Statue de la bienheureuse Françoise Mézière dans
l’église de Mézangers.
Bienheureuse
Françoise Mézière
Martyre
de Laval sous la Révolution française (+ 1794)
Martyrologe romain
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/11413/Bienheureuse-Francoise-Meziere.html
Bienheureuse Françoise Mézière
Françoise Mézière, Soeur de Charité du diocèse de Laval, est une martyre de la révolution française, béatifiée le 19 juin 1955, par Pie XII.
Elle naquit le 25 août 1745 à Mézangers dans une famile nombreuse. Son père, excellent chrétien était un fermier aisé. Elle perdit sa mère à l' âge de quatre ans.
Eduquée par les Soeurs de ND de la Charité d' Evron, elle se consacra au développement d' écoles paroissiales, notamment à Saint-Léger, près de Laval.
Quand le 14 avril 1791, la république voulut lui imposer, en tant que maîtresse d' école le serment de liberté et d' égalité qui impliquait le refus des voeux religieux, elle refusa comme les religieuses et dut quitter l' école. Elle se mit alors au service des malades dans les villages des environs de Saint-Léger.
Une seconde fois, elle fut invitée à prêter serment en juillet 1792 et à nouveau elle refusa. Cette fois-ci elle dut se cacher et agir avec prudence.
Elle fut finalement guillotinée, peu de temps après les prisonniers du Couvent de la Patience, pour avoir abrité chez elle deux soldats vendéens blessés, et les avoir soignés. Dans le texte du jugement de Laval qui la condamne à mort, elle est qualifiée de " vipère de la race sacerdotale. "
Avant de monter à l' échafaud, elle remercia ses bourreaux, de pouvoir s' unir bientôt au Seigneur Jésus. Ce fut le 5 février 1794.
5 Février, fête de sainte Agathe : http://ut-pupillam-oculi.over-blog.com/article-5528849.html
Mémoire de saint Avit : http://ut-pupillam-oculi.over-blog.com/article-5530461.html
SOURCE : http://ut-pupillam-oculi.over-blog.com/article-16350897.html
Françoise Mézière naquit à Mézangers le 25 août 1745
et fut baptisée le jour même. Son père, René Mézière, excellent chrétien,
habitait dans la ferme de la Maulorière qui appartenait à l'abbaye bénédictine
d'Evron. Travailleur intelligent et consciencieux, René Mézière sut tirer
profit de sa ferme. Quand il la prit, elle rapportait 90 lires seulement à
l'abbaye. Il fera monter progressivement le revenu jusqu'à 330 lires. Pour cela il
fut très estimé du père économe de l'abbaye, lequel lui prouva sa
reconnaissance, d'abord en reconstruisant la maison d'habitation de la
Maulorière, puis en assistant au baptême de son neuvième fils. A la cérémonie
prit aussi part le curé de Mézangers, avec le curé et le vicaire de Hambers.
Françoise Mézière grandit au milieu des deuils. A
quatre ans, elle perdit sa mère, Françoise Rousseau. Pour élever ses six
enfants, René Mézière se remaria à la fin de 1749. Sa seconde femme, Marie
Heurtebise, lui donna à son tour trois enfants, puis mourut en 1754. Quelques
mois avant, ils avaient enterré la sœur aînée de Françoise. René Mézière se
remaria à nouveau en 1758.
En 1768, Françoise Mézière a 23 ans. Elle se sent
attirée (peut-être l'était-elle depuis longtemps) vers l'apostolat.
C'était une période où se développait largement en
Bas-Maine l'œuvre dite des “petites écoles”. À Evron, en 1720, une de ces
institutions existait, grâce à la générosité de l'abbé des Bénédictines et au
zèle du curé local. Elle était dirigée par les sœurs de la Chapelle-au-Ribaul.
Elles dirigeaient aussi un office de charité, organisé selon les méthodes de
Saint Vincent de Paul, qui, dans les années 1768, 1769, 1770, les rendirent
particulièrement actifs et prospères. Françoise Mézière se préparera donc à sa
double tâche de maîtresse d'école et de sœur de charité.
René Mézière avait épousé en troisièmes noces Marie
Coutelle. Marie Coutelle avait une cousine germaine, Marguerite Coutelle ;
celle-ci s'occupait en la paroisse de Saint-Léger des fonctions auxquelles
aspirait Françoise Mézière. Elle y avait été appelée en 1752 par l'abbé Dioré,
prêtre aussi généreux que zélé.
Ayant quelques économies, l'abbé Dioré s'était demandé
en quelles œuvres paroissiales elles pouvaient être employées le plus utilement
possible. Après mûres réflexions, “voyant que les jeunes avaient envie de
se faire instruire par le prêtre coopérant et connaissant par sa longue
expérience l'utilité des petites écoles, spécialement pour les jeunes filles de
la campagne”, l'abbé Dioré prit la résolution de fonder l'une de ces écoles
avec ses économies. Les jeunes filles pourraient ainsi inspirer et maintenir
dans la famille les sentiments religieux reçus dans leur jeunesse, lorsqu'elles
seraient devenues mère et maîtresse de maison.
Quand il lui fut possible d'effectuer sa proposition,
il confia à mademoiselle Marguerite Coutelle la direction de la nouvelle école,
la chargeant “d'apprendre à lire et à écrire gratuitement aux jeunes
filles de la paroisse, de leur faire réciter tous les jours la prière et leur
enseigner le catéchisme le mercredi et le samedi”.
L'abbé Dioré meurt en 1770. C'est son cher ami et
vicaire, l'abbé Joseph Gigant, cousin de Marguerite Coutelle et de Françoise
Mézière, qui lui succède. La demoiselle Coutelle, déjà âgée, sentit le besoin
d'être aidée et bientôt remplacée. Naturellement, l'un et l'autre pensèrent à
Françoise Mézière comme auxiliaire.
Françoise Mézière accepte : elle fera l'école en
se conformant au règlement établi par le fondateur, l'abbé Dioré. Elle visitera
aussi les malades, et aussitôt ils remarqueront qu'elle était “capable de
soigner toutes sortes de blessures”. Elle s'occupera, en plus, de laver le
linge de l'église et de préparer les autels.
De 1770 à 1789, Françoise Mézière vécut les années les
plus tranquilles et les plus heureuses de son existence. Durant ces 19 années,
il y aura des jours de deuil, de tristesse, mais qui affecteront peu son état
d'âme.
En 1772, elle perdra son amie Marguerite Coutelle et
par conséquence deviendra la titulaire de l'école.
En 1776, notre vicaire de Saint-Léger, l'abbé Ripault,
très estimé de tous dans la région d'Evron, est nommé curé de Gesvres. Durant
toute la Terreur jusqu'au Concordat, il exercera son ministère clandestin avec
beaucoup de succès. À sa place, les paroissiens de Saint-Léger voient arriver
un jeune prêtre, l'abbé René Morin, lequel, sous un extérieur assez
particulier, cache un jugement très lucide, un grand esprit d'initiative et
surtout une âme vraiment surnaturelle. Dans les provinces de l'Ouest, le clergé
et les fidèles en ce temps-là nourrissaient une fervente dévotion au cœur de
Jésus. Les Vendéens et les Chouans mettront sur leur poitrine l'image du Sacré
Cœur, de façon à ce que tous puissent la voir et ce sera leur signe de
reconnaissance. L'abbé René Morin est un apôtre de cette nouvelle dévotion.
L'année suivante, l'abbé Joseph Gigant, atteint de
rhumatismes”, donne sa démission de curé. Son neveu, l'abbé Jacques Gigant, lui
aussi cousin de Françoise Mézière, lui succède. Les sœurs de l'abbé Jacques
seront très amies par la suite.
Pour notre servante de Dieu, dès 1789, commence une
période d'inquiétudes angoissantes, puis de persécutions cruelles.
Heureusement, la cure de Saint-Léger abrite des prêtres de saine culture, en
lesquels elle reporte toute sa confiance.
Déjà, depuis le temps de la parution des “cahiers de
doléances” du clergé, l'abbé Gigant et l'abbé Morin donnèrent la preuve de leur
sagacité et de leur clairvoyance. La prise de la Bastille et les premiers
troubles dans les campagnes leur causèrent bien des préoccupations et des
chagrins.
Françoise Mézière partageait naturellement leurs
points de vue et leurs craintes. D'ailleurs, la loi qui mettait les propriétés
ecclésiastiques "à disposition de la nation", la concernait
directement. En effet, les petites propriétés desquelles elle retirait ses
revenus figuraient dans la liste des biens nationaux.
Ensuite arrive la constitution civile du clergé, avec
son fatal serment, mais ni le curé ni le vicaire de Saint-Léger n'en tiendront
compte.
Et voici que le 14 avril 1791 l'obligation du serment
est étendu aux maîtres et maîtresses d'école. S'ils s'y refusaient,
l'interdiction d'enseigner leur était signifiée, et par conséquence la perte de
leur traitement. De telle façon, refuser était se condamner à l'indigence.
Françoise Mézière n'hésite pas un instant : elle suivra l'exemple donné par son
curé et son vicaire. Elle pourra conserver, au moins, ses occupations
d'infirmière et de garde-malade.
Vers la fin de juillet 1791, l'abbé Gigant et l'abbé
Morin sont informés qu'un curé assermenté a été nommé pour Saint-Léger, et
qu'ils seront contraints de laisser l'église et la cure. Cependant la
municipalité ne veut à aucun prix permettre qu'un intrus se substitue à nos
bons prêtres. Elle le fait savoir à Bouvet, le procureur commissaire du
district. Bouvet répond que la loi doit être observée et que Heurtebise, le
nouveau pasteur, appelé par la voix du peuple, donc la voix de Dieu, se rendra
sans délai dans la paroisse. La municipalité n'attend pas longtemps pour
répondre que le corps électoral n'est pas la voix du peuple et encore moins la
voix de Dieu. Le procureur commissaire toutefois fait savoir que l'abbé Gigant
et l'abbé Morin doivent abandonner immédiatement la cure et la paroisse et que
le curé constitutionnel arrivera le 28 août.
