dimanche 20 mars 2016

Sainte PHOTINE la SAMARITAINE, et ses compagnons, martyrs

Rembrandt (1606–1669), Jésus et la Samaritaine, 1634, eau-forte, 12,3 x 10,6, Vienne, Künstlerhaus Wien


Sainte Photine

Samaritaine qui rencontra Jésus au puits de Jacob (1er s.)

Ce sont les Grecs qui nous disent ainsi le nom de la Samaritaine qui rencontra Jésus au puits de Jacob et dont saint Jean (chapitre 4. versets 4 à 42) nous parle lorsqu'elle reçut la révélation de la grâce, "source jaillissante en vie éternelle." Selon une tradition, elle serait partie à Carthage où elle mourut, oubliée, dans une prison avec l'un de ses fils. 

Selon une autre tradition, elle serait restée en Galilée où l'un de ses fils officier romain, Victor, chargé de persécuter les chrétiens, multipliait au contraire les conversions. Beaucoup d'entre eux furent condamnés à mort et exécutés avec elle et lui.

Il peut être utile de rappeler l'étymologie grecque "photos", la lumière et de son équivalent latin, "lux, lucis", la lumière, comme Lucie.

SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/5886/Sainte-Photine.html

Duccio di BuoninsegnaJésus et la Samaritaine, 1311, tempera et or sur panneau, 43,5 x 46, Madrid, Thyssen-Bornemisza Museum


01 Les pharisiens avaient entendu dire que Jésus faisait plus de disciples que Jean et qu’il en baptisait davantage. Jésus lui-même en eut connaissance.

02 – À vrai dire, ce n’était pas Jésus en personne qui baptisait, mais ses disciples.

03 Dès lors, il quitta la Judée pour retourner en Galilée.

04 Or, il lui fallait traverser la Samarie.

05 Il arrive donc à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph.

06 Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi.

07 Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. »

08 – En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions.

09 La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains.

10 Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »

11 Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D'où as-tu donc cette eau vive ?

12 Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? »

13 Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ;

14 mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. »

15 La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. »

16 Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. »

17 La femme répliqua : « Je n’ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari :

18 des maris, tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là, tu dis vrai. »

19 La femme lui dit : « Seigneur, je vois que tu es un prophète !...

20 Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. »

21 Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père.

22 Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.

23 Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père.

24 Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. »

25 La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. »

26 Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. »

27 À ce moment-là, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que cherches-tu ? » ou bien : « Pourquoi parles-tu avec elle ? »

28 La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens :

29 « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? »

30 Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers lui.

31 Entre-temps, les disciples l’appelaient : « Rabbi, viens manger. »

32 Mais il répondit : « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. »

33 Les disciples se disaient entre eux : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? »

34 Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre.

35 Ne dites-vous pas : “Encore quatre mois et ce sera la moisson” ? Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant,

36 le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit en même temps que le moissonneur.

37 Il est bien vrai, le dicton : “L’un sème, l’autre moissonne.”

38 Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucun effort ; d’autres ont fait l’effort, et vous en avez bénéficié. »

39 Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause de la parole de la femme qui rendait ce témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. »

40 Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours.

41 Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui,

42 et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »

43 Deux jours après, Jésus partit de là pour la Galilée.

44 – Lui-même avait témoigné qu’un prophète n’est pas considéré dans son propre pays.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean - Chapitre 4

SOURCE : http://www.aelf.org/bible-liturgie/Jn/Evangile+de+J%C3%A9sus-Christ+selon+saint+Jean/chapitre/4

Lazzaro Bastiani  (1429–1512), Cristo e la Samaritana, tempera sur panneau, 226 x 165, Galeries de l'Académie


Sainte Photine, la Samaritaine qui rencontra Jésus

Photine est le nom de baptême de la Samaritaine qui rencontra Jésus au puits de Jacob (Jean chap. 4), photos en grec signifiant la lumière !  

Les pharisiens avaient entendu dire que Jésus faisait plus de disciples que Jean et baptisait plus que lui. (A vrai dire, ce n'était pas Jésus lui-même, c'était ses disciples qui baptisaient.) Quand Jésus apprit cela, il quitta la Judée pour retourner en Galilée ; il devait donc traverser la Samarie. Il arrive ainsi à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph, et où se trouve le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s'était assis là, au bord du puits. Il était environ midi.

Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l'eau. Jésus lui dit : "Donne-moi à boire". (ses disciples étaient partis à la ville pour acheter de quoi manger.) La Samaritaine lui dit : "Comment ! Toi qui es Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ?" (En effet, les Juifs ne veulent rien avoir en commun avec les Samaritains.)

Jésus lui répondit : "Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : 'Donne-moi à boire', c'est toi qui lui aurais demandé, et il t'aurait donné de l'eau vive". Elle lui dit : "Seigneur, tu n'as rien pour puiser, et le puits est profond ; avec quoi prendrais-tu l'eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ?"

Jésus lui répondit : " Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle". La femme lui dit : "Seigneur, donne-la-moi, cette eau : que je n'aie plus soif, et que je n'aie plus à venir ici pour puiser."

Jésus lui dit : " Va, appelle ton mari, et reviens". La femme répliqua : "Je n'ai pas de mari". Jésus reprit : "Tu as raison de dire que tu n'as pas de mari, car tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari : là, tu dis vrai". La femme lui dit : "Seigneur, je le vois, tu es un prophète. Alors, explique-moi : nos pères ont adoré Dieu sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut l'adorer est à Jérusalem.

Jésus lui dit : " Femme, crois-moi : l'heure vient où vous n'irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous adorons, nous, celui que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l'heure vient - et c'est maintenant - où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l'adorent, c'est en esprit et vérité qu'ils doivent l'adorer." La femme lui dit : "Je sais qu'il vient, le Messie, celui qu'on appelle Christ. Quand il viendra, c'est lui qui nous fera connaître toutes choses." Jésus lui dit : "Moi qui te parle, je le suis."

Là-dessus, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : "Que demandes-tu ?" ou : "Pourquoi parles-tu avec elle ?" 

La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens : "Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. Ne serait-il pas le Messie ?" Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers Jésus.

Pendant ce temps, les disciples l'appelaient : "Rabbi, viens manger". Mais il répondit : "Pour moi, j'ai de quoi manger : c'est une nourriture que vous ne connaissez pas". Les disciples se demandaient : "Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger ?"

Jésus leur dit : "Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son oeuvre. Ne dites-vous pas : 'Encore quatre mois et ce sera la moisson' ? Et moi je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs qui se dorent pour la moisson. Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit avec le moissonneur. Il est bien vrai, le proverbe : 'L'un sème, l'autre moissonne.' Je vous ai envoyés moissonner là où vous n'avez pas pris de peine, d'autres ont pris de la peine, et vous, vous profitez de leurs travaux."

Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause des paroles de la femme qui avait rendu ce témoignage : "Il m'a dit tout ce que j'ai fait". Lorsqu'ils arrivèrent auprès de lui, ils l'invitèrent à demeurer chez eux. Il y resta deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de ses propres paroles, et ils disaient à la femme : "Ce n'est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant ; nous l'avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c'est vraiment lui le Sauveur du monde."

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean Chapitre 4 

SOURCE : http://assum.over-blog.org/article-sainte-photine-la-samaritaine-qui-rencon-67953828.html


Artiste anonyme, Jésus et la Samaritaine, circa 1550, 99,2 x 115,6, National Trust, Attingham Park, Shropshire


Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)

moine et évêque

Le puits d’eau vive (La Colombe et la Ténèbre, trad. Canévet, éd. du Cerf, 1992 ; p. 127-128 ; rev.)

« L’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle »

Quand la sainte Écriture nous instruit de la réalité vivifiante, qu’elle nous parle par une prophétie émanant de Dieu : « Ils m’ont abandonné, moi, la source d’eau vive » (Jr 2,13), ou dans les paroles du Seigneur à la Samaritaine : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, peut-être est-ce toi qui le lui demanderais, et il te donnerait l’eau vive » (Jn 4,10), ou encore : « Si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi et qu’il boive » car : « Celui qui croit en jailliront de son sein. Il disait cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en Lui » (Jn 7,37.39), partout la divine nature est désignée sous le nom d’eau vive. Le témoignage sans mensonge du Verbe atteste que l’Épouse [du Cantique (Ct 4,15)] est un puits d’eau vive, dont le courant descend du Liban. Y a-t-il rien de plus paradoxal ? Alors, en effet, que tous les puits contiennent une eau dormante, seule l’Épouse a en elle une eau courante, en sorte qu’elle a la profondeur du puits et en même temps la mobilité du fleuve. Qui pourrait exprimer convenablement les merveilles indiquées par cette comparaison ? Il semble qu’elle ne puisse s’élever plus haut, puisqu’elle est semblable en tout à la Beauté archétype. Elle imite parfaitement par son jaillissement le jaillissement, par sa vie la vie, par son eau l’eau. Vivant est le Verbe de Dieu, vivante aussi l’âme qui a reçu le Verbe. Cette eau découle de Dieu, selon ce que dit la Source : « Je suis sorti de Dieu, et je suis venu » (Jn 8,42). Et elle-même contient ce qui coule dans le puits de l’âme, et par là elle est le réservoir de cette eau vive qui coule, ou mieux qui ruisselle du Liban (cf. Ct 4,15).

SOURCE : https://www.levangileauquotidien.org/FR/gospel/2023-03-12

Anonyme (Gdańsk), Triptyque de Jérusalem : aile gauche : Massacre des innocents (132 x 99) ; panneau central : Jésus et les docteurs de la Loi – Jésus et la Samaritaine – Tentations de Jésus (134,5 x 196,5) ; aile droite : Entrée de Jésus à Jérusalem (132 x 99), circa 1497, tempera sur panneau, musée national de Varsovie


Vendredi 21 Mars 2014

Soif de Jésus, soif de la Samaritaine

Jacques Gauthier

Au 3e dimanche du Carême A, l'Église propose un récit qui ne laisse personne indifférent, celui de la rencontre de Jésus avec la Samaritaine au puits de Jacob (Jn 4, 5-42). Jean est le seul à rapporter cette histoire aux multiples interprétations. J'y vois surtout un enseignement très construit sur la soif de Jésus, "Donne-moi à boire" (Jn 4, 7) et celle de la Samaritaine. La scène se développe en trois étapes : le puits, le mari de la Samaritaine et les croyances des Samaritains.

Ce récit est l’histoire d’une rencontre de deux désirs et de deux regards : celui de Jésus et celui de la Samaritaine. Il y a ici un contact qui va toucher le cœur des deux personnages, symbole de ce puits intérieur où nous sommes appelés à y boire l’eau vive. Jésus va révéler à cette femme, malgré les interdits, la vérité profonde qui l’habite. Son regard sur elle-même va changer; elle va se voir comme Jésus la voit. Cette révélation sera sa métamorphose.

Autour du puits

"Jésus arrive à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph, et où se trouve le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s'était assis là, au bord du puits. Il était environ midi. Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l'eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » (En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter de quoi manger.) La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi qui es Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine?"(Jn 4, 5-9)

Un voyageur traverse donc la Samarie, région impure aux yeux des Juifs. Fatigué et assoiffé, il s’arrête à midi au puits de Jacob. Ce lieu n’est pas neutre. Dans les civilisations sémitiques, le puits est le lieu de la vie; les filles y vont puiser de l’eau (Gn 24, 13). Le chant de la poulie se mêle à leurs rires. C’est l’espace privilégié pour des rencontres amoureuses, comme celle de Jacob et Rachel (Gn 29).

Jésus a soif. Il transcende les préjugés et les fanatismes religieux en exposant à une femme son manque et sa fragilité; il lui demande à boire. Cette femme de Sychar vient seule au puits durant la journée; normalement les femmes puisent l’eau avec d’autres femmes tôt le matin, ou vers le soir, mais pas lorsque le soleil est à son zénith. Qu’importe, Jésus a besoin d’elle pour boire, car il n’a pas ce qu’il faut pour puiser. Ce désir, il l’a peut-être déjà formulé à son Père dans ses oraisons de nuit : « Donne-moi à boire ».

La femme ne répond pas à sa demande. Un homme qui demande de l’aide, c’est déstabilisant. Elle refuse de lui donner à boire car les Samaritains n’ont pas de rapport avec les Juifs, encore moins de manger dans les mêmes plats, ce qui les rendaient impurs. Les Samaritains avaient leur propre version du Pentateuque et rejetaient le reste. L’intolérance de la Samaritaine fait que Jésus restera assoiffé jusqu’à la fin du récit.

La Samaritaine se sent peut-être indigne, elle qui a eu cinq maris et qui vit avec quelqu’un d’autre. Elle s’était probablement faite traitée de tous les noms; sa marginalité ne lui attirait pas le respect. Mais Jésus va continuer de prendre l’initiative, au-delà de toute discrimination culturelle, religieuse, sexuelle. Son attitude d'ouverture brise les barrières, dénonce les structures rigides, surtout envers les femmes. Ce sera toute une leçon de vie pour ses disciples et ceux à venir. Comprendront-ils que nous sommes tous des enfants de Dieu et que nos gestes doivent donner la vie?

