lundi 5 novembre 2012

La FÊTE des SAINTES RELIQUES

La Fête des Saintes Reliques

On entend par Reliques des Saints tout ce qui reste d'eux après leur mort: leurs ossements, leurs cendres, leurs vêtements et autres objets à leur usage. Les protestants se sont avisés de condamner le culte des Reliques des Saints, comme emprunté aux coutumes païennes et n'ayant pas une origine apostolique. La décision du concile de Trente suffit pour montrer la fausseté et la perfidie de leurs raisons. Ce concile, en effet, a décrété contre eux que les corps des martyrs et autres Saints, qui ont été les membres vivants de Jésus-Christ et les temples du Saint-Esprit, doivent être honorés par les fidèles, et que, par eux, Dieu accorde un grand nombre de bienfaits aux hommes. Il fonde sa décision sur l'usage établi dès le 1er siècle et demeuré constant dans l'Église, ainsi que sur l'enseignement des Pères et des Conciles.

Le culte des saintes Reliques n'est donc pas seulement permis, mais ordonné; il n'est pas seulement un droit, mais un devoir. Remarquons-le bien, le culte des reliques diffère des pratiques païennes parce qu'il est surnaturel; nous n'honorons pas les restes des Saints pour des motifs puisés dans la nature; mais pour des motifs puisés dans la foi. Qu'on honore la mémoire et les restes des grands hommes dignes de ce nom, c'est justice; mais qu'on honore la mémoire et les restes des Saints c'est plus que justice, c'est oeuvre de religion, et l'objet final du culte des saintes Reliques, c'est Dieu sanctifiant les Saints, c'est Jésus-Christ, dont les saints sont les membres.

Ce culte est si légitime, que Dieu souvent ordinairement même, glorifie Lui-même les Reliques de Ses Saints par des parfums célestes, par d'autres merveilleux privilèges, par d'innombrables miracles. Ajoutons à cela que le culte des saintes Reliques a aussi son fondement dans la résurrection glorieuse qui attend les corps des Saints; ces restes, Dieu les recueillera Lui-même à la fin du monde et leur donnera tout l'éclat et toute la beauté dont ils sont susceptibles.

Vénérons donc avec respect, dévotion, confiance, ces Reliques précieuses, qui furent autrefois animées par de grandes âmes, ont été les instruments de belles et saintes oeuvres, d'étonnantes vertus, et seront un jour honorées d'une brillante et immortelle gloire. Aimons les pèlerinages aux tombeaux des saints, célébrons religieusement la fête des saintes Reliques, qui suit avec tant d'à-propos la fête de la Toussaint, fête des saintes âmes qui sont au Ciel.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950

SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/la_fete_des_saintes_reliques.html


Après avoir célébré le jour de la Toussaint, la fête des saintes Âmes qui sont entrées au Ciel, l’Église honore aujourd’hui les saintes Reliques de leurs corps restées sur terre jusqu’au moment de la résurrection glorieuse dont elles sont un gage pour nous.

Dès les premiers temps de l’Église, on célébrait les saints Mystères sur les tombeaux des Martyrs dans les Catacombes, afin de montrer que ces Saints avaient mêlé leur sang à celui de la Victime du Calvaire.

Plus tard, à Rome, on éleva des temples grandioses, vastes reliquaires abritant la sépulture des Martyrs célèbres. Les restes de ceux qui avaient ainsi confessé leur Foi étaient déposés sous le maître-autel ou Confession des basiliques qui leur étaient consacrées.

De là l’usage de la translation des reliques des Martyrs qui est l’une des parties essentielles de la cérémonie de la Dédicace d’une église, de même que l’usage de mettre des reliques de saints Martyrs dans une petite cavité de la pierre d’autel appelée tombeau.

C’est pour ce motif que la Messe des saintes Reliques, qui remonte au XIXe siècle, est composée, de même que l’Office de ce jour, en grande partie du pièces tirées du Commun des Martyrs, et que le prêtre se revêt d’ornements rouges.

De même qu’une vertu surnaturelle sortait de la sainte Humanité de Jésus et guérissait ceux qui s’En approchaient, les Saints qui jouissent de Dieu dans le Ciel, peuvent par leurs reliques (ossements, cendres, vêtements ou autres objets à leur usage) restées sur terre, « y opérer des merveilles », dit l’Oraison, chasser les démons, guérir les malades, rendre la vue aux aveugles, purifier les lépreux, chasser les tentations et nous donner tous les dons excellents qui descendent du Père des lumières ».

