HOMELIE DU
SAINT-PÈRE
Cathédrale Notre-Dame de Québec
Jeudi 28 juillet 2022
Chers frères Évêques,
chers prêtres et diacres, consacrées, consacrés et séminaristes, agents
pastoraux, bonsoir !
Je remercie Mgr Poisson
pour ses paroles de bienvenue à mon égard, et je vous salue tous, en particulier
ceux qui ont dû parcourir un long chemin pour venir ici : les distances dans
votre pays sont vraiment grandes ! Merci ! Je suis heureux de vous
rencontrer.
Il est significatif que
nous nous trouvions dans la Basilique Notre-Dame de Québec, la cathédrale de
cette Église particulière et le siège primatial du Canada, dont le premier
évêque, Saint François de Laval, a ouvert le Séminaire en 1663 et s'est dédié
tout au long de son ministère à la formation des prêtres. La brève lecture que
nous avons entendue nous a parlé des "anciens", c'est-à-dire des
presbytres. Saint Pierre nous a exhortés : « soyez les pasteurs du
troupeau de Dieu qui se trouve chez vous ; veillez sur lui, non par
contrainte mais de plein gré » (1 P 5, 2). Alors que nous sommes réunis
ici en tant que Peuple de Dieu, rappelons-nous que c’est Jésus le Berger de nos
vies, qui prend soin de nous parce qu'il nous aime vraiment. Il nous est
demandé, à nous les pasteurs de l'Église, cette même générosité dans la
conduite du troupeau, afin que se manifeste la sollicitude de Jésus pour tous
et sa compassion pour les blessures de chacun.
Et c'est précisément
parce que nous sommes un signe du Christ que l'apôtre Pierre nous exhorte :
paissez le troupeau, guidez-le, ne le laissez pas s'égarer pendant que vous
vaquez à vos occupations. Prenez soin de lui avec dévouement et tendresse. Et -
ajoute-t-il - faites-le "de plein gré", sans contraintes : pas comme
un devoir, pas comme des religieux salariés ou des fonctionnaires du sacré, mais
avec un cœur de pasteurs, avec enthousiasme. Si nous nous tournons vers Lui, le
Bon Pasteur, avant nous-mêmes, nous découvrons qu’il s'occupe tendrement de
nous, nous ressentons la proximité de Dieu. C'est de là que vient la joie du
ministère, et avant cela, la joie de la foi : non pas en voyant ce que nous
sommes capables de faire, mais en sachant que Dieu est proche, qu'il nous a
aimés en premier et qu'il nous accompagne chaque jour.
C'est cela, frères et
sœurs, notre joie : pas une joie bon marché, comme celle que le monde nous
propose parfois, en nous faisant miroiter des feux d'artifice ; cette joie
n'est pas liée aux richesses et aux sécurités ; elle n’est non plus liée à la
persuasion que tout se passera toujours bien dans la vie pour nous, sans croix
ni problèmes. Au contraire, la joie chrétienne est unie à une expérience de
paix qui demeure dans nos cœurs même lorsque nous sommes assaillis par les
épreuves et les afflictions, parce que nous savons que nous ne sommes pas seuls
mais accompagnés par un Dieu qui n'est pas indifférent à notre sort. Comme
lorsque la mer est agitée : en surface, elle est houleuse, mais dans les
profondeurs, elle reste calme et paisible. C'est la joie chrétienne : un
don gratuit, la certitude de se savoir aimé, soutenu et embrassé par le Christ
dans toutes les situations de la vie. Car c'est Lui qui nous libère de
l'égoïsme et du péché, de la tristesse de la solitude, du vide intérieur et de
la peur, en nous donnant un nouveau regard sur la vie, un nouveau regard sur
l’histoire : « Avec Jésus-Christ, la joie naît et renaît toujours » (Evangelii
gaudium, n. 1).
Nous pouvons donc nous
demander : comment se porte notre joie ? Comment se porte ma joie ?
Notre Église exprime-t-elle la joie de l'Évangile ? Y-a-t-il dans nos
communautés une foi qui attire en raison de la joie qu'elle communique ?
Si l'on veut s'attaquer à
ces questions à la racine, on ne peut s'empêcher de réfléchir à ce qui, dans la
réalité de notre temps, menace la joie de la foi et risque de l'obscurcir,
mettant sérieusement en crise l'expérience chrétienne. On pense alors
immédiatement à la sécularisation, qui a depuis longtemps transformé le
mode de vie des femmes et des hommes d'aujourd'hui, laissant Dieu presque au
second plan. Il semble avoir disparu de l'horizon, sa Parole ne semble plus
être une boussole d'orientation pour la vie, pour les choix fondamentaux, pour
les relations humaines et sociales. Nous devons toutefois apporter
immédiatement une précision : lorsque nous observons la culture dans laquelle
nous sommes immergés, ses langages et ses symboles, nous devons veiller à ne pas
rester prisonniers du pessimisme et de l’amertume, en nous laissant aller à des
jugements négatifs ou à des nostalgies inutiles. Il existe en fait deux regards
possibles sur le monde dans lequel nous vivons : l'un que j'appellerais le
"regard négatif", l'autre le "regard de discernement".
Le premier, le regard
négatif, naît souvent d'une foi qui, se sentant attaquée, se voit comme une
sorte d’"armure" pour se défendre du monde. Elle accuse amèrement la
réalité en disant : "le monde est mauvais, le péché règne", et court
ainsi le risque de se revêtir d'un "esprit de croisade". Soyons
attentifs à cela, car ce n'est pas chrétien ; ce n'est pas non plus la voie de
Dieu, qui - nous rappelle l'Évangile – « a tellement aimé le monde qu’il a
donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais
obtienne la vie éternelle » (Jn 3, 16). Le Seigneur, qui déteste
la mondanité, a un regard bon sur le monde. Il bénit notre vie, il dit du bien
de nous et de notre réalité, il s'incarne dans les situations de l'histoire non
pas pour condamner, mais pour faire germer la graine du Royaume précisément là
où les ténèbres semblent triompher. Au contraire, si nous nous arrêtons à un
regard négatif, nous finirons par nier l'incarnation, car nous fuirons la réalité
au lieu de nous y incarner. Nous nous refermerons sur nous-mêmes, nous
pleurerons sur nos pertes, nous nous plaindrons constamment et nous tomberons
dans la tristesse et le pessimisme : tristesse et pessimisme qui ne
viennent jamais de Dieu. Au contraire, nous sommes appelés à avoir un regard
semblable à celui de Dieu, qui sait discerner le bien et s'obstine à le
chercher, à le voir et à le cultiver. Il ne s'agit pas d'un regard naïf, mais
d'un regard qui discerne la réalité.
