Das Jüngste Gericht, circa 1000, Bamberger Apokalypse Folio 53 recto, Bamberg, Staatsbibliothek, MS A. II. 42. Auftraggeber: Otto III. oder Heinrich II.
La Toussaint, fête de
tous les saints
La multitude des baptisés de toutes races, de toutes langues, de toutes nations, qui sont fils adoptifs par la grâce divine et participant de la vie trinitaire, cette multitude est anonyme aux yeux des hommes; Dieu seul la connaît, lui qui les a appelés. Elle déborde les calendriers de toutes les Églises. Dès le IVe s. l'Église syrienne consacrait un jour à fêter tous les martyrs dont le nombre était devenu si grand qu'il rendait impossible toute commémoration individuelle. Trois siècles plus tard, dans son effort pour christianiser les traditions païennes, le pape Boniface IV transformait un temple romain dédié à tous les dieux, le Panthéon, en une église consacrée à tous les saints. Cette coutume se répandit en Occident, mais chaque Église locale les fêtait à des dates différentes, jusqu'en 835, où elle fut fixée au 1er novembre. Dans l'Église byzantine, c'est le dimanche après la Pentecôte qui est consacré à la fête de tous les saints.
"Toi seul es saint" car c'est en Lui que se trouve réalisée la plénitude
de la sanctification de l'homme par Lui, avec Lui et en Lui, toute Gloire de
Dieu. "Toi qui es la source de toute sainteté" disons-nous en chaque prière
eucharistique 2.
Voir aussi
- Prière
du Cardinal Roger Etchegaray (1922-2019) 'Etre Saint, c’est si simple!'
- C'est la fête de tous
les saints. Ceux qui sont connus, ceux qui ont été reconnus par une
canonisation, mais aussi ceux qui sont restés dans l'oubli. Chaque 1er
novembre, l'Eglise célèbre donc ceux et celles qui ont vécu dans la fidélité à
l'Evangile et au service de tous, ceux et celles qui, connus ou inconnus, ont
été de vivants témoins du Christ. C'est une fête belle et joyeuse, qui a
longtemps été célébrée à proximité des fêtes de Pâques ou de la Pentecôte. Il
ne faut pas confondre la Toussaint (1er novembre) et la fête des défunts (2
novembre).
- 'L'ambition de la
sainteté': la sainteté continue de paraître comme un phénomène éloigné de
notre réalité quotidienne. Quel dommage! (par Mgr Macaire)
- le dossier Toussaint sur
le site de l'Eglise catholique en France.
- sur le site du
Cybercuré: sens
de la fête de la Toussaint, histoire de la fête,liturgie de la
fête, tradition de la fête, documentation sur la Toussaint.
- vivre
la Toussaint en famille (diocèse de Paris)
- Toussaint - Tous
saints? Yes we can! (à lire sur le blog
jeunes cathos)
- La
fête de la Toussaint, est-elle d’origine païenne ?
Solennité de Tous les
Saints. Dans la joie d'une fête unique, la sainte Église, encore en marche sur
la terre, vénère tous ceux qui vivent dans le ciel avec le Christ, est incitée
à suivre leur exemple, se réjouit de leur intercession et est couronnée de leur
triomphe.
Martyrologe romain
"Saints et saintes
de Dieu, vitraux de la lumière divine,
parlez-nous de Lui.
Vous qui n'avez pas trouvé de date dans nos calendriers,
mais qui avez reçu de Dieu une place éternelle, priez pour nous."
Charles Delhez, Prier N° 236
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/169/Tous-les-saints.html
SOLENNITÉ DE LA TOUSSAINT
PAPE FRANÇOIS
ANGÉLUS
Aujourd’hui, nous
célébrons la Toussaint et dans la liturgie retentit le message «programmatique»
de Jésus — à savoir les Béatitudes (cf. Mt 5, 1-12a). Elles nous montrent le
chemin qui conduit au Royaume de Dieu et au bonheur: le chemin de l’humilité,
de la compassion, de la douceur, de la justice et de la paix. Etre saints
signifie marcher sur ce chemin. Arrêtons-nous maintenant sur deux aspects de ce
style de vie. Deux aspects qui sont propres à ce style de vie de sainteté:
la joie et la prophétie.
La joie. Jésus commence
par le mot «Bienheureux» (Mt 5, 3). C’est l’annonce principale, celle d’un
bonheur sans précédent. La béatitude, la sainteté n’est pas un programme de vie
fait uniquement d’efforts et de renoncements, mais c’est avant tout la joyeuse
découverte d’être des enfants aimés de Dieu. Et cela te remplit de joie. Ce
n’est pas une conquête humaine, c’est un don que nous recevons: nous sommes
saints parce que Dieu, qui est le Saint, vient habiter notre vie. C’est Lui qui
nous donne la sainteté. C’est pour cela que nous sommes bienheureux! La joie du
chrétien n’est pas alors l’émotion d’un instant ou un simple
optimisme humain, mais la certitude de pouvoir affronter chaque situation sous
le regard aimant de Dieu, avec le courage et la force qui viennent de lui. Même
au milieu de nombreuses tribulations, les saints ont connu cette joie et ils en
ont témoigné. Sans joie, la foi devient un exercice rigoureux et oppressant, et
on risque de tomber malade de tristesse. Prenons ces paroles: tomber malade de
tristesse. Un Père du désert disait que la tristesse est «un ver du cœur», qui
ronge la vie (cf. Evagre le Pontique, Les huit esprits de malice, XI).
Demandons-nous ceci: sommes-nous des chrétiens joyeux? Moi, suis-je un chrétien
joyeux ou ne le suis-je pas? Répandons-nous la joie ou sommes-nous
des gens éteints, tristes avec un visage funèbre? Souvenons-nous qu’il n’y a
pas de sainteté sans joie!
Le deuxième aspect: la
prophétie. Les Béatitudes s’adressent aux pauvres, aux affligés, aux affamés de
justice. C’est un message à contre-courant. En effet, le monde dit que pour
avoir le bonheur, vous devez être riche, puissant, toujours jeune et fort,
jouir de la notoriété et du succès. Jésus renverse ces critères et fait une annonce
prophétique — et cela est la dimension prophétique de la sainteté —:
la véritable plénitude de vie s’obtient en suivant Jésus, en mettant sa Parole
en pratique. Et cela signifie une autre pauvreté, c’est-à-dire être pauvre
intérieurement, se vider de soi-même pour faire de la place à Dieu. Celui qui
se croit riche, gagnant et en sécurité, fonde tout sur lui-même et il se ferme
à Dieu et à ses frères, tandis que celui qui se sait pauvre et sait ne pas se
suffire à lui-même reste ouvert à Dieu et au prochain. Et il trouve
la joie. Les Béatitudes sont alors la prophétie d’une humanité nouvelle,
d’une nouvelle manière de vivre: se faire petit et s’en remettre à Dieu, au
lieu dominer les autres; être doux, au lieu d’essayer de s’imposer; pratiquer
la miséricorde, plutôt que de penser seulement à soi-même; s’engager
pour la justice et la paix, au lieu de nourrir, y compris avec connivence, les
injustices et les inégalités. La sainteté c’est accueillir et mettre en
pratique, avec l’aide de Dieu, cette prophétie qui révolutionne le monde. Nous
pouvons donc nous demander: est-ce que je témoigne de la prophétie de Jésus?
Est-ce que j’exprime l’esprit prophétique que j’ai reçu au baptême? Ou est-ce
que je m’adapte aux conforts de la vie et à ma paresse, en pensant que tout va
bien si cela va bien pour moi? Est-ce que j’apporte au monde la nouveauté
joyeuse de la prophétie de Jésus dans le monde ou les plaintes habituelles pour
ce qui ne va pas? Des questions que nous ferons bien de nous poser.
Que la Sainte Vierge nous
donne quelque chose de son âme, cette âme bienheureuse qui a magnifié avec joie
le Seigneur, qui «renverse les puissants de leurs trônes et élève les humbles»
(cf. Lc 1, 52).
A l'issue de l’Angélus
Chers frères et sœurs, je
vous salue de tout cœur, Romains et pèlerins. J’adresse un salut particulier
aux participants à la Course des saints, organisée par la fondation «Don Bosco
dans le monde». Il est important de promouvoir la valeur éducative du sport.
Merci aussi pour votre initiative en faveur des enfants de la Colombie.
Demain matin, je
me rendrai au cimetière militaire français de Rome: ce sera l’occasion
d’une prière d’intention pour tous les morts, en particulier pour les victimes
de la guerre et de la violence. En visitant ce cimetière, je m’unis
spirituellement à tous ceux qui, ces jours-ci, vont prier sur les tombes de
leurs proches, partout dans le monde.
Je souhaite à tous une
bonne fête des saints, en compagnie spirituelle de tous les saints. S’il vous
plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!
Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria
Editrice Vaticana
La Fête de Tous les Saints
dite fête de la Toussaint
"L'Église notre Mère, dit Mgr Gaume, a eu le talent de retracer, dans la division de son année liturgique, toute l'histoire du genre humain. Les quatre semaines de l'Avent, qui aboutissent à la naissance du Sauveur, nous rappellent les quatre mille ans pendant lesquels ce divin Messie fut attendu. Le temps qui s'écoule depuis Noël jusqu'à la Pentecôte nous redit toute la vie cachée, publique et glorieuse du Rédempteur, et cette partie de l'année se termine par l'Ascension de Jésus-Christ dans le Ciel et par la fondation de l'Église. L'intervalle qui sépare la Pentecôte de la Toussaint nous représente le pèlerinage de l'Église sur la terre, et cette nouvelle partie de l'année se termine encore par la fête du Ciel." Le Ciel, c'est le couronnement de la vie chrétienne, c'est l'éternel rendez-vous, c'est la récompense de nos devanciers sur la terre, ce doit être la nôtre un jour. Quelle force puise le chrétien dans la pensée du Ciel, au milieu des peines de la vie et des difficultés inhérentes à l'accomplissement du devoir!
Une sagesse toute divine a présidé à l'établissement de cette fête. Trois raisons principales ont engagé l'Église à l'instituer, au VIIè siècle. Il ne faut pas croire que tous les Saints aient ou puissent avoir leur jour de fête; tous les Saints n'ont pas reçu les honneurs de la canonisation; il y a une multitude innombrable de saints inconnus, qui s'augmente chaque jour par l'entrée au Ciel de nouveaux élus. Il convenait donc que, pour suppléer à l'impossibilité d'honorer chaque Saint, une fête commune fût instituée, dans laquelle nous puissions célébrer la mémoire de tous ces martyrs, de toutes ces vierges, de toutes ces saintes femmes, de tous ces confesseurs, en un mot, de tous ces héros de la vérité et de la vertu, nos pères et nos frères aînés dans la grande famille chrétienne: la fête de la Toussaint nous montre de la manière la plus heureuse l'Église de la terre et l'Église du Ciel se tendant la main.
De plus, les fêtes particulières des Saints passent généralement inaperçues pour la plupart des fidèles; la fête de tous les Saints ensemble leur permet de réparer une lacune dans l'accomplissement de ce grand devoir vis-à-vis du culte des Saints, et de leurs saints Patrons spécialement. Enfin nous avons d'immenses besoins sur la terre; il nous faut des modèles et des protecteurs: la fête de tous les Saints répond à ces besoins.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/la_fete_de_tous_les_saints.html
Maître de Bedford (fl. de
1405 à 1435 ) et Maître de Boucicaut (fl. vers
de 1408 à 1420 ). Le Paradis céleste et couronnement de la Vierge, grande
miniature extraite du Bréviaire de Louis de Guyenne, vers 1413-1415, miniature sur parchemin,
Bibliothèque municipale de Châteauroux, Ms.2, folio 387, enluminures.culture.fr
Comme son nom l'indique, la Toussaint est la fête de tous les saints. Chaque 1er novembre, l'Eglise honore ainsi la foule innombrable de ceux et celles qui ont été de vivants et lumineux témoins du Christ.
Si un certain nombre d'entre eux ont été officiellement reconnus, à l'issue d'une procédure dite de « canonisation », et nous sont donnés en modèles, l'Eglise sait bien que beaucoup d'autres ont également vécu dans la fidélité à l'Evangile et au service de tous. C'est bien pourquoi, en ce jour de la Toussaint, les chrétiens célèbrent tous les saints, connus ou inconnus.
Cette fête est donc aussi l'occasion de rappeler que tous les hommes sont appelés à la sainteté, par des chemins différents, parfois surprenants ou inattendus, mais tous accessibles.
La sainteté n'est pas une voie réservée à une élite : elle concerne tous ceux et celles qui choisissent de mettre leurs pas dans ceux du Christ. Le pape Jean-Paul II nous l'a fait comprendre en béatifiant et canonisant un grand nombre de personnes, parmi lesquelles des figures aussi différentes que le Père Maximilien Kolbe, Edith Stein, Padre Pio ou Mère Térésa...
La vie de ces saints constitue une véritable catéchèse, vivante et proche de nous. Elle nous montre l'actualité de la Bonne nouvelle et la présence agissante de l'Esprit Saint parmi les hommes. Témoins de l'amour de Dieu, ces hommes et ces femmes nous sont proches aussi par leur cheminement - ils ne sont pas devenus saints du jour au lendemain -, par leurs doutes, leurs questionnements... en un mot : leur humanité.
La Toussaint a été longtemps célébrée à proximité des fêtes de Pâques et de la Pentecôte. Ce lien avec ces deux grandes fêtes donne le sens originel de la fête de la Toussaint : goûter déjà à la joie de ceux qui ont mis le Christ au centre de leur vie et vivre dans l'espérance de la Résurrection.
Qu'est-ce que la sainteté ?
Le texte des Béatitudes, qui est l'Évangile lu au cours de la messe de la Toussaint, nous dit à sa manière, que la sainteté est accueil de la Parole de Dieu, fidélité et confiance en Lui, bonté, justice, amour, pardon et paix.
« Quand Jésus vit toute la foule qui le suivait, il gravit la montagne. Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait :
"Heureux les pauvres de coeur : le Royaume des cieux est à eux !
Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise !
Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés !
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice: ils seront rassasiés !
Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde !
Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu !
Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu !
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux !
Heureux serez-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux !" » (Matthieu 5, 1-12a)
LA TOUSSAINT
"Peuple de bienheureux, peuple de Dieu en marche…"
La communion des saints tient une grande place dans les liturgies. Dès le Vème siècle, on a fait mémoire des saints dans la prière eucharistique. La fête de tous les saints était célébrée le premier dimanche après la Pentecôte. Elle fut ensuite transférée au 1er novembre. Le 13 mai 610, le pape Boniface IV transforma en église le Panthéon romain qu’il dédia à Marie et aux Martyrs et fit de ce jour la fête de tous les saints. En 835, le pape Grégoire IV fit promulguer par l’empereur d’Occident Louis le Pieux un décret qui fixait la fête de tous les saints à la date du 1er novembre. A partir de ce moment, cette célébration devint rapidement dans toute l’Europe latine, une solennité commune et la fête du 13 mai disparut.
De nombreuses personnes humbles ont donné à leur entourage immédiat le témoignage authentique et admirable de la sainteté. Il est juste de les célébrer en les associant aux saints inscrits dans les divers martyrologes.
La liturgie célèbre le Dieu trois fois saint entouré de tous les élus sanctifiés par sa grâce. Chacun ne reflète qu’une part infime de la sainteté infinie de Dieu. L’adoration de Dieu est au centre de la célébration de la Toussaint. La liturgie est une action de grâce à Dieu qui a fait de nous ses enfants. Les chrétiens proclament leur espérance. La solennité nous fait prendre conscience de la foule de tous les rachetés qui nous ont précédés et du monde invisible qui nous attend. Par solidarité, ils intercèdent pour nous.
La Toussaint nous invite à être en communion avec tous les rachetés, le prêtre peut nous amener à nous souvenir des personnes que nous avons aimées. Cette célébration se démarque de celle du lendemain, une prière pour toutes les personnes défuntes.
La Toussaint n’est pas le seul jour où nous fêtons les saints. Tout au long de l’année, nous fêtons ces personnes qui ont eu une vie exemplaire et sont des modèles pour nous, ils nous appellent à l’imitation. Nous célébrons ainsi le Christ qui les a façonnés à son image et a créé entre tous les hommes une communion spirituelle.
L’étude de la vie des saints a une valeur pédagogique, elle nous entraîne vers le Christ. Ce ne sont pas des personnes « brillantes » mais elles reflètent par leur vie la lumière du Christ. Le mystère même de l’Église est la communion fraternelle qui existe entre les vivants et les morts à travers la prière et les sacrements. Nous formons un seul corps dont le Christ est la tête. Les saints « nous aident à libérer le saint qui se cache en nous comme un bloc de marbre non encore sculpté que l’amour de Dieu veut ciseler pour qu’apparaisse son image »
SOURCE : http://www.liturgiecatholique.fr/Toussaint,3370.html?artsuite=1
La
Toussaint de l'église Notre-Dame. La Ronde-Haye (Normandie, France).
La Solennité de tous les saints semble liée, historiquement, à la dédicace de l’ancien temple romain du Panthéon par le pape Boniface IV au début du VIIe siècle. Originellement dédié à tous les dieux — c’est le sens du nom en grec — le Panthéon fut consacré à Marie et à tous les martyrs, auxquels on ajouta plus tard les confesseurs. L’anniversaire de la dédicace du Panthéon, et donc la fête de tous les saints, fut fixée d’abord au 13 mai, puis, en 835, au 1er novembre.
La fête de la Toussaint
unit l’Église de la terre à la béatitude de l’Église du ciel : cette
célébration groupe non seulement tous les saints canonisés (voir Saints),
c’est-à-dire ceux dont l’Église assure, en engageant son autorité, qu’ils sont
dans la Gloire de Dieu, mais aussi tous ceux qui, en fait et les plus nombreux,
sont dans la béa¬titude divine. Comme la fête de la dédicace, la Toussaint
donne un avant-goût de la liturgie éternelle, celle que la liturgie de la terre
inaugure (cf. Vatican II, Constitution sur la sainte Liturgie, n° 8).
Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés
SOURCE : http://www.liturgiecatholique.fr/Toussaint.html
La chiesa
di San Salvatore in Ognissanti (in breve di Ognissanti), Firenze
Prière à tous les saints
Reine de tous les saints, glorieux Apôtres et Evangélistes, Martyrs invincibles, généreux Confesseurs, savants Docteurs, illustres Anachorètes, dévoués Moines et Prêtres, Vierges pures et pieuses femmes, je me réjouis de la gloire ineffable à laquelle vous êtes élevés dans le Royaume de Jésus-Christ, notre divin Maître.
Je bénis le Très-Haut des dons et des faveurs extraordinaires dont il vous a comblés et du rang sublime où il vous élève. O amis de Dieu !
O vous qui buvez à longs traits au torrent des délices éternelles, et qui habitez cette patrie immortelle, cette heureuse cité, où abondent les solides richesses ! Puissants Protecteurs, abaissez vos regards sur nous qui combattons, qui gémissons encore dans l'exil, et obtenez-nous la force et les secours que sollicite notre faiblesse pour atteindre vos vertus, perpétuer vos triomphes et partager vos couronnes.
O Vous tous, bienheureux habitants du ciel, saints amis de Dieu qui avez traversé la mer orageuse de cette vie périssable, et qui avez mérité d'entrer dans le port tranquille de la paix souveraine et de l'éternel repos !
O saintes âmes du paradis, vous qui, maintenant à l'abri des écueils et des tempêtes, jouissez d'un bonheur qui ne doit pas finir, je vous en conjure, au nom de la charité qui remplit votre coeur, au nom de Celui qui vous a choisis et qui vous a faits tels que vous êtes, écoutez ma prière.
Prenez part à nos travaux et à nos combats, vous qui portez sur vos vos fronts vainqueurs une couronne incorruptible de gloire ; ayez pitié de nos innombrables misères, vous qui êtes à jamais délivrés de ce triste exil ; souvenez-vous de nos tentations, vous qui êtes affermis dans la justice ; intéressez-vous à notre salut, vous qui n'avez plus rien à redouter pour le vôtre ; tranquillement assis sur la montagne de Sion, n'oubliez pas ceux qui gisent encore couchés dans la vallée des larmes.
Puissante armée des
saints, troupe bienheureuse des apôtres et évangélistes, des martyrs, des
confesseurs, des docteurs, des anachorètes et des moines, des prêtres, des
saintes femmes et des vierges pures, priez sans cesse pour nous misérables
pécheurs. Tendez-nous une main secourable, détournez de nos têtes coupables la
justice irritée de Dieu ; faites entrer par vos prières notre frêle navire dans
le port de la bienheureuse éternité.
Saint Augustin
Ricaldo
(Baselga di Piné, Trentino), chiesa degli Angeli Custodi
Ricaldo
(Baselga di Piné, Trentino, Italy), Guardian Angels church
TOUS LES SAINTS
L'institution de la fête de tous les saints paraît se rattacher à quatre motifs : 1° la dédicace d'un temple; 2° la fête des saints omis dans le cours de l’année ; 3° l’expiation de nos négligences ; 4° une plus grande facilité d'obtenir ce que nous demandons dans nos prières.
1. Cette fête fut instituée pour la dédicace d'un temple. Les Romains, après s'être rendus maîtres de l’univers, construisirent un temple magnifique au milieu duquel ils placèrent leur idole, et autour de sa statue, celles des divinités de chaque province tournées de face vers l’idole des Romains. S'il .arrivait qu'une province se révoltât, aussitôt, dit-on, par l’artifice du diable, la statue de l’idole de cette province tournait le dos à l’idole de Rome, comme pour faire entendre qu'elle cessait de reconnaître son haut domaine. Alors les Romains levaient en toute hâte une armée nombreuse contre le pays révolté et le faisaient rentrer sous leurs lois. Mais ce ne fut pas assez pour les Romains d'avoir dans leur ville lés simulacres des faux dieux de toutes les provinces ; ils firent plus ; ce fut de construire un temple consacré à chacun des dieux qui les avaient rendus, en quelque sorte, les vainqueurs et les maîtres de toutes ces provinces. Cependant comme toutes les idoles ne pouvaient avoir chacune un temple dans Rome, les Romains, pour faire parade de leur folie, érigèrent, en l’honneur de tous les dieux, un temple plus merveilleux et plus élevé que les autres qu'ils nommèrent Panthéon, mot qui signifie tous les dieux et formé de Pan, tout et, Theos, Dieu. Les pontifes des idoles avaient en effet inventé, pour induire le peuple en erreur, que Cybèle, nommée par eux la mère de tous les dieux, leur avait ordonné d'élever un temple magnifique à ses enfants, si on voulait vaincre toutes les nations. On jeta les fondements du temple sur un plan sphérique, pour mieux démontrer par là l’éternité des dieux. Mais comme la largeur de la voûte était telle qu'il ne paraissait pas possible qu'elle se soutînt, quand l’édifice fut un peu élevé au-dessus du sol, on en remplit tout l’intérieur avec de la terre, dans laquelle on jeta, dit-on, de la monnaie: et l’on continua d'en faire autant jusqu'à l’entier achèvement de ce temple merveilleux. On permit alors à quiconque voudrait enlever la terre de garder pour soi tout l’argent qui y serait trouvé; la foule accourut et vida de suite l’édifice. Enfin, les Romains fabriquèrent un globe d'airain doré, en forme de pomme de pin, qu'ils placèrent au sommet. On rapporte encore que sur ce globe étaient sculptées demain de maître toutes les provinces, de telle sorte que celui qui venait à Rome pouvait savoir de quel côté du monde était son pays. Mais dans la suite des temps ce globe vint à tomber; de là, l’ouverture qui est restée au sommet. Du temps donc de l’empereur Phocas, quand Rome avait depuis longtemps déjà reçu la foi du Seigneur, Boniface, le quatrième pape après saint Grégoire le Grand, vers: l’an du Seigneur 605, obtint de cet empereur ce temple qu'il purgea de ses idoles immondes et qu'il consacra le 3 des Ides de mai (13 mai), en l’honneur de la bienheureuse vierge Marie et de tous les martyrs. Il lui donna le nom de Sainte-Marie-aux-Martyrs (et il est connu aujourd'hui du peuple sous celui de Sainte-Marie-de-la-Rotonde) ; car à cette époque, on ne célébrait pas encore dans l’Eglise de fêtes pour les confesseurs. Or, comme à cette consécration se rendait une multitude de monde infinie et que le manque de vivres ne permettait pas de la célébrer, un pape, du nom de Grégoire IV, établit de la transférer aux calendes (1er) de novembre, alors que la moisson et les vendanges sont terminées ; il décida qu'on célébrerait en ce jour, dans l’univers entier, une fête solennelle en l’honneur de tous les saints. Ce fut ainsi qu'un temple bâti pour toutes les idoles fut dédié à tous les saints, et que l’on adresse de pieuses louanges à la multitude des saints en un. lieu où l’on adorait une multitude d'idoles.
II. La fête de tous les saints a été instituée pour honorer ceux dont on ne célèbre pas la fête, et dont on ne fait pas même la mémoire. Nous rie pouvons pas, en effet, fêter tous les saints, tant à cause de leur grand nombre qu'à cause de l’impossibilité où nous réduisent notre faiblesse et notre infirmité, comme aussi à cause de l’insuffisance du temps, qui serait trop court. Car, ainsi que le dit saint Jérôme dans l’épître qui se trouve à la tête de son calendrier, il n'est pas de jour; excepté celui des calendes (1er) de janvier, auquel on ne puisse assigner cinq mille martyrs, voilà pourquoi l’Eglise a sagement disposé que, rie pouvant célébrer la fête de tous les saints chacun en particulier, nous les honorions tous ensemble d'une manière générale. Mais, pourquoi célébrons-nous sur la terre les fêtes des saints? Maître Guillaume d'Auxerre en assigne six raisons, dans sa Somme des offices. La première, c'est l’honneur de la divine majesté ; car en honorant les saints, c'est Dieu que nous Honorons et que nous proclamons admirable en leur personne, puisque celui qui fait honneur aux saints honore spécialement celui qui les a sanctifiés, La seconde, c'est pour obtenir aide à notre misère; par nous-mêmes, nous ne pouvons obtenir le salut ; aussi avons-nous besoin des suffrages des saints, qu'il est juste que nous honorions si nous voulons mériter leur secours. On lit au IIIe livre des Rois, ce que Bersabée (nom signifiant puits d'abondance), c'est-à-dire l’Eglise triomphante, obtint, par ses prières, le royaume pour son fils, c'est-à-dire pour l’Eglise militante. La troisième augmente notre sécurité et notre espérance, par la considération de la gloire des saints, qui nous est rappelée dans la fête que nous célébrons; car si des hommes mortels, semblables à nous, ont pu être élevés à un pareil degré de gloire, il est certain que nous pourrons ce qu'ils ont pu, puisque le bras du Seigneur n'est, pas raccourci. La quatrième, c'est comme exemple offert à notre imitation. Quand revient la fête des saints, nous sommes portés à les imiter, à mépriser, comme eux, les choses de la terre, et à soupirer après les biens du ciel. La cinquième, c'est pour les payer de retour; car les saints font une fête dans le ciel par rapport à nous, puisqu'il y a joie chez les anges de Dieu et chez les âmes des saints, pour un pécheur qui fait pénitence. Donc, il est juste que nous les payions de retour, et que, faisant de nous une fête dans les cieux, nous célébrions aussi sur la terre une fête pour eux. La sixième, c'est pour nous acquérir de l’honneur ; en honorant les saints, nous travaillons à notre avantage, nous nous procurons de l’honneur, parce que leur fête c'est notre gloire ; en honorant nos frères, nous nous honorons nous-mêmes. La charité fait que tous les biens soient communs ; or, nos biens sont célestes, terrestres et éternels.
Outre ces raisons, saint Jean Damascène, au livre IV, chap. VIII, en apporte d'autres. Il se demande pourquoi on doit honorer les saints, ainsi que leurs corps ou reliques. Il en donne des raisons dont plusieurs se tirent de leur dignité, d'autres de l’excellence de leurs corps. Il dit donc que leur dignité a quatre degrés : ils sont les amis de Dieu, les fils de Dieu, les héritiers de Dieu et nos guides. Ses autorités, il les puise, quant au premier degré, dans saint Jean (XV) : « Je ne vous appellerai plus mes serviteurs, mais bien mes amis. » Quant au second degré, dans saint Jean (I) : « Il a donné à ceux qui l’ont reçu le pouvoir d'être faits enfants de Dieu. » Quant au troisième degré, dans la troisième épître aux Romains (VIII) : « S'ils sont enfants, donc ils sont héritiers. » Par rapport au quatrième degré, voici ce qu'il dit
« Que de peines ne vous donneriez-vous pas, pour trouver un guide qui vous présenterait à un roi mortel et qui parlerait en votre faveur ? Eh bien ! les guides de tout le genre humain, nos intercesseurs auprès de Dieu, ne les honorera-t-on pas? Oui, comme on doit honorer ceux qui élèvent un temple à Dieu; et dont on' vénère la mémoire. » D'autres raisons sont prises de l’excellence de leurs corps; saint Jean Damascène en assigne quatre et saint Augustin en ajoute une cinquième. Les corps des saints, en effet, ont été les celliers de Dieu, le temple de J.-C., le vase du parfum céleste, les fontaines divines et les membres du Saint-Esprit. Ils ont été : 1° les celliers de Dieu, et Dieu les a ornés comme des cénacles ; 2° le temple de J.-C. Dieu a habité en eux par l’intelligence; J.-C. le dit aux apôtres : « Ne savez-vous pas que vos corps sont les temples de l’Esprit-Saint, qui habite en vous ? » Or, Dieu est esprit : et pourquoi donc ne pas honorer des temples, des tabernacles que Dieu anime Saint Jean Chrysostome dit à ce sujet : « L'homme se complaît à élever des palais, et Dieu à habiter dans ses saints.» «Seigneur, dit le Psalmiste, j'ai beaucoup aimé la beauté de votre maison.» Quelle beauté? Ce n'est pas celle qu'on obtient avec une variété de marbres précieux, mais celle qui vient de l’abondance de toutes les grâces. La première flatte la chair, la seconde vivifie l’âme. Celle-là ne dure qu'un temps, trompe les yeux ; celle-ci élève pour toujours l’intelligence jusqu'au ciel. ». 3° Ce sont les vases pleins d'un parfum spirituel : « Des reliques des saints, continue saint Jean Damascène, découle un parfum qui répand la meilleure odeur; et que personne ne vienne me contredire : car, si d'un rocher, d'une pierre dure, il a jailli de l’eau dans le désert; si, de la mâchoire de son âne, Samson brûlant de soif obtint de l’eau, à combien plus forte raison, des reliques des martyrs, doit-on croire qu'il découlera un parfum tout odoriférant, en faveur de ceux qui ont soif de la vertu divine de Dieu dans les saints, qui ont soif de cet honneur qui a sa source en Dieu ? » 4° Ce sont des fontaines divines: ils vivent au sein de la vérité et jouissent de la présence de Dieu. J.-C., notre maître, nous a donné, dans les reliques des saints, des sources de salut qui répandent des bienfaits de toute nature; ils sont l’organe de l’Esprit-Saint.