Le don de Dieu

Jésus change complètement le registre de la conversation : « Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : 'Donne-moi à boire', c'est toi qui lui aurais demandé, et il t'aurait donné de l'eau vive » (Jn 4, 10). Cette phrase énigmatique laisse entendre qu’il y a un lien étroit entre le don de Dieu et cet homme qui lui parle. C’est lui qui peut combler sa soif, et pas d’une eau stagnante, mais d’une eau vive. On change de puits, ce Juif se définit comme une source nouvelle, le don de Dieu.

Le regard de la femme commence à changer. Sa méfiance et son arrogance tombent. Elle se laisse entraîner ailleurs, dans cet univers singulier de celui qu’elle appelle maintenant « Seigneur ». Elle lui fait remarquer que le puits est profond et qu’il n’a pas de récipient pour puiser de l’eau. Où prendra-t-il cette eau vive? Jésus lui répond en faisant le parallèle entre notre besoin physique d'eau et notre soif spirituelle. Sa réponse s’adresse à tous : « Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle » (Jn 4, 13-14).

Le dialogue est d’une telle élévation que la femme est prête à recevoir cette eau qui va purifier son regard et la préparer à la connaissance d’elle-même. C’est que le puits du cœur humain est sans fin; notre « désir est sans remède », disait Thérèse d’Avila. Mais nous recevons à la mesure de notre soif. Thérèse de Lisieux aimait répéter, à la suite de Jean de la Croix, qu’on obtient de Dieu autant qu’on en espère. Notre désir est notre prière. Notre soif est notre quête. Ainsi, la demande de la Samaritaine sera reprise par les grands mystiques, : « Seigneur, donne-la-moi, cette eau : que je n'aie plus soif, et que je n'aie plus à venir ici pour puiser » (Jn 4, 15).

Jésus est « le Maître du désir » (Françoise Dolto) qui éveille en l’autre son désir profond. « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! » (Jn 7, 37). Il veut tellement se donner, lui la source d’eau vive, qu’il ira jusqu’à partager son corps et son sang : « J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous » (Mt 20, 21).

Dans la Préface de la prière eucharistique du troisième dimanche de Carême, l’Église redit ce désir qu’a Jésus d’éveiller chacun à la foi et de le faire naître à l’amour, comme il l’a fait pour la Samaritaine : « En demandant à la Samaritaine de lui donner à boire, Jésus faisait à cette femme le don de la foi. Il avait un si grand désir d’éveiller la foi dans son cœur, qu’il fit naître en elle l’amour même de Dieu ».

Les adorateurs en esprit et en vérité

Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. » La femme répliqua : « Je n'ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n'as pas de mari, car tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari : là, tu dis vrai. » La femme lui dit : « Seigneur, je le vois, tu es un prophète. Alors, explique-moi : nos pères ont adoré Dieu sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut l'adorer est à Jérusalem. » Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l'heure vient où vous n'irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous adorons, nous, celui que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l'heure vient - et c'est maintenant - où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l'adorent, c'est en esprit et vérité qu'ils doivent l'adorer. » La femme lui dit : « Je sais qu'il vient, le Messie, celui qu'on appelle Christ. Quand il viendra, c'est lui qui nous fera connaître toutes choses. » Jésus lui dit : « Moi qui te parle, je le suis » (Jn 4, 16-26).

Jésus est entré dans la vie de la Samaritaine en lui révélant la source intérieure. Cette révélation comporte un appel d’accueillir l’eau vive et un défi de conversion. Pour être transformée spirituellement, la femme doit changer sa manière de vivre. Jésus demande donc à la femme d’appeler son mari et de revenir au puits. Il ne lui fait pas la morale, mais il révèle ce qui est caché. Sa parole la rejoint au cœur même de sa vie, de son désir, de sa soif. L’eau vive a des exigences et suscite le désir de plénitude qui la tenaille en secret. 

Peut-être que la Samaritaine, couverte de bijoux, a voulu ignorer Jésus, à cette heure si chaude du jour où on ne va pas seule au puits. Peut-être a-t-elle reconnu l’homme de sa vie, celui qui l’aimerait pour ce qu’elle est. En passant d’un homme à l’autre, sa soif d’amour n’est toujours pas comblée. Mais voici enfin quelqu’un qui la touche dans sa dignité; avec lui elle sent qu’elle existe par elle-même, au-delà de sa beauté et des jeux de la séduction.

Jésus confronte la Samaritaine avec ce qu’il y a de plus intime dans sa vie. Il lui demande d’amener un mari qu’elle n’a pas. Il veut qu’elle prenne conscience qu’elle est en violation avec la Loi de Dieu, qui est aussi un don de Dieu. Jésus a soif du salut de cette femme; il veut en faire une disciple. Déstabilisée de nouveau, elle reconnaît que Jésus est prophète. Elle accepte de regarder la situation et joue franc jeu avec Jésus en lui disant qu’elle n’a pas de mari. Sa vulnérabilité sert bien la vérité. La douceur de Jésus ébranle ses résistances. Elle avait vraiment besoin davantage que l’eau du puits.

La Samaritaine veut aller plus loin dans cette quête d’intériorité, car elle est en attente d’une plénitude. Sa soif est immense. Elle amène Jésus sur le terrain du culte. Du puits, on passe à la montagne. Mais les lieux ont peu d’importance s’ils ne mènent pas au cœur. Car pour Jésus l’heure vient où les vrais adorateurs ne se trouveront pas sur telle ou telle montagne, mais adoreront en esprit et en vérité. Cette adoration est l’œuvre de L’Esprit Saint qui vit en permanence en chaque croyant. Le vrai culte est celui que nous rendons au Père par l’Esprit. Le vrai sanctuaire est intérieur, l’Esprit y a fait sa demeure. Chaque croyant est une terre sainte.

Accueillir le Sauveur de monde

Un nouveau pas va être franchi par Jésus et la Samaritaine qui se sont écoutés avec beaucoup d’attention. Elle a partagé son secret à Jésus, celui-ci va lui livrer l’identité de son être de Messie, se révéler comme jamais dans l’Évangile de Jean : « Je le suis, moi qui te parle ». Cette formule reprend le titre même du Seigneur au Sinaï : JE SUIS. La femme était prête à entendre cette révélation, même si elle se sent si loin du Saint. Elle peut quitter le puits, laisser la cruche, s’éloigner de la montagne, puisque tout le reste lui est donné. « La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens : « Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. Ne serait-il pas le Messie ? » Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers Jésus »[.] « Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause des paroles de la femme qui avait rendu ce témoignage : « Il m'a dit tout ce que j'ai fait » (Jn 4, 28-30.39).

Au contact de Jésus, la Samaritaine a retrouvé la soif qui rassasie, a reconnu le désir d'un amour éternel qui se donne. Plus besoin de tirer l'eau du puits, la grâce a triomphé dans son âme, un peu comme Marie Madeleine. Elle fait maintenant l'expérience de la Bonne Nouvelle. Elle laisse sa cruche pour partager ce qu'elle a vécu. La rencontre de Jésus conduit toujours à la mission. Une vie nouvelle commence pour celle qui n'avait pas de prénom dans l'évangile, mais que la tradition grecque nomme Photine. Sainte Photine est d'ailleurs fêtée le 20 mars par l'Église catholique et le 26 février par l'Église orthodoxe. On pense qu'elle aurait donné ses biens aux pauvres et qu'elle serait partie évangéliser Carthage (Tunisie).

Qu'importe son nom, Jean nous la présente comme la Samaritaine. Elle a fait l’expérience de l'amour de Jésus qui abat les préjugés, elle n’a plus soif comme avant, elle ne vit plus en exclue, un homme a libéré son désir profond et creusé une source d’eau vive qui donne un sens à sa vie. Et cet homme, elle le reconnaît comme Messie. Elle est enfin libre. Grâce à elle, le récit va se terminer par cette audacieuse confession de foi : « Nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde » (Jn 4, 42).

En révélant sa soif de la Samaritaine, de son amour, Jésus révèle aussi sa soif de nous, de notre amour, de notre liberté. En révélant sa soif de nous, il espère réveiller notre foi, notre soif de lui. Il a soif de nos soifs, disait saint Augustin. Lorsque sa soif et notre soif se rencontrent, commence le travail de conversion, de transformation, de divinisation. Et nous faisons alors la joie de Dieu.

Lire aussi sur ce blogue: Jésus et la Samaritaine: deux soif.

Pour aller plus loin, lire mon essai: J'ai soif. De la petite Thérèse à Mère Teresa (Parole et Silence).

Écouter mes deux conférences sur la Samaritaine lors de la retraite "J'ai soif", donnée au Foyer de Charité à Sutton. Voici le lien sur mon site: La Samaritaine: Donne-moi à boire.

Vidéo de ma chaîne YouTube sur le récit de la Samaritaine, ajoutée le 10 mars 2023:

SOURCE : https://www.jacquesgauthier.com/component/easyblog/entry/soif-de-jesus-soif-de-la-samaritaine.html?Itemid=136

Giovanni Brini  (1540–1599), Cristo e la Samaritana, huile sur panneau de bois, 71,1 x 50,8


Jésus et la Samaritaine

[Être accompagné(e) pour accompagner, avec les Pères de l’Eglise]

(Marie-Christine Hazaël-Massieux)

Pour comprendre comment le Christ accompagne chaque homme, chaque femme, dans son désir le plus vrai et le plus profond, nous allons méditer avec les Pères un instant sur le plus beau dialogue d’accompagnement qui existe dans l’Évangile : la rencontre de Jésus avec la Samaritaine (Jean 4). Jésus va accompagner cette femme, qui est comme nous, et comme tous ceux qui nous entourent : à travers sa soif intense, jusqu’à ce qu’elle devienne apôtre.

Un dialogue d’accompagnement : ça progresse ! On peut prendre l’image que l’on veut : "monter" (bien des Pères l’ont fait, cf. l’échelle par exemple) ; cela peut être aussi "creuser" : c’est ce que nous avons retenu ici. "Creuser un puits", et cela concerne précisément ce dialogue du Christ et de la Samaritaine : Jésus va creuser un puits dans le cœur de cette femme, qui fréquente elle-même le Puits de Jacob. Partant de sa pratique quotidienne, Jésus va l’emmener très loin, très profond.

Quand on retient cette image de "creuser un puits", on ne peut pas ne pas évoquer Christian de Chergé avec son ami Mohammed : c’est par ce "mot de passe" entre Christian et Mohammed(1) que l’on peut commencer, sans pouvoir dire encore ce que nous trouverons au fond de ce puits. Pour Christian de Chergé et Mohammed, la formule est utilisée pour prendre un rendez-vous spirituel : "Il y a longtemps que nous n’avons pas creusé notre puits !". Christian de Chergé rapporte :

"L’image est restée. Nous l’employons quand nous éprouvons le besoin d’échanger en profondeur.
Une fois, par mode de plaisanterie, je lui posai la question : "Et au fond de notre puits, qu’est-ce que nous allons trouver ? de l’eau musulmane ou de l’eau chrétienne?"

Il m’a regardé mi-rieur, mi-chagriné : "Tout de même, il y a si longtemps que nous marchons ensemble et tu me poses encore cette question ! Tu sais, au fond de ce puits-là, ce qu’on trouve, c’est l’eau de Dieu."

(L’Échelle Mystique du dialogue, 15).

Et l’eau de Dieu, c’est certainement "l’eau vive" ; c’est au fond du cœur de cette femme de Samarie que Jésus la fait jaillir dans l’échange qu’il a avec elle. C’est bien ce qui se produit dans l’accompagnement, avec des étapes diverses que nous mettrons à jour.

Il s’agit donc bien de relire avec soin le dialogue entre Jésus et la Samaritaine. Maurice Zundel (mort en 1975) nous dit de ce récit évangélique :

"Un récit évangélique qui jaillit comme une source dans un clair matin, c’est cette grâce du dialogue entre Jésus et la Samaritaine. Vous vous rappelez les termes de ce dialogue : comment Jésus, partant de l’eau du puits, éveille peu à peu dans la conscience de la Samaritaine, une pécheresse, le sens de la présence divine en lui faisant découvrir précisément Dieu, à l’intérieur d’elle-même, au plus secret de sa conscience, comme une source qui jaillit en vie éternelle. Cette révélation indépassable, éternelle, infinie, n’a pas encore été comprise et ne peut l’être, en effet, que par une conversion très profonde…"

(Maurice Zundel : Ton visage, ma lumière, Mame, Paris, 2011, p. 114).