Pour affiner notre
discernement sur le monde sécularisé, inspirons-nous de ce qu'a écrit saint Paul VI dans Evangelii
nuntiandi, une Exhortation apostolique encore aujourd’hui pleinement
actuelle : pour lui, la sécularisation est « l’effort en lui-même
juste et légitime, nullement incompatible avec la foi ou la religion »
(Exhort. ap. Evangelii
nuntiandi, n. 55), pour découvrir les lois de la réalité et de la vie
humaine établies par le Créateur. En effet, Dieu ne veut pas que nous soyons
des esclaves, mais des enfants, il ne veut pas décider à notre place, ni nous
opprimer avec un pouvoir sacré dans un monde régi par des lois religieuses.
Non, Il nous a créés libres et nous demande d'être des personnes adultes, des
personnes responsables dans la vie et dans la société. Une autre chose -
distinguait saint Paul VI - est le sécularisme, une conception de la vie
qui sépare totalement du lien avec le Créateur, de sorte que Dieu devient
« superflu et encombrant » et que naissent des « formes
nouvelles d'athéisme », sournoises et variées : « une civilisation de
consommation, l’hédonisme érigé en valeur suprême, une volonté de puissance et
de domination, des discriminations de toute sorte » (ibid.).
Ici, en tant qu'Église, surtout en tant que pasteurs du Peuple de Dieu, en tant
que pasteurs, en tant que consacrées et consacrés, en tant que séminaristes et
en tant qu'agents pastoraux, il nous revient d'être capables de faire ces
distinctions, de discerner. Si nous cédons à un regard négatif et jugeons de
manière superficielle, nous risquons d'envoyer un message trompeur, comme si
derrière la critique de la sécularisation se cachait la nostalgie d'un monde
sacralisé, d'une société d'autrefois où l'Église et ses ministres avaient plus de
pouvoir et d’importance sociale. Et c'est un point de vue erroné.
Au contraire, comme le
fait remarquer un grand spécialiste de ces questions, le problème de la
sécularisation, pour nous chrétiens, ne devrait pas être la diminution de
l’importance sociale de l'Église ou la perte de richesses matérielles et de
privilèges ; il nous demande plutôt de réfléchir aux changements dans la
société qui ont influencé la façon dont les gens pensent et organisent la vie.
Si nous nous attardons sur ce point, nous nous rendons compte que ce n'est pas
la foi qui est en crise, mais certaines formes et manières par lesquelles nous
la proclamons. Et donc, la sécularisation est un défi pour notre
imagination pastorale, c'est « une opportunité pour la recomposition de la
vie spirituelle en de nouvelles formes et de nouvelles façons d'exister »
(C. TAYLOR, A Secular Age, Cambridge 2007, p. 437). Ainsi, le regard qui
discerne, tout en nous faisant voir les difficultés que nous avons à
transmettre la joie de la foi, nous stimule en même temps à retrouver une
nouvelle passion pour l'évangélisation, à chercher de nouveaux langages, à
changer certaines priorités pastorales et à aller à l'essentiel.
Chers frères et sœurs, il
est nécessaire de proclamer l'Évangile pour donner aux hommes et aux femmes
d'aujourd'hui la joie de la foi. Mais cette annonce ne se fait pas d'abord par
des mots, mais par un témoignage débordant d'amour gratuit, comme Dieu le fait
avec nous. C'est une annonce qui demande à être incarnée dans un style de vie
personnel et ecclésial capable de raviver le désir du Seigneur, d'insuffler
l'espérance, de transmettre la confiance et la crédibilité. Et à ce propos, je
me permets, dans un esprit fraternel, de vous proposer trois défis, que
vous pourrez poursuivre dans la prière et le service pastoral.
Le premier
défi : faire connaître Jésus. Dans les déserts spirituels de notre
temps, générés par le sécularisme et l'indifférence, il est nécessaire de
revenir à la première annonce. Je le répète : il est nécessaire de revenir
à la première annonce. Nous ne pouvons pas prétendre communiquer la joie de la
foi en présentant des aspects secondaires à ceux qui n'ont pas encore accueilli
le Seigneur dans leur vie, ou en répétant seulement certaines pratiques ou en
reproduisant des formes pastorales du passé. Il faut trouver de nouvelles voies
pour annoncer le cœur de l'Évangile à ceux qui n'ont pas encore rencontré le
Christ. Et cela suppose une créativité pastorale pour rejoindre les gens là où
ils vivent, en n’attendant pas qu’ils viennent : là où ils vivent, en
trouvant des occasions d'écoute, de dialogue et de rencontre. Il faut revenir
au caractère essentiel, à l'enthousiasme des Actes des Apôtres, à la beauté de
nous sentir aujourd'hui des instruments de la fécondité de l'Esprit. Il faut
retourner en Galilée. C’est le rendez-vous avec Jésus ressuscité : qu’ils
aillent en Galilée pour – permettez-moi l’expression – recommencer après
l’échec. Revenir en Galilée. Chacun de nous a sa propre "Galilée",
celle de la première annonce. Récupérer cette mémoire.
