Bienheureuse Marie-Elisabeth Turgeon
Fondatrice des Soeurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire
(+1881)
Marie-Elisabeth Turgeon (Canada, 1840 - 1881)
fondatrice de la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire de
Saint-Germain, à Rimouski au Québec.
- déclarée vénérable le 11 octobre 2013
- le
17 septembre 2014, le Pape François a ordonné la promulgation du décret relatif
au miracle de la vénérable Marie-Elisabeth Turgeon, religieuse
canadienne (1840 - 1881), fondatrice des Sœurs de Notre Dame du Rosaire
(1840-1881).Un "modèle de vie consacrée à Dieu et de généreux engagement
au service du prochain": c'est en ces termes que le pape François a évoqué
Marie-Elisabeth Turgeon
- Conférence
des évêques catholiques du Canada
Née en 1840 à Beaumont, sur la Rive-Sud de Québec, sa
communauté religieuse est aujourd'hui présente au Canada, aux États-Unis, au
Honduras et au Guatemala. Elle est la première personne de l'archidiocèse
de Rimouski à qui l'Église a donné le titre de vénérable. Mère
Marie-Élisabeth (son nom en religion) est décédée le 17 août 1881.
Selon la biographie
fournie par sa communauté religieuse, Élisabeth a 15 ans quand son
père meurt prématurément. Cinq ans plus tard, elle entre à l'École Normale
Laval de Québec. Diplômée en 1862, elle enseigne à Saint-Romuald, ainsi que
dans la paroisse Saint-Roch à Québec et également à Sainte-Anne-de-Beaupré. Le
3 avril 1875, à l'invitation de Mgr Jean Langevin, évêque du diocèse de
Rimouski, elle se joint à un groupe de filles réunies, à la demande de
l'évêque, dans le but de former des institutrices qualifiées pour les écoles
des paroisses du diocèse de Rimouski.
- site de la Congrégation
des Sœurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire
- La
sœur Marie-Élisabeth Turgeon franchit une étape de plus vers la canonisation
(Radio Canada)
Sœur Marie-Élisabeth Turgeon est née à Beaumont en 1840.
Arrivée à Rimouski en 1875, Marie-Élisabeth Turgeon fonde la Congrégation des
Sœurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire qui envoie des sœurs en mission pour
enseigner dans les villages les plus pauvres du diocèse.
"Nous avons été éparpillées dans le Québec et
dans les paroisses, pas toujours sur le long de la route centrale. Nous avons
été dans l'arrière-pays et nous avons contribué à l'éducation des gens qui
étaient là, sans distinction des riches ou des pauvres", explique sœur
Rita Bérubé de la congrégation de Notre-Dame du Saint-Rosaire.
- archidiocèse
catholique Saint-Germain de Rimouski
- Un
doublé de fierté, billet de Mgr Pierre-André Fournier, archevêque de
Rimouski
Elle nous est proposée comme modèle pour aujourd'hui
encore. Sa vie n'est pas compréhensible sans prendre en compte son amour
passionné pour les enfants, fussent-ils dans des villages les plus éloignés. Il
est incalculable le nombre d'enfants qui ont connu une vie heureuse et épanouie
grâce au dévouement des membres de sa communauté. On peut parler d'une
maternité spirituelle des plus fécondes. Fortes et confiantes en la Providence,
ces femmes n'ont pas lâché, elles ont tenu bon. L'histoire de leur courage nous
porte à nous redresser.
- La bienheureuse Élisabeth
Turgeon, native de Beaumont. En l'église de Beaumont, a eu lieu une
célébration eucharistique spéciale afin de souligner la récente béatification
d'Élisabeth Turgeon. (vidéo)
"Laissez les petits enfants venir à moi"
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/12802/Bienheureuse-Marie-Elisabeth-Turgeon.html
Bienheureuse Élisabeth Turgeon
Béatification, le 26 avril 2015, à Rimouski
Vie
Élisabeth Turgeon naît le 7 février 1840 à Beaumont, à
quelques kilomètres de Lévis, sur la rive sud de Québec. Elle est la cinquième
d’une famille de huit filles et deux garçons. Très douée, elle désire
poursuivre ses études, mais, à quinze ans, la mort prématurée de son père
l’oblige à mettre son projet en veilleuse. Elle demeure alors au foyer familial
pour seconder sa mère dans l’éducation de ses quatre plus jeunes soeurs. Dès
son jeune âge, Élisabeth fait déjà preuve de maturité dans la foi. À vingt ans,
elle peut enfin fréquenter l’École Normale Laval de Québec pour se préparer à
oeuvrer dans l’enseignement. Malgré des périodes de repos exigées par son état
de santé, Élisabeth obtient brillamment son diplôme.
En 1863, elle prend la direction d’une école à
Saint-Romuald-d’Etchemin, non loin de la demeure familiale. Elle connaît le
succès, mais à deux reprises, elle voit la mort de près et doit même laisser
l’enseignement pendant une année entière. À la fin de l’année scolaire
1871-1872, la maladie l’oblige à quitter définitivement ce poste. Une fois
rétablie, Élisabeth Turgeon ouvre une classe privée à Saint-Roch de Québec,
mais, là encore, elle ne peut tenir le coup. Elle se tourne alors avec
confiance vers la « bonne sainte Anne » et promet d’enseigner gratuitement à
Sainte-Anne-de-Beaupré, si elle obtient sa guérison. Alors qu’elle remplit
cette promesse, l’abbé Jean Langevin, devenu évêque de Saint-Germain de
Rimouski, lui demande d’y venir pour diriger la « petite société »
d’institutrices qui était en voie de formation. À cause de sa santé précaire,
Élisabeth ne peut donner une réponse positive. L’évêque Langevin revient à la
charge et, à la troisième lettre insistante, Élisabeth Turgeon crut reconnaître
la volonté de Dieu l’appelant à la vie religieuse.
Élisabeth arrive donc à Rimouski le 3 avril 1875.
Quelques pieuses filles l’y avaient précédée, dont Louise Turgeon, sa soeur. À
ce groupe, Mgr Langevin avait déjà donné le nom de Soeurs des Petites-Écoles*.
Il confie à Élisabeth son projet de former de bonnes institutrices pour
répondre au besoin pressant d’éducation chrétienne des enfants pauvres des
campagnes. Le 12 septembre 1879, Élisabeth Turgeon et douze compagnes
prononcent leurs voeux. Religieuse, elle voit le Christ comme l’Époux de son
âme à qui elle ne peut rien refuser. Son ambition est de conformer sa vie à la
volonté divine perçue dans les événements quotidiens, dans les décisions de
l’autorité et dans les inspirations de l’Esprit. Nommée supérieure, Mère Marie
Élisabeth (de son nom de religieuse) s’emploie à affermir la congrégation. Elle
travaille à la mise au point de la législation : charte civile, constitutions,
règlements pour la conduite des soeurs dans les missions et pour la tenue des
écoles. Le 2 janvier 1880, elle fonde une première « mission », puis deux
autres en septembre de la même année, dans des milieux éloignés et extrêmement
pauvres qui faisaient partie à l’époque du diocèse de Rimouski. Il s’agit d’un
geste audacieux de sa part, dans une grande confiance en Dieu. Elle ouvre
ensuite, en la ville de Rimouski, une école indépendante où les novices
s’initient à l’enseignement.
