Vitrail
de la chapelle de la Vierge de la cathédrale de Rouen représentant Godard,
réalisé au xive siècle.
Saint Godard
Évêque de Rouen (VIe siècle)
Martyrologe romain
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/1290/Saint-Godard.html
Saint Godard.
Vers le milieu du
Ve siècle, dans un petit village de Picardie, à Salency, naissaient deux
frères qui devaient être la gloire de leur patrie : Médard ou Mard, et
Gildard ou Godard — tels étaient leurs noms, — nés le même jour, consacrés
évêques le même jour, devaient, nous dit le Martyrologe romain, s’envoler
au ciel ensemble. Quoique leur vie ait été étroitement liée, saint Médard est
beaucoup plus connu dans la France, où son nom est resté très populaire.
[…]
Pendant que Médard
montait sur le siège de Noyon, Godard ou Gildard, son frère, était sacré évêque
de Rouen. Avec saint Rémi, saint Médard et saint Waast, il coopéra à l’entière
conversion et au baptême de Clovis, premier roi chrétien des Francs, comme il
est rapporté dans les anciennes leçons de l’église qui porte son nom à Rouen.
Il assista, l’an 511, au premier Concile d’Orléans, un des plus célèbres de
France. Godard termina son pontificat à peu près vers le même temps que son
bienheureux frère.
SOURCE : https://laportelatine.org/spiritualite/vies-de-saints/8-juin-saint-medard
Rouen, Baie 4 représentant Saint-Godard et le concile de Poitiers.
Rouen, Baie 4 représentant Saint-Godard et le concile de Poitiers.
Saint Médard et saint
Gildard, frères. Évêque de Noyon et archevêque de Rouen. 545.
Papes : Saint Léon Ier,
le Grand ; Vigile.
Roi des Francs Saliens :
Childéric Ier.
Roi des Francs : Clovis
Ier ; Clotaire Ier.
" Sanguinis
fraternitas similitudinem tantum corporis refert, Christi autem fraternitas
unanimitatem cordis animaeque demonstrat."
" La fraternité du
sang produit seulement une ressemblance corporelle, mais la fraternité de
Jésus-Christ produit l'union de sentiments dans le coeur et dans l'âme."
Saint Augustin.
Puisque la divine
Providence a joint si étroitement ces deux frères, nés et baptisés ensemble,
ordonnés prêtres et sacrés évêques ensemble, et morts le même jour pour aller
jouir ensemble de la couronne immortelle due à leurs mérites, il n'est pas
raisonnable de les séparer. Ils naquirent en Picardie, au village de Salency, à
une lieue de Noyon, à une époque où les Francs, conquérants d'une partie des
Gaules, étaient encore idolâtres ; c'était vers le commencement du règne de
Childéric, père de Clovis.
Leur père, Nectard, franc
d'origine, était l'un des principaux seigneurs qui environnaient le roi ; et
leur mère, qui se nommait Protagie, c'est-à-dire, selon l'étymologie grecque,
première sainte, était gallo-romaine et de naissance aussi très-illustre.
Nectard, quoique idolâtre, avait toutes les vertus morales capables de faire un
honnête homme. Protagie était chrétienne, et avait même résolu de demeurer
vierge et de n'avoir jamais d'autre époux que Jésus-Christ ; mais Dieu, qui la voulait
rendre mère de deux grands saints, lui fit connaître, par un Ange, qu'il se
contentait de sa bonne volonté et qu'elle devait épouser Nectard, selon le
désir et l'engagement de ses parents.
Ce mariage eut pour
premier effet la conversion de Nectard ; il ne put résister aux puissantes
raisons de Protagie : elle le fit renoncer au culte des idoles pour adorer le
Dieu souverain, créateur de toutes choses. La ressemblance de leur foi fut
suivie d'une parfaite ressemblance dans les moeurs, et la superstition ayant
été bannie de leur maison, on y vit régner la piété, la dévotion, la
miséricorde envers les pauvres, la continence, la frugalité, la modestie et
toutes les autres vertus chrétiennes.
D'après saint Ouen et
plusieurs autres auteurs, Médard et Gildard étaient jumeaux. Les tables de
l'Église de Rouen ajoutent qu'on ne différa point leur baptême, comme on le
faisait souvent en ce temps-là ; mais qu'aussitôt après leur naissance, ils
furent régénérés en Jésus-Christ. Leur enfance fut toute sainte, et leurs actes
en rapportent des exemples admirables, qui ne doivent pas être passés sous
silence. Ce qui brilla le plus en ce jeune saint, ce fut sa grande compassion
envers les pauvres et les malheureux.
Il s'assujétissait à des
jeûnes rigoureux, afin de leur distribuer le pain qu'il devait manger, et se
privait de toutes les douceurs dont on le gratifiait pour leur en faire
largesse. Il se dépouillait lui-même pour les revêtir ; et, un jour qu'on lui
avait fait faire un manteau de grand prix, pour paraître avec honneur parmi les
jeunes gens de son rang, ayant rencontré un aveugle qui n'avait pas de quoi se
couvrir, il lui en fit présent : ce qui causa plus d'admiration que de peine à
sa pieuse mère qui, heureuse de lui voir de si excellentes qualités,
s'efforçait de les développer dans son jeune coeur.
Un autre jour, son père
étant revenu de la campagne avec beaucoup de chevaux, le chargea de les
conduire dans le pré et de les y garder quelque temps, parce que tous ses gens
étaient occupés à divers ministères. Comma il s'acquittait de cet humble
emploi, il aperçut un homme qui, ayant perdu son cheval par quelque accident,
emportait sur sa tête, avec beaucoup de peine, la selle, la bride, les étriers et
les sangles. Il lui demanda pourquoi il se chargeait tant, puisque même sans
charge il avait beaucoup de peine à marcher. Le passant lui répondit que son
cheval venait de mourir, et que c'était pour lui un grand malheur, parce qu'il
n'avait pas de quoi s'en procurer un autre. Alors le coeur du Saint fut touché
de compassion, et, considérant que son père avait plusieurs chevaux, et qu'il
lui était aisé d'en avoir encore d'autres, il prit un des chevaux confiés à sa
garde et le lui donna. Dieu lui fit connaître aussitôt que cette action lui
était agréable ; car une grosse pluie étant survenue, un aigle vint au-dessus
de la tète de Médard et le mit à l'abri de ses ailes: ce qui fut vu,
non-seulement d'un valet qui alla le chercher pour diner, mais aussi de son
père, de sa mère et de toutes les personnes de la maison, qui accoururent pour
admirer cette merveille. L'écuyer de Nectard se plaignit qu'il manquait un de
ses chevaux; mais, dès que Médard eut déclaré son action, le nombre des chevaux
fut rempli : il se trouva qu'il n'en manquait plus, sans qu'on pût dire comment
cela s'était fait.
