VISITATION de la Très
SAINTE VIERGE MARIE
Cette fête nous rappelle
la visite de Marie à Sa cousine Élisabeth. Après avoir annoncé à Marie le
mystère de l'Incarnation, l'archange Gabriel La prévient que Sa cousine
Élisabeth, âgée et jusque là stérile, sera mère dans trois mois, par un nouveau
prodige. Marie ne tarda pas à Se mettre en route pour féliciter l'heureuse
mère.
Ce voyage n'eut pour
mobile aucun sentiment humain. Marie possédait en Elle, avec Jésus, toutes les
richesses et toutes les joies du Ciel; cela Lui suffisait, et nul besoin
n'agitait Son coeur; mais un devoir de douce charité se présentait à remplir;
Elle voyait, dans l'accomplissement de ce devoir, un exercice de zèle et une occasion
de glorifier Dieu. D'ailleurs, le Saint-Esprit La conduisait: la rencontre des
deux futures mères, et surtout des deux enfants qu'elles portaient, était dans
les desseins providentiels. Aussi Marie Se hâte, Elle S'expose aux fatigues
d'un long chemin, Elle gravit les montagnes, et bientôt Elle atteint le terme
du voyage.
O merveille! à peine
Marie et Élisabeth sont-elles en présence, que l'enfant d'Élisabeth tressaille
dans son sein, et elle-même, saisie de l'esprit prophétique, s'écrie en
embrassant Marie: "Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et béni le
Fruit de Votre sein!" Paroles que l'Église a jointes à l'Ave Maria pour en
faire une des plus belles prières chrétiennes; paroles qui retentiront partout
et dans les siècles! Ainsi, la mission de Jésus commence avant Sa naissance, Il
sanctifie Jean-Baptiste dans le sein de sa mère; car ce tressaillement qu'il
éprouve annonce le Prophète qui devine son Dieu, et le Précurseur qui reconnaît
le Sauveur.
Marie, saisie Elle-même
par l'Esprit divin, entonne ce beau chant d'action de grâces appelé le
Magnificat, qui célèbre dans un langage céleste les merveilles opérées par Dieu
en ELle, chant que répéteront sans fin tous les échos du temps et de
l'éternité.
Durant trois mois, les
paroles et les exemples de Marie firent le charme de la maison qu'Elle
visitait. On ignore si Elle quitta Élisabeth avant la naissance de saint
Jean-Baptiste. Cependant saint Luc (1, 56) mentionne Son départ avant le récit
de l'enfantement d'Élisabeth (1, 57).
De retour à Nazareth,
Elle retrouva avec joie Sa vie silencieuse et retirée, n'ayant rien perdu de ce
trésor de recueillement, de pureté, de vie intérieure qu'Elle avait communiqué
autour d'Elle.
Que de leçons pour les
chrétiens dans ce mystère! Leçons de charité et de zèle, de prévenance et
d'amabilité! Leçons de mortification, d'humilité, de sanctification des actions
communes et des relations nécessaires avec le monde!
Abbé L. Jaud, Vie
des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/visitation-de-marie.html
Altar von Schloss Tirol: Detailszene vom Altar von Tirol, der gerade restauriert wird, Tyrolean State Museum
La Visitation en
Occident: une fête pour mettre fin à la division
A l’origine de la fête, ce n’est pas tant l’influence de l’Orient qui compte :
l’Occident mûrit lui-même la beauté et l’utilité d’une fête de la Visitation :
Le concile provincial du Mans en 1247 et le chapitre général des frères mineurs
à Pise avec du saint Bonaventure, (1263) ont ajouté la fête de la Visitation le
2 juillet (comme en Orient).
Surtout, l’évêque de Prague, Jean Jenstein, introduisit la fête dans son propre
diocèse, en 1386, à peine huit ans après le grand schisme entre deux papes,
Urbain VI Rome et Clément VII à Avignon. Il composa pour elle les textes
liturgiques et il supplia Urbain VI de l’introduire dans toute l’Église, afin
de mettre un terme au scandale de la division. En 1389 la demande de l’évêque
de Prague fut accueillie par le pape qui établit la fête de la Visitation le 2
de juillet, avec vigile et octave.
Le pape prépara la bulle et mourut. L’office ne plaisait pas au nouveau pape
qui opta pour les textes du card. Adam Easton, de Londres, un texte rythmé,
avec rime, pour toute la journée ; trop compliqué, il ne durera pas.
La fête de la Visitation concerna seulement les fidèles en communion avec le
pape de Rome; elle fut ignorée par les partisans de l’antipape.
C'est seulement à partir de 1441, avec le concile de Bâle, illégitime, que la
Visitation s’imposa progressivement à toute l’Église.
Dans la révision post-tridentine des livres liturgiques, Pie V abolit les
différents textes en usage, comme aussi la vigile et l’octave de la fête de la
Visitation, en adoptant pour elle la messe et l’office de la Nativité de Marie.
Puis, l’attention à la pitié populaire, qui avait dédié à Marie le mois de mai,
a fait choisir le 31 mai pour la fête de la Visitation.
La Vierge de la Visitation est aussi Notre Dame des grâces et Notre Dame de la
paix.
F. Breynaert en remerciant le père I. Calabuig
SOURCE : http://www.mariedenazareth.com/8314.0.html?&L=0
Sermon de saint Ambroise
sur le Psaume 118
(Lectionnaire monastique de Solesmes pour la Visitation, Temps pascal, p.
1033-1037. Éditions du Cerf, Paris)
Tu vois que le Dieu Verbe secoue le paresseux et réveille le dormeur. En effet,
celui qui vient frapper à la porte veut toujours entrer. Mais il dépend de nous
qu’il n’entre pas toujours, qu’il ne demeure pas toujours. Que ta porte soit
ouverte à celui qui vient ; ouvre ton âme, élargis les capacités de ton esprit,
afin qu’il découvre les richesses de la simplicité, les trésors de la paix, la
suavité de la grâce. Dilate ton cœur, cours à la rencontre du soleil de la
lumière éternelle qui illumine tout homme. Et assurément cette lumière
véritable brille pour tous ; mais si quelqu’un ferme ses fenêtres, il se
privera lui-même de la lumière éternelle.
Donc même le Christ reste dehors, si tu fermes la porte de ton âme. Certes, il
pourrait entrer ; pourtant il ne veut pas s’introduire de force, il ne veut pas
contraindre ceux qui le refusent. Issu de la Vierge, il est sorti de son sein,
irradiant tout l’univers, afin de resplendir pour tous. Ils le reçoivent, ceux
qui désirent la clarté d’un éclat perpétuel, qu’aucune nuit ne vient
interrompre. En effet, ce soleil que nous voyons chaque jour se laisse vaincre
par la nuit obscure ; mais le soleil de justice ne connaît pas de couchant, car
la sagesse n’est pas vaincue par le mal.
Bienheureux donc celui à la porte duquel frappe le Christ. Notre porte, c’est
la foi qui, si elle est solide, défend toute la maison. C’est par cette porte
que le Christ fait son entrée. Aussi l’Église dit-elle dans le Cantique :
J’entends la voix de mon frère, il frappe à la porte. Écoute celui qui frappe,
écoute celui qui désire entrer : Ouvre-moi, ma sœur, ma fiancée, ma colombe, ma
parfaite, car ma tête est couverte de rosée, et mes cheveux des gouttes de la nuit.
Considère à quel moment le Dieu Verbe frappe à ta porte, quand sa tête est
couverte de la rosée nocturne. Car il daigne visiter ceux qui sont soumis à
l’épreuve et aux tentations, afin que nul ne succombe, vaincu par les
difficultés. Donc sa tête est couverte de rosée ou de gouttes d’eau, quand son
corps est dans la souffrance.
C’est alors qu’il faut veiller, de crainte que, lorsque viendra l’Époux, il ne
se retire parce qu’il a trouvé la maison fermée. En effet, si tu dors et si ton
cœur ne veille pas, il s’éloigne avant d’avoir frappé ; si ton cœur veille, il
frappe et il demande qu’on lui ouvre la porte. Nous disposons donc de la porte
de notre âme, nous disposons aussi des portes dont il est écrit : Portes,
élevez vos frontons ; élevez-vous, portes éternelles, et le roi de gloire fera
son entrée.
Del
círculo del Maestro Milá o Diego de la Cruz (fl. 1482–1500), La Visitación, circa 1485, 76 x 69, Museo Lázaro Galdiano
Homélie de saint Jean Chrysostome
(Lectionnaire monastique de Solesmes pour la Visitation, Temps pascal, p.
1037-1041. Éditions du Cerf, Paris)
Dès son avènement, le Rédempteur de notre race vient aussitôt à son ami Jean
qui n’est pas encore né. De sein maternel à sein maternel, Jean plonge le
regard, il secoue les limites de la nature, il s’écrie : « Je vois le Seigneur
qui a fixé à la nature ses limites et je n’attends pas le moment de naître. Le
délai de neuf mois, ici, ne m’est pas nécessaire, car en moi est l’éternel. Je
sortirai de cet habitacle ténébreux, je prêcherai la connaissance substantielle
de réalités admirables.
Je suis un signe : je signalerai l’avènement du Christ. Je suis une trompette :
j’annoncerai l’économie du Fils de Dieu dans la chair. Trompette, je sonnerai
et, par là-même, bénédiction pour la langue paternelle, je l’entraînerai à
parler. Trompette, je sonnerai, et je vivifierai le sein maternel. »
Tu vois, ami, quel mystère nouveau et admirable ! Jean ne naît pas encore et
déjà il parle par ses tressaillements ; il ne paraît pas encore et déjà il
profère des avertissements ; il ne peut pas encore crier et déjà il se fait entendre
par des actes ; il n’a pas encore commencé sa vie et déjà il prêche Dieu ; il
ne voit pas encore la lumière et déjà il montre le soleil ; il n’est pas encore
mis au monde et déjà il se hâte d’agir en précurseur. Le Seigneur est là ; il
ne peut se retenir, il ne supporte pas d’attendre les limites fixées par la
nature, mais il s’efforce de rompre la prison du sein maternel et il cherche à
faire connaître d’avance la venue du Sauveur. « Il est arrivé, dit-il, celui
qui brise les liens. Et quoi ? Moi, je reste assis enchaîné, et je suis encore
tenu à demeurer ici ? Le Verbe vient pour tout rétablir et moi, je reste encore
captif ? Je sortirai, je courrai devant lui et je proclamerai à tous : Voici
l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. »
Mais, dis-nous, Jean, retenu encore dans l’obscurité du sein de ta mère,
comment vois-tu et entends-tu ? Comment contemples-tu les choses divines ?
Comment peux-tu tressaillir et exulter ? « Grand, dit-il, est le mystère qui
s’accomplit, c’est un acte qui échappe à la compréhension de l’homme. A bon
droit j’innove dans l’ordre naturel à cause de celui qui doit innover dans
l’ordre surnaturel. »
Je vois, avant même, de naître, car je vois en gestation le soleil de justice.
À l’ouïe je perçois, car je viens au monde, voix du grand Verbe. Je crie, car
je contemple, revêtu de sa chair, le Fils unique du Père. J’exulte, car je vois
le Créateur de l’univers recevoir la forme humaine. Je bondis, car je pense que
le Rédempteur du monde a pris corps. Je prélude à son avènement et, en quelque
sorte, je vous devance par mon témoignage. »
Rogier van der Weyden (1399/1400–1464). La Visitation, circa 1435, 57 x 36, Museum der bildenden Künste
Homélie de saint Bède le Vénérable
(Lectionnaire monastique de Solesmes pour la Visitation, Temps pascal, p.
1041-1043. Éditions du Cerf, Paris)
Mon âme exalte le Seigneur ; exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur. Le sens
premier de ces mots est certainement de confesser les dons que Dieu lui a
accordés à elle, Marie, spécialement ; mais elle rappelle ensuite les bienfaits
universels dont Dieu ne cesse jamais d’entourer la race humaine. L’âme glorifie
le Seigneur quand elle consacre toutes ses puissances intérieures à louer et à
servir Dieu ; quand, par sa soumission aux préceptes divins, elle montre
qu’elle ne perd jamais de vue sa puissance et sa majesté.
L’esprit exulte en Dieu son Sauveur, quand il met toute sa joie à se souvenir
de son Créateur dont il espère le salut éternel. Ces mots, sans doute,
expriment exactement ce que pensent tous les saints, mais il convenait tout
spécialement qu’ils soient prononcés par la bienheureuse Mère de Dieu qui,
comblée d’un privilège unique, brûlait d’un amour tout spirituel pour celui
qu’elle avait eu la joie de concevoir dans sa chair.
Elle avait bien sujet, et plus que tous les saints, d’exulter de joie en Jésus,
c’est-à-dire en son Sauveur, car celui qu’elle reconnaissait pour l’auteur
éternel de notre salut, elle savait qu’il allait, dans le temps, prendre
naissance de sa propre chair, et si véritablement qu’en une seule et même
personne serait réellement présent son fils et son Dieu.
C’est un usage excellent et salutaire, dont le parfum embaume la sainte Église,
que celui de chanter tous les jours, à vêpres, le cantique de la Vierge. On
peut en attendre que les âmes des fidèles, en faisant si souvent mémoire de
l’incarnation du Seigneur, s’enflamment d’une plus vive ferveur, et que le
rappel si fréquent des exemples de sa sainte Mère les affermisse dans la vertu.
Et c’est bien le moment, à vêpres, de revenir à ce chant, car notre âme,
fatiguée de la journée et sollicitée en sens divers par les pensées du jour, a
besoin, quand approche l’heure du repos, de se rassembler pour retrouver
l’unité de son attention.
La
Visitation, circa 1480, 126 x 155, Museo del Prado
Homélie d’Origène sur l’Évangile de Luc
(SC n° 187, p. 154... 160. Éditions du Cerf)
Les meilleurs vont au-devant des moins bons pour leur procurer, par leur venue,
quelque avantage. Ainsi le Sauveur vient à Jean pour sanctifier son baptême. Et
dès que Marie eut entendu, selon le message de l’ange, qu’elle allait concevoir
le Sauveur et que sa cousine Élisabeth était enceinte, elle partit, se rendit
en hâte vers la montagne et entra dans la maison d’Élisabeth. Jésus, dans le
sein de la Vierge, se hâtait de sanctifier Jean-Baptiste, encore dans le sein
de sa mère. Avant l’arrivée de Marie et la salutation à Élisabeth, le petit
enfant n’exulta pas dans le sein de sa mère ; mais dès que Marie eut prononcé
la parole que le Fils de Dieu, dans son sein, lui avait suggérée, l’enfant
exulta de joie et dès lors Jésus fit de son précurseur un prophète.