La charité unifie sa vie. Élisabeth Turgeon apprend à
aimer en se laissant aimer. Elle aime toute personne, particulièrement ses
soeurs. Pour elles, elle est pleine d’attentions et de bonté pour toutes, se
préoccupant constamment de leur santé, leur procurant ce dont elles ont besoin.
Son amour est fait de tendresse : l’une de ses compagnes a rappelé qu’elle
excusait tout, souffrait de tout et de tous, sans « aigreur, sans animosité ».
Sa santé physique n’étant pas à la hauteur de ce que réclame la vie
d’institutrice, Élisabeth manifeste une force morale hors du commun; sa
constante douceur et sa sérénité n’expriment nullement l’état habituel de ses
souffrances. Il lui fallait communier profondément à la force de Dieu pour
étudier et prier pendant le jour, travailler la nuit à la lueur de la chandelle
pour tirer, de petits travaux manuels, l’indispensable à la survivance. Mère
Marie Élisabeth surmonte patiemment et joyeusement la faim, le froid, la
faiblesse corporelle et, à l’imitation de Jésus Christ, elle garde le silence
devant les fausses accusations de certaines personnes.
La santé chancelante de la Servante de Dieu ne peut
résister plus longtemps. Face à la mort, elle donne à ses soeurs le témoignage
de son entière soumission au Seigneur qui lui adresse un ultime appel. Sur son
lit de mourante, elle résume toutes ses exhortations dans le commandement de
Jésus : « Mes Soeurs, je vous recommande particulièrement l’union, la charité
fraternelle, quand on est uni dans une communauté, quand la paix règne parmi
ses membres, c’est le ciel sur la terre. » Elle meurt dans la paix le 17 août
1881, à l’âge de 41 ans. À son décès, Mère Marie Élisabeth Turgeon laisse dans
le deuil 14 professes, une novice et 2 postulantes.
Depuis 1881, 1 005 jeunes filles se sont engagées à la
suite d’Élisabeth Turgeon. Aujourd’hui, les soeurs de Notre-Dame du
Saint-Rosaire sont présentes au Québec (Canada), aux États-Unis, au Honduras,
au Guatemala et au Nicaragua.
Spiritualité
La spiritualité d’Élisabeth Turgeon est centrée sur la
recherche et l’accomplissement de la volonté de Dieu : « Mon Dieu et mon Tout !
Tout pour votre saint Amour ! »1 La radicalité de cette option confère à
ses paroles et à ses actes une cohérence exemplaire dans sa vie quotidienne.
Dès qu’Élisabeth saisit, à travers ce qui lui arrive, l’expression de la
volonté de Dieu, elle accepte, elle se soumet et elle agit. Une conviction profonde
l’habite : la volonté de Dieu est toujours bienfaisante, même à travers les
afflictions et les épreuves, « tout tourne au bien de ceux qui cherchent la
volonté de Dieu », « la volonté de Dieu est puissance agissante pour celui ou
celle qui y correspond ». Elle rappelle assidûment à ses filles spirituelles
l’attention à la volonté de Dieu; elle les invite à juger les décisions à
prendre à la lumière de cette volonté : « Devant Dieu, considérez les choses;
il vous inspirera ce que vous devez faire. » Elle parle de résignation, qui est
pour elle l’expression d’un mouvement d’abandon de toute sa personne à la
volonté de Dieu, abandon qu’elle a intensément vécu au quotidien. La qualité de
son obéissance, particulièrement à l’égard de l’autorité diocésaine, témoigne
qu’elle y reconnaît l’expression de la volonté de Dieu. Le jour de son
inhumation, l’évêque dira d’Élisabeth : « Elle était si obéissante. »
Sa spiritualité est polarisée par une mission :
l’instruction et l’éducation chrétiennes. Cette mission est essentiellement
celle du Christ et de l’Église, mission de salut qui doit nécessairement passer
par l’éducation et l’instruction des enfants pauvres des campagnes et être
réalisée dans la vie religieuse. « Tâchez donc de devenir de bonnes et dignes religieuses
et vous serez d’excellentes institutrices. » Une mission certes pénible, mais
abordée avec « confiance, courage et persévérance dans la voie que nous avons
embrassée; le repos vient après le travail, la victoire après le combat et la
joie succède à la peine ». Elle compte sur Dieu pour la réalisation de la
mission : « Il vous fortifiera, éclairera et donnera l’intelligence à ceux que
vous êtes chargées de conduire à Dieu. »
Sa spiritualité est vécue dans la foi, la charité et
l’espérance chrétiennes. Très tôt, Élisabeth Turgeon avait entendu l’invitation
de Dieu, le Père, « le bon Dieu », d’entrer en communion avec Lui. Elle
s’abandonne totalement à lui : « Jetons-nous dans les bras de la Divine
Miséricorde qui ne veut rien que notre bénéfice spirituel. » Quand elle parle
de Jésus, l’image qui lui revient le plus souvent est celle, biblique, de
l’Époux mort et ressuscité pour notre salut. En s’adressant à ses soeurs, elle
reprend presque toujours l’image traditionnelle de l’épouse aimante de l’Époux
: « Dites à Jésus : pour être votre épouse à jamais, je dois vous suivre sur la
route que vous avez parcourue. » Toute son ambition est de « savoir » Jésus, de
l’aimer et de le faire connaître aux enfants. Le plus grand désir d’Élisabeth
Turgeon était que le « beau ciel s’ouvrit » pour qu’elle puisse enfin voir
Jésus. Elle encourage ses soeurs en disant : « Travaillons avec ardeur et
constance pour mériter le séjour d’une demeure et d’une compagnie à nulle autre
comparable. »
Élisabeth Turgeon est une grande suppliante, et son
attachement à la prière est vital. Elle y recourt constamment et elle incite
ses soeurs à prier et à faire prier les enfants pour elle. Elle compte
inlassablement sur la prière pour obtenir subsistance, guérison, règlement
d’affaires, conversion, grâces de toutes sortes pour elle-même et pour les
autres. Elle sait d’expérience qu’« avec la protection de Jésus Christ, les
toiles d’araignée sont plus fortes que les murailles et, sans sa protection,
les plus fortes murailles ne sont que des toiles d’araignée ». Elle rend grâce
à Dieu d’avoir été choisie pour une mission auprès des jeunes et elle prie pour
que se réalisent la gloire de Dieu et le salut des âmes. Elle manifeste une
grande confiance et une dévotion particulière pour Marie « cette bonne Mère »,
« notre véritable Mère », la « Reine des Vierges ». Elle écrira : « Invoquons
Marie, elle saura nous protéger et nous défendre. » « Priez bien la sainte
Vierge, qu’elle enseigne avec vous et pour vous, et vos élèves feront de grands
progrès en science et en vertu. » Pour Élisabeth Turgeon, Marie est le chemin
le plus sûr pour aller à Jésus. De là découle la devise de la Congrégation des
Soeurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire : « Tout à Jésus par Marie ».
* En 1891, les Soeurs des Petites-Écoles prennent le
nom de Soeurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire.
1 Les citations proviennent de ses Lettres
écrites aux soeurs en mission (janvier 1880 à juin 1881) et du livret Sentences
contenant des extraits de ses Lettres et des notes écrites dans son calepin.
