Luca Signorelli (1450–1523). Dante Alighieri, fresco, Cappella di San Brizio
30 avril 1921
Chers Fils,
Salut et Bénédiction apostolique.
DANS LA GLORIEUSE LIGNÉE des génies dont l'éclatant
renom fait l'honneur du Catholicisme et qui, soit dans tous les domaines, soit
plus spécialement dans les lettres et les beaux-arts, ont, par les immortelles
productions de leur talent, magnifiquement servi à la fois la société et
l'Église, une place de choix revient à Dante Alighieri, mort il y aura bientôt
six cents ans.
LE CATHOLICISME DE DANTE
Gloire commune de l'humanité, " Dante est avant tout nôtre ".
Jamais peut-être plus que de nos jours on n'a rendu
hommage à la supériorité de ce génie qu'est Dante. Ce n'est pas seulement
l'Italie, justement fière de lui avoir donné le jour, qui se prépare avec
enthousiasme à chanter sa mémoire ; Nous savons que, dans toutes les nations
civilisées, des Comités spéciaux de savants se sont constitués afin que le
monde entier ne fasse qu'un pour célébrer cette pure gloire de
l'humanité.
Or, ce chœur si magnifique de voix autorisées, il
convient d'y unir Notre voix ; bien plus, Nous devons en quelque sorte le
diriger : n'est-ce point à l'Église, sa mère, de réclamer, la première et bien
haut, l'Alighieri pour son enfant ? Dès le début de Notre Pontificat, Nous
demandions, dans une lettre à l'archevêque de Ravenne, qu'on embellît, en vue
du centenaire de l'Alighieri, la basilique voisine de son tombeau ;
aujourd'hui, afin d'inaugurer les fêtes de ce centenaire, il Nous a paru bon de
vous écrire à vous tous, chers Fils, qui, sous la direction de l'Église, vous
appliquez à l'étude des lettres, pour vous montrer plus clairement encore quels
liens étroits rattachent Dante à cette Chaire de Pierre, et comment il est de
toute justice de rapporter pour une grande part au catholicisme les éloges
décernés à un si grand nom.
Et d'abord, si l'on se rappelle que, toute sa vie
durant, notre Dante a professé d'une façon exemplaire la religion catholique,
il semble bien que ce soit répondre à ses propres vœux que de placer sous les
auspices de la religion, comme Nous apprenons qu'on s'y apprête, les fêtes de
son centenaire, et, si on doit les clôturer à San-Francesco de Ravenne, de les
ouvrir à San-Giovanni de Florence, l'église magnifique vers laquelle, au soir
de sa vie, Dante exilé reportait son souvenir chargé de regrets amers, nourrissant
l'espoir passionné de ceindre les lauriers de poète dans ce Baptistère même qui
l'avait vu naître à la foi.
Dante est redevable au catholicisme de sa culture, du fond doctrinal et de l'austère beauté de ses œuvres.
Né à une époque où florissaient la philosophie et la
théologie, grâce aux docteurs scolastiques qui recueillaient les plus belles
œuvres du passé pour les transmettre à l'avenir après y avoir mis l'empreinte
de leur subtil génie, Dante, parmi la grande variété des opinions, prit pour
guide principal Thomas d'Aquin, Prince de l'Ecole. C'est à ce maître, dont le
génie intellectuel a été caractérisé par le titre d'angélique, qu'il doit
presque tout ce que lui révélèrent la philosophie et la spéculation
théologique, sans d'ailleurs négliger aucun genre de connaissance ou de science
ni diminuer les longues heures consacrées à la méditation des Livres Saints et
des écrits des Pères.
On comprend donc que, pourvu d'une culture aussi
universelle et versé surtout dans les sciences sacrées, il ait trouvé, quand il
eut pris la résolution d'écrire, dans le domaine même de la religion, un champ
presque infini ouvert à son talent de poète et des sujets de ta plus haute
portée.
Sans doute, il convient d'admirer la prodigieuse
ampleur et la pénétration de son génie ; mais il faut se souvenir également
qu'une grande part de sa force est puisée dans la foi divine ; ce qui explique
que Dante soit redevable de la beauté de son œuvre principale autant aux
splendeurs variées de la vérité révélée qu'à toutes les ressources de l'art.
Le dogme catholique dans l'œuvre de Dante.
De fait, la Divine Comédie - divine, le mot
est très juste - n'a pour but, en définitive, même en ses éléments de fiction
et d'imagination et dans les réminiscences profanes qu'elle renferme en de
nombreux passages, que d'exalter la justice et la providence de Dieu, qui régit
le monde dans le temps et dans l'éternité, qui distribue aux individus et aux
sociétés récompenses ou châtiments suivant leurs mérites.
Aussi ce poème chante-t-il magnifiquement, et en
parfaite conformité avec les dogmes de la foi catholique, l'auguste Trinité du
Dieu un, la Rédemption du genre humain par le Verbe de Dieu Incarné, l'immense
et généreuse bonté de la Vierge Marie, Mère de Dieu et Reine du ciel, la
béatitude céleste des élus, anges et hommes, et, en un saisissant contraste,
les supplices des impies dans les abîmes ; enfin, entre le paradis et l'enfer,
la demeure des âmes qui, une fois consommé leur temps d'expiation, voient le
ciel s'ouvrir devant elles. Et l'on constate, à travers tout le poème, que le
sens le plus averti préside à l'exposé de ces dogmes et des autres dogmes
catholiques.
Les progrès de la cosmographie ont pu révéler plus
tard que le système cosmique et astral de la science antique n'était qu'un
mythe, que la nature, le nombre et le cours des étoiles et autres astres sont
tout différents de ce qu'elle pensait ; il n'en reste pas moins que l'univers,
quelles que soient les lois qui en régissent les éléments, est soumis à la même
volonté qui l'a créé, celle du Dieu tout-puissant, qui donne le mouvement à
toute la nature et qui a mis partout un reflet plus ou moins puissant de sa
gloire. Si la terre que nous habitons ne joue pas, comme on le croyait, le rôle
de centre dans le système général du monde, c'est elle du moins qui a été le
cadre du bonheur de nos premiers parents, puis le théâtre de la chute
lamentable qui en marqua pour eux la perte, et de la rédemption des hommes par
le sang de Jésus-Christ.
Aussi, la description qu'il a donnée du triple état
des âmes que lui représentait son imagination montre que pour dépeindre, avant
le jugement divin du dernier jour, la damnation des réprouvés, l'expiation des
âmes justes, le bonheur des élus, c'est des données intimes de la foi qu'il
tire les plus vives clartés.
LES GRANDES LEÇONS DU CENTENAIRE
Voici, pensons-Nous, les enseignements les plus
féconds que nos contemporains peuvent retirer de l'héritage laissé par Dante,
soit dans les autres œuvres, soit spécialement dans la Divine Comédie.
Vénérer la Sainte Écriture.
Tout d'abord, l'Ecriture Sainte a droit à la
vénération la plus profonde de tous les fidèles, et c'est avec un souverain
respect qu'il faut accepter tout ce qu'elle renferme. Dante appuie cette règle
sur le fait que, " encore qu'il y ait bien des secrétaires de la parole
divine, ils n'écrivent que sous la dictée de Dieu seul, qui a daigné se servir
de la plume de nombreux écrivains pour nous communiquer son message de bonté
" (1). Formule assurément heureuse et d'une parfaite exactitude. Comme
aussi cette autre : " Le Testament ancien et nouveau, promulgué pour
l'éternité, dit le prophète ", contient des " enseignements
spirituels qui dépassent l'entendement humain ", donnés " par le
Saint-Esprit, qui, par les prophètes et les écrivains sacrés, par Jésus-Christ,
Fils de Dieu et co-éternel à lui, ainsi que par ses disciples, a révélé la
vérité surnaturelle et nécessaire à nos âmes " (2).
C'est donc avec grande raison, disait-il, que pour
l'éternité qui suivra le cours de la vie mortelle, " nous tirons nos
certitudes de la doctrine infaillible du Christ, qui est la Voie, la Vérité et
la Lumière : la Voie, car c'est elle qui, à travers tous les obstacles, nous
mène au bonheur éternel ; la Vérité, puisqu'elle est exempte de toute erreur ;
la Lumière, puisqu'elle dissipe les ténèbres terrestres de l'ignorance "
(3). Dante entoure du même respect attentif " ces vénérables Conciles
généraux, auxquels pas un fidèle ne conteste que le Christ ait pris part
". Il tient aussi en grande estime " les œuvres des docteurs Augustin
et autres " ; " celui ", dit-il, " qui doute qu'ils aient
été assistés du Saint-Esprit, ou bien n'a rien découvert de leurs fruits ou,
s'il l'a fait, n'a pas su le moins du monde les goûter " (4).
