Bienheureux René Dubroux
Martyr au
Laos (+ 1959)
René Dubroux, M.E.P., né
en Lorraine en 1914, mort à Palay (Champasak) en 1959.
René Dubroux est né le 28
novembre 1914 à Haroué, dans le diocèse de Nancy en France. Le 8 janvier 1939
il est ordonné prêtre pour le diocèse de Saint-Dié, et nommé vicaire à la
paroisse Saint-Pierre-Fourier de Chantraine. En 1940, lors de l'attaque
allemande, il est infirmier militaire au front et s'illustre par sa bravoure.
Le 30 octobre 1943, René
Dubroux est admis dans la Société des Missions Étrangères de Paris, et bientôt
destiné à la Mission de Thakhek au Laos. Il ne pourra rejoindre sa mission
qu'après deux années comme aumônier militaire en Indochine (1946-1948).
Au poste missionnaire de
Namdik (1948-1957), il développe la vie chrétienne de ses fidèles par ses
instructions et par la fréquentation assidue de l'eucharistie et de la
pénitence. Sur le plan matériel, il s'efforce d'améliorer leur sort et leur
apprend à exploiter la forêt et à exporter le bois. En 1957, il est chargé du
district de Nongkhène près de Paksé. C'est un endroit dangereux, au contact
immédiat avec la guérilla communiste naissante. Des menaces pèsent sur lui: la
rébellion veut montrer que le missionnaire n'est qu'un fétu sur leur chemin, un
obstacle dérisoire à leur volonté. Quant à lui, il a décidé de rester et de
poursuivre sa mission.
Tard dans la soirée du 19
décembre 1959, le P. Dubroux est en conversation avec ses catéchistes dans la
sacristie de la petite chapelle de Palay, qui lui sert de logement. Il est
abattu presque à bout portant par ses ennemis. Il avait une haute idée de ses
devoirs de pasteur; il est mort par amour de ses fidèles, par fidélité à sa
mission. Son souvenir est resté très vivant chez tous ses anciens paroissiens.
(présentation des 17 martyrs du Laos, Missions
étrangères de Paris)
Il fait partie des martyrs
au Laos entre 1954 et 1970 qui seront béatifiés en 2016.
Liens utiles:
- René Dubroux
(1914-1959) - site OMI, province de France
- Le
Vatican reconnaît les martyrs du Laos
- Présentation des martyrs du Laos
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/13037/Bienheureux-Rene-Dubroux.html
Présentation des martyrs
du Laos
Le pape François a
approuvé les décrest de la Congrégation pour les causes des saints sur les
martyrs du Laos. Eglises d’Asie présente ici les prochains bienheureux,
dont des membres des Missions étrangères de Paris et des Oblats de Marie Immaculée.
Et leur importance dans la société.
JUIN 10, 2015 14:22REDACTIONTÉMOINS
DE LA FOI
Zenit a
annoncé la prochaine béatification de martyrs du Laos. Eglises d’Asie
(EDA),
l’agence des Missions étrangères de Paris, propose aujourd’hui cette
présentation de ces chrétiens dont l’Eglise reconnaît le martyre « en
haine de la foi ».
Pour EDA, la
béatification constitue certes un acte avant tout religieux mais également
« sensible politiquement ». Explications ici.
Voici les prochains
martyrs béatifiés présentés par EDA:
Au printemps 1953, la
guérilla occupe la province laotienne de Sam Neua ; les missionnaires ont été
évacués. Le jeune prêtre Joseph Thao Tiên, ordonné en 1949 a décidé pour sa
part : « Je reste pour mon peuple. Je suis prêt à donner ma vie pour mes
frères laotiens. » Quand on l’emmène vers le camp de Talang, les gens se
mettent à genoux sur son passage en pleurant. Il dit : « Ne soyez pas
tristes. Je vais revenir. Je m’en vais étudier… Continuez à faire progresser
votre village… » Un an plus tard, le 2 juin 1954, il est condamné à mort
et fusillé : il avait refusé, une fois de plus, d’abandonner son sacerdoce et
de se marier.
Entre temps, à l’autre
bout du pays, le P. Jean-Baptiste Malo, ancien missionnaire en Chine, avait été
arrêté avec quatre compagnons. Il mourra bientôt d’épuisement et de mauvais
traitements sur le chemin des camps, en 1954 dans une vallée perdue du
Viêtnam. En 1959, son confrère des Missions Etrangères René Dubroux,
ancien prisonnier de guerre en 1940, est trahi par un proche collaborateur et
éliminé par la guérilla, qui le balaie comme un obstacle dérisoire à leur
volonté. Cette année-là le Saint-Siège avait donné la consigne : « Le
clergé, ainsi que le personnel auxiliaire religieux (excepté naturellement les
vieillards et malades) doit rester à son poste de responsabilité, à moins qu’il
ne vienne à être expulsé. »
Les missionnaires
adoptent avec joie cette consigne, qui signe l’arrêt de mort pour plusieurs
d’entre eux. En 1960, le jeune catéchiste hmong Thoj Xyooj et le P. Mario
Borzaga ne rentrent pas d’une tournée apostolique. En avril-mai 1961, dans la
province de Xieng Khouang, les PP. Louis Leroy, Michel Coquelet et Vincent
L’Hénoret sont cueillis à leur poste et abattus sans procès. De même dans le sud
du pays, le P. Noël Tenaud et son fidèle catéchiste Outhay sont pris et
exécutés ; le P. Marcel Denis sera retenu prisonnier quelque temps mais
partagera le même sort. Un de leur confrères écrit : « Ils ont été, tous,
d’admirables missionnaires, prêts à tous les sacrifices, vivant très
pauvrement, avec un dévouement sans limite. En cette période troublée, nous
avions tous, chacun plus ou moins, le désir du martyre, de donner toute notre
vie pour le Christ. Nous n’avions pas peur d’exposer nos vies ; nous avions
tous le souci d’aller vers les plus pauvres, de visiter les villages, de
soigner les malades, et surtout d’annoncer l’Evangile… »
En 1967, Jean Wauthier,
infatigable apôtre des réfugiés, épris de justice, champion des droits des
pauvres, est éliminé par une autre faction ; il laisse une population éperdue
de douleur : « Nous avons perdu un père ! » Jean avait regardé plus
d’une fois la mort en face. Il était prêt ; il a donné sa vie par amour pour
les siens.
En 1968, Lucien Galan,
lui aussi ancien missionnaire de Chine, visite les catéchumènes isolés du
plateau des Boloven. Son jeune élève Khampheuane, 16 ans, a tenu à
l’accompagner en raison du danger. Au retour de leur mission, on leur a tendu
un guet-apens ; tous deux meurent sous les balles ; leur sang se mêle pour
féconder la terre du Laos. L’année suivante c’est le tour du P. Joseph Boissel,
le doyen des martyrs du Laos (60 ans), d’être pris en embuscade en route vers
une petite communauté chrétienne, et exécuté comme eux.
