lundi 2 janvier 2023

Pape FRANÇOIS, HOMÉLIE du 28 juillet 2022, Cathédrale Notre-Dame de Québec

 

(24 - 30 JUILLET 2022)

 HOMELIE DU SAINT-PÈRE

Cathédrale Notre-Dame de Québec

Jeudi 28 juillet 2022


Chers frères Évêques, chers prêtres et diacres, consacrées, consacrés et séminaristes, agents pastoraux, bonsoir !

Je remercie Mgr Poisson pour ses paroles de bienvenue à mon égard, et je vous salue tous, en particulier ceux qui ont dû parcourir un long chemin pour venir ici : les distances dans votre pays sont vraiment grandes ! Merci ! Je suis heureux de vous rencontrer.

Il est significatif que nous nous trouvions dans la Basilique Notre-Dame de Québec, la cathédrale de cette Église particulière et le siège primatial du Canada, dont le premier évêque, Saint François de Laval, a ouvert le Séminaire en 1663 et s'est dédié tout au long de son ministère à la formation des prêtres. La brève lecture que nous avons entendue nous a parlé des "anciens", c'est-à-dire des presbytres. Saint Pierre nous a exhortés : « soyez les pasteurs du troupeau de Dieu qui se trouve chez vous ; veillez sur lui, non par contrainte mais de plein gré » (1 P 5, 2). Alors que nous sommes réunis ici en tant que Peuple de Dieu, rappelons-nous que c’est Jésus le Berger de nos vies, qui prend soin de nous parce qu'il nous aime vraiment. Il nous est demandé, à nous les pasteurs de l'Église, cette même générosité dans la conduite du troupeau, afin que se manifeste la sollicitude de Jésus pour tous et sa compassion pour les blessures de chacun.

Et c'est précisément parce que nous sommes un signe du Christ que l'apôtre Pierre nous exhorte : paissez le troupeau, guidez-le, ne le laissez pas s'égarer pendant que vous vaquez à vos occupations. Prenez soin de lui avec dévouement et tendresse. Et - ajoute-t-il - faites-le "de plein gré", sans contraintes : pas comme un devoir, pas comme des religieux salariés ou des fonctionnaires du sacré, mais avec un cœur de pasteurs, avec enthousiasme. Si nous nous tournons vers Lui, le Bon Pasteur, avant nous-mêmes, nous découvrons qu’il s'occupe tendrement de nous, nous ressentons la proximité de Dieu. C'est de là que vient la joie du ministère, et avant cela, la joie de la foi : non pas en voyant ce que nous sommes capables de faire, mais en sachant que Dieu est proche, qu'il nous a aimés en premier et qu'il nous accompagne chaque jour.

C'est cela, frères et sœurs, notre joie : pas une joie bon marché, comme celle que le monde nous propose parfois, en nous faisant miroiter des feux d'artifice ; cette joie n'est pas liée aux richesses et aux sécurités ; elle n’est non plus liée à la persuasion que tout se passera toujours bien dans la vie pour nous, sans croix ni problèmes. Au contraire, la joie chrétienne est unie à une expérience de paix qui demeure dans nos cœurs même lorsque nous sommes assaillis par les épreuves et les afflictions, parce que nous savons que nous ne sommes pas seuls mais accompagnés par un Dieu qui n'est pas indifférent à notre sort. Comme lorsque la mer est agitée : en surface, elle est houleuse, mais dans les profondeurs, elle reste calme et paisible. C'est la joie chrétienne : un don gratuit, la certitude de se savoir aimé, soutenu et embrassé par le Christ dans toutes les situations de la vie. Car c'est Lui qui nous libère de l'égoïsme et du péché, de la tristesse de la solitude, du vide intérieur et de la peur, en nous donnant un nouveau regard sur la vie, un nouveau regard sur l’histoire : « Avec Jésus-Christ, la joie naît et renaît toujours » (Evangelii gaudium, n. 1).

Nous pouvons donc nous demander : comment se porte notre joie ? Comment se porte ma joie ? Notre Église exprime-t-elle la joie de l'Évangile ? Y-a-t-il dans nos communautés une foi qui attire en raison de la joie qu'elle communique ?

Si l'on veut s'attaquer à ces questions à la racine, on ne peut s'empêcher de réfléchir à ce qui, dans la réalité de notre temps, menace la joie de la foi et risque de l'obscurcir, mettant sérieusement en crise l'expérience chrétienne. On pense alors immédiatement à la sécularisation, qui a depuis longtemps transformé le mode de vie des femmes et des hommes d'aujourd'hui, laissant Dieu presque au second plan. Il semble avoir disparu de l'horizon, sa Parole ne semble plus être une boussole d'orientation pour la vie, pour les choix fondamentaux, pour les relations humaines et sociales. Nous devons toutefois apporter immédiatement une précision : lorsque nous observons la culture dans laquelle nous sommes immergés, ses langages et ses symboles, nous devons veiller à ne pas rester prisonniers du pessimisme et de l’amertume, en nous laissant aller à des jugements négatifs ou à des nostalgies inutiles. Il existe en fait deux regards possibles sur le monde dans lequel nous vivons : l'un que j'appellerais le "regard négatif", l'autre le "regard de discernement".