Mais pour annoncer
l'Évangile, il faut aussi être crédibles. Et voici le second défi : le
témoignage. L'Évangile est annoncé de manière efficace lorsque c'est la vie qui
parle, lorsqu'elle révèle cette liberté qui libère les autres, cette compassion
qui ne demande rien en retour, cette miséricorde qui, sans paroles, parle du
Christ. L’Église au Canada a commencé un nouveau parcours, après avoir été
blessée et choquée par le mal perpétré par certains de ses enfants. Je pense en
particulier aux abus sexuels commis contre des mineurs et personnes
vulnérables, des scandales qui appellent des actions fortes et un combat
irréversible. Je voudrais, avec vous, demander à nouveau pardon à toutes les
victimes. La douleur et la honte que nous ressentons doivent devenir une
occasion de conversion : plus jamais ça ! Et, en pensant au parcours
de guérison et de réconciliation avec nos frères et sœurs autochtones, que la
communauté chrétienne ne se laisse plus jamais contaminer par l'idée qu'il
existe une supériorité d'une culture par rapport à une autre et qu’il soit
légitime d'utiliser des moyens de coercition contre les autres. Retrouvons
l'ardeur missionnaire de votre premier évêque, saint François de Laval, qui
fulminait contre tous ceux qui exploitaient les autochtones en les incitant à
consommer des boissons pour les arnaquer. Ne permettons à aucune idéologie
d'aliéner et de confondre les styles et les modes de vie de nos peuples pour
tenter de les soumettre et de les dominer. Que les nouveaux progrès de
l’humanité soient assimilables dans leurs identités culturelles avec les clés
de la culture.
Mais pour vaincre cette
culture de l'exclusion, il faut commencer par nous : les pasteurs, qu’ils ne se
sentent pas supérieurs à leurs frères et sœurs du Peuple de Dieu ; que les
personnes consacrées vivent la fraternité et la liberté de l’obéissance dans la
communauté ; que les séminaristes soient prêts à être des serviteurs dociles et
disponibles, et que les agents pastoraux ne comprennent pas leur service comme
un pouvoir. Cela commence ici. Vous êtes les protagonistes et les bâtisseurs
d'une Église différente : humble, douce, miséricordieuse, une Église qui
accompagne les processus, qui travaille avec détermination et sérénité à
l'inculturation, qui valorise chacun et chaque diversité culturelle et
religieuse. Offrons ce témoignage !
Enfin, le troisième défi
: la fraternité. Le premier, faire connaître Jésus ; le second, le
témoignage ; le troisième, la fraternité. L'Église sera un témoin crédible
de l'Évangile dans la mesure où ses membres vivront la communion, en créant des
occasions et des espaces pour que quiconque s'approche de la foi trouve une
communauté accueillante, qui sait écouter, qui sait dialoguer, qui favorise une
bonne qualité des relations. Votre saint évêque disait ainsi aux missionnaires
: « Souvent, une parole amère, une impatience, un visage de rejet détruiront
en un instant ce qui a été construit en beaucoup de temps » (Instructions
aux missionnaires, 1668).
Il s’agit de vivre une
communauté chrétienne qui devient ainsi une école d'humanité, où l'on apprend à
s'aimer comme frères et sœurs, prêts à travailler ensemble pour le bien commun.
Au cœur de l'annonce évangélique, en effet, se trouve l'amour de Dieu qui
transforme et nous rend capables de communier avec tous et de servir tous. Un
théologien de cette terre a écrit : « L'amour que Dieu nous accorde
déborde d'amour... C'est un amour qui pousse le bon Samaritain à s'arrêter et à
prendre soin du voyageur agressé par des voleurs. C'est un amour qui n'a pas de
frontières, qui cherche le royaume de Dieu... et ce royaume est
universel » (B. LONERGAN, "The Future of Christianity", in A
Second Collection : Papers by Bernard F.J. Lonergan S.J., London 1974, p.
154). L'Église est appelée à incarner cet amour sans frontières, à construire
le rêve que Dieu a pour l'humanité : être tous frères. Demandons-nous : comment
va la fraternité entre nous ? Les évêques entre eux et avec les prêtres, les
prêtres entre eux et avec le peuple de Dieu : sommes-nous des frères ou des
concurrents divisés en partis ? Et comment sont nos relations avec ceux qui ne
sont pas "des nôtres", avec ceux qui ne croient pas, avec ceux qui
ont des traditions et des coutumes différentes ? Voilà le chemin : promouvoir
des relations fraternelles avec tous, avec nos frères et sœurs autochtones,
avec chaque sœur et frère que nous rencontrons, parce que dans le visage de
chacun se reflète la présence de Dieu.
Chers frères et sœurs, ce
ne sont là que quelques défis. N'oublions pas que nous ne pouvons seulement les
relever qu'avec la puissance de l'Esprit, que nous devons toujours invoquer
dans la prière. Par contre, ne laissons pas entrer en nous l'esprit de
sécularisme, en pensant que nous pouvons créer des projets qui fonctionnent
seuls et avec les forces humaines uniquement, sans Dieu. C’est une
idolâtrie, l’idolâtrie des projets sans Dieu. Et, je vous le recommande
vivement, ne nous enfermons pas dans le "retour en arrière" mais
allons de l'avant, avec joie !
Mettons en pratique ces
paroles que nous adressons à saint François de Laval :
Tu as été l’homme du
partage, visitant les malades,
habillant les pauvres, luttant pour la dignité des peuples autochtones,
soutenant les missionnaires épuisés,
toujours prêt à tendre la main à ceux qui étaient plus mal en point que toi.
Combien de fois tes projets ont été anéantis !
Chaque fois, tu les as remis sur pied.
Tu avais compris que l’œuvre de Dieu n’est pas de pierre,
et qu’en cette terre de découragement,
il fallait un bâtisseur d’espérance.
Je vous remercie pour
tout ce que vous faites, je vous bénis du fond du cœur. Et s’il vous plaît,
continuez à prier pour moi.
