Bienheureuse Marie-Catherine de St Augustin
Religieuse hospitalière de la Miséricorde (+1668)
Catherine Simon de Longpré naquit à Saint Sauveur le Vicomte en France, mais elle est surtout honorée au Québec. A 11 ans, elle rencontre saint Jean Eudes et elle entre alors quelque temps plus tard chez les moniales augustines hospitalières de la Miséricorde. Elle prend alors le nom religieux de Marie-Catherine de Saint Augustin.
En 1647, elle répond à l'appel de Dieu pour aller dans la Nouvelle-France où elle donne toute sa mesure auprès des malades. Elle devient économe puis maîtresse des novices de sa congrégation au Québec, où elle rejoint la maison du Père le 8 mai 1668.
Catherine de Longpré est née et baptisée le 3 mai 1632 à
Saint-Sauveur-le-Vicomte, en basse Normandie. Élevée par ses grands-parents,
Catherine entre vite en contact avec les pauvres et les malades que sa
grand-mère reçoit chez elle. Elle n'a que 3 ans quand elle demande au Père
Jésuite, ami de la famille ce qu'il faut pour plaire à Dieu. Celui-ci lui
montre un malade en lui expliquant que c'est en acceptant sa maladie qu'il fait
la volonté de Dieu. Ce sera son leitmotiv toute sa vie durant. Elle entre au
Monastère des «Augustines de Bayeux» à l'âge de 12 ans et demi. Elle prend
l'habit religieux à 14 ans le 24 octobre 1646 et se nommera désormais
Marie-Catherine de Saint-Augustin. À 16 ans, le 31 mai 1648, Sœur Catherine,
quitte la France pour le Canada. Elle répond à une demande d'aide de la part
des premières religieuses hospitalières venues fonder le premier hôpital en
Amérique, au nord du Mexique, soit l'Hôtel-Dieu de Québec établi en
Nouvelle-France depuis 1639.
Source: Liturgie des heures du diocèse de Coutances et Avranches 1993.
- calendrier
diocésain .
Catherine de Saint-Augustin (1632-1668), fondatrice de l'Hôtel-Dieu de Québec, cofondatrice de l'Église au Canada, béatifiée le 23 avril 1989 (diocèse d'Edmundston)
- Marie-Catherine de Saint-Augustin «femme de miséricorde», l'une des fondatrices de l'Église de Québec pose la miséricorde au centre de sa mission d'infirmière et de religieuse. (vidéo)
Dans la ville de Québec au Canada, en 1668, la bienheureuse Marie-Catherine de
Saint-Augustin (Catherine Simon de Longprey), vierge, née à Saint-Sauveur-le-Vicomte,en
Normandie, elle entra chez les Sœurs hospitalières de la Miséricorde de l'Ordre
de Saint-Augustin et fut envoyée au Canada où elle se dévoua au service des
malades et excella à les consoler et à leur redonner espoir.
Martyrologe romain
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/6867/Bienheureuse-Marie-Catherine-de-St-Augustin.html
BIENHEUREUSE CATHERINE de SAINT-AUGUSTIN
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/bienheureuse_catherine_de_saint-augustin.html
Soeur Marie-Catherine voit Notre-Seigneur fraîchement flagellé, tout couvert de sang.
Marie-Catherine de Saint-Augustin
Catherine de Longpré est née et baptisée le 3 mai 1632 à Saint-Sauveur-le-Vicomte, en basse Normandie. Élevée par ses grands-parents, Catherine entre vite en contact avec les pauvres et les malades que sa grand-mère reçoit chez elle. Elle n’a que 3 ans quand elle demande au Père Jésuite, ami de la famille ce qu’il faut pour plaire à Dieu. Celui-ci lui montre un malade en lui expliquant que c’est en acceptant sa maladie qu’il fait la volonté de Dieu. Ce sera son leitmotiv toute sa vie durant. Elle entre au Monastère des « Augustines de Bayeux » à l’âge de 12 ans et demi. Elle prend l’habit religieux à 14 ans le 24 octobre 1646 et se nommera désormais Marie- Catherine de Saint-Augustin.
À 16 ans, le 31 mai 1648, Soeur Catherine, quitte la France pour le Canada. Elle répond à une demande d’aide de la part des premières religieuses hospitalières venues fonder le premier hôpital en Amérique, au nord du Mexique, soit l’Hôtel-Dieu de Québec établi en Nouvelle-France depuis 1639. Le voyage en mer dure trois mois durant lequel elle attrappe la peste, maladie incurable, mais la Vierge Marie la guérit. Malgré son jeune âge elle a une grande mission à accomplir.
Arrivée à Québec le 19 août suivant, elle se met courageusement à l’oeuvre, partage les durs travaux de ses devancières et apprend les langues indiennes. Elle manifeste vite de bonnes qualités d’infirmière et fait montre d’un sens pratique remarquable. Elle est aimée de tous. Elle exerce au sein de la Communauté les fonctions d’économe, de maîtresse des novices et de directrice générale de l’hôpital entièrement dévouée à la cause des malades et des plus démunis.
Marie-Catherine de Saint-Augustin consacrera sa vie au service des autres, manifestant une charité exemplaire. Elle accomplit donc au Canada une mission apostolique de grande importance au service de ce nouveau pays qu’elle a adopté avec beaucoup d’ardeur et d’amour.
Elle s’éteint le 8 mai 1668 à l’Hôtel-Dieu de Québec à l’âge de 36 ans. Pour avoir offert sa vie pour l’Église et le salut de la Nouvelle-France, Marie-Catherine de Saint-Augustin est considérée co-fondatrice de l’Église du Canada. Reconnue « Vénérable » par Rome le 9 mars 1984, le Saint-Père Jean Paul II l’a proclamée « Bienheureuse » le 23 avril 1989.
SOURCE : http://beta.ecdq.org/renseignements-generaux/histoire/marie-catherine-de-saint-augustin/
Mémoire de Catherine de Saint-Augustin, du Québec à la
Normandie
par Thierry, Éric
Placée au nombre des fondateurs de l’Église
canadienne, Catherine de Saint-Augustin a été béatifiée par le pape Jean-Paul
II en 1989. Née en 1632 à Saint-Sauveur-le-Vicomte, en Normandie, sous le nom
de Catherine de Longpré, elle est entrée en 1644 chez les hospitalières de
Bayeux. Elle n’a pas tardé à se porter volontaire pour seconder les religieuses
ayant la charge de l’Hôtel-Dieu de Québec et elle a débarqué en Nouvelle-France
en 1648. Elle y a mené une vie exemplaire puis elle y est morte toute jeune encore,
de maladie, en 1668. Sa renommée grandissante au Québec, à compter de la fin du
XIXe siècle, a permis à son pays natal de la redécouvrir.
Article
available in English : Catherine de Saint-Augustin, Remembered from Quebec to
Normandy
Succès et discrédit de la Vie écrite par le père
Ragueneau
L’ancien confesseur de Catherine de Saint-Augustin, le
jésuite Paul Ragueneau, publie en 1671 une Vie de la mère Catherine de
Saint-Augustin. L’ouvrage révèle les combats que la religieuse a dû livrer
contre des démons, les apparitions du Christ, de la Vierge et de plusieurs
saints dont elle a été témoin et le rôle de victime qu’elle a assumé pour le
salut de la colonie. Dès sa publication, le livre connaît un grand succès dans
les milieux dévots, tant en Normandie que dans le reste de la France. Il
raffermit la ferveur de communautés religieuses, comme celle des visitandines
de Caen, suscite la dévotion de prélats, comme Maupas du Tour, évêque d’Evreux,
et sert même à l’édification de laïcs, comme ce jeune Parisien oisif qui, selon
l’annaliste de l’Hôtel-Dieu de Québec, se résout à devenir missionnaire jésuite
au Canada en le lisant (NOTE
1).