Après un miracle si
éclatant, Nectard et Protagie donnèrent à leur fils toute liberté de faire
l'aumône, ne doutant pas que, faite d'une si bonne main, elle n'attirât la bénédiction
du Ciel sur leur personne et sur leur famille.
Médard apaisa aussi un
grand différend qui était survenu entre des paysans pour le bornage de leurs
héritages ; car, s'étant transporté sur le lieu, il mit le pied sur un caillou
qui était en terre, leur assurant que c'était là la vraie borne ; pour les en
convaincre entièrement, il imprima le vestige de son pied sur ce caillou, aussi
facilement que si c'eût été de la cire molle.
Durant toute son enfance,
notre Saint mena une vie pieuse, mortifiée, charitable. Quoiqu'il ait passé peu
d'années au lieu de sa naissance, il y a laissé des souvenirs édifiants que le
temps n'a pas effacés. Bientôt, il quitta Salency et se rendit aux écoles
littéraires de Vermand et de Tournai. Son père habitait souvent cette dernière
ville que Childéric, roi des Francs, avait choisie pour sa résidence.
Sous des maîtres
recommandables par leur science et par leur piété, Médard avança rapidement
dans la connaissance des lettres profanes, et surtout dans celle des divines
Écritures. Il fit des progrès plus merveilleux encore dans la pratique des
vertus chrétiennes. Evitant la fréquentation des grands et les divertissements
de la cour, il mettait tout son bonheur à étudier, à prier, à visiter et à
soulager les pauvres. Au don des miracles qu'il possédait déjà, Dieu daigna
ajouter le don de prophétie: ce fut alors qu'il prédit à Eleuthère, son
condisciple et son ami, la future élévation de ce saint jeune homme au siège de
Tournai.
Pour saint Gildard, les
tables de l'église de Rouen témoignent que, dans l'enfance même, il était
extrêmement assidu à l'église, et qu'il y trouvait toutes ses délices ;
qu'ayant la gravité d'un vieillard, il fuyait tous les jeux et les
divertissements qui sont l'amusement de ce premier âge, qu'après ses devoirs
envers Dieu, il se faisait un devoir capital d'obéir en toutes choses à ses
parents, et qu'il ne cédait en rien à son frère pour la charité envers les
pauvres, jeûnant aussi pour les nourrir et se dépouillant pour les revêtir.
Nos deux Saints, offrant
dans leur vie toutes les marques de la vocation ecclésiastique, furent tonsurés
dans une église dédiée sous le nom de saint Etienne, où l'on a longtemps
conservé les ciseaux qui avaient servi à leur couper les cheveux. On croit que
cette église était aux portes de Soissons, et que c'est celle-là même qui,
ayant été beaucoup augmentée par les rois Clotaire et Sigebert, a pris le nom
de Saint-Médard. Ce que nous pouvons savoir de leurs études, c'est qu'ils
furent mis sous la conduite des évêques de Tournai et de Vermand, qui eurent
soin de leur apprendre la doctrine sacrée, afin qu'ils devinssent capables
d'enseigner le peuple chrétien, de travailler à la conversion des infidèles et
de confondre les hérétiques. La docilité de leur esprit, la beauté de leur mémoire
et la solidité de leur jugement, firent qu'ils acquirent en peu de temps ce que
d'autres n'eussent acquis qu'en beaucoup d'années, et qu'ils furent jugés
dignes, dans un âge peu avancé, d'être promus aux Ordres de l'Église.
Ils reçurent même la
prêtrise des mains de Sophrone, évêque de Vermand. Ce fut dans cet Ordre que
parut admirablement le concert précieux de toutes les vertus dont leur âme
était douée. Leurs jeûnes étaient fréquents et leur oraison continuelle ; ils
passaient les nuits entières dans la méditation des nos mystères, et ils y
trouvaient tant de délices, qu'ils ne la quittaient qu'avec une sainte
impatience de la reprendre.
Modestes et humbles, ils
portaient beaucoup d'honneur à leurs supérieurs ; mais ils n'en voulaient pas
recevoir de leurs égaux ni de leurs inférieurs, qu'ils traitaient comme leurs
frères. Leur douceur et leur affabilité les faisaient aimer de tout le monde,
et on ne parlait de tous côtés que de ces 2 frères, qui, comme 2 beaux soleils,
éclairaient les églises de Picardie.
L'archevêché de Rouen
étant venu à vaquer vers la fin du Ve siècle, par la mort de Crescence, l'un de
ses plus dignes prélats, le clergé et le peuple élurent saint Gildard en sa
place. Ce saint Prêtre n'apprit qu'avec douleur cette élection ; mais, comme il
était évident qu'elle s'était faite par l'inspiration de Dieu, et sans nulle
faveur humaine, il fut obligé de s'y soumettre. Étant arrivé à Rouen, où il y
avait encore beaucoup d'idolâtres, il travailla avec un zèle infatigable à les
gagner à Jésus-Christ, et il eut la consolation de voir la synagogue de Satan
diminuer de jour en jour, et son troupeau prendre à tous moments un
accroissement nouveau par la conversion de ces infidèles : la douceur,
l'honnêteté et la tendresse paternelle avec lesquelles il les visitait et leur
parlait, contribuèrent extrêmement à cet heureux résultat. Mais ce qui y aida
davantage, ce furent les prières continuelles qu'il adressait à Dieu pour ce
peuple qui lui était confié, et la célébration continuelle du Sacrifice de nos
autels. Il assistait les pauvres, il rachetait les captifs, il visitait et
secourait les malades dont il avait toujours les noms imprimés dans sa mémoire;
il consolait les affligés, et, pour dire tout en un mot, avec les Actes de sa
vie, qui se trouvent dans les archives de Rouen, il pourvut en toutes choses à
l'utilité de tout le monde.
Il y a surtout 3
événements qui l'ont rendu célèbre dans l'histoire ecclésiastique :
- il coopéra, avec saint
Remi, saint Médard, son frère, saint Waast et saint Solène à l'entière
conversion et au baptême de Clovis, notre premier roi chrétien, comme il est
rapporté dans les anciennes Leçons de l'église qui porte son nom à Rouen ;
- il assista, l'an 511,
au premier Concile d'Orléans, un des plus célèbres de France ; il y souscrivit
en ces termes :
" Gilderadus,
episcopus ecclesiae Rothomagensis metropolis, subscripsi." " Gildard,
évêque de l'église métropolitaine de Rouen, j'ai souscrit."
