jeudi 12 mai 2022

Saint EPIPHANE de SALAMINE, évêque et confesseur

 

Epiphanius of Salamis (church father, ca. 310–20 – 403), fresco at Gracanica monastery, near Lipljan in Kosovo (photo of Cultural Heritage site of Serbia )

Saint Épiphane, évêque de Salamine, auteur du "Panarion". Fresque du monastère de Gracanica, province serbe du Kosovo


Saint Epiphane de Salamine

Évêque de Chypre (+ 402)

Juif hellénisant, converti, originaire de Palestine. Il fut évêque de Salamine dans l'île de Chypre durant trente-six ans. Parmi ses nombreux écrits, son "Panarion" reste indispensable aux historiens de l'Église. Il y pourfend quatre-vingt hérésies, dont certaines sont issues de son imagination. C'est un polémiste plein d'aigreur, jamais de bonne humeur et, avec cela, mauvais rédacteur. Et tout cela ne l'empêcha pas d'être considéré comme un saint. Beaucoup d'entre nous ne doivent donc pas désespérer de le devenir...

À Salamine dans l'île de Chypre, en 403, saint Épiphane, évêque. D'une grande érudition en tout genre et connaissant admirablement les saintes Écritures, il ne fut pas moins admirable par la sainteté de sa vie, son zèle pour la foi catholique, sa libéralité envers les pauvres et le don de faire des miracles.

Martyrologe romain

SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/1141/Saint-Epiphane-de-Salamine.html

Saint Epiphane, Évêque de Salamine (310-403)

Saint Epiphane (315-403) fut évêque de Salamine (Chypre).

Par la Vierge Marie, la paix céleste fut donnée au monde.

Significative est la question d'Epiphane : « Quand et à quelle époque a-t-on jamais osé prononcer le nom de Marie sans tout de suite vous ajouter, si on est interrogé, "la Vierge?" »[1] Dire « Marie la Vierge » équivaut à dire qu'en Jésus-Christ, Dieu est vraiment avec nous et l'un de nous.

C'est la Vierge Marie qui nous a donné Jésus, source de miséricorde, et qui, en vertu des mérites de son Fils, nous en ensuite obtenu toutes les grâces que Dieu nous accorde: "Par vous, lui dit saint Epiphane, la paix céleste a été donnée au monde"[2]

Epiphane défend le juste culte marial contre les excès de son temps.

Contre les Colliridiani, Epiphane explique que Marie doit recevoir un culte, mais pas une adoration.

« La Vierge est certainement vierge et digne d'honneur ; cependant, elle n'a pas été donnée aux hommes pour être adorée. Au contraire, elle-même est adoratrice de Celui qui, selon la chair, est né d'elle, mais qui était descendu du Ciel et du sein du Père divin. »[3]

Et contre les féministes, qui, comme dans l'actuelle église anglicane, voulaient le sacerdoce ministériel, il explique que « Si telle était la volonté de Dieu, la fonction sacerdotale aurait été confiée d'abord à Marie, avant toute autre femme, parce qu'elle avait été digne de porter en son sein le Roi de l'univers.»[4]

Dans une lettre adressée aux chrétiens de l'Arabie en 377, il pose la question théologique de la mort de Marie.

« En effet l'Écriture se situe au-dessus de l'esprit humain et elle a laissé dans l'incertitude l'événement par respect envers cette vierge incomparable, pour couper court à toute pensée vulgaire et charnelle dans son égard. Nous ignorons si elle est morte ou si elle a été enterrée. »[5]

Pour lui, on ne sait pas comment Marie est morte, ni où c'est son corps.

Epiphane était palestinien, il n'est pas possible qu'il ignorât toute la littérature apocryphe mais pour lui, elle n'a pas de valeur.

[1] Saint Epiphane, Haer 78, 6: GCS 111, 456

[2] Saint Epiphane, Homilia in laudes S.Mariae Deiparae

[3] Saint Epiphane, Panarion, 79,4

[4] Saint Epiphane, Panarion 78, 6

[5] Saint Epiphane, Panarion, Haer. 78,11

Synthèse Françoise Breynaert

SOURCE : https://www.mariedenazareth.com/encyclopedie-mariale/les-grands-temoins-marials/du-iv-au-vi-siecle-les-heresies-et-les-grands-conciles/st-epiphane-de-salamine-310-403/

Святий Епіфаній Кипрський (Саламінський). Фрагмент мозаїки собору Св. Софії в Києві. 40-і рр. XI ст.

Epiphanius of Salamis Cyprus (Salaminskiy). Partial mosaics of the cathedral St. Sophia in Kiev. -and 40 years. XI century.


Prière de Saint Épiphane de Salamine

pour Pâques

Voici la Prière « Lève-toi, partons d’ici, car tu es en moi et je suis en toi » de Saint Épiphane de Salamine (315-403), Évêque palestinien de Constantia (aujourd'hui Salamine) à Chypre et Père de l'Église pour l'Église orthodoxe et l'Église catholique. Ce magnifique poème est lu le Samedi saint. Il évoque la fonction libératrice du Christ. Croyant pouvoir se suffire à lui-même, Adam a choisi la désobéissance à son Créateur, qui voulait pourtant l’associer toujours plus étroitement à sa vie. Ce mauvais usage du libre arbitre a suscité une dégradation de la nature humaine, devenue dès lors esclave de ses passions. Le Christ descend pour délivrer l’homme et l’associer à Sa liberté souveraine.
La Prière de Saint Epiphane de Salamine « Lève-toi, partons d’ici, car tu es en moi et je suis en toi » :

« Un grand silence règne, aujourd’hui, sur la terre. Dieu s’est endormi dans la chair et est allé réveiller celui qui dormait depuis des siècles : Adam, notre premier Père, la brebis perdue. Il va, pour le délivrer de ses liens, lui qui est en même temps son Dieu et son Fils. Adam, qui est tenu captif plus profondément que tous les hommes, entend le bruit des pas du Seigneur. Et lorsqu’il Le voit, plein de stupeur, il se frappe la poitrine. Le Christ lui ayant saisi la main, Il lui dit : «Eveille-toi, ô toi qui dors, je ne t'ai pas créé pour que tu demeures captif du séjour des morts. Relève-toi d'entre les morts : moi, je suis la vie des morts. Lève-toi, œuvre de mes mains ; lève-toi, mon semblable, qui as été créé à mon image. Eveille-toi, sortons d'ici. Car tu es en moi, et moi en toi, nous sommes une seule personne indivisible. C'est pour toi que moi, ton Dieu, je suis devenu ton fils ; c'est pour toi que moi, le Maitre, j'ai pris ta forme d'esclavage ; c'est pour toi que moi, qui domine les cieux, je suis venu sur la terre, et au-dessous de la terre ; c'est pour toi, l'homme, que je suis devenu comme un homme abandonné, libre entre les morts ; c'est pour toi, qui es sorti du jardin, que j'ai été livré aux juifs dans un jardin et que j'ai été crucifié dans un jardin. Vois les crachats sur mon visage : c'est pour toi que je les ai subis afin de te ramener à ton premier souffle de vie. Vois les soufflets sur mes joues : je les ai subis pour rétablir ta forme défigurée afin de la restaurer à mon image. Vois la flagellation sur mon dos, que j'ai subie pour éloigner le fardeau de tes péchés qui pesait sur ton dos. Vois mes mains solidement clouées au bois, à cause de toi qui as péché en tendant la main vers le bois. Je me suis endormi sur la croix, et la lance a pénétré dans mon côté, à cause de toi qui t'es endormi dans le paradis et, de ton côté, tu as donné naissance à Eve. Mon côté a guéri la douleur de ton côté ; mon sommeil va te tirer du sommeil des enfers. Ma lance a arrêté la lance qui se tournait vers toi. Lève-toi, partons d'ici. L'ennemi t'a fait sortir de la terre du paradis ; moi je ne t'installerai plus dans le paradis, mais sur un trône céleste. Je t'ai écarté de l'arbre symbolique de la vie ; mais voici que moi, qui suis la vie, je ne fais qu'un avec toi. J'ai posté les chérubins pour qu'ils te gardent comme un serviteur; je fais maintenant que les chérubins t'adorent comme un Dieu. Le trône des chérubins est préparé, les porteurs sont alertés, le lit nuptial est dressé, les aliments sont apprêtés, les tentes et les demeures éternelles le sont aussi. Les trésors du bonheur sont ouverts et le royaume des cieux est prêt de toute éternité. Amen. »

Saint Épiphane de Salamine (315-403)

Voir également de Saint Epiphane de Salamine :

La Prière de Saint Epiphane de Salamine « Lève-toi, partons d’ici, car tu es en moi et je suis en toi »

La Prière d'Epiphane de Salamine « Ô sainte mère Église, quand nous venons auprès de toi »

La Prière de Saint Épiphane « Ô Mère de Miséricorde, venez à mon secours tous les jours de ma vie ! »

La Prière de St Épiphane « Ô Bienheureuse Vierge Marie, par Vous la mort est détruite et les enfers sont dépouillés »
La Prière de Saint Épiphane « Ô Marie, Merveille qui doit ravir tout l'univers »

SOURCE : http://site-catholique.fr/index.php?post/Priere-de-St-Epiphane-de-Salamine

SAINT ÉPIPHANE

Évêque de Salamine

(310-403)

Saint Épiphane a été surnommé le Jérôme de l'Orient, à cause de sa vie austère et de son amour passionné pour les Saintes Écritures. Il naquit de parents pauvres, dans un petit village de la Palestine.

Ce n'est qu'au bout d'un certain nombre d'années qu'il connut la religion chrétienne et reçut le Baptême. On rapporte qu'au moment où il approchait des fonts baptismaux, sa chaussure lui tomba des pieds; il ne la reprit point, et tout le reste de sa vie il marcha pieds nus.

Épiphane avait été adopté dans son enfance par un riche juif qui, en mourant, lui avait laissé sa fortune; il renonça à tout pour se faire solitaire à l'école de saint Hilarion, et il se montra digne d'un tel maître.

Formé à la vie religieuse, il revint dans sa patrie, y fonda un monastère et tenta de faire de la Palestine une autre Thébaïde; là, Épiphane s'ensevelit trente années dans l'étude, la prière, la mortification et le jeûne. Cependant sa réputation de sainteté et de science s'était répandue au loin; les évêques de Palestine songèrent à lui conférer l'épiscopat. A cette nouvelle, Épiphane s'embarque et va trouver Hilarion dans son désert; mais, après quelques mois, le vieux solitaire lui dit: "Mon fils, allez à Salamine, votre place est là." Le siège épiscopal de cette ville était vacant; Épiphane, à l'improviste, y est porté en triomphe.

Le nouvel évêque conserva son habit de moine, et n'abandonna jamais les habitudes austères de la vie religieuse. Sa charité était sans limite, au point qu'un de ses diacres l'accusa de dissiper les biens ecclésiastiques. Épiphane ayant un jour invité son clergé à dîner, un corbeau vint croasser près d'eux; et le diacre, faisant une mauvaise plaisanterie, promit à l'évêque de lui donner tout son bien, s'il lui expliquait le langage de cet oiseau: "Le corbeau, dit Épiphane, vient de dire que vous ne serez plus diacre." Le diacre tomba, demi-mort de peur; il expira le lendemain, et tout son bien revint à l'Église.

Épiphane fut un ami de saint Jérôme; il fut aussi ami de saint Basile; cependant, il fut longtemps prévenu contre saint Jean Chrysostome. Il était venu à Constantinople sans vouloir communiquer avec lui; mais il eut tant de chagrin d'avoir été trompé, qu'il se hâta de retourner à Salamine, en écrivant à Chrysostome: "Athlète du Christ, souffrez et triomphez." Épiphane mourut sur mer pendant son retour.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.

SOURCE : http://jubilatedeo.centerblog.net/4891241-Les-Saints-du-jour

Homélie sur l’ensevelissement du Christ (extraits)

St Epiphane de Salamine (mort en 406)

"Un grand silence règne aujourd’hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude. Un grand silence parce que le Roi dort. La terre a tremblé et s’est calmée parce que Dieu s’est endormi dans la chair et qu’il est allé réveiller ceux qui dormaient depuis des siècles. Dieu est mort dans la chair et les enfers ont tressailli. Dieu s’est endormi pour un peu de temps et il a réveillé du sommeil ceux qui séjournaient dans les enfers…
Il va chercher Adam, notre premier Père, la brebis perdue. Il veut aller visiter tous ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l’ombre de la mort. Il va, pour délivrer de leurs douleurs Adam dans ses liens et Eve, captive avec lui, lui qui est en même temps leur Dieu et leur Fils. Descendons donc avec lui pour voir l’Alliance entre Dieu et les hommes… Là se trouve Adam, le premier Père, et comme premier créé, enterré plu profondément que tous les condamnés. Là se trouve Abel, le premier mort et comme premier pasteur juste, figure du meurtre injuste du Christ pasteur. Là se trouve Noé, figure du Christ, le constructeur de la grande arche de Dieu, l’Eglise… Là se trouve Abraham, le père du Christ, le sacrificateur, qui offrit à Dieu par le glaive et sans le glaive un sacrifice mortel sans mort. Là demeure Moïse, dans les ténèbres inférieures, lui qui a jadis séjourné dans les ténèbres supérieures de l’arche de Dieu. Là se trouve Daniel dans la fosse de l’enfer, lui qui, jadis, a séjourné sur la terre dans la fosse aux lions. Là se trouve Jérémie, dans la fosse de boue, dans le trou de l’enfer, dans la corruption de la mort. Là se trouve Jonas dans le monstre capable de contenir le monde, c’est-à-dire dans l’enfer, en signe du Christ éternel. Et parmi les Prophètes il en est un qui s’écrie : "Du ventre de l’enfer, entends ma supplication, écoute mon cri !" et un autre : "Des profondeurs, je crie vers toi, Seigneur, écoute mon appel !" ; et un autre : "Fais briller sur nous ta face et nous serons sauvés…"

[…]

Mais, comme par son avènement le Seigneur voulait pénétrer dans les lieux les plus inférieurs, Adam, en tant que premier Père et que premier créé de tous les hommes et en tant que premier mortel, lui qui avait été tenu captif plus profondément que tous les autres et avec le plus grand soin, entendit le premier le bruit des pas du Seigneur qui venait vers les prisonniers. Et il reconnut la voix de celui qui cheminait dans la prison, et s’adressant à ceux qui étaient enchaînés avec lui depuis le commencement du monde, il parla ainsi : "J’entends les pas de quelqu’un qui vient vers nous." Et pendant qu’il parlait, le Seigneur entra, tenant les armes victorieuses de la croix. Et lorsque le premier Père, Adam, le vit, plein de stupeur, il se frappa la poitrine et cria aux autres : "Mon Seigneur soit avec vous !" Et le Christ répondit à Adam : "Et avec ton esprit." Et lui ayant saisi la main, il lui dit : "Eveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera." Je suis ton Dieu, et à cause de toi je suis devenu ton Fils. Lève-toi, toi qui dormais, car je ne t’ai pas créé pour que tu séjournes ici enchaîné dans l’enfer. Relève-toi d’entre les morts, je suis la Vie des morts. Lève-toi, œuvre de mes mains, toi, mon effigie, qui a été faite à mon image. Lève-toi, partons d’ici, car tu es en moi et je suis en toi.. A cause de toi, moi ton Dieu, je suis devenu ton fils ; à cause de toi, moi ton Seigneur, j’ai pris la forme d’esclave ; à cause de toi, moi qui demeure au-dessus des cieux, je suis descendu sur la terre et sous la terre. Pour toi, homme, je me suis fait comme un homme sans protection, libre parmi les morts. Pour toi qui es sorti du jardin, j’ai été livré aux juifs dans le jardin et j’ai été crucifié dans le jardin…

[…]

Regarde sur mon visage les crachats que j’ai reçus pour toi afin de te replacer dans l’antique paradis. Regarde sur mes joues la trace des soufflets que j’ai subis pour rétablir en mon image ta beauté détruite. Regarde sur mon dos la trace de la flagellation que j’ai reçue afin de te décharger du fardeau de tes péchés qui avait été imposé sur ton dos. Regarde mes mains qui ont été solidement clouées au bois à cause de toi qui autrefois as mal étendu tes mains vers le bois… Je me suis endormi sur la croix et la lance a percé mon côté à cause de toi qui t’es endormi au paradis et as fait sortir Eve de ton côté. Mon côté a guéri la douleur de ton côté. Et mon sommeil te fait sortir maintenant du sommeil de l’enfer. Lève-toi et partons d’ici, de la mort à la vie, de la corruption à l’immortalité, des ténèbres à la lumière éternelle. Levez-vous et partons d’ici et allons de la douleur à la joie, de la prison à la Jérusalem céleste, des chaînes à la liberté, de la captivité aux délices du paradis, de la terre au ciel. Mon Père céleste attend la brebis perdue, un trône de chérubin est prêt, les porteurs sont debout et attendent, la salle des noces est préparée, les tentes et les demeures éternelles sont ornées, les trésors de tout bien sont ouverts, le Royaume des Cieux qui existait avant tous les siècles vous attend."

Extraits tirés du Lectionnaire pour les dimanches et pour les fêtes de Jean-René Bouchet, Cerf, pp. 186-189.

SOURCE : http://peresdeleglise.free.fr/textesvaries/epiphane.htm

Homélie d'Epiphane de Salamine (IVème siècle)

Que se passe-t-il?

Aujourd’hui, grand silence sur la terre ; grand silence et ensuite solitude parce que le Roi sommeille.

La terre a tremblé et elle s’est apaisée, parce que Dieu S’est endormi dans la chair et Il a éveillé ceux qui dorment depuis les origines.

Dieu est mort dans la chair et le séjour des morts s’est mis à trembler. C’est le premier homme qu’il va chercher, comme la brebis perdue. Il veut aussi visiter ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort.

Pourquoi le Christ est-il "descendu aux enfers" avant Sa résurrection ?

Oui c’est vers Adam captif, en même temps que vers Ève, captive elle aussi, que Dieu Se dirige, et Son Fils avec Lui, pour les délivrer de leurs douleurs. Le Seigneur S’est avancé vers eux, muni de la croix, l’arme de Sa victoire.

Lorsqu’il le vit, Adam, le premier homme, se frappant la poitrine dans sa stupeur, s’écria vers tous les autres : "Mon Seigneur avec nous tous !"

Et le Christ répondit à Adam : "Et avec ton esprit." Il le prend par la main et le relève en disant : "Éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera. C’est moi ton Dieu qui, pour toi, suis devenu ton fils; c’est moi qui, pour toi et pour tes descendants, te parle maintenant et qui, par ma puissance, ordonne à ceux qui sont dans tes chaînes : "Sortez"; à ceux qui sont endormis : "Relevez-vous ".

Je te l’ordonne: Éveille-toi, ô toi qui dors ! Je ne t’ai pas crée pour que tu demeures captif du séjour des morts. Relève-toi d’entre les morts : moi, je suis la vie des morts. Lève-toi, œuvre de mes mains; lève-toi, mon semblable, qui as été créé à mon image.

Éveille-toi, sortons d’ici. Car tu es en moi, et moi en toi, nous sommes une seule personne indivisible. C’est pour toi que moi, ton Dieu, je suis devenu ton fils ; c’est pour toi que moi, le Maître, j’ai pris ta forme d’esclave ; c’est pour toi que moi, qui domine les cieux, je suis venu sur la terre, et au-dessous de la terre ; c’est pour toi, homme, que je suis devenu comme un homme abandonné, libre parmi les morts ; c’est pour toi, qui es sorti du jardin, que j’ai été livré aux Juifs dans un jardin et que j’ai été crucifié dans un jardin.

Vois les crachats sur mon visage; c’est pour toi que je les ai subis, afin de te ramener à ton premier souffle de vie. Vois les soufflets sur mes joues : je les ai subis pour rétablir ta forme défigurée afin de la restaurer à mon image.

Vois la flagellation sur mon dos, que j’ai subie pour éloigner le fardeau de tes péchés qui pesait sur ton dos. Vois mes mains solidement clouées au bois, à cause de toi qui as péché en tendant la main vers le bois. Je me suis endormi sur la croix, et la lance a pénétré dans mon côté, à cause de toi qui t’es endormi dans le paradis et, de ton côté, tu as donné naissance à Eve.

Mon côté a guéri la douleur de ton côté; mon sommeil va te tirer du sommeil des Enfers. Ma lance a arrêté la lance qui se tournait vers toi. Lève-toi, partons d’ici. L’ennemi t’a fait sortir de la terre du paradis; moi je ne t’installerai plus dans le paradis, mais sur un trône céleste.

Je t’ai écarté de l’arbre symbolique de la vie; mais voici que moi, qui suis la vie, je ne fais qu’un avec toi.

J’ai posté les Chérubins pour qu’ils te gardent comme un serviteur; je fais maintenant que les chérubins t’adorent comme un Dieu.

Le trône des chérubins est préparé, les porteurs sont alertés, le lit nuptial est dressé, les aliments sont apprêtés, les tentes et les demeures éternelles le sont aussi.

Les trésors du bonheur sont ouverts et le Royaume des cieux est prêt de toute éternité.

Source : Site de la paroisse orthodoxe de la Très Sainte Trinité

SOURCE : https://www.paroissemarcelcallo61.fr/monter-vers-p%C3%A2ques/hom%C3%A9lie-d-%C3%A9piphane-de-salamine/

Saint Épiphane

Fête saint : 12 Mai

Présentation

Titre : Évêque de Salamine

Date : 310-403

Pape : Saint Eusèbe ; Saint Innocent Ier

Empereur : Constantin

La Vie des Saints : Saint Épiphane

Auteur

Mgr Paul Guérin

Les Petits Bollandistes - Vies des Saints - Septième édition - Bloud et Barral - 1876 -

Saint Épiphane

À Salamine, en Chypre, saint Épiphane, évêque, illustre par son érudition étendue et par sa science des saintes lettres, en même temps qu'il était admirable par sa sainteté, son zèle pour la foi catholique. + 403.

Hagiographie

Saint Épiphane naquit dans un petit village de Palestine appelé Besanduc, aux environs d’Eleuthéropolis, de parents si pauvres, que son père gagnait sa vie à labourer la terre, et sa mère à filer du lin. Cette dernière demeura chargée de lui et d’une fille nommée Callitrope, par le décès de son mari, qui mourut lorsque Épiphane était encore fort jeune. Mais Dieu est surtout le Père de ceux qui n’en ont plus : par un effet de sa Providence, un juif appelé Tryphon, extrêmement riche, demanda le petit Epiphane à sa mère, et s’en chargea, assurant qu’il lui ferait épouser quelque jour sa fille unique. Il le traita comme il l’avait promis ; la mort de sa fille ne changea point les dispositions de Tryphon pour Épiphane : il continua de le regarder comme son fils adoptif et le laissa, à sa mort, héritier de tous ses biens.

Ayant appris, en Égypte, dans une conférence avec un saint religieux, qu’il serait un jour évêque de Chypre, il s’embarqua secrètement pour se retirer en un autre Heu, afin d’éviter cet honneur, qu’il regardait comme un malheur pour lui, Cependant, un vent contraire le jeta malgré lui en cette île ; il y trouva les prélats assemblés pour faire élection d’un évêque de Salamine, capitale de tout le royaume, et il fut élevé à cette dignité par une disposition du ciel. C’était vers l’an 367. Salamine se nommait alors Constantia. Le soin de cette Église ne lui fit point abandonner celui de son monastère d’Eleutbéropolis ; il y revenait de temps en temps. Il continua de vivre en solitaire et d’en porter l’habit. Il préférait la pratique des vertus aux austérités corporelles, la charité à l’abstinence : dans sa vieillesse, il buvait un peu de vin. Un jour qu’Épiphane recevait à sa table l’illustre cénobite Hilarion, son ami, celui-ci ayant dit :

« Depuis que je porte l’habit de solitaire, je n’ai jamais mangé quelque chose qui ait eu vie ».

« Et moi », répliqua l’évêque de Salamine, « depuis que je porte le même habit, je n’ai jamais souffert que personne s’endormît le soir, ayant dans son cœur quelque chose contre moi, et je ne me suis jamais endormi moi-même ayant dans le cœur quelque chose contre mon prochain ».

Instruit des vérités chrétiennes (on ignore à quelle époque et comment), Épiphane reçut le baptême avec sa sœur ; puis, ayant résolu de suivre Jésus-Christ et de travailler sérieusement à sa perfection, il se déchargea de la conduite de cette sœur sur une de ses tantes, appelée Véronique, leur don­nant, pour leur entretien, une partie des biens qu’il avait hérités du juif ; ayant vendu tout le reste, il en distribua l’argent aux pauvres, sans se rien réserver qu’une somme fort modique, pour acheter les livres nécessaires à ses études. Elles furent très-étendues ; il connaissait diverses langues, sur­tout l’hébreu, l’égyptien, le syriaque et le grec. Il se rendit, par là, facile l’intelligence des Écritures. Il ne s’appliqua pas moins à s’instruire dans la piété ; à cet effet, il visitait souvent les solitaires de Palestine et d’Égypte, dont il mena la vie de bonne heure. Des Gnostiques, avec lesquels il se trouva en relation, essayèrent de le séduire par des femmes qui étaient de leur secte ; mais ce nouveau Joseph évita le danger par la fuite, Lorsqu’il fut formé à la vie monastique, il revint dans sa patrie, fut ordonné prêtre et fonda un couvent auquel il présida longtemps en qualité d’abbé.

Hilarion avoua que la pratique d’Épiphane était meilleure que la sienne, Le plus grand plaisir de notre Saint était de soulager ceux qui étaient dans le besoin : beaucoup de per­sonnes riches et charitables faisaient passer leurs aumônes par ses mains ; de ce nombre était sainte Olympiade. Un diacre ayant murmuré contre le saint évêque, parce qu’il employait les revenus ecclésiastiques au soulage­ment des pauvres, en fut sévèrement puni par Dieu même.

Notre Saint jouissait d’une considération universelle. Dès qu’il paraissait en public, le peuple se pressait autour de lui, arrachait les fils de ses vête­ments, pour les conserver comme des reliques, et lui baisait les mains et les pieds. Les mères le priaient de bénir leurs enfants. Il avait le don des miracles. Il fut le seul évêque orthodoxe que les Ariens n’osèrent attaquer, lorsque, soutenus par l’empereur Valens, en 371, ils entreprirent une cruelle persécution contre les catholiques ; et pourtant jamais les hérésies n’eurent d’ennemi plus implacable : il les recherchait, en étudiait les caractères, les dénonçait aux autres évêques, et il écrivit contre elles son principal ouvrage dont nous parlerons plus loin.

Il fit le voyage de Rome en 382, pour assister à un concile convoqué par le pape Damase : il logea chez sainte Paule, et il eut, en 385, la consolation de lui offrir, à son tour, l’hospitalité pendant dix jours, à Salamine, lorsqu’elle se rendait en Palestine.

On a reproché à saint Épiphane certains actes où il aurait montré plus de zèle que de prudence, comme d’avoir fait des ordinations et des prédi­cations en dehors de son diocèse. Il se justifie lui-même sur ce sujet :

« C’est la crainte de Dieu qui m’a fait agir de la sorte ; je ne me suis pro­posé que l’utilité de l’Église. Je ne me plains point quand un évêque étranger travaille ainsi à la gloire de Dieu dans mon diocèse ».

On voit par ces paroles que son intention fut toujours pure et sainte. Quant aux actes eux-mêmes, ce n’est pas ici le lieu d’en exposer les circonstances, ni de les juger : nous n’écrivons pas une histoire ecclésiastique.

Nous ne rapporterons qu’un fait de ce genre qui eut lieu en 401. Épiphane, excité, circonvenu par Théophile d’Alexandrie, alla à Constantinople pour y faire condamner les ouvrages d’Origène ; il traita d’abord comme origéniste, saint Jean Chrysostome, évêque de Constantinople, qui étant plus modéré que lui dans cette question, offrit l’hospitalité à Epiphane ; celui-ci la refusa et rejeta toute communication avec lui. Mais ayant reconnu qu’il avait eu de sa part dans cette conduite excès de zèle et de précipitation, qu’il s’était laissé tromper par les ennemis de saint Jean Chrysostome, il résolut de quitter aussitôt cette ville ; il dit, avant de s’embarquer, aux évêques courtisans :

« Je vous laisse la ville, le palais, le spectacle : pour moi, je pars, je n’ai pas de temps à perdre ».

En parlant ainsi, il pensait à sa mort, que saint Jean Chrysostome lui avait prédite. Il mourut, en effet, pendant la traversée (403). Ses disciples bâtirent, en Chypre, sous son nom, une église, où ils mirent son image avec beaucoup d’autres. Les anciens ont accordé beaucoup de louanges à saint Épiphane. Bien instruit de la doctrine catholique, il la suivit dans toute son intégrité. C’était un homme admirable, plein de Dieu. Les plus grands saints s’autorisaient de son exemple pour justifier leur conduite.

Culte et reliques

1°) Le Panarium ou Livre des antidotes contre toutes les hérésies, qui parut en 371. Le Saint y expose et y réfute  toutes les hérésies qui avaient précédé la naissance de Jésus-Christ, et celles qui s’étaient élevées depuis la promulgation de l’Évangile, Il n’est pas toujours exact en par­lant de l’arianisme ; mais on sait combien il est difficile de découvrir la vérité dans des points où l’esprit de révolte avait tant d’intérêt à l’embrouiller. Saint Épiphane réfute les hérésies par l’Écriture et la tradition.

« On doit », dit-il, « admettre nécessairement la tradition ; on ne peut tout apprendre par l’Écriture : c’est pourquoi les Apôtres nous ont transmis quelques vérités par écrit, et d’autres par la voie de la tradition ».

C’est par la tradition qu’il justifie la pratique et qu’il prouve l’obligation de prier pour les morts. Il ajoute qu’il ne peut assez s’étonner comment Arius a l’audace d’abolir le jeûne du mercredi et du ven­dredi « qui s’observe par toute la terre et qui est appuyé sur l’autorité des Apôtres ».

Saint Épiphane compte quatre-vingts hérésies jusqu’à son temps, à partir de l’origine du monde ; vingt avant Jésus-Christ, et soixante après. L’idée qui lui sert de base, c’est que l’Église catholique est de l’éternité ou du commencement des siècles. Adam ne rut pas créé circoncis, il n’adora pas non plus d’idole ; mais, étant prophète, il connut Dieu, Père, Fils et Saint Esprit. Il n’était donc ni juif ni idolâtre, mais montrait dès lors le caractère du christianisme ; autant faut-il dire d’Abel, de Seth, d’Enos, d’Hénoch, de Mathusalem, de Noé, d’Héber, jusqu’à Abraham. Jus­qu’alors il n’y avait de principe d’action que la piété et l’impiété, la foi et l’incrédulité : la foi avec l’image du christianisme, l’incrédulité avec le caractère de l’impiété et du crime ; la foi sans aucune hérésie, sans aucune diversité de sentiments, sans aucune dénomination particulière, tous s’appelant hommes, ainsi que le premier ; la même foi que professe encore aujourd’hui la sainte et catholique Église de Dieu, laquelle existant dès l’origine, s’est révélée de nouveau dans la suite. Du premier homme au déluge, l’impiété s’est produite en crimes violents et barbares : première phase que saint Épiphane appelle barbarisme ; du déluge au temps d’Abraham, elle se produisit en mœurs sauvages et farouches, comme celles des Scythes : seconde phase, qu’il appelle scythisme, usant de cette distinction de saint Paul : En Jésus-Christ il n’y a ni Barbare, ni Scythe, ni Hel­lène, ni Juif. L’hellénisme ou l’idolâtrie commença vers le temps de Sarug, bisaïeul d’Abraham, et le judaïsme à la circoncision de ce patriarche. Abraham fut d’abord appelé avec le caractère de l’Église catholique et apostolique, sans être circoncis. De l’hellénisme naquirent les hérésies ou systèmes de philosophie grecque ; de l’union de l’hellénisme et du judaïsme, l’hérésie des Samari­tains, avec ses diverses branches ; du judaïsme, les hérésies des Sadducéens, des Scribes, des Pha­risiens et autres ; du christianisme, il en était sorti jusqu’alors soixante, parmi lesquelles il compte et réfute ceux qui niaient la divinité du Saint-Esprit, et les Apollinaristes : prouvant, contre les premiers, que le Saint-Esprit est coéternel et consubstantiel au Père et au Fils, et qu’il procède de l’un et de l’autre ; et contre les seconds, que le Fils de Dieu, en s’incarnant, a pris réellement un corps et une âme semblable aux nôtres. Quant à la sainte Vierge, il y avait des hérétiques qui en niaient la perpétuelle virginité ; d’autres, au contraire, l’adoraient comme une divinité : il établit contre ceux-là qu’elle est demeurée toujours vierge, et contre ceux-ci, qu’il faut l’honorer, mais adorer Dieu seul. Il termine tout l’ouvrage par la pensée première : que l’Église catholique, formée avec Adam, annoncée dans les patriarches, accréditée en Abraham, révélée par Moïse, prophétisée par Isaïe, manifestée dans le Christ et unie à lui comme son unique épouse, existe à la fois et avant et après toutes les erreurs. 

Dans cet ouvrage, ainsi que dans son Anchorat, il dit que Pierre, le prince des Apôtres, malgré son reniement, est la pierre solide et immuable sur laquelle le Seigneur a bâti son Église dans tous les sens, et contre laquelle les portes de l’enfer, autrement les hérésies et les hérésiarques ne prévaudront point, C’est à lui que le Seigneur, en disant : Pais mes brebis, a confié la garde du troupeau qu’il gouverne comme il se doit par la vertu de son maitre.

Après avoir exposé la foi de l’Église, il ajoute sa discipline générale. Le fondement en est la virginité que gardaient un grand nombre de fidèles, puis la vie solitaire, ensuite la continence, après quoi la viduité, enfin un mariage honnête, surtout s’il est unique. La couronne de cet en­semble est le sacerdoce, qui se recrute le plus souvent parmi les vierges, ou du moins parmi les moines, ou, à leur défaut, parmi ceux qui s’abstiennent de leurs femmes, ou qui sont veufs après un seul mariage. Celui qui s’est remarié ne peut être reçu dans le sacerdoce, soit dans l’ordre d’évêque, de prêtre, de diacre ou de sous-diacre. Les assemblées ordonnées par les apôtres se tenaient généralement le dimanche, le mercredi et le vendredi ; ces deux derniers jours, on jeûnait jusqu’à None, excepté dans le temps pascal. Il n’était pas permis de jeûner les dimanches ni la fête de Noël, quelque jour qu’elle tombât. Excepté les dimanches, on jeûnait les quarante jours avant Pâques ; les six derniers, on ne prenait que du pain, du sel et de l’eau, et vers le soir. Les plus fervents en passaient plusieurs, ou même tous les six sans manger. On faisait nominative­ment mémoire des morts dans les prières et le sacrifice. Plusieurs avaient la dévotion particulière de s’abstenir de plus ou moins de choses permises d’ailleurs. L’Église défendait, en général, tout ce qui était mauvais, superstitieux, inhumain, et recommandait à tous l’hospitalité, l’aumône et toutes les œuvres de charité envers tout le monde. Telle est la substance du grand ouvrage de saint Épiphane. Il l’envoya, d’après leur prière, à des prêtres et des abbés de Syrie, avec une lettre qui en contient le sommaire et qu’on a mal à propos partagé en deux.

Le style du Panarium est peu poli, selon Godeau, Eloges des Ev. illustr. c. 37, p. 228 ; mais la doctrine qu’il contient est pure et excellente. On peut la comparer à ces diamants qui, sans être tailles, brillent par leur beauté naturelle. Nous avons de grandes obligations à saint Épiphane de nous avoir laissé l’histoire et la réfutation des anciennes hérésies. Il est vrai qu’on ne les connaît plus que de nom ; mais d’autres leur ont succédé, et leur succéderont jusqu’à la fin des siècles. L’esprit des hérétiques est toujours le même ; il traine toujours à sa suite l’orgueil, l’opiniâtreté et l’attachement à ses propres pensées.

2°) L’Anchorat, ainsi appelé parce qu’il est comme une espèce d’ancre qui doit fixer les es­prits dans la vraie foi, de peur qu’ils ne flottent et ne soient entrainés à tout vent de doctrine. Le saint docteur y établit et y donne des preuves abrégées des principaux articles de la foi catholique.

3°) L’Anacéphaléose, ou récapitulation abrégée du Panarium, et non de l’Anchorat, comme l’a cru Godescard, ainsi que beaucoup d’autres auteurs.

4°) Le Traité des poids et des mesures. L’auteur y fait paraitre beaucoup d’érudition ; il y parle des poids, des mesures et des coutumes des Juifs, afin de faciliter aux fidèles l’intelligence de la Bible.

5°) Le Physiologue, ou recueil des propriétés des animaux, avec des réflexions mystiques et morales. Il n’y a que les réflexions que l’on puisse attribuer à saint Epiphane.

6°) Le Traité des pierres précieuses. Le saint docteur tâche d’y expliquer les qualités des douze pierres précieuses qui étaient sur le rational du grand prêtre des juifs.

7°) Deux Lettres adressées, l’une à Jean, évêque de Jérusalem, et l’autre à saint Jérôme. Dans la première, le Saint répond aux différentes plaintes que Jean faisait de lui. Il y dit qu’ayant vu dans l’église d’Anablate, au diocèse de Jérusalem, un voile qui pendait à la porte, et sur lequel était peinte une image de Jésus-Christ ou de quelque saint (il ne se souvenait plus de qui elle était), il déchira ce voile et en envoya un autre. On aurait tort de conclure de ce passage que saint Épiphane ne voulait point qu’on honorât les images, et que le culte qu’on leur rend est de nouvelle date ; le construire est attesté par les monuments les plus authentiques. Eusèbe parle des miracles opérés à la célèbre statue de la femme guérie par Jésus-Christ d’un flux de sang, et qui était à Panée en Palestine. On voit aussi par saint Grégoire de Nysse, par saint Prudence, par saint Paulin, par saint Ephrem, etc., qui vivaient dans le même temps, que l’usage des images était alors universellement reçu dans l’Église. Le Clerc en convient lui-même. La conduite de saint Épiphane prouve donc seulement qu’il avait découvert des abus, ou du moins qu’il craignait que les peintures dont il s’agit ne fussent une occasion de chute, soit pour les juifs, soit pour les païens nouvellement convertis. On sait qu’en pareille circonstance, il est quelquefois prudent de défendre en certains lieux une pratique de discipline.

Dans sa lettre à saint Jérôme, saint Épiphane lui donne avis de la condamnation d’Origène par Théophile d’Alexandrie. Il y a encore quelques œuvres de saint Épiphane douteuses ou suppo­sées. (Voir la Patrologie grecque de M. Migne ).

Nous avons remarqué plus haut que saint Épiphane avait négligé la politesse du style. Son but était de se mettre à la portée des moins intelligents. Au reste, ce défaut et les autres que l’on reprend dans ses écrits n’ont point empêché qu’on ne l’ait regardé comme un des principaux Docteurs de l’Église.

Iconographie

On représente saint Épiphane faisant l’aumône, par allusion au fait suivant : Un escroc s’entendit avec un autre pour contrefaire le mort et obtenir du Saint de quoi faire face aux frais des funérailles. L’évêque accorda ce qu’on lui demandait, mais il arriva que le faux mort mourut réellement. Le survivant courut après saint Épiphane, et demanda la résurrection de son camarade. Le Saint répondit qu’ayant fait son devoir, il n’avait plus à intervenir. Dans ce cas, un cadavre est étendu aux pieds du pontife ; mais cela ne signifie pas qu’il lui rend les devoirs de la sépulture, comme l’ont dit quelques auteurs. – Son costume est le plus souvent celui des ermites.

« Il semble, dit le Père Cahier, qu’on doive le peindre les pieds nus ».

S’il est vrai, comme le rapporte Métaphraste, qu’ayant perdu une de ses sandales dans le baptistère, il résolut de ne plus se chausser. Saint Épiphane partage avec saint Barnabé le patronage de l’île de Chypre.

SOURCE : https://www.laviedessaints.com/saint-epiphane/

Épiphane de Salamine, 

Archevêque de Salamine, Chypre. 

ANCORATUS. L’homme bien ancré

Traducteur : Stéphane Bigham

I. Première Lettre[1]

Lettre à saint Épiphane,

l'évêque de Constance à Chypre, écrite par ceux qui sont autour de Tarsinos et Matidios ainsi que par d'autres prêtres, dans la ville de Syèdres en Pamphylie, lesquels prêtres interrogent l’évêque Épiphane sur la foi en le Père et le Fils et le Saint-Esprit et sur d'autres points de notre foi. Matidios, Tarsinos, Néon et Numérianos, des prêtres de l'Église catholique de Syèdres, offrent salutations dans le Seigneur au pieux évêque Épiphane.

De diverses façons, l'ennemi de l’humanité, le diable, s’occupe de semer la confusion et de planter sa propre semence en ceux dont le cœur est simple et la foi pas encore suffisamment attachée à la sainte Trinité. « Cependant les solides fondations posées par Dieu tiennent bon », comme le dit l'Écriture, « marqués du sceau de ces paroles : le Seigneur connaît les siens. » (2 Tm 2, 1) Mais les hérétiques, qui sont capables de tout, montrent leur infamie de plusieurs autres manières. Après avoir cessé de blasphémer Jésus, « ils élèvent en effet leur langue contre le Saint-Esprit et disent de la méchanceté contre ceux qui sont nobles. » (Ps 11, 5) Et même si des milliers peuvent vaciller, nous persisterons par la grâce du Seigneur dans la foi saine et n’enlèverons rien de l'enseignement orthodoxe et sain. Beaucoup qui semblent déjà être tombés dans l'erreur ont retrouvé le droit chemin par la faveur de Dieu grâce aux lettres d’Athanase le louable évêque, de très bienheureuse mémoire, et à ton frère pieux Proclianos. Puisque toutefois des branches de l'enseignement néfaste se trouvent encore çà et là, elles doivent être ou bien greffées par un jardinier très expérimenté, comme tu l’es, sur le bon arbre ou bien tout simplement coupées. Par conséquent, nous nous adressons à ta piété cette demande écrite : Que ta pieuse intelligence en sa bonté veuille préparer un écrit pour notre Église et en cela donner une explication détaillée de la foi orthodoxe et saine. Alors, ceux qui ne sont pas instruits, ainsi que ceux qui vacillent dans la foi, par ta sainte prière, seront de nouveau affermis et l'ennemi de l’Église, le diable, sera détruit. Que Dieu te garde en santé pour de nombreuses années ! Souviens-toi de nous dans tes prières !

II. Deuxième Lettre

Lettre de Palladios

Enquête par lettre de Palladios, citoyen de la même ville, Syèdres, écrite au même Épiphane, évêque de Constance à Chypre, sur la même affaire importante.

À Monseigneur honoré, l’évêque pieux, Épiphane, Palladios, citoyen de Syèdres, offre salutations dans le Seigneur.

Tant que le vent doux pousse le navire tout droit dans son cours, ceux qui veulent traverser la vaste et large mer ne s’inquiètent guère du port, car ils croient mener leur barque sur la mer avec peu d’effort. Mais aussitôt qu’une rafale défavorable souffle dans les voiles, que de tous les côtés d’immenses vagues fouettent le navire et qu’il est secoué, alors ils veulent toutefois être au port calme et sont aux aguets pour avoir en vue la terre ferme, mais s’ils ne peuvent jeter l’ancre nulle part, il ne leur reste aucun autre choix, pour se sauver, que d’atterrir sur une île qui apparaisse par hasard droit devant, comme justement ils devraient faire. Cependant, c'est seulement en maintenant le cap sur l’île et en fuyant sous la protection des falaises situées devant qu’ils peuvent échapper à grand-peine à la destruction menaçante tout autour d’eux. Nous sommes comme cela, Monseigneur, nous qui avons abandonné la mer agitée des soucis du monde, qui sommes instruits dans l’enseignement de Dieu et qui voulons piloter notre navire de vie vers le havre calme du Christ. Nous subissons justement des questions déraisonnables et, selon moi au moins, sans intérêt, sur le Saint-Esprit, soulevées par des personnes qui disent que nous ne devrions pas honorer l’Esprit comme nous le faisons pour la majesté divine, mais qu’il est au niveau d’un serviteur et d’un messager de Dieu. Ils répandent sur lui des enseignements pires et encore plus dégradants. Ainsi, nous nous voyons ballottés par des vagues agitées et par un déferlement des flots, mais nous ne pouvons trouver personne dans notre milieu qui soit apte à répondre aux questions soulevées et à développer pour nous un enseignement sain. Voilà pourquoi nous nous sommes sentis obligés de soumettre la question à ta piété, en ajoutant cet appel d’aide : « Sauve-nous, Seigneur. » Nous supplions donc ton orthodoxie, au-dessus de tout soupçon, celle qu’énoncent et qu’annoncent déjà la bonne renommée et des témoins dignes de confiance. Veuille donc estimer notre demande comme un appel du Sauveur et ne pas la prendre mal. Nous te prions également de faire un exposé dans une sainte lettre, plus longue et facile à comprendre, sur la foi en la sainte Trinité et de nous l’envoyer pour que nous, qui sommes attachés à cette foi, puissions obtenir ce que nous visons et qu’en outre ceux qui cheminent déjà dans cette foi puissent se réjouir de peut-être convertir ceux qui sont en erreur. Que Dieu soit loué en toutes choses.

III. Troisième Lettre

Lettre [d’Épiphane]


adressée à ceux qui sont autour des prêtres Matidios, Tarsinon, Néon et Numérianos, dans la ville de Syèdres en Pamphylie, et au citoyen Palladios sur la foi en le Père, le Fils et le Saint-Esprit, sur d'autres articles de la foi, sur la résurrection des morts et sur l’incarnation du Christ, écrite dans la 90e année de Dioclétien, au mois de juillet, concernant les questions posées dans leur propre lettre, telles qu’elles y sont posées.

Messieurs, mes très chers frères, prêtres comme moi, Matidios, Tarsinos et Numérianos et tous les autres avec vous, ainsi que mes fils très aimés, Palladios et Sévérianos. Vous avez de l’ardeur et du zèle pour la bonne chose et avez choisi pour vous-mêmes la bienheureuse et très désirable vie dans la foi orthodoxe et dans une concorde parfaite. Vous réalisez la parole du Sauveur : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres… » (Mt 19, 21) et « …tous ceux qui possédaient des terres ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de la vente et le déposaient aux pieds des apôtres. » (Ac 4, 34). Vous placez dans votre propre cœur tant de choses favorables et très bonnes que vous croyez pouvoir procurer en nous. À vous, frères avec moi, le plus insignifiant des évêques, moi, Épiphane, j’offre salutations dans le Seigneur Dieu.

Chapitre 1

Je me compte certainement heureux, bien-aimés, d’avoir été jugé digne, par ceux qui sont fervents, d’avoir mon esprit stimulé et de présenter ce qui est utile, bien que nous ne soyons pas suffisant par rapport au zèle pour Dieu des saints et des vertueux. Car mon esprit abject veut maintenir son repos et ne veut plus s’efforcer à rien, comme ceux qui ne prêtent pas attention à cette parole de l’apôtre : « Nous prendrons comme mesure la règle que Dieu nous a assignée pour mesure… » (2 Co 10, 13) Je dois maintenant quand même commencer, car les voix de tous les côtés m’importunent, non seulement celles de votre dévouement, qui viennent de Dieu, mais aussi celles qui [leur] sont semblables. Je pense à celles qui ont du dévouement pour la foi orthodoxe, comme celle de mon fils Hypatios qui a voyagé d’Égypte jusqu’à moi pour cela. Toutes ces voix m'ont touché. [Elles me poussent à] mettre de côté toute indifférence et toute hésitation afin de ne juger plus rien plus important que cette lettre sur la foi que je dois écrire. Vous et nos frères, vous vous interrogez sur des choses concernant votre salut, et, selon les réponses reçues, [vous espérez] pouvoir prouver, à partir de l’Écriture sainte et pieuse, de l’Ancien comme du Nouveau Testament, la fondation ferme de la foi dans le Père et le Fils et le Saint-Esprit et dans les autres éléments du salut en Christ — à savoir la résurrection des morts et l’incarnation de Fils unique : en un mot, dans tout ce qui touche à la plénitude du salut. Puisqu'une telle demande – qui n’est vraiment pas une mince affaire – m’est arrivée de la région et de la communauté de notre frère dans la prêtrise, Conops, ainsi que d’autres chers enfants de votre Révérence, pour ne pas oublier mon fils Hypatios qui est venu de l’Égypte jusqu’à moi pour cela, mon homme intérieur a été entièrement enthousiasmé quand j’ai vu s’unir ainsi beaucoup de voix identiques, et j’ai réfléchi. Alors, étant prêt, j'ai considéré indiqué de me mettre sans détour à répondre à votre demande et de vous écrire cette lettre, selon votre désir et ce, malgré mon insuffisance.

Chapitre 2

Je suis tout à fait frappé d'admiration en voyant l’économie de notre Seigneur et Dieu, lui qui a jugé bon de donner son Saint-Esprit, en surabondance de sa bonté en toutes choses, à ceux qui le cherchent en vérité. Mes bien-aimés, j’ai jugé que ce n’était pas un hasard que les demandes écrites, de vous et de ceux qui sont avec vous, soient arrivées, et je reconnais que votre motivation vient de la grâce de Dieu. Car ils sont dans la vérité ceux qui pensent d’une manière orthodoxe au sujet du Fils de Dieu et du Saint-Esprit ainsi que ceux qui savent confesser ce qui s’accorde et s’harmonise avec ce que le bienheureux apôtre Pierre a dit : « Tu es le Christ le Fils du Dieu vivant. » (Mt 16, 16) Ces derniers seront déclarés bienheureux par le Seigneur lui-même comme Pierre a été estimé bienheureux en entendant ces paroles du Sauveur : « Bienheureux es-tu Simon bar Jonas » (Mt 16, 17), c'est-à-dire « fils de Jonas », car son père s’appelait Jonas. Le mot bar en hébreu signifie fils. Car ceci est la vie, que le Fils unique de Dieu a donnée à ses propres disciples en disant : « …afin qu’ils aient la vie en eux-mêmes. » (Jn 3, 15 & 17, 2) Ceci est la vie dont il parlait : connaître « le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » (Jn 17, 3) En disant « le seul vrai Dieu », il nous a guidés vers la monarchie [de Dieu] afin que « nous ne soyons jamais asservis par les éléments du monde » (Ga 4, 3), que le polythéisme ne se retrouve pas en nous, que les pensées des hommes ne soient pas dissipées par un tel mal, mais que [l’homme réfléchisse] sur l’unité du seul vrai Dieu. « L’idée de faire des idoles a été l’origine de la fornication » (Sa 14, 12) dit l’Écriture. Elle dit aussi : « …et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » Qui est ce Jésus-Christ, sinon Dieu ? Si le Christ Jésus est Dieu, comme le dit Jean : « Le Fils unique est Dieu, celui qui est tourné vers [est dans] le sein du Père, celui-là l’a fait connaître » (Jn 1, 18), alors, le Dieu un est le Père, le seul vrai Dieu, ainsi que Dieu le Fils unique, qui n’est pas étranger à Dieu et à la monade [l’unité]. Mais puisque le Fils est du Père, il est [aussi] le seul vrai Dieu, mais pas comme ces dieux, faussement appelés ainsi par certains Grecs, mais comme seul vrai Dieu. Le Fils unique est le seul [vrai Dieu] parce qu’il vient du seul [Père]. Également seul et unique est le Saint-Esprit. Alors les trois sont en un seul : le Dieu un est le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

Chapitre 3

La parole effraie ceux qui ne sont pas estimés dignes du Saint-Esprit : « Et nul ne peut dire “Jésus est Seigneur” s’il n’est avec l’Esprit Saint. » (1 Co 12, 3) Même les juifs disent le nom Jésus, mais ils ne croient pas qu’il est le Seigneur. Et aussi, les ariens disent le nom et l’appellent Dieu, mais ils disent qu’il est adoptif et non vrai Fils puisqu’ils ne participent pas au Saint-Esprit. Car si quelqu’un n’a pas reçu le Saint-Esprit, il ne peut pas dire que Jésus est le Seigneur en vérité et Dieu en vérité et Fils de Dieu en vérité et roi éternel en vérité. Qu’ils apprennent, ceux qui ont la mauvaise opinion, parce que le Fils unique ne veut en rien rendre témoignage de lui-même. Car ainsi il dit dans l’Évangile : « Si je me rends témoignage à moi même, mon témoignage n’est pas valable. Un autre témoigne de moi. » (Jn 5, 31) Et qui est cet autre sinon celui qui a fait entendre sa voix du ciel : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé qui a toute ma faveur. » (Mt 3, 17) Mais celui qui dit : « Si je me rends témoignage à moi-même, mon témoignage n’est pas valable » (Jn 5, 31) est aussi le même qui dit : « Bien que je me rende témoignage de moi-même, mon témoignage est valable » (Jn 8, 14) et encore : « Ces œuvres mêmes que je fais me rendent témoignage que le Père m’a envoyé » (Jn 5, 36) et encore : « C'est de moi que Moïse a écrit. » (Jn 5, 39) [Le Christ a dit] la première fois : « Si je me rends témoignage à moi-même, mon témoignage n’est pas valable » (Jn 5, 31) parce que beaucoup se glorifient et se rendent témoignage à eux-mêmes. Il l’a dit pour retrancher la vantardise de ceux qui se glorifient, qui se recommandent. Ensuite il dit : « Si je me rends témoignage à moi-même, mon témoignage est valable. » (Jn 5, 31) En disant cela, il indique que son témoignage n’est pas de l’homme, mais c'est Dieu qui dit la vérité au sujet de son témoignage. Il est certain que le Père est vrai Dieu, que le Fils est vrai Dieu et que le Saint Esprit est vrai « Esprit de Dieu » (Rm 8, 9) et « l’Esprit de vérité ». (Jn 14, 17) Les trois sont comptés en un nom, car au sujet du Père, le Fils lui-même dit : « …afin qu’ils te connaissent le seul vrai Dieu. » (Jn 17, 3) Un témoin digne de foi [saint Jean l’Évangéliste], celui qui se reposait sur la poitrine du Christ, déclare que le Christ est Dieu le Fils unique. Il n’a pas ajouté à « Dieu le Fils unique » l’expression vrai Dieu, mais il a écrit au sujet du Père qu’il est « vrai Dieu », mais au sujet du Fils, il dit qu’il est « Dieu le Fils unique ». Encore l’expression « Dieu est lumière » (Jn 1, 9) est dite au sujet du Père, mais au sujet du Fils, il est dit que le Verbe « était la vraie lumière ». (Jn 1, 9)

Chapitre 4

Fais attention à l’exactitude des mots. D’une part, c’est le Père qui est lumière mais l’expression vraie lumière n’est pas ajoutée aux mots concernant le Père, mais, d’autre part, quant à l’expression concernant le Fils, on a dit vraie lumière et personne n’a l’audace de parler autrement. Qui serait si fou ou plutôt qui, concentrant la démence en lui-même, aurait l’audace d’attirer sur lui-même la suspicion de blasphème parce que, ne trouvant pas le mot véritable dans le texte de l’Écriture, dirait au sujet du Père qu’il n’est pas vraie lumière ? Car si le Fils véritable, que le Père a engendré, est vraie lumière, le Père, qui l’a engendré, est sans aucun doute aussi vraie lumière. Celui qui l’a engendré de toute éternité et avant tout commencement est [certainement] vraie lumière. Et comme il ne faut pas avoir l’audace de dire que le Père n’est pas vraie lumière, quoique le mot véritable ne soit pas ajouté, nous savons comment penser pieusement nous-même, même si l’expression vraie lumière n’est pas écrite. Nous n’en doutons pas le moindrement afin de ne pas nous perdre, car il est écrit du Fils qu’il est Dieu. Et bien que l’expression vrai Dieu ne soit pas ajoutée, nous tomberions nous-même dans la démence, si nous avions l’audace de blasphémer et de ne pas dire que le Fils est vrai Dieu même si l’expression n’y est pas ajoutée. Car il est suffisant de porter sur chacune des Personnes tout ce qui est attribué à la Trinité et de déduire, à partir du Père, que le Fils est vrai Dieu et que l’Esprit est vrai [Dieu], les [attributs] équivalents de la vérité s’appliquant à chacun des deux noms : d’une part, pour le Père, vrai Dieu ; d’autre part, pour le Fils, Dieu ; de nouveau pour le Fils, vraie lumière, mais pour le Père lumière. [Ainsi nous voulons] unir deux expressions concernant la divinité : vrai Dieu pour le Père et vraie lumière pour le Fils ; lumière pour le Père et Dieu pour le Fils. Alors, à partir des mots lumière et Dieu, vrai Dieu et vraie lumière, nous confessons une seule divinité et une seule unité de la Puissance [divine].

Chapitre 5

Et c'est de même pour le Saint-Esprit : « Si je pars, celui-là viendra », « l’Esprit de vérité » (Jn 16, 7) dit-il. Et au sujet de lui-même, le Christ dit : « Je suis la vérité » (Jn14, 6) et au sujet du Père : « L’Esprit de mon Père qui parle en vous » (Ag 2, 5) et au sujet de l’Esprit : « Mon Esprit se tient au milieu de vous. » (Mc 1, 12 & Mt 4, 1) L’Esprit, d’une manière mystérieuse, travaille ensemble avec le Fils : « Il le fait sortir dans le désert » où « il a été tenté par le diable. » Le Seigneur lui-même a dit que l’ » Esprit du Seigneur, celui qui m’a oint » (Lc 4, 18), [est] l’Esprit saint qui a parlé dans les prophètes : « Ainsi parle le Seigneur qui gouverne tout » et « celui qui parle aux prophètes est le Seigneur » (He 1, 1). Il est « l’Esprit qui établit le tonnerre et qui crée le vent », le tonnerre qui résonne aux oreilles des hommes, qui crée le vent pour de fortes pluies envoyées par Dieu sur la terre. Au sujet des créatures, ainsi parle « celui qui établit le tonnerre et qui crée le vent » (Am 4, 13), il fait naître ces créatures. Mais, « envoyant son oint [son Christ] aux hommes », il ne crée plus ; il n’établit plus, mais « il l’envoie aux hommes ». (Am 4, 13) Le Fils est en vérité celui qui a été engendré de la vérité, celui qui est incréé, immuable et invariable ; celui qui existe toujours à partir de celui qui existe toujours, celui que [Moïse et] Jean ont prêché comme étant celui qui existe depuis toujours. Le Fils dit : « Celui qui existe m’a envoyé. » (Ex 3, 14) Moïse et Jean disent : « Celui qui existe dans le sein du Père, celui-là l’a fait connaître. » (Jn 1, 18) Le Père existe, le Fils existe ; celui « qui existe est tourné vers [est dans] celui qui existe, étant engendré de lui, n’étant pas fusionné au Père, n’ayant pas commencé à exister. Il est toujours le Fils légitime existant avec le Père, étant toujours le Fils légitime existant avec le Père qui est toujours le Père qui engendre le Fils. Il n’a jamais été un moment particulier où le Fils n’existait pas auprès du Père unique, car s’il y avait eu un moment où le Père n’était pas le Père, alors le même [le Logos] aurait été le Fils d’un autre Père avant que le Père ne soit le Père du Fils unique. Et [si c'était comme cela], ceux qui sont réputés entièrement pieux envers le Père seraient impies. En Dieu, il n’y a ni temps ni moment particulier, ni instant de temps, aucune fraction d’une heure, aucun clin d’œil, ni soudain mouvement de la pensée, mais chaque fois que ta pensée avance pour saisir le Fils et croire en lui, pense aussi au Père. Le nom [Père ou Fils] est significatif [pour chaque Personne]. Chaque fois que tu dis Fils, en disant Fils tu penses Père, car à partir du Fils le Père est pensé et chaque fois que tu dis Père, tu indiques le Fils, car le Père est entièrement nommé dans le nom du Fils.

