Bienheureux moines de
Tibhirine
Christian, Christophe,
Luc, Michel, Bruno, Célestin et Paul, martyrs en Algérie (+ 1996)
De 1994 à 1996, dix neuf religieux catholiques installés dans le pays et qui œuvraient auprès des populations locales, dans un dialogue de fraternité et de paix, ont été assassinés par les groupes terroristes.
- Les martyrs d'Algérie béatifiés le 8 décembre 2018.
Les 7 frères trappistes: Dom Christian de Chergé, Frère Luc Dochier, Père Christophe Lebreton, Frère Michel Fleury, Père Bruno Lemarchand, Père Célestin Ringeard, Frère Paul Favre-Miville.
Dans la nuit du 26 mars 1996, 6 moines du monastère de Tibhirine qui en comptaient huit, ainsi que le prieur de l'annexe du monastère au Maroc, étaient enlevés dans des circonstances jamais éclaircies.
Les 7 moines ont été probablement assassinés dans la nuit du 21 mai 1996. Ils ont été décapités et seules leurs têtes ont été ensevelies le 4 juin dans le cimetière du monastère, après des funérailles solennelles dans la cathédrale d'Alger. Les circonstances précises des 56 jours de détention et de leur mort restent encore partiellement enveloppées de mystère.
Leur choix de rester en Algérie, malgré un climat croissant de terreur, avait mûri en commun, après une visite intimidatrice d'un groupe armé la nuit de Noël 1993. Cette décision libre exprimait leur volonté de rester ensemble, partageant avec les voisins les dangers de la violence qui frappait surtout les plus démunis. Ils se voulaient, en solidarité avec la petite communauté ecclésiale, donnés à Dieu et à l'Algérie et offerts, comme le Christ, pour le salut du peuple.
Ils savaient qu'ils allaient vers la mort et ils l'acceptaient sans réserve. L'offrande de leurs vies et le pardon des agresseurs sont témoignés de façon merveilleuse dans le testament du prieur, dans l'agenda du maître des novices et dans les lettres des autres frères à leurs familles.
Ces 7 frères, très divers entre eux, étaient unis par l'amour envers le peuple algérien, le respect de l'Islam et le désir de la pauvreté. Cette seconde vocation, branchée sur la grande vocation chrétienne et cistercienne, les a conduits à témoigner ensemble de la Pâque du Seigneur par l'offrande de leur vie.
Leur mort a soulevé l'émotion de la communauté internationale. Le testament spirituel de frère Christian de Chergé, Quand un A-DIEU s'envisage..., résonne aujourd'hui comme l'un des grands textes du XXe siècle. Cette petite communauté de l'Atlas vivant en proximité avec ses voisins algériens est allée jusqu'au bout de l'amitié et de la fidélité à une vie monastique plantée en terre d'Islam. Ce qui a fait vivre cette communauté continue d'inspirer bien des hommes et des femmes aujourd'hui, de tous horizons, aspirant à vivre cette fraternité qu'ils ont signée de leurs vies.
- les moines de Tibhirine, site qui leur est dédié
- Testament spirituel de Christian de Chergé, manuscrit original
- Le Mémorial de Tibhirine, abbaye Notre-Dame d'Aiguebelle
- les 19 bienheureux martyrs d'Algérie
- Promulgazione di Decreti della Congregazione delle Cause dei Santi, 27.01.2018, en italien, en anglais
- Annonce de la béatification de 19 de nos frères et sœurs, Communiqué des évêques d'Algérie.
- Le Pape reconnait les martyres de Mgr Pierre Claverie et des moines de Tibhirine
- Mgr
Jean-Paul Vesco, évêque d'Oran, salue la reconnaissance du martyredes moines
de Tibhirine, de Mgr Claverie et de onze autres religieux français assassinés
en Algérie entre 1994 et 1996.
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/13262/Bienheureux-moines-de-Tibhirine.html
Monastère trappiste de Tibhirine en Algérie, près de Médéa
Christian de Chergé et
ses compagnons, Moines Trappistes de Tibhirine (+1996)
Le 21 Mai 1996, un
communiqué du Groupe Islamique Armé, organisation extrémiste algérienne,
annonce qu’a eu lieu l’exécution des sept Moines Trappistes enlevés deux mois
auparavant au Monastère Notre Dame de l’Atlas.
C’est le point final d’un
itinéraire de témoignage évangélique poussé jusqu’à rendre présent l’Emmanuel,
le Dieu-avec-nous, au cœur de la haine qui se répand entre les hommes.
Le chemin des Moines de
l’Atlas avait commencé depuis longtemps, depuis 1938, par l’installation de
certains d’entre eux dans la région de Tibhirine, pour témoigner, dans le
silence, la prière et l’amitié discrète, la fraternité universelle des
chrétiens.
La Communauté avait été
très près de se fermer dans les années ’60, mais elle avait connu un fort
sursaut spirituel grâce à l’intervention directe de divers Abbés français et
grâce aussi à la direction du nouveau Prieur, Frère Christian de Chergé.
C’est ce dernier
précisément qui a laissé à la postérité des écrits de grande valeur
évangélique, où transpire la makrothymia, la magnanimité de celui qui, à
l’exemple de son Maître, sait désormais voir l’autre, même l’ennemi, avec les
yeux de Dieu.
A ses côtés, ses frères
Bruno, Célestin, Christophe, Luc, Michel et Paul seront là pour partager
jusqu’à la mort toute joie et toute douleur, toute angoisse et toute espérance,
pour donner totalement leur vie à Dieu et à leurs frères algériens.
Lorsque les événements
s’étaient précipités, ensemble, ils avaient décidé de rester en Algérie et
avaient tissé là des liens étroits de dialogue et d’approfondissement spirituel
avec les Musulmans de la région.
La mort sanglante de ces
Moines a rappelé à l’attention des Chrétiens d’Occident que le martyre est
potentiellement présent dans toute vie vraiment Chrétienne ; elle a transmis à
tout homme capable d’écoute la conviction que seul celui qui a une motivation
pour laquelle il est prêt à mourir a une véritable motivation pour laquelle il
vaut la peine de vivre.
SOURCE : http://www.peintre-icones.fr/PAGES/CALENDRIER/Mai/21.html
Les martyrs d'Algérie
seront béatifiés le 8 décembre
Mgr Pierre Claverie, et
ses 18 compagnons dont les sept moines cisterciens de Tibhirine seront
béatifiés le 8 décembre prochain en la Basilique de Santa Cruz à Oran. Une
annonce des évêques d’Algérie ce vendredi 14 septembre, qui met en joie
l'Église locale.
Marine Henriot - Cité du
Vatican
Le 8 décembre 2018 est
vraisemblablement une date qui restera dans les mémoires de l’Église en
Algérie. C’est ce jour qui a été choisi pour célébrer en la basilique de Santa
Cruz à Oran la béatification de 19 martyrs, 19 religieux et religieuses
assassinés dans les années 1990, décennie noire pour l’Algérie.
Dans leur communiqué les
évêques d’Algérie parlent d’une «grande joie» et d’une «bonne nouvelle». Il
faut dire que le chemin fut long. La cause de la béatification a été ouverte en
2006 à Alger, et en janvier dernier le Pape donnait son accord pour la
promulgation des décrets de béatification. Béatification qui sera donc célébrée
par le cardinal Becciu, préfet de la Congrégation pour la cause des saints, qui
sera l’envoyé personnel du Pape François.
Décennie noire pour l'Algérie
27/01/2018
Algérie:
qui sont les dix autres religieux reconnus martyrs ?
21 ans après après leur
assassinat, six religieuses et onze moines, dont les sept cisterciens de
Tibhirine voient donc leur martyre reconnu. Les moines de Tibhirine avaient été
enlevés en mars 1996 dans leur monastère de Notre Dame de l’Atlas. Seules leur
têtes avaient été retrouvées quelques mois plus tard, aujourd’hui la cause de
la mort des frères est encore floue.
Les six religieuses,
moins connues du grand public, ont été tuées dans cette même décennie noire, en
1994 et 1995 à Alger.
Mgr Pierre Claverie,
évêque d’Oran, a été lui assassiné le 1er août 1996 par l’explosion d’une bombe
devant son évêché, il avait 58 ans. Un attentat intervenu peu après la visite
en Algérie du ministre français des affaires étrangères, Hervé de Charette, qui
s’était rendu sur la tombe des moines de Tibhirine.
«Que leur exemple nous
aide dans notre vie d’aujourd’hui», déclarent les évêques d’Algérie, affirmant
que cette béatification sera, pour l’Église et le monde, un appel pour «bâtir
ensemble un monde de paix et de fraternité», une manière pour l’Eglise
algérienne et le pays tout entier de tourner cette sombre page de l’histoire.
La liste complète des
futurs bienheureux
Cette béatification
concerne au total 19 personnes consacrées, certaines étant bien connues, comme
le Frère Christian de Chergé ou Mgr Pierre Claverie, mais d'autres religieux et
religieuses dont les noms sont moins familiers figurent aussi dans cette liste.
Ces martyrs qui vivaient au service de la population algérienne seront honorés
au nom des milliers de victimes, musulmanes dans leur très grande majorité, de
la guerre civile des années 1990.
Voici donc la liste des
futurs bienheureux, dans l'ordre chronologique de leur assassinat:
Le 8 mai 1994 à Alger
: Frère Henri Vergès, né le 15 juillet 1930 à Matemale, religieux mariste
et enseignant français, et Soeur Paul-Hélène Saint-Raymond, née le 24
janvier 1927 à Paris, religieuse française des Petites Soeurs de l'Assomption.
Le 23 octobre 1994 à Bab
El Oued : Sœur Esther Paniagua Alonso, née le 7 juin 1949 à Izagre,
religieuse espagnole des Soeurs Augustines Missionnaires et Sœur Caridad
Alvarez Martin : née le 9 mai 1933 à Santa Cruz de la
Salceda, religieuse espagnole des Soeurs Augustines Missionnaires,
Le 27 décembre 1994 à
Tizi Ouzou : quatre Pères blancs, parmi lesquels trois prêtres de nationalité
française, le Père Jean Chevillard, né le 27 août 1925 à Angers,
le Père Alain Dieulangard, né le 21 mai 1919 à Saint-Brieuc, et
le Père Christian Chessel, né le 27 octobre 1958 à Digne, et un
Belge, le Père Charles Deckers, né le 26 décembre 1924 à Anvers.
Le 3 septembre 1995 à
Belouizdad : Sœur Angèle-Marie Littlejohn, née le 22 novembre 1933 à
Tunis, religieuse française des Soeurs missionnaires de
Notre-Dame-des-Apôtres, et Sœur Bibiane Leclercq, née le 8 janvier
1930 à Gazeran, religieuse française des Soeurs missionnaires de
Notre-Dame-des-Apôtres.
Le 10 novembre 1995 à
Alger : Sœur Odette Prévost : née le 17 juillet 1932 à Oger,
religieuse française des Petites Soeurs du Sacré-Coeur.
Le 21 mai 1996 vers
Médéa, sept moines de Tibhirine (les deux autres frères de la communauté
avaient échappé à l'enlèvement):
Frère Christian de
Chergé : né le 18 janvier 1937 à Colmar, prêtre cistercien français,
prieur de la communauté depuis 1984, moine depuis 1969, en
Algérie depuis 1971,
Frère Luc Dochier :
né le 31 janvier 1914 à Bourg-de-Péage, religieux cistercien français,
moine depuis 1941, en Algérie depuis août 1946. Médecin, il est présent
cinquante ans à Tibhirine, il a soigné tout le monde gratuitement, sans
distinction,
Frère Christophe
Lebreton : né le 11 octobre 1950 à Blois, prêtre cistercien français,
moine depuis 1974, en Algérie depuis 1987,
Frère Michel Fleury
: né le 21 mai 1944 à Sainte-Anne-sur-Brivet, religieux
cistercien français, moine depuis 1981, en Algérie depuis 1985. Membre de
l'Institut du Prado, il était le cuisinier de la communauté,
Frère Bruno
Lemarchand : né le 1er mars 1930 à Saint-Maixent l'École, prêtre
cistercien français, moine depuis 1981, en Algérie et au Maroc depuis
1989,
Frère Célestin Ringeard
: né le 27 mars 1933 à Touvois, prêtre cistercien français, moine
depuis 1983, en Algérie depuis 1987,
et Frère Paul
Favre-Miville : né le 17 avril 1939 à Vinzier, religieux cistercien
français, moine depuis 1984, en Algérie depuis 1989. Il était chargé du
système d'irrigation du potager du monastère.
Le 1er août 1996
: Mgr Pierre Claverie : né le 8 mai 1938 à Alger, prêtre dominicain,
évêque d’Oran depuis 1981.
SOURCE : https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2018-09/martyrs-algerie-claverie-tibhirine.html
Le Pape reconnait les
martyres de Mgr Pierre Claverie et des moines de Tibhirine
Ce vendredi 26 janvier,
le Pape François a autorisé la Congrégation pour les Causes des Saints à
promulguer les décrets de béatification des 19 martyrs d’Algérie.
Delphine Allaire – Cité
du Vatican
C’est au cours d’une
audience avec le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les
Causes des Saints, le 26 janvier, que le Pape François a donné son accord pour
la promulgation des décrets de béatification.
L’évêque d’Oran de 1981 à
1996, Mgr Pierre Claverie, six religieuses et onze moines, dont les sept
cisterciens de Tibhirine, voient donc leur martyre reconnu par l’Église
catholique, 21 ans après leur assassinat. Leur cause de béatification avait,
elle, été ouverte en 2006 à Alger.
Mgr Pierre Claverie,
évêque d’Oran depuis octobre 1981, avait été assassiné le 1er août 1996, à 58
ans, dans l’explosion d’une bombe déposée devant son évêché.
L’attentat était
intervenu peu après la visite en Algérie du ministre français des affaires
étrangères, Hervé de Charette, qui s’était rendu sur les tombes des sept moines
français de Tibhirine.
Les sept moines
cisterciens de Tibhirine, eux, avaient été enlevés en mars 1996 dans leur
monastère de Notre-Dame de l’Atlas. Leur mort avait été annoncé plusieurs
semaines plus tard, par un communiqué du Groupe islamique armé (GIA). Seules
les têtes des moines avaient ensuite été retrouvées, le 30 mai 1996, au bord
d’une route, non loin du monastère.
Depuis vingt ans, trois
thèses sont régulièrement avancées pour expliquer la mort des frères: celle
d’une bavure de l’armée algérienne, d’une manipulation des services secrets
algériens, ou celle d’un acte atroce perpétré par les groupes islamistes armés
qui semaient la terreur en Algérie dans les années 1990.
En septembre 2017, le
Pape s’était déjà montré très sensible à la signification du sacrifice de
l’ancien évêque d’Oran et de ses 18 compagnons. Mgr Paul Desfarges, archevêque
d’Alger, accompagné de l’évêque d’Oran, Mgr Jean Paul Vesco et du père Thomas
Georgeon, postulateur de la cause en béatification de ces martyrs, avaient été
reçus par le Pape François.
Sujets
27 janvier 2018, 10:41
SOURCE : https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2018-09/martyrs-algerie-claverie-tibhirine.html
Algérie: à Oran,
béatification des 19 martyrs catholiques le 8 décembre 2018
« Ma vie était DONNÉE à
Dieu et à ce pays » (p. Christian de Chergé)
SEPTEMBRE 14, 2018
10:47 ANITA BOURDIN SAINTS,
BIENHEUREUX
La béatification des 19
martyrs catholiques d’Algérie sera célébrée à Oran, à Notre-Dame de Santa Cruz,
le 8 décembre prochain et la célébration sera présidée par le cardinal Giovanni
Angelo Becciu, Préfet de la Congrégation des causes des saints, annoncent les
évêques catholiques d’Algérie, ce 14 septembre 2018, avec en exergue cette
phrase de l’un des moines trappistes de Notre-Dame de l’Atlas.
Le pape François a ouvert
la voie à la béatification des sept moines et de douze autres religieux et
religieuses tués en Algérie entre 1994 et 1996 dont, justement, l’ancien évêque
d’Oran, Pierre Claverie, dominicain, en reconnaissant leur
« martyre », le 26
janvier 2016. D’où le choix de son ancien diocèse pour la
béatification.
Le nom espagnol de Santa
Cruz – Sainte Croix – rappelle la présence historique d’une communauté
espagnole importante à Oran. Et l’annonce est faite en ce jour de la Croix
Glorieuse.
Le gouvernement algérien
avait donné son feu vert en avril
dernier.
Sur ces 19 martyrs, 16
sont Français, dont Mgr Claverie, deux sont des religieuses Espagnoles et un
missionnaire est Belge:
-un frère mariste, Henri
Vergès et sœur Paul-Hélène Saint-Raymond, des petites Sœurs de l’Assomption,
assassinés le 8 mai 1994 à Alger;
-soeur Esther
Paniagua Alonso, et soeur Caridad Álvarez Martín, religieuses espagnoles
des Sœurs Augustines Missionnaires, tuées le 23 octobre 1994 à Babael
Oued;
-quatre pères blancs –
trois Français et un Belge -, assassinés à Tizi Ouzou, le 27 décembre 1994:
Jean Chevillard, Charles Deckers, Alain Dieulangard et Christian Chessel;
-le 3 septembre 1995 sont
assassinées deux sœurs missionnaires de Notre-Dame des Apôtres: Angèle-Marie
Littlejohn et Bibiane Leclercq;
-le 10 novembre 1995,
sœur Odette Prévost, des petites Sœurs du Sacré-Cœur, est tuée à Alger.
Les moines de Tibhirine
sont Christian de Chergé, Luc Dochier, Christophe
Lebreton, Michel Fleury, Bruno Lemarchand, Célestin
Ringeard, Paul Favre-Miville.
Voici le communiqué des
évêques.
« J’aimerais que ma
communauté, mon Église, ma famille, se souviennent que ma vie était DONNÉE à
Dieu et à ce pays. » Testament du Père Christian de Chergé.
Communiqué des évêques
d’Algérie
La célébration de la
béatification de Monseigneur Claverie et de ses 18 compagnons aura lieu le
samedi 8 décembre 2018, Solennité mariale, au sanctuaire de Notre-Dame de Santa
Cruz d’Oran.
C’est avec grande joie
que nous vous communiquons cette bonne nouvelle pour notre Eglised’Algérie.
Nous exprimons notre
reconnaissance au Père Thomas Georgeon ocso, postulateur de la cause. C’est
lui, avec d’autres – dont le frère Giovani Bigotto (+), mariste -, qui a mené à
bien tout le travail qui a permis d’en arriver là.
Il nous reste quelques
semaines pour nous préparer à cette célébration, nous remémorer toute la vie et
l’œuvre de nos 19 frères et sœurs en Algérie en faveur des petits, des malades,
des hommes, des femmes et des jeunes algériens.
Le cardinal Angelo
Becciu, Préfet de la Congrégation des causes des saints, a été désigné par le
pape François pour être son Envoyé.
Monseigneur Pierre
Claverie, Frère Henri Vergès, Soeur Paul-Hélène Saint-Raymond, Sœur Esther
Paniagua Alonso, Sœur Caridad Álvarez Martín, Père Jean Chevillard, Père Alain
Dieulangard, Père Charles Deckers, Père Christian Chessel, Sœur Angèle-Marie
Littlejohn, Sœur Bibiane Leclercq, Sœur Odette Prévost, Frère Luc Dochier,
Frère Christian de Chergé, Frère Christophe Lebreton, Frère Michel Fleury,
Frère Bruno Lemarchand, Frère Célestin Ringeard, Frère Paul Favre-Miville nous
sont donnés comme intercesseurs et modèles de vie chrétienne, d’amitié et de
fraternité, de rencontre et de dialogue. Que leur exemple nous aide dans notre
vie d’aujourd’hui.
Depuis l’Algérie, leur
béatification sera pour l’Église et pour le monde, un élan et un appel pour
bâtir ensemble un monde de paix et de fraternité.
+ Paul Desfarges,
Archevêque d’Alger
+ Jean-Paul Vesco, Évêque
d’Oran
+ John Mac William,
Évêque de Laghouat-Ghardaia
1. Jean-Marie
Jehl, Administrateur Apostolique de Constantine et Hippone
Mercredi 12 septembre
2018
Tombe
de Christian de Chergé, monastère de Tibhirine,
Algérie.
Father
Christian de Chergé tomb in the Abbey of Our Lady of Atlas cemetery
Frère Christian
Né le 18 janvier 1937 à
Colmar (Haut-Rhin), il est entré au monastère de l’Atlas le 20 août 1969, étant
déjà prêtre (ordonné le 21 mars 1964). Il fit son noviciat à Aiguebelle et sa
profession solennelle à l’Atlas le 1er octobre 1976. Il était prieur titulaire
de l’Atlas depuis 1984. Il avait étudié à Rome de 1972 à 1974 et était très
impliqué dans le dialogue entre les religions. Son Testament, écrit plus d'un
an avant sa mort, mais découvert après, est déjà considéré comme une oeuvre
classique de littérature moderne religieuse.
Je sais n’avoir que ce
petit jour d’aujourd’hui à donner à Celui qui m’appelle pour TOUT JOUR mais
comment lui dire oui pour toujours si je ne lui donne pas ce petit jour-ci …
Dieu a mille ans pour faire un jour ; je n’ai qu’un seul jour pour faire
de l’éternel, c’est aujourd’hui ! (Frère Christian - Chapitre du 30
janvier 1990)
Christian de Chergé nait
le 18 janvier 1937 à Colmar (Haut-Rhin). Il est le second d'une fratrie de huit
enfants. Elevé dans la droiture et la fidélité par son père militaire et dans
la foi et la prière par sa mère, "ma toute première Eglise",
Christian comprend très tôt (vers sept ans) qu'il veut devenir prêtre.
Pendant son enfance, à
partir d'octobre 1942, il passe trois ans en Algérie à Maison Carrée, aux
portes d'Alger. Il dira : "C'est ma première rencontre avec la foi de
l'autre différent ...". A Paris, à partir de 1945, il fait ses études à
Sainte Marie de Monceau, collège tenu par les pères marianistes. Sa
vocation est nourrie pendant cette même période par le scoutisme, à
l'écoute de la Prière Scoute, inspirée de St Ignace de Loyola :
Seigneur Jésus,
Apprenez-nous à être généreux, A Vous servir comme Vous le méritez, A donner
sans compter ....
Le 6 octobre 1956, à 19
ans, Christian entre au Séminaire des Carmes de Paris. Ses études au
séminaire sont interrompues en 1958 quand sa promotion doit faire son service
militaire. En juillet 1959, il part pour l'Algérie comme officier SAS
(Sections Administratives spécialisées dont la mission immédiate consiste à
rétablir le contact avec la population et à réactiver l'Administration sous
toutes ses formes). Il se retrouve notamment dans le secteur de Tiaret avec le
Colonel Lalande.
Un évènement survenu à
cette époque sera déterminant pour lui, tant dans son amour pour l'Algérie et
les Algériens que dans son ouverture et son intérêt pour les musulmans.
Christian se lie d'amitié avec Mohamed, un garde champêtre musulman d'une des
communes administrées. "J'ai eu l'immense chance de pouvoir travailler
avec Mohamed, un homme très simple qui était garde-champêtre ... et c'était la
première fois que je pouvais, en adulte, parler de Dieu aussi simplement, dans
la conscience claire qu'il était musulman et dans l'affirmation simple que
j'étais chrétien".
Survient un jour un
accrochage au cours duquel Mohamed protège son ami et tente de pacifier
les agresseurs. "C'était un homme qui se refusait de choisir entre ceux
qu'il appelait ses frères et ses amis". Il est retrouvé assassiné un
dimanche alors qu'il puisait de l'eau dans son puits. Christian, quelques jours
auparavant, voyant son ami angoissé par les menaces qui pesaient sur lui, lui
avait dit: "Dieu peut tout, je vais prier pour toi ", et il
avait répondu : "Oui, merci. Mais, tu vois, c'est dommage, les chrétiens
ne savent pas prier !".
Christian sera marqué
toute sa vie par cet épisode douloureux sur lequel il reviendra des
années plus tard, dans une homélie sur Le Martyre de la charité (Jeudi
Saint, 31 mars 1994) : "Je ne peux oublier Mohamed qui, un jour, a
protégé ma vie en exposant la sienne... et qui est mort assassiné par ses
frères parce qu’il se refusait à leur livrer ses amis. Il ne voulait pas faire
le choix entre les uns et les autres. Ubi caritas... Deus ibi est !"
Ce drame fut pour Christian
de Chergé une expérience fondatrice et une semence de vocation : "Dans le
sang de cet ami, assassiné pour n’avoir pas voulu pactiser avec la haine",
dira-t-il en 1982, "j’ai su que mon appel à suivre le Christ devrait
trouver à se vivre, tôt ou tard, dans le pays même où m’avait été donné ce gage
de l’amour le plus grand ‘qui pro vobis et pro multis effundetur’... ".
Début 1961, Christian
revient en France. Il est ordonné prêtre le 21 mars 1964. Sur son image
d'ordination, nous pouvons lire : « Ils ont demandé du Pain, et personne
pour le leur partager » (Lamentation de Jérémie 4,4). Quand Christian a
été assez sûr de sa vocation monastique en Algérie, Monseigneur
Veuillot, archevêque de Paris, lui demande de donner du temps au diocèse
de Paris. C'est ainsi qu'il est nommé chapelain de la basilique du
Sacré-Cœur de Montmartre et directeur de la Maîtrise de Montmartre. Il devait y
rester jusqu'en 1968. Monseigneur Marty lui demandera de prolonger d'un an.
Le 20 août 1969, fête de
saint Bernard de Clairvaux, il entre au noviciat du monastère d’Aiguebelle,
mais son engagement est déjà en Algérie. Le 15 janvier 1971, il arrive à
Notre-Dame de l’Atlas. Le 26 août 1972, alors qu'il est encore profès
temporaire, il part à Rome deux ans pour étudier la langue et la culture
arabes ainsi que la religion musulmane, à l’Institut Pontifical d’Études Arabes
et Islamiques des Pères Blancs. Ce furent des années d’approfondissement
spirituel de la tradition religieuse musulmane. Il expliquera : "ce
qui me paraissait important c'était l'apprentissage de la langue et la
fréquentation du Coran dans un but tout à fait particulier ... pour entrer en
dialogue avec nos voisins si l'occasion s'en présentait". Sa
curiosité passionnée le porte à scruter de manière contemplative (en
moine) le mystère de l’Algérie devant Dieu.
Il fait sa profession
monastique perpétuelle le 1er octobre 1976. Dans sa demande rédigée le 14
septembre 1976, il laisse parler son cœur : « Je crois le moment venu
de m’enraciner plus avant dans le sens d’un appel tenace. (...) J’éprouve aussi
le désir de placer le surcroît d’incertitude où nous vivons "hic et
nunc" sous le signe d'un surcroît de confiance et d'abandon. (...) Ce
monastère est comme la fiancée de mon choix, plus imparfaite que mon
rêve, mais unique en sa réalité ! (...) Je souhaite que mes frères
"stabiliés" de l'Atlas m'admettent définitivement parmi eux au nom
même de cette continuité, me donnant de vivre dans la PRIÈRE, au service de
l'Église d'Algérie, à l'écoute de l'âme musulmane, s'il plaît à Dieu jusqu'au
dernier don de ma mort, ut in omnibus glorificetur Deus ! ».
En 1979, afin d'éprouver
sa vocation, il part en ermite quelques semaines à l'Assekrem dans le Hoggar
chez le Père de Foucauld.
Christian fut élu Prieur
titulaire de l’Atlas en 1984 et réélu en 1990. Il fut un des piliers du
groupe "Ribat
es-Salam" (Le Lien de la Paix) qui se réunissait dans le
monastère depuis l’année 1979. Le nom du groupe n’est pas étranger à la parole
de Saint Paul : « Appliquez-vous à conserver l’unité de l’Esprit par ce
lien qu’est la paix » (Ep 4,3).
Christian était aussi
très attaché à la coopération dans l'ordre du travail, partagé entre les moines
et les quatre associés du village. Il appelait cela "des travaux pratiques
d'espérance !". Il était heureux que deux des associés partagent aussi le
Ribat, vivant ainsi "la double exigence" du travail et de la prière,
le "ora et labora" des moines.
De fait, la méditation
sur le martyre (témoignage) accompagnera Christian les deux dernières années de
sa vie, à la suite de méditations sur le Christ : Le "martyre de la
charité" : Jeudi Saint (31 mars 1994) ; Le "martyre de
l’innocence" : Vendredi Saint (1er avril 1994) ; Le "martyre de
l’espérance" : Vigile pascale (2/3 avril 1994) ; Le "martyre de
l’Esprit Saint" : Pentecôte (22 mai 1994) ; Obscurs témoins d’une
espérance : en mémoire des premiers martyrs d’Afrique (17 juillet 1994). Enfin,
il aborde de nouveau le thème du martyre avec ces paroles attribuées à Thomas
Becket : « Le martyr ne désire plus rien pour lui-même, pas même la gloire
de souffrir le martyre » (Journée de carême, 8 mars 1996).