Copyright © Dicastero per
la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana
HOMILY OF HIS HOLINESS
Basilica of Notre-Dame de Québec
Dear brother Bishops, dear priests and deacons,
consecrated men and women, seminarians and pastoral workers, good evening!
I thank Bishop Poisson
for his words of welcome and I greet all of you, especially those who had to
travel a long way to get here. The distances in your country are truly
large! Thank you! I am happy to be here with you!
It is significant that we
find ourselves in the Basilica of Notre-Dame de Québec, the Cathedral of this
particular Church and primatial see of Canada, whose first Bishop, Saint
François de Laval, opened the Seminary in 1663 and devoted his entire ministry
to the formation of priests. The brief reading that we have heard spoke
to us about the “elders”, that is the presbyters. Saint Peter urged us:
“Tend the flock of God that is your charge, not by constraint but willingly” (1
Pt 5:2). Gathered here as the People of God, let us remember that
Jesus is the Shepherd of our lives, who cares for us because he truly loves
us. We, the Church’s pastors, are asked to show that same generosity in
tending the flock, in order to manifest Jesus’ concern for everyone and his
compassion for the wounds of each.
Precisely because we are
a sign of Christ, the Apostle Peter urges us to tend the flock, to guide it,
not to let it go astray while busy about our own affairs. Care for it
with devotion and tender love. Peter tells us to do this “willingly”, not
perforce, not as a duty, not as “professional” religious personnel, sacred
functionaries, but zealously and with the heart of a shepherd. If we look
to Christ, the Good Shepherd, before looking to ourselves, we will discover
that we are ourselves “tended” with merciful love; we will feel the closeness
of God. This is the source of the joy of ministry and above all the joy
of faith. It is not about all the things that we can accomplish, but
about knowing that God is ever close to us, that he loved us first, and that he
accompanies us every day of our lives.
This, brothers and
sisters, is our joy. Nor is it a cheap joy, like the one that the world
sometimes proposes, dazzling us with fireworks. This joy is not about
wealth, comfort and security. It does not even try to persuade us that
life will always be good, without crosses and problems. Christian joy is
about the experience of a peace that remains in our hearts, even when we are
pelted by trials and afflictions, for then we know that we are not alone, but
accompanied by a God who is not indifferent to our lot. When seas are
rough: the storm is always on the surface but the depths remain calm and
peaceful. That is also true of Christian joy: it is a free gift, the
certainty of knowing that we are loved, sustained and embraced by Christ in
every situation in life. Because he is the one who frees us from
selfishness and sin, from the sadness of solitude, from inner emptiness and
fear, and gives us a new look at life and history: “With Christ joy is
constantly born anew” (Evangelii
Gaudium, 1).
So let us ask ourselves a
question: How are we doing when it comes to joy? Does our Church express
the joy of the Gospel? Is there a faith in our communities that can
attract by the joy it communicates?
If we want to go to the
root of these questions, we need to reflect on what it is that, in today’s
world, threatens the joy of faith and thus risks diminishing it and
compromising our lives as Christians. We can immediately think of secularization,
which has greatly affected the style of life of contemporary men and women,
relegating God, as it were, to the background. God seems to have
disappeared from the horizon, and his word no longer seems a compass guiding
our lives, our basic decisions, our human and social relationships. Yet
we should be clear about one thing. When we consider the ambient culture,
and its variety of languages and symbols, we must be careful not to fall prey
to pessimism or resentment, passing immediately to negative judgments or a vain
nostalgia. There are two possible views we can have towards the world in
which we live: I would call one “the negative view”, and the other “the
discerning view”.
The first, the
negative view, is often born of a faith that feels under attack and thinks of
it as a kind of “armour”, defending us against the world. This view
bitterly complains that “the world is evil; sin reigns”, and thus risks
clothing itself in a “crusading spirit”. We need to be careful, because
this is not Christian; it is not, in fact, the way of God, who – as the Gospel
reminds us – “so loved the world that he gave his only Son, that whoever
believes in him should not perish but have eternal life” (Jn 3:16).
The Lord detests worldliness and has a positive view of the world. He
blesses our life, speaks well of us and our situation, and makes himself
incarnate in historical situations, not to condemn, but to give growth to the
seed of the Kingdom in those places where darkness seems to triumph. If
we are limited to a negative view, however, we will end up denying the
incarnation: we will flee from reality, rather than making it incarnate in
us. We will close in on ourselves, lament our losses, constantly complain
and fall into gloom and pessimism, which never come from God. We are
called, instead, to have a view similar to that of God, who discerns what is
good and persistently seeks it, sees it and nurtures it. This is no naïve
view, but a view that discerns reality.
In order to refine our
discernment of the secularized world, let us draw inspiration from the words
written by Saint
Paul VI in Evangelii
Nuntiandi, an Apostolic Exhortation that remains highly relevant
today. He understood secularization as “the effort, in itself
just and legitimate and in no way incompatible with faith or religion” (Evangelii
Nuntiandi, 55) to discover the laws governing reality and human life
implanted by the Creator. God does not want us to be slaves, but sons and
daughters; he does not want to make decisions for us, or oppress us with a
sacral power, exercised in a world governed by religious laws. No!
He created us to be free, and he asks us to be mature and responsible persons
in life and in society. Saint Paul VI distinguished
secularization from secularism, a concept of life that totally separates a
link with the Creator, so that God becomes “superfluous and an encumbrance”,
and generates subtle and diverse “new forms of atheism”: “consumer society, the
pursuit of pleasure set up as the supreme value, a desire for power and
domination, and discrimination of every kind” (ibid). As Church, and
above all as shepherds of God’s People, as consecrated men and women,
seminarians and pastoral workers, it is up to us to make these distinctions, to
make this discernment. If we yield to the negative view and judge matters
superficially, we risk sending the wrong message, as though the criticism of
secularization masks on our part the nostalgia for a sacralized world, a bygone
society in which the Church and her ministers had greater power and social
relevance. And this is a mistaken way of seeing things.