Pour plus de renseignements
Sites Internet :
Français
Béatification
d’Élisabeth Turgeon : Congrégation des soeurs du Saint-Rosaire
Centre
Élisabeth Turgeon : Congrégation des soeurs du Saint-Rosaire
Anglais
Beatification of Elisabeth Turgeon:
The Congregation of the Sisters of Our Lady of the Holy Rosary
The Elisabeth Turgeon Center: The
Congregation of the Sisters of Our Lady of the Holy Rosary
17 AOÛT
Bienheureuse Marie-Élisabeth Turgeon, RSR
Élisabeth Turgeon nait le 7 février 1840 à Beaumont
(Québec), la cinquième d’une famille de dix enfants. Très douée, elle désire
poursuivre les études mais, à quinze ans, la mort prématurée de son père
l’oblige à aider sa mère dans l’éducation de ses quatre plus jeunes sœurs. À
vingt ans elle peut enfin fréquenter l’École Normale à Laval pour se préparer à
œuvrer dans l’enseignement. En 1863, ayant terminé les études avec succès, elle
prend la direction d’une école non loin de la demeure familiale. Toutefois, à
la fin de l’année scolaire 1872, la maladie l’oblige à quitter ce poste. Une
fois rétablie, elle ouvre une classe privée à Saint Roch, mais encore une fois
elle doit arrêter.
Elle se tourne alors vers la « bonne Sainte
Anne » et promet d’enseigner gratuitement à Sainte-Anne-de-Beaupré, si
elle obtient la guérison. Alors qu’elle remplit cette promesse, l’abbé
Langevin, devenu évêque de Saint-Germain de Rimouski, lui demande de diriger la
petite société d’institutrices qui était en voie de formation. Élisabeth hésite
à cause de sa santé précaire, mais finalement décide d’accepter reconnaissant
en elle un appel à la vie religieuse. Avec d’autres jeunes filles elle
constitue le premier groupe de ce que l’abbé Langevin appellera les
« Sœurs des Petites Écoles », dévouées à répondre au besoin pressant
d’éducation chrétienne des enfants pauvres des campagnes. Le 12 septembre 1879,
Élisabeth et douze compagnes prononcent leurs vœux. Nommée supérieure, elle
s’emploie à affermir la congrégation et travaille à la mise au point de la
législation (charte civile, constitutions, règlements divers).
Le 2 janvier 1880 elle fonde une première mission, puis deux autres
en septembre, dans des milieux éloignés et extrêmement pauvres qui faisaient
partie à l’époque du diocèse de Rimouski. Elle ouvre ensuite en la ville de
Rimouski une école indépendante où les novices s’initient à l’enseignement.
La charité unifie sa vie : elle aime toute
personne, particulièrement ses sœurs pour qui elle est pleine d’attentions et
de bonté. Malgré sa santé fragile, Mère Marie-Elisabeth manifeste une force
hors du commun : elle travaille jour et nuit et surmonte patiemment et
joyeusement toutes les difficultés. Elle meurt le 17 août 1881, à l’âge de 41
ans, et est béatifiée le 26 avril 2015.
LIEN : http://www.soeursdusaintrosaire.org
CITATION : « Mes Sœurs, je vous recommande
particulièrement l’union, la charité fraternelle – quand on est uni dans une
communauté, quand la paix règne parmi ses membres, c’est le ciel sur la terre.
»
SOURCE : https://crc-canada.org/biographies/bienheureuse-marie-elisabeth-turgeon-rsr/
La bienheureuse Mère Marie-Élisabeth Turgeon
Cofondatrice des Sœurs des Petites-Écoles
PARMI les nombreuses communautés religieuses fondées
dans la deuxième moitié du XIXe siècle (La Renaissance catholique n° 201),
la congrégation des Sœurs des Petites-Écoles, appelées aussi Sœurs de
Notre-Dame du Saint-Rosaire, tient une place particulière en raison des
conditions extrêmement éprouvantes qui présidèrent à sa fondation par mère
Marie-Élisabeth Turgeon. Il est bon de présenter cette vie pleine
d’enseignements, ce récit nous donnera un éclairage véridique sur l’œuvre de
l’Église catholique au Canada en matière d’instruction scolaire à la fin du XIXe siècle,
tant décriée actuellement. Chacun pourra juger sur pièces.
TRENTE-QUATRE ANNÉES DE LENTE PRÉPARATION (1840-1874)
Élisabeth Turgeon est née le 7 février 1840 à Beaumont
près de Lévis, dans une famille de paysans modestes, qui ont juste de quoi
faire vivre leurs neuf enfants. Ses ancêtres paternels sont arrivés au pays en
1662, venant de Mortagne-au-Perche, tandis que ses ancêtres maternels sont
normands. Louis Turgeon, son père, a appris à lire par lui-même ; il sait assez
de latin pour comprendre les principaux textes liturgiques. Il conservera de ce
goût pour l’étude le désir de procurer à ses enfants une véritable instruction.
Baptisée le lendemain de sa naissance, élevée par ses
parents « dans la crainte de Dieu et l’amour de notre sainte
religion », la petite Élisabeth manifeste très tôt une piété profonde. Sa
grande sœur Louise, qui a fait ses études chez les sœurs de l’Hôpital général
de Québec, assure son instruction, si bien qu’Élisabeth étudie le catéchisme
dès l’âge de 7 ans. La prière, les visites au Saint-Sacrement et les lectures
spirituelles font ses délices. Louise parle souvent à sa petite sœur des
exemples de vertu, de dévouement et de charité qu’elle a remarqués au cloître.
Il n’en faut pas davantage pour voir naître dans le cœur de l’enfant un vif
désir de se donner tout à Dieu comme religieuse.
Hélas, en 1855, Élisabeth a la douleur de voir son
père mourir. Elle comprend que son devoir est d’aider sa mère aux soins de la
ferme. Elle fait donc le sacrifice de sa vocation religieuse, dans la
soumission à la volonté de bon plaisir du Bon Dieu, se dévouant ainsi sans
compter pendant cinq ans, au bout desquels sa mère lui propose de l’inscrire à
l’École normale Laval de Québec, pour devenir institutrice. Élisabeth s’y distingue
par ses excellents résultats (elle remporte dix prix en 1862 !), au point
d’être remarquée par le principal de l’École, l’abbé Jean Langevin. La voilà
institutrice diplômée pour les écoles primaires, celles-ci se subdivisant en
écoles modèles et en petites écoles.
Élisabeth malade, à vingt ans
C’est à cette époque qu’elle lit Les servantes de
Dieu en Canada. Essai sur l’histoire des communautés religieuses de femmes dans
la province, du très réactionnaire C. de Laroche-Héron, alias Henry de
Courcy. Elle s’imprègne ainsi de l’exemple de femmes aussi extraordinaires que
Marie de l’Incarnation, Marguerite Bourgeoys, Jeanne Mance, Marguerite
d’Youville, Eulalie Durocher, Madame Gamelin, Madame Roy, etc. Commencent alors
pour elle huit années d’enseignement, souvent interrompu par des fatigues
excessives. Elle reçoit même l'extrême-onction par deux fois. Durant sa
maladie, elle manifeste des vertus qui frappent ses jeunes sœurs. Mais si sa
santé est si faible, pourquoi ne pas renoncer à l’enseignement ? C’est qu’elle
désire beaucoup « instruire les enfants de leurs devoirs de religion, leur
enseigner les vérités de la foi, les prémunir contre la nonchalance et l’ennui,
leur inspirer l’horreur du péché, tout en imprimant dans leur intelligence les
éléments des sciences profanes. »
C’est à cette époque que sa sœur aînée, Louise, qui
veut être religieuse, forme le projet de fonder une congrégation qui aurait une
vocation à la fois contemplative et active, avec le désir d’assurer
l’instruction des enfants délaissés. Elle pense présenter ce projet à l’abbé
Jean Langevin qui vient justement d’être nommé premier évêque de Rimouski
(1867) et cherche des institutrices pour les petites écoles de son diocèse.