Respecter filialement l'Église et le Souverain Pontife.
Ses propres infortunes et des abus réels excusent la dureté des invectives de Dante.
Alighieri a des égards tout particuliers pour
l'autorité de l'Église catholique, pour le pouvoir du Pontife Romain, pouvoir
qui, à ses yeux, donne leur force à chacune des lois et institutions de
l'Église elle-même. De là l'énergique exhortation qu'il adresse aux chrétiens :
dès lors qu'ils ont les deux Testaments, et en même temps le Pasteur de
l'Église pour les guider, qu'ils se tiennent pour satisfaits de ces moyens de
salut. Aussi bien, attristé des malheurs de l'Église comme s'ils eussent été
les siens, pleurant et stigmatisant toute infidélité des chrétiens à l'égard du
Souverain Pontife, voici en quels termes il interpelle les cardinaux italiens
quand le Siège Apostolique a quitté Rome : " Quelle honte pour nous aussi
qui croyons au même Père et Fils, au même Dieu et homme, à la même Mère et
Vierge ; nous pour qui et pour le salut de qui Pierre s'est entendu dire, après
avoir eu à répondre trois fois de son amour : Pierre, sois le pasteur du
troupeau sacrosaint. Quelle honte pour Rome qui, après avoir fêté tant de
triomphateurs, s'est vu confirmer en parole et en acte par le Christ l'empire
du monde ; Rome, que Pierre et Paul, l'apôtre des nations, ont consacrée Siège
Apostolique en l'arrosant de leur propre sang ; Rome, dont, à la suite de
Jérémie, nous lamentant pour les contemporains et non pour la postérité, il
nous faut pleurer la viduité et l'abandon. Quelle honte ! aussi affreuse, hélas
! que le spectacle du lamentable déchirement des hérésies. " (5)
Aussi appelle-t-il l'Église romaine " la Mère très tendre ou l'Epouse du Crucifié " ; Pierre, il le proclame le juge infaillible de la vérité divinement révélée, auquel tous sont obligés de se soumettre avec la plus entière docilité en tout ce qu'on doit croire ou pratiquer pour assurer son salut éternel. C'est pourquoi, encore qu'il professe que la dignité de l'empereur vienne directement de Dieu, cette " vérité ", dit-il, " ne doit pas se prendre dans un sens si absolu que le Prince Romain n'ait pas sur tel ou tel point à se soumettre au Pontife Romain, étant donné que la prospérité mortelle d'ici-bas est en quelque sorte ordonnée au bonheur éternel " (6).
Principe excellent et plein de sagesse, qui, s'il est
fidèlement observé, même aujourd'hui, ne manque pas de produire pour les États
les plus abondants fruits de prospérité.
Il est vrai, Dante a des invectives extrêmement sévères et offensantes contre des Papes de son temps ; mais il visait ceux dont il ne partageait point les vues politiques et qui étaient, pensait-il, de connivence avec le parti qui l'avait exilé de son foyer et de sa patrie.
Mais on doit pardonner à un homme ballotté par un tel
flot d'infortunes, si de son cœur ulcéré il laissa échapper quelque jugement
qui semble avoir dépassé la mesure ; il est d'autant plus excusable qu'il n'est
pas douteux que des esprits portés, comme il arrive fréquemment, à tout
interpréter en mal chez leurs adversaires, aient alimenté sa colère de leurs
calomnies.
Et puis, l'humaine faiblesse permettant que "
même aux âmes saintes il s'attache nécessairement quelque chose de la poussière
du monde " (7), qui niera qu'à cette époque certains membres du clergé
aient eu une conduite peu édifiante, bien propre à plonger dans l'amertume et
le chagrin ce cœur si dévoué à l'Église, puisque nous savons qu'elle souleva
les plaintes sévères d'hommes éminents par la sainteté de leur vie en tout cas,
quelques abus qu'à raison ou à tort son indignation ait dénoncés et stigmatisés
chez les clercs, jamais il ne se permit de rien retrancher des égards dus à
l'Église ni de la " vénération due aux " Clés souveraines " ;
aussi résolut-il de défendre ses idées personnelles en politique " sans se
départir du respect qu'un bon fils doit à son père, un bon fils à sa mère, un
bon fils au Christ, un bon fils à l'Église, un bon fils au Pasteur, un bon fils
à tous ceux qui professent la religion chrétienne pour la défense de la vérité
" (8).
Sauvegarder les droits souverains de Dieu et de
l'Église dans le gouvernement des États. Puisque Dante a, pour ainsi dire,
assis tout l'édifice de son poème sur le fondement de la religion, il n'est pas
étonnant qu'on y trouve comme une mine précieuse d'enseignement catholique, la
quintessence de la philosophie et de la théologie chrétienne, comme aussi la
synthèse des lois divines sur le gouvernement et l'administration des États.
Même pour justifier l'agrandissement de son pays ou pour flatter les princes,
l'Alighieri n'était pas homme à déclarer que l'Etat puisse méconnaître la
justice et les droits de Dieu, car il savait parfaitement que le maintien de
ces droits est le premier et le plus sûr fondement de la cité.
UTILITÉ ACTUELLE DE L'Œ UVRE DE DANTE
Son efficacité apologétique
Par suite, si l'œuvre poétique de Dante nous ménage
d'exquises jouissances par sa perfection, elle n'est pas moins riche en féconds
enseignements pour l'initiation artistique et pour la formation à la vertu ; à
condition, toutefois, que l'esprit qui l'aborde se dépouille de tous préjugés
et ne s'inspire que de l'amour de la vérité. Si l'on compte bon nombre
d'excellents poètes catholiques qui remportent, comme l'on dit, tous les
suffrages en joignant l'utile à l'agréable, que dire de Dante ? S'il captive
par une extraordinaire variété d'images, l'éclat des couleurs, la puissance de
la pensée et du style, il use de ce charme pour amener le lecteur à l'amour de
la vérité chrétienne ; au reste, comme chacun sait, Dante a déclaré ouvertement
qu'il se proposait, en composant ce poème, de fournir à tous les esprits comme
un aliment de vie. C'est ainsi que, sans remonter bien haut, nous savons
quelques âmes, éloignées du Christ sans l'avoir toutefois renié, qui, alors
qu'elles avaient principalement en vue de lire et d'étudier l'œuvre de Dante,
ont d'abord, par un effet de la grâce divine, contemplé avec admiration la
vérité de la foi catholique pour entrer ensuite avec allégresse dans le sein de
l'Église. - Nous en avons dit assez pour montrer que l'élite des chrétiens a le
devoir, à l'occasion de ce centenaire, de resserrer les liens qui l'unissent à
la foi, protectrice des arts, puisque, si la vertu de foi a jamais brillé d'un
grand éclat, c'est bien chez Alighieri. Ce qui, chez ce poète, force
l'admiration, ce n'est pas seulement la puissance de son génie, mais encore la
grandeur comme infinie du thème que la religion divine a fourni à son chant ;
l'esprit si pénétrant que lui avait donné la nature s'affina longuement par
l'étude approfondie des œuvres de l'antiquité, mais trouva plus d'acuité
encore, comme Nous le disions, au contact des écrits des Docteurs et des Pères
de l'Église ; c'est là ce qui ouvrit au vol de sa pensée un champ bien plus
vaste et plus élevé que s'il se fût cantonné dans les limites toujours étroites
de la nature. Voilà pourquoi Dante, séparé de nous par tant de siècles, semble
être presque notre contemporain ou, au moins, bien plus rapproché de nous que
tels chantres actuels de cette antiquité que le Christ a éclipsée par son
triomphe sur la Croix. Chez l'Alighieri et chez nous, mêmes aspirations de
piété, mêmes sentiments religieux, mêmes voiles revêtant " la vérité qui
nous est venue du ciel pour nous élever à de si sublimes hauteurs ". La
plus belle louange qu'on puisse lui décerner, c'est d'avoir été un poète
chrétien, c'est-à-dire d'avoir trouvé des accents comme divins pour chanter les
institutions chrétiennes, dont il contemplait de toute son âme la beauté et la
splendeur, qu'il comprenait merveilleusement et qui étaient sa vie. Ceux qui
osent lui refuser cet éloge et ne voient dans la trame religieuse de la Divine
Comédie qu'un roman d'imagination, sans fond de vérité, ravissent
incontestablement à notre poète son plus beau laurier et ce qui fonde ses
autres titres de gloire.
L'étude de Dante est un remède au naturalisme de
l'éducation actuelle.
