Saint Cyrille d'Alexandrie
Chers frères et sœurs!
Poursuivant notre itinéraire sur les traces des Pères de l'Eglise, nous rencontrons une grande figure: saint Cyrille d'Alexandrie. Lié à la controverse christologique qui conduisit au Concile d'Ephèse de 431 et dernier représentant important de la tradition alexandrine, dans l'Orient grec, Cyrille fut plus tard défini le "gardien de l'exactitude" - qu'il faut comprendre comme gardien de la vraie foi - et même "sceau des Pères". Ces antiques expressions expriment un fait qui est caractéristique de Cyrille, c'est-à-dire la référence constante de l'Evêque d'Alexandrie aux auteurs ecclésiastiques précédents (parmi ceux-ci, Athanase en particulier), dans le but de montrer la continuité de sa théologie avec la tradition. Il s'insère volontairement, explicitement dans la tradition de l'Eglise, dans laquelle il reconnaît la garantie de la continuité avec les Apôtres et avec le Christ lui-même. Vénéré comme saint aussi bien en Orient qu'en Occident, saint Cyrille fut proclamé docteur de l'Eglise en 1882 par le Pape Léon XIII, qui, dans le même temps, attribua ce titre également à un autre représentant important de la patristique grecque, saint Cyrille de Jérusalem. Ainsi, se révélaient l'attention et l'amour pour les traditions chrétiennes orientales de ce Pape, qui voulut ensuite proclamer saint Jean Damascène Docteur de l'Eglise, montrant ainsi que tant la tradition orientale qu'occidentale exprime la doctrine de l'unique Eglise du Christ.
On sait très peu de choses sur la vie de Cyrille avant son élection sur l'important siège d'Alexandrie. Neveu de Théophile, qui en tant qu'Evêque, dirigea d'une main ferme et avec prestige le diocèse alexandrin à partir de 385, Cyrille naquit probablement dans la même métropole égyptienne entre 370 et 380. Il fut très tôt dirigé vers la vie ecclésiastique et reçut une bonne éducation, tant culturelle que théologique. En 403, il se trouvait à Constantinople à la suite de son puissant oncle et il participa dans cette même ville au Synode appelé du "Chêne", qui déposa l'Evêque de la ville, Jean (appelé plus tard Chrysostome), marquant ainsi le triomphe du siège alexandrin sur celui, traditionnellement rival, de Constantinople, où résidait l'empereur. A la mort de son oncle Théophile, Cyrille encore jeune fut élu Evêque de l'influente Eglise d'Alexandrie en 412, qu'il gouverna avec une grande énergie pendant trente-deux ans, visant toujours à en affirmer le primat dans tout l'Orient, également fort des liens traditionnels avec Rome.
Deux ou trois ans plus tard, en 417 ou 418, l'Evêque d'Alexandrie se montra réaliste en recomposant la rupture de la communion avec Constantinople, qui durait désormais depuis 406, suite à la déposition de Jean Chrysostome. Mais l'ancienne opposition avec le siège de Constantinople se ralluma une dizaine d'années plus tard, lorsqu'en 428, Nestor y fut élu, un moine sévère et faisant autorité, de formation antiochienne. En effet, le nouvel Evêque de Constantinople suscita très vite des oppositions, car dans sa prédication, il préférait pour Marie le titre de "Mère du Christ" (Christotòkos), à celui - déjà très cher à la dévotion populaire - de "Mère de Dieu" (Theotòkos). Le motif de ce choix de l'Evêque Nestor était son adhésion à la christologie de type antiochien qui, pour préserver l'importance de l'humanité du Christ, finissait par en affirmer la division de la divinité. Et ainsi, l'union entre Dieu et l'homme dans le Christ n'était plus véritable, et, naturellement, on ne pouvait plus parler de "Mère de Dieu".
La réaction de Cyrille - alors le plus grand représentant de la christologie alexandrine, qui entendait en revanche profondément souligner l'unité de la personne du Christ - fut presque immédiate, et se manifesta par tous les moyens déjà à partir de 429, s'adressant également dans quelques lettres à Nestor lui-même. Dans la deuxième (PG 77, 44-49) que Cyrille lui adressa, en février 430, nous lisons une claire affirmation du devoir des Pasteurs de préserver la foi du Peuple de Dieu. Tel était son critère, par ailleurs encore valable aujourd'hui: la foi du Peuple de Dieu est l'expression de la tradition, elle est la garantie de la saine doctrine. Il écrit ainsi à Nestor: "Il faut exposer au peuple l'enseignement et l'interprétation de la foi de la manière la plus irrépréhensible, et rappeler que celui qui scandalise ne serait-ce qu'un seul des petits qui croient dans le Christ subira un châtiment intolérable".
Dans cette même lettre à Nestor - une lettre qui plus tard, en 451, devait être approuvée par le Concile de Chalcédoine, le quatrième Concile oecuménique - Cyrille décrit avec clarté sa foi christologique: "Nous affirmons ainsi que les natures qui se sont unies dans une véritable unité sont différentes, mais de toutes les deux n'a résulté qu'un seul Christ et Fils; non parce qu'en raison de l'unité ait été éliminée la différence des natures, mais plutôt parce que divinité et humanité, réunies en une union indicible et inénarrable, ont produit pour nous le seul Seigneur et Christ et Fils". Et cela est important: réellement, la véritable humanité et la véritable divinité s'unissent en une seule Personne, Notre Seigneur Jésus Christ. C'est pourquoi, poursuit l'Evêque d'Alexandrie, "nous professerons un seul Christ et Seigneur, non dans le sens où nous adorons l'homme avec le Logos, pour ne pas insinuer l'idée de la séparation lorsque nous disons "avec", mais dans le sens où nous adorons un seul et le même, car son corps n'est pas étranger au Logos, avec lequel il s'assied également aux côtés de son Père, non comme si deux fils s'asseyaient à côté de lui, mais bien un seul uni avec sa propre chair".
Très vite, l'Evêque d'Alexandrie, grâce à de sages alliances, obtint que Nestor soit condamné à plusieurs reprises: par le siège romain, puis par une série de douze anathèmes qu'il composa lui-même et, enfin, par le Concile qui se tint à Ephèse en 431, le troisième concile œcuménique. L'assemblée, qui connut des épisodes tumultueux et une alternance de moments favorables et de moments difficiles, se conclut par le premier grand triomphe de la dévotion à Marie et avec l'exil de l'Evêque de Constantinople, qui ne voulait pas reconnaître à la Vierge le titre de "Mère de Dieu", à cause d'une christologie erronée, qui suscitait des divisions dans le Christ lui-même. Après avoir ainsi prévalu sur son rival et sur sa doctrine, Cyrille sut cependant parvenir, dès 433, à une formule théologique de compromis et de réconciliation avec les Antiochiens. Et cela aussi est significatif: d'une part, il y a la clarté de la doctrine de la foi, mais de l'autre, également la recherche intense de l'unité et de la réconciliation. Au cours des années suivantes, il se consacra de toutes les façons possibles à défendre et à éclaircir sa position théologique jusqu'à sa mort, qui eut lieu le 27 juin 444.
