SOURCE : http://www.jesuites.org/content/l%E2%80%99histoire-d%E2%80%99un-roi-tr%C3%A8s-croyant-qui-avait-n%C3%A9glig%C3%A9-ses-pri%C3%A8res
LA VIE DE DAVID (1)
L'histoire de David occupe dans la Bible plus de place qu'aucune autre
(environ 60 chapitres), sauf celle du Seigneur Jésus lui-même (89 chapitres des
évangiles). C'est dire l'importance que la vie de cet homme de foi tient dans
la révélation divine. Type remarquable de Christ, soit dans plusieurs parties
de son histoire, soit à travers les Psaumes, il nous est pourtant présenté
aussi comme « un homme ayant les mêmes passions que nous ». C'est
même une preuve interne bien évidente de l'inspiration divine des Ecritures que
les fautes d'un serviteur aussi en vue, et même des fautes graves, ne soient ni
cachées, ni voilées.
Nous retiendrons essentiellement les enseignements pratiques qui découlent de
la vie de David :
- la foi qui, dès sa jeunesse, a été le ressort de sa marche
- la discipline à laquelle il a été soumis, afin que soit formé l'instrument
qui, « en sa propre génération, a servi au conseil de Dieu »
(Act. 13 : 36)
- la responsabilité qui, sous le gouvernement de Dieu, restait attachée à ses
actes, et leurs conséquences
- sa vie de famille qui n'a pas été à la hauteur de sa jeunesse et de sa vie
intérieure
- les dernières paroles de l'homme « selon le coeur de
Dieu » (Act. 13 : 22).
1 - L'appel de David : (1 Sam.
16 : 1-13)
Rejeté par Dieu, Saül régnait encore jusqu'au moment où, dans son gouvernement,
l'Eternel le mettrait de côté. N'avait-Il pas déjà choisi et désigné celui qui
le remplacerait, un roi pour Lui ? (1 Sam. 16 :
3). Les hommes forment, puis appellent à un poste, selon les qualifications et
les connaissances du candidat. Mais Dieu qui seul connaît les coeurs, appelle
d'abord. Si l'on est décidé par la foi à répondre et à se mettre à sa
disposition (le jeune Esaïe disait : « me voici, envoie-moi » -
Es. 6 : 8), alors Il forme et prépare par la discipline pour l'activité
qu'Il veut confier ensuite.
Samuel, regardant à l'apparence des fils d'Isaï, voulait choisir Eliab, mais le
Seigneur lui dit cette parole toujours valable : « l'Eternel ne regarde
pas à ce à quoi l'homme regarde, car l'homme regarde à l'apparence extérieure,
et l'Eternel regarde au coeur » (1 Sam. 16 : 7). Le prophète oint
alors le jeune homme qui n'avait même pas été invité à la fête !
Beaucoup d'autres furent appelés bien avant le début de leur activité publique.
Il a fallu que Moïse passe quarante ans au désert avant d'être apte à conduire
Israël. Elie, à Kerith et à Sarepta, devait apprendre les leçons divines avant
de se rendre au Carmel. Paul, « inconnu de visage aux assemblées »
(Gal. 1 : 11-24), a dû franchir plusieurs étapes avant que le Saint
Esprit le mette à part « pour l'oeuvre à laquelle Il l'avait appelé »
(Act. 13 : 2).
Après avoir été oint par Samuel, David a continué à « paître le menu
bétail » de son père : c'est la première chose qui nous est dite de
lui (1 Sam. 16 : 11), elle marquera toute sa carrière. Avant de devenir le
berger d'Israël, il a dû apprendre à soigner le troupeau de Bethléem, à délivrer
la brebis que le lion emportait, en s'exposant lui-même à ses coups. Dans le
secret, il prouva ainsi la valeur qu'avait pour lui un seul agneau (Luc
15 : 3-7) ; par la foi il apprit à triompher de la puissance de
l'adversaire (1 Sam. 17 : 37). C'est à partir de telles expériences que
furent composés des psaumes qui, comme le 23, depuis tant de siècles, sont
l'encouragement et le réconfort de générations successives de croyants. La
première étape dans notre propre histoire contient et révèle les qualités
principales qui distingueront les étapes successives de notre vie : en
conséquence, rien n'est plus important pour le chrétien que l'influence qu'il
subit lorsqu'il parcourt cette première étape.
Souvenons-nous de ce que dit l'apôtre Paul au sujet des serviteurs :
qu'ils « soient premièrement mis à l'épreuve ; ensuite, qu'ils
servent, étant trouvés irréprochables » (1 Tim. 3 : 10).
David a été musicien de Saül ; cependant, rien n'a changé pour le
jeune berger qui « allait et revenait d'auprès de Saül pour paître le menu
bétail de son père à Bethléem » (1 Sam. 17 : 15).
2.1 :
Goliath
(1 Sam. 17)
La
foi du jeune homme, exercée dans le secret, va être mise à l'épreuve devant
tous. Le géant « a outragé les troupes rangées du Dieu
vivant » (1 Sam. 17 : 26). Alors que tous s'enfuient devant
l'ennemi, David est indigné par les insultes de Goliath et l'opprobre qu'il met
sur Israël ; aussitôt, avec l'assurance de la foi, il s'offre pour
combattre. Saül de lui répondre : « tu n'es pas capable ». Mais
David a la certitude que l'Eternel, qui l'a délivré de la patte du lion et de
la patte de l'ours, le délivrera aussi de la main du Philistin. Au moment même
de l'attaque, sa foi, affirmée devant Saül, ne fléchira pas.
Et pour qu'il soit apparent aux yeux de tous que la victoire vient de Dieu, que
la bataille est à l'Eternel et que seule la foi compte, David ôte de dessus lui
le casque et l'armure dont Saül l'avait revêtu. Alors, d'une seule pierre de
fronde, il terrasse le Philistin ; puis, avec la propre épée du géant, il
le met à mort, comme le Seigneur a « par la mort, rendu impuissant celui
qui avait le pouvoir de la mort, c'est-à-dire le diable » (Héb. 2 :
14).
2.2 : A la cour (1 Sam.
18 ; 19 : 1- 18)
Tout va changer maintenant pour David. Une double épreuve va l'atteindre :
la jalousie de Saül, et la popularité.
Dès que le roi se rend compte que le vainqueur de Goliath pourrait être le
rival annoncé par Samuel (1 Sam. 15 : 28 ; 18 : 8-9), il en est
jaloux et cherche à le faire périr. Non seulement il ne tient pas ses
promesses, ne donnant à David ni sa fille, ni de grandes richesses, mais il abuse
de son courage pour tenter de le faire mourir par la main des Philistins.
Lorsque David a rempli les nouvelles conditions pour avoir Mérab, elle est
donnée à un autre : il doit de nouveau s'exposer, face aux Philistins,
pour obtenir Mical.
Le jeune homme ne regimbe pas : il accepte simplement, « il
combat les combats de l'Eternel » (1 Sam. 25 : 28). Lorsqu'à
nouveau Saül le prie de jouer de la harpe devant lui, malgré la dangereuse
expérience précédente, il accepte au péril de sa vie (1 Sam. 19 : 10). Bel
exemple pour nous qui acceptons si difficilement d'être en butte à la jalousie
et à l'ingratitude d'autrui.
Pourtant, à la cour de Saül, David « prospérait ». Il était devenu
« gendre du roi », « et son nom fut en grande estime » (1
Sam. 18 : 30). Mais rien ne montre qu'il se soit élevé dans son coeur, au
contraire, il reste humble et simple.
Au lieu de tuer David, comme le roi l'espérait, pourquoi les Philistins
n'auraient-ils pas frappé d'emblée Saül lui-même, comme ils le feront plus
tard ? Dieu aurait pu le permettre, mais son moment n'était pas encore
venu. Avant que David puisse régner, il lui fallait passer par une longue
discipline dans les tristesses de la réjection. Il devait être formé pour
acquérir les qualités du roi selon Dieu.
Ce n'est pas sans regrets qu'il s'enfuit de la cour de Saül. Il faut tout
quitter : femme, maison, commandement, ressources. Après un premier
départ, nous le voyons au chapitre 20 essayant de revenir et cherchant une
issue avec Jonathan ; mais Dieu n'en donne pas. Finalement, il doit en
pleurant prendre le chemin du désert, quitter son ami et tout ce à quoi il
avait pu s'attacher.
La séparation, la fuite, les pleurs, la réjection faisaient partie du plan de
Dieu pour son serviteur, afin qu'il apprenne à compter sur Lui seul (Ps. 62),
et à se connaître. Au cours d'épreuves successives, s'exprimeront les
sentiments que l'Esprit de Dieu produisait dans son âme ; à commencer par
le Psaume 59, il nous laissera ces cantiques qui racontent ses propres
expériences de foi et de confiance. Quel encouragement et quelle force ont pu y
puiser les enfants de Dieu à travers les âges ! Ces psaumes vont même
jusqu'à révéler le coeur du Seigneur Jésus lui-même, le vrai Fils de David.
3 – David au désert : (1 Sam. 22)
David s'enfuit d'abord auprès de Samuel à Rama. « Et ils s'en allèrent lui
et Samuel, et ils habitèrent à Naïoth » (1 Sam.19 : 18). Avant les
solitudes du désert, Dieu avait voulu ménager une oasis à son jeune serviteur.
A Naïoth, il a pu jouir de l'intimité de Samuel. Le jeune homme et le
vieillard, le serviteur et le prophète étaient de la même famille ; l'un
entrait à l'école de Dieu au moment où l'autre en sortait. Autour d'eux,
plusieurs jeunes prophètes s'étaient rassemblés : que d'encouragements
David a pu recevoir, mais aussi donner lui-même durant ces jours à
l'écart !
Après les incidents du chapitre 20, David doit fuir à nouveau. Akhimélec, le
sacrificateur, ne lui est guère en secours. Il tremble ; David ment en
s'adressant au représentant de Dieu ; pourtant la grâce lui fournit nourriture
et épée.
Bien qu'ayant été nourri et armé dans le sanctuaire, David oublie sa confiance
en Dieu ; il cherche refuge auprès d'Akish, roi de Gath (1 Sam. 21 :
10). Quelle erreur humiliante ! Il a « très peur » et, pour se
tirer de ce mauvais pas, imagine de « faire l'insensé entre leurs
mains » (v. 12-13). Ce n'était pas au pays des Philistins que Dieu voulait
former son jeune serviteur ; chassé par le roi de Gath, il doit aussitôt
quitter ce lieu !
