Négatif du visage du linceul de Turin, photographie de Secondo Pia, 1898
4 MAI : FÊTE DU
SAINT SUAIRE
Aujourd’hui 4 mai a lieu
la fête du Saint Suaire.
Rappelons qu’en 1471 le
Pape Sixte IV reconnut la relique comme le Linceul authentique de Jésus-Christ
et établit un culte liturgique.
Puis, le 26 avril 1506,le
Pape Jules II autorisa le duc Charles III de Savoie à dénommer
« Sainte Chapelle du Saint Suaire » la chapelle du château de
Chambéry, et fixa la fête du Linceul au 4 mai, lendemain de l’Invention de la
Saint Croix.
Le Linceul séjourna six
ans à Nice, de 1537 à 1543. La ville, et en particulier la Confrérie des
Pénitents Rouges, en garde le souvenir fidèle.
Voici le texte de cette
messe, en français, tel communiqué par la « CONFRÉRIE de la TRÈS SAINTE
TRINITÉ PÉNITENTS ROUGES de NICE », qui célèbre cette fête chaque année.
Il nous est précisé cependant que cette messe est dite « en latin selon la
forme extraordinaire du rite romain (Motu Proprio du Pape Benoît XVI du
7/7/2007) ». La célébration à Nice n’a lieu que le 11 mai, parce que le 4
mai, le Diocèse fête, dans le nouvel Ordo des années 1970, la Dédicace de la
cathédrale Ste Marie – Ste Réparate et que cette fête à prévalu sur celle du
Saint Suaire, qui a été déplacée au 11 mai localement. Nous remercions la
Confrérie de nous avoir transmis ce texte.
MESSE EN L’HONNEUR DU
SAINT SUAIRE DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST
(Inscrite au propre du
diocèse de Nice, approuvé par la congrégation romaine du Culte Divin le 19
avril 1988 – Célébration autorisée le 11 Mai en la basilique cathédrale
Sainte-Réparate et en la chapelle de la Très sainte Trinité et du Saint
Suaire).
INTROÏT (Philipp.
2/8-9)
Il s’est abaissé lui-même
Se faisant obéissant jusqu’à la mort
Et à la mort de la Croix
C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé
Et lui a donné un Nom qui est au-dessus de tout Nom.
ORAISON
O Dieu qui, pour nous, as
imprimé les marques de Ta Passion dans le Saint-Suaire où Joseph a enveloppé
Ton corps très sacré, déposé de la Croix, accorde nous que par Ta mort et Ta
sépulture nous soyons conduits à la gloire de Ta résurrection. Par notre
Seigneur Jésus-Christ.
ÉPÎTRE (Isaïe 62/11
et 63 (1-7)
Voici ce que dit le
Seigneur :
Dites à la fille de Sion : Voici que ton Sauveur vient ;
Voici que sa récompense est avec Lui.
– Qui est Celui qui vient d’Edom, de Bosra, avec sa robe teinte de rouge ?
Qui éclate dans la beauté de ses vêtements et qui marche avec une force
toute puissante ?
– C’est Moi dont la Parole est la Parole de justice ; qui viens pour défendre
et pour sauver.
Pourquoi donc votre robe est-elle rouge ?
Et pourquoi vos vêtements sont-ils comme les habits de ceux qui foulent le vin
dans les pressoirs ?
– J’ai été seul à fouler le vin,
Sans qu’aucun homme d’entre tous les peuples fut avec Moi.
Je les ai foulés dans Ma fureur ;
Je les ai foulés aux pieds dans Ma colère
Et leur sang a rejailli sur Ma robe,
Et tous Mes vêtements en sont tâchés.
Car J’ai dit dans Mon Coeur : le jour de Ma vengeance est arrivé;
Le temps de racheter les Miens est venu.
J’ai regardé autour de Moi et il n’y avait personne pour m’aider
J’ai cherché, et Je n’ai point trouvé de secours.
Ainsi, Mon bras M’a sauvé et Ma colère M’a soutenu.
J’ai donc foulé aux pieds les peuples dans Ma fureur ;
Je les ai enivrés de leur sang dans Ma colère
Et j’ai renversé leur force par terre.
Je me souviendrai donc de la miséricorde du Seigneur.
Je chanterai ses louanges pour toutes les grâces qu’Il nous a faites.
GRADUEL (P.S.
68/21-22)
Mon coeur s’est préparé à
toutes sortes d’opprobres et de misères.
J’ai attendu que quelqu’un s’attristât avec Moi ; mais nul ne l’ai fait.
J’ai attendu que quelqu’un Me consolât ; mais Je n’ai trouvé personne.
Au contraire, ils M’ont donné du fiel pour ma nourriture
Et dans Ma soif, ils M’ont présenté du vinaigre à boire.
TRAIT (Isaïe 53/4-5)
Il a pris véritablement
nos langueurs
Et il s’est chargé Lui-même de nos douleurs.
Ainsi nous l’avons considéré comme un lépreux,
Comme un homme frappé de Dieu et humilié
Mais il a été percé de plaies pour nos iniquités
Et Il a été brisé par nos crimes.
Le châtiment qui devait nous procurer la paix est tombé sur Lui
Et nous avons été guéris par Ses meurtrissures.
ALLÉLUIA – ALLÉLUIA (dans l’année, après le graduel on omet le trait)
Salut notre Roi.
Toi seul a eu pitié de nos fautes.
Obéissant au Père, Tu as été conduit à la Croix
Comme un doux agneau à la boucherie.
ALLÉLUIA – ALLÉLUIA (au temps pascal, on omet le graduel et le trait)
Salut notre Roi.
Toi seul a eu pitié de nos fautes.
Obéissant au Père, Tu as été conduit à la Croix
Comme un doux agneau à la boucherie.
A Toi la gloire – Hosanna !
A Toi le Triomphe et la Victoire !
A Toi la couronne d’honneur et de la plus grande louange !
ÉVANGILE (Marc
15/42-46)
Le soir étant venu, parce que c’était le jour de la préparation, c’est-à-dire la veille du Sabbat, Joseph d’Arimathie, qui était un sénateur fort considéré et qui attendait lui aussi le royaume de Dieu, s’en vint hardiment trouver Pilate et lui demanda le corps de Jésus.
Pilate s’étonna qu’Il fut déjà mort, fit venir le Centurion, et lui demanda
s’il était déjà mort. Le Centurion l’en ayant assuré, il donna le corps à
Joseph. Joseph, ayant acheté un linceul, y enveloppa le corps de Jésus et le
mit dans un sépulcre qui était taillé dans le roc, puis il roula une pierre à
l’entrée du sépulcre.
OFFERTOIRE (Lev.
16/2 et 5)
Entré dans le Tabernacle
pour offrir l’holocauste sur l’autel
en rémission des péchés des fils d’Israël,
Aaron revêtit la tunique de lin.
SECRÈTE
Seigneur, reçois
favorablement ces dons.
Toi qui agréas, pour le salut du monde,
La Passion glorieuse de Ton Fils.
COMMUNION (Marc
15/46)
Joseph ayant acheté un
linceul y enveloppa le corps de Jésus
POST-COMMUNION
Seigneur, Tu as rassasié
Ta famille des dons sacrés
nous T’en prions, que la mort temporelle de Ton Fils
Qu’attestent des mystères vénérables,
Nous donne l’espérance de la vie éternelle.
Par Notre Seigneur Jésus-Christ.
SOURCE : https://www.linceul.fr/4-mai-fete-saint-suaire/
Drawing
of a pilgrim badge found in the Seine river, under
the "Pont-au-Change" bridge (Paris, France), in 1855. The badge bears
a representation of the Shroud of Lirey (Shroud
of Turin), the arms of Charny and those of Vergy. The badge is in the Musée
National du Moyen Âge, Thermes de Cluny, Paris.
Dessin
d'une enseigne de pèlerinage retrouvée dans la Seine en 1855, près du
Pont-au-Change (Paris, France). Cette enseigne représente le suaire de Lirey (Suaire
de Turin), ainsi que les blasons des familles de Charny et de Vergy. Cet
artefact est maintenant conservé à Paris, au Musée national du Moyen Âge,
Thermes de Cluny. Arthur Forgeais, Collection de plombs historiés trouvés
dans la Seine, tome IV : Imagerie religieuse. Paris, 1865, p. 105.
4 MAI FÊTE DU SAINT LINCEUL
L’Église s’est prononcée
depuis longtemps au sujet de l’authenticité du Saint Linceul. En 1471, le
pape Sixte IV reconnaît la relique comme le Linceul authentique de
Jésus-Christ. Il établit un culte liturgique. Le 26 avril 1506, le
pape Jules II, par bulle papale, autorise le duc Charles III de
Savoie à dénommer « Sainte Chapelle du Saint Suaire » la
chapelle du château de Chambéry, Il instaure et fixe la fête du Linceul au
4 mai, le lendemain de l’invention de la Saint Croix.
Epître de la messe du
Saint-Suaire (au propre de l’archidiocèse de Turin).
ISAIE – 62, 11; 63, 1-7
Le Seigneur Dieu dit ceci
: Dites à la fille de Sion : Voici, ton Sauveur vient. Qui
est-il celui-ci, qui vient d’Edom, de Bosra en habits écarlates ?
Magnifiquement drapé dans son vêtement, s’avançant dans la plénitude de
sa force ? C’est moi qui parle avec justice, qui suis puissant
pour sauver. Pourquoi ce rouge à ton manteau, pourquoi es-tu vêtu
comme celui qui foule au pressoir ? Au pressoir j’ai foulé solitaire
et des nations pas un avec moi : je les ai foulées dans ma fureur et je
les ai piétinées dans ma colère : leur sang a giclé sur mes habits et j’ai
taché tous mes vêtements. Car j’ai au coeur un jour de vengeance, c’est l’année
de ma rétribution qui vient. Je regarde alentour, et il n’y avait pas d’aide :
j’ai cherché et il n’y avait personne qui puisse aider : et mon bras est venu à
mon secours, et mon indignation m’est venue en aide. Et j’ai piétiné les
peuples dans ma fureur, et je les ai enivrés de mon indignation, et j’ai jeté à
terre leur puissance. Je rappellerai les actes de miséricorde du Seigneur, la
louange du Seigneur qui est sur tous, que le Seigneur notre Dieu nous a rendue.
Deo Gratias.
SOURCE : https://www.linceul.fr/4-mai-fete-du-saint-linceul/
Gabriel
Dufour Le Saint-Suaire, 1668. Église Saint-Michel
En
haut, la Vierge Marie est entourée par Amédée IX, Sainte Anne et Sainte Agathe,
ainsi qu'un moine portant une fleur de lys.
En
bas, Saint Pierre, Saint Sébastien en tenue de centurion romain, Saint François
de Sales, en cape et Saint Antoine l'Egyptien (avec le TAU sur son épaule).
Saint-Suaire: «Le mystère du Samedi Saint», par Benoît XVI « La solidarité la plus radicale »
AVRIL 11, 2020 14:47RÉDACTIONPAPES, SEMAINE SAINTE
A l’occasion de l’ostension du Saint Suaire, du 10 avril au 23 mai 2010, le pape Benoît XVI s’est rendu à la cathédrale de Turin pour y vénérer la relique, le dimanche 2 mai. Il a lu à cette occasion une méditation intitulée: « Le mystère du Samedi Saint ».
Il évoque notamment les tragédies du XXe s.: « Après les deux guerres mondiales, les Lager et les goulag, Hiroshima et Nagasaki, notre époque est devenue dans une mesure toujours plus grande un Samedi Saint: l’obscurité de ce jour interpelle tous ceux qui s’interrogent sur la vie, et de façon particulière nous interpelle, nous croyants. Nous aussi nous avons affaire avec cette obscurité. »
Lorsqu’il naît, en Bavière, à Marktl am Inn, le 16 avril 1927, c’est un Samedi Saint, et ce sera aussi le jour de son baptême. Il en fait une lecture spirituelle lors de son 85e anniversaire, le 16 avril 2012 et il affirme: « La bonté de Dieu est plus forte que tout mal en ce monde ».
« Le jour où j’ai été baptisé, raconte-t-il, comme je l’ai dit, était un Samedi saint. On avait alors l’habitude d’avancer la Veillée pascale au matin, et l’obscurité du Samedi saint continuait ensuite, sans l’alléluia. Il me semble que ce paradoxe singulier, cette anticipation singulière de la lumière en un jour sombre, peut quasi être une image de l’histoire de notre temps. D’un côté, il y a encore le silence de Dieu et son absence, mais dans la résurrection du Christ, il y a déjà l’anticipation du « oui » de Dieu et, c’est sur le fondement de cette anticipation que nous vivons, et, à travers le silence de Dieu, nous l’entendons parler, et à travers l’obscurité de son absence, nous entrevoyons sa lumière. L’anticipation de la résurrection au milieu d’une histoire qui évolue, est la force qui nous indique la route et qui nous aide à avancer. »
AB Méditation de Benoît XVI devant le Saint-Suaire
Chers amis, C’est pour moi un moment très attendu. En diverses autres occasions, je me suis trouvé face au Saint-Suaire, mais cette fois, je vis ce pèlerinage et cette halte avec une intensité particulière: sans doute parce que les années qui passent me rendent encore plus sensible au message de cet extraordinaire Icône; sans doute, et je dirais surtout, parce que je suis ici en tant que Successeur de Pierre, et que je porte dans mon cœur toute l’Eglise, et même toute l’humanité. Je rends grâce à Dieu pour le don de ce pèlerinage et également pour l’occasion de partager avec vous une brève méditation qui m’a été suggérée par le sous-titre de cette Ostension solennelle: « Le mystère du Samedi Saint ».
