huile sur toile, 75,5 X 65,4 collection
particulière.
Pénitente
(Ier
siècle)
Marie
Madeleine, soeur de Marthe et de Lazare, était d'une famille distinguée de
Béthanie. Après la mort de ses parents, Marie avait reçu en héritage le château
de Magdala, en Galilée, d'où lui vint le surnom de Madeleine, et elle y vivait
dans le luxe et les plaisirs au point qu'elle devint le scandale de toute la
Galilée, et qu'on ne la connut bientôt que sous le nom de la Pécheresse. En
punition de ses débordements, elle fut possédée du démon jusqu'au jour où le
Sauveur, lui remettant ses péchés, la délivra de la domination de Satan.
Dieu
avait fait naître en ce coeur coupable le désir de voir Jésus; ce désir devait
être son salut, car le Sauveur voulait donner en Madeleine un exemple frappant
de Sa miséricorde infinie en même temps que de la plus parfaite pénitence.
C'est elle qui, ayant un jour suivi le Seigneur chez Simon le Pharisien, versa
sur les pieds de Jésus un vase de parfum précieux, les arrosa de ses larmes et
les essuya avec ses cheveux, et qui entendit ensuite cette parole :
"Beaucoup de péchés lui sont pardonnés, parce qu'elle a beaucoup aimé."
Nous
la rencontrons, depuis lors, très souvent dans l'Évangile; elle contemple Jésus
et L'écoute, dans la maison de Béthanie, pendant que sa soeur Marthe s'occupe
seule du service de la maison: "Marie, dit le Sauveur, a choisi la
meilleure part." Une autre fois, dans les derniers jours de sa vie, Jésus
voit Madeleine répandre un parfum délicieux sur cette tête divine qui bientôt
sera couronnée d'épines. Elle accompagne le Sauveur au sommet du Calvaire,
assiste à Sa mort et à Sa sépulture, et bientôt reçoit l'une des premières
visites du Christ ressuscité: "Marie!" S'écrie le
Sauveur. Et Marie, reconnaissant Jésus, Lui répond dans une effusion
d'amour: "O mon Maître!"
Peu
après, les Juifs endurcis, fatigués de ses exhortations et de celles de Marthe
et de Lazare, les exposèrent sur la mer par une tempête, dans une pauvre barque
sans rames ni voiles. La nacelle voguait à la garde de Dieu, et vint aborder,
après quelques jours, au rivage de Marseille. Les pieux disciples du Christ
firent là de nombreuses conquêtes.
Quant
à Madeleine, elle s'enfonça dans les montagnes sauvages et solitaires et fut
transportée par les anges dans une grotte appelée depuis la Sainte-Baume, où
elle mena une vie plus angélique qu'humaine, favorisée des grâces les plus
merveilleuses, ne vivant que de la Sainte Communion, soupirant et versant des
larmes de pénitence et d'amour.
Abbé
L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours,
Mame, 1950.
Le culte de Ste Marie-Madeleine apparaît à Rome au XIe siècle. La messe est attestée au siècle suivant. Mais les formulaires différeront selon le portrait que l’on veut dresser de la sainte : præco Resurrectionis, l’annonciatrice de la Résurrection ; la sœur de Lazare (collecte de la messe actuelle), la pécheresse de l’Évangile, etc…
Certains penseurs modernes et rationalistes continuent de séparer les ‘trois’ Madeleines : la tradition de l’Église à ce sujet est ferme depuis St Grégoire le Grand, et il n’y a aucune raison, même exégétique ou historico-critique de la remettre en doute, même si les traditions orientales le font. La pécheresse de l’Évangile, sœur de Lazare, devenue avec sa fratrie des familiers de Notre-Seigneur est bien la femme qui sera honorée de l’apparition de Notre-Seigneur et de la mission d’annoncer la Résurrection aux Apôtres eux-mêmes. L’Office liturgique en est une preuve à lui seul.
Dom Guéranger, l’Année Liturgique
« Trois Saints, dit à Brigitte de Suède le Fils de Dieu, m’ont agréé pardessus tous les autres : Marie ma mère, Jean-Baptiste, et Marie Madeleine » [23]. Figure, nous disent les Pères [24], de l’Église des Gentils appelée des abîmes du péché à la justice parfaite, Marie Madeleine plus qu’aucune autre, en effet, personnifia les égarements et l’amour de cette humanité que le Verbe avait épousée. Comme les plus illustres personnages de la loi de grâce, elle se préexista dans les siècles. Suivons dans l’histoire de la grande pénitente la marche tracée par la voix unanimement concordante de la tradition : Madeleine, on le verra, n’en sera point diminuée.
Lorsqu’avant tous les temps Dieu décréta de manifester sa gloire, il voulut régner sur un monde tiré du néant ; et la bonté en lui égalant la puissance, il fit du triomphe de l’amour souverain la loi de ce royaume que l’Évangile nous montre semblable à un roi qui fait les noces de son fils [25].
C’était jusqu’aux limites extrêmes de la création, que l’immortel Fils du Roi des siècles arrêta de venir contracter l’alliance résolue au sommet des collines éternelles. Bien au-dessous de l’ineffable simplicité du premier Être, plus loin que les pures intelligences dont la divine lumière parcourt en se jouant les neuf chœurs, l’humaine nature apparaissait, esprit et corps, faite elle aussi pour connaître Dieu, mais le cherchant avec labeur, nourrissant d’incomplets échos sa soif d’harmonies, glanant les derniers reflets de l’infinie beauté sur l’inerte matière. Elle pouvait mieux, dans son infirmité, manifester la condescendance suprême ; elle fixa le choix de Celui qui s’annonçait comme l’Époux.
Parce que l’homme est chair et sang, lui donc aussi se ferait chair [26] ; il n’aurait point les Anges pour frères [27], et serait fils d’Adam. Splendeur du Père dans les deux [28], le plus beau de sa race ici-bas [29], il captiverait l’humanité dans les liens qui l’attirent [30]. Au premier jour du monde, en élevant par la grâce l’être humain jusqu’à Dieu, en le plaçant au paradis de l’attente, l’acte même de création scella les fiançailles.
Hélas ! Sous les ombrages de l’Éden, l’humanité ne sut attendre l’Époux. Chassée du jardin de délices, elle se jeta dans tous les bois sacrés des nations et prostitua aux idoles vaines ce qui lui restait de sa gloire [31]. Car grands encore étaient ses attraits ; mais ces dons de nature, quoiqu’elle l’eût oublié [32], restaient les présents profanés de l’Époux : « Cette beauté qui te rendait parfaite aux yeux, c’était la mienne que j’avais mise en toi, dit le Seigneur Dieu » [33].
L’amour n’avouait pas sa défaite [34] ; la Sagesse, suave et forte [35], entreprenait de redresser les sentiers des humains [36]. Dans l’universelle conspiration [37], laissant les nations mener jusqu’au bout leur folle expérience [38], elle se choisit un peuple issu de souche sainte, en qui la promesse faite à tous serait gardée [39]. Quand Israël sortit d’Égypte, et la maison de Jacob du milieu d’un peuple barbare, la nation juive fut consacrée à Dieu, Israël devint son domaine [40]. En la personne du fils de Béor, la gentilité vit passer au désert ce peuple nouveau, et elle le bénit dans l’admiration des magnificences du Seigneur habitant avec lui sous la tente, et cette vue fit battre en elle un instant le cœur de l’Épouse. « Je le verrai, s’écria-t-elle en son transport, mais non maintenant ; je le contemplerai, mais plus tard [41] ! » Du sommet des collines sauvages [42] d’où l’Époux l’appellera un jour [43], elle salua l’étoile qui devait se lever de Jacob, et redescendit prédisant la ruine à ces Hébreux qui l’avaient pour un temps supplantée [44].
Extase sublime, suivie bientôt de plus coupables égarements ! Jusques à quand, fille vagabonde, t’épuiseras-tu dans ces délices fausses [45] ? Comprends qu’il t’a été mauvais d’abandonner ton Dieu [46]. Les siècles ont passé ; la nuit tombe [47] ; l’étoile a paru, signe de l’Époux conviant les nations [48]. Laisse-toi ramener au désert ; écoute Celui qui parle à ton cœur [49]. Ta rivale d’autrefois n’a point su rester reine ; l’alliance du Sinaï n’a produit qu’une esclave [50]. L’Époux attend toujours l’Épouse.
Quelle attente, ô Dieu, que celle qui vous fait franchir au-devant de l’infidèle humanité les collines et les monts [51] ! A quel point donc peuvent s’abaisser les cieux [52], que devenu péché pour l’homme pécheur [53], vous portiez vos conquêtes au delà du néant [54], et triomphiez de préférence au fond des abîmes [55] ? Quelle est cette table où votre Évangéliste nous montre le Fils de l’Eternel, inconnu sous la servile livrée des hommes mortels, assis sans gloire dans la maison du pharisien superbe [56] ? L’heure a sonné où l’altière synagogue qui n’a su ni jeûner avec Jean, ni se réjouir avec Celui dont il préparait les sentiers, va voir enfin Dieu justifier les délais de son miséricordieux amour [57]. « Ne méprisons pas comme des pharisiens les conseils de Dieu, s’écrie saint Ambroise à cet endroit du livre sacré [58]. Voici que chantent les fils de la Sagesse ; écoute leurs voix, entends leurs danses : c’est l’heure des noces. Ainsi chantait le Prophète, quand il disait : Viens ici du Liban, mon Épouse, viens ici du Liban [59] ».
Et voici qu’une femme, qui était pécheresse dans la ville, quand elle apprit qu’il était assis à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d’albâtre plein de parfum ; et se tenant derrière lui à ses pieds, elle commença à les arroser de ses larmes, et les essuyant avec ses cheveux, elle les baisait, et y répandait le parfum [60]. « Quelle est cette femme ? L’Église sans nul doute, répond saint Pierre Chrysologue : l’Église sous le poids des souillures de ses péchés passés dans la cité de ce monde. A la nouvelle que le Christ a paru dans la Judée, qu’il s’est montré au banquet de la Pâque, où il livre ses mystères, où il révèle le Sacrement divin, où il manifeste le secret du salut : soudain, se précipitant, elle dédaigne les contradictions des scribes qui lui ferment l’entrée, elle brave les princes de la synagogue ; et ardente, toute de désirs, elle pénètre au sanctuaire, où elle trouve Celui qu’elle cherche trahi par la fourberie judaïque au banquet de l’amour, sans que la passion, la croix, le sépulcre, arrêtent sa foi et l’empêchent de porter au Christ ses parfums » [61].
Et quelle autre que l’Église, disent à leur tour ensemble Paulin de Noie et Ambroise de Milan, a le secret de ce parfum ? Elle dont les fleurs sans nombre ont tous les arômes [62], qui, odorante des sucs variés de la céleste grâce, exhale suavement à Dieu les multiples senteurs des vertus provenant de nations diverses et les prières des saints, comme autant d’essences s’élevant sous l’action de l’Esprit de coupes embrasées [63]. De ce parfum de sa conversion, qu’elle mêle aux pleurs de son repentir, elle arrose les pieds du Seigneur, honorant en eux son humanité [64]. Sa foi qui l’a justifiée [65] croit de pair avec son amour ; bientôt [66] la tête même de l’Époux, sa divinité [67], reçoit d’elle l’hommage de la pleine mesure de nard précieux et sans mélange signifiant la justice consommée [68], dont l’héroïsme va jusqu’à briser le vase de la chair mortelle qui le contenait dans le martyre de l’amour ou des tourments [69].
Mais alors même qu’elle est parvenue au sommet du mystère, elle n’oublie pas les pieds sacrés dont le contact l’a délivrée des sept démons [70] représentant tous les vices [71] ; car à jamais pour le cœur de l’Épouse, comme désormais au sein du Père, l’Homme-Dieu reste inséparable en sa double nature. A la différence donc du Juif qui, ne voulant du Christ ni pour fondement ni pour chef [72], n’a trouvé, comme Jésus l’observe [73] ni pour sa tête l’huile odorante, ni l’eau même pour ses pieds, elle verse sur les deux son parfum de grand prix [74] ; et tandis que l’odeur suave de sa foi si complète remplit la terre [75] devenue par la victoire de cette foi [76] la maison du Seigneur [77], elle continue, comme au temps où elle y répandait ses larmes, d’essuyer de ses longs cheveux les pieds du Maître. Mystique chevelure, gloire de l’Épouse [78] : où les saints voient ses œuvres innombrables et ses prières sans fin [79] ; dont la croissance réclame tous ses soins d’ici-bas [80] ; dont l’abondance et la beauté seront divinement exaltées dans les cieux [81] par Celui qui comptera jalousement [82], sans négliger aucune [83], sans laisser perdre une seule [84], toutes les œuvres de l’Église. C’est alors que de sa tête, comme de celle de l’Époux, le divin parfum qui est l’Esprit-Saint se répandra éternellement, comme une huile d’allégresse [85], jusqu’aux extrémités de la cité sainte [86].
En attendant, ô pharisien qui méprises la pauvresse dont l’amour pleure aux pieds de ton hôte divin méconnu, j’aime mieux, s’écrie le solitaire de Nole, me trouver lié dans ses cheveux aux pieds du Christ, que d’être assis près du Christ avec toi sans le Christ [87]. Heureuse pécheresse que celle qui mérita de figurer l’Église [88], au point d’avoir été directement prévue et annoncée par les Prophètes, comme le fut l’Église même ! C’est ce qu’enseignent saint Jérôme [89] et saint Cyrille d’Alexandrie [90], pour sa vie de grâce comme pour son existence de péché. Et résumant à son ordinaire la tradition qui l’a précédé, Bède le Vénérable ne craint pas d’affirmer qu’en effet « ce que Madeleine a fait une fois, reste le type de ce que fait toute l’Église, de ce que chaque âme parfaite doit toujours faire » [91].
Qui ne comprendrait la prédilection de l’Homme-Dieu pour cette âme dont le retour, en raison même de la misère plus profonde où elle était tombée, manifesta dès l’abord et si pleinement le succès de sa venue, la défaite de Satan, le triomphe de cet amour souverain posé à l’origine comme l’unique loi de ce monde ! Lorsque Israël n’attendait du Messie que des biens périssables [92], quand les Apôtres eux-mêmes [93] et jusqu’à Jean le bien-aimé [94] ne rêvaient près de lui que préséances et honneurs, la première elle vient à Jésus pour lui seul et non pour ses dons. Avide uniquement de purification et d’amour, elle ne veut pour partage que les pieds augustes fatigués à la recherche de la brebis égarée : autel béni [95], où elle trouve le moyen d’offrir à son libérateur autant d’holocaustes d’elle-même, dit saint Grégoire, qu’elle avait eu de vains objets de complaisance [96]. Désormais ses biens comme sa personne sont à Jésus, dont elle n’aura plus d’occupation que de contempler les mystères et la vie, dont elle recueillera chaque parole, dont elle suivra tous les pas dans la prédication du royaume de Dieu [97]. S’asseoir à ses pieds est pour elle l’unique bien, le voir l’unique joie, l’entendre le seul intérêt de ce monde [98]. Combien vite, dans la lumière de son humble confiance, elle a dépassé la synagogue et les justes eux-mêmes ! Le pharisien s’indigne, sa sœur se plaint, les disciples murmurent [99] : partout Marie se tait, mais Jésus parle pour elle [100] ; on sent que son Cœur sacré est atteint de la moindre appréciation défavorable à rencontre. A la mort de Lazare, le Maître doit l’appeler du repos mystérieux où même alors, remarque saint Jean, elle restait assise [101] ; sa présence au tombeau fait plus que celle du collège entier des Apôtres et de la tourbe des Juifs ; un seul mot d’elle, déjà dit par Marthe accourue la première [102], est plus puissant que tous les discours de celle-ci ; ses pleurs enfin font pleurer l’Homme-Dieu [103], et suscitent en lui le frémissement sacré, précurseur du rappel à la vie de ce mort de quatre jours, le trouble divin qui montre Dieu conquis à sa créature. Bien véritablement donc, pour les siens comme pour elle-même, pour le monde comme pour Dieu, Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera point enlevée [104].
En ce qui précède, nous n’avons fait, pour ainsi dire, que coudre l’un à l’autre les témoignages bien incomplets d’une vénération qui se retrouve la même, toujours et partout, chez les dépositaires de la doctrine et les maîtres de la science. Cependant les hommages réunis des Docteurs n’équivalent point, pour l’humble Madeleine, à celui que lui rend l’Église même, lorsqu’au jour de la glorieuse Assomption de Notre-Dame, elle n’hésite pas à rapprocher l’incomparable souveraine du monde et la pécheresse justifiée, au point d’appliquer à la première en son triomphe l’éloge évangélique qui regarde celle-ci [105]. Ne devançons point les lumières que le Cycle nous réserve en ses développements ; mais entendons Albert le Grand [106] nous attester pour sûr que, dans le monde de la grâce aussi bien que dans celui de la création matérielle [107], Dieu a fait deux grands astres, à savoir deux Maries, la Mère du Seigneur et la sœur de Lazare : le plus grand, qui est la Vierge bienheureuse, pour présider au jour de l’innocence ; le plus petit, qui est Marie la pénitente sous les pieds de cette bienheureuse Vierge [108], pour présider à la nuit en éclairant les pécheurs qui viennent comme elle à repentir. Comme la lune par ses phases marque les jours de fête à la terre [109], ainsi sans doute Madeleine, au ciel, donne le signal de la joie qui éclate parmi les Anges de Dieu sur tout pécheur faisant pénitence [110]. N’est-elle donc pas également, par son nom de Marie et en participation de l’Immaculée, l’Etoile de la mer, ainsi que le chantaient autrefois nos Églises des Gaules, lorsqu’elles rappelaient qu’en pleine subordination servante et reine avaient été toutes deux principe d’allégresse en l’Église : l’une engendrant le salut, l’autre annonçant la Pâque [111] !
Nous ne reviendrons point sur les inoubliables récits de ce jour, le plus grand des jours, où Madeleine, comme l’étoile du matin, marcha en avant de l’astre vainqueur inaugurant l’éternité sans couchant. Glorieuse aurore, où la divine rosée, s’élevant de la terre, effaça du fatal décret [112] la déchéance prononcée contre Ève ! Femme, pourquoi pleures-tu [113] ? Tu ne te trompes pas : c’est bien le divin jardinier qui te parle [114], celui qui, hélas ! au commencement avait planté le paradis [115]. Mais trêve aux pleurs ; dans cet autre jardin, dont le centre est un tombeau vide [116], le paradis t’est rendu : vois les Anges, qui n’en ferment plus l’entrée [117] ; vois l’arbre de vie qui, depuis trois jours, a donné son fruit. Ce fruit que tu réclames pour t’en saisir encore et l’emporter [118] comme aux premiers jours [119], il t’appartient en effet pour jamais ; car ton nom maintenant n’est plus Ève, mais Marie [120]. S’il se refuse à tes empressements, situ ne peux le toucher encore [121], c’est que de même qu’autrefois tu ne voulus point goûter seule le fruit de la mort, tu ne dois pas non plus jouir de l’autre aujourd’hui, sans ramener préalablement l’homme qui par toi fut perdu.
O profondeurs en notre Dieu de la sagesse et de la miséricorde [122] ! voici donc que, réhabilitée, la femme retrouve des honneurs plus grands qu’avant la chute même, n’étant plus seulement la compagne de l’homme, mais son guide à la lumière. Madeleine, à qui toute femme doit cette revanche glorieuse, conquiert en ce moment la place à part que lui assigne l’Église dans ses Litanies en tête des vierges elles-mêmes, comme Jean-Baptiste précède l’armée entière des Saints par le privilège qui fit de lui le premier témoin du salut [123]. Le témoignage de la pécheresse complète celui du Précurseur : sur la foi de Jean, l’Église a reconnu l’Agneau qui efface les péchés du monde [124] ; sur la foi de Madeleine, elle acclame l’Époux triomphateur de la mort [125] : et constatant que, par ce dernier témoignage, le cycle entier des mystères est désormais pleinement acquis à la croyance catholique, elle entonne aujourd’hui l’immortel Symbole dont les accents lui paraissaient prématurés encore en la solennité du fils de Zacharie.
O Marie, combien grande vous apparûtes aux regards des cieux dans l’instant solennel où, la terre ignorant encore le triomphe de la vie, il vous fut dit par l’Emmanuel vainqueur : « Va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu [126] ! » Vous étiez bien toujours alors notre représentante, à nous Gentils, qui ne devions entrer en possession du Seigneur par la foi qu’après son Ascension par delà les nues [127]. Ces frères vers qui vous envoyait l’Homme-Dieu, c’étaient sans doute les privilégiés que lui-même durant sa vie mortelle avait appelés à le connaître, et auxquels vous deviez, ô Apôtre des Apôtres, manifester ainsi le mystère complet de la Pâque ; toutefois déjà la miséricordieuse bonté du Maître projetait de se montrer le jour même à plusieurs, et tous devaient être comme vous bientôt les témoins de son Ascension triomphante. Qu’est-ce à dire, sinon que, tout en s’adressant aux disciples immédiats du Sauveur, votre mission, ô Madeleine, s’étendait bien plus dans l’espace et les temps ?
Pour l’œil du vainqueur de la mort à cette heure de son entrée dans la vie sans fin, ils remplissaient en effet la terre et les siècles ces frères en Adam comme en Dieu qu’il amenait à la gloire, selon l’expression du Docteur futur de la gentilité [128]. C’est d’eux qu’il avait dit dans le Psaume : « J’annoncerai votre Nom à mes frères ; je vous louerai dans la grande assemblée des nations, au sein du peuple encore à naître qui doit appartenir au Seigneur » [129]. C’est d’eux, c’est de nous tous composant cette génération à venir à laquelle le Seigneur devait être annoncé [130], qu’il vous disait alors : « Va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». Et au loin comme auprès vous êtes venue, vous venez sans cesse, remplir votre mission près des disciples et leur dire : « J’ai vu le Seigneur, et il m’a dit ces choses » [131].
Vous êtes venue, ô Marie, lorsque notre Occident vous vit sur ses montagnes [132] foulant de vos pieds apostoliques, dont Cyrille d’Alexandrie salue la beauté [133], les rochers de Provence. Sept fois le jour, enlevée vers l’Époux sur l’aile des Anges, vous montriez à l’Église, plus éloquemment que n’eût fait tout discours, la voie qu’il avait suivie, qu’elle devait suivre elle-même par ses aspirations, en attendant de le rejoindre enfin pour jamais.
Ineffable démonstration que l’apostolat lui-même, en son mérite le plus élevé, n’est point dépendant de la parole effective ! Au ciel, les Séraphins, les Chérubins, les Trônes fixent sans cesse l’éternelle Trinité, sans jamais abaisser leurs yeux vers ce monde de néant ; et cependant par eux passent la force, la lumière et l’amour dont les augustes messagers des hiérarchies subordonnées sont les distributeurs à la terre. Ainsi, ô Madeleine, vous ne quittez plus les pieds sacrés rendus maintenant à votre amour ; et pourtant, de ce sanctuaire où votre vie reste absorbée sans nulle réserve avec le Christ en Dieu [134] qui mieux que vous nous redit à toute heure : « Si vous êtes ressuscites avec le Christ, cherchez ce qui est en haut, là où le Christ est assis à la droite de Dieu ; goûtez ce qui est en haut, non ce qui est sur la terre [135] ! »
O vous, dont le choix si hautement approuvé du Seigneur a révélé au monde la meilleure part, faites qu’elle demeure toujours appréciée comme telle en l’Église, cette part de la divine contemplation qui prélude ici-bas à la vie du ciel, et reste en son repos fécond la source des grâces que le ministère actif répand par le monde. La mort même, qui la fait s’épanouir en la pleine et directe vision, ne l’enlève pas, mais la confirme à qui la possède. Puisse nul de ceux qui l’ont reçue de la gratuite et souveraine bonté, ne travailler à s’en déposséder lui-même ! Fortunée maison, bienheureuse assemblée, dit le dévot saint Bernard, où Marthe se plaint de Marie ! Mais l’indignité serait grande de voir Marie jalouser Marthe [136]. Saint Jude nous l’apprend : malheur aux anges qui ne gardent point leur principauté [137], qui, familiers du Très-Haut, veulent abandonner sa cour ! Maintenez au cœur des familles religieuses établies par leurs pères sur les sommets avoisinant les cieux, le sentiment de leur noblesse native : elles ne sont point faites pour la poussière et le bruit de la plaine ; elles ne sauraient s’en rapprocher qu’au grand détriment de l’Église et d’elles-mêmes. Pas plus que vous, ô Madeleine, elles ne se désintéressent pour cela des brebis perdues, mais prennent en restant ce qu’elles sont le plus sûr moyen d’assainir la terre et d’élever les âmes.
