samedi 26 août 2017

NOTRE-DAME de CZESTOCHOWA


Jasna Gora - Czestochowa, Jean Paul II, le 4 juin 1979

Homélie de Jean Paul II (Czestochowa, 4 juin 1979)

1. « Vierge qui défends la claire Czestochowa... »

Elles me reviennent à l'esprit ces paroles du poète Mickiewicz qui, au début de son œuvre « Pan Tadeusz », a exprimé dans une invocation à la Vierge ce qui vibrait et qui vibre dans le cœur de tous les Polonais, en se servant du langage de la foi et de celui de la tradition nationale. Tradition qui remonte à environ six cents ans, c'est-à-dire au temps de la bienheureuse reine Hedwige au début de la dynastie Jagellonique. L'image de Jasna Góra exprime une tradition, un langage de foi encore plus ancien que notre histoire, et reflète en même temps tout le contenu de la « Bogurodzica » que nous avons médité hier à Gniezno, en évoquant la mission de saint Adalbert et en remontant aux premiers moments de l'annonce de l'Évangile en terre polonaise.

Celle qui avait parlé autrefois par le chant a parlé ensuite par cette image manifestant à travers elle sa présence maternelle dans la vie de l'Église et de la patrie.

La vierge de Jasna Góra a révélé sa sollicitude maternelle pour toute âme ; pour toute famille ; pour tout homme qui vit sur cette terre, qui travaille, lutte et tombe sur les champs de bataille, qui est condamné à l'extermination, qui se combat lui même, qui est vainqueur ou vaincu ; pour tout homme qui doit laisser le sol de la patrie et émigrer, pour tout homme...

Les Polonais se sont habitués à lier à ce lieu et à ce sanctuaire les nombreuses vicissitudes de leur vie : les divers moments de joie ou de tristesse, spécialement les moments solennels décisifs, les moments de responsabilité comme le choix de l'orientation de la vie, le choix de la vocation, la naissance des enfants, les examens de fin d'études... et tant d'autres moments. Ils se sont habitués à venir avec leurs problèmes à Jasna Góra pour en parler à leur Mère du ciel, Celle qui a ici non seulement son image, son effigie l'une des plus connues et des plus vénérées du monde - mais qui est ici particulièrement présente. Elle est présente dans le mystère du Christ et de l'Église, comme l'enseigne le Concile. Elle est présente pour tous et pour chacun de ceux qui font le pèlerinage vers elle, même seulement de cœur et en esprit lorsqu'ils ne peuvent le faire physiquement.

Les Polonais sont habitués à cela.

Les peuples amis y sont habitués aussi comme les peuples voisins. Et c'est toujours plus nombreux que viennent ici des hommes de toute l'Europe et d'au-delà.

Au cours de la grande neuvaine, le cardinal primat [le Cardinal Wyszinski] s'exprimait ainsi à propos de la signification du sanctuaire de Czestochowa dans la vie de l'Église :

« Que s'est-il passé à Jasna Góra ?

« Pour le moment, nous ne sommes pas en mesure de donner une réponse adéquate. Il s'est passé quelque chose de plus que ce qu'on pouvait imaginer... Jasna Góra s'est révélée comme un lien interne de la vie polonaise, une force qui touche profondément le cœur et tient la nation entière dans l'attitude, humble mais forte, de fidélité à Dieu, à l'Église et à sa hiérarchie... Pour nous tous, cela a été une grande surprise de voir la puissance de la Reine de Pologne se manifester d'une manière aussi magnifique. »

Il n'est donc nullement étonnant qu'aujourd'hui je vienne ici moi aussi. De la Pologne, en effet, j'ai emporté avec moi, sur la chaire de saint Pierre à Rome, cette « habitude » du cœur, élaborée par la foi de tant de générations confirmée par l'expérience chrétienne de tant de siècles et profondément enracinée dans mon âme.

2. Le pape Pie XI s'est souvent rendu ici, non comme pape, naturellement, mais en tant qu'Achille Ratti, premier nonce en Pologne, après la reconquête de l'indépendance.

Lorsque après la mort de Pie XII, le Pape Jean XXIII a été élu à la chaire de Pierre les premières paroles que le nouveau pontife adressa au primat de Pologne, après le Conclave, se référèrent à Jasna Góra. Il rappela ses visites ici, durant les années où il était délégué apostolique en Bulgarie, et il demanda surtout une prière incessante à la Mère de Dieu, à toutes les intentions que lui donnait sa nouvelle mission. Sa demande a été satisfaite tous les jours à Jasna Góra, et pas seulement durant son pontificat mais aussi durant celui de ses successeurs.

Nous savons tous combien le pape Paul VI aurait voulu venir ici en pèlerinage, lui qui était si lié à la Pologne depuis sa première charge diplomatique auprès de la nonciature de Varsovie. Le pape qui s'est tant dépensé pour normaliser la vie de l'Église en Pologne, particulièrement en ce qui concerne l'organisation actuelle des terres de l'ouest et du nord. Le pape de notre millénaire ! Pour ce millénaire, justement il voulait se trouver ici en pèlerin, à côté des fils et des filles de la nation polonaise.