On peut dire que le Saint-Suaire est l’Icône de ce mystère, l’Icône du Samedi Saint. En effet, il s’agit d’un linceul qui a enveloppé la dépouille d’un homme crucifié correspondant en tout point à ce que les Evangiles nous rapportent de Jésus, qui, crucifié vers midi, expira vers trois heures de l’après-midi. Le soir venu, comme c’était la Parascève, c’est-à-dire la veille du sabbat solennel de Pâques, Joseph d’Arimathie, un riche et influent membre du Sanhédrin, demanda courageusement à Ponce Pilate de pouvoir enterrer Jésus dans son tombeau neuf, qu’il avait fait creuser dans le roc à peu de distance du Golgotha. Ayant obtenu l’autorisation, il acheta un linceul et, ayant descendu le corps de Jésus de la croix, l’enveloppa dans ce linceul et le déposa dans le tombeau (cf. Mc 15, 42-46). C’est ce que rapporte l’Evangile de saint Marc, et les autres évangélistes concordent avec lui. A partir de ce moment, Jésus demeura dans le sépulcre jusqu’à l’aube du jour après le sabbat, et le Saint-Suaire de Turin nous offre l’image de ce qu’était son corps étendu dans le tombeau au cours de cette période, qui fut chronologiquement brève (environ un jour et demi), mais qui fut immense, infinie dans sa valeur et sa signification.
Le Samedi Saint est le jour où Dieu est caché, comme on le lit dans une ancienne Homélie: « Que se passe-t-il? Aujourd’hui, un grand silence enveloppe la terre. Un grand silence et un grand calme. Un grand silence parce que le Roi dort… Dieu s’est endormi dans la chair, et il réveille ceux qui étaient dans les enfers » (Homélie pour le Samedi Saint, PG 43, 439). Dans le Credo, nous professons que Jésus Christ « a été crucifié sous Ponce Pilate, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers. Le troisième jour est ressuscité des morts ».
Chers frères et sœurs, à notre époque, en particulier après avoir traversé le siècle dernier, l’humanité est devenue particulièrement sensible au mystère du Samedi Saint. Dieu caché fait partie de la spiritualité de l’homme contemporain, de façon existentielle, presque inconsciente, comme un vide dans le cœur qui s’est élargi toujours plus. Vers la fin du xix siècle, Nietzsche écrivait: « Dieu est mort! Et c’est nous qui l’avons tué! ». Cette célèbre expression est, si nous regardons bien, prise presque à la lettre par la tradition chrétienne, nous la répétons souvent dans la Via Crucis, peut-être sans nous rendre pleinement compte de ce que nous disons. Après les deux guerres mondiales, les Lager et les goulag, Hiroshima et Nagasaki, notre époque est devenue dans une mesure toujours plus grande un Samedi Saint: l’obscurité de ce jour interpelle tous ceux qui s’interrogent sur la vie, et de façon particulière nous interpelle, nous croyants. Nous aussi nous avons affaire avec cette obscurité.
Et toutefois, la mort du Fils de Dieu, de Jésus de Nazareth a un aspect opposé, totalement positif, source de réconfort et d’espérance. Et cela me fait penser au fait que le Saint-Suaire se présente comme un document « photographique », doté d’un « positif » et d’un « négatif ». Et en effet, c’est précisément le cas: le mystère le plus obscur de la foi est dans le même temps le signe le plus lumineux d’une espérance qui ne connaît pas de limite. Le Samedi Saint est une « terre qui n’appartient à personne » entre la mort et la résurrection, mais dans cette « terre qui n’appartient à personne » est entré l’Un, l’Unique qui l’a traversée avec les signes de sa Passion pour l’homme: « Passio Christi. Passio hominis ». Et le Saint-Suaire nous parle exactement de ce moment, il témoigne précisément de l’intervalle unique et qu’on ne peut répéter dans l’histoire de l’humanité et de l’univers, dans lequel Dieu, dans Jésus Christ, a partagé non seulement notre mort, mais également le fait que nous demeurions dans la mort. La solidarité la plus radicale.
Dans ce « temps-au-delà-du temps », Jésus Christ « est descendu aux enfers ». Que signifie cette expression? Elle signifie que Dieu, s’étant fait homme, est arrivé au point d’entrer dans la solitude extrême et absolue de l’homme, où n’arrive aucun rayon d’amour, où règne l’abandon total sans aucune parole de réconfort: « les enfers ». Jésus Christ, demeurant dans la mort, a franchi la porte de cette ultime solitude pour nous guider également à la franchir avec Lui. Nous avons tous parfois ressenti une terrible sensation d’abandon, et ce qui nous fait le plus peur dans la mort, est précisément cela, comme des enfants, nous avons peur de rester seuls dans l’obscurité, et seule la présence d’une personne qui nous aime peut nous rassurer. Voilà, c’est précisément ce qui est arrivé le jour du Samedi Saint: dans le royaume de la mort a retenti la voix de Dieu. L’impensable a eu lieu: c’est-à-dire que l’Amour a pénétré « dans les enfers »: dans l’obscurité extrême de la solitude humaine la plus absolue également, nous pouvons écouter une voix qui nous appelle et trouver une main qui nous prend et nous conduit au dehors. L’être humain vit pour le fait qu’il est aimé et qu’il peut aimer; et si dans l’espace de la mort également, a pénétré l’amour, alors là aussi est arrivée la vie. A l’heure de la solitude extrême, nous ne serons jamais seuls: « Passio Christi. Passio hominis ».
Tel est le mystère du Samedi Saint! Précisément de là, de l’obscurité de la mort du Fils de Dieu est apparue la lumière d’une espérance nouvelle: la lumière de la Résurrection. Et bien, il me semble qu’en regardant ce saint linceul avec les yeux de la foi, on perçoit quelque chose de cette lumière. En effet, le Saint-Suaire a été immergé dans cette obscurité profonde, mais il est dans le même temps lumineux; et je pense que si des milliers et des milliers de personnes viennent le vénérer, sans compter celles qui le contemplent à travers les images – c’est parce qu’en lui, elles ne voient pas seulement l’obscurité, mais également la lumière; pas tant l’échec de la vie et de l’amour, mais plutôt la victoire, la victoire de la vie sur la mort, de l’amour sur la haine; elles voient bien la mort de Jésus, mais elles entrevoient sa Résurrection; au sein de la mort bat à présent la vie, car l’amour y habite. Tel est le pouvoir du Saint-Suaire: du visage de cet « Homme des douleurs », qui porte sur lui la passion de l’homme de tout temps et de tout lieu, nos passions, nos souffrances, nos difficultés, nos péchés également – « Passio Christi. Passio hominis » – de ce visage émane une majesté solennelle, une grandeur paradoxale.
Ce visage, ces mains et ces pieds, ce côté, tout ce corps parle, il est lui-même une parole que nous pouvons écouter dans le silence. Que nous dit le Saint-Suaire? Il parle avec le sang, et le sang est la vie! Le Saint-Suaire est une Icône écrite avec le sang; le sang d’un homme flagellé, couronné d’épines, crucifié et transpercé au côté droit. L’image imprimée sur le Saint-Suaire est celle d’un mort, mais le sang parle de sa vie. Chaque trace de sang parle d’amour et de vie. En particulier cette tâche abondante à proximité du flanc, faite de sang et d’eau ayant coulé avec abondance par une large blessure procurée par un coup de lance romaine, ce sang et cette eau parlent de vie. C’est comme une source qui murmure dans le silence, et nous, nous pouvons l’entendre, nous pouvons l’écouter, dans le silence du Samedi Saint.
Chers amis, rendons toujours gloire au Seigneur pour son amour fidèle et miséricordieux. En partant de ce lieu saint, portons dans les yeux l’image du Saint-Suaire, portons dans le cœur cette parole d’amour, et louons Dieu avec une vie pleine de foi, d’espérance et de charité. Merci.
Copyright – Librairie éditrice du Vatican
AVRIL 11, 2020 14:47PAPES, SEMAINE SAINTE
Saint-Suaire: «Le mystère du Samedi Saint», par
Benoît XVI | ZENIT - Français
SOURCE : https://fr.zenit.org/2020/04/11/saint-suaire-le-mystere-du-samedi-saint-par-benoit-xvi/
Les Papes et le
Saint-Suaire de Turin, icône du Samedi Saint
Ce Samedi Saint a lieu
une vénération exceptionnelle du linceul de Turin dirigée à 17h00 par
l’archevêque de la capitale piémontaise, Mgr Cesare Nosiglia. Le Pape François
soutien et se joint à cette liturgie de prière depuis la chapelle de la
cathédrale de Turin, gardienne du Saint-Suaire. Il s’y était rendu en 2015,
tout comme les précédents Souverains Pontifes.
«Le Saint-Suaire attire
vers le visage et le corps meurtris de Jésus et, en même temps, il conduit au
visage de toute personne souffrante et injustement persécutée», soulignait le
Pape François le 21 juin 2015 au premier jour de sa visite pastorale à Turin.
L’ostension du linceul qui aurait enveloppé le corps du Christ à sa descente de
la Croix avait été voulue par le Pape pendant plusieurs mois, principalement
pour les jeunes et les souffrants, du 19 avril au 24 juin 2015.
Passion du Christ,
passion des hommes
Cinq ans plus tard, le
Souverain pontife argentin compare le visage du Linceul à celui de tous les
malades de la pandémie. L'Homme du Suaire, en qui nous reconnaissons les traits
du Serviteur du Seigneur: «Homme de douleurs qui connaît bien la
souffrance [...]. Il s'est chargé de nos souffrances, il a assumé nos peines
[...]. Il a été transpercé pour nos fautes, écrasé pour nos iniquités. Le châtiment
qui nous donne le salut est tombé sur lui ; pour ses blessures, nous avons été
guéris» (Is 53,3.4-5), a ainsi écrit le Pape François dans une lettre de
remerciement à Mgr Nosiglia le 10 avril 2020.
Le mystère de l’absence
Le Saint-Suaire a fait l’objet
d’une dévotion particulière chez Benoit XVI également. En mai 2010, devant plus
de 50 000 fidèles, le Pape bavarois, s’était rendu à Turin pour la première
fois de son pontificat. Il avait voulu voir dans le Suaire « l’Icône du
Samedi saint », ce jour où Dieu, descendu au tombeau, se fait absent:
« En notre temps, surtout après avoir traversé le siècle passé, l’humanité
est devenue particulièrement sensible au mystère du Samedi saint. Le retrait de
Dieu fait partie de la spiritualité de l’homme contemporain, de manière
existentielle, quasi inconsciente, comme un vide dans le cœur qui va en
s’élargissant de plus en plus.», avait-il souligné.
LIRE AUSSI : Pape
François: sur le visage du Saint-Suaire, nous voyons celui des malades
L'image
de gauche montre l'image positive du visage du suaire de Turin sur la plaque
photographique négative prise en 1898 par Secondo Pia en haute résolution et
l'image de droite montre la photographie développée.
Das linke Bild zeigt das Positivbild vom Antlitz im Turiner Grabtuch auf der Negativ-Fotoplatte von Secondo Pia in hoher Auflösung und das rechte Bild zeigt das entwickelte Foto. Bildbearbeitung: Rudolf Berwanger
Un défi à l’intelligence
Pour le Pape polonais
Jean-Paul II, le saint Suaire représentait «un défi à l’intelligence». «La
fascination mystérieuse qu’exerce le saint Suaire pousse à formuler des
questions sur le rapport existant entre le Lin sacré et la vie historique de
Jésus. L’Église exhorte à aborder l’étude du saint Suaire sans préjugés, qui
considéreraient comme une évidence des résultats qui n’en sont pas ; elle les
invite à agir avec une liberté intérieure et un respect attentif à la
méthodologie scientifique et à la sensibilité des croyants», exhortait-il.
Une précieuse et pieuse
relique
Quant à saint Paul VI, il
déclarait en 1973: «Quel que soit le jugement historique et scientifique que
des chercheurs de grand talent voudront émettre au sujet de cette
surprenante et mystérieuse relique, nous ne pouvons pas ne pas former des vœux
non seulement pour qu’elle serve à conduire les visiteurs à une observation
réfléchie et sensible des traits extérieurs et mortels de la merveilleuse
figure du Sauveur, mais encore qu’elle puisse également les amener à une plus
pénétrante vision de son fascinant mystère caché. […] Rassemblés autour d’une
si précieuse et pieuse relique, nous sentirons, croyants et profanes, croître
en nous tous le charme mystérieux de Sa personne, et nous entendrons résonner
dans nos cœurs l’avertissement évangélique de sa voix, qui nous invite à le
chercher là où encore Il se cache et se laisse découvrir, aimer et servir sous
la figure humaine.»
Merci d'avoir lu cet
article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre
d’information en cliquant ici
Secondo
Pia (1855-1941), negative of the image on the Shroud of Turin, May 1898. Image
from Musée de l'Élysée, Lausanne
Présentation du Saint
Suaire
Le saint Suaire de Turin
est une pièce de lin tissé en chevron de 4,30 x 1, 08 m. Sans aucune trace de
peinture, elle est tâchée de sang humain, brûlée à divers degrés, depuis de
légères roussissures largement déployées jusqu'à des carbonisations d'incendie
caractérisées. Elle représente de toute évidence le linceul d'un corps humain
qui l'a maculé de ses empreintes faciale et dorsale ainsi que des coulées du
sang de ses blessures. L'Église a toujours considéré que c'est Jésus de
Nazareth qui avait été enseveli dans ce linceul au soir de sa mort, et qu'il
l'avait déposé au matin de sa résurrection.
Tel que les chrétiens, de
tradition immémoriale, l'ont contemplé, vénéré, adoré :
Tel que l'a révélé le
négatif photographique de l'empreinte visible sur le Suaire :
De l'inversion
photographique des valeurs lumineuses émerge un portrait parfaitement
expressif, un portrait positif du Christ, le plus beau qui fût
jamais, reproduction directe de ses traits : sa... photographie
véritable, révélée depuis 1898 !
Jésus était un athlète :
l'empreinte faciale permet d'évaluer sa taille à 1,80 m ; et sa carrure
permet d'évaluer son poids à 80 kg. Lorsqu'Il était en pleine santé, Jésus
devait rayonner d'une extraordinaire séduction, dont la révélation a été
réservée à notre temps par la photographie. Auparavant, les peintres et les
mosaïstes prenaient pour modèle cette inexplicable et inesthétique empreinte en
la copiant positivement, quitte à l'interpréter. C'est une insoutenable
contradiction de prétendre que cette forme vague de corps puisse être elle-même
une œuvre d'art produite, de quelque façon que ce soit, dans l'impossible
intention de paraître positivement, par photographie, comme l'empreinte laissée
par Jésus sur son Linceul.