Ainsi même vous fut-il donné un jour, à Vézelay, de soulever l’Occident dans ce grand mouvement des croisades dont le moindre mérite ne fut pas de surnaturaliser en l’âme des chevaliers chrétiens, armés pour la défense du saint tombeau qui avait vu vos pleurs et votre ravissement, les sentiments qui sont l’honneur de l’humanité.
Et n’était-ce pas encore une leçon de ce genre que le Dieu par qui seul règnent les rois [138], et qui se rit des projets de leur vanité [139], voulut donner dans les premières années de ce siècle au guerrier fameux dont l’orgueil dictait ses lois aux empires ? Dans l’ivresse de sa puissance, on le vit prétendre élever à lui-même et à son armée ce qu’il appelait le Temple de la gloire. Mais bientôt, emportant le guerrier, passait la tempête ; et continué par d’autres constructeurs, le noble édifice s’achevait, portant comme dédicace à son fronton le nom de Madeleine.
O Marie, bénissez ce dernier hommage de notre France que vous avez tant aimée, et dont le peuple et les princes entourèrent toujours d’une vénération si profonde votre retraite bénie de la Sainte-Baume et votre église de Saint-Maximin, où reposent les restes mille fois précieux de celle qui sut rendre amour pour amour. En retour, apprenez-nous que la seule vraie et durable gloire est de suivre comme vous, dans ses ascensions, Celui qui vous envoya vers nous autrefois, disant : « Va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ! »
La sainte Église qui, dans les diverses saisons liturgiques, insère en leur lieu comme autant de perles de grand prix les divers passages de l’Évangile ayant rapport à sainte Marie Madeleine, renvoie également à la fête de sainte Marthe, que nous célébrerons dans huit jours, les particularités concernant la vie de son illustre sœur après l’Ascension. (…)
[24] Hilar. in Matth. XXIX ; Paulin. Nol. Ep. XXIII, al. III et IV, 32 ; Cyrill. Al. in cap. XII Johannis ; Gregor. in Ev. nom. XXXIII, 5-7 ; Beda in Luc. III ; Rupert. in Johan. XIV ; etc.
[59] Cant. IV, 8.
[60] Luc. VII, 37, 38.
[61] PETR. Chrysol. Sermo XCV.
[84] Luc. XXI, 18.
[85] Psalm. XLIV, 8.
[86] Psalm. CXXXII.
[87] Paulin. Ep. XXIII, 42.
[105] Evangelium Assumpt. NB : avant la nouvelle Messe de l’Assomption en 1950.
[108] Apoc. XII, 1.
[110] Luc. XV, III.
[111] Sequentia Mane
prima sabbati, extrait :
O Maria, mater pia,
Stella Maris appellaris, Operum per menta. |
Matri Christi coæquata,
Dum fuisti sic vocata, Sed honore subdita. |
Illa
mundi imperatrix,
Ista beata peccatrix : Lætitiæ primordia Fuderunt in Ecclesia. |
O Marie, douce mère,
ton nom veut dire Etoile de la mer ; tes œuvres ont mérité un tel nom. |
Tu partages l’honneur de ce nom
avec la Mère du Christ ; mais tes honneurs s’effacent devant les siens. |
L’une est l’impératrice du monde ;
l’autre, l’heureuse pécheresse : toutes deux furent le principe de la joie dans l’Église. |
La première est la Porte
par laquelle le salut est venu ; la seconde a rempli le monde d’allégresse en proclamant la Résurrection. |
[139] Psalm. II, 4.
Paolo Veronese. Marie de Magdala, la femme que Jésus a délivrée de sept démons,
vers 1548, 117,5 X 163,5, Londres, National Gallery
Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum
Les Latins, à commencer par Tertullien, ont généralement identifié, selon les plus grandes probabilités, Marie de Magdala avec la sœur de Lazare et avec la pécheresse qui oignit les pieds de Jésus (Luc., VII, 37) ; les Grecs au contraire distinguent trois Marie.
Dans les calendriers coptes, syriens et grecs, la fête de Marie de Magdala : τῆς ἁγίας μυροφόρου καὶ ἰσαποστόλου Μαρίας τῆς Μαγδαληνῆς [140] est le 22 juillet, date qui lui a été assignée beaucoup plus tard dans les livres liturgiques latins.
Selon les traditions orientales, Lazare serait mort dans l’île de Chypre d’où l’empereur Léon VI, en 899, fit transporter ses reliques dans le Lazarion de Constantinople. Marie, sa sœur, qui, dès le VIe siècle, passait pour être enterrée à Éphèse, alla vite le rejoindre dans la paix de la nouvelle basilique sépulcrale de Byzance. Il est probable qu’au IXe siècle quelques reliques des deux saints passèrent en Alsace, dans le monastère d’Andlau, d’où, peu à peu, le culte de sainte Madeleine et de Lazare se répandit dans toute la France.
L’introït est tiré du psaume 118. Les pécheurs attendirent pour me perdre ; d’abord ils voulurent perdre mon âme, et ensuite mon corps. Moi cependant je me souvins de vos préceptes et ne cédai pas. La voie par laquelle ils me conduisirent peut sembler étroite. Pourtant elle est bordée par vos commandements, et pour moi elle est devenue une région spacieuse, celle de la glorieuse éternité.
La première lecture est tirée du Cantique (III, 2-5 ; VIII, 6-7). L’élue du chaste hymen cherche anxieusement l’Époux, qui, à cause de son retard à lui ouvrir, est passé outre. Finalement, à grand-peine, elle le trouve et l’introduit dans sa demeure. — C’est aujourd’hui la fête de l’hôtesse de Jésus-Christ. — Après une journée de si grand labeur, l’Épouse est prise enfin du sommeil mystique du parfait abandon de l’âme en Dieu. Elle dort donc, mais son cœur veille, car l’amour ne laisse pas dormir et il brûle comme l’enfer. Et pourtant, malgré que cette flamme détruise et purifie, l’âme sent que l’amour est une grâce si grande que, même à la vouloir acquérir au prix du total sacrifice de soi et de tout ce qu’on a, l’amour dépasse toutes ces choses.
Voici la première collecte : « Que nous assistent, Seigneur, les prières de Marie de Magdala, à la demande de qui, jadis, vous avez ressuscité son frère Lazare, déjà mort depuis quatre jours ». L’intercession de Marie, la myrrhophore et l’égale des Apôtres, comme l’appellent les Grecs, est très puissante sur le Cœur de Jésus, parce que, après l’intimité de sa tranquille maison de Nazareth, le Sauveur ne se sentit aussi bien en nulle autre qu’en celle de Béthanie. Bien plus, saint Jean atteste : Diligebat autem Iesus Martham et sororem eius Mariam et Lazarum [141]. C’est là, sous ce toit ami, que Jésus, durant sa dernière semaine ici-bas, déjà banni d’Israël pour la vie et pour la mort, se retirait pour passer la nuit. Il y dormit même le mercredi 12 Nisan, — ou plutôt 13, puisque chez les Hébreux le jour commençait au coucher du soleil — et ce fut le dernier repos qu’il s’accorda sur la terre avant sa Passion.
Le répons et le verset sont tirés du psaume 44. On y décrit les mérites et la beauté de la mystique épouse de l’Agneau.
La lecture évangélique de ce jour (Luc., VII, 36-50) apparaît dans le Missel deux autres fois : le jeudi de la semaine de la Passion, et le vendredi des Quatre-Temps de septembre. En cette dernière circonstance, saint Grégoire la commenta avec une onction spéciale au peuple réuni dans la basilique de Saint-Clément. Comme l’observe le saint Pontife, quand on considère la tendresse de Jésus pour cette pauvre pécheresse, on a plutôt envie de pleurer que de discourir. La scène de la conversion de la pécheresse de Magdala est peut-être un des traits évangéliques qui révèlent le mieux la suavité du Cœur du Rédempteur. A Marie on pardonne beaucoup parce qu’elle aima beaucoup ! Voilà le remède pour les pécheurs, voilà l’esprit qui vivifie l’Église militante, car si la fragilité humaine y fait commettre de nombreux péchés, on y trouve aussi beaucoup d’amour, qui les fait pardonner.
Œuvre sublime de la divine puissance ! Le Saint-Esprit, au dire de saint Jean Chrysostome, prend les pécheresses, les purifie, les enflamme, et les élève à ce point qu’il les égale aux chastes vierges elles-mêmes. Vides hanc mulierem ! Le Seigneur la propose à tous les fidèles comme un modèle à contempler, pour ensuite l’imiter. Il a même voulu que la conversion de Madeleine et l’amour que, par la suite, elle porta à Jésus, fissent en quelque sorte partie du saint Évangile, afin que le souvenir en survive à travers toutes les générations : Ubicumque predicatum fuerit hoc Evangelium in toto mundo, dicetur et quod hæc fecit, IN MEMORIAM EIUS [142].
L’antienne pour l’offertoire est commune à la fête de sainte Scholastique, le 10 février. Voici la collecte sur les oblations : « Que les glorieux mérites de la bienheureuse Marie de Magdala vous fassent agréer nos offrandes, Seigneur, elle dont l’humble service fut autrefois accepté par votre Fils unique ».
L’oblation de nard précieux que Marie répandit sur la tête et sur les pieds du Sauveur, symbolise notre dévotion envers la divine Eucharistie, où, à travers les voiles lumineux du mystère de foi, il nous est donné à nous aussi d’approcher et de baiser cette humanité sainte que le Verbe prit pour notre salut.
L’antienne pour la Communion des fidèles est la même que pour sainte Bibiane le 2 décembre.
Suit la prière eucharistique d’action de grâces : « Ayant reçu l’unique et efficace remède qui nous garantit l’éternel salut, votre Corps et votre Sang précieux, faites que l’intercession de sainte Marie de Magdala éloigne de nous tout mal ».
Les Grecs donnent à Marie de Magdala le titre glorieux de ἰσαπόστολος [143] parce qu’elle fut la première à annoncer au monde, et aux Apôtres eux-mêmes, la résurrection du Sauveur. C’est pourquoi, à la messe de ce jour, on récite le Credo [144].
Sublime récompense accordée à la pénitence chrétienne et à l’amour !
[142] Matth., XXVI, 13 : Partout où sera prêché cet Evangile, dans le monde entier, on racontera aussi, EN SOUVENIR D’ELLE, ce qu’elle vient de faire.
[144] Jusqu’à la suppression de ce Credo en 1960.
Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année
liturgique
Piero della Francesca. Marie Madeleine, 1460,
fresque, 190 X 105, Arezzo. Arezzo Cathedral
Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année
liturgique
Parce qu’elle a beaucoup aimé...
1. Sainte Marie-Madeleine. —
L’Église honore d’un culte particulier les personnes qui vécurent dans
l’entourage de Jésus. Le missel et le bréviaire appellent Marie-Madeleine
« pénitente », cas unique dans les livres liturgiques. — Qui
était-elle ? Les Évangiles mentionnent trois femmes qui retiennent ici
notre attention. 1°
La « pécheresse » qui, chez Simon le Pharisien, arrosa de ses larmes
les pieds du Sauveur (Luc, VII, 36 et suiv. Évangile de ce jour). 2°
Marie de Béthanie, sœur de Lazare et de Marthe, dont parlent saint Luc (X, 38)
et saint Jean (XI, 2 et XII, 3). (La fête de sainte Marthe arrivera dans huit
jours). 3°
Marie-Madeleine, une des pieuses femmes qui accompagnaient le Sauveur, et qui
fut délivrée par lui de sept démons (Marc, XVI, 9 ; Luc, VIII, 2). On
remarque surtout sa présence au moment de la mort et de la résurrection du
Seigneur.
S’agit-il de trois personnes
différentes ? Est-ce la même au contraire ? Depuis les premiers
siècles les avis sont partagés. Saint Augustin et saint Grégoire le Grand sont
pour la seconde opinion, admise aussi par la liturgie romaine et appuyée
incontestablement sur d’excellentes raisons tirées de la sainte Écriture.
Voici, puisés dans les évangiles, les
traits principaux de la vie de sainte Marie-Madeleine. Bien qu’elle apparût à
une pieuse famille, elle s’était égarée dans les sentiers du mal. Convertie par
la prédication et la personnalité du Sauveur, elle répare le scandale qu’elle a
causé, en inondant publiquement de ses larmes les pieds du Maître. Elle fait
dès lors partie du groupe des saintes femmes qui l’accompagnent et le servent
dans ses pérégrinations. Nous la voyons, avec son frère Lazare et Marthe sa
sœur, dans la demeure hospitalière de Béthanie où elle reçoit le Sauveur et
écoute avidement sa parole ; nous la voyons présente à la résurrection de
Lazare. Au dernier repas, elle répand un vase de parfum sur la tête de Jésus
« pour sa sépulture », et c’est alors que le Sauveur lui-même prédit
comment on en honorera le souvenir : « En vérité, je vous le dis,
partout où sera prêché cet évangile, dans le monde entier, ce qu’elle a fait
sera raconté en mémoire d’elle ». Pendant la Passion, elle se tient avec
Marie et Jean au pied de la Croix ; elle aide à ensevelir le Christ. La
première, elle le voit ressuscité et, la première, elle accourt en porter la
nouvelle aux Apôtres (Jean XX, 18). C’est pour cela qu’on l’a surnommée
« Apostola apostolorum » et qu’on récite le Credo à la messe le jour
de sa fête, privilège qui lui est réservé à elle seule [145], avec Marie, parmi les saintes femmes.
A partir de là on ne sait rien de
certain sur son existence. — Il est intéressant de remarquer que l’Église
grecque célèbre sa fête le même jour que l’Église latine, sans mentionner
toutefois la Pécheresse et la Pénitente. D’après une tradition orientale,
Lazare serait mort dans l’île de Chypre, d’où ses restes auraient été
transportés à Constantinople, en 899. Le corps de sa sœur Marie, que l’on
croyait, au VIe siècle, ensevelie à Éphèse, y aurait été de même transféré. Au
IXe siècle, on amena quelques-unes de leurs reliques à l’abbaye d’Andlau, en
Alsace. Plusieurs traditions occidentales parlent de la venue de sainte
Marie-Madeleine en Gaule, notamment de son séjour en Provence, en compagnie de
saint Lazare et de sainte Marthe, et de sa mort à la Sainte-Baume (la grotte
sainte), au diocèse d’Aix, où se trouverait son tombeau. Vézelay (diocèse de
Sens) revendique de son côté l’honneur de posséder son corps dans la magnifique
basilique qui lui a été élevée.
2. La messe (Me expectaverunt). —
Il nous est facile de nous appliquer les allusions mystiques qu’elle contient.
A l’Introït, nous nous libérons avec
Marie-Madeleine des entraves du monde pour nous engager sur la voie d’innocence
du Christ. (Heureux les hommes irréprochables dans leur voie...).
La leçon, extraite du Cantique des
Cantiques, nous fait partager l’ardent amour de la Pénitente : « J’ai
trouvé celui que mon cœur aime ; je l’ai saisi et ne le laisserai pas
aller... Mets-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton
bras ; car l’amour est fort comme la mort... »
L’Évangile raconte l’admirable et
inoubliable scène où la Pécheresse couvre de ses pleurs les pieds de Jésus, les
essuie de ses cheveux, et entend le mot du pardon : « Ses nombreux
péchés lui sont pardonnés parce qu’elle a beaucoup aimé ». — Que le
Saint-Sacrifice soit pour nous la réalisation mystique de cette même scène.
A l’Offertoire : nous nous
rendons au repas du Seigneur, nous baignons ses pieds de nos larmes, nous y
répandons le baume (le Seigneur agrée ce service charitable dans la personne
des pauvres). A la Communion, nous recevons la parole du pardon :
l’Eucharistie en est le signe visible.
3. La prière des Heures. —
Le bréviaire renferme aujourd’hui quelques beaux passages. Nous y trouvons de
précieuses réflexions sur la Pénitente, dues à saint Grégoire et saint
Augustin. « Marie-Madeleine, connue dans la ville comme pécheresse, en
aimant celui qui est la Vérité, a lavé de ses larmes les taches de ses fautes.
Et la parole de celui qui est la Vérité s’est accomplie : Beaucoup de
péchés lui sont remis, parce qu’elle a beaucoup aimé. Plus de froideur, comme
au temps de la vie pécheresse ; mais, dans le cœur de Madeleine, l’amour
le plus ardent. Toujours près du sépulcre alors que les disciples s’en
éloignaient, elle continuait de chercher celui qu’elle ne trouvait pas... Aussi
arriva-t-il que seule elle le trouva, parce que seule elle était restée à sa
recherche ; c’est, en effet, la persévérance qui donne à une bonne œuvre
son mérite ». La fête de ce jour possède plusieurs hymnes propres.
[145] Jusqu’à la suppression de ce Credo en
1960.
Pedro de Mena, Magdalena penitente (Marie Madeleine pénitente), 1664,
Se conserva en el Museo de Escultura
de Valladolid,
en depósito del Museo del Prado de Madrid.
Sainte Marie-Madeleine
(Ier siècle)
Marie-Madeleine, sœur de Marthe et de Lazare, était
d'une famille distinguée de Béthanie.
Après la mort de ses parents, Marie vivait dans les plaisirs au point qu'elle
devint le scandale de toute la Galilée, et qu'on ne la connut bientôt que sous
le nom de la Pécheresse.
En punition de ses débordements, elle fut possédée du démon jusqu'au jour où Le
Sauveur, lui remettant ses péchés, la délivra de la domination de Satan.
Dieu avait fait naître en ce cœur coupable le désir de voir Jésus ; ce désir
devait être son Salut, car Le Sauveur voulait donner en Marie-Madeleine un
exemple frappant de Sa miséricorde infinie en même temps que de la plus
parfaite Pénitence.
C'est elle qui, ayant un jour suivi Le Seigneur chez Simon le Pharisien, versa
sur les pieds de Jésus un vase de parfum précieux, les arrosa de ses larmes et
les essuya avec ses cheveux, et qui entendit ensuite cette parole : « Beaucoup
de péchés lui sont pardonnés, parce qu'elle a beaucoup aimé. »
Nous la rencontrons, depuis lors, très souvent dans l'Évangile ; elle contemple
Jésus et L'écoute, dans la maison de Béthanie, pendant que sa sœur Marthe
s'occupe seule du service de la maison : « Marie, dit le Sauveur, a
choisi la meilleure part. »
Une autre fois, dans les derniers jours de sa vie, Jésus voit Marie-Madeleine
répandre un parfum délicieux sur cette tête divine qui bientôt sera couronnée
d'épines.
Elle accompagne le Sauveur au sommet du Calvaire, assiste à Sa mort et à Sa
sépulture, et bientôt reçoit l'une des premières visites du Christ ressuscité :
« Marie ! » s'écrie le Sauveur. Et Marie, reconnaissant Jésus, Lui
répond dans une effusion d'Amour : « Ô mon Maître ! »
D'après une tradition française, les Juifs endurcis, fatigués de ses
exhortations et de celles de Marthe et de Lazare, les exposèrent sur la mer par
une tempête, dans une pauvre barque sans rames ni voiles.
La nacelle voguait à la garde de Dieu, et vint aborder, après quelques jours,
au rivage de Marseille.
Les pieux disciples du Christ firent là de nombreuses conquêtes.
Quant à Marie-Madeleine, elle s'enfonça dans les montagnes sauvages et
solitaires et fut transportée par les anges dans une grotte appelée depuis la
Sainte-Baume, où elle mena une vie plus angélique qu'humaine, favorisée des
grâces les plus merveilleuses, ne vivant que de la Sainte Communion, soupirant
et versant des larmes de Pénitence et d'Amour.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame,
1950.
(Radio-Vatican) La mémoire liturgique de sainte Marie Madeleine sera élevée au rang de fête dans le calendrier romain.
La décision, voulue par le pape François, est
annoncée dans un décret de la Congrégation pour le Culte divin et la discipline
des sacrements. Cette décision se situe dans le contexte ecclésial actuel qui
impose une réflexion plus approfondie sur la dignité de la femme, la nouvelle
évangélisation et la grandeur du mystère de la miséricorde divine.
Dans un commentaire publié par
L'Osservatore Romano, le secrétaire de la Congrégation, Mgr Arthur Roche,
rappelle que dans sa lettre apostolique Mulieris dignitatem,
saint Jean-Paul II met en relief le rôle particulier de Marie de
Magdala. Elle est la première à rencontrer le Christ ressuscité, elle est
la première à lui rendre témoignage devant les Apôtres. C'est pour cela qu'on
l'a même appelée «l'apôtre des Apôtres».
Pour Jean-Paul II, cet événement est révélateur de la volonté du Christ de transmettre la vérité divine aux femmes, sur un pied d'égalité avec les hommes. Le décret publié ce vendredi met donc en valeur l'importance des femmes dans la mission du Christ et de l'Eglise. Le pape François, explique-t-on, a pris cette décision dans le contexte du Jubilé de la Miséricorde pour souligner l'importance de cette femme, modèle authentique d'évangélisation, qui a tant aimé le Christ et que le Christ a tant aimée.
Lorsque Jésus lui dit : «Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père», c'est à toute l'Église que cette invitation s'adresse, pour qu'elle entre dans une expérience de foi capable de dépasser toute appropriation matérialiste et toute compréhension humaine du mystère divin. Ces mots ont une portée ecclésiale et constituent une leçon pour les disciples de Jésus afin qu'ils ne cherchent pas les certitudes humaines ou les titres mondains, mais la foi dans le Christ vivant et ressuscité. Voilà pourquoi la célébration liturgique de cette femme aura désormais le même caractère festif réservé à la célébration des apôtres dans le calendrier romain afin qu'elle soit un modèle pour toute femme dans l'Église.
Pour Jean-Paul II, cet événement est révélateur de la volonté du Christ de transmettre la vérité divine aux femmes, sur un pied d'égalité avec les hommes. Le décret publié ce vendredi met donc en valeur l'importance des femmes dans la mission du Christ et de l'Eglise. Le pape François, explique-t-on, a pris cette décision dans le contexte du Jubilé de la Miséricorde pour souligner l'importance de cette femme, modèle authentique d'évangélisation, qui a tant aimé le Christ et que le Christ a tant aimée.
Lorsque Jésus lui dit : «Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père», c'est à toute l'Église que cette invitation s'adresse, pour qu'elle entre dans une expérience de foi capable de dépasser toute appropriation matérialiste et toute compréhension humaine du mystère divin. Ces mots ont une portée ecclésiale et constituent une leçon pour les disciples de Jésus afin qu'ils ne cherchent pas les certitudes humaines ou les titres mondains, mais la foi dans le Christ vivant et ressuscité. Voilà pourquoi la célébration liturgique de cette femme aura désormais le même caractère festif réservé à la célébration des apôtres dans le calendrier romain afin qu'elle soit un modèle pour toute femme dans l'Église.
SOURCE : http://diocesemontreal.org/actualite/actualite/lecteur-actualites/items/marie-madeleine-fera-desormais-lobjet-dune-fete-liturgique.html
Le Caravage. Madeleine
repentante, vers 1594-1596,
106 X 97, Rome, Doria Pamphilj
Gallery
Originaire de Magdala, bourgade du bord du lac de Tibériade, Marie-Madeleine fut délivrée, par la parole de Jésus, des sept démons qui la possédaient ; elle suivit dès lors le Seigneur partout, le servant fidèlement, jusqu’à sa passion.
Pour cette raison, elle fut témoin de sa mort et de sa sépulture.
Après le sabbat, Marie se rendit avec les autres
femmes au sépulcre, portant les aromates, d’où le nom de « myrrhophore » qu’on
lui attribue. C’est à elle, la première, que le Seigneur ressuscité apparut,
l’appelant par son nom tandis qu’elle pleurait dans le jardin. Alors Marie de
Magdala courut porter la nouvelle aux disciples, « apôtre des apôtres » comme
le dit la tradition.
En Occident, à partir de Grégoire le Grand, Marie-Madeleine est identifiée à la
pécheresse pardonnée de l’Évangile de Luc, pardonnée parce qu’elle avait
beaucoup aimé. Aussi est-elle devenue celle qui sait ce que veut dire beaucoup
pécher et beaucoup aimer, celle qui pleure sur ses péchés et pleure la mort du
Maître, en demeurant dans l’attente.
Exemple pour ceux qui se repentent et pour ceux
qui, enflammés par l’amour divin, veillent dans l’attente, Marie Madeleine est
une figure qui a servi de référence dans tous les mouvements de réforme de
l’Église, en particulier pour les mouvements de réforme monastique en Occident,
qui se sont multipliés au XI ème siècle.