Après que le Seigneur eût rappelé à Lui le pape Paul VI en la solennité de la Transfiguration de l'année dernière, les cardinaux choisirent son successeur le 26 août, jour où en Pologne, et surtout à Jasna Góra, on célèbre la solennité de la Madone de Czestochowa. La nouvelle de l'élection du nouveau pontife Jean-Paul I° fut communiquée aux fidèles par l'évêque de Czestochowa le jour même, lors de la célébration du soir.

Que dois-je dire de moi à qui, après le pontificat d'à peine 33 jours de Jean-Paul I°, il est revenu par un décret insondable de la Providence, d'en accepter l'héritage et la succession apostolique à la chaire de saint Pierre, le 16 octobre 1978 ?

Que dois-je dire, moi, premier pape non italien après 455 années ? Que dois-je dire, moi, Jean-Paul 

II, premier pape polonais dans l'histoire de l'Église ?

Je vous dirai : en ce 16 octobre jour où le calendrier liturgique de l'Église fait mémoire de Hedwige, je me reportais par la pensée au 26 août, au conclave précédent et à cette élection survenue en la solennité de N.-D. de Jasna Góra.

Je n'avais même pas besoin de dire, comme mes prédécesseurs, que je comptais sur les prières faites aux pieds de l'image de Jasna Góra. L'appel d'un fils de la nation polonaise à la chaire de Pierre contient un lien évident et fort avec ce lieu saint, avec ce sanctuaire de grande espérance : Totus tuus, ai-je murmuré tant de fois dans la prière devant cette image !

3. Et voici qu'aujourd'hui je suis de nouveau avec vous tous, frères et sœurs très chers ; avec vous, bien aimés compatriotes, avec toi, cardinal primat de la Pologne, avec tout l'épiscopat auquel j'ai appartenu pendant plus de vingt ans comme évêque, archevêque métropolitain de Cracovie, comme cardinal. Nous sommes venus tant de fois ici, en ce lieu, en une vigilante écoute pastorale, pour entendre battre le cœur de l'Église et celui de la patrie dans le cœur de la Mère. Jasna Góra est en effet non seulement un but de pèlerinage pour les Polonais de la mère patrie et du monde entier, mais c'est le sanctuaire de la nation.

Il faut prêter l'oreille en ce lieu pour sentir comment bat le cœur de la nation dans le cœur de sa Mère. Car nous savons que ce cœur bat au rythme de tous les rendez-vous de l'histoire, de toutes les vicissitudes de la vie nationale : combien de fois en effet n'a-t-il pas vibré avec les plaintes des souffrances historiques de la Pologne, mais aussi avec les cris de joie et de victoire ! On peut écrire de diverses façons l'histoire de la Pologne, celle de ces derniers siècles spécialement, on peut l'interpréter selon différentes clefs.

Toutefois, si nous voulons savoir comment le cœur des Polonais l'interprète il faut venir ici, il faut tendre l'oreille vers ce sanctuaire, il faut percevoir l'écho de la vie de la nation entière dans le cœur de sa Mère et Reine ! Et si ce cœur bat avec une note d'inquiétude, si en lui résonnent la sollicitude et l'appel à la conversion et au raffermissement des consciences il faut accueillir cette invitation Elle naît en effet de l'amour maternel qui détermine à sa manière les processus historiques sur la terre polonaise.

Les dernières décennies ont confirmé et rendue plus intense une telle union entre la nation polonaise et sa Reine.

- C'est devant la Vierge de Czestochowa que fut prononcée la consécration de la Pologne au Cœur immaculé de Marie le 8 septembre 1946.

- Dix ans après, ont été renouvelés à Jasna Góra les vœux du roi Jean-Casimir lors du troisième centenaire du jour où, après une période de « déluge » (invasion des Suédois au XVII° siècle), il proclama la Mère de Dieu Reine du royaume de Pologne.

- En cet anniversaire commença la grande neuvaine de neuf ans pour préparer le millénaire du baptême de la Pologne.

- Et finalement, en l'année même du millénaire, le 3 mai 1966, ici, en ce lieu même, fut prononcé par le primat de Pologne l'acte de servitude totale à la Mère de Dieu pour la liberté de l'Eglise en Pologne et dans le monde entier. Cet acte historique fut prononcé ici, devant Paul VI, absent corporellement mais présent spirituellement, en témoignage de cette foi vivante et forte qu'attend et qu'exige notre temps.

L'acte parle de la « servitude » et contient un paradoxe semblable à celui des paroles de l'Évangile selon lesquelles il faut perdre sa vie pour la trouver (cf. Mt 10, 39). L'amour, en effet constitue l'accomplissement de la liberté, mais en même temps l'appartenance, c'est-à-dire le fait de ne pas être libre, fait partie de son essence. Toutefois, ce fait de « ne pas être libre » dans l'amour n'est pas perçu comme un esclavage mais bien comme une affirmation de liberté et comme son accomplissement. L'acte de consécration dans l'esclavage indique donc une dépendance singulière et une confiance sans limites. En ce sens, l'esclavage (la non-liberté) exprime la plénitude de la liberté de la même manière que l'Évangile parle de la nécessité de perdre sa vie pour la trouver dans sa plénitude.

Les paroles de cet acte, prononcées selon le langage des expériences historiques de la Pologne, de ses souffrances et aussi de ses victoires, ont une résonance précisément en ce moment de la vie de l'Eglise et du monde, après la clôture du Concile Vatican II qui, comme nous le pensons justement, a ouvert une ère nouvelle.