D'une part, c'est un fait
que les copistes des temps modernes, du XVIe au XIXe siècle, croyant
avoir là, précisément et positivement, l'image du corps de Jésus-Christ
empreinte sur ce Suaire, l'ont arrangée pour la dégager de son brouillard,
avançant à tâtons vers son... négatif qui n'apparaîtra qu'en 1898.
D'autre part, tout prétendu faussaire du Moyen Âge aurait travaillé à reculons, à partir d'un individu positivement copié, ou sculpté ou décalqué, pour aboutir à quelque chose de fantomatique, d'inquiétant, d'inachevé... inadmissible par l'Église, insignifiante et repoussante pour les dévots mais puissamment calculée et réalisée pour apparaître, par la grâce de l'invention photographique, une incomparable image de Jésus-Christ ? C'est impossible.
DESCRIPTION DU SAINT SUAIRE
SILHOUETTE FACIALE
Faux pli du tissu
Tache
d'eau losangée consécutive
à l'incendie de Chambéry (1532)
Rapiéçage
des Clarisses de Chambéry
Brûlures de l'incendie de
Chambéry
Plaie d'entrée du clou
sur le pied gauche
SILHOUETTE DORSALE
Faux pli du tissu
Marques
des coups de fouets sur le dos
Rapiéçage des Clarisses
de Chambéry
Brûlures du tissu
antérieures à 1192
Marques des coups de
fouet sur les jambes
Ruissellement de sang sur
le linge
La
Sindone. Torino- Santa Sindone, Particolare Col Volto; 1931; stampa alla
gelatina bromuro d'argento; 89 x 79, http://93.62.170.226/foto/gabinio/101B1.jpg
LE SAINT SUAIRE AU COURS DE VINGT SIÈCLES D'HISTOIRE
En plaçant le Saint
Suaire au centre des récits de l'ensevelissement de Jésus au soir du Vendredi
saint, et de la découverte du tombeau vide au matin de Pâques, les quatre
Évangélistes attestent en outre que cette sainte relique, pièce à conviction à
l'appui du fait de la Résurrection du Seigneur, a été l'objet de la vénération
des fidèles dans la communauté primitive, « comme le linge le plus
important et le plus précieux. » C'est à ce titre qu'il a été conservé et
nous a été transmis de génération en génération à travers des étapes de mieux
en mieux connues, grâce à des recherches positives.
SÉJOURS DU SAINT SUAIRE :
DE L'AN 33 À 1204
+ CONSTANTINOPLE (614)
DE 1204 À 1578
+ ATHÈNES
+ LIREY (France
- 1355)
+ VILLERSEXEL (1418)
+ CHAMBÉRY (1453)
DE 1578 À 2004
+ TURIN
LES TÉMOIGNAGES
SCRIPTURAIRES, HISTORIQUES, ICONOGRAPHIQUES ET PALÉOGRAPHIQUES
QUI ATTESTENT L'EXISTENCE DU SAINT SUAIRE :
JÉRUSALEM
LE SOUDARÂ DE
JÉSUS
Sous le nom de « soudarion »
saint Jean (Jn 20, 3-7) désigne, non pas un petit mouchoir, ni une serviette,
encore moins une “ mentonnière ” ! mais une grande pièce de drap, passant dans
le sens de la longueur par-dessus la tête, epi tès kephalès, la couvrant
donc, ainsi que le visage et tout le corps, dessus et dessous, jusqu'aux pieds.
C'est ce même grand linge
que les synoptiques désignent sous le nom de « sindôn ». Matthieu
précise que ce “ linceul ” était « sans tache », kathara (Mt
27, 59), au moment où Joseph d'Arimathie l'a acheté pour ensevelir Jésus. Sans
doute fait-il allusion aux « taches » que l'on y découvrit par la
suite, et qui sont aujourd'hui l'objet de notre étude.
LA SAINTE VIERGE ET LE
SAINT SUAIRE
L'Évangile selon les
Hébreux, apocryphe rédigé en araméen vers la fin du Ier siècle, dans sa haute
antiquité, toute proche des Évangiles canoniques, nous assure qu'au second
siècle, époque où circulait déjà cet écrit, il y avait des chrétiens qui
s'intéressaient au sort du linceul sépulcral du Sauveur et croyaient savoir
chez qui il se conservait. À savoir dans la communauté de Jérusalem, où Jacques fit office de « grand prêtre »
jusqu'à son martyre en 62. (...)
Dans une version du Transitus,
datée du début du VIe siècle, on lit : « Après l'Ascension, cette Vierge
Immaculée avait coutume de porter l'image formée sur le Suaire qu'Elle avait
reçue des mains divines, afin de toujours avoir sous les yeux et contempler le
beau visage de son Fils. Chaque fois qu'Elle priait, elle disposait l'image au
levant et priait ainsi vers Elle, en élevant les mains. » Cet apocryphe, qui
se distingue de tous les autres par son caractère historique, témoigne que
jusqu'au jour de son Assomption, en 63, Marie, que Jean avait prise chez lui
(Jn 19, 27), demeura au centre de cette communauté (Ac 1, 14). Elle reçut donc
le Saint Suaire rapporté du tombeau par Jean son “ fils ”, avec un infini
respect, une grande tendresse et une merveilleuse dévotion, comme Elle avait
reçu dans ses bras maternels le doux Corps immolé au pied de la Croix, avant
son ensevelissement dans ce même Linceul. [...]
SAINTE VÉRONIQUE
Et après Marie ? Dans un
écrit apocryphe, daté du VIe siècle, la Vindicta Salvatoris, “ Vengeance
du Seigneur ”, qui traite du châtiment divin exercé contre les responsables de
la mort de Jésus-Christ, « il est question non seulement de la sainte
femme Véronique, mais du portrait du Christ que Véronique possédait. On apprend
seulement que c'était un portrait sur un linge immaculé, in sindone munda ;
que la sainte femme Véronique l'avait longtemps gardé par-devers elle, in
domo sua. » [...]
Nous sommes donc amenés à
penser que la “ légende ” véhicule une tradition, en vertu de laquelle
cette sainte femme conserva le Linceul du Seigneur découvert dans le tombeau
vide au matin de Pâques par Pierre et Jean. C'est ce souvenir qu'évoque
l'appellation traditionnelle de “ voile de Véronique ” désignant cette insigne
relique elle-même, dont sainte Véronique reçut le dépôt sacré après
l'Assomption de la Vierge Marie en 63, et qu'elle cacha à Panéas pendant la
guerre juive (66-70). [...]
APRÈS SAINTE VÉRONIQUE
Saint Épiphane de
Salamine (315-403) se rendait à Béthel en pèlerinage. Parvenu à Anablatha,
près de Jérusalem, il entra dans une église pour prier et vit le voile dans le
vestibule. Il l'arracha, promettant au gardien de ce lieu de lui en envoyer un
autre sans image et de bonne qualité. Comme nous l'avons montré à la suite du
Père Pfeiffer, non seulement l'histoire du voile portant une image « quasi
Christi », dans une église proche de Jérusalem, est une histoire vraie,
mais encore elle s'explique tout à fait si l'on voit dans ce voile celui de
Véronique, c'est-à-dire notre actuel Saint Suaire. [...]
L'Évangile de Gamaliel (Ve siècle),
qui a pour thème principal les miracles opérés par les linges funéraires du
Seigneur, offre un exemple typique de ce genre littéraire. Ces témoignages
littéraires accompagnent la tradition même qui nous a transmis ce
Linge sacré, et qui constitue la principale preuve de son authenticité, ne
l'oublions pas. Car si ce n'est pas le Suaire de Jésus-Christ, pourquoi nous
l'aurait-on précieusement conservé ? [...]
CONSTANTINOPLE
Lorsqu'en 614, survint la
conquête de la Palestine et la prise de Jérusalem par les Perses, les lieux
saints furent pillés et les reliques du Christ volées. Et le Saint Suaire ?
Sans doute fut-il aussi emporté à Constantinople avec les autres reliques de la
Passion du Seigneur : la sainte lance, la sainte éponge, les clous et la
couronne d'épines. [...]
Un document prouve la
présence du linceul du Christ à Constantinople au début du VIIIe siècle : L'umbella du
pape Jean VII, à Saint-Pierre de Rome. Ce pontife, d'origine grecque, a régné
de 705 à 707, au moment où Justinien II remontait sur le trône à
Constantinople. [....]
L'umbella de Jean
VII, un dais liturgique aujourd'hui disparu, connu par la description et les
dessins laissés par Jacques Grimaldi au XVIIe siècle lors de la démolition
de l'oratoire du pape Jean VII, était un baldaquin de 2,75 m x 1,90 m environ,
brodé de scènes évangéliques entourant un « Christ Jésus mort, étendu et
déposé, le corps mis à nu ».
L'auteur de l'umbella a
très certainement imité la silhouette frontale du Saint Suaire, en commettant
d'ailleurs l'erreur commune aux artistes qui ont pris cette sainte relique pour
modèle : il a fait passer la main droite par-dessus la main gauche, imitant ce
qu'il voyait sur le linge, en oubliant que l'image doit être inversée. Et,
d'autre part, il n'a mis à cette main que quatre doigts, comme cela se trouve
sur le Saint Suaire.
Sous l'influence du Saint
Suaire et comme l'atteste l'Umbella de Jean VII, on voit apparaître une nouvelle
iconographie : « À partir d'un moment difficile à déterminer avec une
précision absolue, mais qui doit être proche de 700, les images se mettent à
parler avec insistance de la mort et de la résurrection du Christ ,de ce moment
où l'aboutissement de sa vie humaine débouche sur la manifestation de sa
divinité.
Conclusion : l'oratoire
de Jean VII, à Saint-Pierre de Rome, ses mosaïques et son baldaquin brodé,
consacrés à la conservation et à la vénération du “ Saint Suaire de Véronique ”
au début du VIIIe siècle, sont des témoins de l'existence, à
Constantinople, de l'authentique Suaire du Christ dont ce “ voile de
Véronique ” était le truchement à Rome, à la même époque. [...]
Saint Jean Damascène (†
749), qui mentionne le Linceul dans son De Imaginibus, fut le protagoniste
de l'Église au Concile qui condamna dès 730 l'iconoclasme. L'abbé de Nantes a
parfaitement formulé " l'orthodoxie ”, qui triompha en 843, sous l'action
de l'impératrice Théodora, veuve de l'empereur Théophile : « L'artiste,
c'est le Fils de Dieu fait homme, qui s'était déjà créé un corps dans le sein
de la Vierge Marie, à dessein d'en faire l'image de la divinité, l'image de
Dieu son Père. L'image qu'il crée sur le Saint Suaire est donc l'image de
Dieu. »
Vers 1192-1195, une miniature
du manuscrit Pray, du nom du savant jésuite qui le découvrit au XVIIIe siècle,
conservé à la Bibliothèque nationale de Budapest, présente une mise au tombeau
inspirée de la vision de ce même Suaire.
Hungarian
pray manuscript, 1192-1195. Photo of XIIth century image.This page of a
Hungarian manuscript from 1192-1195, discovered by György
Pray, shows the burial of Jesus. Notable
are the L-shaped patches near the hands, suggesting a series of burn holes on
the Shroud of Turin, and the
unusual herringbone weave of the cloth in the lower panel, also suggesting the
Shroud.
L'auteur de cette miniature avait examiné attentivement le Saint Suaire à Constantinople. Il a représenté le Christ entièrement nu, étendu sur une pièce de tissu toute en longueur.
Les bras du Mort sont croisés et se recouvrent aux poignets, bras droit au-dessus du bras gauche, comme sur le Saint Suaire lorsqu'on l'observe en oubliant qu'il joue le rôle d'un miroir inversant l'image par rapport au Corps qu'il recouvre et qui lui fait face.
Les mains du Mort ne laissent voir que quatre doigts, très longs et l'index de même dimension que le médius : le pouce n'apparaît pas. Mais les mains de Nicodème aussi ! Le miniaturiste avait donc observé cette anomalie sur le saint Drap, sans la comprendre.
Enfin, détail observé par le Père Dubarle, le front porte une petite tache au-dessus de l'œil droit, correspondant à la tache de sang que l'on voit sur le Saint Suaire.
La scène inférieure représente la découverte du tombeau vide par les saintes
femmes. Le panneau supérieur représente la face externe du Saint Suaire :
dessiné en chevrons, imitant l'armure du tissu.
En 1201, Nicolas
Mésaritès, gardien des reliques conservées à Sainte-Marie-du-Phare, la “ sainte
chapelle ” du palais impérial, évoquait le mystère de la vie du Christ
ressuscité, perpétué en ces lieux par la présence d'une relique
particulièrement : « Ici il ressuscite et le Suaire avec
les linges en sont la manifestation [...]. Ils sont en lin [...]. Ils
bravent la corruption, parce qu'ils ont enveloppél'ineffable Mort, nu et
embaumé après la Passion. » [...]
À la veille de la mise à
sac de la ville par les Croisés (avril 1204), le témoignage de Robert de Clari,
qui a vu le « sydoines la ou nostres sires fut envelepes », est sans
équivoque. En attestant que « on i pooit bien veir le figure notre
seigneur », il annonce déjà ce que seront les ostensions de la sainte
Relique à Lirey cent cinquante ans plus tard. Car « le figure »
désigne la silhouette tout entière. [...]
ATHÈNES
Au témoignage de Robert
de Clari, « ne ne seut on onques, ne grieu ne franchois, que chis sydoines
devint, quand le vile fut prise », plus jamais personne, ni Grec ni
Français, ne sut ce que ce suaire devint quand la ville fut prise, le 13 avril
1204. Nous savons aujourd'hui qu'il fut emporté à Athènes. L'année suivante, le
neveu de l'empereur Isaac II Ange réclame au pape Innocent III, entre
tous les trésors volés à son oncle, « ce qui est saint », les
reliques et « parmi elles, objet sacré entre tous, le Suaire » qui
est présentement « à Athènes » (1205). C'est de là qu'Agnès de
Charpigny, épouse de Dreux de Charny, frère aîné de Geoffroy, seigneur de
Lirey, apporta cette « saincte relique » en France. [...]