En effet, Heurtebise se présente le 28 août, mais la
municipalité ne le reçoit pas et il se trouve devant une foule indignée et
hostile. Alors il rebrousse chemin.
Le
dimanche suivant 4 septembre, il réapparaît, cette fois entouré de 50 gardes
nationaux, et prend possession officiellement de l'église et de la cure. Il
fait garder la cure par un officier avec 12 soldats afin de la protéger contre
les malintentionnés au cas où il y en aurait.
Nous pouvons imaginer l'angoisse de la pauvre
institutrice restée sans ses conseillers, sans son directeur spirituel, et
témoin de scènes semblables.
Tout de suite se vérifièrent deux incidents. Un
dimanche, le vieux sacristain se moque publiquement de l'intrus : il est arrêté
et conduit en prison. Quelques semaines plus tard, un fermier appelé Le
Villain, se présente au curé constitutionnel, qui tient les registres d'état
civil pour lui demander d'inscrire son fils né le 14 octobre. Le curé n'accepte
qu'à condition de baptiser d'abord l'enfant. Le fermier refuse et s'en va.
L'intrus, dans le but d'insister, lui envoie des ouvriers qui travaillaient
pour lui. Le fermier lui répond "qu'il sait bien comment se
comporter". Alors, il est dénoncé et confié au tribunal de Sainte Suzanne
qui, le 19 octobre, le condamne à la prison.
Cette fois la patience des catholiques est à bout. Le
soir même, de nombreux coups de fusil viennent éclater sous les fenêtres de la
cure. Le matin suivant, l'intrus, tremblant de peur, fuit à Evron avec ses
treize gardiens.
L'abbé Gigant et son vicaire retournent dans la
paroisse au mois de novembre 1791 et y célèbrent publiquement la fonction
religieuse jusqu'au samedi saint de 1792. Au milieu de tant de tribulations, ce
fut une fugace embellie de joie, malheureusement trop tempérée par des
préoccupations d'un avenir qui s'annonçait à l'avance encore plus obscur que le
présent.
De toutes part autour d'Evron, à Saint-Léger comme en
les communes environnantes, avec grande prudence, on prépare des cachettes dans
lesquelles les prêtres persécutés pourront se réfugier. D'ailleurs, la région
s'y prête à merveille. L'hiver passe en ces préparatifs. Et voici le printemps
de 1792.
Le 26 mars, à proximité de Pâques, un décret du
directoire de la Mayenne prescrit aux prêtres des paroisses qui ont été
pourvues d'un curé assermenté de se rendre sans délai à Laval pour y être
internés. Par une telle mesure sont frappés aussi le curé et le vicaire de
Saint-Léger, quoique l'intrus ait été obligé de fuir. Mais ceux-ci ne se
préoccupent nullement d'exécuter ce qui leur est imposé.
Le lundi saint 2 avril, une grande manifestation est
organisée à Evron pour que les bons prêtres ne soient pas écartés de leurs
paroisses. Cette manifestation eut un résultat très malheureux. Saint-Léger fut
l'une des paroisses avec le plus grand nombre de manifestants. Rester ainsi à
Saint-Léger devenait trop difficile pour l'abbé Gigant et l'abbé Morin à cause
des représailles possibles, dont pourraient souffrir leurs meilleurs
paroissiens. Aussi, le jeudi saint, ils partirent pour Laval. De là, du reste,
les occasions ne manqueraient pas pour faire parvenir ordres et paroles de
réconfort aux catholiques les plus fervents, et en premier lieu à leur zélée soeur
de la charité. Les réconforts religieux les plus urgents furent assurés grâce
aux prêtres déjà cachés dans la paroisse ou en ses environs.
C'est alors que commence le travail "d'agent de
liaison" parmi les malades que la Bienheureuse visite, et les prêtres
cachés. On avait préparé pour eux des refuges à Fay, à Guivain, à Malabry, à
Bas-Taillis. Il y en avait d'autres à la limite des paroisses, par exemple à
Millière.
Au mois de juillet, Françoise Mézière est sollicitée à
prêter serment de liberté-égalité ou à abandonner pour toujours la maison de
l'école qu'elle habite encore. Elle va en pension à la ferme de la Baillée. Il
lui sera ainsi plus facile de se soustraire aux regards indiscrets : sa tâche
réclame beaucoup de perspicacité et de prudence.
A la fin d'août, elle apprend le départ pour Jersey de
l'abbé Gigant et l'abbé Morin, mais une nouvelle encore plus joyeuse lui
parvient : l'abbé Morin est de retour. S'est-il vraiment embarqué pour Jersey ?
Non, dans le centre-ville de Laval, 1 rue Renaise, il a déjà trouvé une
cachette chez les demoiselles Ducléré. Alors, entre la courageuse soeur de
charité et son directeur spirituel s'établit une correspondance, dont il reste
des traces. Quand, le 19 janvier 1793, on perquisitionne au domicile des
demoiselles Ducléré pour y chercher l'abbé Morin, lequel put fuir à temps, les
policiers mirent la main sur "quelques morceaux de papier, lesquels, selon
le rapport des policiers, semblent contenir un poison aristocratique et fournir
les nouvelles au sujet du dit prêtre".
Maintenant, l'un de ces documents datant du 26
septembre, écrit avec des abréviations et une orthographie conventionnelle, dit
: "La demoiselle Mézière m'a envoyé quelques lignes. Elle me dit qu'elle
est inquiète, qu'elle n'a plus d'appointements pour payer sa pension et le
cidre qu'elle a pris à l'auberge, qu'elle doit tout payer et qu'elle n'a plus
d'argent... Je suis allé me recommander à l'abbé Coinon afin qu'il me fasse le
plaisir de m'avancer la demi-pension fixée, pour la fête de la Toussaint, devant
confier à mademoiselle Mézière de quoi payer sa pension et le cidre qu 'elle a
pris à l'auberge. Elle a reçu toute la demi-pension, j'ai donné mon reçu
". Et il ajoute : "Mademoiselle Mézière m'a remis le reçu. Elle a
reçu 118 sous que je lui ai donnés". Ainsi le généreux prêtre Morin
pourvoira aux besoins de l'héroïque soeur de la charité de Saint-Léger.
L'entière année de 1793 se passe pour Françoise
Mézière au service d'un zèle et d'une charité pleins de dangers, mais riches de
mérites.
Vers la fin de décembre, les épaves misérables de la
grande armée de Vendée, refluent du Mans vers Laval. Les colonnes républicaines
les poursuivent implacablement, et la route est encombrée de cadavres d'hommes,
de femmes et d'enfants. Beaucoup s'éloignent des routes principales et
cherchent à trouver refuge dans les bois.
Aux alentours de Livet, durant la seconde moitié de
janvier, on signale à Françoise Mézière la présence de pauvres soldats errants
et affamés. La courageuse chrétienne en accueille sept dans une première cabane
et deux autres dans une seconde. L'un de ces derniers était blessé ; elle
soigne les plaies du blessé et donne à manger à tous. Mais les deux pauvres
bougres du second refuge sont découverts et transportés à Evron le 2 février. À
son tour, Françoise Mézière est arrêtée à la Baillée, dans la nuit du 4 au 5
février, et conduite à Evron. Vers 10 heures, dans une charrette entourée de
gardes à cheval, les trois prisonniers partent pour Laval.
Simultanément, le procureur commissaire Bouvet fait
parvenir à l'accusateur public le rapport suivant : “La garde
nationale d'Evron a arrêté deux brigands de Vendée réfugiés dans les bois de
Livet. Le jour suivant, je les ai fait comparaître devant le directoire pour
leur poser quelques questions. Ces deux scélérats ont déclaré que la nommée
Mézière, espèce de sœur de charité de la commune de Saint-Léger, venait les
visiter dans le lieu où ils s'étaient réfugiés, qu'elle leur portait leurs
moyens de subsistance et qu'elle les avait soignés d'une blessure reçue durant
la route vers Le Mans. Un de ces monstres a ajouté que la jeune Mézière avait
dit connaître aussi la cabane dans laquelle étaient cachés leurs sept autres
compagnons. Après de telles déclarations, j'ai remis au commandant de la
gendarmerie nationale de cette ville un réquisitoire pour faire arrêter la dite
sœur Mézière, ce qui a été fait cette nuit-là. Ce matin-là, je l'ai fait
comparaître devant les deux brigands, lesquels ont persisté dans leur
déclaration qu'ils m'avaient faite le jour précédent. Je t'envoie ces trois
individus pour que tu puisses en faire le procès et demander pour eux la juste
punition de leurs méfaits”.
Ce document exige quelques observations. Il est
possible en effet que Bouvet ait arraché aux Vendéens déprimés, errants depuis
plusieurs mois, le nom de leur bienfaitrice. Mais leur était-il vraiment
nécessaire, cet acte d'ingratitude ? Sachant que les deux malheureux avaient
été arrêtés dans le bois de Livet, c'est à dire à la limite de Saint-Léger,
voyant que les blessures de l'un d'eux avaient été soignées par une personne
habituée à guérir les plaies, ne pouvait-il pas penser que cette charitable
infirmière était certainement Françoise Mézière ?
En effet Bouvet était bien informé sur Saint-Léger.
