MARIANNE
COPE DE MOLOKAI (1838-1918)
Née le 23 janvier 1838 à Heppenheim, Hessen-Darmstadt (Allemagne) dans
une famille d'agriculteurs, ses parents émigrèrent alors qu'elle était enfant
aux Etats-Unis et s'établirent à Utica (Etat de New York). Dès l'âge de 15 ans
elle souhaita entrer au couvent, mais elle dut s'occuper de ses plus jeunes
frères car ses parents étaient gravement malades. Elle dut donc repousser son
projet de quelques années.
En 1860, une branche des Soeurs de Saint François de Philadelphie
s'établit à Utica et à Syracuse, près de New York et, à l'âge de 24 ans elle
entra dans cet ordre et prononça ses voeux.
L'apostolat de cette Congrégation se consacrait avant tout à
l'éducation des enfants des immigrés allemands; elle fut donc chargée d'ouvrir
et de diriger de nouvelles écoles. Plus tard sa communauté fonda les premiers
des cinquante hôpitaux généraux des Etats-Unis qui connurent une grande
renommée, offrant leur assistance à tous les malades sans aucune distinction.
Mère Cope s'occupa en particulier des alcooliques et des filles mères, car elle
souhaitait accomplir son service parmi les plus pauvres d'entre les pauvres.
En 1877, elle fut élue provinciale de sa Congrégation, ainsi qu'en 1881.
En 1883, elle fut la seule a accepter de se rendre aux Iles Hawaï pour
assister les lépreux, alors que cinquante autres communautés contactées avaient
refusé. Son oeuvre en faveur des malades et des sans-abri dans les Iles Hawaï
fut très importante, si bien qu'en 1884 le gouvernement lui demanda de créer le
premier hôpital général sur l'île de Maui.
En 1889, après la mort du Père Damien de Veuster, grand apôtre des
lépreux, elle accepta de se charger du foyer pour les garçons en plus de son
travail auprès des femmes et des petites filles. Elle vécut pendant trente ans
dans un lieu isolé de l'île Molokai, exilée volontaire avec ses patients. Grâce
à elle le gouvernement promulgua des lois pour protéger les enfants, et les
malades de la lèpre retrouvèrent leur dignité et la joie de vivre.
Les historiens de son temps parlent d'elle comme d'une "religieuse
exemplaire, au coeur extraordinaire". Elle ne cherchait qu'à accomplir la
volonté de Dieu, ne souhaitant aucunement obtenir des reconnaissances; sa
devise était: "Seulement pour Dieu".
Elle mourut le 9 août 1818 après une longue vie au service des malades
de la lèpre.
MESSE ET BÉATIFICATION DES SERVITEURS
DE DIEU
ASCENSIÓN NICOL GOÑI ET MARIANNE COPE
HOMÉLIE DU CARDINAL JOSÉ
SARAIVA MARTINS
Veillée de Pentecôte
Basilique Saint-Pierre
Samedi 14 mai 2005
Eminence,
Vénérés confrères dans l'épiscopat
et dans le sacerdoce,
éminentes Autorités, chers pèlerins,
1. L'Eglise naissante se prépara à la première Pentecôte chrétienne en
parcourant un itinéraire de foi dans le Seigneur ressuscité. C'est Lui, en
effet, qui donne son Esprit au peuple de la Nouvelle Alliance.
La communauté des disciples, après l'ascension de Jésus au ciel, se
recueillit au Cénacle dans l'attente d'être "baptisés dans l'Esprit
Saint" (Ac 1, 5) et se prépara à l'événement en vivant une intense
expérience de communion fraternelle et de prière: "Tous d'un même
coeur étaient assidus à la prière... dont Marie, mère de Jésus" (Ac
1, 14).
Ce soir, nous nous trouvons nous aussi réunis en esprit au Cénacle. Nous
sentons la présence maternelle de Marie et la proximité de l'Apôtre Pierre, sur
la tombe duquel s'élève cette Basilique.
