Saint Nicodème
Notable juif, pharisien du Nouveau Testament (1er
s.)
De tous les pharisiens, docteurs de la Loi et membres
du Grand Conseil, le Sanhédrin, c'est l'un de ceux qui inspirent le respect et
l'amitié. Dès que Jésus parut, il vit en lui " un envoyé de Dieu".
(Jean 3. 1 à 15) Il est encore craintif, mais sa foi est si grande que le
Christ lui révèle les splendeurs de la nouvelle naissance par la grâce du
Baptême. Il a le courage quelques mois plus tard de défendre publiquement le
Seigneur devant le Sanhédrin :" Peut-on condamner un homme sans l'avoir
entendu ?" Grâce à lui et à son ami Joseph
d'Arimathie, le corps du Seigneur ne sera pas jeté dans la fosse
commune des malfaiteurs et, pour l'embaumer, ils achètent ensemble cent livres
de myrrhe et d'aloès, en l'attente de la résurrection trois jours plus tard.
Saint
Nicodème est fêté le 31 août au martyrologe romain (le 3 août au
synaxaire grec et dans certains lieux).
SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1615/Saint-Nicodeme.html
Statue en bois de saint Nicodème, (en provenance de
Bourgogne ?), présentée dans le cadre de l'exposition "Fragments
d'Histoire" à l'abbaye de Hambye (Normandie)
JEAN 3, 1-21, NICODÈME : ES-TU DÉJÀ NÉ ?
1. Contexte
O Le nom Nicodème signifie
en hébreu vainqueur du peuple. Nicodème était pharisien, mais également
chef des Juifs. Donc un homme très important. Il était apparemment riche,
puisqu’il apportera au moment de l’ensevelissement un mélange de myrrhe et
d’aloès d’environ 100 livres.
O Nicodème, un homme
d’âge mûr, probablement. Un homme en recherche, en quête. Un homme qui
comporte comme un ami de Jésus, on peut repérer chez lui « un esprit droit
et accueillant. » (B. ARMINJON, Nous voudrions voir Jésus, p.
76) En Jn 7, 50, il prendra la défense de Jésus face aux grands prêtres et aux
pharisiens. Il sera là lors de l’ensevelissement de Jésus, et selon
l’Évangile, il apportera 100 livres de myrrhe et d’aloès (Jn 19, 39)
O Nicodème est un peu le
parallèle du jeune homme riche dans les synoptiques, « à cette différence
près que les grands biens qui retiennent le jeune homme de suivre
Jésus (Mt 19, 16-22) sont, chez Nicodème, les dons exceptionnels de son
intelligence et de sa personnalité, auxquels tout l’incline à se fier
uniquement. « (B. ARMINJON, op. cit. p.75)
O La question centrale
était pour le jeune homme riche : Que dois-je faire pour avoir la vie
éternelle ? Et pour Nicodème : Comment faire pour voir le
Royaume de Dieu ? Pour réponse, Jésus va amener Nicodème du connaître
à naître.
O Dans le Prologue de
Jean, le thème de la nouvelle naissance était déjà annoncé : Jn 1,
12-13 : « A tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de
devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, eux (lui) qui ne furent
engendrés ni du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais
de Dieu. »
O Contexte proche :
Fin du ch. 2 : « Comme il était à Jérusalem durant la fête de la
Pâque, beaucoup crurent en son nom à la vue des signes qu’il faisait. Mais
Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous, et qu’il
n’avait pas besoin d’un témoignage sur l’homme : car lui-même connaissait
ce qu’il y avait dans l’homme. » (Jn 2, 23-25)
O D. MOLLAT :
« Nicodème est un de ces nombreux, qui ont vu les signes accomplis
par Jésus et qui ont cru en son nom, de cette foi imparfaite, à laquelle
Jésus ne se fiait pas. Cela lui explique le ton abrupt de la réponse que Jésus
lui adresse. » (Lecture spirituelle de St Jean, Supplément à Vie
chrétienne N° 71, p.22)
O Dans l’Évangile de
Jean, il y a les disciples, ceux qui accueillent Jésus, et qui sont du
côté de la lumière. Se l’autre côté, il y a ceux qui refusent de
croire, qui sont du côté des ténèbres. Nicodème est comme à mi-chemin
entre les deux. E. OSTY : « Il représente parmi les chefs
ceux qui, avec hésitation, commencent à croire à Jésus. » (La Bible, p.
2263)
O Nicodème vient trouver
Jésus « de nuit » : On peut donner plusieurs
significations à cette mention :
- Nicodème ne
voudrait pas donner de publicité à sa démarche : on le comprend :
lui, le maître en Israël, venir trouver l’humble charpentier de Nazareth, que
les notables juifs ne regardent pas spécialement d’un bon oeil.
- Mais la
nuit est aussi un temps de rencontre privilégiée avec Dieu : « Un des
commandements de la tradition juive indique que la Torah doit être lue de nuit. »
(Aumônerie protestante de l’ENS, 21 novembre 2001, p. 3-4)
- Rappelons
que pour Jean, Nicodème est associé à la nuit : on le retrouvera en Jn 19,
39, lors de l’ensevelissement de Jésus, le soir.
- On peut
aussi remarquer que l’entretien avec Nicodème commence sur cette mention de la
nuit, et finit sur la lumière : « Celui qui fait la vérité vient à la
lumière. » (Jn 3, 21)
- ST AUGUSTIN commente
ce passage : « Nicodème vient vers le Seigneur, mais il vient de
nuit. Il vient vers la lumière, et il vient dans les ténèbres. Dans les ténèbres,
il cherche le jour (…) mais c’est encore à partir des ténèbres de sa chair
qu’il parle. » (cité in A. MARCHADOUR, Les Évangiles, p. 906)
Nicodème est en quelque sorte l’homme de la nuit. La
nuit lui est toujours associée, un peu comme le reflet de ses ténèbres
intérieures.
2. De connaître à renaître
O Nicodème commence
l’entretien par nous le savons. Et il se réfère aux signes accomplis
par le Christ. « Néanmoins, Jésus n’est pas satisfait. Ce nous le
savons cache une illusion. En réalité, Nicodème sait moins qu’il ne
pense : dans les signes accomplis par Jésus il y a plus qu’il
n’y a vu. Le Royaume de Dieu est là présent parmi les hommes ; cela,
Nicodème ne le voit pas ; car il n’accède pas encore au mystère du Fils de
Dieu.» (D. MOLLAT, op. cit., p. 22) Et Jésus n’aura pas d’autre
but, dans tout ce dialogue, d’amener Nicodème de cette science imparfaite au
mystère du Royaume de Dieu.
O Beaucoup de Juifs désiraient voir advenir le Royaume de Dieu. Mais Jésus dit que sans naître de nouveau, ils ne pourront le voir. Il lui montre que l’idée juive du Royaume est erronée : cette pensée courante concevait le Royaume comme une réalité terrestre, politique : tout juif, par naissance, appartenait à la nation juive, et devenait par conséquent sujet de ce royaume. Un royaume à taille humaine en quelque sorte. Or, Jésus dit à Nicodème que ce Royaume est spirituel, et on n’y accède seulement par une naissance spirituelle. Nous avons tous tendance à réduire le Royaume de Dieu à nos vues humaines. Et tout le travail de Dieu, de son Esprit, est de nous faire passer de notre royaume au Royaume de Dieu.
O Il faut noter que Jean
utilise rarement la notion de Royaume de Dieu, si fréquente dans les Évangiles
synoptiques : c’est que Jean l’appelle la vie éternelle, ou la
vie.
O « Nicodème se
situait sur le plan du savoir (de maître à maître) ; Jésus lui propose une
nouvelle naissance : "tu voulais connaître, je te propose de
renaître" » (A. MARCHADOUR, Les Évangiles, p. 904)
Passer de connaître à naître…
O On comprend que
Nicodème soit très désorienté. « Nicodème a consacré sa vie au service de
Dieu et à l’étude des Écritures. Et il lui faut s’entendre dire que tout son
savoir, don acquis, son expérience, sont choses vaines pour le Royaume de Dieu,
s’il n’accepte de naître. Comme un enfant, il doit venir à la vie. Nicodème se
cabre devant cette absurdité. » (D. MOLLAT, op. cit., p. 22)
O Oui, arrivé à un
certain âge de la vie, on a acquis un savoir, de l’expérience, de la maturité,
même spirituelle. On pense être bien avancé sur la voie du Royaume. Et Jésus
vient dire qu’à moins de renaître, tout cela ne sert à rien.
O Ce langage dépasse sa
raison. « Mais il est tant de choses en ce monde, Nicodème, qui
échappent en fait à ta raison. Et Jésus de recourir, très pédagogiquement, au
symbole du vent. » (B. ARMINJON, op. cit., p. 79) Le vent dont
on ne peut savoir ni d’où il vient ni où il va, que l’on ne voit pas, dont on
ne peut que deviner la présence.
O Le mot grec pour
désigner l’acte de naître est le verbe gennaô. (De lui vient nos
termes français géniteur, engendrer, gendre.) La racine du mot est de la
même famille que genesis, la genèse, le commencement
O Naître d’en haut,
naître à nouveau. L’adverbe grec anôthen signifie à la
fois d’en haut et de nouveau. Et l’ambivalence est
probablement voulue par Jean. L’Évangéliste Jean utilise souvent des termes qui
ont une double signification, à la fois naturelle et symbolique ou spirituelle
(par exemple dans notre texte nuit et souffle).
O Jean précise plus loin
quelle est cette nouvelle naissance ou naissance d’en haut : une
naissance de l’eau et de l’esprit. Naître d’eau et de l’esprit renvoie
au baptême, mais aussi au texte de la création dans la
Genèse ; On y trouve les deux éléments : les eaux et le souffle de
Dieu. : « Au commencement (en grec genesis), Dieu créa le
ciel et la terre. Or, la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient
l’abîme, un souffle de Dieu tournoyait sur les eaux. » (Gn
1, 1-29) Donc une nouvelle naissance qui implique une intervention
créatrice de Dieu.
O On voit que « le
Saint-Esprit est impliqué dans le processus de la (nouvelle) naissance du début
à la fin. » (W. C ALVAREZ , Tout commence par une nouvelle
naissance, p. 7)
O Déjà dans l’AT, Dieu
formulait la promesse de donner à l’homme un cœur nouveau, de mettre
en lui un esprit nouveau (Ez 36, 26-27 ; Jr 31, 31). Mais l’AT
ne parlait jamais de nouvelle naissance.