Lecture
Seigneur, tu as allumé dans le cœur de Marie-Madeleine le feu d’un immense
Amour pour Le Christ, qui lui avait rendu la liberté de l’esprit, et tu lui as
inspiré le courage de le suivre fidèlement jusqu’au Calvaire. Et même après la
mort sur la Croix, elle a cherché son Maître avec une telle passion qu’elle est
arrivée à rencontrer Le Seigneur ressuscité et à annoncer la première aux
apôtres la joie pascale.
(Liturgie romaine)
Prière
Seigneur Notre Dieu, c’est à Marie Madeleine que Ton Fils Bien-Aimé a confié la
première annonce de la Joie Pascale ; accorde-nous, à sa Prière et à son
exemple, la grâce d’annoncer Le Christ Ressuscité et de la contempler un jour
dans la Gloire. Lui qui vit et règne dans les siècles des siècles.
Sainte Marie-Madeleine
Marie-Madeleine, ainsi nommée
en l'évangile selon saint Luc[1] parmi
les femmes qui suivent Jésus depuis la Galilée, se retrouve dans les récits de
la Passion et de la Résurrection. Son identité avec Marie de Béthanie et la
pécheresse[2] est
depuis toujours discutée. Si la chose était de nature à pouvoir être
parfaitement éclaircie, elle devrait l'être à présent, puisque tant d'habiles
personnages l'ont traitée.
1° La pécheresse
Invité chez un pharisien,
Jésus, la Sagesse de Dieu[3],
accueille les pécheurs. Sa parole révèle la puissance de l'amour et la grâce du
pardon à l'homme trop préoccupé de soi et peu conscient de son médiocre amour.
L'attitude de Simon se caractérise par une triple inaction, alors que la
pécheresse multiplie les gestes de repentir et d'amour qui, loin d'être pour
Jésus une cause de scandale, manifestent une profonde contrition ; d'elle-même
elle dénoue sa chevelure[4] et
vénère les pieds du Maître avec une intense émotion. L'onction des pieds est
un geste extraordinaire, signe d'un amour d'une intensité exceptionnelle.
Le pharisien doute du caractère prophétique de Jésus qui se laisse toucher par
une pécheresse au détriment de sa propre pureté, mais Jésus connaît le cœur de
cette pénitente et, délicatesse suprême, il ne lui révèle la connaissance de
ses péchés qu'au moment de les lui pardonner.
Ce texte fonde la nécessité
de la contrition parfaite pour la rémission des péchés et son antériorité par
rapport à elle, bien que cette contrition est elle-même le fruit de la grâce
prévenante du Dieu de pardon. Il souligne l'importance de la foi dans le salut
du pécheur, message si utile dans la maison du pharisien. Tandis qu'elle
s'en va en paix, elle porte en elle le royaume de Dieu.
2° Disciple de Jésus.
En l'évangile selon saint Luc[5], Marie, appelée la Magdaléenne, est la première nommée
des femmes qui assurent la subsistance de Jésus et des Douze. Ces femmes,
étroitement associées à la vie du Maître, sont avec lui, ce qui est le
propre de la vocation apostolique[6], mais
leur présence est un acte permanent de reconnaissance envers celui qui les a guéries
d'esprits mauvais et de maladies. Marie-Madeleine est privilégiée,
puisqu'elle a été libérée de sept démons[7]. Le
passé n'est mentionné que dans la mesure où il est vaincu par Jésus, et où
l'être racheté se trouve désormais intimement lié à lui. Peut-on
l’assimiler à la pécheresse ? La possession démoniaque n'est pas, de soi,
synonyme de péché, mais en l'évangile selon saint Jean[8],
l'équivalence est établie entre être pécheur et avoir un démon.
On la retrouve dans les
récits de la Passion et peut-être avant, si on l’identifie à Marie de Béthanie.
On remarque que Marie de Béthanie, comme la pécheresse et Marie de Magdala, se
complait aux pieds de Jésus et connaît en même temps de grands élans d'amour ;
on ne peut interpréter le deuxième verset du onzième chapitre de l'évangile
selon saint Jean comme une allusion à la seule onction de Béthanie.
L'unification des trois donne une cohérence certaine aux récits de la Passion.
La relation entre l'onction et la mort apparaît plus étroite, si la femme qui
pose un geste prophétique de grande portée, souligné par Jésus, est assimilée à
celle qui est présente au pied de la croix et au tombeau.
Saint Marc[9] et
saint Matthieu[10]
signalent sa présence à quelque distance de la Croix, en tête des femmes qui
ont suivi et servi Jésus depuis la Galilée ; l'évangile selon saint Jean[11] la place au pied de la croix près de Marie et de la femme de
Cléophas. Les synoptiques la montrent au sépulcre regardant où l'on dépose le
corps[12]. Elles
furent, pour l'Église primitive, les témoins de la réalité de cet
ensevelissement et les garantes d'une connaissance exacte de l'emplacement du
tombeau de Jésus. Comparée à l'attitude des apôtres au cours de la Passion[13], la présence des femmes au Calvaire témoigne d'une fidélité
sans faille et d'une communion persévérante aux épreuves du Christ. Ce sont elles
qui accomplissent la parole de Jésus aux disciples : Vous êtes, vous,
ceux qui sont demeurés constamment avec moi dans mes épreuves[14].
Les évangiles de Pâques
notent la présence de Marie-Madeleine au tombeau. Marc et Luc soulignent le
côté négatif de son attitude : perplexité, crainte devant le vide du
tombeau. Marc achève par leur étonnant silence, tandis que Matthieu montre leur
grande joie, leur hâte à remplir leur mission, et décrit une rapide apparition
de Jésus : et elles de s'approcher et d'étreindre ses pieds en se
prosternant devant lui[16],
détail qui permet de rendre compte de la réaction de Jésus en l'évangile selon
saint Jean (XX 17). Saint Marc dit qu’il est d'abord apparu à Marie de Magdala
dont il avait chassé sept démons.
Ici, En l’évangile selon
saint Jean, Marie quitte deux fois le tombeau pour aller vers les disciples :
la première fois, d'elle-même, pour annoncer la disparition du Seigneur ; la
seconde fois, envoyée en mission pour révéler la présence du Ressuscité auprès
du Père et de ses frères. Son amour pour le Christ apparaît dans toute son
intensité : ses pleurs, mentionnés quatre fois, révèlent la profondeur du vide
qu'elle ressent et l'épaisseur de son ignorance du mystère. Elle est si
préoccupée de retrouver le corps qu'elle est incapable de reconnaître le
Vivant. Sa foi ne s'éveille qu'à l'écoute de son nom : Marie. Un
retournement total s'opère, elle retrouve son Maître avec le désir de ne plus
le quitter. Mais Jésus l'invite à dépasser l'ordre du sensible pour devenir
l'annonciatrice du mystère pascal. La relation de Marie-Madeleine à son
Seigneur subit ici une véritable mutation, une transfiguration dans le feu de
l'Esprit : Marie est appelée à le rejoindre là où il va, auprès du Père et dans
l'Eglise, avec les frères.
[12]
Evangile selon saint Marc, XV 47 ; évangile selon saint Matthieu,
XXVII 61 ; évangile selon saint Luc, XXIII 55 et XXIV 10.
[15]
Evangile selon saint Matthieu, XXVIII 1-10 ; évangile selon saint Marc,
XVI 1-11 ; évangile selon saint Luc, XXIV 1-11 ; évangile selon saint Jean,
XX 1-18.
Ne me touchez pas, parce
que je ne suis pas encore remonté vers mon Père. O Sainte femme qui avez saisi
les pieds du Seigneur pour qu'il vous emporte vers le Père ! C'est une race
nouvelle qu'il emportera : Eve qui désormais ne s'égare plus, mais saisit
de toutes ses forces l'arbre de vie. Après cela le Christ l'envoie comme apôtre
aux apôtres. O merveilleux renversement : Eve devient apôtre.
Saint Hippolyte de Rome.
Puisque c'est par une
femme que fut inaugrée la séparation d'avec Dieu par la désobéissance, il
convenait qu'une femme fût aussi le premier témoin de la Résurrection, afin que
la catastrophe qui avait résulté de la désobéissance fût redressée par la foi
dans la Résurrection.
Saint Grégoire de Nysse.
De même qu'au début la
femme fut l'instigatrice du péché pour l'homme, l'homme consommant l'erreur ;
de même à présent celle qui avait goûté la première à la mort a vu la première
la Résurrection. Selon l'ordre de la faute, elle fut la première au remède ;
elle compense le désastre de l'antique déchéance par l'annonce de la
Résurrection. Les lèvres de la femme avaient autrefois donné passage à la mort,
les lèvres de cette femme rendent la vie.
Saint Ambroise de Milan.
Il y a trois saints qui m'ont agréé par-dessus tous les autres : sainte Marie, ma mère, saint Jean-Baptiste et sainte Marie-Madeleine.
Notre-Seigneur à Sainte Brigitte de Suède.
Sa pénitence est amour, son désert est amour, sa vie est amour, sa solitude est amour, sa croix est amour, sa langueur est amour et sa mort est amour. Je ne vois qu'amour en Madeleine. Je ne vois que Jésus en son amour, je ne vois que Jésus et amour dans son désert.
Le cardinal de Bérulle.
Marie Madeleine, après être venue au tombeau sans y trouver le corps du Seigneur, crut qu'on l'avait enlevé et porta cette nouvelle aux disciples. Une fois venus, ceux-ci constatèrent et ils crurent qu'il en était comme elle l'avait dit. L'Évangile note aussitôt : « Après cela, les disciples rentrèrent chez eux. » Puis il ajoute : « Mais Marie restait là dehors, à pleurer. »
A ce sujet, il faut mesurer avec quelle force l'amour avait embrasé l’âme de cette femme qui ne s'éloignait pas du tombeau du Seigneur, même lorsque les disciples l’avaient quitté. Elle recherchait celui qu'elle ne trouvait pas, elle pleurait en le cherchant, et, embrasée par le feu de son amour, elle brûlait du désir de celui qu'elle croyait enlevé. C'est pour cela qu'elle a été la seule à le voir, elle qui était restée pour le chercher, car l'efficacité d'une œuvre bonne tient à la persévérance, et la Vérité dit cette parole : « Celui qui aura persévéré jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé. »
Elle a donc commencé par chercher, et elle n'a rien trouvé ; elle a persévéré dans sa recherche, et c'est pourquoi elle devait trouver ; ce qui s'est produit, c'est que ses désirs ont grandi à cause de son attente, et en grandissant ils ont pu saisir ce qu'ils avaient trouvé. Car l'attente fait grandir les saints désirs. Si l'attente les fait tomber, ce n'étaient pas de vrais désirs. C'est d'un tel amour qu'ont brûlé tous ceux qui ont pu atteindre la vérité. Aussi David dit-il : « Mon âme a soif du Dieu vivant : quand pourrai-je parvenir devant la face de Dieu ? » Aussi l'Église dit-elle encore dans le Cantique des cantiques : « Je suis blessée d'amour. » Et plus loin : « Mon âme a défailli. »
« Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » On lui demande le motif de sa douleur, afin que son désir s'accroisse, et qu'en nommant celui qu'elle cherchait, elle rende plus ardent son amour pour lui. Jésus lui dit : « Marie. » Après qu'il l'eut appelée par le mot banal de « femme », sans être reconnu, il l'appelle par son nom. C'est comme s'il lui disait clairement : « Reconnais celui par qui tu es reconnue. Je ne te connais pas en général, comme les autres, je te connais d'une façon particulière. » Appelée par son nom, Marie reconnaît donc son créateur et elle l'appelle aussitôt « Rabboni, c'est-à-dire maître », parce que celui qu'elle cherchait extérieurement était celui-là même qui lui enseignait intérieurement à le chercher.
Saint Grégoire le Grand
Saint
François de Sales médite sur Marie-Madeleine
François
de Sales disait de Marie-Madeleine : " Cette Sainte fut admirable en ceci,
parce que dès l’instant de sa conversion jusqu’à la mort elle ne quitta point
les pieds de son bon Maître."
"Dites-moi
donc, oui, dites-moi, je vous en conjure, avez-vous point vu Celui qui est
l'Ami de mon âme ?" François de Sales voyait en Marie-Madeleine "la
glorieuse amante" du Christ, au sens noble du terme.
"La
glorieuse amante Madeleine rencontra les Anges au sépulcre : ils lui parlèrent
sans doute angéliquement, c'est-à-dire suavement, voulant apaiser l'ennui dans
lequel elle était ; mais elle, tout éplorée, ne sut prendre aucun plaisir ni
dans leur douce parole, ni dans la splendeur de leur habit, ni dans la grâce
toute céleste de leur maintien, ni dans la beauté tout aimable de leurs visages
; Madeleine, toute couverte de larmes, s'écrie : "Ils m'ont enlevé mon
Seigneur, et je ne sais où ils me l'ont mis !".
Alors,
se retournant, elle voit son doux Sauveur, mais en forme de jardinier, dont son
cœur ne peut se contenter ; car, toute pleine de l'amour de la Mort de son
Maître, Madeleine ne veut pas de fleurs, ni par conséquent de jardinier ; elle
a dans son cœur la Croix, les clous, les épines ; elle cherche le Crucifié :
"Hé, mon cher maître jardinier, dit-elle, si vous aviez peut-être point
planté mon Bien-Aimé et Seigneur trépassé, comme un lis froissé et fané, entre
vos fleurs ! Dites-moi vite(ment) et moi, je l'emporterai". Mais ils ne
l'appelle pas plus tôt par son nom que toute fondue en plaisir, "Hé Dieu !
dit-elle, Mon Maître !".
Rien
certes ne peut l'assouvir ; elle ne saurait pas même se plaire avec son Sauveur
s'il ne paraît en la forme dans laquelle il lui avait ravi son cœur.
Les Rois n'ont pu se complaire ni dans la beauté de Jérusalem, ni même dans la clarté de l'étoile ; leur cœur cherche la petite grotte et le petit Enfant de Bethléem .
Pour mieux voir et magnifier le souverain Bien Aimé, l'âme va toujours "cherchant sa face".
Faisant un progrès perpétuel dans cette douce recherche de motifs qui la puissent perpétuellement presser de se plaire de plus en plus en Celui qu'elle aime."
Extraits
de "Amour de Dieu" in St François de Sales - - Œuvres (Gallimard) -
Chapitre VIII pp. 586-587 : paru sur Croire.com en juillet 2007
El
Greco (1576-1577). Marie
Madeleine pénitente, Musée des beaux-arts de
Budapest
Sainte Marie-Madeleine
Pénitente, disciple du Christ (1er s.)
Outre Marie, mère de Jésus,
les évangiles nous parlent de plusieurs Marie. Nous fêtons aujourd’hui Marie de
Magdala, Madeleine dont Jésus avait chassé sept démons. Depuis, elle le suivait
partout où il allait, faisant partie de ce groupe de femmes qui servaient le
Maître et les apôtres. Lors du crucifiement, elle se tient à distance, mais,
après la descente de croix, elle suit Joseph d’Arimathie, remarque ce qui se
passe et reviendra, avec une autre Marie, au matin de Pâques pour les rites de
sépulture. C’est elle qui, la première, recevra la révélation du Christ
ressuscité quand le jardinier se fait reconnaître. "Rabbouni, Maître"
c’est son acte de foi. Le culte de Marie Madeleine connut un grand
développement en France à la Sainte Baume, dans le sud de la France, et surtout
à Vézelay.
Découvrez aussi la grotte où
selon la tradition de Provence sainte Marie-Madeleine aurait vécu les trente
dernières années de sa vie.
Elle est la patronne du diocèse du Var - Dès les premiers
siècles chrétiens, pénitents, saints, rois, papes viennent accomplir leur
pèlerinage à la grotte de la Sainte-Baume auprès de sainte Marie-Madeleine. (Histoire des saints de Provence - diocèse de Fréjus-Toulon)
Marie Madeleine dans la Bible (source AELF):
- Après le sabbat, à l'heure où commençait le premier jour de la
semaine, Marie Madeleine et l'autre Marie vinrent faire leur visite au tombeau
de Jésus. [Mt - 28 : 01]
- Il y avait aussi des femmes, qui regardaient de loin, et parmi
elles, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques le petit et de José, et Salomé,
[Mc - 15 : 40]
- Or, Marie Madeleine et Marie, mère de José, regardaient
l'endroit où on l'avait mis. [Mc - 15 : 47]
- Le sabbat terminé, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et
Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus. [Mc
- 16 : 01]
- Ressuscité de grand matin, le premier jour de la semaine, Jésus
apparut d'abord à Marie Madeleine, de laquelle il avait expulsé sept démons.
[Mc - 16 : 09]
- C'étaient Marie Madeleine, Jeanne, et Marie mère de Jacques ;
les autres femmes qui les accompagnaient disaient la même chose aux Apôtres.
[Lc - 24 : 10]
- Or, près de la croix de Jésus se tenait sa mère, avec la sœur
de sa mère, Marie femme de Cléophas, et Marie Madeleine. [Jn - 19 : 25]
Délivrée de sept démons par le Seigneur Jésus, elle s’attacha avec
amour à ses pas, le suivit jusqu’au Calvaire et mérita, au matin de Pâques, de
voir le Sauveur ressuscité d’entre les morts et de porter aux autres disciples
l’annonce de la Résurrection.
Martyrologe romain
"Femme,
pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Celui que tu cherches, tu le possèdes
et tu ne le sais pas ? Tu as la vraie et l’éternelle joie, et tu pleures ? Elle
est au plus intime de ton être et tu cherches au dehors. Ton cœur est mon
tombeau. Je n’y suis pas mort, mais j’y repose vivant pour toujours. "
(Prière d’un
moine inconnu du 13ème s.)
Francesco Hayez. Magdalena penitente
SAINTE MARIE-MAGDELEINE *
Marie signifie mer
amère, ou illuminatrice, ou illuminée. Ces trois significations font comprendre
les trois excellentes parts qu'elle a choisies, savoir : la part de la
pénitence, de la contemplation intérieure et de la gloire céleste. C'est de ces
trois parts que le Seigneur a dit : « Marie a choisi une excellente part qui ne
lui sera pas enlevée. » La première part ne lui sera pas enlevée à cause de la
fin qu'elle se proposait d'acquérir, la béatitude; ni la seconde à cause de la
continuité, parce que la contemplation de la vie est continuée par la
contemplation de la patrie : ni la troisième en raison de son éternité. En tant
donc qu'elle a choisi l’excellente part de pénitence, elle est appelée mer
amère, parce qu'elle y eut beaucoup d'amertumes : ce qui est clair par
l’abondance des larmes qu'elle répandit et avec lesquelles elle lava les pieds
du Seigneur. En tant qu'elle a choisi l’excellente part de la gloire céleste,
elle reçoit le nom d'illuminatrice, parce qu'elle y a reçu avec avidité ce
qu'elle a dans la suite rendu avec abondance : elle y a reçu la lumière avec
laquelle elle a plus tard éclairé les autres. En tant qu'elle a choisi
l’excellente part de la gloire céleste, elle est nommée illuminée, parce
qu'elle est maintenant illuminée dans son esprit par la lumière de la parfaite
connaissance, et que, dans son corps, elle sera illuminée de clarté. Madeleine
veut dire restant coupable (manens rea) ou bien encore munie, invaincue,
magnifique, qualités qui indiquent ce qu'elle fut avant, pendant, et après sa
conversion.
Avant sa conversion en. effet, elle
restait coupable et engagée a la damnation éternelle; pendant sa conversion,
elle était munie et invaincue, parce qu'elle était armée de pénitence; elle se
munit donc excellemment de toutes les armes de la pénitence ; car autant elle a
eu de délectation, autant elle en a fait l’objet de ses holocaustes. Après sa
conversion elle fut magnifique par la surabondance de grâces, car où avait
abondé le péché, là a surabondé la grâce *.
Marie, surnommée
Magdeleine, du château de Magdalon, naquit des parents les plus illustres,
puisqu'ils descendaient de la race royale. Son père se nommait Syrus et sa mère
Eucharie. Marie possédait en commun avec Lazare, son frère et Marthe, sa sueur,
le château de Magdalon, situé à deux milles de Génézareth, Béthanie qui est
proche de Jérusalem, et une grande partie de Jérusalem. Ils se partagèrent
cependant leurs biens de cette manière : Marie eut Magdalon d'où elle fut
appelée Magdeleine, Lazare retint ce qui se trouvait à Jérusalem, et Marie
posséda Béthanie. Mais comme Magdeleine recherchait out ce qui peut flatter les
sens, et que Lazare avait son temps employé au service militaire, Marthe, qui
était pleine de prudence, gouvernait avec soin les intérêts de sa sueur et ceux
de son frère; en outre elle fournissait le nécessaire
Pour
la vie de sainte Marie-Magdeleine, consulter les Monuments de l’apostolat, par
M. Faillon, prêtre de Saint-Sulpice. Celte publication extraordinaire confirme
les faits de la légende, à l’exception du pèlerinage du prince à Rome et à
Jérusalem avec saint Pierre. Toutefois, M. Faillon ne parait rejeter ce fait
qu'en s'appuyant sur l’impossibilité où le prince aurait pu d'être reconnu par
saint Pierre à la croix qu'il portait sur l’épaule. Ce qui ne paraît pas
rigoureux aux soldats, à ses serviteurs, et aux pauvres. Toutefois ils
vendirent tous leurs biens après l'ascension,de J.-C. et en apportent le prix
aux apôtres. Comme donc Magdeleine regorgeait de richesses et que la volupté
est la compagne accoutumée de nombreuses possessions, plus elle brillait par
ses richesses et sa beauté, plus elle salissait son corps par la volupté; aussi
perdit-elle son nom propre pour ne plus porter que celui de pécheresse. Comme
J.-C. prêchait çà et là, inspirée par la volonté divine, et ayant entendu ire
que J.-C. dînait chez Simon le lépreux, Magdeleine y alla avec empressement, et
n'osant pas, en sa qualité de pécheresse, se mêler avec les justes, elle resta
aux pieds du Seigneur, qu'elle lava de ses larmes, essuya avec ses cheveux et
parfuma d'une essence précieuse : car les habitants du pays, en raison de
l'extrême chaleur du soleil, usaient de parfums et de bains. Comme Simon le
pharisien pensait à part soi que si J.-C. était un prophète, il ne se
laisserait pas toucher par une pécheresse, le Seigneur le reprit de son orgueilleuse
justice et remit à cette femme tous ses péchés. C'est à cette Marie-Magdeleine
que le Seigneur accorda tant de bienfaits et donna de si grandes marques
d'affection. Il chassa d'elle sept démons, il l'embrasa entièrement d'amour
pour lui; il en fit son amie de préférence; il était son hôte; c'était elle
qui; dans ses courses, pourvoyait à ses besoins, et en toute occasion il
prenait sa défense. Il la disculpa auprès dit pharisien qui la disait immonde,
auprès de sa soeur qui la traitait de paresseuse, auprès de Judits qui
l'appelait prodigue. En voyant ses larmes, il ne put retenir les siennes. Par
son amour, elle obtint que son frère, mort depuis trois jours, fût ressuscité ;
ce fut à son amitié que Marthe, sa soeur, dut d'être délivrée d'un flux de
sang, dont elle était affligée depuis sept ans; à ses mérites Martille,
servante, de sa soeur, dut d'avoir l'honneur de proférer ce mot si doux qu'elle
dit en s'écriant : « Bienheureux le sein qui vous a porté. » D'après saint
Ambroise, en effet, c'est de Marthe et de sa servante qu'il est question en cet
endroit. C'est elle, dis-je, qui lava les pieds du Seigneur de ses larmes, qui
les essuya avec ses cheveux, qui les parfuma d'essence, qui, le temps de la
grâce arrivé, fit tout d'abord une pénitence exemplaire, qui choisit la
meilleure part, qui se tenant assise aux, pieds du Seigneur écouta sa parole,
et lui parfuma la tête, qui était auprès de la croix lors de la passion, qui
prépara des aromates dans l'intention d'embaumer son corps, qui ne quitta pas
le sépulcre quand les disciples se retirèrent ; ce fut à elle la première que
J.-C. apparut lors de sa résurrection, et if la fit l'apôtre des apôtres.