Invitation donc à notre « conversion » et à nous laisser accompagner…

La Samaritaine interroge Jésus : "Seigneur, tu n'as pas même un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc, cette eau vive ?" (Jn 4, 11). Jésus, pour creuser ce puits, va s’y prendre au rythme de la femme : c’est elle qui mène toute l’opération, Jésus s’adapte à son rythme, comme il s’adapte au rythme de chacun d’entre nous ; on le voit avec Zachée, comme avec l’Aveugle-né, avec Marthe comme avec Marie…

Augustin (354-430) commente, et "dévoile" pour nous le secret de Dieu, pour nous faire avancer plus vite que la femme – trop vite ainsi pour que nous nous convertissions. Ecoutons cependant Augustin, qui nous rappelle le texte évangélique, mais nous suivrons ensuite tranquillement le chapitre 4 de Jean :

"Ce que promettait donc Notre-Seigneur, c’était la plénitude et la satiété dont le Saint-Esprit est l’auteur. La Samaritaine ne le comprenait pas encore, et dans son intelligence que répondait-elle ? Cette femme lui dit : "Seigneur, donnez-moi de cette eau, afin que je n’aie plus soif et que je ne vienne plus ici pour en tirer". Travail pénible auquel la contraignaient ses besoins et qui rebutait sa faiblesse. Si seulement elle entendait ces paroles : "Venez à moi, vous tous qui travaillez et qui êtes chargés, et je vous soulagerai" (Matth. 11, 28) ! Car ce que lui promettait Jésus, c’était la délivrance de sa peine ; mais elle ne le comprenait pas encore."

(Homélies sur l'Evangile de Jean XV, 14-17, Bibliothèque Augustienne, 73A).

1) Deux désirs

Deux désirs se rencontrent. Jésus commence par dire sa propre soif ("Donne-moi à boire"), pour adopter le rythme de la femme, femme de désir intense, de désir en attente car rien ne lui a été encore révélé, bien qu’elle adore Dieu sur le mont Garizim. Devant l’étonnement de cette femme qui ne tarde pas à lui demander pourtant de cette eau vive dont il lui parle, Jésus répond : "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."

Jean Chrysostome (v.345-407) commente :

"Il sortira,[dit Jésus] des fleuves d'eau vive de son coeur. Ce qu'il entendait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui (Jean, 7, 38). C'est pourquoi, dans l'entretien qu'il a avec la Samaritaine, il appelle eau le Saint-Esprit : Celui, dit-il, qui boira de l'eau que je lui donnerai, n'aura jamais soif. L'Ecriture appelle ainsi l'Esprit-Saint un fleuve pour montrer la force et l'ardeur de la grâce, et la destruction des péchés ; elle l'appelle une eau, pour marquer qu'elle purifie et rafraîchit l'âme de ceux qui la reçoivent. Et c'est avec raison : car tel est un jardin planté d'arbres chargés de fruits, et toujours verts, telle est une âme vigilante et soigneuse qu'embellit la grâce de l'Esprit-Saint. Elle ne permet pas, cette grâce, que la tristesse et la douleur, ni les ruses et les artifices de Satan lui portent la moindre atteinte, elle qui repousse facilement les traits enflammés de l'esprit malin."

(Homélies sur Jean XXXII, 1).

En fait, pour parvenir à l’eau véritablement, il faudra quelques étapes : oui, car il est bien question de temps, de rythme quand on parle de l’attente.

a) 1ère étape de la femme à travers ses questions : "Serais-tu plus grand, toi, que notre père Jacob qui nous a donné le puits et qui, lui-même, y a bu ainsi que ses fils et ses bêtes ?" : Jésus plus grand que Jacob ?

La femme insiste, abandonnant momentanément la question du puits trop profond, alors que Jésus lui a répondu que celui qui boira l’eau qu’il donnera "n’aura plus jamais soif".

C’est cette eau proposée à la Samaritaine qui, à maintes reprises, sert d’exemple à Thérèse d’Avila (1515-1582). Elle tente d’expliquer à ses sœurs l’intensité et donc la soif qui pousse à la rencontre avec Dieu dans l’extase, dont rêvent les Carmélites qu’elle accompagne. Et elle cite, une fois de plus, le dialogue avec la Samaritaine :

"Oh ! qu’elle est juste, qu’elle est vraie, cette parole prononcée par Celui qui est la Vérité même ! L’âme qui boit de cette eau n’a plus soif des choses de cette vie ; elle sent en elle une autre soif qui va croissant pour les choses de l’autre vie et dont la soif naturelle ne saurait nous donner la moindre idée. Mais qui dira combien l’âme est altérée par cette soif ! C’est qu’elle en comprend tout le prix. Bien que cette soif soit un supplice terrible, elle apporte avec elle une suavité qui l’apaise. Elle ne tue point ; elle éteint seulement le désir des choses de la terre, et rassasie l’âme des biens célestes. Quand Dieu daigne étancher la soif avec cette eau, une des plus grandes grâces qu’il puisse accorder à l’âme, c’est de la laisser encore tout altérée. Chaque fois qu’elle boit de cette eau, elle désire toujours plus ardemment en boire encore."

(Sainte Thérèse de Jésus : Chemin de la perfection, ch. XXe, traduction du R.P. Grégoire de saint Joseph, Carme déchaussé, in Œuvres complètes, t. I, Seuil, 1949, pp. 674-675).

A entendre Thérèse, on peut comprendre que la femme de Samarie est touchée par Jésus précisément dans ce qu’elle est puisqu’il l’invite non pas à voir disparaître tout désir (c’est une femme de désir) ; n’imaginons pas que le désir puisse disparaître ! Au contraire, il ne sera jamais plus assouvi, ni en cette vie ni en l’autre mais transfiguré car elle devient autre, et comme Grégoire de Nysse (v.335-395) sans doute la Samaritaine pourra-t-elle dire en pensant à l’eau vive :

"Ce bien seul [le Verbe] est vraiment doux, désirable, aimable ; sa jouissance génère sans cesse un désir plus grand, car sa participation aux vertus augmente l’envie que l’on a de lui."

(Grégoire de Nysse : Homélies sur le Cantique des Cantiques, Hom. I).

Mais reprenons le rythme de l’accompagnement par Jésus.

b) 2ème étape. Suivant alors déjà Jésus sans le savoir vraiment, la femme de Samarie demande : "Seigneur, donne-moi cette eau pour que je n'aie plus soif et que je n'aie plus à venir puiser ici.", Jésus lui répond par une invitation à la vérité : "Va, appelle ton mari et reviens ici." Et c’est l’aveu – aveu du désir inextinguible : "Je n’ai pas de mari". Mais Jésus en dit plus, révélant alors la vérité profonde de cette femme : "Tu en as eu cinq et l'homme que tu as maintenant n'est pas ton mari. En cela tu as dit vrai." Etonnant cet homme auquel peut-être la femme songeait pour être le septième !

Origène (v.185-254) dans une lecture symbolique où il joue sur les chiffres, selon les principes notamment des commentaires rabbiniques, tente de rapprocher déjà les cinq maris des cinq sens, qui manifestent que c’est d’abord dans le "sensible" et le "corporel" qu’il faut pêcher la Samaritaine, la tirer du puits où elle ne peut voir la lumière. Puis il rapproche encore les cinq maris avec les cinq livres de la Loi de Moïse, le Pentateuque (Commentaire sur Jean, t. III , SC 222: XIII, xxvi, 154) :

"Il vaut la peine de voir comment la Samaritaine, qui n’admet rien de plus que le Pentateuque de Moïse, attend la présence du Christ, qui serait donc annoncée par la seule Loi."

C’est alors qu’après avoir cédé au sixième homme, "qui n’est pas son mari, légitime", nous dit Origène, avec le septième, elle va être saisie au plus profond d’elle-même et trouver ce qu’elle cherchait :

"… après avoir renié [le sixième] et laissé là sa cruche, elle trouve un saint repos auprès du septième, faisant profiter aussi du même avantage les habitants d’une cité fondée sur ses anciennes croyances et édifiée sur des doctrines erronées"… 

(ibid. XIII, xxx, 179, p. 133).

[cf. signification biblique du chiffre sept : septième jour, repos de Dieu, accomplissement…]

Après "plus grand que Jacob", qui marquait déjà l’étonnement de la femme (elle se réfugiait dans sa foi de Samaritaine et rappelait : "Nos pères ont adoré sur cette montagne et vous, vous affirmez qu'à Jérusalem se trouve le lieu où il faut adorer"), on pourrait penser qu’il n’y a pas de solution pour cette hérétique, et cette femme que les habitants du lieu rejettent en raison de sa vie matrimoniale, mais l’accompagnement continue : elle prend conscience des incompréhensions ou des divergences… mais toujours la soif l’habite, chemin du pardon pour elle !

C’est alors que s'accomplit la 2ème étape pour cette femme, qui n’a pas encore compris quelle est cette soif qui la tenaille ! Elle propose : "Je vois que tu es un prophète" (Jn 4, 19) quand Jésus lui révèle sa vérité à elle. Jésus prophète ? La femme avance sur le chemin…

Avec la réponse de Jésus : "Mais l'heure vient, elle est là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité" (Jn 4, 21) : ceux qui cherchent vraiment le Père, ne sont-ils pas ceux qui ont vraiment soif ?

c) C’est alors la 3ème étape pour cette femme : elle risque d’abord timidement, déstabilisée, l’idée du Messie… "Je sais qu'un Messie doit venir-celui qu'on appelle Christ. Lorsqu'il viendra, il nous fera connaître toutes choses." (Jn 4, 25). A la réponse de Jésus "ego eimi" (c'est-à-dire selon les traductions "je le suis", "c’est moi"…) qui renvoie à Ex 3, 14 (quand Dieu à Moïse devant le Buisson ardent et lui dit son nom), elle comprend soudain… laissant sa cruche, elle part en courant pour la ville disant à ceux qu’elle ne voulait pas voir : "Il m'a dit tout ce que j'ai fait.", "ne serait-ce pas le Christ ?" (Jn 4, 29) : Jésus Christ ?

Maxime de Turin (Ve siècle) explique :

"Le Christ avait soif ? Oui, il avait soif, non pas du breuvage des hommes, mais de leur salut ; il avait soif, non de l'eau de la terre, mais de la rédemption du genre humain.

Miraculeusement, le Christ, qui est la source, assis près du puits, fait jaillir au même endroit les eaux de la miséricorde ; une femme qui avait déjà eu six amants est purifiée par le flot d'une eau vive. Nouveau sujet d'admiration, une gourgandine, qui vient au puits de Samarie, s'en retourne chaste, de la source de Jésus ! Venue chercher de l'eau, elle repart avec la vertu. Elle confesse aussitôt les péchés auxquels Jésus fait allusion, elle reconnaît le Christ et annonce le Sauveur. Elle laisse là sa cruche d'eau : à sa place elle rapporte à la cité la grâce ; allégée de son fardeau, elle y revient comblée de sainteté. Elle est vraiment prophétesse. Laissant là l'eau, elle descelle à ses compatriotes la source du salut. Elle retourne chez elle sanctifiée par la foi au Christ."

(Maxime de Turin : Homélie de Carême, 19, 2 in L'année liturgique, Migne, "Les pères dans la foi", n° 65, rééd. 2013, pp. 98-99).

2) Les dons de Dieu – le par-don

La femme a reçu l’eau vive du baptême, en même temps que le pardon de ses péchés – c’est pourquoi elle n’a plus soif de l’eau extérieure, elle oublie même sa cruche ; et nous voyons se manifester deux dons majeurs en elle - dons qui accompagnent le baptême, deux fruits de l’eau vive :

La vérité : elle a découvert sa véritable soif en même temps qu’elle annonçait tous ses maris. Pour Jésus elle dit sa foi – encore timidement certes, mais avec passion : "donne-la moi cette eau que je n’aie plus à venir puiser", et par là elle dit la vérité : en tout homme, en toute femme, il y a la foi. Jésus n’a même pas besoin de lui dire "ta foi t’a sauvée" !

l’envoi en mission : le premier envoi de Jésus ("va chercher ton mari") a pris toute sa force, force définitive quand le puits est creusé et que l’eau jaillit au cœur de la femme : ce n’est plus un homme ou même six qu’elle ramène mais c’est tout une ville qui veut rencontrer le Christ, entendre sa parole et qui le presse de rester…

Pour Jésus ce n’est pas si long de creuser un puits au cœur de l’homme (ou de la femme), mais, pour nous, l’attente est plus ou moins longue et souvent elle nous pèse : comment acceptons-nous de voir soulever les gravats de notre cœur ? Comment laissons-nous jaillir l’eau vive qui va tout emporter ?