O Le texte le plus proche
dans l’AT est le passage d’Ez 36, 26-27 : « Je vous donnerai un cœur
nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau, j’ôterai de votre chair le cœur
de pierre et vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon esprit et
je ferai que vous marchiez selon mes lois. » Ce texte est considéré comme une
typologie du baptême ; il est d’ailleurs lu lors de la veillée pascale.
O L’Esprit :
pneuma : « En grec, comme en hébreu, comme en latin, le même mot
signifie à la fois vent, souffle, mais aussi "Esprit". »
(B. ARMINJON, op. cit., p. 79) Ce mot (pneuma) est utilisé
4 fois dans les versets 5-8. Cf. plus loin, v. 8 : « Le vent (pneuma)
souffle où il veut… »
O Il faut aussi relever
que la nouvelle naissance a une dimension collective, ecclésiale : W.
C ALVAREZ : « On naît dans une famille. (…) Ce qui est vraiment
beau dans la nouvelle naissance, c’est qu’elle nous fait entrer dans la famille
[des enfants] de Dieu, l’Église (Ac 2, 38. 41. 47 ; Ep 2, 19 ; Rm 8,
16-17). Nous avons des frères et sœurs en Christ avec qui nous pouvons tout
partager. Dieu lui-même est notre Père (Mt 6, 9). Il prendra soin de nous comme
un tendre père. Nous pouvons lui ressembler (Ep 5, 1 ; Mt 5, 48) »
(op. cit., p. 9) Et Jésus est notre frère.
O « Nul ne
peut voir le Royaume de Dieu » Le verbe voir en Jean a un sens
très fort, celui de avoir l’expérience de, participer à, goûter,
posséder, entrer dans (v. 5)
3. Naître de l’Esprit
O v. 6-7 : « Jésus
démontre alors pourquoi cette renaissance s’impose. C’est que l’homme, si grand
soit-il, n’est pas de plain-pied avec le Royaume de Dieu. L’homme est chair et
Dieu est esprit. (…) La chair, c’est la créature livrée à sa faiblesse.
L’Esprit, c’est Dieu même, suprême vivant et principe de toute vie. Entre les
deux existe un abîme, qui ne peut être franchi que si Dieu, venant en aide à sa
créature, la régénère et la hausse au niveau de l’Esprit. A cette seule
condition l’homme peut accéder au Royaume de Dieu. (…) C’est là le fait
primordial : l’homme qui est chair ne peut se faire esprit ; il est
radicalement impuissant à se donner la vie de Dieu. » (MOLLAT, op.
cit., p. 23)
C’est la distance entre deux univers : l’univers
de Dieu (mystérieux : tu ne sais d’où il vient ni où il va)
et l’univers de l’homme, fragile, limité et vulnérable. Et il y a un abîme
incommensurable entre ces deux univers. Seule une nouvelle naissance, une
naissance à la vie de Dieu, permet de franchir cette distance.
4. Le vent souffle où il veut
O Pourquoi comparer l’homme qui
est né de l’Esprit au vent ? D’une part parce que le vent et l’esprit
sont le même mot aussi bien en hébreu qu’en grec : rouah, pneuma.
Mais aussi, parce que « la naissance par
l’Esprit est invisible, insaisissable et mystérieuse ; mais on en discerne
la réalité à ses effets dans l’homme. » (E. OSTY, La Bible, p.
2263), un peu comme le vent. Le vent a quelque chose de mystérieux,
insaisissable. C’est aussi une caractéristique de l’homme né de l’Esprit. Celui
qui est né de l’Esprit vit de la liberté des enfants de Dieu. Il ne se laisse
pas manipuler selon les normes, conventions et attentes sociales. Il ne se
laisse pas conduire par le qu’en dira-t-on, par le regard ou le jugement des
autres. En ce sens, son comportement n’est pas stéréotypé, il ne correspond pas
à l’attente des autres : il est le reflet de la liberté de Dieu, qui
comporte une part d’imprévisibilité.
5. Il faut que le Fils de l’homme soit élevé
V. 9 : Nicodème est plus humble qu’au début
du dialogue : au début Nicodème disait : « Nous savons… »
Ici, il interroge. Mais Nicodème est encore perplexe : Tout ceci est
contraire à ce qu’il a appris et à la tradition des Juifs. Jésus trouve
étonnant que Nicodème soit maître en Israël et ignore quelle est la vraie
nature du Royaume : tant de prophéties de l’AT avaient été formulées sur
le Royaume de Dieu et sur le fait que celui-ci ainsi que la Nouvelle Alliance
sont d’ordre spirituel. W. C ALVAREZ : « Que la raison de la
venue du Messie n’était pas d’établir un royaume matériel, mais plutôt de
mourir pour pardonner les péchés du monde. » (Tout commence par une
nouvelle naissance, p. 4) C’est ce que Jésus va montrer par la suite aux
v. 12-21.
V. 11-12 : en quelque sorte une transition :
« Si vous ne croyez pas quand je dis les choses de la terre, comment
croirez-vous quand je vous dirai les choses du ciel ? » Dans les
versets qui suivent, Nicodème va devoir passer encore à un niveau plus
profond. TOB : « Il y a des degrés dans la révélation :
jusqu’ici, Jésus a parlé des choses "terrestres", c'est-à-dire de
celles qui se jouent ici-bas (naissance des hommes à la vie selon l’Esprit),
mais il faudra encore que Nicodème s’ouvre au mystère de la filiation divine de
Jésus (3, 13) et de son exaltation sur la croix (3, 14-15) » (p. 297, note
r) C’est ce que va faire Jésus dans les versets suivants.
Mais Jésus dans ces versets, veut aussi montrer
le lien entre la nouvelle naissance et le mystère pascal. E.
OSTY : « La naissance "d’en haut" est possible grâce au
Fils de l’homme qui doit être "élevé" afin de donner l’Esprit ;
croire en lui pour avoir la vie éternelle » (la Bible, p. 2263), croire en
lui pour renaître.
Le v. 13, « Nul n’est monté au ciel, hors mis celui
qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. » exprime deux mystères :
l’incarnation, et la glorification.
Le v. 14, qui parle de l’élévation du Fils de
l’homme, utilise le verbe élever dans un double sens, comme souvent
dans l’Évangile de Jean : élevé sur la croix, élevé dans les cieux. C’est
l’ensemble de cette élévation, souffrance sur la croix et glorification, qui
est cause de salut, cause de vie éternelle pour tous les hommes.
Les v. 16-17 : « Car Dieu a tant aimé
le monde qu’il a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui ne se
perde pas, mais ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le
monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » Expriment
le mystère de l’incarnation et le mystère pascal en soulignant son but :
l’amour fou de Dieu qui veut le salut de tous les hommes.
Les v. 18-21 décrivent le combat entre les
ténèbres et la lumière, combat que le Christ est venu réaliser. Avec
l’espace de liberté donné à l’homme qui peut choisir entre les ténèbres et la
lumière.
O S’il est appelé à
choisir la vie, choisir la lumière, le chrétien va rencontrer le mal sur sa
route, et le premier effet du mal est de détruire la vie : S.
PACCOT : « Le mal est essentiellement ce qui empêche la vie de
naître et de se déployer, ce qui mène à une forme de destruction et de mort,
quelle qu’en soit la forme » (Reviens à la vie, p. 13)
L’entretien avec Nicodème a commencé de nuit. La fin
du v. 21 finit sur la mention de la lumière. On ne sait par très bien où
Nicodème a passé, on ne sait pas s’il a choisi entre les ténèbres et la
lumière. Mais c’est à nous tous, qui sommes un peu des Nicodème, qu’il nous est
donné de choisir.
Faire la vérité, au v. 21, signifie conformer sa vie à
la vérité divine, autrement dit faire le bien. Faire la vérité, c’est un peu ce
qu’a fait Nicodème, qui est passé un peu des ténèbres à la lumière.
6. Appropriation : Es-tu déjà né ?
O Cette idée de nouvelle
naissance était chère à Zundel : L’homme existe depuis son entrée en
ce monde, mais il doit ensuite naître à lui-même, naître à ce qu’il est
appelé à devenir, naître à la vie éternelle, et cela peut être un accouchement
de toute une vie. Jésus est en chacun l’accoucheur de notre vraie
humanité. Il nous fait naître d’en haut, naître à la vie éternelle, la
vie d’enfant de Dieu, ou la vie selon l’Esprit. Mais cette naissance à notre
vraie identité, à la vie éternelle, se fait à travers un chemin pascal qui peut
être douloureux : il n’y a pas d’accouchement, pas d’enfantement sans
douleurs. Cette naissance est commencée lors de notre baptême, mais elle
peut être l’œuvre de toute une vie.
O Pour Zundel, naître à
nouveau, ou entrer dans la vie éternelle, c'est devenir vivants dès ici-bas. Il
ne s'agit pas d'attendre la vie éternelle, mais d'y entrer dès
maintenant : «Il est donc bien clair que la vraie question, c’est
d’être un vivant avant la mort. Il est bien vrai qu’on entre pas dans le ciel
comme s’il s’agissait d’aller quelque part. Il faut devenir le ciel… Il
faut devenir la vie éternelle, il faut la devenir dans tout son être ».
(in M. DONZÉ, Témoin d’une présence, p. 126-127)
M. ZUNDEL : « Si nous avons à vaincre
la mort au cours de la vie, cela ne peut être que par une transformation de
notre biologie, c'est-à-dire d’une manière plus ample encore, par une
transformation de toutes les contraintes que nous subissons. Si l’existence
elle-même est une contrainte, si nous sommes tout entier contrainte, tout
entier nécessité, tout entier déterminisme, tout entier imposé à nous-mêmes
sans l’avoir voulu, c’est cela qu’il s’agit de transformer en liberté, tout
cela… » Exprimé autrement, c’est la pascalisation de notre vie, ou
renaître : passer du subi au choisi, du subi au don : « Ma vie,
nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne. » (Jn 1, 18)
« Il n’y a d’autre libération en effet que cette
transformation du donné en don. C’est le passage du donné au don qui est le
passage de la nécessité à la liberté, de quelque chose à quelqu’un et
d’une existence d’esclave à une existence créatrice. Alors, c’est tout cela en
nous qui doit se transformer. Il faut donc admettre que notre biologie
elle-même est capable de se transformer, autrement dit, que nous avons à créer,
tout au long de notre existence, un corps, un corps qui ne dépendra plus de
l’univers, qui n’en sera plus esclave, qui ne prolongera pas éternellement
notre dépendance et nos nécessités, mais qui sera un corps à l’image du choix
que nous aurons fait de nous-mêmes, un corps qui aura le visage de l’âme,
visage de la liberté, le visage de l’esprit, le visage de l’amour que nous
serons devenu, si réellement nous aboutissons à ce chef-d’œuvre. (…) C’est tout
le bloc qui doit devenir la cathédrale, le sanctuaire de la Lumière et de
l’Amour. » (2ème de 4 conférences données au Cénacle de Genève, 14.1.1962)
C’est un peu cela la nouvelle création, la nouvelle naissance.