SOURCE : http://www.cassicia.com/FR/La-fete-des-saintes-Reliques-conservees-dans-les-eglises-ou-les-couvents-Fete-le-5-novembre-Autrefois-le-dimanche-apres-la-Toussaint-Respect-antique-des-restes-des-Saints-pour-des-raisons-surnaturelles-et-non-comme-les-paiens-pour-raisons-naturelles-No_607.htm


Dans beaucoup de diocèse, soit ce jour, soit le dimanche qui suit la Toussaint, on célèbre les Saintes Reliques. La messe est en général celle qui figure au supplément du Missel Romain. (…) [1]

Office

Nous donnons les parties de l’Office indiquées par Dom Guéranger, l’office pouvant varier d’un diocèse à l’autre.

AUX VÊPRES.

Ant. 1 Ceux-là sont les Saints qui ont livré leurs corps pour le testament de Dieu et lavé leurs robes dans le sang de l’Agneau.

Ant. 2 Les Saints ont vaincu les royaumes par la foi, ils ont accompli la justice, ils sont en possession des promesses.

Ant. 3 La jeunesse des saints se renouvellera comme celle de l’aigle ; ils fleuriront comme le lis dans la cité du Seigneur.

Ant. 4 Dieu essuiera toute larme des yeux des Saints ; et il n’y aura plus désormais ni gémissements , ni cri, ni douleur d’aucune sorte ; car le passé n’est plus.

Ant. 5 Les Saints habitent le royaume des cieux ; leur repos sera éternel.

Capitule. Sap. 3.Les âmes des justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les atteindra pas. Aux yeux des insensés, ils ont paru mourir ; mais eux sont dans la paix.

Hymne Célébrons dans nos chœurs les sublimes récompenses qu’ont méritées les Saints, leurs exploits héroïques : mon âme brûle d’exalter dans ses chants leur triomphe et leur noblesse insigne.

Voilà donc ceux qu’eut en aversion la folie du monde ! monde stérile, monde sans fleurs,méprisé de ces fidèles attachés à ton nom, Jésus, doux Roi des cieux.

Pour toi ils se rirent des fureurs humaines, des farouches menaces, des fouets sanglants ; vaincue, la griffe de fer qui labourait le corps n’atteignit point leur cœur.

Ils se présentent comme des brebis au glaive : ni plainte aux lèvres, ni murmure ; le cœur tranquille, l’âme sûre d’elle reste patiente.

Quelle voix, quelle langue pourra dire les dons que tu réserves à tes Martyrs ? Empourprés de leur sang, ils ceignent glorieux le laurier des vainqueurs.

Déité une et souveraine, écoutez nos prières : effacez nos fautes, écartez tout danger ; donnez la paix à vos serviteurs, pour qu’ils chantent votre gloire dans toute la suite des âges.

Amen.

Ant. au Magnificat Les âmes des Saints qui ont suivi les traces de Jésus-Christ se réjouissent aux cieux ; pour son amour ils ont verse leur sang, leur bonheur avec lui n’aura point de terme.


Dom Guéranger, l’Année Liturgique

La fête des saintes Reliques se célébrant en beaucoup de lieux au Dimanche dans l’Octave de la Toussaint, nous donnons la Messe et les Vêpres qui lui sont communément consacrées. Mais les formules liturgiques ne varient guère moins ici que la date même de la fête.

L’Introït est emprunté au Psaume XXXIII. Il chante la sollicitude de Dieu pour les siens dans la mort comme dans la vie. Quel qu’ait été le sort des justes sous l’épreuve ou la persécution, leurs ossements se retrouveront tous à l’appel du Fils de l’homme au dernier jour [2].

Les miracles qu’opèrent ces ossements desséchés nous révèlent en effet, dit saint Augustin, qu’ils ne sont pas vraiment morts [3]. Ils doivent augmenter notre foi dans la résurrection future, et nous faire demander comme l’Église, en la Collecte, de partager nous-mêmes au temps voulu la gloire dont cette vertu qui resplendit en eux déjà est le gage assuré.

ÉPÎTRE.

Les saintes Reliques formaient pour nos aïeux la première richesse, le trésor par excellence des cités. On eût dit que rosée du ciel et graisse de la terre [4], bénédictions de ce monde comme de l’autre, émanaient des corps saints. Leur présence imposait le respect aux armées ennemies, non moins qu’aux légions d’enfer ; elle gardait les mœurs, entretenait la foi, excitait la prière au sein des villes devenues par elles le centre envié vers lequel se portaient les foules, qu’attirent aujourd’hui moins sainement nos villes de plaisirs. De quelle vigilance on entourait l’auguste dépôt !

Tous les malheurs publics n’eussent pas égalé celui de sa perte.