Nous sommes à présent une assemblée liturgique qui proclame la même foi dans
le Christ ressuscité; qui se nourrit du même Pain eucharistique; qui élève au
ciel, avec une insistance confiante, la même invocation: "Viens
Esprit Saint, / envoie-nous du ciel / un rayon de ta lumière. /
Viens, Père des pauvres, / viens, dispensateur des dons,
/ viens, lumière des coeurs" (Séquence).
Je salue donc ceux qui ont quitté leurs villes et leurs maisons et ceux qui,
à travers les océans et les continents, sont ici pour partager avec nous la
grâce de la Pentecôte et la joie de la
béatification de Mère Ascensión du Coeur de Jésus et
de Mère Marianne Cope.
Je souhaite une cordiale bienvenue aux Soeurs missionnaires dominicaines du
Rosaire et aux Soeurs du Tiers Ordre de saint François de Syracuse, ainsi
qu'aux nombreux pèlerins provenant des lieux de naissance et d'apostolat des
nouvelles bienheureuses.
2. Chers frères et soeurs, la parole de Dieu, qui vient d'être
proclamée, nous aide à rappeler le grand mystère de la Pentecôte, qui marqua le
début solennel de la mission de l'Eglise dans le monde.
Cet épisode évangélique a fait parvenir jusqu'à nous le cri de Jésus:
"Que celui qui a soif vienne à moi et boive". L'homme de
chaque époque et de chaque culture a soif de vie, de vérité, de justice, de
paix, de bonheur. Il a soif d'éternité. Il a soif de Dieu. Jésus peut étancher
cette soif. Il disait à la samaritaine: "Qui boira de
l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif" (Jn 4, 14).
L'eau de Jésus est l'Esprit Saint, Esprit créateur et consolateur, qui
transforme le coeur de l'homme, le vide de l'obscurité et le remplit de la vie
divine, de sagesse, d'amour, de bonne volonté, de joie, réalisant ainsi la prophétie
d'Ezéchiel: "Je mettrai mon esprit en vous et je ferai que vous
marchiez et pratiquiez mes coutumes" (Ez 36, 27).
La présence de l'Esprit Saint dans l'Eglise et dans chaque âme est une
"inhabitation" permanente, dynamique, créative. Celui qui aura bu
l'Eau de Jésus, portera en lui "des fleuves d'eau vive" (Jn
7, 38), "une source d'eau jaillissante en vie éternelle" (Jn
4, 14).
L'Esprit Saint transforme l'existence de celui qui le reçoit, renouvelle la
face de la terre et transforme toute la création qui - comme l'affirme saint
Paul dans la deuxième lettre de la messe - "jusqu'à ce jour gémit en
travail d'enfantement" (Rm 8, 22), dans l'attente d'être à
nouveau le jardin de Dieu et de l'homme.
L'Esprit Saint est le maître intérieur et, dans le même temps, le vent vif
qui gonfle les voiles de la barque de Pierre pour la conduire au large.
Duc
in altum! C'est l'exhortation que le Souverain Pontife Jean-Paul II a
lancée à l'Eglise du troisième millénaire (cf. Lett. apost.
Novo Millennio Ineunte,
n. 58).
Les Apôtres firent l'expérience de l'Esprit Saint et devinrent les témoins
du Christ mort et ressuscité, missionnaires sur les routes du monde. La même
expérience se répète chez tous ceux qui, accueillant le Christ, s'ouvrent à
Dieu et à l'humanité; elle se répète surtout chez les saints, aussi bien chez
les saints anonymes que chez ceux qui ont été élevés aux honneurs des autels.
Les saints sont les chefs d'oeuvre de l'Esprit qui sculpte le visage du Christ
et insuffle dans leur coeur la charité de Dieu.
Nos deux bienheureuses ont ouvert tout grand leur vie à l'Esprit de Dieu et
se sont laissées conduire par lui dans le service de l'Eglise, des pauvres, des
malades, de la jeunesse.