Début 1970, le jeune catéchiste
Luc Sy est envoyé en mission par son évêque dans la région de Vang Vieng. Avec
un compagnon, Maisam Pho Inpèng, ils sont en tournée dans un village où
plusieurs familles sont devenues catéchumènes. Ils catéchisent et soignent les
malades, s’attardent… On les attendait à la sortie du village. Eux aussi
meurent, en plein élan missionnaire, pour le Christ et pour le peuple de Dieu.
Tous deux étaient chefs de famille.
Laotiens et étrangers,
laïcs ou prêtres, ces dix-sept hommes ont donné pour l’Evangile le témoignage
suprême. La jeune Eglise du Laos reconnaît en eux leurs Pères fondateurs. «
Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul ; mais s’il
meurt, il porte beaucoup de fruit. »
Profil biographique des
17 martyrs du Laos
Joseph Thao Tiên,
protomartyr (1918-1954)
Joseph Thao Tiến est né
le 5 décembre 1918 dans la province des Houa Phanh au Laos. Son grand-père et
son père avaient déjà été des chrétiens remarquables. À onze ans, il entre à
l’école des catéchistes montagnards à Hữu Lễ, dans la province de Thanh Hóa au
Vietnam ; à cette époque, sa province d’origine appartenait en effet au
vicariat apostolique de Phát Diệm, et à partir de 1932 à celui de Thanh Hóa.
Bon élève, il est admis en 1937 à la section petit séminaire, où il étudie le
latin et le français. Il sera le seul des jeunes montagnards à passer avec
succès au grand séminaire. Vacances et stages confirment sa vocation : très
proche des gens les plus simples, catéchiste zélé et régulier, doué de ses
mains, il est apprécié des missionnaires et aimé de tous.
De 1942 à 1946 il est
élève des Pères sulpiciens au Grand Séminaire de Hanoi. Assidu à la prière et
aux études, il se tient à l’écart de l’agitation politique. À Noël 1946, c’est
la fermeture du séminaire et la dispersion. Il rentre au Laos à pied, mais la
guerre arrive là aussi. C’est à Saigon qu’il achèvera ses études. De nombreux
condisciples se souviennent avec émotion de lui, et témoignent de son
attachement indéfectible à la mission dans son pays, le Laos.
Le 6 juin 1949 il est
ordonné prêtre à la cathédrale de Hanoi. Le 1er octobre 1949, il peut
enfin rejoindre sa chère mission, à Sam Neua au Laos. Mais dès novembre, il se
retrouve au-delà de la ligne de front, en zone de guérilla. Avec l’accord avec
ses supérieurs, il y restera. La paix revenue provisoirement, il réorganise et
dirige les écoles du Muang Sôi. Mais au fond de son cœur il est pasteur. Les
gens venaient en masse pour l’écouter. Vivant la pauvreté et la précarité,
homme de vision et d’espérance, il est l’ami des pauvres et aimé de tous.
A Noël 1952, la guérilla
communiste reprend. Tout le personnel de la mission est évacué, mais Thạo Tiến
reste à son poste, « prêt à donner ma vie pour mes frères laotiens ».
Après Pâques, c’est l’arrestation, le jugement populaire, la prison et le camp
de rééducation. Isolé, résistant aux manœuvres destinées à le faire apostasier
ou abandonner sa promesse de célibat sacerdotal, seul avec le Christ souffrant
et glorieux, il est un signe d’espérance pour tous. Le 2 juin 1954, il quitte
le camp de Ban Ta Lang, escorté de quatre gardiens. Il est ligoté et abattu de
cinq balles.
Aujourd’hui, chez tous
les chrétiens laotiens, tant au pays que dans la diaspora, le nom du P. Tiến
est prononcé avec respect et invoqué avec confiance : il est le premier fruit
de leur jeune Église, les prémices qu’elle a offert à Dieu.
Le P. Jean-Baptiste Malo,
MEP (1899-1954)
Jean-Baptiste Malo est né
le 2 juin 1899 à La Grigonnais, dans le diocèse de Nantes en France. Il grandit
à Vay (44), dans une famille de petits paysans. Vocation tardive, il entre au
Séminaire des Missions Étrangères à 29 ans. Ordonné prêtre le 1er juillet 1934,
il est envoyé en mission à Lanlong (Anlong, Guizhou), en Chine.
Dans cette région
montagneuse aux confins des provinces de Guizhou, Guangxi et Yunnan, il règne
alors une grande insécurité. En dépit de grandes difficultés, toujours sur le
qui-vive, le P. Malo visite ses chrétientés, dont certaines n’ont pas vu de
prêtre depuis 20 ans ; il fonde quatre nouvelles écoles. Au printemps 1951
c’est l’arrivée des troupes communistes : il est arrêté, détenu puis, après un
jugement sommaire, expulsé de Chine affaibli et malade.
Le 27 novembre 1952, il
rejoint son nouveau champ d’apostolat : la mission de Thakhek, au Laos. A Noël
1953, les troupes vietminh progressent dans la région et l’armée française
contraint les missionnaires à s’évacuer vers Paksé, dans le sud du pays. Au
retour, le 15 février 1954, ils tombent dans une embuscade des Viêt Minh. Avec
son préfet apostolique, des confrères et une religieuse, le P. Malo fait face à
des interrogatoires.
Le groupe est emmené à
pied vers un camp de rééducation près de Vinh (Vietnam), à des centaines de
kilomètres. Le P. Malo n’arrivera pas au bout de cette marche forcée. Il est malade
et ne peut digérer le vieux riz qui sert d’unique nourriture quotidienne aux
prisonniers. Ses gardiens lui refusent tout repos et tout soin : il meurt de
faim et d’épuisement le 28 mars 1954 en offrant sa vie à Dieu. Il est mis en
terre la nuit suivante sur le bord du fleuve Ngàn Sau, dans la province de Hà
Tĩnh au Vietnam. Les chrétiens de cette région isolée, qui ont surpris
l’enterrement, ont pieusement gardé sa tombe et son souvenir jusqu’à
aujourd’hui.
Le P. Mario Borzaga, OMI
(1932-1960)
Mario Borzaga est né à
Trente le 27 août 1932. A 11 ans, il entre au Petit Séminaire diocésain, puis
poursuit ses études au Grand Séminaire jusqu’à la 1e année de théologie. A 20
ans, il entre dans la Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée.
