07 Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les
païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés.
08 Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de
quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé.
09 Vous donc, priez ainsi : Notre Père, qui
es aux cieux, que ton nom soit sanctifié,
10 que ton règne vienne, que ta volonté soit
faite sur la terre comme au ciel.
11 Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
12 Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous
remettons leurs dettes à nos débiteurs.
13 Et ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du Mal.
14 Car, si vous pardonnez aux hommes leurs
fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi.
15 Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes,
votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes.
Évangile de Jésus Christ selon Saint Matthieu, VI :
7-15
SOURCE : https://www.aelf.org/bible/Mt/6
École de Novgorod, Icône de la Trinité, dite La Paternité,
début du xve siècle, galerie Tretiakov, Moscou
" NOTRE PERE QUI ES AUX CIEUX "
I. " Oser nous approcher en
toute confiance "
2777 Dans la liturgie romaine, l’assemblée eucharistique est invitée à prier Notre Père avec
une audace filiale ;
les liturgies orientales utilisent et développent des expressions analogues :
" Oser en
toute assurance ",
" Rends-nous dignes de ".
Devant le Buisson ardent, il
fut dit à Moïse :
" N’approche pas. Ote tes sandales "
(Ex 3, 5). Ce seuil de
la Sainteté divine, Jésus seul pouvait le franchir,
lui qui, " ayant accompli la purification des péchés "
(He 1, 3),
nous introduit devant
la Face du Père :
" Nous voici,
moi et mes enfants que
tu m’as donnés "
(He 2, 13) :
La conscience que
nous avons de notre situation d’esclaves nous ferait rentrer sous terre,
notre condition terrestre se fondrait en poussière,
si l’autorité de
notre Père lui-même et
l’Esprit de
son Fils ne nous poussaient à proférer ce cri : ‘Abba, Père !’
(Rm 8, 15) ...
Quand la faiblesse d’un mortel oserait-elle appeler Dieu son Père, sinon seulement lorsque l’intime de
l’homme est animé par
la Puissance d’en haut ?
(S. Pierre Chrysologue, serm. 71 : PL 52, 401CD).
2778 Cette puissance de l’Esprit qui nous introduit à la Prière du Seigneur est exprimée dans les liturgies d’Orient et d’Occident par la belle expression typiquement chrétienne : parrhésia, simplicité sans détour, confiance filiale, joyeuse assurance, humble audace, certitude d’être aimé (cf. Ep 3, 12 ; He 3, 6 ; 4, 16 ; 10, 19 ; 1 Jn 2, 28 ; 3, 21 ; 5, 14).
2779 Avant de faire nôtre ce premier élan de
la Prière du Seigneur, il
n’est pas inutile de purifier humblement notre cœur de certaines fausses images de
" ce monde-ci ".
L’humilité nous
fait reconnaître que
" nul ne connaît le Père, si ce
n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien
le révéler ",
c’est-à-dire " aux
tout petits "
(Mt 11, 25-27).
La purification du cœur concerne les images paternelles ou maternelles, issues de
notre histoire personnelle et culturelle,
et qui influencent notre relation à Dieu. Dieu notre Père transcende les catégories du
monde créé. Transposer sur
lui, ou contre lui, nos idées en
ce domaine serait fabriquer des idoles,
à adorer ou
à abattre. Prier le Père c’est entrer dans
son mystère, tel qu’Il
est, et tel que
le Fils nous l’a révélé :
L’expression Dieu le Père n’avait
jamais été révélée à personne. Lorsque Moïse lui-même demanda à Dieu qui
il était, il entendit un autre nom. A nous ce nom a été révélé dans
le Fils, car ce nom implique le
nom nouveau de Père (Tertullien, or. 3).
2780 Nous
pouvons invoquer Dieu comme
" Père "
parce qu’il nous est révélé par
son Fils devenu homme et
que son Esprit nous
le fait connaître.
Ce que l’homme ne
peut concevoir ni
les puissances angéliques entrevoir,
la relation personnelle du
Fils vers le Père (cf. Jn 1, 1), voici que
l’Esprit du
Fils nous y fait participer,
nous qui croyons que Jésus est
le Christ et
sommes nés de Dieu (cf. 1 Jn 5, 1).
2781 Quand nous prions le Père, nous
sommes en communion avec
lui et avec son Fils, Jésus-Christ (cf. 1 Jn 1, 3). C’est
alors que nous le connaissons et
le reconnaissons dans
un émerveillement toujours
nouveau. La première parole de
la Prière du Seigneur est
une bénédiction d’adoration,
avant d’être une imploration.
Car c’est la Gloire de Dieu que
nous le reconnaissions comme " Père ", Dieu véritable.
Nous lui rendons grâce de
nous avoir révélé son
Nom, de nous avoir donné d’y croire et
d’être habités par
sa Présence.
2782 Nous pouvons adorer le Père parce
qu’il nous a fait renaître à
sa Vie en
nous adoptant comme
ses enfants dans
son Fils unique :
par le Baptême,
il nous incorpore au Corps de
son Christ,
et, par l’Onction de
son Esprit qui
s’épanche de la Tête dans
les membres,
il fait de nous des " christs " :
Dieu,
en effet,
qui nous a prédestinés à
l’adoption de
fils, nous a rendus conformes au Corps glorieux du Christ. Désormais donc, participants du Christ,
vous êtes à juste titre appelés " christs "
(S. Cyrille de Jérusalem, catech. myst. 3, 1 : PG 33, 1088A).
L’homme nouveau,
qui est rené et rendu à
son Dieu par
la grâce,
dit d’abord " Père ! ",
parce qu’il est devenu fils
(S. Cyprien, Dom. orat. 9 : PL 4, 525A).
2783 C’est ainsi que, par la Prière du Seigneur,
nous sommes révélés à nous-mêmes en même temps
que le Père nous
est révélé (cf. GS 22, § 1) :
O homme, tu
n’osais pas lever ton visage vers
le ciel,
tu baissais les yeux vers la terre,
et soudain tu as reçu la grâce du Christ :
tous tes péchés t’ont
été remis.
De méchant serviteur tu es devenu un
bon fils.... Lève donc les yeux vers le Père qui
t’a racheté par
son Fils et dis : notre Père... Mais
ne te réclame d’aucun privilège.
Il n’est le Père,
d’une manière spéciale,
que du Christ seul, tandis que
nous, il nous a créés.
Dis donc toi aussi par grâce :
notre Père,
pour mériter d’être
son fils (S. Ambroise, sacr. 5, 19 : PL 16, 450C).
2784 Ce don gratuit de
l’adoption exige de
notre part une conversion continuelle et
une vie nouvelle. Prier notre Père doit développer en
nous deux dispositions fondamentales :
Le désir et
la volonté de
lui ressembler. Créés à
son image,
c’est par grâce que
la ressemblance nous
est rendue et
nous avons à y répondre.
Il faut nous souvenir,
quand nous nommons Dieu ‘notre Père’ que
nous devons nous comporter en
fils de Dieu (S. Cyprien, Dom. orat. 11 : PL 4, 526B).
Vous ne pouvez appeler votre Père le Dieu de
toute bonté si
vous gardez un cœur cruel et inhumain ;
car dans ce cas vous
n’avez plus en vous la marque de
la bonté du Père céleste (S. Jean Chrysostome, hom. in Mt. 7, 14 : PG 51, 44B).
Il faut contempler sans cesse la beauté du Père et en imprégner notre âme (S. Grégoire de Nysse, or. dom. 2 : PG 44, 1148B).