L’enfant tressaillit donc dans le sein d’Élisabeth, qui fut remplie du
Saint-Esprit et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre les femmes. »
Ici nous devons, pour que les hommes simples ne soient pas trompés, réfuter les
objections habituelles des hérétiques. Au fait, je ne sais qui a pu se laisser
aller à une telle folie pour affirmer que Marie avait été reniée par le
Sauveur, parce qu’après la nativité elle se serait unie à Joseph. Voilà ce que
quelqu’un a dit et puisse-t-il être capable de répondre de ses paroles et de
ses intentions !
Si parfois les hérétiques vous font une telle objection, répondez-leur par ces
mots : « C’est remplie du Saint-Esprit qu’Élisabeth a dit : Tu es bénie entre
les femmes. Si Marie a été proclamée bienheureuse par le Saint-Esprit, comment
le Seigneur a-t-il pu la renier ? Quant à ceux qui affirment qu’elle contracta
mariage après son enfantement virginal, ils n’ont pas de quoi le prouver ; et
aucun texte de l’Écriture ne mentionne ce fait. »
Si la naissance du Seigneur n’avait pas été toute céleste et bienheureuse, si
elle n’avait rien eu de divin et de supérieur à la nature humaine, jamais sa
doctrine ne se serait répandue sur toute la terre. Si, dans le sein de la
Vierge Marie, il n’y avait eu qu’un homme et non le Fils de Dieu, comment
pourraient être guéries, au temps du Christ comme de nos jours encore, des
maladies physiques et spirituelles si variées ? N’avons-nous jamais été
insensés, nous qui, aujourd’hui, par la miséricorde divine, avons
l’intelligence et la connaissance de Dieu ? N’avons-nous jamais manqué de foi
en la justice, nous qui, aujourd’hui, à cause du Christ, possédons et suivons
la justice ? N’avons-nous jamais été dans l’erreur et l’égarement, nous qui,
aujourd’hui, par la venue du Seigneur, ne connaissons plus ni hésitation ni
trouble, mais sommes sur le chemin, c’est-à-dire en Jésus qui a dit : je suis
le chemin ?
La
Visitation, Musée de l'Œuvre Notre-Dame
Méditation de Guigues II
le Chartreux
(SC n°163, p. 166-168, Ed. du Cerf)
Grand, admirable, incomparable ouvrage du roi très sage ! Que les lions et les
lionceaux qui sont sur la terre te révèrent, ma souveraine, voilà qui est peu :
toute la cour céleste, ravie bien au-dessus d’elle-même et stupéfaite, admire
en toi l’œuvre des doigts de Dieu. Ô pleine de grâce, qu’est-ce donc que tu
portes dans ton sein ? C’est le Seigneur, je suis sa servante. Le Tout-Puissant
a fait pour moi de grandes choses, admirables à bon droit parce que grandes,
mais il est puissant, celui qui a fait pour moi ces grandes choses.
Il est le Seigneur, je suis sa servante ; il est la rosée, moi la terre, et de
là le froment ; il est la manne, moi le vase, et de là le vermisseau. Je suis
un ver, a-t-il dit, et non pas un homme, car tout homme est comme de l’herbe,
mais lui est comme le blé. De la rosée du ciel et de la terre, qui est la
vierge, a poussé le froment. Ce sont de grandes choses, mais celui qui les a
faites est tout-puissant. Un seul grain de blé est né de moi, mais de
l’abondance de ce froment, il a été dit : Si le grain meurt, il porte beaucoup
de fruit. Or, en mourant, il a répandu le vin en abondance ; en ressuscitant et
en montant au ciel, il a répandu l’huile, et il l’a répandue à profusion, comme
dit l’Apôtre.
Voici l’abondance du blé, du vin et de l’huile, à partir de la rosée du ciel et
de la fécondité de la terre. Ô terre féconde, pleine de grâce, comme la graisse
mise à part dans le sacrifice, ainsi tu es séparée de la masse des pécheurs,
pleine de grâce, de froment, de vin et d’huile, remplie avec surabondance de
tous les dons du Saint-Esprit.
Le Seigneur est avec toi : avec toi dans la chambre secrète de ton cœur, avec
toi dans la retraite de ton sein ; il demeure avec toi, il ne cesse pas d’être
avec toi, et jamais il ne s’éloigne de toi. Le Seigneur est avec toi :
qu’est-ce à dire, avec toi ? Le Seigneur a une nature commune avec toi, une
nature destinée à être élevée bien au-dessus des anges. Dieu habite dans les
anges, mais non pas avec les anges ; il habite en toi, et il habite avec toi.
Dieu siège au-dessus des anges, au-dessus des trônes, des chérubins et des
séraphins, il siège et il règne en eux tous, mais il n’y a dans aucun royaume
une œuvre semblable à ce grand trône d’ivoire.
SOURCE : http://rouen.catholique.fr/spip.php?article1571
Visitation de la Vierge
Marie
Dom Guéranger, l’Année Liturgique
Déjà, dans les jours qui précédèrent la naissance du Sauveur, la visite de
Marie à sa cousine Élisabeth a fait l’objet de nos méditations. Mais il
convenait de revenir sur une circonstance aussi importante de la vie de
Notre-Dame ; la simple mémoire de ce mystère, au Vendredi des Quatre-Temps de
l’Avent, ne suffisait point à faire ressortir ce qu’il renferme par lui-même
d’enseignement profond et de sainte allégresse. En se complétant dans le cours
des âges, la sainte Liturgie devait exploiter cette mine précieuse, à l’honneur
de la Vierge-mère. L’Ordre de saint François et quelques églises particulières,
comme celles du Mans, de Reims et de Paris, avaient déjà pris les devants,
lorsqu’Urbain VI, en l’année 1389, institua la solennité du présent jour. Le
Pape conseillait le jeûne en la vigile de la fête, et ordonnait qu’elle fût
suivie d’une Octave ; il accordait à sa célébration les mêmes indulgences
qu’Urbain IV avait, dans le siècle précédent, attachées à la fête du Corps du
Seigneur. La bulle de promulgation, arrêtée par la mort du Pontife, fut reprise
et publiée par Boniface IX qui lui succéda sur le Siège de saint Pierre.
Nous apprenons des Leçons de l’Office primitivement composé pour cette fête,
que le but de son institution avait été, dans la pensée d’Urbain, d’obtenir la
cessation du schisme qui désolait alors l’Église. Exilée de Rome durant
soixante-dix ans, la papauté venait d’y rentrer à peine ; l’enfer, furieux d’un
retour qui contrariait ses plans opposés là comme partout à ceux du Seigneur,
s’en était vengé en parvenant à ranger sous deux chefs le troupeau de l’unique
bercail. Telle était l’obscurité dont de misérables intrigues avaient su
couvrir l’autorité du légitime pasteur, qu’on vit nombre d’églises hésiter de
bonne foi et, finalement, préférer la houlette trompeuse du mercenaire. Les
ténèbres devaient même s’épaissir encore, et la nuit devenir un moment si
profonde, que les ordres de trois papes en présence allaient se croiser sur le
monde, sans que le peuple fidèle, frappé de stupeur, parvînt à discerner
sûrement la voix du Vicaire du Christ. Jamais situation plus douloureuse
n’avait été faite à l’Épouse du Fils de Dieu. Mais Notre-Dame, vers qui s’était
tourné le vrai Pontife au début de l’orage, ne fit point défaut à la confiance
de l’Église. Durant les années que l’insondable justice du Très-Haut avait
décrété de laisser aux puissances de l’abîme, elle se tint en défense,
maintenant si bien la tête de l’ancien serpent sous son pied vainqueur, qu’en
dépit de l’effroyable confusion qu’il avait soulevée, sa bave immonde ne put
souiller la foi des peuples ; leur attachement restait immuable à l’unité de la
Chaire romaine, quel qu’en fût dans cette incertitude l’occupant véritable.
Aussi l’Occident, disjoint en fait, mais toujours un quant au principe, se
rejoignit comme de lui-même au temps marqué par Dieu pour ramener la lumière.
Cependant, l’heure venue pour la Reine des saints de prendre l’offensive, elle
ne se contenta pas de rétablir dans ses anciennes positions l’armée des élus ;
l’enfer dut expier son audace, en rendant à l’Église les conquêtes mêmes qui
lui semblaient depuis des siècles assurées pour jamais. La queue du dragon
n’avait point encore fini de s’agiter à Bâle, que Florence voyait les chefs du
schisme grec, les Arméniens, les Éthiopiens, les dissidents de Jérusalem, de
Syrie et de Mésopotamie, compenser par leur adhésion inespérée au Pontife
romain les angoisses que l’Occident venait de traverser.
Il restait à montrer qu’un pareil rapprochement des peuples au sein même de la
tempête, était bien l’œuvre de celle que le pilote avait, un demi-siècle
auparavant, appelée au secours de la barque de Pierre. On vit les factieux de
l’assemblée de Bâle en donner la preuve, trop négligée par des historiens qui
ne soupçonnent plus l’importance des grands faits liturgiques dans l’histoire
de la chrétienté ; sur le point de se séparer, les derniers tenants du schisme
consacrèrent la quarante-troisième session de leur prétendu concile à
promulguer, pour ses adhérents, cette même fête de la Visitation en
l’établissement de laquelle Urbain VI avait dès l’abord mis son espoir. Malgré
la résistance de quelques obstinés, le schisme était vraiment fini dès lors ;
l’orage se dissipait : le nom de Marie, invoqué des deux parts, resplendissait
comme le signe de la paix sur les nuées [59]. Ainsi l’arc-en-ciel unit dans sa
douce lumière les extrémités opposées de l’horizon. Contemplez-le, dit
l’Esprit-Saint, et bénissez celui qui l’a fait ; car il est beau dans sa
splendeur ! Il embrasse les cieux dans le circuit de sa gloire [60].
Si l’on se demande pourquoi Dieu voulut que le mystère de la Visitation, et non
un autre, devînt, par cette solennité qui lui fut consacrée, le monument de la paix
reconquise : il est facile d’en trouver la raison dans la nature même de ce
mystère et les circonstances où il s’accomplit.
C’est là surtout que Marie apparaît, en effet, comme la véritable arche
d’alliance : portant en elle, non plus les titres périmés du pacte de servitude
conclu au bruit du tonnerre entre Jéhovah et les Juifs ; mais l’Emmanuel,
témoignage vivant d’une réconciliation plus vraie, d’une alliance plus sublime
entre la terre et les cieux. Par elle, mieux qu’en Adam, tous les hommes seront
frères ; car celui qu’elle cache en son sein sera le premier-né de la grande
famille des fils de Dieu. A peine conçu, voici que pour lui commence l’œuvre
d’universelle propitiation. Levez-vous, ô Seigneur, vous et l’arche d’où votre
sainteté découlera sur le monde [61]. De Nazareth aux montagnes de Judée, dans
sa marche rapide, elle sera protégée par l’aile des chérubins jaloux de
contempler sa gloire. Au milieu des guerriers les plus illustres et des chœurs
d’Israël, David conduisit l’arche figurative de la maison d’Abinadab à celle
d’Obedédom [62] ; mieux que lui, Dieu votre Père saura entourer l’arche sacrée
du Testament nouveau, lui composant une escorte de l’élite des célestes
phalanges.
Heureuse fut la demeure du lévite devenu, pour trois mois, l’hôte du Très-Haut
résidant sur le propitiatoire d’or ; plus fortunée sera celle du prêtre
Zacharie, qui, durant un même espace de temps, abritera l’éternelle Sagesse
nouvellement descendue au sein très pur où vient de se consommer l’union
qu’ambitionnait son amour ! Par le péché d’origine, l’ennemi de Dieu et des
hommes tenait captif, en cette maison bénie, celui qui devait en être
l’ornement dans les siècles sans fin ; l’ambassade de l’ange annonçant la
naissance de Jean, sa conception miraculeuse, n’avaient point exempté le fils
de la stérile du tribut honteux que tous les fils d’Adam doivent solder au
prince de la mort, à leur entrée dans la vie. Mais, les habitants d’Azot en
firent autrefois l’expérience, Dagon ne saurait tenir debout devant l’arche [63]
: Marie paraît, et Satan renversé subit dans l’âme de Jean sa plus belle
défaite, qui toutefois ne sera point la dernière ; car l’arche de l’alliance
n’arrêtera ses triomphes qu’avec la réconciliation du dernier des élus.