Après l'ascension du
Seigneur, c'est-à-dire quatorze ans après la passion, les Juifs ayant massacré
depuis longtemps déjà saint Étienne et ayant chassé les autres disciples de
leur pays, ces derniers se retirèrent dans les régions habitées par les
gentils, pour y semer la parole de Dieu. Il y avait pour lors avec les apôtres
saint Maximin, l'un des 72 disciples, auquel Marie-Magdeleine avait été
spécialement recommandée par saint Pierre. Au moment de cette dispersion, saint
Maximin, Marie-Magdeleine, Lazare, son frère, Marthe, sa soeur, et Manille,
suivante de Marthe, et enfin le bienheureux Cédonius, l’aveugle-né guéri par le Seigneur, furent mis par les infidèles
sur un vaisseau tous ensemble avec plusieurs autres chrétiens encore; et
abandonnés sur la mer sans aucun pilote afin qu'ils fussent engloutis en même
temps. Dieu permit qu'ils abordassent à Marseille. N'ayant trouvé la personne
qui voulût les recevoir, ils restaient sous le portique d'un temple élevé à la
divinité du pays. Or, comme sainte Marie-Magdeleine voyait le peuple accourir
pour sacrifier aux dieux, elle se leva avec un visage tranquille, le regard
serein, et par des discours fort adroits, elle le détournait du culte des
idoles et lui prêchait sans cesse J.-C. Tous étaient dans l’admiration pour ses
manières fort distinguées, pour sa facilité à parler, et pour le charme de son éloquence.
Ce n'était pas merveille si une bouche qui avait embrassé avec autant de piété
et de tendresse les pieds du Sauveur, eût conservé mieux que les autres le
parfum de la parole de Dieu.
Alors arriva un prince
du pays avec son épouse qui venait sacrifier aux idoles pour obtenir un enfant.
Magdeleine, en leur annonçant J.-C., les dissuada d'offrir des sacrifices.
Quelques jours s'étant écoulés, Magdeleine, se montra dans une vision à cette
dame et lui dit: « Pourquoi, vous qui vivez dans l’abondance, laissez-vous les
saints. de Dieu mourir de faim et de froid? » Elle finit par la menacer que si
elle ne persuadait pas à son mari de venir au secours de la misère des saints,
elle encourrait la colère du Dieu tout puissant. Toutefois la princesse n'eut pas
la force de découvrir sa vision à son mari. La nuit suivante Magdeleine lui
apparut et lui dit la même chose; mais cette femme négligea encore d'en faire
part à son. époux. Une troisième fois, au milieu du silence de la nuit, Marie
apparut à l’un et à l’autre ; elle frémissait et le feu de sa colère jetait une
lumière qui aurait fait croire que toute la maison était eu flammes. « Dors-tu,
tyran, dit-elle ? membre de Satan qui est ton père, tu reposes avec cette
vipère, ta femme, qui n'a pas voulu te faire connaître ce que je lui ai dit Te reposes-tu, ennemi de la croix de J.-C. ? Quand
ton estomac est rempli d'aliments de toutes sortes, tu laisses périr de faim et
de soif les saints de Dieu. Tu es couché dans un palais; autour de toi ce ne
sont que tentures de soie, et tu les vois désolés et sans asile, et tu passes
outre. Non, cela ne finira pas de cette sorte : et ce ne sera pas impunément
que tu auras différé de leur faire du bien. » Elle dit et se retira. — A son
réveil la femme, haletante et effrayée, dit
à son mari troublé comme elle : «Mon seigneur, avez-vous eu le même
songe que moi? » « Oui, répondit-il, et je ne puis m’empêcher d'admirer et de craindre.
Qu'avons-nous donc à faire? » « Il vaut mieux pour nous, reprit la femme, nous
conformer à ce qu'elle dit, plutôt que d'encourir la colère de son Dieu dont
elle nous menace. » Ils reçurent donc les saints chez eux, et leur fournirent
le nécessaire.
Or, un jour que
Marie-Magdeleine prêchait, le prince dont on vient de parler lui dit: «
Penses-tu pouvoir justifier la foi que tu prêches ? » « Oui, reprit-elle,
je suis prête à la défendre; elle est confirmée par les miracles quotidiens et
la prédication de mon maître saint
Pierre, qui préside à Rome. Le prince et son épouse lui dirent : « Nous voilà
disposés à obtempérer à tous tes dires, si tu nous obtiens un fils du Dieu que
tu prêches. » « Alors, dit Magdeleine, ce ne sera pas moi qui serai un
obstacles. » Et la bienheureuse pria pour eux le Seigneur qu'il leur daignât
accorder un fils. Le Seigneur exauça ses prières et la dame conçut.. Alors son
mari voulut partir pour aller trouver saint Pierre, afin de s'assurer si ce
qu'avait annoncé Magdeleine touchant J.-C. était réellement la vérité. Sa femme
lui dit: « Quoi ! mon seigneur, pensez-vous partir sans moi ? Point du tout ;
si vous partez, je partirai, si vous venez, je viendrai, si vous restez, je
resterai. » Son mari lui dit: « Il n'en sera pas ainsi, ma dame ; car vous êtes
enceinte et sur la mer on court des dangers sans nombre ; vous pourriez donc,
facilement être exposée; vous resterez en repos à la maison et vous veillerez
sur nos possessions. » Elle n'en persista pas moins, et obstinée comme l’est
une personne de son sexe, elle se jeta avec larmes aux pieds de son mari qui
obtempéra enfin à sa demande. Alors Marie mit le signe de la croix sur leurs
épaules de crainte: que l’antique ennemi ne leur nuisit en route. Ils
chargèrent un vaisseau de tout ce qui leur était nécessaire, et après avoir
laissé le reste à la garde de Marie-Madgdeleine, ils partirent. Ils n'avaient
voyagé qu'un jour et une nuit quand la mer commença à s'enfler, le vent à
gronder, de sorte que tous les passagers et principalement la dame enceinte et
débile, ballottés ainsi par les vagues, furent en proie aux plus graves inquiétudes; les douleurs de
l’enfantement saisirent la femme tout à coup, et au milieu de ses souffrances
et de la violence de la tempête, elle mit un enfant au monde et expira. Or, le
petit nouveau-né palpitait éprouvant. le besoin de se nourrir du lait de sa
mère qu'il semblait chercher en poussant des vagissements pitoyables. Hélas!
quelle douleur! En recevant la vie, cet enfant avait donné la mort à sa mère,
il ne lui restait plus qu'à mourir lui-même puisqu'il n'y avait personne pour
lui administrer la nourriture nécessaire à sa conservation. Que fera le pèlerin
envoyant sa femme morte, et son, fils qui, par ses cris plaintifs, exprimait le
désir de prendre le sein? Il se lamentait beaucoup en disant: « Hélas !
malheureux! que feras-tu ? Tu as souhaité un fils et tu as perdu la mère qui
lui donnait la vie. » Les matelots criaient : « Qu'on jette ce corps à la mer,
avant que nous ne soyons engloutis en même temps que lui, car tant qu'il sera
avec nous, cette tempête ne cessera pas.» Et comme ils avaient pris le cadavre
pour le jeter à la mer: « Un instant, dit le pèlerin, un instant: si vous ne
voulez pas attendre ni pour la mère ni pour moi, ayez pitié au moins de ce
petit enfant qui crie; attendez un instant, peut-être que la mère a seulement
perdu connaissance dans sa douleur et qu'elle vit encore.» Et voici que non
loin,du vaisseau apparut une colline ; à cette vue, il pensa qu'il n'y avait
rien de mieux à faire que d'y transporter le corps de la mère et l’enfant
plutôt que de les jeter en pâture, aux bêtes marines. Ce fut par prières et par
argent qu'il parvint à obtenir des matelots d'aborder. Et comme le rocher (250)
était si dur qu'il ne- put creuser une fosse, il plaça le corps enveloppé d'un
manteau dans un endroit des plus écartés de la montagne et déposant son fils
contre son sein, il dit : « O Marie-Magdeleine ; c'est pour mon plus grand
malheur que tu as abordé à Marseille! Pourquoi, faut-il que j'aie eu le malheur
d'entreprendre ce voyage d'après tes avis? As-tu demandé à Dieu que ma femme
conçût afin qu'elle pérît ? Car voici qu'elle a conçu et, en devenant mère,
elle subit la mort; son fruit est né et il faut qu'il meure, puisqu'il n'y a
personne pour le nourrir. Voici ce que j'ai obtenu par ta prière, je t'ai
confié tous mes biens, je les confie à ton Dieu. Si tu as quelque pouvoir,
souviens-toi de l’âme de la mère et à ta prière que ton Dieu ait pitié de
l’enfant et ne le laisse pas périr. » Il enveloppa alors dans son manteau le
corps de sa femme et de son fils et remonta sur le vaisseau.
Quand il fut arrivé
chez saint Pierre, celui-ci vint à sa rencontre, et en voyant le signe de la
croix attaché sur ses épaules il lui demanda qui il était et doit il venait. Le
pèlerin lui raconta tout ce qui s'était passé. — Pierre lui dit: « La paix soit
avec vous,. vous avez bien fait de venir et vous avez été bien inspiré de
croire. Ne vous tourmentez pas si votre femme dort, et si son enfant repose
avec elle ; car le Seigneur a le pouvoir de donner à qui il veut, de reprendre
ce qu'il a donné, de rendre ce qui a été enlevé, et de changer votre douleur en
joie. » Or, saint Pierre le
conduisit lui-même à Jérusalem et lui montra chacun des endroits où J.-C. avait
prêché, et avait fait des miracles, comme aussi le lieu où il avait souffert,
et celui d'où (251) il était monté aux cieux. Après avoir été instruit avec
soin dans la foi par saint Pierre, il remonta sur un vaisseau après deux ans
révolus, dans l’intention. de regagner sa patrie. Dieu permet que„ dans le
trajet, ils passassent auprès de la colline où avait été déposé le corps de sa
femme avec le nouveau-né, et par prière et par argent il obtint d'y débarquer.
Or, le petit enfant, qui avait été gardé sain et sauf par sainte
Marie-Magdeleine, venait souvent sur le rivage, et comme tous les enfants, il
avait coutume de se jouer avec des coquillages et dès cailloux. En abordant, le
pèlerin vit donc un petit enfant qui s'amusait, comme on le fait à son âge,
avec des pierres; il ne se lassait pas, d'admirer jusqu'à ce qu'il descendît de
la nacelle. En l’apercevant, l’enfant, qui n'avait jamais vu de semblable
chose, eut peur, courut comme il avait coutume de le faire au sein de sa mère
sous le manteau de laquelle il se cacha. Or, le pèlerin; pour mieux s'assurer
de ce qui se passait, s'approcha de cet endroit et y trouva un très bel enfant
qui prenait le sein de sa mère. Il l’accueillit dans ses bras. « O bienheureuse
Marie-Magdeleine, dit-il, quel bonheur pour moi ! comme tout me
réussirait, si ma femme vivait et pouvait retourner avec moi dans notre patrie!
Je sais, oui, je sais, et je crois sans aucun doute que vous qui m’avez donné un enfant et qui l’avez nourri
sur rocher pendant deux ans, vous pourriez, par vos prières, rendre à sa mère
la santé dont elle a joui auparavant. » A ces mots, la femme respira et dit
comme si elle se réveillait: « Votre mérite est grand, bienheureuse
Marie-Magdeleine, vous êtes glorieuse, vous qui, dans les douleurs de
l’enfantement, avez rempli pour moi l’office de sage-femme, et qui en toute
circonstance m’avez rendu les bons soins
d'une servante. » En entendant ces paroles, le pèlerin fut plein d'admiration.
« Vivez-vous, dit-il, ma chère épouse? » « Oui, répondit-elle, je vis ; je
viens d'accomplir le pèlerinage que vous avez fait vous-même. C'est: saint Pierre
qui vous a conduit à Jérusalem et qui vous a montré tous les lieux où J.-C. a
souffert, est mort et a été enseveli, et beaucoup d'autres encore; moi, c'est
avec sainte Marie-Magdeleine pour compagne et pour guide que j'ai vu chacun de
ces lieux avec vous; j'en ai confié le souvenir à ma mémoire. » Alors elle
énuméra tous les endroits où J.-C. a souffert, raconta les miracles qui avaient
eu son mari pour témoin, sans la moindre hésitation. Le pèlerin joyeux prit la
mère et l’enfant,s'embarqua et peu après ils abordèrent à Marseille, où, étant
entrés, ils trouvèrent sainte Marie-Magdeleine annonçant la parole de Dieu avec
ses disciples. Ils se jetèrent à ses pieds en pleurant, lui racontèrent tout ce
qui leur était arrivé, et reçurent le saint baptême des mains du bienheureux
Maximin. Alors ils détruisirent dans Marseille tous les temples des idoles, et
élevèrent des églises en l’honneur de J.-C., ensuite ils choisirent à
l’unanimité le bienheureux Lazare pour évêque de la cité. Enfin conduits par
l’inspiration de Dieu, ils vinrent à Aix dont ils convertirent la population à
la foi de J.-C. en faisant beaucoup de miracles et où le bienheureux Maximin
fut de son côté, ordonné évêque.
Cependant la bienheureuse
Marie-Magdeleine, qui aspirait ardemment se livrer à la contemplation dés
choses supérieures, se retira dans un désert affreux où elle resta inconnue
l’espace de trente ans, dans un endroit préparé par les mains des anges. Or,
dans ce lieu, il n'y avait aucune ressource, ni cours d'eau, ni arbres, ni herbe,
afin qu'il restât évident que notre Rédempteur avait disposé de la rassasier;
non pas de nourritures terrestres, mais seulement des mets du ciel. Or, chaque
jour, à l’instant des sept heures canoniales; elle était enlevée par les anges
au ciel et elle y entendait, même des oreilles du corps, les concerts charmants
des chœurs célestes. Il en résultait que, rassasiée chaque jour à cette table
succulente, et ramenée par les mêmes anges aux lieux qu'elle habitait, elle
n'éprouvait pas le moindre besoin d'user d'aliments corporels. Un prêtre, qui
désirait mener une vie solitaire, plaça sa cellule dans un endroit voisin de
douze stades de celle de Marie-Magdeleine. Un jour donc, le Seigneur ouvrit les
yeux de ce prêtre qui put voir clairement comment les anges descendaient dans
le lieu où demeurait la bienheureuse Marie, la soulevaient dans les airs et la
rapportaient une heure après dans le même lieu, en chantant les louanges du
Seigneur. Alors le prêtre, voulant s'assurer de la réalité de cette vision; après
s'être recommandé parla prière à son créateur, se dirigea avec dévotion et
courage vers cet endroit . il n'en était éloigné que d'un jet e pierre, quand,
ses jambes commencèrent à fléchir, une crainte violente le saisit et lui ôta la
respiration : s'il revenait en. arrière, ses jambes et ses pieds reprenaient
des forces pour marcher, mais s'il rebroussait chemin pour tenter de s'approcher
du lieu en question, autant de fois la lassitude s'emparait de son corps, et
son esprit s'engourdissait. L'homme de Dieu comprit donc qu'il y avait là un
secret du ciel auquel l’esprit humain ne pouvait atteindre. Après avoir invoqué
le nom du Sauveur il s'écria : « Je t'adjure par le Seigneur, que si tu es . un
homme ou. bien une créature raisonnable habitant cette, caverne, tu me répondes
et tu me dises la vérité. « Et quand il eut répété, ces mots par trois fois,
la bienheureuse Marie-Magdeleine lui
répondit : «Approchez plus près, et vous pourrez connaître la vérité de tout ce
que votre âme désire. » Quand il se fut approché tout tremblant jusqu'au milieu
de la voie à parcourir, elle lui dit : « Vous souvenez-vous qu'il est question,
dans l’Évangile, de Marie, cette fameuse pécheresse, qui lava de ses larmes les
pieds du Sauveur, et les essuya de ses cheveux, ensuite mérita le pardon de ses
fautes? » Le prêtre lui répondit : « Je
m’en. souviens; et depuis plus de trente ans la sainte église croit et
confesse ce fait.» — « C'est moi, dit-elle, qui suis cette femme. J'ai demeuré
inconnue aux hommes l’espace de trente ans, et comme il vous a été accordé de
le voir hier, chaque jour, je suis enlevée au ciel par les mains des anges, et
j'ai eu le bonheur d'entendre des oreilles du corps les admirables concerts des
choeurs célestes, sept fois par chaque jour. Or, puisqu'il m’a été révélé par le Seigneur que je dois
sortir de ce monde, allez trouver le bienheureux Maximin, et dites-lui que, le
jour de Pâques prochain, à l’heure qu'il a coutume de se lever pour aller à
matines, il entre seul dans son oratoire et qu'il m’y trouvera transportée par le ministère des
anges. » Le prêtre entendait sa voix, comme on aurait dit de celle d'un ange,
mais il ne voyait personne. Il se hâta donc d'aller trouver saint Maximin, et
lui raconta tous ces détails. Saint Maximin, rempli d'une grande: joie, rendit
alors au Sauveur d'immenses actions de grâce, et au jour et à l’heure qu'il lui
avait été dit, en entrant dans son oratoire, il voit la bienheureuse
Marie-Magdeleine debout dans le choeur, au milieu des anges qui l’avaient amenée.
Elle était de deux coudées au-dessus de terre, debout au milieu des anges et
priant Dieu, les mains étendues. Or, comme le bienheureux Maximin tremblait
d'approcher auprès d'elle, Marie dit en se tournant vers lui : « Approchez plus
près ; ne fuyez pas votre fille, mon père. » En s'approchant, selon qu'on
le lit dans les livres de saint Maximin lui-même, il vit que le visage de la
sainte rayonnait de telle sorte par les continuelles et longues communications
avec les anges, que les rayons du soleil étaient moins éblouissants que sa
face. Maximin convoqua tout le clergé et le prêtre dont il vient d'être parlé.
Marie-Magdeleine reçut le corps et le sang du Seigneur des mains de l’évêque,
avec une grande abondance de larmes. S'étant ensuite prosternée devant la base
de l’autel, sa très sainte âme passa au Seigneur après qu'elle fut sortie de
son corps, une odeur si suave se répandit dans le lieu même, que pendant près
de sept jours, ceux qui entraient dans l’oratoire la ressentaient. Le
bienheureux Maximin embauma le très saint corps avec différents aromates,
l’ensevelit, et ordonna qu'on l’ensevelit lui-même auprès d'elle après sa mort.
Hégésippe, ou bien
Joseph, selon d'autres, est assez d'accord avec cette histoire. Il dit, en
effet, dans son traité, que Marie-Magdeleine, après l’ascension du Seigneur,
poussée par son amour envers J.-C. et par l’ennui qu'elle en avait, ne voulait
plus jamais voir face d'homme; mais que
dans la suite elle vint au territoire d'Aix, s'en alla dans un désert où elle
resta: inconnue l’espace de trente ans, et, d'après son récit chaque jour, elle
était transportée dans le ciel pour les sept heures canoniales. Il ajoute
cependant qu'un prêtre, étant venu chez elle, la trouva enfermée dans sa
cellule. Il lui donna un vêtement sur la demande qu'elle lui en fit. Elle s'en
revêtit, alla avec le prêtre à l’église où après avoir reçu la communion, elle
éleva, les mains pour prier et mourut en paix vis-à-vis l’autel. — Du temps de
Charlemagne, c'est-à-dire, l’an du Seigneur 769, Gyrard, duc de Bourgogne, ne
pouvant avoir de fils de son épouse, faisait de grandes largesses aux pauvres,
et construisait beaucoup d'églises et de monastères. Ayant donc fait bâtir
l’abbaye de Vézelay, il envoya, de concert avec l’abbé de ce monastère, un moine
avec une suite convenable, à la ville d'Aix, pour en rapporter, s'il était
possible, les reliques de sainte Marie-Madeleine. Ce moine arrivé à Aix trouva
la ville ruinée de fond en comble par les païens; le hasard, lui fit découvrir
un sépulcre dont les sculptures en marbre lui prouvèrent que le corps de sainte
Marie-Magdeleine était renfermé dans l’intérieur; en effet l’histoire de la
sainte était sculptée avec un art merveilleux sur le tombeau. Une nuit donc le
moine le brisa, prit les reliques et les emporta à son hôtel. Or, cette nuit-là
même, la bienheureuse Marie-Magdeleine apparut à ce moine et lui dit de n'avoir
aucune crainte mais d'achever l’oeuvre qu'il avait entreprise.
A son retour, il était
éloigné d'une demi-lieue de son monastère, quand il devint absolument
impossible de remuer les reliques, jusqu'à l’arrivée de l’abbé avec les moines
qui les reçurent en procession avec grand honneur. Un soldat qui avait
l’habitude de venir chaque année en pèlerinage au corps de la bienheureuse Marie-Magdeleine,
fut tué dans aine bataille. On l’avait mis dans le cercueil et ses parents en
pleurs se plaignaient avec confiance à sainte Magdeleine de ce qu'elle avait
laissé mourir, sans qu'il eût eu le temps de se confesser et de faire
pénitence, un homme qui lui avait été si dévot. Tout à coup, à la stupéfaction
générale, celui qui était mort
ressuscita, demanda un prêtre, et après s'être dévotement confessé et avoir
reçu le viatique, il mourut en paix aussitôt. — Un navire sur lequel se
trouvaient beaucoup d'hommes et de femmes fit naufrage. Mais une femme
enceinte, se voyant en danger de périr dans la mer, invoquait, autant qu'il
était en son pouvoir, sainte Magdeleine, et faisait vœu que si, grâce à ses
mérites elle échappait au naufrage et mettait un fils au monde, elle le
dédierait à son monastère. A l’instant, une femme d'un aspect et d'un port
vénérable lui apparut, la prit par le
menton, et la conduisit saine et sauveur le rivage; quand tous les autres
périssaient (Vincent de B., Hist., l. XXIV, c. XXXV). Peu de temps après, elle
mit au monde un fils, et accomplit fidèlement son voeu. — Il y en a qui disent
que Marie-Magdeleine était fiancée à saint Jean l’évangéliste, et qu'il allait
l’épouser quand J.-C. l’appela au moment de ses noces. Indignée de ce que le
Seigneur lui avait enlevé son fiancé, Magdeleine s'en alla et se livra tout à
fait à la volupté. Mais parce qu'il n'était pas convenable que la vocation de
Jean fût pour Magdeleine une occasion de se damner, le Seigneur, dans sa miséricorde,
la. convertit à la pénitence; et en l’arrachant aux plaisirs des sens, il la
combla des joies spirituelles qui se trouvent dans l’amour de Dieu.
Quelques-uns prétendent que si N.-S. admit saint Jean dans une intimité plus
grande que les autres, ce fut parce qu'il l’arracha à l’amour de Magdeleine.
Mais ce sont choses fausses et frivoles; car frère Albert, dans le prologue sur
l’Evangile de saint Jean, pose en fait que cette fiancée dont saint Jean fut
séparé au moment de ses noces par la vocation de J.-C., resta vierge, et
s'attacha parla suite à la sainte Vierge Marie, mère de J.-C. et qu'enfin elle
mourut saintement. — Un homme privé de la vue venait au monastère de Vézelay
visiter le corps de sainte, Marie-Magdeleine, quand son conducteur lui dit
qu'il commençait à apercevoir l’église. Alors l’aveugle s'écria à haute voix: «
O sainte Marie-Magdeleine ! que ne puis-je avoir le bonheur, de voir une fois
votre église ! » et à l’instant ses yeux furent ouverts. — Un homme avait écrit
ses péchés sur: une feuille qu'il posa sous la nappe de l’autel de sainte
Marie-Magdeleine, en la priant de lui en obtenir la rémission. Peu de temps
après il reprit sa feuille et (259) tous les péchés en avaient été effacés. —
Un homme détenu en, prison pour de l’argent qu'on exigeait de lui invoquait à
son secours sainte Marie-Magdeleine; et voici qu'une nuit lui apparut une femme
d'une beauté remarquable qui, brisant ses chaînes et lui ouvrant la porte, lui
commanda de fuir. Ce prisonnier se voyant délivré s'enfuit aussitôt (Vincent de
B., Hist., 1. XXIV, c. XXXV, ms. de la Bible, Bibliothèque nationale, n°
5296). — Un clerc de Flandre, nommé Etienne, était tombé dans de si grands
crimes, en s'adonnant à toutes les scélératesses, qu'il ne voulait pas plus
entendre parler des choses qui regardent le salut. qu'il ne les pratiquait.