Les écrits de Cyrille - vraiment très nombreux et largement publiés également dans diverses traductions latines et orientales déjà de son vivant, témoignant de leur succès immédiat - sont d'une importance primordiale pour l'histoire du christianisme. Ses commentaires de nombreux livres vétéro-testamentaires et du Nouveau Testament, parmi lesquels tout le Pentateuque, Isaïe, les Psaumes et les Evangiles de Jean et de Luc, sont importants. Ses nombreuses œuvres doctrinales sont également notables; dans celles-ci revient la défense de la foi trinitaire contre les thèses ariennes et contre celles de Nestor. La base de l'enseignement de Cyrille est la tradition ecclésiastique, et en particulier, comme je l'ai mentionné, les écrits d'Athanase, son grand prédécesseur sur le siège alexandrin. Parmi les autres écrits de Cyrille, il faut enfin rappeler les livres Contre Julien, dernière grande réponse aux polémiques antichrétiennes, dictée par l'Evêque d'Alexandrie probablement au cours des dernières années de sa vie, pour répondre à l'œuvre Contre les Galiléens, écrite de nombreuses années auparavant, en 363, par l'empereur qui fut qualifié d'Apostat pour avoir abandonné le christianisme dans lequel il avait été éduqué.
La foi chrétienne est tout d'abord une rencontre avec Jésus, "une Personne qui donne à la vie un nouvel horizon" (Enc. Deus caritas est, n. 1). Saint Cyrille d'Alexandrie a été un témoin inlassable et ferme de Jésus Christ, Verbe de Dieu incarné, soulignant en particulier son unité, comme il le répète en 433 dans la première lettre (PG 77, 228-237) à l'Evêque Succenso: "Un seul est le Fils, un seul le Seigneur Jésus Christ, que ce soit avant l'incarnation ou après l'incarnation. En effet, le Logos né de Dieu le Père n'était pas un fils, et celui né de la Sainte Vierge un autre fils; mais nous croyons que précisément Celui qui existe depuis toute éternité est né également selon la chair d'une femme". Cette affirmation, au-delà de sa signification doctrinale, montre que la foi en Jésus Logos né du Père est également bien enracinée dans l'histoire, car, comme l'affirme saint Cyrille, ce même Jésus est venu dans le temps avec la naissance de Marie, la Theotòkos, et il sera, selon sa promesse, toujours avec nous. Et cela est important: Dieu est éternel, il est né d'une femme, et il reste avec nous chaque jour. Nous vivons dans cette certitude, en elle nous trouvons le chemin de notre vie.
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Je souhaite la bienvenue aux pèlerins de langue française, et je salue en particulier les jeunes du Lycée Marmoutier de Tours ainsi que le groupe d’anciens mineurs de Falck en Moselle. À la suite de saint Cyrille, je vous invite tous à vivre la foi comme une rencontre avec la personne de Jésus. Avec ma Bénédiction apostolique.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana
Saint Cyrille d'Alexandrie
Évêque et Docteur de l'Église
(† 444)
Ce grand serviteur de Marie était le neveu du trop fameux Théophile, patriarche d'Alexandrie, qui se montra l'ennemi acharné de saint Jean Chrysostome. Cyrille hérita à la fois du siège et de la rancune de son oncle, au point que, même évêque, il persista pendant six ans, dans le schisme de son prédécesseur; le point contesté était l'inscription du nom de saint Jean Chrysostome sur les dyptiques sacrés. Il fut enfin tiré de son obstination grâce à l'intervention de saint Isidore, abbé de Péluse, auquel Cyrille avait confié la direction de son âme.
"Si je suis votre père, comme vous le dites, lui écrivait saint Isidore, je dois craindre d'attirer sur moi le châtiment d'Héli, si terriblement puni pour avoir négligé la correction de ses enfants. Faites cesser ces querelles. Ne cherchez pas plus longtemps la vengeance d'une injure privée et domestique. Ne la faites pas peser sur l'Église."
Cyrille ne put résister à ces touchantes exhortations, et se soumit: il assembla les évêques de son patriarcat, inscrivit solennellement le nom de Chrysostome dans les dyptiques, et rentra ainsi en grâce avec Rome (418). Ceci prouve une fois de plus qu'on ne naît pas saint, mais qu'on le devient.
Le grand mérite de Cyrille devant l'histoire a été sa lutte contre Nestorius, moine et prêtre d'Antioche, qui, sous des dehors austères, cachait un esprit faux et chicaneur, et un orgueil indomptable. Élevé sur le siège de Constantinople (428), il se mit à enseigner hautement qu'il y a deux personnes en Jésus-Christ: celle de Dieu et celle de l'homme; que depuis l'Incarnation le Verbe ne S'est point uni à la nature humaine, mais ne l'a prise que comme un vêtement. Il en concluait que la Vierge Marie n'est point Mère de Dieu, mais seulement mère de l'homme ou du Christ.
Cet enseignement souleva d'unanimes protestations tant des fidèles que des gardiens de la foi catholique. Dès 429, Cyrille écrivit contre Nestorius, puis à Nestorius lui-même; il écrivit ensuite au Pape Célestin et à l'empereur Théodose II, pour les éclairer sur la gravité des nouvelles erreurs. Son intervention obtint son effet: Nestorius fut condamné, excommunié et déposé. Cyrille était chargé de faire exécuter la sentence, si dans le délai de dix jours l'hérésiarque n'avait par rétracté ses erreurs. Dans ce but, Cyrille lui présenta à signer douze anathématisme qui détaillaient longuement son hérésie. Nestorius et ses partisans s'insurgèrent contre cette rédaction, y trouvèrent matière à discussion, et d'accusés se firent accusateurs.
Cette opiniâtreté donna lieu à la convocation du Concile d'Éphèse (431), où il se trouva deux cents évêques. La présidence du concile fut dévolue à Cyrille.
Nestorius, cité trois fois, refusa de comparaître. Le concile prononça contre lui une sentence de déposition dont on informa l'empereur. Le 7 juin, depuis le matin, le peuple assiégeait les abords de l'église, attendant fiévreusement la décision du concile. Quand il apprit que les Pères avaient conservé à Marie Son titre de Mère de Dieu, il éclata en transports de joie, et, à la lueur des flambeaux, reconduisit les évêques jusqu'à leurs demeures.
Six jours après, quatorze évêques orientaux, partisans de Nestorius, arrivèrent à Éphèse, se constituèrent en concile et excommunièrent Cyrille. Sollicité par les deux partis, l'empereur emprisonna Cyrille et Nestorius. Toutefois, à l'arrivée des légats du Pape Célestin, il rétablit Cyrille et déclara Nestorius définitivement déposé. Les évêques partisans de Nestorius se réconcilièrent alors avec Cyrille.
Là se termine le rôle considérable rempli par Cyrille dans cette importante joute théologique. Métaphysicien pénétrant et esprit religieux, Cyrille avait profondément médité le mystère de l'Incarnation. L'unité du Christ qu'il mit si fort en relief lui paraissait la conséquence d'un raisonnement très simple: si le Rédempteur n'est pas Dieu Lui-même, Il ne peut pas nous sauver; Jésus-Christ est donc personnellement Dieu. Si Jésus-Christ est Dieu, il est juste de reconnaître à Marie la qualité de Mère de Dieu, quoiqu'Elle n'ait pas, à proprement parler, produit la Divinité, chose qu'il serait absurde de prétendre. C'est ainsi que dans les générations ordinaires, l'âme l'emporte de beaucoup sur le corps. Et cependant, ne nommons-nous pas nos parents, ceux qui, en réalité, ne nous ont fait part que de notre substance corporelle?
Saint Cyrille mourut probablement le 27 juin 444.
J.-M. Planchet, Nouvelle Vie des Saints, p. 59-60
Saint Cyrille d'Alexandrie
Alexandrie s'était signalée par sa lutte en faveur de l'orthodoxie. Les successeurs d'Athanase furent fidèles à cette mission doctrinale, mais cherchèrent en même temps à affirmer l'autorité du siège, et si possible à régenter l'Orient chrétien. Cette rivalité avait pris corps dans l'opposition entre Théophile et Jean Chrysostome. L'occasion avait paru bonne pour imposer l'autorité d'Alexandrie à Constantinople et à Antioche. Au synode du Chêne, où Théophile fit déposer Jean Chrysostome, il était accompagné de son neveu, Cyrille, qui devait lui succéder.
