Grandeur et misère de
l’homme forment le paradoxe qui se trouve au cœur de la réflexion et du message
de Blaise Pascal, né il y a quatre siècles, le 19 juin 1623, à Clermont, dans
le centre de la France. Dès l'enfance et tout au long de sa vie, il a cherché
la vérité. Avec la raison, il en a tracé les signes, notamment dans les
domaines des mathématiques, de la géométrie, de la physique et de la
philosophie. Très tôt, il a fait des découvertes extraordinaires, au point
d'atteindre une renommée considérable. Mais il ne s'est pas arrêté là. Dans un
siècle de grands progrès en de nombreux domaines scientifiques, accompagnés
d'un esprit de scepticisme philosophique et religieux croissant, Blaise Pascal
s'est montré un infatigable chercheur de vérité qui, en tant que tel, reste
toujours “inquiet”, attiré par de nouveaux et futurs horizons.
Cette raison, si pointue
et en même temps si ouverte en lui, n'a jamais fait taire la question ancienne
et toujours nouvelle qui résonne dans l'âme humaine : « Qu'est-ce que l'homme
pour que tu te souviennes de lui, le fils de l'homme pour que tu prennes soin
de lui ? » ( Ps 8, 5). Cette question est gravée dans le cœur de tout
être humain, de tout temps et en tout lieu, de toute civilisation et de toute
langue, de toute religion. « Qu'est-ce que l’homme dans la nature ? - se
demande Pascal -. Un néant à l’égard de l'infini, un tout à l’égard du néant
». [1] Et en même temps, la question est
là, dans ce psaume, au cœur de cette histoire d'amour entre Dieu et son peuple,
histoire accomplie dans la chair du "Fils de l'homme" Jésus-Christ,
que le Père a livré jusqu'à l'abandon pour le couronner de gloire et d'honneur
au-dessus de toute créature (v. 6). À cette interrogation, formulée dans un
langage si différent du langage mathématique et géométrique, Pascal ne s'est
jamais fermé.
À l’origine, je crois
pouvoir reconnaître chez lui une attitude de fond que j'appellerais une
"ouverture étonnée à la réalité". Ouverture aux autres dimensions du
savoir et de l'existence, ouverture aux autres, ouverture à la société. Par
exemple, il est à l'origine, à Paris en 1661, du premier réseau de transports
publics de l'histoire, les "carrosses à cinq sols". Si je mentionne
cela au début de cette lettre, c'est pour insister sur le fait que ni sa
conversion au Christ, surtout à partir de la "Nuit de feu" du 23
novembre 1654, ni son extraordinaire effort intellectuel pour défendre la foi
chrétienne n'ont fait de lui un être isolé de son temps. Il était attentif aux
problèmes les plus aigus de l'époque, ainsi qu'aux besoins matériels de toutes
les composantes de la société dans laquelle il vivait.
Cette ouverture à la réalité
a fait qu'il ne s'est pas fermé aux autres, même durant sa dernière maladie.
C'est de cette époque, alors qu'il avait trente-neuf ans, que l’on rapporte ces
paroles qui expriment l'étape finale de son parcours évangélique : « Si les
médecins disent vrai, et que Dieu permette que je relève de cette maladie, je
suis résolu de n’avoir d’autre occupation ni d’autre emploi tout le reste de
mes jours que le service des pauvres ». [2] Il est touchant de constater que,
dans les derniers jours de sa vie, un penseur aussi brillant que Blaise Pascal
ne voyait pas d'autre urgence que de mettre son énergie au service de la miséricorde
: « L'unique objet de l'Écriture est la charité ». [3]
Je me réjouis donc que la
providence, en ce quatrième centenaire de sa naissance, me donne l'occasion de
lui rendre hommage et de souligner ce qui, dans sa pensée et dans sa vie, me
paraît propre à stimuler les chrétiens de notre temps et tous les hommes et
femmes de bonne volonté dans la recherche du vrai bonheur : « Tous les hommes
recherchent d’être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens
qu’ils y emploient. Ils tendent tous à ce but ». [4] Quatre siècles après sa naissance,
Pascal reste pour nous le compagnon de route qui accompagne notre recherche du
vrai bonheur et, selon le don de la foi, notre reconnaissance humble et joyeuse
du Seigneur mort et ressuscité.
Un amoureux du Christ qui
parle à chacun
Si Blaise Pascal peut
toucher tout le monde, c’est notamment parce qu’il a parlé de la condition
humaine de façon admirable. Il serait toutefois trompeur de ne voir en lui
qu’un spécialiste des mœurs humaines, aussi génial fût-il. Le monument que
forment ses Pensées, dont certaines formules isolées sont restées
célèbres, ne peut se comprendre réellement si l’on ignore que Jésus-Christ et
l’Écriture Sainte en constituent à la fois le centre et la clé. Car si Pascal a
entrepris de parler de l’homme et de Dieu, c’est parce qu’il était arrivé à la
certitude que « non seulement nous ne connaissons Dieu que par Jésus‑Christ,
mais nous ne nous connaissons nous-mêmes que par Jésus‑Christ. Nous ne
connaissons la vie, la mort que par Jésus‑Christ. Hors de Jésus‑Christ, nous ne
savons ce que c’est ni que notre vie ni que notre mort, ni que Dieu, ni que
nous‑mêmes. Ainsi sans l’Écriture, qui n’a que Jésus‑Christ pour objet, nous ne
connaissons rien et ne voyons qu’obscurité ». [5] Pour qu’elle soit entendue par tous,
sans être regardée comme une pure affirmation doctrinale inaccessible à ceux
qui ne partagent pas la foi de l’Église, ni comme une dévaluation des
compétences légitimes de l’intelligence naturelle, une affirmation aussi
extrême mérite d’être éclairée.
Foi, amour et liberté
Nous devons, comme
chrétiens, nous tenir éloignés de la tentation de brandir notre foi comme une
certitude incontestable qui s’imposerait à tous. Pascal avait certes le souci
de faire connaître à tous les hommes que « Dieu et le vrai sont inséparables ». [6] Mais il savait que l’acte du croyant
est possible par la grâce de Dieu, reçue dans un cœur libre. Lui qui par la foi
avait fait la rencontre personnelle du « Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de
Jacob, non des philosophes et des savants », [7] avait reconnu en Jésus-Christ « le
Chemin, la Vérité et la Vie » ( Jn 14, 6). C’est pourquoi je
propose à tous ceux qui veulent continuer de rechercher la vérité – tâche qui
en cette vie n’a pas de fin –, de se mettre à l’écoute de Blaise Pascal, un
homme à l’intelligence prodigieuse qui a voulu rappeler qu’en dehors des visées
de l’amour il n’y a pas de vérité qui vaille : « On se fait une idole de la
vérité même, car la vérité hors de la charité n’est pas Dieu, et est son image
et une idole qu’il ne faut point aimer ni adorer ». [8]
Pascal nous prémunit
ainsi contre les fausses doctrines, les superstitions ou le libertinage qui
tiennent tant d’entre nous éloignés de la paix et de la joie durables de Celui
qui veut que nous choisissions « la vie et le bonheur », et non « la mort et le
malheur » ( Dt 30, 15.19). Mais le drame de notre vie est que parfois
nous voyons mal, et que par conséquent nous choisissons mal. En réalité, nous
ne pouvons goûter au bonheur de l’Évangile « que si l’Esprit Saint nous envahit
avec toute sa puissance et nous libère de la faiblesse de l’égoïsme, du
confort, de l’orgueil ». [9] En outre, « sans la sagesse du
discernement, nous pouvons devenir facilement des marionnettes à la merci des
tendances du moment ». [10] C’est pourquoi l’intelligence et la
foi vive de Blaise Pascal, qui a voulu montrer que la religion chrétienne est «
vénérable parce qu’elle a bien connu l’homme » et « aimable parce qu’elle
promet le vrai bien », [11] peuvent nous aider à progresser à
travers les obscurités et les disgrâces de ce monde.