Instead, as one of the
great scholars of our time has observed, the real issue of secularization, for
us Christians, should not be the diminished social relevance of the Church or
the loss of material wealth and privileges. Rather, secularization
demands that we reflect on the changes in society that have influenced the way
in which people think about and organize their lives. If we consider this
aspect of the question, we come to realize that what is in crisis is not the
faith, but some of the forms and ways in which we present it.
Consequently, secularization represents a challenge for our pastoral
imagination, it is “an occasion for restructuring the spiritual life in new
forms and for new ways of existing” (C. Taylor, A Secular Age, Cambridge
2007, 437). In this way, a discerning view, while acknowledging the
difficulties we face in communicating the joy of the faith motivates us, at the
same time, to develop a new passion for evangelization, to look for new
languages and forms of expression, to change certain pastoral priorities and to
focus on the essentials.
Dear brothers and
sisters, the Gospel needs to be proclaimed if we are to communicate the joy of
faith to today’s men and women. Yet this proclamation is not primarily a
matter of words, but of a witness abounding with gratuitous love, for that is God’s
way with us. A proclamation that should take shape in a personal and
ecclesial lifestyle that can rekindle a desire for the Lord, instil hope and
radiate trust and credibility. Here, in a spirit of fraternity, allow me
to suggest three challenges that can shape your prayer and pastoral
service.
The first challenge is to make
Jesus known. In the spiritual deserts of our time, created by secularism
and indifference, we need to return to the initial proclamation. I
repeat: it is necessary to return to the initial proclamation. We cannot
presume to communicate the joy of faith by presenting secondary aspects to
those who have not yet embraced the Lord in their lives, or by simply repeating
certain practices or replicating older forms of pastoral work. We must
find new ways to proclaim the heart of the Gospel to those who have not yet
encountered Christ. This calls for a pastoral creativity capable of
reaching people where they are living – not waiting for them to come – finding
opportunities for listening, dialogue and encounter. We need to return to
the simplicity and enthusiasm of the Acts of the Apostles, to the beauty of
realizing that we are instruments of the Spirit’s fruitfulness today. We
need to return to Galilee. There is our encounter with the Risen Jesus:
returning to Galilee is – if you permit me to use the expression – beginning
anew after failure. Each one of us has our own “Galilee”, the place of
the initial proclamation. We need to rediscover this memory.
In order to proclaim the
Gospel, however, we must also be credible. Here is the second
challenge: witness. The Gospel is preached effectively when life
itself speaks and reveals the freedom that sets others free, the compassion
that asks for nothing in return, the mercy that silently speaks of Christ.
The Church in Canada has set out on a new path, after being hurt and
devastated by the evil perpetrated by some of its sons and daughters. I
think in particular of the sexual abuse of minors and vulnerable people,
scandals that require firm action and an irreversible commitment.
Together with you, I would like once more to ask forgiveness of all the
victims. The pain and the shame we feel must become an occasion for
conversion: never again! And thinking about the process of healing and reconciliation
with our indigenous brothers and sisters, never again can the Christian
community allow itself to be infected by the idea that one culture is superior
to others, or that it is legitimate to employ ways of coercing others.
Let us recover the missionary zeal of your first Bishop, Saint François de
Laval, who railed against those who demeaned the indigenous people by inducing
them to imbibe strong drink in order then to cheat them. Let us not allow
any ideology to alienate or mislead the customs and ways of life of our
peoples, as a means of subduing them or controlling them. The advances of
humanity should be assimilated into their cultural identities with the keys of
culture.
In order to defeat this
culture of exclusion, we must begin with ourselves: bishops and priests, who
should not feel themselves superior to our brothers and sisters in the People
of God; consecrated men and women should live out fraternity and freedom
through obedience in the community; seminarians should be ready to be docile
and accessible servants; pastoral workers should not understand service as
power. This is where we must start. You are key figures and
builders of a different Church: humble, meek, merciful, which accompanies
processes, labours decisively and serenely in the service of inculturation, and
shows respect for each individual and for every cultural and religious
difference. Let us offer this witness!
Finally, the third
challenge: fraternity. Again, the first is to make Jesus known and
the second is witness. The third is fraternity. The
Church will be a credible witness to the Gospel the more its members embody
communion, creating opportunities and situations that enable all those who
approach the faith to encounter a welcoming community, one capable of
listening, entering into dialogue and promoting quality relationships.
That is what Saint François de Laval told the missionaries: “Often a word
of bitterness, an impatient gesture, an irksome look will destroy in a moment
what had taken a long time to accomplish” (Instructions to Missionaries, 1668).
We are talking about
living in a Christian community that in this way becomes a school of humanity,
where all can learn to love one another as brothers and sisters, ready to work
together for the common good. Indeed, at the heart of the preaching of
the Gospel is God’s love, which transforms us and makes us capable of communion
with all and service to all. As a Canadian theologian has written: “The
love that God gives us overflows into love... It is a love that prompts the
Good Samaritan to stop and take care of the traveller attacked by thieves.
It is a love that has no borders, that seeks the kingdom of God... and
this kingdom is universal” (B. LONERGAN, ‘The Future of Christianity’, in A
Second Collection: Papers by Bernard F.J. Lonergan, S.J., London 1974, 154).
The Church is called to embody this love without borders, in order to
realize the dream that God has for humanity: for us to be brothers and sisters
all. Let us ask ourselves: how are we doing when it comes to practical
fraternity between us? Bishops among themselves and with their priests,
priests among themselves and with the People of God. Are we brothers, or
competitors split into parties? And how about our relationships with
those who are not “one of our own”, with those who do not believe, with those
who have different traditions and customs? This is the way: to build
relationships of fraternity with everyone, with indigenous brothers and
sisters, with every sister and brother we meet, because the presence of God is
reflected in each of their faces.