3. La Bienheureuse Ascensión du Coeur de Jésus est l'une des grandes
missionnaires du siècle dernier. Dès sa jeunesse, elle conçut sa vie comme un
don au Seigneur et à son prochain et elle ne voulut appartenir à aucun autre
qu'à Dieu, auquel elle se consacra comme moniale dominicaine dans le monastère
de Santa Rosa de Huesca, en Espagne. Elle seconda sans réserves le dynamisme de
la charité, que l'Esprit Saint insuffle en ceux qui lui ouvrent leur coeur.
Son premier domaine d'apostolat fut l'enseignement dans le collège jouxtant
le monastère. Les sources des témoins s'en souviennent comme d'une excellente
éducatrice, gentille et forte, compréhensive et exigeante.
Mais le Seigneur avait des projets différents pour elle. A l'âge de
quarante-cinq ans il l'appela à devenir missionnaire au Pérou. Avec un
enthousiasme juvénile et une totale confiance dans la Providence, elle quitta
sa patrie et se consacra à l'évangélisation du monde, commençant par le
continent américain. Son oeuvre fut tellement généreuse, vaste et efficace
qu'elle laissa une empreinte profonde dans l'histoire missionnaire de l'Eglise.
Elle collabora avec l'Evêque dominicain, Ramon Zubieta, à la fondation des
Soeurs missionnaires dominicaines du Très Saint Rosaire, dont elle fut la
première supérieure générale. Sa vie missionnaire fut riche de sacrifices, de renoncements
et de fruits apostoliques. Elle sema largement et elle obtint une récolte
abondante. Elle effectua de fréquents voyages au Pérou, en Europe et arriva
même en Chine. Elle mêlait le tempérament d'une lutteuse courageuse et
inlassable, avec celui d'une douceur maternelle capable de conquérir les
coeurs. Enracinée dans la charité du Christ, elle exerça avec tous le charisme
de la maternité spirituelle. Soutenue par une foi vive et une fervente dévotion
au Sacré-Coeur de Jésus et à la Madone du Rosaire, elle se consacra au salut
des âmes jusqu'à se sacrifier elle-même. Elle exhortait souvent ses filles à en
faire tout autant, leur disant que l'on ne sauve pas les âmes sans se sacrifier
soi-même. Elle aspira à une charité toujours plus pure et intense et, pour
cette raison, s'offrit comme victime à l'Amour miséricordieux de Dieu.
4. La vie de la bienheureuse Marianne Cope fut une oeuvre d'art de la
grâce divine. Elle fut un exemple de la beauté d'une vie franciscaine. Son
service aux malades de la lèpre rappelle à l'esprit l'expérience touchante de
François d'Assise, dont la bienheureuse fut la disciple. Dans son
Testament, le saint rappelle: "Cela me paraissait trop dur de voir
les lépreux et le Seigneur lui-même me conduisit parmi eux et je fus charitable
avec eux". La rencontre de François avec les malades de la lèpre ne fut
pas seulement une expérience de proximité humaine et de solidarité, mais fut
le baiser au Christ crucifié et le début de son chemin vers
la sainteté héroïque.
La rencontre de Mère Marianne avec les malades de la lèpre eut lieu lorsque
celle-ci était déjà à un bon point dans la "sequela" du Christ. Elle
appartenait depuis vingt ans à la Congrégation des Soeurs du Tiers Ordre de
Saint François de Syracuse. Elle avait accumulé une vaste expérience et une
solide maturité spirituelle. Mais à l'improviste Dieu l'appela à un don plus
radical, à un service missionnaire plus difficile.
Dans l'invitation de l'Evêque de Honolulu, qui cherchait des soeurs qui
viennent en aide aux malades de la lèpre sur l'île de Molokai, la bienheureuse
Marianne, alors Supérieure provinciale, reconnut la voix du Christ et, comme
Isaïe, n'hésita pas à répondre: "Me voici, envoie-moi" (Is
6, 8). Elle quitta tout et s'abandonna complètement à la Volonté de Dieu, aux
requêtes de l'Eglise et aux attentes de ses nouveaux frères et soeurs. Elle mit
sa santé et même sa vie en danger.