Un esprit scientifique
exceptionnel
Lorsque sa mère meurt en
1626, Blaise Pascal est âgé de trois ans. Etienne, son père, juriste réputé,
est également renommé pour ses dispositions scientifiques remarquables, en
particulier dans les mathématiques et la géométrie. Décidé à faire seul
l’éducation de ses trois enfants Jacqueline, Blaise et Gilberte, il s’installe
à Paris en 1632. Très tôt, Blaise montre une intelligence exceptionnelle, et
une grande exigence dans la recherche du vrai, ainsi que le rapporte sa sœur
Gilberte : « Dès son enfance, il ne pouvait se rendre qu’à ce qui lui
paraissait vrai évidemment ; de sorte que, quand on ne lui donnait pas de
bonnes raisons, il en cherchait lui-même ». [12] Un jour, le père surprit son fils
dans des recherches de géométrie et s’aperçut bientôt que, sans savoir que ces
théorèmes existaient dans des livres sous d’autres noms, Blaise, âgé de douze
ans, avait démontré entièrement seul, en dessinant des figures sur le sol, les
trente-deux premières propositions d’Euclide. [13] Gilberte se souvient alors que leur
père fut « épouvanté de la grandeur et de la puissance de ce génie ». [14]
Dans les années qui
suivront, Blaise Pascal fera fructifier son immense talent en y consacrant sa
force de travail. Dès l’âge de dix-sept ans, il fréquente les plus grands
savants de son temps. Assez vite, se succèdent les découvertes et les
publications. En 1642, âgé de dix-neuf ans, il invente une machine
d’arithmétique, ancêtre de nos calculatrices. Blaise Pascal a cela
d’extrêmement stimulant pour nous qu’il nous rappelle la grandeur de la raison
humaine, et nous invite à nous en servir pour déchiffrer le monde qui nous
entoure. L’ esprit de géométrie, qui est cette aptitude à bien comprendre
le fonctionnement des choses dans leur détail, lui sera utile toute sa vie,
ainsi que le relève l’éminent théologien Hans Urs von Balthasar : « Grâce à la
précision de la géométrie et des sciences de la nature, il est capable
d’atteindre à celle, toute différente, qui existe par exemple dans le domaine
de l’existence et de la vie chrétienne ». [15] Cette pratique confiante de la
raison naturelle qui le rend solidaire de tous ses frères humains en quête de
vérité lui permettra de reconnaître les limites de l’intelligence elle-même et,
en même temps, de s’ouvrir aux raisons surnaturelles de la Révélation, selon
une logique du paradoxe qui fait la marque philosophique et le charme
littéraire de ses Pensées : « L’Église a eu autant de peine à montrer
que Jésus-Christ était homme, contre ceux qui le niaient, qu’à montrer qu’il
était Dieu ; et les apparences étaient aussi grandes ». [16]
Les philosophes
Plusieurs des écrits de
Pascal relèvent pour une large part du discours philosophique. En particulier
ses Pensées, cet ensemble de fragments publiés à titre posthume qui sont
les notes ou les brouillons d’un philosophe animé d’un projet théologique, dont
les chercheurs s’attachent à reconstituer, non sans variations, la cohérence et
l’ordre originaires. L’amour éperdu pour le Christ et le service des pauvres
que j’ai mentionnés au début ne furent pas tant la marque d’une rupture dans
l’esprit de ce disciple audacieux, que celle d’un approfondissement vers la
radicalité évangélique, d’une progression vers la vérité vivante du Seigneur,
avec le secours de la grâce. Lui qui avait la certitude surnaturelle de la foi,
et qui la voyait si conforme à la raison, quoique la dépassant infiniment, a
voulu pousser le plus loin possible la discussion avec ceux qui ne partageaient
pas sa foi, car à « ceux qui ne l’ont pas, nous ne pouvons la donner que par
raisonnement en attendant que Dieu la leur donne par sentiment de cœur ». [17] Évangélisation toute de respect et
de patience que notre génération aura intérêt à imiter.
Il faut donc, pour bien
comprendre le discours de Pascal sur le christianisme, être attentif à sa
philosophie. Il admirait la sagesse des anciens philosophes grecs, capables de
simplicité et de tranquillité dans leur art de bien vivre, comme membres
d’une polis : « On ne s’imagine Platon et Aristote qu’avec de grandes
robes de pédants. C’étaient des gens honnêtes et comme les autres, riants avec
leurs amis. Et quand ils se sont divertis à faire leurs lois et leurs
politiques, ils l’ont fait en se jouant. C’était la partie la moins philosophe
et la moins sérieuse de leur vie ; la plus philosophe était de vivre simplement
et tranquillement ». [18] Malgré leur grandeur et leur
utilité, Pascal discerne pourtant les limites de ces philosophies : le
stoïcisme mène à l’orgueil, [19] le scepticisme au désespoir. [20] La raison humaine est sans aucun
doute une merveille de la création, qui distingue l’homme d’entre toutes les
créatures, car « l’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais
c’est un roseau pensant ». [21] On comprend alors que les limites
des philosophes seront tout simplement les limites de la raison créée. Car
Démocrite avait beau affirmer : « Je vais parler de tout », [22] la raison ne peut, à elle seule,
résoudre les questions les plus hautes et les plus urgentes. Quel est en effet,
à l’époque de Pascal comme aussi de nos jours, le sujet qui nous importe le
plus ? C’est celui du sens intégral de notre destinée, de notre vie, et de
notre espérance, tendue vers d’un bonheur qu’il n’est pas interdit de concevoir
comme éternel, mais que seul Dieu est autorisé à donner : « Rien n’est si
important à l’homme que son état ; rien ne lui est si redoutable que
l’éternité ». [23]
En méditant les Pensées de
Pascal , on retrouve, en quelque manière, ce principe fondamental : «
La réalité est supérieure à l’idée », car il nous apprend à nous tenir éloigné
des « diverses manières d’occulter la réalité », depuis les « purismes
angéliques » jusqu’aux « intellectualismes sans sagesse ». [24] Rien n’est plus dangereux qu’une
pensée désincarnée : « Qui veut faire l’ange, fait la bête ». [25]Et les idéologies mortifères dont nous
continuons de souffrir dans les domaines économiques, sociaux, anthropologiques
ou moraux tiennent ceux qui les suivent dans des bulles de croyance où l’idée
s’est substituée au réel.
La condition humaine
La philosophie de Pascal,
toute en paradoxes, procède d’un regard aussi humble que lucide, qui cherche à
atteindre « la réalité éclairée par le raisonnement ». [26] Il part du constat que l’homme est
comme un étranger à lui-même, grand et misérable. Grand par sa raison, par sa
capacité à dompter ses passions, grand même « en ce qu’il se connaît misérable
». [27] Notamment, il aspire à autre chose
qu’à assouvir ses instincts ou à leur résister, « car ce qui est nature aux
animaux nous l’appelons misère en l’homme ». [28] Il existe une disproportion
insupportable entre d’un côté notre volonté infinie d’être heureux et de
connaître la vérité, et de l’autre côté notre raison limitée et notre faiblesse
physique, qui aboutit à la mort. Car la force de Pascal est aussi dans son
réalisme implacable : « Il ne faut pas avoir l’âme fort élevée pour comprendre
qu’il n’y a point ici de satisfaction véritable et solide, que tous nos
plaisirs ne sont que vanité, que nos maux sont infinis, et qu’enfin la mort,
qui nous menace à chaque instant, doit infailliblement nous mettre, dans peu
d’années, dans l’horrible nécessité d’être éternellement ou anéantis ou
malheureux. Il n’y a rien de plus réel que cela, ni de plus terrible. Faisons
tant que nous voudrons les braves : voilà la fin qui attend la plus belle vie
du monde ». [29]Dans cette condition tragique, bien sûr,
l’homme ne peut pas rester en lui-même, car sa misère et l’incertitude de sa
destinée lui sont insupportables. Il lui faut donc se distraire, ce que Pascal
reconnaît volontiers : « De là vient que les hommes aiment tant le bruit et le
remuement ». [30] Car si l’homme ne se divertit de sa
condition – et nous savons tous fort bien nous divertir par le travail, les
loisirs ou les relations familiales ou amicales, mais aussi hélas par les vices
auxquels portent certaines passions – son humanité éprouve « son néant, son
abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. [Et il
sort] du fond de son âme l’ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le
dépit, le désespoir ». [31] Et pourtant le divertissement
n’apaise ni ne comble notre grand désir de vie et de bonheur. Cela, tous, nous
le savons bien.
