiennes d’une mère selon l’Évangile. Les sept Fils martyrs sont les fastes glorieux de Félicité, ceux qu’elle pourrait appeler romainement ses joyaux.

Le répons est identique à celui des martyrs Processus et Martinien le 2 juillet. Le monde est mauvais et trompeur. Durant leur brève carrière mortelle les enfants de Félicité étaient comme des passereaux pris dans le filet du chasseur. Qu’est-ce à dire ? Pour que le monde ne les possédât pas et ne flétrît pas la fleur de leur innocence, Dieu a brisé les mailles du filet et les oiseaux se sont envolés, libres, vers le ciel. Qu’elle est belle, la poésie chrétienne !

Le verset alléluiatique chante les louanges de la fraternité chrétienne qui consacre un même sang répandu pour le Christ, un identique et sublime amour. Nous l’avons déjà vu le 12 mai.

La péricope évangélique tirée de saint Matthieu (XII, 46-50) fait partie de la lecture déjà assignée au mercredi des IV Temps de Carême. Tandis que le Divin Sauveur prêche, on lui annonce que sa Mère et ses frères sont dehors et le cherchent. Cependant Jésus qui veut élever ce peuple charnel à des sentiments d’admiration et de piété plus surnaturelle, déclare reconnaître pour ses véritables parents ceux dans le cœur desquels il voit plutôt son Esprit que son sang.

Saint Grégoire le Grand en ce jour commenta ainsi sur la tombe de Félicité la péricope évangélique : Adest beata Félicitas, cuius hodie natalitia celebramus, quæ credendo extitit ancilla Christi, et predicando facta est mater Christi. Septem quidem filios habuit... sic post se timuit vivos in carne relinquere, sicut carnales parentes solent metuere ne mortuos præmittant [28].

L’antienne pour l’offrande des oblations est semblable à celle de la fête des martyrs Maris, Marthe, etc. le 19 janvier et revient sur la comparaison de l’oiseau qui s’échappe du filet tombé sur lui. A qui en revient la gloire ? Laqueus contritus est et nos liberati sumus. Dieu a brisé les mailles du filet et le passereau s’est trouvé libre.

A LA QUATRIÈME MESSE.

Station près de la tombe de saint Janvier, dans le cimetière de Prétextat.
Ad quartam missam, via Appia Sancti Ianuari.

Cette station sur la voie Appienne, indiquée par les Martyrologes, par le Léonien et par la liste de Würzbourg, avait lieu dans le cimetière de Prétextat, où fut enseveli le martyr Janvier. De Rossi a retrouvé sa crypte historique avec des fragments de l’épigraphe Damasienne : 

BEATISSIMO MARTYRI IANVARIO DAMASUS EPISCOP FECIT

 Dans la même crypte se trouve aussi un graffite intéressant où l’on invoque en faveur d’un défunt l’intercession de Janvier et des autres Martyrs locaux :

REFRIGERI • IANVARIVS • AGATOPVS • FELICISSIM • MARTYRES

Voici une belle préface du Sacramentaire Léonien en l’honneur de Félicité et de ses Fils : Vere dignum etc. Quoniam magna sunt opera tua, Domine, et immensa magnalia, per quæ nobis lætitia hodiernæ felicitatis accessit. Vere enim Felicitatis filii, et vera est suorum Felicitas Filiorum ; quos et casto fœtu sancti coniugii Mater fœcunda progenuit, et rursus, confessionis sacrosanctæ visceribus Martyr beata conceptos, per fidem denuo felicius peperit Martyres ad coronam. Per etc [29].

Un autre sanctuaire existait, à Rome, en l’honneur de Félicité et de ses Fils, et il se trouvait non loin du titulus clementis. C’était sans doute la domus même des Martyrs, qui, selon l’antique usage romain, aurait été transformée en oratoire. Les peintures demeurées visibles représentent Félicité avec la légende FELICITAS • CVLTRIX • ROMANARUM [30], et ses fils entre un geôlier et un gardien.

Il nous est agréable de terminer cette note sur le groupe des Martyrs de ce jour en rapportant un graffite qu’on peut lire précisément dans cet oratoire :

SANCTA • MARTYR • MVLTVM • PRÆSTAS • OB • VOTI • ...
FELICITATES • SPERARE • INNOCENTES • NON • DESPERARE (reos).

Les saintes martyres Rufine et Seconde.
Station au IXe mille de la voie Cornelia.

En ce jour le martyrologe Hiéronymien indique une autre station liturgique : Via Aurelia, milliario VIIII, Rufinæ et Secundæ.

A vrai dire, le sépulcre de ces Martyres se trouvait sur la voie Cornelia, laquelle était contiguë à la voie Aurélia, et la forêt de Buxetum où elles furent mises à mort est célèbre dans les fastes des Martyrs, puisque c’est là que furent immolés aussi les saints Pierre et Marcellin.

En souvenir des Martyrs la silva nigra fut appelée candida, et le pape Jules Ier érigea, en l’honneur de Rufine et de Seconde, une basilique sépulcrale que Damase termina. Le village chrétien formé autour de ce sanctuaire se développa de telle sorte qu’on y créa un siège épiscopal sous le nom de Sainte-Rufine, siège qui, plus tard, fut uni à celui de Porto.