C'est la raison qu'allègue saint Augustin (Cité de Dieu, l. I, c. XIII) : « Il ne faut pas, dit-il, abandonner avec dédain les corps des saints qui, pendant leur vie, ont été l’organe et l’instrument du Saint-Esprit pour toute bonne Oeuvre. » Ce qui fait dire à l’apôtre : « Est-ce que vous voulez éprouver J.-C. qui parle par ma bouche? »
Il est dit encore de saint Etienne, que ses ennemis ne pouvaient résister à la sagesse et à l’esprit qui parlait en lui. Saint Ambroise s'exprime ainsi dans. son Hexaëmon : « Voici ce qu'il y a de plus précieux, c'est que l’homme soit l’organe de la voix de Dieu, et qu'il exprime les oracles divins avec des lèvres humaines. »
III. La fête de la Toussaint a été instituée pour expier nos négligences. En effet bien que nous ne fassions la fête que d'un petit nombre de saints, cependant il s'y mêle beaucoup de négligence, et notre ignorance comme notre négligence nous y font oublier une multitude de choses. Si, donc nous avons négligé quoi que ce soit dans les autres solennités des saints, nous pouvons le suppléer dans cette fête générale, et nous purifier des fautes qui pourraient nous être imputées. Cette raison est touchée dans le sermon qui se récite en ce jour dans l’office de l’Église (Il est du vénérable Bède, sermon XVIII). Il y est dit : « Il a été décrété qu'en ce jour on ferait mémoire de tous les Saints, afin que si la fragilité humaine a quelque chose à regretter dans la manière dont elle a solennisé les Saints; soit par ignorance et par négligence, soit par les embarras des affaires, elle puisse l’expier en cette circonstance. » Il faut remarquer qu'il y a quatre classes différentes de saints du Nouveau Testament, que nous honorons dans le courant de l’année et que nous réunissons aujourd'hui tous ensemble, afin de suppléer à ce que nous avons fait avec négligence : ce sont les apôtres; les martyrs, les confesseurs et les vierges. D'après Raban, ils sont indiqués par les quatre parties du monde : par l’orient, les apôtres; par le midi, les martyrs; par l’aquilon, les confesseurs et par l’occident, les vierges. Les premiers sont les apôtres dont. la dignité et l’excellence sont certaines, car ils l’emportent en quatre manières sur tous les autres saints : 1° par la prééminence de leur dignité ils sont en effet les sages princes de l’Église militante, les puissants assesseurs du juge éternel, les doux pasteurs du troupeau du Seigneur. « C'était convenance, dit saint Bernard, que le, genre humain eût à sa tête des pasteurs et des docteurs pareils, qui joignissent à la douceur la puissance et la sagesse. Ils doivent posséder la douceur, pour m’accueillir avec bonté et miséricorde; la puissance pour me protéger efficacement; la sagesse pour me conduire à la vie par la voie qui aboutit à la cité d'en haut. » 2° Par la prééminence du pouvoir. Saint Augustin en parle comme il suit : « Dieu a donné aux apôtres pouvoir sur la nature, afin de la guérir ; sur les démons, pour les renverser; sur les éléments pour les changer ; sur les âmes, pour les délier de leur péché ; sur la mort, pour la mépriser; ce pouvoir est au-dessus de celui des anges, pour consacrer le corps du Seigneur. 3° Par la prérogative de la sainteté. Aussi était-ce pour ce qu'ils excellaient en sainteté et qu'ils étaient remplis de grâces que reluisaient en eux comme dans un miroir la vie et la conduite de J.-C., qu'ils reproduisaient en eux, comme on tonnait le soleil à ses ardeurs, une rose à son parfum, et le feu à sa chaleur. Ce qui fait dire à saint Jean Chrysostome, dans son Commentaire sur saint Mathieu : « J.-C. envoie les apôtres, comme le soleil répand ses rayons, comme la rose l’odeur de son parfum, comme le feu ses étincelles, afin que comme le, soleil brille dans ses rayons, comme la rose se devine à son parfum, comme le feu se découvre par ses étincelles, de même la puissance de J.-C. se manifeste par leurs vertus. » 4° Par leur utilité réelle. Voici ce que dit saint Augustin à ce propos : « Ils sont des plus vifs, des plus inhabiles, ils sont en très petit nombre, et cependant quelle noblesse, quelle science, quelle force dans leurs discours ! Les génies les plus extraordinaires, les bataillons les plus épais, les intelligences les plus merveilleuses des auteurs, des orateurs et des docteurs sont soumises par eux au Christ. » — La seconde classe de saints se compose. des martyrs dont la dignité et l’excellence sont évidentes par la multiplicité, l’utilité et la constance de leurs tourments. Ils furent nombreux, parce que outre le martyre de sang, il y en a encore trois autres où le sang n'est pas répandu : savoir la modération dans l’abondance, comme David l’a possédée ; la largesse dans la pauvreté, comme chez Tobie et chez la. veuve de l’Évangile ; la chasteté dans la jeunesse, ainsi que Joseph la pratiqua en Égypte. D'après saint Grégoire il y a trois sortes de martyres où le sang n'est pas versé ; savoir : la patience dans l’adversité : « Nous pouvons, dit ce père, être martyrs sans subir le fer, si nous conservons au fond du coeur une vraie patience. » La compassion pour les affligés: « Celui qui témoigne de la douleur pour les misères d'autrui, celui-là porte la croix dans son esprit. » L'amour des ennemis : « Supporter les mépris, dit-il encore, aimer qui vous hait, c'est le martyre au fond de la pensée. Les tourments furent utiles d'abord aux martyrs eux-mêmes, qui par là obtinrent la rémission de leurs péchés, une augmentation de mérites, et la possession de la gloire éternelle. Ils se l’acquirent au prix de leur sang, et c'est pour cela que l’on dit de ce sang qu'il est précieux, c'est-à-dire, plein de prix. C'est à ce sujet que parle ainsi saint Augustin dans la Cité de Dieu : « Quoi de plus précieux que la mort pour laquelle les péchés sont remis et les mérites accrus! » Dans ses Commentaires sur saint Jean : « Le sang de J.-C. est précieux, et même sans prix ; cependant il a rendu précieux aussi le sang de ses fidèles, pour lesquels il a donné son sang comme rançon. » En effet s'il n'avait pas rendu précieux le sang de ses serviteurs, on ne dirait pas : « La mort des saints est précieuse aux yeux du Seigneur. » «Le martyre, dit saint Cyprien, c'est la fin des péchés, le terme du danger, le guide du salut, le maître de la patience, la maison de vie. » « Trois choses, dit saint Bernard, rendent précieuse la mort des saints : cessation de travail, joie de la situation nouvelle, assurance par rapport à l’éternité. » Ils nous sont d'une double utilité : 1° ce sont nos modèles dans la lutte. « Chrétiens, dit saint Chrysostome, tu es un soldat rempli de mollesse, si tu penses vaincre sans combat, triompher sans lutte exerces hardiment tes forces, combats rudement, prends bien tes mesures; considère les conventions, fais attention à ta condition; apprends les règlements de cette milice ; les conventions, c'est ce que tu as promis, la condition, c'est celle dans laquelle tu -t'es engagé; cette milice, c'est celle où tu t'es enrôlé. Tous ont combattu sous ces conventions ; tous ont vaincu dans cette condition, ont triomphé dans cette milice. » 2° Ils nous ont été donnés comme des patrons pour, nous secourir et par leurs mérites et par leurs prières. « O bonté immense de Dieu, dit saint Augustin, qui veut que les mérites des martyrs soient ce qui nous aide ! Il les éprouve pour nous instruire ; il les tourmente pour nous gagner; il veut que leurs supplices soient notre profit.» « Si les apôtres et les martyrs, dit saint Jérôme, revêtus encore de leur corps, peuvent prier pour les autres, quand ceux-ci doivent encore être inquiets par rapport à eux-mêmes, à plus forte raison peuvent-ils le faire, après avoir remporté des couronnes, des victoires, des triomphes! Moïse seul obtient le pardon de six cent mille hommes, et Étienne demande pardon pour Paul et pour beaucoup d'autres, et l’obtient; auront-ils moins de pouvoir lorsqu'ils seront avec le Christ? L'apôtre Paul dit que Dieu lui accorda la vie de deux cent soixante-seize âmes dans un navire : fermera-t-il la bouche quand il sera avec J.-C. ? » 3° Ils souffrirent avec constance; saint Augustin dit à ce sujet: « L'âme du martyre c'est une épée resplendissante de charité, aiguisée par la vérité, agitée. par la force du Dieu (les batailles : elle a fait, les guerres, elle a terrassé ses nombreux contradicteurs, elle a frappé ses ennemis, elle a écrasé ses adversaires. » Saint Chrysostome ajoute: « Ceux qui étaient torturés sont restés plus forts que leurs bourreaux; et des membres écorchés ont vaincu les écorcheurs. »
La troisième classe de saints renferme les confesseurs, dont la dignité et l’excellence sont évidentes en ce qu'ils ont confessé Dieu en trois manières : de coeur, de bouche, et d'action. La confession du coeur ne suffit pas sans celle de la bouche, comme le prouve par quatre raisons saint Chrysostome, Sur saint Mathieu : 1°« La racine de la confession; c'est la foi du cœur, et la confession c'est le fruit de la foi; or, comme il est de toute nécessité que tant que la racine est vivante en terre, elle produise des branches et des feuilles, car si elle n'en produit pas, soyez sûr que sa racine est desséchée sous terre; de même; tant que 1a foi du coeur reste entière, toujours, elle enfante la confession dans la bouche : que si la confession de la bouche est flétrie, tenez pour certain que la foi du coeur est desséchée depuis longtemps déjà. » 2° « Si c'est un avantage pour vous de croire du fond du coeur, et de ne pas confesser votre foi devant les hommes, donc un infidèle hypocrite trouvera avantageux de confesser J.-C., quand bien même il ne croirait pas en lui du fond qui coeur : Maintenant s'il ne gagne rien à confesser sans avoir la foi, vous non plus, vous ne gagnerez rien à croire, si vous ne confessez pas. » 3° « Si vous croyez avoir fait assez pour J.-C. que de le connaître, sans le confesser devant les hommes, ce sera donc assez pour vous que J.-C. vous connaisse, mais ne vous confesse pas devant, son Père. Or, si connaître Dieu n'est pas chose suffisante pour vous; votre foi un lui suffira pas davantage. » 4° « Si la foi du coeur eût suffi, Dieu n'aurait créé que votre coeur seulement; mais il a encore créé votre bouche afin que vous le confessiez de coeur et de bouche. » 3° Ils ont confessé Dieu par leurs oeuvres. Saint Jérôme dans son commentaire sur ce passage de l’épître à Tite : « Ils font profession de connaître Dieu », montre comment on peut confesser ou nier Dieu par ses Oeuvres. « J.-C., dit-il; est sagesse, justice, vérité, sainteté; et courage. On renie la sagesse par la folie, la justice par l’iniquité, la vérité par le mensonge, la sainteté par les turpitudes, le courage par faiblesse d'esprit, et chaque fois que nous nous laissons vaincre par les vices et par les péchés, tout autant de fois, renions-nous Dieu ; tandis qu'au contraire, toutes les fois que nous faisons le bien, nous confessons Dieu. » La quatrième classe des saints est celle dés vierges, dont la dignité et l’excellence est évidente : 1° parce qu'elles sont les épousés du roi éternel. « Imaginez, si vous le pouvez, dit saint; Ambroise, une beauté plus grande que la beauté de celle qui est aimée par le Roi, qui est prisée par le Juge, qui est dédiée au Seigneur, qui est consacrée à Dieu ? Toujours épouse et jamais mariée! » 2° Parce qu'elles sont comparées aux Anges. « La virginité, dit ailleurs saint Ambroise, surpasse la nature humaine, puisqu'elle fait des hommes les compagnons des anges. Cependant chez les vierges, la victoire l’emporte encore sur celle des anges : car ceux-ci vivent sans la chair, tandis que les vierges triomphent dans la chair. 3° Parce qu'elles sont plus illustres que tout le reste des fidèles : « La virginité, dit saint Cyprien, est la fleur de l’église, la beauté et l’ornement de la grâce spirituelle, l’heureuse disposition à la louange et à l’honneur, une pauvre intègre et sans corruption, l’image de Dieu, la plus illustre portion du troupeau de J.-C. » 1° Parce qu'elles sont préférées aux personnes mariées. Or, cette excellence que possède la virginité par rapport à l’union conjugale, est claire et certaine si on les compare. Le mariage féconde le corps, la virginité féconde l’esprit. Saint Augustin dit qu'il y a plus de générosité à imiter par avance avec la chair la vie des anges que d'augmenter dans la chair le nombre des mortels. Or, la fécondité est plus grande, comme aussi plus pleine de bonheur, à agrandir son esprit qu'à concevoir dans son sein; le mariage procrée des enfants de douleurs, et la virginité des enfants de joie et d'allégresse. « La continence, dit saint Augustin, est loin d'être stérile, mais c'est une mère féconde d'enfants de joie qu'elle enfante de vous, Seigneur. » Le mariage remplit la terre d'enfants, la virginité en remplit le ciel. Saint Jérôme a dit : « Le mariage remplit la terre, la virginité remplit le paradis. Le mariage traîne, après soi grand nombre d'inquiétudes, la virginité engendre le calme. Gilbert disait : que la virginité est l’absence des chagrins, la paix de la chair, la rançon du vice et la reine des vertus. Le mariage, c'est le bien, la virginité, c'est le mieux. « Il y a autant de différence entre le mariage et la virginité, dit saint Jérôme à Pammachius, qu'il y en a entre ne pas pécher et bien faire; ou pour adoucir, l’expression, qu'il y en a entre le bien et le mieux. Le premier est comparé aux épines, la seconde aux roses. » Saint Jérôme dit à Eustochium : « Je loue le mariage parce qu'il enfante des vierges. Je cueille la rose au milieu des épines, je tire l’or de la terre, et la perle du coquillage. » 5° Parce qu'elles possèdent de nombreux privilèges. Les vierges en effet auront une couronne enrichie d'or; elles seules chanteront, le cantique; elles seront revêtues comme le Christ ; elles marcheront toujours à la suite de l’Agneau.
IV. Enfin, la fête de tous les saints a été instituée pour obtenir plus facilement ce que nous demandons dans nos prières : comme nous les honorons, en ce jour, tous à la fois, eux aussi prient tous ensemble pour nous, afin que nous obtenions plus facilement miséricorde de Dieu. S'il est en effet impossible de ne pas exaucer les prières d'une multitude, il sera plus impossible encore que les prières réunies de tous les saints ne soient pas exaucées. Cette raison est indiquée par l’oraison de l’office de ce jour dans laquelle nous disons: « Nous vous supplions, Seigneur, d'augmenter, avec le nombre de nos intercesseurs, l’abondance de votre miséricorde après laquelle nous soupirons (C'est l’oraison . Veneranda, qui reste reléguée dans les Sacramentaires). » Les saints intercèdent pour nous par mérite et par affection : par mérite, quand leurs mérites nous secondent : par affection, lorsqu'ils désirent l’accomplissement de nos souhaits : ce dont ils s'abstiennent toutefois à moins qu'ils ne reconnaissent . la nécessité d'accomplir la volonté de Dieu. Que tous les saints s'unissent en ce jour pour intercéder unanimement en notre faveur, nous en avons la preuve dans une vision qu'on raconte avoir eu lieu l’année qui suivit l’institution de cette solennité. A pareil jour, le cloître de l’église de Saint-Pierre avait eu la dévotion de faire une station à chaque autel, et après avoir imploré les suffrages de tous les saints, il était enfin revenu à l’autel de saint Pierre, où s'étant reposé un instant, il fut ravi hors de lui. Il vit alors le Roi des rois assis sur un trône élevé, et autour de lui tous les anges. La Vierge des vierges ornée d'un diadème éclatant arriva aussitôt suivie d'une multitude de vierges et de continentes : A l’instant le roi se leva pour l’accueillir, et l’invita à s'asseoir sur un siège qu'il fit placer auprès du sien. Après cela vint un personnage, revêtu d'un habit de poil de chameau, suivi par nue multitude de vieillards vénérables. Ensuite s'en présenta un autre orné de vêtements pontificaux escorté par un choeur de plusieurs autres revêtus de la même manière : Enfin s'avança une multitude innombrable de soldats, après lesquels se présenta une foule infinie de nations diverses. Tous étant parvenus jusque devant le trône du Roi, ils fléchirent les genoux et l’adorèrent. Alors celui qui était orné d'habits pontificaux commença les matines que tous les autres continuèrent. Or, l’ange conducteur du choeur lui expliqua la vision : « La vierge qui se trouvait au premier rang, c'était la mère de Dieu; celui qui était vêtu de poil de chameau c'était saint Jean-Baptiste avec les patriarches et les, prophètes; celui qui était revêtu d'ornements pontificaux était saint Pierre, avec les autres apôtres, les soldats étaient les martyrs, et le reste de la foule, se composait des confesseurs. Tous étaient venus en présence du roi pour rendre grâces de l’honneur à eux rendu en ce jour par les mortels et pour prier en faveur de l’univers entier. » Ensuite il le conduisit dans un autre endroit où il lui montra des personnes des deux sexes, les unes sur des tapis d'or, d'autres à table, dans les délices : d'autres en fins nus, pauvres et mendiant des secours. Il lui dit alors que ce lieu était le purgatoire; que les âmes qui vivaient dans l’abondance étaient celles dont les âmes les aidaient beaucoup de leurs suffrages, que les indigentes étaient celles dont on n'avait aucun souci. Il lui ordonna de rapporter toutes ces particularités au souverain Pontife, afin qu'après la fête de tous les saints il établît le jour des âmes, de manière que l’on adressât des supplications générales en faveur de ceux qui ne pouvaient en avoir de particulières.
La Légende dorée de
Jacques de Voragine nouvellement traduite en français avec introduction,
notices, notes et recherches sur les sources par l'abbé J.-B. M. Roze, chanoine
honoraire de la Cathédrale d'Amiens, Édouard Rouveyre, éditeur, 76, rue de
Seine, 76, Paris mdccccii
SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome03/163.htm
Dans la joie ineffable de
la Toussaint, avec la prédication de saint Augustin
Publié le : 27 Octobre
2022
Dans ce cycle dédié à
l'art de l'homélie de son blog Écrits mystiques, Martine Petrini-Poli nous
propose d'explorer l’histoire de la prédication chrétienne en tant qu’œuvre littéraire,
héritière de la Bible, qui évolue au cours des siècles : des Pères de l’Église
au Moyen Âge, du XVIIe siècle à nos jours. Voici la quatrième publication
dédiée aux prédications de saint Augustin, maître de l'art de l'homélie, avec
l’étude de l'homélie 362 sur la joie de la fête de la Toussaint.
L’homélie 362 de saint
Augustin porte sur la joie de la fête de la Toussaint.
Dans le ciel il y aura un
sabbat éternel ; celui que les juifs célèbrent dans le temps, comprenons-le de
celui qui dure toujours. Il y aura un repos ineffable qui ne peut
guère être expliqué. Je ne puis en parler, et bien que je ne puisse dire ce
qu'il sera, car je ne peux encore le voir, je puis pourtant dire sans crainte
ce que nous ferons, car l'Écriture en parle. Toute notre occupation sera
: Amen et Alléluia. Qu'en dites-vous, frères ? Je vois que vous
m'avez entendu et que vous êtes dans la joie ! (…)
Je vais donc m'expliquer,
si je le puis, et autant que je le pourrai. Ce n'est pas avec des sons qui
passent que nous dirons : Amen, Alléluia, mais avec les sentiments de l'âme.
Que veut dire Amen ? Que veut dire Alléluia ? Amen veut dire : "C'est vrai
!", Alléluia veut dire : "Louez Dieu". Dieu est vérité
immuable, sans déclin ni progrès, sans diminution ni augmentation, il ne penche
pas vers l’erreur, mais demeure vérité éternelle, constante et toujours
incorruptible. Tout ce que nous faisons dans ce monde créé et dans cette vie,
c'est comme des figures de cette vérité, accomplies par les mouvements des
corps ; nous y marchons par la foi. Lorsque nous verrons face à face ce que
nous voyons maintenant en miroir et en énigme, alors ce sera dans des
dispositions bien différentes et avec un sentiment d'amour ineffable que nous
dirons : "C'est la vérité !" Et quand nous dirons cela, nous dirons
assurément : "Amen", mais avec un rassasiement insatiable, car
rien ne nous manquera, nous serons rassasiés ; et comme celui qui ne nous
manquera pas nous réjouira toujours plus, nous jouirons, si l'on peut dire,
d'un rassasiement insatiable. Tu seras donc tellement rassasié insatiablement
par la Vérité, que tu diras de cette Vérité insatiable : "Amen
!"
À présent, qui pourrait
dire "ce que l'œil n'a pas vu, ni l'oreille entendu, ni ce qui n'est pas
monté au cœur de l'homme" ? Lors donc que nous verrons la Vérité sans
aucun dégoût, avec une délectation continuelle, et que nous la
contemplerons avec l'évidence la plus certaine, embrasés de l'amour de cette
vérité, et adhérant à elle par un doux et chaste embrassement, nous la
louerons aussi par un tel cri, et nous dirons : "Alléluia ! « Bondissant
en effet dans une louange égale, brûlant d'amour les uns pour les autres et
pour Dieu, tous les habitants de cette cité diront : "Alléluia ! ",
parce qu’ils diront : "Amen !" ».
Saint Augustin - Sermon
362, 27 28
FRA ANGELICO, LE
JUGEMENT DERNIER, 1431, TEMPERA SUR BOIS, 105 X 210 CM, MUSÉE NATIONAL DU COUVENT
SAN MARCO, FLORENCE, ©CREATIVECOMMONS
Dans la partie haute de
cette scène de Jugement dernier de Fra Angelico, le Christ trône
dans une aura de rayons lumineux, au centre d’une mandorle ; il appelle à lui
les élus de sa main droite, tandis que de sa gauche, il éloigne les réprouvés.
Il est entouré de deux figures d’intercesseurs : à droite, la Vierge en
robe blanche, assise, les mains croisées sur la poitrine et la tête légèrement
penchée ; à gauche, saint Jean-Baptiste les mains jointes en prière.
Sur les côtés, les Patriarches, Prophètes et Apôtres, et aux extrémités, saint
Dominique et saint François d’Assise. Autour du Sauveur, huit
chérubins ailés, auxquels se joignent des anges agenouillés pour entourer la
mandorle. Certains adorent ou prient, d'autres tiennent des rouleaux dans leurs
mains. Un ange tient la croix aux pieds du Christ, et deux autres en vol,
soufflent de leurs trompettes vers les morts, qui se lèvent des sépulcres
ouverts, symbole de la Résurrection des morts.
En bas du tableau, Fra
Angelico présente le monde terrestre : du côté des élus, les hommes
sont en adoration, les yeux et les mains tournés vers le Seigneur. Derrière
eux, une ronde d’anges danse dans la végétation verdoyante du paradis, luisant
d'or, irrigué de ruisseaux limpides, couvert de fleurettes. La danse des
âmes célestes évoque les ballets de cours italiennes du Quattrocento. Les
anges guident les nouveaux élus vêtus d’une robe blanche, vers la porte de la
Jérusalem céleste qui déverse des rayons d’or.
Au centre une longue
rangée de tombes ouvertes sépare les deux groupes. Du côté du monde des damnés
règnent le désordre et la cohue. Des démons avec des fourches entraînent les
damnés vers la bouche d’un enfer montagneux sombre. Les tourments sont
représentés par des cercles de flammes où les pécheurs nus, certains étranglés
par des serpents, souffrent pour leurs fautes passées.
Saint Bernard, dans
son Homélie pour la Toussaint, décrit ainsi le dogme de la communion
des saints : Pour qu’il nous soit permis d’aspirer à un tel bonheur,
il nous faut rechercher, avec le plus grand soin, l’aide et la prière des
saints, afin que leur intercession nous obtienne ce qui demeure hors de nos
propres possibilités. En effet, autour du Christ, c’est la foule de la
communion des saints, un foisonnement de personnages (270), de tous âges, de
toutes conditions, tous appelés à la sainteté (Rm. 1, 7). Les couleurs de
cette fête divine sont rutilantes, l’or domine. La danse des bienheureux ou caròla était
une sorte de danse sacrée, où les danseurs se tenant par la main se déplaçaient
en cercle, chantant au fur et à mesure. La représentation de la danse
s’inspirerait des vers d'une louange sacrée, selon J.B. Supino, dans son
ouvrage sur Fra Angelico, tr. Leader Scott, Florence, Alinari Brothers,
1902, pp. 78-79 :
Una rota si fa in cielo
De tutti i Santi in quel zardino,
Là ove sta l'amor divino
Che s'infiamma de l'amore.
In quella rota vano i
Santi
Et li Angioli tutti quanti ;
A quello Sposo van davanti :
Tutti danzan per amore.
Au paradis ce jardin se
trouve
Où l'amour divin éternel brille,
Et les saints tissent une ronde,
Leurs âmes enflammées d'amour sacré.
Les saints dans cet
anneau lumineux et joyeux,
Avec des anges à tous les degrés,
Devant l'Époux se déplacent gracieusement
Et tissent la danse de l'amour sacré.
Martine Petrini-Poli
SOURCE : https://www.narthex.fr/blogs/ecrits-mystiques/sermon-362-de-saint-augustin-sur-la-toussaint
D’origine irlandaise, la Solemnitas sanctissima (Alcuin) de Tous les Saints commença à être célébrée en Angleterre au cours du VIIIe siècle. Elle gagna le continent aux abords de l’an 800. Selon Adon, l’empereur Louis le Pieu en prescrivit la célébration dans tout son Empire (833). Elle est attestée à Rome au Xe siècle. Elle était célébrée partout à l’égal des plus grandes fêtes de l’année, avec jeûne préparatoire et vigile. Au XVe siècle, Sixte IV lui attribue une octave. La fête est double de Ière classe dans le calendrier de 1968.
A MATINES.
Invitatoire. Venez, adorons le Seigneur, Roi des rois, * Qui est lui-même la couronne de tous les Saints.
Hymne de Vêpres.
AU PREMIER NOCTURNE.
Ant. 1 Le Seigneur connaît * la voie des justes, qui méditent sa loi le jour et la nuit.
Ant. 2 Il a glorifié * ses Saints, le Seigneur, et il les a exaucés lorsqu’ils ont crié vers lui.
Ant. 3 Il est admirable, * votre nom, Seigneur, car vous avez couronné vos Saints de gloire et d’honneur, et vous les avez établis sur les œuvres de vos mains.
V/..Justes, réjouissez-vous dans le Seigneur et exultez.
R/. Glorifiez-vous, vous tous, droits de cœur.
Du livre de l’Apocalypse de l’Apôtre saint Jean.
Première leçon. 4, 2-8. Je vis un trône placé dans le ciel, et quelqu’un assis sur le trône. Celui qui était assis paraissait semblable à une pierre de jaspe et de sardoine [1] ; et il y avait autour du trône un arc-en-ciel semblable à une émeraude [2]. Autour du trône étaient encore vingt-quatre trônes, et sur les trônes vingt-quatre vieillards assis, revêtus d’habits blancs, et sur leurs têtes des couronnes d’or. Et du trône sortaient des éclairs, des voix et des tonnerres ; et il y avait devant le trône sept lampes ardentes, qui sont les sept esprits de Dieu [3]. Et devant le trône, comme une mer de verre semblable à du cristal [4] ; et au milieu du trône, et autour du trône, quatre animaux pleins d’yeux devant et derrière [5]. Le premier animal ressemblait à un lion, le second à un veau, le troisième avait un visage comme celui d’un homme, et le quatrième était semblable à un aigle qui vole. Ces quatre animaux avaient chacun six ailes, et autour et au dedans ils étaient pleins d’yeux ; et ils ne se donnaient du repos ni jour ni nuit, disant : Saint, saint, saint est le Seigneur, Dieu tout-puissant, qui était, qui est, et qui doit venir.
R/. Je vis le Seigneur assis sur un trône haut et élevé, et toute la terre était pleine de sa majesté ; * Et ce qui était sous lui remplissait le temple. V/. Des Séraphins étaient au-dessus du trône : l’un avait six ailes et l’autre six ailes. * Et.
Deuxième leçon. 5, 1-8. Je vis ensuite, dans la main droite de celui qui était assis sur le trône, un livre écrit dedans et dehors, scellé de sept sceaux. Je vis encore un Ange fort, qui criait d’une voix forte : Qui est digne d’ouvrir le livre, et d’en délier les sceaux ? Et nul ne pouvait ni dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, ouvrir le livre, ni le regarder. Et moi je pleurais beaucoup, de ce que personne ne s’était trouvé digne d’ouvrir le livre ni de le regarder. Mais l’un des vieillards me dit : Ne pleure point ; voici le lion de la tribu de Juda, la racine de David, qui a obtenu par sa victoire d’ouvrir le livre et d’en délier les sept sceaux. Et je regardai, et voilà au milieu des vieillards, un Agneau debout, comme immolé, ayant sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyés par toute la terre [6]. Et il vint, et prit le livre de la main droite de celui qui était assis sur le trône. Et lorsqu’il eut ouvert le livre, les quatre animaux et les vingt-quatre vieillards tombèrent devant l’Agneau, ayant chacun des harpes et des coupes pleines de parfums, qui sont les prières des saints.
R/. Vous êtes bienheureuse, Vierge Marie, Mère de Dieu, vous qui avez cru au Seigneur ; car ce qui vous a été dit s’est accompli en vous ; voilà que vous êtes élevée au-dessus des chœurs des Anges : * Intercédez pour nous auprès du Seigneur notre Dieu. V/. Je vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. * Intercédez.
Troisième leçon. 5, 9-14. Ils chantaient un cantique nouveau, disant : Vous êtes digne, Seigneur, de recevoir le livre et d’en ouvrir les sceaux, parce que vous avez été mis à mort, et que vous nous avez rachetés pour Dieu par votre sang, de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation. Et vous avez fait de nous un royaume et des prêtres pour notre Dieu ; et nous régnerons sur la terre. Je regardai encore, et j’entendis autour du trône, et des animaux, et des vieillards, la voix de beaucoup d’Anges ; leur nombre était des milliers de milliers qui disaient d’une voix forte : II est digne, l’Agneau qui a été immolé de recevoir la vertu, la divinité, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction. Et j’entendis toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre, et celles qui sont sur la mer et en elle ; je les entendis tous disant : A celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, bénédiction, honneur, gloire et puissance dans les siècles des siècles ! Et les quatre animaux disaient : Amen. Et les vingt-quatre vieillards tombèrent sur leurs faces, et adorèrent celui qui vit dans les siècles.
R/. En présence des Anges, je vous chanterai des hymnes : * En présence des Anges, je vous chanterai des hymnes : * J’adorerai vers votre saint temple, et je glorifierai votre nom, Seigneur. V/. A cause de votre miséricorde et de votre vérité, parce que vous avez élevé par-dessus tout la grandeur de votre nom saint. * J’adorerai. Gloire au Père. * J’adorerai.
[1] Dans les douces couleurs de ces pierreries, on voit Dieu revêtu d’une majesté douce et d’un éclat agréable aux yeux. (Bossuet.)
[2] Ribeira, Viegas et d’autres auteurs disent que l’arc-en-ciel signifie la. miséricorde de Dieu, qui entoure son trône. Dans cet arc-en-ciel domine la couleur verte, qui désigne les consolations que Dieu répandra sur ses élus. (Corn. a Lap.)
[3] Ces sept esprits sont les sept Anges les plus élevés ; d’autres auteurs y voient un emblème des sept dons du Saint-Esprit.
[4] Bède, ;Richard et Rupert voient dans cette mer l’image du .sacrement de baptême, par lequel les saints parviennent jusqu’au trône de Dieu. Le baptême a, en effet, la grandeur de la mer, la limpidité du verre, la solidité du cristal ; comme les rayons du soleil pénètrent le verre, ainsi l’âme baptisée est éclairée par les rayons de la grâce divine. Pour les mêmes raisons, cette mer est encore l’image de la pénitence qui est amère comme l’océan qui produit souvent une abondance de larmes, et est accompagnée d’un bon propos ferme comme le cristal. (Corn. à Lap.)
[5] Par ces quatre animaux mystérieux, on peut entendre les quatre Évangélistes ; et l’on trouvera au verset suivant la figure des quatre animaux, par où les Pères ont estimé que le commencement de leur Évangile était désigné. On voit aussi dans les quatre animaux, quatre principales qualités des saints : dans le lion, le courage et la force ; dans le veau, qui porte le joug, la docilité et la patience ; dans l’homme, la sagesse ; et dans l’aigle-, la sublimité des pensées et des désirs. (Bossuet.)
[6] Il est debout et
vivant ; mais il paraît comme mort et comme immolé, à cause de ses plaies qu’il
a portées dans le ciel. (Bossuet.) Ansbert, Béde et Rupert estiment que les
sept cornes et les sept yeux signifient les sept dons du Saint-Esprit, appelés
yeux, parce qu’ils éclairent, et cornes, à cause de l’excellence de leur force
et de leur pouvoir.
Maître de Spencer 6 (fl. de
1490 à 1510 ). Les sept articles de la foi de Jean de Meun, miniature
de la Sainte Trinité, vers 1508)1510, miniature sur parchemin,
Egerton 940, folio 2 verso, 28 x 18,5, British Library
AU DEUXIÈME NOCTURNE.
Ant. 1 Seigneur, * ceux
qui pratiquent la justice habiteront dans votre tabernacle, et se reposeront
sur votre montagne sainte.
Ant. 2 Telle est la
génération * de ceux qui cherchent le Seigneur, de ceux qui cherchent la face
du Dieu de Jacob.
Ant. 3 Réjouissez-vous
dans le Seigneur * et exultez, justes, glorifiez-vous, vous tous, droits de
cœur.
V/..Que les justes
exultent en la présence de Dieu.
R/. Et qu’ils se
délectent dans la joie.
Sermon de saint Béde le
Vénérable, Prêtre.
Quatrième leçon.
Aujourd’hui, bien-aimés frères, nous célébrons, dans l’allégresse d’une
solennité commune, la fête de tous les Saints. Leur société réjouit les cieux,
leur protection console la terre, leur triomphe couronne la sainte Église. Plus
1a profession de leur foi a été ferme dans les tourments, plus ils ont d’éclat
dans la gloire. Car la violence du combat s’augmentant, l’honneur des
combattants s’est aussi accru. Les diverses tortures du martyre rehaussent le
triomphe, et des souffrances plus affreuses ont procuré de plus délicieuses
récompenses. Notre mère l’Église catholique, répandue au loin dans tout l’univers,
à qui Jésus-Christ, son chef, apprit par son exemple à ne craindre ni les
outrages, ni les croix, ni la mort, s’est de plus en plus fortifiée, non par la
résistance, mais par la patience. Pour encourager toutes ces légions
d’illustres athlètes, jetés en prison comme des criminels, et pour les animer
tous à soutenir le combat avec la même ardeur et un courage égal, elle leur a
inspiré la sainte ambition d’un glorieux triomphe.
R/. Il est venu, le
Précurseur du Seigneur, auquel Jésus lui-même a rendu ce témoignage : * Il ne
s’est pas élevé entre les enfants des femmes, de plus grand que Jean-Baptiste.
V/. Celui-ci est un Prophète, et plus qu’un Prophète, lui de qui le Seigneur a
dit. * Il.
Cinquième leçon. Heureuse
en vérité, l’Église notre mère, d’être ainsi honorée des marques éclatantes de
la miséricorde divine, empourprée du noble sang des Martyrs victorieux, parée
du vêtement blanc de l’inviolable fidélité des Vierges ! Ni les roses, ni les
lis ne manquent parmi ses fleurs. Et maintenant, très chers frères, que chacun
de nous s’efforce d’acquérir la plus ample provision de titres à ces deux
sortes d’honneurs, et de mériter, ou la couronne blanche de la virginité ou la
couronne pourpre du martyre. Car, dans la milice des cieux, le repos et la lutte
ont leurs fleurs pour couronner les soldats du Christ.
R/. Ce sont ceux-ci qui,
tandis qu’ils vivaient dans la chair ont planté l’Église dans leur sang : * Ils
ont bu le calice du Seigneur, et ont été faits amis de Dieu. V/. Leur voix a
retenti par toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux extrémités du monde. *
Ils.
Sixième leçon. L’immense
et ineffable bonté de Dieu a même eu soin de ne pas prolonger le temps des
travaux et du combat, et de ne le faire ni long, ni éternel, mais court, et
pour ainsi dire, d’un moment. Elle a voulu que les combats et les travaux
fussent pour cette vie passagère et vite écoulée ; les couronnes et les
récompenses du mérite, pour la vie éternelle ; que les travaux finissent
promptement, que la récompense des mérites durât toujours ; qu’après les
ténèbres de ce monde, il fût donné aux Saints de jouir de la plus
resplendissante lumière, et de posséder une béatitude plus grande que le cruel
excès de toutes les souffrances. Et voilà ce qu’attesté l’Apôtre quand il dit :
« Les souffrances du temps n’ont aucune proportion avec la gloire qui doit un
jour éclater en nous. »
R/. Mes Saints, vivant
dans la chair, vous avez soutenu le combat. * Moi, je vous rendrai la
récompense de votre labeur. V/. Venez, les bénis de mon Père, recevez le
royaume. * Moi. Gloire au Père. * Moi.
AU TROISIÈME NOCTURNE.
Ant. 1 Craignez le
Seigneur, * vous tous ses Saints, car rien ne manque à ceux qui le craignent ;
les yeux du Seigneur sont sur ses justes, et ses oreilles sont ouvertes à leurs
prières.
Ant. 2 Seigneur,
l’espérance des Saints * et leur tour forte ; vous avez donné un héritage à
ceux qui craignent votre nom ; ils habiteront dans votre tabernacle pendant les
siècles.
Ant. 3 Vous qui aimez le
Seigneur, * réjouissez-vous dans le Seigneur et célébrez la mémoire de sa
sanctification.
V/..Les justes vivront
éternellement.
R/. Et leur récompense
est auprès du Seigneur.
Lecture du saint Évangile
selon saint Matthieu. Cap. 5, 1-12.
En ce temps-là : Jésus,
voyant la foule, monta sur la montagne, et lorsqu’il se fut assis, les
disciples s’approchèrent de lui. Et le reste.
Homélie de saint
Augustin, Évêque.
Septième leçon. Si l’on
demande ce que signifie la montagne, on peut bien dire qu’elle signifie des
préceptes de justice plus élevés, parce que ceux qui avaient été donnés aux
Juifs étaient inférieurs. C’est toutefois le même Dieu qui, réglant avec un
ordre admirable l’économie des temps, a donné, par ses saints Prophètes et par
ses autres serviteurs, des préceptes moins parfaits à un peuple qu’il fallait
encore contenir au moyen de la crainte, et, par son Fils, des préceptes plus
parfaits, à un peuple qu’il convenait d’affranchir au moyen de la charité. Si
de moindres commandements sont donnés à des âmes moins parfaites, et de plus
grands à de plus parfaites ils sont toujours donnés par Celui qui est le seul à
bien savoir fournir au genre humain le remède approprié à la diversité de ses
besoins.
R/. Ceignez vos reins, et
ayez en vos mains des lampes allumées ; * Soyez semblables à des hommes qui
attendent que leur maître revienne des noces. V/. Veillez donc, parce que vous
ne savez pas à quelle heure votre Seigneur viendra. * Soyez.
Huitième leçon. Et il ne
faut pas s’étonner que le même Dieu, créateur du ciel et de la terre, donne, en
vue du royaume des cieux, de plus grands préceptes, après en avoir donné de
moindres pour celui de la terre. C’est de cette justice plus grande, que le
Prophète a dit : « Votre justice est comme les montagnes de Dieu. » Et c’est ce
que figure très bien la montagne où cette justice est enseignée par l’unique et
seul Maître capable d’enseigner des choses si sublimes. Or il enseigne étant
assis, ce qui appartient à la dignité du magistère. Et ses disciples
s’approchent de lui : rapprochés de Jésus par la volonté d’accomplir ses
préceptes, il fallait bien qu’ils fussent aussi plus près pour entendre ses
paroles. « Et ouvrant sa bouche, il les instruisait, disant. » Cette périphrase
de l’écrivain sacré : « Et ouvrant sa bouche, » semble avertir, en retardant
son début, que le discours doit avoir une certaine étendue. A moins encore que
ce ne soit pour rappeler que celui qui ouvre en ce moment la bouche, a lui-même
ouvert, dans l’ancien Testament, .la bouche des Prophètes.
R/. Au milieu de la nuit
un cri s’éleva : * Voici l’époux qui vient, sortez au-devant de lui. V/.
Vierges prudentes, préparez vos lampes. * Voici. Gloire au Père. * Voici.
Neuvième leçon. Or, que
dit-il ? « Bienheureux les pauvres d’esprit, parce qu’à eux appartient le
royaume des cieux. » Nous lisons dans l’Écriture, au sujet de la convoitise des
biens temporels : « Tout est vanité et présomption d’esprit. » Présomption
d’esprit veut dire orgueil et arrogance. On dit même vulgairement des superbes
qu’ils ont de l’enflure d’esprit, et avec raison, puisque le vent est aussi
appelé esprit ou souffle, comme nous le voyons dans ce verset d’un Psaume : «
Feu, grêle, neige, glace, souffles des tempêtes. » Qui ne sait qu’on appelle
les orgueilleux des gens bouffis, comme qui dirait gonflés de vent ? De là
encore ce mot de l’Apôtre : « La science enfle, mais la charité édifie. » C’est
pourquoi par ces pauvres en esprit, sont justement désignés ceux qui sont
humbles et qui craignent Dieu, c’est-à-dire qui n’ont point en eux cet esprit
d’enflure.
Maître de la Chronique
scandaleuse (fl. de 1493 à 1510 ). Frontispice de la Légende
dorée de Jacques de Voragine traduite en français par Jean de
Vignay : Charles VIII présenté par Charlemagne et Saint Louis à
l'assemblée céleste. En bas : Anne de Bretagne en prière, vers 1493, miniature sur parchemin,
Bibliothèque nationale de France,
Vélins 689, folio 1 recto. Exemplaire de prestige d'un livre imprimé offert par
l'éditeur Antoine Vérard à Charles VIII et Anne de Bretagne.
Dom Lefèvre, Missel
Le temple d’Agrippa fut
dédié, sous Auguste, à tous les dieux du paganisme, d’où son nom de Panthéon.