Maret Michel, Communauté du Cénacle au Pré-de-Sauges
SOURCE : http://www.cenaclesauges.ch/diary9/2Nicodeme.htm
Giovanni Angelo Del
Maino, "Statue of Nicodemus" (detail), wood, ca. 1518, Collections
of applied arts, Castello Sforzesco, Milan, Italy.
Jésus
et Nicodème, ou la promesse d'une reconnaissance mutuelle
Nicodème est un personnage étonnant qui
n'apparaît pour le Nouveau Testament que dans l'évangile de Jean : au
chapitre 3 (la célèbre entrevue) mais aussi au chapitre 7 et au chapitre 19.
————(Henri Lindegaard, De la terre au ciel)
Au chapitre 7,
il prend la défense de Jésus face à un groupe de
pharisiens hostiles :
“Nicodème, qui était venu le trouver précédemment et
qui était l'un d'entre eux, leur dit :
« Notre loi juge-t-elle un homme sans qu'on l'ait
d'abord entendu et qu'on sache ce qu'il fait ?»
Ils lui répondirent : « Serais-tu de Galilée, toi
aussi ? Cherche bien, et tu verras qu'aucun prophète ne vient de
Galilée.»” ———————————————————————(Jean 7,50-52)
Le chapitre 19 le décrit aux côtés de Joseph
d'Arimathée lors le mise au tombeau de Jésus :
“Nicodème, qui était d'abord venu le trouver de
nuit, vint aussi en apportant un mélange d'environ cent livres de myrrhe
et d'aloès. Ils prirent donc le corps de Jésus et le lièrent de
bandelettes, avec les aromates, comme les Juifs ont coutume d'ensevelir.” ———————————————————————(Jean
19,39-40)
Le nom Nicodème est d'origine grecque. On le trouve sous le calame d'auteurs grecs comme Démocrite (549,23) ou Eschine d'Athènes (24,30) ... C'est aussi le synonyme de Nicolas, nom d'un ressortissant d'Antioche converti au Judaïsme (Actes 6,5). Nicodème est décrit comme un homme issu des rangs des Pharisiens, mouvement juif caractérisé par sa piété. Le texte grec de l'évangile ne permet pas de préciser s'il était toujours pharisien, ce que semble indiquer le rapprochement avec Jean 7,48 et 50, ou s'il avait rompu avec ce mouvement ce qu'on pourrait défendre en rapprochant la formulation de Jean 3,1 et celle de Jean 6,60 concernant des disciples qui quittent Jésus. Qu'il soit encore pharisien ou qu'il l'ait été, il porte un nom païen qui ne peut que surprendre le lecteur s'agissant d'un (ex-) juif militant.
Autre étonnement :
Nicodème est appelé par Jésus “l'enseignant d'Israël” (Jean 3,10). L'appellation est si surprenante que la plupart des traductions en français se sont empressées de la banaliser en omettant de traduire l'article grec tout à fait significatif. On lit ainsi généralement “tu es un enseignant en Israël”, ce qui en français sonne comme “tu es un instituteur dans le XXème”. Or Jésus salue ainsi Nicodème comme le maître à penser de sa génération en Israël. On s'étonne du coup de ne pas trouver sa trace dans la littérature juive contemporaine de l'événement raconté (Qoumran, Philon d'Alexandrie) ou relative à cette période (Flavius Josèphe et la Mishna). A titre de parallèle littéraire, on peut citer l'Homélie pseudo clémentine (5,18), écrit chrétien du IIème siècle, qui parle de Socrate en des termes similaires, “l'enseignant de la Grèce” .
Le seul personnage qui à cette époque pourrait se voir attribuer un tel titre est Raban Gamaliel HaZakèn, qui n'apparaît pas comme tel dans l'évangile de Jean mais dont le Talmud et les Actes des Apôtres soulignent la grande piété (selon Actes 22,3 , il est le maître de Saul avant que ce dernier ne devienne Paul) et l'ouverture d'esprit : en Actes Ac 5,34, son intervention permet la libération des apôtres emprisonnés, alors que le Talmud lui attribue un adoucissement de la législation relative aux femmes répudiées. Avec Simon (Luc 7,36-50, un nom extrêmement courant à l'époque) et Saul/Paul, Gamaliel et Nicodème sont les seuls pharisiens du Nouveau Testament que nous connaissions par leur nom. Or ces deux derniers ont également en commun le même profil d'homme croyant, savant et ouvert. C'est à se demander si le personnage historique de Gamaliel n'a pas servi de modèle à l'auteur de l'Évangile de Jean pour nous dresser le portrait de Nicodème, un nom qui signifie “vainqueur du peuple” et sonne comme un pseudonyme pour celui qui ose affronter l'opinion commune.
Le caractère discret, presque clandestin de la visite de Nicodème à Jésus en Jean 3, semble aller dans le sens de la pseudonymie. Dans l'évangile de Jean, la nuit est une circonstance connotée négativement. Elle est le temps où nul ne peut travailler (Jean 9,4). On y trébuche (Jean 11,10). C'est à la tombée de la nuit que Judas trahit Jésus (Jean 13,30). Même après la résurrection, le travail de nuit des disciples ne rapporte aucun poisson (Jean 21,3). En règle général, le motif de la nuit relève donc de l'opposition caractéristique lumière/ténèbres.
La visite nocturne de Nicodème fait exception, prenant un autre sens comme son intervention, vespérale sinon nocturne, pour embaumer le corps de Jésus (Jean 19, voir plus haut). Nicodème est un homme de l'ombre, qui ne se déclare pas disciple mais honore le crucifié. Il est aussi le seul non-disciple de l'évangile de Jean à saluer Jésus du titre de “Rabbi”.
Or, on le sait, l'évangile de Jean présente parfois
des accents extrêmement polémiques envers ceux qu'il appelle les “Juifs”, comme
si Jésus et ses disciples relevaient d'une autre religion. Nicodème fait
exception. C'est une figure attachante, qui reconnaît en disant “nous” que
Jésus est “un enseignant venu de Dieu”. C'est aussi un homme que Jésus salue
comme “l'enseignant d'Israël”. Au nom de qui, Nicodème parle-t-il ? des
pharisiens ? Est-il le porte-parole d'un autre groupe auquel Jésus fait
allusion en Jean 10,16 ?
Personnellement, je serais enclin à y voir comme un
écho de l'extrême considération qu'en dépit de la douloureuse rupture entre
pharisiens et chrétiens à la suite du soulèvement de 66-70, des milieux chrétiens
nourrissaient encore à la fin du siècle envers Gamaliel, le grand théologien
pharisien. Certes, comme tous les hommes, il lui faut naître d'en haut pour
entrer dans le Royaume. Mais comme aucun disciple n'a su le faire, il est l'un
des derniers à honorer la personne de Jésus. Il apporte les aromates (Jean
19,39) ce qui le rapproche du personnage de Marie (Jean 11,2 ; 12,3-7), chez
laquelle beaucoup de Juifs avaient mis leur foi en Jésus (Jean 11,45). Le récit
de la rencontre de Jésus et de Nicodème est comme l'expression de la possible
reconnaissance mutuelle entre juifs et chrétiens.
“Le vent souffle où il veut”—(Jean 3,8)
Jean-Pierre STERNBERGER
Bibliographie
RENOUARD Christine, « Le personnage de Nicodème
comme figure de nouvelle naissance », dans Études Théologiques et
Religieuses, 79.4/2004
En lien avec cet article, lire la note suivante :
• Nicodème par
Christine Prieto
Le retable de la Descente de croix, dans la Chapelle de Saint-Nicodème de Pluméliau, comporte douze personnages dont Nicodème qui tient une paire de tenailles et arrache les clous des pieds du Christ.
L'Entretien de Jésus avec Nicodème - Première partie-
Jean 3.1-12: au sujet de la Vie nouvelle qui a son origine dans la naissance
d'en haut et qui est le résultat de l'action progressive de l'Esprit pendant
toute la vie chrétienne.
L'entretien de Jésus avec Nicodème
Première partie - versets 1 à 12
Article inspiré des cours de Père Gérard Reynaud
(Etudes bibliques) 1
L'entretien de Jésus avec Nicodème au Chapitre 3 est
constitué des Versets 1 à 21.
On trouve dans cette partie deux ensembles:
Les versets 1 à 12 - Le dialogue entre Jésus et
Nicodème.
Les versets 13 à 21 - Le discours de Jésus.
Lire le texte en grec-français, en bas de
page: cliquer
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Introduction
Remarquons qu'à partir du chapitre 3 jusqu'à la fin du
quatrième chapitre au verset 54, sont relatées les rencontres de trois
personnes avec Jésus: Nicodème, la femme de Samarie et l'officier d'Hérode
Antipas. Ce sont trois personnes très différentes:
Nicodème est un chef des juifs, un homme parmi les
Pharisiens et probablement membre du grand Sanhédrin comme c'est mentionné au
7ème chapitre de Saint Jean.
La femme de Samarie est donc membre des Samaritains
qui ont eu un Temple rival de celui de Jérusalem, sur le Mont Garizim, qui ont
une partie de l'écriture sainte des Judéens, c'est à dire qu'ils ne
reconnaissent que le Pentateuque. Les Judéens les considèrent comme
impures.
L'officier royal serait païen, il n'appartiendrait pas
au peuple juif.
Ils ont des réactions assez semblables face à
Jésus:
Nicodème dit que Jésus est envoyé par Dieu à cause des
signes qu'il accomplit. Ce qui est positif, il ne s'adresse pas à lui en
ennemi.
