BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 14 mars 2007
Saint Ignace d'Antioche
Chers frères et sœurs!
Comme nous l'avons déjà fait mercredi, nous parlons des personnalités de l'Eglise naissante. La semaine dernière, nous avons parlé du Pape Clément I, troisième Successeur de saint Pierre. Aujourd'hui, nous parlons de saint Ignace, qui a été le troisième Evêque d'Antioche, de 70 à 107, date de son martyre. A cette époque, Rome, Alexandrie et Antioche étaient les trois grandes métropoles de l'empire romain. Le Concile de Nicée parle de trois "primats": celui de Rome, mais Alexandrie et Antioche également participent, d'une certaine manière, à un "primat". Saint Ignace était Evêque d'Antioche, qui se trouve aujourd'hui en Turquie. Là, à Antioche, comme nous l'apprenons des Actes des Apôtres, se développa une communauté chrétienne florissante: le premier Evêque fut l'apôtre Pierre - c'est ce que nous rapporte la tradition - et là, "pour la première fois, les disciples reçurent le nom de chrétiens" (Ac 11, 26). Eusèbe de Césarée, un historien du IV siècle, consacre un chapitre entier de son Histoire ecclésiastique à la vie et à l'œuvre littéraire d'Ignace (3, 36). "De Syrie", écrit-il, "Ignace fut envoyé à Rome pour être livré en pâture aux bêtes sauvages, à cause du témoignage qu'il avait rendu du Christ. En accomplissant son voyage à travers l'Asie, sous la surveillance sévère des gardes" (qu'il appelle les "dix léopards" dans sa Lettre aux Romains, 5, 1), "dans toutes les villes où il s'arrêtait, à travers des prédications et des avertissements, il renforçait les Eglises; et surtout, il exhortait, avec la plus grande vigueur, à se garder des hérésies, qui commençaient alors à se multiplier, et recommandait de ne pas se détacher de la tradition apostolique". La première étape du voyage d'Ignace vers le martyre fut la ville de Smyrne, où était Evêque saint Polycarpe, disciple de saint Jean. Ici, Ignace écrivit quatre lettres, respectivement aux Eglises d'Ephèse, de Magnésie, de Tralles et de Rome. "Parti de Smyrne", poursuit Eusèbe "Ignace arriva à Troade, et de là, envoya de nouvelles lettres": deux aux Eglises de Philadelphie et de Smyrne, et une à l'Evêque Polycarpe. Eusèbe complète ainsi la liste des lettres, qui nous sont parvenues de l'Eglise du premier siècle comme un trésor précieux. En lisant ces textes, on sent la fraîcheur de la foi de la génération qui avait encore connu les Apôtres. On perçoit également dans ces lettres l'amour ardent d'un saint. Enfin, de Troade, le martyr arriva à Rome où, dans l'amphithéâtre Flavien, il fut livré aux bêtes féroces.
Aucun Père de l'Eglise n'a exprimé avec autant d'intensité qu'Ignace l'ardent désir d'union avec le Christ et de vie en Lui. C'est pourquoi nous avons lu le passage de l'Evangile sur la vigne qui, selon l'Evangile de Jean, est Jésus. En réalité, en Ignace confluent deux "courants" spirituels: celui de Paul, entièrement tendu vers l'union avec le Christ, et celui de Jean, concentré sur la vie en Lui. A leur tour, ces deux courants débouchent sur l'imitation du Christ, proclamé plusieurs fois par Ignace comme "mon" ou "notre Dieu". Ainsi, Ignace supplie les chrétiens de Rome de ne pas empêcher son martyre, car il est impatient d'être "uni au Christ". Et il explique: "Il est beau pour moi de mourir en allant vers (eis) Jésus Christ, plutôt que de régner jusqu'aux confins de la terre. Je le cherche lui, qui est mort pour moi, je le veux lui, qui est ressuscité pour moi... Laissez-moi imiter la Passion de mon Dieu!" (Romains 5, 6). On peut saisir dans ces expressions ardentes d'amour le "réalisme" christologique prononcé, typique de l'Eglise d'Antioche, plus que jamais attentive à l'incarnation du Fils de Dieu et à son humanité véritable et concrète: Jésus Christ, écrit Ignace aux Smyrniotes, "est réellement de la souche de David", "il est réellement né d'une vierge", "il fut réellement cloué pour nous" (1, 1).
L'irrésistible aspiration d'Ignace vers l'union au Christ donne naissance à une véritable "mystique de l'unité". Lui-même se définit comme "un homme auquel est confié le devoir de l'unité" (Philadelphiens, 8, 1). Pour Ignace, l'unité est avant tout une prérogative de Dieu qui, existant dans trois personnes, est Un dans l'unité absolue. Il répète souvent que Dieu est unité, et que ce n'est qu'en Dieu que celle-ci se trouve à l'état pur et originel. L'unité à réaliser sur cette terre de la part des chrétiens n'est qu'une imitation, la plus conforme possible à l'archétype divin. De cette façon, Ignace arrive à élaborer une vision de l'Eglise qui rappelle de près certaines des expressions de la Lettre aux Corinthiens de Clément l'Evêque de Rome. "Il est bon pour vous", écrit-il par exemple aux chrétiens d'Ephèse, "de procéder ensemble en accord avec la pensée de l'Evêque, chose que vous faites déjà. En effet, votre collège des prêtres, à juste titre célèbre, digne de Dieu, est si harmonieusement uni à l'Evêque comme les cordes à la cithare. C'est pourquoi Jésus Christ est chanté dans votre concorde et dans votre amour symphonique. Et ainsi, un par un, vous devenez un chœur, afin que dans la symphonie de la concorde, après avoir pris le ton de Dieu dans l'unité, vous chantiez d'une seule voix" (4, 1-2). Et après avoir recommandé aux Smyrniotes de ne "rien entreprendre qui concerne l'Eglise sans l'évêque" (8, 1), confie à Polycarpe: "J'offre ma vie pour ceux qui sont soumis à l'Evêque, aux prêtres et aux diacres. Puissé-je avec eux être uni à Dieu. Travaillez ensemble les uns pour les autres, luttez ensemble, courez ensemble, souffrez ensemble, dormez et veillez ensemble comme administrateurs de Dieu, ses assesseurs et ses serviteurs. Cherchez à plaire à Celui pour lequel vous militez et dont vous recevez la récompense. Qu'aucun de nous ne soit jamais surpris déserteur. Que votre baptême demeure comme un bouclier, la foi comme un casque, la charité comme une lance, la patience comme une armure" (6, 1-2).
D'une manière générale, on peut percevoir dans les Lettres d'Ignace une sorte de dialectique constante et féconde entre les deux aspects caractéristiques de la vie chrétienne: d'une part, la structure hiérarchique de la communauté ecclésiale, et de l'autre, l'unité fondamentale qui lie entre eux les fidèles dans le Christ. Par conséquent, les rôles ne peuvent pas s'opposer. Au contraire, l'insistance sur la communauté des croyants entre eux et avec leurs pasteurs est continuellement reformulée à travers des images et des analogies éloquentes: la cithare, la corde, l'intonation, le concert, la symphonie. La responsabilité particulière des Evêques, des prêtres et des diacres dans l'édification de la communauté est évidente. C'est d'abord pour eux que vaut l'invitation à l'amour et à l'unité. "Ne soyez qu'un", écrit Ignace aux Magnésiens, en reprenant la prière de Jésus lors de la Dernière Cène: "Une seule supplique, un seul esprit, une seule espérance dans l'amour; accourez tous à Jésus Christ comme à l'unique temple de Dieu, comme à l'unique autel; il est un, et procédant du Père unique, il est demeuré uni à Lui, et il est retourné à Lui dans l'unité" (7, 1-2). Ignace, le premier dans la littérature chrétienne, attribue à l'Eglise l'adjectif de "catholique", c'est-à-dire "universelle": "Là où est Jésus Christ", affirme-t-il, "là est l'Eglise catholique" (Smyrn. 8, 2). Et c'est précisément dans le service d'unité à l'Eglise catholique que la communauté chrétienne de Rome exerce une sorte de primat dans l'amour: "A Rome, celle-ci préside, digne de Dieu, vénérable, digne d'être appelée bienheureuse... Elle préside à la charité, qui reçoit du Christ la loi et porte le nom du Père" (Romains, prologue).
Comme on le voit, Ignace est véritablement le "docteur de l'unité": unité de Dieu et unité du Christ (au mépris des diverses hérésies qui commençaient à circuler et divisaient l'homme et Dieu dans le Christ), unité de l'Eglise, unité des fidèles "dans la foi et dans la charité, par rapport auxquelles il n'y a rien de plus excellent" (Smyrn. 6, 1). En définitive, le "réalisme" d'Ignace invite les fidèles d'hier et d'aujourd'hui, il nous invite tous à une synthèse progressive entre la configuration au Christ (union avec lui, vie en lui) et le dévouement à son Eglise (unité avec l'Evêque, service généreux de la communauté et du monde). Bref, il faut parvenir à une synthèse entre communion de l'Eglise à l'intérieur d'elle-même et mission proclamation de l'Evangile pour les autres, jusqu'à ce que, à travers une dimension, l'autre parle, et que les croyants soient toujours davantage "dans la possession de l'esprit indivis, qui est Jésus Christ lui-même" (Magn. 15). En implorant du Seigneur cette "grâce de l'unité", et dans la conviction de présider à la charité de toute l'Eglise (cf. Romains, prologue), je vous adresse le même souhait que celui qui conclut la lettre d'Ignace aux chrétiens de Tralles: "Aimez-vous l'un l'autre avec un cœur non divisé. Mon esprit s'offre en sacrifice pour vous, non seulement à présent, mais également lorsqu'il aura rejoint Dieu... Dans le Christ, puissiez-vous être trouvés sans tache" (13). Et nous prions afin que le Seigneur nous aide à atteindre cette unité et à être enfin trouvés sans tache, car c'est l'amour qui purifie les âmes.
* * *
Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les jeunes, les Petites Sœurs de Jésus en session de renouveau et les membres de l’Association internationale des Charités contre les pauvretés. Je vous invite à trouver dans l’unité entre vous le dynamisme et la force pour témoigner de l’amour du Christ. Avec ma Bénédiction apostolique.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana
Saint Ignace d'Antioche
Evêque, martyr, Père de l'Église (✝ 115)
Antioche connaissait une communauté chrétienne
importante et très dynamique. N'est-ce pas là que, pour la première fois, les
disciples de Jésus furent appelés chrétiens? A la fin du 1er siècle, leur
évêque s'appelle Ignace. Le gouverneur Pline le Jeune arrête les plus
déterminés et saint Ignace est l'un d'eux. Arrêté, il est condamné à être
dévoré par les fauves durant les fêtes romaines. Nous avons les lettres
qu'il écrivit aux diverses communautés chrétiennes durant le voyage qui le
conduisit à Rome. Elles sont poignantes dans leur confession d'une foi
inébranlable, pour la joie qu'elles expriment et pour l'imitation de
Jésus-Christ qu'elles proposent à tout chrétien. «ll n'y a plus en moi de feu
pour aimer la matière, mais une eau vive qui murmure et dit en moi: 'Viens vers
le Père'.»
A lire: l'audience du pape Benoît XVI, le 14 mars 2007, consacrée à saint
Ignace d'Antioche.
On le fête en Orient le 20 décembre.
Mémoire de saint Ignace, évêque et martyr. Disciple de l'Apôtre saint Jean,
il dirigea l'Église d'Antioche, le second après saint Pierre et,
condamné aux bêtes sous l'empereur Trajan, il fut conduit à Rome en 107. En
cours de route, alors qu'il subissait la férocité de ses gardiens, tels des
léopards, il écrivit sept lettres, à diverses Églises, pour exhorter les frères
à servir Dieu dans l'unité avec leur évêque et à ne pas l'empêcher d'être
immolé en victime pour le Christ.
Martyrologe romain
Que je devienne donc la pâture des bêtes. C'est par
elles qu'il me sera donné d'aller jusqu'à Dieu. Je suis le froment de Dieu. Que
je sois donc moulu par les dents des bêtes pour devenir le pain immaculé du
Christ.
Saint Ignace - Lettre aux Romains
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/2032/Saint-Ignace-d-Antioche.html
Saint Ignace d'Antioche
Patriarche d'Antioche, Martyr
Certains auteurs assurent qu'Ignace fut ce petit enfant que Notre-Seigneur plaça au milieu des Apôtres lorsque, pour leur donner une leçon d'humilité, Il leur dit: Si vous ne devenez semblables à de petits enfants, vous n'entrerez jamais dans le royaume des Cieux. Ce qui est certain, c'est qu'il était un familier des premiers disciples du Sauveur, disciple lui-même de saint Jean, l'Apôtre bien-aimé.
Ignace fut un grand évêque, un homme d'une rare sainteté; mais sa gloire est surtout son martyre. Conduit devant l'empereur Trajan, il subit un long interrogatoire:
"C'est donc toi, vilain démon, qui insultes nos dieux?
-- Nul autre que vous n'a jamais appelé Théophore un mauvais démon.
-- Qu'entends-tu par ce mot Théophore?
-- Celui qui porte Jésus-Christ dans son coeur.
-- Crois-tu donc que nous ne portons pas nos dieux dans notre coeur?
-- Vos dieux! Ce ne sont que des démons; il n'y a qu'un Dieu Créateur, un Jésus-Christ, Fils de Dieu, dont le règne est éternel.
-- Sacrifie aux dieux, je te ferai pontife de Jupiter et père du Sénat.
-- Tes honneurs ne sont rien pour un prêtre du Christ."
Trajan, irrité, le fait conduire en prison. "Quel honneur pour moi, Seigneur, s'écrie le martyr, d'être mis dans les fers pour l'amour de Vous!" et il présente ses mains aux chaînes en les baisant à genoux.
L'interrogatoire du lendemain se termina par ces belles paroles d'Ignace: "Je ne sacrifierai point; je ne crains ni les tourments, ni la mort, parce que j'ai hâte d'aller à Dieu."
Condamné aux bêtes, il fut conduit d'Antioche à Rome par Smyrne, Troade, Ostie. Son passage fut partout un triomphe; il fit couler partout des larmes de douleur et d'admiration:
"Je vais à la mort avec joie, pouvait-il dire. Laissez-moi servir de pâture aux lions et aux ours. Je suis le froment de Dieu; il faut que je sois moulu sous leurs dents pour devenir un pain digne de Jésus-Christ. Rien ne me touche, tout m'est indifférent, hors l'espérance de posséder mon Dieu. Que le feu me réduise en cendres, que j'expire sur le gibet d'une mort infâme; que sous la dent des tigres furieux et des lions affamés tout mon corps soit broyé; que les démons se réunissent pour épuiser sur moi leur rage: je souffrirai tout avec joie, pourvu que je jouisse de Jésus-Christ." Quel langage et quel amour!
Saint Ignace, dévoré par un lion, répéta le nom de Jésus jusqu'au dernier soupir. Il ne resta de son corps que quelques os qui furent transportés à Antioche.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950
Alfonso Boschi (attr.), Sant'Ignazio di Antiochia
sbranato dal leone, Basilica di San Lorenzo, Firenze
C’est à ses actes qu’on reconnaît le chrétien
La foi et la charité sont le commencement et la fin de
la vie : le commencement, c’est la foi, et la fin, la charité. Les deux
réunies, c’est Dieu, et tout le reste qui conduit à la perfection de l’homme ne
fait que suivre. Nul, s’il professe la foi, ne pèche ; nul, s’il possède
la charité, ne hait.
« C’est à son fruit qu’on reconnaît
l’arbre » (Mt 12, 33) : ainsi ceux qui font profession d’être du
Christ se feront reconnaître à leurs œuvres. Car maintenant, l’œuvre qui nous
est demandée n’est pas simple profession de foi, mais d’être trouvés jusqu’à la
fin dans la force de la foi.
Mieux vaut se taire et être que parler sans être.
Il est bon d’enseigner, si celui qui parle agit. Il n’y a donc
qu’« un seul Maître » (Mt 23, 8), celui qui a dit et tout a
été fait (Ps 32, 9), et les choses qu’il a faites dans le silence sont
dignes de son Père. Celui qui possède en vérité la parole de Jésus peut
entendre même son silence, afin d’être parfait, afin d’agir par sa parole et de
se faire connaître par son silence. Rien n’est caché au Seigneur, mais nos secrets
mêmes sont près de lui. Faisons donc tout dans la pensée qu’il habite en nous,
afin que nous soyons ses temples et que lui soit en nous notre Dieu.
St Ignace d’Antioche
Saint Ignace (iie siècle), évêque d’Antioche, écrivit
plusieurs lettres, avant de subir, selon toute vraisemblance, le martyre. / Lettre aux Éphésiens, 14-15, trad. T.
Camelot, Paris, Cerf, 1969, Sources Chrétiennes 10, p. 71-73.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/mercredi-23-juin/meditation-de-ce-jour-1/
17 octobre
Saint Ignace d'Antioche
Historique
Vers l’an 34, des chrétiens de Jérusalem, fuyant la
persécution, entraient à Antioche, capitale de la province romaine de Syrie et
troisième ville de l'Empire, après Rome et Alexandrie, par une belle route,
pavée de pierres et sur quatre kilomètres bordée de colonnes, construite par le
roi Hérode. « Quelques-uns d'entre eux, citoyens de Chypre et de Cyrène,
arrivés à Antioche, commencèrent à parler aussi aux Grecs, prêchant la Bonne
Nouvelle du Seigneur Jésus. Et la main du Seigneur était avec eux, et ainsi une
grande multitude crut et se convertit au Seigneur. La nouvelle parvint aux
oreilles de l'Eglise de Jérusalem, laquelle envoya Barnabé à Antioche.[1] » On était en l'an 37 : « Quand
il arriva et vit la grâce du Seigneur, il se réjouit.[2] » Barnabé, un homme fort et cordial,
après avoir exhorté les chrétiens « à persévérer d'un cœur résolu dans le
Seigneur », était allé à Tarse pour rejoindre Paul qui l'emmena à Antioche où
« ils restèrent ensemble une année entière et enseignèrent de grandes
foules. A Antioche, disent encore les Actes des Apôtres, pour la
première fois les disciples furent appelés chrétiens. » La nouvelle
communauté devint presque plus grande et plus importante que celle de Jérusalem
qu’elle aidera dix ans plus tard, après quoi, Pierre lui-même en prit la tête
qu’il laissa à Hévodius, à qui, vers 70 succéda Ignace.
Lorsqu'il fut élu évêque, Ignace n'avait probablement
pas plus de trente ans, et, outre Antioche, il était également responsable de
l'Eglise de Syrie et de Cilicie. Sans doute natif d'Antioche, Ignace est
peut-être le fils de deux des premiers convertis, à moins que, né dans une
famille païenne il se soit converti très jeune au contact des chrétiens de
la métropole. En tous cas, il habitait dans cette ville régulièrement
fréquentée par Pierre, Paul et d'autres Apôtres et qu'assurément il les connut.
Après avoir gouverné pendant au moins trois décennies,
l’Eglise d’Antioche, il fut arrêté dans des circonstances étranges, puisque
après la mort de Domitien[3], l'Eglise bénéficiait d’une courte période
de paix. C’est à cette époque que, de Bithynie, sur la Mer noire, Pline le
Jeune[4], gouverneur entre 111 et 113, écrivit à
Trajan une lettre qui est le plus ancien document officiel connu sur les
rapports entre les chrétiens et l'Empire romain ; Pline demandait comment
il fallait se comporter avec les chrétiens, et il rapportait avoir interrogé
deux femmes chrétiennes et les avoir soumises à la torture : « Je
n'ai rien trouvé d'autre, écrit-il, qu'une superstition méchante et
effrénée. » Trajan répondit qu'il ne fallait pas pourchasser les chrétiens
(conquirendi non sunt), mais qu'en cas de dénonciation privée, non anonyme, ils
devaient être condamnés. Ignace fut précisément l’objet d'une dénonciation qui
émanait de citoyens poussés par la haine. Il fut donc arrêté et, ayant avoué
être chrétien, il fut enchaîné et envoyé à Rome, sous la garde d'une féroce
escorte militaire, pour y subir l'exécution capitale.
Le voyage, par mer et par terre, fut pour lui et ses
compagnons une Via Crucis : « Je lutte contre des animaux féroces,
je suis enchaîné à dix léopards, un groupe de soldats qui deviennent de plus en
plus méchants même s'ils reçoivent des bénéfices. En somme, je suis instruit au
mieux sous leurs injustices.[5] » Mais, malgré eux, cela devint chemin
faisant un extraordinaire voyage apostolique, qui confirma dans la foi toutes
les communautés chrétiennes du bassin méditerranéen. Le bateau sur lequel
Ignace était enchaîné fit une longue escale à Smyrne où les chrétiens, guidés
par saint Polycarpe[6], accueillirent des fidèles de toutes les
communautés environnantes (Ephèse, Magnésie, Tralle) qui voulaient rencontrer
Ignace, lui dire leur affection, l'écouter. Ignace leur écrivit et leur remit
trois lettres de remerciement pour leurs communautés. Il écrira aussi aux
frères de Rome, où l'attendait le martyre. Après Smyrne, le bateau fait escale
à Troade d’où il écrivit aux communautés de Philadelphie et de Smyrne, et aussi
à Polycarpe.
Ces lettres constituent l'un des plus anciens
témoignages sur la vie des premiers chrétiens. « Vous êtes tous des
compagnons de route (...) qui avez Jésus-Christ parmi vous. (...) Avec vous je
suis dans l'allégresse. Priez sans cesse pour les autres hommes. Car il y a
pour eux l'espoir du repentir. (...) Soyez leurs frères (...) demeurez en
Jésus-Christ dans la chair et dans l'esprit. Où est le sage ? Où est le
débatteur ? Car notre Dieu, Jésus-Christ, a été porté dans le sein de
Marie, selon l'économie divine, est né de la race de David et du Saint-Esprit
(...) Tous les astres étaient troublés, se demandant d'où venait pareille
nouveauté, si différente d'eux. Alors toute magie fut détruite, tout lien de
malice aboli, l'ignorance fut dissipée, l'ancien pouvoir ruiné, quand Dieu
apparut sous forme humaine pour une nouveauté de vie éternelle : ce qui avait
été décrété par Dieu commençait à se réaliser. Ainsi tout était troublé, parce
que la destruction de la mort se préparait.[7] »
Evêque de la première métropole païenne touchée par le
christianisme, Ignace exhorte sans se lasser les chrétiens à fuir les hérésies
qui, déjà à cette époque, menaçait les communautés : « Il faut les
éviter, comme des bêtes sauvages. Ce sont des chiens enragés qui mordent
furtivement. Vous devez vous en garder, car leurs morsures sont difficiles à
guérir. Il n'y a qu'un seul médecin, charnel et spirituel, engendré et non
créé, venu dans la chair, vie véritable dans la mort, né de Marie et né de
Dieu, d'abord susceptible de souffrir et maintenant impassible, Jésus-Christ
notre Seigneur.[8] » « Soyez donc sourds quand on
vous parle d'autre chose que de Jésus-Christ, de la lignée de David, né de
Marie, qui est vraiment né, qui a mangé et qui a bu, qui a vraiment été
persécuté sous Ponce Pilate, qui a vraiment été crucifié, et qui est mort,
devant le ciel, la terre et les enfers, et puis qui est vraiment ressuscité
d'entre les morts. (...) Car si, comme le soutiennent certains athées, à
savoir des infidèles, il n'a souffert qu'en apparence - alors eux-mêmes
n'existent qu'en apparence, et moi, pourquoi suis-je ici enchaîné ?
Pourquoi donc désirer combattre contre les bêtes sauvages ? C'est donc
pour rien que je me livre à la mort. (...) Fuyez donc ces mauvaises plantes
parasites : elles donnent un fruit qui tue.[9] »
La plus bouleversante de ses lettres est assurément
celle qu’il écrivit de Smyrne à la communauté de Rome ; il y souligne que
l'Eglise de Rome préside à la pureté de la foi et de la
charité ; Comme c'était aussi une Eglise capable de trouver des appuis jusque dans
la maison de César (à vous il est facile de faire ce que vous voulez),
Ignace l’implorait de ne rien faire pour lui, parce qu'il désirait offrir sa
vie : « Je suis pour vous un rachat ; il ne lui demandait qu’une
seule : Priez pour que je sois un vrai chrétien, car le
christianisme n'est pas une affaire d'éloquence humaine, mais une œuvre de
puissance, quand il est haï par le monde. »
Ignace est enthousiaste de pouvoir mener cette ultime
bataille pour Jésus-Christ. Mais, avec beaucoup d'humanité, il avoue aussi sa
faiblesse devant ce qui l'attend : « Priez pour moi, pour que je
surmonte l'épreuve car je suis encore en danger. » Arrivé à Rome dans les
chaînes, Ignace ne manqua pas l'épreuve : conduit dans le cirque, il fut
déchiré par les bêtes féroces.
[1] Actes
des Apôtres XI 20-22.
[2] Actes
des Apôtres XI 23.
[3] Domitien,
second fils de Vespasien, succéda à son frère Titus et fut empereur de 81 à 96.
Après l’assassinat de Domitien qui appartenait à la dynastie des Flaviens,
règne Nerva (de 96 à 98) qui commence le règne de la dynastie des Antonins
(Trajan, de 98 à 117 ; Hadrien, de 117 à 138 ; Antonin le Pieux de
138 à 161 ; Marc Aurèle, de 161 à 180 ; Commode de 180 à 192).
[4] Fils
adoptif de Pline l’Ancien (23-79), Pline le Jeune (61-114),
avocat célèbre et grand orateur, fut consul en 100, puis légat de l’Empereur en
Bithynie (111-112).
[5] Epître
d’Ignace d’Antioche aux Romains.
[6] En
la personne de l'évêque Polycarpe, c'était le dernier témoin de l'âge
apostolique qui, le 23 février 155, montait sur le bûcher au milieu du théâtre
de Smyrne, en présence de tout le peuple. Polycarpe a ait été le disciple de
Jean. Il avait vu de ses yeux et entendu de ses oreilles celui dont les mains
avaient touché le Verbe de vie, et il avait recueilli du disciple que Jésus
aimait le commandement de l'amour fraternel. Aussi retrouvons-nous quelque
chose de la sérénité et de la tendresse propres aux écrits de Jean dans le
récit que les chrétiens de Smyrne ont laissé de la mort de leur évêque. Comme
le proconsul pressait Polycarpe de renier le Christ, celui-ci répondit :
« Voilà quatre-vingt-six ans que je le sers et jamais il ne m'a fait aucun
mal. Pourquoi donc blasphémerais-je mon Roi et mon Sauveur ? » Lié au
poteau du bûcher, il priait ainsi : « Dieu de toute la création, je
te bénis pour m'avoir jugé digne de ce jour et de cette heure, digne d'être
compté au nombre de tes martyrs et de participer au calice de ton Christ, pour
ressusciter à la vie éternelle de l'âme et du corps dans l'incorruptibilité de
l'Esprit Saint » (voir au 23 février).
[7] Epître
d’Ignace d’Antioche aux Ephésiens.
[8] Epître
d’Ignace d’Antioche aux Ephésiens.
[9] Epître
d’Ignace d’Antioche aux chrétiens de Tralle.
Epître de saint Ignace d’Antioche aux
Romains
Ignace, appelé aussi Théophore, à l'Église, objet de
la miséricorde et de la munificence du Père très haut et de Jésus-Christ, son
Fils unique ; à cette Eglise aimée de Dieu et illuminée par la volonté de
celui qui a voulu tout ce qui existe, en vertu de la charité de Jésus-Christ,
notre Dieu ; à l'Église qui préside dans la capitale des Romains, sainte,
vénérable, bienheureuse, digne d'éloges et de succès, à l'Église toute pure qui
préside à la charité et qui a reçu la loi du Christ et le nom du Père :
salut, au nom de Jésus-Christ, Fils du Père, aux fidèles attachés de corps et
d’âme à tous ses commandements, remplis pour toujours de la grâce de Dieu, et
pure de tout élément étranger, je souhaite une pleine et sainte allégresse en
Jésus-Christ, notre Dieu.
1. A force de prières, j'ai obtenu de voir vos saints
visages ; J'ai même reçu de Dieu plus que je ne demandais : car c'est
en qualité de prisonnier du Christ Jésus que j'espère vous saluer, si toutefois
Dieu daigne me faire la grâce d'aller jusqu'au bout. L'affaire est bien
engagée : puissé-je, avec la grâce de Dieu, entrer sans obstacle en
possession du lot qui m'est échu ! Je crains que votre charité ne me soit
dommageable. Car il vous est facile, à vous, de faire ce que vous voulez, mais
il me sera difficile, à moi, d'arriver à Dieu, si vous n'avez pas pitié de moi.
2. Ce n'est pas la faveur des hommes que je veux vous
voir rechercher, mais celle de Dieu, qui d'ailleurs vous est acquise. Jamais je
ne retrouverai une pareille occasion d'aller à Dieu, et vous, vous ne sauriez
attacher votre nom à une meilleure œuvre qu'en vous tenant tranquilles. Votre
silence à mon sujet fera de moi une parole de Dieu ; mais si vous
aimez trop ma chair, je ne serai plus qu'une voix ordinaire. Je ne vous demande
qu'une chose : c'est de laisser offrir à Dieu la libation de mon sang,
tandis que l'autel est encore prêt : alors, réunis tous en chœur par la
charité, vous pourrez chanter dans le Christ Jésus, une hymne à Dieu le Père,
pour avoir daigné faire venir l'évêque de Syrie du levant au couchant. Il est
bon, en effet, de me coucher du monde en Dieu, pour me lever en lui.
3. Vous n'avez jamais porté envie à personne, vous
avez donné à d'autres les enseignements : eh bien ! ce que je veux,
c'est précisément la mise en pratique de vos leçons et de vos préceptes.
Contentez-vous de demander pour moi la force intérieure et extérieure, pour que
je sois chrétien, non seulement de bouche, mais de cœur, non seulement de non,
mais de fait. Car si je me montre chrétien de fait, je mériterai aussi ce nom,
et c'est quand j'aurai disparu de ce monde que ma foi apparaîtra avec le plus
d’éclat. Rien de ce qui se voit n'est bon : même notre Dieu, Jésus-Christ,
ne s'est jamais mieux manifesté que depuis qu'il est retourné au sein de son
Père. Le christianisme, quand il est en butte à la haine du monde, n'est plus
objet de persuasion humaine, mais œuvre de puissance divine.
4. J'écris à toutes les églises : je mande à tous
que je mourrai de grand cœur pour Dieu, si vous ne m'en empêchez. Je vous en
conjure, épargnez-moi une bienveillance intempestive. Laissez-moi devenir la
pâture des bêtes : c'est par elles qu'il me sera donné d'arriver à Dieu.
