Chiesa di Santa Paola
romana, a Roma, nel quartiere Trionfale.
Chiesa di Santa Paola
romana, a Roma, nel quartiere Trionfale.
Sainte BLÉSILLE
(+384)
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/480/Sainte-Blesille.html
SAINT JERÔME
« A PAULA, SUR LA MORT DE SA FILLE BLÉSILLA. »
EPISTOLA XXXIX .
AD PAULAM super obitu Blaesillae filiae.
1 « Qui donnera de
l'eau à ma tête et une source de larmes à mes yeux pour pleurer, » non pas,
comme Jérémie, » la mort des enfants de mon peuple, » ni comme le Sauveur les
malheurs de Jérusalem, mais la sainteté, la miséricorde, l'innocence, la
chasteté et toutes les vertus qui ont été ensevelies avec Blésilla dans un même
tombeau? Ce n'est pas que je plaigne sa destinée ni que je l'estime malheureuse
d'avoir quitté la terre; mais c'est que je ne saurais assez déplorer la perte
que nous avons faite d'une personne d'un si grand mérite. En effet, qui
pourrait, sans verser des larmes, se souvenir qu'on l'a vue, à l’âge de vingt
ans, animée de ce beau zèle qu'inspire la foi, porter courageusement l'étendard
de la croix, et regretter plus la perte de sa virginité que la mort de son
époux? Qui pourrait, sans gémir, parler de son assiduité à la prière, de la
grâce avec laquelle elle savait s'exprimer, de la fidélité de sa mémoire, de la
vivacité de son esprit? Parlait-elle grec, on eût dis qu'elle ne sas ait pas la
langue latine; parlait-elle latin, on ne remarquait dans son langage aucun
accent étranger. Quelque difficile que soit la langue hébraïque, elle s'y était
rendue si habile, je ne dis pas en peu de mois, mais en peu de jours (habileté
que toute la Grèce a admirée dans Origène), qu'elle apprenait et chantait les
psaumes en cette langue aussi facilement que sa mère. La pauvreté de ses habits
n'était pas en elle, comme dans la plupart des autres, la marque d'une vanité
secrète ; elle était l'effet d'une humilité profonde et sincère, qui la portait
à ne se 480 distinguer des femmes qui la servaient que par un air plus
modeste et plus négligé. Quoique abattue par une longue maladie, et pouvant à
peine se soutenir, elle avait néanmoins toujours le livre de l'Évangile ou des
prophètes entre les mains.
Ici je sens les
larmes qui me coulent des yeux; les sanglots étouffent ma voix, et l'excessive
douleur dont je suis pénétré ne me permet pas de parler. Consumée donc par les
ardeurs d'une violente fièvre, et près d'expirer, elle dit à ses parents qui
étaient autour de son lit : « Priez le Seigneur de me faire miséricorde, parce
due je n'ai pu exécuter le dessein que j'avais formé de me consacrer
entièrement à son service. » Ah ! ne craignez rien, Blésilla ; nous savons, et
vous en faites vous-même une heureuse expérience, qu'on ne se convertit jamais
trop tard. Jésus-Christ lui-même nous a donné les premières assurances de cette
vérité, en disant au larron : « Je vous promets due vous serez aujourd'hui arec
moi dans le Paradis.,A peine Blésilla, déchargée du poids d'une chair mortelle,
eut-elle quitté le lieu de son exil pour retourner à son Créateur et rentrer en
possession de son ancien héritage, qu'on se prépara à faire ses funérailles
selon la coutume. Plusieurs personnes de qualité marchaient en rang à la tète
du convoi, et l'on voyait ensuite paraître le cercueil couvert d'un drap d'or.
A la vue de ce superbe appareil, il me sembla entendre Blésilla crier du haut
du ciel : « Tous ces vains ornements ne m'appartiennent pas; ce ne sont point
là les habits que j'ai portés, je ne les reconnais point. »
2 Mais que
faisons-nous? je veux arrêter les larmes d'une mère affligée, et je ne saurais
m'empêcher d'en répandre moi-même. Je ne puis dissimuler ici mes sentiments; on
ne verra dans cette lettre aucun caractère qui ne soit imprimé de mes larmes.
Jésus-Christ lui-même en répandit sur la mort de Lazare, parce qu'il l'aimait.
Hélas ! qu'on est peu propre à consoler les autres quand on succombe soi-même
sous le poids de sa douleur, et que la voix est entrecoupée par les sanglots et
étouffée par les larmes! Jésus-Christ, que Blésilla suit maintenant, et les
saints anges avec qui elle se trouve, me sont témoins que je partage avec vous
vos peines et vos chagrins. Je sens que j'étais son père et son nourricier
selon l'esprit, et je ne puis m'empêcher de dire quelquefois avec Job: «
Périsse le jour où je suis né! » et avec Jérémie: « Hélas! ma mère, pourquoi
m'avez-vous mis au monde pour être un homme de contradiction et de discorde
dans toute la terre? » Et encore « Je sais que vous êtes juste, Seigneur;
cependant permettez-moi de vous faire ces justes plaintes: Pourquoi les
méchants passent-ils leur vie dans la prospérité? » Et avec le prophète-roi:
«Mes pieds ont chancelé, et je me suis vu tout près de tomber, parce que j'ai
été enflammé d'indignation en voyant la paix dont jouissent les pécheurs, et
j'ai dit: Comment est-il possible que Dieu sache ce qui se passe, et que le
Très. Haut ait la connaissance de toutes choses? Voilà les pécheurs eux-mêmes
qui vivent dans l'abondance de tous les biens de ce monde, et qui ont acquis de
grandes richesses. » Mais en même temps je pense à ce que dit le prophète: « Je
ne saurais parler de la sorte sans condamner la sainte société de vos enfants.
»
Combien de fois
agité, et troublé par ces fâcheuses réflexions, ai-je dit en moi-même: Pourquoi
voit-on dans l'abondance des hommes qui ont vieilli dans le crime et dans
l'iniquité? Pourquoi des jeunes gens qui ont encore toute leur innocence
sont-ils enlevés tout à coup par une mort précipitée? Pourquoi des enfants de
deux à trois ans, et attachés encore à la mamelle, sont-ils possédés du démon,
couverts de lèpre, dévorés par la jaunisse ? Pourquoi au contraire voit-on des
hommes impies, adultères, homicides, sacrilèges, jouir d'une heureuse santé, et
blasphémer sans cesse contre Dieu; puisque l'iniquité du père ne retombe point
sur ses enfants, et que « l'âme qui pèche meurt elle-même?» Ou si Dieu veut
encore aujourd'hui comme autrefois punir les enfants des péchés de leurs pères,
est-il juste qu'il fasse tomber sur un enfant innocent les châtiments que
mérite un père criminel ? Et j'ai dit: « C'est donc en vain que j'ai travaillé
à purifier mon coeur et que j'ai lavé mes mains en la compagnie des innocents,
puisque j'ai été affligé durant tout le jour. » Le prophète-roi a calmé
aussitôt toutes ces pensées dont j'étais agité. « J'ai donc voulu pénétrer la
profondeur de ce mystère, mais je me suis donné sur cela des peines inutiles ;
quand je serai entré dans le sanctuaire de Dieu, alors seulement je comprendrai
quelle doit être la fin des méchants; car les jugements (481) du Seigneur sont
un abîme très profond. Ce qui fait dire à l'apôtre saint Paul : « O profondeur
des trésors de la sagesse et de la science de Dieu! que ses jugements sont
impénétrables et ses voies incompréhensibles!
