BÉNÉDICTION URBI ET ORBI DU PAPE FRANÇOIS, 27 mars 2020
Évangile selon Saint MARC, IV ; 35-41
35 Ce jour-là, le soir venu, il dit à ses disciples :
« Passons sur l’autre rive. »
36 Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la
barque, et d’autres barques l’accompagnaient.
37 Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la
barque, si bien que déjà elle se remplissait.
38 Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Les disciples le
réveillent et lui disent : « Maître, nous sommes perdus ; cela
ne te fait rien ? »
39 Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence,
tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme.
40 Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous si
craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? »
41 Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux :
« Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui
obéissent ? »
Santissimo Crocifisso,
San Marcello al
Corso, Roma
Le texte intégral de la méditation du Pape lors de sa bénédiction Urbi
et Orbi historique
Au milieu de la
« tempête » que peut représenter l’épidémie de covid-19, le Seigneur
souhaite « réveiller et raviver notre foi pascale », a souligné le
pape François vendredi 27 mars lors d’une méditation centrée sur le miracle de
la tempête apaisée prononcée sur place Saint-Pierre lors d’une veillée de
prière exceptionnelle et avant une bénédiction Urbi et Orbi historique
« Le soir venu » (Mc 4, 35). Ainsi commence l’Evangile que nous avons
écouté. Depuis des semaines, la nuit semble tomber. D’épaisses ténèbres
couvrent nos places, nos routes et nos villes ; elles se sont emparées de nos
vies en remplissant tout d’un silence assourdissant et d’un vide désolant, qui
paralyse tout sur son passage : cela se sent dans l’air, cela se ressent dans
les gestes, les regards le disent. Nous nous retrouvons apeurés et perdus.
Comme les disciples de l’Evangile, nous avons été pris au dépourvu par une
tempête inattendue et furieuse. Nous nous nous rendons compte que nous nous
trouvons dans la même barque, tous fragiles et désorientés, mais en même temps
tous importants et nécessaires, tous appelés à ramer ensemble, tous ayant
besoin de nous réconforter mutuellement. Dans cette barque… nous nous trouvons
tous. Comme ces disciples qui parlent d’une seule voix et dans l’angoisse
disent : « Nous sommes perdus » (v. 38), nous aussi, nous nous nous apercevons
que nous ne pouvons pas aller de l’avant chacun tout seul, mais seulement
ensemble.
Il est facile de nous retrouver dans ce récit. Ce qui est difficile,
c’est de comprendre le comportement de Jésus. Alors que les disciples sont
naturellement inquiets et désespérés, il est à l’arrière, à l’endroit de la
barque qui coulera en premier. Et que fait-il ? Malgré tout le bruit, il dort
serein, confiant dans le Père – c’est la seule fois où, dans l’Evangile, nous
voyons Jésus dormir –. Puis, quand il est réveillé, après avoir calmé le vent
et les eaux, il s’adresse aux disciples sur un ton de reproche : « Pourquoi
êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » (v. 40).
La tempête démasque
notre vulnérabilité et révèle ces sécurités, fausses et superflues, avec
lesquelles nous avons construit nos agendas, nos projets, nos habitudes et priorités.
Cherchons à comprendre. En quoi consiste le manque de foi de la part des
disciples, qui s’oppose à la confiance de Jésus ? Ils n’avaient pas cessé de
croire en lui. En effet, ils l’invoquent. Mais voyons comment ils l’invoquent :
« Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » (v. 38). Cela ne te
fait rien : ils pensent que Jésus se désintéresse d’eux, qu’il ne se soucie pas
d’eux. Entre nous, dans nos familles, l’une des choses qui fait le plus mal,
c’est quand nous nous entendons dire : “Tu ne te soucies pas de moi ?”. C’est
une phrase qui blesse et déclenche des tempêtes dans le cœur. Cela aura aussi
touché Jésus, car lui, plus que personne, tient à nous. En effet, une fois
invoqué, il sauve ses disciples découragés.