Rappelons-nous la lettre qu'il avait échangée avec la municipalité lors de la
prise de possession de cette paroisse par un intrus, et l'échec subi. Du reste,
Bouvet était notaire. A l'époque, la fondation de l'école de Saint-Léger avait
été réalisée dans son propre cabinet. Probablement avait-il aussi vendu
lui-même, comme biens nationaux, les petites propriétés desquelles provenaient
les ressources de la sœur de Saint-Léger. Enfin, le 14 avril 1793, Bouvet avait
encore fait arrêter à Evron un séminariste, précisément dans la maison de la
tante de Françoise Mézière, madame Pierrette Mézière.
Françoise Mézière comparaîtra à Laval devant le
tribunal, lequel, 15 jours avant, avait envoyé à la guillotine les 14 prêtres
de la “Patience”. La sœur ne doute pas un instant du sort qui l'attend.
Nous ne possédons pas son interrogatoire : les
demandes qui lui furent adressées et les réponses qu'elle donna furent
recueillies dans trois registres qu'on fit disparaître mystérieusement aussitôt
après le 9 thermidor. Cependant, nous avons le texte du jugement qui condamne à
mort sœur Françoise avec quatre autres personnes.
Voici en ce qui concerne Françoise Mézière :
“Françoise Mézière, sœur de la charité de la commune
de Saint-Léger, district d'Evron, arrêtée et accusée d'avoir nourri pendant neuf
jours deux brigands réfugiés dans une cabane ; d'avoir soigné religieusement
les blessures de l'un d'eux et de lui avoir apporté tous les secours dont elle
était capable, secours qu'elle avait refusé à d'intrépides volontaires ; de ne
pas vouloir révéler en outre une autre cabane en laquelle, comme tout semble
l'affirmer, sont cachés sept autres brigands ; d'avoir observé le plus grand
silence à ce sujet envers la municipalité ; d'avoir refusé de prêter serment de
fidélité aux lois de la patrie ; d'avoir des milliers de fois, comme une autre
vipère de l'espèce sacerdotale, vomi outrageusement des invectives contre le
système républicain...”
Examinons ces différents chefs d'accusation : on
reproche à la servante de Dieu :
de ne pas avoir avisé la municipalité au sujet de la
présence des soldats vendéens dans le bois de Livet. Avertir la municipalité
aurait été la même chose qu'envoyer à la mort les hommes qu'elle considérait
comme de bons chrétiens, puisqu'ils avaient pris les armes seulement pour la
défense de leur propre foi.
d'avoir refusé son secours à d'intrépides volontaires.
Pure calomnie. Si le fait eut été vrai, ils nous auraient donné les noms de ces
volontaires et les auraient appelés à témoigner; ils auraient dû nous dire où
et quand ce fait arriva.
d'avoir “comme une autre vipère de la race
sacerdotale” vomi mille injures contre le système républicain. De cette façon,
elle est accusée d'avoir parlé comme le faisait les bons prêtres d'alors.
N'était-ce pas là son devoir ? N'avait-elle pas raison, par exemple, de
conseiller aux paroissiens de Saint-Léger de ne pas assister aux fonctions de
l'intrus, de ne pas lui présenter leurs enfants à baptiser ? N'avait-elle pas
le droit de se plaindre que les prêtres fidèles à Dieu et aux évêques légitimes
étaient tenus éloignés de leur paroisse ?
d'avoir refusé le serment. Oui, elle avait refusé le
serment de 1791, et c'est pour cette raison qu'elle avait été privée de ses
ressources et chassée de sa demeure. Après cela elle n'était plus
“fonctionnaire”. Pourquoi voulaient-ils d'elle un serment auquel elle n'était
plus légalement tenue ? Sans doute parce qu'à leurs yeux ce serment
équivaudrait à un acte d'apostasie.
d'avoir nourri et caché deux Vendéens et d'avoir
“soigné religieusement” la blessure de l'un d'eux. Ainsi elle est condamnée
pour un acte d'humanité, qu'elle a accompli “religieusement”, c'est à dire :
ils la condamnent pour son amour de Dieu.
Ne reste donc en définitive qu'à l'envoyer à la mort
en haine à Dieu. Du reste, dans ces expressions “soigné religieusement”,
“vipère de la race sacerdotale”, combien on perçoit la haine de Dieu !
Pour cette raison, Françoise Mézière ne dissimula pas
sa joie en écoutant la sentence capitale. Elle fit une révérence à ses juges et
les remercia de lui procurer le bonheur d'aller voir Dieu au ciel. À cela, un
des misérables juges répliqua par cet ignoble blasphème : “Puisque tu
vas voir ton bon Dieu, présente lui mes félicitations !”
C'est avec une telle dignité que meurent les vrais
martyrs.
Mgr E. Cesbron, “Les Martyrs de Laval”
SOURCE :
http://www.stleger.info/les72StLeger/region1/53.francoisemeziere.htm
SOURCE : http://nova.evangelisation.free.fr/francoise_meziere.htm
Mercredi 17 septembre
2014,
Fête de Sainte
Hildegarde de Bingen
Chers Amis du Refuge
Notre-Dame de Compassion,
Pour achever mes
publications relatives à la rentrée scolaire, à rebours des modes prétendument
pédagogiques, je voudrais aujourd’hui vous présenter la figure d’une
authentique enseignante catholique – une sainte pédagogue – , qui est en même
temps une héroïque martyre : la bienheureuse Françoise Mézière.
Je l’ai déjà évoquée, en
janvier 2014 (cf. > ici),
lorsque j’ai parlé des bienheureux martyrs de Laval ; mais je n’avais
alors fait que citer son nom, alors qu’aujourd’hui je voudrais vous donner
davantage de détails sur sa vie exemplaire, qui fait d’elle un modèle
toujours actuel pour tous les enseignants catholiques.
A – Origines, vocation et
formation :
Françoise
Mézière est née à Mézangers, dans le Bas-Maine (au nord de
Sainte-Suzanne), le 25 août 1745, et fut baptisée le jour même.
Son père, René Mézière,
excellent chrétien, était fermier pour l’abbaye d’Evron (bénédictins).
Veuf de sa première épouse, dont il a déjà eu six enfants, il se remarie à la
fin de l’année 1749 : Françoise est alors âgée de quatre ans et demi.
Sa deuxième épouse lui
donne trois autres enfants, puis meurt à son tour en 1754, peu de temps après
la mort de la sœur aînée de Françoise.
En 1758, René Mézière se
marie une troisième fois.
Par tous ces décès
successifs vécus dans la foi de l’Église, Françoise comprend très tôt
que le sens véritable de la vie terrestre, c’est la préparation de l’éternité,
et, en conséquence, elle perçoit toute l’importance du rôle des éducateurs pour
les âmes appelées au salut.
En 1768, Françoise
Mézière a 23 ans. Elle quitte la maison familiale pour aller se former à
la grande et belle tache de maîtresse d’école.
En ces temps-là, se
développait largement en Bas-Maine – comme en beaucoup d’autres provinces du
Royaume – l’oeuvre dite des « petites écoles ».
A Evron, depuis
1720, une de ces institutions existait, grâce à la générosité de l’abbé des
Bénédictins et au zèle du curé local. Cette oeuvre était dirigée par des femmes
consacrées, vivant en communauté et organisées sur le modèle
des « Filles de la Charité » fondées par Saint Vincent de
Paul. Ces Soeurs s’occupaient aussi d’un office de charité : à la fois
dispensaire où l’on venait recevoir des soins, hospice pour l’accueil de
vieillards nécessiteux, orphelinat, centre à partir duquel les Soeurs partaient
en visites pour prodiguer des soins et distribuer des vivres… etc.
C’est auprès de ces
Soeurs, que Françoise reçut, pendant deux ans, une formation adéquate à sa
double mission de maîtresse d’école et de « Soeur de charité ».
Il convient ici de
préciser quelque chose qui a son importance : avant la grande révolution, et
selon les règles canoniques en vigueur, seules étaient appelées
« religieuses » les femmes qui prononçaient les voeux solennels de
religion, et qui de ce fait devaient nécessairement vivre en clôture stricte.
Celles qui, lors même
qu’elles vivaient en communauté (mais sans clôture pour pouvoir se dévouer au
soin des miséreux et des malades et tenir des écoles), ne prononçaient que des
voeux simples ; elles portaient une sorte d’habit religieux et étaient appelées
« Soeurs ».
Les femmes qui ne
vivaient pas en communauté mais restaient dans une forme de célibat consacré
(avec parfois des voeux privés prononcés dans les mains de leur confesseur),
qui avaient reçu la charge d’une école de village, qui se dévouaient à l’entretien
de l’église et aux visites de charité dans une paroisse, portaient également
une sorte d’uniforme religieux et étaient elles-aussi appelées
« Soeurs ».
Françoise fera
partie de cette dernière catégorie : c’est ce qui explique que, sans être
religieuse à strictement parler, elle sera couramment appelée Soeur
Françoise.
C’est ici que les Soeurs
de la Charité d’Evron, établies sous la protection de l’abbé, formeront
Françoise Mézière à sa mission de maîtresse d’école et de « Soeur de
charité ».
B – Françoise, maîtresse
d’école à Saint-Léger :
Une cousine de la
troisième épouse de René Mézière, Marguerite Coutelle, dirigeait depuis 1752
l’école-dispensaire de la paroisse de Saint-Léger (à l’ouest de
Sainte-Suzanne). Elle y avait été appelée en 1752 par un prêtre aussi généreux
que zélé pour « apprendre à lire et à écrire gratuitement aux jeunes
filles de la paroisse, de leur faire réciter tous les jours la prière et leur
enseigner le catéchisme le mercredi et le samedi ».
En 1770, Françoise,
qui a achevé sa formation à Evron, est appelée comme auxiliaire de la
Soeur Coutelle, déjà âgée. Françoise fera la classe, visitera les malades et
s’occupera en partie de la sacristie : c’est à elle que revient l’entretien des
linges d’église et ornements, ainsi que la préparation des autels pour les
Messes.