Dieu est bon, et
comme il agit toujours par bonté, il ne saurait rien faire qui ne soit bon. Si
je perds un mari, cette perte m'est sensible; mais parce qu'elle me vient de la
part du Seigneur, je la souffre sans murmure. Si la mort m'enlève un fils
unique, quelque cruelle que soit cette perte, je la supporte avec patience,
sachant que c'est Dieu qui reprend ce qu'il m'avait donné. Si je deviens
aveugle, je me servirai pour lire des yeux d'un ami, et je trouverai en lui une
ressource à ma disgrâce. Si je viens aussi à perdre l'ouïe, ma surdité me
garantira de la corruption du vice, et toute mon occupation alors sera de
penser à Dieu. Si, pour comble de misère, je me vois encore réduit à souffrir
la pauvreté, le froid, la nudité, la maladie, j'espérerai que la mort mettra
fin à mes peines, et tous les maux de la vie présente me paraîtront courts dans
l'attente d'une vie plus heureuse.
Considérons un peu ce
que dit David dans ce psaume où il a renfermé une morale si belle « Vous êtes
juste, Seigneur, »dit ce prophète, « et vos jugements sont équitables. » Ces
pieux sentiments n'appartiennent qu'à une âme qui bénit le Seigneur au fort de
sa misère, et qui, attribuant à ses propres péchés toutes les peines qu'elle
endure, ne cesse de louer au milieu de ses adversités celui qui la fait
souffrir.
« Les filles de Juda,
» dit ailleurs le même prophète, « ont tressailli de joie à cause de vos
jugements, Seigneur. » « Juda, »veut dire «louange» ou «confession ;» et comme
l'emploi d'une âme fidèle est de louer Dieu, tous ceux qui croient en
Jésus-Christ, doivent mettre leur joie dans les jugements du Seigneur. Malade
ou en bonne santé, je bénis également Dieu. Car « lorsque je suis faible, c'est
alors que je suis plus fort, et la vertu », de l'esprit « se perfectionne dans
la faiblesse de la chair. » Saint Paul, assujetti malgré lui aux tentations,
pria trois fois le Seigneur de l'en affranchir; mais le Seigneur lui répondit :
« Ma grâce vous suffit, car la vertu se perfectionne dans la faiblesse. » Dieu
livra ce grand apôtre à l'ange de Satan, pour lui rappeler la misère humaine,
et réprimer la vanité que ses révélations auraient pu lui inspirer; de même que
dans les triomphes on mettait un homme derrière le triomphateur pour lui crier
à chaque acclamation du peuple : « Souvenez-vous que vous êtes homme. »
3 Pourquoi se révolter
contre un mal inévitable? Pourquoi pleurer une personne que la mort nous
enlève? Sommes-nous au monde pour y vivre éternellement? Abraham, Moïse, Isaac,
saint Pierre, saint Jacques, saint Jean, saint Paul, ce vaisseau d'élection,
Jésus-Christ même, n'ont-ils pas tous été sujets à la mort? Pourquoi donc
murmurer, lorsque nous venons à perdre une personne qui nous est chère? Peut-être
que « le Seigneur ne l'a enlevée du monde que pour la sauver de la corruption
du siècle, et qu'il s'est hâté de retirer du milieu de l'iniquité une âme qui
lui était agréable, » de peur que, dans le long voyage de la vie, elle ne
s'engageât dans des routes écartées.
Déplorons la triste
destinée de ceux qui ne meurent que pour brûler dans l'enfer, et que la divine
justice livre à des supplices éternels.
Quant à nous « qui
devons aller au-devant de Jésus-Christ, » accompagnés des choeurs des anges, regardons
une longue vie comme un pesant fardeau et comme une véritable mort. Car «
tandis que nous demeurons ici-bas, nous sommes éloignés du Seigneur. » Disons
avec le prophète-roi: « Hélas! que mon exil est long! J'ai demeuré avec les
habitants de Cédar, mon âme y a été longtemps étrangère. » Comme le mot « Cédar
», signifie « ténèbres, » et que le siècle présent est enveloppé d'une profonde
nuit, (« parce que la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont
point comprise »), nous devons prendre part au bonheur de Blésilla qui a passé.
des ténèbres à la lumière, et qui, par l'ardeur d'une foi naissante, s'est
rendue digne de la couronne que Dieu n'accorde qu'aux vertus parfaites.
Si une mort imprévue,
ce qu'à Dieu ne plaise, l'avait surprise avec un coeur tout occupé des plaisirs
de la vie présente, nous aurions sujet de déplorer son sort et de répandre des
torrents de larmes sur une mort si funeste. Mais puisque par une grâce
particulière de Jésus-Christ, le vœu qu'elle avait fait (1), près de quatre mois avant sa mort, de se
consacrer à Dieu, a 482 été pour elle comme un second baptême, et que depuis ce
temps-là elle a méprisé toutes les vanités du monde et tourné toutes ses
pensées vers le monastère, ne craignez-vous point que le Sauveur ne vous dise :
« Paula, pourquoi vous désolez-vous de ce que votre fille est devenue la
mienne? Pourquoi vous élevez-vous contre mes jugements? Pourquoi, jalouse de me
voir en possession de Blésilla, m'outragez-vous par des larmes que répand un
coeur rebelle à mes volontés? Pouvez-vous pénétrer les desseins que j'ai sur
votre famille? Vous vous refusez toute sorte de nourriture, non point par une
louable abstinence, mais par un excès de tristesse. Je n'aime point cette
espèce de frugalité, et jeûner ainsi c'est se déclarer mon ennemi. Je ne puis
recevoir dans mon sein une âme qui se détache du corps malgré moi et contre mes
ordres. Que la folle philosophie du siècle se flatte d'avoir de pareils
martyrs; qu'elle compte parmi ses héros un Zénon (2), un Cléombrote, un Caton : « mon esprit ne se
repose que sur les humbles et les pacifiques, et sur ceux qui écoutent mes
paroles avec crainte. »
« Est-ce donc là
l'effet de la promesse que vous m'avez faite, de quitter le monde pour vous
retirer dans un monastère, et une marque de cette régularité de vie dont vous
faisiez profession en vous habillant d'une manière différente des femmes du
siècle? Cette âme qui s'afflige est bien digne d'un corps vêtu de soie. Bientôt
la mort va vous surprendre plongée dans la tristesse, et, comme si vous pouviez
échapper à ma justice, vous me fuyez comme un juge inexorable. Jonas, ce prophète
dont l'âme était si grande, voulut autrefois se dérober à mes poursuites; mais
il se vit tout à coup englouti dans les abîmes de la mer. Si vous étiez bien
persuadée que votre fille est vivante, vous ne plaindriez pas son sort,
puisqu'elle n'a fait que quitter une vie pleine de misères pour une plus
heureuse. Est-ce ainsi que vous obéissez au commandement annoncé par l'Apôtre,
de ne point pleurer comme les infidèles ceux qui dorment du sommeil de la mort
? Rougissez ici de voir une femme païenne (3) vous surpasser, et une esclave du démon
prévaloir sur ma servante. Elle se flatte que son mari, qui était païen, a été
reçu dans le ciel et admis au nombre des dieux ; et vous, vous ne pouvez vous
persuader que votre fille soit avec moi! »
3 Vous me direz
peut-être: Pourquoi ne pas pleurer la mort de ma fille? Jacob ne se couvrit-il
pas d'un sac pour pleurer celle de Joseph? Ne refusa-t-il pas les consolations
de toute sa famille qui s'était réunie pour le consoler dans sa douleur? « Je
pleurerai toujours, » disait-il, « jusqu'à ce que je descende avec mon fils
dans le tombeau. »
David ne se
couvrit-il pas la tête lors de la mort d'Absalon, répétant souvent ces tristes
paroles : « Mon fils Absalon, Absalon mon fils, qui me donnera de mourir pour
toi, mon fils Absalon ? » Les funérailles des autres justes n'ont-elles pas été
célébrées par un deuil solennel ?