Je suis le froment de Dieu, et je suis moulu par la dent des bêtes, pour
devenir le pain immaculé du Christ. Caressez-les plutôt, afin qu'elles soient
mon tombeau, et qu'elles ne laissent rien subsister de mon corps . Les
funérailles ne seront ainsi à charge à personne. C'est quand le monde ne verra
même plus mon corps, que je serai un véritable disciple de Jésus-Christ. Priez
le Christ de daigner faire de moi, par la dent des fauves, une victime pour
Dieu. Je ne vous donne pas des ordres, comme Pierre et Paul : ils étaient
des Apôtres, et moi je ne suis qu'un condamné, ils étaient libres, et moi, jusqu'à
présent, je suis esclave ; mais la mort fera de moi un affranchi de
Jésus-Christ en qui je ressusciterai libre. Pour le moment j'apprends dans les
fers à ne rien désirer.
5. Depuis la Syrie jusqu'à Rome, sur terre et sur mer,
de nuit et de jour, je combats déjà entre les bêtes, enchaîné que je suis à dix
léopards : je veux parler des soldats qui me gardent, et qui se montrent
d'autant plus méchants qu'on leur fait plus de bien. Leurs mauvais traitements
sont pour moi une école à laquelle je me forme tous les jours ;
« mais je ne suis pas pour cela justifié. » Quand donc serai-je en
face des bêtes qui m’attendent ! Puissent-elles se jeter aussitôt sur
moi ! Au besoin je les flatterai, pour qu'elles me dévorent sur le champ,
et qu'elles ne fassent pas comme pour certains, qu’elles ont craint de toucher.
Que si elles y mettent du mauvais vouloir, je les forcerai. De grâce,
laissez-moi faire : je sais, moi, ce qui m'est préférable. C'est
maintenant que je commence à être un vrai disciple. Qu'aucune créature, visible
ou invisible, ne cherche à me ravir la possession de Jésus-Christ ! Feu,
croix, corps à corps avec les bêtes féroces, lacération, écartèlement,
dislocation des os, mutilation des membres, broiement du corps entier :
que les plus cruels supplices du diable tombent sur moi, pourvu que je possède
enfin Jésus-Christ !
6. Que me servirait la possession du monde
entier ? Qu’ai-je à faire des royaumes d'ici-bas ? Il m'est bien plus
glorieux de mourir pour le Christ Jésus, que de régner jusqu'aux extrémités de la
terre. C"est lui que je cherche, ce Jésus qui est mort pour nous !
c'est lui que je veux, lui qui est ressuscité à cause de nous ! Voici le
moment où je vais être enfanté. De grâce, frères, épargnez-moi : ne
m’empêchez pas de naître à la vie, ne cherchez pas ma mort. C'est à Dieu que je
veux appartenir : ne me livrez pas au monde ni aux séductions de la
matière. Laissez-moi arriver à la pure lumière : c'est alors que je serai
vraiment homme. Permettez-moi d'imiter la passion de mon Dieu. Si quelqu'un possède
ce Dieu dans son cœur, que celui-là comprenne mes désirs, et qu'il compatisse,
puisqu'il la connaît, à l'angoisse qui me serre.
7. Le prince de ce monde veut m'arracher à Dieu et
altérer les sentiments que j'ai pour lui. Spectateurs de la lutte, qu'aucun de
vous n'aille prêter main-forte au démon ! Prenez plutôt parti pour moi,
c'est-à-dire pour Dieu. N'ayez pas Jésus-Christ dans la bouche, et le monde
dans le cœur. Loin de vous l'envie ! Si, quand je serai parmi vous, il
m'arrive de vous supplier, ne m'écoutez pas ; faites plutôt ce que je vous
écris aujourd'hui : car c'est en pleine vie que je vous exprime mon ardent
désir de la mort. Mes passions terrestres ont été crucifiées, et il n'existe
plus en moi de feu pour la matière ; il n'y a qu'une « eau vive », qui
murmure au-dedans de moi et me dit : « Viens vers le Père! » Je ne
prends p1us de plaisir à la nourriture corruptible ni aux joies de cette
vie : ce que je veux, c'est « le pain le Dieu », ce pain qui est la chair
de Jésus-Christ, « le fils de David »; et pour breuvage je veux son sang, qui
est l'amour incorruptible.
8. Je ne veux plus vivre de cette vie terrestre. Or,
la réalisation de mon vœu dépend de votre bonne volonté : montrez-en donc
à mon égard, afin d'en trouver vous-mêmes à votre tour. Ces quelques mots vous
transmettront ma prière : croyez à mes paroles. Jésus-Christ fera éclater
à vos yeux la sincérité de mon cœur, lui, la bouche infaillible par laquelle le
Père a vraiment parlé. Priez pour que je réussisse. Ce n'est pas la chair qui
m’a dicté cette lettre, c'est l'esprit de Dieu. Mon martyre sera la preuve de
votre bienveillance, et le refus de m'y admettre l'effet de votre haine.
9. Dans vos prières, souvenez-vous de l'Eglise de
Syrie, qui, depuis mon départ, n’a plus que Dieu pour pasteur[10]. Elle n'aura d'autre évêque que
Jésus-Christ et votre charité. Je rougis d'être compté parmi ses membres :
je n'en suis pas digne, moi, le dernier d'entre eux, moi, un avorton. Mais,
dans sa miséricorde, Dieu m'a fait la grâce d'être quelqu'un, si j'arrive à
lui. Mon esprit s'unit, pour vous saluer, aux charitables églises qui m'ont
accueilli au nom de Jésus-Christ, non comme un simple passant ; car celles
mêmes qui ne se trouvaient point sur mon passage, j'entends sur le passage de
mon corps, allaient m'attendre à la ville la plus proche.
10. Je vous écris cette lettre de Smyrne par
l'intermédiaire d'Éphésiens, dignes d’être appelés bienheureux. En compagnie de
beaucoup d'autres, j'ai avec moi Crocus, dont la personne m'est bien chère.
Quant à ceux qui m'ont précédé de Syrie à Rome pour la gloire de Dieu, ils vous
sont maintenant connus, je pense, annoncez-leur ma prochaine arrivée. Ils sont
tous dignes de Dieu et dignes de vous. Il vous convient de les soulager dans
tous leurs besoins. Je vous écris le neuvième jour avant les calendes de
septembre[11]. Adieu, et courage jusqu'au bout à souffrir
pour Jésus-Christ.
[10] Après
saint Ignace qui succédait à Evode, successeur de saint Pierre sur le siège
d’Antioche, vinrent Héron, Cornélius, puis Héros et Théophile (mort avant mars
181).
[11] 24
août.
SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/10/17.php
Bien que St Ignace ait été jeté aux bêtes à Rome, l’Église Romaine n’a pas retenu son natale, mais elle inscrivit dès le Vie siècle son nom au Canon de la Messe. Les orientaux le célèbrent le 17 octobre. Au début du VIIIe siècle sa fête se diffuse en Angleterre le 20 décembre (ou le 17 selon Bède le Vénérable) qui serait la date de la translation de ses reliques. Sur le continent on plaça sa mémoire le 1er février, selon une traduction latine erronée des Actes grecs de sa passion. La fête entre au calendrier à Rome à cette date aux XIe et XIIe siècle. St Pie V reçut la fête comme semi-double, Pie IX l’éleva au rang de double.
Leçons des Matines avant 1960
Au deuxième nocturne.
Du Livre de saint Jérôme, Prêtre : Des Écrivains Ecclésiastiques.
Quatrième leçon. Ignace, troisième Évêque d’Antioche après l’Apôtre Pierre, ayant été condamné aux bêtes, alors que sévissait la persécution, de Trajan, fut envoyé à Rome chargé de liens. Pendant qu’on l’y transportait par mer le navire aborda à Smyrne, où Polycarpe, disciple de Jean, était Évêque. Il y écrivit une lettre aux Éphésiens, une autre aux Magnésiens, une troisième aux Tralliens, une quatrième aux Romains. C’est en quittant cette ville qu’il écrivit aux Philadelphiens et aux Smyrniens, et qu’il adressa à Polycarpe une lettre particulière, dans laquelle il lui recommande l’Église d’Antioche, et où il rapporte sur la personne du Christ un témoignage de l’Évangile que j’ai traduit naguère.
Cinquième leçon. Il semble juste, puisque nous parlons d’un si grand homme, de citer quelques lignes de l’épître qu’il écrivit aux Romains : « Depuis la Syrie jusqu’à Rome, je lutte contre les bêtes, sur mer et sur terre, nuit et jour, lié que je suis à dix léopards, c’est-à-dire à dix soldats qui me gardent et dont mes bienfaits augmentent encore la méchanceté. Leur iniquité sert à m’instruire, mais je ne suis pas pour cela justifié. Plaise à Dieu que j’aie la jouissance d’être livré aux bêtes qui me sont préparées ; je demande qu’elles soient promptes à me faire souffrir les supplices et la mort et excitées à’ me dévorer, de peur qu’elles n’osent toucher à mon corps, comme il est arrivé pour d’autres Martyrs. Si elles ne veulent pas venir à moi, je leur ferai violence, je me jetterai devant elles pour être dévoré. Pardonnez-moi, mes petits enfants ; je sais ce qui m’est avantageux.
Sixième leçon. C’est maintenant que je commence à être disciple du Christ, ne désirant plus rien de ce qui est visible, afin de trouver Jésus-Christ. Que le feu, la croix, les bêtes, le brisement des os, la mutilation des membres, le broiement de tout le corps et tous les tourments du diable fondent sur moi, mais seulement que je jouisse de Jésus-Christ ! » Comme il était déjà exposé aux bêtes et qu’il entendait les rugissements des lions, il dit, dans son ardeur de souffrir : « Je suis le froment du Christ : que je sois broyé par les dents des bêtes, afin que je devienne un pain vraiment pur ! » Il souffrit le martyre la onzième année de Trajan. Les restes de son corps reposent à Antioche, dans le cimetière, hors de la porte de Daphné.
Au troisième nocturne.
Lecture du saint Évangile selon saint . Ioann. 12, 24-26.
En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul. Et le reste.
Homélie de saint Augustin, Évêque.
Septième leçon. Le Seigneur Jésus était lui-même ce grain qui devait mourir et se multiplier : mourir victime de l’infidélité des Juifs, se multiplier par la foi des peuples. Or, exhortant déjà à suivre les traces de sa passion : « Celui, dit-il, qui aime son âme, la perdra ». Ces paroles peuvent s’entendre de deux manières. « Celui qui l’aime, la perdra », c’est-à-dire : Si tu l’aimes, perds-la. Si tu désires conserver la vie dans le Christ, ne crains pas de mourir pour le Christ. On peut les entendre également d’une autre façon : « Celui qui aime son âme, la perdra » ; ne l’aime pas, de peur que tu ne la perdes ; ne l’aime pas en cette vie, pour ne pas la perdre dans la vie éternelle.
Huitième leçon. La dernière explication que j’ai donnée semble être davantage le sens de l’Évangile. Car on y lit ensuite : « Et celui qui hait son âme en ce monde, la conserve pour la vie éternelle ». Donc, quand il est dit plus haut : « Celui qui aime son âme », (il est sous-entendu : en ce monde), celui-là la perdra assurément : mais celui qui hait son âme en ce monde, assurément celui-là la garde pour la vie éternelle. Grande et étonnante sentence : d’où il ressort que l’homme a pour son âme un amour qui cause sa perte, et une haine qui l’empêche de périr. Si vous l’aimez mal, vous la haïssez ; si vous la haïssez bien, vous l’aimez. Heureux ceux qui haïssent pour conserver, de crainte de perdre en aimant.
Neuvième leçon. Mais veille à ce qu’il ne s’insinue pas dans ton esprit la pensée de vouloir te tuer, en comprenant ainsi le devoir de haïr ton âme en ce mondé : de là vient que certains hommes méchants et pervers, cruels et impies, homicides d’eux-mêmes, se livrent aux flammes, se noient, se jettent dans les précipices, et périssent. Ce n’est pas là ce que le Christ a enseigné : au contraire, il a même répondu au diable qui lui suggérait de se précipiter du haut du temple : « Retire-toi, Satan, car il est écrit : Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu ». De même le Seigneur dit à Pierre, indiquant par quelle mort il devait glorifier Dieu :» Quand tu étais jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras vieux, un autre te ceindra et te conduira où tu ne voudras pas ». Paroles qui nous enseignent assez clairement que celui qui marche à la suite de Jésus-Christ doit, non point se donner la mort mais la recevoir d’un autre.
Dom Guéranger, l’Année Liturgique
La veille du jour où va expirer notre heureuse quarantaine, c’est un des plus fameux martyrs du Christ qui paraît sur le Cycle : Ignace le Théophore, Évêque d’Antioche. Une antique tradition nous dit que ce vieillard, qui confessa si généreusement le Crucifié devant Trajan, avait été cet enfant que Jésus présenta un jour à ses disciples comme le modèle de la simplicité que nous devons posséder pour parvenir au Royaume des cieux. Aujourd’hui, il se montre à nous, tout près du berceau dans lequel ce même Dieu nous donne les leçons de l’humilité et de l’enfance.
Ignace, à la Cour de l’Emmanuel, s’appuie sur Pierre dont nous avons glorifié la Chaire ; car le Prince des Apôtres l’a établi son second successeur sur son premier Siège à Antioche. Ignace a puisé dans cette mission éclatante la fermeté qui lui a donné de résister en face à un puissant empereur, de défier les bêtes de l’amphithéâtre, de triompher par le plus glorieux martyre. Comme pour marquer la dignité incommunicable du Siège de Rome, la providence de Dieu a voulu que, sous les chaînes de sa captivité, il vînt aussi voir Pierre, et terminât sa course dans la Ville sainte, mêlant son sang avec celui des Apôtres. Il eût manqué à Rome quelque chose, si elle n’eût hérité de la gloire d’Ignace. Le souvenir du combat de ce héros est le plus noble souvenir du Colisée, baigné du sang de tant de milliers de Martyrs.
Le caractère d’Ignace est l’impétuosité de l’amour ; il ne craint qu’une chose, c’est que les prières des Romains n’enchaînent la férocité des lions, et qu’il ne soit frustré de son désir d’être uni au Christ. Admirons cette force surhumaine qui se révèle tout à coup au milieu de l’ancien monde, et reconnaissons qu’un si ardent amour pour Dieu, un si brûlant désir de le voir n’ont pu naître qu’à la suite des événements divins qui nous ont appris jusqu’à quel excès l’homme était aimé de Dieu. Le sacrifice sanglant du Calvaire n’eût-il pas été offert, la Crèche de Bethléhem suffirait à tout expliquer. Dieu descend du ciel pour l’homme ; il se fait homme, il se fait enfant, il naît dans une crèche. De telles merveilles d’amour auraient suffi pour sauver le monde coupable ; comment ne solliciteraient-elles pas le cœur de l’homme à s’immoler à son tour ? Et qu’est-ce que la vie terrestre à sacrifier, quand il ne s’agirait que de reconnaître l’amour de Jésus, dans sa naissance parmi nous ?
La sainte Église nous donne, dans les Leçons de l’Office de saint Ignace, la courte notice que saint Jérôme a insérée dans son livre de Scriptoribus ecclesiasticis. Le saint Docteur a eu l’heureuse pensée d’y insérer quelques traits brûlants de l’admirable lettre du Martyr aux fidèles de Rome. Nous l’eussions donnée tout entière, sans son extrême longueur ; et il nous en coûterait de la mutiler. Au reste, les passages cités par saint Jérôme représentent les plus sublimes traits qu’elle contient.
Nous trouvons dans les Menées de l’Église Grecque, en la fête de saint Ignace, les strophes suivantes :
Appelé à la succession de celui qui est le sommet des Apôtres et des Théologiens, tu as marché sur leurs traces ; ton lever a été à l’Orient, et tu t’es manifesté dans l’Occident, tout éclatant des splendeurs de la prédication divine ; c’est de là que tu es parti de ce monde pour t’élever à Dieu, couronné des feux de la grâce, ô homme plein de sagesse !
Resplendissant comme un soleil des rayons de l’Esprit-Saint, tu as illuminé d’une gracieuse splendeur les confins du monde par l’éclat de tes combats, nous donnant dans ta ferveur, nous écrivant dans ta vérité les documents de la piété ; c’est pourquoi tu es devenu l’aliment du Maître qui, dans sa bonté incessante, nourrit tous les êtres, ô bienheureux !
Ignace, qui portes Dieu et réchauffais dans ton cœur le Christ ton amour, tu as reçu le prix du sacrifice évangélique du Christ, qui se consomme par le sang ; c’est pour cela que, devenu froment de l’immortel laboureur, tu as été moulu par la dent des bêtes, et tu es devenu pour lui un pain agréable : supplie-le pour nous, bienheureux athlète !
Que ton âme fut solide, ferme comme le diamant, ô heureux Ignace ! Dévoré du désir qui te poussait vers Celui qui t’aimait véritablement, tu disais : Ce n’est point un feu matériel qui brûle dans ma poitrine, c’est bien plutôt une eau vive qui inonde mon âme et qui dit en moi : Viens au Père. C’est pourquoi, enflammé du divin Esprit, tu as irrité les bêtes, pour être plus tôt séparé du monde et rendu avec le Christ que tu aimais ; prie-le de sauver nos âmes.
O pain glorieux et pur du Christ votre Maître ! Vous avez donc obtenu l’effet de vos désirs ! Rome tout entière, assise sur les degrés du superbe amphithéâtre, applaudissait, avec une joie féroce, au déchirement de vos membres ; mais tandis que vos ossements sacrés étaient broyés sous la dent des lions, votre âme, heureuse de rendre au Christ vie pour vie, s’élançait d’un trait jusqu’à lui. Votre félicité suprême était de souffrir, parce que la souffrance vous semblait une dette contractée envers le Crucifié ; et vous ne désiriez son Royaume qu’après avoir donné en retour de sa Passion les tourments de votre chair. Que votre gloire est éclatante, dans la compagnie d’Etienne, de Sébastien, de Vincent, d’Agnès, et que votre palme est belle auprès du berceau de l’Emmanuel ! Prenez pitié de notre faiblesse, ô Martyr ! Obtenez-nous d’être du moins fidèles à notre Sauveur, en face du démon, de la chair et du monde ; de donner notre cœur à son amour, si nous ne sommes appelés à donner notre corps aux tourments pour son Nom. Choisi dans vos premières années par ce Sauveur, pour servir de modèle au chrétien par l’innocence de votre enfance, vous avez conservé cette candeur si précieuse sous vos cheveux blancs ; demandez au Christ, le Roi des enfants, que cette heureuse simplicité demeure toujours en nous, comme le fruit des mystères que nous célébrons.
Successeur de Pierre à Antioche, priez pour les Églises de votre Patriarcat ; rappelez-les à la vraie foi et à l’unité catholique. Soutenez l’Église Romaine que vous avez arrosée de votre sang, et qui est rentrée en possession de vos reliques sacrées, de ces ossements que la dent des lions n’avait pu broyer entièrement. Veillez sur le maintien de la discipline et de la subordination ecclésiastiques, dont vous avez tracé de si belles règles dans vos immortelles Épîtres ; resserrez, par le sentiment du devoir et de la charité, les liens qui doivent unir tous les degrés de la hiérarchie, afin que l’Église de Dieu soit belle d’unité, et terrible aux ennemis de Dieu, comme une armée rangée en bataille.
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum
La fête de saint Ignace dans le Missel romain réalise le vœu suprême du martyr, qui, écrivant aux Romains, souhaitait que la nouvelle de son témoignage leur arrivât au moment même où serait préparé l’autel pour le sacrifice, afin qu’en chœur ils pussent tous élever une hymne d’action de grâces à Dieu, pour avoir, de la ville des Césars et du sanglant amphithéâtre de Rome, daigné appeler à Lui 1’ « Évêque de la Syrie ». Ignace fut déchiré par les lions le 17 octobre entre les années 110 et 118, mais dans le bas moyen âge sa mémoire fut assignée chez les Latins à ce jour. Le nom du magnanime évêque fut inséré dans les diptyques de la messe dès l’antiquité la plus reculée, mais comme il en fut pour tous les martyrs des deux premiers siècles, on n’en célébra que très tard un office spécial. Pie IX éleva la fête de saint Ignace au rite double.
L’Église romaine commémore chaque jour le nom d’Ignace dans ce qu’on appelle la Grande intercession, avant le Pater, sans que d’ailleurs les sacramentaires du moyen âge indiquent aucune station ou synaxe quelconque en l’honneur d’Ignace. La raison en est claire : la base matérielle de ce culte liturgique, la tombe, manquait.
L’identification de l’amphithéâtre où saint Ignace, à Rome, fut exposé aux bêtes féroces, avec celui de Vespasien Flavius, est très probable, mais ne peut être absolument prouvée, puisque la cité impériale avait alors plusieurs amphithéâtres. Quant au culte spécial attribué au martyr dans la basilique de Saint-Clément, où une tardive tradition veut précisément qu’ait été enseveli le grand évêque d’Antioche, le premier document qui en parle ne remonte pas au delà du début du XIIe siècle, et c’est l’inscription tracée sous la mosaïque de l’abside, où il est seulement question d’une petite relique de saint Ignace, cachée dans le mur sur lequel était représenté le Crucifix :
+ DE • LIGNO • CRVCIS • IACOBI • DENTE • IGNATIIQVE
IN • SVPRASCRIPTI • REQVIESCVNT • CORPORE • CHRISTI
L’antienne pour l’introït est tirée de la lettre de saint Paul aux Galates (VI, 14) : « Qu’il n’arrive jamais que je me glorifie, sinon dans la Croix de Jésus-Christ notre Seigneur, par qui le monde est crucifié pour moi, et moi je le suis au monde. » Suit le psaume 131.
La collecte est celle du Commun des martyrs pontifes.
L’épître du martyr à l’Église romaine, « Présidente de la société de l’amour » comme il l’appelle, fut sûrement lue au IIe siècle dans l’assemblée des fidèles de Rome avant le divin Sacrifice, à ce moment de l’Action sacrée. La discipline liturgique ne permet plus maintenant une semblable liberté, et c’est pourquoi aujourd’hui on récite à sa place un passage de l’épître de saint Paul aux Romains, tout semblable, il est vrai, au style énergique du martyr antiochien, lequel soupire après le moment où les bêtes féroces feront de lui la victime du Christ. Il semble justement que saint Paul ait inspiré l’admirable passage correspondant de saint Ignace.
Saint Paul (Rom., VIII, 35-39) tout enflammé d’amour en considérant celui que Dieu nous a prouvé en nous donnant Jésus crucifié, se sent uni à lui si fermement, moyennant la vertu surnaturelle de charité, qu’il s’écrie, dans la véhémence d’un saint enthousiasme : quelle chose pourra jamais me séparer du Christ ? Ni la persécution, ni la mort ; bien plus, l’éternité même ne pourra m’éloigner de Dieu, dont le sceau d’ineffable amour est précisément mon Seigneur crucifié. — Ainsi auparavant avait-il anticipé cette stabilité et cette confirmation en grâce, à laquelle fait suite, dans le ciel, la vision béatifique, en méprisant généreusement les dures épreuves de l’apostolat et le glaive du martyre qu’il prévoyait déjà proche.
Le verset alléluiatique, pour la fête de cette âme éprise de la Croix, est tiré de l’épître aux Galates (II, 19-20) : « Je suis cloué à la croix avec le Christ ; je vis donc, mais non plus moi : car c’est bien le Christ qui vit en moi. »
Voilà donc le secret de tant de labeurs et d’austérités que se sont imposés les saints : ce n’était pas tant eux-mêmes qui vivaient, que Jésus continuant en eux le mystère de sa croix pour la rédemption du monde. C’est une belle pensée, qui, bien méditée, devrait nous inspirer un profond respect pour cette vie mystique que le Sauveur veut mener en chaque âme chrétienne, mais particulièrement en celles qui lui sont consacrées d’une façon spéciale, comme les prêtres et les religieux.
Après la Septuagésime, au lieu du verset alléluiatique, on dit le trait.
La lecture évangélique (Ioann., XII, 24-26) est commune, en partie, au samedi avant le dimanche des Rameaux. Jésus y compare la vie chrétienne à un grain de blé qui, pour germer, doit d’abord pourrir en terre. Un tel exemple s’adapte fort bien à la fête de saint Ignace qui, s’inspirant précisément de cette image évangélique, et peut-être aussi d’un passage de la Didaché, écrivait : Je suis le froment du Christ. Ah ! puisse-je être broyé sous les dents des lions, pour devenir un pain blanc.
L’antienne du psaume qu’on chantait durant la distribution de la communion rappelle le dernier cri du martyr quand, dans le cirque, il entendait déjà les rugissements des lions frémissants : « Je suis comme le froment du Christ. Puisse-je être broyé sous les dents des bêtes féroces pour devenir un pain blanc. »
Ce cri suprême d’Ignace trouva un profond écho dans l’Église, et saint Irénée de Lyon le rappelle lui aussi : Quemadmodum quidam de nostris dixit, profiter martyrium in Deum adiudicatus ad bestias : Quoniam frumentum sum Christi, et per dentes bestiarum molar, ut mundus panis Deo inveniar [1].
La vertu le plus en rapport avec la fête de saint Ignace et que, en ce jour, nous devons implorer par son intercession, est un fidèle attachement à l’Église et à sa hiérarchie. C’est la pensée sur laquelle revient avec le plus d’insistance le grand martyr dans toutes ses épîtres : II ne peut y avoir d’Église là où n’est pas acceptée la légitime autorité de l’évêque, des prêtres et des diacres. Or comme l’hérésie, quelque occulte qu’elle soit, implique toujours l’insubordination envers les maîtres et les pasteurs, les fidèles ont donc, dans l’intime communion avec la hiérarchie établie par Jésus-Christ, un moyen aussi facile qu’assuré d’échapper à toutes les menées trompeuses des novateurs.
[1] Adv. Haeres., v. 28, 4., P. G., VII, col. 1200-01.
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique
Je suis le froment du Christ.
Saint Ignace. — Jour de mort : le 17 octobre entre 110 et 118. Tombeau : à Antioche. Sa vie : le martyrologe relate : « A Rome, saint Ignace évêque et martyr, il fut le second successeur de l’Apôtre saint Pierre sur le siège d’Antioche ; pendant la persécution de Trajan, il fut condamné aux bêtes et amené enchaîné à Rome. Là, il fut, sur l’ordre de Trajan, exposé, devant le Sénat, aux peines les plus cruelles et ensuite jeté aux lions. Dévoré par leurs dents, il fut une victime pour le Christ. »
Parmi les héros de la primitive Église, saint Ignace est au premier rang. Son voyage pour le martyre est un voyage nuptial et en même temps un chemin de Croix ; les sept lettres qu’il écrivit, pendant ce voyage, sont, pour ainsi dire, sept stations du chemin de la Croix ; mais chacune est comme un chant nuptial où le saint martyr exhale son amour pour le Christ et son ardent désir d’être uni à lui. Ces lettres sont l’un des legs les plus précieux que nous ait laissé la primitive Église. La date de son martyre est inconnue. Peut-être mourut-il pendant les fêtes de victoire où Trajan offrit, pour amuser la populace sanguinaire, la vie de dix mille gladiateurs et celle de onze mille bêtes sauvages. C’est sans doute dans l’immense Colisée, qui venait d’être achevé et qui brillait de tout l’éclat de l’or et du marbre, que notre saint remporta la victoire du martyre.
La liturgie romaine honore particulièrement la mémoire de saint Ignace en nommant chaque jour son nom au Canon de la messe avec respect, et en choisissant une parole de ce saint — honneur rare — comme antienne de Communion. « Depuis la Syrie jusqu’à Rome, j’ai à lutter contre les bêtes sauvages sur terre et sur mer, car, nuit et jour, je suis enchaîné avec dix léopards, c’est-à-dire, avec les soldats qui me gardent et qui sont d’autant plus méchants qu’on leur fait plus de bien. Leurs mauvais traitements sont pour moi une instruction, mais malgré cela je suis encore loin d’être justifié. Oh ! si j’étais déjà arrivé auprès des ; bêtes sauvages qui me sont destinées ! Je les prierai de se hâter de me donner la mort et d’accélérer mon exécution. Je les exciterai à me dévorer, afin qu’elles ne fassent pas comme avec d’autres martyrs, en s’abstenant de toucher à mon corps. Si elles ne veulent pas se précipiter sur moi, je les forcerai à m’attaquer et à me dévorer. Mes petits enfants, pardonnez-moi ces paroles, je sais bien ce qui me convient. Maintenant. je commence à devenir un disciple du Christ, je ne désire plus rien de visible afin de trouver Jésus. Le feu, la croix, les bêtes féroces, la rupture de mes membres, l’écrasement de tout mon corps et les tourments du diable peuvent venir, pourvu que je parvienne au Christ. » Quand notre saint eut été condamné à combattre contre les bêtes féroces et que, plein d’ardeur pour le martyre, il entendit le rugissement des lions, il s’écria : « je suis le froment du Christ, je serai broyé par la dent des bêtes afin d’être trouvé un pain pur (du Christ) » (Comm.).
La messe (Mihi autem). — La messe a été composée spécialement pour saint Ignace et reflète sa vie. La marque caractéristique de sa vie est l’ardent amour de la Croix, c’est pourquoi la plupart des textes de la messe parlent de l’amour pour le Christ. Dès l’Introït, nous nous chargeons joyeusement de la Croix ou plutôt nous prenons place sur la Croix avec le Christ. L’Épître est le sublime passage de la lettre aux Romains, où saint Paul proclame son amour pour le Christ : « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? Les tribulations, le besoin, la faim, la nudité, le danger, la persécution ou le glaive ? » Quel bel accent a le verset de l’Alléluia : « Avec le Christ, je suis attaché à la Croix, c’est pourquoi ce n’est plus moi qui vis mais le Christ qui vit en moi ! » Cette belle parole est encadrée par l’Alléluia. Mais ce qu’il y a de plus beau dans la messe, c’est l’image du grain de froment. Cette image se retrouve dans toute la messe, dans l’Évangile comme parabole, à l’Offrande sous l’aspect de l’hostie faite de pur froment, à la Communion dans les paroles même de saint Ignace. A l’Évangile, c’est tout d’abord le Christ qui est le grain de froment. On lit dans le bréviaire d’aujourd’hui : « Le Seigneur Jésus était lui-même le grain de froment qui devait mourir et se multiplier, mourir par l’incrédulité des Juifs, se multiplier par la foi des peuples. Et il nous exhorte tous à marcher sur les traces de sa Passion. Celui qui aime sa vie la perdra » (Saint Augustin). Par la mort de ce grain de froment s’est produit un gros épi (le corps mystique, l’Église). Chaque chrétien à son tour devient un grain de froment qui mûrit et en même temps est moulu dans le martyre. Nous aussi, nous sommes ce grain de froment. A la Communion, la parole de saint Ignace : je suis le froment du Christ, s’applique non seulement au saint martyr, mais à nous aussi. Chacun de nous doit être moulu. Qu’est-ce qui sera pour nous la dent des bêtes ? Seront-ce les persécutions, les souffrances, les hommes ? Il est certain que le grain de froment doit mourir, soit qu’il soit enfoui en terre pour devenir un nouveau germe, soit qu’il soit moulu pour devenir du pain. Telle est notre tâche dans la vie : mourir au monde, à la chair, à l’homme inférieur.