C’est alors que Pascal
pose sa grande hypothèse : « Qu’est-ce donc que nous crie cette avidité et
cette impuissance sinon qu’il y a eu autrefois dans l’homme un véritable
bonheur, dont il ne lui reste maintenant que la marque et la trace toute vide
et qu’il essaye inutilement de remplir de tout ce qui l’environne, recherchant
des choses absentes les secours qu’il n’obtient pas des présentes, mais qui en
sont toutes incapables parce que ce gouffre infini ne peut être rempli que par
un objet infini et immuable, c’est-à-dire que par Dieu même ». [32] Si l’homme est comme « un roi
dépossédé », [33] qui ne tend qu’à retrouver sa
grandeur perdue, et qui pourtant s’en voit incapable, qu’est-il donc ? « Quelle
chimère est‑ce donc que l’homme, quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel
sujet de contradiction, quel prodige, juge de toutes choses, imbécile ver de
terre, dépositaire du vrai, cloaque d’incertitude et d’erreur, gloire et rebut
de l’univers ! Qui démêlera cet embrouillement ? ». [34]Pascal, en philosophe, voit bien qu’à «
mesure qu’on a de lumière, on découvre plus de grandeur et plus de bassesse
dans l’homme », [35] mais que ces opposées sont
inconciliables. Parce que la raison humaine ne peut pas les accorder, ni
résoudre l’énigme.
C’est pourquoi Pascal
relève que s’il y a un Dieu et que l’homme a reçu une révélation divine – ainsi
que nombre de religions en font état –, et que cette révélation est véritable,
là doit se trouver la réponse que l’homme attend pour résoudre les
contradictions qui le torturent : « Les grandeurs et les misères de l’homme
sont tellement visibles qu’il faut nécessairement que la véritable religion
nous enseigne et qu’il y a quelque grand principe de grandeur en l’homme et
qu’il y a un grand principe de misère. Il faut encore qu’elle nous rende raison
de ces étonnantes contrariétés ». [36] Or, ayant étudié les grandes
religions, Pascal conclut qu’« aucune forme de pensée, aucune pratique
ascétique et mystique ne peut offrir de voie de rédemption », si ce n’est par «
le critère supérieur de vérité qu’est l’illumination de la grâce ». [37] « C’est en vain, ô hommes - écrit
Pascal en imaginant ce que le vrai Dieu pourrait nous dire - que vous cherchez
dans vous‑mêmes le remède à vos misères. Toutes vos lumières ne peuvent arriver
qu’à connaître que ce n’est point dans vous‑mêmes que vous trouverez ni la
vérité ni le bien. Les philosophes vous l’ont promis et ils n’ont pu le faire.
Ils ne savent ni quel est votre véritable bien, ni quel est [votre véritable état] ». [38]
Arrivé à ce point,
Pascal, qui a scruté avec la force rare de son intelligence la condition
humaine, et l’Écriture Sainte, et encore la tradition de l’Église, entend se
proposer avec la simplicité de l’esprit d’enfance en humble témoin de
l’Évangile. Il est ce chrétien qui veut parler de Jésus-Christ à ceux qui
décrètent un peu vite qu’il n’y a pas de raison solide de croire aux vérités du
christianisme. Pascal, au contraire, sait d’expérience que ce qui est dans la
Révélation non seulement ne s’oppose pas aux requêtes de la raison, mais
apporte la réponse inouïe à laquelle nulle philosophie n’aurait pu arriver par
elle-même.
Conversion : la visite du
Seigneur
Le 23 novembre 1654,
Pascal a vécu une expérience très forte, que l’on appelle sa “Nuit de feu”.
Cette expérience mystique, qui lui fit verser des pleurs de joie, a été si
intense et si déterminante pour lui qu’il en a rendu compte sur un morceau de
papier précisément daté, le Mémorial, qu’il avait glissé dans la doublure
de son manteau, et que l’on n’a découvert qu’après sa mort. S’il est impossible
de savoir exactement quelle est la nature de ce qui s’est passé dans l’âme de
Pascal cette nuit-là, il apparaît qu’il s’agit d’une rencontre dont lui-même a
reconnu l’analogie avec celle, fondamentale dans toute l’histoire de la
révélation et du salut, vécue par Moïse devant le buisson ardent (cf. Ex 3).
Le terme « Feu », [39] que Pascal a voulu placer en tête
du Mémorial, nous invite, toute proportion gardée, à proposer ce
rapprochement. Le parallèle semble indiqué par Pascal lui-même qui,
immédiatement après l’évocation du feu, a repris le titre que le Seigneur
s’était donné devant Moïse : « Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob »
(Ex 3, 6.15), en ajoutant : « non des philosophes et des savants. Certitude.
Certitude. Sentiment. Joie. Paix. Dieu de Jésus-Christ ».
Oui, notre Dieu est joie,
et Blaise Pascal en témoigne à toute l’Église ainsi qu’à tout chercheur de Dieu
: « Ce n’est pas le Dieu abstrait ou le Dieu cosmique, non. C’est le Dieu d’une
personne, d’un appel, le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, le Dieu qui est
certitude, qui est sentiment, qui est joie ». [40] Cette rencontre, qui a confirmé à
Pascal la « grandeur de l’âme humaine », l’a comblé de cette joie vive et
inépuisable : « Joie, joie, joie, pleurs de joie ». Et cette joie divine
devient pour Pascal le lieu de la confession et de la prière : « Jésus-Christ.
Je m’en suis séparé : je l’ai fui, renoncé, crucifié. Que je n’en sois jamais
séparé ». [41] C’est l’expérience de l’amour de ce
Dieu personnel, Jésus-Christ, puisqu’il a pris part à notre histoire et que
sans cesse il prend part à notre vie, qui entraîne Pascal sur le chemin de la
conversion profonde, et donc de cette « renonciation totale et douce», [42] parce que vécue dans la charité, à
« l’homme ancien corrompu par les convoitises qui l’entraînent dans l’erreur »
( Ep 4, 22).
Comme le rappelait saint
Jean-Paul II dans son Encyclique sur les rapports entre foi et raison, « des
philosophes comme Blaise Pascal » s’illustrent par le refus de toute «
présomption », ainsi que par leur choix d’une posture faite d’« humilité »
autant que de « courage ». Ils ont fait l’expérience que « la foi libère la
raison de la présomption ». [43] Avant la nuit du 23 novembre 1654,
cela est clair, Pascal « n’a aucun doute sur l’existence de Dieu. Il sait aussi
que ce Dieu est le souverain bien. […] Ce qui lui manque et ce qu’il attend, ce
n’est pas un savoir mais un pouvoir, ce n’est pas une vérité mais une force
». [44] Or cette force lui est donnée par
grâce : il se sent attiré, avec certitude et joie, par Jésus-Christ : « Nous ne
connaissons Dieu que par J.-C. Sans ce médiateur est ôtée toute communication
avec Dieu ». [45] Découvrir Jésus-Christ, c’est
découvrir le Sauveur et Libérateur dont j’ai besoin : « Ce Dieu là n’est autre
chose que le réparateur de notre misère. Ainsi nous ne pouvons bien connaître
Dieu qu’en connaissant nos iniquités ». [46] Comme toute conversion authentique,
la conversion de Blaise Pascal se joue dans l’humilité qui nous délivre « de
notre conscience isolée et de l’autoréférence ». [47]
L’intelligence immense et
inquiète de Blaise Pascal, emplie de paix et de joie devant la révélation de
Jésus-Christ, nous invite, selon l’“ordre du cœur”, [48] à marcher sûrement à la clarté de
ces « célestes lumières ». [49] Car si notre Dieu est un “Dieu
caché” (cf. Is 45, 15), c’est parce qu’il « s’est voulu cacher
», [50] de sorte que notre raison,
illuminée par la grâce, n’aura jamais fini de le découvrir. C’est donc par
l’illumination de la grâce que l’on peut le connaître. Mais la liberté de
l’homme doit s’ouvrir, et déjà Jésus nous console : « Tu ne me chercherais pas
si tu ne m’avais trouvé ». [51]
L’ordre du cœur et ses
raisons de croire
Selon les mots de Benoît