Les Itinéraires des anciens pèlerins mentionnent généralement la basilique sépulcrale des deux martyres ; elles furent donc fréquentées au moins jusqu’au XIIe siècle.

Le pape Anastase IV (1153-1154) transféra leurs corps sous le portique qui unit le baptistère de Sixte III avec l’oratoire de Saint-Venance au Latran. La messe du groupe des Sept Frères martyrs est en même temps celle des deux saintes.

[24] Recevez, nous vous en prions, Seigneur, les dons de votre peuple en la fête des saints Martyrs, et faites que nous participions d’un cœur sincère au jour de leur naissance au ciel.

[25] Il est vraiment digne… Car, quoique vous soyez, Seigneur, admirable par le progrès de tous vos Saints, nous reconnaissons cependant en ceux-ci un don spécial : vous les avez faits frères par la naissance, et rendus jumeaux par leur magnifique passion : ainsi il nous faut vénérer en même temps et la gloire de leur Mère, et sa lignée éclatante pour l’Église.

[26] Le 6 des Ides. Félix et Philippe à Priscille, et au cimetière des Jordani : Martial, Vital, Alexandre ; et dans le cimetière de Maxime : Silain. Les Novatiens volèrent ce martyr Silain ; et au cimetière de Prétextat : Janvier.

[27] Serm. 134 ; P. L., LU, col. 565. ‘Elle courrait encore plus heureuse parmi les cadavres enterrés que parmi les chers berceaux de ses fils ; car par les yeux de son âme, elle voyait autant de victoires que de blessures ; autant de récompenses que de tourments ; autant de couronnes que de victimes’.

[28] Hom. in Evang., L. I, hom. III ; P. L., LXXVI, col. 1087. ‘Cette vérité, l’exemple de sainte Félicité dont nous célébrons aujourd’hui la fête vient opportunément la confirmer ; par la foi, elle a été la servante du Christ ; par la parole, elle est devenue sa mère. Les Actes de son martyre les plus autorisés nous disent qu’elle a eu autant de crainte de laisser ses sept fils lui survivre dans la chair, que les parents charnels en ont d’ordinaire de voir leurs enfants mourir avant eux’ ; 9ème leçon des Matines.

[29] Il est vraiment juste... Car vos œuvres sont grandes, Seigneur, et immenses vos hauts-faits, par lesquels nous est donnée la joie de la félicité d’aujourd’hui. En effet ce sont vraiment les fils de Félicité, et elle est la vraie Félicité de ses Fils ; la Mère féconde les a engendrés dans le mariage saint, et de nouveau, la bienheureuse martyre a conçu par les entrailles de la sacrosainte confession et par la foi, elle donna naissance encore plus heureusement à des Martyrs couronnés.

[30] Félicité, honneur des Romaines

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique

Un jour de martyrs, c’est ainsi qu’est désigné ce jour par une vieille inscription.

1. Les saints. — La fête des saints sept frères avec leur mère († env. 162) figure parmi les plus anciennes fêtes de martyrs de l’Église de Rome. Sept frères, fils de Sainte Félicité, à Rome, au cours de la persécution de Marc-Aurèle (161-180), furent invités par le préfet Publius, d’abord par des flatteries, ensuite sous la menace de terribles supplices, à renoncer à leur foi de chrétiens. Mais comme, forts de leur vaillance personnelle et des encouragements de leur mère, ils demeuraient inébranlables dans la confession du Christ, ils durent subir différentes sortes de martyres. Janvier mourut sous les coups de fouet, Félix et Philippe succombèrent tous deux à la flagellation, Silanus fut précipité du haut d’un rocher, Alexandre, Vital et Martial furent décapités. Quatre mois plus tard, leur mère subit elle aussi le martyre. Leurs corps furent déposés dans différents cimetières. Au VIIIe siècle, Silanus fut placé avec sa mère dans l’église de Sainte Suzanne, à Rome, où ils reposent encore aujourd’hui. Alexandre fut transporté dans l’église abbatiale de Farfa. — Les deux sœurs Rufine et Seconde, s’étant consacrées à Dieu, refusèrent de se marier ; elles furent pour cette raison amenées devant le juge. Rufine fut d’abord frappée de verges ; pendant qu’elle subissait le martyre, sa sœur Seconde dit au juge : « Pourquoi honores-tu ma sœur de pareilles tortures et me prives-tu honteusement du supplice ? Fais-nous donc subir à toutes deux le même martyre, puisque toutes deux nous confessons la même et unique foi ! » Elles furent enfin décapitées. Depuis le XIIe siècle, leurs corps reposent dans l’église du Latran.

2. La messe (Laudate pueri). — La messe, qui est très ancienne, a un texte propre : elle est en particulier une glorification de la mère énergique qui encourage ses fils au martyre.

Déjà, à l’Introït, nous voyons l’heureuse mère au ciel, entourée de ses sept fils. Sans doute elle fut réduite à être sur terre « une mère sans enfants », mais maintenant « elle est dans la joie à cause de ses fils » (ce psaume 112, à l’introït, produit un bel effet et se trouve parfaitement à sa place).