La Vie de la mère Catherine de
Saint-Augustin paraît toutefois alors que la mystique commence à susciter
beaucoup de méfiance et que la condamnation du quiétisme(NOTE
2) va finir par la discréditer. Dès 1691, le récollet Chrestien Le
Clercq se moque du père Ragueneau qui a placé le diable dans une dent de
Catherine de Saint-Augustin, « pour faire paraître sa sainteté », et
qui a évoqué la vision de Catherine de Saint-Augustin de quatre démons secouant
la ville de Québec, « par les quatre coins », lors du tremblement de
terre de 1663 (NOTE
3). Dans son Histoire et description générale de la
Nouvelle-France publiées en 1744, le père de Charlevoix a beau tenter de
défendre son confrère de la compagnie de Jésus, en écrivant que « dans la
conduite de Dieu à l’égard des Ames, à qui il fait part de ses communications
les plus intimes, il y a des Mysteres cachés, qu’il est inutile, et quelquefois
dangereux de dévoiler aux yeux du Public »(NOTE
4) les « choses extraordinaires »(NOTE
5), et plus précisément les interventions de diables tourmenteurs, ne sont
plus communément admises dans la littérature hagiographique.
Le discrédit, dans lequel se trouve le livre du père
Ragueneau au XVIIIe siècle, se prolonge au siècle suivant. Au Canada, en 1845,
l’historien François-Xavier Garneau n’hésite pas à faire de Catherine de
Saint-Augustin une adepte du quiétisme (NOTE
6), et en Normandie, trois ans plus tard, l’éditeur de l’Annuaire du
département de la Manche, dans lequel l’érudit cherbourgeois Victor Le Sens
vient de publier un article sur la religieuse, se sent obligé de préciser en
note que « le jésuite Ragueneau, son biographe, a inséré dans l’histoire
de cette sainte fille des mensonges pieux, comme en ont inventés tant
d’écrivains de son ordre »(NOTE
7).
Catherine de Saint-Augustin réhabilitée
Il faut attendre la publication au Canada, en 1878, de
l’Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec de l’abbé Henri-Raymond Casgrain pour
voir réhabilitée Catherine de Saint-Augustin. Victime immolée pour sauver la
Nouvelle-France des « désordres »(NOTE
8) des années 1660, selon le point de vue hagiographique de l’abbé
Casgrain, la sainte hospitalière de Québec ne pourrait-elle pas assurer le
salut de l’ancienne France déchristianisée des années 1870 ? Le chanoine
normand Le Cacheux est encouragé par l’historien canadien-français à trouver
dans l’ouvrage du père Ragueneau la matière d’un article sur « une famille
chrétienne au XVIIe siècle à Saint-Sauveur-le-Vicomte », celle de
Catherine de Longpré. Il le publie, de janvier à mars 1878, dans
la Semaine religieuse du diocèse de Coutances et Avranches et, en
1891, un autre curé de Normandie lecteur de Casgrain, Eugène Viel, fait de
Catherine de Saint-Augustin une des « gloires du Cotentin » et espère
« contribuer à la solennelle glorification par le Saint-Siège de cette
fidèle Amante de Jésus-Christ »(NOTE
9).
Cette étude publiée à compte d’auteur a peu de succès
en France, mais la renommée de Catherine de Saint-Augustin ne cesse de grandir
au Québec. Comme on sait désormais qu’elle a eu pour directeur secret le père
Jean de Brébeuf tué en 1649, sa cause profite de celle des « saints
Martyrs canadiens ». Depuis sa fondation en 1892, un mensuel de Montréal,
le Messager canadien du Sacré-Cœur de Jésus, relaie les efforts de l’Eglise
canadienne pour faire canoniser les missionnaires jésuites victimes de la
fureur iroquoise et, en 1907, son directeur, le père Léonidas Hudon, publie
une Vie de la mère Marie-Catherine de Saint-Augustin. Le livre doit
beaucoup à l’ouvrage du père Ragueneau et parvient à susciter à l’hospitalière
« de nombreux imitateurs dans l’esprit d’apostolat et l’amour de la
croix »(NOTE
10).
Les lents progrès de la cause
Le dossier du procès apostolique des « saints
Martyrs canadiens » est remis à la sacrée congrégation des rites en 1923
et le procès informatif de Catherine de Saint-Augustin commence la même année à
Québec, puis un an plus tard à Bayeux. Là témoigne l’académicien français
Georges Goyau qui vient de publier ses Origines religieuses du Canada. Son
ouvrage met en relief « l’âge des Martyrs » et rend hommage à
Catherine de Saint-Augustin(NOTE
11). Georges Goyau a lu le livre du père Hudon et favorise sa réédition à
Paris en 1925.
Une fleur mystique de la Nouvelle France connaît
un réel succès auprès des catholiques de France et revivifie la dévotion des
hospitalières de Bayeux, mais la cause de Catherine de Saint-Augustin suit son
cours avec lenteur, alors que les « saints Martyrs canadiens » sont
canonisés dès 1930. Un regain d’intérêt est suscité au Québec par la création
du comité des fondateurs de l’Eglise du Canada en 1941 et par la campagne de
prières que celui-ci organise l’année suivante pour la béatification et la canonisation
de François de Laval, Marguerite
Bourgeoys, Marie de l’Incarnation et Catherine de Saint-Augustin.
En Normandie, malgré l’occupation allemande, le clergé
est tenu informé et l’abbé Léon Blouet fait paraître, en 1942, une étude
intitulée Une Normande héroïque. Toutefois, les ravages de la bataille qui
suit le débarquement du 6 juin 1944 occultent ses efforts et il faut finalement
attendre l’ouvrage de Marthe Ponet-Bordeaux, publié en 1957 par les
prestigieuses éditions Grasset de Paris, pour entendre de nouveau parler de
Catherine de Saint-Augustin dans son pays natal(NOTE
12).
L’hospitalière de Québec apparaît alors d’actualité,
comme le rappelle le père de Parvillez dans son avant-propos : « Nous
sommes à l’heure des Mouvements de jeunesse, et Catherine, si Dieu lui fait
escalader nos autels, sera la plus précoce de nos saintes. Nous sommes au
siècle des missions, et nos jeunes filles écoutent l’appel des terres
lointaines : Catherine fut l’une des premières à comprendre qu’une
religieuse pouvait être missionnaire. Nous assistons à la promotion de la
femme, et celle-ci cherche son équilibre entre les tâches grandioses qui lui
deviennent accessibles et les besognes familiales, maternelles, auxquelles sa
nature la prépare. Et Catherine, que nulle initiative n’effrayait, s’est bornée
pourtant à son emploi d’infirmière : destinée à la fois héroïque et
féminine »(NOTE
13).
À l’approche du troisième centenaire de la mort de la
religieuse, les Normands et les Québécois finissent par se mobiliser ensemble,
et c’est Saint-Sauveur-le-Vicomte qui est choisi comme cadre pour une
importante cérémonie organisée le 8 mai 1968 par les associations
Normandie-Canada et Canada-Normandie, le comité d’expansion économique
Québec-Normandie, la ville et l’archevêché de Québec, et la commune natale de
Catherine de Saint-Augustin. Ce jour-là, Gilles Lamontagne, maire de Québec,
inaugure une rue Catherine- de-Longpré et Mgr Bélanger, représentant du
cardinal Roy, archevêque de Québec, bénit une plaque scellée dans l’église à
proximité des fonts baptismaux datant du début du XVIIe siècle.
La béatification
Malgré la mobilisation des fidèles, la cause poursuit
lentement son chemin puisque c’est seulement en 1980 qu’elle est portée à Rome.
Encore faut-il, à partir du dossier constitué, bien mettre en évidence la
sainteté de Catherine de Saint-Augustin. À la demande des augustines de Québec, le
moine bénédictin Guy-Marie Oury se met au travail et sa démonstration semble
convaincre : le 9 juin 1984, l’Église proclame l’héroïcité des vertus de
Catherine de Saint-Augustin et, le 23 avril 1989, le pape Jean-Paul II béatifie
cette amoureuse de Dieu qui s’est sacrifiée par charité. A cette occasion, sur
la place Saint-Pierre de Rome, des hospitalières de Bayeux retrouvent une
importante délégation d’augustines et d’ursulines québécoises dirigée par
l’archevêque de Québec, le cardinal Vachon, mais les fidèles normands sont très
peu nombreux à leurs côtés. Il faut les visites des Québécois, de retour de
Rome, pour susciter leur intérêt.