Chapitre 6

Quand oseras-tu dire que le Père n’est pas le Père pour oser dire en même temps que le Fils n’est pas le Fils ? Si tu n’oses pas ajouter la dignité [de paternité] au Père (parce que le divin existe en identité et n’a besoin d’aucun ajout ni de gloire ni de croissance), « apprends à ne pas blasphémer », (1 T1, 20), ô lutteur contre la foi, ou plutôt toi qui te chasses toi-même loin de la foi, mais on croit depuis toujours que le Père engendre en vérité le Fils éternel, celui qui est réellement et depuis toujours tourné vers [est dans] celui qui est réellement Père. Mais le Fils a été engendré ; il est [ensemble avec le Père] depuis toujours n’ayant pas été fusionné avec Père, n’étant pas un frère du Père, mais un Fils de naissance et engendré du Père, Fils naturel, et non adoptif, Fils consubstantiel [homoousios] au Père, pas ensemble avec lui par fréquentation sociale, mais consubstantiel [homoousios], c'est-à-dire non en dehors du Père, ayant été engendré, comme le prétendent certains en feignant ignorance, voulant que le Fils ne soit pas Fils en vérité. Dire homoousios [par rapport au Fils] est le lien de la foi. Si tu avais dit homoousios, tu aurais brisé la force de Sabellios, car lorsque [on dit] homoousios le mot indique que [le Fils] existe à partir d’une seule hypostase[2], mais aussi il signifie que le Père est enhypostasié et que le Fils est enhypostasié et que le Saint-Esprit est enhypostasié. Mais lorsque quelqu’un dit homoousios, il signifie que [le Fils] n’est pas étranger à la même divinité, mais que Dieu le Fils est de Dieu ainsi que le Saint-Esprit est Dieu, de la même divinité, non trois dieux. Car si nous ne disons pas que le Fils et l’Esprit sont Dieu, nous disons deux dieux. Car notre Dieu est un, comme l’a dit le bienheureux Moïse : « Le Seigneur est ton Dieu ; le Seigneur est un. » (Dt 6, 4) Nous ne disons pas dieux en disant Dieu le Père, Dieu le Fils, et Dieu le Saint-Esprit, non pas dieux. Il n’y a pas plusieurs Dieux en Dieu. Par les trois noms est signifiée une seule divinité, du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Et il n’y a pas deux Fils, car le Fils est monogène [engendré par un pour être un] ; le Saint-Esprit est l’Esprit qui est saint, l’Esprit de Dieu, étant depuis toujours avec le Père et le Fils, n’étant pas étranger à Dieu, venant de Dieu, « qui procède du Père » (Jn 15, 26) et « prenant du Fils ». (Jn 16, 14) Mais le Fils monogène [engendré par un pour être un] est incompréhensible et l’Esprit est incompréhensible, venant de Dieu, n’étant pas étranger au Père et au Fils. L’Esprit n’a pas été fusionné avec le Père et le Fils, mais ils sont trois, depuis toujours, étant de la même essence, non d’une autre essence par rapport à la divinité ni d’une autre divinité par rapport à l’essence, mais le Fils et l’Esprit Saint sont la même divinité et de la même divinité.

Chapitre 7

Et le Saint-Esprit est esprit et le Fils est fils. L’Esprit, procédant d’auprès du Père et prenant du Fils (Jn 15, 26 & 16, 14) et « scrutant les profondeurs de Dieu » (1 Co 2, 10), annonce les choses du Fils dans le monde et il sanctifie les saints en troisième place de la Trinité, selon la désignation du nom (puisque la Trinité est le Père et le Fils et le Saint-Esprit, car il dit : « Sortez et baptisez au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » (Mt 28, 19)). Ce dernier, étant le sceau de la grâce et le lien de la Trinité, pas une chose numériquement distincte d’elle, n’est ni séparé du nom, ni étranger à l’octroi des dons. Il y a un Dieu, une foi, un Seigneur, une grâce, une Église, un baptême. La Trinité est toujours Trinité et rien ne lui a jamais été ajouté, ainsi la rendant dénombrable : Père et Fils et Saint-Esprit. La Trinité n’existe pas par fusion, rien en elle n’est distinct de sa propre unité : en hypostase très parfaite, le Père est parfait ; parfait est le Fils et parfait est le Saint-Esprit : Père et Fils et Saint-Esprit. L’Esprit, par contre [de anapalin], est rangé parmi les dons de grâce, car « il y a, certes, diversité de dons spirituels, mais c'est le même Esprit ; diversité de ministères, mais c'est le même Seigneur ; diversité d’opérations, mais c'est le même Dieu qui opère tout en tous. » (1 Co 12, 4-6) Que nous ne nous écartions pas de ce qui a été présenté jusqu’à maintenant ; que nous ne nous éloignions pas de la vérité. Nous ne plaidons pas pour Dieu[3], mais nous pensons pieusement afin de ne pas nous faire perdre et nous ne parlons pas comme ceux qui saisissent [Dieu, prétendant de le connaître], car nous sommes des hommes qui parlent des choses dont nous avons l’expérience. La dignité divine est infinie et [la Trinité] est dix mille fois plus glorifiée que nos pensées [sur elle] et elle est toujours glorifiée. Rien ne peut être ajouté à la gloire, ni ne peut être enlevé de ce qui lui est propre, car rien dans la Trinité n’est créé ni produit dans le temps, mais le Père a engendré le Fils. Il n’a jamais eu de temps lorsque le Fils n’existait pas ; le Père n’est pas appelé Père à partir d’un certain moment dans le temps, mais il a toujours été Père et le Fils a toujours été le Fils. Le Fils n’est pas un frère, mais un Fils engendré ; il est inexplicable et nommé ainsi d’une manière incompréhensible, étant toujours avec le Père ; il n’a pas commencé à exister à un certain moment. Le Père est donc inengendré, incréé et incompréhensible ; le Fils est engendré mais aussi incréé et incompréhensible ; l’Esprit Saint existe depuis toujours, n’étant ni engendré ni créé. Il n’est pas un frère, ni oncle, ni ancêtre, ni enfant, mais le Saint-Esprit est de la même essence du Père et du Fils, « car Dieu est esprit ». (Jn 4, 24)

Chapitre 8

Chacun des noms ne désigne qu’un seul [une seule Personne ;monônymon] et aucun d’eux ne nomme un autre, car le Père est Père et il n’y a personne ou rien en face de lui faisant ainsi son vis-à-vis. Le Père n’est pas uni à un autre Père, ce qui donnerait deux Dieux : impossible. Et le Fils est monogène, vrai Dieu de vrai Dieu ; il n’a pas le nom Père, mais il n’est pas étranger au Père. Il est le Fils du Père. Le Fils est monogène[4] afin de porter un seul nom [monônymon] ; il est Dieu de Dieu afin qu’il y ait un Dieu, appelé Père et Fils. Le Saint-Esprit est aussi monogène[5] n’ayant pas le nom Fils ni la désignation Père, mais il est ainsi appelé Saint-Esprit et n’est pas étranger au Père. Le monogène, le Christ, lui-même dit : « l’Esprit du Père » (Jn 15, 26) « qui procède du Père » et « qui prendra de moi » (Jn 16, 15) afin que l’Esprit ne soit pas nommé étranger au Père ni au Fils, mais qu’il soit de la même essence et de la même divinité, Esprit divin, « Esprit de la vérité » (Jn 15, 26), l’Esprit de Dieu, l’Esprit consolateur, ayant été appelé par un seul nom [monônymôs]. Il n’a personne ou rien en face de lui qui fait son vis-à-vis ; il n’est pas l’égal de quelque autre esprit ; il n’est pas appelé par le nom du Fils ni désigné par le nom du Père afin qu’il n’y ait pas de noms [ta monônyma] qui désignent plusieurs choses [homônyma], sauf que le mot Dieu désigne le Père, il désigne aussi le Fils et il désigne le Saint-Esprit ; les mots Dieu et de Dieu [s’appliquent aux trois]. L’Esprit est de Dieu et Esprit du Père ainsi qu’Esprit du Fils, pas par quelque mélange mais comme le corps et l’âme en nous. L’Esprit est au milieu [entre le] du Père et du Fils, étant du Père et du Fils, troisième par la désignation. Il dit : » Sortez et baptisez au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » (Mt 28, 19) Si le Père baptise en son propre nom, au nom de Dieu, et si le sceau dont nous sommes marqués au nom de Dieu est parfait, et si le Christ baptise en son propre nom, au nom de Dieu, et si le sceau dont nous sommes marqués au nom de Dieu est parfait, qui oserait guerroyer contre sa propre âme en disant que l’Esprit est étranger à la divinité ? Car si [nous marquons d’un sceau] au nom du Père, au nom du Fils et au nom du Saint-Esprit, il y a un seul sceau de la Trinité. Une, certes, est la puissance de la divinité dans la Trinité, mais si l’un est Dieu, mais les autres sont créatures – donc ces dernières ne sont pas Dieu – par quelle parole sont unis les deux dans l’un par le sceau de perfection ? Donc, nous avons été marqués d’un sceau par un nom royal, celui de l’un, [c'est à dire] du Père, les autres [noms] ne sont pas royaux [et nous n’avons pas été libérés], mais nous sommes toujours esclaves des éléments et des créatures et le seul nom du Père ne pouvait pas sauver, mais le créateur a ajouté à lui-même deux éléments, selon la pensée de ceux qui blasphèment, dont le résultat est que sa divinité obtienne aussi d’autres puissances et que le créateur puisse sauver celui qui est marqué par lui d’un sceau et que l’homme créé par lui saisisse la libération à travers l’absolution des pécheurs.

Chapitre 9

Hélas, quel bavardage ; ô quel blasphème ! D’où une autre nouvelle incroyance a-t-elle pu se glisser furtivement dans la vie, ou plutôt, voudrais-je dire, une foi fausse ? Car la fausse foi est pire que l’incroyance, car cette dernière, parvenant à la foi, se dirige sur le bon chemin, mais la fausse foi est incorrigible et peut à peine être sauvée, à moins qu’il ne vienne de nouveau une onction d’en haut. Le bienheureux Pierre dit à Ananie : « Comment Satan t’a-t-il tenté de mentir ? » (Ac 5, 3) et encore il a dit : « Tu n’as pas menti aux hommes mais à Dieu. » (Ac 5, 4) Donc, l’Esprit est Dieu du Père et du Fils à qui ont menti ceux qui ont gardé pour eux-mêmes une part du prix. Et Paul s’accorde aussi avec cette parole en disant : « Vous êtes le temple de Dieu et l’Esprit de Dieu vit en vous. » (1 Co 3, 16) Alors donc, l’Esprit est Dieu, comme on l’a déjà dit. C'est pourquoi les hommes saints, ceux qui laissent le Saint-Esprit vivre en eux, seront appelés temples de Dieu. Ainsi témoigne le chef suprême des apôtres, celui qui a été jugé bienheureux par le Seigneur, parce que « le Père [le] lui a révélé ». (Mt 15, 17) Donc le Père [lui] a révélé le Fils véritable et [l’]a estimé bienheureux et le même, le Père, a encore révélé son Saint-Esprit. Ainsi il convenait pour le premier des apôtres, celui qui est la pierre solide « sur laquelle l’Église de Dieu a été construite et contre laquelle les portes de l’Enfer ne prévaudront pas. » (Mt 16, 18) Les portes de l’Enfer sont les hérésies et les chefs des hérésies. De toutes sortes de manières, la foi a été affermie en lui qui tient la clé des cieux et qui, en déliant sur terre, délie aux cieux. En Pierre, toutes les questions subtiles de la foi seront trouvées [illustrées]. Pierre a renié trois fois et il s’est condamné trois fois jusqu’à ce que le coq ait chanté. Pour signifier la surabondance de son amour pour son propre maître, Pierre a insisté fortement en disant : « Même si tous te renient, je ne te renierai pas » (Mt 26, 32 ; Mc 14, 24) et ainsi Pierre l’a reconnu comme homme véritable. Pierre est celui qui a pleuré en entendant le chant du coq afin qu’il confesse en vérité que l’arrestation du Fils de Dieu n’était pas une apparence mais la vérité et qu’il dise, en pleurant sur son arrestation orchestrée par les pharisiens, que le Christ est homme véritable. Pierre est celui qui est sorti pour aller pêcher en Galilée ; il était un compagnon de celui qui se reposait sur la poitrine [du Christ] Celui-ci, Jean, d’une part, a appris auprès du Fils et prenant du Fils la puissance de la connaissance, il [l’]a révélée ; celui-là, Pierre, d’autre part, a reçu de l’aide d’auprès du Père et a affermi les fondements de la certitude de la foi [par sa confession]. C'est Pierre qui, après avoir été appelé, était dans le bateau sur le lac de Tibériade, nu, et pêchait – le disciple que Jésus aimait était avec lui. Et sur la parole que le Sauveur a dite : « Mes enfants, n’avez-vous pas un petit quelque chose à manger ? » et encore : « Jetez sur le côté droit du bateau et vous en trouverez » (Jn 21, 6), sur cette parole stupéfiante dite à Pierre, Jean, celui que Jésus aimait, a dit : « C'est le Seigneur » (Jn 21, 7), lui, le Christ, qui était, d’une part, homme selon la chair à partir de Marie qui l’avait conçu en vérité et non pas en apparence, mais Dieu, d’autre part, selon l’Esprit qui des cieux venait du Père. Pierre est celui qui a entendu d’auprès du Christ : « Pierre, pais mes brebis » ; il est celui qui était jugé digne de devenir le pasteur du troupeau, conduisant les brebis bien dans la puissance de son propre maître, confessant [l’incarnation] selon la chair, annonçant en vérité les choses du Père concernant le Fils, signifiant l’Esprit et sa dignité en divinité, donnant la main droite à Paul et à Barnabé et étant un compagnon avec Jacques et Jean afin que « par le témoignage de trois, toute parole soit établie. » (Dt 19, 15)

Chapitre 10

Rien ne peut être établi sauf par deux ou trois témoins, car sur des témoins [même la foi] a été fondée par des paroles voilées de ceux qui vivaient sous la Loi. [Il est vrai] que ces derniers ne reconnaissaient que le Père à moins qu’ils aient accepté le pouvoir du Fils. Ainsi, à travers le témoignage du Père et du Fils, ils seraient confirmés et par le témoignage du troisième, ils auraient accepté le Saint-Esprit et seraient rendus complets [ayant ainsi trois témoins].[6] Pour cette raison, les voix des chérubins et des séraphins criaient clairement et fortement : « Saint, Saint, Saint. » (Jr 6, 3) Car la glorification au ciel ne s’accomplit pas par deux exclamations. Et les mêmes saintes puissances invisibles, spirituelles et vivifiantes n’ont pas non plus crié « Saint » une quatrième fois et les mêmes puissances n’ont pas crié un quatrième « Saint » [Personne]. Ils ne l’ont pas invoqué seulement une fois non plus, mais trois exclamations distinctes : « Saint, Saint, Saint. » Et ils ne disent pas « Saint, Saint » pour ne pas déclarer l’unité sous plusieurs noms et pour ne pas cacher le chiffre 3, mais, d’une part, ils offrent la louange trois fois et, d’autre part, ils prononcent le chant unanimement et d’une manière une, afin de ne pas nommer une pluralité de Dieux. Car Dieu est un, le Père est dans le Fils et le Fils est dans le Père avec le Saint-Esprit. Et pour cette raison, ce dernier est le « Saint demeurant dans les saints ». (Is 57, 15) Ainsi, il y a donc le Père véritable [et] substantiel [« enhypostasié »] et le Fils véritable [et] substantiel [« enhypostasié »] et le Saint Esprit véritable [et] substantiel [« enhypostasié »][7] : les trois étant une seule divinité, une seule essence, une seule glorification, un seul Dieu. En nommant le Fils, tu as embrassé la Trinité en pensées ; tu avais l’Esprit Saint, tu es jugé digne de la puissance paternelle et du Fils de Dieu. Tu as glorifié le Père, tu as fait connaître le Fils et l’Esprit Saint, mais non par une fusion, car le Père est Père, le Fils est Fils, et le Saint-Esprit est Saint-Esprit. La Trinité n’est pas étrangère, par contre, à l’unité ni à l’identité. Le Père est honoré comme Père, le Fils est honoré comme Fils, et le Saint-Esprit est honoré comme Esprit véritable et Esprit de Dieu. Ainsi le Fils monogène dit : « Celui qui honore le Père honore le Fils » (Jn 5, 23) ; en disant Père, tu signifies le Fils et tu honores le Fils ; et il dit : « Celui qui honore le Fils honore le Père. » (Jn 5, 23) Car en nommant le Fils, tu honores le Père, mais non en disant qu’il est inférieur au Père.

Chapitre 11

Si une telle pensée[8] est absente de nous les hommes et si nous ne voulons pas que les fils soient inférieurs, n’ayant pas un honneur inférieur à l’honneur paternel (car le mépris manifesté envers les fils équivaut au mépris manifesté envers les pères), combien de plus Dieu le Père ne voudrait-il jamais que son Fils soit inférieur ? Dans ce cas-là, si quelqu’un croit que le Fils véritable du Père manque quelque chose de la gloire paternelle, cet homme déshonore le Père, [lui ajoutant du mépris] à la place de l’honneur, et celui-là est emporté par ignorance. Donc, comme [le Fils] révèle le Père, en disant : « Personne n’a vu le Père si ce n’est le Fils et personne n’a vu le Fils si ce n’est le Père » (Mt 11, 27), j’ose dire que personne n’a vu l’Esprit si ce n’est le Père et le Fils de qui [du Père] il procède et de qui [du Fils] il prend. Ceux qui ne parlent pas selon la vérité mais par folie ou qui sont plutôt possédés, comment osent-ils dire que l’Esprit est étranger à Dieu ? [Comment se fait-il que] ceux-là n’apprennent pas de la voix véridique de saint Paul, digne de foi, à qui le chef suprême des apôtres, Pierre, a donné la main droite, ce Pierre qui a été jugé digne de tenir la clé du royaume ? [Comment se fait-il qu’ils n’apprennent de] Paul qui a entendu du ciel « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » (Ac 9, 4) C'est Paul qui a été jugé digne d’entendre « des paroles ineffables qu’il n’est pas permis à l’homme de dire » (2 Co 12, 4) ; c'est Paul qui a dit que « personne n’a vu les choses de l’homme si ce n’est l’esprit de l’homme, l’esprit qui vit en lui » (1 Co 2, 11) ; c'est encore Paul qui, à partir du modèle [de la copie], voulait expliquer les choses célestes non pas que le modèle [la copie] de l’homme soit copié en Dieu, mais que par le modèle [la copie], il révèle une part des choses célestes. Toute la création réunie : les anges, les archanges, les chérubins et les séraphins avec toutes les puissances célestes, dans les cieux et sur la terre, les choses terrestres, célestes, souterraines, les corps lumineux et les étoiles, les choses sèches et les choses humides – en un mot, toutes les choses au ciel et sur la terre ne peuvent pas être expliquées ni être considérées égales à leur maître. Selon la grâce, Dieu a accordé l’image à l’homme, en disant : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa. » (Gn 1, 27) Par grâce, tout homme a l’image, mais personne ne pourra être l’image de son maître, car, d’une part, il y a l’invisible et, de l’autre, le visible ; l’immortel et le mortel. D’une part, on a le puits de toute la sagesse qui a toutes choses parfaites en lui et, de l’autre, on a l’homme qui n’a que quelques grâces, ayant abandonné les plus parfaites. À moins que Dieu ne veuille accorder à ceux qui reviennent [par le repentir], selon le mérite, la perfection selon la grâce.

Chapitre 12

Cependant, en se servant d’une comparaison, le même saint apôtre, Paul, dit : « Qui donc entre les hommes sait ce qui concerne l’homme, sinon l’esprit de l’homme qui est en lui ? De même, nul ne connaît ce qui concerne Dieu… » (1 Co 2, 10) Et il n’a pas dit sinon l’esprit de Dieu qui habite en lui, mais seulement « l’Esprit de Dieu » afin que personne ne pense que le divin est un composé ou une addition de parties. Il dit : « …sinon l’Esprit de Dieu », car « l’Esprit de Dieu en effet sonde tout jusqu’aux profondeurs de Dieu. » (1 Co 2, 10) Donc, l’Esprit de Dieu n’est pas étranger à Dieu, sondant les profondeurs de Dieu. Si la divine Écriture nous blâme [si nous essayons de sonder les choses cachées] en disant : « Ce qui t’a été commandé, pense à ces choses, car il n’est pas nécessaire que tu sondes les choses cachées » (Si 3, 22) et « Ne cherche pas ce qui est au dessus de toi, ni n’examine les profondeurs » (Si 3, 21), dirons-nous alors, concernant le Saint-Esprit, qu’il sonde les profondeurs de Dieu parce qu’il est excessivement curieux ou parce qu’il est tout à fait naturel pour lui [de le faire] ? Où sonde-t-il les profondeurs de Dieu ? Par quelle cause ? Parle, ô homme sans intelligence. Comme s’il se mêlait indiscrètement de quelque chose ? Comme s’il examinait les affaires d’autrui ? Comme s’il ne désirait pas ses propres choses ? Que cela n’arrive jamais. Mais lorsque les saints sont jugés dignes de recevoir en eux le Saint-Esprit, aussitôt le Saint-Esprit vit en eux et aussitôt le Saint-Esprit est né dans les saints ; il leur accorde la grâce de sonder les profondeurs de Dieu afin de le glorifier profondément. Comme même David le confesse, en disant : « Des profondeurs j’ai crié vers toi, Seigneur » (Ps 129, 1) d’une manière infiniment grande et non d’une manière très petite et simple comme disent les ariens et tous les autres étrangers [à la foi]. Depuis la Loi donnée par Moïse, les hérésies qui ont égaré les hommes après lui et avant l’avènement du Christ incarné sont au nombre de 11 et après l’avènement de l’incarnation, 60 autres, à part toutes ces hérésies d’avant la Loi, 5, et les 4 autres hérésies des Grecs, lesquelles ensemble font 9 d’avant la Loi. Ensemble toutes les hérésies avec leurs mères atteignent le chiffre 80, et ces mères sont en vérité 5 : le barbarisme, le scythisme, l’hellénisme, le judaïsme et le samaritanisme. Ensuite, il y a quatre hérésies venant de l’hellénisme : les pythagoriciens, les platoniciens, les stoïciens et les épicuriens. De la Loi jusqu’à l’avènement dans la chair du Christ, il y en a 11. Du judaïsme, il y en a sept : les scribes, les pharisiens, les sadduciens, les osséens, les nazoréens, les hémérobaptistes et les hérodiens. Des samaritains, il y a 4 hérésies : les gorothéniens, les sébuens, les esséniens et les dosithéens. Ensemble, il y a 11 hérésies après la Loi venant des juifs et des samaritains.

Chapitre 13

Donc, il y avait en tout 20 hérésies avant l’avènement du Christ dans la chair, ayant commencé avec Adam jusqu’au Christ. Après l’avènement du Christ dans la chair jusqu’au règne de Valentinien, de Valens et de Gratien, il y a 60 hérésies qui ont faussement prononcé le nom du Christ. Ainsi elles sont énumérées :

• les simoniens ;

• les ménandriens ;

• les satorniliens ;

• les basilidiens ;

• les nicolaïtes ;

• les gnostiques aussi appelés les stratiotiques ou les phibionites, par certains appelés les secundiens, par d’autres les socratiques, par encore d’autres les zakkhéens et par encore certains autres les koddiens ou les borboriens ;

• les carpocratiens ;

• les cérinthiens aussi appelés les mérinthiens ;

• les nazoréens ;

• les ébionites ;

• les valentiniens ;

• les secundiens auxquels se sont associés Épiphane et Isidore ;

• les ptolémaïtes ;

• les marcosiens ;

• les colorbasiens ;

• les héracléonites ;

• les ophites ;

• les caïnites ;

• les séthiens ;

• les archontiques ;

• les cerdoniens ;

• les marcionites ;

• les lucianistes ;

• les apelléiens ;

• les sévériens ;

• les tatianites ;

• les encratites en Phrygie aussi appelés priscilliens ou quintilliens auxquels se sont associés les artotyrites ;

• les quartodéciemans qui célèbrent Pâques un seul [et même] jour de l’année ;

• les aloges qui n’acceptent pas l’Évangile et l’Apocalypse de Jean ;

• les adamiens ;

• les sampséens aussi appelés les elchésaïtes ;

• les théodotiens ;

• les melchisédéciens ;

• les bardésanites ;

• les noétiens ;

• les valésiens ;

• les cathares aussi appelés les novatiens ou les montanistes comme ils sont appelés à Rome ;

• les angéliques ;

• les apostoliques aussi appelés les apotactiques ;

• les sabelliens,

• les origéniens qui sont des criminels ;

• les origéniens d’adamantius ;

• l’hérésie de Paul de Samosate ;

• les manichéens aussi appelés les acouanites ;

• les hiéracites ;

• les melétiens qui sont des schismatiques en Égypte ;

• les ariens aussi appelés ariomanites ;

• le schisme des audiens qui ne sont pas hérétiques ;

• les photéniens ;

• les marcelliniens ;

• les hémiaréens ;

• les pneumatomaques qui blasphémaient le Saint-Esprit de Dieu ;

• les aeriens ;

• les aetiens aussi appelés anoméens auxquels s’est associé Eunomius [bonne loi ou bon ordre] qui est mieux appelé « Anomos » [sans loi ou criminel] ;

• les dimœrites qui ne confessent pas la parfaite incarnation du Christ, aussi appelés les apollinaristes qui disent que sainte Marie la toujours vierge, après la naissance du Sauveur, s’est mariée à Joseph, et nous les avons appelés les antidicomarianites et ils offrent du collyride au nom de Marie, donc le nom les collyridiens ;

• les messaliens auxquels se sont associés les martyriens qui sont des Grecs ;

• les euphémites ;

• et les sataniens.

Chapitre 14

Je me suis tout simplement désolé, et je me désole encore, d’énumérer un si grand nombre de telles hérésies et de raconter leurs pratiques criminelles, [mais] je parlerai encore de deux schismes : [le premier, celui] des melétiens d’Égypte déjà mentionnés, qui, par la chute de quelques-uns au moment de la persécution, ont été reçus auprès des nôtres dans leurs rangs cléricaux, après [avoir manifesté] du repentir, eux qui s’étaient séparés eux-mêmes ; mais ils n’étaient pas en hérésie. [Le second schisme est celui] des audiens en Mésopotamie, également déjà mentionnés, qui étaient en schisme sans avoir une foi étrangère ; ils aimaient seulement se disputer, d’une manière simple et enfantine, du « selon l’image » ; ils ne révoltaient pas contre la foi en se séparant, ni pour une autre raison, mais par un sens exalté de justice, selon eux parce qu’ils ne [veulent] pas avoir communion avec les évêques et les prêtres qui ont accepté de l’or et de l’argent et parce qu’ils [veulent] célébrer Pâques en même temps que les juifs la célèbrent. Alors pour ces raisons, ils se sont séparés et se sont éloignés de l’unité de l’Église orthodoxe. Car ceux qui n’ont pas accepté le Saint-Esprit n’ont pas appris les profondeurs de Dieu et ils se sont détournés vers ces hérésies et schismes par un prétexte de vaines paroles. Car ceux qui abandonnent la vérité ont marché sur beaucoup de chemins, tantôt çà tantôt là, concevant autres choses. Mais le même saint apôtre, Paul, parle et nous explique ceci : « Nous avons reçu l’Esprit de Dieu, afin de connaître les dons gracieux que Dieu nous a faits. Et nous en parlons non pas avec des discours enseignés par l’humaine sagesse, mais avec ceux qu’enseignent l’Esprit, s’exprimant en termes spirituels des réalités spirituelles. » (1 Co 2, 12-13) Et ainsi de suite. Donc, l’Esprit de Dieu n’est pas étranger à Dieu, car s’il est étranger à Dieu, comment connaît-il les profondeurs de Dieu ? Mais que me diras-tu, ô homme de vaine gloire, ô lutteur contre toi-même, pour me convaincre de ne plus dire que l’Esprit Saint [est] de Dieu ? Pourquoi alors, ô homme de vaine gloire, luttes-tu contre Celui qui ne fait pas la guerre ? Pourquoi combats-tu contre Celui qui ne combat pas ? « Il est dur pour toi de regimber contre l’aiguillon. » (Ac 26, 14) Tu te scandalises toi-même, et non le Verbe ; tu te condamnes et non l’Esprit ; tu te détaches de la grâce de Dieu et non le Fils du Père, ni l’Esprit Saint du Père et du Fils.

Chapitre 15

Tu parles certainement avec finasserie, car j’ai déjà entendu aussi quelques déclarations sottes qui transforment la vérité de notre Dieu et Sauveur en blasphème : « “Il sonde les profondeurs de Dieu, mais il ne [les] comprend pas” ; ces mots ne sont pas ajoutés au texte. L’apôtre a seulement dit “Il sonde les profondeurs de Dieu” et il n’a pas ajouté “et il [les] comprend.” » Ô quelle énorme stupidité ! Car, après avoir dit « il sonde », était-il nécessaire, ô homme frappé de stupeur, de dire « et il [les] comprend » ? Selon ta faible pensée, le texte est incomplet si « et il [les] comprend » n’est pas ajouté à cette lecture ? Mais maintenant, il ne te reste pas d’excuse, car, de toutes façons, l’Écriture unit la vérité à l’homme pieux. Au sujet de Dieu tout-puissant, il est écrit ainsi : « Dieu scrute les reins » (Jr 11, 20) et « il scrute le cœur et […] sonde les reins » (Jr 17, 10) Mais s’il scrute les reins, n’est-ce pas le cas qu’il connaisse ce qu’il scrute ? Or la totalité de la connaissance n’est-elle pas connue par le fait de scruter ? Encore, quant à « sonde le cœur », « et il [le] comprend » n’est pas ajouté. Soit, « et il [le] comprend » n’est pas ajouté au texte, mais je me procurerais la mort si j’insérais « et il ne [le] comprenait pas » au texte, selon ta parole, n’est-ce pas, ô insensé ? Ainsi donc, même au sujet de l’Esprit Saint, il est dit qu’il sonde et il n’est pas nécessaire de dire qu’il comprend aussi, car par l’expression même, il est montré que la connaissance de Dieu et des profondeurs de Dieu est dans le Saint-Esprit. Et s’il n’est dit « et il [les] comprend », pense la même chose et tu ne perdras pas ta propre âme. Comme il ne faut pas avoir l’audace de dire au sujet du Père, « il sonde et il ne comprend pas » – car lui-même a créé l’homme avec le Fils et le Saint-Esprit, car si la Trinité est toujours la Trinité, rien ne lui est jamais ajouté – ainsi donc même au sujet de l’Esprit Saint, il faut penser [de même]. Car lorsqu’il est dit : « faisons l’homme » (Gn 1, 26) et « Au commencement, Dieu a fait le ciel et la terre » (Gn 1, 1), il fait sonner l’appel du Père appelant [toutes choses] à la création et disant « faisons » par lequel mot je ne voudrais pas désigner seulement le Fils mais aussi l’Esprit Saint. Ainsi il dit : « Par le Verbe du Seigneur les cieux ont été affermis et par l’Esprit de sa bouche, toute leur puissance. » (Ps 32, 6) Donc le Logos crée avec le Père, il crée et aussi avec le Saint-Esprit. Alors, celui qui a fait l’homme, le Dieu tout-puissant, ne connaît-il pas les choses de l’homme, celui qui « sonde le cœur » ? Mais le texte confirme la plénitude de la connaissance de Dieu en disant cela, afin qu’aucun pécheur parmi nous n’ait l’habitude de cacher quoi que ce soit de Dieu, car il connaît l’homme et les choses de l’homme.

Chapitre 16

Donc, le Père sonde le cœur et il le connaît ; l’Esprit sonde les profondeurs de Dieu et il les connaît, car il révèle aux saints les mystères de Dieu et il enseigne à glorifier le Dieu des profondeurs et il montre l’incompréhensibilité de celui-là aux siens. Voilà pourquoi l’Esprit n’est pas étranger à Dieu, car il n’a pas dit au sujet des anges qu’ils sondent les profondeurs de Dieu ni au sujet des archanges. « Car personne ne sait le jour ni l’heure » (Mt 13, 32) a dit le Fils de Dieu, « ni les anges du ciel ni le Fils, seulement le Père. » (Mt 24, 36). Les insensés, ceux qui ne se sont pas ornés du Saint-Esprit, croient que quelque chose qui pourrait être dans le Père, n’est pas dans la divinité du Fils.[9] [Mais ils ont été directement réfutés] : « Car comme le Père a la vie en lui-même, ainsi le Fils a la vie en lui-même » (Jn 5, 26) et « toutes les choses de mon Père sont à moi » (Jn 16, 15) dit le même saint Logos de Dieu. [Ce dernier] a certaines choses du Père, [pas] toutes ? La divinité est du Père ; c'est aussi du Fils. La vie est du Père ; c'est aussi du Fils. La lumière est du Père ; c'est manifestement aussi du Fils. L’immortalité est du Père ; c'est également du Fils. L’incompréhensibilité du Père est aussi du Fils. Toutes les choses du Père sont du Fils. Si, donc, les choses du Père sont de lui [du Fils] et si la connaissance est dans le Père et dans le Fils, elle existe aussi dans le Saint-Esprit. Si quelqu’un croit que le Fils ne sait pas le jour, que l’ignorant apprenne et ne blasphème pas.

Chapitre 17

Si même les anges n’ont pas la plus grande autorité et connaissance, il ne faut jamais dire que le Fils de Dieu et son Saint-Esprit en soient aussi déficients. Par l’inspiration divine, le Fils, le saint Logos qui du Père est venu vers nous, dit que les psychiques[10] s’interrogent [sur beaucoup de choses] sans penser selon la sagesse du Fils, mieux dit, selon la parole de la sagesse. Je te pose des questions ; dis-moi : Qui est plus grand, le Père ou ce jour dont le Fils parle ? Tu n’oserais pas dire que le Père n’est pas plus grand. Donc, si le Père est plus grand que le jour et l’heure et de toutes les choses créées et qui seront créées par lui, [et si] personne ne connaît le Père, sauf le Fils, qu’est-ce qui est plus grand : connaître le Père ou connaître ce jour-là ? Connaître le Père, évidemment. Comment se fait-il donc que celui qui connaît les plus grandes choses ne connaisse pas les plus petites ? Si donc le Fils connaît le Père, il connaît certainement aussi le jour. Alors, le Fils ne manque aucune connaissance. Mais tu diras que le Père, étant plus grand, a la connaissance de toutes choses, mais le Fils nullement, comme le Fils lui-même le dit : « Mon Père est plus grand que moi. » (Jn 14, 28) Mais voilà pourquoi le Fils, en honorant le Père, dit, comme il convenait, [que le Père est] plus grand que celui qui a été honoré par le Père, car il fallait en vérité que le Fils légitime honore son propre Père afin de montrer sa légitimité. Mais comment se fait-il que tu croies que le Père est plus grand ? En volume ou en masse ou en temps ou en moment opportun ou en dignité ou en divinité ou en immortalité ou en éternité ? Ne crois pas tout cela [que le Père est plus grand], car dans la divinité rien n’est partiel par rapport au Fils, mais comme le Père est Père et comme [le Fils] est Fils légitime, celui-ci honore son propre Père. La divinité n’a rien de masse en elle pour que le Père ait une masse plus grande que le Fils. Il ne dépend pas du temps de sorte que le Père existe plus longtemps que le Fils. Le Père n’est pas fixé à une certaine élévation (car il contient toutes choses et lui n’est continu par rien) de sorte que le Fils se pense inférieur, car il est assis à la droite du Père, mais il n’est pas dit qu’il est entré dans le Père afin que Sabellius soit réfuté et qu’Arius soit condamné pour son blasphème.

Chapitre 18

Pour cette raison, ne cherche pas les choses qu’on ne peut pas examiner, mais honore le Fils afin d’honorer le Père. En entendant [cette phrase] au sujet de Dieu : « Personne n’est bon sauf un, Dieu » (Lc 18, 19), n’ose pas dire que le Fils n’est pas bon parce qu’il honore le Père d’une manière extraordinaire. Car il ne nie pas sa propre bonté en disant que le Père est bon, mais au contraire, il traite le Père lui-même de plus grand parce qu’il ne veut pas l’honneur des hommes, mais il fait monter l’honneur sur son propre Père afin que, à partir de la bonté du Père, la connaissance de la bonté du Fils de Dieu soit connue, lui qui est engendré à partir du bon Dieu Père. Car très faibles d’esprit sont ceux qui osent dire une telle chose au sujet du Fils parce l’Écriture dit : « Un est bon, Dieu ». (Mc 10, 18) Voici que la divine Écriture nous enseigne beaucoup de choses en appelant « bon un enfant pauvre et sage. » (Qo 4, 13) Ailleurs il est écrit : « Samuel était bon devant Dieu et les hommes » (1 S 2, 26), « bon était Saül fils de Kis de la tribu de Benjamin, plus grand que tout Israël, des épaules et plus haut » (1 S 9, 2), « il est bon d’entrer dans une maison de chagrins » (Qo 7, 3), « ouvre, Seigneur, le ciel, ton bon trésor » (Dt 28, 12), « bonne est une parole au-dessus d’un présent » (Si 18, 17), « bon est un chien vivant plus qu’un lion mort » (Qo 9, 4), « bon est deux plus qu’un » (Qo 4, 9) et « bonne est la fin d’une chose au-dessus du début ». (Qo 7, 9) [Le Seigneur a dit : ] « vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants » (Mt 7, 11) lorsqu’il parlait du poisson et du pain. Comment donc oses-tu penser que le Fils a renié sa propre bonté et qu’il ne voulait pas plutôt renvoyer la bonté sur le Père par une surabondance d’honneur ? Car le Fils a vu que celui qui lui disait « bon maître » (Mc 10, 17) parlait de la bouche et pas du cœur et il voulait le convaincre qu’il n’avait pas été persuadé par ses lèvres, mais que le Fils sonde le cœur, comme aussi dans un autre lieu il dit : « Pourquoi me dites-vous ‘Seigneur, Seigneur’, et vous ne faites pas ce que je dis ? » (Lc 6, 46) De cette manière, il voulait le convaincre, car l’homme l’avait appelé « bon maître » mais l’homme ne restait pas dans sa foi afin de croire en la bonté du Fils.

Chapitre 19

Donc c’est lui qui est le saint Logos vivant, doué de l’existant[11], le roi du ciel, le Fils légitime, celui qui est toujours avec le Père, celui qui sort du Père, « le resplendissement de sa gloire, l’effigie de sa substance » (He 1, 3), « l’image du Père » (Col 1, 15) en vérité, celui qui partage le trône avec le Père, « dont le royaume n’a pas de fin » (Lc 1, 33), » le juge des vivants et des morts » (Ac 10, 42), la sagesse de la sagesse, la source de la source (car « moi » dit-il, je suis « la source d’eau vive, [mon peuple m’a abandonné] pour se creuser des citernes, citernes lézardées » (Jr 2, 13)), la rivière qui ne tarit pas et « qui réjouit la cité de Dieu » (Ps 45, 5), celui qui sort de la source, comme il est dit, « de son sein couleront des fleuves d’eau vive », le sceptre de David, la racine de Jessé et son rejeton, le lion, le roi de la tribu de Juda, la brebis rationnelle, la pierre vivante, « l’ange du grand conseil » (Is 9, 6), l’homme en vérité et Dieu en vérité existant, n’ayant pas transformé la nature, n’ayant pas altéré la divinité, celui qui a été engendré dans la chair, le Logos fait chair, le Logos devenu chair, celui qui retient la chair après être devenu chair (car l’Écriture ne dit pas : « le Logos devenant »). Mais après avoir dit cela, le Logos met simplement « la chair », mais après la chair, il est dit : « s’est fait/est devenu » afin de faire comprendre que c’est de Marie qu’il « s’est fait/est devenu » pour que le Logos d’en haut soit compris comme descendant d’auprès du Père. Celui-ci est le saint Logos vivant, celui qui est Dieu tourné vers le Père, « l’ange du grand conseil » (Is 9, 6), celui qui annonce la volonté du Père, « le Père du siècle à venir » (Is 9, 6). Il dit : « Personne ne connaît le jour ni l’heure, même pas les anges qui sont dans le ciel » (Mc 13, 32), car les anges ne savent pas que le Fils a ajouté exprès « sauf le Père ». Donc, si le Fils connaît le Père, mais si le Père est plus grand que le jour et l’heure, ce dont personne ne doute, comment se fait-il donc que celui qui connaît le plus grand ne connaisse pas le plus petit ? Car personne ne connaît le Père sauf le Fils et personne ne connaît le Fils, sauf le Père, car comme le Père est grand parce qu’il connaît le Fils, ainsi aussi le Fils est grand parce qu’il connaît le Père. Donc, s’il connaît le Père qui est plus grand, comment se fait-il qu’il ne connaisse pas le plus petit, c’est-à-dire le jour et l’heure ? Sonde la divine Écriture et apprends la puissance du Saint-Esprit qui connaît le Père et le Fils et il te révélera la connaissance du Logos, le Fils de Dieu, afin que tu ne t’éloignes pas de la vérité et que tu ne perdes pas ta propre âme.

Chapitre 20

Selon la divine Écriture, il y a deux manières de connaître, deux manières de savoir : l’une, selon l’activité corporelle [expérience concrète, pratique] et l’autre, selon l’activité mentale [connaissance abstraite, théorique]. Afin de montrer les choses semblables [analogies] par des exemples et, par beaucoup de ces exemples, de rendre droite ta pensée erronée, ainsi que celle de ceux qui pensent comme toi, [je veux que] tu apprennes ce que la divine Écriture dit au sujet d’Adam : elle dit qu’Adam et Ève « étaient nus dans le jardin et ils n’avaient pas honte » (Gn 3, 1), mais ils n’étaient pas aveugles, car ils voyaient. S’ils n’avaient pas pu voir, comment auraient-ils pu reconnaître l’arbre comme « bon à manger et séduisant à voir » ? (Gn 3, 6a). Et l’Écriture dit d’Ève qu’ » elle prit de son fruit et mangea. Elle en donna aussi à son mari, qui était avec elle. » (Gn 3, 6b) Alors donc, ils n’étaient pas aveugles, mais avaient les yeux ouverts, et ils voyaient qu’ils étaient nus sans en avoir honte et ils se connaissaient comme nus. Pourtant, ils se connaissaient selon l’activité mentale et non selon l’activité corporelle. Après l’expulsion du jardin pour avoir mangé de l’arbre, et beaucoup plus tard, dit l’Écriture : « Adam a connu Ève sa femme. » Alors, comment est-ce possible ? Eh bien, ils se voyaient nus et ils se connaissaient par la vue, mais pas en actes, mais l’Écriture parle d’une connaissance due à leur union l’un à l’autre, mais elle sait parler de connaissance et de connaissance. Car encore elle parle ainsi : « Jacob a connu Léa sa femme et s’unissant à elle, elle a enfanté » (Gn 29, 32), mais il l’avait connu bien avant, car il était avec elle pendant sept ans pasteur des brebis de Laban, le père de Léa. Il la connaissait par la connaissance des yeux et par l’activité mentale ; il ne la connaissait pas par l’activité corporelle. « Et il a connu Rachel, sa femme » (Gn 30, 22) et dans un autre passage, l’Écriture dit : « Le roi David était un vieillard et avancé en âge ; on lui mit des couvertures sans qu’il pût se réchauffer. Alors ses serviteurs lui dirent : “Qu’on cherche pour Monseigneur le roi une jeune fille qui assiste le roi et qui le soigne : elle couchera sur ton sein et cela tiendra chaud à Monseigneur le roi.” Ayant donc cherché une belle jeune fille […], on trouva Abishag de Shunem et on l’amena au roi. Cette jeune fille était extrêmement belle ; elle soigna le roi et le servit, mais il ne la connut pas. » (1 R 1, 1-4) Alors elle était unie à lui comme en un seul corps, comme faisant avec lui une seule côte. Mais de quelle sorte de connaissance parle l’Écriture ? Celle de la vue ou celle des actes ? Et elle dit : « Le Seigneur connaît les siens. » (2 T 2, 19 ; Nm 16, 5) Est-ce donc possible qu’il ne connaisse pas [les autres] qui sont des siens ? Et elle dit encore : « Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice. » (Lc 13, 27) Est-ce donc possible qu’il y ait un manque de connaissance dans le Fils de Dieu ? Et encore elle dit : « Je n’ai connu que vous de toutes les familles de la terre. » (Am 3, 2). Est-ce donc possible qu’il ne connaisse pas les autres familles de la terre ? Jamais de la vie ! Mais la divine Écriture reconnaît [deux sortes de] connaissances : celle selon l’activité mentale et celle selon l’activité corporelle.

Chapitre 21

Puisque le Fils unique, réalisant la volonté du Père, [s’apprêtait à juger le monde], il a déjà manifesté toutes choses parfaites [disant que le Père a donné tout jugement au Fils (Jn 5, 22)][12], car le Père connaît l’heure et le jour. Il les connaît et selon la connaissance mentale et selon les actes, car il connaît toutes choses. Mais puisque le Fils dit : « Le Père a donné tout jugement au Fils » (Jn 5, 22), le Père juge, mais pas directement parce qu’il a donné tout jugement au Fils. Car Dieu ne s’est pas exclus du jugement de ceux qui sont à juger et puisque le Père ne juge pas, il a déjà jugé. Mais le Fils connaît le moment de son retour, car lui-même il inaugure l’heure, il fixe ses limites, il la conduit et il la rend parfaite. On dit : « Ce jour-là arrive comme un voleur en pleine nuit » (1 Th 5, 2) et « Vous n’êtes pas dans les ténèbres de sorte que ce Jour vous surprenne… » (1 Th 5, 4) Donc, si les serviteurs du Christ sont des enfants du jour, est-ce donc possible que le Fils, lui-même qui inaugure le jour, ne le connaisse pas de sorte que le jour le surprenne et qu’il ne l’inaugure plus ? Celui qui a de telles idées ne blasphème-t-il pas en concevant des choses inconvenantes au sujet du Père et du Fils ? Et le Père connaît le jour et l’heure selon deux moyens : selon la connaissance mentale et selon les actes, car il sait quand le Fils viendra ; par contre, il a déjà jugé ayant désigné le Fils comme juge et il connaît le jour par les actes. Mais le Fils de Dieu connaît quand il viendra, il inaugure ce jour et il n’en manque pas de connaissance, mais il ne le connaît pas encore en actes. Alors les impies font toujours des choses impies, les infidèles agissent selon leur infidélité, ceux qui ont une foi erronée blasphèment, le diable agit, les erreurs surviennent, l’injustice règne et le jugement se fait attendre jusqu’à ce que le Fils vienne, qu’il connaisse le jugement en actes, qu’il punisse et qu’il sauve ceux qui en vérité espèrent en lui et ne blasphèment pas sa divinité ni celle du Père ou de l’Esprit Saint.

Chapitre 22

D’un côté, cette dignité de connaître selon les deux manières manque aux saints anges, mais de l’autre, ils sont à honorer parce qu’ils ont reçu de l’honneur accordé par le Père et le Fils et le Saint-Esprit. Il leur manque quand même ceci : ils ne savent pas quand les choses prédéterminées auront lieu, car par sa propre autorité, le Père a fixé les temps. (Ac 1, 7) Si le Père est dans le Fils et le Fils dans le Père, alors aucune autorité qui est dans le Père ne manque dans le Fils, mais elle manque aux anges. Les anges, les archanges et les puissances sont des créatures, mais le Père est incréé, le Fils est incréé et l’Esprit de Dieu est incréé. Les anges ne savent pas le jour et l’heure ni selon l’activité mentale ni selon les actes. Ils ne savent pas quand il plaira au Père, au Fils et au Saint-Esprit d’inaugurer le jour et ils ne savent pas non plus, par la connaissance pratique, quand ils seront ordonnés de sortir, de rassembler l’ivraie et de l’emballer en bottes pour être brûlée dans le feu inextinguible. Donc ils n’ont pas encore agi et ils ne savent pas le moment ; c'est le Père qui sait le jour et qui a agi. Le Fils, par contre, sait le jour, mais il n’a pas encore agi, c'est-à-dire : « le Père seul, pas les anges ni le Fils. » (Mt 24, 36) Nous devrions avoir à l’esprit la puissance des Écritures pour que la lettre ne naisse pas en nous, la lettre qui est la mort. Elles disent : « La lettre tue mais l’esprit donne la vie. » (2 Co 3, 6) Nous devrions posséder l’Esprit pour pouvoir tirer profit de la lettre, car finalement ce n’est pas la lettre qui tue – la vie est dans les Écritures – mais elle tue celui qui s’approche de la lettre d’une manière insensée et qui n’a pas l’Esprit qui fait comprendre, l’Esprit qui ouvre la lettre et la cache en lui. Ce Père saint a engendré de lui-même son Fils unique et légitime et a donné son Saint-Esprit à sa sainte Église dans une seule connaissance de concorde, en un lien de perfection. Pour que nous emportions sur nous le sceau au nom du Père parfait et Dieu, nous tenons le sceau au nom du Fils parfait et Dieu et au nom de l’Esprit divin et parfait. Ô sainte Trinité, qui es comptée trois en un nom, car il n’est pas dit un et deux ni un seul plus un seul, mais un seul en trois et trois en un seul, une seule forme, un seul nom, un Dieu : le Père dans le Fils et le Fils dans le Père avec le Saint-Esprit.

Chapitre 23

Appelle à la barre les témoins de la vérité ; appelle les jeunes gens sauvés dans la fournaise de Babylone, eux qui étaient jugés dignes d’être jetés dans le feu toujours brûlant, sans être consumés, afin que ceux qui imaginent [de mauvais projets] ne conçoivent pas de nouvelles œuvres. Bien que se trouvant dans le feu, ils n’étaient pas brûlés grâce à leur foi droite. Dieu nous enseigne à travers eux de distinguer les choses créées des choses incréées, des choses faites des choses sans commencement, des choses éternelles des choses qui reçoivent leur existence à partir de ce qui est éternel. Ces jeunes gens, une fois sauvés, voulaient manifester leur gratitude à Dieu, celui qui les avait sauvés – en qui ils espéraient depuis toujours – et ils ne doutaient pas de son aide. Ils ne se sont pas inclinés devant l’image du roi ni devant l’audace de sa tyrannie. Ainsi, ils voulaient rendre quelque chose à Dieu. Mais le Saint-Esprit leur a révélé les profondeurs dans leur cœur, eux qui étaient saints, et ils méditaient sur le ciel et tout ce qui s’y trouve, sur la terre et tout ce qui s’y trouve, ainsi que sur ce qui se trouve en dessous, c’est-à-dire sur tout ce qui existe. [Et ils se sont rendus compte que ces choses] n’étaient pas dignes d’être offertes à Dieu en offrande (de toutes façons, ils n’avaient pas l’autorité d’offrir des choses à Dieu pour eux-mêmes) et selon la dignité et l’autorité [qui convenaient à leur rang], ils voulaient chanter à Dieu des hymnes (et ceci à cause des passages de l’Écriture : « Un sacrifice de louange me glorifiera ; c'est le sacrifice de louange qui me rend gloire » (Ps 49, 23) et « Qu’ils lui offrent un sacrifice de louange. » (Ps 106, 22)) Ainsi, ils transformaient déjà l’Ancien Testament en Nouveau par l’inspiration du Saint-Esprit, eux qui n’avaient pas besoin d’un sacrifice d’êtres vivants ni d’holocaustes (car l’Écriture dit : « Il n’est plus […] holocauste, sacrifice, oblation, ni encens, ni lieu où te faire des offrandes. » (Dn 3, 38)) Ils voulaient offrir une telle louange et se permettant [de le faire], ils ont offert d’eux-mêmes et humblement la plus petite chose (« Tout homme qui s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé » (Lc 18, 14), car avec la grâce de leur salut, ils ont reçu aussi le don d’humilité) et ils voulaient offrir à Dieu l’hymne et ne pas attendre. Alors, se reconnaissant autorisés de faire des offrandes eux-mêmes pour la glorification indicible de Dieu, ils jugeaient bon de prendre avec eux la création en glorification et ils ont commencé à chanter incorporant tout ce qui avait été fait.

Chapitre 24

Alors, distinguant les œuvres de l’ouvrier et les créatures du créateur, l’Écriture dit : « Louez le Seigneur, toutes les œuvres du Seigneur. » (Dn 3, 57) Les trois jeunes gens ont dit : « toutes les œuvres » et n’ont rien oublié afin que l’Esprit Saint désigne la parfaite connaissance à connaître : ce qui est Dieu et ce que Dieu a fait pour que nous ne confondions pas l’éternel avec ce qui est créé de rien et pour ne pas corrompre notre pensée. Voilà pourquoi ils ont énuméré toutes ces choses, car le Saint-Esprit leur a révélé qu’ils étaient dignes d’être avec les anges, de demeurer avec eux ; [il leur a révélé] non seulement les choses dans le ciel mais aussi celles sur la terre et celles en dessous de la terre ainsi que celles qu’ils ne connaissaient pas. Et l’Écriture dit, comme les mêmes saints jeunes gens ont déjà dit : « Louez le Seigneur, toutes les œuvres du Seigneur » et ils ont commencé à les énumérer et à distinguer les choses faites de celui qui les a faites, l’artiste des œuvres créées. Ainsi ils ont énuméré les œuvres créées : ciel, terre, eau au-dessus du ciel, anges – car ils sont des créatures – trônes et puissances – car ils sont des créatures – soleil, lune – car ils sont créés et non incréés – nuages et brume, vent, neige, éclair, tonnerre, terre, mer, sources, abîmes, rivières, tous les hommes, montagnes, oiseaux du ciel, bétail et animaux, les âmes des justes, esprits de justice – Ananias, Azarias, Misaël – prêtres et serviteurs de Dieu. Toutes ces choses sont faites et créées, ayant reçu l’existence de Dieu par le Fils et le Saint-Esprit : « Par le Verbe du Seigneur les cieux ont été affermis et par l’Esprit de sa bouche, toute leur puissance. » (Ps 32, 6) Regarde, frère bien-aimé, comment ceux qui ont mentionné toutes ces choses les ont comptées par le Saint-Esprit, mais ils n’ont compté ni le Fils ni le Saint-Esprit parmi les choses créées, mais ils ont reconnu la même divinité dans la Trinité et la même Trinité dans une seule divinité ; ils ont glorifié le Père dans le Fils et le Fils dans le Père avec le Saint Esprit : une seule sanctification, une seule adoration, une seule divinité, une seule glorification.

Chapitre 25

Mais effectivement le diable ne cesse nullement d’oser susciter des troubles parmi les hommes. Alors il a proféré le mensonge audacieux de l’infidélité des saints jeunes gens, en faisant dire qu’ils ne savaient pas prononcer le nom du Saint-Esprit, car ils étaient juifs et en tant que juifs ils ne connaissaient pas le Fils. Les paroles de l’Écriture par contre réfutent directement l’infidélité de ceux qui disent le mal. Elle dit : « Le visage du quatrième était comme le visage du fils de Dieu. » (Dn 3, 92) Voyez-vous ? Le nom du Fils de Dieu ! Alors, on ne peut pas dire [que les juifs] ne connaissaient rien de lui, et cela avant l’incident de la fournaise parce qu’elle dit : « Daniel était rempli du Saint-Esprit disant “Je suis pur de son sang” et ils sont retournés vers le tribunal » (Dn 13, 45-46) où il a jugé les anciens, lui qui était rempli de l’Esprit Saint. Alors donc, les jeunes gens connaissaient le Fils et le Père et le Saint-Esprit. Ils n’ont pas dit les noms. Certes, mais par ignorance ? Non, mais par certitude. L’Écriture dit : « Bénissez le Seigneur, toutes les œuvres du Seigneur. » (Dn 3, 57) Elle ne dit pas : « Bénis le Seigneur, ô Fils de Dieu », ni « Bénis le Seigneur, ô Saint-Esprit » afin que ceux qui cherchent des ruses ne puissent pas dire qu’elle n’a pas nommé non plus les chérubins et les séraphins, ce qui veut dire qu’ils ne sont pas non plus œuvres de Dieu. Alors, le divin Logos a agi d’avance pour assurer toutes choses contre ceux qui imaginent des ruses en sachant d’avance l’objection contre les chérubins, les séraphins et les jeunes gens. Car trois fois les saints jeunes gens ont répété l’hymne, invitant les créatures et les choses faites à chanter Dieu, mais d’abord, ils ont dit : « Béni es-tu ô Dieu de nos pères et chanté et glorifié est ton nom dans les siècles. » (Dn 3, 52-57) Ensuite, après les autres : « Béni es-tu, toi qui es assis sur les chérubins » et encore : « Béni es-tu, toi qui es assis sur le trône de ton royaume » et « Béni es-tu, toi qui vois dans les abîmes et qui es assis sur les chérubins. » [Les jeunes gens ont dit cela] afin que, à partir du mot trône, tu comprennes les séraphins et les chérubins et que, après avoir sanctifié le nom des chérubins et les abîmes et les trônes et le reste des noms, tu comprennes à partir du nombre de toutes les choses nommées que les autres sont comptées parmi les œuvres. Alors invitant toutes ces œuvres à chanter Dieu, ils ajoutent : « Bénissez le Seigneur, toutes les œuvres du Seigneur » pour que Gabriel et Michel, eux aussi, bénissent le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

Chapitre 26

Les vénérables anges dans le ciel chantent l’hymne triomphal et ils glorifient la Trinité consubstantielle, à gloire égale et à rang égal. Ils chantent « Saint, Saint, Saint », disant trois mots mais comme parlant d’un seul [être] et non comme louant trois [êtres], car ils ne disent pas Saint une quatrième fois, pour ne pas ajouter quelque chose au nom de la Trinité. Ils ne disent pas saint deux fois non plus pour ne pas négliger la gloire de la perfection, mais trois fois afin que la Trinité, le Père et le Fils et le Saint-Esprit, soit sanctifiée. Ils n’ont pas dit Saint et demi-Saint, mais ils ont dit Saint [trois fois, mais chaque fois Saint] chaque mot ayant la même valeur, glorifiant la Trinité par un seul son, [en répétant] un seul mot, [en louangeant] une seule perfection, en même temps en unité et unité en trinité. Car le Fils unique de Dieu est venu nous enseigner cette connaissance, le Saint-Esprit nous a prêché cette manière de comprendre et le Père nous a révélé cette perfection. En vérité, le Logos incarné nous a accordé cette vie et le Saint-Esprit nous a construit cet édifice. « Si [comme le dit l’Écriture] sur ce fondement on bâtit avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, de la paille… » (1 Co 3, 12) et ainsi de suite, l’Écriture ne dit pas qu’il y aurait un autre fondement. Elle dit : « De fondement, en effet, nul n’en peut poser d’autre que celui qui s’y trouve, c'est à-dire Jésus Christ » (1 Co 3, 11), le Fils de Dieu. Elle dit encore : « Vous êtes le champ de Dieu, l’édifice de Dieu » (Ep 2, 20), « car la construction que vous êtes a pour fondations les apôtres et les prophètes » (1 Co 3, 9), afin que nous reconnaissions notre construction comme solide en vérité, la base éternelle qui n’a pas commencé à exister. « Mais tous n’ont pas la science » (1 Co 8, 7), selon la parole apostolique, mais [seulement] ceux qui sont rendus dignes par le Saint-Esprit pour connaître les mystères de la vérité. C'est le Fils qui se révèle, et qui révèle aussi son propre Père et le Saint-Esprit ; il reproche à ceux qui sont dans l’ignorance en disant : « Vous êtes dans l’erreur, en ne connaissant ni les Écritures ni la puissance de Dieu » (Mt 22, 29 ; Mc 12, 24)[13] et encore ailleurs : « Entende, qui a des oreilles. » (Mt 13, 43) Et encore le Fils a dit à la Samaritaine : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui que te dit : “Donne-moi à boire”, c'est toi qui l’aurais prié » (Jn 4, 10), et encore : « vous ne savez pas de quel esprit vous êtes. » (Lc 9, 55) Alors donc, « tous n’ont pas la science » (1 Co 8, 7), mais « chacun reçoit de Dieu son don particulier. » (1 Co 7, 7) Et le saint Logos dit : « À qui on aura donné beaucoup, il sera beaucoup demandé » (Lc 12, 48), comme ceux recevant un petit nombre, d’autres rien du tout et d’autres encore plus.