Dès lors, si Dante est redevable à la foi catholique
pour une si grande part de sa gloire et de sa grandeur, ce seul exemple suffit,
sans parler du reste, à prouver que, loin de lui alourdir les ailes, l'hommage
de l'esprit et du cœur à Dieu développe et enflamme le génie. On peut en
conclure encore que ceux-là travaillent bien mal au progrès des études et de la
culture qui refusent à la religion toute intervention dans la formation de la
jeunesse. C'est, en effet, un fait déplorable : les méthodes officielles d'éducation
de la jeunesse sont d'ordinaire conçues comme si l'homme n'avait aucun compte à
tenir de Dieu, non plus que de toutes les réalités souverainement importantes
du monde surnaturel. Là même où " le poème sacré " est admis dans les
écoles publiques, dans les établissements où il est mis au nombre des ouvrages
faisant l'objet d'études plus approfondies, les jeunes gens qu'une méthode
défectueuse rend plus ou moins indifférents aux choses de la foi divine n'y
puisent presque jamais l'aliment vital qu'il est appelé à produire.
Puissent les fêtes de ce centenaire avoir ce résultat
d'assurer à Dante, partout où l'on se consacre à l'éducation littéraire de la
jeunesse, l'honneur qu'il mérite et d'en faire pour les étudiants un maître de
doctrine chrétienne, lui qui n'eut en vue, en composant son poème, que "
d'arracher les mortels d'ici-bas à leur condition misérable ", celle du
péché, " pour les conduire à l'état du bonheur ", celui de la divine
grâce (9).
Quant à vous, chers Fils, qui avez la joie de vous
livrer, sous la direction de l'Église, à l'étude des lettres et des beaux-arts,
continuez, comme vous le faites déjà, à entourer d'un culte fervent ce poète,
que Nous n'hésitons pas à proclamer le plus éloquent des panégyristes et des
hérauts de la doctrine chrétienne. A mesure que vous l'aimerez davantage,
le rayonnement de la vérité transfigurera plus profondément vos âmes, et vous
demeurerez des serviteurs plus fidèles et plus dévoués de notre foi.
Comme gage des divines faveurs et en témoignage de Notre
paternelle bienveillance, Nous vous accordons à tous, chers Fils, et de tout
cœur, la Bénédiction apostolique.
Donné à Rome, près Saint-Pierre, le 30 avril 1921, en
la septième année de Notre Pontificat.
BENEDICTUS PP. XV
Notes
(*) BENEDICTUS PP. XV, Litterae encyclicae In
praeclara summorum, saeculo sexto exeunte ab obitu Dantis Aligherii [Dilectis
filiis doctoribus et alumniis litterarum artiumque optimarum orbis catholici],
30 aprilis 1921 : AAS 13(1921) 209-217 ; traduction française, titres
et sous-titres de la Documentation
Catholique : DC 5(I-1921) 514-517.
(1) De Monarchia, III, 4.
(2) De Monarchia, III, 3, 16.
(3) Convivio, II, 9.
(4) De Monarchia, III, 3.
(5) Epist. VIII.
(6) De Monarchia, III, 16.
(7) S. LÉON LE GRAND, Sermon 29
(Ballerini-Migne : 42), 4 de Quadr. 1 : PL 54, 275
et SC 49, 43.
(8) De Monarchia, III, 3.
(9) Epist. X, § 15.
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Statue of Pope Benedict XV in the courtyard of St. Esprit Cathedral, Istanbul. It was erected by the solidly Moslem country of Turkey to commemorate Benedict's solicitude toward their people during World War I. The document in his left hand is a listing of names who, in their anguish, made claim on his universal fatherhood. Benedict established the office for prisoners of war, a charitable apostolate to put prisoners in communication with their loved ones at a time when there was no other international organization which could pierce the curtains of hostility. The statue was made by the Italian sculptor, Enrico Quattrini. The inscription reads:
Among the many celebrated geniuses of whom the
Catholic faith can boast who have left undying fruits in literature and art
especially, besides other fields of learning, and to whom civilization and religion
are ever in debt, highest stands the name of Dante Alighieri, the sixth
centenary of whose death will soon be recorded. Never perhaps has his supreme
position been recognized as it is today. Not only Italy, justly proud of having
given him birth, but all the civil nations are preparing with special
committees of learned men to celebrate his memory that the whole world may pay
honour to that noble figure, pride and glory of humanity.
2. And surely we cannot be absent from this universal
consensus of good men; rather should We take the lead in it as the Church has
special right to call Alighieri hers.
3. So, just as at the beginning of Our Pontificate by
a Letter to the Archbishop of Ravenna We promoted the restoration of the temple
where the ashes of the poet lie, so now, to initiate the cycle of the centenary
celebrations, it has seemed most opportune to Us to speak to you all, beloved
children, who cultivate letters under the maternal vigilance of the Church, to
show even more clearly than before the intimate union of Dante with this Chair
of Peter, and how the praises showered on that distinguished name necessarily
redound in no small measure to the honour of the Catholic Church.
4. And first of all, inasmuch as the divine poet
throughout his whole life professed in exemplary manner the Catholic religion,
he would surely desire that this solemn commemoration should take place, as
indeed will be the case, under the auspices of religion, and if it is carried
out in San Francesco in Ravenna it should begin in San Giovanni in Florence to
which his thoughts turned during the last years of his life with the desire of
being crowned poet at the very font where he had received Baptism. Dante lived
in an age which inherited the most glorious fruits of philosophical and
theological teaching and thought, and handed them on to the succeeding ages
with the imprint of the strict scholastic method. Amid the various currents of
thought diffused then too among learned men Dante ranged himself as disciple of
that Prince of the school so distinguished for angelic temper of intellect,
Saint Thomas Aquinas. From him he gained nearly all his philosophical and
theological knowledge, and while he did not neglect any branch of human
learning, at the same time he drank deeply at the founts of Sacred Scripture
and the Fathers. Thus he learned almost all that could be known in his time,
and nourished specially by Christian knowledge, it was on that field of
religion he drew when he set himself to treat in verse of things so vast and deep.
So that while we admire the greatness and keenness of his genius, we have to
recognize, too, the measure in which he drew inspiration from the Divine Faith
by means of which he could beautify his immortal poems with all the lights of
revealed truths as well as with the splendours of art. Indeed,
his Commedia, which deservedly earned the title of Divina, while it
uses various symbolic images and records the lives of mortals on earth, has for
its true aim the glorification of the justice and providence of God who rules
the world through time and all eternity and punishes and rewards the actions of
individuals and human society. It is thus that, according to the Divine
Revelation, in this poem shines out the majesty of God One and Three, the
Redemption of the human race operated by the Word of God made Man, the supreme
loving-kindness and charity of Mary, Virgin and Mother, Queen of Heaven, and
lastly the glory on high of Angels, Saints and men; then the terrible contrast
to this, the pains of the impious in Hell; then the middle world, so to speak,
between Heaven and Hell, Purgatory, the Ladder of souls destined after
expiation to supreme beatitude. It is indeed marvellous how he was able to
weave into all three poems these three dogmas with truly wrought design. If the
progress of science showed later that that conception of the world rested on no
sure foundation, that the spheres imagined by our ancestors did not exist, that
nature, the number and course of the planets and stars, are not indeed as they
were then thought to be, still the fundamental principle remained that the
universe, whatever be the order that sustains it in its parts, is the work of
the creating and preserving sign of Omnipotent God, who moves and governs all,
and whose glory risplende in una parte piu e meno altrove; and though this
earth on which we live may not be the centre of the universe as at one time was
thought, it was the scene of the original happiness of our first ancestors,
witness of their unhappy fall, as too of the Redemption of mankind through the
Passion and Death of Jesus Christ. Therefore the divine poet depicted the
triple life of souls as he imagined it in a such way as to illuminate with the
light of the true doctrine of the faith the condemnation of the impious, the purgation
of the good spirits and the eternal happiness of the blessed before the final
judgment.