Humilié, mais restauré, il compose alors deux psaumes (34 et 56), où
malgré sa chute, il peut raconter ce que Dieu a fait pour son âme :
« J'ai cherché l'Eternel, et il m'a répondu, et m'a délivré de toutes mes
frayeurs. Ils ont regardé vers lui et ils ont été illuminés » (Ps.
34 : 4-5) ; « Tu as délivré mon âme de la mort : ne
garderais-tu pas mes pieds de broncher, pour que je marche devant Dieu dans la
terre des vivants ? » (Ps. 56 : 13).
Peu après, il n'a d'autre refuge que la caverne d'Adullam où, accablé et dans
la détresse, il reste sans doute quelque temps (1 Sam. 22 : 1). Son unique
ressource est de prier : « De ma voix, je crie à l'Eternel ; de
ma voix, je supplie l'Eternel. Je répands devant lui ma plainte ; je
déclare ma détresse devant lui » (Ps. 142 : 1-2). Personne
ne le reconnaît, ni ne s'enquiert de lui. Tout refuge semble perdu, mais il
fait l'expérience merveilleuse que Dieu est tout près : « Quand mon
esprit était accablé en moi, toi, tu as connu mon sentier... Tu es mon refuge,
ma part dans la terre des vivants » (v. 3, 5).
Ne valait-il pas la peine de descendre si bas pour faire, comme Job,
l'expérience que « Dieu donne des chants de joie dans la nuit » (Job
35 : 10) ? Non seulement des chants de joie, mais aussi des
compagnons. David devient un guide pour les pauvres du troupeau, pour ceux qui
étaient « dans la détresse, dans les dettes, qui avaient de l'amertume
dans l'âme » (1 Sam. 22 : 2). Beau type du Seigneur Jésus, rejeté et
méprisé, qui accueille ceux qui reconnaissent leurs misères et leur détresse,
et trouvent en lui leur centre et leur force.
4 - Les
expériences des années d'exil : (1 Sam. 23 – 31)
4.1 : L'hostilité des hommes
Dans ces années difficiles, l'Eternel a formé son jeune serviteur non seulement
dans la communion avec Lui, mais en lui faisant faire l'expérience de ce que
sont les hommes.
La jalousie et la haine de Saül l'ont suivi sans trêve. A peine le roi
s'était-il arrêté de le pourchasser, qu'un prétexte surgissait pour
recommencer. Il massacre les sacrificateurs dont le chef avait aidé le
fugitif ; avec quelle douleur profonde David l'apprend et accueille le
jeune Abiathar, seul survivant de sa famille (1 Sam. 22 : 20-23).
La générosité de David, et sa patience aussi (jusqu'au moment où Dieu le
délivrera de son ennemi et le fera roi), ont épargné Saül dans la
caverne ; mais, incité par les Ziphiens, celui-ci ne manquera pas, peu
après, de poursuivre à nouveau le jeune homme. Alors David montrera à la
colline de Hakila ce qui est vraiment dans son coeur : une fois de plus,
il épargnera Saül, se confiant en Dieu pour recevoir le trône à son heure.
Continuellement, David a rendu le bien pour le mal (1 Sam. 24 : 18).
A Kehila, David fait l'expérience douloureuse de l'ingratitude des hommes (1
Sam. 23). Au péril de sa vie et de celle de ses compagnons, il délivre la
ville. Mais lorsque Saül vient l'y chercher, l'Eternel lui révèle que les
habitants de Kehila le livreront en sa main. Que faire, sinon fuir
encore ? Il s'en va où il peut, sans se plaindre, sans se venger, sans
chercher à faire du tort à ceux qui le repoussent ; il reflète le
caractère du Maître bien-aimé qui, lorsque les Samaritains refuseront de Le
recevoir dans leur village, s'en ira plus loin (Luc 9 : 52-56).
A deux reprises (1 Sam. 23 : 19 ; 26 : 1), les Ziphiens montrent
leur servilité en révélant à Saül les lieux où David se cache. Ne cherche-t-on
pas souvent, même parmi le peuple de Dieu, à gagner l'estime de ceux qui sont
considérés, en rapportant des choses qui font du tort à nos
frères ?
Auprès de Nabal (1 Sam. 25), David rencontrera le mépris et l'égoïsme hautain
qui ne veut rien donner ; cet homme « dur et méchant » refuse
son pain, son eau, sa viande à celui qui pourtant a veillé sur ses troupeaux et
a protégé ses bergers (1 Sam. 25 : 3, 11). David a supporté la jalousie,
la haine, l'ingratitude, la servilité sans se plaindre ; mais ici, méprisé
par Nabal, il désire se venger. Seul Celui qui fut « méprisé et
délaissé des hommes » a été en toutes choses parfait :
« lorsqu'on l'outrageait, il ne rendait pas d'outrage ; quand il
souffrait, il ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge
justement » (1 Pier. 2 : 23).
Exercices divers par lesquels le Seigneur fait passer les siens ; seule sa
grâce peut donner de les accepter comme venant de sa main, et de garder ainsi
la paix du coeur.
4.2 : Les délivrances de Dieu
L'Eternel n'a pas abandonné son jeune serviteur. Si David faisait souvent
l'amère constatation de l'hostilité des hommes, il devenait aussi le spectateur
et l'objet des délivrances divines.
A Naïoth, c'est l'Esprit de Dieu qui venant par les messagers de Saül et sur
Saül lui-même, les amène à prophétiser, au lieu de se saisir de David (1 Sam.
19 : 20). A Kehila, David doit accepter de fuir, après en avoir reçu la
direction positive du Seigneur (1 Sam. 23 : 12-13). A Ziph, la providence
divine intervient : alors que David et ses hommes sont cernés dans la
montagne, un messager survient et annonce l'attaque des Philistins (1 Sam.
23 : 27).
Dans la caverne d'En-Guédi (1 Sam. 24 : 1-2) et à la colline de Hakila
(26 : 1-3), c'est la foi et la crainte de Dieu si marquées chez David, qui
seront le moyen de sa délivrance : Dieu inclinera le coeur de Saül, touché
de la générosité de sa victime, pour l'amener, temporairement tout au moins, à
renoncer à sa poursuite.
A Aphek enfin, la providence de Dieu se servira des chefs des Philistins pour
empêcher le futur roi d'Israël de combattre son propre peuple (1 Sam. 29 :
3-5).
L'Eternel n'a pas voulu que David soit seul pour traverser ces années
d'exercice. Quelle chose précieuse sur le chemin de la foi que l'amitié en
Christ avec ceux qui marchent à sa suite ! « Deux valent mieux
qu'un ... car s'ils tombent, l'un relèvera son compagnon »
(Ecc. 4 : 9-10).
Nous avons déjà vu comment l'intimité avec Samuel à Naïoth fut d'un grand
secours à David.
Les sacrificateurs, Akhimélec et Abiathar, puis Gad, le prophète, sont autant
d'instruments dans la main de Dieu pour l'encourager et le diriger.
Aucun ami ne fut plus attaché à David que Jonathan ; au jour de sa
victoire sur Goliath, son âme se lie à celle de David ; il se dépouille de
tout pour lui (1 Sam. 18 : 1-4) ; son affection persistera sans les
jours difficiles, à la cour, puis au désert.
Que dire des hommes forts qui se réfugièrent à la caverne d'Adullam et ceux
qui, petit à petit, se joignirent à David ? Au soir de sa vie, combien il
sera heureux d'en rappeler les noms et les exploits (2 Sam. 23).
Abigaïl enfin (1 Sam. 25), ne fut-elle pas remarquablement employée de
Dieu pour retenir son serviteur de faire le mal, puis pour le réjouir dans sa
maison ?
4.4 : La communion avec Dieu
Rien cependant ne marque davantage ces années d'épreuve que la communion dont
David jouissait avec le Seigneur. Le Psaume 63 en est un exemple
frappant : loin du sanctuaire (v. 2), « dans une terre aride et
altérée, sans eau », David recherche son Dieu et fait l'expérience que
« sa bonté est meilleure que la vie ». Son âme est rassasiée comme de
moelle et de graisse ; à l'ombre de ses ailes, il chante de joie. Le
Seigneur permet souvent des circonstances difficiles, des détresses mêmes, pour
amener l'âme à avoir soif et à rechercher cette communion précieuse. En Marc 6,
les disciples n'avaient pas été « rendus intelligents par les pains ». Il
a fallu la tempête pour amener cette connaissance personnelle du Seigneur, ses
bienfaits n'ayant rien produit.
Au désert aussi, David fait l'expérience des directions divines ; quel
contraste avec Saül qui, dans son égarement, n'a d'autres ressources que la
femme d'En-Dor, évoquait les esprits ! (1 Sam. 28 : 7). Gad, le
prophète, communiquera à David la pensée de Dieu (22 : 5). A Kehila, à
Tsiklag, il sera dirigé directement par le Seigneur. Dans une nouvelle
occasion, c'est Abigaïl que Dieu emploie pour lui montrer son chemin.
Combien il importe de rechercher cette pensée du Seigneur avant de faire un
choix, de prendre une décision, de résoudre un problème dans le chemin. Nous
pouvons la trouver dans la communion avec lui et en nous conformant aux
enseignements de sa Parole. Ne peut-Il pas également se servir de ceux qui ont
marché avant nous dans le chemin et en ont acquis l'expérience ?
4.5 : Fautes et restauration
Le sentier de David au désert ne s'est pas toujours déroulé dans la
lumière ; la Parole ne nous cache pas ses fautes et leurs conséquences. A
Nob, il déforme la vérité et attire le malheur sur la famille d'Akhimélec. En
présence d'Akish, il fera l'insensé pour se tirer d'une fausse position. Les
Psaumes 52 et 34 nous montrent comment, dans ces deux cas, son âme a été
restaurée.
Il voudra se venger de Nabal et seule l'intervention d'Abigaïl, envoyée de
l'Eternel, l'empêchera de verser le sang et d'avoir, lorsqu'il sera roi, le
regret de s'être fait justice à lui-même (1 Sam. 25 : 31).
La faute la plus grave de ces années fut cependant sa seconde fuite chez Akish.
« Et David dit en son coeur : Maintenant je périrai un jour par la
main de Saül ; il n'y a rien de bon pour moi que de me sauver en hâte dans
le pays des Philistins » (1 Sam. 27 : 1). N'avait-il rien appris de
sa première expérience ? Il ne consulte pas l'Eternel, mais raisonne avec
lui-même, « en son coeur ». Il venait d'affirmer sa confiance en
Dieu, son assurance qu'Il le délivrerait de toute détresse ! Mais sa foi
paraît s'évanouir et il va son propre chemin. Les conséquences en seront
amères !