Chapitre 27

On peut reconnaître que, à partir des paroles mêmes de la divine Écriture, les choses sont ainsi. Parlant spirituellement, la divine Écriture contient le plus de choses possible, surtout au sujet de notre vie [de notre salut], mais je parle de la connaissance du Seigneur. Car il y a tant de choses très profondes et surtout tant de paroles rassurantes pour notre âme, mais ces choses sont un scandale pour ceux qui n’ont pas reçu la connaissance de Dieu, comme le dit le prophète Osée : « Qui est sage pour comprendre ces choses ? » (Os 14, 10) et « Celui à qui le Logos donne cette connaissance, celui-là les connaît parce que les voies du Seigneur sont droites, mais les infidèles y trébuchent. » (Os 14, 10) Droites sont les voies, mais les infidèles trébuchent sur les voies du Seigneur et les innocents sont un scandale pour les autres hommes. Ainsi ceux qui trébuchent sur la pierre d’achoppement, le font sans aucune distinction entre eux. « Ils ont buté contre la pierre d’achoppement » (Rm 9, 32) et ils ont été scandalisés. Car les juifs, voyant ouvertement le Fils unique de Dieu, étant venu dans la chair, accomplir la volonté de Dieu et ne se jugeant pas dignes de la connaissance céleste, ils ont dit : « Qui est cet homme qui blasphème ? » (Lc 5, 21) et une autre fois : « Si cet homme est de Dieu, pourquoi ne respecte t-il le sabbat ? » (Jn 9, 16) Ainsi, ils n’ont pas reconnu la divinité ; ils ont tenu le Christ simplement pour un homme. Et certains parmi ceux qui l’ont reconnu comme Dieu ne connaissaient pas sa parfaite gloire, mais ils avaient entendu beaucoup de paroles à son sujet et au sujet de l’économie du salut instaurée pour nous et ils se sont trompés, par contre, concernant sa divinité et ont imaginé de fausses doctrines. La pensée les a égarés, car, comme les juifs se sont égarés en écoutant, ainsi aussi les autres se sont égarés en écoutant. Car ceux-là, en connaissant les choses dites avant en prophétie au sujet de l’incarnation du Christ dans la chair, ne connaissaient pas la plénitude de l’avènement, et ils se sont grandement agités et troublés. Et ceux-ci, en entendant les paroles dites avant concernant l’économie du Fils, les ont conçues d’une manière simpliste, se sont troublés et ont proposé, pour leur propre perte, des doctrines erronées concernant la foi, et ils ont cité les paroles du Fils : « Je ne suis pas encore monté vers mon Dieu et votre Dieu, vers mon Père et votre Père. » (Jn 20, 17) Vois-tu comment ils blasphèment, ceux qui osent dire que le Fils est une créature ?

Chapitre 28

Vois-tu donc que l’économie de l’incarnation les fait trébucher. Qu’ils reprennent l’examen de la question de l’origine première et qu’ils s’interrogent sur les temps et les occasions, car l’Écriture dit : « Ses origines remontent au temps jadis, aux jours antiques. » (Mi 5, 1) Donc, nous voyons les choses d’auparavant. Le Père dit : « Faisons l’homme selon notre image et notre ressemblance » (Gn 1, 26) et ainsi de suite. Il n’a pas dit : « Je ferai l’homme selon mon image. » Sois persuadé par la parole de l’Écriture, toi qui as un cœur ruiné : « Leur cœur a été endurci » (Jn 12, 40) et apprends que le Fils a toujours été avec le Père, car en disant le mot faisons, il n’a pas désigné un seul, mais le Père a parlé au Fils. Sois persuadé aussi, toi qui dis que le Fils n’est pas semblable au Père, car lorsque le Père a dit : « selon notre image », rien n’était séparé de la ressemblance du Fils au Père. Rien n’a été enlevé non plus de l’identité du Père avec le Fils. Le Père n’a pas dit « selon mon image ou selon ton image », mais selon l’image du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi il a montré une seule essence et une seule divinité, car l’Écriture dit : « selon notre image et notre ressemblance » comme étant une seule divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit pour que l’homme soit créé selon l’image de la seule divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Sois persuadé, toi aussi Arius, et écoute le Père disant au Fils » faisons », appelant ainsi le Fils cocréateur. Souvent, on entend certains qui disent que le Fils n’a rien créé, mais toutes choses « étaient créées par lui. » (Co 1, 16) Alors, si toutes choses avaient été créées par lui, c'est aussi lui qui les a faites, comme il est clairement montré. Le maître d’œuvre, le Logos, est le créateur de toutes choses et le Père a travaillé à travers lui. Qu’ils l’écoutent quand le Fils dit clairement : « Mon Père travaille jusqu’à aujourd’hui et moi, je travaille » (Jn 5, 17), et par cette parole, il appelle le Père lui même cocréateur. Et encore, que ta pensée ne t’induise pas en erreur ; accepte le Fils comme maître véritable, pas comme un serviteur, car s’il était serviteur et non pas le véritable maître, comment a-t-il assumé la forme d’un serviteur, lui qui existait en forme de Dieu ? Comment s’est-il vidé lui-même s’il ne possédait pas la perfection ? Comme Dieu est parfait, accepte que le Fils le soit aussi ; accepte-le comme le Fils légitime étant auprès du Père.

Chapitre 29

Tu ne devrais rien dire par malveillance : le Père a dit au Fils « faisons », mais le Fils n’a pas dit au Père « faisons » et le Fils n’a pas dit : « Je travaille et mon Père travaille. » Il a donné au Père la première place, pour parler et pour agir. Voici pourquoi tu parles stupidement en voulant concevoir le divin comme ayant beaucoup d’origines [principes d’origine], mais il y a une seule origine [principe d’origine] et une seule et même divinité. Le Fils ne dit nulle part là [dans l’Ancient Testament] « mon Dieu » — mais je ne dis pas que le Fils ait nié l’honneur dû au Père, mais je parle de l’ordre dans la divinité. Et encore il est écrit : « Adam a entendu Dieu se promener dans le jardin le soir » (Gn 3, 8) et nulle part le Fils ne dit « mon Dieu et votre Dieu », mais il y dit Dieu parfait et absolu. Et encore : « Dieu a parlé à Noé » (Gn 6, 13 ; 7, 1 ; 9, 12) et nulle part de telles paroles ne sont lancées. Et il est dit : « Le Seigneur lui [à Abraham] apparut au Chêne de Mambré, tandis qu’Abraham était assis à l’entrée de la tente, au plus chaud du jour. Ayant levé les yeux, voilà qu’il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui ; dès qu’il le vit, il courut de l’entrée de la tente à leur rencontre et se prosterna à terre. Il dit : ‘Monseigneur, je t’en prie, si j’ai trouvé grâce à tes yeux… » (Gn 18 1 ss) afin de montrer un seul Dieu, bien que les autres aient été deux de ses anges qui l’accompagnaient. Car, au sujet de celui-ci, il est dit : « Et Dieu s’en alla » (Gn 18, 33), mais en sortant il s’est dit : « Cacherai-je quelque chose à mon enfant, Abraham ? » (Gn 18, 17) ; il est dit : « Le cri de Sodome et Gomorrhe a augmenté devant moi » (Gn 18, 20) et ainsi de suite. Et nulle part dans ces temps-là n’est lancée l’expression « mon Dieu et votre Dieu ». « Et les deux hommes sont entrés à Sodome » (Gn 19, 1), [deux] parce que [le troisième] était monté en haut [au ciel] et Abraham s’est éloigné des deux qui sont entrés à Sodome sur le point d’être détruite. Au sujet de celui qui est monté, l’Écriture dit : « Et le Seigneur a fait pleuvoir sur Sodome et Gomorrhe d’auprès du Seigneur du feu et du souffre » (Gn 19, 24) et il n’était pas besoin de dire « mon Dieu et votre Dieu ». Et Moïse dit dans un hymne : « Que tous les anges de Dieu se prosternent devant lui. » (Dt 32, 13)[14] Si l’Écriture dit « anges de Dieu » et « feu d’auprès du Seigneur », et si elle ne dit pas seulement anges, c'est pour montrer que le royaume du Père et du Fils est seul et unique, que les anges ne le partagent pas depuis le commencement mais qu’ils existent parce que Dieu les a créés et ils se sont prosternés devant le Fils et devant Dieu. Car un ange ne se prosterne pas devant un ange et nullement ici n’est-il écrit « mon Dieu et votre Dieu. »

Chapitre 30

David dit : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : “Siège à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds.” » (Ps 109, 1) Alors il dit : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur. » À ce moment-là, l’économie de la chair n’était pas encore instaurée et ce n’est qu’après son avènement dans la chair que le Fils dira « mon Dieu et votre Dieu ». « Voici la vierge concevra dans son sein et enfantera un fils et tu lui donneras le nom d’Emmanuel, ce qui se traduit : “Dieu avec nous”. » (Is 7, 14 ; Mt 1, 23) À cette époque-là, on ne pouvait pas encore dire « mon Dieu et votre Dieu ». « Et toi, Bethléem, maison d’Éphrata, le moindre des clans de Juda, c'est de toi que me naîtra celui qui doit régner sur Israël ; ses origines remontent au temps jadis, aux jours antiques » (Mi 5, 1) et selon un autre passage : « Et toi, Bethléem terre de Juda, tu n’es nullement le moindre des clans de Juda, car de toi sortira un chef qui sera pasteur de mon peuple Israël. » (Mt 2, 6, citant Mi 5, 1) Alors, tu vois qu’[à cette époque-là] le Fils ne pouvait pas encore dire « mon Dieu et votre Dieu. » Mais lorsque la prophétie de Jérémie et d’Isaïe également était réalisée, lorsque le Logos est né d’une vierge et a pris chair, comme Jérémie le dit : « Et c'est l’homme et qui le connaîtra ? » (Je 17, 9), alors, partageant la chair et sans la semence de l’homme, à partir de la Théotokos Marie, il a remodelé pour lui-même sa propre sainte chair (selon l’interprétation de « né d’une femme » (Ga 4, 4)). Alors, partageant notre condition et à cause de notre condition, il pouvait dire « mon Dieu ». Mais à cause de sa naissance éternelle et selon la nature [divine], il dit « mon Père », mais à cause de sa grâce dans laquelle il a placé ses disciples, [il dit] « votre Père ». Par contre, à cause de la nature humaine des disciples et en vue de sa divinité et de l’éternité de son Père, il dit « votre Dieu ». Car Dieu [le Père] est le Dieu des disciples et le Père du Seigneur selon la nature [divine], et il est le Père des disciples selon la grâce. Mais le Dieu du Fils est le Père à cause de la chair, mais aussi Père à cause de l’éternelle et l’incompréhensible nature de l’engendrement et de la naissance légitime de son Fils parce qu’en vérité il est son Père, l’ayant engendré hors du temps et sans commencement selon la divinité. Le Logos devait dire du Père « Dieu »[15], parce que c'est lui [le Logos] qui a instauré l’économie du salut pour nous, lui qui est toujours avec le Père, lui le Logos ayant été engendré sans commencement, ayant été engendré dans la chair de Marie, dans ces derniers jours, selon la chair : de Marie la sainte Vierge par le Saint-Esprit.

Chapitre 31

Que tous conçoivent ainsi les profondeurs des décrets de Dieu et n’anéantissent pas la grâce, imaginant le salut [que Dieu a opéré] pour nous [d’une manière qui jette] le mépris sur la nature indicible et incompréhensible de Dieu. Il est écrit au sujet de Dieu : « Il n’aura pas de faim ni de soif et son intelligence n’est pas à découvrir » (Is 17, 9), mais au sujet du Fils, il est dit qu’il avait faim dans le désert après la tentation. De Dieu, il est dit : » Notre Dieu ne se fatiguera pas » (Is 40, 28), mais le Seigneur Jésus se fatiguait en marchant. Il est dit de Dieu aussi : « Il ne sommeille ni ne dort, celui qui garde Israël » (Ps 120, 4), mais le Seigneur Jésus dormait pendant la nuit. Ô pensées impies de ceux qui conçoivent de telles choses, car le saint Logos, venant dans le monde pour nous, a non seulement assumé notre condition, mais il a aussi pris contact avec nous[16] et a assumé la chair. Il a été trouvé comme un homme, saisi par les docteurs de la Loi et conspué, comme il est dit : « J’ai tendu le dos à ceux qui me frappaient et les joues à ceux qui m’arrachaient la barbe ; je n’ai pas soustrait ma face aux outrages et aux crachats. » (Is 50, 6) Mais aussi « il a pleuré » (Lc 19, 41 ; 22, 41) comme il est exposé dans l’évangile selon Luc dans les copies non corrigées.[17] Saint Irénée se présente aussi comme témoin dans son livre Contre les hérésies où il lutte contre ceux qui disent que le Christ est venu seulement en l’apparence d’un homme. Mais les orthodoxes ont enlevé ce passage ayant peur de lui et ne concevant pas correctement la raison de son avènement et sa très grande force[18]. Il est dit aussi : « Entré en agonie, il priait de façon plus instante et sa sueur devint comme de grosses gouttes de sang. Alors lui apparut un ange, venant du ciel, qui le réconfortait. » (Lc 22, 43) Non seulement cela, mais aussi comme un homme, il a demandé : « Où avez-vous mis Lazare ? ». (Jn 11, 34) Et au sujet de l’hémorroïsse, il a demandé : « Qui m’a touché ? ». (Lc 8, 45) Et au sujet de ceux qui le cherchaient, il a demandé : « Qui cherchez-vous ? ». (Jn 18, 4) Mais aussi comme un homme, il a interrogé ses disciples : « Au dire des gens, qu’est le Fils de l’homme ? » (Mt 16, 13) et « Combien de pain avez-vous ? ». (Mc 6, 38) On a dit qu’il était fatigué sur le chemin auprès du puits en Samarie, mais aussi : « L’enfant grandissait et se fortifiait en l’esprit » (Lc 2, 40) et « Jésus croissait en taille et en sagesse », « car avant que le garçon ne sache dire “papa” et “maman”, on enlèvera la richesse de Damas et le butin de Samarie. » (Is 8, 4) La sagesse [le Christ] est aussi celui qui « enseigne aux hommes la connaissance et qui a créé l’oreille de l’homme. » (Ps 93, 10) Il est celui qui enseigne aux fils de l’homme de parler et celui qui « ouvre la bouche des muets ». (Sg 10, 51) Toutes ces choses, il supportait pour nous afin que celui [le fidèle] qui garde tout le fruit de l’incarnation, ayant été entreprise pour nous, ne perde pas la marque de la vérité.

Chapitre 32

Mais afin de ne pas permettre que les témoignages restent inexpliqués et mal interprétés, c’est-à-dire les témoignages que nous avons assemblés des divines Écritures et apportés d’auprès des adversaires qui les ont prononcés contre la vérité, je dirai pour chaque passage une explication de la puissance qui est en lui. Voilà pourquoi les choses sont dites d’une manière humaine. Et encore une fois, nous dirons beaucoup – comme nous l’avons déjà dit sur « mon Dieu et votre Dieu » – de sorte que, pour celui qui en a sa propre interprétation, il peut reconnaître qu’à partir de la suite des idées, il est raisonnable de dire : « Il est un homme et qui le connaîtra ? » (Jr 17, 9) En même temps, la divine Écriture fait voir deux choses : le visible et l’invisible. Selon le visible, il est raisonnable de dire « mon Dieu » et selon l’invisible, il est raisonnable de dire « mon Père » afin que ni l’une ni l’autre manière d’interpréter ne contredisent la raison. Comment le Christ a-t-il été appelé homme ? Il est tout à fait vrai que chaque personne née parmi les hommes est reconnue par les hommes, par la mère, par la parenté, par les membres de la maison, par les voisins, par les camarades ou par les concitoyens. Il n’est pas possible que le verset, « Il est un homme et qui le connaîtra ? », s’accomplisse dans un homme simplement humain. Il est accompli, par contre, dans le Dieu Logos, le Fils de Dieu, par le fait de dire : « il est homme » parce qu’il est homme en vérité. Mais l’autre moitié de la phrase, « et qui le connaîtra ? », est dite parce qu’il est Dieu. Pour cette raison, il participe à la nature des hommes et Dieu est inconnu aux hommes par le fait d’être incompréhensible. Le Christ est homme de Marie en vérité, né sans la semence de l’homme. Il est dit (car le prophète a prédit l’avenir) : « Et la vierge concevra dans son sein et enfantera un fils. » (Is 7, 14) Si donc elle était vierge, ce n’était pas un événement produit dans l’économie des hommes parce que le texte a été dit à Achaz avant ce temps-là [avant le Christ] : « Demande un signe au Seigneur ton Dieu, dans les profondeurs ou dans les hauteurs » (Is 7, 11), mais ayant des sentiments humbles, le roi a dit : « Je ne demanderai ni je ne tenterai le Seigneur mon Dieu » refusant de demander un signe. Alors, immédiatement, parce qu’il n’a pas demandé un signe, Dieu, qui accorde de grands dons aux hommes, lui a accordé deux signes : il [le Père] a envoyé d’en haut le Logos par sa propre volonté et par la propre volonté du Logos lui-même, et des profondeurs il a préparé l’économie de la chair par sa propre bonne volonté avec le Logos lui-même. Car il est dit en dernier lieu : « Et ils appelleront son nom Emmanuel. » (Is 7, 14) Il n’est pas dit « j’appellerai », mais « ils appelleront », car Dieu, qui avant était inconnu aux hommes, s’est révélé à eux. Il n’a pas toutefois pris le nom récemment, car il n’a pas dit « j’appellerai son nom Emmanuel » mais « ils appelleront ».

Chapitre 33

Mais l’expression « né d’une femme », comme j’ai déjà expliqué plus haut, [se dit ici] afin que « d’une femme » complète « né », mais le Logos a été clairement manifesté à tous comme éternel. Si toutefois « il n’aura pas soif » se réfère à Dieu, au sujet du Fils il est dit qu’il avait faim et soif. Ainsi il était nécessaire que cela soit arrangé de cette manière pour nous. Comment l’économie a-t-elle pu être instaurée en vérité si les conditions nécessaires résultant de l’incarnation n’avaient pas eu lieu ? En cela, il nous a montré la réfutation de toutes les questions des hérétiques, car il a directement réfuté les idées de Mani. Par le fait de dire « manger et boire », il montre la chair véritable. Il a réfuté l’idée des lucianistes et le pouvoir d’Arius, car Lucien et tous les lucianistes nient que le Fils de Dieu ait pris une âme. Ils disent qu’il n’avait que la chair, afin d’attacher tout de suite l’expérience humaine au Dieu Logos : boire, manger, fatigue, lamentation, douleur, désordre et autant d’autres choses que le Fils a portées dans son avènement dans la chair. C'est une bêtise, par contre, d’attribuer ces choses à la divinité du Fils de Dieu, mais il est dit que la chair, en elle-même, ne mange pas, ni ne boit, ni ne se fatigue, ni ne fait les autres choses. Et je dis moi-même que la chair en elle-même n’a pas ces choses, mais le Logos avait toute l’économie quand il est venu, la chair, l’âme et autant de choses qui existent en l’homme. La faim, la fatigue, la soif, la douleur et les autres choses font partie de l’âme et de la chair. Et il a pleuré afin de réfuter l’erreur de Mani parce qu’il ne s’enrobait pas d’un corps seulement en apparence mais en vérité. Il avait soif pour montrer qu’il avait non seulement la chair mais aussi l’âme. Sa divinité n’a certes pas bu, mais dans la chair et dans l’âme il a bu et il s’est fatigué en marchant sur le chemin. Ce sont les conséquences naturelles dues à la chair et à l’âme.

Chapitre 34

Puisque le Logos, étant venu dans le monde, avait un corps et une âme, les divines Écritures de l’Ancien Testament et du Nouveau devraient [nous en] convaincre. D’abord, David parle au sujet du Logos et Pierre s’accorde avec ce qu’il dit : « Tu n’abandonneras pas mon âme aux enfers et tu ne laisseras pas ton saint voir la corruption. » (Ps 15, 10) [Il dit cela] pour que la nature composée du Dieu-Homme soit comprise correctement ; pour que la connaissance concernant lui soit clairement établie en nous ; pour qu’il montre l’âme avec la divinité déposées ensemble et en même temps pour trois jours ; pour qu’il manifeste la chair comme sainte. [Il voulait également montrer] que la divinité avec l’âme ne pouvaient pas être contenues en Hadès et qu’elles avaient accompli le mystère. Il y a un autre témoignage qui dit ceci : « libre parmi les morts. » (Ps 87, 5) Il signifie que l’Hadès ne pouvait pas dominer le Fils, lui qui est descendu avec son âme, par sa propre volonté, jusqu’en Hadès. Et Pierre dit : « Mais Dieu l’a ressuscité, le délivrant des affres de l’Hadès. Aussi bien n’était-il pas possible qu’il fût retenu en son pouvoir » (Ac 2, 24), c'est-à-dire dans le pouvoir de l’Hadès. Et le Sauveur lui-même dit : « J’ai pouvoir de donner ma vie et j’ai pouvoir de la reprendre » (Ac 10, 18) et « Je suis le bon pasteur, le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10, 11) et « Maintenant mon âme est troublée » (Jn 12, 27) et « Que dire ? » – comme en disant « que dire ? » il était en doute : « Que dire ? Père, sauve-moi de cette heure ! Mais c'est pour cela que je suis venu à cette heure. » (Jn 13, 27) [Il a dit cela] pour montrer que sa divinité agissait de son plein gré et qu’il est venu précisément pour cela. Il est dit « est troublée » afin que la vérité de son incarnation ne soit pas falsifiée. L’avènement dans la chair n’était pas en apparence. [Le Seigneur a agi] à la manière d’un grand roi faisant la guerre contre un adversaire plus faible et sachant que son ennemi, s’il voit le roi arriver en puissance et avec beaucoup de soldats, refusera le combat, retournera en fuite et abandonnera à la ruine les sujets de beaucoup de pays. Pour cette raison, le roi feint des prétextes par sa propre stratégie, il tourne le dos à l’ennemi et il fuit jusqu’à ce que l’ennemi reprenne confiance et commence à poursuivre le roi, comme si le roi était craintif et impuissant. Alors, le roi se retourne soudainement et avec toutes ses forces il [écrase l’adversaire et il] reçoit la reddition totale de l’ennemi et de toutes ses forces. Ainsi, notre Seigneur ne craignait pas la mort, celui qui, avant de sortir pour souffrir, a indiqué le chemin que le Fils de l’homme allait prendre pour se livrer, être crucifié et ressusciter le troisième jour. Alors, Pierre a dit : « Dieu t’en préserve, Seigneur, non, cela ne t’arrivera point ! » (Mt 16, 22), mais le Seigneur lui a reproché : « Passe derrière moi, Satan, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes. » (Mt 16, 23) Donc, puisque le Fils a dit ces choses avant le moment et est venu précisément pour cela, comment se fait-il qu’il ait prié plus tard que la coupe soit éloignée de lui, qu’il n’en boive pas ? Celui qui parle de sa propre mort avant de mourir, ne voulant pas être pris pour un menteur, n’aurait pas dû prier de faire éloigner la coupe. Mais il a défié l’adversaire par un tel stratagème afin que le diable ait cru que le Sauveur avait peur de la mort et qu’il l’amène vers la mort pour le salut des mortels, à travers l’économie. Mais si tu entends que le Seigneur est mort, sache que l’expérience de la mort était complète, car le chef des apôtres, Pierre, t’explique la confession au sujet de sa mort disant : « Mis à mort selon la chair, il a été vivifié selon l’esprit. » (1 P 3, 18) Car sa divinité a supporté de souffrir dans la chair, mais il est au-delà de toutes souffrances, il était au-delà de toutes souffrances et il demeura au-delà de toutes souffrances. Rien n’a changé ni altéré son éternité ni le fait d’être au-delà de toutes souffrances.

Chapitre 35

Et ceux qui sont épris de vaine gloire vont parler encore :

Les hérétiques :

— À partir de tels arguments, tu ne pourras pas nous convaincre que le Christ avait une âme, car nous avons trouvé ceci dans les divines Écritures ; selon Isaïe, la Personne de Dieu le Père parle concernant le Fils unique : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je me complais, que mon âme a aimé. » (Is 42, 1 ; Mt 3, 17) Que devrions-nous penser concernant le Père ? Qu’il avait pris une âme en lui-même ou qu’il a une âme ? Mais qui penserait une telle bêtise concernant le Père ? Quoi dire donc ?

Il est évident que le texte est à comprendre au sens figuré. Donc, si le texte concernant le Père est à comprendre au sens figuré, ils disent :

Les hérétiques :

— Alors, la même chose doit être dite concernant le Fils. Même s’il est dit : « Mon âme est troublée » (Jn 12, 27 ; 10, 18) et « j’ai pouvoir » (Jn 10, 18) de donner mon âme et de la prendre, il n’avait pas d’âme, mais il parlait au sens figuré.

Il semble que leur raisonnement ait quelque chose de sérieux, [mais ils ne nous ont pas convaincu que] la vérité se fasse voir elle-même à partir de beaucoup de témoignages, car chaque manière de parler est à comprendre à partir de sa forme. Concernant le Père, il ne faut pas oser [parler comme cela] parce qu’il n’a pas assumé la chair. Mais la chair est confessée par les lucianistes comme par les ariens. Il n’y a aucun doute.

[Les hérétiques]

— Il est dit, par contre : « Le Verbe s’est fait chair » (Jn 1, 14) et non « Le Verbe s’est fait chair et âme. »

Contre une si bête ignorance, moi je dis : « Dieu a formé l’homme, prenant de la glaise du sol » (Gn 2, 7), ensuite il a formé toutes parties qui existent en lui. Ensuite, le Verbe, en se faisant chair, contient toutes ces parties. Car contre le même argument, nous répondons d’avance à ceux-là et nous disons : Regardez, il est dit : « Dieu a façonné l’homme » et non qu’il ait fait pour lui foie, poumons, cœur, veines et artères, nerfs et les autres parties du corps. À cause de cela, penserons-nous que l’homme est un seul bloc massif et homogène parce que les Écritures ne parlent pas en détails de toutes les parties qui forment le composé de son être ? Certainement pas. Comme certes à partir d’une partie d’un composé, le tout est à comprendre, ainsi aussi à partir de la chair, il est évident que le Sauveur avait aussi une âme.

Chapitre 36

Donc si le Fils a assumé une âme et un corps, comme il a été prouvé, alors la divinité [du Fils] n’a pas été subordonnée à l’essence du Père. Elle a été enveloppée dans les expériences et conditions humaines [matérielles et sensorielles] de sorte que le Fils boive, se fatigue, mange et fasse autant de choses qui sont utiles et habituelles à l’homme. Et il est écrit de Dieu : Il « ne se fatigue pas et son intelligence est insondable » (Is 40, 28), par contre, le Sauveur s’est fatigué. Cela ne nous permet pas de conclure, toutefois, que le Fils, étant descendu d’en haut, n’est pas né de l’essence du Père. Il ne s’est pas fatigué en haut, mais dans la chair, car il fallait que la chair se fatigue afin qu’on croie qu’il s'est fait chair en vérité et pas seulement en apparence. Et le Fils avait l’expérience de toutes les autres choses, autant qu’il y en a, comme s’endormir, dormir, toucher et être touché, lesquels sont les caractéristiques de l’homme, car le Fils a assumé ces choses et a été trouvé comme homme. Il est dit : « Nous avons trouvé le Messie, celui dont Moïse a écrit. » (Jn 1, 41 et 45) Ceux qui l’ont trouvé ne l’ont pas fait par la nature incompréhensible [mais par la nature compréhensible], c'est-à-dire par l’incarnation. Le Fils n’a pas été trouvé à cause de l’incompréhensibilité, et voilà pourquoi les docteurs de la loi pouvaient le saisir ; ils pouvaient le trouver parce qu’ » il a donné le dos à ceux qui frappent et il n’a pas soustrait le visage aux outrages ni aux crachats. » (Is 50, 6) Il a pleuré et a fait autant d'autres choses qu’on lui attribue. Qui aurait pu fouetter ou battre le Dieu Logos dans le ciel ou cracher sur celui qui est indicible et incompréhensible ? Donc si le Logos de Dieu, lui qui est au-delà de toutes souffrances, a souffert, alors la souffrance était corporelle, à l’extérieur de son incapacité de souffrir mais non encore au-delà de son bon vouloir de choisir. Il est certain, par contre, que le Fils n’a pas souffert en lui-même [dans la nature divine] les souffrances qui lui sont attribuées, mais comme pour un vêtement taché, la tache ne touche pas le corps de celui qui le porte. La tache du vêtement est néanmoins attribuée à celui qui porte le vêtement. Ainsi Dieu a souffert dans la chair, mais sa divinité n’a rien souffert. La souffrance de la chair, ayant été portée par Dieu, a été attribuée à sa divinité afin que le salut soit établi pour nous dans la divinité.

Chapitre 37

Je me souviens du passage dans l’évangile de Luc et je ne veux pas le négliger. Il est écrit : « Entré en agonie, il priait de façon instante et sa sueur devint comme de grosses gouttes de sang. Et un ange apparut au Seigneur et le fortifiait. » (Lc 22, 44 & 43) Ceux qui ne pensent pas aux profondeurs et à l’essentiel des paroles, comme nous sommes habitué à le dire, restent près du mal au lieu de se placer à côté des bons. Ils dénaturent les paroles et étant ignorants, ils se ruinent eux-mêmes. Rien n’est plus convenablement dit que cela[19]. Par le fait de dire : « il est entré en agonie », les Écritures montrent que le Dieu-Homme est vraiment homme. Alors, afin de montrer qu’il était homme et que ce n’est pas la divinité qui a souffert, il est dit : « Il suait et la sueur est devenue comme de grosses gouttes de sang. » La forme était corporelle et non spirituelle [c'est-à-dire matérielle]. « Un ange du Seigneur lui apparut et le fortifiait » et celui qui est plus grand que les anges n’a pas empêché l’ange de le fortifier. « À qui tout genou fléchisse, des choses au ciel, sur terre et sous terre. » (Ph 2, 10) Le même est le Logos toujours Dieu, étant toujours auprès du Père et étant engendré de lui, mais afin que soit accompli ce qui se trouve dans le grand cantique que Moïse a chanté dans le désert, il est dit : « Que tous les fils de Dieu se prosternent devant lui et que les anges de Dieu le fortifient. » (Dt 32, 43)[20] Les paroles « …le fortifient » [ne signifient pas que l’ange] lui a fourni une force mais que la glorification se fortifie en ceux qui glorifient Dieu. Les anges et tous les êtres immatériels en haut crient et disent : « À toi appartiennent la puissance, le règne et la force » (Jn 5, 12-13) pendant qu’ils se prosternent et se fortifient, c'est-à-dire, ils lui donnent sa propre force et puissance. L’ange a fait de même, est apparu en face des disciples et s’est prosterné devant son Seigneur. Il connaissait très bien la surabondance de l’économie du Fils qui aime l’homme, le Logos qui a opéré en lui-même une telle œuvre de bonté, une œuvre qui a vaincu le diable et a brisé le péché. Et étant au comble de l’émerveillement, l’ange chante en se prosternant : « À toi appartient la force, Seigneur, car tu es fort contre la mort, contre l’Hadès et contre le diable pour briser son aiguillon et sortir l’humanité de son pouvoir[21]. »

Chapitre 38

S’il est encore écrit : « Où avez-vous mis Lazare ? » (Jn 11, 34), et si le Christ parle humainement au sujet de l’hémorroïsse et dit : « Qui m’a touché ? » (Mc 5, 30 ; Lc 8, 45) ou s’il est dit encore : « Qui cherchez-vous ? » (Jn 18, 4) ou « Et les hommes, que disent-ils de moi ? Le Fils de l’homme ? » (Mt 16, 13) ou « L’enfant grandissait et se fortifiait » (Lc 2, 40) ou « Il croissait en taille et en sagesse » (Lc 2, 52) ou « Avant que l’enfant ne sache appeler “papa” et “maman”… » (Is 8, 4), ne vois-tu pas, à partir du sujet même, la prééminence de la connaissance des passages qui parlent de la chair et des conditions humaines ? Il y a tant de choses dans l’Ancien Testament venant de Dieu le Père pour convaincre les hommes, choses qui écartent l’ignorance [comme défense]. Donc, l’ignorance envers Dieu n’est pas possible. Lorsque le Logos est venu dans le monde, il a fait ces choses afin que soit accomplie la parole : « Mon Père travaille jusqu’à aujourd’hui et moi aussi je travaille. » (Jn 5, 17) Encore, il est dit : « Où avez-vous placé Lazare ? » (Jn 11, 34) Le Christ a posé la question sur le lieu où il devrait aller, mais avant d’y aller et n’ayant rien entendu de personne concernant Lazare, il a dit à ses disciples : « Notre ami Lazare dort. » (Jn 11, 11) Donc celui qui était séparé du lieu [où était Lazare] par une si grande distance savait que Lazare était mort. Alors, lorsqu’il est arrivé sur le lieu [peut-on dire qu’] il ne savait rien ? Certes non, mais il voulait montrer qu’il a fait toutes ces choses, au moment où personne n’avait la pleine et parfaite croyance en lui, pour révéler son grand amour pour les hommes, lui qui est si clément envers nous. Alors, il n’aurait pas été nécessaire que les sœurs de Lazare disent : « C'est le quatrième jour et déjà il sent mauvais » (Jn 11, 39) ni qu’elles partent et qu’elles montrent [le tombeau], mais seulement dire : « Tu sais tout et si tu veux, il vivra. » Voilà pourquoi il a aussi pleuré sur la dureté du cœur des hommes. Donc, ce n’est pas parce qu’il ne savait rien qu’il a posé des questions, mais il a pris le rôle d’interrogateur, tout en montrant sa bonté. Même il dit : « Qui m’a touché ? » (Lc 5, 31), pas parce qu’il ne savait pas la réponse, mais pour ne pas être obligé lui-même de dire que le miracle venait de lui. Il voulait que la femme, ayant entendu la question et se présentant, puisse parler de la grâce qui lui avait été accordée. En plus, il voulait que, après avoir confessé et entendu : » Ta foi t’a sauvée » (Mc 5, 34), elle rentre chez elle [pour en parler], que d’autres croient et qu’ils soient guéris. Il dit encore : « Les hommes, que disent-ils de moi ? Le Fils de l’Homme ? » (Mt 16, 13) Comme aussi dans l’Ancien Testament, venant du Père, il est dit : « Adam, où es-tu ? » (Gn 3, 9), il savait où était Adam. Voilà pourquoi il a pris le rôle d’interrogateur pour lui dire : « As-tu mangé de l’arbre ? » (Gn 2, 11) Et à Caïn, il a dit : « Où est ton frère Abel ? » (Gn 4, 9), mais il n’a pas posé la question parce qu’il ne savait pas, car il dit : « Maintenant, sois maudit et chassé du sol fertile qui a ouvert la bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère. » (Gn 4, 11) Donc celui qui a dit que le sang d’Abel criait savait, mais il lui a posé la question pour donner à Caïn, comme défense, l’occasion de se repentir. Voilà pourquoi il posait des questions.

Chapitre 39

Et de nouveau, les hérétiques retournent à leurs querelles d’ignorance, celles qu’ils aiment tellement, et ils disent que ces passages dans l’Ancien Testament sont du Fils, mais immédiatement leur effort est mis en échec. Car celui qui dit à Moïse : « Qu’est-ce que tu as dans ta main ? » (Ex 4, 2), est celui qui a dit aussi : « Je suis celui qui est. » (Ex 3, 14) Et au sujet de la résurrection, le Seigneur expliquait aux sadducéens que « les morts se lèveront ; Dieu a dit : “Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob, le Dieu des vivants et non des morts.” » (Mc 12, 26) Il y a encore beaucoup de passages dans l’Ancien Testament qui montrent que le Père parle, mais aussi souvent c'est le Fils qui parle et encore d’autres passages où le Saint-Esprit parle. « Où est Sarah, ta femme ? » (Gn 18, 9) a dit à Abraham celui qui est venu d’en haut avec deux anges, le Fils de Dieu, car s’il ne savait vraiment pas où était Sarah, il n’aurait pas dit « Sarah » lorsqu’il a dit : « Sarah a ri en elle même. » (Gn 18, 12) Il voulait présenter Sarah comme un modèle de modestie pour les femmes qui désirent en vérité vivre pieusement afin que, lorsqu’elles accueillent des étrangers, elles rendent service par leurs propres efforts, mais que par modestie, elles ne se montrent pas le visage aux hommes. Car cette femme bienheureuse a certes préparé un repas, mais elle n’a pas été vue des anges pendant la préparation. Ainsi par ce comportement, elle a présenté un modèle de modestie aux femmes. Mais il l’a fait aussi pour que celui qui était présent montre qui il était ; celui-là, ayant reçu l’hospitalité à cette heure, a appelé le nom de la femme. Il a montré ainsi que le nom de l’homme, son occupation et ses pensées ne sont cachés de lui. « Les hommes, que disent-ils de moi ? Le Fils de l’homme ? » (Mt 16, 13) Et le Christ a dit « le Fils de l’homme », comme une confession, afin que les disciples ne croient pas qu’il pose des questions concernant l’invisible. Les disciples ont répondu : « Isaïe, ou Jérémie, ou Jean. Mais vous, que dites-vous de moi ? Et ils ont répondu “le Fils de Dieu vivant.” » (Mt 16, 15) Et immédiatement le Seigneur a appelé Pierre bienheureux, car il a posé une question tout en sachant la réponse, mais il voulait montrer que l’enseignement vient du Père, un enseignement qui prêche à l’Église que le Christ est le vrai Fils de Dieu afin que

Pierre soit contraint de dire que ce qui a été enseigné venait du Père.

Chapitre 40

Ne t’étonne pas lorsque le Fils dit : « Par moi, ils vont vers le Père. » (Jn 14, 6) Il ne faut pas croire par cela que le Fils est d’une essence autre que celle du Père, car il enseigne encore : « Personne ne vient vers moi sauf ceux qui sont attirés par le Père. » (Jn 6, 44) Comme, certes, le Père envoie vers le Fils, le Fils aussi amène vers le Père afin de montrer que la divinité est seule et unique, la même [pour les deux]. Selon le passage : » Il grandissait en taille et en sagesse » (Lc 2, 52), si la sagesse est de Dieu, le Fils ne manquait pas de sagesse, mais lorsqu’il s’est vidé, prenant la forme d’un serviteur, la plénitude de la divinité n’a pas été diminuée [comme s’il avait changé quelque chose de la divinité], mais pour montrer qu’il s’est vidé du ciel pour entrer dans les conditions humaines, c'est-à-dire dans le sein de Marie. Il est dit : « “Huile-Vidée” est ton nom » (Ct 1, 3) et non « Huile-Répandue », mais l’huile était vidée du ciel [pour couler] sur la terre afin qu’elle soit vidée de la terre [pour couler] dans Marie et de Marie le Christ [l’huile] a été conçu, s’est fait chair et est né à Bethléem. De Bethléem, il est allé à Nazareth ; de Nazareth, à Capharnaüm ; de Capharnaüm, à Jérusalem et à la mer où il a marché sur les eaux et dans la région de Tyr, à Naïn, au Jourdain et à Jéricho ; et à Bethphage et à Béthanie ; à Jérusalem, au temple, au mont des Oliviers et à Gethsémani ; à la maison de Caïphe ; au prétoire et chez Hérode ; au lieu de Golgotha ; au tombeau et jusqu’à l’Hadès ; de la terre après la résurrection ; et aux cieux. L’huile [le Fils] a été vidée [pour couler] de vase en vase. Le Fils a oint tous les vases d’une huile de bonne odeur et son avènement du ciel a sanctifié toute la terre [et surtout] ceux qui l’ont accepté en vérité. Le Fils est la montagne dont Daniel a parlé, et une grande montagne : « Pierre non taillée des mains » (Dn 2, 34), faisant allusion au fait [qu’il a été engendré] sans semence de l’homme. Alors, le plus grand se trouvait petit, mais la pierre [le Fils], reprenant encore une grande taille, est devenue de nouveau une grande montagne. Il est clair que la montagne n’est pas en un seul lieu, mais elle remplit le monde entier. Celui-ci [le Fils] est la sagesse, il est devenu homme, et il a étendu son propre pouvoir au monde afin de remplir le monde de sa grâce : « Il grandissait en taille et en sagesse. » (Lc 2, 52) Puisque le Fils est la sagesse du Père, qui « enseigne aux hommes » (Ps 93, 10) de parler, il a façonné la langue pour les hommes et « a planté l’oreille » (Ps 93, 9) à ceux qui écoutent, comment se fait-il donc qu’il ne sache pas appeler « papa » et « maman », celui au sujet de qui il a été ajouté : « Il enlèvera le pouvoir de Damas et le butin de Samarie » et la suite ? Mais lorsqu’il est né du sein de Marie, s’il s’était montré immédiatement comme pouvant parler et s’il avait parlé très bien et habilement, on aurait cru à une apparition et non à une naissance d’un vrai homme. On aurait dit que sa conception dans la chair n’était qu’une illusion. Alors, voilà pourquoi il s’est chargé de l’étroitesse de la croissance pour que la vérité de la suite de l’histoire ne soit pas cachée.

Chapitre 41

Alors, ils cherchent encore d’autres prétextes en introduisant ainsi des notions vaines dans les divines Écritures et en pensant le contraire [de ce qu’elles contiennent]. Les hérétiques disent : « Comment se fait-il qu’il soit écrit : « Considérez le grand prêtre de notre confession, comme il est fidèle à celui qui l’a institué » (He 3, 1) et « Sachez-le, vous tous qui êtes de la maison d’Israël, que ce Jésus que vous avez crucifié est le Seigneur et Dieu l’a fait le Christ. » (Ac 4, 10) Alors, quelle grande merveille ! Ceux qui s’attachent tellement à la suite des mots et d’arguments dans les Écritures, eux, ils ne connaissent pas le sens qui se trouve en elles. En disant : « Sachez-le que le grand prêtre est fidèle à celui qui l’a institué », les Écritures ne disent rien sur la divinité, car Dieu le Fils est venu véritablement dans la chair et les divines Écritures nous éclairent en toutes choses, car elles ne contiennent rien de tortueux ni de fourbe : « Toutes paroles sont franches pour qui les comprend, droites pour qui a trouvé le savoir. » (Pr 8, 9) Il est dit : « Prenez ma discipline et non de l’argent. » (Pr 8, 20) Si quelqu’un ne prend pas la discipline de Dieu, c’est-à-dire la foi de la vérité, toute parole sera pour lui tortueuse et perverse. Par contre, pour ceux qui comprennent correctement et qui ont trouvé la connaissance, toute parole est droite et irréprochable. Afin de les convaincre, l’apôtre dit : « Car tout grand prêtre pris d’entre les hommes est établi pour intervenir en faveur des hommes afin d’offrir des dons et sacrifices. » (He 5, 1) Voilà pourquoi le Fils unique lui-même — étant venu précisément pour devenir le grand prêtre pour les hommes — a pris de parmi nous la chair afin de pouvoir appeler les disciples « frères » (He 2, 11), lui qui est devenu une offrande pour nous à son propre Dieu Père. Où donc est accompli ce « est devenu une offrande » ? Nulle part ailleurs qu’auprès du grand prêtre, car il est écrit : « Sachez-le, ton grand prêtre est fidèle à celui qui l’a institué. » Je me sers d’un exemple extraordinaire. Quelqu’un voulait questionner le roi au sujet du prince, de son propre fils, et prenant courage, l’homme dit au roi :

— Qui est celui-là ?

L’homme a entendu la bonne réponse du roi :

— C’est mon fils.

Encore l’homme dit :

— Ton fils naturel ?

Le roi a répondu :

— Mais oui.

L’homme a posé une autre question :

— Qu’est-ce que tu l’as institué ?

Le roi a dit simplement :

— Je l’ai institué roi.

Est-ce donc possible que celui qui a donné la dignité royale à son fils nierait la naissance légitime de ce fils ? En affirmant la seconde chose [le fils est légitime], anéantit-il la première [la dignité royale] ? Nullement. Ainsi certes, Dieu le Père a engendré le Fils hors du temps, mais dans la chair, le Fils a accompli le passage : « Il l’a institué grand prêtre. »

Chapitre 42

En réponse, les hérétiques disent : « Mais il est écrit : “Le Seigneur m’a créé le premier de ses chemins pour ses œuvres.” »[22] (Pr 8, 22) D’abord ceux qui sont remplis de vaine gloire ne connaissent pas le nom du livre. Le livre s’appelle Proverbes de Salomon, mais tout ce qui est dit en proverbes n’est pas le même que ce qui est dit selon le sens littéral du texte. Regardez ! Notre Seigneur Jésus-Christ parlait en paraboles et nous estimons que les paraboles ne s’accordent pas avec notre manière de voir les choses : « Car le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé. » (Mt 13, 31) Et si, selon notre raisonnement, nous voulons considérer tout en détail, il est clair que le royaume des cieux est un vaste lieu, s’il faut dire le mot lieu, en lequel royaume le roi est Dieu le Père, Dieu le Logos et Fils de Dieu et le Saint Esprit de Dieu, et où habitent les anges, les archanges, les puissances immatérielles, Abraham, Isaac, Jacob et tous les justes. Où donc autant de personnes vont-elles trouver place dans un grain de sénevé ? Le sens figuré du passage est dit par énigmes. Donc le même n’est pas dit en proverbes [et au sens littéral]. Néanmoins, il y a la femme ayant dix drachmes et, en perdant une, elle a pris une lampe, l’a allumée et a trouvé la drachme ; il y a aussi le filet de pêche ayant été lancé dans la mer et la semence plantée sur la terre. Ces histoires sont dites en énigmes et ce n’est pas la même chose qui est dite au sens littéral des paroles. Alors, nous ne comprenons pas ainsi l’auteur de proverbes Salomon [au sens figuré], comme si ce verset parle du Fils de Dieu, car il y a sagesse et sagesse. L’apôtre savait dire : « Le monde, par le moyen de la sagesse, n’a pas reconnu Dieu dans la sagesse de Dieu » (1 Co 1, 21) et « Dieu a frappé de folie la sagesse du monde » (1 Co 1, 20) et encore « [pour que votre foi reposât] non sur la sagesse mais sur la puissance de Dieu. » (1 Co 2, 5) Alors Salomon savait parler de la sagesse [mais une autre sorte de sagesse] en disant : « Je suis devenu amoureux de sa beauté et j’ai cherché à la prendre comme épouse. » (Sg 8, 2) Job connaissait aussi [cette sorte de] sagesse et il a dit : « Mais la sagesse, d’où vient-elle ? Où se trouve son intelligence ? » (Jb 28, 12) et encore : « La sagesse du pauvre est anéantie » (Qo 9, 16) et « Le Fils unique est la sagesse du Père. » (1 Co 1, 30)

Chapitre 43

Alors, qu’est-ce que nous disons ? Si le Père est la sagesse[23] et si le Fils, selon leur raisonnement [celui des ariens], n’est pas sorti du Père — le Logos et Dieu étant quand même aussi sagesse — le Père a donc cédé une part de la sagesse qu’il possédait [qui était en lui même]. Alors, pourquoi est-il écrit : « À Dieu unique, sage, invisible [dont les œuvres sont pour les siècles] » (1 Tm 1, 17[24]) et toutes les choses qui sont infinies et incompréhensibles aux hommes ? Dieu a donné la sagesse à Salomon et il a rempli Béçaléel de sagesse et « les hommes sages cachent la honte. » (Pr 10, 14) Au sujet de la sagesse, beaucoup de choses sont à dire, mais cette sagesse-là, qui est du Père, est unique en son genre, n’ayant pas d’autre sagesse qui est son contraire. Cependant, si ce texte s’y réfère, je ne peux pas l’affirmer ni le nier. C’est à Dieu de savoir. Néanmoins, je dois avouer que les paroles sont contradictoires, car il est dit : « Il m’a créé le premier de ses chemins pour ses œuvres ; avant les siècles il m’a établi et avant tous les hauteurs, il m’a engendré. » (Pr 8, 22) Comment se fait-il alors que ce qui a été engendré ait été établi et que ce qui a été créé ait été engendré ? Si quelque chose est une créature, il n’a pas été en réalité engendré, car ce que nous [les hommes] engendrons, nous ne le créons pas et ce que nous créons, nous ne l’engendrons pas. Nous sommes des créatures et les êtres que nous engendrons sont des créatures, mais en Dieu l’incréé, celui qui est engendré n’est pas une créature, car si Dieu avait engendré un être, il ne l’aurait pas créé. Si, après la création, l’être est encore engendré, comment donc est-ce possible que le premier créé soit plus tard engendré ? Si donc les paroles se réfèrent à lui [au Fils], alors, c’est dans l’économie de l’incarnation qu’elles sont accomplies et voilà pourquoi sont décrites d’abord les choses les plus proches [dans le temps] et ensuite les plus anciennes. Désirant convaincre les hommes les plus proches, il a commencé à partir de la chair (car le début des chemins de la justice de l’Évangile dit que le Logos s’est fait chair pour nous en Marie et son âme a été établie en sa chair) afin de montrer plus tard les choses plus hautes. Nous disons que du sein paternel, il est venu des cieux sur la terre et lorsqu’il est parti plus tard pour nous, il a laissé accomplie toute l’économie, car certes le Logos n’est pas une créature (qu’on ne le dise jamais !) et les divines Écritures ne nous présentent rien, absolument rien, de tortueux.

Chapitre 44

Mais aussi selon la nature [des choses] et contre les traducteurs, la traduction n’est pas juste, car Aquilas a traduit : « Le Seigneur m’a acquis » (Pr 8, 22) ce qui est précisément dit en hébreu Adonaï kanani. Cette traduction est précisément ce que nous avons dit. Et au sujet de ceux qui sont engendrés, nous disons habituellement : « Il a acquis un enfant », mais on n’a pas ainsi déterminé le sens littéral de la traduction. L’expression Adonaï kanani peut aussi être traduite « Le Seigneur m’a fait éclore » et voilà pourquoi Pierre explique clairement, disant : « Ce Jésus que vous avez crucifié. » (Ac 2, 36) Il n’a pas dit « le Logos Dieu céleste », mais « ce Jésus », c’est-à-dire la chair avec le Logos céleste dans le sein de Marie où les deux ont été réunis. Il dit cela à cause du Dieu-Homme sorti de Marie, car à ce moment, l’expression « ayant été établi au dehors » a été accomplie, comme le dit Pierre : » Étant mis à mort dans la chair, il a été vivifié par l’esprit » (1 P 3, 18) et encore « Le Christ donc pour nous a souffert dans la chair » et encore « de qui le Christ est issu selon la chair » (Rm 9, 5) comme le dit Paul. Et le Sauveur lui-même dit dans l’évangile : « Maintenant vous me cherchez pour me tuer, moi l’homme qui vous a dit la vérité que j’ai entendue auprès de mon Père. » (Jn 8, 40) Il l’a dit afin de montrer que la souffrance fait partie des conditions humaines et des choses inférieures et qu’il est le Fils naturel du Père à partir des cieux. Le saint apôtre Paul chante par la parole, disant : « Un est Dieu, un aussi est l’intermédiaire entre Dieu et les hommes, l’homme Jésus-Christ » (1 Tm 2, 5), « lui de condition divine ne retint pas jalousement d’être égal à Dieu, mais il s’est vidé lui-même, prenant la forme d’un serviteur. » (Ph 2, 6) Tu vois comme il a été montré comme homme, mais pas simplement un homme, car il est « l’intermédiaire entre Dieu et les hommes » puisqu’il fait la médiation aux deux, envers son Père, il est Dieu, ayant été engendré Fils légitime par nature, mais envers les hommes, l’homme naturel né de Marie sans la semence d’un homme. Il est ainsi intermédiaire entre Dieu et les hommes, étant Dieu ainsi qu’homme engendré. Il n’a changé la nature ni de Dieu ni de l’homme, mais selon chacune des deux, il était intermédiaire l’une pour l’autre.

Chapitre 45

Mais les ignorants parlent de nouveau :

— Tu vois que « Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. » (Ph 2, 6)

Ces gens qui aiment les querelles ne savent pas le sens de la citation, car Paul n’a pas dit : « Il n’a pas voulu devenir égal à Dieu par vol, mais le Fils “ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu” », [c’est-à-dire, le rang] d’être Dieu par nature, parce qu’il l’était. Car si le Fils n’avait pas été [Dieu par nature], comment aurait-il pu prendre la forme d’un serviteur ? Et l’apôtre a d’abord révélé ce qui était nouveau [se faire chair] et ensuite il a montré, émerveillé par la surabondance de l’amour de Dieu pour les hommes, que, bien qu’étant égal à Dieu, le Fils s’est vidé lui-même, prenant la forme d’un serviteur, non pas pour subjuguer la liberté mais pour libérer, dans la forme qu’il avait prise, tous les serviteurs obéissants. Ainsi les juifs aussi rendaient témoignage qu’il n’avait pas dit lui-même qu’il était l’égal à Dieu, [un rang, par contre] dont il ne doutait pas, mais à partir [du premier verset], pour manifester ainsi la grande confiance qu’il portait lui-même, il disait : « Si je ne parle pas, je serai comme vous, menteur. » (Jn 8, 55) Et voilà pourquoi ils lui ont dit : « Ce n’est pas à cause de la bonne œuvre que nous te lapidons, mais parce que toi, étant un homme, tu t’es fait égal à Dieu. » (Jn 10, 33) Mais les hérétiques ont dit :

— Nous sommes obligés de confesser les paroles dites à son sujet, mais prises au sens figuré, et les Écritures parlent de lui avec beaucoup d’expressions et de mots compris au sens figuré. Il ne faut pas nier les paroles dites au sens figuré à son sujet parce que le Fils est nommé porte, pierre, colonne de soutien, nuage, lion, bétail, lampe, flambeau, soleil [de justice], ange, ver de terre, roc, sommet d’un angle, chemin, taureau, rejeton, et tant d’autres choses.

Il est évident que nous aussi ne nions pas les choses accomplies par lui dont on parle au sens figuré, mais nous savons pourquoi ces choses sont écrites : chemin parce qu’à travers lui nous marchons vers le royaume, vers lui et vers le Père ; porte parce que par lui nous entrons [dans le royaume] ; colonne de soutien parce qu’il est la base solide de notre foi ; pierre parce qu’elle ne bouge pas ; roc parce qu’il est assis sur des fondements solides ; soleil [de justice] parce qu’il brille dans nos pensées ténébreuses.

Chapitre 46

Ensuite, les hérétiques disent :

— S’il est écrit concernant le Fils qu’il est créature, il faut le confesser être créature.

Voyons ! Moi aussi, j’ai expliqué en partie les citations concernant les choses accomplies pour nous mais qui sont décrites au sens figuré. Maintenant, qu’ils nous disent pourquoi il est utile de dire que le Fils est une créature. Il est à juste titre appelé porte, au sens figuré, pour qu’il devienne notre entrée et notre aide ; chemin pour que nous n’errions pas en marchant. Créature, par contre, est-ce que cela nous dit quelque chose ? Nous est-il utile ? Le querelleur rempli de vaine gloire répond :

— Oui ! Car si tu n’appelles pas le Fils créature, tu enveloppes le Père de souffrance[25] Tout ce qui engendre en est entouré : il se contracte ou s’élargit ou se déploie ou laisse couler des liquides corporels ou se gonfle ou subit des expériences comme celles là.

Hélas ! Quelle notion néfaste et pas du tout vraie ! Qui penserait de telles choses au sujet du Père ? Qui oserait de telles idées ? Il est clair que seulement une personne possédée par les démons concevrait de telles notions. Mais si quelqu’un confessait le Père [correctement], il croirait le Fils engendré en vérité — mais spirituellement. La divinité n’est donc pas entourée de masse, ni n’a de corps, ni ne peut être gros afin que soient maintenues les paroles dites avant : « Dieu est esprit. » (Jn 4, 24) Et l’esprit ne subit pas d’écoulement ni coupure, ni contraction, ni diminution, ni simplification ni rien de tel. Comme le Père est certes esprit, le Fils Dieu et Logos a été engendré spirituellement, hors du temps, incompréhensiblement et sans commencement.

Chapitre 47

Afin de convaincre ceux-là qui pensent ces choses, sans parler d’une manière semblable, nous réfuterons leur mauvaise défense, à partir des paroles comprises au sens figuré [paraboles et allégories]. [Alors, seulement au sens figuré, car] la créature est dix mille fois inférieure à son maître, sans connaissance de lui. Beaucoup dans le désert manquent de feu, mais en remplissant d’eau un vase en verre, ayant emporté avec eux une matière inflammable faite de lin ou d’étoupe, ils se tiennent en face de l’éclat du soleil, ce dernier brille à travers le verre pour illuminer la matière et immédiatement celle-ci est saisie [de feu] par le feu du soleil qui l’enflamme. Le soleil est-il atteint dans son être étant réduit en partageant son essence ? A-t-il abandonné [quelque chose de son essence] ? A-t-il été diminué ? Ils répondent :

— Non.

Donc, si la créature [le soleil] n’a pas été diminuée, combien plus pour Dieu [le Père] — infini, incompréhensible et sans commencement — qui a engendré de lui-même, esprit, le Dieu Logos, que rien ne peut contenir, qui est incompréhensible et incorruptible dans l’immortalité, qui est le fruit d’un engendrement sans passion [sexuelle ou autre], sans coupure, sans abandon [de quelque partie de son être] ? C’est plutôt le parfait [le Père engendrant] le parfait [le Fils] en perfection. Et la nature du feu enflamme beaucoup de flambeaux à partir d’une flamme et la première flamme n’est pas diminuée. Encore, il est possible que la même essence soit dans beaucoup de parties, je dis, beaucoup de flambeaux et de lampes. Mais ce n’est pas ainsi avec Dieu. Que cela n’arrive jamais ! Car encore, le Logos n’a pas commencé à exister à un certain moment, pour ensuite s’ajouter au Père par fusion, mais le Père est Père et le Fils est Fils et le Saint-Esprit est le Saint-Esprit.