Rien n'est plus aisé
que de répondre à toutes ces raisons dont vous vous servez pour justifier votre
douleur. Jacob pleura son fils, persuadé qu'il avait été tué, et que bientôt la
mort devait les réunir tous deux; c'est dans cette vue qu'il disait: -Je
pleurerai toujours jusqu'à ce que je descende avec mon fils dans le tombeau; parce
que Jésus-Christ n'avait pas encore ouvert la porte du paradis, ni éteint par
son sang ce glaive de feu que tenait un chérubin pour en défendre l'entrée. De
là vient que l'Écriture nous représente Abraham dans les limbes (4)avec Lazare, quoique cet endroit fût pour eux un
lieu de rafraîchissement. David avait raison de pleurer la mort d'un fils
parricide; mais celle d'un autre de ses enfants à qui ses prières n'avaient pu
conserver la vie, et qu'il volait mourir innocent, il ne la pleura pas.
Que d'après
l'ancienne coutume les Juifs aient pris le deuil à la mort de Moïse et d'Aaron,
rien d'étonnant, puisque nous lisons dans les Actes des Apôtres que, dès les
premiers jours de l'Église naissante, les fidèles de Jérusalem « firent les
funérailles de saint Etienne avec un deuil solennel. » Or cela doit s'entendre,
483 non comme vous vous l'imaginez, de leur douleur excessive, mais
de la pompe de ses funérailles et de la foule prodigieuse qui s'y trouva.
Enfin, voici ce que
l'Écriture sainte dit de Jacob : « Joseph alla ensevelir son père; les premiers
officiers de la maison de Pharaon et les anciens de l'Égypte l'accompagnèrent
en ce vol age; la maison de Joseph et tous ses frères le suivirent aussi. » Et
un peu après : « Il y eut aussi des chariots et des cavaliers qui le suivirent,
et il se trouva là une grande multitude de personnes. » Et ensuite: « Et ils y
célébrèrent les funérailles de Jacob avec beaucoup de pleurs et de grands cris.
» Ce deuil solennel des Égyptiens ne doit pas s'entendre de leurs larmes ni de
l'excès de leur douleur, mais de la magnificence des funérailles qu'ils firent
à Jacob; et c'est ainsi qu'Aaron et Moïse furent pleurés.
Je ne saurais assez
admirer les profonds mystères que cache l'Écriture sainte, sous des paroles
simples en apparence. Pourquoi dit-elle qu'on célébra les funérailles de Moïse
avec un grand deuil, et qu'elle n'en dit point autant du saint homme Josué? En
voici la raison; c'est que, du temps de Moïse, c'est-à-dire dans l'ancienne
loi, tous les hommes étaient enveloppés dans la condamnation du péché d'Adam
et, comme en mourant ils descendaient dans les limbes, il était juste de
pleurer leur mort, d'après les paroles de l'apôtre saint Paul: « La mort a
régné depuis Adam jusqu'à Moïse, même sur ceux qui n'ont point péché. » Mais
depuis l'établissement de l'Évangile, c'est-à-dire sous Jésus-Christ, ce
véritable Josué qui nous a ouvert le paradis, on célèbre avec,joie les
funérailles des morts. On voit encore aujourd'hui les Juifs répandre des larmes
sur ceux qui meurent, marcher nu-pieds, se coucher sur le cilice, se rouler sur
la cendre; et, afin que rien ne manque à leurs superstitieuses cérémonies, par
une ridicule tradition des pharisiens, manger des lentilles avant de prendre
aucune autre nourriture; indiquant par là que ce mets fatal leur a fait perdre
leur droit d'aînesse. Leur aveuglement est une juste punition de leur
incrédulité, puisque, ne croyant point que Jésus-Christ soit ressuscité, ils ne
doivent attendre que la venue de l'Antéchrist.
Mais pour nous qui
avons été revêtus de Jésus-Christ, et qui, comme dit l'apôtre saint Pierre,
sommes de la race royale et sacerdotale, nous ne devons point pleurer les
morts. Moïse dit à Aaron, à Éléazar et Itamar (5) ses autres fils : « Ne découvrez pas votre tête
(6) et ne déchirez pas vos habits, de peur que vous
ne mouriez et que la colère du Seigneur ne tombe sur tout le peuple. » Prenez
garde, dit-il, de déchirer vos habits et de vous abandonner comme les païens à
l'excès de votre douleur, de peur que vous ne mouriez. Il n'y a que le péché
qui nous donne la mort. Dieu, dans le même livre du Lévitique, fait un
commandement qui semble dur, mais qui néanmoins est nécessaire à la foi; car il
défend au grand-prêtre d'approcher du cadavre de son père, de sa mère, de ses frères
et de ses enfants, de peur que les sentiments de la nature ne partagent un cœur
qui ne devait être occupé que du soin d'offrir des sacrifices au Seigneur.
Jésus-Christ
n'exige-t-il pas des chrétiens ce parfait détachement de cœur, lorsqu'il défend
à un de ses disciples d'aller mettre ordre à ses affaires domestiques, et qu'il
refuse à un autre la permission d'aller rendre à son père les devoirs de la
sépulture? « Le grand-prêtre. » dit Dieu dans l'Écriture, « ne sortira point
des lieux saints, de peur qu'il ne profane le caractère de sainteté dont il est
revêtu, parce que le Seigneur a répandu sur lui l'huile sainte de son onction.
» Ce qui fait voir qu'un chrétien qui a embrassé la foi de Jésus-Christ, et qui
porte en lui-même fonction sainte dont il a été consacré, ne doit point sortir
du temple, c'est-à-dire s'écarter des devoirs que la religion lui impose; qu'il
ne doit point aller dehors en suivant les voies des infidèles ; mais qu'il doit
toujours demeurer dans la maison du Seigneur, pour pratiquer ses commandements.
4 Je vous ai rapporté
tous ces passages de l'Écriture, de peur qu'en leur donnant un mauvais sens,
vous ne vous en serviez pour autoriser votre douleur et justifier votre
égarement. Je ne vous ai même parlé jusqu'à présent que comme à une personne du
vulgaire. Mais comme 484 je sais que vous avez entièrement renoncé au
monde et à tous ses plaisirs pour vivre dans la pratique continuelle du jeûne,
de la lecture et de la prière; qu'à l'exemple d'Abraham vous souhaitez
d'abandonner la Chaldée et la Mésopotamie, votre pays et vos parents, pour
entrer dans la terre promise; et qu'étant morte au monde avant de mourir d'une
mort naturelle, vous avez donné tout votre bien aux pauvres et à vos enfants :
je m'étonne que vous fassiez paraître dans votre affliction des faiblesses que
l'on condamnerait dans les personnes même les plus attachées aux choses de la
terre. Vous rappelez dans votre esprit les caresses de Blésilla, le charme de
sa conversation, de sa société; et cette perte vous parait insupportable.