Le premier, le regard négatif, naît souvent d'une foi qui, se sentant attaquée, se voit comme une sorte d’"armure" pour se défendre du monde. Elle accuse amèrement la réalité en disant : "le monde est mauvais, le péché règne", et court ainsi le risque de se revêtir d'un "esprit de croisade". Soyons attentifs à cela, car ce n'est pas chrétien ; ce n'est pas non plus la voie de Dieu, qui - nous rappelle l'Évangile – « a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle » (Jn 3, 16). Le Seigneur, qui déteste la mondanité, a un regard bon sur le monde. Il bénit notre vie, il dit du bien de nous et de notre réalité, il s'incarne dans les situations de l'histoire non pas pour condamner, mais pour faire germer la graine du Royaume précisément là où les ténèbres semblent triompher. Au contraire, si nous nous arrêtons à un regard négatif, nous finirons par nier l'incarnation, car nous fuirons la réalité au lieu de nous y incarner. Nous nous refermerons sur nous-mêmes, nous pleurerons sur nos pertes, nous nous plaindrons constamment et nous tomberons dans la tristesse et le pessimisme : tristesse et pessimisme qui ne viennent jamais de Dieu. Au contraire, nous sommes appelés à avoir un regard semblable à celui de Dieu, qui sait discerner le bien et s'obstine à le chercher, à le voir et à le cultiver. Il ne s'agit pas d'un regard naïf, mais d'un regard qui discerne la réalité.

Pour affiner notre discernement sur le monde sécularisé, inspirons-nous de ce qu'a écrit saint Paul VI dans Evangelii nuntiandi, une Exhortation apostolique encore aujourd’hui pleinement actuelle : pour lui, la sécularisation est « l’effort en lui-même juste et légitime, nullement incompatible avec la foi ou la religion » (Exhort. ap. Evangelii nuntiandi, n. 55), pour découvrir les lois de la réalité et de la vie humaine établies par le Créateur. En effet, Dieu ne veut pas que nous soyons des esclaves, mais des enfants, il ne veut pas décider à notre place, ni nous opprimer avec un pouvoir sacré dans un monde régi par des lois religieuses. Non, Il nous a créés libres et nous demande d'être des personnes adultes, des personnes responsables dans la vie et dans la société. Une autre chose - distinguait saint Paul VI - est le sécularisme, une conception de la vie qui sépare totalement du lien avec le Créateur, de sorte que Dieu devient « superflu et encombrant » et que naissent des « formes nouvelles d'athéisme », sournoises et variées : « une civilisation de consommation, l’hédonisme érigé en valeur suprême, une volonté de puissance et de domination, des discriminations de toute sorte » (ibid.). Ici, en tant qu'Église, surtout en tant que pasteurs du Peuple de Dieu, en tant que pasteurs, en tant que consacrées et consacrés, en tant que séminaristes et en tant qu'agents pastoraux, il nous revient d'être capables de faire ces distinctions, de discerner. Si nous cédons à un regard négatif et jugeons de manière superficielle, nous risquons d'envoyer un message trompeur, comme si derrière la critique de la sécularisation se cachait la nostalgie d'un monde sacralisé, d'une société d'autrefois où l'Église et ses ministres avaient plus de pouvoir et d’importance sociale. Et c'est un point de vue erroné.

Au contraire, comme le fait remarquer un grand spécialiste de ces questions, le problème de la sécularisation, pour nous chrétiens, ne devrait pas être la diminution de l’importance sociale de l'Église ou la perte de richesses matérielles et de privilèges ; il nous demande plutôt de réfléchir aux changements dans la société qui ont influencé la façon dont les gens pensent et organisent la vie. Si nous nous attardons sur ce point, nous nous rendons compte que ce n'est pas la foi qui est en crise, mais certaines formes et manières par lesquelles nous la proclamons. Et donc, la sécularisation est un défi pour notre imagination pastorale, c'est « une opportunité pour la recomposition de la vie spirituelle en de nouvelles formes et de nouvelles façons d'exister » (C. TAYLOR, A Secular Age, Cambridge 2007, p. 437). Ainsi, le regard qui discerne, tout en nous faisant voir les difficultés que nous avons à transmettre la joie de la foi, nous stimule en même temps à retrouver une nouvelle passion pour l'évangélisation, à chercher de nouveaux langages, à changer certaines priorités pastorales et à aller à l'essentiel.

Chers frères et sœurs, il est nécessaire de proclamer l'Évangile pour donner aux hommes et aux femmes d'aujourd'hui la joie de la foi. Mais cette annonce ne se fait pas d'abord par des mots, mais par un témoignage débordant d'amour gratuit, comme Dieu le fait avec nous. C'est une annonce qui demande à être incarnée dans un style de vie personnel et ecclésial capable de raviver le désir du Seigneur, d'insuffler l'espérance, de transmettre la confiance et la crédibilité. Et à ce propos, je me permets, dans un esprit fraternel, de vous proposer trois défis, que vous pourrez poursuivre dans la prière et le service pastoral.

Le premier défi : faire connaître Jésus. Dans les déserts spirituels de notre temps, générés par le sécularisme et l'indifférence, il est nécessaire de revenir à la première annonce. Je le répète : il est nécessaire de revenir à la première annonce. Nous ne pouvons pas prétendre communiquer la joie de la foi en présentant des aspects secondaires à ceux qui n'ont pas encore accueilli le Seigneur dans leur vie, ou en répétant seulement certaines pratiques ou en reproduisant des formes pastorales du passé. Il faut trouver de nouvelles voies pour annoncer le cœur de l'Évangile à ceux qui n'ont pas encore rencontré le Christ. Et cela suppose une créativité pastorale pour rejoindre les gens là où ils vivent, en n’attendant pas qu’ils viennent : là où ils vivent, en trouvant des occasions d'écoute, de dialogue et de rencontre. Il faut revenir au caractère essentiel, à l'enthousiasme des Actes des Apôtres, à la beauté de nous sentir aujourd'hui des instruments de la fécondité de l'Esprit. Il faut retourner en Galilée. C’est le rendez-vous avec Jésus ressuscité : qu’ils aillent en Galilée pour – permettez-moi l’expression – recommencer après l’échec. Revenir en Galilée. Chacun de nous a sa propre "Galilée", celle de la première annonce. Récupérer cette mémoire.