La leçon est l’éloge bien connu de la « femme forte ». « Ses fils grandissent, c’est pourquoi on la proclame bienheureuse !... Beaucoup de filles ont rassemblé de grandes richesses, mais tu les as toutes surpassées. La grâce féminine est trompeuse, la beauté est éphémère, mais la femme qui craint Dieu mérite d’être louée ».

Au Graduel, nous entendons les sept frères louer Dieu dans le ciel, tels des oiseaux délivrés du filet de l’oiseleur ; leur martyre est une délivrance du filet de la vie terrestre (nous pensons presque nécessairement aux Saints Innocents). L’alléluia est une hymne métrique sur le thème du véritable amour fraternel qui a persévéré jusque dans la mort subie en commun.

Particulièrement belle est l’application de l’Évangile à notre fête. C’est l’épisode suivant de la vie du Christ : on avertit le Seigneur que sa mère et ses frères sont là à la porte et le demandent. Mais lui embrasse du regard ses disciples et répond : « Ma mère et mes frères, les voici ! Quiconque fait la volonté de mon Père, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère ». La liturgie veut donc nous faire entendre que la mère des martyrs, ses sept fils et les deux sœurs sont devenus, en mourant pour le Christ (c’est-à-dire pour la volonté du Père), la mère, les frères et les sœurs du Christ ; et nous, qui au Saint Sacrifice nous unissons à ces saints, nous partageons cet honneur : nous aussi nous devenons la mère, les frères, les sœurs du Christ !

Et quand nous participons à la sainte communion, nous entendons encore les mêmes paroles de la bouche du Christ : oui, c’est précisément par l’Eucharistie que nous avons part à l’honneur d’être la mère, les frères et les sœurs du Christ. Nous devenons parents du Christ par le sang, puisque nous nous incorporons son sang. Une messe vraiment magnifique !

3. La prière des Heures. — Pour compléter notre joie en cette fête, la prière des Heures nous offre sur l’Évangile du jour une homélie du pape saint Grégoire 1er, qu’il a « prononcée devant les fidèles dans la basilique de sainte Félicité, le jour de la fête de cette sainte ». Cette homélie est si belle que j’aurais désiré la reproduire en entier et sans coupures. Mais l’espace limite dont je dispose ne me permet que d’en donner un résumé : « L’évangile que nous venons de lire, frères bien-aimés, est court, et cependant riche d’un contenu plein de mystères ». Jésus se comporte comme s’il ne connaissait pas sa mère ni ses parents, et il désigne comme sa mère et ses parents ceux qui lui sont unis non par la parenté du sang, mais par la parenté spirituelle. Saint Grégoire fait l’application de cette attitude à la Synagogue et aux Juifs d’une part, aux païens de l’autre. La Synagogue et les Juifs qui lui sont apparentés par les liens du sang, puisqu’il descend des mêmes ancêtres, se tiennent au dehors, et il ne les connaît pas parce qu’ils ne croient pas en lui ; mais les païens, il les embrasse du regard et les reconnaît pour ses parents, parce qu’ils répondent à son appel. — Nous ne nous étonnons pas que le Seigneur appelle les fidèles qui font la volonté de son Père ses frères et ses sœurs ; il a déjà donné ce nom à ses disciples après sa Résurrection : « Allez et annoncez à mes frères... » [31]. Toutefois il nous semble extraordinaire qu’il puisse appeler quelqu’un sa mère. « Cependant nous devons savoir que quiconque est le frère et la sœur du Christ par la foi devient sa mère par la prédication de l’Évangile, car il donne pour ainsi dire naissance au Seigneur quand il le rend vivant dans le cœur de ses auditeurs. Sainte Félicité, dont nous célébrons aujourd’hui l’anniversaire, peut nous servir d’exemple. Comme croyante, elle était une servante du Seigneur ; comme messagère de la foi, elle fut la mère du Christ ». Le texte de l’homélie utilisé aux Matines s’arrête ici ; mais plus loin saint Grégoire prononce un éloge de la mère des martyrs qui exhorta ses fils à l’amour de la patrie céleste et qui les engendra à la vie spirituelle, comme elle les avait engendrés selon la chair à la vie de ce monde. « Contemplez, mes frères, en ce corps de femme un cœur viril... Dois-je appeler cette femme une martyre ? Elle est plus qu’une martyre ; elle a envoyé devant elle sept gages dans le royaume de Dieu ; sept fois elle est morte avant sa propre mort ; elle est allée la première au martyre, elle l’a consommé en mourant la huitième. C’est abreuvée de douleur, mais pourtant ferme dans son intrépidité, qu’elle vit mourir ses fils ; en elle la joie de l’espérance s’unissait à la douleur naturelle... Sainte Félicité l’emporte donc sur les martyrs, car elle mourut pour le Christ autant de fois qu’elle vit mourir ses fils avant elle. Sa seule mort ne suffisait pas à son amour pour le Christ ».

 [31] Matth., XXVIII, 10.

SOURCE : http://www.introibo.fr/10-07-Les-7-Freres-et-les-Stes


Jan Luyken, Décapitation de Félicité et de ses fils. Gravure, XVIIe siècle.
St. Felicitas

MARTYR.