Célébrons cette journée par nos chants d’allégresse ; car toute victoire, pour
l’Église et ses fils, est en germe dans ce mystère : désormais l’arche sainte
préside aux combats du nouvel Israël. Plus de division entre l’homme et Dieu,
le chrétien et ses frères ; si l’arche ancienne fut impuissante à empêcher la
scission des tribus, le schisme et l’hérésie n’auront licence de tenir tête à
Marie durant plus ou moins d’années ou de siècles, que pour mieux enfin faire
éclater sa gloire. D’elle sans cesse, comme en ce jour béni, s’échapperont, sous
les yeux de l’ennemi confondu, et la joie des petits, et la bénédiction de
tous, et la perfection des pontifes [64]. Au tressaillement de Jean, à la
subite exclamation d’Élisabeth, au chant de Zacharie, joignons le tribut de nos
voix ; que toute la terre en retentisse. Ainsi jadis était saluée la venue de
l’arche au camp des Hébreux ; les Philistins, l’entendant, savaient par là que
le secours du Seigneur était descendu ; et, saisis de crainte, ils gémissaient,
disant : « Malheur à nous : il n’y avait pas si grande joie hier ; malheur à
nous [65] ! » Oui certes, aujourd’hui avec Jean, le genre humain tressaille et
il chante ; oui certes, aujourd’hui à bon droit l’ennemi se lamente : le
premier coup du talon de la femme [66] frappe aujourd’hui sa tête altière, et
Jean délivré est en cela le précurseur de nous tous. Plus heureux que l’ancien,
le nouvel Israël est assuré que jamais sa gloire ne lui sera ôtée ; jamais ne
sera prise l’arche sainte qui lui fait traverser les flots [67] et abat devant
lui les forteresses [68]. Combien donc n’est-il pas juste que ce jour, où prend
fin la série de défaites commencée en Éden, soit aussi le jour des cantiques
nouveaux du nouveau peuple ! Mais à qui d’entonner l’hymne du triomphe, sinon à
qui remporte la victoire ? Levez-vous donc, levez-vous, Debbora ; levez-vous et
chantez le Cantique [69]. Les forts avaient disparu, jusqu’à ce que s’élevât
Marie, la vraie Debbora, jusqu’à ce que parût la Mère en Israël [70]. « C’est
moi, c’est moi, dit-elle en effet, qui chanterai au Seigneur, qui célébrerai le
Dieu d’Israël [71]. Selon la parole de mon aïeul David, magnifiez avec moi le
Seigneur, et tous ensemble exaltons son saint nom [72]. Mon cœur, comme celui
d’Anne, a tressailli en Dieu son Sauveur [73]. Car, de même qu’en Judith sa
servante, il a accompli en moi sa miséricorde [74] et fait que ma louange sera
dans toutes les bouches jusqu’à l’éternité [75]. Il est puissant celui qui a
fait en moi de grandes choses [76] ; il n’est point de sainteté pareille à la
sienne [77]. Ainsi que par Esther, il a pour toutes les générations sauvé ceux
qui le craignent [78] ; dans la force de son bras [79], il a retourné contre
l’impie les projets de son cœur, renversant l’orgueilleux Aman de son siège et
relevant les humbles ; il a fait passer des riches aux affamés l’abondance [80]
; il s’est ressouvenu de son peuple et a eu pitié de son héritage [81]. Telle
était bien la promesse que reçut Abraham, et que nos pères nous ont transmise :
il a fait comme il avait dit » [82].
Filles de Sion, et vous tous qui gémissiez dans les fers de Satan, l’hymne de
la délivrance a donc retenti sur notre terre. A la suite de celle qui porte en
son sein le gage de l’alliance, formons des chœurs ; mieux que Marie sœur
d’Aaron, et à plus juste titre, elle préside au concert d’Israël [83]. Ainsi
elle chante en ce jour de triomphe, rappelant tous les chants de victoire qui
préludèrent dans les siècles de l’attente à son divin Cantique. Mais les
victoires passées du peuple élu n’étaient que la figure de celle que remporte,
en cette fête de sa manifestation, la glorieuse souveraine qui, mieux que
Debbora, Judith ou Esther, a commencé de délivrer son peuple ; en sa bouche,
les accents de ses illustres devancières ont passé de l’aspiration enflammée
des temps de la prophétie à l’extase sereine qui marque la possession du Dieu
longtemps attendu. Une ère nouvelle commence pour les chants sacrés : la
louange divine reçoit de Marie le caractère qu’elle ne perdra plus ici-bas,
qu’elle gardera jusque dans l’éternité.
Les considérations qui précèdent nous ont été inspirées par le motif spécial
qui porta l’Église, au XIVe siècle, à instituer cette fête. En rendant Rome à
Pie IX exilé, au 2 juillet de l’année 1849 [84], Marie a montré de nouveau dans
nos temps que cette date était bien pour elle une journée de victoire. Mais le
mystère de la glorieuse Visitation est si vaste, que nous ne saurions, eu égard
aux limites qui nous sont imposées, songer à épuiser ici tous les enseignements
qu’il renferme. Quelques-uns d’eux, au reste, nous ont été donnés dans les
jours de l’Avent ; d’autres plus récemment, à l’occasion de la fête de saint
Jean-Baptiste et de son Octave ; d’autres enfin seront mis en lumière par
l’Épître et l’Évangile de la Messe qui va suivre.
VÊPRES.
A l’époque de l’Année Liturgique, la fête du Précieux Sang n’avait pas encore
été élevée au rend de Ière classe : la fête de la Visitation avait donc encore
des Ières Vêpres
Les Antiennes de l’Office sont toutes tirées de l’Évangile, et reproduisent
historiquement le mystère du jour.
Les Psaumes ont chanté la grandeur de Celui que l’humilité de Marie vient
d’attirer en elle, et qui la manifeste pour la première fois au monde comme la
Cité de Dieu, bâtie par lui avec amour, ainsi qu’elle-même le proclame
aujourd’hui en louant le Seigneur son Dieu. Le Capitule est emprunté, comme les
Psaumes et l’Hymne, à l’Office commun de Notre-Dame ; il rappelle l’auguste
prédestination qui, dès avant tous les âges, unit inséparablement l’éternelle
Sagesse et la femme bénie plus que toutes en qui elle devait prendre chair.
Chaque jour, le solennel Office du soir emprunte au Cantique de Marie son
parfum le plus suave. Il n’est pas jusqu’au soir du grand Vendredi où
Notre-Dame ne soit invitée par l’Église de la terre à le redire, près de la
croix sur laquelle vient de se consommer le terrible drame. C’est qu’en effet,
l’incomparable Cantique a pour objet la rédemption tout entière ; au pied de la
croix, non moins que dans les journées si douces où nous ramène la solennité
présente, ce qui domine en Marie et l’emporte sur tous les déchirements comme
sur toutes les joies, c’est la pensée de la gloire de Dieu enfin satisfaite, du
salut de l’homme enfin assuré. Aujourd’hui que les mystères du Cycle ont achevé
récemment de passer sous nos yeux, le Magnificat résonne, pour ainsi dire, dans
son ampleur, en même temps qu’il reçoit de cette fête toute la fraîcheur du
premier jour où il fut donné au monde de l’entendre. « Bienheureuse êtes-vous
d’avoir cru, ô Marie ! Les choses qui vous ont été dites par le Seigneur
s’accompliront en vous. Alléluia. »
A LA MESSE.
L’Introït est celui des Messes votives de Notre-Dame à cette époque de l’année.
Il est tiré de Sédulius [85], le poète chrétien du Ve siècle, auquel la sainte
Liturgie a fait d’autres emprunts si gracieux dans les jours de Noël et de
l’Épiphanie. La parole excellente célébrée dans le Verset, l’œuvre que dédie au
Roi la Vierge-mère, il n’est personne qui ne la reconnaisse aujourd’hui dans le
sublime Magnificat, richesse et gloire de cette journée.
Salut, Mère sainte, o vous dont l’enfantement a mis au monde le Roi qui
gouverne le ciel et la terre dans les siècles. Sa puissance est à jamais, comme
son empire embrassant tout dans un cercle éternel. Pour vous s’unissent, en un
sein fortune, les joies de la mère et l’honneur de la vierge ; avant vous, ni
après, on ne vit rien de semblable ; seule entre toutes et sans exemple vous
avez plu au Christ !
La paix est le don précieux que la terre implorait sans fin depuis le péché
d’origine. Réjouissons-nous donc ; car le Prince de la paix se révèle par Marie
en ce jour. La solennelle mémoire du mystère que nous célébrons, va développer
en nous l’œuvre de salut commencée dans celui de Noël, aux premiers jours du
Cycle. Implorons cette grâce par la Collecte, avec la sainte Église.
Dans les Messes privées, à la suite des Collecte, Secrète et Postcommunion de
la fête, on fait mémoire des saints martyrs Processus et Martinien.
ÉPÎTRE
L’Église nous introduit dans la profondeur du mystère. La lecture qui précède
n’est que l’explication de cette parole d’Élisabeth où toute la fête est
résumée : Au son de votre voix, mon enfant a tressailli dans mon sein. Voix de
Marie, voix de la tourterelle, qui met l’hiver en fuite et annonce le
printemps, les parfums et les fleurs ! A ce signal si doux, captive dans la
nuit du péché, l’âme de Jean s’est dépouillée des livrées de l’esclave, et,
développant soudain les germes des vertus les plus hautes, elle est apparue
belle comme l’épouse en tout l’éclat du jour des noces. Aussi, quelle hâte de
Jésus vers cette âme bien-aimée ! Entre Jean et l’Époux, que d’épanchements
ineffables ! Quel dialogue sublime du sein d’Élisabeth à celui de Marie !
Admirables mères, plus admirables enfants ! Dans la rencontre fortunée, l’ouïe,
les yeux, la voix des mères, sont moins à elles qu’aux fruits bénis de leurs
seins ; leurs sens sont le treillis par lequel l’Époux et l’Ami de l’Époux se
voient, se comprennent et se parlent.
L’homme animal, il est vrai, ne comprend pointée langage [86]. Père, dira
l’Homme-Dieu plus tard, je vous rends grâces de ce que vous avez caché ces
choses aux prudents et aux sages, pour les révéler aux petits [87]. Que
celui-là donc qui a des oreilles pour entendre, entende [88] ; mais en vérité,
je vous le dis, si vous ne devenez comme des petits enfants, vous n’entrerez
point dans le royaume des cieux [89], ni ne connaîtrez ses mystères [90]. La
Sagesse n’en sera pas moins justifiée par ses fils, comme le dit l’Évangile
[91]. Dans la droiture de leur humilité, les simples de cœur, en quête de
lumière, dépassent les ombres vaines qui se jouent au-dessus des marais de ce
monde ; ils savent que le premier rayon du soleil de l’éternité dissipera ces
fantômes, ne laissant que le vide à ceux qui s’y seront arrêtés. Pour eux, dès
maintenant ils se nourrissent de ce que l’œil n’a point vu, ni l’oreille
entendu, préludant ici-bas aux délices éternelles [92].
Jean-Baptiste en fait à cette heure l’ineffable expérience. Prévenue par le
divin ami qui l’a recherchée, son âme s’éveille en pleine extase. Pour Jésus,
d’autre part, c’est la première conquête ; c’est à l’adresse de Jean que, pour
la première fois en dehors de Marie, les accents de l’épithalame sacré se
formulent dans l’âme du Verbe fait chair et font battre son cœur. Aujourd’hui
donc, et c’est l’enseignement de notre Épître, à côté du Magnificat s’inaugure
aussi le divin Cantique dans la pleine acception que l’Esprit-Saint voulut lui
donner. Jamais les ravissements de l’Époux ne seront plus justifiés qu’en ce
jour béni ; jamais ils ne trouveront écho plus fidèle. Échauffons-nous à ces
ardeurs du ciel ; joignons notre enthousiasme à celui de l’éternelle Sagesse,
dont cette journée marque le premier pas vers l’humanité tout entière. Avec
Jésus, sollicitons le Précurseur de se montrer enfin. N’était l’ordre d’en
haut, l’ivresse de l’amour lui ferait soudain, en effet, forcer la muraille qui
l’empêche de paraître et d’annoncer l’Époux. Car il sait que la vue de son
visage, précédant la face même du Seigneur, excitera, elle aussi, les
transports de la terre ; il sait que sa voix sera douce, quand elle sera
l’organe du Verbe appelant à lui l’Épouse.
Avec Élisabeth, exaltons au Graduel la Vierge bénie qui nous vaut toutes ces
joies, et en qui l’amour tient enfermé celui que le monde ne pouvait contenir.
Le distique que l’on chante au Verset, était cher à la piété du moyen âge ; on
le retrouve en diverses liturgies, soit comme début d’Hymne [93], soit sous
forme d’Antienne dans la composition des Messes ou de l’Office.
ÉVANGILE.
Marie avait appris de l’archange qu’Élisabeth allait bientôt devenir mère. La
pensée des services que réclament sa vénérable cousine et l’enfant qui va
naître, lui fait prendre aussitôt la route des montagnes où est située
l’habitation de Zacharie. Ainsi va, ainsi presse, quand elle est vraie, la
charité du Christ [94]. Il n’est point d’état d’âme où, sous le prétexte d’une
perfection plus relevée, le chrétien puisse oublier ses frères. Marie venait de
contracter avec Dieu l’union la plus haute ; et volontiers notre imagination se
la représenterait impuissante à tout, perdue dans l’extase, durant ces jours où
le Verbe, prenant chair de sa chair, l’inonde en retour de tous les flots de sa
divinité. L’Évangile est formel cependant : c’est en ces jours mêmes [95] que
l’humble vierge, assise jusque-là dans le secret de la face du Seigneur [96],
se lève pour se dévouer à tous les besoins du prochain dans le corps et dans
l’âme. Serait-ce à dire que les œuvres l’emportent sur la prière, et que la
contemplation n’est plus la meilleure part ? Non, sans doute ; et Notre-Dame
n’avait jamais si directement ni si pleinement qu’en ces mêmes jours, adhéré à
Dieu par tout son être. Mais la créature parvenue sur les sommets de la vie
unitive, est d’autant plus apte aux œuvres du dehors qu’aucune dépense de soi
ne peut la distraire du centre immuable où elle reste fixée.
Insigne privilège, résultat de cette division de l’esprit et de l’âme [97] à
laquelle tous n’arrivent point, et qui marque l’un des pas les plus décisifs
dans les voies spirituelles ; car elle suppose la purification tellement
parfaite de l’être humain, qu’il ne forme plus en toute vérité qu’un même
esprit avec le Seigneur [98] ; elle entraîne une soumission si absolue des
puissances, que, sans se heurter, elles obéissent simultanément, dans leurs
sphères diverses, au souffle divin. Tant que le chrétien n’a point franchi ce
dernier défilé défendu avec acharnement par la nature, tant qu’il n’a pas
conquis cette liberté sainte des enfants de Dieu [99], il ne peut, en effet,
aller à l’homme sans quitter Dieu en quelque chose. Non qu’il doive négliger
pour cela ses devoirs envers le prochain, dans qui Dieu a voulu que nous le
voyions lui-même ; heureux toutefois qui, comme Marie, ne perd rien de la
meilleure part, en vaquant aux obligations de ce monde ! Mais combien petit est
le nombre de ces privilégiés, et quelle illusion serait de se persuader le
contraire !
Nous retrouverons ces pensées au jour de la triomphante Assomption ; mais
l’Évangile qu’on vient d’entendre, nous faisait un devoir d’attirer dès
maintenant sur elles l’attention du lecteur. C’est spécialement en cette fête,
que Notre-Dame a mérité d’être invoquée comme le modèle de tous ceux qui
s’adonnent aux œuvres de miséricorde ; s’il n’est point donné à tous de tenir
comme elle, dans le même temps, leur esprit plus que jamais abîmé en Dieu :
tous néanmoins doivent s’efforcer d’approcher sans fin, par la pratique du
recueillement et de la divine louange, des lumineux sommets où leur Reine se
montre aujourd’hui dans la plénitude de ses perfections ineffables.