Mais pour annoncer l'Évangile, il faut aussi être crédibles. Et voici le second défi : le témoignage. L'Évangile est annoncé de manière efficace lorsque c'est la vie qui parle, lorsqu'elle révèle cette liberté qui libère les autres, cette compassion qui ne demande rien en retour, cette miséricorde qui, sans paroles, parle du Christ. L’Église au Canada a commencé un nouveau parcours, après avoir été blessée et choquée par le mal perpétré par certains de ses enfants. Je pense en particulier aux abus sexuels commis contre des mineurs et personnes vulnérables, des scandales qui appellent des actions fortes et un combat irréversible. Je voudrais, avec vous, demander à nouveau pardon à toutes les victimes. La douleur et la honte que nous ressentons doivent devenir une occasion de conversion : plus jamais ça ! Et, en pensant au parcours de guérison et de réconciliation avec nos frères et sœurs autochtones, que la communauté chrétienne ne se laisse plus jamais contaminer par l'idée qu'il existe une supériorité d'une culture par rapport à une autre et qu’il soit légitime d'utiliser des moyens de coercition contre les autres. Retrouvons l'ardeur missionnaire de votre premier évêque, saint François de Laval, qui fulminait contre tous ceux qui exploitaient les autochtones en les incitant à consommer des boissons pour les arnaquer. Ne permettons à aucune idéologie d'aliéner et de confondre les styles et les modes de vie de nos peuples pour tenter de les soumettre et de les dominer. Que les nouveaux progrès de l’humanité soient assimilables dans leurs identités culturelles avec les clés de la culture.

Mais pour vaincre cette culture de l'exclusion, il faut commencer par nous : les pasteurs, qu’ils ne se sentent pas supérieurs à leurs frères et sœurs du Peuple de Dieu ; que les personnes consacrées vivent la fraternité et la liberté de l’obéissance dans la communauté ; que les séminaristes soient prêts à être des serviteurs dociles et disponibles, et que les agents pastoraux ne comprennent pas leur service comme un pouvoir. Cela commence ici. Vous êtes les protagonistes et les bâtisseurs d'une Église différente : humble, douce, miséricordieuse, une Église qui accompagne les processus, qui travaille avec détermination et sérénité à l'inculturation, qui valorise chacun et chaque diversité culturelle et religieuse. Offrons ce témoignage !

Enfin, le troisième défi : la fraternité. Le premier, faire connaître Jésus ; le second, le témoignage ; le troisième, la fraternité. L'Église sera un témoin crédible de l'Évangile dans la mesure où ses membres vivront la communion, en créant des occasions et des espaces pour que quiconque s'approche de la foi trouve une communauté accueillante, qui sait écouter, qui sait dialoguer, qui favorise une bonne qualité des relations. Votre saint évêque disait ainsi aux missionnaires : « Souvent, une parole amère, une impatience, un visage de rejet détruiront en un instant ce qui a été construit en beaucoup de temps » (Instructions aux missionnaires, 1668).

Il s’agit de vivre une communauté chrétienne qui devient ainsi une école d'humanité, où l'on apprend à s'aimer comme frères et sœurs, prêts à travailler ensemble pour le bien commun. Au cœur de l'annonce évangélique, en effet, se trouve l'amour de Dieu qui transforme et nous rend capables de communier avec tous et de servir tous. Un théologien de cette terre a écrit : « L'amour que Dieu nous accorde déborde d'amour... C'est un amour qui pousse le bon Samaritain à s'arrêter et à prendre soin du voyageur agressé par des voleurs. C'est un amour qui n'a pas de frontières, qui cherche le royaume de Dieu... et ce royaume est universel » (B. LONERGAN, "The Future of Christianity", in A Second Collection : Papers by Bernard F.J. Lonergan S.J., London 1974, p. 154). L'Église est appelée à incarner cet amour sans frontières, à construire le rêve que Dieu a pour l'humanité : être tous frères. Demandons-nous : comment va la fraternité entre nous ? Les évêques entre eux et avec les prêtres, les prêtres entre eux et avec le peuple de Dieu : sommes-nous des frères ou des concurrents divisés en partis ? Et comment sont nos relations avec ceux qui ne sont pas "des nôtres", avec ceux qui ne croient pas, avec ceux qui ont des traditions et des coutumes différentes ? Voilà le chemin : promouvoir des relations fraternelles avec tous, avec nos frères et sœurs autochtones, avec chaque sœur et frère que nous rencontrons, parce que dans le visage de chacun se reflète la présence de Dieu.

Chers frères et sœurs, ce ne sont là que quelques défis. N'oublions pas que nous ne pouvons seulement les relever qu'avec la puissance de l'Esprit, que nous devons toujours invoquer dans la prière. Par contre, ne laissons pas entrer en nous l'esprit de sécularisme, en pensant que nous pouvons créer des projets qui fonctionnent seuls et avec les forces humaines uniquement, sans Dieu. C’est une idolâtrie, l’idolâtrie des projets sans Dieu. Et, je vous le recommande vivement, ne nous enfermons pas dans le "retour en arrière" mais allons de l'avant, avec joie !

Mettons en pratique ces paroles que nous adressons à saint François de Laval :

Tu as été l’homme du partage, visitant les malades,
habillant les pauvres, luttant pour la dignité des peuples autochtones,
soutenant les missionnaires épuisés,
toujours prêt à tendre la main à ceux qui étaient plus mal en point que toi.
Combien de fois tes projets ont été anéantis !
Chaque fois, tu les as remis sur pied.
Tu avais compris que l’œuvre de Dieu n’est pas de pierre,
et qu’en cette terre de découragement,
il fallait un bâtisseur d’espérance.

Je vous remercie pour tout ce que vous faites, je vous bénis du fond du cœur. Et s’il vous plaît, continuez à prier pour moi.

Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE : https://www.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2022/documents/20220728-omelia-vespri-quebec.html

(24 - 30 JULY 2022)

HOMILY OF HIS HOLINESS

Basilica of Notre-Dame de Québec


Thursday, 28 July 2022


Dear brother Bishops, dear priests and deacons, consecrated men and women, seminarians and pastoral workers, good evening!

I thank Bishop Poisson for his words of welcome and I greet all of you, especially those who had to travel a long way to get here.  The distances in your country are truly large!  Thank you!  I am happy to be here with you!

It is significant that we find ourselves in the Basilica of Notre-Dame de Québec, the Cathedral of this particular Church and primatial see of Canada, whose first Bishop, Saint François de Laval, opened the Seminary in 1663 and devoted his entire ministry to the formation of priests.  The brief reading that we have heard spoke to us about the “elders”, that is the presbyters.  Saint Peter urged us: “Tend the flock of God that is your charge, not by constraint but willingly” (1 Pt 5:2).  Gathered here as the People of God, let us remember that Jesus is the Shepherd of our lives, who cares for us because he truly loves us.  We, the Church’s pastors, are asked to show that same generosity in tending the flock, in order to manifest Jesus’ concern for everyone and his compassion for the wounds of each.

Precisely because we are a sign of Christ, the Apostle Peter urges us to tend the flock, to guide it, not to let it go astray while busy about our own affairs.  Care for it with devotion and tender love.  Peter tells us to do this “willingly”, not perforce, not as a duty, not as “professional” religious personnel, sacred functionaries, but zealously and with the heart of a shepherd.  If we look to Christ, the Good Shepherd, before looking to ourselves, we will discover that we are ourselves “tended” with merciful love; we will feel the closeness of God.  This is the source of the joy of ministry and above all the joy of faith.  It is not about all the things that we can accomplish, but about knowing that God is ever close to us, that he loved us first, and that he accompanies us every day of our lives.

This, brothers and sisters, is our joy.  Nor is it a cheap joy, like the one that the world sometimes proposes, dazzling us with fireworks.  This joy is not about wealth, comfort and security.  It does not even try to persuade us that life will always be good, without crosses and problems.  Christian joy is about the experience of a peace that remains in our hearts, even when we are pelted by trials and afflictions, for then we know that we are not alone, but accompanied by a God who is not indifferent to our lot.  When seas are rough: the storm is always on the surface but the depths remain calm and peaceful.  That is also true of Christian joy: it is a free gift, the certainty of knowing that we are loved, sustained and embraced by Christ in every situation in life.  Because he is the one who frees us from selfishness and sin, from the sadness of solitude, from inner emptiness and fear, and gives us a new look at life and history: “With Christ joy is constantly born anew” (Evangelii Gaudium, 1).

So let us ask ourselves a question: How are we doing when it comes to joy?  Does our Church express the joy of the Gospel?  Is there a faith in our communities that can attract by the joy it communicates?

If we want to go to the root of these questions, we need to reflect on what it is that, in today’s world, threatens the joy of faith and thus risks diminishing it and compromising our lives as Christians.  We can immediately think of secularization, which has greatly affected the style of life of contemporary men and women, relegating God, as it were, to the background.  God seems to have disappeared from the horizon, and his word no longer seems a compass guiding our lives, our basic decisions, our human and social relationships.  Yet we should be clear about one thing.  When we consider the ambient culture, and its variety of languages and symbols, we must be careful not to fall prey to pessimism or resentment, passing immediately to negative judgments or a vain nostalgia.  There are two possible views we can have towards the world in which we live: I would call one “the negative view”, and the other “the discerning view”.

The first, the negative view, is often born of a faith that feels under attack and thinks of it as a kind of “armour”, defending us against the world.  This view bitterly complains that “the world is evil; sin reigns”, and thus risks clothing itself in a “crusading spirit”.  We need to be careful, because this is not Christian; it is not, in fact, the way of God, who – as the Gospel reminds us – “so loved the world that he gave his only Son, that whoever believes in him should not perish but have eternal life” (Jn 3:16).  The Lord detests worldliness and has a positive view of the world.  He blesses our life, speaks well of us and our situation, and makes himself incarnate in historical situations, not to condemn, but to give growth to the seed of the Kingdom in those places where darkness seems to triumph.  If we are limited to a negative view, however, we will end up denying the incarnation: we will flee from reality, rather than making it incarnate in us.  We will close in on ourselves, lament our losses, constantly complain and fall into gloom and pessimism, which never come from God.  We are called, instead, to have a view similar to that of God, who discerns what is good and persistently seeks it, sees it and nurtures it.  This is no naïve view, but a view that discerns reality.

In order to refine our discernment of the secularized world, let us draw inspiration from the words written by Saint Paul VI in Evangelii Nuntiandi, an Apostolic Exhortation that remains highly relevant today.  He understood secularization as “the effort, in itself just and legitimate and in no way incompatible with faith or religion” (Evangelii Nuntiandi, 55) to discover the laws governing reality and human life implanted by the Creator.  God does not want us to be slaves, but sons and daughters; he does not want to make decisions for us, or oppress us with a sacral power, exercised in a world governed by religious laws.  No!  He created us to be free, and he asks us to be mature and responsible persons in life and in society.  Saint Paul VI distinguished secularization from secularism, a concept of life that totally separates a link with the Creator, so that God becomes “superfluous and an encumbrance”, and generates subtle and diverse “new forms of atheism”: “consumer society, the pursuit of pleasure set up as the supreme value, a desire for power and domination, and discrimination of every kind” (ibid).  As Church, and above all as shepherds of God’s People, as consecrated men and women, seminarians and pastoral workers, it is up to us to make these distinctions, to make this discernment.  If we yield to the negative view and judge matters superficially, we risk sending the wrong message, as though the criticism of secularization masks on our part the nostalgia for a sacralized world, a bygone society in which the Church and her ministers had greater power and social relevance.  And this is a mistaken way of seeing things.