The earliest list of the Roman feasts of martyrs, known as the "Depositio Martyrum" and dating from the time ofPope Liberius, i.e. about the middle of the fourth century (Ruinart, Acta sincera, Ratisbon, p. 631), mentions seven martyrs whose feast was kept on 10 July. Their remains had been deposited in four different catacombs, viz. in three cemeteries on the Via Salaria and in one on the Via Appia. Two of the martyrs, Felix and Philip, reposed in the catacomb of Priscilla; Martial, Vitalis and Alexander, in the Coemeterium Jordanorum; Silanus (or Silvanus) in the catacomb of Maximus, and Januarius in that of Prætextatus. To the name of Silanus is added the statement that his body was stolen by the Novatians (hunc Silanum martyrem Novatiani furati sunt). In the Actsof these martyrs, that certainly existed in the sixth century, since Gregory the Great refers to them in his "Homiliæ super Evangelia" (Lib. I, hom. iii, in P.L., LXXVI, 1087), it is stated that all seven were sons of Felicitas, a noble Roman lady. According to these Acts Felicitas and her seven sons were imprisoned because of theirChristian Faith, at the instigation of pagan priests, during the reign of Emperor Antoninus. Before the prefectPublius they adhered firmly to their religion, and were delivered over to four judges, who condemned them to various modes of death. The division of the martyrs among four judges corresponds to the four places of theirburial. St. Felicitas herself was buried in the catacomb of Maximus on the Via Salaria, beside Silanus.


These Acts were regarded as genuine by Ruinart (op. cit., 72-74), and even distinguished modern archæologists have considered them, though not in their present form corresponding entirely to the original, yet in substancebased on genuine contemporary records. Recent investigations of Führer, however (see below), have shown this opinion to be hardly tenable. The earliest recension of these Acts, edited by Ruinart, does not antedate the sixth century, and appears to be based not on a Roman, but on a Greek original. Moreover, apart from the present form of the Acts, various details have been called in question. Thus, if Felicitas were really the mother of the seven martyrs honoured on 10 July, it is strange that her name does not appear in the well-known fourth-centuryRoman calendar. Her feast is first mentioned in the "Martyrologium Hieronymianum", but on a different day (23 Nov.). It is, however, historically certain that she, as well as the seven martyrs called her sons in the Actssuffered for the Christian Faith. From a very early date her feast was solemnly celebrated in the Roman Churchon 23 November, for on that day Gregory the Great delivered a homily in the basilica that rose above her tomb. Her body then rested in the catacomb of Maximus; in that cemetery on the Via Salaria all Roman itineraries, or guides to the burial-places of martyrs, locate her burial-place, specifying that her tomb was in a church above this catacomb (De Rossi, Roma sotterranea, I, 176-77), and that the body of her son Silanus was also there. Thecrypt where Felicitas was laid to rest was later enlarged into a subterranean chapel, and was rediscovered in 1885. A seventh-century fresco is yet visible on the rear wall of this chapel, representing in a group Felicitas and her seven sons, and overhead the figure of Christ bestowing upon them the eternal crown.

Certain historical references to St. Felicitas and her sons antedate the aforesaid Acts, e.g. a fifth-century sermonof St. Peter Chrysologus (Sermo cxxxiv, in P.L., LII, 565) and a metrical epitaph either written by Pope Damasus(d. 384) or composed shortly after his time and suggested by his poem in praise of the martyr:

Discite quid meriti præstet pro rege feriri; 

Femina non timuit gladium, cum natis obivit, 
Confessa Christum meruit per sæcula nomen.



[Learn how meritorious it is to die for the King (Christ). This woman feared not the sword, but perished with her sons. She confessed Christ and merited an eternal renown.--Ihm, Damasi Epigrammata (Leipzig, 1895), p. 45.] We possess, therefore, confirmation for an ancient Roman tradition, independent of the Acts, to the effect that the Felicitas who reposed in the catacomb of Maximus, and whose feast the Roman Church commemorated 23 Nov., suffered martyrdom with her sons; it does not record, however, any details concerning these sons. It may be recalled that the tomb of St. Silanus, one of the seven martyrs (10 July), adjoined that of St. Felicitas and was likewise honoured; it is quite possible, therefore, that tradition soon identified the sons of St. Felicitas with the seven martyrs, and that this formed the basis for the extant Acts. The tomb of St. Januarius in the catacomb of Prætextatus belongs to the end of the second century, to which period, therefore, the martyrdoms must belong, probably under Marcus Aurelius. If St. Felicitas did not suffer martyrdom on the same occasion we have no means of determining the time of her death. In an ancient Roman edifice near the ruins of the Baths of Titusthere stood in early medieval times a chapel in honour of St. Felicitas. A faded painting in this chapel represents her with her sons just as in the above-mentioned fresco in her crypt. Her feast is celebrated 23 Nov.