Chapitre 48

L’affirmation des manichéens est insensée. Selon la pensée de Mani, les âmes naissent d’une colonne de lumière et forment un seul corps. Lorsqu’elles sont libérées de leur corps [individuel], elles sont de nouveau réunies à l’essence une, comme elles étaient rassemblées auparavant dans la colonne, selon leur histoire fabuleuse de la création. Par contre, l’Évangile ne montre pas les choses ainsi. Le Christ a nourri 5 000 personnes à partir de cinq pains [qu’il avait rompus et distribués], mais la foule n’a pas eu ce qui restait, car le Fils dit : « Rassemblez les morceaux en surplus afin que rien ne soit perdu » (Jn 6, 12) et les disciples ont ramassé les morceaux en surplus, mais le Christ n’a pas remis les morceaux ensemble comme ils étaient auparavant. Les disciples ont réuni une grande quantité de pain mais en beaucoup de morceaux et le Christ a montré les corbeilles de morceaux toutes réunies ensemble. Nous ne présentons pas cet exemple [comme s’il s’accordait] avec [notre] manière de voir les choses, ni l’exemple du soleil que nous avons déjà présenté, car nous disons que ni les pains, ni les morceaux ne sont des âmes — que cela n’arrive jamais ! Nous ne rendons pas non plus le soleil égal à Dieu qui l’a créé, ni nous ne disons que le Fils unique [soit l’égal] à l’éclat du soleil qui est tombé sur le morceau d’étoupe. [Nous disons seulement que] selon la ressemblance [l’analogie], les âmes aussi avaient été engendrées, mais non réunies ensemble dans une union — que cela n’arrive jamais. C’est seulement dans les Écritures de Dieu qu’il est dit : « Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père. » (Jn 14, 2) [Il n’est pas dit] dans une colonne [de lumière], mais chaque créature est comptée individuellement. Et en disant que Dieu [le Père] a engendré son Fils unique, nous n’ajoutons pas la passion à Dieu, comme dit le mauvais blasphème de ceux-là. Car [selon eux] tout ce qui engendre subit la passion [y compris Dieu], donc il ne faut attribuer [au Fils] ni créature ni être engendré, selon la doctrine de ceux-là, parce que nous ne voulons donner à Dieu ni passion ni souffrance. [Les hérétiques disent :]

— Où donc avons-nous trouvé le Fils et pourquoi a-t-il le nom Fils[26] ?

Ce sont des syllogismes humains et ils trouvent leur source dans des pensées terrestres, car il est totalement illégitime d’attribuer nos passions humaines à Dieu, Dieu lui-même disant : « Vos pensées ne sont pas mes pensées » (Is 55, 8) et encore « Dieu n’est pas comme l’homme. » (I S 15, 29)

Chapitre 49

Alors, que les hérétiques cessent de blasphémer et qu’ils apprennent du Père qui a dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je me complais » (Mt 3, 17) et encore, comme s’il s’adressait à ceux qui hésitent [dans leur foi] : « Tu es mon fils que j’ai choisi. » (Is 42, 1) Dans le Cantique des cantiques, il est dit : « choisi parmi des myriades. » (Ct 5, 10) Alors, qu’ils disent d’où donc vient ce choix. Ces insensés ont l’habitude de dire, en citant « celui en qui je me complais », que le Logos est appelé Fils par grâce et non pas par nature. Qu’ils montrent qui est semblable au Fils de sorte que, après avoir examiné tous [les candidats], [le Père] ait pu choisir celui-là. Personne n’est l’égal du Fils, ni lui est comparable : « Qui sera semblable au fils parmi les fils de Dieu ? » (Ps 88, 7) On connaît ces « fils de Dieu » selon la grâce, mais personne ne peut être l’égal du Logos parce qu’il est le Fils naturel [de Dieu]. Il est évident où le Fils a été choisi et où se trouve le choix parce que maintes myriades [de femmes] étaient sur la terre, mais Marie seule « a trouvé grâce » (Lc 1, 30) et en elle, le Logos a choisi la sainte chair. Voilà pourquoi elle a été appelée bienheureuse, et comme David le dit, [comme s’il parlait] pour les apôtres qui croyaient au Seigneur et qui avec joie ont annoncé sa grâce aux nations : « Il nous a soumis les peuples et a mis les nations sous nos pieds. Il nous a choisis pour son héritage, il a choisi la beauté de Jacob qu’il a aimée » (Ps 46, 4 5) c’est à dire la pureté de sa beauté, la beauté du tout Jacob [tout Israël], la chair qui a été choisie de Marie par le Saint-Esprit. En disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je me complais », le Père dans le ciel a montré à Jean Baptiste l’avènement de l’économie de la chair, car le Père se complaît en l’avènement du Christ, dans l’incarnation, mais la divinité est sans limites dans sa nature.

Chapitre 50

L’apôtre aussi l’appelle « Fils bien-aimé […] qui nous a sauvés. » (Col 1, 13) Il est dit : [il nous a sauvés] « de l’empire des ténèbres et nous a transférés dans le royaume de son Fils bien-aimé. » Et alors, ceux qui disent des sottises ne considèrent pas le sens de la citation selon laquelle, grâce à l’excellence de l’amour de Dieu pour son Fils [grâce à son amour spécial ou particulier pour lui], le Logos peut être le Fils. Les sots ne connaissent pas non plus la citation parallèle où l’apôtre dit : « Dieu nous a aimés en Christ. » (2 Co 9, 19) Car en vérité, le Fils bien-aimé est le Fils unique. Puisque le Père est amour, le Fils est amour et de l’amour vient l’amour. Donc, il est le Fils de l’amour à cause de nous et à cause de lui-même parce qu’en lui le Père nous a aimés, ce Père qui a donné son Fils unique pour nous. Donc, le Père ne s’est pas fatigué en travaillant ni n’a souffert la passion en engendrant. Que les hérétiques n’entassent pas encore sottement des blasphèmes à leur compte, car si le Fils est une créature, il ne mérite pas qu’on se prosterne [en adoration] devant lui, selon leur argument. Il est insensé de se prosterner en adoration devant une créature et de violer le premier commandement qui dit : « Écoute Israël, le Seigneur ton Dieu est un Seigneur. » (Dt 6, 4) Le saint Logos n’est donc pas une créature parce qu’il mérite qu’on se prosterne [en adoration] devant lui. Les disciples se sont prosternés [en adoration] devant lui. Il est dit : « Les anges au ciel se sont tous prosternés [en adoration] devant lui » (Ps 96, 7) et « Je me prosternerai [en adoration] devant toi, Seigneur, ma force. » (Ps 17, 1) Il reste encore une preuve à citer, courte mais irréfutable, contre laquelle personne ne peut parler. Si les ennemis du Fils de Dieu ont un témoignage à montrer, [qu’ils disent] où dans l’Ancien ou dans le Nouveau Testament le Père a dit : « J’ai créé pour moi-même un Fils. » [Qu’ils disent] où le Fils a dit : « Le Père m’a créé. » Il y a quatre évangiles et 1 162 chapitres[27], et du début jusqu’à la fin, le Fils parlait à son Père et il n’a dit nulle part : « Mon Père m’a créé » et le Père n’a nulle part dit : « J’ai créé pour moi un Fils » ou « J’ai créé mon Fils. »

Chapitre 51

Mais le querelleur, celui qui aime tant son propre opinion, dit :

— Pourquoi parles-tu du corps ? Il est évident que le corps vient de Marie, mais que [dis-tu de] Marie, est-elle incréée ou créée ?

Épiphane répond :

— Il est évident qu’elle est créée et nous le disons aussi [haut et fort] ayant été engendrée de l’homme et de la femme.

L’hérétique dit :

— Selon toi, que vient de Marie ? Te prosternes-tu [en adoration] devant le Sauveur en son corps, ou ne le fais-tu pas ?

Épiphane répond :

— Comment donc ne me prosternerai-je pas [en adoration devant le Sauveur en son corps] ? Si je ne le faisais pas, je n’aurais pas la vie.

L’hérétique

— Alors, tu vois, tu te prosternes [en adoration] devant une créature, qu’est le corps.

Mais les hérétiques disent beaucoup de telles sottises. Beaucoup se prosternent [en vénération][28] devant le roi habillé en pourpre. Donc, est-ce qu’on se prosterne [en vénération] devant la pourpre ou devant le roi ? Bien évidemment, devant le roi, mais [en réalité], on se prosterne [en vénération] devant le roi et devant la pourpre qu’il porte. Si le roi enlevait le vêtement en pourpre et le déposait de côté, on ne se prosternerait plus [en vénération] devant le vêtement. Et si le roi était dans son palais et sur son propre trône — ce qui est souvent le cas — ceux qui se prosternent se prosterneraient en vénération devant le roi dans son propre palais et sur le trône, mais si le roi se levait et partait, personne ne se prosternerait [en vénération] plus devant le palais ou devant le trône. Seulement un fou, désirant se prosterner [en vénération] devant le roi qui était dans son palais, dirait au roi : « Sors de ton palais pour que je me prosterne [en vénération] devant toi. » Personne certes ne parlerait ainsi au Fils unique [non plus] : « Quitte ton corps pour que je me prosterne en adoration devant toi », mais on se prosternerait [en adoration] [tout simplement] devant le Fils unique avec son corps, devant l’incréé avec son saint palais qu’il a pris en venant [dans notre monde]. Et personne dirait au roi : « Lève-toi de ton trône pour que je me prosterne en vénération devant toi, sans le trône », mais on se prosternerait [en vénération] [tout simplement] devant le roi avec son trône. Alors, on se prosterne [en adoration] devant le Christ avec son corps, enterré et ressuscité.

Chapitre 52

Les hérétiques continuent :

— Qu’est-ce tu dis ? Le Père a-t-il engendré le Fils avec vouloir ou sans vouloir. Et après avoir répondu, [voici une autre question] : Le Logos a-t-il toujours existé ou y a-t-il jamais eu de temps avant son existence ?

Certes, même certains ariens, par tromperie, disent que le Fils de Dieu a été engendré hors du temps. Ils ne veulent pas, par contre, dire que le Fils est éternel. Ils ont l’habitude de dire qu’il y avait un « moment » quand le Fils n’existait pas, mais ce « moment » n’était pas un moment dans le temps, mais en examinant la phrase, on convainc les ignorants. Le mot moment de la phrase signifie [certes] un moment dans le temps et ceux qui disent qu’il ne désigne pas un vrai moment dans le temps, eux, ils tombent dans l’absurdité de leur pensée et dans une foi erronée, car ils se servent des mots [malhonnêtement] par dissimulation, et à travers leur doctrine, ils font une terrible guerre contre le Fils de Dieu et croient sans rougir que le Fils est tout à fait étranger à la divinité du Père. [Les hérétiques pose une autre question :]

— Le Père a-t-il engendré avec vouloir ou sans vouloir ?

Si nous disons « sans vouloir », nous enveloppons la divinité en nécessité et si nous disons « avec vouloir », nous acceptons que le vouloir existait avant le Logos. Et même si ce n’est qu’un atome [de temps] ou un clin d’œil ou la plus petite partie d’une période, cette nanoseconde signifie [qu’il y avait du temps] avant le Logos et encore nous tombons dans leur doctrine. Et si nous disons que le Père n’a pas engendré avec vouloir, la divinité sera soumise à la nécessité de la nature et non à la liberté du vouloir. Rien de ces choses ne convient à Dieu, et tu en es d’accord, ô homme de vaine gloire, qu’auprès de Dieu ces choses n’existent pas. Le Père n’a engendré ni avec vouloir ni sans vouloir, mais par la surperfection de sa nature, car la divine nature dépasse le vouloir et ne dépend pas du temps ni n’est menée par la nécessité. En nous, il n’y a rien d’immédiatement fini parce qu’il y avait un temps quand nous n’existions pas. D’abord, nous formons un projet et ensuite nous faisons ce que nous avons conçu. Si nous ne formons pas de projet, la chose [que nous aurions pu planifier] n’existe pas encore en nous. Auprès de Dieu, par contre, tout est parfait, lisse et uni et tout en lui est accompli. Et le Père n’a engendré celui qui est éternel [le Fils] ni avec vouloir ni sans vouloir, le saint Logos ayant été engendré de lui, mais par sa nature surparfaite et indicible.

Chapitre 53

Je m’étonne grandement, ô fils de la foi et de l’Église, comment les querelleurs tournent en allégorie les paroles dites au sens littéral et comment ils prennent les paroles dites au sens figuré au sens littéral, ainsi commettant une grande erreur. D’un côté, ils nient que le Fils soit engendré — ce qui est en lui précisément selon sa nature divine — et disent qu’il n’est qu’un être engendré parmi les autres créatures engendrées. De l’autre, [ils croient que le Fils est] créé — ce qui est précisément étranger à sa divinité. Et si des paroles sont dites en allégorie, ils disent qu’elles sont à comprendre au sens littéral, ainsi supprimant le vrai sens littéral. Isaïe dit : « J’ai vu le Seigneur Sabaot » (Is 6, 5) ; [ailleurs il est dit :] « Le Seigneur est apparu à Moïse » (Ex 3, 2) et « Le Seigneur est apparu à Abraham » (Gn 12, 7) et « Daniel a vu avec les yeux l’Ancien des Jours » (Dn 7, 9) et autres choses pareilles. Ézéchiel a dit : « J’ai vu la forme de Dieu. » (Ez 1, 26) Mais les hérétiques disent que ces paroles ne sont pas vraies, transformant ainsi les paroles des prophètes en mensonges, car à partir du texte de l’Évangile, le Sauveur enseigne : « Personne n’a jamais vu Dieu. » (Jn 1, 18) Et les hérétiques disent encore :

— Certes, si le Fils unique a dit que personne n’a jamais vu Dieu, tandis que les prophètes ont dit l’avoir vu, il faut qu’il y ait du mensonge : soit le Fils unique a menti, soit les prophètes.

Et selon la position de ceux qui parlent ainsi et selon les manichéens, ce sont les prophètes qui ont menti. Mais si les prophètes n’ont pas menti et ont dit la vérité, comme le dit la parole du Sauveur : « Celui qui a parlé dans les prophètes, voici, je suis ici »[29], il faut [chercher une explication] intelligente et [trouver] un sens allégorique.[30] Et cela s’accomplit ainsi souvent. Si de quelque montagne ou de la plaine nous voyons une partie de la mer, nous disons vrai en affirmant que nous l’avons vue, mais si quelqu’un dit n’avoir pas vu la mer, il n’a pas menti, mais a dit la vérité. En effet, il n’a pas vu les profondeurs [de la mer], ni sa grandeur ; il n’a pas vu la masse [de la mer] ni son creux. Si par une fenêtre nous voyons un homme comme à travers des nuages, nous ne connaissons pas son extension. Et si quelqu’un dit : « Je l’ai vu », il l’a vu ; et si un autre dit : « Je ne l’ai pas vu », il ne l’a pas vu. Nous voyons les choses véritablement comme nous pouvons ; nous ne les voyons pas comme elles sont en elles mêmes. Ainsi les prophètes aussi étaient jugés dignes de voir [le Seigneur] comme à travers une fenêtre [et des nuages], c’est-à-dire à travers l’étroitesse de leur propre corps et ils l’ont vu en vérité, mais pas comme s’ils pouvaient voir l’infini. Et ainsi les [versets qui semblent contredire] les divines Écritures arrivent à s’accorder les uns avec les autres : les prophètes ont vu [le Seigneur], car ils l’ont vu en vérité et : « Personne n’a jamais vu Dieu », mais ils ne l’ont pas vu tel qu’il est. Alors, voyant la nature invisiblement, le Sauveur a donné la puissance de la grâce à celui qui n’a pas le pouvoir de voir [au prophète] pour qu’il voie par le pouvoir de la vision spirituelle.

Chapitre 54

[Épiphane]

— Mais ne parle pas encore avec ton emphase de mauvais acteur.

[L’hérétique]

— Les prophètes n’ont pas vu par les yeux, mais par l’esprit, seulement se rapprochant [de ce qu’ils percevaient] sans le voir.

Voilà pourquoi Isaïe dit expressément : « Alors, je dis : “Malheur à moi, je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures ; j’habite au sein d’un peuple aux livres impures et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur Sabaot.” » (Is 6, 5) Et Isaïe ne dit pas : « J’ai vu par l’esprit » mais « par les yeux ». Il a donc vu et n’a pas vu, comme il pouvait. Il a vu en vérité, mais il n’a pas vu comme s’il voyait l’infinité de la nature incompréhensible. Ainsi, beaucoup allégorisent l’histoire du jardin d’Éden et celui qui est inspiré par Origène préfère apporter à la vie une fantaisie à la place de la vérité [du sens littéral]. Et il dit que le paradis [le jardin d’Éden] n’était pas sur la terre. [Il s’appuie] sur le texte du saint apôtre Paul : « Je connais un homme […] qui voici 14 ans. Était-ce en son corps ? Je ne sais pas. Était-ce hors de son corps ? Je ne sais pas. Dieu le sait. Celui-là fut ravi jusqu’au troisième ciel. » (2 Co 12, 2) Mais comprends le texte correctement et ne dis pas qu’il signifie le troisième partie de la région supérieure autour de la terre. Paul ne dit pas « jusqu’au troisième ciel » pour désigner une troisième partie mais pour indiquer le chiffre trois [trois choses]. Et il dit : « Je connais un tel homme étant ravi au paradis et ayant entendu des paroles qu’il n’est pas permis aux hommes de dire. » (2 Co 12, 3) Gloire au Dieu Pantocrator qui en tous les lieux expose et explique clairement afin que les vrais adorateurs [proskunétai] […] ne chancellent pas. Il ne met pas « le ciel » et « le paradis » ensemble dans une courte phrase, mais il dit : « J’ai vu un homme ayant été ravi jusqu’au troisième ciel » et encore « ayant été ravi au paradis. » Lorsqu’on se sert de l’article [le, la, les, un, une etc.], on désigne une autre personne ainsi qu’un changement vers un autre lieu. Supposons que quelqu’un possède une montagne entourée d’une plaine. Alors, le propriétaire veut aller de l’autre côté de la montagne sans quitter la plaine et en commençant la marche, il traverse la plaine vers le lieu choisi, et arrivé là, il se peut qu’il rentre à travers la montagne[31]. C’est tout à fait possible pour lui de faire. Mais s’il veut d’abord marcher dans la montagne et de la montagne reprendre la plaine pour arriver à l’endroit au-delà de la montagne, il peut le faire aussi. Ainsi je pense et aussi la parole de l’apôtre. Saint Paul est d’abord monté au ciel, ensuite il est descendu dans le paradis selon la parole : « Mon bien-aimé est descendu dans son jardin. » (Ct 6, 2)[32] Et le Sauveur dit : « Aujourd’hui tu seras avec moi au paradis. » (Lc 23, 48)

Chapitre 55

Si le jardin n’est pas sur la terre et les choses écrites en Genèse ne sont pas à comprendre au sens littéral, mais en allégorie, alors rien de ce qui suit [dans la Bible] n’est vrai et tout est à comprendre en allégorie. Il est dit : « Au commencement, Dieu a fait le ciel et la terre. » (Gn 1, 1) Ce ne sont pas des paroles à comprendre en allégorie, mais des choses visibles. Il est aussi dit : le firmament, la mer, les grains, les arbres, les plantes, la pâture, les animaux, les poissons, les oiseaux. Toutes ces choses sont visibles en vérité et Dieu a fait l’homme en vérité. Certes, il a mis l’homme, qu’il avait formé, dans le jardin, ayant fait ce même homme selon l’image, selon l’image de Dieu. Alors ne te mêle pas indiscrètement des dons de Dieu qui sont donnés à l’homme selon la grâce, car nous ne nions pas que tous les hommes sont faits selon l’image de Dieu. Nous ne nous mêlons pas du comment [l’homme a été créé] « selon l’image », car nous ne pensons pas que [seulement] le corps est fait selon l’image, ni [seulement] l’âme, ni [seulement] l’esprit, ni [seulement] la vertu, car il y a beaucoup d’obstacles qui m’empêchent de choisir celui ci ou celui-là. Nous ne nions pas que le corps et l’âme soient selon l’image. C’est pour les croyants de confesser les Écritures et de ne pas les nier, mais pour l’incroyant, il s’agit d’ » annuler la grâce » (Ga 2, 21) : le « selon l’image » est dans l’homme, mais c’est à Dieu de savoir comment. Si tu dis que Dieu a fait l’homme selon l’image et si tu croies que l’image est le corps — Dieu étant invisible, incompréhensible et inconcevable — comment le visible, le compréhensible et ce qui est fondé sur le contact peut être l’image de l’invisible et de l’incompréhensible ? Et si tu dis que le corps n’est pas selon l’image, il est dit : « Dieu a pris la glaise de la terre et il a façonné l’homme » (Gn 2, 7) et il a appelé l’homme à la fois « fait de la terre » et « être vivant. » Il est écrit : « Dieu a soufflé sur son visage le souffle de la vie et l’homme est devenu une âme vivante. » (Gn 2, 7) Nous disons que l’âme et le corps sont créés. Comment créés ? Il est écrit : « Il a soufflé » et nous ne disons pas que l’âme est une parcelle de Dieu ni étrangère à l’insoufflement, mais comment cela est conçu en détails, c’est à Dieu de savoir.

Chapitre 56

Nous croyons simplement et inébranlablement que Dieu dit la vérité en toutes choses. Et si tu dis que l’âme [seule] est faite selon l’image, écoute ce que dit l’apôtre : « Vivant est le Logos de Dieu et efficace et plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants. Il pénètre jusqu’au point de division de l’âme et de l’esprit. » (He 4, 12) Si en effet l’âme a des parties, comment est-il possible qu’elle soit faite selon l’image ? Car l’âme ne voit pas l’avenir, mais Dieu le voit certainement et nous voyons ce qui est devant notre corps mais pas ce qui est derrière. Et si tu dis que l’âme n’est pas [faite selon l’image, les Écritures] certes appellent l’homme âme, et l’âme et le corps sont l’homme. Mais tu dirais que l’intelligence [seule] est faite selon l’image. Les Écritures par contre disent : « …mais j’aperçois une autre loi dans mes membres qui lutte contre la loi de ma raison et m’enchaîne à la loi du péché qui est dans mes membres. » (Rm 7, 23) Alors, comment l’intelligence qui a été prise en captivité peut-elle être faite selon l’image ? [Si tu dis que l’intelligence n’est pas faite selon l’image, écoute ce que dit l’apôtre :] « Je dirai un hymne avec l’esprit, mais je le dirai aussi avec l’intelligence. » (1 Co 14, 15) Et si tu dis que la vertu [seule] est faite selon l’image, je te demanderai de me parler d’Adam. Quelle vertu a-t-il produit avant d’être formé, car la vertu n’existait pas au commencement et Adam a été formé selon l’image à partir du commencement [de son existence]. Et si tu dis que la vertu n’est pas faite selon l’image, ce n’est pas du tout bon. Tu dis : À quoi convient-il d’être fait selon l’image si ce n’est pas la vertu [qui est faite selon l’image] ? L’homme a été façonné selon l’image avant la vertu. Ainsi Adam ne vivait pas en vertu qui manifestement n’avait pas encore été créée. Et si tu dis que le baptême est ce qui est selon l’image, alors les justes qui n’ont pas été baptisés n’étaient pas faits selon l’image, car à partir de Moïse et la mer, le typos [préfiguration du baptême] existait et à partir de Jean Baptiste la grâce était annoncée, mais c’est en Christ que le don de la grâce a été accompli.

Chapitre 57

Donc, tous les hommes sont créés selon l’image, mais non pas naturellement selon l’image. Ils sont faits selon l’image, mais non pas parce qu’ils ont une égalité avec Dieu. Dieu est incompréhensible, inconcevable, esprit, esprit au-dessus de tout esprit, lumière au-dessus de toute lumière et nous ne priverons pas l’homme des choses que Dieu a données, car celui qui a créé l’homme avec grâce selon l’image, celui-là est vrai. La question est à comprendre à partir de semblables [analogies], car nous voyons ce que le Sauveur a pris entre ses mains, comme il est indiqué dans l’évangile lorsqu’il était au repas. Il a pris ces choses et a rendu grâces, disant : « Ceci est mon “ça”[33]. » (Mt 26, 26 ss) et il en a donné à ses disciples. Et il a dit : « Ceci est mon ‘ça’. » Nous voyons que ce n’est pas une égalité ni une similitude à une image incarnée ni à la divinité invisible ni aux traits distinctifs des membres du corps. L’un [le pain] est par contre en forme arrondie et l’autre [le Christ lui-même] est infini et imperceptible, bien qu’il y ait une similitude, à cause de la puissance et du fait qu’il voulait dire dans sa miséricorde : « Ceci est mon “ça” » et tous ont cru à sa parole. De celui qui ne croit pas que le Christ ait dit vrai, il est dit que cet homme s’écarte de la grâce et du salut, mais lorsque nous entendons la parole, nous la croyons. Nous croyons que c’est [le corps] de lui, mais nous connaissons notre Seigneur être tout entier intelligence, tout entier compréhension, tout entier Dieu, tout entier en mouvement, tout entier action, tout entier lumière, tout entier Logos et incompréhensible, mais il nous a donné cela avec la grâce.

Chapitre 58

Adam a été mis dans le jardin et il a mangé de l’arbre. Il est dit que le jardin était « en Éden à l’orient » (Gn 2, 8-16) et « une source montait[34] d’Éden ». Il n’est pas dit « descendait » pour que nous ne croyions pas qu’Éden était au ciel, car si le jardin avait été au ciel, la source aurait coulé du ciel sur la terre[35]. Il est dit, par contre : « Une source sortait d’Éden » et non « descendait ». Cette source « se divisait pour former quatre bras et le premier s’appelle Pishôn » et nous le voyons avec nos yeux. Et le Pishôn est appelé le Ganges par les Indiens et les Éthiopiens, les Grecs l’appelant l’Indus. « Et il contourne tout le pays de Havila », la petite Éthiopie et la grande, les parties des Havilaïtes. Et en traversant la grande Éthiopie, il tourne vers le sud et plonge à travers Gadeires [en Espagne], dans le grand océan. Le deuxième fleuve est le Gihôn que nous voyons parce qu’il est perceptible à nos sens et ce n’est pas une allégorie. Ce fleuve descend vers l’Éthiopie, traverse la grande Éthiopie, l’Anoubie, le Blamyen, l’Axumitis, les parties de Thèbes et de l’Égypte et se jette dans la mer. Si quelqu’un ne croit pas, qu’il écoute Jérémie qui dit : « À quoi bon partir en Égypte boire l’eau du Gihôn ? » (Je 2, 18) « Le troisième fleuve s’appelle le Tigre qui coule à l’orient d’Assur » et il divise en deux les parties de l’Anatolie, se plonge sous la terre [tarit], émerge de l’Arménie au milieu des Kardyaïens et des Arméniens, jaillit de nouveau et se coupe en deux dans le pays des Assyriens. Le quatrième fleuve est l’Euphrate qui comme [l’autre fleuve, le Tigre] plonge sous la terre [tarit], rejaillit de l’Arménie et ainsi inonde la Perse. Donc, si la source n’a jamais existé, la rivière [qui coulait d’elle] n’a jamais existé. Si la rivière n’a jamais existé, les quatre bras n’existent pas. Si le Pishôn n’existe pas, le Gihôn n’existe pas, et le Tigre n’existe pas. Si le Tigre n’existe pas, l’Euphrate n’existe pas. Si l’Euphrate n’existe pas, le fruit n’a jamais existé, les feuilles n’ont jamais existé, Adam n’a jamais existé, l’acte de manger n’a pas eu lieu, Ève n’a jamais existé. Si Ève n’a jamais existé, elle n’a pas mangé de l’arbre. Si elle n’a pas mangé de l’arbre, Adam non plus. Si Adam n’a jamais existé, les hommes n’existent pas, mais pour le reste, la vérité est mythe et tout est allégorie. Mais Adam a existé certes, car nous sommes de lui, nous sommes tous de sa race par succession et nous le voyons à travers le grand nombre de générations successives.

Chapitre 59

Adam a engendré Seth selon son espèce [c’est-à-dire] selon son image afin que personne ne croie que celui qui a été formé, Adam, soit une [une sorte de] créature et que ceux qui allaient être engendrés de lui [toute l’humanité] soient une autre sorte de créature. Voilà pourquoi les Écritures disent : « selon son espèce et selon son image. » (Gn 5, 6) Seth a engendré Énosh qui a engendré Qénân qui a engendré Mahalléel qui a engendré Jéred qui a engendré Hénok qui a engendré Mathusalem qui a engendré Lamek qui a engendré Noé et là est arrivé le déluge en vérité et pas en allégorie. Toute âme a péri, mais il restait « huit âmes » d’homme. (1 P 3, 20) Et si encore tu entends le mot âmes, ne crois pas que les âmes n’aient pas eu de corps. L’humanité entière peut être désignée à partir d’un membre de l’espèce, car les Écritures disent : « Jacob est descendu en Égypte avec 75 âmes » (Ac 7, 14), mais les âmes ne l’ont pas suivi sans corps mais avec corps. L’homme entier est appelé âme. Et Luc, l’auteur des Actes des apôtres, dit : « Nous étions sur le navire 276 âmes. » (Ac 27, 37). Il est habituel d’appeler les serviteurs corps. Il est dit qu’un capitaine dirige 100 corps, mais chaque homme a aussi une âme. Lorsqu’on domine les hommes, on domine les corps, mais pas les âmes. Voilà pourquoi les serviteurs sont raisonnablement appelés corps avec âmes afin que soit manifesté la nécessité des corps. Noé est sorti de l’arche et a engendré Sem qui a engendré Japhet qui a engendré Arpakshad[36] qui a engendré Kaïnan qui a engendré Shéla qui a engendré Éber qui a engendré Péleg qui a engendré Réu qui a engendré Séroug qui a engendré Hahor qui a engendré Terah qui a engendré Abram qui a engendré Aminidab qui a engendré Naasom qui a engendré Salmon qui a engendré Booz qui a engendré Jobed de Ruth. Jobed a engendré Jessé qui a engendré David le roi qui a engendré Salomon qui a engendré Roboam de la femme d’Urie. Roboam a engendré Abia qui a engendré Asa qui a engendré Josaphat qui a engendré Joram qui a engendré Ochozias qui a engendré Joas qui a engendré Amasias qui a engendré Ozias aussi appelé Azarias. Ozias a engendré Jonathan qui a engendré Achaz qui a engendré Ezéchias qui a engendré Manassé qui a engendré Amon qui a engendré Josias qui a engendré Jéchonias qui a engendré Salathiel qui a engendré Zorobabel qui a engendré Abioud qui a engendré Éliakim qui a engendré Azor qui a engendré Sadok qui a engendré Akhim qui a engendré Élioud qui a engendré Éléazar qui a engendré Matthan qui a engendré Jacob qui a engendré Joseph.

Chapitre 60

Joseph était vieux et veuf, après avoir pris sa première épouse et engendré d’elle quatre garçons et deux filles : Jacques, appelé le frère du Seigneur parce qu’il a été élevé avec lui, Simon, Juda, José ainsi qu’Anna et Salomé. Selon le sort d’un coup de dés, fait parmi les veufs et les hommes célibataires, selon chaque tribu, [pour s’occuper] des vierges du temple (parce que les premier-nés, garçons et filles, étaient consacrés dans le temple), Joseph, vieux et veuf, a pris la sainte vierge Marie. C’est d’elle que notre Seigneur Jésus-Christ est né sans la semence de l’homme ni par union des corps. Le Seigneur — lui étant Dieu — est certes né dans la tribu de Juda de la semence de David et d’Abraham selon la chair dans le 42e année du règne d’Auguste. L’empereur Auguste a régné 66 ans et 6 mois. Après lui, son fils Tibère a pris l’autorité par succession pendant 23 ans. Après lui, Gaïus Caligula a régné 3 ans et 9 mois et 23 jours. Après lui, Claude a régné 13 ans. Après lui, Néron a régné 13 ans. Après lui, Vespasien a régné 9 ans. Après lui, son fils Titus a régné 2 ans. Après lui, son frère Domitien a régné 5 ans et 5 mois. Après lui, Nerva a régné 1 an et 4 mois. Après lui, Trajan a régné 19 ans. Après lui, Hadrien a régné 22 ans. Après lui, Antonin le Pieux a régné 22 ans. Après lui, Marc Aurèle Antonin, aussi appelé Verus, a régné 19 ans. Après lui, Commode a régné 14 ans. Après lui, Pertinax a régné 6 mois. Après lui, Septime Sévère a régné 18 ans. Après lui, son fils Caracalla Antonin a régné 7 ans. Après lui, Marcin a régné 1 an. Après lui, Antonin II Élagabale a régné 2 ans. Après lui, Sévère Alexandre, pas le Macédonien, a régné 3 ans. Après lui, Maximin a régné 3 ans. Après lui, Gordien a régné 6 ans. Après lui, Philippe a régné 6 ans. Après lui, Dèce a régné 1 an. Après lui, Gallérien et Valérien ont régné 3 ans. Après eux, Gallien a régné 15 ans. Après lui, Claude II a régné 1 an. Après lui, Aurélien a régné 14 ans. Après lui, Tacite a régné 6 mois. Après lui, Probus a régné 6 ans. Après lui, Carus, Carinus et Numérien ont régné 2 ans. Après eux, Dioclétien a régné 20 ans. Après lui ont régné Maximien, Licinius, Constantin Constant, Constance, Julien, Jovien, Valentinien, Valens, Gratien jusqu’à cette année ; après la mort de Dioclétien 70 ans, car cette année est la 90e année de Dioclétien, la 10e année de Valens et de Valentinien, la 6e de Gratien, la 3e du consulat de Gratianus Auguste et la 2e indiction de l’illustre Équitius.

Chapitre 61

Donc nous venons tous d’Adam, le premier, par succession de génération et l’ordre des événements n’a pas été détruit et rien de ce que Dieu a fait n’a été allégorisé. Adam a en effet existé, comme les feuilles de vigne, le figuier, l’arbre de la connaissance du bien et du mal, l’arbre de vie au milieu du jardin, le serpent, la désobéissance, l’obéissance, les rivières, Ève et la création. « Tout est possible à Dieu » (Mt 19, 26) : Changer les choses corruptibles en choses incorruptibles et faire les choses corruptibles sur la terre et les achever en incorruptibilité. Que personne ne s’en étonne ! C’est pour cela qu’il est venu et s’est manifesté, prenant la chair corruptible ; il a habillé cette chair en la divinité et l’a manifestée incorruptible : « Car qui accusera » Dieu ? (Sg 12, 12) Mais voyons une autre chose. Il est dit que Dieu a expulsé Adam et Ève du jardin et a posté des chérubins avec des épées flamboyantes pour garder l’entrée de l’arbre de vie. Et étant sortis, Adam et sa famille vivaient en face du jardin. Que personne ne soit trompé par des mythes vides ! » Dieu peut, des pierres que voici, faire surgir des enfants à Abraham. » (Mt 3, 9) Dieu peut aussi changer les choses corruptibles en incorruptibilité et peut faire du jardin terrestre un lieu de repos, s’il veut, car la terre n’est pas faite par un Dieu et le ciel par un autre, mais toutes choses sont faites par le même Dieu et comme il veut, il accorde la faveur de l’incorruptibilité à chacun. Car en effet nous savons que le corps d’Adam a été formé de la terre ; de la terre aussi sont nos corps et nous avons l’espoir de la vie éternelle et de l’héritage incorruptible ; nous savons également que le corps du Sauveur était de Marie et était solidement et spirituellement uni à l’incorruptibilité du Logos au ciel. Nous avons réuni toutes ces choses ici et nous n’avons rien mis de côté, ne désirant rejeter rien de ce qui est écrit. Nous désirons plutôt être nommé et trouvé fidèle envers Dieu en toutes les choses qu’il a en vérité écrites pour nous qui sommes sur le chemin de la vérité qu’il nous a montré pour notre salut. Par contre, il convient à lui seul de voir les choses incompréhensibles.

Chapitre 62

Cet Origène-là a présenté encore une autre histoire fabuleuse. Selon lui, les divines Écritures disent que les vêtements de peau que Dieu a faits pour Adam et sa famille n’étaient pas des vêtements de peau. Que Dieu veuille lui pardonner ces fantaisies allégorisées qu’il raconte aux hommes ! Origène dit que les vêtements de peau étaient la partie charnue du corps ou le corps lui-même. Il continue disant que Dieu a revêtu les âmes de ces corps après qu’Adam et Ève ont désobéi et ont mangé le fruit de l’arbre, c’est-à-dire que Dieu les a revêtus de la chair. Il est absurde de dire une telle chose ! Ce même Origène ne fait que parler en sophiste quand il dit : « Est-ce que Dieu est tanneur en préparant des vêtements de peau pour Adam et Ève ? » Il n’y a rien de plus bête que cela ! Qu’est-ce qui est plus facile pour Dieu : créer le ciel et la terre ou fabriquer des vêtements de peau ? Quand est-ce que Dieu voulait faire ses merveilles et ne les a pas faites, ne pouvant pas transformer les choses sans vie en êtres vivants ? Et le bâton de Moïse, fait de bois sec, il l’a transformé en serpent vivant qui poursuivait Moïse, devant lequel Moïse fuyait pour montrer que le serpent n’était pas une apparence mais une créature réelle. Comment se fait-il que pendant 40 ans les vêtements des enfants d’Israël ne se soient pas usés, qu’ils n’aient pas coupé les cheveux et que leurs souliers n’aient pas vieilli ? (Dt 29, 5) Qu’ils me disent, les sots qui sont touchés par la folie d’Origène, s’ils le suivent sur ces points ? Le Sauveur s’étant levé des morts et ayant laissé le linceul dans le tombeau, comme il est écrit (Jn 20, 6) — lui qui a été ressuscité des morts en corps et en âme — est-il apparu nu aux disciples ? Et lorsqu’il a montré à ceux autour de Thomas ses plaies et ses mains et son côté, il est évident qu’il n’était pas nu. Donc, qui avait tissé ses vêtements, après la résurrection ? Mais tu me diras certainement que ces vêtements étaient spirituels et que le Christ les avait faits lui-même. Et s’il pouvait se faire de tels vêtements, n’était-il pas capable de faire des vêtements de peau pour Adam et sa famille, selon sa propre volonté ? L’allégorie d’Origène est réellement anéantie, car si la chair a été créée après qu’Adam avait mangé de l’arbre, d’où Dieu aurait-il pris la côte pour créer Ève avant que les deux n’aient mangé ? Comme il est dit, lorsque Adam s’est réveillé de son sommeil, il a exclamé : « Ceci est os de mes os et chair de ma chair. » (Gn 2, 23)

Chapitre 63

« Dorénavant que personne ne nous suscite d’ennuis. » (Ga 6, 17) Ainsi pense la sainte Église de Dieu, dès le commencement. Origène ne se tiendra pas auprès de nous au jour du jugement. Je m’étonne vraiment que certains appuient celui qui blasphème son maître. Que ceux-là lisent le livre Concernant les origines d’Origène. Que ceux qui semblent être les fils de l’Église catholique apprennent [jusqu’à quel point Origène a blasphémé]. Qu’ils n’osent pas séparer le Fils de la divinité du Père. Qu’ils lisent comment Origène n’a pas jugé bon de dire que le Fils a vu le Père. Origène dit par contre : « Le Fils ne peut pas voir le Père et le Saint-Esprit ne peut pas voir le Fils » et encore : « Les anges ne peuvent pas voir le Saint Esprit et les hommes ne peuvent pas voir les anges. » Il a imaginé lui-même encore d’autres fantaisies et a trompé [ceux qui l’écoutaient], mais il n’a pas trompé l’homme intelligent et fidèle qui croit à la vérité et à l’enseignement spirituel. Alors, qu’Origène cesse de parler. Cessez de parler, vous qui êtes les disciples d’Origène, car les apôtres et les prophètes disent la vérité, plus que vous et votre maître. Qu’ils cessent de parler, les gnostiques qui sont condamnés pour leur manière de vie. Qu’ils cessent de parler, les valentiniens, les manichéens et les marcionites qui sont en erreur sur toute question. Qu’ils cessent de parler, les ariens, les anoméens, les sabelliens, les spiritistes, les lutteurs contre l’Esprit et les dimœrites, tous ceux qui sans intelligence abandonnent la raison. L’Écriture divine dit la vérité sur toutes choses, mais il faut de la connaissance pour savoir que Dieu dit la vérité, pour croire en lui et en ses paroles, pour connaître les faveurs de Dieu et les choses déjà données et les choses qui seront données, et pour connaître selon la promesse la résurrection des morts à la fin. Car toute hérésie ment n’ayant pas accepté l’Esprit Saint selon la tradition des Pères de la sainte Église catholique de Dieu.

Chapitre 64

Et concernant toutes ces choses, nous parlerons encore une fois selon notre faiblesse, mais nous, le plus petit et humble de tous, ayant été jugé digne par Dieu de faire partie de la sainte Église catholique de Dieu et d’avoir été placé sur le siège de celle-ci, selon le pouvoir de notre petitesse, nous allons nous occuper une à une de toutes les questions de ceux qui désirent avoir la vie en eux. Les paroles [que nous avons déjà dites] concernant le Père et le Fils et le Saint-Esprit sont suffisantes pour nous permettre d’expliquer le reste pour la joie, la préservation et la certitude des fidèles. Nous avons réuni de toutes les Écritures les témoignages pour faire la joie et un grand festin pour les fidèles lecteurs. Et encore nous ne craignons pas montrer que notre espoir en Dieu est sûr et solide et que rien de ce qui concerne le Père et le Fils et le Saint-Esprit n’a changé, mais que [les « membres » de] la sainte Trinité sont au même rang et consubstantiels. Notre enseignement ne vient pas d’ailleurs ni de nos propres idées, mais de notre vie, c'est-à-dire des prophètes, de l’avènement de notre Sauveur et de son amour pour les hommes. Car il est venu, notre vie est venue, et il nous a manifesté la lumière, nous qu’il avait trouvés errant dans les ténèbres. Nous, nous étions baptisés en orgueil, en blasphèmes, en idolâtrie, en esprits impies, et en toutes sortes de mauvais commandements. Certes, ces choses s’attachaient à moi contre mon gré : « Puisque je ne fais pas le bien que je veux, mais je commets le mal que je ne veux pas. » (Rm 9, 17). Ainsi j’étais le serviteur du péché, mais le saint Père a envoyé son saint Fils et dans sa miséricorde, il m’a sauvé et il m’a libéré de toute perdition.

Chapitre 65

Car la grâce de notre Seigneur et Sauveur s’est manifestée, nous enseignant à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde pour vivre en ce siècle présent dans la réserve, la justice et la piété attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, le Christ Jésus, qui s’est livré pour nous afin de nous racheter de toute iniquité et de purifier un peuple qui lui appartienne en propre, zélé pour le bien. (T 2, 11 14)

Il a effacé, au détriment des ordonnances légales, la cédule de notre dette qui nous était contraire ; il l’a supprimée en la clouant à la croix. Il a dépouillé les Principautés et les Puissances et les a données en spectacle à la face du monde en les traînant dans son cortège triomphal. (Col 2, 14)

Je fracasserai les portes de bronze et je briserai les barres de fer. (Is 45, 2)

De nouveau, il [nous] a manifesté la lumière de la vie, [nous] tendant la main, [nous] ouvrant la route, [nous] montrant l’escabeau des cieux et [nous] jugeant dignes de vivre encore une fois dans le jardin. Certes, en effet, « il a habité parmi nous » (Jn 1, 14) et il nous a donné « le précepte de la loi » (Rm 8, 4) [la loi] de l’Esprit pour connaître les choses qui le concernent : qu’il est le début et la fin de la vie et « la loi de justice ». (Rm 9, 31) Il est devenu pour nous « une loi de foi » (Rm 3, 27), « une loi spirituelle ». (Rm 8, 2) Il était libéré « de la loi du péché ». (Rm 7, 25) C’est pourquoi « je me complais dans la loi de Dieu du point de vue de l’homme intérieur ». (Rm 7, 22) Le Christ est en nous s’il vit en nous, car en mourant, il est devenu pour nous le chemin de la vie afin que « les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Co 5, 15), pour celui qui est la source de la vie. « Il se souvenait de son alliance pour maintes générations » (Ps104, 8), selon David. « C’est Dieu qui dans le Christ se réconciliait le monde, ne tenant plus compte des fautes des hommes » (2 Co 5, 19), « car Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute la Plénitude et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui en faisant la paix par le sang de sa croix. » (Col. 1, 19) Il est venu donc « quand les temps étaient accomplis » (Ep 1, 10) comme il a été annoncé à Abraham et aux autres saints : « pour ramener toutes choses sous un seul Chef le Christ, les êtres célestes comme les terrestres. » (Ep 1, 10) Là où il y avait séparation et ennemis, « au temps de la patience de Dieu », [il est venu] « les réconcilier en son corps de chair faisant par lui l’unité entre les deux » — étant notre paix — détruisant la barrière qui les séparait, supprimant en sa chair la haine, cette loi des préceptes avec ses ordonnances pour créer en sa personne les deux en un seul Nouvelle Homme. » Ainsi, « les païens sont admis au même héritage, membres du même Corps, bénéficiaires de la même promesse dans le Christ Jésus par le moyen de l’Évangile ». (Ep 2, 14-16). Il a commandé, disant : « Venez à moi vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau et moi je vous soulagerai » (Mt 11, 28) — « j’étais faible dans la chair. » (Rm 8, 3) Il m’a envoyé le Sauveur « qui ressemblait à la chair de péché » (Rm 8, 3) réalisant un tel plan de salut afin de me « racheter » (Gal, 4, 5) de la servitude, de la corruption et de la mort. Il est devenu pour moi « justice et sanctification et rédemption ». (1 Co 1, 30) Justice, parce qu’il nous a délié du péché, par foi en lui ; sanctification parce qu’il nous a libérés par ses paroles, par l’eau et par l’Esprit ; rédemption parce qu’il a donné son propre sang, celui de l’agneau véritable, comme un rançon pour moi, comme une offrande propitiatoire pour la purification du monde, comme réconciliation du ciel et de la terre : « ce mystère resté caché depuis des siècles et des générations. » (Col 1, 26) Il est celui qui accomplissant les temps fixés « transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire avec cette force qu’il a de pouvoir même se soumettre toutes choses » (Ph 3, 21), « car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité ». (Col 2, 9)

Chapitre 66

Le Christ est donc le vase de la sagesse et de la divinité ; il est le médiateur « qui nous a réconciliés avec Dieu […] ne tenant plus compte des fautes des hommes ». (2 Co 5, 18 19) Il accomplit les mystères cachés par la foi en son alliance, annoncée il y longtemps par la loi et les prophètes. Il a été proclamé Fils de Dieu, nommé Fils de David, car, à la fois, il est Dieu et homme : « médiateur entre Dieu et les hommes » (1 Tm 2, 5), « véritable demeure de Dieu, un sacerdoce saint » (1 P 2, 5), donateur du Saint-Esprit pour la naissance d’en haut et la régénération de toutes choses en Dieu, parce que « le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu’il tient de son Père comme du Fils unique ». (Jn 1, 14) Comme la pluie s’unit aux arbres et aux plantes pour produire avec eux du fruit selon chaque espèce et comme l’huile d’olive gras vient de l’olivier prenant de lui sa substance, et comme le vin doux partage la nature de la vigne, et comme le figuier donne une douce saveur aux figues, et comme chaque semence fait croître à la fin de la saison une croissance à sa propre image, ainsi, je crois, le Verbe de Dieu s’est fait chair de Marie et de la semence d’Abraham, se trouvant homme selon la promesse. « Nous avons trouvé le messie dont Moïse a écrit. » (Jn 1, 41) Comme Moïse a dit : « Que la pluie tombe comme ma parole » (Dt 32, 3) et comme David a dit : « Qu’il descende comme la pluie sur une toison et qu’il tombe comme des gouttes sur la terre » (Ps 7, 6) — comme le cotonnier qui reçoit la rosée fait croître les coton-tiges[37] et comme la terre qui reçoit la pluie fait croître le fruit que l’agriculteur espère recevoir par l’ordre du Maître donné à la terre de partager sa nature avec bonne volonté, le fruit que l’agriculteur a hâte de prendre en plus grande quantité chez lui — ainsi naturellement la Vierge Marie a dit : « Comment cela sera-t-il… ? » et elle a entendu la réponse : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils du Très-Haut. » (Lc 1, 34-35) Le Christ parle dans l’ange, le Maître s’est modelé lui-même en sa propre forme « prenant la forme d’un serviteur ». (Ph 2, 7) Marie accepte le Verbe par conception comme la terre accepte la pluie et le Logos fait paraître lui-même le saint fruit, ayant pris sur lui la nature mortelle. Celui-là était tiré d’elle, comme la terre et la toison, le véritable fruit de l’espoir, que les saints attendaient. Comme Élisabeth a dit : « Tu seras bénie parmi les femmes et béni sera le fruit de ton sein » (Lc 1, 42), un fruit qu’il a pris pour lui-même de la nature humaine, souffrant, bien qu’en tant que le Logos, il n’ait pas pu souffrir. Il est « le pain vivant qui est descendu du ciel » (Jn 6, 51) et vivifiant. Il est le vrai fruit de la vigne, la vigne de l’onction et du mélange (Ex 30, 25) dont Moïse était le prototype. Il est « la vigne véritable » (Jn 15, 1) que seul le Père travaille, une grappe de raisin de joie née pour nous. Il est « l’eau vivifiante que, si l’homme prend et boit, il n’aura jamais plus soif, mais elle est en son sein jaillissant à la vie éternelle ». (Jn 4, 10-14) Les nouveaux vignerons ont pris des boutures et les ont transplantées dans le monde entier, mais les anciens vignerons ont rejeté et détruit la vigne, par manque de foi. Par son propre sang, il a sanctifié les nations et par son propre Esprit, il a amené les appelés au ciel. « Tous ceux qui sont menés par son Esprit » (Rm 8, 14), ceux-là vivent en Dieu, mais les autres non, étant toujours comptés comme morts, étant appelés psychiques et charnels. Donc, rejeter les œuvres de la chair, qui est une forteresse du péché, c’est mettre à mort les membres de la mort par sa grâce pour prendre l’Esprit Saint que nous n’avions pas auparavant. C’est l’Esprit qui m’a donné la vie, moi qui étais mort avant. Si je n’ai pas l’Esprit, je suis mort. Tout ce qui est séparé de son Esprit est mort : « Et si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les mort donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. » (Rm 8, 11) Mais je crois que les deux demeurent en l’homme juste, le Christ et l’Esprit.

Chapitre 67

Que vous croyiez que le Christ est du Père comme Dieu de Dieu et que l’Esprit est du Christ ou des deux (comme le Christ a dit : « qui procède du Père » (Jn 15, 26) et « Celui-là prendra du moi » (Jn 16, 14)), ou que le Christ est du Saint-Esprit (« car ce qui a été engendré en elle vient du Saint-Esprit » (Mt 1, 20) selon la parole de l’ange), je comprends le mystère qui me rachète par la foi, par l’écoute seule et par l’amour envers celui qui est venu vers moi. Car Dieu se connaît, le Christ prêche lui-même et l’Esprit Saint se manifeste aux saints. Dans les Écritures saintes, la Trinité nous est annoncée et on y croit simplement sans désirer de nous disputer avec les paroles entendues. Le salut de la grâce vient de cette foi : « La justice vient de la foi, sans les œuvres de la loi » (Rm 3, 28), car il est écrit qu’en écoutant la foi, l’Esprit du Christ se donne à ceux qui se sauvent. La foi généralement annoncée par les voix des prédicateurs, comme je crois, ayant été instruit par les Écritures, signifie ceci : trois Saints, trois « Cosaints », trois qui existent réellement, trois coexistences, trois revêtus d’une forme, trois ayant la même forme, trois activités, trois coactivités, trois êtres substantiels, trois « coêtres » substantiels étant unis ensemble les uns aux autres. Cette Trinité est appelée sainte, trois existences, un accord, une divinité de la même substance de la même divinité de la même existence substantielle [hypostaseôs], semblables du semblable, identité de grâce agissante du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Comment tout cela peut être, il faut laisser à la Trinité d’enseigner : « Car personne n’a vu le Père sauf le Fils et personne n’a vu le Fils sauf le Père et celui à qui le Fils l’a révélé. » (Mt 11, 27) Le Fils se révèle par le Saint-Esprit, [par qui le Père aussi se révèle]. Donc, ces derniers sont trois existences : à partir de lui [du Père] ou auprès de lui [du Fils] ou vers lui [le Saint-Esprit], à chacun les pensées qui conviennent comme chacun se révèle : lumière, feu, esprit et, je crois, par les autres ressemblances visibles aux yeux, selon que l’homme qui s’en sert est digne. Certes Dieu a dit au commencement : « Qu’il y ait de la lumière et il y avait de la lumière » visible. (Gn 1, 3) Elle est cette lumière qui nous illumine pour voir « la vraie lumière qui illumine tout homme venant dans le monde ». (Jn 1, 9) (« Fais sortir ta lumière et ta vérité » (Ps 42, 3) a dit David.) Le Seigneur dit : « Dans les derniers jours, je répandrai mon esprit sur toute chair et leurs fils et leurs filles prophétiseront et leurs jeunes gens verront des visions. » (Jl 2, 28) Il nous montre trois Personnes, une triple existence, faisant la sainte œuvre du salut.

