samedi 27 mars 2021

Pape BENOÎT XV. IN PRAECLARA SUMMORUM, 1921 : DANTE ALIGHIERI

Luca Signorelli  (1450–1523). Dante AlighierifrescoCappella di San Brizio  


LETTRE ENCYCLIQUE

IN PRAECLARA SUMMORUM

DE S. S. BENOÎT XV

À L'OCCASION DU SIXIÈME CENTENAIRE
DE LA MORT DE DANTE ALIGHIERI (*)
 

30 avril 1921

Chers Fils, 

Salut et Bénédiction apostolique.

DANS LA GLORIEUSE LIGNÉE des génies dont l'éclatant renom fait l'honneur du Catholicisme et qui, soit dans tous les domaines, soit plus spécialement dans les lettres et les beaux-arts, ont, par les immortelles productions de leur talent, magnifiquement servi à la fois la société et l'Église, une place de choix revient à Dante Alighieri, mort il y aura bientôt six cents ans.

LE CATHOLICISME DE DANTE

Gloire commune de l'humanité, " Dante est avant tout nôtre ". 

Jamais peut-être plus que de nos jours on n'a rendu hommage à la supériorité de ce génie qu'est Dante. Ce n'est pas seulement l'Italie, justement fière de lui avoir donné le jour, qui se prépare avec enthousiasme à chanter sa mémoire ; Nous savons que, dans toutes les nations civilisées, des Comités spéciaux de savants se sont constitués afin que le monde entier ne fasse qu'un pour célébrer cette pure gloire de l'humanité. 

Or, ce chœur si magnifique de voix autorisées, il convient d'y unir Notre voix ; bien plus, Nous devons en quelque sorte le diriger : n'est-ce point à l'Église, sa mère, de réclamer, la première et bien haut, l'Alighieri pour son enfant ? Dès le début de Notre Pontificat, Nous demandions, dans une lettre à l'archevêque de Ravenne, qu'on embellît, en vue du centenaire de l'Alighieri, la basilique voisine de son tombeau ; aujourd'hui, afin d'inaugurer les fêtes de ce centenaire, il Nous a paru bon de vous écrire à vous tous, chers Fils, qui, sous la direction de l'Église, vous appliquez à l'étude des lettres, pour vous montrer plus clairement encore quels liens étroits rattachent Dante à cette Chaire de Pierre, et comment il est de toute justice de rapporter pour une grande part au catholicisme les éloges décernés à un si grand nom. 

Et d'abord, si l'on se rappelle que, toute sa vie durant, notre Dante a professé d'une façon exemplaire la religion catholique, il semble bien que ce soit répondre à ses propres vœux que de placer sous les auspices de la religion, comme Nous apprenons qu'on s'y apprête, les fêtes de son centenaire, et, si on doit les clôturer à San-Francesco de Ravenne, de les ouvrir à San-Giovanni de Florence, l'église magnifique vers laquelle, au soir de sa vie, Dante exilé reportait son souvenir chargé de regrets amers, nourrissant l'espoir passionné de ceindre les lauriers de poète dans ce Baptistère même qui l'avait vu naître à la foi.

Dante est redevable au catholicisme de sa culture, du fond doctrinal et de l'austère beauté de ses œuvres. 

Né à une époque où florissaient la philosophie et la théologie, grâce aux docteurs scolastiques qui recueillaient les plus belles œuvres du passé pour les transmettre à l'avenir après y avoir mis l'empreinte de leur subtil génie, Dante, parmi la grande variété des opinions, prit pour guide principal Thomas d'Aquin, Prince de l'Ecole. C'est à ce maître, dont le génie intellectuel a été caractérisé par le titre d'angélique, qu'il doit presque tout ce que lui révélèrent la philosophie et la spéculation théologique, sans d'ailleurs négliger aucun genre de connaissance ou de science ni diminuer les longues heures consacrées à la méditation des Livres Saints et des écrits des Pères. 

On comprend donc que, pourvu d'une culture aussi universelle et versé surtout dans les sciences sacrées, il ait trouvé, quand il eut pris la résolution d'écrire, dans le domaine même de la religion, un champ presque infini ouvert à son talent de poète et des sujets de ta plus haute portée. 

Sans doute, il convient d'admirer la prodigieuse ampleur et la pénétration de son génie ; mais il faut se souvenir également qu'une grande part de sa force est puisée dans la foi divine ; ce qui explique que Dante soit redevable de la beauté de son œuvre principale autant aux splendeurs variées de la vérité révélée qu'à toutes les ressources de l'art.

Le dogme catholique dans l'œuvre de Dante. 

De fait, la Divine Comédie - divine, le mot est très juste - n'a pour but, en définitive, même en ses éléments de fiction et d'imagination et dans les réminiscences profanes qu'elle renferme en de nombreux passages, que d'exalter la justice et la providence de Dieu, qui régit le monde dans le temps et dans l'éternité, qui distribue aux individus et aux sociétés récompenses ou châtiments suivant leurs mérites. 

Aussi ce poème chante-t-il magnifiquement, et en parfaite conformité avec les dogmes de la foi catholique, l'auguste Trinité du Dieu un, la Rédemption du genre humain par le Verbe de Dieu Incarné, l'immense et généreuse bonté de la Vierge Marie, Mère de Dieu et Reine du ciel, la béatitude céleste des élus, anges et hommes, et, en un saisissant contraste, les supplices des impies dans les abîmes ; enfin, entre le paradis et l'enfer, la demeure des âmes qui, une fois consommé leur temps d'expiation, voient le ciel s'ouvrir devant elles. Et l'on constate, à travers tout le poème, que le sens le plus averti préside à l'exposé de ces dogmes et des autres dogmes catholiques. 

Les progrès de la cosmographie ont pu révéler plus tard que le système cosmique et astral de la science antique n'était qu'un mythe, que la nature, le nombre et le cours des étoiles et autres astres sont tout différents de ce qu'elle pensait ; il n'en reste pas moins que l'univers, quelles que soient les lois qui en régissent les éléments, est soumis à la même volonté qui l'a créé, celle du Dieu tout-puissant, qui donne le mouvement à toute la nature et qui a mis partout un reflet plus ou moins puissant de sa gloire. Si la terre que nous habitons ne joue pas, comme on le croyait, le rôle de centre dans le système général du monde, c'est elle du moins qui a été le cadre du bonheur de nos premiers parents, puis le théâtre de la chute lamentable qui en marqua pour eux la perte, et de la rédemption des hommes par le sang de Jésus-Christ. 

Aussi, la description qu'il a donnée du triple état des âmes que lui représentait son imagination montre que pour dépeindre, avant le jugement divin du dernier jour, la damnation des réprouvés, l'expiation des âmes justes, le bonheur des élus, c'est des données intimes de la foi qu'il tire les plus vives clartés.

LES GRANDES LEÇONS DU CENTENAIRE

Voici, pensons-Nous, les enseignements les plus féconds que nos contemporains peuvent retirer de l'héritage laissé par Dante, soit dans les autres œuvres, soit spécialement dans la Divine Comédie.

Vénérer la Sainte Écriture. 

Tout d'abord, l'Ecriture Sainte a droit à la vénération la plus profonde de tous les fidèles, et c'est avec un souverain respect qu'il faut accepter tout ce qu'elle renferme. Dante appuie cette règle sur le fait que, " encore qu'il y ait bien des secrétaires de la parole divine, ils n'écrivent que sous la dictée de Dieu seul, qui a daigné se servir de la plume de nombreux écrivains pour nous communiquer son message de bonté " (1). Formule assurément heureuse et d'une parfaite exactitude. Comme aussi cette autre : " Le Testament ancien et nouveau, promulgué pour l'éternité, dit le prophète ", contient des " enseignements spirituels qui dépassent l'entendement humain ", donnés " par le Saint-Esprit, qui, par les prophètes et les écrivains sacrés, par Jésus-Christ, Fils de Dieu et co-éternel à lui, ainsi que par ses disciples, a révélé la vérité surnaturelle et nécessaire à nos âmes " (2). 

C'est donc avec grande raison, disait-il, que pour l'éternité qui suivra le cours de la vie mortelle, " nous tirons nos certitudes de la doctrine infaillible du Christ, qui est la Voie, la Vérité et la Lumière : la Voie, car c'est elle qui, à travers tous les obstacles, nous mène au bonheur éternel ; la Vérité, puisqu'elle est exempte de toute erreur ; la Lumière, puisqu'elle dissipe les ténèbres terrestres de l'ignorance " (3). Dante entoure du même respect attentif " ces vénérables Conciles généraux, auxquels pas un fidèle ne conteste que le Christ ait pris part ". Il tient aussi en grande estime " les œuvres des docteurs Augustin et autres " ; " celui ", dit-il, " qui doute qu'ils aient été assistés du Saint-Esprit, ou bien n'a rien découvert de leurs fruits ou, s'il l'a fait, n'a pas su le moins du monde les goûter " (4).