Pendant trente-cinq ans, elle pratiqua à des niveaux très élevés le précepte
de l'amour de Dieu et de son prochain. Elle collabora avec le bienheureux
Damien de Veuster, désormais arrivé à la fin de son apostolat extraordinaire.
La bienheureuse aima les malades de la lèpre plus qu'elle-même. Elle les
servit, elle les éduqua, elle les guida avec intelligence, amour et force. En
eux, elle voyait le visage empreint de souffrance de Jésus. Elle suivit les
traces du bon samaritain et devint la "mère des lépreux". Elle tira
sa force de la foi, de l'Eucharistie, de la dévotion à notre Mère bienheureuse
et de la prière. Elle ne chercha pas les honneurs terrestres ou la
reconnaissance. Elle écrivait: "Je ne m'attends pas à une place
élevée dans le ciel. Je serai pleine de gratitude pour une petite place, où
pouvoir aimer Dieu pour toute l'éternité".
5. "Des fleuves d'eau vive jailliront du sein" de celui qui
croit dans le Christ. Les signes de sa présence ont été sommairement indiqués
dans la Lettre aux Galates. Ils sont "charité, joie, paix, longanimité,
serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi"
(Ga 5, 22).
Nos deux bienheureuses ont apporté au monde les fruits et les signes de la
présence de l'Esprit Saint, elles ont parlé le langage de la vérité et de
l'amour, le seul en mesure d'abattre les barrières de la culture et de la race,
et de reconstruire l'unité de la famille humaine, dispersée par l'orgueil, par
la volonté de puissance, par le refus de la souveraineté de Dieu, ainsi que
nous l'a laissé entendre le récit biblique de la Tour de Babel (cf. Première
lecture).
Le Saint-Père Benoît XVI, inaugurant son ministère pétrinien, a réaffirmé
que "ce n'est pas le pouvoir qui rachète, mais l'amour! C'est là le signe
de Dieu: Il est lui-même amour... Le Dieu qui est devenu agneau nous dit
que le monde est sauvé par le Crucifié et non par ceux qui ont crucifié"
(cf. ORLF n. 17 du
26 avril 2005).
Saint Irénée, commentant la Pentecôte, a proposé cette réflexion:
"L'Esprit Saint a annulé les distances, il a éliminé les malentendus et
transformé l'assentiment des peuples en prémisses à offrir au Seigneur... En
effet, de même que la farine ne s'amalgame pas en une unique masse de pâte, et
ne devient pas un unique pain sans l'eau, nous non plus, multitude sans unité,
ne pouvions pas devenir une unique Eglise dans le Christ sans l'"Eau"
qui descend du ciel" (Contre les hérésies, 3, 17).
Entre les mains de la bienheureuse Ascensión du Coeur de Jésus et de la
bienheureuse Marianne Cope, nous déposons donc notre prière: "Seigneur,
donne-moi cette eau" (Jn 4, 15). Amen.
Copyright © Libreria Editrice Vaticana
Sainte Marianne Cope
Américaine,
membre des Sœurs de saint François de Syracuse, évangélisatrice des lépreux à
Molokai (✝ 1918)
Marianne Cope,
américaine, membre des Sœurs de saint François de Syracuse, évangélisatrice des
lépreux à Molokai
Béatification, 14 mai 2005.
"La vie de la bienheureuse Marianne Cope fut une œuvre d'art de la grâce
divine. Elle fut un exemple de la beauté d'une vie franciscaine. Son service
aux malades de la lèpre rappelle à l'esprit l'expérience touchante de François
d'Assise... Pendant trente-cinq ans, elle pratiqua à des niveaux très élevés le
précepte de l'amour de Dieu et de son prochain. Elle collabora avec le
bienheureux Damien de Veuster,
désormais arrivé à la fin de son apostolat extraordinaire... Elle
écrivait: "Je ne m'attends pas à une place élevée dans le ciel. Je
serai pleine de gratitude pour une petite place, où pouvoir aimer Dieu pour
toute l'éternité"..."