Chapitre 68

« Je l’affirme en effet, le Christ s’est fait ministre des circoncis à l’honneur de la véracité divine pour accomplir les promesses » (Rm 15, 8) et le Saint-Esprit est un coministre avec lui. Nous avons reçu ceci des Écritures divines : Le Christ est envoyé du Père, ainsi que le Saint Esprit ; le Christ parle dans les saints, ainsi que le Saint-Esprit ; le Christ sanctifie, ainsi que le Saint-Esprit ; et le Christ baptise en son nom ainsi que le Saint-Esprit en son nom. Les Écritures disent : « Tu enverras ton Esprit et tu renouvelleras la face de la terre » (Ps 103, 3) ; un autre passage s’accorde pour dire : « Tu enverras ta parole et tu les consumeras. » (Ps 147, 7) Il est dit : « Tandis qu’ils célébraient le culte du Seigneur et jeûnaient, le Saint-Esprit a dit : “Mettez-moi donc à part Barnabé et Saul en vue de l’œuvre à laquelle je les ai appelés” » (Ac 13, 2) ; un autre passage s’accorde pour dire : « Le Seigneur a dit : “Allez dans la ville et là on te dira ce que tu dois faire.” » (Ac 9, 6) « Et eux, étant poussés par le Saint Esprit, ils sont entrés en Séleucie » (Ac 13, 14), comme le Christ dit : « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. » (Mt 10, 16) « Il semblait bon au Saint Esprit de ne pas vous imposer d’autres charges que celles-ci qui sont indispensables » (Ac15, 28), comme Paul dit : « Je ne dis pas, mais le Seigneur, que la femme ne se sépare pas de son mari. » (1 Co 7, 10) « Ils ont parcouru la Phrygie et le territoire galate, le Saint-Esprit les empêchant d’annoncer la parole en Asie. Arrivant en Mysie, ils ont essayé d’entrer en Bithynie, mais l’Esprit ne les a pas permis » (Ac 16, 6), comme le Christ dit : « Sortez et baptisez toutes les nations » (Mt 28, 19) ou « Ne procurez ni besace ni bâton ni sandales. » (Mt 10, 10) Il est dit : « Ils ont dit à Paul, par l’Esprit, de ne pas aller à Jérusalem » (Ac 21, 4) ; Agabus dit : « L’Esprit Saint dit ceci : “L’homme à qui appartient cette ceinture…” » (Ac 21, 11) Paul s’accorde pour dire : « Si vous cherchez une preuve que le Christ parle en moi… » (2 Co 13, 3) ou « Souvenez-vous des paroles du Seigneur qui a dit qu’il est mieux de donner que de recevoir. » (Ac 20, 35) « Et maintenant voici moi, enchaîné par l’Esprit, de me rendre à… » (Ac 20, 22), comme Paul dit : « Moi, un prisonnier pour Jésus-Christ. » (Ep 3, 1) « Sauf que, de ville en ville, le Saint-Esprit m’avertit… » (Ac 20, 23) ; un autre passage s’accorde pour dire : « Le Seigneur témoigne dans mon esprit que je ne mens pas. » (Ga 1, 20) « Établi avec puissance selon l’Esprit de sainteté » (Rm 1, 4) ; un autre passage s’accorde pour dire : « Saint est celui qui repose parmi les saints. » (Is 57, 15) « La circoncision du cœur dans l’Esprit » (Rm 2, 29) ; un autre passage s’accorde pour dire : « Vous avez été circoncis d’une circoncision qui n’est pas de main d’homme, en l’entier dépouillement de votre corps de péchés, telle est la circoncision du Christ. » (Col 2, 11) « Si l’Esprit de Dieu habite en vous » (1 Co 3, 16) ; un autre passage s’accorde pour dire : « Comme vous avez reçu le Christ, marchez en lui. » (Col 2, 6) « L’Esprit du Christ s’est exprimé par moi et sa parole est dans ma bouche » (2 S 23, 2) et « nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit » (Rm 8, 23) ; un autre passage s’accorde pour dire : « comme prémices, le Christ. » (1 Co 15, 23) « Mais l’Esprit lui-même intercède pour nous » (Rm 8, 26) ; un autre passage s’accorde pour dire : « Le Christ Jésus qui est à la droite de Dieu et qui intercède pour nous. » (Rm 8, 34) « …afin que les nations deviennent une offrande agréable, sanctifiée par le Saint Esprit » (Rm 15, 16) ; un autre passage s’accorde pour dire : « Le Seigneur vous sanctifie afin de vous rendre purs et sans reproche pour le Jour du Christ. » (Ph 1, 10) « C’est à nous que Dieu l’a révélé par son Esprit » (1 Co 2, 10) ; un autre passage s’accorde pour dire : « Quand Celui qui, dès le sein maternel, m’a mis à part et appelé par sa grâce daigna révéler son Fils. » (Ga 1, 15) « Or nous n’avons pas reçu, nous, l’esprit du monde mais l’Esprit qui vient de Dieu » (1 Co 2, 12) ; un autre passage s’accorde pour dire : « Examinez-vous pour voir si le Christ est en vous. » (2 Co 13, 5) « Vous êtes le temple de Dieu et l’Esprit de Dieu habite en vous » (1 Co 3, 16) ; un autre passage s’accorde pour dire : « J’habiterai en eux et j’y marcherai et je serai leur Dieu et eux seront mon peuple. » (2 Co 6, 16)

Chapitre 69

Mais [l’Écriture] dit que et la justice et la grâce viennent des deux [du Fils et de l’Esprit Saint] : « Mais vous avez été justifiés par le nom de notre Seigneur Jésus-Christ et par le nom de l’Esprit de notre Dieu » (1 Co 6, 11) ; un autre passage s’accorde pour dire : « Ayant été justifiés par la foi, nous sommes en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ. » (Rm 5, 1) « Personne ne peut dire “Jésus est Seigneur” sauf en étant dans le Saint-Esprit » (1 Co 12, 3) et personne ne peut prendre le Saint-Esprit que par le Fils : « Il y a une diversité de dons spirituels, mais le même Esprit ; il y a une diversité de ministères, mais le même Seigneur ; et il y a une diversité d’opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous » (2 Co 3, 4-6) et « de gloire en gloire comme de par le Saint Esprit. » (2 Co 3, 18) Et encore : « Ne contristez pas l’Esprit Saint qui vous a marqués de son sceau pour le Jour de la rédemption » (Ep 4, 30) ; un autre passage s’accorde pour dire : « ou bien voudrions-nous provoquer le Seigneur ; serions-nous plus forts que lui ? » (1 Co 10, 22) « L’Esprit dit expressément » (1 Tm 4, 1) ; un autre passage s’accorde pour dire : « Le Seigneur tout-puissant dit ces choses » (Ag 2, 11) et « Mon esprit demeure au milieu de vous » (Ag 2, 5) ; un autre passage s’accorde pour dire : « Si quelqu’un m’ouvre la porte, j’entrerai et le Père et nous ferons une demeure chez lui. » (Ap 2, 20 et Jn 14, 22) Isaïe dit : « Et l’Esprit de Dieu est sur lui » (Is 11, 2), mais le Christ dit : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a consacré par onction » (Lc 10, 38) et « Jésus de Nazareth que Dieu a consacré par le Saint-Esprit » ou « Le Seigneur m’a envoyé et son Esprit Saint. » (Is 48, 16) Et la voix des séraphins sonne, à grand cri : « Saint, Saint, Saint, Seigneur Sabaot. » (Is 48, 16) As-tu entendu, par hasard : « Il a été exalté à la droite de Dieu et a reçu du Père l’Esprit Saint, objet de la promesse » (Ac 2, 33) ou « Attendre ce que le Père a promis, ce que vous avez entendu » ou « Et l’Esprit l’a poussé au désert » ? (Mc 1, 12) Le Christ dit : « Ne cherchez pas quoi dire parce que l’Esprit de mon Père parle en vous » ou « Et si c’est par l’Esprit de Dieu que j’expulse les démons » (Mt 12, 28) ou « Mais quiconque aura blasphémé contre l’Esprit Saint n’aura jamais de rémission » (Mc 3, 29) et ainsi de suite, ou « Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Lc 23, 46) et ainsi de suite, ou « L’enfant grandissait et son esprit se fortifiait » (Lc 1, 80) ou « Jésus rempli de l’Esprit Saint revint du Jourdain » (Lc 4, 1) ou « Jésus est revenu avec la puissance de l’Esprit » (Lc 4, 15) ou « Ce qui est né de l’Esprit est Esprit. » (Jn 1, 34) Un autre passage s’accorde pour dire : « c’était la vie qui était en lui » (Jn 1, 3-4) ou « Je prierai le Père et il vous donnera un autre paraclet, l’Esprit de vérité » (Jn 14, 16) ou comme Pierre dit à Ananie : « Pourquoi Satan a-t-il pris ton cœur de mentir au Saint-Esprit ? » et ensuite : « Ce n’est pas aux hommes que tu as menti, mais à Dieu. » (Ac 5, 4) Donc, le Saint-Esprit, celui à qui Ananie a menti en retenant une partie du prix du terrain, est Dieu et Dieu de Dieu. « Il a été manifesté dans la chair, justifié dans l’Esprit. » (1 Tm 3, 16) Je ne peux pas le dire mieux. Mais le Fils est aussi Dieu de qui il est dit : « Le Christ selon la chair est celui qui est au-dessus de toutes choses » (Rm 9, 5) et « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé » (Ac 16, 31) et « Il leur a annoncé la parole de Dieu ainsi qu’à tous ceux qui étaient dans sa maison et ils ont préparé la table et il se réjouit avec tous les siens d’avoir cru en Dieu » (Ac 16, 32 34) ou « Au commencement était le Verbe et le Verbe était tourné vers Dieu et le Verbe était Dieu » (Jn 1,1) ou « Ainsi feront-ils honneur en tout à la doctrine de Dieu notre Seigneur » (T 2, 10) ou « Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, s’est manifestée, nous enseignant… » (T 2, 11) ou « Attendant la bienheureuse espérance et l’Apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ. » (T 2, 13) C’est le même service de l’Esprit et du Verbe : « Soyez attentifs à vous-mêmes et à tout le troupeau dont l’Esprit Saint vous a établis gardiens pour paître l’Église de Dieu » (Ac 20, 28) ; un autre passage s’accorde pour dire : « Je rends grâce à celui qui m’a donné la force, le Christ Jésus, notre Seigneur, qui m’a jugé assez fidèle pour m’appeler à son service. » (1 Tm 1, 12)

Chapitre 70

Donc, le Fils et le Saint-Esprit travaillent ensemble avec le Père, comme il a été déjà montré : « Par la parole du Seigneur, les cieux ont été établis et par l’esprit de sa bouche, toutes leurs puissances. » (Ps 32, 6) Alors, nous devrions nous prosterner devant le Saint-Esprit : « Car ceux qui se prosternent devant Dieu doivent se prosterner en esprit et en vérité. » (Jn 4, 24) Mais si Dieu a produit toutes choses, ce n’est pas une créature qui a produit la création, la divinité n’est pas devenue une créature, et Dieu n’est pas connu par mesure ou par masse, car il est incompréhensible et inconcevable. Il ne peut pas être contenu, mais plutôt embrasse toutes choses créées. Il n’est pas permis d’adorer la création : « Ils ont adoré la création de préférence au Créateur et ils l’ont servie. » (Rm 1, 25) Comment n’est-il pas insensé d’affirmer la divinité d’une créature et ainsi de violer le premier commandement qui dit : « Écoute Israël, le Seigneur est ton Dieu, le Seigneur est un » (Dt 6, 4) et « il n’y aura pas de nouveau Dieu. » (Ps 80, 10) Dans les saintes Écritures, des noms divers sont donnés au Père et au Fils et au Saint-Esprit : le Père est appelé « Père tout-puissant », « Père de toutes choses » et « Père du Christ. » Le Fils est appelé « Logos », « Christ » et « vraie lumière. » Le Saint-Esprit est appelé « paraclet », « Esprit de vérité », « Esprit de Dieu » et « Esprit du Christ. » Et certes encore, Dieu est appelé « Père », « lumière » — mais comme au-dessus de tout ce qui brille — « puissance », « sagesse » et « vie ». Mais si Dieu est lumière et Père, le Fils est lumière de lumière et c’est pourquoi il est dit : « Il habite une lumière inaccessible. » (Ps 58, 6) Dieu est entièrement sagesse et le Fils est donc sagesse de sagesse : « En qui tous les trésors de la sagesse sont cachés. » (Col 2, 3) Dieu est entièrement vie et le Fils est donc vie de vie : « Je suis la vérité et la vie. » (Jn 14, 6) L’Esprit Saint est auprès des deux, esprit d’esprit : « Car Dieu est esprit. » (Jn 4, 24) ; il est le donateur des dons spirituels de Dieu, le plus véritable et le plus lumineux paraclet annonçant les conseils du Père. Comme le Fils est « ange du grand conseil » (Is 9, 6), ainsi aussi le Saint-Esprit : « Nous avons reçu l’Esprit de Dieu pour connaître les dons gracieux que Dieu nous a faits. Et nous en parlons non pas avec des discours enseignés par l’humaine sagesse, mais avec ceux qu’enseigne l’Esprit, exprimant en termes spirituels des réalités spirituelles. » (1 Co 2, 12-13)

Chapitre 71

Mais quelqu’un [un hérétique] dira :

— Donc vous affirmez l’existence de deux Fils. Alors, comment y a-t-il le Fils unique ?

« Ô homme ! Qui es-tu pour disputer avec Dieu ? » (Rm 9, 20) Car si, d’une part, il [le Père] appelle « Fils » celui qui [est] de lui, d’autre part, [il appelle] « Saint-Esprit » celui qui [est] auprès des deux. (C’est seulement par la foi que le Fils et le Saint-Esprit sont reconnus par les saints comme lumineux et donateurs de lumière ; ils ont un mode d’action lumineux et travaillent en harmonie avec le « Père de lumière » lui-même.) Écoute avec des oreilles de foi, ô homme, que le Père du Fils véritable est Père, entièrement lumière ; le Fils du Père véritable est lumière de lumière, n’étant pas lumière, par le nom seulement, comme les choses faites ou créées ; et le Saint-Esprit est Esprit de vérité, troisième lumière auprès du Père et du Fils. Toutes les autres choses [sont lumière] par coutume et par convention linguistique, pas de la même manière que ceux-là qui sont lumière par activité, par puissance, par lumière ou par pensée.

Quelqu’un [un hérétique] pourrait dire :

— J’ai élevé des fils et ils se sont révoltés » (Is 1, 2) ou « J’ai dit : “Vous êtes tous dieux et fils du Très-Haut” » (Ps 81, 6) ou « celui qui engendre les gouttes de rosée » (Jb 38, 28) ou « de qui toute paternité au ciel et sur la terre tire son nom » (Ep 3, 15) ou « Je suis celui qui forme les montagnes et qui crée le vent. » (Am 4, 13)

Le véritable Père n’est pas comme les autres pères et patriarches ; lui, il n’a pas commencé à exister avant d’être Père et il n’a pas cessé d’être Père à un moment donné dans le temps. Car si le Père avait commencé à être Père, le Fils aurait été le Fils d’un autre Père avant que le Père ne devienne le Père du Fils unique comme les pères qui sont des enfants d’autres pères remontant une lignée presque infinie pour trouver le véritable [et premier] père de la lignée. Le Fils véritable n’est pas un fils comme les autres enfants, qui doivent passer par [la conception et] la jeunesse, car si le Fils avait passé par [la conception et] la jeunesse pour être Fils, il y aurait été un temps quand le Père n’était pas le Père du Fils unique. L’Esprit de vérité n’est pas comme les autres esprits, une créature ou chose faite. « L’ange du grand conseil » (Is 2, 6) n’est pas appelé ange comme les autres anges. Car, d’une part, les anges ont un commencement et une fin ; d’autre part, le Fils et l’Esprit ont un « commencement » et une puissance inconcevables. D’une part, ils créent toutes choses, travaillant éternellement avec le Père ; d’autre part, ces choses sont créées par eux, selon leur volonté. D’une part, les créatures [les] adorent ; d’autre part, le Fils et le Saint-Esprit acceptent l’adoration offerte par toutes les créatures. D’une part, les choses faites sont guéries ; d’autre part, elles acceptent la guérison venant du Fils et du Saint-Esprit. D’une part, ces derniers jugent selon la justice ; d’autre part, les créatures reçoivent un juste jugement. D’une part, les créatures sont dans le temps ; d’autre part, le Fils et le Saint-Esprit demeurent au-dessus du temps. D’une part, ceux-ci illuminent toutes choses, d’autre part, toutes choses sont illuminées par eux. D’une part, les uns appellent enfants [pour qu’ils montent au ciel] en haut ; d’autre part, les enfants sont appelés par les parfaits. D’une part, le Fils et le Saint-Esprit donnent des dons et des faveurs à tous ; d’autre part, les créatures reçoivent les dons et faveurs. Pour dire tout dans un mot : d’une part, les uns chantent la sainteté dans les cieux et dans les autres lieux invisibles ; d’autre part, ceux qui sont loués distribuent aux dignes, selon les mérites, les dons spirituels.

Chapitre 72

L’Écriture appelle beaucoup de choses esprit : « Il a fait de ses anges des esprits et de ses serviteurs des flammes de feu » (Ps 103, 4) et « Tous les esprits, louez le Seigneur. » (Ps 150, 6) L’Esprit a donné aux dignes le don « du discernement des esprits » (1Co 12, 10) D’une part, célestes sont les esprits qui « se réjouissent dans la vérité » (1 Co 13, 6) ; d’autre part, sont terrestres les esprits qui sont les amis de la tromperie et de l’erreur et souterrains sont les enfants de l’abîme et des ténèbres : « Ils ont supplié [le Christ] de ne pas les envoyer dans l’abîme » (Lc 8, 31), comme le dit l’Évangile. De même, le Christ ordonne aux esprits et les exile par sa parole ; à d’autres, « il ne les a pas permis de parler. » (Lc 4, 41) Les Écritures disent : « souffle du jugement et souffle de l’incendie. » (Is 4, 4) Il est dit aussi l’esprit du monde : « Nous n’avons pas reçu l’esprit du monde » (1 Co 2, 12) et l’esprit de l’homme : « Qui donc entre les hommes sait ce qui concerne l’homme, sinon l’esprit de l’homme ? » (1 Co 2, 11) et « esprit qui s’en va et qui ne revient pas » (Ps 77, 39) et « parce qu’un souffle passe en lui, il n’est plus » (Ps 103, 16) et « Tu retires leur souffle et ils expirent » (Ps 103, 29) et esprit des prophètes : « les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes » (1 Co 14, 32) et « Alors, l’esprit menteur s’avança et se tint devant le Seigneur et il lui dit : “C’est moi qui le tromperai.” “Comment tromperas-tu Achab ?” “Nous serons un esprit menteur dans la bouche des prophètes.” » (1 R 33, 21) Il est dit : « Un esprit de profond sommeil » (Is 29, 10) et « un esprit de crainte » (2 Tm 1, 7) et « un esprit divinatoire » (Ac 16, 14) et « esprit du mal » (Os 4, 12) et « vent de tempête » (Ps 10, 6) et « souffle de beaucoup de mots » (Jb 8, 2) et « esprit qui rend infirme » (Lc 13, 11) et « esprit impur » (Mt 12, 43) et « esprit sourd » (Mc 9, 25) et « esprit muet et sourd » (Mc 7, 32) et « esprit de grande férocité » (Mt 8, 28) qui s’appelle « Légions » et « esprit du mal. » (Ep 16, 12) Pour les sages, les passages sur les esprits sont sans fin, mais comme beaucoup sont des fils par coutume ou par convention linguistique et non en vérité, par le fait d’avoir un commencement et une fin et par le fait d’être engendrés dans le péché, ainsi également nombreux sont désignés esprit par coutume ou par convention linguistique. Et puisqu’ils sont pécheurs, le Saint-Esprit seul est appelé Esprit du Père et du Fils, « Esprit de vérité » (Jn 14, 17) et « Esprit de Dieu » (R 8, 9&14) et « Esprit du Christ » (Rm 8, 9) et « Esprit de grâce. » (He 10, 29) Le bon [Esprit] accorde des dons spirituels à chacun différemment : « à l’un, un esprit de sagesse ; à un autre, un esprit de science ; à un autre, un esprit de force ; à un autre, un esprit de guérison ; à un autre, un esprit de prophétie ; à un autre, un esprit de discernement ; à un autre, un esprit des langues ; à un autre, un esprit d’interprétation » (1 Co 12, 8-10) ainsi que les autres dons spirituels, comme il est dit : « Le seul et même Esprit distribue à chacun comme il veut » (1 Co 12, 11) parce que « ton Esprit bon me guidera sur le chemin, ô Dieu » (Ps 142, 10), dit David. Aussi, « l’Esprit souffle où il veut ». (Jn 3, 8) (Tu nous montres celui qui a l’existence substantielle [to enhypostaton] à travers tant de dons du Saint-Esprit.) « Tu entends sa voix mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va » et « Si vous n’êtes pas nés de l’eau et de l’Esprit… » (Jn 3, 5) Paul parle d’une manière semblable : « Je vous ai engendrés en Jésus-Christ. » (1 Co 4, 15) Au sujet de l’Esprit Saint, le Seigneur dit : « Lorsque le paraclet viendra, celui que j’enverrai, l’Esprit de vérité, celui qui procède du Père, celui-là rendra témoignage de moi » (Jn 15, 26) et « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter à présent. Mais lorsqu’il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous introduira dans la vérité tout entière ; car il ne parlera pas de lui-même, mais ce qu’il entendra, il le dira et il vous dévoilera les choses à venir. Lui me glorifiera, car c’est de mon bien qu’il recevra et il vous le dévoilera. » (Jn 16, 12-14)

Chapitre 73

Si donc le Saint-Esprit procède d’auprès du Père et prendra du Fils, comme le dit le Seigneur, de sorte que « personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et personne ne connaît le Fils, sinon le Père » (Mt 11, 27), j’ose dire que personne ne connaît l’Esprit, sinon le Fils de qui il prend, sinon le Père auprès de qui il procède, et personne ne connaît le Père et le Fils, sinon l’Esprit Saint. Ce dernier est celui qui glorifie, qui enseigne en vérité toutes choses, qui témoigne du Fils, qui [procède] d’auprès du Père, qui [prend] du Fils. Il est le seul guide de la vérité, l’interprète des saintes lois, le maître de la loi spirituelle, le conducteur des prophètes, le docteur des apôtres, l’illuminateur des doctrines de l’Évangile, le précepteur des saints, vraie lumière de la vraie lumière. [On dit du Fils qu’il est] Fils naturel, Fils de vérité, Fils légitime, le seul du seul, et avec lui l’Esprit qui, par contre, n’est pas appelé Fils. Dieu est celui qui est glorifié dans l’Église, Père pour toujours, Fils pour toujours et Saint-Esprit pour toujours, le Très-Haut[38], intelligent, ayant la gloire infinie, qui est le fondement des créatures et des choses faites. En un mot, il est le fondement de tout ce qui peut être mesuré et de chaque chose ou de chaque être [dans le cosmos]. Moïse annonce très bien l’unique divinité, les prophètes prêchent fortement la dualité et les évangiles manifestent la Trinité qui ajoute connaissance et foi pour les justes, selon les temps et générations. Et la connaissance de la Trinité est devenue l’immortalité, par la foi en elle et par adoption comme fils. Mais d’abord, Dieu expose en détail la justification de la chair, comme l’enceinte extérieure de la tente a été érigée au temps de Moïse. En second lieu, il explique la justification de l’âme, comme il a fait embellir le temple par les autres prophètes. Et troisièmement, il expose la justification de l’esprit, comme disposant du propitiatoire et du Saint des saints parmi les évangiles en vue de son habitation en lui. Sainte tente, saint temple, seulement celui qui contient le Juste est uni à ceux-là[39]. En lui demeure[40] une divinité infinie, incorruptible, inconcevable, incompréhensible, inexplicable, invisible, qui seule se connaît elle-même, se manifestant elle même à qui elle veut, suscitant pour elle-même des témoins, appelant, fixant les temps avant, glorifiant, faisant monter d’Hadès, sanctifiant, réunissant encore pour la gloire et la foi en elle-même ces triplés suivants : ce qui est céleste, terrestre et souterrain ; esprit, âme, et chair ; foi, espérance, amour ; choses du passé, du présent et de l’avenir ; le siècle du siècle, les siècles des siècles et le sabbat des sabbats ; circoncision de la chair, circoncision du cœur et « circoncision du Christ dans le dépouillement du corps des péchés. » (Col 2, 11) En un mot, elle purifie pour elle-même toutes choses : invisibles et visibles, trônes, dominations, puissances autorités, pouvoirs. En tous la même sainte voix, de gloire en gloire, chantant « Saint, Saint, Saint », le Père dans le Fils, le Fils dans le Père glorifiant avec le Saint-Esprit, à qui [la Trinité] appartiennent gloire et règne dans les siècles des siècles. Amen. Et celui qui croit ainsi dira : Qu’il soit ainsi ! Qu’il soit ainsi !

Chapitre 74

Alors, au sujet de la Trinité et de Dieu consubstantiel, Père et Fils et Saint-Esprit, nous, à cause de notre faiblesse et de notre simplicité, nous n’avons rien dit en langue recherchée ni ne nous sommes-nous opposé nous-même « à l’imposture des hommes. » (Ep 4, 14) Nous avons plutôt réuni des témoignages, en parties, des divines Écritures pour ceux qui les désirent afin d’instruire les fidèles et de réfuter ceux qui ont une mauvaise foi et qui sont remplis de vaine gloire. Car grande est la puissance de la foi en le Saint-Esprit, prêchée de diverses manières dans toutes les divines Écritures. Puisque la certitude de notre salut se trouve dans la confession sûre de l’incarnation de notre Sauveur et de son avènement dans la chair ainsi que dans l’espoir inébranlable de la résurrection des morts et de notre régénération, nous ajouterons encore un peu à notre travail déjà pénible pour ceux qui veulent lire plus et nous persévérons à réunir [des textes] des saintes Écritures, et à ajouter à nos arguments. Puisque, comme nous avons déjà entendu dans les pages précédentes, notre Seigneur lui même dans l’Évangile dit à ses disciples : « Allez, baptisez toutes les nations au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur enseignant de garder les commandements que je vous ai donnés » (Mt 28, 19), le saint Logos lui-même est celui qui a une existence substantielle[41], qui sort du Père, par qui les siècles ont leur existence ainsi que les temps et les saisons. Car il n’y avait pas de moment ni de temps avant le Fils. S’il y avait un temps avant le Fils, le temps serait donc plus grand que le Fils. Comment serait-ce possible parce que « toutes choses ont commencé à exister par lui et sans lui rien qui a commencé à exister n’existe ? », parce que si quelque chose existe, il existe par lui qui est incréé et qui existe depuis toujours parce que le Père existe depuis toujours et son Saint-Esprit existe aussi depuis toujours. Car si un temps existait avant le Fils, il faudrait chercher un autre par qui le temps avant le Fils existait. Du reste, beaucoup de choses tourneront notre pensée en fantaisie qui tient au fond de la pensée des hommes ou plutôt en mauvaises pensées et non vers simplicité. Certes, il n’y avait pas de temps avant le Fils puisque le Fils n’existe pas à cause des temps, mais les temps, ainsi que les anges et toutes les autres créatures, existent à cause du Fils. Il n’y avait pas de temps lorsque le Fils n’existait pas, ni lorsque le Saint-Esprit n’existait pas non plus.

Chapitre 75

Certains ont l’habitude de juger faussement, ne sachant pas diviser le texte correctement. Ils disent : « Toutes choses ont reçu l’existence par lui et sans lui rien n’a reçu l’existence[42]. » (Jn 1, 3) Ici, ils mettent fin au verset de l’Écriture, et en le faisant ils blasphèment contre le Saint-Esprit. Ils trébuchent en se heurtant contre le verset, chancellent parce qu’ils renversent le texte et tombent dans le blasphème. Voici tout le passage : « Toutes choses ont reçu l’existence par lui et sans lui rien n’a reçu l’existence [rien de ce] qui existe en lui.[43] » (Jn 1, 3) Autrement dit, si quelque chose existe, il existe par lui. Certes le Père existe depuis toujours ainsi que le Fils, et l’Esprit souffle du Père et du Fils, mais ni le Fils ni l’Esprit ne sont créés. Toute créature prend son existence du Père et du Fils et du Saint-Esprit parce qu’à un certain temps elle n’existait pas. Toutes choses ont reçu leur existence à partir du Père et du Fils et du Saint-Esprit, par le Logos qui existe depuis toujours et par l’Esprit qui existe aussi depuis toujours. Certes, tout ce qui a été créé existe par le Logos lui-même, celui qui est le roi du ciel, le Logos qui a une existence substantielle[44], celui qui est notre Sauveur et bienfaiteur. Car lui, il est le saint Sauveur qui est descendu du ciel, celui qui a jugé bon de réaliser notre salut dans un sein virginal, celui qui était de nouveau engendré de Marie[45] avec l’aide du Saint-Esprit, celui qui a pris la chair, celui qui est le Logos qui s’est fait chair. Il n’a pas changé sa nature, celui qui a pris l’humanité avec la divinité, celui qui est le parfait existant du Père, celui qui réalise la parfaite économie. Celui-là est venu dans le monde pour nous et pour notre salut, il a pris la chair et l’âme humaines, il est l’homme parfait existant auprès du Père, il s’est incarné en nous réellement et non en apparence et il a formé pour lui même une humanité parfaite de Marie la Théotokos par le Saint-Esprit. Il n’a pas vécu dans un homme comme [dans l’Ancien Testament quand] il avait l’habitude de parler dans les prophètes, de laisser sa puissance habiter en eux et de travailler en eux, mais le Logos lui même s’est fait chair. Il ne s’est pas changé pour être Dieu, il n’a pas transformé la divinité en humanité, mais il embrasse en la plénitude de sa divinité et en l’existence substantielle[46] de Dieu le Logos[47], le fait d’être homme ainsi que tout ce qu’est homme. Je dis l’homme parfait qui possède autant de choses qui sont en l’homme ainsi que toute la manière d’être homme. Le Fils unique est venu et il a assumé cette existence humaine parfaite afin d’opérer parfaitement la plénitude du salut, comme Dieu, dans l’homme parfait. Il ne voulait rien perdre, ni oublier aucune partie de l’homme, car cette partie oubliée à son tour deviendrait sans doute encore le manger du diable.

Chapitre 76

Et certains disent que le Logos n’a assumé que la chair, et non l’âme[48], ainsi tissant des histoires fabuleuses et transformant les Écritures en mythes, en se servant du texte : « mais nous avons le nous du Christ. » (1 Co 2, 16) [En lisant ce texte], ils devraient comprendre qu’ils ont leur propre esprit et ne devraient pas le laisser s’envoler. S’ils avaient leur propre esprit avec l’esprit du Christ, ils seraient remplis des deux : d’une part, l’esprit du Christ pourrait améliorer [leur esprit] et, d’autre part, le leur penserait droit. De la même manière, qu’ils sachent que, au sujet du Christ, il était Dieu et en lui il y avait un nous, il avait le nous humain qu’il avait assumé avec le corps et l’âme. Comme homme, il ne s’est pas détourné du nous humain, certes, mais il l’a ordonné, l’a rendu droit et l’a amélioré, et comme en assumant la chair, il ne l’a pas rendue plus faible ou amoindrie, de la même manière, en assumant le nous il ne l’a pas rendu faible ou amoindri. Au contraire, certes, ceux-là [ces hérétiques-là] sont tombés encore plus [profondément] dans des contradictions bien pénibles. Les Écritures divines, partout, proclament en termes précises des choses difficiles pour condamner, non pas le nous, mais la chair : « Les mauvais fruits de la chair sont fornication, impureté et des choses semblables » (Ga 5, 19), « Ceux qui sont dans la chair ne peuvent pas plaire à Dieu » (Rm 8, 8) et « La chair lutte contre l’esprit. » (Ga 5, 17) Au sujet du nous, il est dit : « Je prierai avec le pneuma ; je prierai aussi avec l’intelligence [le nous] » (1 Co 14, 15) et « Mon esprit est sans fruit, ne produit aucun fruit. » (1 Co 14, 14) Dieu a mis le nous [dans l’homme] lequel les Écritures ont l’habitude d’appeler cœur qui dirige et conduit tout le corps, qui distingue les bons des méchants et qui est examinateur de ce qui se produit en nous : « Le nous discerne les paroles mais la gorge goûte les viandes. » (Jb 12, 11) Le nous en l’homme sait faire des distinctions, mais pas encore accorder son assentiment à moins qu’il ne soit dirigé dans une certaine direction.

Chapitre 77

Pourquoi donc certains pensent-ils qu’il est bon de rejeter le nous de l’incarnation du Seigneur ? Mais en quoi ont-ils aidé la vie en transformant [la vérité] plutôt en confusion ? Comment cela nous a-t-il fait du bien ou du mal afin que je puisse dire comment ils ont donné de l’aide au Christ ou afin qu’ils puissent lui faire une grande faveur en disant qu’il n’a pas assumé de nous ?[49] « Ô Galates, sans intelligence » (Ga 3, 1) ; « Crétois : perpétuels menteurs » (T 1, 12) ; et « Ephraïm est une colombe naïve, sans cervelle. » (Os 7, 11) Notre Seigneur est devenu homme dans le monde et a parfaitement accepté toutes choses, ou plutôt c’est lui qui a pris lui-même et pour lui-même [toutes choses], car il a formé son propre corps. C’est lui qui a pris pour lui-même une âme, la plaçant certainement [dans le composé qui résulte de l’incarnation]. Quelques-uns désirent diminuer l’avènement du Christ dans la chair et dans la parfaite économie en lui ; je ne sais pas ce qu’ils pensent, car ils ne disent pas droitement que le Christ a assumé un nous. Certes, pour que le nous ne soit pas assujetti au péché, ils ont expliqué [que le nous ne fait pas partie du Logos incarné]. Ceux-là ont l’habitude de donner au nous une existence substantielle[50] et d’oser dire qu’il est la coutume dans les Écritures de dire que le pneuma est dans l’homme par nature, comme l’apôtre le dit : « …afin que votre être entier, l’esprit et l’âme et le corps, dans le jour du Seigneur soit gardé sans reproche à l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ. » (1 Th 5, 23) Alors, ceux-là sont renversés, car si le nous est le pneuma et le pneuma est le nous, comme ils ont l’habitude de dire, l’âme est [par conséquent] une autre existence substantielle auprès du nous et auprès du pneuma, non plus deux existences substantielles dans l’homme étant réunies ensemble dans une existence substantielle, non plus une seule âme ayant une existence substantielle et un corps ayant aussi une existence substantielle. Nous en trouvons plutôt quatre : une existence substantielle qui est le nous, une autre existence substantielle qui est l’âme, une autre existence substantielle qui est le pneuma et une autre existence substantielle qui est le corps. Et si nous cherchons encore, il y en aura d’autres, car puisqu’il y a beaucoup de noms donnés à l’homme : « l’homme intérieur » (Rm 7, 22) et « l’homme extérieur » (2 Co 4, 16) ainsi que toutes les choses que les Écritures disent pour guider notre pensée afin que rien du salut ne soit oublié et que pour aucun prétexte notre récompense ne nous soit enlevée. Car au sujet de toutes les choses qui sont dans l’homme, il n’est pas nécessaire de nous en mêler indiscrètement. Cependant, selon la parole de ceux-là, si le nous est le pneuma et le pneuma est le nous, alors, ces choses existent à l’extérieur de l’âme et encore il est dit dans un passage : « Je chanterai avec l’esprit [pneuma] ; je chanterai aussi avec l’esprit [nous]. » (1 Co 14, 15) Voilà pourquoi il proclame que le pneuma n’est pas le nous et que le nous n’est pas le pneuma.

Chapitre 78

Plus loin, il est dit : « L’âme qui pèche mourra » (Ez 18, 4) ; ceci n’a pas été déclaré [pour une âme] hors du corps. Encore il est dit : « Il y avait dans le navire 70 âmes. » (Ac 27, 37) Ces âmes n’étaient certainement pas séparées de leur corps, mais étaient avec leur corps. Il est habituel d’appeler [un groupe d’hommes] par le nom d’un seul homme lorsque ce dernier est le maître de 80 corps, mais certainement pas des corps sans âme. Le Logos donc s’est fait chair, mais avec une âme et tout ce qui concerne [la nature humaine], car lorsqu’on parle de l’âme, cette dernière se manifeste avec un corps et lorsque nous parlons d’un corps, nous pensons aussi qu’il est avec une âme. Pourquoi leur semblait-il bon de dire que le nous a été exclu [de l’incarnation du Logos] ? Est-ce donc avec une idée comme cela qu’ils pensent aider l’Église ou n’ont-ils pas plutôt semé le trouble ? Celui qui pense de telles choses, comment ne peut-il faire autrement que d’ébranler notre salut ? Car nous ne pouvons penser rien d’autre que ceci : le nous existe [dans le Christ] et nous ne pouvons pas dire non plus que le nous soit une existence substantielle en lui-même. Il est plutôt le composé, la raison, et la pensée en chacun de ceux qui vont çà et là, pour ainsi dire l’intelligence de l’homme[51]. Ce que sont les yeux pour le corps, le nous l’est pour l’âme. Encore, nous ne disons pas cela pour disputer mais simplement pour enseigner ce qui est la force de pensée[52] des hommes. Qu’est-ce que l’homme ? Âme, corps, nous et autres choses, s’il y en a. Qu’est-ce que le Seigneur est venu sauver ? L’homme entier assurément. Alors, il a parfaitement assumé toutes choses qui sont en l’homme. Comment [autrement] le Christ aurait-il pu accomplir ces choses que les prophètes avaient prophétisées et annoncées en vue de [l’avènement de] l’homme [parfait] concernant le nous, le corps et l’âme ainsi que toute l’incarnation, hormis le péché ? Le divin Logos nous a enseigné clairement, disant : « Voici mon serviteur, celui que j’aime, celui que j’ai choisi, en qui mon âme se complaît. Je mettrai sur lui mon esprit » (Is 42, 1) et ainsi de suite. Où donc est accompli ce « mettre sur lui » ? D’une part, si c’est dans la divinité, la divinité du « mettre sur lui » serait imparfaite ? Jamais de la vie ! D’autre part, si le « mettre sur lui » est accompli dans l’humanité du Seigneur, comment l’incarnation s’accomplit-elle sans qu’il y ait le nous ? Cela est impossible ! Car si le « mettre en lui » a été entièrement fait dans le Christ, le Christ est le céleste Logos Dieu, celui qui s’est fait chair de Marie, celui qui aussi s’est fait homme, « qui a vécu parmi nous » (Ba 3, 38), selon les Écritures. Donc, sans doute, avec le nous, l’économie a été reçue puisque elle s’accorde avec le « mettre en lui. » Voici pourquoi il est dit à son sujet dans l’Évangile : « Il croissait en sagesse et en taille. » (Lu 2, 52) La divinité n’a pas subi la croissance en taille, ni en sagesse, comme si elle manquait quelque chose. La divinité est plutôt la plénitude de la sagesse. Le Sauveur croissait dans l’incarnation par la sagesse ; il n’existait pas hors du nous parce qu’autrement il n’aurait pas pu croître en sagesse. Et l’enfant grandissait et croissait en taille, comme c’est la vérité de dire.

Chapitre 79

Si, lorsque le Logos a assumé un nous, il a été assujetti au péché[53], ceci est donc encore plus vrai, si nous avouons qu’il a assumé la chair, sans laquelle le péché ne serait pas devenu une réalité : « Les œuvres de la chair sont manifestes. » (Ga 5, 19) Il est évident qu’en acceptant leur position nous acceptons aussi qu’il ait péché dans la chair, lorsqu’il a pris la chair. L’apôtre dit : « Car je sais que rien de bon n’habite en moi, c’est-à-dire dans ma chair. » (Rm 7, 18) Mais qui oserait dire que, puisque le Sauveur a assumé la chair, il s’est laissé détourner par la chair et qu’il a accompli des choses impies dans la chair, en suivant [les impulsions] charnelles communes à tous les hommes, lui qui avait également une chair bonne, simple et certes humaine mais une chair qui n’a pas commis de péchés ? Le Dieu Logos, sortant du Père céleste et jugeant bon de naître dans la chair, a dirigé son corps et en voulant le retenir de toute action inutile et charnelle, il pouvait le faire, mais en voulant le faire, il le faisait. Par contre, il a agi toujours en vue des besoins corporels raisonnables, ceux qui s’accordent avec sa divinité. Car s’il avait en vérité le nous — [ce qui est le cas] parce qu’il a accepté en vérité une incarnation entière — le nous ne se serait pas laissé attirer par des désirs irraisonnables. Il n’aurait pas non plus accompli ou imaginé toutes les choses de la chair qui sont en nous, mais comme Dieu il est vraiment venu dans la chair, de la Vierge Marie, accomplissant beaucoup de choses dans la chair avec l’âme, avec le nous et avec le corps entier. Il a demeuré parmi les hommes, lui qui est Dieu Logos et qui a une existence substantielle du Père céleste. Mais que personne n’imagine de ruses en disant que ceci est à comprendre au sens figuré, comme dans ce verset : « Comprends mon cri » (Ps 5, 2), car cela est dit au sens figuré concernant une pétition, une prière, et il est évident que la citation a été prophétisée comme un type de son avènement dans la chair. « Et il croissait en taille » (Lc 2, 52) doit être compris au sens littéral.

Chapitre 80

Mais que sont-ils habitués à dire, de tels hommes, si nous disons que le Christ est né homme parfait de Marie ou qu’il avait un nous ? Que nous ne pensions pas qu’il était assujetti au péché ! Que cela n’arrive jamais ! « Il ne s’est pas trouvé de fourberie dans sa bouche. » (1 P 2, 22) Alors, s’il a soufflé sa puissance sur les saints, qui se montraient bons et justes, qui suivaient dans leur temps [les commandements] et qui étaient irréprochables, combien de plus [est-ce le cas pour] le Logos lui-même, car « en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité » (Co 2, 9) ? [Combien de plus est-ce le cas pour le Logos lui-même], s’il a pris de Marie, la toujours Vierge, la chair véritable et a véritablement assumé une âme humaine, un nous ainsi que tout autre chose qui appartient à l’homme ? Car, lui, étant Dieu, il tenait toutes choses en lui-même, lesquelles n’étaient pas partagées entre le vice [et la vertu], ni brisées par le mal, ni faites prisonnières du plaisir, ni subjuguées à l’échec d’Adam. Voici pourquoi l’apôtre dit : « né d’une femme, né sujet de la loi » (Ga 4, 4) et encore « Il a été trouvé en forme d’homme, comme un homme. » (Ph 2, 7) Les expressions « en forme », « né » et « sujet de la loi », réunies ensemble, signifient ce qui est parfait et ce qui est sans passions. Par l’expression « né », son humanité parfaite est indiquée ; par l’expression « sujet de la loi », il est indiqué que son incarnation n’était pas une apparence ; par l’expression « en forme » est signifiée la certitude de ce qui lui est propre [son être intérieur, sa divinité] ; et par l’expression « comme un homme », il est indiqué que le Christ était du plus irréprochable. Puisque ces choses sont certes comme cela, que personne ne se soit trompé par des mythes vides, car si le Logos a été véritablement engendré du Père céleste, il a été véritablement engendré de Marie aussi. S’il dit la vérité en haut dans le ciel, il dit la vérité en bas sur la terre ; s’il est imparfait en bas sur la terre, il est imparfait aussi en haut dans le ciel. Mais s’il est parfait en haut dans le ciel, il est parfait en bas sur la terre. Il n’a pas vécu dans un autre homme parfait, mais il a accompli toutes choses en lui-même et il est ressuscité des morts n’étant plus séparé : dans le tombeau en corps, dans la divinité, dans la région souterraine en âme, plus tombé sous le contact. Il n’est plus retenu, mais il entre par des portes brisées. Il s’est fait toucher par Thomas afin que les disciples ne pensent qu’il était un fantôme, mais un homme véritablement vivant. Celui en qui Thomas a cru après l’accomplissement de la prophétie : « J’ai cherché Dieu ; j’ai tendu les mains vers lui et je n’ai pas été déçu » (Ps 76, 3), celui-là est le Christ, le même Dieu, le même homme. Il n’a pas accompli [l’incarnation] par confusion, mais il a mêlé les deux en un. Il n’a pas laissé cet un sombrer dans le néant, mais le corps fait de terre, il l’a rendu puissant en l’unissant à la divinité en une seule puissance. Il l’a mis ensemble avec une seule divinité. Il était un Seigneur, un Christ, pas deux Christ ou deux Dieux. En lui, le corps était spirituel ; en lui la divinité, incompréhensible. Ce qui a souffert sans être corrompu est ce qui est sans passions et incorruptible. Le tout est incorruptible. Le Seigneur Dieu est assis à la droite du Père, il n’a pas abandonné la chair, mais il a uni le tout en un et en une divinité. Ainsi, le Christ s’est assis à la droite du Père.

Chapitre 81

Donc celui-là est le Fils unique, le parfait, l’incréé, l’immuable, l’invariable, l’inconcevable, l’invisible. Il est celui qui s’est incarné parmi nous et a ressuscité spirituellement et « ne meurt plus. » (Rm 6, 9) Il n’est plus dans la pauvreté, lui qui « s’est fait pauvre, de riche qu’il était », étant entièrement esprit. Il a uni la chair et le divin, le Christ Seigneur, un seul roi, le Fils de Dieu, qui s’est assis dans le ciel à la droite du Père : « …au-dessus de toute principauté, puissance, vertu, et tout autre nom qui se pourra nommer. » (Ep 1, 21) Il dit dans l’Évangile : « Allez, baptisez toutes les nations au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » (Mt 28, 19) Voilà pourquoi le et est placé entre les mots pour signifier que le Fils n’a pas été fusionné au Père [ni que le Saint-Esprit n’a été fusionné au Père et au Fils], mais que le Fils connaît le Père comme Père véritable et il s’est montré le Logos véritable, ayant une existence substantielle. Il a montré aussi que son Saint-Esprit est l’Esprit qui a une existence substantielle et « Esprit de vérité » (Jn 15, 26), incréé, immuable, invariable. Il n’est pas possible que quelqu’un qui pense perfidement mêle [ses idées perverses] à la foi, cache ses pieds bots et use d’artifice contre la vérité, car « Dieu sonde les cœurs et les reins. » (Ps 7, 10) Et l’hérétique dit :

— Évidemment je crois que le Père est Père et que le Fils est Fils et que le Saint-Esprit est Saint-Esprit et je confesse trois existences substantielles [hypostases] en une substance [ousia], mais je ne dis pas qu’autre est la substance par rapport à la divinité ou autre est la divinité par rapport à la substance, mais pour parler exactement, nous [l’]appelons substance afin de ne pas employer tantôt cette désignation-ci, tantôt cette désignation-là pour la divinité du Père.

Mais cet hérétique parle encore, comme je l’ai déjà dit, sans scrupules et perfidement :

— Je crois que le Père est Père, que le Fils est Fils, et que le Saint-Esprit est le Saint-Esprit.

Il a, par contre, une idée cachée, parce qu’il assimile le divin à nous, disant en lui-même que comme j’ai un corps, âme et esprit humains c’est ainsi pour la divinité aussi. Le Père est pour ainsi dire la forme, le Fils est comme l’âme en l’homme et l’Esprit est comme le souffle dans l’homme. Ainsi certains usent d’artifice et nomment la divinité de cette manière, mais nous n’enseignons pas ainsi. [Notre enseignement est ceci :] Voici le Père céleste, qui par une voie témoigne ; voici le Fils dans le Jourdain ; et voici le Saint-Esprit qui descend en forme de colombe. Mais de soi-même, l’Esprit a pris la forme [d’une colombe], de soi-même il a une existence substantielle [hypostase], n’étant pas une autre [hypostase] par rapport à celle [hypostase] du Père et du Fils, mais de la même substance [ousia], existence substantielle [hypostase] d’existence substantielle [hypostase] de la même [hypostase ou ousia ?] du Père et du Fils et du Saint-Esprit[54]. Et encore, autrement : Voici le Père assis au ciel, mais ne comprends pas le mot assis d’une manière humaine, mais comprends-le d’une manière inexplicable et inconcevable. L’Écriture ne dit pas que le Fils est monté vers le Père, mais qu’ » il s’est assis à la droite du Père » (He 10, 12) et encore au sujet du Saint-Esprit, le Fils unique dit et enseigné : « Je pars, celui-là viendra, le Saint-Esprit, l’Esprit de vérité et si je ne m’en vais pas, celui-là ne viendra pas. » (Jn 16, 7) Si l’Esprit était mélangé avec le Fils, il n’aurait pas dit : « Je pars pour que celui-là puisse venir. » [Le Christ dit cela] afin de montrer qu’il y a une existence substantielle [hypostase] et une [autre] existence substantielle [hypostase], mais il y a une divinité [theotés], un Dieu, une vérité.

Chapitre 82

Voilà ce que j’ai écrit pour celui qui veut savoir la suite de la vie et la confession sûre qui a été préservée sans souillures, commençant avec la loi et les prophètes en passant par les évangiles, les apôtres et le temps apostolique jusqu’à notre temps dans l’Église catholique. Inspirées par un esprit de dénigrement et d’agitation [voulant déstabiliser] l’unique foi véritable, les hérésies ont poursuivi, à travers les temps, la même foi, espérance et salut de nous, mais la confession est restée dans sa vérité, les hérésies à chaque époque allant en se dégradant et étant exclues de l’Église. [Cette situation du passé ressemble à] ce que nous avons récemment entendu concernant certains des premiers rangs qui semblaient être emportés auprès de certains ascètes en Égypte et du Thébaïde et d’autres régions. Comme les hiéracites qui pensent et parlent de la résurrection de notre chair, pas celle-ci, mais d’une autre chair avant celle-ci, parce que de telles personnes se donnent à des mythes détournant ainsi la vérité de Dieu et notre sûre espérance, nous sommes donc obligé de parler de ce sujet.

Chapitre 83

D’une part, ceux qui n’ont pas de foi rejettent toute idée de la résurrection et, d’autre part, ceux qui ont une fausse foi renversent vulgairement et vainement l’espérance de la vérité en imaginant [toutes sortes de choses], comme nous l’avons indiqué, au sujet de la résurrection. Ce sont les païens qui rejettent complètement la résurrection par l’impiété et par un très grand nombre de fautes. Car ils détestent la résurrection par laquelle ils prendront sur eux la honte à la résurrection parce qu’ils ne connaissent pas Dieu ni ses commandements. [Le problème pour eux c’est] qu’ils ressusciteront quand même, même s’ils ne veulent pas. La création même, à un moment précis [de la journée], les réfute parce qu’elle montre chaque jour la forme de la résurrection, car le jour décline et nous voyons l’image des morts. Le sommeil de la nuit fait allusion à la résurrection. Le jour s’élève en Orient nous éveillant et le signe de la résurrection se manifeste. Les fruits sont cueillis et les récoltes dans les champs sont fauchées. La terre est ensemencée et fait germer, montrant que les choses qui avaient été plantées après la récolte ressuscitent. Lorsque la sauterelle jette ses œufs dans la terre, elle meurt, mais après un certain temps, la terre en redonne ce qui a été semé. La semence des plantes sont ensemencée et d’abord elle meurt mais ensuite elle arrive à la maturité : « Car s’il ne meurt pas, il ne produira pas de vie. » (1 Co 15, 36) Dieu a mis en nous un sceau de la résurrection par les vingt ongles [des mains et des pieds] ainsi témoignant de notre espérance, mais aussi par la couronne de cheveux sur la tête, il annonce notre résurrection, car lorsque notre corps paraît être mort, les cheveux et les ongles, pour chacun rasés et coupés, poussent de nouveau, ce qui est un signe de l’espérance de la résurrection.

Chapitre 84

Il y a d’innombrables exemples à dire pour convaincre les incroyants, mais la colombe n’a pas persuadé ceux-là qu’il est un oiseau ni la marmotte qu’il est un animal[55]. La marmotte meurt à son 6e mois et la colombe à son 40e jour et de nouveau, après un certain temps, ils reprennent vie. Les scarabées, sur le point de mourir, se cachent dans un tas de fumier ; ils s’y enterrent et s’y ensevelissent. Ainsi [secrétant] leur substance humide, de nouveau, ils reprennent vie de leurs restes. Au sujet d’un oiseau d’Arabie, le phénix, il est superflu pour moi d’en parler, car beaucoup de fidèles et d’infidèles connaissent déjà cette histoire, mais en voici l’essentiel : Lorsque le phénix arrive à sa 500e année de vie et il sent que l’heure de sa mort est proche, il va dans la ville égyptienne appelée Héliopolis, ou On dans la langue des Égyptiens et des Hébreux, et là il construit un nid avec des plantes aromatiques. Alors, de ses propres ailes, il se fouette la poitrine et de son corps jaillit du feu qui brûle le nid et ainsi il fait de lui-même un holocauste, réduisant toute sa chair et ses os en cendre, mais Dieu envoie un nuage qui fait tomber de la pluie et ainsi s’éteint le feu qui a consumé le corps de l’oiseau. Il est mort et totalement brûlé. Alors, le feu éteint, [ne laissant que] les restes de la chair, après un jour, apparaît un vers de terre qui devient un jeune phénix. Jusqu’au 3e jour, il croît et mûrit, et après s’être montré aux habitants du lieu, de nouveau il s’envole vers son propre pays où il se repose.

Chapitre 85

Je trouve très étonnant que ces chrétiens sont persuadés par l’idée complètement trompeuse des païens sans foi et par d’autres barbares parce que dans leurs mythes, ils n’ont pas honte de signaler partout la résurrection et de la chanter souvent parce que leurs mythes décrivent Alceste, fille de Pélias, qui est morte pour son mari Admète mais réveillée par Héraklès après trois jours et ressuscitée du fond du séjour des morts. Tantale a découpé en morceaux son fils Pélops et les a servis à leurs dieux faussement appelés [dieux]. [Zeus a ressuscité Pélops.] Asclépios a ressuscité Amphiaros, fils d’Oïclèes ; Polydos le devin a ressuscité Glaucos, fils de Minos, en se servant d’une herbe ; Polydectès a ressuscité Castor son frère en acceptant de changer de place avec lui pendant le jour et ainsi de redonner la vie à Castor ; Laodamie a ressuscité Protesilas. Mais aussi Sisyphe et Tautale et les filles de la Caucase [les Amazones], aussi appelées Errinyes, et Tirésias comme ceux-là précipités dans le Tartare où ils étaient punis, l’un par pierres, l’autre par une roue et d’autres autrement torturés. Ils sont toujours en punition parce qu’ils n’étaient pas lancés dans le néant, mais ils existaient dans leur corps, car s’ils n’avaient pas de corps, comment auraient-ils pu être torturés par des pierres et une roue ? Et il y beaucoup de choses à dire concernant ceux-là en vue de confirmer notre foi et de réfuter la leur.

Chapitre 86

Mais certains hérétiques chantent de choses semblables étant inspirés par ceux-là et ils s’harmonisent aux voix des païens incroyants tandis que d’autres hérétiques — je veux dire les manichéens — disent que ce sont les âmes, et non les corps, qui ressusciteront. Ainsi, les païens, déjà mentionnés, croient et exaltent la même chose. Que leur doctrine est sotte, ou mieux, prononcée sans aucune intelligence ! Car si les hérésies parlent de résurrection et y croient totalement, ils la limitent à l’âme, mais il est évident que c’est absurde. Comment l’âme ressuscitera si elle n’a jamais été morte ? Nous n’enterrons pas les âmes dans des tombeaux, mais les corps. Les âmes ne meurent pas. Donc, s’ils confessent la résurrection, il est évident à tous que ce n’est pas l’âme mais le corps qui tombe mort. Ceux qui rejettent tout ce qui concerne la résurrection, les païens, se réfutent encore. Pour les jours publics [de la commémoration des morts], ils apportent dans les tombeaux des choses à manger et à boire et là ils offrent la nourriture en sacrifice et versent le vin en libation. [Par ces coutumes], les païens n’aident les morts d’aucune façon ; ils se trompent plutôt eux-mêmes, sauf qu’ils sont forcés par leurs coutumes de confesser la résurrection des morts. Alors, là où les corps des morts sont placés, ils arrivent et adressent la parole aux morts enterrés et invoquent leur nom. Ils disent : « Lève-toi, N, mange et bois et réjouis-toi. » Alors, si les païens croient que les âmes survivent [et attendent] là où se trouvent les restes des morts enterrés, une telle attente, d’une manière ou d’une autre, [doit être] bonne pour les âmes, car ces dernières survivent [et attendent] le jour futur et la résurrection de la régénération, [patientant] jusqu’à ce que leur corps se recompose et se réunisse [avec l’âme]. La chair répugne même aux enfants des païens [étant à leurs yeux] vile et [digne d’être] complètement anéantie, n’ayant pas l’espoir de revivre. Si leurs coutumes se fondent sur une autre doctrine, pourquoi lient-ils les âmes par le souvenir à la condamnation de la substance des corps, puisque les âmes sont d’une nature supérieure, plutôt [pourquoi] les punissent-ils, les enjoignant à rester auprès des restes morts ? Ou bien, qu’ils disent ce qu’elles espèrent [obtenir] en attendant. Il est évident, par contre, que les païens ne croient pas que les âmes sont dans les tombeaux, mais dans quelques lieux assignés par Dieu à chaque âme selon ce qu’elle mérite à cause de sa manière d’agir et de vivre avant de mourir. Pourtant, ils enterrent les corps dans les sépulcres de corps, ou d’ossements, par les mains de leurs propres proches. Il est absurde que tous croient à la seule doctrine et à ses conséquences, comme si elle est confessée partout, mais au contraire, auprès des païens incroyants, ces vérités sont refusées et les choses rendues possibles en Dieu en vue de l’espoir [de la résurrection des morts] ne sont pas affirmées auprès d’eux.

Chapitre 87

Mais concernant ces choses, je crois que j’en ai assez dit, même si je n’en ai présenté que peu d’arguments. Il y en a qui semblent être chrétiens, mais qui se laissent persuader par Origène. Ils confessent la résurrection des morts, de notre chair et du saint corps du Seigneur, celui qu’il a assumé de Marie, disant que cette chair ne ressuscitera pas, mais une autre chair ressuscitera à la place de celle que Dieu nous a donnée. Au sujet de ceux-là, comment ne pouvons-nous pas dire que cette doctrine est plus impie que les autres et plus absurde que celle des païens et des autres hérésies ? Car s’il y a une autre chair à la place de celle qui ressuscitera, selon leur doctrine, le jugement de Dieu n’est pas juste, [encore] selon leur mythe, car Dieu jugera une autre chair à la place de celle qui a péché et portera un autre corps vers la gloire de l’héritage du royaume des cieux, à la place du corps qui s’était fatigué par les jeûnes, les vigiles et les efforts ascétiques au nom de Dieu. Comment l’âme même sera-t-elle jugée seule selon la doctrine des hérésies ; n’est-elle pas copécheresse avec le corps ? Une telle âme contesterait au jugement de Dieu et dirait que c’est le corps qui a commis les péchés, car il y a aussi la preuve selon la doctrine de ceux qui aiment les disputes et non la vérité. L’âme pourrait donc dire : « Je n’ai pas péché mais le corps, car depuis que je suis sorti du corps, je n’ai pas forniqué ni commis l’adultère ni volé ni tué ni adoré les idoles. Je n’ai rien fait de méchant ni pernicieux. » La défense de cette âme se trouverait raisonnable. Qu’est-ce que nous pouvons dire de sa défense raisonnable ? Est-ce que le jugement de Dieu est négligeant ? Mais, « Dieu serait-il injuste en nous frappant de sa colère ? Que cela n’arrive jamais. » (Rm 3, 5)

Chapitre 88

Nous savons que « pour Dieu tout est possible » (Rm 19, 26), et il peut créer un corps sans âme. Il peut, s’il le veut, redonner la vie à des corps décomposés et il peut les faire bouger d’eux-mêmes, sans âme, comme il l’a déjà fait avec tant de maîtrise par la voix du très saint Ézéchiel, car Dieu dit au saint prophète : « Prophétise, Fil d’homme, pour que les os rapprochent les uns aux autres » (Ez 37, 7) et la puissance de Dieu est à admirer parce que les âmes n’étaient pas encore tombées sur les os, mais ces derniers étant secs. Ils avaient le pouvoir non seulement de bouger sur l’ordre de Dieu, mais aussi de se recomposer, les uns s’attachant aux autres, avec intelligence et connaissance. Ce n’était pas par hasard que la recomposition ait eu lieu. Les os des pieds ne se sont pas attachés par oubli à des parties de la tête ni les vertèbres de la nuque, en marchant çà et là, ne se sont joints aux chevilles, mais chacun des os s’est placé, a bougé selon l’intelligence et s’est attaché à sa propre jointure. Donc, si Dieu le veut, il peut créer un corps sans âme, car pendant que son pouvoir se manifestait, à ce moment-là, l’ordre donné par Ézéchiel a fait revivre ce que les hommes désespéraient [d’avoir : la résurrection/la vie éternelle]. Et Dieu n’a pas dit à Ézéchiel, comme Fils d’homme, de prophétiser à l’esprit d’entrer d’abord, mais après avoir aplani la difficulté par la foi, je dis après avoir reconstitué les corps. Alors, il a ordonné aux âmes d’entrer dans les corps. Il est dit : « et ils se mirent debout sur leurs pieds : grande, immense armée. » (Ez 37, 10) Donc, j’ai dit que Dieu peut faire revivre le corps séparé de l’âme, comme il a été montré, mais qu’il ne peut pas juger le corps seul, car il existe une juste défense face au jugement de Dieu. Le corps parlerait et dirait la même chose [que l’âme] : « Le péché vient de cette âme. Moi, je n’en suis pas la cause. Depuis que je me suis délié d’elle et qu’elle s’est séparée de moi, je n’ai fait ni adultère ni impureté ni vol ni idolâtrie ni rien de tel. » Le jugement de Dieu serait vain, selon la doctrine de ceux qui aiment quereller. Voilà pourquoi le corps et l’âme vont ensemble pour faire un homme, créé par Dieu. De nouveau, le juste juge ressuscite le corps et il met son âme en lui. Ainsi le jugement de Dieu sera de nouveau juste, les deux, corps et âme, vivant ensemble soit selon le salaire du péché soit selon celui de la piété de la vertu et selon la récompense future qui sera accordée aux saints.

Chapitre 89

Nous pensons suffisant le peu de choses, parmi beaucoup, que nous avons présentées comme preuve de la vérité de notre espoir. À cause de ceux qui disent qu’un autre corps se lèvera à la place de celui qui est tombé mort, nous exposerons encore [d’autres arguments] par un grand effort pour aider ceux qui veulent comprendre et pour détruire ceux qui ne craignent pas perdre leur vie. Nous acceptons de nous fatiguer, nous le moindre [de tous] et entièrement nul, pour qu’eux et tous soient aidés et que ne soit pas niée la résurrection de notre chair, en laquelle se fondent tout le trésor, le fondement de toute pensée sobre ainsi que l’espoir de toute bonne œuvre, selon le passage : « …nous ayant ce trésor en vases d’argile » (2 Co 4, 7) et ainsi de suite. Car nous sommes maître de nous-même, le faible ; nous sommes pur, l’humble ; nous désirons en outre faire des aumônes, nous l’impuissant, en vue de la réception des choses attendues, au moment de la résurrection des morts. Et ainsi, que celui qui se fatigue [en vivant la vie chrétienne] soit fortifié par la foi et l’espoir, par l’amour de Dieu et par le témoignage au nom de Dieu de ceux qui [se trouvent vivant] parmi les épreuves de torture et les autres châtiments surhumains ; [car ces fidèles] ne nient pas la résurrection de notre chair mais croient que la chose même qui a été semée dans la terre se lèvera. Car les divines Écritures nous montrent deux témoignages clairs et vrais et par ces derniers nous pouvons connaître l’espoir de notre résurrection. Que la tromperie de ceux qui sont eux mêmes dans l’erreur ainsi que [les ruses] de [leurs] écrits ne fassent pas tomber les hommes dans des mythes de vaine gloire. Et pour ne pas me servir de beaucoup de témoignages, je serai bref, mais non pas parce qu’il n’y en a pas beaucoup [de témoignages] concernant notre espoir et notre résurrection dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament.

Chapitre 90

[Je dis] que si c’est un autre [corps] qui se lèvera, comme disent certains, l’apôtre n’aurait pas pu affirmer en disant : « Il faut, en effet, que cet être corruptible revête l’incorruptibilité, que cet être mortel revête l’immortalité. » (1 Co 15, 53) Puisqu’il faut nous établir solidement dans l’espoir, il est dit concernant la gloire des saints, qui vont briller et seront changés en gloire après la résurrection : « …on ressuscite dans la gloire. » (1 Co 15, 43) Les saintes Écritures disent encore : « Insensé ! Ce que tu sèmes, toi, ne reprend vie s’il ne meurt. Et ce que tu sèmes, ce n’est pas le corps à venir, mais un simple grain, soit de blé, soit de quelque autre plante et Dieu lui donne un corps à son gré, à chaque semence un corps particulier. » (1 Co 15, 36-38) Ceci est dit en vue de la gloire de ceux qui seront ressuscités en brillance afin qu’il soit montré que le grain même accepte la gloire. Par lui-même, « celui qui parle en Paul » (2 Co 13, 3) [le Christ] dit dans l’Évangile concernant la résurrection : « si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. » (Jn 12, 24) Donc certes, l’apôtre parle du grain et le Sauveur montre que le même grain [était comme le grain] de son propre corps. Que pouvons-nous dire ? Son propre corps n’est-il pas le même que celui qui a été semé, c’est-à-dire le grain ressuscité ? Ou bien, était-ce un autre corps qui, après trois jours, a été ressuscité du tombeau ? Comme les anges l’ont dit : « Il est ressuscité ; il n’est pas ici » (Mc 16, 6) et comme il a été dit à Marie : « Ne me touche pas ; je ne suis pas encore monté à mon Père » (Jn 20, 17) et comme il a montré ses mains et son côté à Thomas disant : « Ne sois pas incrédule, mais croyant. » (Jn 20, 27) Ce sont les hommes incroyants, les païens, qui disent que le Christ n’est pas du tout ressuscité ou ceux qui ont une mauvaise foi qui disent que c’est un corps qui est mort et un autre qui est ressuscité, mais ce sont les fidèles qui disent que c’est le même corps qui a été ressuscité et c’est grâce au même corps qui a été ressuscité que le nôtre s’établit dans l’espoir de la vérité.