L’Offertoire chante le glorieux privilège de Marie, mère et vierge, enfantant
celui qui l’a faite.
Le Fils de Dieu, naissant de Marie, a consacré son intégrité virginale.
Obtenons, dans la Secrète de ce jour, qu’il veuille en souvenir de sa Mère nous
purifier de nos souillures, et rendre ainsi notre offrande acceptable au Dieu
très-haut.
L’Église possède en elle, dans les Mystères, le même Fils du Père éternel que
portèrent durant neuf mois les entrailles de Marie. C’est en son sein
bienheureux que, pour venir à nous tous, il a pris un corps. Chantons, dans
l’Antienne de la Communion, et le Fils et la Mère.
La célébration de chacun des mystères du salut par la participation au divin
Sacrement qui les contient tous, est un moyen d’obtenir l’éloignement du mal
pour ce monde et pour l’éternité. C’est ce qu’exprime la Postcommunion en ce
qui touche le mystère de ce jour.
Les XIVe et XVe siècles ont chanté en de gracieuses compositions le mystère de
ce jour. Celle qui suit eut le don d’exciter la colère des prétendus Réformés
par les expressions de sa piété si touchante envers la Mère de Dieu. On y
remarquera l’appel à l’unité pour ceux qui s’égarent. Selon ce que nous avons
dit du motif qui porta l’Église à établir la fête de la Visitation, Marie est
de même invoquée, en d’autres formules du même temps propres à cette fête,
comme la lumière qui dissipe tous les nuages [100], qui dissout tous les
schismes [101].
SÉQUENCE.
Veni præcelsa domina,
Maria, tu nos visita,
Ægras mentes illumina
Per sacra vitæ munia.
Veni salvatrix sæculi,
Sordes aufer piaculi,
In visitando populum
Pœnæ tollas periculum.
Veni regina gentium,
Dele flammas reatuum,
Rege quemcumque devium,
Da vitam innocentium.
Veni et ægros visites,
Maria, vires robores
Virtute sacri impetus,
Ne fluctuetur animus.
Veni stella, lux marium,
Infunde pacis radium,
Exsultet cor in gaudium
Johannis ante Dominum.
Veni virga regalium,
Reduc fluctus errantium
Ad unitatem fidei
In qua salvantur cœlici.
Veni, deposce Spiritus
Sancti dona propensius,
Ut dirigamur rectius
In hujus vitæ actibus.
SÉQUENCE.
Venez, glorieuse souveraine ;
Marie, vous-même visitez-nous :
illuminez nos âmes malades,
donnez-nous de vivre saintement.
Venez, vous qui sauvâtes le monde,
enlevez la souillure de nos crimes ;
dans cette visite à votre peuple,
écartez tout péril de peine.
Venez, reine des nations,
éteignez les flammes du péché ;
quiconque s’égare, redressez-le,
donnez à tous vie innocente.
Venez, visitez les malades ;
Marie, fortifiez les courages
par la vertu de votre impulsion sainte,
bannissez les hésitations.
Venez, étoile, lumière des mers,
faites briller le rayon de la paix ;
que Jean tressaille
devant son Seigneur.
Venez, sceptre des rois,
ramenez les foules errantes
à l’unité de foi
qui est le salut des citoyens des cieux.
Venez, implorez pour nous
ardemment les dons de l’Esprit-Saint,
afin que nous suivions une ligne plus droite
dans les actes de cette vie.
Venez, louons le Fils,
louons l’Esprit-Saint,
louons le Père, unique Dieu :
qu’il nous donne secours.
Amen.
Quelle est celle-ci, qui
s’avance belle comme l’aurore à son lever, terrible comme une armée rangée en
bataille [102] ? O Marie, c’est aujourd’hui que, pour la première fois, votre
douce clarté réjouit la terre. Vous portez en vous le Soleil de justice ; et sa
lumière naissante frappant le sommet des monts, tandis que la plaine est encore
dans la nuit, atteint d’abord le Précurseur illustre dont il est dit qu’entre
les fils des femmes il n’est point de plus grand. Bientôt l’astre divin,
montant toujours, inondera de ses feux les plus humbles vallées. Mais que de
grâce en ces premiers rayons qui s’échappent de la nuée sous laquelle il se
cache encore ! Car vous êtes, ô Marie, la nuée légère, espoir du monde, terreur
de l’enfer [103] ; en sa céleste transparence, contemplant de loin les mystères
de ce jour, Élie le père des prophètes et Isaïe leur prince découvrirent tous
deux le Seigneur. Ils vous voyaient hâtant votre course au-dessus des
montagnes, et ils bénissaient Dieu ; car, dit l’Esprit-Saint, lorsque l’hiver a
enchaîné les neuves, desséché les vallées, brûlé les montagnes, le remède à
tout est dans la hâte de la nuée [104].
Hâtez-vous donc, ô Marie ! Venez à nous tous, et que ce ne soient plus
seulement les montagnes qui ressentent les bienfaits de votre sereine influence
: abaissez-vous jusqu’aux régions sans gloire où la plus grande partie du genre
humain végète, impuissante à s’élever sur les hauteurs ; que jusque dans les
abîmes de perversité les plus voisins du gouffre infernal, votre visite fasse
pénétrer la lumière du salut. Oh ! Puissions-nous, des prisons du péché, de la
plaine où s’agite le vulgaire, être entraînés à votre suite ! Ils sont si beaux
vos pas dans nos humbles sentiers [105], ils sont si suaves les parfums dont
vous enivrez aujourd’hui la terre [106] ! Vous n’étiez point connue, vous-même
vous ignoriez, ô la plus belle des filles d’Adam, jusqu’à cette première sortie
qui vous amène vers nos pauvres demeures [107] et manifeste votre puissance. Le
désert, embaumé soudain des senteurs du ciel, acclame au passage, non plus
l’arche des figures, mais la litière du vrai Salomon, en ces jours mêmes qui
sont les jours des noces sublimes qu’a voulu contracter son amour [108]. Quoi
d’étonnant si d’une course rapide elle franchit les montagnes, portant l’Époux
qui s’élance comme un géant de sommets en sommets [109] ?
Vous n’êtes pas, ô Marie, celle qui nous est montrée dans le divin Cantique
hésitante à l’action malgré le céleste appel, inconsidérément éprise du
mystique repos au point de le placer ailleurs que dans le bon plaisir absolu du
Bien-Aimé. Ce n’est point vous qui, à la voix de l’Époux, ferez difficulté de
reprendre pour lui les vêtements du travail, d’exposer tant qu’il le voudra vos
pieds sans tache à la poussière des chemins de ce monde [110]. Bien plutôt : à
peine s’est-il donné à vous dans une mesure qui ne sera connue d’aucune autre,
que, vous gardant de rester absorbée dans la jouissance égoïste de son amour,
vous-même l’invitez à commencer aussitôt le grand œuvre qui l’a fait descendre
du ciel en terre : « Venez, mon bien-aimé, sortons aux champs, levons-nous dès
le matin pour voir si la vigne a fleuri, pour hâter l’éclosion des fruits du salut
dans les âmes ; c’est là que je veux être à vous » [111]. Et, appuyée sur lui,
non moins que lui sur vous-même, sans rien perdre pour cela des délices du
ciel, vous traversez notre désert [112] ; et la Trinité sainte perçoit, entre
cette mère et son fils, des accords inconnus jusque-là pour elle-même ; et les
amis de l’Époux, entendant votre voix si douce [113], ont, eux aussi, compris
son amour et partagé vos joies. Avec lui, avec vous, de siècle en siècle, elles
seront nombreuses les âmes qui, douées de l’agilité de la biche et du faon
mystérieux, fuiront les vallées et gagneront les montagnes où brûle sans fin le
pur parfum des cieux [114].
Bénissez, ô Marie, ceux que séduit ainsi la meilleure part. Protégez le saint
Ordre qui se fait gloire d’honorer spécialement le mystère de votre Visitation
; fidèle à l’esprit de ses illustres fondateurs, il ne cesse point de justifier
son titre, en embaumant l’Église de la terre de ces mêmes parfums d’humilité,
de douceur, de prière cachée, qui furent pour les anges le principal attrait de
ce grand jour, il y a dix-huit siècles. Enfin, ô Notre-Dame, n’oubliez point
les rangs pressés de ceux que la grâce suscite, plus nombreux que jamais en nos
temps, pour marcher sur vos traces à la recherche miséricordieuse de toutes les
misères ; apprenez-leur comment on peut, sans quitter Dieu, se donner au
prochain : pour le plus grand honneur de ce Dieu très-haut et le bonheur de
l’homme, multipliez ici-bas vos fidèles copies. Que tous enfin, vous ayant
suivie en la mesure et la manière voulues par Celui qui divise ses dons à
chacun comme il veut [115], nous nous retrouvions dans la patrie pour chanter
d’une seule voix avec vous le Magnificat éternel !
[59] Gen. IX, 12-17.
[60] Eccli. XLIII, 12-13.
[61] Psalm. CXXXI, 8.
[62] II Reg. VI.
[63] I Reg. V.
[64] Psalm. CXXXI, 8-9, 14-18.
[65] I Reg. IV, 5-8.
[66] Gen. III, 11.
[67] Josué, III, IV.
[68] Ibid. VI.
[69] Judic. V, 12.
[70] Ibid. 7.
[71] Ibid. 3.
[72] Psalm. XXXIII, 4.
[73] I Reg. II, 1.
[74] Judith, XIII, 18.
[75] Ibid. 23, 31 ; XV, 11.
[76] Exod. XV, 2-3, 11.
[77] I Reg. II, 2.
[78] Esther, IX, 28.
[79] Judith, IX, 11.
[80] I Reg. II, 4-3.
[81] Esther, X, 12.
[82] Ibid. XIII, 15 ; XIV, 5.
[83] Exod. XV, 20-21.
[84] Voir en la fête du Précieux Sang.
[85] SÉDULIUS, Carmen paschale, lib. II, v. 63-69.
[86] I Cor. II, 14.
[87] Matth. XI, 23.
[88] Ibid. 15 ; XIII, 9.
[89] Matth. XVIII, 3.
[90] Ibid. XIII, 11.
[91] Ibid. XI, 19.
[92] I Cor. II, 9.
[93] Hymnus Completorii in festis B. Mariae (antiphonar. Senon.
1552.)
Virgo Dei Genitrix, quem totus non capit orbis :
In tua se clausit viscera factus homo.
Vera fides Geniti purgavit crimina mundi :
Et tibi virginitas inviolata manet.
Te matrem pietatis, opem te clamitat orbis :
Subvenias famulis, o benedicta, tuis.
Vierge mère de Dieu, celui que le monde entier ne saurait contenir
s’est enfermé dans votre sein, s’y faisant homme.
La foi en votre Fils a purifié les crimes du monde ;
et la virginité vous demeure inviolée.
L’univers vous salue comme la mère de l’amour ;
l’univers vous proclame sa puissance : à vos serviteurs, ô bénie, soyez
secourable.
Gloire immense soit au Père ; à vous, ô Fils, gloire égale ;
à l’Esprit-Saint, également Dieu, gloire immense !
Amen.
[94] II Cor. V, 14.
[95] Luc. I, 39.
[96] Psalm. XXX, 21.
[97] Heb. IV, 12.
[98] I Cor. VI, 17.
[99] Rom. VIII, 21 ; II Cor. III, 1 7.
[100] Hymn. O Christi mater fulgida. Dan. IV, 276.
[101] Hymn. O Christi mater cœlica. Dan. IV, 236.
[102] Cant. VI, 9.
[103] III Reg. XVIII, 44 ; Isai. XIX, 1.
[104] Eccli. XLIII, 21-24.
[105] Cant. VII, 1.
[106] Ibid. I, 5.
[107] Ibid, 7.
[108] Ibid. III, 6-11.
[109] Psalm. XVIII, 6-7.
[110] Cant. V, 2-6.
[111] Cant. VII, 10-13.
[112] Ibid. VIII, 5.
[113] Ibid. 13.
[114] Ibid. 14.
[115] I Cor. XII, 11.
Maître
Heinrich de Constance. Visitation, Groupe scuplté sur bois.
Vers 1310. Metropolitan Museum of Art. New York.
Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum
L’ancienne liturgie romaine commémorait ce mystère le vendredi de la IIIe
semaine de l’Avent, par la lecture de l’évangile encore assigné d’ailleurs à ce
jour.
Toutefois le sens de la liturgie ayant décliné parmi le peuple, la solennelle
et riche simplicité du rit romain ne fut plus si bien comprise ; c’est pourquoi
des circonstances occasionnelles firent instituer d’autres fêtes qui
représentent une exacte répétition des anciennes, dépourvues désormais de
popularité.
Ainsi en advint-il pour la Visitation de la sainte Vierge à Élisabeth. Les
Byzantins célébraient le 2 juillet, depuis de nombreux siècles déjà, la
déposition du vêtement de la Mère de Dieu dans la basilique des Blachernes en
469. On ne sait comment cette fête mariale se répandit aussi chez les Latins ;
mais ceux-ci, en considération de l’octave de saint Jean-Baptiste, modifièrent
sa signification et en firent la commémoration de la présence de Marie dans la
maison de Zacharie et d’Élisabeth, alors que le Précurseur fut sanctifié dans
le sein de sa mère et vint au monde.
On trouve cette fête chez les Franciscains dès 1263 ; Urbain VI, Boniface IX et
enfin le Concile de Bâle en firent une fête d’obligation pour toute l’Église
latine.
Saint François de Sales était très dévot à ce mystère, en l’honneur duquel il
institua ses religieuses de la Visitation. Dans la pensée primitive de
l’aimable Saint, les religieuses devaient imiter Marie dans la charitable
assistance qu’elle prêta à sa vénérable parente, qui avait conçu par miracle et
était sur le point d’enfanter. La Providence se plut cependant à modifier les
plans du saint évêque entre les mains mêmes de son auteur, aussi celui-ci
disait-il parfois, avec une délicate finesse, avoir fait ce qu’il n’avait
jamais eu l’intention d’accomplir, sans pouvoir faire pourtant ce que vraiment
il eût souhaité. Sur l’arbre de la Visitation planté par l’Évêque de Genève, se
sont épanouies deux fleurs splendides dont l’Église a couronné son front ; ce
sont sainte Françoise de Chantal et sainte Marguerite-Marie Alacoque.