- enfin, il consacra
saint Lô, pour évêque de Coutances. Ce n'était qu'un enfant de douze ans et qui
n'avait pa même la première tonsure ; mais Possesseur, évêque de ce siège,
étant décédé, Dieu fit connaître, par des signes manifestes, qu'il l'avait
choisi pour pasteur de son troupeau. L'Ange, qui avait révélé ce choix à deux
prètres de sainte vie de la même Église, le révéla aussi au roi Childebert, qui
donna son consentement.
Cependant saint Gildard,
à qui, comme métropolitain, il appartenait de confirmer l'élection du clergé,
et de donner l'imposition des mains, y trouva de grandes difficultés. Il avait
devant les yeux la défense que fait saint Paul d'élever trop tôt aux dignités
ecclésiastiques ; il connaissait aussi les Canons de l'Église qui ne
permettaient pas de consacrer prêtre et évêque avant l'âge de 30 ans. On lui
disait que Dieu pouvait dispenser de ces lois, et que la déclaration que l'Ange
avait faite de sa divine volonté en était une dispense suffisante ; mais il
savait qu'il ne fallait pas croire à tout esprit, et que le meilleur moyen de
reconnaître la vérité d'une révélation était d'en douter d'abord et de l'avoir
pour suspecte. Il vint donc trouver le roi pour lui exposer son embarras, et
lui dire que c'était une chose si inouïe de faire un évêque à 12 ans, qu'il
n'osait s'attirer le reproche d'avoir donné un exemple si dangereux. Mais le
roi l'ayant assuré de la vision qu'il avait eue ci-dessus, il eut recours à la
prière, et alors Dieu lui fit connaître qu'étant au-dessus de toutes les lois,
il avait des coups privilégiés, et que, comme il voulait donner à cet enfant la
prudence et la maturité d'un vieillard, il voulait aussi qu'il fit, par un
choix extraordinaire, l'évêque de la ville de Coutance. Ainsi, notre Saint
l'embrassa comme son confrère, et le consacra par l'imposition des mains, qui,
en lui donnant la Saint-Esprit, lui donna en même temps la sagesse et la
vigueur épiscopales.
Peu d'années après, ce
bienheureux archevêque, consumé de travaux et de pénitences, tomba dans une
maladie mortelle qui lui fit connaître que l'heure de son départ et de sa
récompense approchait ; il s'y prépara par la réception des Sacrements et par
un renouvellement de ferveur, et rendit enfin son esprit à Dieu au milieu d'une
grande lumière et sous la forme d'une colombe, comme le dit une leçon de son
office. Son corps fut enterré dans sa cathédrale, qui porte son nom, et,
depuis, il a été transporté à Soissons et déposé dans l'abbaye de Saint-Médard,
comme nous le dirons bientôt. Le jour de sa mort est marqué au 8 juin et vers
l'année 545.
Revenons maintenant à
saint Médard : ce saint Prêtre, jusqu'au temps de sa promotion à l'épiscopat,
assista son père, son évêque et nos rois de ses sages conseils, et édifia
merveilleusement tout le Vermandois par la sainteté de sa vie et par la force
de ses discours et de ses exhortations.
Sa charité envers les
pauvres ne se bornait pas à leur distribuer du pain, des vêtements, toutes les
choses nécessaires à la vie ; dans son zèle pour leur salut, il en arracha un
grand nombre à l'ignorance, au péché, à des habitudes criminelles.
Pour accomplir une tâche
souvent si difficile et si rude, il ne recula devant aucun péril, devant aucun
sacrifice. Cependant, notre Saint n'oubliait pas de visiter souvent ses chers
Salenciens. Ce fut, dit-on, dans une de ces courses apostoliques aux environs
de Noyon, qu'il les dota de la belle et touchante institution connue sous le
nom de fête de la Rosière. Si aucun document positif ne vient appuyer cette
opinion, elle trouve un argument assez puissant en sa faveur dans la tradition
ancienne et constante du pays.
Saint Médard fit aussi de
grands miracles, qui lui donnèrent une si haute réputation, qu'on le regardait
lui-même comme un prodige de grâce et comme l'un des plus saints personnages de
son siècle. Dieu prit sa défense et sa protection en toutes choses. Un voleur
étant entré le soir dans sa vigne, et y ayant fait un grand dégât, il n'en put
trouver l'issue durant toute la nuit, ni se décharger de son butin ; on le
trouva, le lendemain matin, son vol entre ses mains, et dans un effroi
merveilleux à cause de l'étrange nuit qu'il avait passée. On voulait le punir
comme larron ; mais le Saint lui pardonna et lui donna même, par grâce, ce
qu'il avait voulu enlever contre la justice. Un autre, lui ayant dérobé ses
ruches, fut tellement poursuivi par les abeilles, qu'il fut contraint de se
jeter à ses pieds et de lui demander pardon pour en être délivré, ce qu'il
obtint sans difficulté. Un troisième, qui avait emmené un taureau de son
troupeau, fut obligé de le ramener, parce que la clochette, qui était pendue au
cou de cet animal, en quelque lieu qu'il la mit, sonnait continuellement
d'elle-même, et rendait témoignage de son larcin.
L'armée du roi Clotaire
Ier ayant fait de grands ravages dans le Vermandois, les chariots sur lesquels
les soldats avaient chargé leur butin, demeurèrent immobiles, et ne purent
jamais avancer jusqu'à ce qu'ils eussent fait restitution et que le saint
Prêtre leur eut donné sa bénédiction. Il délivra aussi un nommé Tosion d'un
démon très-cruel qui le tourmentait, en faisant seulement sur lui le signe de
la Croix.
Ses travaux, ses vertus
et ses miracles avaient rendu son nom célèbre, même dans des contrées éloignées
; mais sa mission n'était pas remplie, et il ne lui fut pas encore permis de se
préparer dans la retraite au voyage de l'éternité : il dut combattre les
combats du Seigneur jusqu'à son dernier soupir. Appelé à gouverner l'église de
Vermand, devenue veuve de son pasteur par la mort d'Abuser, il essaya de se
soustraire à cet honneur, alléguant son âge avancé et la diminution de ses
forces. Toutes ses résistances échouèrent devant les efforts réunis du roi, du
clergé, du peuple et du saint pontife Remi : la volonté de Dieu était manifeste
; il fallut qu'il se résignat à recevoir l'onction épiscopale. Il fut sacré
évêque de Vermand par saint Remi, qui était alors à la fin de sa glorieuse
carrière.