Chapitre 91

Alors, pour atteindre ce but, le Christ ne se souciait pas de faire disparaître les marques des clous et de la lance même s’il est entré à travers des portes closes, car ce qui en lui était corporel par la résurrection est devenu spirituel. Par contre, ce qui était avant [la résurrection, le corps strictement corporel] n’était pas autre que ce qui était après [la résurrection, le corps spirituel]. Les deux corps étaient identiques, le corporel ayant été uni à la divinité et orné de la légèreté de l’esprit. Car si son corps ressuscité n’avait pas reçu la légèreté de l’esprit, comment un corps normal aurait-il pu passer à travers quelque petit trou ? Mais pour montrer que ce qui était corruptible en nous [avant la résurrection] s’est revêtu en vérité de l’incorruptibilité [après la résurrection] — car s’il était aussi mortel, il s’est revêtu de l’immortalité — le Christ est entré par des portes closes pour montrer, d’une part, que ce qui était lourd est devenu léger ; ce qui était mortel, immortel ; et ce qui était corruptible, incorruptible. Mais, il l’a fait, d’autre part, pour convaincre tous les non croyants de croire en notre salut, c’est-à-dire en la résurrection de celui qui a changé le corps en légèreté et qui a mélangé la chair après la résurrection à l’esprit. Voilà pourquoi il n’a pas fait disparaître les cicatrices des clous ni la marque de la lance, mais il a montré que le corps qui a souffert sur la croix était le même que celui qui est ressuscité, et pas différent de celui-là, ni un autre corps sortant de lui. Mais le corps qui a souffert n’était plus capable de souffrir, la graine semée est ressuscitée et le corps qui est ressuscité est devenu incorruptible. Encore, pour que nous ne croyions pas que seulement quelque partie du Christ est ressuscitée, mais pour que nous sachions que son corps même en entier n’a pas vu la corruption, il est dit : « Tu ne laisseras pas ton saint voir la corruption. » (Ps 15, 10) Si le Christ s’est réveillé et s’il n’était plus là [comme disent les Écritures], il est en vérité ressuscité et les Écritures ne trompent pas, celles qui sont notre vie. Et afin que ceux qui se trompent ne trouvent pas d’excuse, il a montré les os et la chair à Thomas et à ses autres disciples, disant : « Voyez mes mains et mes pieds ; c’est bien moi ! Un esprit n’a ni chair ni os comme vous voyez que j’en ai. » (Lc 24, 39)

Chapitre 92

Mais si quelqu’un qui se pense sage dit :

— Mais le corps de notre Seigneur était spécial parce qu’il était le seul à être conçu de Marie, sans la semence d’homme.

Le corps d’Adam était-il une autre sorte de corps par rapport au nôtre, parce qu’il était le seul à être pris de la terre sans la semence d’homme ? Mais personne ne pourrait dire ni prouver cela. Si encore quelqu’un qui se pense sage dit :

— Mais le corps du Christ est le seul à ressusciter en entier, le nôtre, par contre, n’est pas le même qui se réveillera, mais à sa place, un autre corps se réveillera.

Comment donc est-il dit : « Le Christ est les prémices de ceux qui se sont endormis. » (1 Co 15, 20) Le corps [du Christ] est un et le même [autant avant qu’après sa résurrection] et voilà pourquoi il est les prémices de ceux qui se sont endormis. [Le soi-disant sage pourrait demander :]

— Comment le Christ était-il les prémices de ceux qui se sont endormis ?

Qu’ils [les hérétiques] apprennent à ne pas se tourner vers une autre erreur et à penser que les autres Écritures mentent. Avant sa résurrection, le Christ a réveillé de la mort Lazare et le fils de la veuve de Naïm. Élie a réveillé un mort, mais Élisée en a réveillé deux : l’un allait en procession au tombeau et l’autre déjà enterré. D’une part, ceux-là étant ressuscités sont morts encore une fois, mais, d’autre part, ils attendent l’unique résurrection générale. Le Christ, « les prémices de ceux qui se sont endormis » (Rm 6, 9), parce qu’il est ressuscité, « la mort n’exerce plus de pouvoir sur lui » (Rm 6, 10), selon les Écritures, car il est mort pour nous une fois, ayant supporté la souffrance pour nous. Le Verbe a goûté la mort une fois, « la mort sur une croix » (Ph 2, 8) et pour nous il est allé volontairement à la mort pour tuer la mort par la mort. Le Verbe s’est fait chair, sans souffrir en sa divinité, mais il a co-souffert avec l’humanité, tout en demeurant incapable de souffrir. La souffrance lui a été attribuée, tandis qu’il demeurait incapable de souffrir. Il était compté comme mort, tout en demeurant immortel, ou mieux dit, tout son être était incapable de mourir, car il a dit : « Je suis la vie. » (Jn 11, 25) La vie ne meurt plus, mais est venue pour donner la vie, supportant la mort pour nous, car la vie ne nous est pas venue par l’homme, ni l’espoir par la chair : « Car le Seigneur dit : “Maudit l’homme qui se confie en l’homme. Il sera comme un chardon dans la steppe. ” » (Je 17, 5)

Chapitre 93

Que pouvons-nous dire, donc ? Le Christ n’était-il pas homme ? Il est tout à fait évident, sans la moindre ambiguïté, que nous confessons que le Seigneur Dieu, le Verbe, est devenu homme, pas en apparence, mais en vérité. Il n’était pas un homme progressant vers la divinité, car notre espoir de salut ne se fonde pas sur un homme, car aucun homme, de tous ceux qui sont de la race d’Adam, ne pouvait opérer le salut, mais Dieu le Verbe est devenu homme pour que notre espoir ne soit pas mis sur un homme mais sur le Dieu vivant et véritable qui est devenu homme. « Car tout grand prêtre pris d’entre les hommes est établi pour intervenir en faveur des hommes. » (He 5, 1) Voilà pourquoi le Seigneur Verbe est venu prendre la chair de notre chair et est devenu homme semblable à nous afin que, en sa divinité, il nous donne le salut et en son humanité il souffre pour nous les hommes. Il nous a libérés de la souffrance par la souffrance, et en mourant de sa propre mort, il nous a libérés de la mort par la mort. La souffrance a été mise sur le compte de la divinité, même si elle était incapable de souffrir. [La souffrance a été mise sur le compte de la divinité] parce que le saint Verbe de Dieu, qui est incapable de souffrir, venant dans ce monde, a décidé qu’il soit ainsi. Voici une comparaison : Quelqu’un porte un vêtement et du sang tombe sur le vêtement, le salissant. Le sang n’atteint pas le corps de celui qui porte le vêtement, mais la tache de sang est mise sur le compte de celui qui porte le vêtement. De la même façon, le Christ a souffert dans la chair, je dis dans sa propre humanité que, en tant que Seigneur, il s’était formée en vue de l’avènement du ciel du saint Verbe Dieu lui-même. Comme saint Pierre le dit : « Mis à mort selon la chair, il a été vivifié selon l’esprit » (1 P 3, 18) et encore : « Le Christ ayant donc souffert dans la chair pour nous, armez-vous de cette même pensée. » (1 P 4, 1) Comme le sang sur le vêtement est mis sur le compte de celui que le porte, [de la même manière], la souffrance de sa chair a été mise sur le compte de la divinité, même si elle ne pouvait rien souffrir, afin que le monde n’ait pas d’espoir en un homme, mais en l’homme Seigneur. La divinité s’est chargée de mettre la souffrance sur son compte afin que le Christ devienne, pour le monde, le salut venant de la divinité incapable de souffrir, tout en ne souffrant rien, afin que la parole des Écritures soit accomplie : « Car s’ils l’avaient connu, en effet ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de la Gloire » (1 Co 2, 8) et ainsi de suite.

Chapitre 94

Donc, il a été crucifié. Le Seigneur a été crucifié et nous nous prosternons devant celui qui a été crucifié, enterré, ressuscité le troisième jour et monté aux cieux : « Ô abîme de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! » (Rm 11, 33) selon les Écritures. Néanmoins, « partielle est notre science, partielle aussi notre prophétie » (1 Co 13, 9) parce que nous puisons dans la mer par goûte d’eau seulement, nous puisons de même dans la connaissance de Dieu. Nous ne saisissons par contre que partiellement les contours d’une telle économie de salut ; nous ne saisissons qu’[imparfaitement] la grâce de notre espoir ; et nous ne saisissons qu’[à peine] le mystère de l’économie de Dieu lui-même. Et tout cela arrive par le bon plaisir du Père, par la volonté du Fils et avec la volonté du Saint-Esprit. Toutes les Écritures proclament la résurrection partout, mais l’accomplissement a été gardé jusqu’à l’avènement du Verbe lui-même, lui qui a une existence substantielle : « Car la fin de la loi est le Christ » (Rm 10, 4), selon les Écritures. Où les divines Écritures ne parlent-elles pas de la résurrection ? D’abord, le sang d’Abel la proclame, car après la mort d’Abel, son sang « parle encore » (He 11, 4) comme le disent les Écritures. « Énoch fut enlevé en sorte qu’il ne vit pas la mort ; on ne le trouva plus parce que Dieu l’avait enlevé. » (He 11, 5) Noé a construit l’arche par l’ordre de Dieu et a lui-même opéré la renaissance de sa propre famille. Le très vieux Abraham a reçu un enfant, « son corps étant déjà mort » (Rm 4, 19) et Dieu lui a accordé l’espoir [de la résurrection] des morts et « le sein de Sarah » (Rm 4, 19) surtout mort, selon l’habitude des femmes, la source desséchée, a reçu une force en vue du dépôt de la semence et la vieille a conçu comme une jeune femme. Et Isaac a été livré vivant à son père, car Dieu, en livrant l’enfant vivant à son père, a proclamé l’espoir de la résurrection des morts. Jacob a montré son souci en ne négligeant pas l’espoir de ses os. Il s’occupait de ses os non pas comme s’ils étaient des choses à détruire, mais comme des choses qui revivraient. Jacob a donc ordonné expressément que ses os soient ramenés du pays des Égyptiens. Joseph indique cela aussi en disant : « Vous emporterez d’ici mes ossements. » (Gn 50, 25) S’il n’avait pas d’espoir de la résurrection, pourquoi ce soin de ses os en donnant des ordres aux justes concernant ses os corruptibles ? Et le premier appel de Dieu à Moïse est encore un témoignage : « Je suis Dieu d’Abraham et Dieu d’Isaac et Dieu de Jacob » (Ex 3, 6), [le Dieu] de ceux qui dorment dans le monde mais qui vivent auprès de moi. L’Esprit qui parle dans la loi et qui enseigne dans l’Évangile est l’un et le même Esprit. Le Sauveur indique ceci aux sadducéens : « Celui qui a parlé dans les prophètes, c’est moi. »

Chapitre 95

Que le bâton sec d’Aaron [nous] enseigne, lequel, depuis longtemps, se trouvait dans la tente du témoignage du soir jusqu’à l’aurore. Après de grands efforts faits par eux-mêmes, les arbres vivants produisent des fruits en douze mois lorsque le cycle de la saison est accompli. Le soleil réchauffe, les pluies arrosent, et la rosée se répand, nuit et jour, et finalement les fruits mûrissent. Mais dans une nuit, Dieu a facilement fait ce qui est difficile. Le bâton sec d’Aaron a germé et a produit des feuilles et des fruits murs, car Dieu nous a montré de semblables choses [qui sont des images] de la résurrection future. Les enfants sont conçus selon le saint mariage que le Seigneur nous a enseigné. D’abord la semence qui enclenche la suite naturelle est déposée dans le sein reproductif, encore comme le Seigneur l’a enseigné. Le temps passant, la semence déposée dans le ventre arrive à terme après neuf mois. Je dis que, après neuf mois, l’enfant conçu est tout à fait formé et il naît. La résurrection, par contre, n’aura pas lieu comme cela, car elle se fera dans un instant : « Elle sonnera, la trompette, et les morts ressusciteront incorruptibles. » (1 Co 15, 52) Ce que le Seigneur a fait dans la tente du témoignage est une préfiguration [de la résurrection] : après douze mois, des arbres vivants produisent des noix, mais le Seigneur a accompli dans une nuit — non seulement dans une nuit mais dans un instant de temps — ce qui prend douze mois à faire. C’est de même pour l’enfant dans le ventre de sa mère, qui naît après neuf mois, car l’enfant se forme et est accompli pendant beaucoup de temps, mais la résurrection aura lieu dans un instant.

Chapitre 96

Que la puissance du Seigneur persuade les incroyants dont personne « ne peut résister à sa volonté. » (Rm 9, 19) Qu’on écoute et que Moïse présente la preuve.[56] Le Seigneur demande : « Qu’as-tu en main ? » Moïse répond : « un bâton » fait d’un bois tout à fait sec. Et le Seigneur dit : « “Jette-le à terre”. Et Moïse a jeté à terre » (Ex 4, 2) le bâton sec et Dieu a fait que le bois sec devienne humide et non seulement humide mais aussi vivant. Il a changé la nature du bois sec et en a opéré une conversion de sa substance. Ce que Dieu a fait n’était pas un tour de magie, car la vérité opère sur l’ordre de Dieu, mais elle ne fait pas d’illusions d’optique. En toutes choses, le Seigneur oriente notre pensée, la guidant [dans ce cas] à travers Moïse vers la vérité. Le prophète Moïse savait que l’évènement [du serpent] n’était pas une illusion mais la vérité parce qu’il a fui. Si l’évènement avait été une illusion, Moïse n’aurait pas fui devant le serpent. Que les querelleux ne se servent pas de cette histoire pour tendre un piège et dire que le bâton auquel « Dieu a donné corps à son gré » (1 Co 15, 38) était d’une autre nature. D’abord, qu’ils apprennent assurément que Dieu n’a pas insufflé la vie en un autre bâton à la place de l’un. [Il est certain] qu’il a insufflé la vie dans ce bâton-là qui était sec, car Dieu n’a pas appelé « type ou forme »[57] ce corps qu’il avait donné au bâton et qu’il avait animé, en vue d’une interprétation [allégorique]. Il ne voulait pas non plus juger le serpent à la place du bâton, mais en se servant de ce dernier, il a établi la pleine certitude de la résurrection. Dieu a ainsi montré son pouvoir afin que tous croient à sa puissance en toutes choses. Il a fait savoir qu’il avait créé le cosmos avec toute assurance, car il n’a pas donné la vie à une partie du bâton mais l’a changé en entier, comme il voulait.

Chapitre 97

Et pour qu’[on sache] que ces choses ont eu lieu ainsi, que les morts ont l’espoir de la vie éternelle et que « ceux qui sont dans les tombeaux ressusciteront » (Is 26, 19), appelle-moi le témoin Moïse digne de foi. Puisque Ruben avait commis un crime, son père, le saint patriarche Jacob, l’a condamné et dit : « Ruben, tu es mon premier-né, un débordement comme l’eau. Que tu ne sois pas comblé, car tu es monté sur le lit de ton père et tu as révélé le lieu où tu es monté. » (Gn 49, 3) En hébreu, le verbe elthothar se traduit comme « que tu ne retournes pas sur tes pas » ou « que rien ne te soit ajouté » ou encore « que tu n’aies pas d’abondance », mais littéralement, « que tu ne bouillonnes pas ». Les traducteurs l’ont traduit de cette manière et si tu veux apprendre que ces choses sont ainsi et que Jacob, son père, a condamné son fils pécheur à la mort, Moïse te l’indique clairement, car en bénissant les douze tribus, Jacob est arrivé au nom de Ruben et sachant que Lévi [serait] prêtre (par la main de la prêtrise, les péchés sont liés et déliés) il dit : « Que vive Ruben et qu’il ne meure pas. » (Dt, 33, 6) Alors, comment Ruben pouvait-il avoir la vie, celui qui avait décédé 120 ans auparavant ? Mais puisque Jacob savait que la résurrection future devrait arriver, il savait aussi que suivra une seconde mort, celle de la condamnation au jour du jugement, et il voulait protéger Ruben [qui avait déjà souffert] d’un châtiment à venir. Alors, Jacob dit : « que Ruben vive » (dans la résurrection, il voulait dire). Car il savait que tous vivraient « et qu’il ne meure pas. », c’est-à-dire qu’il ne mourra pas une seconde mort de la vie éternelle, après la condamnation. Car si Jacob ne se souciait de Ruben qu’au sujet du châtiment de la vie [terrestre, la première mort], il n’aurait eu qu’à dire : « que Ruben vive », mais puisqu’il voulait signaler son souci pour lui, au sujet des choses à venir, il a dit : « que Ruben vive et qu’il ne meure pas. »

Chapitre 98

Et de quelle source quelqu’un pourrait-il réunir tant de témoignages au sujet de notre espoir et de notre attente de la résurrection, laquelle aura lieu en vérité et non pas en apparence. Les hommes de vaine gloire qui aiment quereller, qu’ils offrent leur opinion sotte. Alors, laquelle des deux affirmations [est vraie] ? Une partie du corps de tous les hommes ressuscitera ou seulement une partie de tous les hommes ressuscitera ? Ou encore : La résurrection réveillera t-elle le corps entier de seulement quelques uns ou seulement une partie du corps de quelques-uns ou le corps entier ? Et qui sont ceux dont le corps entier ressuscitera ? Et quelle est cette partialité ? Est-ce donc que « Dieu fait acception des personnes » ? (Rm 2, 11) Jamais de la vie ! Cherchons à savoir où et quand les saints ont jamais réveillé une partie du corps d’un mort et non le corps en entier. Le fils de la veuve de Sarepta et le fils de la Shunamite ont été ressuscités avec tout leur corps. Aucune partie de leur corps n’a été laissée morte. Le Seigneur a réveillé Lazare et n’a pas laissé quelques parties dans le tombeau, mais avec les linceuls et les autres vêtements funéraires, Lazare s’est réveillé et on n’aura pas du tout besoin de vêtements au jour du jugement. Le Seigneur a réveillé le fils de la veuve de Naïm, la fille du chef de la synagogue et la fille du centurion dans leur corps entier. Ô quelle pensée sotte de ceux qui imaginent de telles choses : qu’une partie du corps ressuscite et une partie est laissée dans le tombeau. Mais considérons encore des arguments qui sont déjà devenus pour nous le solide appui de notre espoir. Énoch a été enlevé en son corps entier et jusqu’à aujourd’hui, il n’a pas vu la mort. Élie a été enlevé dans son corps entier et il n’a pas vu la mort, jusqu’à maintenant. Alors, la parfaite résurrection nous sera montrée en deux corps vivants [celui d’Énoch et celui d’Élie] et pour que personne n’en doute, [nous avons] deux modèles, les deux premiers-nés de notre résurrection. Énoch vivait dans l’incirconcision et l’incirconcision n’a pas empêché la résurrection ni la suite de sa vie dans le corps vécu dans ce monde. Élie, par contre, vivait dans la circoncision pour montrer que la résurrection n’est pas réservée à certains et pas à d’autres, mais que ce sera une résurrection générale pour tous. Élie vivait dans la virginité afin que la priorité de la virginité prêche au monde l’immortalité et l’incorruptibilité du corps, mais il ne faut pas penser que la résurrection et la permanence du corps sont réservées à la virginité, à cause de son privilège. Énoch n’était pas vierge mais pur et a engendré des enfants. Alors ces deux-là sont en vie, survivant dans le corps et dans l’âme pour [fortifier] notre espoir.

Chapitre 99

Et pour que personne ne soit dans le doute, Dieu a fait descendre d’autres en Hadès avec leur corps. La terre s’est ouvert la bouche et a dévoré Datân et Abiram, les fils de Coré, et On et ils sont descendus en Hadès vivants avec leur corps et leur âme et à partir de l’heure même, ils étaient livrés au jugement, sans que le corps soit séparé [de l’âme]. Tous leurs restes ont été livrés, et non pas seulement une partie, mais chacun en son entier, corps et âme, a été livré en punition. Job dit : « Jusqu’à ce que je vive de nouveau » (Jb 14, 14) ; et « ce corps qui a supporté ces choses [souffrances] ressuscitera t-il ? » (Jb 19, 26) ; et « tu me renouvelleras […] et ta jeunesse sera renouvelée comme celle de l’aigle. » (Ps 102, 5) Isaïe dit : « Les morts ressusciteront et ceux qui sont dans les tombeaux se lèveront » (Is 26, 19), car il est venu celui « qui délivre les captifs par sa puissance et même les révoltés qui habitent dans les sépulcres. » (Ps 67, 7) Mais Job a dit : « L’homme une fois dormi ne se lèvera pas, jamais plus il ne connaîtra sa place. » (Jb 14, 12 ; Ps 102, 16) Et en effet, la résurrection n’arrivera pas jour par jour, [progressivement], mais dans un seul moment précis. Job a montré qu’il savait quel [événement] fixé il attendait et il répond aussitôt à la question : « Les cieux s’useront avant qu’il ne s’éveille. » (Jb 14, 12) Cet événement fixé touchera autant les cieux et la terre que les corps dans la terre. Lorsqu’il viendra, « les cieux s’enrouleront comme un livre » et lorsqu’il ébranlera la terre, alors ils « s’éveilleront ceux qui gisent dans la poussière de la terre. » (Dn 12, 2) Voilà pourquoi il dit à Ézéchiel : « Fils d’homme, dis aux os et aux jointures de s’attacher les uns aux autres » (Ez 37, 4 ss) et il est arrivé ainsi. Et encore : « Dis qu’il y ait des nerfs, des veines, de la chair, des cheveux et des ongles » et encore : « Dis, Fils d’homme : “Viens, esprit, des quatre coins de la terre” », très évidemment des lieux qui sont réservés pour les âmes. Et pour quelle raison le Seigneur ne l’a-t-il pas dit lui-même mais a ordonné à l’homme de parler ? C’est parce que la parole du Seigneur fait et ne reste pas sans effet. Alors, il a ordonné à l’homme de parler pour indiquer que notre espoir de salut [viendra] à un moment futur, après la résurrection, afin que la parole de l’homme reste sans effet et non pas celle du Seigneur. Ces os-là [ressuscités par la parole d’Ézéchiel] devaient mourir de nouveau, mais lorsque le Seigneur dira de ressusciter, ils se réveilleront pour ne plus mourir, car la parole du Seigneur ne restera pas sans effet.

Chapitre 100

Voilà pourquoi le Seigneur, étant venu dans la chair, a réveillé des morts afin que ce qui vit dans la chair meure de nouveau jusqu’à ce que la chair même ressuscite et ne meure plus, afin que ces ordres, « Réveille-toi » (Lc 8, 54) et « Sors » (Jn 11, 43), ne soient plus donnés un à un, individuellement, jusqu’à ce que celui qui opère la résurrection générale ne vienne et ne dise plus au singulier « réveille-toi » mais « Réveillez-vous tous ». Lui, il est la résurrection des morts. Ainsi, après sa propre résurrection d’entre les morts, il n’a réveillé personne qui était récemment mort, car avec lui « de nombreux corps de saints trépassés ressuscitèrent […] et ils se firent voir à bien des gens » (Mt 27, 52) et « avec lui, elles sont entrées dans la salle de noces » (Mt 25, 10), selon l’Évangile. Et il n’est pas dit qu’une partie du corps des saints est ressuscitée, mais le corps des saints, et « ils se sont clairement manifestés à beaucoup de gens », étant les mêmes personnes aussi bien avant la résurrection qu’après. Ils étaient reconnus dans leurs propres traits physiques, mais pas comme des gens récemment décédés. Et notre Seigneur voulait faire connaître la merveille de sa résurrection à d’autres personnes, montrant qu’il a facilement accompli des choses difficiles. Et lorsqu’il est allé vers la jeune fille récemment morte, la fille du chef de la synagogue, puisqu’elle venait de mourir, il a décidé de lui dire : « Enfant, lève-toi. » (Lc 8, 54) Par l’ordre, « lève-toi », il voulait fortifier ceux qui étaient déjà morts, puisque la jeune fille était encore sur la bière. Il a réveillé plus facilement le fils de la veuve de Naïm, puisque les porteurs le transportaient déjà dans le cercueil : « car il a touché le cercueil » (Lc 7, 14) et il n’a rien dit au jeune homme, mais il a seulement touché le cercueil et le jeune homme est ressuscité. Mais la chose encore plus profonde et beaucoup plus grande pour l’espoir des hommes, c’est lorsqu’il est allé vers Lazare mort depuis quatre jours. Il ne lui a pas dit : « Lève-toi » ; il n’a pas non plus touché le tombeau, mais par un ordre, de sa propre autorité, il crie : « Lazare, sors. » (Jn 11, 43) Il est beaucoup plus facile et frappant de dire « Sors » que de toucher. Et encore, il est beaucoup plus facile de toucher que de donner un ordre : « Enfant, réveille-toi. » De cette manière, le saint Verbe de Dieu a fait toutes ces choses afin de nous montrer l’espoir de la résurrection.

Chapitre 101

Si je voulais énumérer tous les témoignages de l’Écriture entière, notre[58] esprit serait trop petit, médiocre et simple. Également, en en ajoutant un plus grand nombre, je crains prolonger ce traité indûment. En résumé, je dirai que notre salut peut être exprimé en peu de mots. En tout, c’est ceci : l’espoir de la résurrection nous est annoncé, mais les hommes sans foi n’y croient pas ; les hommes de fausse foi le déforment ; les hommes qui aiment les querelles ne le reçoivent pas ; et les hommes de vaine gloire le rejettent. Mais Dieu pourra toujours leur accorder la miséricorde et illuminer leurs pensées ténébreuses, car les païens, en recevant le Saint-Esprit, seront persuadés, d’une part, par la vérité et par tous les témoignages déjà présentés et, d’autre part, et encore mieux, par vous les fils de la sainte Église de Dieu et de la foi orthodoxe. Ayant reçu le Saint-Esprit, vous êtes dignes de la parole convenable « pour ouvrir la bouche. » (Ep 6, 19) Enseignez donc, vous qui avez été jugés dignes d’être les disciples du Christ, c’est-à-dire du « Chef des pasteurs » (1 P 5, 4) et du « gardien de nos âmes » (1 P 2, 25) parce que vous cherchez la nourriture pour le troupeau des fidèles du Christ et vous vous souciez d’eux. Je dis, vous-mêmes, nourrissez ceux qui veulent réellement profiter de la terre sainte que Moïse a indiquée à mots couverts. Parmi ceux qui vous considèrent des fidèles circonspects, ô fils orthodoxes de l’Église — car en parlant de quelques-uns, je veux indiquer tous les fils de la vérité, selon les Écritures — qui peut douter concernant ces choses ? Vous êtes les fils de la femme courageuse et sage, de qui Salomon parle : « une maîtresse femme, qui la trouvera ? » (Pr 31, 10) (Comme elle est rare, plutôt il n’y en a qu’une), choisissez ce qui est fort et aimez ce qui est utile. Pensez, comme moi, que la femme maîtresse est l’Église de Dieu, votre mère. Rien n’est plus fort que celle-là qui meurt pour le nom de son propre mari chaque fois que s’éveille une nouvelle persécution.

Chapitre 102

Dans le livre, le Cantique des cantiques, et avec empressement, cette femme très bonne demande à son mari : « Où mèneras-tu paître le troupeau ? Où le mettras-tu en repos à l’heure de midi ? » (Ct l, 7) Le Christ non seulement fait paître dans la terre sainte déjà mentionnée, mais il ordonne de délier les sandales des pieds des brebis, comme il a d’abord commandé à Moïse. C’est de lui, Moïse, que vous avez reçu la tradition. Alors, en premier, guidez avec assurance ceux qui entrent [dans la terre sainte, dans l’Église], guidez-les vers la sainte science et occupez-vous à délier les sandales de chacun. Les sandales de chacun de nous sont différentes, car chacun s’est chaussé par sa propre conduite. Et pour le reste, chacun de vous qui écoutez, vous les disciples et les bons pasteurs, si quelqu’un s’est chaussé d’idolâtrie, qu’il s’en délie par votre exhortation ; qu’un autre se délie de l’adultère ; quelqu’un d’autre, du vol ; et celui-là, de l’avarice. Et que tous renoncent non seulement à ces choses-là, mais aussi aux paroles odieuses et aux propos honteux. Que chacun des disciples se donne à servir lui même les bienheureux espoirs « sous la puissante main » (1 P 5, 6) du Bon Pasteur, à travers vous les bons. Que chacun se garde complètement de l’erreur. Gardez toujours la vérité devant les yeux, dénoncez les idoles comme fausses et annoncez ouvertement l’erreur à leur sujet. Pourtant, ne pensez pas que les idoles sont mortes, car elles n’étaient jamais vivantes. Enseignez, toujours et à tous, qu’elles n’existent pas et qu’elles sont vaines et vides, car jadis elles n’existaient pas. Donc, les hommes [ne peuvent pas penser qu’elles] sont quelque chose. Elles sont, plutôt, des esprits mauvais, les créations de l’imagination de l’homme, laquelle se fortifiait à cause des plaisirs. Ensuite, chacun osait [ériger] sa propre passion en objet de piété. D’abord, lorsque cette nouvelle chose a été établie parmi les hommes, on l’a prêchée à travers la méchante activité des démons — « L’idée de faire des idoles a été l’origine de la fornication » (Sg 14, 2) — et par les figures d’apparence trompeuse, les idoles étaient formées. Ensuite, chacun possédait son propre art par lequel, avec ses mains, il gagnait son pain et il pouvait former des objets de piété, qu’il a ensuite légués à ses enfants, c’est à dire il a formé des dieux à partir de la matière de son propre art : le potier, de la glaise ; le sculpteur de bois, du bois ; l’orfèvre, de l’or ; et l’argentier, de l’argent.

Chapitre 103

Et encore, chacun a créé une image de sa propre passion selon la forme que ses propres yeux imaginaient : l’homme sanguinaire a créé Arès ; l’homme ou la femme adultères, Aphrodite qui s’est donnée à beaucoup ; le tyran a donné de nouvelles ailes à Nike. L’homme sale et indolent devant la vie a créé l’image de Cronos ; l’homme efféminé, l’image de Cybèle et de Rhéa à cause de l’inconstance, je crois, résultant des mélanges multiples des corps. Quelqu’un d’autre, un vagabond ou une vagabonde, a modelé une image de la chasseresse Artémis ; un ivrogne, une image de Dionysios ou d’Héraclès qui a accompli maintes œuvres ; quelqu’un qui a eu beaucoup de liaisons, Zeus et Apollo. Et pourquoi dois-je énumérer le grand nombre, les myriades, de passions qui existent dans les hommes ? Et plus que tous les autres hommes, les Égyptiens se trompent non seulement en adorant leurs propres passions mais aussi les oiseaux, les quadrupèdes terrestres et aquatiques, quelques animaux sauvages et les animaux domestiques que le saint Dieu leur a donnés pour leur servir. Ainsi « ils ont échangé » (Rm 1, 25) l’ordre naturel. Et ressemblant dans leurs pensées à des bêtes, ils ont divinisé les animaux que Dieu a créés pour eux et n’en avaient même pas honte : le chien jappant, le chat qui mange des reptiles, le bouc licencieux, le faible mouton, le répugnant crocodile qui a beaucoup de doigts, l’ibis venimeux, busards, faucons, corbeaux, — les animaux les plus serviables — l’odieux serpent qui s’enroule sur lui-même. Et bref, oh quelle grande honte de ceux qui ne comprennent pas par les yeux la réfutation d’eux-mêmes, de ceux qui n’entendent rien par les oreilles, de ceux qui ne comprennent pas par la pensée la sottise qui est vainement faite autour d’eux. Certes, c’est comme s’ils étaient frappés par un destin funeste, n’étant même pas illuminés par leurs propres philosophes ni en devenant co-spectateurs des pièces théâtrales de la vérité. Car ils n’écoutent pas Diagoras qui a brûlé sa propre statue en bois d’Héraclès parce qu’il manquait du bois et d’un air moqueur Diagoras lui dit : « Ô Héraclès, surpasse-toi en faisant ta treizième œuvre : viens faire cuire mon repas. » Alors, en prenant la statue et en la sciant en morceaux, Diagoras se moquait de son propre dieu, comme si ce dernier n’existait pas, et il a mangé tout en riant d’Héraclès qui s’est offert le meilleur en lui [le bois].

Chapitre 104

Mais un autre, Héraclite, dit aux Égyptiens : « S’ils sont des dieux, pourquoi vous lamentez-vous sur eux ? » (Car Typhon, Osiris et les autres [dieux] souterrains ont bien entonné un chant plaintif et ils ont pleuré [leurs dieux] comme s’ils célébraient des funérailles pour eux.) Héraclite dit : « S’ils sont des dieux, pourquoi vous lamentez-vous sur eux ? S’ils sont, par contre, morts, vous vous lamentez en vain. » Un autre poète comique, Eudaimon, dit : « S’ils sont des dieux, je ne peux rien dire sur eux, ni avancer aucune idée sur leur nature, car maintes choses m’empêchent de le faire. » Et Homère dit : « Il n’est pas bon qu’il y ait un gouvernement de plusieurs. » Philémon, un autre poète comique, dit : « Ceux qui adorent un Dieu ont un bon espoir de salut. » Comme tout le monde sait, Apis, le bœuf mangeur de paille, qui appartenait au roi des Assyriens, Cambyse, a été blessé à la cuisse par un coup d’épée pour prouver, si du sang coulait, qu’il n’était pas un dieu. Les adorateurs de Cronos ne refusent pas de reconnaître qu’ils tiennent leur propre dieu fermement lié par des chaînes de fer. Ainsi, ils le dominent. Si quelqu’un est tenu enfermé, ce n’est pas simplement qu’il est soumis à un plus grand mais aussi que l’enfermé est un malfaiteur. Et si je parle d’Isis, qui est aussi appelée Atthis ou Io, fille d’Apis de Cappadoce, aussi appelé Inachos, j’ai honte également de parler de leurs pratiques, sauf que je n’ai pas honte de dire ce devant quoi ils se prosternent. Qu’ils aient honte, ceux qui se prosternent devant celle-ci et devant Aphrodite parce qu’ils exhortent leurs filles, femmes et sœurs d’imiter les pratiques de leurs dieux. Cette déesse, comme elle a fait l’amour, un péché, avec son propre frère Typhon, elle enrôle ouvertement les autres à faire l’amour avec leurs sœurs. Nombreuses sont les choses honteuses de cette déesse qui ne sentait pas la honte envers son propre frère. Elle n’était pas satisfaite d’aimer les hommes étrangers, mais elle s’est aussi emparée de son propre frère. Non seulement cela, mais aussi elle s’est montrée capable de fratricide à cause de son propre appétit insatiable de désir envers ses amants. Et aussi elle a conçu un fils Horus, mais elle n’a jamais pu identifier son véritable père. Car même si elle a nommé Typhon comme père, elle en doutait ; peut-être n’était-il pas le père de Horus. Si c’était Osiris, qui pourrait établir la vérité de l’affaire ? C’est un bon dieu qu’une telle mère a enseigné, s’emparant de lui et vivant dans la prostitution à Tyr pendant dix ans. Mais [ces gens-là] ont divinisé Sérapis, appelé Apis, le roi de Sinope, un tyran, au lieu de servir la vérité.

Chapitre 105

Voici les choses que font les dieux honorés chez les Égyptiens, mais les énumérer tous en détail prendrait beaucoup de temps. Les Grecs, par contre, qui s’imaginent être quelque chose en eux-mêmes, philosophent par des paroles mais pas en œuvres et plus que tous, ils sont allés à la dérive. Ils font descendre Cronos des cieux disant qu’il est conçu d’Ouranos et qu’il a coupé les parties génitales de son propre père — oh quel acte mauvais, quelle pensée honteuse — mais si Ouranos n’avait pas perdu ses parties génitales, il y aurait eu beaucoup de Cronos. Mais ce dernier, étant de noble race, mais qui a mutilé son père, ne se contentait pas de sa première impiété. Il a commis un second crime lorsqu’il était vieux : il a mangé ses propres enfants, Poséidon et Pluton. Mais Cronos, en allant à la recherche de Zeus, a été trompé par Rhéa qui a emmailloté une grande pierre. C’est cette pierre que Cronos a avalée à la place de l’enfant. Comme un dieu, [il aurait peut-être remarqué la supercherie de la pierre]. Cet enfant de Cronos, venant de parents nobles, si je peux le dire, portant le nom de Zeus, risquait de devenir le mari de toutes les femmes ainsi que le fils de Zeus, Hermès. Ah, s’il était devenu époux légitime au lieu de devenir séducteur et malfaiteur. Hermès a violé Pénélope et par cette luxure, Pan est né et plus tard il est devenu un bouc à cause de sa lubricité. Je crois qu’il est devenu bouc par la pleine force du mélange de sa barbe. Au sujet de Danaé, (appelé Zeus le premier par nous) s’est transformé en or afin de séduire la vierge chaste qui avait été fiancée, mais Zeus n’aurait jamais pu se transformer en or mais étant un imposteur, il a trompé la vierge par des présents d’or. Et concernant Lydda, il s’est transformé en cygne et a manifesté l’intensité de sa fièvre passionnée. Pourtant, en se transformant en aigle, il n’a jamais déployé les ailes pour s’envoler ; il est présenté plutôt comme l’enseignant de la corruption d’enfants. En fait, il ne s’est jamais transformé en aigle mais a navigué vers Troie en un navire qui avait l’emblème d’un aigle à cause de sa vitesse et à Troie il a accompli la corruption du fils du roi [des Troyens], Ganymède, et il s’est approché de Pasiphaé et d’Europa comme un taureau.

Chapitre 106

Pourquoi est-ce à moi d’énumérer le grand nombre des corruptions de ce père, violeur de vierges et enseignant de corruptions ? Il est évident que le nombre de ses imitateurs n’est pas petit, car même aujourd’hui, il est pointé du doigt sur la montagne Lasios en Crête. Il n’y avait pas seulement un, deux, trois, ou quatre fils de Zeus, mais un grand nombre dont un parmi eux, Cronides, déjà mentionné, qui a fait tomber son propre père sur une montagne de la Caucase. Un autre fils, appelé Latiarios, est celui de qui les lutteurs sont nés. Un autre, Tragados, avait sa main marquée d’un fer rouge. Il a vraisemblablement oublié qu’il était un dieu parce que le feu l’a brûlé et il ne savait rien de ce qui a été dit au bouc satyre qui était le premier à découvrir le feu et qui s’est avancé pour l’aimer : « Ne touche pas, bouc, car si tu le touches, tu te brûleras la barbe. » Athéna n’est pas née seulement d’une manière, mais de beaucoup. Une fois, elle était agitée [comme l’écume] et a été prise autour du lac Tritonis ; une autre fois, elle est née la fille d’Océan ; encore une autre fois, la fille de Cronos ; et beaucoup d’autres. Artémis avait aussi plusieurs origines. Une fois, elle était la déesse d’Éphèse ; une autre fois, elle est née la fille de Zeus, et il y a beaucoup d’autres histoires. Selon les adeptes de Dionysos, ce dernier est Thébain, mais une autre source dit qu’il est le fils de Semeles ; une autre source, le chef des Corybantes ; une autre dit que les Titans l’ont mis en morceaux et qu’il a initié les Courètes [aux mystères] de la distribution de la viande[59]. Je ne vais pas parler de toutes les œuvres d’Héraclès, aussi appelé chez eux Protecteur contre le mal, mais il y en a une parmi toutes ses œuvres que je présenterai. C’est elle qui est vraisemblablement louée parmi eux. Je me limiterai à cette œuvre pénible qu’il a entreprise afin que le salut soit apporté au monde. S’il a violé en une nuit cinquante vierges, comment le cosmos a-t-il été sauvé ? Plutôt, il a été détruit. Et tout simplement, je te confesse, je me désole d’énumérer toutes leurs mauvaises œuvres. Et encore, des rois et des tyrans les plus cruels avaient eu autour d’eux des favoris, par la suite morts et enterrés, et puisque ces rois et tyrans n’avaient plus les moyens de manifester leurs faveurs à ces amis — étant eux-mêmes des mortels, [ils ont construit] des monuments, sculptés selon leurs traits, pour perpétuer leur renommée, et ils ont permis que leurs propres sujets les adorent comme des dieux, mais selon un mauvais raisonnement. Prenons l’exemple d’Antinoos, qui est mort à Antinoos [ville nommée pour lui] et étant placé sur une barque funéraire par l’empereur Hadrien, il a été enterré[60]. Timogènes en Asie, Kanôbos le commandant de Ménélaos, et son épouse Enmenouthis, tous morts à Alexandrie, ont reçu les honneurs funéraires près de la rive de la mer, à une distance de douze jalons ; Marnas le serviteur d’Astérion de Crête [a été enterré] auprès des Gazaios ; et Kasios le capitaine, auprès des habitants de Péluse.

Chapitre 107

Alors, faites comprendre [aux fidèles] toutes ces choses lorsque vous [prêchez] au milieu de l’Église et libérez ceux qui se sont ainsi corrompus par le mauvais exemple du chemin de la mort. [Libérez] les uns de l’adultère, guidez-les vers la modestie et instruisez-les non seulement d’abandonner les amours furtifs, mais aussi de songer de leur propre épouse légitime selon la pureté parce que comme le saint apôtre dit : « Le temps se fait court. » (1 Co 7, 29) Enseignez aux impudiques afin qu’ils ne soient pas punis pour avoir fait quelque chose de criminel devant Dieu et les hommes. Et lorsque, par un travail assidu, vous transmettez toutes ces choses par la bouche et par les œuvres, convainquez-les de les recevoir de vous. D’abord, pratiquez en œuvres toutes choses et laissez [les vertus et la vérité] prendre forme en vous. Alors, vos paroles seront crédibles par vos œuvres — ayant déjà mis en pratiques vos propres enseignements — et par conséquent d’autres deviendront disciples. Retenez-vous et gardez le silence à la manière du soleil qui, demeurant silencieux, illumine tous partout, car aussitôt qu’il apparaît, et gardant le silence, il enseigne de nouveau à tous leurs arts. Et lorsque vous transmettrez les fruits de ces choses à tous vos enfants [spirituels], ou plutôt à vos frères les plus fidèles, enseignez-les de marcher sur la terre comme « ayant notre cité dans les cieux ». (Ph 3, 20) Engendrez dans les plus ardents le zèle des moines. Par votre foi la plus solide et sincère, ayez en horreur les hérétiques, réduisant au silence les manichéens, les marcionites et ceux qui leur sont semblables. Chassez-les du bercail de Dieu, écartant tous leurs arguments et les réduisant au silence. Ils parlent avec audace, disant tant de choses contre Dieu et contre ses saints prophètes. Ils sont légers et vides du Saint-Esprit, blasphémant contre le créateur de tout, mais Dieu a accordé tant de si bonnes et belles choses à tous les hommes, par ses saints prophètes et selon leurs prophéties dans l’Esprit. Pourtant, ces hommes haïssent les profondeurs de la loi et des prophètes étant terrestres et charnels. Ils ne pensent que comme ceux qui jugent au niveau psychique. Ils blasphèment sottement. N’hésitez pas de chasser leur erreur des oreilles de ceux qui écoutent, les persuadant à partir de preuves de vérité, car par de telles paroles, les vaniteux seront emportés comme le bois sec dans une rivière débordante.

Chapitre 108

Que les hérétiques disent que le Dieu de la loi est bon [parce qu’ils disent qu’il est mauvais], celui qui ne savait pas où était Adam et demande : « Adam où es-tu ? » (Gn 3, 9) ; à Caïn il demande : « Où est ton frère Abel ? » (Gn 4, 9) ; à Abraham : « Où est Sarah ta femme ? » (Gn18, 9) ; et beaucoup de telles questions. Ils disent de telles choses et croient au salut et en Dieu, par la bouche mais pas en vérité, le Dieu qui existe vraiment et qui sait tout. Les questions posées dans l’Ancien Testament, le Seigneur en a posé de semblables [dans le Nouveau Testament] : « Où avez-vous mis Lazare ? » (Jn 11, 34), « Qui m’a touché ? (Lc 8, 45), « Avez-vous du pain avec vous ? » (Mc 6, 38) et « Qui voulez-vous ; qui cherchez vous ? ». (Jn 18, 4) Du reste, la preuve contre ceux-ci est facile à fournir, car comme le Fils a posé des questions, lui qui savait tout, ainsi le Père, et lui dans la loi, a posé des questions, lui qui est toujours le même et qui ne change pas. Car s’il demande : « Où avez-vous mis Lazare ? », il n’était ignorant ni dans l’Évangile ni dans l’Ancien Testament[61]. Il demande : « Où l’avez-vous mis ? » parce qu’il voulait éprouver les sœurs qui n’ont pas manifesté une foi égale à celle de la Shunamite. Et certes, cette dernière avait de la foi en l’homme, c’est à dire en le saint prophète Élie, mais ceux autour de Marthe avaient foi en Dieu. Et s’il pose la question : « Qui m’a touché ? », il ne la pose pas comme s’il ne sait pas la réponse, mais il veut convaincre la femme de confesser d’elle-même pour éviter que le Fils de Dieu rende témoignage de lui-même, mais qu’il soit glorifié par d’autres. Et lorsqu’il dit : « Avez-vous du pain avec vous ? », il pose la question pour montrer à tous ceux qui étaient présents la petite quantité de pain et pour les impressionner par la grandeur de son miracle, à savoir qu’une telle quantité de pain pourrait nourrir une telle foule. Et lorsqu’il demande : « Qui cherchez-vous ? », il veut montrer que ceux qui le cherchaient se trompaient et en cherchant Jésus, le médecin, dont le nom signifie sauveur, pour le tuer, ils étaient en train de perdre le salut qu’il a apporté.

Chapitre 109

Comme nous avons montré que les choses dites concernant l’économie du salut de notre Seigneur [c’est-à-dire le Nouveau Testament] sont dites humainement, mais non sans connaissance avant le fait, de même, nous avons analysé avec bienveillance ces choses dans l’Ancien Testament. Car personne qui pense raisonnablement ne dirait que le Seigneur, étant près du lieu [où Lazare était enterré], ne savait pas où on avait mis Lazare bien que nous ayons dit à son sujet qu’il avait posé une question sur le lieu ; quand il était en Galilée, il a de lui-même indiqué que Lazare était mort. Le fait que Dieu demande : « Adam où es-tu ? » n’indique pas qu’il ne savait pas mais qu’il voulait montrer de quelle hauteur jusqu’à quelle profonde honte Adam était tombé. Et par la question « Où est Abel, ton frère ? », Dieu voulait indiquer à Caïn qu’il devait toujours porter [son frère] en ses bras et être toujours avec lui, car c’est à cause de lui que Caïn a été mis dans la terre. Car Dieu montre par ce qui suit qu’il n’a pas posé la question parce qu’il ne savait pas, mais il a réfuté [l’affirmation qu’il ne savait pas] en disant : » Maudit est la terre en tes œuvres et toi aussi, tu es maudit [et chassé] de la terre [fertile], laquelle a ouvert la bouche pour recevoir le sang de ton frère [qui a coulé] de ta main » (Gn 3, 17 ; 4, 11) et « Voici, sa voix crie vers moi ». (Gn 4, 10) Et Dieu ne pose pas la question : « Où est Sarah ta femme ? » (Gn 18, 9) parce qu’il ne savait pas la réponse. S’il n’avait pas su la réponse, comment n’aurait-il pas pu savoir parce qu’il savait qu’elle avait ri dans la maison ? A-t-il posé la question [au sujet de Lazare] parce qu’il ne savait pas ? Certes non. Il l’a posée pour montrer à ses sœurs [futures] « qui feront profession de piété » (1 Tm 2, 10) qu’elles devraient imiter le comportement de Sarah lorsqu’elles entreprendraient de servir des saints, et de le faire par leurs propres efforts. Car Sarah, se disposant à rendre un tel service, a préparé le pain sans levain et le pain cuit dans les cendres et elle a fait son travail à l’intérieur de sa propre demeure où elle n’a pas vu le visage des hôtes. Elle nous a donc laissé derrière elle un modèle convenable de modestie. Alors ces choses suffiront pour réfuter les objections des vaniteux.

Chapitre 110

Et les hérétiques disent :

— Le Dieu de la loi est bon, [selon vous, les orthodoxes], celui qui a fraudé les Égyptiens et qui a enseigné à ses propres hommes de piller dans leur exode de la terre d’Égypte.

Mais les vaniteux ne savent pas que rien n’est perdu auprès de Dieu, qu’il est lui-même le juste jugement et qu’ » on ne se moque pas de Dieu ». (Ga 6, 7) Et les Égyptiens que pensaient-ils [gagner] quand ils cherchaient à réduire les juifs en esclavage, et non seulement pour quelques années mais pendant 215 ans, [incluant] donc les quinze ans de l’intendance de Joseph ? Alors, 430 ans séparent le jardin d’Éden d’Abraham et il est dit à sa descendance : « Tes descendants seront des étrangers dans un pays » (Gn 15, 13) et la prédiction a été vraiment accomplie. Donc selon sa propre compassion, Dieu a partagé [en deux périodes] les années du séjour de son peuple en pays étranger et là, pendant 215 ans, les Israélites s’emparaient de ceux qui étaient en Canaan. Les autres 215 ans, Dieu les a donnés à ceux qui passaient ce temps en Égypte. Le nombre de ces années se calcule ainsi : Abraham avait 75 ans ; alors de la 75e année d’Abraham jusqu’à la naissance d’Isaac, il y a 25 ans. Isaac a engendré Jacob à l’âge de 60 ans et a atteint l’âge de 85 ans. À l’âge de 89 ans, Jacob a engendré Lévi. Cela fait un total de 174 ans. Lorsque Lévi avait 44 ans, il a engendré Qehat et en sa 47e année, Lévi et Jacob sont allés en Égypte pour un total de 211 ans. Et après leur descente en Égypte, il y avait encore 4 ans pour faire un total de 215 ans. Il me reste à chiffrer les 215 ans que les Israélites ont passé en pays étranger. Après la descente en Égypte, Qehat, en sa 65e année, a engendré le père de Moïse, Amram [Abraham].[62] Alors, de la 75e année du premier Abraham jusqu’à la naissance du second, il y a 280 ans ; de la descente en Égypte, 65 ans. Amram avait 70 ans lorsqu’il a engendré Moïse et cela fait 350 ans du premier Abraham, mais de la descente en Égypte, 135 ans. À l’âge de 30 ans, Moïse a traversé la mer Rouge avec les Israélites, sortant de l’Égypte. Et cela fait 380 ans à partir du premier Abraham et 565 ans de la descente en Égypte. Les autres 50 ans sont répartis après l’entrée des Israélites en Palestine, non par la route directe [et facile], mais par le chemin de batailles et d’obstacles érigés par les nations se trouvant au long de la route. Donc, cela fait 430 ans à partir de la 75e année du premier Abraham, depuis que cette prédiction lui a été donnée, jusqu’à l’arrivée de Moïse et des fils d’Israël en Palestine, mais de la descente en Égypte jusqu’à l’entrée en Palestine, cela fait 215 ans.

Chapitre 111

Après tant d’années où les juifs travaillaient sans salaire, ne serait-il pas juste, devant Dieu et les hommes, que des salaires leur soient donnés, même si c’est à la fin de leur servitude ? Dieu n’était certes pas injuste en faisant sortir son peuple de l’Égypte avec une compensation, mais si quelqu’un doute que les années n’aient pas été comptées, qu’il écoute Moïse quand il dit : « Le séjour des Israélites en Égypte et en Canaan avait duré 430 ans. » (Ex 12, 40) Le Seigneur s’occupant lui-même [d’accorder] la plus juste compensation, quelle vaine contestation reste à ceux qui cherchent à accuser le saint Dieu ? Personne ne peut jamais blâmer le vrai Dieu, c’est plutôt ceux qui le blâment qui sont blâmés. Un second sot parmi eux lance une autre contestation semblable à la première :

— Le Dieu de la loi est bon [selon vous, les orthodoxes], celui qui a dépossédé les Cananéens et a donné leur terre aux Israélites : « Maisons que tu n’as pas construites ; vignobles, figuiers et oliviers que tu n’as pas plantés. » (Dt 6, 11)

Je réponds : Ô sots, si Dieu était comme un homme, les paroles ou les oeuvres d’aujourd’hui passeraient et rien ne resterait dans les pensées, mais puisque Dieu « n’est pas un homme » (Os 11, 9), les choses qu’ont faites les iniques contre Dieu dans maintes générations ne seront pas oubliées. S’ils ne savent pas cela, qu’ils l’apprennent.

Chapitre 112

Tout le monde sait que le juste Noé [et sa famille] étaient les seuls humains dans le monde après le déluge. Comme c’est lui et ses trois fils [et leur famille] qui ont survécu le déluge et comme il était juste, Noé essayait d’établir la crainte de Dieu dans ses enfants afin qu’ils ne tombent pas dans les mêmes maux que ceux [qui sont morts] dans le déluge. Oui certes, il leur a transmis la crainte de Dieu par paroles, mais il a aussi exigé un serment de chacun d’eux pour que personne ne soit injuste envers personne. Et puisqu’il a été établi par Dieu comme héritier du monde, Noé a distribué à ses trois fils le monde entier, le partageant en tirant au sort et en attribuant à chacun une région comme héritage. Voici l’héritage qui est tombé à son premier-né, Sem : de la Perse et de la Bactriane jusqu’en Inde, en longueur, et en largeur de l’Inde jusqu’à la région de Rhinocouroura. Cham, comme deuxième fils, a reçu la région de Rhinocouroura, au milieu entre l’Égypte et la Palestine, en face de la mer Rouge jusqu’à Gadeires [Gibraltar], par le sud. Japhet, le troisième fils, a reçu la région de la Mède jusqu’à Gadeires et de Rhinocouroura, par le nord.

Chapitre 113

Sem avait 25 enfants et petits-enfants, jusqu’à la division des langues. Ensuite, ses descendants se sont dispersés en langues, races et royaumes. Voici leurs noms[63] :

les Élyméens, les Pannoniens, les Lazes, les Cosséens, les Gasphénoi [les Palestiniens], les Indiens, les Syriens, les Arabes avec les Taïanoi, les Arianoi, les Mardes, les Hyrcaniens, les Magousaioi, les Troglodytes, les Assyriens, les Germains, les Audoi, les Mésopotamiens, les Hébreux, les Koilenoi, les Bactriens, les Adriabénoi, les Kamelio, les Sarrasins, les Scythes, les Chiones, les Gymnosophistes, les Chaldéens, les Parthes, les Eétai, les Kordylenoi, les Massunoi, les Phéniciens, les Madienaioi, les habitants de la Commagène, les habitants de la Dardanie, les Elamasenoi, les Kedrousioi, les Élamites, les Arméniens, les Ciliciens [les Égyptiens], les Cappadociens [les Phéniciens], les habitants du Pont [les Marmaridai], les Biones [les Kares], les Khalybes [les Psyllitai], les Lazes [les Mosynèques] et les Ibères [les Phrygiens].

Cham, le deuxième fils, avait 32 enfants et petits-enfants jusqu’à la division des langues : les Éthiopiens, les Troglodytes, les Aggaioi, les Taiénoi, les Sabines, les Mangeurs-de-poissons, les Hellaniques, les Égyptiens, les Phéniciens, les Marmadidai, les Kares, les Psyllitai, les Mosynèques, les Phrygiens, les Makones, les Macrones, les Syrtitai, les Æptimagnitai, les Bithyniens, les Nomades, les Lyciens, les Maryandiniens, les Pamphyliens, les Moschesidioi, les Pisidiens, les Augalaioi, les Kilkes, les Maurousioi, les Krétes, les Magardai, les Noumidoi, les Aphroi, les Bizakenoi, les Nasomones, les Phasgenoi, les Mazikes, les Garamoniens, les Getouloi, les Blemmnes et les Aksomitai. Ceux-ci occupent la région de l’Égypte jusqu’à l’océan [Atlantique]. Voici les îles qui sont aussi à eux : Koursoula, Lapadousa, Gaulos, Rhidé, Mélitè, Corfou, Méné, Sardanis, Gortyne, Crète, Glaukos, Rhidé, Thèra, Karianthos, Astypalæa, Chios, Lesbos, Ténédos, Imbros, Iasos, Samos, Cos, Knidé, Nisyros, Mégistée et Chypre.

Japhet avait 15 enfants et petits-enfants jusqu’à la division des langues : les Mèdes, les Albanais, les Gargianoi, les Arméniens, les Arraioi, les Amazones, les Koloi, les Korzenoi, les Beneagenoi, les Cappadociens, les Galates, les Paphlagoniens, les Maryandiniens, les Tibaréniens, les Khalybes, les Mossynœkes, les Colchiens, les Melagchenoi, les Sarmates, les Germains, les Mæôtes, les Scythes, les Tauriens, les Thraces, les Bastarnes, les Illyriens, les Macédoniens, les Hellènes, les Libyens, les Phrygiens, les Pannoniens, les Istériens, les Ouennoi, les habitants de la Daunie, les Iapyges, les Kalabroi, les Hippikoi, les Latins et les Romains, Tyrrhéniens, les Gaulois, les Celtes, les Liguriens [les Campaniens], les Celtibères, les Ibères, les Gaulois, les Akouitanoi, les Illyriens, les Basantes, les Kannioi, les Kartanoi, les Lusitaniens, les Ouakkaioi, les Brettaniques, les Scotoi et les Espagnols. Ils avaient aussi les îles suivantes : Bretagne, Sicile, Eubée, Rhodes, Chios, Lesbos [Mytilène], Cythère, Zante, Céphalonie, Ithaque, Corfou et Chypre.

Alors, si quelque part le nom d’une nation ou d’une île apparaissent deux fois dans l’héritage de l’un ou de l’autre, c’est à cause des frontières communes de l’établissement des colonies à certains moments ou du fait que Cham a saisi certaines régions pour son héritage. Cham voulait toujours en avoir plus et a pris de l’héritage de Sem. Personne ne devrait s’en étonner ni en douter.

Chapitre 114

Certes, en effet, ces nations sont nées ainsi des trois fils de Noé et le monde a été partagé en trois entre les trois fils, et comme je l’ai déjà dit, Noé a exigé de ses fils un serment selon lequel aucun frère ne s’avancerait contre l’héritage d’un autre frère. Et ils ont dit dans le serment que celui qui violerait l’ordonnance du serment serait exterminé, lui et toute sa descendance. Alors, la Palestine faisait partie de l’héritage de Sem, ainsi que toutes les régions qui dépendaient d’elle, et Canaan, le fils de Cham qui n’était jamais satisfait de ce qu’il possédait, est avancé dans l’arrière-pays des Palestiniens — c’est-à-dire en Judée — et il a saisi de la terre de Sem, mais Dieu étant patient lui a donné du temps pour regretter son geste, afin que les fils de Cham se repentent et rétrocèdent aux fils de Sem leur propre territoire. Mais les fils de Cham ne se sont pas repentis, mais [ce qui est encore plus inique] ils sont avancés pour prendre le tout. Alors, après beaucoup de générations, le juste Dieu a puni la violation du serment. Ainsi, il était nécessaire que les Amorites accomplissent la pleine mesure de leur iniquité. (Gn 15, 16) Sem a engendré Arphaxad. Cham a engendré Canaan qui a engendré après la prise de la Palestine l’Amorite, le Girgashite, Pharès, le Hévite, l’Arqite, Arad et Sidon. Ainsi en effet sont comptés les générations jusqu'au châtiment de [Cham pour son agression contre] Sem. Ce dernier, qui avait été dépouillé d’une partie de ses terres, a engendré Arphaxad, comme nous l’avons dit. Arphaxad a engendré le Qénite qui a engendré Shélah qui a engendré Éber et là est arrivé la construction de la Tour de Babel. Éber a engendré Péleg. C’est là qu’est arrivée la division de la terre et des langues. Péleg a engendré Réu qui a engendré Serug qui a engendré Nahor qui a engendré Térah qui a engendré Abraham qui a engendré Isaac qui a engendré Jacob surnommé Israël, de qui vient le nom Israélites. Jacob a engendré Juda qui a engendré Pharès qui a engendré Esrom qui a engendré Aram qui a engendré Aminadab qui a engendré Naasson qui a engendré Salmon. Ceci est la descendance des fils de Sem. Alors, les fils de Cham qui avaient injustement traité les fils de Sem et les avaient chassés d’une partie de leur propre pays, Dieu les a punis en les chassant de Canaan selon leur serment et les descendants de Sem ont repris leur propre pays. Donc, Dieu n’était pas injuste en redistribuant à chacun sa juste part.