These, brothers and
sisters, are just a few of the challenges. Let us not forget that we can
only meet them with the strength of the Spirit, whom we must always invoke in
prayer. Let us not allow the spirit of secularism to enter our midst,
thinking that we can create plans that work automatically, and by human effort
alone, apart from God. It is idolatry to create plans without God.
And, please, let us not close ourselves off by “looking back”, but press
forward, with joy!
Let us put into practice
these words that we now address to Saint François de Laval:
You were a man for
others, who visited the sick,
clothed the poor, defended the dignity of original peoples,
supported the strenuous efforts of the missionaries,
ever ready to reach out to those worse off than yourself.
How many times were your projects frustrated!
Each time, however, you took them up again.
You understood that God does not build in stone,
and that in this land of discouragement,
there was a need for a builder of hope.
I thank you for
everything you do, and I bless you from my heart. Please continue to pray
for me.
Copyright © Dicastero per
la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana
OMELIA DEL SANTO
PADRE
Cattedrale di Notre Dame a Québec
Giovedì, 28 luglio 2022
Cari fratelli Vescovi,
cari sacerdoti e diaconi, consacrate, consacrati e seminaristi, operatori
pastorali, buonasera!
Ringrazio Monsignor
Poisson per le parole di benvenuto che mi ha rivolto e saluto tutti voi,
specialmente quanti hanno dovuto affrontare un bel po’ di strada per arrivare:
le distanze nel vostro Paese sono davvero grandi! E quindi, grazie! Sono
contento di incontrarvi.
È significativo che ci
troviamo nella Basilica di Notre-Dame de Québec, cattedrale di questa Chiesa
particolare e sede primaziale del Canada, il cui primo Vescovo, Saint François
de Laval, aprì il Seminario nel 1663 e per tutto il suo ministero si occupò
della formazione dei preti. Degli “anziani”, cioè dei presbiteri, ci ha parlato
la Lettura breve che abbiamo ascoltato. San Pietro ci ha esortati: «Pascete il
gregge di Dio che vi è affidato, sorvegliandolo non perché costretti ma
volentieri» (1 Pt 5,2). Mentre siamo qui radunati come Popolo di Dio,
ricordiamoci che è Gesù il Pastore della nostra vita, che si prende cura di noi
perché ci ama davvero. A noi, pastori della Chiesa, è chiesta questa stessa
generosità nel pascere il gregge, perché possa manifestarsi la sollecitudine di
Gesù per tutti e la sua compassione per le ferite di ciascuno.
E proprio perché siamo
segno di Cristo, l’Apostolo Pietro ci esorta: pascete il gregge, guidatelo, non
lasciate che si smarrisca mentre vi occupate dei vostri affari. Prendetevene
cura con dedizione e tenerezza. E – aggiunge – fatelo “volentieri”, non per
forza: non come un dovere, non come stipendiati religiosi o funzionari del
sacro, ma con cuore di pastori, con entusiasmo. Se noi guardiamo a Lui buon
Pastore prima che a noi stessi, scopriamo di essere custoditi con tenerezza,
sentiamo la vicinanza di Dio. Da qui nasce la gioia del ministero, e prima
ancora la gioia della fede: non dal vedere ciò che noi siamo capaci di fare, ma
dal sapere che Dio è vicino, che ci ha amati per primo e ci accompagna ogni
giorno.
Questa, fratelli e
sorelle, è la nostra gioia: non una gioia a buon mercato, quella che a volte il
mondo ci propone illudendoci con dei fuochi d’artificio; questa gioia non è
legata a ricchezze e sicurezze; nemmeno è legata alla persuasione che nella
vita ci andrà sempre bene, senza croci e problemi. La gioia cristiana,
piuttosto, è unita a un’esperienza di pace che rimane nel cuore anche quando
siamo bersagliati da prove e afflizioni, perché sappiamo di non essere soli ma
accompagnati da un Dio che non è indifferente alla nostra sorte. Come quando il
mare è agitato: in superficie è in tempesta, ma in profondità rimane calmo e
pacifico. Ecco la gioia cristiana: un dono gratuito, la certezza di saperci
amati, sorretti, abbracciati da Cristo in ogni situazione della vita. Perché è
Lui che ci libera dall’egoismo e dal peccato, dalla tristezza della solitudine,
dal vuoto interiore e dalla paura, dandoci uno sguardo nuovo sulla vita, uno
sguardo nuovo sulla storia: «Con Gesù Cristo sempre nasce e rinasce la gioia» (Evangelii
gaudium, 1).
E allora possiamo
domandarci: come va la nostra gioia? Come va la mia gioia? La nostra Chiesa
esprime la gioia del Vangelo? Nelle nostre comunità c’è una fede che attira per
la gioia che comunica?
Se vogliamo affrontare
alla radice questi interrogativi, non possiamo fare a meno di riflettere su ciò
che, nella realtà del nostro tempo, minaccia la gioia della fede e rischia di
oscurarla, mettendo seriamente in crisi l’esperienza cristiana. Viene subito da
pensare alla secolarizzazione, che da tempo ha ormai trasformato lo stile
di vita delle donne e degli uomini di oggi, lasciando Dio quasi sullo sfondo.
Egli sembra scomparso dall’orizzonte, la sua Parola non pare più una bussola di
orientamento per la vita, per le scelte fondamentali, per le relazioni umane e
sociali. Dobbiamo però fare subito una precisazione: quando osserviamo la
cultura in cui siamo immersi, i suoi linguaggi e i suoi simboli, occorre stare
attenti a non restare prigionieri del pessimismo e del risentimento,
lasciandoci andare a giudizi negativi o a inutili nostalgie. Ci sono infatti
due sguardi possibili nei confronti del mondo in cui viviamo: uno lo chiamerei
“sguardo negativo”; l’altro “sguardo che discerne”.