XVI, « la tradition catholique depuis le début a rejeté ce que l’on appelle le
fidéisme, qui est la volonté de croire contre la raison ». [52] Dans ce sens, Pascal est
profondément attaché au « caractère raisonnable de la foi en Dieu », [53] non seulement parce que « l’esprit
ne peut être forcé de croire ce qu’il sait être faux », [54] mais que « si on choque les
principes de la raison, notre religion sera absurde et ridicule ». [55] Mais si la foi est raisonnable,
elle est aussi un don de Dieu, et ne s’aurait s’imposer : « On ne prouve pas
qu’on doit être aimé en exposant d’ordre les causes de l’amour, cela serait
ridicule », [56] relève Pascal avec la finesse de
son humour, en traçant un parallèle entre l’amour humain et la façon dont Dieu
nous fait signe. Pas plus que l’amour, « qui se propose mais ne s’impose pas –
l’amour de Dieu ne s’impose jamais ». [57] Jésus « a rendu témoignage à la
vérité » (cf. Jn 18, 37) mais « n’a pas voulu l’imposer par la force
à ses contradicteurs ». [58] C’est pourquoi « il y a assez de
lumière pour ceux qui ne désirent que de voir, et assez d’obscurité pour ceux
qui ont une disposition contraire ». [59]
Il en vient à affirmer
que « la foi est différente de la preuve. L’une est humaine, l’autre est un don
de Dieu ». [60] Ainsi, il est impossible de croire
« si Dieu n’incline le cœur ». [61] Si la foi est d’un ordre supérieur
à la raison, cela ne signifie certainement pas qu’elle s’y oppose, mais qu’elle
la dépasse infiniment. Lire l’œuvre de Pascal, ce n’est donc pas d’abord
découvrir la raison qui éclaire la foi ; c’est se mettre à l’école d’un
chrétien à la rationalité hors-normes, qui sut d’autant mieux rendre compte
d’un ordre établi par le don de Dieu au-dessus de la raison : « La distance
infinie des corps aux esprits figure la distance infiniment plus infinie des
esprits à la charité car elle est surnaturelle ». [62]Scientifique rompu à la géométrie, c’est-à-dire
à la science des corps posés dans l’espace, et géomètre rompu à la philosophie,
c’est-à-dire à la science des esprits posés dans l’histoire, Blaise Pascal
illuminé par la grâce de la foi pouvait ainsi transcrire la totalité de son
expérience : « De tous les corps ensemble on ne saurait en faire réussir une
petite pensée. Cela est impossible et d’un autre ordre. De tous les corps et
esprits on n’en saurait tirer un mouvement de vraie charité. Cela est
impossible et d’un autre ordre, surnaturel ». [63]
Ni l’ esprit de
géométrie ni le raisonnement philosophique ne permettent à l’homme de
parvenir seul à une « vue bien nette » du monde et de soi-même. Celui qui est
penché sur les détails de ses calculs ne bénéficie pas de la vue d’ensemble qui
permet de « voir tous les principes ». Cela, c’est le fait de l’ esprit de
finesse, dont Pascal vante également les mérites, car lorsque l’on cherche à
saisir la réalité, « il faut tout d’un coup voir la chose d’un seul regard
». [64] Cet esprit de finesse, c’est
le domaine de ce que Pascal nomme le “cœur” : « Nous connaissons la vérité non
seulement par la raison mais encore par le cœur, c’est de cette dernière sorte
que nous connaissons les premiers principes et c’est en vain que le
raisonnement, qui n’y a point de part, essaie de les combattre ». [65] Or les vérités divines - comme le
fait que le Dieu qui nous a faits est amour, qu’il est Père, Fils et
Esprit-Saint, qu’il s’est incarné en Jésus-Christ, mort et ressuscité pour
notre salut - ne sont pas démontrables par la raison, mais peuvent être connues
par la certitude de la foi, et passent ensuite du cœur spirituel à l’esprit
rationnel, qui les reconnaît pour vraies et peut les exposer à son tour : «
C’est pourquoi ceux à qui Dieu a donné la religion par sentiment du cœur sont
bien heureux et bien légitimement persuadés ». [66]
Pascal ne s’est jamais
résigné à ce que certains de ses frères humains non seulement ne connaissent
pas Jésus-Christ, mais dédaignent par paresse, ou à cause de leurs passions, de
prendre l’Évangile au sérieux. Car c’est en Jésus-Christ que se joue leur vie.
« L’immortalité de l’âme est une chose qui nous importe si fort, qui nous
touche si profondément, qu’il faut avoir perdu tout sentiment pour être dans
l’indifférence de savoir ce qui en est. […] Et c’est pourquoi, entre ceux qui
n’en sont pas persuadés, je fais une extrême différence de ceux qui travaillent
de toutes leurs forces à s’en instruire, à ceux qui vivent sans s’en mettre en
peine et sans y penser ». [67] Nous-mêmes savons bien que nous
cherchons souvent à fuir la mort, ou à la maîtriser, pensant que nous pourrions
« écarter la pensée de notre finitude » ou « ôter à la mort son pouvoir et
chasser la peur. Mais la foi chrétienne n’est pas une façon d’exorciser la peur
de la mort, elle nous aide plutôt à l’affronter. Tôt ou tard, tous nous
passerons par cette porte. La vraie lumière qui éclaire le mystère de la mort
vient de la résurrection du Christ ». [68]Seule la grâce de Dieu permet au cœur de
l’homme d’accéder à l’ordre de la connaissance divine, à la charité. Ce qui
fait écrire à un important commentateur contemporain de Pascal que « la pensée
ne parvient à penser chrétiennement que si elle accède à ce que Jésus-Christ
met en œuvre, la charité ». [69]
Pascal, la controverse et
la charité
Avant de conclure, il me
faut évoquer les rapports de Pascal avec le Jansénisme. L’une de ses sœurs,
Jacqueline, était entrée en religion à Port-Royal, dans une congrégation dont
la théologie était très influencée par Cornelius Jansen, dit Jansénius, lequel
avait composé un traité, l’ Augustinus, paru en 1640. Après sa « nuit de
feu », Pascal était venu faire une retraite à l’abbaye de Port-Royal, en
janvier 1655. Or, dans les mois qui suivirent, une controverse importante et
déjà ancienne opposant les Jésuites aux “jansénistes” qui étaient attachés à
l’ Augustinus, se réveilla à la Sorbonne, l’université de Paris. La
querelle portait principalement sur la question de la grâce de Dieu, et sur les
rapports de la grâce et de la nature humaine, en particulier son libre-arbitre.
Pascal, quoiqu’il n’appartînt pas à la congrégation de Port-Royal, et qu’il ne
fût pas un homme de parti – « Je suis seul […], je ne suis point de Port-Royal
», [70] écrira-t-il – fut chargé par les
Jansénistes de les défendre, notamment parce que son art rhétorique était
puissant. Il le fit en 1656 et 1657, en publiant une série de dix-huit lettres,
dites Provinciales.
Si plusieurs propositions
dites “jansénistes” étaient effectivement contraires à la foi, [71] ce que Pascal reconnaissait, il
contestait qu’elles fussent présentes dans l’ Augustinus, et suivies par
les gens de Port-Royal. Certaines de ses propres affirmations, néanmoins, ayant
trait par exemple à la prédestination, tirées de la théologie du dernier saint
Augustin, dont les formules avaient été affûtées par Jansénius, ne sonnent pas
juste. Il faut toutefois comprendre que, comme saint Augustin avait voulu
combattre au V e siècle les Pélagiens, lesquels affirmaient que
l’homme peut, par ses propres forces et sans la grâce de Dieu, faire le bien et
être sauvé, Pascal crut sincèrement s’attaquer alors au pélagianisme ou au
semi-pélagianisme qu’il croyait identifier dans les doctrines suivies par les
Jésuites molinistes, du nom du théologien Luis de Molina, mort en 1600
mais à l’influence encore vivace au milieu du XVII e siècle.
Faisons-lui crédit de la franchise et de la sincérité de ses intentions.