Chapitre 115

Pendant l’exode, Dieu, voulant adapter la synagogue à lui-même, dit à Moïse : « Délie les scandales de tes pieds » (Ex 3, 5), car celui qui à l’avenir s’approchera des bains purificateurs, d’abord enlèvera ses sandales. En effet certes, beaucoup de temps a passé et tous, « nous étions errants, suivant notre propre chemin » (Is 53, 6) et la synagogue elle-même restait dans ses propres maux, mais Dieu n’avait pas encore révélé le « bain de la régénération ». (Ti 3, 5) Pourtant, il a retardé la révélation longtemps, et plus tard il a fait apparaître le très saint bain à sa sainte Église. D’une part, en Moïse il a fait délier les sandales [de son peuple] ; dans les prophéties, il a enlevé [de son peuple] la tunique extérieure, en laissant seulement la ceinture à Jérémie. D’autre part, en Jean-Baptiste, il a échangé tous les vêtements du monde, et a donné [à son peuple] un vêtement fait de cheveux de chameau ; en le Sauveur lui-même et en ses disciples, il a déshabillé [son peuple] de « la forme du monde » (1 Co 7, 31) et d’en haut du ciel, dans les eaux purificatrices, il a revêtu [son peuple] « du feu et de l’Esprit ». (Mt 3, 11) Mais les Israélites, voyant la grâce de celui-ci, ne l’ont pas reconnu comme Dieu. Voilà pourquoi le prophète les accusait et se lamentait sur le mépris qu’ils feraient tomber sur le Sauveur : « Est-ce comme cela que vous rendez au Seigneur, dit-il, ô peuple insensé et sans coeur ? » (Dt 32, 6), car ils n’ont pas reconnu celui-là comme étant au commencement avec le Père qui a conseillé : « Faisons l’homme selon notre image et selon notre ressemblance. » (Gn 1, 26) En disant « Faisons… », le chiffre 1 n’est pas indiqué, mais le Père a certainement donné conseil au Fils et au Saint-Esprit : « Par le Verbe du Seigneur, les cieux ont été affermis et par l’Esprit de sa bouche, toute leur puissance. » (Ps 32, 6) Les juifs n’ont pas compris les paroles dans le même livre, dites expressément : « Sur Sodome et Gomorrhe, le Seigneur a fait pleuvoir du ciel, d’auprès du Seigneur, du feu et du soufre. » (Gn 19, 24) « Le Seigneur », celui qui a marché vers Abraham, a fait pleuvoir « du feu d’auprès du Seigneur du ciel », c’est-à-dire du Seigneur qui avait envoyé le Seigneur. Les Israélites n’ont pas reconnu celui qui les a fait sortir d’Égypte et ils n’ont pas compris le prophète : « Et toi, Bethléem Éphrata, tu n’es pas le moindre des clans de Juda, c’est de toi que me naîtra celui qui doit régner sur Israël. » (Mi 5, 1) Comment est-il possible que Bethléem soit appelé le moindre des villes parce qu’il a contenu celui que le ciel et la terre ne pouvaient pas contenir ? S’il est venu de Bethléem, n’étant qu’un homme, comment est-il appelé Dieu ?

Chapitre 116

C’est troublant pour eux [les hérétiques] qu’il soit Dieu et homme, car dans le même livre, il est dit : « Ses sorties sont du commencement, avant la création du monde. » (Mi 5, 2) On ne dirait jamais cela d’un homme, mais de Dieu. Ils oublient ceci : « Voici, la vierge est enceinte et elle enfantera un fils et ils appelleront son nom Emmanuel. » (Mi 5, 2) Les mots ils appelleront signifient l’usage des saints et des croyants, des fils de l’Église. Les juifs déicides interrogent [les chrétiens] concernant le Sauveur et demandent comment ils peuvent confesser une foi en un crucifié. [Les juifs] entendent la réponse des fidèles : « Chez vous, il a été crucifié ; chez nous, il est Dieu. » Les juifs n’ont pas écouté [le témoignage] de David ni n’ont reconnu sa parole, car David, voyant dans l’Esprit Saint et frissonnant [devant la grandeur de] l’économie future de son Seigneur, dit : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : “Assieds-toi à ma droite” » (Ps 109, 1) et ainsi de suite. Le Sabbat est en effet passé — le vieux Sabbat — le vrai Sabbat est prêché parmi nous. La première circoncision ne faisait que couper un très petit morceau, mais la circoncision céleste agit tout à fait en coupant le corps entier. Les eaux et la sainte invocation [de l’Esprit Saint] ne se font pas pour seulement une partie du corps de l’homme, mais marquent d’un sceau et purifient le corps entier, le délivrant de tous les maux. Oui certes, la sainte Église a reçu en héritage tous les mystères. Certains, appelés « ennemis, gens de sa maison » (Mi 7, 6 ; Mt 10, 36) se sont levés contre elle, ne faisant pas partie des apôtres de la vraie foi du Seigneur : « Car s’ils avaient été des nôtres, ils seraient restés avec nous. » (1 Jn 2, 19) Ils sont plutôt des bâtards et des gens étant dévorés par le mauvais désir, convoitant les poissons et les figues des Égyptiens. Les fous d’Arius blasphèment le Fils de Dieu, en haut et en bas. Nous avons déjà écrit à leur sujet, ainsi qu’à celui des sabelliens qui eux finalement nient l’existence du Fils et de l’Esprit Saint. Ils disent que le Fils lui-même est le Père et que le Père lui-même est le Fils et que le Saint-Esprit lui-même est le Père, comme si le Fils et le Saint-Esprit n’existaient pas. Ainsi, ils sont de nouveaux juifs et des déicides ayant été réfutés. Les fous d’Arius, les plus impies de tous, osent séparer le Fils de la substance du Père et faire du Fils une autre substance, n’estimant pas que le Fils ait le même honneur que le Père ou qu’il ait été engendré de la substance du Père. Autres sont leurs petits-enfants qui seulement récemment se sont mis dans les premiers rangs avec les autres. Plaise à Dieu qu’ils soient comptés parmi les juifs, comme ceux qui blasphèment le Saint-Esprit, comme de nouveaux sadducéens et samaritains, c’est-à-dire des ignorants, des morts et les infidèles.

Chapitre 117

Pour ne pas faire « avec encre et papier » (2 Jn 1, 12) beaucoup [trop] de témoignages contre les hérétiques et pour ne pas décourager les lecteurs, [nous allons nous limiter] au témoignage du Jourdain, avec les autres témoignages que j’ai déjà apportés, lesquels devraient suffire contre les sabelliens. Le Fils est en vérité allé au Jourdain, Dieu devenu homme, pas par une conversion de son existence substantielle [hypostase] mais en prenant sur lui la chair, non par la semence humaine mais en prenant un corps de la sainte Vierge, étant conçu par le Saint-Esprit, un corps parfait, c’est-à-dire un homme parfait en âme et en corps. Dieu et l’homme, il est allé vers Jean dans le Jourdain, l’un et le même Fils et Christ et Seigneur. Le Père parle d’en haut, témoignant du Fils dans le Jourdain : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé » (Mt 3, 17) et le Saint-Esprit en forme d’une colombe est descendu sur lui dans l’eau, afin que ces choses soient manifestées pures pour ceux qui viendraient après pour être baptisés au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Quant à ce que nous avons déjà écrit concernant les ariens, il devrait suffire, ce que le Fils dit : « Je suis dans le Père et le Père est en moi. » (Jn 14, 10) À ce moment-là, le Fils a manifesté son égalité avec le Père et la plus haute légitimité [de son engendrement du Père]. Quant à la descendance des ariens qui blasphèment le Saint-Esprit, deux témoignages devraient suffire, avec ceux que nous avons déjà avancés : le premier vient de Daniel. Dans la fournaise ardente, Méshak, Shadrak et Abed-Nego chantaient Dieu, invoquant avec eux toute la création de Dieu et disent : « Toutes les œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur. » (Dn 3, 57) Et ils ont énuméré les étoiles, les anges, la lune, le soleil, les puissances, la terre, la mer et toutes les choses qui s’y trouvent, mais nulle part ils n’ont compté le Fils et le Saint-Esprit parmi les créatures. Les séraphins glorifient la Trinité d’une manière égale : ils ont dit saint non pas une fois, ni deux fois, mais trois fois.

Chapitre 118

Pierre a accusé les hérétiques en faisant un reproche aux gens autour d’Ananias, disant : « Vous avez mis à l’épreuve le Saint-Esprit. » (Ac 5, 9) Et Pierre dit : « Vous n’avez pas menti à l’homme mais à Dieu. » (Ac 5, 4) L’apôtre Paul savait — comme nous l’avons déjà dit souvent — que l’Esprit n’est pas différent de Dieu, lorsqu’il dit : « L’Esprit sonde les profondeurs de Dieu. » (1 Co 2, 10) Alors, il n’est pas possible de sonder les profondeurs de Dieu si on existe à l’extérieur de la substance de Dieu. Nous savons que le Père est Père, que le Fils est le Fils, que le Saint-Esprit est le Saint-Esprit et que la Trinité existe en unité, car une est l’unité du Père et du Fils et du Saint-Esprit, une est leur substance, une leur seigneurie, une leur volonté, une est l’Église, il y a un baptême et une foi. Et qu’ils se taisent ceux qui [disent des sottises] contre la sainte vierge du Christ et fiancée chaste, c’est-à-dire contre notre mère la sainte Église. Les enfants de cette dernière ont reçu un héritage des saints pères — c’est-à-dire des saints apôtres — la foi, qu’ils doivent garder, et en même temps ils doivent la transmettre à leurs propres enfants et l’annoncer. Soyez donc leurs fils, très honorables frères, et transmettez cet enseignement à vos enfants. Ainsi, dites [à vos fils et à vos filles] ces choses et des semblables à partir des divines Écritures pour affermir ceux qui vous écoutent. Et vous, les fidèles [chrétiens] orthodoxes, enseignez cette sainte foi de l’Église catholique, frayez le chemin, tenez-vous ferme, ne faites pas de relâche ; faites comme la sainte et unique vierge de Dieu qui a reçu cette foi des saints apôtres du Seigneur, pour la préserver. Quant à chacun des catéchumènes futurs qui s’approchera du saint baptême, assurez-vous non seulement d’annoncer à vos fils dans le Seigneur de croire mais aussi assurez-vous de leur enseigner expressément de dire ceci, comme le dit la même mère de vous et de nous :

Nous croyons[64] en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes choses visibles et invisibles. Et en un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, engendré par le Père avant tous les siècles. Lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel au Père par qui tout a été fait qui pour nous, hommes, et pour notre salut est descendu des cieux et a pris chair du Saint-Esprit et de la Vierge Marie, et s’est fait homme. Qui a été crucifié pour nous, sous Ponce Pilate, a souffert et a été enseveli. Qui est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures. Qui est monté aux cieux et est assis à la droite du Père. Et qui reviendra avec gloire, juger les vivants et les morts et dont le règne n’aura pas de fin. Et en l’Esprit Saint, Seigneur donateur de vie qui procède du Père, qui est adoré et glorifié avec le Père et le Fils et qui a parlé par les prophètes. En une Église, sainte, catholique et apostolique. Nous confessons un seul baptême pour la rémission des péchés. Nous attendons la résurrection des morts et la vie du siècle à venir. Amen.

Quant à ceux qui disent qu’il y avait un temps lorsque le Fils n’existait pas et qu’avant d’être engendré il n’existait pas ou quant à ceux qui proclament qu’il a reçu son existence de rien ou d’une autre existence substantielle ou d’une autre substance[65] ou que le Fils de Dieu est instable ou peut changer, tous ceux-là, l’Église catholique et apostolique les anathématise. Et ceci est la foi transmise des saints apôtres et [affermie] dans l’Église la sainte ville, et par tous les saints évêques réunis d’alors, au nombre de 310.

Chapitre 119

Dans notre génération, certaines autres hérésies se sont levé la tête les unes après les autres. « Notre génération » signifie le règne des empereurs Valentinien et Valens, dans la 10e année de leur règne, et encore dans la 6e année de Gratien, c’est-à-dire dans la 90e année de la tyrannie de Dioclétien. À cause de l’émergence de ces nouvelles hérésies, vous, nous et tous les évêques orthodoxes — dans un mot, toute la sainte Église catholique — nous proclamons en face de ces déviations, le credo suivant, conformément à la foi que ces saints Pères ont proposée. Nous le disons, surtout pour ceux qui s’avancent vers le saint baptême afin qu’ils l’annoncent et le disent :

Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur de toutes choses visibles et invisibles et en un seul Seigneur, Jésus-Christ, Fils de Dieu, engendré comme Fils unique de Dieu le Père — c’est-à-dire de la substance du Père — Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré non créé, consubstantiel au Père, par qui ont été créées toutes choses, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre, visibles et invisibles, qui pour nous les hommes et pour notre salut est descendu et s’est incarné — c’est-à-dire qu’il est né parfaitement de sainte Marie, toujours vierge, et du Saint-Esprit, devenant homme — c’est à dire assumant l’humanité parfaite, âme et corps et nous et toute chose qui fait partie de la nature de l’homme, sans péché. [Il est devenu homme] non par la semence d’un homme ni [en entrant] dans un homme [déjà existant], mais en modelant sa propre chair en une seule sainte union, mais pas comme il inspirait les prophètes, pas comme il parlait et agissait parmi eux, mais en devenant parfaitement homme. « Le Verbe s’est fait chair » (Jn 1, 14) mais pas comme s’il avait converti son existence substantielle ni changé sa propre divinité en humanité. C’était plutôt une union de sa propre sainte et parfaite [chair] avec sa divinité, car un est le Seigneur Jésus-Christ et non deux, le même Dieu, le même Seigneur, le même roi. Il a souffert lui-même dans la chair et il est ressuscité et monté aux cieux en son corps même et s’est assis en gloire à la droite du Père. Il viendra en son corps même en gloire pour juger les vivants et les morts et son royaume n’aura pas de fin. Et en l’Esprit Saint qui parlait dans la loi, prêchait dans les prophètes, est descendu sur le Jourdain, parlait par les apôtres et vit dans les saints. Ainsi, nous croyons en lui parce que le Saint-Esprit est l’Esprit de Dieu, l’Esprit parfait, Esprit l’avocat, incréé, procédant du Père et recevant du Fils et [ayant été envoyé par lui]. Nous croyons en une Église catholique et apostolique en un baptême de repentir, en la résurrection des morts, le juste jugement des âmes et des corps, en le royaume des cieux et en la vie éternelle. Quant à ceux qui disent qu’il y avait un temps lorsque le Fils ou le Saint-Esprit n’existaient pas ou que le Fils a été créé de rien ou qu’il est d’une autre existence substantielle ou d’une autre substance, disant qu’il est instable ou que le Fils de Dieu ou l’Esprit Saint peuvent changer, tous ceux-là, l’Église catholique et apostolique — c’est-à-dire votre mère et la nôtre — les anathématise. Et encore, nous anathématisons ceux qui ne confessent pas la résurrection des morts ainsi que toutes les hérésies qui ne sont pas conformes à cette foi droite. Vous et vos enfants, chers [amis] bienheureux, vous croyez ainsi et vous accomplissez les commandements de cette foi, nous espérons donc que vous prierez toujours pour nous afin que nous ayons une part et un héritage en la même foi et en ses ordonnances. Alors, priez pour nous, vous et chacun qui croit ainsi et qui garde les commandements du Seigneur, en Jésus Christ, par qui et avec qui la gloire [monte] au Père avec le Saint-Esprit dans les siècles des siècles. Amen.

Mes bien-aimés frères, notre insuffisance et la force faible de notre intelligence se sont forcées d’arriver jusqu’à ce point-ci, et votre parfaite honnêteté nous a encouragé, malgré notre insuffisance, mais le Dieu céleste, qui est toujours fidèle, connaît toutes choses. Pour le reste, paix à chacun qui se conforme à cette règle de la vérité et à cette foi orthodoxe et sur l’Israël de Dieu. Saluez tous les saints dans le Seigneur et les serviteurs du Seigneur vous saluent, surtout moi, Anatole, le scripteur de ce livre qui est intitulé L’Ancoratos, c’est-à-dire l’Homme bien ancré dans la foi. Je prie que vous vous portiez bien dans le Seigneur.[66]

Notes

[1] Cette traduction française a été faite sur le texte grec établi par Karl Holl (Epiphanius : Ancoratus und Panarion, GCS 25, Leipzig, J.C. Hinsrichs’che Buckhandlung, 1915, pp. 1-149) et comparée à la traduction allemande de Josef Hörmann (Ancoratus : Der Festgeankerte, Munich, Verlag der Jos Kösel, 1919, pp. 1-182).

[2] Pour Épiphane, les mots hypostasis et ousia sont des synonymes.

[3] Être l’avocat de quelqu’un, plaidoyer la cause de quelqu’un, supposent une certaine supériorité sur celui qui ne parle pas pour lui-même. L’avocat connaît le plaignant, et sa cause, mieux que ce dernier, qui est souvent trop près des faits ou des émotions de sa propre cause pour présenter une défense valable. C’est dans ce sens qu’Épiphane n’est pas l’avocat de Dieu pour prétendre connaître son client mieux, au moins aussi bien, que le client lui-même.

[4] Monogenés : monogène. Bailly : engendré seul, unique enfant, issu d’une même race, parent par le sang. Liddell & Scott : le seul membre d’une espèce, seul et unique enfant. Traduction allemande : eingeborene.

[5] Il semble bizarre qu’Épiphane désigne l’Esprit par un mot qui, dans le Nouveau Testament, n’est donné qu’au Christ.

[6] …monon patera epignontôn, ei mé ti labôsi dynamin hyiou kai dia tôn martyriôn patros kai hyiou endynamôthôsi dia te tés trités martyrias labôsi pneuma hagion kai plérôthôsi… Traduction allemande : …obwohl sie doch nur den Vater erkannten, wenn sie nicht etwa auch noch die Kraft des Sohnes annahmen und so das Zeugnis des Vaters und Sohnes zur Bekräftigung hatten, als drittes Zeugnis aber vollends den Heiligen Geist annahmen… »

[7] Notez encore l’imprécision du vocabulaire, selon les critères développés ultérieurs. Hypostase/enhypostasié sont des synonymes d’ousia.

[8] C'est-à-dire que les fils soient inférieurs aux pères.

[9] Nomizousi de hoi anoétoi, hoi mé kekosmémenoi pneumati hagiô(i), mé esti ti en tô(i) patri, hoper ouk estin en té(i) theotéti tou hyiou. Traduction allemande : « Es meinen aber unverständige Toren, die nicht geschmückt sind mit dem Hl. Geiste, ob doch nicht etwas im Vater sei, was nicht ist in der Gotttheit des Sohnes. »

[10] Selon la division tripartite des niveaux du progrès spirituel – les somatiques (ceux qui vivent selon le corps), les psychiques (ceux qui vivent selon l’âme, les intellectuels, les poètes, ou les philosophes, peut-être) et les pneumatiques (ceux qui vivent selon l’Esprit de Dieu) – les psychiques sont évidemment plus avancés que ceux qui vivent uniquement selon le corps, comme les animaux, mais ils n’ont pas atteints le plus haut niveau de ceux qui vivent selon l’Esprit de Dieu. Ils posent donc des questions, ils font de la recherche qui ne mène pas nécessairement à Dieu.

[11] enhypostatos.

[12] Selon l’éditeur allemand, il y a ici une lacune et il reproduit, entre crochets, ce que Holl a suggéré pour compléter la phrase.

[13] Épiphane cite le texte de mémoire, peut-être. Lui, il dit « …et leur puissance », c'est-à-dire la puissance des Écritures, mais le texte dit : « …et la puissance de Dieu. »

[14] La référence Dt 32, 13 est donnée mais ces mots ne s’y trouvent pas.

[15] Qui devait dire « Dieu » de qui ? Le Logos devait dire « Dieu » du Père ? Le Logos devait dire « Dieu » de lui même ? Le Logos devait dire « son Dieu » ? Le grec est ambigu : theon de edeésen eipein autou di’ hén di’hémas epoiésen oikonomian… La traduction allemande : « Gott also musste er ihn nennen… » : « Il devait l’appeler Dieu… »

[16] Un commentaire intéressant du traducteur allemand : « Hypo aphén egeneto, un tour souvent répété, grâce auquel l'entrée du Dieu immatériel dans le monde matériel par l'incarnation était exprimée dont le chemin historique est peut-être marqué par des souvenirs philosophiques : Dans la notion d'aphé, les difficultés se serraient les unes contre les autres pour Aristote, et c'est ce mot et sa compréhension qui ont préparé l'explication plus imminente de l'action de Dieu, le premier moteur, dans le monde. Le « contact », aphé, pour lui était la condition sine qua non du processus causal. Ainsi, encore pour Aristote, une tension existe entre la notion de Dieu immatériel et l'idée d'un mouvement de la matière, de même qu'elle entraîne toujours, de façon semblable, le problème psychophysique. Les néoplatoniciens ont appelé aphé la conscience mystique de Dieu qui se communique. »

[17] En tôi kata Loukan euanggeliôi en tois adiorthôtois antigraphois Nous n’avons pas pu, pour le moment, identifier les « textes non corrigés » dont il parle ici. Peut-être parle-t-il des textes de Luc « corrigés » par les hérétiques.

[18] Eirénaios en tôi kata haireseôn pros tous dodései ton Christon pephénenai legontas, orthodoksoi de apheilanto to rhéton, phobéthentes kai mé noésantes autou to telos kai to ischyrôtaton. Comment les orthodoxes peuvent dire cette phrase ? Qu’est-ce qu’ils ont enlevé ? Un passage de Luc ? Les hérétiques l’ont enlevé ? Si oui, pourquoi les appeler « les orthodoxes » ? Irénée cite-t-il une accusation des hérétiques contre les orthodoxes selon laquelle ces derniers ont enlevé « il a pleuré » ? Nous n’avons pas encore trouvé une explication suffisante.

[19] Ouden gar toutou kairiôteron. Traduction allemande : Kein Wort steht besser an seinem Platz als das vorwürfige.

[20] Épiphane a inversé le texte de la Septante qui dit ceci : “Que tous les anges de Dieu se prosternent devant lui et que tous les fils de Dieu se fortifient en lui.”

[21] Épiphane fait parler l’ange.

[22] Un commentaire du traducteur allemand : Une citation, très souvent traitée parmi les pères, et notre Épiphane remarque que justement l'Arius s'en est servi avec préférence contre la divinité du Fils. Notre citation est devenue contestable par la traduction des LXX : « kyrios ektise me » de ktizô (Le Seigneur m'a bâti/fondé/institué/inventé/créé/produit) tandis que d’autres traduisent « kyrios ektésato me » (Le Seigneur m'a acquis/gagné/possédé/obtenu) de ktaomai. La Vulgate a aussi suivi cette dernière l'interprétation. Saint Jérôme se prononce comme suit sur cette manière de traduction double : « Possessio significat, quod semper Filius in Patre et Pater in Filio fuerit, creatio autem ejus, qui prius non erat, conditionis exordium. » (Lettre au prêtre Cyprien) Selon l'hébreu, le verset entier est : « Le Seigneur m'a placé comme premier de ses chemins devant ses travaux, avant le temps présent. »

[23] Une autre lecture est « ei sophia ouch ho patér esti » (Si le Père n’est pas sagesse). Cette lecture ne semble pas précéder logiquement la fin de la phrase où Épiphane dit « …apa ho patér leipetai sofias en heautô(i) (…donc le Père a abandonné DE LA sagesse qu’il a/qui est en lui-même.) Cela suppose que le Père a de/est la sagesse. Nous optons pour une phrase affirmative, ce que d’ailleurs fait le traducteur allemand : « Wäre der Sohn die Weisheit des Vaters… ».

[24] Le texte de 1 Timothée (BJ) ne contient pas le mot sophô(i), mais comme Carroll Osburn (The Text of the Apostolos in Epiphanius of Salamis, Atlanta, Georgia, Society of Biblical Literature, 2004, p. 148) l’a montré, il y a des manuscrits anciens qui contiennent le mot sophô(i). Donc Épiphane n’a pas inventé cette lecture pour appuyer son argument, mais a cité une autre version qui circulait à son époque.

[25] Le mot pour souffrance est pathos, qui peut justement être traduit par souffrance, mais il a un champ sémantique beaucoup plus large qui désigne, en plus de souffrance, assez limité, des sensations matérielles, des expériences sensorielles et des changements de conditions de vie. Autrement dit, tout ce dont nous avons une expérience dans notre monde.

[26] Une autre lecture dit : « Pourquoi a-t-il le nom Dieu ? »

[27] L’Antiquité avait une autre manière de compter les chapitres. Le traducteur allemand : « Selon le X canon d’Eusèbe de Césarée, il y a 355 chapitre pour Mathieu, 233 pour Marc, 454 pour Luc et 332 pour Jean. », total 1263.

[28] Ici, pour la première fois, nous voyons très clairement l’ambiguïté du verbe proskyneo et le nom proskynésis. Dans son sens premier, il signifie l’action de se pencher en avant, le geste physique de se prosterner, de faire toucher les pieds, les genoux, les mains et la tête par terre. À ce niveau de définition, il n’indique pas le statu de ce ou de celui devant qui on se prosterne. Jusqu’à ce chapitre, toutes les personnes devant qui quelqu’un se prosternait était une personne divine, digne d’adoration. C’est pourquoi nous avons ajouté « en adoration », mais dans le cas présent, Épiphane parle d’un roi humain qui ne mérite pas qu’on se prosterne « en adoration » devant lui, mais « en vénération ». Nous avons donc changé « en adoration » pour « en vénération » selon le cas. On peut éviter beaucoup de confusion si on tient à distinguer les deux nuances de proskyneo en ajoutant « en adoration » ou « en vénération ». Voici précisément ce sur quoi le concile de Nicée II (787) insistait pendant la crise iconoclaste byzantine.

[29] Il n’y a pas de telle citation du Christ dans les évangiles. Elle semble être une adaptation libre d’Is 52, 6.

[30] Le texte grec : « noéseôs esti to pragma kai allégorias chreia. » La traduction allemande : « …so wird ein geheimer Sinn zu suchen und eine allegorische Erklärung notwendig sein. » : Traduction littérale de l’allemand : « …donc un sens secret est à chercher et une explication allégorique sera nécessaire. »

[31] Le texte grec : hopou d’an etheloi epekeina tou horous apelthein. La traduction allemande : « …und dort angekommen, etwa gegen den Berg hinangehen… »

[32] Commentaire de Holl : « Il est probable qu’une plus longue remarque sur le placement du paradis en Éden ait été supprimée. »

[33] Commentaire du traducteur allemand : « Touto mou esti tade » Diese verhüllte Redeweise geht auf die Arkandisciplin zurück. Die Einführung « noésai estin apo tôn omoiôn » würde für eine bildliche Auffassung des Abendmahlberichtes sprechen, weil ja gerade die Gottebenbildlichkeit erörtert wurde. Aber der ausdrückliche Hinweis auf den Widerspruch der äusseren Erscheinung des « tade », mit dem, was der Glaube festhält, weist auf eine wirkliche Gegenwart hin. Traduction française : « Touto mou esti tade » Cette manière de discours couverte se réfère à la discipline de l'arcane. L'introduction de « noésai estin apo tôn omoiôn » parlerait en faveur d'un point de vue symbolique de la sainte Cène, parce qu’elle a été justement expliquée de manière imagée. Mais la référence expresse à la contradiction de l’apparition extérieure de « tade », avec ce que la foi affirme, se réfère à une présence réelle.

[34] Épiphane fonde son argument sur les contraires anabainô [aller vers le haut, monter] et katabainô [aller vers le bas, descendre] pour prouver que le texte de Genèse est à comprendre au sens littéral et non au sens figuré ou allégorique.

[35] Un autre verbe qui veut dire « aller vers le bas, descendre ».

[36] Épiphane suit la généalogie de Matthieu 1, 2-16, avec certains changements.

[37] Erion toinun dechomenon tén droson auksei pokou gonén : « une laine donc recevant la rosée fait croître la génération de la toison. » La laine vient d’un mouton, mais la rosée ne peut pas faire croître la laine. Il semble qu’Épiphane fasse référence plutôt au règne végétal et erion peut vouloir dire coton, donc nous avons choisi un vocabulaire de plantes.

[38] Hypsélos eks hypsélou kai hypsistos : « l’Élevé de l’élevé et le plus élevé », c’est-à-dire le Très-Haut. La traduction allemande : « der Allerhöchste ».

[39] Skénén [de] hagian, naon hagion, [hos] ton dikaion echei monon [ton] synonta toutois. La traduction allemande : « Ihr heiliges Gezelte aber, ihr heiliges Volk ist nur der Gerechte, der mit ihr verbunden ist. » Sens obscur.

[40] Katoikei de en auto(i) mia Theotés apeiros… « In ihm wohnt also die eine… Gottheit ; » Qui est « auto(i) »/« ihm » ? Dans la note précédente, pourquoi le traducteur allemand a-t-il traduit naon par Volk ? Sens obscur.

[41] enhypostatos

[42] Panta di’autou egeneto kai chôris autou egeneto ouden.

[43] Panta di’autou egeneto kai chôris autou egeneto ouden, ho gegonen en autô(i).

[44] enhypostatos

[45] « engendré de nouveau », après l’engendrement éternel du Père.

[46] hypostasei

[47] Épiphane répète le mot enhypostatou, « dans son existence substantielle ». Nous n’avons pas traduit ce second mot pour ne pas encombrer la traduction, mais strictement elle devrait être celle-ci : « …mais il embrasse en la plénitude de sa divinité et en l’existence substantielle de Dieu le Logos dans son existence substantielle, le fait d’être homme ainsi que tout ce qu’est homme. »

[48] Un commentaire du traducteur allemand : « Au début, Apollinaire de Laodicée enseignait que le Logos a assumé seulement un sarks humain, aucun psyché. Mais plus tard - et cela est le vrai apollinarismse qu'Épiphane combat ci-après - il dit : le Logos s’est uni à lui un sarks et à une psyché humains, mais le Logos a pris la place du nous ou, dans une autre terminologie, de la psyché logiké. Cette notion est construite sur la psychologie trichotomiste : corps, âme et esprit (à ne pas confondre avec la psychologie trichotomiste de Platon.) Cette psychologie était donc un lieu commun de la philosophie à la fin de l'antiquité. Selon cette conception, l'âme est comme entéléchie du corps, comme principe du mouvement et de la perception, une position entre l'esprit et le corps. Les activités de l'âme plus élevées sont appelées par les stoïciens, les aristotéliciens et les platoniciens nous ; dans le temps chrétien, on appelle cet « esprit » dans l’homme pneuma, à quel point qu’Épiphane ci-après suppose l’équation nous = pneuma, tandis que le pneuma des stoïciens est encore une âme physique, la réalité physique la plus fine, laquelle pour Aristote avait été l’haleine inspirant de la chaleur de vie. »

[49] Ti oun edokse tisi touton apo tés enanthrôpéseôs tou kyriou parekbalein ; ti de ôphelésan ton bion eis akatastasian mallon [tén alétheian] trepsantes ; é ti touto eblapsen hémas é ôphelésen hin’outôs eipô, hopos boéthésôsi tô(i) Christô(i) ; é hina charin autô(i) poiésôsi megalén tautén kai eitôsin [peri]autou [hoti] ouk elabe noun ; Traduction allemande : « Wie hat es doch bei solchem Sachverhalte einigen einfallen können, der menschlichen Natur des Herrn denselben abzustreiten. Was haben sie damit besser gemacht fürs Leben, oder haben sie nicht vielmehr Verwirrung hineingetragen ? Oder wollen sie sozusagen Christus zu Hilfe kommen oder ihm einen grossen Gefallen erweisen und sagen deshalb : Er hat keinen Nus angenommen ? »

[50] hypostasis

[51] « …alla ato syntheton kai to logikon kai phronoun en hekastô(i) tôn peplanémenôn hoion eipein noéma tou anthrôpou ». Traduction allemande : « …sondern er existiert nur in der Zusammensetzung (ist Teil kraft eines Ganzen), er ist das Vernünftige, Denkende in jedem, der da umherirrt, sozusagen die Intelligenz des Menschen… »

[52] To ennoétikon tôn anthrôpôn

[53] Apollinaire de Laodicée : « nous anthrôpinos, nous trepomenos kai aichmalôtizomenos logismois hruparois » : « Le nous humain est un nous détourné et prisonnier des pensées impures. » Ep. ad Diocaesareenses

[54] « Idou to pneuma to hagion en eidei peristeras katerchomenon eschématizeto. Alla kath’ heautô eschématizeto, kath’heauto hypostasis on, ouk alloia para tén tou patros kai huiou, alla tés autés ousias, hypostasis eks hypostaseôs tés autés patros kai hypou kai hagiou pneumatos ». Traduction allemande : « …siehe, der Hl. Geist erschien in Gestalt einer Taube ; doch nahm er diese Gestalt selbst an, weil er ja für sich eine Hypostase ist, keine von der des Vaters und Sohnes verschiedenartige, sondern von denselben Wesenheit. »

[55] Nous supposons que cette phrase soit une expression pour indiquer que certaines personnes sont très bornées que nul ne peut les convaincre de ce qu’elles ne veulent pas accepter.

[56] Akousatô Môusés kai epideiknutô. Traduction allemande : « Möchten sie doch Moses hören und von ihm sich überzeugen lassen ! » Nous ne comprenons ni la phrase grecque ni comment le traducteur allemand est arrivé à sa traduction. Il nous semble que les deux verbes sont des impératifs aoristes, à la 3e personne du singulier : « Qu’il fasse quelque chose », Môusés par contre est au nominatif et devrait être le sujet des deux verbes, mais cela est un contresens : Moïse n’a pas besoin d’écouter et de persuader. Peut-être une virgule devrait-elle être après akousatô : « Qu’il écoute [celui qui ne peut pas résister à la volonté de Dieu], que Moïse présente la preuve », mais la virgule n’est pas là en grec. Comment le traducteur allemand a trouvé le pluriel, « Möchten sie » ? Comment encore comprend-il Môusés, au nominatif, comme Môusén, à l’accusatif pour que le mot soit pris comme le COD du verbe akousatô ? La traduction allemande semble logique et cadre bien avec le texte, mais nous ne comprenons pas comment du texte grec on arrive à l’allemand. En évoquant le principe « traduire les idées et non pas les mots », nous avons fait notre traduction française, sans pouvoir la justifier selon le texte grec.

[57] Genos é eidos

[58] C’est Épiphane qui dit d’abord « je » et ensuite « notre ».

[59] …kai Kourétôn [ho] tén kreônomian muôn. Traduction allemande : « …wobei die Kureten die mystische Fleischverteilung vornahmen. »

[60] Kai en lousoriô(i) ploiô(i) keimenos hypo Adrianou houtôs katetagé. La traduction allemande : « …und in einer Lustbarke begaben wurde. »

[61] Puisque le Seigneur a pose des questions et dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament, il savait ou ne savait pas dans les deux et c’est la même connaissance ou ignorance dans les deux.

[62] Épiphane écrit Abraham au lieu d’Amram, le vrai nom du père de Moïse, pour avoir deux pôles, le premier Abraham et le second Abraham [Amram], afin de mieux expliquer sa chronologie.

[63] Les noms suivants sont écrits selon leur orthographe standardisée là où nous avons pu trouver cette forme. Pour les autres, nous avons transcrit les lettres grecques : par exemple, dans le premier cas, les Scythes, et dans le second, les Kannioi.

[64] Le credo donné ici est celui de Nicée I (325), pas celui qui a été modifié par Constantinople I (381). Épiphane a écrit l’Ancoratus quelque dix ans avant le concile de Constantinople.

[65] Eks heteras hypostaseôs é ousias

[66] Deux personnes ont écrit ce dernier paragraphe : Épiphane, qui parle encore de son « insuffisance et de la force faible de son intelligence » et Anatole, « surtout moi, Anatole, le scripteur », qui a écrit les paroles d’Épiphane. Il semble même que les dernières paroles de l’œuvre appartiennent à Anatole.

SOURCE : http://srbigham.com/articles/ancoratus.html

Le 12 Mai, nous célébrons la mémoire de notre Saint Père EPIPHANE, Evêque de SALAMINE, à Chypre (1)

Notre Père Saint Epiphane naquit vers l'an 315 (ou 308) dans une modeste famille juive du village de Bésandouch, près d'Eleuthéropolis en Palestine. A la mort de son père, il fut adopté par un docteur de la Loi, Tryphon, qui projetait de lui donner sa fille en mariage. Animé depuis son enfance d'un grand zèle pour l'étude, Epiphane étudia à ses côtés l'Ecriture Sainte et les institutions juives, et acquit la connaissance de cinq langues : le grec, le latin, l'hébreu, le syriaque et le copte, chose fort rare à l'époque.

A la mort de Tryphon, il hérita de toute sa fortune. Un jour, alors qu'il était en train de visiter ses terres et passait à cheval à côté d'un moine chrétien, nommé Lucien, ce dernier, rencontrant un pauvre et n'ayant pas d'argent, se dépouilla de son vêtement pour le lui donner, et aussitôt une robe d'une blancheur resplendissante descendit du ciel pour le couvrir. Ce signe vint confirmer l'admiration qu'Epiphane entretenait pour les Chrétiens depuis que, dans son enfance, il avait été sauvé miraculeusement par l'un d'eux de sa monture emballée. Tombant alors aux pieds de Lucien, il le supplia de le baptiser et de l'accepter dans l'ordre angélique. Baptisé, avec sa soeur, par l'Evêque de la cité, il distribua tous ses biens et devint disciple de Saint Hilarion (cf 21 oct.), dont il suivit avec exactitude, pendant tout le reste de sa vie, la stricte discipline ascétique. Les mystères et les figures de l'Ancien Testament prenant tout leur sens dans la lumière du Christ, il s'adonna avec encore plus d'ardeur à l'étude et, avide de connaître le mode de vie des moines d'Egypte, il entreprit un long voyage dans cette terre d'élection de la vie ascétique. Il s'informa aussi sur les doctrines professées par diverses sectes et hérésies qui y pullulaient, rassemblant ainsi les éléments de son traité monumental contre toutes les hérésies, qu'il rédigera au soir de sa vie. Ayant échappé de peu aux entreprises des Manichéens, il rentra en Palestine, après quatre années, et fonda un Monastère près de son village natal, qu'il dirigea en toute sagesse pendant trente ans. On raconte que, par sa prière, il fit jaillir de l'eau de la terre desséchée et que les cellules des Moines furent construites par des Sarrasins qui avaient été témoins de ses miracles. Par l'invocation du Nom du Christ et grâce à son don de clairvoyance, Epiphane chassait les démons qui tourmentaient les villageois et certains de ses moines. Il délivra aussi la contrée d'un lion redoutable mangeur d'hommes et il répandait largement les aumônes; mais c'était surtout par son charisme d'enseignement et d'interprétation des Ecritures qu'il brillait comme un astre sur toute l'Eglise.

Ayant réalisé le danger que représentait pour l'Eglise la sagesse hellénique, source des multiples hérésies, il s'employa pendant toute sa vie à lutter pour la défense de la vraie foi. On raconte qu'un philosophe célèbre vint d'Edesse au Monastère de Saint Epiphane pour discuter des Saintes Ecritures. Ils débattirent longtemps sur les mystères de la création, Epiphane tenant en main la Sainte Bible et le philosophe les écrits d'Hésiode, et bien que la lumière de la vérité fût éclatante, ce demier restait obstiné. Mais lorsqu'il vit Epiphane guérir un possédé par l'invocation du Nom du Christ, renonçant à la vaine sagesse, il demanda à être baptisé. Il fut ensuite ordonné Prêtre et devint le successeur du Saint à la tête du Monastère.

Ayant quitté son Monastère pour échapper aux honneurs des hommes et parvenu à Chypre, où il eut la grande joie de retrouver Saint Hilarion, Epiphane accepta, sur la pression de ce demier, d'être consacré Evêque de Constantia (Salamine), en 376. Il voyait dans cette élévation non pas une occasion de vaine gloire, mais plutôt un moyen d'échapper aux entreprises des hérétiques semi-ariens fort influents en Palestine. Pendant trente-six ans, il montra un zèle exemplaire dans le gouvernement de son diocèse et la confirmation de la Foi Orthodoxe, tant à Chypre que dans le reste du monde. De nombreux miracles vinrent confirmer de manière éclatante ses vertus pastorales et son amour paternel pour ses ouailles. Sa générosité et ses interventions en faveur de ceux qui étaient victimes de l'injustice lui attirèrent toutefois la haine d'une partie de son clergé, menée par le Diacre Carin, qui l'accusa de dilapider l'argent de l'Eglise. Malgré toutes les entreprises de ce dernier pour diffamer le Saint, Epiphane lui montrait toujours la même bienveillance, et Carin fut finalement châtié par Dieu et périt misérablement.

On raconte que, lorsque le Saint célébrait la Divine Liturgie, il voyait visiblement le Saint-Esprit descendre sur les Dons pour les sanctifier. Un jour, il fut privé de cette vision, à cause de l'indignité de l'un de ses concélébrants; après l'avoir écarté, Saint Epiphane supplia Dieu avec larmes et ne continua la célébration qu'à la suite d'une nouvelle manifestation de la gloire divine. Très attentif à l'intégrité morale de son Clergé, le Saint prélat voulait que ses clercs fussent par leurs vertus un digne ornement pour l'Epouse du Christ; aussi avait-il transformé son palais épiscopal en Monastère, où il menait la vie commune avec plus de soixante-dix Clercs.

En 382, laissant le gouvernement de son diocèse à Saint Philon de Carpathos (cf. 24 janv.), Epiphane se rendit à Rome, en compagnie de Saint Jérôme (cf. 15 juin) et de Paulin d'Antioche, dans le but de résoudre en faveur de ce dernier le schisme d'Antioche. Ils résidèrent dans la demeure de Sainte Paule (cf. 26 janv.), et le biographe du Saint rapporte qu'il fit là d'éclatants miracles et guérit la soeur des coempereurs Arcade et Honorius. De retour à Chypre, lors d'une terrible famine, il distribua à la population le blé qu'il avait acheté aux accapareurs, avec de l'or reçu à la suite d'une vision.

Dans son zèle pour extirper de la théologie chrétienne toute trace d'hellénisme, Saint Epiphane concentra particulièrement ses efforts contre les doctrines d'Origène, alors très en faveur chez les moines de Palestine. En 393, prenant la parole à Jérusalem à l'occasion de la fête de la Dédicace de la basilique de la Résurrection, il proclama qu'Origène était le père de l'arianisme et de toutes les hérésies. Le soir même, le Patriarche Jean, auquel Epiphane reprochait sa sympathie à 1'égard des origénistes, répliqua en attaquant les "anthropomorphistes", c'est-à-dire les adversaires de l'exégèse allégorique de l'Ecriture, prônée par le grand docteur alexandrin. La querelle s'envenima et prit une large ampleur, surtout lorsque Saint Jérôme se rangea aux côtés d'Epiphane contre le Patriarche Jean et son ancien ami, Rufin d'Aquilée. S'éloignant de la cité tourmentée, Epiphane se rendit quelque temps dans son Monastère d'Eleuthéropolis, puis retourna dans son diocèse, sans pour autant abandonner un combat, que son caractère ardent et sa simplicité portaient à des prises de position extrémistes.

Le flambeau de la lutte anti-origéniste passa alors à l'Archevêque d'Alexandrie Théophile (401) qui, précédemment disciple d'Origène, en était devenu un ennemi féroce et implacable, en vue d'assouvir sa rancune contre quatre frères de noble origine (appelés les Frères "Longs", à cause de leur haute taille) qui, préférant l'hésychia aux dignités ecclésiastiques, avaient quitté son clergé sans l'autorisation de Théophile, pour devenir moines à Nitrie. Poursuivis par l'Archevêque, ils se réfugièrent à Constantinople, dans l'espoir d'obtenir gain de cause auprès de Saint Jean Chrysostome. Utilisant cette occasion pour accuser Saint Chrysostome, qu'il jalousait, d'être le protecteur de l'hérésie origéniste, Théophile s'adressa à Epiphane. Mal informé de la situation et des motifs réels de Théophile, le vieil Evêque, pensant partir à la défense de l'Orthodoxie, se rendit à Constantinople, après avoir condamné l'origénisme dans un Synode des Evêques de Chypre. Accueilli avec révérence par Saint Chrysostome, Epiphane refusa ces marques d'honneur; il alla demeurer dans une maison privée et procéda à l'ordination d'un Diacre dans un Monastère. Saint Chrysostome lui fit savoir qu'il était très affligé d'apprendre que son frère dans l'épiscopat avait agi ainsi contre les Saints Canons (2) et agitait sans raison le peuple contre son pasteur. Saint Epiphane décida alors de prendre le chemin du retour, afin de ne pas être davantage cause de discorde, et il quitta la capitale peu avant le sinistre Synode du Chêne qui déposa de manière inique Saint Jean Chrysostome (403). Il remit son âme à Dieu pendant la traversée (12 mai 403), après avoir exhorté ses disciples à préserver la pureté de la foi et à se garder de l'attrait des richesses et de la calomnie. A l'arrivée du navire à Salamine, une foule immense, tenant des cierges en main, accueillit son pasteur et l'accompagna avec larmes jusqu'à l'église, où pendant sept jours une grande partie de la population de Chypre vint le vénérer.

Le culte de Saint Epiphane se répandit rapidement et son tombeau reste un des lieux de pèlerinage les plus vénérés de l'île, dont il est le Saint Patron, avec Saint Barnabé.

1). Nous avons tenté ici d'introduire certains épisodes de sa biographie traditionnelle, dans le cadre des événements attestés par les historiens ecclésiastiques.

2). Le Canon35 des Saints Apôtres interdit aux Evêques d'agir en dehors de leur diocèse sans l'accord de l'Evêque du lieu.

SOURCE : http://calendrier.egliseorthodoxe.com/sts/stsmai/mai12.html

12 mai

CATÉGORIESVIVRE AVEC L'ÉGLISE12 mai 2022 par Jivko Panev

Saint Épiphane, évêque de Salamine à Chypre (403) ; saint Savin, archevêque de Chypre (Vème s.) ; saint Polybius de Chypre, évêque de Rinokyr en Égypte (Vème s.) ; saint Mondry, moine près de Blois (VIème s.) ; sainte Rictrude, veuve, abbesse de Marchiennes (688) ; saint Germain, patriarche de Constantinople, confesseur (740) ; saint Denis de Radonège (1633) ; saint Jean de Valachie, martyr (1662) ; saint Pierre (Popov) (1937) ; sainte martyre Eudocie (Martirchkine) (1938).

SAINT ÉPIPHANE DE SALAMINE

Saint Épiphane, évêque de Salamine à Chypre (403)

Notre Père saint Épiphane naquit vers l’an 315 (ou 308) dans une modeste famille juive du village de Bésandouch, près d’Éleuthéropolis en Palestine. À la mort de son père, il fut adopté par un docteur de la Loi, Tryphon, qui projetait de lui donner sa fille en mariage. Animé depuis son enfance d’un grand zèle pour l’étude, Épiphane étudia à ses côtés l’Écriture sainte et les institutions juives, et acquit la connaissance de cinq langues : le grec, le latin, l’hébreu, le syriaque et le copte, chose fort rare à l’époque.

À la mort de Tryphon, il hérita de toute sa fortune. Un jour, alors qu’il était en train de visiter ses terres et passait à cheval à côté d’un moine chrétien, nommé Lucien, ce dernier, rencontrant un pauvre et n’ayant pas d’argent, se dépouilla de son vêtement pour le lui donner, et aussitôt une robe d’une blancheur resplendissante descendit du ciel pour le couvrir. Ce signe vint confirmer l’admiration qu’Épiphane entretenait pour les chrétiens depuis que, dans son enfance, il avait été sauvé miraculeusement par l’un d’eux de sa monture emballée. Tombant alors aux pieds de Lucien, il le supplia de le baptiser et de l’accepter dans l’ordre angélique. Baptisé, avec sa sœur, par l’évêque de la cité, il distribua tous ses biens et devint disciple de saint Hilarion [21 oct.], dont il suivit avec exactitude, pendant tout le reste de sa vie, la stricte discipline ascétique. Les mystères et les figures de l’Ancien Testament prenant tout leur sens dans la lumière du Christ, il s’adonna avec encore plus d’ardeur à l’étude et, avide de connaître le mode de vie des moines d’Égypte, il entreprit un long voyage dans cette terre d’élection de la vie ascétique. Il s’informa aussi sur les doctrines professées par diverses sectes et hérésies qui y pullulaient, rassemblant ainsi les éléments de son traité monumental contre toutes les hérésies, qu’il rédigera au soir de sa vie. Ayant échappé de peu aux entreprises des manichéens, il rentra en Palestine, après quatre années, et fonda un monastère près de son village natal, qu’il dirigea en toute sagesse pendant trente ans. On raconte que, par sa prière, il fit jaillir de l’eau de la terre desséchée et que les cellules des moines furent construites par des Bédouins qui avaient été témoins de ses miracles. Par l’invocation du Nom du Christ et grâce à son don de clairvoyance, Épiphane chassait les démons qui tourmentaient les villageois et certains de ses moines. Il délivra aussi la contrée d’un lion redoutable mangeur d’hommes et il répandait largement les aumônes ; mais c’était surtout par son charisme d’enseignement et d’interprétation des Écritures qu’il brillait comme un astre sur toute l’Église.

Ayant réalisé le danger que représentait pour l’Église la sagesse hellénique, source des multiples hérésies, il s’employa pendant toute sa vie à lutter pour la défense de la vraie foi. On raconte qu’un philosophe célèbre vint d’Édesse au monastère de saint Épiphane pour discuter des saintes Écritures. Ils débattirent longtemps sur les mystères de la création, Épiphane tenant en main la sainte Bible et le philosophe les écrits d’Hésiode, et bien que la lumière de la vérité fût éclatante, ce dernier restait obstiné. Mais lorsqu’il vit Épiphane guérir un possédé par l’invocation du Nom du Christ, renonçant à la vaine sagesse, il demanda à être baptisé. Il fut ensuite ordonné prêtre et devint le successeur du saint à la tête du monastère.

Ayant quitté son monastère pour échapper aux honneurs des hommes et parvenu à Chypre, où il eut la grande joie de retrouver saint Hilarion, Épiphane accepta, sur la pression de ce dernier, d’être consacré évêque du siège métropolitain de Constantia (l’ancienne Salamine), vers 367. Il voyait dans cette élévation non pas une occasion de vaine gloire, mais plutôt un moyen d’échapper aux entreprises des hérétiques semi-ariens fort influents en Palestine. Pendant vingt-six ans, il montra un zèle exemplaire dans le gouvernement de son diocèse et la confirmation de la foi orthodoxe, tant à Chypre que dans le reste du monde. De nombreux miracles vinrent confirmer de manière éclatante ses vertus pastorales et son amour paternel pour ses ouailles. Sa générosité et ses interventions en faveur de ceux qui étaient victimes de l’injustice lui attirèrent toutefois la haine d’une partie de son clergé, menée par le diacre Carin, qui l’accusa de dilapider l’argent de l’Église. Malgré toutes les entreprises de ce dernier pour diffamer le saint, Épiphane lui montrait toujours la même bienveillance, et Carin fut finalement châtié par Dieu et périt misérablement.

On raconte que, lorsque le saint célébrait la Divine Liturgie, il voyait visiblement le Saint-Esprit descendre sur les dons pour les sanctifier. Un jour, il fut privé de cette vision, à cause de l’indignité de l’un de ses concélébrants. Après l’avoir écarté, saint Épiphane supplia Dieu avec larmes et ne continua la célébration qu’à la suite d’une nouvelle manifestation de la gloire divine. Très attentif à l’intégrité morale de son clergé, le saint prélat voulait que ses clercs fussent par leurs vertus un digne ornement pour l’Épouse du Christ ; aussi avait-il transformé son palais épiscopal en monastère, où il menait la vie commune avec plus de soixante-dix clercs.

En 382, laissant le gouvernement de son diocèse à saint Philon de Carpathos [24 janv.], Épiphane se rendit à Rome, en compagnie de saint Jérôme [15 juin] et de Paulin d’Antioche, dans le but de résoudre en faveur de ce dernier le schisme d’Antioche. Ils résidèrent dans la demeure de sainte Paule [26 janv.], et le biographe du saint rapporte qu’il fit là d’éclatants miracles et guérit la sœur des co-empereurs Arcade et Honorius. De retour à Chypre, lors d’une terrible famine, il distribua à la population le blé qu’il avait acheté aux accapareurs, avec de l’or reçu à la suite d’une vision.

Dans son zèle pour extirper de la théologie chrétienne toute trace d’hellénisme, saint Épiphane concentra particulièrement ses efforts contre les doctrines d’Origène, alors très en faveur chez les moines de Palestine. En 393, prenant la parole à Jérusalem à l’occasion de la fête de la Dédicace de la basilique de la Résurrection, il proclama qu’Origène était le père de l’arianisme et de toutes les hérésies. Le soir même, le patriarche Jean, auquel Épiphane reprochait sa sympathie à l’égard des origénistes, répliqua en attaquant les « anthropomorphistes », c’est-à-dire les adversaires de l’exégèse allégorique de l’Écriture, prônée par le grand docteur alexandrin. La querelle s’envenima et prit une large ampleur, surtout lorsque saint Jérôme se rangea aux côtés d’Épiphane contre le patriarche Jean et son ancien ami, Rufin d’Aquilée. S’éloignant de la cité tourmentée, Épiphane se rendit quelque temps dans son monastère d’Éleuthéropolis, puis retourna dans son diocèse, sans pour autant abandonner un combat, au cours duquel son caractère ardent et sa simplicité l’avaient porté à des prises de position extrémistes.

Le flambeau de la lutte anti-origéniste passa alors à l’archevêque d’Alexandrie Théophile (401) qui, précédemment disciple d’Origène, en était devenu un ennemi féroce et implacable, en vue d’assouvir sa rancune contre quatre frères de noble origine (appelés les « Frères Longs », à cause de leur haute taille) qui, préférant l’hésychia aux dignités ecclésiastiques, avaient quitté son clergé sans l’autorisation de Théophile pour devenir moines à Nitrie. Poursuivis par l’archevêque, ils se réfugièrent à Constantinople, dans l’espoir d’obtenir gain de cause auprès de saint Jean Chrysostome. Utilisant cette occasion pour accuser saint Chrysostome, qu’il jalousait, d’être le protecteur de l’hérésie origéniste, Théophile s’adressa à Épiphane. Mal informé de la situation et des motifs réels de Théophile, le vieil évêque, pensant partir à la défense de l’orthodoxie, se rendit à Constantinople, après avoir condamné l’origénisme dans un synode des évêques de Chypre. Accueilli avec révérence par saint Chrysostome, Épiphane refusa ces marques d’honneur ; il alla demeurer dans une maison privée et procéda à l’ordination d’un diacre dans un monastère. Saint Chrysostome lui fit savoir qu’il était très affligé d’apprendre que son frère dans l’épiscopat avait agi ainsi contre les saints Canons et agitait sans raison le peuple contre son pasteur. Saint Épiphane décida alors de prendre le chemin du retour, afin de ne pas être davantage cause de discorde, et il quitta la capitale peu avant le sinistre Synode du Chêne qui déposa de manière inique saint Jean Chrysostome (403). Il remit son âme à Dieu pendant la traversée (12 mai 403), après avoir exhorté ses disciples à préserver la pureté de la foi, et à se garder de l’attrait des richesses et de la calomnie. À l’arrivée du navire à Salamine, une foule immense, tenant des cierges en main, accueillit son pasteur et l’accompagna avec larmes jusqu’à l’église, où pendant sept jours une grande partie de la population de Chypre vint le vénérer.

Le culte de saint Épiphane se répandit rapidement et son tombeau reste un des lieux de pèlerinage les plus vénérés de l’île, dont il est le saint patron, avec saint Barnabé.

(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)

TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR

Tropaire de Pâques, ton 5

Le Christ est ressuscité des morts, par Sa mort Il a vaincu la mort, et à ceux qui sont dans les tombeaux, Il a donné la vie.

Tropaire de la fête, ton 2

Le noble Joseph, ayant descendu de la Croix Ton Corps immaculé, L’enveloppa d’un linceul blanc avec des aromates et Le coucha avec soin dans un tombeau neuf ; mais Tu es ressuscité le troisième jour, Seigneur, faisant au monde Grande Miséricorde.

Tropaire de la Résurrection du 2ème ton

Lorsque Tu descendis dans la mort, Toi, la Vie immortelle, Tu anéantis l’enfer par l’éclat de la Divinité. Lorsque Tu ressuscitas les morts des demeures souterraines, toutes les Puissances des cieux s’écrièrent : « ô Christ, Source de Vie, notre Dieu, gloire à Toi ! »

Tropaire des Myrrhophores, ton 2

Près du tombeau l’ange apparut aux saintes femmes myrrhophores et clama : La myrrhe convient aux mortels, mais le Christ est étranger à la corruption. Aussi annoncez : Le Seigneur est ressuscité et Il accorde au monde la grande miséricorde.

Tropaire des saints Épiphane et Germain, ton 4

Dieu de nos Pères, * dont la clémence agit toujours envers nous, * n’éloigne pas de nous ta miséricorde, * mais par leurs supplications * gouverne notre vie dans la paix.

Kоndakion des saints Épiphane et Germain, ton 4

Ces deux pontifes si dignes d’admiration, * fidèles, acclamons-les comme il se doit, * car Épiphane et Germain * ont fait brûler la langue des impies * en exposant la doctrine sacrée * pour tous les orthodoxes chantant * à jamais le grand mystère de la foi.

Kondakion des femmes myrophores, ton 2

Tu as dis aux myrophores : « Réjouissez-vous ! » et par Ta Résurrection, ô Christ Dieu, Tu as mis fin aux lamentations d’Ève, notre première mère. À Tes Apôtres, Tu as ordonné de proclamer : le Sauveur est ressuscité du Tombeau.