Sous l’empereur Phocas, entre 607 et 610, le pape Boniface IV y transporta de
nombreux ossements de martyrs tirés des Catacombes. Le 13 mai 610, il dédia
cette nouvelle basilique chrétienne à Sainte Marie et aux Martyrs. La fête de
cette dédicace prit dans la suite un caractère plus universel, et l’on consacra
ce temple à Sainte Marie et à tous les Saints. Comme il existait d’autre part
une fête de la commémoraison de tous les Saints, célébrée à diverses dates dans
différentes églises, puis fixée en 835 par Grégoire IV au 1" Novembre, le
pape Grégoire VII transporta à cette date l’anniversaire de la dédicace du
Panthéon. La fête de la Toussaint rappelle donc le triomphe que remporta le
Christ sur les fausses divinités païennes. C’est dans ce temple que l’on fait
la Station le Vendredi dans l’Octave de Pâques. Comme les Saints honorés aux
trois premiers siècles de l’Église étaient des Martyrs et que le Panthéon fut
aussi tout d’abord dédié aux Martyrs, la messe de la Toussaint est faite
d’emprunts à la liturgie des Martyrs. L’introït est celui de la messe de Ste
Agathe, employé plus tard aussi pour d’autres fêtes ; l’Évangile, l’Offertoire
et la Communion sont tirés du Commun des Martyrs. L’Église nous donne en ce
jour une admirable vision du ciel où elle nous montre, avec S. Jean, les douze
mille inscrits (douze est considéré comme un nombre parfait) de chaque tribu
d’Israël, et une grande foule que nul ne peut compter, de toute nation, de
toute tribu, de tout peuple et de toute langue, debout devant le trône et
devant l’Agneau, vêtus de robes blanches et ayant des palmes à la main (Épître),
Le Christ, la Vierge, les bienheureuses phalanges distribuées en neuf chœurs,
les apôtres et les prophètes, les martyrs empourprés de leur sang, les
confesseurs parés de vêtements blancs et les chastes chœurs de vierges forment,
nous dit l’hymne des Vêpres ce majestueux cortège. Il se compose en effet de
tous ceux qui, ici-bas, ont été détachés des biens de la terre, doux, affligés,
équitables, miséricordieux, purs, pacifiques et en butte aux persécutions pour
le nom de Jésus. « Réjouissez-vous, leur annonçait le Maître, car une grande
récompense vous est préparée dans le ciel » (Év., Com,). Parmi ces millions de
justes qui ont été disciples fidèles de Jésus sur terre se trouvent plusieurs
des nôtres : parents, amis, membres de notre famille paroissiale qui
bénéficient aujourd’hui de ce culte, qui adorent le Seigneur, Roi des rois et
Couronne de tous les Saints (invitatoire de Matines) et nous obtiennent
l’abondance tant désirée de ses miséricordes (Or.). Le sacerdoce que Jésus
exerce invisiblement sur nos autels où il s’offre à Dieu, s’identifie avec
celui qu’il exerce visiblement au ciel. Les autels de la terre où se trouve l’«
Agneau de Dieu »« et celui du ciel où se tient debout « l’Agneau comme immolé
», ne font qu’un. Aussi, à la messe, tout nous rappelle la patrie céleste. La
Préface unit nos chante aux louanges des Anges et le Communicantes nous fait
entrer en communion avec la Vierge et tous les Saints.
Paradise from De Civitate Dei by French School. Ms 246 f.406r Paradise, from 'De Civitate Dei' by St. Augustine of Hippo (354-430) Museum: Bibliothèque Sainte Geneviève. Vendor: Bridgeman Art Library
Dom Guéranger, l’Année
Liturgique
Je vis une grande
multitude que nul ne pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de toute
langue ; elle se tenait devant le trône, vêtue de robes blanches, des palmes à
la main ; de ses rangs s’élevait une acclamation puissante : Gloire à notre
Dieu [7] !
Le temps n’est plus ;
c’est l’humanité sauvée qui se découvre aux yeux du prophète de Pathmos. Vie
militante et misérable de cette terre [8], un jour donc tes angoisses auront
leur terme. Notre race longtemps perdue renforcera les chœurs des purs esprits
que la révolte de Satan affaiblit jadis ; s’unissant à la reconnaissance des
rachetés de l’Agneau, les Anges fidèles s’écrieront avec nous : Action de
grâces, honneur, puissance à notre Dieu pour jamais [9] !
Et ce sera la fin, comme
dit l’Apôtre [10] : la fin de la mort et de la souffrance ; la fin de
l’histoire et de ses révolutions désormais expliquées. L’ancien ennemi, rejeté
à l’abîme avec ses partisans, ne subsistera plus que pour attester sa défaite
éternelle. Le Fils de l’homme, libérateur du monde, aura remis l’empire à Dieu
son Père. Terme suprême de toute création, comme de toute rédemption : Dieu
sera tout en tous [11].
Bien avant le voyant de
l’Apocalypse, déjà Isaïe chantait : J’ai vu le Seigneur assis sur un trône
élevé et sublime ; les franges de son vêtement remplissaient au-dessous de lui
le temple, et les Séraphins criaient l’un à l’autre : Saint, Saint, Saint, le
Seigneur des armées ; toute la terre est pleine de sa gloire [12].
Les franges du vêtement
divin sont ici les élus, devenus l’ornement du Verbe, splendeur du Père [13].
Car depuis que, chef de notre humanité, le Verbe l’a épousée, cette épouse est
sa gloire, comme il est celle de Dieu [14]. Elle-même cependant n’a d’autre
parure que les vertus des Saints [15] : parure éclatante, dont l’achèvement
sera le signal de la consommation des siècles. Cette fête est l’annonce
toujours plus instante des noces de l’éternité ; elle nous donne à célébrer
chaque année le progrès des apprêts de l’Épouse [16].
Heureux les conviés aux
noces de l’Agneau [17] ! Heureux nous tous, à qui la robe nuptiale de la sainte
charité fut remise au baptême comme un titre au banquet des cieux !
Préparons-nous, comme notre Mère l’Église, à 1’ineffable destinée que nous
réserve l’amour. C’est à ce but que tendent les labeurs d’ici-bas : travaux,
luttes, souffrances pour Dieu, relèvent d’inestimables joyaux le vêtement de la
grâce qui fait les élus. Bienheureux ceux qui pleurent [18] !
Ils pleuraient, ceux que
le Psalmiste nous montre creusant avant nous Je sillon de leur carrière
mortelle [19], et dont la triomphante allégresse déborde sur nous, projetant à
cette heure comme un rayon de gloire anticipée sur la vallée des larmes. Sans
attendre au lendemain de la vie, la solennité commencée nous donne entrée pat
la bienheureuse espérance au séjour de lumière où nos pères ont suivi Jésus, le
divin avant-coureur [20]. Quelles épreuves n’apparaîtraient légères, au
spectacle des éternelles félicités dans lesquelles s’épanouissent leurs épines
d’un jour ! Larmes versées sur les tombes qui s’ouvrent à chaque pas de cette
terre d’amertume, comment le bonheur des chers disparus ne mêlerait-il pas à
vos regrets la douceur du ciel ? Prêtons l’oreille aux chants de délivrance de
ceux dont la séparation momentanée attire ainsi nos pleurs ; petits ou grands
[21], cette fête est la leur, comme bientôt elle doit être la nôtre. En cette
saison où prévalent les frimas et la nuit, la nature, délaissant ses derniers
joyaux, semble elle-même préparer le monde à son exode vers la patrie sans fin.
Chantons donc nous aussi,
avec le Psaume : « Je me suis réjoui de ce qui m’a été dit : Nous irons dans la
maison du Seigneur. Nos pieds ne sont encore qu’en tes parvis, mais nous voyons
tes accroissements qui ne cessent pas, Jérusalem, ville de paix, qui te
construis dans la concorde et l’amour. L’ascension vers toi des tribus saintes
se poursuit dans la louange ; tes trônes encore inoccupés se remplissent. Que
tous les biens soient pour ceux qui t’aiment, ô Jérusalem ; que la puissance et
l’abondance règnent en ton enceinte fortunée. A cause de mes amis et de mes
frères qui déjà sont tes habitants, j’ai mis en toi mes complaisances ; à cause
du Seigneur notre Dieu dont tu es le séjour, j’ai mis en toi tout mon désir
[22]. »
AUX PREMIÈRES VÊPRES.
Les cloches ont retenti,
non moins joyeuses qu’aux plus beaux jours. Elles annoncent la grande solennité
du Cycle à son déclin, la fête qui marque l’empreinte de l’éternité sur les
temps, la prise de possession pour Dieu de l’année qui finit, joignant sa
moisson d’élus à celles de ses devancières. Aux triomphantes volées remplissant
l’air de leurs ondes harmonieuses, l’Église, qui depuis le matin jeûnait
prosternée, se relève le front dans la lumière : elle pénètre avec Jean les
secrets des cieux ; et les paroles du disciple bien-aimé, passant par ses
lèvres, y revêtent un accent d’enthousiasme incomparable Cette fête est
vraiment pour elle le triomphe de la Mère ; car la foule immense et
bienheureuse, aperçue par elle près du trône de l’Agneau, se compose des fils
et des filles que seule, comme étant l’unique [23], elle a donnés au Seigneur.
Commentaire des Antiennes
Près de ses fils
glorifiés, l’Église voit les Anges, nobles natures dont l’attitude devant Dieu,
la liturgie grandiose, l’adoration anéantie, ravissent son cœur. Et elle en
redit le spectacle à ceux des siens qui militent encore avec elle ici-bas.
Mais l’hommage et les
chants des célestes Principautés, qui jamais ne s’interrompirent, ne sont plus
seuls à rendre au Très-Haut la gloire à lui due dans son temple éternel. Comme,
dans un chœur nombreux, une mère distingue entre toutes la voix de son enfant,
l’Église tressaille en entendant la race élue qu’elle a nourrie pour l’Époux
faire sa partie dans le concert des cieux, et célébrer l’Agneau dont le sang
fut le prix de notre entrée bienheureuse au royaume de Dieu.
C’est la vraie joie,
l’ineffable consolation de ce jour. Aussi la grande exilée ne se tient pas
d’adresser aux Saints un appel brûlant à plus de zèle, s’il se peut encore, pour
louer le Seigneur Epoux : « Soyez heureux, vous tous, et le célébrez ! »
s’écrie-t-elle de la vallée des larmes, empruntant les paroles de Tobie dans la
terre de sa captivité [24].
Louer Dieu sans trêve :
part des Saints, bon partage d’Israël en la vraie Sion [25] ! l’Église en son
transport ne se lasse point d’exalter cette part glorieuse, la meilleure part,
privilège de quelques-uns sur la terre, partage de tous dans la patrie.
Nulle puissance ne
saurait amoindrir la gloire de la cité sainte, ou diminuer d’une unité le
nombre de ses fortunés habitants, tel que le fixèrent avant tous les âges les
conseils du Très-Haut. Si ce monde a trop mérité la colère, il ne finira
pourtant qu’après avoir donné au ciel le dernier des élus. C’est ce qu’exprime
au vif le Capitule, tiré de l’Apocalypse.
Rhaban-Maur, abbé de
Fulde et archevêque de Mayence, est l’auteur présumé de l’Hymne. La « gent
perfide » qu’on y demande à tous les bienheureux de chasser loin des terres
chrétiennes, c’était, au IXe siècle, la race des Normands infidèles qui
couvraient de sang et de ruines l’empire des faibles successeurs de
Charlemagne. L’éclatante conversion des farouches destructeurs fut la réponse
des Saints. Puissent-ils toujours exaucer de la sorte l’Église, éclairer comme
alors ceux qui l’attaquent sans la connaître, faire d’eux ses plus fermes
soutiens.
Tous les chœurs
angéliques, tous les ordres des Saints reçoivent, en l’Antienne de Magnificat,
l’hommage de la prière de l’Église, comme tous vont avec elle exalter la Reine
de la terre et des cieux reprenant pour tous son glorieux Cantique.
Lorsque Rome eut achevé
la conquête du monde, elle dédia le plus durable monument de sa puissance à
tous les dieux. Le Panthéon devait attester à jamais la reconnaissance de la
cité reine. Cependant conquise elle-même au Christ et investie par lui de
l’empire des âmes, son hommage se détourna des vaines idoles pour aller aux
Martyrs, qui, priant pour elle en mourant de sa main, l’avaient seuls faite
éternelle. Ce fut à eux et à leur reine, Marie, qu’au lendemain des invasions qui
l’avaient châtiée sans la perdre, elle consacra, cette fois pour toujours, le
Panthéon devenu chrétien.
« Levez-vous, Saints de
Dieu ; venez au lieu qui vous fut préparé [26]. » Trois siècles durant, les
catacombes restèrent le rendez-vous des athlètes du Seigneur au sortir de
l’arène. Rome doit à ces vaillants un triomphe mieux mérité que ceux dont elle
gratifia ses grands hommes d’autrefois. En 312 pourtant, Rome, désarmée mais
non encore changée dans son cœur, n’était rien moins que disposée à saluer de
ses applaudissements les vainqueurs des dieux de l’Olympe et du Capitule.
Tandis que la Croix forçait ses remparts, la blanche légion [27] demeura
cantonnée dans les retranchements des cimetières souterrains qui, comme autant
de travaux d’approche, bordaient toutes les routes conduisant à la ville des
Césars. Trois autres siècles étaient laissés à Rome pour satisfaire à la
justice de Dieu, et prendre conscience du salut que lui ménageait la
miséricorde. En 609. le patient travail de la grâce était accompli. Des lèvres
de Boniface IV, Pontife suprême, descendait sur les cryptes sacrées le signal
attendu.
Heure solennelle, prélude
de celle que la trompette de l’Ange doit un jour annoncer par les sépulcres de
l’univers [28] ! C’est dans la majesté apostolique, c’est entouré d’un peuple
immense, que le successeur de Pierre, que l’héritier du crucifié de Néron, se
présente aux portes des catacombes. Ornés avec magnificence, vingt-huit chars
l’accompagnent, et il convie à y monter les Martyrs. L’antique voie triomphale
s’ouvre devant les Saints ; les fils des Quirites chantent à leur honneur : «
Votre sortie sera heureuse, votre marche toute de joie ; car voici que
tressaillent les monts, les collines fameuses, qui vous attendent en allégresse
[29]. Paraissez, Saints de Dieu ; quittez vos postes de combat ; entrez dans
Rome, devenue la cité sainte ; bénissez le peuple romain, qui vous suit au
temple de ses fausses divinités devenu votre église, pour y adorer avec vous la
majesté du Seigneur [30]. »
Après six siècles de
persécutions et de ruines, le dernier mot restait donc aux Martyrs : mot de
bénédiction, signal de grâces pour la Babylone ivre naguère du sang chrétien
[31]. Mieux que réhabilitée par l’accueil qu’elle faisait aux témoins du
Christ, elle n’était plus Rome seulement, mais la nouvelle Sion, la privilégiée
du Seigneur. L’encens qu’elle brûlait sous les pas des Saints, rappelait celui
dont ils avaient refusé l’hommage à ses dieux de mensonge ; l’autel au pied
duquel leur sang avait coulé, était celui-là même où elle les invitait à
prendre la place des usurpateurs enfuis à l’abîme. Bien inspirée fut-elle,
quand le temple édifié par Marcus Agrippa, restauré par Sévère Auguste, étant
devenu celui des saints Martyrs, elle crut devoir maintenir à son fronton le
nom des constructeurs primitifs et l’appellation qu’ils lui avaient donnée ;
l’insigne monument ne justifia son titre qu’à dater de la mémorable journée où,
sous sa voûte incomparable, image du ciel, Rome chrétienne put appliquer aux
hôtes nouveaux du Panthéon la parole du Psaume : J’ai dit : c’est vous les
dieux [32] ! C’était le XIII mai, qu’avait eu lieu la prise de possession
triomphale.
Toute dédicace sur terre
rappelle à l’Église, ainsi qu’elle le dit elle-même, l’assemblée des Saints,
pierres vivantes de l’éternelle demeure que Dieu se construit aux cieux [33].
On s’étonnera d’autant moins que la Dédicace du Panthéon d’Agrippa, dans les
circonstances que nous avons rapportées, soit devenue la première origine de la
fête de ce jour [34]. Son anniversaire, en ramenant la mémoire collective des
Martyrs, donnait satisfaction à l’Église qui, désireuse d’honorer annuellement
tous ses bienheureux fils morts pour le Seigneur, se vit de bonne heure réduite
par leur nombre à l’impuissance de célébrer chacun d’eux au jour de son
glorieux trépas. Or, au culte des Martyrs s’était joint pour elle, à l’âge de
la paix, celui des justes qui, l’arène sanglante désormais fermée, se
sanctifiaient chaque jour dans tous les héroïsmes offerts par ailleurs au courage
chrétien ; la pensée de les associer aux premiers dans une solennité commune,
qui suppléerait pour tous à la nécessité des omissions individuelles, naquit
comme spontanément de l’initiative que Boniface IV avait prise.
En 732, dans la première
moitié de ce huitième siècle qui fut si grand pour l’Église, Grégoire III
dédiait, à Saint-Pierre du Vatican, un oratoire en l’honneur du Sauveur, de sa
sainte Mère, des saints Apôtres, de tous les saints Martyrs, Confesseurs,
Justes parfaits qui reposent par toute la terre [35].Une dédicace au vocable si
étendu n’implique pas de soi l’établissement de notre fête même de tous les
Saints par l’illustre Pontife ; il est à remarquer cependant qu’à dater de
cette époque, on commence à la rencontrer en diverses églises, et fixée dès
lors au premier jour de Novembre, comme en témoignent pour l’Angleterre le
Martyrologe du Vénérable Bède et le Pontifical d’Egbert d’York. Elle était loin
toutefois d’être universelle, lorsqu’en l’année 835, Louis le Débonnaire,
sollicité par Grégoire IV, et du consentement de tous les évêques de ses états,
fit de sa célébration une loi d’empire : loi sainte, portée aux
applaudissements de l’Église entière qui l’adopta comme sienne, dit Adon, avec
révérence et amour [36].
Il existait jusque-là,
dans nos contrées, une coutume attestée par les conciles d’Espagne et de Gaule
dès le VIe siècle [37], et qui consistait à sanctifier l’époque des calendes de
Novembre par trois jours de pénitence et de litanies, rappelant les Rogations
qui précèdent encore l’Ascension du Seigneur. Le jeûne de la Vigile de la
Toussaint est le seul souvenir qui nous reste maintenant de cette coutume de
nos pères ; conservant le triduum pénitentiel, et l’avançant de quelques jours,
ils en avaient fait une préparation de la fête elle-même : « Qu’entière soit
notre dévotion, recommandait un auteur du temps ; disposons-nous à cette
solennité très sainte par trois jours de jeûne, de prière et d’aumône [38]. »
En s’étendant au monde entier, la fête s’était complétée ; devenue l’égale des
plus augustes solennités, elle développait ses horizons jusqu’à l’infini,
embrassait toute sainteté incréée ou créée. Son objet n’était plus Marie
seulement et les Martyrs, ou tous les justes nés d’Adam, mais avec eux les neuf
chœurs angéliques, mais pardessus tout la Trinité sainte, Dieu tout en tous
[39], Roi de ces rois qui sont les Saints [40], Dieu des dieux en Sion [41].
Écoutons l’Église éveillant aujourd’hui ses fils : Le Roi des rois, le
Seigneur, venez, adorons-le, parce qu’il est la couronne de tous les Saints
[42]. C’est l’invitation qu’en cette même nuit le Seigneur lui-même adressait à
la chantre d’Helfta, Mechtilde, la privilégiée du divin Cœur : « Loue-moi de ce
que je suis la couronne de tous les Saints [43]. » Et la vierge voyait toute la
beauté des élus et leur gloire s’alimenter au sang du Christ, briller des
vertus par lui pratiquées ; et répondant à l’appel divin, elle louait tant
qu’elle pouvait la très heureuse, la toujours adorable Trinité, de ce qu’elle
daigne être aux Saints leur diadème, leur admirable dignité [44]. Dante lui
aussi nous montre, en l’empyrée, Béatrice se faisant sa couronne du reflet des
rayons éternels [45]. Gloire au Père, au Fils, au Saint-Esprit ! ainsi tout
d’une voix, pour le sublime poète, chantait le Paradis. « Tout l’univers,
dit-il, me semblait un sourire [46]. Le royaume d’allégresse, avec tout son
peuple ancien et nouveau, tourné vers un seul point, était tout regard, tout
amour. O triple lumière, qui scintillant en une seule étoile, rassasies à ce
point leur vue, regarde ici-bas à nos tempêtes [47] ! »
L’ancien Office de la
fête offrit jusqu’au XVIe siècle, en beaucoup d’Églises, cette particularité
qu’aux Nocturnes la première Antienne, la première Bénédiction, la première
Leçon et le premier Répons étant de la Trinité, la deuxième série des mêmes
pièces liturgiques avait pour objet Notre-Dame, la troisième les Anges, la
quatrième les Patriarches et les Prophètes, la cinquième les Apôtres, la
sixième les Martyrs, la septième les Confesseurs, la huitième les Vierges, la
neuvième tous les Saints. En raison de cette disposition spéciale au jour, la
première Leçon revenait contre l’usage du reste de l’année au plus digne du
Chœur, le premier Répons était réservé aux premiers Chantres ; et ainsi arrivait-on,
par une progression descendante, jusqu’aux enfants, dont l’un donnait la Leçon
des Vierges, et cinq autres, vêtus de blanc, cierges à la main en mémoire des
vierges prudentes, exécutaient le huitième Répons devant l’autel de Notre-Dame
; la neuvième Leçon et le neuvième Répons revenaient à des prêtres. Toutes ou
presque toutes ces formules ont été successivement modifiées ; mais
l’attribution des Répons actuels est toujours la même.
On sera heureux de
trouver ici les Antiennes et Répons primitifs, auxquels se réfèrent les visions
des Saints de cet âge, quand ils nous montrent chaque ordre de bienheureux au
ciel s’unissant durant la nuit sacrée aux actions de grâces et prières de la
terre [48]. Nous empruntons les textes qui suivent aux Bréviaires concordants
d’Aberdeen et de Salisbury.
Ant. 1 Soyez-nous
favorable, Dieu unique, tout-puissant, Père, Fils, Esprit-Saint.
Ant. 2 Comme le lis entre
les épines, ainsi entre les autres est ma bien-aimée.
Ant. 3 Louons le Seigneur
que louent les Anges, que Chérubins et Séraphins proclament Saint, Saint,
Saint, à l’envi.
Ant. 4 Entre les fils des
femmes, il n’y en a point eu de plus grand que Jean-Baptiste.
Ant. 5 Soyez forts dans
la guerre, et combattez avec l’ancien serpent, et vous recevrez le royaume
éternel. Alléluia.
Ant. 6 Ce sont là les
Saints qui, pour l’amour de Dieu, ont méprisé les menaces des hommes ; saints
Martyrs ils tressaillent avec les Anges dans le royaume éternel ; oh ! qu’elle
est précieuse la mort des Saints qui toujours se tiennent devant le Seigneur et
ne sont point séparés les uns des autres !
Ant. 7 Ceignez vos reins,
tenez en mains des lampes allumées : soyez semblables à des hommes qui
attendent leur maître à son retour des noces.
Ant. 8 Saintes Vierges de
Dieu, priez pour nous : puissions-nous mériter de recevoir par vous le pardon
de nos crimes.
Ant. 9 Louez notre Dieu,
tous ses Saints et vous qui le craignez, petits et grands ; car il règne notre
Seigneur Dieu tout-puissant : réjouissons-nous et tressaillons, rendons- lui
gloire.
R/. A la Trinité
souveraine, au Dieu simple, Père, Fils et Saint-Esprit : divinité unique,
gloire égale, coéternelle majesté ; * Tout l’univers obéit à ses lois. V/.
Qu’elle daigne nous octroyer sa grâce la bienheureuse divinité du Père, du
Fils, de l’Esprit conjointement adoré. * Tout l’univers obéit à ses lois.
R/. Vous êtes heureuse,
sainte Vierge Marie ; vous êtes digne de toute louange ; * Car c’est de vous
qu’est né le Soleil de justice, le Christ notre Dieu. V/. Priez pour le peuple,
intervenez pour les clercs, intercédez pour les femmes vouées à Dieu, que tous
ceux-là éprouvent votre secours qui célèbrent cette fête véritablement vôtre. *
Car c’est de vous.
R/. Seigneur saint, tous
les Anges vous célèbrent dans les hauteurs, et ils disent : * A vous
conviennent * Honneur et louange, Seigneur. V/. Saint vous proclament Chérubins
et Séraphins, et tous les chœurs célestes chantent : * A vous conviennent.
Gloire au Père. * Honneur et louange.
R/. Entre les fils des
femmes, il n’y en a point eu de plus grand que Jean-Baptiste : * Qui prépara la
voie du Seigneur au désert. V/. Il y eut un homme envoyé par Dieu, dont le nom
était Jean. * Qui prépara.
R/. Voici les hommes
apostoliques, les familiers de Dieu ; ils se présentent : * Portant la lumière,
éclairant la patrie ; ils viennent donner la paix aux nations et délivrer le
peuple du Seigneur. V/. Écoutez la prière des suppliants implorant le don de la
vie éternelle, vous qui portez en vos mains les gerbes de vos œuvres justes et
vous présentez aujourd’hui dans la joie. * Portant.
R/. O louable constance
des Martyrs ! ô charité inextinguible ! ô invincible patience ! sous les coups
des persécuteurs, elle semblait ne mériter que mépris : * Elle trouvera louange
et gloire et honneur, * Au temps de la récompense. V/. Aussi implorons-nous
l’appui de leurs pieux mérites, à cette heure où les honore le Père qui est aux
deux. * Elle trouvera. Gloire au Père. * Au temps.
R/. Ceignez vos reins,
tenez en mains des lampes allumées : * Soyez semblables à des hommes qui
attendent leur maître à son retour des noces. V/. Veillez donc ; car vous ne
savez à quelle heure votre Maître doit venir. * Soyez semblables.
R/. J’ai entendu une voix
venant du ciel : Venez, toutes, Vierges très sages ; * Tenez l’huile en vos
vases pour quand l’Époux viendra. V/. Au milieu de la nuit, un cri s’est élevé
: Voici l’Époux ! * Tenez l’huile.
R/. Seigneur, nous vous
en supplions, remettez-nous nos fautes ; et par l’intercession des Saints dont
nous célébrons la fête en ce jour, * Accordez-nous dévotion telle * Que nous
méritions d’être admis dans leurs rangs. V/. Que leurs mérites soient notre
secours dans les difficultés provenant de nos crimes ; nos actes nous accusent,
puisse nous excuser leur prière ; et vous qui leur avez donné au ciel la palme
de victoire, ne nous refusez pas le pardon du péché. * Accordez-nous. Gloire au
Père. * Que nous méritions.
Les Grecs honorent comme
nous dans une fête commune « tous les Saints de tous les pays de la terre,
Asie, Libye, Europe, Septentrion ou Midi [49]. » Mais tandis que l’Occident
fixe aux derniers jours de l’année une solennité qui représente, à ses yeux, la
rentrée des fruits dans les celliers du Père de famille, l’Orient la célèbre au
Dimanche qui suit la Pentecôte, en ce printemps de l’Église où, sous l’action
des eaux jaillissantes de l’Esprit, la sainteté fit partout germer ses fleurs
[50]. Il en était ainsi dès le IVe siècle ; c’est en ce premier Dimanche après
la Pentecôte, fête aujourd’hui de la Très Sainte Trinité pour nous Latins, que
saint Jean Chrysostome prononça son discours en l’honneur de « tous les saints
Martyrs ayant souffert dans le monde entier [51]. »
On le sait : l’origine
première de la Toussaint fut de même en notre Occident cette commémoration
générale des Martyrs, que d’autres Églises d’Orient placèrent au vendredi de
l’Octave de Pâques [52] ; heureuse pensée, qui associait la confession des
témoins du Christ au triomphe remporté sur la mort par Celui dont la confession
divine, sous Ponce Pilate [53], avait devant les bourreaux été leur exemple et
leur force. Ainsi faisait du reste primitivement Rome même, en rattachant à la
première quinzaine de mai sa mémoire solennelle des Martyrs ; ainsi fait-elle
encore, en réservant aux seuls Martyrs, conjointement avec les Apôtres,
l’honneur d’un Office spécial pour la durée du Temps pascal entier.
Nous emprunterons les
quelques traits qui suivent à l’Office grec du Dimanche de tous les Saints.
IN MAGNO VESPERTINO.
Les disciples du
Seigneur, instruments de l’Esprit, ont répandu par l’univers entier
l’évangélique semence d’où germèrent les Martyrs qui prient pour nos âmes.
Vous êtes le soutien de
l’Église, la perfection de l’Évangile, chœur divin des Martyrs ; en vous se
justifient les paroles du Sauveur. Car les portes de l’enfer, béantes contre
l’Église, ont été par vous fermées ; votre sang qui coulait a mis à sec les
libations idolâtriques ; la plénitude des croyants naquit de votre immolation.
Admirés des Anges, le front ceint du diadème, vous vous tenez devant Dieu :
sans fin priez-le pour nos âmes.
Fidèles, venez tous ;
célébrons par des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels la solennelle
mémoire de tous les Saints : voici qu’elle vient à nous chargée des plus riches
dons. Crions donc, et disons : Salut, assemblée des Prophètes qui annonçâtes
l’arrivée du Christ au monde, et vîtes comme présent ce qui était loin encore.
Salut, chœur des Apôtres, pêcheurs d’hommes qui sûtes jeter le filet sur les
nations. Salut, armée des Martyrs : rassemblés des confins de la terre en
l’unique foi, vous avez pour elle subi affronts et tortures, vous avez
brillamment triomphé dans l’arène. Salut, ruche des Pères qui, le corps réduit
par l’ascèse et mortifiant la chair et ses passions, avez muni vos âmes des
ailes du divin amour, l’emportant jusqu’au ciel ; vous partagez maintenant
l’allégresse des Anges, l’éternel bonheur est à vous. Mais, ô Prophètes, ô
Apôtres, ô Martyrs, ô Ascètes, priez avec instance Celui qui vous a couronnés
de nous sauver des ennemis invisibles ou visibles
Salut, Saints et Justes ;
salut, auguste chœur des Saintes. Près du Christ, intercédez pour le monde :
qu’il donne au prince la victoire sur les barbares, et à nos âmes sa grande
miséricorde.
A LA MESSE.
Aux calendes de novembre,
c’est le même empressement qu’à la Noël pour assister au Sacrifice en l’honneur
des Saints, disent les anciens documents relatifs à ce jour [54]. Si générale
que fût la fête, et en raison même de son universalité, n’était-elle pas la
joie spéciale de tous, l’honneur aussi des familles chrétiennes ? Saintement
fières de ceux dont elles se transmettaient de générations en générations les
vertus, la gloire au ciel de ces ancêtres ignorés du monde les ennoblissait à
leurs yeux par-dessus toute illustration de la terre.
Mais la foi vive de ces
temps voyait encore en cette fête une occasion de réparer les négligences,
volontaires ou forcées, dont le culte des bienheureux inscrits au calendrier
public avait souffert au cours de l’année. Dans la bulle fameuse Transiturus de
hoc mundo, où il établit la fête du Corps du Seigneur, Urbain IV mentionne la
part qu’eut ce dernier motif à l’institution plus ancienne de la Toussaint ; et
le Pontife exprime l’espoir que la nouvelle solennité vaudra une même
compensation des distractions et tiédeurs annuelles au divin Sacrement, où
réside Celui qui est la couronne de tous les Saints et leur gloire [55].
L’Antienne d’Introït
rappelle aujourd’hui celle de l’Assomption de Notre-Dame. Cette fête est bien
la suite, en effet, du triomphe de Marie : comme l’Ascension du Fils avait
appelé l’Assomption de la Mère, toutes deux réclamaient pour complément
l’universelle glorification des élus de cette race humaine qui donne au ciel sa
Reine et son Roi. Joie donc sur la terre, qui continue si grandement de donner
son fruit [56] ! Joie parmi les Anges, qui voient se combler les vides de leurs
chœurs ! Joie, dit le Verset, à tous les bienheureux, objet des chants de la
terre et du ciel !
Mais nous pécheurs, et
toujours exilés, c’est avant tout de la miséricorde que nous devons prendre
souci en toute circonstance, en toute fête. Ayons cependant bon espoir,
aujourd’hui que tant d’intercesseurs la demandent pour nous. Si la prière d’un
habitant du ciel est puissante, que n’obtiendra pas le ciel tout entier ?
ÉPÎTRE.
Une première fois, aux
jours de son premier avènement, l’Homme-Dieu, se servant pour cela de César
Auguste, avait dénombré la terre [57] : il convenait qu’au début de la
rédemption, fût relevé officiellement l’état du monde. Et maintenant, l’heure a
sonné d’un autre recensement, qui doit consigner au livre de vie le résultat
des opérations du salut. « Pourquoi ce dénombrement du monde au moment de la
naissance du Seigneur, dit saint Grégoire en l’une des Homélies de Noël, si ce
n’est pour nous faire comprendre que dans la chair apparaissait Celui qui
devait enregistrer les élus dans l’éternité [58] ? » Mais plusieurs s’étant
soustraits par leur faute au bénéfice du premier recensement, qui comprenait
tous les hommes dans le rachat du Dieu Sauveur, il en fallait un deuxième et
définitif, qui retranchât de l’universalité du précédent les coupables. Qu’ils
soient rayés du livre des vivants ; leur place n’est point avec les justes [59]
: c’est la parole du Prophète-roi que rappelle au même lieu le saint Pape.
Toute à l’allégresse
cependant, l’Église en ce jour ne considère que les élus ; comme c’est d’eux
seuls qu’il est question dans le relevé solennel où nous venons de voir aboutir
les annales de l’humanité. Eux seuls, par le fait, comptent devant Dieu ; les réprouvés
ne sont que le déchet d’un monde où seule la sainteté répond aux avances du
Créateur, aux mises de l’amour infini. Sachons prêter nos âmes à la frappe
divine qui doit les conformer à l’effigie du Fils unique [60], et nous marquer
pour le trésor de Dieu. Quiconque se dérobe à l’empreinte sacrée, n’évitera
point celle de la bête [61] ; au jour où les Anges arrêteront le règlement de
compte éternel, toute pièce non susceptible d’être portée à l’actif divin ira
d’elle-même à la fournaise, où brûleront sans fin les scories [62].
Vivons donc dans la
crainte recommandée au Graduel : non celle de l’esclave, qui n’appréhende que
le châtiment ; mais la crainte filiale qui redoute par-dessus tout de déplaire
à Celui de qui nous viennent tous les biens, dont la bonté mérite tout amour.
Sans rien perdre de leur béatitude, sans diminuer leur amour, les Puissances
angéliques [63] et tous les bienheureux se prosternent au ciel en un saint
tremblement, sous le regard de l’auguste et trois fois redoutable Majesté.
ÉVANGILE.
Si proche du ciel est
aujourd’hui la terre, qu’une même pensée de félicité emplit les cœurs. L’Ami,
l’Époux, le divin Frère des fils d’Adam revient lui-même s’asseoir au milieu
d’eux et parler de bonheur. Venez à moi, vous tous qui peinez et souffrez,
chantait tout à l’heure le Verset de l’Alléluia, cet écho fortuné de la patrie,
qui pourtant nous rappelait notre exil. Et aussitôt, en l’Évangile, est apparue
la grâce et la bénignité de notre Dieu Sauveur [64]. Écoutons-le nous enseigner
les voies de la bienheureuse espérance [65], les délices saintes, à la fois
garantie, avant-goût, du bonheur absolu des cieux.
Au Sinaï, Jéhovah, tenant
le Juif à distance, n’avait pour lui que préceptes et menaces de mort. Au
sommet de cette autre montagne où s’est assis le Fils de Dieu, combien
différemment se promulgue la loi d’amour ! Les huit Béatitudes ont pris en tête
du Testament nouveau la place qu’occupait, comme préface de l’ancien, le
Décalogue gravé sur la pierre.
Non qu’elles suppriment
les commandements ; mais leur justice surabondante va plus loin que toutes
prescriptions. C’est de son Cœur que Jésus les produit, pour les imprimer,
mieux que sur le roc, au cœur de son peuple. Elles sont tout le portrait du
Fils de l’homme, le résumé de sa vie rédemptrice. Regardez donc, et agissez
selon le modèle qui se révèle à vous sur la montagne [66].
La pauvreté fut bien le
premier trait du Dieu de Bethléhem ; et qui donc apparut plus doux que l’enfant
de Marie ? qui pleura pour plus nobles causes, dans la crèche où déjà il
expiait nos crimes apaisait son Père ? Les affamés de justice, les
miséricordieux, les purs de cœur, les pacifiques : où trouveront-ils qu’en lui
l’incomparable exemplaire, jamais atteint, imitable toujours ? Jusqu’à cette
mort, qui fait de lui l’auguste coryphée des persécutés pour la justice !
suprême béatitude d’ici-bas, en laquelle plus qu’en toutes se complaît la
Sagesse incarnée, y revenant, la détaillant, pour finir avec elle aujourd’hui
comme en un chant d’extase !