Je ne saurais blâmer
les larmes d'une mère; je vous prie seulement de donner des bornes à votre
douleur. Vous êtes mère, et vous pleurez la mort de votre fille; je ne veux pas
vous faire un crime d'une affection si légitime: mais vous êtes aussi et
chrétienne et religieuse; et ces deux titres doivent exclure en vous les
sentiments de la nature. Je touche votre plaie avec toute sorte de précaution ;
mais elle est encore trop récente, et je sens bien que ma main ne sert qu'à
irriter le mal, au lieu de le guérir. Cependant, pourquoi ne vaincrez-vous pas
par raison un mal que le temps doit un jour adoucir?
Noémi, s'étant
retirée chez les Moabites pour se défendre contre la famine, y perdit son mari
et ses enfants. Dans une conjoncture si fatale, où elle était privée du secours
des siens, Ruth s'attacha à elle et ne l'abandonna jamais. Mais voyez combien
est agréable aux yeux de Dieu le soin que l'on prend de consoler une personne
affligée. Le Christ naît de la race de Ruth. Pour vous faire comprendre jusqu'où
va votre délicatesse, considérez combien Job a essuyé de disgrâces;
considérez-le parmi les ruines de sa maison, levant les yeux au ciel, avec les
douleurs aiguës de son ulcère, après la perte de tous ses biens et la mort de
ses enfants, cri butte aux railleries d'une femme artificieuse qui veut le
porter à blasphémer le Seigneur. Vous me direz sans doute que Dieu n'exposa cet
homme juste à tant de malheurs qu'afin d'éprouver sa vertu. Choisissez donc ici
le parti qu'il vous plaira; car si vous êtes juste, la perte que vous avez
faite est une épreuve; si vous êtes pécheresse, vous méritez encore de plus
grands châtiments.
Mais laissons là les
anciens exemples; suivez ceux que vous avez devant les yeux. La vertueuse
Melania,véritable illustration chrétienne de notre temps et avec laquelle je
prie le Seigneur de nous réunir vous et moi au jour du jugement; cette
vertueuse femme, dis je, n'avait pas encore rendu les derniers devoirs à son
mari qui venait d'expirer, quand la mort lui enleva encore deux de ses enfants.
On aura peut-être peine à me croire, mais Jésus-Christ m'est témoin que je ne
dirai que la vérité.
Qui n'eût cru que
Melania, dans une conjoncture si affligeante, après avoir déchiré ses habits et
s'être arraché les cheveux, devenue in. sensée par l'excès de sa douleur,
allait encore se déchirer le sein de ses propres mains? Cependant elle ne
répandit pas une seule larme; elle soutint avec une fermeté inébranlable une si
cruelle disgrâce ; et, se jetant aux pieds de Jésus-Christ, elle lui dit avec
un air content, comme si elle l'eût tenu entre ses bras: « Puisque vous m'avez
déchargée, Seigneur, d'un si pesant fardeau, je vous servirai désormais avec
plus de liberté. » Et ne pensez pas que, se démentant dans la suite, elle se
soit laissé vaincre par la tendresse qu'elle avait pour ses autres enfants;
jugez de son détachement par la manière dont elle traita le seul qui lui
restait; car, après lui avoir formé tout son bien, elle l'abandonna, et se mit
en mer au commencement de l'hiver pour se retirer à Jérusalem.
5 Epargnez-vous donc,
je vous en conjure, épargnez la gloire de Blésilla qui règne déjà dans le ciel;
épargnez du moins la grande jeunesse d'Eustochia, que vous avez pris soin
d'élever de. puis son enfance. Car le démon, qui voit triompher l'une de vos
filles, chagrin d'avoir été vaincu par elle, redouble aujourd'hui tous ses
efforts pour gagner sur celle qui reste au monde la victoire remportée sur lui
par celle qui règne dans le ciel. C'est être impie envers Dieu que d'aimer ses
enfants avec trop de tendresse. Abraham immole avec plaisir son fils unique, et
vous ne pouvez voir sans chagrin que, de plusieurs enfants que vous avez, Dieu
en prenne un pour le couronner d'une gloire immortelle!
J'ai à vous dire une
chose dont je ne saurais 485 vous parler sans gémir. Lorsqu'on vous
retira du milieu du convoi, et qu'on vous en rapporta à demi morte, le peuple
se disait tout bas « Ne l'avions-nous pas bien dit? Ce qui fait aujourd'hui la
douleur et l'accablement de Paula, c'est que sa fille, qui s'est tuée à force
de jeûner, ne lui a point laissé d'enfant d'un second mariage. Que ne
chasse-t-on de la ville ces misérables moines? que ne les lapide-t-on? que ne
les,jette-t-on dans la rivière? Car ce sont eux qui ont séduit cette pauvre
femme; et il est aisé de voir qu'elle n'a embrassé la vie monastique que malgré
elle, puisque jamais païenne n'a pleuré de la sorte la mort de ses enfants. »
Avec quel déplaisir Jésus-Christ n'écoutait-il pas de semblables discours?
Quelle joie et quel triomphe pour le démon, qui tâche aujourd'hui de vous
perdre en flattant votre douleur par les prétextes spécieux de piété qu'il vous
suggère ; et qui ne vous remet sans cesse devant les yeux l'image de votre
fille, qu'afro de faire mourir la mère de celle qui l'a vaincu, et de se rendre
maître (7) de sa soeur qui n'aura plus personne pour la
soutenir et pour la conduire dans les voies de Dieu!
Je ne veux point vous
alarmer, et le Seigneur m'est témoin que je vous parle ici avec autant de
sincérité que si j'étais aux pieds de son redoutable tribunal. Ces larmes que
vous répandez sans mesure, et qui vous conduisent presque,jusqu'au tombeau,
sont des larmes sacrilèges, que l'infidélité seule fait verser. Vous criez,
vous hurlez, et, devenue comme furieuse, vous faites tout ce que vous pouvez
pour vous donner la mort. Mais dans l'état où vous êtes, Jésus-Christ
s'approche de vous pour vous dire : « Pourquoi pleurez-vous? votre fille n'est
pas morte, elle n'est qu'endormie. » Que les assistants s'en moquent tant qu'il
leur plaira; ils imitent en cela l'incrédulité des Juifs. Si vous allez au
tombeau de votre fille pour vous abandonner à votre désespoir, un ange vous
fera ces justes reproches: « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celle qui
est vivante? » C'est ce qui arriva à Marie Madeleine; elle se jeta aux pieds du
Sauveur qui l'appelait, et dont elle avait reconnu la voix; mais Jésus-Christ
lui dit: « Ne me touchez pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père; »
c'est-à-dire : Je suis ressuscité; mais puisque vous trie croyez encore
enseveli dans le tombeau, vous n'êtes pas digne de me toucher.
6 Quel tourment
n'est-ce point pour Blésilla de voir Jésus-Christ irrité contre vous? Dans
l'accablement où elle vous voit, elle vous crie du haut du ciel : « Si jamais
vous m'avez aimée, ma chère mère; si vous m'avez nourrie de votre lait et
élevée dans la pratique de la vertu par vos sages conseils, ne m'enviez point
la gloire que je possède, et n'obligez point Dieu par vos plaintes à nous
séparer pour toujours. Ne pensez pas que je sois seule; si je vous ai perdue,
j'ai ici la sainte Vierge, mère du Sauveur, qui me dédommage de cette perte.