Les lettres du saint. — Que ceux de nos lecteurs qui peuvent se procurer les sept lettres de saint Ignace, en lisent l’une ou l’autre, aujourd’hui et les jours suivants, et les considèrent comme des conseils que leur adresse personnellement le vieil évêque. La lettre aux Romains, spécialement, respire un ardent désir de la palme du martyre. Saint Ignace supplie les Romains de ne rien entreprendre pour sa délivrance. Möhler appelle cette lettre « ce qu’il y a de plus charmant dans la littérature chrétienne ». Une pensée revient sans cesse, dans toutes les lettres : l’exhortation à la concorde et à l’unité, dans la communauté chrétienne. Pour nous, amis de la liturgie, l’étude de ces lettres est particulièrement importante, on y sent le souffle de cet esprit chrétien antique qui a créé la liturgie. Nous devons nous approprier cet esprit afin de parvenir à la piété liturgique.
SAINT IGNACE
Ignace est ainsi nommé, de ignem patiens, c'est-à-dire qu'il a enduré le feu de l’amour divin.
Saint Ignace fut disciple de saint Jean et évêque d'Antioche. On dit qu'il adressa à la Sainte Vierge une lettre conçue en ces termes: « A Marie Porte-Christ, Ignace son dévoué. Vous avez dû fortifier et consoler en moi le néophyte et le disciple de votre Jean. J'ai appris en effet de votre Jésus des choses admirables à dire, et j'ai été stupéfait en les entendant. Or, j'attends de vous, qui avez toujours été unie d'amitié avec lui, et qui étiez de tous ses secrets, que vous m’assuriez la vérité de tout ce que j'ai entendu. » Une autre leçon ajoute ce qui suit: « Je vous ai déjà écrit plusieurs fois, et vous ai demandé des explications. Adieu, et que les néophytes qui sont avec moi reçoivent force de vous, par vous et en vous.» Alors la bienheureuse Vierge Marie, mère de Dieu, lui répondit: « A Ignace, son disciple chéri, l’humble servante de Jésus-Christ. Les choses que vous avez apprises et entendues de Jean, touchant Jésus, sont vraies ; croyez-les, étudiez-les, attachez-vous fermement à ce que vous avez promis à Jésus-Christ, et conformez-y vos moeurs et votre vie. Je viendrai avec Jean, vous voir et ceux qui sont avec vous. Soyez ferme et agissez avec les principes de la foi, pour 'que la violence de la persécution ne vous ébranle pas, mais que votre esprit soit fort et, ravi en Dieu voire sauveur; ainsi soit-il » *. Or, saint Ignace jouissait d'une autorité si grande que Denys lui-même, le disciple de l’apôtre saint Paul, qui fut si profond en philosophie et si accompli dans la science divine, citait les paroles de saint Ignace comme une autorité, pour prouver ce qu'il avançait. En son livre des Noms divins, il rapporte que quelques-uns voulaient rejeter le nom d'amour en disant que dans l’es choses divines il y avait plutôt dilection qu'amour; il dit, en voulant montrer que ce mot d'amour devait être employé en tout dans les choses divines : « Le divin Ignace a écrit : Mon amour a été crucifié. » On lit dans l’Histoire tripartite(Liv. X, ch. IX.) que saint Ignace entendît les anges chanter des Antiennes sur- une montagne, et dès lors il ordonna qu'on chanterait dés Antiennes dans l’église et qu'on entonnerait des Psaumes sur les Antiennes. Après avoir longuement prié le Seigneur pour la paix de l’église, saint Ignace redoutant le péril, non pour lui, mais pour les faibles, alla au-devant de l’empereur Trajan, qui commença à régner l’an 100, alors qu'à son retour, après une victoire, il menaçait de mort tous lés chrétiens; il déclara ouvertement qu'il était lui-même chrétien. Trajan le fit charger de chaînes, le confia à dix soldats et ordonna de le conduire à Rome en le menaçant de, le jeter en pâture aux bêtes. Or, pendant le trajet, Ignace préparait des lettres, destinées à toutes les Eglises et, les confirmait dans la foi de Jésus-Christ. Il y en avait une pour l’Eglise de Rome, ainsi que le rapporte l’Histoire ecclésiastique, dans laquelle il priait qu'on ne fit rien pour, empêcher son martyre. Voici ses paroles: « De la Syrie jusqu'à Rome, je combats avec les bêtes par mer et parterre, le jour et la nuit, lié et attaché au milieu de dix léopards (ce sont les soldats qui, me gardent), dont la cruauté augmente en raison du bien que je leur fais: mais leur cruauté est mon instruction. O bêtes salutaires, qui me sont réservées ! Quand viendront-elles ? Quand seront-elles lâchées ? Quand leur sera-t-il permis de se nourrir de mes chairs ? Je les inviterai à me dévorer, je les prierai pour qu'elles ne craignent pas de toucher mon corps, comme elles l’ont fait à d'autres. Je ferai plus, si elles tardent trop, je leur ferai violence, je me mettrai dans leur gueule. Pardonnez-moi, je vous prie ; je sais ce qui m’est avantageux. Qu'on réunisse contre moi le feu, les croix, les bêtes, que mes os soient broyés, que tous les membres de mon corps soient mis en pièces, que tous les tourments inventés par le diable soient amassés sur moi, pourvu que je mérite d'être uni à Jésus-Christ. » Arrivé à, Rome et amené devant Trajan, cet empereur lui dit: « Ignace, pourquoi fais-tu révolter Antioche et convertis-tu mon peuple à la chrétienté? » Ignace lui répondit : « Plût à Dieu que je puisse te convertir aussi, afin que. tu jouisses à toujours d'une autorité inébranlable. » Trajan lui dit : « Sacrifie à mes Dieux et tu seras le premier de tous les prêtres. » Ignace répondit: et Je ne sacrifierai point à tes dieux, et je n'ambitionne pas la dignité que tu m’offres. Tu pourras faire de moi tout ce que tu veux, mais jamais tu ne me changeras. » « Brisez-lui les épaules, reprit Trajan, avec des fouets plombés, déchirez-lui les côtés et frottez ses blessures avec des pierres aiguës. »
Il resta immobile au milieu de tous les tourments, et Trajan dit ; «Apportez des charbons ardents, et faites-le marcher dessus les, pieds nus.» Ignace lui dit : «Ni le feu ardent, ni l’eau bouillante ne pourront éteindre en moi la charité de J-C. » Trajan ajouta « C'est maléfice cela, de ne point céder après de pareilles tortures. » Ignace lui répondit: « Nous autres chrétiens, nous n'usons pas de maléfices, puisque dans notre loi, nous devons ôter la vie aux enchanteurs c'est vous, au contraire, qui usez de maléfices, vous qui adorez des idoles.» Trajan reprit; « Déchirez-lui le dos avec des ongles, de fer, et mettez du sel dans ses plaies. » Ignace lui dit : « Les souffrances de la vie présente n'ont point de proportion avec la gloire à venir. » Trajan insista: « Enlevez-le, attachez-le avec des chaînes de fer à un poteau, gardez-le au fond d'un cachot, laissez-le sans boire ni manger et dans trois jours, donnez-le à dévorer aux bêtes. » Le troisième jour donc étant venu, l’Empereur, le Sénat et tout le peuple s'assemblèrent pour voir l’évêque d'Antioche combattre les bêtes, et Trajan dit : « Puisque Ignace est superbe et contumace, liez-le et lâchez deux lions sur lui afin qu'il ne reste rien de sa personne. » Alors saint Ignace dit au peuple présent : « Romains, qui assistez à ce spectacle, je n'ai pas travaillé pour rien. Si je souffre, ce n'est pas pour avoir commis des crimes, mais c'est pour ma piété envers Dieu. » Ensuite il se mit à dire, ainsi que le rapporte l’Histoire ecclésiastique : « Je suis le froment de J.-C., je serai moulu par les dents des bêtes afin de devenir un pain pur. » En entendant ces mots, l’empereur dit: « La patience des, chrétiens est grande; quel est celui des Grecs qui en endurerait autant pour son Dieu ? » Ignace répondit : « Ce n'a pas été par ma vertu, mais avec l’aide de Dieu que j'ai supporté ces tourments.» Alors saint Ignace) provoqua les lions pour qu'ils accourussent le dévorer. Deux lions furieux accoururent donc et ne firent que l’étouffer sans toucher aucunement sa chair. Trajan, à cette vue, se retira dans une grande admiration en donnant l’ordre de ne pas empêcher que l’on vint enlever les restes du martyr. C'est pourquoi les chrétiens prirent son corps et l’ensevelirent avec honneur. Quand Trajan eut reçu une lettre, par laquelle Pline le jeune recommandait vivement les chrétiens que l’empereur immolait, il fut affligé, de ce qu'il avait fait endurer à Ignace, et ordonna qu'on ne recherchât plus les chrétiens, mais que s'il en tombait quelqu'un entre les mains de la justice, il fût puni.
On lit encore que saint Ignace, au milieu de tant de tourments, ne cessait d'invoquer le nom de J.-C. Comme ses bourreaux lui demandaient pourquoi il répétait si souvent ce nom, il dit : « Ce nom, je le porte écrit dans mon coeur ; c'est la raison pour laquelle je ne puis cesser de l’invoquer. » Or, après sa mort, ceux qui l’avaient entendu parler ainsi ; voulurent s'assurer du fait; ils ôtent donc son coeur de son corps, le coupent en deux, et trouvent ces mots gravés en lettres d'or au milieu : « J.-C. » Ce qui donna la foi à plusieurs. Saint Bernard parle ainsi de ce saint, dans son commentaire sur le Psaume : Qui habitat. « Le grand saint Ignace fut l’élève du disciple que Jésus aimait ; il fut martyr aussi et ses précieuses reliques enrichirent notre pauvreté. Dans plusieurs lettres qu'il adressa à Marie, il la salue du nom de Porte-Christ : c'est un bien grand titre de dignité et une recommandation d'un immense honneur! »
* Ces deux lettres sont-elles authentiques? Les auteurs anciens disent oui, les modernes disent non. Ce qu'il y a de certain c'est qu'elles remontent à une très haute antiquité.
La Légende dorée de Jacques de Voragine nouvellement traduite en français avec introduction, notices, notes et recherches sur les sources par l'abbé J.-B. M. Roze, chanoine honoraire de la Cathédrale d'Amiens, Édouard Rouveyre, éditeur, 76, rue de Seine, 76, Paris mdccccii
Les Pères apostoliques (II) : Ignace d’Antioche
Cours de patrologie de soeur Gabriel Peters o.s.b., chapitre 2
(…) Les Pères apostoliques sont ceux qui sont réputés avoir connu les apôtres.
Introduction
I. Ignace d’Antioche
- 1. D’après les témoignages anciens
- 2. D’après les lettres d’Ignace
- 3. D’après la lettre de Polycarpe de Smyrne aux Philippiens
- 4. Quelques déductions et hypothèses
- 5. D’après les légendes
- 6. Le culte d’Ignace
II. Les sept lettres authentiques
- 1. La question de l’authenticité
- 2. Le style des lettres
- 3. Aperçu sur le texte des lettres
- 4. La doctrine des lettres
Conclusion : L’âme d’Ignace d’Antioche
Appendice
• Honoré du titre le plus glorieux, dans les fers que je promène, je chante les Églises. Je leur souhaite l’union avec la chair et l’esprit de Jésus-Christ, notre éternelle vie ; l’union dans la foi et la charité, cette charité que rien n’égale ; l’union bien plus importante encore avec Jésus et le Père en qui nous résisterons à toutes les menaces du Prince de ce monde ; nous y échapperons et nous atteindrons Dieu.
Magnésiens, 1, 2.
INTRODUCTION
Ignace d’Antioche
IGNACE, évêque d’Antioche, fut condamné à être livré aux bêtes à Rome. Il y subit le martyre sous le règne de Trajan. Enchaîné et mené au supplice, il écrivit, pendant son long parcours, sept lettres, soit six à des Églises locales et une à l’évêque de l’une d’elles qui l’avait accueilli : Polycarpe de Smyrne.
Les sept lettres authentiques d’Ignace
Ces sept lettres authentiques d’Ignace d’Antioche nous renseignent sur la vie des Églises au début du second siècle, sur leur organisation hiérarchique et sur les hérésies menaçantes. La lettre aux Romains témoigne aussi de la primauté de Rome.
Ces lettres nous révèlent l’âme ardente du grand martyr et la pureté de sa doctrine imprégnée des pensées de saint Paul souvent cité, et tout autant de celles que nous retrouvons dans les écrits johanniques.
I - IGNACE D’ANTIOCHE
L’âme d’Ignace nous apparaîtra tout entière dans ses lettres très personnelles.
Quant à sa vie, en dehors des nombreux détails que ses lettres nous donnent sur la route vers le supplice, nous n’en savons pour ainsi dire rien. Il nous faut donc classer, d’après les sources consultées, les renseignements fournis, afin d’être mieux à même d’en évaluer la portée.
1. d’après les témoignages anciens les plus autorisés
Remarquons que seuls ces témoignages nous confirment le martyre d’Ignace que nul, bien entendu, ne met en doute. Seuls aussi, ils nous fournissent le cadre chronologique des événements ; tout d’ailleurs invite à l’accepter.
• Irénée et Origène
Vers 180, Irénée (Adv. Haer., 5, 28) et vers 235 Origène (In Luc., 6) assurent qu’Ignace fut livré aux bêtes. Origène nous dit qu’Ignace fut le deuxième évêque d’Antioche [1].
• Eusèbe
La Chronique d’Eusèbe place le martyre d’Ignace la dixième année de Trajan, soit en 107. Cette précision n’a qu’une valeur approximative, mais tous les savants s’accordent pour accepter les environs de l’an 110.
L’Histoire Ecclésiastique (3, 22) nous apprend, d’accord avec Origène, qu’Ignace, deuxième évêque d’Antioche, succéda au successeur immédiat de saint Pierre, Evodius. Or, Eusèbe avait sous les yeux les anciennes listes épiscopales d’Antioche (dans la Chronique de Jules l’Africain († après 240), ami d’Origène.
Le chapitre de l’Histoire Ecclésiastique, au livre 3, est consacré tout entier à Ignace, mais les renseignements proviennent visiblement des lettres du martyr ; c’est donc là que nous préférons les rechercher.
2. d’après les lettres d’Ignace
L’évêque d’Antioche, Ignace, appelé aussi Théophore, condamné à être livré aux bêtes à Rome, y fut conduit enchaîné.
• Depuis la Syrie jusqu’à Rome, je combats contre les bêtes, sur terre et sur mer, de nuit et de jour, enchaîné que je suis à dix léopards, je veux parler des soldats qui me gardent. A mesure qu’on leur fait plus de bien, ils en deviennent pires. Mais par leurs mauvais traitements, je deviens davantage un disciple.
Lettre aux Romains, 5, 1
Pendant ce douloureux voyage, le saint évêque, exultant de joie, écrivit aux Églises sept lettres qui nous dévoilent son âme ardente et nous révèlent aussi ses préoccupations - assurer l’union des Églises à leurs évêques, leur union entre elles et la fuite de l’hérésie.
Il est aisé de retracer, d’après les détails donnés, l’itinéraire parcouru par le condamné (voir carte page suivante).
Il y eut trois escales plus importantes : Philadelphie, Smyrne et Troas.
A Smyrne, Ignace fut accueilli par l’évêque Polycarpe. Des délégations importantes d’autres Églises d’Asie s’empressèrent de venir le saluer.
• … Les charitables Églises m’ont accueilli au nom de Jésus-Christ, non comme un simple passant. Et celles-là mêmes qui n’étaient pas sur ma route selon la chair venaient au devant de moi de ville en ville.
Lettre aux Romains, 9, 3.
De Smyrne, Ignace écrit quatre lettres
• les lettres aux communautés d’Éphèse, de Magnésie, de Tralles pour les remercier de l’avoir fait saluer par leurs délégués.
• et l’incomparable lettre aux Romains pour supplier instamment ceux-ci de ne tenter aucune démarche en sa faveur.
• Je crains que votre charité ne me fasse tort… Jamais je ne retrouverai une pareille occasion d’aller à Dieu… Si vous vous taisez, je deviendrai une parole de Dieu, mais si vous aimez trop ma chair, je ne serai plus qu’une voix [2]… Je ne vous demande qu’une chose, c’est de laisser offrir à Dieu la libation de mon sang tandis que l’autel est encore prêt : alors, réunis tous en chœur par la charité, vous pourrez chanter dans le Christ Jésus unE hymne à Dieu le Père pour avoir daigné faire venir l’évêque de Syrie du levant au couchant. Il est bon de se coucher loin du monde en Dieu pour se lever en Lui.
Lettre aux Romains, 1 et 2
À Troas, Ignace reçoit une heureuse nouvelle : toute persécution a cessé dans son Église d’Antioche. Il écrit alors trois lettres : les lettres aux communautés de Philadelphie et de Smyrne
• la lettre à l’évêque de Smyrne : Polycarpe.
Très semblables aux lettres de remerciement et de conseils écrites de Smyrne, - celle aux Romains exceptée -, ces lettres écrites de Troas n’en diffèrent que sur un point : elles se terminent par la recommandation d’envoyer à Antioche un diacre, un « courrier de Dieu ».
• On m’a annoncé que grâce à votre prière et à la miséricorde que vous avez dans le Christ Jésus, l’Église d’Antioche de Syrie est en paix ; il convient donc que vous, en tant qu’Eglise de Dieu, vous élisiez un diacre, pour qu’il y aille en messager de Dieu, pour se réjouir avec ceux qui sont rassemblés et glorifier le Nom.
Lettre aux Philippiens, 10, 1.
• J’ai appris que l’Église d’Antioche en Syrie a, grâce à votre prière, recouvré la paix. Cette nouvelle a relevé mon courage, et maintenant que Dieu m’a rendu la tranquillité, je n’ai plus qu’un seul souci : celui d’arriver à lui par le martyre et d’être, grâce à vous, compté parmi les vrais disciples au jour de la résurrection. Il convient, bienheureux Polycarpe, de convoquer une assemblée agréable à Dieu et d’élire quelqu’un qui vous soit très cher et qui soit actif, on pourra l’appeler le courrier de Dieu, il serait chargé d’aller porter en Syrie, pour l’honneur de Dieu, le glorieux témoignage de votre ardente charité. Un chrétien ne s’appartient pas, il appartient au service de Dieu.
À Polycarpe, 7, 1-3.
Ignace se proposait d’écrire bien d’autres lettres encore.
• J’écris à toutes les Eglises : je mande à tous que je mourrai de grand cœur pour Dieu, si vous ne m’en empêchez.
Lettre aux Romains 4, 1.
N’avait-il pas annoncé, dans sa lettre aux Éphésiens, la plus longue, un « deuxième livret » qui leur exposerait plus en détail « l’économie concernant l’homme nouveau Jésus-Christ » (Éph. 20, 1) ?
Les derniers mots de la lettre à Polycarpe sont les derniers que nous entendrons d’Ignace :
• Je vous dis un éternel adieu en Jésus-Christ notre Dieu. Puissiez-vous demeurer toujours en Lui, dans l’unité de Dieu et sous sa surveillance [3]. Je salue Alcé dont le nom m’est si cher. Adieu dans le Seigneur.
8, 2
3. d’après la lettre de S. Polycarpe aux Philippiens
Les Philippiens ont eux aussi reçu Ignace sur son passage, ils écrivent à Polycarpe, demandant l’envoi des précieuses lettres du martyr. Et Polycarpe répond à leur désir :
• Les épîtres d’Ignace, tant celles qu’il nous a adressées que d’autres que nous possédons de lui, nous vous les envoyons toutes selon votre demande, elles sont jointes à la présente lettre. Vous pourrez en tirer un grand profit car elles sont pleines de foi, de patience, de tout ce qui peut édifier et porter à Notre Seigneur. De votre côté, si vous avez des nouvelles sûres d’Ignace et de ses compagnons, veuillez me les communiquer.
13, 2
Polycarpe n’a donc aucune nouvelle sûre de l’évêque d’Antioche, cependant, il n’en doute pas : il a, comme ses compagnons, subi le martyre.
• Montrez cette indéfectible patience que vous avez contemplée de vos propres yeux, non seulement dans les bienheureux Ignace, Zosime et Rufus, mais aussi en d’autres qui étaient de chez vous, en Paul lui-même et dans les autres apôtres, bien persuadés que ces hommes n’ont pas couru en vain (Phil., 2, 16), mais dans la foi et la justice, et que maintenant, ils occupent auprès du Seigneur, dont ils ont partagé les souffrances, la place qui leur est due.
9, 1-2
C’est la lettre de Polycarpe qui nous apprend que, du moins à son arrivée à Philippes, d’autres condamnés furent adjoints à Ignace (1, 1 ; 9, 1 ; 13, 2).
4. quelques déductions et hypothèses plausibles
Ignace semble bien être Syrien d’origine. Il n’est pas citoyen romain, car jamais un citoyen romain ne fut condamné aux bêtes. Rien n’indique qu’il soit Juif : il s’oppose avec fermeté aux coutumes juives (Magn., 8 et 9) et aux judaïsants.
On considère volontiers Ignace comme un converti et on le met en parallèle sur ce point avec Paul, l’ancien persécuteur. De part et d’autre, mêmes protestations d’humilité, même vive conscience des grâces reçues.
• Je ne vous donne pas des ordres comme si j’étais un personnage. Je suis bien, il est vrai, chargé de fers pour le Nom, mais je n’ai pas encore atteint la perfection en Jésus-Christ. Je ne fais que débuter à son école et si je m’adresse à vous, c’est comme à mes condisciples.
Lettre aux Éphésiens, 3, 1
• Bien que je sois le dernier des fidèles dAntioche, Dieu a daigné me choisir pour le glorifier.
Lettre aux Éphésiens, 21, 2
• Bien que je sois dans les fers et que vous, vous soyez libres, je ne suis pas à comparer à un seul d’entre vous.
Lettre aux Magnésiens, 12
• J’ai de grandes pensées en Dieu, mais je m’impose à moi-même une mesure, pour ne pas me perdre par ma vanterie. Car c’est maintenant surtout que je dois me tenir sur mes gardes et éviter de prêter l’oreille à la flatterie. Ceux qui me flattent me flagellent. Assurément je désire souffrir, mais j’ignore si j’en suis digne, car si mon irritation échappe aux yeux d’un grand nombre, elle ne m’en fait pas moins une guerre très acharnée… Oui, je pourrais, dans cette lettre, vous parler des choses du ciel. Mais vous êtes si enfants encore et je crains de vous faire mal. Excusez-moi donc : incapables d’avaler, vous pourriez vous étrangler. Moi-même, bien que prisonnier, et en état de concevoir les choses du ciel, de connaître les hiérarchies des anges, les armées des principautés, les choses visibles et invisibles, je ne suis pas encore pour autant un vrai disciple. Nous manquons de tant de choses pour que Dieu ne nous manque pas.
Lettre aux Tralliens, 4 et 5
• Je ne suis pas digne de faire partie de cette Église (= Antioche) moi, le dernier de ses membres. C’est à la volonté de Dieu que je dois cet honneur, non à mes mérites, mais à sa grâce. Puissé-je, grâce à vos prières, la recevoir dans toute sa plénitude pour parvenir enfin à atteindre Dieu.
Lettre aux Smyrniotes, 11.
Une loi du Digeste romain spécifie que les hommes (gladiateurs ou condamnés) dirigés vers Rome doivent être « dignes d’être exhibés au peuple romain » (si eius roboris vel artifis sint ut digne populo romano exhiberi possint, Digeste, 48, 19, 31). Ignace fut donc désigné comme une victime de choix.
5. d’après les légendes
Il existe cinq récits différents ou « Actes » du martyre d’Ignace : les deux principaux sont les Actes antiochiens (le Martyrium Colbertinum) et les Actes romains (le Martyrium Vaticanum). On les consulte pour fixer la suite de l’itinéraire d’Ignace, la date du martyre, etc., mais tout y est légendaire.
Une légende tardive (IXe s. - d’Anastase le Bibliothécaire) a souligné l’humilité d’Ignace : elle voit en lui le petit enfant que Jésus prit entre ses bras pour le montrer en exemple à ses apôtres et justifie ainsi son nom de Théophore [4]. Une autre légende étrange (de saint Vincent de Beauvais, dominicain du XIIIe s.) prétend que sur chacun des morceaux du cœur d’Ignace, on lisait une lettre en or : ces lettres recomposaient le nom de Jésus-Christ… On ne se trompe pas en affirmant que le cœur d’Ignace était possédé de l’amour du Christ, mais ceci est exprimé par trop naïvement ! Les lettres d’Ignace nous le disent bien mieux.
6. le culte d’Ignace
Des reliques d’Ignace seraient conservées à Antioche et d’autres à Rome, à l’église de S. Clément. Ce qui est sûr, c’est que le culte d’Ignace se répandit aussitôt après sa mort. Saint Jean Chrysostome prononça à Antioche le panégyrique du saint martyr en son dies natalis, le 17 octobre [5] : « Rome fut arrosée de son sang, vous avez recueilli ses dépouilles… Vous aviez envoyé un évêque, on vous a rendu un martyr » In sanct. mart. Ignatium, 5
II - LES SEPT LETTRES AUTHENTIQUES D’IGNACE
1. La question de l’authenticité
Pendant plus de deux siècles, la question de l’authenticité des sept lettres d’Ignace d’Antioche fut âprement débattue. Vers la fin du XIXe s., la quasi unanimité se fit : la force et la convergence des arguments, tant externes qu’internes, qui plaident en faveur de l’authenticité, fit cesser la bataille.
Eusèbe de Césarée, au livre III de l’Histoire Ecclésiastique, consacre, nous l’avons vu, tout le chapitre 36 à Ignace et à ses lettres. Il les a manifestement sous les yeux et la liste qu’il en dresse est exactement celle des sept lettres que nous étudions. Il cite en outre le témoignage si précieux de Polycarpe, l’évêque de Smyrne qui accueillit Ignace lorsque celui-ci s’acheminait vers le martyre. Polycarpe, dont l’écrit est aussi venu jusqu’à nous, envoie aux Philippiens qui la lui demandent la collection des lettres d’Ignace. Eusèbe nous rappelle encore qu’Irénée cite dans ses œuvres la lettre d’Ignace aux Romains.
Comment, devant de tels témoignages, a-t-on même pu douter de l’authenticité des sept lettres ?
Deux motifs furent à la base de la controverse
a) Trois recensions différentes des lettres d’Ignace existent. L’une (la recension courte) ne comprend que des extraits, la troisième (la recension longue) contient nos lettres, mais aussi six lettres additionnelles apocryphes. La critique dut donc déchiffrer l’énigme et elle a admis comme seule authentique la recension moyenne, celle qui correspond en tous points au relevé d’Eusèbe.
b) Renan voyait, dans les lettres d’Ignace, « un plaidoyer pour l’orthodoxie et l’épiscopat ». De fait, les lettres d’Ignace sont la source unique qui permet de retracer l’organisation hiérarchique si ferme de l’Église à une époque aussi ancienne. Chaque Église est réunie autour de la hiérarchie : évêque, presbytres, diacres. La plupart des savants se refusaient à admettre ce fait.
2. Le style des lettres
Le style des lettres d’Ignace d’Antioche est d’une originalité saisissante.
Ce style, « qualités et défauts, grammaire et vocabulaire, est exactement le même dans les sept lettres et sa parfaite unité, d’un bout à l’autre de la collection, trahit l’unité d’auteur » [6].
Rien de composé ni d’étudié, bien au contraire, mais un langage direct et ardent. L’évêque d’Antioche sait que ces mots heurtés, qu’il dicte à la hâte, sous le regard hostile de ses malveillants gardiens, seront son testament spirituel et, tandis que son esprit embrasse tout l’horizon de l’Église catholique qui se soude dans l’unité, il lègue ce testament, toujours identique, à chacune des Églises locales qu’il peut atteindre.
Répétitions incessantes, images maladroites et trop fortes, phrases inachevées, brisées soudain par le jaillissement d’une idée nouvelle : ces défauts littéraires, que l’on a signalés à l’envi, ne lasseront que ceux qui ne peuvent communier aux convictions profondes de cette âme passionnée, tendue vers le Christ et vers Dieu.
Le jugement d’un fin littérateur comme Renan fut sévère : « Si l’on excepte en effet l’épître aux Romains, pleine d’une énergie étrange, d’une sorte de feu sombre, et empreinte d’un caractère particulier d’originalité, les six autres épîtres, à part deux ou trois passages sont froides, sans accent, d’une désespérante monotonie » [7].
Il est très vrai que l’incomparable Lettre aux Romains est d’une beauté unique : « On n’écrit pas dans sa vie deux lettres comme celle-là », mais « la différence est de degré, non de nature » et ce que Renan nomme monotonie, d’autres le nommeront insistance [8].
Le jugement de Tixeront nous semble si juste et si bien exprimé que nous le transcrivons ici : « Ignace ignore l’atticisme et l’art des périodes harmonieuses et savantes. Mais nul auteur, si ce n’est saint Paul à qui il ressemble beaucoup, n’a fait, mieux que lui, passer dans ses écrits toute sa personnalité et toute son âme. Un mouvement que l’on sent irrésistible entraîne cette composition incorrecte et heurtée, un feu court sous ses phrases où, parfois, un mot à l’emporte-pièce jaillit comme un éclair. La beauté de l’équilibre classique a fait place à une beauté d’ordre supérieur, parfois étrange, dont la source est dans l’intensité du sentiment et dans les profondeurs de la piété du martyr » [9].
3. Aperçu sur les différentes lettres
Voici comment se présente la collection des lettres d’Ignace :
a) Les quatre lettres écrites de Smyrne : • aux Éphésiens • aux Magnésiens • aux Tralliens • aux Romains
b) Les trois lettres écrites de Troas : • aux Philadelphiens • aux Smyrniotes • à l’évêque de Smyrne : Polycarpe.
Cinq de ces lettres ont, en ce qui concerne les idées traitées, un contenu absolument identique. Ce sont les lettres 1 - 2 - 3 et 5 - 6, soit toutes les lettres écrites aux Églises, celle aux Romains mise à part.