Vermand, qui n'est plus
aujourd'hui qu'un chef-lieu de canton du département de l'Aisne, n'a jamais pu
recouvrer son ancienne importance. Il possède actuellement environ 1280
habitants [en 1876].
A peine élevé sur la
chaire épiscopale, il fit paraître plus que jamais sa charité envers les
pauvres, son soin pour la conversion des pécheurs, sa compassion pour tous les
misérables, et sa véritable dévotion envers Dieu. Mais comme, un peu avant son
élection, tout le pays autour de l'Oise, et de la Somme avait été misérablement
pillé et dévasté par les Huns, les Vandales et d'autres barbares, et que sa
ville épiscopale était continuellement exposée à de semblables insultes, il
prit la résolution de transférer son siège et de faire venir la plupart de son
peuple à Noyon, forteresse considérable, où il aurait moins sujet de craindre
les courses des ennemis. Dieu bénit admirablement ce dessein, et Noyon devint
une grande ville et un des beaux évêchés de France, auquel la comté-pairie
était attachée.
Quelques années après,
saint Eleuthère, à qui saint Médard avait prédit, étant écolier avec, lui,
qu'il serait évêque, laissa l'évêché de Tournai vacant par sa mort; tous les
catholiques de cette ville demandèrent instamment notre Saint pour prélat.
Cette proposition lui parut inadmissible, n'étant permis à personne, selon les
Canons, de posséder ensemble deux évêchés. Mais le roi, les évêques de la
province, saint Rémi même, le métropolitain, et enfin le bienheureux pape Hormisdas,
considérant les besoins du diocèse de Tournai, qui était encore plongé, partie
dans l'idolâtrie et partie dans les vices infâmes que le mélange des barbares y
avait attirés, jugèrent nécessaire de lui accorder cet excellent pasteur. Il
unit donc ensemble ces deux diocèses, mais sans ôter, ni à Noyon, ni à Tournai,
la qualité de ville épiscopale, et il se consacra à travailler en l'une et en
l'autre au salut des âmes et à la ruine de la puissance du démon qui y exerçait
sa tyrannie.
Il eut surtout des maux
incroyables à souffrir dans Tournai ; il y fut chargé d'injures et couvert
d'opprobres ; il se vit souvent menacé de la mort, et condamné par des furieux
aux derniers supplices ; mais comme il était inébranlable au milieu de ces tempêtes,
et qu'il souffrait tous ces mauvais traitements avec une constance qui ne put
jamais être altérée ; il dompta enfin la dureté des infidèles et des libertins,
et, en peu de temps, il fit tant de conversions et régénéra tant d'idolâtres
dans les fonts sacrés du Baptême, que tout le diocèse changea de face, et qu'on
y vit reluire, avec grand éclat, la lumière du Christianisme.
Fortunat remarque, en sa
vie, qu'il y fit spirituellement tout ce que Notre-Seigneur promet dans
l'Evangile aux prédicateurs apostoliques : il chassa les démons au nom de
Jésus-Christ, parce qu'il les bannit de l'âme de ceux qui se convertirent et
reçurent la foi ; il parla des langues nouvelles, parce qu'il annonça aux
infidèles des vérités qui leur étaient inconnues, dont ils n'avalent jamais ouï
parler ; il extermina les serpents, parce qu'il munit les chrétiens contre
toutes les tentations du grand dragon et du serpent infernal ; il but du poison
sans en être offensé, parce que, recevant la confession de tous les pécheurs,
il se remplit, pour ainsi dire, du venin de leur crime, sans que la pureté de
son âme en fût altérée ; il guérit enfin les malades en leur imposant les
mains, parce qu'ayant trouvé presque tous ses diocésains spirituellement
malades par la violence de leurs mauvaises habitudes et de leurs passions, il
les fit revenir en santé en leur imprimant la haine du vice et l'amour de la
vertu.
De retour dans le diocèse
de Noyon, saint Médard consacra le reste de ses forces à cette portion si chère
de son troupeau. Un des plus remarquables événements de son épiscopat fut
l'arrivée à Noyon de sainte Radegonde, qui se retirait, avec l'assentiment du
roi, des honneurs de la cour, et venait demander au saint évêque le voile qui
devait la consacrer à la vie religieuse. Saint Médard fit d'abord quelques
difficultés, dans la crainte que Clotaire, se repentant plus tard de la liberté
laissée à la vertueuse princesse, ne fit retomber sur la religion une
séparation qu'elle eût rendue irrévocable.
Mais la sainte éloquence
de Radegonde, l'inspiration qui brillait dans ses instances triomphèrent enfin
de cette louable prudence. Le prélat imposa les mains à la jeune reine, et
ajouta une gloire de plus à toutes celles de son illustre épiscopat. Les
traditions du Moyen-âge ont conservé le souvenir de ce fait dans les peintures
murales de l'ancienne collégiale poitevine, où saint Médard figure sur la voûte
du sanctuaire parmi les évêques dont Radegonde avait eu l'estime et l'amitié.
Sur ces entrefaites, une
grave maladie, jointe à une grande vieillesse, lui donna des gages comme
assurés de sa prochaine délivrance. Le roi Clotaire, l'ayant appris, vint
trouver le saint prélat pour recevoir sa bénédiction. Ce prince, repentant de
la cruauté qu'il avait exercée envers Chramne et la famille de ce fils rebelle,
confessa publiquement son crime. Son aveu, ses regrets, la pénitence à laquelle
il se soumit, lui en méritèrent l'absolution. Puis il lui demanda où il voulait
être enterré ; Médard dit que ce devait être dans sa cathédrale, selon l'usage
des autres évêques ; mais le roi insista fortement pour que son corps fût
transporté à Soissons, où il ferait une basilique magnifique pour lui servir de
tombeau : le Saint fut obligé de céder. Peu de temps après, il exhala son âme
toute pure ; quelques-uns de ceux qui étaient présents la virent monter dans le
ciel ; il parut aussi, durant deux heures, des lumières célestes auprès de son
corps, qui firent assez voir qu'il était sorti des ténèbres de cette vie
mortelle pour entrer dans la lumière de la vie immortelle.
Dès le lendemain, les
évêques qui étaient à Noyon ayant célébré la messe des morts en présence du
saint corps, on vit arriver une foule nombreuse, tant du peuple que de la
noblesse, pour assister à ses obsèques. Ils demandaient tous qu'on ne leur arrachât
pas un si précieux trésor pour le transporter en un autre diocèse ; mais le roi
demeura ferme dans sa résolution, et chargea lui-même ce précieux fardeau sur
ses épaules royales ; les évêques et les premiers de la cour l'aidèrent en cet
office de piété; et, se relevant ainsi les uns et les autres, ils passèrent la
rivière d'Aisne à Attichy, et vinrent jusqu'au bourg de Crouy, à deux cents pas
de Soissons, lieu où le roi avait résolu de bâtir sa nouvelle église.