Instead, as one of the great scholars of our time has observed, the real issue of secularization, for us Christians, should not be the diminished social relevance of the Church or the loss of material wealth and privileges.  Rather, secularization demands that we reflect on the changes in society that have influenced the way in which people think about and organize their lives.  If we consider this aspect of the question, we come to realize that what is in crisis is not the faith, but some of the forms and ways in which we present it.  Consequently, secularization represents a challenge for our pastoral imagination, it is “an occasion for restructuring the spiritual life in new forms and for new ways of existing” (C. Taylor, A Secular Age, Cambridge 2007, 437).  In this way, a discerning view, while acknowledging the difficulties we face in communicating the joy of the faith motivates us, at the same time, to develop a new passion for evangelization, to look for new languages and forms of expression, to change certain pastoral priorities and to focus on the essentials.                             

Dear brothers and sisters, the Gospel needs to be proclaimed if we are to communicate the joy of faith to today’s men and women.  Yet this proclamation is not primarily a matter of words, but of a witness abounding with gratuitous love, for that is God’s way with us.  A proclamation that should take shape in a personal and ecclesial lifestyle that can rekindle a desire for the Lord, instil hope and radiate trust and credibility.  Here, in a spirit of fraternity, allow me to suggest three challenges that can shape your prayer and pastoral service.

The first challenge is to make Jesus known.  In the spiritual deserts of our time, created by secularism and indifference, we need to return to the initial proclamation.  I repeat: it is necessary to return to the initial proclamation.  We cannot presume to communicate the joy of faith by presenting secondary aspects to those who have not yet embraced the Lord in their lives, or by simply repeating certain practices or replicating older forms of pastoral work.  We must find new ways to proclaim the heart of the Gospel to those who have not yet encountered Christ.  This calls for a pastoral creativity capable of reaching people where they are living – not waiting for them to come – finding opportunities for listening, dialogue and encounter.  We need to return to the simplicity and enthusiasm of the Acts of the Apostles, to the beauty of realizing that we are instruments of the Spirit’s fruitfulness today.  We need to return to Galilee. There is our encounter with the Risen Jesus: returning to Galilee is – if you permit me to use the expression – beginning anew after failure.  Each one of us has our own “Galilee”, the place of the initial proclamation.  We need to rediscover this memory.

In order to proclaim the Gospel, however, we must also be credible.  Here is the second challenge: witness.  The Gospel is preached effectively when life itself speaks and reveals the freedom that sets others free, the compassion that asks for nothing in return, the mercy that silently speaks of Christ.  The Church in Canada has set out on a new path, after being hurt and devastated by the evil perpetrated by some of its sons and daughters.  I think in particular of the sexual abuse of minors and vulnerable people, scandals that require firm action and an irreversible commitment.  Together with you, I would like once more to ask forgiveness of all the victims.  The pain and the shame we feel must become an occasion for conversion: never again!  And thinking about the process of healing and reconciliation with our indigenous brothers and sisters, never again can the Christian community allow itself to be infected by the idea that one culture is superior to others, or that it is legitimate to employ ways of coercing others.  Let us recover the missionary zeal of your first Bishop, Saint François de Laval, who railed against those who demeaned the indigenous people by inducing them to imbibe strong drink in order then to cheat them.  Let us not allow any ideology to alienate or mislead the customs and ways of life of our peoples, as a means of subduing them or controlling them.  The advances of humanity should be assimilated into their cultural identities with the keys of culture.    

In order to defeat this culture of exclusion, we must begin with ourselves: bishops and priests, who should not feel themselves superior to our brothers and sisters in the People of God; consecrated men and women should live out fraternity and freedom through obedience in the community; seminarians should be ready to be docile and accessible servants; pastoral workers should not understand service as power.  This is where we must start.  You are key figures and builders of a different Church: humble, meek, merciful, which accompanies processes, labours decisively and serenely in the service of inculturation, and shows respect for each individual and for every cultural and religious difference.  Let us offer this witness!

Finally, the third challenge: fraternity.  Again, the first is to make Jesus known and the second is witness.  The third is fraternity.  The Church will be a credible witness to the Gospel the more its members embody communion, creating opportunities and situations that enable all those who approach the faith to encounter a welcoming community, one capable of listening, entering into dialogue and promoting quality relationships.  That is what Saint François de Laval told the missionaries: “Often a word of bitterness, an impatient gesture, an irksome look will destroy in a moment what had taken a long time to accomplish” (Instructions to Missionaries, 1668).

We are talking about living in a Christian community that in this way becomes a school of humanity, where all can learn to love one another as brothers and sisters, ready to work together for the common good.  Indeed, at the heart of the preaching of the Gospel is God’s love, which transforms us and makes us capable of communion with all and service to all.  As a Canadian theologian has written: “The love that God gives us overflows into love... It is a love that prompts the Good Samaritan to stop and take care of the traveller attacked by thieves.  It is a love that has no borders, that seeks the kingdom of God... and this kingdom is universal” (B. LONERGAN, ‘The Future of Christianity’, in A Second Collection: Papers by Bernard F.J. Lonergan, S.J., London 1974, 154).  The Church is called to embody this love without borders, in order to realize the dream that God has for humanity: for us to be brothers and sisters all.  Let us ask ourselves: how are we doing when it comes to practical fraternity between us?  Bishops among themselves and with their priests, priests among themselves and with the People of God.  Are we brothers, or competitors split into parties?  And how about our relationships with those who are not “one of our own”, with those who do not believe, with those who have different traditions and customs?  This is the way: to build relationships of fraternity with everyone, with indigenous brothers and sisters, with every sister and brother we meet, because the presence of God is reflected in each of their faces.

These, brothers and sisters, are just a few of the challenges.  Let us not forget that we can only meet them with the strength of the Spirit, whom we must always invoke in prayer.  Let us not allow the spirit of secularism to enter our midst, thinking that we can create plans that work automatically, and by human effort alone, apart from God.  It is idolatry to create plans without God.  And, please, let us not close ourselves off by “looking back”, but press forward, with joy!