L’Eglise n’eut point
d’autre idéal ; à la suite de l’Époux, son histoire aux divers âges ne fut que
l’écho prolongé des Béatitudes. Comprenons, nous aussi ; pour la félicité de
notre vie sur terre, en attendant l’éternel bonheur, suivons le Seigneur et
l’Église.
Les Béatitudes
évangéliques élèvent l’homme au-dessus des tourments, au-dessus même de la
mort, qui n’ébranle pas la paix des justes, mais la consomme. C’est ce que
chante l’Offertoire, dans ces lignes empruntées au livre de la Sagesse.
Comme l’exprime la Secrète,
le Sacrifice auquel il nous est donné de prendre part glorifie Dieu, honore les
Saints, et nous concilie la bonté suprême.
Écho de la lecture
évangélique, l’Antienne de Communion, ne pouvant énumérer à nouveau la série
entière des Béatitudes, rappelle les trois dernières, et, ce faisant, les
rapproche toutes avec raison du Sacrement divin où elles s’alimentent.
L’Église demande, en la
Postcommunion, que cette fête de tous les Saints ait comme résultat de porter
ses fils à les honorer toujours, pour toujours aussi bénéficier de leur crédit
près de Dieu.
AUX SECONDES VÊPRES.
Les secondes Vêpres de la
fête sont semblables aux premières, à l’exception du dernier Psaume, du Verset
de l’Hymne et de l’Antienne de Magnificat. Voici ce Psaume, qui met en la
bouche des Saints un sublime résumé de leur vie de foi et d’épreuves ici-bas,
de reconnaissance et de louange éternelle aux cieux.
PSAUME CXV.
J’ai cru : c’est pourquoi
j’ai parlé, malgré l’excès d’humiliation où j’étais réduit.
J’ai dit dans mon trouble
: Il n’est point d’homme qui ne soit trompeur.
Que rendrai-je au
Seigneur pour tous les biens qu’il a répandus sur moi ?
Je prendrai le calice du
salut, et j’invoquerai le nom du Seigneur.
En présence de son
peuple, j’acquitterai mes vœux au Seigneur : aux yeux, du Seigneur, la mort de
ses Saints est précieuse.
O Seigneur ! je suis
votre serviteur ; oui, je le suis, et le fils de votre servante.
Vous avez brisé mes liens
; je vous offrirai un sacrifice de louange, et j’invoquerai le nom du Seigneur.
J’acquitterai mes vœux au
Seigneur, en présence de tout son peuple, dans les parvis de la maison du
Seigneur, au milieu de toi, ô Jérusalem !
Un sentiment d’ineffable
complaisance, de désir résigné, respire en cette Antienne, qui clôt la
solennité des Saints. Mais la journée n’est pas terminée pour l’Église. A peine
a-t-elle salué ses glorieux fils, disparaissant dans leurs robes blanches à la
suite de l’Agneau, que l’innombrable foule des âmes souffrantes l’entoure aux
portes des cieux ; et elle ne songe plus qu’à leur prêter sa voix et son cœur.
L’éclatante parure qui lui rappelait le blanc vêtement des bienheureux fait
place aux couleurs du deuil ; les ornements, les fleurs de ses autels, ont
disparu ; l’orgue se tait ; le glas des cloches semble la plainte des
trépassés. Aux Vêpres de la Toussaint succèdent sans transition les Vêpres des
morts [67].
[7] Apoc. VII, 9-10.
[8] Job. VII, 1.
[9] Apoc. VII, 11-14.
[10] I Cor. XV, 24.
[11] I. Cor. XV, 24-28.
[12] Isai. VI, 1-3.
[13] Heb. I, 3.
[14] I Cor. XI. 7.
[15] Apoc. XIX, 8.
[16] Ibid. 7.
[17] Ibid.
[18] Matth. V, 5.
[19] Psalm. CXXV.
[20] Heb. VI, 19-20.
[21] Apoc. XIX, 5.
[22] Psalm. CXXI.
[23] Cant. VI, 8.
[24] Tob. XIII, 7, 10.
[25] Psalm. CXLVIII, 14 ;
CXLIX, 9.
[26] Pontifical, rom.
Ant. in Eccl. dedicatione.
[27] Hymn. Ambros.
[28] Sequ. Dies iræ.
[29] Pontifical, rom.
Ant. in Eccl. dedicatione.
[30] Ex eodem, ibid. fere
ad verbum.
[31] Apoc. XXVII, 6.
[32] Psalm. LXXXI, 6.
[33] Collecta in die
Dedicationis Altaris ; Postcomm. Anniv. Ded. Eccl.
[34] Martyrolog. ad hanc.
diem.
[35] Liber pontific, in
Gregorio III.
[36] Ado, Martyrol.
[37] Concil. Gerund. an.
567, can. 3 ; Lugdun. II, an. 367, can. 6.
[38] Inter Opera Alcuini,
Epist. XCI, ad calcem.
[39] I Cor. XV, 28.
[40] Apoc. V, 10.
[41] Psalm. LXXXIII, 8.
[42] Invitator. festi.
[43] Liber specialis
gratiae, P.a, c. XXXI.
[44] Ibid.
[45] Dante, Paradis,
chant XXXI.
[46] Chant XXVII.
[47] Chant XXXI,
traduction de Mesnard.
[48] Liber specialis
gratiae, ubi supra.
[49] Pentecostarion, in
Dominica Sanctorum omnium.
[50] Leon. Philosoph.
Oratio XV, In universas terras Sanctos universos.
[51] Chrys. Opera II, 711.
[52] Calendaria Syrorum
et Chald.
[53] I Tim. VI, 1 2-13.
[54] Lectiones antiquae
Breviarii Romani ad hanc diem. HITTORP. Ordo rom.
[55] Cap. Si Dominum, De
Reliqu. et Veneratione Sanctorum, Clementin. III, XVI.
[56] Psalm. LXVI, 7.
[57] Luc. II, I.
[58] Lectio VII in Nocte
Natal. Domini ; ex Homil. VIII, in Ev.
[59] Psalm. LXVIII, 29.
[60] Rom. VIII, 29.
[61] Apoc. XIII, 16.
[62] Ibid. XIV, 11.
[63] Praefat. Missae.
[64] Tit. II, 11 ; III,
4.
[65] Ibid. II, 12-13.
[66] Exod. XXV, 40 ; Heb.
VIII, 5.
[67] Si le lendemain de
la Toussaint se trouve être un dimanche, la Commémoration des Morts est
retardée d’un jour.
Dom Pius Parsch, le Guide
dans l’année liturgique
Introduction à la fête :
commentaire des Matines Nous pouvons deviner la joie, le bonheur et la félicité
de notre Mère l’Église quand il lui est donné de passer une revue de tous ses
enfants qui ont atteint leur fin éternelle, qui sont entrés dans la céleste
patrie et qui jouissent de l’éternelle vision de Dieu. Elle, la Mère, qui a
tant lieu de craindre sur terre pour le salut de ses enfants, qui doit lutter
contre l’ennemi du genre humain, qui se voit contrainte à tant de désillusions
dues à l’infidélité et à la faiblesse de ses enfants, elle peut entonner
aujourd’hui un joyeux Te Deum, un Magnificat de reconnaissance pour le triomphe
de ceux de ses enfants qui ont combattu le bon combat et remporté la couronne
de vie. C’est pourquoi, à la fête de demain, l’Église tient ses yeux fixés sur
les saints ; avec la joie et la fierté d’une mère, elle ne cesse de parcourir
des yeux leurs rangs. Quand nous considérons la liturgie de demain, nous y
trouvons spécialement trois images par lesquelles l’Église nous présente les
saints. Examinons ces images.
a) La première image est
une joyeuse vision du ciel. L’Église nous prend par la main et nous conduit au
ciel, Qu’y voyons-nous ? C’est la liturgie céleste bien connue que saint Jean
l’évangéliste, le voyant de Pathmos, nous peint en brillantes couleurs. Nous
entrons dans la basilique céleste. Là se trouve un trône élevé, entouré de
Chérubins, sur lequel est assis Dieu le Père. Devant le trône il y a un autel ;
sur cet autel, l’Agneau immolé et glorifié ; c’est Jésus-Christ, le Rédempteur.
Autour de l’autel sont rassemblés vingt-quatre vieillards, les représentants de
l’ancien et du nouveau royaume de Dieu sur la terre ; en cercle alentour se
tient une foule d’élus composée d’un certain nombre de Juifs, puis d’une multitude
innombrable venant du paganisme, de toute race, de tout peuple et de toute
nation. Ils sont vêtus de blanc, portent des palmes dans leurs mains et
chantent un cantique nouveau : “Vous nous avez rachetés par votre sang, nous
qui venons de toute race, de tout peuple et de toute nation. Vous nous avez
faits rois et prêtres pour notre Dieu, afin que nous régnions sur la terre.”
Les quatre Chérubins disent Amen et les vingt-quatre vieillards se prosternent
en adorant Dieu et l’Agneau. Et l’Alléluia retentit sans fin. — A cette troupe
nous voulons appartenir, nous aussi, un jour. Rejetons donc les chaînes qui
nous tiennent attachés à la terre et montons en esprit au ciel...
b) Maintenant l’Église
nous montre une autre image de ses saints enfants. Elle nous ramène sur terre
et nous fait voir les saints dans leur accession à la sainteté, c’est-à-dire
dans .la réalisation des huit béatitudes du sermon sur la montagne. C’est
vraiment un tout autre spectacle. Nous voyons alors les disgraciés de ce monde
qui parfois manquent du pain quotidien, un père, une mère qui gagnent
péniblement le pain de leurs enfants, des esclaves injustement traités pendant
leur vie, les héros silencieux de la vie qui ne protestent pas bruyamment
contre leurs souffrances, mais les supportent courageusement, les malades
cloués sur un lit de douleur, ceux qui se consument de chagrin et dont les
joues sont sillonnées de larmes. A vrai dire, ce n’est pas la souffrance seule
qui les a sanctifiés, mais ils l’ont reçue de la main de Dieu et en ont fait le
tremplin de leur sainteté. A côté d’eux il y a des pacifiques et des
miséricordieux, des âmes innocentes et pures. — C’est un chemin de croix qui se
déroule devant nous : ce sont sans doute des hommes insignifiants aux yeux du
monde, mais le monde n’était pas digne d’eux. Ils sont l’honneur de l’Église,
de vrais saints. Voulons-nous, nous aussi, suivre cette voie ?
c) Mais l’Église a encore
une troisième image dans laquelle elle se plaît à rassembler tous les saints ;
c’est ce que l’on nomme le commun. L’Église range volontiers en groupes les
saints qui ont mis en relief chacun des aspects de l’idéal de la sainteté.
Alors quel dans le cours de l’année, elle éparpille le faisceau de ces couleurs
variées, elle veut aujourd’hui en voir rassemblées toutes les parties dans la
claire lumière du soleil de la Toussaint. Aux Matines, l’Église nous montre
précisément cette image de tous les saints rassemblés. Au milieu d’eux se tient
Dieu le Père, “assis sur un trône haut et élevé ; les franges de sa robe remplissent
le temple ; des séraphins planent au-dessus de lui” (1er répons). Devant le
trône, la première parmi tous les saints, se tient Marie, la Mère de Dieu. La
milice des anges la salue de l’Ave : “Je vous salue. Marie, pleine de grâce ;
le Seigneur est avec vous” (2e répons). Vient ensuite le chœur des anges ; eux
aussi font partie de l’armée des saints : “En présence des anges nous
chanterons pour vous, et nous vous adorerons dans votre sanctuaire” (3e
répons). Maintenant se tient devant nous un saint qui n’appartient à aucun
groupe, le précurseur du Seigneur dont le Christ a dit lui-même : “Personne n’a
été plus grand parmi les enfants des femmes que Jean Baptiste” (4e répons).
Ensuite voici une cohorte vénérable, la cohorte de ceux qui ont planté l’Église
dans leur sang, “ils ont bu le calice du Seigneur, ils sont devenus les amis de
Dieu. Sur toute la terre retentit le son de leurs voix et jusqu’aux extrémités
du globe leur prédication” (5e répons). Ce sont les Apôtres du Seigneur, qui
ont une place de choix dans l’Église de Dieu. Après eux vient la milice des
martyrs, vêtus de blanc et des palmes à la main. Dur a été leur combat,
magnifique est leur récompense. Le Christ leur adresse maintenant son
invitation : “Venez, les bénis de mon Père, prenez possession du royaume” (6e
répons). Puis une nouvelle phalange approche à son tour. Ceux-ci ont “les reins
ceints et une lampe allumée à la main”. Ils ont veillé et .attendu que le
Seigneur revint de la noce. Ce sont les confesseurs (7e répons). Enfin un dernier
groupe, celui des vierges. Elles aussi ont une lampe à la main et vont à la
rencontre du Christ, leur Époux, avec un amour et une ardeur d’épouses (8e
répons). — A quel groupe voulons-nous appartenir ? Voulons-nous acquérir les
roses du martyre, fussent elles non sanglantes, ou les lis d’une vie pure, ou
les violettes de la pénitence ? Combattons ; ne demeurons pas inactifs, les
bras croisés. Nous sommes encore en route, nous sommes encore dans la lutte,
persévérons dans la patience afin de pouvoir entrer, nous aussi, dans la
phalange victorieuse des saints.
La Messe (Gaudeamus). La
messe ressemble par son architecture et par son contenu à celle d’hier
(Vigile). L’Introït nous invite à prendre part à la joyeuse fête de famille. Il
y a joie sur terre, joie au ciel. Avec une intime fierté de mère, l’Église
embrasse d’un coup d’œil tout le chœur de l’Église triomphante et s’assure
l’intercession protectrice de ses membres glorifiés (Oraison). La Leçon nous
conduit au ciel. Saint Jean nous y fait jeter un regard ; nous voyons alors
l’immense armée des saints rassemblée autour du trône de Dieu et chantant de
pieux cantiques. Une partie des saints, une foule, mais que l’on peut
dénombrer, provient du Judaïsme ; tandis que d’innombrables phalanges sont issues
des nations païennes. Tous ont été purifiés de leurs péchés par le sang de
l’Agneau et portent maintenant dans leurs mains la palme de la victoire. Le
Graduel et le verset de l’Alléluia nous ramènent sur terre et nous montrent le
chemin du ciel : servir Dieu et porter la croix. Les huit béatitudes nous
indiquent la voie qui conduit à la sainteté, “ la grande voie royale du Christ,
l’échelle d’or de la félicité éternelle ”. La vie des saints est la mise en
œuvre des béatitudes. La Communion met encore une fois en un vif relief ces
béatitudes qui sont engendrées, nourries et conservées par l’Eucharistie. En
même temps, nous apprenons où est la source de ces vertus et de ces béatitudes
; c’est la Sainte Eucharistie : “Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils
verront Dieu ; bienheureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de
Dieu ; bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le
royaume des cieux leur appartient.” La grande pensée fondamentale de la messe
est donc celle-ci : les saints au ciel (Épître) et les saints sur la terre
(Évangile). — En terminant la fête (secondes vêpres), nous nous écrions avec un
pieux étonnement : “Combien glorieux est le royaume où les saints exultent avec
le Christ, suivant, vêtus de blanc, l’Agneau partout où il va.”
Allerheiligenkirche
am Kreuz, Monaco di Baviera.
Bhx Cardinal
Schuster, Liber Sacramentorum
L’automne avancé, la
chute des feuilles jaunies, le long cycle des dimanches après la Pentecôte,
accompagné de ce sentiment de mélancolique lassitude qui en pénètre la dernière
période, rappellent l’âme aux pensées solennelles de l’éternité et du monde d’outre-tombe,
dont les jours et les années qui passent nous rapprochent. Le Voyant de Pathmos
nous fait pour ainsi dire anticiper la clôture de ce long cycle, où est
symbolisée la dure vie de l’Église militante : aujourd’hui il soulève pour nous
un coin du voile et nous montre l’Église triomphante dans toute la splendeur de
sa gloire.
Au début de cette période
liturgique qui va de la Pentecôte à l’A vent, on annonçait que l’Esprit
Paraclet glorifierait Jésus : Ille me clarificabit. Aujourd’hui l’on voit qu’il
a tenu sa promesse, en répandant sur le corps mystique du Sauveur une si grande
sainteté qui a été le germe d’une si grande gloire.
Une fête collective de
tous les martyrs, en relation avec le triomphe pascal du Rédempteur, apparaît
en Syrie dès le IVe siècle. Les Byzantins la célébraient au contraire le
dimanche près la Pentecôte, usage qui fut jadis introduit également à Rome,
comme en fait foi le plus ancien Comes publié par D. Morin d’après le célèbre
manuscrit de Würzbourg : Dominica in natale Sanctorum.
Cette fête transplantée
de Byzance sur les rives du Tibre fut toutefois de courte durée. Dans la
semaine après la Pentecôte, une ancienne tradition imposait aux Romains le
jeûne solennel des Trois-Temps avec la grande veillée dominicale à Saint-Pierre.
Il était impossible, après la fatigue de cette nuit, de célébrer encore, dans
la matinée, la solennité de tous les Saints. On renonça donc à l’usage
byzantin, il fallut se contenter de la fête du 13 mai en l’honneur des martyrs,
jadis instituée par Boniface IV lorsqu’il consacra le Panthéon au culte
chrétien.
Cependant la pensée d’une
solennité collective de tous les saints, et non pas simplement des martyrs,
gagnait de plus en plus de terrain. Tandis qu’en Orient les Iconoclastes
détruisaient images et reliques, et qu’en Italie, en plein Latium, les
cimetières des martyrs gisaient dans l’abandon à cause des continuelles
incursions des Lombards dans la campagne romaine, Grégoire III érigea à
Saint-Pierre un oratoire expiatoire en l’honneur de tous les Saints, Martyrs ou
Confesseurs, morts dans le monde entier. Un chœur de moines était attaché au
service liturgique de ce sanctuaire Vatican ; et chaque jour on faisait même, à
la messe, une commémoraison spéciale de tous les Saints dont les diverses églises
de la catholicité célébraient le natale.
Comment Rome en vint-elle
à célébrer aux calendes de novembre la fête de tous les Saints, cela n’est rien
moins que clair. Ce changement se fit sous Grégoire IV (827-844), et l’action
de Louis le Pieux et de l’épiscopat franc n’y fut pas étrangère ; mais il n’est
pas absolument prouvé que l’initiative vînt du Pape plutôt que de l’empereur.
Plus tard, Sixte IV ajouta une octave à la fête.
L’introït Gaudeamus...
sub honore Sanctorum omnium est le même qui fut primitivement assigné à la fête
de sainte Agathe (5 février).
Les autres jours, la
liturgie célèbre la mémoire d’un ou de plusieurs saints en particulier.
Aujourd’hui au contraire le Seigneur multiplicavit gentem et magnificavit
laetitiam, selon la parole d’Isaïe ; aussi la glorification du Christ et de
l’Église en ce jour est-elle complète.
L’Esprit du Seigneur,
comme cette mystérieuse onction d’huile aromatique dont parle le Psalmiste,
s’est répandu sur tout le corps mystique du Christ, sanctifiant tous ses
membres quelque humbles qu’ils soient, et le préparant par ce moyen à une
gloire sublime. Ce sont les Apôtres, les martyrs, les membres de la hiérarchie
ecclésiastique, le laïcat catholique, les laborieux ouvriers, jusqu’aux pauvres
esclaves, sur qui est descendu le Paraclet qui les a élevés à une sainteté héroïque.
Telle est la belle pensée exprimée en ce jour par l’antienne d’introït.
On trouve déjà la
première collecte dans le Sacramentaire Gélasien ; elle y est assignée à une
fête collective de tous les Apôtres, fête devant se célébrer dans l’octave des
saints Pierre et Paul : « O Dieu qui nous accordez de vénérer dans une unique
solennité les mérites de tous vos Saints (Apôtres), faites qu’aujourd’hui,
grâce à cette multitude d’intercesseurs, vous soyez plus disposé à nous combler
de la plénitude de vos miséricordes. »
La première lecture — et
cela est très significatif relativement à l’origine de cette fête — est la même
que pour la dédicace du Panthéon le 13 mai (Apoc., VIII, 2-12). Le Voyant de
Pathmos aperçoit une grande porte ouverte devant lui, et par cette porte entre
dans le ciel une immense multitude. Ce ne sont pas seulement les cent quarante
quatre mille descendants prédestinés d’Abraham, mais une turbam magnam de tout
âge, de tout sexe, de toute époque, de toute condition de vie, qui entrent au Paradis
en passant par la porte qui est Jésus. Il n’est donc plus si difficile de se
sauver, puisque saint Jean lui-même écrit qu’il n’a pu arriver à compter le
nombre interminable des élus.
Il y a cependant une
condition essentielle. Ceux qui arrivent au salut portent tous un sceau sur le
front, et c’est le caractère d’appartenance et de conformité au Père éternel et
à son Christ. Ce sceau, au dire d’Ézéchiel, a la forme du Thau et il est
imprimé sur le front de ceux qui pleurent et qui gémissent. Signa Thau super
frontes virorum gementium et dolentium. Que veut-il dire par là ? L’Apôtre nous
l’explique en nous apprenant que : sicut socii passionum estis, et
consolationis eritis ; la gloire future sera proportionnée à la part que nous
prendrons ici-bas au sacrifice de Jésus.
Le graduel Timete Dominum
est le même que celui du 8 août pour la fête de saint Cyriaque. Le verset
alléluiatique prélude à la lecture de l’Évangile. Jésus appelle à lui tous ceux
qui peinent en portant la croix et il promet de les soulager.
Le jour où l’Église fête
ensemble tous les Saints, la lecture évangélique ne peut être autre que celle
des Béatitudes (Matth., V, 1-12). Tous y sont compris, et chacun y reçoit une
bénédiction particulière. Pour l’obtenir, point n’est besoin d’une naissance
illustre, d’une grande fortune, d’une science ou d’une habileté spéciale ; au
contraire, celui qui possède le moins en propre obtient davantage du don
céleste, et c’est pourquoi la première bénédiction est pour les humbles et les
pauvres d’esprit, c’est-à-dire pour ceux qui, en vue d’acquérir le Christ, se
sont dépouillés d’eux-mêmes et se sont faits petits, comme l’enfant de
l’Évangile donné par Jésus en modèle à ses Disciples.
L’antienne pour
l’offertoire, magnifique dans sa riche mélodie grégorienne qui rappelle celle
du Stetit Angelus, est la même que celle du 13 août pour la fête de saint
Hippolyte.
Les persécuteurs
croyaient tenir entre leurs mains la vie des martyrs et des Saints ; non : elle
est entre les mains de Dieu. Les impies ne sont que des instruments dont il se
sert pour forger tranquillement son chef-d’œuvre. Aussi la frénésie, la rage
furieuse sont seulement du côté des persécuteurs, véritables serfs attachés à
la glèbe. L’artisan et son chef-d’œuvre vivant, absorbés dans l’idéal qu’ils
poursuivent, sont plongés dans la paix la plus profonde, celle-là même qui est
requise pour toutes les œuvres géniales et difficiles.
Les Sacramentaires du
moyen âge nous offrent cette préface pour la fête de ce jour : ... Vere
dignum... aeterne Deus : et clementiam tuam suppliciter obsecrare, ut cun
exsultantibus Sanctis in caelestis regni cubilibus gaudia nostra subiungas. Et
quos virtutis imitatione non possumus sequi, debitas venerationis contingamus
affectu, per Christum etc.
L’antienne pour la
Communion est tirée de l’Évangile des Béatitudes de ce jour. Le monde, avec une
soif insatiable, aspire au bien-être ; la Vérité éternelle elle-même enseigne
aux hommes le chemin de cette félicité, quand, du haut d’une montagne, elle
proclame le décalogue du bonheur. Bienheureux ceux dont l’œil du cœur est pur,
car ils discerneront Dieu ; bienheureux ceux qui conserveront une paix
inaltérable, car ils se, feront par là reconnaître pour les véritables enfants
de Dieu, auteur de la paix ; bienheureux ceux qui, pour la vertu, souffrent
persécution, parce qu’en échange de la joie et de la vie d’ici-bas, ils
obtiendront là-haut la vie éternelle et une joie impérissable.
Remarquons aujourd’hui le
mot si profond par lequel la liturgie désigne l’Église militante : le peuple
fidèle, c’est-à-dire le peuple qui va droit devant soi vers l’éternité, avec
les yeux et la lumière de la foi. Quelle est la récompense de cette foi
catholique crue, et continuellement vécue, sans laquelle personne ne peut
s’arroger loyalement le titre de fidèle ? Fides quid tibi praestat ? demande
encore aujourd’hui l’Église aux catéchumènes. — Et ceux-ci répondent : vitam
aeternam.
Nous sommes heureux de
rapporter aujourd’hui, en l’honneur de tous les Saints, la belle inscription composée
par le pape Damase en mémoire de tous les justes ensevelis dans le cimetière de
Callixte :
HIC • CONGESTA • IACET •
QVAERIS • SI • TVRBA • PIORVM
CORPORA • SANCTORVM •
RETINENT • VENERANDA • SEPVLCHRA
SVBLIMES • ANIMAS •
RAPVIT • SIBI • REGIA • CAELI
HIC • COMITES • XYSTI •
PORTANT • QVI • EX • HOSTE • TROPHAEA
HIC • NVMERVS • PROCERVM
• SERVAT • QVI • ALTARIA • CHRISTI
HIC • POSITVS • LONGA •
QVI • VIXIT • IN • PACE - SACERDOS
HIC • CONFESSORES •
SANCTI • QVOS • GRAECIA • MISIT
HIC • IVVENES • PVERIQVE
• SENES • CASTIQVE • NEPOTES
QVIS • MAGE • VIRGINEVM •
PLACVIT • RETINERE • PVDOREM
HIC • FATEOR • DAMASVS •
VOLVI • MEA • CONDERE • MEMBRA
SED • CINERES • TIMVI •
SANCTOS • VEXARE - PIORVM.
Ici, si tu le veux
savoir, est assemblée une foule de justes, car ces sépulcres vénérables
renferment les ossements d’un grand nombre de Saints, dont le royaume du ciel a
tiré à lui les âmes sublimes.
Ici sont les compagnons
de Sixte, parés des trophées de la victoire remportée sur l’ennemi ; ici est le
groupe des Papes qui gardent l’autel du Christ ; ici est déposé le Pontife qui
passa ses jours dans une longue paix ; ici les saints Confesseurs, venus à nous
de la Grèce ; ici des jeunes gens, des enfants, des vieillards et leurs chastes
descendants qui voulurent conserver intact le lis de la virginité.
Ici je le confesse, moi
aussi, Damase, j’aurais désiré que mon corps reposât, mais la crainte de nuire
au repos des cendres des Saints m’en détourna.
Cette inscription se
trouvait dans l’hypogée des Pontifes du IIIe siècle, au lieu même où, avec
Sixte II, étaient ensevelis quatre de ses diacres, décapités avec lui — Comites
Xysti.
Le numerus procerum du
cinquième vers se rapporte à la série des Pontifes ensevelis dans le cimetière
de Callixte, depuis Zéphyrin jusqu’à Miltiade (sauf Callixte, Marcellin et
Marcel).
Le Sacerdos qui passa ses
jours dans une longue paix est généralement identifié avec le pape Miltiade,
qui vit finalement la paix de l’Église sous Constantin le Grand [68].
Les Confessores Sancti
quos Graecia misit, sont certainement les martyrs Hippolyte, Néon, Marie,
Adria, Pauline, etc., ensevelis au lieu appelé l’arénaire d’Hippolyte, tandis
que parmi les iuvenes, castique pueri qui conservèrent intact le lis de leur
virginité, doivent être comptés tout d’abord l’acolyte Tarcisius et la martyre
Cécile qui reposaient dans le voisinage.
Par humilité, Damase
déclina l’honneur d’être enseveli au milieu de ses prédécesseurs dans l’hypogée
papal ; cependant, pour être près des martyrs, il imita le geste du pape Marc
et se fit construire à peu de distance une crypte spéciale, où il déposa aussi
le corps de sa mère Laurence et de sa sœur Irène, vierge consacrée à Dieu.
[68] Marucchi identifiait
ce Sacerdos avec le pape Marc (N. du T.).
SOURCE : http://www.introibo.fr/01-11-Fete-de-Tous-les-Saints
Toussaint : les mérites
des saints sont à nous !
Jean-Michel
Castaing | 31 octobre 2019
La communion des saints
représente un formidable réservoir de grâces dans lequel l’Église nous
encourage à piocher pour mener une vie plus ajustée au cœur de Dieu. N’hésitons
pas à nous approprier les mérites de nos frères les saints : eux-mêmes se
feront un plaisir de nous les offrir !
La solennité de la
Toussaint est l’occasion de se pencher sur le mystère de la communion des
saints. Les théologiens en fournissent plusieurs définitions. Soulignons
aujourd’hui un aspect de ce mystère de la foi que nous résumerons par la
formule-programme suivante, un brin provocatrice : s’approprier ce qui ne nous
appartient pas ! Je devine déjà la surprise du lecteur. Comment ? La communion
des saints s’apparenterait à un vaste système de larcins ? Une internationale
du détournement du bien d’autrui ? Cette présentation d’un point cardinal du
Credo a de quoi surprendre, voire scandaliser !
Un vaste réservoir de grâces
à notre disposition
Pourtant, avec la
communion des saints, il s’agit effectivement de faire nôtre ce qui appartient
à un autre ! En effet, par le mystère de la réversibilité des mérites, qui fait
partie intégrante de celui de la communion des saints, les mérites des élus
sont « réversibles » et peuvent être imputés aux chrétiens moins
avancés qu’eux dans la sainteté. Ainsi, j’ai le droit de prier tel ou tel saint
(ou sainte) afin qu’il me donne sa foi, ou l’espérance dont il a témoigné durant
sa vie terrestre, ou bien encore une autre qualité en sa possession (la
chasteté, l’endurance dans les épreuves, la compassion envers les plus démunis,
le courage du martyr, etc).
Lire aussi : Toussaint
: les malentendus de la sainteté
Non seulement cette
appropriation est possible, mais elle est même recommandée par notre Seigneur.
Car cet échange des mérites, cette bourse aux vertus, fait grandir le Royaume
de Dieu. Or, Jésus nous a avertis que le Royaume souffre violence (Mt
11, 12), c’est-à-dire qu’il ne faut pas hésiter à demander sa venue et à y
entrer. Et une des solutions pour y parvenir consiste à faire nôtres les vertus
et autres qualités de ceux qui sont déjà dans la Patrie céleste. Par exemple je
peux demander à saint Vincent de Paul de me donner son élan à venir en aide aux
plus pauvres, à Marie-Madeleine son attachement à la personne de Jésus, à saint
François son charisme de paix et de louange, à sainte Thérèse de Lisieux son
intelligence de la « petite voie », à tous les martyrs leur courage à confesser
la foi.
Bien commun de toute
l’Église
Si j’ai parlé de
« vol », c’était par façon de parler. En effet, une telle démarche ne
consiste pas, à proprement parler, à s’approprier indûment le bien d’autrui
pour la bonne raison que la vertu d’un saint ne lui appartient plus. Elle est
le bien commun de toute l’Église. Chacun peut en disposer. Encore faut-il le
vouloir ! Écoutons à ce propos ce que dit le mystique alsacien Jean Tauleur
(1300-1361) : « Si j’aime le bien qui est en mon prochain plus qu’il
ne l’aime lui-même, ce bien est à moi plus qu’à lui. Si j’aime en saint Paul
toutes les faveurs que Dieu lui a accordées, tout cela m’appartient au même
titre qu’à lui. Par cette communion je puis être riche de tout le bien qui est
au ciel et sur la terre, dans les anges, les saints et en tous ceux qui aiment
Dieu. »
Illustrons cette théorie
par un autre exemple qui parlera aux lecteurs. Admettons que j’éprouve quelques
difficultés à pardonner à N… le léger affront qu’il m’a fait. Comment vais-je
m’y prendre pour dire, à la messe, la demande du Notre Père : « Pardonne-nous
nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés » ?
Vais-je garder le silence ? Ou bien vais-je plutôt couler ma demande dans celle
de toute l’assemblée, afin que mes frères chrétiens, rassemblés à l’église, me
donnent leur grâce de pardon que je n’ai pas actuellement pour ma part ? Car le
Notre Père ne dit pas : « Pardonne-moi mes offenses » mais « Pardonne-nous nos
offenses » : dans la communion des saints, je peux toujours m’approprier une
demande de l’assemblée, alors que je ne nourris pas encore en moi-même le désir
de passer l’éponge et de pardonner ! Ce n’est pas là une défausse de ma part,
mais simplement l’aveu d’une incomplétude à laquelle le trésor de l’Église, le
trésor de mes frères et sœurs en Christ, remédie pour l’instant. Ce qui ne me
dispensera pas toutefois de faire des efforts sur moi-même pour aller me
réconcilier ultérieurement avec l’offenseur. Dans l’intervalle, je vis à crédit
avec le bien du pardon des autres !
Une vaste chaîne de
sainteté qui remonte jusqu’à Jésus-Christ
Allons plus loin : les
mérites et les grâces des saints ne leur ont jamais véritablement appartenu en
entier. Pour quelle raison ? Parce qu’en vertu de la même communion des saints,
eux-mêmes en ont été redevables à un autre saint, qui lui-même a dû sa sainteté
à un prédécesseur, et ainsi de suite jusqu’à Jésus-Christ. Par exemple Padre
Pio doit son charisme à François d’Assise, qui lui-même doit peut-être le sien
à un chrétien, ou une chrétienne, obscur(e), qui priait et vivait saintement au
XIe siècle pour le renouveau de l’Église. Et où cette âme fervente et
inconnue puisait-elle ses grâces, sinon dans le cœur du Christ ? Ainsi, en nous
appropriant le bien des saints, ou des anges, ou de nos frères, nous ne faisons
que puiser dans le trésor de Jésus ! Certes, la vertu de saint Paul est bien à
lui. Mais l’apôtre ne manque jamais, dans ses lettres, de préciser que ce ne
sont pas ses mérites qui l’ont fait devenir ce qu’il est, mais bien la foi en
Jésus. Saül de Tarse est devenu saint Paul grâce aux vertus de Jésus !
Jésus nous donne sa
sainteté
Sommes-nous alors des
voleurs en puisant à pleines mains dans les mérites du Fils de Dieu ? Nous le
serions si Jésus avait voulu les garder pour lui ! Mais ce n’est pas pour cela
que la seconde Personne de la Trinité s’est faite homme, mais au contraire afin
que nous devenions comme lui. Jésus a voulu de toutes ses forces nous partager
sa sainteté. Aussi sommes-nous en droit de faire nôtres ses belles qualités
afin de devenir des saints à notre tour. La communion des saints consiste bien
à nous approprier ce qui à l’origine ne nous appartenait pas !
Le vrai sens de la
Toussaint
Jean
Duchesne | 31 octobre 2016
Une occasion de
redécouvrir ce que signifient la sainteté, le Salut, le purgatoire, la
communion des saints et la résurrection des morts.
Comme chaque année le 1er novembre,
les chrétiens célèbrent la fête de tous les saints — la Toussaint. C’est
quelque chose qui, étrangement, résiste à la sécularisation. Comme Noël, Pâques
et la Pentecôte, ce jour demeure férié dans la quasi-totalité des pays de la
vieille chrétienté qui déclarent mortes et stériles leurs racines religieuses.
« La Toussaint,
c’est une occasion de se souvenir que la mémoire de Dieu n’est pas
sélective »
Les homélies du jour ne
manqueront pas de rappeler que les saints, ce ne sont pas uniquement ceux qui
sont au calendrier et donnés en modèle. Car c’est aussi et (même
proportionnellement surtout) la masse incalculable des inconnus et des oubliés
qui ont été sanctifiés. Entendons par là qu’ils ont été rendus saints,
c’est-à-dire assez purs pour être proches de Dieu en qui rien n’est corrompu
par son contraire ni divisé comme chez Satan (cf.
Lc 11, 18). Les saints sont donc tous ceux qui ont été sauvés des
contradictions où s’empêtre et se détruit l’homme qui entend se passer de son
Créateur. Ils ont été littéralement unifiés en se laissant unir à Dieu par leur
appartenance à l’Église, leur foi et leurs œuvres.
L’historiographie est
impuissante à recenser tous ces gens, autrement dit à mesurer l’ampleur du
Salut. Et il y a encore tout ceux auxquels leur droiture, même si elle n’était
qu’instinctive, a épargné l’auto-démolition bien qu’ils n’aient pas pu recevoir
le baptême parce qu’ils étaient nés trop tôt ou en un lieu où ils n’avaient
aucune chance que cette grâce leur soit concrètement offerte.