2785 Un cœur humble et confiant qui
nous fait " retourner à
l’état des enfants "
(Mt 18, 3) :
car c’est aux " tout petits "
que le Père se révèle (Mt 11, 25) :
C’est un regard sur Dieu seul,
un grand feu d’amour.
L’âme s’y fond et
s’abîme en
la sainte dilection, et s’entretient avec Dieu comme
avec son propre Père, très familièrement, dans une tendresse de piété toute particulière (S. Jean Cassien, coll. 9, 18 : PL 49, 788C).
Notre Père : ce nom suscite en
nous, tout à la fois, l’amour, l’affection dans
la prière,
... et aussi l’espérance d’obtenir ce
que nous allons demander ...
Que peut-il en effet refuser à
la prière de
ses enfants,
quand il leur a déjà préalablement permis d’être
ses enfants ?
(S. Augustin, serm. Dom. 2, 4, 16 : PL 34, 1276).
2786 " Notre " Père concerne Dieu. Cet adjectif, de notre part, n’exprime pas une possession, mais une relation toute nouvelle à Dieu.
2787 Quand nous disons " notre " Père, nous reconnaissons d’abord que toutes ses Promesses d’amour annoncées par les Prophètes sont accomplies dans la nouvelle et éternelle Alliance en son Christ : nous sommes devenus " son " Peuple et il est désormais " notre " Dieu. Cette relation nouvelle est une appartenance mutuelle donnée gratuitement : c’est par l’amour et la fidélité (cf. Os 2, 21-22 ; 6, 1-6) que nous avons à répondre à " la grâce et à la vérité " qui nous sont données en Jésus-Christ (Jn 1, 17).
2788 Puisque la Prière du Seigneur est celle de son Peuple dans les " derniers temps ", ce
" notre " exprime aussi la certitude de notre espérance en l’ultime promesse de Dieu : dans la Jérusalem nouvelle il dira au vainqueur : " Je serai son Dieu et lui sera mon fils " (Ap 21, 7).
2789 En priant " notre " Père, c’est au Père de notre Seigneur Jésus Christ que nous nous adressons personnellement. Nous ne divisons pas
la divinité, puisque le Père en est " la source et l’origine ", mais nous confessons par là qu’éternellement le Fils est engendré par Lui et que de Lui procède l’Esprit Saint. Nous ne confondons pas
non plus les Personnes, puisque nous confessons que notre communion est avec le Père et son Fils, Jésus Christ, dans leur unique Esprit Saint. La Trinité Sainte est consubstantielle et indivisible. Quand nous prions le Père, nous l’adorons et le glorifions avec le Fils et le Saint-Esprit.
2790 Grammaticalement, " notre " qualifie une réalité commune à plusieurs. Il n’y a qu’un seul Dieu et il est reconnu Père par ceux qui, par la foi à son Fils unique, sont renés de Lui par
l’eau et par l’Esprit (cf. 1 Jn 5, 1 ; Jn 3, 5). L’Église est cette nouvelle Communion de Dieu et des hommes : unie au Fils unique devenu " l’aîné d’une multitude de frères " (Rm 8, 29), elle est en Communion avec un seul et même Père, dans un seul et même Esprit Saint (cf. Ep 4, 4-6). En priant " notre " Père, chaque baptisé prie dans cette Communion : " La multitude des croyants n’avait qu’un seul cœur et qu’une seule âme " (Ac 4, 32).
2791 C’est pourquoi, malgré les divisions des chrétiens, la prière à " notre " Père demeure le bien commun et un appel urgent pour tous les baptisés. En communion par la foi au Christ et par le Baptême, ils doivent participer à la prière de Jésus pour l’unité de ses disciples (cf. UR 8 ; 22).
2792 Enfin, si nous prions en vérité " Notre Père ", nous sortons de l’individualisme, car l’Amour que nous accueillons nous en libère. Le " notre " du début de la Prière du Seigneur, comme le " nous "
des quatre dernières demandes, n’est exclusif de personne. Pour qu’il soit dit en vérité (cf. Mt 5, 23-24 ; 6, 14-16), nos divisions et nos oppositions doivent être surmontées.
2793 Les baptisés ne peuvent prier " notre " Père sans porter auprès de Lui tous ceux pour qui il a donné son Fils bien-aimé. L’amour de Dieu est sans frontière, notre prière doit l’être aussi (cf. NA 5). Prier " notre " Père nous ouvre aux dimensions de Son amour manifesté dans le Christ : prier avec et pour tous les hommes qui ne Le connaissent pas encore, afin qu’ils soient " rassemblés dans l’unité " (Jn 11, 52). Ce souci divin de tous les hommes et de toute la création a animé tous les grands priants : il doit dilater notre prière en largeur d’amour lorsque nous osons dire
" notre " Père.
2794 Cette expression biblique ne signifie pas un lieu [ "l’espace "], mais une manière d’être ; non pas
l’éloignement de Dieu mais sa majesté. Notre Père n’est pas " ailleurs ", il est " au-delà de
tout " ce que nous pouvons concevoir de sa Sainteté. C’est parce qu’il est trois fois Saint, qu’il est tout proche du cœur humble et contrit :
C’est avec raison que ces paroles ‘Notre Père qui es aux cieux’ s’entendent du cœur des justes, où Dieu habite comme dans
son temple. Par là aussi celui qui prie désirera voir résider en lui Celui
qu’il invoque (S. Augustin, serm. Dom. 2, 5, 17 : PL 34, 1277).
Les " cieux " pourraient bien être aussi ceux qui portent l’image du monde céleste, et en qui Dieu habite et se promène (S. Cyrille de Jérusalem, catech. myst. 5, 11 : PG 33, 1117B).
2795 Le symbole des cieux nous renvoie au mystère de l’Alliance que
nous vivons lorsque nous prions notre Père. Il est aux cieux, c’est sa Demeure, la Maison du Père est donc notre " patrie ".
C’est de la terre de l’Alliance que le péché nous a exilés (cf. Gn 3)
et c’est vers le Père, vers le ciel que la conversion du cœur nous
fait revenir (cf. Jr 3, 19 – 4, 1a ; Lc 15, 18. 21). Or c’est
dans le Christ que le ciel et la terre sont réconciliés (cf. Is 45, 8 ; Ps 85, 12), car le Fils " est descendu du ciel ", seul, et il nous y fait remonter avec lui, par sa Croix, sa Résurrection et son Ascension (cf. Jn 12, 32 ; 14, 2-3 ; 16, 28 ; 20, 17 ; Ep 4, 9-10 ; He 1, 3 ; 2, 13).
2796 Quand l’Église prie " notre Père qui es aux cieux ", elle professe que
nous sommes le Peuple de Dieu déjà
" assis aux cieux dans
le Christ Jésus " (Ep 2, 6),
" cachés avec le Christ en Dieu " (Col 3, 3),
et, en même temps,
" gémissant dans cet état, ardemment désireux de revêtir, par dessus l’autre notre habitation céleste " (2 Co 5, 2 ; cf. Ph 3, 20 ; He 13, 14) :
Les chrétiens sont
dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur terre, mais sont citoyens du ciel (Epître à Diognète 5, 8-9).
EN BREF
2797 La confiance simple et fidèle, l’assurance humble et joyeuse sont
les dispositions qui conviennent à
celui qui prie le " Notre Père ".