Pourtant « ici, mes Frères, dit le Cardinal Pie, j’ai à vous dévoiler un plan merveilleux du Dieu que l’Écriture appelle admirable dans ses Saints [5]. Le Seigneur Jésus, qui a dit à ses disciples : « Allez et enseignez » : Euntes ergo, docete [6], se plaît souvent à les mettre encore en mouvement après leur mort, et il se sert de leur apostolat d’outre-tombe pour porter le bienfait de la grâce à d’autres peuples qu’à ceux qu’ils ont évangélisés de leur vivant. « Je vous ai établis, leur a-t-il dit, « afin que vous alliez et que vous portiez des fruits » : Posui vos ut eatis, et fructum afferatis [7]. Conformément à ce mot d’ordre, les Saints, même après qu’ils sont arrivés au terme bienheureux de leur pèlerinage mortel, se résignent encore à redevenir voyageurs. Si j’avais le loisir de vous raconter les pérégrinations posthumes de nos illustres pontifes et thaumaturges, par exemple, les courses réitérées, les allées et les venues, les marches et les contre-marches de notre Hilaire et de notre Martin durant plus de dix siècles, et les fruits incroyables de ces étranges déplacements, tout en captivant votre attention par des récits pleins d’intérêt, je risquerais de vous fatiguer par ma longueur [8]. »

Le Graduel et son Verset, tirés des Psaumes, exaltent la gloire future dont celle qui entoure les bienheureux sur leurs couches d’honneur ici-bas n’est qu’une faible image.

ÉVANGILE.

En vérité, en vérité je vous le dis : celui qui croit en moi fera lui-même les œuvres que je « fais, et il en fera de plus grandes [9]. » Cette parole de l’Homme-Dieu s’appliquait aux Saints, aux disciples de Jésus qui croiraient en lui jusqu’à mettre pour lui leur béatitude de ce monde dans la pauvreté, la faim, les pleurs et la persécution. On devait la voir s’accomplir au temps de leur vie mortelle ; elle se justifierait toujours, et souvent plus, dans la puissance que garderait leur dépouille inanimée pourchasser les démons, guérir tout mal, obtenir toute grâce ; ce n’était pas de l’étroite province de Judée, mais des rivages du monde entier que s’ébranleraient les foules, pour venir écouter les Saints dans l’éloquent silence de leurs tombes, pour éprouver la vertu qui sortirait d’eux.

Aussi, nous dit Paulin de Noie en de poétiques développements, « Dieu secourable ménagea la distribution des Saints parmi les nations, de telle sorte que leur aide ne pût manquer aux infirmes mortels [10]. S’il donna les principales cités pour séjour aux plus grands [11], la grâce dont ils sont doués pour nous ne vit point là seulement où gît leur corps en son intégrité : où que subsiste une parcelle de ce corps, leur main s’y trouve et sa puissance, Dieu témoignant en cette manière de leur crédit au ciel [12]. Du pieux dépôt s’envolent, semences de vie, les cendres sacrées ; une goutte minime fuit de la source : source elle-même pour la grâce et l’amour, elle produit des fleuves [13]. »

Célébrons donc le Seigneur en ses Saints ; car c’est de lui que leur vient toute vertu, comme dit l’Offertoire.

« Qui jamais adora les Martyrs ? qui prit un homme pour Dieu ? » disait saint Jérôme, en sa défense des honneurs rendus aux ossements sacrés [14]. Et en effet, dans la Secrète, l’Église professe que de même que le culte de ces cendres vénérées remonte d’elles jusqu’aux Saints eux-mêmes, ainsi la puissance des Saints n’est qu’une puissance d intercession auprès du Père de l’auguste Victime dont nous vient tout salut.

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang, a dit l’Homme-Dieu, je le ressusciterai au dernier jour [15]. » La Communion, qui dépose le germe de l’immortalité glorieuse en nos corps, justifie l’objet de cette fête et en explique la joie.

Quelle conclusion formuler dans notre prière en ce jour, sinon le vœu de vivre éternellement avec les bienheureux qui nous ont réjouis par la présence de leurs Reliques saintes ? C’est ce que fait l’Église en la Postcommunion.

Plusieurs Églises chantent en cette fête l’Hymne suivante, œuvre de Claude Santeul, qu’il ne faut pas confondre avec le Victorin son frère, et dont les compositions l’emportent sur celles de Jean-Baptiste Santeul en onction et en simplicité comme par l’orthodoxie.

HYMNE.

Chœurs des chrétiens, célébrez par des chants d’allégresse les saints tombeaux, les cendres de nos Pères, chères dépouilles, gages que nous ont laissés les habitants des cieux.