J'y vois plusieurs personnes que je n'avais jamais connues, et je trouve en
leur compagnie un agrément qu'on ne rencontre point dans les sociétés
mondaines. J'ai le bonheur d'y vivre avec Anne, cette illustre veuve qui
autrefois a prophétisé la venue du Sauveur; et ce qui doit redoubler votre joie
et vous combler de consolation, c'est que j'ai mérité en trois mois de temps la
même gloire qu'elle n'a acquise que par un long travail et une viduité de
plusieurs années; et nous avons reçu également, elle et moi, la récompense que
Dieu réserve à la chasteté des veuves. Vous me plaignez de ce que je ne suis
plus au monde ; mais vous me paraissez bien plus à plaindre d'être encore
asservie aux vanités du siècle, et réduite à la dure nécessité de combattre
sans cesse tantôt la colère, tantôt, l'avarice, ici la volupté, là toutes
sortes de vices qui vous entraînent dans des précipices affreux. Si vous voulez
que je vous reconnaisse pour ma mère, ayez soin de plaire à Jésus-Christ; car
je ne saurais vous donner ce nom tant que vous serez désagréable à ses yeux. »
Blésilla vous dit
encore plusieurs autres choses que je passe ici sous silence. Elle prie le
Seigneur pour vous; et, comme je connais son coeur, je suis persuadé qu'elle
emploie aussi le crédit qu'elle a auprès de lui pour m'obtenir le pardon de mes
péchés, afin de reconnaître par là mes salutaires conseils, le zèle avec lequel
je l'ai sollicitée de se donner à Dieu et les chagrins qu'il m'a attirés de la
part de ses parents.
7 C'est pourquoi je
promets de lui consacrer tous mes travaux tant que je serai au monde, et
d'employer mon esprit et ma langue à publier ses louanges. Il n'y aura dans mes
486 ouvrages aucune page qui ne porte le nom de Blésilla ; elle les
suivra partout, et j'apprendrai aux vierges, aux veuves, aux solitaires et aux
évêques le mérite de cette vertueuse femme dont je conserve toujours le
souvenir. L'immortalité de son nom la dédommagera du peu de temps qu'elle a
vécu sur la terre. Elle vit dans le ciel avec Jésus-Christ, et elle vivra
encore dans la bouche des hommes. Le siècle présent passera, et les siècles
futurs jugeront sans intérêt et sans passion des vertus de cette illustre
veuve. Je la placerai entre Paula et Eustochia; elle vivra éternellement dans
mes écrits, et elle m'entendra toujours parler d'elle avec sa mère et sa soeur.
(1) Blésilla avait fait ce voeu dans cette grande
maladie dont parle saint Jérôme dans la lettre précédente. »
(2) Zénon, chef de la secte des stoïciens,
s'étrangla de ses propres mains. Cléombrote, natif d'Ambracie, et philosophe
académicien, se précipita dans la mer après avoir lu le livre de l'Immortalité
de l'âme que Platon avait composé. Caton, se voyant poursuivi par César après
la défaite de Pompée, se retira à Utique, où il se poignarda lui-même.
(4) Le texte porte « dans l'enfer, » c'est-à-dire,
au fond de la terre. Ce lieu est proprement « les limbes » où les âmes des
justes ont été jusqu'à la venue de Jésus-Christ.
(5) Il les appelle « ses autres fils, » parce
qu'ils étaient les seuls qui restaient à Aaron ; Nadab et Abiud ayant été
consumés par le feu.
(6) C'est-à-dire, de ne pas ôter l'ornement de
votre tête pour la couvrir de cendre, selon la coutume de ceux qui sent dans
une grande affliction.
1. «Quis dabit capiti meo aquam, et
oculis meis fontem lacrymarum, et plorabo» (Jer. 9. 1): non, ut Jeremias ait, «vulneratos populi
mei;» nec ut Jesus miseriam Jerusalem: sed plorabo sanctitatem, misericordiam,
innocentiam, castitatem: plorabo omnes pariter in unius morte defecisse
virtutes. Non quod lugenda sit illa quae abiit,
sed quod nobis impatientius sit dolendum, quod [al. qui.] talem videre
desivimus. Quis enim siccis oculis recordetur, viginti annorum adolescentulam
tam ardenti fide crucis levasse vexillum, ut magis amissam virginitatem, quam
mariti doleret interitum? Quis sine singultibus transeat orandi instantiam,
nitorem linguae, memoriae tenacitatem, acumen ingenii? Si Graece loquentem
audiisses, latine eam nescire putares: si in romanum sonum lingua se verterat,
nihil omnino peregrini sermo redolebat. Jam vero quod in Origene quoque
illo Graecia tota miratur, in paucis non dicam mensibus, sed diebus, ita
hebraeae linguae vicerat difficultates, ut in discendis canendisque Psalmis,
cum matre contenderet. Humilitas vestium non (ut in plerisque solet) tumentes
animos arguebat: sed cum interiori se mente dejecerat, inter ancillarum
virginum [In aliis libris vilium pro virginum, quod et Gravius
statuit] cultum dominamque nihil medium, nisi quod in eo facilius
dignoscebatur, quod neglectius incedebat. Vacillabant aegrotatione gressus, et
pallentem ac trementem faciem, vix collum tenue sustinebat, et tamen aut
Prophetam, aut Evangelium semper in manibus tenebat.
Lacrymis ora complentur, singultus occupat vocem: et haerentem linguam,
viscera commota non laxant. Cum sanctum corpusculum febrium ardor excoqueret,
et semianimis [al. semianime] lectulum vallaret circulus propinquorum,
haec extrema [al. in extremo] verba mandabat: Orate Dominum Jesum, ut
mihi ignoscat, quia implere non potui quod volebam. Secura esto, mi Blaesilla,
sentiens omni tempore vestimenta tua candida. Candor vestium, sempiternae
virginitatis est puritas. Confidimus probare vera esse quae dicimus: NUNQUAM
EST sera conversio. Vox haec primum dedicata est in latrone: «Amen dico tibi,
hodie mecum eris in Paradiso» (Luc. 23. 43). Postquam autem sarcina
carnis abjecta, ad suum anima revolavit auctorem, et in antiquam possessionem
diu peregrinata conscendit, ex more parantur exequiae, et nobilium ordine
praeeunte, aureum feretro velamen obtenditur. Videbatur mihi tunc clamare de
coelo. Non agnosco vestes: amictus iste non est meus: hic ornatus alienus est.
2. Sed quid agimus? Matris prohibituri
lacrymas, ipsi plangimus. Confiteor affectus meos, totus hic liber fletibus
scribitur. Flevit et Jesus Lazarum, quia amabat illum (Joan. 11). Non
est optimus consolator, quem proprii vincunt gemitus, cujus visceribus
emollitis, fracta in lacrymis verba desudant. Testor, mi Paula, Jesum, quem
Blaesilla nunc sequitur, testor sanctos Angelos, quorum consortio fruitur,
eadem me dolorum perpeti tormenta quae pateris: patrem esse spiritu, nutricium
caritate, et interdum dicere: «Pereat dies illa, in qua natus sum» (Jerem.
20. 14). Et, «Hei mihi mater, ut quid genuisti me virum, qui dicerer discrimen
omni terrae» (Ibid. 15. 10). Et illud: «Justus es, Domine, verumtamen
judicia loquar ad te. Quid est, quod viae peccatorum prosperantur?» Et, «Mei quoque
pene moti sunt pedes, pene effusi sunt gressus mei. Quia zelavi in
peccatoribus, pacem peccatorum videns. Et dixi: Quomodo cognovit Deus, et si
est scientia in excelso? Ecce ipsi peccatores et abundantes in saeculo,
obtinuerunt divitias.» Sed rursus illud occurrit: «Si narravero sic, ecce
generationem filiorum tuorum praevaricatus sum.»