LIREY
Au lendemain de l'Année
sainte, du jubilé de 1350, qui attira d'immenses pèlerinages à Rome, où l'on
vénérait le “ Voile de Véronique ”, un petit village de Champagne, Lirey, au
diocèse de Troyes, attire lui aussi des foules innombrables venues du monde
entier pour vénérer une Relique dont l'identité ne fait aucun doute. Un méreau,
sorte de médaille en plomb telle qu'en portaient les pèlerins du Moyen Âge,
aujourd'hui conservé au musée de Cluny, en apporte la preuve. Il montre deux
porteurs de chape – dont les têtes ont disparu – soutenant ladite Relique : le
Saint Suaire déployé dans toute sa longueur, comme s'ils le tiraient de sa
châsse. Celle-ci est frappée des armes de Geoffroy de Charny, àdextre (à
gauche pour le lecteur). [...]
Par une lettre datée du
samedi 28 mai 1356, dûment signée et scellée, Henri, élu et confirmé au siège
épiscopal de Troyes depuis 1354, venait d'accorder au noble chevalier Geoffroy
de Charny, seigneur de Savoisy et de Lirey, « assentiment, autorité et
décision » au « culte divin » célébré en la collégiale fondée
par ledit seigneur, pour autant, précisait l'évêque, « que nous avons été
informé par de légitimes documents ».
Cette approbation fut
confirmée l'année suivante, après la mort dudit seigneur, par une bulle
d'indulgence datée du 5 juin 1357, cosignée par douze évêques, en faveur de
tous les pèlerins visitant l'église et vénérant les reliques qui s'y
trouvaient, donc le Saint Suaire ! [...]
VILLERSEXEL
En 1418, le Saint Suaire
fut transporté en Bourgogne par Marguerite de Charny, fille de Geoffroy II,
dernière du nom, épouse de Humbert de Villersexel. En dépit des réclamations
des chanoines de Lirey, la Relique fut conservée dans l'église de
Saint-Hippolyte, exposée en divers endroits, et enfin cédée à la Maison de
Savoie en 1453.
L'authenticité du Linceul
ne fut plus jamais contestée. Les Papes ne cessèrent de donner leur approbation
au culte d'adoration qui lui est dû « en considération du Sang divin dont
il est teint », comme disait Sixte IV.
CHAMBÉRY
À partir de 1502, la
Relique réside dans la chapelle du château de Chambéry à laquelle ce pontife
accorde le titre de “ Sainte Chapelle du Saint Suaire ”, avec indulgences et
privilèges.
Dans la nuit du 3 au 4
décembre 1532, un violent incendie éclata dans la sainte Chapelle du Saint
Suaire. La foule accourut ; une seule pensée la préoccupait : sauver le Saint
Suaire. [...]
À l'admiration de tous,
lorsque les braves qui venaient de le ravir à l'incendie l'eurent sorti de sa
châsse et déployé aux regards de la foule émue, on constata qu'il était intact,
sauf quelques points où le feu l'avait noirci et légèrement rompu. [...]
« Cependant, aux
dires de l'abbé Bouchage, les hérétiques, nouveaux ennemis déclarés des saintes
Reliques, saisirent avec empressement la nouvelle de l'incendie de la Sainte
Chapelle pour essayer de ruiner, dans le peuple savoyard et chez les pèlerins
circonvoisins, la dévotion au Saint Suaire de Chambéry.
« N'écoutant que la
malice de leurs désirs, ils se persuadèrent, soi-disant, que l'auguste Relique
avait péri, en répandant cette fausse nouvelle : “ Le Suaire que l'on montre
n'est plus celui d'autrefois, disaient-ils, c'est une copie habilement faite,
et rien de plus. ” Et comme le mensonge a le don de séduire bien des simples,
la prétendue destruction du vrai Suaire prenait du crédit. Tellement que le duc
se vit obligé de provoquer une reconnaissance indéniable de la vénérable
Relique. Il s'adressa au Pape dans ce dessein, le priant de nommer un évêque
pour rétablir solennellement l'identité du Saint Suaire de Chambéry. Clément
VII acquiesça volontiers à cette demande de Charles III. » [...]
Après avoir examiné le
Saint Suaire, le cardinal, les évêques de sa suite et les autres témoins
déclarèrent sous serment reconnaître le Saint Suaire qu'ils avaient vu et
vénéré avant l'incendie. On dressa un acte de cette déclaration, avec une
description de l'état de la Relique. Puis le cardinal porta le Saint Suaire en
procession au monastère Sainte-Claire afin que les sœurs le racommodent aux
endroits où le feu l'avait brûlé. Aussi le sauvetage miraculeux de la sainte
Relique consacra-t-il pour deux cents ans la dévotion des peuples et des saints
tels que saint François de Sales, envers cet objet sacré comme la dévotion par
excellence de la Contre-Réforme catholique. [...]
TURIN
En octobre 1578 une
ostension du Saint Suaire a lieu à Turin où il avait été transporté à
l'occasion du pèlerinage que saint Charles Borromée accomplit en action de
grâces pour la délivrance de son diocèse atteint par la peste. La Relique ne
retourna pas à Chambéry et devint le Saint Suaire de Turin.
Le 1er juin 1704, la
Relique fut transportée dans la chapelle construite au chevet de la cathédrale
Saint-Jean-Baptiste par Guarino Guarini. Là, le Saint Suaire va connaître près
deux cents ans d'obscurité jusqu'à cette nuit du 28 au 29 mai 1898 où
la photographie de la relique prise par Secundo Pia, révélait que le
négatif de la photographie était en réalité la parfaite image positive d'un
homme réel, magnifique, grand et bien proportionné, d'une beauté athlétique et
d'une admirable prestance... C'était le Seigneur ! Le fils du Dieu vivant...
En 1978 à la suite de
l'ostension qui eut lieu sous le pontificat de Jean-Paul Ier et
qui suscita un élan de dévotion inouïe, une équipe de savants américains (le
STURP) entrepris une analyse scientifique de la relique. Parmi eux de nombreux
protestants et juifs pensaient découvrir sans peine la supercherie. Au terme de
leurs recherches physiques, chimiques, informatiques, ils durent reconnaître
qu'ils étaient devant an "ongoing mystery", un mystère
persistant, n'arrivant pas à expliquer le mécanisme spécifique de formation de
l'image. « Nous pouvons conclure pour l'heure que l'image du Suaire est
celle de la forme humaine réelle d'un homme flagellé et crucifié. Elle n'est
pas l'œuvre d'un artiste. Les taches de sang sont composées d'hémoglobine et
donnent aussi un résultat positif au test de l'albumine. » La conclusion
de leurs recherches rend témoignage à la vérité scientifique ainsi qu'à
l'honnêteté de ces savants. On ne pourra pas en dire autant de ceux qui firent
la datation
au carbone 14.
Extrait de la CRC n° 367,
mai 2000, p. 1-23
L'AUTHENTICITÉ DU SAINT
SUAIRE
PROUVÉE PAR LES SCIENCES : https://crc-resurrection.org/toute-notre-doctrine/contre-reforme-catholique/st-suaire-turin/etude-scientifique-du-saint-suaire.html
ENQUÊTE AU SUJET DE LA DATATION AU CARBONE 14 :
LA MYSTIFICATION DU BRITISH MUSEUM DÉMASQUÉE https://crc-resurrection.org/toute-notre-doctrine/contre-reforme-catholique/st-suaire-turin/la-datation-du-saint-suaire-au-carbone-14-la-fraude-demasquee.html
Poster advertising the 1898 exhibition of the Shroud of Turin. The poster was approved by Pope Pio IX : http://www.shroud.it/FOSSATI2.PDF
Science et dévotion à
l'Homme du Suaire, le Seigneur de Gloire !
Du vivant de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la
Sainte-Face, le Saint Suaire était demeuré caché comme elle, méconnu,
oublié, relégué, enseveli dans son « sépulcre », si bien nommé,
au-dessus de l'autel de Bertola, dans la chapelle de Guarini.
C'est une Exposition
d'art sacré qui l'en fit sortir au mois de mai 1898, et la photographie le révéla au monde.
Pourtant, il ne sort de son silence pour une « vie publique » qu'à
l'occasion de l'ostension de 1978. [...]
I. LA SCIENCE CONFRONTÉE
À LA PREUVE PALPABLE DE LA RÉSURRECTION
Comme le dira l'abbé de
Nantes : « Cet objet de science, nous l'avons examiné par les yeux exercés
des médecins ; nous l'avons écouté avec les oreilles de frère Bruno, oyant le
bruit de sa renommée, de lieu en lieu, à travers les siècles. Nous l'avons
adoré et goûté par les analyses des biochimistes du STURP qui en ont isolé tous
les composants jusqu'aux moindres. Nous l'avons touché, palpé par les mains et
les appareils des physiciens et experts qui en ont ainsi reconstitué tous les
avatars. Enfin, mariant les unes aux autres ces multiples données empiriques,
nous avons fait un recensement pour ainsi dire exhaustif des caractéristiques de
l'Objet. »
Ce linge n'a pas été
peint par quelqu'un de très très habile, non. Mais il a été en contact avec le
corps de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Cette bouleversante certitude résulte
d'abord de la présence de sang véritable.
« Un Mort couvert de
plaies est resté quelques heures dans ce Linceul. Rien ne nous expliquera comment il
en est sorti, en laissant intactes et belles, sur ce Linceul, l'empreinte de
son corps et les traces de ses saignements. »
S'il n'y a pas
d'explication du “ comment ”, du moins un fait historique bien attesté fournit
la raison du “ pourquoi ”. Nous savons avec certitude, par le témoignage des
quatre Évangélistes et de saint Paul, que le Corps de Jésus n'a pas connu la
corruption, mais qu'il est ressuscité d'entre les morts le troisième jour,
selon les Écritures. [...]
LE TROISIÈME JOUR,
RESSUSCITÉ D'ENTRE LES MORTS.
Après la mort, écrit le
docteur Barbet, toutes les cellules du corps « continuent à vivre, chacune
pour son compte, celles de la peau comme les autres, et meurent
individuellement après des temps différents. Si les cellules nobles, les
cellules nerveuses, sont les plus fragiles, les autres survivent assez
longtemps ; la mort totale ne commence qu'avec la putréfaction. » Or,
saint Pierre le proclame dès son premier kérygme, le jour de la Pentecôte : ce
corps n'a pas connu la corruption (Ac 2, 31) ; il reste uni à la divinité, en
attente de la résurrection. Cette vérité théologique n'est pas sans appui
biologique.
Là-dessus, Barbet est
absolument génial. Il fait appel aux notions les plus simples de son expérience
quotidienne. Représentons-nous que « toutes les plaies, toutes les
excoriations dont le corps était couvert continuaient à suinter une lymphe plus
ou moins infectée comme sur le vivant, mais liquide ».
Quand on a décalqué un
caillot sur un linge et qu'on décolle ensuite celui-ci, une partie seulement du
caillot demeure fixée sur le linge : « Sa forme est grossière et elle
s'écaille très facilement lorsqu'on manipule le tissu ». Tandis que les
décalques du Linceul sont parfaitement intacts, entiers, reproduisant l'image
familière d'un caillot normal. Voilà ce qui demeure inexplicable !
« Il est bien
certain que ce corps, ressuscité glorieux, pouvait aussi facilement s'évader de
ce Linceul, qu'entrer dans le Cénacle “ les portes restant fermées ”. Cette
difficulté ultime nous fait toucher du doigt, humainement parlant, une
quasi-impossibilité matérielle. La science ici n'a plus qu'à se taire, car ce
n'est plus de son domaine. Mais le savant, lui, peut au moins y entrevoir une
preuve palpable de la Résurrection. »
Que dire alors des
empreintes corporelles ? Du « mystère de cette roussissure, cette légère
carbonisation du linge, par radiation thermique probablement. Mystère aussi de
ces imprégnations ou dépôts chimiquement analysables, qui témoignent de
contacts corporels : sang, sérum, taches de boue. » Comment se concilient
les deux actions, par rayonnement à distance et par contact ? Cela demeure
absolument inexplicable par la science, selon la conclusion très officielle du
STURP. « Aucune méthode chimique ou physique connue ne peut rendre compte
de la totalité de l'image, aucune combinaison de circonstances physiques,
chimiques, biologiques ou médicales ne peut non plus expliquer adéquatement
l'image. »
« Deuxième seuil
d'improbabilité, constate l'abbé de Nantes, qui équivaut à la certitude
positive d'une impossibilité de fait : il est impossible que l'homme réalise
jamais pareille chose. Or cette chose existe sous nos yeux. C'est ce qu'on
appelle une énigme, et quand cette énigme a un rapport très évident avec la
révélation de Dieu, on l'appelle un miracle. »
Or, cela n'a rien
d'étonnant aux yeux de notre foi catholique. Tout en demeurant objet de
science, l'image constitue en elle-même un miracle dont le Christ est l'auteur.
II. UNE DÉVOTION TOUTE DE
VÉRITÉ SCIENTIFIQUE
ET DE CHARITÉ CATHOLIQUE
Voilà donc un miracle,
l'image empreinte sur le Saint Suaire, qui témoigne d'un autre miracle : celui
de la Résurrection du Seigneur, dont il est le document permanent,
l'« enregistrement » quasi photographique.
FILS DE DIEU FAIT HOMME
Ainsi le Saint Suaire
est-il l'image de la résurrection de Celui dont le corps est l'image de Dieu.
« Disons, pour simplifier, une photographie, la photo de Jésus, faite par
Lui-même. “ Le portrait du peintre par lui-même ” ! C'est bien Lui dans son
être essentiel, mais avec l'expression de son choix, comme s'il s'était recréé
lui-même.