Cependant il avait une grande dévotion en sainte Marie-Magdeleine ; il jeûnait
ses vigiles et honorait le jour de, sa fête. Une fois qu'il visitait soit
tombeau; sainte Marie-Magdeleine lui apparut; alors qu'il n'était ni tout à
fait endormi, ni tout à fait éveillé; elle avait la figure d'une belle femme;
ses veux étaient tristes, et elle était soutenue a droite et, à gauche par deux
anges : alors elle lui dit: « Je t'en prie, Etienne, pourquoi te livres-tu à
des actions indignes de moi ? Pourquoi n'es-tu pas touché des paroles pressantes
que je t'adresse, de ma propre bouche? dès l’instant que tu as eu de la
dévotion pour moi, j'ai toujours prié d'une manière pressante le Seigneur pour
toi. Allons, courage, repens-toi, car je ne t'abandonnerai pas que tu ne sois
réconcilié avec Dieu. » Et il se sentit inondé de tant de grâces que,
renonçant au inonde, il entra en religion et mena une vie très parfaite. A sa
mort, on vit sainte Marie-Magdeleine apparaître avec des anges auprès de son
cercueil, et porter au ciel, avec des cantiques, son âme sous la forme d'une
colombe (Denys le Chartr., Sermon IV, de sainte Marie-Magdeleine).
*
Raban, Maur, Bréviaires de: Provence.
LA LÉGENDE DORÉE de JACQUES DE VORAGINE nouvellement
traduite en français avec introduction, notices, notes et recherches sur les
sources par L'Abbé J.-B. M. Roze, Chanoine Honoraire de la cathédrale d'Amiens.
Édouard Rouveyre, Éditeur, 76, Rue de Seine, 76. Paris MDCCCCII ©
Numérisation Abbaye Saint Benoît de Port-Valais en la fête de la chaire de
Saint Pierre, 22 février 2004
LA LÉGENDE DORÉE
Marie-Madeleine, disciple du Seigneur
Sainte Marie-Madeleine a toujours eu une place particulière
dans la Tradition chrétienne. Sans doute parce que dans son cheminement
personnel, elle récapitule l’itinéraire spirituel de tout disciple. Essayons
d’abord de préciser l’identité de ce personnage, pour lequel le Da Vinci code a
suscité un regain d’intérêt plus qu’ambiguë.
A vrai dire, le problème est particulièrement complexe. La
dévotion populaire a identifié Marie-Madeleine à « Marie appelée
Magdaléenne » (Lc 8,2), la femme pécheresse dont
Jésus avait expulsé sept démons (Mc 16,9) et qui s’était mise à la
suite du Seigneur (Lc 8,2). Le quatrième évangile
pour sa part, ne fait aucune allusion à ce passé tumultueux. La première à
bénéficier d’une rencontre avec le Ressuscité est nommée « Marie de
Magdala » (Jn 20,1) sans autre explication.
Spontanément le lecteur l’identifie à Marie, sœur de Lazare, qui est intervenue
plusieurs fois dans les chapitres précédents. Mais pourquoi l’évangéliste la
désignerait-il comme provenant de Magdala, alors que Lazare habitait Béthanie,
« le village de Marie et de sa sœur Marthe » (Jn 11,1) ? Au verset suivant
de l’introduction au récit de la résurrection de Lazare, saint Jean
précise : « il s’agit de cette même Marie qui avait oint le Seigneur
d’une huile parfumée et lui avait essuyé les pieds avec ses cheveux » (Jn 11,2). Immédiatement nous
faisons le lien avec l’épisode de l’onction de Béthanie, qui relate comment
Marie, sœur de Lazare, « oignit les pieds de Jésus » avec « une
livre d’un parfum de nard pur de grand prix », et les « essuya avec
ses cheveux » (Jn 12,3). Mais cette
interprétation ne tient pas, car l’onction de Béthanie fait suite la
résurrection de Lazare, alors que l’onction annoncée par Saint Jean lui est
antérieure, et parle d’un événement passé. L’évangéliste fait-il allusion à un
autre épisode ? On se souvient qu’une femme pécheresse « arrose les
pieds du Seigneur de ses larmes, les essuie avec ses cheveux, les couvre de
baisers et les oint de parfum » (Lc 7,38) alors que Jésus est
attablé chez Simon le pharisien : s’agissait-il de Marie, sœur de Lazare,
appelée pour l’une ou l’autre raison « Marie de Magdala » ? La
question reste ouverte.
Laissons-là ces considérations qui nous ont permis
d’entrevoir non seulement la complexité du problème, mais aussi comment la
Tradition a concentré sur Marie-Madeleine, les traits de la « casta
meritrix » (« chaste prostituée »), préfigurant l’Eglise.
Par deux fois Jésus ressuscité interpelle sa fidèle
disciple du nom de « femme », terme qui possède une connotation toute
particulière dans le quatrième évangile. A Cana, la Vierge Mère est interpellée
sous ce vocable (Jn 2,4), par lequel Notre Seigneur
s’adressera encore à elle du haut de la croix (Jn 19,26). Le terme est digne, respectueux,
majestueux. Les deux autres emplois sont d’autant plus surprenants : la
femme adultère se voit gratifiée du même titre (Jn 8,10) ainsi que Marie de
Magdala, la pécheresse pardonnée.
En fait, un fil rouge, qui traverse l’ensemble de
l’Evangile de Jean, relie ces diverses occurrences, leur donnant une
signification spirituelle profonde : le terme « femme » désigne
l’humanité épouse (femme adultère) qui a trahi son Epoux divin, mais que
celui-ci vient libérer de son péché à travers le sacrifice de la Croix (la
Vierge Marie au Golgotha), afin qu’elle puisse à nouveau le reconnaître comme
son Seigneur (Marie-Madeleine au tombeau) et entrer dans les noces
eschatologiques (noces de Cana).
On comprend dès lors que chacun de nous se trouve
effectivement concerné par ce parcours. A chacun de nous le Seigneur demande.
« Qui cherches-tu ? »
Au-delà de la dispersion, de nos multiples désirs, Jésus
tente par cette question, de nous ramener à l’unique nécessaire, à notre quête
profonde, la seule qui puisse donner sens à nos vies.
Mais comme Marie, il nous faut d’abord purifier notre cœur,
le laver des larmes de notre repentir, prendre douloureusement conscience de la
vanité des désirs qui ne procèdent pas de Dieu et ne nous orientent pas vers
lui, avant d’entendre sa voix compatissante : « Pourquoi
pleures-tu ? Qui cherches-tu ? »
C’est ainsi que le Seigneur nous conduit par une patiente
pédagogie, jusqu’à la pleine reconnaissance, dans un face à face intime :
« Marie ! » - « Rabbouni ». Comme l’Epouse du Cantique
- qu’incarne parfaitement Marie-Madeleine - nous aimerions dire « J’ai
trouvé celui que mon cœur aime. Je l’ai saisi, je ne le lâcherai pas »
(1ère lect.).
Mais à nous aussi Jésus nous répond : « Cesse de
me tenir, je ne suis pas encore monté vers le Père ». Les noces ne se
célèbrent pas ici-bas : il nous faut continuer notre route à la suite du
Christ, si nous voulons demeurer un jour avec lui dans le sein du Père, où il
nous précède pour nous y préparer une place.
Père Joseph-Marie, fsj
Reliques
de Marie de Magdala
conservées dans la Basilique de
Saint-Maximin-La-Sainte-Baume (Var-France).
Dessin de Renato Ammannito d'après les descriptif de Maria Valtorta.
Dans l'oeuvre de Maria VALTORTA
Myriam,
surnommée familièrement "Miri" par sa sœur
Marthe,
naît à Antioche de Syrie vers l'an 4, d'un père syrien, Théophile, gouverneur
local de la province, et d'Euchérie, une judéenne de la lignée royale de David.
À Jérusalem, où ses parents s'installent, elle ne tarde pas à créer le scandale
: "À peine pubère elle s'est montrée légère. Mais, depuis quatre ans
!!!" rapporte Judas (Tome
2, chapitre 63). Après son
divorce, elle mène une vie dissolue à Magdala, dans la propriété qu'elle a héritée de ses
parents, morts de chagrin. Elle y brûle sa vie en compagnie d'amants successifs
et pousse l'un d'eux au meurtre par jalousie (Tome
3, chapitre 43). Ce
scandale permanent rejailli aussi sur Lazare,
son frère aîné, qui déserte son palais de Sion, à Jérusalem pour se réfugier
dans la propriété de leur sœur Marthe, à Béthanie.
Mais les rencontres avec Jésus – dont celle, provocatrice, du Sermon sur la
Montagne (Tome
3, chapitre 34) - et
certains évènements dramatiques, dont le meurtre qu'elle occasionne, l'amènent
à évoluer. C'est pour elle, qui écoute cachée derrière un muret, que Jésus dit
la parabole de la brebis perdue[1] (Tome
4, Chapitre 94).
Sa conversion intervient au terme de combats internes violents, tout à
son image (Tome
5, chapitre 67) : elle se
précipite chez Simon, le pharisien où Jésus dîne[2]. Elle essuie de ses cheveux les pleurs qu'elle
verse sur ses pieds (Tome
4, chapitre 97). Bouleversée,
elle se réfugie à Nazareth auprès de la Vierge Marie
(Tome
4, Chapitre 100).
À partir de ce moment, elle rejoint le groupe des femmes-disciples qui suivent épisodiquement la troupe apostolique et l'aide de
leurs biens[3].
Son caractère fougueux, mis jusqu'ici au service de la vie dissolue, se
retourne au service de Jésus avec la même intensité : elle affronte le mépris
de ses anciens amants, l'hostilité grandissante du Sanhédrin, revit
dans le délire de son frère Lazare mourant tout le mal qu'elle a fait. Elle
connaît le dépouillement après la richesse : "Moi, je vous dis ce que vous
ne savez pas : que tous les biens personnels de Marie (sœur) de Lazare sont
pour les serviteurs de Dieu et pour les pauvres du Christ" (Tome
4, Chapitre 140).
Jésus confie à Lazare : "Sais-tu qui, parmi mes plus intimes, a su
changer sa nature pour devenir du Christ, comme le Christ le veut ? Une seule :
ta sœur Marie. Elle est partie d'une animalité complète et pervertie pour
atteindre une spiritualité angélique. Et cela par l'unique force de
l'amour" (Tome
9, Chapitre 6). Son
impétuosité, la force de son amour, la position sociale qu'elle occupe comme
protégée de l'administration romaine dont son père était issu, en font un
personnage de premier plan dans l'Évangile comme dans l'œuvre de Maria Valtorta.
Elle choisit "la meilleure part" aux pieds de Jésus quand sa
sœur Marthe s'active aux devoirs de l'hôtesse[4] (Tome
5, chapitre 67). Elle
prophétise la Passion par l'onction de Béthanie[5]. (Tome 8, chapitre 47).
Les soins qu'elle procure à son frère mourant, sont l'occasion d'une
dernière purification : dans son délire, Lazare lui fait revivre toutes les
étapes douloureuses de son passé honteux (Tome 8, chapitre 4). Jésus lui avait confié : "Tu es une des
âmes que Satan hait le plus, mais tu es aussi une des plus aimées de Dieu" (Tome
7, chapitre 180).
Impétueuse, elle tient tête au Sanhédrin, sur le Golgotha (Tome 9, chapitre 29), par sa seule autorité. La même qui maintient le
courage des femmes disciples dans les heures troubles qui suivent la mort de
Jésus (du Tome
9, chapitre 30, jusqu'au chapitre
35).
Elle est la première à voir le tombeau vide, Tout son amour éclate enfin
dans son cri affectueux qui salue Jésus ressuscité : "Rabbouni ![6]" (Tome
10, chapitre 5).
Elle est aussi une des premières personnes à aller vénérer le Golgotha
après la Passion de Jésus : "Il y a déjà quelqu’un qui vous y a précédés,
dit Jésus ressuscité à ses apôtres craintifs. sans craindre les
moqueries et les vengeances, sans craindre de se contaminer. Et pourtant qui
vous a précédés avait une double raison de craindre cela" (Tome
10, chapitre 16).
Jésus avait prophétisé la fin de vie érémitique de Marie de Magdala :
"Il n'y a pas d'autre voie pour toi, Marie, que l'amour. En effet quelle
que soit la voie que tu prendras, elle sera toujours amour. Amour si tu rends
service en mon nom. Amour si tu évangélises. Amour si tu t'isoles. Amour si tu
te martyrises. Amour si tu te fais martyriser. Tu ne sais qu'aimer, Marie.
C'est ta nature" (Tome 8, chapitre 11). Dans ce même dialogue, Marie de Magdala souhaite
le martyre par l'amour. Il lui est accordé : "Quelle grâce de mourir
d'amour pour Toi !".
Caractère et
aspect
Les
persécutions contre les chrétiens s'accentuent avec l'avènement
d'Hérode-Agrippa 1er et la famille de Béthanie s'expatrie : "… avec une
extrême douleur, ils se sont éloignés d’ici pour porter ailleurs la Parole
divine qui ici aurait été étouffée par les juifs" (Tome
10, chapitre 34). Ceci corrobore la tradition bien établie
sur leur exil en Gaule : Lazare à Marseille, Marthe à Tarascon, Marie à la
Sainte-Baume et leur intendant Maximin* dans la ville qui porte son nom.
D'ailleurs, dans une vision rapportée dans les
Cahiers de 1944, Maria
Valtorta voit la mort de Marie Madeleine dans une grotte qui semble être celle
de la Sainte Baume (Provence). Elle meurt aux alentours de l'an 80 de notre
ère, probablement à l'âge de 75 ans environ[7].
On suppose que la fin de sa vie se passe dans la douleur si l’on en
croit cette phrase de Jésus à Maria Valtorta : "Puis viendra le jour
où je dirai comme à Marie de Magdala mourante : Repose-toi. Il est temps
pour toi de reposer. Donne-moi tes épines. Il est temps de roses. Repose-toi et
attends" (Tome 1, chapitre 22).
Ce chemin aboutit à la félicité finale : "Marie, une bonne servante
pour Moi. Aujourd'hui plus qu'hier. Demain plus qu'aujourd'hui. Jusqu'à ce que
je te dise : Cela suffit, Marie. C'est l'heure de ton repos.
" - C'est dit, Seigneur, lui répond Marie Madeleine. Je voudrais que tu m'appelles,
alors. Comme tu as appelé mon frère hors du tombeau. Oh ! appelle-moi, Toi,
hors de la vie !
"- Non, pas hors de la vie, dit Jésus. Je t'appellerai à la Vie, à la
vraie Vie. Je t'appellerai hors du tombeau qu'est la chair et la Terre. Je
t'appellerai aux noces de ton âme avec ton Seigneur" (Tome 8, chapitre 11).
Son nom
En
hébreu Miriâm מרים. Ce nom répandu peut désigner
l'amertume ou "celle qui est élevée", "Prophétesse" ou le
féminin de "Seigneur". La tradition chrétienne joue, notamment
pour la Vierge Marie, du rapprochement avec "mar yam", goutte d'au de
mer, ce qui est traduit en latin par le vocable Stella Maris, l'étoile de la
mer.
SOURCE : http://www.maria-valtorta.org/Personnages/MarieMagdala.htm
La Madeleine du Guerchin,
représentation de la miséricorde infinie de Dieu
A l’heure du confinement, les
musées du Vatican viennent jusqu’à vous en décidant d’ouvrir les collections de
leurs douze institutions, riches de plus de 70.000 œuvres. Chaque jour, une
œuvre sera mise en lumière, et éclairée d’un commentaire d’un pape avec
l’espoir d’apporter en cette sombre période une parcelle de beauté et un peu de
baume au cœur. Aujourd’hui La Madeleine du Guerchin,, excellent symbole de la
miséricorde infinie de Dieu.
Tome
4 : 4.88 - 4.90 - 4.92 - 4.94 - 4.95 - 4.96 - 4.97 - 4.98 - 4.99 - 4.100 - 4.101 - 4.102 - 4.103 - 4.104 - 4.105 - 4.106 - 4.107 - 4.108 - 4.109 - 4.110 - 4.111 - 4.112 - 4.113 - 4.115 - 4.116 - 4.117 - 4.118 - 4.123 - 4.124 - 4.140 - 4.143 - 4.145 - 4.146 - 4.149
- 4.150 - 4.151 - 4.154 - 4.157 - 4.158 - 4.168 - 4.177.
La Madeleine du Guerchin,
représentation de la miséricorde infinie de Dieu
A l’heure du confinement, les
musées du Vatican viennent jusqu’à vous en décidant d’ouvrir les collections de
leurs douze institutions, riches de plus de 70.000 œuvres. Chaque jour, une
œuvre sera mise en lumière, et éclairée d’un commentaire d’un pape avec
l’espoir d’apporter en cette sombre période une parcelle de beauté et un peu de
baume au cœur. Aujourd’hui La Madeleine du Guerchin,, excellent symbole de la
miséricorde infinie de Dieu.
Figure de dévotion par excellence, l’image de la
Madeleine pénitente envahit au 17e siècle, non seulement les églises et les
palais des cardinaux, mais également les demeures des simples particuliers. Car
pour le chrétien, elle constitue un perpétuel sujet de méditation en exaltant
la grandeur de l’expiation. Pour l’artiste, comme pour le commanditaire, elle
séduit par sa radieuse beauté, sa nudité et parfois sa sensualité lorsque le
peintre choisit de la représenter en extase.
La Contre-Réforme est passée par là, avec la
volonté de rendre communicable le message chrétien grâce à une peinture marquée
de théâtralité. Car le contexte est alors celui de l’iconoclasme réformé qu’il
importe de combattre en mettant en scène des images de dévotion emplies d’un
sentiment d’abnégation, tel que le prônait le Concile de Trente.
Un tableau « plein d'amour », « rempli d'âme »
La Madeleine du Guerchin ne déroge pas à ces
règles. Elle est représentée agenouillée, à demi-nue, priant avec ferveur pour
le pardon de ses péchés, dans toute sa solitude et toute sa beauté.
L’atmosphère est sombre, dramatique, intensément expressive. Stendhal en fut
saisi d’admiration, qualifiant la Madeleine du Vatican de tableau « plein
d’amour », « rempli d’âme ». C’est
tout le talent du Guerchin d’avoir su restituer cette intériorité passionnée
par le choix de tons soutenus, l’emploi d’un clair-obscur maîtrisé.
Pourtant, rappelons-nous que Le Guerchin
est d’abord un autodidacte. Formé par l’étude des tableaux des Carrache et du
Caravage et par son séjour à Venise, il est appelé à Rome en 1621 par le pape
Grégoire XV, dont il fera le portrait. Ces années constituent un tournant dans
son art. Influencé par Le Dominiquin, il évoluera bientôt vers un certain
classicisme, adoptant une composition, une facture et des coloris plus adoucis.
Le Guerchin réalisera par la suite différentes
versions du thème de la Madeleine Pénitente. Le tableau du Vatican reste
remarquable par la présence aux côtés de Madeleine de deux anges, qui, pour la
consoler dans son extrême affliction, offrent à son regard les instruments de
la Passion : les clous de la croix, la couronne d’épines, témoignages des
souffrances endurées par le Fils de Dieu pour la rédemption du genre humain.
L’un des anges pointe la main vers le ciel, indiquant par là l’espoir certain
pour Madeleine, incarnation du péché et du repentir, d’atteindre le salut
éternel.
Lire aussi :
Car la bonté de Dieu est infinie. Sa miséricorde
est accordée à chacun, quels que soient ses péchés. C’est le sens du message
porté par Paul VI dans son homélie de 1964. Un autre pape, Saint Jean-Paul II
en mesurait bien la portée. En 2001, il institua le Dimanche de la Divine
Miséricorde, dont la célébration s’annonce bientôt, ce prochain deuxième
dimanche de Pâques.
La miséricorde de
Dieu est une source inépuisable que le Christ a apportée au monde précisément
avec le désir, l’anxiété de nous chercher, de nous suivre et de nous répéter :
Je t’ai aimé; Je suis venu pour toi, pour que tu comprennes qui tu es et à quel
point tu es paralysé et misérable. Mais aie confiance ô fils, tes misères sont
effacées. C’est pourquoi aujourd’hui nous irons à Jésus, offrant le Divin
Sacrifice: nous présentant nous aussi devant lui comme le paralytique. En toute
humilité, nous lui demanderons que la confiance en sa toute-puissance et bonté
se renouvelle dans notre âme. Chacun suppliera: Seigneur, sauvez-moi: Toi seul
as les paroles de vie éternelle.
Paul VI – Homélie 20 septembre 1964
Saint Mary Magdalen
Also
known as
- Maria
Maddalena
- Maria
Magdalena
- Mary
Magdalene
- the
Sinner
- 22 July
- 1 March (Basel, Switzerland)
- 19 March (translation
of relics)
Profile
We have very little
solid information about Saint Mary, and both scholars and traditions differ on the
interpretation of what we do know.
She was a friend and
follower of Jesus. Filled with sorrow over her sin, she anointed Christ, washed his feet with her hair. He exorcised seven demons
from her. She was visited by the Risen Christ.
There are also arguments
about her life after the Crucifixion.
- The Greek Church
maintains that she retired to Ephesus with the Blessed Virgin Mary and lived there the rest of her life.
- A French tradition says that Mary, Lazarus, and some companions came
to Marseilles, France, evangelized and converted the whole Provence region, and then retired to live 30 years
as a penitent hermitess at La Sainte-Baume.
Oh, some things we do know
for certain – Mary wasn’t Jesus’ wife or mistress, she wasn’t the
mother of His child, she didn’t found a royal dynasty or
separate branch of Christianity, et cetera, et cetera, ad nauseam.
- the
Greek Church says
- she died in Ephesus of natural causes
- her relics were transferred to Constantinople in 886 where they remain today
- a French tradition
says
- as she lay on her death bed, nine angels carried Mary to the oratory of Saint Maximinus in Aix where
she received Communion and then died of natural causes
- she was interred in an
oratory constructed by Saint Maximinus at Villa Lata (Saint Maximin)
- in 745 her relics were moved to Vézelay to save them from Saracen invaders
- at some point they were
moved to a shrine at her hemitage on La Sainte-Baume; they were there
in 1279 when King Charles II of Naples funded a Dominican convent on the hill
- in 1600 the relics were placed in a sarcophagus sent by Pope Clement
VIII
- in 1814 the church on La Sainte-Baume, wrecked during the
anti-Christian excesses of the French Revolution, was restored
- in 1822 the grotto was re-consecrated, still has the head of the
saint, and is a pilgrimage centre
- against
sexual temptation
- apothecaries
- contemplative
life
- contemplatives
- converts
- druggists
- glove
makers
- hairdressers
- hairstylists
- penitent
sinners
- penitent
women
- people
ridiculed for their piety
- perfumeries
- perfumers
- pharmacists
- reformed
prostitutes
- tanners
- women
- Fréjus-Toulon, France, diocese of
- Salt Lake City, Utah, diocese of
- Atrani, Salerno, Italy
- Casamicciola, Italy
- Credera
Rubbiano, Italy
- Foglizzo, Italy
- La
Magdeleine, Italy
- Rubbiano, Italy
- Anguiano, Spain
- Elantxobe, Spain
Additional Information
- A Garner of Saints, by Allen Banks Hinds, M.A.
- Book of Saints, by the Monks of Ramsgate
- Catholic
Encyclopedia
- Goffine’s Devout
Instructions
- Light From the Altar, edited by Father James J McGovern
- Lives of the Saints, by Father Alban Butler
- Lives of the Saints, by Father Francis Xavier Weninger
- Miniature
Lives of the Saints
- New Catholic
Dictionary
- Pictorial
Lives of the Saints
- Saint Mary Magdalen, by Monsignor John T. McMahon, M.A., Ph.D.
St. Mary Magdalen
Mary Magdalen was so called
either from Magdala near Tiberias, on the west shore of Galilee, or possibly from a Talmudic expression meaning "curling women's hair," which the Talmud explains as of an adulteress.
In the New Testament she is mentioned among the women who accompanied Christ and ministered to Him (Luke 8:2-3), where it is also said that seven devils had been cast out of her (Mark 16:9). She is next named as standing at the foot of
the cross (Mark 15:40; Matthew 27:56; John 19:25; Luke 23:49). She saw Christ laid in the tomb, and she was the first recorded witness of the
Resurrection.
- the "sinner" of Luke 7:36-50;
- the sister of Martha and Lazarus, Luke 10:38-42 and John 11; and
- Mary
Magdalen.
On the other hand most of
the Latins hold that these three were one and the same. Protestant critics, however, believe there were two, if not three, distinct persons. It is impossible to demonstrate the identity
of the three; but those commentators undoubtedly go too far who assert, as does
Westcott (on John 11:1), "that the identity of Mary
with Mary Magdalene is a mere conjecture supported by no direct evidence, and
opposed to the general tenour of the gospels." It is the identification of Mary of
Bethany with the "sinner" of Luke 7:37, which is most combatted by Protestants. It almost seems as if this reluctance to
identify the "sinner" with the sister of Martha were due to a failure to grasp the full
significance of the forgiveness of sin. The harmonizing tendencies of so many modern critics, too, are responsible for much of the existing
confusion.