[Vatican II] Il a marqué le début d'une époque de connaissance approfondie de l'homme, de ses joies et de ses espoirs, et aussi de ses tristesses et de ses angoisses, comme l'affirment les premiers mots de la constitution pastorale Gaudium et spes.

L'Église, consciente de sa grande dignité et de sa magnifique vocation dans le Christ, désire aller à la rencontre de l'homme.

L'Église désire répondre aux interrogations perpétuelles et en même temps toujours actuelles des cœurs et de l'histoire humaine, et c'est pourquoi elle a accompli durant le Concile un travail de connaissance approfondie d'elle-même, de sa nature, de sa mission, de ses devoirs.

Le 3 mai 1966, l'épiscopat polonais ajoute à ce travail fondamental du Concile son acte propre de Jasna Góra : la consécration à la Mère de Dieu pour la liberté de l'Église dans le monde et en Pologne. C'est un cri qui part du cœur et de la volonté : un cri de tout l'être chrétien, de la personne et de la communauté, pour le plein droit d'annoncer le message du salut- un cri qui veut devenir efficace d'une manière universelle en s'enracinant dans l'époque présente et dans l'avenir.

Tout à travers Marie ! Telle est l'interprétation authentique de la présence de la Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l'Église, comme le proclame le chapitre VIII de la constitution Lumen gentium. Cette interprétation correspond à la tradition des saints, comme Bernard de Clairvaux, Grignion de Montfort, Maximilien Kolbe.

4. Le pape Paul VI accepta cet acte de consécration comme fruit de la célébration du millénaire polonais de Jasna Góra, comme en fait foi sa bulle qui se trouve près de l'image de la Madone noire de Czestochowa.

Aujourd'hui, son indigne successeur, en venant à Jasna Góra désire le renouveler, le lendemain de la Pentecôte alors que dans toute la Pologne se célèbre la fête de la Mère de l'Église.

Pour la première fois le pape fête cette solennité en exprimant avec vous, vénérables et chers frères, sa reconnaissance à son grand prédécesseur qui, depuis le temps du Concile, a commencé à invoquer Marie sous le titre de Mère de l'Église.

Ce titre nous permet de pénétrer dans tout le mystère de Marie depuis l'instant de sa Conception immaculée, en passant par l'Annonciation, la Visitation et la naissance de Jésus à Bethléem jusqu'au Calvaire. Il nous permet à tous de nous retrouver - comme le rappelle la lecture d'aujourd'hui - au Cénacle où les Apôtres, avec Marie, Mère de Jésus, sont assidus à la prière, attendant, après l'Ascension du Seigneur, l'accomplissement de sa promesse, c'est-à-dire la venue de l'Esprit Saint, afin que puisse naître l'Église ! A la naissance de l'Église participe d'une manière particulière Celle à laquelle nous devons la naissance du Christ.

L'Église, née autrefois au Cénacle de la Pentecôte, continue à naître dans chaque cénacle de prière. Elle naît pour devenir notre Mère spirituelle à la ressemblance de la Mère du Verbe éternel. Elle naît pour révéler les caractéristiques et la force de la maternité - maternité de la Mère de Dieu - grâce à laquelle nous pouvons être « appelés enfants de Dieu, car nous le sommes » (1 Jn 3, 1). En effet, la paternité très de Dieu, dans son économie du salut s'est servie de la maternité virginale de son humble servante pour accomplir dans les enfants des hommes l'œuvre de l'auteur divin.

Chers compatriotes, vénérables et très chers frères dans l'épiscopat, pasteurs de l'Église en Pologne, hôtes illustres et vous, tous les fidèles, permettez que comme successeur de saint Pierre ici présent avec vous, je confie toute l'Église à la Mère du Christ, avec la même foi vive, avec la même espérance héroïque avec lesquelles nous l'avons fait en ce jour mémorable du 3 mai du millénaire polonais.

Permettez-moi d'apporter ici, comme je l'ai fait il y a quelque temps dans la basilique romaine de -Marie-Majeure, puis au Mexique dans le sanctuaire de Guadalupe, les mystères des cœurs, les douleurs et les souffrances, et enfin les espoirs et les attentes de cette dernière fraction du vingtième siècle de l'ère chrétienne.

Permettez-moi de confier tout cela à Marie.

Permettez-moi de le lui confier d'une manière nouvelle et solennelle.

Je suis un homme rempli d'une grande confiance.

C'est ici que j'ai appris à l'être.


* * *


« Mère très grande, Mère de Dieu fait homme, Vierge très , Notre-Dame de Jasna Góra...»

C'est avec ces paroles que les évêques polonais s'adressèrent à Toi tant de fois à Jasna Góra, en portant dans leur coeur les expériences et les peines, les joies et les douleurs, et par-dessus tout la foi, l'espérance et la charité de leurs compatriotes.

Qu'il me soit permis de commencer aujourd'hui par les mêmes paroles le nouvel acte de consécration à Notre-Dame de Jasna Góra: il nait de la même foi, de la même espérance et de la même charité, il naît de la tradition de notre peuple, à laquelle j'ai eu part durant tant d'années, et cet acte naît en même temps des nouveaux devoirs qui, grâce à toi, ô Marie, m'ont été confiés, à moi homme indigne et en même temps ton fils adoptif.