La tempête démasque notre vulnérabilité et révèle ces sécurités, fausses
et superflues, avec lesquelles nous avons construit nos agendas, nos projets,
nos habitudes et priorités. Elle nous démontre comment nous avons laissé
endormi et abandonné ce qui alimente, soutient et donne force à notre vie ainsi
qu’à notre communauté. La tempête révèle toutes les intentions d’“emballer” et
d’oublier ce qui a nourri l’âme de nos peuples, toutes ces tentatives
d’anesthésier avec des habitudes apparemment “salvatrices”, incapables de faire
appel à nos racines et d’évoquer la mémoire de nos anciens, en nous privant
ainsi de l’immunité nécessaire pour affronter l’adversité.
« Pourquoi
êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? ». Seigneur, ce soir,
ta Parole nous touche et nous concerne tous. Dans notre monde, que tu aimes
plus que nous, nous sommes allés de l’avant à toute vitesse, en nous sentant
forts et capables dans tous les domaines.
À la faveur de la tempête, est tombé le maquillage des stéréotypes avec
lequel nous cachions nos “ego” toujours préoccupés de leur image ; et reste
manifeste, encore une fois, cette appartenance commune (bénie), à laquelle nous
ne pouvons pas nous soustraire : le fait d’être frères.
« Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? ».
Seigneur, ce soir, ta Parole nous touche et nous concerne tous. Dans notre
monde, que tu aimes plus que nous, nous sommes allés de l’avant à toute
vitesse, en nous sentant forts et capables dans tous les domaines. Avides de gains,
nous nous sommes laissé absorber par les choses et étourdir par la hâte. Nous
ne nous sommes pas arrêtés face à tes rappels, nous ne nous sommes pas
réveillés face à des guerres et à des injustices planétaires, nous n’avons pas
écouté le cri des pauvres et de notre planète gravement malade. Nous avons
continué notre route, imperturbables, en pensant rester toujours sains dans un
monde malade. Maintenant, alors que nous sommes dans une mer agitée, nous
t’implorons : “Réveille-toi Seigneur !”.
Seigneur, tu nous
adresses un appel, un appel à la foi qui ne consiste pas tant à croire que tu
existes, mais à aller vers toi et à se fier à toi.
« Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? ».
Seigneur, tu nous adresses un appel, un appel à la foi qui ne consiste pas tant
à croire que tu existes, mais à aller vers toi et à se fier à toi. Durant ce
Carême, ton appel urgent résonne : “Convertissez-vous”, « Revenez à moi de tout
votre cœur » (Jl 2, 12). Tu nous invites à saisir ce temps d’épreuve comme un
temps de choix. Ce n’est pas le temps de ton jugement, mais celui de notre
jugement : le temps de choisir ce qui importe et ce qui passe, de séparer ce
qui est nécessaire de ce qui ne l’est pas. C’est le temps de réorienter la
route de la vie vers toi, Seigneur, et vers les autres. Et nous pouvons voir de
nombreux compagnons de voyage exemplaires qui, dans cette peur, ont réagi en
donnant leur vie. C’est la force agissante de l’Esprit déversée et transformée
en courageux et généreux dévouements. C’est la vie de l’Esprit capable de
racheter, de valoriser et de montrer comment nos vies sont tissées et soutenues
par des personnes ordinaires, souvent oubliées, qui ne font pas la une des
journaux et des revues ni n’apparaissent dans les grands défilés du dernier
show mais qui, sans aucun doute, sont en train d’écrire aujourd’hui les
évènements décisifs de notre histoire : médecins, infirmiers et infirmières,
employés de supermarchés, agents d’entretien, fournisseurs de soin à domicile,
transporteurs, forces de l’ordre, volontaires, prêtres, religieuses et tant et
tant d’autres qui ont compris que personne ne se sauve tout seul. Face à la
souffrance, où se mesure le vrai développement de nos peuples, nous découvrons
et nous expérimentons la prière sacerdotale de Jésus : « Que tous soient un »
(Jn 17, 21). Que de personnes font preuve chaque jour de patience et insuffle
l’espérance, en veillant à ne pas créer la panique mais la coresponsabilité !