Let us put into practice these words that we now address to Saint François de Laval:

You were a man for others, who visited the sick,
clothed the poor, defended the dignity of original peoples,
supported the strenuous efforts of the missionaries,
ever ready to reach out to those worse off than yourself.
How many times were your projects frustrated!
Each time, however, you took them up again.
You understood that God does not build in stone,
and that in this land of discouragement,
there was a need for a builder of hope.

I thank you for everything you do, and I bless you from my heart.  Please continue to pray for me.

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SOURCE : https://www.vatican.va/content/francesco/en/homilies/2022/documents/20220728-omelia-vespri-quebec.html

(24 - 30 LUGLIO 2022)

 OMELIA DEL SANTO PADRE

Cattedrale di Notre Dame a Québec

Giovedì, 28 luglio 2022


Cari fratelli Vescovi, cari sacerdoti e diaconi, consacrate, consacrati e seminaristi, operatori pastorali, buonasera!

Ringrazio Monsignor Poisson per le parole di benvenuto che mi ha rivolto e saluto tutti voi, specialmente quanti hanno dovuto affrontare un bel po’ di strada per arrivare: le distanze nel vostro Paese sono davvero grandi! E quindi, grazie! Sono contento di incontrarvi.

È significativo che ci troviamo nella Basilica di Notre-Dame de Québec, cattedrale di questa Chiesa particolare e sede primaziale del Canada, il cui primo Vescovo, Saint François de Laval, aprì il Seminario nel 1663 e per tutto il suo ministero si occupò della formazione dei preti. Degli “anziani”, cioè dei presbiteri, ci ha parlato la Lettura breve che abbiamo ascoltato. San Pietro ci ha esortati: «Pascete il gregge di Dio che vi è affidato, sorvegliandolo non perché costretti ma volentieri» (1 Pt 5,2). Mentre siamo qui radunati come Popolo di Dio, ricordiamoci che è Gesù il Pastore della nostra vita, che si prende cura di noi perché ci ama davvero. A noi, pastori della Chiesa, è chiesta questa stessa generosità nel pascere il gregge, perché possa manifestarsi la sollecitudine di Gesù per tutti e la sua compassione per le ferite di ciascuno.

E proprio perché siamo segno di Cristo, l’Apostolo Pietro ci esorta: pascete il gregge, guidatelo, non lasciate che si smarrisca mentre vi occupate dei vostri affari. Prendetevene cura con dedizione e tenerezza. E – aggiunge – fatelo “volentieri”, non per forza: non come un dovere, non come stipendiati religiosi o funzionari del sacro, ma con cuore di pastori, con entusiasmo. Se noi guardiamo a Lui buon Pastore prima che a noi stessi, scopriamo di essere custoditi con tenerezza, sentiamo la vicinanza di Dio. Da qui nasce la gioia del ministero, e prima ancora la gioia della fede: non dal vedere ciò che noi siamo capaci di fare, ma dal sapere che Dio è vicino, che ci ha amati per primo e ci accompagna ogni giorno.

Questa, fratelli e sorelle, è la nostra gioia: non una gioia a buon mercato, quella che a volte il mondo ci propone illudendoci con dei fuochi d’artificio; questa gioia non è legata a ricchezze e sicurezze; nemmeno è legata alla persuasione che nella vita ci andrà sempre bene, senza croci e problemi. La gioia cristiana, piuttosto, è unita a un’esperienza di pace che rimane nel cuore anche quando siamo bersagliati da prove e afflizioni, perché sappiamo di non essere soli ma accompagnati da un Dio che non è indifferente alla nostra sorte. Come quando il mare è agitato: in superficie è in tempesta, ma in profondità rimane calmo e pacifico. Ecco la gioia cristiana: un dono gratuito, la certezza di saperci amati, sorretti, abbracciati da Cristo in ogni situazione della vita. Perché è Lui che ci libera dall’egoismo e dal peccato, dalla tristezza della solitudine, dal vuoto interiore e dalla paura, dandoci uno sguardo nuovo sulla vita, uno sguardo nuovo sulla storia: «Con Gesù Cristo sempre nasce e rinasce la gioia» (Evangelii gaudium, 1).

E allora possiamo domandarci: come va la nostra gioia? Come va la mia gioia? La nostra Chiesa esprime la gioia del Vangelo? Nelle nostre comunità c’è una fede che attira per la gioia che comunica?

Se vogliamo affrontare alla radice questi interrogativi, non possiamo fare a meno di riflettere su ciò che, nella realtà del nostro tempo, minaccia la gioia della fede e rischia di oscurarla, mettendo seriamente in crisi l’esperienza cristiana. Viene subito da pensare alla secolarizzazione, che da tempo ha ormai trasformato lo stile di vita delle donne e degli uomini di oggi, lasciando Dio quasi sullo sfondo. Egli sembra scomparso dall’orizzonte, la sua Parola non pare più una bussola di orientamento per la vita, per le scelte fondamentali, per le relazioni umane e sociali. Dobbiamo però fare subito una precisazione: quando osserviamo la cultura in cui siamo immersi, i suoi linguaggi e i suoi simboli, occorre stare attenti a non restare prigionieri del pessimismo e del risentimento, lasciandoci andare a giudizi negativi o a inutili nostalgie. Ci sono infatti due sguardi possibili nei confronti del mondo in cui viviamo: uno lo chiamerei “sguardo negativo”; l’altro “sguardo che discerne”.