Il primo, lo sguardo
negativo, nasce spesso da una fede che, sentendosi attaccata, si concepisce
come una specie di “armatura” per difendersi dal mondo. Con amarezza accusa la
realtà dicendo: “il mondo è cattivo, regna il peccato”, e rischia così di
rivestirsi di uno “spirito da crociata”. Stiamo attenti a questo, perché non è
cristiano; non è infatti il modo di fare di Dio, il quale – ci ricorda il
Vangelo – «ha tanto amato il mondo da dare il Figlio unigenito, perché chiunque
crede in lui non vada perduto, ma abbia la vita eterna» (Gv 3,16). Il
Signore, che detesta la mondanità e ha uno sguardo buono sul mondo. Egli
benedice la nostra vita, dice bene di noi e della nostra realtà, si incarna
nelle situazioni della storia non per condannare, ma per far germogliare il
seme del Regno proprio là dove sembrano trionfare le tenebre. Se ci fermiamo a
uno sguardo negativo, invece, finiremo per negare l’incarnazione, perché
fuggiremo la realtà, anziché incarnarci in essa. Ci chiuderemo in noi stessi,
piangeremo sulle nostre perdite, ci lamenteremo continuamente e cadremo nella
tristezza e nel pessimismo: tristezza e pessimismo non vengono mai da Dio.
Siamo chiamati, invece, ad avere uno sguardo simile a quello di Dio, che sa
distinguere il bene ed è ostinato nel cercarlo, nel vederlo e nell’alimentarlo.
Non è uno sguardo ingenuo, ma uno sguardo che discerne la realtà.
Per affinare il nostro
discernimento sul mondo secolarizzato, lasciamoci ispirare da quanto
scrisse San Paolo
VI nella Evangelii
nuntiandi, Esortazione apostolica ancora oggi pienamente attuale: per lui
la secolarizzazione è «lo sforzo in sé giusto e legittimo, per nulla
incompatibile con la fede o con la religione» (Esort. ap. Evangelii
nuntiandi, 55), di scoprire le leggi della realtà e della stessa vita umana
poste dal Creatore. Infatti, Dio non ci vuole schiavi, ma figli, non vuole
decidere al posto nostro, né opprimerci con un potere sacrale in un mondo
governato da leggi religiose. No, Egli ci ha creati liberi e ci chiede di
essere persone adulte, persone responsabili nella vita e nella società. Altra
cosa – distingueva San Paolo VI – è il secolarismo, una concezione di vita
che separa totalmente dal legame con il Creatore, cosicché Dio diventa
«superfluo e ingombrante» e si generano «nuove forme di ateismo» subdole e
svariate: «la civiltà dei consumi, l’edonismo elevato a valore supremo, la
volontà di potere e di dominio, discriminazioni di ogni tipo» (ibid.). Ecco,
come Chiesa, soprattutto come pastori del Popolo di Dio, come pastori, come
consacrate e come consacrati, come seminaristi e come operatori pastorali, sta
a noi saper fare queste distinzioni, discernere. Se cediamo allo sguardo
negativo e giudichiamo in modo superficiale, rischiamo di far passare un
messaggio sbagliato, come se dietro alla critica sulla secolarizzazione ci
fosse da parte nostra la nostalgia di un mondo sacralizzato, di una società di
altri tempi nella quale la Chiesa e i suoi ministri avevano più potere e
rilevanza sociale. E questa è una prospettiva sbagliata.
Invece, come nota un
grande studioso di questi temi, il problema della secolarizzazione, per noi
cristiani, non dev’essere la minore rilevanza sociale della Chiesa o la perdita
di ricchezze materiali e privilegi; piuttosto, essa ci chiede di riflettere sui
cambiamenti della società, che hanno influito sul modo in cui le persone
pensano e organizzano la vita. Se ci soffermiamo su questo aspetto, ci
accorgiamo che non è la fede a essere in crisi, ma certe forme e modi
attraverso cui la annunciamo. E, perciò, la secolarizzazione è una sfida
per la nostra immaginazione pastorale, è «l’occasione per la ricomposizione
della vita spirituale in nuove forme e per nuovi modi di esistere» (C.
Taylor, A Secular Age, Cambridge 2007, 437). Così lo sguardo che discerne,
mentre ci fa vedere le difficoltà che abbiamo nel trasmettere la gioia della
fede, allo stesso tempo ci stimola a ritrovare una nuova passione per
l’evangelizzazione, a cercare nuovi linguaggi, a cambiare alcune priorità
pastorali, ad andare all’essenziale.
Cari fratelli e sorelle,
c’è bisogno di annunciare il Vangelo per donare agli uomini e alle donne di
oggi la gioia della fede. Ma questo annuncio non si dà anzitutto a parole,
bensì attraverso una testimonianza traboccante di amore gratuito, come fa Dio
con noi. È un annuncio che chiede di incarnarsi in uno stile di vita personale
ed ecclesiale che possa far riaccendere il desiderio del Signore, infondere
speranza, trasmettere fiducia e credibilità. E su questo mi permetto, in
spirito fraterno, di proporvi tre sfide, che potrete portare avanti nella
preghiera e nel servizio pastorale.
La prima sfida: far
conoscere Gesù. Nei deserti spirituali del nostro tempo, generati dal
secolarismo e dall’indifferenza, è necessario ritornare al primo annuncio. Lo
ripeto: è necessario ritornare al primo annuncio. Non possiamo presumere di
comunicare la gioia della fede presentando aspetti secondari a chi non ha
ancora abbracciato il Signore nella vita, oppure soltanto ripetendo alcune
pratiche o replicando forme pastorali del passato. Occorre trovare vie nuove
per annunciare il cuore del Vangelo a quanti non hanno ancora incontrato
Cristo. Ciò presuppone una creatività pastorale per raggiungere le persone là
dove vivono, non aspettando che siano loro a venire: là dove vivono, trovando
occasioni di ascolto, di dialogo e di incontro. Occorre ritornare
all’essenzialità, occorre ritornare all’entusiasmo degli Atti degli Apostoli,
alla bellezza di sentirci strumenti della fecondità dello Spirito oggi. Occorre
tornare in Galilea. È l’appuntamento con Gesù Risorto: tornare in Galilea per –
permettetemi l’espressione – ricominciare dopo il fallimento. Tornare in
Galilea. E ognuno di noi ha la propria “Galilea”, quella del primo annuncio. Recuperare
questa memoria.