C'est bien ce que me disaient toujours les paroles que ton Fils, ce Fils né de toi, Jésus-Christ, Rédempteur de l'homme, a adressées du haut de la croix à Jean, apôtre et évangéliste: « Femme, voici ton fils (Jn 19, 26). Dans ces paroles, je trouvais toujours la place de tout homme et ma propre place.

Aujourd'hui présent ici selon les desseins mystérieux de la divine Providence, je désire, en ce sanctuaire de Jasna Góra dans ma patrie terrestre, la Pologne, confirmer avant tout les actes de consécration et de confiance qui, à divers moments - bien des fois et sous des formes variées - ont été prononcés par le cardinal primat et par l'épiscopat polonais. D'une façon tout à fait particulière, je désire confirmer et renouveler l'acte de consécration prononcé à Jasna Góra le 3 mai 1966, à l'occasion du millénaire de la Pologne ; par cet acte les évêques polonais, en se donnant à Toi, Mère de Dieu, « dans ta maternelle servitude d'amour », voulaient servir la grande cause de la liberté de l'Église, non seulement dans leur propre patrie mais dans le monde entier. Quelques années après, le 7 juin 1976, ils t'ont consacré toute l'humanité, toutes les nations et tous les peuples du monde contemporain, leurs frères proches par la foi, par la langue et par le destin commun de l'histoire, en étendant cet acte de confiance jusqu'aux frontières les plus lointaines de l'amour comme l'exige ton coeur : coeur de la Mère qui embrasse chacun et tous partout et toujours.

Je désire aujourd'hui, en arrivant à Jasna Góra comme premier pape-pèlerin, renouveler tout ce patrimoine de confiance, de consécration et d'espérance, qui, avec tant de magnanimité, a été accumulé par mes frères dans l'épiscopat et mes compatriotes.

Et c'est pourquoi je Te confie, ô Mère de l'Église, tous les problèmes de cette Église, toute sa mission, tout son service, tandis que s'achève le second millénaire de l'histoire du christianisme sur la terre.

Épouse de l'Esprit Saint et Trône de la Sagesse! À ton intercession, nous devons la magnifique vision et le programme du renouveau de l'Église à notre époque exprimé dans l'enseignement du Concile Vatican II. Fais que nous fassions de cette vision et de ce programme l'objet de notre action, de notre service, de notre enseignement, de notre pastorale, de notre apostolat dans la vérité, la simplicité et la force avec laquelle l'Esprit Saint nous les a fait découvrir dans notre humble service.

Fais que l'Église entière se régénère à cette nouvelle source de connaissance de sa nature et de sa mission, et non pas à d'autres « citernes » étrangères ou empoisonnées (cf. Jr 8, 14).

Aide-nous dans le grand effort que nous allons faire pour rencontrer de manière toujours plus mûre nos frères dans la foi, auxquels nous unis sent tant de choses bien qu'il y en ait qui nous divisent. Fais que, à travers tous les moyens de la connaissance, du respect réciproque, de l'amour de la collaboration dans les divers domaines, nous puissions découvrir progressivement le dessein divin de cette unité dans laquelle nous devons entrer nous-mêmes et introduire tous les hommes afin que l'unique bercail du Christ reconnaisse et vive son unité sur la terre. O Mère de l'unité, enseigne-nous toujours les chemins qui conduisent à elle.

Permets-nous d'aller dans l'avenir à la rencontre de tous les hommes et de tous les peuples qui cherchent Dieu sur les chemins de diverses religions et qui veulent le servir. Aide-nous tous à annoncer le Christ et à révéler « la force et la sagesse divine » (1 Co 1, 24) cachées dans sa croix. Toi qui l'a révélée d'abord à Bethléem non seulement aux bergers simples et fidèles, mais aussi aux sages des pays lointains !

Mère du Bon Conseil ! Indique-nous toujours comment nous devons servir l'homme, l'humanité, dans toutes les nations, comment le conduire sur les chemins du salut. Comment protéger la justice et la paix dans le monde continuellement menacé de divers côtés. Comme je désire vivement, à l'occasion de la rencontre d'aujourd'hui, te confier tous les difficiles problèmes des sociétés, des systèmes, et des États, problèmes qui ne peuvent être résolus par la haine, la guerre et l'autodestruction mais seulement par la paix, la justice, le respect des droits des hommes et des nations.

O Mère de l'Église ! Fais que l'Église jouisse de la liberté et de la paix dans l'accomplissement de sa mission de salut et qu'elle jouisse à cette fin d'une nouvelle maturité de foi et d'unité intérieure ! Aide-nous à vaincre les oppositions et les difficultés ! Aide-nous à découvrir toute la simplicité et la dignité de la vocation chrétienne ! Fais que les ouvriers ne manquent jamais à la vigne du Seigneur. Sanctifie les familles ! Veille sur l'âme des jeunes et sur le cœur des enfants ! Aide à surmonter les grandes menaces morales qui atteignent les fondements de la vie et de l'amour. Obtiens pour nous la grâce de nous renouveler continuellement par toute la beauté du témoignage rendu à la croix et à la résurrection de ton Fils.

Il y a tant de problèmes que j'aurais dû, ô Mère, te présenter en cette rencontre, en les nommant l'un après l'autre. Je te les confie tous, car tu les connais mieux et tu prends soin de tous.

Je le fais dans le lieu du grand acte de consécration d'où l'on voit non seulement la Pologne, mais toute l'Église, à travers les pays et les continents: toute l'Église dans ton cœur maternel.