Pendant soixante ans la même famille gouverne l'Église d'Égypte. Cyrille, dévoué à son oncle, est plus prédestiné à l'ambition qu'à la sainteté. Théophile avait veillé à sa formation religieuse et théologique, mais sa culture profane n'est pas très étendue, il préfère la tradition à la philosophie. Il a passé sans doute quelque temps parmi les moines, mais il est moins fait pour la solitude que pour le gouvernement. Isidore de Péluse lui reproche de porter dans son cœur le bruit et la confusion des villes.
A la mort de Théophile (412), Cyrille lui succède pour plus de trente ans. Il a hérité des qualités et des défauts de son oncle : orthodoxie et vie privée irréprochables, mais aussi ambitions et ressentiments. C'est ainsi qu'il refuse, malgré les interventions romaines, d'inscrire sur les diptyques (liste des évêques) le nom de Jean Chrysostome. Le réintégrer, avait-il dit, serait replacer Judas dans le collège apostolique.
Cependant, Cyrille, homme d'étude, soucieux de cerner la doctrine de l'Écriture et de la tradition, connaissait mieux la théologie que Théophile. La controverse nestorienne partage son activité littéraire en deux périodes, la première, jusqu'en 428, est consacrée à l'exégèse et à la polémique contre les ariens ; la seconde, jusqu'à sa mort, est occupée à réfuter le nestorianisme.
La production exégétique de Cyrille est considérable. Elle occupe dans l'édition de Migne six volumes in-quarto. Ce n'est pas la meilleure partie de son œuvre, ni la plus originale.
L'évêque d'Alexandrie est fidèle à la tradition théologique de sa ville, illustrée par Athanase surtout, par Didyme l'Aveugle aussi, dont il tait le nom, parce qu'il avait été laïc et disciple d'Origène. Il n'est pas assez nuancé pour faire justice à Origène qu'il réprouve pour avoir imité les bavardages des Grecs. Par contre il s'oppose à l'école d'Antioche sans essayer de la comprendre ni de s'enrichir de sa méthode. Il a la rancune tenace.
Les grandes œuvres théologiques de Cyrille sont polémiques. Là il est pleinement lui-même. Il aime réfuter et flaire l'hérésie. Ses premiers écrits sont dirigés contre les ariens. Tous ses ouvrages théologiques sont écrits contre quelqu'un. Il ne sait pas ce qu'est le dialogue, encore moins découvrir la part de vérité chez l'adversaire. Il est responsable de la réputation que l'histoire fait à Théodoret de Cyr.
Il a composé plus tard une volumineuse apologie : Pour la sainte religion des chrétiens contre les livres de l'impie Julien. Ce qui laisse entendre que le paganisme restait virulent en Égypte jusqu'au Vème siècle. Le plus clair de l'œuvre théologique de Cyrille est consacré à la réfutation des thèses nestoriennes et à démontrer l'unité dans le Christ.
Tenace, appliqué, il se soucie d'exposer les mystères de la foi avec précision et netteté. Si la pensée est ferme, le style est monotone, prolixe. Il s'exprime avec plus d'emphase que d'élégance. Il s'éloigne des grands classiques et ouvre l'ère de la scolastique byzantine.
Cyrille est à la fois théologien et homme d'action. Il est plus un chef qu'un pasteur. Il aime la lutte, où il fait preuve du même esprit redoutable que dans ses affirmations doctrinales. Il est combatif de nature. Il a besoin d'adversaires comme l'orateur a besoin de public pour être pleinement lui-même. Ce sera le secret de ses réussites, la justification qu'il donne à ses procédés.
SOURCE :
http://missel.free.fr/Sanctoral/06/27.php
Mort à Alexandrie en 444. Introduit au calendrier Romain par Léon XIII le 28 juillet 1882.
La nouveauté du commandement
« Je vous donne un commandement nouveau :
c’est de vous aimer les uns les autres » (Jn 13, 34). Mais,
demandera-t-on peut-être, comment Jésus peut-il dire que ce commandement est
nouveau, lui qui a prescrit aux anciens, par l’intermédiaire de
Moïse : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute
ton âme, de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même (Dt 6,
5 ; Mt 22, 37-39) ?…
Il faut voir ce que Jésus ajoute. Il ne s’est pas
contenté de dire : « Je vous donne un commandement nouveau :
c’est de vous aimer les uns les autres. » Mais pour montrer la
nouveauté de cette parole et que son amour a quelque chose de plus fort et de
plus remarquable que l’ancienne charité envers le prochain, il ajoute
aussitôt : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai
aimés » (Jn 13, 34 ; 15, 12). Il faut donc creuser le sens de
ces paroles, et rechercher comment le Christ nous a aimés…
Voyez-vous la nouveauté de son amour envers
nous ? La Loi prescrivait en effet d’aimer son frère comme soi-même. Or notre
Seigneur Jésus Christ nous a aimés plus que lui-même, puisque, vivant dans la
même condition que Dieu le Père et dans l’égalité avec lui, il ne serait pas
descendu jusqu’à notre bassesse, il n’aurait pas subi pour nous une mort
physique aussi affreuse, il n’aurait pas subi les gifles, les moqueries et tout
ce qu’il a subi – si je voulais énumérer dans le détail tout ce qu’il a
souffert, je n’en finirais pas – et d’abord, il n’aurait pas voulu, étant
riche, se faire pauvre, s’il ne nous avait pas aimés plus que lui-même. Une
telle mesure d’amour est donc inouïe et nouvelle.
St Cyrille d’Alexandrie
Saint Cyrille d’Alexandrie († 444) fut un grand
exégète en même temps qu’un défenseur ardent de la foi au Christ. / Commentaire
sur Jean IX, trad. dir. par H. Delhougne, Les Pères de l’Église commentent
l’Évangile, Turnhout, Brepols, 991, n°164.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/dimanche-9-mai/meditation-de-ce-jour-1/
Comme si Dieu avait
oublié la mesquinerie humaine
Si, parmi les gens dans
le besoin, une foule considérable de sages et de justes échappe probablement à
notre connaissance, Dieu cependant ne les ignore pas. Quand donc nous les
admettons à partager nos biens terrestres, que personne n’en doute, nous
partagerons aussi avec eux la récompense de leur simplicité. Ils « vous
accueillent dans leurs demeures », est-il écrit. Le bienheureux Paul qui avait
très bien compris cela, dit aussi quelque part : Ce que vous avez en
abondance comblera leurs besoins, afin que, réciproquement, ce qu’ils ont en
abondance puisse combler vos besoins (2 Co 8, 14).
Soyons donc entre
nous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux
autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ (Ep 4, 32).
Nous avons été sauvés, en
effet, comme si Dieu avait oublié la mesquinerie humaine. Si donc nous nous
appliquons à notre tour à suivre à la trace la clémence tranquille du Maître
universel, il nous faut faire preuve de patience, mes bien-aimés. En
particulier, ayons la sagesse de considérer que les fautes humaines sont
innombrables et qu’à aucun moment, notre mesquinerie ne peut disparaître. Mais
si nous devons, chaque fois que cela arrive, nous laisser aller à un chagrin
immodéré, et entrer en contestation avec ceux qui en sont la cause, nous allons
passer notre vie entière dans l’amertume et le chagrin ! Aussi, portons
les fardeaux les uns des autres : ainsi nous accomplirons la loi du Christ (Ga
6, 2).