Bienheureuse Marianne COPE (KOOB)
Nom:
COPE (KOOB)
Prénom: Barbara
Nom de religion: Marianne
Pays: Allemagne - Etats-Unis - Hawaï
Naissance: 23.01.1838 à Heppenheim
(Essen-Darmstadt)
Mort: 09.08.1918 à l’île de Molokai (Hawaï)
Etat: Religieuse
Note: Née en Allemagne, sa famille émigre
aux Etats-Unis en 1840. Profession religieuse en 1863 chez les Sœurs franciscaines de Syracuse (ville de l’Etat de
New-York). Part en 1883 pour les îles Hawaï et se dévoue auprès des lépreux.
Béatification: 14.05.2005
par Benoît XVI
Cérémonie à Rome présidée par le Card. José Saraiva Martins, Préfet de la
Congrégation pour les causes des Saints
Canonisation
Fête: 23 janvier
Réf. dans l’Osservatore Romano: 2005 n. 21 p.4-6
Réf. dans la Documentation Catholique:
Notice
Barbara Koob naît en Allemagne en 1838, à Heppenheim dans le grand-duché de
Hesse-Darmstadt. Ses parents sont de petits agriculteurs. Poussés par la
pauvreté, ils émigrent aux Etats-Unis en 1840 et s’installent à Utica, dans
l’État de New York. Le nom de Koob, anglicisé, devient Cope. Barbara ne fait
que quelques années de scolarité. Dès l’âge de 15 ans, elle manifeste le désir
d’entrer en religion, mais elle doit travailler d’abord 9 ans en usine pour
aider ses parents gravement malades et soutenir la famille qui compte 7
enfants. A 24 ans, en 1862, elle peut enfin réaliser son rêve de vie religieuse
et entre dans la Congrégation toute nouvelle des “Sœurs franciscaines de
Syracuse”, lesquelles viennent de s’établir dans la ville de ce nom, sise dans
l’État de New York. Dans ses débuts, la Congrégation s’occupe surtout de la
scolarisation des enfants d’immigrés allemands. La novice émet ses vœux en 1863
et prend le nom de sœur Marianne. Elle est d’abord professeur, puis exerce des
fonctions importantes telles que maîtresse des novices, supérieure d’un couvent
et finalement, pendant 8 ans, supérieure du premier hôpital général de
Syracuse. (Sa Congrégation deviendra célèbre en fondant les cinquante premiers
hôpitaux généraux des Etats-Unis.) Dans son hôpital, fait remarquable à
l’époque, la mère Marianne ne fait aucune distinction de religion, de nationalité
ou de couleur. Au contraire, dans l’esprit franciscain, elle est attirée de
préférence par les plus pauvres et s’occupe notamment des alcooliques et des
filles mères.
Un jour, du royaume indigène des îles Hawaï (ou îles Sandwich), parvient un
appel de l’évêque de Honolulu invitant à évangéliser l’archipel,… sans préciser
immédiatement qu’il y a des lépreux. Un missionnaire est envoyé aux Etats-Unis
pour donner des détails. En fait, l’appel a été lancé auprès de 50
congrégations : toutes se sont récusées à cause de la lèpre, excepté Mère
Marianne qui accepte au nom de sa congrégation. On pense au geste de son Père
saint François embrassant le lépreux. Reste à trouver des volontaires : il
s’en présente 35. Six partent en 1883 avec Mère Marianne. Son projet est de
rester quelques semaines avec ses compagnes, puis de revenir, car la
congrégation a besoin d’elle. Mais, au terme de son séjour, les autorités
locales jugent que, sans elle, l’affaire va péricliter et l’on veut la retenir.