Respecter filialement l'Église et le Souverain Pontife. 

Ses propres infortunes et des abus réels excusent la dureté des invectives de Dante. 

Alighieri a des égards tout particuliers pour l'autorité de l'Église catholique, pour le pouvoir du Pontife Romain, pouvoir qui, à ses yeux, donne leur force à chacune des lois et institutions de l'Église elle-même. De là l'énergique exhortation qu'il adresse aux chrétiens : dès lors qu'ils ont les deux Testaments, et en même temps le Pasteur de l'Église pour les guider, qu'ils se tiennent pour satisfaits de ces moyens de salut. Aussi bien, attristé des malheurs de l'Église comme s'ils eussent été les siens, pleurant et stigmatisant toute infidélité des chrétiens à l'égard du Souverain Pontife, voici en quels termes il interpelle les cardinaux italiens quand le Siège Apostolique a quitté Rome : " Quelle honte pour nous aussi qui croyons au même Père et Fils, au même Dieu et homme, à la même Mère et Vierge ; nous pour qui et pour le salut de qui Pierre s'est entendu dire, après avoir eu à répondre trois fois de son amour : Pierre, sois le pasteur du troupeau sacrosaint. Quelle honte pour Rome qui, après avoir fêté tant de triomphateurs, s'est vu confirmer en parole et en acte par le Christ l'empire du monde ; Rome, que Pierre et Paul, l'apôtre des nations, ont consacrée Siège Apostolique en l'arrosant de leur propre sang ; Rome, dont, à la suite de Jérémie, nous lamentant pour les contemporains et non pour la postérité, il nous faut pleurer la viduité et l'abandon. Quelle honte ! aussi affreuse, hélas ! que le spectacle du lamentable déchirement des hérésies. " (5) 

Aussi appelle-t-il l'Église romaine " la Mère très tendre ou l'Epouse du Crucifié " ; Pierre, il le proclame le juge infaillible de la vérité divinement révélée, auquel tous sont obligés de se soumettre avec la plus entière docilité en tout ce qu'on doit croire ou pratiquer pour assurer son salut éternel. C'est pourquoi, encore qu'il professe que la dignité de l'empereur vienne directement de Dieu, cette " vérité ", dit-il, " ne doit pas se prendre dans un sens si absolu que le Prince Romain n'ait pas sur tel ou tel point à se soumettre au Pontife Romain, étant donné que la prospérité mortelle d'ici-bas est en quelque sorte ordonnée au bonheur éternel " (6). 

Principe excellent et plein de sagesse, qui, s'il est fidèlement observé, même aujourd'hui, ne manque pas de produire pour les États les plus abondants fruits de prospérité.

Il est vrai, Dante a des invectives extrêmement sévères et offensantes contre des Papes de son temps ; mais il visait ceux dont il ne partageait point les vues politiques et qui étaient, pensait-il, de connivence avec le parti qui l'avait exilé de son foyer et de sa patrie. 

Mais on doit pardonner à un homme ballotté par un tel flot d'infortunes, si de son cœur ulcéré il laissa échapper quelque jugement qui semble avoir dépassé la mesure ; il est d'autant plus excusable qu'il n'est pas douteux que des esprits portés, comme il arrive fréquemment, à tout interpréter en mal chez leurs adversaires, aient alimenté sa colère de leurs calomnies. 

Et puis, l'humaine faiblesse permettant que " même aux âmes saintes il s'attache nécessairement quelque chose de la poussière du monde " (7), qui niera qu'à cette époque certains membres du clergé aient eu une conduite peu édifiante, bien propre à plonger dans l'amertume et le chagrin ce cœur si dévoué à l'Église, puisque nous savons qu'elle souleva les plaintes sévères d'hommes éminents par la sainteté de leur vie en tout cas, quelques abus qu'à raison ou à tort son indignation ait dénoncés et stigmatisés chez les clercs, jamais il ne se permit de rien retrancher des égards dus à l'Église ni de la " vénération due aux " Clés souveraines " ; aussi résolut-il de défendre ses idées personnelles en politique " sans se départir du respect qu'un bon fils doit à son père, un bon fils à sa mère, un bon fils au Christ, un bon fils à l'Église, un bon fils au Pasteur, un bon fils à tous ceux qui professent la religion chrétienne pour la défense de la vérité " (8).

Sauvegarder les droits souverains de Dieu et de l'Église dans le gouvernement des États. Puisque Dante a, pour ainsi dire, assis tout l'édifice de son poème sur le fondement de la religion, il n'est pas étonnant qu'on y trouve comme une mine précieuse d'enseignement catholique, la quintessence de la philosophie et de la théologie chrétienne, comme aussi la synthèse des lois divines sur le gouvernement et l'administration des États. Même pour justifier l'agrandissement de son pays ou pour flatter les princes, l'Alighieri n'était pas homme à déclarer que l'Etat puisse méconnaître la justice et les droits de Dieu, car il savait parfaitement que le maintien de ces droits est le premier et le plus sûr fondement de la cité.

UTILITÉ ACTUELLE DE L'Œ UVRE DE DANTE

Son efficacité apologétique 

Par suite, si l'œuvre poétique de Dante nous ménage d'exquises jouissances par sa perfection, elle n'est pas moins riche en féconds enseignements pour l'initiation artistique et pour la formation à la vertu ; à condition, toutefois, que l'esprit qui l'aborde se dépouille de tous préjugés et ne s'inspire que de l'amour de la vérité. Si l'on compte bon nombre d'excellents poètes catholiques qui remportent, comme l'on dit, tous les suffrages en joignant l'utile à l'agréable, que dire de Dante ? S'il captive par une extraordinaire variété d'images, l'éclat des couleurs, la puissance de la pensée et du style, il use de ce charme pour amener le lecteur à l'amour de la vérité chrétienne ; au reste, comme chacun sait, Dante a déclaré ouvertement qu'il se proposait, en composant ce poème, de fournir à tous les esprits comme un aliment de vie. C'est ainsi que, sans remonter bien haut, nous savons quelques âmes, éloignées du Christ sans l'avoir toutefois renié, qui, alors qu'elles avaient principalement en vue de lire et d'étudier l'œuvre de Dante, ont d'abord, par un effet de la grâce divine, contemplé avec admiration la vérité de la foi catholique pour entrer ensuite avec allégresse dans le sein de l'Église. - Nous en avons dit assez pour montrer que l'élite des chrétiens a le devoir, à l'occasion de ce centenaire, de resserrer les liens qui l'unissent à la foi, protectrice des arts, puisque, si la vertu de foi a jamais brillé d'un grand éclat, c'est bien chez Alighieri. Ce qui, chez ce poète, force l'admiration, ce n'est pas seulement la puissance de son génie, mais encore la grandeur comme infinie du thème que la religion divine a fourni à son chant ; l'esprit si pénétrant que lui avait donné la nature s'affina longuement par l'étude approfondie des œuvres de l'antiquité, mais trouva plus d'acuité encore, comme Nous le disions, au contact des écrits des Docteurs et des Pères de l'Église ; c'est là ce qui ouvrit au vol de sa pensée un champ bien plus vaste et plus élevé que s'il se fût cantonné dans les limites toujours étroites de la nature. Voilà pourquoi Dante, séparé de nous par tant de siècles, semble être presque notre contemporain ou, au moins, bien plus rapproché de nous que tels chantres actuels de cette antiquité que le Christ a éclipsée par son triomphe sur la Croix. Chez l'Alighieri et chez nous, mêmes aspirations de piété, mêmes sentiments religieux, mêmes voiles revêtant " la vérité qui nous est venue du ciel pour nous élever à de si sublimes hauteurs ". La plus belle louange qu'on puisse lui décerner, c'est d'avoir été un poète chrétien, c'est-à-dire d'avoir trouvé des accents comme divins pour chanter les institutions chrétiennes, dont il contemplait de toute son âme la beauté et la splendeur, qu'il comprenait merveilleusement et qui étaient sa vie. Ceux qui osent lui refuser cet éloge et ne voient dans la trame religieuse de la Divine Comédie qu'un roman d'imagination, sans fond de vérité, ravissent incontestablement à notre poète son plus beau laurier et ce qui fonde ses autres titres de gloire.

L'étude de Dante est un remède au naturalisme de l'éducation actuelle. 