St Cyrille d’Alexandrie
Saint Cyrille
d’Alexandrie († 444) fut un grand exégète en même temps qu’un défenseur ardent
de la foi en la Trinité. / Lettre festale XI, 6, trad. L. Arragon, P. Évieux,
R. Monier, Paris, Cerf, coll. « Sources Chrétiennes » 392, 1993, p. 287-289.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/samedi-5-novembre/meditation-de-ce-jour-1/
Leçons des Matines avant 1960
Quatrième leçon. Cyrille d’Alexandrie, dont l’éloge n’est pas seulement appuyé sur le témoignage de quelques-uns, mais dont les louanges sont même célébrées dans les actes des conciles d’Éphèse et de Chalcédoine, naquit de parents illustres ; ii était neveu de Théophile, Évêque d’Alexandrie. Dès son adolescence, il donna des marques évidentes de son esprit supérieur. Parfaitement instruit des lettres et des sciences, il se rendit auprès de Jean, Évêque de Jérusalem, pour se perfectionner dans la foi chrétienne. Comme il revenait à Alexandrie, Théophile étant mort, il fut élevé à son siège. Dans l’exercice de cette charge, il eut toujours devant lui le type du pasteur accompli, tracé par l’Apôtre, en sorte qu’il acquit à bon droit la réputation glorieuse d’un très saint Prélat.
Cinquième leçon. En flammé de zèle pour le salut des âmes, il mit tous ses soins à maintenir dans la foi et l’intégrité des mœurs, le troupeau qui lui était confié, et à le détourner des pâturages empoisonnés des infidèles et des hérétiques, il s’efforça d’expulser de la ville les sectateurs de Novat, et de punir conformément aux lois les Juifs qui, dans leur frénésie, avaient conspiré le massacre des Chrétiens. Mais le zèle de Cyrille pour l’intégrité de la foi catholique se déploya surtout contre Nestorius, Évêque de Constantinople, lequel prétendait que Jésus-Christ, né de la Vierge Marie, était homme seulement et non Dieu, et que la divinité lui avait été accordée à cause de ses mérites. Ayant vainement tenté d’obtenir l’amendement de l’hérésiarque, il le dénonça au souverain Pontife saint Célestin.
Sixième leçon. Par délégation de Célestin, Cyrille présida au concile d’Éphèse ; l’hérésie nestorienne y fut entièrement proscrite, et Nestorius condamné et déposé de son siège. Le dogme catholique d’une seule et divine personne dans le Christ et de la divine maternité de la glorieuse Vierge Marie, y fut affirmé aux applaudissements du peuple entier, -qui, manifestant une joie indicible, reconduisit les Évêques dans leurs demeures en portant des torches allumées. Ayant eu à subir, à cause de cela des calomnies, des injures et de nombreuses persécutions de la part de Nestorius et de ses partisans, Cyrille les supporta avec fa plus grande patience ; soucieux des seuls intérêts de la foi, il comptait pour rien tout ce que les hérétiques disaient et entreprenaient contre lui. Enfin, ayant accompli les plus grands travaux pour l’Église de Dieu, publié plusieurs écrits, soit pour réfuter les païens et les hérétiques, soit pour expliquer les saintes Écritures et les dogmes catholiques, il entra dans l’éternel repos par une sainte mort, en l’an née quatre cent quarante-quatre, la trente-deuxième de son épiscopat. Le souverain Pontife Léon XIII a étendu à l’Église universelle l’Office et la Messe de cet illustre champion de la foi catholique, qui fut la lumière de l’Orient.
Dom Guéranger, l’Année Liturgique
« Je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta race et la sienne ; elle t’écrasera la tête, et tu chercheras à la mordre au talon [1] » Cette parole qui fut dite au serpent dans les jours que l’Église rappelle maintenant à la pensée de ses fils, domine l’histoire entière du monde. La femme, tombée la première par la ruse de Satan, s’est aussi, en Marie, relevée la première. Dans son immaculée Conception, dans son enfantement virginal, dans l’offrande qu’elle fit à Dieu de l’Adam nouveau sur la montagne d’expiation, la nouvelle Ève a montré à l’antique ennemi la puissance de son pied victorieux. Aussi l’ange révolté, devenu le prince du monde autrefois par la complicité de l’homme [2], a-t-il sans cesse, dès lors, dirigé contre la femme qui triompha de lui les forces réunies de son double empire sur les légions infernales et les fils de ténèbres. Marie, au ciel, poursuit la lutte qu’elle commença sur la terre. Reine des esprits bienheureux et des fils de lumière, elle meneau combat, comme une seule armée, les phalanges célestes et les bataillons de l’Église militante. Le triomphe de ces troupes fidèles est celui de leur souveraine : l’écrasement continu de la tête du père du mensonge, par la défaite de l’erreur et l’exaltation de la vérité révélée, du Verbe divin, fils de Marie et fils de Dieu.
Mais jamais cette exaltation du Verbe divin n’apparut plus intimement liée au triomphe de son auguste mère, que dans le combat mémorable où le pontife proposé en ce jour à nos hommages reconnaissants eut une part si glorieuse. Cyrille d’Alexandrie est le Docteur de la maternité divine, comme son prédécesseur, Athanase, avait été celui de la consubstantialité du Verbe ; l’Incarnation repose sur les deux ineffables mystères qui furent, à un siècle de distance, l’objet de leur confession et de leurs luttes. Comme Fils de Dieu, le Christ devait être consubstantiel à son Père ; caria simplicité infinie de l’essence divine exclut toute idée de division ou de partage : nier en Jésus, Verbe divin, l’unité de substance avec son principe, était nier sa divinité. Comme fils de l’homme en même temps que vrai Dieu de vrai Dieu [3], Jésus devait naître ici-bas d’une fille d’Adam, et cependant rester dans son humanité une même personne avec le Verbe consubstantiel au Père : nier dans le Christ cette union personnelle des deux natures, était de nouveau méconnaître sa divinité ; c’était proclamer du même coup que la Vierge bénie, vénérée jusque-là comme ayant enfanté Dieu dans la nature qu’il avait prise pour nous sauver, n’était que la mère d’un homme.
Trois siècles de persécution furieuse avaient essayé vainement d’arracher à l’Église le désaveu de la divinité de l’Époux. Le monde cependant venait à peine d’assister au triomphe de l’Homme-Dieu, que déjà l’ennemi exploitait la victoire ; mettant à profit l’état nouveau du christianisme et sa sécurité du côté des bourreaux, il allait s’efforcer d’obtenir désormais sur le terrain de la fausse science le reniement qui lui avait été refusé dans l’arène du martyre. Le zèle amer des hérétiques pour réformer la croyance de l’Église allait servir l’inimitié du serpent, et concourir plus au développement de sa race maudite que n’avaient fait les défaillances des apostats. Bien digne par son orgueil d’être, à l’âge de la paix, le premier de ces docteurs de l’enfer, Arius parut d’abord, portant le débat jusque dans les profondeurs de l’essence divine, et rejetant au nom de textes incompris le consubstantiel. Au bout d’un siècle où sa principale force avait été l’appui des puissances de ce monde, l’arianisme tombait, ne gardant de racine que chez les nations qui, récemment baptisées, n’avaient point eu à verser leur sang pour la divinité du Fils de Dieu. C’est alors que Satan produisit Nestorius.