2798 Nous
pouvons invoquer Dieu comme
" Père "
parce que le Fils de Dieu fait homme nous l’a révélé, en qui, par le Baptême, nous
sommes incorporés et adoptés en fils de Dieu.
2799 La prière du Seigneur nous met en communion avec
le Père et avec son Fils, Jésus Christ. Elle nous révèle en même temps à
nous mêmes (cf. GS 22, § 1).
2800 Prier notre Père doit développer en nous la volonté de lui ressembler, ainsi
qu’un cœur humble et confiant
2801 En disant " Notre " Père,
nous invoquons la nouvelle Alliance en Jésus Christ, la communion avec
la Sainte Trinité et
la charité divine qui s’étend par l’Église aux dimensions du
monde.
2802 " Qui es aux cieux "
ne désigne pas
un lieu mais
la majesté de Dieu et sa présence dans le cœur des justes.. Le ciel, la Maison du Père, constitue la vraie patrie où
nous tendons et à laquelle, déjà,
nous appartenons.
2803 Après
nous avoir mis en présence de Dieu notre Père pour l’adorer, l’aimer et le bénir, l’Esprit filial fait monter de
nos cœurs sept demandes, sept bénédictions. Les trois premières, plus théologales, nous attirent vers la Gloire du Père, les quatre dernières, comme des chemins vers
Lui, offrent notre misère à
sa Grâce. " L’abîme appelle l’abîme " (Ps 42, 8).
2804 La première vague nous porte vers Lui,
pour Lui : ton Nom, ton Règne, taVolonté !
C’est le propre de
l’amour que de penser d’abord à Celui que
nous aimons.
En chacune de
ces trois demandes, nous ne
" nous " nommons pas,
mais c’est " le désir ardent ",
" l’angoisse " même, du Fils bien-aimé pour la Gloire de
son Père, qui
nous saisit (cf. Lc 22, 14 ; 12, 50) :
" Que soit sanctifié ...
Que vienne ...
Que soit faite
... " : ces trois supplications sont
déjà exaucées dans le Sacrifice du Christ Sauveur, mais elles
sont tournées désormais,
dans l’espérance,
vers leur accomplissement final, tant que Dieu n’est pas
encore tout en tous (cf. 1 Co 15, 28).
2805 La seconde vague de demandes se déroule dans
le mouvement de certaines épiclèses eucharistiques :
elle est offrande de
nos attentes et attire le regard du Père des miséricordes.
Elle monte de
nous et nous concerne dès
maintenant, en ce monde-ci :
" donne-nous... pardonne-nous ...
ne nous laisse pas
... délivre-nous ". La quatrième et
la cinquième demandes concernent notre vie, comme telle, soit pour la nourrir, soit pour la guérir du péché ; les deux dernières concernent notre combat pour
la victoire de
la Vie, le combat même de la prière.
2806 Par
les trois premières demandes, nous
sommes affermis dans la foi, emplis d’espérance et embrasés par
la charité. Créatures et
encore pécheurs,
nous devons demander pour
nous, ce " nous " aux mesures du monde et de l’histoire, que nous offrons à l’amour
sans mesure de
notre Dieu. Car
c’est par le Nom de son Christ et le Règne de son Esprit Saint que
notre Père accomplit son Dessein de salut, pour nous et
pour le monde entier.
2807 Le terme " sanctifier "
doit s’entendre ici,
non d’abord dans son sens causatif (Dieu seul sanctifie, rend saint) mais surtout dans un sens estimatif : reconnaître comme saint, traiter d’une manière sainte. C’est ainsi
que, dans l’adoration,
cette invocation est parfois comprise comme
une louange et une action de grâces (cf. Ps 111, 9 ; Lc 1, 49). Mais cette demande
nous est enseignée par Jésus comme
un optatif : une demande, un désir et une attente où Dieu et l’homme sont engagés. Dès la première demande à
notre Père,
nous sommes plongés dans le mystère intime de sa Divinité et dans
le drame du salut de
notre humanité.
Lui demander que son Nom soit sanctifié nous implique dans
" le Dessein bienveillant qu’il
avait formé par avance "
pour que " nous soyons saints et immaculés en sa présence, dans
l’amour " (cf. Ep 1, 9. 4).
2808 Aux moments décisifs de
son Economie, Dieu révèle son Nom,
mais il le révèle en accomplissant son œuvre. Or cette œuvre ne se réalise pour nous
et en nous que si son Nom est sanctifié par
nous et en nous.
2809 La Sainteté de Dieu est le foyer inaccessible de
son mystère éternel. Ce qui en
est manifesté dans
la création et
l’histoire, l’Écriture l’appelle la Gloire, le rayonnement de
sa Majesté (cf. Ps 8 ; Is 6, 3). En faisant l’homme " à
son image et
à sa ressemblance "
(Gn 1, 26), Dieu " le couronne de gloire " (Ps 8, 6), mais
en péchant l’homme est " privé de la Gloire de Dieu " (Rm 3, 23). Dès lors, Dieu va manifester sa Sainteté en révélant et
en donnant son
Nom, afin de restaurer l’homme " à
l’image de
son Créateur "
(Col 3, 10).
2810 Dans
la promesse faite
à Abraham, et le serment qui l’accompagne (cf. He 6, 13), Dieu s’engage lui-même mais sans dévoiler son
Nom. C’est à Moïse qu’il commence à
le révéler (cf. Ex 3, 14)
et il le manifeste aux
yeux de tout le peuple en
le sauvant des Egyptiens :
" il s’est couvert de Gloire " (Ex 15, 1). Depuis l’Alliance du Sinaï, ce peuple est
" sien " et il doit être une " nation sainte "
(ou consacrée,
c’est le même mot en hébreu : cf. Ex 19, 5-6) parce que le Nom
de Dieu habite en lui.
2811 Or, malgré la Loi sainte que lui donne et redonne le Dieu Saint (cf. Lv 19, 2 : " Soyez saints, car moi, votre Dieu, je suis saint "), et bien que le Seigneur,
" eu égard à son Nom ", use de patience, le peuple se détourne du Saint d’Israël et
" profane son Nom parmi les nations " (cf. Ez 20 ; 36).
C’est pourquoi les justes de l’Ancienne Alliance, les pauvres revenus d’exil et les prophètes ont été brûlés par
la passion du Nom.
2812 Finalement, c’est
en Jésus que
le Nom du Dieu Saint nous
est révélé et donné, dans la chair, comme Sauveur (cf. Mt 1, 21 ; Lc 1, 31) : révélé par ce qu’il Est, par sa Parole et par son Sacrifice (cf. Jn 8, 28 ; 17, 8 ; 17, 17-19).
C’est le cœur de sa prière sacerdotale : " Père saint ...
pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient eux
aussi consacrés en vérité " (Jn 17, 19). C’est parce qu’il " sanctifie " lui-même son Nom (cf. Ez 20, 39 ; 36, 20-21)
que Jésus nous " manifeste " le Nom du Père (Jn 17, 6). Au terme de sa Pâque, le Père lui donne alors le Nom
qui est au-dessus de tout nom : Jésus est Seigneur à la gloire de Dieu le Père (cf. Ph 2, 9-11).
2813 Dans l’eau du Baptême, nous avons été " lavés, sanctifiés, justifiés par le Nom du Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit de notre Dieu " (1 Co 6, 11). En toute notre vie, notre Père " nous appelle à la sanctification " (1 Th 4, 7), et, puisque c’est " par lui que nous sommes
dans le Christ Jésus, qui est devenu pour nous sanctification " (1 Co 1, 30), il y va de sa Gloire et de notre vie que son Nom soit sanctifié en nous et par nous. Telle est l’urgence de notre première demande.