Sources

RUINART, Acta sincera martyrum (Ratisbon, 1859), 72-74; Acta SS., July, III, 5-18; Bibliotheca hagiographica latina, I, 429-30; ALLARD, Histoire des persécutions (2nd ed., Paris, 1892), I, 345- 68; AUBÉ, Histoire des persécutions de l'Église jusqu'à la fin des Antonins (Paris, 1845), 345 sq., 439 sqq.; DOULCET, Essai sur les rapports de l'Église chrétienne avec l'Etat romain pendant les trois premiers siècles (Paris, 1883), 187-217; DUFOURCQ, Gesta Martyrum romains (Paris, 1900), I, 223-24; DE ROSSI, Bullettino di archeol. crist. (1884-85), 149-84; FöHRER, Ein Beitrag zur Lösung der Felicitasfrage (Freising, 1890); IDEM, Zur Felicitasfrage (Leipzig, 1894); KÖNSTLE, Hagiographische Studien über die Passio Felicitatis cum VII filiis (Paderborn, 1894); MARUCCHI, La catacombe romane (Rome, 1903), 388-400.

Kirsch, Johann Peter. "St. Felicitas." The Catholic Encyclopedia. Vol. 6. New York: Robert Appleton Company, 1909. 29 Nov. 2015<http://www.newadvent.org/cathen/06028a.htm>.

Transcription. This article was transcribed for New Advent by Robert B. Olson. Offered to Almighty God for Kristin Ann Olson.


Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. September 1, 1909. Remy Lafort, Censor. Imprimatur. +John M. Farley, Archbishop of New York.

SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/06028a.htm

Felicity of Rome M (RM)

(also known as Felicitas)

Died 165. What would you say if tomorrow you read in the newspaper that your next-door neighbor urged her seven sons to surrender to a killer? For their faith? Would you think she was a fanatic? Or, would you applaud her bravery? As someone once asked me, would you be willing to raise your own children to lay down their lives for the sake of Jesus Christ and His Church? Would you be willing to lay your own life on the line?

It's sometimes easy to read the lives of the saints and think that they are simply fantasy figures--not flesh and blood, not real people who shed real tears, who experienced a moment of fear or vacillation, who felt real pain. But what if it were you or your neighbor?

We read the Scriptures and hear the homilies that our lives should be so absorbed in God that we would gladly do whatever He would require. Yet, so often, we cannot even bear the pricks of another's words.

I suppose that I first became interested in St. Felicity because of the similarity between her story and that of the mother of the Maccabees (2 Maccabees 7)--a story that affected me viscerally when I first read it to the assembly, unable to stop my tears.

While we know little about the real Felicity and her seven sons, her legend is large enough to call us to question the depth of our own faith. There was indeed a widow named Felicity martyred in Rome on November 23 in an unknown year and buried in the cemetery of Maximus on the Salarian Way.

The traditional account asserts that Felicity was a rich widow with seven sons and devoted herself to charitable work. She was so effective in proselytizing that the pagan priests lodged a complaint against her with Emperor Marcus Antonius Pius, who caused her to be arraigned before Publius, the prefect of Rome. He used various pleas and threats in an unsuccessful attempt to get her to worship the pagan gods and was equally unsuccessful with her seven sons who followed their mother's example.

He remanded the case to the Emperor, who ordered them all executed (or they were then brought before four different judges and sentenced to die in differing ways). Felicity was beheaded with Alexander, Vitalis, and Martial; Januarius was scourged to death; Felix and Philip were beaten to death with clubs; and Silvanus was drowned in the Tiber.

So, what would you do in St. Felicity's shoes? Let's all pray to God that we will be able to withstand the trial.

While this is a legend, in fact, there are eight martyrs by these names. Seven men with these names all died and are commemorated on July 10, and were buried in four Roman cemeteries. One of them, Silvanus, is even buried near Felicity's tomb. The proximity probably gave rise to the legend that they were brothers (the so- called Seven Brothers) and her sons, but there is no evidence that the eight were related by any blood other than the blood of martyrs.

It is likely that this Felicity, rather than the one associated with Perpetua, is the saint named in the Canon of the Mass. It is also likely that St. Felicity and Saint Symphorosa are the same person (Attwater, Benedictines, Delaney, Encyclopedia).

In art this Felicity is enthroned in religious habit or widow's weeds, holding a palm, surrounded by her seven sons, who also hold palms. Sometimes she is shown (1) with a palm, book and four children at her feet; (2) with St. Andrew Apostle; or (3) with a sword by her. She is invoked by women who pray for sons (Roeder).

SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/1123.shtml

July 10

The Seven Brothers, Martyrs, and St. Felicitas, Their Mother

From their genuine acts in Ruinart, and Tillemont, t. 2. See the remarks of Pinius the Bollandist, t. 3, Julij, p. 5.

In the Second Century.