Habile à se transformer en ange de lumière [4], l’ancien ennemi revêtit son apôtre d’une double auréole menteuse de sainteté et de science ; l’homme qui devait exprimer plus nettement qu’aucun autre la haine du serpent contre la femme et son fruit, put s’asseoir sur le siège épiscopal de Constantinople aux applaudissements de l’Orient tout entier, qui se promettait de voir revivre en lui l’éloquence et les vertus d’un nouveau Chrysostome. Mais la joie des bons fut de courte durée. En l’année même qui avait vu l’exaltation de l’hypocrite pasteur, le jour de Noël 428, Nestorius, profitant du concours immense des fidèles assemblés pour fêter l’enfantement de la Vierge-mère, laissait tomber du haut de la chaire épiscopale cette parole de blasphème : « Marie n’a point enfanté Dieu ; son fils n’était qu’un homme, instrument de la divinité. » Un frémissement d’horreur parcourut à ces mots la multitude ; interprète de l’indignation générale, le scolastique Eusèbe, simple laïque, se leva du milieu de la foule et protesta contre l’impiété. Bientôt, une protestation plus explicite fut rédigée au nom des membres de cette Église désolée, et répandue à nombreux exemplaires, déclarant anathème à quiconque oserait dire : « Autre est le Fils unique du Père, autre celui de la vierge Marie. » Attitude généreuse, qui fut alors la sauvegarde de Byzance, et lui valut l’éloge des conciles et des papes ! Quand le pasteur se change en loup, c’est au troupeau à se défendre tout d’abord. Régulièrement sans doute la doctrine descend des évêques au peuple fidèle, et les sujets, dans l’ordre de la foi, n’ont point à juger leurs chefs. Mais il est dans le trésor de la révélation des points essentiels, dont tout chrétien, par le fait même de son titre de chrétien, a la connaissance nécessaire et la garde obligée. Le principe ne change pas, qu’il s’agisse de croyance ou de conduite, de morale ou de dogme. Les trahisons pareilles à celle de Nestorius sont rares dans l’Église ; mais il peut arriver que des pasteurs restent silencieux, pour une cause ou pour l’autre, en certaines circonstances où la religion même serait engagée. Les vrais fidèles sont les hommes qui puisent dans leur seul baptême, en de telles conjonctures, l’inspiration d’une ligne de conduite ; non les pusillanimes qui, sous le prétexte spécieux de la soumission aux pouvoirs établis, attendent pour courir à l’ennemi, ou s’opposer à ses entreprises, un programme qui n’est pas nécessaire et qu’on ne doit point leur donner.
Cependant l’émotion produite par les blasphèmes de Nestorius agitait tout l’Orient, et gagna bientôt Alexandrie. Cyrille occupait alors la chaire fondée par Marc au nom de Pierre, et décorée de l’honneur du second siège par la volonté de ce chef des Églises. L’accord d’Athanase et des pontifes romains avait, au siècle précédent, vaincu l’arianisme ; c’était l’union d’Alexandrie avec Rome qui devait, cette fois encore, écraser l’hérésie. Pourtant l’ennemi, instruit par l’expérience, avait mis à prendre les devants une prévoyance tout infernale ; au jour où le futur vendeur de la Mère de Dieu était monté sur le siège de saint Athanase, l’alliance si formidable au démon n’existait plus. Théophile, le dernier patriarche, l’auteur principal de la condamnation de saint Jean Chrysostome au conciliabule du Chêne, avait refusé jusqu’à la fin de souscrire à la réhabilitation de sa victime par le Siège apostolique, et Rome avait dû rompre avec sa fille aînée. Or Cyrille était le neveu de Théophile ; il ne connaissait rien des motifs inavouables de son oncle en cette triste affaire ; habitué dès l’enfance à vénérer en lui son légitime supérieur autant que son bienfaiteur et son maître dans la science sacrée, Cyrille, devenu patriarche à son tour, n’eut même pas la pensée de rien changer aux décisions de celui qu’il regardait comme un père : Alexandrie resta séparée de l’Église romaine. Véritablement pareil au serpent, dont la bave empoisonne tout ce qu’elle touche, Satan avait donc tourné à son profit contre Dieu les plus nobles sentiments. Mais Notre-Dame, amie des cœurs droits, n’abandonna pas son chevalier. Au bout de quelques années dont les traverses apprirent au jeune patriarche à connaître les hommes, un saint moine, Isidore de Péluse, ouvrait pleinement ses yeux à la lumière ; Cyrille, convaincu, n’hésitait pas à rétablir sur les diptyques sacrés le nom de Jean Chrysostome. La trame ourdie par l’enfer était dénouée : pour les nouvelles luttes de la foi qui allaient s’engager en Orient, Rome retrouvait sur les bords du Nil un nouvel Athanase.
Ramené par un moine dans les sentiers de la sainte unité, Cyrille voua aux solitaires une affection pareille à celle dont les avait entourés son illustre prédécesseur. Il les choisit pour confidents de ses angoisses, au premier bruit des impiétés nestoriennes ; dans une lettre devenue célèbre, c’est leur foi qu’il veut éclairer la première sur le danger qui menace les Églises. « Car, leur dit-il, ceux qui ont embrassé dans le Christ l’enviable et noble vie qui est la vôtre, doivent premièrement briller par l’éclat d’une foi sans équivoque et non diminuée, et greffer ensuite sur cette foi la vertu ; cela fait, ils doivent mettre leur opulence à développer en eux la connaissance du mystère du Christ, tendant par tous les efforts à en acquérir l’intelligence la plus parfaite. C’est ainsi que je comprends, ajoute le saint Docteur, la poursuite de l’homme parfait dont parle l’Apôtre [5], la manière d’arriver à la mesure du Christ et à sa plénitude [6]. »
Le patriarche d’Alexandrie ne devait pas se contenter d’épancher son âme avec ceux dont l’assentiment lui était assuré d’avance. Par des lettres où la mansuétude de l’évêque ne le cède qu’à la force et à l’ampleur de son exposition doctrinale, Cyrille tenta de ramener Nestorius. Mais le sectaire s’opiniâtrait ; à défaut d’arguments, il se plaignit de l’ingérence du patriarche. Comme toujours en pareille circonstance, il se trouva des hommes d’apaisement qui, sans partager son erreur, estimaient que le mieux eût été en effet de ne pas lui répondre, par crainte de l’aigrir, d’augmenter le scandale, de blesser en un mot la charité. A ces hommes dont la vertu singulière avait la propriété de s’effrayer moins des audaces de l’hérésie que de l’affirmation de la foi chrétienne, à ces partisans de la paix quand même, Cyrille répondait : « Eh ! quoi ; Nestorius ose laisser dire en sa présence dans l’assemblée des fidèles : « Anathème à quiconque nomme Marie mère de Dieu ! par la bouche de ses partisans il frappe a ainsi d’anathème nous et les autres évêques de l’univers, et les anciens Pères qui, partout et dans tous les âges, ont reconnu et honoré unanimement la sainte Mère de Dieu ! Et il n’eût pas été dans notre droit de lui retourner sa parole et de dire : Si quelqu’un nie que Marie soit mère de Dieu, qu’il soit anathème ! Cependant cette parole, par égard pour lui, je ne l’ai pas dite encore [7] ».