Qui pourrait sanctifier Dieu, puisque lui-même sanctifie ? mais nous inspirant de cette parole ‘Soyez saints, parce que moi je suis Saint’ (Lv 20, 26), nous demandons que, sanctifiés par le baptême, nous persévérions dans
ce que nous avons commencé à être. Et cela nous le demandons tous les jours, car nous fautons quotidiennement et nous devons purifier nos péchés par une sanctification sans cesse reprise... Nous recourrons donc
à la prière pour que cette sainteté demeure en nous (S. Cyprien, Dom. orat. 12 : PL 4, 526A-527A).
2814 Il dépend inséparablement de notre vie et de notre prière que son Nom soit sanctifié parmi les nations :
Nous demandons à Dieu de sanctifier son Nom, car c’est par la sainteté qu’il sauve et sanctifie toute la création... Il s’agit du Nom qui donne le salut au monde perdu, mais nous demandons que ce Nom de Dieu soit sanctifié en nous par notre vie. Car si nous vivons bien, le nom divin est béni ; mais si nous vivons mal, il est blasphémé, selon la parole de l’Apôtre : ‘Le Nom de Dieu est blasphémé à cause de vous parmi les nations’ (Rm 2, 24 ; Ez 36, 20-22). Nous prions donc pour mériter d’avoir en nos âmes autant de sainteté qu’est saint le nom de notre Dieu (S. Pierre Chrysologue, serm. 71 : PL 52, 402A).
Quand nous disons ‘Que ton Nom soit sanctifié’, nous demandons qu’il soit sanctifié en nous, qui sommes en lui, mais aussi
dans les autres que la grâce de Dieu attend encore, afin de nous conformer au précepte qui nous oblige de prier pour tous, même pour nos ennemis. Voilà pourquoi nous ne disons pas expressément : Que ton Nom soit sanctifié ‘en nous’, car nous demandons qu’il le soit dans tous les hommes (Tertullien, or. 3).
2815 Cette demande, qui les contient toutes, est exaucée par la prière du Christ, comme les six autres demandes qui suivent. La prière à notre Père est notre prière si elle est priée " dans
le Nom " de Jésus (cf. Jn 14, 13 ; 15, 16 ; 16, 24. 26). Jésus demande dans sa prière sacerdotale : " Père saint, garde en ton Nom ceux que tu m’as donnés " (Jn 17, 11).
2816 Dans le Nouveau Testament,
le même mot Basileia peut
se traduire par royauté (nom abstrait), royaume (nom concret)
ou règne (nom
d’action).
Le Royaume de Dieu est
avant nous. Il s’est approché dans le Verbe incarné, il
est annoncé à travers tout
l’Evangile,
il est venu dans
la mort et
la Résurrection du Christ.
Le Royaume de Dieu vient dès
la sainte Cène et
dans l’Eucharistie,
il est au milieu de nous. Le Royaume viendra dans
la gloire lorsque le Christ le remettra à
son Père :
Il se peut même que
le Règne de Dieu signifie le Christ en personne,
lui que nous appelons de
nos voeux tous
les jours,
et dont nous voulons hâter l’avènement par
notre attente.
Comme il est notre Résurrection,
car en lui nous ressuscitons, et peut être aussi le Règne de Dieu, car en
lui nous régnerons (S. Cyprien, Dom. orat. 13 : PL 4, 527C-528A).
2817 Cette demande, c’est le " Marana Tha ",
le cri de
l’Esprit et
de l’Epouse :
" Viens, Seigneur Jésus " :
Quand bien même cette prière ne
nous aurait pas fait un devoir de demander l’avènement de
ce Règne,
nous aurions de nous-mêmes poussé ce cri, en
nous hâtant d’aller étreindre nos espérances.
Les âmes des martyrs,
sous l’autel, invoquent le Seigneur à grands cris :
‘Jusques à quand, Seigneur, tarderas-tu à demander compte de
notre sang aux habitants de
la terre ?’
(Ap 6, 10).
Ils doivent en effet obtenir justice, à
la fin des temps. Seigneur, hâte donc
la venue de
ton règne ! "
(Tertullien, or. 5).
2818 Dans la prière du Seigneur, il
s’agit principalement de
la venue finale du Règne de Dieu par
le retour du Christ (cf. Tt 2, 13). Mais
ce désir ne distrait pas
l’Église de
sa mission dans
ce monde-ci,
il l’y engage plutôt. Car
depuis la Pentecôte,
la venue du Règne est
l’œuvre de
l’Esprit du Seigneur " qui poursuit son œuvre dans
le monde et achève toute sanctification "
(MR, prière eucharistique IV).
2819 " Le Règne de Dieu est justice, paix et joie dans
l’Esprit Saint "
(Rm 14, 17).
Les derniers temps
où nous sommes sont ceux de l’effusion de
l’Esprit Saint.
Dès lors est engagé un combat décisif entre
" la chair "
et l’Esprit (cf. Ga 5, 16-25) :
Seul un cœur pur peut dire avec assurance :
‘Que ton Règne vienne’. Il
faut avoir été à l’école de Paul pour dire : ‘Que le péché ne règne donc
plus dans notre corps mortel’ (Rm 6, 12). Celui qui se garde pur dans
ses actions,
ses pensées et
ses paroles,
peut dire à Dieu :
‘Que ton Règne vienne !’
(S. Cyrille de Jérusalem, catech. myst. 5, 13 : PG 33, 1120A).
2820 Dans un discernement selon l’Esprit,
les chrétiens doivent distinguer entre
la croissance du Règne de Dieu et
le progrès de
la culture et
de la société où
ils sont engagés.
Cette distinction n’est pas une séparation.
La vocation de
l’homme à
la vie éternelle ne supprime pas
mais renforce son
devoir de mettre en pratique les énergies et
les moyens reçus du Créateur pour servir en
ce monde la justice et
la paix (cf. GS 22 ; 32 ; 39 ; 45 ;
EN 31).
2821 Cette demande
est portée et exaucée dans
la prière de Jésus (cf. Jn 17, 17-20), présente et efficace dans
l’Eucharistie ;
elle porte son fruit dans
la vie nouvelle selon les Béatitudes (cf. Mt 5, 13-16 ; 6, 24 ; 7, 12-13).
III. Que
ta Volonté soit faite
sur la terre comme
au ciel
2822 C’est la Volonté de
notre Père " que
tous les hommes soient sauvés et parviennent à
la connaissance de
la vérité "
(1 Tm 2, 3-4). Il
" use de patience, voulant que personne ne périsse "
(2 P 3, 9 ; cf. Mt 18, 14).
Son commandement,
qui résume tous
les autres, et qui nous dit toute sa volonté,
c’est que " nous nous aimions les uns les
autres, comme il nous a aimés "
(Jn 13, 34 ; cf. 1 Jn 3 ; 4 ; Lc 10, 25-37).
2823 " Il
nous a fait connaître le mystère de
sa Volonté,
ce dessein bienveillant qu’il
avait formé par avance ... ramener toutes
choses sous un seul Chef,
le Christ ...
c’est en lui que nous avons été mis à part, selon le plan préétabli de
Celui qui mène toutes
choses au gré de
sa Volonté ".
(Ep 1, 9-11).