Le soldat qui a creusé le côté de Jésus en Croix s’attendait-il à voir jaillir l’eau et le sang ? Savait-il la profondeur du puits qu’il ouvrait, l’immensité du don de Dieu ? C’est la question que nous pouvons nous poser pour nous-même lorsque souvent, avec un prétexte minable, nous atteignons la source ? Nos Pères, nombreux, ont commenté ce geste et ses conséquences, la naissance de l’Eglise, l’épouse bien aimée du nouvel Adam qui jaillit de son côté :

"Des soldats vinrent donc et rompirent les jambes de ceux qui avaient été crucifiés avec Jésus. S'approchant de Jésus, ils virent qu'il était déjà mort. Ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais l'un des soldats lui ouvrit le côté de sa lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l'eau. L'Évangéliste a choisi à dessein cette dernière expression : il n'a pas dit : "un des soldats le frappa", ou "le blessa" ou une autre expression de ce type ; il dit "un des soldats lui ouvrit le côté", pour nous apprendre qu'il ouvrait d'une certaine manière la porte de la vie. De là coulèrent les sacrements de l'église sans lesquels on n'accède pas à la vie qui est la vie véritable. Ce sang a été versé pour la rémission des péchés. Cette eau se mêle à la boisson salutaire. Elle est un bain qui purifie et une boisson rafraîchissante.

Nous trouvons une préfiguration de ce mystère dans l'ordre qui fut donné à Noé d'ouvrir sur un des côtés de l'arche une porte par laquelle puissent entrer les animaux qui ne devaient pas périr dans le Déluge et qui représentaient l'Église.

C'est en vue de ce même mystère que la première femme fut faite du côté d'Adam endormi et qu'elle fut appelée vie et mère des vivants."

(Augustin : Sermons sur l'Évangile de Jean, Tract. CXX, 2).

[En parlant des "sacrements de l'Église" qui s'écoulent du côté du Christ, ailleurs St Augustin précise que le sang représente l'eucharistie, et l'eau le baptême.]

L’eau qui nous guidera désormais, c’est bel et bien l’Esprit Saint. C’est ce que nous dit Cyrille de Jérusalem (v. 315-386) :

"L'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle (Jn 4, 14). C'est une eau toute nouvelle, vivante, et jaillissante, jaillissant pour ceux qui en sont dignes. Pour quelle raison le don de l'Esprit est-il appelé une "eau" ? C'est parce que l'eau est à la base de tout ; parce que l'eau produit la végétation et la vie ; parce que l'eau descend du ciel sous forme de pluie ; parce qu'en tombant sous une seule forme, elle opère de façon multiforme. [...] Elle est différente dans le palmier, différente dans la vigne, elle se fait toute à tous. Elle n'a qu'une seule manière d'être, et elle n'est pas différente d'elle-même. La pluie ne se transforme pas quand elle descend ici ou là mais, en s'adaptant à la constitution des êtres qui la reçoivent, elle produit en chacun ce qui lui convient."

(Catéchèse de St Cyrille de Jérusalem sur le Saint-Esprit : Extraits de la Catéchèse 18 sur le Symbole de la Foi, 23-25).

C’est là l’accompagnement dont le Christ nous donne l’exemple : s’adapter à celui qui est accompagné, partir de lui pour transmettre la source de vie, mais conforme à la vie et au désir de chacun… Comme l’eau dans chaque végétal, c’est ainsi que l’Esprit nous guide !

Alors buvons l’eau vive, celle qui fait vivre chaque homme, chaque femme selon la vie qui lui convient. Cette eau jaillissante est offerte, au-delà de chacun d’entre nous, à tous nos frères assoiffés ; mais il faut encore qu’au lieu de la laisser cachée au fond du cœur, de l’empêcher de couler, nous la laissions se répandre en chacun comme vie éternelle… C’est là accompagner, c’est là surtout être accompagné pour accompagner… et c’est bien Jésus qui accompagne… Nous pensons là à un très beau texte de Raniero Cantalamessa qui nous servira de conclusion :

"Essayons maintenant de comprendre comment s’opère ce changement du cœur. Il faut distinguer deux situations. Lorsqu’il s’agit de la première conversion, de l’incrédulité à la foi, ou du péché à la grâce, le Christ est dehors et frappe sur les parois du cœur pour entrer ; lorsqu’il s’agit de conversions successives, d’un état de grâce à un autre plus élevé, de la tiédeur à la ferveur, c’est le contraire qui se produit : le Christ est à l’intérieur et frappe sur les parois du cœur pour sortir!"

(R. Cantalamessa, 3e prédication de Carême en 2006).

C’est toujours dans leur péché le plus intime que le Christ saisit ses apôtres ! Et son accompagnement est alors "pardon" - don infini qui transfigure le "péché" en force pour la vie éternelle…

(1) "Creuser son puits" est évoqué dans le petit ouvrage de Christian Salenson : Prier 15 jours avec Christian de Chergé, Nouvelle Cité, 2006, p. 53-54.

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Ce site a été réalisé et est remis à jour par Marie-Christine Hazaël-Massieux.

SOURCE : http://peresdeleglise.free.fr/meditations/samaritaine.htm

Alessandro Allori  (1535–1607), Cristo e la Samaritana al pozzo, 1577, basilique Santa Maria Novella


Saint Augustin, Jésus et la Samaritaine (1)

Publié par dominicanus sur 25 Février 2008, 18:02pm

Catégories : #La vache qui rumine (Année A)

Jésus, baptisant par lui-même ou par ses disciples plus que Jean, et sachant que les Pharisiens prendraient de là occasion de le persécuter, s'en alla en Galilée et passa par Samarie. A six heures, il se trouva près d'un puits, et la fatigue du voyage l'y fit asseoir. Ce voyage figurait son Incarnation; sa fatigue, la faiblesse où il s'est réduit pour nous rendre forts; l'heure indiquait le sixième âge du monde, et le puits marquait la profondeur de nos misères. Une femme, image de l'Eglise des Gentils, vint puiser de l'eau et le rencontra. Après lui avoir demandé un peu d'eau pour se rafraîchir, le Sauveur offrit à cette femme une eau qui étancherait sa soif pour toujours; mais, avec des idées toutes charnelles, elle ne pensait qu'à un breuvage ordinaire, signe trop fidèle des voluptés mondaines, et non à cette boisson spirituelle qui est la vérité. Alors le Christ lui dit d'appeler son mari, c'est-à-dire d'employer toute son intelligence à l'écouter. Je n'en ai point. C'est vrai, car tu en as cinq, et celui que tu as n'est pas le tien; en d'autres termes, tu as eu pour guides tes sens corporels, et rien, sinon l'erreur, n'est venu les remplacer. Appelle donc ton intelligence à ton aide. Et elle l'appela, et elle comprit qu'à la venue du Messie toute séparation cesserait entre les Juifs et les Samaritains ou Gentils, et elle reconnut le Messie dans celui qui lui parlait, et elle crut en lui, et elle devint l'apôtre des Samaritains dont plusieurs crurent à ses paroles.

1. Ce n'est point chose nouvelle pour vous d'entendre dire que, pareil à l'aigle, Jean prend son vol dans les hauteurs, qu'il s'élance au-dessus des ténèbres de la terre, et fixe sur la lumière de la vérité des regards pleins d'assurance. (...) On vous a lu, et c'est ce que nous avons entre les mains pour en faire la matière de notre instruction, on vous a lu l'entretien de Jésus-Christ avec la Samaritaine auprès du puits de Jacob. En cet entretien se trouvent résumés de grands mystères; le Sauveur y fait allusion à de grandes choses, bien propres à nourrir les âmes affamées et à ranimer celles qui languissent.

2. Notre-Seigneur "ayant donc su que les Pharisiens avaient appris qu'il faisait un plus grand nombre de disciples et baptisait plus de personnes que Jean (bien que Jésus ne baptisât point par lui-même, mais par ses disciples), il quitta la Judée et alla de nouveau en Galilée". Ici pas n'est besoin de longs développements. Car, en nous arrêtant à ce qui est clair, nous nous trouverions enfermés dans un espace de temps trop étroit, lorsqu'il s'agirait d'exprimer et d'expliquer les passages obscurs. Si le Seigneur avait prévu que les Pharisiens, apprenant qu'il avait plus de disciples, et qu'il baptisait plus de personnes que Jean, en profiteraient pour leur salut et se rangeraient à sa suite pour devenir ses disciples et se faire baptiser par lui, certainement il n'aurait pas quitté la Judée, il y serait plutôt resté à cause d'eux. Toutefois, et ce n'était pas pour lui un mystère, ils savaient ce qu'il en était de lui; mais ils étaient animés à son égard d'un grand mauvais vouloir; ils avaient appris à le connaître, mais pour le poursuivre, au lieu de le suivre. Il quitta donc le pays: non pas que, même en y demeurant, il n'eût pu éviter d'être pris et tué par eux contre son bon vouloir; car il pouvait ne pas naître s'il l'avait voulu, mais parce qu'en total ce qu'il faisait comme homme, il avait dessein de servir d'exemple aux hommes qui devaient croire en lui. En effet, aucun serviteur de Dieu ne pèche en passant d'un lieu dans un autre, lorsqu'il voit que certaines gens le persécutent avec fureur, ou cherchent à l'entraîner au mal. Il craindrait néanmoins d'offenser Dieu en agissant de la sorte, s'il n'avait pour s'y autoriser l'exemple du Seigneur. Car cette conduite, le bon Maître l'a tenue dans l'intention de nous instruire, et non par un motif de crainte personnelle.

3. Peut-être quelqu'un s'étonnera-t-il de ce que l'Evangéliste ait dit: "Jésus baptisait plus de personnes que Jean", et qu'après ces paroles: "Jean baptisait", il ait ajouté: "Quoique Jésus ne baptisât pas par lui-même, mais par ses disciples?" Quoi donc? Etait-ce d'abord une assertion fausse, redressée ensuite par cette addition: "Quoique Jésus ne baptisât pas par lui-même, mais par ses disciples?" Ou plutôt, est-il également vrai que Jésus baptisait, et ne baptisait pas? Il baptisait parce qu'il purifiait les âmes, et il ne baptisait point parce qu'il ne répandait pas l'eau sur les corps. Les disciples prêtaient le concours de leur ministère corporel; pour lui, il les aidait de sa puissance. Comment, en effet, peut cesser de baptiser Celui qui ne cesse pas de purifier, et dont l'Evangéliste nous dit en répétant les paroles rapportées de Jean-Baptiste: "C'est celui-là qui baptise (1)?" Donc Jésus baptise encore, et tant qu'il y aura des hommes pour recevoir le baptême, c'est Jésus qui le leur donnera. Approchons-nous donc avec confiance du serviteur malgré son infériorité, parce qu'il a le Maître au-dessus de lui.

4. Mais, dira quelqu'un, à la vérité, le Christ confère le baptême en esprit, mais il ne le donne pas extérieurement: par là, quiconque reçoit visiblement et corporellement le sacrement de baptême, semble le tenir d'un autre que de lui. Veux-tu une preuve qu'il baptise non-seulement en esprit, mais encore avec l'eau? Ecoute l'Apôtre: "Comme Jésus-Christ", dit-il, "a aimé l'Eglise et s'est livré à la mort pour elle, afin de la sanctifier en la .purifiant dans le baptême de l'eau par la parole de vie, pour la faire paraître devant lui pleine de gloire, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien qui y ressemble" (2). En la purifiant de quelle manière? "Dans le baptême de l'eau par la parole de vie". Qu'est-ce que le baptême du Christ? Un baptême d'eau uni à la parole. Ote l'eau, il n'y a plus de baptême; ôte la parole, le baptême n'existe plus.

5. Après ces préliminaires qui conduisent l'Evangéliste à l'entretien de Jésus-Christ avec la Samaritaine, voyons, le reste: il est rempli de vérités cachées et de gros mystères. "Il fallait", dit l'Ecrivain sacré, "qu'il passât par Samarie. Il vint donc en une ville du pays de Samarie, nommée Sichar, près de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph. Là était la fontaine de Jacob". C'était un puits: tout puits est une fontaine; mais toute fontaine n'est pas un puits. Car dès qu'une eau sort de terre et qu'on la puise pour en faire usage, on l'appelle une fontaine; toutefois, s'il est facile de la voir et qu'elle se trouve â la surface de la terre, elle s'appelle simplement une fontaine. Si, au contraire, elle se voit dans les profondeurs de la terre, on l'appelle un puits, bien qu'alors le nom de fontaine puisse encore lui convenir.

6. "Jésus donc, fatigué du chemin, s'assit sur la fontaine. C'était vers la sixième heure". Déjà commencent les mystères. Ce n'est pas sans raison que Jésus se fatigue: ce n'est pas sans raison que nous voyons accablée de lassitude la vertu même de Dieu, celui qui calme nos fatigues, celui dont l'absence est pour nous une cause d'épuisement et dont la présence restaure nos forces. Cependant Jésus est fatigué, il est fatigué sur le chemin et il s'assied, il s'assied au bord d'un puits, et c'est à la sixième heure du jour. Autant de circonstances significatives, qui nous donnent à penser et nous indiquent quelque chose: elles nous rendent attentifs et nous engagent à frapper. Qu'il ouvre donc a vous et à moi, celui qui a daigné nous encourager à frapper, en nous disant: "Frappez, et il vous sera ouvert (3)". C'est pour toi, mon frère, que Jésus est fatigué du chemin. Nous voyons en Jésus, et la force et la faiblesse: il nous apparaît tout à la fois puissant et anéanti. Il est puissant, car "au commencement il était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu; au commencement était en Dieu". Veux-tu savoir quelle est la puissance de ce Fils de Dieu? "Toutes choses ont été faites par lui, et sans lui rien n'a été fait" Y a-t-il rien de plus fort que celui qui a fait toutes choses sans éprouver de lassitude? Veux-tu t'assurer qu'il a été faible? "Et le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous (4)". Par sa puissance, le Christ t'a créé; il t'a donné une nouvelle vie, en s'anéantissant; par sa puissance, il a fait ce qui n'était pas; en devenant faible, il a empêché ce qui était de périr. C'est en sa force qu'il nous donne l'être; c'est en son infirmité qu'il nous a attirés à lui.