Il primo, lo sguardo negativo, nasce spesso da una fede che, sentendosi attaccata, si concepisce come una specie di “armatura” per difendersi dal mondo. Con amarezza accusa la realtà dicendo: “il mondo è cattivo, regna il peccato”, e rischia così di rivestirsi di uno “spirito da crociata”. Stiamo attenti a questo, perché non è cristiano; non è infatti il modo di fare di Dio, il quale – ci ricorda il Vangelo – «ha tanto amato il mondo da dare il Figlio unigenito, perché chiunque crede in lui non vada perduto, ma abbia la vita eterna» (Gv 3,16). Il Signore, che detesta la mondanità e ha uno sguardo buono sul mondo. Egli benedice la nostra vita, dice bene di noi e della nostra realtà, si incarna nelle situazioni della storia non per condannare, ma per far germogliare il seme del Regno proprio là dove sembrano trionfare le tenebre. Se ci fermiamo a uno sguardo negativo, invece, finiremo per negare l’incarnazione, perché fuggiremo la realtà, anziché incarnarci in essa. Ci chiuderemo in noi stessi, piangeremo sulle nostre perdite, ci lamenteremo continuamente e cadremo nella tristezza e nel pessimismo: tristezza e pessimismo non vengono mai da Dio. Siamo chiamati, invece, ad avere uno sguardo simile a quello di Dio, che sa distinguere il bene ed è ostinato nel cercarlo, nel vederlo e nell’alimentarlo. Non è uno sguardo ingenuo, ma uno sguardo che discerne la realtà.

Per affinare il nostro discernimento sul mondo secolarizzato, lasciamoci ispirare da quanto scrisse San Paolo VI nella Evangelii nuntiandi, Esortazione apostolica ancora oggi pienamente attuale: per lui la secolarizzazione è «lo sforzo in sé giusto e legittimo, per nulla incompatibile con la fede o con la religione» (Esort. ap. Evangelii nuntiandi, 55), di scoprire le leggi della realtà e della stessa vita umana poste dal Creatore. Infatti, Dio non ci vuole schiavi, ma figli, non vuole decidere al posto nostro, né opprimerci con un potere sacrale in un mondo governato da leggi religiose. No, Egli ci ha creati liberi e ci chiede di essere persone adulte, persone responsabili nella vita e nella società. Altra cosa – distingueva San Paolo VI – è il secolarismo, una concezione di vita che separa totalmente dal legame con il Creatore, cosicché Dio diventa «superfluo e ingombrante» e si generano «nuove forme di ateismo» subdole e svariate: «la civiltà dei consumi, l’edonismo elevato a valore supremo, la volontà di potere e di dominio, discriminazioni di ogni tipo» (ibid.). Ecco, come Chiesa, soprattutto come pastori del Popolo di Dio, come pastori, come consacrate e come consacrati, come seminaristi e come operatori pastorali, sta a noi saper fare queste distinzioni, discernere. Se cediamo allo sguardo negativo e giudichiamo in modo superficiale, rischiamo di far passare un messaggio sbagliato, come se dietro alla critica sulla secolarizzazione ci fosse da parte nostra la nostalgia di un mondo sacralizzato, di una società di altri tempi nella quale la Chiesa e i suoi ministri avevano più potere e rilevanza sociale. E questa è una prospettiva sbagliata.

Invece, come nota un grande studioso di questi temi, il problema della secolarizzazione, per noi cristiani, non dev’essere la minore rilevanza sociale della Chiesa o la perdita di ricchezze materiali e privilegi; piuttosto, essa ci chiede di riflettere sui cambiamenti della società, che hanno influito sul modo in cui le persone pensano e organizzano la vita. Se ci soffermiamo su questo aspetto, ci accorgiamo che non è la fede a essere in crisi, ma certe forme e modi attraverso cui la annunciamo. E, perciò, la secolarizzazione è una sfida per la nostra immaginazione pastorale, è «l’occasione per la ricomposizione della vita spirituale in nuove forme e per nuovi modi di esistere» (C. Taylor, A Secular Age, Cambridge 2007, 437). Così lo sguardo che discerne, mentre ci fa vedere le difficoltà che abbiamo nel trasmettere la gioia della fede, allo stesso tempo ci stimola a ritrovare una nuova passione per l’evangelizzazione, a cercare nuovi linguaggi, a cambiare alcune priorità pastorali, ad andare all’essenziale.

Cari fratelli e sorelle, c’è bisogno di annunciare il Vangelo per donare agli uomini e alle donne di oggi la gioia della fede. Ma questo annuncio non si dà anzitutto a parole, bensì attraverso una testimonianza traboccante di amore gratuito, come fa Dio con noi. È un annuncio che chiede di incarnarsi in uno stile di vita personale ed ecclesiale che possa far riaccendere il desiderio del Signore, infondere speranza, trasmettere fiducia e credibilità. E su questo mi permetto, in spirito fraterno, di proporvi tre sfide, che potrete portare avanti nella preghiera e nel servizio pastorale.

La prima sfida: far conoscere Gesù. Nei deserti spirituali del nostro tempo, generati dal secolarismo e dall’indifferenza, è necessario ritornare al primo annuncio. Lo ripeto: è necessario ritornare al primo annuncio. Non possiamo presumere di comunicare la gioia della fede presentando aspetti secondari a chi non ha ancora abbracciato il Signore nella vita, oppure soltanto ripetendo alcune pratiche o replicando forme pastorali del passato. Occorre trovare vie nuove per annunciare il cuore del Vangelo a quanti non hanno ancora incontrato Cristo. Ciò presuppone una creatività pastorale per raggiungere le persone là dove vivono, non aspettando che siano loro a venire: là dove vivono, trovando occasioni di ascolto, di dialogo e di incontro. Occorre ritornare all’essenzialità, occorre ritornare all’entusiasmo degli Atti degli Apostoli, alla bellezza di sentirci strumenti della fecondità dello Spirito oggi. Occorre tornare in Galilea. È l’appuntamento con Gesù Risorto: tornare in Galilea per – permettetemi l’espressione – ricominciare dopo il fallimento. Tornare in Galilea. E ognuno di noi ha la propria “Galilea”, quella del primo annuncio. Recuperare questa memoria.

