mardi 26 juin 2012

Saint JEAN et saint PAUL, martyrs



Décollation de saint Jean et saint Paul par Julien l'Apostat. 
Livre d'Images de Madame Marie. Hainuat. XIIIe.

Saints Jean et Paul

Martyrs à Rome 

Selon la tradition, Jean était l'intendant de Constance, la fille de Constantin, et Paul, son frère, son maître d'hôtel. Quand Julien l'Apostat monta sur le trône, Jean et Paul renoncèrent à leurs charges à la cour impériale. L'empereur tenta de les y faire revenir, mais ils refusèrent. Il les fit décapiter et enterrer secrètement dans leur propre jardin afin d'éviter une sédition. Puis on annonça qu'ils étaient envoyés en exil. 

Leurs noms figurent dans la prière eucharistique I et une église sur le mont Celius à Rome leur est dédiée. Depuis 1969, leur culte est confiné à celle-ci.


À Rome, commémoraison des saints Jean et Paul, au nom desquels une basilique fut dédiée sur le mont Célius au bord du Clivus Scauri, dans le titre du sénateur Pammachius.


Martyrologe romain


Saint JEAN et Saint PAUL

Martyrs (362)

Jean et Paul étaient deux frères de haute famille ; ils demeuraient à Rome et remplissaient des emplois fort honorables dans la maison princière de Constance, fille de Constantin ; ils se faisaient remarquer par leurs oeuvres de piété et par une grande charité envers les pauvres.

Quand Julien l’Apostat fut monté sur le trône, ils renoncèrent à toutes leurs charges et se retirèrent dans leur maison du mont Coelius, dont on a retrouvé récemment des parties fort intéressantes et bien conservées, sous l’antique église construite en leur honneur et administrée aujourd’hui par les Passionistes.

Julien n’était pas moins altéré de l’or que du sang des chrétiens, il résolut de s’emparer des biens des deux frères, qui avaient méprisé de le servir. Il leur fit demander de venir à sa cour, comme du temps de Constantin et de ses fils ; mais ils refusèrent de communiquer avec un apostat. Dix jours de réflexion leur sont accordés ; ils en profitent pour se préparer au martyre par les oeuvres de charité. Ils vendent tout ce qu’ils peuvent de leurs propriétés, et distribuent aux pauvres argent, vêtements, meubles précieux, plutôt que de voir tous ces biens tomber entre les mains d’un homme aussi cupide qu’impie ; ils passent ensuite le reste de leur temps à prier et à fortifier les fidèles dans la résolution de mourir pour Jésus-Christ plutôt que d’abandonner la religion. Le dixième jour, l’envoyé de l’empereur les trouve en prière et disposés à tout souffrir pour leur foi : "Adorez Jupiter", leur dit-il en leur présentant une petite idole de cette divinité.

"À Dieu ne plaise, répondent-ils, que nous adorions un démon ! Que Julien nous commande des choses utiles au bien de l’État et de sa personne : c’est son droit ; mais qu’il nous commande d’adorer les simulacres d’hommes vicieux et impurs, cela dépasse son pouvoir. Nous le reconnaissons pour notre empereur, mais nous n’avons point d’autre Dieu que le Père, le Fils et le Saint-Esprit, qui sont un seul Dieu en trois personnes." Le messager, voyant qu’il ne pourrait ébranler leur courage invincible, ordonna de creuser une fosse dans leur jardin ; il les fit décapiter pendant la nuit dans leur propre maison, et ensuite enterrer secrètement.

L’empereur, craignant que cette exécution ne soulevât la réprobation de Rome, répandit le bruit qu’il les avait envoyés en exil ; mais les démons publièrent leur mort et leur triomphe, et l’exécuteur des ordres de Julien, après avoir vu son fils délivré du démon par l’intercession des martyrs, se convertit avec sa famille.

SOURCE : http://viechretienne.catholique.org/saints/15-saint-jean-et-saint-paul

SAINT JEAN et SAINT PAUL

Martyrs

(362)

Jean et Paul étaient deux frères de haute famille; ils demeuraient à Rome et remplissaient des emplois fort honorables dans la maison princière de Constance, fille de Constantin; ils se faisaient remarquer par leurs oeuvres de piété et par une grande charité envers les pauvres.

Quand Julien l'Apostat fut monté sur le trône, ils renoncèrent à toutes leurs charges et se retirèrent dans leur maison du mont Coelius, dont on a retrouvé récemment des parties fort intéressantes et bien conservées, sous l'antique église construite en leur honneur et administrée aujourd'hui par les Passionistes.

Julien n'était pas moins altéré de l'or que du sang des chrétiens, il résolut de s'emparer des biens des deux frères, qui avaient méprisé de le servir. Il leur fit demander de venir à sa cour, comme du temps de Constantin et de ses fils; mais ils refusèrent de communiquer avec un apostat. Dix jours de réflexion leur sont accordés; ils en profitent pour se préparer au martyre par les oeuvres de charité. Ils vendent tout ce qu'ils peuvent de leurs propriétés, et distribuent aux pauvres argent, vêtements, meubles précieux, plutôt que de voir tous ces biens tomber entre les mains d'un homme aussi cupide qu'impie; ils passent ensuite le reste de leur temps à prier et à fortifier les fidèles dans la résolution de mourir pour Jésus-Christ plutôt que d'abandonner la religion. Le dixième jour, l'envoyé de l'empereur les trouve en prière et disposés à tout souffrir pour leur foi: "Adorez Jupiter", leur dit-il en leur présentant une petite idole de cette divinité.

"À Dieu ne plaise, répondent-ils, que nous adorions un démon ! Que Julien nous commande des choses utiles au bien de l'État et de sa personne: c'est son droit; mais qu'il nous commande d'adorer les simulacres d'hommes vicieux et impurs, cela dépasse son pouvoir. Nous le reconnaissons pour notre empereur, mais nous n'avons point d'autre Dieu que le Père, le Fils et le Saint-Esprit, qui sont un seul Dieu en trois personnes." Le messager, voyant qu'il ne pourrait ébranler leur courage invincible, ordonna de creuser une fosse dans leur jardin; il les fit décapiter pendant la nuit dans leur propre maison, et ensuite enterrer secrètement.

L'empereur, craignant que cette exécution ne soulevât la réprobation de Rome, répandit le bruit qu'il les avait envoyés en exil; mais les démons publièrent leur mort et leur triomphe, et l'exécuteur des ordres de Julien, après avoir vu son fils délivré du démon par l'intercession des martyrs, se convertit avec sa famille.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.

SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/saint_jean_et_saint_paul.html

Saints Jean et Paul, martyrs

Martyrs sous Julien l’apostat en 362 ; culte immédiat.

Les pseudo-experts® nient l’existence de ces deux Saints : pour eux, le 26 juin est l’anniversaire de la dédicace de la basilique de Pammachius sur le Cœlius au IVe siècle, dédiée à St Jean-Baptiste et à l’apôtre Paul au Ve siècle [1]. La fête est attestée dans le sacramentaire de Vérone au VIe siècle. A l’appui de cette théorie se trouve le fait qu’il est hors de coutume dans la Rome chrétienne antique d’enterrer des martyrs dans l’enceinte de l’Urbs. La fête fut donc supprimée dans le calendrier réformé.

Contre cette théorie iconoclaste, on peut élever de nombreuses objections :

- la date du martyre (362) est trop récente pour qu’une légende apocryphe ait pu se diffuser : ce martyre n’a pas eu lieu au temps des catacombes, mais après l’édit de Milan, sous la persécution de Julien l’apostat, à une époque donc où l’on n’est plus dans les Actes enjolivés des martyrs des premiers siècles, mais dans l’hagiographie historique ;

- nous sommes au IVème siècle : l’objection de ne plus enterrer de martyrs dans la Ville n’est plus pertinente. D’autant plus que le martyre a été consommé dans la maison même des deux saints ;

- la popularité de la fête, précédée d’une vigile, ne peut s’expliquer pour la simple dédicace d’une église ;

- les preuves historiques, comme l’inscription votive du Pape Damase, élu en 366, donc cinq années après le Martyr, tout comme les fouilles de la basilique indiquant le culte des martyrs sur le lieu même ;

- l’inscription des deux saints au Canon Romain ;

- le témoignage de St Hilaire de Poitiers, mort en 367, consacrant une église dans sa ville épiscopale…


Leçons des Matines avant 1960

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. Les deux frères Jean et Paul étaient Romains. Ayant servi pieusement et fidèlement Constance, fille de Constantin, ils avaient reçu d’elle de grands biens qu’ils employaient à nourrir les pauvres du Christ. Julien l’Apostat les ayant invités à prendre place parmi ses familiers, ils répondirent avec liberté qu’ils ne voulaient point demeurer chez un homme qui avait abandonné Jésus-Christ. L’empereur leur donna dix jours pour délibérer, leur faisant savoir que, passé ce terme, s’ils refusaient de s’attacher à lui et de sacrifier à Jupiter, ils étaient certains d’aller à la mort.

R/. Isti sunt duo viri misericórdiæ, qui assístunt ante Dóminum, * Dominatórem univérsæ terræ.

V/. Isti sunt duæ olívæ, et duo candelábra lucéntia ante Dóminum.

* Dominatórem univérsæ terræ.

R/. Ce sont là deux hommes de miséricorde, ils se tiennent devant le Seigneur, * Le Souverain de l’univers.

V/. Ce sont deux oliviers, deux flambeaux allumés devant le Seigneur.

* Le Souverain de l’univers.

Cinquième leçon. Ce temps fut mis par eux à profit pour distribuer aux pauvres le reste de leurs biens, afin de pouvoir s’en aller plus librement au Seigneur, et d’augmenter le nombre de ceux qui auraient à les recevoir dans les tabernacles éternels. Le dixième jour, Térentianus, chef de la garde prétorienne, fut envoyé vers eux ; il apportait la statue de Jupiter pour la leur faire adorer. Il leur intime l’ordre du prince, de rendre honneur à Jupiter s’ils veulent éviter la mort. Ils étaient alors en prière sans changer d’attitude, ils répondent qu’ils honorent de cœur et de bouche le Christ comme étant Dieu, et qu’ils sont prêts à mourir pour la foi.

R/. Vidi coniúnctos viros, habéntes spléndidas vestes, et Angelus Dómini locútus est ad me, dicens : * Isti sunt viri sancti facti amíci Dei.

V/. Vidi Angelum Dei fortem, volántem per médium cælum, voce magna clamántem et dicéntem.

* Isti sunt viri sancti facti amíci Dei.

R/. Je vis des hommes assemblés, portant des vêtements splendides, et l’Ange du Seigneur me dit : * Voici les Saints, les amis de Dieu.

V/. Je vis un Ange de Dieu, vêtu de puissance, qui volait au milieu du ciel, il criait d’une voix forte et il disait :

* Voici les Saints, les amis de Dieu.

Sixième leçon. Craignant qu’une exécution publique ne produisît quelque agitation dans le peuple, Térentianus les fit décapiter au lieu où ils étaient, dans leur propre maison. C’était le six des calendes de juillet. Ayant pris soin qu’on les ensevelît secrètement, il fit répandre le bruit que Jean et Paul avaient été envoyés en exil. Mais leur mort fut divulguée par les esprits impurs qui tourmentaient les corps d’un grand nombre de personnes ; parmi ces possédés se trouva le fils même de Térentianus : conduit au tombeau des Martyrs, il y obtint sa délivrance. Il fut amené par ce miracle à croire en Jésus-Christ, ainsi que Térentianus, son père, que l’on dit même avoir écrit l’histoire de ces bienheureux Martyrs.

R/. Tamquam aurum in fornáce probávit eléctos Dóminus, et quasi holocáusti hóstiam accépit illos ; et in témpore erit respéctus illórum, * Quóniam donum et pax est eléctis Dei.

V/. Qui confídunt in illum, intélligent veritátem : et fidéles in dilectióne acquiéscent illi.

* Quóniam donum et pax est eléctis Dei. Glória Patri. * Quóniam donum et pax est eléctis Dei.

R/. Le Seigneur a éprouvé les élus comme l’or dans la fournaise, et il les a reçus comme une victime offerte en holocauste ; et dans le temps ils auront un regard favorable : * Car la paix aussi est un don pour les élus de Dieu [3].