Lire aussi : Huit
façons de se rapprocher de ceux qu’on aime pendant les vacances de la Toussaint
La Toussaint, c’est donc
une occasion de se souvenir que la mémoire de Dieu n’est pas sélective comme la
nôtre et ne perd rien ni personne de vue en chemin. C’est aussi une incitation
à s’aviser que les morts, s’ils n’existent plus sous nos yeux, n’ont pas été
dissous dans un néant où tout serait désormais indifférent. Ce serait donc une
erreur aussi bien de les croire insensibles que de rester nous-mêmes
insensibles à leur sort — qui sera d’ailleurs un jour le nôtre. Ceci veut dire
que nous pouvons et devons d’une part prier pour eux, pour autant que leur
sanctification, autrement dit leur purification, n’était pas achevée à leur
décès – et c’est ainsi que nous pouvons comprendre le purgatoire. Mais nous
pouvons aussi, d’autre part, leur demander, même s’ils ne peuvent pas nous
répondre, de prier pour nous, dans la mesure où ils sont toujours capables
d’espérer non seulement pour eux-mêmes, mais encore pour ceux qu’ils ont aimés
et où l’oreille de Dieu (si l’on peut dire) n’est pas plus filtrante que sa
mémoire.
« En priant pour les
morts (…) nous sommes entraînés à participer à l’œuvre du Salut »
Parce que rien n’assure
que tous les morts sont déjà des saints, l’Église propose de prier pour tous
les défunts, quels qu’aient été leurs mérites et leurs manquements, dans le
prolongement immédiat de la Toussaint : le lendemain. Il s’agit bien sûr
d’abord de prier pour ceux – les proches que nous avons perdus – dont nous
savons qu’ils ont irréversiblement contribué à faire de nous ce que nous
sommes. Dieu ne s’est pas servi d’eux comme des produits jetables pour nous
créer et nous unir à lui en nous délivrant de nos contradictions. Comment ne pas
désirer pour eux la sainteté à laquelle, fût-ce malgré eux, ils nous permettent
d’aspirer et que Dieu, à qui nous désirons être unis, ne veut pas moins pour
eux que pour nous ?
Lire aussi : « L’Agneau
mystique », méditation sur la Toussaint universelle
Il s’agit ensuite de ne
pas craindre de solliciter leur aide, s’il est vrai qu’ils n’ont pas été
engloutis dans un vide, mais existent et ressentent encore, immatériellement et
pourtant réellement, dans l’attente de la résurrection promise au dernier jour,
qui ne sera pas une recréation ex nihilo. C’est quelque chose qui défie
notre imagination et fait pourtant partie intégrante et nécessaire de
notre Credo. En priant pour les morts, en leur demandant d’intercéder pour
nous, en montrant ainsi nos enfants ce qu’ils seront à leur tour appelés à
faire, nous sommes entraînés à participer à l’œuvre du Salut et commençons à en
bénéficier. C’est ce que l’on appelle la communion des saints.
« Si les morts ne
comptent pas, s’ils n’ont pas droit à la dignité humaine, à l’existence
humaine, la religion perd son sens »
Mais nous sommes aussi
invités à cette occasion à nous ouvrir bien au-delà de ce qui s’impose
immédiatement à nous, et à percevoir les dimensions cette communion des
saints : la solidarité que Dieu veut et rend possible entre tous ses
enfants ne se tisse pas simplement dans l’espace au moment que nous vivons,
mais encore à travers le temps. La Révélation chrétienne répond ici à deux
aspirations qui fondent la dignité de l’homme dans le monde : en premier
lieu, l’intuition que la réalité excède ce qu’il peut en connaître et
maîtriser ; et, par-delà, le pressentiment tout est conçu non comme une
mécanique complexe au point d’être finalement incompréhensible, mais selon une
gratuité d’une rigueur logique sans faille, qui n’invite pas la raison à
abdiquer mais la stimule.
Lire aussi : « C’est
la fête de la Toussaint mais c’est également la nôtre »
C’est ce que le cardinal
Lustiger a fort bien exprimé en 1987 dans Le
Choix de Dieu : « Je ne vois pas ce que pourrait signifier
l’universalité d’un Salut qui n’engloberait pas autant les morts — ceux que
nous appelons les morts — que les vivants. La totalité des hommes, c’est la
totalité de ceux qui, quelque part, sont dans la conscience divine, dans le
cœur de Celui qui est le Créateur et le Rédempteur de tous. Faute de quoi, nous
ne sommes qu’un tourbillon de moucherons engloutis par le devenir et par le
temps. Si les morts ne comptent pas, s’ils n’ont pas droit à la dignité
humaine, à l’existence humaine, la religion perd son sens. La condition humaine
ne se ramène pas à la condition biologique qui, elle, est périssable, précaire
et sans cesse remise en cause, et selon laquelle l’existence individuelle est
moins stable que l’existence de l’espèce. Cette vision, au fond matérielle, ne
permet de rendre compte ni de l’esprit humain ni de l’espérance dans l’homme ».
La tentation est grande
aujourd’hui en nos pays « riches » de se résigner à ce que l’homme ne
soit qu’un accident dans une histoire qui n’a pas de sens. C’est contre cette
démission que la Toussaint et le jour des morts nous appellent à croire et à
dire que la grandeur de l’homme n’est pas de se soumettre à l’absurde en
affirmant orgueilleusement qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion puisque
lui-même n’est pas aux commandes, mais d’ouvrir humblement son intelligence en
acceptant de recevoir pour donner et d’être ainsi uni au Créateur et Sauveur.
Fra
Angelico, Panneau central du retable de San Domenico, 1423,
National
Gallery, Londres.
Les clés d’une œuvre : le
retable de San Domenico de Fra Angelico
Sophie
Roubertie | 31 octobre 2019
Alors que l’Église
s’apprête à fêter la Toussaint, la partie inférieure du retable de San Domenico
à Fiesole nous laisse entrevoir la béatitude céleste et nous donne à contempler
le Christ vainqueur, vers lequel se tourne une multitude de saints et d’anges.
Réalisé en 1423 par Fra
Angelico, le retable de San Domenico illustre parfaitement la prière à tous les
saints laissée par saint Augustin :
« Reine de tous les
saints, glorieux Apôtres et Évangélistes, Martyrs invincibles, généreux
Confesseurs, savants Docteurs, illustres Anachorètes, dévoués Moines et
Prêtres, Vierges pures et pieuses femmes, je me réjouis de la gloire ineffable
à laquelle vous êtes élevés dans le Royaume de Jésus-Christ, notre divin
Maître. »
Lire aussi : Une
prière à tous les saints pour nous rapprocher de Dieu
Le peintre évoque en
effet la cité du Ciel en un long ruban de cinq panneaux juxtaposés où se
pressent, en rangs serrés, 300 personnages.
Au centre, en majesté, le
Christ Ressuscité est le seul à porter un vêtement blanc et une auréole
crucifère1. Des anges musiciens chantent sa gloire et l’accompagnent de leurs
instruments.
Sur les panneaux latéraux
figurent les saints et les saintes de l’ordre dominicain pour lequel a été
réalisé le retable, destiné à l’église de leur couvent de Fiesole, en Toscane.
Ordre auquel appartenait Fra Angelico.
Encadrant les anges, le
peintre mêle aux saints les précurseurs du Christ. Tranchant avec le noir et le
blanc du vêtement dominicain, les saints et les saintes portent des tenues aux
couleurs lumineuses. Certains sont aisément identifiables. On reconnaîtra en
particulier saint Pierre, à proximité immédiate de Marie, sur le panneau de
gauche. À droite, saint Jean-Baptiste est reconnaissable à sa croix de roseau
et son vêtement de peau de bête, en haut du panneau de droite.
L’or du fond est l’unique
décor. Il est utilisé pour représenter la lumière divine, dont les rayons
semblent émaner du Christ, éclairant le monde sans nul besoin ni du soleil, ni
de la lune, ni des étoiles. Matériau inaltérable, il est un hommage à la création
et illustre l’état de sainteté de ceux qui sont nimbés de son brillant durable.
Laissons saint Augustin
poursuivre cette belle litanie :
« Puissante armée
des saints, troupe bienheureuse des apôtres et évangélistes, des martyrs, des
confesseurs, des docteurs, des anachorètes et des moines, des prêtres, des
saintes femmes et des vierges pures, priez sans cesse pour nous misérables pécheurs. »
La prédelle2 a été
détachée de la scène principale du retable représentant une Vierge à l’enfant
entourée de saints.
Les cinq panneaux peints
à la tempera sur bois vers 1422 sont désormais conservés à la National Gallery
de Londres.
[1] En forme de croix
[2] La prédelle est une
étroite bande peinte courant sur toute la longueur d’un panneau principal ou
d’un polyptique. Elle vient en compléter le thème ou en aborder de différents,
en une ou plusieurs scènes.
All Saints' Day
The vigil of this feast is popularly called "Hallowe'en" or "Halloween".
Solemnity celebrated
on the first of November. It is instituted to honour all
the saints,
known and unknown, and, according to Urban
IV, to supply any deficiencies in the faithful's celebration
of saints' feasts during
the year.
In the early days
the Christians were
accustomed to solemnize the anniversary of a martyr's death
for Christ at
the place of martyrdom.
In the fourth century, neighbouring dioceses began
to interchange feasts,
to transfer relics,
to divide them, and to join in a common feast;
as is shown by the invitation of St.
Basil of Caesarea (397) to the bishops of
the province of Pontus.
Frequently groups of martyrs suffered
on the same day, which naturally led to a joint commemoration. In the persecution of Diocletian the
number of martyrs became
so great that a separate day could not be assigned to each. But the Church,
feeling that every martyr should
be venerated, appointed a common day for all. The first trace of this we find
in Antioch on
the Sunday after Pentecost.
We also find mention of a common day in a sermon of St.
Ephrem the Syrian (373), and in the 74th homily of St.
John Chrysostom (407). At first only martyrs and St.
John the Baptist were honoured by
a special day. Other saints were
added gradually, and increased in number when a regular process of canonization was
established; still, as early as 411 there is in the Chaldean Calendar
a "Commemoratio Confessorum" for the Friday after Easter.
In the West Boniface
IV, 13 May, 609, or 610, consecrated the
Pantheon in Rome to
the Blessed
Virgin and all the martyrs,
ordering an anniversary. Gregory
III (731-741) consecrated a chapel in
the Basilica
of St. Peter to all the saints and
fixed the anniversary for 1 November. A basilica of
the Apostles already
existed in Rome,
and its dedication was
annually remembered on 1 May. Gregory
IV (827-844) extended the celebration on 1 November to the
entire Church.
The vigil seems
to have been held as early as the feast itself.
The octave was
added by Sixtus
IV (1471-84).
Mershman,
Francis. "All Saints' Day." The Catholic Encyclopedia. Vol.
1. New York: Robert Appleton Company, 1907.1 Nov. 2019 <http://www.newadvent.org/cathen/01315a.htm>.
Transcription. This
article was transcribed for New Advent by Joseph P. Thomas. In Gratitude
to St. Joseph.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. March 1, 1907. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2020 by Kevin
Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/01315a.htm
SOLEMNITY OF ALL SAINTS
POPE FRANCIS
ANGELUS
Dear brothers and sisters, buongiorno!
Today we are celebrating
All Saints, and in the Liturgy the “programmatic” message of Jesus resounds:
namely, the Beatitudes (cf. Mt 5:1-12a). They show us the path that
leads to the Kingdom of God and to happiness: the path of humility, compassion,
meekness, justice and peace. To be a saint is to walk on this road. Let us now
focus on two aspects of this way of life. Two aspects that are proper to this
saintly way of life: joy and prophecy.
Joy. Jesus begins with
the word “Blessed” (Mt 5:3). It is the main proclamation, that of an
unprecedented happiness. Beatitude, holiness, is not a life plan made up only
of effort and renunciation, but is above all the joyful discovery of being
God’s beloved children. And this fills you with joy. It is not a human
achievement, it is a gift we receive: we are holy because God, who is the Holy
One, comes to dwell in our lives. It is he who gives holiness to us. This is
why we are blessed! The joy of the Christian, then, is not a fleeting emotion
or a simple human optimism, but the certainty of being able to face every
situation under God’s loving gaze, with the courage and strength that come from
him. Even in the midst of many tribulations, the saints experienced this joy
and bore witness to it. Without joy, faith becomes a rigorous and oppressive
exercise, and runs the risk of ailing with sadness. Let us consider this word:
ailing with sadness. A desert Father said that sadness is “a worm that burrows
into the heart”, which corrodes life (cf. Evagrius Ponticus, The Eight
Spirits of Evil, XI). Let us ask ourselves this: are we joyful Christians? Am I
a joyful Christian or not? Do we spread joy or are we dull, sad people, with a
funeral face? Remember that there is no holiness without joy!
The second aspect: prophecy.
The Beatitudes are addressed to the poor, the afflicted, those who hunger for
justice. It is a message that goes against the grain. Indeed, the world says
that in order to have happiness you must be rich, powerful, always young and
strong, and enjoy fame and success. Jesus overturns these criteria and makes a
prophetic proclamation — and this is the prophetic dimension of holiness — the
true fullness of life is achieved by following Jesus, by putting his Word into
practice. And this means another poverty, that is, being poor within, hollowing
oneself to make room for God. Those who believe themselves to be rich,
successful and secure base everything on themselves and close themselves off
from God and their brothers and sisters, whereas those who know that they are
poor and not self-sufficient remain open to God and to their neighbour. And
they find joy. The Beatitudes, then, are the prophecy of a new humanity,
of a new way of living: making oneself small and entrusting oneself to God,
instead of prevailing over others; being meek, instead of seeking to impose
oneself; practising mercy, instead of thinking only of oneself; committing
oneself to justice and peace, instead of promoting injustice and inequality,
even by connivance. Holiness is accepting and putting into practice, with God’s
help, this prophecy that revolutionises the world. So, we can ask ourselves: do
I bear witness to the prophecy of Jesus? Do I express the prophetic spirit I
received in Baptism? Or do I conform to the comforts of life and to my own
laziness, assuming that everything is fine if it is fine with me? Do I bring to
the world the joyful newness of Jesus’ prophecy or the usual complaints about
what is wrong? Questions that are good for us to ask ourselves.
May the Holy Virgin give
us something of her soul, that blessed soul that joyfully magnified the Lord,
who “has put down the mighty from their thrones, and exalted those of low
degree” (cf. Lk 1:52).
After the Angelus, the Pope continued:
Dear brothers and
sisters, I warmly greet all of you, people of Rome and pilgrims. I extend a
special greeting to participants in the Corsa dei Santi, (the Saints
Marathon) organised by the “Don Bosco in the World” Foundation. It is
important to promote the educational value of sport. Thank you also for your
initiative in favour of the children of Colombia.
Tomorrow morning, I will
go to the French Military Cemetery in Rome: it will be an opportunity to pray
for the eternal repose of all the deceased, especially for the victims of war
and violence. In visiting this cemetery, I join spiritually with all those who,
during these days, go to pray at the tombs of their loved ones, in every part
of the world.
I wish everyone a happy
feast of the Saints, in the spiritual company of all the Saints. Please do not
forget to pray for me. Enjoy your lunch. Arrivederci !
Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria
Editrice Vaticana
Église
Tutti i Santi (Tous-les-Saints), via San'Antonio Abate
dans
le borgo Sant'Antonio (littéralement bourg Saint-Antoine, centre historique de Naples ).
Elle
dépend de l'archidiocèse de Naples.
On All the Saints (St.
Gregory Thaumaturgus)
Grant
your blessing, Lord.
It was my desire to be
silent, and not to make a public display of the rustic rudeness of my
tongue. For silence is a matter of great consequence when one's
speech is mean. And to refrain from utterance is indeed an admirable thing,
where there is lack of training; and verily he is the highest philosopher who knows how
to cover his ignorance by abstinence from
public address. Knowing,
therefore, the feebleness of tongue proper to me, I should have preferred such
a course. Nevertheless the spectacle of the onlookers impels me to speak.
Since, then, this solemnity is
a glorious one
among our festivals, and the spectators form a crowded
gathering, and our assembly is one of elevated fervour in the faith,
I shall face the task of commencing an address with confidence. And this I
may attempt all the more boldly, since the Father requests me, and
the Church is
with me, and the sainted martyrs with
this object strengthen what is weak in me. For these
have inspired aged men to accomplish with much love a
long course, and constrained them to support their failing steps by the staff
of the word; and they have stimulated women to
finish their course like the young men, and have brought to this, too,
those of tender years, yea, even creeping children. In this wise have the martyrs shown
their power, leaping with joy in
the presence of death, laughing at the sword, making sport of the wrath of
princes, grasping at death as the producer of deathlessness, making
victory their own by their fall, through the body taking their leap
to heaven, suffering their members to be scattered abroad in order that
they might hold their souls,
and, bursting the bars of life, that they might open
the. gates of heaven. And if any one believes not that
death is abolished, that Hades is trodden under foot, that the chains
thereof are broken, that the tyrant is bound, let him look on the martyrs disporting themselves in
the presence of death, and taking up the jubilant strain of the victory
of Christ.
O the marvel! Since the hour
when Christ despoiled Hades, men have danced in
triumph over death. O death, where is your sting! O grave, where is your
victory? 1
Corinthians 15:55 Hades and the devil have
been despoiled, and stripped of their ancient armour, and cast out of their
peculiar power. And even as Goliath had his head cut off with his own sword, so
also is the devil,
who has been the father of death, put to rout through death; and he finds that
the selfsame thing which he was wont to use as the ready weapon of
his deceit, has become the mighty instrument of his own destruction. Yea,
if we may so speak, casting his hook at the Godhead, and seizing the wonted
enjoyment of the baited pleasure, he is himself manifestly caught
while he deems himself the captor, and discovers that in place of the man
he has touched the God. By reason thereof do the martyrs leap
upon the head of the dragon, and despise every species of
torment. For since the second Adam has
brought up the first Adam out
of the deeps of Hades, as Jonah was delivered out of the whale,
and has set forth him who was deceived as a citizen of heaven to the
shame of the deceiver, the gates of Hades have been shut, and
the gates of heaven have been opened, so as to offer an
unimpeded entrance to those who rise there in faith.
In olden time Jacob beheld a ladder erected reaching
to heaven, and the angels of God ascending and
descending upon it. But now, having been made man for man's sake, He
who is the Friend of man has
crushed with the foot of His divinity him who is the enemy of man,
and has borne up the man with the hand of His Christhood, and has
made the trackless ether to be trodden by the feet of man. Then the angels were ascending and
descending; but now the Angel of the great counsel neither ascends
nor descends: for whence or where shall He change His position, who is present
everywhere, and fills all things, and holds in His hand the ends of the world?
Once, indeed, He descended, and once He ascended,— not, however, through
any change of nature, but only in the condescension of His
philanthropic Christhood; and He is seated as the Word with
the Father,
and as the Word He dwells in the womb, and as the Word He
is found everywhere, and is never separated from the God of
the universe. Aforetime did
the devil deride
the nature of
man with great laughter, and he has had his joy over
the times of our calamity as his festal-days. But the laughter is only a three
days' pleasure, while the wailing is eternal;
and his great laughter has prepared for him a greater wailing and ceaseless
tears, and inconsolable weeping, and a sword in his heart. This sword
did our Leader forge against the enemy with fire in
the virgin furnace, in such wise and after such fashion as He willed,
and gave it its point by the energy of His invincible divinity, and dipped it
in the water of an undefiled baptism,
and sharpened it by sufferings without passion in them, and made it
bright by the mystical resurrection; and herewith by Himself He put
to death the vengeful adversary, together with his whole host.
What manner of word, therefore, will express our joy or
his misery? For he who was once an archangel is now a devil;
he who once lived in heaven is now seen crawling like
a serpent upon earth; he who once was jubilant with the cherubim,
is now shut up in pain in the guard-house of swine; and him, too, in
fine, shall we put to rout if we mind those things which are contrary
to his choice, by the grace and
kindness of our
Lord Jesus Christ, to whom be the glory and
the power unto the ages of the ages. Amen.
Source. Translated
by S.D.F. Salmond. From Ante-Nicene Fathers, Vol. 6. Edited
by Alexander Roberts, James Donaldson, and A. Cleveland Coxe. (Buffalo,
NY: Christian Literature Publishing Co., 1886.) Revised and edited
for New Advent by Kevin
Knight. <http://www.newadvent.org/fathers/0610.htm
Copyright © 2020 by Kevin
Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/fathers/0610.htm
Miniature
from the Jenyns Lectionary in the British Library (Royal Collection MS 2 B
XIII) depicting the company of Heaven and All Saints c. 1508. Given by Sir
Stephen and Dame Margaret Jenyns to St Mary Aldermanbury church, London.
British Library Catalogue of Illuminated Manuscripts. Released under CCO 1.0
Universal Public Domain Dedication
The Solemnity of All
Saints
All Saint’s Day (or
officially The Solemnity of All Saints) is instituted to honor all the saints,
known and unknown, and, according to Urban IV, to supply any deficiencies in
the faithful’s celebration of saints’ feasts during the year. In the early days
the Christians were accustomed to solemnize the anniversary of a martyr’s death
for Christ at the place of martyrdom.
In the fourth century,
neighboring dioceses began to interchange feasts, to transfer relics, to divide
them, and to join in a common feast; as is shown by the invitation of St. Basil
of Caesarea (397) to the bishops of the province of Pontus.
Frequently groups of
martyrs suffered on the same day, which naturally led to a joint commemoration.
In the persecution of Diocletian the number of martyrs became so great that a
separate day could not be assigned to each. But the Church, feeling that every
martyr should be venerated, appointed a common day for all. The first trace of
this we find in Antioch on the Sunday after Pentecost. We also find mention of
a common day in a sermon of St. Ephrem the Syrian (373), and in the 74th homily
of St. John Chrysostom (407).
At first only martyrs and
St. John the Baptist were honored by a special day. Other saints were added
gradually, and increased in number when a regular process of canonization was
established; still, as early as 411 there is in the Chaldean Calendar a
“Commemoratio Confessorum” for the Friday after Easter. In the West Boniface
IV, 13 May, 609, or 610, consecrated the Pantheon in Rome to the Blessed Virgin
and all the martyrs, ordering an anniversary. Gregory III (731-741) consecrated
a chapel in the Basilica of St. Peter to all the saints and fixed the
anniversary for 1 November. A basilica of the Apostles already existed in Rome,
and its dedication was annually remembered on 1 May. Gregory IV (827-844)
extended the celebration on 1 November to the entire Church.
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/all-saints-day/
Litaniae Sanctorum
(Litany of the Saints)
The Litany of the Saints
(Latin, Litania Sanctorum) is a sacred prayer of the Roman Catholic Church. It
is a prayer of invocation to the Triune God, and prayers for the intercession
of the Blessed Virgin Mary, the Angels and all the martyrs and saints upon whom
Christianity was founded.
It is most prominently
sung during the Paschal Vigil at the beginning of Sacraments of Initiation for
those to be received that night into the Church, in other celebrations of the
Sacrament of Baptism (the first of the Sacraments of Initiation,) and in the
liturgy for Holy Orders.
Écouter : http://www.ucatholic.com/videos/the-litany-of-saints/
Willem Vrelant (Flemish, died 1481, active 1454 -
1481) 1481 – illuminator (Flemish), All Saints, circa 1460, Tempera colors,
gold leaf, and ink on parchment, 256 x 173, Getty
Center
Solemnity of All Saints
"'Be holy as I am
holy,' says the Lord. As Christians we are all called to holiness because we
are His children. Every Christian should be a saint. Indeed, for a Christian to
live in a state of sin is a monstrous contradiction."
--Curé d'Ars.
It has recently been
claimed that the decline in the cult of saints and in pilgrimages to holy
places is spiritually beneficial for Christians, so that their attention will
be turned exclusively towards Jesus. There is, however, a danger to the faith
in attempting to become too intellectual and sophisticated, and thereby
becoming too cold, methodical, and rational. In the face of the divine
mysteries and matters that are beyond human comprehension our minds should be
kept open.
"The saints are like
so many little mirrors in which Jesus Christ sees Himself. In His apostles He
sees His zeal and love for the salvation of souls; in the martyrs He sees His
constancy, suffering, and painful death; in the hermits He sees His obscure and
hidden life; in the virgins He sees His spotless purity; and in all the saints
He sees His unbounded charity. And when we honor the virtues of the saints, we
are but worshipping the virtues of Jesus Christ. . . ." -
- Curé d'Ars
We render God a worship
of adoration and dependence with faith, hope, love, and a profound humbling of
our souls before His supreme Majesty. We honor the saints with a feeling of
respect and veneration for the favors God granted them, for the virtues they practiced,
and for the glory with which God has crowned them in heaven. We commend
ourselves to their prayers.
"It is a most
precious grace that God should have destined the saints to be our protectors
and our friends. Saint Bernard said that the honor we give them is less a glory
for them than a help to us, and that we may call upon them with full confidence
because they know how greatly we are exposed to dangers on earth, for they
remember the perils that they themselves had to face during their lifetimes."
-- Curé d'Ars.
The friendship that binds
us to all the saints, and which is encouraged and commemorated by the
feast-days of the Church, is not the invention of a handful of bigots or a
commercial stunt manufactured by merchants of religious medallions. The
communion of saints answers a definite need, and insofar as we neglect any one
of the forms of spiritual life we are cutting ourselves off from a source of
divine grace and making ourselves just a little blinder than we are already.
We too can be saints and
we must all strive to become so.
"The saints were
mortals like us, weak and subject to the passions, as we are. We have the same
help, the same means of grace, the same sacraments, but we must be like them
and renounce the pleasures of the world, shunning the evils of the world as
much as we can and remaining faithful to grace. We must take the saints as our
models or be damned, that we must live either for heaven or for hell. There is
no middle way."
--the Curé d'Ars.
The Church has celebrated
some feast in honor of the saints from the period of primitive Christianity.
There is tentative evidence of the celebration to honor all the martyrs in the
writings of Tertullian (died 223) and Gregory of Nyssa (died 395). It was
definitely observed at the time of Saint Ephraem (died 373), who in the
Nisibene Hymnus mentions a feast kept in honor of "the martyrs of all the
earth" on May 13. It should be noted that on May 13, c. 609, Pope Saint
Boniface IV dedicated the Pantheon of Rome in honor of our Lady and all
martyrs--another instance of something pagan baptized by Christianity for a new
purpose dedicated to God. The Venerable Bede says that the pope designed that
"the memory of all the saints might in future be honored in the place
which had formerly been devoted to the worship, not of gods, but of
demons."
By 411 as indicated in
the Syriac Short Martyrology, throughout the Syrian Church the Friday in the
Octave of Easter was celebrated as the feast of "all the martyrs."
Chaldean Catholics still maintain Easter Friday in honor of the martyrs.
Since at least the time
of Saint John Chrysostom (died 407), the Byzantine churches have kept a feast
of all the martyrs on the Sunday after Pentecost (Chrysostom, A panegyric of
all the martyrs that have suffered throughout the world).
We are not quite sure how
November 1 came to be commemorated in honor of all the saints in the West. We
do know that by AD 800, Blessed Alcuin was in the habit of keeping the
solemnitas sanctissima of All Saints on November 1, preceded by a three-day
fast. His friend Bishop Arno of Salzburg had presided over a synod in Bavaria
(Germany) which included that day in its list of holy days (Walsh).
Why has the Church
included such a day in its calendar? To honor all the saints--known and unknown
to us--reigning together in glory; to give thanks to God for the graces with
which He crowns all the elect; to excite ourselves to humble imitation of their
virtues; to implore the Divine Mercy through the help of these intercessors; and
to repair any failures in not having properly honored God in His saints on
their individual feast days.
Saint Bernard wrote:
"It is our interest to honor the memory of the saints, not theirs. Would
you know how it is our interest? from the remembrance of them I feel, I
confess, a triple vehement desire kindled in my breast--of their company, of
their bliss, and of their intercession.
"First, of their
company. To think of the saints is in some measure to see them. Thus we are in
part, and this the better part of ourselves, in the land of the living,
provided our affection goes along with our thoughts or remembrance: yet not as
they are. The saints are there present, and in their persons; we are there only
in affection and desires. Ah! when shall we join our fathers? when shall we be
made the fellow-citizens of the blessed spirits, of the patriarchs, prophets,
apostles, martyrs, and virgins? when shall we be mixed in the choir of the
saints?
"The remembrance of
each one among the saints is, as it were, a new spark, or rather torch, which
sets our souls more vehemently on fire, and makes us ardently sigh to behold
and embrace them, so that we seem to ourselves even now to be amongst them. And
from this distant place of banishment we dart our affections sometimes towards
the whole assembly, sometimes towards this, and sometimes that happy spirit.
What sloth is it that we do not launch our souls into the midst of those happy
troops, and burst hence by continual sighs! The church of the first-born waits
for us; yet we loiter. The saints earnestly long for our arrival; yet we
despise them. Let us with all the ardor of our souls prevent those who are
expecting us; let us hasten to those who are waiting for us."
Secondly, he mentions the
desire of their bliss; and, lastly, the succor of their intercession, and adds:
"Have pity on me, have pity on me, at least you, my friends. You know our
danger, our frail mould, our ignorance, and the snares of our enemies; you know
our weakness, and the fury of their assaults. For I speak to you who have been
under the like temptation; who have overcome the like assaults; have escaped
the like snares; and have learned compassion from what you yourselves have
suffered.--We are members of the same Head.--Your glory is not to be
consummated without us. . . ." (Bernard of Clairvaux, Serm. 5 de fest.
omnium sanct., n. 5, 6).
In his sermon on the
Vigil of Saints Peter and Paul, Bernard also writes: "He who was powerful
on earth is more powerful in heaven, where he stands before the face of his
Lord. And if he had compassion on sinners, and prayed for them while he lived
on earth, he now prays to the Father for us so much the more earnestly as he
more truly knows our extreme necessities and miseries; his blessed country has
not changed, but increased his charity. Though now impassible, he is not a
stranger to compassion: by standing before the throne of mercy, he has put on
the tender bowels of mercy. . . ."
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/1101.shtml
All
Saints Day, Holy Cross Cemetery in Gniezno, Poland, November 1st 20017
Celebración
de Todos los Santos, cementerio de la Santa Cruz, Gniezno, Polonia, 1 de
noviembre 2017
Cimitero
durante Tutti i Santi in Cimeterio di Santa Croce, Gniezno Polonia, 1
novembre 2017
Uroczystość
Wszystkich Świętych, Cmentarz św. Krzyża w Gnieźnie, Polska, 1 listopada 2017
Photographie
de Diego Delso
All Saints
THE CHURCH in this great
festival honours all the saints reigning together in glory; first, to give
thanks to God for the graces and crowns of all his elect; secondly, to excite
ourselves to a fervent imitation of their virtues by considering the holy example
of so many faithful servants of God of all ages, sexes, and conditions, and by
contemplating the inexpressible and eternal bliss which they already enjoy, and
to which we are invited: thirdly, to implore the divine mercy through this
multitude of powerful intercessors; fourthly, to repair any failures or sloth
in not having duly honoured God in his saints on their particular festivals,
and to glorify him in the saints which are unknown to us, or for which no
particular festivals are appointed. Therefore our fervour on this day ought to
be such, that it may be a reparation of our sloth in all the other feasts of
the year; they being all comprised in this one solemn commemoration, which is
an image of that eternal great feast which God himself continually celebrates
in heaven with all his saints, whom we humbly join in praising his adorable
goodness for all his mercies, particularly for all treasures of grace which he
has most munificently heaped upon them. 1 In
this and all other festivals of the saints, God is the only object of supreme
worship, and the whole of that inferior veneration which is paid to the saints
is directed to give sovereign honour to God alone, whose gifts their graces
are: and our addresses to them are only petitions to holy fellow-creatures for
the assistance of their prayers to God for us. When therefore we honour the
saints, in them and through them we honour God, and Christ true God and true
Man, the Redeemer and Saviour of mankind, and King of the Saints, and the
source of all their sanctity and glory. In his blood they have washed their
robes: from him they derive all their purity, whiteness, and lustre. We
consider their virtues as copies taken from him the great original, as streams
from his fountain, or as images of his virtues produced by the effusion of his
spirit and grace in them. His divine life is their great exemplar and
prototype, and in the characteristical virtues of each saint, some of his most
eminent virtues are particularly set forth; his hidden life in the solitude of
the anchorets; his spotless purity in the virgins; his patience or charity in
some; his divine zeal in others; in them all in some degree his plenitude of
all virtue and sanctity. Nor are the virtues of the saints only transcripts and
copies of the life or spirit of Christ; they are also the fruit of his
redemption; entirely his gifts and graces. And when we honour the saints we
honour and praise him who is the Author of all their good; so that all
festivals of saints are instituted to honour God and our Blessed Redeemer.
In all feasts of saints,
especially in this solemn festival of All Saints, it ought to be the first part
of our devotion to praise and thank God for the infinite goodness he has
displayed in favour of his elect. A primary and most indispensable homage we
owe to God, is that of praise, the first act of love, and complacency in God
and his adorable perfections. Hence the psalms, the most perfect and inspired
model of devotions, repeat no sentiments so frequently or with so much ardour
as those of divine adoration and praise. This is the uninterrupted sweet
employment of the blessed in heaven to all eternity; and the contemplation of
the divine love, and other perfections, is a perpetual incentive inflaming them
continually afresh in it, so that they cannot cease pouring forth all their
affections, and exhausting all their powers: and conceive every moment new
ardour in this happy function of pure love. So many holy solitaries of both
sexes in this life have renounced all commerce and pleasures of the world, to
devote themselves wholly to the mixed exercises of praise and love, and of
compunction and humble supplication. In these, all servants of God find their
spiritual strength, refreshment, advancement, delight, and joy. If they are not
able here below to praise God incessantly with their voice or actual affections
of their hearts, they study to do it always by desire, and by all their actions
strive to make the whole tenor of their life an uninterrupted homage of praise
to God. This tribute we pay him, first, for his own adorable majesty, justice,
sanctity, power, goodness, and glory; rejoicing in the boundless infinitude of
his perfections we call forth all our own faculties, and all our strength;
summon all the choir of the creation to praise him, and find it our delight to
be vanquished and overwhelmed by his unexhausted greatness, to which all our
praises are infinitely inadequate, and of which all conceptions fall infinitely
short; so as not to bear the least degree of proportion to them. To aid our
weakness, and supply our insufficiency, in magnifying the infinite Lord of all
things, and exalting his glory, we have recourse to the spotless victim, the
sacrifice of the Lamb of God, put into our hands for us to offer a holocaust of
infinite price, equal to the majesty of the Godhead. We also rejoice in the
infinite glory which God possesses in himself, and from himself. Deriving from
himself infinite greatness and infinite happiness, he stands not in need of our
goods, and can receive no accession from our homages as to internal glory; in
which consists his sovereign bliss. But there is an external glory which he
receives from the obedience and praise of his creatures, which, though it
increase not his happiness, is nevertheless indispensably due to him, and an
external homage with which all beings are bound to sound forth his sovereign
power and sanctity. Nor do we owe him this only for his own greatness and
glory, which he possesses in himself, but also for the goodness, justice,
wisdom, and power which he manifests in all his works. Compounds of the divine
mercies, as we are, we are bound to give to God incessant thanks for all the
benefits both in the order of nature and of grace, which he has gratuitously
conferred upon us. We owe him also an acknowledgment of praise and thanksgiving
for all his creatures from the beginning, and for all the wonders he has
wrought in them or in their behalf. For this the psalmist and the prophets so
often rehearse his mighty works, and invite all beings to magnify his holy name
for them.