 

Dès lors, si Dante est redevable à la foi catholique pour une si grande part de sa gloire et de sa grandeur, ce seul exemple suffit, sans parler du reste, à prouver que, loin de lui alourdir les ailes, l'hommage de l'esprit et du cœur à Dieu développe et enflamme le génie. On peut en conclure encore que ceux-là travaillent bien mal au progrès des études et de la culture qui refusent à la religion toute intervention dans la formation de la jeunesse. C'est, en effet, un fait déplorable : les méthodes officielles d'éducation de la jeunesse sont d'ordinaire conçues comme si l'homme n'avait aucun compte à tenir de Dieu, non plus que de toutes les réalités souverainement importantes du monde surnaturel. Là même où " le poème sacré " est admis dans les écoles publiques, dans les établissements où il est mis au nombre des ouvrages faisant l'objet d'études plus approfondies, les jeunes gens qu'une méthode défectueuse rend plus ou moins indifférents aux choses de la foi divine n'y puisent presque jamais l'aliment vital qu'il est appelé à produire. 

Puissent les fêtes de ce centenaire avoir ce résultat d'assurer à Dante, partout où l'on se consacre à l'éducation littéraire de la jeunesse, l'honneur qu'il mérite et d'en faire pour les étudiants un maître de doctrine chrétienne, lui qui n'eut en vue, en composant son poème, que " d'arracher les mortels d'ici-bas à leur condition misérable ", celle du péché, " pour les conduire à l'état du bonheur ", celui de la divine grâce (9). 

Quant à vous, chers Fils, qui avez la joie de vous livrer, sous la direction de l'Église, à l'étude des lettres et des beaux-arts, continuez, comme vous le faites déjà, à entourer d'un culte fervent ce poète, que Nous n'hésitons pas à proclamer le plus éloquent des panégyristes et des hérauts de la doctrine chrétienne. A mesure que vous l'aimerez davantage, le rayonnement de la vérité transfigurera plus profondément vos âmes, et vous demeurerez des serviteurs plus fidèles et plus dévoués de notre foi. 

Comme gage des divines faveurs et en témoignage de Notre paternelle bienveillance, Nous vous accordons à tous, chers Fils, et de tout cœur, la Bénédiction apostolique.

Donné à Rome, près Saint-Pierre, le 30 avril 1921, en la septième année de Notre Pontificat.

BENEDICTUS PP. XV


Notes

(*) BENEDICTUS PP. XV, Litterae encyclicae In praeclara summorum, saeculo sexto exeunte ab obitu Dantis Aligherii [Dilectis filiis doctoribus et alumniis litterarum artiumque optimarum orbis catholici], 30 aprilis 1921 : AAS 13(1921) 209-217 ; traduction française, titres et sous-titres de la Documentation Catholique : DC 5(I-1921) 514-517.

(1) De Monarchia, III, 4. 

(2) De Monarchia, III, 3, 16. 

(3) Convivio, II, 9. 

(4) De Monarchia, III, 3. 

(5) Epist. VIII. 

(6) De Monarchia, III, 16. 

(7) S. LÉON LE GRAND, Sermon 29 (Ballerini-Migne : 42), 4 de Quadr. 1 : PL 54, 275 et SC 49, 43. 

(8) De Monarchia, III, 3. 

(9) Epist. X, § 15.

© Copyright - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE : http://www.vatican.va/content/benedict-xv/fr/encyclicals/documents/hf_ben-xv_enc_30041921_in-praeclara-summorum.html

Statue of Pope Benedict XV in the courtyard of St. Esprit Cathedral, Istanbul. It was erected by the solidly Moslem country of Turkey to commemorate Benedict's solicitude toward their people during World War I. The document in his left hand is a listing of names who, in their anguish, made claim on his universal fatherhood. Benedict established the office for prisoners of war, a charitable apostolate to put prisoners in communication with their loved ones at a time when there was no other international organization which could pierce the curtains of hostility. The statue was made by the Italian sculptor, Enrico Quattrini. The inscription reads: 

To the Great Pope of the World's Tragic Hour
Benedict XV
Benefactor of the People
Without Discrimination of Nationality or Religion
A Token of Gratitude from the Orient



IN PRAECLARA SUMMORUM

ENCYCLICAL OF POPE BENEDICT XV

ON DANTE
TO PROFESSORS AND STUDENTS OF LITERATURE
AND LEARNING IN THE CATHOLIC WORLD.


Beloved Children,

Health and the Apostolic Benediction.

Among the many celebrated geniuses of whom the Catholic faith can boast who have left undying fruits in literature and art especially, besides other fields of learning, and to whom civilization and religion are ever in debt, highest stands the name of Dante Alighieri, the sixth centenary of whose death will soon be recorded. Never perhaps has his supreme position been recognized as it is today. Not only Italy, justly proud of having given him birth, but all the civil nations are preparing with special committees of learned men to celebrate his memory that the whole world may pay honour to that noble figure, pride and glory of humanity.

2. And surely we cannot be absent from this universal consensus of good men; rather should We take the lead in it as the Church has special right to call Alighieri hers.

3. So, just as at the beginning of Our Pontificate by a Letter to the Archbishop of Ravenna We promoted the restoration of the temple where the ashes of the poet lie, so now, to initiate the cycle of the centenary celebrations, it has seemed most opportune to Us to speak to you all, beloved children, who cultivate letters under the maternal vigilance of the Church, to show even more clearly than before the intimate union of Dante with this Chair of Peter, and how the praises showered on that distinguished name necessarily redound in no small measure to the honour of the Catholic Church.

4. And first of all, inasmuch as the divine poet throughout his whole life professed in exemplary manner the Catholic religion, he would surely desire that this solemn commemoration should take place, as indeed will be the case, under the auspices of religion, and if it is carried out in San Francesco in Ravenna it should begin in San Giovanni in Florence to which his thoughts turned during the last years of his life with the desire of being crowned poet at the very font where he had received Baptism. Dante lived in an age which inherited the most glorious fruits of philosophical and theological teaching and thought, and handed them on to the succeeding ages with the imprint of the strict scholastic method. Amid the various currents of thought diffused then too among learned men Dante ranged himself as disciple of that Prince of the school so distinguished for angelic temper of intellect, Saint Thomas Aquinas. From him he gained nearly all his philosophical and theological knowledge, and while he did not neglect any branch of human learning, at the same time he drank deeply at the founts of Sacred Scripture and the Fathers. Thus he learned almost all that could be known in his time, and nourished specially by Christian knowledge, it was on that field of religion he drew when he set himself to treat in verse of things so vast and deep. So that while we admire the greatness and keenness of his genius, we have to recognize, too, the measure in which he drew inspiration from the Divine Faith by means of which he could beautify his immortal poems with all the lights of revealed truths as well as with the splendours of art. Indeed, his Commedia, which deservedly earned the title of Divina, while it uses various symbolic images and records the lives of mortals on earth, has for its true aim the glorification of the justice and providence of God who rules the world through time and all eternity and punishes and rewards the actions of individuals and human society. It is thus that, according to the Divine Revelation, in this poem shines out the majesty of God One and Three, the Redemption of the human race operated by the Word of God made Man, the supreme loving-kindness and charity of Mary, Virgin and Mother, Queen of Heaven, and lastly the glory on high of Angels, Saints and men; then the terrible contrast to this, the pains of the impious in Hell; then the middle world, so to speak, between Heaven and Hell, Purgatory, the Ladder of souls destined after expiation to supreme beatitude. It is indeed marvellous how he was able to weave into all three poems these three dogmas with truly wrought design. If the progress of science showed later that that conception of the world rested on no sure foundation, that the spheres imagined by our ancestors did not exist, that nature, the number and course of the planets and stars, are not indeed as they were then thought to be, still the fundamental principle remained that the universe, whatever be the order that sustains it in its parts, is the work of the creating and preserving sign of Omnipotent God, who moves and governs all, and whose glory risplende in una parte piu e meno altrove; and though this earth on which we live may not be the centre of the universe as at one time was thought, it was the scene of the original happiness of our first ancestors, witness of their unhappy fall, as too of the Redemption of mankind through the Passion and Death of Jesus Christ. Therefore the divine poet depicted the triple life of souls as he imagined it in a such way as to illuminate with the light of the true doctrine of the faith the condemnation of the impious, the purgation of the good spirits and the eternal happiness of the blessed before the final judgment.