Que de pères, de mères, de grands-pères et de grands-mères, que d’enseignants
montrent à nos enfants, par des gestes simples et quotidiens, comment affronter
et traverser une crise en réadaptant les habitudes, en levant les regards et en
stimulant la prière ! Que de personnes prient, offrent et intercèdent pour le bien
de tous. La prière et le service discret : ce sont nos armes gagnantes !
« Pourquoi avez-vous peur ?
N’avez-vous pas encore la foi ? ». Le début de la foi, c’est de savoir qu’on a
besoin de salut. Nous ne sommes pas autosuffisants ; seuls, nous faisons
naufrage : nous avons besoin du Seigneur, comme les anciens navigateurs, des
étoiles. Invitons Jésus dans les barques de nos vies. Confions-lui nos peurs,
pour qu’il puisse les vaincre. Comme les disciples, nous ferons l’expérience
qu’avec lui à bord, on ne fait pas naufrage. Car voici la force de Dieu : orienter
vers le bien tout ce qui nous arrive, même les choses tristes. Il apporte la
sérénité dans nos tempêtes, car avec Dieu la vie ne meurt jamais.
Le Seigneur nous
interpelle et, au milieu de notre tempête, il nous invite à réveiller puis à
activer la solidarité et l’espérance capables de donner stabilité, soutien et
sens en ces heures où tout semble faire naufrage.
Le Seigneur nous interpelle et, au milieu de notre tempête, il nous
invite à réveiller puis à activer la solidarité et l’espérance capables de donner
stabilité, soutien et sens en ces heures où tout semble faire naufrage. Le
Seigneur se réveille pour réveiller et raviver notre foi pascale. Nous avons
une ancre : par sa croix, nous avons été sauvés. Nous avons un gouvernail : par
sa croix, nous avons été rachetés. Nous avons une espérance : par sa croix,
nous avons été rénovés et embrassés afin que rien ni personne ne nous sépare de
son amour rédempteur. Dans l’isolement où nous souffrons du manque d’affections
et de rencontres, en faisant l’expérience du manque de beaucoup de choses,
écoutons une fois encore l’annonce qui nous sauve : il est ressuscité et vit à
nos côtés. Le Seigneur nous exhorte de sa croix à retrouver la vie qui nous
attend, à regarder vers ceux qui nous sollicitent, à renforcer, reconnaître et
stimuler la grâce qui nous habite. N’éteignons pas la flamme qui faiblit (cf.
Is 42, 3) qui ne s’altère jamais, et laissons-la rallumer l’espérance.
Embrasser la croix, c’est trouver le courage d’embrasser toutes les
contrariétés du temps présent, en abandonnant un moment notre soif de toute
puissance et de possession, pour faire place à la créativité que seul l’Esprit
est capable de susciter. C’est trouver le courage d’ouvrir des espaces où tous
peuvent se sentir appelés, et permettre de nouvelles formes d’hospitalité et de
fraternité ainsi que de solidarité. Par sa croix, nous avons été sauvés pour
accueillir l’espérance et permettre que ce soit elle qui renforce et soutienne
toutes les mesures et toutes les pistes possibles qui puissent aider à nous
préserver et à sauvegarder. Étreindre le Seigneur pour embrasser l’espérance,
voilà la force de la foi, qui libère de la peur et donne de l’espérance.
« Pourquoi êtes-vous si craintifs
? N’avez-vous pas encore la foi ? » Chers frères et sœurs, de ce lieu, qui
raconte la foi, solide comme le roc, de Pierre, je voudrais ce soir vous
confier tous au Seigneur, par l’intercession de la Vierge, salut de son peuple,
étoile de la mer dans la tempête. Que, de cette colonnade qui embrasse Rome et
le monde, descende sur vous, comme une étreinte consolante, la bénédiction de
Dieu. Seigneur, bénis le monde, donne la santé aux corps et le réconfort aux
cœurs. Tu nous demandes de ne pas avoir peur. Mais notre foi est faible et nous
sommes craintifs. Mais toi, Seigneur, ne nous laisse pas à la merci de la
tempête. Redis encore : « N’ayez pas peur » (Mt 28, 5). Et nous, avec Pierre,
“nous nous déchargeons sur toi de tous nos soucis, car tu prends soin de nous”
(cf. 1P 5, 7).