Au début, tout paraît bien aller : à force d'expédients, de réponses
ambiguës, il gagne la confiance d'Akish. Ainsi le chrétien qui s'associe au
monde peut, en un premier temps, paraître prospérer. Mais vient le jour où
cette fausse position est intenable. Les Philistins vont attaquer Israël et
David doit marcher avec eux. Que faire ? Il ne sait comment s'en tirer et
finalement « passe à l'arrière-garde » avec Akish et ses hommes. Il
faut que la providence divine se serve des princes des Philistins pour le
sortir de ce dilemme. Si la miséricorde de Dieu intervient, son gouvernement
permet quand même le châtiment. De retour à Tsiklag, David et ses hommes
trouvent la ville brûlée, leurs femmes, leurs enfants emmenés captifs. Ils sont
dans la douleur et pleurent « jusqu'à ce qu'il n'y eut plus en eux de
force pour pleurer » (1 Sam. 30 : 4). Une fois de plus, c'est par la grande
détresse que David est ramené à son Seigneur et « se fortifie en
l'Eternel, son Dieu » (v. 6). Depuis son départ du pays d'Israël, pendant
les seize mois chez Akish, pas un mot de Dieu, pas une prière, pas un
psaume ! Il faut les grandes eaux et la profondeur de l'épreuve pour
l'amener de nouveau à crier. Dieu répond : David et ses hommes recouvrent
tout.
C'est alors que Saül périra sur les montagnes de Guilboa. Le moment est venu où
David, le roi selon le coeur de l'Eternel, va régner. Cet homme dans lequel
« la méchanceté n'a pas été trouvée » (1 Sam. 25 : 28) a appris
à connaître Dieu et à se tourner vers Lui en toutes circonstances.
D'après
G. André
LA VIE DE DAVID (2)
Par son attitude chez les Philistins, David semble avoir perdu tout droit au
trône. Si Dieu n'était intervenu (1 Sam.29 : 6-11), il paraissait prêt à
combattre son propre peuple ! Il se serait alors complètement disqualifié
pour la charge qui l'attendait. C'est donc la grâce seule qui
va lui donner la royauté. Il en est toujours ainsi ; quel que soit le
service que le Seigneur peut nous confier, c'est toujours sa
grâce qui nous l'acquiert, ce ne sont pas nos mérites ou nos qualifications.
David avait alors trente ans, c'est-à-dire l'âge qu'aura son divin Maître
lorsqu'il entrera dans son ministère (2 Sam. 5 : 4 ; Luc 3 :
23). N'est-il pas frappant qu'il ait composé la plupart de ses psaumes avant
d'avoir atteint cet âge-là ? Ce sont ceux qui parlent le plus de foi, de
confiance, de communion avec Dieu. Ce ne sont pas les années qui comptent,
c'est la communion et l'attachement au Seigneur (1 Tim. 4 :11-12) ;
un croyant marchant avec Lui peut faire, en peu
de temps, plus de progrès qu'il n'en fera durant sa vie entière, si
malheureusement son coeur reste partagé.
Comment David va-t-il maintenant se comporter ? Sa formation étant en un
sens terminée, sa responsabilité est alors à la hauteur de la position reçue.
Comme roi, il y répondra et son exemple sera constamment cité aux générations
futures. Mais, dans sa vie privée, les années de l'âge mûr ne seront pas à la
hauteur spirituelle de celles de sa jeunesse !
1 - A Hébron : (2 Sam. 1 - 4 ; 5 : 1-9)
David interroge l'Eternel pour savoir ce qu'il doit faire (2 Sam. 2 :
1) ; il trouve à Hébron une maison, une famille, de jeunes enfants, sept
ans de paix et de joie. Près de lui, dans les villes du voisinage, viennent
aussi habiter ses hommes, « chacun avec sa maison » (v. 3). Quel
contraste avec les années au désert !
David se tient à distance des luttes de Joab et d'Abner ; ce n'est ni
l'Amalékite (2 Sam. 1 : 13-16), ni Abner (3 : 21), ni Récab et Baana
(4 : 5-12) qui doivent lui donner la royauté suprême, c'est l'Eternel seul.
Quand le moment de Dieu est venu, toutes les tribus se rendent à Hébron ;
pour la troisième fois, David est oint roi, maintenant sur tout Israël (2 Sam.
5 : 1-3). Moïse avait dit au peuple ce qu'il devrait faire une fois entré
dans le pays : « vous chercherez le lieu que l'Eternel votre
Dieu choisira dans toutes vos tribus pour y mettre son nom, le lieu où Il
habitera, et vous y viendrez » (Deut. 12 : 5). Des siècles ont passé
sans que Jérusalem soit conquise. La ville restait aux mains des Jébusiens. Il
appartenait au fils d'Isaï de la prendre et d'en faire la capitale de son
royaume et le centre du culte (2 Sam. 5 : 6-9).
2- A Jérusalem : (2 Sam. 5 : 10-25 ; 6-8)
Une
fois installé à Jérusalem, David va « grandissant de plus en plus »
(2 Sam. 5 : 10). Hiram, roi de Tyr, lui bâtit une maison. Il a la victoire
sur les Philistins, puis les subjugue.
Il montre son affection pour l'Eternel ; il fait monter l'arche à
Jérusalem (2 Sam. 6 : 2) et désire y construire le temple (7 : 1-3).
Si le Seigneur ne le lui permet pas - ce privilège était réservé à son fils
Salomon-, il ne l'en bénit pas moins, lui et sa maison, « pour
toujours » (7 : 13) ; au-delà de Salomon, le prophète voit
Christ.
David accepte de ne pas édifier la maison de Dieu et de combattre à nouveau. Il
remporte la victoire sur tous ses ennemis ; il se fait un nom ;
l'Eternel le sauve partout où il va. Le royaume est établi ; il fait droit
et justice à tout son peuple (2 Sam. 8 : 15). La carrière du roi selon le
coeur de Dieu ne va-t-elle pas se terminer paisible, heureuse et sans
chute ?
Satan va, hélas, faire succomber David à la convoitise des yeux et de la chair
(1 Jean 2 : 16).
3- Bath Shéba : (2 Sam. 11 et 12)
Nous
aimerions pouvoir ôter ces chapitres de notre Bible ! Pourtant ils y
trouvent leur place pour notre instruction.
Au lieu d'aller au combat, David reste à Jérusalem. Il se repose même pendant
la journée ; alors Satan profite de son inactivité pour l'attirer dans ses
filets. C'était « le temps du soir » (2 Sam. 11 : 2). David
n'avait-il pas « veillé au matin », alors que jeune homme il avait
rencontré tant d'épreuves et de difficultés ? Il avait « veillé à
midi » quand, devenu enfin roi, il affermissait son trône ; le
soir de la vie approche et David ne veille pas ! Par le regard, sa
convoitise l'attire, l'amorce ; « puis la convoitise ayant conçu,
enfante le péché ; et le péché étant consommé, produit la mort ! »
(Jac. 1 : 14-15).
Une fois tombé, il semble aveuglé. Pas un mot de l'Eternel
dans tout le chapitre11. David ne se rend t-il donc pas compte de ce qu'il
fait ? Peut-on concevoir que l'homme qui a écrit tant de psaumes, qui a su
exprimer la foi et la confiance en son Dieu comme peu d'autres l'on fait, qui a
proclamé la grandeur et la bonté de l'Eternel, puisse rédiger le message
suivant : « Placez Urie sur la première ligne au fort de la bataille,
et retirez-vous d'auprès de lui afin qu'il soit frappé et qu'il meure » (2
Sam. 11 : 15) ! Voilà qui nous fait toucher du doigt ce que nous
sommes et jusqu'où nous pouvons tomber, si nous manquons de vigilance et que la
grâce de Dieu ne nous garde pas.
Urie est tué. David recueille sa femme auprès de lui ; un enfant est né.
Tout paraît en ordre, « mais la chose que David avait faite fut mauvaise
aux yeux de l'Eternel » (11 : 27).
Dieu aimait trop David pour le laisser dans cet état. Il va intervenir. Pendant
près d'un an, Il attend la repentance de son serviteur.
Va-t-il saisir la gravité de sa faute ? Même lorsque Nathan lui présente
la parabole qui doit servir à lui ouvrir les yeux, la colère de David s'embrase
contre l'homme qu'il croit coupable, sans réaliser qu'il s'agit de
lui-même (12 : 5)! Quel changement quand le prophète déclare sans
ambages : « tu es cet homme... Pourquoi as-tu méprisé la parole de
l'Eternel ?... Tu as frappé... Tu l'a prise... tu l'as fait en
secret » (12 : 7-12). Le voile se déchire, la lumière brille dans la
conscience de David qui constate avec horreur son péché, et ne fait plus rien
pour le cacher. Après lui avoir annoncé la mort prochaine de l'enfant, le
prophète s'en va dans sa maison.
Pendant une semaine, David reste seul à supplier Dieu, à pleurer, à jeûner. C'est
alors qu'il compose le Psaume 51 où il donne une expression écrite et durable
aux profonds exercices de son âme. Son crime est continuellement devant lui. Il
a conscience qu'il a péché contre Dieu, qu'il
est coupable du sang versé. Mais en même temps, il fait appel à la grâce, à ce
Dieu dont la justice même peut le purifier, le laver et le rendre plus blanc
que la neige, parce qu'il a déjà en vue le sacrifice du calvaire (Rom. 3 :
25). Le coeur de David est mis à nu ; le mal est jugé jusqu'au fond. Après
avoir dit : « Rends-moi la joie de ton salut », il ajoute :
« Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange »
(Ps. 51 : 12, 15). Dieu pardonne et Dieu restaure ; David retrouve la
communion avec le Seigneur, mais sous le gouvernement de Dieu, le châtiment
reste.
Malgré les supplications de ce père, « il arriva le septième jour que
l'enfant mourut » (2 Sam. 12 : 18). Quand le roi comprend que sa
prière en faveur de son fils n'a pas été exaucée, il se lève. Il se lave. Il
change de vêtements, entre dans la maison de l'Eternel et se prosterne. Quelle
grandeur dans ce silence avec lequel il s'incline devant la volonté suprême qui
le frappe et dont il accepte le châtiment ! Les serviteurs s'étonnent,
mais David leur montre sa foi : sa foi en la résurrection (2 Sam.12 :
23). Il peut consoler Bath-Shéba, et l'Eternel met son sceau sur la
restauration de son serviteur en lui donnant un autre fils, qui sera son
héritier : Salomon, le roi de gloire, appelé Jedidia, le bien-aimé de
l'Eternel.