L’antienne pour l’introït est due à Sédulius, contemporain de saint Jérôme et
dont l’Église a adopté quelques hymnes pour l’office divin :
Salve, Sancta Parens, enixa puerpera Regem
Qui cælum terramque tenet per sæcula... [116]
« Salut, ô Mère sainte, qui avez donné le jour
à Celui qui gouverne éternellement le ciel et la terre ».
L’antithèse entre les deux idées émises ici par le prêtre Sédulius et si bien
exprimées également par Dante : Vergine e Madre, Figlia del tuo Figlio, est
gracieusement illustrée par ces deux vers du moyen âge qu’on trouve parfois
sous l’image de Notre-Dame portant le Divin Enfant. On y lit en effet :
Au-dessous de l’Enfant Jésus :
Es mihi nate, Pater
et au-dessous de la sainte Vierge :
Sum tamen Filia, Mater.
Les collectes sont empruntées à la fête de la Nativité de la sainte Vierge dans
le Sacramentaire d’Hadrien : « Accordez, Seigneur, à vos serviteurs, le secours
de votre grâce ; et à ceux qui, dans l’enfantement de la Vierge, reconnaissent
le principe de leur salut, que la pieuse fête de sa Visitation apporte aussi
une augmentation de paix ».
Cette augmentation de paix est l’effet de la charité et de la grâce, qui nous
établit dans l’ordre et nous met en paix avec Dieu, avec nous-mêmes et avec le
prochain.
Cette paix que l’Apôtre ne cesse de souhaiter à ses correspondants est le bien
le plus désirable ici-bas, puisqu’elle est la tranquillité dans l’ordre ; elle
comprend donc l’empire incontesté de Dieu sur tous les mouvements inférieurs.
C’est ce don qui rendait inébranlables et joyeux les martyrs au milieu même des
supplices ; c’est pourquoi l’Écriture dit à leur sujet : Visi sunt oculis
insipientium mon... illi autem sunt in pace [117].
La première lecture est tirée du Cantique des Cantiques (II, 8-14). L’époux,
d’un pas rapide et léger, va vers l’épouse à travers les rochers et les
collines, et partout où il pose son pied, les marguerites s’épanouissent et le
parfum des arbres en fleurs se répand alentour. Marie qui, enceinte du Verbe de
Dieu incarné, se rend en hâte sur les monts de la Judée pour sanctifier Jean
encore endormi dans le sein de sa mère, prélude à ces interminables processions
eucharistiques où l’Époux divin, trônant sur les bras de ses prêtres, parcourt
triomphalement les routes de ce misérable monde, et répand autour de Lui le
parfum de ses grâces.
Le répons et le verset alléluiatiques semblent tirés du grec, comme tant
d’autres éléments de l’office de Notre-Dame. « Vous êtes bénie et vénérable, ô
Vierge Marie, qui, sans atteinte de votre pudeur, êtes devenue Mère du Sauveur
». « O Vierge Mère de Dieu, Celui que ne peut contenir le monde entier,
devenant mortel a voulu s’enfermer dans votre sein ». « Alléluia. Vous êtes
heureuse, ô sainte Vierge Marie, digne de toute louange, parce que de vous est
né le Christ notre Dieu, le vrai Soleil de justice ».
Voilà comment, contrairement aux calomnies des protestants, la liturgie
attribue toute la grandeur et la dignité de la Vierge très sainte à son intime
union à Dieu et à sa fonction de Mère de Jésus-Christ, principe de toute
sainteté et cause du salut des hommes.
Il faut noter que l’ancienne et rigide discipline romaine excluait de la sainte
messe ces chants provenant d’autres sources que des textes scripturaires. C’est
pourquoi dans l’Antiphonaire Grégorien, pour les fêtes de Notre-Dame, nous
trouvons assignés l’introït Vultum tuum et les autres chants que nous avons
déjà rencontrés le jour de l’Annonciation et aux différentes messes du Commun
des Vierges.
La lecture évangélique est la même que le vendredi des Quatre-Temps d’Avent.
Dès qu’elle a conçu Jésus en son sein, Marie va immédiatement porter les
prémices de sa bénédiction à celui qui devait être le plus grand parmi les fils
de la femme. Saint Paul observe que celui qui bénit est supérieur à celui qui
est béni. Marie — et à cause d’elle saint Joseph également — appartiennent donc
à une catégorie spéciale et supérieure, qui, en raison de l’union hypostatique
du fruit virginal de leur mariage, dépasse de beaucoup la sainteté du
Précurseur lui-même.
Le verset de l’offertoire est le suivant : « Vous êtes bienheureuse, ô Vierge
Marie, qui avez porté dans votre sein le Créateur de toutes choses. Vous avez
donné l’être à Celui qui vous a créée, et vous demeurez pour toujours vierge
sans tache ». Dieu s’humilie pour élever la créature ; dès lors, plus a été
profond l’anéantissement de la gloire du Verbe divin quand il s’est fait homme,
plus élevée a été la gloire de Celle dont il prit son corps mortel et la vie
qui devait être le prix de la Rédemption.
Voici la collecte sur les oblations : « Que l’amour que nourrit pour nous votre
Fils unique, vienne, Seigneur, à notre secours ; et comme, en naissant de la
Vierge, il ne lésa pas, mais consacra au contraire la pureté de sa Mère,
qu’ainsi, en la fête de sa Visitation, il nous purifie du péché et vous rende
agréable notre offrande Jésus-Christ notre Seigneur, lequel, etc ».
Le mot humanitas que nous traduisons en français par amour envers les hommes, a
son correspondant grec dans le mot φιλανθρωπία. On a beaucoup abusé de ce terme
sacré, qu’on a voulu opposer, comme une forme laïque, à la charité chrétienne.
Vain effort. La philanthropie est une nuance délicate et spéciale de la
charité, et saint Paul employa ce mot quand il voulut décrire l’ineffable amour
de Dieu fait homme par amour pour les hommes : ἡ χρηστότης καὶ ἡ φιλανθρωπία ἐπεφάνη
τοῦ σωτῆρος ἡμῶν θεοῦ [118].
L’antienne pour la Communion des fidèles s’inspire en partie de cette
bénédiction enthousiaste que, nous dit l’Évangile, une femme appela sur Celle
qui avait donné le jour à Jésus et l’avait allaité quand il était petit enfant
(Luc., XI, 27-28) : « Bienheureux le sein de la Vierge Marie qui porta le Fils
du Père éternel ».
Nous aussi, après la sainte Communion, nous avons part à cette gloire et à
cette félicité, parce que, comme Jésus se cacha neuf mois dans le sein
maternel, ainsi maintenant, dans la divine Eucharistie, Il vient habiter dans
le cœur de ses fidèles. Voici la belle collecte d’action de grâces, sobre et
solennelle dans sa classique élégance romaine : « Nous avons participé,
Seigneur, au sacrifice offert en l’honneur de la fête annuelle que nous
célébrons aujourd’hui ; faites que cette Communion nous procure des grâces
abondantes pour la vie temporelle non moins que pour la vie éternelle ».
Il existe d’intimes relations entre la sainte Communion et la bienheureuse
Vierge ; non seulement parce que la Victime du Sacrifice eucharistique prit sa
chair, son sang et sa vie de Marie, mais encore parce que Marie se substitue à
Ève dans la loi de grâce. Comme cette dernière désobéit à Dieu et présenta à
Adam le fruit de malédiction, la bienheureuse Vierge obéit au Seigneur et
offrit son Enfant béni pour qu’il fût le prix du rachat commun, le pain du
salut, l’antidote contre le venin inoculé dans la race humaine par le fruit
défendu.
[116] Carm. Paschal, II, 43, 64. P. L., XIX, 599.
[117] Sap., III, 2-3 : Aux yeux des insensés ils ont paru mourir, … et
cependant ils sont en paix.
[118] Tit., III, 4 : La bonté de Dieu, notre Sauveur, et son amour pour les
hommes ont paru.
La Visitation, folio 59v, Les Très Riches Heures du duc de Berry, enluminure, vers 1415, Condé Museum
Dom Pius Parsch, Le Guide dans l’année liturgique
Mon âme glorifie le Seigneur.
1. La fête de la visite de Marie à Sainte Élisabeth remonte au Moyen Age ;
l’Église orientale célébrait déjà au même jour (2 juillet) depuis de nombreux
siècles une fête de la Sainte Vierge (la déposition du vêtement de Marie dans
le faubourg des Blachernes à Constantinople). Cette circonstance et la
proximité de la nativité de saint Jean-Baptiste légitiment la fixation de notre
fête à cette date. La visite de la Mère de Dieu à Élisabeth est en relation
intime avec la naissance de saint Jean-Baptiste. Aussitôt après l’Annonciation,
Marie se rendit chez sa cousine Élisabeth dans les montagnes de Juda, où eut
lieu la mémorable rencontre des deux saintes femmes. C’est en cette
circonstance que prit naissance le Magnificat, cantique si souvent employé et
tenu en si haute estime par la liturgie. Marie demeura environ trois mois chez
Élisabeth ; elle s’y trouvait peut-être encore au moment de la circoncision de
Jean quand Zacharie chanta son cantique d’action de grâces, le Benedictus Elle
retourna ensuite à Nazareth où l’attendait une pénible épreuve.
2. La messe (Salve). — La messe comporte, avec le commun des messes de la
Sainte Vierge, quelques parties propres : la leçon évoque sous les traits
imagés d’un amour virginal la divine maternité de Marie et son amour pour son
divin Fils ; le voyage de Marie à travers les montagnes est préfiguré dans les
versets suivants : « Écoute ! Voici mon bien-aimé qui vient ; il bondit sur les
montagnes et franchit en toute hâte les colline ». — A ces mots répond, dans
l’Évangile, le texte suivant : « Marie se leva et partit en toute hâte dans la
montagne, dans une ville de Juda ». Au Saint-Sacrifice nous partageons le
bonheur de l’Épouse bénie du Saint-Esprit et nous lui ressemblons : « le
Seigneur nous visite » nous aussi, comme Jean-Baptiste et Élisabeth, de sa
grâce et de sa lumière.
3. La lecture d’Écriture est tirée aujourd’hui du Cantique des cantiques. — Ce
choix est fait en raison de la fête (II, 1-17). Le Cantique des cantiques est
l’un des trois livres de la Sainte Écriture qui nous sont parvenus sous le nom
de Salomon ; au sens littéral, il chante la liaison du roi Salomon avec une
jeune bergère ; en voici les phases principales : les deux personnages
éprouvent l’ardent désir d’une union matrimoniale, ils expriment par des chants
et des dialogues leur passion mutuelle, ils se plaignent des obstacles qui
s’opposent à leur union. Toutefois, au sens complet et chrétien, le Cantique
des cantiques peint l’amour du Christ pour son Église, pour les âmes unies à
Dieu, et réciproquement. Nous-mêmes, occidentaux, ne soyons pas choqués par la
passion et le réalisme contenus dans les images du Cantique des cantiques. Les
leçons de l’office d’aujourd’hui nous donnent un extrait de ce livre.
« Écoute ! Voici mon bien-aimé qui vient ; il bondit sur les montagnes,
franchissant en toute hâte les collines ; mon bien-aimé est semblable à la
gazelle ou au faon des biches ; vois ! Il est là derrière le mur, il regarde
par la fenêtre, il regarde par le treillis. Maintenant mon bien-aimé prend la
parole et me dit : « Lève-toi, mon amie ; hâte-toi, ma colombe, ma belle ;
viens ! L’hiver est fini ; la pluie a cessé, elle a disparu ; les fleurs
paraissent sur la terre, le temps est venu de tailler la vigne ; la voix de la
tourterelle se fait entendre dans nos campagnes. Le figuier développe déjà ses
fruits naissants, la vigne en fleur exhale son parfum ».
5. Le Magnificat. — Notre fête est l’anniversaire de la composition du
Magnificat, le cantique d’action de grâces de la Sainte Vierge si vénéré dans
l’Église.
Mon âme glorifie le Seigneur,
Et mon esprit tressaille de joie
En Dieu, mon Sauveur,
Parce qu’il a jeté les yeux sur son humble servante.
Voici, en effet, que désormais m’appelleront bienheureuse toutes les
générations,
Parce qu’il a fait en moi de grandes choses,
Celui qui est puissant et dont le nom est saint,
Et dont la miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
Il a déployé la force de son bras,
Il a dissipé ceux qui s’enorgueillissaient dans les pensées de leur cœur ;
Il a renversé de leur trône les potentats
Et il a élevé les petits ;
Il a comblé de biens les affamés ;
Et les riches, il les a renvoyés les mains vides.
Il a pris par la main Israël, son enfant,
Se souvenant de sa miséricorde,
Ainsi qu’il l’avait promis à nos pères,
Envers Abraham et sa descendance pour toujours.
Le Magnificat est le chant d’action de grâces de la Sainte Vierge pour
l’honneur de la maternité divine qu’elle a reçu et pour la rédemption de
l’humanité. Pour bien comprendre aujourd’hui cette prière, nous devons nous
reporter au grand moment où elle a pris naissance ; Marie reçoit de l’ange la
nouvelle qu’elle est fut appelée à devenir la mère du Fils de Dieu ; elle ne
peut encore concevoir la grande grâce qui lui est faite et il n’y a personne à
côté d’elle en qui elle puisse épancher l’émotion de son cœur ; alors, elle se
rend dans les montagnes de Juda, chez sa cousine Élisabeth qui avait été
honorée d’une grâce du même genre. Celle-ci, éclairée par Dieu, salue et reçoit
Marie comme la Mère de son Dieu. Alors Marie ne peut plus contenir les
sentiments de son âme, elle laisse parler son cœur débordant de reconnaissance
; le Magnificat s’échappe comme un chant et une prière pour remercier Dieu de
l’honneur de la maternité divine et de la rédemption du genre humain. Le
cantique se divise en trois strophes :
1re str. :
— a) Remerciement pour la grâce et l’honneur qui lui sont faits,
— b) Glorification des trois attributs de Dieu : toute-puissance, sainteté,
miséricorde.
2e str. : Glorification du règne de Dieu sur l’humanité (les orgueilleux et les
humbles).
3e str. : Dieu accomplit les promesses messianiques.
Paraphrase et suite des idées :
1.