Le 21 novembre 1953, il fait ses premiers vœux à Ripalimosani (Campobasso), et
reprend ses études de théologie au scolasticat oblat de San Giorgio Canavese
(Turin). Durant quatre ans il se prépare, dans l’étude et la prière, pour la
mission ad gentes, dont il rêve depuis longtemps. Le 21 novembre 1956, il fait
son oblation perpétuelle. Quelques semaines plus tard il écrit : « Je
m’approche de la prêtrise comme une mère qui attend de mettre au monde… Je veux
former en moi une foi et un amour profonds, solides comme le granit ; sans cela
je ne pourrais pas être martyr… »
Le 24 février 1957, Mario
est ordonné prêtre ; sa messe de prémices est célébrée le dimanche 28 avril à
la cathédrale de Trente, sa paroisse. Le 2 juillet, il reçoit son obédience
pour le Laos. Le 31 octobre, il s’embarque à Naples avec le premier groupe de
Missionnaires Oblats italiens destinés au Laos. A 25 ans, il est le plus jeune
de l’expédition.
Après un mois de voyage,
le voici à Paksane, où il débute son année d’apprentissage : étude de la
langue, des coutumes laotiennes, etc. En stage à Keng Sadok, il s’efforce
d’entrer le plus vite possible en contact avec des personnes à qui il peut
annoncer la Bonne Nouvelle. Son Journal d’un homme heureux (publié en
1985-86 puis en 2005) et son abondante correspondance décrivent le voyage
intérieur à la découverte d’une mission difficile, rendue encore plus ardue à
cause de la guérilla.
En décembre 1958 le P.
Mario Borzaga est envoyé dans le village de Kiucatiam (Louang Pra-bang). Au
service de la communauté chrétienne hmong, il s’efforce de former des
catéchistes, de visiter les familles, et de soigner les malades qui affluent
chaque jour à sa porte. Le dimanche 24 avril 1960 après la messe, des Hmong de
Pha Xoua viennent à lui. Ils renouvellent la demande de visiter leur village,
qui est à trois jours de marche par-delà la forêt et les pentes escarpées de la
montagne.
Mario se prépare alors en
hâte pour une tournée missionnaire de quinze jours, avant le début de la saison
des pluies. Le 25 avril il se met en marche, accompagné de son jeune catéchiste
Paul Thoj Xyooj. Ce sera un voyage sans retour. Les recherches entreprises
après la disparition des deux voyageurs ne donneront aucun résultat.
Les témoignages
recueillis depuis le début, mais surtout au cours des dernières années,
confirment toutefois ce qui était depuis le début la certitude des Hmong : les
deux apôtres ont été pris et éliminés par des éléments de la guérilla. À 27
ans, le P. Mario Borzaga avait rendez-vous avec son Créateur. N’avait-il pas
écrit dans son journal : « Moi aussi, j’ai été choisi pour le martyre » ?
Le catéchiste Paul Thoj
Xyooj (1941-1960)
Paul Thoj Xyooj est un
jeune catéchiste laotien d’ethnie hmong. Né en 1941 à Kiukatiam (Louang
Prabang), il sera baptisé à 16 ans, le 8 décembre 1957, par le P. Yves
Bertrais, OMI. A Noël 1957, il est à l’école des catéchistes au Séminaire de
Paksane, où il reçoit le nom lao de Khamsè ; mais au bout d’un an, il est de
retour à Kiukatiam. En avril 1959, faute d’un catéchiste mieux formé, on
l’envoie à Na Vang (Louang Namtha) avec le P. Luigi Sion.
Les témoignages décrivent
Paul Xyooj comme un catéchiste zélé et utile. Son enseignement et son exemple
de vie chrétienne sont à l’origine de nombreuses conversions. En décembre 1959,
il est envoyé à la nouvelle école de catéchistes de Louang Prabang pour y
poursuivre sa formation ; mais il est en crise et retourne bientôt dans son
village natal. Les mois suivants, il est proche du P. Mario Borzaga, qui parle
souvent de lui dans son Journal.
Lundi 25 avril 1960, le
P. Mario Borzaga prend Paul Xyooj comme compagnon pour un voyage missionnaire ;
ils n’en reviendront jamais. En fait, Xyooj doit faire face au sacrifice de sa
vie en cherchant à sauver son missionnaire. Un témoin a rapporté ses dernières
paroles : « Je ne pars pas, je reste avec lui ; si vous le tuez, tuez-moi
aussi. Là où il sera mort, je serai mort, et là où il vivra, je vivrai. »
Les corps, jetés dans une
fosse commune dans la forêt, n’ont jamais été retrouvés ; mais les témoignages
permettent de situer la mort glorieuse de Paul Thoj Xyooj et du P. Mario
Borzaga dans la région de Muong Met, sur la piste de Muong Kassy.
Le P. René Dubroux, MEP
(1914-1959)
René Dubroux est né le 28
novembre 1914 à Haroué, dans le diocèse de Nancy en France. Le 8 janvier 1939
il est ordonné prêtre pour le diocèse de Saint-Dié, et nommé vicaire à la
paroisse Saint-Pierre-Fourier de Chantraine. En 1940, lors de l’attaque
allemande, il est infirmier militaire au front et s’illustre par sa bravoure.
Le 30 octobre 1943, René
Dubroux est admis dans la Société des Missions Étrangères de Paris, et bientôt
destiné à la Mission de Thakhek au Laos. Il ne pourra rejoindre sa mission
qu’après deux années comme aumônier militaire en Indochine (1946-1948).
Au poste missionnaire de
Namdik (1948-1957), il développe la vie chrétienne de ses fidèles par ses
instructions et par la fréquentation assidue de l’eucharistie et de la
pénitence. Sur le plan matériel, il s’efforce d’améliorer leur sort et leur
apprend à exploiter la forêt et à exporter le bois. En 1957, il est chargé du
district de Nongkhène près de Paksé. C’est un endroit dangereux, au contact
immédiat avec la guérilla communiste naissante. Des menaces pèsent sur lui : la
rébellion veut montrer que le missionnaire n’est qu’un fétu sur leur chemin, un
obstacle dérisoire à leur volonté. Quant à lui, il a décidé de rester et de
poursuivre sa mission.
Tard dans la soirée du 19
décembre 1959, le P. Dubroux est en conversation avec ses catéchistes dans la
sacristie de la petite chapelle de Palay, qui lui sert de logement. Il est
abattu presque à bout portant par ses ennemis. Il avait une haute idée de ses
devoirs de pasteur ; il est mort par amour de ses fidèles, par fidélité à sa
mission. Son souvenir est resté très vivant chez tous ses anciens paroissiens.
Le P. Louis Leroy, OMI
(1923-1961)
Louis Leroy est né le 8
octobre 1923 à Ducey, dans le diocèse de Coutances en France. Orphelin de père,
il travaille une dizaine d’années dans la ferme familiale. A 22 ans, il
s’oriente vers la vie missionnaire chez les Missionnaires Oblats de Marie
Immaculée. Après un temps de rattrapage scolaire à Pontmain, il suit avec
courage les six années de philosophie et de théologie à Solignac. A l’un ou
l’autre de ses compagnons il confie son espoir de mourir martyr.