Nos coeurs sont souvent très lents à reconnaître la restauration complète d'un
frère tombé. La Parole nous montre que les conséquences terrestres de la faute
peuvent subsister et que le discernement spirituel risque d'en être
affaibli ; toutefois, l'âme peut retrouver la lumière et la joie de son
Seigneur, s'il y a eu un profond jugement de soi. Le service de David comme roi est
maintenu et il pourra même dire : « J'enseignerai tes voies aux
transgresseurs, et des pécheurs se retourneront vers toi » (Ps. 51 :
13). Il écrira encore des psaumes ; il pourra préparer tout ce qu'il faut
pour le temple et ne s'endormira qu'après avoir vu Salomon installé sur le
trône d'Israël. C'est l'oeuvre de la grâce, cette grâce que nous avons tant de
peine à réaliser pour nous-mêmes et encore moins pour les autres !
Mais si la grâce restaure, le gouvernement de Dieu reste inexorable. Dorénavant
« l'épée ne s'éloignera pas de la maison de David à jamais » (2 Sam.
12 : 10), et la corruption se fera jour dans sa propre famille. David
donnera la preuve de la restauration de son âme en acceptant ces châtiments successifs, humblement et en silence.
4- Absalom : (2 Sam. 13-19)
4 -1 : La
souillure de la famille de David
Fils de Maaca, Absalom avait une soeur : Tamar (2 Sam. 13 : 1). La
jeune fille était attrayante, disposée à rendre service ; pourtant, si
elle avait eu affaire avec Dieu, se serait-elle laissée inconsciemment
entraîner dans le piège qui va la laisser désolée ? Dina, fille de
Jacob, en Genèse 34, ne se rendait pas compte non plus des effets
qu'aurait sa visite de politesse
à Sichem. Dieu, lui, le savait. Combien il importe de veiller, et d'avoir aussi
affaire avec le Seigneur, avant d'accepter une invitation ou une proposition
quelconque. On peut agir dans l'innocence de son coeur, sans en entrevoir les
conséquences ; mais le Seigneur les connaît d'avance, et il
gardera celui ou celle qui se confie vraiment en lui :
« Il y a telle voie qui semble droite à un homme, mais des voies de mort
en sont la fin » (Prov. 14 : 12).
Amnon avait un ami, nommé Jonadab, un neveu de David ; c'était donc son
cousin. Au lieu de lui être en aide, cet « ami » emploie toute son
habileté pour le conduire au mal. Lorsque, deux ans plus tard, Absalom voudra
faire périr son frère Amnon, Jonadab, au courant du complot, n'en dira
rien à son cher ami Amnon ! Il y a des amis qui sont fidèles et qui
peuvent nous être d'un grand secours, mais il y en a d'autres qui sont
perfides ! Là encore, veillons !
Que
de fruits amers aura la conduite d'Amnon à l'égard de Tamar. La jeune fille
aussi
demeurera désolée .
Tout
cela n'aurait-il pas pu être évité si David avait été plus ferme avec ses enfants ? Mais quand Amnon avait fait semblant
d'être malade, il était venu le voir, ne se méfiant de rien. Après le scandale,
il est irrité sans prendre aucune sanction. Plus tard, il laissera Absalom
échapper au châtiment que méritait son meurtre ; il ira même jusqu'à le
baiser. Un certain manque de discernement
se manifeste ainsi désormais chez lui. C'est probablement la conséquence de sa
faute. Il ne se rend pas compte des machinations d'Absalom lorsqu'il invite son
frère Amnon (2 Sam. 13 : 27), ou prétend aller à Hébron, acquitter un voeu
qu'il dit avoir voué à l'Eternel (15 : 7). Aujourd'hui les parents et les
enfants ont peut-être plus de liberté réciproque, de confiance et de contacts
qu'autrefois. Cela ne doit pas diminuer l'autorité ferme et douce que les parents
doivent maintenir dans leur famille. Le manque de fermeté au
moment voulu peut avoir de tristes conséquences. Souvenons-nous d'Eli et de ses
fils ! (1 Sam. 2).
4-2 : La révolte
d'Absalom (1 Sam. 15 à 19)
Onze
ans s'étaient écoulés depuis que le malheur a atteint Tamar. Deux ans après,
Absalom a fait tuer son frère Amnon et, pendant trois ans, il s'est réfugié à
Gueshur chez son grand-père. De retour à Jérusalem, il reste deux ans sans voir
la face du roi son père ; finalement, David cède aux instances de Joab. Il
écoute aussi son propre coeur, accepte de revoir son fils et le baise. Combien
ce baiser est loin de ressembler à celui que le père donne au fils prodigue de
retour à la maison ! Ce dernier confesse :
« Père, j'ai péché contre le ciel et devant toi » (Luc 15 : 18).
Rien de tel chez Absalom ; il revient fier et ambitieux, il ne s'est pas
repenti de son crime. Jamais David, s'il avait été ferme et dépendant de la
pensée divine, ne l'aurait ainsi reçu.
Pendant quatre ans, Absalom intrigue et « dérobe les coeurs des hommes
d'Israël » (2 Sam. 15 : 6). Puis quand il pense le moment propice, il
trompe son père, il rassemble à Hébron des personnages influents, dont
plusieurs ignoraient tout de l'affaire, et se fait proclamer roi !
David a environ soixante-cinq ans.
Urie est mort depuis douze ou treize ans ; cependant, le jugement va
continuer de s'exercer envers la maison de David : l'épée ne s'en éloigne
pas et la corruption va s'y montrer au grand jour.
Pour épargner Jérusalem, la sainte ville, David décide de fuir devant les
hommes d'Absalom, acceptant de la part de Dieu, cette nouvelle épreuve :
« si je trouve grâce aux yeux de l'Eternel, alors il me ramènera... Et
s'il dit ainsi : je ne prends point de plaisir en toi ; - me voici,
qu'il fasse de moi ce qui sera bon à ses yeux » (2 Sam. 15 : 25-26).
Il courbe la tête sous la discipline divine, et quand un peu plus tard, Shimhi
le maudira, lançant des pierres et le calomniant, David l'acceptera comme de la
main de Dieu en disant : « Laissez-le, et qu'il maudisse ! car
l'Eternel le lui a dit. Peut-être l'Eternel regardera mon affliction et
l'Eternel me rendra le bien pour la malédiction qui tombe aujourd'hui sur
moi » (2 Sam. 16 : 11-12).
David est déjà presque un vieillard ; il est fatigué du chemin ; mais
une épreuve plus dure l'attend encore. Dans la bataille de la forêt d'Ephraïm
les hommes d'Israël sont battus devant les serviteurs de David ; Absalom
est pris par la tête entre les branches d'un arbre, et Joab lui ôte la vie. La
douleur de son père est émouvante. IL s'en va en disant ainsi : « Mon fils
Absalom ! mon fils ! mon fils Absalom ! Fussé-je mort à ta
place ! Absalom, mon fils, mon fils ! » (2 Sam. 18 : 33).
Cette fois, son coeur est brisé, car il aimait profondément ce fils révolté et
il lui en coûte terriblement d'accepter sa mort de la main de Dieu.
5- Le dénombrement :
(2 Sam. 24)
Nous
avons vu comment David, père de famille, n'a pas répondu à la pensée divine. En
outre, l'Esprit de Dieu a jugé bon de nous conserver ce récit du dénombrement
où se montre l'orgueil du roi qui a voulu faire le compte de
tous ses soldats. David avait derrière lui bien des années d'expérience ;
pourtant, pendant plus de neuf mois, il ne se rend pas compte de son erreur.
C'est seulement lorsque, ayant terminé sa mission, Joab lui donne le chiffre
des hommes de guerre, que « le coeur de David le reprit et il dit à
l'Eternel : j'ai grandement péché dans ce que j'ai fait » (2 Sam.
24 : 10). La faute du roi peut nous paraître sans grande gravité,
comparable dans un sens à celle d'Ezéchias exhibant ses trésors aux envoyés de
Babylone, mais en aucun cas Dieu ne peut supporter l'orgueil : celui qui s'élève doit
être abaissé.
La peste s'abat sur le peuple. David intercède, et dans l'aire d'Arauna
l'Eternel lui révèle le sacrifice qu'Il peut accepter. Ainsi les livres de
Samuel s'achèvent avec l'autel de Morija, le lieu où Abraham avait offert
Isaac, et où le temple sera construit (2 Chr. 3 : 1). Tout près de
l'endroit où sera crucifié le Sauveur.
Que reste-t-il d'une longue carrière avec ses joies et ses tristesses, ses
triomphes et ses fautes, sinon le sentiment de la grâce infinie, le
souvenir de la miséricorde divine ?
David consacrera la fin de sa vie aux préparatifs et à l'organisation du
service du temple (1 Chr. 22-29). Après avoir « de toute sa force préparé
pour la maison de son Dieu », tout ce qu'il fallait, il s'écriera :
« Qui suis-je et qui est mon peuple que nous ayons ainsi le pouvoir
d'offrir volontairement ? Car tout vient de toi, et ce qui vient de ta
main, nous te le donnons » (29 : 14).
« Tout vient de toi », y aurait-il plus belle conclusion à la vie
d'un serviteur de Dieu ?
Lorsqu'à ta venue
J'entendrai l'appel
De ta voix connue
Pour entrer au ciel.
Qu'est-ce que j'apporte ?
Qui voudra de moi ?
Tu m'ouvres la porte,
Tout me vient de Toi !
6 - Adonija
et Salomon :
(1 Rois 1)
Amnon et Absalom sont morts ; il n'est pas parlé de Kileab, probablement
est-il mort jeune. Le royaume est reconstitué, réorganisé (2 Sam. 20 :
23) ; Joab reste préposé sur l'armée ; les autres charges trouvent
leurs titulaires, mais ceux qui autrefois étaient les principaux officiers,
« les fils de David » (8 : 18) ne sont plus là. Un détail
peut-être, mais combien tragique !
Pourtant il restait un quatrième fils : Adonija. Mais celui-là encore va
être une cause de chagrin pour son père. David avait été également faible
envers lui, puisqu'il n'avait jamais voulu le contrarier d'aucune manière (1
Rois 1 : 6). Imbu de lui-même, mais sans posséder l'énergie d'Absalom,
Adonija se fait proclamer roi, entraînant avec lui Joab, Abiathar et d'autres.
Que faire ? Va-t-il en résulter un nouveau combat ? De nouveaux
deuils ?
Nathan, le prophète, montre à David le chemin à suivre. Celui que l'Eternel a
choisi n'est pas Absalom, ni Adonija ; c'est Salomon, le plus jeune, celui
qui, dès sa naissance, avait été appelé par Dieu : Jedidia, le bien-aimé
de l'Eternel. Il faut mettre à la place qui est la sienne l'élu de Dieu, et
tout rentrera dans l'ordre (1 Rois 1 : 40-49). Ne ferions-nous pas souvent
la même expérience si dans les difficultés qui peuvent survenir au milieu de
nous, nous savions donner au Seigneur la place qui lui revient ? Il
faut « qu'en toutes choses, Il tienne, lui, la première place » (Col.