Nunquid et in meam mentem, non hic saepius fluctus illiditur? quare
senes impii, saeculi divitiis perfruuntur? quare adolescentia rudis, et sine
peccato pueritia, immaturo flore metitur? quid causae est, ut saepe bimuli,
trimulique et ubera materna lactentes a daemonio corripiantur, repleantur
lepra, morbo regio devorentur, et e contrario impii, adulteri, homicidae,
sacrilegi, vegeti atque securi de sua sanitate, in Deum blasphement? Praesertim
cum injustitia patris non redundet ad filium: et anima quae peccaverit, ipsa
moriatur. Aut si manet vetus illa sententia, peccata patrum in filios oportere
restitui (Exod. 34), iniquum sit longaevi patris innumera delicta in innocentem
infantiam repensare. «Et dixi: Ergo sine causa justificavi cor meum, et lavi
inter innocentes manus meas: et factus sum flagellatus tota die» (Ps.
72. 13. 14). Sed cum haec cogitarem, statim didici cum Propheta: «Et suscepi,
ut cognoscerem: hic labor est in conspectu meo, donec ingrediar sanctuarium
Dei, et intelligam in novissima eorum» (Ibidem, v. 16). «Judicia enim
Domini abyssus multa.» Et, «O profundum divitiarum sapientiae et scientiae Dei,
quam inscrutabilia sunt judicia ejus, et investigabiles viae ejus!» (Rom.
11. 33.)
Bonus est Deus, et omnia quae bonus facit, bona sint necesse est. Mariti
orbitas irrogatur, plango quod accidit. Sed quia sic placet Domino, aequo animo
sustinebo. Unicus raptus est filius; durum quidem, sed tolerabile, quia sustulit
ille, qui dederat. Si caecus fuero, amici me lectio consolabitur. Si auditum
quoque surdae aures negaverint, vacabo a vitiis: nihil aliud, nisi Dominum
cogitabo. Imminebit super haec et dura pauperies, frigus, languor, et nuditas;
extremam exspectabo mortem, et breve putabo malum, quod finis melior
subsequatur.
Consideremus quid ethicus ille Psalmus sonet: «Justus es, Domine, et
rectum judicium tuum» (Psal. 118). Hoc non potest dicere, nisi ille, qui
ad universa quae patitur, magnificat Dominum, et suo merito imputans, in
adversis de ejus clementia gloriatur.
Exultaverunt enim filiae Judae in omnibus judiciis Domini. Si Juda,
confessio interpretatur: confitens autem omnis anima credentis est: necesse
est, ut qui se credere dicit in Christo, in omnibus Christi judiciis gaudeat.
Sanus sum, gratias refero Creatori. Langueo, et in hoc laudo Domini voluntatem.
«Quando enim infirmor, tunc fortis [al fortior] sum» (2. Cor. 12); et
virtus spiritus in carnis infirmitate perficitur. Patitur et Apostolus aliquid
quod non vult, pro quo ter Dominum deprecatur. Sed dicitur ei: «Sufficit tibi
gratia mea; quia virtus in infirmitate perficitur» (2. Cor. 12. 9); et
ad revelationum humiliandam superbiam, monitor quidam humanae imbecillitatis
apponitur, in similitudinem triumphantium, quibus in curru retro comes
adhaerebat per singulas acclamationes civium, dicens: Hominem te esse memento.
3. Cur autem durum sit, quod quandoque
patiendum est? et cur dolemus quemquam mortuum? ad hoc enim nati non
sumus, ut maneamus aeterni. Abraham, Moyses, Isaias, Petrus, Jacobus, Joannes,
Paulus electionis vas, et super omnia Filius Dei, moritur: et nos indignamur,
aliquem exire de corpore, qui ad hoc forsitan raptus est, «ne malitia mutaret
intellectum ejus? Placita enim
erat Deo anima ejus. Propter hoc properavit educere eam de media iniquitate» (Sap.
4), ne longo vitae itinere [al. longa vita in itinere], deviis oberraret
anfractibus.
Lugeatur
mortuus; sed ille quem gehenna suscipit, quem tartarus devorat, in cujus poenam
aeternus ignis aestuat.
Nos, quorum
exitum Angelorum turba comitatur, quibus obviam Christus occurrit, gravemur
magis, si diutius in tabernaculo isto mortis habitemus. Quia quamdiu hic moramur, peregrinamur a Domino (1. Cor 5). Illa,
illa nos cupido teneat: «Hei mihi, quia peregrinatio mea prolongata est a me,
habitavi cum habitantibus Cedar, multum peregrinata est anima mea» (Psal.
119). Si Cedar, tenebrae sunt, et mundus iste sunt tenebrae; quia lux lucet in
tenebris, et tenebrae eam non comprehenderunt (Joan. 1. 5), faveamus
Blaesillae nostrae, quae de tenebris migravit ad lucem, et inter fidei
incipientis ardorem, consummati operis percepit coronam.
Revera si saeculare desiderium; et, quod Deus a suis avertat, delicias
vitae hujus cogitantem mors immatura rapuisset, plangenda erat, et omni
lacrymarum fonte ploranda. Nunc vero cum, propitio Christo, ante quatuor ferme
menses, secundo quodam modo propositi se baptismo laverit, et ita deinceps
vixerit, ut calcato mundo, semper monasterium cogitarit, non vereris, ne tibi
Salvator dicat: Irasceris, Paula, quia tua filia, mea facta est filia?
indignaris de judicio meo, et rebellibus lacrymis facis invidiam possidenti?
Scis enim quid de te, quid de caeteris tuis cogitem. Cibum tibi denegas, non jejuniorum studio,
sed doloris. Non amo frugalitatem istam. Jejunia ista, adversarii mei sunt.
NULLAM ANIMAM recipio, quae me nolente, separatur a corpore. Tales stulta
philosophia habeat martyres, habeat Zenonem, Cleobrotum, vel Catonem. Super nullum requiescit spiritus meus, nisi «super humilem et quietum,
et trementem verba mea» (Isai. 66. Juxta LXX).
Hoc est quod mihi Monasterium promittebas? quod habitu a matronis
caeteris separato, tibi quasi religiosior videbaris? Mens ista quae plangit,
sericarum vestium est. Interciperis, et emoreris, et quasi non in meas manus
ventura sis, crudelem judicem fugis. Fugerat quondam et Jonas animosus
Propheta, sed in profundo maris meus fuit. Si viventem crederes filiam, nunquam
plangeres ad meliora migrasse. Hoc est quod per Apostolum meum jusseram, ne pro
dormientibus in similitudinem Gentium tristaremini. Erubesce, Ethnicae
compatione superaris. Melior diaboli ancilla, quam mea est. Illa infidelem
maritum translatum fingit in coelum, tu mecum tuam filiam commorantem, aut non
credis, aut non vis.
3. Sed dicis quomodo lugere me
prohibes, cum et Jacob Joseph in sacco fleverit, congregatisque ad se omnibus
propinquis, noluerit consolari, dicens: «Descendam ad filium meum lugens in
infernum?» (Genes. 37. 35.)
Et David Absalon cooperto capite planxerit, repetens: «Fili mi, Absalon,
Absalon, fili mi: quis dabit, ut moriar pro te, fili mi, Absolun?» (2. Reg.
18. 33.) Moysi quoque et Aaron, caeterisque Sanctorum solemnis sit luctus
exhibitus?
Perfacilis ad ista responsio est: Luxisse Jacob filium, quem putabat
occisum, ad quem et ipse erat ad inferos descensurus, dicens: «Descendam ad
filium meum lugens in infernum» (Gen. 37), quia necdum paradisi januam
Christus effregerat, nec dum flammeam illam romphaeam et vertiginem
praesidentium Cherubim, sanguis ejus extinxerat. Unde et Abraham licet in loco
refrigerii, tamen apud inferos cum Lazaro fuisse scribitur (Luc. 16). Et
David juste flevisse filium parricidam, qui alium parvulum, postquam, ut
viveret, impetrare non potuit, quia sciebat non peccasse, non flevit (2. Reg.