5. But among the truths that shine out in the triple
poem of Alighieri as in his other works We think that these things may serve as
teaching for men of our times. That Christians should pay highest reverence to
the Sacred Scripture and accept what it contains with perfect docility he
proclaims when he says that "Though many are the writers of the Divine
Word nevertheless there is but one Dictator, God, Who has deigned to show us
His goodwill through the pens of many" (Mon. III, 4). Glorious expression
of a great truth. Again, when he says that "The Old and the New Testament,
prescribed for eternity, as the Prophet says, contain 'spiritual teachings transcending
human reason,' given 'by the Holy Ghost who by means of the Prophets and sacred
writings, through Jesus Christ coeternal Son of God and through His disciples
revealed the supernatural truth necessary for us"' (Mon. III, 3, 16). And
therefore regarding the life to come "It is assured by the true doctrine
of Christ who is the Way, the Truth and the Life: the Way because by that way
we advance without hindrance to the happiness of that immortality; the Truth
because He is free from all error; the Light because He enlightens us in the
darkness of ignorance of this world" (Conv. II, 9). And no less reverence
he pays to "those venerable Great Councils the presence of Christ in which
no one of the faithful doubts"; and great is his esteem for "writings
of the Doctors, Augustine and the others, and if any one doubt that they were
aided by the Holy Ghost either he has not seen their fruits or if he has seen
he has not tasted" (Mon. III, 3).
6. No need to recall Alighieri's great reverence for
the authority of the Catholic Church, the account in which he holds the power
of the Roman Pontiff as the base of every law and institution of that Church.
Hence the outspoken warning to Christians: You have the Old and the New
Testament: the Pastor of the Church as Guide; Let that suffice for your
salvation. He felt the troubles of the Church as his own, and while he deplored
and condemned all rebellion against its Supreme Head he wrote as follows to the
Italian Cardinals during the stay at Avignon: "To us who confess the same
Father and Son, the same God and Man, the same Mother and Virgin; to us for
whom and for whose salvation the message was given, after the triple Lovest
thou Me? Feed My sacred sheepfold; to us, driven to mourn with Jeremias - but
not over things to come but over things that are - for Rome - that Rome on
which Christ, after all the old pomp and triumph, confirmed by word and work
the empire of the world, and which Peter, too, and Paul the Apostle of the
Nations consecrated with their very blood as Apostolic See - now widowed and
desolate; to us it is as terrible grief to see this as to see the tragedy of
heresy" (Epist. VIII). For him the Roman Church is The Most Holy Mother,
Bride of Him Crucified and to Peter, infallible judge of revealed truths, is owing
perfect submission in matters of faith and morals. Hence, however much he may
hold that the dignity of the Emperor is derived immediately from God, still he
asserts that this truth "must not be understood so strictly as to mean
that the Roman Prince is not subject to the Roman Pontiff in anything, because
this mortal happiness is subjected in certain measure to immortal
happiness" (Mon. III, 16). Excellent and wise principle indeed which, if
it were observed today as it ought to be, would bring to States abundant fruits
of civil prosperity. But, it will be said, he inveighs with terrible bitterness
against the Supreme Pontiffs of his times. True; but it was against those who
differed from him in politics and he thought were on the side of those who had
driven him from his country. One can feel for a man so beaten down by fortune,
if with lacerated mind he breaks out sometimes into words of excessive blame,
the more so that, to increase his feeling, false statements were being made by
his political enemies ready, as always happens, to give an evil interpretation
to everything. And indeed, since, through mortal infirmity, "by worldly
dust even religious hearts must needs be soiled" (St. Leo M. S. IV de
Quadrag), it cannot be denied that at that time there were matters on which the
clergy might be reproved, and a mind as devoted to the Church as was that of
Dante could not but feel disgust while we know, too, that reproof came also
from men of conspicuous holiness. But, however he might inveigh, rightly or
wrongly, against ecclesiastical personages, never did he fail in respect due to
the Church and reverence for the "Supreme Keys"; and on the political
side he laid down as rule for his views "the reverence which a good son
should show towards his father, a dutiful son to his mother, to Christ, to the
Church, to the Supreme Pastor, to all who profess the Christian religion, for
the safeguarding of truth" (Mon. III, 3).
7. Thus, as he based the whole structure of his poem
on these sound religious principles, no wonder that we find in it a treasure of
Catholic teaching; not only, that is, essence of Christian philosophy and
theology, but the compendium of the divine laws which should govern the
constitution and administration of States; for Dante Alighieri was not a man to
maintain, for the purpose of giving greater glory to country or pleasure to
ruler, that the State may neglect justice and right which he knew well to be
the main foundation of civil nations.
8. Wonderful, therefore, is the intellectual enjoyment
that we gain from the study of the great poet, and no less the profit for the
student making more perfect his artistic taste and more keen his zeal for
virtue, as long as he keeps his mind free from prejudice and open to accept
truth. Indeed, while there is no lack of great Catholic poets who combine the
useful with the enjoyable, Dante has the singular merit that while he
fascinates the reader with wonderful variety of pictures, with marvellously
lifelike colouring, with supreme expression and thought, he draws him also to
the love of Christian knowledge, and all know how he said openly that he
composed his poem to bring to all "vital nourishment." And we know
now too how, through God's grace, even in recent times, many who were far from,
though not averse to Jesus Christ, and studied with affection the Divina
Commedia, began by admiring the truths of the Catholic Faith and finished by
throwing themselves with enthusiasm into the arms of the Church.
9. What We have said above suffices to show how
opportune it is that on the occasion of this world centenary each should
intensify his zeal for the preservation of that Faith shown by Dante
pre-eminently as support of learning and the arts. For We admire in him not
only supreme height of genius but also the immensity of the subject which holy
religion put to his hand. If his genius was refined by meditation and long
study of the great classics it was tempered even more gloriously, as We have
said, by the writings of the Doctors and the Fathers which gave him the wings
on which to rise to a higher atmosphere than that of restricted nature. And
thus it comes that, though he is separated from us by centuries, he has still
the freshness of a poet of our times: certainly more modern than some of those
of recent days who have exhumed the Paganism banished forever by Christ's
triumph on the Cross. There breathes in Alighieri the piety that we too feel;
the Faith has the same meaning for us; it is covered with the same veil,
"the truth given to us from on high, by which we are lifted so high."
That is his great glory, to be the Christian poet, to have sung with Divine
accents those Christian ideals which he so passionately loved in all the
splendour of their beauty, feeling them intimately and making them his life.
Such as dare to deny to Dante this award and reduce all the religious content
of the Divina Commedia to a vague ideology without basis of truth fail to see
the real characteristic of the poet, the foundation of all his other merits.
10. If then Dante owes so great part of his fame and
greatness to the Catholic Faith, let that one example, to say nothing of
others, suffice to show the falseness of the assertion that obedience of mind
and heart to God is a hindrance to genius, whereas indeed it incites and
elevates it. Let it show also the harm done to the cause of learning and
civilization by such as desire to banish all idea of religion from public
instruction. Deplorable indeed is the system prevalent today of educating young
students as if God did not exist and without the least reference to the
supernatural. In some places the "sacred poem" is not kept outside
the schools, is indeed numbered among the books to be studied specially; but it
does not bring to the young students that "vital nourishment" which
it should do because through the principle of the "lay school" they
are not disposed towards the truths of the Faith as they should be. Heaven
grant that this may be the fruit of the Dante Centenary: that wherever literary
instruction is given the great poet may be held in due honour and that he
himself may be for the pupils the teacher of Christian doctrine, he whose one
purpose in his poem was "to raise mortals from the state of misery,"
that is from the state of sin, "and lead them to the state of happiness,"
that is of divine grace (Epist. III, para. 15).
11. And you, beloved children, whose lot it is to
promote learning under the magisterium of the Church, continue as you are doing
to love and tend the noble poet whom We do not hesitate to call the most
eloquent singer of the Christian idea. The more profit you draw from study of
him the higher will be your culture, irradiated by the splendours of truth, and
the stronger and more spontaneous your devotion to the Catholic Faith.
As pledge of celestial favours and witness of Our
paternal benevolence we impart to you, beloved children, with all Our heart,
the Apostolic benediction.
Given at Rome at St. Peter's, April 30, 1921, the seventh year of Our Pontificate.
BENEDICT XV
© Copyright - Libreria Editrice Vaticana
Domenico di Michelino (1417–1491,
d’après Alesso Baldovinetti (1425–1499.
La Divina Commedia di Dante, 1465, 232 x 290, Florence Cathedral
Diletti figli, salute e Apostolica Benedizione.
Nella illustre schiera dei grandi personaggi, che con
la loro fama e la loro gloria hanno onorato il cattolicesimo in tanti settori
ma specialmente nelle lettere e nelle belle arti, lasciando immortali frutti
del loro ingegno e rendendosi altamente benemeriti della civiltà e della
Chiesa, occupa un posto assolutamente particolare Dante Alighieri, della cui
morte si celebrerà tra poco il sesto centenario. Mai, forse, come oggi fu posta
in tanta luce la singolare grandezza di questo uomo, mentre non solo l’Italia,
giustamente orgogliosa di avergli dato i natali, ma tutte le nazioni civili,
per mezzo di appositi comitati di dotti, si accingono a solennizzarne la
memoria, affinché questo eccelso genio, che è vanto e decoro dell’umanità, venga
onorato dal mondo intero.