1 : 18).
Peu après, David rassemble à Jérusalem tous les chefs d'Israël et confirme à
nouveau Salomon comme son successeur, « le seul que Dieu ait
choisi ». Tous les fils du roi se soumettent, tous les chefs, tous les
hommes forts (1 Chr. 29 : 24). Salomon va inaugurer le règne de gloire
dont le Psaume 72, l'un des tout derniers de David, nous donne le tableau. Mais
au-delà de son fils, c'est un plus grand que Salomon que David contemple.
« Son nom sera pour toujours ; son nom se perpétuera devant le soleil
et on se bénira en lui : toutes les nations le diront bienheureux »
(Ps. 72 : 17). C'est de Christ et de son règne glorieux qu'il veut parler.
7- La
mort de David : (1 Rois 2 : 1-12)
La voix qui, à travers les années, a su exprimer les exercices profonds de son
âme, sa foi et sa confiance, son repentir et sa douleur, la voix qui a crié,
supplié, qui s'est élevée à Dieu dans la détresse et la joie, la voix du doux
psalmiste d'Israël va se taire : « Les prières de David, fils d'Isaï,
sont finies » (Ps. 72 : 20).
« Et David s'endormit avec ses pères » (1 Rois 2 : 10), pour
attendre dans le repos, là où il n'y a plus besoin de prier, le jour de la
résurrection où ses yeux avec les nôtres se fixeront sur la gloire du vrai Salomon.
D'après G. André
LA VIE DE DAVID (3)
1 – Les
souffrances et les gloires :
L'Esprit de Christ qui était dans les prophètes de l'Ancien
Testament leur faisait discerner ce que rencontrerait le Messie promis,
rendant ainsi par avance « témoignage des souffrances qui devaient être la
part de Christ et des gloires qui suivraient » (1 Pier. 1 : 11). Des
chapitres comme Esaïe 53, ou le Psaume 22, en sont un témoignage direct ;
la vie de divers serviteurs, tels que Joseph, Moïse ou David, est comme un
reflet du chemin douloureux et glorieux de Celui qui devait venir.
Joseph a été exilé de la maison paternelle ; Moïse a été éloigné du peuple
qu'il aimait, et David du trône. Les frères de Joseph l'ont vendu ; ceux
de Moïse ne l'ont pas compris (Act. 7) ; David a été blâmé par les siens
(1 Sam. 17).
Joseph délivre son peuple de la famine, Moïse de l'esclavage, David de la
puissance de l'ennemi. Joseph reçoit le titre de sauveur (Gen. 41 :
45) ; Moïse celui de conducteur, et David devient berger et roi de son
peuple.
Que de traits du Seigneur Jésus nous retrouvons dans chacune de ces vies !
Mais David en est peut-être un type plus complet encore. Sa généalogie en Ruth
4 : 18-22 pointe déjà vers celle de Matthieu 1. Bethléem, lieu de sa
naissance, verra s'accomplir l'inscrutable mystère de la Parole faite chair.
Samuel l'oint, et l'Esprit le saisit ; ainsi, plus tard, après le baptême
de Jean, sous la forme d'une colombe, l'Esprit descendra sur Jésus.
David paît les brebis de son père, les défend de l'ennemi, figure du bon Berger
qui pour elles laissera sa vie (Jean 10 : 11). Durant quarante jours,
Goliath insulte Israël avant de subir la défaite sous les coups de David ;
pendant quarante jours, notre Seigneur fut tenté au désert, mais Il eut la
victoire sur Satan qui « se retira d'avec lui pour un temps » (Luc
4 : 13).
Rejeté et haï, David devient roi à Jérusalem au moment voulu de Dieu. Combien
merveilleux sera le jour où le Seigneur Jésus apparaîtra dans sa gloire, Lui
qui a tant souffert, Lui le méprisé et le délaissé des hommes !
2- Centre
de rassemblement :
David est, tout particulièrement, un type de Christ rassemblant les siens
autour de lui. A la caverne d'Adullam déjà, il attirait à lui « tout homme
qui était dans la détresse, et tout homme qui était dans les dettes, et tout
homme qui avait de l'amertume dans l'âme » (1 Sam. 22 : 2). N'en
est-il pas ainsi du Seigneur Jésus qui, ouvrant ses bras, dit :
« Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je
vous donnerai du repos » (Matt. 11 : 28).
1 Chroniques 12 nous montre comment successivement des groupes divers se sont
joints à David. « Dans le lieu fort », des Gadites, exercés pour la
guerre, armés, prompts, viennent avec lui « combattre les combats de
l'Eternel ». Ils n'ont pas peur des obstacles : ils traversent le
Jourdain lorsqu'il regorge par-dessus tous ses bords. Ils mettent en fuite les
ennemis. Pour être forts, il faut revêtir l'armure complète de Dieu (Eph.
6 : 10-18) et se grouper autour du chef.
D'autres venaient de la tribu de Benjamin. Décision difficile assurément de
quitter Saül (celui auquel les attachaient les liens de la chair), pour venir
auprès de David, encore pourchassé dans le désert. Seule la foi les y
engageait, une foi vivante que David mettra à l'épreuve, mais qui fera jaillir
de la bouche de leur chef, Amasçaï, ce cantique : « Nous sommes à toi
et avec toi. Paix, paix à toi et paix à ceux qui t'aident » (1 Chr.
12 : 18). Belle figure de ceux qui, tirés du monde, doivent rompre des
liens souvent bien chers, pour s'attacher au vrai David.
D'autres rejoignirent David à Tsiklag. Ils savaient tirer de l'arc, se servant
de la main droite et de la main gauche et leurs flèches ne manquaient pas le
but. « Les armes de notre guerre ne sont pas charnelles » (2 Cor.
10 : 4) : la Parole de Dieu est véritablement l'épée de l'Esprit
(Eph. 6 : 17). Un verset cité à propos est comme une flèche qui atteindra
la conscience ou encouragera le coeur ; mais comment nous servirons-nous
de ces « flèches » si nous ne sommes pas d'abord exercés à les
manier ? Il faut que « la Parole habite en nous
richement » (Col. 3 : 16) ; il faut en avoir éprouvé pour
soi-même les divers effets, afin de pouvoir l'utiliser envers autrui.
D'autres vinrent vers David à Hébron. Parmi eux se trouvaient les fils
d'Issacar « qui savaient discerner les temps pour savoir ce que devait
faire Israël » (1 Chr. 12 : 32). Nous sommes tous appelés à ce
discernement ; mais on doit reconnaître aussi que le Seigneur a donné à
certains parmi nous un discernement et une sagesse particuliers. A l'exemple de
ces hommes d'Issacar, ne convient-il pas alors que nous soyons soumis aux
conducteurs que le Seigneur a doués pour paître son peuple ? (Héb.
13 : 7, 17).
Ceux de Zabulon « gardaient leur rang, n'ayant point un coeur
double ». A la place où ils avaient été mis, remplissant leur tâche, y
étant « tout entiers », ils n'étaient pas jaloux du service d'un
autre, et ne voulaient pas s'immiscer dans ce qui ne leur avait pas été confié.
Puis « d'un seul coeur », tout le reste d'Israël se rassembla autour
de David : jour de joie où il y avait nourriture et rafraîchissement en
abondance (1 Chr. 12 : 39-40).
Joie plus grande encore quand tous se groupèrent autour de l'arche à Jérusalem :
des sacrifices furent offerts, et David bénit le peuple et distribua à chacun,
tant aux femmes qu'aux hommes « un pain et une ration de vin et un gâteau
de raisin », nourriture, joie et réconfort. C'est alors qu'éclata la
louange dans le sanctuaire : « en ce jour » David remit entre
les mains d'Asaph et de ses frères « le premier » psaume pour
célébrer l'Eternel (1 Ch. 16 : 1-7).
Comme centre de rassemblement, David avait attiré autour de lui beaucoup de
personnes, mais la Parole conserve aussi les noms de compagnons et d'amis
dont il avait suscité le dévouement.
David, vainqueur de Goliath, se présente devant Saül, la tête du Philistin à la
main. Jusqu'alors, c'était Jonathan qui avait remporté les victoires de la foi
(1 Sam. 14). Tandis qu'un autre est maintenant l'instrument de la
délivrance. Quelle va être la réaction du fils du roi ? Il pourrait,
comme son père, être jaloux et chercher à minimiser la victoire du héros du
jour. Au contraire, « l'âme de Jonathan se lia à l'âme de David, et
Jonathan l'aima comme son âme » (1 Sam. 18 : 1). Cet amour profond ne
se traduit pas seulement en paroles : Jonathan se dépouille de sa robe, de
ses vêtements, de son épée, de son arc, de sa ceinture, pour mettre tout à la
disposition de David. Belle figure de celui qui, attiré par l'amour du
Seigneur, met à son service tout ce qu'il possède.
Cette affection de Jonathan pour David n'a pas été limitée à un moment
d'enthousiasme, comme trop facilement, dans une ambiance propice, quelque jeune
peut se déclarer prêt à suivre le Seigneur où qu'Il l'envoie. Jonathan est
resté fidèle à son ami quand Saül a commencé à le maltraiter ; il a
intercédé pour lui, ne cachant pas son affection, risquant même sa vie sous les
insultes de son père (1 Sam. 30 : 30-33).
Au désert de Ziph, dans un bois, Jonathan viendra encore encourager son ami
dans sa solitude et fortifier sa main en Dieu.
Jonathan aurait-il dû quitter son père et sa cour pour suivre David au
désert ? Rien dans le texte ne l'implique, sauf qu'il est tombé avec Saül
à Guilboa ; mais si l'on pense à Celui dont David est la figure, à la
lumière du Nouveau Testament, il est certain que ceux qui veulent suivre le
Seigneur peuvent être appelés à quitter même leur famille ; si celle-ci
s'oppose fondamentalement à l'Evangile, le Seigneur peut conduire un croyant à
faire ce pas lourd de conséquences. Notons qu'il n'en est en tout cas pas ainsi
de l'épouse dont le mari est incrédule, à moins que ce soit lui qui l'abandonne
(1 Cor. 7 : 2-16).
Après le passage de David à Nob, Saül a fait massacrer tous les sacrificateurs,
« homme et femme, enfant et celui qui tette, boeuf et âne et mouton par le
tranchant de l'épée » (1 Sam. 22 : 19). Un des fils d'Akhimélec,
Abiathar, réussit à s'enfuir. Où a-t-il trouvé refuge dans sa détresse, sinon
auprès de David ? Ce dernier l'accueille en disant :
« Demeure avec moi, ne crains point... près de moi, tu seras bien
gardé » (v. 23).