— a) Je remercie d’un cœur débordant de joie le Seigneur ; pourquoi ? Il a
exercé envers moi, son humble et indigne servante, une œuvre de grâce
exceptionnelle (c’est-à-dire la grâce de la maternité divine). Conséquence de
cette grâce : je serai distinguée entre toutes par l’humanité entière ;
— b) Il m’a élevée bien haut, le Dieu tout-puissant, très saint et très
miséricordieux. L’incarnation du Fils de Dieu et la Rédemption, qui commence
avec mon élévation, voilà la plus grande œuvre de la toute-puissance divine ;
par là Dieu manifeste sa Sainteté, son horreur pour le péché, et son immense
Miséricorde envers l’humanité pécheresse.
2. Par l’énumération des attributs de Dieu, Marie a passé de sa personne au
plan divin de salut, et elle expose dans la strophe centrale les traits
essentiels de la prédestination et de l’économie du salut : la puissance de
Dieu se manifeste en vouant à l’échec le vain orgueil des puissants et en
appelant à la gloire ceux qui sont petits et bas aux yeux du monde.
3. Après avoir fait ces réflexions, Marie constate avec joie que Dieu peut
délivrer Israël, et cela parce que Dieu est miséricordieux et fidèle ;
miséricordieux, parce qu’Israël ne peut pas se sauver tout seul ; fidèle, parce
que Dieu a promis le salut aux ancêtres de son peuple.
Comme toute la poésie de l’Ancien Testament et des premiers temps du christianisme,
notre cantique révèle un art très simple. Le rythme des pensées et le
parallélisme bien connu des phrases y sont évidents. Peut-être le cœur de Marie
a-t-il trouvé, pendant le séjour de trois mois qu’elle fit dans la maison
sacerdotale, la dernière forme poétique de son inspiration. — Notre cantique
prit place de bonne heure dans la liturgie ; dès le IVe siècle on le récitait à
l’office, et il fut sans doute introduit dans les vêpres par saint Benoît.
SOURCE : http://www.introibo.fr/02-07-Visitation-de-la-Vierge#nh118
Présentation de l’icône
de la Visitation
Dans l’évangile (Luc 1; 39-56 ) on appelle « Visitation» la visite de Marie
récemment enceinte de Jésus à sa cousine Elisabeth, "enceinte aussi",
comme l’archange Gabriel le lui avait annoncé. Elisabeth « la stérile » attends
un enfant comme un ange l’avait aussi annoncé à Zacharie, son époux, dans le
temple où il officiait comme prêtre. Devant l’incrédulité de Zacharie, l’ange
l’avait rendu muet. Elisabeth est à son 7e mois de grossesse quand Marie vient
la visiter à Hébron.
Lorsque Marie salue Elisabeth, celle-ci est remplie de l’Esprit Saint qui lui
révèle la maternité divine de Marie et elle s’écrie : « Bénie es-tu parmi
toutes les femmes et béni est ton enfant ! Quel honneur que la mère de mon
Seigneur vienne jusqu’à moi ! Au son de ta voix mon enfant a tressailli de joie
dans mon sein !». Marie devant la confirmation de sa maternité divine, rend
grâce à Dieu par le chant du « Magnificat ».
Marie séjourna chez Elisabeth pendant 3 mois pour l’aider dans son accouchement
jusqu’à la circoncision de Jean qui sera le « Précurseur » de Jésus, le «
Baptiste », celui chargé d’annoncer sa venu et de convertir par le baptême dans
l’eau du Jourdain.
L’icône qui représente cette scène est axée sur la descente de l’Esprit sur
Elisabeth et centrée sur la relation entre les 2 mères qui jubilent dans une
communion marquée par les cercles concentriques à leurs auréoles et qui sont
tangents au cercle de l’Esprit Saint. L’Esprit Saint touche le petit Jean qui
bondit de joie dans le sein d’Elisabeth en reconnaissant son Seigneur, celui
dont il aura mission d’annoncer la venue. Zacharie reste prostré dans son doute
et son mutisme dont il sera délivré en confirmant que le nom de son enfant sera
Jean comme l’ange l’avait demandé.
Les couleurs et lignes de leurs vêtements correspondent à leur état d’âme. Au
fond, derrière Marie, s’esquissent les collines de Judée qu’elle a traversées
pour aller de Nazareth à Hébron et derrière Zacharie sont figurés sa maison et
le temple.
Le dessin de l’icône a été inspiré d’une fresque de Mgr Jean de St Denis,
évêque orthodoxe de France, iconographe.
« Vierge Marie, sainte Mère de Dieu,
Visite-nous avec ton Fils Jésus,
Que tout notre être profond trésaille de joie
en reconnaissant son Seigneur
Et prépare sa venue en nous. »
Alain, octobre 2010
Texte de la Visitation dans l’évangile de St. Luc (1; 39-56 )
« En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la
montagne de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en
elle.
Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte :
"Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est
béni.
Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli
d’allégresse au-dedans de moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites
de la part du Seigneur."
Marie dit alors :
"Mon âme exalte le Seigneur,
mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur.
Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom !
Son amour s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras,
il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes,
il élève les humbles.
Il comble de bien les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur,
il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères,
en faveur d’Abraham et de sa race à jamais." »
SOURCE : http://iconesalain.free.fr/Presentations/61.Visitation.Presentation.htm
Scuola Fiorentina (Florentine School),Visitazione, xv sec, Pinacoteca Vaticana
Tu es bénie
39.
Miriâm se lève en ces jours, elle va dans la
montagne, et s’empresse vers une ville de Iehouda.
40.
Elle entre dans la maison de Zekharyah et salue
Èlishèba‘.
41.
Et c’est, quand Èlishèba‘ entend la salutation de
Miriâm, l’enfant tressaille dans son ventre.
Èlishèba‘ est remplie par
le souffle sacré.
42.
Elle crie d’une voix forte et dit:
« Tu es bénie entre
les femmes, et béni le fruit de ton ventre !
43.
Pour moi, d’où cela, que la mère de mon Adôn vienne
vers moi ?
44.
Oui, la voix de ta salutation est parvenue à mes
oreilles; et voici, l’enfant tressaille d’exultation dans mon ventre;
45.
En marche, celle qui adhère à la réalisation
plénière de ce qui lui a été dit de la part de IHVH-Adonaï ! »
46.
Et Miriâm dit: « Mon être exalte IHVH-Adonaï;
47.
mon souffle exalte pour Elohîms, mon sauveur,
48.
parce qu’il a regardé l’humilité de sa servante.
Voici, désormais tous les
âges me diront: En marche !
49.
Oui, le Puissant fait pour moi des grandeurs, et son
nom est sacré.
50.
Son secours matriciel, d’âge en âge sur ses
frémissants,
51.
il fait prouesse de son bras;
il disperse les
orgueilleux en l’intelligence de leur coeur.
52.
Il fait descendre les puissants des trônes, mais relève
les humbles.
53.
Il remplit de biens les affamés; et les riches, il les
renvoie, vides.
54.
Il soutient Israël, son enfant, ayant en mémoire de le
matricier,
55.
comme il l’a dit à nos pères, en faveur d’Abrahâm
et de sa semence, en pérennité. »
56.
Miriâm demeure avec elle trois mois environ; puis
elle revient dans sa maison.
Annonce de Loucas / Évangile
de Luc, version A. Chouraqui.
Pietro Perugino (1448–1523). La
Visitazione con Sant’Anna, San Giovannino e le Stimmate di San Francesco.
vers
1470, 32 x 34, Galleria dell'Accademia di
Firenze
La charité chrétienne
expliquée par la Visitation
Jean-Michel
Castaing | 30 mai 2019
Comment le mystère de la
Visitation éclaire la différence chrétienne dans la pratique de la charité.
L’individualisme qui
règne dans nos sociétés libérales n’a pas enseveli toutes les bonnes volontés
sous les décombres des biens de consommation usagés. L’humanitaire continue à
susciter des vocations. Lointaines héritières des ordres caritatifs de
l’Église, les ONG qui œuvrent à travers le monde, perpétuent cette tradition de
secours et d’assistance aux plus démunis. Dans ce contexte, où se situe la
différence chrétienne ? Le mystère de la Visitation apporte des lumières à
cette question.
La charité de Marie dopée
par l’enfant qu’elle porte en elle
En fait, avant d’agir à
l’extérieur, le disciple du Christ opère une conversion intérieure. La première
personne à évangéliser sera toujours lui-même ! Avant de convertir la société
ou de lui porter secours, chacun est appelé à se convertir soi-même et à
prendre des vitamines spirituelles. Alors, et alors seulement, il deviendra
apte à aider son prochain. Pour un chrétien, ce travail intérieur se traduit
par une existence toujours plus conforme à celle du Christ. Faire siens les
sentiments, les pensées, la volonté de Jésus. Voilà pourquoi le mystère de la
Visitation suit celui de l’Annonciation.
Marie, « dopée » par l’enfant divin qu’elle porte en elle, s’élance
chez sa cousine afin de lui porter secours et réconfort.
« Faire la
charité » : l’expression est passée de mode, et reste connotée
négativement dans notre monde athée. On la suspecte d’avaliser des comportements
paternalistes, une bonté de « haut en bas » qui humilierait les
bénéficiaires de nos largesses. Rien de tel avec la visite de Marie chez
Élisabeth. Le chrétien agit parce que le Christ vit en lui, comme il vivait
dans la jeune femme enceinte de Galilée, qui était partie aider sa cousine plus
âgée qui attendait elle aussi un enfant.
Savoir remercier
Loin d’être prétexte à
gloriole, le service du prochain représente pour le chrétien une occasion de
rendre grâce au Créateur. Marie entonne le Magnificat,
le plus célèbre chant de louange et de remerciement de tous les temps, lors de
la Visitation.
Notre époque, fière de
ses réalisations, de ses prouesses techno-scientifiques, de son autonomie et de
toute la panoplie de droits octroyés aux individus, serait bien inspirée
d’imiter Marie en remerciant Celui dont elle a reçu le mouvement et l’être. La
Vierge qui a porté en son sein Celui qui porte tout, nous apprend qu’il n’y a
rien d’humiliant à dire « merci ». Hélas ! la foi dans les progrès
techniques et scientifiques, la sécularisation du monde ainsi que la méfiance
envers les dogmes religieux, ont rendu l’individu postmoderne peu enclin à
chercher s’il existait Quelqu’un à remercier pour le cadeau de la vie. Cet
individu ne cultive peut-être plus la crainte de Dieu. Pourtant, la peur n’a
pas disparu pour autant : que l’on pense à celle que suscitent la maladie, le
handicap, le déclassement social ou la souffrance en général. Ces angoisses
n’ont jamais été aussi prégnantes et obsédantes.
Dignité de l’enfant à
naître
Il est un autre
enseignement, tout aussi fondamental, que nous apprend l’événement de la
Visitation : celui de la
dignité de l’enfant à naître. Dans cette rencontre des deux mères,
Jésus sanctifie Jean-Baptiste dans le ventre de sa mère Élisabeth. Aussi ce
second mystère joyeux est-il tout indiqué pour nous faire prendre conscience
que la vie humaine doit être défendue dès sa conception. L’embryon, puis le
fœtus, sans voix, sont les plus fragiles d’entre nous. Leur dignité n’en est
pas moindre pour autant.
Il est dit du Baptiste
qu’il a été consacré à Dieu et « rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa
mère » (Lc
1,15). Cependant, cette mise à part du Précurseur ne signifie pas que les
autres hommes ne seraient pas, d’une façon ou d’une autre, consacrés eux aussi
au Seigneur. Par le baptême nous devenons des saints de Dieu, Ses fils. Mais
avant ? Sommes-nous des amas de viande, de cellules, indifférents à Ses yeux ?
Bien sûr que non ! Voilà pourquoi attenter à la vie humaine en gestation, et
dès sa conception, constitue déjà une profanation, un sacrilège. On peut dire
la même chose de sa mutilation, comme c’est le cas avec certaines recherches
sur l’embryon.
Puissance révélatrice des
enfants
Dans la scène évangélique
de la rencontre des deux mères, Marie et Élisabeth, les deux petits êtres
enfermés dans leurs seins ne sont pas de moindre importance qu’elles ! Ce
mystère souligne que la vie encore à naître fait déjà partie du monde des
humains, et qu’elle y est même très active. En tressaillant d’allégresse en
elle, Jean-Baptiste apprend à sa mère qui sont Marie et Jésus ! De même,
l’enfant qu’elle porte en elle révèle souvent à la femme à quelle dignité Dieu
l’élève, ainsi que son époux, en les rendant tous les deux pro-créateurs d’un
être infini et immortel.
Visitation : Marie, ma
joie
Jacques
Gauthier/Le
blogue de Jacques Gauthier | 31 mai 2014
Poème pour la fête de la
Visitation -la rencontre de Marie et de sa cousine Elisabeth- que l’Eglise
célèbre le 31 mai.
31/05/2014
Je marche avec toi,
ô Marie, ma joie,
toujours là, en secret,
pas à pas dans l’intime,
au bras des heures.
Tu me visites en chemin
comme jadis sur les collines
chez ta cousine Élisabeth.
Mon coeur bondit de gratitude
avec son poids de vie.
J’égrène ton nom sur la route,
ma prière en fleurs de mai,
tu m’aides à méditer la Parole
qui épouse mon silence
à la table basse des enfants.
Tu me donnes du souffle,
je me sens bien avec toi,
tu me conduis au Fils bien-aimé
qui nous comble de sa présence,
ô Marie, ma joie.
Prières
de toutes les saisons, Jacques Gauthier, Bellarmin/Parole et Silence, 2007,
p. 55.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/2014/05/31/visitation-marie-ma-joie/
Maestro de Perea (fl. 15th century ), La Visitación, circa 1500, 176 x 155, Museo del Prado
Visitation of the Blessed
Virgin Mary
The event
Assuming that the Annunciation and
the Incarnation took
place about the vernal equinox, Mary left Nazareth at
the end of March and went over the mountains to Hebron,
south of Jerusalem,
to wait upon her cousin Elizabeth, because her presence and much more the
presence of the Divine
Child in her womb, according to the will of God,
was to be the source of very great graces to
the Blessed
John, Christ's Forerunner.