1. Jn 1,33.

2. Ep 5,25-27.

3. Mt 7,7.

4. Jn 1,1-3 ; Jn 1,14

SOURCE : https://www.homelie.biz/article-17019428.html

Atelier de Lucas Cranach l'Ancien  (1472–1553) ou Lucas Cranach le Jeune et atelier  (1515–1586), Christ and the Samaritan Woman at the Well, circa 1552, 88 x 171, Fränkische Galerie


La Samaritaine au puits : Jean 4.7 - 30

Contribution spirituelle - 9 octobre

Père Timothy Radcliffe OP

Aujourd'hui, nous commençons à réfléchir sur le point B.1 de l'Instrumentum Laboris, « Une communion qui rayonne ». Le thème qui est apparu le plus fréquemment dans nos sessions de la semaine dernière est celui de la formation. Comment pouvons-nous donc tous être formés à une communion qui déborde sur la mission ?

Dans le chapitre 4 de Jean, nous entendons parler de la rencontre de Jésus avec la femme au puits. Au début du chapitre, elle est seule, une figure solitaire. À la fin, elle est transformée en première prédicatrice de l'Évangile, tout comme la première prédicatrice de la résurrection sera une autre femme, Marie Madeleine, l'Apôtre des Apôtres : deux femmes qui lancent la prédication, d'abord de la bonne nouvelle que Dieu est venu jusqu’à nous pour prêcher ensuite la résurrection.

Comment Jésus surmonte-t-il l’ostracisme vis à vis de Marie Madeleine ? La rencontre s'ouvre sur quelques mots brefs, seulement trois en grec : « Donne-moi à boire ». Jésus a soif et il a besoin de plus que de l'eau. Tout l'évangile de Jean est structuré autour de la soif de Jésus. Son premier signe a été d'offrir du vin aux invités assoiffés des noces de Cana. Ses derniers mots ou presque, sur la croix, sont « J'ai soif ». Puis il dit : « Tout est accompli » et meurt.

Dieu apparaît parmi nous comme quelqu'un qui a soif avant tout de chacun d'entre nous. Mon maître des étudiants, Geoffrey Preston OP, a écrit : « Le salut, c'est lorsque Dieu nous désire, qu’il est rongé par la soif de nous ; Dieu nous désire tellement plus que nous ne pourrons jamais le désirer. La mystique anglaise du XIVe siècle, Julian de Norwich, a dit : « Le désir et la soif spirituelle [pneumatique] du Christ durent et dureront jusqu'au jour du Jugement dernier. Dieu a eu tellement soif de cette femme déchue qu'il se fit humain. Il a partagé avec elle ce qu'il y a de plus précieux, le nom divin : « Je suis celui qui te parle ». C'est comme si l'Incarnation

s'était produite juste pour elle. Elle apprend à avoir soif, elle aussi. D'abord d'eau, pour ne pas avoir à venir au puits tous les jours. Puis elle découvre une soif plus profonde. Jusqu'à présent, elle allait d'homme en homme. Aujourd'hui, elle découvre celui qu'elle a toujours désiré sans le savoir. Comme le disait Romano le Mélodiste, souvent la vie sexuelle erratique des gens est une expression brouillonne de leur soif la plus profonde, celle de Dieu. Nos péchés, nos échecs, sont généralement des tentatives erronées de trouver ce que nous désirons le plus. Mais le Seigneur nous attend patiemment près de nos puits, nous invitant à avoir encore plus soif.

La formation à « une communion qui rayonne » consiste donc à apprendre à avoir soif et à avoir faim de plus en plus profondément. Nous commençons par nos désirs ordinaires. Lorsque j'étais malade d'un cancer à l'hôpital, je n'ai rien pu boire pendant environ trois semaines. J'avais une soif intense. Rien n'a jamais été aussi bon que le premier verre d'eau, encore mieux qu'un verre de whisky ! Mais peu à peu, j'ai découvert qu'il existait une soif plus profonde : « Dieu tu es mon Dieu je te cherche dès l’aube, mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride altérée sans eau » (Psaume 62).

Ce qui nous isole tous, c'est d'être pris au piège de petits désirs, de petites satisfactions, comme celle de battre nos adversaires ou d’accéder à un statut, ou encore de porter un chapeau particulier ! Selon la tradition orale, lorsque Thomas d'Aquin s'est vu demander par sa sœur Théodora comment devenir un saint, il a répondu d'un mot : Velle ! Vouloir ! Jésus demande constamment aux personnes qui viennent à lui : « Voulez-vous ? »;  « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? ». Le Seigneur veut nous donner la plénitude de l'amour. Le voulons-nous ?

La formation à la synodalité signifie donc apprendre à devenir des personnes passionnées, remplies d'un désir profond. Pedro Arrupe, le merveilleux supérieur général des Jésuites, a écrit : « Rien n'est plus pratique que de trouver Dieu, c'est-à-dire de tomber amoureux

d'une manière tout à fait absolue et définitive. Ce dont vous êtes amoureux, ce qui s'empare de votre imagination, affectera tout. C’est ce qui décidera de vous sortir du lit le matin, de ce que vous ferez de vos soirées, de la manière dont vous passerez vos week-ends, de ce que vous lirez, de qui vous connaîtrez, de ce qui vous brisera le cœur et de ce qui vous émerveillera, rempli de joie et de gratitude. Tombez amoureux, restez amoureux, et cela décidera de tout. » Saint Augustin, cet homme passionné, s'est exclamé : « Je t'ai goûté et j'ai maintenant faim et soif de toi ; tu m'as touché et j'ai brûlé pour ta paix ».

Mais comment devenir des personnes passionnées - passionnées par l'Évangile, remplies d'amour les unes pour les autres - sans désastre ? C'est une question fondamentale pour notre formation, en particulier pour nos séminaristes. L'amour de Jésus pour cette femme sans nom la libère. Elle devient la première prédicatrice, mais nous n'entendons plus jamais parler d'elle. Une Église synodale sera une Église dans laquelle nous sommes formés à l'amour non possessif : un amour qui ne fuit pas l'autre personne et ne prend pas possession d'elle ; un amour qui n'est ni abusif ni froid.

Il s'agit d'abord d'une rencontre intensément personnelle entre deux personnes. Jésus la rencontre telle qu'elle est. Tu as raison de dire : « Je n'ai pas de mari ». En effet, tu as eu cinq maris et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari. Ce que tu as dit est vrai. Elle s'enflamme et répond d'un ton moqueur : « Ah, tu es donc un prophète ! ».

Nous devrions être formés à des rencontres profondément personnelles les uns avec les autres, dans lesquelles nous transcendons les étiquettes faciles. L'amour est personnel et la haine est abstraite. Je cite à nouveau le roman de Graham Greene, La puissance et la gloire : « La haine n'était qu'un échec de l'imagination  ». Le désaccord très personnel entre saint Paul et saint Pierre était dur, mais il s'agissait véritablement d'une rencontre. Le Saint-Siège est fondé sur cette rencontre passionnée, colérique mais réelle. Les personnes que saint Paul ne pouvait pas supporter étaient les espions sournois, qui comméraient et ourdissaient leurs plans en secret, chuchotant dans les couloirs, cachant qui ils étaient sous des sourires trompeurs. Le désaccord ouvert n'était pas le problème.

Tant de personnes se sentent exclues ou marginalisées dans notre Église parce que nous leur avons collé des étiquettes abstraites : divorcés-remariés, homosexuels, polygames, réfugiés, Africains, Jésuites ! Un ami m'a dit l'autre jour : « Je déteste les étiquettes. Je déteste que l'on mette les gens dans des cases. Je ne supporte pas ces conservateurs ». Si vous rencontrez vraiment quelqu'un, vous pouvez vous mettre en colère, mais dans une rencontre vraiment personnelle, la haine ne pourra pas durer. Si vous entrevoyez leur humanité, vous verrez celui qui les crée et les soutient dans l'être dont le nom est JE SUIS.

Le fondement de notre rencontre aimante et non possessive avec les autres est certainement notre rencontre avec le Seigneur, chacun puisant à son propre puits, avec ses échecs, ses faiblesses et ses désirs. Il nous connaît tels que nous sommes et nous rend libres de nous rencontrer dans un amour qui libère et ne contrôle pas. Dans le silence de la prière, nous sommes libérés.

Elle rencontre celui qui la connaît parfaitement. Cela la pousse à poursuivre sa mission. Venez voir l'homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait". Jusqu'à présent, elle a vécu dans la honte et la dissimulation, craignant le jugement de ses concitoyens. Elle va au puits en plein midi, parce qu’il n'y a personne d'autre. Mais maintenant, le Seigneur a mis en lumière tout ce qu'elle est et l'aime. Après la chute, Adam et Ève se sont soustraits à la vue de Dieu, honteux. Maintenant, elle entre dans la lumière. La formation à la synodalité fait tomber nos déguisements et nos masques, de sorte que nous entrions dans la lumière. Puisse cela se produise dans nos circuli minori !

Nous serons alors en mesure de transmettre le plaisir sans limite de Dieu en chacun de nous, plaisir dans lequel il n'y a pas de honte. Je n'oublierai jamais une clinique spécialisée dans le traitement du sida, appelée Mashambanzou, à la périphérie de Harare, au Zimbabwe. Le mot signifie littéralement « l'heure où les éléphants se lavent », c'est-à-dire l'aube. Ils descendent ensuite à la rivière pour s'éclabousser, s'asperger d'eau et s'en asperger les uns les autres. C'est un moment de joie et de jeu. La plupart des patients étaient des adolescents à qui il ne restait plus beaucoup de temps à vivre, mais c’était un lieu de joie. Je me souviens particulièrement d'un jeune garçon appelé Courage, qui remplissait l'endroit de rires.

À Phnom Penh, au Cambodge, j'ai visité un autre hospice pour malades du sida, dirigé par un prêtre appelé Jim. Lui et ses assistants recueillent dans les rues les personnes mourant du sida et les ramenaient dans cette simple cabane en bois. Un jeune homme venait d'être amené. Il était émacié et ne semblait pas avoir beaucoup de temps à vivre. On lui lavait et coupait les cheveux. Son visage était béat. C’était l'enfant de Dieu en qui le Père se complaît.

Les disciples reviennent avec de la nourriture. Ils sont choqués de voir Jésus parler à cette femme déchue. Les puits sont des lieux de rencontres romantiques dans la Bible ! Comme pour elle, la conversation commence lentement. Deux mots seulement : "Rabbi, mange". Mais elle est déjà devenue prédicatrice avant eux. Notre rôle en tant que prêtres est souvent de soutenir ceux qui ont déjà commencé à récolter la moisson avant même que nous nous réveillions.

SOURCE : https://slmedia.org/fr/blogue/la-samaritaine-au-puits-jean-4-7-30


Alessandro Bonvicino  (1498–1554),  Cristo e la Samaritana al pozzo


Troisième dimanche du Carême - A

La Samaritaine trouve enfin l’homme de sa vie

La liturgie de ce troisième dimanche de Carême nous donne à méditer une des scènes les plus extraordinaires de l’évangile, où saint Jean nous dévoile tout le mystère du don de Dieu. Ce mystère est sous le symbole de l’eau qui féconde la terre et donne la vie au monde.

Jésus se présente au puits de Jacob comme celui qui a soif, qui a besoin d’aide qui est fatigué par la route. La chaleur du midi est écrasante, il s’assied sur la margelle. Il ne domine pas, ne s’impose pas, il cherche le contact. Sa demande d’eau prend la Samaritaine par surprise. À cause de la haine qui existait entre les Juifs et les Samaritains, les Juifs contractaient une impureté légale s’ils acceptaient, de la part des Samaritains, un simple verre d’eau. De là la question de la Samaritaine lorsque Jésus lui demande : «Donne-moi à boire» : «Comment, toi qui es Juif, tu me demandes à boire?»