En voici, non pas le plan - car la disposition des sujets traités varie quelque peu -, mais le relevé des idées :
•
Salutation
Éloge des qualités de la communauté
Recommandations pressantes : fuir l’hérésie, s’attacher à l’unité dans la soumission à l’évêque
Salut final et demande de prières pour la Syrie ou de l’envoi d’un diacre (les lettres de Troas).
Quant à la lettre à l’évêque de Smyrne, Polycarpe, elle est bien semblable aux cinq lettres aux Églises, mais les conseils y ont évidemment un accent plus personnel et direct. Ignace se rend compte cependant que cette lettre aussi sera lue à toute l’assemblée, car, en une deuxième partie, il la termine en s’adressant à toute l’Église, lui recommandant la soumission à l’évêque.
Contre quelle hérésie Ignace met-il en garde les chrétiens ?
Ignace s’attaque à deux erreurs : le judéo-christianisme qui consiste à mêler les rites et les pratiques du judaïsme au christianisme et le ascétisme qui ne voit dans le corps de Jésus-Christ qu’un fantôme sans réalité objective.
Nous allons passer en revue chacune des lettres d’Ignace. Dans les citations, nous suivrons l’ordre des chapitres.
a) Les quatre lettres écrites de Smyrne
1 - LA LETTRE AUX ÉPHÉSIENS
Cette lettre est la plus longue, presque le double des autres et Ignace y annonce une deuxième lettre. Il y exhorte les Éphésiens à l’unité entre eux et avec leur évêque, il les met en garde contre l’hérésie et les remercie de l’envoi de leurs représentants.
Soumission à l’évêque :
• Vous ne devez avoir avec votre évêque qu’une seule et même pensée… Votre vénérable presbyterium vraiment digne de Dieu est uni à l’évêque comme les cordes à la lyre et c’est ainsi que du parfait accord de vos sentiments et de l’harmonie de votre charité, s’élève un chant vers Jésus-Christ. Que chacun de vous entre dans ce chœur. Alors, dans l’harmonie de la concorde, vous prendrez par votre unité même le ton de Dieu, et vous chanterez tous d’une seule voix par Jésus-Christ, les louanges du Père qui vous entendra et, à vos bonnes œuvres, vous reconnaîtra pour les membres de son Fils. Il vous est bon de vous tenir dans une irréprochable unité : c’est par là que vous jouirez d’une constante unité avec Dieu lui-même.
4, 2
L’unité :
• Quel n’est pas votre bonheur à vous qui êtes étroitement unis à l’évêque comme l’Église l’est à Jésus-Christ et Jésus-Christ à son Père, dans l’harmonie de l’universelle unité.
5, 1
Mise en garde contre l’hérésie :
• Ne vous laissez jamais séduire par personne… car vous vous êtes donnés tout entiers à Dieu.
8
À Éphèse, les processions en l’honneur de la grande Artémis étaient célèbres. Ignace s’empare de l’image et montre dans les chrétiens les « théophores », les « christophores », les porteurs des objets sacrés :
• Vous êtes tous compagnons de route, portant votre Dieu et son temple, le Christ, les objets sacrés, et parés des préceptes de Jésus-Christ.
9, 2
Bonté pour tous :
• Priez aussi sans cesse pour les autres hommes : on peut espérer les voir arriver à Dieu par la pénitence. Donnez-leur au moins la leçon de vos exemples. À leurs emportements, opposez la douceur, à leur orgueil, l’humilité ; à leurs blasphèmes, la prière ; à leurs erreurs, la fermeté dans la foi ; à leur caractère sauvage, l’humilité, sans jamais chercher à rendre le mal qu’ils vous font. Montrons-nous vraiment leurs frères par la bonté. Efforçons-nous d’imiter le Seigneur en rivalisant à qui souffrira davantage l’injustice, le dépouillement et le mépris.
10
Amour du Christ :
• L’essentiel, c’est d’être trouvé par notre union avec le Christ Jésus dignes de la véritable vie. N’aimez rien en dehors de Lui. C’est pour Lui que je promène mes chaînes qui sont mes perles spirituelles. Puissé-je ressusciter avec elles grâce à vos prières
11
Le silence de Jésus :
• Celui qui entend en vérité la parole de Jésus, celui-là peut entendre en vérité son silence même ; c’est alors qu’il sera parfait : il agira par sa parole et se manifestera par son silence.
15
• Si le Seigneur s’est laissé répandre un parfum sur la tête, c’est pour communiquer à l’Église son incorruptibilité.
17
• Pourquoi ne pas acquérir tous la sagesse en recevant la connaissance de Dieu qui est Jésus-Christ ? Pourquoi courir follement à notre perte en méconnaissant le don que le Seigneur nous a véritablement envoyé ?
17
Au chapitre 19, Ignace fait mention d’une étoile miraculeuse « qui fit pâlir toutes les autres » et manifesta « les mystères éclatants que Dieu opéra dans le silence » (la virginité de Marie, son enfantement, la mort du Seigneur). Cette croyance, écho de celle qui se trouve dans l’Évangile de Matthieu, se retrouvera encore dans un évangile apocryphe (le Protévangile de Jacques) et dans Clément d’Alexandrie.
2 - LA LETTRE AUX MAGNÉSIENS
Ignace remercie les Magnésiens de l’envoi de leurs représentants, il les exhorte au respect et à la soumission envers leur évêque et, leur recommandant de garder l’unité de la foi, il les met en garde contre l’hérésie des judaïsants.
Damas, le saint évêque de Magnésie, est très jeune encore, aussi Ignace met-il en garde les fidèles :
• La jeunesse de votre évêque ne doit pas être pour vous le prétexte d’une trop grande familiarité : c’est la puissance même de Dieu le Père que vous devez pleinement révérer en lui… Ce n’est pas à lui que va la soumission des presbytres, mais au Père de Jésus-Christ, à l’évêque universel.
3, 1
De qui est cette monnaie ?
• Il y a pour ainsi dire deux sortes de monnaies : celle de Dieu et celle du monde, et chacune d’elles a son effigie propre ; les infidèles portent l’effigie de ce monde ; les fidèles, que la charité anime, l’empreinte de Dieu le Père.
5
Faire tout « en commun » dans l’unité :
• De même que le Seigneur n’a rien fait, ni par lui-même, ni par ses apôtres, sans son Père (cf. Jn, 5, 19) avec lequel il est un, ainsi, vous non plus, ne faites rien sans l’évêque et les presbytres. C’est en vain que vous essaierez de faire passer pour raisonnable une action accomplie à part vous, faites donc tout en commun : une même prière, une même supplication, un seul et même esprit, une même espérance animés par la charité dans une joie innocente. Tout cela, c’est Jésus-Christ au-dessus duquel il n’y a rien… Accourez tous vous réunir dans le même temple de Dieu, au pied du même autel, en Jésus-Christ un, qui est sorti du Père un et qui demeurait dans l’unité du Père et qui est retourné à Lui (cf. Jn, 16, 28).
7
Comment pourrions-nous vivre sans Jésus-Christ ?
• Ce mystère (la résurrection de Jésus) nié par plusieurs est la source de notre foi et par là de la patience avec laquelle nous souffrons pour devenir de vrais disciples de Jésus-Christ, notre unique Maître. Comment donc pourrions-nous vivre sans lui quand les prophètes eux-mêmes, ses disciples en esprit, l’attendaient comme leur Maître ?
9
• Ne restons donc pas insensibles à sa bonté. S’il vient à régler sa conduite sur la nôtre, c’en est fait de nous. Apprenons donc à son école à vivre selon le christianisme [10].
10, 1
3 - LA LETTRE AUX TRALLIENS
Ignace remercie les Tralliens de l’envoi de leurs représentants, il fait l’éloge des Tralliens, les félicitant surtout de leur soumission à leur évêque. Il les met en garde contre l’hérésie et leur recommande de demeurer dans l’unité.
Ignace a une réelle affection, presque une prédilection, pour ses chers diacres. Il a une conception très haute de leur service :
• Ils ne sont pas en effet de simples distributeurs d’aliments et de boissons, ils sont les serviteurs de l’Église de Dieu.
2, 1
Nous rappelons que nous avons déjà cité, emprunté à la lettre aux Tralliens (ch. 9), un texte important qui est à l’origine du Symbole des apôtres : profession de foi dont les termes se fixent déjà [11]. Au chapitre 10, on relève une vive protestation contre le docétisme et ce lyrisme passionné est bien semblable à celui qui anime toute la lettre aux Romains :
• S’il (= Jésus-Christ) n’a souffert qu’en apparence, comme le prétendent certains athées, c’est-à-dire certains incrédules qui ne sont eux-mêmes qu’une apparence, à quoi bon alors les fers que je porte ? Pourquoi brûler de combattre contre les bêtes ? C’est donc en vain que je meurs ! Ce que je dis du Seigneur n’est donc qu’une fable !
10
C’est dans les lettres d’Ignace que se rencontre pour la première fois l’image devenue si courante de « l’arbre de la croix », arbre de vie [12] :
• Fuyez les rameaux parasites et dangereux (= les incrédules) ils portent des fruits qui donnent la mort, si quelqu’un en goûte, il meurt sur-le-champ. Ceux-là ne sont pas la plantation du Père. S’ils l’étaient, ils apparaîtraient comme des rameaux de la croix, et leur fruit serait incorruptible [13].
11, 1-2
Et ce texte se poursuit par cet émouvant appel à l’unité :
• Par sa croix, dans sa passion, Jésus-Christ vous appelle à lui, vous qui êtes ses membres. La tête, en effet, ne peut pas être engendrée sans les membres et c’est Dieu qui nous promet cette unité : Dieu qui est lui-même unité.
11, 2
4 - LA LETTRE AUX ROMAINS
Cette lettre a un seul but : implorer les Romains de ne pas intervenir pour éloigner d’Ignace le supplice qu’il considère comme la grâce suprême de sa vie. Elle est tout entière un cri passionné d’amour. Elle est la première et la plus belle expression de ce « désir du martyre » qui enflammera les chrétiens fervents des premiers siècles, qui dictera à un Origène et à un saint Cyprien leur Exhortation au martyre et sera à l’origine de la naissance et de la diffusion du monachisme ancien.
Il faut aussi retenir le témoignage que cette lettre apporte à la primauté romaine.
• Contentez-vous de demander pour moi la force intérieure et extérieure, pour que je sois chrétien, non seulement de bouche mais de cœur ; non seulement de nom mais de fait, car si je me montre chrétien de fait, je mériterai aussi ce nom, et c’est quand j’aurai disparu de ce monde que ma foi apparaîtra avec le plus d’éclat. Rien de ce qui se voit n’est bon : même notre Dieu, Jésus-Christ ne s’est jamais mieux manifesté que depuis qu ’il est retourné au sein du Père. Le christianisme, en butte à la haine du monde, n’est plus objet de persuasion (humaine) mais œuvre de puissance.
3, 1-2
• Laissez-moi devenir la pâture des bêtes : c’est par elles qu’il me sera donné d’arriver à Dieu. Je suis le froment de Dieu et je suis moulu par, la dent des bêtes pour devenir le pain immaculé du Christ. Caressez-les plutôt, afin « elles soient mon tombeau et qu’elles ne laissent rien subsister de mon corps, mes funérailles ne seront ainsi à charge à personne.
4, 1-2
• Il m’est bien plus glorieux de mourir pour le Christ Jésus que de régner jusqu’aux extrémités de la terre. C’est lui que je cherche, qui est mort pour nous ! C’est lui que je veux, qui est ressuscité pour nous ! Voici le moment où je vais être enfanté. De grâce, frères, épargnez-moi : ne m’empêchez pas de naître à la vie, ne cherchez pas ma mort… Laissez-moi arriver à la pure lumière : c’est alors que je serai vraiment homme. Permettez-moi d’imiter la passion de mon Dieu.
6
• Mes passions terrestres ont été crucifiées, il n’existe plus en moi de feu pour la matière il n’y a plus qu’une eau vive qui murmure au-dedans de moi « Viens vers le Père ».
7
La lettre aux Romains est datée, Ignace veut annoncer son arrivée :
• Je vous écris de Smyrne, par l’intermédiaire d’Éphésiens… Je vous écris le neuvième jour avant les calendes de septembre (= 24 août).
10
b) Les trois lettres écrites de Troas
5 - LA LETTRE AUX PHILADELPHIENS
Après avoir fait l’éloge de leur évêque, Ignace recommande aux Philadelphiens de fuir l’hérésie, il signale surtout celle des judaïsants, il exhorte à rechercher l’unité dans l’eucharistie et il demande d’envoyer un diacre comme délégué à Antioche.
Il est remarquable qu’Ignace, malgré la sévérité de sa mise en garde constante contre l’hérésie et les hérétiques, demeure profondément bienveillant pour les personnes dont il ne cesse d’espérer le retour à la vérité, à l’unité :
L’hérésie :
• Abstenez-vous de ces plantes vénéneuses : Jésus-Christ ne les cultive pas parce qu’elles n’ont point été plantées par le Père… Tous ceux qui appartiennent à Dieu et à Jésus-Christ restent unis à l’évêque ; et tous ceux que le repentir ramène dans l’unité de l’Église appartiendront, eux aussi, à Dieu, pour vivre selon Jésus-Christ.
3, 1-2
La charité :
• Serrez-vous les uns contre les autres dans l’indivisible unité de vos cœurs.
6, 2
Le repentir :
• Dieu pardonne toujours au repentir pourvu que ce repentir ramène à l’union avec Dieu et à la communion avec l’évêque.
8, 1
Nous citons ci-après un passage important dont le sens est très discuté : il semble bien qu’il s’agit de répondre à ceux qui opposent l’autorité de l’Ancien Testament à celle de l’Évangile [14].
• Je vous en prie, inspirez-vous toujours dans votre conduite, non de l’esprit de discorde, mais de la doctrine du Christ. J’ai entendu dire à certaines gens : « Ce que je ne trouve pas dans nos archives, je ne l’admets pas dans l’Évangile ». Et quand je leur disais : « Mais, c’est écrit », ils me répondaient : « Là est justement toute la question ». Mes archives à moi, c’est Jésus-Christ ; mes inviolables archives, c’est sa croix, sa mort, sa résurrection et la foi dont il est l’auteur. Voilà d’où j’attends, avec l’aide de vos prières, d’être justifié.
8, 2
Il n’y a d’ailleurs chez Ignace aucune opposition entre l’Ancien Testament et l’Évangile, c’est à plusieurs reprises qu’il parlera avec grand éloge des prophètes :
• Tout cela [15] n’a qu’un but : notre union avec Dieu, mais il y a dans l’Évangile un trait tout particulier : c’est l’avènement du Sauveur, notre Seigneur Jésus-Christ, sa passion et sa résurrection. Car les bien-aimés prophètes n’avaient fait que l’annoncer, tandis que l’Évangile est la consommation de la vie éternelle.
9, 2
6 - LA LETTRE AUX SMYRNIOTES
Ignace met les Smyrniotes en garde contre l’hérésie du docétisme. Il leur recommande l’union à l’évêque et les prie d’envoyer un délégué à Antioche.
La lettre débute par un passage qui, lui aussi, est bien proche d’une profession de foi : voir chap. 1 et 2 (cf. Trall. 9).
Nouvelle mise en garde contre le docétisme :
• Mon but est de vous mettre en garde contre les bêtes féroces à figure humaine, que non seulement vous ne devez pas accueillir, mais dont vous devez même, si c’est possible, éviter la rencontre, vous contentant de prier pour leur conversion, chose d’ailleurs bien difficile, mais possible pourtant à Jésus-Christ, notre véritable vie. Si c’est seulement en apparence que notre Seigneur a agi, ce n’est aussi qu’en apparence que je suis chargé de fers. Alors, pourquoi me suis-je voué à la mort, par le feu, le glaive, les bêtes ?… C’est pour m’associer à sa passion que j’endure tout et c’est lui qui m’en donne la force, lui qui s’est fait complètement homme.
4
Ignace souhaite que la pénitence ramène les infidèles
• à la foi en la passion qui est notre résurrection.
5, 3
Nous citons le texte qui est le plus ancien exemple de l’emploi du mot Église catholique dans le sens d’Église universelle [16] :
• Ne regardez comme valide que l’Eucharistie célébrée sous la présidence de l’évêque ou de son délégué. Partout où paraît l’évêque, que là aussi soit la communauté, de même que partout où est le Christ-Jésus, là est l’Église catholique.
8
Nous avons la preuve qu’Ignace dictait ses lettres, car il dit qu’il écrit aux Smyrniotes par la main de Burrhus (ch. 12).
7 - LA LETTRE A POLYCARPE
On a toujours remarqué que le ton de la lettre d’Ignace à Polycarpe, s’il est bienveillant certes, est aussi quelque peu protecteur : tout suggère que Polycarpe est plus jeune qu’Ignace et encore assez inexpérimenté.
L’évêque de Smyrne « est soumis lui-même à l’épiscopat de Dieu le Père et du Seigneur Jésus-Christ », il lui est dit « d’avancer avec plus d’ardeur dans sa course » et de demander « une sagesse plus grande que celle qu’il a » (ch. 1).
• Prends soin de l’unité, le plus grand de tous les biens. Aide tous les autres, comme le Seigneur t’aide toi-même. Parle à chacun en particulier à l’exemple de Dieu. Quant aux choses invisibles, prie pour qu’elles te soient révélées, tu ne manqueras ainsi de rien et tu auras les dons spirituels en abondance.
2, 2
En faisant semblable recommandation à Polycarpe, Ignace nous livre un secret de son âme qui a la « révélation de l’invisible ».
• Comme le pilote réclame les vents et comme l’homme livré à la tempête réclame le port, ainsi le moment présent te réclame pour te mener jusqu’à Dieu.
2, 3
• J’offre pour toi ma vie et ces fers pour lesquels tu as montré tant de charité.
2, 3
• Tiens ferme comme l’enclume sous le marteau. Un grand athlète triomphe malgré les coups qui le déchirent.
3, 1
Le texte cité ci-dessus est bien émouvant lorsqu’on le rapproche de la pensée du martyre de Polycarpe. On a d’ailleurs souvent souligné combien cette lettre d’Ignace convenait au futur martyr qui eut en une vision la « révélation de l’invisible », qui est loué pour sa piété solidement établie comme sur un roc inébranlable et qui est appelé à deux reprises un athlète (« Porte, en athlète accompli, les infirmités de tous » ch. 1).
A partir du ch. 6, la lettre s’adresse à tous :
• Écoutez votre évêque pour que Dieu lui-même vous écoute… soyez les uns pour les autres indulgents et doux, comme Dieu l’est pour vous.
6
La lettre se termine en annonçant le départ précipité :
• Je ne puis écrire à toutes les Églises car on nous fait embarquer précipitamment à Troas pour Néapolis, ainsi l’ordonne la volonté.
8, 1
4. La doctrine des lettres
Les lettres d’Ignace « ont une importance incalculable pour l’histoire du dogme » [17].
« Comme à ses grands docteurs, l’Église lui doit certains traits qui resteront acquis pour toujours : pour la doctrine de l’Incarnation et de la Rédemption, de l’Église ou de l’Eucharistie, Ignace a apporté à la construction du dogme catholique des pierres solides et bien appareillées qui resteront à la base de l’édifice » [18].
« Du IIe au IVe s., la langue théologique a changé, mais la pensée est la même » [19].
On voit suffisamment par ces trois citations l’importance doctrinale des lettres d’Ignace d’Antioche : elle est d’autant plus remarquable qu’il s’agit de lettres hâtivement rédigées et occasionnelles.
Nous allons rapidement dresser ci-après un relevé de quelques textes majeurs soulignant les sujets suivants :
• Unité de Dieu et Trinité
• Divinité de Jésus
• Réalité de l’Incarnation
• Rédemption
• Eucharistie
• Église
• Virginité de Marie
Unité de Dieu
• Magn. 8, 2 - Il n’y a qu’un Dieu qui s’est manifesté par Jésus-Christ, son Fils qui est son Verbe sorti du silence [20].
Trinité
• Éph. 9, 1 - Vous êtes les pierres du temple du Père, destinées à l’édifice que construit Dieu le Père, élevées jusqu’au faîte par la machine de Jésus-Christ qui est sa croix, avec le Saint-Esprit pour câble [21].
Magn. 13, 1 - Ayez soin de vous tenir dans la foi et la charité avec le Fils, le Père et l’Esprit.
Magn. 13, 2 - Soyez soumis à l’évêque… comme les apôtres le furent au Christ, au Père et à l’Esprit [22].
Divinité de Jésus-Christ [23]
• Éph. 1, 1 Après vous être retrempés dans le sang de Dieu…
Éph. 7, 2 Il n’y a qu’un seul médecin, à la fois chair et esprit, engendré et non engendré [24], Dieu fait chair, vraie vie au sein de la mort, né de Marie et de Dieu, d’abord passible et maintenant impassible, Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Éph. 18, 2 - Notre Dieu Jésus-Christ a été selon le plan divin porté dans le sein de Marie, issu du sang de David et aussi du Saint-Esprit. Il est né et a été baptisé pour purifier l’eau par sa passion.
Magn. 6, 1 - Jésus-Christ qui était auprès du Père avant les siècles et qui s’est révélé à la fin des temps.
Rom. 3, 3 - Rien de ce qui est visible n’est bon. Même notre Dieu Jésus-Christ ne s’est jamais mieux manifesté que depuis qu’il est retourné au sein du Père.
Rom. 6, 3 - Permettez-moi d’imiter la passion de mon Dieu.
Réalité de l’Incarnation
On pourrait relever ici tous les textes qui visiblement s’opposent au docétisme. Rappelons la fervente exclamation :
• Smyrn. 4, 1-2 - Il faut prier pour leur conversion (des docètes), chose bien difficile mais possible pourtant à Jésus-Christ, notre véritable vie. Si c’est seulement en apparence que Notre-Seigneur a agi, ce n’est aussi qu’en apparence que je suis chargé de fers. Alors pourquoi me suis-je voué à la mort, par le feu, le glaive, les bêtes ?.. C’est pour m’associer à sa passion que j’endure tout, et c’est lui qui m’en donne la force, lui qui s’est fait complètement homme.
Rédemption
Quelques textes cités à la suite l’un de l’autre prouveront l’insistance d’Ignace sur ce point :
• Jésus-Christ est mort pour nous afin de vous préserver de la mort par la foi en sa mort (Trall., 2, 1). C’est pour notre salut qu’il a enduré toutes ces souffrances (Smyrn., 2, 1). Il est mort pour nous, ressuscité à cause de nous (Rom., 6, 1). Il a été réellement percé de clous pour nous en sa chair sous Ponce-Pilate et Hérode le Tétrarque ; c’est au fruit de sa croix, à sa sainte et divine passion que nous devons la vie (Smyrn, 1, 2). Ceux qui sont plantés par le Père sont des rejetons de la croix et leur fruit est incorruptible (Trall., 11, 2).
Le Christ révèle son Père
• Rom. 8, 2 - Jésus-Christ, Lui, la bouche infaillible par laquelle le Père a vraiment parlé.
Le Christ, tête du corps de l’Église
• Éph. 4, 2 - À vos bonnes œuvres, le Père vous reconnaîtra pour les membres de son Fils. Trall. 11, 2 - Par sa croix, dans sa passion, Jésus-Christ vous appelle à lui, vous qui êtes ses membres.
Eucharistie
• Éph. 13, 1 - Ayez donc soin de tenir des réunions plus fréquentes pour offrir à Dieu votre Eucharistie et vos louanges. Éph. 20, 2 -… si le Seigneur me fait savoir que, chacun en particulier et tous ensemble… vous êtes unis de cœur dans une inébranlable soumission à l’évêque et au presbyterium, rompant tous un même pain, ce pain qui est un remède d’immortalité, un antidote destiné à nous préserver de la mort et à nous assurer pour toujours la vie en Jésus-Christ. Philad. 4 - Ayez donc soin de ne participer qu’à une seule Eucharistie. Il n’y a en effet qu’une seule chair de Notre Seigneur, une seule coupe pour nous unir dans son sang, un seul autel comme il n’y a qu’un seul évêque, entouré du presbyterium et des diacres, les associés de mon ministère. Smyrn. 7, 1 - Ils (les docètes) s’abstiennent de l’Eucharistie et de la prière parce qu’ils ne veulent pas reconnaître dans l’Eucharistie la chair de Jésus-Christ notre Sauveur, cette chair qui a souffert pour nos péchés et que le Père, dans sa bonté, a ressuscitée.
Église
Ignace a souvent nommé les trois degrés de la hiérarchie ecclésiastique :
• Magn. 6, 1 - Je vous en conjure, accomplissez toutes vos actions dans cet esprit de concorde qui plaît à Dieu, sous la présidence de l’évêque qui tient la place de Dieu, des presbytres qui représentent le sénat des apôtres, des diacres, objets de ma particulière affection, chargés du service de Jésus-Christ qui était auprès du Père avant les siècles et qui s’est révélé à la fin des temps. Trall. 3 - Vous devez tous révérer les diacres comme Jésus-Christ lui-même, l’évêque comme l’image du Père, les presbytres comme le sénat de Dieu et le collège des Apôtres ; sans eux, il n’y a point d’Église.
Il ne cesse de recommander l’union à l’évêque
• Philad. 7, 1 - Pendant mon séjour parmi vous, j’ai crié, j’ai dit bien haut d’une voix qui était la voix même de Dieu : Tenez-vous étroitement unis à votre évêque, au presbyterium et aux diacres… C’est l’Esprit qui disait bien haut : n’agissez jamais en dehors de votre évêque… aimez l’unité, fuyez les divisions.
Il voit l’Église dans son unité et dans sa catholicité, cette unité est à la fois intérieure et extérieure :
• Magn. 13, 2 - Soyez soumis à l’évêque et les uns aux autres, comme Jésus-Christ dans sa chair le fut à son Père, et comme les Apôtres le furent au Christ, au Père et à l’Esprit, et qu’ainsi votre union soit à la fois extérieure et intérieure. Smym. 1, 2 - Par sa résurrection, il a levé son étendard sur les siècles pour grouper ses saints et ses fidèles, tant du sein du judaïsme que de celui de la gentilité en un seul et même corps qui est l’Église. Éph. 3, 2 - Les évêques établis jusqu’aux extrémités du monde ne sont qu’un avec l’Esprit de Jésus-Christ. Smyrn. 8, 2 - Là où paraît l’évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l’Église catholique.
Virginité de Marie
• Éph. 19, 2 - Le prince de ce monde n’eut connaissance ni de la virginité de Marie, ni de son enfantement, ni de la mort du Seigneur : trois mystères éclatants que Dieu opéra dans le silence. Éph. 7, 2 - Il n’y a qu’un seul médecin… né de Marie et de Dieu. Éph.18, 2 - Jésus-Christ a été selon le plan divin, porté dans le sein de Marie, issu du sang de David et aussi du Saint-Esprit…
CONCLUSION : L’ÂME D’IGNACE D’ANTIOCHE
Le nom d’Ignace, on le souligne volontiers, vient du mot latin : ignis, le feu. Une âme de feu, telle est bien l’âme passionnée de l’humble et mystique évêque d’Antioche, et sa passion suprême, c’est le Christ, c’est lui que cherche Ignace, « Lui qui est mort pour nous ; lui qui est ressuscité à cause de nous » [25].
Dans les lettres de saint Ignace d’Antioche, les pensées dominantes de saint Paul et de saint Jean fusionnent : union du Christ et de l’Église et vie dans le Christ. Le thème majeur qui les parcourt est celui de l’union : union à Dieu et au Christ, union à l’évêque et entre tous les chrétiens.
Cette intime union à son Dieu qui l’appelle est la source vive où Ignace puise le désir ardent et la force de l’imiter dans sa patience et jusque dans sa mort glorieuse. Mais c’est en pleine conscience de son absolue faiblesse que « dernier des fidèles d’Antioche » [26], il s’élance à la suite de son Maître : « Pour s’associer à sa passion, il endure tout » mais - il le sait et le proclame -, seul « lui en donne la force celui qui s’est fait parfaitement homme » [em].
Dans une foi ferme, animée d’espérance et d’amour, Ignace contemple son « Sauveur » [em] « né de Marie et de Dieu » [27], « l’invisible qui à cause de nous s’est rendu visible » [28], et cette foi le mène à l’imitation du Christ.
Par cette imitation, et comme d’étape en étape, tel le prisonnier mené d’Antioche à Rome, l’humble disciple sera mené à la plus haute contemplation : c’est ce que met si bien en valeur le beau tropaire de la liturgie byzantine [29] :
• Émule des apôtres dans leur vie, leur successeur sur leurs trônes, tu as trouvé dans la pratique des vertus, ô inspiré de Dieu, la voie qui mène à la contemplation. Aussi, dispensant fidèlement la parole de vérité, tu as lutté pour la foi jusqu’au sang, ô Pontife martyr Ignace. Prie le Christ-Dieu de sauver nos âmes.
APPENDICE
1. Ignace d’Antioche : emprunts johanniques
d’après M.J. LAGRANGE, Évangile selon S. Jean, Paris, 1925, p. XXVI.
JEAN
Le vent souffle où il veut, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. 3, 8
Le Fils ne peut rien faire de lui-même rien qu’il ne voit faire au Père. 5, 19 Le Père qui demeure en moi, accomplit les œuvres. 14, 10 En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. 15, 5
Travaillez, non pour la nourriture périssable. 6, 27 Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel. 6, 33 Qui mange ma chair et boit mon sang. 6, 54
J’ai manifesté ton nom… 17, 6 Le Verbe. 1, 1 Le Fils unique, lui, l’a fait connaître. 1, 18 Celui qui m’a envoyé est avec moi… Je fais toujours ce qui lui plaît. 8, 29
… Pour qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi, pour qu’ils soient parfaitement un. 17, 22
Et le pain que moi je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde 6, 51 Si vous ne mangez la chair du Fils de l’Homme… vous n’aurez pas la vie en vous. 6, 53 Qui mange ma chair, je le ressusciterai. 6, 54
IGNACE
On ne trompe pas l’Esprit, car il vient de Dieu, il sait d’où il vient et où il va, il pénètre les secrets les plus cachés. Ph. 7, 1
De même que le Seigneur, soit par lui-même, soit par ses apôtres, n’a rien fait sans le Père avec lequel il n’est qu’un, vous non plus, en dehors de l’évêque et des presbytres. Magn. 8, 1
Je ne prends plus plaisir à la nourriture corruptible ce que je veux, c’est le pain de Dieu, ce pain qui est la chair de J.C., le Fils de David, et pour breuvage je veux son sang qui est l’amour incorruptible. Rom. 7, 3
Il n’y a qu’un Dieu et ce Dieu s’est manifesté par J.C., son Fils, qui est son Verbe sorti du silence, celui qui accomplit fidèlement les volontés de celui qui l’a envoyé. Magn. 8, 2
Quel n’est pas votre bonheur à vous qui lui (Le. à l’évêque) êtes étroitement unis, comme 1’Eglise l’est à J.C. et J.C. à son Père, dans l’harmonie de l’universelle unité. Éph. 5, 1
Ils s’abstiennent de l’Eucharistie et de la prière, parce qu’ils ne veulent pas reconnaître dans l’Eucharistie la chair de J.C. notre Sauveur… Cette chair qui a souffert pour nos péchés… ceux qui le nient n’ont pas la vie. Ils feraient mieux de pratiquer la charité (agapè) pour avoir part à la résurrection. Smyrn. 7, 1
2. Lettre aux Romains, 7, 2
Le sens des mots : « Eau vive »
• Mes passions terrestres ont été crucifiées et il n’existe plus en moi de feu pour la matière, il n’y a qu’une eau vive (Jn 4, 10 & 7, 38) qui murmure au-dedans de moi : « Viens vers le Père ».