Nous demandons instamment que
se réalise pleinement ce Dessein bienveillant,
sur la terre comme
il l’est déjà dans le ciel.
2824 C’est dans le Christ, et
par sa volonté humaine, que
la Volonté du Père a
été parfaitement et
une fois pour toutes accomplie. Jésus a
dit en entrant dans
ce monde : " Voici,
je viens faire, ô Dieu,
ta volonté "
(He 10, 7 ; Ps 40, 7). Jésus seul
peut dire : " Je fais toujours
ce qui Lui plaît "
(Jn 8, 29). Dans
la prière de
son agonie,
il consent totalement à
cette Volonté :
" Que ne se soit pas
ma volonté qui
se fasse,
mais la tienne ! "
(Lc 22, 42 ; cf. Jn 4, 34 ; 5, 30 ; 6, 38). Voilà
pourquoi Jésus " s’est livré pour
nos péchés selon la volonté de Dieu "
(Ga 1, 4).
" C’est en vertu de
cette volonté que
nous sommes sanctifiés par
l’oblation du Corps de Jésus Christ "
(He 10, 10).
2825 Jésus,
" tout Fils qu’il était, apprit, de
ce qu’il souffrit,
l’obéissance "
(He 5, 8). A combien plus forte raison,
nous, créatures et pécheurs, devenus en
lui enfants d’adoption.
Nous demandons à
notre Père d’unir notre volonté à
celle de son Fils pour accomplir sa Volonté,
son Dessein de salut pour
la vie du
monde. Nous en sommes radicalement impuissants,
mais unis à Jésus et
avec la puissance de
son Esprit Saint, nous
pouvons lui remettre notre volonté et décider de choisir ce
que son Fils a toujours choisi :
faire ce qui plaît au Père (cf. Jn 8, 29) :
En adhérant au Christ, nous
pouvons devenir un
seul esprit avec
lui, et par là accomplir sa volonté ;
de la sorte,
elle sera parfaite sur
la terre comme
au ciel (Origène, or. 26).
Considérez comment Jésus Christ nous apprend à
être humbles,
en nous faisant voir que
notre vertu ne dépend pas
de notre seul travail mais
de la grâce de Dieu.
Il ordonne ici
à chaque fidèle qui prie de
le faire universellement pour
toute la terre.
Car il ne dit pas ‘Que ta volonté soit faite’
en moi ou en vous, ‘mais sur toute la terre’ : afin que
l’erreur en soit bannie,
que la vérité y règne, que
le vice y soit détruit, que
la vertu y refleurisse,
et que la terre ne soit plus différente du ciel (S. Jean Chrysostome, hom. in Mt. 19, 5 : PG 57, 280B).
2826 C’est par la prière que
nous pouvons " discerner quelle est la volonté de Dieu "
(Rm 12, 2 ; Ep 5, 17) et obtenir " la constance pour
l’accomplir "
(He 10, 36). Jésus nous apprend que
l’on entre dans le Royaume des cieux, non par des paroles, mais " en faisant la volonté de
mon Père qui
est dans les cieux "
(Mt 7, 21).
2827 " Si quelqu’un
fait la volonté de Dieu, celui-là Dieu l’exauce "
(Jn 9, 31 ; cf. 1 Jn 5, 14). Telle est
la puissance de
la prière de
l’Église dans
le Nom de son Seigneur, surtout dans
l’Eucharistie ;
elle est communion d’intercession avec
la Toute Sainte Mère de Dieu (cf. Lc 1, 38. 49) et de tous les saints qui ont été " agréables " au Seigneur pour
n’avoir voulu que sa Volonté :
Nous pouvons encore, sans blesser la vérité, traduire ces paroles :
‘Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel’ par celles-ci :
dans l’Église comme
dans notre Seigneur Jésus Christ ;
dans l’Epouse qui
lui a été fiancée, comme dans l’Epoux qui a accompli la volonté du Père (S. Augustin, serm. Dom. 2, 6, 24 : PL 34, 1279).
IV. Donne-nous aujourd’hui notre pain de
ce jour
2828 " Donne-nous " :
elle est belle la confiance des enfants qui attendent tout
de leur Père.
" Il fait lever son soleil sur
les méchants et
sur les bons et tomber la pluie sur
les justes et
sur les injustes "
(Mt 5, 45) et
il donne à
tous les vivants " en
son temps leur nourriture "
(Ps 104, 27). Jésus nous apprend cette
demande : elle glorifie en effet notre Père parce
qu’elle reconnaît combien il
est Bon au-delà de
toute bonté.
2829 " Donne-nous "
est encore l’expression de
l’Alliance :
nous sommes à Lui et il est à nous, pour nous. Mais ce " nous "
le reconnaît aussi
comme le Père de
tous les hommes et
nous le prions pour
eux tous, en solidarité avec
leurs besoins et
leurs souffrances.
2830 " Notre pain ".
Le Père,
qui nous donne la vie, ne peut
pas ne pas nous donner la nourriture nécessaire à
la vie,
tous les biens " convenables ", matériels et spirituels.
Dans le Sermon sur
la montagne, Jésus insiste sur
cette confiance filiale qui coopère à
la Providence de
notre Père (cf. Mt 6, 25-34). Il ne
nous engage à aucune passivité (cf. 2 Th 3, 6-13)
mais veut nous libérer de
toute inquiétude entretenue et
de toute préoccupation. Tel est
l’abandon filial des enfants de Dieu :
A ceux qui cherchent le Royaume et
la justice de Dieu,
il promet de
donner tout par surcroît. Tout en effet appartient à Dieu :
à celui qui possède Dieu, rien
ne manque,
si lui-même ne manque pas
à Dieu (S. Cyprien, Dom. orat. 21 : PL 4, 534A).
2831 Mais la présence de
ceux qui ont faim par manque de pain révèle une
autre profondeur de
cette demande. Le drame de
la faim dans
le monde appelle les chrétiens qui prient en vérité à
une responsabilité effective envers leurs frères, tant
dans leurs comportements personnels que
dans leur solidarité avec
la famille humaine.
Cette demande de la Prière du Seigneur ne
peut être isolée des paraboles du pauvre Lazare (cf. Lc 16, 19-31) et
du jugement dernier (cf. Mt 25, 31-46).
2832 Comme le levain dans
la pâte,
la nouveauté du Royaume doit soulever la terre par
l’Esprit du Christ (cf. AA 5). Elle
doit se manifester par
l’instauration de la justice dans
les relations personnelles et sociales, économiques et internationales,
sans jamais oublier qu’il
n’y a pas de structure juste sans
des humains qui veulent être justes.
2833 Il s’agit de
" notre " pain,
" un " pour " plusieurs ". La pauvreté des Béatitudes est
la vertu du partage :
elle appelle à communiquer et
à partager les biens matériels et spirituels,
non par contrainte mais
par amour, pour que l’abondance des uns remédie aux besoins des
autres (cf. 2 Co 8, 1-15).
2834 " Prie et travaille "
(cf. S. Benoît, reg. 20 ; 48). " Priez comme
si tout dépendait de Dieu et travaillez comme
si tout dépendait de
vous " (Attribué à Ignace de Loyola ; cf. Pierre de Ribadeneyra, Tractatus de modo gubernandi Sancti Ignatii 6, 14). Ayant fait
notre travail,
la nourriture reste un don de
notre Père ;
il est juste de
la Lui demander et
de Lui en rendre grâces pour
cela même.