V/. Ceux qui se confient en lui auront l’intelligence de la vérité : et ceux qui sont fidèles dans son amour lui demeureront attachés [4].

* Car la paix aussi est un don pour les élus de Dieu. Gloire au Père. * Car la paix aussi est un don pour les élus de Dieu.

Au troisième nocturne.

Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Cap. 12, 1-8.

En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Gardez-vous du levain des pharisiens, qui est l’hypocrisie. Et le reste.

Homélie de saint Bède le Vénérable, Prêtre. Lib. 4, in Lucæ cap. 12.

Septième leçon. C’est à ce levain que se rapporte la recommandation de l’Apôtre : « C’est pourquoi célébrons la Pâque, non avec le vieux levain, ni avec le levain de la malice et de l’iniquité, mais avec les azymes de la sincérité et de la vérité » [5]. Car de même qu’un peu de levain, mêlé à une quantité de farine, agit sur la masse entière et communique bientôt son aigreur à toute la pâte, de même l’hypocrisie, une fois passée dans une âme, n’y laisse aucune vertu sincère et véritable. Voici donc le sens des paroles du Sauveur : Gardez-vous d’imiter les hypocrites, parce qu’il viendra pour vous un temps où tout le monde connaîtra, et votre vertu et leur hypocrisie.

R/. Propter testaméntum Dómini et leges patérnas, Sancti Dei perstitérunt in amóre fraternitátis : * Quia unus fuit semper spíritus in eis, et una fides.

V/. Ecce quam bonus et quam jucúndum habitáre fratres in unum !

* Quia unus fuit semper spíritus in eis, et una fides.

R/. A cause de l’alliance du Seigneur et des lois de leurs pères, les Saints de Dieu demeurèrent fermes dans l’amour de leurs frères : * Car il y eut toujours en eux un même esprit et une même foi.

V/. Voyez qu’il est bon et qu’il est agréable que des frères vivent dans une parfaite union ! [6]

* Car il y eut toujours en eux un même esprit et une même foi.

Huitième leçon. Ce que notre Seigneur ajoute : « Ainsi ce que vous avez dit dans les ténèbres se dira à la lumière » [7], peut très bien s’entendre, non seulement de la future manifestation qui divulguera tous les secrets des cœurs, mais encore du temps actuel. Car à présent que l’Église est partout en honneur, ce que les Apôtres ont dit ou ce qu’ils ont souffert, dans la nuit des tribulations ou dans l’obscurité des cachots, se proclame en public par la lecture de leurs actes. « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps ». Si les persécuteurs n’ont plus de mal à faire aux saints, une fois qu’ils ont tué leurs corps, en s’acharnant sur les Martyrs inanimés, en jetant aux bêtes fauves et aux oiseaux de proie leurs membres à déchirer, ils déploient une rage vaine et insensée, car ils ne peuvent empêcher la toute-puissance divine de leur rendre la vie en les ressuscitant.

R/. Hæc est vera fratérnitas, quæ numquam pótuit violári certámine : qui, effúso sánguine, secúti sunt Dóminum : * Contemnéntes aulam régiam, pervenérunt ad regna cæléstia.

V/. Ecce quam bonum et quam jucúndum habitáre fratres in unum !

* Contemnéntes aulam régiam, pervenérunt ad regna cæléstia. Glória Patri. * Contemnéntes aulam régiam, pervenérunt ad regna cæléstia.

R/. Elle est bien réelle, cette fraternité qui n’a jamais pu subir d’atteinte dans le combat : ces frères ont suivi le Seigneur jusqu’à l’effusion du sang : * Méprisant la cour des rois, ils sont parvenus au royaume céleste.

V/. Voyez qu’il est bon et qu’il est agréable que des frères habitent ensemble ! [8]

* Méprisant la cour des rois, ils sont parvenus au royaume céleste. Gloire au Père. * Méprisant la cour des rois, ils sont parvenus au royaume céleste.

Neuvième leçon. Mais il y a deux sortes de persécuteurs : les violents, dont la fureur éclate, et les fourbes qui flattent pour tromper. Voulant nous armer et nous bien munir contre les uns et les autres, le Sauveur nous fait deux recommandations : en premier lieu, de ne pas craindre les tourments des bourreaux, par ce motif que, ni la cruauté de ceux-ci, ni le déguisement de ceux-là, ne peut subsister après la mort. « Ne donne-t-on pas cinq passereaux pour deux as ? » [9]. Il veut dire : si Dieu ne peut pas oublier les plus petits animaux, et ces oiseaux qu’on voit voler partout dans l’air, vous qui avez été faits à l’image du Créateur, vous ne devez pas craindre les méchants qui tuent le corps. Celui qui gouverne les animaux, qu’il n’a pas doués de raison, ne cesse de veiller avec soin sur ses créatures raisonnables.

A Laudes

Ant. 1 Paulus et Ioánnes * dixérunt Iuliáno : Nos unum Deum cólimus, qui fecit cælum et terram.

Ant. 2 Paulus et Ioánnes * dixérunt Terentiáno : Si tuus dóminus est Iuliánus, habéto pacem cum illo : nobis álius non est, nisi Dóminus Iesus Christus.

Ant. 3 Ioánnes et Paulus, * agnoscéntes tyránnidem Iuliáni, facultátes suas paupéribus erogáre cœpérunt.

Ant. 4 Sancti spíritus * et ánimæ iustórum, hymnum dícite Deo, allelúia.

Ant. 5 Ioánnes et Paulus * dixérunt ad Gallicánum : Fac votum Deo cæli, et eris victor mélius quam fuísti.

Capitulum Sap. 3. 1.

Iustórum ánimæ in manu Dei sunt, et non tanget illos torméntum mortis. Visi sunt óculis insipiéntium mori ; illi autem sunt in pace.

Hymnus

Rex glorióse Mártyrum,

Coróna confiténtium,

Qui respuéntes térrea

Perdúcis ad cæléstia.

Aurem benígnam prótinus

Inténde nostris vócibus :

Trophǽa sacra pángimus :

Ignósce quod delíquimus.

Tu vincis inter Mártyres

Parcísque Confessóribus :

Tu vince nostra crímina,

Largítor indulgéntiæ.

Deo Patri sit glória,

Eiúsque soli Fílio,

Cum Spíritu Paráclito,

Nunc, et per omne sǽculum.

Amen.

V/. Exsultábunt Sancti in glória.

R/. Lætabúntur in cubílibus suis.

Ad Bened. Ant. Isti sunt Sancti, * qui pro Christi amóre minas hóminum contempsérunt : sancti Mártyres in regno cælórum exsúltant cum Angelis. O quam pretiósa est mors Sanctórum, qui assídue assístunt ante Dóminum, et ab ínvicem non sunt separáti !

Oratio

Ant. 1 Paul et Jean * dirent à Julien : Nous n’adorons qu’un Dieu, qui a fait le ciel et la terre.

Psaume 92

Ant. 2 Paul et Jean * dirent à Térentianus : Si Julien est ton Seigneur, conserve la paix avec lui ; pour nous, nous n’avons point d’autre Seigneur que Jésus-Christ.

Psaume 99

Ant. 3 Jean et Paul, * connaissant la tyrannie de Julien, commencèrent à distribuer leurs biens aux pauvres.

Psaume 62

Ant. 4 Saints esprits * et âmes des justes, dites un hymne à Dieu, alléluia.

Cantique des trois Enfants

Ant. 5 Jean et Paul * dirent à Gallican : Fais un vœu au Dieu du ciel, et tu sera plus heureusement vainqueur que tu ne l’as été.

Psaume 148

Capitule

Les âmes des justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera pas. Ils ont paru mourir aux yeux des insensés ; mais eux sont en paix [10].

Hymne

Roi glorieux des Martyrs

couronne de ceux qui vous confessent,

vous qui conduisez aux biens des cieux

ceux qui méprisent les biens de la terre.

A nos voix prêtez sans cesse

une oreille bienveillante :

nous chantons les triomphes sacrés :

pardonnez-nous les fautes commises.

Vous qui triomphez dans les Martyrs,

et vous pardonnez aux Confesseurs :

triomphez de nos péchés

en nous accordant le pardon.

Gloire à Dieu le Père

et à son Fils unique

ainsi qu’à l’Esprit Paraclet,

maintenant et dans tous les siècles.

Ainsi soit-il.

V/. Les Saints tressailliront d’allégresse dans la gloire [11].

R/. Ils se réjouiront dans le lieu de leur repos.

Ant. au Benedictus Ceux-ci sont des Saints * qui, pour l’amour du Christ, ont méprisé les menaces des hommes : les saints Martyrs se réjouissent avec les Anges dans le royaume des cieux. Oh ! Qu’elle est précieuse la mort de ces Saints, qui se tiennent constamment en présence du Seigneur ; ils n’ont point été séparés l’un de l’autre !

Benedictus

Prière

Nous vous prions, Dieu tout-puissant : faites-nous entrer dans la joie de cette double fête, joie qui provient de la glorification des bienheureux Jean et Paul ; qu’une même foi et un même martyre ont rendus vraiment frères.

Aux 2ndes Vêpres

Ant. 1 Paulus et Ioánnes * dixérunt Iuliáno : Nos unum Deum cólimus, qui fecit cælum et terram.

Ant. 2 Paulus et Ioánnes * dixérunt Terentiáno : Si tuus dóminus est Iuliánus, habéto pacem cum illo : nobis álius non est, nisi Dóminus Iesus Christus.

Ant. 3 Ioánnes et Paulus, * agnoscéntes tyránnidem Iuliáni, facultátes suas paupéribus erogáre cœpérunt.

Ant. 4 Sancti spíritus * et ánimæ iustórum, hymnum dícite Deo, allelúia.

Ant. 5 Ioánnes et Paulus * dixérunt ad Gallicánum : Fac votum Deo cæli, et eris victor mélius quam fuísti.

Capitulum Sap. 3. 1.

Iustórum ánimæ in manu Dei sunt, et non tanget illos torméntum mortis. Visi sunt óculis insipiéntium mori ; illi autem sunt in pace.

Hymnus

Sanctórum méritis inclyta gáudia

Pangámus, sócii, géstaque fórtia :

Gliscens fert ánimus prómere cántibus

Victórum genus óptimum.

Hi sunt, quos fátue mundus abhórruit ;

Hunc fructu vácuum, flóribus áridum

Contempsére tui nóminis ásseclæ,

Iesu, Rex bone Cǽlitum.

Hi pro te fúrias atque minas truces

Calcárunt hóminum, sǽvaque vérbera :

His cessit lácerans fórtiter úngula,

Nec carpsit penetrália.

Cædúntur gládiis more bidéntium :

Non murmur résonat, non quærimónia ;

Sed corde impávido mens bene cónscia

Consérvat patiéntiam.

Quæ vox, quæ póterit lingua retéxere

Quæ tu Martýribus múnera prǽparas ?

Rubri nam flúido sánguine, fúlgidis

Cingunt témpora láureis.

Te, summa o Deitas, únaque póscimus ;

Ut culpas ábigas, nóxia súbtrahas,

Des pacem fámulis ; ut tibi glóriam,

Annórum in sériem, canant.

Amen.

V/. Exsultábunt Sancti in glória.

R/. Lætabúntur in cubílibus suis.

Ad Magnificat Ant. Isti sunt * duæ olívæ, et duo candelábra lucéntia ante Dóminum ; habent potestátem cláudere cælum núbibus et aperíre portas eius, quia linguæ eórum claves cæli factæ sunt.

Oratio

Ant. 1 Paul et Jean * dirent à Julien : Nous n’adorons qu’un Dieu, qui a fait le ciel et la terre.

Psaume 109

Ant. 2 Paul et Jean * dirent à Térentianus : Si Julien est ton Seigneur, conserve la paix avec lui ; pour nous, nous n’avons point d’autre Seigneur que Jésus-Christ.

Psaume 110

Ant. 3 Jean et Paul, * connaissant la tyrannie de Julien, commencèrent à distribuer leurs biens aux pauvres.

Psaume 111

Ant. 4 Saints esprits * et âmes des justes, dites un hymne à Dieu, alléluia.