Ordonné prêtre le 4
juillet 1954, il est envoyé à la Mission du Laos. Affecté dans des postes de
montagne, il étudie patiemment les langues – lao, thaï-deng, kmhmu’ –, desservi
par une surdité précoce. Ses résultats médiocres sont compensés par son
infatigable dévouement au service des malades, par son amour des plus pauvres,
par sa patience envers les pécheurs. Inlassablement, il visite les villages qui
lui sont confiés, à des heures de marche autour de sa résidence de Ban Pha. A
ses correspondantes carmélites, il confie ses joies et ses peines ; il souffre
de la tiédeur et du manque de constance de certains chrétiens.
Devant l’arrivée des
troupes communistes, obéissant aux consignes de Rome et de son évêque, il
refuse avec opiniâtreté de quitter son poste. Le 18 avril 1961, un détachement
vient le chercher. Demandant d’enfiler sa soutane, de prendre sa croix et son
bréviaire, il suit les soldats. Dans la forêt voisine, il est sommairement
abattu. Son rêve de jeunesse, témoigner du Christ jusqu’au martyre, était
exaucé.
Le P. Michel Coquelet,
OMI (1931-1961)
Michel Coquelet est né le
18 août 1931 à Wignehies, dans l’archidiocèse de Cambrai en France. Il grandira
dans le diocèse d’Orléans, puis retourne dans son diocèse d’origine pour
achever ses études au Petit Séminaire de Solesmes. En 1948, il est admis au
noviciat des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée à La Brosse-Montceaux,
puis au scolasticat de Solignac. De son service militaire aux confins du
Sahara, il rapporte une véritable passion pour le soin des malades.
Ordonné prêtre le 19
février 1956, il est envoyé l’année suivante à la Mission du Laos. Ses quatre
années d’apostolat furent une dure épreuve : dans la montagne, il fut affecté à
des villages de néophytes dont la formation chrétienne laissait fort à désirer.
Le journal de la mission montre sa souffrance de missionnaire, mais aussi son
grand esprit de foi, teinté d’un humour qui était un des traits attachants de
son caractère. Il se fit tout à tous, avec le souci d’aller vers les plus
pauvres, de visiter les villages, de soigner les malades, et surtout d’annoncer
l’Evangile…
Le 20 avril 1961, il est
en tournée au service des malades. Les soldats de la rébellion lui tendent un
guet-apens à Ban Sop Xieng. Il est tué au bord de la route. Son corps sera jeté
dans le torrent, qui irrigue cette terre laotienne où il avait semé avec
patience et amour la Parole de Dieu. Ses Kmhmu’ ne l’ont jamais oublié.
Le P. Vincent L’Hénoret,
OMI (1921-1961)
Vincent L’Hénoret est né
le 12 mars 1921 à Pont l’Abbé, dans le diocèse de Quimper en Bretagne (France).
Il fait ses études secondaires, puis son noviciat, chez les Missionnaires
Oblats de Marie Immaculée à Pontmain. Pour les études de philosophie et de
théologie, il est à La Brosse-Montceaux, où il vit le drame du 24 juillet 1944
: l’exécution sommaire par les nazis de cinq Oblats. Ordonné prêtre le 7
juillet 1946, il se fait photographier devant le monument aux Oblats fusillés,
où est gravée dans la pierre la phrase de Jésus : « Il n’est pas de plus
grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » Conformément à son
souhait, il est envoyé à la Mission oblate du Laos, ruinée par la guerre.
Dans le secteur de
Paksane, il est un pasteur attentif, qui sait se faire aimer de ses chrétiens
de troisième génération. En 1957, il est envoyé semer l’Evangile dans les
montagnes de Xieng Khouang. A Ban Ban, son apostolat est surtout auprès des
réfugiés thaï-deng, qui avaient fui la persécution des Houa Phanh – apostolat
ingrat, où il doit lutter contre le découragement. Le jour de l’Ascension au
petit matin, 11 mai 1961, il circule à bicyclette pour assurer l’Eucharistie.
Un poste de la guérilla communiste contrôle son laissez-passer, qui est en
règle, puis l’abat d’une rafale dans le dos. Dans leur idéologie, la présence
d’un missionnaire n’était pas tolérable.
Le P. Noël Tenaud, MEP
(1904-1961)
Noël Tenaud est né le 11
novembre 1904 à Rocheservière, dans le diocèse de Luçon en Vendée (France). De
1924 à 1928, il est au Grand Séminaire diocésain, puis rejoint celui des
Missions Etrangères de Paris. Ordonné prêtre le 29 juin 1931, il est envoyé à
la « Mission du Laos », dont la partie principale est alors au Siam. Ses années
comme curé à Kham Koem (Thaïlande) ont laissé un souvenir vivant.
La guerre franco-siamoise
(1939-1940) l’amène au Laos proprement dit. A partir de 1944, il est curé de
Pong Kiou (Khammouane) et rayonne dans toute la région. Son action, notamment
au cours de divers épisodes belliqueux contre la tyrannie japonaise et la
mainmise des troupes communistes, marque profondément les chrétientés de la
minorité Sô. Il accepte aussi, dans les situations difficiles, des
responsabilités de plus en plus lourdes dans l’organisation de la mission.
En 1959, le P. Tenaud
accepte de quitter sa belle région pour l’arrière-pays de Savannakhet, où le
travail de première évangélisation n’a pas encore commencé. Basé à Xépone, près
de la frontière du Vietnam, avec son fidèle catéchiste Joseph Outhay, il prospecte
les villages tout au long de la route qui monte de Savannakhet.
En avril 1961, les deux
apôtres partent en tournée apostolique. On les avertit qu’une attaque
nord-vietnamienne se prépare ; mais rien ne doit arrêter la Parole de Dieu. Le
chemin du retour est coupé : ils sont pris au piège, arrêtés, interrogés et
exécutés le 27 avril 1961 pour leur action missionnaire. Chez tous ceux qui
l’ont connu, le souvenir du P. Noël Tenaud, de son œuvre missionnaire et du don
suprême de sa vie, est resté très vivant.
Le catéchiste Joseph
Outhay (1933-1961)
Joseph Outhay naquit vers
Noël 1933, dixième enfant d’une famille catholique très pieuse de Kham Koem,
dans le Lao Issan, aujourd’hui diocèse de Tharè-Nonseng en Thaïlande.
Lorsqu’éclate au Siam la persécution de 1940, le jeune Outhay a sept ans. Sa
paroisse puis l’ensemble de la province restent sans prêtre résident ; son père
est catéchiste et prend le relais. À douze ans, la persécution finie, Outhay
est envoyé pour 6 ans au petit séminaire de Ratchaburi. Il revient alors au
village : sa mère et ses frères aînés sont tous morts ; il doit s’occuper de
son père et de ses deux sœurs encore petites… Il se marie donc – il a 19 ans –,
mais un an plus tard son épouse meurt en couches, suivie peu après de leur
enfant.