Comme saint Paul a essayé
durant toute sa vie de comprendre la place d’Israël dans le plan divin du
salut, Christian a beaucoup médité sur la place de l’Islam dans le mystère
salvifique de Dieu. Les textes réunis dans L'invincible Espérance montrent
l'enrichissement qu'il puise dans sa foi chrétienne au contact des musulmans du
village qu'il côtoie. Marqué par le témoignage de Mohamed pendant son service
comme officier français, il a souhaité approfondir cette relation à l'Autre et
aux autres au travers de la prière. C'est en moine et en mystique qu'il
s'exprime.
Il nous laisse de
nombreux écrits, dont son Testament spirituel - "Quand un A-Dieu
s'envisage" - qui fut rédigé fin 1993 : cette année-là, pendant la nuit de
Noël, un groupe du GIA envahit le monastère, tente d'imposer ses exigences sous
la menace et finit par se retirer lorsque Christian annonce à leur chef, Sayah
Attiyah, que la communauté fête la venue du Prince de la Paix, le Christ.
Ses homélies et ses
Chapitres à la Communauté de Tibhirine ont fait l'objet de publications (recension
à la page Bibliographie).
Avec six frères de sa
communauté, il est enlevé dans la nuit du 26 au 27 mars 1996.
EN SAVOIR PLUS :
Christian de Chergé : une
biographie spirituelle du prieur de Tibhirine - Auteur : Christine Ray -
Ed. Albin Michel - 2010
Moines de Tibhirine : Heureux
ceux qui espèrent, autobiographies spirituelles (pages 305 à 487 consacrées
à Fr Christian) - CoEd Bayard/Cerf/Abb. de Bellefontaine - 2018
SOURCE : https://www.moines-tibhirine.org/en/les-7-freres/biographies/173-frere-christian
La
Théologie de Christian de Chergé
Écrit
par Administrator
Samedi,
01 Décembre 2007 11:29
Session
DIM francophone, Aiguebelle, 9-14 octobre 2006.
Enseignement
de Christian Salenson : La Théologie de Christian de Chergé. (Extraits
de notes).
Pas
de dialogue des cultures sans dialogue des religions. Parce que les religions
sont matricielles des cultures. Pourtant, nous courons le risque
d’instrumentalisation du DI par les politiques. Le but du Dialogue
Interreligieux ne se laisse pas épuiser par la dimension sociale et politique
de la paix…
La
finalité du dialogue interreligieux est théologique.
Tout
d’abord, disons que le but du dialogue c’est la conversion de soi par la
rencontre de l’autre ; c’est la conversion de chaque partenaire.
Dans
ce dialogue théologique, un point est bien assuré aujourd’hui, c’est le DI
judéo-chrétien. C’est un acquis même pour le Magistère (il ne faut pas
oublier le travail de Mgr Béa au Concile) ; mais nous ne pouvons pas
nous contenter du dialogue judéo-chrétien ; il ne peut
qu’ouvrir aux autres dialogues, ouvrir sur les nations précisément.
La
pensée théologique de Christian de Chergé est une pensée originale :
la condition de sa théologie est sa vie monastique (ses conférences, ses
homélies…). C’est une théologie en acte, une théologie située.
Sa
théologie prends corps dans une situation sociale
particulière : l’Algérie. Ces moines de Tibhirine ont connu la période
coloniale
Christian
a fait la guerre d’Algérie. C’est à partir de 1975 qu’ils se définissent
« priant parmi les autres priants ». Le contexte est un pays très
bousculé, avec un monastère très lié à l’église locale. Christian de Chergé a
une solide formation théologique (Karl Bath, T. de Chardin, Moltman, Ch. Péguy,
E. Levinas). C’est aussi un bon lecteur du Coran…
Une
expérience fondatrice : alors qu’il est militaire en terre d’Algérie, il
se lie d’amitié avec le garde-champêtre Mohammed et ils parlent de leur foi.
« …il m’a été donné de rencontrer un
homme mûr et profondément religieux qui a libéré ma foi en lui apprenant à
s’exprimer, au fil du quotidien difficile, comme une réponse de simplicité,
d’ouverture et d’abandon à Dieu. Notre dialogue était celui d’une amitié
paisible et confiante qui avait la volonté de Dieu pour horizon, par-dessus la
mêlée. Cet homme illettré ne se payait pas de mots. Incapable de trahir les
unes pour les autres, ses frères ou ses amis, c’est sa vie qu’il mettait en jeu
malgré la charge de ses dix enfants. Il devait concrètement exprimer ce
don en cherchant à protéger, dans un accrochage avec ses frères, un ami plus exposé
que lui. Se sachant menacé il avait accepté ma pauvre promesse de « prier
pour lui ». Il avait simplement commenté : « Je sais que tu
prieras pour moi…Mais, vois, les chrétiens ne savent pas prier… ». J’ai
perçu cette remarque comme un reproche adressé à une Eglise qui ne se
présentait pas alors, du moins lisiblement, comme une communauté de
prière ».
Mohammed
va être assassiné au bord de son puits. Christian écrira : « Dans le
sang de cet ami j’ai su que mon appel à suivre le Christ devrait trouver à se
vivre, tôt ou tard, dans le pays même où m’avait été donné ce gage de l’amour
le plus grand. J’ai su, de même coup que cette consécration de ma vie devait
passer par une prière en commun pour être vraiment témoignage d’Eglise ».
Il
reçoit sa vocation d’un musulman, Mohammed, qui a donné sa vie pour
lui et sa vocation va être profondément eucharistique (cf. mes notes
du DIM européen à En-Calcat in IBI n°20, 2005/2). L’eucharistie, c’est
recevoir sa vie du Christ. Pour lui, Mohammed a donné sa vue comme le Christ et
« chaque eucharistie [le lui] rend infiniment présent dans la réalité du
Corps de gloire ». Christian le dit explicitement : « Mohammed a
donné sa vie comme le Christ ». Dans son homélie de 1993, on ne
sait pas s’il parle de Mohammed ou du Christ, il y a surimpression du Christ et
de Mohammed. Le martyre de l’amour, martyre chrétien par excellence puisque
c’est le geste même du Christ, est tellement martyre chrétien qu’il peut être
vécu par beaucoup.
En
1975, alors qu’il prie dans la chapelle, un musulman vient le rejoindre et lui
dit « Priez pour moi », et ils se mettent à prier ensemble,
« Dès lors, notre prière à deux voix. L’arabe et le français se mélangent,
se rejoignent mystérieusement ; se répondent, se fondent, et se
confondent, se complètent est se conjuguent. Le musulman invoque le Christ. Le
chrétien se soumet au plan de Dieu sur tous les croyants et sur l’un d’entre
eux qui fut le prophète Muhammad »…puis arrive un troisième,
« la prière se fait plus ample…une complicité à trois… Laisser la prière
de l’un vous interpeller au tréfonds d’un silence sans autre voix, vous
reprendre au vol, puis rebondir vers l’autre chargé d’un écho nouveau. Note
après note, la symphonie se construit dans la fusion de ces trois expressions
différentes d’une seule et même fidélité, celle de l’Esprit qui est en Dieu,
qui dit Dieu ! »
Première
question théologique : Quelle est la place de l’Islam dans le dessein de
Dieu ? Quelle est la place des religions dans le dessein de Dieu ?
Une
vieille question…saint Paul devant Israël (Rm 9, 11). Les réponses varient,
mais pour Nostra Aetate les religions ne sont plus diaboliques, et cela est
vrai pour tous désormais, enfin, en principe ! « L’Eglise regarde
aussi avec estime les musulmans » (NA 3). « L’Eglise catholique
ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère
avec un respect sincère […] ces règles et ces doctrines […] apportent souvent
un rayon de la Vérité qui illumine tous les hommes » (NA 2). On
ne peut pas descendre en dessous de cette déclaration, c’est le minimum en
dessous duquel, personne ne peut descendre désormais. Alors si l’on parle de «
rayon de la Vérité » et si la Vérité c’est le Christ, alors « le
Christ traverse les religions ».
Différentes
postures théologiques ont existé en théologie des religions, à l’approche du
Concile Vatican II :
-
théorie de « l’accomplissement » : les religions étant des
« préparations » (J.Daniélou, H. de Lubac), le « Christ
Universel concret » (H. Urs Von Balthasar).
-
théorie des « voies positives » : le mystère du Christ dans les
traditions religieuses » ; le « christianisme anonyme
(K.Rahner) ; le « Christ inconnu » (R. Panikkar) ; les
« voies de salut » (H. Küng) ; les « médiations du
salut » (G. Thils).
Pour
Christian de Chergé, la place de l’Islam dans le dessein de Dieu reste une
« question lancinante ». « La mort seule me donnera la réponse
attendue ». Question qui demeure une question et qui le met en
recherche ; il accepte de se laisser porter par cette question.
Un
engagement dans l’espérance. « Et puis a commencé alors un pèlerinage vers
la communion des saints où chrétiens et musulmans, et tant d’autres avec eux,
partagent la même joie filiale. Car je sais pouvoir fixer à ce terme de mon
expérience au moins un musulman, ce frère bien aimé, qui a vécu jusque dans sa
mort l’imitation de Jésus-christ. Et chaque eucharistie me le rend infiniment
présent dans la réalité du Corps de gloire où le don de sa vie a pris toute sa
dimension « pour moi et pour la multitude », « car il est le
fils dans le sein du Père. Les enfants de l’Islam existent dans le cœur du
Père ».
vie
monastique et eschatologie ; vie monastique et dialogue
interreligieux sont liés.
Si
Dieu est vraiment unique, le Dieu de l’Islam et le Dieu de Jésus-Christ ne font
pas nombre. En 1993, alors que Christian informe sa mère qu’il ne quittera pas
l’Algérie malgré le danger, sa mère lui écrit : « les fleurs ne
changent pas de place pour trouver le soleil, mais c’est le soleil qui vient
les visiter ».
La
miséricorde, « C’est le sceau de l’alliance de Dieu avec la
création », il s’agit de « multiplier au passage les fontaines de
miséricorde ».
« Il
y a aussi une écoute fraternelle de l’islam qui peut nous ramener au cœur même
du mystère de Dieu, dans un humble attachement à un Christ toujours plus grand
que ce que nous pouvons en dire ou en vivre » […] « Il faut être
net ! Si j’ai l’audace d’espérer signifier, dans ce ‘vivre
ensemble ‘, quelque chose de la communion des saints, c’est d’abord parce
que j’apprends à mes dépends, et jour après jour, que le dessein de Dieu, sur
le christianisme comme sur l’islam, reste de nous convier les uns et les autres
à la ‘table des pécheurs’. Le pain multiplié qu’il nous est déjà donné de
rompre ensemble, est celui d’une confiance absolue en la miséricorde du
Tout-Puissant. Lorsque nous acceptons de nous retrouver dans ce partage,
doublement frères parce que ‘prodigues’ et parce que pardonnés, il nous devient
possible, je l’affirme, d’écouter et de reconnaître une même Parole de Dieu
livrant sa richesse de vie, un même Verbe offert à la multitude en rémission
des péchés »[1] .
Comment
Christian de Chergé voit-il le dialogue interreligieux ?
Le
dialogue interreligieux est une question mise au programme au Concile
Vatican
II, avec le pape Jean XXIII, puis le pape Paul VI dans sa lettre
encyclique Ecclesiam suam (6 août 1964), où il donne « l’origine
transcendante du dialogue », « Elle se trouve dans l’intention même
de Dieu. La religion est de sa nature un rapport entre Dieu et l’homme. La
prière exprime en dialogue ce rapport. La révélation, qui est la relation surnaturelle
que Dieu lui-même a pris l’initiative d’instaurer avec l’humanité, peut être
représentée comme un dialogue, dans lequel le Verbe de Dieu s’exprime par
l’Incarnation, et ensuite par l’Evangile […] Le dialogue se fait plein et
confiant ; l’enfant y est invité, le mystique s’y épuise. Il faut que nous
ayons toujours présent cet ineffable et réel rapport de dialogue offert et
établi avec nous par Dieu le Père, par la médiation du Christ dans l’Esprit
Saint, pour comprendre quel rapport nous, c'est-à-dire l’Eglise, nous devons
chercher à instaurer et à promouvoir avec l’humanité ». (ES n° 72). Le
discours du pape Jean-Paul II aux jeunes musulmans à Casablanca, (19 août
1985) peut être considéré comme le texte fondateur du dialogue
interreligieux avec l’Islam. Charles de Foucault a été interpellé par l’Islam
(Avant Vatican II) ; Christian de Chergé est entré en dialogue avec
l’Islam (Après Vatican II).
Christian
de Chergé, lecteur du Coran.
Il
fait une lecture spirituelle du Coran, une lectio du Coran en langue arabe, et
non une lecture intellectuelle. Lire le Coran fait partie de sa vocation. Il
pratique l’intertextualité : Coran et Evangile, et il ne compare jamais.
…L’intertextualité
consiste en ce que le Coran va faire parler le texte biblique, et celui-ci va
faire parler le Coran ; il y a résonance. Ce qu’il dit lui, vient faire
résonner ce que je porte dans ma tradition. Le dialogue s’évalue à la place
faite au-dedans de soi pour l’autre, de l’autre tradition religieuse. Il y a
une place pour l’altérité, une hospitalité intérieure. Il s’agit de vivre, à la
fois, dans la solidarité des autres croyants dans leurs écritures saintes, et
dans la singularité des disciples de Jésus.
Le
mystère de la Visitation. (Retraite donnée aux petite soeurs de Jésus au Maroc
en 1992).
« Elisabeth »,
dit Christian de Chergé, « a libéré le Magnificat de Marie »…Et là
Christian a encore une réflexion forte et profonde, me semble-t-il. Il nous
dit : « Si nous sommes attentifs, et si nous nous nous situons à ce
niveau là, notre « rencontre » avec « l’autre » -le
musulman- dans une attention et dans une volonté de le rejoindre…et aussi dans
un besoin de ce qu’il est et de ce qu’il a à nous
dire…vraisemblablement, il va nous dire quelque chose qui va rejoindre ce que
nous portons (cette Bonne Nouvelle), montrant qu’il est de connivence et nous
permettant d’élargir notre Eucharistie. Car, finalement, le Magnificat que nous
pouvons chanter, qu’il nous est donné de chanter : c’est
l’Eucharistie. La première Eucharistie de l’Eglise…c’est le Magnificat de
Marie ».
La
fonction sacerdotale de l’Eglise.
Nous
ne sommes pas les seuls priants. Nous les chrétiens nous avons une
responsabilité de prière dans le monde ; mais dans le monde, il y a
d’autres priants qui prient dans d’autres traditions religieuses…puis ceux qui
prient sans savoir qu’ils prient. Et il y a plus de gens qui prient que de gens
qui croient. Ils prient sans connaître le destinataire. Nous sommes une maison
de prière à ciel ouvert, où il n’y a pas de toit. Une prière pour les autres
mais surtout avec les autres.
Comment
considérons nous la prière des autres croyants ? Quelle place les croyants
tiennent-ils ? « Voici quarante ans…que, pour la première fois, j’ai
vu des hommes prier autrement que mes pères. J’avais cinq ans, et je découvrais
l’Algérie pour un premier séjour de trois ans. Je garde une profonde
reconnaissance à ma mère qui nous a appris ; à mes frères et à moi, le
respect de la droiture et des attitudes de cette prière musulmane. « Ils
prient Dieu disait ma mère ». Ainsi j’ai toujours su que le Dieu de
l’islam et le Dieu de Jésus-Christ ne font pas nombre ». Tel est le
langage de l’Eglise, de Grégoire VII (1076) à Jean-Paul II…au Nigeria en
1982 : « Tous, chrétiens et musulmans, nous vivons sous le soleil de
l’Unique Dieu de MISERICORDE. Les uns et les autres, nous croyons au Dieu
UNIQUE, créateur de l’homme…Nous adorons Dieu et professons une totale
soumission à son égard. Nous pouvons donc, au vrai sens du terme, nous appeler
frères et sœurs dans la foi au Dieu UNIQUE ».
Dans
le monastère de Tibhirine, les moines avaient prêté une salle aux musulmans
pour leur prière ; ainsi dans la clôture du monastère, cohabitaient une
Eglise et une Mosquée. « La louange monastique et la prière musulmane ont
une parenté spirituelle que je veux apprendre à célébrer davantage, sous le
regard de Celui-là qui, Seul, appelle à la prière, et qui nous demande, sans
doute mystérieusement, d’être ensemble le sel de la terre. De plus, certaines
valeurs religieuses de l’islam sont un stimulant indéniable pour le moine, dans
la ligne m^me de sa vocation. Il en est ainsi du don de soi à l’Absolu de Dieu,
de la prière régulière, du jeûne, de la conversion du cœur, de la confiance en
la providence, de l’hospitalité…En tout cela, m’efforcer de reconnaître
l’ESPRIT DE SAINTETE dont nul ne sait d’où il vient ni où il va… ».
« Ainsi je voyais bien », poursuit Christian de Chergé, « dès
l’abord, qu’une vocation de contemplatif aurait à s’exprimer ici comme une
fidélité exigeante au Christ des Evangiles attentif à découvrir des signes du
Royaume et l’action de l’Esprit en dehors des limites visibles du peuple
choisi… Vivait en moi le souvenir des valeurs évangéliques nourries de la foi
musulmane ».
La
prière chrétienne est par nature interreligieuse. Impossible de prier sans les
autres priants ; je suis dans une dimension de prière large. « Notre
Père »… Notre, c’est qui ? Il ne limite pas ce « Notre »,
nous sommes ici dans la dimension d’Assise ! La prière chrétienne n’est pas
supérieure de celle des autres ; désormais on prie « avec ». La
liturgie chrétienne doit inclure beaucoup plus les autres ! Nous disons
bien, « pour nous et pour la multitude » ! La fonction
sacerdotale doit être ouverte à la dimension interreligieuse, elle doit être
sacramentelle, avec de la place pour les autres croyants[2].
La Messe, c’est la célébration de l’Eucharistie, et le sacrifice est le cœur de
l’Eucharistie, l’Echange admirable du Christ qui se donne à nous pour que nous
nous donnions à Lui.
Mohammed
a vécu l’Eucharistie et cela a conduit Christian de Chergé au don de lui-même.
Le martyr
est la fonction prophétique, le témoignage ! (et pas la « proposition
de la foi » !..).
Et
dans les martyrs il y a aussi Mohammed, le martyr de l’amour. La fonction
prophétique est donc aussi ailleurs que chez les chrétiens.
A
propos de la question du « martyr » des moines de Tibhirine, une
première réponse et non la moindre, spontanée et massive, fut que le sensus fidelium,
les chrétiens dans leur ensemble, les ont immédiatement reconnus comme
tels ; le « sensus » du peuple de Dieu ! et le peuple de
Dieu ne se trompe pas !
[1] Cf.
Chemins de Dialogue, L’écho de Tibhirine, n° 27, 2006.
[2] Le
DIM possède une « Messe du dialogue Interreligieux ».Mise à jour le
Jeudi, 03 Septembre 2009 17:14
Frère Luc
Frère Luc, Paul Dochier
est né en 1914 dans la Drôme.
Après ses études de médecine,
il fait son service militaire au Maroc puis entre à l’abbaye d’Aiguebelle en
1941 comme frère convers, ce qu’il souhaitera rester toute sa vie.
En 1943, il part
comme prisonnier volontaire en Allemagne pour remplacer un père de
famille.
De retour à Aiguebelle,
il rejoint Tibhirine en 1946 et, très vite, on lui demande d’ouvrir un
dispensaire pour soigner la population alentour ; sauf pendant de courtes
périodes d’absence, il le maintiendra jusqu’au bout, malgré un physique de plus
en plus dégradé..
Pendant la guerre
d’indépendance en 1959, Il est enlevé une première fois, avec un autre Frère.
Estimé et respecté de
tous, il soigne jusqu’à une centaine de malades pour jour et tient une grande
place dans la communauté grâce à sa sagesse et son humour.
" Nous sommes encore
vivants. J’ai donc dépassé les 80 ans (…) A mon âge, il faut voir les
évènements de son existence sans amertume. Tous les jours nous marchons vers
l’anniversaire de notre mort. A la surface de notre vie, les évènements se
succèdent, comme les vagues qui ne modifient pas la profondeur de la mer ni le
sens de notre vie qui doit toujours être un chemin vers Dieu.
A 80 ans on franchit un
seuil plein de mystères où comme le dit l’Ecclésiaste les chansons se taisent,
où l’on a des frayeurs dans le chemin.
Mais la Miséricorde de
Dieu est infinie et son Amour immense. C’est donc sans crainte que l’on doit
aborder à l’autre rive. Si je ne meurs pas de mort violente mais de maladie, je
voudrais que dans les derniers instants on me lise une page de
l’Evangile : l’enfant prodigue. Celui qui revient vers son Père qui lui
ouvre les bras… et qu’on me fasse boire du champagne pour dire adieu à la
terre, qui est si belle et que j’ai beaucoup aimée." (lettre à la famille
,12 février 1994)
Paul DOCHIER, qui
deviendra Frère LUC en religion, est né le 31 janvier 1914 à Bourg de Péage
dans la Drôme. Il a une sœur et un frère.
Commencées à l’école
saint Maurice à Romans, puis poursuivies à l’institution Notre Dame et au petit
séminaire de Valence, ses études le mènent au baccalauréat puis il s’oriente en
1932 vers la médecine à la faculté de Lyon. Réussissant le concours d’externat
en 1934, il sera jusqu’en avril 1937 attaché comme étudiant à l’hôpital Grange
Blanche de Lyon.
En Avril 1937, il
disparait et ses camarades d’externat ne découvriront que plus tard ce qu’il
est devenu. En effet, suite à un mûrissement interne dont on ne sait pas grand
chose, il se présente à l’abbaye d’Aiguebelle où il sera désormais à temps
partiel car, sur les conseils du Père Abbé il terminera ses études de médecine
mais dans un autre hôpital : l’Antiquaille.
A noter qu’alors qu’il
hésitait entre le clergé séculier et la vocation monastique, une visite auprès
de Marthe Robin l’orienta définitivement vers le cloître. Il termine sa
médecine et est nommé suppléant à l’issue du concours d’internat en octobre
1938 et présentera avec succès sa thèse le 4 avril 1940, pendant son service
militaire ; celui-ci commence en 1938 à la caserne Jeanne d’Arc de
Villeurbanne, puis il quitte la France comme médecin lieutenant le 28 janvier
1939 pour une affectation dans le sud marocain qui lui donnera l’amour du
Maghreb..
Libéré des obligations
militaires le 7 décembre 1941, il entre alors complètement dans la vie
monastique à Aiguebelle ; après une première prise d’habit de moine
choriste, il obtient de réaliser son souhait d’humilité et prend le 3 décembre
1942 l’habit de frère convers, auquel il restera attaché toute sa vie,
choisissant de le rester même après les évolutions post-Vatican II. Mais,
s’étant porté volontaire pour aller remplacer un médecin père de famille
nombreuse dans un camp de prisonniers en Allemagne, il part le 26 avril 1943
pour l’Oflag VIA, dans la Ruhr, où son beau-frère, Charles Laurent, est
également prisonnier. Au cours de cette captivité, il soignera particulièrement
des prisonniers russes allant jusqu’à partager avec eux une quarantaine pendant
une épidémie de typhus dont il sera lui-même atteint.
Le 5 juillet 1945,
libéré, il rentre en France et, après un mois dans sa famille, retourne à
l’abbaye d’Aiguebelle. Après avoir prononcé ses vœux temporaires le 15 août
1946, il est envoyé à Notre Dame de l’Atlas, « fille » d’Aiguebelle.
Il arrive en Algérie le 28 août 1946, jour de la Saint Augustin.
Très vite, outre divers
services de la vie quotidienne du monastère (cuisine, …), il s’occupera d’un
dispensaire tourné vers la population pauvre et sous-alimentée, allant
même soigner dans la campagne, au moins au début lorsque sa santé le lui
permettait. Le 15 août 1949, à Tibhirine, il fait profession solennelle
comme frère convers.
Pendant la guerre
d’indépendance, il est enlevé avec le frère Mathieu par l’ALN (willaya 4) en
représailles de l’arrestation par l’armée française et de la mort d’un
imam de Médéa pro-FLN. Souffrant d’asthme, les 2 semaines de cet enlèvement
sont pour lui une très dure épreuve physique et
morale même si ils sont finalement libérés sans avoir subi de
violences autres que d’aller de caches en caches dans la montagne.
A la période de
l’indépendance et dans les années qui suivirent, il quittera deux fois
l’Algérie suite à des incertitudes fortes sur l’avenir de l’abbaye et sur le
maintien du dispensaire ; ce sera en 1962 vers l’abbaye d’Orval en
Belgique et en 1964 à l’abbaye Notre dame des Neiges en France d’où, en
1965, il revient à Tibhirine et y restera jusqu’à sa mort, persèvérant
dans le service du dispensaire et d’autres services annexes. Son état physique
n’était pas bon : cœur, reins, asthme. … et cela l’obligera à
quelques rares passages en France où ses amis médecins lyonnais lui procèderont
à examens et interventions. Malgré cela, il recevait de très nombreux malades,
jusqu’à 150 par jour, fournissant gratuitement les médicaments qu’il
sollicitait auprès de ses amis et proches en France ; grâce à ce qu’il
recevait, il aidait aussi en argent ou fournitures les familles très pauvres et
particulièrement les femmes en situation difficile. Il était aussi un confident
pour beaucoup, médecin des corps et des âmes… Connu des kilomètres à la
ronde, il était très aimé de la population malgré son franc-parler. Comme il le
disait lui-même, il a toujours soigné qui se présentait à lui sans chercher à
savoir qui était derrière l’homme souffrant ; cela lui valut la méfiance
de l’armée française pendant la guerre d’indépendance et plus tard des
autorités algériennes pendant le terrorisme.
Une phrase de lui résume
ses dernières années :
Ma présence ici n’est pas
nécessaire mais peut être utile. Le 31 janvier 96, j’aurai 82 ans, je suis
malade, cœur et poumons, mais tant qu’il reste un peu de jour, dans un contexte
difficile, je me dois aux autres – aussi je ne peux quitter Tibhirine.
« Que ton règne vienne ». Il ne faut pas rechercher ce qui est
« sien ».
Il sera enlevé avec ses 6
frères dans la nuit du 26 au 27 mars 1996.Dans la cassette remise par le GIA un
mois après l’enlèvement, sa voix est normale et il semble même ironiser sur ses
ravisseurs, restant ainsi fidèle à l’humour –parfois un peu noir- qu’il gardait
en toutes circonstances.
EN SAVOIR PLUS :
Lire : Frère Luc,
la biographie de C.Henning et Dom Thomas Georgeon, Ed Bayard,
2011
DVD "Frère Luc,
moine de Tibhirine" réalisé par Silvère Lang, AME (communauté du
Chemin Neuf - Lyon), 2004.
Moines de Tibhirine : Heureux
ceux qui espèrent, autobiographies spirituelles (pages 83 à 134 consacrées
à Fr Luc) - CoEdition Bayard/Cerf/Abb. de Bellefontaine - 2018
SOURCE : https://www.moines-tibhirine.org/en/les-7-freres/biographies/177-frere-luc
Frère Christophe
Christophe est né le 11
octobre 1950 à Blois (Loir-et-Cher). Il entre au monastère de Tamié le 1er
novembre 1974. Il fait profession solennelle le 1er novembre 1980.
Passionné de Dieu et des hommes, exigeant, son chemin n’est pas aisé mais il
aime la vie.
« Ecrivain infatigable,
guitariste de cœur, poète à toute heure, il était toujours du côté des pauvres
et des marginaux." ( Dom Bernardo Olivera, abbé général :
Jusqu’où suivre ? Les martyrs de l’Atlas)
Arrivé à l’Atlas en 1987,
il est ordonné prêtre le 1er janvier 1990. Il est maître des novices et
sous-prieur. Il a la charge de la liturgie et du jardin avec frère Paul. C’est
d’abord au jardin qu’il vit l’évangile de l’amitié et le dialogue avec
ses frères musulmans.
On habite ensemble une
terre d’espérance. On la travaille. On est les habitants de ta maison. On y
vit. On y prie. On y demeure jusqu’à l’heure de mourir. Ensemble, on habite ta
main.
De ce bonheur ouvert, qui pourrait nous déloger ? (Journal de frère
Christophe : 07 05 1995)
Présentation de frère
Christophe par lui-même au monastère Notre-Dame-de-Tamié en novembre 1977
Puisqu’il faut que je
parle de moi, voilà : je suis né le 11 octobre 1950 (c’était alors la fête de
Marie-Mère) à Blois. Nous sommes 12 enfants, 7 garçons et 5 filles, je suis le
septième. Quelle grâce d’avoir connu une enfance heureuse avec des parents
fondamentalement attentifs et préoccupés d’être cela, père et mère… avec des
frères et des sœurs convaincus au fond de leur cœur qu’ils le sont en vérité et
que c’est merveilleux et exigeant. Nous avons été élevés chrétiennement mais
dans une grande liberté. Nous avons chacun perçu quelque chose de profond dans
la foi de nos parents. J’ai demandé à rentrer au petit séminaire en sixième,
sans aucune pression, par un choix très libre pour devenir prêtre,
missionnaire. Je garde un bon souvenir de ces 7 années passées au séminaire. À
partir de la seconde nous allions suivre nos cours au collège. Je passais mon
bac en 1968.