Santa Maria Maggiore Basilica, Roma
The Gospel According to Mark
35 With the coming of evening
that same day, he said to them, 'Let us cross over to the other side.'
36 And leaving the crowd behind they took
him, just as he was, in the boat; and there were other boats with him.
37 Then it began to blow a great gale and
the waves were breaking into the boat so that it was almost swamped.
38 But he was in the stern, his head on the
cushion, asleep.
39 They woke him and said to him, 'Master,
do you not care? We are lost!' And he woke up and rebuked the wind and said to
the sea, 'Quiet now! Be calm!' And the wind dropped, and there followed a great
calm.
40 Then he said to them, 'Why are you so
frightened? Have you still no faith?'
41 They were overcome with awe and said to
one another, 'Who can this be? Even the wind and the sea obey him.'
FRANCIS
Sagrato of St Peter’s Basilica
Friday, 27 March 2020
“When evening
had come” (Mk 4:35). The Gospel passage we have just heard begins
like this. For weeks now it has been evening. Thick darkness has gathered over
our squares, our streets and our cities; it has taken over our lives, filling
everything with a deafening silence and a distressing void, that stops
everything as it passes by; we feel it in the air, we notice in people’s
gestures, their glances give them away. We find ourselves afraid and lost. Like
the disciples in the Gospel we were caught off guard by an unexpected, turbulent
storm. We have realized that we are on the same boat, all of us fragile and
disoriented, but at the same time important and needed, all of us called to row
together, each of us in need of comforting the other. On this boat… are all of
us. Just like those disciples, who spoke anxiously with one voice, saying “We
are perishing” (v. 38), so we too have realized that we cannot go on thinking
of ourselves, but only together can we do this.
It is easy to
recognize ourselves in this story. What is harder to understand is Jesus’
attitude. While his disciples are quite naturally alarmed and desperate, he
stands in the stern, in the part of the boat that sinks first. And what does he
do? In spite of the tempest, he sleeps on soundly, trusting in the Father; this
is the only time in the Gospels we see Jesus sleeping. When he wakes up, after
calming the wind and the waters, he turns to the disciples in a reproaching
voice: “Why are you afraid? Have you no faith?” (v. 40).
Let us try to
understand. In what does the lack of the disciples’ faith consist, as
contrasted with Jesus’ trust? They had not stopped believing in him; in fact,
they called on him. But we see how they call on him: “Teacher, do you not care
if we perish?” (v. 38). Do you not care: they think that Jesus is
not interested in them, does not care about them. One of the things that hurts
us and our families most when we hear it said is: “Do you not care about me?”
It is a phrase that wounds and unleashes storms in our hearts. It would have
shaken Jesus too. Because he, more than anyone, cares about us. Indeed, once
they have called on him, he saves his disciples from their discouragement.
The storm
exposes our vulnerability and uncovers those false and superfluous certainties
around which we have constructed our daily schedules, our projects, our habits
and priorities. It shows us how we have allowed to become dull and feeble the
very things that nourish, sustain and strengthen our lives and our communities.
The tempest lays bare all our prepackaged ideas and forgetfulness of what
nourishes our people’s souls; all those attempts that anesthetize us with ways
of thinking and acting that supposedly “save” us, but instead prove incapable
of putting us in touch with our roots and keeping alive the memory of those who
have gone before us. We deprive ourselves of the antibodies we need to confront
adversity.
In this storm,
the façade of those stereotypes with which we camouflaged our egos, always
worrying about our image, has fallen away, uncovering once more that (blessed)
common belonging, of which we cannot be deprived: our belonging as brothers and
sisters.