Alors que la cérémonie romaine n’a même pas été
couverte par la presse régionale, des articles relatent la messe d’action de
grâce concélébrée le 30 avril dans la cathédrale de Bayeux et l’inauguration
par le cardinal Vachon, le 2 mai, à Saint-Sauveur-le-Vicomte, d’une résidence
pour personnes âgées portant le nom de Catherine de Longpré. Deux ouvrages
paraissent au même moment : l’un, écrit par le journaliste local Pierre
Leberruyer, est une nouvelle biographie très inspirée de celle du père
Ragueneau, et l’autre est une histoire du monastère des hospitalières de Bayeux
due à François Petit, un père de l’abbaye prémontrée de Juaye-Mondaye.
Les augustines de Bayeux croient en un avenir radieux
pour la dévotion à leur bienheureuse sœur, car elles ont reçu, le 18 avril
1989, une relique offerte par la communauté de l’Hôtel-Dieu de Québec et, le 27
septembre 1990, elles participent à l’inauguration d’une statue en bronze due
au sculpteur montréalais Jules Lasalle et offerte par l’association des amis
québécois de Catherine de Saint-Augustin(NOTE
14). Le 8 mai 1991, tout près de la place du Québec sur laquelle se dresse
la représentation de la bienheureuse, elles ouvrent un centre
Catherine-de-Saint-Augustin destiné à informer les pèlerins et les simples
curieux.
Malheureusement, durant l’automne 2004, ce centre doit
fermer, à cause du départ pour Pont-L’Evêque de la communauté vieillissante.
Depuis, la précieuse relique venue de Québec est exposée dans la cathédrale de
Bayeux, dans une chapelle qui jouxte celle consacrée à sainte Thérèse de
Lisieux. Comme l’a rappelé la Québécoise Denise Pepin, ce voisinage n’est pas
fortuit : « Toutes deux sont nées "filles de Normandie".
Toutes deux sont jeunes, ardentes, éprises de Dieu. Toutes deux sont issues de
milieux profondément chrétiens. Toutes deux sont missionnaires. Toutes deux
s’offrent à l’Amour divin comme victimes d’Holocauste. Toutes deux, atteintes
du même mal, meurent dans une extase d’amour »(NOTE
15).
Cependant, sainte Thérèse de Lisieux éclipse la
bienheureuse Catherine de Saint-Augustin. Privée du soutien de la communauté
des hospitalières de Bayeux, la mémoire de la religieuse québécoise s’étiole en
Normandie.
Éric Thierry
Historien, Ph. D.
Professeur au Lycée Paul Claudel de Laon
Secrétaire général de la Fédération des Sociétés
d'histoire et d'archéologie de l'Aisne
NOTES
1. Sur les visitandines de Caen et le jeune Parisien,
voir Jeanne-Françoise Juchereau de Saint-Ignace et Marie-Andrée Duplessis de
Sainte-Hélène, Les Annales de l’Hôtel-Dieu de Québec, 1636-1716, éd. par
dom Albert Jamet, Québec, Hôtel-Dieu de Québec, 1939, rééd. 1984,
respectivement p. 242-243 et 237-238. Sur Maupas du Tour, voir Denise
Pepin, Chroniques... pour une meilleure connaissance de Catherine de
Saint-Augustin, d’après les témoins de son temps, Montréal, Éditions du
Long-Sault, 2001, p. 31-32, d’après une relation manuscrite de Marie-Madeleine
de la Hennaudière de Saint-Augustin, fondatrice du monastère des augustines de
Bayeux.
2. Le quiétisme est une forme de vie spirituelle qui
tend à la communion totale avec Dieu par l’oraison, sans avoir à se soucier des
rites ni des œuvres de charité. Représenté en France par Mme Guyon, il est
condamné par le pape Innocent XII en 1699.
3. Chrestien Le Clercq, Premier établissement de
la foy dans la Nouvelle France, Paris, Amable Auroy, 1691, t. II, p. 26-27. Sur
le diable dans une dent de Catherine de Saint-Augustin et sur sa vision des
quatre démons secouant la ville de Québec, voir Paul Ragueneau, La vie de
la mère Catherine de Saint Augustin, Québec, Hôtel-Dieu de Québec, 1977,
respectivement p. 49-50 et 146-147. Réimpr. de l'éd. de Paris, Florentin
Lambert, 1671.
4. Pierre-François-Xavier de Charlevoix, Histoire
et description générale de la Nouvelle France, avec le Journal historique d'un
voyage fait par ordre du Roi dans l'Amérique septentrionale, Paris,
Pierre-François Giffart, 1744, t. I, p. 402.
5. Chrestien Le Clercq, op. cit., p. 27.
6. François-Xavier Garneau, Histoire du Canada
depuis sa découverte jusqu'à nos jours, Québec, Imprimerie de N. Aubin, t. I,
1845, p. 369-370.
7. Victor Le Sens, « Catherine de
Saint-Augustin », Annuaire du département de la Manche, 1848, p.
330-336 et note 1, p. 334. L’auteur reprend les récits faits par le père
Ragueneau des apparitions dont Catherine de Saint-Augustin a été témoin.
8. Henri-Raymond Casgrain, Histoire de
l’Hôtel-Dieu de Québec, Québec, Léger Brousseau, 1878, p. 239.
9. Lettre d’Eugène Viel à Mgr Germain, évêque de
Coutances et Avranches, Colomby, 10 juin 1891, dans Eugène Viel, Les
gloires du Cotentin, t. I : La révérende mère Catherine de Saint-Augustin,
Colomby (France), E. Viel, 1891.
10. Léonidas Hudon, Une fleur mystique de la
Nouvelle-France : vie de la mère Marie-Catherine de Saint-Augustin, Montréal,
Bureaux du Messager canadien, 1907, p. xxiii.
11. Georges Goyau, Une épopée mystique : les
origines religieuses du Canada, Paris, Bernard Grasset, 1924, p. 181-244, et
sur Catherine de Saint-Augustin, p. 203-204.
12. Ce livre, rédigé à la demande des hospitalières de
Québec, est le pendant français de l’étude du chanoine Lionel Groulx parue dans
le no 5 des Cahiers d’histoire de la Société historique de
Québec en 1953 et intitulée Une petite Québécoise devant l’histoire
(Mère Catherine de Saint-Augustin).
13. A. de Parvillez, « Avant-propos », dans
Marthe Ponet-Bordeaux (Jeanne Danemarie), Catherine de Longpré, mère
Catherine de Saint-Augustin, Paris, Bernard Grasset, 1957, p. 8-9.
14. Il s’agit d’une copie de la statue érigée rue
Charlevoix à Québec.
15. Denise Pepin, Deux héroïnes de Normandie :
Catherine de Bayeux et Thérèse de Lisieux, Montréal, Éditions du Long-Sault,
2001, p. 5.
BIBLIOGRAPHIE
Gagnon, Serge, Le Québec et ses historiens de
1840 à 1920 : la Nouvelle-France de Garneau à Groulx, Québec, Presses de
l’Université Laval, 1978.
Leberruyer, Pierre, Hospitalière, missionnaire,
mystique : la bienheureuse Catherine de Saint-Augustin, Caen, Éditions Don
Bosco, 1989.
Oury, Guy-Marie, L’itinéraire mystique de
Catherine de Saint-Augustin, Chambray-lès-Tours (France), CLD, 1985.
Pepin, Denise, Catherine de Saint-Augustin sur la
place de Québec à Bayeux, Montréal, Éditions du Long-Sault, 2002.
Petit, François, Les augustines hospitalières de
Bayeux : la communauté de la bienheureuse Marie Catherine de Saint-Augustin,
Caen, Éditions Don Bosco, 1989.