La femme de Samarie entrevoit quelque chose du mystère
de la personne de Jésus, puisqu'à un moment donné elle dit: "Ne
serait-ce pas lui le Messie?"
L'officier royal est très confiant vis à vis du
Seigneur comme il est dit dans le récit de la guérison de son fils: "Il
le croit sur parole".
Mais à chaque fois, Jésus ne se satisfait pas de ce
que ces personnes disent et il leur répond d'une manière assez abrupte et
déstabilisante. En les déstabilisant il les met en mouvement intérieurement. Il
viennent chercher quelque chose mais ils vont devoir s'ouvrir à une autre
perspective que celle qu'ils étaient venus chercher. Jésus connaît le désir
intime de ses interlocuteurs. Par exemple, il va tout de suite s'opposer à
Nicodème: à "nous savons", il va opposer "vous ne
recevez pas notre témoignage". Il y a un décalage car Nicodème se situe
sur la plan du savoir et Jésus lui parle sur un autre plan, celui de la
nouvelle naissance. Ce sont des situations que l'on retrouve en permanence dans
l'Evangile de Jean. D'où l'utilisation de mots qui sont souvent à double
entente.
On va voir un peu plus loin que lorsque le Seigneur
parle de la naissance d'en haut (en grec: ἄνωθεν ) 2 Nicodème
comprend "de nouveau" puisque cet adverbe à ce sens
aussi.
La parole du Seigneur déstabilise l'interlocuteur non
pas pour le faire chuter mais afin de l'élever, de l'ouvrir à une perspective
pour laquelle il n'était pas préparé.
De même qu'avec Nicodème, c'est un procédé que le
Seigneur utilise avec les hommes de toutes les générations. Avec la Samaritaine
cela va être la même chose, par exemple dans l'échange:
Nos pères ont adoré sur cette montagne et vous, vous
affirmez qu'à Jérusalem se trouve le lieu où il faut adorer. » Jésus lui
dit : « Crois-moi, femme, l'heure vient où ce n'est ni sur cette
montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. (versets
4,20-21).
L'officier royal qui lui demande d'aller au plus vite
à Capharnaüm pour guérir son fils, Jésus lui dit : « Si vous ne
voyez signes et prodiges, vous ne croirez donc jamais ! » (verset
2, 48)
Qui est Nicodème?
Dès le premier verset on sait qui est Nicodème. Il
appartient aux Pharisiens, dont Flavius Joseph 3 dit
qu'ils sont environ 6000 au premier siècle. Ce nombre peut sembler peu élevé
mais il faut le mettre en rapport avec la structure de cette confrérie. En effet,
ils sont très organisés, ont un enseignement très structuré et ils sont très
attentifs aux lois lévitiques de la pureté. Ils ont aussi pour projet de porter
l'entière sacralité du Temple à toute la société d'Israël. Les Pharisiens ont
une énorme influence parce qu'ils sont très populaires dans toute la société
d'Israël, contrairement à la caste aristocratique des prêtres et des Saduccéens
du Temple de Jérusalem qui sont assez coupés du peuple. Les Pharisiens sont
opposés aux Sadducéens, mais malgré cela ils s'entendront pour faire périr
Jésus.
Nicodème est certainement un homme important car, au
septième chapitre, il participe à la réunion du grand conseil (le sanhédrin).
On parle de lui à trois reprises dans tout l'Evangile de Jean:
au chapitre 3 que nous étudions présentement;
au chapitre 7, dans les versets 50-51: Mais l'un
d'entre les Pharisiens, ce Nicodème qui naguère était allé trouver Jésus, dit:
« Notre Loi condamnerait-elle un homme sans l'avoir entendu et sans savoir
ce qu'il fait ?»
au chapitre 19, 39, où il participe à
l’ensevelissement du Seigneur: Nicodème vint aussi, lui qui naguère était
allé trouver Jésus au cours de la nuit. Il apportait un mélange de myrrhe et
d'aloès d'environ cent livres.
Étant donné la grande quantité on peut supposer qu'il
est aussi riche.
La rencontre a lieu de nuit
Cet entretien se commence par la nuit et se termine
par l'évocation de la lumière: Celui qui fait la vérité vient à la lumière
pour que ses œuvres soient manifestées, elles qui ont été accomplies en Dieu.
Depuis le prologue on est toujours dans cet antagonisme, ténèbres-lumière,
nuit-jour.
Nicodème vient donc la nuit ou plutôt de la nuit,
"de" étant sous-entendu. Il vient en toute discrétion, prudemment car
il sait que l'enseignement de Jésus suscite des oppositions.
Comme il utilise le pronom "nous", on peut
supposer qu'il vient en porte-parole. Mais les paroles de Nicodème laissent
supposer surtout qu'il est animé par une recherche de la vérité, par une quête
spirituelle. Il constate à la vue des signes que le Seigneur opère, qu'il n'est
pas n'importe quel homme, qu'il vient de Dieu, donc il
"cherche".
Nicodème vient de nuit mais comme tout homme, en effet
dans l'Évangile de Jean, l'homme est lié à la nuit. C'est le Christ qui va le
faire passer des ténèbres de la nuit à la lumière. D'une manière générale,
comme pour Nicodème, il y existe un désir profond dans le coeur de l'homme qui
le porte vers Dieu. Saint Grégoire de Nysse 4,
dit que l'homme, ayant été créé à l'image de Dieu, est habité par un désir, une
tension qui le fait progresser vers Dieu: l'épectase (ἐπέκτασις /
epéktasis ). Nicodème fait partie des hommes animés par ce désir.
C'est en cultivant ce désir que l'homme lui-même peut
trouver sa propre vérité, enfouie à l'intérieur de lui-même et c'est en
naissant à la lumière qu'il la trouve.
On remarque qu'il peut y avoir des retours en arrière,
Judas par exemple, un instant saisi par la lumière va retourner en arrière, il
va rechuter dans les ténèbres. D'ailleurs le verset 30 du chapitre 13 de saint
Jean nous dit: "Il sortit et il faisait nuit" .
La nuit a une autre signification dans la tradition
hébraïque, c'est aussi un moment privilégié pour méditer la loi. Au coeur de la
nuit il est très bienfaisant de méditer la loi divine, la nuit peut être un
temps privilégié de rencontre avec Dieu.
On va encore retrouver Nicodème associé à la nuit dans
la troisième mention qui est faite de lui au chapitre 19, verset 39, on nous
dit que c'était le soir (en Matthieu 27,57).
Passage du savoir au mystère du Fils de Dieu
Nicodème ouvre le dialogue sur la mode du savoir, en
se référant aux signes que le Christ accomplit mais Jésus répond de manière
abrupte sur un autre plan. L'exégète Donacien Mollat 5,
souligne: « Néanmoins, Jésus n'est pas satisfait, ce "nous
savons" cache une illusion, en réalité Nicodème sait moins qu'il ne pense.
Dans les signes accomplis par Jésus, il y a plus qu'il n'y a vu.»
Le Royaume de Dieu est là, présent parmi les hommes,
cela Nicodème ne le voit pas, car il n'accède pas encore au mystère du Fils de
Dieu."
On verra qu'à partir du verset 9, Nicodème est bien
moins sûr de lui, il dit: « Comment cela peut-il se faire ? ».
Mais Jésus lui répond quand même de manière abrupte : « Tu es maître
en Israël et tu n’as pas la connaissance de ces choses ! ...
En effet, comme Nicodème reste au plan du savoir, il
ne peut pas accéder au mystère du Fils de Dieu. Tout le discours que le Christ
va développer va consister à le faire passer du plan du savoir au dévoilement
du Fils de Dieu, en passant par la thématique de "la nouvelle
naissance". A partir du verset 13, Jésus parle seul et évoque qui Il est.
Il parle du Royaume et montre que lui seul peut y donner accès par la nouvelle
naissance.
Il y a un balancement avec les versets 12-13 du
prologue: "Mais à ceux qui l'ont reçu, à ceux qui croient en son nom,
il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Ceux-là ne sont pas nés du
sang, ni d'un vouloir de chair, ni d'un vouloir d'homme, mais de Dieu. "
Il s'agit bien là d'une nouvelle naissance.
Notons en ce qui concerne les signes dont parle
Nicodème que Jésus se méfie de la conversion qui ne se fait qu'à la vue des
signes qu'il opère.
Dans le chapitre 2 aux versets 23 à 25, il le dit très
clairement. Car si la foi n'est fondée que sur la visibilité des signes, il y a
quelque chose qui lui manque, ses fondements sont peu solides. D'ailleurs il
n'y a pas que le Christ qui accomplit des signes, les démons en sont capables
aussi, par exemple, dans l'apocalypse le feu du ciel est envoyé sur la
terre.
Par contre, les démons n'accomplissent jamais des
signes de miséricorde, il ne guérissent pas, ils ne relèvent pas. Or le Christ
fait des signes qui manifestent la miséricorde de Dieu et qui sont là pour
susciter la foi et non pas pour démontrer une toute puissance
surnaturelle.
La Nouvelle Naissance de l'homme
En réponse, Jésus attire l'attention de Nicodème de
manière particulièrement solennelle sur ce qui va être dit, par: "amen,
amen" , traduit aussi "en vérité, en vérité".
Au verset 3: Jésus lui répondit : « En
vérité, en vérité, je te le dis : à moins de naître de nouveau, nul ne
peut voir le Royaume de Dieu. »
Le mot grec ἄνωθεν a trois acceptions: dès le
commencement, de nouveau, d'en haut. Dans le cas présent, il faut retenir ici
les deux dernières acceptions. Il y a une signification à double entente, selon
le procédé johannique.
Nicodème comprend "de nouveau" et
il ne comprend pas "d'en haut". Il reste au niveau de l'engendrement
charnel, d'où sa réaction: « Comment un homme pourrait-il naître s’il
est vieux ? Pourrait-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère et
naître ? » (verset 4).
Sa façon de parler à Jésus peut être interprétée comme
une interrogation exposant les conséquences illogiques d'une telle proposition.
Il signifie ainsi à Jésus qu'il ne comprend pas ce qu'il veut dire. En fait,
Nicodème cherche, il veut savoir.
Toutefois, on peut dire que l'engendrement charnel est
le symbole de l'engendrement spirituel, d'eau et d'esprit, qui ne se produit
qu'une fois aussi. C'est un travail de toute une vie, la croissance dans
l'esprit suppose toute le chemin chrétien au quotidien.