“Why are you
afraid? Have you no faith?” Lord,
your word this evening strikes us and regards us, all of us. In this world,
that you love more than we do, we have gone ahead at breakneck speed, feeling
powerful and able to do anything. Greedy for profit, we let ourselves get
caught up in things, and lured away by haste. We did not stop at your reproach
to us, we were not shaken awake by wars or injustice across the world, nor did
we listen to the cry of the poor or of our ailing planet. We carried on
regardless, thinking we would stay healthy in a world that was sick. Now that
we are in a stormy sea, we implore you: “Wake up, Lord!”.
“Why are you
afraid? Have you no faith?” Lord, you are
calling to us, calling us to faith. Which is not so much believing that you
exist, but coming to you and trusting in you. This Lent your call reverberates
urgently: “Be converted!”, “Return to me with all your heart” (Joel 2:12).
You are calling on us to seize this time of trial as a time of choosing.
It is not the time of your judgement, but of our judgement: a time to choose
what matters and what passes away, a time to separate what is necessary from
what is not. It is a time to get our lives back on track with regard to you,
Lord, and to others. We can look to so many exemplary companions for the
journey, who, even though fearful, have reacted by giving their lives. This is
the force of the Spirit poured out and fashioned in courageous and generous
self-denial. It is the life in the Spirit that can redeem, value and
demonstrate how our lives are woven together and sustained by ordinary people –
often forgotten people – who do not appear in newspaper and magazine headlines
nor on the grand catwalks of the latest show, but who without any doubt are in
these very days writing the decisive events of our time: doctors, nurses,
supermarket employees, cleaners, caregivers, providers of transport, law and
order forces, volunteers, priests, religious men and women and so very many
others who have understood that no one reaches salvation by themselves. In the
face of so much suffering, where the authentic development of our peoples is
assessed, we experience the priestly prayer of Jesus: “That they may all be
one” (Jn 17:21). How many people every day are exercising patience
and offering hope, taking care to sow not panic but a shared responsibility.
How many fathers, mothers, grandparents and teachers are showing our children,
in small everyday gestures, how to face up to and navigate a crisis by
adjusting their routines, lifting their gaze and fostering prayer. How many are
praying, offering and interceding for the good of all. Prayer and quiet
service: these are our victorious weapons.
“Why are you
afraid? Have you no faith”?Faith begins
when we realise we are in need of salvation. We are not self-sufficient; by
ourselves we founder: we need the Lord, like ancient navigators needed the
stars. Let us invite Jesus into the boats of our lives. Let us hand over our
fears to him so that he can conquer them. Like the disciples, we will
experience that with him on board there will be no shipwreck. Because this is
God’s strength: turning to the good everything that happens to us, even the bad
things. He brings serenity into our storms, because with God life never dies.
The Lord asks
us and, in the midst of our tempest, invites us to reawaken and put into
practice that solidarity and hope capable of giving strength, support and
meaning to these hours when everything seems to be floundering. The Lord
awakens so as to reawaken and revive our Easter faith. We have an anchor: by
his cross we have been saved. We have a rudder: by his cross we have been
redeemed. We have a hope: by his cross we have been healed and embraced so that
nothing and no one can separate us from his redeeming love. In the midst of
isolation when we are suffering from a lack of tenderness and chances to meet
up, and we experience the loss of so many things, let us once again listen to the
proclamation that saves us: he is risen and is living by our side. The Lord
asks us from his cross to rediscover the life that awaits us, to look towards
those who look to us, to strengthen, recognize and foster the grace that lives
within us. Let us not quench the wavering flame (cf. Is 42:3) that
never falters, and let us allow hope to be rekindled.
Embracing his
cross means finding the courage to embrace all the hardships of the present
time, abandoning for a moment our eagerness for power and possessions in order
to make room for the creativity that only the Spirit is capable of inspiring.
It means finding the courage to create spaces where everyone can recognize that
they are called, and to allow new forms of hospitality, fraternity and
solidarity. By his cross we have been saved in order to embrace hope and let it
strengthen and sustain all measures and all possible avenues for helping us
protect ourselves and others. Embracing the Lord in order to embrace hope: that
is the strength of faith, which frees us from fear and gives us hope.