LA BIENHEUREUSE CATHERINE
DE SAINT-AUGUSTIN
Victime pour la
Nouvelle-France
MOINS connue que
sainte Marie de l’Incarnation, que les Saints Martyrs canadiens, ou
encore que saint François de Laval, la bienheureuse Catherine de Saint-Augustin
n’en est pas moins une figure très attachante des débuts de la colonie. Les
faits mystiques indubitables de son existence sont de ceux qui nous permettent
de qualifier de sainte l’histoire du Canada français.
Quand elle arriva à
Québec le 19 août 1648, personne ne pouvait se douter que Dieu la destinait à
une vocation sublime. On n’avait d’yeux que pour monsieur et madame
d’Ailleboust, le nouveau gouverneur et son épouse, et pour le très apprécié
Père Vimont, de retour à Québec pour dix ans. Trois religieuses chanoinesses de
Saint-Augustin les accompagnaient, très attendues pour renforcer leurs sœurs
fort éprouvées du petit hôpital. Certes, on remarqua la jeunesse de l’une
d’elles, dont nous allons raconter l’histoire, puisque sœur Catherine de
Saint-Augustin n’avait que seize ans !
Peu à peu, le récit de sa
conduite héroïque pendant la traversée se répandit. La peste s’étant déclarée,
elle avait soigné les malades avec une rare délicatesse avant d’être elle-même
si gravement atteinte qu’on s’attendait à sa mort prochaine. Or,
miraculeusement rétablie, elle avait repris aussitôt son service de charité.
Par contre, on ne savait pas que sa guérison instantanée était intervenue après
la vision de tous ses péchés et d’un dragon horrible qui voulait la dévorer,
dont elle ne fut sauvée que par un acte d’adoration de la volonté divine et un
appel à la Sainte Vierge.
L’hôtel-Dieu du
Précieux-Sang à Québec n’était alors qu’une maison longue, large de douze
pieds, en bois rond, élevée à l’extérieur de la palissade. La grande salle ne
comptait que dix lits. Les sœurs soignaient les sauvages dans leurs tipis dressés
hors de l’enceinte. Il en sera encore ainsi pendant cinq ans : la guerre
avec les Iroquois rendait bien incertain l’avenir de la colonie et décourageait
tout projet d’agrandissement.
Aux yeux de ses
contemporains, sœur Catherine de Saint-Augustin fut une religieuse remarquable
pour ses talents d’infirmière (les Indiens l’appelaient la grande fille,
ou bien la fille des filles, ou bien encore celle qui rend
l’intérieur plus beau), mais aussi de gestionnaire. En 1658, à 25 ans, elle fut
élue dépositaire, puis maîtresse des novices à 33 ans ; elle aurait
probablement été élue supérieure en 1668, si le Bon Dieu ne l’avait rappelée à
lui. À part son confesseur, sa supérieure et l’évêque, personne ne connut, de
son vivant, les grâces mystiques extraordinaires dont elle fut gratifiée.
Mgr de Laval considérait
la vie de cette religieuse comme « un chef-d’œuvre du
Saint-Esprit » ; après la mort de celle-ci, il donna l’ordre au Père
Ragueneau, son confesseur, d’écrire sa biographie en n’omettant rien des grâces
de sa vie spirituelle et de ses combats. L’ouvrage eut un grand retentissement
dans la colonie, car ceux qui la connaissaient et se souvenaient de ses bontés
comprirent qu’ils avaient été soignés par une sainte ! C’est ce secret que
nous allons maintenant essayer de pénétrer.
Catherine de Longpré
naquit le 3 mai 1632 à Saint-Sauveur-le-Vicomte, dans le Cotentin, jour de la
fête de l’Invention de la Sainte-Croix, cinq semaines après la signature du
traité de Saint-Germain par lequel les Anglais nous restituaient la Nouvelle-France,
prise en 1629.
Ses parents étaient de
petite noblesse de robe, milieu modeste mais aisé, très pieux aussi et
charitables, à l’école de saint François de Sales et surtout de saint Jean
Eudes dont ils avaient suivi une retraite.
La petite Catherine fit preuve
d’une intelligence et d’une piété précoces. Dès l’âge de trois ans, il
suffisait de lui dire que telle action déplaisait à Dieu, pour qu’elle cessât
immédiatement. Soucieuse de savoir « les avantages qu’il y a à aimer
Dieu », un jour que ses parents soignaient un pauvre avant de lui faire
l’aumône, elle demanda au célèbre Père Malherbe, qui était de passage :
« Qui est-ce qui fait bien la volonté de Dieu ? » Le jésuite lui
répondit : « Mon enfant, c’est ce pauvre-là qui fait bien la volonté
de Dieu, prenant son mal en patience comme il le fait ; car on fait plus
sûrement la volonté de Dieu dans les afflictions, les humiliations et les
souffrances que lorsqu’on a tout à souhait. »
La leçon ne s’effacera
jamais de l’esprit de Catherine, qui en avait aussitôt tiré la conséquence
logique en demandant à souffrir.
Or, quelques jours plus
tard, entendant le jésuite conseiller au pauvre d’offrir ses souffrances pour
la conversion de sa mère qui était une mauvaise femme, elle l’interrogea de
nouveau : « Pourquoi souhaitez-vous à ce pauvre de souffrir puisque
c’est sa mère qui est méchante ? » Le missionnaire lui enseigna alors
la nécessité du pardon, à l’imitation de Jésus mourant sur la Croix pour notre
salut. La leçon fut vite assimilée : désormais, elle demanda la grâce de
souffrir pour les autres.
Détail important :
ce dialogue entre le célèbre prédicateur et notre future bienheureuse eut lieu
lorsque celle-ci n’avait que... quatre ans.
Comment expliquer une
telle précocité, qui n’est pas enfantillage puisqu’elle entraîna chez elle de
véritables efforts de vertu ? Quelques mois plus tard, elle commença à
souffrir de violents maux de tête, qu’elle supporta avec résignation. Plus
tard, elle avouera son secret : c’est qu’elle vivait déjà avec le sentiment
de la présence maternelle de la Sainte Vierge à ses côtés pour disposer son âme
à bien profiter de la bonne éducation que lui donnaient les siens.
Il arriva aussi, par
trois fois, que le démon la poussat dans les escaliers mais, à chaque fois, une
main invisible amortit sa chute, lui épargnant le moindre mal.
Nous ne nous étonnerons
pas, dès lors, que sa première communion, à l’âge de huit ans, fût une grande
fête et surtout une consolation spirituelle qui la convainquit que Dieu la
voulait sainte.
Or, sa nature se rebuta à
cette perspective, comprenant intuitivement qu’il lui faudrait mourir à
elle-même. Aussi cette journée d’extraordinaire ferveur fut suivie d’une
période de relâchement durant douze mois, peut-être même dix-huit, jusqu’à ce
qu’un songe la saisisse : un monstre lui apparut armé d’un coutelas et la
blessa légèrement ; appelant à l’aide la Sainte Vierge, elle trouva refuge
auprès d’une religieuse en qui elle reconnaîtra plus tard la supérieure du
couvent des Augustines de Bayeux. Ce fut suffisant pour qu’elle se décidât à
devenir religieuse.
Le 8 septembre 1642, à
l’âge de dix ans, elle se consacra à la Sainte Vierge par un acte signé de son
sang. Ce texte était très inspiré d’une consécration qui se trouvait dans un
livre de saint Jean Eudes, mais il n’en était pas la copie fidèle. Voulant
honorer la Conception Immaculée de la Sainte Vierge, elle y demandait son aide
pour ne pas pécher car, éclairée sur elle-même par son récent et long
relâchement, elle n’avait aucune confiance en sa vertu. Elle résolut de prendre
modèle sur sa Mère du Ciel afin de mourir à elle-même. À la suite, elle reçut
le scapulaire de Notre-Dame du Mont-Carmel et fut délivrée alors de ses maux de
tête.
Quelques mois plus tard,
elle ouvrit son âme à saint Jean Eudes, venu prêcher une mission, et lui avoua
son désir d’être religieuse. Il l’engagea à prononcer un triple vœu : celui de
prendre la Sainte Vierge pour mère, celui de ne jamais faire de péché mortel et
celui de perpétuelle chasteté.