Cette lettre n’est certes
pas le lieu pour rouvrir la question. Toutefois, ce qu’il y a de juste mise en
garde dans les positions de Pascal vaut encore pour notre temps : le
néo-pélagianisme, [72] qui voudrait que tout dépende « de
l’effort humain canalisé par des normes et des structures ecclésiales », [73] se reconnaît à ce qu’il « nous
enivre de la présomption d’un salut gagné par nos propres efforts ». [74] Et il faut maintenant affirmer que
l’ultime position de Pascal quant à la grâce, et au fait en particulier que
Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine
connaissance de la vérité » ( 1 Tm 2, 4), s’énonçait en termes
parfaitement catholiques à la fin de sa vie. [75]
Comme je le disais au
début, Blaise Pascal, à la fin de sa vie, brève mais d’une richesse et d’une
fécondité extraordinaires, avait mis l’amour de ses frères à la toute première
place. Il se sentait et se savait membre d’un seul corps, car « Dieu ayant fait
le ciel et la terre qui ne sentent point le bonheur de leur être, il a voulu
faire des êtres qui le connussent et qui composassent un corps de membres
pensants ». [76] Pascal, à sa place de fidèle laïc,
a goûté à la joie de l’Évangile, dont l’Esprit veut féconder et guérir « toutes
les dimensions de l’homme » et réunir « tous les hommes à la table du Royaume
». [77] Alors qu’il compose sa
magnifique Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies en
1659, Pascal est un homme pacifié qui ne se situe plus dans la controverse, ni
même dans l’apologétique. Très malade et sur le point de mourir, il demanda à
communier, mais cela ne se fit pas immédiatement. Il demanda donc à sa sœur : «
Ne pouvant pas communier dans le chef [Jésus-Christ], je voudrais bien
communier dans les membres ». [78] Et il « avait un grand désir de
mourir en la compagnie des pauvres ». [79] « Il meurt dans la simplicité d’un
enfant », [80] dit-on de lui peu de temps avant
son dernier souffle le 19 août 1662. Après avoir reçu les Sacrements, ses
dernières paroles furent : « Que Dieu ne m’abandonne jamais ». [81]
Puissent son œuvre de
lumière et les exemples de sa vie si profondément baptisée en Jésus-Christ,
nous aider à parcourir jusqu’au bout le chemin de la vérité, de la conversion
et de la charité. Car la vie d’un homme est si courte : « Éternellement en joie
pour un jour d’exercice sur la terre ». [82]
Rome,
Saint-Jean-de-Latran, le 19 juin 2023
FRANÇOIS
[1] Pascal, Pensées,
numérotation Lafuma, n. 199.
[2] G.
Périer, Vie de M. Pascal, in Œuvres complètes, par M. Le Guern, I,
Paris, 1998, p. 91.
[3] Pascal, Pensées,
Laf., n. 270.
[4] Ibid., n.
148.
[5] Ibid., n. 417.
[6] Pascal, Entretien
avec M. de Sacy, in Œuvres complètes, par M. Le Guern, II, Paris, 2000, p.
90.
[7] Pascal, Pensées ( Mémorial),
Laf., n. 913.
[8] Pascal, Pensées ( Le
Mystère de Jésus), Laf., n. 926.
[9] Exhort. ap. Gaudete
et exsultate, n. 65.
[10] Ibid.,
n. 167.
[11] Pascal, Pensées,
Laf., n. 12.
[12] G.
Périer, op. cit., p. 64.
[13] Cf. ibid.,
p. 65.
[14] Ibid.
[15] «
Pascal », in La Gloire et la Croix, Styles, II., Paris, 1972, p. 78.
[16] Pascal, Pensées,
Laf., n. 307.
[17] Ibid.,
n. 110.
[18] Ibid.,
n. 533.
[19] Cf.
Pascal, Entretien avec M. de Sacy, op. cit., p. 98.
[20] Cf.
Pascal, Pensées, Laf., n. 208.
[21] Ibid.,
n. 200.
[22] Ibid.,
n. 199.
[23] Ibid.,
n. 427.
[24] Exhort.
ap. Evangelii
Gaudium, n. 231.
[25] Pascal, Pensées,
Laf., n. 678.
[26] Exhort.
ap. Evangelii
Gaudium, n. 232.
[27] Pascal, Pensées,
Laf., n. 114.
[28] Ibid.,
n. 117.
[29] Ibid.,
n. 427.
[30] Ibid.,
n. 136.
[31] Ibid.,
n. 622.
[32] Ibid.,
n. 148.
[33] Ibid.,
n. 116.
[34] Ibid.,
n. 131.
[35] Ibid.,
n. 613.
[36] Ibid.,
n. 149.
[37] H.U.
von Balthasar, op. cit., p. 82.
[38] Pascal, Pensées,
Laf., n. 149.
[39] Pascal, Pensées ( Mémorial),
Laf., n. 913.
[41] Pascal, Pensées ( Mémorial),
Laf., n. 913.
[42] Ibid.
[43] Lett.
Enc. Fides
et Ratio, n. 76 : AAS 91 (1999), p. 64.
[44] H.
Gouhier, Blaise Pascal. Commentaires, Paris, 1971, p. 44-45.
[45] Pascal, Pensées,
Laf., n. 189.
[46] Ibid.
[47] Exhort.
ap. Evangelii
Gaudium, n. 8.
[48] Cf.
Pascal, Pensées, Laf., n. 298.
[49] Ibid.,
n. 208.
[50] Ibid.,
n. 242.
[51] Pascal, Pensées ( Le
Mystère de Jésus), Laf., n. 919.
[52] Catéchèse,
21 novembre 2012.
[53] Ibid.
[54] Pascal, Entretien
avec M. de Sacy, op. cit., p. 87.
[55] Pascal, Pensées,
Laf., n. 173.
[56] Ibid.,
n. 298.
[57] Homélie en
la Solennité du Christ-Roi de l’Univers, 20 novembre 2022.
[58] Conc.
Oecum. Vat. II, Decl. Dignitatis
humanae, n. 11.
[59] Pascal, Pensées,
Laf., n. 149.
[60] Ibid.,
n. 7.
[61] Ibid.,
n. 380.
[62] Ibid.,
n. 308.
[63] Ibid.
[64] Ibid.,
n. 512.
[65] Ibid.,
n. 110.
[66] Ibid.
[67] Ibid.,
n. 427.
[68] Catéchèse,
9 février 2022.
[69] J.-L.
Marion, La Métaphysique et après, Paris, 2023, p. 356.
[70] Pascal, Dix-septième
lettre provinciale, in Œuvres complètes, par M. Le Guern, II, Paris, 2000,
p. 781.
[71] Cf.
B. Neveu, L’erreur et son juge : remarques sur les censures doctrinales à
l’époque moderne, Naples, 1993.
[72] Cf.
Cong. pour la Doctrine de la Foi, Lett. Placuit
Deo (22 février 2018) ; Exhort. ap. Gaudete
et exsultate, nn. 57-59.
[73] Exhort.
ap. Gaudete
et exsultate, n. 59.
[74] Lett.
ap. Desiderio desideravi, n. 20.
[75] Cf.
Pascal Pensées ( Le Mystère de Jésus), Laf., n. 931. Au début de
ce passage on trouve, entre parenthèses, cette phrase: « J’aime tous les hommes
comme mes frères, parce qu’ils sont tous rachetés ».
[76] Pascal, Pensées,
Laf., n. 360.
[77] Exhort.
ap. Evangelii
Gaudium, n. 237.
[78] G.
Périer, op. cit., p. 92-93.
[79] Ibid.,
p. 93.
[80] Ibid.,
p. 90.
[81] Ibid.,
p. 94.
[82] Pascal, Pensées ( Mémorial),
Laf., n. 913.
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la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana
THE GRANDEUR AND MISERY
OF MAN. This paradox is central to the thought and enduring message of Blaise
Pascal, born four centuries ago, on 19 June 1623 in Clermont in central France.
From childhood, Pascal devoted his life to the pursuit of truth. By the use of
reason, he sought its traces in the fields of mathematics, geometry, physics
and philosophy, making remarkable discoveries and attaining great fame even at
an early age. Yet he was not content with those achievements. In a century of
great advances in many fields of science, accompanied by a growing spirit of
philosophical and religious scepticism, Blaise Pascal proved to be a tireless
seeker of truth, a “restless” spirit, open to ever new and greater horizons.
Pascal’s brilliant and
inquisitive mind never ceased to ponder the question, ancient yet ever new,
that wells up in the human heart: “What is man that you are mindful of him, the
son of man that you care for him?” ( Ps 8:5). This question has perplexed
men and women of every time and place, every culture, language and religion.
“What is man in nature?” – Pascal asks – “Nothing with respect to the infinite,
yet everything with respect to nothing”. [1] The
question had been posed by the Psalmist in the context of the history of love
between God and his people, a history culminating in the incarnation of the “Son
of Man”, Jesus Christ, whom the Father gave up to forsakenness in order to
crown him with glory and honour above every creature (cf. v. 6). To this
question, raised in a language so different from that of mathematics and
geometry, Pascal continued to devote his attention.