La Soeur Coutelle meurt
en 1772 et Françoise devient alors l’institutrice titulaire
de Saint-Léger.
De 1770 à 1789, pendant
dix-neuf années donc, Françoise Mézière a vécu les jours les plus
tranquilles et les plus heureux de son existence : une existence où ne manquent
certes pas les jours d’épreuve et de deuil, mais qui se déroule dans le bonheur
profond du dévouement humble, fidèle et discret, toute donnée à Dieu et aux
autres…
Françoise est
soutenue par le ministère de bons prêtres, fervents, instruits, sages et zélés.
Lorsqu’elle arrive
à Saint-léger, en 1770, le vicaire est l’abbé Ripault : nommé curé de
Gesvres en 1776, ce prêtre intrépide refusera les serments imposés par la
révolution : durant toute la Terreur et jusqu’au Concordat, il exercera son
ministère clandestin avec beaucoup de succès.
En remplacement de l’abbé
Ripault, les paroissiens de Saint-Léger voient arriver un jeune
prêtre, l’abbé René Morin, doté d’un jugement très lucide, d’un grand esprit
d’initiative et surtout une âme vraiment surnaturelle. L’abbé Morin est un
apôtre de la dévotion au Coeur Sacré de Jésus.
Et en 1777, le curé nommé
à Saint-Léger est l’abbé Jacques Gigant, cousin de Françoise
Mézière.
C – Les débuts de la
révolution :
1789 ouvre pour l’Eglise
catholique non une période de paix et d’espérances, mais une ère de grandes
inquiétudes et d’angoisses, puis de cruelles persécutions.
Heureusement, comme nous
l’avons vu, la cure de Saint-Léger est tenue par des prêtres d’une
solide formation doctrinale et d’une piété exemplaire, auxquels Soeur
Françoise peut faire pleinement confiance.
Dès le temps de la
parution des « cahiers de doléances » du clergé, l’abbé Gigant, curé,
et l’abbé Morin, son vicaire, vont donner la preuve de leur sagacité et de leur
clairvoyance et mettre en garde leurs paroissiens contre les nouveautés et les
pièges qu’elles présentent pour la religion.
La « prise » de
la Bastille et les premiers troubles dans les campagnes vont bientôt confirmer
leurs inquiétudes et leur causer de sévères alarmes. Françoise
Mézière partage leurs analyse de la situation et leurs craintes.
Le décret du 2 novembre
1789 qui met les biens ecclésiastiques « à disposition de la
nation », la concerne directement : en effet, l’école et le dispensaire
de Saint-Léger ne pouvaient subsister que parce qu’ils étaient dotés
des revenus de petites propriétés qui vont se retrouver dans la liste des biens
nationaux.
Puis vient
la « constitution civile du clergé », avec son fatal serment,
que ni le curé ni le vicaire de Saint-Léger n’accepteront.
Et voici que, le 14 avril
1791, l’obligation du serment est étendue aux maîtres et maîtresses d’école.
S’ils s’y refusent, ils se voient signifier l’interdiction d’enseigner et
perdent leur traitement.
Soeur Françoise
Mézière n’hésite pourtant pas un instant : entre la trahison et
l’indigence, sa conscience ne lui permet pas de choisir ! Mais, interdite
d’enseignement, du moins pourra-t-elle continuer son ministère d’infirmière et
de garde-malade.
Vers la fin de juillet
1791, l’abbé Gigant et l’abbé Morin sont informés par les autorités
départementales qu’un curé assermenté a été nommé pour Saint-Léger, et
qu’ils seront contraints de quitter et l’église et la cure.
Toutefois les paroissiens
sont fermement attachés à leurs bons prêtres et ne veulent pas les voir partir.
La municipalité, composée de braves gens, fait bloc avec les fidèles et le fait
savoir à Bouvet, le procureur commissaire du district. Bouvet répond que la loi
doit être observée et que le curé constitutionnel Heurtebise, appelé par la
voix du peuple et donc par la voix de Dieu, se rendra sans délai dans la
paroisse. La municipalité réplique que le corps électoral n’est pas la voix du
peuple et encore moins la voix de Dieu !
Le procureur commissaire
toutefois fait savoir que l’abbé Gigant et l’abbé Morin doivent abandonner
immédiatement la cure et quitter la paroisse, et que le curé constitutionnel
arrivera le 28 août.
D – Commencement des
troubles à Saint-Léger :
Le curé constitutionnel
Heurtebise se présente en effet le 28 août, mais la municipalité refuse de
l’accueillir et le prêtre jureur se trouve en face d’une foule indignée et
hostile. Il rebrousse chemin…
Mais le dimanche suivant,
4 septembre, il réapparaît. Cette fois il a pris soin de se faire accompagner
par cinquante gardes nationaux en armes. Il prend officiellement possession de
l’église et de la cure. Il fait garder cette dernière par un officier avec
douze soldats car il sent bien qu’il est en butte à l’hostilité de toute la paroisse.
Nous pouvons imaginer
sans peine l’angoisse et la douleur de la pauvre Soeur Françoise, demeurée
à Saint-Léger sans ses conseillers spirituels, lorsqu’elle fut témoin
de scènes semblables.
Très rapidement des
« incidents » se produisent.
Un dimanche, le vieux
sacristain se moque publiquement de l’intrus ; il est aussitôt arrêté et
conduit en prison.
Quelques semaines plus
tard, un fermier appelé Le Villain, se présente au curé constitutionnel, qui
tient les registres d’état civil pour lui demander d’inscrire son fils né le 14
octobre. Le curé n’accepte qu’à condition de baptiser d’abord l’enfant. Le
fermier refuse et s’en va. L’intrus, dans le but d’insister, lui envoie des
ouvriers qui travaillent pour lui. Le fermier lui répond « qu’il sait
bien comment se comporter ». Dénoncé, il est déféré devant le tribunal de
Sainte-Suzanne qui, le 19 octobre, le condamne à la prison.
Les catholiques
de Saint-Léger sont à bout : le soir même, de nombreux coups de fusil
viennent éclater sous les fenêtres de la cure. Le matin suivant, l’intrus,
tremblant de peur, s’enfuit à Evron avec ses treize gardiens.
L’abbé Gigant et son
vicaire, pasteurs légitimes, reviennent alors dans leur paroisse en novembre
1791 et vont y célébrer publiquement les fonctions religieuses jusqu’à la
Semaine Sainte 1792.
Alors que la situation du
Royaume dégénère de jour en jour et que la révolution se fait de plus en plus
violemment anticatholique, c’est un réconfort pour Soeur Françoise et
pour ces paroissiens solidement ancrés dans leur convictions religieuses de
continuer à bénéficier des sacrements et des enseignements forts de leurs bons
prêtres.
Néanmoins, comme l’avenir
s’annonce encore plus obscur que le présent, de toutes parts autour d’Evron,
à Saint-Léger comme dans toutes les paroisses environnantes, avec
grande prudence, on prépare des cachettes dans lesquelles les prêtres
persécutés pourront se réfugier. Cette région de bocage s’y prête d’ailleurs à
merveille. L’hiver passe en ces préparatifs. Nous voici au printemps de 1792.
L’abbé Morin, vicaire au
moment de la révolution, était un ardent promoteur du culte du Sacré-Coeur.
E – La persécution
ouverte :
Le lundi de la Passion 26
mars 1792, un décret du directoire de la Mayenne prescrit aux prêtres
non-jureurs des paroisses qui ont été pourvues d’un curé assermenté de se
rendre sans délai à LavaI pour y être internés.
Cette mesure visait donc
en particulier le curé et le vicaire de Saint-Léger (même si l’intrus
avait été obligé de fuir), mais ils n’avaient évidemment aucune intention de
s’y conformer.
Le Lundi Saint 2 avril
1792, une grande manifestation fut organisée à Evron, demandant que les
bons prêtres ne soient pas écartés de leurs
paroisses. Saint-Léger fut l’une des paroisses représentée par le
plus grand nombre de manifestants. Mais la manifestation (expression pourtant
de la volonté du peuple) eut pour résultat de renforcer la haine et la
détermination des révolutionnaires : rester à Saint-Léger devint
alors trop risqué pour les abbés Gigant et Morin qui craignirent d’exposer
leurs fidèles à de dures représailles. Aussi, le Jeudi Saint, partirent-ils
pour Laval.
Ils pensaient d’une part
que, de toute manière, les occasions ne manqueraient pas pour faire parvenir
ordres et paroles de réconfort à leurs paroissiens les plus fervents, et en
premier lieu à leur zélée Soeur de charité, et d’autre part que les sacrements
pourraient continuer à être administrés par les prêtres déjà cachés dans la
paroisse ou dans les environs.
Soeur
Françoise commence alors un intense ministère d’agent de liaison entre les
réfractaires cachés et les fidèles qui demandent les secours de la religion.
Au mois de juillet
1792, Françoise est sommée de prêter le serment dit
de liberté-égalité sous peine de devoir abandonner la maison d’école
qu’elle habite encore. Elle s’y refuse et trouve à se loger dans une ferme (la
Baillée). Eloignée du centre du village, il lui sera ainsi plus facile de se
soustraire aux regards indiscrets car sa tâche exige de plus en plus de
perspicacité et de prudence.
A la fin d’août, elle
apprend que les abbés Gigant et Morin ont pu embarquer pour Jersey…
Cependant une autre
nouvelle lui parvient bientôt qui la remplit de joie : l’abbé Morin –
officiellement embarqué pour Jersey – se cache en réalité en plein centre-ville
de Laval, où il se cache chez les demoiselles Ducléré.