Per annunciare il Vangelo, però, bisogna anche essere credibili. Ed ecco la seconda sfida: la testimonianza. Il Vangelo si annuncia in modo efficace quando è la vita a parlare, a rivelare quella libertà che fa liberi gli altri, quella compassione che non chiede nulla in cambio, quella misericordia che senza parole parla di Cristo. La Chiesa in Canada ha iniziato un percorso nuovo, dopo essere stata ferita e sconvolta dal male perpetrato da alcuni suoi figli. Penso in particolare agli abusi sessuali commessi contro minori e persone vulnerabili, scandali che richiedono azioni forti e una lotta irreversibile. Io vorrei, insieme a voi, chiedere ancora perdono a tutte le vittime. Il dolore e la vergogna che proviamo deve diventare occasione di conversione: mai più! E, pensando al cammino di guarigione e riconciliazione con i fratelli e le sorelle indigeni, mai più la comunità cristiana si lasci contaminare dall’idea che esista una superiorità di una cultura rispetto ad altre e che sia legittimo usare mezzi di coercizione nei riguardi degli altri. Recuperiamo l’ardore missionario del vostro primo Vescovo, Saint François de Laval, che si scagliò contro tutti coloro che degradavano gli indigeni inducendoli a consumare bevande per truffarli. Non permettiamo che alcuna ideologia alieni e confonda gli stili e le forme di vita dei nostri popoli per cercare di piegarli e di dominarli. Che i nuovi progressi dell’umanità siano assimilabili nelle loro identità culturali con le chiavi della cultura.

Ma per sconfiggere questa cultura dell’esclusione occorre che iniziamo noi: i pastori, che non si sentano superiori ai fratelli e alle sorelle del Popolo di Dio; che i consacrati vivano la fraternità e la libertà nell’obbedienza nella comunità; che i seminaristi siano pronti a essere servitori docili e disponibili e che gli operatori pastorali non intendano il loro servizio come potere. Si inizia da qui. Voi siete i protagonisti e i costruttori di una Chiesa diversa: umile, mite, misericordiosa, una Chiesa che accompagna i processi, che lavora decisamente e serenamente all’inculturazione, che valorizza ognuno e ogni diversità culturale e religiosa. Offriamo questa testimonianza!

Infine, la terza sfida: la fraternità. La prima, far conoscere Gesù; la seconda, la testimonianza; la terza, la fraternità. La Chiesa sarà credibile testimone del Vangelo quanto più i suoi membri vivranno la comunione, creando occasioni e spazi perché chiunque si avvicini alla fede trovi una comunità ospitale, che sa ascoltare, che sa entrare in dialogo, che promuove una qualità buona delle relazioni. Così diceva il vostro santo Vescovo ai missionari: «Spesso una parola amara, un’impazienza, un volto che respinge distruggeranno in un momento ciò che è stato costruito in molto tempo» (Istruzioni ai missionari, 1668).

Si tratta di vivere una comunità cristiana che così diventa scuola di umanità, dove si impara a volersi bene come fratelli e sorelle, disposti a lavorare insieme per il bene comune. Al cuore dell’annuncio evangelico, infatti, c’è l’amore di Dio, che trasforma e rende capaci di comunione con tutti e di servizio verso tutti. Un teologo di questa terra ha scritto: «L’amore che Dio ci dona trabocca in amore … È un amore che spinge il buon samaritano a fermarsi e prendersi cura del viandante assalito dai ladri. È un amore che non ha frontiere, che cerca il regno di Dio … e questo regno è universale» (B. Lonergan, “The Future of Christianity”, in A Second Collection: Papers by Bernard F.J. Lonergan S.J., London 1974, 154). La Chiesa è chiamata a incarnare questo amore senza frontiere, per costruire il sogno che Dio ha per l’umanità: essere fratelli tutti. Chiediamoci: come va la fraternità tra di noi? I Vescovi tra loro e con i preti, i preti tra loro e con il Popolo di Dio: siamo fratelli o concorrenti divisi in partiti? E come sono le nostre relazioni con chi non è “dei nostri”, con chi non crede, con chi ha tradizioni e usi diversi? Questa è la via: promuovere relazioni di fraternità con tutti, con i fratelli e le sorelle indigeni, con ogni sorella e fratello che incontriamo, perché nel volto di ognuno si riflette la presenza di Dio.

Queste, cari fratelli e sorelle, sono soltanto alcune sfide. Non dimentichiamo che possiamo portarle avanti solo con la forza dello Spirito, che sempre dobbiamo invocare nella preghiera. Non lasciamo invece entrare in noi lo spirito del secolarismo, pensando di poter creare progetti che funzionano da soli e con le sole forze umane, senza Dio. È un’idolatria, questa, idolatria dei progetti senza Dio. E, mi raccomando, non chiudiamoci nell’“indietrismo” ma andiamo avanti, con gioia!

Mettiamo in pratica queste parole che rivolgiamo a Saint François de Laval:

Sei stato l’uomo della condivisione, visitando i malati,
vestendo i poveri, lottando per la dignità delle popolazioni originarie,
sostenendo i missionari sfiniti,
sempre pronto a tendere la mano a chi stava peggio di te.
Quante volte i tuoi progetti sono stati abbattuti!
Ogni volta tu li hai rimessi in piedi.
Avevi capito che l’opera di Dio non è di pietra
e che in questa terra di scoraggiamento
c’era bisogno di un costruttore di speranza.

Vi ringrazio per tutto quello che fate e vi benedico di cuore. E per favore, continuate a pregare per me.

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SOURCE : https://www.vatican.va/content/francesco/it/homilies/2022/documents/20220728-omelia-vespri-quebec.html