The first fact, mentioned
in the Gospel relating to the question under discussion is
the anointing of Christ's feet by a woman, a "sinner" in the city (Luke 7:37-50). This belongs to the Galilean ministry, it precedes the miracle of the feeding of the five thousand and the
third Passover. Immediately afterwards St. Luke describes a missionary circuit in Galilee and tells us of the women who ministered to Christ, among them being "Mary who is called
Magdalen, out of whom seven devils were gone forth" (Luke 8:2); but he does not tell us that she is to be
identified with the "sinner" of the previous chapter. In 10:38-42, he tells us of Christ's visit to Martha and Mary "in a certain town"; it is
impossible to identify this town, but it is clear from 9:53, that Christ had definitively left Galilee, and it is quite possible that this
"town" was Bethany. This seems confirmed by the preceding parable of the good Samaritan, which must almost certainly have
been spoken on the road between Jericho and Jerusalem. But here again we note that there is no
suggestion of an identification of the three persons (the "sinner", Mary Magdalen, and
Mary of Bethany), and if we had only St. Luke to guide us we should certainly have no
grounds for so identifying them. St. John, however, clearly identifies Mary of Bethany
with the woman who anointed Christ's feet (12; cf. Matthew 26 and Mark 14). It is remarkable that already in 11:2, St. John has spoken of Mary as "she that anointed
the Lord's feet", he aleipsasa; It is commonly said that he refers to the
subsequent anointing which he himself describes in 12:3-8; but it may be questioned whether he would
have used he aleipsasa if another woman, and she a "sinner" in the city, had
done the same. It is conceivable that St. John, just because he is writing so long after the
event and at a time when Mary was dead, wishes to point out to us that she was
really the same as the "sinner." In the same way St. Luke may have veiled her identity precisely because
he did not wish to defame one who was yet living; he certainly does something
similar in the case of St. Matthew whose identity with Levi the publican (5:7) he conceals.
If the foregoing argument
holds good, Mary of Bethany and the "sinner" are one and the same.
But an examination of St. John's Gospel makes it almost impossible to deny the
identity of Mary of Bethany with Mary Magdalen. From St. John we learn the name of the "woman" who anointed Christ's feet previous to the last supper. We may remark here that it seems unnecessary
to hold that because St. Matthew and St. Mark say "two days before the Passover", while St. John says "six days" there were,
therefore, two distinct anointings following one another. St. John does not necessarily mean that the supper and the anointing took place six days before,
but only that Christ came to Bethany six days before the Passover. At that supper, then, Mary received the glorious encomium,
"she hath wrought a good work upon Me . . . in pouring this ointment upon My
body she hath done it for My burial . . . wheresoever this Gospel shall be preached . . . that also which she
hath done shall be told for a memory of her." Is it credible, in view of
all this, that this Mary should have no place at the foot of the cross, nor at the tomb of Christ? Yet it is Mary Magdalen who, according to all
the Evangelists, stood at the foot of the cross and assisted at the entombment and was the
first recorded witness of the Resurrection. And while St. John calls her "Mary Magdalen" in 19:25, 20:1, and 20:18, he calls her simply "Mary" in 20:11 and 20:16.
In the view we have
advocated the series of events forms a consistent whole; the "sinner"
comes early in the ministry to seek for pardon; she is described immediately
afterwards as Mary Magdalen "out of whom seven devils were gone forth"; shortly after, we find
her "sitting at the Lord's feet and hearing His words." To the Catholic mind it all seems fitting and natural. At a
later period Mary and Martha turn to "the Christ, the Son of the Living God", and He restores to them
their brother Lazarus; a short time afterwards they make Him a
supper and Mary once more repeats the act she had performed when a penitent. At the Passion she stands near by; she sees Him laid in the tomb; and she is the first witness of His Resurrection--excepting always His Mother, to whom He must needs have appeared first,
though the New Testament is silent on this point. In our
view, then, there were two anointings of Christ's feet--it should surely be no difficulty that St. Matthew and St. Mark speak of His head--the first (Luke 7) took place at a comparatively early date; the
second, two days before the last Passover. But it was one and the same woman who performed this pious act on each occasion.
Subsequent history of St. Mary Magdalen
Subsequent history of St. Mary Magdalen
The Greek Church maintains that the saint retired to Ephesus
with the Blessed Virgin and there died, that her relics were transferred to Constantinople in 886 and
are there preserved. Gregory of Tours (De miraculis, I, xxx) supports the statement that she went
to Ephesus. However, according to a French tradition (see SAINT LAZARUS OF BETHANY), Mary, Lazarus, and some companions came to Marseilles and converted the whole of Provence. Magdalen is said to
have retired to a hill, La Sainte-Baume, near by, where she gave herself up to
a life of penance for thirty years. When the time of her death
arrived she was carried by angels to Aix and into the oratory of St. Maximinus, where she received the viaticum; her body was then laid in an oratory constructed by St. Maximinus at Villa Lata,
afterwards called St. Maximin. History is silent about these relics till 745, when according to the chronicler Sigebert, they were removed to Vézelay through fear of
the Saracens. No record is preserved of their return, but
in 1279, when Charles II, King of Naples, erected a convent at La Sainte-Baume for the Dominicans, the shrine was found intact, with an
inscription stating why they were hidden. In 1600 the relics were placed in a sarcophagus sent by Clement VIII, the head being placed in a separate vessel.
In 1814 the church of La Sainte-Baume, wrecked during the Revolution, was restored, and in 1822 the grotto was consecrated afresh. The head of the saint now lies there, where it has lain so long, and
where it has been the centre of so many pilgrimages.
Pope,
Hugh. "St. Mary Magdalen." The Catholic Encyclopedia. Vol. 9. New
York: Robert Appleton Company, 1910. 26 Mar. 2015
<http://www.newadvent.org/cathen/09761a.htm>.
Transcription. This article was
transcribed for New Advent by Paul T. Crowley. In Memoriam, Sr. Mary Leah, O.P. and Sr. Mary Lilly, O.P.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. October 1, 1910. Remy Lafort, Censor. Imprimatur. +John M. Farley, Archbishop of New York.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/09761a.htm
Sculpture de Marie Madeleine, chapelle Sainte-Croix de Forbach.
July 22
St. Mary Magdalen
THE ILLUSTRIOUS penitent
woman mentioned by St. Luke, 1 was, by her perfect conversion, an encouraging model of penitence
to all succeeding ages. She is called the Sinner, 2 to express her pre-eminence in guilt. This epithet seems to imply
that she led a lewd and disorderly life. The scandal of her debaucheries had
rendered her name infamous throughout the whole city. Naim, Tiberias, or some
neighbouring place in Galilee, seems to have been the chief theatre of her
disorders, at least at the time of her conversion. They took their rise from
small beginnings; for no one becomes a great proficient in vice all at once.
The fences of virtue are weakened by degrees before they are entirely broken
down.
The steps by
which young persons, like this sinner, are led into evil courses, are pointed
out to us by our Divine Redeemer in the parable of the prodigal son. The source
of all his misfortunes is a love of independence and of his own will. He is
full of his own wisdom, and of a certain self-sufficiency; is an enemy to
advice, the means to find out truth and to discover dangers. All who contradict
his passions, or tell him the truth, are odious to him: the counsels of tender
parents he calls interested; those of God’s anointed too severe and scrupulous:
those of the old and experienced, cowardly and mean spirited. Young persons,
above all others, are in an age in which the devil prepares innumerable snares,
the world lays many stratagems, and passions easily eclipse reason; and it
behoves them infinitely to be strongly persuaded that their safety consists
altogether in most sincere dispositions of humility, obedience, and docility.
Tractableness and dutifulness towards superiors is the most essential virtue of
that age, next to the obligation of religion, which we owe to God. Those
companions, whose discourse and behaviour tend to inspire a contempt of parents
and other superiors, are of all pests the most dangerous to youth.
The prodigal son, blinded
by his passions, thought himself prudent and strong enough to be his own
governor and master, and flattered himself that his love of liberty and
pleasure was not very criminal or unjust; but from this root all vices have
sprouted up, and are not to be restrained by him who opens to them such a door
by shaking off the happy yoke of subjection, which is the divine ordinance.
Such is the strange disorder of that mischievous passion, that though the
prodigal son lived in dignity and plenty, and enjoyed all temporal blessings
and all the comforts of life without feeling its troubles or knowing its
miseries, yet he was not content. His subjection to a good father was true
freedom; he was the object of all his parent’s cares, and he reaped the fruit
of all his labours. But so distempered was his soul, that the constraint of
this tender guardian’s watchful eye seemed to embitter all his pleasures, and
such an obedience appeared to him an insupportable burden and slavery, which
therefore he would shake off to have no other law but his own will. This was
his capital enemy, though he would not be so persuaded; and by indulging it he
fostered a young tiger in his own bosom, which soon grew too strong for him and
tore him to pieces. We are astonished at the quick progress which the passions
make when once the bridle is let loose. The prodigal youth, seeing himself
possessed of that dangerous liberty which he had so passionately desired, full
of false joy at the prospect of imaginary happiness, went into a foreign
country, to be at a greater distance from all troublesome advisers. His
passions being so far yielded to, had no longer any bounds, and he denied his
heart nothing of its irregular desires, being no longer master of himself.
Unthinking and blinded he soon squandered away his fortune, without keeping any
accounts, or knowing how it was spent; he was surprised to find his hands
empty, and himself starving, and that he had not yet found those enjoyments
which he had promised himself; instead of which he had met with nothing but
shadows and miseries. Nevertheless, cleaving still to so treacherous a world,
and yet entertaining desperate foolish hopes of finding happiness in it, he
went on in the pursuit of his passions; and losing himself daily more and more
in the mazes of sin, he was at length reduced to have no other company but that
of the most filthy of beasts, and almost to perish with hunger at the heels of
the hogs which he was condemned to serve and fatten.
This is a true
picture of the sinner who has thrown off the holy yoke of God, and has enslaved
himself to his passions. How earnestly ought every Christian to pray that God
may always so strengthen his resolution with his grace, that he may never
receive any other than his sweet and holy law? What completes the misfortune of
the habitual sinner is, that few who have fallen into that gulf ever sincerely
rise again. The very afflictions which converted the prodigal son throw
thousands into despair. God’s powerful graces are weakened after having been
long contemned; and habits grow stronger than reason. When the poison of sin
has sunk deep into the heart, it is not expelled by an ordinary grace. Of such
a sinner that curse is pronounced, that even in his old age, if he ever arrive
at it, his bones shall be filled with the vices of his youth, and they shall
descend with him into the grave, and shall sleep with him in the dust, 3 Christ indeed came from heaven to save all such; in his tender
compassion for their miseries he invites them to return to him, and for their
encouragement has shown a remarkable example of his mercy in our saint. Having
considered in the image of the prodigal son, the unhappy steps by which she
fell, we shall, with greater edification, take a view of the circumstances
which have given so great a lustre to her repentance.
Jesus, not long
after he had raised to life the son of a widow at Naim, a town in Galilee, was
invited to dinner by a certain Pharisee called Simon, who seems to have lived
in the same town, or some neighbouring city, as Calmet shows. Our Lord was
pleased to accept his invitation, chiefly that he might confound the pride of
the Pharisees by manifesting the power of his grace in the wonderful conversion
of this abandoned sinner. His bowels had yearned over her spiritual miseries,
and he spread upon her soul a beam of his divine light which penetrated her
understanding and her heart so effectually, that, listening to the interior
voice of his grace, she saw the abominable filth and miseries in which she was
plunged, was filled with confusion and horror, and conceived the most sincere
detestation of her ingratitude and baseness. Our Lord went to the banquet in
great joy to wait for this soul, which he himself had secretly wounded with his
holy love, and which he was pleased to draw to him in the midst of a great
assembly, that by her public repentance she might repair the scandal she had
given, and he might give to all succeeding ages an illustrious instance of his
mercy towards all repenting sinners. She began her conversion by entering into
herself. As her fall was owing to inconsideration, so doubtless her first step
towards repentance was serious reflection on the misery of her present
condition, the happiness she had forfeited, and the punishment she was to
expect. From these considerations she raised her thoughts to others higher and
more noble, those of divine love, reflecting who He is whom she had so
grievously offended, and how excessive and incomprehensible his goodness is,
which she had so long and so basely slighted. This motive of love, to which Christ
ascribed her conversion, drew from her eyes a torrent of tears, and made her
cry out with the prodigal son, that she had sinned against heaven. That model
of true penitents forgot his corporal miseries and all other circumstances of
his fall, being full of this reflection alone, how he could be capable of
offending so good a parent. He acknowledged himself unworthy to be again called
a child; yet deferred not a moment to restore his heart to him to whom he owed
it, and, confiding in his indulgence, threw himself upon his mercy, hoping by
his goodness to be admitted among his hired servants.
In the like
dispositions does our penitent raise her heart to God. She hearkens not to the
suggestions of worldly prudence which might seem to require some time for
deliberation, for settling her concerns, or for taking proper measures about
her conversion itself; the least delay appears to her a new crime, a fresh
aggravation of her misfortune. She was informed that our Divine Redeemer was at
table in the house of the Pharisee. She did not so much as think of the
disgrace to which she exposed herself by appearing before a numerous and
honourable assembly, of the reproaches and disdain she was to expect from the
Pharisee, or the fear of moving Christ himself to indignation by an
unseasonable importunate address. One moment’s delay in seeking her physician
seemed too much, because her heart was now wounded with divine love. Sinners
who, in returning to God, think too nicely that they have temporal interests to
provide for, friends to please, and opportunities to wait for, are far from the
dispositions of this happy penitent. She found mercy because she sought it
before all things. Had she dallied with grace, it would have been justly
withdrawn; had she been for compounding with her passions, they would have
again enslaved her more strongly than ever. She found all difficulties vanish
in a moment, because her conversion was sincere and perfect; by one steady
resolution the work is done. What further deliberation can one that has sinned
require, than that the gate of mercy is yet open to him? Let him at all rates
make haste to find it, though for this he should sacrifice every thing else. So
insupportable to this holy penitent was the stench of her own filth, and the
load of her guilt, that she could not defer the remedy an hour longer to wait
for a better opportunity, or to inquire if our Lord was at leisure to hear her;
and a firm confidence in his boundless mercy was her encouragement, and her
strong assurance that he would not reject her tears.
When the
prodigal son said to himself, I will arise, and will go to my Father, we
might have asked him, says St. Peter Chrysologus, what he trusted to for his
pardon? upon what he grounded his confidence? upon what hope or assurance he
presumed to appear in the presence of him whom he had so heinously offended?
His answer would have been: “This is the assured grounds of my confidence, that
he is my Father. I have forfeited all title to the name or rank of his son; but
he hath not lost the quality or affection of a parent. I want no stranger to
intercede with a father. The tender affection of his own breast pleads
powerfully within him, and is sure to incline him in my favour. His paternal
bowels are moved, and yearn to restore to a son by pardon that life which he
formerly gave him by birth.” 4 In like sentiments this penitent woman seeks her Almighty
Physician, professing herself altogether undeserving and unworthy of mercy, and
therefore alleges nothing on her side to recommend her to his compassion,
except only that she was the work of his hands, though an unnatural and
rebellious child, in whom that title was only a grievous exaggeration of her
guilt; but she confidently appeals to his infinite goodness and mercy, and begs
that for his own sake he will save her, in whom he still discovers, though
frightfully disfigured, the traces of his divine image which his own omnipotent
hand had formed, and which it is in his power easily to repair and perfect.
In these
dispositions she bolted into the chamber where Jesus was at dinner with the
Pharisee, and, regardless of what others thought or said of her past life or of
her present boldness, 5 she made up to her Redeemer and Physician. She durst not appear
before his face, and therefore went behind him; and the nearer she approached
his sacred person streams gushed more abundantly from her eyes. She reflected
how basely she had defiled and sought to destroy her own soul, and how
impiously she had robbed Christ of many other souls whilst he was come from
heaven, and was ready to sacrifice himself on the cross for her and them; and
at this and other like considerations she was not able to moderate her grief.
The inward confusion she felt at the sight of her sins and baseness made her
despise all the confusion which she could receive before men, or rather rejoice
in it to meet that contempt which she acknowledged herself most justly to
deserve from all creatures. Attentive only on Christ, from whom she sought her
health and salvation, standing at his feet, she watered them with her tears,
wiped them with her hair, most respectfully kissed them, and anointed them with
rich perfumes and sweet-scented essences which she had brought in an alabaster
box. She now defaces or consecrates to penance whatever had formerly been an
instrument of sin; her eyes, which had been full of dangerous charms, are now
converted into fountains of tears to cleanse the stains of her soul; and her
hair, once dressed in tresses and curls to ensnare souls, now hangs loose and
dishevelled, and serves for a towel to wipe our Lord’s feet, which she kisses
with her lips, and scents with her perfumes, formerly the incentives of vice.
The penitent must consecrate his riches to Christ in the poor which are his
feet; must employ his eyes in tears, and his lips in supplications for mercy,
and must make all that serve to charity and mortification which before served
self-love. These exterior offerings must be accompanied with the interior
sacrifice of the heart, by humble confidence in the divine mercy, by lively
faith and ardent love, with which the soul of a sinner approaches to Jesus, and
is reconciled to him. Our holy penitent prepared as it were an altar at the
feet of our Lord, on which she offered to him the true sacrifice of a contrite
and humble heart. There losing the use of her speech whilst grief intercepted
her words, she spoke only by her tears; but before Him to whom the secrets of
her heart were open, these sighs, and this silence itself, was a louder cry
than that of any words could have been. Thus she earnestly begged of God’s pure
mercy, that pardon which she confessed herself most unworthy to obtain.
Jesus, who had
himself inspired her with these dispositions, cast on her a favourable eye of
mercy. He was come to the Pharisee’s banquet exulting with holy joy, which
sprung from his foreknowledge of the conversion of this soul; the mainspring of
all he did and suffered on earth being that insatiable thirst for the salvation
of sinners which brought him from heaven, and which was not to be satisfied but
by his sufferings on the cross, and by the last drop of his blood poured out
for them upon it. In these sentiments he had testified that it was his delight
to converse with sinners, out of compassion for their miseries, being desirous
to draw them out of that gulf into which they had blindly plunged themselves.
This he expressed by many moving parables, especially that of the prodigal son,
where he paints his mercy in the strongest colouring by the manner in which he
represents the good old father receiving him upon his return. From the time of
his going astray the tender parent never allowed himself any respite in his
tears, inquiries, and search: at length, from an eminence on which he looked
about on every side, still hoping he should one day see him return, he descried
him at a distance. He saw only a disfigured, languishing, and frightful
spectre; the wretched remains of a debauchee and rake worn out by riots and
revellings; his features horrid and defaced, his body resembling a walking
skeleton, but half covered with a few filthy rags. Yet, under this disguise,
his eye, directed by love, discovered him at a great distance, and before any
other could see him, knew that it was his son. Far from being disgusted at such
a spectacle, he ran to meet him, affection giving vigour to his enfeebled age.
He remembered no longer his past behaviour, but rushing to his embraces, kissed
him, and bathed his head and face with floods of tears which joy drew from his
eyes, and which he mingled with the tears of sincere grief and affection which
the penitent son abundantly poured forth. The good father wiped them off his face,
prevented his confusion, restored him to his former rank, called for, and gave
him the best robe, a ring upon his finger, (a symbol of dignity,) and shoes on
his feet. He, moreover, ordered a fatted calf to be forthwith killed, and gave
a splendid entertainment with music, inviting all to rejoice with him and make
merry, because his son whom he lamented as dead was come to life again, and he
that had been lost was found. If the birth of this son, when he was first
brought into life, had been to him a subject of great joy, how much more reason
had he to rejoice seeing him now restored by a second birth, so much the more
joyful, as it wiped away his tears, and changed his grievous sorrow into
comfort? Thus doth our loving God and Redeemer receive the penitent sinner;
thus is there joy in heaven upon one sinner that doth penance. The Holy Ghost
clothes him with the robe of sanctifying grace, puts a ring on his hand, the
emblem of his divine gifts, and gives shoes to his feet, that is, fortifies him
with strength to tread on the venomous aspick and basilisk, and to trample upon
the raging lion and dragon.
The Pharisee
who had invited Jesus to his table, was shocked to see an infamous sinner well
known in that city, admitted by our Lord to stand at his feet, and secretly
said within himself that He could not be a prophet, or know that she was a
scandalous person. To inculcate our strict obligation of shunning bad company,
God commanded all intimacy with public sinners to be avoided, lest the sound
should be infected by the contagion of their vices. The haughty Pharisees
construed this law according to the false maxims of their pride, as if it were
a part of virtue to despise sinners, and as if that respect and charity which
we owe to all men, were not due to such; but the humble man, whilst he shuns
the snare of wicked company, places himself below the worst of sinners, as the
most ungrateful of all creatures; discharges all offices of charity, and spares
neither tears nor pains to reclaim those who are gone astray. The contempt of
any one is always the height of pride, which degrades a man in the sight of God
beneath that sinner whom he undervalues. This was the case of the Pharisee; and
such was the disorder of his pride that it betrayed him into a rash judgment by
which he condemned a penitent who was then a saint; and, arraigning the
goodness and mercy of God, blasphemously censured the sanctity of our Redeemer.
Nothing is more wonderful in the conduct of the Son of God on earth, than the
patience and meekness with which he bore the contradictions, murmurings, and
blasphemies of men in most unjustly condemning his charity itself. We cannot
form any idea, unless we have experienced it, what force such injurious
treatment has to make men abandon the good which they have begun, and cease
bestowing favours on those who murmur against them. Christ has encouraged us by
his example to this heroic practice of virtue, teaching us that the most
effectual means of confounding slanderers is to instruct them by silence,
meekness, perseverance in good works, and a constant return of sincere kind
offices; he shows how we must still persevere steadfastly to regulate our
intentions and actions according to the maxims of piety, and give ourselves no
trouble about what men will say of us.
Christ sought
indirectly by a parable, to cure the pride and rash judgment of this Pharisee,
and convince him that she to whom much had been forgiven, then loved God the
more; consequently was more acceptable to him. Some interpreters understand his
words, that much was forgiven this penitent, because her love and sorrow were
great and sincere; others take the meaning to be, that gratitude would make her
after this mercy more fervent in love. Each interpretation is undoubtedly true;
but, as A. Lapide shows, the first seems most agreeable to the context. The
conversion of sinners is usually begun by motives of fear, but is always
perfected by those of love; and the fervour of their love will be the measure
of the grace which they will receive. By the love of vanity the soul falls from
Christ; and by his divine love she returns to him. How fervent was this love in
our devout penitent! By it she is become at once insensible of the reproaches
and judgment of men; she defers not her sacrifice a single moment, and allows
not herself the least mitigation in it; she cuts off all her engagements,
extirpating them to the very root both in her heart and actions; she renounces
for ever all dangerous occasions of her disorders. With what courage and
resolution does she embrace all the most heroic practices of penance?
confessing publicly her crimes: looking upon the utmost humiliation as her due
and her gain, and as falling far short of what she deserves; chastising sin in
herself without mercy, in order to excite the divine compassion; making the
number and enormity of her sins the measure of her penance, or rather desiring
to set no bounds to it, as the malice of her offences went beyond all bounds;
and devoting the remainder of her life to tears, prayer, and every exercise of
virtue and divine love. She is the first to confess Jesus Christ publicly
before men, and in the presence of his enemies. By these dispositions she
deserved that her Lord should take upon him her defence, and declare himself
her protector. Happy are those sinners who by the sincerity and fervour of
their repentance will have at the last day their Judge, Redeemer, and God for
their advocate and patron! The first and most important grace which the church
teaches us in her litany most earnestly to ask of God is, that He vouchsafe, in
his mercy, to bring us to this true penance.
Mercy is the
property and the favourite attribute of our divine Redeemer; and tinder is not
so soon kindled by fire when applied to it, as the divine mercy blots out all
sin when it is implored with a heart full of confusion and truly penitent.