Alors, entre la
courageuse Soeur de charité et son directeur spirituel s’établit une
correspondance, dont il reste des traces. Quand, le 19 janvier 1793, on
perquisitionne au domicile des demoiselles Ducléré pour y chercher l’abbé
Morin, lequel put fuir à temps, les policiers mirent la main
sur « quelques morceaux de papier, lesquels, selon le rapport des
policiers, semblent contenir un poison aristocratique et fournir les nouvelles
au sujet du dit prêtre ».
L’une des note de l’abbé
Morin, en date du 26 septembre, dit : « La demoiselle Mézière m’a envoyé
quelques lignes. Elle me dit qu’elle est inquiète, qu’elle n’a plus
d’appointements pour payer sa pension et le cidre qu’elle a pris à l’auberge,
qu’elle doit tout payer et qu’elle n’a plus d’argent… Je suis allé me
recommander à l’abbé Coinon afin qu’il me fasse le plaisir de m’avancer la demi
pension fixée, pour la fête de la Toussaint, devant confier à mademoiselle
Mézière de quoi payer sa pension et le cidre qu’elle a pris à l’auberge
(…). Mademoiselle Mézière m’a remis le reçu. Elle a reçu 118 sous que je
lui ai donnés ». On voit donc que le généreux prêtre pourvoyait aux besoins de
l’héroïque Soeur de charité de Saint-Léger.
L’entière année de 1793
se passe pour Françoise Mézière dans l’exercice d’un zèle et d’une
charité pleins de dangers, mais riches de mérites.
F – L’arrestation :
Vers la fin de décembre
1793, les épaves misérables de la Grande Armée catholique et royale de Vendée,
refluent du Mans vers Laval.
Les colonnes
républicaines les poursuivent implacablement ; la route est encombrée de
cadavres d’hommes, de femmes et d’enfants. Des rescapés, s’éloignant des routes
principales, cherchent refuge dans les bois.
Durant la seconde moitié
de janvier, on signale à Françoise Mézière la présence de pauvres
soldats errants et affamés. La courageuse chrétienne en accueille sept dans une
première cabane et deux autres dans une seconde. L’un de ces derniers était
blessé ; elle soigne les plaies du blessé et donne à manger à tous.
Mais les deux pauvres
rescapés du second refuge sont découverts par les révolutionnaires et emmenés
à Evron le 2 février.
A la suite de
cela, Soeur Françoise est arrêtée à la ferme de la Baillée, dans la
nuit du 4 au 5 février, et elle aussi conduite à Evron.
Puis, au cours de cette
même journée du 5 février 1794, dans une charrette entourée de gardes à
cheval, les trois prisonniers sont conduits à Laval.
Le procureur commissaire
Bouvet fait parvenir à l’accusateur public le rapport suivant : « La
garde nationale d’Evron a arrêté deux brigands de Vendée réfugiés dans les bois
de Livet. Le jour suivant, je les ai fait comparaître devant le directoire pour
leur poser quelques questions. Ces deux scélérats ont déclaré que la nommée
Mézière, espèce de soeur de charité de la commune de Saint-Léger, venait les
visiter dans le lieu où ils s’étaient réfugiés, qu’elle leur portait leurs
moyens de subsistance et qu’elle les avait soignés d’une blessure reçue durant
la route vers Le Mans. Un de ces monstres a ajouté que la jeune Mézière avait
dit connaître aussi la cabane dans laquelle étaient cachés leurs sept autres
compagnons. Après de telles déclarations, j’ai remis au commandant de la
gendarmerie nationale de cette ville un réquisitoire pour faire arrêter la dite
soeur Mézière, ce qui a été fait cette nuit-là. Ce matin-là, je l’ai fait
comparaître devant les deux brigands, lesquels ont persisté dans leur
déclaration qu’ils m’avaient faite le jour précédent. Je t’envoie ces trois
individus pour que tu puisses en faire le procès et demander pour eux la juste
punition de leurs méfaits ».
Ce document exige
quelques observations.
Il est certes possible
que Bouvet ait arraché aux Vendéens déprimés, errants depuis plusieurs mois, le
nom de leur bienfaitrice. Mais on peut aussi se demander si cet acte
d’ingratitude est bien réel.
Le révolutionnaire Bouvet
peut avoir menti (le mensonge n’est-il pas une pratique courante chez cet
espèce de personnage ?). On peut légitimement penser qu’il a voulu
officiellement attribuer aux rescapés Vendéens une dénonciation qui
proviendrait d’une autre personne, peut-être de Saint-Léger même : un
informateur qu’il n’aurait pas voulu signaler…
De toute manière Bouvet
était bien informé sur tout ce qui avait trait à Saint-Léger.
Rappelons-nous que dès
1791 il était bien au fait de la résistance de cette paroisse aux lois
religieuses édictées par la révolution (voir supra).
Du reste, Bouvet était
notaire : les actes de fondation et de dotation de l’école
de Saint-Léger avaient été enregistrés dans son propre cabinet.
Probablement avait-il aussi vendu lui-même, comme biens nationaux, les petites
propriétés desquelles provenaient les ressources de la Soeur
de Saint-Léger.
Enfin, le 14 avril 1793,
Bouvet avait encore fait arrêter, à Evron, un séminariste, précisément dans la
maison d’une tante de Françoise Mézière.
G – le procès, le martyre
et la gloire :
Sitôt arrivé à Laval,
ce 5 février, Françoise Mézière comparaît devant le tribunal
qui, quinze jours auparavant, a envoyé à la guillotine les quatorze prêtres de
la « Patience » (cf. > www).
La Soeur ne doute pas un instant du sort qui l’attend.
Nous ne possédons pas son
interrogatoire : les demandes qui lui furent adressées et les réponses qu’elle
donna furent recueillies dans trois registres qui ont « mystérieusement »
disparu aussitôt après le 9 thermidor. Toutefois le texte du jugement qui
condamne à mort soeur Françoise avec quatre autres personnes nous a été
conservé. Voici en ce qui concerne Françoise Mézière :
« Françoise Mézière,
soeur de la charité de la commune de Saint-Léger, district d’Evron, arrêtée et
accusée d’avoir nourri pendant neuf jours deux brigands réfugiés dans une
cabane ; d’avoir soigné religieusement les blessures de l’un d’eux et de lui
avoir apporté tous les secours dont elle était capable, secours qu’elle avait
refusé à d’intrépides volontaires ; de ne pas vouloir révéler en outre une
autre cabane en laquelle, comme tout semble l’affirmer, sont cachés sept autres
brigands ; d’avoir observé le plus grand silence à ce sujet envers la municipalité
; d’avoir refusé de prêter serment de fidélité aux lois de la patrie ; d’avoir
des milliers de fois, comme une autre vipère de l’espèce sacerdotale, vomi
outrageusement des invectives contre le système républicain… »
On appréciera la teneur et
la phraséologie de cette condamnation : ils montrent bien que si Soeur
Françoise est envoyée à la mort, c’est parce qu’elle est restée fidèle à
l’Église – à sa discipline et à sa foi – , et parce qu’elle a continué à servir
Dieu qu’elle aimait plus que tout et plus que sa propre vie.
Les
expressions « soigné religieusement » et « vipère
de la race sacerdotale » sont suffisamment éloquentes : c’est bien la
haine de Dieu et de Son Église qui a inspiré un tel jugement !
A l’audition de la
sentence, Françoise Mézière ne dissimula pas sa joie. Elle fit une
révérence à ses juges et les remercia de lui procurer le bonheur d’aller
retrouver Dieu au ciel. A cela, un des misérables juges répliqua par ce
blasphème : « Puisque tu vas voir ton bon Dieu, présente lui mes
félicitations ! »
Le jugement fut
immédiatement exécuté. En cette fin de journée du 5 février
1794, Soeur Françoise gravit d’un pas résolu les marches de la
guillotine.
Françoise Mézière a
été béatifiée par Sa Sainteté le Pape Pie XII, le 19 juin 1955, en même temps
que les autres « martyrs de Laval » et elle est fêtée
liturgiquement en même temps qu’eux. Toutefois, localement – dans sa paroisse
natale de Mézangers ou bien à Saint-Léger qui fut la
paroisse où s’exerça son zèle admirable – elle peut-être fêtée individuellement
à la date du 5 février.
« Bienheureuse
Françoise Mézière,
parfaite disciple de
Notre-Seigneur Jésus-Christ, dans ce Ciel où vous vivez pour toujours dans la
gloire auprès de Lui, intercédez pour nous !
Vous vous êtes dévouée
corps et âme pour l’éducation chrétienne des enfants : obtenez-nous à chacun
des grâces pour faire connaître et aimer le divin Sauveur, Son Église et Ses
enseignements de Vérité !
Vous avez servi les
pauvres, les malades et les nécessiteux à travers toutes les oeuvres de
miséricorde, physiques et spirituelles : obtenez-nous à chacun des grâces pour
nous dépenser généreusement au service de ces petits qui sont Vos et nos frères
!
Vous êtes restée
inébranlablement fidèle dans les épreuves et la persécution : obtenez-nous la
grâce de ne jamais renier notre divin Roi, et – s’il le faut un jour – de
donner notre vie pour Lui ! Ainsi soit-il !
Bienheureuse Françoise
Mézière, priez pour nous !
Bienheureuse Françoise
Mézière, priez pour nos écoles catholiques !
Bienheureuse Françoise
Mézière, priez pour les éducateurs chrétiens !
Bienheureuse Françoise
Mézière, priez pour notre France qui n’en finit pas d’être dévastée et
entraînée sur les chemins de l’apostasie par l’esprit et les conséquences de la
sinistre révolution ! »
(prière composée par
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Coeur)
N.B. : Je remercie d’une
manière très spéciale notre ami Romain, auquel nous devons les photographies
qui illustrent cet article, puisque, habitant lui-même le Bas-Maine, à ma
demande, il s’est rendu à Mézangers et à Saint-Léger afin
d’y réaliser ces clichés.