Élisabeth ne se montre pas favorable, jugeant ce projet trop ambitieux pour
être agréé par le très réaliste Mgr Langevin. Louise se tourne alors vers Mgr
Taschereau, mais celui-ci répond par la négative. Or, en cette même année 1871,
Élisabeth reçoit une lettre de l’évêque de Rimouski lui proposant de venir
fonder une école modèle dans son diocèse. Son défaut de santé la contraint à
décliner l’invitation, qui, en revanche, intéresse Louise. Celle-ci écrit à Mgr
Langevin en février 1872 pour lui soumettre son projet.
L’évêque ne veut pas d’une nouvelle congrégation
religieuse dans son diocèse, mais seulement des institutrices laïques.
Pourtant, comme Louise a eu l’habileté de lui promettre la venue d’Élisabeth
dès que sa santé le lui permettrait, Mgr Langevin répond à Louise qu’il
l’attend à Rimouski le 12 septembre 1874. Les deux premiers cofondateurs de la
nouvelle congrégation ont des vues très différentes, voire opposées. Cette
divergence fondamentale va être la source de tensions et même d’épreuves
crucifiantes pendant les cinq premières années de probation du nouvel institut.
Une fois devenue supérieure, Élisabeth Turgeon comprendra la raison profonde de
ces souffrances : Dieu voulait que cette œuvre soit fondée sur la Croix.
LA PREMIÈRE FONDATION DES SŒURS DES
PETITES-ÉCOLES : CINQ ANNÉES D’ÉPREUVES CRUCIFIANTES (1874-1879)
Dès l’installation des trois premières demoiselles à
Rimouski, la fondation se présente mal. Mgr Langevin signifie aux aspirantes à
la vie religieuse qu’elles ne sont pas une communauté religieuse et qu’elles
doivent s’occuper uniquement d’apprendre leur future tâche d’institutrices des
enfants des campagnes. Toutefois, il leur dit aussi qu’elles s’appelleront
« Sœurs des Petites-Écoles » et que leur organisation sera celle
d’une congrégation religieuse ! L’abbé Albert Tessier, dans son livre sur Les
Sœurs des Petites-Écoles, décrit en détail les effroyables conditions de vie du
petit institut durant les premières années. Les demoiselles doivent étudier
tout en souffrant du froid et de la faim, dans un dénuement total, mais surtout
dans une cruelle absence de ressources. Elles sont obligées de faire quelques
travaux de couture pour s’acquitter de leur loyer auprès de Mgr Langevin.
Cette misère et ces difficultés de rapports avec leur
évêque sont tout de même adoucies par le ministère charitable de l’abbé Edmond Langevin,
vicaire général de son frère, et leur directeur spirituel. C’est ainsi qu’en
1875, un projet de costume et de règlement est examiné, mais Monseigneur ne
veut pas d’un costume religieux ! On choisit donc celui du tiers ordre séculier
franciscain. La prise d’habit est prévue pour le mois de mai.
Mais que devient Élisabeth pendant ce temps ? Les
médecins étant impuissants à lui rendre la santé, elle a ouvert en 1873 une
classe au village de Sainte-Anne-de-Beaupré dans l’intention de se tourner vers
la bonne sainte Anne : si elle lui rend assez de santé, elle promet d’ouvrir
une classe gratuite pendant six mois. La guérison demandée est obtenue. C’est
là qu’elle reçoit de Mgr Langevin un nouvel appel à venir s’occuper de
l’instruction des enfants pauvres de son diocèse. Une fois son vœu honoré,
Élisabeth prend le train pour Rimouski, où elle arrive le 3 avril 1875.
La chronique de la communauté raconte : « Grande,
svelte, figure pâle mais gracieuse, enfin extérieur agréable dans la force du
mot. Aucune ressemblance avec sa sœur Louise […]. Élisabeth est âgée de 35 ans,
mais la mine, le cœur, semblent si jeunes ! Une douce gaieté est entrée au
foyer avec le soleil printanier ; on se sent heureuses. » Pour tous, elle
est un don du Ciel. Mais surtout pour Mgr Langevin qui convoque tout de suite
son ancienne élève afin de lui donner ses consignes, inchangées. Cette
détermination de l’évêque à ne pas vouloir une congrégation religieuse peut
surprendre. Mais elle peut aussi se comprendre si on se souvient que les
congrégations religieuses vivent surtout de la générosité des fidèles. Or, les
habitants de Rimouski et de sa région sont très pauvres. On ne peut donc pas
leur imposer la charge d’une congrégation supplémentaire !
Mais imaginons les sentiments d’Élisabeth en entendant
ces consignes de Monseigneur ! Elle vient à peine d’arriver, et elle se voit
prise entre le marteau épiscopal et l’enclume sororelle ! Elle sait bien que
Monseigneur est le maître dans son diocèse ; mais en même temps, il ne semble pas
voir que pour tenir des classes dans les missions du diocèse, il faut des
vertus telles qu’une simple institutrice laïque, même bonne catholique, ne peut
avoir. D’un autre côté, elle voit bien que sa sœur Louise n’est pas réaliste :
les sœurs ne pourront pas s’acquitter correctement de leur mission
d’enseignantes si elles ont, en plus, une véritable vocation contemplative et
charitable.
Élisabeth comprend que, prise entre ces deux volontés
antagonistes, elle va souffrir. Mais, dans un esprit tout surnaturel, elle
accepte la mission que Monseigneur lui confie, et promet à Dieu de s’y
consacrer de toute son âme. En butte à l’attitude parfois, souvent !
déconcertante de Mgr Langevin, elle ne se départira jamais de son respect et
même de son affection pour celui qu’elle considère comme le garant de la
volonté divine, et à qui elle veut donc obéir en toutes choses. Forte de tout
son amour de Jésus auquel elle veut plaire uniquement, elle embrasse volontiers
la Croix.
Pour lors, les demoiselles ont la joie de se voir
confier par le curé de la cathédrale le soin de préparer des enfants à la
première Communion. Pourtant, leur vie est si austère que plusieurs aspirantes
quittent la communauté, de sorte qu’à l’été, la prise d’habit n’a toujours pas
eu lieu. Mademoiselle Élisabeth, qui a toute la confiance de Monseigneur, lui
demande à nouveau, respectueusement, de leur donner un costume religieux. Ce
dernier consent enfin, entendant pourtant qu’elles seront simplement tertiaires
franciscaines et institutrices laïques ! La prise d’habit a lieu le 15
septembre 1875. Louise s’appelle désormais sœur Marie de la Passion, et
Élisabeth, sœur Marie-Élisabeth. Et Monseigneur recommande le nouvel institut à
son clergé.
Mais le cercle vicieux de leur misère n’est pas brisé pour
autant. N’ayant toujours pratiquement pas de ressources et vivant dans la plus
extrême pauvreté, rares sont les postulantes qui persévèrent. Cette situation
va changer quelque peu au printemps 1876, lorsque le nouveau curé de la
cathédrale demande aux sœurs d’ouvrir une classe de garçons. Épaulée par sa
jeune sœur Alvine qui les a rejointes, sœur Marie-Élisabeth ouvre, en
septembre, la classe demandée. Voilà enfin une source fixe de revenus ! Les
premiers examens scolaires attirent sur la directrice de nombreuses
félicitations ; mais sœur Marie-Élisabeth est surtout heureuse d’avoir réussi à
conquérir les enfants. L’institut voulu par Mgr Langevin pour les écoles de son
diocèse semble donc lancé. Pourtant, si l’on veut qu’il rayonne, il faudrait
des conditions plus favorables à son développement.