Elle y restera 35 ans, toute sa vie ! Une autre supérieure est nommée pour
Syracuse. Il est vrai qu’à leur arrivée, le tableau qui s’offre aux yeux des
sœurs est lamentable. D’ailleurs, quelques-unes ne tiendront pas le coup. Les
sœurs séjournent d’abord à Honolulu dans un ‘hôpital’ chargé du dépistage. Ceux
qui sont reconnus malades sont séparés : les maris de leur femme, les
enfants de leurs parents ; et ils sont relégués dans une île sans rien
prévoir pour la nourriture et les soins : Il ne leur reste plus qu’à attendre
la mort, dans la promiscuité et l’immoralité débridée. Femmes et enfants sont
les premières victimes. Mère Marianne crée une école pour les petites filles et
un hôpital général sur l’île Maui. En 1888, elle se dirige vers l’île Molokai,
cette prison naturelle cernée par l’Océan. Le Père Damien (béatifié en 1995) y
était arrivé en 1873. La sœur collabore avec lui, mais il meurt de la lèpre une
année après son arrivée et celle-ci continue son œuvre en créant un école pour
petits garçons. Auparavant, elle avait créé sur l’île une école pour les filles
à Kalaupapa sur la même île. Elle aménage le site, s’ingénie à mettre de la
joie franciscaine en plantant des arbres et des fleurs ; elle fait chanter
les petites, les accompagnant au piano. De ses propres mains, elle travaille à
les habiller correctement, insistant même pour que ce soit à la dernière mode.
Elle est vraiment “la mère des lépreux”. Cela se paye par la souffrance, non
seulement en raison de son travail héroïque et du risque de contagion, mais
aussi à cause des contradictions qu’elle rencontre, tout cela sans se départir
de sa joie, qu’elle communique autour d’elle. Sans Dieu, cela aurait été
impossible. Sa devise est : « Tout pour Dieu ». Immobilisée dans
ses dernières années par une maladie des reins mais sans avoir contracté la
lèpre, elle meurt paisiblement âgée de 80 ans en 1918. Elle laisse un héritage
extraordinaire dans le domaine de l’éducation et de la santé.
Remarque : Mère Marianne Cope est béatifiée avec Mère Ascension Nicol Goni 2 le samedi soir 14 mai 2005, veille de la Pentecôte, au
cours d’une eucharistie présidée par le Cardinal José Saraiva Martins, Préfet
de la Congrégation pour le Culte des Saints. C’est la première béatification de
Benoît XVI, qui reprend la tradition de déléguer un cardinal pour la cérémonie,
au début de laquelle celui-ci lit le décret du Pape. (Mais le Saint-Père
continuera à présider personnellement les cérémonies de canonisations.) En
effet Paul VI, en 1971 avait décidé de béatifier lui-même le prêtre
polonais Maximilien Kolbe 2.
Et Jean-Paul II avait continué dans cette ligne en présidant toutes les
béatifications. Cette décision de Benoît XVI permet de mieux mettre en valeur
les canonisations qui offrent un saint pour le culte de l’Église universelle,
tandis qu’une béatification n’ouvre le culte, en principe, que pour l’Église
locale.
St. Marianne Cope
Barbara Cope was born on 23 January 1838
in SE Hessen, West Germany. She was one of 10 children born to Peter Cope, a
farmer, and Barbara Witzenbacher Cope. The year after Barbara’s birth, the family
moved to the United States. The Cope family found a home in Utica, in the
State of New York, where they became members of St Joseph’s Parish and where
the children attended the parish school.
Although Barbara felt called to Religious life at
an early age, her vocation was delayed for nine years because of family
obligations. As the oldest child at home, she went to work in a factory after
completing eighth grade in order to support her family when her father became
ill.