Il faut parfois le deuil et la détresse pour que des âmes soient conduites au
Seigneur, mais quel refuge et quelle consolation elles trouvent auprès de
Lui ! Plus tard, Marie n'ira pas, comme le pensaient les Juifs, au
sépulcre de Lazare pour y pleurer, mais aux pieds de Jésus qui pleurera avec
elle.
3-3 Mephibosheth (2 Sam. 9)
A la mort de Saül et de Jonathan, la nourrice du petit Mephibosheth, âgé de
cinq ans, s'était enfuie, craignant les représailles de David. Dans sa fuite,
elle avait laissé tomber l'enfant ; en raison de cette chute, Mephibosheth
devint boiteux pour le reste de ses jours.
Vingt ans peut-être avaient passé ; le jeune homme qui s'était réfugié à
Lodebar (un endroit « sans pâturage »), chez Makir, fils d'Ammiel,
vivait sans doute dans le dénuement, perclus des deux pieds. C'est là qu'un
jour il apprend que David, celui que son grand-père avait tant pourchassé et
haï, le convoque à Jérusalem. Le messager ajoute que David veut « user
envers lui d'une bonté de Dieu » (2 Sam. 9 : 3) ; alors,
c'est certainement avec des sentiments très mélangés de crainte et de
confiance que Mephibosheth entreprend ce long voyage pour venir trouver
personnellement celui qui l'appelle.
Beau tableau de l'Évangile qui s'adresse à une âme dans la crainte et la misère
spirituelle, loin de Dieu, et la sollicite à venir au Sauveur. Le
« voyage » sera plus ou moins long jusqu'à ce moment décisif de la
rencontre personnelle avec Jésus. Rencontre pourtant indispensable, car ce
n'est ni le messager, ni le serviteur qui peuvent donner la paix à l'âme. C'est
le Seigneur seul.
David accueille le jeune homme prosterné devant lui, en l'appelant simplement
par son nom : « Mephibosheth ! ». Mais il ajoute bien
vite : « Ne crains point, car certainement j'userai de bonté envers
toi » (2 Sam. 9 : 6-7). Non seulement David pardonne, mais il lui
donne l'héritage ; il reçoit même le fils de Jonathan à sa table, où continuellement il pourra manger le pain. « Si quelqu'un
entend ma voix et qu'il ouvre la porte, j'entrerai chez lui et je souperai avec
lui et lui avec moi » (Apoc. 3 : 20). Communion bénie que goûte
chaque jour le racheté avec son Seigneur ; communion plus précieuse encore
autour du mémorial auquel il lui est donné de participer avec les siens réunis
autour de Lui.
David fait davantage encore : il va traiter Mephibosheth « comme un
des fils du roi ». « A tous ceux qui l'ont reçu, il leur a donné le
droit d'être enfants de Dieu » (Jean 1 : 12).
Le chapitre se termine en nous rappelant que, quoique mangeant toujours à la
table du roi, Mephibosheth restait « boiteux des deux pieds ». La
vieille nature n'est pas changée ; elle est toujours là, tant que nous
sommes sur la terre. Si nous ne veillons pas, elle produira ses fruits (Rom.
7 : 25). Combien il importe de se tenir près du Seigneur afin de
« marcher en nouveauté de vie », de « marcher par
l'Esprit » (Rom. 6 : 4 ; Gal. 5 : 25), et
pouvoir ainsi jouir sans entrave de la communion qu'Il veut nous donner
chaque jour.
3-4 : Ithaï (2 Sam. 15 : 19-22)
Il était facile de se soumettre à David roi ; il y allait de son propre
intérêt. Mais lorsque David doit s'enfuir devant Absalom, les coeurs se
manifestent. Certains, comme Akhitophel, l'abandonnent ; d'autres lui
restent fidèles. « Un Christ rejeté attire le dévouement, et c'est dans
ces circonstances qu'on peut voir si les siens lui sont attachés ».
Plusieurs restèrent à Jérusalem, mais Ithaï, quoique venu depuis peu auprès de
David, ne veut pas le laisser. Il est mis à l'épreuve. Est-il venu de Gath pour
s'attacher au roi d'Israël dans sa gloire et dans sa puissance, ou à la
personne de David, même s'il faut partager avec lui la fuite au désert ?
La foi d'Ithaï brille dans sa réponse : «L'Eternel est vivant, que dans le
lieu où sera le roi mon seigneur, soit pour la mort, soit pour la vie, là aussi
sera ton serviteur ! » (2 Sam. 15 : 21). Echo de la décision du
coeur prise par une Ruth ou une Rebecca ; exemple, pour celui qui
répondra au désir de Jésus : « Si quelqu'un me sert, qu'il me
suive ; et où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur » (Jean
12 : 26).
Ithaï va donc accompagner David, mais il ne sera pas seul ; il passe
« avec tous ses hommes et tous les enfants qui étaient avec lui ».
Bel encouragement pour les parents à suivre sans hésitation le Seigneur avec
toute leur famille, tout en se souvenant que seul Dieu pourra opérer son oeuvre
dans le coeur de leurs enfants, pour leur salut.
3-5 : Hushaï (2 Sam. 15 : 32-37 ;
17 : 6-16)
Tous ne sont pas appelés au même service. Ithaï devait suivre David ;
Hushaï, son ami, est appelé à le quitter pour retourner à Jérusalem, au péril
de sa vie, y accomplir la mission délicate qui lui est confiée : annuler
le bon conseil d'Akhitophel. Hushaï n'hésite pas ; il montre son
dévouement à celui qu'il aime. Par son moyen, Dieu répond à la prière du roi (2
Sam. 15 : 31 ; 17 : 14) et permet la victoire qui suivra.
Il est celui qui court, le messager : il ira transmettre les
recommandations d'Hushaï à David (2 Sam. 17 : 17-21) ; ensuite, il
veut être le premier à apporter au roi la nouvelle de la victoire (18 :
19-28). Malgré les obstacles, malgré l'opposition de Joab, « quoi qu'il
arrive, il veut courir ».
« Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans la lice courent tous, mais un seul reçoit le prix ? Courez de telle
manière que vous le remportiez » (1 Cor. 9 : 24).
3-7 : Barzillaï (2 Sam. 17 :
27-29 ; 19 : 31-40 ; 1 Rois 2 : 7)
A l'encontre des précédents, Barzillaï est un vieillard. A quatre-vingts ans,
il aurait pu estimer avoir fini sa tâche. Pourtant, lorsque David,
passant le Jourdain, vient à Mahanaïm, son village, Barzillaï, avec tous ses
biens, entretient le roi et sa suite, affamés et fatigués dans le désert. Il
semble n'y avoir pas de fin à la liste de tout ce qu'il met à la disposition de
David et de ses hommes (2 Sam. 17 : 28). « Que celui qui est
enseigné dans la parole, fasse participer à tous les biens temporels celui qui
enseigne », recommande l'apôtre Paul (Gal. 6 : 6). La parabole de
l'économe de Luc 16 souligne notre responsabilité d'administrer pour le
Seigneur les biens matériels qui Lui appartiennent ; Il a pu nous confier
pour un temps ces « richesses injustes » dans l'administration
desquelles il importe d'être fidèle. Bien qu'elles ne soient que peu de choses
(« ce qui est très petit »), la fidélité réalisée à leur sujet
permettra de se voir confier les « vraies richesses », les biens
spirituels qui sont nôtres, ceux que personne ne pourra jamais nous ôter.
David voudrait donner une récompense à Barzillaï, mais le vieillard ne peut le suivre
à Jérusalem ; il reçoit le baiser du roi et sa bénédiction (2 Sam.
19 : 39) ; par contre, Kimham, son fils, et même plus tard tous ses
fils (1 Rois 2 : 7), mangeront à la table du roi.
3-8 : Les hommes forts (2 Sam.
23 : 8-39)
David est arrivé à la fin de sa vie. Il a prononcé ses dernières paroles ;
ses regards considèrent la route parcourue avec ceux qui, sur le chemin, lui
sont été fidèles. Il va dresser la liste de ses « hommes forts ». Au
jour du tribunal de Christ, tout sera mis en lumière (2 Cor. 5 : 9-10). Le
Seigneur se souviendra de tout ce qui aura été fait pour lui ; et avec sa
sagesse et selon la mesure du sanctuaire, il donnera les récompenses et les
couronnes.
Parmi les hommes forts de David, plusieurs se sont dévoués pour le peuple de
Dieu. Par leur moyen, l'Eternel a opéré de grandes délivrances. « Avec
David », ils avaient combattu contre les Philistins et tel Eléazar,
avaient aussi préservé ce qui devait servir de nourriture au peuple de Dieu. A
travers les âges, combien de croyants ont lutté pour l'évangile et pour la
Parole, la nourriture de nos âmes ! Quelle perte immense nous éprouverions
si tant de chrétiens appelés par le Seigneur à ce travail, n'avaient pas lutté
pour conserver le texte des Ecritures et le mettre à notre portée, dans notre
langue, en toute facilité.
Trois des trente chefs prouvent à David leur affection toute simple, lorsqu'un
jour d'été, une remarque semble s'échapper de la bouche de David. Il exprime
son désir d'avoir de l'eau fraîche que donne le puits de Bethléem. Exploit
inutile à première vue, de voir ces trois hommes forcer le passage à travers le
camp des Philistins pour rapporter un peu d'eau à leur chef. Mais ils avaient voulu
lui plaire, lui offrir ce qu'il désirait ce jour-là. Plus tard, Marie brisera
son vase de parfum pour oindre la tête du Serviteur, les pieds du Fils de
Dieu ; sacrifice déplacé aux yeux des disciples, et pour
Judas surtout, mais offrande précieuse au coeur du Maître qui
voudra qu'en quelque lieu que l'Evangile soit prêché, on parle de ce que cette
femme a fait « en mémoire d'elle » (Matt. 26 : 13). « Ces
trois hommes forts firent cela » (2 Sam. 23 : 17).
David n'a pas voulu clôturer la liste de ses hommes vaillants sans mentionner
« Urie le Héthien » ! Il aurait bien pu biffer cette mention qui
rappelait « tout un passé de honte et de châtiment ; mais, se
condamnant lui-même et exaltant la grâce qui l'avait restaurée, il n'aurait
jamais songé à effacer ce nom du livre où il était enregistré » (H.R.).
Tous ces hommes, fidèles à David au temps du son rejet, ont partagé sa
gloire : « si quelqu'un me sert, le Père l'honorera » (Jean
12 : 26).