Psaume 112

Ant. 5 Jean et Paul * dirent à Gallican : Fais un vœu au Dieu du ciel, et tu sera plus heureusement vainqueur que tu ne l’as été.

Psaume 115

Capitule

Les âmes des justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera pas. Ils ont paru mourir aux yeux des insensés ; mais eux sont en paix [12].

Hymne

Unissons-nous pour chanter les mérites des Saints,

leurs actions héroïques, leur bonheur éternel :

le cœur brûle d’exalter par des chants

la noble race de vainqueurs.

Voilà ceux qu’un monde insensé avait en horreur ;

ce monde, vide de fruits et dépourvu de fleurs,

ils l’ont méprisé, fidèles à votre nom,

ô Jésus, bon Roi des Cieux.

Pour vous ils ont surmonté les fureurs, les terribles menaces

des hommes et toute la rigueur des fouets ;

ils ont triomphé des ongles de fer qui déchiraient leur corps

mais qui n’ont pu affaiblir leur âme.

Ils tombent sous le glaive comme de jeunes brebis :

l’on n’entend ni plainte ni murmure ;

mais d’un cœur intrépide et d’une conscience en paix,

leur âme garde la patience.

Quelle voix, quel langage pourrait exprimer

les récompenses que vous préparez à vos Martyrs ?

rouges du sang qui coule, ils ceignent leur front

de lauriers étincelants.

Déité souveraine, un seul Dieu, nous vous supplions ;

effacez nos péchés, éloignez les dangers,

donnez la paix à vos serviteurs

qu’ils chantent votre gloire dans la suite des temps.

Ainsi soit-il.


V/. Les Saints tressailliront d’allégresse dans la gloire [13].

R/. Ils se réjouiront dans le lieu de leur repos.

Ant. au Magnificat Ce sont * les deux oliviers et les deux chandeliers qui luisent devant le Seigneur ; ils ont le pouvoir de fermer le ciel en le couvrant de nuages, et d’en ouvrir les portes, car leurs langues sont devenues comme les clefs du ciel.

Magnificat

Prière

Nous vous prions, Dieu tout-puissant : faites-nous entrer dans la joie de cette double fête, joie qui provient de la glorification des bienheureux Jean et Paul ; qu’une même foi et un même martyre ont rendus vraiment frères.

[1] Cf. Pierre Jounel, Le Culte des Saints dans les Basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle, École Française de Rome, Palais Farnèse, 1977.

[2] Ps. 31, 11.

[3] Sap. 3, 6.

[4] Sap. 3, 9.

[5] I. Cor. 5, 6-8.

[6] Ps. 132, 1.

[7] Luc. 12, 3.

[8] Ps. 132, 1.

[9] Luc. 12, 6.

[10] Beaucoup de martyrs se sont montrés insensibles aux tourments. « Nous ne craignons pas les bêtes, nous ne redoutons pas ce dont vous nous menacez disait saint Martial ; car nous avons Dieu le Père et Jésus-Christ son Fils et l’Esprit-Saint, par qui nous surmontons tout cela ». D’ailleurs la mort la plus terrible n’est pas pour le juste une épreuve qui atteigne en lui la vraie vie, la vie de l’âme dans la grâce et plus tard dans la gloire.

[11] Ps. 149, 5.

[12] Beaucoup de martyrs se sont montrés insensibles aux tourments. « Nous ne craignons pas les bêtes, nous ne redoutons pas ce dont vous nous menacez disait saint Martial ; car nous avons Dieu le Père et Jésus-Christ son Fils et l’Esprit-Saint, par qui nous surmontons tout cela ». D’ailleurs la mort la plus terrible n’est pas pour le juste une épreuve qui atteigne en lui la vraie vie, la vie de l’âme dans la grâce et plus tard dans la gloire.

[13] Ps. 149, 5.


Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Parmi les sanctuaires nombreux qui décorent la capitale de l’univers chrétien, l’Église des Saints-Jean-et-Paul est restée, depuis sa lointaine origine, un des centres principaux de la piété romaine. Du sommet du Cœlius elle domine le Colisée. On a retrouvé dans ses substructions les restes primitifs de la maison même qu’habitaient nos deux saints. Derniers des martyrs, ils achevèrent la couronne glorieuse offerte au Christ par cette Rome qu’il avait choisie pour siège de sa puissance. La lutte où leur sang fut versé consomma le triomphe dont l’heure avait sonné sous Constantin, mais qu’un retour offensif de l’enfer semblait compromettre.

Aucune attaque ne fut plus odieuse à l’Église, que celle du César apostat qu’elle avait nourri. Néron et Dioclétien, violemment et dans toute la franchise de leur haine, avaient déclaré au Dieu fait homme la guerre du glaive et des supplices ; et, sans récrimination, les chrétiens étaient morts par milliers, sachant que le témoignage ainsi réclamé d’eux était dans l’ordre, non moins que ne l’avait été, devant Ponce Pilate et sur la croix, celui de leur Chef [14]. Avec l’astucieuse habileté des traîtres et le dédain affecté du faux philosophe, Julien se promit d’étouffer le christianisme dans les réseaux d’une oppression savamment progressive, et respectueuse du sang humain : écarter les chrétiens des charges publiques, les renvoyer des chaires où ils enseignaient la jeunesse, c’était tout ce que prétendait l’apostat. Mais le sang qu’il eût voulu éviter de répandre, devait couler quand même sur ses mains hypocrites ; car l’effusion du sang peut seule, selon le plan divin, dénouer les situations extrêmes, et jamais plus grand péril n’avait menacé l’Église : elle qu’on avait vue garder sa royale liberté devant les bourreaux, on la voulait esclave, en attendant qu’elle disparût d’elle-même dans l’impuissance et l’avilissement. Aussi les évêques d’alors trouvèrent-ils à l’adresse de l’apostat, dans leur âme indignée, des accents que leurs prédécesseurs avaient épargnés aux princes dont la violence avait inondé de sang chrétien tout l’empire. On rendit au tyran mépris pour mépris ; et le dédain, dont les témoignages arrivaient de toutes parts au fat couronné, finit par lui arracher son masque de fausse modération : Julien n’était plus qu’un vulgaire persécuteur, le sang coulait, l’Église était sauvée.

Ainsi nous est expliquée la reconnaissance que cette noble Épouse du Fils de Dieu n’a point cessé de manifester, depuis lors, aux glorieux martyrs que nous célébrons : parmi les chrétiens généreux dont l’indignation amena le dénouement de la terrible crise, il n’en est point de plus illustres. Julien eût été fier de les compter parmi ses familiers ; il les sollicitait dans ce sens, nous dit la Légende, et on ne voit pas qu’il y mît pour condition de renoncer à Jésus-Christ. N’auraient-ils donc pu, dira-t-on, se rendre au désir impérial, sans blesser leur conscience ? Trop de raideur devait fatalement indisposer le prince ; tandis que l’écouter, c’était l’adoucir, l’amener, peut-être, à relâcher quelque chose de ces malheureuses entraves administratives que son gouvernement prévenu imposait à l’Église. Et, qui sait ? La conversion possible de cette âme, le retour de tant d’égarés qui l’avaient suivie dans sa chute, tout cela ne méritait-il pas, tout cela n’imposait-il pas quelque ménagement ? Eh ! oui : ce raisonnement eût paru à plusieurs d’une sage politique ; cette préoccupation du salut de l’apostat n’eût rien eu, sans doute, que d’inspiré par le zèle de l’Église et des âmes ; et, véritablement, le casuiste le plus outré n’aurait pu faire un crime à Jean et à Paul, d’habiter une cour où l’on ne leur demandait rien de contraire aux préceptes divins. Telle ne fut point pourtant la résolution des deux frères ; à la voie des ménagements, ils préférèrent celle de la franche expression de leurs sentiments qui mit en fureur le tyran et causa leur mort. L’Église jugea qu’ils n’avaient point tort ; et il est, en conséquence, peu probable que la première de ces voies les eût conduits au même degré de sainteté devant Dieu.

Les noms de Jean et de Paul, inscrits au diptyque sacré, montrent bien leur crédit près de la grande Victime, qui ne s’offre jamais au Dieu trois fois saint sans associer leur souvenir à celui de son immolation. L’enthousiasme excité par la noble attitude des deux vaillants témoins du Seigneur, a prolongé jusqu’à nous ses échos dans les Antiennes et Répons propres à la fête. Autrefois précédée d’une Vigile avec jeûne, cette fête remonte au lendemain même du martyre des deux frères, ainsi que le sanctuaire qui s’éleva sur leur tombe. Par un privilège unique, exalté au Sacramentaire Léonien, tandis que les autres martyrs dormaient leur sommeil en dehors des murs de la ville sainte, Jean et Paul reposaient dans Rome même, dont la conquête définitive était acquise au Dieu des armées grâce à leurs combats. Un an jour pour jour après leur trépas victorieux [15], Julien mourait, lançant au ciel son cri de rage : « Tu as vaincu, Galiléen ! »

De la cité reine de l’univers, leur renommée, passant les monts, brilla aussitôt d’un éclat presque égal en notre terre des Gaules. Au retour des luttes que lui aussi avait soutenues pour la divinité du Fils de Dieu, Hilaire de Poitiers propagea leur culte. A peine cinq années s’étaient écoulées depuis leur martyre, que le grand évêque s’en allait au Seigneur ; mais il avait eu le temps de consacrer sous leur nom l’église où ses mains pieuses avaient déposé la douce Abra et celle qu’elle avait eue pour mère, en attendant que lui-même vînt, entre elles deux, attendre la résurrection. C’est de cette Église des Saints-Jean-et-Paul, devenue bientôt après Saint-Hilaire-le-Grand, que Clovis, à la veille de la bataille de Vouillé, vit sortir et se diriger vers lui la mystérieuse lumière, présage du triomphe qui devait chasser l’arianisme des Gaules et fonder l’unité monarchique. Les saints martyrs continuèrent de montrer, dans la suite, l’intérêt qu’ils prenaient à l’avancement du royaume de Dieu par les Francs ; lorsque l’issue de la seconde croisade abreuvait d’amertume saint Bernard qui l’avait prêchée, ils apparurent ici-bas pour relever son courage, et lui manifester par quels secrets le Roi des cieux avait tiré sa gloire d’événements où les hommes ne voyaient que désastres et fautes [16].

Nous donnons à la suite Antiennes et Répons propres dont il est parlé plus haut, et qui se trouvent quant à l’ensemble, avec quelques variantes, dans les plus anciens Responsoriaux et Antiphonaires parvenus jusqu’à nous. Le personnage mentionné dans l’une de ces Antiennes, sous le nom de Gallicanus, est un consulaire qui fut amené par les deux frères à la foi et à la sainteté ; sa mémoire était célébrée hier même au Martyrologe (voir le texte de l’Office plus haut)

Un double triomphe éclate au ciel et renvoie une double joie à la terre, en ce jour où votre sang répandu proclama la victoire du Fils de Dieu. C’est par le martyre de ses fidèles, en effet, que le Christ triomphe. L’effusion de son propre sang marqua la défaite du prince du monde ; le sang de ses membres mystiques garde toujours, et possède seul, la vertu d’établir son règne. La lutte ne fut jamais un mal pour l’Église militante ; la noble Épouse du Dieu des armées se complaît dans les combats ; car elle sait que l’Époux est venu apporter sur terre, non la paix, mais le glaive [17]. Aussi, jusqu’à la fin des siècles, proposera-t-elle en exemple à ses fils votre chevaleresque courage, et la franchise qui ne vous permit pas de dissimuler votre mépris au tyran apostat, de songer même aux considérations par lesquelles peut-être, en l’écoutant d’abord, votre conscience se fût tenue sauve. Malheur aux temps où le mirage décevant d’une paix trompeuse égare les intelligences ; où, parce que le péché proprement dit ne se dresse pas devant elle, l’âme chrétienne abaisse la noblesse de son baptême à des compromis que répudierait l’honneur même d’un monde redevenu païen ! Illustres frères, écartez des enfants de l’Église l’erreur fatale qui les porterait à méconnaître ainsi les traditions dont ils ont reçu l’héritage ; maintenez la race des fils de Dieu à la hauteur de sentiments que réclament leur céleste origine, le trône qui les attend, le sang divin dont ils s’abreuvent chaque jour ; loin d’eux toute bassesse, et cette vulgarité qui attirerait, contre leur Père qui est aux cieux, le blasphème des habitants de la cité maudite ! Nos temps ont vu s’élever une persécution qui rappelle en tout celle où vous avez remporté la couronne : le programme de Julien est remis en honneur ; si les émules de l’apostat ne l’égalent point en intelligence, ils le dépassent dans sa haine et son hypocrisie. Mais Dieu ne fait pas plus défaut à l’Église maintenant qu’autrefois ; obtenez que de notre part la résistance soit la même qu’en vos jours, et le triomphe aussi sera le même.