D’autres hommes, qui sont aussi de tous les temps, découvraient le vrai motif de leurs hésitations, lorsque faisant valoir bien haut les avantages de la concorde et leur vieille amitié pour Nestorius, ils rappelaient timidement le crédit de celui-ci, le danger qu’il pouvait y avoir à contredire un aussi puissant adversaire. « Que ne puis-je en perdant tous mes biens, répondait Cyrille, satisfaire l’évêque de Constantinople, apaiser l’amertume de mon frère ! Mais c’est de la foi qu’il s’agit ; le scandale est dans toutes les Églises ; chacun s’informe au sujet de la doctrine nouvelle. Si nous, qui avons reçu de Dieu la mission d’enseigner, ne portons pas remède à de si grands maux, au jour du jugement y aura-t-il pour nous assez de flammes ? Déjà la calomnie, l’injure, ne m’ont pas manqué ; oubli sur tout cela : que seulement la foi reste sauve, et je ne concéderai à personne d’aimer plus ardemment que moi Nestorius. Mais si, du fait de quelques-uns, la foi vient à souffrir, qu’on n’en doute point : nous ne perdrons pas nos âmes, la mort même fût-elle sur notre tête. Si la crainte de quelque ennui l’emporte en nous sur le zèle de la gloire de Dieu et nous fait taire la vérité, de quel front pourrons-nous célébrer en présence du peuple chrétien les saints martyrs, lorsque ce qui fait leur éloge est uniquement l’accomplissement de cette parole [8] : « Pour la vérité, combats jusqu’à la mort [9] ! »
Lorsqu’enfin, la lutte devenue inévitable, il organise la milice sainte qui devra combattre avec lui, appelant à ses côtés les évêques et les moines, Cyrille ne retient plus l’enthousiasme sacré qui l’anime : « Quant à ce qui est de moi, écrit-il à ses clercs résidant pour lui dans la ville impériale, peiner, vivre et mourir pour la foi de Jésus-Christ est mon plus grand désir. Comme il est écrit, je ne donnerai point de sommeil à mes yeux, je ne clorai point mes paupières, je n’accorderai point de repos à ma tête [10], que je n’aie livré le combat nécessaire au salut de tous. C’est pourquoi, bien pénétrés de notre pensée, agissez virilement ; surveillez l’ennemi, informez-nous de ses moindres mouvements. Au premier jour je vous enverrai, choisis entre tous, des hommes pieux et prudents, évêques a et moines ; dès maintenant je prépare mes lettres, telles qu’il les faut et pour qui il convient. J’ai résolu pour la foi du Christ et de travail1er sans trêve, et de supporter tous les tourments, même réputés les plus terribles, jusqu’à ce qu’enfin m’arrive de subir la mort qui sera douce pour une telle cause [11] ».
Informé par le patriarche d’Alexandrie de l’agitation des Églises, saint Célestin Ier, qui occupait alors le Siège apostolique, condamna l’hérésie nouvelle, et chargea Cyrille de déposer l’évêque de Constantinople au nom du Pontife romain, s’il ne venait à résipiscence. Mais les intrigues de Nestorius allaient prolonger la lutte. C’est ici qu’à côté de Cyrille, dans ce triomphe de la femme sur l’antique ennemi, nous apparaît l’admirable figure d’une femme, d’une sainte, qui fut, quarante années durant, la terreur de l’enfer et, par deux fois, au nom de la Reine du ciel, écrasa la tête de l’odieux serpent. En un siècle de ruines, chargée à quinze ans des rênes de l’empire, Pulchérie arrêtait par sa prudence dans le conseil et son énergie dans l’exécution les troubles intérieurs, tandis que par la seule force de la divine psalmodie, avec ses sœurs, vierges comme elle, elle contenait les barbares. Lorsque l’Occident s’agitait dans les convulsions d’une dernière agonie, l’Orient retrouvait dans le génie de son impératrice la prospérité des plus beaux jours. En voyant la petite-fille du grand Théodose consacrer ses richesses privées à multiplier dans ses murs les églises de la Mère de Dieu, Byzance apprenait d’elle ce culte de Marie qui devait être sa sauvegarde en tant de mauvais jours, et lui valut du Seigneur fils de Marie mille ans de miséricorde et d’incompréhensible patience. Sainte Pulchérie, saluée par les conciles généraux comme la gardienne de la foi et le boulevard de l’unité [12], eut, d’après saint Léon, la part principale atout ce qui se fit de son temps contrôles adversaires de la vérité divine [13]. Deux palmes sont en ses mains, deux couronnes sur sa tête, dit ce grand Pape ; car l’Église lui doit la double victoire sur l’impiété de Nestorius et d’Eutychès qui, se divisant l’attaque, allaient au même but de côtés opposés : la négation de la divine Incarnation et du rôle de la Vierge-mère dans le salut du genre humain [14].
Mais il faut nous borner. Que ne pouvons-nous du moins suivre aujourd’hui les péripéties des luttes glorieuses dont fut témoin la ville d’Éphèse, lorsque Cyrille, appuyé sur Rome, soutenu par Pulchérie, affermit pour jamais au front de Notre-Dame le plus noble diadème qu’il puisse être donné de porter à une simple créature ! Le récit abrégé consacré par l’Église à l’histoire de notre grand pontife, en donnera quelque idée (voir l’Office à Matines)
Saint Pontife, les cieux se réjouissent et la terre tressaille [15] au souvenir du combat où la Reine de la terre et des cieux voulut triompher par vous de l’ancien serpent. L’Orient vous honora toujours comme sa lumière. L’Occident saluait en vous dès longtemps le défenseur de la Mère de Dieu ; et voilà qu’aujourd’hui la solennelle mention qu’il consacrait à votre mémoire, dans les fastes des Saints, ne suffît plus à sa reconnaissance. C’est qu’en effet une fleur nouvelle est apparue, dans nos jours, à la couronne de Marie notre Reine ; et cette fleur radieuse est sortie du sol même que vous arrosiez de vos sueurs. En proclamant au nom de Pierre et de Célestin la maternité divine, vous prépariez à Notre-Dame un autre triomphe, conséquence du premier : la mère d’un Dieu ne pouvait être qu’immaculée. Pie IX, en le définissant, n’a fait que compléter l’œuvre de Célestin et la vôtre ; et c’est pourquoi les dates du 22 juin 431 et du 8 décembre 1854 resplendissent d’un même éclat au ciel, comme elles ont amené sur terre les mêmes manifestations d’allégresse et d’amour.
L’Immaculée embaume le monde de ses parfums, et c’est pourquoi, ô Cyrille, l’Église entière se tourne vers vous à quatorze siècles de distance ; jugeant que votre œuvre est achevée, elle vous proclame Docteur, et ne veut pas que rien manque désormais aux hommages que vous doit la terre. Ainsi, ô Pontife aimé du ciel, le culte qui vous est rendu se complète avec celui de la Mère de Dieu ; votre glorification n’est qu’une extension nouvelle de la gloire de Marie. Heureux êtes-vous ! car nulle illustration ne pouvait valoir un rapprochement pareil de la souveraine du monde et de son chevalier.