5. But among the truths that shine out in the triple poem of Alighieri as in his other works We think that these things may serve as teaching for men of our times. That Christians should pay highest reverence to the Sacred Scripture and accept what it contains with perfect docility he proclaims when he says that "Though many are the writers of the Divine Word nevertheless there is but one Dictator, God, Who has deigned to show us His goodwill through the pens of many" (Mon. III, 4). Glorious expression of a great truth. Again, when he says that "The Old and the New Testament, prescribed for eternity, as the Prophet says, contain 'spiritual teachings transcending human reason,' given 'by the Holy Ghost who by means of the Prophets and sacred writings, through Jesus Christ coeternal Son of God and through His disciples revealed the supernatural truth necessary for us"' (Mon. III, 3, 16). And therefore regarding the life to come "It is assured by the true doctrine of Christ who is the Way, the Truth and the Life: the Way because by that way we advance without hindrance to the happiness of that immortality; the Truth because He is free from all error; the Light because He enlightens us in the darkness of ignorance of this world" (Conv. II, 9). And no less reverence he pays to "those venerable Great Councils the presence of Christ in which no one of the faithful doubts"; and great is his esteem for "writings of the Doctors, Augustine and the others, and if any one doubt that they were aided by the Holy Ghost either he has not seen their fruits or if he has seen he has not tasted" (Mon. III, 3).

6. No need to recall Alighieri's great reverence for the authority of the Catholic Church, the account in which he holds the power of the Roman Pontiff as the base of every law and institution of that Church. Hence the outspoken warning to Christians: You have the Old and the New Testament: the Pastor of the Church as Guide; Let that suffice for your salvation. He felt the troubles of the Church as his own, and while he deplored and condemned all rebellion against its Supreme Head he wrote as follows to the Italian Cardinals during the stay at Avignon: "To us who confess the same Father and Son, the same God and Man, the same Mother and Virgin; to us for whom and for whose salvation the message was given, after the triple Lovest thou Me? Feed My sacred sheepfold; to us, driven to mourn with Jeremias - but not over things to come but over things that are - for Rome - that Rome on which Christ, after all the old pomp and triumph, confirmed by word and work the empire of the world, and which Peter, too, and Paul the Apostle of the Nations consecrated with their very blood as Apostolic See - now widowed and desolate; to us it is as terrible grief to see this as to see the tragedy of heresy" (Epist. VIII). For him the Roman Church is The Most Holy Mother, Bride of Him Crucified and to Peter, infallible judge of revealed truths, is owing perfect submission in matters of faith and morals. Hence, however much he may hold that the dignity of the Emperor is derived immediately from God, still he asserts that this truth "must not be understood so strictly as to mean that the Roman Prince is not subject to the Roman Pontiff in anything, because this mortal happiness is subjected in certain measure to immortal happiness" (Mon. III, 16). Excellent and wise principle indeed which, if it were observed today as it ought to be, would bring to States abundant fruits of civil prosperity. But, it will be said, he inveighs with terrible bitterness against the Supreme Pontiffs of his times. True; but it was against those who differed from him in politics and he thought were on the side of those who had driven him from his country. One can feel for a man so beaten down by fortune, if with lacerated mind he breaks out sometimes into words of excessive blame, the more so that, to increase his feeling, false statements were being made by his political enemies ready, as always happens, to give an evil interpretation to everything. And indeed, since, through mortal infirmity, "by worldly dust even religious hearts must needs be soiled" (St. Leo M. S. IV de Quadrag), it cannot be denied that at that time there were matters on which the clergy might be reproved, and a mind as devoted to the Church as was that of Dante could not but feel disgust while we know, too, that reproof came also from men of conspicuous holiness. But, however he might inveigh, rightly or wrongly, against ecclesiastical personages, never did he fail in respect due to the Church and reverence for the "Supreme Keys"; and on the political side he laid down as rule for his views "the reverence which a good son should show towards his father, a dutiful son to his mother, to Christ, to the Church, to the Supreme Pastor, to all who profess the Christian religion, for the safeguarding of truth" (Mon. III, 3).

7. Thus, as he based the whole structure of his poem on these sound religious principles, no wonder that we find in it a treasure of Catholic teaching; not only, that is, essence of Christian philosophy and theology, but the compendium of the divine laws which should govern the constitution and administration of States; for Dante Alighieri was not a man to maintain, for the purpose of giving greater glory to country or pleasure to ruler, that the State may neglect justice and right which he knew well to be the main foundation of civil nations.

8. Wonderful, therefore, is the intellectual enjoyment that we gain from the study of the great poet, and no less the profit for the student making more perfect his artistic taste and more keen his zeal for virtue, as long as he keeps his mind free from prejudice and open to accept truth. Indeed, while there is no lack of great Catholic poets who combine the useful with the enjoyable, Dante has the singular merit that while he fascinates the reader with wonderful variety of pictures, with marvellously lifelike colouring, with supreme expression and thought, he draws him also to the love of Christian knowledge, and all know how he said openly that he composed his poem to bring to all "vital nourishment." And we know now too how, through God's grace, even in recent times, many who were far from, though not averse to Jesus Christ, and studied with affection the Divina Commedia, began by admiring the truths of the Catholic Faith and finished by throwing themselves with enthusiasm into the arms of the Church.

9. What We have said above suffices to show how opportune it is that on the occasion of this world centenary each should intensify his zeal for the preservation of that Faith shown by Dante pre-eminently as support of learning and the arts. For We admire in him not only supreme height of genius but also the immensity of the subject which holy religion put to his hand. If his genius was refined by meditation and long study of the great classics it was tempered even more gloriously, as We have said, by the writings of the Doctors and the Fathers which gave him the wings on which to rise to a higher atmosphere than that of restricted nature. And thus it comes that, though he is separated from us by centuries, he has still the freshness of a poet of our times: certainly more modern than some of those of recent days who have exhumed the Paganism banished forever by Christ's triumph on the Cross. There breathes in Alighieri the piety that we too feel; the Faith has the same meaning for us; it is covered with the same veil, "the truth given to us from on high, by which we are lifted so high." That is his great glory, to be the Christian poet, to have sung with Divine accents those Christian ideals which he so passionately loved in all the splendour of their beauty, feeling them intimately and making them his life. Such as dare to deny to Dante this award and reduce all the religious content of the Divina Commedia to a vague ideology without basis of truth fail to see the real characteristic of the poet, the foundation of all his other merits.

10. If then Dante owes so great part of his fame and greatness to the Catholic Faith, let that one example, to say nothing of others, suffice to show the falseness of the assertion that obedience of mind and heart to God is a hindrance to genius, whereas indeed it incites and elevates it. Let it show also the harm done to the cause of learning and civilization by such as desire to banish all idea of religion from public instruction. Deplorable indeed is the system prevalent today of educating young students as if God did not exist and without the least reference to the supernatural. In some places the "sacred poem" is not kept outside the schools, is indeed numbered among the books to be studied specially; but it does not bring to the young students that "vital nourishment" which it should do because through the principle of the "lay school" they are not disposed towards the truths of the Faith as they should be. Heaven grant that this may be the fruit of the Dante Centenary: that wherever literary instruction is given the great poet may be held in due honour and that he himself may be for the pupils the teacher of Christian doctrine, he whose one purpose in his poem was "to raise mortals from the state of misery," that is from the state of sin, "and lead them to the state of happiness," that is of divine grace (Epist. III, para. 15).

11. And you, beloved children, whose lot it is to promote learning under the magisterium of the Church, continue as you are doing to love and tend the noble poet whom We do not hesitate to call the most eloquent singer of the Christian idea. The more profit you draw from study of him the higher will be your culture, irradiated by the splendours of truth, and the stronger and more spontaneous your devotion to the Catholic Faith.

As pledge of celestial favours and witness of Our paternal benevolence we impart to you, beloved children, with all Our heart, the Apostolic benediction.

Given at Rome at St. Peter's, April 30, 1921, the seventh year of Our Pontificate.

BENEDICT XV

© Copyright - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE : http://www.vatican.va/content/benedict-xv/en/encyclicals/documents/hf_ben-xv_enc_30041921_in-praeclara-summorum.html

Domenico di Michelino  (1417–1491, d’après  Alesso Baldovinetti  (1425–1499. La Divina Commedia di Dante, 1465, 232 x 290, Florence Cathedral  


LETTERA ENCICLICA

IN PRAECLARA SUMMORUM

DEL SOMMO PONTEFICE
BENEDETTO XV

AI DILETTI FIGLI PROFESSORI ED ALUNNI
DEGLI ISTITUTI LETTERARI E DI ALTA CULTURA
DEL MONDO CATTOLICO
IN OCCASIONE DEL VI CENTENARIO DELLA MORTE
DI DANTE ALIGHIERI

 

Diletti figli, salute e Apostolica Benedizione.