À cause de ses six maris, la femme de Sykar choisit, pour aller au puits, une heure où elle ne risque pas d’être la moquerie des autres femmes. Avec son passé tourmenté, la Samaritaine se montre vraiment sous un mauvais jour. Elle est une épave, une femme abîmée, meurtrie. Elle a été le jouet qui a servi à une demi-douzaine d’hommes. Cependant, c’est à elle que le Seigneur va dévoiler son secret. Elle est choisie pour recevoir la confidence de Jésus sur lui-même et devenir un témoin privilégié de son identité.

Et nous, où en sommes nous dans notre vie? Où cherchons-nous notre bonheur? Quelles soifs avons-nous?

L’étranger fatigué, le juif détesté a deviné sa blessure. Il scrute son cœur féminin avec délicatesse, sans la froisser. Il a deviné sa soif de bonheur que n’apaisent pas les amours de passage? Cet ami inconnu semble tendre la main pour lui révéler que, malgré ses expériences douloureuses, sa vie n’est peut-être pas un échec?

Le Christ sait qui elle est, mais il ne la pointe pas du doigt, ne lui présente pas un miroir accusateur en disant : regarde comme tu es une pauvre misérable. Il ne lui jette pas en plein visage tout ce qui n’a pas fonctionné dans sa vie amoureuse. Il n’essaie pas de l’humilier. Au contraire, il se confie à elle.

Lorsqu’il lui demande d’aller chercher son mari, elle répond qu’elle n’a pas de mari. Le Seigneur lui rappelle qu’elle en a eu cinq et que l’homme avec qui elle vit maintenant n’est pas son mari. Jésus révèle sa situation mais ne porte pas de jugement. Sentant que le dialogue devient trop personnel, la Samaritaine tente de s’évader en posant une question théologique sur la montagne de Samarie et la montagne de Jérusalem. Le Christ ne la brusque pas. Le dialogue se déroule dans la franchise mais aussi dans le respect et la tendresse.

Pour redonner l’espoir à cette Samaritaine au puits de Jacob, Jésus transgresse tous les tabous : le tabou racial, le tabou sexuel et le tabou religieux. Jésus est un homme libre. Il ne croit pas aux blocages définitifs, aux étiquettes blessants, aux haines ancestrales. Comme toujours, il sait redonner l’espoir à ceux et celles qui sont abattus par les difficultés de la vie : «Venez à moi vous tous qui souffrez et ployez sous le fardeau et moi je vous soulagerai.» (Mt 11,28)

Il s’agit pour Jésus de faire naître en cette femme l’être nouveau, comme il le fera pour Nicodème, Zachée et Marie-Madeleine. Jésus creuse un puits dans cette nouvelle créature, un puits qui devient source d’eau vive et de fécondité. Il lui révèle qu’elle vaut beaucoup plus que la somme de tous ses échecs.

C’est alors que Jésus lui fait deux grandes révélations: la première sur la vraie nature de Dieu («Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c’est en esprit et en vérité qu’ils doivent adorer»); et la seconde sur son identité propre : «Je sais, dit-elle, que le Messie doit venir, celui qu’on appelle Christ… Jésus lui répondit : C’est moi, celui qui te parle»)

Le cœur de cette femme est sauvé. Dans sa vie superficielle, desséchée par une existence trop terre à terre, une source d’eau vive a jailli. Elle a enfin trouvé l’homme qu’elle cherchait. Elle n'a plus que faire de ce puits et de sa cruche. Elle court communiquer ce qu'elle vient de découvrir.

Le plein midi, la chaleur, la fatigue de la route représentent, dans ce merveilleux texte de S. Jean, notre vie difficile et monotone de tous les jours. Qui a soif dans ce récit ? Jésus, bien sûr. Dans la symbolique de Jean, on peut comprendre ici la soif de Dieu pour l’être humain, sa recherche depuis toujours : «Adam, où es-tu ?» (Genèse 3, 9.) «Je suis venu pour chercher les pécheurs et les brebis perdues». (Marc 2, 17)

Cette Samaritaine qui a cherché son bonheur, sa vérité dans ses amours passagers et n'a connu que des échecs, est consumée d’une autre soif que le Christ va lui permettre d’étancher. Elle n’aura plus jamais «soif» car la source d’eau vive est en elle et elle est aimée de Dieu.

Et nous, où en sommes nous dans notre vie? Où cherchons-nous notre bonheur? Quelles soifs avons-nous? Comme pour la Samaritaine, le Seigneur peut faire jaillir une source d’eau fraîche, une fontaine de vie nouvelle : «Celui ou celle qui boira l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui, en elle, source jaillissante pour la vie éternelle.» (Jean 4, 14)

SOURCE : https://www.cursillos.ca/formation/reflexions-dominicales/annee-A/R-A20-Car3.htm

Photine (Fotinaï) la samaritaine dessinée par Lorenzo Ferri selon les indications de Maria Valtorta. Source : fonds documentaire de la Fondation Héritière de Maria Valtorta.


Photine (Fotinaï) la samaritaine

Photine (Fotinaï) la samaritaine dessinée par Lorenzo Ferri selon les indications de Maria Valtorta. Source : fonds documentaire de la Fondation Héritière de Maria Valtorta.

De Sychar en Samarie. Elle rencontre Jésus autour d'un puits. À la fin de la conversation, elle lui demande de l’eau vive. Jésus perce à jour ses secrets, dont sa vie instable faite de cinq "maris". Par la suite, elle se fait ardente propagatrice de la foi en Jésus.        

Caractère et aspect

"Sur les trente-cinq à quarante ans, grande, aux traits fortement dessinés, mais beaux. Elle a, dirions-nous, le type presque espagnol avec son teint olivâtre, les lèvres très rouges et plutôt épaisses, des yeux démesurément grands et noirs sous des sourcils très touffus et les tresses couleur de jais que l'on voit sous le voile léger. Même les formes, qui tendent à l'embonpoint, présentent nettement le type oriental légèrement adouci comme celui des femmes arabes. Elle est vêtue d'une étoffe à rayures multicolores, serrée à la ceinture, tendue sur les hanches et la poitrine grassouillettes, et retombant ensuite en une sorte de volant ondulant jusqu'à terre. Quantité de bagues et de bracelets aux mains grassouillettes et brunes et aux poignets que l'on voit sous les manches de lin. Au cou un lourd collier d'où pendent des médailles, je dirais des amulettes car il y en a de toutes les formes. De pesantes boucles d'oreilles descendent jusqu'au cou et brillent sous le voile."[1].      

Parcours apostolique

- "Maintenant que je ne suis plus une pécheresse, je ne sais plus rien. Le bien, je l'ignore. Que dois-je faire ?" -  "Tu ne pourrais venir, femme seule, à ma suite. Mais si tu veux réellement ne plus pécher et connaître la science de ne pas pécher, retourne chez toi avec l'esprit de pénitence et attends. Le jour viendra où, femme parmi d'autres également rachetées, tu pourras être proche de ton Rédempteur et apprendre la science du Bien. Va. N'aie pas peur. Sois fidèle à ta volonté actuelle de ne pas pécher. Adieu."[2]

C'est probablement elle qui est évoquée lorsque Jésus revient plus tard à Sichem :

"Une seule manquera, car elle s'est éloignée de l'endroit pour mener une vie d'expiation. C'est ce qu'elle a dit, et je le crois. En effet, quand une femme se dépouille de tout ce qu'elle aimait, et repousse le péché et donne ses biens aux pauvres, c'est signe que vraiment elle veut suivre une vie nouvelle. Mais je ne saurais te dire où elle est. Personne ne l'a plus vue depuis qu'elle a quitté Sichem. Quelqu'un de nous a cru la voir en qualité de servante dans un village près du Fialé[3]. Un autre jure l'avoir reconnue vêtue misérablement à Bersabée[4]. Mais leurs affirmations manquent de certitude. Appelée par son nom, elle n'a pas répondu, et la femme répondait au nom de Jeanne dans un endroit, et au nom d’Agar dans l'autre. - "Il n'est pas nécessaire de savoir autre chose sinon qu'elle s'est rachetée"[5]

Jésus lors de la dernière Cène, se souviendra des âmes sauvées dont la sienne[6]

Son nom

Ce prénom aurait une origine grecque : "Lumière" (comme dans photos).

Où en parle-t-on dans l'œuvre ?

EMV 143 EMV 144 EMV 147

EMV 571.4 EMV 572.2 EMV 596.33

EMV 600.25 EMV 647.7

En savoir plus sur ce personnage

Sainte Photine est fêtée le 20 mars par l'Église catholique et le 26 février par l'Église orthodoxe. Elle aurait été apôtre de la Tunisie (Carthage) en compagnie de ses fils, Joseph et Victor. Elle serait morte en 66 après J.C.

Notes et références

 EMV 143

 EMV 147

 Selon le catalogue de Cambridge, c’est un lac de la Gaulanitide, connu actuellement sous le nom de Birkat Rām (lac Ram) et le village proche serait actuellement Mas'ada. Ce nom de Phialé vient de la forme de ce lac identique aux Phiales grecques, coupes destinées aux libations.

 Bersabée, nom grec et latin de Be'er Sheva.

 EMV 571.4

 EMV 600.25

SOURCE : https://fr.mariavaltorta.wiki/wiki/Fotina%C3%AF_la_samaritaine

Icon of Saint Photini. The Samaritan woman in front of the Jacob's well near Sychar. Agia Fotini Church in Pachia Ammos, Lasithi, Crete.

Ikone der Heiligen Photina. Die Samariterin steht mit einem Krug in der Hand vor dem Jakobsbrunnen bei Sychar. Agia Fotini Kirche in Pachia Ammos, Lasithi, Kreta.


Le 26 février, mémoire de la Sainte et Grande Martyre PHOTINIE la SAMARITAINE, et de ses compagnons : PHOTA, PHOTIDE, PARASCEVE et KYRIAQUIE, ses soeurs; JOSE et VICTOR (ou PHOTINOS), ses fils; le duc SEBASTIEN et l'officier ANATOLE1

Sainte Photine était la femme de Samarie, avec laquelle Notre Seigneur s'était entretenu au puits de Jacob (Jean 4) et à qui Il avait révélé tout ce qu'elle avait fait depuis son enfance. Changeant alors son genre de vie, elle alla proclamer la Bonne Nouvelle dans sa patrie et convertit au Christ ses quatre soeurs et ses deux fils.

Après le Martyre des Saints Apôtres Pierre et Paul, sous la persécution de Néron (vers 54), elle alla prêcher avec succès la foi à Carthage, en compagnie de son fils José (ou Joseph). Son autre fils Victor, après avoir combattu vaillamment contre les Avares, fut nommé général et envoyé par l'empereur en Galilée, avec l'ordre d'y mettre à mort les Chrétiens. Mais celui-ci, au lieu de châtier les disciples des Apôtres, passa son temps à proclamer lui-même la Foi et à exhorter les fidèles à la persévérance. Il fit si bien qu'il réussit à convertir le duc Sébastien, ainsi que de nombreux dignitaires de l'Etat. Lorsque l'empereur apprit cette nouvelle, il les fit arrêter et traduire sans retard devant son tribunal. Mais, réalisant qu'il ne parviendrait pas à vaincre leur résolution, il fit couper les bras de Victor et de son frère José, à la hauteur des épaules, puis les fit jeter en prison.

Sainte Photine fut elle aussi convoquée au tribunal et elle réussit à convertir par ses paroles la propre fille de l'empereur et ses servantes, ce qui provoqua la fureur du tyran qui fit jeter tous les Saints dans une fournaise ardente. Gardés indemnes par la Grâce de Dieu, ils furent ensuite soumis à toutes sortes de supplices, avant d'avoir les veux crevés. On les précipita alors dans un cachot rempli de serpents venimeux, où le Christ leur apparut au sein d'une gloire divine, accompagné des Saints Apôtres Pierre et Paul et d'une foule de Saints Anges, et Il les bénit en disant : « Paix à vous! Bienheureux ceux qui ont cru en Moi! » Ils reçurent ainsi la force d'endurer les peines de l'incarcération pendant trois ans, en entraînant la conversion de beaucoup de païens.

Quand on les tira de prison pour être soumis à de nouveaux supplices, ils furent protégés par un Ange. Finalement, le tyran ordonna d'arracher la peau de Sainte Photine et de jeter la Sainte dans un puits à sec. Il fit également écorcher ses deux fils ainsi que Sébastien et, après les avoir mutilés du membre viril, il les fit enfermer dans un bain désaffecté. Puis il ordonna de couper les seins des autres Saintes femmes et de les écorcher vives. Photide fut attachée à deux arbres inclinés de force, qui l'écartelèrent en reprenant leur position naturelle. C'est ainsi que, par ces horribles tourments, les âmes des Saints Martyrs s'envolèrent de concert pour gagner le Royaume des cieux.

1. Liste de nom corrigée d'après la Passion ancienne.

SOURCE : http://calendrier.egliseorthodoxe.com/sts/stsfevrier/fev26.html


Saint Photina of Rome

Also known as

Photina the Samaritan

Fotina….