Je choisis alors de ne
pas rentrer au grand séminaire et de dire ‘officiellement’ que j’abandonnais
toute idée de sacerdoce. Je prenais ma liberté… pensais-je ! Je m’inscris en
première année de droit à Tours sans idée bien précise sur mon avenir. Très
vite, j’abandonne toute pratique religieuse et cela jusqu’à la fin de mes
études. Je me retrouve toutefois surveillant avec deux autres étudiants au
petit séminaire de Tours. Dès l’été 1968, je travaille pendant mes vacances
dans les camps d’Emmaüs. Je le ferai jusqu’en 1974. Là, je prends conscience qu’il
y a des pauvres, et que désormais je ne peux vivre si j’oublie ce fait énorme,
et que le bonheur ne peut être trouvé sans eux. J’oriente mes études en
quatrième année vers le droit international pensant que peut-être je pourrais
ensuite me spécialiser dans les relations internationales afin de travailler
dans un organisme pour le tiers-monde… Mais à la fin de cette année 1972, je
prends conscience que seul le Christ peut accueillir l’amour qui est en moi, le
désir de justice et de paix. C’est un grand changement dans ma vie. Je rentre à
la maison, l’Église, dont je m’étais séparé – la confession – l’Eucharistie.
Je découvre le père de
Foucauld, dont la vie et les écrits ont réveillé en moi le désir fou de suivre
Jésus, de l’aimer, et donc de lui ressembler. Je pense alors aux Petits Frères
de Jésus qui semblent bien correspondre à mon idéal. Mais je devais faire mon
service militaire. Je l’ai fait en Algérie où j’ai travaillé comme instituteur
et moniteur dans un petit centre pour enfants handicapés et sourds-muets.
Je suis monté plusieurs fois à Notre-Dame-de-l’Atlas, et j’ai aimé cette
communauté sans éclat, simple et très vraie : des hommes qui s’obstinent
humblement et paisiblement à témoigner que Dieu vaut la peine qu’on donne,
ensemble, sa vie pour lui, pour le prier, l’adorer, accueillir les Béatitudes
et apprendre ainsi à aimer, à aimer jusqu’au bout, jusqu’au bout du quotidien.
J’ai donc choisi la vie à l’Atlas.
Pierre et Jehanne,
les parents de Christophe, ont tous deux une foi vivante et engagée,
traversée aussi par des questionnements et des moments de doute. Son père
est directeur d’une coopérative agricole et d’élevage, et la famille habite à
Saint-Lubin, un petit village du Loir-et-Cher. Les enfants sont plutôt libres,
jouant beaucoup dehors et inventant des tas de jeux sans les appréhensions ou
les interdits adultes. Les plus grands ont la charge pas toujours facile des
plus jeunes. Les tablées familiales sont impressionnantes d’autant que les
hôtes sont nombreux. Au coucher la maman rassemblait les plus jeunes pour la
prière commune.
Christophe est un enfant
facile, au regard direct et lumineux, d’une grande sensibilité. Ses
grands-parents maternels ont une prédilection pour lui, dont il n’abusa jamais.
À 11 ans, bouleversé par l’agonie de sa grand-mère maternelle, Christophe
décide de rentrer au petit séminaire de Blois avec un grand désir d’offrande et
en toute liberté.
En 1968 il est passionné
par la philosophie. Il gardera longtemps des liens avec sa professeure de
philo. Par ailleurs il participe « aux pelletés de charbon » de Blois, pour
venir en aide aux plus démunis l’hiver. Il prend part avec cœur et intelligence
à la révolte et à l’élan de liberté de Mai 1968. Il n’est pas toujours en
concordance avec les opinions parentales mais va son chemin, très libre.
Abandonnant toute
pratique religieuse, il est étudiant en droit à la faculté de Tours, aimant la
fête et toujours entouré d’amis. Pour autant il ne peut oublier les plus
pauvres, les sans-logis, et travaille avec l’abbé Pierre dans les camps Emmaüs
avec passion et détermination. Il sera toujours du côté des plus petits, dans
le désir d’habiter un monde plus juste. Il entraîne dans cette aventure
plusieurs de ses frères et sœurs. Les camps ont lieu à Blois, à
Pont-Saint-Esprit, à Millau, à Dijon, à Lons-le-Saunier, en Charente et au
Danemark.
Sa vie d’étudiant est
assez débridée, les fêtes nombreuses, avec des amis de tous les styles. Il joue
de la guitare et dessine, souvent des visages, et ses dessins sont toujours
très épurés.
Il aime danser et il est
amoureux... Ses parents sont souvent déconcertés par ses choix et son allure de
baroudeur. Ils gardent confiance en leur fils et les liens seront toujours
forts. Il obtient sa maîtrise en juin 1972.
Et c’est l’expérience à
Tours, dans ma chambre d’étudiant-surveillant… Pas une image de Dieu, mais ce «
je t’aime » déchirant ma chair : acte de confiance éperdue. Reconnaissance de
quelqu’un, Autre, là… (Journal de Christophe)
Il découvre le frère
Charles de Foucauld et émet le désir de rejoindre une fraternité des Petits
frères de Jésus. Il doit d’abord s’acquitter de ses obligations militaires. De
septembre 1972 à juin 1974, il fait sa coopération à Alger. Il est instituteur
dans un petit centre pour enfants handicapés et sourds-muets sous la
responsabilité de Mtb. Femme de caractère et d’une générosité à toute épreuve,
elle lui apporte l’équilibre et lui fait connaître une famille algérienne dans
laquelle il est accueilli comme un frère.
Il vit dans le quartier
très populaire d’Hussein Dey. Le père Carmona en est le curé et vit son
sacerdoce dans la joie. Il aime l'Algérie et son peuple, est doué d’un esprit
vif et critique, et devient l’ami, le conseiller de Christophe. Il lui fait
découvrir Notre-Dame-de-l’Atlas à Tibhirine, et Christophe choisit la vie
cistercienne dans cette communauté.
En 1974 il entre à Tamié
pour faire son noviciat, Tibhirine ne pouvant assurer sa formation. Le père
François de Salles est alors abbé de cette communauté, et surtout un vrai père
pour cette équipe de novices peu ordinaires et quelque peu rebelles ! Mai 68
n’est pas loin. Christophe y découvre en même temps que ses limites, et
notamment la violence qui peut l’habiter, sa grande capacité à donner et
recevoir l’amitié. À Tamié il écrit beaucoup de poèmes et continue de tenir son
journal depuis 1968. Marie, mère de Dieu et de Jésus est toujours à ses côtés
et témoin de ses engagements, de ses peurs et de ses joies.
En juin 1976, après 18
mois, il demande à repartir à Tibhirine, aspirant à retrouver la pauvreté de
cette petite communauté. Il y prononce ses premiers vœux le 31 décembre 1976,
reçus par le prieur, père Jean-Baptiste. Ses parents sont là pour rendre grâce
avec lui. Il est le plus jeune de la communauté et la relation avec ses frères
n’est pas aisée. Il demande à nouveau à rentrer à Tamié.
Ne pas s’arrêter.
Continuer à marcher, les yeux tendus vers Jésus mon Seigneur. Confiance. (Journal
inédit de Christophe)
Le 1er novembre 1980,
il fait profession solennelle, entouré d’une grande partie de sa famille.
Pour le service de la communauté, le père abbé de Tamié propose à Christophe de
faire une formation professionnelle. Il apprendra le métier de menuisier, à l’école
professionnelle de Troyes, tenue par les frères des Écoles chrétiennes. Il
marque profondément de son empreinte ses camarades.
« Je t’aime » : c’est mon
secret d’enfance, c’est ma prière de frère et c’est ma pauvreté de chaque jour. (Causeries
à l’École professionnelle de Troyes)
La vie monastique reprend
après l’obtention de son CAP en juin 1982.
Acte d’offrande du 15
août 1982 :
depuis mon plus jeune
âge, tu m’as appelé à te suivre, SEIGNEUR. Aujourd’hui je veux totalement me
livrer à TOI, et à ta CROIX GLORIEUSE, pour l’amour du monde de la souffrance.
Que je sois TON témoin joyeux afin qu’il découvre Ton immense amour ! MARIE,
toi qui as marché sur le calvaire, donne-moi la force d’imiter Ton Enfant, je
me confie à toi car tu sais que je suis trop faible. Avec ce monde de
souffrance, MARIE, Ô ma mère, je te rends grâce et je te loue pour TOUT ce que
tu me donneras. AMEN .
De janvier 1986 à
septembre 1987, Tamié le « prête » à Notre-Dame-des-Dombes pour y être
hôtelier. C’est pour lui un temps d’épanouissement et d’apaisement. Son désir
de devenir prêtre refait surface et un projet de formation en lien avec le
séminaire du Prado est esquissé.
Et c’est aux Dombes qu’il
entend l’appel de frère Christian de Chergé, prieur de la communauté de
Tibhirine depuis 1984, qui demande du renfort. En accord avec son père abbé,
Christophe écrit à frère Christian pour lui signifier sa disponibilité. En
octobre 1987, Christophe rejoint Notre-Dame-de-l’Atlas définitivement. Il
arrive à l’Atlas la guitare en bandoulière, fou d’amour pour Dieu.
Lettre à Dom
Jean-Marc, père abbé de Tamié :
parlons… d’ici, des
moines en pays « non chrétien ». Pas d’avenir. C’est clair. Mais la conscience
d’une Présence à vivre ici : service de la prière et rencontre, visitation
d’amitié. Rien d’important. Donc pas de « structures lourdes ». Mais quand
même : une maison… dans la maison de l’Islam… une petite chambre d’ami ouvrant
sur l’Intérieur qui nous unit. Ne faut-il pas vivre plus la solidarité et
l’interdépendance ?
Il devient responsable de
la liturgie, et du jardin avec frère Paul. Au jardin se tissent des liens avec
les associés, liens à renouveler tous les jours parce qu’il faut tenir compte
d’une culture différente, d’une éducation différente, de priorités
différentes... Mais tant de signes d'amitié et de confiance offerte ! Les joies
et souffrances des familles alentours deviennent joies et souffrances pour la
communauté de Notre-Dame-de-l’Atlas. Le 1er Janvier 1990, il est ordonné prêtre
par monseigneur Teissier. Frère Célestin a fait répéter les chants la veille et
a esquissé des pas de danse au grand bonheur des neveux et des nièces de
Christophe. La petite chapelle est pleine d’enfants assis par terre, la famille
de Christophe est nombreuse, et la joie est vraie et simple. Les voisins et
amis musulmans sont là aussi. C’est la fête.
Le prêtre est appelé à
servir le don de Dieu, afin que tous y aient part. Ce don traverse l’islam et
agit au cœur de la foi de ses croyants . (Lettre de Christophe à Mgr
Teissier)
Christophe est proche des
Petites Sœurs de Jésus ; il animera des retraites pour le noviciat. La
situation des Algériens est de plus en plus précaire.
J’attends la victoire de
l’Amour, la seule qui soit VIVABLE. Dans tout ce qui se passe se mêlent tant
d’intérêts, de calculs, de mensonges. La prière s’impose alors comme un espace
de gratuité qu’il nous faut recevoir puisqu’en nous aussi – et d’abord – s’affrontent
les frères du Mal. Notre existence ici reste bien tranquille … (Lettre à
ses parents, 19 janvier 1991)
Fin mai 1992, Christophe
devient père maître en charge d’un novice. À Noël 1993 c’est la première
visitation des frères de la montagne. Les massacres se multiplient, les
habitants de Tibhirine ont peur, et la petite communauté, toujours en lien avec
ses frères de Fès, tient bon. Christophe devient membre du Ribât es-salam. Les
moines sont de plus en plus isolés, et de plus en plus pauvres à tous niveaux.
La communauté fait unité, chacun voit en l’autre le meilleur et prend soin de
son frère.
Parmi nous, je crois que
nul ne fait cas de sa vie. Quel désencombrement pour une communauté .
(Journal de Christophe)
Le 5 octobre 1995, son
père est mourant à Ancône, petit village près de Montélimar. Christophe est là,
regardant intensément le visage souffrant de son père aux côtés de sa mère et
de sa famille:
Ce visage est aimé ;
infiniment regardé. Ce visage m’attend. Le repas de Jésus déjà nous offre un
lieu où s’échangent nos regards, le mien est celui de la foi, de l’espérance,
de la charité ; le tien est envahi par l’Amour. (Journal de Christophe)
Tout au long de sa vie
Christophe a écrit à ses parents et sa famille des lettres emplies de tendresse
et d’amour, attentifs aux événements joyeux et douloureux chez les uns et
les autres.
Le 19 mars 1996 c’est la
fête de saint Joseph mais aussi l’anniversaire de sa consécration à Marie.
Bruno et Joseph Carmona sont arrivés la veille. Le psaume 100 marque les
dernières lignes écrites par Christophe dans son journal :
Je chanterai justice et
bonté…J’irai par le chemin le plus parfait. Quand viendras-tu jusqu’à moi…Je
marcherai d’un cœur parfait.
Sa vie est un long poème
d’amour. Avec 6 de ses frères il est enlevé dans la nuit du 26 au 27 mars
1996 et c’est l’ultime marche vers la captivité et la mort dans des
circonstances qui restent troubles aujourd’hui.
EN SAVOIR PLUS :
Christophe LEBRETON - Aime
jusqu'au bout du feu, poèmes de frère Christophe choisis et présentés par frère
Didier, Ed. Monte Cristo, 1997.
Moines de Tibhirine : Heureux
ceux qui espèrent, autobiographies spirituelles (pages 489 à 688
consacrées à Fr.Christophe) - CoEd Bayard/Cerf/Abb. de Bellefontaine -
2018
SOURCE : https://www.moines-tibhirine.org/en/les-7-freres/biographies/175-frere-christophe
Frère Michel
Né le 21 mai 1944 à
Sainte-Anne (Loire-Atlantique), il est entré au monastère de Bellefontaine le 4
novembre 1980. Il est arrivé à l’Atlas en 1984 et y fit profession solennelle
le 28 août 1986. Il était le cuisinier et le jardinier de la communauté,
reconnu par sa simplicité et son esprit de prière.
Frère Michel Fleury,
moine de N. D. de l’Atlas - Monastère de Tibhirine
“...S'il nous arrive
quelque chose - je ne le souhaite pas - nous voulons le vivre ici en solidarité
de tous ces algériens (et algériennes) qui ont déjà payé de leur vie, seulement
solidaires de tous ces inconnus, innocents…” (extrait d’une carte de f.
Michel mi-août 1994)
Enfance et jeunesse (1944
– 1961)
Michel Fleury est né le
21 mai 1944 à Cotteret, petit village de Sainte-Anne-sur-Brivet, près de
Pont-Château (ou Pontchâteau), dans le département de Loire-Atlantique (44).
Son père, François, qui
était agriculteur, et sa mère Augustine, ont eu deux autres enfants toujours
vivants : Louis, plus âgé que Michel d’un an et Marie-France plus jeune de
trois ans.
Michel a vécu dans la
ferme paternelle jusqu’à l’âge de 14 ans, partageant son temps entre les
travaux des champs et le soin des animaux à la ferme, suivant également les
cours de l’école primaire à Pont-Château.
Sa vie chrétienne se
déroulait dans le cadre de la paroisse de Pont-Château, très proche, en fait,
de la ferme familiale ; mais il eut aussi, alors, des contacts riches et
fréquents avec le P. Olivier Albert, curé de Sainte Anne sur Brivet.
A partir de l’âge de 14
ans jusqu’à 17 ans, il commença à suivre les cours d’agriculture comme son
frère aîné.
Orientation progressive
(1961 – 1971)
C’est alors, à 17 ans,
qu’il s’ouvre à sa mère de son désir de devenir prêtre. Ce qui va le conduire
dans une maison de formation adaptée, dite “séminaire pour vocations tardives”
(l’âge habituel d’entrée pour des jeunes ayant exprimé ce désir de devenir
prêtre coïncidait alors avec l’entrée dans le “secondaire”, vers 11 ou 12 ans).
Il rejoint donc le séminaire de La Flocellière (Vendée) où il reste de 1961
jusqu’en 1966.
En 1966, il entre au
Grand Séminaire de Nantes dont il suit la formation entre 1966 et 1970. En
fait, après deux ans d’études, il fait, en 1968-1969, un stage de travail
normalement prévu dans le cadre de cette formation ; ce stage, accompli
dans une entreprise de métallurgie “Joseph Paris” à Nantes (Chantenay), sera
très important pour l’évolution ultérieure de Michel. En effet, au bout d’une
autre année au Séminaire, il s’avère qu’une nouvelle orientation est préférable
pour lui.
L’entrée et la vie dans
le cadre du Prado (1971 – 1980)
Dans le sens du stage
qu’il a vécu en 1968-69, Michel choisit d’entrer, comme “frère”, en septembre
1971 à l’Institut du Prado (fondé au 19° s. par le P. Chevrier 1826-1879), ce
qui va le mettre désormais pour de bon en contact avec le “monde ouvrier”,
voire avec nombre d’ouvriers venant du Maghreb. Il est d’abord intégré à la
fraternité de Lyon où il fait progressivement connaissance : la “maison
sociale” du quartier, une équipe de JOC…
Et commence pour lui,
avec un frère plus ancien, Georges Tardy, une étape de formation dans
l’Institut. Fin 1971, Georges lui propose d’aller habiter ensemble dans un
foyer d’immigrés musulmans à Vaulx-en-Velin (1972-1973) ; ensuite, il va
faire une formation professionnelle (CAP de fraiseur) à Saint-Denis, dans la
banlieue de Paris où il y a aussi une équipe de la fraternité.
De septembre 1974 à
septembre 1975, c’est l’année de formation, dite “noviciat” qu’il fait avec
Pierre, candidat aussi à la fraternité, à Saint-Fons, banlieue sud de Lyon, à
côté de la maison où vivait le P. Chevrier et où il écrivait son ouvrage :
“Le Véritable Disciple” qui deviendra le guide de Michel, suivi pas à pas, pour
se former à la lecture de l’Evangile, ce qui l’accompagnera ensuite toute sa
vie.
De là, Michel partira fin
septembre 75 pour Marseille où il vivra jusqu’en fin 79 son expérience du
Prado. Il travaille dans la grosse entreprise de métallurgie “Alstom
Atlantique” (sous ses divers noms) ; il est lui-même syndiqué CGT, ce qui
lui permet un contact très proche avec nombre de ceux qui travaillent avec lui.
Il se trouve évidemment dans un contexte où le monde maghrébin est très proche
et aussi la pauvreté réelle. Il ne fait aucun doute que ce sont là les racines
de cet appel qu’il ressentira, une fois entré à la Trappe de Bellefontaine pour
rejoindre le monastère de l’Atlas à Tibhirine.
Malgré tout, il ne se
sent pas vraiment à l’aise avec l’équilibre de vie qu’il a au Prado, ce qui
l’amène à prendre ses distances avec l’Institut dès 1976, mais il reste en lien
jusqu’en 1980. En 1978, il a vécu une grève (perlée) de 52 jours dans son
entreprise : ce fut l’occasion pour lui d’assumer sa responsabilité, dans
la discrétion et d’une manière efficace. En même temps, se manifeste un attrait
pour la prière qui est peu à peu reconnu par ceux qui l’accompagnent et aussi
par certains collègues de travail. Bien qu’il ait dit de lui-même qu’il “vit
comme un païen”, il s’oriente dans cette direction de prière contemplative, en
allant souvent prier dans une communauté religieuse proche.
Orientation monastique
vers Bellefontaine (1978 – 1980)
C’est à Pâques 1979, à
l’abbaye de Lérins que s’opère le changement profond ; il écrit à son
confident de toujours, son cousin Joseph Crand entré un peu avant lui au
séminaire : “en attendant une décision concrète, j’ai repris une vie
de prière personnelle, une fois ou l’autre avec les communautés du quartier
(Frères de Foucauld, Orantes de l’Assomption) et j’ai demandé à entrer dans une
équipe d’ACO. La rencontre de Pâques m’a remis dans une grande joie et une
grande paix. C’est le Dieu fidèle.” (lettre de mai 1979).
La décision sera d’entrer
à l’abbaye de Bellefontaine, assez proche de sa mère dont il a grand souci, ce
qu’il fera le 8 novembre, après un séjour d’essai en août.
Le jour de l’Epiphanie
1981, il y prend l’habit pour les 2 ans de noviciat : “j’ai choisi ce
jour-là à cause de tout le sens de la liturgie et de mon passé”, écrit-il aux
frères du Prado. Deux ans plus tard, au moment du premier engagement temporaire
(mais définitif en son cœur), il écrit à des amis : “Je confie à vos
prières mon engagement… pour qu’avec l’aide de Jésus-Christ, je sois à la
hauteur de la mission spirituelle que Dieu me confie… ”.
Toutefois, la vie est
lourde pour lui, il peine, sa santé faiblit et il doit prendre 2 ou 3 semaines
de repos.
Soudainement, fin mars
1984, une nouvelle orientation se dessine : un appel ressenti à partir
pour le monastère de l’Atlas, en Algérie, dont on vient d’apprendre à
Bellefontaine les évolutions récentes : abbaye devenue prieuré, élection
du prieur, P. Christian de Chergé, le 31 mars. Dès le 3 avril, F. Michel
s’ouvre de cet appel à son responsable de formation ; la proposition est
acceptée fin mai et le départ prévu pour le 27 août, avec le F. Bruno qui, lui
aussi en formation à Bellefontaine, a reçu en même temps le même appel. Tous
deux arrivent à l’Atlas pour la fête de S. Augustin, 28 août 1984.
A Tibhirine (1984 - 1996)
Désormais, F. Michel a
trouvé son “lieu” humain et spirituel où il s’enracine par son engagement
définitif le 28 août 1986, et d’où il ne s’absentera plus que pour un temps au
début de la fondation de Fès au Maroc en 1988 (11 février – 25 juin).
Il vient également en
France (juillet 88 ; mai 90 ; septembre 95) pour de brèves visites à
sa famille, à sa mère surtout qui, en fait, mourra le 2 mai 1990 alors qu’il
arrive précisément pour la voir pendant quelques jours ; ainsi, il sera
là, selon sa propre expression : “pour la dernière eucharistie de
maman” !
Entre temps, le 21 mars
1989, il a été institué “lecteur”, c’est-à-dire, selon le Père Christian de
Chergé : chargé d’entretenir la fidélité de tous à la “lecture de la Parole
Dieu”, activité monastique par excellence, avec tout ce qu’il a reçu du Prado
en ce domaine. Le 4 avril suivant, il rejoint P. Christian dans le groupe du
“Ribât”, ce qui lui permet d’exprimer son ouverture à l’Islam qu’il côtoie, en
fait, depuis de longues années. Alors qu’il s’est brisé l’épaule et le poignet,
le 18 octobre suivant, la longue rééducation, 2 fois par semaine, à l’hôpital
de Médéa lui donne l’occasion de “contacts avec la base”, selon l’expression du
P. Christian de Chergé : “dialogue de la vie”, simple et naturel, avec
l’entourage algérien et musulman !
Dès la Pentecôte 1993, F.
Michel se sentira poussé par l’Esprit Saint à s’offrir pour être “associé – le
plus vite possible – au Mystère Pascal de Jésus-Christ, par les moyens qu’il
voudra…”. Pourtant la “visite du soir de Noël” lui enlèvera toute force,
laquelle lui sera redonnée par la Parole de Dieu reçue, dit-il, au jour de la
fête du Saint-Sacrement 1994.
Il vivra très intensément
les 2 dernières années, comme le montre sa correspondance.
Au matin du 27 mars
96, on retrouvera son habit de prière sur le bord du chemin… !
EN SAVOIR PLUS :
Moines de Tibhirine : Heureux
ceux qui espèrent, autobiographies spirituelles (pages 135 à 179
consacrées à Fr Michel) - CoEdition Bayard/Cerf/Abb. de Bellefontaine -
2018
SOURCE : https://www.moines-tibhirine.org/en/les-7-freres/biographies/174-frere-michel
Frère Bruno
Né le 1er mars 1930 à
Saint-Maixent (Deux-Sèvres), il est entré au Monastère de Bellefontaine le 1er
mars 1981, étant déjà prêtre depuis le 2 avril 1956. Il est arrivé au Monastère
de Notre-Dame de l’Atlas en 1989 et y fit profession solennelle le 21 mars
1990. Supérieur depuis 1991 de l’annexe de N.D. de l'Atlas à Fès au Maroc, il
était à Tibhirine au moment de l’enlèvement, revenu au Monastère pour
l’élection du Prieur de l’Atlas qui devait avoir lieu le 31 mars 1996.
Père Bruno LEMARCHAND
"Je suis toujours
heureux de ma vie monastique et de la vivre en terre d'Islam.
Tout se simplifie : Ici c'est Nazareth avec Jésus, Marie et Joseph..."
Père Bruno (Christian
Lemarchand) est né le 1er Mars 1930 dans les Deux-Sèvres.
Dans sa lettre de Janvier
1981 au Père Abbé de l’Abbaye de Bellefontaine, où il souhaite être reçu comme
postulant, il se présente ainsi :
« Né à Saint Maixent
L'Ecole (Deux-Sèvres), au pays mellois qui reste très marqué par la présence
protestante (une partie de ma famille – maternelle – est protestante), par mon
père, je suis breton… J’ai plusieurs oncles et tantes et quantité de
cousins : ils me donnent beaucoup d’affection et aussi de soutien ;
la plupart sont de fervents chrétiens, quelques-uns même très engagés. Leur
prière est pour moi une grande force dans ma préparation à répondre à ce nouvel
appel du Seigneur.
Mon père était officier
de carrière dans l'armée coloniale. J’ai vécu avec mes parents en Syrie, en
Indochine (Tonkin), en Algérie (Alger et Orléansville) où je suis retourné pour
effectuer mon service militaire (17 mois) avant la guerre d'Indépendance.
Au gré des déplacements
de mes parents, j’ai fréquenté écoles publiques et écoles privées, dont celle
des Marianistes à La Rochelle (de la 3è à la Terminale). L'image de la Vierge
Marie dominait toute la chapelle et autour de cette image on lisait :
« Que le Père et le Fils et le Saint-Esprit soient glorifiés en tous lieux
par l'Immaculée Vierge Marie ».
Je continue à dire cela
plusieurs fois par jour. »
Il y eut un très grand
moment dans sa vie de jeune garçon. De 1940 à 1944, il se trouvait à
Castelnaudary et fréquentait assidûment le patronage dirigé par une religieuse
de Marie Auxiliatrice. C'étaient les belles années du mouvement « Cœurs
Vaillants » et de la « Croisade Eucharistique » :
« Ma vocation, écrit-il,
est née là et a grandi là, devant Jésus présent en son Eucharistie. Notre
religieuse directrice a su être auprès de moi l'instrument du Seigneur et sa
prière m'a porté jusqu'à sa mort (1980). Elle connaissait mon désir de la vie
monastique... et m'assiste aujourd'hui d'auprès du Seigneur. »
Il est ordonné
prêtre le 2 Avril 1956, dans l’Abbatiale de St Maixent,
par Monseigneur de la Chanonie, évêque de Clermont-Ferrand, ancien
curé de la Paroisse de St Maixent.
Le jour de son ordination
Entre 1956 et 1980 il est
professeur, puis supérieur (nomination du 8 août 1965) au Collège Saint-Charles
à Thouars (79) :
" Domine en moi, je
le dis en toute simplicité, la joie de mon sacerdoce, la joie de servir le
Seigneur qui est le seul amour de ma vie, d'avoir servi tant d'enfants et de
jeunes. Je n'oublierai pas mes classes de français, de sciences naturelles et
de travaux manuels, toutes les heures de catéchèse, tout le temps passé à la
préparation des 1ères communions et professions de foi et confirmations. Je
n'oublierai pas tout ce que j'ai reçu alors des uns et des autres, tout au long
de ces jours" (Discours d'adieu au collège St Charles - fin juin
1980)
Ce fut son seul
ministère. Malgré cela il ne se définit pas comme un intellectuel :
« J'aime l'étude...
modérée. Ni philosophe, ni théologien, mes préférences vont à la liturgie et
aux œuvres de spiritualité et à l'histoire religieuse, sans compétence
particulière, si ce n'est pour la culture des fleurs... Le travail manuel est
un besoin fortement ressenti pour la réflexion et la prière ».
Il ressentit l'appel à la
vie monastique dès ses 15 ans. En 1961, il demande à entrer à l'Abbaye de
Ligugé :
« Ce fut un passage
rapide et un échec que je ressentis très douloureusement ».
Il s'attache alors à une
fraternité sacerdotale « Charles de Foucauld » et au cours de l'année
1963, il vient pour la première fois à Notre-Dame de Bellefontaine, dont il
ignorait jusqu'à ce moment, l'existence. A partir de 1966, il y reviendra
chaque année, pour des retraites et des stages :
« Dès mes premiers
séjours, j'ai senti que le Seigneur me tenait ».
En 1981, il demande à
rentrer comme postulant.
« Au collège
Saint-Charles, depuis 15 ans surtout, je faisais trop « tout »... Ici
j'ai vivement ressenti le vide, un vide bénéfique… Je crois très fort à
l'efficacité de la prière, à la vocation missionnaire du moine... J'ai
conscience que la vie monastique doit comporter nécessairement louange gratuite
de Dieu et intercession pour notre monde auquel nous continuons d'appartenir.