THE ILLUSTRIOUS martyrdom of these saints has been justly celebrated by the holy fathers. It happened at Rome under the emperor Antoninus, that is, according to several ancient copies of the acts, Antoninus Pius. 1 The seven brothers were the sons of St. Felicitas, a noble pious Christian widow in Rome, who brought them up in the most perfect sentiments and practice of heroic virtue. After the death of her husband she served God in a state of continency 2 and employed herself wholly in prayer, fasting, and works of charity. By the public and edifying example of this lady and her whole family, many idolaters were moved to renounce the worship of their false gods, and to embrace the faith of Christ, which Christians were likewise encouraged by so illustrious a pattern only to profess. This raised the spleen of the heathenish priests, who complained to the emperor Antoninus that the boldness with which Felicitas publicly practised the Christian religion, drew many from the worship of the immortal gods who were the guardians and protectors of the empire, and that it was a continual insult on them; who, on that account, were extremely offended and angry with the city and whole state. They added, that in order to appease them, it was necessary to compel this lady and her children to sacrifice to them. Antoninus being himself superstitious was prevailed upon by this remonstrance to send an order to Publius the prefect of Rome, to take care that the priests should be satisfied, and the gods appeased in this matter. Publius caused the mother and her sons to be apprehended and brought before him. When this was done he took Felicitas aside, and used the strongest inducements to bring her freely to sacrifice to the gods, that he might not be obliged to proceed with severity against her and her sons; but she returned him this answer: “Do not think to frighten me by threats, or to win me by fair speeches. The spirit of God within me will not suffer me to be overcome by Satan, and will make me victorious over all your assaults.” Publius said in a great rage: “Unhappy woman, is it possible you should think death so desirable as not to permit even your children to live, but force me to destroy them by the most cruel torments?” “My children,” said she, “will live eternally with Christ if they are faithful to him; but must expect eternal death if they sacrifice to idols.” The next day the prefect, sitting in the square of Mars before his temple, sent for Felicitas and her sons, and addressing his speech to her said: “Take pity on your children, Felicitas; they are in the bloom of youth, and may aspire to the greatest honours and preferments.” The holy mother answered: “Your pity is really impiety, and the compassion to which you exhort me would make me the most cruel of mothers.” Then turning herself towards her children, she said to them: “My sons, look up to heaven where Jesus Christ with his saints expects you. Be faithful in his love, and fight courageously for your souls.” Publius being exasperated at this behaviour, commanded her to be cruelly buffeted, saying: “You are insolent indeed, to give them such advice as this in my presence, in contempt of the orders of our princes.” 1

The judge then called the children to him one after another, and used many artful speeches, mingling promises with threats to induce them to adore the gods. Januarius, the eldest, experienced his assaults the first, but resolutely answered him: “You advise me to do a thing that is very foolish, and contrary to all reason; but I confide in my Lord Jesus Christ, that he will preserve me from such an impiety.” Publius ordered him to be stripped and cruelly scourged, after which he sent him back to prison. Felix, the second brother, was called next, and commanded to sacrifice. But the generous youth replied: “There is one only God. To him we offer the sacrifice of our hearts. We will never forsake the love which we owe to Jesus Christ. Employ all your artifices; exhaust all inventions of cruelty; you will never be able to overcome our faith.” The other brothers made their answers separately, that they feared not a passing death, but everlasting torments; and that having before their eyes the immortal recompenses of the just, they despised the threats of men. Martialis, who spoke last, said: “All who do not confess Christ to be the true God, shall be cast into eternal flames.” 3 The brothers, after being whipped, were remanded to prison, and the prefect, despairing to be able ever to overcome their resolution, laid the whole process before the emperor. Antoninus having read the interrogatory, gave an order that they should be sent to different judges, and be condemned to different deaths. Januarius was scourged to death with whips loaded with plummets of lead. The two next, Felix and Philip, were beaten with clubs till they expired. Sylvanus, the fourth, was thrown headlong down a steep precipice. The three youngest, Alexander, Vitalis, and Martialis, were beheaded, and the same sentence was executed upon the mother four months after. St. Felicitas is commemorated in the Roman Martyrology on the 23d of November; the sons on the 10th of July, on which day their festival is marked in the old Roman Calendar, published by Bucherius. 4

St. Gregory the Great delivered his third homily on the Gospels, on the festival of St. Felicitas, in the church built over her tomb on the Salarian road. In this discourse he says, that this saint “having seven children was as much afraid of leaving them behind her on earth, as other mothers are of surviving theirs. She was more than a martyr, for seeing her seven dear children martyred before her eyes, she was in some sort a martyr in each of them. She was the eighth in the order of time, but was from the first to the last in pain, and began her martyrdom in the eldest, which she only finished in her own death. She received a crown not only for herself, but likewise for all her children. Seeing them in torments she remained constant, feeling their pains by nature as their mother, but rejoicing for them in her heart by hope.” The same father takes notice how weak faith is in us: in her it was victorious over flesh and blood; but in us is not able to check the sallies of our passions, or wean our hearts from a wicked and deceitful world. “Let us be covered with shame and confusion,” says he, “that we should fall so far short of the virtue of this martyr, and should suffer our passions still to triumph over faith in our hearts. Often one word spoken against us disturbs our minds; at the least blast of contradiction we are discouraged or provoked; but neither torments nor death were able to shake her courageous soul. We weep without ceasing when God requires of us the children he hath lent us; and she bewailed her children when they did not die for Christ, and rejoiced when she saw them die.” What afflictions do parents daily meet with from the disorders into which their children fall through their own bad example or neglect! Let them imitate the earnestness of St. Felicitas in forming to perfect virtue the tender souls which God hath committed to their charge, and with this saint they will have the greatest of all comforts in them; and will by his grace count as many saints in their family as they are blessed with children. 3