Tandis qu’au ciel les âmes bienheureuses jouissent de joies égales à leurs pieux labeurs, honneur et digne louange ici-bas sont rendus au corps qui partagea leurs souffrances.

Ces ossements dispersés en tous lieux, Dieu les garde ; il se souvient de sa promesse qu’ils ne périront pas : pierres de choix, qu’il rassemble avec amour, qu’appareille sa providence.

Suprême honneur : ces restes mortels et ces tombeaux, lui-même le Dieu hostie se les consacre pour autels ; lui, la tête, se joint à ses membres ; il les immole avec lui.

Vous, dont les cendres reçoivent l’hommage, les baisers suppliants du peuple pieux qui voit en vous sa sûre défense : si ce qui nous touche vous émeut, montrez-vous bons, secourez vos clients.

Exaucez-nous, afin qu’au jour où notre chair ressuscitée s’unira aux chœurs des esprits dans la splendeur de ses attributs nouveaux, l’indivisible Trinité soit pour nous Dieu tout en tous à jamais.

Amen.Donnons à la suite cette belle formule du Pontifical romain pour la bénédiction des châsses et reliquaires.

BOISSELIER Félix, BOISSELIER l'Aîné. Présentation d'une châsse à reliques à des Italiennes, 1806, Angers, Musée des beaux-arts

PRÉFACE.

C’est une chose digne et juste, équitable et salutaire, de vous rendre grâces en tout temps et en tous lieux, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, inestimable, Dieu ineffable, Dieu de miséricorde et de toute consolation. Vous commandâtes à votre serviteur Moïse de faire selon l’exemplaire que vous lui montriez sur la montagne une arche de bois incorruptible, et de l’entourer d’un or très pur, afin qu’elle fût digne de garder, en témoignage pour les générations futures, et l’urne d’or remplie de la manne des cieux, et les tables du testament écrites par le doigt même de votre Majesté. Puis, dans nos temps, vous avez manifesté le sens de ces augustes mystères, lorsque vous remplîtes de toute la plénitude de la divinité le corps de votre Fils unique, conçu par l’opération du Saint-Esprit d’une Vierge très pure et vivifié par une âme raisonnable.

Nous vous implorons donc et supplions, Dieu tout-puissant, Père de notre Seigneur Jésus-Christ, vous de qui relève au ciel et sur terre toute paternité : daignez, à la prière de vos Saints, répandre la bénédiction du ciel sur ces reliquaires préparés pour leurs restes sacrés ; en sorte que ceux qui recourent à eux méritent, par leur intercession, de surmonter tout mal avec votre aide, de puiser toute aisance et tout bien dans le trésor de votre largesse infinie. Eux, Seigneur, purent sous votre conduite intérieure éviter les embûches des esprits du mal ; confortés par le Seigneur Christ, non seulement les savantes tortures des hommes n’eurent que leur mépris, mais ils en triomphèrent pleinement : qu’ainsi les fidèles honorant les mérites de ces Saints, embrassant leurs Reliques avec humilité, soient protégés contre le diable et ses anges, contre la foudre et les orages, contre la grêle et les fléaux divers, contre l’empoisonnement de l’air et la mortalité des hommes ou des animaux, contre les voleurs, les assassins, les incursions ennemies, contre les animaux nuisibles, les serpents et reptiles aux multiples formes, contre la méchanceté humaine et ses intrigues pires que les autres calamités. Fléchi par les prières de vos bienheureux serviteurs, soyez propice à leurs dévots clients, étendez sur eux, toujours, en tous lieux, la droite de votre invincible puissance pour écarter les maux et répandre les biens.

Par le même Jésus-Christ votre Fils, notre Seigneur, qui vit et règne avec vous, Dieu lui-même, en l’unité du même Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen.

[1] En 1955, la fête des Saintes Reliques fut transformée en Toussaint Diocésaine.

[2] Johan. V, 28.

[3] Aug. Sermo CCCXIX, de Stephano Mart. VI.

[4] Gen. XXVII, 28.

[5] Psalm. LXVII, 36.

[6] Matth. XXVIII, 19.

[7] Johan. XV, 16.

[8] Cardinal Pie, Discours prononcé à la cérémonie de la translation des reliques de saint Latuin, à Séez, le mardi XXII juin MDCCCLVIII.

[9] Johan. XIV, 12.

[10] Paulin. Poema XIX, 14-50.

[11] Ibid. 51-52.

[12] Poema XXVII, 440-448.

[13] Poema XIX, 358-364.

[14] Hieron. contra Vigilantium.

[15] Joahn. VI, 55.

SOURCE : http://www.introibo.fr/05-11-Les-Saintes-Reliques#nb1