Or, dans le cas du Saint
Suaire, l'image qu'il porte est mieux qu'une créature témoignant de la grandeur
et de la beauté de Dieu, mieux qu'une création artistique exprimant une
certaine conception de l'objet représenté. Ici, “ l'artiste peint par lui-même ”
s'est engagé dans cette œuvre. L'artiste, c'est le Fils de Dieu fait homme, qui
s'était déjà créé un corps dans le sein de la Vierge Marie, à dessein d'en
faire l'image de la divinité, l'image de Dieu son Père. L'image qu'il crée sur
le Saint Suaire est donc l'image de l'image de Dieu. De ce Corps qui s'était
montré à ses contemporains dans sa condition terrestre comme l'image de Dieu,
Lui, le Fils de Dieu a pris un “ instantané ” correspondant à l'état qu'il
voulait nous laisser en véritable image de son mystère. » Charité du
Seigneur Jésus pour nous prémunir contre l'immanentisme moderniste et nous
aider à garder la foi dans nos temps d'apostasie, car l'image dont est empreint
son Saint Suaire publie la formule indélébile de la foi catholique reçue des
Apôtres.
De cette théologie de
l'image du Saint Suaire, toute dépendante du mystère de l'Incarnation, naît
aussi une sublime et émouvante contemplation : « Non seulement c'est Lui,
mais c'est Lui tel qu'Il a voulu que nous le connaissions ! »
ÉPOUX RÉDEMPTEUR
L'abbé de Nantes élève
alors sur ce fondement une admirable esthétique du Saint Suaire, pénétrant dans
la profondeur du mystère de la Rédemption :
« Que voyons-nous
sur cette image ? laideur du Serviteur souffrant (Is 53), ou beauté du plus
beau des enfants des hommes (Ps 45) ?
« Nous avons là un
homme d'une grande beauté physique. Haute taille, forte carrure, musculature,
virilité athlétique manifestent la pleine forme de cet être parfaitement
développé. Encore faut-il supprimer les défauts du linge pour voir cette taille
élancée, ce magnifique port de tête. Si on s'applique au détail, on remarque la
finesse des attaches, les poignets, l'élégance des mains dont la longueur est
encore accentuée par la rétraction du pouce à l'intérieur de la main.
« La Face est
magnifique : d'une immense sérénité, d'une majesté douce et humble. Le front
est large et dégagé. Les arcades sourcilières sont très fermement dessinées, le
nez est imposant, la tête est dolichocéphale.
« Ce Corps et cette
Face sont ceux d'un Chef. Et cependant il a choisi de nous laisser cette photo
de sa laideur, image de « Celui qui nous cachait sa Face » (Is 53,
3), qui est comme un ver de terre (Ps 22), dans l'acte de sa Passion : nudité
de ce corps écartelé, poitrine exhaussée, visage tuméfié, lèvres gonflées,
serrées, comme éclatées.
« Mais c'est une
laideur qui est belle parce qu'elle parle de vertus, de sacrifices, d'héroïsme,
de souffrances voulues par amour pour nous, pour notre rédemption. Esthétique
dramatique des mystères douloureux.
« Bien plus, pour
celui qui ne se laisse pas rebuter par cette laideur et passe outre dans un
vigoureux acte de foi, voici que se dévoile le comble de la beauté :
« C'est beau comme une dissonance qui évoque des choses de l'au-delà.
Esthétique hyperbolique des mystères glorieux : « Cette Sainte Face brille
soudain d'une bonté qui ruisselle de la plissure des paupières. Le front très
noble et très lumineux, très ouvert, l'emporte sur la défaillance du bas du
visage et l'éclatement des lèvres. Il resplendit de la gloire de Dieu. La
douceur très belle d'un appel à l'amour tombe de ces lèvres qui s'offrent au
baiser. Ecce sponsus, “ Voici l'Époux ”. Ainsi Dieu a aimé.
« Or, voici la plus
criante illustration du message de la Sainte Face : un jour, il s'est trouvé
que dans mon bréviaire mes deux images de sainte Thérèse sur son lit de mort et
du Christ se sont rencontrées. Choc, message soudain véhément : c'était le double
sommeil de deux gisants, morts l'un pour l'autre. Sommeil d'amour, d'une mort
par amour, d'une mort d'amour, en plein acte d'amour parfait. L'image de
l'Époux rapprochée de celle de l'épouse qui a donné silencieusement sa vie par
amour pour Lui, ce sont deux solitudes qui se rencontrent, deux visages, deux
corps en attente de la résurrection pour leurs noces éternelles.
« Pour Lui, elle est
déjà accomplie : cette Face est celle du Christ ressuscité dans la gloire. Pour
elle, l'heure ne tardera pas... Gloire à Dieu, au Fils de Dieu dans le Ciel et
paix sur la terre aux saints corps qui attendent leur résurrection pour aller
s'unir à Lui dans la Vie éternelle. » [...] (CRC n° 127 de mars 1978, CRC
n° 224 de juillet 1986)
LE CHRIST RESSUSCITÉ NE
MEURT PLUS
Une question se pose
alors, angoissante, “ au seuil du troisième millénaire ” : Comment a-t-il pu se
laisser condamner à mort une seconde fois le 13 octobre 1988 ? Pour entrer dans
ce mystère, il nous faut encore nous mettre à l'école de « la plus grande
sainte des temps modernes ». Un jour, son père étant en voyage, la petite
Thérèse Martin eut une vision prophétique : elle vit son Père chéri, son
« Roi de France et de Navarre », traverser le jardin, courbé, la tête
couverte d'une espèce de tablier qui lui voilait le visage. C'est seulement
quatorze ans plus tard, en se remémorant ces événements avec sœur Marie du
Sacré-Cœur, qu'elles en comprirent le sens : « C'était bien papa que
j'avais vu, s'avançant, courbé par l'âge... C'était bien lui, portant sur son
visage vénérable, sur sa tête blanchie, le signe de la glorieuse épreuve...
Comme la Face Adorable de Jésus qui fut voilée pendant sa Passion, ainsi la
face de son fidèle serviteur devait être voilée aux jours de ses douleurs, afin
de pouvoir rayonner dans la céleste Patrie auprès de son Seigneur, le Verbe
éternel !
« C'est du sein de
la gloire qu'il nous a obtenu cette douce consolation de comprendre que dix ans
avant notre grande épreuve le Bon Dieu nous la montrait déjà, comme un père
fait entrevoir à ses enfants l'avenir glorieux qu'il leur prépare et se
complaît à considérer d'avance les richesses sans prix qui doivent être leur
partage... »
Parvenu à ce point, notre
Père n'hésite pas à prolonger, à la lumière du message de Thérèse, jusqu'à
notre temps d'apostasie : cet homme voilé dont elle a vu l'image vivante en la
personne de son papa chéri, c'est Dieu le Père, notre très chéri Père céleste,
c'est notre Roi singulièrement humilié par la grande apostasie qui submerge le
monde et semble devoir vaincre les saints eux-mêmes. La Face de Dieu est
outragée. Mais il appartient aux enfants de Marie au Cœur Immaculé de le
« consoler ».
Giovanni Battista della Rovere (1560–1627), Ensevelissement de Jésus, circa 1590
La Passion du Christ
selon le Saint Suaire de Turin
LES PLAIES DU CHRIST
« PILATE PRIT JÉSUS
ET LE FIT FLAGELLER. » (JN 19, 1)
La flagellation du
Seigneur, personne ne l'avait imaginée dans toute son ignominie, telle que nous
la voyons ici représentée. Peut-être le laconisme des Évangélistes
s'explique-t-il par l'horreur que leur inspirait le souvenir de ce supplice
infligé à Jésus (Mc 15, 15 ; Mt 27, 26 ; Jn 19, 1). Selon les témoignages
littéraires, le condamné était entièrement dévêtu et attaché à une colonne.
C'est pourquoi on parle traditionnellement de “ la colonne de la flagellation ”.
Mais si Jésus avait eu ainsi les bras élevés, attachés au sommet d'un fût de
colonne, il aurait eu au moins la poitrine à l'abri des coups. Ici nous voyons
les coups pleuvoir sur les épaules, sur le dos, les reins, les cuisses, les
mollets ; mais aussi par-devant : nous en comptons les traces sur la poitrine
et sur la face antérieure des jambes.
Le flagrum, un
manche avec deux ou trois lanières lestées de petites haltères en plomb, était
manié par un bourreau qui tournait autour de sa victime, ou bien par deux
bourreaux, dont l'un frappait à revers. Jésus a perdu beaucoup de Sang, pour
une raison que saint Luc est le seul à mentionner, « avec une précision de
clinicien tout à fait indépassable », écrit le docteur Barbet ; peut-être
parce qu'il avait interrogé saint Jean, le disciple bien-aimé qui ne dormait
pas au mont des Oliviers :
« Entré en agonie,
il priait de façon plus instante, et sa sueur devint comme de grosses gouttes
de sang qui tombaient à terre. » (Lc 22, 44)
Barbet reconnaissait les symptômes
de l'hématidrose, phénomène clinique rare, mais bien connu des médecins, causé
par un profond ébranlement moral, précisément celui dans lequel nous voyons
Notre-Seigneur plongé au cours de l'agonie de Gethsémani, lorsqu'Il prévoit
d'avance, dans le détail, les souffrances qui L'attendent ; et surtout
lorsqu'Il se remémore la masse effroyable de NOS péchés, et qu'Il s'en revêt en
présence de son Père, les prenant sur Lui pour les expier. Une agonie morale,
un combat mortel entraîne ce symptôme physiologique d'une hémorragie
sous-cutanée : le sang se mêle à la sueur et forme avec elle des petites boules
sortant par les pores de la peau et roulant littéralement sur l'ensemble du
corps, « roulant jusque par terre », écrit saint Luc.
Ainsi préparée par ces
millions de petites hémorragies intradermiques, la peau devient beaucoup plus
fragile et sensible aux coups qui vont venir ensuite. Infiltrée de sang,
attendrie, elle se fend sous les coups des balles de plomb et commence à se
détacher et à pendre en lambeaux. Tandis que les lanières proprement dites
laissent de longues traces livides, bleus d'ecchymoses sous-cutanées que l'on
observe avec émotion aux ultraviolets. Impossibles à dénombrer, elles marquent
l'ensemble du corps.
La flagellation a
entraîné la plus grave hémorragie subie par Jésus, elle-même cause de toutes
les autres ; lorsque les soldats Lui retirent cette chlamyde de dérision qu'ils
ont jetée sur ses épaules après la flagellation, pour Lui remettre ses vêtements,
et lorsqu'ils le dépouillent de nouveau au pied de la Croix : chaque fois, le
sang ruisselle !
« VOICI VOTRE
ROI. » (JN 19, 14)
Il est manifeste que
Jésus a été coiffé par une sorte de bonnet d'épines. Ce traitement, unique dans
tous les témoignages que nous pouvons avoir sur la crucifixion dans
l'Antiquité, est l'écho direct du dialogue de Pilate avec Jésus revendiquant
hautement sa Royauté messianique. Les soldats chargés de Le flageller l'avaient
entendu répondre : « Tu le dis : je suis roi. » (Jn 18, 37) Ils en
témoignent de cette cruelle façon.
Ils n'ont pas eu de peine
à se procurer « un fagot de bourrée, de ces arbrisseaux qui foisonnent
dans les buissons de la banlieue » de Jérusalem, écrit Barbet ;
« c'est souple et ça porte de longues épines, beaucoup plus longues, plus
aiguës et plus dures que l'acacia ». Ils en ont tressé « une espèce
de fond de panier », qu'ils Lui appliquent sur le chef en rabattant les
bords et en serrant le tout avec un bandeau de joncs tordus. Voilà toute la
tête prisonnière, enserrée de la nuque au front dans ce casque, et les épines
pénètrent dans le cuir chevelu qui saigne abondamment. De longs ruisseaux de
sang ont coulé sur le front, et les traces qu'ils ont laissées sur le Suaire
montrent qu'ils ont rencontré l'obstacle du bandeau de joncs. [...]
Le “ bandeau de jonc ”
est actuellement conservé à Notre-Dame de Paris sous le nom de “ Couronne
d'épines ”. Il reçoit de cette étude une preuve d'authenticité très certaine.
En effet, il est remarquable que cette relique ne porte pas d'épines ; si
c'était un faux fabriqué au Moyen Âge, le faussaire lui aurait certainement mis
des épines.
« PORTANT SA
CROIX. » (JN 19, 17)
Par-dessus les blessures
de la flagellation, on observe les traces de l'abrasion d'un fardeau qui a pesé
sur les omoplates : vestige du portement de Croix que personne n'avait imaginé
de cette façon. Jésus n'a pas porté la Croix tout entière, comme le
représentent généralement les artistes. Les lieux d'exécution étaient plantés
par avance du poteau vertical, appelé stipes crucis, et la poutre
horizontale, appelée patibulum, était chargée sur les épaules du condamné.
Écrasant fardeau. Jésus trouve dans l'amour qu'Il nous porte et sa volonté de
nous sauver l'énergie de le charger sur ses épaules déjà meurtries par une
flagellation qui aurait dû le tuer.
Depuis la forteresse
Antonia jusqu'au sommet du mont Calvaire, le chemin à parcourir était de six
cents mètres environ. Jésus les a parcourus pieds nus. Le sol est raboteux,
semé de cailloux, très accidenté, même à l'intérieur des remparts. En 1978, des
scientifiques américains ont brusquement rencontré le douloureux cortège, sur
ce chemin du Calvaire, lorsqu'ils ont retrouvé de la boue incrustée entre les
fibres au niveau des genoux et à l'extrémité du nez, comme on pouvait s'y
attendre. Jésus mettant péniblement un pied devant l'autre s'est effondré
plusieurs fois, tombant sur ses genoux qui ne sont plus qu'une plaie. Enfin,
Jésus s'est encore étalé de tout son long, absolument épuisé, et sans pouvoir
Se protéger le Visage du contact brutal avec le sol. [...]