Per annunciare il
Vangelo, però, bisogna anche essere credibili. Ed ecco la seconda sfida: la
testimonianza. Il Vangelo si annuncia in modo efficace quando è la vita a
parlare, a rivelare quella libertà che fa liberi gli altri, quella compassione
che non chiede nulla in cambio, quella misericordia che senza parole parla di
Cristo. La Chiesa in Canada ha iniziato un percorso nuovo, dopo essere stata
ferita e sconvolta dal male perpetrato da alcuni suoi figli. Penso in
particolare agli abusi sessuali commessi contro minori e persone vulnerabili,
scandali che richiedono azioni forti e una lotta irreversibile. Io vorrei,
insieme a voi, chiedere ancora perdono a tutte le vittime. Il dolore e la
vergogna che proviamo deve diventare occasione di conversione: mai più! E,
pensando al cammino di guarigione e riconciliazione con i fratelli e le sorelle
indigeni, mai più la comunità cristiana si lasci contaminare dall’idea che
esista una superiorità di una cultura rispetto ad altre e che sia legittimo
usare mezzi di coercizione nei riguardi degli altri. Recuperiamo l’ardore
missionario del vostro primo Vescovo, Saint François de Laval, che si scagliò
contro tutti coloro che degradavano gli indigeni inducendoli a consumare
bevande per truffarli. Non permettiamo che alcuna ideologia alieni e confonda
gli stili e le forme di vita dei nostri popoli per cercare di piegarli e di
dominarli. Che i nuovi progressi dell’umanità siano assimilabili nelle loro
identità culturali con le chiavi della cultura.
Ma per sconfiggere questa
cultura dell’esclusione occorre che iniziamo noi: i pastori, che non si sentano
superiori ai fratelli e alle sorelle del Popolo di Dio; che i consacrati vivano
la fraternità e la libertà nell’obbedienza nella comunità; che i seminaristi
siano pronti a essere servitori docili e disponibili e che gli operatori
pastorali non intendano il loro servizio come potere. Si inizia da qui. Voi
siete i protagonisti e i costruttori di una Chiesa diversa: umile, mite,
misericordiosa, una Chiesa che accompagna i processi, che lavora decisamente e
serenamente all’inculturazione, che valorizza ognuno e ogni diversità culturale
e religiosa. Offriamo questa testimonianza!
Infine, la terza
sfida: la fraternità. La prima, far conoscere Gesù; la seconda, la
testimonianza; la terza, la fraternità. La Chiesa sarà credibile testimone del
Vangelo quanto più i suoi membri vivranno la comunione, creando occasioni e
spazi perché chiunque si avvicini alla fede trovi una comunità ospitale, che sa
ascoltare, che sa entrare in dialogo, che promuove una qualità buona delle
relazioni. Così diceva il vostro santo Vescovo ai missionari: «Spesso una
parola amara, un’impazienza, un volto che respinge distruggeranno in un momento
ciò che è stato costruito in molto tempo» (Istruzioni ai missionari, 1668).
Si tratta di vivere una
comunità cristiana che così diventa scuola di umanità, dove si impara a volersi
bene come fratelli e sorelle, disposti a lavorare insieme per il bene comune.
Al cuore dell’annuncio evangelico, infatti, c’è l’amore di Dio, che trasforma e
rende capaci di comunione con tutti e di servizio verso tutti. Un teologo di
questa terra ha scritto: «L’amore che Dio ci dona trabocca in amore … È un
amore che spinge il buon samaritano a fermarsi e prendersi cura del viandante
assalito dai ladri. È un amore che non ha frontiere, che cerca il regno di Dio
… e questo regno è universale» (B. Lonergan, “The Future of Christianity”,
in A Second Collection: Papers by Bernard F.J. Lonergan S.J., London 1974,
154). La Chiesa è chiamata a incarnare questo amore senza frontiere, per
costruire il sogno che Dio ha per l’umanità: essere fratelli tutti.
Chiediamoci: come va la fraternità tra di noi? I Vescovi tra loro e con i
preti, i preti tra loro e con il Popolo di Dio: siamo fratelli o concorrenti
divisi in partiti? E come sono le nostre relazioni con chi non è “dei nostri”,
con chi non crede, con chi ha tradizioni e usi diversi? Questa è la via:
promuovere relazioni di fraternità con tutti, con i fratelli e le sorelle
indigeni, con ogni sorella e fratello che incontriamo, perché nel volto di
ognuno si riflette la presenza di Dio.
Queste, cari fratelli e
sorelle, sono soltanto alcune sfide. Non dimentichiamo che possiamo portarle
avanti solo con la forza dello Spirito, che sempre dobbiamo invocare nella
preghiera. Non lasciamo invece entrare in noi lo spirito del secolarismo,
pensando di poter creare progetti che funzionano da soli e con le sole forze
umane, senza Dio. È un’idolatria, questa, idolatria dei progetti senza Dio. E,
mi raccomando, non chiudiamoci nell’“indietrismo” ma andiamo avanti, con gioia!
Mettiamo in pratica
queste parole che rivolgiamo a Saint François de Laval:
Sei stato l’uomo della
condivisione, visitando i malati,
vestendo i poveri, lottando per la dignità delle popolazioni originarie,
sostenendo i missionari sfiniti,
sempre pronto a tendere la mano a chi stava peggio di te.
Quante volte i tuoi progetti sono stati abbattuti!
Ogni volta tu li hai rimessi in piedi.
Avevi capito che l’opera di Dio non è di pietra
e che in questa terra di scoraggiamento
c’era bisogno di un costruttore di speranza.
Vi ringrazio per tutto
quello che fate e vi benedico di cuore. E per favore, continuate a pregare per
me.
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