Si, comme semble l’indiquer, la dépendance des lettres d’Ignace par rapport à la doctrine johannique, les mots « eau vive » sont empruntés au vocabulaire de Jean (Cf. aussi Za 14, 8 et Jr 2, 3), le sens en est certainement, selon saint Jean lui-même, l’Esprit Saint ; dès lors, la beauté de l’expression se revêt d’une forme doctrinale très importante.
• Or le dernier jour, le plus solennel de la fête, Jésus se tenait debout et il s’écria : « Si quelqu’un a soif qu’il vienne vers moi et qu’il boive, celui qui croit en moi. Comme a dit l’Ecriture : des fleuves d’eau vive couleront de son sein ». Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui ; car il n’y avait pas encore d’Esprit, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié.
Jn 7, 37-39
À l’appui de cette hypothèse, nous citons deux textes de saint Irénée qui, au second siècle, désigne certainement l’Esprit Saint par l’eau vive.
• L’Esprit ramène à l’Unité les races éloignées, il offre au Père les prémices des nations. Le Seigneur nous a promis le Paraclet pour nous adapter à Dieu : comme la farine sèche ne peut, sans eau, devenir une seule pâte, un seul pain, ainsi, nous tous, nous ne pouvions non plus devenir un dans le Christ Jésus, sans l’eau qui vient du ciel. La terre aride, si elle ne reçoit l’eau, ne fructifie point, ainsi nous-mêmes qui étions d’abord du bois sec, nous n’aurions jamais porté de fruits de vie sans cette eau, pluie librement donnée d’en haut. Dans le baptême, nos corps, par le bain de l’eau, ont reçu l’Unité qui les rend incorruptibles, et nos âmes la reçoivent par l’Esprit. La Samaritaine avait forniqué en des noces multiples, Notre-Seigneur lui a montré et Il lui a promis l’Eau vive. Désormais elle aura en elle le breuvage qui jaillit pour la vie éternelle, ce breuvage que le Seigneur Jésus a reçu en don du Père et qu’il a donné lui aussi, à ceux qui participent de lui, en envoyant son Esprit Saint sur la terre entière.
IRENEE, Adv. Haer., II, 17, 2.
• … ceux qui ne participent pas à l’Esprit ne puisent pas au sein de leur Mère (I’Eglise) la nourriture de Vie ; ils ne reçoivent rien de la source très pure qui coule du corps du Christ.
IRENEE, Adv. Haer., III, 24, 1.
3. Lettre aux Philadelphiens, 6, 1
Le sens de l’Ancien Testament
• Si quelqu’un vous interprète les prophètes dans le sens du judaïsme, ne l’écoutez pas : mieux vaut entendre le christianisme prêché par un circoncis, que le judaïsme par un incirconcis. S’ils ne vous parlent ni l’un ni l’autre de Jésus-Christ, ils ne sont à mes yeux que des cippes funéraires et des tombeaux sur lesquels ne sont inscrits que des noms d’hommes.
Il nous semble ne pouvoir mieux commenter ce passage très important d’Ignace d’Antioche qu’en citant le Père Durwell [30] : « Pour faire un juste départ dans l’interprétation des textes messianiques et donner son dû à chacun des deux peuples, il faut les entendre successivement en un sens « charnel » et en un sens « spirituel » ; il faut accorder à l’économie ancienne le bénéfice des promesses terrestres, puis faire mourir ces textes à leur signification charnelle, les ensevelissant avec le Christ pour les ressusciter avec lui dans l’Esprit et les donner ainsi à l’Église ».
« Il ne faut cependant pas soumettre ces prophéties à une désincarnation, mais à une résurrection corporelle spiritualisante. »
4. Lettre aux Éphésiens, 18, 2
Le baptême du Christ
• Notre Dieu, Jésus-Christ… a été baptisé pour purifier l’eau par sa passion.
Il ne nous est pas habituel de voir dans la scène du baptême du Christ une anticipation, une préfiguration de la Passion et du baptême chrétien en tant qu’il nous plonge dans cette Passion rédemptrice. Or, seule cette perspective explique ce texte d’Ignace d’Antioche. Nous citons une nouvelle fois le Père Durwell qui explicite ce point de vue : « Deux logia de Jésus (Mc 10, 38 ; Lc 12, 50) relient l’idée de baptême à celle de la passion et posent pour les synoptiques le problème des relations du baptême à la mort et à la résurrection.
Une tradition très ancienne se prévaut par contre du récit des synoptiques, pour placer, dans le baptême de Jésus au Jourdain, l’institution du baptême chrétien et en faire le prototype, au détriment de la doctrine baptismale de saint Paul et des relations du sacrement avec la mort et la résurrection.
Le baptême de Jésus est une préfiguration du rite chrétien, mais loin de revendiquer pour lui l’institution du baptême aux dépens de la mort et de la résurrection, il est lui-même dans la pensée de Jésus et selon la comparaison des faits, tourné vers l’acte rédempteur et expliqué par lui.
La théophanie du Jourdain marque l’inauguration de la vie publique du Christ. Dieu accrédite Jésus de Nazareth : la voix d’en haut le manifeste comme le Fils ; la présence de l’Esprit révèle en lui le Messie, l’Oint de Yahvé sur lequel repose la force divine. Sous l’impulsion de l’Esprit, pareil aux héros des anciens temps, Jésus entre dans sa carrière (Lc 4, 1.14).
Telle est la portée de l’apparition divine. Mais, pris dans son ensemble, le sens du baptême de Jésus déborde en une signification plus complexe.
Quand le Baptiste se voit pour la première fois, en présence de celui dont il avait contemplé la terrible grandeur (Mt 3, 11), il s’écrie : « C’est à moi d’être baptisé par toi, et tu viens à moi » ? Jésus répond : « Laisse-moi faire en ce moment, car c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute justice » (Mt 3, 14 s.). Quel est ce devoir imposé à tous deux ? Jean est le héraut qui ouvre la voie, l’ami qui introduit. Pour lui, la justice à parfaire, c’est le chemin à frayer, le grand ami à introduire. Pour Jésus, c’est d’être le sauveur du peuple pécheur (Mt 1, 21 et Lc 1, 77). En cette rencontre, Jean atteint au sommet de sa mission, il introduit le Christ dans son œuvre rédemptrice. Et Jésus s’y engage. Le baptême est le prélude de la rédemption, là est son mystère.
Ce prélude est significatif en même temps que réel, l’acte rédempteur s’y reflète tout entier et s’y trouve inauguré. Jésus devait se ranger parmi les pécheurs et se soumettre au « baptême dans la pénitence ». Plus tard, il aura à subir un autre baptême : « J’ai à recevoir un baptême » (Lc 12, 50). « Êtes-vous capables de recevoir le baptême que je vais recevoir ? » (Mc 10, 38). L’immersion dans les eaux de la pénitence anticipait et figurait le bain de sang et d’angoisse. A l’abaissement momentané répond aussitôt la glorification : « Dès qu’il fut baptisé, Jésus remonta de l’eau. » Et voici que le ciel s’ouvrit à lui et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venant sur lui. Et une voix du ciel disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je prends mes complaisances » (Mt 3, 16 ; Mc 1, 10 s.). Jésus sort des eaux du Jourdain comme plus tard il ressuscitera dans la gloire de l’Esprit, dans la manifestation de la divine filiation ; déjà s’annonce la création nouvelle qui se réalisera dans la résurrection
Le baptême d’eau auquel Jésus doit se soumettre se relie donc au devoir essentiel, celui de la mort et de la résurrection : du geste rédempteur, il est une première esquisse. Depuis lors, Jean-Baptiste, qui ne l’avait pas connu (Jn 1, 33) sinon comme un juge redoutable, l’appelle « l’Agneau de Dieu, celui qui ôte les péchés du monde » (Jn 1, 29). Par ailleurs, cette anticipation du drame rédempteur est réalisée par un rite d’eau : Jésus expérimente sa mort et sa résurrection par l’immersion et l’émersion baptismales.
La doctrine baptismale des synoptiques est donc pleine de suggestions. Le baptême chrétien se relie à la grandiose promesse des prophètes et du précurseur, au baptême eschatologique dans l’Esprit dont naîtra le peuple messianique. La théologie ultérieure rattachera cette effusion de l’Esprit à la glorification de Jésus. Mais déjà le récit du baptême de Jésus évoque tout le drame rédempteur et permet aux chrétiens de voir dans le sacrement de l’eau une extension sur eux de l’événement eschatologique, de la mort et de la Résurrection » [31].
Quelques témoignages des Pères
• Jean baptise, Jésus s’approche… pour ensevelir dans l’eau tout le vieil Adam.
SAINT GREGOIRE DE NAZIANZE, Or. 39, In sancta lumina, 25.
• Tu verras Jésus se purifiant dans le Jourdain pour une purification, ou plutôt (car il n’avait pas besoin d’être purifié, lui qui ôte les péchés du monde), purifiant les eaux par sa purification…
SAINT GREGOIRE DE NAZIANZE, Or. 38, In Theophania, 16.
• Le Seigneur a donc été baptisé ; il voulait non pas être purifié, mais purifier les eaux, afin que lavées par la chair du Christ qui n’a pas commis le péché, elles eussent le pouvoir de baptiser. Ainsi quiconque vient au baptême du Christ y laisse ses péchés.
SAINT AMBROISE, Traité sur l’Évangile de saint Luc, II, 83
• Pour nous le Christ s’est lavé, ou mieux, il nous a lavés dans son corps. Seul il s’est plongé, mais il a relevé le monde entier.
SAINT AMBROISE, Traité sur l’Évangile de saint Luc, II, 91
• Jésus est baptisé, bénissant les eaux et les purifiant pour nous…
SAINT CYRILLE D’ALEXANDRIE, Comm. in Luc, 3, 21
L’iconographie orientale illustre au mieux cette doctrine.
Sources :
SOEUR GABRIEL PETERS, Lire les Pères de l’Église. Cours de patrologie, DDB, 1981.
Avec l’aimable autorisation des Éditions Migne.
[1] Lire dans les Actes des apôtres, ch. 11, le récit de la fondation de l’Église d’Antioche.
[2] Nous avons adopté le texte des anciennes versions : parole… voix. Si nous le signalons, c’est parce que ce texte est discuté.
[3] Il faudrait oser traduire « sous son épiscopat » car le rapprochement est certainement voulu par Ignace : le Père de Jésus-Christ est « l’évêque universel » (Magn., 3, 1). Le mot grec episcopos signifie surveillant.
[4] Selon l’accentuation du mot grec, Théophore signifie qui porte Dieu ou porté par Dieu. C’est la première signification qui est celle d’Ignace Théophore. La liturgie des Églises d’Orient fête saint Ignace Théophore le 20 décembre et a choisi comme évangile : Mc 9, 33-4 1.
[5] La fête de saint Ignace qui se célébrait le 1er février dans la liturgie latine, est désormais fixée plus justement au 17 octobre.
[6] Voir LELONG, Les Pères apostoliques, III, Paris, 1927, Introduction.
[7] Voir RENAN, Les Évangiles, 1877, Préface, p. XVII. Renan n’acceptait l’authenticité que de la seule lettre aux Romains, reconnaissant cependant que de « fortes présomptions » existaient en faveur de l’authenticité. En effet, Lucien de Samosate, un rhéteur anti-chrétien, vers 165-170, fait dans son œuvre des emprunts évidents aux lettres d’Ignace.
[8] Voir LELONG, Les Pères apostoliques, III, Paris, 1927, Introduction.
[9] Dictionnaire des Connaissances religieuses, BRICOUT, art. « Ignace d’Antioche », par Tixeront.
[10] C’est ici le premier emploi connu de ce mot. Le terme « chrétien » est fréquent chez Ignace. D’après les Ac 11, 26, c’est à Antioche que fut employé la première fois le nom de « chrétien ».
[11] Voir au chapitre I de ce cours, les textes patristiques.
[12] D’après TH. CAMELOT, Ignace d’Antioche, Paris, 1944, SC N° 10, p. 120, note 1, « A notre connaissance », dit Camelot.
[13] La mosaïque de l’abside de l’église de saint Clément à Rome est une illustration de ce thème.
[14] Ignace parle plusieurs fois de l’Évangile. Certains veulent y voir une mention des écrits évangéliques. Il n’est pas douteux que ces écrits circulaient déjà, mais il est plus probable qu’Ignace parle de la doctrine du Seigneur. On sait que le canon des Écritures ne sera défini qu’au Concile de Trente (en 1546) qui sanctionnait ainsi un très long usage. Vers 130 déjà, le canon comprenant les quatre Évangiles et le recueil des épîtres de saint Paul est constitué en fait. Le Canon de Muratori est la plus ancienne liste qui soit parvenue jusqu’à nous (fin du second siècle). Ces listes, collections d’écrits dits inspirés, ne seront pas partout identiques durant les premiers siècles. Plus haut déjà, dans la même lettre, Ignace disait : « Mon refuge, c’est l’Évangile qui est pour moi Jésus lui-même en chair, et les Apôtres qui sont à mes yeux le presbyterium de l’Église. Aimons de même les prophètes, car eux aussi c’est l’Évangile qu’ils avaient en vue dans leurs prophéties ; c’est le Christ qui faisait l’objet de leur espérance et de leur attente… » Phil., 5, 1 et 2. - Cf. SAINT JÉRÔME, Ad psalm. 147 : Ego corpus Jesu evangelium puto, sanctas scripturas puto doctrinam ejus. « L’Évangile, d’après ma pensée, c’est le corps de Jésus, les saintes Écritures sont sa doctrine ».
[15] Tout cela = l’Ancien Testament.
[16] Dans le Martyre de S. Polycarpe, ce mot employé encore, prendra sa seconde acception : Église orthodoxe (par opposition aux sectes hérétiques ou schismatiques).
[17] Cf. J. QUASTEN, Initiation aux Pères de l’Église, Paris 1955, 1, p.76.
[18] Cf. TH. CAMELOT, Ignace d’Antioche, Paris 1958, SC N° 10, p. 58.
[19] Cf. J. LEBRETON, Histoire du dogme de la Trinité, Paris 1928, tome 2 p. 311.
[20] Ce texte fameux a été rétabli ainsi par Lightfoot sur l’autorité de la version arménienne et d’une citation de Sévère d’Antioche. D’autres témoins du texte portent « qui est son Verbe non sorti du silence » : ce texte serait alors postérieur au gnosticisme valentinien (vers 140-160) qui disait que le Verbe était émané de la Vérité procédant du Silence.
[21] Ceci est l’exemple le plus frappant du style parfois étrange d’Ignace.
[22] Remarquez que dans ces deux derniers textes, Ignace place le Christ en premier lieu.
[23] Les textes sont extrêmement nombreux, on en trouvera la liste exhaustive dans J. LEBRETON, Histoire du dogme de la Trinité, Paris 1928, tome 2, p. 297-298.
[24] Ce texte a fait couler des flots d’encre. Pour étudier de plus près sa portée théologique, on pourra se reporter à J. LEBRETON, op. cit., 11, p.314 et p. 635-647. Qu’il suffise ici de souligner que le vocabulaire théologique - genitum non factum - tel qu’il se fixera au Concile de Nicée (325) n’a pas encore cette précision au début du second siècle. Saint Athanase, qui a pris une telle part à l’élaboration de ce vocabulaire, reconnaît, en s’y arrêtant, la parfaite orthodoxie du texte de S. Ignace : le sens qu’Ignace a en vue, nous dit-il, n’est pas celui-ci : « qui n’a aucune cause, aucun principe », mais bien celui-ci : « non fait, non créé, éternel ». Emprunté à la langue philosophique grecque, le terme inengendré d’Ignace se rapporte à l’essence divine, sans envisager le mystère de la génération du Verbe procédant du Père.
[25] Rom., 6.
[26] Éph., 21.
[em] Smyrn., 4. Ce serait fausser les perspectives que de voir en Ignace un surhomme ou même un modèle inimitable. N’ira-t-il pas jusqu’à avouer qu’il se sent capable de reculer à l’heure de l’épreuve : « Si, quand je serai parmi vous, il m’arrive de vous supplier, ne m’écoutez pas. Faites plutôt ce que je vous écris aujourd’hui, car c’est en pleine vie que je vous exprime mon ardent désir de la mort » (Rom., 7, 2). Ce désir naît en lui de la voix de Dieu qui l’appelle : « Si quelqu’un possède Dieu dans son cœur, que celui-là comprenne mes désirs et qu’il compatisse, puisqu’il la connaît, à l’angoisse qui me serre ». « Une eau vive murmure au-dedans de moi : viens vers le Père » (Rom., 5-6).
[em] Éph., 1 et Magn., adresse.
[27] Éph., 7.
[28] Polyc., 3.
[29] Au 20 décembre, mémoire du saint martyr Ignace le Théophore. Remarquez aussi le choix de l’Évangile. Il fait allusion à la touchante légende qui veut que l’humble « Théophore » ait été ce petit enfant porté et embrassé par Jésus : Mc 9, 33-41 « Puis, prenant un petit enfant, il le plaça au milieu d’eux et, l’ayant embrassé, il leur dit… ».
[30] Cf. F.X. DURWELL, La Résurrection de Jésus, Mystère de salut, Paris 1950, p. 237 et note 82.
[31] Cf. F.X. DURWELL, op. cit., p. 363 à 365.
BENEDICT XVI
GENERAL AUDIENCE
St Peter's Square
Wednesday, 14 March 2007
Saint Ignatius of Antioch
Dear Brothers and Sisters,
As we already did last Wednesday, we are speaking
about the figures of the early Church. Last week we spoke of Pope Clement I,
the third Successor of St Peter. Today, we will be speaking of St Ignatius, who
was the third Bishop of Antioch from 70 to 107, the date of his martyrdom. At
that time, Rome, Alexandria and Antioch were the three great metropolises of
the Roman Empire. The Council of Nicea mentioned three "primacies":
Rome, but also Alexandria and Antioch participated in a certain sense in a
"primacy".
St Ignatius was Bishop of Antioch, which today is
located in Turkey. Here in Antioch, as we know from the Acts of the Apostles, a
flourishing Christian community developed. Its first Bishop was the Apostle
Peter - or so tradition claims - and it was there that the disciples were "for
the first time called Christians" (Acts 11: 26). Eusebius of Caesarea, a
fourth-century historian, dedicated an entire chapter of his Church
History to the life and literary works of Ignatius (cf. 3: 36).
Eusebius writes: "The Report says that he
[Ignatius] was sent from Syria to Rome, and became food for wild beasts on
account of his testimony to Christ. And as he made the journey through Asia
under the strictest military surveillance" (he called the guards "ten
leopards" in his Letter to the Romans, 5: 1), "he fortified
the parishes in the various cities where he stopped by homilies and
exhortations, and warned them above all to be especially on their guard against
the heresies that were then beginning to prevail, and exhorted them to hold
fast to the tradition of the Apostles".
The first place Ignatius stopped on the way to his
martyrdom was the city of Smyrna, where St Polycarp, a disciple of St John, was
Bishop. Here, Ignatius wrote four letters, respectively to the Churches of
Ephesus, Magnesia, Tralli and Rome. "Having left Smyrna", Eusebius
continues, Ignatius reached Troas and "wrote again": two letters to
the Churches of Philadelphia and Smyrna, and one to Bishop Polycarp.
Thus, Eusebius completes the list of his letters,
which have come down to us from the Church of the first century as a precious
treasure. In reading these texts one feels the freshness of the faith of the
generation which had still known the Apostles. In these letters, the ardent
love of a saint can also be felt.
Lastly, the martyr travelled from Troas to Rome, where
he was thrown to fierce wild animals in the Flavian Amphitheatre.
No Church Father has expressed the longing for union with
Christ and for life in him with the intensity of Ignatius. We
therefore read the Gospel passage on the vine, which according to John's Gospel
is Jesus. In fact, two spiritual "currents" converge in Ignatius,
that of Paul, straining with all his might for union with Christ, and
that of John, concentrated on life in him. In turn, these two
currents translate into the imitation of Christ, whom Ignatius
several times proclaimed as "my" or "our God".
Thus, Ignatius implores the Christians of Rome not to
prevent his martyrdom since he is impatient "to attain to Jesus
Christ". And he explains, "It is better for me to die on behalf of
Jesus Christ than to reign over all the ends of the earth.... Him I seek, who
died for us: him I desire, who rose again for our sake.... Permit me to be an
imitator of the Passion of my God!" (Romans, 5-6).
One can perceive in these words on fire with love, the
pronounced Christological "realism" typical of the Church of Antioch,
more focused than ever on the Incarnation of the Son of God and on his true and
concrete humanity: "Jesus Christ", St Ignatius wrote to the
Smyrnaeans, "was truly of the seed of David", "he
was truly born of a virgin", "and was truly nailed
[to the Cross] for us" (1: 1).
Ignatius' irresistible longing for union with Christ was the foundation of a
real "mysticism of unity". He describes himself: "I therefore
did what befitted me as a man devoted to unity" (Philadelphians, 8:
1).
For Ignatius unity was first and foremost a
prerogative of God, who, since he exists as Three Persons, is One in absolute
unity. Ignatius often used to repeat that God is unity and that in God alone is
unity found in its pure and original state. Unity to be brought about on this
earth by Christians is no more than an imitation as close as possible to the
divine archetype.
Thus, Ignatius reached the point of being able to work
out a vision of the Church strongly reminiscent of certain expressions in
Clement of Rome's Letter to the Corinthians.
For example, he wrote to the Christians of Ephesus:
"It is fitting that you should concur with the will of your Bishop, which
you also do. For your justly renowned presbytery, worthy of God, is fitted as
exactly to the Bishop as the strings are to the harp. Therefore, in your concord
and harmonious love, Jesus Christ is sung. And man by man, you become a choir,
that being harmonious in love and taking up the song of God in unison you may
with one voice sing to the Father..." (4: 1-2).
And after recommending to the Smyrnaeans: "Let no
man do anything connected with Church without the Bishop", he confides to
Polycarp: "I offer my life for those who are submissive to the Bishop, to
the presbyters, and to the deacons, and may I along with them obtain my portion
in God! Labour together with one another; strive in company together; run
together; suffer together; sleep together; and awake together as the stewards
and associates and servants of God. Please him under whom you fight, and from
whom you receive your wages. Let none of you be found a deserter. Let your
Baptism endure as your arms; your faith as your helmet; your love as your
spear; your patience as a complete panoply" (Polycarp, 6: 1-2).
Overall, it is possible to grasp in the Letters of
Ignatius a sort of constant and fruitful dialectic between two characteristic
aspects of Christian life: on the one hand, the hierarchical structure of the
Ecclesial Community, and on the other, the fundamental unity that binds all the
faithful in Christ.
Consequently, their roles cannot be opposed to one another. On the contrary,
the insistence on communion among believers and of believers with their Pastors
was constantly reformulated in eloquent images and analogies: the harp,
strings, intonation, the concert, the symphony. The special responsibility of
Bishops, priests and deacons in building the community is clear.
This applies first of all to their invitation to love
and unity. "Be one", Ignatius wrote to the Magnesians, echoing the
prayer of Jesus at the Last Supper: "one supplication, one mind, one hope
in love.... Therefore, all run together as into one temple of God, as to one
altar, as to one Jesus Christ who came forth from one Father, and is with and
has gone to one" (7: 1-2).
Ignatius was the first person in Christian literature
to attribute to the Church the adjective "catholic" or
"universal": "Wherever Jesus Christ is", he said,
"there is the Catholic Church" (Smyrnaeans, 8: 2). And precisely
in the service of unity to the Catholic Church, the Christian community of Rome
exercised a sort of primacy of love: "The Church which presides in the
place of the region of the Romans, and which is worthy of God, worthy of
honour, worthy of the highest happiness... and which presides over love, is
named from Christ, and from the Father..." (Romans, Prologue).
As can be seen, Ignatius is truly the "Doctor of
Unity": unity of God and unity of Christ (despite the various heresies
gaining ground which separated the human and the divine in Christ), unity of
the Church, unity of the faithful in "faith and love, to which nothing is
to be preferred" (Smyrnaeans, 6: 1).
Ultimately, Ignatius' realism invites the faithful of
yesterday and today, invites us all, to make a gradual synthesis between configuration
to Christ (union with him, life in him) and dedication to his
Church (unity with the Bishop, generous service to the community and to
the world).
To summarize, it is necessary to achieve a synthesis
between communion of the Church within herself and mission, the
proclamation of the Gospel to others, until the other speaks through one
dimension and believers increasingly "have obtained the inseparable
Spirit, who is Jesus Christ" (Magnesians, 15).
Imploring from the Lord this "grace of
unity" and in the conviction that the whole Church presides in charity (cf. Romans, Prologue),
I address to you yourselves the same hope with which Ignatius ended his Letter
to the Trallians: "Love one another with an undivided heart. Let my
spirit be sanctified by yours, not only now, but also when I shall attain to
God.... In [Jesus Christ] may you be found unblemished" (13).
And let us pray that the Lord will help us to attain
this unity and to be found at last unstained, because it is love that purifies
souls.
* * *
I welcome all the English speaking visitors present
today, including the Cardinals and Bishops of the Vox Clara committee,
gathered in Rome to advise the Congregation for Divine Worship on the new
English translation of the Roman Missal. I thank them and their assistants for
their important work. Upon all of you I invoke God’s abundant blessings of joy
and peace.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/en/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070314.html
Saint Ignatius of Antioch
Also known as
God-Bearer
Theophoros
Memorial
17 October
formerly 1 February
29 January (translation of relics)
Profile
Convert from paganism to Christianity.
Succeeded Saint Peter
the Apostle as bishop of Antioch, Syria.
Served during persecution of Domitian.
During the persecution of
Trajan, he was ordered taken to Rome to
be killed by wild
animals. On the way, a journey which took months, he wrote a series of
encouraging letters to the churches under his care. First writer to
use the term the Catholic
Church. Martyr. Apostolic
Father. His name occurs in the “Nobis quoque peccatoribus” in
the Canon
of the Mass. Legend says he was the infant that Jesus took into his arms in
Mark 9.
Born
c.50 in Syria
Died
thrown
to wild animals c.107 at Rome, Italy
relics at Saint
Peter’s Basilica, Rome
Canonized
Pre-Congregation
Patronage
against
throat diseases
Church
in eastern Mediterranean
Church
in North Africa
Representation
bishop surrounded
by lions
chains
lions
Additional Information
Book
of Saints, by Father Lawrence
George Lovasik, S.V.D.
Book
of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Catholic
Encyclopedia
Golden
Legend, by Jacobus
de Voragine
Legends
of the Blessed Sacrament
Lives
of Illustrious Men, by Saint Jerome
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Martyrdom
of Saint Ignatius
Martyrs
of the First Ages, by Saint Alphonsus de Liguori
New
Catholic Dictionary
Pictorial
Lives of the Saints
Pope
Benedict XVI, General Audience, 14 March 2007
Saints
of the Canon, by Monsignor John T McMahon
Saints
of the Day, by Katherine Rabenstein
Short
Lives of the Saints, by Eleanor Cecilia Donnelly
books
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Saint Ignatius: Be Gentlest with the Most Abrasive People
Saint Ignatius: The Better You Get, The Humbler You Need to
Be
Saint Ignatius: Love Unity, Avoid Division
Saint Ignatius: Find Your Delight in Heavenly Food
Saint Ignatius: Hear the Silence of Jesus
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Early Church Fathers – Saint Ignatius of Antioch –
narration of his seven epistles by Joe McClane
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Abbé Christian-Philippe Chanut
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Martirologio Romano, 2005 edition
Santo
del Giorno
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Readings
I am writing to all the churches to let it be known
that I will gladly die for God if only you do not stand in my way. I plead with
you: show me no untimely kindness. Let me be food for the wild beasts, for they
are my way to God. I am God’s wheat and bread. Pray to Christ for me that the
animals will be the means of making me a sacrificial victim for God. No
earthly pleasures, no kingdoms of this world can benefit me in any way. I
prefer death in Christ Jesus to power over the farthest limits of the earth. He
who died in place of us is the one object of my quest. He who rose for our
sakes is my one desire. The prince of this world is determined to lay hold of
me and to undermine my will which is intent on God. Let none of you here help
him; instead show yourselves on my side, which is also God’s side. Believe
instead what I am now writing to you. For though I am alive as I write to you,
still my real desire is to die. My love of this life has been crucified, and
there is no yearning in my for any earthly thing. Rather within me is the
living water which says deep inside me: “Come to the Father.” I no longer take
pleasure in perishable food or in the delights of this world I want only God‘s
bread, which is the flesh of Jesus Christ, formed from the seed of David, and
for drink I crave his blood, which is love that cannot perish. Pray for me that
I may obtain my desire. I have not written to you as a mere man would, but as
one who knows the mind of God.
Ask for me this only in your prayers, that strength
may be given me of the Lord that I may not be called but proved to be a
Christian. Then shall I be seen to be faithful when the world no longer sees
me. For nothing that appeareth is eternal. For the things which are perceived
are temporal, but the things which are not seen are eternal. I write to the
Churches and charge you all that willingly I die for Christ, if you prevent me
not. I ask of you that your love for me be not untimely; allow me to be
devoured of wild beasts, through whom I may attain unto God. I am the grain of
God ground between the teeth of wild beasts, that I may be found to be the pure
bread of Christ. Then indeed shall I be the true disciple of Christ when the
world shall no longer behold my body. Beseech Christ on my behalf that through
these means I may be found a perfect sacrifice. Not as Peter and Paul do I
command you. They were apostles, I am the least of them; they were free, but I
am a slave even unto this day, but, if you wish, I shall be the freedman of
Jesus Christ, and in Him I shall rise again and be free. Amen. – from a
letter to the Romans from Saint Ignatius
of Antioch
Follow your bishop, every one of you, as obediently as
Jesus Christ followed the Father. Obey your clergy too as you would the
apostles; give your deacons the same reverence that you would to a command of
God. Make sure that no step affecting the Church is ever taken by anyone
without the bishop’s sanction. The sole Eucharist you should consider valid is
one that is celebrated by the bishop himself, or by some person authorized by
him. Where the bishop is to be seen, there let all his people be; just as,
wherever Jesus Christ is present, there is the catholic Church. – Saint Ignatius
of Antioch
MLA Citation
“Saint Ignatius of Antioch“. CatholicSaints.Info.