D'après G. André
LA VIE DE DAVID (4)
LA VIE INTÉRIEURE DE DAVID
1 - Foi, communion et crainte
de Dieu :
Toute la vie intérieure de David est marquée par ces trois choses : la
foi, la communion, la crainte de Dieu.
Le nom de David est mentionné dans le tableau des hommes de foi d'Hébreux 11,
au verset 32. Cette foi, comme celle de nos conducteurs que nous avons à «
imiter » (Héb. 13 : 7), se marque par sa confiance en
Dieu. Sans doute y a-t-il eu parfois «un nuage» ; mais fondamentalement,
et tout le long de sa vie, combien était réelle et solide la confiance de David
en l'Éternel, telle qu'il l'exprimera dans tant de psaumes. Elle se traduisait
aussi par la dépendance ; souvent David interroge
l'Éternel pour avoir sa pensée, soit durant les années errantes, soit durant
son règne. Cette foi ne lui a-t-elle pas donné la hardiesse avec
laquelle il s'attaquait au lion, se présentait devant Goliath, ou coupait le
pan de la robe de Saül ?
La communion de David avec son Dieu ressort de beaucoup de
psaumes. Elle se traduit en prières, en supplications, mais aussi en louange et
en reconnaissance. Plus encore, cette communion l'a conduit à avoir, par
l'Esprit de Dieu, une vision de Celui qui, vrai Fils de David, répondrait lui
seul en tous points à la pensée de Dieu.
Enfin la crainte de Dieu a caractérisé sa marche. Elle l'a
conduit, lorsqu'il avait péché, à la repentance et à la confession, et à
l'acceptation du châtiment. Elle l'a gardé de maints écarts. « Je me suis
toujours proposé l'Éternel devant moi » (Ps. 16 : 8) ; paroles
sincères dans la bouche de David, elles ont été accomplies uniquement
par Christ.
Cette vie intérieure de David, au travers des circonstances variées de sa
carrière, s'est reflétée dans maints psaumes.
2
- Les psaumes de David :
Soixante-treize psaumes sont attribués à David, sans que nous puissions
nécessairement penser que leurs suscriptions soient inspirées. Ils expriment
ses propres expériences, ses détresses, ses supplications, les délivrances dont
il a été l'objet, et la louange et la reconnaissance qui jaillissaient de son
coeur.
Mais ces pages sont aussi pleines d'enseignements pour nous, qui traversons des
épreuves diverses : nous pouvons trouver dans ces versets tant
d'encouragement et de réconfort.
Ils ont aussi leur portée prophétique, dirigeant les regards vers le résidu
futur d'Israël, et par-dessus tout vers le Messie, le Christ. En effet, David
relatant ses expériences, a été conduit bien au-delà par l'Esprit de Dieu, afin
de révéler les sentiments mêmes de Christ à travers les faits qui seront
relatés dans les évangiles.
« Qu'y a-t-il dans ce livre de cent cinquante poèmes, pour que depuis
bientôt deux millénaires, dans les couvents et dans les ghettos, dans les
églises et les communautés chrétiennes les plus diverses, on les relise et on
les chante sans jamais se lasser ?... Quelle saveur ont-ils eue dans l'âme
de ceux qui ne renoncèrent jamais aux paroles reprises des lèvres mêmes de
David, pour qu'ils aient traversé toutes les nuits, toutes les guerres... Ils avaient
emporté ce livre dans leurs exils ; ils ont vécu dans leur chair,
dans leur sang, chacun de ces versets. C'était écrit : ils le vivaient
comme ils le lisaient, et c'était aussi nécessaire de le vivre que de le
lire ». Comment expliquer, en effet, que ce recueil composé au cours de
plusieurs siècles, mis en ordre sous la direction de l'Esprit de Dieu quand il
l'a voulu, ait pu être en bénédiction, en consolation, en encouragement, à tant
de générations successives ? Ce n'est pas la valeur littéraire qui en a
fait la saveur. On relit Homère, Virgile, mais qu'y a-t-il dans ces écrits pour
l'âme ? David lui-même a donné d'avance la réponse à l'étonnement des
hommes : « L'Esprit de l'Éternel a parlé en moi, et sa parole a été sur ma
langue » (2 Sam. 23 : 2). Seule l'inspiration de l'Esprit de Dieu rend la
Parole éternelle, immuable, vivante et opérante.
Parmi ces nombreux psaumes, nous en retiendrons quelques-uns ; ils se
rapportent à des circonstances particulières de la vie de
David, selon l'indication donnée par leur suscription.
2. 1 : Psaume 23
N'est-il pas le plus connu, le plus aimé, qui pendant trois mille ans a soutenu
la foi des croyants de tout pays, de toute race, de toute
époque ? Nous ne savons pas si David l'a composé tout jeune, quand il
était berger lui-même, ou plus tard en se remémorant sa vie. Ce psaume n'a pas
de date. Il ne vieillit pas. Ses six versets s'appliquent à tous les âges, dans
tous les temps (aux jours de joie, aux nuits d'épreuve), aux malades et aux
bien-portants… Il réjouit la foi aussi bien au début de la vie qu'aux approches
de la mort ; il fait converger tous les regards vers l'avenir éternel qui,
pour nous, est la maison du Père.
« L'Éternel est mon berger » : sa fidélité, sa présence, sa communion,
vont remplir la vie. Tout d'abord l'âme parle de Lui (v.
1-3) ; puis, ayant fait des progrès dans sa connaissance, elle s'adresse
directement à Lui : « Tu es avec moi... Tu dresses... Tu
as oint ». Enfin, considérant la course qui est encore devant elle, elle peut
dire avec assurance : « Oui, la bonté et la gratuité me suivront tous les
jours de ma vie ». Dirigeant enfin ses regards vers l'avenir, elle
ajoute : « Mon habitation sera dans la maison de l'Éternel pour de longs
jours » (v. 6).
2.2 : Psaumes 59, 56, 54
Ces trois psaumes montrent la confiance de David lorsqu'il est en danger.
Dans le premier, il est surveillé dans
sa maison par les émissaires de Saül, qui ont ordre de le mettre à mort ;
dans le second, il est apparemment détenu dans Gath, où il s'est enfui de
devant le roi d'Israël ; dans le troisième, les Ziphiens ont averti son
persécuteur qu'il se tient caché auprès d'eux, afin qu'il puisse le prendre.
Dans chacune de ces circonstances, la prière, la supplication montent à Dieu
pour être délivré des ennemis. Mais, en même temps, David exprime des
certitudes : « Dieu est ma haute retraite », « Dieu est pour moi », « Dieu
est mon secours ». Alors, dans la confiance que Dieu répondra, jaillit la
louange : « A toi je chanterai », « Je te rendrai les louanges », « Je
célébrerai ton nom ».
2.3 : Psaume
34
Psaume de l'exaucement, il suit moralement le 56 : « J'ai cherché
l'Éternel et il m'a répondu, et m'a délivré ». « Ils ont regardé vers lui, et
ils ont été illuminés... Cet affligé a crié ; et l'Éternel l'a entendu, et
l'a sauvé de toutes ses détresses » (Ps. 34 : 4-5).
Ayant fait l'expérience de cette réponse magnifique à ses supplications, David
peut se tourner vers les autres et les engager à se confier en Dieu : «
Les justes crient, et l'Éternel entend, et il les délivre de toutes leurs
détresses. L'Éternel est près de ceux qui ont le coeur brisé, et il sauve ceux
qui ont l'esprit abattu » (v. 17-18).
Dans le sentiment de la faute qu'il avait commise, en s'enfuyant vers un ennemi
de son peuple, il peut ajouter : « Aucun de ceux qui se confient en Lui ne
sera tenu pour coupable » (v. 22).
2.4 : Psaume 51
Psaume de la repentance après la chute, avec tout l'exercice d'âme amenant à la
restauration.
Conscient de son crime, David n'a plus d'autre recours que la grâce de
Dieu : « Use de grâce envers moi, ô Dieu ! selon ta bonté » (Ps.
51 : 1). Il ne cache rien : « Je connais mes transgressions, et mon
péché est continuellement devant moi » (v. 3). Il est amené à confesser qu'il a
péché contre Dieu, non pas seulement contre Urie : « Contre toi, contre
toi seul, j'ai péché, et j'ai fait ce qui est mauvais à tes yeux » (v. 4) !
Alors, à deux reprises, il peut supplier : efface, lave, purifie.
Il reconnaît non seulement ses fautes (v. 9), mais aussi sa nature
pécheresse : « Dans le péché ma mère m'a conçu « (v. 5).
L'épître aux Romains le démontrera avec tant d'évidence ; il n'y a pas
seulement les péchés, fruits de l'arbre, mais le péché lui-même, cette mauvaise
nature qui est en nous, la chair. Il faut donc
être amené au jugement de soi-même, pour produire « la vérité dans l'homme
intérieur » (v. 6).
Alors la grâce opère la restauration : « Renouvelle au-dedans de moi un
esprit droit... Rends-moi la joie de ton salut... J'enseignerai tes voies aux
transgresseurs... » (v. 10, 12-13) Le salut n'est pas perdu, mais bien la joie, et seul le retour à Dieu permettra de la
retrouver. La restauration est complète ; non seulement la faute est
effacée, mais l'âme qui est de nouveau en communion avec Dieu, peut enseigner
ses voies aux pécheurs, et dire au Seigneur : « Ouvre mes lèvres, et ma
bouche annoncera ta louange » (v. 15).
David reste conscient que les sacrifices, les offrandes qu'il pourrait apporter
à Dieu n'expient pas le péché. Dieu demande au pécheur plus que des
regrets : un esprit brisé, la repentance et la confession. Alors il
pardonne, et il restaure, parce qu'il a en vue l'oeuvre de Christ à la croix
(Rom. 3:25-26).
2.5 : Psaume 32
Ce psaume suit tout naturellement le psaume 51 : l'âme, qui jouit à
nouveau de la communion avec son Dieu, rappelle ses expériences.
Les deux premiers versets présentent une double «béatitude», soulignant la
reconnaissance de celui dont la transgression est pardonnée, à qui l'Éternel ne
compte pas l'iniquité. David rappelle que lorsqu'il cachait sa faute, la main
de Dieu s'appesantissait sur lui, il était dans la détresse (expérience que bien
des âmes ont faite après lui, sous le poids de leurs péchés). Mais il
ajoute : « Je t'ai fait connaître mon péché et je n'ai pas couvert mon
iniquité ; j'ai dit : je confesserai mes transgressions à
l'Éternel ; et toi tu as pardonné l'iniquité de mon péché » (v. 5).