Jésus lui répondit : « En vérité, en
vérité, je te le dis : nul, s’il ne naît d’eau et d’Esprit, ne peut entrer
dans le Royaume de Dieu. (versets 5-6).
Remarquons qu'au verset 3, il était dit: ...nul
ne peut voir le Royaume de Dieu. »; donc on a les deux verbes: voir
et entrer.
Puis les versets 6 et 7 poursuivent: Ce qui est
né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne
pas si je t’ai dit : “Il vous faut naître d’en haut”.
Que signifie cette naissance d'en haut? Le verset 5
nous apportent des éléments, c'est une naissance d'eau et d'esprit. L'eau et
l'esprit peuvent être:
Le contraste en la naissance physique symbolisée par
l'eau et la naissance spirituelle, l'esprit;
La régénération par l'esprit et le baptême d'eau qui
marque cette nouvelle naissance;
L'action purificatrice du saint Esprit comme c'est dit
dans Ezéchiel chapitre 36, 25-27 qui est une véritable typologie du
baptême:
"Je ferai sur vous une aspersion d’eau pure et
vous serez purs ; je vous purifierai de toutes vos impuretés et de toutes
vos idoles. Je vous donnerai un cœur neuf et je mettrai en vous un esprit
neuf ; j’enlèverai de votre corps le cœur de pierre et je vous donnerai un
cœur de chair. Je mettrai en vous mon propre Esprit, je vous ferai marcher
selon mes lois, garder et pratiquer mes coutumes...."
Ceci fait écho au récit de la création dans la Genèse:
"l'Esprit planait au-dessus des eaux".
La nouvelle naissance est un véritable acte créateur
qui appelle l'intervention du saint Esprit et qui peut nous faire voir ou
entrer dans le Royaume. Le Royaume n'est donc pas une réalité qui intervient
seulement à la fin des temps mais c'est d'abord un mode d'existence absolument
nouveau, dès l'ici-maintenant. Ce n'est donc pas simplement une promesse devant
advenir à la consommation des temps. Le Royaume vient au milieu de nous dans la
personne du Christ et il nous faut naître d'eau et d'esprit pour voir et entrer
dans ce Royaume. On ne peut donc recevoir cette nouvelle naissance que d'en
haut.
Notons que le mot chair dans l'Évangile de Jean a
plusieurs acceptions, il désigne à la fois l'homme retranché de la source
divine comme pour l'apôtre Paul et les autres évangélistes: ils
distinguent l'homme spirituel de l'homme charnel. La chair est aussi la limite de
la faiblesse de l'homme, de son lien avec les seules réalités terrestres.
Saint Paul dit à Tite, chapitre 3, versets 5 à
7: il nous a sauvés non en vertu d’œuvres que nous aurions accomplies
nous-mêmes dans la justice, mais en vertu de sa miséricorde, par le bain de la
nouvelle naissance et de la rénovation que produit l’Esprit Saint. Cet Esprit,
il l’a répandu sur nous avec abondance par Jésus Christ notre Sauveur, afin
que, justifiés par sa grâce, nous devenions, selon l’espérance, héritiers de la
vie éternelle.
L'eau et l'esprit assurent l'insertion dans la famille
de Dieu: l'Église.
L'esprit est quelque chose de chose de mystérieux dans
l'écriture sainte. Pneuma en grec (πνεῦμα ) ou rouah en
hébreux, c'est le vent, le souffle, l'esprit mais aussi Personne divine qui
vient de Dieu, qui est le souffle vivificateur. Ce mot est utilisé quatre fois
dans les versets 5 à 8.
La naissance d'en haut est une condition
impérative: “Il vous faut naître d’en haut”.
Que veut dire voir le Royaume de Dieu. Ce n'est pas
seulement en voir les manifestations apparentes mais c'est discerner le Christ
qui est le Roi de ce Royaume. Pour le discerner nous avons besoin de l'Esprit
car c'est lui qui ôte le voile de notre vue. Nous ne pouvons pas le faire par
nos seules forces. Par exemple, la science de Nicodème ne saurait y parvenir
pleinement.
Quelle est la visée du Christ lorsqu'il s'adresse à
Nicodème? A travers Nicodème le Chris s'adresse à tout homme et comme l'a écrit
Donacien Mollat; "Il veut nous faire entendre la voix de l'Esprit qui
souffle sur notre être de chair, plus mystérieusement encore que le souffle de
vie dans le sein maternel afin de nous transformer et de nous emplir de la vie
nouvelle."
Vie nouvelle qui a son origine dans la naissance d'en
haut et qui résulte aussi de l'action prolongée de l'Esprit pendant toute la
vie chrétienne. Il s'agit de correspondre toujours plus intimement à cette
naissance d'en haut que nous recevons.
Traduction de la TOB - Jean 3:1-12
Ἦν δὲ ἄνθρωπος ἐκ τῶν Φαρισαίων, Νικόδημος ὄνομα αὐτῷ,
ἄρχων τῶν Ἰουδαίων·
1 Or il y avait, parmi les Pharisiens, un homme du nom
de Nicodème, un des notables juifs.
οὗτος ἦλθεν πρὸς αὐτὸν νυκτὸς καὶ εἶπεν αὐτῷ, Ῥαββί, οἴδαμεν
ὅτι ἀπὸ θεοῦ ἐλήλυθας διδάσκαλος· οὐδεὶς γὰρ δύναται ταῦτα τὰ σημεῖα ποιεῖν ἃ σὺ
ποιεῖς, ἐὰν μὴ ᾖ ὁ θεὸς μετ’ αὐτοῦ.
2 Il vint, de nuit, trouver Jésus et lui dit : «
Rabbi, nous savons que tu es un maître qui vient de la part de Dieu, car
personne ne peut opérer les signes que tu fais si Dieu n’est pas avec lui.
»
ἀπεκρίθη Ἰησοῦς καὶ εἶπεν αὐτῷ, Ἀμὴν ἀμὴν λέγω σοι, ἐὰν
μή τις γεννηθῇ ἄνωθεν, οὐ δύναται ἰδεῖν τὴν βασιλείαν τοῦ θεοῦ
3 Jésus lui répondit : « En vérité, en vérité, je te
le dis : à moins de naître de nouveau, nul ne peut voir le Royaume de Dieu.
»
λέγει πρὸς αὐτὸν [ὁ] Νικόδημος, Πῶς δύναται ἄνθρωπος
γεννηθῆναι γέρων ὤν; μὴ δύναται εἰς τὴν κοιλίαν τῆς μητρὸς αὐτοῦ δεύτερον εἰσελθεῖν
καὶ γεννηθῆναι;
4 Nicodème lui dit : « Comment un homme pourrait-il
naître s’il est vieux ? Pourrait-il entrer une seconde fois dans le sein de sa
mère et naître ? »
ἀπεκρίθη Ἰησοῦς, Ἀμὴν ἀμὴν λέγω σοι, ἐὰν μή τις γεννηθῇ
ἐξ ὕδατος καὶ πνεύματος, οὐ δύναται εἰσελθεῖν εἰς τὴν βασιλείαν τοῦ θεοῦ.
5 Jésus lui répondit : « En vérité, en vérité, je te
le dis : nul, s’il ne naît d’eau et d’Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de
Dieu.
τὸ γεγεννημένον ἐκ τῆς σαρκὸς σάρξ ἐστιν, καὶ τὸ
γεγεννημένον ἐκ τοῦ πνεύματος πνεῦμά ἐστιν.
6 Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est
né de l’Esprit est esprit.
μὴ θαυμάσῃς ὅτι εἶπόν σοι, Δεῖ ὑμᾶς γεννηθῆναι ἄνωθεν.
7 Ne t’étonne pas si je t’ai dit : “Il vous faut
naître d’en haut”.
τὸ πνεῦμα ὅπου θέλει πνεῖ, καὶ τὴν φωνὴν αὐτοῦ ἀκούεις,
ἀλλ’ οὐκ οἶδας πόθεν ἔρχεται καὶ ποῦ ὑπάγει· οὕτως ἐστὶν πᾶς ὁ γεγεννημένος ἐκ
τοῦ πνεύματος.
8 Le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix,
mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est
né de l’Esprit. »
ἀπεκρίθη Νικόδημος καὶ εἶπεν αὐτῷ, Πῶς δύναται ταῦτα
γενέσθαι;
9 Nicodème lui dit : « Comment cela peut-il se faire ?
»
ἀπεκρίθη Ἰησοῦς καὶ εἶπεν αὐτῷ, Σὺ εἶ ὁ διδάσκαλος τοῦ
Ἰσραὴλ καὶ ταῦτα οὐ γινώσκεις;
10 Jésus lui répondit : « Tu es maître en Israël et tu
n’as pas la connaissance de ces choses !
ἀμὴν ἀμὴν λέγω σοι ὅτι ὃ οἴδαμεν λαλοῦμεν καὶ ὃ ἑωράκαμεν
μαρτυροῦμεν, καὶ τὴν μαρτυρίαν ἡμῶν οὐ λαμβάνετε.
11 En vérité, en vérité, je te le dis : nous parlons
de ce que nous savons, nous témoignons de ce que nous avons vu, et, pourtant,
vous ne recevez pas notre témoignage.
εἰ τὰ ἐπίγεια εἶπον ὑμῖν καὶ οὐ πιστεύετε, πῶς ἐὰν εἴπω
ὑμῖν τὰ ἐπουράνια πιστεύσετε;
12 Si vous ne croyez pas lorsque je vous dis les
choses de la terre, comment croiriez-vous si je vous disais les choses du ciel
?
Notes de fin de page:
1. Réalisé
par Gwénola Le Serrec pour Spiritualité Orthodoxe - Droits d'auteur protégés
©
2. ἄνωθεν
peut vouloir dire d'en haut mais aussi par implication, de nouveau et depuis le
début.
3. Historiographe
judéen d'origine juive et de langue grecque du Ier siècle
4. Grégoire
de Nysse, père de l'Église et théologien, est né entre 331 et 341 à
Néocésarée
5. Donatien
Mollat, exégète du XXème siècle, était un professeur français d'Écriture sainte
à l'université Grégorienne de Rome, spécialiste des écrits johanniques.