The event is related
in Luke
1:39-57. Feeling the presence of his Divine
Saviour, John, upon the arrival of Mary,
leaped in the womb of his mother; he was then cleansed from original
sin and filled with the grace
of God. Our
Lady now for the first time exercised the office which belonged to the
Mother of God
made man, that He might by her mediation sanctify and glorify
us. St. Joseph probably accompanied Mary,
returned to Nazareth,
and when, after three months, he came again to Hebron to
take his wife home, the apparition of
the angel,
mentioned in Matthew
1:19-25, may have taken place to end the tormenting doubts of Joseph regarding Mary's maternity.
(Cf. also MAGNIFICAT.)
The feast
The earliest evidence of
the existence of the feast is
its adoption by the Franciscan Chapter in
1263, upon the advice of St.
Bonaventure. The list of feasts in
the "Statuta Synodalia eccl. Cenomanensis" (1237, revised 1247; Mansi,
supplem., II, 1041), according to which this feast was
kept 2 July at Le
Mans in 1247, may not be genuine.
With the Franciscan Breviary this feast spread
to many churches,
but was celebrated at various dates — atPrague and Ratisbon,
28 April; in Paris,
27 June, at Reims and Geneva,
8 July (cf. Grotefend, "Zeitrechnung", II, 2, 137). It was extended
to the entire Church by Urban
VI, 6 April, 1389 (Decree published
by Boniface
IX, 9 Nov., 1389), with the hope that Christ and His
Mother would visit the Church and
put an end to the Great
Schismwhich rent the seamless garment of Christ.
The feast,
with a vigil and
an octave,
was assigned to 2 July, the day after the octave of St. John,
about the timewhen Mary returned
to Nazareth.
The Office was drawn up by an Englishman, Adam
Cardinal Easton, Benedictinemonk and Bishop of Lincoln (Bridgett,
"Our Lady's Dowry", 235). Dreves (Analecta Hymnica, xxiv, 89) has
published this rhythmical
office with nine other offices for
the same feast,
found in the Breviaries of
the fourteenth and fifteenth centuries. Since, during the Schism,
many bishops of
the opposing obedience would not adopt the new feast,
it was confirmed by the Council
of Basle, in 1441.
Pius
V abolished the rhythmical
office, the vigil, and the octave. The
present office was compiled by order ofClement
VIII by the Minorite Ruiz. Pius
IX, on 13 May, 1850, raised the feast to
the rank of a double of the second class. Many religious orders
— the Carmelites, Dominicans, Cistercians, Mercedarians, Servites,
and others — as well as Siena, Pisa, Loreto, Vercelli, Cologne,
and other dioceses have
retained the octave. In Bohemia the feast is
kept on the first Sunday of
July as a double of the first class with an octave.
Sources
HOLWECK, Fasti Mariani (Freiburg, 1892); GROTEFEND, Zeitrechnung (Leipzig,
1892). On the iconography of the event, see GUENEBRAULT, Dictionnaire
iconographique (Paris, 1850), 645; COLERIDGE, The Mother of the King (London,
1890).
Holweck, Frederick. "Visitation of the Blessed Virgin
Mary." The Catholic Encyclopedia. Vol. 15. New York: Robert
Appleton Company, 1912. 2 Sept. 2015 <http://www.newadvent.org/cathen/15480a.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Michael T. Barrett. Dedicated to
the Immaculate Heart of the Virgin Mary.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. October 1, 1912. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2020 by Kevin
Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/15480a.htm
Scène de la Visitation sur le volet dextre du retable anversois de Baume-les-Messieurs
The feast of the
Visitation recalls to us the following great truths and events: The visit
of the Blessed Virgin Mary to her cousin Elizabeth shortly after the
Annunciation; the cleansing of John the Baptist from original sin in the womb
of his mother at the words of Our Lady's greeting; Elizabeth's proclaiming of
Mary—under the inspiration of the Holy Ghost—as Mother of God and "blessed
among women"; Mary's singing of the sublime hymn, Magnificat ("My
soul doth magnify the Lord") which has become a part of the daily official
prayer of the Church. The Visitation is frequently depicted in art, and was the
central mystery of St. Francis de Sales' devotions.
The Mass of today salutes her who in her womb bore the King of heaven and
earth, the Creator of the world, the Son of the Eternal Father, the Sun of
Justice. It narrates the cleansing of John from original sin in his mother's
womb. Hearing herself addressed by the most lofty title of "Mother of the
Lord" and realizing what grace her visit had conferred on John, Mary broke
out in that sublime canticle of praise proclaiming prophetically that
henceforth she would be venerated down through the centuries:
"My soul doth magnify the Lord, and my spirit hath rejoiced in God my
Savior. Because he that is mighty, hath done great things to me, and holy is
His name" (Lk. 1:46).
—Excerpted from the Cathedral Daily Missal
This feast is of medieval origin, it was kept by the Franciscan Order before
1263, and soon its observance spread throughout the entire Church. Previously
it was celebrated on July 2. Now it is celebrated between the solemnity of the
Annunciation of the Lord and the birth of St. John the Baptist, in conformity
with the Gospel accounts. Some places appropriately observe a celebration of
the reality and sanctity of human life in the womb. The liturgical color is
white.
According to the 1962 Missal of Bl. John XXIII the Extraordinary Form of the
Roman Rite, today is the feast of the Queenship of the Blessed Virgin Mary and
St. Petronilla. The feast of the Queenship of Mary is now celebrated in the
Ordinary Rite on August 22.
Aurelia Petronilla was guided in the Faith by St. Peter, the first pope. She
died three days after refusing to marry a pagan nobleman, Flaccus. There is no
historic proof that she was martyred, but an early fresco clearly represents
her as a martyr. Her feast is no longer on the calendar.
The Visitation
And Mary rising up in those days went into the hill country with haste, into a
city of Juda. [Lk. 1:39]
How lyrical that is, the opening sentence of St. Luke's description of the
Visitation. We can feel the rush of warmth and kindness, the sudden urgency of
love that sent that girl hurrying over the hills. "Those days" in
which she rose on that impulse were the days in which Christ was being formed
in her, the impulse was his impulse.
Many women, if they were expecting a child, would refuse to hurry over the
hills on a visit of pure kindness. They would say they had a duty to themselves
and to their unborn child which came before anything or anyone else.
The Mother of God considered no such thing. Elizabeth was going to have a
child, too, and although Mary's own child was God, she could not forget
Elizabeth's need—almost incredible to us, but characteristic of her.
She greeted her cousin Elizabeth, and at the sound of her voice, John quickened
in his mother's womb and leapt for joy.
I am come, said Christ, that they may have life and may have it more
abundantly. [Jn. 10, 10] Even before He was born His presence gave life.
With what piercing shoots of joy does this story of Christ unfold! First the
conception of a child in a child's heart, and then this first salutation, an
infant leaping for joy in his mother's womb, knowing the hidden Christ and
leaping into life.
How did Elizabeth herself know what had happened to Our Lady? What made her
realize that this little cousin who was so familiar to her was the mother of
her God?
She knew it by the child within herself, by the quickening into life which was
a leap of joy.
If we practice this contemplation taught and shown to us by Our Lady, we will
find that our experience is like hers.
If Christ is growing in us, if we are at peace, recollected, because we know
that however insignificant our life seems to be, from it He is forming Himself;
if we go with eager wills, "in haste," to wherever our circumstances
compel us, because we believe that He desires to be in that place, we shall
find that we are driven more and more to act on the impulse of His love.
And the answer we shall get from others to those impulses will be an awakening
into life, or the leap into joy of the already wakened life within them.
Excerpted from The Reed of God, Caryll Houselander
Patronage: St. Elizabeth: Expectant mothers.
Symbols: St. Elizabeth or Elisabeth: Pregnant woman saluting the Virgin;
Elderly woman holding St. John Baptist; huge rock with a doorway in it; in
company with St. Zachary.
St. Zacharias or Zachary: Priest's robes; thurible; altar; angel; lighted
taper; Phyrgian helmet.
SOURCE : http://www.catholicculture.org/culture/liturgicalyear/calendar/day.cfm?date=2013-05-31
Michael Angelo Immenraet (1621–1683), La
Visitation, vers 1675, Unionskirche Idstein
Visitation
This is a fairly late feast, going back only to the 13th or 14th century. It
was established widely throughout the Church to pray for unity. The present
date of celebration was set in 1969 in order to follow the Annunciation of the
Lord (March 25) and precede the Nativity of John the Baptist (June 24).
Like most feasts of Mary, it is closely connected with Jesus and his saving
work. The more visible actors in the visitation drama (see Luke 1:39-45) are
Mary and Elizabeth. However, Jesus and John the Baptist steal the scene in a
hidden way. Jesus makes John leap with joy—the joy of messianic salvation.
Elizabeth, in turn, is filled with the Holy Spirit and addresses words of
praise to Mary—words that echo down through the ages.
It is helpful to recall that we do not have a journalist’s account of this
meeting. Rather, Luke, speaking for the Church, gives a prayerful poet’s
rendition of the scene. Elizabeth’s praise of Mary as “the mother of my Lord”
can be viewed as the earliest Church’s devotion to Mary. As with all authentic
devotion to Mary, Elizabeth’s (the Church’s) words first praise God for what
God has done to Mary. Only secondly does she praise Mary for trusting God’s
words.
Then comes the Magnificat (Luke 1:46-55). Here Mary herself (like the Church)
traces all her greatness to God.
Comment:
One of the invocations in Mary’s litany is “Ark of the Covenant.” Like the Ark
of the Covenant of old, Mary brings God’s presence into the lives of other
people. As David danced before the Ark, John the Baptist leaps for joy. As the
Ark helped to unite the 12 tribes of Israel by being placed in David’s capital,
so Mary has the power to unite all Christians in her Son. At times, devotion to
Mary may have occasioned some divisiveness, but we can hope that authentic
devotion will lead all to Christ and therefore to one another.
Quote:
“Moved by charity, therefore, Mary goes to the house of her kinswoman.... While
every word of Elizabeth’s is filled with meaning, her final words would seem to
have a fundamental importance: ‘And blessed is she who believed that there
would be a fulfillment of what had been spoken to her from the Lord’ (Luke
1:45). These words can be linked with the title ‘full of grace’ of the angel’s
greeting. Both of these texts reveal an essential Mariological content, namely
the truth about Mary, who has become really present in the mystery of Christ
precisely because she ‘has believed.’ The fullness of grace announced by the
angel means the gift of God himself. Mary’s faith, proclaimed by Elizabeth at
the visitation, indicates how the Virgin of Nazareth responded to this gift”
(Blessed John Paul II, The Mother of the Redeemer, 12).
SOURCE : http://www.americancatholic.org/features/saints/saint.aspx?id=1400
Marx Reichlich (1460–1520), La
Visitation, 1501-1502, 68 × 75, Österreichische Galerie Belvedere, Belvedere
palace, in Vienna
The Visitation of the Blessed Virgin Mary
Feast of the Magnificat of the Mother of God
The Archangel Gabriel, at the time of the Annunciation, informed the Mother of
God that Her cousin Elizabeth had miraculously conceived and was soon to be the
mother of a son, the destined precursor of the Messiah. The Blessed Virgin in
Her humility concealed the wonderful dignity to which She Herself was raised,
through the Incarnation of the Son of God in Her womb, but in the transport of
Her holy joy and gratitude, determined to go to congratulate and assist the
mother of the Baptist. “Mary therefore arose” Saint Luke says, “and with haste
went into the hill country into a city of Judea, and entering into the house of
Zachary, greeted Elizabeth.”
What a blessing did the presence of the God-Man bring to this house, the first
which He in His humanity honored with His visit! But it is Mary who is the
instrument and means by which He imparts His divine blessing. He intends to
show us that She is the channel through which He delights to communicate to us
His graces, and encourages us to ask them of Him through Her intercession.
At the voice of the Mother of God, by the power and grace of Her divine Son in
Her womb, Elizabeth was filled with the Holy Spirit; and the infant in her
womb, sanctified at that moment, conceived so great a joy as to leap and exult.
By the infused light of the Spirit of God Elizabeth understood the great
mystery of the Incarnation which God had wrought in Mary, whose humility
prevented Her from disclosing it, even to a Saint and an intimate friend. In
raptures of astonishment Elizabeth pronounced Mary blessed above all other
women, and cried out, “How is it that the mother of my Lord should come to me?”
The Virgin, hearing Her own praise, sank yet lower in the abyss of Her
nothingness, and melting in an ecstasy of love and gratitude to God, She burst
into Her admirable canticle, the Magnificat: “My soul magnifies the Lord, and
My spirit rejoices in God, My Saviour.” What marvels of grace and light God
reveals to us in the souls of His Saints! Mary stayed with Her cousin almost
three months, after which She returned to Nazareth.
Reflection: While with the Church we praise God for the mercies and wonders
which He wrought in this mystery, we must apply ourselves to imitating the
virtues of which Mary sets us a perfect example. Let us pay particular
attention to our visits and conversation, acts which are to many Christians the
sources of innumerable dangers and sins. Let us meditate on the holy
conversations of the cousins, and the services Mary rendered to Elizabeth, and
think how we may imitate Her prudent charity.
Source: Little Pictorial Lives of the Saints, a compilation based on
Butler’s Lives of the Saints, and other sources by John Gilmary Shea
(Benziger Brothers: New York, 1894).
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/en/saints/visitation_mary.html
Albrecht Dürer, La Visitation, 1503
The Feast of the
Visitation
The Feast of the Visitation recalls to us the following great truths and
events: The visit of the Blessed Virgin Mary to her cousin Elizabeth shortly
after the Annunciation; the cleansing of John the Baptist from original sin in
the womb of his mother at the words of Our Lady’s greeting; Elizabeth’s
proclaiming of Mary—under the inspiration of the Holy Ghost—as Mother of God
and “blessed among women”; Mary’s singing of the sublime hymn, Magnificat (“My
soul doth magnify the Lord”) which has become a part of the daily official
prayer of the Church. The Visitation is frequently depicted in art, and was the
central mystery of St. Francis de Sales’ devotions.
The Mass of today salutes her who in her womb bore the King of heaven and
earth, the Creator of the world, the Son of the Eternal Father, the Sun of
Justice. It narrates the cleansing of John from original sin in his mother’s
womb. Hearing herself addressed by the most lofty title of “Mother of the Lord”
and realizing what grace her visit had conferred on John, Mary broke out in
that sublime canticle of praise proclaiming prophetically that henceforth she
would be venerated down through the centuries:
“My soul doth magnify the Lord, and my spirit hath rejoiced in God my Savior.