L'Église entière, dont je suis le premier serviteur, je te l'offre et je te la confie ici, ô Mère, avec une immense confiance. Amen.



SOURCE : http://www.mariedenazareth.com/jesus-mary-joseph/mary-fills-the-world/europe/poland/czestochowa-jasna-gora-jean-paul-ii-le-4-juin-1979/

En Pologne, Notre-Dame de Czestochowa

Avec ses 4 à 5 millions de pèlerins par an (presqu'autant qu'à Lourdes et à Fatima...), le sanctuaire de Notre-Dame de Czestochowa qui abrite la Vierge Noire de Jasna Gora, en Silésie (Pologne méridionale, ex République de Weimar), est un des plus célèbres de l'Europe centrale.  Son pèlerinage remonte au XIVe siècle.

En polonais, Jasna Gora veut dire "Montagne Lumineuse". Tout ce que la Pologne comptait de grands personnages du Royaume allait prier au sanctuaire de Czestochowa, y compris ses rois qui avaient coutume de s'y rendre après leur couronnement pour rendre hommage à la Madone noire. La Vierge de Jasna Gora fût amenée en 1382 sur la colline dominant Czestochowa , par le roi Ladislas qui fit construire là un monastère pour les moines de saint Paul. Deux ans après, en 1384,  l'icône célèbre de la Vierge de Jasna Gora est installée dans le monastère.

La Vierge de Jasna Gora, peinte par saint Luc ?

D'où vient la Vierge Noire de Jasna Gora ? La légende attribue la peinture originale à Saint Luc, qui aurait utilisé la planche de la table sur laquelle priait et prenait nourriture la Famille... Depuis le XVème siècle, de nombreuses copies du tableau furent exécutées. Une centaine font l'objet de vénération et plus de dix furent couronnées. En 1717, la Vierge de Jasna Gora sera la première de Pologne a être couronnée des diadèmes papaux. Très vite, la "Montagne lumineuse" est célèbre dans tout le royaume.

Le principal centre de pèlerinage en Pologne

Dès la fin du XIV siècle Jasna Gora est déjà le principal centre de pèlerinage en Pologne. Jasna Gora est aussi l'objet des convoitises...:

- En 1430, pendant les guerres que livrèrent les partisans des doctrines de Jan Hus, réformateur religieux tchèque ( mort en 1415), le monastère fut totalement ravagé, pillé et l'image de la Vierge profanée. Aujourd'hui encore, sur le visage de la Vierge noire on peut voir deux balafres laissées par les coups de sabre...;

- En 1655,  Le 1° avril 1656, le prince Casimir reconnaît dans l'attaque des Russes et des Suédois le châtiment des injustices commises contre les paysans réduits en esclavage. Il consacre le pays à a Vierge Marie. Il choisit Notre Dame de Czestochowa comme Reine et Patronne de la Pologne en promettant de se dépenser pour réparer ces injustices.

- En 1809, la forteresse résista aux Autrichiens, mais quatre ans plus tard elle dut se rendre aux armées russes.

- A l'occasion du millénaire de l'évangélisation (1966) de la Pologne, le cardinal S. Wyszynski organisa le « pèlerinage » de maison en maison d'une copie de l'image de Czestochowa (puis, lorsque cela fut interdit, le pèlerinage du cadre vide mais évoquant toujours la présence mariale). Cette démarche dura pendant des années (1957-1980), elle eut un impact populaire très fort et fut le ferment de la résistance au communisme athée.

Le culte de Notre Dame de Czestochowa se répand dans le monde entier

A l'époque, des églises à son vocable commencent à être édifiées un peu partout . On en décompte actuellement 350, dont 300 en Pologne. Le culte de Notre Dame de Czestochowa se répand en Amérique du Nord, en Australie, en Afrique et en Asie.


Jasna Gora - Czestochowa : introduction

Le cœur du sanctuaire de Jasna Gora est l'icône. C'est l'icône elle-même qui attire les foules de pèlerins. Celui qui regarde l'icône se trouve immergé dans le regard de Marie, il regarde Marie qui le regarde. Ce sanctuaire a eu une importance dans l'identité nationale polonaise, mais son rayonnement dépasse les frontières. En 1994, plus de 4 millions de personnes provenant de 69 pays s'y sont rendues. De nombreux ex-votos témoignent des grâces et des miracles reçus.(1). On attribuait alors 2 610 « interventions miraculeuses » à la Vierge en ce lieu.

Jean Paul II s'y est rendu 6 fois. (2)

 (1) Site officiel : http://www.jasnagora.pl/

 (2) Patrick Sbalchiero article « CZESTOCHOWA I », dans : René Laurentin et Patrick Sbalchiero, Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007

Czestochowa: des origines jusqu’au roi Jean Casimir II

Origine

Le monastère situé sur la colline de Jasna Gora (ce qui signiifie montagne lumineuse), à Czestochowa, fut fondé en 1382 par le roi Ladislao II (1330-1401). Pour commencer la vie monastique, furent envoyés par la Hongrie des moines de saint Paul ermite.

Deux ans après, en 1384, fut installée dans le monastère l'icône célèbre de la Vierge de Jasna Gora, venue de l'est et dont la légende attribue la peinture à Saint Luc, qui aurait utilisé la planche de la table sur lequel priait et prenait nourriture la Famille. Mais les spécialistes pensent que l'icône originelle, d'origine byzantine, datait d'une période comprise entre le VI° et le IX° siècle[1].