ÉPITRE DU JOUR

Actes VIII, 26-39

Un ange du Seigneur, s’adressant à Philippe, lui dit : Lève-toi, et va du côté du midi, sur le chemin qui descend de Jérusalem à Gaza, celui qui est désert. Il se leva, et partit. Et voici, un Éthiopien, un eunuque, ministre de Candace, reine d’Éthiopie, et surintendant de tous ses trésors, venu à Jérusalem pour adorer, s’en retournait, assis sur son char, et lisait le prophète Ésaïe. L’Esprit dit à Philippe : Avance, et approche-toi de ce char. Philippe accourut, et entendit l’Éthiopien qui lisait le prophète Ésaïe. Il lui dit : Comprends-tu ce que tu lis ? Il répondit : Comment le pourrais-je, si quelqu’un ne me guide ? Et il invita Philippe à monter et à s’asseoir avec lui. Le passage de l’Écriture qu’il lisait était celui-ci : Il a été mené comme une brebis à la boucherie ; Et, comme un agneau muet devant celui qui le tond, Il n’a point ouvert la bouche. Dans son humiliation, son jugement a été levé. Et sa postérité, qui la dépeindra ? Car sa vie a été retranchée de la terre. L’eunuque dit à Philippe : Je te prie, de qui le prophète parle-t-il ainsi ? Est-ce de lui-même, ou de quelque autre ? Alors Philippe, ouvrant la bouche et commençant par ce passage, lui annonça la bonne nouvelle de Jésus. Comme ils continuaient leur chemin, ils rencontrèrent de l’eau. Et l’eunuque dit : Voici de l’eau ; qu’est-ce qui empêche que je ne sois baptisé ? Philippe dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela est possible. L’eunuque répondit : Je crois que Jésus Christ est le Fils de Dieu. Il fit arrêter le char ; Philippe et l’eunuque descendirent tous deux dans l’eau, et Philippe baptisa l’eunuque. Quand ils furent sortis de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe, et l’eunuque ne le vit plus. Tandis que, joyeux, il poursuivait sa route.

ÉVANGILE DU JOUR

Jn VI, 40-44

La volonté de mon Père, c’est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour. Les Juifs murmuraient à son sujet, parce qu’il avait dit: Je suis le pain qui est descendu du ciel. Et ils disaient: N’est-ce pas là Jésus, le fils de Joseph, celui dont nous connaissons le père et la mère? Comment donc dit-il: Je suis descendu du ciel? Jésus leur répondit: Ne murmurez pas entre vous. Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire; et je le ressusciterai au dernier jour.

À propos de l'auteur

Jivko Panev

Jivko Panev, cofondateur et directeur de la rédaction d'Orthodoxie.com. Producteur de l'émission 'Orthodoxie' sur France 2 et journaliste.

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SOURCE : https://orthodoxie.com/12-mai/


Diego de Borgraf  (–1686). St. Epiphanius, vers 1670, 153 x 79, Museo Universitario Casa de los Muñecos, Puebla, México


Saint Epiphanius of Salamis

Also known as

Epiphanius of Constanzo

Epiphanius of Constantia

Epiphanius of Cyprus

Epiphanus…

Epifanio…

Oracle of Palestine

Memorial

12 May

Profile

A Hellenized Jew, and convert to Christianity. Fluent in five languages, and extensively studied in theology and the classics. Monk in several communities in Egypt, returning to Palestine in 333Priest. As a young man he founded a monastery at Eleutheropolis (Beth-Saddouk), and lived there as a monk for 30 years, serving as its superior. Bishop of Constantia and Metropolitan of Cyprus in 367 while remaining in his monastery. Fought Origenism and Arianism. Friend of Saint Jerome, but opponent of Saint John Chrystotom whom he found insufficiently orthodox. Brilliant speaker, he sometimes let his ability go to his head, and his confrontational approach got in the way of persuading his opponents. Doctor of the Church. He was an authority on Marian devotions, and his writings include a Bible dictionary, and The Medicine Box, a huge work which cataloged and refuted eighty heresies of his day.

Born

315 at Besanduk, near Eleutheropolis, Judea

Died

403 at sea of natural causes

Canonized

Pre-Congregation

Additional Information

Book of Saints, by the Monks of Ramsgate

Catholic Encyclopedia

Lives of the Fathers, Martyrs and Other Principal Saints, by Father Alban Butler

Pictorial Lives of the Saints

Roman Martyrology1914 edition

Saints of the Day, by Katherine Rabenstein

books

Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints

other sites in english

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Catholic Online

Orthodox Church in America

Wikipedia

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Martirologio Romano2001 edición

material in greek

Documenta Catholica Omnia

fonti in italiano

Cathopedia

Santi e Beati

nettsteder i norsk

Den katolske kirke

Works

Excerpts on the Council of Nicaea

Letter to Saint Jerome

Letter to John, Bishop of Jerusalem

Medicine Box: Excerpts

Oracle of Palestine: Quotes from Epiphanius

Weights and Measures

Readings

We believe in one God, the Father Almighty, Maker of all things, both visible and invisible; and in one Lord Jesus Christ, the Son of God, begotten of God the Father, Only-begotten, that is, of the substance of the Father; God of God, Light of Light, true God of true God; begotten, not made; con-substantial with the Father; through whom all things were made, both those in heaven and those on earth, both visible and invisible; who for us men and for our salvation came down and took flesh, that is, was born perfectly of the holy ever-virgin Mary by the Holy Spirit, was made man, that is, He received perfect man, soul and body and mind and all that man is, except sin, not from the seed of man nor as is usual with men, but He reshaped flesh into Himself, into one holy unity; not in the way that He inspired the prophets, and both spoke and acted in them, but He was made Man perfectly; for “the Word was made flesh (John 1:14),” not undergoing change, nor converting His own divinity into humanity; — joined together into the one holy perfection and divinity of Himself; — for the Lord Jesus Christ is one and not two, the same God, the same Lord, the same King; and He suffered in the flesh, and rose again and ascended into heaven in the same body, and sits in glory on the right of the Father, about to come in the same body in glory to judge the living and the dead; whose kingdom will have no end; and we believe in the Holy Spirit, who spoke in the Law and proclaimed in the Prophets and descended at the Jordan, speaking in the Apostles and dwelling in the saints; thus do we believe in Him: that the Spirit is Holy, Spirit of God, Spirit perfect, Spirit Paraclete, increate, and is believed to proceed from the Father and to receive from the Son. We believe in one Catholic and Apostolic Church, and in one Baptism of repentance, and in the resurrection of the dead and the just judgement of souls and bodies, and in the kingdom of heaven, and in eternal life. But those who say that there was a time when the Son or the Holy Spirit was not, or was made out of nothing or of another substance or essence, who say the Son of God or the Holy Spirit is liable to change or to becoming different, these people the Catholic and Apostolic Church, your Mother and ours, anathematizes; and again we anathematize those who do not confess the resurrection of the dead, and all heresies which are not consistent with this, the true faith. – baptismal creed composed by Epiphanius (374 A.D.)

MLA Citation

“Saint Epiphanius of Salamis“. CatholicSaints.Info. 12 November 2021. Web. 12 May 2022. <https://catholicsaints.info/saint-epiphanius-of-salamis/>

SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-epiphanius-of-salamis/

Epiphanius of Salamis B (RM)

Born at Besanduk, Palestine, c. 315; died at sea in 403. Born into a Hellenized Jewish family, Epiphanius became an expert in the languages needed to understand Scripture. From his earliest youth he was a monk in Palestine. Later he went to Egypt and stayed at several desert communities. He returned to Palestine about 333, was ordained, and became superior of a monastery at Eleutheropolis (Beit Jibrin), which he had built in his youth and which he directed for 30 years.

He achieved a widespread reputation for his scholarship, austerities, mortifications, spiritual wisdom, and advice. Called "the Oracle of Palestine," he became bishop of Constantia (Salamis), Cyprus, and metropolitan of Cyprus in 367, although still continuing as superior of his monastery. His reputation was such that he was one of the few orthodox bishops not harassed by Arian Emperor Valens, though Epiphanius preached vigorously against Arianism.

He supported Bishop Paulinus in 376 at Antioch against the claims of Metetius and the Eastern bishops, and attended a council in Rome summoned by Pope Saint Damasus in 382. Late in his life Epiphanius was embroiled in several unpleasant episodes with fellow prelates. First, he ordained a priest in another bishop's diocese.

He also denounced his host, Bishop John of Jerusalem, in John's cathedral in 394 for John's softness to Origenism (he believed Origen responsible for many of the heresies of the times). This won for Epiphanius the friendship of Saint Jerome, who was a bitter opponent of Origen. (It is said that there was a test of wills between Jerome and Origen; the winner of the crown was the one who outlived the other, Jerome.) Like Saint Jerome, Epiphanius was too immoderate in his zeal and unable to use tact and discretion in his polemics.

When Epiphanius was nearly 80, in 402, at the behest of Bishop Theophilus of Alexandria, the saint went to Constantinople to support Theophilus in his campaign against Saint John Chrysostom, and the four "Tall Brothers" and then admitted he knew nothing of their teachings. Yes, even a saint can be headstrong or ornery at times.

When he realized he was being used as a tool by Theophilus against Saint John Chrysostom, who had given refuge to the monks persecuted by Theophilus and who were appealing to the emperor, and Epiphanius started back to Salamis, only to die on the way home.

He wrote numerous theological treatises, among them Ancoratus, on the Trinity and the Resurrection; Panarion (The Medicine Box) on some 80 heresies--real and imagined--and their refutations. The number 80 was chosen to correspond with the 'fourscore concubines' of the Song of Songs (6:8). He also authored De mensuribus et ponderibus, on ancient Jewish customs and measures. He was an authority on devotion to Mary and taught the primacy of Peter among the Apostles (Attwater, Benedictines, Delaney).

SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0512.shtml

Saints of the Day – Epiphanius of Salamis

Article

Born at Besanduk, Palestine, c.315; died at sea in 403. Born into a Hellenized Jewish family, Epiphanius became an expert in the languages needed to understand Scripture. From his earliest youth he was a monk in Palestine. Later he went to Egypt and stayed at several desert communities. He returned to Palestine about 333, was ordained, and became superior of a monastery at Eleutheropolis (Beit Jibrin), which he had built in his youth and which he directed for 30 years.

He achieved a widespread reputation for his scholarship, austerities, mortifications, spiritual wisdom, and advice. Called “the Oracle of Palestine,” he became bishop of Constantia (Salamis), Cyprus, and metropolitan of Cyprus in 367, although still continuing as superior of his monastery. His reputation was such that he was one of the few orthodox bishops not harassed by Arian Emperor Valens, though Epiphanius preached vigorously against Arianism.

He supported Bishop Paulinus in 376 at Antioch against the claims of Metetius and the Eastern bishops, and attended a council in Rome summoned by Pope Saint Damasus in 382. Late in his life Epiphanius was embroiled in several unpleasant episodes with fellow prelates. First, he ordained a priest in another bishop’s diocese.

He also denounced his host, Bishop John of Jerusalem, in John’s cathedral in 394 for John’s softness to Origenism (he believed Origen responsible for many of the heresies of the times). This won for Epiphanius the friendship of Saint Jerome, who was a bitter opponent of Origen. (It is said that there was a test of wills between Jerome and Origen; the winner of the crown was the one who outlived the other, Jerome.) Like Saint Jerome, Epiphanius was too immoderate in his zeal and unable to use tact and discretion in his polemics.

When Epiphanius was nearly 80, in 402, at the behest of Bishop Theophilus of Alexandria, the saint went to Constantinople to support Theophilus in his campaign against Saint John Chrysostom, and the four “Tall Brothers” and then admitted he knew nothing of their teachings. Yes, even a saint can be headstrong or ornery at times.

When he realized he was being used as a tool by Theophilus against Saint John Chrysostom, who had given refuge to the monks persecuted by Theophilus and who were appealing to the emperor, and Epiphanius started back to Salamis, only to die on the way home.

He wrote numerous theological treatises, among them Ancoratus, on the Trinity and the Resurrection; Panarion (The Medicine Box) on some 80 heresies – real and imagined – and their refutations. The number 80 was chosen to correspond with the ‘fourscore concubines’ of the Song of Songs (6:8). He also authored De mensuribus et ponderibus, on ancient Jewish customs and measures. He was an authority on devotion to Mary and taught the primacy of Peter among the Apostles (Attwater, Benedictines, Delaney).

MLA Citation

Katherine I Rabenstein. Saints of the Day1998. CatholicSaints.Info. 11 June 2020. Web. 12 May 2022. <https://catholicsaints.info/saints-of-the-day-epiphanius-of-salamis/>

SOURCE : https://catholicsaints.info/saints-of-the-day-epiphanius-of-salamis/

Epiphanius of Salamis

Born at Besanduk, near Eleutheropolis, in Judea, after 310; died in 403. While very young he followed the monastic life in Egypt. On his return to Judea he founded a monastery at Besanduk and was ordained to the priesthood. In 367 his reputation for asceticism and learning brought about his nomination as Bishop of Constantia (Salamis) the metropolis of the Island of Cyprus. For nearly forty years he fulfilled the duties of the episcopate, but his activity extended far beyond his island. His zeal for the monastic life, ecclesiastical learning, and orthodoxy gave him extraordinary authority; hence the numerous occasions on which his advice was sought, and his intervention in important ecclesiastical affairs. He went to Antioch, probably in 376, to investigate Apollinarianism and to intervene in the schism that divided that church. He decided in favour of Bishop Paulinus, who was supported by Rome, against Meletius, who was supported by the episcopate of the East. In 382 he assisted at the Council of Rome to uphold the cause of Paulinus of Antioch. About 394, carried away by an apparently excessive zeal, he went to Jerusalem to oppose the supposed Origenism of the bishop, John. In 402 he was at Constantinople to combat the same pretended heresy of St. John Chrysostom. He died on his return journey to Cyprus.

It was at the instance of his correspondents that Epiphanius compiled his works. The earliest (374) is the "Ancoratus", or "The Well-Anchored", i.e. the Christian firmly fixed against the agitations of error. The Trinity and the dogma of the Resurrection are particularly treated by the author, who argues especially against the Arians and the Origenists. There are two symbols at the end of the work: the first, which is the shorter, is very important in the history of symbols, or professions of faith, being the baptismal creed of the Church of Constantia. The second is the personal work of Epiphanius, and is intended to fortify the faithful against current heresies. In the "Ancoratus" Epiphanius confines himself to a list of heresies. Some readers desired to have a detailed work on this question, and Epiphanius composed (374-7) the "Panarion" or "Medicine chest", i.e. a stock of remedies to offset the poisons of heresy. This work is divided into three books comprising in all seven volumes and treating eighty heresies. The first twenty heresies are prior to Jesus Christ; the other sixty deal with Christian doctrine. In reality the number eighty may be reduced to seventy-seven, for among the twenty heresies prior to Christ only seventeen count. Three are generic names, namely Hellenism, Samaritanism, and Judaism. In the editions of the "Panarion" each heresy is numbered in order; hence it is customary to quote the "Panarion" as follows: Epiphanius, Haer. N (the number of the heresy). Necessarily much of the information in this great compilation varies in value. The "Panarion" reflects the character of Epiphanius and his method of working. Sometimes his ardour prevents him from inquiring carefully into the doctrines he opposes. Thus, on his own avowal (Haer., lxxi), he speaks of Apollinarianism on hearsay. At Constantinople he had to acknowledge the Origenist monks whom he opposed that he was not acquainted with either their school or their books, and that he only spoke from hearsay (SozomenChurch History VIII.40). There is, however, in the "Panarion" much information not found elsewhere. Chapters devoted only to the doctrinal refutation of heresies are rare. As an apologist Epiphanius appeared generally weak to Photius.

The "Panarion" furnishes very valuable information concerning the religious history of the fourth century, either because the author confines himself to transcribing documents preserved by him alone or because he writes down his personal observations. With regard to Hieracas (Haer., lxvii), he makes known a curious Egyptian sect by whom asceticism and intellectual work were equally esteemed. In connection with the Meletians of Egypt (Haer., lxviii), he has preserved important fragments of contemporary Egyptian history of this movement. With regard to Arianism (Haer., lxix), if he gives an apocryphal letter of Constantine, he transcribes two letters of Arius. He is the only one to give us any information concerning the Gothic sect of the Audians (Haer., lxx). He has made use of the lost report of the discussion between Photius (Haer., lxxi), and Basil of Ancyra. He has transcribed a very important letter from Bishop Marcellus of Ancyra (Haer., lxxii) to Pope Julius and fragments of the treatise of Acaius of Caesarea against Marcellus. With regard to the Semiarians (Haer., lxxiii), he gives in the Acts of the Council of Ancyra (358) a letter from Basil of Ancyra and one from George of Laodicea, and the stenographic text of a singular sermon of Melitius at the time of his installation at Antioch. In the chapter dealing with the Anomeans (Haer., lxxvi) he has preserved a monograph of Aëtius.

For the first three centuries Epiphanius was compelled to use the only literary sources. Some of these have been preserved, such as the great anti-heretical work of St. Irenæus of Lyons, "Contra Haereses". Other ancient sources utilized by him have been lost, which gives exceptional value to his work. Thus he made use of the "Syntagma" of Hippolytus. The precise determination of all his sources is matter of controversy. His information is especially valuable with regard to the Samaritans (Haer., x-xiii), the Jews (Haer., xiii-xx), the Ebionites (Haer., xxx), and their Gospel; with regard to the Gnostics Valentius (Haer., xxxi) and Ptolemaeus (Haer., xxxiii), whose letter to Flora he quotes; and with regard to the Scriptural criticism of Marcion. The work ends with a long exposition of the Catholic faith. A summary of the "Penarion" is perhaps the work of Epiphanius. A work entitled "Of Measures and Weights" (De mensuribus et ponderibus) has a more general interest than might be imagined from the title. For the time it is a real "Introduction" to the Holy Scripture, containing the history of Biblical texts and Sacred archaeology. The treatise "On the Twelve Precious Stones" is an explanation of the ornaments of the high-priest's breastplate (Exodus 28:17). Mention must finally be made of two letters of Epiphanius preserved in a Latin translation.

In theological matters Epiphanius teaches the doctrine of the Catholic theologians of his time. In the vocabulary of Trinitarian theology he conforms to the language of the Greek Church. He speaks of three hypostases in the Trinity, whereas the Latins and the Paulicians of Antioch speak of one hypostasis in three persons. At bottom it was a mere matter of words, but for some time it occasioned theological dissensions. Ephiphanius clearly teaches that the Holy Ghost proceeds from the Father and the Son. The doctrine that the Holy Ghost proceeds from the Father only prevailed later in the Greek Church. This teaching cannot be traced to Epiphanius (Ancoratus, 8). With regard to the constitution of the Church, he is one of the most explicit of the Greek theologians concerning the primacy of St. Peter ("Ancoratus", 9; "Haer.", lix, 7). Two passages on the Eucharist are famous because they are among those which most clearly affirm the "Discipline of the Secret". The "Secret" was purely pedagogical and often neglected, consisting in grading the doctrinal initiation of catechumens and in not speaking before them of the Christian mysteries save in deliberately vague expressions. Hence the necessity of explaining the words of Epiphanius on the Eucharist ("Ancoratus", 57; "Haer.", xlii, 61). In these two passages, instead of quoting the words of the institution of the Eucharist, the author gives these: "Hoc meum est, hoc." Epiphanius is one of the chief authorities of the fourth century for the devotion to the Blessed Virgin. He expresses himself on the subject in connection with two heresies, of which one diminished, while the other exaggerated, this devotion (Haer." lxxviii, lxxix). A circumstance of his life is well known in the history of images, namely the destruction of an image in the church of Bethel ("Letter to John of Jerusalem" in P.G., XLIII, 390).

His character is most clearly shown by the Origenist controversies, which demonstrated his disinterested zeal but also his quickness to suspect heresy, a good faith which was easily taken advantage of by the intriguing, and an ardour of conviction which caused him to forget the rules of canon law and to commit real abuses of power. He saw in Origen the chief cause of the heresies of his time, and especially of Arianism. He was particularly opposed to his allegorical method, his doctrines concerning the Son, in which he saw the subordination of the Son to the Father, his doctrines concerning the pre-existence of souls and the resurrection ("Ancoratus", 54, 62; "Haer.", lxiv). He did not confine himself to this condemnation of Origen. He reproached the monks and bishops of his time with accepting the Origenist errors. Thence resulted at the end of his life the conflict with John of Jerusalem and with St. John Chrysostom. Apart from the injustice of the controversy, he encroached on the jurisdiction of these bishops. He was made use of by Theophilus of Alexandria, the irreconcilable enemy of Chrysostom. The chief sources relative to this controversy are: St. Jerome, "Contra Joannem Hierosolymitanum" in P.L., XXIII, 355; Idem, "Ad Theophilum" in Pl L., XXII, 736; Epiphanius, "Ad Joannem Hierosolymitanum" in P.G., XLIII, 379; SocratesChurch History VI.10-14SozomenChurch History VIII.14-15. The chief editions of Epiphanius's works are those of Petavius (Paris, 1622); Greek text, Latin tr., and notes reproduced with additions in P.G., XLI-XLIII; and of Dindorf (Leipzig, 1859-62), 5 vols., giving only the Greek text, improved in some parts.

Sources

BARDENHEWER, Patrology, tr. SHAHAN (St. Louis, 1903); ZARNCKE, Literarischer Zentralblatt, LXI, no. 16.

Saltet, Louis. "Epiphanius of Salamis." The Catholic Encyclopedia. Vol. 13. New York: Robert Appleton Company, 1912. 11 May 2022 <http://www.newadvent.org/cathen/13393b.htm>.

Transcription. This article was transcribed for New Advent by Stan Walker. To David J. Walters for Christmas, 1998.

Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. February 1, 1912. Remy Lafort, D.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.

Copyright © 2021 by Kevin Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.

SOURCE : https://www.newadvent.org/cathen/13393b.htm

May 12

St. Epiphanius, Archbishop of Salamis, Confessor

From his works, Socrates, Sozomen, and St. Jerom. See Tillemont, t. 9. Ceillier, t. 8, and La Vie de S. Epiphane, avec l’Analyse des Ouvrages de ce Saint, et son Apologie, in 4to. Paris, 1738, by M. Gervaise, formerly abbot of La Trappe

A.D. 403

ST. EPIPHANIUS was born about the year 310, in the territory of Eleutheropolis, in Palestine. To qualify himself for the study of the holy scriptures, he learned in his youth the Hebrew, the Egyptian, the Syriac, the Greek, and the Latin languages. His frequent conversation with St. Hilarion and other holy anchorets, whom he often visited to receive their instructions, gave him a strong inclination to a monastic life, which he embraced very young. If he made his first essay in Palestine, as M. Gervaise is persuaded upon the authority of the saint’s Greek life attributed by many to Metaphrastes; at least it is certain he went soon into Egypt to perfect himself in the exercises of that state, in the deserts of that country. He returned into Palestine about the year 333, and built a monastery near the place of his birth. His labours in the exercise of virtue seemed to some to surpass his strength; but his apology always was: “God gives not the kingdom of heaven but on the condition that we labour; and all we can do bears no proportion to such a crown.” To his corporal austerities he added an indefatigable application to prayer and study. 1

Most books then in vogue passed through his hands; and he improved himself very much in learning by his travels into many parts. The great St. Hilarion had spent twenty-two years in the desert when God made him known to the world by the lustre of his virtues and an extraordinary gift of miracles, about the year 328. St. Epiphanius, though the skilful director of many others, regarded him as his master in a spiritual life, and enjoyed the happiness of his direction and intimate acquaintance from the year 333 to 356, in which Tillemont, who seems to have settled most correctly the chronology of St. Hilarion’s life, places the departure of that great saint out of Palestine. St. Jerom gives us to understand in his life, that never was union of two friends more intimate or more constant, which even this separation was not able to interrupt. The church of Salamis seems to have been determined by St. Hilarion to demand Epiphanius for their bishop, and this latter consecrated his pen after the death of St. Hilarion, to make known his virtue to the world. In the dreadful persecution which the Arians raised against the Catholics in the reign of Constantius, St. Epiphanius often left his cell to comfort and encourage the latter; and his zeal obliged him to separate himself from the communion of his diocesan Eutychius, bishop of Eleutheropolis, who, against his own conscience, out of human political motives, entered into a confederation with Acacius and other heretics against the truth. 2 In reading the works of Origen, he was shocked at many errors which he discovered in them, and began early in his life to precaution the faithful against the same. 3

St. Epiphanius in his monastery was the oracle of Palestine and the neighbouring countries; and no one ever went from him who had not received great spiritual comfort by his holy advice. The reputation of his virtue made him known to distant countries; and about the year 367, he was chosen bishop of Salamis, then called Constantia, in Cyprus. But he still wore the monastic habit, and continued to govern his monastery in Palestine, which he visited from time to time. He sometimes relaxed his austerities in favour of hospitality, preferring charity to abstinence. No one surpassed him in tenderness and charity to the poor. Many pious persons made him the dispenser of their large alms. St. Olympias, to have a share in his benediction, made him great presents in money and lands for that purpose. The veneration which all men had for his sanctity, exempted him from the persecution of the Arian Emperor Valens in 371; but he was almost the only Catholic bishop in that part of the empire who was entirely spared on that occasion. In 376, he undertook a journey to Antioch to endeavour the conversion of Vitalis the Apollinarist bishop; and in 382, he accompanied St. Paulinus from that city to Rome, where they lodged at the house of St. Paula; our saint in return entertained her afterward ten days in Cyprus in 385. The saint fell into some mistakes on certain occasions, which proceeded from zeal and simplicity, as Socrates observes. The very name of an error in faith, or the shadow of danger of evil affrighted him. At Jerusalem, in 394, he preached against Origenism in presence of the patriarch John, whom he suspected to lean towards that heresy. At Bethlehem he persuaded St. Jerom to separate himself from his communion, unless he publicly purged himself. He also ordained by compulsion, Paulinian the brother of St. Jerom, priest; but, upon the complaint of John, carried him into Cyprus to serve his church at Salamis. At Constantinople he impeached the tall brothers for Origenism, having been prepossessed against them by the clamours of Theophilus. He even blamed St. Chrysostom for affording them his protection; but a mild expostulation of that saint opened his eyes, and he hastened back to Salamis, but died on the voyage thither in 403, having been bishop thirty-six years. His disciples built a church in his honour in Cyprus, where they placed his and many other pious pictures. (Conc. t. 7, p. 447.) Sozomen testifies that God honoured his tomb with miracles. (B. 7, ch. 27.) St. Austin, St. Ephrem, St. John Damascen, Photius, and others, called him a Catholic doctor, an admirable man, and one filled with the spirit of God. 4

Note 1. He wrote his Anchorate to be, as it were, an anchor or stay to fix unsettled minds in the true faith, that they might not be tossed to and fro, and carried about by every wind of doctrine, which is always the case of heresy. In this work he explains, and proves in short the principal articles of the Catholic faith. But his great work appeared in 374, under the title of Panarium; or, Box of Antidotes against all heresies. He gives the history of twenty heresies before Christ, and of fourscore since the promulgation of the gospel. If in his account of Arianism he sometimes falls into historical mistakes, we must remember how difficult it often is to discover the truth in points wherein so many factions find it their interest to adulterate it. These heresies he confutes both by the scriptures and tradition. “Tradition,” says he, “is also necessary. All things cannot be learned from the scriptures, therefore the apostles left some things in writing, others by tradition, which Paul affirms, saying, ‘As I have delivered to you, &c.’” (Hær. 60, c. 6, p. 511.) By the latter, he justifies the practice, and proves the obligation of praying for the dead. (Hær. 76, c. 7, 8, p. 911.) He admires how Aërius could presume to abolish the fasts of Wednesdays and Fridays, “which are observed by the whole earth, and that by apostolical authority.” (Ib. Hær. 76.) “The style of this work, says Godeau, (Eloges des Evêques illustres, c. 37, p. 228,) is not much polished; but the doctrine is pure and excellent. They are diamonds, which without being cut, sparkle by their natural beauty. We are much indebted to the author for the distinct knowledge he has given us of the ancient heresies, and the solid confutation he has left us of them. These, it is true, are no longer known to us but by their names: but others take their place, and are a continual trial: and the spirit of heresy is always like itself, full of obstinacy, self-conceit, and pride.” St. Epiphanius’s book on Weights and Measures explains the measures and ancient customs of the Jews: that on Precious Stones is an inquiry concerning the rational or square ornament worn by the Jewish high-priest, and the qualities of the twelve precious stones set in it. In his letter to John of Jerusalem (inter op. S. Hieron.) he relates how he saw at Anablatha, in the diocess of Jerusalem, a curtain over the church door, on which was painted an image, whether of Christ or of some saint he had forgotten when he wrote this: but he tore the curtain or hanging, and gave others in its place. It is certain, from the famous statue of the woman cured by our Saviour of the bloody flux, which stood at Paneas in that very country, mentioned by Eusebius as honoured with miracles, and from the writings of St. Prudentius, St. Paulinus, St. Ephrem, &c., that the use of holy images was common in the church at that very time, as Le Clerc in their lives acknowledges. But St. Epiphanius here discovered, or at least apprehended some superstitious practice or danger of it among converts from idolatry; or, of scandal to Jewish proselytes: for, upon this last consideration, it might sometimes seem prudent to forbear a practice of discipline in certain places, as Salmeron observes in 1 Joan. c. 5, disp. 32. [back]

Note 2. S. Epiph. Hær. 73, c. 23, 27. [back]

Note 3. S. Jerom, l. 2, in Rufin. c. 6. et ep. 60. S. Epiph. Hær. 64. [back]

Note 4. His works are published by the learned Petavius, in two vols. folio: but the original Greek must be consulted by those who desire to avoid all mistakes, as the judicious prelate Albaspinæus, or Aubespine, has taken much pains to convince the world with regard to that translation. The commentary of St. Epiphanius on the book of Canticles was lately discovered among the manuscripts of the Vatican library, by Monsignor Foggini, prefect of that library, who has favoured us with an accurate edition of the same at Rome, in 1750, with a learned preface. [back]

Rev. Alban Butler (1711–73).  Volume V: May. The Lives of the Saints.  1866.

SOURCE : https://www.bartleby.com/210/5/124.html

Pictorial Lives of the Saints – Saint Epiphanius, Archbishop

Article

Saint Epiphanius was born about the year 310, in Palestine. In his youth he began the study of the Holy Scriptures, embraced a monastic life, and went into Egypt to perfect himself in the exercises of that state, in the deserts of that country. He returned to Palestine about the year 333, and built a monastery near the place of his birth. His labors in the exercise of virtue seemed to some to surpass his strength; but his apology always was: ” God gives not the kingdom of heaven but on condition that we labor; and all we can do bears no proportion to such a crown.” To his corporal austerities he added an indefatigable application to prayer and study. Most books then in vogue passed through his hands; and he improved himself very much in learning by his travels into many parts. Although the skillful director of many others, Saint Epiphanius took the great Saint Hilarion as his master in a spiritual life, and enjoyed the happiness of his direction and intimate acquaintance from the year 333 to 356. The reputation of his virtue made Saint Epiphanius known to distant countries; and, about the year 367, he was chosen Bishop of Salamis, in Cyprus. But he still wore the monastic habit, and continued to govern his monastery in Palestine, which he visited from time to time. He sometimes relaxed his austerities in favor of hospitality, preferring charity to abstinence. No one surpassed him in tenderness and charity to the poor. The veneration which all men had for his sanctity, exempted him from the persecution of the Arian emperor Valens. In 376, he undertook a journey to Antioch in the hope of converting Vitalis, the Apollinarist bishop; and in 382, he accompanied Saint Paulinus from that city to Rome, where they lodged at the house of Saint Paula; our Saint in return entertained her afterward ten days in Cyprus in 385. The very name of an error in faith, or the shadow of danger of evil, affrighted him, and the Saint fell into some mistakes on certain occasions, which proceeded from zeal and simplicity. He was on his way back to Salamis, after a short absence, when he died in 403, having been bishop thirty-six years.

Reflection – “In this is charity: not as though we had loved God, but because He hath first loved us.”

MLA Citation

John Dawson Gilmary Shea. “Saint Epiphanius, Archbishop”. Pictorial Lives of the Saints1889. CatholicSaints.Info. 29 March 2014. Web. 12 May 2022. <https://catholicsaints.info/pictorial-lives-of-the-saints-saint-epiphanius-archbishop/>

SOURCE : https://catholicsaints.info/pictorial-lives-of-the-saints-saint-epiphanius-archbishop/

EPIPHANIUS

EPIPHANIUS (b. ca. 315 [?] near Eleutheropolis, Judaea; d. 403 in Constantia, Cyprus), bishop of Constantia on Cyprus, founded on the remains of Salamis. His main work is the Panárion (Latin title, Adversus Haereses), in which he attacked eighty heresies. In this work (1.1.6; cf. Jackson, p. 188, 244) Epiphanius questioned the validity of the assertion that the Mesopotamian Nimrud (Gk. Nebrṓth) was identical with Zoroaster. The assertion was based on the following: Astrology and magic were invented by Nimrud (a corrupt form of Ninurta, the god, influenced by Nimrud, the city); the same is said of Zoroaster, hence Zoroaster was identical with Nimrud. This understanding was already present in the (Pseudo)-Clementine Homilies (9.4; cf. Jackson, p. 125, 239). Some manuscripts omit the negation in Epiphanius’ statement that Nebrōth and Zoroaster did not live many years apart.

Bibliography:

D. O. Edzard, “Nimrod” in Der kleine Pauly, IV, München, 1972, col. 133.

K. Holl, Epiphanius I, Leipzig, 1915, p. 177.

W. S. Fox and R. E. K. Pemberton, Passages in Greek and Latin Literature relating to Zoroaster and Zoroastrianism, Bombay, 1927, p. 95.

A. V. W. Jackson, Zoroaster. The Prophet of Ancient Iran, New York, 1898; repr., New York, 1965.

Jülicher, “Epiphanios” in Pauly-Wissowa, VI/1, col. 193-95.

(Jacques Duchesne-Guillemin)

Originally Published: December 15, 1998

Last Updated: December 15, 2011

This article is available in print.

Vol. VIII, Fas.c 5, p. 510

SOURCE : https://iranicaonline.org/articles/epiphanius

Letter 91

From Epiphanius to Jerome

An exultant letter from Epiphanius in which he describes the success of his council (convened at the suggestion of Theophilus), sends Jerome a copy of its synodical letter. and urges him to go on with his work of translating into Latin documents bearing on the Origenistic controversy. Written in 400 A.D.

To his most loving lord, son, and brother, the presbyter Jerome, Epiphanius sends greeting in the Lord. The general epistle written to all Catholics belongs particularly to you; for you, having a zeal for the faith against all heresies, particularly oppose the disciples of Origen and of Apollinaris whose poisoned roots and deeply planted impiety almighty God has dragged forth into our midst, that having been unearthed at Alexandria they might wither throughout the world. For know, my beloved son, that Amalek has been destroyed root and branch and that the trophy of the cross has been set up on the hill of Rephidim. Exodus 17:8-14 For as when the hands of Moses were held up on high Israel prevailed, so the Lord has strengthened His servant Theophilus to plant His standard against Origen on the altar of the church of Alexandria; that in him might be fulfilled the words: Write this for a memorial, for I will utterly put out Origen's heresy from under heaven together with that Amalek himself. And that I may not appear to be repeating the same things over and over and thus to be making my letter tedious, I send you the actual missive written to me that you may know what Theophilus has said to me, and what a great blessing the Lord has granted to my last days in approving the principles which I have always proclaimed by the testimony of so great a prelate. I fancy that by this time you also have published something and that, as I suggested in my former letter to you on this subject, you have elaborated a treatise for readers of your own language. For I hear that certain of those who have made shipwreck 1 Timothy 1:19 have come also to the West, and that, not content with their own destruction, they desire to involve others in death with them; as if they thought that the multitude of sinners lessens the guilt of sin and the flames of Gehenna do not grow in size in proportion as more logs are heaped upon them. With you and by you we send our best greetings to the reverend brothers who are with you in the monastery serving God.

About this page

Source. Translated by W.H. Fremantle, G. Lewis and W.G. Martley. From Nicene and Post-Nicene Fathers, Second Series, Vol. 6. Edited by Philip Schaff and Henry Wace. (Buffalo, NY: Christian Literature Publishing Co., 1893.) Revised and edited for New Advent by Kevin Knight. <http://www.newadvent.org/fathers/3001091.htm>.

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SOURCE : https://www.newadvent.org/fathers/3001091.htm

Church Fathers Order (left part), Mosaic, 11th c. In places of loss (lower part of the composition) — oil painting of the 18th c. St. Sophia of Kyiv. Holy hierarchs are famous theologians of Christiian teching and oecumenical teachers The composition is represented by two groups of saints. On the left: Epiphanius of Salamis, Clement of Rome, Gregory the Theologian, St. Nicholas the Wonderworker and Archdeacon Stephen. Near each saint Greek inscriptions have been preserved. (xQEv8mJ3jXYLbw at Google Cultural Institute)


Sant' Epifanio di Costanza di Cipro Vescovo

12 maggio

Eleuteropoli, Palestina, 310 circa – Mar Mediterraneo, 403

Nacque ad Eleuteropoli in Palestina verso l'anno 310 da genitori cristiani. Alla morte del padre sarebbe stato adottato da un ricco ebreo, Tryphone. Rinunciò all'eredità lasciandone una parte alla sorella e distribuendo il resto ai poveri. Quindi entrò in monastero. L'esperienza monastica segnò profondamente Epifanio. Conservò lo stile del monaco anche dopo l'ordinazione episcopale. Nel 376 infatti fu nominato vescovo di Salamina, sull'isola di Cipro, dieci chilometri a nord di Famagosta. Durante il suo ministero fondò monasteri e si impegnò in prima persona nella disputa contro lo scisma di Antiochia e le deviazioni dell'origenismo segnalandosi come campione dell'ortodossia ma anche come uomo equilibrato e comprensivo. Una fama che superò i confini di Cipro e resistette anche dopo la sua morte, diffondendosi soprattutto nelle Chiese d'Oriente. Morì nel 403 mentre era in viaggio in mare. (Avvenire)

Martirologio Romano: A Salamina sull’isola di Cipro, sant’Epifanio, vescovo, che, insigne per l’ampiezza di erudizione e la conoscenza della letteratura sacra, rifulse anche per la santità di vita, lo zelo per la fede cattolica, la generosità verso i poveri e il dono dei miracoli.

Sant’Epifanio nacque ad Eleuteropoli in Palestina verso l’anno 310. Intransigente sostenitore dell’ortodossia, nei suoi scritti ci informa ampiamente sui movimenti non ortodossi dei primi quattro secoli dell’era cristiana. Epifanio non brillava certamente nella comprensione delle opinioni altrui e gli studiosi moderni giudicano infatti i suoi scritti mal compendiati, scarsi di giudizi fondati e ricchi di prese di posizione assai rigide.

In giovane età Epifanio lasciò la Palestina per recarsi in Egitto, spinto dall’amore per lo studio ma anche per farsi partecipe della vita eremitica ivi praticata. Gli asceti egiziani erano infatti devoti seguaci di Sant’Atanasio e della formula nicena “consustanziale”.

Intrapresa la visita dei monasteri egiziani, s’imbatté anche in seguaci dello gnosticismoe monache dedite ad una vita dissoluta. Epifanio denunciò allora la situazione e tutti costoro furono espulsi dalla vita religiosa. Fece poi ritorno in Palestina, ove fondò un monastero che diresse per trent’anni.

Durante questo periodo fece visita a Sant’Eusebio di Vercelli e Paolino di Antiochia, entrambi fedeli alla retta fede e per questo esiliati dalle loro legittime sedi episcopali. Nel 367 ricevette la nomina a vescovo di Salamina sull’isola di Cipro, il cui antico nome della sede era Costanza, a dieci chilometri a nord di Famagosta. Il novello pastore si dedicò anima e corpo al governo della diocesi ed alla confutazione degli errori, occupandosi di problemi quali la data della Pasqua, lo scisma di Antiochia, la polemica contro le immagini sacre e soprattutto le deviazioni dell’origenismo.

Epifanio, conoscitore di ben cinque lingue, univa una vasta erudizione con un ingegno limitato ed uno zelo eccessivo. Fu indubbiamente un campione dell’ortodossia e verso la fine della vita venne coinvolto a fondo con Giovanni, vescovo di Gerusalemme, ed anche con San Giovanni Crisostomo, che incontrò nel 403.

In quell’anno abbandonò il sinodo “della quercia”, dal nome del sobborgo di Costantinopoli dove si svolse, in cui l’imperatore tentò di rimuovere il Crisostomo dalla sede costantinopolitana. Non riuscì però a fare ritorno a Salamina e morì mentre era in viaggio per mare.

Opere principali a lui attribuite sono il “Panarion” (“Libro dei rimedi contro le eresie”) e l’“Ancoratus” (“L’ancora della buona fede”). Altre sue opere includono trattati sulle gemme, sui pesi e sulle misure.

Il Martyrologium Romanum commemora Sant’Epifanio di Salamina al 12 maggio.

Autore: Fabio Arduino

SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/91246

EPIFANIO di Salamina, santo

di Alfredo Vitti - Enciclopedia Italiana (1932)

Vescovo e scrittore del secolo IV. Nacque a Besandirke, oggi Besanduc, in Palestina al principio del sec. IV. Andò ancor giovanetto in Egitto, trattovi dal fervore di quei monasteri copti, e tornato in patria fondò un monastero. Nel 367 fu eletto metropolita di Cipro, e consacrato vescovo di Salamina. Nella lotta contro Origene spese gli ultimi dieci anni della sua vita, scrivendo e accorrendo a Gerusalemme e a Costantinopoli, ove, per istigazione del patriarca alessandrino Teofilo, attaccò Giovanni Crisostomo, accusato di origenismo estremista; ma confessò poi di essere stato male informato. Morì nel 403, tornando da Cipro.

Scritti: L'Ancoratus ('Αγκυρωτός[λόγος]) scritto nel 374, vuol essere una specie di "ancora" di salvezza nell'esposizione della vera dottrina della Scrittura e degli Apostoli. Essa, insieme con le dottrine sulla Trinità e sull'Incarnazione, contiene il germe dell'opera più nota di E. (scritta tra il 375 e il 377) il Panarion ("contravveleno") adversus omnes haereses. L'opera è divisa in tre libri e sette tomi, e considera ottanta eresie diverse, di cui venti anteriori a Gesù Cristo. Se numerose notizie, spesso documentate, rendono particolarmente preziosa l'opera di E. per la storia del quarto secolo, l'animosità che egli pone contro l'eresia e il riconoscimento che egli stesso fa (Haer., LXXI) di parlare spesso per sentito dire, rendono sempre problematica l'accettazione pura e semplice delle sue asserzioni. Per i tre primi secoli E. sfrutta soprattutto l'Adversus Haereses d'Ireneo e il Syntagma d'Ippolito. Le diverse eresie sono nelle edizioni di E. numerate progressivamente e si usa citarle col loro numero d'ordine. Minore importanza hanno le altre tre operette di E.: l'Anakephalaiosis ("ricapitolazione") del Panarion (messa in dubbio come opera di E.); Sui pesi e le misure (superstite solo parzialmente in greco, e totalmente nella versione siriaca), che tratta, nella seconda parte, dei pesi e della cronologia della Sacra Scrittura, e nella prima del Canone Biblico e delle versioni dell'Antico Testamento; il trattatello Sulle 12 gemme, spiegazione degli ornamenti del sommo sacerdote giudaico; infine, alcune lettere, di cui una contro le immagini, messa in dubbio da D. Serruys (Académie Inscript. Belles Lettres, 1904,360 segg.), e rivendicata da Holl, Die Schriften des Epiphanius gen die Bilderaerehrung (Sitzb. Berl. Akad., 1916, 9, 828-868), e un'altra sulla Pasqua (Holl, Silzb. Berliner Akad., 25 febbraio 1926).

Dottrina: Principio di E. è che in cose di fede il cristiano deve contentarsi di quanto insegna la Chiesa; gli eretici, tagliatisi fuori dalla Chiesa, non sono informatori avvisati, e pertanto sono da respingere anche le idee poste a base del loro insegnamento e prese dalla filosofia greca: Origene. perciò, sarebbe , "padre di Ario, e radice e cagione di tutte le eresie". E. afferma che il Verbo assunse perfetta l'umana natura, che non ne venne a essere diminuita nell'Incarnazione: che Maria è vera Madre di Dio, sempre vergine, che Pietro è la pietra solida su cui poggia la Chiesa, in cui si ritrova la fede immutabile. Mentre S. Girolamo metteva in mostra l'erudizione filologica di E., chiamandolo pentaglotta (conosceva il greco, l'ebraico, il siriaco, il copto e il latino), l'esame della lingua da lui usata lo mostra rappresentante del greco della coinè.

Oltre all'edizione riprodotta in Patr. Graec., XLI-XLIII, sono da segnalarsi le edizioni del Holl, dell'Ancoratus e del Panarion,1-64, in Griech. Christl. Schriftsteller, XXV e XXXI, Lipsia 1915 e 1922.

Bibl.: J. Martin, Saint Épiphane, in Annales de phil. chrét., [155] 1907, pp. 113-150, 604-618; [156] 1908, pp. 32-49; B. Eberhard, Die Beteiligung des Epiphanius an dem Streite über Origenes, Treviri 1859; A. Vincenzi, Historia critica quaestionis inter Theophilum, Epiphanium et Hieronymum Origenis adversarios, et inter Ioannem Chrysostomum, Theotimum, Ruffinum et monachos Nitrienses, Origenis patronos, Roma 1865; K. Holl, Die handschriftliche Überlieferung des Epiphanius, in Texte u. Untersuch., XXXVI, ii, Lipsia 1910; Lipsius, Zur Quellenkritik des Epiphanius, Vienna 1885; J. Leipoldt, Epiphanius' von Salamis "Ancoratus" in saïdischer Übersetzung, in Berichte Leipziger Ges. Wiss., 1902, pp. 136-171; H. Gressmann, Jüdisch-aramäisches bei Epiphanius, in Zeits. neutest. Wiss., XVI (1915), pp. 171-197; U. v. Wilamowitz-Moellendorff, Ein Stück aus dem Ancoratus des E., in Sitzb. Berl. Akad., 1911, pp. 759-772; O. Bardenhewer, Gesch. altkirchl. Liter., III, Friburgo in B. 1912, pp. 293-302.

SOURCE : https://www.treccani.it/enciclopedia/epifanio-di-salamina-santo_(Enciclopedia-Italiana)/

Saint Epiphanius, Bishop of Salamis-Constantia, Wall painting, tempera, tempera on mud plaster, 171, 5 x 98, National Museum in Warsaw

Malowidło ścienne - Święty Epifaniusz


Den hellige Epifanius av Salamis (~315-403)

Minnedag: 12. mai

Den hellige Epifanius (Epiphanius) ble født rundt år 315 i den lille bosetningen Besanduk nær Eleutheropolis (i dag Beit Jibrin) i Judea i Palestina. Han kom fra en hellenisert jødisk familie. Han ble overbevist om sannheten i den kristne lære og ble døpt sammen med søsteren Callithrope. Det sies at han ble kristen etter å ha sett hvordan en munk ved navn Lucian ga bort sine klær til en fattig person. Slått av munkens medfølelse ba Epifanius ham op å lære ham om kristendommen. Han ble som 26-åring munk i klosteret hos den hellige Hilarion (ca 291-ca 371) i ørkenen sør for Gaza.

Etter en tid som munk i Palestina dro han til Egypt for å studere, men også for å bo i ulike kommuniteter i ørkenen hvor munkene var hengivne tilhengere av den hellige Athanasius av Alexandria og forsvarere av begrepet consubstantialis («av samme vesen»). På veien til Egypt møtte han den hellige Pafnutios den Store (ca 280-ca 360), en kjent motstander av arianismen, som skal ha profetert at Epifanius en dag ville bli «hierark på Kypros». Epifanius var selv en kompromissløs forsvarer av ortodoksien, og da han på sine studiereiser i Egypt kom over noen uortodokse gnostiske munker og nonner som levde et utsvevende liv, fordømte han dem og fikk dem utvist.

Epifanius vendte rundt år 333 tilbake til Palestina, hvor han ble presteviet og grunnla et kloster i Ad ved Eleutheropolis, som han ledet i tretti år. Dette klosteret ble ofte nevnt i polemikken mellom Hieronymus og Rufinus og biskop Johannes av Jerusalem. Hele tiden studerte Epifanius og skaffet seg evner og kunnskap. Han ble en ekspert på de språkene som trengs for å forstå Skriften og snakket fem språk flytende (hebraisk, egyptisk (koptisk), syrisk, gresk og latin). Av den grunn kalte den hellige Hieronymus (ca 342-420) ham Pentaglossis («Fem-språklig»). Som abbed klarte han seg gjennom forfølgelsene under keiser Julian den Frafalne (Apostaten) (361-63). Han var berømt for sin lærdom, askese, botsøvelser, åndelige visdom og råd, og han skrev og talte mot tidens feiltakelser inntil han begynte å bli betraktet som «Palestinas orakel». Spesielt angrep han arianismen, som var dominerende i keiserlige sirkler. Under keiser Konstantius forlot han ofte sin celle for å stå sammen med dem som kjempet for den sanne tro. I disse årene besøkte han den hellige Eusebius av Vercelli, som også var en forkjemper for ortodoksien, og Paulinus av Antiokia.

Epifanius’ ry for lærdom gjorde at han i 367 ble valgt til biskop av Salamis (tidligere kalt Konstantia etter keiser Konstantius), rundt en mil nord for Famagusta, etter den hellige biskop Auxibius. Dette var det viktigste setet på Kypros og øyas metropolittsete. Samtidig fortsatte han som superior for sitt kloster, og som biskop bar han også ordensdrakt og endret ingenting i sin levemåte. Han var en mann av en viss lærdom, konservativ av natur og en sterk forsvarer av ortodoksien. Som biskop satte han spor etter seg som debattant, blant annet i spørsmålet om dateringen av påsken og kritikken mot bilder. Han var en polemiker mot venerasjonen av bilder.

Hans ry var så stort at han var en av de få ortodokse biskoper som ikke ble plaget av den arianske keiser Valens (364-78), selv om han gikk kraftig ut mot arianismen. Han dro i 376 til en synode i Antiokia, hvor trinitariske spørsmål ble diskutert mot kjetteriet apollinarismen og han støttet biskop Paulinus, som hadde støtte fra Roma, mot den hellige Meletius’ og de østlige biskopenes krav. I 382 fulgte han biskop Paulinus av Antiokia og han til et konsil i Roma innkalt av den hellige pave Damasus I (366-84). I Roma bodde de i hust til den hellige Paula, som kort etter (385) reiste til Palestina.

I 394 prekte Epifanius i Oppstandelseskirken i Jerusalem i nærvær av patriark Johannes av Jerusalem, og da fordømte han sin vert patriarken i hans egen katedral for å være for ettergivende overfor origenismen. Han tok dermed det avgjørende initiativet til motsetningene om Origenes’ person og system i de palestinske munkekoloniene. Denne prekenen ble tatt ille opp av både patriarken og hans tilhengere, og da trakk Epifanius seg tilbake til Betlehem. Der presteviet han Paulinian, den hellige Hieronymus’ bror. Patriark Johannes protesterte mot et slikt inngrep i sine biskoppelige rettigheter, og Epifanius forsøkte i et brev å rettferdiggjøre sin handling, men forsøket var ikke spesielt vellykket.

Epifanius’ siste år ble formørket av hans mangel på måtehold, for i sin iver var han ute av stand til å vise takt og diskresjon i sin polemikk. Epifanius mente at Origenes var ansvarlig for mange av tidens vranglærer, eller «alle heresiers far», spesielt arianismen. Han kunne angripe med stor kraft fordi han kunne gresk, syrisk, hebraisk, koptisk og delvis også latin, «alle verdens språk», som Rufinus sa om ham. Det lyktes ham å skille Hieronymus fra hans origenistiske venner, biskop Johannes av Jerusalem og Rufinus, og dette sørget for at han vant Hieronymus’ vennskap. Sammen med Hieronymus og munkene fra ørkenen i Sketis klarte han på synoden i Alexandria i 399 å få Theofilos av Alexandria til å stemme for en fordømmelse av Origenes.

Da Epifanius var nesten nitti år gammel, dro han i 402 til Konstantinopel, hvor han på oppfordring av erkebiskop Theofilos av Alexandria fordømte de fire «Høye brødre». Men deretter innrømmet han at han ikke kjente til noe av deres lære. De fire var tilhengere av Origenes og munker fra den nitriske ørken, som var fordrevet av Theofilos og søkt tilflukt i Konstantinopel hos den hellige erkebiskop Johannes Krysostomos. Epifanius var innkalt til Konstantinopel av keiser Arkadios og hans hustru Eudoxia for å delta på en bispesynode som skulle fordømme Johannes Krysostomos og avsette ham som patriark av Konstantinopel. Dette var den berømte Eikesynoden i 403, som ble holdt i en forstad til Konstantinopel som ble kalt «Eika».

Da Johannes Krysostomos fikk høre at Epifanius hadde stilt seg på keiserparets side mot ham, skal han ha skrevet til ham: «Min bror Epifanius, jeg hører at du har gitt keiseren det råd at jeg skal forvises. Vit at du aldri skal se din bispetrone igjen». Til dette skal Epifanius ha svart: «Johannes, min lidende bror, stå imot fornærmelser, men vit at du aldri vil nå det stedet du skal forvises til». Begge profetiene gikk i oppfyllelse, for Johannes Krysostomos døde på vei til sitt eksil i Armenia.

Epifanius forsto til slutt at han var blitt brukt som Theofilos’ redskap i hans kampanje mot Johannes Krysostomos, som hadde gitt tilflukt til de munkene som hadde blitt forfulgt av Theofilos og som appellerte til keiseren. Epifanius innså at han var kommet i en uheldig stilling, og desillusjonert gikk han om bord i et skip for å reise tilbake til Kypros. Men han døde på åpent hav på reisen dit den 12. april 403, rundt 88 år gammel.

Epifanius’ berømmelse hviler på hans skrifter, som gjør ham til en av kirkefedrene. Det verket han er mest kjent for, er Panarion eller «Medisinesken eller mot åtti kjetterier» (Panarion seu adversus L7. JULI 2014 haereses) (374-77), hvor han setter seg fore å imøtegå alle kjetterier, virkelige eller innbilte, fra de tidligste tider og helt frem til hans egen tid. I følge ham var det åtti av dem, tilsvarende de «åtti konkubiner» i Salomos Høysang (6,8). Verket er full av sitater som ofte er de eneste bevarte fragmentene av inndratte tekster. Boken ble skrevet mellom 374 og 377 og er en håndbok for å møte kjetternes argumenter.

Boken lister opp og tilbakeviser åtti kjetterier, og noen av dem er ikke beskrevet i noen andre bevarte dokumenter fra den tiden. Epifanius begynner med de «fire mødre» til førkristen heresi –barbarisme, skytisme, hellenisme og judaisme – og deretter tok han for seg de seksten førkristne heresiene som hadde strømmet fra dem: fire filosofiske skoler (stoikere, platonikere, pytagoreere og epikureere) og tolv jødiske sekter. Deretter følger et mellomspill hvor han forteller om Ordet som ble kjød (Inkarnasjonen). Etter dette går Epifanius løs på sin samling av seksti kristne heresier, fra assorterte gnostiske til de ulike trinitariske heresier fra 300-tallet, og han avslutter med kollyridianere (som dyrket Maria som en gudinne – himmeldronningen) og messalianere (syr: metzalyana, «de som ber») eller eukitter (gr: εὐχίτης; euchitēs), medlemmer av en oldkirkelig asketisk-spiritualistisk bevegelse.

Selv om Epifanius ofte lot sin nidkjærhet komme før fakta – han innrømmer ved en anledning at han skrev mot origenistene basert utelukkende på andrehånds rykter (Panarion, Epifanius 71) – er Panarion en verdifull kilde til informasjon om den kristne kirke på 300-tallet. Boken er også en viktig kilde for de tidlige jødiske evangeliene som Hebreerevangeliet, som sirkulerte blant ebionitter og nasareere, samt tilhengerne av Cerinthus og Merinthus. Et annet trekk ved Panarion er at verket gir oss tilgang til verker som har gått tapt, som Justin martyrs verk om kjetterier, gresken i Ireneus’ «Mot heresier» og Hippolyts Syntagma. Panarion ble oversatt til engelsk først i 1987 og 1990.

Hans tidligste kjente verk er avhandlingen Ancoratus («Troens gode anker») om Treenigheten og oppstandelsen, som inneholder argumenter arianismen og Origenes’ lære. Bortsett fra de polemikkene han er kjent for, skrev Epifanius et verk om bibelsk antikvarisme, som har fått sitt navn etter en av seksjonene, «Om mål og vekt» (περί μέτρων καί στάθμων) etter De mensuribus et ponderibus, om gamle jødiske skikker og mål. Det ble skrevet i 392 i Konstantinopel for en persisk prest, og er bevart i syrisk, armensk, og georgisk oversettelse. Den første seksjonen diskuterer Det gamle testamentets kanon og dets versjoner, den andre handler om mål og vekt og den tredje behandler geografien i Palestina. Teksten synes ikke å ha blitt gitt en siste behandling, men består av grove notater og skisser.

Epifanius var en autoritet på kulten for Maria og forkynte Peters primat blant apostlene. Et annet verk, «Om de tolv edelstener» (De Gemmis), er bevart i en rekke fragmenter. Samlingen av prekener som tradisjonelt tilskrives en «St Epiphanius, biskop», dateres til sent på 400-tallet eller 500-tallet og er ikke knyttet til Epifanius av Salamis av moderne forskere. Epifanius’ ry for lærdom var så start at Physiologus, den viktigste kilden for middelalderske bestiarier (samling av moralske fabler om faktiske eller mytologiske fabeldyr), kom til å bli generelt tilskrevet ham, men med urette.

Sammen med den hellige biskop Tikhon av Amathus (Limassol) satte han i gang en forfølgelse mot de ikke-kristne som bodde på Kypros og ødela de fleste av deres templer. Han synes å ha vært den første geistlige som tok opp spørsmålet om kristne religiøse bilder som en større sak, og det har vært mange kontroverser om hvor mange av de sitatene som tilskrives ham av de bysantinske ikonoklastene, som virkelig var av ham. Uansett var han helt klart sterkt imot noe samtidig bruk av bilder i kirken. Hans minnedag i Martyrologium Romanum er 12. mai.

Kilder: Attwater/John, Attwater/Cumming, Butler (V), Benedictines, Delaney, Bunson, KIR, CE, CSO, Patron Saints SQPN, Infocatho, Bautz, Heiligenlexikon, santiebeati.it, en.wikipedia.org, orthodoxwiki.org, zeno.org, oca.org, Ecole - Kompilasjon og oversettelse: p. Per Einar Odden

SOURCE : http://www.katolsk.no/biografier/historisk/esalamis

Bertrand Daniel A.. « Aline Pourkier, L'hérésiologie chez Epiphane de Salamine, Paris, Beauchesne, 1992, (Christianisme antique 4) » [compte-rendu] Revue d'Histoire et de Philosophie religieuses  Année 1994  74-3  pp. 319-320

https://www.persee.fr/doc/rhpr_0035-2403_1994_num_74_3_5297_t1_0319_0000_2

La vie de saint Épiphane évêque de la ville de Constantia de Chypre [par Jean, un disciple] : http://srbigham.com/articles/vie-epiphane.html

Voir aussi : http://www.patristique.org/Epiphane-de-Salamine-Ancoratus-L.html

http://peresdeleglise.free.fr/textesvaries/epiphane.htm

https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fwww.jacksonsnyder.com%2Fyah%2Fmanuscript-library%2Fthe%2520panarion%2520of%2520epiphanius%2520of%2520salamis.pdf%2Findex.html#federation=archive.wikiwix.com

https://www.e-periodica.ch/cntmng?pid=rtp-003:1962:12::361