Jean et Paul, vous nous rappelez par vos noms et l’Ami de l’Époux dont l’Octave poursuit son cours, et ce Paul de la Croix qui fit revivre au dernier siècle l’héroïsme de la sainteté dans votre maison du Cœlius. Unissez votre protection puissante à celle que le Précurseur étend sur l’Église mère et maîtresse, devenue, en raison de sa primauté, le but premier des attaques de l’ennemi ; soutenez la milice nouvelle que les besoins des derniers temps ont suscitée près de votre tombe, et qui garde dans une commune vénération vos restes sacrés et le corps de son glorieux fondateur. Vous souvenant enfin du pouvoir que vous reconnaît l’Église d’ouvrir et de fermer les portes du ciel, pour répandre ou arrêter la pluie sur les biens de la terre : bénissez les moissons prêtes à mûrir ; soyez propices aux moissonneurs, allégez leurs pénibles travaux ; gardez du feu du ciel l’homme et ses possessions, la demeure qui l’abrite, les animaux qui le servent. Ingrate, oublieuse, trop souvent criminelle, l’humanité n’aurait droit qu’à votre colère ; montrez-vous les fils de Celui dont le soleil se lève pour les méchants comme pour les bons, et qui fait pleuvoir également sur les justes et les pécheurs [18].

[14] I Tim. VI, 13.

[15] 26 juin 363.

[16] Bern. Ep. 386, al. 333, Joannis Casae-Marii ad Bern.

[17] Matth. X, 34.

[18] Matth. V, 45.


Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Dans la nuit du 25 au 26 juin.

La veillée des saints martyrs Jean et Paul.

Station dans le Titre de Bisantius.

Cette veillée sur le Cœlius au Clivus Scauri nous est attestée par le Gélasien et elle est confirmée par le calendrier de l’Église de Naples, où, au VIIIe siècle, la fête des martyrs Jean et Paul était également précédée d’une vigile.

Le Lectionnaire ou Comes de Würzbourg assigne à la fête du 26 juin deux lectures, et Dom Morin suppose avec raison que l’une d’elles (la première) (Rom., VIII, 28-39), est celle de la messe vigiliale.

La secrète du Gélasien est intéressante : Sint tibi, quæsumus Domine, nostri munera grata ieiunii ; qualiter tunc eadem in Sanctorum tuorum Iohannis et Pauli digna commemoratione deferimus, si actus illorum pariter subsequamur [19].

Le 26 juin.

Les saints martyrs Jean et Paul.

Station dans le Titre de Bisantius.

Les données chronologiques relatives à ce martyre, qu’on croit avoir eu lieu sous Julien l’Apostat, ne sont pas entièrement sûres ; ce qui néanmoins semble indiscutable, c’est que les saints Jean et Paul subirent le martyre dans leur habitation même, sur le Cœlius, et furent ensevelis dans un souterrain de la maison. Celle-ci fut plus tard convertie en basilique par Bisantius et Pammachius. Le meurtre des deux officiers du palais impérial dut se faire en secret ; leurs corps furent cachés dans le lieu même du supplice et l’on répandit à Rome la nouvelle que Jean et Paul avaient été envoyés en exil. Il semble que d’autres victimes aient versé leur sang en ce même lieu : les saints Crispus, Crispinien et Benedicta, coupables sans doute d’avoir deviné le secret de cet assassinat ourdi dans le palais impérial, et d’avoir pénétré dans la maison pour ensevelir les deux martyrs. Les découvertes archéologiques ont pleinement confirmé la substance au moins des Actes des saints Jean et Paul, puisque sous la basilique actuelle de Pammachius elles ont rendu à la lumière l’habitation des martyrs, le lieu du supplice, les deux fosses pour les cadavres, la fenestella confessionis avec les peintures très importantes qui en ornent les parois. On y voit trois personnages, dont une femme, à genoux, les yeux bandés, qui attendent le coup du bourreau. Ce sont les saints Crispus, Crispinien et Benedicta.

Le fait que Jean et Paul, à la différence de tous les autres martyrs ensevelis hors des murs de Rome, aient eu leur tombeau au cœur même de la Ville éternelle, fut considéré par les anciens comme un honneur spécial accordé à eux et à Rome par la divine Providence. Le Sacramentaire Léonien le met bien en relief dans la Préface.

Au IVe siècle les deux saints étaient très vénérés à Rome. Léon le Grand érigea en leur honneur au Vatican une basilique et un monastère ; l’emplacement de ce cloître correspond, dans l’actuelle basilique de Saint-Pierre, au côté du transept où est maintenant la chapelle des Saints-Processus-et-Martinien.

Les anciens compilateurs d’épigraphes nous ont conservé le texte d’une inscription métrique de saveur damasienne, que De Rossi estimait provenir de cette basilique des Saints-Jean-et-Paul élevée par saint Léon au Vatican. D’autres archéologues attribuent au contraire ces vers au sanctuaire de Bisantius sur le Cœlius. En voici le texte :

HANC • ARAM • DOMINI • SERVANT • PAVLVSQVE • IOHANNES

MARTYRIVM • CHRISTI • PARITER • PRO • NOMINE • PASSI

SANGVINE • PVRPVREO • MERCANTES • PRAEMIA • VITAE

Que Paul et Jean gardent cet autel,

eux qui, ayant ensemble souffert le martyre pour le nom du Christ,

au prix de leur sang empourpré méritèrent la récompense de la vie éternelle.

Damase composa en l’honneur de nos saints une autre inscription métrique beaucoup plus longue, et dont quelques fragments à peine ont été retrouvés sur le Cœlius :

Inlustri Paul)VS • GENER)e • ortus itemque Iohannes

... An)IMAM • CASTO • SEMPER (pietatis amore

Caelest)IS • REGNI • REGI • AE(terno famulati

Quos terri)S • TENVIT • FRATRES • DO(mus una fidesque

Nunc caelu)M • ACCIPIET • IVNGIT(que in saecla coronis

Comp)OSVIT • LAV(des Damasus cognoscite Fratrum

Ut pleb)S • SANCTA • (novos discat celebrare patronos). Paul et Jean, nés d’une illustre lignée...

donnent leur vie, unis ensemble par le chaste lien de la piété.

Ils servirent le Roi éternel du céleste séjour.

Les deux frères eurent sur la terre en commun et la maison et la foi ;

maintenant dans le ciel ils sont réunis par une identique couronne immortelle.

— Qu’on sache que Damase composa l’éloge des deux frères,

afin que le peuple chrétien apprenne à célébrer ses nouveaux Patrons.

Nous avons encore le texte d’une autre épigraphe métrique que Léon Ier aurait placée sur la façade du Titre de Bisantius :

ANTISTES • DOMINI • LEO • SACRARIA • CHRISTI

VESTIBVLVM • DECORAT • GRATIA • PVLCHRA • LOCI

QVAE • QVIA • COMPTA • NITET • PRIMAQVE • IN • FRONTE • RENIDET

OSTENDIT • QVANTVM • NVMINIS • INTVS • INEST

QVIS • TANTAS • CHRISTO • VENERANDAS • CONDIDIT • AEDES

SI • QVAERIS • CVLTOR • PAMMACHIVS • FIDEI

Le Pontife de Dieu embellit avec un goût digne du lieu

La haute façade du sanctuaire du Christ et le vestibule.

Tout est achevé, et la façade fait belle figure

Donnant à penser combien dévot est l’intérieur de l’édifice.

Si tu veux savoir qui a élevé ce temple vénérable,

Voici son nom : c’est Pammachius, l’ami de la foi.

Le Sacramentaire Léonien contient au moins huit messes pour la fête des martyrs Jean et Paul. Quelques-unes d’entre elles ne représentent que des formules de rechange pour le natale de plusieurs martyrs ; mais il en demeure encore assez pour nous autoriser à reconnaître dans ces prières le formulaire des deux synaxes festives qui se célébraient en ce jour au Vatican et sur le Cœlius.

L’introït est tiré du psaume 33 : « Nombreuses sont les tribulations des justes, mais le Seigneur les en délivre. Dieu garde chacun de leurs os, en sorte qu’aucun d’entre eux n’est brisé ». Ps. « Je bénirai le Seigneur en tout temps ; sa louange sera toujours sur mes lèvres. Gloire, etc ».

Le Seigneur permet que ses serviteurs soient exposés à de fortes épreuves afin de pouvoir les couronner ensuite d’une plus grande abondance de mérites. Quand les saints sont soumis à l’épreuve, ce n’est pas que Dieu les ait abandonnés, fût-ce un moment. Au contraire, il assiste au combat, et il tient pour ainsi dire en main une des extrémités de la chaîne qui lie les adversaires. Ceux-ci ne pourront se mouvoir qu’autant que le Seigneur le leur permettra.

Combien significative devait être cette antienne quand on la chantait près de la double fosse dans laquelle l’hypocrite politique impériale voulut dissimuler l’assassinat criminel des martyrs Jean et Paul ! Au contraire, le Seigneur se servait de l’hypocrisie des persécuteurs pour assurer à Rome chrétienne la possession des reliques sacrées des martyrs dans l’enceinte même de ses murailles auréliennes.

La collecte laisse entrevoir toute la popularité dont cette fête jouissait autrefois : « Faites, Seigneur, que nous soyons remplis de la double joie de cette grande fête, joie qui provient de la gloire des bienheureux Jean et Paul, qu’une foi identique et un même martyre rendirent doublement frères ».

Dans le Lectionnaire ou Comes de Würzbourg, deux lectures scripturaires sont assignées à cette fête comme aux jours des grandes solennités. La première est tirée de l’épître aux Romains (VIII, 28-39) et correspond dans sa dernière partie (35-39) à, la lecture indiquée le Ier février pour la fête de saint Ignace d’Antioche. L’autre est tirée de l’Ecclésiastique (XLIV, 10-15) et nous l’avons déjà rapportée le 12 février. Il faut noter avec Dom Morin l’antiquité de cette seconde lecture, qui provient d’une version très primitive et d’origine inconnue.

Si cette péricope a été choisie, c’est que les reliques des saints Jean et Paul jouissaient du même privilège que les corps des anciens patriarches, comme le texte sacré nous l’atteste généralement : en effet, elles reposaient en paix au milieu de leurs lointains descendants qui se glorifiaient de la miséricorde de leurs célestes Patrons.

On dit des saints qu’ils ont un cœur miséricordieux, parce que, ayant obtenu la grâce et ensuite la gloire, qui représentent la suprême miséricorde de Dieu, les splendeurs de la Vision béatifique confirment et perfectionnent leur charité et leur compassion envers leurs pauvres frères qui gémissent encore dans l’exil.

Le répons est tiré du psaume 132 — qui appartient au recueil des Cantiques des Degrés : « Quelle belle et douce chose que les frères soient ensemble ! C’est comme le chrême parfumé qui descend par la barbe, par la barbe d’Aaron ». Ce chrême de sainteté et de gloire apparaît dans toute sa splendeur sur la tête du Christ le jour de sa résurrection. Et du Chef, le Christi bonus odor se répand aussi sur les membres de son corps mystique et sur les vêtements de l’Église.

Le verset alléluiatique est celui du 9 juin. La grâce ne détruit pas mais complète et perfectionne la nature. Quand donc aux liens du sang s’ajoutent les liens surnaturels d’une véritable dilection dans le Christ, il ne manque plus rien à l’amour, il est parfait.