Avec la montée d'une nouvelle dynastie polonaise, celle des Jagelloni, fondée par le couple d'Edwige () de Hongrie et le grand duc de Lituanie Ladislao II (+1334), que j'appellerai le début du "siècle d'or" de l'histoire de la Pologne, le sanctuaire se développa considérablement, surtout à travers les nombreux bénéfices accordés par des familles royales suivantes. Ainsi, le culte de Jasna Góra eut de plus en plus un caractère national et la Vierge devint la protectrice de la nouvelle dynastie et le palladium du Royaume. Ainsi, à la fin du XIV° siècle Jasna Gora est déjà le principal centre de pèlerinage en Pologne.

En 1430, les Hussites venus de Tchéquie pillent le sanctuaire et balafrent l'icône, brisée en trois morceaux. En 1523, après une tentative de restauration avortée cause à des réactions chimiques entre la peinture et la cire, une nouvelle œuvre est réalisée puis entaillée aux mêmes endroits pour garder la mémoire du méfait. [2]

Devenue symbole identitaire de la Pologne, c'est à la Vierge de Jasna Gora que les grandes victoires de la nation sont attribuées: contre les Tartares, en 1487 et en 1527, contre Moscou, en 1514, quand furent remis à la Vierge noire les étendards pris à l'ennemi, et sur les Turcs de l'Islam, à Chocim en 1621 et à Lwov ou Leopoli en 1675. Ce sont ces victoires qui ont valu à la Pologne le titre d'Avant mur de la chrétienté à l'Est, comme ce fut le cas pour l'Espagne à l'Ouest.

Les voeux du roi Jan II Kazimierz (1656)

Décisifs dans l'histoire politico-religieuse de la Pologne furent les trois "voeux", fait par le roi Jan II Kazimierz, en 1656, devant l'icône de l'Oumilénie, dans la cathédrale de Leopoli (Ukraine), pendant la messe solennelle célébrée par le nonce apostolique en Pologne.

Dans la formule des voeux le roi promit:
  1. de prendre la Mère de Dieu comme Patronne personnelle et Reine des Polonais: "patronam meam, meorumque Dominiorum Reginam";
  2. de demander au saint Siège une messe en honneur de Marie, Reine de la Couronne, voeux que les moines de Jasna Gora se sont ensuite chargés d'acquitter;
  3. et de libérer les pauvres : un voeu extrêmement significatif fait avec ces mots:
"Comme, avec extrême douleur, je m'aperçois que ton Fils, juge équitable fustigea ce Royaume durant sept ans avec le fouet de la peste, des guerres et d'autres calamités, je promets et je m'engage solennellement, à cause des larmes et de l'oppression des paysans, qu'une fois la paix restaurée, je mettrai tout mon soin et j'appliquerai tous les moyens pour libérer le peuple de mon Royaume des taxes injustes et des oppressions." [3]

[1] D. Aucremanne, « La dévotion mariale à Czestochowa », La Dévotion mariale de l'an mil à nos jours. Etudes réunies par Bruno Béthouart et Alain Lottin, Artois Presses Université, 2005, 132-136, p. 134.

[2] Patrick Sbalchiero article « CZESTOCHOWA I », dans : René Laurentin et Patrick Sbalchiero, Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007

[3] Cf. Bogùmil LEWANDOWSKI, Tutti consacrati alla Madonna, Romagrafik, Roma 1988, p. 161-162 : texte complet en italien des vœux du roi Jean Casimir ; texte latin ap. K. MROCZEK, op. cit., p. 128

Clodovis BOFF
Marianum, Rome.

Czestochowa (Jasna Gora) : de 1717 à 1980

Le 8 septembre 1717

Le 8 septembre 1717 la Vierge de Jasna Góra fut officiellement couronnée comme "Reine" de la Pologne avec les deux couronnes d'or envoyées par le Pape Clément XI, et qui en 1909 ont été volées. Ainsi Marie devint non seulement pour chaque Polonais mais aussi pour la nation comme telle, comme le dit le pape Jean Paul II "l'incarnation de son autonomie, de sa souveraineté, de son identité et de sa place parmi les nations du monde." [1] Plus tard, en 1926, les femmes polonaises, en signe de remerciement, ajoutèrent aux côtés du saint tableau les insignes royaux : le sceptre et le globe.

L'année 1946

En janvier 1945 les Allemands abandonnèrent le sanctuaire. Mais la "libération" si désirée ne fut qu'une furtive lueur ; la même année, tombe sur la Pologne la domination russe et communiste, pour des décennies. Les difficultés considérables, au lieu d'affaiblir l'identité religieuse et mariale du pays, ne firent que l'aiguiser.

En 1946, devant 700.000 pèlerins à Jasna Góra, s'accomplit l'acte de Consécration de la Pologne au Coeur Immaculé de Marie.

1956, le 300º anniversaire des voeux du roi Jean II Casimir

Pour le 300º anniversaire des voeux du roi Jean II Casimir, c'est-à-dire en 1956, se renouvellent, de manière actualisée, les mêmes voeux à travers un texte très important rédigés par le Cardinal Wyszinski, alors en prison. Ce document a été défini par Jean Paul II « la chartre polonaise des droits de l'homme ».