Hence, Christ assured this humble sinner that her offences were cancelled, and
that her lively faith, animated by ardent charity, which drew from her eyes
tears of repentance, had saved her; and he insured to her that solid and happy
peace which is the fruit of such a repentance. The pious Cardinal Berulle
admires the happy intercourse between the heart of this holy penitent and that
of Jesus; the first employed in the most perfect sentiments of compunction,
love, and entire sacrifice; the second, in the tender motions of mercy, love,
and goodness; the penitent offers floods of tears; these Jesus repays with
treasures of graces and mercy, by which he makes her soul a heaven on earth, as
bright and pure as the angels, and the throne of the whole blessed Trinity. The
hearts of the penitent and of Jesus are two sources which perpetually answer
each other; the more the penitent pours forth her heart in contrition, the more
abundantly does Jesus in return bestow on her his infinite graces. It is at the
feet of Jesus that these wonders are wrought; witness this example, and that of
the sister of Lazarus, in the house of Simon the Leper in Bethania. It is good
for us to make this our dwelling in spirit. The adorable feet of Jesus so often
wearied in seeking sinners, and at last bored on the cross for their salvation,
are the source of all blessings. Here this true penitent consecrates to him her
heart, her mind, her actions, her perfumes, all she is or has; and here he
cleanses her soul, and kindles in her his love, which the rebel angel lost in
heaven. All his attention is taken up on her, he entertains her alone,
forgetting the master of the feast, and others that were seated with him
at table. He even gave the Pharisee sensible proofs how much her fervour and
penance surpassed in the sight of God his pretended justice and charity, though
it were presumed real. Perseverance in this fervour completed her happiness.
Gratitude to God for so great a mercy, and so distinguishing a grace was to her
a fresh spur to advance every day in this love with greater ardour and
fidelity. Thus the greater the debts were which had been forgiven her, the more
earnestly she strove with all her powers to love him who vouchsafed to accept
her humble sacrifice. This same motive of gratitude ought to have no less weight
with those who, by God’s singular grace, have always preserved their innocence;
for, whether God shows mercy by pardoning sins or by preventing them in us, we
are totally indebted to Him for the grace which we receive. Upon this great
principle, St. Austin addresses the Pharisee who despised our holy penitent, in
the following words: 6 “O Pharisee! to say you are less indebted to the divine mercy,
because less was forgiven you, is a capital ingratitude and pride. For, by whom
were you preserved from those crimes which you did not commit? One who hath
sinned much stands indebted for the gracious pardon of exceeding great debts.
Another who hath sinned
less, owes to God the benefit, that he hath not defiled himself with grievous
sins. You have not fallen into adultery; but God saith to you, it is owing to
me who governed and protected you. If no tempter ever enticed you, this was the
effect of my special care and providence in your favour. If you escaped the
occasions of dangers from time and place, this likewise was ordained by me.
Perhaps, a temptation and an opportunity of sinning occurred; yet I withheld
you by wholesome fear, that you did not consent to the evil. You are indebted
to me for your preservation from all the crimes which you did not commit; for
there is no sin that one committeth, which another person might not commit if
he were not preserved by him who made man.” We cannot sufficiently admire and
praise the excess of the divine goodness towards men who were born children of
wrath, and vessels of weakness and corruption. Wonderful is his mercy in those
whom he preserves from the contagion of vice and mortal sin; but its influence
appears with the greatest lustre in sinners whom by repentance it not only
cleanses from their guilt, but exalts to the highest places in his favour. Of
this our fervent penitent is an instance, who, after her conversion, surpassed
others in the ardour of her charity, with which she gave herself up entirely to
the service of her Redeemer.
St. Clement of
Alexandria, St. Gregory the Great, and many other writers both ancient and
modern, doubt not but this penitent was Mary Magdalen, of whom St. Luke makes
first mention in the following chapter. This surname seems to have been given
her from Magdala, a town mentioned by Josephus, or rather from Magdalum, both
situated in Galilee. 7 She was by extraction a Galilæan, and is reckoned among the devout
women who followed Christ from Galilee. St. Luke, after speaking of the
conversion of her who had been a sinner, says 8 that certain women who had been cured of wicked spirits and
infirmities followed Christ in his travels through Galilee, and up to
Jerusalem, and assisted him with their substance; and our Lord received such
good offices from them, to give them an occasion of exercising a gratitude and
charity with which he was well pleased. Among these, the evangelist names Mary
Magdalen, out of whom our Lord had cast seven devils, Joanna the wife of Chusa,
Herod’s steward, and one Susanna. St. Gregory the Great, Lightfoot, and some
others, by these seven devils understand seven capital vices of which Magdalen
was cured by her conversion: but Maldonet, Grotius, and others doubt not but
she had been literally possessed by seven evil spirits, by whom she might be
agitated at intervals, and which were cast forth at her conversion. Gratitude
and devotion having attached her to our Divine Redeemer after so great a
benefit, she followed him almost wherever he went, that she might have an
opportunity of listening to all his sacred instructions, and of exercising her
charity in ministering to him of her substance. 9 She attended him in his sacred passion, and stood under the cross
on Mount Calvary. For her to arrive at the summit of divine love, it was
necessary she should pass through the sharpest trials. “No one,” says Thomas à
Kempis, “was highly rapt whose fidelity was not sooner or later put to the
test; for he is not worthy of the high contemplation of God who hath not, for
God’s sake, been exercised with some tribulation; and the trial going before is
usually a sign of ensuring consolation.” A great mystery is contained in those
words of the evangelist:—There stood near the cross of Jesus, Mary his
mother, and his mother’s sister Mary of Cleophas, and Mary Magdalen. Happy
association! happy state and situation near Jesus on his cross! cries out the
devout Cardinal Berulle. This is a new order of souls which consists in the
spirit, in the interior, and is invisible to men, but visible and glorious to
the eyes of God and the angels. An order of souls crucified with Jesus, and
through Jesus, which takes its birth from his cross. The order, at the same
time, both of the cross and of heaven; the order and school of love by the
martyrdom of the heart; which by learning to die to the world and inordinate
self-love, lives to God and his pure love. This happiness we attain to, by
being united in spirit to Jesus crucified, as Magdalen was at the foot of his
cross. She suffered by love what he suffered in his body by the hands of the
Jews. The same cross crucified Jesus and Magdalen in him and with him. The
thorns pierced her heart with his head; and her soul was bathed in all his sorrows;
but the crucifixion was in both a martyrdom of love; and that love which
triumphed over Jesus by making him die on the cross, crucified her heart to all
inordinate love of creatures, thenceforward to reign and triumph alone in all
her affections, so that she could say in a twofold sense: “My love is
crucified.” Mary Magdalen forsook not her Redeemer after his death; but
remained by his sacred body, was present at its interment, left it only to obey
the law of observing the festival, and having rested on the Sabbath
from sunset on Friday to sunset on Saturday, as soon as the festival was over
went to buy spices in order to embalm our Lord’s body. Having made all things
ready, in company with other devout women, she set out very early the next morning
with the spices, before it was light, and arrived at the sepulchre just when
the sun was risen. 10 As they went they were anxious how they should get the heavy stone
which shut up the door of the monument, taken away; but upon their arrival
found it removed to their hands. God never fails to be with his servants in
what they undertake for his honour; and the difficulties, whether real or imaginary,
with the apprehension of which the devil attempts to discourage them, are
banished by confidence and resolution, and vanish as shadows in the execution.
The pious women looked into the supulchre, and finding the body not there, Mary
Magdalen ran to inform Peter and the other disciple whom Jesus loved, and said
to them: “They have taken away the Lord out of the sepulchre, and I know not
where they have laid him.” SS. Peter and John, the two most fervent in love
among the apostles, ran immediately to the sepulchre, and were there assured by
the holy women who were at the door of the monument, that going in they had
seen two angels clad in white shining apparel, and that one of them who sat at
the right hand of the place where the body had lain, bid them not to fear, but
to acquaint the apostles that Jesus was risen, showing them at the same time
the place where his body had been laid. Peter and John having narrowly viewed
the sepulchre, doubted no longer of what was told them, and in great astonishment
returned to Jerusalem to the other disciples. Mary Magdalen, who had brought
them to the sepulchre of her Lord, made the throne of divine love,
would not return with them, or be drawn from the sacred place where the true
ark of the testament, the body of her Redeemer, had rested three days, and
continued at the monument bemoaning herself for not being able to see her
Redeemer, either dead or alive. Not being able to assuage the violence of her
grief and of her desire to see her Lord, she stood weeping without the door of
the sepulchre. The entrance being low and narrow she stooped down to look into
it again and again, and beheld the two angels in white, one of them sitting at
the place where Jesus’s head lay, and the other at the feet, who thus accosted
her: “Woman, why weepest thou?” She replied: “Because they have taken away my
Lord, and I know not where they have laid him.” Neither the surprise of this
apparition nor the brightness and glory of these heavenly messengers could
touch her heart, or divert her thoughts from him whom she loved, and whom alone
she sought, and we suffer so many foolish objects to distract us, and carry
away our affections. In her answer to the angels she called him My
Lord, to express the share which by love she had in him, and her title
to him as her God, Lord, and Redeemer. Afterwards to the apostles she calls
him The Lord, to excite their duty and love to the common Lord
of all creatures. But why did not these angels inform her that he whom she so
earnestly sought was risen in glory? Doubtless, because the Lord of angels
would reserve it to himself to give her that comfort. Blessed be thy name for
ever, O adorable Jesus! who so tenderly wipest away the tears of thy servants
with thy own hand, and sweet voice, and convertest their sorrow into transports
of inexpressible joy. Jesus first manifested himself to Magdalen in disguise to
make a trial himself of her love; but his tenderness could not suffer a delay,
and he soon discovered himself openly to her; for, as soon as she had returned
the answer above mentioned to the angels, she turned about and saw Jesus
himself standing by her, but took him for the gardener. He asked her why she
wept, and whom she sought? She said to him: “Sir, if thou hast taken him hence
tell me where thou hast laid him, and I will take him away.” According to the
remark of St. Bernard and of St. Thomas of Villa Nova, love made her not to
name him, because being full of him alone, she imagined every body else must be
so too, and that this stranger must understand of whom she spoke. Love also
made her forget her own weakness, and think herself able to carry a heavy
corpse, provided she could be so happy any way as to serve her beloved; for to
ardent love nothing seems impossible or difficult. Jesus, infinitely pleased
with her earnestness and love, manifested himself to her, saying with his sweet
and amiable voice: Mary! He at first mentions her tears, and
the object which she so earnestly sought, to excite her love. All this while
she knew him not, though he was present and conversing with her, because these
words carried not with them the ray of light to discover him; but her name was
no sooner pronounced by him, but his voice excited in her a rapture of light
and love, and gave her the most sublime and full knowledge, and the sweetest
enjoyment of the most desirable of objects, of him risen in glory who was the
life of the world, and her life. Hearing him sweetly call her by her name, and
thus knowing him, she, turning, said, Rabboni, that is,
Master. And casting herself at his feet in transports of devotion, she would
have embraced them. But Jesus said to her: “Do not touch me; for I have not yet
ascended to my Father; but go to my brethren, and tell them that I ascend to my
Father and your Father, to my God and your God.” That is, my Father by nature,
yours by grace, says St. Austin. He bade her make haste to carry his message to
his beloved disciples for their speedy comfort, and not lose time in giving
demonstrations of her reverence and love. St. Leo explains these words of our
Lord as follows: 11 “It is not a time to demonstrate your affection for me in such a
manner as if I were in a mortal state; I am with you but for a short time, to
strengthen your faith. When I shall have ascended to my Father, then you shall
again possess me for eternity.” Thus Mary Magdalen, out of whom Jesus had cast
seven evil spirits, was the first who saw Him after his rising from the dead.
This pre-eminence of grace, this distinguishing favour and love of Jesus, was
the recompense of her ardent love, by which she attended last his body in the
sepulchre, from which she was only drawn by the duty of the Sabbath; and she
was the first who returned thither: she sought him dead, and found him living.
In obedience to his commands, she immediately departed to acquaint the apostles
with the joyful message. 12 Jesus, who suffered her so long at his feet to satisfy her ardent
love and compunction, when he received her to mercy, here allows her after her
long search, scarcely to remain a few moments in the state of enjoyment; but he
separates himself from her to return into the secret of inaccessible light,
invisible to mortal eye. Why does not he who is Life itself allow her to live
in his happy presence? Why does not he allow her at least as many hours of
enjoyment as she had spent in her search of him? But this separation itself is
an effect of his greatest love, this life being a state of action, of conflict,
and of trials for the exercise of virtue; and Magdalen in this separation
itself, which was from him, by his appointment, and for her greater advancement
in his love, found by obedience, zeal, and resignation to his will, her
comfort, life, and great increase of his love and all graces. The other devout
women who had seen the angels at the sepulchre, in their return to Jerusalem,
were also favoured with an apparition of our Lord. He having met and saluted
them, they prostrated themselves at his feet, and embraced them, worshipping
him, though they were greatly afraid. 13 Jesus bid them not fear, but go and tell his brethren that he
would go before them into Galilee, where they should see him. 14
It is an
ancient popular tradition of the inhabitants of Provence, in France, that St.
Mary Magdalen, or perhaps Mary, the sister of Lazarus, St. Martha, and St.
Lazarus, with some other disciples of our Lord, after his ascension, being
expelled by the Jews, put to sea, and landed safe at Marseilles, of which
church they were the founders, St. Lazarus being made the first bishop of that
city. 15 The relics of these saints were discovered in Provence in the
thirteenth century, those of St. Mary Magdalen at a place now called St.
Maximin’s, those of St. Martha at Tarascon, upon the Rhone, and others in St.
Victor’s, at Marseilles. They were authentically proved genuine by many
monuments found with them in these several places. Charles I., King of Naples,
and brother of St. Lewis, was at that time sovereign count of Provence; but he
being then in Naples, engaged in war with the house of Arragon, his son,
Charles of Anjou, prince of Salerno, governed Provence. This prince was beaten
at sea by the fleet of the King of Arragon in 1284, and taken prisoner; and
though his father died the year following, he could not recover his liberty
before the year 1288. He ascribed his deliverance to the intercession of our
saint, the discovery of whose relics had excited his devotion to her: he had
already founded the church of St. Maximin’s upon the spot where they were
discovered, and assisted at the solemn translation of them in 1279. He
committed this royal foundation to the Dominican friars, and the prior, who is
nominated by the king, is exempt from the ordinary jurisdiction both of the
archbishop of Aix, and of the immediate superiors of his order. The chief part
of the relics of this saint was translated from the subterraneous chapel in the
middle of this church, and being put in a porphyry urn, the present of Pope
Urban VIII., was placed over the high altar. King Lewis XIV. and the principal
noblemen of his court were present at this translation, which was performed
with great pomp in 1660. The saint’s head, with many other relics, remains in
the subterraneous chapel; it is set in a gold case, enchased with large
diamonds, and surmounted with the royal crown of Charles II., styled King of
Sicily or Naples. Before it is a curious statue of Queen Anne of Brittany, on
her knees, made of enamelled gold. Three leagues from St. Maximin’s, towards
Marseilles, is a famous solitary convent of Dominicans, situated on a very high
rock, encompassed on every side with wild deserts and mountains. It is called
La Ste. Baume; which in the Provençal language signifies Holy Cave. It was
anciently a celebrated hermitage, and is a place now resorted to by pilgrims,
out of devotion to this glorious saint. Both Latins and Greeks keep the
festival of St. Mary Magdalen on the 22d of July; it is in some places a
holiday of precept, and was such formerly in England, as appears from the
council of Oxford in 1222.
The pious
Cardinal Berulle was most tenderly devoted to this great saint, whom he called
his principal patroness; and nothing can be more affecting in sentiments of
compunction and divine love than the discourses which he has left us in her
honour. 16 She is the excellent model of penitents. If we have sinned, why do
not we by her example speedily lay hold of the sovereign remedy of penance? If
violent temptations, and terrible enemies seem to stand in our way, if the
world allure us, if the devil fight fiercely against us, and unbridled passions
are rebellious and clamorous, other penitents have courageously surmounted
greater obstacles than we can meet with. God incites us no less than he did
them, and he is no less ready to fight in us, and for us. Jesus holds out the
crown to encourage us, and has already prepared the banquet of spiritual joy
and sweetness for us at our return. If we arise in earnest he will come, and
will make his solemn supper in our soul; and there will be exultation and a
voice resounding praise through the whole heavenly court; but we must never
think our penance accomplished, must never put a stop to our tears so long as
we remember that we have sinned: God prolongs our life that we may continue to
weep for our ingratitude in having offended him. If our conversion be sincere,
to make amends for past losses and offences, we must consecrate to the divine
service with the utmost fervour all our time, and all that we are to do. The
Magdalen, after Jesus Christ had rendered himself master of her soul, had
neither heart nor liberty but to give herself entirely to her deliverer.
Note 2. Mention
is made in the gospels of a woman who was a sinner, (Luke vii.) of
Mary of Bethania, the sister of Lazarus, (John xi. 2. xii. 1. Mark xiv. 3. Matt. xxvi. 6.) and of Mary Magdalen, who followed Jesus from Galilee, and ministered
to him. Many grave authors think all this to belong to one and the same person;
that she fell into certain disorders in her youth, and in chastisement was
delivered over to be possessed by seven devils; that she addressed herself to
Jesus in the house of Simon the pharisee, and by her compunction deserved to
hear from him that her sins were forgiven her; and in consequence was delivered
from the seven devils; that with her brother Lazarus, and her sister Martha,
she left Galilee and settled at Bethania, where Jesus frequently honoured their
house with his presence. (See Pezron, Hist. Evang. t. 2, p. 350.) St. Clement
of Alexandria, (l. 2, Pædag. c. 8,) Ammonius, (Harmon. 4, Evange.) St. Gregory
the Great, (hom. 25 and 33, in Evang.) and from his time the greater part of
the Latins down to the sixteenth century adopt this opinion; though St.
Ambrose, (lib. de Virgin. et l. 6, in Luc.) St. Jerom, (in Matt. xxvi. 1, 2,
contr. Jovin. c. 16, Præf. in Osee et ep. 150,) St. Austin, (tr. 49, in Joan.
n. 3,) Albertus Magnus, and St. Thomas Aquinas leave the question undetermined.
The two last say the Latins in their time generally presumed that they were the
same person, but that the Greeks distinguished them. Baronius, Jansenius of
Ghent, Maldonat, Natalis Alexander, (in Hist. Eccl. Sæc. 1, Diss. 17,) Lami,
(Harmon. Evang. et epist. Gallicâ,) Mauduit, (Analyse des Evang. t. 2,) Pezron,
Trevet, and strenuously Solier the Bollandist, t. 5, Julij. p. 187, and others
have wrote in defence of the opinion of St. Gregory the Great.
Others think these were distinct persons. This sentiment is adopted by the Apostolic Constitutions, (l. 3, c. 6,) St. Theophilus of Antioch, (in 4 Evang.) St. Irenæus, (l. 3, c. 4,) Origen, (hom. 35, in Matt, et hom. 1, or 2, Cant.) St. Chrysostom, (hom. 81, in Matt. 26, et hom. 61, in Joan.) St. Macarius, (hom. 12,) and by almost all the Greeks. Among the modern critics Casaubon, (Exercit. 14, in Baron.) Estius, (Or. 14,) three Jesuits, viz. Bulanger, (Diatrib. 3, p. 15,) Turrian, (in Consens. l. 3, c. 6,) and Salmeron, (t. 9, tr. 49,) also Zagers, a learned Franciscan, (in Joan. 11,) Mauconduit, Anquetin, Tillemont, (t. 2, p. 30, et 512,) Hammond, and many others, strenuously assert these to have been three distinct women.
Some, whose sentiment appears most plausible to Toinard and Calmet, distinguish the sister of Lazarus and Magdalen; for this latter attended Christ the last year of his life, and seems to have followed him from Galilee to Jerusalem, when he came up to the Passover, (see Matt. xxvii. 56, 57. Mark xv. 40, 41. Luke xxiii. 49.) at which time the sister of Lazarus was with her brother and Martha at Bethania. (John xi. 1.) Moreover, these two women seem distinctly characterized, the one being called Magdalen, and being ranked among the women that followed Jesus from Galilee, the other being everywhere called the sister of Lazarus; and though she might have possessed an estate at Magdalum in Galilee, and have come originally from that country, this constant distinction of epithets naturally leads us to imagine them different persons; but St. Irenæus, Origen, St. Chrysostom, &c. no where distinguish the penitent and Magdalen: and St. Luke having mentioned the conversion of the sinful woman (at Naim) in the next chapter, subjoins that certain women who had been delivered by him from evil spirits and infirmities, followed him; and among these he names Mary Magdalen, out of whom he had cast seven devils; whence it may seem reasonable to conclude that the penitent and Magdalen are the same person.
This
disputation, however, seems one of those debatable questions which are without
end, nothing appearing demonstrative from the sacred text, or from the
authority of the ancients. In the Roman Breviary the Penitent is honoured on
this day under the name of Mary Magdalen, and for our edification the history
of all these examples of virtue is placed in one point of view, as if they
belonged to one person, conformably to the sentiment of St. Gregory and others;
but the offices are distinct in the Breviaries of Paris, Orleans, Vienne,
Cluni, and some others.
Note 4. “Quâ
spe? quâ fiduciâ? quâ confidentiâ? Quâ spe? illâ quâ Pater est. Ego perdidi
quod erat filii: ille quod Patris est non amisit. Apud patrem non intercedit
extraneus: intus est in Patris pectore qui intervenit et exorat,
affectus. Urgentur Patris viscera iterum genitura per
veniam,” &c. St. Peter Chrysolog. Serm. 2.
Note 5. The
ancient Jews did not sit down on carpets spread on the floor to eat, as the
Arabs, Turks, and other inhabitants of the countries about Palestine do at this
day. Their tables were raised above the ground. (Exod. xxv. 24; Jud. 1. 7; Matt. xv. 27; Luke xvi. 21.) Neither Hebrews, Greeks, nor Romans used napkins or table-cloths.
Their ancient custom was to sit at table, as we do now. (Prov. xxiii. 1.) But after Solomon’s time the Jews leaned or lay down on couches round
the table. Amos, (iv. 7,) Toby, (xi. 3,) and Ezekiel (xxiii. 41,) speak of eating on beds or couches; but this custom was not general.
It was become very frequent in our Saviour’s time, who ate in this manner not
only on the present occasion, but also when Magdalen anointed his feet,
(Matt. xxvi. 7,) and at his last supper, (John xiii. 23;) so that it seems to have then been the ordinary custom of that
country. The Jews seem to have learned it from the Persians, (Esth. i. 6; vii. 8.) They took two meals a day from the times of the primitive patriarchs;
but never ate before noon, (Eccles. x. 16; Isa. v. 11; Acts ii. 15.) And their dinner was usually rather a small refreshment than a meal;
on fast-days the Jews never ate or drank till evening. See Calmet, Dissert. sur le
Manger des Hebreux. Fleury, Mœurs des Israelites, et Mœurs des Chrétiens. Also
Alnay, sur la Vie Privée des Romains.
Note 7. Ferrarius,
Daniel, Sanson, Calmet, and Monsieur Robert agree in placing the castle of
Magdalum near the Lake of Genesareth, called the sea of Galilee.
Note 9. Some take
Mary Magdalen to be the sister of Martha and Lazarus, of whom mention is made
in the life of St. Martha. When Jesus, six days before his passion, supped in
the house of Simon surnamed the Leper, whilst Martha waited on him, and Lazarus
sat at table, Mary anointed his feet and head with precious ointment which she
had brought in an alabaster box. The Greeks and Romans practised the same
custom of using sweet scented ointments at banquets. Judas Iscariot murmured at
this action out of covetousness, pretending the price of the ointment had
better been given to the poor; but Jesus commended Mary’s devotion, said that
her action would be a subject of admiration and edification wherever his gospel
should be preached, and declared that she had by it advanced the ceremony of
embalming his body for his burial. Though Christ has substituted the poor in
his stead, to be succoured by us in them; yet he is well pleased when charity
consecrates some part of our riches to his external worship, to whom we owe all
that we possess. But nothing can be more odious than for ministers of the
altar, with Judas, to cover avarice under a cloak of zeal. See John xii.
1, 2, 3; Matt. xxvi.
6; Mark xiv. 3.
Note 11. St.
Leo, Serm. 2, de Ascens.
Note 14. Certain
Greeks, writers who lived in the seventh or later ages, tell us, that after the
ascension of our Lord, St. Mary Magdalen accompanied the Blessed Virgin and St.
John to Ephesus, and died and was buried in that city. This is affirmed by
Modestus, patriarch of Jerusalem in 920 (Hom. in Marias Unguenta ferentes), and
by St. Gregory of Tours. St. Willibald, in the account of his pilgrimage to
Jerusalem, says, that her tomb was shown him at Ephesus. Simeon Logotheta
mentions that the Emperor Leo the Wise caused her relics to be translated from
Ephesus to Constantinople, and laid in the church of St. Lazarus, about the
year 890. But these modern Greeks might perhaps confound Mary the sister of the
Blessed Virgin, or the sister of Lazarus, or some other Mary among those who
are mentioned in the gospel with Mary Magdalen. The relics shown in the
monastery at Vezelay in Burgundy, ten leagues from Auxerre, in the diocess of
Autun, may be a portion of the body of St. Mary Magdalen, or of some other Mary
mentioned in the gospel. This famous ancient monastery of Vezelay was
secularized in 1537; and the church, which is longer than that of our Lady at
Paris, is now served only by ten canons.