Finally, in the summer of 1862 at age 24, Barbara
entered the Sisters of St Francis in Syracuse, N.Y. On 19 November 1862 she
received the religious habit and the name “Sr Marianne”, and the following year
she made her religious profession and began serving as a teacher and principal
in several elementary schools in New York State. She joined the Order in
Syracuse with the intention of teaching, but her life soon became a series of
administrative appointments.
As a member of the governing boards of her
Religious Community in the 1860s, she participated in the establishment of two
of the first hospitals in the central New York area. In 1870, she began a
new ministry as a nurse-administrator at St Joseph’s in Syracuse, N.Y., where
she served as head administrator for six years. During this time she put her
gifts of intelligence and people skills to good use as a facilitator,
demonstrating the energy of a woman motivated by God alone.
Although Mother Marianne was often criticized for
accepting for treatment “outcast” patients such as alcoholics, she became
well-known and loved in the central New York area for her kindness, wisdom and
down-to-earth practicality.
In 1883, Mother Marianne, now the Provincial Mother
in Syracuse, received a letter from a Catholic priest asking for help in
managing hospitals and schools in the Hawaiian Islands, and mainly to work with
leprosy patients. The letter touched Mother Marianne’s heart and she
enthusiastically responded: “I am hungry for the work and I wish with all my
heart to be one of the chosen ones, whose privilege it will be to sacrifice
themselves for the salvation of the souls of the poor Islanders…. I am not
afraid of any disease, hence, it would be my greatest delight even to minister
to the abandoned “lepers’”.
She and six other Sisters of St Francis arrived in
Honolulu in November 1883. With Mother Marianne as supervisor, their main task
was to manage the Kaka’ako Branch Hospital on Oahu, which served as a receiving
station for patients with Hansen’s disease gathered from all over the islands.
The Sisters quickly set to work cleaning the
hospital and tending to its 200 patients. By 1885, they had made major
improvements to the living conditions and treatment of the patients.
In November of that year, they also founded the
Kapi’olani Home inside the hospital compound, established to care for the
healthy daughters of Hansen’s disease patients at Kaka’ako and Kalawao. The
unusual decision to open a home for healthy children on leprosy hospital
premises was made because only the Sisters would care for those so closely
related to people with the dreaded disease.
Mother Marianne met Fr Damien de Veuster (today
Blessed Damien is known as the “Apostle to Lepers”) for the first time in
January 1884, when he was in apparent good health. Two years later, in 1886,
after he had been diagnosed with Hansen’s disease, Mother Marianne alone gave
hospitality to the outcast priest upon hearing that his illness made him an
unwelcome visitor to Church and Government leaders in Honolulu.
In 1887, when a new Government took charge in
Hawaii, its officials decided to close the Oahu Hospital and receiving station
and to reinforce the former alienation policy. The unanswered question: Who
would care for the sick, who once again would be sent to a settlement for
exiles on the Kalaupapa Peninsula on the island of Molokai?
In 1888, Mother Marianne again responded to the
plea for help and said: “We will cheerfully accept the work…”. She arrived in
Kalaupapa several months before Fr Damien’s death together with Sr Leopoldina
Burns and Sr Vincentia McCormick, and was able to console the ailing priest by
assuring him that she would provide care for the patients at the Boys’ Home at
Kalawao that he had founded.
Together the three Sisters ran the Bishop Home for
103 Girls and the Home for Boys. The workload was extreme and the burden at
times seemed overwhelming. In moments of despair, Sr Leopoldina reflected: “How
long, O Lord, must I see only those who are sick and covered with leprosy?”.
Mother Marianne’s invaluable example of never-failing
optimism, serenity and trust in God inspired hope in those around her and
allayed the Sisters’ fear of catching leprosy. She taught her Sisters that
their primary duty was “to make life as pleasant and as comfortable as possible
for those of our fellow creatures whom God has chosen to afflict with this
terrible disease…”.
Mother Marianne never returned to Syracuse. She
died in Hawaii on 9 August 1918 of natural causes and was buried on the grounds
of Bishop Home.