Le 1er janvier 1644,
malgré de fortes tentations contre sa vocation et bien qu’elle n’ait que douze
ans, elle se décida à la suivre, ce qu’elle fit le 7 octobre suivant.
Avec sa sœur aînée, elle
entra au couvent des hospitalières, chanoinesses de Saint-Augustin, à Bayeux,
fondé six mois plus tôt par sa tante. Elle s’y fit remarquer par son caractère
enjoué et décidé, mais aussi par ses dons d’infirmière.
À cause de son âge, elle
ne put prendre l’habit que le 24 octobre 1646, jour de la profession de sa sœur
et de... l’entrée de sa grand-mère !
Sa dévotion mariale,
toujours aussi vive, se centra alors sur le Cœur Immaculé de Marie. Depuis sa
consécration de 1642, elle avait approfondi sa connaissance de la Sainte Vierge
et en particulier de sa vocation de Médiatrice et de Corédemptrice. Elle
comprit que le Christ voulait qu’on ne puisse toucher son Cœur à Lui qu’en
passant par sa Mère.
Le 12 janvier 1648, sa
communauté la désigna pour partir au Canada, « à cause de la longue
persévérance qu’elle a témoignée depuis trois ans dans le désir d’y être
envoyée. »
La nouvelle consécration
à la Sainte Vierge qu’elle écrivit alors témoigne de son évolution. En 1642,
éprise de la bonté maternelle de la Mère de Dieu, elle se confiait totalement à
elle ; en 1648, ayant conçu le rôle irremplaçable de la Sainte Vierge dans
le dessein divin, elle voulut s’y soumettre et le servir.
Son père, quoique bon
chrétien et homme d’oraison, s’opposa formellement au départ de sa chère fille
pour le Canada. Afin d’obtenir son consentement, elle fit vœu de vivre et de
mourir en Canada si Dieu lui en ouvrait la porte. Quelques jours plus tard, le
récit du martyre de saint Isaac Jogues, qu’on venait d’apprendre en France,
bouleversa son père et le détermina à donner librement son accord.
Elle fit ses vœux simples
perpétuels avant son départ de Bayeux, mais elle ne fera sa profession
solennelle qu’une fois ses seize ans accomplis, à Nantes, le 4 mai 1648,
quelques jours avant de s’embarquer pour la Nouvelle-France.
C’est donc après une
pénible traversée de deux mois et demi, qu’elle découvrit enfin le « petit
paradis de Québec », et commença sans tarder son service auprès des
malades. Avec les nouvelles venues, huit religieuses se dévouaient héroïquement
aux soins des colons et des autochtones. Comme le notait l’analyste de
l’Hôtel-Dieu : « Il faut savoir ce que c’est qu’un sauvage qui se
porte bien pour savoir ce qu’est un sauvage malade. »
La supérieure était mère
Marie de Saint-Bonaventure, qui mourut en 1698, à 82 ans, après 70 ans de vie
religieuse. C’était une maîtresse femme, mais d’une bonté et d’une douceur
exceptionnelles, puisées dans le Sacré-Cœur de Jésus qui la favorisait de
douces communications.
La lecture captivante des
annales nous révèle la vie quotidienne de ces religieuses cloîtrées, et nous
laisse confondus devant tant d’héroïsme. À la pauvreté, aux difficultés des
soins dans des conditions impossibles, s’ajoutait pour vingt ans la peur des
incursions iroquoises. L’année de l’arrivée de sœur Catherine fut celle du
martyre de saint Antoine Daniel, qui précéda de quelques mois celui des saints
Jean de Brébeuf, Gabriel Lalemant, Charles Garnier et Noël Chabanel.
Le dévouement des
Augustines fut aussi mis à l’épreuve en 1650 par la venue à Québec des quatre
cents rescapés de la nation huronne, dont beaucoup demandaient des soins. En
hiver, elles recueillirent sainte Marie de l’Incarnation et ses sœurs ursulines
après l’incendie de leur monastère, ce qui obligea de rationner la nourriture.
Notre jeune sœur
Catherine, qui n’avait que dix-huit ans, gardait alors tout son enthousiasme et
son inébranlable confiance en la Providence, comme sa correspondance avec
Bayeux en témoigne. Elle ne craignait qu’une chose : devoir retourner en
France.
C’est un beau jour de
1652, ou plus exactement une nuit, que tout bascula : la vision d’un chemin
étroit bordé d’épines très longues, débouchant sur une clairière, elle aussi
épineuse, lui fit comprendre qu’elle allait devoir beaucoup souffrir.
Le 10 octobre – elle
avait donc vingt ans et déjà quatre années de vie religieuse héroïque à Québec
– elle fut soudainement assaillie de terribles tentations contre la pureté et
contre sa présence à Québec.
Son confesseur, le Père
Ragueneau, l’ancien supérieur de Sainte-Marie-des-Hurons, discerne facilement
l’attaque démoniaque dont elle est l’objet, mais qui s’intensifie rapidement.
Les tentations deviennent des obsessions, tandis que les consolations
spirituelles qui stimulaient son courage disparaissent.
Or, pendant des mois, des
années, elle luttera pied à pied, observant scrupuleusement le programme de
prières et de pénitences fixé par son confesseur. Son âme ne veut véritablement
qu’une chose : faire la volonté de Dieu que lui signifie l’obéissance.
Tout le reste ne compte pas.
Le 18 octobre 1654, comme
jadis saint Noël Chabanel aux prises avec une semblable épreuve spirituelle,
sur l’ordre du Père Ragueneau, elle fit vœu de demeurer au Canada, quoi qu’il
arrive. L’obsession de retourner à Bayeux disparut aussitôt, mais les
tentations d’impureté redoublèrent d’intensité.
En 1656, elle affronta de
rudes combats que seuls son confesseur et sa supérieure connaissaient depuis
quatre ans. Le démon s’acharnait sur elle. Elle n’était pas possédée, mais sans
cesse sollicitée au mal ; or, elle résistait. Elle est la figure de tous
les enfants de Marie, que Satan déteste.
Cependant, sans que ses
souffrances morales en soient atténuées, elle jouissait de visions et de
lumières célestes qui sont autant d’ouvertures sur les réalités surnaturelles
qui, pour ainsi dire, doublent notre vie naturelle, même religieuse.
Par exemple, à
l’Ascension de 1654, tandis qu’elle se plaignait que la prédication ne lui
était d’aucun profit, Notre-Seigneur lui dit : « Écoute et
vois. » Elle eut alors la révélation qu’une partie du discours après la
Cène, dans l’Évangile de saint Jean, nous relate les paroles de Jésus
prononcées pendant son dernier repas avant son Ascension. Les exégètes modernes
font bien cette distinction, ce qui n’était pas le cas au XVIIe siècle !
Ce jour-là aussi, elle
assiste à la procession qui accueille le Christ dans sa gloire, procession
menée par saint Jean-Baptiste et dans laquelle se trouve saint Joseph, mais
voilà que Jésus, désirant honorer ce dernier, lui donne tout pouvoir et veut
qu’il ait l’honneur de lui commander.
Nous n’avons pas la place
ici de mentionner toutes les visions qui réconfortaient la bienheureuse
Catherine. Elles mériteraient une étude à part ; remarquons simplement
qu’elles ne sont que des parenthèses : dès qu’elles cessent, les
obsessions reprennent de plus belle tandis que notre sainte religieuse court à
son devoir d’état.
Six ans se passèrent
ainsi. Si sa vie s’était arrêtée en cette année 1658, sœur Catherine n’aurait
été qu’une sainte religieuse qui aurait témoigné héroïquement, à travers de
multiples tentations, son indéfectible amour à son Seigneur et Maître.
Quoiqu’admirable, son existence n’aurait eu aucune incidence importante sur
notre histoire sainte du Canada français.
Tandis qu’à partir de
1658, déjà aguerrie par ces combats, elle entre dans l’orthodromie divine.
Elle va concourir à la réalisation du dessein de Dieu en luttant contre les
forces de l’enfer, au profit de la Nouvelle-France.