Note 15. See Nat.
Alex. sæc. 1; and Solier the Bollandist, Julij, t. 5, who confirms the
tradition of the inhabitants of Provence, (p. 213, § 14,) and rejects that of
Vezelay in Burgundy, whither some pretend that her body was translated out of
Provence. Ib. § 11,
12, 13, p. 207.
Note 16. These are
the fruit of his pious meditations in the chapel of the Magdalen, the favourite
retired place of his devotions, in which an excellent marble statue of this
great man on his knees, is erected in the church of his Carmelite nuns at
Paris. See his
Works, pp. 369 to 405.
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume VII: July. The Lives of the
Saints. 1866.
Santa Maria Maddalena (di Magdala) Apostola
degli Apostoli
Magdala, sec. I
La
Chiesa latina era solita accomunare nella liturgia le tre distinte donne di cui
parla il Vangelo e che la liturgia greca commemora separatamente: Maria di
Betania, sorella di Lazzaro e di Marta, la peccatrice «cui molto è stato
perdonato perché molto ha amato», e Maria Maddalena o di Magdala, l'ossessa
miracolata da Gesù, che ella seguì e assistette con le altre donne fino alla
crocifissione ed ebbe il privilegio di vedere risorto. L'identificazione delle
tre donne è stata facilitata dal nome Maria comune almeno a due e dalla
sentenza di San Gregorio Magno che vide indicata in tutti i passi evangelici
una sola e medesima donna. I redattori del nuovo calendario, riconfermando la
memoria di una sola Maria Maddalena senz'altra indicazione, come l'aggettivo
"penitente", hanno inteso celebrare la santa donna cui Gesù apparve
dopo la Risurrezione. È questa la Maddalena che la Chiesa oggi commemora e che,
secondo un'antica tradizione greca, sarebbe andata a vivere a Efeso, dove
sarebbe morta. In questa città avevano preso dimora anche Giovanni, l'apostolo
prediletto, e Maria, Madre di Gesù. Papa Francesco ha elevato al grado di Festa la sua memoria.
Patronato: Prostitute pentite,
Penitenti, Parrucchieri
Etimologia: Maria = amata da
Dio, dall'egiziano; signora, dall'ebraico
Emblema: Ampolla d'unguento
Martirologio Romano: Memoria di
santa Maria Maddalena, che, liberata dal Signore da sette demòni, divenne sua
discepola, seguendolo fino al monte Calvario, e la mattina di Pasqua meritò di
vedere per prima il Salvatore risorto dai morti e portare agli altri discepoli
l’annuncio della risurrezione.
Oggi, 22 luglio, è la Festa liturgica di santa
Maria Maddalena, la prima in assoluto. Nel Calendario Romano generale era
memoria obbligatoria, e per espressa e tenace volontà di Papa Francesco è stata
elevata appunto al rango di Festa con decreto della Congregazione per il Culto
Divino e la Disciplina dei Sacramenti in data 3 giugno.
È una festa importantissima e la stragrande maggioranza delle persone non ricorda nemmeno che Maria di Magdala (questo il significato dell’aggettivo-soprannome “Maddalena”), che Gesù liberò dai demoni, sia santa, santa prima di molti altri santi importantissimi, persino degli Apostoli, di cui ? come brillantemente dice il teologo Ippolito Romano (170 ca.-235) ? fu l’apostola. Per di più viene erroneamente identificata con l’adultera che, convertita, segue Gesù nel Vangelo, anzi le due adultere di cui parla il testo sacro: la donna che nella casa Simone il Fariseo lava i piedi del Signore con le lacrime asciugandoli poi con i capelli (Vangelo di Luca) e la donna salvata dalla lapidazione (Vangelo di Giovanni). In nessun passo evangelico una di queste donne è identificata con la Maddalena e l’equivoco nasce dal fatto che della santa seguace del Maestro assieme agli Apostoli si parla nel capito subito successivo all’episodio accaduto nella casa di Simone.
Un qui pro quo pio, questo, diffuso nella storia della Chiesa da santi, papi e dottori, ma nel nostro mondo disposto a credere in qualsiasi cosa pur di non credere al Vangelo anche l’«apostola degli apostoli» (questo, espressamente, è il titolo di maggior merito riconosciutole) è una contraffazione.
Mille caricature traboccanti di eresie e di scempiaggini ne hanno fatto la “moglie” di Gesù e il vero Santo Graal (il “sang real”, la discendenza del Nazareno), la rivincita clandestina dell’eterno femminino conculcato dalla Chiesa costantiniana “maschilista” e “imperialista”, la sacerdotessa della “dea madre”, l’archetipo della strega odiata dagl’Inquisitori, il sigillo del matriarcato primigenio tra sesso e potere. Mario Arturo Iannaccone illustra e analizza questa vera e propria devianza lungo gl’itinerari letterari e psicologici della modernità con il denso Maria Maddalena e la dea dell’ombra. Il sacro femminile, la spiritualità della dea e l’immaginario contemporaneo (Sugarco, Milano 2006), ma l’antidoto immediato ed efficace per i credenti, e per tutte le persone di buona volontà, lo fornisce il padre domenicano Giorgio Carbone con Maria Maddalena. Il Codice da Vinci o i Vangeli? (Edizioni Studio Domenicano, Bologna, 2005). Un testimonial eccezionale, visto che in Occidente il culto di santa Maddalena è stato diffuso soprattutto dai dominicani.
Alla base di tutto sta la manipolazione che della santa operano i “vangeli” apocrifi rigettati dalla Chiesa e i testi gnostici incompatibili con il cristianesimo. Nel sovrastimato Il Codice da Vinci, la fantasia di Dan Brown predilige il Vangelo di Filippo (la Maddalena spuria compare anche in altri apocrifi), ovvero uno scritto gnostico in lingua copta composto probabilmente all’inizio del secolo III che s’incentra sul «mistero della camera nuziale» consumato mediante il «rito del bacio» con cui l’anima prigioniera del corpo può finalmente ricongiungersi al principio divino e la Maddalena farsi così «compagna» o persino «coniuge» di Gesù, il quale addirittura la bacerebbe. Ma si tratta appunto di dottrine eterodosse che la Chiesa Cattolica ? in ciò seguita perfettamente anche da tutto il protestantesimo ? ha da sempre ricusato proprio perché completamente infondate sul piano storico. Del resto, questo tipo di letteratura gnostica ha più il passo del fervorino spirituale (eretico) ? carico di valenze simboliche e non fattuali ? che il piglio del testo mirante a presentarsi come storico.
Né è vero, come molti ripetono (riecheggiando consciamente o meno Dan Brown), il “complotto” con cui la Chiesa Cattolica avrebbe cercato di nascondere il ritrovamento di questi testi ritrovati nel 1945 a Nag Hammâdi in Egitto: sono comunemente pubblicati anche da case editrici cattoliche, il loro contenuto è noto sin dai primi secoli attraverso autori cattolici (che pure ne conoscevano versioni parziali) e il messaggio autentico del Vangelo è stato trasmesso inalterato dall’inizio a oggi senza né bisogno né influsso delle versioni eretiche.
Il cattolicesimo, insomma, non ha bisogno di correzioni gnostiche o pop per mostrare al mondo il mistero della sua sublime bellezza, e c’è da scommetterci che anche questo il Pontefice ha avuto in mente nel richiedere con forza l’istituzione della festa di santa Maria Maddalena in un tempo come il nostro devastato dalla confusione, plagiato dal relativismo, incapace di distinguere un maschio da una femmina (gender, LGBT) ma solo di manipolare una volta in più la figura femminile snaturata della sua preziosità (femminismo).
Se vuole, infatti, il cattolicesimo sa essere più meraviglioso di chiunque altro. Nella Legenda aurea si racconta per esempio che per sfuggire alle persecuzioni in Palestina la Maddalena sia approdata fortunosamente (si dice nel 48) con i fratelli e altri discepoli (tra cui santa Marta e persino san Lazzaro) sulla costa della selvaggia Camargue, precisamente a Saintes-Maries-de-la-Mer (Giotto, nella Basilica inferiore di Assisi, dice poco distante, a Marsiglia). Quella che oggi è una ridente località turistica deve cioè il nome proprio alla santa di Magdala, le cui reliquie sono poi state venerate a Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, in Provenza, finché la Rivoluzione Francese non le ha profanate e disperse (ma non la testa, custodita nella caverna-santuario di La Sainte-Baume dove la santa avrebbe vissuto i suoi ultimi giorni, e un suo piede, venerato per secoli a Roma).
E ancora ci sono le uova colorate come simbolo della Pasqua di Cristo: sono rosse nel cristianesimo orientale dove una pia leggenda racconta che a un banchetto dell’imperatore romano Tiberio la Maddalena si presentasse con un uovo, simbolo di nascita e dunque risurrezione, esclamando: «Cristo è risorto!». L’imperatore beffardo rispose che era tanto probabile quanto che quell’uovo divenisse rosso, cosa che puntualmente accadde. È infatti la Maddalena la testimone del Risorto, la prima, colei che dal sepolcro vuoto trasmette la Buona Novella a Maria di Nazareth e agli Apostoli: cioè alla Chiesa. Oggi è la Festa rotonda di santa madre Chiesa.
Autore: Marco Respinti
Fonte: La nuova Bussola Quotidiana
Il 3 giugno 2016 la Congregazione per il Culto
Divino ha pubblicato un decreto con il quale, «per espresso desiderio di papa
Francesco», la celebrazione di santa Maria Maddalena, che era memoria
obbligatoria, viene elevata al grado di festa. Il Papa ha preso questa
decisione «per significare la rilevanza di questa donna che mostrò un grande
amore a Cristo e fu da Cristo tanto amata», ha spiegato il segretario del
Dicastero, l’arcivescovo Arthur Roche. Ma chi era Maria Maddalena, che Tommaso
d’Aquino definì «apostola degli apostoli»?
Magdala
Magdala
Nei Vangeli si legge che era originaria di Magdala, villaggio di pescatori sulla sponda occidentale del lago di Tiberiade, centro commerciale ittico denominato in greco Tarichea (Pesce salato). Qui, negli anni Settanta del Novecento è stata condotta un’estesa campagna di scavi dai francescani dello Studium Biblicum Franciscanum di Gerusalemme: è venuta alla luce una vasta porzione del tessuto urbano comprendente, fra gli altri, una grande piazza a quadriportico, una villa mosaicata e un completo complesso termale. Con successivi scavi i francescani hanno riportato alla luce anche importanti resti di strutture portuali. In un’area adiacente, di proprietà dei Legionari di Cristo, una campagna di scavi avviata nel 2009 ha invece permesso di rinvenire la sinagoga cittadina, una delle più antiche scoperte in Israele: per la sua posizione, sulla strada che collega Nazaret e Cafarnao, si ritiene che probabilmente sia stata frequentata da Gesù.
Gli equivoci sull’identità
Maria Maddalena fa la sua comparsa nel capitolo 8 del Vangelo di Luca: Gesù andava per città e villaggi annunciando la buona notizia del regno di Dio e c’erano con lui i Dodici e alcune donne che erano state guarite da spiriti cattivi e da infermità e li servivano con i loro beni. Fra loro vi era «Maria, chiamata Maddalena, dalla quale erano usciti sette demoni». Come ha scritto il cardinale Gianfranco Ravasi, «di per sé, l’espressione [sette demoni] poteva indicare un gravissimo (sette è il numero della pienezza) male fisico o morale che aveva colpito la donna e da cui Gesù l’aveva liberata. Ma la tradizione, perdurante sino a oggi, ha fatto di Maria una prostituta e questo solo perché nella pagina evangelica precedente – il capitolo 7 di Luca – si narra la storia della conversione di un’anonima “peccatrice nota in quella città”, che aveva cosparso di olio profumato i piedi di Gesù, ospite in casa di un notabile fariseo, li aveva bagnati con le sue lacrime e li aveva asciugati coi suoi capelli». Così, senza nessun reale collegamento testuale, Maria di Magdala è stata identificata con quella prostituta senza nome.
Ma c’è un ulteriore equivoco: infatti, prosegue Ravasi, l’unzione con l’olio profumato è un gesto che è stato compiuto anche da Maria, la sorella di Marta e Lazzaro, in una diversa occasione (Gv 12,1-8). E così, Maria di Magdala «da alcune tradizioni popolari verrà identificata proprio con questa Maria di Betania, dopo essere stata confusa con la prostituta di Galilea».
La liberazione dal male
Afflitta da un gravissimo male, di cui si ignora la natura, Maria Maddalena appartiene dunque a quel popolo di uomini, donne e bambini in molti modi feriti che Gesù sottrae alla disperazione restituendoli alla vita e ai loro affetti più cari. Gesù, nel nome di Dio, compie solo gesti di liberazione dal male e di riscatto della speranza perduta. Il desiderio umano di una vita buona e felice è giusto e appartiene all’intenzione di Dio, che è Dio della cura, mai complice del male, anche se l’uomo (fuori e dentro la religione) ha sempre la tentazione di immaginarlo come un prevaricatore dalle intenzioni indecifrabili.
Sotto la croce
Maria Maddalena compare ancora nei Vangeli nel momento più terribile e drammatico della vita di Gesù. Nel suo attaccamento fedele e tenace al Maestro Lo accompagna sino al Calvario e rimane, insieme ad altre donne, ad osservarlo da lontano. È poi presente quando Giuseppe d’Arimatea depone il corpo di Gesù nel sepolcro, che viene chiuso con una pietra. Dopo il sabato, al mattino del primo giorno della settimana – si legge al capitolo 20 del Vangelo di Giovanni – torna al sepolcro: scopre che la pietra è stata tolta e corre ad avvisare Pietro e Giovanni, i quali, a loro volta, correranno al sepolcro scoprendo l’assenza del corpo del Signore.
L’incontro con il Risorto
Mentre i due discepoli fanno ritorno a casa, lei rimane, in lacrime. E ha inizio un percorso che dall’incredulità si apre progressivamente alla fede. Chinandosi verso il sepolcro scorge due angeli e dice loro di non sapere dove sia stato posto il corpo del Signore. Poi, volgendosi indietro, vede Gesù ma non lo riconosce, pensa sia il custode del giardino e quando Lui le chiede il motivo di quelle lacrime e chi stia cercando, lei risponde: «“Signore, se l’hai portato via tu, dimmi dove lo hai posto e io andrò a prenderlo”. Gesù le disse: “Maria!”» (Gv 20,15-16).
Il cardinale Carlo Maria Martini al riguardo commentava: «Avremmo potuto immaginare altri modi di presentarsi. Gesù sceglie il modo più personale e il più immediato: l’appellazione per nome. Di per sé non dice niente perché “Maria” può pronunciarlo chiunque e non spiega la risurrezione e nemmeno il fatto che è il Signore a chiamarla. Tutti però comprendiamo che quell’appellazione, in quel momento, in quella situazione, con quella voce, con quel tono, è il modo più personale di rivelazione e che non riguarda solo Gesù, ma Gesù nel suo rapporto con lei. Egli si rivela come il suo Signore, colui che lei cerca».
Il dialogo al sepolcro prosegue: Maria Maddalena, «si voltò e gli disse in ebraico: “Rabbunì!”, che significa: “Maestro!”. Gesù le disse: “Non mi trattenere, perché non sono ancora salito al Padre; ma va’ dai miei fratelli e di’ loro: Io salgo al Padre mio e Padre vostro, Dio mio e Dio vostro”. Maria di Magdala andò ad annunziare ai discepoli: “Ho visto il Signore!” e anche ciò che le aveva detto» (Gv 20, 16-18).
La maternità della Maddalena
«La Maddalena è la prima fra le donne al seguito di Gesù a proclamarlo come Colui che ha vinto la morte, la prima apostola ad annunciare il gioioso messaggio centrale della Pasqua», osserva la teologa Cristiana Dobner, carmelitana scalza. «Ella esprime la maternità nella fede e della fede ossia quella attitudine a generare vita vera, una vita da figli di Dio, nella quale il travaglio esistenziale comune ad ogni uomo trova il suo destino nella risurrezione e nell’eternità promesse e inaugurate dal Figlio, «primogenito» di molti fratelli (Rom 8,29). Con Maria Maddalena si apre quella lunga schiera, ancor oggi poco conosciuta, di madri che, lungo i secoli, si sono consegnate alla generazione di figli di Dio e si possono affiancare ai padri della Chiesa: insieme alla Patristica esiste anche, nascosta ma presente, una Matristica.
La decisione di Francesco è un dono bello, espressione di una rivoluzione antropologica che tocca la donna e investe l’intera realtà ecclesiale. L’istituzione di questa festa, infatti, non va letta come una rivincita muliebre: si cadrebbe stolidamente nella mentalità delle quote rosa. Il significato è ben altro: comprendere che uomo e donna insieme e solo insieme, in una dualità incarnata, possono diventare annunciatori luminosi del Risorto».
Nella storia dell’arte: la mirofora
Maria Maddalena, nel corso dei secoli, è stata raffigurata principalmente in quattro modi: «Anzitutto – afferma monsignor Timothy Verdon, docente di storia dell’arte alla Stanford University e direttore del Museo dell’Opera del Duomo di Firenze – è spesso ritratta come una delle mirofore, le pie donne che la mattina di Pasqua si recarono al sepolcro portando gli unguenti per il corpo del Signore. Fra loro la Maddalena è riconoscibile per il fatto che, a partire dalla fine del Medioevo, viene raffigurata con lunghi capelli sciolti, spesso biondi: questo fa capire che gli artisti, secondo una tradizione affermatasi in Occidente (e non condivisa nell’Oriente cristiano), la identificavano con la donna peccatrice che aveva asciugato i piedi di Gesù con i propri capelli. I capelli lunghi sono quindi un’allusione a questo intimo contatto e alla condizione di prostituta: le donne per bene non andavano in giro con i capelli sciolti».
La penitente
Nell’arte del tardo Medioevo Maria Maddalena compare anche come penitente perché – spiega Verdon – secondo una leggenda ella era una grande peccatrice che, dopo la conversione e l’incontro con il Risorto, era andata a vivere come romitessa nel sud della Francia, vicino a Marsiglia, dove annunciava il vangelo: «Il culto della Maddalena penitente ha affascinato molti artisti, che l’hanno considerata il corrispettivo femminile di Giovanni Battista. In genere viene raffigurata con abiti simili a quelli del Battista oppure è coperta solo dai capelli. La bellezza esteriore l’ha abbandonata, il volto è segnato dai digiuni e dalle veglie notturne in preghiera, ma è illuminata dalla bellezza interiore perché ha trovato pace e gioia nel Signore. La statua della Maddalena penitente di Donatello, scolpita per il Battistero di Firenze, è un autentico capolavoro».
L’addolorata
Sovente la Maddalena è ritratta anche ai piedi della croce: una delle opere più significative, a giudizio di Verdon, è un piccolo pannello di Masaccio (esposto a Napoli) nel quale la Maddalena è ritratta di spalle, sotto la croce, le braccia protese a Cristo, i lunghi capelli biondi che cadono quasi a ventaglio su un enorme mantello rosso: «Un’immagine di forte drammaticità. Non di rado il dolore composto della Vergine è stato contrapposto a quello della Maddalena, quasi senza controllo. Si pensi ad esempio, alla Pietà di Tiziano, nella quale la donna avanza come volesse chiamare il mondo intero a riconoscere l’ingiustizia della morte di Gesù, che giace fra le braccia di Maria; oppure si pensi al celebre gruppo scultoreo di Niccolò dell’Arca, nel quale fra le molte figure la più teatrale è proprio quella della Maddalena che si precipita con la forza di un uragano verso il Cristo morto».
Chiamata per nome
Vi sono inoltre molte raffigurazioni dell’incontro con il Risorto: «Esemplari e magnifiche sono quelle di Giotto, nella Cappella degli Scrovegni, e del Beato Angelico nel convento di san Marco», conclude Verdon. «Maria Maddalena ha vissuto un’esperienza di salvezza profonda per opera di Gesù: quando si sente chiamata per nome in lei si accende il ricordo dell’intera storia vissuta con Lui: c’è tutto questo nell’iconografia della scena che chiamiamo “Noli me tangere”».
Autore: Cristina Uguccioni
Fonte: Vatican Insider
Quando il Figlio di Dio entrò nella storia, Maria Maddalena fu fra coloro che maggiormente lo amarono, dimostrandolo. Quando giunse il tempo del Calvario, Maria Maddalena era insieme a Maria Santissima e a san Giovanni, sotto la Croce (Gv. 19,25). Non fuggì per paura come fecero i discepoli, non lo rinnegò per paura come fece il primo Papa, ma rimase presente ogni ora, dal momento della sua conversione, fino al Santo Sepolcro. La Chiesa celebra la sua festa il 22 luglio.
Non parole d’amore, ma atti d’amore ci consegnano i Vangeli sulla figura della Maddalena, colei che aveva lavato (con le lacrime del pentimento), asciugato, baciato i piedi di Cristo. A quella vista il fariseo, scandalizzato, che aveva invitato Gesù a casa sua, pensò fra sé: «Se costui fosse un profeta, saprebbe chi e che specie di donna è colei che lo tocca: è una peccatrice». Gesù lesse quell’indebito giudizio e gli disse: «Vedi questa donna? Sono entrato nella tua casa e tu non m’hai dato l’acqua per i piedi; lei invece mi ha bagnato i piedi con le lacrime e li ha asciugati con i suoi capelli. Tu non mi hai dato un bacio, lei invece da quando sono entrato non ha cessato di baciarmi i piedi. Tu non mi hai cosparso il capo di olio profumato, ma lei mi ha cosparso di profumo i piedi. Per questo ti dico: le sono perdonati i suoi molti peccati, poiché ha molto amato. Invece quello a cui si perdona poco, ama poco» (Lc. 7, 39-47).
Non a caso per il Messale romano, nel giorno dedicato a Maria Maddalena, è stata scelta una lettura del Cantico dei Cantici: «Mi alzerò e perlustrerò la città, i vicoli, le piazze, ricercherò colui che amo con tutta l’anima. L’ho cercato, ma non l’ho trovato. Mi incontrarono i vigili di ronda in città: “Avete visto colui che amo con tutta l’anima?”» (Ct. 3,2), un amore perseverante che il Signore premiò, rendendola degna di essere «apostola degli apostoli»: fu la prima ad annunciare la sua resurrezione.
San Gregorio Magno ha parole straordinarie (Om. 25,1-2. 4-5; PL 76,1189-1193) per colei che fece di Cristo l’unica ragione di vita. «Ella si recò la Domenica di Pasqua al Sepolcro, con gli unguenti, per onorare il Signore. Ma non lo trovò: “Maria invece stava all’esterno, vicino al sepolcro, e piangeva” (Gv. 20,10-11). In questo fatto dobbiamo considerare quanta forza d’amore aveva invaso l’anima di questa donna, che non si staccava dal sepolcro del Signore, anche dopo che i discepoli se ne erano allontanati. (…) Accadde perciò che poté vederlo essa sola che era rimasta per cercarlo; perché la forza dell’opera buona sta nella perseveranza, come afferma la voce stessa della Verità: “Chi persevererà sino alla fine, sarà salvato” (Mt. 10, 22). Cercò dunque una prima volta, ma non trovò, perseverò nel cercare, e le fu dato di trovare. (…) I santi desideri crescono col protrarsi. Se invece nell’attesa si affievoliscono, è segno che non erano veri desideri. (…) “Donna perché piangi? Chi cerchi?” (Gv. 20,15). Le viene chiesta la causa del dolore, perché il desiderio cresca, e chiamando per nome colui che cerca, s’infiammi di più nell’amore di lui. “Gesù le disse: Maria!” (Gv. 20,16). Dopo che l`ha chiamata con l’appellativo generico (…) senza essere riconosciuto, la chiama per nome come se volesse dire: Riconosci colui dal quale sei riconosciuta. Io ti conosco non come si conosce una persona qualunque, ma in modo del tutto speciale».
Maria si risveglia dall’incubo: «Rabbunì!» («Maestro!»). L’umile penitente Maddalena, diventa testimone del trionfo del Crocifisso. Ora vorrebbe stare lì, in adorazione, e invece no: «Non mi trattenere, perché non sono ancora salito al Padre; ma va’ dai miei fratelli e di’ loro: Io salgo al Padre mio e Padre vostro, Dio mio e Dio vostro» (Gv. 20, 17). Porterà Lei l’annuncio agli Apostoli.
Autore: Cristina Siccardi