Or, comme maîtresse des novices, sœur Marie-Élisabeth
déplore que sœur Marie de la Passion et M. le Grand vicaire lui imposent de
recevoir des demoiselles qui n’ont pas leur vocation. Ces jeunes filles ne pouvant
supporter l’austérité de leur vie, elles quittent la communauté en traitant
publiquement les sœurs de folles !
En juillet 1877, l’abbé Edmond Langevin rentre de Rome
avec un décret reconnaissant la mission d’éducation des sœurs des
Petites-Écoles et avec permission pour les sœurs de conserver le
Saint-Sacrement chez elles. Quelle joie pour sœur Marie-Élisabeth, qui ira
désormais chercher force et courage auprès de Jésus-Hostie, savourant
« l’enivrement que produit sa présence. » Ce divin contact renouvelle
en elle le désir des vœux de religion indispensables pour assurer l’avenir de
la communauté. À l’automne, elle déclare à Mgr Langevin qu’elle abandonnera
l’association s’il n’est pas possible d’y faire des vœux. Mais l’évêque reste
inflexible : elle doit obéir. Sœur Marie-Élisabeth s’y applique, en
s’acquittant consciencieusement de sa tâche de maîtresse des novices.
Pour elle comme pour tous ses contemporains, l’unique
but de tous ses travaux, c’est le Ciel, « où je verrai Jésus. Oh ! oui,
mes sœurs, voir Jésus, et pendant l’éternité ; jouir de Jésus toujours,
toujours, voilà le désir, l’ambition de l’âme religieuse. » Puis elle
indique le chemin du Ciel : « Pour être l’épouse d’un Dieu crucifié, il
faut consentir à porter la croix à sa suite et à renoncer à sa volonté propre
pour vivre sous la puissance d’une volonté quelquefois opposée à la sienne.
Cependant ce joug est si léger à la religieuse fidèle, qu’elle ne consentirait
pas à l’échanger pour un royaume, car le divin Époux répand avec tant de
suavité l’onction de sa grâce, qu’il fait trouver doux et agréables les
sacrifices les plus pénibles à notre nature, toujours avide de ses aises. »
Elle enseigne aussi la conformité à Marie, « la Reine des vierges et le
modèle des religieuses », qui « aime d’un amour de prédilection les
vierges qui, à sa suite, ne veulent d’autre époux que son divin Fils ».
Cette recherche de conformité à Jésus et à Marie doit mener la sœur des
Petites-Écoles à participer à la grande œuvre de la Rédemption : le désir du
Ciel « ne suffit pas à notre zèle, il nous faut gagner des âmes pour aimer
et bénir Jésus », au point de « devenir, si je puis ainsi m’exprimer,
corédemptrices du genre humain. » Et elle réalisera ce « désir ardent
de coopérer au salut des âmes, par l’éducation et l’instruction des petits
enfants. » Elle veut des écoles qui « les protégeront contre les
embûches du démon et les séductions du monde. »
En avril 1878, sœur Marie-Élisabeth a la douleur de
voir sa jeune sœur Alvine mourir. Cette mort, conjuguée au temps que sœur
Marie-Élisabeth doit consacrer à la formation spirituelle de ses novices,
impose d’abandonner les classes de garçons. Les sœurs perdent ainsi leur unique
source de revenus. Les postulantes continuent à arriver régulièrement, mais
Monseigneur refuse toujours d’accorder les vœux religieux.
Sœur Marie-Élisabeth est si découragée qu’un soir de
février 1879, en l’absence de sœur Marie de la Passion, après avoir longuement
prié et mûrement réfléchi, elle rassemble la communauté et déclare aux sœurs
qu’elle croit devoir leur rendre leur liberté. Toutes les sœurs veulent
demeurer ensemble. Sœur Marie-Élisabeth met alors la maison et les sœurs sous
la protection de la Sainte Vierge :
« Très sainte et très digne Vierge, Mère de Dieu,
Reine du Ciel et de la terre, nous voici prosternées à vos pieds, avec un
indicible regret des fautes que nous avons commises au service de Dieu et au
vôtre, desquelles nous vous demandons humblement pardon, vous promettant en présence
de la très Sainte Trinité et de toute la cour céleste de vous tenir pour notre
Mère, Dame et Avocate, vous suppliant toutes du plus profond de nos cœurs, et
de toute l’étendue de nos affections, d’avoir un soin tout particulier de cette
Congrégation qui vous reconnaît pour première et principale supérieure, voulant
toujours relever de vous par l’état d’une très humble servitude.
« Et moi, sœur Marie-Élisabeth, supérieure [par
interim], quoique très indigne, je mets cette charge entre vos mains, ne voulant
désormais la tenir que de vous et me soumettant avec toutes celles qui
composent cette Congrégation à votre sainte conduite, pour rendre à votre
Grandeur l’honneur et l’obéissance que nous lui devons en qualité de ses
petites sujettes et très humbles filles. Je vous supplie très humblement, très
douce et bonne Mère, de nous assister à l’heure de notre mort, et à présent de
nous donner à toutes votre sainte bénédiction. »
La Sainte Vierge ainsi sollicitée ne tarde pas à
intervenir. Le 24 mai 1879, en la fête de Notre-Dame Auxiliatrice, le curé
de Saint-Donat demande des sœurs pour faire la classe dans sa desserte de
Saint-Gabriel. Sœur Marie de la Passion n’étant toujours pas rentrée de voyage,
sœur Marie-Élisabeth accepte d’envoyer des sœurs, mais à condition
qu’elles fassent des vœux de religion. En effet, pour affronter l’isolement
dans des conditions héroïques, les sœurs doivent pouvoir compter sur le soutien
de Dieu. Elles doivent lui être unies par des vœux qui seuls attireront les
grâces nécessaires et donc, assureront plus sûrement leur efficacité
apostolique. Sœur Marie-Élisabeth reste absolument inflexible sur ce point.
Aujourd’hui où les vœux religieux ne comptent plus, voilà une belle vérité à
retrouver de toute urgence, à la suite de notre pape François !
Mais que va faire Mgr Langevin ? Sur le conseil
providentiel du Père Tielen, rédemptoriste belge qui vient d’arriver au Canada
pour devenir supérieur du monastère de Sainte-Anne-de-Beaupré, Monseigneur
change complètement d’attitude : il autorise un nouvel habit, et treize sœurs
prononcent leurs vœux le 12 septembre 1879. L’heureux dénouement de cette
dramatique épreuve conduit sœur Marie-Élisabeth à tirer pour les âmes cette
conclusion : si « leur foi est languissante, elles cherchent leur secours
et leur appui dans les moyens humains. Dieu ne les bénit pas ; elles restent
toujours dans l’indigence, jusqu’à ce qu’enfin elles reconnaissent qu’elles
n’ont à attendre de secours que de Dieu seul. »
En leur remettant leur croix de profession, l’évêque
leur dit : « Recevez, mes filles, la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ
avec amour, et portez-la sur votre poitrine avec foi, vous rappelant sans cesse
que c’est par la souffrance et la croix que l’on arrive à la gloire céleste. »
Sœur Marie-Élisabeth est enfin l’épouse de Jésus ! Mais malgré sa joie, la
croix ne manque pas : contrariée de voir la communauté se détourner de l’idéal
qu’elle s’était fixé, sa sœur Louise quitte. Sœur Marie-Élisabeth est nommée
officiellement supérieure : elle sera appelée « Mère », ce qu’elle
est en toute vérité depuis qu’elle a été nommée maîtresse des novices il y a
quatre ans.