Quand on fut en ce lieu,
le cercueil devint entièrement immobile, sans qu'on le pût lever ni de côté ni
d'autre, jusqu'à ce que le roi eut fait don de la moitié de ce bourg de son
domaine, qui était de la mense royale, pour l'entretien de ceux qui y
célébreraient les divins Offices.
Mais comme après cette
donation le cercueil se laissait lever d'un côté et restait si pesant de
l'autre, qu'il était impossible de le remuer, il fit le don tout entier, et en
fit expédier sur-le-champ des lettres patentes, scellées de son sceau ; alors,
le saint corps se hissa aisément transporter où on voulut. Avant qu'on fermât
entièrement son tombeau, on vit deux belles colombes descendre du ciel, et une
troisième, plus blanche que la neige, sortir de sa bouche : signe manifeste que
les Anges étaient venus au-devant de son âme, et qu'elle était sortie de son
corps avec une innocence et une pureté angéliques.
Tant de merveilles
portèrent encore le roi à presser la construction de la basilique. Il en
prépara donc tous les matériaux ; mais, étant mort bientôt après dans son
château de Compiègne, il laissa ce soin à son fils, Sigebert, qui s'en acquitta
très-dignement. Les rois qui le suivirent, comme Clotaire, père de Dagobert,
Louis le Débonnaire et Charles le Chauve, rendirent encore cette église plus
magnifique. On y ajouta aussi un monastère qui fut donné aux religieux de
Saint-Benoit, et qui a été si illustre, que saint Grégoire, pape, l'ayant
soumis immédiatement au Saint-Siège, et l'ayant doté d'autres grands
privilèges, le fit chef de tous les monastères de France. On y a vu jusqu'à 400
religieux qui y chantaient jour et nuit, l'un après l'autre, les louanges de
Dieu, comme faisaient ces religieux d'Orient qu'on appelait les Acémètes. Grand
nombre de bourgs, de fiefs, de prieurés et de prévôtés en dépendaient, et l'abbé
avait même autrefois pouvoir de battre monnaie.
Saint Médard mourut vers
l'an 543, le 8 juin. Le Père Giry est obligé de reculer sa mort au-delà de 560,
parce que, d'après lui, saint Médard donna à Clotaire l'absolution du crime
qu'il avait commis en faisant brûler son fils naturel Chramne, pour révolte,
faits se rapportant à l'an 560.
On représente
ordinairement saint Médard avec un aigle qui étend ses ailes au-dessus de sa
tète, et le garantit de la pluie. Cela rappelle le fait qu'on a lu au commencement
de sa vie. On le représente aussi avec un cheval à ses côtés.
CULTE ET RELIQUES -
ABBAYE DE SAINT-MÉDARD
La célèbre abbaye de
Saint-Médard, dit M. Lequeux, ancien vicaire général de Soissons, dans ses
Antiquités religieuses du diocèse de Soissons et de Laon, fut fondée en 547,
par Clotaire Ier, roi de Soissons. Si ce prince était très-vicieux, il
appréciait la vertu : il prouva son estime pour le saint évêque Médard, en
allant le visiter à Noyon, dans sa dernière maladie ; et, dès qu'il connut sa mort
(545), il voulut qu'on le transportât dans le palais qu'il avait près de
Soissons, au-delà de l'Aisne, sur le territoire de Crouy. C'est là que, peu
d'années après, il jeta les fondements d'un grand monastère, où il appela des
moines bénédictins qu'il tira de Glanfeuil. (C'était à Glanfeuil, en Anjou, que
saint Maur, envoyé en France par saint Benoît lui-même, en 543, avait formé le
premier établissement où fut suivie la Règle adoptée depuis par la plupart des
monastères).
Après la mort de
Clotaire, Sigebert, roi d'Austrasie, à qui appartenait Crouy, comme étant
au-delà de l'Aisne, continua l'oeuvre de son père et acheva l'église. On
rapporte à cette première époque la crypte ou église souterraine qui se voit
encore à Saint-Médard, et qui est un des monuments les plus curieux de la
contrée.
L'abbaye fut comblée de
biens par les rois de la première et de la seconde race ; on compta dans la
suite jusqu'à 220 fiefs qui en dépendaient ; les évêques de Soissons, et même
ceux d'autres diocèses, lui confièrent un grand nombre d'autels ou de paroisses
; elle reçut de plusieurs papes tous les privilèges auxquels on attachait alors
le plus d'importance, surtout celui de l'exemption de la juridiction épiscopale
: elle arriva bientôt à un tel point de splendeur, que 400 moines, se
partageant entre eux la nuit et le jour, et se succédant sans interruption, y
accomplissaient une psalmodie perpétuelle, en même temps qu'ils tenaient les
écoles publiques pour l'enseignement des sciences divines et humaines.
On est obligé de choisir
parmi les traits les plus remarquables de l'histoire de ce lieu célèbre.
Hilduin, qui en était abbé vers 826, et qui avait à la fois beaucoup de crédit
à la cour des rois de Francs et à celle de Rome, obtint du pape Eugène II une
portion considérable des reliques de l'illustre martyr saint Sébastien et de
saint Grégoire le Grand, et d'autres saints très-célèbres dans toute l'Église.
On honore présentement à
Rome les reliques de saint Grégoire le Grand dans l'église de Saint-Pierre, et
celles de saint Sébastien dans l'église de ce nom ; ce qui prouve que les corps
entiers ne furent pas donnés à Hilduin.
La dévotion des grands et
du peuple fut tellement ranimée par cette précieuse acquisition, que l'abbé put
facilement rebâtir, sur un plan plus vaste, la principale église du monastère :
la consécration s'en fit en 841, avec la plus grande pompe ; le roi Charles le
Chauve ne se contenta pas d'y assister, environné de 72 archevêques et évêques,
et de presque tous les grands de son royaume ; mais, aidé des seigneurs les
plus distingués, il transporta lui-même le corps de saint Médard de la crypte
inférieure dans la nouvelle basilique.
Parmi les abbés qui
gouvernèrent le monastère dans les siècles suivants, on doit surtout remarquer
saint Arnould, qui fut élevé dans la suite sur le siège de Soissons en 1080, et
saint Géraud.
L'église du monastère
ayant été détruite par un désastre dont la cause est ignorée, elle fut rebâtie
au commencement du XIIe siècle ; la consécration fut faite le 15 octobre 1131
par le pape de Rome Innocent II.