En effet, c’est cette
année-là que le trafic de l’alcool avec les Sauvages divisa la colonie. Les
jésuites, considérant le bien des âmes, s’y opposaient. Le gouverneur, monsieur
d’Argenson, à qui les instructions reçues de Colbert faisaient un devoir de
favoriser le commerce, l’encourageait.
Au moment où Rome nommait
un vicaire apostolique pour la Nouvelle-France en la personne de saint François
de Laval, Catherine avait une vision au cours de laquelle Notre-Seigneur
l’agréait pour victime de son amour, en l’appelant à l’apostolat de la
souffrance.
« Il me semblait que
Notre-Seigneur m’adressait particulièrement ces paroles : “ Qui veut
me suivre, qu’il s’oublie lui-même et prenne ma croix. ” Il changeait
le mot “ sa croix ” en “ ma croix ”, comme
pour me dire : cette croix est à moi avant que d’être à toi, car je l’ai
sanctifiée ; elle est mienne, puisque je souffre avec ceux qui souffrent
pour mon amour ; elle est mienne, parce qu’elle est selon mon choix, et
non pas selon le vôtre. [...] Sache aussi que souffrant pour les
pécheurs, tu me fais un aussi grand plaisir que si au temps de ma Passion tu
eusses essuyé avec un linge pur et net les crachats qui couvraient ma
face. [...] Oh ! Si on savait combien je prise la charité
désintéressée, on s’oublierait soi-même pour le salut de son prochain. »
« L’ANGE DU
DIOCÈSE »
C’est en juin 1659 que le
nouveau vicaire apostolique arriva en Nouvelle-France. Lors de la fête de
l’Assomption à Québec, tandis qu’il donnait le sacrement de confirmation à celle
qu’il appellerait un jour « l’ange du diocèse », elle assistait à la
même cérémonie au Ciel, saint Pierre tenant la place de Mgr de Laval.
Alors, elle s’éprit de
lui, non pas d’une affection humaine, mais d’une vénération pour le
représentant du Christ. Elle en épousa donc toutes les épreuves et pria sans
cesse à ses intentions, pour l’implantation de l’Église en Amérique du Nord. Le
sacrement lui conféra aussi une force nouvelle pour lutter contre les
tentations au point de ne plus en souffrir.
Marie de l’Incarnation
avait reçu la mission de bâtir, dans ce pays « autant pitoyable
qu’effroyable », une maison à Jésus et à Marie. Par la prière, la
pénitence et l’amour, fidèle à sa vocation propre, elle soutint la fondation de
la Nouvelle-France.
Catherine de
Saint-Augustin, elle, allait plutôt y soutenir la fondation de l’Église, au
milieu des pires périls. En ces années-là, les hivers étaient plus terribles
que jamais et la menace iroquoise se faisait encore plus pressante, si bien que
l’évêque donna l’ordre aux religieuses hospitalières de quitter leur hôpital à
l’orée des bois pour se réfugier la nuit dans la ville. Mais il fallait tout de
même qu’une religieuse restât de garde auprès des malades ; le plus
souvent, c’était sœur Catherine dont la présence les apaisait.
Par contre, ses
souffrances physiques augmentaient. Mais surtout, elle subissait les attaques
visibles des démons qui la frappaient. Ses obsessions, y compris l’obsession
d’impiété pour l’empêcher de communier, ne lui laissaient aucun répit.
Ce qui s’écrit en deux
phrases représente deux ans de souffrances, jusqu’au 25 mars 1662, jour où
saint Jean de Brébeuf, martyrisé treize ans plus tôt, lui apparut. Il avait
mission de la protéger des démons et d’être son directeur spirituel en
remplacement du Père Ragueneau, parti en France. Par elle, le saint martyr
prolongea sa propre mission : vaincre les démons qui dominaient le pays
par son obéissance à la volonté divine, dans la faiblesse et le total
dépouillement.
Ces démons, elle les a
vus se vanter du mal qu’ils faisaient à la colonie par la vente de l’alcool aux
autochtones. Aussi avec quelle ferveur et quel esprit de pénitence
soutenait-elle les démarches de Mgr de Laval auprès de Louis XIV contre le
gouverneur.
Elle continuait
d’entretenir le Père Ragueneau de ses grâces, dans une correspondance régulière
que le jésuite garda précieusement, qui nous est ainsi parvenue. Parmi les
nombreuses visions qu’elle y relate, il y a celle de la gloire du Père de
Brébeuf au Ciel, commis à la protection du Canada. Pour atténuer les peines et
les souffrances de sa dirigée, il lui suffisait de se tourner vers
Notre-Seigneur pour qu’aussitôt elle fût soulagée ou délivrée. Même si ses
entretiens lui paraissaient toujours trop courts, elle en était tellement
heureuse qu’elle n’arrivait plus ensuite à trouver le sommeil.
Mais venons-en à la
vision du 1er janvier 1663, capitale pour notre histoire sainte du Canada.
Notre Dieu montra à Catherine son courroux contre la colonie infidèle à sa
vocation, et sa volonté de l’en punir : « Il me sembla voir un
bouleversement dans la terre et qu’il en resta de certaines crevasses par
endroit. » Le 5 février, ce fut le grand tremblement de terre.
Quelques jours plus tard,
voyant saint Michel prêt à châtier de nouveau la Nouvelle-France, elle s’offrit
en sacrifice, terrifiée par la colère de Dieu, mais qu’elle savait juste.
« Je restai étrangement touchée de ce que Dieu était si irrité ; et
mon cœur était dans un grand désir de pouvoir l’apaiser. Je n’ai jamais si bien
conçu qu’alors ce que c’est que le péché. Qu’il y a peu de foi et que l’on ne
comprend guère ce que c’est que Dieu ! » Cinq mois durant, les
tremblements de terre se succédèrent.
Le 18 mars, saint Jean de
Brébeuf lui apparut pour lui demander la mortification continuelle des
satisfactions de la nature. Alors qu’elle était prise de tentations d’impiété
et craignait que ce soit la raison de la colère de Dieu, Notre-Seigneur « me
dit que ce n’était pas moi, mais bien ses plus chers amis et les plus proches
de son Cœur qui l’avaient mis dans cet état. Je conçus par-là que
Notre-Seigneur avait le Cœur touché de ce que ceux qui étaient ses plus intimes
amis le persécutaient. » En réparation, il lui demandait de souffrir sans
murmurer, de ne point chercher à adoucir ses peines intérieures et de ne perdre
aucune occasion de pratiquer la charité.
Le 12 juin, saint Jean de
Brébeuf la visita en compagnie de saint Joseph qu’elle voyait tout dépité des
désordres dans ce pays dont il est le patron. Il lui témoigna alors que ceux
qui travaillent à porter remède à cette situation lui rendent un bon service.
Le 15 septembre, Mgr de
Laval était de retour à Québec, ses démarches à Versailles couronnées de
succès.
Pourtant, monsieur de
Mésy, le nouveau gouverneur qu’il avait choisi à cause de sa piété, se retourna
contre lui et reprit la vente de l’alcool aux Sauvages. Catherine de
Saint-Augustin redoubla alors ses pénitences. Saint Michel et saint Ignace,
touchés de compassion, lui proposèrent d’intervenir pour atténuer ses peines,
mais elle refusa.
Monsieur de Mésy mourut
prématurément après une courte maladie, malgré les soins de notre sainte
religieuse. Elle assista à son jugement particulier, pria pour le repos de son
âme, obtenant son salut moyennant un long purgatoire d’autant d’années que
d’heures passées en Nouvelle-France, c’est-à-dire un peu plus de cinq mille.
Qui à Québec aurait pu imaginer
que cette religieuse hospitalière modèle, tout occupée à son devoir, avait
contemplé la gloire de l’Immaculée, avait vécu au Ciel les fêtes de la
Nativité, de l’Immaculée Conception, de saint Pierre, de l’Assomption, ou
encore la consécration de la cathédrale, le 11 juillet 1666 ? Son récit de
cette dernière vision serait à méditer au moment où nous fermons nos églises.