Noi pertanto, in questo magnifico coro di tanti buoni,
non dobbiamo assolutamente mancare, ma presiedervi piuttosto, spettando
soprattutto alla Chiesa, che gli fu madre, il diritto di chiamare suo
l’Alighieri.
Quindi, come al principio del Nostro Pontificato, con
una lettera diretta all’Arcivescovo di Ravenna, Ci siamo fatti promotori dei
restauri del tempio presso cui riposano le ceneri dell’Alighieri, così ora,
quasi ad iniziare il ciclo delle feste centenarie, Ci è parso opportuno
rivolgere la parola a voi tutti, diletti figli, che coltivate le lettere sotto
la materna vigilanza della Chiesa, per dimostrare ancor meglio l’intima unione
di Dante con questa Cattedra di Pietro, e come le lodi tributate a così eccelso
nome ridondino necessariamente in non piccola parte ad onore della fede
cattolica.
In primo luogo, poiché il nostro Poeta durante
l’intera sua vita professò in modo esemplare la religione cattolica, si può
dire consentaneo ai suoi voti che questa commemorazione solenne si faccia, come
si farà, sotto gli auspici della religione; e che se essa avrà compimento in
San Francesco di Ravenna, s’inizi però a Firenze, in quel suo bellissimo San
Giovanni, a cui negli ultimi anni di sua vita egli, esule, con intensa nostalgia
ripensava, bramando e sospirando di essere incoronato poeta sul fonte stesso
dove, bambino, era stato battezzato.
Nato in un’epoca nella quale fiorivano gli studi
filosofici e teologici per merito dei dottori scolastici, che raccoglievano le
migliori opere degli antichi e le tramandavano ai posteri dopo averle
illustrate secondo il loro metodo, Dante, in mezzo alle varie correnti del
pensiero, si fece discepolo del principe della Scolastica Tommaso d’Aquino; e
dalla sua mente di tempra angelica attinse quasi tutte le sue cognizioni
filosofiche e teologiche, mentre non trascurava nessun ramo dell’umano sapere e
beveva largamente alle fonti della Sacra Scrittura e dei Padri. Appreso così
quasi tutto lo scibile, e nutrito specialmente di sapienza cristiana, quando si
accinse a scrivere, dallo stesso mondo della religione egli trasse motivo per
trattare in versi una materia immensa e di sommo respiro.
In questa vicenda si deve ammirare la prodigiosa
vastità ed acutezza del suo ingegno, ma si deve anche riconoscere che ben
poderoso slancio d’ispirazione egli trasse dalla fede divina, e che quindi poté
abbellire il suo immortale poema della multiforme luce delle verità rivelate da
Dio, non meno che di tutti gli splendori dell’arte.
Infatti tutta la sua Commedia, che meritatamente ebbe
il titolo di divina, pur nelle varie finzioni simboliche e nei ricordi della
vita dei mortali sulla terra, ad altro fine non mira se non a glorificare la
giustizia e la provvidenza di Dio, che governa il mondo nel tempo e
nell’eternità, premia e punisce gli uomini, sia individualmente, sia nelle
comunità, secondo le loro responsabilità. Quindi in questo poema, conformemente
alla rivelazione divina, risplendono la maestà di Dio Uno e Trino, la
Redenzione del genere umano operata dal Verbo di Dio fatto uomo, la somma
benignità e liberalità di Maria Vergine Madre, Regina del Cielo, e la superna
gloria dei santi, degli angeli e degli uomini. Ad esso si contrappone la dimora
delle anime che, una volta consumato il periodo di espiazione previsto per i
peccatori, vedono aprirsi il cielo davanti a loro. Ed emerge che una
sapientissima mente governa in tutto il poema l’esposizione di questi e di
altri dogmi cattolici.
Se il progresso delle scienze astronomiche dimostrò
poi che non aveva fondamento quella concezione del mondo, e che non esistono le
sfere supposte dagli antichi, trovando che la natura, il numero e il corso
degli astri e dei pianeti sono assolutamente diversi da quanto quelli ne
pensavano, non venne meno però il principio fondamentale, che l’universo,
qualunque sia l’ordine che lo sostiene nelle sue parti, è opera del cenno
creatore e conservatore di Dio onnipotente, il quale tutto muove, e la cui
gloria risplende in una parte più, e meno altrove; questa terra che noi
abitiamo, quantunque non sia il centro dell’universo, come un tempo si credeva,
tuttavia è sempre stata la sede della felicità dei nostri progenitori, e
testimone in seguito della loro miserrima caduta, che segnò per essi la perdita
di quella felice condizione che fu poi restituita dal sangue di Gesù Cristo,
eterna salvezza degli uomini. Perciò Dante, che aveva costruito nel proprio
pensiero la triplice condizione delle anime, immaginando prima del giudizio
finale sia la dannazione dei reprobi, sia l’espiazione delle anime pie, sia la
felicità dei beati, deve essere stato ispirato dalla luce della fede.
In verità Noi riteniamo che gl’insegnamenti lasciatici
da Dante in tutte le sue opere, ma specialmente nel suo triplice carme, possano
servire quale validissima guida per gli uomini del nostro tempo. Innanzi tutto
i cristiani debbono somma riverenza alla Sacra Scrittura e accettare con
assoluta docilità quanto essa contiene. In ciò l’Alighieri è esplicito:
« Sebbene gli scrivani della divina parola siano molti, tuttavia il solo
che detta è Dio, il quale si è degnato di esprimerci il suo messaggio di bontà
attraverso le penne di molti » [1]. Espressione splendida e assolutamente
vera! E così pure la seguente: « Il Vecchio e il Nuovo Testamento, emessi
per l’eternità, come dice il Profeta » contengono « insegnamenti
spirituali che trascendono la ragione umana », impartiti « dallo Spirito
Santo, il quale attraverso i Profeti, gli Scrittori di cose sacre, nonché
attraverso Gesù Cristo, coeterno Figlio di Dio, e i suoi discepoli rivelò la
verità soprannaturale e a noi necessaria » [2]. Pertanto Dante dice giustamente che da
quell’eternità che verrà dopo il corso della vita mortale « noi traiamo la
certezza che viene dall’infallibile dottrina di Cristo, la quale è Via, Verità
e Luce: Via, perché attraverso essa giungiamo senza ostacoli alla beatitudine
eterna; Verità, perché essa è priva di qualsiasi errore; Luce, perché ci
illumina nelle tenebre terrene dell’ignoranza » [3]. Egli onora di non minore rispetto «
quei venerandi Concìli principali, ai quali tutti i fedeli credono senza alcun
dubbio che Cristo abbia partecipato ». Oltre a questi, Dante tiene in grande
stima « le scritture dei dottori, di Agostino e di altri ». In
proposito, egli dice: « Chi dubita che essi siano stati aiutati dallo
Spirito Santo, o non ha assolutamente visto i loro frutti o, se li ha visti,
non li ha mai gustati » [4].
Per la verità, l’Alighieri ha una straordinaria
deferenza per l’autorità della Chiesa Cattolica e per il potere del Romano
Pontefice, tanto che a suo parere sono valide tutte le leggi e tutte le
istituzioni della Chicaa che dallo stesso sono state disposte. Da qui
quell’energica ammonizione ai cristiani: dal momento che essi hanno i due
Testamenti, e contemporaneamente il Pastore della Chiesa dal quale sono
guidati, si ritengano soddisfatti di questi mezzi di salvezza. Perciò, afflitto
dai mali della Chiesa come fossero suoi, mentre deplora e stigmatizza ogni ribellione
dei cristiani al Sommo Pontefice dopo il trasferimento dell’Apostolica Sede da
Roma [ad Avignone], così scrive ai Cardinali Italiani: « Noi, dunque, che
confessiamo il medesimo Padre e Figliuolo: il medesimo Dio e uomo, e la
medesima Madre e Vergine; noi, per i quali e per la salvezza dei quali fu detto
a colui che era stato interrogato tre volte a proposito della carità: “ Pasci,
o Pietro, il sacrosanto ovile ”; noi che di Roma (cui, dopo le pompe di tanti
trionfi, Cristo con le parole e con le opere confermò l’imperio sul mondo, e
che Pietro ancora e Paolo, l’Apostolo delle genti, consacrarono quale Sede
Apostolica col proprio sangue), siamo costretti con Geremia, facendo lamenti
non per i futuri ma per i presenti, a piangere dolorosamente, di essa, quale
vedova e derelitta; noi siamo affranti nel vedere lei così ridotta, non meno
che il vedere la piaga deplorevole delle eresie » [5].