Outhay vit là un signe :
il partit pour Tharè, se mettant à la disposition de son évêque comme
catéchiste diocésain. À l’invitation de son ancien curé, le P. Noël Tenaud,
MEP, il suivra bientôt ce dernier vers la Mission de Thakhek au Laos. Homme
expérimenté, mûri précocement par la vie, il fut à Pongkiu un catéchiste
apprécié de tous, chargé de la formation de jeunes catéchistes débutants. Homme
de confiance du P. Tenaud, il le suivra en 1960 vers les régions de la
province de Savannakhet à défricher pour l’Evangile. Il partagera aussi son
destin final, rendant comme lui l’ultime témoignage de foi le 27 avril 1961. De
son vivant, Outhay était déjà considéré comme un catéchiste héroïque. Après sa
mort, sa renommée n’a fait que monter, jusqu’à aujourd’hui. Son exemple est une
inspiration pour tous.
Le P. Marcel Denis, MEP
(1919-1962)
Marcel Denis est né le 7
août 1919 à Alençon, la ville de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, dans le
diocèse de Séez en France. Il fréquente d’abord le petit et le grand séminaire
de son diocèse ; en 1942, il est admis aux Missions Etrangères de Paris.
Ordonné prêtre le 22 avril 1945, il part en 1946 pour la Mission du Laos.
Chargé d’abord des
chrétientés de Dong Makba et alentours, dans la plaine, il y travaille avec
difficulté à l’éducation des villageois. À partir de 1954, il est envoyé vers
les zones intérieures du Khammouane. Il s’établit à Maha Prom et s’entoure de
collaborateurs de valeur. Il met sa science, son cœur et sa foi, dans la
patience et la persévérance, au service de la promotion humaine et spirituelle
du peuple auquel il est envoyé. Peu à peu, il se tourne vers les villages de la
montagne, qui ignorent tout de l’Evangile, et consacre beaucoup de temps et
d’amour aux lépreux. Pèlerin infatigable, il parcourt une vaste région et ouvre
le dialogue avec les populations rencontrées. Çà et là la bonne graine germe,
ouvrant de grands espoirs de conversions.
En avril 1961, la
guérilla communiste occupe en quelques semaines tout le territoire qui lui est
dévolu. Il se dépense sans compter pour mettre collaborateurs et enfants à
l’abri, mais décide de rester au milieu d’eux. Il est arrêté et emmené en
détention vers un lointain village à la frontière du Vietnam. Au bout de trois
mois, le 31 juillet 1961, il est emmené dans la forêt et exécuté. Sa mémoire
est vénérée et son exemple continue d’inspirer de nombreux chrétiens laotiens.
Le P. Jean Wauthier, OMI
(1926-1967)
Né le 22 mars 1926 à
Fourmies, dans l’archidiocèse de Cambrai en France, Jean Wauthier grandit
durant la Seconde Guerre mondiale comme réfugié dans le diocèse d’Agen. Il y
est élève au Petit Séminaire de Bon-Encontre, et son souvenir y reste très
vivant. En 1944, il rejoint à travers un pays en désordre le noviciat des
Missionnaires Oblats de Marie Immaculée à Pontmain. Au scolasticat de Solignac,
alors en construction, les travaux manuels les plus pénibles ne le rebutent
pas. Homme au physique robuste et au caractère trempé, il fait son service
militaire en Afrique du Nord comme élève-officier parachutiste : un
missionnaire bien préparé ! Ordonné prêtre le 17 février 1952, il rejoint en
octobre la mission du Laos.
Jean Wauthier est mis
sans tarder au service de la mission chez les plus pauvres, les Kmhmu’. Durant
les années de guerre et de guérilla, il accompagne les gens de ses villages à
travers leurs déplacements à la recherche d’un havre de paix. Pionnier
lui-même, il se met à leur service à travers ses connaissances médicales,
techniques, linguistiques et catéchétiques.
En 1961, il est sauvé in
extremis en face d’un peloton d’exécution. Par prudence, ses supérieurs le
rappellent comme éducateur au petit séminaire de Paksane, tâche dont il
s’acquitte avec compétence et dévouement ; mais il n’aspire qu’à retrouver ses
réfugiés dans la montagne, parmi lesquels la misère s’est installée : récoltes
incertaines, attaques, mines le long des pistes, pénurie de médicaments, abus
de toute sorte. C’est chose faite en octobre 1964.
Outre le soin des
néophytes et des catéchumènes et le défrichage missionnaire, le P. Wauthier se
consacre à répartir équitablement l’aide humanitaire. C’est là que se noue le
drame, car même dans la pire misère il y a encore exploitants et exploités : il
défend les pauvres Kmhmu’, sans pour autant les favoriser car il sait se mettre
au service de tous. Il est désormais conscient que sa vie est menacée. Le 16
décembre 1967 dans la nuit, sous le couvert d’une attaque simulée de la
guérilla, il est exécuté de trois coups de feu en pleine poitrine. Le
lendemain, un des catéchistes écrit à ses parents : « Le P. Jean est mort
parce qu’il nous aimait et n’a pas voulu nous abandonner. » Son amour des
pauvres continue de rayonner au Laos.
Le P. Lucien Galan, MEP
(1921-1968)
Lucien Galan est né le 9
décembre 1921 à Golinhac, dans le diocèse de Rodez en France. Il entre d’abord
au Grand Séminaire de Rodez, mais est admis en 1946 aux Missions Etrangères de
Paris. Ordonné prêtre le 29 juin 1948, il part en décembre pour la Mission de
Xichang, au Sichuan (Chine).
Fin mars 1950, la région
est « libérée » par les communistes. En novembre, au retour d’une tournée chez
ses chrétiens, il est appréhendé et emprisonné, puis mis en résidence
surveillée sous un régime de terreur. Il est finalement expulsé de Chine,
arrivant à Hong Kong au terme d’un long périple en janvier 1952.
Après quelques semaines
de repos, il est réaffecté à la Mission de Paksé au Laos. Vers 1953-1954, il
prend contact avec les populations « kha », les minorités montagnardes
méprisées du plateau des Bolovens. En 1956, il s’installe au milieu d’eux dans
une petite maison-chapelle, d’où il rayonne sur les villages. Il les visite
malgré la présence d’éléments rebelles qui se cachent dans ces montagnes. Il a
soin aussi des Chinois de Paksé.
En février 1960, il prend
la relève du Serviteur de Dieu René Dubroux, assassiné, dans la zone limitrophe
entre forces laotiennes rivales. L’insécurité ne permet de visiter que très
rarement les villages les plus lointains. Le 11 mai 1968, il part en
remplacement d’un confrère pour Nong Mot et de Nong I-Ou, qui sont entrés en
catéchuménat, avec deux jeunes élèves catéchistes. Il y assure la catéchèse et
la messe. Dimanche 12, il reprend la route pour une célébration au Km-15 de
Paksé. Mais l’ennemi a dressé une embuscade : la voiture est prise sous le feu
d’armes lourdes. Le jeune Khampheuane est tué sur le coup, son ami blessé. Le
P. Galan est achevé au poignard. Il meurt, victime de son devoir et de sa
charité. Le souvenir de son esprit de service et d’abnégation reste très vivant
jusqu’à aujourd’hui.