Les quelques informations que nous avons sur l'actualité m'aident dans cette
prière… J'ai un très grand désir de devenir un vrai moine. Je ne me sens pas
capable de grandes choses, mais plein du désir de suivre, comme Thérèse de l'Enfant-Jésus,
une petite voie d'abandon, de foi, d'amour, d'humilité, ou mieux, comme Marie
et Joseph dans leur vie cachée à Nazareth avec Jésus, une vie de contemplation
du Seigneur et d'humbles services de nos frères ».
Il s'interroge pourtant
« à propos de l'importance (numérique) de la Communauté et surtout des
moyens matériels nécessaires à sa subsistance » :
« Une communauté
plus réduite témoignant de sa foi et de sa charité dans un milieu
déchristianisé ou non chrétien, cela ne me laisse pas insensible. »
Lors d'une réunion
communautaire (chapitre), il est fait mention de la Trappe de Notre-Dame de
l'Atlas, dans le sud algérien. Père Bruno ne connaît rien de cette Trappe, mais
elle ne quitte plus sa pensée. Et c'est un autre appel.
« Quel appel… ?
Solitude plus grande, prière plus intense, pauvreté matérielle, effective,
témoignage en terre d'Islam... Pas de pauvreté spirituelle vraie sans
pauvreté matérielle réelle ».
…Ici nos monastères sont
“riches” de tout ce soutien apporté par le peuple chrétien qui nous visite.
J'aime tout ce que Bellefontaine me propose, me donne, et ce serait tellement
plus simple d'en rester là. Il me semble que le Seigneur me dit à nouveau :
« Laisse cela et cherche encore ».
En mars 1984, Père Bruno
demande à partir à Notre-Dame de l'Atlas et y arrive (avec le F. Michel )
le 28 août suivant. En visite à Ech Cheliff (autrefois Orléansville), les
souvenirs remontent en lui : sa toute première Communion et le sacrement de la
Confirmation reçu le 4 Juin 1939…, il retrouve la présence de ses parents, de
sa sœur (décédée là le 21 Juin 1938 à l'âge de 16 ans) et de son frère aîné.
Cinq mois après son
arrivée à l'Atlas, il dit sa grande difficulté à s'adapter à la vie monastique
de l'Atlas et demande à rentrer à Bellefontaine.
En 1988, il se sent prêt
à retourner à Tibhirine. En Décembre, le Prieur (le Père Christian de Chergé)
répond à cette demande :
« En lisant ta
lettre, il me semblait... que cette richesse (du Don de Dieu) s’est dépensée,
livrée entièrement, dans la diversité des frères que Dieu nous DONNE et jusque
dans la variété des chemins par où ils nous rejoignent pour continuer de dire
avec nous le OUI unique à un appel toujours personnel. …C’est dire, avant tout,
que j’accueille – que nous accueillons – avec beaucoup de reconnaissance ce
long chemin qui a été le tien, et que j’y vois, déjà et par avance, la
mystérieuse ténacité de Celui qui sait par où nous conduire pour que nous
soyons tout à Lui, librement, paisiblement, avec joie. »
Début Avril 1989, il
repart à Notre-Dame de l'Atlas où il prononce son engagement définitif le 21
Mars 1990 :
« Me voici devant
vous ô mon Dieu... Me voici riche de misère et de pauvreté et d'une lâcheté
sans nom. Me voici devant vous qui n'êtes qu'Amour et Miséricorde ».
Le Prieur, Père
Christian, lui demande de rejoindre la maison annexe de Fès, au Maroc, ce qu’il
fera en Octobre 1990. Il en devient le supérieur quelques mois plus tard.
« Ma prière est
devenue gratuite pour rejoindre celle de mes frères et sœurs musulmans. Mon
seul but est de mettre la prière de Jésus en cette terre dans l'esprit du Père
de Foucauld ».
Le 18 Mars 1996,
l’occasion lui est donnée de retourner à Notre-Dame de l’Atlas pour participer
à l’élection du Prieur, prévue le 31 Mars. Il sera enlevé dans la nuit du 26 au
27 Mars avec six autres frères de sa Communauté, dont Fr. Célestin et Fr.
Michel qui, comme lui, étaient issus de l'Abbaye de Bellefontaine. Ils ont été
retenus en otage tous les 7 pendant 56 jours, s’il faut en croire le communiqué
qui date leur mort du 21 Mai 1996.
EN SAVOIR PLUS :
Moines de Tibhirine : Heureux
ceux qui espèrent, autobiographies spirituelles (pages 181 à 255
consacrées à Fr Bruno) - CoEdition Bayard/Cerf/Abb. de Bellefontaine -
2018
SOURCE : https://www.moines-tibhirine.org/en/les-7-freres/biographies/171-frere-bruno
Frère Célestin
Né le 29 juillet 1933 à
Touvois (Loire-Atlantique), il est entré au monastère de Bellefontaine le 19
juillet 1983. Prêtre depuis le 17 décembre 1960, il avait exercé son ministère
dans les rues. Il est arrivé à l’Atlas en 1987 et y fit profession solennelle
le 1er mai 1989. Il était le chantre.
Frère Célestin Ringeard
moine de N. D. de l’Atlas à Tibhirine
..."Les liens
humains sont quelque chose d'unique, voire de divin, et cela nous y croyons
depuis la venue historique de Dieu sur notre terre, en Jésus de Nazareth !
INOUÏE cette Foi qui est nôtre, et qui pourtant doit mystérieusement rester
"ouverte" à nos frères humains musulmans [terroristes ou non],
bouddhistes, incroyants, ou athées convaincus ! …
Mais je sais que je
re-dis cela à des personnes qui personnellement ont fait déjà un long chemin
vers ce Dieu unique et saint qui nous attire à lui au jour le jour, au Grand
JOUR de la rencontre avec lui, par ce doux frère aîné qu'est Jésus entré le
premier dans ce Temple merveilleux et éternel …"
(extrait d’une lettre à
deux amis, du 13 mars 1994 [après la “visite de Noël 1993 !])
Enfance et jeunesse (1933
– 1945)
Le Frère Célestin
Ringeard est né le 29 juillet 1933 dans la commune et paroisse de Touvois en
Loire-Atlantique (44).
Les circonstances de sa
naissance furent difficiles ; en effet, une tuberculose avait été décelée
six mois plus tôt chez son père, qui s’appelait lui-même Célestin. Et le décès
du père intervint le 8 septembre suivant, tout juste six semaines après la
naissance.
Pour prévenir tout risque
de contagion, le nouveau né, ainsi que son frère Michel, qui avait alors 3 ans,
durent quitter leur mère, Marie (née Boucard) qui vécut douloureusement
cette séparation mais put garder sa fille aînée, Madeleine (aujourd’hui
décédée), qui avait alors 5 ans. Célestin fut mis en nourrice chez une femme
simple, Bertine, qui s’était spontanément proposée et vis à vis de
laquelle Célestin garda toujours beaucoup d’affection, jusqu’à ce qu’il puisse
revenir près de sa mère.
Autant d’événements qui
resteront en filigrane dans la vie de Célestin :
d’une part, la vénération
qu’il garda envers son père qu’il n’avait pas connu mais dont sa mère lui avait
beaucoup parlé ; également, l’attachement très fort pour sa mère (et sa
sœur qui vécut presque toujours avec elle) ; et, plus généralement, une
très grande sensibilité aux personnes, quelles qu’elles soient, mais surtout
les personnes défavorisées ou marginales ;
enfin, il gardera une
attention très particulière à la date du 8 septembre. Il notera plus tard que
le 8 septembre 1933 était justement le jour où, autour du P. René Voillaume,
s’engageaient les premiers “Petits Frères” dits du P. de Foucauld ! C’est
le 8 septembre 1983 que F. Célestin entrera au noviciat de Bellefontaine, de
même qu’en 1985 il fera ce jour-là sa profession temporaire, et qu’en 1988,
parvenu à Tibhirine, il fera sa promesse de stabilité à l’Atlas, n’acceptant
qu’à regret d’y faire profession définitive le 30 avril 1989, jour de la fête
de N. D. d’Afrique !
Formation : Ecole,
Séminaire et Service militaire (1945 – 1960)
D’abord, c’est la
scolarité normale à l’école de Touvois jusqu’à l’âge de 12 ans où il décide de
s’orienter vers le sacerdoce.
Commence alors le
temps du “Petit Séminaire” (études secondaires) : dans un premier temps à
Legé (non loin de Touvois) de 1945 à 1949, puis à Rezé (près de Nantes) de 1949
à 1953 jusqu’au baccalauréat, se contentant du “niveau” sans le “diplôme”.
D’octobre 1953 à avril 1957, ce sont les 4 premières années de “Grand
Séminaire” (formation spécifique pour la vie sacerdotale) à Nantes ; la
5ième année s'effectuera d'octobre 1959 à Noël 1960 après les années de service
militaire avec séjour en Algérie. Et c’est le 17 décembre 1960 qu’il est
ordonné prêtre.
La période significative
de ces années est précisément celle du service militaire (1957 – 1959) que
Célestin va vivre presque totalement en Algérie, sauf les 4 premiers mois à Rennes
(mai – septembre) pour y faire ses “classes”. A la mi-septembre 1957, il
débarque à Oran et rejoint le 8ème R.I.M., basé à Saïda, où il est versé
le 16 janvier suivant au service de santé.
Dès février 1958, à la
suite d’un accrochage qui avait fait plusieurs morts, côté français, un
officier de renseignements du F. L. N., Si Ahmed Hallouz, fut blessé et pris
dans une cache avec armes, matériel de santé, etc. Célestin, avec un autre
infirmier ami, demanda que Si Hallouz soit hébergé à l’infirmerie de la
Compagnie plutôt qu’en prison, ce qui, en fait, sauva la vie de l’officier.
26 ans plus tard, le 6
mars 1984, le fils de cet officier téléphonera à Célestin alors entré à
Bellefontaine ; et ce dernier y reconnaîtra très vite un signe du Seigneur
à partir pour l’Algérie ! Il le raconte lui-même à des amis, avec des détails
inconnus par ailleurs, au moment où il va quitter Bellefontaine pour
Tibhirine :
“Une nouvelle presque
aussi forte que mon entrée à Bellefontaine, le 5 mars 1983… mon “départ” samedi
prochain 13 septembre (1986) en Algérie !
Deux petits mois vécus
ici : mars-avril 84, ont suffi à Dieu pour me flécher – sans fausses
pistes ! – cette direction ! Parmi ces signes bien visibles, je vous
partage celui qui à mes yeux est plus merveilleux qu’un miracle :
Le 6 mars 84, me
téléphone ici le fils aîné de ce sous lieutenant du F.L.N., algérien-kabyle,
que je rencontrais en 58 à Saïda (Oranie) au cours d’une terrible opération
militaire, grièvement blessé… J’apprends qu’après sa libération de la prison
d’Oran, le 20 avril 1962, il est venu 3 fois en France pour me retrouver, sans
y parvenir ! Son fils poursuit ses recherches, et tombe pile sur moi dans…
une abbaye ! comme si Dieu attendait ma présence en tel lieu pour nos
retrouvailles ! …
Tout pour réveiller en
moi un 1er appel en 61, au cours de ma retraite d’entrée à la Fraternité Jesus
caritas du Frère Charles de Foucauld. Mais à ce moment, je me débattais de
mon mieux, m’adressant à Dieu en ces termes : “Tu t’y prends mal ; je
n’ai pas de santé ! et surtout : je ne vois vraiment pas quel mode de
présence avoir dans ce monde maghrébin ! On verra ça plus tard ! J’ai
d’abord à être proche des nombreux mal-aimés tout autour de moi ! …
Je ne croyais pas, en 61, que Dieu me prendrait aux mots 25 ans plus
tard ! Et vous me comprenez, puisque vous savez ce qu’a été ma vie pendant
ces 25 années !”
En posant le pied sur la
terre d’Algérie, je demanderai à Notre Dame de me donner la force d’y vivre le
reste de ma vie, jusqu’à mon dernier souffle ! . Ce moment est pour moi
une véritable “re-naissance” (à 53 ans !) ; je suis un “tout-petit”
qui ne sait pas parler qui ne sait ni parler ni écrire ! J’ai tout à
apprendre, à accueillir !… (de F. Célestin, le 6/09/86)
Ministère pastoral en
paroisse (1961 – 1975)
Après une année en monde
scolaire à Legé (Petit Séminaire), tâche pour laquelle il ne se sent guère
fait, et une année comme vicaire à Saint-Herblain où, mal compris, il vit des
moments difficiles physiquement et moralement, il va pouvoir donner sa mesure à
la paroisse St Dominique, au nord de Nantes, où il est mis en confiance et
soutenu dans son apostolat par son curé, le P. Armand Clouet. Ce dernier (cité
[A.C.]) a raconté en 1996, après la mort des frères, ce qu’il avait vu Célestin
vivre déjà comme vicaire, et, plus intensément encore, ensuite :
“Très vite (à Saint
Dominique), Célestin en vint à prendre contact avec une frange de la population
du quartier qui ne fréquentait pas l’Eglise, qui en était loin ou dont l’Eglise
était loin comme vous voudrez, et qui était marquée par la pauvreté matérielle
due au chômage (déjà !) et à l’alcoolisme. C’était essentiellement, mais
pas uniquement, la cité des baraquements du « Chêne-des-Anglais ».
J’ai noté que les premiers contacts se firent à l’occasion du catéchisme …
“Je peux témoigner qu’il
mena progressivement une vie harassante, parcourant des quartiers… sur son
vélomoteur ou au volant de sa 2 CV. Sa « paroisse » s’agrandissait au
fur et à mesure qu’il découvrait, par ses innombrables contacts, de nouvelles
souffrances causées par l’alcool, la prostitution ou la délinquance. A tel
point que, dans les années 70, les jours ne furent plus assez longs et les
démarches pour écouter, exhorter, convaincre, empiétèrent de plus en plus sur
les nuits … ” [A.C.]
En proximité des plus
pauvres et des marginaux (1975 – 1983)
Une difficulté éprouvée
dans le travail pastoral à collaborer avec un autre prêtre de l’équipe amena
Célestin et son curé à prendre une position qui rendit inévitable leur départ
de la paroisse St Dominique, comme le raconte encore Armand Clouet :
“En mai 1975, vint le
moment douloureux de l’éclatement de l’équipe et de la séparation. Célestin
aimait trop le quartier pour s’en éloigner. Il obtint un logement HLM (18, rue
André Chénier), un F2 qui faisait partie des 170 qui avaient été construits pour
reloger les petites gens de la rue du Marchix. Je signale entre parenthèses,
mais ce n’est pas sans importance, qu’il logeait non loin de sa mère et de sa
sœur, qui après plus de trois années passées à notre service au presbytère (à
partir d’avril 66), avaient elles aussi choisi d’habiter un logement HLM.”
[A.C.]
Et il va lui falloir se
trouver un moyen de subsistance :
“Les années qui
suivirent, furent très dures pour Célestin. N’ayant plus de statut officiel et,
de ce fait, plus de ressources, vivant dans la solitude ; car dans les
« coups durs » - une expression bien à lui ! – les solidarités
ecclésiastiques et sacerdotales ne sont pas toujours au rendez-vous. Grâce à
l’appui d’hommes au grand cœur (tel Stéphane Jost), il obtint le statut
d’éducateur de rues, et ensuite, celui d’animateur de Centre Social pour
sortants de prison. Jusqu’en 1983, il mena conjointement ses tâches
d’animateur, qui lui permettaient de vivre – pauvrement – et de Militant de Vie
Libre, pour le relèvement de ceux et celles que l’alcool, la prostitution ou la
délinquance avaient démolis.” [A.C.]
Mais il s’agit toujours
de faire grandir et se reconstruire ces personnes en difficultés :
“J’ai prononcé le mot
« convaincre », car son ministère avait ceci de particulier, qu’il
fallait convaincre les personnes qui l’appelaient … de la nécessité de se
soigner. Cela dura presque 20 ans, en paroisse, puis hors paroisse. Malgré son
allure fragile, il fallait qu’il soit solide physiquement. Il s’était rendu
solide aussi par la passion qui l’animait, par l’amour passionné qu’il avait
pour ces hommes et ces femmes auxquels il s’attachait par toute la force de sa
sensibilité, car ce n’était pas un cérébral : il pensait et agissait avec
son cœur.” [A.C.]
Dans ces moments
difficiles de mai 1975, la Fraternité Jesus caritas, à laquelle il n’a
cessé d’adhérer, a été pour lui un soutien capital dont il faut souligner
l’importance décisive ; mais une autre aide spirituelle va lui être
suggérée lors de la nuit du 3 mars 1976 : se tourner vers l’abbaye de
Bellefontaine, sinon pour de bon, du moins pour des visites et retraites au
sein de la communauté : il n’en fera pas moins de 22 entre mai 76 et le 5
mars 1983, date du dernier stage prévu (de 6 mois) ; en réalité ce sera la
véritable date de son entrée à Bellefontaine qu’il ne quittera plus que pour N.
D. de l’Atlas !
Vie et premiers
engagements à Bellefontaine (1983 – 1986)
Entré le 5 mars 83, c’est
le 19 juillet que Célestin fait sa demande officielle d’entrée et le 8
septembre qu’il commencera le “noviciat” prenant l’habit de la communauté. Le
temps de formation du noviciat étant de 2 ans, c’est le 8 septembre 1985 que F.
Célestin fera son premier engagement, encore provisoire.
Mais on se souvient qu’en
avril 1984, le 4 exactement, Frère Célestin avait exprimé l’appel ressenti
à partir pour Notre Dame de l’Atlas. Etant donné sa position de “novice“ (non
encore engagé dans la communauté), rien ne sera alors dit de cet appel, et
ceci, alors que 2 autres frères du même noviciat, les Frères Michel et Bruno,
avaient dit, eux aussi, les 3 et 6 avril 1984, avoir reçu ce même appel pour
Notre Dame de l'Atlas (sans concertation entre eux trois), et que ces 2 autres
frères, ayant déjà fait un premier engagement, vont de fait rejoindre Tibhirine
les 28-29 août suivants. C'est seulement le 8 mai 1986 que sera rendu public
l'appel ressenti par Frère Célestin et son départ.
Départ pour N. D. de
l’Atlas et vie à l’Atlas (1986 – 1996)
C’est le 13 septembre
1986 que partira Frère Célestin, accompagné de Frère Michel qui est venu
visiter sa maman, après son engagement définitif à l’Atlas, le 28 août
précédent. A l’aéroport d’Alger, moment fort de retrouvailles de Si Ahmed
Hallouz, après 28 ans !
Le 8 septembre 1988, F.
Célestin qui avait pris un engagement de 3 ans à Bellefontaine, le renouvelle à
l’Atlas pour le temps nécessaire jusqu’à la date prévue pour son engagement
définitif : le 30 avril 1989, fête de Notre Dame d’Afrique ! Mais,
déjà, il est autorisé à fixer sa stabilité dans la communauté de Tibhirine.
Avant la profession, fin
novembre 1988 (du 15 au 25), F. Célestin vient voir sa mère dont la santé
décline de manière inquiétante ; c’est une fois lui revenu à l’Atlas
qu’elle accomplit son « passage », le 1er décembre “comme le P.
de Foucauld”, note F. Célestin qui voit là une sorte de grâce !
Décembre 1991 et 5 mars
1993 : deux avertissements cardiaques pour F. Célestin bien pris en charge
sur place, à Médéa, par une cardiologue de Médéa.
Il n’est donc pas
étonnant que la “visite de la veille de Noël 93” vécue avec une grande
intensité par F. Célestin , ait créé pour lui un “choc” et laissé des traces
même physiques qui se solderont par un grave accident cardiaque, une fois
revenu en France à partir du 7 janvier 1994. Il devra subir à Nantes, en
urgence le 10 février, 6 pontages cardiaques.
Mais peu à peu tout
rentre dans l’ordre : à Pâques le 3 avril, il est de retour à
Bellefontaine ; le 5 mars, il a eu la visite de P. Christian de Chergé et
le 16 mai suivant, il aura celle de F. Christophe... Enfin, il repart à la
mi-septembre pour l’Atlas.
Pour lui, spécialement,
les 2 années à venir seront physiquement, moralement et surtout nerveusement
difficiles ; assez vite, à son retour, le 11 octobre, il est déchargé de
la responsabilité du chant à l’office, ce qui lui coûte beaucoup. Dans l’hiver,
sa santé reste fragile (mauvaise grippe).
Du 12 janvier au 27 mars
1995, il est à Fès où il se trouve heureux et aide les 4 frères pour le chant à
l’office. Mais au retour, “les nerfs prennent le dessus” : insomnies,
érésipèle à la jambe gauche, phlébite à la droite, se succèdent dans le courant
de 1995.
Début 1996 pourtant, P.
Christian écrit : “Célestin a trouvé un équilibre que j’admire” ; et,
à la fin de la retraite guidée par le P. Bernard Rérolle, F. Célestin lui-même
écrit :
“Quelle joie d’être à
l’écoute du Père B. R.…, nous faisant entendre ce que le Christ nous dit :
« Lève-toi, mets-toi en marche, fais les œuvres du Père. »… Mystère
de notre propre don à l’intérieur de Son don.” (carte écrite au nom
des frères par F. Célestin, le 29 février 1996).
Dans la nuit du 26 au 27
mars 1996, un hôte (T. B.), membre du Ribât, logeant dans une chambre séparée
par une simple porte, des cellules des frères, a raconté ce qu’il a vécu en
cette nuit :
“D. P., prêtre, membre de
notre Ribât, me réveille en disant : « Il se passe quelque chose
d’anormal chez les pères. » Je me lève en sursaut et je sors dans le
couloir. Nous dormions, J. J., un autre prêtre, lui et moi, dans les chambres
d’hôte du bâtiment monastique, séparées par une porte des chambres des moines.
J’entends en effet un
remuement de tables, de chaises, pas de voix, seulement des rouspétances qui me
semblent être de Célestin : je pense alors qu’il est malade et qu’on veut
le descendre auprès de Frère Luc, puis je pense qu’il est impossible de le
transporter de nuit à l’hôpital.
D. P. entrouvre la porte
de communication avec le couloir des moines et aperçoit M. M. (le gardien), le
dos au mur, immobile entre les deux portes, Célestin qui ne bouge pas, une
valise dans le couloir.
M. M. finit par
s’apercevoir que la porte s’entrouvre et fait signe de la tête de ne pas entrer
et de ne pas bouger. Quand D. P. nous rapporte cela, nous comprenons que les
« gens de la montagne » sont dans le monastère et je suppose que les
moines sont contraints de se rassembler.
D. P. rentrouvre la
porte, il n’y a plus qu’une valise dans le couloir.
Puis silence.
D. P. rentrouvre la
porte : il n’y a plus de valise… ”
(extrait de Jusqu’où suivre ? par Dom Bernardo Olivera, Paris 1997, p. 78)
Seule nous parviendra
ensuite, la voix de F. Célestin, avec celle des autres frères dans la cassette
enregistrée par ceux qui les détenaient en otage au soir du 20 avril
1996 ; puis la nouvelle du 23 mai annonçant leur mort, ou plutôt leur
« pâque »… !
F. Célestin avait
écrit, le lundi saint 28 mars 1994, à P. Edmond, alors maître des novices
de Bellefontaine :
“je retrouvais ces
jours-ci vos vœux de Noël, inspirés de la magnifique phrase d’Angelus
Silésius : « Ah, si mon cœur pouvait devenir une crèche… Dieu passe
dans la petitesse de l’Enfant. Abîme !… »
“Cela me guide pour vous
offrir à mon image cette humble image, au cœur de la semaine sainte, au plein
de Pâques, pour souligner la condescendance, la profondeur de l’amour
infini de Dieu qui, nous les petits, grave notre nom sur la paume de ses grandes
mains…
“Nous sommes les frères
de l’Oiseau pascal !
“C’est devenir un peu fou
que de comprendre que jamais Il ne nous oubliera ! C’est impossible,
depuis qu’Il a à ses côtés son bien-aimé crucifié-glorifié !… ”
EN SAVOIR PLUS :
Vidéo "Célestin,
moine de Tibhirine", un film documentaire de Pierre Mailhotte et Houcine
Saïdi (2002 , réedité en 2018). Cinergie production
Moines de Tibhirine : Heureux
ceux qui espèrent, autobiographies spirituelles (pages 257 à 303
consacrées à Fr. Célestin) - CoEd Bayard/Cerf/Abb. de Bellefontaine -
2018
SOURCE : https://www.moines-tibhirine.org/en/les-7-freres/biographies/176-frere-celestin
Frère Paul
Paul Favre-Miville, qui
deviendra Frère Paul, est né le 17 avril 1939 à Bonnevaux (Haute-Savoie).
Jusqu’en 1984, il y exerce en tant qu’artisan plombier. Puis il entre à
l’Abbaye de Tamié en Savoie où il commence son noviciat. En 1989, il décide de
rejoindre la communauté de l’Atlas à Tibhirine. Il se réjouira d’y trouver une
petite communauté vivant dans la solidarité parmi d’autres croyants et qui
partage les mêmes préoccupations de la vie quotidienne. Il mettra ses
compétences au service du monastère en installant un système d’irrigation pour
sécuriser les plantations. Le 20 août 1991, il prononce ses vœux définitifs
confirmant son désir d’approfondir sa foi dans ce pays.
« Dès le début de
mon arrivée à Tibhirine, je me suis réjoui de voir cette petite communauté vivre chaleureusement
au milieu d’autres croyants, leur étant solidaire et reconnaissant en eux
les enfants d’un même père ».
Paul Favre-Miville, qui
deviendra « Frère Paul », est né le 17 avril 1939 à Vinzier
(Haute-Savoie). Il est le troisième enfant d’une fratrie de quatre.
Jusqu’à son départ en
1984 à l’abbaye de Tamié (Savoie), il vit dans le petit village de Bonnevaux,
dans la vallée d’Abondance, où résident ses parents. Dans ce village de moyenne
montagne les gens pratiquent l’agriculture, l’artisanat ou le petit commerce.
Son père exerce en tant
que maréchal-ferrant et forgeron. Sa mère assume l’activité familiale ouverte au
début du siècle : bistrot, débit de tabac, restaurant ouvrier à certaines
périodes. C’était un endroit de rencontres, d’échanges, de convivialité. Ses
parents lui ont transmis rigueur, sens des responsabilités, esprit
critique et aussi la joie de vivre et la douceur.
Bon élève, Paul obtient
en 1954 un brevet élémentaire préparé au Collège Jean-Jacques Rousseau à
Thonon-les-bains. Il aurait souhaité poursuivre des études, mais il se trouve
contraint d’entrer dans la vie active et vient soutenir son père à la forge de
1954 à 1959. Puis il part faire son service militaire en Algérie où il sera
sous-lieutenant dans une unité parachutiste. A son retour, il se forme en tant
que plombier-chauffagiste et s’établit à son compte dans l’atelier paternel.
Dans son village natal, à
Tamié ou à Tibhirine plus tard, les qualités de son travail sont toujours
appréciées. Quoiqu’il entreprenne, Paul se montre constructif et déterminé.
Derrière une certaine discrétion, il transmet sa bonne humeur à travers
l’humour dont il déborde largement.
Homme d’action, sa vie
est marquée par le service aux autres. Au sein de sa famille, il est toujours
un fils ou un frère solidaire. Dans son village, Paul s’engage dans diverses
activités de la vie civile ou associative. Conseiller municipal et adjoint au
maire entre 1965 et 1984, il n’hésite pas, passé la trentaine, à apprendre à
faire du ski au moment où il est nommé délégué du syndicat intercommunal de la
station de ski naissante. A Bonnevaux, il est aussi pompier volontaire durant
vingt ans, contribue aux collectes des donneurs de sang ; est membre de la
chorale paroissiale. Il se rendra plusieurs années à Lourdes en tant que
bénévole à la Cité St Pierre.
Elevé dans une famille
chrétienne, il approfondit sa foi de diverses façons : il est membre de la
JAC (jeunesse agricole catholique) ; participe à des conférences ; se
rend en pèlerinages à Lourdes, Rome, Jérusalem ou Tamanrasset. Sa recherche
spirituelle devient plus soutenue à partir des années 80. Il part alors en
retraite dans des monastères en Suisse ou en Savoie. C’est à 45 ans qu’il
effectue son noviciat à l’abbaye de Tamié. Il s’intègre rapidement dans cette
communauté où il mûrit sa foi dans une ambiance fraternelle. Ayant vécu dans un
milieu montagnard rude, il n’a pas de difficultés à s’adapter à ses nouvelles
conditions de vie.
Répondant à l’appel lancé
au sein des communautés trappistes pour agrandir Notre Dame de l’Atlas, il part
en Algérie en 1989. Ce pays, il le connait déjà, pour y avoir effectué son
service militaire à l’âge de 20 ans. Les évènements douloureux de cette période
le lient déjà à ce pays. Lors de ses vœux définitifs, à Tibhirine, le 20 août
1991, Paul dira :
« J’ai connu et aimé
ce pays dans lequel vit la communauté de Notre Dame de l’Atlas dans les
circonstances douloureuses de la guerre d’indépendance et j’ai désiré y revenir ».
Il cherche et trouvera
là, parmi ses frères et les villageois, ce à quoi il aspire : une vie
simple, utile, solidaire et dans l’ouverture spirituelle.