Comprenant donc que la meilleure manière de vous honorer, ô Cyrille, est d’exalter celle dont la gloire est devenue la vôtre, nous reprenons les accents enflammés que l’Esprit-Saint vous suggérait pour chanter ses grandeurs, au lendemain du triomphe d’Éphèse : « Nous vous saluons, ô Marie Mère de Dieu, comme le joyau resplendissant de l’univers, la lampe qui ne s’éteint pas, la couronne de virginité, le sceptre de l’orthodoxie, le temple indestructible et le lieu où se renferme l’immense, Mère et Vierge, par qui nous est présenté le béni des saints Évangiles, celui qui vient au nom du Seigneur. Salut, ô vous dont le sein virginal et toujours pur a porté l’Infini, par qui est glorifiée la Trinité, par qui la croix précieuse est honorée et adorée dans toute la terre ; joie du ciel, sérénité des archanges et des anges qui mettez en fuite les démons, par vous le tentateur est tombé du ciel, tandis que la créature tombée se relève par vous jusqu’aux cieux. La folie des idoles enserrait le monde, et vous ouvrez ses yeux à la vérité ; à vous les croyants doivent le saint baptême, à vous ils doivent l’huile d’allégresse ; par toute la terre vous fondez les églises, vous amenez les nations à la pénitence. Que dire encore ? C’est par vous que le Fils unique de Dieu a brillé comme la lumière de ceux qui étaient assis dans les ténèbres et l’ombre de la mort, par vous que les prophètes ont prédit l’avenir, que les apôtres ont annoncé le salut aux nations, que ressuscitent les morts, que règnent les rois par la Trinité sainte. Quel homme jamais pourra célébrer Marie, la toute digne de louange, d’une manière conforme à sa dignité [16] ? »
Si la dignité de la Mère de Dieu surpasse en effet toute louange, ô Cyrille, obtenez d’elle pourtant qu’elle suscite parmi nous des hommes capables de célébrer comme vous ses grandeurs. Que la puissance dont elle daigna vous revêtir contre ses ennemis, ne fasse point défaut à ceux qui ont à soutenir, de nos jours, la lutte engagée dès l’origine du monde entre la femme et le serpent. L’adversaire a crû en audace ; notre siècle est allé plus loin dans la négation de Jésus que Nestorius, que Julien lui-même, cet empereur apostat contre lequel vous défendîtes aussi la divinité du Fils de la Vierge-mère. O vous qui portâtes à l’erreur des coups si terribles, montrez aux docteurs de nos temps la manière de vaincre : qu’ils sachent comme vous s’appuyer sur Pierre ; qu’ils ne se désintéressent de rien de ce qui touche à l’Église ; qu’ils regardent toujours comme leurs propres ennemis, et leurs seuls ennemis, ceux du règne de Dieu. Dans vos sublimes écrits, les pasteurs apprendront la vraie science, celle des saintes Lettres, sans laquelle leur zèle serait impuissant.
Les chrétiens comprendront à votre école qu’ils ne peuvent espérer croître dans la vertu, sans grandir dans la foi tout d’abord, sans développer en eux la connaissance du mystère de l’Homme-Dieu. En un temps où le vague des notions suffit à tant d’âmes, répétez à tous que « c’est l’amour du vrai qui conduit à la vie [17]. » A l’approche de la sainte Quarantaine, nous nous rappelons ces Lettres pascales qui chaque année, en ces jours mêmes, allaient porter partout, avec l’annonce de la Solennité des solennités, l’exhortation à la pénitence ; pénétrez nos cœurs amollis du sérieux de la vie chrétienne, excitez-les à entrer vaillamment dans la carrière sainte où ils doivent retrouver la paix avec Dieu parle triomphe sur la chair et les sens.
[1] Gen. III, 15.
[2] Iohan. XII, 31.
[3] Symbol. Nic.
[4] II Cor, XI, 14.
[5] Eph. IV, 13.
[6] Cyr. Al. Ep. I ad monach.
[7] Ep. VIII, al. VI.
[8] Eccli. IV, 33.
[9] Cyr. AL. Ep. IX, al. VII.
[10] Psalm. CXXXI, 4-5.
[11] Cyr. Al. Ep. X, al. VIII.
[12] Labbe, Conc. IV, 464.
[13] Leo. Ep. XXXI, al. XXVII.
[14] Ibid. et Ep. LXXIX, al. LIX.
[15] Cyr. Al. Ep. XXXIX, al. XXXIV, ex Psalm. XCV, 11.
[16] Cyr. Al. Hom. IV, Ephesi habita ad S. Mariam.
[17] Cyr. Al. Homil. div. I.
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum
Sa fête fut instituée en 1882 par Léon XIII, qui choisit ce jour parce que le 28 janvier, où son nom est mentionné dans le Martyrologe, était déjà occupé par un autre office. Le nom de Cyrille évoque d’emblée le souvenir des premières et célèbres sessions du concile d’Éphèse où, grâce à lui, furent célébrées les suprêmes grandeurs de Marie. Nestorius ayant mis en doute l’unité de personne en Jésus-Christ, il en résultait que le titre de Mère de Dieu ne convenait pas à la Bienheureuse Vierge, titre sous lequel les fidèles étaient auparavant accoutumés à l’invoquer.
A la suite des négations de l’audacieux évêque de Byzance, l’Orient tout entier ne tarda pas à se soulever ; en sorte que, par l’autorité de Célestin Ier un concile s’assembla à Éphèse, et Cyrille — l’héritier spirituel à Alexandrie des anciens pharaons — en fut l’âme. L’examen de la tradition catholique sur l’unité de personne dans la dualité de natures dans le Christ fut fait avec soin et se prolongea jusqu’à une heure avancée de la nuit ; quand les Pères, ayant anathématisé Nestorius, décrétèrent que la sainte Vierge était appelée à bon droit « Theotocos », Mère de Dieu, parce qu’en Jésus-Christ la nature humaine a été unie hypostatiquement au Verbe de Dieu, le peuple d’Éphèse, tressaillant de joie, accompagna les Pères à leurs demeures, avec des flambeaux et des encensoirs où brûlaient des arômes précieux.
A Rome, le monument le plus insigne rappelant le triomphe marial du concile d’Éphèse, est la basilique de Sainte-Marie-Majeure, où Sixte III, successeur de Célestin, fit représenter en mosaïque les faits les plus importants de la vie de Jésus-Christ et de la sainte Vierge.
Les Byzantins fêtent saint Cyrille le 18 janvier et le 9 juin. Dans leurs Menées on loue le saint parce qu’il fut digne de tenu-la place du souverain pontife Célestin à la présidence du concile d’Éphèse.
La messe de saint Cyrille est celle de Commun des docteurs, In médio, sauf les collectes propres, où sont mis en relief ses mérites spéciaux pour le triomphe de Marie à Éphèse sur l’hérésie nestorienne. Le rédacteur de ces prières semble toutefois avoir eu une conception trop unilatérale de l’œuvre théologique de Cyrille. L’hérésie nestorienne était surtout christologique, et l’erreur mariale n’en était qu’une conséquence. Saint Cyrille défendit courageusement l’honneur de la Mère et du Fils, il tint avec intrépidité la place du Pape, et par ses fameux anathèmes il devint pour les Orientaux le représentant le plus autorisé de l’orthodoxie contre les Nestoriens. Si grande fut l’autorité dont jouit autrefois Cyrille, que, aujourd’hui encore, les Coptes Monophysites, pervertissant le sens de ses formules sur l’unité de la personne en Jésus-Christ, en appellent précisément à notre saint Docteur pour appuyer leurs erreurs.
Les Grecs ont coutume d’attribuer à saint Cyrille, outre le titre honorifique de Pape d’Alexandrie, l’ornement d’une tiare ; ils disent que saint Célestin lui aurait destiné cet insigne, quand il le délégua pour présider à sa place le concile d’Éphèse.
Les mérites de saint Cyrille valurent à ses successeurs sur le siège patriarcal d’Égypte, le titre dont ils se parent encore aujourd’hui : orbis terrarum iudex.
L’Orient, pays de Jésus, des Apôtres, des grands Docteurs, des Conciles, à l’égal d’un sarment détaché du cep, est, depuis plusieurs siècles, devenu stérile, et il languit à cause du funeste schisme qui le sépare du centre de l’unité catholique. Combien il importe que tous les fidèles entrent dans les sentiments qui inspirèrent à Léon XIII d’instituer la fête des plus célèbres Docteurs orientaux, hâtant par la prière et par l’action le retour de ces très nobles Églises à l’unité catholique, sous le magistère suprême de Pierre, toujours fidèle à sa divine mission de confirmer ses frères.