« ILS LE
CRUCIFIÈRENT. » (JN 19, 18)
Arrivé au sommet du mont
Calvaire, Jésus est mis en croix. Comment imaginer une telle scène ? Par
l'étude attentive des “ Cinq Plaies ” « creusées », comme dit le
Psaume 22, selon la version grecque des Septante, aux mains et aux pieds de
Jésus, ainsi qu'à son Cœur. Sur son Linceul, nous n'en voyons que quatre, parce
que celle du poignet droit est cachée sous le poignet gauche.
Ce sont les plaies d'un crucifié
cloué aux mains et aux pieds comme d'innombrables condamnés de l'Antiquité, du
moins jusqu'à Constantin exclusivement. La vérité oblige à dire que nous ne
savons rien sur ce supplice aboli depuis le IVe siècle, rien d'autre que
ce que les travaux de Barbet ont découvert sur le Saint Suaire. [...]
En effet, l'empereur
Constantin abolit, en l'honneur de Notre-Seigneur, ce supplice affreux, réservé
aux droits communs, aux esclaves, aux prisonniers politiques, tel ce Yehohanan
ben Hagqôl, dont les archéologues israéliens ont retrouvé en 1968, aux environs
de Jérusalem, le talon transpercé d'un clou. L'homme avait été crucifié en l'an
70 ap. J.-C., pendant la Guerre juive, donc quarante ans après Jésus, sans
doute parmi les centaines de ces malheureux juifs « soumis, avant de
mourir, à toutes sortes de tortures, puis crucifiés face au rempart », qui
apitoyaient Titus lui-même au dire de Flavius Josèphe (Guerre juive 5,
449-451).
Jésus, lui, ne nous a pas
laissé son squelette, mais son Linceul taché de son Précieux Sang. Cette
magnifique pièce de lin atteste qu'après avoir été exécuté comme un brigand, il
a été enseveli comme un prince ! [...]
« ILS ONT PERCÉ MES
MAINS ET MES PIEDS. » (PS 22, 17)
Jésus a d'abord été
dépouillé de ses vêtements. Supplice atroce : « Avez-vous jamais enlevé un
premier pansement mis sur une large plaie contuse et desséché sur elle ? Ou
avez-vous subi vous-même cette épreuve qui nécessite parfois l'anesthésie
générale ? Si oui, vous pouvez savoir un peu de quoi il s'agit. Chaque fil de
laine est collé à la surface dénudée, et, quand on le soulève, il arrache une des
innombrables terminaisons nerveuses mises à nu dans la plaie. Ces milliers de
chocs douloureux s'additionnent et se multiplient, chacun augmentant pour la
suite la sensibilité du système nerveux. Or, il ne s'agit pas ici d'une lésion
locale, mais de toute la surface du corps, et surtout de ce dos lamentable !
Les bourreaux pressés y vont rudement. Peut-être cela vaut-il mieux, mais
comment cette douleur aiguë, atroce, n'entraîne-t-elle pas la syncope ? Comme
il est évident que, d'un bout à l'autre, Il domine, Il dirige Sa
Passion ! »
Couvert de sang et de
blessures, Jésus est étendu à terre, les épaules couchées sur le patibulum.
Les plaies de son dos, des cuisses, des mollets s'incrustent de poussière et de
menus graviers.
« PORTE TON DOIGT
ICI ET VOIS MES MAINS. » (JN 20, 27)
« Les bourreaux
prennent les mesures. Un coup de tarière, pour amorcer les trous des clous dans
la poutre. Les mains, ils le savent, seront faciles à percer, mais les clous
entrent moins facilement dans le bois. » Puis « l'horrible chose
commence. Un aide allonge l'un des bras, le bourreau prend son clou », un
long clou pointu et carré, un “ clou de la Passion ”, de huit millimètres de
côté près de sa grosse tête : « Il le pique sur le poignet, dans ce pli
antérieur, qu'il connaît d'expérience. » [...]
« Un seul coup de
son gros marteau : le clou est déjà fiché dans le bois, où quelques coups
énergiques le fixent solidement. Jésus n'a pas crié. » Mais son Visage
s'est contracté et son pouce, d'un mouvement violent, impérieux, s'est fermé
dans la paume, comme Barbet l'a vu sur les bras fraîchement amputés, et donc
encore vivants, de la salle de dissection de l'hôpital Saint-Joseph. De fait,
chacune des deux mains, si belles et fines, paraît ne compter que quatre
doigts, d'ailleurs admirablement reportés sur le Linge. Les pouces sont en
opposition, cachés dans les paumes. Barbet l'a compris en disséquant : « Son
nerf médian a été touché. Mais, alors, je ressens ce qu'Il a éprouvé : une
douleur indicible, fulgurante, qui s'est éparpillée dans Ses doigts, a jailli,
comme un trait de feu, jusqu'à Son épaule et éclaté dans Son cerveau. C'est la
douleur la plus insupportable qu'un homme puisse éprouver, celle que donne la
blessure des gros troncs nerveux. Presque toujours, elle entraîne la syncope et
c'est heureux. Jésus n'a pas voulu perdre connaissance. Encore, si le nerf
était entièrement coupé. Mais non, j'en ai l'expérience, il n'est que
partiellement détruit ; la plaie du tronc nerveux reste en contact avec ce
clou ; et sur lui, tout à l'heure, quand le corps sera suspendu, il sera
fortement tendu comme une corde à violon sur son chevalet. Et il vibrera à
chaque secousse, à chaque mouvement, réveillant la douleur horrible. »
« L'autre bras est
tiré par l'aide ; les mêmes gestes se répètent, et les mêmes douleurs. Mais
cette fois, songez-y bien, Il sait ce qui L'attend. Il est maintenant fixé sur
le patibulum, qu'Il suit étroitement des deux épaules et des deux bras.
« “ Allons,
debout ! ” Le bourreau et son aide empoignent les bouts de la poutre et
redressent le condamné, assis d'abord, puis debout. Et puis, Le reculant,
L'adossent au poteau », le pieu vertical, stipes crucis (gibet
de la croix), d'avance planté sur les lieux d'exécution. « Mais c'est,
hélas, en tiraillant sur Ses deux mains clouées et en exacerbant la douleur des
médians. D'un grand effort, à bout de bras, mais le stipes n'est pas
très haut, rapidement, car c'est bien lourd, ils accrochent d'un geste adroit
le patibulum en haut du stipes. À son sommet, quelques clous
fixent le titulus écrit en trois langues.
« Le corps, pendant,
n'est soutenu que par les clous plantés dans les deux carpes. Il pourrait tenir
sans rien d'autre. Le corps ne se déplace pas en avant. Mais la règle est de
fixer les pieds. » [...]
« En utilisant un
clou de vingt centimètres, à section carrée de huit millimètres de côté, écrit
le docteur Pierre Mérat, nous avons cherché ce passage à la main, dans la
partie saillante du dos du pied, sans marteau afin de ne briser aucun os,
conformément à l'Écriture (Jn 19, 36). En vain.
« C'est alors que
songeant à la position de contrainte probablement infligée par les bourreaux à
ces pieds qu'ils voulaient appliquer solidement sur le bois, nous avons fléchi
le pied de notre sujet de dissection, et nous avons alors senti le clou
s'enfoncer assez facilement, au point que deux coups de marteau ont suffi pour
le faire apparaître à la plante. Nous avons reporté la pointe du pied sur la
même région de l'autre pied, qui fut traversé de la même façon. La dissection a
montré le passage du clou entre le deuxième et le troisième os cunéiforme du
tarse, en avant du scaphoïde, à l'emplacement visible sur un calque radio. Les
os n'étaient pas brisés, tout au plus légèrement marqués par le passage du clou
sur le cartilage ». [...]
Avec la permission de
notre ami, nous avons aussitôt dénommé « espace de Mérat » l'espace
anatomique découvert par lui à l'école du Saint Suaire. La conclusion de Barbet
reçoit de cette nouvelle preuve expérimentale une éclatante confirmation, sans
réplique possible :
« Toutes les
images sanguines coïncident, sans exception, et d'une façon étonnamment
précise, avec la réalité anatomique. C'est cet ensemble serré, disons même
cette unanimité de véracité, qui constitue une présomption de vérité équivalant
à une certitude. S'il y avait une seule exception, je pourrais hésiter et ne
pas accorder au Linceul une confiance, qui est allée en augmentant au fur et à
mesure de mes expériences. Et cette confiance s'affermit encore, lorsque je
vois le caillot du poignet, au lieu d'évoquer une seule coulée verticale, en
démontrer nettement deux, séparées qu'elles sont par une distance angulaire.
Ceci coïncide manifestement avec ce que nous savons expérimentalement,
hélas ! de la mort par asphyxie et des efforts de redressement faits par le
Crucifié. Il faudrait se crever les yeux, pour ne pas voir dans toutes ces
images sanguines le pur effet de la réalité. »
« J'AI SOIF ! »
(JN 19, 28)
Hissé sur son gibet,
Jésus s'est affaissé, tirant sur ses bras qui s'allongent, les omoplates
raclant douloureusement sur le bois, la nuque heurtant le patibulum. Dans
ce mouvement, les pointes acérées de sa couronne d'épines ont déchiré un peu
plus le cuir chevelu. Ce “ chapeau ” l'empêche de reposer sa pauvre Tête sur le
bois ; elle penche donc en avant, et chaque fois qu'Il la redresse, Il réveille
les cruelles déchirures.
Après tant de tortures,
pour ce Corps épuisé, l'immobilité semble presque un repos. Ses traits sont
tirés, sa figure hâve est sillonnée de sang qui se coagule partout. Il a soif !
Il le dira tout à l'heure, non pas pour se plaindre mais « pour accomplir
l'Écriture », note saint Jean (Jn 19, 28). « Mon palais est sec comme
un tesson, et ma langue, collée à la mâchoire. » (Ps 22, 16)
Sa bouche est entrouverte
et sa lèvre inférieure déjà commence à pendre ! Un peu de salive coule dans sa
barbe, mêlée au sang qui coule de son nez. Sa gorge est sèche et embrasée ; Il
ne peut même plus déglutir le peu de salive qui Lui reste ! Il n'a rien mangé
ni bu depuis... combien de temps ? Et perdu tant de Sang...
Soudain, le voici saisi
de crampes ! De proche en proche, une tétanie généralisée contracte tous les
muscles de son Corps, diagnostiquée par le regard exercé du médecin : la tête
est penchée en avant, comme nous la voyons sur la silhouette faciale, parce que
les muscles inspirateurs sont contractés par cette tétanie dans laquelle Jésus
est mort finalement. Les filets de sang, le long des bras, dessinent, en les
contournant, les contractures des muscles des bras et des avant-bras. Les
cuisses elles-mêmes sont déformées par les mêmes saillies monstrueuses,
rigides. Les muscles du ventre se raidissent en vagues figées ; puis les
intercostaux, puis les muscles du cou et les muscles respiratoires.
Les deux grands
pectoraux, qui sont les plus puissants muscles respiratoires, sont en
contraction forcée, élargis et remontés vers les clavicules et vers les bras.
Toute la cage thoracique est elle-même remontée et fortement distendue en
inspiration forcée, le creux de l'estomac est enfoncé, déprimé par cette
élévation et par cette distension du thorax en avant et en dehors. Toute la
masse abdominale est refoulée vers le bas par le diaphragme : voyez, au-dessus
de ses mains croisées, saillir le bas-ventre.
Tels sont les symptômes
indubitables de la tétanisation et de l'asphyxie : « L'air entre en
sifflant mais ne sort presque plus. Il respire tout en haut, inspire un peu, ne
peut plus expirer. Il a soif d'air. C'est comme un emphysémateux en pleine crise
d'asthme. Sa figure pâle a peu à peu rougi ; elle passe au violet pourpre et
puis au bleu. Il asphyxie. Ses poumons gorgés d'air ne peuvent plus se
vider. Son front se couvre de sueur, ses yeux exorbités chavirent. Quelle
atroce douleur doit marteler son crâne ! Il va mourir. »
Eh bien ! non, ni la
soif, ni l'hémorragie, ni l'asphyxie, ni la douleur n'auront raison de ce corps
athlétique d'un Dieu Sauveur ! Et s'Il meurt avec ces symptômes, Il ne mourra
vraiment que parce qu'Il Le veut bien, ayant ce pouvoir, comme Il L'avait
annoncé, de « déposer sa vie et de la reprendre ». C'est précisément
cette mort volontaire qui fera proclamer tout à l'heure par le centurion qui
observe un peu à part avec une attention déjà respectueuse : « Cet Homme
est vraiment le Fils de Dieu. » (Mt 27, 54)
En effet, à quoi ont-ils
assisté, lui et son escouade, avec Marie, la Mère de Jésus qui se tient là
debout, et saint Jean et les saintes femmes ? Nous voyons la scène comme si
nous y étions : lentement, d'un effort surhumain, Il a pris appui sur le clou
de ses pieds ; les cous-de-pied et les genoux s'étendent peu à peu, et le corps
par à-coups remonte, soulageant la traction des bras, mais au prix de douleurs
effroyables car les nerfs médians frottent sur le clou. Du coup la tétanie
régresse, les muscles se détendent, tout au moins ceux de la poitrine, les
poumons se dégorgent de l'air vicié qui les remplissait et bientôt la pauvre
figure tuméfiée, toute sanglante et déformée a retrouvé sa pâleur ordinaire.
Surtout, Il a retrouvé son souffle ! Pour quoi faire ? Pour parler. Pour
articuler quelques paroles d'une voix mourante : « Père,
pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font ! » (Lc 23, 34)
Et puis, à peine cela dit
dans un effort surhumain, son corps commence à redescendre, et la tétanie
reprend. À sept reprises, Il se dresse et il parle, entre deux asphyxies, au
prix de douleurs indicibles, car chaque mouvement retentit dans ses mains,
irritant les nerfs médians. Ces mouvements successifs d'affaissement et de surrection
ont laissé une trace visible sur le Linceul : ce sont ces deux filets de sang
qui font un angle aigu de quelques degrés sur le poignet gauche. Un côté
correspond à l'écoulement du sang en position d'affaissement, le bras faisant
alors un angle de 65 degrés avec la verticale ; l'autre correspond à
l'écoulement du sang en position de surrection, le bras faisant alors un angle
de 70 degrés avec la verticale. Ces redressements et abandons successifs,
« c'est l'asphyxie périodique du malheureux qu'on étrangle et qu'on laisse
reprendre vie, pour l'étouffer plusieurs fois. »
Il faut ajouter à la
soif, aux crampes, à l'asphyxie, aux vibrations insupportables des deux nerfs
médians, l'infection des plaies, et ces mouches affreuses, de grosses mouches
vertes et bleues qui tourbillonnent autour de son Corps et brusquement
s'abattent sur l'une ou l'autre plaie, pour en pomper le suc et y pondre leurs
oeufs. Elles s'acharnent au Visage ; impossible de les chasser !