En fait, si soixante ans
après l’arrivée des premiers colons, la cathédrale put être consacrée, c’est
que l’Église était fondée durablement sur les rives du Saint-Laurent. La
mission de la sœur Catherine touchait donc à sa fin.
Trois semaines après, le
2 août 1666, elle tomba malade. Saint François de Sales la guérit, ce qui ne
lui convint pas ; elle aurait volontiers fait sienne l’exclamation de
sainte Marguerite-Marie quelques années plus tard à Paray-le-Monial :
« Plus de croix, quelle croix ! »
Puisqu’elle en réclamait,
d’autres tentations l’assaillirent, cette fois de désespoir. Elle allait vivre
ainsi encore une année, sans répit dans ses peines comme dans son dévouement,
mais l’âme extraordinairement en paix.
Le 20 avril 1668, elle
fut prise d’un crachement de sang. Il était temps pour elle d’avoir sa
récompense. En ce printemps, le régiment de Carignan regagnait la France, la colonie
comptait maintenant six mille âmes environ et commençait à être autosuffisante,
l’Église surtout était bien implantée.
Sa mort fut aussi étrange
et déroutante que sa vie. Son mal empira à partir du 3 mai, jour de son 36e anniversaire.
Le 7, on lui donna les derniers sacrements. Sa supérieure, la bonne mère Marie
de Saint-Bonaventure, ne la quittait pas, sinon pour aller prier devant le
tabernacle pour implorer sa guérison.
Au milieu de la nuit,
sœur Catherine eut une grande faiblesse. La communauté appelée en hâte fut
témoin d’une extase, elle était ravie en Dieu, son pouls ayant cessé de battre.
Mais, tout d’un coup, retrouvant l’usage de ses sens, elle s’écria :
« J’adore vos divines perfections, ô mon Dieu, j’adore votre divine
justice ! je m’y abandonne de tout mon cœur. » Puis elle regarda ses
sœurs, rayonnante de joie. « Voilà qui va bien, dit-elle gaiement. Entre
cinq et six heures, il y aura du changement dans nos affaires. En attendant, me
voici guérie. On vient de me dire que tous mes maux sont finis, que tout est
fait et qu’il n’y a plus de douleur. »
Elle réclama d’aller à la
chapelle, on le lui refusa ; elle entonna alors le Te Deum. Puis elle
demanda à manger. Elle trouva insuffisant ce qu’on lui servit, mais voulut bien
attendre. Comme elle se sentait fatiguée, on la laissa se reposer. La
communauté se dispersa, heureuse de cette guérison miraculeuse. Restèrent à ses
côtés la supérieure et l’infirmière qui, vers 6 heures, constatèrent que son
âme avait quitté son corps sans que personne ne s’en fût aperçu ! C’était
le 8 mai 1668, jour de la fête de saint Michel qui lui avait promis son
assistance spéciale.
Pas de doute : Dieu
voulait cette colonie de la Nouvelle-France. Les saints qui ont permis ou
affermi cette fondation nous font comprendre son dessein. Aussi doivent-ils
nous servir de modèles pour le combat à mener afin de triompher de ces démons,
et de reprendre leur œuvre.
LA RENAISSANCE CATHOLIQUE,
N° 254 – Novembre 2020. Rédaction : Maison Sainte-Thérèse
Blessed Catherine de St-Augustin
Written by Thérèse Tardif on Thursday, 01 May 2008. Posted in Saints & Blessed
MISSIONARY "IN CANADA" AT AGE 16
On April 23, 1989, France and Quebec had the joy of
seeing Marie Catherine of Saint Augustine (Catherine of Longpré) raised to the
altar, the Augustinian Hospitaller Sister of the Mercy of Jesus of the
"Hotel Dieu" in Quebec City. She was nicknamed "co-foundress of
the Catholic Church in Canada." A French flower that blossomed in Canada,
she was declared "blessed" in Rome by His Holiness Pope John Paul II.
A French flower
Catherine of Longpré was born on May 3, 1632, at St. Sauveur le Vicomte in Normandy, France. Catherine was baptized in her parish church dedicated to Saint John the Baptist, future patron of French Canadians.
Catherine’s parents had several children, for that reason her maternal grandmother took her home and took care of her education. In her grandparent’s home they received the poor, the disinherited, and the sick. Catherine grew up amidst this charitable school. Barely three and a half years of age, the child already burned with an ardent desire to accomplish the Will of God in all things. She did nothing without asking permission from a picture of the Blessed Virgin and she reveals in her journal that this Good Mother answered her prayers, and that she played with the Child Jesus.
At ten years of age she signed in blood, her total consecration to the Blessed Virgin, an act she composed herself. In 1643, Saint John Eudes came to preach a mission at Saint Sauveur and predicted to Catherine that she would be a religious.
On October 7, 1644, our young heroine and her sister,
knocked at the door of the "Hotel Dieu" in Bayeux with the intention
of consecrating themselves totally to God and to His works in the Institute of
the Augustinian Hospitaller Sisters of the Mercy of Jesus. On October 24, 1646,
she took the religious habit, at the same time as her grandmother who, having
been widowed, went to join her in the monastery. She took the name of Sister
Marie Catherine of St. Augustine.
Canadian Epic
It was the time of the great Canadian Epic. Sister Marie Catherine hears about it and she nurtures the idea of joining these pioneers in this savage country. She signs her engagement to go to Canada on April 12, 1648.
The ship "The Cardinal" that carries our heroine sails on May 31, 1648. The crossing is dangerous and long, it lasted 3 months. Illness causes many deaths. Sister Marie Catherine herself falls ill to the incurable disease. She was going to die; she saw a horrible dragon attacking her. However, God wants her in Canada, He watches over her and the Blessed Virgin cures her so the dragon flees.
"The Cardinal" anchors in Quebec City on August 19, 1648. All the tribes, except the Iroquois, are friendly with the French.
There are eleven Ursulines who are teaching the French
and Indian girls. And the Hospitaller Sisters, who number five when Sister
Marie Catherine arrived, take care of the sick. They had to endure the rigors
of the Canadian winters, bad food, lack of necessities, continuous fear of the
Iroquois and total isolation from civilization across the ocean.
To work
Having arrived in QuebecCity, Sister Marie Catherine courageously goes to work, sharing the hard work of the forefathers and learning the Indian languages. She quickly manifests good nursing qualities and shows a remarkable common sense, and all love her. She acts in the bosom of the Community as economist, mistress of novices and director general of the hospital, being entirely devoted to the sick and the dispossessed. The Superior, Mother Saint Bonaventure rejoiced to have Sister Marie Catherine, she was such a dependable person of such high perfection.
On March 16, 1649, Father Jean de Brebeuf is martyred by the Iroquois. He is 56 years old. His only wish was to pour out his blood for Jesus Christ. Sister Marie Catherine is guided in her ascension towards sanctity by Father Paul Raguenau, superior of the "Hotel Dieu" and one of the greatest apostles of New France; and also by Father Jean de Brebeuf who appears to her frequently.
Because of her grace and charity, our young hospitaller nun swiftly wins the friendship of the Indians. She teaches them the catechism. She even faces death with courage. In 1651, she writes admirable letters to the vicar-general of Bayeux: "We are between life and death. No one is sure of being guaranteed escape from the fury of the barbarians. All this, I assure you, does not frighten me. I feel my heart disposed towards suffering for all that will please my Good Master to send me…"
In 1652, Sister Marie Catherine is assailed by two temptations: impurity and returning to France. She valiantly fights the first by prayer, fasting, discipline, sleeping on a hard bed, etc. As for the temptation to leave Canada, she responds by a perpetual vow to remain in her adopted country.
Sister Marie Catherine is blessed with many ecstasies
and visions: visions of the Blessed Virgin at Her Assumption, beautiful visions
of the Marian City in Paradise, frequent visions of Our Lord, of Saint Michael,
Saint Joseph, and Father de Brebeuf, whom God Himself gives her as spiritual
director. She also receives visions of the souls in Purgatory that she saved;
visions of consciences and of persons who died in France whose deaths she
announces in Canada before the news can arrive by boat.