En effet, après avoir avoué son "repentir... pour ne pas avoir jusqu'à présent réalisé les voeux et les promesses de nos pères",

la nation s'engage devant Dieu à observer les droits de la vie, du mariage indissoluble, de la femme, du foyer domestique ;

elle promet de lutter contre les "défauts nationaux": "l'insouciance, le gaspillage, l'ivresse, la débauche" ;

elle promet de "travailler avec insistance pour que les fils de la Nation vivent dans l'amour et dans la justice... ; de partager avec joie... les fruits de la terre et les fruits du travail, pour que sous le toit commun... il y n'ait pas d'affamés, de sans abris et de désespérés" ;

et finalement elle se consacre toute entière à Dieu par Marie. [2]

La préparation du millénaire du bapteme en Pologne

Dans le cadre de la "Grande Neuvaine" (1957-1966) pour le Sacrum Poloniae Millennium (1966), deux initiatives pastorales de grande signification ont été lancées:

1. Le renouvellement de l'Appel de Jasna Gora.

Cette pratique se répandit après la seconde Guerre, et c'est devenue une habitude parmi les Polonais fidèles. Il consiste à réciter, à 21 heures - moment de fermeture de la journée du sanctuaire - soit dans le sanctuaire même ou en union spirituelle, la prière suivante:

"Marie, Reine de la Pologne je suis près de toi, je me rappelle de toi, je veille".

Relancé à l'occasion de la "Grande Neuvaine", cet "appel" fut repris par le Pape en 1983 et il en profita pour donner un discours d'empreinte sociale forte. [3]

2. La Peregrinatio Mariae (1957-1980).

Ce fut une autre idée du cardinal Wyszinski, consistant à porter une copie de l'icône du Czestochowa en visite aux différents endroits de la Pologne. Mais comme l'image était le symbole de l'unité de la nation et servait de fil qui, en passant à travers tout le pays, cousait effectivement cette unité. Le gouvernement communiste s'y opposa et mit l'image "sous garde". Cette "incarcération" de la Vierge eut l'effet contraire: au lieu de ralentir, les pérégrinations reprirent avec plus vigueur, animées maintenant d'un symbole plus puissant encore : un cadre vide...

Une mission universelle et un don de soi radical

Pour l'année du Millénaire du baptême de la Pologne (1966), l'église réalisa à Jasna Góra, avec la meilleure solennité, "l'acte millénaire de consécration en esclavage* à Marie" dans lequel on remarque la préoccupation de l'Église polonaise pour le sort "de l'église dans le monde entier". Cette intention universaliste s'observe mieux encore dans la Consécration de 1971 où est remise à la Vierge de Czestochowa "toute l'humanité, toutes les nations et les peuples". Serait-ce un signe de la conscience que la Pologne a au sujet de sa "mission universelle ?"

* Ce terme n'est surtout pas à prendre au sens habituel d'aliénation. Il signifie le choix d'orienter la liberté vers Dieu, la lumière et la joie qui viennent de Marie. Evidemment un tel esclavage laisse libre et on peut recommencer tous les matins une consécration en esclavage à Dieu en Marie ! Tout cela est expliqué par saint Louis-Marie de Montfort.



[1] Homélie à Castel Gandolfo, 26/08/1985.

[2] Cf. Bogùmil LEWANDOWSKI, Tutti consacrati alla Madonna, Romagrafik, Roma 1988, p. 161-162: texte complet en italien des vœux du roi Jean Casimir, p. 165-168.

[3] Cf. "Appel de Jasna Gora" le 12/06/87 et Allocution à Jasna Gora le 13/06/87




Madonna di Czestochowa


Il tesoro più prezioso di Jasna Gòra è il Quadro Miracoloso della Madonna. Ciò che rese in breve tempo Jasna Gòra il più famoso santuario del paese, che già contava numerosi luoghi di culto mariano, non fu forza della tradizione che vuole l'Evangelista Luca autore del quadro, né la perlazione dei reali che da sempre avevano cara Jasna Gòra: Ciò che rese questo luogo famoso è la presenza miracolosa dell'Immagine che ha sempre richiamato pellegrini da tutta la Polonia e dal mondo intero, come attestano i numerosissimi ex-voto.

Sui dolci pendii di Jasna Gòra, la “montagna luminosa”, che circonda la città di Czestochowa, il santuario è adagiato su una collina di bianche rocce, nella parte occidentale della città. I polacchi sono abituati a legare a questo Santuario le numerose vicende della loro vita: i momenti lieti come quelli tristi, le decisioni solenni, come la scelta del proprio indirizzo di vita, la vocazione religiosa oppure il matrimonio, la nascita dei figli, gli esami di maturità... Essi si sono abituati a venire con i loro problemi a Jasna Gòra per confidarli alla Madre Celeste, davanti alla sua Immagine Miracolosa. Questa Immagine si può dire che è il cuore del santuario di Jasna Gòra ed è anche quella forza, misteriosa e profonda, che attira ogni anno folle sterminate di pellegrini, dalla Polonia e da ogni altro luogo del mondo.