“Why are you
afraid? Have you no faith”?Dear brothers
and sisters, from this place that tells of Peter’s rock-solid faith, I would
like this evening to entrust all of you to the Lord, through the intercession
of Mary, Health of the People and Star of the stormy Sea. From this colonnade
that embraces Rome and the whole world, may God’s blessing come down upon you
as a consoling embrace. Lord, may you bless the world, give health to our
bodies and comfort our hearts. You ask us not to be afraid. Yet our faith is
weak and we are fearful. But you, Lord, will not leave us at the mercy of the
storm. Tell us again: “Do not be afraid” (Mt 28:5). And we,
together with Peter, “cast all our anxieties onto you, for you care about us” (cf. 1
Pet 5:7).
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Vangelo secondo Marco
35In quel medesimo
giorno, venuta la sera, disse loro: «Passiamo all’altra riva».
36E, congedata la
folla, lo presero con sé, così com’era, nella barca. C’erano anche altre barche
con lui.
37Ci fu una grande
tempesta di vento e le onde si rovesciavano nella barca, tanto che ormai era
piena.
38Egli se ne stava a
poppa, sul cuscino, e dormiva. Allora lo svegliarono e gli dissero: «Maestro,
non t’importa che siamo perduti?».
39Si destò, minacciò
il vento e disse al mare: «Taci, calmati!». Il vento cessò e ci fu grande
bonaccia.
40Poi disse loro: «Perché avete paura? Non avete ancora fede?».
41E furono presi da grande timore e si dicevano l’un l’altro:
«Chi è dunque costui, che anche il vento e il mare gli obbediscono?».
IN TEMPO DI EPIDEMIA
PRESIEDUTO DAL SANTO PADRE
FRANCESCO
Sagrato della Basilica di San Pietro
Venerdì, 27 marzo 2020
«Venuta la sera» (Mc 4,35). Così inizia
il Vangelo che abbiamo ascoltato. Da settimane sembra che sia scesa la sera.
Fitte tenebre si sono addensate sulle nostre piazze, strade e città; si sono
impadronite delle nostre vite riempiendo tutto di un silenzio assordante e di
un vuoto desolante, che paralizza ogni cosa al suo passaggio: si sente
nell’aria, si avverte nei gesti, lo dicono gli sguardi. Ci siamo trovati
impauriti e smarriti. Come i discepoli del Vangelo siamo stati presi alla
sprovvista da una tempesta inaspettata e furiosa. Ci siamo resi conto di
trovarci sulla stessa barca, tutti fragili e disorientati, ma nello stesso
tempo importanti e necessari, tutti chiamati a remare insieme, tutti bisognosi
di confortarci a vicenda. Su questa barca… ci siamo tutti. Come quei discepoli,
che parlano a una sola voce e nell’angoscia dicono: «Siamo perduti» (v. 38),
così anche noi ci siamo accorti che non possiamo andare avanti ciascuno per
conto suo, ma solo insieme.
È facile
ritrovarci in questo racconto. Quello che risulta difficile è capire
l’atteggiamento di Gesù. Mentre i discepoli sono naturalmente allarmati e
disperati, Egli sta a poppa, proprio nella parte della barca che per prima va a
fondo. E che cosa fa? Nonostante il trambusto, dorme sereno, fiducioso nel
Padre – è l’unica volta in cui nel Vangelo vediamo Gesù che dorme –. Quando poi
viene svegliato, dopo aver calmato il vento e le acque, si rivolge ai discepoli
in tono di rimprovero: «Perché avete paura? Non avete ancora fede?» (v. 40).