Because he that is mighty, hath done great things to me, and holy is His name”
(Lk. 1:46).
This feast is of medieval origin, it was kept by the Franciscan Order before
1263, and soon its observance spread throughout the entire Church. Previously
it was celebrated on July 2. Now it is celebrated between the solemnity of the
Annunciation of the Lord and the birth of St. John the Baptist, in conformity
with the Gospel accounts. Some places appropriately observe a celebration of
the reality and sanctity of human life in the womb. The liturgical color is
white.
According to the 1962 Missal of Bl. John XXIII the Extraordinary Form of the
Roman Rite, today is the feast of the Queenship of the Blessed Virgin Mary and
St. Petronilla. The feast of the Queenship of Mary is now celebrated in the
Ordinary Rite on August 22.
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/visitation/
The Visitation of the
Blessed Virgin
FROM the example of
Christ, his blessed Mother, and the apostles, St. Thomas shows 1 that
state to be in itself the most perfect which joins together the functions of
Martha and Mary, or of the active and contemplative life. This is endeavoured
by those persons who so employ themselves in the service of their neighbour, as
amidst their external employs or conversation often to raise their minds to
God, feeding always on their heavenly invisible food, as the angel did in
Toby’s company on earth. Who also, by the practice and love of daily
recollection and much solitude, fit themselves to appear in public; and who by
having learned the necessary art of silence in its proper season, and by loving
to speak little among men, 2 study
to be in the first place their own friends, and by reflection and serious
consideration to be thoroughly acquainted with themselves, and to converse
often in heaven. 3 Such
will be able to acquit themselves of external employs without prejudice to
their own virtue, when called to them by duty, justice, or charity. They may
avoid the snares of the world, and sanctify their conversation with men. Of
this the Blessed Virgin is to us a perfect model in the visit paid to her
cousin Elizabeth, as St. Francis of Sales takes notice, who borrowed from this
mystery the name which he gave to his order of nuns, who, according to the
first plan of their institute, were devoted to visit and attend on the sick.
The angel Gabriel, in the
mystery of the Annunciation, informed the mother of God, that her cousin
Elizabeth had miraculously conceived, and was then in the sixth month of her
pregnancy. The Blessed Virgin, out of humility, concealed the favour she had
received and the wonderful dignity to which she was raised by the incarnation
of the Son of God in her womb; but in the transport of her holy joy and
gratitude, she would go to congratulate the mother of the Baptist; with which resolution
the Holy Ghost inspired her for his great designs in favour of her Son’s
precursor not yet born. Mary therefore arose, saith St.
Luke, and with haste went into the hilly-country into a city of Judu; and
entering into the house of Zachary saluted Elizabeth. She made this visit
to a saint, because the company of the servants of God is principally to be
sought, from whose example and very silence the heart will always treasure up
something, and the understanding receive some new light and improvement in
charity. As glowing coals increase their flame by contact, so is the fire of
divine love kindled in a fervent soul by the words and example of those who
truly love God. In this journey what lessons of humility does the holy Virgin
give us! She had been just saluted mother of God, and exalted above all mere
creatures, even the highest seraphim of heaven; yet far from being elated with
the thoughts of her incomprehensible dignity, she appears but the more humble
by it. She prevents the mother of the Baptist in this office of charity; the
mother of God pays a visit to the mother of her Son’s servant; the Redeemer of
the world goes to his precursor. What a subject of confusion is this to the
pride of the children of the world! who not content with the rules of respect
which the law of subordination requires, carry their vanity to an excess of
ceremoniousness contrary even to good manners, and to the freedom of
conversation, which they make an art of constraint and of torture both to
themselves and others; and in which they seek not any duty of piety or
improvement in virtue, but loathsome means of foolish flattery, the
gratification of vanity, or that dissipation of mind which continually
entertains it with trifles and idleness, and is an enemy to serious consideration
and virtue.
When the office of
charity called upon Mary, she thought of no dangers or difficulties in so
painful and long a journey of above fourscore miles from Nazareth, in Galilee,
to Hebron, a sacerdotal city in the mountainous country on the western side of
the tribe of Juda. The inspired writer takes notice, that she went with haste
or with speed and diligence, to express her eagerness to perform this good
office. Charity knows not what sloth is, but always acts with fervour. She
likewise would hasten her steps out of modesty, not choosing to appear abroad,
but as compelled by necessity or charity; not travelling out of vanity,
idleness, or curiosity, but careful in her journey to shun the dissipation of
the world, according to the remarks of St. Ambrose. Whence we may also gather
with what care she guarded her eyes, and what was the entertainment of her
pious soul with God upon the road. Being arrived at the house of Zachary, she
entered it, and saluted Elizabeth. What a blessing did the presence of the
God-man bring to this house, the first which he honoured in his humanity with
his visit! But Mary is the instrument and means by which he imparts to it his
divine benediction; to show us that she is a channel through which he delights
to communicate to us his graces, and to encourage us to ask them of him through
her intercession. At the voice of the mother of God, but by the power and grace
of her Divine Son, in her womb, Elizabeth was filled with the Holy Ghost, and
the infant in her womb was sanctified; and miraculously anticipating the use of
reason, knew by divine inspiration the mystery of the incarnation, and who it
was that came to visit him. From this knowledge he conceived so great, so
extraordinary a joy as to leap and exult in the womb. 4 If
Abraham and all the ancient prophets exulted only to foresee in spirit that day
when it was at the distance of so many ages, what wonder the little Baptist
felt so great a joy to see it then present! How eagerly did he desire to take
up his office of precursor, and already to announce to men their Redeemer, that
he might be known and adored by all! But how do we think he adored and
reverenced him present in his mother’s womb? and what were the blessings with
which he was favoured by him? He was cleansed from original sin, and filled
with sanctifying grace, was made a prophet, and adored the Mossiah before he
was yet born.
At the same time
Elizabeth was likewise filled with the Holy Ghost; and by his infused light,
she understood the great mystery of the Incarnation which God had wrought in
Mary, whom humility prevented from disclosing it even to a saint, and an
intimate friend. In raptures of astonishment, Elizabeth pronounced her blessed
above all other women, she being made by God the instrument of his blessing to
the world, and of removing the malediction which through Eve had been entailed
on mankind. But the fruit of her womb she called blessed in a sense still
infinitely higher, he being the immense source of all graces, by whom only Mary
herself was blessed. Elizabeth then turning her eyes upon herself, cried
out: Whence is this to me that the mother of my Lord should come to me? She
herself had conceived, barren and by a miracle; but Mary, a virgin, and by the
Holy Ghost; she conceived one greater than the prophets, but Mary the eternal
Son of God, himself true God. The Baptist, her son, used the like exclamation
to express his confusion and humility when Christ came to be baptized by his
hands. In the like words and profound sentiments ought we to receive all the
visits of God in his graces, especially in the holy sacraments. Elizabeth
styles Mary, Mother of her Lord, that is, mother of God; and she foretels that
all things would befal her and her Son which had been spoken by the prophets.
Mary hearing her own
praise, sunk the lower in the abyss of her nothingness, and converting all good
gifts to the glory of God, whose gratuitous mercy had bestowed them, in the
transport of her humility, and melting in an ecstasy of love and gratitude,
burst into that admirable canticle called the Magnificat. It is the first
recorded in the New Testament, and both in the noble sentiments which compose
it, and in the majesty of the style, surpasses all those of the ancient
prophets. It is the most perfect model of thanksgiving and praise for the
incarnation of the Son of God, and the most precious monument of the profound
humility of Mary. In it she glorifies God with all the powers of her soul for
his boundless mercies, and gives to him alone all the glory. In the spiritual
gladness of her heart she adores her Saviour, who had cast his merciful eyes
upon her lowliness. Though all nations will call her blessed, she declares that
nothing is her due but abjection, and that this mystery is the effect of the
pure power and mercy of God; and that he who had dethroned tyrants, fed the
hungry in the wilderness, and wrought so many wonders in favour of his people,
had now vouchsafed himself to visit them, to live among them, to die for them,
and to fulfil all things which he had promised by his prophets from the
beginning. Mary staid with her cousin almost three months; after which she
returned to Nazareth.
Whilst with the Church we
praise God for the mercies and wonders which he wrought in this mystery, we
ought to apply ourselves to the imitation of the virtues of which Mary sets us
a perfect example. From her we ought particularly to learn the lessons by which
we shall sanctify our visits and conversation; actions which are to so many
Christians the sources of innumerable dangers and sins. We must shun not only
scurrilous and profane discourse, but whatever is idle, light, airy, or
unprofitable; whilst we unbend our mind, we ought as much as possible to seek
that conversation which is conducive to the improvement of our hearts or
understandings, and to the advancement of virtue and solid useful knowledge. If
we suffer our mind to be puffed up with empty wind, it will become itself such
as is the nourishment upon which it feeds. We should shun the vice of
talkativeness, did we but consult that detestable vanity itself which betrays us
into this folly; for nothing is more tyrannical or more odious and
insupportable in company than to usurp a monopoly of the discourse. Nothing can
more degrade us in the opinion of others than for us to justle, as it were, for
the word; to vent all we have in our hearts, at least a great deal that we
ought to conceal there; and without understanding ourselves, or taking a review
of our meaning or words, to pour out embryos of half-formed conceptions, and
speak of the most noble subjects in an undress of thoughts. What proofs of our
vanity and folly, what disgraces, what perplexities, what detractions, and
other evils and sins should we avoid, if we were but sparing and reserved in
our words! If we find ourselves to swell with an itch of talking, big with our
own thoughts, and impatient to give them vent, we must by silence curb this
dangerous passion, and learn to be masters of our words.
Note 1. St. Tho. 2,
2. [back]
Note 2. Imit. of
Chr. b. 1, c. 20. [back]
Note 3. Phil. 3,
29. [back]
Note 4. From the
word joy used by the evangelist on this occasion, and from the unanimous
consent of the fathers, it is manifest that the holy infant anticipated the use
of reason, and that this was not a mere natural motion, as some Protestants
have imagined, but the result of reason, and the effect of holy joy and
devotion. [back]
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume VII: July. The Lives of the
Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/7/021.html
Vittore
Carpaccio, Visitazione, 1504-1508, dalla Scuola di Santa Maria degli
Albanesi
Visitazione della Beata
Vergine Maria
Festa del 'Magnificat',
la Visitazione prolunga ed espande la gioia messianica della salvezza. Maria,
arca della nuova alleanza, è 'teofora' e viene salutata da Elisabetta come
Madre del Signore. La Visitazione è l'incontro fra la giovane madre, Maria,
l'ancella del Signore, e l'anziana Elisabetta simbolo degli aspettanti di
Israele. La premura affettuosa di Maria, con il suo cammino frettoloso, esprime
insieme al gesto di carità anche l'annunzio che i tempi si sono compiuti.
Giovanni che sussulta nel grembo materno inizia già la sua missione di
Precursore. Il calendario liturgico tiene conto della narrazione evangelica che
colloca la Visitazione entro i tre mesi fra l'Annunciazione e al nascita del
Battista. (Mess. Rom.)
Martirologio Romano:
Festa della Visitazione della Beata Vergine Maria, quando venne da Elisabetta
sua parente, che nella vecchiaia aveva concepito un figlio, e la salutò. Nel
gioioso incontro tra le due future madri, il Redentore che veniva santificò il
suo precursore già nel grembo e Maria, rispondendo al saluto di Elisabetta ed
esultando nello Spirito, magnificò il Signore con il cantico di lode.
Dopo l'annuncio dell'Angelo, Maria si mette in viaggio frettolosamente" dice S. Luca) per far visita alla cugina Elisabetta e prestarle servizio. Aggregandosi probabilmente ad una carovana di pellegrini che si recano a Gerusalemme, attraversa la Samaria e raggiunge Ain-Karim, in Giudea, dove abita la famiglia di Zaccaria. E’ facile immaginare quali sentimenti pervadano il suo animo alla meditazione del mistero annunciatole dall'angelo. Sono sentimenti di umile riconoscenza verso la grandezza e la bontà di Dio, che Maria esprimerà alla presenza della cugina con l'inno del Magnificat, l'espressione "dell'amore gioioso che canta e loda l'amato" (S. Bernardino da Siena): "La mia anima esalta il Signore, e trasale di gioia il mio spirito...".
La presenza del Verbo incarnato in Maria è causa di grazia per Elisabetta che, ispirata, avverte i grandi misteri operanti nella giovane cugina, la sua dignità di Madre di Dio, la sua fede nella parola divina e la santificazione del precursore, che esulta di gioia nel seno della madre. Maria rimane presso Elisabetta fino alla nascita di Giovanni Battista, attendendo probabilmente altri otto giorni per il rito dell'imposizione del nome. Accettando questo computo del periodo trascorso presso la cugina Elisabetta, la festa della Visitazione, di origine francescana (i frati minori la celebravano già nel 1263), veniva celebrata il 2 luglio, cioè al termine della visita di Maria. Sarebbe stato più logico collocarne la memoria dopo il 25 marzo, festa dell'Annunciazione, ma si volle evitare che cadesse nel periodo quaresimale.
La festa venne poi estesa a,tutta la Chiesa latina da papa Urbano VI per propiziare con la intercessione di Maria la pace e l'unità dei cristiani divisi dal grande scisma di Occidente. Il sinodo di Basilea, nella sessione del 10 luglio 1441, confermò la festività della Visitazione, dapprima non accettata dagli Stati che parteggiavano per l'antipapa.
L'attuale calendario liturgico, non tenendo conto della cronologia suggerita dall'episodio evangelico, ha abbandonato la data tradizionale del 2 luglio (anticamente la Visitazione veniva commemorata anche in altre date) per fissarne la memoria all'ultimo giorno di maggio, quale coronamento del mese che la devozione popolare consacra al culto particolare della Vergine.
"Nell'Incarnazione - commentava S. Francesco di Sales - Maria si umilia confessando di essere la serva del Signore... Ma Maria non si indugia ad umiliarsi davanti a Dio perchè sa che carità e umiltà non sono perfette se non passano da Dio al prossimo. Non è possibile amare Dio che non vediamo, se non amiamo gli uomini che vediamo. Questa parte si compie nella Visitazione".
Autore: Piero Bargellini
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/21100
Voir aussi : http://www.musee-visitation.eu/
http://www.liturgies.net/saints/mary/visitation/visitation.htm