Bishop de Laval
Bishop de Laval is appointed apostolic vicar of Canada on June 24, 1658 (Feast of Saint John the Baptist), and consecrated bishop on December 8, (Feast of the Immaculate Conception). He arrives in Quebec City on June 9, 1659.
On August 24, (Feast of Saint Bartholomew) of the same year, he administers the sacrament of Confirmation to Sister Marie Catherine and 100 Indians. At this time, Sister Marie Catherine sees the heavens unfold in a scene of the sacrament of Confirmation, in a mystical way.
Bishop de Laval already understands the holy treasure
that the "Hotel Dieu" has in the person of Sister Marie Catherine; he
consults her often and recommends to her prayers the most important affairs of
the diocese.
Obsession by the devils
In 1660, one possessed by the devil was given into the
good care of Sister Marie Catherine. The devils, enraged against the holy
religious, appeared to her and beat her terribly. They gave her an awful
aversion to Communion. And when she prayed for sinners, God permitted that she
be like a prison where the devils are forced to live, thereby they could do no
evil to others.
Earthquake
The firewater trade erupted like a plague on New France. Bishop de Laval decided to return to France to have recourse to the authority of the King.
Sister Marie Catherine saw Our Lord very angry, so she prayed for the conversion of the guilty parties and increased her penances.
On February 5, 1663, there began the amazing
earthquake across all of Canada that lasted seven long months. God granted
Sister Marie Catherine the vision of the earthquake in Canada before it took
place, in order to incite her to pray and to offer herself as a holocaust for
the sins of the people. During the earthquake, she offered herself as a
holocaust, so finally God allowed Himself to be touched and permitted all the people
to convert and despite violent quakes of 6.9, there was no loss of life.
Our Lord scourged
Sister Marie Catherine saw Our Lord scourged and covered with blood. The hate the devils inspire in her against God changes into love so strong and so tender that she is completely transformed by it and she conceives a very strong horror of sin.
She also offers her sufferings for the souls in Purgatory and delivers many of them.
Sister Marie Catherine obtains through her prayers and her sufferings the conversion of the governor of New France, Mr. de Mésy, who gave free reign to the firewater trade. Would that she also obtained the conversion of our ministers and deputies today!
Model of the hospitaller sister at the bedside of the
sick, even as she gave them every care for the body, she was a thousand times
more preoccupied with the salvation of their souls. She asked God to obtain the
favor that no one from her hospital would die without being in the state of
grace.
Heaven opens
April 20, 1668, she begins to spit blood. She died on May 8, 1668, Feast of Saint Michael the Archangel. The beautiful soul of Sister Marie Catherine flew to Heaven at the "Hotel Dieu" in Quebec at the age of 36. The body of the holy hospitaller sister was exposed in the chapel of the "Hotel Dieu". "Her countenance, says the ‘Relation des Jesuites’ stayed like that of a person who was in contemplation." All the people of Quebec City who visited the body of the saint testified to this marvel.
For having offered her life for the Church and the
salvation of New France, Marie Catherine of Saint Augustine is considered the
cofounder of the Church in Canada. Pope John Paul II proclaimed her
"blessed" on April 23, 1989.
Our country founded by saints
Yes, our country was founded by the blood of martyrs, the holocaust of the saints and the sweat of our settlers. Those who took possession of it did so in the name of Christ.
We can say the same for New France as Cardinal Pie said for France:
"Jesus Christ is the cornerstone of our country,
the summary of our history, Jesus Christ, is all our future…"
Source: Documents from the Catherine de Saint-Augustin Center, 32 Charlevoix, Quebec, QC, G1R 3R9 – Tel. 418-692-2492
SOURCE : http://www.michaeljournal.org/articles/roman-catholic-church/item/blessed-catherine-de-st-augustin
Blessed Catherine of St. Augustine
Virgin
(1632-1668)
A young future missionary to New France, Catherine de Longpré, in religion Sister Marie-Catherine of Saint Augustine, was a nursing nun in the community of the Hospitaler Sisters of Saint Augustine in Evreux. Born in France in 1632, she went to Quebec at the age of sixteen. Having offered her life for the sick and the sanctification of souls, she found in Quebec City a newly-established and very poor hospital, where she would labor for twenty years with unfailing devotion and courage.
Blessed Catherine's physical and moral sufferings increased to a measure which few Saints have surpassed; she was chosen as a victim by God for the expiation of sins, in this territory which He destined for Himself in a particular way. To sustain her in the terrible obsessions which she endured, to preserve other souls who could not have withstood hell's assaults, she was given for her heavenly spiritual director, Saint John de Brebeuf, the North American martyr who had died not long before, in what is now Ontario. The entire history of her interior life was written by her confessor, the Jesuit Paul Ragueneau, who had been a friend of the great Martyr and had labored with him. Father Ragueneau recognized as authentic his fellow Jesuit's spiritual role in the life of this remarkable religious.
The sale of alcoholic beverages to the Indians in exchange for furs was a grievous abuse which the saintly first bishop of Quebec, Monsignor Francis Montmorency de Laval, was striving to abolish; sins of the tongue, immodesty and impiety were rampant in the city and surroundings. Monsignor de Laval recognized in Sister Catherine a soul of predilection, and he often asked her intercession for particular persons, for the colony and the Indians, whose souls were his great concern, as they were also of his clergy and missionaries. She, for her part, complied by her prayers and sacrifices, and saw in vision how the demons of hell were working for the ruin of the colony, in various places and in various ways. A spiritual battle of great proportions was underway, to win Canada for Christ.
Blessed Catherine died at the age of 36, saying shortly before she expired: My God, I adore Your divine perfections; I adore Your divine Justice; I abandon myself to it with my whole heart. One of the great mystics of the Church, her life remains a prodigy of sacrifice and love, a gold mine of doctrine for those who seek understanding of God's ways with His Saints and His people.
Fr. Paul Ragueneau, S.J., La vie de la Mère Catherine de Saint Augustin, (F. Lambert: Paris, 1671). Reprinted in Quebec City, 1923, by the Augustinian nuns.
8 MAY
Blessed Marie-Catherine de Saint-Augustin, AMJ
Catherine of Saint-Augustin was born on May 3, 1632,
in Saint-Sauveur-le-Vicomte, Normandy (France). She is raised by her maternal
grandparents who are used to offer hospitality to the poor and sick and teach
Catherine the virtue of charity. As early as age three, she expresses a strong
desire to do God’s will and at age five she has strong mystical prayer
experiences. When she is only eight, she understands that the Holy Spirit is
calling her to be a saint and at age ten she writes a note giving herself to
“Lady Mary”.
Catherine is a witty and attractive girl and has a
cheerful character. Despite her enjoyment of worldly life, when she is twelve,
she decides to enter the community of Hotel-Dieu of Bayeux, which is directed
by the Augustinian nuns, Hospital Sisters of the Mercy of Jesus. She enters
their novitiate on October 24, 1646, taking the name in religion of Catherine
of St. Augustin. When she is fifteen, she offers herself for the Canada mission
and promises “to live and die in Canada if God will open its door” for her. She
makes solemn profession as a nun on May 4, 1648, in Nantes, and sets sail for
Canada on May 27.
The ship arrives in Quebec on August 19. Catherine
learns the languages of the First Nations people and looks after the sick. In
the spring of 1649, she adopts as her model Saint Jean de Brebeuf, who has just
been martyred. Between 1654 and 1668 she fills, one after the other, the
offices of treasurer, director of the hospital and novice director for her
community. Catherine continues to experience deep prayer and, at the same time,
inner temptations cause her great turmoil. She often has health problems. In
1654 she promises to remain in Canada and, in 1658, she offers herself in a
spirit of reparation for the salvation of New France. In 1665 she promises to
work for “everything that I know to be most perfect and for the greater glory
of God”. She gets sick and dies on May 8, 1668. She was beatified on April 23,
1989.
LINK: http://www.augustines.org
QUOTATION:
I offered myself to the Divine Majesty to serve him as a victim whenever it pleased him; I took no care for my life or my possessions. I only want God to dispose of them according to his holy will.
Statue de Marie-Catherine de Saint-Augustin, Bayeux