It is in his saints that
he is wonderful above all his other works. 2 For
them was this world framed; for their sakes is it preserved and governed. In
the revolutions of states and empires, and in the extirpation or conservation
of cities and nations, God has his elect chiefly in view. By the secret
unerring order of his most tender and all-wise providence, All things work
together for good to them. 3 For
their sake will God shorten the evil days in the last period of the world. 4 For
the sanctification of one chosen soul he often conducts innumerable second
causes, and hidden springs. Nor can we wonder hereat, seeing that for his elect
his coeternal Son was born and died, has wrought so many wonders, performed so
many mysteries, instituted so many great sacraments, and established his Church
on earth. The justification of a sinner, the sanctification of a soul is the
fruit of numberless stupendous works, the most wonderful exertion of infinite
goodness and mercy, and of almighty power. The creation of the universe out of
nothing is a work which can bear no comparison with the salvation of a soul
through the redemption of Christ. And with what infinite condescension and
tenderness does the Lord of all things watch over every one of his elect! With
what unspeakable invisible gifts does he adorn them! To how sublime and
astonishing a dignity does he exalt them, making them companions of his blessed
angels, and coheirs with his divine Son! Weak and frail men, plunged in the
gulf of sin, he, by his omnipotent arm, and by the most adorable and stupendous
mercy, has rescued from the slavery of the devil and jaws of hell; has cleansed
them from all stains; and by the ornaments of his grace, has rendered them most
beautiful and glorious. And with what honour has he crowned them! To what an
immense height of immortal glory has he raised them! and by what means? His
grace conducted them by humility, patience, charity, and penance, through
ignominies, torments, pains, sorrows, mortifications, and temptations to joy
and bliss, by the cross to their crowns. Lazarus, who, here below, was covered
with ulcers, and denied the crumbs of bread which fell from the rich man’s
table, is now seated on a throne of glory, and replenished with delights, which
neither eye hath seen, nor ear hath heard. Poor fishermen, here the outcast of
the world, are made assessors with Christ in judging the world at the last day:
so great will be the glory and honour with which they will be placed on thrones
at his right hand, and bear testimony to the equity of the sentence which he
will pronounce against the wicked. Thy friends are exceedingly honoured, O
God. 5 These
glorious citizens of the heavenly Jerusalem he has chosen out of all the tribes
of the children of Israel, 6 and
out of all nations, without any distinction of Greek or barbarian; persons of
all ages, showing, there is no age which is not ripe or fit for heaven; and out
of all states and conditions; in the throne amidst the pomp of worldly
grandeur; in the cottage; in the army; in trade: in the magistracy; clergymen,
monks, virgins, married persons, widows, slaves, and freemen. In a word, what
state is there that has not been honoured with its saints? And they were all
made saints by the very occupations of their states, and by the ordinary
occurrences of life; prosperity and adversity; health and sickness; honour and
contempt; riches and poverty; all which they made the means of their
sanctification by the constant exercise of patience, humility, meekness,
charity, resignation, and devotion. This is the manifold grace of God. 7 He
has employed all means, he has set all things at work, to show in ages to
come the abundant riches of his grace. 8 How
do these happy souls, eternal monuments of God’s infinite power and clemency,
praise his goodness without ceasing! I will sing to the Lord, for he hath
triumphed gloriously, &c. 9 And
casting their crowns before his throne they give to him all the glory of their
triumphs. 10 “His
gifts alone in us he crowns.” 11 We
are called upon with the whole church militant on earth to join the church
triumphant in heaven in praising and thanking our most merciful God for the
graces and glory he has bestowed on his saints. Shall we not, at the same time,
earnestly conjure him to exert his omnipotence and mercy in raising us from all
our spiritual miseries and sins, healing the disorders of our souls, and
conducting us through the paths of true penance to the happy company of his
saints, to which he has vouchsafed most graciously to invite us?
Nothing can more
powerfully incite us to aspire with all our strength to the incomparable
happiness and blessed company of the saints than their example. Nor can
anything more strongly inflame us with holy emulation than the constant meditation
on that glory of which they are even now possessed, and in which they earnestly
wait for us to join them. How does their immortality inspire us with a contempt
of the inconstant, perishable, and false honours of this world! How does the
unspeakable joy of that state, which satisfies all the desires, and fills the
whole capacity of the heart, make us sovereignly despise the false empty
pleasures of this life, and trample under our feet the threats and persecutions
of a blind world, with all that we can suffer from it or in it! Are we not
transported out of ourselves at the thought that, by the divine mercy and
grace, we are capable of attaining to this state of immense and endless bliss?
And do we not, from our hearts, this moment bid adieu for ever to all pursuits,
occupations, and desires which can be an impediment to us herein, and embrace
all means which can secure to us the possession of our great and only good. Do
we not burn with a holy desire of being admitted into the society of the
friends of God, and being crowned by him in this blessed company with eternal
joy and glory? A certain general who, from the rank of a common soldier, had,
by his valour and conduct, raised himself to the dignity and command of
lieutenant-general, used sometimes familiarly to converse with his soldiers,
and tell them that he once carried his musket, stood sentry, lived and bore
fatigues like them. He used to relate how in sieges he had dug the trenches,
carried fascines, been the first man in mounting a breach, making an assault,
or forcing a dangerous pass. He gave them an account upon what occasion and by
what means he was made a serjeant, and gradually advanced to the posts of
lieutenant, captain, colonel, and general officer. It is not to be easily
conceived with what ardour his soldiers were fired by such discourses, and by
such an example which they had before their eyes. The greatest fatigues and
dangers were to them at that time no longer a subject of complaint, but of joy
and ambition, whilst every one seemed to himself to see a door by such means
open to him to some degree of preferment. Yet they could not but be sensible
how great the odds were against them, through how many dangers the very least
promotion was to be purchased, and after all that could be done by them, after
the greatest exploits and most happy success on their side, the reward and
honour which they had in view was too extraordinary, too precarious, and
depended too much upon the caprices of favour and fortune rationally to raise
high expectations. In the affair of our salvation the case is quite otherwise.
The option is in our own breast: how exalted and how immense soever the glory
is to which we aspire, it is God who invites us, and who is our light and our
strength: by his grace, which can never fail but through our fault, we are sure
to attain to that state of bliss which will never have an end, and which is far
beyond all we can imagine possible. So many happy saints are already arrived
there. By their example they have pointed out the way to us. We have but to
tread their steps. They were once what we now are, travellers on earth; they
had the same weaknesses which we have; Elias was a man subject to the same
infirmities as we are, says St. James: 12 so
were all the saints. We have difficulties to encounter, so had all the saints,
and many of them far greater than we can meet with. They had the allurements of
vice, and several of them the flatteries of courts to resist, with a thousand
particular obstacles from kings and princes, from the interest of whole
nations, from the seduction and snares of fawning worldly friends, from the
rancour and injustice of enemies, sometimes from the prisons, racks, and swords
of persecutors, and from an infinity of other circumstances. Yet they bravely
surmounted these difficulties, which they made the very means of their virtue
and sanctity by their victories and triumphs over these enemies, and by their
extreme watchfulness over themselves, their fervour in continual prayer,
mortification, and penance, their plentiful alms-deeds, and their ardour in the
exercise of all good works, to which their alarming dangers served much more
strongly to excite them.
Do we complain of our
frailty? The saints were made of the same mould with us; but being sensible of
their weakness, they were careful to retrench all incentives of their passions,
to shun all dangerous occasions of sin, to ground themselves in the most
profound humility, and to strengthen themselves by the devout use of the
sacraments, prayer, an entire distrust in themselves, and other means of grace.
It was by the strength they received from above, not by their own, that they
triumphed over both their domestic and their external enemies. We have the same
succours by which they were victorious. The blood of Christ was shed for us as
it was for them; the all-powerful grace of our Redeemer is not wanting to us,
but the failure is in ourselves. If difficulties start up, if temptations
affright us, if enemies stand in our way like monsters and giants, which seem
ready to devour us, 13 let
us not lose courage, but redouble our earnestness, crying out with Josue, 14 The
Lord is with us. Why do we fear? If the world pursue us, let us remember
that the saints fought against it in all its shapes. If our passions are
violent, Jesus has furnished us with arms to tame them, and hold them in
subjection. How furious assaults have many saints sustained in which they were
supported by victorious grace! Many, with the Baptist, happily prevented the
rebellion of these domestic enemies by early watchfulness, abstinence, and
retirement. Others God suffered for their own advantage to feel their furious
buffets; but animated them to vigilance and fervour, and crowned them with
victories, by which they at length brought these enemies into subjection. Of
this many are instances who had had the misfortune formerly to have fortified
their passions by criminal habits. St. Austin, after having been engaged many
years in irregular courses, conquered them. How many other holy penitents broke
stronger chains than ours can be, by courageously using violence upon
themselves, and became eminent saints! Can we, then, for shame think the
difficulties we apprehend an excuse for our sloth, which, when we resolutely
encounter them, we shall find to be more imaginary than real? Shall we shrink
at the thought of self-denial, penance, or prayer? Shall not we dare to
undertake or to do what numberless happy troops of men and women have done, and
daily do? So many tender virgins, so many youths of the most delicate
complexion and education, so many princes and kings, so many of all ages,
constitutions, and conditions have courageously walked before us! “Canst not
thou do what these and those persons of both sexes have done?” 15 said
St. Austin to himself. Their example wonderfully inspires us with resolution,
and silences all the pretexts of pusillanimity. To set before our eyes a
perfect model of the practice of true virtue, the Son of God became man, and
lived amongst us. That we may not say the example of a God-man is too exalted
for us, we have that of innumerable saints, who, inviting us to take up the
sweet yoke of Christ, say to us with St. Paul, Be you imitators of me,
even as I am of Christ. 16 They
were men in all respects like ourselves, so that our sloth and cowardice can
have no excuse. They form a cloud of witnesses, demonstrating to us, from their
own experience, that the practice of Christian perfection is easy and sweet.
They will rise up and condemn the wicked at the last day, covering them with
inexpressible confusion: Thou raisest up thy witnesses against me. 17 To
animate and encourage ourselves in the vigorous pursuit of Christian
perfection, and in advancing towards the glory of the saints, we ought often to
lift up our eyes to heaven, and contemplate these glorious conquerors of the
world, clothed with robes of immortality, and say to ourselves: These were once
mortal, weak men, subject to passions and miseries as we are now: and if we are
faithful to our sacred engagements to God, we shall very shortly be made
companions of their glory, and attain to the same bliss. But for this we must
walk in their steps; that is to say, we must with them take up our cross,
renounce the world and ourselves, and make our lives a course of labour,
prayer, and penance. We are lost if we seek any other path. We must either renounce
the world and the flesh with the saints, or we renounce heaven with the wicked.
There is but one Gospel,
but one Redeemer and divine Legislator, Jesus Christ, and but one Heaven. No
other road can lead us thither but that which he has traced out to us: the rule
of salvation laid down by him is invariable. It is a most pernicious and false
persuasion, either that Christians in the world are not bound to aim at
perfection, or that they may be saved by a different path from that of the
saints. The torrent of example in the world imperceptibly instils this error
into the minds of many,—that there is a kind of middle way of going to heaven:
and under this notion, because the world does not live up to the gospel, they
bring the gospel down to the level or standard of the world. It is not by the
example of the world that we are to measure the Christian rule, but by the pure
maxims of the gospel. All Christians are commanded to labour to become holy and
perfect, as our heavenly Father is perfect, and to bear his image, and resemble
him by spotless sanctity, that we may be his children. We are obliged, by the
law of the gospel, to die to ourselves by the extinction of inordinate
self-love in our hearts, by the crucifixion of the old man, and the mastery and
regulation of our passions. It is no less indispensable an injunction laid on
us than on them, that we be animated with, and live by, the Spirit of Christ;
that is, the spirit of sincere and perfect humility, meekness, charity,
patience, piety, and all other divine virtues. These are the conditions under
which Christ makes us his promises, and enrols us among his children, as is
manifest from all the divine instructions which he has given us in the gospel;
and those which the apostles have left us in their inspired writings. Here is
no distinction made between the apostles, or clergymen, or religious and
secular persons. The former indeed take upon themselves certain stricter
obligations, as means of accomplishing more easily and more perfectly these
lessons: but the law of sanctity and of a disengagement of the heart from the
world is general, and binds all the followers of Christ, all who can be
entitled to inherit his promises. Now, what marks do we find in the lives of
Christians of this crucifixion of their passions, and of the Spirit of Christ
reigning in their hearts and actions? Do not detraction, envy, jealousy, anger,
antipathies, resentments, vanity, love of the world, ambition, and pride
discover themselves in their conversation and conduct, and as strongly as in
the very heathens? It is in vain to plead that these are sins of surprise. It
is manifest that they are sins of habit, and that these passions hold the
empire in their hearts. An interior disposition of charity, meekness, and other
virtues would give a very contrary turn to their conversation and behaviour,
and would make them like the saints, humble, peaceable, mild, obliging to all,
and severe only to themselves. The dirt lies always lurking in their hearts;
the provocation and occasion only stirs it up, and shows it to be there. It is
in vain that such persons shelter themselves under a pretended course of a
pious life, and allege that they are regular in their prayers, in frequenting
the sacraments, and in other duties, and are liberal in their alms: all this is
imperfect so long as they neglect the foundation, which is the mortification of
their passions. They are unacquainted with the very soul of a Christian spirit,
which was that of all the saints.
What, then, is the first
duty of one who desires to become a disciple of Christ? This is a most
important point, which very few sufficiently attend to. The first thing which a
Christian is bound to study is, in what manner he is to die to himself and his
passions. This is the preliminary article or condition which Christ requires of
him, before he can be admitted into his divine school. For this such a practice
of the exterior mortification of the senses is necessary that they may be kept
under due government; but the interior denial of the will and restraint of the
passions is the most essential part, and is chiefly effected by extirpating
pride, vanity, revenge, and other irregular passions, and planting in the heart
the most perfect spirit of humility, meekness, patience and charity. The
motives and rules of these virtues ought to be studied and meditated upon,
according to every one’s capacity: both interior and exterior acts of each must
be frequently and fervently exercised; and the contrary vices diligently
watched against and vigorously curbed. By diligent self-examination all the
foldings of the heart must be laid open, every vicious inclination discovered,
and the axe laid to the root, that the disorder may be cut off. Thus must we
study to die to ourselves. By the frequent use of the sacraments, assiduous
prayer, pious reading, or meditation, and the practice of devout aspirations,
we must unite our souls to God. This crucifixion of self-love and union of our
hearts to God are the two general means by which the Spirit of Christ must be
formed and daily improved in us, and by which we shall be imitators of the
saints. This task requires earnest application, and some consideration and
leisure from business. How much time do we give to every other improvement of
mind or body! the student to cultivate his understanding in any art or science!
the artisan to learn his trade! and so of every other profession. And shall we
not find time to reform our hearts, and to adorn our souls with virtue? 18 which
is our great and only business, upon which the good use of all other qualifications,
and both our temporal and eternal happiness depend. In virtue consists the true
excellence and dignity of our nature. Against this great application to the
means of our sanctification some object the dissipation and hurry of the world
in which they live: they doubt not but they could do this if they were monks or
hermits. All this is mere illusion. Instead of confessing their own sloth to be
the source of their disorders, they charge their faults on their state and
circumstances in the world. But we have all the reason in the world to conclude
that the conduct of such persons would be more scandalous and irregular in a
monastery than it is in the world. Every thing is a danger to him who carries
the danger about with him.
But can any one pretend
that seculars can be excused from the obligation of subduing their passions,
retrenching sin, and aiming at perfection? Are they not bound to save their
souls; that is, to be saints? God, who commands all to aim at perfection, yet
whose will it is at the same time that to live in the world should be the
general state of mankind, is not contrary to himself. That all places in the
world should be filled, is God’s express command: also that the duties of every
station in it be faithfully complied with. 19 He
requires not then that men abandon their employs in the world, but that by a
disengagement of heart, and religious motive or intention they sanctify them.
Thus has every lawful station in the world been adorned with saints. God
obliges not men in the world to leave their business; on the contrary, he
commands them diligently to discharge every branch of their temporal
stewardship. The tradesman is bound to attend to his shop, the husbandman to
his tillage, the servant to his work, the master to the care of his household
and estates. These are essential duties which men owe to God, to the public, to
themselves, and to their children and families; a neglect of which, whatever
else they do, will suffice to damn them. But then they must always reserve to
themselves leisure for spiritual and religious duties; they must also sanctify
all the duties of their profession. This is to be done by a good intention. It
is the motive of our actions upon which, in a moral and Christian sense, the
greater part, or sometimes the whole of every action depends. This is the soul
of our actions; this determines them, forms their character, and makes them
virtues or vices. If avarice, vain-glory, sensuality, or the like inordinate
inclinations influence the course of our actions, it is evident to what class
they belong; and this is the poison which infects even the virtuous part of
those who have never studied to mortify their passions. Thus the very virtues
of the foolish drudgers for popular fame among the ancient philosophers, were
false; they have already received their reward, the empty applause of men. The
Christian who would please God, must carefully exclude in his actions all
interested views of self-love, and direct all things he does purely to the
glory of God, desiring only to accomplish his holy will in the most perfect
manner. Thus a spirit of divine love and zeal, of compunction, penance,
patience, and other virtues, will animate and sanctify his labour and all that
he does. In the course of all these actions he must watch against the dangerous
insinuation of his passions, must study on all occasions to exercise humility,
meekness, charity, and other virtues, the opportunities of which continually
occur; and he ought from time to time, by some short fervent aspiration, to
raise his heart to God. Thus the Isidores and Homobons sanctified their
employs. Did the Pauls or Antonies do more in their deserts? unless perhaps the
disengagement of their hearts, and the purity and fervour of their affections
and intentions were more perfect; upon which a soul’s progress in sanctity
depends.
But slothful Christians
allege the difficulty of this precept; they think that perfectly to die to
themselves is a severe injunction. God forbid any one should widen the path,
which the Saviour of the world has declared to be narrow. It is doubtless
difficult, and requires resolution and courage. Who can think that heaven will
cost him nothing which cost all the saints so much? What temporal advantage is
gained without pains? The bread of labourers, the riches of misers, the honours
of the ambitious, cost much anxiety and pains. Yet, what empty shadows, what
racking tortures, what real miseries are the enjoyments which worldlings
purchase at so dear a rate! But it is only to our inordinate appetites (which
we are bound to mortify, and the mortification of which will bring us liberty
and true joy) that the doctrine of self-denial appears harsh. And its fruits in
the soul are the reign of divine love; and the sweet peace of God which
surpasseth all understanding, 20 which
springs from the government of the passions, and the presence of the Holy Ghost
in the soul, and is attended with a pure and holy joy which fills the whole
capacity of the heart, and which the whole world can never take from the
servant of God. This precious gift and comfort does not totally forsake him
under the severest interior trials, with which God suffers his servants to be
sometimes visited in this life for their greatest advantage; under which they
are also supported by the prospect of eternal glory. And even in this present
life their sufferings are often repaid by the inexpressible consolations which
the Holy Ghost infuses into their hearts, so that they receive a hundred fold
for all that they have forsaken for God. The wicked have told me their
fables; but not as thy law, O Lord. 21 A
voice of joy and salvation rings in the tabernacles of the just. 22 Compare
the state of the greatest worldly monarch with that of the humble servant of
God. 23 Power,
riches, and pleasure constitute the king’s imaginary happiness. Nations
conspire to obey his will, or even prevent his inclinations: the earth is
silent before him; at his orders armies march, lay whole countries waste, or
sacrifice their lives; he punishes by his very countenance, and scatters
favours at pleasure, without any one asking him a reason; even princes approach
him with trembling, count it their greatest happiness and honour if he
vouchsafe to receive their homages, and, with the countenances of slaves, study
in his eyes what sacrifice he requires of them. Is this that happy state of
independence and power which the world admires? Certainly there cannot be a
baser slavery, than that of the world and the passions. Only the servant of God
enjoys true liberty and independence, who fears only God, and has no concern
but for his duty, is equally resigned under all vicissitudes of fortune, as
much raised above all consideration of human respect as he is disengaged from
this world, yet, by charity, shares in the prosperity of all his neighbours as
in his own; neither can injuries or affronts reach his person, who fenced by
meekness, patience, and charity, receives them as great opportunities of his
spiritual advantage, and considers them as sent by God in infinite wisdom and
tender love and mercy. A king is exposed to greater disappointments and
troubles as his concerns are greater, and his passions usually more impetuous.
And is not the very grandeur and happiness of a king dependent upon others? and
upon men whose favour is caprice? If he would reign by being feared, so as to
say in his heart, “Let them hate, provided they fear me,” he bears in his heart
all the seeds of tyranny and pride, and will be sure to have almost as many
secret enemies as he has subjects. If he studies to gain the affections and love
of his people by clemency and kindnesses, he will find the generality so blind
as neither to know what is for their good, nor what they themselves desire;
likewise ungrateful, whom benefits only embolden to be more insolent. If his
power be so frail and so troublesome, shall we admire his riches? Is not he
rather the poorest of men whose wants are the greatest, and whose desires are
usually the most craving? Him we ought justly to esteem the richest, whose
necessities are fewest, and who knows not what more to ask or desire; and this
whether he lives in a cell or a palace. A king’s pleasures are much abated
because cheaper than those of others; for human enjoyments consist greatly in
the pursuit; or at least it is by the eagerness of the pursuit that they are
chiefly enhanced. If he be a stranger to virtue, his breast, amidst the
glittering pomp which surrounds him, will often be miserably torn by all those
passions which successively tyrannize over him, and will be a prey to corroding
cares which embitter all enjoyments. The beautiful fat ox in the fable could
not taste the rich pasture, but ran and roared, as it were, to call for
compassion and help, because a contemptible insect, a little gnat, shot its
sting into his nostrils. A man, who governed the Persian empire under the king,
could not take his rest, or find any pleasure in all that he possessed, because
Mordecai, the Jew, refused to bow down to him at the gate of the palace. Thus
does the most trifling check, or the most petty rage or envy raise storms in
the breasts of the wicked. Their pleasures are base, empty, and vain; whatever
false joy they may give for a passing moment, this is dearly earned by
succeeding pains; however these may be disguised from others, they are not less
sharp or gnawing. Many who are seated on the pinnacle of human grandeur, are a
burden to themselves, whilst they are the object of other’s envy.
Have we not then reason
to conclude with St. Chrysostom, that happiness is not to be sought in the
gratification of pride and worldly passions; which the oracles of eternal truth
clearly confirm? But we are assured by the same unerring authority that it is
to be found in a steady practice of virtue. Hence the virtues in which the
renunciation of ourselves consist, as humility, compunction, meekness, and the
rest, 24 are
by our divine Redeemer himself styled beatitudes, because they not only lead to
happiness, but also bring with them a present happiness, such as our state of
trial is capable of. This Christ gives in the bargain as an earnest of his love
and promises. But the recompence of the saints reserved in the kingdom of God’s
glory is such as alone to make everything that can be suffered here, for so
great a crown, light and of no consideration. The examples of the saints shew
us the path; and their glory strongly animates our hope, and excites our
fervour. “It is our interest,” says St. Bernard, 25 “to
honour the memory of the saints, not theirs. Would you know how it is our
interest? From the remembrance of them I feel, I confess, a triple vehement
desire kindled in my breast; of their company, of their bliss, and of their
intercession. First, of their company. To think of the saints is in some
measure to see them. Thus we are in part, and this the better part of
ourselves, in the land of the living, provided our affection goes along with
our thoughts or remembrance: yet not as they are. The saints are there present,
and in their persons; we are there only in affection and desires. Ah! when
shall we join our fathers? when shall we be made the fellow-citizens of the
blessed spirits, of the pariarchs, prophets, apostles, martyrs, and virgins?
when shall we be mixed in the choir of the saints? The remembrance of each one
among the saints is, as it were, a new spark, or rather torch which sets our
souls more vehemently on fire, and makes us ardently sigh to behold and embrace
them, so that we seem to ourselves even now to be amongst them. And from this
distant place of banishment we dart our affections sometimes towards the whole
assembly, sometimes towards this, and sometimes that happy spirit. What sloth
is it, that we do not launch our souls into the midst of those happy troops,
and burst hence by continual sighs! The church of the first-born waits for us;
yet we loiter. The saints earnestly long for our arrival: yet we despise them.
Let us with all the ardour of our souls prevent those who are expecting us; let
us hasten to those who are waiting for us.” Secondly, he mentions the desire of
their bliss; and, lastly, the succour of their intercession, and adds: “Have
pity on me, have pity on me, at least you my friends. You know our danger, our
frail mould, our ignorance, and the snares of our enemies; you know our
weakness and the fury of their assaults. For I speak to you who have been under
the like temptation; who have overcome the like assaults; have escaped the like
snares, and have learned compassion from what yourselves have suffered.—We are
members of the same head.—Your glory is not to be consummated without us,”
&c.
This succour of the
saints’ intercession is another advantage which we reap by celebrating their
festivals, of which the same St. Bernard 26 writes:
“He who was powerful on earth is more powerful in heaven where he stands before
the face of his Lord. And if he had compassion on sinners and prayed for them
whilst he lived on earth, he now prays to the Father for us so much the more
earnestly as he more truly knows our extreme necessities and miseries; his blessed
country has not changed, but increased his charity. Though now impassible, he
is not a stranger to compassion: by standing before the throne of mercy he has
put on the tender bowels of mercy,” &c.
Note 1. The dedication of a famous church in Rome gave occasion to the institution of this festival. The Pantheon, or Rotunda, was a temple built by Marcus Agrippa, the favourite counsellor of Augustus, and dedicated to Jupiter the Revenger, in compliment to Augustus upon his victory at Actium over Antony and Cleopatra, as Pliny informs us. It was called Pantheon, either because the statues of Mars and several other gods were placed in it, or rather, as Dion thinks, because its figure represented the heavens, called by the pagans the residence of all the gods, which is the interpretation of the Greek name Pantheon. This masterpiece of architecture is a half globe, its height being almost equal to its breadth: the diameter is one hundred and fifty-eight feet. It has neither pillar nor window, but only a large round aperture in the middle at the top, which lets in the light. Underneath it, in the middle of the pavement, is an orifice of a sink, covered with a concave brass plate, bored with many holes, to receive the rain which falls through the aperture at the top. (See Théâtre d’Italie, t. 4, p. 14, et fig. 57–59, in fol.) Such changes are at present making in repairing and embellishing the inside of this famous structure which began to decay, that only the outlines, as it were, of this most curious ancient masterpiece of architecture will be discernible. (See on the Pantheon, Mémoires de Trevoux, November, 1758 p. 362.)
Theodosius the Younger, who came to the throne in 408, demolished
all the temples of idols in the East; but Honorius, his uncle, though he caused
them to be shut up in the West, suffered them to stand as monuments of the
ancient magnificence of the empire. When idolatry had been so long banished
that there was no danger of any person reviving its superstitions, these
edifices were in some places purified, and converted into churches for the
worship of the true God, who thus triumphed over those pretended deities in
their own temples. When our Saxon ancestors received the faith, St. Gregory,
writing to King Ethelbert, exhorted him to destroy the temples of the idols;
(l. 11, ep. 66, ol. 60, p. 1165;) but afterwards in a letter to St. Mellitus
(l. 11, ep. 76, ol. 71, p. 1176, t. 2, ed Ben.) he allowed them to be changed
into churches. About three years and a half after the decease of this great pope,
Boniface IV. was placed in St. Peter’s chair, who cleansed and opened the
Pantheon, and, in 607, dedicated it in honour of the Blessed Virgin and all the
martyrs. Whence it was called S. Maria ad Martyres, or the Rotunda. The feast
of this dedication was kept on the 13th of May. Pope Gregory III. about the
year 731, consecrated a chapel in St. Peter’s church in honour of all the
saints, (as Anastasius relates in his life,) from which time this feast of All
Saints has been celebrated in Rome. Gregory IV. going into France, in 837, in
the reign of Lewis Debonnair, exceedingly propagated this festival of All
Saints. See John Beleth, an English theologian, who flourished at Paris in
1328. (Rationale de Divinis Officiis et Festivitatibus, c. 127.) Durandus, bishop
of Mende, legate of Gregory X. at the council of Lyons, (Rationale Div.
Officiorum, l. 7, c. 34.) Thomassin, Tr. des Fêtes. Fronto in Calend. p. 145.
Before the dedication of the Rotunda, the feast of all the apostles was
celebrated on the 1st of May. The Greeks keep a festival of All Saints on the
Sunday after Whit-Sunday. See Smith. De hod. Statu Eccl. Græc. p. 19, and
Benedict XIV. De Festis Sanct. in Diœcesi Bolon. Op. t. 13. [back]
Note 2. Ps. lxvii.
36. [back]
Note 5. Ps.
cxxxviii. 16. [back]
Note 6. Apoc. vii.
3, 4, &c. [back]
Note 9. Exod. xv.
1, 2, 11,
13, 18. [back]
Note 10. Apoc. iv.
11; Ps. cxv. 1. [back]
Note 11. “Nil Deus
in nobis præter sua dona coronat.”—S. Prosper, Carm. de Ingratis. [back]
Note 13. Num. xiii.
34. [back]
Note 15. “Tu non
poteris quod isti et istæ”—S. Aug. Conf. [back]
Note 18. “Vacat esse
philosophum, non vacat esse Christianum.”—S. Eucher. ad Valer. [back]
Note 19. 1
Cor. vii.
20; Ephes. iv.
1. [back]
Note 21. Ps. cxviii.
85. [back]
Note 22. Ps. cxvii.
15. [back]
Note 23. See St.
Chrysostom’s short treatise, Comparatio Regis et Monachi, ed. Savil. t. 7, p.
861. Ed. Ben. t. 1, p. 116. Also translated in Blosius’s works. [back]
Note 25. S. Bern.
serm. 5, de Fest. Omnium Sanct. n. 5, 6. [back]
Note 26. Serm. in
Vigiliâ SS Petri et Pauli, p. 987. [back]
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume XI: November. The Lives of the
Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/11/011.html
Altmünster
( Upper Austria ). Saint Benedict parish church: All Saints chapel - All Saints
altar ( 1518 ).
Altmünster ( Oberösterreich ). Kath. Pfarrkirche hl. Benedikt: Allerheiligenkapelle - Allerheiligenaltar ( 1518 )
Altmünster
( Upper Austria ). Saint Benedict parish church: All Saints chapel - All Saints
altar ( 1518 ).
Altmünster ( Oberösterreich ). Kath. Pfarrkirche hl. Benedikt: Allerheiligenkapelle - Allerheiligenaltar ( 1518 )
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Altmünster ( Oberösterreich ). Kath. Pfarrkirche hl. Benedikt: Allerheiligenkapelle - Allerheiligenaltar ( 1518 )
Tutti i Santi
Festeggiare tutti i santi
è guardare coloro che già posseggono l’eredità della gloria eterna. Quelli che
hanno voluto vivere della loro grazia di figli adottivi, che hanno lasciato che
la misericordia del Padre vivificasse ogni istante della loro vita, ogni fibra
del loro cuore. I santi contemplano il volto di Dio e gioiscono appieno di
questa visione. Sono i fratelli maggiori che la Chiesa ci propone come modelli
perché, peccatori come ognuno di noi, tutti hanno accettato di lasciarsi incontrare
da Gesù, attraverso i loro desideri, le loro debolezze, le loro sofferenze, e
anche le loro tristezze.
Questa beatitudine che dà loro il condividere in questo momento la vita stessa
della Santa Trinità è un frutto di sovrabbondanza che il sangue di Cristo ha
loro acquistato. Nonostante le notti, attraverso le purificazioni costanti che
l’amore esige per essere vero amore, e a volte al di là di ogni speranza umana,
tutti hanno voluto lasciarsi bruciare dall’amore e scomparire affinché Gesù
fosse progressivamente tutto in loro. E' Maria, la Regina di tutti i Santi, che
li ha instancabilmente riportati a questa via di povertà, è al suo seguito che
essi hanno imparato a ricevere tutto come un dono gratuito del Figlio; è con
lei che essi vivono attualmente, nascosti nel segreto del Padre.
Martirologio
Romano: Solennità di tutti i Santi uniti con Cristo nella gloria: oggi, in
un unico giubilo di festa la Chiesa ancora pellegrina sulla terra venera la
memoria di coloro della cui compagnia esulta il cielo, per essere incitata dal
loro esempio, allietata dalla loro protezione e coronata dalla loro vittoria
davanti alla maestà divina nei secoli eterni.
«Oggi, o Padre, ci dai la
gioia di contemplare la città del cielo, la santa Gerusalemme che è nostra
madre» canta la Santa Chiesa nel Prefazio della
Messa di questa luminosa solennità, “Pasqua dell’autunno”, nella quale
«in un unico giubilo di festa – dice il Martirologio Romano –
la Chiesa ancora pellegrina sulla terra
venera la memoria di coloro della cui
compagnia esulta il cielo».
La Chiesa non contempla se stessa. Può capitare che lo facciano singoli
credenti, o anche intere comunità, ma la Chiesa, Sposa di Cristo, è il suo
Sposo che contempla!
Mentre si rallegra di tanta parte di sé già nella gloria eterna, è Lui che la Chiesa contempla e, se vede se stessa, vede ciò che veramente essa è: opera del Salvatore; redenta dal Sangue dell’Agnello; consapevole che il bene che è in lei, e di cui ringrazia e gioisce, viene dalla Grazia di Dio ed il male presente, di cui soffre ed invita all’umile pentimento, è frutto della fragilità degli uomini.
La Chiesa guarda con gioia gli innumerevoli suoi figli che hanno raggiunto la meta, ma sa che essi, come ha detto san Giovanni (Ap.7,2-4.9-14), «sono quelli che hanno lavato le loro vesti, rendendole candide nel sangue dell’Agnello» e sostenuti dalla Grazia hanno testimoniato la fede: alcuni come martiri in persecuzioni cruente, poiché coraggiosamente hanno assunto come criterio di valutazione la Parola del Signore, non l’opinione propria o di altri; alcuni come discepoli di Cristo nel cammino quotidiano della vita: alcuni “grandi”, che hanno impegnato doti elevate in opere straordinarie, altri “piccoli” che hanno vissuto senza grandi imprese; una schiera di uomini e donne che «hanno cercano il volto di Dio», (cfr. Sal. 23) rivelatosi nel volto di Gesù che proclama «beati», felici – (Mt 5,1-12) – «i poveri in spirito», coloro che sono «nel pianto», i «miti», «quelli che hanno fame e sete della giustizia», i «misericordiosi», i «puri di cuore», gli «operatori di pace», i «perseguitati per la giustizia» e per «causa Sua»; uomini e donne, giovani e adulti, che hanno conosciuto il peccato e i limiti della creatura umana, ma hanno lottato in un cammino di conversione a Cristo dentro le situazioni e le circostanze del viaggio terreno ed hanno fatto esperienza della misericordia di Dio, della pace che Dio dona e di cui quel martellante “Beati ” nel discorso della Montagna rivela le condizioni.
Incamminati anche noi verso «la città del cielo», destino, meta del nostro vivere sulla terra, la contempliamo, ripetendo una stupenda preghiera con la gioia e la fiducia con cui la compose Giovanni da Fécamp, nipote di san Guglielmo di Volpiano che fondò l’abbazia di S. Benigno Canavese e morì anch’egli nel monastero di Fécamp in Normandia; la facciamo nostra, consapevoli che il cammino di fede consiste nel dare a Dio, ma prima ancora nell’accogliere da Lui i Suoi doni, poiché è il Suo amore accolto ed assaporato che ci mette in movimento, e la santità che ci è proposta è consegnarci al Suo Amore, come fu per i discepoli chiamati a Sé da Gesù e che «si avvicinarono a lui», come abbiamo ascoltato nel Vangelo.
«O Casa luminosa e bellissima, io ho sempre amato il tuo splendore, il luogo dove abita la gloria del mio Signore, Colui che ti ha costruita e ti possiede. Sospiri a te il mio cammino quaggiù: io grido a Colui che ti ha fatta perché dentro le tue mura Egli possiede anche me. Io sono andato errando come una pecora smarrita, ma sulle spalle del mio Pastore, che è il tuo architetto, io spero di essere ricondotto a te.
Gerusalemme, città eterna di Dio, non si scordi di te l’anima mia. Dopo l’amore per Cristo sii tu la mia gioia ed il dolce ricordo del tuo nome beato mi sollevi da ogni triste zza e da tutto ciò che mi opprime».
La «casa luminosa e bellissima», meta del nostro pellegrinaggio sulla terra – ci fa comprendere il monaco Giovanni – è opera di Cristo che con la Sua Incarnazione, Passione, Morte e Risurrezione ci ha aperto la strada per il cielo, Lui che ha detto: Io sono con voi tutti i giorni fino alla fine del tempo, e che con la Sua presenza misteriosa e reale ci sostiene nel cammino verso il traguardo.
Raggiungere questa meta è l’essenziale della vita, di questa vita che è bella non perché sia sempre piacevole, ma perché è iscritta in un Mistero d’Amore e destinata a costituire la Città eterna della quale, già ora, io sono pietra che il divino Architetto prepara lavorandola con lo scalpello del Suo amore misericordioso.
«Sospiri a te il mio cammino quaggiù» Gli diciamo con il monaco Giovanni. Questo sospiro è la voce più vera del nostro essere che manifesta l’insopprimibile desiderio di felicità posto da Dio nel cuore umano: un cuore che chiede l’Eternità, poiché è fatto così dal Creatore: per una totalità, per una pienezza: poiché per meno di tutto non vale la pena!
«Io grido a Colui che ti ha fatta, perché dentro le tue mura Egli possiede anche me ». E’ la preghiera che dalla Chiesa oggi sale al Signore con intensità speciale. La facciamo nostra perché sappiamo che anche noi «siamo andati errando come pecora smarrita», ma «sulle spalle del Pastore, speriamo di essere ricondotti a Lui» e ci «protendiamo» perciò «nella corsa per afferrarlo noi che già siamo stati afferrati da Cristo» (cfr. Fil.3,12).
I nostri Santi, tutti i fratelli e le sorelle che abbiamo nella Gerusalemme del
cielo, come amici e modelli di vita ci accompagnano nel viaggio. Noi li guardiamo
commossi e con il monaco Giovanni diciamo: «Gerusalemme, città eterna di Dio,
non si scordi di te l’anima mia. Il dolce ricordo del tuo nome beato mi sollevi
da ogni tristezza e da tutto ciò che mi opprime».