DEUX ANNÉES DE FÉCONDITÉ…DANS LA DOULEUR (1879-1881)
L’envoi de deux sœurs à la mission Saint-Gabriel est
décidé pour début janvier 1880, le temps d’achever les travaux de construction
de l’école. Mère Marie-Élisabeth met ce délai à profit pour rédiger les
constitutions et pour former ses sœurs.
Elle veut d’abord stimuler ses sœurs à vivre selon ce
qu’elles sont devenues : des « épouses de Jésus ». Cela consiste à
être « les aides de Notre-Seigneur dans l’œuvre de la Rédemption. »
De cet esprit religieux découle une pédagogie tout aussi religieuse :
« Sachez bien, mes chères sœurs, que le plus grand don que Dieu puisse
faire à une institutrice est d’aimer son état et les enfants qu’il lui confie.
C’est le désir de leur donner une bonne éducation chrétienne et de leur
ouvrir le Ciel qui nous a rassemblées ici. »
De même qu’elle est une mère pour ses sœurs, de même
celles-ci doivent être à leur tour des mères pour les enfants, imitant la
Sainte Vierge : « Que Marie soit votre modèle dans les soins qu’elle
donnait à l’Enfant-Jésus. Cette bonne Mère vous enseignera comment conduire les
enfants délicieusement à lui par le chemin de l’amour. »
Parlant de la sœur des Petites-Écoles, elle
s’exclame : « Il faut qu’elle imite Jésus-Christ au milieu des enfants,
les instruisant et les bénissant. » Et aussi : « Souvenons-nous de ce
précepte : ‟Aimez Dieu de tout votre cœur et votre prochain comme vous-mêmes.”
Prenons garde de vouloir trop les dominer, mais souvenons-nous que la douceur
et l’affabilité sont pour nous un devoir de justice envers nos élèves et que c’est
ainsi que nous gagnerons leur estime et leur affection. »
Et encore ceci, qui témoigne admirablement de son
cœur : « Mettez-vous à la portée de l’intelligence des enfants ; ne
rebutez jamais les plus pauvres, les moins doués de dons naturels, par des
paroles aigres, des signes de mépris. Mais témoignez-leur beaucoup de
bienveillance, voire de la prédilection. Oui, aimez-les sincèrement et
saintement en Dieu et pour Dieu. Mais il ne faut pas que l’instruction se borne
aux sciences profanes ; il faut chercher à inculquer dans les jeunes cœurs des
enfants une tendre piété envers la Sainte Eucharistie, la Sainte Vierge, saint
Joseph et les saints Anges. »
Fortes de cette formation de première valeur dont nous
ne pouvons donner ici qu’un rapide aperçu, les sœurs sont prêtes pour l’envol
missionnaire. Dans les conditions incroyables de la mission Saint-Gabriel,
elles ont le bonheur d’être encouragées par leur Mère : « Vous avez des
peines et des croix ? Hélas ! Notre-Seigneur n’en a-t-il pas eu pour l’amour de
nous qui sommes ses épouses ? Vos peines sont mes peines ; vos joies sont
mes joies. Je désire, je souhaite et surtout je prie Jésus, Marie et
Joseph de vous tenir compagnie et de vous être Père, Mère, Frères et
Sœurs. »
La mission est dure, mais c’est un succès. La renommée
des sœurs commence à se répandre : de nouvelles demandes d’ouverture d’écoles
pour la rentrée de septembre 1880 arrivent à Rimouski de la part de deux
curés de la Baie des Chaleurs et d’un curé de Gaspésie. Cette fois, bien que la
maladie ait commencé son œuvre et malgré l’avis négatif du médecin, la
vaillante supérieure part installer elle-même ses filles. Ce voyage la laisse
exténuée. Durant le peu de temps qui lui reste à vivre, elle va pourtant
s’appliquer coûte que coûte à écrire régulièrement à ses sœurs missionnaires
pour leur dire sa tendresse et celle de Jésus envers elles, pour les soutenir
de ses conseils et leur transmettre les appréciations encourageantes des curés
des paroisses où elles œuvrent : « Que Dieu vous bénisse, mes chères
sœurs ! Vous êtes heureuses de pouvoir faire un peu de bien au milieu de ces
populations qui ont tant besoin du pain de l’exemple et de l’instruction. Je ne
puis vous écrire qu’un mot, le voici : aimez et chérissez votre position, car
le Bon Dieu l’aime et la chérit. » Et encore : « Faites toujours
comme si le bon Dieu vous disait : “Tu n’as que quelques mois à travailler à ma
vigne, à instruire, à édifier les enfants et à les rendre conformes à mon divin
Fils.” » Ce sont bien là ses sentiments à elle, qui voit la mort venir à
grands pas…
En mars, elle est si faible qu’elle ne peut plus
écrire. Les hémorragies se succèdent de plus en plus fréquemment, comme autant
d’appels de l’Époux vers le « beau Ciel » qu’elle a tant de fois
promis à ses filles comme leur récompense ultime. Le 23 mars, elle reçoit
l’extrême-onction. Puis elle livre à ses filles son testament spirituel :
« Aimez-vous comme Notre-Seigneur vous aime. Ce n’est qu’au Ciel que nous
connaîtrons bien ce que c’est qu’une religieuse, ce que c’est qu’être l’épouse
de Jésus-Christ, l’enfant privilégiée du Père éternel. » Mais son divin
Époux la laisse encore quelque temps à ses filles.
Le 5 avril 1881, un incendie ayant détruit le
séminaire, mère Marie-Élisabeth offre héroïquement le logement des sœurs pour
les séminaristes. Elles iront se loger dans une maison de brique appartenant à
l’abbé Edmond Langevin. Mais il faut attendre deux mois pour que mère
Marie-Élisabeth soit en état d’être déplacée. Une fois dans la nouvelle maison,
elle retrouve un peu de forces, à la plus grande joie de ses filles. Quelle
émotion pour les sœurs missionnaires lorsqu’elles découvrent l’état de leur
Mère à leur retour en juillet ! Mère Marie-Élisabeth se montre très heureuse de
la satisfaction des curés des trois missions : « Dieu soit loué, mes
chères sœurs ! Que cela vous encourage à faire le bien avec zèle et
persévérance… Le Ciel, le beau Ciel, mérite bien que l’on fasse tout pour
l’obtenir, n’est-ce pas ? »
Avant de mourir, elle laisse à ses filles cette ultime
parole où transpire le plus profond de son cœur de mère : « Dieu m’appelle
à Lui, je suis soumise à sa volonté ; cependant, je ne refuserais pas de vivre
encore si tel était son bon vouloir. Je vous demande pardon de ne pas vous
avoir toujours édifiées. Je vous recommande particulièrement l’union, la
charité fraternelle. Quand on est uni dans une communauté, quand la paix règne
parmi ses membres, c’est le ciel sur la terre. Souvenez-vous que l’essentiel de
la dévotion est de bien remplir ses devoirs, quelque pénibles qu’ils nous
paraissent… Il faut savoir souffrir ! » Pour cela, elle les a si souvent
confiées à leur Mère du Ciel : « Invoquons Marie, la première, la plus
noble et la plus sage des vierges, elle saura nous protéger, nous défendre et
obtenir du Sacré-Cœur de son divin Fils que nous suivions dignement ses
traces. »
C’est le 17 août 1881 que mère Marie-Élisabeth
s’envole vers ce beau Ciel, dans la nuit, paisiblement, en prononçant pour
la dernière fois ici-bas le saint Nom de « JÉSUS ! » Elle a 41 ans.