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique
Saint Cyrille. — Jour de mort : 27 juin 444. Tombeau : inconnu. Image : On le représente en évêque, avec un livre dans la main et une colombe sur l’épaule. Sa vie : Saint Cyrille est un des plus grands docteurs de l’Église grecque, il fut l’instrument choisi de la Providence et le premier défenseur de l’Église contre l’erreur de Nestorius qui niait l’unité de Personne du Christ et, par voie de conséquence, refusait à la Sainte Vierge le titre de Mère de Dieu. Dans le combat contre l’hérésie, il n’a d’égal, dans toute l’histoire de l’Église, qu’Athanase et Augustin. Son plus grand mérite fut l’heureuse conduite du concile général d’Éphèse dont il fut l’âme (il était le représentant du Pape). A ce concile, on prit des décisions dogmatiques de la plus haute importance. On proclama, entre autres, le dogme qui déclare que Marie peut être appelée, au vrai sens du mot, Mère de Dieu (Theotokos). Son plus beau titre de gloire est d’avoir défendu ce dogme. Aussi l’Oraison du jour relève ce fait à son honneur. Ses écrits témoignent d’une telle profondeur et d’une telle clarté d’esprit que les Grecs l’appellent « le sceau des Pères ». Il mourut en 444, après avoir été évêque pendant trente-deux ans. — Il y a à Rome un monument vénérable de l’hommage rendu à Marie au Concile d’Éphèse : la basilique de Sainte-Marie Majeure. Sur l’arc triomphal de l’église les principaux événements de la vie de Jésus et de Marie sont représentés en mosaïque.
2. La messe. C’est la messe des docteurs (In médio), cf. le 14 janvier. Certaines parties de cette messe conviennent tout particulièrement à notre saint, par exemple : l’Épître « Prêche la parole, insiste à temps et à contre temps,… il viendra un temps où ils ne supporteront plus la saine doctrine. » Saint Cyrille connut ce temps. Il eut à soutenir de durs combats contre les hérétiques. Mais par contre, comme sa lumière brille et se voit de loin sur le chandelier de l’Église (Év.) ! Les trois Oraisons sont propres, la Collecte célèbre dans saint Cyrille le « défenseur invincible de la maternité divine de Marie » et demande que, sous la protection de la Mère de Dieu, nous soyons sauvés. La Secrète demande (toujours en faisant discrètement allusion aux combats de Cyrille pour la foi) que « nous recevions dignement Jésus-Christ Notre Seigneur qui partage la gloire éternelle de Dieu. » La Postcommunion demande que « nous puissions servir dignement la Très Sainte Mère de Dieu ».
L’introduction des fêtes des saints de l’Église grecque, sous Léon XIII, avait pour but d’exciter le zèle de la chrétienté pour l’union des Églises.
Saint Cyrille d’Alexandrie, ce vigoureux
« gardien de l’exactitude »
Marzena
Devoud | 26 juin 2019
Docteur de l’Église fêté le 27 juin, brillant
théologien et écrivain, saint Cyrille d’Alexandrie, est étroitement lié à la
grande controverse théologique qui aboutit, en 431, à la définition donnant à
la Vierge Marie le titre de « Mère de Dieu »…
Neveu de Théophile, évêque d’Alexandrie, saint Cyrille
d’Alexandrie appelé « gardien de l’exactitude » est une figure de
l’Église autant vénéré en Orient qu’en Occident. Chasseur énergique d’hérésies,
il devient pour ses contemporains la véritable âme du concile
d’Éphèse en 431. Brillant, c’est en 412 qu’il prend la succession de
son oncle et devient évêque d’Alexandrie alors qu’il est encore jeune. Il
déploie sans tarder beaucoup de zèle contre l’hérésie, n’hésitant pas à fermer
des églises schismatiques.
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Comment
Theotokos est devenu le nom parfait de la Vierge Marie
Quelques années plus tard, Cyrille entre dans un
affrontement théologique vigoureux avec Nestorius, patriarche de
Constantinople. Après avoir nié l’union
de la divinité et de l’humanité dans l’unique personne du Christ, ce
dernier refuse fermement d’appeler Marie « Mère de Dieu ». Pour lui,
elle est au mieux « mère du Christ », c’est à dire mère d’un homme dans lequel
le Verbe s’est incarné. Il n’en faut pas plus pour que Cyrille réagisse
fortement. Demandant l’intervention de Rome, Cyrille ordonne à Nestorius de
condamner par écrit « sa perfide nouveauté ». C’est dans ces
conditions que les deux adversaires se retrouvent au concile d’Éphèse le
jour de la Pentecôte 431.
Manquent cependant à l’appel les amis de Nestorius.
Theotokos, le nom parfait de Marie
Après plusieurs jours d’attente, Cyrille décide
brusquement de commencer le concile sans plus attendre. Nestorius proteste,
mais le patriarche d’Alexandrie passe outre. Au cœur du débat deux documents :
la lettre de Cyrille et la réponse à celle-ci de Nestorius. La première est
jugée conforme à la foi. Elle contient la reconnaissance de Marie comme Mère de
Dieu, Cyrille soulignant que c’est bien l’unique Logos qui est né. Il
affirme que le Fils de Dieu est né selon la chair, engendré par la Vierge Marie
: « Ce n’est pas un homme ordinaire que Marie a enfanté, c’est le Fils de
Dieu fait homme ; elle est donc bien mère du Seigneur et mère de Dieu » y
affirme sans détours le patriarche d’Alexandrie.
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8 plus anciennes représentations de la Vierge Marie
Saint Cyrille trouve très d’ailleurs très surprenant
qu’il y ait des gens pour se demander vraiment si Marie doit être appelée Mère
de Dieu. « Car si notre Seigneur Jésus est Dieu, comment la Vierge qui
l’a porté et mis au monde ne serait-elle pas la Mère de Dieu ? Faut-il appeler
Marie Theotokos ? Sans aucun doute, puisqu’elle a conçu et enfanté le
Dieu Verbe fait homme. Telle est la foi que nous ont transmise les Saints
Apôtres, même s’ils n’ont pas employé cette expression. Ce mot est
traditionnel, tous les Pères orthodoxes d’Orient et d’Occident l’ont accepté »,
souligne-t-il encore dans sa Lettre aux moines d’Égypte (PG 77, 16). L’Église
le comprendra. C’est à partir du concile d’Éphèse que le culte marial prend son
véritable essor en rehaussant ainsi tout particulièrement la dignité de la
femme.
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parler de tout à la Vierge Marie ?
Et la précision théologique de ce « gardien de
l’exactitude » mort en 444 laissant une œuvre théologique et littéraire
impressionnante a été réaffirmée par le pape Jean Paul II dans sa Lettre
encyclique Redemptoris Mater. On peut y lire que l’affirmation de
la maternité divine « est pour l’Église comme un sceau authentifiant le
dogme de l’incarnation selon lequel le Verbe assume véritablement dans l’unité
de sa personne la nature humaine sans l’abolir. »
SOURCE : https://fr.aleteia.org/2019/06/26/saint-cyrille-dalexandrie-vigoureux-gardien-de-lexactitude/?utm_campaign=NL_fr&utm_source=daily_newsletter&utm_medium=mail&utm_content=NL_fr
Tempera à l'oeuf sur bois (1654) de Tzanes (1610 -
1690),
peintre d'icônes crétois émigré pour fuir la menace
turque.
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