Cerchiamo di comprendere. In che cosa consiste la
mancanza di fede dei discepoli, che si contrappone alla fiducia di Gesù? Essi
non avevano smesso di credere in Lui, infatti lo invocano. Ma vediamo come lo
invocano: «Maestro, non t’importa che siamo perduti?» (v. 38). Non
t’importa: pensano che Gesù si disinteressi di loro, che non si curi di
loro. Tra di noi, nelle nostre famiglie, una delle cose che fa più male è quando
ci sentiamo dire: “Non t’importa di me?”. È una frase che ferisce e scatena
tempeste nel cuore. Avrà scosso anche Gesù. Perché a nessuno più che a Lui
importa di noi. Infatti, una volta invocato, salva i suoi discepoli sfiduciati.
La tempesta smaschera la nostra vulnerabilità e
lascia scoperte quelle false e superflue sicurezze con cui abbiamo costruito le
nostre agende, i nostri progetti, le nostre abitudini e priorità. Ci dimostra
come abbiamo lasciato addormentato e abbandonato ciò che alimenta, sostiene e
dà forza alla nostra vita e alla nostra comunità. La tempesta pone allo
scoperto tutti i propositi di “imballare” e dimenticare ciò che ha nutrito
l’anima dei nostri popoli; tutti quei tentativi di anestetizzare con abitudini
apparentemente “salvatrici”, incapaci di fare appello alle nostre radici e di
evocare la memoria dei nostri anziani, privandoci così dell’immunità necessaria
per far fronte all’avversità.
Con la tempesta, è caduto il trucco di quegli
stereotipi con cui mascheravamo i nostri “ego” sempre preoccupati della propria
immagine; ed è rimasta scoperta, ancora una volta, quella (benedetta)
appartenenza comune alla quale non possiamo sottrarci: l’appartenenza come
fratelli.
«Perché avete paura? Non avete ancora fede?».
Signore, la tua Parola stasera ci colpisce e ci riguarda, tutti. In questo
nostro mondo, che Tu ami più di noi, siamo andati avanti a tutta velocità,
sentendoci forti e capaci in tutto. Avidi di guadagno, ci siamo lasciati
assorbire dalle cose e frastornare dalla fretta. Non ci siamo fermati davanti
ai tuoi richiami, non ci siamo ridestati di fronte a guerre e ingiustizie
planetarie, non abbiamo ascoltato il grido dei poveri, e del nostro pianeta
gravemente malato. Abbiamo proseguito imperterriti, pensando di rimanere sempre
sani in un mondo malato. Ora, mentre stiamo in mare agitato, ti imploriamo:
“Svegliati Signore!”.
«Perché avete paura? Non avete ancora fede?».
Signore, ci rivolgi un appello, un appello alla fede. Che non è tanto credere
che Tu esista, ma venire a Te e fidarsi di Te. In questa Quaresima risuona il
tuo appello urgente: “Convertitevi”, «ritornate a me con tutto il cuore» (Gl 2,12).
Ci chiami a cogliere questo tempo di prova come un tempo di scelta.
Non è il tempo del tuo giudizio, ma del nostro giudizio: il tempo di scegliere
che cosa conta e che cosa passa, di separare ciò che è necessario da ciò che
non lo è. È il tempo di reimpostare la rotta della vita verso di Te, Signore, e
verso gli altri. E possiamo guardare a tanti compagni di viaggio esemplari, che,
nella paura, hanno reagito donando la propria vita. È la forza operante dello Spirito riversata e plasmata in coraggiose e
generose dedizioni. È la vita dello Spirito capace di riscattare, di valorizzare e di
mostrare come le nostre vite sono tessute e sostenute da persone comuni –
solitamente dimenticate – che non compaiono nei titoli dei giornali e delle
riviste né nelle grandi passerelle dell’ultimo show ma, senza
dubbio, stanno scrivendo oggi gli avvenimenti decisivi della nostra storia:
medici, infermiere e infermieri, addetti dei supermercati, addetti alle
pulizie, badanti, trasportatori, forze dell’ordine, volontari, sacerdoti,
religiose e tanti ma tanti altri che hanno compreso che nessuno si salva da
solo. Davanti alla sofferenza, dove si misura il vero sviluppo dei nostri
popoli, scopriamo e sperimentiamo la preghiera sacerdotale di Gesù: «che tutti
siano una cosa sola» (Gv 17,21). Quanta gente esercita ogni giorno
pazienza e infonde speranza, avendo cura di non seminare panico ma
corresponsabilità. Quanti padri, madri, nonni e nonne, insegnanti mostrano ai
nostri bambini, con gesti piccoli e quotidiani, come affrontare e attraversare
una crisi riadattando abitudini, alzando gli sguardi e stimolando la preghiera.