Note 1. Ceillier and some others think this emperor to have been M. Aurelius Antoninus Philosophus, who was a persecutor, and reigned with Lucius Verus; the latter was absent from Rome in the Parthian war, from 162 to 166; on which account, say these authors, he did not appear in this trial. See Tillemont, t. 2, p. 326. But that these martyrs suffered under Antoninus Pius, in the thirteenth year of his reign, of Christ 150, we are assured by an old inscription in several ancient MS. copies of their acts mentioned by Ruinart. That this emperor put several Christians to death whilst he was governor of Asia, before his accession to the empire, Tertullian testifies, (ad Scapul.) And that towards the end of his reign, notwithstanding his former mildness towards them, he again exercised the sword and torments on them, we have an undoubted proof in the genuine epitaph of St. Alexander, martyr, produced by Arringhi, Diss. 2, l. 3, c. 22. See Berti in Sæc. 2.

Note 2. Quæ in viduitate permanens Deo suam voverat castitatem. Ruin Act. Sincer. p. 21.

Note 3. Omnes qui non confitentur Christum verum esse Deum, in ignem æternum mittentur. Ruin. p. 23.

Note 4. In Cyclum Pasch. p. 268.

Rev. Alban Butler (1711–73). Volume VII: July. The Lives of the Saints. 1866.

SOURCE : http://www.bartleby.com/210/7/101.html

Saint Felicity of Rome

Also known as
  • Felicitas
Profile

Rich, noble widow. Mother of seven sons, all of whom were martyred
Felicity was devoted to charity and caring for the poor. She was arrested for her faith and ordered to worship pagan gods; she refused. Her sons were arrested and given the same order; they refused. After a series of appeals, all of which were turned down, they were all ordered executed by emperor Antoninus. Felicity was forced to watch as her children were murdered one by one; after each one she was given the chance to denouce her faith. Martyr.


SOURCE : http://catholicsaints.info/saint-felicity-of-rome/

July 10.—THE SEVEN BROTHERS, Martyrs, and ST. FELICITAS, their Mother.

THE illustrious martyrdom of these Saints happened at Rome, under the Emperor Antoninus. The seven brothers were the sons of St. Felicitas, a noble, pious, Christian widow in Rome, who, after the death of her husband, served God in a state of continency and employed herself wholly in prayer, fasting, and works of charity. By the public and edifying example of this lady and her whole family many idolaters were moved to renounce the worship of their false gods, and to embrace the Faith of Christ. This excited the anger of the heathen priests, who complained to the emperor that the boldness with which Felicitas publicly practised the Christian religion drew many from the worship of the immortal gods, who were the guardians and protectors of the empire, and that, in order to appease these false gods, it was necessary to compel this lady and her children to sacrifice to them. Publius, the prefect of Rome, caused the mother and her sons to be apprehended and brought before him, and, addressing her, said, "Take pity on your children, Felicitas; they are in the bloom of youth, and may aspire to the greatest honors and preferments." The holy mother answered, "Your pity is really impiety, and the compassion to which you exhort me would make me the most cruel of mothers." Then turning herself towards her children, she said to them, "My sons, look up to heaven, where Jesus Christ with His Saints expects you. Be faithful in His love, and fight courageously for your souls." Publius, being exasperated at this behavior, commanded her to be cruelly buffeted; he then called the children to him one after another, and used many artful speeches, mingling promises with threats to induce them to adore the gods. His arguments and threats were equally in vain, and the brothers were condemned to be scourged. After being whipped, they were remanded to prison, and the prefect, despairing to overcome their resolution, laid the whole process before the emperor. Antoninus gave an order that they should be sent to different judges, and be condemned to different deaths. Januarius was scourged to death with whips loaded with plummets of lead. The two next, Felix and Philip, were beaten with clubs till they expired. Sylvanus, the fourth, was thrown headlong down a steep precipice. The three youngest, Alexander, Vitalis, and Martialis, were beheaded, and the same sentence was executed upon the mother four months after.

Reflection.—What afflictions do parents daily meet with from the disorders into which their children fall through their own bad example or neglect! Let them imitate the earnestness of St. Felicitas in forming to perfect virtue the tender souls which God hath committed to their charge, and with this Saint they will have the greatest of all comforts in them, and will by His grace count as many Saints in their family as they are blessed with children.

SOURCE : http://www.sacred-texts.com/chr/lots/lots218.htm


Neri di Bicci, Sainte Félicité et ses sept fils, avec prédelle.
Église Santa Felicita (Florence).

Santa Felicita e sette fratelli Martiri


Emblema: Palma

Martirologio Romano: A Roma nel cimitero di Massimo sulla via Salaria nuova, santa Felicita, martire.