Autore: Mons. Edoardo
Aldo Cerrato CO
Fra Angelico. Les Précurseurs du Christ avec
les Saints et les Martyrs (1423-1424)
Tempera sur bois, 31,9 x 63,5, Londres, National Gallery
La comunione delle cose
sante
Uno degli articoli del Credo è relativo alla Communio Sanctorum.
Che cos'è questa Communio Sanctorum? Intanto può avere una duplice traduzione e, ambedue queste traduzioni, sono legittime: la comunione delle cose sante e anche la comunione dei santi.
è certo che prima di tutto il Simbolo Apostolico intende la comunione delle cose sante. è uno dei privilegi, anzi il privilegio che dimostra l'unità; il privilegio proprio dei credenti e ne dimostra l'unità proprio per il fatto che essi possono comunicare ai medesimi beni, possono tutti dei medesimi beni partecipare. Le cose sante sono comuni e questa è già una grande cosa, una cosa meravigliosa.
La ricchezza, sul piano naturale ed umano, tende a divenire sempre un fatto privato, un fatto che esclude gli altri. Mentre i beni terreni, non so se per natura loro, sembrano essere proprio una delle occasioni maggiori di divisione fra gli uomini, le cose sacre invece, per se stesse, implicano la comunione e realizzano una comunione perché, quanto più il dono è eccelso sul piano soprannaturale tanto più realizza una comunione; tanto più, di fatto, è comune.
Altre volte mi sembra di avervi detto che i doni più grandi che Dio può fare
non sono quelli singolari, fatti ad alcuni santi, le stigmate per esempio: i
doni più grandi sono quelli che Dio fa a tutti e che poi non tutti realizzano
nello stesso modo. Certo nessuna grazia che Dio abbia fatto all'anima è
maggiore dell'Eucarestia.
I doni più grandi di Dio...
Tanto più un dono è grande, è eccelso, nell'ordine soprannaturale, tanto più è
comune e tanto più realizza una comunione. Di fatto, la Redenzione stessa è per
sé una grazia, un dono divino, che realizza l'unità: l'anima non è salva che in
quanto essa entra in comunione con Dio, un'anima non è salva che in quanto
quest'anima entra di nuovo in rapporto con gli uomini nella Chiesa, fa parte di
una Chiesa. Il male, il peccato divide, il male e il peccato ci chiudono: il
male e il peccato ci escludono anzi, più che chiuderci. Invece la grazia che,
secondo lo Scoto [Giovanni Duns Scoto, francescano, filosofo, teologo e
scolastico scozzese, 1266-1308, chiamato anche Doctor Subtilis; beatificato nel
1993] si identifica alla caritas - e secondo i teologi ha la caritas come suo
frutto immediato - la grazia allora che è l'amore e all'amore conduce, importa
e realizza la comunione, l'unità. Communio Sanctorum: la comunione delle cose
sante e la comunione nelle cose sante.
Dobbiamo renderci conto - ecco quello che prima di tutto si impone a noi - che
tutto quello che il Signore ci ha dato, Io ha dato per tutti, lo ha dato perché
tutti fossero uno. La massima ricchezza non è una ricchezza che ci distingue e
ci divide, è una ricchezza che ci unisce e ci identifica: la grazia è la
ricchezza che realizza l'unità.
...sono per tutti...
I beni che Dio ha concesso alla Chiesa sono beni che Dio ha concesso in vista
di ogni anima e per ogni anima: la Sacra Scrittura, i Sacramenti divini, il
magistero ecclesiastico, tutto è a servizio di tutti, tutto è per tutti e per
ciascuno. La Chiesa non potrebbe sottrarre nulla a nessun'anima di quello che
essa ha ricevuto. Dobbiamo renderci conto che anche, non so, quei ministeri che
naturalmente non possono essere di tutti, sono però per tutti anch'essi. Il
Papa veramente è Papa per me, a mio servizio, per il mio bene. Non vi è, non
dico una grazia particolare, ma nessuna grazia dalla quale io sia in qualche
modo escluso.
Ed è precisamente per questo accesso di tutti al medesimo bene che tutti, di fatto, entriamo in comunione fra noi, viviamo una nostra unità, realizziamo una nostra unità. Al contrario anche qui di quello che avviene sul piano naturale ed umano. Perché? Perché quanto più uno è dotato, tanto più si distingue; tanto più uno è dotato quanto più uno si separa, quanto più emerge. è un fatto questo inevitabile. Perché? Perché i beni sono limitati: un bene limitato per sé, non potrebbe essere bene di tutti che cessando di essere un bene. E la spiegazione è assai semplice. Prendete un miliardo, dividetelo in quaranta milioni di persone e voi vedete quanto ne tocca a ciascuno. Se invece questo miliardo tocca a uno solo, questo è abbastanza ricco. Sono beni limitati e perciò nella misura in cui uno ne partecipa, o piuttosto, tanto più uno ne partecipa quanto più è solo a parteciparne. Tutto tende a distinguerti, a separarti, sul piano naturale.
Voi vedete che fuori dal Cristianesimo l'umiltà non esiste; può esistere la
modestia, ma non esiste l'umiltà. Lo stoico, che pure per tanti altri motivi
può sembrare di vivere la vita del cristiano sul piano morale, ha però un
orgoglio che gli deriva dalla consapevolezza di quello che egli è nei confronti
del popolo, della massa, nei confronti di un volgo che egli odia e col quale
egli non spartisce nulla, col quale non si sente in nessun modo solidale o in
comunione. Diogene [Diogene di Sinope, filosofo greco, fondatore della scuola
cinica, 412 a.C. ca. - 323 a.C.] rifiuta di vivere una sua partecipazione anche
con un uomo grande come Alessandro il Macedone; non vuol nulla da lui, è troppo
ricco in se stesso per aver bisogno di Alessandro. Siccome un bene limitato è
divisibile, naturalmente quanti più sono a parteciparne tanto più questa
divisibilità lo rende nullo. Di qui un fatto, che anche quelli che non sono
beni, se però sono propri soltanto di pochi, tendono di per sé a divenire un
bene; uno si gloria anche di una sciocchezza qualunque, purché sia solo a
possederla o la possegga con pochi.
...per realizzare una comunione universale
Al contrario i beni soprannaturali tanto più veramente sono beni quanto più di
fatto sono comuni. Perché? Perché in fondo i beni soprannaturali si
identificano a un Dio, a un Dio che è l'amore e Dio tanto più veramente è
posseduto dagli uomini, dall'anima, quanto più questo Dio, che l'anima
possiede, è posseduto da tutti.
Ecco dunque la condizione del cristiano che vive nella Chiesa: egli non si sente defraudato di cosa alcuna, non si sente di nulla privato, tutto quello che la Chiesa è, è suo. Non quello che la Chiesa possiede come cose singole, ma quello che la Chiesa possiede nella partecipazione di una grazia che è Dio stesso. Questa diviene il bene di ciascuna anima; ogni anima ne partecipa nella misura che ne vuole, non nella misura della capacità del bene a parteciparsi, ma della capacità dell'anima a possederlo. Ognuno cioè può partecipare di questi beni nella misura in cui vuole, non nella misura che dipende dal bene stesso: il bene non ha misura. Appunto perché è infinito, tutto può essere tuo; la misura sei tu che la poni.
Che cosa hai da invidiare? Più nulla. L'invidia davvero, sul piano soprannaturale, è non solo un peccato, ma un controsenso, un assurdo. Che cosa vuoi invidiare? La santità di san Francesco? Ma è tua. La santità di Nostro Signore? è tua anche questa. Tutto è tuo nella misura in cui lo vuoi. Non sarebbe un bene divino, questa santità, se non solo non fosse comunicabile, ma non ti fosse comunicata, perché nella misura che questa è un bene veramente divino è amore e l'amore è in quanto si dà.
Vedete dunque che cosa vuol dire la Communio Sanctorum?
Noi crediamo a questa Communio Sanctorum, a questa comunione delle cose sante
onde tutto il Paradiso è nostro, onde tutti i beni di Dio divengono patrimonio
comune. Patrimonio mio, sì, ma non in senso esclusivo, perché se lo faccio mio
in senso esclusivo, proprio per questo fatto, mi escludo dalla Communio. Queste
cose mie, queste cose di Dio, tanto più sono mie, tanto più sono di tutti;
tanto più le faccio mie quanto più mi libero da ogni esclusività nel possesso,
quanto più di fatto io non pretendo privilegi, sul piano della santità e della
grazia. Il privilegio qui, è quello soltanto dell'amore, è quello soltanto cioè
di un amore che tende di per sé a diffondersi anche da te verso tutti, e trova
soltanto una barriera non più in te, ma negli altri che non si aprono ad
accogliere il tuo dono d'amore.
I privilegi di Maria
Guardate, per esempio, i privilegi di Maria Santissima. Ci sono tanti privilegi
di Maria: l'immacolato concepimento, l'Assunzione... Sono privilegi ma non è
che ella possegga questi beni come un bene suo proprio. Proprio nella misura in
cui Dio si concede a quest'anima, in un modo così straordinariamente divino,
nella stessa misura l'anima di Maria si apre per donare quella grazia che
riceve a tutte le anime. Ed ecco perché proprio il privilegio dell'immacolato
concepimento di Maria è il fondamento di quella dignità che la fa rifugio di
tutti i peccatori; proprio perché ella è stata perdonata da ogni peccato prima
ancora di averlo commesso, proprio per questo in lei è stato perdonato anche
ogni peccatore, ella è rifugio di tutti noi. Così l'Assunzione di Maria non è
privilegio ma il tipo della nostra resurrezione stessa. Se noi celebriamo
l'Assunzione di Maria, non la celebriamo come un fatto che non ci riguardi:
proprio perché ella ha ottenuto questo supremo attestato di amore da parte di
Dio, proprio per questo, anche ella lo dona, ella lo partecipa; ella ce lo
promette, lo implora, e attraverso di lei, Dio lo realizza.
Non vi è privilegio, sul piano soprannaturale, che ci escluda, che tenda a
separarci. Ogni privilegio che tendesse a separarci dagli altri sarebbe un
"non amore", sarebbe una negazione di Dio, una negazione della
grazia. Se l'Assunzione, se l'immacolato concepimento di Maria la separassero
da noi, non vorrei nemmeno saper più nulla di Maria Santissima, perché non riconoscerei
più in lei Dio, perché non vedrei più in lei, vivente, l'amore infinito di Dio,
che si comunica a tutti. Dunque i privilegi propri anche di Maria sono
privilegi per modo di dire, privilegi che la fanno più capace di amare, più
capace di donarsi, più capace di essere di tutti. Ed è infatti questo il
privilegio supremo di Maria: quello di essere la Madre di ciascuno, mentre gli
altri che si sono poco aperti all'amore, che non hanno accolto l'amore, proprio
per questo medesimo motivo, sono meno comunicabili di lei, non sono come lei la
Madre di tutti, non sono i fratelli universali, per dirlo in altre parole. Lo
sono e non lo sono; non sono percepiti come tali, non vi sembra?
Tutto è di ciascuno
Communio Sanctorum: che meraviglia tutto questo!
Bisogna essere proprio piccini piccini, cioè non pretendere nulla per noi, escludere ogni proprietà perché è la proprietà che esclude l'amore, è la proprietà cioè che esclude questa ricchezza divina, questo bene che è Dio. Dio non può essere esclusivamente tuo: nella misura in cui tu lo fai tuo, Egli ti sfugge e non è; proprio nella misura che tu lo vorresti soltanto per te, proprio nella stessa misura, ti escludi al suo possesso.
Le cose sante sono comuni appunto per questo: sono tutte tue e tutte di tutti, e proprio perché essendo tue sono di tutti, proprio per questo anche quanto più Dio si comunica a te, tanto più in te si realizza l'unità con ogni creatura. Ecco Maria Santissima. Dio si è comunicato in modo sorprendente alla sua anima, ma ella non per questo si separa dagli altri, ma proprio per questo diviene invece la Madre di tutti. Proprio per questo diviene intima a ciascuno; proprio per questo ella vive in te più di quanto non viva in te la tua anima stessa.
Communio Sanctorum: che meravigliosa verità è mai questa!
E che gioia non ci dona il sentire che nulla ci è rifiutato, che da nulla siamo esclusi; che nessuna grazia, proprio perché è grazia, non ci è sottratta! E nella misura in cui tutto ci è donato, nella stessa misura, ecco, noi diveniamo aperti, senza più porte, senza più difese del nostro egoismo, liberati da tutto quello che ci divide e ci separa da Dio e dagli uomini, dagli angeli, dal mondo divino e dal mondo umano, da tutto.
Ognuno di noi, proprio per possedere Dio, bisogna che divenga immenso come Lui, per possedere Dio bisogna che si apra ad accogliere tutto come Dio stesso, bisogna che si faccia una sola cosa col tutto, nel Cristo.
Questa mi sembra che voglia dire prima di tutto la Communio Sanctorum.
La Comunione dei santi...
La nostra partecipazione alla redenzione del Cristo implica una partecipazione
all'uomo della vita divina, di una grazia però che non è un bene esclusivo e
non lo diviene mai, ma tanto più si partecipa quanto più anche diviene comune.
Ora, proprio per questo motivo, la comunione delle cose sante diviene
naturalmente e necessariamente la Comunione dei santi.
Se la grazia di Dio non si comunica all'uomo che aprendo l'uomo ad una universale comunione, ne viene precisamente che, quanto più l'uomo partecipa di questi doni divini, tanto più anche comunica con gli altri uomini, vive una comunione di amore con tutti quelli che partecipano ai medesimi beni. Per la carità di Dio l'uomo non si apre soltanto a Dio, non entra in comunione soltanto con la divinità, ma acquista una sua trasparenza onde l'anima può comunicare con tutte le altre anime, può vivere un rapporto di amore anche con tutti i fratelli.
Il peccato ci ha divisi, ci ha opposti gli uni agli altri e ci ha separati, ci
ha reso opachi, impenetrabili all'amore; la grazia invece ci dona questa nuova
trasparenza, ci dona questa nuova possibilità di comunione di amore. Ed è
questo precisamente allora l'effetto della grazia divina: che cioè noi viviamo
la vita di tutti e tutti vivono della nostra medesima vita; non c'è più nulla
di proprio che non sia, anche qui, di tutti. Quanto più noi siamo ricchi e
partecipiamo agli altri i nostri beni, tanto più dell'altrui bene noi viviamo.
Un santo tanto più è santo quanto più è privo di ogni difesa nel suo amore,
quanto meno è chiuso nella sua ricchezza.
...oltre lo spazio e il tempo
A questa comunione di amore non solo non è più di impedimento l'opacità del
corpo, ma nemmeno la difficoltà di uno spazio che ci divide, di un tempo che ci
può separare. Per la comunione dei santi, di fatto, un'anima può riassumere in
sé la vita non solo di tutte le anime, ma di tutti i tempi: può veramente
vivere un rapporto di amore con tutti coloro che questa medesima grazia hanno posseduto,
posseggono o anche possederanno.
Il respiro dell'anima cristiana è veramente un respiro cattolico; il cristiano è per sua natura sinfonico. Che cosa noi dobbiamo agli altri? Che cosa gli altri debbono a noi? Noi potremmo dire: tutto, ogni cosa. Dio stesso non si comunica a noi che attraverso la mediazione dei nostri fratelli.
Tu non sei battezzato, tu non ricevi il perdono di Dio, tu non ricevi nemmeno il Corpo del Cristo, che attraverso la mediazione non solo della Chiesa, ma del sacerdozio. Tu non ricevi comunione di vita nella parola di Dio, che attraverso il magistero, l'insegnamento, non solo della Chiesa docente, ma di tutti quei fratelli che nella Chiesa sono maestri e discepoli. Uno anche se non insegna con la parola, insegna con l'esempio, insegna con la vita.
Il bene che noi ci comunichiamo a vicenda è uno solo: Dio, l'amore. Ma questo
Dio, che è il bene unico e comune per tutti, è un bene che non si dona a
ciascuno che attraverso la mediazione di tutti. Noi abbiamo bisogno dell'esperienza
umana universale per vivere la nostra povera vita, per vivere la nostra piccola
vita. Piccola, povera... No, perché in ognuno di noi vive tutto quanto
l'universo, così che nell'universo io non mi perdo, così che nell'universo io
non mi sommergo.
Questo di fatto, direi, è quello che distingue il cristiano.
L'alternativa al
Cristianesimo
Noi pensiamo a due soluzioni al di fuori del Cristianesimo e ambedue sono
soluzioni di morte, non di salvezza per l'uomo. Una soluzione è quella appunto
dell'uomo che vivendo nel mondo, che vivendo nella storia, viene assorbito dal
mondo, viene assorbito dalla storia, come parte di un tutto, ma precisamente,
in quanto parte di un tutto, egli non vive. Che cos'è mai questa piccola parte
che è l'uomo in una storia così vasta, in una storia così grande come la storia
degli uomini? Che cos'è mai quest'uomo nella creazione? Una parte. Ma anche lo
stesso nostro sistema stellare si perde nell'immensità degli spazi. Se tu sei
parte non sei nulla. Giustamente però allora, al di fuori del Cristianesimo,
l'uomo tenta di salvarsi separandosi dal tempo e dallo spazio, escludendosi
dalla comunione con gli uomini, isolandosi in un isolamento feroce, cercando di
difendere il proprio io, di contro a tutte le ragioni di un amore che tenta di
sommergere questo piccolo lucignolo fumigante che è l'uomo. Ma anche in questo
caso che cosa l'uomo vive? L'uomo vivrebbe nel suo isolamento se fosse Dio,
cioè se avesse in sé la ragione della propria esistenza, cioè, se per vivere,
l'uomo non avesse bisogno di alimentarsi continuamente. Ma l'uomo, come tutte
le cose quaggiù, non ha una ragione del proprio esistere: come non ha ragione
del suo essere, così non ha ragione in sé della sua esistenza. Per essere, ha
bisogno di un atto creatore, per sussistere ha bisogno continuamente di essere
alimentato nella sua vita. Una stufa ha bisogno che ogni giorno noi ci gettiamo
il sacchetto di carbone. L'uomo, sul piano anche fisico, per sussistere ha
bisogno ogni giorno di mangiare. E voi pensate che per la nostra vita
spirituale noi possiamo essere sufficienti a noi stessi? No certamente. Nel suo
isolamento dunque, l'uomo mentre cerca di difendere se stesso di fronte a una
sommersione, di fronte a un suo annientamento nella vastità delle cose, nel suo
isolamento egli non vive che la sua morte, non fa che destinarsi alla morte.
Il Cristianesimo di fatto ci libera da una soluzione come dall'altra: tu non
sei parte del tutto e tu non vivi isolato. Tu sei il tutto, perché il tutto
vive in te. Tu sei il tutto perché tutta quanta l'umanità in te rivive, di
tutta quanta l'umanità tu ti alimenti; tutta quanta la storia deve avere una
sua eco nel tuo medesimo cuore. E tutto questo avviene precisamente in forza di
questo amore divino, di questa grazia di Dio, di questa comunione delle cose
sante che è Dio stesso poi, in ultima analisi, onde tu, ecco, accogli l'amore e
lo doni.
In Dio accolgo tutto e tutti
Comunione dei santi. L'uomo non è parte dunque di un tutto e non è l'uno che si
isola: se si isola dagli uomini si isola da Dio. Accogliendo Dio in sé, l'uomo
diviene penetrabile da tutti e l'uomo accoglie anche tutti perché non accoglie
Dio che attraverso la mediazione degli uomini. Per accogliere Dio, bisogna che
accolga tutta quanta l'umanità; e d'altra parte non si isola, ma accoglie Dio
per comunicarsi a sua volta a tutta quanta l'umanità.
Ecco la Comunione dei santi, mistero estremamente gioioso, estremamente glorioso per l'uomo. Tu vivi una comunione d'amore con ogni fratello, tu hai bisogno di ogni fratello per vivere Dio, e ogni fratello ha bisogno di te. Tu devi sentirti debitore di tutti, tu devi sentirti bisognoso di tutti. Vivere, per l'uomo, vuol dire sempre più aprirsi ad accogliere il dono divino, il dono di un Dio che giustamente non si comunica a te attraverso una singola cosa, ma attraverso tutte, perché di tutte Egli ha bisogno, di tutte in qualche modo ha voluto avere bisogno per donarsi al tuo cuore.
A tua volta, tu non possiedi ora Dio, tu non possiedi questa vita divina, che in quanto la comunichi a tutti. Sicché, l'essere tu bisognoso di tutti, il sentirti tu nella necessità, per vivere, di ricevere, di accogliere in te il dono di una vita che da ogni avvenimento, da ogni creatura ti viene comunicata, non ti dispensa dal comunicarti. Anzi: nella misura in cui accogli, nella misura in cui hai bisogno, nella stessa misura sei debitore. Tanto tu accogli quanto tu doni, e quello che accogli è l'immenso, Dio, e quello che tu doni è l'immenso, Dio stesso.
Dio è colui che ci unisce, Dio è colui che attraverso di noi si comunica, Dio è
colui che tu ricevi e tu doni. La nostra comunione è in Dio, ed è Dio stesso
che la fa.
Vivere la comunione...
Communio Sanctorum - comunione dei santi - mistero, dicevo, glorioso, ma come
viverlo? Come dovremmo parlare un linguaggio più semplice! Come dovremmo
sentirci impegnati a vivere questo mistero in una maniera veramente reale,
concreta! Che debbo dirvi? Questo bisogno voi lo sentite? Vorrei che lo
sentiste.
...nella lectio divina...
La lectio divina, uno dei mezzi più necessari alla vita cristiana, che cos'è se
non precisamente un accogliere Dio se non attraverso una nuova esperienza?
Guarda che Dio si comunica a te prima di tutto, dicevo, attraverso
un'esperienza che giustamente è stata in qualche modo consegnata alla parola.
Dio si è comunicato prima all'uomo attraverso le cose. Una lectio divina è anche aprire gli occhi a vedere la creazione, e vedere la creazione come libro di Dio: "e;Coeli enarrant gloriam Dei"e; (Sal 18, 2). Dunque i cieli parlano, i cieli sono una scrittura divina, è una scrittura divina anche la creazione, che tu devi interpretare, che tu devi accogliere. Le cose stesse ti parlano di Dio: tu devi accogliere il loro messaggio. Dunque la lectio divina è la contemplazione della natura, ma una lectio divina è anche, e soprattutto, una lettura e una meditazione dei Libri Sacri. Attenti qui: nei Libri Sacri, Dio non ti parla attraverso la natura, ti parla attraverso il linguaggio di un uomo. I Libri Sacri sono la letteratura di un popolo: la letteratura ebraica praticamente si identifica alla Bibbia.
L'esperienza dunque di una storia umana, la storia di un popolo, l'esperienza di un popolo nella sua vita civile, politica e culturale: questa è la parola di Dio. Dio e l'uomo sono insieme confusi, più che confusi sono insieme uniti, e tu non accogli Dio che attraverso questo accogliere l'uomo. Per vivere tu la parola divina, devi accogliere Israele nel tuo cuore.
"e;Siamo tutti dei semiti, spiritualmente"e;, diceva Pio XI. Non lo
siamo soltanto perché Israele ci ha dato la rivelazione, ma perché ci ha dato
la rivelazione attraverso la sua stessa esperienza umana, la sua medesima
storia. Tu comunichi con Dio se tu comunichi con tutto il popolo, tu vivi di
Dio se fai tua l'esperienza di Mosè, di Isaia, di Geremia, di uomini che non
sono lontani da te, che tu devi sentire padri tuoi e tuoi fratelli.
"Tipo" della santità rimangono essi per te; Dio non si comunica a te
se non attraverso di loro. Non è forse vero?
...e nell'esperienza dell'uomo
Vi ricordate quello che vi dicevo proprio domenica? Ogni letteratura
nell'antichità è sempre stata considerata una letteratura sacra, ispirata in
qualche modo da Dio. Ed è vero in qualche modo. Non certo ogni letteratura si
può mettere sul piano della letteratura d'Israele, della Bibbia, e tuttavia
l'uomo può comunicare se stesso senza comunicare Dio? Non è forse vero che
Lucrezio [Tito Lucrezio Caro, poeta e filosofo latino, 98-55 a.C.] - per
parlare di un poeta latino - ti può veramente condurre, darti un senso del sacro
di fronte alla natura? Ed Eschilo [poeta tragico greco, ca. 525-456 a.C.]
per i greci?
Classica e non classica, antica e moderna, l'esperienza dell'uomo non è mai
un'esperienza di un uomo soltanto, è l'esperienza anche di un Dio, che l'uomo o
crocifigge nel suo cuore o combatte furiosamente per sottrarsi al suo
impero. Oppure di un Dio, invece, a cui l'uomo si apre, si abbandona per
essere invaso da Lui, per essere da Lui posseduto.
Le molteplici Rivelazioni...
La comunione dei santi. Dio si comunica all'uomo attraverso la mediazione degli
uomini, cosicché tu non potrai mai ricevere Dio se non aprendoti ad accogliere
ogni uomo; e non soltanto l'uomo. Ma giustamente noi dobbiamo insistere
soprattutto sugli uomini perché, mentre se tu accogli il messaggio divino
attraverso gli avvenimenti e le cose, tu entri in comunione con Dio, ma non con
gli uomini, è invece nell'accogliere Dio attraverso gli uomini che non soltanto
accogli Dio, ma accogli gli uomini stessi. Allora tu vivi ora non più soltanto
in comunione con Lui, ma in comunione anche con loro, che diventano tuoi
fratelli.
...cosmica...
Si diceva: uno dei mezzi fondamentali per alimentare in noi la vita divina, è
precisamente la lectio, la lettura sacra, la meditazione, per usare un
linguaggio moderno, meditazione che deriva da una lettura. Ora la lettura che
si fa per prima, è la lettura della creazione: la creazione stessa si apre
davanti a te come un libro perché tu possa leggervi Dio, perché tu possa
trovarvi la sua parola e tu possa comunicare con la sua volontà, col mistero
della sua grandezza, col mistero della sua santità.
Ma giustamente, attraverso questa lettura, la tua comunione non potrà mai
divenire una comunione personale con le cose: le cose divengono soltanto lo
strumento perché tu entri in comunione con Dio. Tu anzi devi trascendere le
cose medesime, nell'istante in cui tu raggiungi la divinità, nell'istante che
ti apri ad accogliere Lui.
...profetica
Ma vi è un'altra lettura, una lettura che in senso più proprio viene detta
lectio divina: la lettura dei Libri Sacri, che è normativa per ogni altra
lettura.
Nei Libri Sacri è consegnata non soltanto la parola di Dio - questo si diceva poco fa - ma anche la parola dell'uomo, di tutto un popolo, di tutta la storia di un popolo. Praticamente la Bibbia si identifica a tutta la storia del popolo ebraico, fin tanto che il popolo ebraico rimane il popolo eletto, il popolo di Dio. Tu ora non accogli questo messaggio divino, la rivelazione di Dio, che accogliendo tutta questa storia; tu non vivi una comunione con Dio che vivendo una comunione con questo popolo, che facendoti tu in qualche modo un israelita spiritualmente, come diceva Pio XI. Non c'è possibilità per noi di accogliere Dio indipendentemente da questa storia, indipendentemente da questa parola, indipendentemente da questa esperienza, che è una esperienza umana: è l'esperienza di Geremia e di Isaia, di Mosè e di Abramo, è l'esperienza di questi uomini di Dio. Come essi hanno accolto Dio, così ora Dio si comunica a te attraverso la loro esperienza, nella loro stessa esperienza.
E si diceva ancora: certo che la Bibbia, la lettura biblica è normativa di ogni altra lettura, per un'anima religiosa, perché indubbiamente nessun'altra letteratura, di nessun altro popolo, comunica in un modo così pieno il valore divino, la volontà di Dio, come questa letteratura.
E pur tuttavia si soggiungeva: vi è forse un'esperienza dell'uomo che non
implichi Dio? In ogni esperienza umana tu non ritrovi che Dio, magari in quanto
l'uomo ha combattuto questo Dio che voleva forzare la porta per entrare nel suo
cuore. Così giustamente non vi è lettura che non ci riporti a Dio, che non
possa comunicarci Dio.
...per accogliere l'umanità intera
Tu hai bisogno di Dio, ma non lo puoi ricevere che accogliendo tutti gli uomini
in te, che aprendoti ad ogni umana esperienza, che facendoti tu solidale con
tutti. La comunione con Dio implica la comunione con tutta quanta la comunità
umana. Non solo: non si potrà mai comunicare a te un'esperienza umana che
nell'atto medesimo in cui si comunica a te Dio stesso, perché l'uomo è
dall'uomo separato e diviso, finché la grazia non crei una possibilità di
comunione e di amore. Questa grazia che ci comunica Dio è anche la grazia che
di nuovo apre a noi la possibilità di una comunione con gli uomini.
Noi cristiani, proprio in forza della grazia che possediamo, siamo nelle
condizioni migliori per accogliere tutti, per sentire tutti, per vibrare con
tutti, per far nostra l'esperienza di tutti. Veramente la Chiesa ha ereditato
le spoglie dell'Egitto, veramente il cristiano è l'erede di tutta la storia del
mondo. Tutta la storia del mondo ha un'eco nel suo intimo cuore
I santi...
Certo che soprattutto tu vivrai in comunione con gli uomini in quanto questi
uomini sono dei santi perché, se la comunione ti è possibile in forza della
caritas, solo in forza di un Dio che è il possesso comune, ne viene che quanto
più santo è colui che ti parla, tanto più tu attraverso di lui entri in
comunione con Dio ed entri in comunione con colui che ti parla e vivi la sua
stessa esperienza.
Ed è anche vero questo: che se tu hai bisogno di Dio, che se la tua vita
interiore si alimenta di Dio, è chiaro anche che il bisogno di una comunione
con gli uomini tanto più è vero e reale, quanto più questi uomini sono veramente
dei santi, cioè veramente ti comunicano Dio, veramente ti danno Dio. Di qui,
vedete, l'importanza che ha, nella vita cristiana l'agiografia, e anche i libri
scritti dagli uomini che hanno avuto nella storia del Cristianesimo, ed anche
nella storia del mondo, un'esperienza singolarissima di vita divina. Potresti
tu fare a meno di sant'Agostino, di Origene, di santa Teresa, di san Giovanni
della Croce, di santa Teresa del Bambino Gesù? No, non ne puoi fare a meno.
Certo, anche di tutti gli altri tu senti il bisogno, anche di tutte le altre
anime in qualche modo tu senti fame, ma soprattutto di queste perché in esse
massimamente Dio è presente, e attraverso di loro massimamente si comunica a
te.
...mediatori di Dio...
è difficile per noi esagerare il valore che ha avuto nella storia della santità
cristiana l'agiografia, per esempio, e l'importanza che hanno avuto le vite dei
santi. Pensiamo un poco quanti sono i santi che si sono fatti santi proprio per
un primo contatto con altre anime, più che con Dio, con altre anime sante: per
sant'Agostino, la vita di sant'Antonio; la vita di santa Maria Egiziaca per il
Beato Colombini; la Legenda aurea per sant'Ignazio di Loyola. E tanti altri
oltre loro. Così sempre nella Chiesa.
Si può noi pretendere di comunicare con Dio, di vivere un "solo a
solo" con Lui? No, si diceva già prima, un "solo a solo" con Dio
è veramente un assurdo per noi cristiani. La fuga del "solo a solo"
di Plotino [filosofo greco, nato in Egitto, fondatore del neoplatonismo, 204 o
205-270], è veramente un assurdo per noi cristiani, nell'esperienza cristiana,
perché Dio è l'amore e tu lo possiedi soltanto nella misura in cui ti apri a
comunicarti agli altri, perché Dio non si dona a te che attraverso la
mediazione degli uomini. E una volta che tu lo possiedi, se Egli è l'amore,
Egli anche da te si comunica a tutti, anche Egli da te si deve donare a
ciascuno.
...norma di vita
Si parlava dianzi della lectio divina, la lettura della Sacra Scrittura. Certo
che, più della dottrina, non vi è un altro sacramentale più alto, più ricco di
grazia, più efficace per la nostra vita interiore. Di fatto rimane anche vero
che la nostra comunione, prima ancora di essere una comunione con gli altri
uomini, anche cristiani badate, santi cristiani, è una comunione con Abramo,
Mosè, Isaia, Geremia, Cristo, Pietro, Paolo, Giovanni, con gli uomini cioè, la
cui vita, in qualche modo, è indivisibile dallo stesso messaggio della
rivelazione divina. La rivelazione divina in tal modo viene congiunta, unita,
all'esperienza umana di questi uomini, che per te sono divenuti norma di vita.
Tu puoi imitare o non imitare san Luigi, tu puoi imitare o non imitare santa
Teresa, ma tu non potrai mai, se vuoi vivere una vita divina, non imitare
Abramo. Tu non puoi non vedere in Abramo una norma che si impone al tuo
spirito, tu non potrai non vedere in Pietro o in Giovanni o in Paolo, una norma
di vita. E soprattutto nel Cristo, nel Cristo non in quanto si comunica a te
attraverso il Sacramento eucaristico, ma in quanto si comunica a te attraverso
la sua esperienza umana consegnata nella storia evangelica attraverso quella
parola.
Anime sinfoniche...
Non sentite vivere in voi la vita di tutti questi uomini, non sentite che la
vostra anima è veramente un'anima sinfonica?
Che cos'è vostro? Nulla, perché tutto quello che è vostro è di tutti. Che cosa voi dovete agli uomini? Voi stessi non lo sapete: tutto avete ricevuto da loro, perché tutto a voi viene attraverso di loro, e tutto voi dovete a loro perché tutta la vostra esperienza dovete anche comunicarla ai fratelli, perché gli altri si nutrano del vostro sangue, della vostra anima, della vostra stessa esperienza.
lo vi richiamo soprattutto, per vivere questa Communio Sanctorum,
all'importanza che ha nella vostra vita spirituale la lettura della Sacra
Scrittura; dopo di questa viene la lettura degli altri libri più o meno sacri,
perché tutti sono sacri: libri di santi, siano essi vite o anche trattati di
dottrina. Il pericolo per noi è che si trasformi la lettura in uno studio. Ora lo
studio non è più la comunione con un'anima, è piuttosto una elucubrazione di
idee, è un'impalcatura, una sistemazione di concetti.
...cioè vive
Voi dovete mantenervi anime vive e sentirvi in comunione con anime vive. La
lettura si deve trasformare per voi in una comunione d'amore, una comunione di
amore onde voi accogliete, attraverso l'uomo, Dio stesso, onde voi, accogliendo
Dio, entrate anche in comunione con colui che ve lo comunica.
Non è mai senza commozione che io rileggo certe pagine di Newman [John Henry
Newman, teologo, filosofo e cardinale inglese, 1801-1890; beatificato nel
2010], anche del suo testamento, in cui parla degli antichi Padri della Chiesa
come di amici, come di persone che egli sente veramente vive nella sua vita,
con le quali egli ha veramente un rapporto di amore. E in fondo è così: la
nostra comunione con gli altri avviene nella nostra stessa comunione con Dio.
Così questo si realizza: che ci sono più vicini i santi dei nostri stessi
familiari, che viviamo una comunione più intima con san Francesco e santa
Teresa di quella che viviamo con i colleghi della scuola o con i fratelli di
sangue. Tu vivi la loro vita più di quanto tu non viva la vita dei tuoi
fratelli. Così, la vita di santa Teresa del Bambino Gesù ti è più vicina, ti forma
di più, di quanto non ti formi, di quanto non sia norma per te, di quanto non
alimenti la tua vita intima, l'esperienza dei tuoi fratelli di sangue.
Dio fonte di comunione
Vediamo dunque come gli uomini comunicano fra loro: attraverso Dio stesso. Quanto
più gli uomini comunicano Dio, tanto più comunicano anche se stessi. La nostra
comunione con gli uomini si realizza in una nostra comunione con Dio, l'unità
con gli uomini è Dio stesso, che è il bene e degli uni e degli altri, bene
comune anzi di tutti. In Lui dunque la comunione si stabilisce, in Lui dunque
la comunione si rafforza, in Lui la comunione si approfondisce e diviene
grande, immensa, diviene intima, dolce. In Dio la comunione diviene veramente
viva.