Quante persone pregano, offrono e intercedono per il bene di tutti. La
preghiera e il servizio silenzioso: sono le nostre armi vincenti.
«Perché avete paura? Non avete ancora fede?».
L’inizio della fede è saperci bisognosi di salvezza. Non siamo autosufficienti,
da soli; da soli affondiamo: abbiamo bisogno del Signore come gli antichi
naviganti delle stelle. Invitiamo Gesù nelle barche delle nostre vite.
Consegniamogli le nostre paure, perché Lui le vinca. Come i discepoli
sperimenteremo che, con Lui a bordo, non si fa naufragio. Perché questa è la
forza di Dio: volgere al bene tutto quello che ci capita, anche le cose brutte.
Egli porta il sereno nelle nostre tempeste, perché con Dio la vita non muore
mai.
Il Signore ci interpella e, in mezzo alla nostra
tempesta, ci invita a risvegliare e attivare la solidarietà e la speranza
capaci di dare solidità, sostegno e significato a queste ore in cui tutto
sembra naufragare. Il Signore si risveglia per risvegliare e ravvivare la
nostra fede pasquale. Abbiamo un’ancora: nella sua croce siamo stati salvati.
Abbiamo un timone: nella sua croce siamo stati riscattati. Abbiamo una
speranza: nella sua croce siamo stati risanati e abbracciati affinché niente e
nessuno ci separi dal suo amore redentore. In mezzo all’isolamento nel quale
stiamo patendo la mancanza degli affetti e degli incontri, sperimentando la
mancanza di tante cose, ascoltiamo ancora una volta l’annuncio che ci salva: è
risorto e vive accanto a noi. Il Signore ci interpella dalla sua croce a
ritrovare la vita che ci attende, a guardare verso coloro che ci reclamano, a
rafforzare, riconoscere e incentivare la grazia che ci abita. Non spegniamo la
fiammella smorta (cfr Is 42,3), che mai si ammala, e lasciamo
che riaccenda la speranza.
Abbracciare la sua croce significa trovare il
coraggio di abbracciare tutte le contrarietà del tempo presente, abbandonando
per un momento il nostro affanno di onnipotenza e di possesso per dare spazio
alla creatività che solo lo Spirito è capace di suscitare. Significa trovare il
coraggio di aprire spazi dove tutti possano sentirsi chiamati e permettere
nuove forme di ospitalità, di fraternità, di solidarietà. Nella sua croce siamo
stati salvati per accogliere la speranza e lasciare che sia essa a rafforzare e
sostenere tutte le misure e le strade possibili che ci possono aiutare a
custodirci e custodire. Abbracciare il Signore per abbracciare la speranza:
ecco la forza della fede, che libera dalla paura e dà speranza.
«Perché avete paura? Non avete ancora fede?».
Cari fratelli e sorelle, da questo luogo, che racconta la fede rocciosa di
Pietro, stasera vorrei affidarvi tutti al Signore, per l’intercessione della
Madonna, salute del suo popolo, stella del mare in tempesta. Da questo
colonnato che abbraccia Roma e il mondo scenda su di voi, come un abbraccio
consolante, la benedizione di Dio. Signore, benedici il mondo, dona salute ai
corpi e conforto ai cuori. Ci chiedi di non avere paura. Ma la nostra fede è
debole e siamo timorosi. Però Tu, Signore, non lasciarci in balia della
tempesta. Ripeti ancora: «Voi non abbiate paura» (Mt 28,5). E noi,
insieme a Pietro, “gettiamo in Te ogni preoccupazione, perché Tu hai cura di
noi” (cfr 1 Pt 5,7).
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