Dunque egli definisce la Chiesa Romana quale
« Madre piissima » o « Sposa del Crocifisso », e Pietro
quale giudice infallibile della verità rivelata da Dio, cui è dovuta da tutti
assoluta sottomissione in materia di fede e di comportamento ai fini della
salvezza eterna. Pertanto, quantunque ritenga che la dignità dell’Imperatore
venga direttamente da Dio, tuttavia egli dichiara che « questa verità non
va intesa così strettamente che il Principe Romano non si sottometta in qualche
caso al Pontefice Romano, in quanto la felicità terrena e in un certo modo
subordinata alla felicità eterna » [6]. Principio davvero ottimo è sapiente,
che se fosse fedelmente osservato anche oggi recherebbe certamente copiosi
frutti di prosperità agli Stati.
Ma, si dirà, egli inveì con oltraggiosa acrimonia
contro i Sommi Pontefici del suo tempo. È vero; ma contro quelli che
dissentivano da lui nella politica e che egli credeva stessero dalla parte di
coloro che lo avevano cacciato dalla patria. Tuttavia si deve pur compatire un
uomo, tanto sbattuto dalla fortuna, se con animo esulcerato irruppe talvolta in
invettive che passavano il segno, tanto più che ad esasperarlo nella sua ira
non furono certo estranee le false notizie propalate, come suole accadere, da
avversari politici sempre propensi ad interpretare tutto malignamente. Del
resto, poiché la debolezza è propria degli uomini, e « nemmeno le anime
pie possono evitare di essere insudiciate dalla polvere del mondo » [7], chi potrebbe negare che in quel tempo
vi fossero delle cose da rimproverare al clero, per cui un animo così devoto
alla Chiesa, come quello di Dante, ne doveva essere assai disgustato, quando
sappiamo che anche uomini insigni per santità allora le riprovarono
severamente?
Tuttavia, per quanto si scagliasse nelle sue invettive
veementi, a ragione o a torto, contro persone ecclesiastiche, però non venne
mai meno in lui il rispetto dovuto alla Chiesa e la riverenza alle Somme
Chiavi; per cui nella sua opera politica intese difendere la propria opinione
« con quell’ossequio che deve usare un figlio pio verso il proprio padre,
pio verso la madre, pio verso Cristo, pio verso la Chiesa, pio verso il
Pastore, pio verso tutti coloro che professano la religione Cristiana, per la
tutela della verità » [8].
Pertanto, avendo egli basato su questi saldi principi
religiosi tutta la struttura del suo poema, non stupisce se in esso si
riscontra un vero tesoro di dottrina cattolica; cioè non solo il succo della
filosofia e della teologia cristiana, ma anche il compendio delle leggi divine
che devono presiedere all’ordinamento ed all’amministrazione degli Stati;
infatti l’Alighieri non era uomo che per ingrandire la patria o compiacere ai
prìncipi potesse sostenere che lo Stato può misconoscere la giustizia e i
diritti di Dio, perché egli sapeva perfettamente che il mantenimento di questi
diritti è il principale fondamento delle nazioni.
Indicibile, dunque, è il godimento che procura l’opera
del Poeta; ma non minore è il profitto che lo studioso ne ricava, perfezionando
il suo gusto artistico ed accendendosi di zelo per la virtù, a condizione però
che egli sia spoglio di pregiudizi, ed aperto alla verità. Anzi, mentre non è
scarso il numero dei grandi poeti cattolici che uniscono l’utile al
dilettevole, in Dante è singolare il fatto che, affascinando il lettore con la
varietà delle immagini, con la vivezza dei colori, con la grandiosità delle
espressioni e dei pensieri, lo trascina all’amore della cristiana sapienza; né
alcuno ignora che egli apertamente dichiara di aver composto il suo poema per
apprestare a tutti vitale nutrimento. Infatti sappiamo che alcuni, anche
recentemente, lontani sì, ma non avversi a Cristo, studiando con amore la
Divina Commedia, per divina grazia, prima cominciarono ad ammirare la verità
della fede cattolica e poi finirono col gettarsi entusiasti tra le braccia
della Chiesa.
Quanto abbiamo esposto fino ad ora è sufficiente per
dimostrare quanto sia opportuno che, in occasione di questo centenario che
interessa tutto il mondo cattolico, ciascuno alimenti il suo zelo per
conservare quella fede che sì luminosamente si rivelò, se in altri mai,
nell’Alighieri, quale fautrice della cultura e dell’arte. Infatti, in lui non
va soltanto ammirata l’altezza somma dell’ingegno, ma anche la vastità
dell’argomento che la religione divina offerse al suo canto. Se la natura gli
aveva fornito un ingegno tanto acuto, affinato nel lungo studio dei capolavori
degli antichi classici, maggiore acutezza egli trasse, come abbiamo detto,
dagli scritti dei Dottori e dei Padri della Chiesa, che consentirono al suo pensiero
di elevarsi e di spaziare in orizzonti ben più vasti di quelli racchiusi nei
limiti ristretti della natura. Perciò egli, quantunque separato da noi da un
intervallo di secoli, conserva ancora la freschezza di un poeta dell’età
nostra; e certamente è assai più moderno di certi vati recenti, esumatori di
quell’antichità che fu spazzata via da Cristo, trionfante sulla Croce. Spira
nell’Alighieri la stessa pietà che è in noi; la sua fede ha gli stessi
sentimenti, e degli stessi veli si riveste « la verità a noi venuta dal
cielo e che tanto ci sublima ». Questo è il suo elogio principale: di
essere un poeta cristiano e di aver cantato con accenti quasi divini gli ideali
cristiani dei quali contemplava con tutta l’anima la bellezza e lo splendore,
comprendendoli mirabilmente e dei quali egli stesso viveva. Conseguentemente,
coloro che osano negare a Dante tale merito e riducono tutta la sostanza
religiosa della Divina Commedia ad una vaga ideologia che non ha base di
verità, misconoscono certo nel Poeta ciò che è caratteristico e fondamento di
tutti gli altri suoi pregi.
Dunque, se Dante deve alla fede cattolica tanta parte
della sua fama e della sua grandezza, valga solo questo esempio, per tacere gli
altri, a dimostrare quanto sia falso che l’ossequio della mente e del cuore a
Dio tarpi le ali dell’ingegno, mentre lo sprona e lo innalza; e quanto male
rechino al progresso della cultura e della civiltà coloro che vogliono bandita
dall’istruzione ogni idea di religione. È, infatti, assai deplorevole il sistema
ufficiale odierno di educare la gioventù studiosa come se Dio non esistesse e
senza la minima allusione al soprannaturale. Poiché sebbene in qualche luogo il
« poema sacro » non sia tenuto lontano dalle scuole pubbliche e sia anzi
annoverato fra i libri che devono essere più studiati, esso però non suole per
lo più recare ai giovani quel vitale nutrimento che è destinato a produrre, in
quanto essi, per l’indirizzo difettoso degli studi, non sono disposti verso la
verità della fede come sarebbe necessario.
Volesse il cielo che queste celebrazioni centenarie
facessero in modo che ovunque si impartisse l’insegnamento letterario, che
Dante fosse tenuto nel dovuto onore e che egli stesso pertanto fosse per gli
studenti un maestro di dottrina cristiana, dato che egli, componendo il suo
poema, non ebbe altro scopo che « sollevare i mortali dallo stato di miseria »,
cioè del peccato, e « di condurli allo stato di beatitudine », cioè
della grazia divina [9].
E voi, diletti figli, che avete la fortuna di
coltivare lo studio delle lettere e delle belle arti sotto il magistero della
Chiesa, amate e abbiate caro, come fate, questo Poeta, che Noi non esitiamo a
definire il cantore e l’araldo più eloquente del pensiero cristiano. Quanto più
vi dedicherete a lui con amore, tanto più la luce della verità illuminerà le
vostre anime, e più saldamente resterete fedeli e devoti alla santa Fede.
Quale auspicio dei celesti favori ed a testimonianza
della Nostra paterna benevolenza, impartiamo con affetto a voi tutti, diletti
figli, l’Apostolica Benedizione.
BENEDICTUS PP. XV
[1] Mon. III, 4.
[2] Mon. III, 3, 16.
[3] Conv. II, 9.
[4] Mon. III, 3.
[5] Epist. VIII.
[6] Mon. III, 16.
[7] S. Leo M., Serm. 4 de Quadrag.
[8] Mon. III, 3.
[9] Epist. X, 15.