L’élève catéchiste Thomas
Khampheuane Inthirath (1952-1968)
Thomas Khampheuane
Inthirath est né en mai 1952 dans le village de Nong Sim (ethnie lavên) sur le
plateau des Boloven, vicariat apostolique de Paksé. Son père avait succédé au
grand-père maternel comme catéchiste du village, et avait connu la prison pour
ce motif. Khampheuane était le fils chéri, longuement désiré et attendu ; mais
cela n’a pas gâté sa nature pacifique et généreuse. Il était serviable et d’une
grande simplicité. C’était aussi un cœur pur, et certains ont vu là un signe de
sa vocation à la sainteté, au martyre.
A quinze ans, il est
choisi par le P. Lucien Galan pour entrer à l’école des catéchistes à Paksong,
qui assurait aux élèves une bonne formation générale, doctrinale et liturgique.
Thomas était fier de ce choix. Le 11 mai 1968, le P. Galan passe là, en route
pour les villages catéchumènes les plus lointains. Deux élèves, Khampheuane et
son ami Khamdi, se portent volontaires pour l’accompagner. Ils étaient très
conscients du danger, mais Khampheuane avait la volonté de servir l’Eglise. Au
retour, la voiture fut prise en embuscade : il mourut à côté du P. Galan.
Malgré la détresse de la famille, le papa confia à un missionnaire être fier
que son fils ait accepté de donner sa vie pour sa foi. Sur le plateau, Thomas
n’est pas oublié.
Le P. Joseph Boissel, OMI
(1909-1969)
Joseph Boissel naît le 20
décembre 1909 dans une famille de petits fermiers bretons, au Loroux dans
l’archidiocèse de Rennes (France). C’était un solide paysan, dur à la besogne.
À 14 ans, orphelin de père, il entre au juniorat des Oblats de Marie Immaculée
à Jersey, et poursuit avec eux sa vocation missionnaire. Ordonné prêtre le 4
juillet 1937, il reçoit l’année suivante sa feuille de route pour la jeune
Mission du Laos.
Le P. Boissel appartient
à la génération des pionniers oblats de cette mission, qui ont connu toutes les
secousses des guerres successives. Il débute auprès des Hmong de la province de
Xieng Khouang où l’évangélisation n’avait pas encore commencé. En mars 1945, il
est prisonnier des Japonais à Vinh au Vietnam. Au retour, il retrouve la
mission entièrement ruinée et se remet courageusement à l’œuvre, malgré une
santé désormais ébranlée par les privations. En 1949 il est à Paksane dans la
vallée du Mékong : il aide à construire et à gérer le petit séminaire, n’hésitant
pas à cultiver lui-même la rizière. En 1952, il obtient de repartir dans les
montagnes de Xieng Khouang. Il y poursuit l’évangélisation des Thaï Dam de Ban
Na et entreprend celle des Khmhmu’ des villages environnants.
En novembre 1957, il est
de retour pour de bon dans le district missionnaire de Paksane, curé de Nong
Veng puis de Lak Si. Mais il aura de plus en plus la charge des villages des
réfugiés, qui ont fui la guerre et le communisme de Xieng Khouang. Dans ces
années-là, prendre la route est toujours risqué ; à partir de mars 1969, la
pression de la guérilla s’accentue.
Le samedi 5 juillet 1969,
le P. Boissel s’en va assurer le service à Hat I-Êt, à une vingtaine de
kilomètres de Paksane, en compagnie de deux jeunes Oblates Missionnaires de
Marie Immaculée qui l’aident pour les visites, les soins aux malades et la
catéchèse. A la sortie d’un virage, le Viêt Minh le guette : deux rafales de
mitrailleuse, le ‘gêneur’ est tué net, et les Oblates grièvement blessées.
Cette mort sur la brèche, en pleine mission apostolique, a fortement
impressionné tout le peuple de Dieu. Son souvenir y reste très vivant.
Le catéchiste Luc Sy
(1938-1970)
Luc Sy est né en 1938 à
Ban Pa Hôk, un village de la minorité kmhmu’ à quatre heures de marche dans la
montagne au sud de Xieng Khouang au Laos. Le village fut baptisé le 28 octobre
1951 ; Sy reçut les noms de Luc et Marie. Elève timide mais franc et
travailleur, il étudie de 1953 à 1957 à l’école des catéchistes, au Petit
Séminaire de Paksane. En 1958, il est réclamé pour les écoles de l’État, mais
continue à travailler en étroite collaboration avec le P. Jean Wauthier, qui
sut lui faire partager son esprit apostolique.
En 1961, Luc Sy est
enrôlé dans l’armée, où il sera caporal. Dans une vie d’errance à travers un
pays en désordre, il reste bon chrétien. En 1967, blessé, il est démobilisé. Il
est accueilli comme catéchiste à Nong Sim dans la Mission de Paksé. Il se marie
avec une jeune veuve catholique, qui avait deux enfants ; le couple mettra au
monde une fille. Mais la mort de Jean Wauthier réveilla chez Luc Sy le désir de
servir les Kmhmu’, déplacés par la guerre, humiliés et brimés. En avril 1969,
il rejoint le Centre pastoral de Hong Kha à Vientiane, où l’on formait les
catéchistes kmhmu’ pour assurer le service pastoral et social, là où les
prêtres n’avaient plus accès. Élève doué, mûri par la vie, assidu à la prière,
ouvert aux plus délaissés, Luc Sy fut prêt dès Noël 1969 pour un envoi en
mission. Il devint associé de l’Institut séculier Voluntas Dei.
Le 26 janvier 1970, il
est envoyé par l’évêque en mission dans la région de Vang Vieng, vaste secteur
peuplé de villages de réfugiés. En peu de temps, il y accomplit un travail
remarquable, tant pour le développement que pour la catéchèse. Le 4 mars,
rejoint par Louis-Marie Ling, diacre Voluntas Dei et futur évêque, il
fait la retraite mensuelle. Ils partent le lendemain avec un compagnon à Dène
Dine, pour une tournée auprès des catéchumènes. Le matin du 7 mars 1970, veille
du dimanche Lætare, les trois apôtres, dénoncés, sont pris dans une
embuscade ; seul Louis-Marie a la vie sauve. Dès le début, il y eut autour de
Luc Sy une réelle aura de sainteté et de martyre : il fut et reste un exemple
vivant pour les autres catéchistes. Les chrétiens kmhmu’ vénèrent sa mémoire.