SOURCE : http://www.spiritualite-orthodoxe.net/jesus_nicodeme.html
Nicodème, - Mise au tombeau, situé dans l'ossuaire de
l'enclos paroissial, Saint-Thégonnec
Nicodème est une figure qui apparaît uniquement dans
l’évangile de Jean, dès le chapitre 3, dans une séquence où il est le vis-à-vis
de Jésus, dans le cadre d’un dialogue. Dans ce texte assez obscur à première
lecture, Jésus occupe le devant de la scène, et se livre à un long
développement sur certains éléments de sa mission, et sur le thème de la
nouvelle naissance.
Un personnage de la Bible : Nicodème,
présenté par Christine Prieto
—Disons déjà, avant de revenir plus longuement sur
cette séquence du chapitre
3, que Nicodème ne semble pas y occuper un rôle très avantageux :
parce qu’il vient interroger Jésus de nuit, on dit souvent qu’il se dissimule,
qu’il est lâche ; parce que Jésus lui pose des questions auxquelles il ne
sait pas répondre, il passe pour un ignorant ; de plus, Jésus laisse
entendre qu’il devrait comprendre ce qui lui est dit, car Nicodème est un
maître en théologie ; assez rapidement, le dialogue devient d’ailleurs un
monologue. Jésus se lance dans un discours d’auto-révélation et Nicodème est
réduit au silence. Il semble alors définitivement dépassé par la situation. On
pourrait en conclure que Nicodème n’est qu’un faire-valoir, un personnage de
l’ombre, dont la fonction dans le livre se limite à donner l’occasion à Jésus
de prendre la parole, afin d’expliquer aux lecteurs qu’il leur faut naître de
nouveau.
Mais si l’évangéliste ne voulait pas limiter le
personnage de Nicodème à un faire-valoir ? Alors à quoi sert-il dans le
livre ? En regardant le quatrième évangile de plus près, on constate que
Nicodème n’intervient pas une fois, mais trois fois. Voilà
qui est intéressant, car cette triple occurrence ne peut être le fruit d’un
hasard littéraire. Un personnage qui apparaît trois fois dans un livre,
réparties entre le début et la fin de l’ouvrage, a toutes les chances de suivre
un parcours voulu par l’auteur.
Et en effet, nous allons voir qu’une trajectoire se
dessine pour ce personnage. Il y a quelque chose que le lecteur est invité à
décoder, il y a un message que l’évangéliste veut nous adresser à travers cette
figure. Considérons donc comment Nicodème évolue : d’où il part et où il
aboutit.
Nicodème intervient donc d’abord lorsqu’il se rend de
nuit auprès de Jésus, pour parler avec lui. Il prend la parole le premier et
reconnaît l’autorité de Jésus. Il dit : « Rabbi, nous savons que tu
es un docteur venu de la part de Dieu, car personne ne peut faire ces miracles
que tu fais, si Dieu n'est avec lui. » Voilà une affirmation
positive : les miracles accomplis par Jésus sont pour Nicodème le signe
que Jésus est un envoyé de Dieu. Nicodème ne fait donc pas partie des incrédules
que Jean dénonce au chapitre 12 (verset 37), lorsqu’il écrit : “Malgré
tant de miracles que Jésus avait faits devant eux, ils ne croyaient pas en lui ”.
Notons néanmoins que Nicodème ne croit pas
en Jésus, mais qu’il sait. Au verset 2, Nicodème dit en effet « nous
savons que tu es un docteur ». Il y a sans doute là un bémol à relever,
car juste avant notre séquence, au chapitre 2 (verset 23), on lit : “Pendant
que Jésus était à Jérusalem, plusieurs crurent en son nom, à la vue des
miracles qu'il faisait”. Dans la pensée de Jean, les miracles doivent
déclencher la foi et non la connaissance.
Donc Nicodème sait, plus qu’il ne croit. Mais
même cela va s’écrouler rapidement, car Jésus affirme aux versets 8 et
10 : « tu ne sais pas ». Et quant à avoir compris ce que
signifient les miracles accomplis, Jésus dit au verset 11 « vous ne
recevez pas notre témoignage ». Le prétendu savoir de Nicodème masque en
fait une grande ignorance.
Mais qui est Nicodème ? Il fait partie d’un groupe,
les Pharisiens, qui étudient la Bible et particulièrement la Loi, pour y
trouver les fondements de leur rapport à Dieu. Dans ce groupe, Nicodème est un
maître : le narrateur le qualifie de « chef des Juifs » et Jésus
l’appelle « docteur d’Israël ». Nicodème se distingue donc par son
savoir et sa capacité à enseigner, qui le placent au-dessus des autres membres
du groupe des pharisiens. C’est sans doute à ce titre qu’il est venu discuter
avec Jésus, car le premier propos que Nicodème adresse à Jésus est « tu es
un docteur venu de la part de Dieu ». ‘Docteur’ traduisant didaskalos,
c'est-à-dire un enseignant, un maître.
Nicodème et Jésus sont donc comme à égalité, deux
maîtres versés en théologie, à la recherche de la vérité divine. Pourquoi
Nicodème vient-il voir Jésus ? Nous ne le saurons jamais vraiment, car
après la première déclaration du verset 2, où Nicodème reconnaît Jésus comme
maître, c’est Jésus qui mène la conversation : il déclare, il questionne,
et Nicodème se trouve placé dans la position de l’élève qui ne sait pas sa
leçon. S’il avait préparé des questions précises à poser, Jésus ne lui en a pas
laissé l’occasion.
Un autre élément joue en défaveur du personnage. Au
chapitre 2 (versets 23-25), juste avant que Nicodème ne se présente, l’évangéliste
situe le cadre : nous sommes à Jérusalem, au temps de Pâques. Or, il écrit
au sujet des gens qui entourent Jésus : “Jésus ne se fiait pas à eux,
parce qu'il les connaissait tous, et parce qu'il n'avait pas besoin qu'on lui
rende témoignage de quelqu'un ; il savait de lui-même ce qui était dans
l'homme.” Jésus est méfiant sur les personnes qui sont autour de lui, même si
celles-ci ont apparemment une attitude positive vis-à-vis de son œuvre et de sa
personne. Juste après, arrive Nicodème, avec des louanges aux lèvres : si
bien que lui aussi, pourrait être englobé dans la méfiance que Jésus ressent
vis-à-vis d’un engouement superficiel.
Dans le dialogue du chapitre
3 avec Jésus, Nicodème est très rapidement perdu. Lorsque Jésus lui
dit : « si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de
Dieu », Nicodème demande « Comment un homme peut-il naître quand il
est vieux ? Peut-il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître ? ».
C’est que Nicodème n’a pas compris le jeu de mots contenu dans l’adverbe
grec anôthen qui veut dire à la fois “de nouveau” et “d’en-haut”. Il
se demande comment un homme peut sortir deux fois du ventre de sa mère, tandis
que Jésus parle de la seconde naissance qui vient du ciel, par le pouvoir de
l’Esprit Saint. Le dialogue qui suit entre Nicodème et Jésus poursuit sur ce
premier malentendu : après la seconde naissance, Nicodème ne comprend pas
la distinction entre le vent qui souffle et l’Esprit qui agit sur
l’homme ; et il ne semble pas savoir discerner entre les choses du ciel et
les choses de la terre. En un mot, l’économie du salut et du renouvellement de
l’homme, exposée par Jésus, échappe totalement à Nicodème.
On pourrait donc conclure à la fin de la lecture du
chapitre 3 que Nicodème est une figure du malentendu et de
l’incompréhension ; l’exemple parfait d’une mauvaise réception de l’œuvre
de Jésus.
Nicodème pourrait à juste titre faire partie de ceux
dont Jésus se méfie, à la fin du chapitre 2, si Jean n’avait pas préparé
l’évolution du personnage, par ses apparitions suivantes.
Nicodème revient dans le récit au chapitre 7. Le
contexte est celui d’une dispute qui a lieu parmi les pharisiens au sujet de
l’identité de Jésus. Tandis que la foule voit en Jésus un prophète, d’autres
doutent qu’il puisse être le Christ. Tous les pharisiens présents nient
fermement que Jésus soit le Christ. C’est alors que Nicodème prend la parole.
Il déclare aux versets 50-51 : « Notre loi juge-t-elle un homme avant
qu'on l'ait entendu et qu'on sache ce qu'il a fait ? ». Les pharisiens
refusent de prêter attention à la remarque de Nicodème, et le débat se clôt
sans réponse. La division demeure.
Dans cette deuxième apparition de Nicodème, on note
une évolution de la figure : tandis qu’au chapitre 3, Nicodème est un chef
pharisien qui connaît la Loi, mais ne comprend pas le projet de Dieu, au
chapitre 7, il intervient contre le front unique des pharisiens et les accuse
de ne pas connaître la Loi. Il est critiqué par ses collègues, qui le traitent
de Galiléen, c'est-à-dire quelqu’un qui ne mérite pas d’être écouté. Après
avoir été le porte-parole des pharisiens au chapitre 3, il est rejeté par
eux au chapitre 7.
De surcroît, Jean précise que Nicodème était venu
précédemment voir Jésus, ce qui est une façon de lier explicitement
l’intervention du chapitre 7 à celle du chapitre 3, et de montrer
ainsi que le personnage évolue. Il est passé de l’incompréhension au
questionnement sur l’identité de Jésus, et il s’oppose maintenant à ceux qu’il
représentait auparavant.
La troisième apparition de Nicodème a lieu au chapitre 19,
juste après la mort de Jésus. Au verset 39, Nicodème accompagné de Joseph d’Arimathée
vient prendre le corps de Jésus pour l’embaumer et l’ensevelir. Il n’y a que
Jean qui parle de la présence de Nicodème aux côtés de Joseph d’Arimathée.
L'évangéliste Jean écrit alors que Nicodème apporta “un mélange d'environ cent
livres de myrrhe et d'aloès”. Cent livres font 33 kg de parfums précieux !
Pourquoi une telle démesure ? Cela correspond à un enterrement royal,
comme on le voit lors des funérailles du roi Asa en 2 Chroniques 16,14.
Nicodème récupère le corps de Jésus et le traite comme un roi qui mérite les
plus grands honneurs. Ce faisant, il le déclare roi et donne sens au panneau
placé sur la croix “Celui-ci est le roi des juifs”.