L'accès du sanctuaire est de nouveau ouvert : « Tout homme pieux te priera
au temps où l'on te trouve » (v. 6). Dieu protégera, il gardera de la détresse,
il délivrera.
Il faut reprendre la route avec une nouvelle décision ; la voix du
Seigneur se fait entendre : « Je t'instruirai et je t'enseignerai le
chemin où tu dois marcher ; je te conseillerai, ayant mon oeil sur toi »
(v. 8).
Dépendance bénie du croyant qui écoute la voix de son Maître et persévère dans
sa communion. Refuserait-on de « s'approcher de lui » ? Dieu doit alors
employer « la bride et le mors », c'est-à-dire exercer la discipline, pour que,
bon gré mal gré, on marche dans son chemin.
Le psaume se termine sur une note de bonheur : « Réjouissez-vous en
l'Éternel et égayez-vous, justes ! et jetez des cris de joie, vous tous
qui êtes droit de coeur » (v.11). Qui d'autre que notre Dieu pourrait ainsi
donner la joie et la louange après la détresse où le péché avait plongé ?
Mais avant que l'expérience de notre psaume puisse se réaliser, il a fallu le
psaume 22 !
2.6 : Psaume 3
David a composé beaucoup moins de psaumes depuis qu'il est devenu roi que
durant les années de détresse avant son accès au trône. Sa fuite de devant
Absalom le replace dans des circonstances similaires à celles de sa jeunesse.
De nouveau sa prière s'adresse à Dieu devant le nombre de ses ennemis, de ceux
qui disent : Il n'y a point de salut pour lui en Dieu.
Comme autrefois, il dit avec assurance : « Toi Éternel ! Tu es un
bouclier pour moi ; tu es ma gloire, et celui qui élève ma tête » (Ps.
3 : 3). Il crie de sa voix à l'Éternel, et peut ensuite se coucher et
s'endormir, car le Seigneur le soutient : « En toutes choses exposez vos
requêtes à Dieu... et la paix de Dieu… gardera vos coeurs » (Phil. 4 :
6-7). Il peut conclure en disant : « L'Éternel est le salut » (v. 8),
comme Jonas terminera sa prière en affirmant : « La délivrance est de
l'Éternel » (Jon. 2 : 10).
2.7 : Psaume 18 (2
Sam. 22)
David sort de ses épreuves et de son affliction avec un chant de triomphe et de
louange. Il avait appris dans ses souffrances à connaître Dieu ; « le jour
où l'Éternel l'eut délivré de la main de tous ses ennemis et de la main de Saül
» (2 Sam. 22 : 1), il veut chanter sa reconnaissance. Il semble n'avoir pas
assez d'expressions pour qualifier les ressources qu'il a trouvées en
Dieu : mon rocher, mon lieu fort, Celui qui me délivre, mon bouclier, la
corne de mon salut, ma haute retraite, mon refuge. Quelles que soient les
épreuves traversées, il affirme que «la voie de Dieu est parfaite» (Ps.
18 : 31). Peut-être avait-il trouvé cette voie dure, incompréhensible,
quand il devait fuir de lieu en lieu, qu'il était méprisé par Nabal et
rencontrait l'ingratitude des hommes de Kehila. Mais une fois l'épreuve terminée,
regardant en arrière, il reconnaît que Dieu l'a bien conduit, qu'il a « aplani
parfaitement sa voie » (2 Sam. 22 : 33). « C'est toi qui fais luire ma
lampe » (Ps. 18 : 28). Tout n'a pas été facile et aisé certes, mais
lorsqu'il a rencontré des difficultés qui à première vue semblaient
insurmontables, il a fait l'expérience que Dieu rendait ses pieds « pareils à
ceux des biches, et le faisait se tenir debout sur ses lieux élevés » (Hab.
3 : 19).
2.8 : Psaume
133
David avait eu à coeur de faire remonter l'arche de Kiriath-Jearim jusqu'en
Sion (Ps. 132). Dans ce jour de joie, où le roi a pu bénir le peuple qui
l'entourait, distribuer à chacun nourriture et rafraîchissement, et inviter les
chantres à louer l'Éternel, il considère ce grand rassemblement autour de
l'arche, et s'écrie : « Voici, qu'il est bon et qu'il est agréable que des
frères habitent unis ensemble ! » (Ps. 133 : 1)
Finie, la guerre civile qui opposait la tribu de Juda à toutes les
autres ; Israël a trouvé son centre : l'arche de l'Éternel à
Jérusalem ; l'unité fraternelle est « comme la rosée de l'Hermon qui
descend sur les montagnes de Sion ; car c'est là que l'Éternel a commandé
la bénédiction, la vie pour l'éternité » (v. 3).
2.9 : Psaume 72
Sans qu'il soit attribué expressément à David, ce psaume place devant nous le
roi, qui, au soir de la vie, considère son fils Salomon. Mais le regard de sa
foi s'étend bien au-delà, vers Celui qui est «plus grand que Salomon», le Roi
de gloire, dont la bénédiction « descendra comme la pluie sur un pré fauché »
(Ps. 72 : 6). En ses jours il y aura abondance de paix ; sa
domination s'étendra sur toute la terre ; son nom sera pour
toujours ; toutes les nations le diront bienheureux !
Les lèvres du psalmiste vont se clore ; devant ses yeux resplendit la
beauté de Celui qui, un jour, viendra établir son règne de paix sur la terre.
La carrière s'achève, « les prières de David, fils d'Isaï, sont finies » (v. 20),
et c'est sur la vision de la gloire de Christ qu'il va s'endormir.
LES DERNIÈRES PAROLES DE DAVID (2
Sam. 23)
Quel contraste entre ses dernières paroles et le chant de triomphe qui
terminait les épreuves du désert. David est au soir de la vie. Il a derrière
lui toutes les années de prospérité, les années de règne, avec leur gloire,
leurs victoires, mais aussi leurs chutes.
Il nous est présenté sous quatre caractères (2 Sam. 23 : 1) :
- il est le fils d'Isaï : l'homme humble qui, derrière le désert,
gardait les troupeaux de son père et n'était même pas invité à la fête de
famille.
- il est aussi « l'homme haut placé », celui que Dieu a pris d'entre
les parcs des brebis pour en faire le premier homme au milieu de son peuple,
- il est « l'oint du Dieu de Jacob », le roi que Dieu avait choisi.
- il reste toujours « le doux psalmiste d'Israël », le prophète et le
chantre qui, au-delà de ses expériences personnelles, a exprimé celles des
autres, jusqu'à s'élever aux pensées, aux sentiments, aux douleurs de Christ
lui-même.
Rien d'étonnant, car « l'Esprit de l'Eternel a parlé en lui, et sa parole
a été sur sa langue » (v. 2). C'est l'inspiration divine de l'Ecriture. En
outre, les communications qu'il a reçues, comme instrument pour les transmettre
à d'autres, ont été aussi pour lui : « le Rocher d'Israël m'a parlé »
(v. 3). Que reste-t-il devant la vision de ce vieillard dont la vie va
s'éteindre ? Il décrit non ce qu'a été mais ce que sera « celui qui
domine parmi les hommes ». Tourné vers l'avenir, il considère ce Roi de
gloire qui un jour viendra et dominera en la crainte de Dieu, « comme la
lumière du matin, quand le soleil se lève, un matin sans nuage » (v. 4).
Il voit Christ, sa justice, sa splendeur. Il semble dire : voilà ce que
j'aurais dû être ; je ne l'ai pas été, mais un Autre le sera. En effet, il
ajoute : « ma maison n'est pas ainsi avec Dieu » (v. 5). Quelle
humiliation et en même temps quelle simplicité dans ces quelques mots. Il ne
veut pas parler de lui-même, ni de sa famille. De quoi pourrait-il se
glorifier ? Si regardant en arrière, il doit confesser : « ma
maison n'est pas ainsi avec Dieu », il peut cependant ajouter :
« Il a établi avec moi une alliance éternelle, à tous égards bien ordonnée
et assurée, car c'est là tout mon salut et tout mon plaisir ». Assurance
du salut devant la mort, parce que ce salut ne dépend pas des oeuvres, de la
marche, mais de la grâce infinie de Celui qui a établi pour les siens une
alliance éternelle bien ordonnée et sûre. Pour ceux qui la refusent, les fils
de Bélial, le jugement est inévitable : « ils seront entièrement brûlés
par le feu sur le lieu même » (v. 6).
David (celui dont la voix avait tant de fois chanté la bonté de Dieu, sa gloire
et ses merveilles, dont le coeur avait su se confier
en lui au travers des plus grandes détresses,
dont les lèvres n'avaient pas craint, lorsque la lumière divine avait fouillé
sa conscience, de confesser ses fautes et ses péchés) s'endort avec ses pères
et attend maintenant le grand jour de la résurrection.
« Après avoir, en sa propre génération, servi au conseil de Dieu, il s'est
endormi » (Act. 13 : 36). David occupait une grande place dans ces
conseils divins ; il fut le premier roi, selon le coeur de
l'Eternel ; c'est lui qui donna à Israël ce centre de Jérusalem que Dieu
avait choisi pour y mettre son nom ; c'est lui qui fit la grandeur du
peuple terrestre, et qui, plus encore, fut de tant de manières, un type du
Seigneur Jésus.
Pourtant, ne peut-on pas dire que de chacun de ses enfants, Dieu attend qu'il
serve, en sa propre génération, à son conseil ? A l'époque où ils vivent,
dans le milieu où ils sont placés, Dieu a en vue quelque chose pour chacun
d'eux. Il veut s'en servir pour accomplir son oeuvre sur la terre. Y a-t-il
plus beau témoignage à la fin d'une carrière, ou plutôt au jour où tout sera manifesté,
que d'entendre la voix du Seigneur dire que son racheté, malgré beaucoup de
fautes, de faiblesses, de manquements, a « servi à son conseil » et
accompli en quelque mesure ce pour quoi Il l'avait laissé ici-bas ?
Mais il est une joie plus grande encore : considérer Celui qui lui-même
est la lumière, ce soleil de justice qui au jour du matin sans nuages,
éclairera tous les coeurs, particulièrement ceux qui, auprès de Lui dans la
Maison du Père, partageront sa gloire :
O lumière ineffable,
Splendeur inaltérable
Quand de leur Dieu les saints jouiront à
jamais !
Bonheur incomparable
Quand sa face adorable
Resplendira sur eux dans l'éternelle paix.
Toujours, dans la lumière
De la maison du Père
Toute ombre a disparu devant l'éclat du
jour.
Et bien loin de la terre,
Notre âme toute entière
Goûtera près de Lui le repos de l'amour.
D'après
G. André