Lully.
L'édifiante histoire
de Françoise Mézière (1745/1794)
L'ami Maurice a
déniché le livre "I Martiri di Laval". Écrit en italien, il
avait été traduit du français par P. Francesco Tamburo en 1955.
Le titre original
était "Les Martyrs de Laval", de Mgr E. Cesbron.
Nous avons tenté, ici, de
le retraduire en français le plus fidèlement possible, à partir de l'italien.
Nous avons conservé le mot "lires", ne sachant comment traduire cette
unité.
Vous y lirez un point de
vue très partisan mais, au-delà, découvrirez la période particulièrement
"trouble" qui fut celle de la Révolution.
Françoise Mézière naquit
à Mézangers le 25 août 1745 et fut baptisée le jour même. Son père, René
Mézière, excellent chrétien, habitait dans la ferme de la Maulorière qui
appartenait à l'abbaye bénédictine d'Evron. Travailleur intelligent et
consciencieux, René Mézière sut tirer profit de sa ferme. Quand il la prit,
elle rapportait 90 lires seulement à l'abbaye. Il fera monter progressivement
le revenu jusqu'à 330 lires. Pour cela il fut très estimé du père économe de
l'abbaye, lequel lui prouva sa reconnaissance, d'abord en reconstruisant la
maison d'habitation de la Maulorière, puis en assistant au baptême de son
neuvième fils. A la cérémonie prit aussi part le curé de Mézangers, avec le
curé et le vicaire de Hambers.
Françoise Mézière grandit
au milieu des deuils. A quatre ans, elle perdit sa mère, Françoise Rousseau.
Pour élever ses six enfants, René Mézière se remaria à la tin de 1749. Sa
seconde femme, Marie Heurtebise, lui donna à son tour trois enfants, puis
mourut en 1754. Quelques mois avant, ils avaient enterré la soeur aînée de
Françoise. René Mézière se remaria à nouveau en 1758.
En 1768, Françoise
Mézière a 23 ans. Elle se sent attirée (peut-être l'était-elle depuis
longtemps) vers l'apostolat.
C'était une période où se
développait largement en Bas-Maine l'oeuvre dite des "petites
écoles". A Evron, en 1720, une de ces institutions existait, grâce à la
générosité de l'abbé des Bénédictines et au zèle du curé local. Elle était
dirigée par les soeurs de la Chapelle-au-Ribaul. Elles dirigeaient aussi un
office de charité, organisé selon les méthodes de Saint Vincent de Paul, qui,
dans les années 1768, 1769, 1770, les rendirent particulièrement actifs et
prospères. Françoise Mézière se préparera donc à sa double tâche de maîtresse
d'école et de soeur de charité.
René Mézière avait épousé
en troisième noce Marie Coutelle. Marie Coutelle avait une cousine germaine,
Marguerite Coutelle ; celle-ci s'occupait en la paroisse de Saint-Léger des
fonctions auxquelles aspirait Françoise Mézière. Elle y avait été appelée en
1752 par l'abbé Dioré, prêtre aussi généreux que zélé.
Ayant quelques économies,
l'abbé Dioré s'était demandé en quelles oeuvres paroissiales elles pouvaient
être employées le plus utilement possible. Après mûres réflexions, "voyant
que les jeunes avaient envie de se faire instruire par le prêtre coopérant et
connaissant par sa longue expérience l'utilité des petites écoles, spécialement
pour les jeunes filles de la campagne", l'abbé Dioré prit la résolution de
fonder l'une de ces écoles avec ses économies. Les jeunes filles pourraient
ainsi inspirer et maintenir dans la famille les sentiments religieux reçus dans
leur jeunesse, lorsqu'elles seraient devenues mère et maîtresse de maison.
Quand il lui fut possible
d'effectuer sa proposition, il confia à mademoiselle Marguerite Coutelle la
direction de la nouvelle école, la chargeant "d'apprendre à lire et à
écrire gratuitement aux jeunes filles de la paroisse, de leur faire réciter
tous les jours la prière et leur enseigner le catéchisme le mercredi et le
samedi".
L'abbé Dioré meurt en
1770. C'est son cher ami et vicaire, l'abbé Joseph Gigant, cousin de Marguerite
Coutelle et de Françoise Mézière, qui lui succède. La demoiselle Coutelle, déjà
âgée, sentit le besoin d'être aidée et bientôt remplacée. Naturellement, l'un
et l'autre pensèrent à Françoise Mézière comme auxiliaire.
Françoise Mézière accepte
: elle fera l'école en se conformant au règlement établi par le fondateur,
l'abbé Dioré. Elle visitera aussi les malades, et aussitôt ils remarqueront qu'elle
était "capable de soigner toutes sortes de blessures". Elle
s'occupera, en plus, de laver le linge de l'église et de préparer les autels.
De 1770 à 1789, Françoise
Mézière vécut les années les plus tranquilles et les plus heureuses de son
existence. Durant ces 19 années, il y aura des jours de deuil, de tristesse,
mais qui affecteront peu son état d'âme.
En 1772, elle perdra son
amie Marguerite Coutelle et par conséquence deviendra la titulaire de l'école.
En 1776, notre vicaire de
Saint-Léger, l'abbé Ripault, très estimé de tous dans la région d'Evron, est
nommé curé de Gesvres. Durant toute la Terreur jusqu'au Concordat, il exercera
son ministère clandestin avec beaucoup de succès. A sa place, les paroissiens
de Saint-Léger voient arriver un jeune prêtre, l'abbé René Morin, lequel, sous
un extérieur assez particulier, cache un jugement très lucide, un grand esprit
d'initiative et surtout une âme vraiment surnaturelle. Dans les provinces de
l'Ouest, le clergé et les fidèles en ce temps-là nourrissaient une fervente
dévotion au coeur de Jésus. Les Vendéens et les Chouans mettront sur leur
poitrine l'image du Sacré Coeur, de façon à ce que tous puissent la voir et ce
sera leur signe de reconnaissance. L'abbé René Morin est un apôtre de cette
nouvelle dévotion.
L'année suivante, l'abbé
Joseph Gigant, "plein de rhumatismes", donne sa démission de curé.
Son neveu, l'abbé Jacques Gigant, lui aussi cousin de Françoise Mézière, lui
succède. Les soeurs de l'abbé Jacques seront très amies par la suite.
Pour notre servante de
Dieu, dès 1789, commence une période d'inquiétudes angoissantes, puis de
persécutions cruelles. Heureusement, la cure de Saint-Léger abrite des prêtres
de saine culture, en lesquels elle reporte toute sa confiance.
Déjà, depuis le temps de
la parution des "cahiers de doléances" du clergé, l'abbé Gigant et
l'abbé Morin donnèrent la preuve de leur sagacité et de leur clairvoyance. La
prise de la Bastille et les premiers troubles dans les campagnes leur causèrent
bien des préoccupations et des chagrins.
Françoise Mézière
partageait naturellement leurs points de vue et leurs craintes. D'ailleurs, la
loi qui mettait les propriétés ecclésiastiques "à disposition de la
nation", la concernait directement. En effet, les petites propriétés
desquelles elle retirait ses revenus figuraient dans la liste des biens
nationaux.
Ensuite arrive la
constitution civile du clergé, avec son fatal serment, mais ni le curé ni le
vicaire de Saint-Léger n'en tiendront compte.
Et voici que le 14 avril
1791 l'obligation du serment est étendu aux maîtres et maîtresses d'école.
S'ils s'y refusaient, l'interdiction d'enseigner leur était signifiée, et par
conséquence la perte de leur traitement. De telle façon, refuser était se
condamner à l'indigence. Françoise Mézière n'hésite pas un instant : elle
suivra l'exemple donné par son curé et son vicaire. Elle pourra conserver, au
moins, ses occupations d'infirmière et de garde-malade.
Vers la fin de juillet
1791, l'abbé Gigant et l'abbé Morin sont informés qu'un curé assermenté a été
nommé pour Saint-Léger, et qu'ils seront contraints de laisser l'église et la
cure. Cependant la municipalité ne veut à aucun prix permettre qu'un intrus se
substitue à nos bons prêtres. Elle le fait savoir à Bouvet, le procureur
commissaire du district. Bouvet répond que la loi doit être observée et que
Heurtebise, le nouveau pasteur, appelé par la voix du peuple, donc la voix de
Dieu, se rendra sans délai dans la paroisse. La municipalité n'attend pas
longtemps pour répondre que le corps électoral n'est pas la voix du peuple et
encore moins la voix de Dieu. Le procureur commissaire toutefois fait savoir
que l'abbé Gigant et l'abbé Morin doivent abandonner immédiatement la cure et
la paroisse et que le curé constitutionnel arrivera le 28 août.
En effet, Heurtebise se
présente le 28 août, mais la municipalité ne le reçoit pas et il se trouve
devant une foule indignée et hostile. Alors il rebrousse chemin.
Le dimanche suivant 4
septembre, il réapparaît, cette fois entouré de 50 gardes nationaux, et prend
possession officiellement de l'église et de la cure. Il fait garder la cure par
un officier avec 12 soldats afin de la protéger contre les malintentionnés au
cas où il y en aurait.
Nous pouvons imaginer
l'angoisse de la pauvre institutrice restée sans ses conseillers, sans son
directeur spirituel, et témoin de scènes semblables.