For this reason, I
believe that it is fitting to describe Pascal as a man marked by a fundamental
attitude of awe and openness to all reality. Openness to other dimensions of
knowledge and life, openness to others, openness to society. For example, in
1661 he developed, in Paris, the first public transport system in history, the
“five-penny coaches”. If I mention this at the beginning of this Letter, it is
to make clear that neither his conversion to Christ, which began with the
“night of fire” on 23 November 1654, nor his masterful intellectual defence of
the Christian faith, made him any less a man of his time. He continued to be
concerned with the questions that troubled his age and with the material needs
of all the members of the society in which he lived.
This openness to the
world around him kept him concerned for others even in his final illness, at
only thirty-nine years of age. At this, the last stage of his earthly
pilgrimage, he is reported to have said: “If the physicians tell the truth, and
God grants that I recover from this sickness, I am resolved to have no other
work or occupation for the rest of my life except to serve the poor”. [2] It
is moving to realize that in the last days of his life, so great a genius as
Blaise Pascal saw nothing more pressing than the need to devote his energies to
works of mercy: “The sole object of Scripture is charity”. [3]
I am pleased that on
this, the fourth centenary of his birth, God’s providence grants me this
opportunity to pay homage to Pascal, and to recall those aspects of his life
and thought that I deem helpful to encourage Christians in our day, and their
contemporaries of good will, in the pursuit of authentic happiness. For “all
people seek to be happy. This is true without exception, whatever the different
means they employ. All tend to the same goal”. [4] Four
centuries after his birth, Pascal remains our travelling companion,
accompanying our quest for true happiness and, through the gift of faith, our
humble and joyful recognition of the crucified and risen Lord.
A man in love with
Christ, who speaks to everyone
If Blaise Pascal can
attract everyone, it is above all because he spoke so convincingly of our human
condition. Yet it would be mistaken to see in him merely an insightful observer
of human behaviour. His monumental Pensées, some of whose individual
aphorisms remain famous, cannot really be understood unless we realize that
Jesus Christ and sacred Scripture are both their centre and the key to their
understanding. For if Pascal proposed to speak of man and God, it was because
he had arrived at the certainty that “not only do we know God solely through
Jesus Christ, but we know ourselves solely through Jesus Christ. We do not know
life and death except through Jesus Christ. Apart from Jesus Christ, we
understand neither our life nor our death, neither God nor ourselves. Hence
without the Scriptures, which speak solely of Jesus Christ, we know nothing and
we see only darkness”. [5] If
this daring statement is to be understood by all, and not considered a purely
dogmatic assertion incomprehensible to those who do not share the Church’s
faith, or a disparagement of the legitimate scope of natural reason, it needs
to be clarified.
Faith, love and freedom
As Christians, we need to
avoid the temptation to present our faith as an incontestable certainty evident
to everyone. Clearly, Pascal was concerned to make people realize that “God and
truth are inseparable”, [6] yet
he also knew that belief is possible only by the grace of God, embraced by a
heart that is free. Through faith he had personally encountered “the God of
Abraham, the God of Isaac, the God of Jacob, not the God of the philosophers
and the learned”, [7] and
had acknowledged Jesus Christ as “the way, and the truth, and the life” ( Jn 14:6).
For this reason, I would suggest that everyone who wishes to persevere in
seeking truth – a never-ending task in this life – should listen to Blaise
Pascal, a man of prodigious intelligence who insisted that apart from the
aspiration to love, no truth is worthwhile. “We make truth itself into an idol,
for truth apart from charity is not God, but his image; it is an idol which
must in no way be loved or worshipped”. [8]
Pascal would thus
shield us from the false teachings, superstitions and libertinism that avert so
many people from the lasting peace and joy of the One who desires that we
should choose “life and good”, not “death and evil” ( Deut 30:15.19).
Yet the tragedy of this life is that we at times fail to see clearly, and as a
result, we choose poorly. For we cannot savour the joy of the Gospel unless
“the Holy Spirit fills us with his power and frees us from our weakness, our
selfishness, our complacency and our pride”. [9] What
is more, “without the wisdom of discernment, we can become prey to every
passing trend”. [10] That
is why an appreciation of the living faith of Blaise Pascal, who sought to
demonstrate that the Christian religion is “venerable because it truly knows
man” and “lovable because it promises true good”, [11] can
help us make our way through the shadows and sorrows of this world.
An outstanding scientific
mind
When his mother died in
1626, Blaise Pascal was three years old. His father, Étienne, a well-known
jurist, was also renowned for his notable scientific gifts, particularly in the
fields of mathematics and geometry. Choosing to provide personally for the
education of his three children, Jacqueline, Blaise and Gilberte, he moved to
Paris in 1632. Very quickly, Blaise showed exceptional intelligence and
persistence in seeking truth. His sister Gilberte tells us that, “from
childhood, he could only accept things that struck him as evidently true; as a
result, when not provided with good reasons, he sought them himself”. [12] One
day his father found Blaise studying geometry and suddenly realized that,
without knowing that the same theorems could be found in books under other
names, Blaise, at age twelve, entirely on his own, by drawing figures on the
ground, had demonstrated the first 32 propositions of Euclid. [13] Gilberte
recalled that their father was “astounded at the depth and the power of his
intellect”. [14]
In the years that
followed, Blaise Pascal worked intensely to make his immense talent bear fruit.
At seventeen, he was in communication with the most learned men of his time. In
quick succession came his discoveries and his publications. In 1642, at the age
of nineteen, he invented an arithmetic machine, the ancestor of our modern
computers. In this regard, Pascal speaks to our own times, for he reminds us of
the grandeur of human reason and encourages us to employ it in understanding
the mysteries of the world around us. His grasp of mathematics, the ability to
understand in detail how things work, would prove helpful to him throughout his
life. In the words of the eminent theologian Hans Urs von Balthasar: “He
trained himself in the precision appropriate to mathematics and natural science
as such, so as to attain that quite other precision appropriate to the realm of
being and to the Christian realm”. [15] Pascal’s
confidence in the use of natural reason, which unites him to all seekers of
truth, enabled him both to acknowledge its limits and to be receptive to the
supernatural reasons of divine revelation, with that sense of paradox that was
to find expression in the philosophical depth and literary charm of his Pensées.
“The Church expended as much effort in demonstrating that Jesus Christ was man
against those who denied this, as she did in demonstrating that he was God; and
both were equally evident”. [16]
The philosophers
Many of Pascal’s writings
are steeped in the language of philosophy. This is especially true of his Pensées,
the collection of fragments, published posthumously, that are his notes and sketches
for a philosophy inspired by a theological concern. Scholars have attempted,
with varying results, to restore the collection’s original form and unity.
Pascal’s passionate love for Christ and for serving the poor, which I mentioned
earlier, were not so much the sign of a disconnect in the mind of this bold
disciple, as of a deeper growth towards evangelical radicalism, a progression,
aided by grace, towards the living truth of the Lord. Pascal, who possessed the
supernatural certitude of faith and considered it fully compatible with reason
while infinitely surpassing the latter, sought as much as possible to engage in
dialogue with those who did not share his faith. For “to those who do not have
faith, we cannot give it except by reasoning, as we wait for God to give it to
them by moving their heart”. [17] Here
we see a completely respectful and patient form of evangelization that our
generation would do well to imitate.