On pourrait reprocher à Nicodème de s’attacher à un
corps mort et de ne pas attendre la résurrection. En fait, Jean veut donner une
image positive du pharisien. C’est aussi le cas de Joseph d’Arimathée dont il
est écrit “qu’il était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs”
et qui soudain va voir Pilate au grand jour, pour réclamer le corps de Jésus.
C’en est fini des questions, Nicodème déclare à présent au grand jour son
attachement à Jésus. Joseph et Nicodème se montrent tous deux disciples de
Jésus, par une démarche officielle et visible. En 3,11, Nicodème faisait partie
de ceux qui ne recevaient pas le témoignage de Jésus ; en 19,40,
Nicodème reçoit le corps de Jésus.
Le corps que Nicodème reçoit a été transpercé sur la
croix, et du côté de Jésus sont sortis du sang et de l’eau. Or, au
chapitre 2, Jésus a dit que son corps serait le nouveau temple ; et
au chapitre 7, Jésus invitait à venir boire l’eau vive qu’il donnera, et
qui est l’Esprit Saint. Avec Nicodème, le lecteur est invité à comprendre ce
parcours spirituel : le corps de Jésus est devenu le nouveau Temple, et est
une source d’eau vive pour le croyant. Le jaillissement de l’eau vive - qui
réalise une prophétie tirée du livre d’Ezéchiel chapitre 47 - apporte la
vie et la guérison à toutes les créatures qui s’y rafraîchissent.
La figure de Nicodème est discrète dans le quatrième évangile,
mais elle est présente à des moments de révélation du mystère du Christ. Le
fait qu’il soit membre du parti pharisien peut être une façon pour Jean, de
lancer un appel aux Juifs qui ne reconnaissent pas encore Jésus, afin qu’ils
viennent recevoir l’eau vive de l’Esprit et qu’ils naissent d’en-haut.
Christine PRIETO
L'article qui précède est le texte de l'émission
“Un mot de la Bible” sur Fréquence
Protestante 100.7 FM
du samedi 15 septembre 2012.
> Chapitre
3 <
> Chapitre
7 <
> Chapitre
19 <
En lien avec cet article, lire :
• Jésus
et Nicodème, ou la promesse d'une reconnaissance mutuelle
SOURCE : http://biblique.blogspirit.com/archive/2012/10/23/nicodeme.html
Alfonso Lombardi, "Lamentation of Christ", (detail: Nicodemus),
ca. 1522-26, Bologna, St Peter Cathedral.
3 August on
some calendars
Profile
Member of the Sanhedrin in
Israel during the life of Jesus. He was a secret disciple of Christ, meeting
him by night to avoid the wrath of the other members of the Sanhedrin, and
eventually spoke out to that body to remind them that Jesus had a right to a
hearing. With Saint Joseph
of Arimathea he prepared Jesus’ body and placed him in the tomb. There
was an apocryphal “gospel”
that was purported to have been written by him; it is sometimes entitled
the Acts of Pilate. Tradition says he was a martyr,
though no details have survived.
Additional Information
Book
of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Saints
of the Day, by Katherine Rabenstein
The
Ministry of Jesus Christ, by Father Richard
F Clarke, SJ
books
Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints
other sites in english
video
sitios en español
Martirologio Romano, 2001 edición
fonti in italiano
MLA Citation
“Saint Nicodemus“. CatholicSaints.Info. 22 July
2020. Web. 31 August 2021. <https://catholicsaints.info/saint-nicodemus/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-nicodemus/
Alexander Bida. Nicodemus and Jesus, 1874
Nicodemus M (RM)
1st century. The Sanhedrin, the supreme council and
highest court of justice of the Jews in Jerusalem, had wanted to condemn Jesus.
Any member of the Sanhedrin who showed sympathy towards Jesus would have been
considered by his colleagues as a traitor and an outcast. Yet we know that at
least one member, Nicodemus, did.
Even before Jesus was tried, Saint John tells us that
Nicodemus came to see Jesus, secretly and at night, to talk to him about what
it means to see the kingdom of God (John 3). On this occasion Nicodemus partly
confessed his belief in Jesus, saying: "We know that you are a teacher
come from God, for no one can do these signs that you do unless God is with
him." Jesus tried to teach him about being born again by the Holy Spirit
and by baptism. Saint John even says that it was to Nicodemus that our Lord
said, "God so loved the world that He gave His only Son, that whoever
believes in him should not perish but have eternal life."
Nicodemus spoke out on Jesus' behalf before the chief
priests and the Pharisees, pointing out to them that the Law demanded the
accused be given a hearing before judgment was passed (John 7:50- 52).
Together with Saint Joseph of Arimathea, he had the
privilege of laying Jesus' body in the tomb on Good Friday. He brought with him
large quantities of costly myrrh and aloes to the tomb and with Joseph wrapped
Jesus' body "with spices in linen cloth" (John 1939-42).
One of the apocryphal gospels was circulated under his
name in the early centuries of the Church. Saint Nicodemus has always been
venerated as a martyr, although nothing is mentioned about his conversion or
martyrdom in the New Testament (Benedictines, Bentley, Delaney).
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0803.shtml
Dobbertin ( Mecklenburg ). Monastery church: Altar of
the crucifixion ( 1857 ) by Gaston Lenthe ( paintings ) - Right wing: Longinus,
Joseph of Arimathea and Nicodemus.
Dobbertin ( Mecklenburg ). Klosterkirche: Kreuzigungsaltar ( 1857 ) von Gaston Lenthe ( Gemälde ) - Rechter Flügel: Longinus, Joseph von Arimathea und Nikodemus.
Saints of the Day for August 31
(1st century)
Saints Joseph of Arimathea's and Nicodemus' Story
The actions of these two influential Jewish leaders
give insight into the charismatic power of Jesus and his teachings—and the risks
that could be involved in following him.
Joseph was a respected, wealthy civic leader who had
become a disciple of Jesus. Following the death of Jesus, Joseph obtained
Jesus’ body from Pilate, wrapped it in fine linen and buried it. For these
reasons, Joseph is considered the patron saint of funeral directors and
pallbearers. More important is the courage Joseph showed in asking Pilate for
Jesus’ body. Jesus was a condemned criminal who had been publicly executed.
According to some legends, Joseph was punished and imprisoned for such a bold
act.
Nicodemus was a Pharisee and, like Joseph, an
important first-century Jew. We know from John’s Gospel that Nicodemus went to
Jesus at night—secretly—to better understand his teachings about the kingdom.
Later, he spoke up for Jesus at the time of his arrest and assisted in
Jesus’ burial. We know little else about Nicodemus.
Reflection
Celebrating these two contemporaries of Jesus who
played significant roles in Jesus’ life, reminds us of the humanity of Jesus
and how he related to his fellow men and women. His gentleness to these two and his acceptance of
their help remind us that he treats us in the same gentle way.
Saints Joseph of
Arimathea and Nicodemus are Patron Saints of:
SOURCE : https://www.franciscanmedia.org/saint-of-the-day/saints-joseph-of-arimathea-and-nicodemus
James Tissot (1836–1902), Nicodemus, between
1886 and 1894, 11,9 x 10,6, Brooklyn Museum
St. Nicodemus
HE was by sect a Pharisee, and passed for a master and doctor in Israel, even when he was ignorant of the truths of eternal life. He seems to have been a senator of Jerusalem; for he is called a Jewish chief. The Pharisees were in general, by their pride, the most opposite of all others to the humility of the gospel. St. Nicodemus was an exception, and believed in Christ. 1 At first, something of a sacred opinion of his own wisdom and learning, which it is so hard and so rare a thing for men to be perfectly divested of, seems to have been an obstacle to his opening his heart perfectly to the grace of his conversion. To humble him, Christ explained to him the mystery of regeneration by baptism, which St. Nicodemus did not understand, though it was expressed in the prophets. Our merciful Redeemer reproached him for his ignorance. St. Nicodemus, far from being offended at the reproof, received it with such humility, and was so confounded within himself, that perfecting these dispositions, Christ conducted him into the paths of true virtue. He returned to Jesus from time to time; defended him openly against the Pharisees, 2 assisted at his burial, and embalmed his sacred body with rich spices. 3 Having been turned out of the synagogue by the Jews for believing in Christ, he retired to St. Gamaliel at his country house, and died there, as St. Austin 4 and Photius testify from the Acts of the Invention of St. Stephen’s relics.
Note 4. Hom. 120, in Joan. [back]
Rev. Alban Butler (1711–73). Volume VIII: August. The Lives of the Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/8/032.html
Henry Ossawa Tanner. Nicodemus and Jesus on a Rooftop, 1899, 85.6 X 100.3
Nicodemus
A prominent Jew of
the time of Christ,
mentioned only in the Fourth
Gospel. The name is of Greek origin, but at that epoch such names
were occasionally borrowed by the Jews,
and according to Josephus (Ant.
of the Jews,
XIV, iii, 2) Nicodemus was the name of one of the ambassadors sent by
Aristobulus to Pompey. A Hebrew form
of the name (Naqdimon) is found in the Talmud. Nicodemus
was a Pharisee,
and in his capacity of sanhedrist, (John
7:50) was a leader of the Jews. Christ,
in the interview when Nicodemus came to him by night, calls him a master
in Israel.
Judging from John
19:39, Nicodemus must have been a man of means, and it is probable
that he wielded a certain influence in the Sanhedrim. Some writers
conjecture from his question: "How can a man be born when he is
old?", that he was already advanced in years, but the words are too
general to warrant such a conclusion. He appears in this interview as a learned
and intelligent believer, but timid and not easily initiated into
the mysteries of
the new faith.
He next appears (John
7:50-51) in the Sanhedrim offering a word in defence of the
accused Galilean;
and we may infer from this passage that he embraced the truth as
soon as it was fully made known to him. He is mentioned finally in John
19:39, where he is shown co-operating with Joseph
of Arimathea in the embalming and burial of Jesus.
His name occurs later in some of the apocryphal writings,
e.g. in the so-called "Acta
Pilati", a heterogeneous document which in the sixteen century was
published under the title "Evangelium
Nicodemi" (Gospel of Nicodemus). The time of his
death is unknown. The Roman Martyrology commemorates the
finding of his relics,
together with those of Sts. Stephen, Gamaliel,
and Abibo, on 3 August.
Sources
Conybeare, Studia Biblica, IV (Oxford,
1896), 59-132; Le Camus, La vie de N.-S. Jésus-Christ (Paris, 1883),
I, 251 sqq.; II, 24 sqq., 577 sqq., tr. Hickey (3 vols., New York, 1906-08).