Outre l'église
principale, le monastère renfermait dans son enceinte six autres églises ; la
plus remarquable était celle de sainte Sophie, où Hilduin avait placé des
chanoines ou ecclésiastiques vivant en communauté, en les chargeant
d'administrer les Sacrements aux pèlerins et aux hôtes, afin de laisser plus de
liberté aux moines. Les autres églises étaient vraisemblablement des chapelles
extérieures pour les gens qui dépendaient du monastère, ou des oratoires
intérieurs servant à quelques exercices de la communauté.
On compte jusqu'à dix
conciles qui se sont tenus à Saint-Médard ; le premier eut lieu en l'an 744, et
le cinquième, en l'an 862. Plusieurs roi, et plusieurs reines y furent
couronnés. Il s'y passa aussi des scènes qui eurent une gravité déplorable :
c'est à Saint-Médard que Louis le Débonnaire fut enfermé, après qu'il eut été
déposé contrairement à toutes les règles et soumis à la pénitence publique ;
mais il parvint bientôt à rentrer dans l'exercice des droits de la
souveraineté.
Aux temps de prospérité
succédèrent, pour l'abbaye de Saint-Médard, les jours de tribulations et
d'angoisse. Plusieurs fois dévastée par les Normands, dans le cours du IXe
siècle, dépouillée d'une partie de ses biens, durant ce siècle et le suivant,
par de puissants seigneurs, elle avait triomphé de ces épreuves. Les guerres
civiles du XVe siècle lui furent ensuite plus funestes : cependant elle parvint
encore à se relever, et, dans le milieu du XVIe siècle, elle semblait avoir
repris son éclat.
Ces jours d'une dernière
magnificence furent bientôt suivis de la désolation. Ce que l'abbaye souffrit,
en 1567, de la part des Calvinistes, surpassa toutes les calamités des âges
précédents : les hérétiques y commirent d'horribles dévastations. Nous
empruntons ici le récit de l'auteur de l'Histoire de Soissons, presque
contemporain :
" Dès le dimanche 28
septembre, pendant que les soldats étaient occupés au pillage de la ville,
quelques gentilhommes sortirent sans bruit et vinrent à cette abbaye pour en
emporter ce qu'il y avait de plus précieux. Ils trouvèrent les châsses de saitn
Sébastien, saint Grégoire et saint Médard, avec trois croix d'argent embellies
d'or et de pierreries, et des chandeliers de même métal ; ils emportèrent les
châsses et jetèrent les os dans les fossés. Dieu ne permit pas que ces saintes
reliques fussent ensevelies sous les ondes : le tailleur des religieux les
recueillit, avec le secours d'une veuve qui les porta à la princesse de
Bourbon, abbesse de Notre-Dame de Soissons ; depuis, un vigneron de Crouy
trouva dans une vigne un sac de damas blanc dans lequel étaient les os de saint
Grégoire. (Plus tard ces reliques furent rendues à l'abbaye ; on peut voir dans
Dormay les précautions qui furent prises pour les reconnaître).
Le mardi suivant, lorsque
le butin commençait à faillir dans la ville, les soldats en sortirent et
s'attaquèrent premièrement au monastère de Saint-Médard. Vous eussiez cru que
c'était autant de démons emportés de fureur contre les choses les plus saintes.
Les uns démolissaient les autels, en jetaient par terre les colonnes et les
balustres ; d'autres s'employèrent à briser les images de l'église, du cloître
et du chapitre, à renverser les orgues ou à remuer les tombes : on n'entendait
que des voix confuses, des coups de marteau et de hache et un fracas
épouvantable des pierres, du bois, du fer et autres métaux qui tombaient sur le
pavé. On en vit monter au clocher pour briser les cloches qui étaient d'une
grosseur extraordinaire. Les plus fins trouvèrent le lieu où avait été caché le
reste des châsses et des ornements, et ils firent un grand feu dans lequel ils
jetèrent toutes les reliques qu'ils trouvèrent. Ainsi, l'on perdit en une heure
un grand nombre de corps saints que l'on gardait depuis des siècles. Après
avoir déchargé leur haine sur les objets qu'ils pouvaient détruire avec moins
de travail, ils se prirent à la galerie qui était au-dessus du portail, aux
combles de l'église, aux dortoirs, au réfectoire et aux autres bâtiments qui
étaient d'une ancienne sculpture, et la plupart d'une merveilleuse
beauté."
Une partie des ruines
qu'on voit encore à Saint-Médard se rapportent au temps de cette catastrophe.
L'abbaye fut dès lors réduite à un état fort médiocre. L'église, ébranlée par
tant de coups, tomba en 1621, et on fut obligé de recourir à la munificence de
Louis XIII pour la relever.
Saint-Médard entra, en
1637, dans la congrégation de Saint-Maur, et cette union lui fut profitable.
Toutefois, l'antique monastère n'avait plus que 12 à 13 religieux, lorsque la
Révolution vint fermer cet asile vénérable.
Pour complèter cette notice
sur l'abbaye Saint-Médard, M. Henri Congnet, doyen du Chapitre de Soissons,
nous écrivait le 15 août 1866 :
Des constructions qui
existaient au moment de la Révolution française, il reste :
1. le bâtiment assez
moderne de l'abbatiale ;
2. une vaste crypte
très-remarquable et parfaitement conservée ; elle date peut-être du règne de
Clotaire 1er ou du moins de celui de son fils Sigebert. Dans le compartiment du
fond on trouve le tombeau du charitable abbé Dupont, couvert d'une pierre
funéraire ;
3. un cachot appelé
" prison de Louis le Débonnaire " ; mais sa construction accuse
l'époque ogivale, et l'inscription n'est pas du IXe siècle. La duchesse de
Berry a visité cette prison en 1621.
4. la tour où Abélard fut
renfermé après sa condamnation, prononcée dans un concile tenu à Saint-Médard
en 1122. Sur cette tour on a récemment bâtit une chapelle à Notre-Dame de la
Salette, qui en forme le couronnement.