La lecture évangélique (Luc., XII, 1-8) ajoute à celle du 14 avril (pour la fête de saint Justin) un seul verset qui d’ailleurs, pour la synaxe du natale des saints Jean et Paul, tués en cachette dans la cave de leur maison, est caractéristique. Le voici : « Gardez-vous du levain des Pharisiens, c’est-à-dire de l’hypocrisie ».

L’hypocrisie, tel fut le caractère de la politique de Julien l’Apostat envers l’Église. Il affichait une vie pure, et nourrissait même l’illusion de restaurer le paganisme mourant en le réformant sur le modèle de l’Église catholique.

Dans la folie d’un semblable puritanisme, Julien ne montra que du mépris pour le christianisme ; et s’il ne promulgua pas de véritables édits de persécution religieuse, il tourmenta pourtant les chrétiens, en Orient surtout, par ses menées hypocrites et perfides, et laissa faire de nombreuses victimes à la réaction païenne suscitée par lui. — Quoi d’étonnant, écrivait-il, si un Galiléen (c’est ainsi qu’il appelait les chrétiens) est écrasé par la force d’un Grec ?

L’antienne pour l’offrande des oblations est tirée du psaume 5 (12-13) : « Qu’ils se glorifient en vous, tous ceux qui aiment votre nom, parce que vous, Seigneur, bénissez le juste. Vous l’entourez de votre protection comme d’un bouclier ». Le Seigneur nous accorde sa grâce selon la mesure de notre confiance en lui. Voilà le motif pour lequel seuls ceux qui aiment le nom de Dieu, ou, comme le dit le texte massorétique, se confient en Dieu, ont sujet de se réjouir des bienfaits obtenus.

La collecte est la suivante : « Recevez, Seigneur, l’oblation qui commémore les mérites de vos saints martyrs Jean et Paul, et accordez-nous d’en profiter pour notre salut éternel ».

Parmi les préfaces rapportées aujourd’hui dans le Sacramentaire Léonien, voici l’une des plus belles : ... Vere dignum... Quamvis enim tuorum merita pretiosa iustorum, quocumque fideliter invocentur, in tua sint virtute praesentia ; potenter tamen nobis clementi providentia contulisti, ut non solum passionibus Martyrum gloriosis Urbis istius ambitum coronares, — les catacombes suburbaines qui entouraient Rome comme d’un collier d’or, — sed etiam in ipsis visceribus civitatis — la maison des martyrs sur le Clivus scauri — sancti Iohannis et Pauli victricia membra reconderes ; ut interius externisque cernentibus, et exemplum piae confessionis occurreret, et magnificae benedictionis non deesset auxilium, per Christum... Et ideo etc.

Durant les premiers siècles, aucun martyr, pas même les deux Princes des Apôtres, ne reposait à l’intérieur des murs de Rome. C’était un privilège exclusif des martyrs Jean et Paul.

L’antienne pour la Communion est la même que le 22 janvier. Les jugements de Dieu diffèrent de ceux des hommes. Le sens humain — oculi insipientium dit l’Écriture — ne voit dans les martyrs que la mort ignominieuse. La foi y découvre autre chose. Ils jouissent déjà de la paix qui les introduira dans la vision de Dieu.

Voici la prière d’action de grâces : « En la solennité de vos martyrs Jean et Paul, nous avons participé, Seigneur, à vos célestes mystères ; faites donc que le Sacrement célébré dans le temps reçoive la plénitude de sa signification dans l’éternité bienheureuse ».

L’Eucharistie est le sacramentum unitatis, qui unit indissolublement l’Église et les âmes au Christ. Cette union se fait maintenant au moyen de la grâce, mais, puisque dans la vie présente nous pouvons toujours la perdre, nous aspirons à cette union plus intime, pleine et stable que le Seigneur scellera avec nous quand, dans le ciel, Il sera omnia omnibus.

La sainteté dans l’Église n’est pas simplement un souvenir historique d’ancêtres illustres, mais elle est une sève intarissable qui coule en tout temps dans ses membres. Nous en avons une preuve dans la maison même des martyrs Jean et Paul sur le Cœlius. Leur martyre inaugure en ce lieu une splendide tradition de sainteté. D’abord, ce sont les saints Crispus, Crispinien et Benedicta, avec leur bourreau lui-même, qui à son tour devient martyr. Puis, c’est Bisantius, Pammachius, et enfin, en des temps plus rapprochés de nous, saint Paul de la Croix, le bienheureux Strambi, évêque de Macerata ; le Père Germano, directeur spirituel de Gemma Galgani, etc.

Nous voulons mentionner, pour finir, l’inscription du XIIe siècle qui orne aujourd’hui encore le portique extérieur du Titre de Bisantius :

† PRESBYTER • ECCLESIAE • ROMANAE • RITE • IOHANNES

HAEC • ANIMI • VOTO • DONA • VOVENDO • DEDIT

MARTYRIBVS • CHRISTI • PAVLO • PARITERQVE • IOHANNI

PASSIO • QVOS • EADEM • CONTVLIT • ESSE • PARES

Jean, prêtre de l’Église romaine,

après en avoir fait le vœu, dédia ces restaurations

aux martyrs du Christ Jean et Paul,

dont un identique supplice rendit le mérite égal.

[19] Nous vous en prions Seigneur, que les offrandes de notre jeûne vous soient agréables : et comme nous les offrons dans la digne commémoraison de vos Saints Jean et Paul, qu’ainsi nous puissions suivre leurs actions.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Deux oliviers, deux candélabres brillant devant Dieu.

Saint Jean et saint Paul. — Jour de mort : 26 juin 362. Tombeau : à Rome, dans leur propre maison, dans laquelle on éleva une basilique à leur nom. Vie : Les actes, qui ne sont pas entièrement sûrs, racontent ce qui suit : Les deux frères martyrs Jean et Paul étaient des Romains qui furent tous les deux chambellans de Constance, fille de Constantin. Celle-ci leur légua, en récompense de leur fidélité, une assez importante fortune. Ils s’en servirent pour nourrir des chrétiens pauvres. Quand Julien l’Apostat (361-363) les invita à faire partie du cercle de ses intimes et de ses familiers, ils refusèrent courageusement en déclarant qu’ils ne voulaient pas entrer en relation avec celui qui avait fait défection à Jésus-Christ. L’empereur leur donna dix jours de réflexion et les menaça de mort si dans ce délai ils n’entraient pas à son service et ne sacrifiaient pas à Jupiter. Les deux frères, dans cet intervalle, distribuèrent le reste de leurs biens aux pauvres. Ce don les rendait désormais plus libres d’entreprendre leur voyage vers Dieu. Ils avaient rendu service à plusieurs « par qui ils seraient reçus dans les tabernacles éternels » (Luc, XVI, 9). Plutôt que d’obéir aux ordres impies de l’empereur, ils se laissèrent décapiter dans leur maison. Les deux saints sont très vénérés dans l’Église romaine ; ils sont nommés au Canon de la messe et dans les litanies des saints. Leur principale vertu fut la charité pour les pauvres. A Rome, l’église de leur tombeau est une église de station (v. la messe de l’aumône, le vendredi après les Cendres).

2. Messe (Multae tribulationes). — La messe est antique et a de nombreux textes propres. A l’Introït, nous chantons le psaume de la confiance, le psaume 33. Le Juste (Justus, dans l’antique liturgie, désigne le martyr) est en butte à de nombreuses souffrances, mais Dieu le garde. L’oraison nous invite, dans un langage élevé, à la joie de la fête. Remarquons la pensée profonde : la foi commune et le martyre commun rendent plus frères que les liens du sang. La leçon nomme les saints « viri misericordiae », « hommes de miséricorde » ; ce qui rappelle leur charité pour les pauvres. L’Alléluia insiste sur l’amour fraternel des deux saints : « C’est là la vraie fraternité qui est plus forte que les crimes du monde ; elle a suivi le Christ et possède le glorieux royaume du ciel ». A l’Évangile, le Christ nous invite à confesser son nom sans peur et promet de nous récompenser devant les anges de Dieu. Les deux saints ont confessé le nom du Christ et le Christ les a récompensés.

3. La prière des Heures a quelques textes propres (Antiennes et répons). Ces textes chantent d’ordinaire l’amour fraternel et la charité pour les pauvres qui distinguaient nos deux saints.

« Ce sont deux hommes de miséricorde qui se tiennent devant le Seigneur,

Le Souverain de toute la terre.

Ce sont deux oliviers, deux candélabres brillants devant le Seigneur ».

SOURCE : http://www.introibo.fr/26-06-Sts-Jean-et-Paul-martyrs

SAINT JEAN ET SAINT PAUL (1)

Jean et Paul furent primiciers et prévôts de, Constance, fille de l’empereur Constantin. Or, en ce temps-là, les Scythes occupaient la Dacie et, la Thrace et on devait envoyer contre eux Gallican, général de l’armée romaine. Pour récompense de ses travaux, il demandait qu'on lui donnât en mariage Constance, fille de Constantin ; faveur que les principaux Romains sollicitaient vivement aussi pour lui. Mais le père en était fort contristé, car il savait que sa fille, après avoir été guérie par sainte Agnès, avait fait voeu de virginité; et elle aurait été plutôt disposée à se laisser tuer qu'à donner son consentement. Cependant cette vierge eut confiance en Dieu et conseilla à son père de la promettre à Gallican, s'il revenait vainqueur. Toutefois elle voulait garder auprès de soi deux filles que Gallican avait eues d'une première épouse qui était morte, afin de pouvoir connaître par ces filles la conduite et les désirs de leur père : en même temps elle lui,donnerait ses deux prévôts, Jean et Paul, dans l’espérance d'établir entre eux une plus étroite union ; 'elle priait Dieu pour qu'il daignât convertir Gallican et ses filles. Quand tout fut arrangé au gré de chacun, Gallican prit Jean et Paul auprès de soi et partit avec une armée nombreuse; mais ses troupes furent mises en déroute par les Scythes et lui-même fut assiégé par les ennemis dans une ville de Thrace. Alors Jean et Paul vinrent le trouver et lui dirent: « Fais un veau au Dieu du ciel et tu auras le bonheur de vaincre. » Quand il l’eut fait, apparut aussitôt un jeune homme portant une croix sur l’épaule, et lui disant : « Prends ton épée et suis-moi. » Il la prend, se rue au milieu du camp ennemi, arrive jusqu'au roi, et le tue; la peur seule lui fait soumettre toute l’armée : il rend les ennemis tributaires des Romains. Deux soldats revêtus de leurs armes lui apparurent et le protégeaient de droite et de gauche. Ayant été fait chrétien, Gallican revint à Rame,où il fut reçu avec de grands honneurs. Il pria Auguste de l’excuser s'il n'épousait passa fille, parce que son dessein était de vivre désormais dans la continence en l’honneur de J.-C. Cela plut singulièrement à l’empereur: et les deux filles de Gallican ayant été converties à J.-C. par la vierge Constance, Gallican lui-même se démit de son commandement, donna tous ses biens aux pauvres et servit J.-C. dans la pauvreté avec d'autres serviteurs de Dieu. Il faisait un grand nombre de miracles ; à sa vue seulement, les démons s'enfuyaient des corps des obsédés. Sa réputation de sainteté était tellement établie dans l’univers qu'on venait de l’orient et de l’occident pour voir un homme, de patrice devenu consul, laver les pieds des pauvres, dresser leurs tables, leur verser de l’eau sur les mains, servir les malades avec sollicitude et remplir toutes les fonctions d'un pieux serviteur. A la mort de Constantin, Constance, fils de Constantin le Grand, infecté de l’hérésie d'Arius, prit en mains les rênes de l’empire ; mais Constance, frère de Constantin, laissait deux fils, Gallus et Julien : l’empereur Constance créa Gallus césar, et l’envoya contre la Judée en révolte plus tard cependant, il le fit périr. Julien, craignant d'éprouver de la part de Constance le même sort que son frère, entra dans un monastère, où en affectant une grande dévotion, il fut ordonné lecteur. Il fit consulter le démon par un magicien: et il lui fut répondu qu'il serait élevé à l’empire. Quelque temps après, des affaires urgentes portèrent Constance à créer Julien césar et à l’envoyer dans la Gaule où il se comporta vaillamment en toute occasion. Constance étant mort, Julien l’apostat, que ce même Constance avait élevé à l’empire, ordonna à Gallican d'immoler aux dieux ou de s'éloigner; car il n'osait faire mourir un personnage si distingué. Gallican alla donc à Alexandrie où il reçut la couronne du martyre :les infidèles lui avaient percé le coeur. Julien, dévoré par une cupidité sacrilège, colorait son avarice sous des prétextes qu'il trouvait dans l’Évangile ; car il enlevait les biens des chrétiens en disant : « Votre Christ dit dans l’Evangile : « Celui qui n'aura pas renoncé à tout ce qu'il possède ne peut être mon disciple.» Avant appris que Jean et Paul sustentaient les chrétiens pauvres avec les riches ses que la vierge Constance avait laissées, il leur donna l’ordre de lui obéir en tout comme à Constantin. Mais ils répondirent: « Tant, que les glorieux empereurs Constantin et Constance, son fils, se faisaient honneur d'être les serviteurs de J.-C., nous les servions ; mais puisque tu as abandonné une religion qui fait pratiquer tant de vertus, nous nous sommes entièrement. éloignés de toi et nous refusons positivement de t'obéir.» Julien leur fit répondre : « J'ai été élevé à la cléricature, et si je l’avais voulu, je serais parvenu au premier rang de l’Église, mais considérant que c'était chose vaine de vivre dans la paresse et l’oisiveté, j'ai préféré l’état militaire, et j'ai sacrifié aux dieux dont la protection  m’a élevé à l’empire. C'est pour cela qu'ayant été nourris à la cour, vous ne devez pas cesser de vivre à mes côtés afin que je vous traite comme les premiers dans mon palais. Si vous me méprisez, il faut de toute nécessité que je fasse cesser cet état de choses.» Ils répliquèrent: « Puisque nous préférons servir Dieu plutôt que toi, nous n'avons pas la moindre crainte de tes menaces, de peur d'encourir la haine du roi éternel. » A cela Julien reprit: « Si d'ici à dix jours vous poussez le mépris jusqu'à ne pas vous rendre de plein gré auprès de moi, vous ferez de force ce que vous ne vous souciez pas de faire de bonne volonté. » Les saints lui répondirent : « Crois que les dix jours sont déjà expirés; et fais aujourd'hui ce que tu menaces d'exécuter alors. » «Vous pensez, dit Julien, que les chrétiens feront de vous des martyrs ; si vous ne  m’obéissez, je vous ferai châtier non comme des martyrs, mais comme des ennemis publics. » Alors Jean et Paul employèrent les dix jours entiers à donner eu aumônes tous leurs biens aux pauvres. Le terme expiré, Térentien fut envoyé vers eux et leur dit : « Notre seigneur Julien vous envoie une petite statue en or de Jupiter pour que vous lui offriez de l’encens, sinon, vous périrez également tous les deux. » Les saints lui répondirent : « Si ton seigneur est Julien, sois en paix avec lui; quant à nous, nous n'avons d'autre Seigneur que J.-C. » Alors il les, fit décapiter en cachette, et ensevelir dans une fosse de la maison ; puis il fit répandre le bruit qu'ils 'avaient été envoyés en exil.