Driscoll, James F. "Nicodemus." The
Catholic Encyclopedia. Vol. 11. New York: Robert Appleton Company, 1911. 3 Aug.
2016 <http://www.newadvent.org/cathen/11066b.htm>.
Transcription. This article was transcribed for
New Advent by Lawrence Progel.
Ecclesiastical approbation. Nihil
Obstat. February 1, 1911. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2020 by Kevin
Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/11066b.htm
Nikodemus, Kalvarienberggruppe vor der Wallfahrtskirche Heiligengrab, Bleiburg, Kärnten
The
Ministry of Jesus Christ – Visit of Nicodemus
Article
Nicodemus, a Pharisee, and a leading man among the
Jews, comes by night to declare to our Lord his belief in His Mission and to
converse with Him.
The Pharisees were the most hopeless class among the
Jews: bigoted, proud, selfish, hypocrites. Yet among the Pharisees there was at
least one man of good-will who was drawn to our Lord by the words He spoke and
the miracles He wrought. Hence, learn never to condemn any one because he
belongs to a class of evil men. In Sodom was the just Lot; among sinners of abandoned
life, Saint Mary Magdalen; among the Pharisees, Nicodemus.
Nicodemus was a man of loyal soul, but he was timid in
his loyalty. He did not dare to face the obloquy which he would have incurred
by a public visit to our Lord. Men in high position, and especially men in a
false position like that of the Pharisees, are, indeed, to be pitied. They are
often very slaves to the opinion of others and their own supposed reputation or
interest. Thank God if you are in a humble position, able to follow your conscience
unhindered.
Our Lord does not refuse Nicodemus because he was
ashamed to come to Him by day, or reproach him with cowardice. He knows the
difficulties of his position and makes all allowance for them. He accepts the
least mark of good-will, the least approach of the soul to Him. How good He is
to us! How considerate to our weakness! How ready to overlook our many slights
and our unkindness! This it is
that almost compels us to love Him.
Our Lord declares
to Nicodemus the necessity of being born again if we are to see the Kingdom of
God, and explains the meaning of this new birth.
When Nicodemus declares his belief that Jesus is a
teacher sent from God, our Lord answers by what seems beside the mark. He tells
him that, “Unless a man be born again, he cannot see the Kingdom of God.” His
meaning is: “In order to appreciate with Divine faith Who I am, and what means
My being sent from God, a man must be born again.” It is only the soul that is
raised to the supernatural order that can see the Kingdom of God, and recognize
who it is that is its King.
In the answer of Nicodemus we see the carnal mind
still strong within him. He takes a carnal view of the new birth: “How can a
man be born when he is old?” So we find that the mysteries of the Kingdom of
God are a riddle to all who are not taught of God. They assert that the
prophecies of the Old Testament do not primarily refer to our Lord, and explain
away even the miracles of the Gospel. The blessed Eucharist seems to them
absurd, and modern miracles a fiction. Thank God for the gift of faith.
Our Lord explains to Nicodemus that the spiritual new
birth is effected by the secret grace of the Holy Spirit accepted by the soul.
It comes noiselessly and like a gentle wind. It is given to all who ask it, and
though they know not whence it comes, yet they recognize it as a voice from
God. To this Voice, O
Jesus, may I be ever obedient!
Nicodemus asks our
Lord how these things of which He speaks are to be done. Jesus
tells him that he, as a teacher in Israel, ought to understand them.
The surprise that our Lord expresses at Nicodemus’
ignorance is meant to teach us that if we are in any position of authority, God
expects of us a higher standard of knowledge and practice than He expects of
others. There is scarcely anyone who is not invested with some authority from
God over children, servants, pupils, younger members of our little circle. Some
of us have more important and responsible authority. Do we appreciate the
account we shall have to give of the use we have made of our authority?
Jesus had explained to Nicodemus, by a metaphor from
sensible things, the meaning of the new birth which the Spirit of God works in
the soul. He had spoken with the Divine authority of one who had Himself seen
and known that which He announced respecting the things of God. But Nicodemus
had not yet the grace to understand, and so he understood not. In Divine things
we can do nothing without grace. We may be able, learned, quick-sighted,
intelligent, but without grace we are blind and deaf.
Our Lord furthers tells him that none can speak from
direct personal knowledge of heavenly things save He Himself, the Son of Man,
and though He had come down from Heaven, He was still present there, in full
possession of the Beatific Vision. Happy those to whom Jesus teaches heavenly
truths!
Jesus further
explains to Nicodemus how the Son of Man must be lifted up upon the Cross, so
that all who gaze on Him with faith and love may be saved through Him. He
tells how His Mission was to save, not to judge the world. None are condemned,
save those who reject and refuse the light, because their deeds are evil.
As the brazen serpent was raised up in the desert, and
all who gazed with faith upon it were healed of the bite of the poisonous
serpents that had attacked them, so the Son of Man was to be exalted on the
Cross, that all who believe in Him should not perish, but have eternal life. O
merciful Jesus, what a remedy Thou hast provided for the deadly effects of sin!
One look of faith and love on Thee, one cry of mercy from the heart, and all is
forgiven!
We sometimes are inclined to think of God the Father
as our mighty King and stern Master, and of Jesus as praying for us with a
gentleness which is in a sort of contrast to the severity of His Father. Not
so. God the Father loves the world with the same love as God the Son. He yearns
over fallen man with the same Divine yearning. He has the same tender affection
for each one of us, the same desire to make us happy to all eternity.
Why is it that the Eternal Father does not have this
desire fulfilled? Why did the Son shed for so many His Precious Blood in vain?
It is because men refuse to listen, hate the light, cling to their own perverse
ways. Alas! have not I often thus feared the light, lest I should be condemned
by it?
MLA Citation
Father Richard Frederick Clarke, SJ. “Visit of
Nicodemus”. The Ministry of Jesus Christ: Short
Meditations on the Public Life of Our Lord, 1892. CatholicSaints.Info.
16 April 2019. Web. 31 August 2021. <https://catholicsaints.info/the-ministry-of-jesus-christ-visit-of-nicodemus/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/the-ministry-of-jesus-christ-visit-of-nicodemus/
Michelangelo Buonarroti, Pietà. 1547 - 1555 ca., marmo; Firenze, Museo dell'Opera del Duomo
San Nicodemo Membro del Sinedrio
Martirologio Romano: A Gerusalemme, commemorazione dei
santi Giuseppe d’Arimatea e Nicodemo, che raccolsero il corpo di Gesù sotto la
croce, lo avvolsero nella sindone e lo deposero nel sepolcro. Giuseppe,
nobile decurione e discepolo del Signore, aspettava il regno di Dio; Nicodemo,
fariseo e principe dei Giudei, era andato di notte da Gesù per interrogarlo
sulla sua missione e, davanti ai sommi sacerdoti e ai Farisei che volevano
arrestare il Signore, difese la sua causa.
Di Nicodemo ne parla s. Giovanni nel suo Evangelo,
egli era Dottore della Legge e membro del Sinedrio (supremo organo giudiziario
ebraico di Gerusalemme); in occasione della prima Pasqua, anno 28 della nostra
era, Gesù era venuto a Gerusalemme operando vari miracoli, Nicodemo impressionato
da ciò, lo andò a trovare di notte per avere un incontro chiarificatore, andò a
quell’ora forse per timore o per non compromettere la sua posizione nel
Sinedrio.
Dal Vangelo sappiamo solo le battute essenziali del
colloquio, le due principali: ”I fatti osservati ti manifestano Messia - dice
Nicodemo a Gesù – ebbene di quale natura è la tua missione? Con quali mezzi la
compirai? Si tratta dell’impero vivamente atteso dai Giudei con una rivincita
definitiva sui pagani?”.
E Gesù corregge questa sbagliata aspettativa del
giudaismo ufficiale, che gli viene chiesta attraverso un suo autorevole
esponente: “ Il regno di Dio è soltanto dominio di Dio sulle anime, per farne
parte è necessario rinascere spiritualmente, è quanto stato preannunziato dai profeti”
e Gesù gli dice ancora: ”Tu sei maestro in Israele e lo ignori?”.
Ritroviamo ancora Nicodemo che richiama i componenti
del Sinedrio quando cercano di impossessarsi violentemente di Gesù nei suoi
ultimi mesi di vita, ad agire con saggezza, ad ascoltare una persona prima di
condannarla.
Ma gli esagitati, rispondono con scherno: “Saresti
anche tu un Galileo? Cerca pure e ti renderai conto che dalla Galilea non sorge
alcun profeta”.
Infine lo ritroviamo ancora sul Golgota insieme a
Giuseppe d’Arimatea, che provvede alla sepoltura di Gesù dopo la crocifissione.
Egli porta “circa cento libbre di mirra e di aloe” per la preparazione del
corpo, una gran quantità, circa 30 kg. di oggi, segno di un gran bisogno di
riparazione, da lui sentito.
Dal Vangelo non sappiamo più nulla, nel 415 un prete,
Luciano ne avrebbe scoperto le reliquie insieme a quello di s. Stefano, egli
sarebbe stato battezzato dagli Apostoli Pietro e Giovanni e per questo
maltrattato e scacciato dai Giudei e sarebbe stato ucciso senza l’intervento
del parente Gamaliele; il quale lo accolse nel suo possedimento di Kêfaz-Gamla,
dove dopo un certo tempo morì e lì sepolto.
Il suo ricordo nei ‘Martirologi’ al 3 agosto è dovuto
alla ricognizione delle reliquie, insieme a quelle dei ss. Stefano, Gamaliele e
Abibo; nei menologi bizantini è ricordato il 15 settembre. Il
Martyrologium Romanum lo pone al 31 agosto insieme a san Giuseppe d'Arimatea.
Una tradizione leggendaria ci presenta Nicodemo come
autore del Crocifisso ligneo, venerato a Lucca, chiamato il ‘Volto Santo’,
eseguito a Gerusalemme. È stato raffigurato nelle ‘Deposizioni’ da vari
importanti artisti, ma anche nelle rappresentazioni popolari, a volte mentre
toglie i chiodi dalla croce.
Nome diffuso nell’Italia Meridionale, è di origine
greca e significa “vincitore tra il popolo”.
Autore: Antonio Borrelli
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/90954
Voir aussi : http://www.interbible.org/interBible/decouverte/comprendre/2008/clb_080919.html