1 April 2021. Web. 23 June 2021.
<https://catholicsaints.info/saint-ignatius-of-antioch/>
Santo Ignazio all'Olivella, Palermo
St. Ignatius of Antioch
Also called
Theophorus (ho
Theophoros); born in Syria, around the year 50; died at Rome between 98 and 117.
More
than one of the earliest ecclesiastical writers have given credence,
though apparently without good reason, to the legend that Ignatius was the child whom the Savior took up in His arms, as described in Mark 9:35. It is also believed, and with great probability,
that, with his friend Polycarp, he was among the auditors of the ApostleSt. John. If we include St. Peter, Ignatius was the third Bishop of Antioch and the immediate successor ofEvodius (Eusebius, Church History II.3.22). Theodoret ("Dial. Immutab.", I, iv,
33a, Paris, 1642) is the authority for the statement that St. Peter appointed Ignatius to the See of Antioch. St.
John Chrysostom lays special emphasis on
the honor conferred upon the martyr in receiving his episcopal consecration at the hands of theApostles themselves
("Hom. in St. Ig.", IV. 587). Natalis
Alexander quotes Theodoret to the same effect (III, xii, art.
xvi, p. 53).
All
the sterling qualities of ideal pastor and a true soldier of Christ were possessed by the Bishop of Antioch in a preeminent degree. Accordingly, when the storm of the persecution of Domitian broke in its full fury upon theChristians of Syria, it found their faithful leader prepared and watchful. He was
unremitting in his vigilance and tireless in his efforts to inspire hope and
to strengthen the weaklings of his flock against the terrors of thepersecution. The restoration of peace, though
it was short-lived, greatly comforted him. But it was not for himself that he
rejoiced, as the one great and ever-present wish of his chivalrous soul was that he might receive the fullness of Christian discipleship through the medium of martyrdom. His desire was not to remain long
unsatisfied. Associated with the writings of St.
Ignatius is a work called
"Martyrium Ignatii", which purports to be an account by eyewitnesses
of the martyrdom of St. Ignatius and the acts leading
up to it. In this work, which such competent Protestant critics as Pearson and
Ussher regard as genuine, the full history of that eventful journey from Syria to Rome is faithfully recorded for the edification of the Church
of Antioch. It is certainly very ancient and is reputed to have been written by Philo, deacon of Tarsus, and Rheus Agathopus, a Syrian, who accompanied Ignatius to Rome. It is generally admitted, even by
those who regarded it as authentic,
that this work has been greatly interpolated. Its most reliable form is
that found in the "Martyrium Colbertinum" which closes the mixed
recension and is so called because its oldest witness is the tenth-century Codex Colbertinus(Paris).
According
to these Acts, in the ninth year
of his reign, Trajan, flushed with victory over the
Scythians andDacians, sought to perfect the universality of his dominion by a species of religious conquest. He decreed, therefore, that the Christians should unite with their pagan neighbors in the worship of the gods. A generalpersecution was threatened, and death was named as the penalty for all who refused to offer the prescribedsacrifice. Instantly alert to the danger that threatened, Ignatius availed himself of all the means
within his reach to thwart the purpose of the emperor. The success of his zealous efforts did not long remain hidden from theChurch's persecutors. He was soon arrested
and led before Trajan, who was then sojourning in Antioch. Accused by the emperor
himself of violating the imperial edict, and of inciting others to like transgressions, Ignatiusvaliantly bore witness to the faith of Christ. If we may believe the account given in the
"Martyrium", his bearing before Trajan was characterized by inspired eloquence, sublime courage, and even a spirit of exultation.Incapable of appreciating the motives that
animated him, the emperor ordered him to be put in chains and taken to Rome, there to become the
food of wild beasts and a spectacle for the people.
That
the trials of this journey to Rome were great we gather from his letter to the Romans (par. 5): "From Syriaeven to Rome I fight with wild beasts, by land and sea, by night and by day, being
bound amidst ten leopards, even a company of soldiers, who only grow worse when
they are kindly treated." Despite all this, his journey was a kind of
triumph. News of his fate, his
destination, and his probable itinerary had gone swiftly before. At several
places along the road his fellow-Christians greeted him with words of comfort
and reverential homage. It is probable that he embarked on his way to Rome at Seleucia, in Syria, the nearest port to Antioch, for eitherTarsus in Cilicia, or Attalia in Pamphylia, and thence, as we gather
from his letters, he journeyed overland through Asia
Minor. At Laodicea, on the
River Lycus, where a choice of routes presented itself, his guards selected the
more northerly, which brought the prospective martyr through Philadelphia and Sardis, and finally toSmyrna, where Polycarp, his fellow-disciple in
the school of St. John, was bishop. The stay at Smyrna, which was a protracted
one, gave the representatives of the various Christian communities in Asia Minor an opportunity of greeting the illustrious prisoner, and offering him the homage of the Churches they represented. From
thecongregations of Ephesus, Magnesia, and Tralles, deputations came to comfort
him. To each of these Christiancommunities he addressed letters
from Smyrna, exhorting them to obedience to their respective bishops, and warning them to
avoid the contamination of heresy. These, letters are redolent with
the spirit of Christian charity,apostolic
zeal, and pastoral solicitude. While still there he wrote
also to the Christians of Rome, begging them to do nothing to
deprive him of the opportunity of martyrdom.
From Smyrna his captors took him to Troas, from which place he
dispatched letters to the Christians ofPhiladelphia and Smyrna, and to Polycarp. Besides these letters, Ignatius had intended to address others to theChristian communities of Asia Minor, inviting them to give public
expression to their sympathy with the brethren in Antioch, but the altered plans
of his guards, necessitating a hurried departure, from Troas, defeated his purpose,
and he was obliged to content himself with delegating this office to his friend Polycarp. At Troas they took ship for Neapolis. From this
place their journey led them overland through Macedonia and Illyria. The next port of embarkation was
probably Dyrrhachium (Durazzo). Whether having arrived at
the shores of the Adriatic, he completed his journey by land or sea, it is
impossible to determine. Not long after his arrival in Rome he won his long-coveted crown of martyrdom in the Flavian amphitheater. The relics of the holy martyr were borne back to Antioch by the deacon Philo of Cilicia, and Rheus Agathopus, a Syrian, and were interred outside the gates not far from the beautiful suburb of Daphne. They were
afterwards removed by the Emperor Theodosius II to the Tychaeum, or Temple of
Fortune which was then converted into a Christian church under the patronage of themartyr whose relics it sheltered. In 637 they were translated to St. Clement's at Rome, where they now rest. TheChurch celebrates the feast of St.
Ignatius on 1 February.
The character of St.
Ignatius, as deduced from his own and the extant writings of his contemporaries, is that of atrue athlete of Christ. The
triple honor of apostle, bishop, and martyr was well merited by this energetic soldier of the Faith. An enthusiastic devotion to duty, a passionate love of sacrifice, and an utter
fearlessness in the defense of Christian truth, were his chief
characteristics. Zeal for the spiritual well-being of those under his charge
breathes from every line of his writings. Ever vigilant lest they be infected
by the rampant heresies of those early days; praying for them, that their faith and courage may not be wanting in the hour of persecution; constantly exhorting them to
unfailing obedience to their bishops; teaching them all Catholic truth; eagerly sighing for
the crown of martyrdom, that his own blood may fructify
in added graces in the souls of his flock, heproves himself
in every sense a true, pastor of souls, the good shepherd
that lays down his life for his sheep.
Collections
The
oldest collection of the writings of St.
Ignatius known to have existed was that made use of by the historianEusebius in the first half of the fourth century, but which unfortunately is no
longer extant. It was made up of the seven letters written by Ignatius whilst on his way to Rome; These letters were
addressed to the Christians
- of Ephesus (Pros Ephesious);
- of Magnesia (Magnesieusin);
- of Tralles (Trallianois);
- of Rome (Pros Romaious);
- of Philadelphia (Philadelpheusin);
- of Smyrna (Smyrnaiois); and
- to Polycarp (Pros Polykarpon).
We find these seven mentioned not only by Eusebius (Church History III.36) but also by St. Jerome (De viris illust., c. xvi). Of later collections of Ignatian letters which have been preserved,
the oldest is known as the "long recension". This collection, the
author of which is unknown, dates from the latter part of the fourth century. It
contains the seven genuine and six spurious letters, but even the genuine epistles were greatly interpolated to lend
weight to the personal views of its author. For this reason they are incapable
of bearing witness to the original form. The spurious
letters in this recension are those that purport to be from Ignatius
- to Mary of Cassobola (Pros Marian Kassoboliten);
- to the
Tarsians (Pros tous en tarso);
- to the Philippians (Pros Philippesious);
- to the Antiochenes (Pros Antiocheis);
- to Hero a deacon of Antioch (Pros Erona diakonon Antiocheias).
Associated with the foregoing is
- a letter
from Mary of Cassobola to Ignatius.
It is extremely probable that the interpolation
of the genuine, the addition of the spurious letters, and the union of both in
the long recension was the work of an Apollinarist of Syria or Egypt,
who wrote towards the beginning of the fifth century. Funk identifies him with the compiler of
the Apostolic Constitutions, which came out of Syriain
the early part of the same century. Subsequently there was added to this collection a panegyric on St. Ignatiusentitled,
"Laus Heronis". Though in the original it was probably written in Greek, it
is now extant only in Latin andCoptic texts. There is also a third
recension, designated by Funk as the "mixed collection".
The time of its origin can be only vaguely
determined as being between that of the collection known
to Eusebius and the long recension. Besides the seven genuine letters of Ignatius in their original form, it also
contains the six spurious ones, with the exception of that to the Philippians.
In this
collection
is also to be found the
"Martyrium Colbertinum". The
Greek
original of this recension is
contained in a single
codex, the
famous Mediceo-Laurentianus
manuscript at
Florence.
This
codex
is incomplete, wanting the letter to
the
Romans, which, however, is to
be found associated with the "Martyrium Colbertinum" in the
Codex
Colbertinus, at
Paris. The mixed
collection
is regarded as the most reliable of
all in determining what was the
authentic
text of the genuine
Ignatian
letters. There is also an ancient
Latin
version which is an unusually exact
rendering of the
Greek.
Critics
are generally inclined to look upon
this version as a translation of some
Greek
manuscript of the same
type
as
that of the
Medicean
Codex. This version owes its discovery
to Archbishop Ussher, of
Ireland, who found it in two
manuscripts in
English libraries and published it in 1644. It was the
work of
Robert Grosseteste, a
Franciscan friar and
Bishop of
Lincoln
(c. 1250). The original
Syriacversion has come down to us in
its entirety only in an
Armenian translation. It also contains the
seven genuine and six spurious letters. This
collection
in the original
Syriac
would be invaluable in determining the
exact text ofIgnatius, were it in
existence,
for the reason that it could not have been later than the fourth or fifth
century. The deficiencies of the
Armenian version are in part supplied by the
abridged recension in the original
Syriac.
This abridgment contains the three genuine letters to the
Ephesians, the
Romans, and to
Polycarp. The
manuscriptwas discovered by
Cureton in a collection of
Syriac
manuscripts obtained in 1843 from the
monastery of
St.
MaryDeipara
in the
Desert
of Nitria. Also there are three
letters extant only in
Latin. Two
of the three purport to be from
Ignatius
to
St. John the Apostle, and one to
the
Blessed Virgin, with her reply to
the same. These are probably of
Western
origin,
dating
no further back than the twelfth
century.
The
controversy
At intervals during the last
several centuries a warm controversy has been carried on by
patrologists
concerning the
authenticity
of the
Ignatian
letters. Each particular recension has
had its
apologists
and its opponents. Each has been
favored to the exclusion of all the others, and all, in turn, have been
collectively rejected, especially by the coreligionists of
Calvin. The
reformer
himself, in language as
violent
as it is uncritical (Institutes, 1-3),
repudiates
in globo the letters
which so completely discredit his own peculiar views on
ecclesiastical government. The convincing evidence
which the letters bear to the Divine origin of
Catholic doctrine is not conducive to predisposing
non-Catholic
critics
in their favor, in fact, it has added
not a little to the heat of the controversy. In general,
Catholic and
Anglican scholars are ranged on the side of the
letters written to the
Ephesians,Magnesians,
Trallians,
Romans,
Philadelphians,
Smyrniots, and to
Polycarp; whilst
Presbyterians, as a rule, and
perhaps a priori, repudiate everything claiming
Ignatian
authorship.
The two letters to the
Apostle
St. John
and the one to the
Blessed Virgin, which
exist
only in
Latin, are unanimously admitted to be
spurious. The great body of
critics
who acknowledge the
authenticity
of the
Ignatianletters restrict their
approval to those mentioned by
Eusebius and
St. Jerome. The six others are not
defended by any of the early
Fathers.
The
majority
of those who acknowledge the
Ignatian
authorship of the seven letters do so
conditionally, rejecting what they consider the obvious interpolations in these
letters. In 1623, whilst the controversy was at its height, Vedelius gave
expression to this latter opinion by publishing at
Geneva an edition of the
Ignatian
letters in which the seven genuine
letters are set apart from the five spurious. In the genuine letters he
indicated what was regarded as interpolations. The
reformer
Dallaeus, at
Geneva, in 1666, published a work
entitled "De scriptis quae sub Dionysii
Areop.
et Ignatii
Antioch. nominibus
circumferuntur", in which (lib.
II) he called into question the
authenticity
of all seven letters. To this the
Anglican Pearson replied spiritedly in a work
called "Vindiciae epistolarum S. Ignatii", published at
Cambridge, 1672. So convincing
were the arguments adduced in this scholarly work that for two hundred years
the controversy remained closed in favor of thegenuineness
of the seven letters. The discussion
was reopened by
Cureton's
discovery (1843) of the abridgedSyriac
version, containing the letters of
Ignatius
to the
Ephesians,
Romans, and to
Polycarp. In a work entitled
"Vindiciae Ignatianae" London, 1846), he defended the position that
only the letters contained in his abridgedSyriac
recension, and in the
form
therein
contained, were genuine, and that all others were interpolated or
forgedoutright. This position was
vigorously combated by several
British
and
German
critics, including the
CatholicsDenzinger and
Hefele,
who successfully defended the
genuineness
of the entire seven
epistles. It is now generally admitted
that
Cureton's
Syriac
version is only an
abbreviation
of the original.
While it can hardly be said that
there is at present any unanimous agreement on the subject, the best
moderncriticism
favors the
authenticity
of the seven letters mentioned by
Eusebius. Even such eminent
non-Catholiccritics
as Zahn,
Lightfoot, and Harnack hold this view. Perhaps the best evidence of their
authenticity
is to be found in the letter of
Polycarp
to the
Philippians, which mentions each of
them by name. As an intimate friend ofIgnatius,
Polycarp, writing shortly after
the
martyr's death, bears contemporaneous
witness
to the
authenticity
of these letters, unless, indeed, that
of
Polycarp
itself be regarded as interpolated or
forged. When, furthermore, we take
into consideration the passage of
Irenaeus (Adv.
Haer., V, xxviii, 4) found in the
original
Greek
in
Eusebius(
Church
History III.36), in which he refers to the
letter to the
Romans. (iv, I) in
the following words: "Just as one of our brethren said, condemned to the
wild
beasts
in
martyrdom
for his
faith", the evidence of
authenticitybecomes compelling. The
romance of
Lucian
of
Samosata, "De morte
peregrini", written in 167, bears incontestable evidence that the writer
was not only familiar with the
Ignatian
letters, but even made use of them.
Harnack, who was not always so minded, describes these
proofs as "testimony as strong to the
genuineness
of the
epistles
as any that can be conceived of"
(Expositor, ser. 3, III, p. 11).
Contents of
the letters
It is scarcely possible to
exaggerate the importance of the testimony which the
Ignatian
letters
offer
to the
dogmatic character
of
Apostolic
Christianity. The
martyred Bishop of
Antioch constitutes a most important link
between the
Apostles
and the
Fathers
of the early
Church. Receiving from the
Apostles
themselves, whoseauditor
he was, not only the substance of
revelation, but also their own
inspired
interpretation of it; dwelling, as it
were, at the very fountain-head of
Gospel
truth, his testimony must
necessarily
carry with it the greatest weight and
demand the most serious consideration.
Cardinal Newman did not exaggerate the matter when he
said ("The
Theology
of the Seven
Epistles
of
St.
Ignatius", in "Historical Sketches", I, London, 1890) that
"the whole system of
Catholic doctrine may be discovered, at least in
outline, not to say in parts filled up, in the course of his seven
epistles". Among the many
Catholic doctrines to be found in the letters are the
following:
- the Church was Divinely established as a
visible society, the salvation of souls is its end, and those who
separate themselves from it cut themselves off from God (Philadelphians 3)
- the hierarchy of the Church was instituted by Christ (Introduction to Philadelphians; Ephesians 6)
- the
threefold character of the hierarchy (Magnesians 6)
- the order
of the episcopacy superior by Divine authority to
that of the priesthood (Magnesians 6 and 13;Smyrnæans 8; Trallians 3)
- the unity of the Church (Trallians 6; Philadelphians 3; Magnesians 13)
- the holiness of the Church (Smyrnæans, Ephesians, Magnesians, Trallians and Romans)
- the catholicity of the Church (Smyrnæans 8); the infallibility of the Church (Philadelphians 3; Ephesians 16-17)
- the doctrine of the Eucharist (Smyrnæans 8), which word we find for
the first time applied to the Blessed Sacrament, just as in Smyrnæans 8, we meet for the first time
the phrase "Catholic Church", used to designate all Christians
- the Incarnation (Ephesians 18); the supernatural virtue of virginity, already much
esteemed and made the subject of a vow (Polycarp 5)
- the religious character of matrimony (Polycarp 5)
- the value
of united prayer (Ephesians 13)
- the primacy of the See of Rome (Introduction to Romans 13)
Editions
The
four letters found in Latin only were printed in Paris in 1495. The common Latin version of eleven letters, together
with a letter of Polycarp and some reputed works of Dionysius
the Areopagite, was printed in Paris, 1498, by Lefèvre
d'Etaples. Another edition of the seven genuine and six spurious letters,
including the one toMary of Cassobola, was edited by Symphorianus
Champerius, of Lyons, Paris, 1516. Valentinus Paceus
published a Greek edition of twelve letters (Dillingen,
1557). A similar edition was brought out at Zurich, in 1559, byAndrew Gesner; a Latin version of the work of John Brunner
accompanied it. Both of these editions made use of the Greek text of the long
recension. In 1644 Archbishop Ussher edited the letters of Ignatius and Polycarp. The common Latin version, with three of the four Latin letters, was subjoined. It also
contained the Latin version of eleven letters taken from Ussher's manuscripts. In 1646 Isaac Voss published at Amsterdam an edition from the famous Medicean Codex at Florence.
Ussher brought out another edition in 1647, entitled "Appendix
Ignatiana", which contained the Greek text of the genuine epistles and the Latin version of the "Martyrium
Ignatii".
In
1672 J.B. Cotelier's edition appeared at Paris, containing all the
letters, genuine and supposititious, ofIgnatius, with those of the other Apostolic
Fathers. A new edition of this work was printed by Le Clerc at Antwerp, in 1698. It was
reprinted at Venice, 1765-1767, and at Paris by Migne in 1857. The letter to the Romans was published from the "Martyrium
Colbertinum" at Paris, by Ruinart, in 1689. In 1724 Le
Clerc brought out atAmsterdam a second edition of Cotelier's "Patres Apostolici", which
contains all the letters, both genuine and spurious, in Greek and Latin versions. It also includes the letters
of Mary of Cassobola and those purporting to be from the Blessed Virgin in the "Martyrium Ignatii",
the "Vindiciae Ignatianae" of Pearson, and several dissertations. The
first edition of the Armenian version was published at Constantinople in 1783. In 1839 Hefeleedited the Ignatian letters in a work entitled "Opera
Patrum Apostolicorum", which
appeared at Tübingen. Mignetook his text from the third edition
of this work (Tübingen, 1847). Bardenhewer designates the following as the best
editions: Zahn, "Ignatii et Polycarpi epistulae martyria, fragmenta"
in "Patr. apostol. opp.
rec.", ed. by de Gebhardt, Harnack, Zahn, fasc. II, Leipzig, 1876; Funk, "Opp. Patr. apostol.", I, Tübingen,
1878, 1887, 1901; Lightfoot, "The Apostolic Fathers", part II,
London, 1885, 1889; an English version of the letters to be found
inLightfoot's "Apostolic
Fathers", London, 1907, from which are taken all the quotations of the letters
in this article, and to which all citations refer.
O'Connor, John Bonaventure.
"St. Ignatius of Antioch." The Catholic Encyclopedia. Vol. 7. New York: Robert
Appleton Company, 1910. 17 Oct. 2016 <http://www.newadvent.org/cathen/07644a.htm>.
Transcription. This article was transcribed for New
Advent by Charles Sweeney, S.J.
Ecclesiastical approbation. Nihil
Obstat. June 1, 1910. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New
York.
Copyright © 2020 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
Neapolitan School of Painting, possibly Cesare
Fracanzano (1605-1651). Saint Ignace d’Antioche, XVIIe siècle,
Galleria
Borghese, Rome
St. Ignatius of Antioch
The second Bishop of Antioch, Syria, this
disciple of the beloved Disciple John was consecrated Bishop around the year 69
by the Apostle Peter, the first Pope. A holy man who was deeply loved by the
Christian faithful, he always made it his special care to defend “orthodoxy”
(right teaching) and “orthopraxy” (right practice) among the early Christians.
In 107, during the reign of the brutal Emperor
Trajan, this holy Bishop was wrongfully sentenced to death because he refused
to renounce the Christian faith. He was taken under guard to Rome where he was
to be brutally devoured by wild beasts in a public spectacle. During his
journey, his travels took him through Asia Minor and Greece. He made good use
of the time by writing seven letters of encouragement, instruction and
inspiration to the Christians in those communities. We still have these letters
as a great treasure of the Church today.
The content of the letters addressed the hierarchy
and structure of the Church as well as the content of the orthodox Christian
faith. It was Bishop Ignatius who first used the term “catholic” to describe
the whole Church. These letters connect us to the early Church and the
unbroken, clear teaching of the Apostles which was given to them directly by
Jesus Christ. They also reveal the holiness of a man of God who became himself
a living letter of Christ. The shedding his blood in the witness of holy
martyrdom was the culmination of a life lived conformed to Jesus Christ.
Ignatius sought to offer himself, in Christ, for the sake of the Church which
he loved. His holy martyrdom occurred in the year 107.
In his pastoral letters he regularly thanked his
brother and sister Christians for their concern for his well being but insisted
on following through in his final witness of fidelity: “I know what is to my
advantage. At last I am becom¬ing his disciple. May nothing entice me till I
happily make my way to Jesus Christ! Fire, cross, struggles with wild beasts,
wrenching of bones, mangling of limbs-let them come to me, provided only I make
my way to Jesus Christ. I would rather die and come to Jesus Christ than be
king over the entire earth. Him I seek who died for us; him I love who rose
again because of us.”
Bishop Ignatius was not afraid of death. He knew
that it had been defeated by the Master. He followed the Lord Jesus into his
Passion, knowing that he would rise with Him in his Resurrection. He wrote to
the disciples in Rome: “Permit me to imitate my suffering God … I am God’s
wheat and I shall be ground by the teeth of beasts, that I may become the pure
bread of Christ.” The beauty of this Eucharistic symbolism in these words
reflects the deep theology of a mystic.
He was dedicated to defending the true teaching
handed down by the Apostles so that the brothers and sisters in the early
Christian communities, and we who stand on their shoulders, would never be led
astray by false teaching. He urged them to always listen to their Bishops
because they were the successors of the Apostles. He died a Martyrs death in
Rome, devoured by two lions in one of the cruel demonstrations of Roman excess
and animosity toward the true faith.
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/saint-ignatius-of-antioch/
ST. IGNATIUS, BISHOP, MARTYR.
ST. IGNATIUS, Bishop of Antioch, was the disciple of St. John. When Domitian persecuted the Church, St. Ignatius obtained peace for his own flock by fasting and prayer. But for his part he desired to suffer with Christ, and to prove himself a perfect disciple. In the year 107, Trajan came to Antioch, and forced the Christians to choose between apostasy and death, "Who art thou, poor devil," the emperor said, when Ignatius was brought before him, "who settest our commands at naught?" "Call not him 'poor devil,' " Ignatius answered, "who bears God within him." And when the emperor questioned him about his meaning, Ignatius explained that he bore in his heart Christ crucified for his sake. Thereupon the emperor condemned him to be torn to pieces by wild beasts at Rome. St. Ignatius thanked God, who had so honored him, "binding him in the chains of Paul, His apostle." He journeyed to Rome, guarded by soldiers, and with no fear, except of losing the martyr's crown. He was devoured by lions in the Roman amphitheatre. The wild beasts left nothing of his body, except a few bones, which were reverently treasured at Antioch, until their removal to the Church of St. Clement, at Rome, in 637. After the martyr's death, several Christians saw him in vision standing before Christ, and interceding for them.
Reflection.—Ask St. Ignatius to obtain for you the grace of profiting by all you have to suffer, and rejoicing in it as a means of likeness to your crucified Redeemer.
INTERCESSORY PRAYER: Saint Ignatius, please pray for (state your prayer request).
SOURCE :
http://jesus-passion.com/saint_ignatius3.htm
Ignatius of Antioch BM
(RM)
Died c. 107; feast formerly on February 1. Saint Ignatius gives us the earliest
documentary evidence of primacy of the bishop of Rome. Information about his
letters can be found in any history of the early Church. This is simply a
synopsis.
However, little is
known of his life, although his passio was recorded for his flock. He was
probably of Syrian origin, and legend identified him with the child whom Christ
set down among his disciples (Matthew 18:1-6). Some sources say that Ignatius
may have been a persecutor of Christians, who then became a convert and
disciple of Saint John the Evangelist or Saints Peter and Paul.
He called himself
both a disciple and the "bearer of God" (theophoros), so sure was he
of the presence of God in himself.
In any case he became
the second or third bishop of the great Christian center of Antioch in Syria.
Legend holds that he was appointed and consecrated by Saint Peter after Peter
left the deathbed of Saint Evodius, the previous bishop. Ignatius governed for
40 years.
During Trajan's
persecutions, Ignatius was seized by a guard of ten soldiers, bound, and taken
to Rome by them. The soldiers boarded a ship that traveled along the southern
and western shores of Asia Minor instead of going straight to Italy. Ignatius
was greeted by crowds of Christians wherever the ship touched port, but he was
ill-treated by his captors. In one of his letters he says:
"From Syria to
Rome I seem to be fighting with wild beasts, night and day, on land and sea,
bound to ten leopards. I mean a bunch of soldiers whose treatment of me grows
harsher the kinder I am to them."
The many stopovers
enabled Ignatius to reaffirm religious fervor in various ports along the way.
They stopped for a time at Smyrna, where Ignatius was met by Saint Polycarp, then
a young man. Here the first four letters were written: to the Ephesians, to the
churches of Magnesia and Tralles-- whose bishops had come to visit him--and to
the Christians in Rome. The guards were anxious to leave Smyrna in order to
reach Rome before the games were over; distinguished victims drew great crowds.
They sailed on to
Troas, where they learned that peace had been restored to the church at
Antioch. Then at Lystra, before crossing into Europe, he wrote three more, to
the Christians at Philadelphia and Smyrna, and a farewell letter of advice to
Bishop Saint Polycarp. (The letters can also be found in short and long
versions on the New Advent site at http://www.knight.org/advent/fathers.)
As the ship
approached Rome, Christians are said to have gathered to greet Ignatius, and
although they wished to work for his release, he begged them not to interfere
with his martyrdom. He wrote, "I pray that they will be prompt with me. I
shall entice them to eat me speedily."
Legend has it that
he arrived in Rome on December 20, the last day of the public games, was rushed
to the amphitheater (probably the Colosseum), and was killed by lions in the
arena. As he was offered to the animals, he described himself as "wheat of
Christ."
The saint insisted
that in spite of his sufferings, he remained a sinner, saved only because of
the love of his Lord, who had been crucified for him.
His relics are kept
at Saint Peter's in Rome. A detailed description of the trip to Rome is
provided by Agathopus and a deacon named Philo, who were with him, and who also
wrote down his dictation of the seven letters of instruction on the Church,
marriage, the Trinity, the Incarnation, Redemption, and the Eucharist.
These letters of
Ignatius (English translation, 1934 et alia) are among the most valuable
documents of the ancient Church because of the light they throw on Christian
belief and practice less than a century after Christ's Ascension. Ignatius
continually urges his readers to maintain unity amongst themselves, meeting together
in the Eucharist under the presidency of their bishop.
Through his letters
we have access also to the mind and personality of a man who loved vivid images
to express his beliefs. The Eucharist he described as 'the medicine of
immortality, the antidote against death.' To him, Jesus on the Cross lured the
devil, like a fish, with the bait of his own body.
The best-known
letter is the one sent in advance to the Roman Christians. In it he implores
them not to try to get him reprieved. It reveals a patient, gentle man, so
passionately devoted to Christ that he could not ear to miss the chance of
dying a violent death for his sake: 'Let me follow the example of the suffering
of my God' (Attwater, Bentley, Delaney, White).
He is portrayed in
art looking at a crucifix, with a lion at his side; or standing between two
lions; or in chains; or holding a heart with IHS upon it; or with a heart with
the IHS torn out by the lions according to White.
Depicted as a
bishop holding a heart with IHS on it. Sometimes he is shown with the image of
Christ on his breast because the image of Jesus was found on his heart after
his martyrdom; holding a fiery globe; or in an arena with lions. One Greek icon
of Saint Ignatius can be found at the Saint Isaac of Syria Skete site. Saint
Ignatius is highly venerated in the Eastern Church (Roeder).
Greece, Argolis, Epidavros: Icon of Ignatius of
Antioch in the church of the monastery of Panagia Polemarcha.
Griechenland, Argolis, Epidavros: Ikone des Ignatius
von Antiochien in der Kirche des Klosters Panagia Polemarcha.
February 1
St. Ignatius, Bishop of Antioch,
Martyr
From his genuine epistles; also from
the acts of his martyrdom, St. Chrys. Hom. in St. Ignat. M. t. 2. p. 592. Ed.
Nov. Eusebius. See Tillemont, t. 2. p. 191. Cave, t. 1. p. 100. Dom Ceillier,
Dom Marechal, Concordance des Pères Grecs et Latins, t. 1. p. 58.
A.D. 107.