Et pas une plainte, sinon
à son Père doucement : « Eli, Eli, lamma sabactani.Mon Père, Mon Père,
pourquoi m'avez-Vous abandonné ? » (Mc 15, 34)
Et soudain, sachant que
« tout est consommé » (Jn 19, 30), il poussa de nouveau un grand
cri : « Mon Père, Je remets mon âme entre vos mains ! » (Lc 23, 46)
Enfin, « inclinant la tête, Il a rendu l'Esprit. » (Jn 19, 30) [...]
Sa tête s'est penchée,
droit devant Lui, le menton sur le sternum, comme nous le voyons sur la
silhouette faciale : la tête nettement fixée en inclinaison antérieure,
« visage détendu, rasséréné, que malgré tant d'affreux stigmates illumine
la majesté très douce de Dieu qui est toujours là ».
Jésus est mort quand Il
l'a voulu. Il est mort dans un miracle, et c'est bien ce qui arrache au
centurion sa profession de foi : « Oui, vraiment cet Homme était Fils de
Dieu ! » (Mt 27, 54)
« DU SANG ET DE
L'EAU. » (JN 19, 34)
Dernière révélation d'une
souffrance que nous ne soupçonnions pas, qu'il faut donc ajouter
rétrospectivement à toutes les autres. Les soldats brisent avec une masse de
fer les cuisses des larrons. Ils pendent maintenant lamentablement et, comme
ils ne peuvent plus se soulever sur leurs pieds, la tétanie et l'asphyxie les
auront bientôt achevés. « Mais venant à Jésus, écrit saint Jean, seul
témoin oculaire de la scène ,comme ils virent qu'Il était déjà mort, ils ne lui
rompirent pas les jambes, mais l'un des soldats, de sa lance, lui perça le côté
et il sortit aussitôt du sang et de l'eau. » (Jn 19, 33-34)
Barbet voit en praticien
le « geste tragique et précis » : « Il a levé la hampe de la
lance et d'un seul coup oblique au côté droit, il l'enfonce
profondément. » Lui-même a répété l'expérience sur plusieurs corps
d'autopsie, puis il a disséqué : « Jean l'a bien vu et moi aussi, et nous
ne saurions mentir : un large flot de sang liquide et noir, qui a jailli sur le
soldat et peu à peu coule en bavant sur la poitrine, en se coagulant par
couches successives. Mais en même temps, surtout visible sur les bords, a coulé
un liquide clair et limpide comme de l'eau. Voyons, la plaie est au-dessous et
en dehors du mamelon (5e espace), le coup oblique. C'est donc le sang de
l'oreillette droite et l'eau sort de son péricarde. Mais alors, mon pauvre
Jésus, votre Cœur était comprimé par ce liquide et Vous aviez, en plus de tout,
cette douleur angoissante et cruelle du cœur serré dans un étau. »
En bouquet spirituel, une
parole sublime de sainte Thérèse de la Sainte-Face inspirera
notre prière : « Ô Jésus, laisse-moi Te dire que Tu as fait des folies
pour ta petite épouse. » Songeant que toutes ces souffrances, ces douleurs
effroyables, Jésus les a, toute sa vie durant, prévues, préméditées, voulues
par amour pour elle, pour la sauver, l'âme prédestinée est envahie de cette
charité qui embrasa le cœur de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus à l'âge de
treize ans, pour la consumer entièrement en quelques années.
« Un dimanche, en
regardant une photographie (sic !) de Notre-Seigneur en Croix, je fus
frappée par le Sang qui tombait d'une de ses mains divines, j'éprouvais une grande
peine en pensant que ce Sang tombait à terre sans que personne ne s'empresse de
Le recueillir, et je résolus de me tenir en esprit au pied de la Croix pour
recevoir la divine rosée qui en découlait, comprenant qu'il me faudrait ensuite
la répandre sur les âmes... Le cri de Jésus sur la Croix retentissait aussi
continuellement dans mon cœur : “ J'ai soif. ” Ces paroles allumaient en moi
une ardeur inconnue et très vive. Je voulais donner à boire à mon Bien-Aimé, et
je me sentais moi-même dévorée de la soif des âmes. » [...]
Frère Bruno de Jésus
Extrait de la CRC n° 332, Pâques 1997
Roma,
Chiesa del Santissimo Sudario dei Piemontesi, Padreterno e angeli all'altar
maggiore (Pietro Mentinovese)
The Holy Shroud (of
Turin)
This name is primarily
given to a relic now
preserved at Turin,
for which the claim is made that it is the actual "clean linen cloth"
in which Joseph of
Arimathea wrapped the body of Jesus Christ (Matthew 27:59).
This relic, though
blackened by age, bears the faint but distinct impress of a human form both
back and front. The cloth is about 13 1/2 feet long and 4 1/4 feet wide. If the
marks we perceive were caused by human body, it is clear that the body (supine)
was laid lengthwise along one half of the shroud while the other half was
doubled back over the head to cover the whole front of the body from the face
to the feet. The arrangement is well illustrated in the miniature of Giulio Clovio, which
also gives a good representation of what was seen upon the shroud about the
year 1540.
The cloth now at Turin can be
clearly traced back to the Lirey in the Diocese of Troyes, where
we first hear of it about the year 1360. In 1453 it was at Chambéry in Savoy, and there in 1532
it narrowly escaped being consumed by a fire which by charring the corners of
the folds has left a uniform series of marks on either side of the image. Since
1578 it has remained at Turin where it is
now only exposed for veneration at long intervals.
That the authenticity of
the Shroud of Turin is
taken for granted, in various pronouncements of the Holy See cannot be
disputed. An Office and Mass "de
Sancta Sindone" was formerly approved by Julius II in
the Bull "Romanus
Pontifex" of 25 April, 1506, in the course of which the Pope speaks of
"that most famous Shroud (præclarissima sindone) in which our Savior was
wrapped when he lay in the tomb and which is
now honorably and devoutly preserved in a silver casket." Moreover, the
same Pontiff speaks of the treaties upon the precious blood. Composed by his
predecessor, Sixtus
IV, in which Sixtus states
that in the Shroud "men may look upon the true blood and
portrait of Jesus
Christ himself." A certain difficulty was caused by the existence
elsewhere of other Shrouds similarly impressed with the figure of Jesus Christ and
some of these cloths, notably those of Besançon, Cadouin,
Champiègne, Xabregas, etc., also claimed to be the authentic linen sindon provided
by Joseph of
Arimathea, but until the close of the last century no great attack was made
upon the genuineness of the Turin relic. In 1898 when the
Shroud was solemnly exposed,
permission was given to photograph it and a sensation was caused by the
discovery that the image upon the linen was apparently a negative — in other
words that the photographic negative taken from this offered a more
recognizable picture of a human face than the cloth itself or any positive
print. In the photographic negative, the lights and the shadows were natural,
in the linen or the print, they were inverted. Three years afterwards, Dr. Paul
Vignon read a remarkable paper before the Académie des Sciences in which he
maintained that the impression upon the Shroud was a "vaporigraph"
caused by the ammoniacal emanations radiating from the surface of Christ's body after
so violent a death. Such vapours, as he professed to have proved experimentally,
were capable of producing a deep reddish brown stain, varying in intensity with
the distance, upon a cloth impregnated with oil and aloes. The image upon the
Shroud was therefore a natural negative and as such completely beyond the
comprehension or the skill of any medieval forger.
Plausible as this
contention appeared, a most serious historical difficulty had meanwhile been
brought to light. Owing mainly to the researches of Canon Ulysse Chevalier a
series of documents was discovered which clearly proved that in 1389
the Bishop of Troyes appealed
to Clement VII,
the Avignon Pope
then recognized in France,
to put a stop to the scandals connected
to the Shroud preserved at Lirey. It was, the Bishop declared, the work of an
artist who some years before had confessed to having painted it but it
was then being exhibited by the Canons of Lirey in such a way that the populace
believed that it was the authentic shroud of Jesus Christ. The pope, without absolutely
prohibiting the exhibition of the Shroud, decided after full examination that
in the future when it was shown to the people, the priest should
declare in a loud voice that it was not the real shroud of Christ, but only a
picture made to represent it. The authenticity of the documents connected with
this appeal is not disputed. Moreover, the grave suspicion thus thrown upon
the relic is
immensely strengthened by the fact that no intelligible account, beyond wild
conjecture, can be given of the previous history of the Shroud or its coming to
Lirey.
An animated controversy
followed and it must be admitted that though the immense preponderance of
opinion among learned Catholics (see
the statement by P.M. Baumgarten in the "Historiches Jahrbuch", 1903,
pp. 319-43) was adverse to the authenticity of the relic, still the violence of many of
its assailants prejudiced their own cause. In particular the suggestion made of
blundering or bad faith on
the part of those who photographed were quite without excuse. From the scientific
point of view, however, the difficulty of the "negative" impression
on the cloth is not so serious as it seems. This Shroud like the others was
probably painted without fraudulent intent
to aid the dramatic setting of the Easter sequence:
As the word sudarium suggested,
it was painted to
represent the impression made by the sweat of Christ, i.e. probably in
a yellowish tint upon unbrilliant red. This yellow stain would turn brown in
the course of centuries, the darkening process being aided by the effects of
fire and sun. Thus, the lights of the original picture would become the shadow
of Paleotto's reproduction of the images on the shroud is printed in two
colours, pale yellow and red. As for the good proportions and æsthetic effect,
two things may be noted. First, that it is highly probable that the artist used
a model to determine the length and position of the limbs, etc.; the
representation no doubt was
made exactly life size. Secondly, the impressions are only known to us in
photographs so reduced, as compared with the original, that the crudenesses, aided
by the softening effects of time, entirely disappear.
Lastly, the difficulty
must be noticed that while the witnesses of the fifteenth and early sixteenth
centuries speak of the image as being then so vivid that the blood seemed
freshly shed, it is now darkened and hardly recognizable without minute
attention. On the supposition that this is an authentic relic dating from the
year A.D. 30, why should it have retained its brilliance through countless
journeys and changes of climate for fifteen centuries, and then in four
centuries more have become almost invisible? On the other hand if it be a
fabrication of the fifteenth century this is exactly what we should expect.
Sources
Baumgarten stated in 1903
that more than 3500 articles, books, etc., had at that time been written upon
the Holy Shroud. The most important is CHEVALIER, Etude critique sur
l'origine du Saint Suaire (Paris, 1900). Some useful details are added by
MÉLY, Le Saint Suaire de Turin est-il authentique? (Paris, 1902).
Baumgarten in Historiches Jahrbuch (Munich, 1903), 319-43, shows that
the preponderance of Catholic opinion is greatly against the authenticity of
the shroud. See also BRAUN in Stimmen aus Maria-Loach, LXIII (1902), 249
sqq. And 398 sqq.; THURSTON in The Month (London, Jan. and Feb.,
1903) and in Revue du clergé français (15 Nov. and 15 Dec., 1902).
In favour of the shroud
may be mentioned VIGNON, Le linceul du Christ (Paris, 1902) also in
English translation; MACKEY in Dublin Review (Jan., 1903); DE
JOHANNIS in Etudes (Paris, 1902 and Nov., 1910); LOTH, La photographie du
sSaint Suaire de Turin, documents nouveaux et concluants (Paris, 1910), the
promise of "new and conclusive documents" is by no means justified;
GARROLD in The Tablet, CXVII (1 and 8 April, London, 1911), Esplicatione
del lenzuolo (Bologna, 1598 and 1599): MALLONIUS, Jesu Christi
stigmata sacra sindoni impressa (Venice, 1606); CHIFFLET, De linteis sepulchralibus (Antwerp,
1624).
Thurston, Herbert. "The
Holy Shroud (of Turin)." The Catholic Encyclopedia. Vol.
13. New York: Robert Appleton
Company, 1912. <http://www.newadvent.org/cathen/13762a.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Maria de Medina. Dedicated to
J.C. Norris.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. February 1, 1912. Remy Lafort, D.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2023 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
Santi Fabiano e Sebastiano (Voragno, Ceres), Affresco della prima metà del Cinquecento raffiguranti la Sindone, Voragno, Ceres, città metropolitana di Torino.
Santi Fabiano e
Sebastiano (Voragno, Ceres), Affresco della prima metà del Cinquecento
raffiguranti la Sindone, Voragno, Ceres,
città metropolitana di Torino.
La Santa Sindone
La Sindone è un lenzuolo
di lino, tessuto a spina di pesce, delle dimensioni di circa m 4,42 x 1,13,
contenente la doppia immagine accostata per il capo del cadavere di un uomo
morto in seguito ad una serie di torture culminate con la crocefissione. L'immagine
è contornata da due linee nere strinate e da una serie di lacune: sono i danni
dovuti all'incendio avvenuto a Chambéry nel 1532. Secondo la tradizione si
tratta del Lenzuolo citato nei Vangeli che servì per avvolgere il corpo di Gesù
nel sepolcro. Questa tradizione ha trovato numerosi riscontri dalle indagini
scientifiche sul Lenzuolo e la probabilità che la Sindone sia autentica è
altissima. Certamente la Sindone, per le caratteristiche della sua impronta,
rappresenta un rimando diretto e immediato che aiuta a comprendere e meditare
la drammatica realtà della Passione di Gesù. Per questo Papa san Giovanni Paolo
II l'ha definita "specchio del Vangelo". L'Arcidiocesi di Torino
celebra ogni anno in data 4 maggio la memoria liturgica della Santa Sindone.