Come comprendiamo che l'uomo è immortale! Proprio per questa Communio
Sanctorum, perché infatti, se io dovessi vivere soltanto una mia comunione con
delle persone con le quali il bene con cui comunico non è Dio, questa comunione
si esaurirebbe. Si esaurisce molte volte anche la comunione di un marito con la
moglie, dopo molti anni di vita in comune; si sente al termine che non c'è più
nulla da scambiare fra loro. Com'è triste tutto questo, ma come è vero! Vivendo
con dei fratelli di sangue, pian piano ci si accorge che siamo sempre più
lontani fra noi. Com'è triste ma com'è vero! Il bene comune che crea la
comunione è Dio; è nella comunione dei santi che questo Dio è l'unità. Ma se
Dio alimenta questa comunione, questa comunione è indefettibile, eterna. Ed
ecco perché ci sono più vicini Agostino e Gregorio di quanto non ci siano
vicine certe persone che ci passano accanto per la strada. Che cosa ho da
spartire con costoro? Tanto e nulla o ben poco. La Communio Sanctorum può
realizzarsi anche con loro, con quelli che mi passano accanto occasionalmente,
e deve realizzarsi anche con loro, soprattutto in quanto sono debitore a loro
di quel Dio che posseggo. Tuttavia, o per una mia povertà spirituale o per
un loro egoismo onde essi si chiudono e non accolgono Dio, la comunione rimane
estremamente fragile, il bene comune in cui possiamo trovarci uniti è tale che
non basta a dare né una vita profonda a me e all'altro, né una vita eterna, né
una vita che doni all'uno e all'altro l'immortalità. Come invece sentiamo che
la comunione con i santi ci dona realmente la vita, come sentiamo che nella
comunione di questi santi veramente la nostra vita si dilata, si arricchisce,
acquista una forza, un vigore che il tempo non basta ad esaurire, a impoverire.
Accogliere i santi
Bisogna vivere questa comunione dei santi! Oggi troppo poco si parla dei santi:
non va bene. Ho paura di questa dimenticanza perché il Cristianesimo se
dimentica i santi dimentica la redenzione; si misura la grandezza della
redenzione dal frutto, che sono i redenti, che sono i santi cristiani.
Vivere con loro, comunicare con loro, aprirci ad accogliere il loro dono di
amore, perché soltanto nell'accogliere questo dono di amore, noi accogliamo Dio
stesso, noi viviamo in Dio una medesima vita! Questo è il compito nostro,
questo è il modo di vivere il mistero che noi crediamo quando diciamo:
"e;Credo nella Comunione dei Santi"e;.
L'Eucarestia
è uno dei mezzi, quello della lettura, fra i più facili e i più necessari per
vivere la Communio Sanctorum ma non il solo né il più grande. Se è vero quello
che dicevo, che cioè Dio si comunica attraverso la mediazione degli uomini,
sarà più perfetta la comunione coi santi, quando è più perfetta la comunione
con Dio, quando Dio si dona nella misura più alta, più perfetta alla creatura.
Allora anche avviene la comunione più perfetta, più intima, più vera coi santi.
Quando? La lectio divina ci riporta un mezzo di comunione con Dio che era proprio dell'antica rivelazione profetica più che della rivelazione cristiana. Indubbiamente i Libri Sacri rimangono anche per i cristiani; anzi, i cristiani non hanno come libri sacri soltanto i libri dell'Antico Testamento, ma anche i libri del Nuovo. Tuttavia nemmeno i libri del Nuovo Testamento sono il più alto dono che Dio ha fatto agli uomini nella rivelazione cristiana.
Il più alto dono che Dio ha fatto di Sé agli uomini, nella rivelazione
cristiana, più ancora del Nuovo Testamento, sono i Sacramenti divini:
l'Eucarestia in particolare. Ora, se nell'Eucarestia Dio si dona, si comunica
nel modo più intimo e vero, nel modo più alto e immediato, se così si può dire,
è giusto pensare che anche in quel mezzo, in quell'atto, la nostra comunione
coi santi si realizzi nel modo più perfetto. Ed è proprio quello che pensavo
nel recitare il Vespro insieme con voi. Oggi celebriamo la memoria di
Sant'Andrea Avellino: chi lo conosce [al secolo Lancellotto Avellino, sacerdote
nel 1545, entrò fra i Teatini nel 1556 col nome di Andrea; 1521-1608. Fu
proclamato beato nel 1624 e santo nel 1712]? Eppure io parlavo a Dio di lui,
invocavo la sua intercessione, era una comunione con lui. Non potevo vivere la
lode divina che in quanto entravo in comunione con un santo.
La liturgia
Che cosa mirabile è mai la liturgia della Chiesa! Non fa presente soltanto il
Mistero del Cristo: fa presente il Mistero di un Dio che si comunica al mondo,
nel fare presente anche tutta la Chiesa trionfante, i morti del purgatorio, i
cristiani che vivono quaggiù, perché la liturgia della Chiesa non è mai
preghiera privata, è una preghiera in cui tutta la Chiesa in qualche modo è
coinvolta, è presente, è viva, ma soprattutto fa presente la Chiesa trionfante.
Ma pensate un poco! San Tommaso d'Aquino: mica studio le sue opere! Egli pensa a me. La grandezza di questi uomini non li allontana affatto dal più umile cristiano perché anche il più umile cristiano non soltanto celebra la festa di san Tommaso, ma ne invoca l'intercessione, ma vive in comunione d'amore con lui.
Fin tanto che vivevano quaggiù sulla terra, anche i santi non vivevano in una
comunione così intima con gli uomini come ora che sono nel cielo. La stessa
loro missione praticamente li separava dagli uomini, li rendeva estranei ai
fratelli. Quanti avranno avuto la possibilità di accedere, non so, ad un Papa e
parlare ad un Papa delle piccole cose! Quanti avranno avuto accesso facile, in
modo da stabilire una vera comunione personale di amore, con san Tommaso
d'Aquino o con sant'Edoardo Re, per fare degli esempi. E ora che sono morti,
ecco ti sono dati, entrano nella tua vita, sono tuoi compagni di viaggio, sono
tuoi amici, ti danno quello che ti fa vivere giorno per giorno. La grazia
divina la ottieni per la loro intercessione, per la loro preghiera, per un loro
ministero di amore.
Il Santorale
Il Santorale, nella Liturgia della Chiesa, ci dice che cosa è mai la vita
cristiana: non solo comunione con Dio, ma comunione con tutta quanta l'umanità,
di tutti i tempi, di tutte le razze, perché tutti entrano nella tua vita.
Pensa un poco: uno come noi può vivere in un angolino appena appena conosciuto
da poche persone. Eppure invece, ci conoscono e noi conosciamo loro; ci conoscono
e ci amano - e noi li amiamo - persone che sono vissute nella Persia o nel
Giappone o nell'America del Sud, come santa Rosa da Lima, come il Beato Martino
de Porres [Martino de Porres, mulatto peruviano, terziario domenicano,
1579-1639; proclamato santo nel 1962], come santa Marianna di Gesù [Mariana de
Jesùs Paredes y Flores, terziaria francescana ecuadoregna, 1618-1645;
proclamata santa nel 1950]. Possono entrare nella nostra vita come amici e
fratelli, e più che amici e fratelli, perché, si diceva già prima, l'unità qui
non è stabilita dal legame del sangue, ma dal bene che l'anima e il santo
possiede e che è Dio stesso.
In Dio nulla ci separa
Possiamo vivere come fratelli ed essere di diverse razze, di diversa civiltà,
lontani nel tempo, estremamente diversi nel temperamento, con una missione,
nella Chiesa, estremamente diversa: eppur nulla ci allontana. Quaggiù tutto ci
allontana: lo spazio, il tempo; uno che vive oggi è separato da coloro che
vivevano ieri: il tempo separa, lo spazio separa. Anche la condizione sociale
separa: uno ha una certa cultura, l'altro non ha nessuna cultura, non c'è modo
di stabilire veramente un contatto intimo, personale. La ricchezza separa, i
doni stessi separano, i doni naturali, come si diceva stamani. Invece la carità
di Dio, la Communio Sanctorum, il possesso di Dio, fa intimi gli uni agli altri
senza che nessun impedimento, nessun ostacolo, possa impedire l'amore, possa
impedire questa comunione di amore. Dio che è al di sopra del tempo, Dio che
trascende lo spazio, Dio che supera tutte le divisioni, opera l'unità. L'unità
di tutti i tempi nella tua medesima vita, l'unità di tutti gli spazi nella tua
stessa esperienza umana. L'unità di tutti i popoli nella tua povera vita,
perché tutti i popoli entrano nella tua vita con la loro esperienza, con la
loro storia, con la loro vita, e tu vivi la vita di tutti e tutti vivono la tua
vita, nella misura in cui tu vivi in Dio, nella misura in cui tu, vivendo di
Dio, sei debitore a ciascuno.
Ed ecco che un santo, che vive oggi una povera vita, diviene poi una fiaccola
per tutte le nazioni, diviene poi un cuore che pulsa nel cuore di tutti. Una
santa Teresa del Bambino Gesù, nella cella accanto alla sua, fin tanto che
viveva quaggiù sulla terra, era sconosciuta, dimenticata, lontana. Ma ora ella
vive non vicina, ma nel cuore di tutti; non soltanto perché è ricordata, ma
perché essa è viva nel comunicare Dio, la propria esperienza religiosa.
La Messa, tutta la storia del mondo
Avete voi questa percezione di vivere una vita così? Una sinfonia così ampia,
così ricca, così vasta, in tal modo che tutto quello che è umano abbia una
ripercussione nel vostro cuore?
Basterebbe pensare a quello che diciamo nella Messa, dopo la Consacrazione:
"e;Supra quae propitio ac sereno vultu respicere digneris..."e;. Ci
farebbero andare in estasi queste parole, soltanto se le pensassimo: basterebbe
pensarle! Vivere noi l'atto di Abele e in Abele tutta la civilizzazione antica,
tutta l'esperienza umana prima della vocazione di Abramo, tutta l'esperienza
ebraica fino a Cristo. Tutta la rivivi in quell'atto, tutta si fa presente in
quell'atto. Pulsa nel tuo cuore la stessa ansia di tutta un'umanità che ha
cercato Dio, a tentoni, nel buio. Pulsa nel tuo atto tutta l'aspirazione del
popolo d'Israele nell'attesa del compimento della promessa; vive nel tuo atto
tutto l'ardore dei confessori, dei pontefici, dei martiri cristiani. II tuo
atto è la vita del mondo, è veramente tutta la storia del mondo.
I santi si donano
E, guardate, una cosa importante: siamo noi i sordi, non loro. Essi si donano,
siamo noi che non li accogliamo. Se sant'Edoardo rimane un estraneo ancora
nella nostra vita, non è per colpa sua, è per colpa nostra. Come è bello
sentire che noi abbiamo parte alla missione stessa di questo santo, perché
questo santo ci viene incontro con un nome, un cognome e certe generalità!
Entra nella vita, cioè, con la sua esperienza. Non è un qualunque uomo, è
sant'Edoardo, si noti bene, cioè un re dell'Inghilterra medievale. lo che ho
una missione così misera, vivo la missione di tutti i santi. Che cosa ho da
invidiare a Santa Margherita Maria? Nella misura in cui essa è santa ed ama, le
sue grazie sono mie grazie, la missione che ha avuto nella Chiesa diviene la
mia missione. Non mi è sottratto nulla, dicevo stamani, non mi è sottratta
dunque la posizione che essi hanno avuto nella storia. San Tommaso d'Aquino
diviene il mio amico in quanto è un dottore della Chiesa. Non è un nome,
un'etichetta. Kant [lmmanuel Kant, filosofo tedesco, 1724-1804] è un'etichetta
per me, un'etichetta per dire quello che è il pensiero kantiano, non è vero? Ti
ha mai interessato il personaggio Kant? Poteva essere una curiosità sapere che
aveva la mania di andare sempre a passeggio in quelle date ore del giorno.
Poteva essere una curiosità intellettuale, non che tu vivessi una comunione con
lui. Ma i santi - può essere anche una curiosità tua conoscere la vita dei
santi - i santi veramente entrano nella tua vita con la loro carica umana di
amore, di un amore che certo è soprannaturale nel suo principio, ma umano nella
sua espressione, perché i santi sono uomini, pur essendo glorificati, pur
essendo nella gloria di Dio. Essi ti amano e tu li ami, non sono un'etichetta.
Si stabilisce fra te e loro una comunione di amore, una famiglia; l'unità di
una vita.
Vivere la vita dei santi
Se tu la pensi un poco, che meravigliosa cosa è mai questa!
Così piccolo tu sei, così povero tu sei, così limitato è il tuo orizzonte, così limitata la tua esperienza. Eppure in questa tua esperienza, in questa tua piccola vita, risuona l'eco di tutte le età, vive e pulsa il cuore di tutte le generazioni, si anima questa tua piccola vita della vita di tutte le anime che hanno conosciuto Dio e l'hanno amato.
Per questo - vedi - non ti è sottratto nulla. Pur vivendo a Viareggio, puoi vivere la vita nel Carmelo di sessanta anni fa, la vita del Carmelo di Lisieux. Puoi vivere sì, certamente, l'ansia intellettuale di Tommaso, puoi vivere sì, certamente, lo spirito missionario di san Francesco Saverio. è quello che viveva - ricordate - santa Teresa del Bambino Gesù. Lo dice nell'ultimo capitolo della Storia di un'anima. Ella, nel suo piccolo Carmelo, viveva questa vita immensa: la vita di tutti i santi, dei dottori, dei martiri, dei confessori, dei pontefici: tutta la vita, in una sinfonia di una grandezza impressionante.
La tua piccola vita non ti toglie nulla; non ti è impedito di vivere
altrettanto, in ogni momento, tutto.
L'uomo, centro del tutto...
L'uomo, si diceva già prima, non è parte di un tutto: il tutto è Dio, e se il
tutto è Dio, non vi è una circonferenza ma ogni punto è il centro cui tutto
converge. Si dice - ricordate? - riguardo agli spazi stellari: la circonferenza
non è da nessuna parte e in ogni parte è il punto, il centro. Questo non è vero
per gli spazi stellari comunque essi siano, ma è vero per la vita spirituale,
se la vita spirituale, la vita soprannaturale è Dio stesso in quanto si
comunica al mondo. Allora è vero che ogni anima è centro, centro cui convergono
tutte quante le cose, perché centro di una sfera è il punto da cui parte tutta
la sfera. Così la terra: centro della terra è quel punto che attira a sé tutta
la terra, e se la terra è solida lo è precisamente per questo centro, per
questa attrazione onde tutte le cose vengono ricondotte a questo centro. Anche
la tua anima, ogni anima, è centro: tutta quanta la creazione converge in te,
pesa su di te e tu non sei schiacciato. E come centro anche da te si diparte
tutta quanta la creazione; tutto a te converge, tutto da te s'irradia. Di tutto
hai bisogno per vivere, a tutta la creazione tu dai la vita, nel possesso di
Dio.
...nel possesso di Dio
Questo tu devi vivere, nella Liturgia.
Pensa un poco: se il Papa vive, lo deve a te, se il Papa scrive un'Enciclica, lo deve a te. Tutto è tuo, però tu hai bisogno non soltanto del Papa, ma anche di un bambino. Da ogni parte accogli Dio e a tutte le creature tu lo doni.
Questo è vero non solo per coloro che vivono quaggiù, ma anche per i santi. E com'è bello, per esempio, glorificare Maria! Donare Dio a Maria Santissima, ai santi, nel lodarli, nel glorificarli, nell'esaltarli! Che cosa noi facciamo se non portare Dio nel loro animo, quasi che essi dovessero ricevere Dio da noi, ricevere proprio dalle nostre mani la gloria che è loro dovuta? Siamo noi che incoroniamo Maria: anche per le nostre mani essa è e deve essere incoronata.
Non ci sono mai soltanto quelli che ricevono: nel mondo divino della grazia,
noi riceviamo da tutti per donare a tutti e a ciascuno, anche nella nostra
povera vita, nella nostra piccola vita comunque essa sia. Questo mi sembra che
ci insegni la liturgia della Chiesa.
Autore: Divo Barsotti
Fonte: www.comunitafiglididio.it
La chiesa
di Ognissanti è un luogo di culto cattolico di Roma,
situato
nel quartiere Appio-Latino, lungo la via Appia Nuova, nei pressi di piazza Re di Roma;
è
sede dell'omonima parrocchia affidata ai figli della Divina Provvidenza.
Sulla
chiesa insiste la diaconia di "Ognissanti in Via Appia Nuova",
istituita da papa Paolo VI nel 1969.
La festa di tutti i Santi, il 1 novembre si diffuse nell’Europa latina nei secoli VIII-IX. Si iniziò a celebrare la festa di tutti i santi anche a Roma, fin dal sec. IX.
Un’unica festa per tutti i Santi, ossia per la Chiesa gloriosa, intimamente
unita alla Chiesa ancora pellegrinante e sofferente. Oggi è una festa di
speranza: “l’assemblea festosa dei nostri fratelli” rappresenta la parte eletta
e sicuramente riuscita del popolo di Dio; ci richiama al nostro fine e alla
nostra vocazione vera: la santità, cui tutti siamo chiamati non attraverso
opere straordinarie, ma con il compimento fedele della grazia del battesimo.
Dai “Discorsi” di san Bernardo, abate
A che serve dunque la nostra lode ai santi, a che il nostro tributo di gloria, a che questa stessa nostra solennità? Perché ad essi gli onori di questa stessa terra quando, secondo la promessa del Figlio, il Padre celeste li onora? A che dunque i nostri encomi per essi? I santi non hanno bisogno dei nostri onori e nulla viene a loro dal nostro culto. E’ chiaro che, quando ne veneriamo la memoria, facciamo i nostri interessi, non i loro. Per parte mia devo confessare che, quando penso ai santi, mi sento ardere da grandi desideri. Il primo desiderio, che la memoria dei santi o suscita o stimola maggiormente in noi, é quello di godere della loro tanto dolce compagnia e di meritare di essere concittadini e familiari degli spiriti beati, di trovarci insieme all’assemblea dei patriarchi, alle schiere dei profeti, al senato degli apostoli, agli eserciti numerosi dei martiri, alla comunità dei confessori, ai cori delle vergini, di essere insomma riuniti e felici nella comunione di tutti i santi.
Ci attende la primitiva comunità dei cristiani, e noi ce ne disinteresseremo? I santi desiderano di averci con loro e noi e ce ne mostreremo indifferenti? I giusti ci aspettano, e noi non ce ne prenderemo cura? No, fratelli, destiamoci dalla nostra deplorevole apatia. Risorgiamo con Cristo, ricerchiamo le cose di lassù, quelle gustiamo. Sentiamo il desiderio di coloro che ci desiderano, affrettiamoci verso coloro che ci aspettano, anticipano con i voti dell’anima la condizione di coloro che ci attendono. Non soltanto dobbiamo desiderare la compagnia dei santi, ma anche di possederne la felicità. Mentre dunque bramiamo di stare insieme a loro, stimoliamo nel nostro cuore l’aspirazione più intensa a condividerne la gloria. Questa bramosia non é certo disdicevole, perché una tale fame di gloria é tutt’altro che pericolosa. Vi é un secondo desiderio che viene suscitato in noi dalla commemorazione dei santi, ed é quello che Cristo, nostra vita, si mostri anche a noi come a loro, e noi pure facciamo con lui la nostra apparizione nella gloria. Frattanto il nostro capo si presenta a noi non come é ora in cielo, ma nella forma che ha voluto assume
Autore: Monaci Benedettini Silvestrini
Fonte www.liturgia.silvestrini.org
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/20500
SOLENNITÀ DI TUTTI I
SANTI
PAPA FRANCESCO
ANGELUS
Cari fratelli e sorelle,
buongiorno!
Oggi celebriamo Tutti i
Santi e nella Liturgia risuona il messaggio “programmatico” di Gesù cioè le
Beatitudini (cfr Mt 5,1-12a). Esse ci mostrano la strada che conduce
al Regno di Dio e alla felicità: la strada dell’umiltà, della compassione,
della mitezza, della giustizia e della pace. Essere santi è camminare su questa
strada. Soffermiamoci ora su due aspetti di questo stile di vita. Due aspetti
che sono proprio di questo stile di vita di santità: la gioia e
la profezia.
La gioia. Gesù comincia
con la parola «Beati» (Mt 5,3). È l’annuncio principale, quello di una
felicità inaudita. La beatitudine, la santità non è un programma di vita fatto
solo di sforzi e rinunce, ma è anzitutto la gioiosa scoperta di essere figli amati
da Dio. E questo ti riempie di gioia. Non è una conquista umana, è un dono che
riceviamo: siamo santi perché Dio, che è il Santo, viene ad abitare la nostra
vita. È Lui che dà la santità a noi. Per questo siamo beati! La gioia del
cristiano, allora, non è l’emozione di un istante o un semplice ottimismo
umano, ma la certezza di poter affrontare ogni situazione sotto lo sguardo
amoroso di Dio, con il coraggio e la forza che provengono da Lui. I Santi,
anche tra molte tribolazioni, hanno vissuto questa gioia e l’hanno
testimoniata. Senza gioia, la fede diventa un esercizio rigoroso e opprimente,
e rischia di ammalarsi di tristezza. Prendiamo questa parola: ammalarsi di
tristezza. Un Padre del deserto diceva che la tristezza è «un verme del cuore»,
che corrode la vita (cfr Evagrio Pontico, Gli otto spiriti della malvagità,
XI). Interroghiamoci su questo: siamo cristiani gioiosi? Io, sono un cristiano
gioioso o non lo sono? Diffondiamo gioia o siamo persone spente, tristi, con la
faccia da funerale? Ricordiamoci che non c’è santità senza gioia!
Il secondo aspetto: la
profezia. Le Beatitudini sono rivolte ai poveri, agli afflitti, agli affamati
di giustizia. È un messaggio contro-corrente. Il mondo infatti dice che per
avere la felicità devi essere ricco, potente, sempre giovane e forte, godere di
fama e di successo. Gesù rovescia questi criteri e fa un annuncio profetico – e
questa è la dimensione profetica della santità –: la vera pienezza di vita si
raggiunge seguendo Gesù, praticando la sua Parola. E questo significa un’altra
povertà, cioè essere poveri dentro, svuotarsi di sé stessi per fare spazio a
Dio. Chi si crede ricco, vincente e sicuro, fonda tutto su di sé e si chiude a
Dio e ai fratelli, mentre chi sa di essere povero e di non bastare a sé stesso
rimane aperto a Dio e al prossimo. E trova la gioia. Le Beatitudini, allora,
sono la profezia di un’umanità nuova, di un modo nuovo di vivere: farsi
piccoli e affidarsi a Dio, invece di emergere sugli altri; essere miti, invece
che cercare di imporsi; praticare la misericordia, anziché pensare solo a sé
stessi; impegnarsi per la giustizia e la pace, invece che alimentare, anche con
la connivenza, ingiustizie e disuguaglianze. La santità è accogliere e mettere
in pratica, con l’aiuto di Dio, questa profezia che rivoluziona il mondo. Allora
possiamo chiederci: io testimonio la profezia di Gesù? Esprimo lo spirito
profetico che ho ricevuto nel Battesimo? O mi adeguo alle comodità della vita e
alla mia pigrizia, pensando che tutto vada bene se va bene a me? Porto nel
mondo la novità gioiosa della profezia di Gesù o le solite lamentele per quello
che non va? Domande che ci farà bene farci.
La Vergine Santa ci doni
qualcosa del suo animo, quell’animo beato che ha magnificato con gioia il
Signore, che “rovescia i potenti dai troni e innalza gli umili” (cfr Lc 1,52).
Dopo l'Angelus
Cari fratelli e sorelle,
Saluto di cuore tutti
voi, romani e pellegrini. Un saluto speciale rivolgo ai partecipanti alla Corsa
dei Santi, organizzata dalla Fondazione “Don Bosco nel mondo”. È importante
promuovere il valore educativo dello sport. Grazie anche per la vostra
iniziativa in favore dei bambini della Colombia.
Domani mattina mi
recherò al Cimitero Militare Francese di Roma: sarà l’occasione per pregare
in suffragio di tutti i morti, in particolare per le vittime della guerra e
della violenza. Visitando questo cimitero, mi unisco spiritualmente a quanti in
questi giorni vanno a pregare presso le tombe dei loro cari, in ogni parte del
mondo.
A tutti auguro una buona
festa dei Santi, nella compagnia spirituale di tutti i Santi. Per favore, non
dimenticatevi di pregare per me. Buon pranzo e arrivederci!
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Jan
Zdzisław Konopacki. W dzień zaduszny; rycina opublikowana w Tygodniku
Ilustrowanym
HOCHFEST ALLERHEILIGEN
PAPST FRANZISKUS
ANGELUS
Liebe Brüder und Schwestern, guten Tag!
Heute feiern wir
Allerheiligen und in der Liturgie erklingt die »programmatische« Botschaft
Jesu, das heißt die Seligpreisungen (vgl. Mt 5,1-12a). Sie zeigen uns
den Weg, der zum Reich Gottes und zum Glück führt: den Weg der Demut, des
Mitgefühls, der Sanftmut, der Gerechtigkeit und des Friedens. Heilig zu sein
bedeutet, diesen Weg zu gehen. Wir wollen nun auf zwei Aspekte dieses
Lebensstils eingehen. Zwei Aspekte, die zu diesem Lebensstil der Heiligkeit
gehören: die Freude und die Prophetie.
Die Freude. Jesus beginnt
mit dem Wort »Selig« (Mt 5,3). Es ist die wichtigste Verkündigung, die
eines beispiellosen Glücks. Seligkeit, Heiligkeit, das ist kein Lebensprogramm,
das nur aus Anstrengung und Verzicht besteht, sondern es ist vor allem die
freudige Entdeckung, geliebte Kinder Gottes zu sein. Und das erfüllt dich mit
Freude. Es ist keine menschliche Leistung, sondern ein Geschenk, das wir
empfangen: Wir sind heilig, weil Gott, der der Heilige ist, in unser Leben
kommt und dort wohnt. Er ist es, der uns Heiligkeit schenkt. Deshalb sind wir
»selig«! Die Freude des Christen ist also nicht das Gefühl eines Augenblicks
oder bloß menschlicher Optimismus, sondern die Gewissheit, dass er jeder
Situation unter dem liebevollen Blick Gottes begegnen kann, mit dem Mut und der
Kraft, die von ihm kommen. Die Heiligen haben selbst inmitten vieler Drangsale
diese Freude erfahren und davon Zeugnis gegeben. Ohne Freude wird der Glaube zu
einer anstrengenden und bedrückenden Übung und läuft Gefahr, an Traurigkeit zu
erkranken. Nehmen wir dieses Wort: an Traurigkeit erkranken. Ein Wüstenvater
sagte, die Traurigkeit sei »ein Wurm des Herzens«, der das Leben zersetzt (vgl.
Euagrios Pontikos, Die acht Geister der Bosheit, XI). Fragen wir uns: Sind
wir freudige Christen? Bin ich ein freudiger Christ oder bin ich es nicht?
Verbreiten wir Freude oder sind wir matte, traurige Menschen mit verdrießlichen
Gesichtern? Denken wir daran, dass es keine Heiligkeit ohne Freude gibt!
Der zweite Aspekt: die
Prophetie. Die Seligpreisungen richten sich an die Armen, die Bedrängten und
die nach Gerechtigkeit Hungernden. Es ist eine Botschaft, die gegen den Strom
geht. Denn die Welt sagt, dass man reich, mächtig, immer jung und stark sein,
Ruhm und Erfolg genießen muss, um glücklich zu sein. Jesus stößt diese
Kriterien um und spricht eine prophetische Verheißung aus – und das ist die
prophetische Dimension der Heiligkeit: Die wahre Fülle des Lebens erreicht man
durch die Nachfolge Jesu, indem man sein Wort in die Tat umsetzt. Und das
bedeutet eine andere Armut, nämlich innerlich arm zu sein, sich zu entäußern,
um Platz für Gott zu schaffen. Wer sich für reich, erfolgreich hält und glaubt,
sicher zu sein, richtet alles auf sich selbst aus und verschließt sich vor Gott
und den Brüdern und Schwestern, während der, der sich seiner Armut bewusst ist
und weiß, dass er sich nicht selbst genügt, offen bleibt für Gott und den
Nächsten. Und er findet Freude. Die Seligpreisungen sind also die
Prophetie eines neuen Menschseins, einer neuen Lebensweise: sich klein machen
und sich Gott anvertrauen, statt sich über andere zu erheben; sanftmütig sein,
statt zu versuchen, sich durchzusetzen; Barmherzigkeit üben, statt nur an sich
selbst zu denken; sich für Gerechtigkeit und Frieden einsetzen, statt – auch
nur durch Duldung – Ungerechtigkeit und Ungleichheit zu begünstigen. Heiligkeit
bedeutet, diese Prophetie, die die Welt verändert, anzunehmen und mit Gottes
Hilfe in die Tat umzusetzen. Wir können uns also fragen: Gebe ich Zeugnis von
der Prophetie Jesu? Bringe ich den prophetischen Geist zum Ausdruck, den ich in
der Taufe empfangen habe? Oder gebe ich den Annehmlichkeiten des Lebens und
meiner eigenen Faulheit nach und denke, dass alles in Ordnung ist, wenn es mir
gut geht? Bringe ich der Welt die freudige Neuheit der Prophetie Jesu oder die
üblichen Klagen darüber, was falsch läuft? Fragen, die wir uns selbst stellen
sollten, was uns gut tun wird.
Möge die selige Jungfrau
uns etwas von ihrer Geisteshaltung schenken, jenem seligen Herzen, das mit
Freude den Herrn verherrlichte, der » die Mächtigen vom Thron stürzt und die
Niedrigen erhöht« (vgl. Lk 1,52).
Nach dem Angelusgebet:
Liebe Brüder und
Schwestern!
Ich grüße euch alle, die
Römer und die Pilger, ganz herzlich. Einen besonderen Gruß richte ich an die
Teilnehmer des Wettlaufs der Heiligen, der von der Stiftung »Don Bosco nel
Mondo« organisiert wird. Es ist wichtig, den erzieherischen Wert des Sports zu
fördern. Ich danke euch auch für eure Initiative zugunsten der Kinder in
Kolumbien.
Morgen
Vormittag werde ich den französischen Soldatenfriedhof in Rom besuchen: Das
wird eine Gelegenheit sein, für alle Toten zu beten, insbesondere für die Opfer
von Krieg und Gewalt. Wenn ich diesen Friedhof besuche, schließe ich mich im
Geiste all jenen an, die in dieser Zeit auf der ganzen Welt an den Gräbern
ihrer Angehörigen beten.
Ich wünsche allen ein
frohes Fest der Heiligen, in der geistigen Gesellschaft aller Heiligen. Bitte
vergesst nicht, für mich zu beten. Gesegnete Mahlzeit und auf Wiedersehen!
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في صلاة التبشير الملائكي
يوم
الإثنين 1 تشرين الثاني/ نوفمبر 2021
في
ساحة القديس بطرس
أيّها
الإخوة والأخوات الأعزّاء، صباح الخير!
نحتفل
اليوم بعيد جميع القدّيسين، وفي الليتورجيّا يدوي صدى رسالة يسوع التي هي ”برنامج
حياة“ أي التطويبات (راجع متّى 5، 1-12أ). إنّها تُبين لنا الطّريق المؤدّي إلى
ملكوت الله وإلى السّعادة. هي طريق التّواضع، والرّحمة، والوداعة، والعدل
والسّلام. أن نكون قدّيسين هو أن نسير على هذا الطّريق. لنتوقّف الآن عند وجهَين
في برنامج الحياة هذا. إنّهما وجهان يميزان نمط حياة القداسة وهما: الفرح
والنبوّة.
الفرح.
بدأ يسوع بكلمة "طوبى" (متّى 5، 3). إنّه الإعلان الرّئيسي عن سعادة غير
مسبوقة. ليست الطوبى والقداسة برنامج حياة مكوّن فقط من جهود وأعمال زهد، بل هي
قبل كلّ شيء الاكتشاف المُفرِح أنّنا أبناءٌ يحبُّهم الله. وهذا يملأك بالفرح. هذا
ليس انتصارًا بشريًّا، بل هي عطيّة نتلقّاها من الله. نحن قدّيسون لأنّ الله، الذي
هو قدّوس، جاء ليسكن حياتنا. وهو الذي يعطينا القداسة. لهذا نحن طوباويّون! إذًا،
فرح الإنسان المسيحيّ، ليس لحظة عاطفة أو تفاؤل بشريّ بسيط، بل هو اليقين من قدرته
على مواجهة كلّ موقف تحت نظر الله المحبّ، بالشّجاعة والقوّة اللتين تأتيان منه.
عاش القدّيسون هذا الفرح، حتّى وسط ضيقات كثيرة، وشهدوا له. من دون الفرح، يصبح الإيمان
ممارسة صارمة وخانقة، وقد يقع المؤمن في مرض الحزن. لنتوقف عند هذه الكلمة: الوقوع
في مرض الحزن. قال أحد آباء الصّحراء إنّ الحزن ”دودة القلب“، التي تُفسِد الحياة
(راجع إفاغريوس البنطي، أرواح الشّرّ الثّمانية، 11). لنسأل أنفسنا هذا
السّؤال: هل نحن مسيحيّون سعداء؟ هل أنا مسيحي سعيد أم لا؟ هل ننشر الفرح، أم
إنّنا أشخاص خامدون، حزينون، بوجهٍ جنائزي؟ لنتذكر أنّه لا قداسة من دون فرح!
الوجه
الثاني: النبُوّة. التطويبات موجّهة إلى الفقراء، والمنكوبين والجِياع إلى البِرّ.
إنّها رسالة معاكسة للتيّار. في الواقع، يقول العالم، حتّى تنال السّعادة، يجب أن
تكون غنيًّا، وذا سلطة، ودائم الشّباب وقويًّا، وتتمتّع بالشّهرة والنّجاح. قَلَبَ
يسوع هذه المعايير، وأعلن إعلانًا نبويًّا - وهذا هو البعد النبوي للقداسة - وهو:
الكمال الحقيقي للحياة يتحقّق باتّباع يسوع، وعيش كلمته. وهذا يعني فقرًا آخر أي
أن نكون فقراء من الدّاخل، وأن نُفرغ أنفسنا لنفسح المجال لله. من اعتقد أنّه غنيّ
وناجح وآمن، أسّس كلّ شيء على نفسه وانغلق على الله وعلى إخوته، بينما من عَلِمَ
أنّه فقير ولا يكتفي بنفسه، ظلّ منفتحًا على الله وعلى قريبه، ووَجَدَ الفرح. إذن،
التّطويبات هي نبوءة لإنسانيّة جديدة، ولطريقة جديدة في العيش، أي أن نصير صغارًا،
ونتوكّل على الله، بدل أن نظهر فوق الآخرين، ويجب أن نكون ودعاء، بدل أن نحاول فرض
أنفسنا، ويجب أن نمارس أعمال الرّحمة، بدل أن نفكّر في أنفسنا فقط، ويجب أن نلتزم
العدالة والسّلام، بدل أن نغذّي الظّلم وعدم المساواة ولو بالتواطؤ. القداسة هي أن
نرحّب وأن نعيش، بمعونة الله، هذه النّبوءة التي ستُحدث ثورة في العالم. عندها
يمكننا أن نسأل أنفسنا: هل أشهد لنبوءة يسوع؟ هل أعبّر عن الرّوح النبويّة التي
تلقّيتها في المعموديّة؟ أم أنّي أتأقلم مع وسائل الرّاحة في الحياة ومع كَسَلِي،
وأعتقد أنّ كلّ شيء على ما يرام إن كان الأمر حسنًا لِي؟ هل أحمل إلى العالم نبوءة
يسوع الجديدة والفرحة، أم الشّكوى المعتادة ممّا لا يرضينا؟ هذه أسئلة مفيدة،
ومفيد لنا أن نطرحها على أنفسنا.
لتمنحنا
القديسة مريم العذراء شيئًا من روحها، تلك الرّوح الطّوباويّة التي عظّمت بفرح
الرّبّ يسوع الذي "حَطَّ الأَقوِياءَ عنِ العُروش ورَفَعَ الوُضَعاء"
(لوقا 1، 52).
صلاة
التبشير الملائكي
بعد
صلاة التبشير الملائكي
أيّها
الإخوة والأخوات الأعزّاء!
أحيّيكم
من قلبي جميعًا، أنتم يا سكان روما والحجاج. تحيّة خاصة أوجهها إلى المشاركين في
سباق عيد جميع القدّيسين، الذي نظمته مؤسسة ”دون بوسكو في العالم“. من المهم تعزيز
القيمة التربويّة للرياضة. وأشكركم أيضًا على مبادرتكم لصالح أطفال كولومبيا.
سأذهب
صباح الغد إلى المقبرة العسكريّة الفرنسيّة في روما: ستكون فرصة للصّلاة من أجل
الترحّم على جميع الموتى، وخاصة ضحايا الحرب والعنف. عند زيارة هذه المقبرة، سأتحد
روحياً مع الذين سيصلّون في هذه الأيام بالقرب من قبور أحبائهم في جميع أنحاء
العالم.
وأتمنى
لكم جميعًا عيدًا سعيدًا في مناسبة عيد جميع القدّيسين، وفي شركة روحيّة مع جميع
القدّيسين. ومن فضلكم، لا تنسَوْا أن تصلّوا من أجلي. غداءً هنيئًا وإلى اللقاء!
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©
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Voir aussi : https://www.narthex.fr/blogs/ils-ont-des-oreilles-quils-entendent/la-toussaint-dans-la-lumiere-de-la-saintete
https://www.narthex.fr/blogs/ils-ont-des-oreilles-quils-entendent/dans-la-lumiere-eternelle