ST. IGNATIUS, surnamed
Theophorus, 1 a
word implying a divine or heavenly person, was a zealous convert and an
intimate disciple of St. John the Evangelist, as his acts assure us; also the
apostles SS. Peter and Paul, who united their labours in planting the faith at
Antioch. 2 It
was by their direction that he succeeded Evodius in the government of that
important see, as we are told by St. Chrysostom, 3 who
represents him as a perfect model of virtue in that station, in which he
continued upwards of forty years. During the persecution of Domitian, St.
Ignatius defended his flock by prayer, fasting, and daily preaching the word of
God. He rejoiced to see peace restored to the church on the death of that
emperor, so far as this calm might be beneficial to those committed to his
charge: but was apprehensive that he had not attained to the perfect love of
Christ, nor the dignity of a true disciple, because he had not as yet been
called to seal the truth of his religion with his blood, an honour he somewhat
impatiently longed for. The peaceable reign of Nerva lasted only fifteen
months. The governors of several provinces renewed the persecution under Trajan
his successor; and it appears from Trajan’s letter to Pliny the younger,
governor of Bithynia, that the Christians were ordered to be put to death, if
accused; but it was forbidden to make any inquiry after them. That emperor
sullied his clemency and bounty and his other pagan virtues, by incest with his
sister, by an excessive vanity, which procured him the surname of Parietmus,
(or dauber of every wall with the inscription of his name and actions,) and by
blind superstition, which rendered him a persecutor of the true followers of
virtue, out of a notion of gratitude to his imaginary deities, especially after
his victories over the Daci and Scythians in 101 and 105. In the year 106,
which was the ninth of his reign, he set out for the East on an expedition against
the Parthians, and made his entry into Antioch on the 7th of January, 107, with
the pomp of a triumph. His first concern was about the affair of religion and
worship of the gods, and for this reason he resolved to compel the Christians
either to acknowledge their divinity and sacrifice to them, or suffer death in
case of refusal.
Ignatius, as a courageous soldier,
being concerned only for his flock, willingly suffered himself to be taken, and
carried before Trajan, who thus accosted him: “Who art thou, wicked demon, that
durst transgress my commands, and persuade others to perish?” The saint
answered: “No one calls Theophorus a wicked demon.” Trajan said: “Who is
Theophorus?” Ignatius answered: “He who carrieth Christ in his breast.” Trajan
replied: “And do not we seem to thee to bear the gods in our breasts, whom we
have assisting us against our enemies?” Ignatius said: “You err in calling
those gods who are no better than devils: for there is only one God, who made
heaven and earth, and all things that are in them: and one Jesus Christ his
only Son, into whose kingdom I earnestly desire to be admitted.” Trajan said:
“Do not you mean him that was crucified under Pontius Pilate?” Ignatius
answered: “The very same, who by his death has crucified with sin its author,
who overcame the malice of the devils, and has enabled those, who bear him in
their heart, to trample on them.” Trajan said: “Dost thou carry about Christ
within thee?” Ignatius replied: “Yes; for it is written: I will dwell and
walk in them?” 4 Then
Trajan dictated the following sentence: “It is our will that Ignatius, who
saith that he carrieth the crucified man within himself, be bound and conducted
to Rome, to be devoured there by wild beasts, for the entertainment of the
people.” The holy martyr hearing this sentence, cried out with joy: “I thank
thee, O Lord, for vouchsafing to honour me with this token of perfect love for
thee, and to be bound with chains of iron in imitation of thy apostle Paul, for
thy sake.” Having said this, and prayed for the church and recommended it with
tears to God, he joyfully put on the chains, and was hurried away by a savage
troop of soldiers to be conveyed to Rome. His inflamed desire of laying down
his life for Christ made him embrace his sufferings with great joy.
On his arrival at Selucia, a
sea-port, about sixteen miles from Antioch, he was put on board a ship which
was to coast the southern and western parts of Asia Minor. Why this route was
pitched upon, consisting of so many windings, preferably to a more direct
passage from Selucia to Rome, is not known; probably to render the terror of
his punishment the more extensive, and of the greater force, to deter men from
embracing and persevering in the faith: but providence seems to have ordained
it for the comfort and edification of many churches. Several Christians of
Antioch, taking a shorter way, got to Rome before him, where they waited his
arrival. He was accompanied thither from Syria, by Reus, Philo a deacon, and
Agathopodus, who seem to have written these acts of his martyrdom. He was
guarded night and day, both by sea and land, by ten soldiers, whom he calls ten
leopards, on account of their inhumanity and merciless usage: who, the kinder
he was to them, were the more fierce and cruel to him. This voyage, however,
gave him the opportunity of confirming in faith and piety the several churches
he saw on his route; giving them the strictest caution against heresies and
schism, and recommending to them an inviolable attachment to the tradition of
the apostles. St. Chrysostom adds, that he taught them admirably to despise the
present life, to love only the good things to come, and never to fear any
temporal evils whatever. The faithful flocked from the several churches he came
near, to see him, and to render him all the service in their power, hoping to
receive benefit from the plenitude of his benediction. The cities of Asia
besides, deputing to him their bishops and priests to express their veneration
for him, sent also deputies in their name to bear him company the remainder of
his journey; so that he says he had many churches with him. So great was his
fervour and desire of suffering, that by the fatigues and length of the voyage,
which was a very bad one, he appeared the stronger and more courageous. On
their reaching Smyrna, he was suffered to go ashore, which he did with great
joy to salute St. Polycarp, who had been his fellow-disciple, under St. John
the Evangelist. Their conversation was upon topics suitable to their character,
and St. Polycarp felicitated him on his chains and sufferings in so good a
cause. At Smyrna he was met by deputies of several churches, who were sent to
salute him. Those from Ephesus were Onesimus the bishop, Burrhus the deacon,
Crocus, Euplus, and Fronto. From Magnesia in Lydia, Damas the bishop, Bassus
and Apollo, priests, and Sotio deacon. From Tralles, also in Lydia, Polybius
the bishop. From Smyrna St. Ignatius wrote four letters: in that to the church
of Ephesus, he commands the bishop Onesimus and the piety and concord of the
people, and their zeal against all heresies, and exhorts them to glorify God
all manner of ways: to be subject, in unanimity, to their bishop and priests,
to assemble as often as possible with them in public prayer, by which the power
of Satan is weakened: to oppose only meekness to anger, humility to boasting,
prayers to curses and reproaches, and to suffer all injuries without murmuring.
He says, that because they are spiritual, and perform all they do in a
spiritual manner, that all, even their ordinary actions, are spiritualized,
because they do all in Jesus Christ. That he ought to have been admonished by
them, but his charity would not suffer him to be silent: wherefore he prevents
them, by admonishing first, that both might meet in the will of God. He bids
them not be solicitous to speak, but to live well, and to edify others by their
actions; and recommends himself and his widow-church of Antioch to their prayers.
Himself he calls their outcast, yet declares that he is ready to be immolated
for their sake, and says they were persons who had found mercy, but he a
condemned man: they were strengthened in grace, but he straggling in the midst
of dangers. He calls them fellow-travellers in the road to God, which is
charity, and says they bore God and Christ in their breasts, and were his
temples, embellished with all virtues, and that he exulted exceedingly for the
honour of being made worthy to write to them, and rejoice in God with them: for
setting a true value on the life to come, they loved nothing but God alone.
Speaking of heretics, he says, that he who corrupts the faith for which Christ
died, will go into unquenchable fire, and also he who heareth him. It is
observed by him that God concealed from the devil three mysteries: the
virginity of Mary, her bringing forth, and the death of the Lord: and he calls
the Eucharist, the medicine of immortality, the antidote against death, by
which we always live in Christ. “Remember me, as I pray that Jesus Christ be
mindful of you. Pray for the church of Syria, from whence I am carried in
chains to Rome, being the last of the faithful who are there—Farewell in God
the Father, and in Jesus Christ our common hope.” The like instructions he
repeats with a new and most moving turn of thought, in his letters to the
churches of Magnesia, and of the Trallians, inculcates the greatest abhorrence
of schism and heresy, and begs their prayers for himself and his church in
Syria, of which he is not worthy to be called a member, being the last of them. 5 His
fourth letter was written to the Christians of Rome. The saint knew the
all-powerful efficacy of the prayers of the saints, and feared lest they should
obtain of God his deliverance from death. He therefore besought St. Polycarp
and others at Smyrna, to join their prayers with his, that the cruelty of the
wild beasts might quickly rid the world of him, that he might be presented
before Jesus Christ. With this view he wrote to the faithful at Rome, to beg
that they would not endeavour to obtain of God that the beasts might spare him
as they had several other martyrs; which might induce the people to release him,
and so disappoint him of his crown.
The ardour of divine love which the
saint breathes throughout this letter is as inflamed as the subject is
extraordinary. In it he writes: “I fear your charity lest it prejudice me. For
it is easy for you to do what you please; but it will be difficult for me to
attain unto God if you spare me. I shall never have such an opportunity of
enjoying God: nor can you, if ye shall now be silent, ever be entitled to the
honour of a better work. For if ye be silent in my behalf, I shall be made
partarker of God; but if ye love my body, I shall have my course to run again.
Therefore, a greater kindness you cannot do me, than suffer me to be sacrificed
unto God, whilst the altar is now ready: that so becoming a choir in love, in
your hymns ye may give thanks to the Father by Jesus Christ, that God has
vouchsafed to bring me, the bishop of Syria, from the East unto the West, to
pass out of the world unto God, that I may rise again unto him. Ye have never
envied any one. Ye have taught others. I desire therefore that you will firmly
observe that which in your instructions you have prescribed to others. Only
pray for me, that God would give me both inward and outward strength, that I
may not only say, but do: that I may not only be called a Christian but be
found one: for if I shall be found a Christian, I may then deservedly be called
one; and be thought faithful, when I shall no longer appear to the world.
Nothing is good that is seen. A Christian is not a work of opinion, but of
greatness, when he is hated by the world. I write to the churches, and signify
to them all, that I am willing to die for God, unless you hinder me. I beseech
you that you show not an unseasonable good-will towards me. Suffer me to be the
food of wild beasts, whereby I may attain unto God: I am the wheat of God, and
I am to be ground by the teeth of the wild beasts, that I may be found the pure
bread of Christ. Rather entice the beasts to my sepulchre, that they may leave
nothing of my body, that, being dead, I may not be troublesome to any. Then
shall I be a true disciple of Jesus Christ, when the world shall not see so
much as my body. Pray to Christ for me, that in this I may become a sacrifice
to God. I do not, as Peter and Paul, command you: they were apostles, I am an
inconsiderable person: they were free, I am even yet a slave. But if I suffer I
shall then become the freeman of Jesus Christ, and shall arise a freeman in
him. Now I am in bonds for him, I learn to have no worldly or vain desires.
From Syria even unto Rome I fight with wild beasts both by sea and land, both
night and day, bound to ten leopards, that is, to a band of soldiers; who are
the worse for kind treatment. But I am the more instructed by their injuries;
yet I am not thereby justified. 6 I
earnestly wish for the wild beasts that are prepared for me, which I heartily
desire may soon despatch me; whom I will entice to devour me entirely and
suddenly, and not serve me as they have done some whom they have been afraid to
touch; but if they are unwilling to meddle with me, I will even compel them to
it. 7 Pardon
me this matter, I know what is good for me. Now I begin to be a disciple. So
that I have no desire after anything visible or invisible, that I may attain to
Jesus Christ. Let fire, or the cross, or the concourse of wild beasts, let
cutting or tearing of the flesh, let breaking of bones and cutting off limbs,
let the shattering in pieces of my whole body, and all the wicked torments of
the devil come upon me, so that I may but attain to Jesus Christ. All the
compass of the earth, and the kingdoms of this world will profit me nothing. It
is better for me to die for the sake of Jesus Christ, than to rule unto the
ends of the earth. Him I seek who died for us; Him I desire who rose again for
us. He is my gain at hand. Pardon me, brethren: be not my hindrance in
attaining to life, for Jesus Christ is the life of the faithful: whilst I
desire to belong to God, do not ye yield me back to the world. Suffer me to
partake of the pure light. When I shall be there, I shall be a man of God.
Permit me to imitate the passion of Christ my God. If any one has him within
himself, let him consider what I desire, and let him have compassion on me, as
knowing how I am straitened. The prince of this world endeavours to snatch me
away, and to change the desire with which I burn of being united to God. Let
none of you who are present attempt to succour me. Be rather on my side, that
is, on God’s. Entertain no desires of the world, having Jesus Christ in your
mouths. Let no envy find place in your breasts. Even were I myself to entreat
you when present, do not obey me; but rather believe what I now signify to you
by letter. Though I am alive at the writing of this, yet my desire is to die.
My love is crucified. The fire that is within me does not crave any water; but
being alive and springing within, says: Come to the Father. I take no pleasure
in the food of corruption, nor in the pleasure of this life. I desire the bread
of God, which is the flesh of Jesus Christ, and for drink his blood, which is
incorruptible charity. I desire to live no longer according to men; and this will
be if you are willing. Be then willing, that you may be accepted by God. Pray
for me that I may possess God. If I shall suffer, ye have loved me: If I shall
be rejected, ye have hated me. Remember in your prayers the church of Syria,
which now enjoys God for its shepherd instead of me. I am ashamed to be called
of their number, for I am not worthy, being the last of them, and an abortive:
but through mercy I have obtained that I shall be something, if I enjoy God.”
The martyr gloried in his sufferings as in the highest honour, and regarded his
chains as most precious jewels. His soul was raised above either the love or
the fear of anything on earth, and as St. Chrysostom says, he could lay down
his life with as much ease and willingness as another man could put off his
clothes. He even wished every step of his journey to meet with the wild beasts;
and though that death was most shocking and barbarous, and presented the most
frightful ideas, sufficient to startle the firmest resolution; yet it was incapable
of making the least impression upon his courageous soul. The perfect
mortification of his affections appears from his heavenly meekness; and he
expressed how perfectly he was dead to himself and the world, living only to
God in his heart, by that admirable sentence: “My love is crucified.” 8 To
signify, as he explains himself afterwards, that his appetites and desires were
crucified to the world, and to all the lusts and pleasures of it.
The guards pressed the saint to leave
Smyrna, that they might arrive at Rome before the shows were over. He rejoiced
exceedingly at their hurry, desiring impatiently to enjoy God by martyrdom.
They sailed to Troas, where he was informed that God had restored peace to his
church at Antioch: which freed him from the anxiety he had been under, fearing
lest there should be some weak ones in his flock. At Troas he wrote three other
letters, one to the church of Philadelphia, and a second to the Smyrnæans, in which
he calls the heretics who denied Christ to have assumed true flesh, and the
Eucharist to be his flesh, wild beasts in human shape; and forbids all
communication with them only allowing them to be prayed for, that they may be
brought to repentance, which is very difficult. His last letter is addressed to
St. Polycarp, whom he exhorts to labour for Christ without sparing himself; for
the measure of his labour will be that of his reward. 9 The
style of the martyr every where follows the impulses of a burning charity,
rather than the rules of grammar, and his pen is never able to express the
sublimity of his thoughts. In every word there is a fire and a beauty not to be
paralleled: every thing is full of a deep sense. He every where breathes the
most profound humility and contempt of himself as an abortive, and the last of
men; a great zeal for the church, and abhorrence of schisms; the most ardent
love of God and his neighbour, and tenderness for his own flock: begging the
prayers of all the churches in its behalf to whom he wrote, and entreating of
several that they would send an embassy to his church at Antioch, to comfort
and exhort them. The seven epistles of this apostolic father, the same which
were quoted by St. Irenæus, Origen, Eusebius, St. Athanasius, St. Chrysostom,
Theodoret, Gildas, &c. are published genuine by Usher, Vossius, Cotelier,
&c. and in English by archbishop Wake, in 1710.
St. Ignatius, not being allowed time
to write to the other churches of Asia, commissioned St. Polycarp to do it for
him. From Troas they sailed to Neapolis in Macedonia, and went thence to
Philippi, from which place they crossed Macedonia and Epirus on foot; but took
shipping again at Epidamnum in Dalmatia, and sailing by Rhegium and Puteoli
were carried by a strong gale into the Roman port, the great station of the
navy near Ostia, at the mouth of the Tiber, sixteen miles from Rome. He would
gladly have landed at Puteoli, to have traced St. Paul’s steps, by going on
foot from that place to Rome, but the wind rendered it impracticable. On
landing, the authors of these acts, who were his companions, say they were
seized with great grief, seeing they were soon to be separated from their dear
master; but he rejoiced to find himself so near the end of his race. The
soldiers hastened him on, because the public shows were drawing to an end. The
faithful of Rome came out to meet him, rejoicing at the sight of him, but
grieving that they were so soon to lose him by a barbarous death. They
earnestly wished that he might be released at the request of the people. The
martyr knew in spirit their thoughts, and said much more to them than he had
done in his letter on the subject of true charity, conjuring them not to
obstruct his going to the Lord. Then kneeling with all the brethren, he prayed
to the Son of God for the Church, for the ceasing of the persecution, and for
perpetual charity and unanimity among the faithful. He arrived at Rome the 20th
of December, the last day of the public entertainments, and was presented to
the prefect of the city, to whom the emperor’s letter was delivered at the same
time. He was then hurried by the soldiers into the amphitheatre. The saint
hearing the lions roar, cried out: “I am the wheat of the Lord; I must be
ground by the teeth of these beasts to be made the pure bread of Christ.” Two
fierce lions being set upon him, they instantly devoured him, leaving nothing
of his body but the larger bones: thus his prayer was heard. “After having been
present at this sorrowful spectacle,” say our authors, “which made us shed many
tears, we spent the following night in our house in watching and prayer,
begging of God to afford us some comfort by certifying us of his glory.” They
relate, that their prayer was heard, and that several of them in their slumber
saw him in great bliss. They are exact in setting down the day of his death,
that they might assemble yearly thereon to honour his martyrdom. 10 They
add, that his bones were taken up and carried to Antioch, and there laid in a
chest as an inestimable treasure. St. Chrysostom says, his relics were carried
in triumph on the shoulders of all the cities from Rome to Antioch. They were
first laid in the cemetery without the Daphnitic gate, but in the reign of
Theodosius the younger were translated thence with great pomp to a church in
the city, which had been a temple of Fortune, but from this time bore his name,
as Evagrius relates. 11 St.
Chrysostom exhorts all people to visit them, assuring them they would receive
thereby many advantages, spiritual and corporal, which he proves at length. 12 They
are now at Rome, in the church of St. Clement, pope, whither they were brought
about the time when Antioch fell into the hands of the Saracens in the reign of
Heraclius, in 637. 13 The
regular canons at Arouaise near Bapaume in Artois, the Benedictin monks at
Liesse in Haynault, and some other churches, have obtained each some bone of
this glorious martyr. 14 The
Greeks keep his feast a holyday on the day of his death, the 20th of December. His
martyrdom happened in 107.
The perfect spirit of humility,
meekness, patience, charity, and all other Christian virtues, which the seven
epistles of St. Ignatius breathe in every part, cannot fail deeply to affect
all who attentively read them. Critics confess that they find in them a
sublimity, an energy and beauty of thought and expression, which they cannot
sufficiently admire. But the Christian is far more astonished at the saint’s
perfect disengagement of heart from the world, the ardour of his love for God,
and the earnestness of his desire of martyrdom. Every period in them is full of
profound sense, which must be attentively meditated on before we can discover
the divine sentiments of all virtues which are here expressed. Nor can we
consider them without being inspired by some degree of the same, and being
covered with confusion to find ourselves fall so far short of the humility and
fervour of the primitive saints. Let us listen to the instructions which this
true disciple of Christ gives in his letter to the Philadelphians, an abstract
of his other six epistles being given above. He begins it by a strenuous
recommendation of union with their bishop, priests, and deacons; and gives to
their bishop (whom he does not name) great praises, especially for his humility
and meekness, insomuch that he says his silence was more powerful than the vain
discourses of others, and that conversing with an unchangeable serenity of
mind, and in the sweetness of the living God, he was utterly a stranger to
anger. He charges them to refrain from the pernicious weeds of heresy and
schism, which are not planted by the Father, nor kept by Christ. “Whoever
belong to God and Jesus Christ, these are with the bishop. If any one follows
him who maketh a schism, he obtains not the inheritance of the kingdom of God.
He who walks in the simplicity of obedience is not enslaved to his passion. Use
one eucharist: for the flesh of the Lord Jesus Christ is one, and the cup is
one in the unity of his blood. There is one altar, as there is one bishop, with
the college of the priesthood and the deacons, my fellow-servants, that you may
do all things according to God. My brethren, my heart is exceedingly dilated in
the tender love which I bear you, and exulting beyond bounds, I render you
secure and cautious: not I indeed, but Jesus Christ, in whom being bound, I
fear the more for myself, being yet imperfect. But your prayer with God will
make me perfect, that I may obtain the portion which his mercy assigns me.”
Having cautioned them against adopting Jewish ceremonies, and against divisions
and schisms, he mentions one that had lately happened among them, and speaks of
a revelation which he had received of it as follows: “When I was amongst you, I
cried out with a loud voice, with the voice of God, saying: Hearken to your
bishop, and the priesthood, and the deacons. Some suspected that I said this
from a foresight of the division which some afterwards made. But He for whom I
am in chains is my witness, that I knew it not from man, but the Spirit
declared it, saying: Do ye nothing without your bishop. Keep your body holy as
the temple of God. Be lovers of unity; shun all divisions. Be ye imitators of
Jesus Christ, as he is of the Father, I therefore did what lay in me, as one
framed to maintain union. Where disagreement or anger is found, there God never
dwells. But God forgives all penitents.” He charges them to send some person of
honour from their church to congratulate with his church in Syria upon peace
being restored to it, and calls him blessed who should be honoured with this
commission.
Note 1. The accent placed on the penultima of
[Greek], as the word is written in the saint’s acts, denotes it of an active
signification, one that carrieth God; but of the passive, carried
of God, if placed on the antepenultima. [back]
Note
2. St.
Gregory tells us, (l. 4. ep. 37.) that he was a disciple of St. Peter. The
Apostolic Constitutions add, also of St. Paul. (l. 7. c. 46.) We are assured by
St. Chrysostom (Hom. in St. Ignat.) and Theodoret, (Dial. 1. p. 33.) that he
was made bishop by the direction of the apostles, and by the imposition of
their hands. St. Chrysostom says, that St. Peter appointed him bishop to govern
the see of Antioch, when he quitted it himself; which seems also to be affirmed
by Origen, (in Luc. Hom. 6.) St. Athanasius, (de Syn. p. 922.) Facundus,
&c. Baronius thinks he was left by St. Peter, bishop of the Jewish
converts, and became bishop also of the Gentiles in 68: for Eusebius (Hist. l.
3. c. 22. 36.) says, that St. Evodius succeeded St. Peter at Antioch; he adds
in his chronicle, in the year 43, that he died in 68, and was succeeded by St.
Ignatius. Some think there is a mistake in the chronicle of Eusebius, as to the
year of the death of Evodius, and that this happened before the martyrdom of
St. Peter, who appointed St. Ignatius his successor. See Cotelier, not. p. 299.
Tillem. not. t. 2. p. 619. The Greek Menæa mentions Evodius on the 7th of
September. [back]
Note 3. Hom. in St. Ignat. t. 2. p. 592. See
also Theodoret, Dial. 1. p. 33. [back]
Note
4. 2
Cor. v. 16. [back]
Note 5. In his letter to the Magnesians,
after saluting them, he says, he rejoices exceedingly in their charity and
faith, and adds: “Having the honour to bear a name of divine dignity, on
account of the chains which I carry, I sing the glory of the churches, and wish
them the union of the flesh and spirit of Jesus Christ our perpetual life, of
faith, and of charity, than which nothing is more excellent; and what is
chiefest, of Jesus and the Father, in whom, hearing with patience, the whole
power of the prince of this world, and escaping him, we shall possess God.” The
saint much commends their bishop Damas, and exhorts them to yield him perfect
obedience, notwithstanding his youth. Setting death before their eyes as near
at hand to every one, he puts them in mind that we must bear the mark of Jesus
Christ, (which is charity,) not that of the world. “If we are not ready to die,
in imitation of his sufferings, his life is not in us,” says he—“I recommend to
you that you do all things in the concord of God, the bishop presiding for God,
the priests in the place of the college of the apostles, and my dearest
deacons, to whom is the ministry of Jesus Christ, who was with the Father
before all ages, and has appeared in the end. Therefore, following all the same
conduct, respect one another, and let no one consider his neighbour according
to the flesh; but ever love each other, in Jesus Christ. As the Lord did
nothing without the Father, so neither do you any thing without the priests.
Meeting together, have one prayer, one mind, one hope in charity, in holy
joy.—All of you meet as in one church of God, as to one altar, as to one Jesus
Christ, who proceeds from one Father, exists in one, and returns to him in
Unity.” He cautions them against admitting the Jewish ceremonies, and against
the errors of the Docetes. Then adds: “I shall enjoy you in all things if I am
worthy. For though I am in chains, I am not to be compared to any one of you
who enjoy your liberty. I know there is in you no pride: for you have Jesus
Christ within you. And when I commend you, I know that you are more confounded,
as it is written: The just man is his own accuser.” Prov. xviii.
18. He again tenderly exhorts them to
concord, and to obedience to their bishop, and commends himself, that he may
attain to God and his church, of which he is not worthy to be called one, to
their prayers, adding: “I stand much in need of your united prayer and charity
in God, that the church in Syria may deserve to be watered by your church.”
The
epistle to the Trallians he begins thus: “I know that your sentiments are pure,
your hearts inseparable in patience and meekness, which is not passing, but as
it were natural; as I learn from your bishop Polybius who congratulated with me
in my chains in Christ Jesus, in such manner that in him I beheld your whole
multitude. Receiving through him your good will in God, I gloried, finding you
to be, as I knew, imitators of God. As you are subject to the bishop as to Christ,
you seem not to live according to men, but according to Jesus Christ.” He bids
them respect the deacons (whom he calls the ministers of the mysteries of Jesus
Christ) as the precept of Christ; the priests as the senate of God, and the
bishop as representing God. “Without these the very name of a church is not
given,” says he—“I know many things in God, but I measure myself, lest by
glorying I perish. Now I have reason more to fear: nor must I listen to those
who speak kindly to me; for they who speak to commend me, scourge me. I desire
indeed to suffer: but I know not whether I am worthy.—Though I am in chains,
and understand heavenly things, the ranks of angels and principalities, things
visible and invisible; am I on this account a disciple? for many things are
wanting to us that we be not separated from God. I conjure you, not I, but the
charity of Jesus Christ, to use Christian food, and to refrain from foreign
weed, which is heresy. Heretics join Jesus Christ with what is defiled, giving
a deadly poison in a mixture of wine and honey, which they who take, drink with
pleasure their own death without knowing it. Refrain from such; which you will
do if you remain united to God, Jesus Christ, and the bishop and the precepts
of the apostles. He who is within the altar is clean, but he who is without it,
that is, without the bishop, priests, and deacons, is not clean.” He adds his
usual exhortations to union, and begs their prayers for himself and his church,
of which he is not worthy to be called one, being the last of them, and yet
fighting in danger. “May my spirit sanctify you, not only now, but also when I
shall enjoy God.” [back]
Note
6. 1
Cor. iv. 4. [back]
Note 7. Not that he would really excite the
beasts to despatch him, without a special inspiration, because that would have
been self-murder; but this expresses the courage and desire of his soul. [back]
Note
8. [Greek]. [back]
Note 9. See an account of these two last in
the life of St. Polycarp. Orsi draws a proof in favour of the supremacy of the
see of Rome, from the title which St. Ignatius gives it at the head of his
epistle. In directing his other letters, and saluting other churches, he only
writes: “To the blessed church which is at Ephesus:” [Greek] “at Magnesia near
the Mæander: at Tralles: at Philadelphia: at Smyrna:” but in that to the Romans
he changes his style, and addresses his letter: “To the beloved church which is
enlightened, (by the will of Him who ordaineth all things which are according
to the charity of Jesus Christ our God,) which presides in the country of the
Romans, [Greek], worthy of God, most adorned, justly happy, most commended,
fitly regulated and governed, most chaste, and presiding in charity, &c.” [back]
Note
10. According to the
common opinion, St. Ignatius was crowned with martyrdom in the year 107. The
Greek copies of a homily of the sixth age, on the False Prophets, among the works
of St. Chrysostom, say on the 20th; but Bede, in his Martyrology, on the 17th
of December. Antoni Pagi, convinced by the letter of Dr. Loyde, bishop of St.
Asaph’s, places his martyrdom about the end of the year 116: for John Malalas
of Antioch tells us the great earthquake, in which Dion Cassius mentions that
Trajan narrowly escaped at Antioch, happened in that journey of Trajan in which
he condemned St. Ignatius. Now Trajan marching to the Parthian war, arrived at
Antioch on the 8th of January, in 113, the sixteenth year of his reign: and in
his return from the East, above two years later, passed again through Antioch
in 116, when this earthquake happened. St. Ignatius suffered at Rome towards
the end of that year. Le Quien prefers this date, because it best agrees with
the chronology of his successors to Theophilus. Oriens Christ. T. 2. p.
700. [back]
Note 11. Evagr. Hist. Eccl. l. 1. c. 16. Ed.
Vales. [back]
Note
12. Or. in S. Ignat. t. 2. p. 600. Ed.
Nov. [back]
Note 13. See Baron, Annal. ad an. 637, and
Not. ad Martyr. Rom. ad 17 Dec. [back]
Note
14. See Henschenius, Feb. t. 1. p. 35. [back]
Rev. Alban Butler (1711–73). Volume
II: February.The Lives of the Saints. 1866.
SOURCE : https://www.bartleby.com/210/2/011.html
Église Saint-Ignace de Saint-Ygeaux, Côtes-d'Armor
Martyrs
of the First Ages – Saint Ignatius, Bishop of Antioch, by Saint Alphonsus de
Liguori
Saint Ignatius, also called Theophorus, that is, one
that carries God, lived in the first century of the Church. He
was a disciple of the apostles, particularly of Saint John; by them he was
baptized, and subsequently ordained Bishop of the Church of Antioch which had
the honor of having been founded by the Apostle Saint Peter, and as the place
where the disciples of Jesus Christ were first called Christians.
Saint Ignatius undertook the government of this church
after the death of Evodius, the successor of Saint Peter, which occurred in the
year of the Lord 69; although Cardinal Orsi cites the opinion of some who would
have it that Saint Ignatius was the immediate successor of Saint Peter. Our
saint governed his flock with such zeal that all the churches of Syria
consulted him as an oracle. In the persecution of Domitian he had to suffer
much, and labored, at the risk of his life, for the preservation of the faith,
animating his flock to be faithful to the death. He longed for the glory of
martyrdom, frequently saying that he could not be persuaded of his love for
Christ till he had testified it with his blood.