Il più antico documento che ricorda la martire Felicita il Martirologio Geronimiano, il quale, alla data del 23 novembre, ha: "Romae in cimiterio Maximi, Felicitatis" (il cimitero di Massimo è sulla via Salaria Nuova). Questa notizia del Geronimiano è confermata dagli itinerari, i quali indicavano ai pellegrini il sepolcro della martire in quel cimitero, e dalle biografie dei papi che lo avevano restaurato. Un frammento di epitafio ci fa sapere che due cristiani si erano scelti qui il sepolcro:

Conferma questa notizia il fatto che, al tempo di Gregorio Magno (590-604), tra gli altri olii raccolti dal presbitero Giovanni sui sepolcri dei martiri romani, fu offerto alla regina Teodolinda anche l'olio della lampada che ardeva presso il sepolcro della martire. Egli, tuttavia, tratto in inganno dalla pittura murale, rappresentante Felicita in mezzo a sette figure, credette che qui riposassero con lei i suoi sette figli.
Il Burkitt, contro l'opinione comune, ha preteso dimostrare, senza argomenti convincenti, che la Felicita del Canone romano, non è la compagna di Perpetua, ricordata il 7 marzo, ma la Felicita del 23 novembre.

Felicita è conosciuta comunemente come la madre dei sette fratelli martiri. La sua passio è pervenuta attraverso due testi: il primo, molto breve, è conservato in numerosi mss., il secondo si riallaccia ad una traslazione di reliquie a Benevento ed è un rimaneggiamento senza valore del primo. Secondo la passio più antica, composta tra la fine del sec. IV e l'inizio del sec. V, Felicita, ricca vedova, fu accusata da sacerdoti pagani all'imperatore Antonino. Publio, prefetto di Roma, incaricato dall'imperatore di giudicare la santa, cominciò ad interrogarla da sola, e tuttavia non ottenne alcun risultato. Il giorno dopo fece condurre la madre e i sette figli presso il foro di Marte, ma Felicita esortò i figli a rimanere saldi nella fede. Il giudice se li fece condurre davanti l'uno dopo l'altro: Gennaro, Felice, Filippo, Silano, Alessandro, Vitale e Marziale. Non riuscendo a piegare la loro costanza, li assegnò a diversi giudici incaricati di eseguire la sentenza di morte, che fu eseguita con diversi supplizi. Questo racconto è una imitazione dell'episodio biblico dei sette fratelli Maccabei e non ha alcuna base storica. Gli Acta di Felicita, inoltre, richiamano quelli analoghi di s. Sinforosa e dei suoi sette figli. I sette nomi, dati ai pretesi figli di Felicita, si trovano nella Depositio Martyrum alla data del 10 luglio, senza alcun rapporto di parentela fra loro e con Felicita Poiché questi martiri erano sepolti in quattro cimiteri, l'agiografo ha creduto opportuno di scrivere che la sentenza fu eseguita da quattro giudici. E' da aggiungere che l'autore non dice dove fosse il sepolcro dei martiri e tanto meno il loro giorno anniversario. Damaso, poi, nell'epigrafe in onore dei ss. Felice e Filippo, mostra di ignorare questa parentela e i tre versi che si riferiscono a Felicita sono di origine dubbia.

Sul sepolcro di Felicita, papa Bonifacio I (418-22) edificò una basilica nella quale egli stesso fu sepolto, come indicano il Martirologio Geronimiano (VI sec.) e il Liber Pontificalis. La devozione del papa a Felicita nacque dall'essersi egli rifugiato in quel cimitero ed avere abitato in costruzioni sopra terra durante lo scisma di Eulalio, terminato come egli ritenne, per opera della santa. Nella basilica, s. Gregorio Magno recitò un'omelia nel dies natalis della martire, facendo riferimento alla passio. I resti di un dipinto del sec. VIII, nella stessa catacomba, mostrano il Redentore che dà la corona a Felicita e a sette martiri, quegli stessi che sono stati creduti figli di Felicita.

Presso le terme di Traiano dal lato verso il Colosseo, nel 1812 fu scoperto un oratorio in onore della santa con la sua immagine; qui si recavano le matrone a pregare. Felicita, come attesta l'iscrizione ivi scoperta, posta ai lati del capo, era venerata come protettrice delle donne romane:FELICITAS CULTRIX ROMANARUM.

L'oratorio, di modeste dimensioni, era ornato, nella nicchia dell'altare, da una pittura del sec. V-VI, la quale rappresentava la martire, eretta, in figura di orante, con intorno i suoi sette pretesi figli, e in alto la figura' del Redentore, che tiene nella destra una corona gemmata per cingerle il capo. Quando il dipinto venne alla luce, mostrava a destra, in basso, la figura di un carceriere con la chiave: forse perché si credeva che Felicita fosse stata in carcere in questo luogo, prima di sostenere il martirio. Il De Rossi ritiene che il sito fosse l'abitazione di Felicita: se ciò corrispondesse alla realtà, si spiegherebbe la devozione delle matrone romane per esso.

Il Martirologio Romano commemora Felicita alla data del 23 novembre, con un elogio preso dalla passio.

E' invocata, a causa dei pretesi sette figli, dalle donne che desiderano avere prole.


Autore: 
Filippo Caraffa


Edmond Le Blant  « Sur l'authenticité du martyre de sainte Félicité et de ses sept fils. ».Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres Année   1875, Volume   19, Numéro   2, pp. 138-141 :

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1875_num_19_2_68220