L'abbaye tout entière a
été vendue en 1763 à divers particuliers, et son enceinte partagée en plusieurs
lots. En l'année 1840, un prêtre dévoué, M. l'abbé Dupont, alors curé de
Saint-Germain-Villeneuve, après avoir fait, pendant quelque temps, de son
presbytère une école de sourds-muets, eut l'heureuse pensée d'acheter de la
famille Geslin la principale portion des bâtiments de Saint-Médard. Il l'obtint
pour une somme de 40,000 francs. Son patrimoine personnel n'était que de 10,000
francs ; il le donna en accompte aux vendeurs et se voua à la Providence pour
l'aider à payer le reste. Dès lors il transporta ses élèves dans l'ancienne
abbaye de Saint-Médard et mit en oeuvre toute l'activité dont il était doué
pour recueillir des secours dans tout le diocèse et achever ainsi l'admirable
fondation que le Seigneur lui avait inspirée. Tant de soucis, de travaux, de
démarches eurent bientôt usé les forces de ce nouvel Abbé de Lépée ; il mourut
à la peine en 1843, n'étant âgé que de 43 ans. Etendu sur son lit de douleur,
il fit prier Mgr de Simony de venir écouter l'expression de ses dernières
volontés ; le pieux évêque se rendit aux désirs du mourant et accepta sans
hésiter sa succession, c'est-à-dire ses chers sourds-muets, et la maison de
Saint-Médard avec toutes ses charges. Les dettes étaient de 80.000 francs. Mgr
de Simony vendit immédiatement des rentes qu'il avait sur l'état, et put ainsi
satisfaire les créanciers les plus pressés. Ensuite par le moyen de quêtes, de
loteries, et aussi par ses propres revenus, le pieux évêque parvint à libérer
entièrement l'établissement ; il le légua en mourant à ses successeurs.
Longtemps, l'institut des
sourds-muets et aveugles de Saint-Médard tint le premier rang, après celui de
Paris, parmi tous les établissements de ce genre. Il fut dirigé, pour les
filles, par les soeurs de la Sagesse, et pour les garçons, par les frères de
Saint-Gabriel.
La maison contenait
environ 200 enfants. Des bourses y furent fondées par le Conseil général de
l'Aisne et par les départements limitrophes.
Le culte de Saint Médard
s'est répandu rapidement ; les fidèles se rendaient de toutes parts au tombeau
du saint, qu'ils invoquaient comme associé à la gloire des élus. Déjà, en
l'année 563, on lui rendait un culte public. La célébration solennelle de sa
fête fut fixée au 8 juin, jour anniversaire de sa mort. Des églises s'élevèrent
en son honneur, non seulement dans les diocèses de Noyon, de Tournai et de
Soissons, mais sur tous les points de la France. On l'invoqua même en
Angleterre, jusqu'au moment où ce pays eut le malheur de se séparer de Rome.
Saint Géri, qui fut
presque son contemporain, lui dédia le monastère qu'il bâtit sur le
Mont-des-Boeufs à Cambrai. Il portait toujours sur lui des reliques de ce
pontife. On en trouve plus tard dans un grand nombre d'églises. Jogoigne, dans
le Brabant, possédait une mâchoire du Saint ; Douai, Tournai, et l'abbaye de
Liessies, avaient également quelques parcelles de ses ossements, ainsi que les
villes de Cologne, Trèves, Prague, de Noyon et de Dijon. On compte dans le
diocèse de Cambrai 6 paroisses qui reconnaissent saint Médard pour leur patron.
A Paris, dans le faubourg saint-Marceau, une église lui est dédiée. Elle
n'était dans l'origine qu'une chapelle, dans laquelle les religieux de sainte
Geneviève avaient placé des reliques de ce saint évêque après l'invasion des
Normands.
Les reliques du
Bienheureux ont subit aussi de tristes vicissitudes. Transportées en divers
lieux, elles n'ont échappé à la fureur des Normands et des Hongrois que pour
tomber au pouvoir des sectaires impies qui les ont livrées aux flammes. Par une
faveur bienveillante de la Providence, de pieuses mains ont pu en recueillir
les cendres et les ont déposées avec respect dans l'église de Saint-Médard.
Heureusement aussi, des portions considérables en avaient été distraites à
diverses époques, et distribuées à un grand nombre d'églises. La cathédrale de
Noyon a le bonheur d'en posséder quelques-unes. En l'année 1852, Mgr
Joseph-Armand Gignoux, évêque de Beauvais, Noyon et Senlis, les a
solennellement reconnues et renfermées dans une magnifique châsse due à la
libéralité d'un pieux noyonnais, M. Michaux Hannonet. Cette châsse en cuivre
doré se trouve dans la chapelle de Saint-Médard. L'église paroissiale de
Sainte-Vertu (Yonne), au diocèse de Sens, possède également, depuis le 11
octobre 1874, quelques reliques du saint évêque de Noyon.
On attribue à saint
Médard l'institution de la fête de la Rosière. Ce bon évêque avait imaginé de
donner tous les ans à celle des filles de sa terre de Salency qui jouirait de
la plus grande réputation de vertu, une somme de 25 livres, et une couronne ou
chapeau de roses. On dit qu'il donna lui-même ce prix glorieux à l'une de ses
soeurs, que la voix publique avait nommée pour être Rosière.
On voyait au-dessus de
l'autel de la chapelle de Saint-Médard, située à l'une des extrémités du
village de Salency, un tableau où ce saint prélat est représenté en habits
pontificaux, et mettant une couronne de roses sur la tête de sa soeur, qui est
coiffée en cheveux et à genoux.
Cette récompense devint
pour les filles de Salency un puissant motif de sagesse. Saint Médard, frappé
de cet avantage, en perpétua l'établissement. Il détacha des domaines de sa
terre 11 à 12 arpents, dont il affecta les revenus au paiement des 25 livres et
des frais accessoires de la cérémonie de la Rosière.
Par le titre de la
fondation, il faut non-seulement que la Rosière ait une conduite irréprochable,
mais que son père, sa mère, ses frères, ses soeurs et autres parents, en
remontant jusqu'à la quatrième génération, soient eux-mêmes irrépréhensibles ;
la tache la plus légère, le moindre soupçon, le plus petit nuage dans la
famille serait un titre d'exclusion.
Le seigneur de Salency a
toujours été en possession du droit de choisir la Rosière entre trois filles
natives du village de Salency, qu'on lui présente un mois d'avance. Lorsqu'il
l'a nommée, il est obligé de la faire annoncer au prône de sa paroisse, afin
que les autres filles, ses rivales, aient le temps d'examiner ce choix et de le
contredire, s'il n'était pas conforme à la justice la plus rigoureuse. Cet
examen se fait avec l'impartialité la plus sévère, et ce n'est que d'après
cette épreuve que le choix du seigneur est confirmé.
Le 8 juin, jour de la
fête de saint Médard, ou bien le dimanche le plus rapproché de ce jour, vers
les 2 heures de l'après-midi, la Rosière, vêtue de blanc, frisée, poudrée, les
cheveux flottants en boucles sur ses épaules, accompagnée de sa famille et de
douze filles aussi vêtues de blanc, avec un large ruban bleu en baudrier, se
rend au château de Salency au son de divers instruments. Le seigneur ou son
préposé et son bailli, précédés des mêmes instruments, et suivis d'un nombreux
cortège, la mènent à la paroisse, où elle entend les Vêpres sur un prie-Dieu
placé au milieu du choeur.