Al vaglio della scienza
La Sindone è un lino di colore giallino che misura cm 442 per cm 113 e reca impressa l’immagine frontale e dorsale di un uomo che è stato flagellato, coronato di spine, crocifisso e trafitto da una lancia al costato dopo la morte, proprio come descritto nei Vangeli.
Da quando la Sindone è stata fotografata per la prima volta da Secondo Pia, nel 1898, molti scienziati hanno cominciato a interessarsi di questo particolare lenzuolo, che la Chiesa cattolica venera come telo funerario di Gesù. Il negativo fotografico del Pia aveva rivelato il positivo dell’immagine umana impressa sulla stoffa e questo permise ai medici legali di condurre una sorta di autopsia virtuale del cadavere non più presente nel Telo.
Nel 1978 una cinquantina di scienziati e ricercatori di diverse nazioni,
prevalentemente statunitensi appartenenti allo STURP (Shroud of Turin Research
Project, Progetto di Ricerca sulla Sindone di Torino), hanno condotto una
investigazione scientifica multidisciplinare sulla reliquia, cosa che non era
mai accaduta in passato. Essi fecero prelievi, misure e analisi sulla Sindone
per 120 ore consecutive. I risultati di tale ricerca fornirono ampie conferme
dell’autenticità della Sindone e costituiscono ancora oggi una solida base
scientifica.
Il nascondimento dei primi secoli
I Vangeli sinottici parlano di una Sindone, mentre Giovanni usa il termine othonia, teli, e menziona anche un sudario che viene ritrovato a parte nel sepolcro. Non solo i Vangeli canonici, ma anche molti degli apocrifi descrivono il corredo funerario di Gesù.
I primi secoli della Sindone sono stati di nascondimento, per il pericolo che
la preziosa reliquia potesse essere distrutta durante le persecuzioni contro i
cristiani o le lotte contro le immagini. È altamente probabile che nei primi
secoli sia stata piegata in modo da mostrare solo il volto e sia stata
occultata a Edessa, nel sud-est dell’attuale Turchia.
Per questo periodo, un notevole aiuto viene non solo dai documenti scritti, ma
anche dallo studio della somiglianza tra il volto sindonico e la maggior parte
delle raffigurazioni di Cristo conosciute nell’arte, sia orientale che
occidentale, come Mandylion, Veronica o Volto Santo. Tale somiglianza è
evidente e non può essere attribuita a un puro caso; deve essere il risultato
di una dipendenza, mediata o immediata, di un’immagine dall’altra e di tutte da
una fonte comune, che verosimilmente doveva essere la Sindone.
L’itinerario verso l’Europa
Il Mandylion, che con ogni probabilità era la Sindone ripiegata, viene portato
a Costantinopoli nel 944 e qui il telo deve essere stato riaperto, mostrando
l’intero corpo. C’è la notizia dell’esistenza della Sindone a Costantinopoli
nel 1204, quando la vede il crociato francese Robert de Clari durante il
saccheggio della IV crociata. E’ molto probabile che in quell’occasione sia
stata portata in Francia da un altro crociato, Othon de la Roche, un antenato
di Jeanne de Vergy. Questa nobildonna era la moglie del primo possessore
ufficiale della Sindone a Lirey (Francia), Geoffroy de Charny, a metà del XIV
secolo.
Nel 1453 la nobildonna Marguerite de Charny, discendente di Geoffroy de Charny,
non avendo eredi affidò la reliquia al Duca Ludovico di Savoia e a sua moglie,
Anna di Lusignano, che la conservarono a Chambéry. Nel 1578 il venerato Lino fu
trasferito a Torino.
Durante la seconda guerra mondiale, la Sindone fu nascosta nell’Abbazia di Montevergine (Avellino) dal 25 settembre 1939 al 28 ottobre 1946.
Nella notte tra l’11 e il 12 aprile 1997 un incendio minacciò la Sindone, ma i Vigili del Fuoco riuscirono a portare in salvo la reliquia.
Negli ultimi anni si sono succedute alcune solenni ostensioni. Quella del 2015
abbraccia un lungo periodo, dal 19 aprile al 24 giugno.
Un lino pregiato
I fili usati per realizzare la Sindone sono filati a mano: infatti presentano un diametro variabile. La tessitura è a “spina di pesce” (3/1), una lavorazione già nota nell'area medio-orientale ai tempi di Gesù. Come tessuto, la Sindone può risalire benissimo al I secolo d. C., dato che in antiche tombe egizie (Beni Assan) si trovano raffigurati telai idonei a produrre tale tipo di stoffa. Nella necropoli di Antinoe (Alto Egitto, inizio II sec. d. C.) sono stati trovati tessuti analoghi a quello della Sindone.
È documentata sia la presenza della struttura del tessuto spinato 3/1 attraverso il ritrovamento di tali tessuti a Krokodilô (Egitto, Mar Rosso) risalenti al periodo 100-120 d. C., sia la speciale tipologia della struttura della cimosa per il periodo intorno alla nascita di Cristo, nei ritrovamenti di tessuti a Masada, in Israele.
La cucitura longitudinale, che unisce una striscia laterale al telo sindonico,
non è usuale. Anche per questa particolare cucitura si trovano confronti con
frammenti di tessuto dai citati ritrovamenti di Masada.
Il test del 14C
Il 21 aprile 1988 dalla Sindone fu prelevato un campione di tessuto per sottoporlo alla datazione con il metodo del radiocarbonio. In base a questa analisi, la Sindone risalirebbe al medioevo, a un periodo compreso tra il 1260 e il 1390 d. C.
Numerose obiezioni sono state mosse da vari scienziati, che ritengono insoddisfacenti le modalità dell'operazione di prelievo e l'attendibilità del metodo per tessuti che hanno subito vicissitudini come quelle della Sindone. È stata inoltre dimostrata la disomogeneità dei tre campioni: secondo il test statistico di Pearson (chi quadro) esistono 957 probabilità su 1000 che la data radiocarbonica ottenuta non sia quella dell'intero lenzuolo.
Interessanti analisi sono state condotte dal chimico Raymond N. Rogers del Los Alamos National Laboratory ( USA), il quale ha riscontrato incrostazioni di coloranti e fibrille di cotone nel lino proveniente dalla zona del prelievo per l’analisi radiocarbonica. Il chimico statunitense conclude che il campione usato per la radiodatazione non era rappresentativo del tessuto sindonico originale per l’esistenza di un rammendo.
Per verificare l'antichità di un tessuto esistono però anche altri metodi.
L’Ing. Giulio Fanti, professore associato di Misure Meccaniche e Termiche presso
il Dipartimento di Ingegneria Industriale dell’Università di Padova, ha
sottoposto alcune fibre della reliquia a due datazioni chimiche, basate sulla
spettroscopia vibrazionale, e a una datazione meccanica multiparametrica. Tutte
e tre le datazioni risultano compatibili con la data del I secolo d.C.
I pollini e altre microtracce
Negli anni ’70 il criminologo Max Frei scoprì nella Sindone l’esistenza di granuli di polline provenienti da piante desertiche che fioriscono in epoche diverse in Palestina; altri di piante della Turchia dell’Est; altri dei dintorni di Costantinopoli; altri ancora di specie esistenti in Francia e in Italia. Ciò confermò le verosimili tappe storiche della reliquia.
Le specie identificate da Frei sulla Sindone sono 58: di queste, 38 crescono a Gerusalemme ma non esistono in Europa e tra esse 17 sono tipiche e frequenti a Gerusalemme e dintorni. Ciò prova la provenienza palestinese di questo lenzuolo. È da sottolineare l’importanza della presenza sulla Sindone dello Zygophillum dumosum, che cresce solo da Gerusalemme verso sud in Israele, in una parte della Giordania e al Sinai.
Le analisi di Frei sono state successivamente confermate da altri botanici. La palinologa Marzia Boi, analizzando la lista dei pollini trovati sulla Sindone da Frei e osservando le fotografie da lui pubblicate, ha notato la presenza delle piante più usate per realizzare costosi balsami, che venivano impiegati negli antichi riti funerari del Medio Oriente.
Baima Bollone ha identificato sulla Sindone alcune particelle di aloe e mirra,
soprattutto nelle zone macchiate di sangue. Sono stati anche rinvenuti
frammenti di terriccio in corrispondenza della punta del naso e del ginocchio
sinistro. In altri campioni di materiale terroso, prelevati dalla Sindone in
corrispondenza dei piedi, è stata individuata aragonite con alcune tracce di
impurezze; campioni prelevati nelle grotte di Gerusalemme sono risultati essere
molto simili, dato che contenevano anch'essi aragonite con le stesse impurezze.
Le caratteristiche dell’immagine
L’immagine dell’Uomo della Sindone non è dovuta a sostanze applicate sul tessuto, ma all’ingiallimento delle fibrille superficiali della stoffa stessa, il cui numero per unità di area determina la maggiore o minore intensità della figura. La colorazione giallina è il risultato di una disidratazione e ossidazione che penetra solo per 0,2 millesimi di millimetro. Queste osservazioni sperimentali escludono la possibilità che l’immagine possa essere stata prodotta con pigmenti, con metodi chimici o con il riscaldando del tessuto, perché in questi casi la colorazione si sarebbe diffusa in profondità nella stoffa.
È stato trovato solo un cristallino di cinabro, che è da considerarsi un reperto accidentale. L'esame di tutta la Sindone con la fluorescenza ai raggi X non ha rilevato alcun pigmento di pittura, quindi nemmeno cinabro; questa sostanza non può essere responsabile della colorazione delle macchie rosse, peraltro certamente composte da sangue, semplicemente perché non è presente.
Bisogna considerare che molti artisti hanno copiato dal vero la Sindone e
quindi la presenza occasionale di pigmenti non è inaspettata; anche perché
quasi sempre le copie venivano messe a contatto con l'originale per renderle
più venerabili.
Gli esperimenti con il laser
La figura umana visibile sulla Sindone è una proiezione verticale del cadavere su un piano orizzontale: c'è una corrispondenza in verticale fra il corpo e i punti corrispondenti dell'immagine. Esiste una correlazione fra l'intensità della figura e la distanza tela-corpo, che permette l'elaborazione tridimensionale dell’immagine.
Il telo ha avvolto un vero cadavere: le macchie di sangue sono dovute al contatto diretto con le ferite di un corpo umano. Sotto le macchie di sangue non esiste immagine del corpo: il fenomeno che ha impresso la figura umana sulla Sindone è avvenuto dopo che il sangue si era decalcato sul tessuto stesso e ne aveva attraversato lo spessore.
Nel corso degli ultimi decenni si sono tentate molte strade per spiegare come
si sia formata l’immagine sindonica. In modo particolare, le caratteristiche
chimiche, la superficialità e la sua assenza sotto le macchie di sangue hanno
privilegiato l’ipotesi che una esplosione di luce potesse essere alla sua
origine.
Molte prove sperimentali sono state fatte a questo scopo, ma solo ultimamente
l’utilizzo di laser a eccimeri potenti e con impulsi di breve durata hanno dato
risultati interessanti. Infatti, con laser ad eccimeri che emettono
nell’ultravioletto si è ottenuta una colorazione giallina e superficiale. I
risultati ottenuti sono compatibili con l’immagine sindonica e le sue
caratteristiche.
Le analisi del sangue
All’inizio degli anni ’80 due scienziati statunitensi, John H. Heller e Alan D. Adler, e uno italiano, Pierluigi Baima Bollone, direttore dell’Istituto di Medicina Legale dell’Università di Torino, giunsero, indipendentemente tra loro, a dimostrare la presenza di sangue sulla Sindone. È interessante notare che le fibrille di alcune zone adiacenti alle macchie di sangue sono rivestite di una sostanza proteica giallo oro, che è risultata essere siero. Ciò è stato confermato anche dalle fotografie all'ultravioletto, che mostrano aloni di siero attorno alle tracce della flagellazione e ai margini dei coaguli di sangue. Le impronte sanguigne sono quindi dovute al contatto con sangue coagulato, nel quale si possono osservare le fasi della formazione della crosta e dell'essudato sieroso. È dunque innegabile che un vero corpo umano è stato avvolto nel lenzuolo. Le fibre delle zone macchiate di sangue sono cementate insieme dal fluido viscoso che penetrò fino al lato opposto del tessuto.
Dopo l'identificazione generica, Baima Bollone giunse a dimostrare che si
trattava di sangue umano appartenente al gruppo AB. Altre importanti scoperte
rese note dal medico torinese riguardano le macchie ematiche dei piedi, in
corrispondenza delle quali ha localizzato un globulo rosso e alcune cellule
epidermiche umane.
L’indagine medico-legale
Dallo studio della Sindone alcuni medici deducono che fino a poco prima della morte fluiva sangue dalle ferite e che il corpo è stato avvolto nel lenzuolo non più tardi di due ore e mezzo dopo la morte. Il sangue presente sulla Sindone è colato verso il basso lungo le braccia, il corpo e le gambe di un uomo appeso a una croce; si è coagulato sulla sua pelle ed è anche fuoruscito con le caratteristiche di sangue post-mortale dalla ferita del costato.
Il breve tempo di permanenza del cadavere nel lenzuolo è testimoniato dall’assenza di segni di putrefazione. Vicino alle labbra mancano tracce di gas ammoniacali, che sarebbero certamente presenti nel caso di inizio di putrefazione. Generalmente questa comincia circa 40 ore dopo la morte. Il processo di putrefazione viene accelerato quando ci si trova in presenza di grandi ferite e di focolai contusivi, come nel caso dell'Uomo della Sindone.
Per avere un decalco del sangue sulla stoffa come quello osservato sulla Sindone, il corpo deve essere stato a contatto con il lenzuolo per circa 36-40 ore. In questo tempo un ruolo importante deve essere stato svolto dalla fibrinolisi, che provoca il ridiscioglimento dei coaguli. Resta inspiegabile come il contatto tra corpo e lenzuolo si sia interrotto senza alterare i decalchi che si erano formati.
Autore: Emanuela Marinelli
Fonte : Credere
SOURCE : https://www.santiebeati.it/dettaglio/96613
Voir aussi : https://sindone.org/