Memorial

20 March

26 February (Eastern calendar)

Profile

Martyred in the persecutions of Nero. One tradition says that she was the Samaritan woman that Jesus talked to at Jacob’s well (John 4).

Died

in RomeItaly

Canonized

Pre-Congregation

Additional Information

Book of Saints, by the Monks of Ramsgate

Saints of the Day, by Katherine Rabenstein

books

Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints

other sites in english

Catholic Culture

Catholic Online

video

YouTube PlayList

websites in nederlandse

Heiligen 3s

MLA Citation

“Saint Photina of Rome“. CatholicSaints.Info. 21 March 2023. Web. 6 March 2025. <https://catholicsaints.info/saint-photina-of-rome/>

SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-photina-of-rome/

Jesus and the Samaritan woman. A miniature from the 12th-century Jruchi Gospels II MSS from Georgia.


Book of Saints – Photina, Joseph, Victor, Sebastian, Anatolius, Photius, Photides, Parasceves and Cyriaca

Article

(SaintsMartyrs (March 10) (1st centuryChristians of the Age of the Apostles. Photina, Photides, Parasceves and Cyriaca were sisters, and Saint Victor, an officer in the Imperial army, appears to have been their brother. The others were, it would seem, soldiers under Saint Victor. Tradition connects them all with Palestine. Indeed, the Greeks go so far as to identify Saint Photina with the Samaritan woman of the fourth chapter of Saint John. The names given above are, as is evident, those which these Christians took at their conversion to Christianity and Baptism. That they were put to death on account of their religion is certain, but the Greek writers need not be followed in the description they give of the preliminary torments the Saints underwent. In the ordinary course they would have been scourged and then either beheaded or burned alive.

MLA Citation

Monks of Ramsgate. “Photina, Joseph, Victor, Sebastian, Anatolius, Photius, Photides, Parasceves and Cyriaca”. Book of Saints1921. CatholicSaints.Info. 7 November 2016. Web. 6 March 2025. <https://catholicsaints.info/book-of-saints-photina-joseph-victor-sebastian-anatolius-photius-photides-parasceves-and-cyriaca/>

SOURCE : https://catholicsaints.info/book-of-saints-photina-joseph-victor-sebastian-anatolius-photius-photides-parasceves-and-cyriaca/

Maître de Jésus à Bethanie, Jésus et la Samaritaine, vers 1470, The Minneapolis Institute of Arts, Minneapolis, Minnesota


St. Photina

Feastday: March 20

Death: 1st century

Samaritan martyr. According to Greek tradition, Photiona was the Samaritan woman with whom Jesus spoke at the well as was recounted in the Gospel of St. John, chapter four. Deeply moved by the experience, she took to preaching the Gospel, received imprisonment, and was finally martyred at Carthage. Another tradition states that Photina was put to death in Rome after converting the daughter of Emperor Nero and one hundred of her servants. She supposedly died in Rome with her sons Joseph and Victor, along with several other Christians, including Sebastian, Photius, Parasceve, Photis, Cyriaca, and Victor. They were perhaps included in the Roman Martyrology by Cardinal Cesare Baronius owing to the widely held view that the head of Photina was preserved in the church of St. Paul’s Outside the Walls.

SOURCE : https://www.catholic.org/saints/saint.php?saint_id=5450

Michelangelo AnselmiLe Christ et la femme de Samarie, 1550, 47.6 X 39.4, Lakeview Museum of Arts and Sciences


Photina & Companions MM (RM)

Dates unknown. Greek legend identifies Photina as the Samaritan woman of Sychar--the woman at the well--with whom Jesus speaks in the Gospel of Saint John (chapter 4). After telling her neighbors about Jesus, she continued to preach the Gospel, was imprisoned for three years, and died for her faith at Carthage. According to another legend she and her sons, Joseph and Victor, as well as Sebastian, Anatolius, Photius, Photis, Parasceve, and Cyriaca, were all martyred in Rome under Nero. Photina also reputedly converted Emperor Nero's daughter Domnina and 100 of her servants to Christianity before suffering martyrdom. Baronius may have placed them in the Roman Martyrology because he believed that the head of Saint Photina was preserved at Saint Paul's-Outside-the Walls (Attwater2, Benedictines, Delaney, Encyclopedia). The monk Michael of Saint Athos Monastery created a picture of Saint Photini, as has Mario Sironi in Christ and the Samaritan Woman.

SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0320.shtml

Фотина Самаряныня (деталь иконы "Избранные святые", Россия, XIX век. Дерево, темпера. 27 x 22 см. Частное собрание)


Martyr Photina (Svetlana), the Samaritan Woman, and Her Sons

Commemorated on March 20

The Holy Martyr Photina (Svetlana) the Samaritan Woman, her sons Victor (named Photinus) and Joses; and her sisters Anatola, Phota, Photis, Paraskeva, Kyriake; Nero’s daughter Domnina; and the Martyr Sebastian: The holy Martyr Photina was the Samaritan Woman, with whom the Savior conversed at Jacob’s Well (John. 4:5-42).

During the time of the emperor Nero (54-68), who displayed excessive cruelty against Christians, St Photina lived in Carthage with her younger son Joses and fearlessly preached the Gospel there. Her eldest son Victor fought bravely in the Roman army against barbarians, and was appointed military commander in the city of Attalia (Asia Minor). Later, Nero called him to Italy to arrest and punish Christians.

Sebastian, an official in Italy, said to St Victor, “I know that you, your mother and your brother, are followers of Christ. As a friend I advise you to submit to the will of the emperor. If you inform on any Christians, you will receive their wealth. I shall write to your mother and brother, asking them not to preach Christ in public. Let them practice their faith in secret.”

St Victor replied, “I want to be a preacher of Christianity like my mother and brother.” Sebastian said, “O Victor, we all know what woes await you, your mother and brother.” Then Sebastian suddenly felt a sharp pain in his eyes. He was dumbfounded, and his face was somber.

For three days he lay there blind, without uttering a word. On the fourth day he declared, “The God of the Christians is the only true God.” St Victor asked why Sebastian had suddenly changed his mind. Sebastian replied, “Because Christ is calling me.” Soon he was baptized, and immediately regained his sight. St Sebastian’s servants, after witnessing the miracle, were also baptized.

Reports of this reached Nero, and he commanded that the Christians be brought to him at Rome. Then the Lord Himself appeared to the confessors and said, “Fear not, for I am with you. Nero, and all who serve him, will be vanquished.” The Lord said to St Victor, “From this day forward, your name will be Photinus, because through you, many will be enlightened and will believe in Me.” The Lord then told the Christians to strengthen and encourage St Sebastian to peresevere until the end.

All these things, and even future events, were revealed to St Photina. She left Carthage in the company of several Christians and joined the confessors in Rome.

At Rome the emperor ordered the saints to be brought before him and he asked them whether they truly believed in Christ. All the confessors refused to renounce the Savior. Then the emperor gave orders to smash the martyrs’ finger joints. During the torments, the confessors felt no pain, and their hands remained unharmed.

Nero ordered that Sts Sebastian, Photinus and Joses be blinded and locked up in prison, and St Photina and her five sisters Anatola, Phota, Photis, Paraskeva and Kyriake were sent to the imperial court under the supervision of Nero’s daughter Domnina. St Photina converted both Domnina and all her servants to Christ. She also converted a sorcerer, who had brought her poisoned food to kill her.

Three years passed, and Nero sent to the prison for one of his servants, who had been locked up. The messengers reported to him that Sts Sebastian, Photinus and Joses, who had been blinded, had completely recovered, and that people were visiting them to hear their preaching, and indeed the whole prison had been transformed into a bright and fragrant place where God was glorified.

Nero then gave orders to crucify the saints, and to beat their naked bodies with straps. On the fourth day the emperor sent servants to see whether the martyrs were still alive. But, approaching the place of the tortures, the servants fell blind. An angel of the Lord freed the martyrs from their crosses and healed them. The saints took pity on the blinded servants, and restored their sight by their prayers to the Lord. Those who were healed came to believe in Christ and were soon baptized.

In an impotent rage Nero gave orders to flay the skin from St Photina and to throw the martyr down a well. Sebastian, Photinus and Joses had their legs cut off, and they were thrown to dogs, and then had their skin flayed off. The sisters of St Photina also suffered terrible torments. Nero gave orders to cut off their breasts and then to flay their skin. An expert in cruelty, the emperor readied the fiercest execution for St Photis: they tied her by the feet to the tops of two bent-over trees. When the ropes were cut the trees sprang upright and tore the martyr apart. The emperor ordered the others beheaded. St Photina was removed from the well and locked up in prison for twenty days.

After this Nero had her brought to him and asked if she would now relent and offer sacrifice to the idols. St Photina spit in the face of the emperor, and laughing at him, said, “O most impious of the blind, you profligate and stupid man! Do you think me so deluded that I would consent to renounce my Lord Christ and instead offer sacrifice to idols as blind as you?”

Hearing such words, Nero gave orders to again throw the martyr down the well, where she surrendered her soul to God (+ ca. 66).

On the Greek Calendar, St Photina is commemorated on February 26.

SOURCE : http://oca.org/saints/lives/2016/03/20/100846-martyr-photina-svetlana-the-samaritan-woman-and-her-sons

Photina, Samaritan woman, meets Jesus (Orthodox icon).


St Photini, The Samaritan Woman

Commemorated February 26

The New Testament describes the familiar account of the "woman at the well" (John 4:5-42), who was a Samaritan. Up to that point she had led a sinful life, one which resulted in a rebuke from Jesus Christ. However, she responded to Christ's stern admonition with genuine repentance, was forgiven her sinful ways, and became a convert to the Christian Faith - taking the name 'Photini' at Baptism, which literally means "the enlightened one".

A significant figure in the Johannine community, the Samaritan Woman, like many other women, contributed to the spread of Christianity. She therefore occupies a place of honour among the apostles. In Greek sermons from the fourth to the fourteenth centuries she is called "apostle" and "evangelist." In these sermons the Samaritan Woman is often compared to the male disciples and apostles and found to surpass them.

Later, Byzantine hagiographers developed the story of the Samaritan Woman, beginning where Saint John left off. At Pentecost Saint Photini received baptism, along with her five sisters, Anatole, Photo, Photis, Paraskeve, Kyriake, and her two sons, Photeinos and Joseph. She then began a missionary career, traveling far and wide, preaching the good news of the Messiah's coming, His death and resurrection. When Nero, the emperor of Rome, began to persecute Christians, Photini and her son Joseph were in Carthage, in Africa, where she was preaching the Christian gospel. After Jesus appeared to Photini in a dream, she sailed to Rome. Her son and many Christians from Africa accompanied her. Photini's arrival and activity aroused curiosity in the capital city. Everyone talked about her, "Who is this woman?" they asked. "She came here with a crowd of followers and she preaches Christ with great boldness."

Soldiers were ordered to bring her to the emperor, but Photini anticipated them. Before they could arrest her, Photini, with her son Joseph and her Christian friends, went to Nero. When the emperor saw them, he asked why they had come. Photini answered, "We have come to teach you to believe in Christ." The half-mad ruler of the Roman Empire did not frighten her. She wanted to convert him! Nero asked the saints their names. Again Photini answered. By name she introduced herself, her five sisters and younger son. The emperor then demanded to know whether they had all agreed to die for the Nazarene. Photini spoke for them. "Yes, for the love of Him we rejoice and in His name we'll gladly die." Hearing their defiant words, Nero ordered their hands beaten with iron rods for three hours. At the end of each hour another persecutor took up the beating. The saints, however, felt no pain. Nothing happened to their hands. Photini joyfully quoted words of a psalm by David: "God is my help. No matter what anyone does to me, I shall not be afraid." Perplexed by the Christian's endurance and confidence, Nero ordered the men thrown into jail. Photini and her five sisters were brought to the golden reception hall in the imperial palace. There, the six women were seated on golden thrones, In front of them stood a large golden table covered with gold coins, jewels and dresses. Nero hoped to tempt the women by this display of wealth and luxury. Nero then ordered his daughter Domnina, with her slave girls, to go speak with the Christian women. Women, he thought, would succeed in persuading their Christian sisters to deny their God.

Domnina greeted Photini graciously, mentioning the name of Christ. On hearing the princess' greeting, the saint thanked God. She then embraced and kissed Domnina. The women talked. But the outcome of the women's talk was not what Nero wished.

Photini catechized Domnina and her hundred slave girls and baptized them all. She gave the name Anthousa to Nero's daughter. After her baptism, Anthousa immediately ordered all the gold and jewels on the golden table distributed to the poor of Rome.