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BENEDICTUS PP. XV
LITTERAE ENCYCLICAE
IN PRAECLARA SUMMORUM*
In praeclara summorum copia hominum, suo splendore et
gloria fidem catholicam illustrandum, qui cum in omni genere, tum praesertim in
litteris diseiplinisque optimis ita sunt versati ut, immortalibus facultatis
suae editis fructibus, de civili societate aeque ac de Ecclesia bene meruerint,
singularem plane Dantes Aligherius locum obtinet, cuius ab obitu plenus mox
erit annus sexcentesimus. Profecto huius viri praestantia excellens num quam
fortasse alias testatior fuit quam hoc tempore; nam ad eius ornandam memoriam
non modo sese alacris comparat Italia, cui de tali sobole gloriar licet, sed
apud omnes, quotquot sunt, excultas ad humanitatem gentes novimus propria
quaedam constituta esse eruditorum consilia ob eam causam: ut hoc humani
generis insigne decus communi orbis terrarum praeconio celebretur.
Iamvero tam mirifico quasi choro bonorum omnium non
solum non deesse Nos decet, sed quodammodo praeesse; quandoquidem Aligherium in
primis et maxime Ecclesia parens agnoscit suum. Cum igitur sub exordium
Pontificatus epistolam ad Archiepiscopum Ravennatium dederimus de templo in
Aligherii saecularia decorando, quocum monumentum sepulcri eius continens est,
nunc, ea ipsa sollemnia tamquam: auspicantibus, visum est Nobis, dilecti filii,
qui, Ecclesia advigilante, in litterarum studiis versamini, vos
alioqui universos, quo faciamus vel planius, quanta intercedat Aligherio
cum hac Petri Cathedra coniunctio, quamque sit necesse laudes, tanto
tributas nomini, in fidem catholicam haud exigua ex parte redundare.
Ac primum, quoniam hic noster in omni vita catholicam
religionem in exemplum est professus, ipsius votis consentaneum videtur, quod
intelligimus futurum, ut, religione auspice, sollemnis eius commemoratio fiat,
et ea exitum quidem Ravennae habeat ad Sancti Francisci, sed initium capiat
Florentia ad Sancti Ioannis, de qua aede pulcherrima ipse, prope iam acta
aetate, acri cum desiderio recogitabat exui, optans scilicet et cupiens ibidem
poeticam lauream de salutaris lavacri fonte suscipere, ubi infans, rite
fuisset ablutus. — Cum in eam incidisset aetatem, quae philosophiae
divinarumque rerum studiis floreret, doctorum scholasticorum opera qui
lectissima quaeque a maioribus accepta colligerent, subtilitesque ad suam
rationem revocata posteris traderent, is in magna varietate disciplinarum,
secutus est maxime Thomam Aquinatem, Scholae principem; eoque magistro, cuius
angelica mentis indoles nobilitata est, fere didicit quidquid philosophando ac
de divinis rebus disputando didicit, cum quidem nullum cognitionis scientiaeque
genus negligeret, multusque esset in Sacris Scripturis atque in Patrum libris
pervolutandis. Ita quavis a doctrina instructissimus, in primis autem christianae
sapientiae consultus, cum mentem appulisset ad scribendum, ex ipso religionis
regno materiam versibus tractandam paene immensam planeque gravissimam sumpsit.
In quo quidem huius incredibilem magnitudinem et vim ingenii mirari licet; sedi
simul est ante oculos, multum ei roboris a divinae fidei afflatu accessisse,
eoque factum esse, ut suum ipse opus maximum traditae divinitus veritatis
splendore multiplici non minus, quam omnibus artis luminibus distingueret.
Etenim haec, quae merito appellatur divina, Comoedia omnis, in iis ipsis quas
habet multis locis vel fictas res et commenticias, vel recordationes mortalis
vitae, eo demum spectat, ad iustitiam efferendam providentiamque Dei, mundum et
in cursu temporum et in aeternitate gubernantia, hominibusque tum singulis tum
consociatis aut praemia tribuentis aut poenas, quas meruerint. Quare,
congruenter admodum iis quae catholica fide creduntur, in hoc nitet
poemate et unius Dei augusta Trinitas, et humani generis ab Incarnato Dei Verbo
facta Redemptio et Mariae Virginis Deiparae caelorum Reginae benignitas summa
ac liberalitas et sanctorum angelorum hominumque beatitudo superna; cui
quidem e regione opponuntur apud inferos supplicia impiis constituta,
interiecta inter utrumque locum sede animarum, quibus, suo tempore expiatis,
aditus in caelos patefiat. Atque horum ceterorumque catholicorum dogmatum in
toto carmine sapientissimus quidam contextus apparet. - Quod si de caelestibus
rebus scientiae pervestigatio progrediens aperuit deinceps eam mundi compositionem
sphaerasque illas, quae veterum doctrina ponerentur, nullas esse, naturamque et
numerum et cursum stellarum et siderum alia esse prorsus atque illi
iudicavissent, manet tamen hanc rerum universitatem quoquo eius partes regantur
ordine eodem administrari nutu quo est condita Dei omnipotentis qui omnia
quaecumque sunt, moveat et cuius gioria plus minus usquequaque eluceat: hanc
autem terram quam nos homines incolimus licet ad universi caeli complexum iam
non quasi centrum, ut opinio fuit, obtinere dicenda sit, ipsam tamen et sedem
beatae nostrorum progenitorum vitae fuisse, et testem deinde tum eius, quam
illi fecerunt ex eo statu prolapsionis miserrimiae tum restitutae Iesu Christi
sanguine hominum salutis sempiternae. - Ergo triplicem animarum vitam, quam
cogitatione finxerat sic explicavit ut declarandae ante extremum divini iudicii
diem vel damnation reproborum vel piorum manium purgationi vel beatorum
felicitati clarissimum lumen ab intima fidei doctrina petere videatur.
Iam vero ex iis quae cum in ceteris scriptis, tum
praesertim in tripartito tradit carmine, haec potissimum putamus bono esse
posse hominibus nostris documento. Primum Scripturae Sanctae summam deberi a
christianorum quoque reverentiam, summoque cum obsequio oportere accipi quidquid
ea contineatur, ex eo confirmat quia quamquam scribae divini eloquii multi
sint, unicus tamen dictator est Deus, qui beneplacitum suum nobis per multorum
calamos explicare dignatus est [1].
Quod sane pulcre est verissimeque dictum. Itemque illud, vetus et novum
Testamentum, quod in aeternum mandatum est, ut ait Propheta,
habent spiritualia documenta quae humanam rationem transcendunt tradita a
Spiritu Sancto, qui per Prophetas et Hagiographos, qui per coaeternum sibi Dei
Filium Iesum Christum et per eius discipulos, supernaturalem veritatem ac nobis
necessariam revelavit [2].
Rectissime igitur de eo quod mortalis vitae cursum sequetur, aevo sempiterno «
nos certum habemus, ait ex doctrina Christi veracissima quae Via, Veritas et
Lux est: Via quidem, nam ea ipsa ad immortalitatis beatitudinem nulla re
impediti contendimus; Veritas, quia omnis est erroris expers; Lux, quia nos in
mundanis inscitiae tenebris illuminat » [3].
Neque is minus colit atque observat veneranda illa Concilia principalia,
quibus Christum interfuisse nemo fidelis dubitat. Ad haec magni etiam ab eo fiunt scripturae
doctorum Augustini et aliorum quos, inquit, a Spiritu Sancto adiutos
qui dubitat, fructus eorum vel omnino non vidit, vel, si vidit, minime
degustavit [4].
Ecclesiae vero Catholicae auctoritati mirum quantum
tribuit Aligherius, quantum Romani Pontificis potestati, utpote ex qua quaevis
Ecclesiae ipsius leges et instituta valeant. Quare nervose illud christianos
admonet, cum utrumque Testamentum habeant simulque Pastorem Ecclesiae a quo
ducantur his ad salutem adiumentis contenti sint. Ecclesiae igitur malis sic
affectu ut suis omnemque christianorum a summo antistite defectionem deplorans
et exsecrans, Cardinales Italos post Apostolicam Sedem Roma translatam, ita
alloquitur: Nos quoque eundem Patrem et Filium, eundem Deum et hominem,
nec non eandem Matrem et Virginem profitentes, propter quos et propter quorum
salutem ter de caritate interrogat dictum est; Petre pasce sacrosanctum ovile;
Römern, cui post tot triumphorum pompas et verbo et opere Christus orbis
confirmavit imperium; quam etiam ille Petrus et Paulus gentium praedicator in
Apostolicam Sedem aspergine proprii sanguinis consecrarunt; quam nunc cum
leremia non lugendo post venientes, sed post ipsum dolentes viduam et desertam
lugere compellimur; piget, heu, non minus quam plagam lamentabilem cernere
haeresum [5]. Itaque Ecclesiam Romanan
vel matrem piissimam vel Sponsam Crucifixi nominat, Petrum
autem traditae a Deo veritatis iudicem falli neseium, cui de rebus, aeternae
salutis causa, credendis agendisve, ab omnibus sit obedientisisime
obtemperandum. Quapropter, quamvis Imperatoris dignitatem ab ipso Deo
proficisci existimet haec tamen veritas inquit non sic stricte
recipienda est ut Romanus Princeps in aliquo Romano Pontifici non subiaceat;
quum mortalis ista felicitas quodammodo ad immortalem felicitatem
ordinetur [6].