Nella illustre schiera dei grandi personaggi, che con la loro fama e la loro gloria hanno onorato il cattolicesimo in tanti settori ma specialmente nelle lettere e nelle belle arti, lasciando immortali frutti del loro ingegno e rendendosi altamente benemeriti della civiltà e della Chiesa, occupa un posto assolutamente particolare Dante Alighieri, della cui morte si celebrerà tra poco il sesto centenario. Mai, forse, come oggi fu posta in tanta luce la singolare grandezza di questo uomo, mentre non solo l’Italia, giustamente orgogliosa di avergli dato i natali, ma tutte le nazioni civili, per mezzo di appositi comitati di dotti, si accingono a solennizzarne la memoria, affinché questo eccelso genio, che è vanto e decoro dell’umanità, venga onorato dal mondo intero.

Noi pertanto, in questo magnifico coro di tanti buoni, non dobbiamo assolutamente mancare, ma presiedervi piuttosto, spettando soprattutto alla Chiesa, che gli fu madre, il diritto di chiamare suo l’Alighieri.

Quindi, come al principio del Nostro Pontificato, con una lettera diretta all’Arcivescovo di Ravenna, Ci siamo fatti promotori dei restauri del tempio presso cui riposano le ceneri dell’Alighieri, così ora, quasi ad iniziare il ciclo delle feste centenarie, Ci è parso opportuno rivolgere la parola a voi tutti, diletti figli, che coltivate le lettere sotto la materna vigilanza della Chiesa, per dimostrare ancor meglio l’intima unione di Dante con questa Cattedra di Pietro, e come le lodi tributate a così eccelso nome ridondino necessariamente in non piccola parte ad onore della fede cattolica.

In primo luogo, poiché il nostro Poeta durante l’intera sua vita professò in modo esemplare la religione cattolica, si può dire consentaneo ai suoi voti che questa commemorazione solenne si faccia, come si farà, sotto gli auspici della religione; e che se essa avrà compimento in San Francesco di Ravenna, s’inizi però a Firenze, in quel suo bellissimo San Giovanni, a cui negli ultimi anni di sua vita egli, esule, con intensa nostalgia ripensava, bramando e sospirando di essere incoronato poeta sul fonte stesso dove, bambino, era stato battezzato.

Nato in un’epoca nella quale fiorivano gli studi filosofici e teologici per merito dei dottori scolastici, che raccoglievano le migliori opere degli antichi e le tramandavano ai posteri dopo averle illustrate secondo il loro metodo, Dante, in mezzo alle varie correnti del pensiero, si fece discepolo del principe della Scolastica Tommaso d’Aquino; e dalla sua mente di tempra angelica attinse quasi tutte le sue cognizioni filosofiche e teologiche, mentre non trascurava nessun ramo dell’umano sapere e beveva largamente alle fonti della Sacra Scrittura e dei Padri. Appreso così quasi tutto lo scibile, e nutrito specialmente di sapienza cristiana, quando si accinse a scrivere, dallo stesso mondo della religione egli trasse motivo per trattare in versi una materia immensa e di sommo respiro.

In questa vicenda si deve ammirare la prodigiosa vastità ed acutezza del suo ingegno, ma si deve anche riconoscere che ben poderoso slancio d’ispirazione egli trasse dalla fede divina, e che quindi poté abbellire il suo immortale poema della multiforme luce delle verità rivelate da Dio, non meno che di tutti gli splendori dell’arte.

Infatti tutta la sua Commedia, che meritatamente ebbe il titolo di divina, pur nelle varie finzioni simboliche e nei ricordi della vita dei mortali sulla terra, ad altro fine non mira se non a glorificare la giustizia e la provvidenza di Dio, che governa il mondo nel tempo e nell’eternità, premia e punisce gli uomini, sia individualmente, sia nelle comunità, secondo le loro responsabilità. Quindi in questo poema, conformemente alla rivelazione divina, risplendono la maestà di Dio Uno e Trino, la Redenzione del genere umano operata dal Verbo di Dio fatto uomo, la somma benignità e liberalità di Maria Vergine Madre, Regina del Cielo, e la superna gloria dei santi, degli angeli e degli uomini. Ad esso si contrappone la dimora delle anime che, una volta consumato il periodo di espiazione previsto per i peccatori, vedono aprirsi il cielo davanti a loro. Ed emerge che una sapientissima mente governa in tutto il poema l’esposizione di questi e di altri dogmi cattolici.

Se il progresso delle scienze astronomiche dimostrò poi che non aveva fondamento quella concezione del mondo, e che non esistono le sfere supposte dagli antichi, trovando che la natura, il numero e il corso degli astri e dei pianeti sono assolutamente diversi da quanto quelli ne pensavano, non venne meno però il principio fondamentale, che l’universo, qualunque sia l’ordine che lo sostiene nelle sue parti, è opera del cenno creatore e conservatore di Dio onnipotente, il quale tutto muove, e la cui gloria risplende in una parte più, e meno altrove; questa terra che noi abitiamo, quantunque non sia il centro dell’universo, come un tempo si credeva, tuttavia è sempre stata la sede della felicità dei nostri progenitori, e testimone in seguito della loro miserrima caduta, che segnò per essi la perdita di quella felice condizione che fu poi restituita dal sangue di Gesù Cristo, eterna salvezza degli uomini. Perciò Dante, che aveva costruito nel proprio pensiero la triplice condizione delle anime, immaginando prima del giudizio finale sia la dannazione dei reprobi, sia l’espiazione delle anime pie, sia la felicità dei beati, deve essere stato ispirato dalla luce della fede.

In verità Noi riteniamo che gl’insegnamenti lasciatici da Dante in tutte le sue opere, ma specialmente nel suo triplice carme, possano servire quale validissima guida per gli uomini del nostro tempo. Innanzi tutto i cristiani debbono somma riverenza alla Sacra Scrittura e accettare con assoluta docilità quanto essa contiene. In ciò l’Alighieri è esplicito: « Sebbene gli scrivani della divina parola siano molti, tuttavia il solo che detta è Dio, il quale si è degnato di esprimerci il suo messaggio di bontà attraverso le penne di molti » [1]. Espressione splendida e assolutamente vera! E così pure la seguente: « Il Vecchio e il Nuovo Testamento, emessi per l’eternità, come dice il Profeta » contengono « insegnamenti spirituali che trascendono la ragione umana », impartiti « dallo Spirito Santo, il quale attraverso i Profeti, gli Scrittori di cose sacre, nonché attraverso Gesù Cristo, coeterno Figlio di Dio, e i suoi discepoli rivelò la verità soprannaturale e a noi necessaria » [2]. Pertanto Dante dice giustamente che da quell’eternità che verrà dopo il corso della vita mortale « noi traiamo la certezza che viene dall’infallibile dottrina di Cristo, la quale è Via, Verità e Luce: Via, perché attraverso essa giungiamo senza ostacoli alla beatitudine eterna; Verità, perché essa è priva di qualsiasi errore; Luce, perché ci illumina nelle tenebre terrene dell’ignoranza » [3]. Egli onora di non minore rispetto « quei venerandi Concìli principali, ai quali tutti i fedeli credono senza alcun dubbio che Cristo abbia partecipato ». Oltre a questi, Dante tiene in grande stima « le scritture dei dottori, di Agostino e di altri ». In proposito, egli dice: « Chi dubita che essi siano stati aiutati dallo Spirito Santo, o non ha assolutamente visto i loro frutti o, se li ha visti, non li ha mai gustati » [4].

Per la verità, l’Alighieri ha una straordinaria deferenza per l’autorità della Chiesa Cattolica e per il potere del Romano Pontefice, tanto che a suo parere sono valide tutte le leggi e tutte le istituzioni della Chicaa che dallo stesso sono state disposte. Da qui quell’energica ammonizione ai cristiani: dal momento che essi hanno i due Testamenti, e contemporaneamente il Pastore della Chiesa dal quale sono guidati, si ritengano soddisfatti di questi mezzi di salvezza. Perciò, afflitto dai mali della Chiesa come fossero suoi, mentre deplora e stigmatizza ogni ribellione dei cristiani al Sommo Pontefice dopo il trasferimento dell’Apostolica Sede da Roma [ad Avignone], così scrive ai Cardinali Italiani: « Noi, dunque, che confessiamo il medesimo Padre e Figliuolo: il medesimo Dio e uomo, e la medesima Madre e Vergine; noi, per i quali e per la salvezza dei quali fu detto a colui che era stato interrogato tre volte a proposito della carità: “ Pasci, o Pietro, il sacrosanto ovile ”; noi che di Roma (cui, dopo le pompe di tanti trionfi, Cristo con le parole e con le opere confermò l’imperio sul mondo, e che Pietro ancora e Paolo, l’Apostolo delle genti, consacrarono quale Sede Apostolica col proprio sangue), siamo costretti con Geremia, facendo lamenti non per i futuri ma per i presenti, a piangere dolorosamente, di essa, quale vedova e derelitta; noi siamo affranti nel vedere lei così ridotta, non meno che il vedere la piaga deplorevole delle eresie » [5].