Les Vêpres finies, le
clergé sort processionnellement avec le peuple pour aller à la chapelle de
Saint-Médard. C'est là que le curé ou l'officiant bénit la couronne ou le
chapeau de roses qui est sur l'autel. Ce chapeau est entouré d'un ruban bleu et
garni sur le devant d'un anneau d'argent. Après la bénédiction et un discours
analogue au sujet, le célébrant pose la couronne sur la tête de la Rosière, qui
est à genoux, et lui remet en même temps les 25 livres, en présence du seigneur
et des officiers de sa justice. La Rosière ainsi couronnée, est reconduite à la
paroisse, où l'on chante le Te Deum et une antienne à saint Médard.
Cette touchante
cérémonie, interrompue pendant la révolution, a été rétablie en 1812, et depuis
cette époque elle se renouvelle chaque année ; mais le temps y a apporté
quelques modifications. La Rosière reçoit actuellement une somme de 300 francs
[français de 1866], dont le conseil municipal fournit la moitié. On voit dans
la chapelle de Saint-Médard, située à l'entrée du village et dans le llieu même
où le Saint était né, un tableau qui contient les noms des Rosières ; un ou
deux de ces noms ont été effaçés, parce que celles qui les portaient se sont
rendues indignes du titre honorable qu'elles avaient reçu.
On ne saurait croire
combien cet établissement a excité à Salency l'émulation des moeurs et de la
sagesse. Quoique les habitants de ce village soient au nombre d'environ 500, on
assure qu'il n'y a pas un seul exemple de crime commis par un naturel du lieu,
pas même d'un vice grossier, encore moins d'une faiblesse de la part du sexe.
Parochiekerk Sint-Godardus, Bekkerzeel
Parochiekerk Sint-Godardus, Bekkerzeel
Parochiekerk Sint-Godardus, Bekkerzeel
Also
known as
Gildardus
Godard
Profile
Bishop of Rouen, France from 488 to 525.
Attended the First Council of Orléans in 511.
c.525 of
natural causes
Additional
Information
Book
of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
books
Our
Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints
other
sites in english
images
sitios
en español
Martirologio
Romano, 2001 edición
fonti
in italiano
MLA
Citation
“Saint Gildard of
Rouen“. CatholicSaints.Info. 11 June 2017. Web. 8 June 2021.
<https://catholicsaints.info/saint-gildard-of-rouen/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-gildard-of-rouen/
Église
Saint-Godard, Rouen
(Godard) (Saint) Bishop
(June 18) (6th century) A Bishop of Rouen, once erroneously supposed to have
been the brother of Saint Medard of Soissons. He assisted at the Council of
Orleans (A.D. 511), and governed his own Church with great zeal for about fifteen
years, dying probably early in the same century. Buried at Rouen, his remains
were afterwards removed to Soissons.
MLA
Citation
Monks of Ramsgate.
“Gildard”. Book of Saints, 1921. CatholicSaints.Info.
11 July 2013. Web. 8 June 2023.
<https://catholicsaints.info/book-of-saints-gildard/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/book-of-saints-gildard/
Église Saint-Médard-et-Saint-Gildard de Lhuys (Aisne, France), peu après la Première Guerre mondiale. Carte postale non circulée. - Éditions Nougarède & Lestrat à Soissons
June 8
St. Gildard, or Godard,
Bishop of Rouen, Confessor
HE is commemorated
jointly with St. Medard in the Roman Martyrology, and in the new Paris and old
Sarum Breviaries. He assisted at the first council of Orleans in 511, and
governed the see of Rouen with great zeal during the space of fifteen years. He
was buried at St. Mary’s in Rouen, which is since called St. Gildard’s, or in
French St. Godard’s. In the Norman incursions his body was translated to St.
Medard’s at Soissons, and still remains there. That he was brother of St.
Medard was unknown to Fortunatus, Gregory of Tours, &c. See Pommeraye,
History of the Archbishops of Rouen, Baillet, &c.
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume VI: June. The Lives of the Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/6/082.html
Église Saint-Médard-et-Saint-Gildard (Coeuvres-et-Valsery)
Église Saint-Médard-et-Saint-Gildard (Coeuvres-et-Valsery)
Église
Saint-Médard-et-Saint-Gildard (Coeuvres-et-Valsery)
Gildard (Godard) of Rouen B (RM)
Died c. 514. Saint Gildard ruled the see of Rouen for about 15 years. The Roman Martyrology unfortunately relates a later fable, according to which he was a brother of Saint Medard of Soissons, "born on the same day, consecrated bishops on the same day, and on the same day withdrawn from this life." In fact, Saint Gildard was dead at least five years when Saint Medard was consecrated (Benedictines, Encyclopedia).
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0608.shtml
Saint-Godard, Vitrail de la basilique de Bonsecours
San Gildardo di Rouen Vescovo
† 511/538 circa
Martirologio
Romano: A Rouen in Francia, san Gildardo, vescovo.
Gildardo (fr. Gildard, Godard) figura al quattordicesimo posto sulla lista episcopale di Rouen, nella quale sembra proprio il primo vescovo di stirpe franca. Il solo riferimento cronologico in nostro possesso a suo riguardo è la data del 511 quando figura tra i membri del primo concilio di Orléans. Inoltre è possibile che san Laudo sia stato da lui consacrato vescovo di Coutances; ma né la data né il fatto sono sicuri.
La morte di Gildardo sopraggiunse prima del secondo concilio di Orléans (538), visto che vi si nota la presenza del successore. Il suo corpo fu deposto in un piccolo santuario situato fuori dalle mura di Rouen e dedicato alla Vergine; questa cappella fu più tardi conglobata nella città e divenne la chiesa di Saint-Godard.
Fra l'838 e l'841, sotto l'imperatore Ludovico il Pio, le sue reliquie, salvo
il capo che restò a Rouen, sotto la minaccia di un'invasione normanna, furono
trasportate a Soissons nell'abbazia di san Medardo. Forse questo fatto
spiegherebbe una leggenda cui fa eco il Martirologio Romano, ma che ciò
nonostante niente legittima, secondo la quale Gildardo e Medardo erano due
fratelli gemelli, consacrati vescovi lo stesso giorno e morti anche lo stesso
giorno.
La festa di Gildardo è fissata all'8 giugno.
Autore: Jean-Charles Didier