Le responsable laïc Pho
Inpèng (1934-1970)
Maisam, appelé plus tard
‘Pho Inpèng’ du nom de son fils selon la coutume, est né en 1934 dans la
Province des Houa Phanh. Avec de nombreux autres Kmhmu’ de sa province, il est
touché vers 1959 par la prédication de l’Évangile. Enrôlé dans l’Armée royale
lors de l’attaque des troupes communistes en octobre 1960, il sera capitaine.
Mais c’est un homme de paix. Dès que possible il quitte l’armée et se marie.
Avec son épouse, il se réfugie à Houey Phong dans la région de Vang Vieng ;
c’est là que le couple sera baptisé. Homme instruit, respecté et influent, il
est bientôt choisi comme responsable laïc de la petite chrétienté, faite
surtout de catéchumènes. En l’absence du missionnaire et du catéchiste, il
dirige la prière et instruit les enfants.
Lors de la journée de
retraite de Louis-Marie Ling et Luc Sy, le 4 mars 1970, Pho Inpèng est là pour
les servir. Quand il apprend que les deux jeunes gens doivent se rendre dans un
milieu hostile, pour visiter les catéchumènes et soigner les malades, il
s’offre pour les accompagner et fait équipe avec eux. Au retour, c’est
l’embuscade fatale. La balle qu’il reçoit en plein front était destinée à
Louis-Marie Ling ; elle met fin à la brève carrière héroïque de ce chrétien
laïc exemplaire.
Liste des 17 témoins de l’Eglise du Laos
1. Joseph Thao Tiên, né le 5.12.1918 à Muang Sôi (Houa Phanh, Laos), prêtre diocésain taï-deng du vicariat de Thanh Hóa (Vietnam), mort le 2.6.1954 à Ban Talang (Houa Phanh), vicariat de Vientiane.
2. Jean-Baptiste Malo, MEP, né le 2.6.1899 à La Grigonnais (44), missionnaire en Chine puis au Laos, mort le 28.3.1954 à Yên Hội (Hà Tĩnh), diocèse de Vinh (Vietnam).
3. René Dubroux, MEP, né le 28.11.1914 à Haroué (54), prêtre diocésain de Saint-Dié puis missionnaire au Laos ; mort le 19.12.1959 à Palay, vicariat de Paksé.
4. Paul Thoj Xyooj, né en 1941 à Kiukatiam (Louang Prabang), catéchiste hmong, mort le 1.5.1960 à Muang Kasy, vicariat de Louang Prabang.
5. Mario Borzaga, OMI, né le 27.8.1932 à Trente (Italie), mort le 1.5.1960 à Muang Kasy, vicariat de Louang Prabang.
6. Louis Leroy, OMI, né le 8.10.1923 à Ducey (50), mort le 18.4.1961 à Ban Pha (Xieng Khouang), vicariat de Vientiane.
7. Michel Coquelet, OMI, né le 18.8.1931 à Wignehies (59) et éduqué à Puiseaux (45), mort le 20.4.1961 à Sop Xieng (Xieng Khouang), vicariat de Vientiane.
8. Joseph Outhay Phongphoumi, catéchiste veuf, né en 1933 à Khamkoem, diocèse de Tha-rè-Nongsèng (Thaïlande), mort le 27.4.1961 à Phalane, vicariat de Savannakhet.
9. Noël Tenaud, MEP, né le 11.11.1904 à Rocheservière (85), missionnaire en Thaïlande puis au Laos, mort le 27.4.1961 à Phalane, vicariat de Savannakhet.
10. Vincent L’Hénoret, OMI, né le 12.3.1921 à Pont l’Abbé (29), mort le 11.5.1961 à Ban Ban / Muang Kham (Xieng Khouang), vicariat de Vientiane.
11. Marcel Denis, MEP, né le 7.8.1919 à Alençon (60), mort le 31.7.1961 à Kham Hè (Khammouane), vicariat de Savannakhet.
12. Jean Wauthier, OMI, né le 22.3.1926 à Fourmies (59), mort le 16.12.1967 à Ban Na (Xieng Khouang), vicariat de Vientiane.
13. Thomas Khampheuane Inthirath, né en mai 1952 à Nong Sim (Champassak), élève catéchiste lavên, mort le 12.5.1968 à Paksong (Champassak), vicariat de Paksé.
14. Lucien Galan, MEP, né le 9.12.1921 à Golinhac (12), missionnaire en Chine puis au Laos, mort le 12.5.1968 à Paksong (Champassak), vicariat de Paksé.
15. Joseph Boissel, OMI, né le 20.12.1909 au Loroux (35), mort le 5.7.1969 à Hat I-Et (Bo-likhamsay), vicariat de Vientiane.
16. Luc Sy, catéchiste kmhmu’ père de famille, né en 1938 à Ban Pa Hôk (Xieng Khouang), mort le 7.3.1970 à Dène Din (Province de Vientiane), vicariat de Vientiane.
17. Maisam Pho Inpèng, laïc kmhmu’ père de famille, né vers 1934 près de Sam
Neua (Houaphan), mort le 7.3.1970 à Dène Din (Province de Vientiane), vicariat
de Vientiane.
Importance du témoignage
des Martyrs du Laos pour l’Église et la société au moment de leur mort
Dès avant sa mort, au
moment de son emprisonnement, le P. Joseph Thao Tiên est apparu comme un
véritable témoin de la foi chrétienne dans un milieu foncièrement hostile.
Cette réputation lumineuse a commencé dans sa province d’origine, les Houa
Phanh, et dans son propre groupe ethnique, les Thaï Deng ; mais après la
confirmation de sa mort en 1955, elle s’est répandue très vite dans l’ensemble
du pays et au Vietnam.
Le P. Tiên a servi de
modèle à tous ceux qui se trouvaient confrontés aux mêmes choix que lui. Grâce
à son exemple de fidélité héroïque au Christ et à sa propre vocation
sacerdotale, de nombreux prêtres laotiens et étrangers, et d’innombrables chrétiens
laïcs, ont su à leur tour trouver le chemin de la constance intrépide au milieu
des épreuves les plus dures, y compris en face d’une mort imminente. L’histoire
de la Mission catholique au Laos ne connaît aucun missionnaire qui ait reculé
devant le danger ; en grande majorité, les chrétiens ont préféré perdre toutes
leurs possessions matérielles plutôt que de renoncer aux valeurs de l’Evangile.