Dunque egli definisce la Chiesa Romana quale « Madre piissima » o « Sposa del Crocifisso », e Pietro quale giudice infallibile della verità rivelata da Dio, cui è dovuta da tutti assoluta sottomissione in materia di fede e di comportamento ai fini della salvezza eterna. Pertanto, quantunque ritenga che la dignità dell’Imperatore venga direttamente da Dio, tuttavia egli dichiara che « questa verità non va intesa così strettamente che il Principe Romano non si sottometta in qualche caso al Pontefice Romano, in quanto la felicità terrena e in un certo modo subordinata alla felicità eterna » [6]. Principio davvero ottimo è sapiente, che se fosse fedelmente osservato anche oggi recherebbe certamente copiosi frutti di prosperità agli Stati.

Ma, si dirà, egli inveì con oltraggiosa acrimonia contro i Sommi Pontefici del suo tempo. È vero; ma contro quelli che dissentivano da lui nella politica e che egli credeva stessero dalla parte di coloro che lo avevano cacciato dalla patria. Tuttavia si deve pur compatire un uomo, tanto sbattuto dalla fortuna, se con animo esulcerato irruppe talvolta in invettive che passavano il segno, tanto più che ad esasperarlo nella sua ira non furono certo estranee le false notizie propalate, come suole accadere, da avversari politici sempre propensi ad interpretare tutto malignamente. Del resto, poiché la debolezza è propria degli uomini, e « nemmeno le anime pie possono evitare di essere insudiciate dalla polvere del mondo » [7], chi potrebbe negare che in quel tempo vi fossero delle cose da rimproverare al clero, per cui un animo così devoto alla Chiesa, come quello di Dante, ne doveva essere assai disgustato, quando sappiamo che anche uomini insigni per santità allora le riprovarono severamente?

Tuttavia, per quanto si scagliasse nelle sue invettive veementi, a ragione o a torto, contro persone ecclesiastiche, però non venne mai meno in lui il rispetto dovuto alla Chiesa e la riverenza alle Somme Chiavi; per cui nella sua opera politica intese difendere la propria opinione « con quell’ossequio che deve usare un figlio pio verso il proprio padre, pio verso la madre, pio verso Cristo, pio verso la Chiesa, pio verso il Pastore, pio verso tutti coloro che professano la religione Cristiana, per la tutela della verità » [8].

Pertanto, avendo egli basato su questi saldi principi religiosi tutta la struttura del suo poema, non stupisce se in esso si riscontra un vero tesoro di dottrina cattolica; cioè non solo il succo della filosofia e della teologia cristiana, ma anche il compendio delle leggi divine che devono presiedere all’ordinamento ed all’amministrazione degli Stati; infatti l’Alighieri non era uomo che per ingrandire la patria o compiacere ai prìncipi potesse sostenere che lo Stato può misconoscere la giustizia e i diritti di Dio, perché egli sapeva perfettamente che il mantenimento di questi diritti è il principale fondamento delle nazioni.

Indicibile, dunque, è il godimento che procura l’opera del Poeta; ma non minore è il profitto che lo studioso ne ricava, perfezionando il suo gusto artistico ed accendendosi di zelo per la virtù, a condizione però che egli sia spoglio di pregiudizi, ed aperto alla verità. Anzi, mentre non è scarso il numero dei grandi poeti cattolici che uniscono l’utile al dilettevole, in Dante è singolare il fatto che, affascinando il lettore con la varietà delle immagini, con la vivezza dei colori, con la grandiosità delle espressioni e dei pensieri, lo trascina all’amore della cristiana sapienza; né alcuno ignora che egli apertamente dichiara di aver composto il suo poema per apprestare a tutti vitale nutrimento. Infatti sappiamo che alcuni, anche recentemente, lontani sì, ma non avversi a Cristo, studiando con amore la Divina Commedia, per divina grazia, prima cominciarono ad ammirare la verità della fede cattolica e poi finirono col gettarsi entusiasti tra le braccia della Chiesa.

Quanto abbiamo esposto fino ad ora è sufficiente per dimostrare quanto sia opportuno che, in occasione di questo centenario che interessa tutto il mondo cattolico, ciascuno alimenti il suo zelo per conservare quella fede che sì luminosamente si rivelò, se in altri mai, nell’Alighieri, quale fautrice della cultura e dell’arte. Infatti, in lui non va soltanto ammirata l’altezza somma dell’ingegno, ma anche la vastità dell’argomento che la religione divina offerse al suo canto. Se la natura gli aveva fornito un ingegno tanto acuto, affinato nel lungo studio dei capolavori degli antichi classici, maggiore acutezza egli trasse, come abbiamo detto, dagli scritti dei Dottori e dei Padri della Chiesa, che consentirono al suo pensiero di elevarsi e di spaziare in orizzonti ben più vasti di quelli racchiusi nei limiti ristretti della natura. Perciò egli, quantunque separato da noi da un intervallo di secoli, conserva ancora la freschezza di un poeta dell’età nostra; e certamente è assai più moderno di certi vati recenti, esumatori di quell’antichità che fu spazzata via da Cristo, trionfante sulla Croce. Spira nell’Alighieri la stessa pietà che è in noi; la sua fede ha gli stessi sentimenti, e degli stessi veli si riveste « la verità a noi venuta dal cielo e che tanto ci sublima ». Questo è il suo elogio principale: di essere un poeta cristiano e di aver cantato con accenti quasi divini gli ideali cristiani dei quali contemplava con tutta l’anima la bellezza e lo splendore, comprendendoli mirabilmente e dei quali egli stesso viveva. Conseguentemente, coloro che osano negare a Dante tale merito e riducono tutta la sostanza religiosa della Divina Commedia ad una vaga ideologia che non ha base di verità, misconoscono certo nel Poeta ciò che è caratteristico e fondamento di tutti gli altri suoi pregi.

Dunque, se Dante deve alla fede cattolica tanta parte della sua fama e della sua grandezza, valga solo questo esempio, per tacere gli altri, a dimostrare quanto sia falso che l’ossequio della mente e del cuore a Dio tarpi le ali dell’ingegno, mentre lo sprona e lo innalza; e quanto male rechino al progresso della cultura e della civiltà coloro che vogliono bandita dall’istruzione ogni idea di religione. È, infatti, assai deplorevole il sistema ufficiale odierno di educare la gioventù studiosa come se Dio non esistesse e senza la minima allusione al soprannaturale. Poiché sebbene in qualche luogo il « poema sacro » non sia tenuto lontano dalle scuole pubbliche e sia anzi annoverato fra i libri che devono essere più studiati, esso però non suole per lo più recare ai giovani quel vitale nutrimento che è destinato a produrre, in quanto essi, per l’indirizzo difettoso degli studi, non sono disposti verso la verità della fede come sarebbe necessario.

Volesse il cielo che queste celebrazioni centenarie facessero in modo che ovunque si impartisse l’insegnamento letterario, che Dante fosse tenuto nel dovuto onore e che egli stesso pertanto fosse per gli studenti un maestro di dottrina cristiana, dato che egli, componendo il suo poema, non ebbe altro scopo che « sollevare i mortali dallo stato di miseria », cioè del peccato, e « di condurli allo stato di beatitudine », cioè della grazia divina [9].

E voi, diletti figli, che avete la fortuna di coltivare lo studio delle lettere e delle belle arti sotto il magistero della Chiesa, amate e abbiate caro, come fate, questo Poeta, che Noi non esitiamo a definire il cantore e l’araldo più eloquente del pensiero cristiano. Quanto più vi dedicherete a lui con amore, tanto più la luce della verità illuminerà le vostre anime, e più saldamente resterete fedeli e devoti alla santa Fede.

Quale auspicio dei celesti favori ed a testimonianza della Nostra paterna benevolenza, impartiamo con affetto a voi tutti, diletti figli, l’Apostolica Benedizione.

Dato a Roma, presso San Pietro, il 30 aprile 1921, nell’anno settimo del Nostro Pontificato.  
 

BENEDICTUS PP. XV 


[1] Mon. III, 4.

[2] Mon. III, 3, 16.

[3] Conv. II, 9.

[4] Mon. III, 3.

[5] Epist. VIII.

[6] Mon. III, 16.

[7] S. Leo M., Serm. 4 de Quadrag.

[8] Mon. III, 3.

[9] Epist. X, 15.