12).
De Moyse vero et Aaron, quod eis ex veteri more sit planctus exhibitus,
non mirandum est, cum et in Actis Apostolorum, jam Evangelio coruscante,
Stephano fecerint Jerosolymae fratres planctum magnum (Act. 8): et
utique planctus magnus, non in plangentium exanimatione, ut tu putas, sed in
pompa funeris, et exequiarum frequentia intelligendus sit.
Denique de Jacob Scriptura sic loquitur: «Et ascendit Joseph sepelire
patrem suum, et ascenderunt cum eo omnes pueri Pharaonis, et seniores domus
ejus, et seniores omnis terrae Aegypti, et omnis domus Joseph et fratres ejus.»
Et post paululum: «Et ascenderunt cum eo quadrigae et equites, et facta sunt
castra grandia nimis.» Ac deinde: «Et planxerunt cum planctu magno, et forti
nimis» (Gen. 50. 7. et seqq.). Planctus iste solemnis non longas
Aegyptiis imperat lacrymas, sed funeris monstrat ornatum. Juxta quem modum
Aaron quoque et Moysen, fletos esse manifestum est.
Nequeo satis Scripturae laudare mysteria, et divinum sensum, in verbis
licet simplicibus admirari, quid sibi velit quod Moyses plangitur, et Jesus
Nave vir sanctus sepultus refertur, et tamen fletus esse non scribitur. Nempe
illud quod in Moyse, id est, in Lege veteri sub peccati Adam omnes tenebantur
elogio [damnatione]; et ad inferos descendentes consequenter lacrymae
prosequebantur, secundum Apostolum, qui ait: «Et regnavit mors ab Adam usque ad
Moysen, etiam super eos qui non peccaverunt» (Rom. 5. 14). In Jesu vero,
id est, in Evangelio, per quem Paradisus est apertus, mortem gaudia
prosequuntur. Flent usque hodie Judaei, et nudatis pedibus in cinere volutati
sacco incubant. Ac ne quid desit superstitioni, ex ritu vanissimo Pharisaeorum,
primum cibum lentis accipiunt; videlicet ostendentes quali edulio primogenita
perdiderint. Sed merito,
quia in resurrectionem Domini non credentes, Antichristi praeparantur adventui.
Nos vero qui Christum induimus, et facti sumus, juxta Apostolum, genus
regium et sacerdotale (1. Petr. 2), non debemus super mortuos
contristari. «Et dixit, inquit, Moyses ad Aaron et Eleazar et Ithamar filios
ejus, qui relicti erant: Caput vestrum non denudabitis, et vestimenta vestra
non scindetis, ne moriamini; et super omnem synagogam veniat ira» (Levit.
10. 6). Nolite, inquit, scindere vestimenta vestra, et luctum exhibere
Gentilem, ne moriamini. MORS NOSTRA peccatum est. Et, quod forsitan crudele
alicui videatur, sed fidei necessarium est, in eodem Levitico scribitur,
quomodo Sacerdos magnus ad patrem, matrem, fratresque, vel liberos mortuos
prohibeatur accedere, ne videlicet anima Dei sacrificiis vacans, et tota in
illius mysteriis [al. ministeriis] occupata, aliquo impediatur affectu.
Nonne aliis verbis idipsum in Evangelio praecipitur, ut non renuntiet
domui discipulus? ut mortuo patri non exhibeat sepulturam? «Et de sanctis,
inquit, non exiet, et non contaminabitur sanctificatio Dei ejus, quia sanctum
oleum unctionis a Deo super eum est» (Levit. 21). Certe postquam
credimus in Christum, et oleo unctionis ejus accepto, illum portamus in nobis,
non debemus exire de templo, id est, de proposito Christiano: non foras egredi,
incredulitati videlicet Gentilium commisceri; sed esse semper
intrinsecus, id est voluntati Domini ministrare.
4. Haec idcirco dicimus, ne ignorantia
Scripturarum auctoritatem tibi praeberet in luctu, et videreris rationabiliter
errare. Et adhuc sic locutus sum, quasi unam de turbis convenerim Christianam.
Nunc vero cum sciam toti te renuntiasse mundo; et abjectis calcatisque deliciis
saeculi, orationi, jejuniis, lectioni vacare quotidie; cum ad exemplum Abraham
cupias exire de terra tua, et de cognatione tua, ut et Chaldaeis et Mesopotamia
derelictis, terram repromissionis introeas; cum omnem substantiolam, aut
pauperibus dilargita sis, aut filiis ante mortem mundo mortua dederis, miror te
ea facere, quae si facerent caeterae, reprehensione dignae viderentur. Redit
tibi in memoriam confabulatio ejus, blanditiae, sermo, consortium; et quod his
careas, pati non potes.
Ignoscimus matris lacrymis, sed modum quaerimus in dolore. Si parentem cogito,
non reprehendo quod plangis; si Christianam et Monacham, istis nominibus mater
excluditur. Recens vulnus est, et tactus iste quo blandior, non tam curat, quam
exasperat. Attamen quod tempore mitigandum est, cur ratione non vincitur?
Nam et Noemi famem fugiens in terra Moab, et maritum perdidit et filios.
Et cum suorum auxilio esset destituta, Ruth alienigena ab ejus latere non
recedit (Ruth. 1). Vide quanti meriti sit desertae praestitisse
solatium: Ex ejus semine Christus oritur. Respice Job, quanta sustinuit, et
videbis te nimium delicatam, illum erectis in coelum oculis, inter ruinas
domus, poenas ulceris, innumeras orbitates, et ad extremum uxoris insidias,
invictam tenuisse patientiam. Scio quid responsura sis: Hoc illi quasi justo ad
probationem evenisse. Et tu e duobus elige, quod velis: aut sancta es, et
probaris: aut peccatrix, et injuste quereris, minora sustinens, quam mereris.
Quid vetera replicem? praesentia exempla sectare. Sancta Melania nostri
temporis inter Christianos vera nobilitas (cum qua tibi Dominus, mihique
concedat in die sua habere partem) calente adhuc mariti corpusculo, et necdum
humato, duos simul perdidit filios. Rem sum dicturus incredibilem, sed teste
Christo, non falsam.
Quis illam tunc non putaret more lymphatico, sparsis crinibus, veste
conscissa, lacerum pectus invadere? Lacrymae gutta non fluxit; stetit
immobilis, et ad pedes advoluta Christi, quasi ipsum teneret, arrisit.
Expeditius, inquit, tibi servitura sum, Domine, quia tanto me onere liberasti.
Sed forsitan superatur in caeteris. Quinimo qua illos mente contempserit, in
unico postea filio probat, cui omni quam habebat possessione concessa,
ingruente jam hieme, Jerosolymam navigavit.
5. Parce quaeso tibi, parce filiae cum
Christo jam regnanti, parce saltem Eustochio tuae, cujus parva adhuc aetas, et
rudis pene infantia, te magistra [al. magistrante] dirigitur. Saevit
nunc diabolus, et quia unam cernit de tuis liberis triumphantem, obtritum [al.
obrutum] se esse condolens, quaerit in remanente victoriam, quam in praeeunte
jam perdidit. GRANDIS in suos pietas, impietas in Deum est. Abraham unicum
filium laetus interficit, et tu unam de pluribus quereris coronatam?