Malgré l’éloignement, il
conservera des liens proches avec sa famille. Dans ses lettres transparaissent
son espérance en Dieu, son désir de paix, d’amour et aussi les préoccupations
quotidiennes d’une communauté, monastique ou villageoise. Sa manière à lui de
nous dire que sa foi s’enracine dans l’expérience du quotidien.
EN SAVOIR PLUS :
Moines
de Tibhirine : Heureux ceux qui espèrent, autobiographies spirituelles (pages
49 à 82 consacrées à Fr Paul) - CoEd Bayard/Cerf/Abb. de Bellefontaine -
2018
SOURCE : https://www.moines-tibhirine.org/en/les-7-freres/biographies/172-frere-paul
Also
known as
Pierre-Lucien Claverie
and 18 Companions from the Consecrated Persons in Algeria
Monks of Tibhirine
Profile
Nineteen friars, nuns and priests who
were murdered for
their faith by Muslim fundamentalists
during the Algerian Civil War.
Blessed
Esther Paniagua Alonso
Blessed
María Caridad Álvarez Martín
Blessed
Paul-Hélène Saint Raymond
Blessed
Pierre-Lucien Claverie
between 8 May 1994 and 1 August 1996 in
Algeria
26 January 2018 by Pope France (decree
of martyrdom)
8 December 2018 by Pope Francis
Additional
Information
other
sites in english
Wikipedia:
Pierre Claverie
Wikipedia: Murder of the monks of Tibhirine
video
sites
en français
siti
in italiano
MLA
Citation
“Martyrs of
Algeria“. CatholicSaints.Info. 31 December 2022. Web. 21 May 2024.
<https://catholicsaints.info/martyrs-of-algeria/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/martyrs-of-algeria/
Oratoire
Notre-Dame-de-Tibhirine à Bonifacio
(Le
17 juillet 2006 Mgr Jean-Luc Brunin a inauguré en Corse l'oratoire Notre-Dame-de-Tibhirine,
adossé
à droite de l'église dans l'ermitage de la Trinité de Bonifacio).
Photographie
de Pierre Bona
Ordinary Trappist martyrs
in Algeria gave extraordinary witness
November 20, 2018
VATICAN – After Islamic
terrorists stormed the Algerian monastery he called home, Trappist Father
Christian de Cherge felt compelled to put pen to paper and write down his
testament.
Father de Cherge, prior
of the Monastery of Notre Dame de l'Atlas, said he held no ill will to those
who would eventually kill him. In his letter, written between Dec. 1, 1993, and
Jan. 1, 1994, he said he knew extremists in the country followed a
"caricature of Islam" and urged his loved ones to not confuse Muslim
"religious tradition with the all-or-nothingness of the extremists."
"I do not see how I could rejoice that this people that I love should be
globally blamed for my murder," the Trappist monk wrote.
The sense of impending doom felt by Father de Cherge would prove correct when
he and six of his fellow Trappists – Fathers Christophe, Bruno and Celestin as
well as Brothers Luc, Michel and Paul – were murdered in 1996 by members of the
Armed Islamic Group in Tibhirine, Algeria.
More than 20 years after their martyrdom, the seven Trappist monks will be
beatified along with 12 of their fellow martyrs who were killed between 1993
and 1996, while Algeria was locked in a 10-year armed conflict between
government forces and extremist Islamic rebel groups.
Cardinal Angelo Becciu, prefect of the Congregation
for Saints' Causes, will preside over the Dec. 8 Mass and beatification for
the six women and 13 men in Oran, Algeria.
In anticipation of their long-awaited canonization, the Vatican publishing
house, Libreria Editrice Vaticana, presented a new book on the lives of the
Trappist martyrs: "Simply Christians: The Life and Message of the Blessed
Martyrs of Tibhirine."
The book, written by Trappist Father Thomas Georgeon, postulator of the monks' canonization
cause, and Francois Vayne, communications director for the Knights of the Holy
Sepulchre, details the lives of the monks before their martyrdom.
In a video message shown during presentation of the new book Nov. 19, Father
Georgeon said that while the church will formally recognize the sanctity of the
seven Trappist martyrs, St. John Paul II recognized their holiness soon after
their death.
Father Georgeon said the book's cover features a picture of a mosaic located in
the Vatican's Redemptoris Mater Chapel: it pictures Father de Cherge, flanked
by two martyrs of the church. He said he asked Jesuit Father Marko Rupnik, who
designed the mosaic, how the Trappist monk was included in the final design.
Father Georgeon recalled Father Rupnik "told me that he met the Holy
Father (St. John Paul) to present the project, but there were doubts of
including Father Christian only three years after his death. The canonical
process of his beatification had not begun."
"The Holy Father gave him a big pat on the back and told him, 'This monk
must absolutely be included in the mosaic. You will see that he will obtain
great graces for us.' It was a prophetic word from St. John Paul II, who was
the first to spread the monks' reputation of holiness," the postulator
said.
Vayne, who was born and raised in Algeria until his teens, told journalists the
memory of his martyred friends continues to move him. He recalled often
visiting the Tibhirine monastery, which "was the lung of the
diocese."
Through their work in helping others and their witness in staying with their
people despite the risks, the monks are a testament to the brotherhood that
exists between Christians and Muslims, Vayne said.
Just as Pope Francis said that martyred Christians of different denominations
share "an ecumenism of blood, we can also speak of a Muslim-Christian
interreligious brotherhood of blood," Vayne said.
Cardinal Becciu, who wrote the book's preface, told Catholic News Service that
the example of the Trappist martyrs teaches Christians today to be
"strong, courageous, faithful and coherent" in the face of
persecution and to give "themselves to the cross, even though going to the
cross brings extreme consequences."
Recalling Father de Cherge's final testament, Cardinal Becciu said the martyred
prior knew until the day he died how to distinguish between "the Islam
that he knew and he experienced" and the beliefs of extremists who
"betrayed Islam in its essence."
"He knew an Islam that was tolerant and, in being in contact with (Muslims),
he saw them as respectful, friendly people who needed help. They were ready to
help and receive (the monks) in their homes. So, he couldn't react by saying,
'All Muslims are that way' and give a global judgement," Cardinal Becciu
told CNS.
Franciscan Father Giulio Cesareo, editorial director of the Vatican publishing
house, said the lives of the Trappist martyrs detailed in the book also dispel
the myth that the path to holiness is lived only by "people who do
extraordinary things, who do a lot of penance, work so many miracles or who are
out of the ordinary."
Although the monastic experience is something that not all Christians live, the
Trappist martyrs "gave of themselves in what did" through their daily
activities, which ranged from blacksmithing to providing medical care for their
Algerian neighbors," Father Cesareo told CNS.
"This is a great message for all of us because, in the end, we think that
saints are far away," he said. "Instead, we are all saints in the
measure in which we live within this logic of giving ourselves (to
others)."
Cimetière
du monastère de Tibhirine en Algérie où sont enterré les sept moines assassinés
en 1996.
Monks killed in Algeria,
depicted in ‘Of Gods and Men,’ will soon be beatified
Carol
Glatz - Catholic News Service January 04, 2018
Olivier Perrier and
Philippe Laudenbach, foreground, Lambert Wilson, Olivier Rabourdin,
Jean-Pierre, Jacques Herlin and Jean-Marie Frin star in a scene from the movie
"Of Gods and Men." The seven Trappist monks the film depicts are
among the victims of Algeria's civil war being recognized as martyrs.
(CNS photo/Sony Pictures Classics)
VATICAN CITY (CNS) -- A
bishop, seven Trappist monks and 11 other religious men and women killed by
extremists in Algeria in the 1990s will soon be recognized as martyrs, the
postulator for their causes said.
The decree for their
beatification should be published sometime in January, Trappist Father Thomas
Georgeon said Jan. 1 in an interview with Mondo e Missione (World and Mission),
a monthly magazine and website run by the Pontifical Institute for Foreign
Missions.
A 10-year-long armed
conflict between government forces and extremist Islamic rebel groups left tens
of thousands of people dead, making the deaths of the 19 religious "a
martyrdom in the midst of a sea of violence that devastated Algeria," he
said.
"To pay homage to
these 19 Christian martyrs means also paying homage to the memory of all those
who gave their life in Algeria those dark years" as they were killed
"for their country and for their faith," the priest said.
The conflict began in
1992 when the army canceled the general election that fundamentalist
politicians looked ready to win and cracked down on the Islamic Salvation Front
political movement. Human rights groups said at least 44,000 people, mostly
civilians, were killed in the war between extremist rebels and Algerian
government forces.
"To pay homage to
these 19 Christian martyrs means also paying homage to the memory of all those
who gave their life in Algeria those dark years."
The 19 Catholic priests
and religious proposed for sainthood died between 1993 and 1996, and include
Bishop Pierre Lucien Claverie of Oran, Algeria, who was killed with his driver
by a remote-controlled bomb left by the bishop's residence, and seven Trappist
monks, who had been kidnapped from the monastery of Tibhirine and beheaded by a
group of Islamic terrorists trained by the al-Qaida network. The monks' story
was treated in the film "Of Gods and Men," which won the grand prize
at its premiere at the Cannes Film Festival in 2010.
The monks of Tibhirine
knew that they were in danger and would likely be killed if they remained in
Algeria. French Father Christian de Cherge, the slain prior of the monastery,
had written in a letter nearly three years before his death that he and the
other monks would willingly offer themselves as a sacrifice for the people of
Algeria.
Father de Cherge wrote,
"When the time comes, I would like to be able to have that stroke of
lucidity which would permit me to ask forgiveness of God and of my brothers in
humanity, forgiving wholeheartedly, at the same time, whoever my killer might
be.''
"May we meet each
other again, happy thieves, in paradise, should it please God,'' he
added.
While different extremist
Islamic revolutionaries were held responsible for the deaths of many of the
religious, Catholic missionaries were largely respected by their Muslim
neighbors.
Bishop Claverie in
particular was praised for his personal courage and long-standing efforts to
promote dialogue between Muslims and Christians in the North African country.
While different extremist
Islamic revolutionaries were held responsible for the deaths of many of the
religious, Catholic missionaries were largely respected by their Muslim
neighbors.
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The bishop, who was born
in Algeria to third-generation French settlers, contributed to the formation of
the first human rights league in Algeria. He was a well-known advocate for
peace and a critic of the Islamic rebels killing in the name of God.
He told Vatican Radio in
1992 that Algeria's Christians, who are mostly foreigners, had good relations
with Muslim moderates and intellectuals.
He said the problem was
among Muslims who were divided between fundamentalists and moderates.
The violence escalating
at the time arose from economic and political upheaval, and a cultural and
"identity crisis" on the part of the Algerian people, he said after
the murders of the Trappist monks. The church's mission in Algeria was to
promote a peaceful meeting of Christians and Muslims, he said.
Following Bishop
Claverie's murder, St. John Paul II said that "his martyrdom must become
the seed of love and the reason of hope."
"In the face of
violence that respects no one and nothing, Algeria more than ever needs
peacemakers and brotherhood,'' the pope had said at his Sunday Angelus.
"May God move the Christians and Muslims there to gather together and
imitate the witness of Bishop Claverie.''
Portraits
des Frères Moines de Tibhirine assassinés en 1996.
Oratoire
du prieuré Notre-Dame de l'Atlas, Midelt, Maroc.
Algerian martyrs to be
beatified in December
Oran, Algeria, Sep 14,
2018 / 17:01 pm
The Algerian bishops'
conference has announced that the beatification of Bishop Pierre Claverie and
his 18 companions, who were martyred in the country between 1994 and 1996, will
be held Dec. 8.
The beatification will
take place at the Shrine of Our Lady of the Holy Cross in Oran.
The new blesseds
"have been given to us as intercessors and models of the Christian life,
of friendship and fraternity, of encounter and dialogue. May their example aid
us in our life today," the Algerian bishops wrote.
"From Algeria, their
beatification will be for the Church and for the world, an impetus and a call
to build together a world of peace and fraternity."
In January Pope Francis
had authorized the Congregation for the Causes of Saints to recognize the
martyrdoms.
Claverie was a French
Algerian, and the Bishop of Oran from 1981 until his Aug. 1, 1996 martyrdom. He
and his companions were killed during the Algerian Civil War by Islamists.
In addition to Claverie,
those being beatified are: Brother Henri Vergès, Sister Paul-Hélène
Saint-Raymond, Sister Esther Paniagua Alonso, Sister Caridad Álvarez Martín,
Fr. Jean Chevillard, Fr. Alain Dieulangard, Fr. Charles Deckers, Fr. Christian
Chessel, Sister Angèle-Marie Littlejohn, Sister Bibiane Leclercq, Sister Odette
Prévost, Brother Luc Dochier, Brother Christian de Chergé, Brother Christophe
Lebreton, Brother Michel Fleury, Brother Bruno Lemarchand, Brother Célestin
Ringeard, and Brother Paul Favre-Miville.
The best known of
Claverie's companions are the seven monks of Tibhirine, who were kidnapped from
their Trappist priory in March 1996. They were kept as a bartering chip to
procure the release of several imprisoned members of the Armed Islamic Group of
Algeria, and were killed in May. Their story was dramatized in the 2010 French
film Of Gods and Men, which won the Grand Prix at the Cannes Film Festival.
The prior, Christian de
Chergé, sought peaceful dialogue with the Muslim population of the area and
provided employment, medical attention, and education to the locals.
Dom Christian accepted
that the current political tensions and violent militias were a threat to his
life. According to the Trappist order, he wrote a letter to his community and
family, citing the peace felt giving his life to God.
"If it should happen
one day – and it could be today – that I become a victim of the terrorism which
now seems ready to engulf all the foreigners living in Algeria, I would like my
community, my Church and my family to remember that my life was given to God
and to this country," he said.
After the death of the
monks of Tibhirine, Bishop Claverie knew his life was in serious danger. A bomb
exploded at the entrance of his chancery Aug. 1, 1996, killing him and an aide,
Mohamed Bouchikhi.
Sister Esther Paniagua Alonso and Sister Caridad Álvarez Martín were Augustinian
missionaries from Spain who were killed Oct. 23, 1994 in Algiers.
SOURCE : https://www.catholicnewsagency.com/news/39384/algerian-martyrs-to-be-beatified-in-december
Also
known as
Charles-Marie Christian
de Chergé
one of the Monks of
Tibhirine
Profile
Born to an
aristocratic French family
with a military tradition; his father,
a general,
was the commander of the 67th Artillery Regiment
of Africa,
and Charles spent part of his childhood in Algeria before
the family returned to France.
He studied at
the Carmelite Sainte-Marie
de Manceau School outside Paris, France,
from 1947 to 1954,
was an exceptional student –
and a Boy
Scout.
Having felt the call to
religious life from his childhood,
Charles entered the Carmes Seminary in Paris in 1956,
but left to return to Algeria in 1959 to
serve for 27 months as an officer during
the Algerian War. At one point he was saved from an ambush by an Algerian Muslim
named Mohamed, a father of ten.
Charles told Mohamed that he would pray for
him in thanks. Mohamed said that he knew that Charles would pray for
him, but said that, “Christians don’t
know how to pray.” Mohamed was murdered that night, and Charles saw the whole
event as a calling for him to follow Christ by working in Algeria where
his friend had given him the greatest gift of life and love by risking himself
for another.
Following his military service,
he returned to France,
continued his studies,
and was ordained a priest in
the church of
Saint-Sulpice in Paris in 1965.
Chaplain of the Sacré Cocur Basilica of
Montmartre, France from 1964 to 1969. Father Charles
joined the Trappist Cistercians,
beginning his novitiate at the Aiguebelle Abbey in Algeria in 1971.
Monk at
the Abbey of
Our Lady of Atlas at Tibhirine near Médéa, Algeria.
He studied Arabic
language and culture at the Pontifical Institute of Arab and Islamic
Studies in Rome, Italy under
the direction of the Missionaries
of Africa from 1972 to 1974,
and back in Algeria he
worked for and encourage dialogue between Christians and
Muslims. With the White
Father missionary,
Claude Rault, Father Charles
founded the group Ribât-al-Salam (The Place of Peace) in the spring
of 1979;
the group had the mission of discussion of Muslim tradition and spirituality,
and in 1980 were
joined by a group of Sufi Muslims. The group became a place for inter-faith
dialogue, education and prayer.
Chosen prior the
Atlas Abbey in 1984.
Father Charles
was one of seven monks kidnapped over
the night of 26–27 March 1996 during
the Algerian Civil War. They were held captive for two months, then murdered for
being Christian. Martyr.
Born
18
January 1937 in
Colmar, Haut-Rhin, France
21 May 1996 near
Médéa, Algeria
his head was discovered
on 31
May 1996,
but they bodies have not been found
buried in
the cemetery of the monastery at
Tibhirine on 4 June 1996
26
January 2018 by Pope Francis (decree
of martyrdom)
8
December 2018 by Pope Francis
Additional
Information
other
sites in english
sites
en français
fonti
in italiano
MLA
Citation
“Blessed Christian de
Chergé“. CatholicSaints.Info. 26 February 2023. Web. 21 May 2024.
<https://catholicsaints.info/blessed-christian-de-cherge/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/blessed-christian-de-cherge/
Father Christian de
Chergé ocso and the Dialogue with Islam
Born into a military
family characterised by the values of courage and rectitude, Christian de
Chergé discovered Algeria and Islam when he was only five years old. He was
impressed by the prayer of Muslims, and his mother, a woman of profound depth
and nobility of soul, explained: 'they are praying, one must never ridicule
them. They too adore God.' This was without doubt the reason why he was always
very sensitive throughout his life to the prayerful and even mystical dimension
of Islam.
Christian's first contact
with Algeria as a child only lasted a few years, but it left an indelible mark
on his spirit and his heart. He returned there more than fifteen years later,
during his seminary years, for military service, which he chose to complete as
an officer, in the family tradition. This twenty-three year old officer made
friends with an Algerian country policeman, Mohamed, the father often children
and several years his senior. During a confrontation Mohamed saved Christian's
life at the cost of his own. When Christian promised to pray for him, Mohamed
had replied: 'I know that you pray for me. But you see, Christians do not
know how to pray!' Christian was profoundly influenced by this reflection on
the image given by Christians in Algeria.
On becoming a priest of
the diocese of Paris in 1964 and destined, from all appearances, to a brilliant
ecclesiastical 'career', Christian de Chergé left the diocesan clergy five
years later to become a Trappist in Algeria. He first made a two-year noviciate
in Notre Dame d'Aiguebelle in France; then, after a brief spell in Notre Dame
de I'Atlas at Tibhirine in Algeria, he went to Rome for two years study in
Arabic and the Koran. Having returned for good to the monastery of Notre-Dame
de l'Atlas, he began listening to the voices of Algerians and of Islam.
During subsequent years,
under the inspiration of a White Father, Claude Rault, a group composed of
Muslims and Christian began to meet regularly at Tibhirine for prayer and
dialogue. This was the Ribat el Salam or the 'bond of peace'; Christian was not
the initiator, but he was an active and influential presence until his death.
From the time when he was elected Prior of his community, in 1984, the dialogue
with 'ordinary' Islam, with their humble neighbours and men and women of prayer
without political preoccupations, became an important aspect of community
life. On more than one occasion, particularly during meetings in Europe,
Christian underlined the importance of this dialogue at the level of experience
of prayer. DIM invited him to one of its meetings at Montserrat, Catalonia, in
1995; and in a brief but important communication he emphasised the numerous
dimensions which Islam has in common with monasticism, even if there has never
been organised monasticism within Islam - in particular 'submission to God'
(this is the meaning of the word Islam), ritual prayer, the desire for God and
reverence for his Name.
When Algeria was plunged
into a cycle of violence in 1993, the community of Tibhirine united firmly with
their Prior in complete renunciation of all violence, from wherever it might
arise, and in fidelity to all forms of communion and sharing established both
with the local Muslim population and with the Algerian Church. This fidelity
would bring seven of them, including Christian, to a violent death which they
certainly did not desire, that they even feared, but the possibility of which
they accepted with serenity as a consequence of their commitment and their
fidelity to the name of Christ.
This fidelity and true
community commitment are succinctly expressed in Christian's Testament, which
is without doubt one of the most beautiful spiritual writings of the 20th
century. This text, full of love for Algeria and respect for Islam, giving the
affectionate title of 'brother’ to the one who would assassinate him thinking
that he was doing it for Islam, is surely one of the finest pages ever written
on 'interreligious dialogue'.
Armand Veilleux ocso
Translated by Hilda
Wood osb
SOURCE : https://www.citeaux.net/wri-av/cherge-islam.htm
Also
known as
Brother Luc
Doc Luc
one of the Monks of
Tibhirine
Profile
A physician,
he joined the Trappists in 1941 but
continued to practice medicine throughout
World War II, treating anyone who needed it, and never charging. He moved
to Algeria in 1947 where
he continued his free medical practice. Asthma sufferer.
In 1959 he
was kidnapped by
members of the Front de Libération Nationale (National Liberation
Front), a nationalist and socialist party fighting in the Algerian War, but was
later released.
Brother Luc was one of
the monks at
the Atlas Abbey of
Tibhirine near Médéa, Algeria who
were kidnapped over
the night of 26–27 March 1996 during
the Algerian Civil War. They were held captive for
two months, then murdered for
being Christian. Martyr.
Born
31 January 1914 in
Bourg-de-Péage, Drôme, France
21 May 1996 near
Médéa, Algeria
his head was discovered
on 31
May 1996,
but they bodies have not been found
buried in
the cemetery of the monastery at
Tibhirine on 4 June 1996
26 January 2018 by Pope Francis (decree
of martyrdom)
8 December 2018 by Pope Francis
against
respiratory, breathing and/or lung problems
Additional
Information
other
sites in english
fonti
in italiano
MLA
Citation
“Blessed Paul
Dochier“. CatholicSaints.Info. 26 September 2023. Web. 21 May 2024.
<https://catholicsaints.info/blessed-paul-dochier/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/blessed-paul-dochier/
Also
known as
one of the Monks of
Tibhirine
Profile
Seventh of a family
of twelve children.
He joined the Trappists in 1974,
and moved to the monastery of
Tamié in Algeria in 1987. Ordained a priest in 1990.
Served as novice master of his community. He was one of the seven monks at
the Atlas Abbey of
Tibhirine near Médéa, Algeria who
were kidnapped over
the night of 26–27 March 1996 during
the Algerian Civil War. They were held captive for
two months, then murdered for
being Christian. Martyr.
Born
11
October 1950 in
Blois, Loir-et-Cher, France
21 May 1996 near
Médéa, Algeria
his head was discovered
on 31
May 1996,
but the rest of the body has not been found
buried in
the cemetery of the monastery at
Tibhirine on 4 June 1996
26
January 2018 by Pope Francis (decree
of martyrdom)
8
December 2018 by Pope Francis
Additional
Information
other
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fonti
in italiano
MLA
Citation
“Blessed Christophe
Lebreton“. CatholicSaints.Info. 7 November 2023. Web. 21 May 2024. <https://catholicsaints.info/blessed-christophe-lebreton/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/blessed-christophe-lebreton/
Also
known as
one of the Monks of
Tibhirine
Profile
Born to a poor peasant family,
Michel joined the Prado congregation in 1971 and
worked as a miller in
Lyon and Marseilles in France.
He became a Trappist monk at
the Bellefontaine Abbey in 1981,
and moved to Algeria in 1985,
serving at the cook and
housekeeper for the Atlas Abbey of
Tibhirine near Médéa. He was one of seven monks kidnapped over
the night of 26–27 March 1996 during
the Algerian Civil War. They were held captive for
two months, then murdered for
being Christian. Martyr.
Born
21 May 1944 in
Sainte-Anne, Loire-Atlantique, France
21 May 1996 near
Médéa, Algeria
his head was discovered
on 31
May 1996,
but they bodies have not been found
buried in
the cemetery of the monastery at
Tibhirine on 4 June 1996
26 January 2018 by Pope Francis (decree
of martyrdom)
8 December 2018 by Pope Francis
Additional
Information
other
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fonti
in italiano
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MLA
Citation
“Blessed Michel
Fleury“. CatholicSaints.Info. 14 January 2023. Web. 22 May 2024.
<https://catholicsaints.info/blessed-michel-fleury/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/blessed-michel-fleury/
Also
known as
Brother Bruno
one of the Monks of
Tibhirine
Profile
Son of a career soldier,
Christian lived part of his youth in Indochina (modern Vietnam)
and Algeria.
Director of the Saint-Charles College of Thonars (Deux-Sèvres) for fourteen
years. Joined the Trappists in 1981 at
the abbey of
Bellefontaine, and moved to houses in Algeria and
Morocco in 1990. Prior of
the community in Fez, Morocco in 1990.
One of the monks at
the Atlas Abbey of
Tibhirine near Médéa, Algeria who
were kidnapped over
the night of 26–27 March 1996 during
the Algerian Civil War. They were held captive for
two months, then murdered for
being Christian. Martyr.
Born
1 March 1930 in
Saint-Maixent, Deux-Sèvres, France
21 May 1996 near
Médéa, Algeria
his head was discovered
on 31 May 1996,
but they bodies have not been found
buried in
the cemetery of the monastery at
Tibhirine on 4 June 1996
26
January 2018 by Pope Francis (decree
of martyrdom)
8
December 2018 by Pope Francis
Additional
Information
other
sites in english
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fonti
in italiano
MLA
Citation
“Blessed Christian
Lemarchand“. CatholicSaints.Info. 26 February 2023. Web. 22 May 2024.
<https://catholicsaints.info/blessed-christian-lemarchand/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/blessed-christian-lemarchand/
Also
known as
one of the Monks of
Tibhirine
Profile
Célestin served as
a nurse during
the Algeria Independence War, caring for the injured on both sides of the
conflict. Catechist who
worked with the homeless, alcoholics, prostitutes and outcasts of
Nantes, France. Diocesan priest.
Célestin joined the Trappist monks in 1983,
and moved to Algeria in 1987.
He had six coronary bypasses over time after having discovered a heart problem
in the Christmas season of 1993.
One of the seven monks at
the Atlas Abbey of
Tibhirine near Médéa, Algeria who
were monks kidnapped over
the night of 26–27 March 1996 during
the Algerian Civil War. They were held captive for
two months, then murdered for
being Christian. Martyr.
Born
27 July 1933 in
Touvois, Loire-Atlantique, France
21 May 1996 near
Médéa, Algeria
his head was discovered
on 31
May 1996,
but they bodies have not been found
buried in
the cemetery of the monastery at
Tibhirine on 4 June 1996
26
January 2018 by Pope Francis (decree
of martyrdom)
8
December 2018 by Pope Francis
Additional
Information
other
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MLA
Citation
“Blessed Célestin
Ringeard“. CatholicSaints.Info. 26 February 2023. Web. 22 May 2024.
<https://catholicsaints.info/blessed-celestin-ringeard/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/blessed-celestin-ringeard/
Also
known as
one of the Monks of
Tibhirine
Profile
Paul worked as a plumber,
then joined the army and
served as a paratrooper officer in Algeria.
In his 40’s, Paul followed a call to religious life and joined the Trappists in 1984.
He moved to the Atlas Abbey of
Tibhirine near Médéa, Algeria in 1989 and
set up an irrigation system for their gardens.
He had just returned from a family visit in France,
bringing a supply of spades and young beech trees to be planted when he and six
other monks kidnapped over
the night of 26–27 March 1996 during
the Algerian Civil War. They were held captive for
two months, then murdered for
being Christian. Martyr.
Born
17 April 1939 in
Vinzier, Haute-Savoie, France
21 May 1996 near
Médéa, Algeria
his head was discovered
on 31
May 1996,
but they bodies have not been found
buried in
the cemetery of the monastery at
Tibhirine on 4 June 1996
26
January 2018 by Pope Francis (decree
of martyrdom)
8
December 2018 by Pope Francis
Additional
Information
other
sites in english
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fonti
in italiano
MLA
Citation
“Blessed Paul
Favre-Miville“. CatholicSaints.Info. 26 February 2023. Web. 22 May 2024. <https://catholicsaints.info/blessed-paul-favre-miville/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/blessed-paul-favre-miville/
Beati 7 Martiri Trappisti
di Tibhirine Beatificati nel 2018
>>>
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+ Médéa, Algeria, 21
maggio 1996
Nella notte tra il 26 e
il 27 marzo del 1996, il priore del monastero di Nostra Signora dell’Atlante a
Tibhirine in Algeria, padre Christian de Chergé, venne rapito assieme a sei
monaci. In precedenza, dopo un lungo discernimento seguito a una prima visita
di alcuni uomini armati, i monaci avevano scelto di restare, per non
abbandonare il popolo algerino e per restare fedeli al voto di stabilità
previsto dal loro Ordine. Un comunicato del Gruppo Islamico Armato (GIA),
datato 21 maggio 1996, annunciò la loro uccisione. I sette monaci sono stati
inseriti nella causa che contava in tutto diciannove martiri uccisi in Algeria
tra il 1994 e il 1996. La loro beatificazione è stata celebrata nella basilica
di Nostra Signora di Santa Cruz a Orano, l’8 dicembre 2018, sotto il
pontificato di papa Francesco. I resti mortali dei sette monaci (vennero
ritrovate solo le teste) sono venerati nel cimitero del monastero di Nostra
Signora dell’Atlante. La loro memoria liturgica è stata fissata all’8 maggio,
data della nascita al Cielo di fratel Henri Vergès e di suor Paul-Hélène
Saint-Raymond, i primi uccisi tra i diciannove martiri.