Après quoi le fils de Térentien fut saisi par le démon, et il se mit à crier par la maison que- le diable le tourmentait : à cette vue, Térentien confesse son crime, se fait chrétien, écrit la relation du martyre des saints et son fils est délivré. Ils souffrirent vers l’an du Seigneur 364. Saint Grégoire rapporte dans son Homélie sur l’Évangile : Si quis vult venire post me, qu'une dame revenant de visiter l’église de ces martyrs où elle allait souvent, rencontra deux moines en habit de pèlerin ; elle leur fit donner l’aumône ; mais comme celui qui était chargé de la leur, offrir, se disposait à le faire, ils s'approchèrent de plus près et lui dirent : « Tu nous aides maintenant, mais au jour du jugement, nous te réclamerons et nous ferons pour toi tout ce que nous pourrons. » Ayant dit ces mots ils disparurent à leurs yeux. Saint Ambroise parle ainsi de ces martyrs dans la préface : « Les bienheureux martyrs Jean et Paul ont véritablement accompli ces paroles de David : « Ah! que c'est une chose bonne et agréable que les frères soient unis ensemble » (Ps. CXXXII) ; le même sein leur donna le jour, la même foi les unit, le même martyre les couronna et la même gloire est leur partage dans le même Seigneur. »

(1) L'office du bréviaire est compilé d'après les actes de ces saints rapportés ici. — Martyrologes.
La Légende dorée de Jacques de Voragine nouvellement traduite en français avec introduction, notices, notes et recherches sur les sources par l'abbé J.-B. M. Roze, chanoine honoraire de la Cathédrale d'Amiens, Édouard Rouveyre, éditeur, 76, rue de Seine, 76, Paris mdcccci


Le martyre des saints Jean et Paul

26 juin

C’étaient deux dignitaires de la cour. L’empereur Julien l’Apostat cherche à les convaincre d’abjurer. Mais, devant leur refus, il les fait exécuter en secret. Leurs amis subissent aussi le martyre.

Le premier à honorer ces martyrs est un sénateur chrétien

par Lorenzo Cappelletti
Tout ce que nous savons d’eux provient de documents liturgiques, dont certains leur sont contemporains, et de la Passio dont nous avons la transcription du VIème siècle. Chose qui a fait faire la grimace à beaucoup. Comme si la liturgie chrétienne pouvait se permettre de créer des légendes et n’était pas mémoire de faits. Et en oubliant que c’est précisément en prenant la Passio comme guide que l’on retrouva, au siècle dernier, la maison où Jean et Paul furent tués, où leurs tombes furent creusées dans le tuf vierge et où fut édifiée par Bizante et Pammachius quelques années plus tard, à l’endroit même, la confessio.

Les deux frères nous sont présentés comme des dignitaires de la cour impériale, héritiers de Constantine, la fille de Constantin morte en 354. En rupture avec le nouvel empereur Julien, à cause des biens qu’ils ont reçus, et qui leur auront probablement été contestés, mais que ceux ci, à cause de leur foi chrétienne, n’auront pas permis qu’ils leur fussent confisqués au profit des dieux faux et menteurs. Il s’est peut-être agi de la même maison qui a été retrouvée sous la basilique qui leur est dédiée sur le mont Caelius, à Rome, et qui témoigne de façon évidente de la présence de chrétiens à cet endroit.

La Passio s’ouvre sur les propos de Julien (non présenté comme étant intervenu en personne, par respect de la donnée historique qui veut que Julien ne soit jamais venu à Rome): «Votre Christ dit dans l’Évangile que celui qui ne renonce pas à tout ce qu’il possède ne peut pas être son disciple». Julien prétend justifier la confiscation des biens que les deux frères avaient reçus par ce chantage moral, qui serait inconcevable en dehors de l’apostasie chrétienne. Au point qu’il est devenu la norme à l’époque moderne.

Les deux chrétiens refusent l’invitation de l’empereur à lui être fidèles: «Tu as abandonné la foi pour suivre des choses dont tu sais très bien qu’elles n’ont rien à voir avec Dieu. À cause de cette apostasie, nous avons cessé de t’adresser notre salut». C’est pourquoi, ajoutent ils, nous nous sommes soustraits «a societate imperii vestri».

Julien envoie alors aux deux frères un message plein de flatteries et de menaces: «Vous aussi avez été éduqués à la cour, aussi ne pouvez vous pas ne pas vous tenir à mes côtés. Au contraire, je veux vous voir parmi les premiers de ma cour. Mais attention: si je reçois de vous une réponse méprisante, je ne pourrai admettre que vous restiez impunis». (L’historien Socrate écrit en effet que «Julien incita de nombreux chrétiens à sacrifier, tantôt par des flatteries, tantôt par des cadeaux». Il y eut des défections surtout parmi les militaires, mais il n’en manqua pas non plus parmi les clercs).

Les deux frères font connaître leur réponse en ces termes: «Nous, nous ne te faisons pas le tort de placer avant toi une personne quelconque. Mais seulement Dieu, qui a fait le ciel, la terre, la mer et toutes les choses qui y sont contenues. Les hommes attachés au monde doivent donc craindre ta colère. Nous, nous craignons seulement de connaître l’inimitié du Dieu éternel. C’est pourquoi nous voulons te faire savoir que nous n’adhérerons jamais à ton culte (numquam ad culturam tuam), et que nous ne viendrons pas dans ton palais».

L’empereur leur accorde encore dix jours «pour réfléchir», pour que, dit il, «vous vous résolviez à venir chez moi, non par la force mais spontanément».

Les deux frères répliquent: «Fais comme si les dix jours étaient déjà passés». Et Julien: «Pensez vous que les chrétiens feront de vous des martyrs?...».

Paul et Jean appellent alors leurs amis, Crispus, prêtre de la communauté de Rome, Crispinianus et Bénédicte. Ils leur racontent tout. Ils célèbrent ensemble l’eucharistie et invitent ensuite les chrétiens, leur faisant connaître les dispositions relatives à tous leurs biens. Les dix jours étant passés, Jean et Paul sont assignés à résidence le onzième jour.

Ayant appris la nouvelle, Crispus et les autres amis accourent, mais on ne les laisse pas entrer. Entrent en revanche l’instructeur de camp Terentianus (celui que la Passio présente comme l’auteur du récit, une fois converti) et ses policiers. Aux deux frères, qui sont en train de prier, il intime l’ordre d’adorer une idole, sous peine d’être passés par l’épée, «puisqu’il n’est pas convenable de tuer publiquement des hommes qui ont grandi à la cour». Julien voulait éviter, par tous les moyens, de faire des martyrs parmi les chrétiens. Et, en cas d’impossibilité, il tenait à ce qu’ils restassent cachés.

«Pour nous, répondent les deux frères, il n’y a pas d’autre Seigneur que le Dieu unique, Père, Fils et Esprit Saint, que Julien n’a pas craint de renier: et puisqu’il a été rejeté par Dieu, il veut aussi en entraîner d’autres dans sa perte».

Deux heures plus tard, les deux chrétiens sont exécutés, le 26 juin de l’an 362. Ils sont secrètement enterrés dans le cryptoportique de leur propre maison. On répand ensuite la rumeur selon laquelle ils ont été exilés.

Crispus, Crispinianus et Bénédicte imaginent le sort qu’ils ont subi, mais ne peuvent rien faire d’autre que les pleurer et prier pour connaître le lieu de leur sépulture. Ils sont exaucés. Mais eux aussi subissent la décapitation, par la main du fils de Terentianus. Pimène et Jean (des prêtres) et Flavien, illustre ancien préfet de Rome, après avoir enlevé les corps des nouveaux martyrs, les enterrent aussi à côté de Jean et de Paul. Toutes ces inhumations dans une maison ont provoqué l’incrédulité et même l’hilarité de nombreux critiques. Mais désormais que l’on a découvert les tombes…

La Passio raconte à ce moment là que le fils de Terentianus, venu dans la maison des martyrs, se met à crier que Jean et Paul le tourmentent. Terrifié, Terentianus se jette face contre terre et cherche à se justifier: je suis un païen, dit il, j’ai seulement obéi aux ordres de César, sans me rendre compte de ce que je faisais. Il se convertit et reçoit le baptême lors de la fête de Pâques suivante. Mais lui et son fils seront également trucidés plus tard et ensevelis eux aussi, par Pimène et Jean, dans la maison de Jean et de Paul.

On est donc en présence d’une succession de crimes qu’une critique prévenue pourrait considérer comme un expédient destiné à lier entre eux des faits qui se sont déroulés en des temps et endroits différents, ou bien pour justifier l’incorporation de simples reliques, voire une accumulation fantaisiste de noms et de faits pour rendre le récit plus captivant. En réalité, il faut savoir que, s’il existe une donnée certaine concernant l’attitude religieuse de Julien l’Apostat, c’est bien son aversion pour le culte des martyrs. Ne serait ce que parce qu’il estime que ce culte empêche les verdicts oraculaires des dieux. Superstition aveugle et craintive devant le caractère simplement concret d’une mémoire. Julien écrit avec mépris: «Les églises chrétiennes habituellement construites sur des tombes de martyrs ne sont que des morgues crasseuses et des ossuaires». Et encore: «Les Galiléens n’ont fait que remplir le monde de tombes et de sépultures». Précieux témoignage, pour nous, de la corporéité et de l’historicité impossibles à extirper de l’événement chrétien.