© Copyright - Libreria Editrice Vaticana

SOURCE : http://www.vatican.va/content/benedict-xv/it/encyclicals/documents/hf_ben-xv_enc_30041921_in-praeclara-summorum.html


BENEDICTUS PP. XV

LITTERAE ENCYCLICAE

IN PRAECLARA SUMMORUM*

DILECTIS FILIIS DOCTORIBUS ET ALUMNIS LITTERARUM ARTIUMQUE OPTIMARUM ORBIS CATHOLICI,
SAECULO SEXTO EXEUNTE AB OBITU DANTIS ALIGHERII.

VENERABILES FRATRES SALUTEM
ET APOSTOLICAM BENEDICTIONEM

 

In praeclara summorum copia hominum, suo splendore et gloria fidem catholicam illustrandum, qui cum in omni genere, tum praesertim in litteris diseiplinisque optimis ita sunt versati ut, immortalibus facultatis suae editis fructibus, de civili societate aeque ac de Ecclesia bene meruerint, singularem plane Dantes Aligherius locum obtinet, cuius ab obitu plenus mox erit annus sexcentesimus. Profecto huius viri praestantia excellens num quam fortasse alias testatior fuit quam hoc tempore; nam ad eius ornandam memoriam non modo sese alacris comparat Italia, cui de tali sobole gloriar licet, sed apud omnes, quotquot sunt, excultas ad humanitatem gentes novimus propria quaedam constituta esse eruditorum consilia ob eam causam: ut hoc humani generis insigne decus communi orbis terrarum praeconio celebretur.

Iamvero tam mirifico quasi choro bonorum omnium non solum non deesse Nos decet, sed quodammodo praeesse; quandoquidem Aligherium in primis et maxime Ecclesia parens agnoscit suum. Cum igitur sub exordium Pontificatus epistolam ad Archiepiscopum Ravennatium dederimus de templo in Aligherii saecularia decorando, quocum monumentum sepulcri eius continens est, nunc, ea ipsa sollemnia tamquam: auspicantibus, visum est Nobis, dilecti filii, qui, Ecclesia advigilante, in litterarum studiis versamini, vos alioqui universos, quo faciamus vel planius, quanta intercedat Aligherio cum hac Petri Cathedra coniunctio, quamque sit necesse  laudes, tanto tributas nomini, in fidem catholicam haud exigua ex parte redundare.

Ac primum, quoniam hic noster in omni vita catholicam religionem in exemplum est professus, ipsius votis consentaneum videtur, quod intelligimus futurum, ut, religione auspice, sollemnis eius commemoratio fiat, et ea exitum quidem Ravennae habeat ad Sancti Francisci, sed initium capiat Florentia ad Sancti Ioannis, de qua aede pulcherrima ipse, prope iam acta aetate, acri cum desiderio recogitabat exui, optans scilicet et cupiens ibidem poeticam lauream de salutaris  lavacri fonte suscipere, ubi infans, rite fuisset ablutus. — Cum in eam incidisset aetatem, quae philosophiae divinarumque rerum studiis floreret, doctorum scholasticorum opera qui lectissima quaeque a maioribus accepta colligerent, subtilitesque ad suam rationem revocata posteris traderent, is in magna varietate disciplinarum, secutus est maxime Thomam Aquinatem, Scholae principem; eoque magistro, cuius angelica mentis indoles nobilitata est, fere didicit quidquid philosophando ac de divinis rebus disputando didicit, cum quidem nullum cognitionis scientiaeque genus negligeret, multusque esset in Sacris Scripturis atque in Patrum libris pervolutandis. Ita quavis a doctrina instructissimus, in primis autem christianae sapientiae consultus, cum mentem appulisset ad scribendum, ex ipso religionis regno materiam versibus tractandam paene immensam planeque gravissimam sumpsit. In quo quidem huius incredibilem magnitudinem et vim ingenii mirari licet; sedi simul est ante oculos, multum ei roboris a divinae fidei afflatu accessisse, eoque factum esse, ut suum ipse opus maximum traditae divinitus veritatis splendore multiplici non minus, quam omnibus artis luminibus distingueret. Etenim haec, quae merito appellatur divina, Comoedia omnis, in iis ipsis quas habet multis locis vel fictas res et commenticias, vel recordationes mortalis vitae, eo demum spectat, ad iustitiam efferendam providentiamque Dei, mundum et in cursu temporum et in aeternitate gubernantia, hominibusque tum singulis tum consociatis aut praemia tribuentis aut poenas, quas meruerint. Quare, congruenter admodum iis quae catholica  fide creduntur, in hoc nitet poemate et unius Dei augusta Trinitas, et humani generis ab Incarnato Dei Verbo facta Redemptio et Mariae Virginis Deiparae caelorum Reginae benignitas summa ac liberalitas et sanctorum angelorum  hominumque beatitudo superna; cui quidem e regione opponuntur apud inferos supplicia impiis constituta, interiecta inter utrumque locum sede animarum, quibus, suo tempore expiatis, aditus in caelos patefiat. Atque horum ceterorumque catholicorum dogmatum in toto carmine sapientissimus quidam contextus apparet. - Quod si de caelestibus rebus scientiae pervestigatio progrediens aperuit deinceps eam mundi compositionem sphaerasque illas, quae veterum doctrina ponerentur, nullas esse, naturamque et numerum et cursum stellarum et siderum alia esse prorsus atque illi iudicavissent, manet tamen hanc rerum universitatem quoquo eius partes regantur ordine eodem administrari nutu quo est condita Dei omnipotentis qui omnia quaecumque sunt, moveat et cuius gioria plus minus usquequaque eluceat: hanc autem terram quam nos homines incolimus licet ad universi caeli complexum iam non quasi centrum, ut opinio fuit, obtinere dicenda sit, ipsam tamen et sedem beatae nostrorum progenitorum vitae fuisse, et testem deinde tum eius, quam illi fecerunt ex eo statu prolapsionis miserrimiae tum restitutae Iesu Christi sanguine hominum salutis sempiternae. - Ergo triplicem animarum vitam, quam cogitatione finxerat sic explicavit ut declarandae ante extremum divini iudicii diem vel damnation reproborum vel piorum manium purgationi vel beatorum felicitati clarissimum lumen ab intima fidei doctrina petere videatur.

Iam vero ex iis quae cum in ceteris scriptis, tum praesertim in tripartito tradit carmine, haec potissimum putamus bono esse posse hominibus nostris documento. Primum Scripturae Sanctae summam deberi a christianorum quoque reverentiam, summoque cum obsequio oportere accipi quidquid ea contineatur, ex eo confirmat quia quamquam scribae divini eloquii multi sint, unicus tamen dictator est Deus, qui beneplacitum suum nobis per multorum calamos explicare dignatus est [1]. Quod sane pulcre est verissimeque dictum. Itemque illud, vetus et novum Testamentum, quod in aeternum mandatum est, ut ait Propheta, habent spiritualia documenta quae humanam rationem transcendunt tradita a Spiritu Sancto, qui per Prophetas et Hagiographos, qui per coaeternum sibi Dei Filium Iesum Christum et per eius discipulos, supernaturalem veritatem ac nobis necessariam revelavit [2]. Rectissime igitur de eo quod mortalis vitae cursum sequetur, aevo sempiterno « nos certum habemus, ait ex doctrina Christi veracissima quae Via, Veritas et Lux est: Via quidem, nam ea ipsa ad immortalitatis beatitudinem nulla re impediti contendimus; Veritas, quia omnis est erroris expers; Lux, quia nos in mundanis inscitiae tenebris illuminat » [3]. Neque is minus colit atque observat veneranda illa Concilia principalia, quibus Christum interfuisse nemo fidelis dubitat. Ad haec magni etiam ab eo fiunt scripturae doctorum Augustini et aliorum quos, inquit, a Spiritu Sancto adiutos qui dubitat, fructus eorum vel omnino non vidit, vel, si vidit, minime degustavit [4].