I Trappisti in Algeria
La presenza in Algeria
dei monaci Cistercensi della Stretta Osservanza, detti anche Trappisti, rimonta
al 1843, tredici anni dopo la conquista del Paese e l’annessione alla Francia
metropolitana.
Dodici monaci,
provenienti dall’abbazia di Aiguebelle, si stabilirono a Staouéli, a nord-est
di Algeri. Tuttavia, lo scarso rendimento del terreno, unitamente alla legge
che sanciva la separazione tra Chiesa e Stato in Francia, li obbligò a tornare
in Europa nel 1904. Fino al 1938 risedettero nell’abbazia di Maguzzano, vicino
Brescia.
Nel 1934 iniziò la nuova
vita della comunità intitolata a Nostra Signora dell’Atlante, o Notre Dame de
l’Atlas (l’Atlante è la catena montuosa più imponente dell’Algeria), che, dopo
varie vicissitudini, si stabilì a Tibhirine.
Il monastero affrontò la
situazione che si venne a creare con le guerre d’indipendenza, che portarono
alla creazione dell’Algeria come Stato a sé, ma rischiò in pari tempo di
chiudere, a causa dell’età avanzata di gran parte dei monaci. Nel Capitolo
Generale del 1964, infatti, era stato deciso che, se qualche altro monastero
dell’Ordine non avesse voluto rilevare Nostra Signora dell’Atlante, avrebbe
dovuto chiudere.
Grazie all’opposizione di
monsignor Louis-Etienne Duval, vescovo di Algeri, la chiusura fu rinviata.
L’arrivo di altri religiosi, soprattutto dai monasteri di Tamié e Aiguebelle,
concretizzò la speranza del vescovo: il deserto sarebbe tornato a fiorire.
La comunità nei primi
anni ‘90
Quando l’Algeria aveva
cominciato a vivere i suoi “anni neri”, in cui le forze islamiste avevano preso
il potere, la comunità di Tibhirine era così composta: padre Christian de
Chergé, priore dal 1984; padre Christophe Lebreton, maestro dei novizi e
cantore; fratel Luc Dochier, addetto alla cucina e al dispensario annesso al
monastero; fratel Paul Favre-Miville, foresterario; padre Célestin Ringeard,
organista e cantore; fratel Michel Fleury, lettore e aiutante in cucina; padre
Amedée Noto; padre Jean-Pierre Schumacher.
Secondo la loro Regola,
alternavano le ore di preghiera comunitaria a vari servizi. Qualcuno lavorava
nell’orto, qualcun altro curava i malati, qualcun altro ancora accoglieva i
visitatori che cercassero pace e ristoro, o anche solo una parola di conforto.
Le prime minacce
La vita dei monaci venne
turbata quando le notizie di aggressioni e uccisioni cominciarono a
moltiplicarsi. Il 14 dicembre 1993, a Tamesguida, vennero sgozzati dodici
croati cristiani. I monaci li conoscevano perché venivano da loro a celebrare
la Pasqua. L’accaduto seguiva di due settimane l’ultimatum lanciato dal Gruppo
Islamico Armato (GIA), che aveva preso il potere: tutti gli stranieri dovevano
lasciare l’Algeria, pena la morte.
La notte del 24 dicembre
1993, alcuni uomini armati si presentarono alla porta del monastero e
domandarono di vedere il superiore. Fratel Paul, che aveva aperto, andò a
cercare padre Christian, il quale parlò col capo del gruppetto, Sayah Attiyah.
Le condizioni da lui
poste, ovvero che i monaci dessero loro dei soldi, che il loro medico, ovvero
fratel Luc, venisse a curare i loro malati e che dessero anche delle medicine,
non vennero accettate tutte dal priore, che comunque riferì che avrebbero
potuto venire al dispensario del monastero. Fece poi notare all’uomo che
stavano per celebrare la nascita del Principe della Pace, ovvero il Natale di
Gesù. Gli armati si allontanarono, dopo aver chiesto una parola d’ordine e aver
minacciato di tornare.
La preparazione alla
morte
I monaci erano salvi, ma
non al sicuro. Si sentivano come presi tra due fuochi: da una parte quelli che
chiamavano “fratelli della montagna”, ovvero gli islamisti, e i “fratelli della
pianura”, ovvero i militari e le forze di sicurezza dell’esercito algerino.
Ciascuno di essi, a modo
proprio, si preparò alla morte. Dopo un lungo discernimento, guidato da padre
Christian, accettarono di restare, per non abbandonare gli algerini, di cui si
sentivano profondamente fratelli. Questo per loro era strettamente collegato al
voto di stabilità, tipico dell’Ordine trappista.
I monaci furono poi
raggiunti da padre Bruno Lemarchand, superiore del monastero annesso di Fès,
arrivato per l’elezione del nuovo priore, prevista per il 31 marzo 1996.
Il rapimento e il
martirio
Nella notte tra il 26 e
il 27 marzo 1996, vennero rapiti sei monaci, compreso il priore ed esclusi
padre Amedée, padre Jean-Pierre e un ospite del monastero. Dopo un mese, un
comunicato del Gruppo Islamico Armato (GIA) riferì che i rapiti erano ancora
vivi, ma conteneva la minaccia di sgozzarli se non fossero stati liberati
alcuni terroristi detenuti.
Il 30 aprile venne consegnata
all’ambasciata di Francia ad Algeri un’audiocassetta, sulla quale erano
registrate le voci dei sette monaci. Non ci furono altre notizie fino al 23
maggio: un ulteriore comunicato, il numero 44, datato 21 maggio, riferì che ai
monaci era stata tagliata la gola.
Il 30 maggio le loro
spoglie vennero ritrovate sul ciglio della strada per Médéa. Si trattava, però,
solo delle teste: i corpi rimasero introvabili. Le esequie dei sette monaci si
svolsero il 2 giugno 1996 nella basilica di Nostra Signora d’Africa ad Algeri,
insieme a quelle del cardinal Léon-Étienne Duval, arcivescovo emerito di
Algeri, morto per cause naturali. I resti mortali dei monaci vennero sepolti
nel cimitero monastico di Tibhirine.
Fama di santità e prime
fasi della causa di beatificazione e canonizzazione
Il 29 maggio 1996 il
quotidiano francese “La Croix” pubblicò il testamento spirituale di padre
Christian, d’accordo con i suoi familiari. Col tempo, divenne uno dei testi più
famosi e citati della spiritualità del Novecento cattolico. Vennero poi
pubblicati gli scritti anche degli altri monaci, specie gli appunti personali
di fratel Luc e il diario, con le poesie, di padre Christophe.
Già nel 2000 si prospettò
l’avvio della loro causa di beatificazione e canonizzazione, ma erano passati
quattro anni dalla loro morte, mentre le normative canoniche prevedevano che ne
trascorressero almeno cinque. Fu però scelto che la causa venisse compresa in
quella che contava in tutto diciannove religiosi, tutti uccisi in Algeria dal
1994 al 1996, l’ultimo dei quali fu il vescovo di Orano, monsignor
Pierre-Lucien Claverie.
La causa, denominata
quindi “Pierre Claverie e diciotto compagni”, si è quindi svolta presso la
diocesi di Orano a partire dal 5 ottobre 2007. In precedenza, il 5 luglio 2006,
era stato ottenuto il trasferimento dal Tribunale ecclesiastico di competenza
per i Servi di Dio morti nel territorio della diocesi di Algeri. La Santa Sede
aveva invece rilasciato il nulla osta il 31 marzo 2007.
Il film «Uomini di Dio» e
le altre opere artistiche
La vicenda dei sette
monaci di Tibhirine, intanto, era diventata il soggetto per un film. «Uomini di
Dio» (in originale «Des hommes et des dieux», «Uomini e dèi»), diretto da
Xavier Beauvois e realizzato da professionisti, uscì nel 2010 in molti Paesi
del mondo, ottenendo un notevole successo di pubblico e di critica.
Oltre al film, hanno
cominciato a essere realizzati monumenti, cappelle, targhe, altari, stele,
vetrate, dipinti, sculture, libri d’arte, opere musicali, di teatro, poesie e
mostre in molte parti del mondo, specie in Francia e nei luoghi di presenza dei
Trappisti.
Il riconoscimento del
martirio e la beatificazione
La conclusione
dell’inchiesta diocesana si è svolta nell’ottobre 2012. Gli atti dell’inchiesta
sono stati convalidati il 15 febbraio 2013. La “Positio super martyrio” è stata
presentata nel luglio 2016.
I Consultori teologi
della Congregazione delle Cause dei Santi hanno esaminato la “Positio” il 30
maggio 2017, mentre i cardinali e i vescovi membri della stessa Congregazione
hanno emesso il loro parere positivo il 16 gennaio 2018.
Dieci giorni dopo, il 26
gennaio, ricevendo in udienza il cardinal Angelo Amato, Prefetto della
Congregazione delle Cause dei Santi, papa Francesco ha autorizzato la
promulgazione del decreto con cui monsignor Claverie e i suoi diciotto compagni
potevano essere dichiarati martiri.
Il rito della
beatificazione si è svolto l’8 dicembre 2018 a Orano, nella basilica di Nostra
Signora di Santa Cruz (Santa Cruz è un quartiere di Orano, fondato da immigrati
spagnoli). A presiederlo come inviato del Santo Padre, il cardinal Giovanni
Angelo Becciu, successore del cardinal Amato come Prefetto della Congregazione
delle Cause dei Santi.
La memoria liturgica dei
diciannove Beati, compresi i sette monaci, è stata fissata all’8 maggio, data
della nascita al Cielo di fratel Henri Vergès e di suor Paul-Hélène Saint-Raymond,
i primi che furono uccisi.
Il monastero di Tibhirine
oggi
Nel 2001 i Trappisti
lasciarono il monastero di Tibhirine, affidato al vescovado di Algeri. Si
trasferirono in Marocco, dove già avevano la piccola comunità di Fès e dove
padre Christian e gli altri avevano preventivato di fuggire, per non tornare in
Francia, se la situazione fosse peggiorata.
Dal 2001 al 2016 padre
Jean-Marie Lassausse, della Mission de France, abitò nel monastero,
collaborando con i vicini algerini nella coltivazione dei terreni agricoli e
accogliendo pellegrini e visitatori. Dal 15 agosto 2016 si è insediata una
piccola comunità del movimento Chemin Neuf, che continua la stessa
missione.
Le singole schede
Contrariamente all’uso di
questo sito, nel corpo del testo delle singole schede anche i nomi religiosi
(per quelli che hanno cambiato il nome di Battesimo) sono stati lasciati in
francese, non italianizzati, perché i singoli Beati sono più noti in questo
modo.
97740 - Christian de
Chergé, sacerdote, 59 anni
97741 - Luc (Paul)
Dochier, religioso, 82 anni
97742 - Christophe
Lebreton, sacerdote, 45 anni
97743 - Bruno
(Christian) Lemarchand, sacerdote, 66 anni
97744 - Michel
Fleury, religioso, 52 anni
97745 - Célestin
Ringeard, sacerdote, 62 anni
97746 - Paul Favre-Miville,
religioso, 57 anni
Autore: Emilia
Flocchini
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/95846
Beato Christian de
Chergé Sacerdote trappista, martire
Festa: 21 maggio
>>> Visualizza la
Scheda del Gruppo cui appartiene
Colmar, Francia, 18
gennaio 1937 - Médéa, Algeria, 21 maggio 1996
Christian de Chergé
nacque a Colmar in Francia il 18 gennaio 1937. Figlio di un militare, durante
l’infanzia si trasferì in Algeria. Vi tornò durante la guerra d’indipendenza,
per il servizio militare. L’incontro con un pastore musulmano e l’amicizia che
ne seguì lo rese particolarmente sensibile verso le popolazioni algerine.
Studiò al Seminario parigino dei Carmes, poi divenne cappellano della basilica
del Sacro Cuore a Montmartre. Qualche tempo dopo, entrò nel monastero trappista
di Aiguebelle, ma nel 1971 passò a quello di Nostra Signora dell’Atlante a
Tibhirine, in Algeria. Fu uno dei fondatori del Ribât as-Salâm, un gruppo di
confronto e dialogo islamo-cristiano. Nel 1984 venne eletto Priore del
monastero. Il 24 dicembre 1993 ricevette la visita di alcuni uomini armati, che
riuscì a mandare via; da allora, la vita in monastero non fu più la stessa.
Padre Christian guidò allora la comunità in un lungo discernimento, che si
concluse con la decisione di restare in Algeria. Nella notte tra il 26 e il 27
marzo 1996 fu rapito insieme a cinque monaci della comunità, più padre Bruno
Lemarchand, proveniente dal monastero annesso di Fès, di passaggio a Tibhirine
per l’elezione del nuovo priore. Un comunicato del Gruppo Islamico Armato
(GIA), datato 21 maggio 1996, annunciò la loro esecuzione. I sette monaci di
Tibhirine, compresi in un gruppo che conta in tutto diciannove martiri, tutti
religiosi, uccisi durante i cosiddetti “anni neri” per l’Algeria, sono stati
beatificati l’8 dicembre 2018 a Orano, sotto il pontificato di papa Francesco.
La memoria liturgica di tutto il gruppo cade l’8 maggio, giorno della nascita
al Cielo dei primi due che vennero uccisi, fratel Henri Vergès e suor
Paul-Hélène Saint-Raymond. I resti mortali di padre Christian e dei confratelli
(furono ritrovate solo le teste senza i corpi) sono venerati nel cimitero del
monastero di Nostra Signora dell’Atlante.
Gli anni della giovinezza
Christian de Chergé nacque a Colmar in Francia, nella regione dell’Alta Renania, il 18 gennaio 1937. Nel 1942, a cinque anni, si trasferì con la famiglia ad Algeri, perché suo padre Guy era membro dell’esercito francese. Dalla madre, invece, imparò la fede cristiana e il rispetto verso le forme di preghiera e gli atteggiamenti tipici della religione musulmana.
Rientrò in Francia nel 1945, ma già prima di allora stava cominciando a pensare alla propria vocazione. Adolescente riservato e brillante nello studio, aderì allo scoutismo. A sedici anni manifestò ai genitori il desiderio di diventare sacerdote, ma loro gli risposero di continuare a studiare.
S’iscrisse quindi alla facoltà di Lettere dell’Università della Sorbona a
Parigi, mentre proseguiva a interrogarsi su quale strada prendere: se diventare
gesuita o entrare in monastero. A diciannove anni, comunque, entrò nel
Seminario dei Carmes per diventare sacerdote diocesano.
Il servizio militare in Algeria
Nel settembre 1958, però, Christian dovette iniziare il servizio militare. Dopo aver seguito la scuola ufficiali e senza troppe spiegazioni, venne inviato in Algeria, proprio nel periodo dei conflitti per l’indipendenza. Assegnato alla gestione amministrativa nei dintorni di Tiaret, a trecento chilometri da Algeri, si rese conto della vita della popolazione locale.
In particolare, strinse amicizia con Mohamed, un pastore che faceva da guardia campestre, padre di famiglia. Con lui poteva parlare in tutta semplicità di Dio, pur essendo consapevole di essere cristiano, mentre l’altro era musulmano. Mohamed, poi, l’interrogava sul perché i cristiani, a suo dire, pregassero così poco rispetto agli usi della sua religione.
Un giorno, Christian cadde in un’imboscata: solo l’intervento del pastore
riuscì a salvargli la vita. Poco dopo, però, l’uomo venne trovato morto nei
pressi del pozzo che custodiva. Questo evento segnò indelebilmente il giovane
seminarista soldato: da allora fu persuaso che Dio volesse che lui lo servisse
proprio in Algeria, dove un amico aveva dato la vita per lui.
Sacerdote, con l’Algeria nel cuore
Nel 1961 venne congedato e poté riprendere la formazione in vista del sacerdozio. Fu ordinato il 21 marzo 1964 nella chiesa di San Sulpizio a Parigi. Avrebbe voluto subito partire per l’Algeria, ma l’allora arcivescovo coadiutore, monsignor Pierre Veuillot, gli chiese di attendere per almeno cinque anni. Di conseguenza, venne nominato cappellano della basilica del Sacro Cuore a Montmartre e direttore dell’istituto Maîtrise de Montmartre.
Allo scadere del quinquennio, ripresentò la propria richiesta, che venne
accolta. Cominciò il noviziato nell’Ordine Cistercense della Stretta Osservanza
(i cui membri sono detti anche Trappisti) nell’abbazia di Aiguebelle, nella
regione della Drôme, il 20 agosto 1969.
Nel monastero trappista di Tibhirine
Il 15 gennaio 1971 arrivò al monastero di Nostra Signora dell’Atlante a Tibhirine, seconda presenza trappista in Algeria dopo quello di Staoueli, chiuso nel 1904. Lì terminò il noviziato e fece la professione semplice.
Dal 1971 al 1973 arricchì la sua conoscenza del mondo islamico studiando presso
il Pontificio Istituto di Studi Arabi e Islamologia (PISAI) di Roma. Rientrato
in Algeria, emise i voti solenni il 1° ottobre 1976.
Il gruppo del Ribât es-Salâm
Subito dopo il suo arrivo, padre Christian riconobbe come la propria vocazione e quella del monastero stesso erano identiche: essere una presenza orante cristiana in un contesto musulmano.
Per questa ragione, insieme a padre Claude Rault e a fratel Pierre Cuperly,
della Società dei Missionari d’Africa, volle iniziare un gruppo i cui aderenti
avrebbero potuto riflettere sui valori comuni alle due religioni. Tra il 24 e
il 27 marzo 1979 si svolse la prima riunione del Ribât es-Salâm (“Vincolo di
Pace” in arabo), che trovò sede proprio nel monastero di Tibhirine. Il 31 marzo
1984 padre Christian venne eletto Priore del monastero.
Le prime minacce
La vita di preghiera dei monaci venne turbata quando le notizie di aggressioni e uccisioni cominciarono a moltiplicarsi. Il 14 dicembre 1993, a Tamesguida, vennero sgozzati dodici croati cristiani. I monaci li conoscevano perché venivano da loro a celebrare la Pasqua. L’accaduto seguiva di due settimane l’ultimatum lanciato dal Gruppo Islamico Armato (GIA), che aveva preso il potere: tutti gli stranieri dovevano lasciare l’Algeria, pena la morte.
Lo stesso giorno, ossia il 1° dicembre 1993, padre Christian cominciò a
scrivere il suo testamento, intitolato «Quando si prevede un ad-Dio», che
inizia con queste parole: «Se mi capitasse un giorno (e potrebbe essere anche
oggi) di essere vittima del terrorismo che sembra voler coinvolgere ora tutti
gli stranieri che vivono in Algeria, vorrei che la mia comunità, la mia Chiesa,
la mia famiglia si ricordassero che la mia vita era “donata” a Dio e a questo
paese».
Una visita inattesa
La notte del 24 dicembre 1993, alcuni uomini armati si presentarono alla porta del monastero e domandarono di vedere il superiore. Fratel Paul Favre-Mirille, che aveva aperto, andò a cercare padre Christian, il quale parlò col capo del gruppetto, Sayah Attiyah.
Le condizioni da lui poste, ovvero che i monaci dessero loro dei soldi, che il
loro medico (fratel Luc Dochier) venisse a curare i loro malati e che dessero
anche delle medicine, non vennero accettate tutte dal priore, che comunque
riferì che avrebbero potuto venire al dispensario del monastero. Fece poi
notare all’uomo che stavano per celebrare la nascita del Principe della Pace,
ovvero il Natale di Gesù. Gli armati si allontanarono, dopo aver chiesto una parola
d’ordine e aver minacciato di tornare. La parola d’ordine era “signor
Christian”.
Guida nel discernimento, con invincibile speranza
I monaci erano salvi, ma non al sicuro. Si sentivano come presi tra due fuochi: da una parte quelli che chiamavano “fratelli della montagna”, ovvero gli islamisti, e i “fratelli della pianura”, ovvero i militari e le forze di sicurezza dell’esercito algerino.
Padre Christian soffriva per questo, ma allo stesso tempo si sentiva sorretto da una speranza che definiva «invincibile». Il 1° gennaio 1994 completò il suo testamento, che fu reso pubblico dopo la sua morte, d’accordo con i suoi familiari, sulle pagine del quotidiano «La Croix».
Guidò quindi i confratelli in un discernimento comunitario, culminato con la
decisione di restare nel monastero, anche se le autorità comunali volevano che
si trasferissero nella vicina città di Médéa. Col passare del tempo, li
aggiornava sui ripetuti omicidi che avevano coinvolto molti religiosi, compresi
alcuni membri del Ribât.
Il rapimento e il martirio
Nella notte tra il 26 e il 27 marzo 1996, venne rapito insieme a cinque monaci della comunità, più padre Bruno Lemarchand, proveniente dal monastero annesso di Fès, di passaggio per l’elezione del nuovo priore.
Altri due, padre Amedée Noto e padre Jean-Pierre Schumacher, insieme a un ospite del monastero, scamparono al rapimento. Dopo un mese, un comunicato del Gruppo Islamico Armato (GIA) riferì che i rapiti erano ancora vivi, ma conteneva la minaccia di sgozzarli se non fossero stati liberati alcuni terroristi detenuti.
Il 30 aprile venne consegnata all’ambasciata di Francia ad Algeri un’audiocassetta, sulla quale erano registrate le voci dei sette monaci, a cominciare da padre Christian. Non ci furono altre notizie fino al 23 maggio: un ulteriore comunicato, il numero 44, datato 21 maggio, riferì che ai monaci era stata tagliata la gola.
Il 30 maggio le loro spoglie vennero ritrovate sul ciglio della strada per Médéa. Si trattava, però, solo delle teste: i corpi rimasero introvabili. Le esequie dei sette monaci si svolsero il 2 giugno 1996 nella basilica di Nostra Signora d’Africa ad Algeri, insieme a quelle del cardinal Léon-Étienne Duval, arcivescovo emerito di Algeri, morto per cause naturali.
I resti mortali di padre Christian e dei confratelli vennero sepolti nel
cimitero monastico di Tibhirine, ma una sua lettera è esposta in un altare
laterale della chiesa di San Bartolomeo all’Isola a Roma, Santuario dei Nuovi
Martiri.
La causa di beatificazione e canonizzazione
I sette trappisti di Tibhirine sono stati inseriti nella causa che contava in tutto diciannove candidati agli altari, tutti religiosi, uccisi dal 1994 al 1996, nel corso dei cosiddetti “anni neri” per l’Algeria. La loro inchiesta diocesana si è svolta ad Algeri dal 5 ottobre 2007 al luglio 2012.
Il 26 gennaio 2018 papa Francesco ha autorizzato la promulgazione del decreto relativo al martirio dei diciannove religiosi. La loro beatificazione è stata celebrata l’8 dicembre 2018 nel santuario di Nostra Signora di Santa Cruz a Orano, presieduta dal cardinal Angelo Becciu, Prefetto della Congregazione delle Cause dei Santi, come inviato speciale del Santo Padre.
La memoria liturgica di tutto il gruppo, compresi quindi anche i sette monaci, cade l’8 maggio, giorno della nascita al Cielo dei primi due che vennero uccisi, fratel Henri Vergès e suor Paul-Hélène Saint-Raymond.
Autore: Emilia Flocchini
SOURCE : https://www.santiebeati.it/dettaglio/97740
Beato Luc (Paul)
Dochier Religioso trappista, martire
Festa: 21 maggio
-Péage, Francia, 31
gennaio 1914 - Médéa, Algeria, 21 maggio 1996
Paul Dochier nacque a
Bourg-de-Péage, in Francia, il 31 gennaio 1914. Studiò Medicina e prestò
servizio militare in Algeria come sottotenente medico. Il 7 dicembre 1941 entrò
nell’abbazia trappista di Aiguebelle come fratello converso, assumendo il nome
di fratel Luc. Dal 1943 al 1945 sostituì un ex collega, padre di quattro figli,
come prigioniero di guerra. Nel 1946 partì per il monastero di Nostra Signora
dell’Atlante a Tibhirine, dove professò i voti perpetui il 15 agosto 1949. Per
cinquant’anni curò gratuitamente le popolazioni della montagna, meritando la
loro stima. Nel luglio 1959, durante la guerra d’indipendenza in Algeria, fu
prigioniero per dieci giorni: ne uscì malato di asma e sul punto di cadere in
depressione. Anche per questa ragione, imparò a sdrammatizzare le situazioni
più o meno difficili che affrontava insieme ai confratelli e alla gente del
Paese. Nella notte tra il 26 e il 27 marzo 1996, a ottantadue anni, fu rapito
insieme a cinque monaci della comunità più padre Bruno Lemarchand, proveniente
dal monastero annesso di Fès, di passaggio a Tibhirine per l’elezione del nuovo
priore. Un comunicato del Gruppo Islamico Armato (GIA), datato 21 maggio 1996,
annunciò la loro esecuzione. I sette monaci di Tibhirine, compresi in un gruppo
che conta in tutto diciannove martiri, tutti religiosi, uccisi durante i
cosiddetti “anni neri” per l’Algeria, sono stati beatificati l’8 dicembre 2018
a Orano, sotto il pontificato di papa Francesco. La memoria liturgica di tutto
il gruppo cade l’8 maggio, giorno della nascita al Cielo dei primi due che
vennero uccisi, fratel Henri Vergès e suor Paul-Hélène Saint-Raymond. I resti
mortali di fratel Luc e dei confratelli (furono ritrovate solo le teste senza i
corpi) sono venerati nel cimitero del monastero di Nostra Signora dell’Atlante.
Gli anni della giovinezza
Paul Dochier nacque a Bourg-de-Péage, nella regione francese della Drôme, il 31 gennaio 1914, ultimo di tre figli. A diciassette anni perse il fratello maggiore, André, malato di tubercolosi. Fu probabilmente questo a condurlo alla scelta di diventare medico.
Iniziò la pratica ospedaliera nel 1934 e, quattro anni dopo, l’internato presso
la facoltà di Medicina nell’università di Lione. Grazie a un collega, cominciò
a frequentare l’abbazia trappista (ossia dell’Ordine Cistercense della Stretta
Osservanza) di Aiguebelle. Nel 1937, durante un soggiorno in quel luogo, si
sentì profondamente sconvolto nel suo intimo: da allora, cominciò ad alternare
le proprie giornate tra l’ospedale e l’abbazia.
Sottotenente in Marocco
L’abate gli chiese di terminare gli studi, prima di entrare definitivamente. A confermarlo nella vocazione fu l’incontro con Marthe Robin (Venerabile dal 2014), poi fondatrice dei Focolari della Carità (Foyers de Charité), a Châteauneuf-de-Galaure. Concluse l’università, ma poté discutere la tesi solo nel 1940, perché intanto aveva iniziato il servizio militare.
Fu inviato inizialmente a Casablanca, ma chiese di essere trasferito a
Goulimine, un importante centro carovaniero nel sud del Marocco. Rimase lì per
due anni, anche dopo aver ottenuto la licenza di esercitare la medicina, tanto
era rimasto colpito dalla povertà delle popolazioni del luogo.
Fratello converso trappista
Poco dopo la morte della madre, il 7 dicembre 1941, Paul entrò nell’abbazia di Aiguebelle. Scelse volutamente di essere fratello converso, ossia lo stato di vita monastica che poteva permettergli un servizio più umile.
In onore di san Luca, l’evangelista che la tradizione vuole fosse anche medico,
assunse il nome di fratel Luc. Cominciò quindi il suo cammino ordinario, tra la
lavanderia e la cucina dell’abbazia.
Prigioniero di guerra volontario
Non molto tempo dopo, però, venne a sapere che un suo ex collega, padre di quattro figli, era prigioniero di guerra a Wupperthal, nell’Alta Renania tedesca. Nell’aprile 1943, quindi, partì per sostituirlo. Lo scambio fu accettato: da allora, fratel Luc cominciò a curare i feriti del campo di prigionia, specie quelli di nazionalità russa, i più abbandonati di tutti.
Tornò ad Aiguebelle solo dopo la fine della guerra, nel 1945. Emise la
professione semplice l’anno dopo, nella festa dell’Assunzione. Quindi partì per
il monastero di Nostra Signora dell’Atlante a Tibhirine, in Algeria, insieme ad
altri cinque monaci. Il 15 agosto 1949 professò i voti perpetui, primo tra i
fratelli conversi.
Il dispensario della carità
Sin dal suo arrivo, fratel Luc fu incaricato del dispensario collegato al monastero. Quando iniziò la guerra per l’indipendenza dell’Algeria, ebbe il permesso di curare i malati sia nel dispensario, sia a domicilio, dato che le comunicazioni con la città erano diventate difficili per la gente di montagna.
Il suo servizio gli valse il rispetto di tutti gli abitanti, che, secondo le
categorie di pensiero musulmane, lo consideravano un “marabutto”, un uomo di
Dio. Di fatto, anche in mezzo alle visite e alle incombenze, restava in
atteggiamento orante. Prendeva spesso appunti sul margine dei suoi libri di
meditazione, ovvero sull’Imitazione di Cristo, sul Nuovo Testamento e sul
Messale quotidiano.