Upon the death of Domitian in the year 96, the tempest
abated under Nerva, his successor. But during this time heretics did not cease
to trouble the Church; this is the reason why the saint, writing to the
faithful of Smyrna, recommended them not to have any communication with them:
“Be satisfied,” he said to them, “with merely praying to God for those who
abstain from the Eucharist, because they deny it to be the flesh of Jesus
Christ, who died for our sins.”
In the year 105 the persecution was renewed by the
Emperor Trajan. This prince, after his conquest of the Scythians and the
Dacians, published an edict which obliged all, under pain of death, to offer
sacrifice to the gods. Marching afterwards against the Parthians, he arrived at
Antioch; and, hearing with how much zeal and success Saint Ignatius propagated
the Christian religion, he called him to his presence and thus addressed him:
“Art thou that wicked demon called Theophorus, who taketh pleasure in violating
our edict of sacrificing to the gods, and dost continue to seduce the
inhabitants of this city by preaching the law of Christ?” Ignatius replied:
“Yes, prince, I am called Theophorus; by no one can Theophorus be called a
demon, because the devils fly from the servants of God. If thou callest me a
devil because I endeavor to defeat the machinations of the devil, I well
deserve the name.” Trajan asked him the signification of the term Theophorus;
the saint replied, “It signifies the bearer of God.” The emperor replied: “Thou
earnest God in thy heart; and we, have we not also in our selves the gods that
assist us ?” The saint answered with enthusiasm: “It is an error, O prince! to
give the name of gods to the demons that you adore: there is only one true God,
the Creator of heaven and earth, and Jesus Christ, His only begotten Son.” The
emperor replied, “Dost thou speak of Him who vas crucified under Pontius
Pilate?” “Yes,” answered the saint, “of Him I speak who has confounded the
malice of devils, and placed them beneath the feet of those Christians who
carry God in their hearts.” He added that Trajan would be more happy, and his
empire more prosperous, if he would believe in the Lord Jesus; but the emperor,
heedless of these exhortations, offered to make him a priest of Jupiter and a
member of the senate if he would sacrifice to the gods. The saint replied that
he was content to be a priest of Jesus Christ, for whom he ardently desired to
shed his blood. Trajan, filled with anger, then pronounced sentence upon the
saint that he should be conducted in chains to Rome, and devoured by wild
beasts at the public games.
Saint Ignatius having heard the sentence, raised his
eyes to heaven, and exclaimed: “I thank Thee, O Lord, because that Thou hast
vouchsafed to make me worthy of giving Thee a proof of my love by sacrificing
my life for Thy faith; I desire, O Lord, that the beasts may hasten to devour
me, that I may make to Thee the sacrifice of myself.” He then stretched forth
his hands to be chained, kissing the manacles as they bound him; and with tears
recommending his church to God, he was conducted by the soldiers to Seleucia,
and thence to Smyrna, accompanied by two of his deacons, Philo and Agathopodus,
who are believed to be the authors of his acts. Wherever the saint passed, he
ceased not his exhortations to the faithful to persevere in faith and prayer,
to be enamoured of the riches of heaven, and to despise those of this earth.
The Christians came, in great numbers, to meet him and to receive his blessing,
especially the bishops and priests of the churches of Asia, who, as they
perceived him going so joyfully to martyrdom, wept in the tenderness of
affection. Having arrived at Smyrna, he embraced Saint Polycarp, and they
mutually consoled each other; he thence wrote to the churches of Ephesus,
Magnesia, and Trallia. Amongst other things, he says to the Ephesians: “I carry
my chains for Christ, which are to me spiritual pearls, more prized than all the
treasures of the world.”
Knowing that from Smyrna some Ephesians had to go to
Rome by a route shorter than his, he conveyed by them his celebrated letter to
the Romans; the letter is long, but a few passages are particularly worthy of
being transcribed; they are as follows:
“Suffer me to be the food of wild beasts, whereby I
may attain unto God. I am the wheat of God, and am to be ground by the teeth of
wild beasts, in order that I may be found the pure bread of Christ…. I
earnestly wish for the wild beasts that are prepared for me, whom I heartily
desire may soon dispatch me; I will entice them to devour me entirely and
suddenly, that they may not spare me as they have others whom they feared to
touch; but, if they are unwilling to meddle with me, I will even compel them to
it. Pardon me, my children, I know what is good for me; I now commence to be a
disciple of Christ, since I have no desire for anything visible or invisible,
so that I may attain to Jesus Christ. Let fire or the cross, or the con course
of wild beasts let cutting or tearing of the flesh let breaking of bones and
cutting off limbs let the shattering in pieces of my entire body, and all the
tor ments invented by the devil, come upon me, so I may but attain unto Jesus
Christ…. It is better for me to die for the sake of Jesus Christ, than to rule
to the ends of the earth…. Pardon me, brethren; be not my hindrance in
attaining to life, for Jesus Christ is the life of the faithful; whilst I
desire to belong to God, do not ye yield me back to the world…. Permit me to
imitate the Passion of Christ my God; let none of you who are present attempt
to succor me be rather on my side, that is, on God’s; entertain no desire of
the world; having Jesus Christ in your mouths, let no envy find place in your
breasts. Even were I myself to en treat you, when present, do not obey me, but
rather believe what I now signify to you by letter…. My love is crucified! … I
take no pleasure in the food of corruption, nor in the enjoyment of this life.
I desire the bread of God, which is the flesh of Jesus Christ, and for drink
his blood. . . . Pray for me, that I may possess God. If I consummate my
sacrifice this will be a sign that you have given your consent, and that ye
truly love me.”
He next arrived at Troas, whence he wrote epistles to
the churches of Philadelphia and Smyrna, and to his friend Saint Polycarp, to
whom he recommended the church of Antioch. The soldiers fearing that they would
arrive too late at Rome, because the public games were nearly at an end, hastened
their march, to the great satisfaction of the holy martyr, who ardently de
sired to be at the place of execution. When he was near Rome, the Christians
came in great numbers to meet and salute him. They thought, as Fleury relates,
to induce the people to solicit his pardon, but the saint re peated what he had
stated in his letters, and prevented all interference. On entering Rome, he
knelt down with the other Christians to offer himself to God, and fervently
prayed that peace might be restored to the Church. He was then conducted to the
amphitheatre, where immense numbers were assembled; and, hearing the bellowings
of the wild beasts, he repeated the memorable words of his epistle to the
Romans: “I am the wheat of God, and am to be ground by the teeth of wild
beasts, in order that I may be found the pure bread of Christ.” The saint was
instantly devoured by lions, as he had desired to be, and at the moment of his
death he was heard to invoke the adorable name of Jesus.
Only the larger bones of his body were left; these
were collected and brought to Antioch by his two deacons, to whom he appeared
on the following night, resplendent with glory. His martyrdom took place on the
20th December, of the year 107. After the destruction of Antioch by the Saracens,
his relics were removed to Rome, and placed in the Church of Saint Clement
where at the present day they are venerated with great devotion. His name has
been inserted in the canon of Mass. The acts of the martyrdom of Saint Ignatius
are found in the collection of Ruinart, entitled: Acta Primorum Martyrum
Sincera.
SOURCE : https://catholicsaints.info/martyrs-of-the-first-ages-saint-ignatius-bishop-of-antioch-by-saint-alphonsus-de-liguori/
Sant' Ignazio di Antiochia
Vescovo e martire
m. 107 circa
Fu il
terzo vescovo di Antiochia, in Siria, terza metropoli del mondo antico dopo
Roma e Alessandria d'Egitto e di cui san Pietro era stato il primo vescovo. Non
era cittadino romano, e pare che non fosse nato cristiano, convertendosi in età
non più giovanissima. Mentre era vescovo ad
Antiochia, l'Imperatore Traiano dette inizio alla sua persecuzione. Arrestato e
condannato, Ignazio fu condotto, in catene, da Antiochia a Roma dove si
allestivano feste in onore dell'Imperatore e i cristiani dovevano servire da
spettacolo, nel circo, sbranati dalle belve. Durante il viaggio da Antiochia a Roma, Ignazio
scrisse sette lettere, in cui raccomandava di fuggire il peccato, di guardarsi
dagli errori degli Gnostici, di mantenere l'unità della Chiesa. Di un'altra
cosa poi si raccomandava, soprattutto ai cristiani di Roma: di non intervenire
in suo favore e di non salvarlo dal martirio. Nell'anno 107 fu dunque sbranato
dalle belve verso le quali dimostrò grande tenerezza. «Accarezzatele "
scriveva " affinché siano la mia tomba e non faccian restare nulla del mio
corpo, e i miei funerali non siano a carico di nessuno». (Avvenire)
Etimologia:
Ignazio = di fuoco, igneo, dal latino
Emblema: Bastone
pastorale, Palma
Martirologio
Romano: Memoria di sant’Ignazio, vescovo e martire, che, discepolo di san
Giovanni Apostolo, resse per secondo dopo san Pietro la Chiesa di Antiochia.
Condannato alle fiere sotto l’imperatore Traiano, fu portato a Roma e qui
coronato da un glorioso martirio: durante il viaggio, mentre sperimentava la ferocia
delle guardie, simile a quella dei leopardi, scrisse sette lettere a Chiese
diverse, nelle quali esortava i fratelli a servire Dio in comunione con i
vescovi e a non impedire che egli fosse immolato come vittima per Cristo.
Dalla
data del 1° febbraio, la memoria di Sant'Ignazio Martire è stata riportata ad
oggi, data tradizionale del suo martirio, dal nuovo Calendario ecclesiastico,
che la prescrive come obbligatoria per tutta la Chiesa.
Sant'Ignazio fu il terzo Vescovo di Antiochia, in Siria, cioè della terza
metropoli del mondo antico dopo Roma e Alessandria d'Egitto.
Lo stesso San Pietro era stato primo Vescovo di Antiochia, e Ignazio fu
suo degno successore: un pilastro della Chiesa primitiva così come Antiochia
era uno dei pilastri del mondo antico.
Non era
cittadino romano, e pare che non fosse nato cristiano, e che anzi si
convertisse assai tardi. Ciò non toglie che egli sia stato uomo d'ingegno
acutissimo e pastore ardente di zelo. I suoi discepoli dicevano di lui che era
" di fuoco ", e non soltanto per il nome, dato che ignis in latino
vuol dire fuoco.
Mentre era Vescovo ad Antiochia, l'Imperatore Traiano dette inizio alla sua
persecuzione, che privò la Chiesa degli uomini più in alto nella scala
gerarchica e più chiari nella fama e nella santità.
Arrestato e condannato ad bestias, Ignazio fu condotto, in catene, con un
lunghissimo e penoso viaggio, da Antiochia a Roma dove si allestivano feste in
onore dell'Imperatore vittorioso nella Dacia e i Martiri cristiani dovevano
servire da spettacolo, nel circo, sbranati e divorati dalle belve.
Durante il suo viaggio, da Antiochia a Roma, il Vescovo Ignazio scrisse sette
lettere, che sono considerate non inferiori a quelle di San Paolo: ardenti di
misticismo come quelle sono sfolgoranti di carità. In queste lettere, il
Vescovo avviato alla morte raccomandava ai fedeli di fuggire il peccato; di
guardarsi dagli errori degli Gnostici; soprattutto di mantenere l'unità della
Chiesa.
D'un'altra cosa poi si raccomandava, scrivendo particolarmente ai cristiani di
Roma: di non intervenire in suo favore e di non tentare neppure di salvarlo dal
martirio.
"lo guadagnerei un tanto - scriveva - se fossi in faccia alle belve, che
mi aspettano. Spero di trovarle ben disposte. Le accarezzerei, anzi, perché mi
divorassero d'un tratto, e non facessero come a certuni, che han timore di
toccarli: se manifestassero queste intenzioni, io le forzerei ".
E a chi s'illudeva di poterlo liberare, implorava: " Voi non perdete
nulla, ed io perdo Iddio, se riesco a salvarmi. Mai più mi capiterà una simile
ventura per riunirmi a Lui. Lasciatemi dunque immolare, ora che l'altare è
pronto! Uniti tutti nel coro della carità, cantate: Dio s'è degnato di mandare
dall'Oriente in Occidente il Vescovo di Siria! ".
Infine prorompeva in una di quelle immagini che sono rimaste famose nella
storia dei Martiri: " Lasciatemi essere il nutrimento delle belve, dalle
quali mi sarà dato di godere Dio. lo sono frumento di Dio. Bisogna che sia macinato dai denti delle belve, affinché sia trovato
puro pane di Cristo ".
E, giunto a Roma, nell'anno 107, il Vescovo di Antiochia fu veramente "
macinato " dalle innocenti belve del Circo, per le quali il Martire trovò
espressioni di una insolita tenerezza e poesia: " Accarezzatele, scriveva infatti,
affinché siano la mia tomba e non faccian restare nulla del mio corpo, e i miei
funerali non siano a carico di nessuno ".
Fonte:
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BENEDETTO XVI
UDIENZA GENERALE
Piazza San Pietro
Mercoledì, 14 marzo 2007
Sant’Ignazio d’Antiochia
Cari fratelli e sorelle,
nel nostro nuovo ciclo di catechesi appena iniziato
stiamo passando in rassegna le principali personalità della Chiesa nascente. La
scorsa settimana abbiamo parlato di Papa Clemente I, terzo Successore di san
Pietro. Oggi parliamo di sant’Ignazio, che è stato il terzo Vescovo di
Antiochia, dal 70 al 107, data del suo martirio. In quel tempo Roma,
Alessandria e Antiochia erano le tre grandi metropoli dell’Impero romano. Il
Concilio di Nicea parla di tre «primati»: ovviamente, quello di Roma, ma vi
erano poi anche Alessandria e Antiochia che vantavano un loro «primato». Sant’Ignazio,
come s’è detto, era Vescovo di Antiochia, che oggi si trova in Turchia. Qui, in
Antiochia, come sappiamo dagli Atti degli Apostoli, sorse una comunità
cristiana fiorente: primo Vescovo ne fu l’apostolo Pietro – così ci dice la
tradizione –, e lì «per la prima volta i discepoli furono chiamati cristiani» (At 11,26).
Eusebio di Cesarea, uno storico del IV secolo, dedica un intero capitolo della
sua Storia Ecclesiastica alla vita e all’opera letteraria di Ignazio
(3,36). «Dalla Siria», egli scrive, «Ignazio fu mandato a Roma per essere
gettato in pasto alle belve, a causa della testimonianza da lui resa a Cristo.
Compiendo il suo viaggio attraverso l’Asia, sotto la custodia severa delle
guardie» [che lui chiama «dieci leopardi» nella sua Lettera ai
Romani 5,1], «nelle singole città dove sostava, con prediche e
ammonizioni, andava rinsaldando le Chiese; soprattutto esortava, col calore più
vivo, di guardarsi dalle eresie, che allora cominciavano a pullulare, e
raccomandava di non staccarsi dalla tradizione apostolica» (3,36,3-4). La prima
tappa del viaggio di Ignazio verso il martirio fu la città di Smirne, dove era
Vescovo san Policarpo, discepolo di san Giovanni. Qui Ignazio scrisse quattro
lettere, rispettivamente alle Chiese di Efeso, di Magnesia, di Tralli e di
Roma. «Partito da Smirne», prosegue Eusebio, «Ignazio venne a Troade, e di là
spedì nuove lettere»: due alle Chiese di Filadelfia e di Smirne, e una al
Vescovo Policarpo. Eusebio completa così l’elenco delle lettere, che sono
giunte a noi come un prezioso tesoro. Leggendo questi testi si sente la
freschezza della fede della generazione che ancora aveva conosciuto gli
Apostoli. Si sente anche in queste lettere l’amore ardente di un Santo.
Finalmente da Troade il martire giunse a Roma, dove, nell’Anfiteatro Flavio,
venne dato in pasto alle bestie feroci.
Nessun Padre della Chiesa ha espresso con l’intensità
di Ignazio l’anelito all’unione con Cristo e alla vita in Lui. Perciò
abbiamo letto il brano evangelico sulla vigna, che secondo il Vangelo di
Giovanni è Gesù. In realtà, confluiscono in Ignazio due «correnti» spirituali:
quella di Paolo, tutta tesa all’unione con Cristo, e quella di Giovanni,
concentrata sulla vita in Lui. A loro volta, queste due correnti sfociano
nell’imitazione di Cristo, più volte proclamato da Ignazio come «il mio» o
«il nostro Dio». Così Ignazio supplica i cristiani di Roma di non impedire il
suo martirio, perché è impaziente di «congiungersi con Gesù Cristo». E spiega:
«E’ bello per me morire andando verso (eis) Gesù Cristo, piuttosto che
regnare sino ai confini della terra. Cerco Lui, che è morto per me, voglio Lui,
che è risorto per noi ... Lasciate che io sia imitatore della Passione del mio
Dio!» (Romani 5-6). Si può cogliere in queste espressioni brucianti
d’amore lo spiccato «realismo» cristologico tipico della Chiesa di Antiochia,
più che mai attento all’incarnazione del Figlio di Dio e alla sua vera e
concreta umanità: Gesù Cristo, scrive Ignazio agli Smirnesi, «è realmente dalla
stirpe di Davide», «realmente è nato da una vergine», «realmente fu
inchiodato per noi» (1,1).
L’irresistibile tensione di Ignazio verso l’unione con
Cristo fonda una vera e propria «mistica dell’unità». Egli stesso si definisce
«un uomo al quale è affidato il compito dell’unità» (Filadelfiesi 8,1). Per
Ignazio l’unità è anzitutto una prerogativa di Dio che, esistendo in tre
Persone, è Uno in assoluta unità. Egli ripete spesso che Dio è unità, e che
solo in Dio essa si trova allo stato puro e originario. L’unità da realizzare
su questa terra da parte dei cristiani non è altro che un’imitazione, il più
possibile conforme all’archétipo divino. In questo modo Ignazio giunge a
elaborare una visione della Chiesa, che richiama da vicino alcune espressioni
della Lettera ai Corinti di Clemente Romano. «E’ bene per voi»,
scrive per esempio ai cristiani di Efeso, «procedere insieme d’accordo col
pensiero del Vescovo, cosa che già fate. Infatti il vostro collegio dei
presbiteri, giustamente famoso, degno di Dio, è così armonicamente unito al
Vescovo come le corde alla cetra. Per questo nella vostra concordia e nel
vostro amore sinfonico Gesù Cristo è cantato. E così voi, ad uno ad uno,
diventate coro, affinché nella sinfonia della concordia, dopo aver preso il
tono di Dio nell’unità, cantiate a una sola voce» (4,1-2). E dopo aver
raccomandato agli Smirnesi di non «intraprendere nulla di ciò che riguarda la
Chiesa senza il Vescovo» (8,1), confida a Policarpo: «Io offro la mia vita per
quelli che sono sottomessi al Vescovo, ai presbiteri e ai diaconi. Possa io con
loro avere parte con Dio. Lavorate insieme gli uni per gli altri, lottate
insieme, correte insieme, soffrite insieme, dormite e vegliate insieme come
amministratori di Dio, suoi assessori e servi. Cercate di piacere a Colui per
il quale militate e dal quale ricevete la mercede. Nessuno di voi sia trovato
disertore. Il vostro Battesimo rimanga come uno scudo, la fede come un elmo, la
carità come una lancia, la pazienza come un’armatura» (6,1-2).
Complessivamente si può cogliere nelle Lettere di
Ignazio una sorta di dialettica costante e feconda tra due aspetti
caratteristici della vita cristiana: da una parte la struttura gerarchica della
comunità ecclesiale, e dall’altra l’unità fondamentale che lega fra loro tutti
i fedeli in Cristo. Di conseguenza, i ruoli non si possono contrapporre. Al
contrario, l’insistenza sulla comunione dei credenti tra loro e con i propri
pastori è continuamente riformulata attraverso eloquenti immagini e analogie:
la cetra, le corde, l’intonazione, il concerto, la sinfonia. E’ evidente la
responsabilità peculiare dei Vescovi, dei presbiteri e dei diaconi
nell’edificazione della comunità. Vale anzitutto per loro l’invito all’amore e
all’unità. «Siate una cosa sola», scrive Ignazio ai Magnesi, riprendendo la
preghiera di Gesù nell’Ultima Cena: «Un’unica supplica, un’unica mente,
un’unica speranza nell’amore ... Accorrete tutti a Gesù Cristo come all’unico
tempio di Dio, come all’unico altare: Egli è uno, e procedendo dall’unico
Padre, è rimasto a Lui unito, e a Lui è ritornato nell’unità» (7,1-2). Ignazio,
per primo nella letteratura cristiana, attribuisce alla Chiesa l’aggettivo
«cattolica», cioè «universale»: «Dove è Gesù Cristo», egli afferma, «lì è la
Chiesa cattolica» (Smirnesi 8,2). E proprio nel servizio di unità alla
Chiesa cattolica, la comunità cristiana di Roma esercita una sorta di primato
nell’amore: «In Roma essa presiede degna di Dio, venerabile, degna di essere
chiamata beata ... Presiede alla carità, che ha la legge di Cristo e porta il
nome del Padre» (Romani, prologo).
Come si vede, Ignazio è veramente il «dottore
dell’unità»: unità di Dio e unità di Cristo (a dispetto delle varie eresie che
iniziavano a circolare e dividevano l’uomo e Dio in Cristo), unità della
Chiesa, unità dei fedeli «nella fede e nella carità, delle quali non vi è nulla
di più eccellente» (Smirnesi 6,1). In definitiva, il «realismo» di Ignazio
invita i fedeli di ieri e di oggi, invita noi tutti a una sintesi progressiva
tra configurazione a Cristo (unione con Lui, vita in Lui) e dedizione alla
sua Chiesa (unità con il Vescovo, servizio generoso alla comunità e al
mondo). Insomma, occorre pervenire a una sintesi tra comunione della
Chiesa all’interno di sé e missione-proclamazione del Vangelo per gli
altri, fino a che attraverso una dimensione parli l’altra, e i credenti
siano sempre più «nel possesso di quello Spirito indiviso, che è Gesù Cristo
stesso» (Magnesi 15).
Implorando dal Signore questa «grazia di unità», e
nella convinzione di presiedere alla carità di tutta la Chiesa (cfr Romani, prologo),
rivolgo a voi lo stesso augurio che conclude la lettera di Ignazio ai cristiani
di Tralli: «Amatevi l’un l’altro con cuore non diviso. Il mio spirito si offre
in sacrificio per voi, non solo ora, ma anche quando avrà raggiunto Dio ... In
Cristo possiate essere trovati senza macchia» (13). E preghiamo affinché il
Signore ci aiuti a raggiungere questa unità e ad essere trovati finalmente
senza macchia, perché è l’amore che purifica le anime.
Saluti:
Je salue cordialement les pèlerins de langue
française, en particulier les jeunes, les Petites Sœurs de Jésus en session de
renouveau et les membres de l’Association internationale des Charités contre
les pauvretés. Je vous invite à trouver dans l’unité entre vous le dynamisme et
la force pour témoigner de l’amour du Christ. Avec ma Bénédiction apostolique.
I welcome all the English speaking visitors present
today, including the Cardinals and Bishops of the Vox Clara committee,
gathered in Rome to advise the Congregation for Divine Worship on the new
English translation of the Roman Missal. I thank them and their assistants for
their important work. Upon all of you I invoke God’s abundant blessings of
joy and peace.
Mit Freude begrüße ich alle Pilger und Besucher
deutscher Sprache. Das Beispiel und die Lehre des heiligen Ignatius von
Antiochien seien uns Ansporn auf unserem Weg der Nachfolge Christi in der
Gemeinschaft der Kirche. Wenn wir mit Christus vereint sind, wird unser Dienst
an unseren Brüdern und Schwestern und unser Dienst für die Welt reiche Frucht
bringen. Der Herr schenke euch und euren Familien seinen reichen Segen und
gesegnete Tage hier in Rom!
Saludo cordialmente a los visitantes de lengua
española. En particular a la Hermandad de Veteranos de las Fuerzas Armadas y
Guardia Civil de España, con su consiliario nacional, Monseñor José Manuel
Estepa; a la Delegación de Pastoral de la Salud, de Santiago de Compostela,
acompañados de su Arzobispo Monseñor Julián Barrio; así como a los demás grupos
de España, México y otros países latinoamericanos. Os animo a estar muy unidos
a Cristo, y a trabajar por la salvación de todos los hombres, superando toda
forma de división. ¡Gracias por vuestra visita!
Ao dar-vos as boas-vindas, saúdo a todos os presentes,
de modo particular os grupos de portugueses e de brasileiros,
neles incluindo a Comunidade “Shalom” de Fortaleza, com os votos de que leveis
avivada a consciência de serdes Igreja missionária, desejosa de contribuir para
a unidade de todos os homens na verdade e no amor! Com a minha Bênção,
extensiva aos vossos familiares e comunidades eclesiais.
Saluto in lingua croata:
Od srca pozdravljam sve hrvatske hodočasnike, a
osobito vas iz župe Solinskih mučenika te iz Zapadnohercegovačke županije!
Konkretnom brigom za duhovno i materijalno potrebne, nasljedujte Krista,
milosrdnoga Spasitelja. Hvaljen Isus i Marija!
Traduzione italiana del saluto in lingua croata:
Di cuore saluto i pellegrini croati, particolarmente
voi dalla Parrocchia dei Martiri di Salona e dalla Contea di Ovest-Erzegovina!
Seguite il Cristo, Salvatore misericordioso, curando concretamente quelli che
si trovano nel bisogno spirituale o materiale. Siano lodati Gesù e Maria!
Saluto in lingua polacca:
Pozdrawiam pielgrzymów z Polski. Wczoraj została
opublikowana adhortacja Sacramentum
caritatis, poświęcona Eucharystii. Dziś św. Ignacy z Antiochii zachęca nas
do życia w zjednoczeniu z Chrystusem, który za nas umarł i zmartwychwstał, a
Jego osoba i dzieło odkupienia jest obecne pośród nas w tajemnicy Eucharystii.
Niech ten sakrament będzie dla wszystkich obfitym źródłem łaski. Niech Bóg wam
błogosławi!
Traduzione italiana del saluto in lingua polacca:
Saluto i pellegrini provenienti dalla Polonia. Ieri è
stata pubblicata l’esortazione Sacramentum caritatis, dedicata
all’Eucaristia. Oggi san Ignazio d’Antiochia ci invita a vivere nell’unione con
Cristo che è morto e risorto per noi, e la sua persona e l’opera redentrice
sono presenti tra noi nel mistero dell’Eucaristia. Questo sacramento sia per
tutti un’abbondante sorgente di grazia. Dio vi benedica!
Saluto in lingua slovacca:
Srdečne pozdravujem pútnikov zo Slovenska, osobitne
študentov Trnavskej univerzity. Milí mladí, bratia a sestry, Pôstna doba nás
pozýva na obrátenie cez modlitbu, skutky milosrdenstva a počúvanie Božieho
Slova. Na také prežívanie Pôstu vám rád žehnám. Pochválený buď Ježiš Kristus!
Traduzione italiana del saluto in lingua slovacca:
Saluto cordialmente i pellegrini dalla Slovacchia,
particolarmente gli studenti dell’Università di Trnava. Cari giovani, fratelli
e sorelle, la Quaresima ci invita alla conversione per mezzo della preghiera,
dell’esercizio delle opere di misericordia e dell’ascolto della Parola di Dio. Vi
accompagno con la mia Benedizione. Sia lodato Gesù Cristo!
Saluto in lingua slovena:
Lepo pozdravljam vernike iz župnije Sveti Urban -
Destrnik v Sloveniji! Naj vam sveta apostola Peter in Pavel, ki sta v tem mestu
dopolnila svojo življenjsko daritev, izprosita obilje milosti za ta postni čas
in za globoko obhajanje Kristusovega vstajenja. Iz srca vam podeljujem svoj
blagoslov!
Traduzione italiana del saluto in lingua slovena:
Rivolgo un cordiale saluto ai fedeli della Parrocchia
S. Urbano - Destrnik in Slovenia! I santi Apostoli Pietro e Paolo, che in
questa città sacrificarono la loro vita, vi ottengano, con la loro
intercessione, le grazie abbondanti per questo tempo di quaresima e per una più
sentita celebrazione della Risurrezione di Cristo. Di cuore vi imparto la mia
Benedizione!
Saluto in lingua ungherese:
Szeretettel köszöntöm a magyar híveket, különösen is a
pécsi Ciszterci Gimnázium csoportját. A Nagyböjt folyamán kérjük az Urtól az
igazi és szívből jövő megtérés kegyelmét. E kívánsággal szívből megáldlak
titeket és minden családtagotokat. Dicsértessék a Jézus Krisztus!
Traduzione italiana del saluto in lingua ungherese:
Saluto con affetto i fedeli ungheresi, specialmente il
gruppo del Liceo dei Cisterciensi a Pécs. Carissimi, in questo tempo di
Quaresima chiediamo al Signore una vera e profonda conversione. Con questi voti
benedico di cuore voi e i vostri cari Sia lodato Gesù Cristo!
* * *
Cari fratelli e sorelle, rivolgo un cordiale benvenuto
ai pellegrini di lingua italiana. In particolare saluto i fedeli delle Diocesi
della Puglia, convenuti con i loro Vescovi in occasione della Visita ad
Limina Apostolorum. Benvenuti, grazie per la vostra visita! Cari amici, vi
incoraggio a sentirvi sempre più coinvolti nella missione della Chiesa per
venire incontro con rinnovato slancio apostolico alle numerose sfide sociali e
religiose dell'epoca attuale. Nei colloqui con i vostri Vescovi ho già sentito
come in Puglia la Chiesa è ancora viva, dinamica e piena di fede. Vediamo la
vivacità di questa Chiesa della Puglia! E voi, cari Fratelli nell'Episcopato,
non stancatevi di sollecitare quanti sono affidati alle vostre cure pastorali
ad incontrare personalmente Cristo vivo in mezzo a noi, aderendo integralmente
al suo Vangelo e alle esigenze morali che da esso scaturiscono.
Saluto poi i fedeli della parrocchia di san Lino in
Roma, qui presenti in occasione del 50° anniversario di fondazione della loro
comunità cristiana; i rappresentanti del Credito Cooperativo di Viterbo;
gli studenti del Liceo "Omodeo", di Mortara e quelli dell'Istituto
San Vincenzo de' Paoli, di Reggio Emilia.
Infine, il mio saluto va ai giovani ai malati e
agli sposi novelli. Cari giovani, ricercate sinceramente l'amore di
Dio e siate a Lui fedeli sempre. Cari malati, non permettete che la
sofferenza spenga in voi la luce della fede in Cristo, il quale vi è vicino e
vi sostiene nella prova. E voi, cari sposi novelli, chiamati da Dio a formare
una nuova famiglia, fate della vostra esistenza una missione di amore fedele e
generoso.
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SOURCE : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/it/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070314.html
Voir aussi : https://www.christianiconography.info/ignatiusAntioch.html