When the emperor heard that his own daughter had been converted to Christianity, he condemned Photini and all her companions to death by fire. For seven days the furnace burned, But when the door of the furnace was opened, it was seen that the fire had not harmed the saints. Next the emperor tried to destroy the saints with poison, Photini offered to be the first to drink it. "O King," she said, "I will drink the poison first so that you might see the power of my Christ and God." All the saints then drank the poison after her. None suffered any ill effects from it. In vain Nero subjected Photini, her sisters, sons and friends to every known torture. The saints survived unscathed to taunt and ridicule their persecutor. For three years they were held in a Roman prison. Saint Photini transformed it into a "house of God." Many Romans came to the prison, were converted and baptized. Finally, the enraged tyrant had all the saints, except for Photini, beheaded. She was thrown first into a deep, dry well and then into prison again. Photini now grieved that she was alone, that she had not received the crown of martyrdom together with her five sisters, Anatole, Photo, Photis, Paraskeve and Kyriake and her two sons, Photeinos and Joseph. Night and day she prayed for release from this life. One night, God appeared to her, made the sign of the cross over her three times. The vision filled her with joy. Many days later, while she hymned and blessed God, Saint Photini gave her soul into God's hands. The Samaritan Woman conversed with Christ by the well of Jacob, near the city of Sychar. She drank of the "living water" and gained everlasting life and glory. For generation after generation, Orthodox Christians have addressed this prayer to the woman exalted by the Messiah when He sat by the well in Samaria and talked with her:

Illuminated by the Holy Spirit, All-Glorious One,

from Christ the Saviour you drank the water of salvation.

With open hand you give it to those who thirst.

Great-Martyr Photini, Equal-to-the-Apostles,

pray to Christ for the salvation of our souls.

Adapted from Saints and Sisterhood: The lives of forty-eight Holy Women

by Eva Catafygiotu Topping

Light and Life Publishing Company

SOURCE : http://www.orthodoxchristian.info/pages/photini.htm



La samaritana

I secolo

In questo episodio narrato da San Giovanni (Gv 4,1-42) incontriamo un Gesù profondamente umano: stanco del viaggio, accaldato, affamato, assetato. Egli “deve” passare di lì! Avrebbe potuto passare dalla valle del Giordano per arrivare in Galilea, evitando così la terra dei Samaritani, nemici dei Giudei, ma Gesù deve incontrare questa gente, va a cercare questo popolo disprezzato, deve accompagnare la donna impura, stabilire con lei una relazione nuova, diversa da quelle che fin qui ella ha intrecciato. E’ una donna sola, che gli uomini hanno usata e gettata, peccatrice, bisognosa di affetti duraturi, di quelle tenerezze ed attenzioni che le sono state negate, privata di quella dignità di cui ogni essere umano ha diritto. In lei c’è tanta infelicità, tanta debolezza, il peso di tante umiliazioni e sconfitte.

E’ mezzogiorno, a quell’ora non c’è gente in giro e mentre i discepoli si recano al villaggio per procurare del cibo, Gesù si siede sull’orlo del pozzo di Giacobbe, aspetta la donna come uno sposo attende la sposa, come un innamorato.  Attende al pozzo, dove già Isacco incontrò Rebecca e dove Mosè si innamorò di Zippora nell’Antico Testamento. L’immagine del pozzo simboleggiava la Torah, i Samaritani la ritenevano l’unica “acqua” a cui attingere per “bere” la parola di Dio.

Arriva ad attingere acqua la donna samaritana, di religione diversa da quella giudaica; i Samaritani infatti si perdono dietro la ricerca di dèi stranieri, praticano quindi una fede “adultera” che tradisce il Dio della Bibbia.

Gesù chiede da bere alla donna. Fatto davvero insolito, subito rilevato:” Come mai tu, che sei giudeo, chiedi da bere a me che sono una donna samaritana?” (La Mishnah riteneva le femmine impure fin dalla culla, un giudeo non doveva intrattenersi con loro, rivolgere loro la parola).

Gesù stabilisce con questa donna una relazione, un incontro che pur faticosamente, la conduce a Lui, la fonte che zampilla e disseta in eterno; spiana le divergenze religiose e culturali esistenti tra Giudei e Samaritani. Egli va in cerca di lei, la attende, la prende per mano e con una mirabile strategia pedagogica, la accompagna alla Verità.

Gesù si presenta  come colui che disseta con acqua viva, dono di Dio, sorgente che zampilla. La sete di acqua del pozzo da parte di Gesù è legata ad un bisogno materiale, ma la sua vera sete è differente, è sete di anime che Lui stesso, acqua viva, vuole dissetare. Gesù chiede per poter donare; sa di che cosa abbiamo bisogno, qual è l’implacabile sete che ci tormenta.

“Se tu conoscessi il dono di Dio e chi è colui che ti chiede da bere, tu stessa me lo avresti chiesto”.

La donna è incuriosita da queste parole e pone domande all’uomo; non sospetta che ci possa essere un’altra sete, un altro tipo di acqua. Gesù mette a confronto l’acqua del pozzo con quella che Lui dona, ma la Samaritana non comprende, a lei interessa quell’acqua che le permetta di non fare più fatica, che non la costringa a venire al pozzo ad attingere, per giunta nelle ore più calde del giorno, perché la sua condotta, la sua vita di peccatrice, non le consentono di incontrarsi al pozzo con le altre donne rispettabili. Ora è lei che chiede da bere: il dono di Gesù è gratuito, ma Egli vuole che noi, liberamente, glielo chiediamo. Niente viene imposto, ma tutto proposto e donato.

I due dialogano, ma ciascuno, per il momento, segue il proprio pensiero e la propria logica.

Ora Gesù cambia strategia, entra nella situazione personale di lei, invitandola a chiamare suo marito. La donna risponde che non ha marito e Gesù le dimostra di conoscere la sua situazione: ha avuto cinque mariti e quello con cui sta adesso è il suo convivente. La donna ora capisce che colui che le sta davanti non è un uomo qualsiasi, perché ha letto la sua realtà personale:”Vedo che sei un profeta!” Quel verbo “Vedo” significa “Mi rendo conto”, “Ho una certezza”. Allora sposta la sua curiosità, gli rivolge domande sulla sua fede di samaritana: qual è il luogo in cui adorare Dio. Gesù risponde che la ricerca del luogo è ormai problema superato, infatti il luogo per adorare è quello dello Spirito e della Verità. Il verbo adorare è il modo di porsi davanti a Lui: ad-os, cioè portarlo alla bocca per baciarlo. Adorare non è più questione tra Ebrei e Samaritani, perché tutti devono adorarLo in Spirito e Verità, cioè nell’Amore. La Verità sta nell’Amore tra il Padre e il Figlio, nella Comunione tra loro, cioè nella Trinità.

Allora il luogo per adorare Dio, oggetto di ricerca dei Samaritani, non è il Tempio né il Monte, ma è in Gesù stesso: è Lui il vero Tempio (quello che sarà distrutto e ricostruito in tre giorni) per “vedere” e adorare il Padre. Sarebbe più corretto se anziché tradurre “Spirito e Verità” si traducesse “lo Spirito è Verità”. E’ nello Spirito infatti, che traspare la Verità del Padre e del Figlio.

Ora la Samaritana apre il suo cuore, spera nel “Messia che deve venire”. Gesù le si rivela col suo nome “Sono io”: è il nome di Dio, IHVH, che in realtà un nome non è! Dio non si definisce, è ineffabile, “Io sono ciò che sono” e non occorre aggiungere altro!

Ora la Samaritana è presa dalla fretta, vuole correre in paese, raccontare ciò che le è accaduto e dimentica la brocca. La sua sete materiale è passata in secondo piano, ha compreso che c’è un’altra sete e un’altra acqua per dissetarsi.

Dopo questo incontro diventa “missionaria”, corre a portare l’annuncio, ora la sua fede diventa contagiosa. Molti compaesani si convertiranno per le sue parole, per ciò che ha riferito loro. Gesù rimarrà in Samaria per due giorni. Tanti infatti accorrono, lo ascoltano e credono alla Sua Parola. La Samaritana è colei che ha portato agli altri la scintilla del fuoco che si è acceso in lei, dalla scintilla si scatena, in coloro che la incontrano, il fuoco della fede nel Maestro.

Gesù ha guidato il cammino della donna, ha risvegliato in lei domande e curiosità; la aiuta a percorrere una strada per arrivare gradualmente, passo dopo passo, alla Verità.

La brocca abbandonata è il passato. Ora c’è davanti un itinerario di annuncio della Parola e della speranza, c’è l’invito a conoscere Gesù, l’Uomo che ci aspetta al pozzo, innamorato di noi, che ci fa conoscere la sua umanità, la sua sete, il suo bisogno di noi, ma che ci indica il cammino e ci guida  per credere in Lui e in Colui che lo ha mandato.

Autore: Maria Adelaide Petrillo

SOURCE : https://www.santiebeati.it/Detailed/99082.html


Fotina (ook Svetlana) de Samaritaanse, Carthago, Afrika of Rome, Italië; martelares; † 1e eeuw.

Feest (26 februari: oosterse kerk &) 20 maart.

Volgens de overlevering zou Fotina de Samaritaanse vrouw geweest zijn met wie Jezus bij de put van Jakob een gesprek had gevoerd (Johannes 4).

Een oud martelarenboek vermeldt op 20 maart:

"Oók op deze dag: de strijd van de H. Fotina van Samaria (met haar voerde Jezus het gesprek bij de put) tesamen met haar zonen Josef en Victor, met Sebastianus, een bevelhebber, en Anatolius en met haar zussen Fotoë (of Fota), Fotis (of Fotida), Parasceva en Cyriaca.

Het was ten tijde van Nero na de marteldood van de HH. Petrus en Paulus, dat zij met haar zoon Josef in Carthago ging preken. Haar zoon Victor bestreed in diezelfde tijd zo heldhaftig de Avaren, dat hij tot legeroverste werd bevorderd.

De Avaren waren een Gallische stam; de hoofdstad Avaricum kennen wij nu onder de naam Bourges. Ze kwamen in 52 vóór Chr. onder Vercingetorix in opstand werden door Julius Caesar onderworpen.

Hij kreeg opdracht om alleen christenen in Galilea om te brengen.

Zouden in dit verhaal Gallië (land der Avaren) en Galilea (land van de Samaritaanse) tot elkaar herleid zijn?

Nu bleek, dat hij ze niet alleen weigerde te doden, maar veeleer aanspoorde om zich juist tot Christus te wenden. Onder hen was een bevelhebber, Sebastianus, die het geloof in Christus aannam. Victor werd gegrepen, met de anderen afgevoerd en aan de keizer voorgeleid. Deze strafte er een paar met gruwelijke folteringen, anderen rukte hij de ogen uit en weer anderen liet hij in kerkers opsluiten vol giftige slangen. Hun verscheen Christus, onze Heer, in eigen persoon in gezelschap van de heilige Petrus en Paulus, wat hun veel vertroosting gaf. Vervolgens liet de keizer hen er na drie dagen uithalen om ze aan hun hoofd op te hangen. Hij liet hun huid afstropen; bij de mannen werd het geslacht afgesneden en de haren werden uitgetrokken. De heilige Fotida werd tussen twee neergebogen bomen vastgebonden; toen liet men de bomen losschieten waardoor zij in tweeën werd gescheurd. De anderen zijn met het zwaard omgebracht. De heilige Fotina heeft een hele lange tijd in de kerker doorgebracht, daar loofde zij God zonder ophouden, tenslotte is zij in vrede gestorven."

Volgens andere bronnen zouden Fotina en de anderen van Carthago naar Rome zijn gebracht en daar gevangen gezet. Ze zouden er bezoek gekregen hebben van Nero's dochter tesamen met een honderdtal van haar dienstmeisjes. Dezen zouden allemaal tot Christus zijn gekomen. Tenslotte zou ook deze hele groep tesamen met Fotina en haar gezelschap de marteldood hebben ondergaan. Fotina zou daarbij in een put zijn geworpen. Een Grieks-orthodox heiligenboek, bestemd voor de liturgie, merkt daarbij op: "Waar Fotina ooit het licht van de waarheid door een put had ontmoet, werd zij nu in een put geworpen om zo te sterven en Christus opnieuw te ontmoeten in zijn Koninkrijk."

Zie Bishop Nikolai Velimirovic "The Prologue from Ochrid Lives of the Saints and Homilies for every Day in the Year Part One: January, February, March" Birmingham, Lazarica Press, 1985 ISBN 0-948298-02-0 & 0-948298-03-0 pp.307-308. Zie ook Acta Sanctorum op 20 maart.

Het is niet helemaal duidelijk of hier vanuit Rome wordt teruggeredeneerd naar het evangelieverhaal van Jezus met de vrouw bij de put. De afloop van het verhaal zou erop kunnen wijzen: door het feit dat zij in een put is verdronken, zou zij in de ogen van de legende de vrouw van de put uit het evangelie geworden kunnen zijn.

Bronnen

[101; 101a; 102» Sé bastien; 104» Sé bastien-Galilé e; 106; 139; 140; 141; Dries van den Akker s.j./2004.03.05]

© A. van den Akker s.j. / A.W. Gerritsen

SOURCE : https://heiligen-3s.nl/heiligen/03/20/03-20-0100-fotina.php

Voir aussi : https://www.pravmir.com/article_110.html