Non possum sine gemitu eloqui, quod dicturus sum. Cum de media pompa
funeris, te exanimem referrent, hoc inter se populus mussitabat: Nonne illud
est quod saepius dicebamus? Dolet filiam jejuniis interfectam, quod non vel de
secundo ejus matrimonio tenuerit nepotes. Quousque genus detestabile Monachorum
non urbe pellitur? non lapidibus obruitur? non praecipitatur in fluctus?
Matronam miserabilem seduxerunt, quae cum [al. quia] Monacha esse noluerit,
hinc probatur, quod nulla Gentilium ita suos unquam fleverit filios. Qualem
putas ad istas voces Christum habuisse tristitiam? Quomodo exultasse Satanam,
qui nunc tuam animam eripere festinans, et pii tibi proponens doloris
illecebram, dum ante oculos tuos filiae semper imago versatur, cupit matrem
simul necare victricis, et solitudinem sororis invadere relictae.
Non ut terream loquor, sed ut mihi testis est Dominus, quasi ante
tribunal ejus assistens, in haec te verba convenio. Detestandae sunt istae lacrymae, plenae
sacrilegio, incredulitate plenissimae, quae non habent modum, quae usque ad
viciniam mortis accedunt. Ululas et exclamitas, et quasi
quibusdam facibus accensa, quantum in te est, tui semper homicida es. Sed ad
talem clemens ingreditur Jesus, et dicit: «Quid ploras? Non est mortua puella,
sed dormit» (Marc. 5. 39; et Luc. 8. 52). Irrideant
circumstantes: ista infidelitas Judaeorum est. Te quoque, si ad sepulcrum
filiae volueris volutari, Angelus increpabit: «Quid quaeris viventem cum
mortuis?» (Luc. 24. 5.) Quod quia Maria fecerat Magdalene, postquam
vocem Domini se clamantis agnovit, ad ejus provoluta pedes, audit: «Ne
tetigeris me, necdum enim ascendi ad Patrem meum» (Joan. 20. 27), id
est, non mereris tangere resurgentem quem mortuum existimas in sepulcro.
6. Quas nunc existimas Blaesillam
nostram pati cruces, quae ferre tormenta, quod tibi Christum videat subiratum?
Clamat nunc illa lugenti: Si unquam me amasti, mater, si tua ubera suxi, si
tuis instituta sum monitis, ne invideas gloriae meae; nec hoc agas, ut a nobis
in perpetuum separemur. Putas esse me solam? Habeo pro te Mariam Matrem Domini.
Multas hic video quas ante nesciebam. O quanto melior est iste comitatus. Habeo
Annam quondam in Evangelio prophetantem, et, quo magis gaudeas, tantorum
annorum labores, ego in tribus mensibus consecuta sum. Unam palmam castitatis
accepimus. Misereris mei, quia mundum reliqui? At ego vestri sortem doleo, quos
adhuc saeculi carcer includit; quos quotidie in acie praeliantes, nunc ira,
nunc avaritia, nunc libido, nunc variorum incentiva vitiorum pertrabunt ad
ruinam. Si vis, ut mater mea sis, cura placere Christo. Non agnosco matrem, meo
Domino displicentem.
Loquitur illa et alia multa, quae taceo, et pro te Dominum rogat;
mihique ut de ejus mente securus sum (al. sim), veniam impetrat
peccatorum: quod monui, quod hortatus sum, quod invidiam propinquorum, ut salva
esset, excepi.
7. Itaque dum spiritus hos artus regit,
dum vitae hujus fruimur commeatu, spondeo, promitto, polliceor, illam mea
lingua resonabit, illi mei dedicabuntur labores, illi meum sudabit ingenium.
Nulla erit pagina, quae non Blaesillam sonet. Quocumque sermonis nostri
monumenta pervenerint, illa cum meis opusculis peregrinabitur. Hanc in mea
mente defixam legent Virgines, Viduae, Monachi, sacerdotes. Brevis vitae
spatium, aeterna memoria compensabit. Quae cum Christo vivit in coelis, in
hominum quoque ore victura est. Transibit et praesens aetas, sequentur saecula
post futura, quae sine amore, sine invidia judicabunt. Inter Paulae
Eustochiique nomen media ponetur. Nunquam in meis moritura est libris. Audiet
me semper loquentem cum sorore, cum matre.
Pour ce qui regarde l'Ancien Testament, les livres dont
tout le monde peut tirer le plus de profit, sont les Proverbes de Salomon, son
Ecclésiaste, le livre de la Sagesse, et l'Ecclésiastique.
Pour profiter des Proverbes, et des autres livres de cette nature,
où il y a beaucoup de sentences, il est bon de s'en mettre à chaque lecture une
ou deux des plus touchantes dans l'esprit ; s'en faire une nourriture, et
la règle de ses pratiques pendant la journée.
Il faut apprendre dans l'Ecclésiaste à mépriser tous les
biens du monde, et même à mépriser l'homme, selon ce qu'il a de corporel, où il n'est guère élevé
au-dessus des bêtes ; mais il se doit estimer beaucoup par le rapport
qu'il a à Dieu, comme il parait principalement au dernier chapitre.
On apprend, par la même raison, à mépriser aussi les belles
qualités de l'esprit, qui ne se rapportent pas à cette fin ; la science,
la sagesse humaine, qui, sans la crainte de Dieu, n'est qu'erreur et
qu'illusion, et ne produit à l'esprit qu'un vain travail. En un mot, ce livre
est fait pour dégoûter l'homme de tout ce qui est sous le soleil ; et par
là il est très propre aux âmes retirées du monde. C'est aussi pour cette raison
que saint Jérôme le lisait à sainte Blésille, pour lui en inspirer le mépris ;
et il en dédia la version, avec un excellent Commentaire, à sainte Paule et à
sa fille sainte Eustoquie, si renommées dans toutes les Églises pour avoir
préféré Bethléem à Rome, et une humble retraite à toutes les grandeurs du monde.
BOSSUET. Instruction sur la lecture de l'Écriture Sainte
SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/Bibliotheque/bossuet/volume001/003.htm
Blaesilla of Rome, Widow (AC)
(also known as Blesilla)
Died in Rome, Italy, 383. Daughter of patrician Saint Paula and sister of Saint Eustochium, early in life Blaesilla followed in her mother's elegant footsteps and, like her saintly mother, practiced great austerities. When Saint Jerome arrived in Rome in 382, their friend Saint Marcella insisted he should teach their group of pious women Hebrew and exegesis. The young widow, Blaesilla threw herself so vehemently into the ascetic life that in 384, at age 20, she died. The widow Paula was almost crazy with grief, but the young, sarcastic Jerome rebuked her and promised to glorify Blaesilla by writing about her, which he did. Jerome also began his translation of the book of Ecclesiastes at the request of Saint Blaesilla (Attwater2, Benedictines, Coulson, Encyclopedia, Martindale)
Daughter of Saint Paula.
Friend and spiritual student of Saint Jerome.
Married
in her teens to Furius, son of Titiana; widowed
after only seven months, after which she consecrated herself to God. Student
of Hebrew.
Born
- c.363
SOURCE : http://catholicsaints.info/saint-blaesilla/
Blaesilla (c. 363 - c. 383 or 384)
Memorial: 22 January
St. Eustochium was canonized prior to the institution of the modern investigations performed by the Congregation for the Causes of Saints, such beati being canonized by local bishops, primates, or patriachs, often as a result of popular devotion. She is the patron saint of brides and widows.
SOURCE : http://www.istrianet.org/istria/illustri/jerome/patrons.htm#blaesilla