Ecclesiae vero Catholicae auctoritati mirum quantum tribuit Aligherius, quantum Romani Pontificis potestati, utpote ex qua quaevis Ecclesiae ipsius leges et instituta valeant. Quare nervose illud christianos admonet, cum utrumque Testamentum habeant simulque Pastorem Ecclesiae a quo ducantur his ad salutem adiumentis contenti sint. Ecclesiae igitur malis sic affectu ut suis omnemque christianorum a summo antistite defectionem deplorans et exsecrans, Cardinales Italos post Apostolicam Sedem Roma translatam, ita alloquitur: Nos quoque eundem Patrem et Filium, eundem Deum et hominem, nec non eandem Matrem et Virginem profitentes, propter quos et propter quorum salutem ter de caritate interrogat dictum est; Petre pasce sacrosanctum ovile; Römern, cui post tot triumphorum pompas et verbo et opere Christus orbis confirmavit imperium; quam etiam ille Petrus et Paulus gentium praedicator in Apostolicam Sedem aspergine proprii sanguinis consecrarunt; quam nunc cum leremia non lugendo post venientes, sed post ipsum dolentes viduam et desertam lugere compellimur; piget, heu, non minus quam plagam lamentabilem cernere haeresum [5]. Itaque Ecclesiam Romanan vel matrem piissimam vel Sponsam Crucifixi nominat, Petrum autem traditae a Deo veritatis iudicem falli neseium, cui de rebus, aeternae salutis causa, credendis agendisve, ab omnibus sit obedientisisime obtemperandum. Quapropter, quamvis Imperatoris dignitatem ab ipso Deo proficisci existimet haec tamen veritas inquit non sic stricte recipienda est ut Romanus Princeps in aliquo Romano Pontifici non subiaceat; quum mortalis ista felicitas quodammodo ad immortalem felicitatem ordinetur [6]. Optima enimvero plenaque sapientiae ratio quae quidem si hodie sancte servetur fructus sane rebus publicis afferat prosperitatis uberrimos.

At in Summos Pontifices sui temporis perquam acerbe et contumeliose est invectus. - Scilicet in eos, a quibus de re publica dissentiebat, cum ea parte ut opinabatur facientibus quae se domo patriaque expulisset. Atqui ignoscendum est viro tantis iactato fortunae fluctibus, si exulcerato animo quicquam fudit, quod transisse videtur modum: eo vel magis quod ad iram eius infiammandam non est dubium quin hominum, ut assolet, male de adversariis omnia interpretantium, rumores accesserint. Ceterum, quoniam » - quae est mortalium infirmitas - « necesse est de mundano pulvere etiam religiosa corda sordescere » [7], quis neget nonnulla eo tempore fuisse in hominibus sacri ordinis haud probanda, quae animum eius, Ecclesiae dediti s simuim, aegritudine molestiaque afficereiit, cum eadem viris, vitae sanctimonia praestantibus, graves, ut accepimus, querimonias expresserat ? Sed enim, quicquid in sacro ordine, seu recte seu perperam, reprehendit indigliabundus ac vituperavit, nihil umquam tamen detractum voluit de honore Ecclesiae debito, nihil de Summarum Clavium observantia: quamobrem in politicis suam propriam tueri sententiam instituit illa reverentia fretus, quam pius filius debet patri, quam pius filius matri, pius in Christum, pius in Ecclesiam, pius in Pastorem, pius in omnes Christianam religionem, profitentes, pro salute veritatis [8].

His igitur religionis fundamentis cum omnem sui poematis tamquam fabricam excitaverit, mirum non est, si quasi quendam catholicae doctrinae thesaurum in eo conditum reperias, id est cum philosophiae theologiaeque christianae sucum, tum etiam divinarum summam legum de ordinandis administrandisve rebus publicis : neque enim is erat Aligherius, qui, patriam amplificandi causa vel principibus gratificando negligi posse diceret publice iustitiam Deique ius, cuius in conservatione probe sciret civitates niti maxime et consistere.

Quare ab hoc Poeta mirificara quidem, pro eius excellentia, licet oblectationem petere, at non minorem fructum et eum ad eruditionem simul artis atque ad disciplinam virtutis aptissimum; modo, qui eum adierit, vacuo sit praeiudicatis opinionibus anime studiosoque veritatis. Quin, cum e nostris non pauci numerentur boni poetae qui omne ferre punctum, ut dicitur, videantur, miscentes utile dulci, habet hoc Dantes, ut singulari lectorem et imaginum varietate et colorum pulcritudine et sententiarum ac verborum granditate capiens, ad christianae sapientiae amorem alliciat atque excitet: ipsumque neiao ignorat aperte professum, ea se mente hoc carmen composuisse, ut aliquod praeberet omnibus vitale nutrimentum. Itaque scimus nonnullos, vel recenti memoria, qui remoti a Christo, non aversi essent, cum huius praecipue lectione studioque tenerentur, divino munere, veritatem primo suspexisse catholicae fidei, ac subinde se in Ecclesiae sinum libentissime recepisse.

Quae hactenus memorata sunt, satis ostendunt quam sit opportunum per haec saecularia toto orbe catholico optimum quemque eo fieri alacriorem ad retinendam, fautrioem bonarum artium, Fidem, cuius haec ipsa virtus egregie, si unquam alias, in Aligherio spectata est. Etenim in eo non modo summa ingenii facultas efficit admirationem: verum etiam immensa quaedam magnitudo argumenti, quod divina ei religio ministravit ad canendum; et is quod habuerat a natura tantum acuminis, diu quidem multumque exemplarium veterum contemplatione limavit, sed eo magis exacuit Ecclesiae Doctorum et Patrum disciplinis, ut diximus; quae res ei tribuit, ut cogitatione et mente multo evolare altius tiusque posset, quam si naturae finibus, exiguis sane, se continuisset. Itaque eum, quamquam a nobis tanto saeculorum intervallo seiungitur, huius paene aetatis dixeris esse, certe longe recentiorem quam quemquam ex his, qui nunc sunt, cantoribus vetustatis eius quam Christus e Cruce victor de medio pepulit. Eadem omnino spirat in Aligherio, atque in nobis pietas; eosdem habet sensus religio; iisdem tamquam velaminibus utitur « allata nobis de caelo veritas, qua tam sublime evecti sumus ». Haec eius nobilissima laus est, christianum esse poetam, id est christiana instituta, quorum contemplaretur toto animo speciem ac formam, de quibus mirabiliter sentiret, quibus ipse viveret, divino quodam eecinisse cantu; quam laudem qui inficiali non dubitant, omnem Comoediae religiosam, rationem commenticiae cuidam fabulae comparantes, nulla veritate subiecta, ii profecto id inficiantur quod est in Poeta nostro praecipuum, et ceterarum eius laudum fundamentum.

Ergo, si tam magnam honestatis amplitudinisque suae partem debet catholicae fidei Dantes, iam, ut alia omittamus, vel hoc uno exemplo illud confirmare licet, tantum abesse ut obsequium mentis animique in Deum ingeniorum cursum retardet, ut incitet etiam et promoveat: item iure colligitur, quam male consulant progressioni studiorum et humanitatis, qui nullum in iuventutis institutione patiuntur esse Religioni locum. Dolendum est enim disciplinam, qua publice studiosa iuventus instituitur, eiusmodi esse solere, quasi nulla sit Dei habenda homini ratio, nulla earum omnium, quae supra naturam sunt, rerum maximam. Nam, sicubi « poema sacrum » non habetur scholis publicis alienum, quin etiam in libris numeratur qui sunt studiosius perlegendi, at vitale illud nutrimentum, cui ferendo natum est, plerumque minime affert adolescentibus, utpote, disciplinae vitio, non sic animatis erga ea quae sunt divinae fidei, quemadmodum oportet. Quod utinam haec sollemnia saecularia id efficiant, ut, ubicumque datur opera erudiendae in litteris iuventuti, debito sit in honore Dantes, alumnosque christiana doctrina ipse imbuat; cui quidem in poemate condendo nihil aliud fuit propositum, nisi vemovere viventes in hac vita de statu miseriae, id est peccati, et perducere ad statum felicitatis, id est divinae gratiae [9].

Vos vero, dilecti filii, quibus auspicato contingit, ut litterarum artiumque optimarum studia, Ecclesia magistra, exerceatis, diligite earumque habete ut facitis, hunc Poetam, quem appellare christianae sapientiae laudatorem et praeconem unum omnium eloquentissimum non dubitamus. Huius enim in amore quo plus profeceritis, eo vos et perfectius ad veritatis splendorem vestros excoletis animos, et in Fidei sanctae obsequio studioque constantius permanebitis.

Atque auspicem divinorum munerum paternaeque benevolentiae Nostrae testem, apostolicam benedictionem vobis omnibus, dilecti filii, amantissime impertimus.

Datum Romae apud Sanctum Petrum, die XXX mensis aprilis MCMXXI, Pontificatus Nostri anno septimo.

 

BENEDICTUS PP. XV 


[1] Mon. III, 4.

[2] Mon. III, 3, 16.

[3] Conv. II, 9.

[4] Mon. III, 3.

[5] Epist. VIII.

[6] Mon. III, 16.

[7] S. Leo M., Serm. 4 de Quadrag.

[8] Mon. III, 3.

[9] Epist. X, 15.

*A.A.S., vol. XIII (1921), n. 6, pp. 209-217.

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SOURCE : http://www.vatican.va/content/benedict-xv/la/encyclicals/documents/hf_ben-xv_enc_30041921_in-praeclara-summorum.html