Tout de suite se
vérifièrent deux incidents. Un dimanche, le vieux sacristain se moque
publiquement de l'intrus : il est arrêté et conduit en prison. Quelques
semaines plus tard, un fermier appelé Le Villain, se présente au curé
constitutionnel, qui tient les registres d'état civil pour lui demander
d'inscrire son fils né le 14 octobre. Le curé n'accepte qu'à condition de
baptiser d'abord l'enfant. Le fermier refuse et s'en va. L'intrus, dans le but
d'insister, lui envoie des ouvriers qui travaillaient pour lui. Le fermier lui
répond "qu'il sait bien comment se comporter". Alors, il est dénoncé
et confié au tribunal de Sainte Suzanne qui, le 19 octobre, le condamne à la
prison.
Cette fois la patience
des catholiques est à bout. Le soir même, de nombreux coups de fusil viennent
éclater sous les fenêtres de la cure. Le matin suivant, l'intrus, tremblant de
peur, fuit à Evron avec ses treize gardiens.
L'abbé Gigant et son
vicaire retournent dans la paroisse au mois de novembre 1791 et y célèbrent
publiquement la fonction religieuse jusqu'au samedi saint de 1792. Au milieu de
tant de tribulations, ce fut une fugace embellie de joie, malheureusement trop
tempérée par des préoccupations d'un avenir qui s'annonçait à l'avance encore
plus obscur que le présent.
De toutes parts autour
d'Evron, à Saint-Léger comme en les communes environnantes, avec grande
prudence, on prépare des cachettes dans lesquelles les prêtres persécutés
pourront se réfugier. D'ailleurs, la région s'y prête à merveille. L'hiver
passe en ces préparatifs. Et voici le printemps de 1792.
Le 26 mars, à proximité
de Pâques, un décret du directoire de la Mayenne prescrit aux prêtres des
paroisses qui ont été pourvues d'un curé assermenté de se rendre sans délai à
LavaI pour y être internés. Par une telle mesure sont frappés aussi le curé et
le vicaire de Saint-Léger, quoique l'intrus ait été obligé de fuir. Mais
ceux-ci ne se préoccupent nullement d'exécuter ce qui leur est imposé.
Le lundi saint 2 avril,
une grande manifestation est organisée à Evron pour que les bons prêtres ne
soient pas écartés de leurs paroisses. Cette manifestation eut un résultat très
malheureux. Saint-Léger fut l'une des paroisses avec le plus grand nombre de
manifestants. Rester ainsi à Saint-Léger devenait trop difficile pour l'abbé
Gigant et l'abbé Morin à cause des représailles possibles, dont pourraient
souffrir leurs meilleurs paroissiens. Aussi, le jeudi saint, ils partirent pour
Laval. De là, du reste, les occasions ne manqueraient pas pour faire parvenir
ordres et paroles de réconfort aux catholiques les plus fervents, et en premier
lieu à leur zélée soeur de la charité. Les réconforts religieux les plus
urgents furent assurés grâce aux prêtres déjà cachés dans la paroisse ou en ses
environs.
C'est alors que commence
le travail "d'agent de liaison" parmi les malades que la Bienheureuse
visite, et les prêtres cachés. On avait préparé pour eux des refuges à Fay, à
Guivain, à Malabry, à Bas-Taillis. Il y en avait d'autres à la limite des
paroisses, par exemple à Millière.
Au mois de juillet,
Françoise Mézière est sollicitée à prêter serment de liberté-égalité ou à
abandonner pour toujours la maison de l'école qu'elle habite encore. Elle va en
pension à la ferme de la Baillée. Il lui sera ainsi plus facile de se
soustraire aux regards indiscrets : sa tâche réclame beaucoup de perspicacité
et de prudence.
A la fin d'août, elle
apprend le départ pour Jersey de l'abbé Gigant et l'abbé Morin, mais une
nouvelle encore plus joyeuse lui parvient : l'abbé Morin est de retour. S'est-il
vraiment embarqué pour Jersey ? Non, dans le centre-ville de Laval, 1 rue
Renaise, il a déjà trouvé une cachette chez les demoiselles Ducléré. Alors,
entre la courageuse soeur de charité et son directeur spirituel s'établit une
correspondance, dont il reste des traces. Quand, le 19 janvier 1793, on
perquisitionne au domicile des demoiselles Ducléré pour y chercher l'abbé
Morin, lequel put fuir à temps, les policiers mirent la main sur "quelques
morceaux de papier, lesquels, selon le rapport des policiers, semblent contenir
un poison aristocratique et fournir les nouvelles au sujet du dit prêtre".
Maintenant, l'un de ces
documents datant du 26 septembre, écrit avec des abréviations et une
orthographie conventionnelle, dit : "La demoiselle Mézière m'a envoyé
quelques lignes. Elle me dit qu'elle est inquiète, qu'elle n'a plus
d'appointements pour payer sa pension et le cidre qu'elle a pris à l'auberge,
qu'elle doit tout payer et qu'elle n'a plus d'argent... Je suis allé me
recommander à l'abbé Coinon afin qu'il me fasse le plaisir de m'avancer la demi
pension fixée, pour la fête de la Toussaint, devant confier à mademoiselle
Mézière de quoi payer sa pension et le cidre qu 'elle a pris à l'auberge. Elle
a reçu toute la demi pension, j'ai donné mon reçu ". Et il ajoute :
"Mademoiselle Mézière m'a remis le reçu. Elle a reçu 118 sous que je lui
ai donnés". Ainsi le généreux prêtre Morin pourvoira aux besoins de
l'héroïque soeur de la charité de Saint-Léger.
L'entière année de 1793
se passe pour Françoise Mézière au service d'un zèle et d'une charité pleins de
dangers, mais riches de mérites.
Vers la fin de décembre,
les épaves misérables de la grande armée de Vendée, refluent du Mans vers
Laval. Les colonnes républicaines les poursuivent implacablement, et la route est
encombrée de cadavres d'hommes, de femmes et d'enfants. Beaucoup s'éloignent
des routes principales et cherchent à trouver refuge dans les bois.
Aux alentours de Livet,
durant la seconde moitié de janvier, on signale à Françoise Mézière la présence
de pauvres soldats errants et affamés. La courageuse chrétienne en accueille
sept dans une première cabane et deux autres dans une seconde. L'un de ces
derniers était blessé ; elle soigne les plaies du blessé et donne à manger à
tous. Mais les deux pauvres bougres du second refuge sont découverts et
transportés à Evron le 2 février. A son tour, Françoise Mézière est arrêtée à
la Baillée, dans la nuit du 4 au 5 février, et conduite à Evron. Vers 10
heures, dans une charrette entourée de gardes à cheval, les trois prisonniers
partent pour Laval.
Simultanément, le
procureur commissaire Bouvet fait parvenir à l'accusateur public le rapport
suivant : "La garde nationale d'Evron a arrêté deux brigands de Vendée
réfugiés dans les bois de Livet. Le jour suivant, je les ai fait comparaître
devant le directoire pour leur poser quelques questions. Ces deux scélérats ont
déclaré que la nommée Mézière, espèce de soeur de charité de la commune de
Saint-Léger, venait les visiter dans le lieu où ils s'étaient réfugiés, qu'elle
leur portait leurs moyens de subsistance et qu'elle les avait soignés d'une
blessure reçue durant la route vers Le Mans. Un de ces monstres a ajouté que la
jeune Mézière avait dit connaître aussi la cabane dans laquelle étaient cachés
leurs sept autres compagnons. Après de telles déclarations, j'ai remis au
commandant de la gendarmerie nationale de cette ville un réquisitoire pour
faire arrêter la dite soeur Mézière, ce qui a été fait cette nuit-là. Ce
matin-là, je l'ai fait comparaître devant les deux brigands, lesquels ont
persisté dans leur déclaration qu'ils m'avaient faite le jour précédent. Je
t'envoie ces trois individus pour que tu puisses en faire le procès et demander
pour eux la juste punition de leurs méfaits".
Ce document exige
quelques observations. Il est possible en effet que Bouvet ait arraché aux
Vendéens déprimés, errants depuis plusieurs mois, le nom de leur bienfaitrice.
Mais leur était-il vraiment nécessaire, cet acte d'ingratitude ? Sachant que
les deux malheureux avaient été arrêtés dans le bois de Livet, c'est à dire à
la limite de Saint-Léger, voyant que les blessures de l'un d'eux avaient été
soignées par une personne habituée à guérir les plaies, ne pouvait-il pas
penser que cette charitable infirmière était certainement Françoise Mézière ?
En effet Bouvet était
bien informé sur Saint-Léger. Rappelons-nous la lettre qu'il avait échangée
avec la municipalité lors de la prise de possession de cette paroisse par un
intrus, et l'échec subi. Du reste, Bouvet était notaire. A l'époque, la fondation
de l'école de Saint-Léger avait été réalisée dans son propre cabinet.
Probablement avait-il aussi vendu lui-même, comme biens nationaux, les petites
propriétés desquelles provenaient les ressources de la soeur de Saint-Léger.
Enfin, le 14 avril 1793, Bouvet avait encore fait arrêter à Evron un
séminariste, précisément dans la maison de la tante de Françoise Mézière,
madame Pierrette Mézière.
Françoise Mézière
comparaîtra à Laval devant le tribunal, lequel, 15 jours avant, avait envoyé à
la guillotine les 14 prêtres de la " Patience". La soeur ne doute pas
un instant du sort qui l'attend.
Nous ne possédons pas son
interrogatoire : les demandes qui lui furent adressées et les réponses qu'elle
donna furent recueillies dans trois registres qu'on fit disparaître
mystérieusement aussitôt après le 9 thermidor. Cependant, nous avons le texte
du jugement qui condamne à mort soeur Françoise avec quatre autres personnes.