Un vieux catéchiste, Jean
Louk Khamsouk, qui avait été compagnon de Joseph Tiên dans l’évangélisation
puis en prison, donne le témoignage suivant : « Dans la pensée de
l’ensemble de la communauté chrétienne…, le P. Tiên est un saint et un héros…
On lui a promis de le libérer s’il acceptait de se marier et de devenir un
citoyen ordinaire. Mais lui a toujours refusé. Pour nous, c’est cela qui
compte, c’est là le signe de sa sainteté… »
Pour la communauté
chrétienne du Laos, et largement au-delà, le témoignage donné par les «
compagnons » du P. Joseph Tiên a eu la même valeur exemplaire. Certains des
Serviteurs de Dieu ont un rayonnement plus localisé, mais ils ont été d’emblée
reconnus comme un groupe unique de témoins de la foi, de la justice et de la
charité. Leur mort a été comme les mystères douloureux d’un chapelet que l’on
égrène dans la souffrance, au long de 16 années de vie ecclésiale, mais sans
jamais perdre de vue les mystères de la Résurrection et de la Gloire. Toutes
les composantes de l’Eglise au Laos ont lu dans la vie et dans la mort de ces
prêtres et de ces laïcs la valeur incomparable de l’annonce de l’Evangile pour
le progrès humain et social des plus pauvres, et pour que le salut en Jésus
Christ puisse atteindre les personnes et leurs liens sociaux, jusqu’au plus
profond de leur être.
La prise de pouvoir sur
l’ensemble du pays par la faction communiste en 1975, et son maintien jusqu’à
ce jour, ont été incapables d’effacer cela, de gommer le témoignage
incomparable de ces témoins du Christ.
JUIN 10, 2015 14:22TÉMOINS
DE LA FOI
SOURCE : https://fr.zenit.org/articles/presentation-des-martyrs-du-laos/
Profile
Member of the Paris
Foreign Missions Society. Priest. Martyr.
Born
28
November 1914 in
Haroué, Meurthe-et-Moselle, France
19
December 1959 in
Palay, Champasak, Laos
5
June 2015 by Pope Francis (decree
of martyrdom)
11
December 2016 by Pope Francis
beatification recognition
celebrated in Vientiane, Laos, presided by Cardinal Angelo
Amato
SOURCE : https://catholicsaints.info/blessed-rene-dubroux/
Beato Renato Dubroux Sacerdote
e martire
>>>
Visualizza la Scheda del Gruppo cui appartiene
Haroué, Francia, 28
novembre 1914 - Palay, Laos, 19 dicembre 1959
Padre Renè Dubroux entrò
nell’Istituto delle Missioni Estere di Parigi dopo aver trascorso quattro anni
come sacerdote della diocesi di Saint-Dié e aver servito come infermiere
militare nella seconda guerra mondiale. Destinato alla missione di
Thakhek, nel Laos, poi in un’altra stazione missionaria presso Pakse, s’impegnò
per migliorare le condizioni di vita degli abitanti e per educarli alla
fede. La sera del 19 dicembre 1959 venne abbattuto a colpi di pallottole
dai militanti comunisti che si stavano espandendo nel Paese, tradito da uno dei
suoi più fedeli collaboratori. Inserito nel gruppo di quindici martiri
capeggiato dal sacerdote laotiano Joseph Thao Tiên, è stato beatificato l’11
dicembre 2016 a Vientiane, nel Laos.
René Dubroux nacque il 28
novembre 1914 a Haroué, nella diocesi di Nancy in Francia. L’8 gennaio 1939
venne ordinato sacerdote per la diocesi di Saint-Dié e nominato vicario della
parrocchia di San Pietro Fourier a Chantraine. Nel 1940, durante l’attacco dei
tedeschi, fece da infermiere militare al fronte, mettendosi in luce per il suo
coraggio.
Il 30 ottobre 1943 fu
ammesso nella Società delle Missioni Estere di Parigi e fu presto destinato
alla missione di Thakhek, nel Laos. Non poté tuttavia raggiungerla prima di due
anni, in qualità di cappellano militare nell’allora Indocina.
Nella stazione
missionaria di Namdek, dal 1948 in poi, sviluppò la vita cristiana dei suoi fedeli
tramite le sue istruzioni catechistiche e amministrando i sacramenti
dell’Eucaristia e della Confessione. Sul piano materiale, invece, fece il
possibile per migliorare la loro sorte, ad esempio incoraggiandoli a sfruttare
le risorse della foresta, come il legname.
Nel 1957 venne incaricato
del distretto di Nonghkene, vicino Pakse; un luogo pericoloso, a diretto
contatto con la nascente guerriglia comunista. Di lì a poco subì parecchie
minacce: i ribelli volevano dimostrare che lui era un ostacolo alla loro
volontà di liberare il Paese. Due anni dopo, nonostante ciò, i missionari
ricevettero l’ordine dalla Santa Sede di restare al proprio posto, a meno che
non fossero anziani o malati.
Nella tarda serata del 19
dicembre 1959, padre Dubroux si trovava a conversare con i suoi catechisti
nella sacrestia della piccola cappella di Palay, che fungeva anche da alloggio
per lui. Tradito da uno di essi, subì gli spari dei guerriglieri e fu ferito a
morte.
Dato che il suo ricordo è
rimasto molto vivo tra i suoi parrocchiani, è stato inserito in un elenco di
quindici tra sacerdoti, diocesani e missionari, e laici, uccisi tra Laos e
Vietnam negli anni 1954-1970 e capeggiati dal sacerdote laotiano Joseph Thao
Tiên. La fase diocesana del loro processo di beatificazione, ottenuto il nulla
osta dalla Santa Sede il 18 gennaio 2008, si è svolta a Nantes (di cui era
originario il suo confratello padre Jean-Baptiste Malo) dal 10 giugno 2008 al
27 febbraio 2010, supportata da una commissione storica.
A partire dalla fase
romana, ovvero dal 13 ottobre 2012, la Congregazione delle Cause dei Santi ha
concesso che la loro “Positio super martyrio”, consegnata nel 2014, venisse
coordinata, poi studiata, congiuntamente a quella di padre Mario Borzaga, degli
Oblati Missionari di Maria Immacolata, e del catechista Paul Thoj Xyooj (la cui
fase diocesana si era svolta a Trento).
Il 27 novembre 2014 la
riunione dei consultori teologi si è quindi pronunciata favorevolmente circa il
martirio di tutti e diciassette. Questo parere positivo è stato confermato il 2
giugno 2015 dal congresso dei cardinali e vescovi della Congregazione delle
Cause dei Santi, ma solo per Joseph Thao Tiên e i suoi quattordici compagni:
padre Borzaga e il catechista, infatti, avevano già ottenuto la promulgazione
del decreto sul martirio il 5 maggio 2015. Esattamente un mese dopo, il 5
giugno, papa Francesco autorizzava anche quello per gli altri quindici.
La beatificazione
congiunta dei diciassette martiri, dopo accaniti dibattiti, è stata infine
fissata a domenica 11 dicembre 2016 a Vientiane, nel Laos. A presiederla,
come inviato del Santo Padre, il cardinal Orlando Quevedo, arcivescovo di
Cotabato nelle Filippine e Missionario Oblato di Maria Immacolata.
Autore: Emilia
Flocchini
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/97066
Voir aussi : https://www.catholique-nancy.fr/documents-a-telecharger/bio-rene-dubroux