Mgr Langevin fait l’absoute et conduit ses restes au cimetière. « Ce n’est
pas l’usage qu’un évêque se rende au cimetière, explique-t-il, mais
elle m’a fait tant de plaisir à l’École normale ; elle m’en a fait ici aussi,
elle était si obéissante. »
Mère Marie-Élisabeth laisse pour continuer son œuvre
quatorze professes, une novice et deux postulantes entrées au cours de l’été.
Les pronostics pessimistes vont bon train : « Ce pauvre Institut ne
subsistera pas ; privé de son soutien, nous le verrons bientôt se dissoudre
sous l’inaptitude de ses membres. » Mais mère Marie-Élisabeth avait dit :
« La Congrégation des Sœurs des Petites-Écoles vivra toujours si elle ne
s’éloigne pas du sentier du Calvaire qu’elle ne doit quitter que pour monter au
ciel. »
Après la mort de la fondatrice, la communauté va
connaître encore bien des vicissitudes ; mais le grain de blé tombé en terre
étant mort, il a pu donner beaucoup de fruits, dont le premier sera
l’application des sœurs à sauvegarder l’œuvre de leur vénérée Mère.
Le successeur de Mgr Langevin ayant voulu donner un
nom plus « canonique » à la jeune congrégation, les sœurs se
nommeront, à partir de 1891, « Sœurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire ».
C’est sous ce nom qu’elles vont prospérer. Entre 1874 et 1985, elles vont
fonder au total 193 maisons, principalement au Canada, mais aussi aux
États-Unis, au Honduras, au Pérou, à Haïti, en République Dominicaine et en
Afrique du Sud. En réalité, ce chiffre impressionnant masque la tempête qui
s’est abattue sur la Congrégation après la Révolution tranquille et le concile
Vatican II.
Aussi, s’il doit y avoir une Renaissance catholique au
Canada, ce ne pourra être autrement qu’en retrouvant le véritable esprit des
grandes figures qui ont marqué son histoire, dont mère Marie-Élisabeth est un
bel exemple. L’Église nous y invite puisqu’elle a été béatifiée le 26
avril 2015, en attendant la canonisation que nous espérons prochaine. Mais dès
maintenant, nous pouvons la prier, spécialement pour nos enfants, mais aussi
pour qu’elle réveille son esprit parmi ses filles.
RC n° 218, mai 2014
Soeur Élisabeth Turgeon reconnue vénérable
CARL THÉRIAULT
Le Soleil
Soeur Élisabeth Turgeon vient d'être reconnue
vénérable, étape avant la béatification et la canonisation de la fondatrice de
la Congrégation des Soeurs du Saint-Rosaire.
C'est la première fois qu'une diocésaine de Rimouski
est reconnue vénérable par le Vatican :«Le pape François a promulgué le décret
relatif aux vertus héroïques de la servante de Dieu Marie-Élisabeth Turgeon
[Canada, 1840-1881] fondatrice des Soeurs de Notre-Dame du Rosaire de St.
Germain.»
«Nous sommes radieuses et un peu partout dans notre
monde du Saint-Rosaire nous jubilons [...] Nous sommes en attente pour la
béatification. Il y a un dossier complet de guérison à Rome. Quand l'étude sera
terminée, on aboutira peut-être à la béatification. On attend un oui ou un
non», a expliqué la vice-postulatrice Rita Bérubé, récompensée de ses efforts
qui ont débuté il y a près de 25 ans.
Vérifier les miracles
Après la béatification, la canonisation et le titre de
saint sont conférés par la Sacrée Congrégation pour les causes des saints après
vérification de deux autres miracles.
La congrégation des Soeurs Notre-Dame-du-Saint-Rosaire
a joué un rôle de tout premier plan en éducation dans la région de Rimouski -
devenue depuis ville universitaire et de recherche scientifique - en
répondantaux demandes du milieu scolaire pour enseigner dans les écoles
publiques.
À l'invitation de Mgr Jean Langevin, évêque de
Rimouski, soeur Turgeon, native de Beaumont sur la Rive-Sud de Québec, s'était
établie à Rimouski en 1875 pour former des institutrices qualifiées pour les
écoles des paroisses de ce diocèse pour devenir ensuite supérieure des Soeurs
des Petites Écoles.
Son prénom a été retenu pour dénommer la Maison de fin
de vie de Rimouski et son nom pour une école. Elle a aussi enseigné à
Saint-Romuald, à Québec et à Sainte-Anne-de-Beaupré.
Blessed
Marie-Élisabeth Turgeon
Profile
One of nine children born
to Louis-Marc Turgeon and Angèle Labrecque; her father died when
Elisabeth was 15 years old. She graduated from Laval Normal School in
Quebec, Canada in 1862,
and taught at
several schools.
Founded the Sisters of Our Lady of the Rosary on 12
September 1879,
and served as its first superior.
Born
7
February 1840 in
Beaumont, Quebec, Canada
17
August 1881 in
Rimouski, Quebec, Canada of
natural causes
9
October 2013 by Pope Francis (decree
of heroic
virtues)
beatification recognition
celebrated at the Church of Saint Robert, Rimouski, Canada,
presided by Cardinal Angelo
Amato
Additional Information
other sites in english
Canadian Conference of Catholic Bishops
Sisters of Our Lady of the Rosary
fonti in italiano
MLA Citation
“Blessed Marie-Élisabeth Turgeon“. CatholicSaints.Info.
3 June 2020. Web. 17 August 2021. <http://catholicsaints.info/blessed-marie-elisabeth-turgeon/>
SOURCE : http://catholicsaints.info/blessed-marie-elisabeth-turgeon/
Blessed Marie-Élisabeth Turgeon
Canadian Foundress of the Sisters of Our Lady of the
Rosary
Religious Sister and Educator (1840-1881)
Her life
+ Élisabeth was born in Beaumont, Quebec, Canada, and
was a pious child. Following her graduation from Quebec’s Laval Normal School
in 1862, she worked as a teacher in several village schools.
+ In 1875, at the invitation of the bishop of
Rimouski, she joined the Sisters of the Little Schools and professed religious
vows in 1879. She was known in religious life as Marie-Élisabeth.
+ Marie-Élisabeth formed a new religious community
known as the Sisters of Our Lady of the Rosary. She wrote textbooks for her sisters
to use in their classes and, today, the sisters are also involved in adult
education and serve in a number locations, including Newfoundland, Honduras,
Peru, Guatemala, Nicaragua, and Lebanon.
+ Blessed Marie-Élisabeth Turgeon died in 1881, at the
age of forty-one, and was beatified in 2015.
Spiritual bonus
On August 17, the Church also remembers the heroic
witness of Blessed Noël-Hilaire Le Conte, a musician and priest of the diocese
of Bourges, France, who was among those left to die on the prison ships moored
near Rochefort, France, during the anti-Catholic persecutions of the French
Revolution. Blessed Noël-Hilaire was beatified with other martyrs of the “Hulks
of Rochefort” in 1995.