C’est le sens de
la bénédiction de
la table dans
une famille chrétienne.
2835 Cette demande, et la responsabilité qu’elle engage, valent encore
pour une autre faim dont les hommes dépérissent :
" L’homme ne vit pas
seulement de pain mais
de tout ce qui sort de
la bouche de Dieu "
(Dt 8, 3 ; Mt 4, 4), c’est-à-dire sa Parole et
son Souffle.
Les chrétiens doivent mobiliser tout
leurs efforts pour
" annoncer l’Evangile aux pauvres ".
Il y a une faim sur
la terre,
" non pas une faim de pain ni
une soif d’eau, mais d’entendre la Parole de Dieu "
(Am 8, 11). C’est pourquoi le sens spécifiquement chrétien de
cette quatrième demande concerne le Pain de Vie :
la Parole de Dieu à accueillir dans
la foi,
le Corps du Christ reçu dans
l’Eucharistie (cf. Jn 6, 26-58).
2836 " Aujourd’hui "
est aussi une expression de confiance.
Le Seigneur nous
l’apprend (cf. Mt 6, 34 ; Ex 16, 19) ; notre présomption ne pouvait l’inventer. Puisqu’il s’agit surtout de
sa Parole et
du Corps de
son Fils, cet " aujourd’hui "
n’est pas seulement celui de notre temps mortel : il est l’Aujourd’hui de Dieu :
Si tu reçois le pain chaque jour,
chaque jour pour
toi c’est aujourd’hui. Si
le Christ est
à toi aujourd’hui, tous les jours il ressuscite pour
toi. Comment cela ? ‘Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui je t’engendre’ (Ps 2, 7). Aujourd’hui, c’est-à-dire :
quand le Christ ressuscite (S. Ambroise, sacr. 5, 26 : PL 16, 453A).
2837 " De ce jour ".
Ce mot, épiousios, n’a pas d’autre emploi dans le Nouveau Testament. Pris dans
un sens temporel, il
est une reprise pédagogique de
" aujourd’hui " (cf. Ex 16, 19-21) pour nous confirmer dans
une confiance " sans réserve ". Pris au sens qualitatif, il signifie le nécessaire à
la vie,
et plus largement tout
bien suffisant pour la subsistance (cf. 1 Tm 6, 8). Pris à
la lettre (épiousios :
" sur-essentiel "), il désigne directement le Pain de Vie, le Corps du Christ,
" remède d’immortalité "
(S. Ignace d’Antioche)
sans lequel nous
n’avons pas la Vie en nous (cf. Jn 6, 53-56).
Enfin, lié au précédent,
le sens céleste est évident :
" ce Jour "
est celui du Seigneur, celui du Festin du Royaume, anticipé dans l’Eucharistie qui est déjà l’avant-goût du Royaume qui vient. C’est
pourquoi il convient que
la Liturgie eucharistique soit célébrée " chaque jour ".
L’Eucharistie est
notre pain quotidien. La vertu propre à ce divin aliment est une force d’union : elle nous unit au Corps du Sauveur et
fait de nous ses membres afin que
nous devenions ce
que nous recevons ... Ce pain quotidien est encore dans les lectures que vous entendez chaque jour à l’Église, dans
les hymnes que
l’on chante et que vous chantez.
Tout cela est nécessaire à notre pèlerinage (S. Augustin, serm. 57, 7, 7 : PL 38, 389).
Le Père du ciel nous exhorte à demander comme des enfants du ciel,
le Pain du ciel. (cf. Jn 6, 51). Le Christ " lui-même est
le pain qui, semé dans
la Vierge, levé dans la chair, pétri dans
la Passion, cuit dans la fournaise du sépulcre, mis en réserve dans
l’Église, apporté aux autels, fournit chaque jour aux fidèles une nourriture céleste " (S. Pierre Chrysologue, serm. 71 : PL 52, 402D).
V. Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés
2838 Cette demande est étonnante.
Si elle ne comportait que le premier membre de phrase –
" Pardonne-nous nos offenses "
– elle pourrait être incluse, implicitement,
dans les trois premières demandes de
la Prière du Seigneur, puisque le Sacrifice du Christ est
" pour la rémission des péchés ".
Mais, selon un second membre de phrase,
notre demande ne sera exaucée que
si nous avons d’abord répondu à
une exigence.
Notre demande est tournée vers le futur,
notre réponse doit
l’avoir précédée ;
un mot les relie :
" comme ".
Pardonne-nous nos offenses ...
2839 Dans une confiance audacieuse,
nous avons commencé à prier notre Père. En
le suppliant que son Nom soit sanctifié,
nous lui avons demandé d’être
toujours plus sanctifiés.
Mais, bien que revêtus de
la robe baptismale,
nous ne cessons de pécher, de
nous détourner de Dieu.
Maintenant, dans cette nouvelle demande, nous revenons à lui, comme
l’enfant prodigue (cf. Lc 15, 11-32), et nous
nous reconnaissons pécheurs,
devant lui, comme le publicain (cf. Lc 18, 13). Notre
demande commence par
une " confession "
où nous confessons en même temps
notre misère et sa Miséricorde.
Notre espérance est ferme, puisque,
dans son Fils, ‘’nous avons la rédemption,
la rémission de
nos péchés’’
(Col 1, 14 ; Ep 1, 7). Le signe efficace et indubitable de
son pardon,
nous le trouvons dans
les sacrements de
son Église (cf. Mt 26, 28 ; Jn 20, 23).
2840 Or, et
c’est redoutable,
ce flot de miséricorde ne
peut pénétrer notre cœur tant
que nous n’avons pas pardonné à
ceux qui nous ont offensés.
L’Amour, comme le Corps du Christ,
est indivisible :
nous ne pouvons pas aimer le Dieu que
nous ne voyons pas
si nous n’aimons pas
le frère,
la sœur,
que nous voyons (cf. 1 Jn 4, 20). Dans
le refus de pardonner à
nos frères et sœurs,
notre cœur se referme,
sa dureté le rend imperméable à
l’amour miséricordieux du Père ;
dans la confession de
notre péché,
notre cœur est ouvert à
sa grâce.
2841 Cette demande est si importante qu’elle
est la seule sur laquelle le Seigneur revient et
qu’il développe dans
le sermon sur
la montagne (cf. Mt 6, 14-15 ; 5, 23-24 ; Mc 11, 25).
Cette exigence cruciale du mystère de
l’Alliance est impossible pour
l’homme.
Mais " tout est possible à Dieu ".
...
comme nous pardonnons à
ceux qui nous ont offensés
2842 Ce " comme " n’est
pas unique dans
l’enseignement de Jésus :
" Vous serez parfaits ‘comme’
votre Père céleste est parfait "
(Mt 5, 48) ;
" Montrez-vous miséricordieux ‘comme’
votre Père est miséricordieux "
(Lc 6, 36) ;
" Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les
autres ‘comme’ je vous ai aimés "
(Jn 13, 34). Observer le commandement du Seigneur est impossible s’il
s’agit d’imiter de
l’extérieur le modèle divin. Il s’agit d’une participation vitale et venant " du fond du cœur ",
à la Sainteté,
à la Miséricorde,
à l’Amour de notre Dieu.
Seul l’Esprit qui
est " notre Vie "
(Ga 5, 25) peut
faire " nôtres " les mêmes sentiments qui furent dans
le Christ Jésus (cf. Ph 2, 1. 5). Alors l’unité du pardon devient possible,
" nous pardonnant mutuellement ‘comme’ Dieu nous
a pardonné dans
le Christ "
(Ep 4, 32).