Il dipinto della Madonna ha una storia complessa. La tradizione dice infatti che sia stato realizzato da San Luca su di un legno che formava il tavolo adoperato per la preghiera e per il cibo dalla Sacra Famiglia. L’evangelista avrebbe composto a Gerusalemme due quadri allo scopo di tramandare l’incomparabile bellezza di Maria. Uno di essi, arrivato in Italia, è tuttora oggetto di culto a Bologna; l’altro, fu dapprima portato a Costantinopoli e deposto in un tempio dall’imperatore Costantino. Successivamente fu donato al principe russo Leone, che prestava servizio nell'esercito romano, il quale trasferì l’inestimabile reliquia in Russia dove, per numerosi miracoli, fu intensamente venerata. 
Nel corso della guerra intrapresa da Casimiro il Grande, il quadro fu nascosto nel castello di Beltz e finalmente affidato ai principe di Opole. Questi, alla vigilia di una dura battaglia contro le truppe tartare e lituane che assediavano Beltz, aveva invocato la sacra immagine e, dopo la sospirata vittoria, indicò Maria come Madre e Regina. Si racconta anche che, durante l’assedio, un tartaro ferisse con una freccia il bellissimo volto della Vergine dalla parte destra e che, dopo la sacrilega profanazione, una fittissima nebbia, sorta d'improvviso, mettesse in difficoltà gli assedianti. Il principe, allora, approfittando del momento favorevole, si gettò con le truppe contro il nemico e lo sconfisse. 

Altri documenti assicurano che, terminata l’amministrazione del principe Ladislao nella Russia, il quadro fu caricato su di un carro con l’intenzione di portarlo nella Slesia ma, tra lo stupore di tutti, i cavalli, pur ripetutamente sferzati, non si muovevano. Il principe ordinò allora di attaccarne di nuovi, senza però ottenere alcun risultato. Sconvolto, si inginocchiò a terra e promise di trasferire la venerata effigie sul colle di Czestochowa, nella piccola chiesa di legno. In seguito egli avrebbe innalzato una basilica nel medesimo luogo ad onore di Dio onnipotente, della Vergine Maria e di tutti i Santi e, contemporaneamente realizzato un convento per i frati eremiti dell’Ordine di San Paolo.

Ma le vicissitudini della Madonna Nera non erano ancora finite. Nel 1430 alcuni seguaci dell’eretico Giovanni Hus, provenienti dai confini della Boemia e Moravia, sotto la guida dell’ucraino Federico Ostrogki, attaccarono e predarono il convento. Il quadro fu strappato dall’altare e portato fuori dinanzi alla cappella, tagliato con la sciabola in più parti e la sacra icona trapassata da una spada. Gravemente danneggiato, fu perciò trasferito nella sede municipale di Cracovia e affidato alla custodia del Consiglio della città; dopo un accurato esame, il dipinto venne sottoposto ad un intervento del tutto eccezionale per quei tempi, in cui l’arte del restauro era ancora agli inizi. Ecco allora come si spiega che ancora oggi siano visibili nel quadro della Madonna Nera gli sfregi arrecati al volto della Santa Vergine.

Secondo i critici d’arte il Quadro di Jasna Gòra sarebbe stato in origine un’icona bizantina, del genere “Odigitria” (“Colei che indica e guida lungo la strada”), databile tra il VI e il IX secolo. Dipinta su una tavola di legno, raffigura il busto della Vergine con Gesù in braccio. Il volto di Maria domina tutto il quadro, con l’effetto che chi lo guarda si trova immerso nello sguardo di Maria: egli guarda Maria che, a sua volta, lo guarda. 

Anche il volto del Bambino è rivolto al pellegrino, ma non il suo sguardo, che risulta in qualche modo fisso altrove. I due volti hanno un’espressione seria, pensierosa, che dà anche il tono emotivo a tutto il quadro. La guancia destra della Madonna è segnata da due sfregi paralleli e da un terzo che li attraversa; il collo presenta altre sei scalfitture, due delle quali visibili, quattro appena percettibili. 

Gesù, vestito di una tunica scarlatta, riposa sul braccio sinistro della Madre. La mano sinistra tiene il libro, la destra è sollevata in gesto di sovranità e benedizione. La mano destra della Madonna sembra indicare il Bambino. Sulla fronte di Maria è raffigurata una stella a sei punte. Attorno ai volti della Madonna e di Gesù risaltano le aureole, la cui luminosità contrasta con l’incarnato dei loro visi.

Dopo la profanazione e il restauro, la fama del santuario crebbe enormemente e aumentarono i pellegrinaggi, a tal punto che la chiesa originaria si rivelò insufficiente a contenere il numero dei fedeli. Per questo motivo, già nella seconda metà del secolo XV, accanto alla Cappella della Madonna, fu dato avvio alla costruzione di una chiesa gotica a tre ampie navate.

Nel 1717 il quadro miracoloso della Madonna di Jasna Góra fu incoronato col diadema papale e, a cominciare dal secolo scorso, numerose chiese a lei dedicate furono erette in tutto il mondo: attualmente se ne contano circa 350, di cui 300 soltanto nella Polonia. 

La fama sempre crescente dell’immagine miracolosa della Madre di Dio fece sì che l’antico monastero diventasse nel corso degli anni mèta costante di devoti pellegrinaggi. Il culto della Madonna Nera di Czestochowa si è esteso così fino al continente americano, in Australia, in Africa e anche in Asia. Una devozione che non ha confini, che ha toccato il cuore di molti, e che è stata particolarmente cara – come ogni polacco che si rispetti – al nostro venerato Santo Padre, Giovanni Paolo II, che di Maria è sempre stato il devoto più fedele.



Autore: Maria Di Lorenzo