For reflection
“With Christ’s protection, a spider web can be stronger
than a brick wall without his protection, a brick wall can be as flimsy as a
spider’s web.”—Blessed Marie-Élisabeth Turgeon
Prayer
O God, who raised up blessed Marie-Élisabeth in your
Church to show others the way of salvation, grant us, by his (her) example, so
to follow Christ the master, that we may come with our neighbor into your
presence. Through our Lord Jesus Christ, your Son, who lives and reigns with
you in the unity of the Holy Spirit, one God, for ever and ever. Amen.
(from The Roman Missal: Common of Holy Men and
Women—For an Educator)
Saint profiles prepared by Brother Silas Henderson, S.D.S.
SOURCE : https://aleteia.org/daily-prayer/friday-august-17/
17 AUGUST
Blessed Marie-Élisabeth Turgeon, RSR
« Try to become good and worthy religious and you will
be excellent teachers. »
Elisabeth Turgeon was born on February 7, 1840, in
Beaumont (Quebec), the fifth of a family of ten children. A gifted student, she
would have liked to continue her education, but the death of her father when
she is only fifteen, leads her to help her mother bringing up her four younger
sisters. When she is twenty years old, Elisabeth is allowed to go to the Ecole
Normale in Laval to prepare to become a teacher. She obtains her diploma and in
1863 becomes the principal of a school near her family home. Her bad health
forces her to quit at the end of the school year, in 1872. She then opens a
private class in Saint Roch, but once again is unable to continue.
She therefore turns to Saint Anne and promises to
teach for free if Saint Anne heals her. As she fulfills this promise, Father
Langevin, who was named Bishop of Rimouski, asks her to direct the small
community of teachers that was being formed in his diocese. She hesitates
because of her poor health, but ends up accepting because she believes it is
God’s will for her to enter religious life. With other young women she forms
the first group of the “Soeurs des Petites Ecoles”, dedicated to the education
of the poor children of the surrounding countryside. On September 12, 1879,
Elisabeth and twelve other sisters take their vows. Marie-Elisabeth is made
superior and commits herself to establish the community of sisters and
regularize its status (civil charter, constitutions, rule). She founds the
community’s first mission on January 2, 1880 and two others the following
September, in outlying and poor parts of the Diocese of Rimouski. Then she
opens a private school in Rimouski, where the novices could have their first
teaching experience.
Charity is the unifying principle in Elisabeth’s life.
She offers love to everyone, especially to her sisters, by being very attentive
with them and always filled with goodness. Despite her poor health, she shows
extraordinary strength: she works day and night and overcomes difficulties with
patience and joy. She dies on August 17, 1881, when she is only 41 years old.
She was beatified on April 26, 2015.
LINK: www.soeursdusaintrosaire.org
SOURCE : https://crc-canada.org/en/biographies/bienheureuse-marie-elisabeth-turgeon-rsr/
Beata Maria Elisabetta Turgeon Religiosa
Beaumont, Canada, 7 febbraio 1840 - Rimouski, Canada,
17 agosto 1881
Il cardinale Angelo Amato, a nome di Papa Francesco,
ha presieduto il 26 aprile 2015 la beatificazione di Maria Elisabetta Turgeon,
religiosa canadese vissuta nel XIX secolo. Da lei la Chiesa riceve in eredità
la fede di chi sa confidare nel Signore anche quando il corpo è debole. La
consacrata nella sua breve vita, morì infatti a 41 anni, riuscì a fondare la
Congregazione delle Suore di Notre Dame del Santo Rosario. Una realtà i cui frutti
oggi sono estesi negli Stati Uniti e nel Centro America. In particolare Maria
Elisabetta rivolgeva la sua attenzione ai bambini poveri delle campagna di
Saint-Germain di Rimouski non lontana da quella di Québec. Nonostante le
sofferenze sopportate a causa della fragile salute, la sua era una presenza di
letizia e gioia che accompagnavano un carattere coraggioso e deciso. La
religiosa aveva una fiducia incrollabile nel Signore e in particolare nella
Divina Misericordia. Una volta affermò che “con la protezione di Gesù Cristo,
le ragnatele sono più forti delle muraglie, ma senza la sua protezione le più
forti muraglie sono fragili come ragnatele”.
A Rimouski, in Canada, il cardinale Angelo Amato, a
nome del Papa, il 26 prile 2015 ha presieduto la Cerimonia di Beatificazione di
Maria Elisabetta Turgeon, religiosa canadese vissuta nella seconda metà del XIX
secolo, Fondatrice della Congregazione delle Suore di Notre Dame del Santo
Rosario.
Se ti affidi totalmente al Signore, anche con una
salute cagionevole potrai compiere grandi opere. E' il messaggio forte che ci
consegna la vita e l'azione apostolica di suor Marie-Élisabeth Turgeon, la
nuova Beata canadese che nella sua breve vita - morì a 41 anni - riuscì a
fondare la Congregazione delle Suore di Notre Dame del Santo Rosario. Una
realtà che - un secolo e mezzo dopo l'istituzione - è florida e diffusa oggi in
Canada, Stati Uniti, e Centro America.
Al servizio dei bambini poveri
La sua spiritualità era in particolare rivolta
all'educazione dei bambini poveri delle campagne della diocesi di Saint-Germain
di Rimouski non lontana da quella di Québec. Sempre serena, nonostante le molte
sofferenze sopportate a causa della sua fragile salute, suor Marie-Elisabeth
era una donna coraggiosa che non si perdeva d'animo dinnanzi alle non poche
difficoltà incontrate nel portare avanti le sue "scuole di campagna",
un'innovazione che sarà incoraggiata dal vescovo locale del tempo, mons.
Langevin. La religiosa aveva una fiducia incrollabile nel Signore e in particolare
nella Divina Misericordia. Una volta affermò che "con la protezione di
Gesù Cristo, le ragnatele sono più forti delle muraglie, ma senza la sua
protezione le più forti muraglie sono fragili come ragnatele". Sul carisma
e la testimonianza della neo Beata, la riflessione del cardinale Angelo Amato,
prefetto della Congregazione delle Cause dei Santi:
"Si santificò proprio con la carità verso il
prossimo bisognoso di istruzione e di formazione cristiana. Sono quattro gli
aspetti più rilevanti della santità di Madre Élisabeth: ricerca e accettazione
della volontà di Dio; missione concentrata sull'istruzione e sull'educazione
cristiana dei piccoli; vita di fede, speranza e carità; unione con Dio nella
preghiera".
Preghiera e carità per fare la volontà di Dio
La carità fu dunque il segno distintivo della vita e
della missione educativa di Madre Marie-Élisabeth assieme alla preghiera. Di
fronte alle avversità, era solita affermare che "tutto concorre al bene di
coloro che cercano la volontà di Dio". E aggiungeva che "il riposo
viene dopo il lavoro, la vittoria dopo la battaglia e la gioia dopo la
sofferenza". Poco prima di morire, alle sorelle che le stavano vicino,
lasciò questo messaggio spirituale: "Mie sorelle, vi incoraggio
particolarmente a vivere la comunione, la carità fraterna, giacché quando si è
uniti in una comunità, quando la pace regna tra i suoi membri, si vive il cielo
già sulla terra".
Autore: Alessandro Gisotti
SOURCE : http://www.santiebeati.it/Detailed/96470.html