Dieci giorni di prigionia
Nel luglio 1959, nel pieno della guerra, fratel Luc e un altro monaco furono rapiti dai “fellaghas”, ovvero i nazionalisti armati. Vennero rilasciati dopo dieci giorni, solo perché uno dei rapitori riconobbe il primo come il medico che aveva curato alcuni suoi vicini.
Fratel Luc ne uscì gravemente compromesso in salute: già durante la prigionia aveva
cominciato ad avere attacchi d’asma. Anche sul piano psicologico fu turbato:
parecchie settimane dopo il rapimento ebbe una sindrome depressiva reattiva
grave.
Una breve permanenza in Francia
Venne quindi mandato in Francia per un periodo di riposo, nel monastero di Nostra Signora delle Nevi nell’Ardèche, proprio mentre la comunità di Tibhirine rischiava la chiusura. Nella nuova destinazione fu aperto un ambulatorio apposta per lui, ma desiderava ugualmente tornare in Algeria.
Scrisse quindi all’abate generale, dom Ignace Gillet: «Credo che, nel contesto
di un monastero posto al centro di una popolazione talmente povera, il gesto di
occuparsi di chi è malato, di chi ha fame, di chi è senza vestiti sia un gesto
evangelico ed ecclesiale che si inscrive nella tradizione monastica». L’appello
venne accolto: nel 1965 fratel Luc poté rientrare a Tibhirine.
Cuoco diligente e umorista efficace
Ricominciò i suoi compiti umili, a cominciare da quello di cuciniere-capo. Aveva un’alta considerazione di quel servizio: «Col suo saper fare, il cuciniere contribuisce a mantenere un buon clima nella vita comune», commentò un giorno. Quando l’asma non lo faceva dormire, ne approfittava per cucinare in anticipo le pietanze per il giorno dopo e per dedicarsi alla lettura.
Continuò anche a curare i malati, senza preoccuparsi di ciò che,
apparentemente, li rendeva diversi da lui. Per loro mendicava sussidi e aiuti
spirituali, curandosi poco di se stesso. Spesso i confratelli lo vedevano con
un buffo berretto in testa: era un modo con cui intendeva non essere preso
troppo sul serio. Col passare degli anni, alla saggezza fratel Luc unì il senso
dell’umorismo. «Io sono come un viaggiatore che, con le mani vuote, attende il
treno sulla banchina»; così si definiva.
Le prime minacce
La vita di preghiera dei monaci venne turbata quando le notizie di aggressioni e uccisioni cominciarono a moltiplicarsi. Il 14 dicembre 1993, a Tamesguida, vennero sgozzati dodici croati cristiani. I monaci li conoscevano perché venivano da loro a celebrare la Pasqua. L’accaduto seguiva di due settimane l’ultimatum lanciato dal Gruppo Islamico Armato (GIA), che aveva preso il potere: tutti gli stranieri dovevano lasciare l’Algeria, pena la morte.
La notte del 24 dicembre 1993, alcuni uomini armati si presentarono alla porta del monastero e domandarono di vedere il superiore. Fratel Paul Favre-Mirille, che aveva aperto, andò a cercare padre Christian, il quale parlò col capo del gruppetto, Sayah Attiyah.
Le condizioni da lui poste, ovvero che i monaci dessero loro dei soldi, che il
loro medico, ovvero fratel Luc, venisse a curare i loro malati e che dessero
anche delle medicine, non vennero accettate tutte dal priore, che comunque
riferì che avrebbero potuto venire al dispensario del monastero. Fece poi
notare all’uomo che stavano per celebrare la nascita del Principe della Pace,
ovvero il Natale di Gesù. Gli armati si allontanarono, dopo aver chiesto una
parola d’ordine e aver minacciato di tornare.
Fratel Luc si prepara alla morte
I monaci erano salvi, ma non al sicuro. Si sentivano come presi tra due fuochi: da una parte quelli che chiamavano “fratelli della montagna”, ovvero gli islamisti, e i “fratelli della pianura”, ovvero i militari e le forze di sicurezza dell’esercito algerino.
Fratel Luc non si sottrasse a curare i “fratelli della montagna” come gli era stato richiesto, gratuitamente come sempre. Anche lui, come gli altri confratelli, partecipò al lungo discernimento che si concluse con la scelta di restare, per non abbandonare il popolo algerino.
Intensificò la propria preparazione alla morte, ma senza paura: «Poiché è
l’incontro con Dio, la morte non può essere oggetto di terrore. La morte è
Dio», lasciò scritto. Poteva quindi far proprio il titolo di una famosa canzone
di Edith Piaf, «Non, je ne regrette rien» («No, non rimpiango nulla»): aveva
tenuto da parte una cassetta con quel brano per il suo funerale, ma l’ascoltò
insieme ai confratelli in refettorio il 1° gennaio 1994, trenta giorni prima di
festeggiare l’ottantesimo compleanno.
Il rapimento e il martirio
Nella notte tra il 26 e il 27 marzo 1996, fratel Luc venne rapito insieme a sei monaci, compresi quelli già citati e con l’aggiunta di padre Bruno Lemarchand, proveniente dal monastero annesso di Fès, di passaggio a Tibhirine per l’elezione del nuovo priore.
Altri due, padre Amedée Noto e padre Jean-Pierre Schumacher, insieme a un ospite del monastero, scamparono al rapimento. Mentre cercavano gli altri, notarono che il dispensario era in disordine e che il fratello medico aveva fatto in tempo a preparare il pranzo per l’indomani.
Dopo un mese, un comunicato del Gruppo Islamico Armato (GIA) riferì che i rapiti erano ancora vivi, ma conteneva la minaccia di sgozzarli se non fossero stati liberati alcuni terroristi detenuti.
Il 30 aprile venne consegnata all’ambasciata di Francia ad Algeri un’audiocassetta, sulla quale erano registrate le voci dei sette monaci. Fratel Luc provò anche a coinvolgere i rapitori facendoli intervenire. Non ci furono altre notizie fino al 23 maggio: un ulteriore comunicato, il numero 44, datato 21 maggio, riferì che ai monaci era stata tagliata la gola.
Il 30 maggio le loro spoglie vennero ritrovate sul ciglio della strada per
Médéa. Si trattava, però, solo delle teste: i corpi rimasero introvabili. Le
esequie dei sette monaci si svolsero il 2 giugno 1996 nella basilica di Nostra
Signora d’Africa ad Algeri, insieme a quelle del cardinal Léon-Étienne Duval,
arcivescovo emerito di Algeri, morto per cause naturali. I resti mortali di
fratel Luc e dei confratelli vennero sepolti nel cimitero monastico di
Tibhirine.
La causa di beatificazione e canonizzazione
I sette trappisti di Tibhirine sono stati inseriti nella causa che comprendeva sia i religiosi menzionati da padre Christophe nel suo diario, sia monsignor Pierre-Lucien Claverie, domenicano e vescovo di Orano, ucciso dallo scoppio di una bomba il 1° agosto 1996. La loro inchiesta diocesana si è svolta ad Algeri dal 5 ottobre 2007 al luglio 2012.
Il 26 gennaio 2018 papa Francesco ha autorizzato la promulgazione del decreto relativo al martirio dei diciannove religiosi. La loro beatificazione è stata celebrata l’8 dicembre 2018 nel santuario di Nostra Signora di Santa Cruz a Orano, presieduta dal cardinal Angelo Becciu, Prefetto della Congregazione delle Cause dei Santi, come inviato speciale del Santo Padre.
La memoria liturgica di tutto il gruppo, compresi quindi anche i sette monaci,
cade l’8 maggio, giorno della nascita al Cielo dei primi due che vennero
uccisi, fratel Henri Vergès e suor Paul-Hélène Saint-Raymond.
Autore: Emilia Flocchini
SOURCE : https://www.santiebeati.it/dettaglio/97741
Beato Christophe
Lebreton Sacerdote trappista, martire
Festa: 21 maggio
>>> Visualizza la
Scheda del Gruppo cui appartiene
Blois, Francia, 11
ottobre 1950 - Médéa, Algeria, 21 maggio 1996
Christophe Lebreton.
nacque a Blois, in Francia, l’11 ottobre 1950. Entrò in Seminario a dodici
anni, ma ne uscì alla fine del liceo. Durante il servizio civile come
cooperante in Algeria, conobbe il monastero di Nostra Signora dell’Atlante,
dell’Ordine Cistercense della Stretta Osservanza (i cui membri sono anche detti
Trappisti), a Tibhirine. Vi giunse nel 1987, dopo aver iniziato il noviziato
nel monastero di Tamié, a ventiquattro anni. Fu ordinato sacerdote il 1°
gennaio 1990. Dotato di una personalità ardente ed esplosiva, amava stringere
rapporti con le persone più umili. Il suo approfondimento della propria fede e
dell’incontro con le popolazioni musulmane lo condusse, gradualmente, a
disporsi al dono di sé, come testimoniano le pagine del suo diario e le sue
poesie. Nella notte tra il 26 e il 27 marzo 1996 fu rapito insieme a cinque
monaci della comunità, più padre Bruno Lemarchand, proveniente dal monastero
annesso di Fès, di passaggio a Tibhirine per l’elezione del nuovo priore. Un
comunicato del Gruppo Islamico Armato (GIA), datato 21 maggio 1996, annunciò la
loro esecuzione. I sette monaci di Tibhirine, compresi in un gruppo che conta
in tutto diciannove martiri, tutti religiosi, uccisi durante i cosiddetti “anni
neri” per l’Algeria, sono stati beatificati l’8 dicembre 2018 a Orano, sotto il
pontificato di papa Francesco. La memoria liturgica di tutto il gruppo cade l’8
maggio, giorno della nascita al Cielo dei primi due che vennero uccisi, fratel
Henri Vergès e suor Paul-Hélène Saint-Raymond. I resti mortali di padre
Christophe e dei confratelli (furono ritrovate solo le teste senza i corpi)
sono venerati nel cimitero del monastero di Nostra Signora dell’Atlante.
Gli anni della giovinezza
Christophe Lebreton nacque a Blois, nel dipartimento francese di Loir-et-Cher, l’11 ottobre 1950, settimo di dodici figli. A dodici anni entrò in Seminario, ma ne uscì alla fine del liceo, proprio durante il periodo della contestazione giovanile del 1968. S’iscrisse quindi alla facoltà di Diritto.
S’impegnò poi per i più poveri: dapprima nei gruppi di Emmaus dell’Abbé Pierre,
poi nella cooperazione internazionale. Fu in quel modo che, nel 1972, arrivò in
Algeria, per lavorare in una scuola per bambini portatori di handicap.
Vocazione tra i Trappisti
Dopo qualche tempo, visitò per la prima volta il monastero di Nostra Signora dell’Atlante a Tibhirine, dei monaci Cistercensi della Stretta Osservanza, detti anche Trappisti. Vi trascorse alcuni fine settimana, diventando sempre più attratto dalla vita monastica.
Il 1° novembre 1974 entrò nell’abbazia di Tamié, in Savoia, poi partì per
Tibhirine mentre era ancora novizio. Nel 1977, però, tornò a Tamié, dove, il 1°
novembre 1980, emise la professione solenne. Dall’8 ottobre 1987 fu di nuovo a
Tibhirine, dove venne ordinato sacerdote il 1° gennaio 1990.
I suoi compiti nel monastero
Il suo primo compito fu quello di curare l’orto, insieme ad alcuni padri di famiglia esterni al monastero. S’impegnò subito in ogni sorta di lavoro: guidava il trattore, oppure controllava se i terreni e l’acqua fossero distribuiti in modo adeguato, cercando di limitare i litigi tra i lavoratori. Nel 1992 divenne maestro dei novizi, ma non poté esercitare molto questa carica perché ebbe un solo novizio, François, che non proseguì il cammino monastico.
Successivamente assunse compiti nella cura della liturgia comunitaria: presiedeva le lezioni di canto una volta a settimana e curava che religiosi e ospiti potessero pregare al meglio. Per intensificare il legame col popolo in mezzo al quale lui e gli altri monaci vivevano, cominciò a introdurre nelle preghiere comunitarie brevi antifone in lingua araba. Qualche volta aveva delle divergenze con padre Célestin Ringeard, che era stato primo cantore, a causa delle loro sensibilità differenti in materia liturgica. Alla fine, però, riuscivano a rappacificarsi.
Dal 1989 cominciò a frequentare il Ribât es-Salâm (“Vincolo di Pace” in arabo),
il gruppo di dialogo e ascolto reciproco tra musulmani e cristiani di cui il
priore della comunità, padre Christian de Chergé, era stato uno dei fondatori.
Le prime minacce
La vita di preghiera dei monaci venne turbata quando le notizie di aggressioni e uccisioni cominciarono a moltiplicarsi. Il 14 dicembre 1993, a Tamesguida, vennero sgozzati dodici croati cristiani. I monaci li conoscevano perché venivano da loro a celebrare la Pasqua. L’accaduto seguiva di due settimane l’ultimatum lanciato dal Gruppo Islamico Armato (GIA), che aveva preso il potere: tutti gli stranieri dovevano lasciare l’Algeria, pena la morte.
La notte del 24 dicembre 1993, alcuni uomini armati si presentarono alla porta del monastero e domandarono di vedere il superiore. Fratel Paul Favre-Mirille, che aveva aperto, andò a cercare padre Christian, il quale parlò col capo del gruppetto, Sayah Attiyah.
Le condizioni da lui poste, ovvero che i monaci dessero loro dei soldi, che il
loro medico (fratel Luc Dochier) venisse a curare i loro malati e che dessero
anche delle medicine, non vennero accettate tutte dal priore, che comunque
riferì che avrebbero potuto venire al dispensario del monastero. Fece poi
notare all’uomo che stavano per celebrare la nascita del Principe della Pace,
ovvero il Natale di Gesù. Gli armati si allontanarono, dopo aver chiesto una
parola d’ordine e aver minacciato di tornare.
La reazione di padre Christophe
Padre Christophe e un altro monaco si nascosero nella cantina del monastero, uscendone solo all’ora della preghiera delle Vigilie, nel cuore della notte. Quando entrarono in cappella, convinti di essere rimasti da soli, trovarono gli altri monaci, con grande sollievo.
I monaci erano salvi, ma non al sicuro. Si sentivano come presi tra due fuochi:
da una parte quelli che chiamavano “fratelli della montagna”, ovvero gli
islamisti, e i “fratelli della pianura”, ovvero i militari e le forze di
sicurezza dell’esercito algerino.
Dalla fuga alla donazione completa
Alla reazione iniziale di fuga, padre Christophe sostituì gradualmente un atteggiamento di completa disponibilità a quanto sarebbe potuto accadere a lui e al resto della comunità. Ne sono prova le pagine del suo diario e alcune delle poesie, come quella in cui scrisse: «Io sono suo e seguo le sue orme; / vado verso la mia piena verità pasquale. / Vista la direzione che prendono / le cose e la piega degli avvenimenti… / vi dico, in piena verità va tutto bene. / La fiamma si è piegata, / la luce si è inclinata… / Posso morire, / eccomi qui».
Poco dopo l’uccisione di uno dei componenti del Ribat, il fratello marista Henri Vergès, divenne membro effettivo del gruppo. Non si sentiva semplicemente invitato a prenderne il posto, ma avvertiva un approfondimento della propria vocazione di monaco trappista: essere un orante in mezzo ad altri fratelli.
Nella relazione scritta da lui negli anni seguenti alla prima visita dei terroristi, annotò non solo gli avvenimenti, come la visita del vescovo di Algeri, monsignor Henri Teissier, ma anche le proprie sensazioni e lo sconvolgimento che a volte lo coglievano.
Sentiva comunque di stare imparando come lui e la comunità fossero parte della
Chiesa in un modo totalmente unico, dovuto sia alla loro condizione di monaci
cenobiti (ossia che vivevano in comunità), sia alla loro presenza in un
territorio musulmano.
Le uccisioni dei religiosi e i suoi sentimenti
Attento alle notizie che arrivavano dall’esterno del monastero, padre Christophe le annotava, commosso e sgomento, nel suo diario. Il 10 maggio 1994, poco dopo l’uccisione di fratel Henri Vergès e di suor Paul-Hélène Saint-Raymond, Piccola Suora dell’Assunzione, commentò: «Questa testimonianza passa attraverso delle serve e dei servi-amici – e viene da più lontano – va e si fonde con l’Eucaristia». Il 24 ottobre successivo, appena seppe dell’assassinio delle suore Agostiniane Missionarie Ester Paniagua Alonso e Caridad Álvarez Martín, considerò come esse avessero davvero celebrato l’Eucaristia, anche se non riuscirono ad arrivare nella chiesa dove si sarebbe svolta.
«Offerti con l’Amico fino all’eccesso…» fu invece la definizione che diede, il 28 dicembre 1994, dei quattro Padri Bianchi uccisi nel cortile della loro casa di Tizi Ozou: Alain Dieulangard, Jean Chevillard, Christian Chessel e Charles Deckers.
Il 4 dicembre 1995, prima dell’Ufficio notturno, padre Christian riferì dell’uccisione di suor Bibiane Leclerq e suor Angèle-Marie Littlejohn, Suore Missionarie di Nostra Signora degli Apostoli. Padre Christophe si sentì colpito in particolare dal fatto che il priore le avesse chiamate «due nostre sorelle»: «Sì, fra le nostre sorelle, due, sorelle in modo tutto particolare nell’amore crocifisso».
Alla fine dell’Ora di Terza del 10 novembre 1995, padre Christian annunciò che
era stata uccisa suor Odette Prévost, Piccola Suora del Sacro Cuore. «Perché
gli “altri” divengano un’offerta santificata nello Spirito, gradita a Dio, non
c’è altro mezzo: offrirsi in Te, con Te, per mezzo di Te», annotò padre
Christophe.
Il rapimento e il martirio
Nella notte tra il 26 e il 27 marzo 1996, padre Christophe venne rapito insieme a sei monaci, compresi quelli già citati e padre Bruno Lemarchand, proveniente dal monastero annesso di Fès, di passaggio a Tibhirine per l’elezione del nuovo priore.
Altri due, padre Amedée Noto e padre Jean-Pierre Schumacher, insieme a un ospite del monastero, scamparono al rapimento. Dopo un mese, un comunicato del Gruppo Islamico Armato (GIA) riferì che i rapiti erano ancora vivi, ma conteneva la minaccia di sgozzarli se non fossero stati liberati alcuni terroristi detenuti.
Il 30 aprile venne consegnata all’ambasciata di Francia ad Algeri un’audiocassetta, sulla quale erano registrate le voci dei sette monaci. Non ci furono altre notizie fino al 23 maggio: un ulteriore comunicato, il numero 44, datato 21 maggio, riferì che ai monaci era stata tagliata la gola.
Il 30 maggio le loro spoglie vennero ritrovate sul ciglio della strada per
Médéa. Si trattava, però, solo delle teste: i corpi rimasero introvabili. Le
esequie dei sette monaci si svolsero il 2 giugno 1996 nella basilica di Nostra
Signora d’Africa ad Algeri, insieme a quelle del cardinal Léon-Étienne Duval,
arcivescovo emerito di Algeri, morto per cause naturali. I resti mortali di
padre Christophe e dei confratelli vennero sepolti nel cimitero monastico di
Tibhirine.
La causa di beatificazione e canonizzazione
I sette trappisti di Tibhirine sono stati inseriti nella causa che comprendeva sia i religiosi menzionati da padre Christophe nel suo diario, sia monsignor Pierre-Lucien Claverie, domenicano e vescovo di Orano, ucciso dallo scoppio di una bomba il 1° agosto 1996. La loro inchiesta diocesana si è svolta ad Algeri dal 5 ottobre 2007 al luglio 2012.
Il 26 gennaio 2018 papa Francesco ha autorizzato la promulgazione del decreto relativo al martirio dei diciannove religiosi. La loro beatificazione è stata celebrata l’8 dicembre 2018 nel santuario di Nostra Signora di Santa Cruz a Orano, presieduta dal cardinal Angelo Becciu, Prefetto della Congregazione delle Cause dei Santi, come inviato speciale del Santo Padre.
La memoria liturgica di tutto il gruppo, compresi quindi anche i sette monaci, cade l’8 maggio, giorno della nascita al Cielo dei primi due che vennero uccisi, fratel Henri Vergès e suor Paul-Hélène Saint-Raymond.
Autore: Emilia Flocchini
SOURCE : https://www.santiebeati.it/dettaglio/97742
Beato Michel Fleury Religioso
trappista, martire
Festa: 21 maggio
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Sainte-Anne-sur-Brivet,
Francia, 21 maggio 1944 – Médéa, Algeria, 21 maggio 1996
Michel Fleury nacque a
Sainte-Anne-sur-Brivet, in Francia, il 21 maggio 1944, da una famiglia di
contadini. A diciassette anni cominciò il percorso per diventare sacerdote
diocesano, orientandosi al servizio dei poveri secondo la spiritualità della
Società dei Preti del Prado. Per alcuni anni, mentre proseguiva la formazione,
lavorò come operaio. Dopo un soggiorno all’abbazia di Lérins, si sentì chiamato
alla vita contemplativa. Entrò quindi nel monastero trappista di Bellefontaine
nel novembre 1980, professando i voti l’anno seguente. Nel 1984 chiese e
ottenne di essere destinato al monastero di Nostra Signora dell’Atlante a
Tibhirine, in Algeria, dove esercitò i compiti di lettore e di aiutante in
cucina. Nella notte tra il 26 e il 27 marzo 1996, poco prima di compiere
cinquantadue anni, fu rapito insieme a cinque monaci della comunità, più padre
Bruno Lemarchand, proveniente dal monastero annesso di Fès, di passaggio a
Tibhirine per l’elezione del nuovo priore. Un comunicato del Gruppo Islamico
Armato (GIA), datato 21 maggio 1996, annunciò la loro esecuzione. I sette monaci
di Tibhirine, compresi in un gruppo che conta in tutto diciannove martiri,
tutti religiosi, uccisi durante i cosiddetti “anni neri” per l’Algeria, sono
stati beatificati l’8 dicembre 2018 a Orano, sotto il pontificato di papa
Francesco. La memoria liturgica di tutto il gruppo cade l’8 maggio, giorno
della nascita al Cielo dei primi due che vennero uccisi, fratel Henri Vergès e
suor Paul-Hélène Saint-Raymond. I resti mortali di fratel Michel e dei
confratelli (furono ritrovate solo le teste senza i corpi) sono venerati nel
cimitero del monastero di Nostra Signora dell’Atlante.
Michel Fleury nacque a Sainte-Anne-sur-Brivet, nel dipartimento francese della Loira Atlantica, il 21 maggio 1944, da una famiglia di contadini.
A diciassette anni manifestò alla madre il desiderio di diventare sacerdote. Entrò quindi in una casa di formazione per vocazioni adulte, visto che non aveva frequentato il Seminario Minore. Cinque anni dopo, passò al Seminario Maggiore di Nantes.
Durante uno stage in una fabbrica metallurgica, conobbe la Società dei Preti del Prado, fondata da padre Antoine Chevrier (beatificato nel 1986) per i sacerdoti diocesani che volessero vivere più a contatto con i poveri. Fu quindi accolto nella casa madre di Lione, città dove avvicinò specialmente gli operai marocchini.
In seguito, per due anni, abitò con un altro membro della Società a Vaulx-en-Velin, in un quartiere a maggioranza musulmana. In seguito si trasferì a Saint-Denis per ottenere il Certificato di attitudine professionale di fresatore, col quale fu abilitato a lavorare in fabbrica a Marsiglia.
Nella Settimana Santa del 1979, durante un soggiorno all’abbazia di Lérins, Michel si sentì chiamato alla vita contemplativa. L’anno successivo, a novembre, venne ammesso nell’abbazia di Bellefontaine dell’Ordine Cistercense della Stretta Osservanza (i cui membri sono detti anche Trappisti).
Nel 1984, però, fratel Michel cominciò a pensare di dover essere destinato al monastero di Nostra Signora dell’Atlante a Tibhirine, in Algeria. A Bellefontaine, infatti, era passato in visita il canonico Pépin, vicario generale della diocesi di Costantina, che aveva raccontato alla comunità monastica la situazione della Chiesa in Algeria.
Inoltre, passò a trovarlo l’amico padre Jean Levent, che era appena stato proprio a Tibhirine. Infine, leggendo il necrologio di uno dei monaci di quella comunità, padre Aubin, capì il senso della presenza monastica in un territorio abitato da popolazioni di religione islamica.
Per tutte queste ragioni, il 4 aprile 1984 domandò al maestro dei novizi di poter partire. Il 27 agosto dello stesso anno lasciò Bellefontaine; con lui c’era il confratello Bruno Lemarchand. A Tibhirine ritrovò padre Céléstin Ringeard, che veniva dallo stesso monastero.
Fratel Michel non aveva proseguito il cammino verso il sacerdozio, ma era ugualmente Lettore istituito. In quella funzione, garantiva la proclamazione delle letture durante la Messa e faceva in modo che i visitatori potessero seguire le liturgie monastiche sugli appositi libri.
In qualità di fratello converso, era addetto ai servizi più umili, come quello della cucina. Non amava tanto parlare, quanto lavorare in modo instancabile. Si preoccupava spesso dei lavoratori che aiutavano i monaci nell’orto, procurando loro, quando possibile, qualche sacco di legumi.
Il 30 maggio 1993 scrisse un “Atto di offerta”, nel quale invocava: «Spirito Santo creatore, degnati di associarmi il più presto possibile – non la mia ma la tua volontà sia fatta – al mistero pasquale di Gesù Cristo, nostro Signore, con i mezzi che tu vorrai, certo che tu, Signore, li vivrai in me... ».
Desideroso di comprendere meglio la cultura e la religione del popolo in mezzo a cui viveva, divenne membro del Ribât es-Salâm (“Vincolo di Pace” in arabo), un gruppo di confronto e dialogo che aveva sede proprio nel monastero di Tibhirine.
La vita di preghiera dei monaci venne turbata quando le notizie di aggressioni e uccisioni cominciarono a moltiplicarsi. Il 14 dicembre 1993, a Tamesguida, vennero sgozzati dodici croati cristiani. I monaci li conoscevano perché venivano da loro a celebrare la Pasqua. L’accaduto seguiva di due settimane l’ultimatum lanciato dal Gruppo Islamico Armato (GIA), che aveva preso il potere: tutti gli stranieri dovevano lasciare l’Algeria, pena la morte.
La notte del 24 dicembre 1993, alcuni uomini armati si presentarono alla porta del monastero e domandarono di vedere il superiore. Fratel Paul Favre-Mirille, che aveva aperto, andò a cercare padre Christian de Chergé, il quale parlò col capo del gruppetto, Sayah Attiyah.
Le condizioni da lui poste, ovvero che i monaci dessero loro dei soldi, che il loro medico (fratel Luc Dochier) venisse a curare i loro malati e che dessero anche delle medicine, non vennero accettate tutte dal priore, che comunque riferì che avrebbero potuto venire al dispensario del monastero. Fece poi notare all’uomo che stavano per celebrare la nascita del Principe della Pace, ovvero il Natale di Gesù. Gli armati si allontanarono, dopo aver chiesto una parola d’ordine e aver minacciato di tornare.
I monaci erano salvi, ma non al sicuro. Si sentivano come presi tra due fuochi: da una parte quelli che chiamavano “fratelli della montagna”, ovvero gli islamisti, e i “fratelli della pianura”, ovvero i militari e le forze di sicurezza dell’esercito algerino.
Fratel Michel visse, con gli altri fratelli, il discernimento personale e comunitario che li portò a scegliere di restare in Algeria. Espresse così il suo pensiero: «Se ci succedesse qualcosa – ma non me lo auguro – vogliamo viverlo qui, solidali con tutti gli algerini che hanno già pagato con la vita, semplicemente solidali con questi sconosciuti, innocenti».
Nella notte tra il 26 e il 27 marzo 1996, fratel Michel venne rapito insieme a cinque monaci della comunità e a padre Bruno Lemarchand, proveniente dal monastero annesso di Fès, di passaggio a Tibhirine per l’elezione del nuovo priore. Altri due, padre Amedée Noto e padre Jean-Pierre Schumacher, insieme a un ospite del monastero, scamparono al rapimento.
Sulla strada per Médéa venne trovata una cocolla, ossia parte dell’abito
monastico, appartenuta a fratel Michel. Dopo un mese, un comunicato del Gruppo
Islamico Armato (GIA) riferì che i rapiti erano ancora vivi, ma conteneva la
minaccia di sgozzarli se non fossero stati liberati alcuni terroristi detenuti.
Il 30 aprile venne consegnata all’ambasciata di Francia ad Algeri
un’audiocassetta, sulla quale erano registrate le voci dei sette monaci. Non ci
furono altre notizie fino al 23 maggio: un ulteriore comunicato, il numero 44,
datato 21 maggio (il giorno del cinquantaduesimo compleanno di fratel Michel),
riferì che ai monaci era stata tagliata la gola.
Il 30 maggio le loro spoglie vennero ritrovate sul ciglio della strada per Médéa. Si trattava, però, solo delle teste: i corpi rimasero introvabili. Le esequie dei sette monaci si svolsero il 2 giugno 1996 nella basilica di Nostra Signora d’Africa ad Algeri, insieme a quelle del cardinal Léon-Étienne Duval, arcivescovo emerito di Algeri, morto per cause naturali. I resti mortali di fratel Michel e dei confratelli vennero sepolti nel cimitero monastico di Tibhirine.