Optima enimvero plenaque sapientiae ratio quae quidem si hodie sancte servetur
fructus sane rebus publicis afferat prosperitatis uberrimos.
At in Summos Pontifices sui temporis perquam acerbe et
contumeliose est invectus. - Scilicet in eos, a quibus de re publica
dissentiebat, cum ea parte ut opinabatur facientibus quae se domo patriaque
expulisset. Atqui ignoscendum est viro tantis iactato fortunae fluctibus, si
exulcerato animo quicquam fudit, quod transisse videtur modum: eo vel magis
quod ad iram eius infiammandam non est dubium quin hominum, ut assolet, male de
adversariis omnia interpretantium, rumores accesserint. Ceterum, quoniam » -
quae est mortalium infirmitas - « necesse est de mundano pulvere etiam
religiosa corda sordescere » [7],
quis neget nonnulla eo tempore fuisse in hominibus sacri ordinis haud probanda,
quae animum eius, Ecclesiae dediti s simuim, aegritudine molestiaque
afficereiit, cum eadem viris, vitae sanctimonia praestantibus, graves, ut
accepimus, querimonias expresserat ? Sed enim, quicquid in sacro ordine,
seu recte seu perperam, reprehendit indigliabundus ac vituperavit, nihil umquam
tamen detractum voluit de honore Ecclesiae debito, nihil de Summarum Clavium
observantia: quamobrem in politicis suam propriam tueri sententiam
instituit illa reverentia fretus, quam pius filius debet patri, quam pius
filius matri, pius in Christum, pius in Ecclesiam, pius in Pastorem, pius in
omnes Christianam religionem, profitentes, pro salute veritatis [8].
His igitur religionis fundamentis cum omnem sui
poematis tamquam fabricam excitaverit, mirum non est, si quasi quendam
catholicae doctrinae thesaurum in eo conditum reperias, id est cum philosophiae
theologiaeque christianae sucum, tum etiam divinarum summam legum de ordinandis
administrandisve rebus publicis : neque enim is erat Aligherius, qui,
patriam amplificandi causa vel principibus gratificando negligi posse diceret
publice iustitiam Deique ius, cuius in conservatione probe sciret civitates
niti maxime et consistere.
Quare ab hoc Poeta mirificara quidem, pro eius
excellentia, licet oblectationem petere, at non minorem fructum et eum ad
eruditionem simul artis atque ad disciplinam virtutis aptissimum; modo, qui eum
adierit, vacuo sit praeiudicatis opinionibus anime studiosoque veritatis. Quin,
cum e nostris non pauci numerentur boni poetae qui omne ferre punctum, ut
dicitur, videantur, miscentes utile dulci, habet hoc Dantes, ut singulari
lectorem et imaginum varietate et colorum pulcritudine et sententiarum ac
verborum granditate capiens, ad christianae sapientiae amorem alliciat atque
excitet: ipsumque neiao ignorat aperte professum, ea se mente hoc carmen
composuisse, ut aliquod praeberet omnibus vitale nutrimentum. Itaque scimus
nonnullos, vel recenti memoria, qui remoti a Christo, non aversi essent, cum
huius praecipue lectione studioque tenerentur, divino munere, veritatem primo
suspexisse catholicae fidei, ac subinde se in Ecclesiae sinum libentissime
recepisse.
Quae hactenus memorata sunt, satis ostendunt quam sit
opportunum per haec saecularia toto orbe catholico optimum quemque eo fieri
alacriorem ad retinendam, fautrioem bonarum artium, Fidem, cuius haec ipsa
virtus egregie, si unquam alias, in Aligherio spectata est. Etenim in eo non
modo summa ingenii facultas efficit admirationem: verum etiam immensa quaedam
magnitudo argumenti, quod divina ei religio ministravit ad canendum; et is quod
habuerat a natura tantum acuminis, diu quidem multumque exemplarium veterum
contemplatione limavit, sed eo magis exacuit Ecclesiae Doctorum et Patrum
disciplinis, ut diximus; quae res ei tribuit, ut cogitatione et mente multo
evolare altius tiusque posset, quam si naturae finibus, exiguis sane, se
continuisset. Itaque eum, quamquam a nobis tanto saeculorum intervallo
seiungitur, huius paene aetatis dixeris esse, certe longe recentiorem quam
quemquam ex his, qui nunc sunt, cantoribus vetustatis eius quam Christus e
Cruce victor de medio pepulit. Eadem omnino spirat in Aligherio, atque in nobis
pietas; eosdem habet sensus religio; iisdem tamquam velaminibus utitur
« allata nobis de caelo veritas, qua tam sublime evecti sumus ». Haec
eius nobilissima laus est, christianum esse poetam, id est christiana
instituta, quorum contemplaretur toto animo speciem ac formam, de quibus mirabiliter
sentiret, quibus ipse viveret, divino quodam eecinisse cantu; quam laudem qui
inficiali non dubitant, omnem Comoediae religiosam, rationem commenticiae
cuidam fabulae comparantes, nulla veritate subiecta, ii profecto id inficiantur
quod est in Poeta nostro praecipuum, et ceterarum eius laudum fundamentum.
Ergo, si tam magnam honestatis amplitudinisque suae
partem debet catholicae fidei Dantes, iam, ut alia omittamus, vel hoc uno
exemplo illud confirmare licet, tantum abesse ut obsequium mentis animique in
Deum ingeniorum cursum retardet, ut incitet etiam et promoveat: item iure
colligitur, quam male consulant progressioni studiorum et humanitatis, qui
nullum in iuventutis institutione patiuntur esse Religioni locum. Dolendum est
enim disciplinam, qua publice studiosa iuventus instituitur, eiusmodi esse
solere, quasi nulla sit Dei habenda homini ratio, nulla earum omnium, quae
supra naturam sunt, rerum maximam. Nam, sicubi « poema sacrum » non
habetur scholis publicis alienum, quin etiam in libris numeratur qui sunt
studiosius perlegendi, at vitale illud nutrimentum, cui ferendo natum est,
plerumque minime affert adolescentibus, utpote, disciplinae vitio, non sic
animatis erga ea quae sunt divinae fidei, quemadmodum oportet. Quod utinam haec
sollemnia saecularia id efficiant, ut, ubicumque datur opera erudiendae in
litteris iuventuti, debito sit in honore Dantes, alumnosque christiana doctrina
ipse imbuat; cui quidem in poemate condendo nihil aliud fuit propositum,
nisi vemovere viventes in hac vita de statu miseriae, id est
peccati, et perducere ad statum felicitatis, id est divinae gratiae [9].
Vos vero, dilecti filii, quibus auspicato contingit,
ut litterarum artiumque optimarum studia, Ecclesia magistra, exerceatis,
diligite earumque habete ut facitis, hunc Poetam, quem appellare christianae
sapientiae laudatorem et praeconem unum omnium eloquentissimum non dubitamus.
Huius enim in amore quo plus profeceritis, eo vos et perfectius ad veritatis
splendorem vestros excoletis animos, et in Fidei sanctae obsequio studioque
constantius permanebitis.
Atque auspicem divinorum munerum paternaeque
benevolentiae Nostrae testem, apostolicam benedictionem vobis omnibus, dilecti
filii, amantissime impertimus.
Datum Romae apud Sanctum Petrum, die XXX mensis
aprilis MCMXXI, Pontificatus Nostri anno septimo.
BENEDICTUS PP. XV
[1] Mon.
III, 4.
[2] Mon.
III, 3, 16.
[3] Conv.
II, 9.
[4] Mon.
III, 3.
[5] Epist.
VIII.
[6] Mon.
III, 16.
[7] S.
Leo M., Serm. 4 de Quadrag.
[8] Mon.
III, 3.
[9] Epist. X, 15.
*A.A.S., vol. XIII (1921), n. 6, pp.
209-217.
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