It is necessary then, for
a proper understanding of Pascal’s thinking on Christianity, to be attentive to
his philosophy. He admired the wisdom of the ancient Greek philosophers, who
sought with simplicity and tranquillity to live well as citizens of a polis:
“We think of Plato and Aristotle as wearing the flowing robes of scholars. They
were normal people, like everyone else, who enjoyed a good laugh with their
friends. When they were composing their Laws and Politics, they
did it for pleasure. It was the least philosophical and least serious part of
their life; the most philosophical part was to live simply and
peaceably”. [18] Yet
for all their greatness and their usefulness, Pascal recognized the limits of
those philosophies: Stoicism leads to pride; [19] scepticism
to despair. [20] Human
reason is a marvel of creation, which sets man apart from all other creatures,
for “man is but a reed, the weakest in nature, yet he is a thinking
reed”. [21] The
limits of the philosophers are thus, quite simply, the limits of created
reason. Democritus might well say, “I am going to speak about
everything”, [22] but
reason cannot, of itself, resolve the deepest and most urgent issues. In the
end, both for the age of Pascal as well as for our own, what remains the
greatest and most pressing question? It is that of the overall meaning of our
destiny, our life and our hope, which is directed to a happiness that we are
not forbidden to imagine as eternal, but which God alone can grant: “Nothing is
as important to man as his own state; nothing to him is as fearsome as
eternity”. [23]
In reflecting on
Pascal’s Pensées, we constantly encounter, in one way or another, this
fundamental principle: “reality is superior to ideas”. Pascal teaches us to
keep our distance from “various means of masking reality”, from “angelic forms
of purity” to “intellectual discourse bereft of wisdom”. [24] Nothing
is more dangerous than a disembodied reason: “He who would act as an angel,
acts as a beast”. [25] The
baneful ideologies from which we continue to suffer in the areas of economics,
social life, anthropology and morality, keep their followers imprisoned in a
world of illusions, where ideas have replaced reality.
The human condition
Pascal’s philosophy, ever
paradoxical, is grounded in an approach as simple as it is lucid: it seeks to
attain to “reality illumined by reason”. [26] He
starts by observing that man is in some way a stranger to himself, at once
great and wretched. Great by virtue of his reason and his ability to master his
passions, but great too “in that he acknowledges himself wretched”. [27] Indeed,
man aspires to something other than satisfying or resisting his instincts, “for
what is nature to animals, we call wretchedness in man”. [28]
An intolerable disproportion exists between, on the one hand, our limitless
desire for happiness and knowledge of truth, and, on the other, our limited
reason and physical frailty, which ultimately ends in death. Pascal’s strength
is also his relentless realism: “It does not take great intelligence to realize
that here below there is no true and solid satisfaction, that all our pleasures
are but vanity, that our ills are infinite, and that death, which threatens us
constantly, will infallibly set before us, in a few years, the dread
alternative of being annihilated or of being unhappy for all eternity. Nothing
is more real than that, nor more frightening. We can act as bravely as we like:
this is the end that awaits the finest life in the world”. [29] In
this tragic condition, surely an individual cannot retreat into himself, for
his wretchedness and the uncertainly of his destiny prove unbearable to him. As
a result, he needs to distract himself. Pascal readily acknowledges this:
“Hence it is that men so greatly love noise and commotion”. [30] For
if a person does not divert himself from his condition – and we know very well
how to divert ourselves by work, forms of leisure, relationships in family or
among friends, but also, alas, by the vices to which certain passions lead –
his humanity experiences “its nothingness, its abandonment, its insufficiency,
its dependence, its powerlessness, its emptiness. [And there emerge] from the depths
of his soul ennui, melancholy, sadness, chagrin, spite, despair”. [31] Diversion
fails to satisfy, much less fulfil, our great desire for life and happiness.
This is something that all of us know quite well.
At this point, Pascal
sets forth his great argument. “What is it, then, that this longing and this
feeling of helplessness cry out to us, if not that man once enjoyed a true
happiness, of which there now remains but an empty trace that he tries in vain
to fill with everything around him, seeking in things he lacks what he cannot
obtain from those he has. Yet none of these can provide it, for this infinite
abyss cannot be bridged except by an infinite and immutable object, which is
God himself”. [32] If
man is like “a dispossessed king”, [33] seeking
only to recover his lost grandeur while knowing that he is incapable of doing
so, then what is he? “What a fantastic creature is man, a novelty, a
monstrosity, chaotic, contradictory, prodigious, judge of all things, feeble
earthworm, bearer of truth, mire of uncertainty and error, glory and refuse of
the universe! Who can undo this tangle?” [34] As
a philosopher, Pascal saw clearly that “the greater our intelligence, the more
we discover man’s grandeur and his baseness”, [35] and
that these contradictions are irreconcilable. Human reason cannot make them
agree, nor resolve the enigma.
Pascal goes on to argue
that if there is a God, and if man has received a divine revelation – as a
number of religions profess – and if that revelation is true, it must contain
the answer we await in order to resolve the contradictions that cause us such
anguish. “The greatness and wretchedness of man are so evident that the true
religion must necessarily teach us both that there is in man a great principle
of grandeur and a great principle of wretchedness. It must also account for
these astonishing contradictions”. [36] From
his study of the great religions, Pascal concludes that, “no thought and no
ascetic-mystical practice can offer a way of redemption”, unless by “the higher
criterion of truth found in the illumination of grace”. [37] “It
is in vain,” Pascal writes, imagining what the true God might tell us, “that
you seek in yourselves the remedy for your miseries. All your intelligence
could only attain the knowledge that it is not in yourselves that you will find
either truth or goodness. The philosophers promised it to you and they were
unable to deliver. They know neither what is your true good, nor your veritable
state”. [38]
After applying his
extraordinary intelligence to the study of the human condition, the sacred
Scriptures and the Church’s tradition, Pascal now presents himself with
childlike simplicity as a humble witness of the Gospel. As a Christian, he
wishes to speak of Jesus Christ to those who have hastily concluded that there
is no solid reason to believe in the truths of Christianity. For his part, he
knows from experience that the content of divine revelation is not only not opposed
to the demands of reason, but offers the amazing response that no philosophy
could ever attain on its own.
Conversion: the visit of
the Lord
On 23 November 1654,
Pascal had a powerful experience that even now is referred to as his “night of
fire”. This mystical experience, which caused him to weep tears of joy, was so
intense and so decisive for him that he recorded it on a piece of paper,
precisely dated, the “Memorial”, which he inserted in the lining of his coat,
only to be discovered after his death. While it is impossible to know the exact
nature of what took place in Pascal’s soul that night, it seems to have been an
encounter which he himself acknowledged as analogous to the encounter,
fundamental for the whole history of revelation and salvation, that Moses
experienced in the presence of the burning bush (cf. Ex 3). The term
“FIRE”, [39] which
Pascal placed as the heading of the “Memorial”, invites us, relatively
speaking, to make this comparison. The parallel would seem to be indicated by
Pascal himself who, immediately after the evocation of fire, repeated the appellation
that the Lord gave himself in the presence of Moses – “the God of Abraham, the
God of Isaac, the God of Jacob” ( Ex 3:6.15) – and then added: “not
of the philosophers and the sages. Certainty. Certainty. Feeling. Joy. Peace.
God of Jesus Christ”.
Our God is indeed joy,
and Blaise Pascal testifies to this before the whole Church and before all
those who seek God. “This is not the abstract God or the cosmic God, no. This
is the God of a person, of a call, the God of Abraham, Isaac and Jacob, the God
who is certitude, who is sentiment, who is joy”. [40] The
encounter that night, which confirmed for Pascal the “grandeur of the human
soul”, overwhelmed him with that same lively and fathomless joy: “Joy, joy,
joy, tears of joy”. And that divine joy became for him an occasion of
confession and prayer: “Jesus Christ. I separated myself from him. I fled him,
denied him, crucified him. May I never be separated from him”. [41] Pascal’s
experience of the love of God, who in Jesus Christ personally shared in our
history and ceaselessly shares in our life, set Pascal on the path of profound
conversion, a life of charity and thus the “complete and sweet
renunciation” [42] of
the “old self, corrupt and deluded by its lusts” ( Eph 4:22).