Voici en ce qui concerne
Françoise Mézière :
"Françoise Mézière,
soeur de la charité de la commune de Saint-Léger, district d'Evron, arrêtée et
accusée d'avoir nourri pendant neuf jours deux brigands réfugiés dans une
cabane ; d'avoir soigné religieusement les blessures de l'un d'eux et de lui
avoir apporté tous les secours dont elle était capable, secours qu'elle avait
refusé à d'intrépides volontaires ; de ne pas vouloir révéler en outre une
autre cabane en laquelle, comme tout semble l'affirmer, sont cachés sept autres
brigands ; d'avoir observé le plus grand silence à ce sujet envers la municipalité
; d'avoir refusé de prêter serment de fidélité aux lois de la patrie ; d'avoir
des milliers de fois, comme une autre vipère de l'espèce sacerdotale, vomi
outrageusement des invectives contre le système républicain..."
Examinons ces différents
chefs d'accusation : on reproche à la servante de Dieu
de ne pas avoir avisé la
municipalité au sujet de la présence des soldats vendéens dans le bois de
Livet. Avertir la municipalité aurait été la même chose qu'envoyer à la mort
les hommes qu'elle considérait comme de bons chrétiens, puisqu'ils avaient pris
les armes seulement pour la défense de leur propre foi.
d'avoir refusé son
secours à d'intrépides volontaires. Pure calomnie. Si le fait eut été vrai, ils
nous auraient donné les noms de ces volontaires et les auraient appelé à
témoigner; ils auraient dû nous dire où et quand ce fait arriva.
d'avoir "comme une
autre vipère de la race sacerdotale" vomi mille injures contre le système
républicain. De cette façon, elle est accusée d'avoir parlé comme le faisait
les bons prêtres d'alors. N'était-ce pas là son devoir ? N'avait-elle pas
raison, par exemple, de conseiller aux paroissiens de Saint-Léger de ne pas
assister aux fonctions de l'intrus, de ne pas lui présenter leurs enfants à
baptiser ? N'avait-elle pas le droit de se plaindre que les prêtres fidèles à
Dieu et aux évêques légitimes étaient tenus éloignés de leur paroisse ?
d'avoir refusé le
serment. Oui, elle avait refusé le serment de 1791, et c'est pour cette raison
qu'elle avait été privée de ses ressources et chassée de sa demeure. Après cela
elle n'était plus "fonctionnaire". Pourquoi voulaient-ils d'elle un
serment auquel elle n'était plus légalement tenue ? Sans doute parce qu'à leurs
yeux ce serment équivaudrait à un acte d'apostasie, d'avoir nourri et caché
deux Vendéens et d'avoir "soigné religieusement" la blessure de l'un
d'eux. Ainsi elle est condamnée pour un acte d'humanité, qu'elle a accompli
"religieusement", c'est à dire : ils la condamnent pour son amour de
Dieu.
Ne reste donc en définitive
qu'à l'envoyer à la mort en haine à Dieu. Du reste, dans ces expressions
"soigné religieusement", "vipère de la race sacerdotale",
combien on perçoit la haine de Dieu !
Pour cette raison,
Françoise Mézière ne dissimula pas sa joie en écoutant la sentence capitale.
Elle fit une révérence à ses juges et les remercia de lui procurer le bonheur
d'aller voir Dieu au ciel. A cela, un des misérables juges répliqua par cet
ignoble blasphème : "Puisque tu vas voir ton bon Dieu, présente-lui mes
félicitations !"
C'est avec une telle
dignité que meurent les vrais martyrs.
Mgr E. Cesbron, I
Martiri di Laval
Un jugement du 17
pluviôse an II condamna à mort Françoise Mézières, soeur de la Charité, pour
avoir exercé la charité vis-à-vis de pauvres soldats vendéens blessés.
Dom Piolin, Histoire
de l'Église du Mans, IX, 5-7
Françoise Mézière, née à
Mézangers en 1745, fut institutrice de Saint-Léger. Elle fut condamnée à mort
le 5 février 1794 (17 pluviôse an II) pour avoir secouru deux Vendéens réfugiés
dans les bois de Montecler, après la défaite du Mans.
La partie du jugement qui
la concerne nous apprend les faits reprochés à l'audience.
"La Commission
révolutionnaire déclare : Françoise Mézière, ci-devant soeur de charité [elle
n'appartenait à aucune congrégation religieuse] de la commune de Saint-Léger
(Mayenne), atteinte et convaincue d'avoir pendant 9 jours nourri deux brigands
réfugiés en une loge, et même pansé religieusement les blessures d'un (sic) et
lui avoir procuré les secours dont elle était capable ... En conformité du
refus de prestation de serment de fidélité aux lois de la patrie, d'avoir comme
une autre vipère de l'engeance sacerdotale, vomi mille fois les invectives les
plus outrageantes contre le système républicain, etc."
On rapporte qu'ayant
entendu sa condamnation, la digne femme remercia les juges de ce qu'ils lui
procuraient le bonheur de se réunir à Dieu et qu'un des juges eut l'audace de
lui répondre : "Puisque tu vas voir ton bon Dieu, fais-lui mes compliments
!"
monographie communale -
Mézangers - AD53 - MS80 03/05 - p. 12-13
Complément : tiré de
"Béatifications récentes (17 avril 1955 - 3 mai 1959)", de Pierre
Delooz, édité en 1960 - chapitre "Béatifications récentes"
Source : la Nouvelle Revue théologique http://www.nrt.be
SOURCE : https://www.stleger.info/les72StLeger/region1/53.francoisemeziere.htm
Blessed Françoise Mézière
- 5 February
- 21 January (as one of the Blessed Martyrs of Laval)
Profile
Lay woman in the diocese of Laval, France. Martyred in
the French
Revolution.
Born
- 5 February 1794 in
Laval, Mayenne, France
Additional Information
- books
- Book of Saints, by the Monks of Ramsgate
- Our Sunday Visitor’s
Encyclopedia of Saints
- other
sites in english
- sitios
en español
- Martirologio Romano, 2001 edición
- fonti
in italiano
- Martirologio Romano, 2005 edition
- Santi e
Beati
MLA Citation
- “Blessed Françoise
Mézière“. CatholicSaints.Info. 4 February 2017. Web. 5
February 2021. <https://catholicsaints.info/blessed-francoise-meziere/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/blessed-francoise-meziere/
Beata Francesca Meziere Vergine e martire
>>>
Visualizza la Scheda del Gruppo cui appartiene
Mézangers, Francia, 1745 - Laval, Francia, 5 febbraio
1794
Francoise Méziére, laica della diocesi di Laval e
martire della Rivoluzione Francese, fu beatificata il 19 giugno 1955. Educata
dalle Suore di Nostra Signora della Carità di Evron, nel 1768 si consacrò
all’opera delle scuole parrocchiali a St-Léger, nel distretto di Laval. Quando
le fu richiesto di giurare la costituzione repubblicana come maestra, preferì
smettere la sua attività e vivere dei piccoli proventi che ricavava
dall’assistenza ai malati. Fu infine ghigliottinata per avere ospitato e curato
due soldati vandeani, per non avere voluto rivelare il nascondiglio di altri
sette ed aver rifiutato il giuramento di “libertà e uguaglianza” nuovamente
impostole. Prima di salire sul patibolo ringraziò i giudici per il beneficio
che le recavano di potersi unire subito a Dio.
Martirologio Romano: A Laval in Francia, beata
Francesca Mézière, vergine e martire, che si dedicò all’educazione dei
fanciulli e alla cura dei malati e durante la rivoluzione francese fu uccisa in
odio alla fede.
SOURCE : http://www.santiebeati.it/Detailed/39633.html
Beati Martiri di Laval Vittime della Rivoluzione
Francese
Senza data
(Celebrazioni singole)
† Laval, Francia, 1794
Nel 1839 infine, ebbe inizio l'inchiesta canonica che si concluse nel 1841. Per evitare, tuttavia, il riaccendersi degli odi ancora mal sopiti a Laval, come del resto in tutta la Francia, si attese per proseguire la procedura. Il 25 giugno 1917, nel corso di una udienza a lui concessa da Benedetto XV, il vescovo di Laval monsignor Grellier espose al pontefice il desiderio del suo clero e di un gran numero di diocesani di vedere elevate agli altari alcune delle vittime del Terrore, uccise in odio alla fede. Il papa approvò il progetto ed lo incoraggiò a mettersi all’opera senza più indugi. Per evitare ogni difficoltà, vennero scartate tutte quelle vittime della Rivoluzione la cui morte avrebbe potuto essere attribuita almeno in parte, a motivi politici e non unicamente di ordine religioso. Questa fu la ragione della scelta e della designazione di soli diciannove martiri, mentre la diocesi di Laval in quel periodo aveva avuto un incalcolabile numero di vittime, di cui una buona parte cadde proprio per il suo attaccamento alla religione. Nella selezione si tenne pure in considerazione che i personaggi prescelti godessero già prima del martirio di una grande fama di santità e per cui la morte aveva solamente messo un suggello alla loro erioca esistenza terrena: parroci di parrocchie urbane e rurali, un religioso, suore votate ad opere di misericordia ed infine una maestra la cui attività pare anticipare l’opera dei numerosi santi sociale a partire dal secolo successivo.
Da quel momento la causa seguì il suo iter normale: venne introdotta nel 1941 e finalemnte il 19 giugno 1955 Pio XII potè procedere alla solenne beatificazione dei diciannove martiri di Laval, la cui fama acquistò così nuovo splendore. Il Martyrologium Romanum commemora i martiri singolarmente o in gruppo nell’anniversario del loro martirio, quindi a questi 19 beati abbiamo dedicato delle schede nei giorni della loro festa.
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/93292
http://missionsaintemariemadeleine.fr/bienheureuse-francoise-meziere/