I sette trappisti di Tibhirine sono stati inseriti nella causa che contava in tutto diciannove candidati agli altari, tutti religiosi, uccisi dal 1994 al 1996, nel corso dei cosiddetti “anni neri” per l’Algeria. La loro inchiesta diocesana si è svolta ad Algeri dal 5 ottobre 2007 al luglio 2012.
Il 26 gennaio 2018 papa Francesco ha autorizzato la promulgazione del decreto relativo al martirio dei diciannove religiosi. La loro beatificazione è stata celebrata l’8 dicembre 2018 nel santuario di Nostra Signora di Santa Cruz a Orano, presieduta dal cardinal Angelo Becciu, Prefetto della Congregazione delle Cause dei Santi, come inviato speciale del Santo Padre.
La memoria liturgica di tutto il gruppo, compresi quindi anche i sette monaci, cade l’8 maggio, giorno della nascita al Cielo dei primi due che vennero uccisi, fratel Henri Vergès e suor Paul-Hélène Saint-Raymond.
Autore: Emilia Flocchini
SOURCE : https://www.santiebeati.it/dettaglio/97744
Beato Bruno
(Christian) Lemarchand Sacerdote trappista, martire
Festa: 21 maggio
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Scheda del Gruppo cui appartiene
Saint-Maixent, Francia, 1
marzo 1930 - Médéa, Algeria, 21 maggio 1996
Christian Lemarchand
nacque a Saint-Maixent, nel dipartimento francese di Deux-Sèvres, il 1° marzo
1930, figlio di un ufficiale dell’esercito coloniale. Dopo gli studi secondari
entrò nel Seminario Maggiore di Poitiers e fu ordinato sacerdote il 2 aprile 1956.
Per ventiquattro anni fu prima insegnante, poi direttore del collegio cattolico
Saint-Charles di Thouars, mentre sentiva crescere la vocazione alla vita
contemplativa. Il 1° marzo 1981 fu accolto nel monastero trappista di
Bellefontaine, diventando padre Bruno. Domandò in seguito di poter essere
destinato al monastero di Nostra Signora dell’Atlante a Tibhirine, in Algeria,
tornando quindi nei luoghi del suo servizio militare. Dopo qualche tempo dal
suo arrivo, tornò a Bellefontaine, ma sperò a lungo di essere rimandato in
Algeria, cosa che avvenne nel 1989. Nell’ottobre 1990 fu destinato al monastero
annesso di Fès, in Marocco, di cui divenne superiore due anni più tardi. Nella
notte tra il 26 e il 27 marzo 1996 fu rapito insieme a sei monaci della comunità
di Tibhirine, dove si trovava per partecipare all’elezione del nuovo priore. Un
comunicato del Gruppo Islamico Armato (GIA), datato 21 maggio 1996, annunciò la
loro esecuzione. Quando fu ucciso, padre Bruno aveva sessantasei anni, ventisei
quali trascorsi in Algeria. I sette monaci di Tibhirine, compresi in un gruppo
che conta in tutto diciannove martiri, tutti religiosi, uccisi durante i
cosiddetti “anni neri” per l’Algeria, sono stati beatificati l’8 dicembre 2018
a Orano, sotto il pontificato di papa Francesco. I loro resti mortali (furono
ritrovate solo le teste senza i corpi) sono venerati nel cimitero del monastero
di Nostra Signora dell’Atlante.
Christian Lemarchand nacque a Saint-Maixent, nel dipartimento francese di Deux-Sèvres, il 1° marzo 1930. Affrontò vari trasferimenti con la famiglia, perché suo padre era un ufficiale dell’esercito coloniale: soggiornò in Siria, in Indocina e, per due anni, in Algeria.
Tornò in Francia negli anni della seconda guerra mondiale, studiando a La Rochelle. Dopo gli studi secondari entrò nel Seminario Maggiore di Poitiers, ma nel 1951 dovette interrompere gli studi per il servizio militare, che prestò in Algeria.
Due anni più tardi riprese la preparazione al sacerdozio, ma era sorta in lui la vocazione alla vita monastica. Il suo vescovo, però, gli chiese di non partire prima che fossero trascorsi cinque anni dall’ordinazione sacerdotale, che venne celebrata il 2 aprile 1956.
Don Christian venne destinato al collegio cattolico Saint-Charles di Thouars come insegnante di Francese, ma in seguito ne divenne il direttore. Per ventiquattro anni svolse il suo compito educativo ed era felice, ma l’aspirazione a una vita più contemplativa divenne sempre più pressante. Fece quindi domanda per essere ammesso nell’abbazia benedettina di Ligugé, ma, con suo grande dispiacere, fu respinto.
Trovò nuova ispirazione per la sua vita di sacerdote in una fraternità di preti diocesani che avevano come modello Charles de Foucauld (beatificato nel 2005), ma anche in soggiorni sempre più frequenti, dal 1963 in poi, nell’abbazia di Bellefontaine, presso i monaci Cistercensi della Stretta Osservanza, detti anche Trappisti.
Nel 1981 decise di chiedere l’ammissione: il 1° marzo 1981 fu accettato, diventando padre Bruno. Tre anni più tardi, il 6 aprile, chiese di venire inviato al monastero di Nostra Signora dell’Atlante a Tibhirine, in Algeria. Altri due fratelli della comunità, fratel Michel Fleury e padre Céléstin Ringeard, avevano espresso la stessa richiesta, pochi giorni prima.
Padre Bruno e fratel Michel arrivarono a Tibhirine il 28 agosto 1984, ma il primo, a causa di alcuni problemi nella vita comunitaria, rientrò a Bellefontaine prima ancora della professione solenne. Venne incaricato della foresteria, ma sentiva di dover ritornare in Algeria: «L’appello del Signore a vivere il Vangelo in terra d’islam e a garantire con qualche confratello l’adorazione eucaristica rimane molto vivo in me», scrisse nel 1989. Nel mese di aprile 1989 fu accontentato; il 21 marzo 1990 emise la professione solenne.
Qualche tempo dopo, nell’ottobre 1990, fu destinato al monastero annesso, voluto dal vescovo di Rabat, nella città di Fès, di cui divenne superiore il 1° ottobre 1991. Col tempo quella dimora divenne sia un luogo di riposo per i monaci di Tibhirine, sia un luogo dove riflettere meglio su come comportarsi in una situazione che, per l’Algeria tutta, diventava sempre più difficile.
Dal canto suo, padre Bruno sentiva di vivere pienamente la “vita di Nazareth” come insegnava De Foucauld, concretizzando la vocazione che sentiva da sempre. Così scriveva nel gennaio 1996: «La mia vita si radica in questo paese e non prevedo di ritornare in Francia. Con i miei fratelli (siamo in quattro) abbiamo una vita ben nascosta in questa grande città. A volte mi faccio la domanda: colui o colei che ci vede può chiedersi: “Ma quelli che ci fanno qui? A cosa servono?”. Apparentemente a nulla. Mistero di questa chiamata […]. Sentiamo bene che bisogna lasciarci fare nella semplice quotidianità».
Di carattere era tranquillo e tanto riservato da sembrare talvolta burbero e netto nelle sue risposte. Nel suo lavoro era molto diligente, come anche nello studio della lingua araba, benché non vi fosse molto portato. Si allenava con delle audiocassette, oppure ricevendo lezioni da una Piccola Sorella di Gesù, oppure conversando con Thami, l’ortolano del convento, a cui insegnava anche qualche parola di francese.
Il 18 marzo 1996 partì per Tibhirine, per prendere parte all’elezione del nuovo priore. La comunità era già stata visitata, la notte del 24 dicembre 1993, da alcuni uomini armati, che avevano minacciato di tornare. I monaci, guidati da padre Christian de Chergé, avevano affrontato un lungo discernimento personale e comunitario, culminato con la scelta di restare per non abbandonare il popolo algerino e per restare fedeli al voto di stabilità, tipico dell’Ordine Cistercense.
Nella notte tra il 26 e il 27 marzo 1996, padre Bruno, che aveva sessantasei anni, venne rapito insieme a sei monaci della comunità. Altri due, padre Amedée Noto e padre Jean-Pierre Schumacher, insieme a un ospite del monastero, scamparono al rapimento. Dopo un mese, un comunicato del Gruppo Islamico Armato (GIA) riferì che i rapiti erano ancora vivi, ma conteneva la minaccia di sgozzarli se non fossero stati liberati alcuni terroristi detenuti.
Il 30 aprile venne consegnata all’ambasciata di Francia ad Algeri un’audiocassetta, sulla quale erano registrate le voci dei sette monaci. Non ci furono altre notizie fino al 23 maggio: un ulteriore comunicato, il numero 44, datato 21 maggio, riferì che ai monaci era stata tagliata la gola.
Il 30 maggio le loro spoglie vennero ritrovate sul ciglio della strada per Médéa. Si trattava, però, solo delle teste: i corpi rimasero introvabili. Le esequie dei sette monaci si svolsero il 2 giugno 1996 nella basilica di Nostra Signora d’Africa ad Algeri, insieme a quelle del cardinal Léon-Étienne Duval, arcivescovo emerito di Algeri, morto per cause naturali. I resti mortali di padre Bruno e dei confratelli vennero sepolti nel cimitero monastico di Tibhirine.
I sette trappisti di Tibhirine sono stati inseriti nella causa che contava in tutto diciannove candidati agli altari, tutti religiosi, uccisi dal 1994 al 1996, nel corso dei cosiddetti “anni neri” per l’Algeria. La loro inchiesta diocesana si è svolta ad Algeri dal 5 ottobre 2007 al luglio 2012.
Il 26 gennaio 2018 papa Francesco ha autorizzato la promulgazione del decreto relativo al martirio dei diciannove religiosi. La loro beatificazione è stata celebrata l’8 dicembre 2018 nel santuario di Nostra Signora di Santa Cruz a Orano, presieduta dal cardinal Angelo Becciu, Prefetto della Congregazione delle Cause dei Santi, come inviato speciale del Santo Padre.
La memoria liturgica di tutto il gruppo, compresi quindi anche i sette monaci, cade l’8 maggio, giorno della nascita al Cielo dei primi due che vennero uccisi, fratel Henri Vergès e suor Paul-Hélène Saint-Raymond.
Autore: Emilia Flocchini
SOURCE : https://www.santiebeati.it/dettaglio/97743
Beato Célestin
Ringeard Sacerdote trappista, martire
Festa: 21 maggio
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Touvois, Frania, 27
luglio 1933 - Médéa, Algeria, 21 maggio 1996
Célestin Ringeard nacque
a Touvois, nel dipartimento francese della Loira Atlantica, il 27 luglio 1933.
Entrò dodicenne nel Seminario di Nantes, da cui dovette temporaneamente uscire
per il servizio militare, che svolse in Algeria. Fu ordinato sacerdote il 17
dicembre 1960, ma, dopo le prime esperienze pastorali, divenne educatore di
strada. Frequentando l’abbazia trappista di Bellefontaine, dove si ritemprava
nel corpo e nello spirito, maturò la vocazione monastica. Cominciò il suo
percorso il 19 luglio 1983, ricevendo l’abito monastico l’8 dicembre
successivo. Chiese e ottenne di essere inviato al monastero di Nostra Signora
dell’Atlante a Tibhirine, in Algeria. Arrivò il 13 settembre 1986 e compì la
professione solenne il 1° maggio 1989. Era dotato di una sensibilità molto
profonda, con cui accoglieva i rapporti interpersonali, ma allo stesso tempo
aveva un carattere impetuoso. Nella notte tra il 26 e il 27 marzo 1996, a
sessantadue anni, fu rapito insieme a cinque monaci della comunità, più uno
proveniente dal monastero annesso di Fès. Un comunicato del Gruppo Islamico Armato
(GIA), datato 21 maggio 1996, annunciò la loro esecuzione. I sette monaci di
Tibhirine, compresi in un gruppo che conta in tutto diciannove martiri, tutti
religiosi, uccisi durante i cosiddetti “anni neri” per l’Algeria, sono stati
beatificati l’8 dicembre 2018 a Orano, sotto il pontificato di papa Francesco.
La memoria liturgica di tutto il gruppo cade l’8 maggio, giorno della nascita
al Cielo dei primi due che vennero uccisi, fratel Henri Vergès e suor
Paul-Hélène Saint-Raymond. I resti mortali di padre Céléstin e dei confratelli
(furono ritrovate solo le teste senza i corpi) sono venerati nel cimitero del
monastero di Nostra Signora dell’Atlante.
Célestin Ringeard nacque a Touvois, nel dipartimento francese della Loira Atlantica, il 27 luglio 1933. A sei mesi rimase orfano: suo padre era morto di tubercolosi. Per evitare il contagio, venne affidato a una balia; con lui c’era il fratello Michel, maggiore di tre anni. Quando rientrò in famiglia, mostrò subito una notevole attenzione per le persone emarginate.
A dodici anni entrò nel Seminario Minore di Nantes, passando a quello Maggiore nel 1953. Quattro anni dopo, però, dovette interrompere gli studi per il servizio militare obbligatorio. Lo svolse a Orano, in Algeria, assegnato al servizio sanitario, durante la guerra che avrebbe poi portato all’indipendenza del Paese.
Nel febbraio 1958, uno scontro a fuoco portò all’uccisione di vari soldati, alla scoperta di un deposito di armi da fuoco e all’arresto di un ufficiale dei servizi segreti del Fronte di Liberazione Nazionale (FLN), Ahmed Hallouz, gravemente ferito. Céléstin e un altro infermiere intervennero per farlo curare e non mandarlo a morire in prigione.
Terminato il servizio militare, Céléstin completò la formazione verso il sacerdozio: fu ordinato il 17 dicembre 1960. Inizialmente fu educatore nel Seminario Minore, poi vicario parrocchiale a Saint-Herblain.
Tuttavia, la sua attrazione per la vita dei più poveri lo portò a non avere alcun incarico nella pastorale diocesana. Divenne quindi educatore di strada, dedicandosi agli alcolizzati, ai drogati, alle prostitute e ai giovani senza lavoro. Si dedicava al suo impegno senza pensare a quel che si sarebbe detto di lui, pur di salvare qualcuno.
Sempre più di frequente, però, compiva dei ritiri all’abbazia di Bellefontaine, dell’Ordine Cistercense della Stretta Osservanza (i cui membri sono detti anche Trappisti): in meno di sette anni ci andò ventidue volte. Alla fine chiese di essere ammesso come novizio, sorprendendo molti: il 19 luglio 1983 fece il suo ingresso e, il successivo 8 settembre, vestì l’abito monastico.
Pochi mesi dopo, il 4 aprile 1984, fece una richiesta al maestro dei novizi: avrebbe voluto compiere la propria vocazione nel monastero di Nostra Signora dell’Atlante a Tibhirine, in Algeria. La richiesta fu accolta: padre Céléstin arrivò il 13 settembre 1986 e compì la professione solenne il 1° maggio 1989.
Nella sua vita monastica continuò a portare nella preghiera gli uomini e le donne sofferenti che aveva incontrato e coi quali rimase in contatto. Poco prima della partenza, quand’era ancora a Bellefontaine, ricevette una telefonata dal figlio dell’ufficiale che aveva salvato, che voleva ringraziarlo.
Nella comunità ebbe il ruolo di primo cantore, che cedette poi a padre Christophe Lebreton, diventando secondo cantore e organista. A causa delle differenti sensibilità dell’uno e dell’altro in materia liturgica, spesso si scontravano, ma riuscivano a fare pace. Ricordando poi la condizione degli alcolizzati, s’impegnò a non bere mai bevande alcoliche, neanche nei giorni di festa.
La vita di preghiera dei monaci venne turbata quando le notizie di aggressioni e uccisioni cominciarono a moltiplicarsi. Il 14 dicembre 1993, a Tamesguida, vennero sgozzati dodici croati cristiani. I monaci li conoscevano perché venivano da loro a celebrare la Pasqua. L’accaduto seguiva di due settimane l’ultimatum lanciato dal Gruppo Islamico Armato (GIA), che aveva preso il potere: tutti gli stranieri dovevano lasciare l’Algeria, pena la morte.
La notte del 24 dicembre 1993, alcuni uomini armati si presentarono alla porta del monastero e domandarono di vedere il superiore. Fratel Paul Favre-Mirille, che aveva aperto, andò a cercare padre Christian de Chergé, il quale parlò col capo del gruppetto, Sayah Attiyah.
Le condizioni da lui poste, ovvero che i monaci dessero loro dei soldi, che il loro medico (fratel Luc Dochier) venisse a curare i loro malati e che dessero anche delle medicine, non vennero accettate tutte dal priore, che comunque riferì che avrebbero potuto venire al dispensario del monastero. Fece poi notare all’uomo che stavano per celebrare la nascita del Principe della Pace, ovvero il Natale di Gesù. Gli armati si allontanarono, dopo aver chiesto una parola d’ordine e aver minacciato di tornare.
I monaci erano salvi, ma non al sicuro. Si sentivano come presi tra due fuochi: da una parte quelli che chiamavano “fratelli della montagna”, ovvero gli islamisti, e i “fratelli della pianura”, ovvero i militari e le forze di sicurezza dell’esercito algerino.
Padre Céléstin, che nel 1991 e nel marzo 1993 aveva avuto problemi cardiaci, rimase segnato dalla visita degli islamisti. Fu inviato in Francia, dove venne sottoposto a un intervento molto delicato, col quale gli vennero impiantati sei bypass coronarici. Trascorse quindi alcuni giorni di convalescenza a Bellefontaine, con la prospettiva di tornare a Tibhirine.
Nell’aprile 1995 riferì in una lettera ai familiari: «Volevo dirvi la mia gioia di essere stato così ben curato, e di ritornare a vivere tra i miei fratelli monaci e il popolo algerino, rimettendomi nelle mani di Dio».
Nella notte tra il 26 e il 27 marzo 1996, padre Céléstin venne rapito insieme a cinque monaci della comunità, più padre Bruno Lemarchand, proveniente dal monastero annesso di Fès, di passaggio per l’elezione del nuovo priore.
Altri due, padre Amedée Noto e padre Jean-Pierre Schumacher, insieme a un ospite del monastero, scamparono al rapimento. Dopo un mese, un comunicato del Gruppo Islamico Armato (GIA) riferì che i rapiti erano ancora vivi, ma conteneva la minaccia di sgozzarli se non fossero stati liberati alcuni terroristi detenuti.
Il 30 aprile venne consegnata all’ambasciata di Francia ad Algeri un’audiocassetta, sulla quale erano registrate le voci dei sette monaci. Non ci furono altre notizie fino al 23 maggio: un ulteriore comunicato, il numero 44, datato 21 maggio, riferì che ai monaci era stata tagliata la gola.
Il 30 maggio le loro spoglie vennero ritrovate sul ciglio della strada per Médéa. Si trattava, però, solo delle teste: i corpi rimasero introvabili. Le esequie dei sette monaci si svolsero il 2 giugno 1996 nella basilica di Nostra Signora d’Africa ad Algeri, insieme a quelle del cardinal Léon-Étienne Duval, arcivescovo emerito di Algeri, morto per cause naturali. I resti mortali di padre Céléstin e dei confratelli vennero sepolti nel cimitero monastico di Tibhirine.
I sette trappisti di Tibhirine sono stati inseriti nella causa che contava in tutto diciannove candidati agli altari, tutti religiosi, uccisi dal 1994 al 1996, nel corso dei cosiddetti “anni neri” per l’Algeria. La loro inchiesta diocesana si è svolta ad Algeri dal 5 ottobre 2007 al luglio 2012.
Il 26 gennaio 2018 papa Francesco ha autorizzato la promulgazione del decreto relativo al martirio dei diciannove religiosi. La loro beatificazione è stata celebrata l’8 dicembre 2018 nel santuario di Nostra Signora di Santa Cruz a Orano, presieduta dal cardinal Angelo Becciu, Prefetto della Congregazione delle Cause dei Santi, come inviato speciale del Santo Padre.
La memoria liturgica di tutto il gruppo, compresi quindi anche i sette monaci, cade l’8 maggio, giorno della nascita al Cielo dei primi due che vennero uccisi, fratel Henri Vergès e suor Paul-Hélène Saint-Raymond.
Autore: Emilia Flocchini
SOURCE : https://www.santiebeati.it/dettaglio/97745
Beato Paul
Favre-Miville Religioso trappista, martire
Festa: 21 maggio
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Vinzier, Francia, 17
aprile 1939 - Médéa, Algeria, 21 maggio 1996
Paul Favre-Miville nacque
a Vinzier, nella regione francese dell’Alta Savoia, il 17 aprile 1939. Lavorò a
lungo come idraulico termotecnico nel paese di Bonnevaux, dove viveva con la
famiglia. Fu anche impegnato in vari ambiti di servizio al prossimo. A
quarantacinque anni domandò di essere accolto nell’abbazia trappista di Tamié
come fratello converso. Nel 1989 arrivò al monastero di Nostra Signora
dell’Atlante a Tibhirine, in Algeria. La sua abilità come idraulico gli permise
di risolvere i problemi di approvvigionamento idrico del monastero e lo rese
celebre anche nei villaggi vicini. Dopo la prima visita da parte di alcuni
uomini armati al monastero, la notte del 24 dicembre 1993, la situazione
divenne difficile anche per i monaci. Gli fu quindi concesso di tornare
temporaneamente in Francia, perché assistesse sua madre malata. Rientrò in
monastero il 26 marzo 1996, ma la notte seguente fu rapito insieme a cinque
monaci della comunità, più uno proveniente dal monastero annesso di Fès. Un
comunicato del Gruppo Islamico Armato (GIA), datato 21 maggio 1996, annunciò la
loro esecuzione. I sette monaci di Tibhirine, compresi in un gruppo che conta
in tutto diciannove martiri, tutti religiosi, uccisi durante i cosiddetti “anni
neri” per l’Algeria, sono stati beatificati l’8 dicembre 2018 a Orano, sotto il
pontificato di papa Francesco. La memoria liturgica di tutto il gruppo cade l’8
maggio, giorno della nascita al Cielo dei primi due che vennero uccisi, fratel
Henri Vergès e suor Paul-Hélène Saint-Raymond. I resti mortali di fratel Paul e
dei confratelli (furono ritrovate solo le teste senza i corpi) sono venerati
nel cimitero del monastero di Nostra Signora dell’Atlante.
Paul Favre-Miville nacque a Vinzier, nella regione francese dell’Alta Savoia, il 17 aprile 1939, terzo di quattro figli. A quindici anni interruppe gli studi per lavorare insieme al padre, fabbro e maniscalco; la madre, invece, gestiva una tabaccheria.
A vent’anni partì per l’Algeria, dove prestò servizio militare come sottotenente paracadutista. Tornato nel suo paese, Bonnevaux, seguì i corsi per diventare idraulico termotecnico. Divenne anche molto impegnato nell’amministrazione comunale: fu consigliere municipale, poi vicesindaco. Inoltre, fu pompiere volontario per vent’anni e cantore nel coro della parrocchia. I suoi numerosi impegni a favore del prossimo compresero anche un periodo di servizio alla Cité Saint-Pierre del Santuario di Lourdes e l’adesione alla Gioventù Agricola Cristiana (JAC).
A quarantacinque anni, Paul si sentì orientato alla vita contemplativa. Il 20 agosto 1984 bussò alla porta dell’abbazia dei monaci Cistercensi della Stretta Osservanza, detti anche Trappisti, a Tamié; il 24 dicembre iniziò il noviziato.
Cinque anni più tardi ottenne di essere inviato al monastero di Nostra Signora dell’Atlante a Tibhirine. Ciò che lo muoveva era il desiderio di «tenere viva in Algeria una presenza cristiana che testimoni, nella semplicità, la realtà attuale del corpo di Cristo».
Mise subito in pratica la sua esperienza di idraulico, occupandosi del sistema d’irrigazione del’orto. In questo modo, sfruttò al massimo le riserve idriche per i confratelli, ma anche per i quattro padri di famiglia che li aiutavano nei lavori agricoli.
Divenne presto famoso nel circondario del monastero, tanto che molti venivano a chiedergli consigli tecnici. Non conosceva l’arabo, ma si faceva capire a gesti e compiendo tante azioni buone.
Di carattere era allegro e servizievole, ma non amava prendere parte alle discussioni. L’unica condivisione che gli riusciva era quella di qualche parola scherzosa, anche per alleggerire la situazione che, in Algeria, si faceva sempre più complicata.
La vita di preghiera dei monaci, infatti, venne turbata quando le notizie di aggressioni e uccisioni cominciarono a moltiplicarsi. Il 14 dicembre 1993, a Tamesguida, vennero sgozzati dodici croati cristiani. I monaci li conoscevano perché venivano da loro a celebrare la Pasqua. L’accaduto seguiva di due settimane l’ultimatum lanciato dal Gruppo Islamico Armato (GIA), che aveva preso il potere: tutti gli stranieri dovevano lasciare l’Algeria, pena la morte.
La notte del 24 dicembre 1993, alcuni uomini armati si presentarono alla porta del monastero e domandarono di vedere il superiore. Fratel Paul, che aveva aperto, andò a cercare padre Christian de Chergé, il quale parlò col capo del gruppetto, Sayah Attiyah.
Le condizioni da lui poste, ovvero che i monaci dessero loro dei soldi, che il loro medico (fratel Luc Dochier) venisse a curare i loro malati e che dessero anche delle medicine, non vennero accettate tutte dal priore, che comunque riferì che avrebbero potuto venire al dispensario del monastero. Fece poi notare all’uomo che stavano per celebrare la nascita del Principe della Pace, ovvero il Natale di Gesù. Gli armati si allontanarono, dopo aver chiesto una parola d’ordine e aver minacciato di tornare.
I monaci erano salvi, ma non al sicuro. Si sentivano come presi tra due fuochi: da una parte quelli che chiamavano “fratelli della montagna”, ovvero gli islamisti, e i “fratelli della pianura”, ovvero i militari e le forze di sicurezza dell’esercito algerino.
Fratel Paul visse, con gli altri fratelli, il discernimento personale e comunitario che li portò a scegliere di restare in Algeria. Espresse così il suo pensiero: «Abbiamo il sentimento che questa prova ci cambi tutti e singolarmente: non si frequentano senza conseguenze le frontiere del martirio e della speranza». Nel febbraio 1995 scrisse poi: «Fin dove spingersi per salvare la pelle senza rischiare di perdere la vita? Uno solo conosce il giorno e l’ora della nostra liberazione in lui».
Gli venne concesso di tornare temporaneamente in Francia, anche perché potesse assistere la madre malata. Tornò a Tibhirine il 26 marzo 1996, portando con sé delle piante di faggio e delle vanghe di ricambio.
La notte tra il 26 e il 27 marzo venne rapito insieme a cinque monaci della comunità, più padre Bruno Lemarchand, proveniente dal monastero annesso di Fès, di passaggio per l’elezione del nuovo priore.
Altri due, padre Amedée Noto e padre Jean-Pierre Schumacher, insieme a un ospite del monastero, scamparono al rapimento. Dopo un mese, un comunicato del Gruppo Islamico Armato (GIA) riferì che i rapiti erano ancora vivi, ma conteneva la minaccia di sgozzarli se non fossero stati liberati alcuni terroristi detenuti.
Il 30 aprile venne consegnata all’ambasciata di Francia ad Algeri un’audiocassetta, sulla quale erano registrate le voci dei sette monaci. Non ci furono altre notizie fino al 23 maggio: un ulteriore comunicato, il numero 44, datato 21 maggio (il giorno del cinquantaduesimo compleanno di fratel Michel), riferì che ai monaci era stata tagliata la gola.
Il 30 maggio le loro spoglie vennero ritrovate sul ciglio della strada per Médéa. Si trattava, però, solo delle teste: i corpi rimasero introvabili. Le esequie dei sette monaci si svolsero il 2 giugno 1996 nella basilica di Nostra Signora d’Africa ad Algeri, insieme a quelle del cardinal Léon-Étienne Duval, arcivescovo emerito di Algeri, morto per cause naturali. I resti mortali di fratel Michel e dei confratelli vennero sepolti nel cimitero monastico di Tibhirine.
I sette trappisti di Tibhirine sono stati inseriti nella causa che contava in tutto diciannove candidati agli altari, tutti religiosi, uccisi dal 1994 al 1996, nel corso dei cosiddetti “anni neri” per l’Algeria. La loro inchiesta diocesana si è svolta ad Algeri dal 5 ottobre 2007 al luglio 2012.
Il 26 gennaio 2018 papa Francesco ha autorizzato la promulgazione del decreto relativo al martirio dei diciannove religiosi. La loro beatificazione è stata celebrata l’8 dicembre 2018 nel santuario di Nostra Signora di Santa Cruz a Orano, presieduta dal cardinal Angelo Becciu, Prefetto della Congregazione delle Cause dei Santi, come inviato speciale del Santo Padre.
La memoria liturgica di tutto il gruppo, compresi quindi anche i sette monaci, cade l’8 maggio, giorno della nascita al Cielo dei primi due che vennero uccisi, fratel Henri Vergès e suor Paul-Hélène Saint-Raymond.
Autore: Emilia Flocchini
SOURCE : https://www.santiebeati.it/dettaglio/97746
Voir aussi : https://www.moines-tibhirine.org/
https://nunraw.blogspot.com/2009/05/19-algeria-martyrs.html