2843 Ainsi prennent vie les paroles du Seigneur sur
le pardon,
cet Amour qui aime jusqu’à l’extrême de
l’amour (cf. Jn 13, 1). La parabole du serviteur impitoyable,
qui couronne l’enseignement du Seigneur sur
la communion ecclésiale (cf. Mt 18, 23-35), s’achève sur
cette parole :
" C’est ainsi que vous traitera mon Père céleste,
si chacun de
vous ne pardonne pas
à son frère du fond du cœur ".
C’est là, en effet,
" au fond du cœur "
que tout se noue et
se dénoue. Il n’est pas en notre pouvoir de ne plus sentir et
d’oublier l’offense ;
mais le cœur qui
s’offre à
l’Esprit Saint retourne la blessure en compassion et purifie la mémoire en transformant l’offense en intercession.
2844 La prière chrétienne va jusqu’au pardon des ennemis (cf. Mt 5, 43-44).
Elle transfigure le disciple en
le configurant à son Maître.
Le pardon est
un sommet de
la prière chrétienne ;
le don de
la prière ne
peut être reçu que dans un cœur accordé à
la compassion divine.
Le pardon témoigne aussi
que, dans notre monde, l’amour est plus fort que le péché.
Les martyrs,
d’hier et
d’aujourd’hui, portent ce témoignage de Jésus.
Le pardon est
la condition fondamentale de
la Réconciliation (cf. 2 Co 5, 18-21),
des enfants de Dieu avec
leur Père et
des hommes entre
eux (cf. Jean-Paul II, DM 14).
2845 Il n’y a ni limite ni mesure à
ce pardon essentiellement divin (cf. Mt 18, 21-22 ; Lc 17, 3-4). S’il s’agit d’offenses (de
" péchés " selon Lc 11, 4 ou de
" dettes " selon Mt 6, 12), en fait nous sommes toujours débiteurs :
" N’ayez de dettes envers personne, sinon celle
de l’amour mutuel "
(Rm 13, 8). La Communion de
la Trinité Sainte est
la source et
le critère de
la vérité de
toute relation (cf. 1 Jn 3, 19-24). Elle
est vécue dans
la prière, surtout dans
l’Eucharistie (cf. Mt 5, 23-24) :
Dieu n’accepte pas
le sacrifice des fauteurs de désunion, il
les renvoie de
l’autel pour
que d’abord ils
se réconcilient avec
leurs frères : Dieu veut être pacifié avec
des prières de paix. La
plus belle obligation pour Dieu est
notre paix,
notre concorde,
l’unité dans
le Père, le Fils et le Saint-Esprit de
tout le peuple fidèle (S. Cyprien, Dom. orat. 23 : PL 4, 535C-536A).
VI. Ne
nous soumets pas
à la tentation
2846 Cette demande atteint la racine de
la précédente, car nos péchés sont
les fruits du consentement à
la tentation.
Nous demandons à
notre Père de
ne pas nous y " soumettre ". Traduire en
un seul mot le terme grec est difficile :
il signifie " ne permets pas
d’entrer dans "
(cf. Mt 26, 41),
" ne nous laisse pas succomber à
la tentation ".
" Dieu n’éprouve pas
le mal, il n’éprouve non
plus personne "
(Jc 1, 13),
il veut au contraire nous
en libérer.
Nous lui demandons de
ne pas nous laisser prendre le chemin qui conduit au péché. Nous
sommes engagés dans
le combat " entre
la chair et
l’Esprit ".
Cette demande implore l’Esprit de discernement et
de force.
2847 L’Esprit Saint nous
fait discerner entre
l’épreuve, nécessaire à
la croissance de
l’homme intérieur (cf. Lc 8, 13-15 ; Ac 14, 22 ; 2 Tm 3, 12) en vue d’une
" vertu éprouvée "
(Rm 5, 3-5), et
la tentation,
qui conduit au péché et
à la mort (cf. Jc 1, 14-15).
Nous devons aussi discerner entre
" être tenté "
et " consentir "
à la tentation.
Enfin, le discernement démasque le mensonge de
la tentation : apparemment,
son objet est
" bon, séduisant à voir, désirable "
(Gn 3, 6), alors
que, en réalité,
son fruit est
la mort.
Dieu ne veut pas imposer le
bien, il veut des
être libres ...
A quelque chose tentation est
bonne. Tous, sauf Dieu, ignorent ce
que notre âme a reçu de Dieu, même nous.
Mais la tentation le manifeste,
pour nous apprendre à
nous connaître,
et par là, nous découvrir notre misère, et
nous obliger à rendre grâce pour
les biens que
la tentation nous
a manifestés (Origène, or. 29).
2848 " Ne pas entrer dans
la tentation " implique une décision du cœur : " Là
où est ton trésor,
là aussi sera ton cœur ... Nul ne
peut servir deux maîtres "
(Mt 6, 21. 24).
" Puisque l’Esprit est
notre vie,
que l’Esprit nous fasse aussi agir "
(Ga 5, 25). Dans ce
" consentement "
à l’Esprit Saint le Père nous donne la force.
" Aucune tentation ne
vous est survenue, qui passât la mesure humaine. Dieu est fidèle ;
il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de
vos forces.
Avec la tentation,
il vous donnera le moyen d’en sortir et
la force de
la supporter "
(1 Co 10, 13).
2849 Or un tel combat et
une telle victoire ne
sont possibles que dans la prière.
C’est par sa prière que Jésus est vainqueur du Tentateur,
dès le début (cf. Mt 4, 1-11) et dans
l’ultime combat de
son agonie (cf. Mt 26, 36-44). C’est à
son combat et
à son agonie que
le Christ nous unit dans
cette demande à notre Père.
La vigilance du cœur est rappelée avec insistance (cf. Mc 13, 9. 23. 33-37 ; 14, 38 ; Lc 12, 35-40) en communion à
la sienne.
La vigilance est
" garde du cœur "
et Jésus demande
au Père de
" nous garder en
son Nom " (Jn 17, 11). L’Esprit Saint cherche à
nous éveiller sans cesse à
cette vigilance (cf. 1 Co 16, 13 ; Col 4, 2 ; 1 Th 5, 6 ; 1 P 5, 8). Cette
demande prend tout
son sens dramatique par rapport à
la tentation finale de
notre combat sur terre ;
elle demande la persévérance finale.
" Je viens comme
un voleur : heureux celui
qui veille ! "
(Ap 16, 15).
VII.
Mais délivre-nous du
Mal
2850 La dernière demande
à notre Père est
aussi portée dans
la prière de Jésus :
" Je ne te prie pas
de les retirer du
monde mais de les garder du Mauvais "
(Jn 17, 15). Elle
nous concerne, chacun personnellement,
mais c’est toujours " nous " qui prions,
en communion avec
toute l’Église et
pour la délivrance de
toute la famille humaine.
La Prière du Seigneur ne cesse pas
de nous ouvrir aux dimensions de
l’Economie du salut.
Notre interdépendance dans
le drame du péché et
de la mort est retournée en solidarité dans
le Corps du Christ, en
" communion des saints "
(cf. RP 16).
2851 Dans cette demande, le Mal n’est pas
une abstraction, mais il désigne une personne, Satan,
le Mauvais,
l’ange qui
s’oppose à Dieu. Le
" diable "
(dia-bolos) est celui qui " se jette en travers "
du Dessein de Dieu et
de son " œuvre de salut " accomplie dans
le Christ.