Pendant la guerre qu’il déclenche contre les Perses en mars 363, les dieux du paganisme, auxquels Julien avait nouvellement confié le sort de l’empire, semblent encore l’assister. Il vole de victoire en victoire, toujours au premier rang pour donner du cœur à ses soldats. Mais le 26 juin 363, un an exactement après le martyre des deux frères, un coup de lance met fin à sa tragique utopie.

Son successeur, Jovianius, est un chrétien orthodoxe, c’est-à-dire authentique. L’Église recouvre la liberté (car, comme nous l’ enseigne saint Augustin, un empereur qui se déclare formellement chrétien, cela n’implique pas toujours une plus grande liberté…). Ayant appris la tragédie qui s’était déroulée dans la villa du mont Caelius, le nouvel empereur convoque le sénateur Bizante, chrétien lui aussi, et lui confie la tâche de rechercher les restes des martyrs. De concert avec son fils Pammachius, il fait ériger sur les reliques de ces martyrs un oratoire, puis une basilique qui conservera leurs noms pendant des siècles auprès de ceux de Jean et de Paul: Titre de Jean et Paul ou de Bizante et/ou de Pamma¬chius. Ainsi l’histoire de ces saints, qui fréquentaient eux aussi le Palais, s’entrecroise avec celle des deux frères martyrs.

Sénateur comme son père, Pammachius est un patricien de la gens Furia. Entre le IVème et le Vème siècle, les grandes familles romaines sont encore majoritairement païennes. Pammachius est une exception. De tous les chrétiens de Rome ou de ceux qui siègent au Sénat, il est le plus en vue. Trois amis nous parlent de lui, dans des lettres émouvantes. Et quels amis! Il s’agit de saint Jérôme, saint Augustin et saint Paulin de Nole.

Jérôme, qui dans sa jeunesse avait été étudiant avec lui – c’est ce que dit son «compagnon et ami d’autrefois» – se livre dans l’une de ces lettres à un jeu de mots sur son prénom grec, déclarant que celui ci «se révèle prophétique», et que Pammachius «se révèle un lutteur de toutes les façons possibles contre le diable et les forces adverses» (dans la lutte, les athlètes pammacharii étaient autorisés à recourir à tous les coups, à condition de réussir à vaincre leurs adversaires). Ce sénateur romain affrontait avec ironie (une ironie que Julien l’Apostat, in hilaritate tristis, n’avait jamais connue) la dérision de ses collègues couverts de pourpre lorsqu’il se présentait dans la Curia senatus. «C’est lui-même qui se moque», écrit Jérôme, «de ceux qui se moquent de lui!». Des qualités qui s’avéraient très utiles aux chrétiens et qui lui valaient l’admiration de ses saints amis. Lesquels demandent et louent ses conseils également en matière de foi. C’est précisément Pammachius qui appelle l’attention de l’évêque de Rome Siricius sur les hérésies qui commencent à s’infiltrer dans l’Église (par exemple celle de Jovinianus). Et c’est encore lui et «tous les frères de Rome presque au complet» qui attireront l’attention de Jérôme sur le Peri Archon d’Origène, dont Pammachius venait tout juste de lire la traduction latine de Rufin: «Nous y avons trouvé de nombreux passages qui ont mis en émoi notre petit cerveau», écrit le sénateur, «et il nous semble qu’ils ont une saveur peu orthodoxe».

Dans la lettre qu’il lui envoie en pleurant la mort de Pauline, jeune épouse de Pammachius, saint Jérôme écrit de lui en 397: «Une perle brille aussi dans l’ordure, et une gemme resplendissante et limpide envoie des reflets jusque dans la boue. C’est précisément la promesse que le Seigneur a faite: “Je glorifierai ceux qui me glorifient”. Qui le veut peut fort bien entendre ces paroles comme concernant l’avenir... Moi, pour mon compte, je vois que cette promesse s’accomplit en lui durant cette vie... Nous avons reçu plus que nous n’avons donné. Nous avons abandonné des bagatelles et nous nous trouvons en possession de grandes choses; les promesses, Jésus Christ les a tenues, multipliant au centuple les intérêts».

Pammachius fut emporté dans la chute de Rome, dévastée par les hordes d’Alaric, le 24 août de l’an 410. Mais quelle importance cela a t il quand on est inscrit à l’état civil de la Cité de Dieu!

TRAÎTRE ? C’EST VITE DIT

Portrait de l’empereur apostat qui a abandonné la foi chrétienne pour revenir aux dieux

L’empereur Julien l’Apostat (Flavius Claudius Julianus), le traître par antonomase, naît à la fin de l’année 331 à Constantinople. Mais il ne connaîtra même pas sa mère: elle meurt quelques mois après la naissance de l’enfant. Quelques années plus tard, Julien perdra son père, qui sera tué dans le cadre de l’élimination systématique de tous les parents collatéraux mâles de la famille de Constantin, lorsque, en 337, meurt l’empereur qui avait ouvert les portes de l’Empire romain à l’Église. La raison d’État, comme on sait, ne connaît pas de raisons. Personne n’est épargné. À l’exception précisément de Julien, alors âgé de six ans à peine, et de son demi frère Gallus, un peu plus grand que lui mais de santé si fragile qu’on estimait qu’il mourrait rapidement de mort naturelle. Les trois fils de Constantin (Constant, Constantin II et Constance II) allaient ainsi pouvoir régner sans être dérangés.

Il se trouve que Julien a comme tuteurs, pour le compte de son cousin Constance II, Eusèbe de Nicomédie, le vrai chef du parti arien, puis, à la mort d’Eusèbe en 342, un autre arien, Georges de Cappadoce. Ce ne sont pas simplement des hérétiques formels. Il y a en eux une malhonnêteté de fond. Les ariens ne sont qu’une faction politique qui se sert de la foi chrétienne. Dès l’époque de Constantin, ils n’ont qu’un seul objectif: l’hégémonie religieuse à la cour impériale. C’est à cela que se consacrent en réalité les deux tuteurs, se désintéressant de Julien. S’ils exercent une influence, c’est celle qui consiste à faire que l’événement chrétien ne l’attire absolument pas. Telle est la terrible infection de l’hérésie, par laquelle Julien est contaminé.

Le contact quotidien avec Julien enfant sera plutôt assuré par l’eunuque Mardonius, un précepteur qui éveille en lui l’amour de la philosophie et de la culture hellénistique. Remplacé plus tard par Maxime d’Ephèse, un philosophe néoplatonicien (son vrai maître et auteur, pour reprendre les paroles de Dante) qui initiera Julien à toutes sortes de pratiques de magie religieuse. Car c’est à cela que s’était réduit le haut idéalisme néoplatonicien: une théurgie à bon marché.

Vers sa vingtième année, Julien abandonne la foi chrétienne. Il va dissimuler cette apostasie pendant plus de dix ans. C’est au beau milieu de cette période que se situe son mariage avec Hélène, dont la réussite se comprend quand on sait que l’épouse de Julien n’était autre que la sœur de Constance II, cordialement détesté. Entretemps, ce dernier avait fait assassiner, en 354, le demi frère de Julien, Gallus, ne serait ce que pour lui rappeler quel sort planait aussi sur lui. En l’envoyant en effet comme césar en Gaule en 355, Constance entendait bien se débarrasser de Julien. La Gaule de l’époque, qui constituait la frontière-clé sur laquelle reposaient les destinées de l’empire, était un véritable chaos administratif et militaire. Mais c’est là précisément que Julien va montrer toute sa valeur, devenant l’idole des troupes, qui le proclament auguste dès l’an 359. Le sort semble changer et se mettre enfin au service de Julien et de ses dieux.

À la mort de Constance II en 361, Julien est proclamé empereur. C’est alors qu’il rend publique son apostasie du christianisme et met en chantier son projet de restauration du paganisme: que l’on rouvre les temples au culte, que l’armée rende de nouveau un culte aux dieux, que les chrétiens soient chassés de l’enseignement de la grammaire et de la rhétorique!

Pourtant, le projet de Julien se veut moins un retour au paganisme qu’une réforme de celui ci, qui finit par apparaître comme un succédané de la foi chrétienne. Julien veut une hiérarchie sacerdotale païenne exemplaire, dicte l’organisation du culte jusque dans les moindres détails, exige des prêtres païens la prédication des dogmata hellenica (en réalité, le paganisme dogmatique est un monstrum), invite à la charité: «C’est une honte, écrit Julien à Théodore, pontifex païen de la Galatie, qu’alors que parmi les juifs personne ne demande l’aumône et que les Galiléens [chrétiens]impies viennent en aide à nos mendiants et non pas seulement aux leurs, de voir que nos miséreux sont manifestement privés de toute aide de notre part».

Il y a dans cette apostasie de Julien quelque chose de fatal. L’intention têtue et utopique de revitaliser le paganisme, la prétention de cohérence, pour lui-même et pour les autres, les ardents désirs mystiques: Julien cultive tout cela par opposition au christianisme arien rationaliste, intrigant et sans attrait qui lui avait été imposé. Sans s’apercevoir que c’est la meilleure façon d’en perpétuer la malédiction. Non seulement les dieux du paganisme ne reviennent pas, mais la grâce de Jésus Christ s’éloigne de plus en plus. C’est ainsi que la tolérance affichée de Julien, qui veut se comporter en philosophe (il a pour modèle Marc Aurèle) et éviter des persécutions cruelles, finit par s’avérer parfois plus violente qu’une hostilité ouverte. Surtout en Orient et en Afrique, où les dissensions étaient les plus aiguës, nombreux sont les martyrs. Mais aussi à Rome, où, le 26 juin de l’an 362, deux frères, Jean et Paul, subissent le martyre.



Sts. John and Paul

Martyred at Rome on 26 June. The year of their martyrdom is uncertain according to their Acts, it occurred under Julian the Apostate (361-3). In the second half of the fourth century, Byzantius, the Roman senator, andPammachius, his son, fashioned their house on the Cælian Hill into a Christian basilica. In the fifth century thepresbyteri tituli Byzantii (priests of the church of Byzantius) are mentioned in an inscription and among the signatures of the Roman Council of 499. The church was also called the titulus Pammachii after Byzantius's son, the pious friend of St. Jerome. In the ancient apartments on the ground-floor of the house of Byzantius, which were still retained under the basilica, the tomb of two Roman martyrs, John and Paul, was the object ofveneration as early as the fifth century. The Sacramentarium Leonianum already indicates in the preface to thefeast of the saints, that they rested within the city walls ("Sacr. Leon.", ed. Feltoe, Cambridge, 1896, 34), while, in one of the early itineraries to the tombs of the Roman martyrs, their grave is assigned to the churchon the Cælian (De rossi, "Roma sotterrania", I, 138, 175). The titulus Byzantii or Pammachii was consequentlyknown at a very early date by the names of the two martyrs (titulus SS. Joannis et Pauli). That the two saintsare martyrs of the Roman Church, is historically certain; as to how and when their bodies found a resting-place in the house of Pammachius under the basilica, we only know that it certainly occurred in the fourth century. The year and circumstances of their martyrdom are likewise unknown. According to their Acts, which are of a purely legendary character and without historical foundation, the martyrs were eunuchs of Constantina, daughter of Constantine the Great, and became acquainted with a certain Gallicanus, who built a church inOstia. At the command of Julian the Apostate, they were beheaded secretly by Terentianus in their house on the Cælian, where their church was subsequently erected, and where they themselves were buried. The rooms on the ground-floor of the above-mentioned house of Pammachius were rediscovered under the Basilica of SS. Giovanni e Paolo in Rome. They are decorated with important and interesting frescoes, while the original tomb(confessio) of Sts. John and Paul is covered with paintings of which the martyrs are the subject. The rooms and the tomb form one of the most important early Christian memorials in Rome. Since the erection of thebasilica, the two saints have been greatly venerated, and their names have been inserted in the Canon of the Mass. Their feast is kept on 26 June.

Sources

MOMBRITIUS, Sanctuarium, I, 317 sq.; Acta SS., V, June, 159-60 — cf. ibid., 37-9; Bibl. hagior. latina, ed. BOLLANDISTS, I, 484 sq. (s.v. Gallicanus); GERMANO DI S. STANISLAO, La casa celimontana dei ss. martiri Giovanni e Paolo (Rome, 1894); DUFOURCQ, Gesta mart. rom. (Paris 1900), 145-52; ALLARD, Etudes d'histoire et d'archéologie (Paris, 1899), 159 sqq.; FRANCHI DE' CAVALIERI, Nuove note agiografiche in Studi e testi, IX (Rome, 1902).

Kirsch, Johann Peter. "Sts. John and Paul." The Catholic Encyclopedia. Vol. 8. New York: Robert Appleton Company, 1910.26 Jun. 2017 <http://www.newadvent.org/cathen/08443a.htm>.

Transcription. This article was transcribed for New Advent by Chris Boore.


Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. October 1, 1910. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.

SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/08443a.htm

John and Paul MM (RM)

Died 362?. There is debate as to whether or not the stories about the two brothers named John and Paul are true or fiction. If true, there is debate about the date. Their existing Passio is simply an adaptation of the story of SS Juventinus and Maximinus, army officers who were martyred at Antioch under Julian the Apostate in 363. Nevertheless, they are named in the canon of the Mass.



Traditionally, it is said that they served as army officers in the court of Constantia, daughter of Emperor Constantine. One became her steward, the other the master of her household.

The emperor next sent them to serve under his general Gallicanus, who was defending Thrace from the Scythians. The Scythians were such formidable enemies that some of Gallicanus's army surrendered. John and Paul told him that victory would be is if he would become a Christian. He did so, and the Scythians were routed.

The two brothers prospered until shortly after 360 AD, when Emperor Julian began a policy of systematically degrading Christianity and promoting paganism. The two saints declared that they would no longer serve him. Summoned to his court, they simply stayed away and reiterated their dislike of his pagan ways. He gave them ten days to reconsider their attitude, but they remained firm. Julian then sent a captain of his bodyguard, and the two Christian brothers were executed on the Coelian Hill in Rome, in their own home.

About 35 years later a wealthy senator named Pammachius built a church dedicated to their honor on the site of their home. This church, Santi Giovanni e Paolo, has been excavated, and underneath 12th century alterations has been uncovered the original facade. One wall consists of a former pagan house, several stories high. Usually burials were allowed only outside the city walls, but here bodies of martyrs have been discovered--fitting in with the legend that the captain of Julian's bodyguard secretly buried the bodies of John and Paul in their own garden, announcing that they had gone into exile (Attwater, Benedictines, Bentley, Encyclopedia).


June 26

SS. John and Paul, Martyrs

THEY were both officers in the army under Julian the Apostate, and received the crown of martyrdom, probably in 362, under Apronianus, prefect of Rome, a great enemy of the Christians. These saints glorified God by a double victory: they despised the honours of the world, and triumphed over its threats and torments. They saw many wicked men prosper in their impiety, but were not dazzled by their example. They considered that worldly prosperity which attends impunity in sin is the most dreadful of all judgments; and how false and short-lived was this glittering prosperity of Julian, who in a moment fell into the pit which he himself had dug! But the martyrs, by the momentary labour of their conflict, purchased an immense weight of never-fading glory: their torments were, by their heroic patience and invincible virtue and fidelity, a spectacle worthy of God, who looked down upon them from the throne of his glory, and held his arm stretched out to strengthen them, and to put on their heads immortal crowns in the happy moment of their victory. An old church in Rome, near that of SS. Peter and Paul, bore the name of SS. John and Paul, as appears by the calendar published by F. Fronto. They have a proper office and mass in the sacramentaries of St. Gelasius and St. Gregory the Great; also in the ancient Gallican Liturgy. In England the council of Oxford, in 1222, ordered their festival to be kept of the third class; that is, with an obligation of hearing mass before work. How famous the names of SS. John and Paul have been in the church ever since the fifth century, is set forth at large by Rondininus. 1

The saints always accounted that they had done nothing for Christ so long as they had not resisted to blood, and by pouring forth the last drop completed their sacrifice. Every action of our lives ought to spring from this fervent motive, and consecration of ourselves to the divine service with our whole strength; we must always bear in mind that we owe to God by innumerable titles all that we are; and, after all we can do, are unprofitable servants, and do only what we are bound to do. But how base are our sloth and ingratitude, who in every action fall so much short of this fervour and duty! How does the blood of the martyrs reproach our lukewarmness!

Note 1. De SS. Joanne et Paulo, eorumque Basilica vetera monumenta, in 4ot. Romæ, 1707. See the hymns of Florus, deacon of Lyons, on SS. John and Paul in Mabillon, Annal. t. 1, p. 402. [back]

Rev. Alban Butler (1711–73).  Volume VI: June. The Lives of the Saints.  1866.


Santi Giovanni e Paolo Martiri di Roma


† Roma, 26 giugno 362

I santi Giovanni e Paolo, vissuti nel IV secolo, furono fratelli di fede oltre che di fatto. Le informazioni su di loro sono discordanti e risalgono soprattutto ad una "Passio" in parte leggendaria: Essi sarebbero stati due cristiani ricchi e particolarmente caritatevoli, che Giuliano l'Apostata avrebbe condannato ad essere decapitati e sepolti sotto la loro abitazione. Sembra però che il martirio di Giovanni e Paolo potrebbe essere avvenuto almeno 50 anni prima, all'epoca di Diocleziano, perché le persecuzioni di Giuliano avvenendo in Oriente. Ad ogni modo, sotto la basilica Celimontana a loro dedicata sono stati ritrovati resti di una villa romana abitata da cristiani, con il piccolo vano della "confessio" che reca affreschi di scene di martirio, sotto cui c'è una fossa per il seppellimento di due corpi.

Etimologia: Giovanni = il Signore è benefico, dono del Signore, dall'ebraico

Paolo = picc

Emblema: Palma

Martirologio Romano: A Roma commemorazione dei santi Giovanni e Paolo, al cui nome è dedicata la basilica sul monte Celio lungo il clivo di Scauro nella proprietà del senatore Pammachio.

Sui due santi martiri romani, che è bene chiarire non sono gli omonimi apostoli, si è aperta da parte degli studiosi una controversia sulla data del loro martirio, effettivamente avvenuto a Roma. Giacché la questione è rimasta irrisolta, non resta altro da fare che seguire la “passio” antica, giunta fino a noi e poi alla fine segnalare le contraddizioni riscontrate da alcuni studiosi. 

Giovanni e Paolo, fratelli di sangue e di fede cristiana, sono presentati in tre recensioni consecutive della ‘passio’, che risale al IV secolo, prima come maggiordomo e primicerio di Costantina, figlia di Costantino imperatore; poi come soldati del generale Gallicano, al quale suggerirono un voto, che ottenne la vittoria dell’esercito sugli Sciti infine sono citati come privati cittadini, nella loro casa al Celio, molto munifici di elemosine ed aiuti, con i beni ricevuti da Costantina. 

Quando nel 361 salì al trono imperiale Giuliano, detto poi l’Apostata (331-363), questi avendo deciso di ripristinare il culto pagano, dopo aver rinnegato il cristianesimo, cercò di convincerli alle sue idee restauratrici, invitandoli a tornare a corte, per collaborare al progetto. 

I due fratelli (che dovevano godere di molta considerazione a Roma) rifiutarono l’invito e Giuliano mandò loro il capo delle guardie Terenziano, con l’intimazione di adorare l’idolo di Giove; persistendo il loro rifiuto, essi vennero sequestrati in casa per una decina di giorni, affinché riflettessero sulle conseguenze del loro rifiuto. 

Continua la ‘passio’: il prete Crispo informato del fatto, si recò con due cristiani Crispiniano e Benedetta, a visitarli, portando loro la S. Comunione e il loro conforto. Trascorsi i dieci giorni, il comandante Terenziano, ritornò nella loro casa e dopo tre ore di inutili minacce e lusinghe, li fece decapitare e seppellire in una fossa scavata nella stessa casa, spargendo la voce che erano stati esiliati; era il 26 giugno 362. 

Il prete Crispo ed i suoi compagni Crispiniano e Benedetta, avvertiti da una visione si recarono sulla loro tomba a pregare, ma qui vennero sorpresi e uccisi anche loro. Dopo la loro morte il figlio di Terenziano, cadde in preda ad un’ossessione e urlava che Giovanni e Paolo lo tormentavano, il padre con grande preoccupazione, lo condusse sulla tomba dei due martiri, dove il ragazzo ottenne la guarigione. 

Il prodigio fece si che si convertissero entrambi e poi vennero anch’essi in seguito martirizzati. Il successore di Giuliano l’Apostata, l’imperatore Gioviano (363-364), abrogò la persecuzione contro i cristiani e diede incarico al senatore Bizante, di ricercare i corpi dei due fratelli e una volta trovati, fece erigere dallo stesso senatore e dal figlio Pannachio, una basilica sopra la loro casa. 

Fin qui il racconto della ‘passio’; sul sepolcro costituito da una tomba a “due piazze”, venne eretto il piccolo vano della ‘confessio’ che ancora conserva antichi affreschi narranti il martirio; il tutto conglobato in una basilica detta Celimontana, che si affaccia tra archi medioevali e contrafforti, sul famoso Clivio di Scauro. 

Essa fu più volte ristrutturata e modificata e dove le reliquie nel 1588, furono traslate dalla primitiva sepoltura; nel 1677 esse furono collocate sotto l’altare maggiore e infine nel 1725 il cardinale Paolucci le fece racchiudere in un’urna di porfido, ricavata da un’antica vasca termale, che ancora oggi forma la base dell’altare. 

Effettivamente sotto la chiesa si è scoperta nel 1887 una casa romana a due piani con affreschi e fregi; il loro culto antichissimo è testimoniato da innumerevoli citazioni in Canoni sia romani che ambrosiani; in vari ‘Martirologi’ e Sacramentari; orazioni e prefazi a loro dedicati; epigrafi marmoree; un monastero fondato da s. Gregorio I Magno (535-604) e intitolato ai due martiri; un’altra chiesa eretta sul Gianicolo era pure a loro dedicata; a Ravenna sono raffigurati nel mosaico di S. Apollinare Nuovo. 

È indubbio il culto ufficiale che sempre ricevettero nei secoli; come pure, secondo il racconto della ‘passio’, si giustifica la presenza di un sepolcro in una casa al centro di Roma, quando i luoghi delle esecuzioni ed i cimiteri, erano posti alla periferia della città. 

Le opposizioni degli studiosi si basano sul fatto storico che la persecuzione di Giuliano l’Apostata, non fece vittime a Roma, ma solo in Oriente dove risiedeva; quindi si è propensi a spostare la loro vicenda sotto l’impero di Diocleziano (243-313); a volte sono stati confusi con altri santi martiri come Gioventino e Massimino. 

A conclusione si può comunque ipotizzare che l’antica ‘passio’, che è quasi contemporanea, non narri il falso, perché se è vero, che non vi furono vittime ufficiali romane, durante la persecuzione di Giuliano l’Apostata, nulla toglie che qualche martire ci sia stato a Roma ma tenuto nascosto, come nel caso di Giovanni e Paolo, che furono sotterrati nella loro stessa casa, senza far sapere ai romani la loro sorte. 

Non bisogna dimenticare che i cristiani con Costantino, avevano ottenuto libertà di culto, lo stesso Giuliano aveva inizialmente emanato un “Editto di tolleranza”, e quindi il popolo non era disposto a ritornare indietro sulla pace e libertà raggiunta. 

I lavori archeologici effettuati e gli studi pubblicati, sugli scavi sotto la Basilica Celimontana dei santi Giovanni e Paolo, dal valente studioso ed archeologo il passionista padre Germano di S. Stanislao (Vincenzo Ruoppolo) morto nel 1909 e completati da altri studiosi, in effetti confermano il racconto della ‘passio’ con la scoperta della casa romana, di cui probabilmente i due fratelli martiri erano proprietari e sulla quale fu eretta la basilica posta nell’omonima piazza.

Autore:
Antonio Borrelli