2852 " Homicide dès
l’origine, menteur et père du mensonge "
(Jn 8, 44),
" le Satan,
le séducteur du monde entier "
(Ap 12, 9), c’est
par lui que le péché et
la mort sont entrés dans
le monde et c’est par sa défaite définitive que
la création toute entière sera
" libérée du péché et
de la mort "
(MR, prière eucharistique IV).
" Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche pas,
mais l’Engendré de Dieu le garde et
le Mauvais n’a
pas prise sur
lui. Nous savons que
nous sommes de Dieu et
que le monde entier gît au
pouvoir du Mauvais "
(1 Jn 5, 18-19) :
Le Seigneur qui
a enlevé votre péché et pardonné vos fautes est
à même de
vous protéger et
de vous garder contre
les ruses du Diable qui
vous combat, afin que
l’ennemi,
qui a l’habitude d’engendrer la faute, ne
vous surprenne pas. Qui se confie en Dieu ne redoute pas
le Démon.
" Si Dieu est
pour nous, qui sera contre nous ? " (Rm 8, 31)
(S. Ambroise, sacr. 5, 30 : PL 16, 454AB).
2853 La victoire sur
le " prince de
ce monde " (Jn 14, 30)
est acquise,
une fois pour toutes, à l’Heure où Jésus se livre librement à
la mort pour
nous donner sa Vie.
C’est le jugement de
ce monde et le prince de
ce monde est jeté bas
(cf. Jn 12, 31 ; Ap 12, 10).
" Il se lance à la poursuite de
la Femme "
(cf. Ap 12, 13-16), mais il
n’a pas de prise sur
elle : la nouvelle Eve,
" pleine de grâce "
de l’Esprit Saint,
est préservée du péché et
de la corruption de
la mort (Conception immaculée et Assomption de
la très sainte Mère de Dieu, Marie,
toujours vierge).
" Alors, furieux de dépit contre
la Femme,
il s’en va guerroyer contre le reste de
ses enfants "
(Ap 12, 17). C’est
pourquoi l’Esprit et
l’Église prient :
" Viens, Seigneur Jésus "
(Ap 22, 17. 20) puisque sa Venue nous délivrera du Mauvais.
2854 En demandant d’être délivrés du Mauvais,
nous prions également pour
être libérés de
tous les maux, présents, passés et futurs, dont
il est l’auteur ou
l’instigateur.
Dans cette ultime demande,
l’Église porte toute
la détresse du
monde devant le Père.
Avec la délivrance des maux qui accablent l’humanité elle implore le don précieux de
la paix et
la grâce de
l’attente persévérante du retour du Christ.
En priant ainsi,
elle anticipe dans
l’humilité de
la foi la récapitulation de
tous et de tout en Celui qui " détient la clef de
la Mort et de l’Hadès "
(Ap 1, 18),
" le Maître de
tout, Il est, Il était et Il vient "
(Ap 1, 8 ; cf. Ap 1, 4) :
Libera nos, quæsumus, Domine, ab omnibus malis, da propitius pacem in diebus nostris, ut, ope misericordiæ tuæ adiuti,
et a peccatis simus semper liberi et ab omni perturbatione securi : exspectantes beatam spem et adventum Salvatoris nostri Iesu Christi (Délivre nous
de tout mal, Seigneur,
et donne la paix à
notre temps ; par ta miséricorde, libère-nous du péché, rassure-nous devant
les épreuves en
cette vie où
nous espérons le
bonheur que Tu promets et l’avènement de Jésus-Christ,
notre Sauveur – MR, Embolisme).
2855 La doxologie finale " Car
c’est à toi qu’appartiennent le règne,
la gloire et
la puissance " reprend,
par inclusion, les trois premières demandes à
notre Père :
la glorification de
son Nom, la venue de
son Règne et
la puissance de
sa Volonté salvifique.
Mais cette reprise est
alors sous forme d’adoration et
d’action de grâces,
comme dans la Liturgie céleste (cf. Ap 1, 6 ; 4, 11 ; 5, 13).
Le prince de
ce monde s’était attribué mensongèrement ces trois titres de royauté,
de puissance et
de gloire (cf. Lc 4, 5-6) ;
le Christ,
le Seigneur,
les restitue à son Père et
notre Père, jusqu’à ce
qu’il lui remette le Royaume quand
sera définitivement consommé le Mystère du salut et
que Dieu sera
tout en tous (cf. 1 Co 15, 24-28).
2856 " Puis, la prière achevée, tu
dis : Amen, contresignant par
cet Amen,
qui signifie ‘Que
cela se fasse’
(cf. Lc 1, 38) ce
que contient la prière que Dieu nous
a enseignée "
(S. Cyrille de Jérusalem, catech. myst. 5, 18 : PG 33, 1124A).
EN BREF
2857 Dans le " Notre Père ",
les trois premières demandes ont
pour objet la Gloire du Père :
la sanctification du
Nom, l’avènement du Règne et
l’accomplissement de
la volonté divine.
Les quatre autres
lui présentent nos désirs :
ces demandes concernent notre vie pour
la nourrir ou
pour la guérir du péché et
elles se rapportent à
notre combat pour
la victoire du
Bien sur le Mal.
2858 En demandant :
" Que ton Nom soit sanctifié "
nous entrons dans
le dessein de Dieu,
la sanctification de
son Nom – révélé à Moïse, puis
en Jésus –
par nous et en nous, de même qu’en
toute nation et
en chaque homme.
2859 Par la deuxième demande, l’Église a principalement en vue le retour du Christ et
la venue finale du Règne de Dieu.
Elle prie aussi
pour la croissance du Royaume de Dieu dans
l’ " aujourd’hui "
de nos vies.
2860 Dans la troisième demande,
nous prions notre Père d’unir notre volonté à
celle de son Fils pour accomplir son Dessin de salut dans
la vie du
monde.
2861 Dans la quatrième demande,
en disant " Donne-nous ",
nous exprimons,
en communion avec
nos frères,
notre confiance filiale envers notre Père des cieux.
" Notre pain " désigne la nourriture terrestre nécessaire à
notre subsistance à
tous et signifie aussi
le Pain de Vie : Parole de Dieu et Corps du Christ. Il
est reçu dans
l’ " Aujourd’hui "
de Dieu,
comme la nourriture indispensable,
(sur-)essentielle du Festin du Royaume qu’anticipe l’Eucharistie.
2862 La cinquième demande implore pour
nos offenses la miséricorde de Dieu, laquelle ne
peut pénétrer dans
notre cœur que
si nous avons su pardonner à
nos ennemis,
à l’exemple et avec l’aide du Christ.
2863 En disant " Ne
nous soumets pas
à la tentation "
nous demandons à Dieu qu’il
ne nous permette pas
d’emprunter le chemin qui conduit au péché. Cette
demande implore l’Esprit de discernement et
de force ;
elle sollicite la grâce de
la vigilance et
la persévérance finale.
2864 Dans la dernière demande,
" mais délivre nous
du Mal ", le chrétien prie Dieu avec
l’Église de manifester la victoire,
déjà acquise par
le Christ,
sur le " Prince de
ce monde ", sur Satan, l’ange qui
s’oppose personnellement à Dieu et
à Son dessein de salut.
2865 Par l’ " Amen " final nous exprimons notre
" fiat " concernant les sept demandes :
" Qu’il en soit ainsi ".