As Saint John Paul II
noted in his encyclical on the relationship of faith and reason, “philosophers
such as Pascal” are outstanding for their rejection of all presumption, as well
as for their stance of humility and courage. They came to realize that “faith
liberates reason from presumption”. [43] Certainly,
prior to the night of 23 November 1654, Pascal “never doubted the existence of
God. He also knew that God is the supreme good… What he lacked and longed for
was not knowledge but power; not truth, but strength”. [44] That
strength was now bestowed on him by grace, and he felt himself drawn with certitude
and joy to Jesus Christ: “We know God only through Jesus Christ. Without this
mediator, all communication with God is taken away”. [45] To
discover Jesus Christ is to discover the Saviour and Liberator whom I need:
“This God is nothing other than the redeemer of our miseries. Thus we can only
really know God by knowing our iniquities”. [46] As
with every authentic conversion, the conversion of Blaise Pascal took place in
humility, which delivers us “from our narrowness and self-absorption”. [47]
The vast and restless
intelligence of Blaise Pascal, brimming with peace and joy at the revelation of
Jesus Christ, invites us, following “the order of the heart”, [48] to
advance towards the brightness of “these heavenly lights”. [49] For
if our God is a “hidden God” (cf. Is 45:15), it is because he “willed
to conceal himself” [50] in
such a way that our reason, illumined by grace, will never stop seeking to find
him. Hence, it is by the illumination of grace that we come to know him. Yet
our human freedom must be open to this, and indeed Jesus comforts us with these
words: “You would not seek me if you had not found me”. [51]
The order of the heart
and its reasons for believing
In the words of Pope
Benedict XVI, “the Catholic tradition from the beginning has rejected what is called
fideism, which is the desire to believe against reason”. [52] Pascal
is likewise deeply attached to the “reasonableness of faith in God”, [53] not
only because “the mind cannot be forced to believe what it knows to be
false”, [54] but
also because “if we contradict the principles of reason, our religion would be
absurd and ridiculous”. [55] Yet
while faith is reasonable, it remains a gift of God and may not be imposed. “We
do not prove that we should be loved by setting out the reasons why; that would
be ridiculous”, [56] Pascal
tells us with his subtle humour, comparing human love and the way that God
beckons us. Like human love, “which proposes but never imposes – the love of
God never imposes itself”. [57] Jesus
bore witness to the truth (cf. Jn 18:37), but “refused to use force
to impose it on those who spoke out against it”. [58] That
is why “there is enough light for those who desire only to see, and enough
darkness for those disposed otherwise”. [59]
Pascal goes on to say
that “faith differs from proof. One is human, while the other is God’s
gift”. [60] Hence,
it is impossible to believe “unless God inclines the heart”. [61] Although
faith is of a higher order than reason, it does not follow that faith is
opposed to reason; rather, faith infinitely surpasses reason. In reading
Pascal’s work, we do not first encounter reason that clarifies faith, but a
Christian of great logical rigour accounting for an order, graciously
established by God, which transcends reason: “The infinite distance between
bodies and minds represents the infinitely more infinite distance between minds
and charity, for the latter is supernatural”. [62] As
a scientist expert in geometry, the science of bodies positioned in space, and
a mathematician expert in philosophy, the science of minds positioned in
history, Blaise Pascal, enlightened by the grace of faith, could sum up his
whole experience in these words: “From all bodies put together, one could not
succeed in producing a tiny thought. That is impossible and of another order.
From all bodies and minds, one could not draw an impulse of true charity. That
is impossible and of another, supernatural order”. [63]
Neither the operations of
geometry nor philosophical reasoning permit us, of themselves, to arrive at a
“very clear view” of the world or of ourselves. Those enmeshed in the details
of their calculations do not benefit from the view of the whole that enables us
to “see all the principles”. That is the task of the “spirit of finesse” which
Pascal extols, for in attempting to grasp reality, “one must immediately take
things in at a single glance”. [64] This
intuitive vision has to do with what Pascal calls the “heart”. “We know the
truth not only by reason but even more by the heart; it is by the latter that
we come to know the first principles, and it is in vain that reasoning, which
has no part in it, tries to refute them”. [65] Divinely
revealed truths – such as the fact that the God who created us is love, that he
is Father, Son and Holy Spirit, and that he became incarnate in Jesus Christ,
who died and rose for our salvation – are not demonstrable by reason. They can
only be known by the certitude of faith, and then pass immediately from the
spiritual heart to the rational mind, which acknowledges their truth and can
explicate them in turn. “This is why those to whom God has given religious
faith by moving their hearts are blessed indeed and rightly convinced”. [66]
Pascal never grew
resigned to the fact that some men and women not only do not know Jesus Christ,
but disdain, out of laziness or due to their passions, to take the Gospel
seriously. For in Jesus Christ their very lives are at stake. “The immortality
of the soul is so important to us, something that touches us so deeply, that we
need to have lost all feeling to be unconcerned with knowing what is at stake…
And that is why, among those who are not convinced about this, I would
distinguish clearly between those who make every effort to investigate it, and
those who go about their lives without being concerned about it or thinking of
it”. [67] We
know very well that often we attempt to flee death, or to overcome it, thinking
that we can “banish the thought of our finite existence” or “remove its power
and dispel fear. But Christian faith is not a way of exorcizing the fear of
death; rather, it helps us to face death. Sooner or later, we will all pass
through that door… The true light that illumines the mystery of death comes
from the resurrection of Christ”. [68] Only
God’s grace enables the human heart to know God and to live a life of charity.
This led an important commentator on Pascal in our own day to write that
“thought does not become Christian unless it attains to that which Jesus Christ
brought about, which is charity”. [69]
Pascal, controversy and
charity
Before concluding, I must
mention Pascal’s relationship to Jansenism. One of his sisters, Jacqueline, had
entered religious life in Port-Royal, in a religious congregation the theology
of which was greatly influenced by Cornelius Jansen, whose treatise Augustinus appeared
in 1640. In January 1655, following his “night of fire”, Pascal made a retreat
at the abbey of Port-Royal. In the months that followed, an important and
lengthy dispute about the Augustinus arose between Jesuits and
“Jansenists” at the Sorbonne, the university of Paris. The controversy dealt
chiefly with the question of God’s grace and the relationship between grace and
human nature, specifically our free will. Pascal, while not a member of the
congregation of Port-Royal, nor given to taking sides – as he wrote, “I am
alone…. I am not at all part of Port-Royal” [70] –
was charged by the Jansenists to defend them, given his outstanding rhetorical
skill. He did so in 1656 and 1657, publishing a series of eighteen writings
known as The Provincial Letters.
Although several
propositions considered “Jansenist” were indeed contrary to the faith, [71] a
fact that Pascal himself acknowledged, he maintained that those propositions
were not present in the Augustinus or held by those associated with
Port-Royal. Even so, some of his own statements, such as those on
predestination, drawn from the later theology of Augustine and formulated more
severely by Jansen, do not ring true. We should realize, however, that, just as
Saint Augustine sought in the fifth century to combat the Pelagians, who
claimed that man can, by his own powers and without God’s grace, do good and be
saved, so Pascal, for his part, sincerely believed that he was battling an
implicit pelagianism or semipelagianism in the teachings of the “Molinist”
Jesuits, named after the theologian Luis de Molina, who had died in 1600 but
was still quite influential in the middle of the seventeenth century. Let us
credit Pascal with the candour and sincerity of his intentions.
This Letter is no place
to reopen the question. Even so, what Pascal rightly warned against remains a
source of concern for our own age: a “neo-pelagianism” [72] that
would make everything depend on “human effort channelled by ecclesial rules and
structures” [73] and
can be recognized by the fact that it “intoxicates us with the presumption of a
salvation earned through our own efforts”. [74] It
should also be pointed out that Pascal’s final position on grace, and in
particular the fact that God “desires everyone to be saved and to come to the
knowledge of the truth” ( 1 Tim 2:4), was set out in perfectly
Catholic terms at the end of his life. [75]
As I noted earlier,
Blaise Pascal, at the conclusion of a life that was brief yet extraordinarily
rich and fruitful, set the love of his brothers and sisters above all else. He
felt and knew that he was a member of one body, for “God, having made the
heaven and the earth which are not conscious of the happiness of their
existence, wished to create beings who would know that happiness and constitute
a body of thinking members”. [76] Pascal,
as a lay Christian, savoured the joy of the Gospel, with which the Spirit
wishes to heal and make fruitful “every aspect of humanity” and to bring “all
men and women together at table in God’s Kingdom”. [77] When,
in 1659, he composed his magnificent Prayer to Ask of God the Proper Use
of Sickness, Pascal was a man at peace, no longer engaged in controversies or
even apologetics. Gravely ill and at the point of dying, he asked to receive
Holy Communion, but that was not immediately possible. So he asked his sister,
“since I cannot communicate in the head [Jesus Christ], I would like to
communicate in the members”. [78] He
“greatly desired to die in the company of the poor”. [79] It
was said of Pascal, shortly after he took his last breath on 19 August 1662,
that “he died with the simplicity of a child”. [80] After
receiving the sacraments, his last words were: “May God never abandon
me”. [81]
May the brilliant work of
Blaise Pascal and the example of his life, so profoundly immersed in Jesus
Christ, help us to persevere to the end on the path of truth, conversion and
charity. For this life passes away in a moment: “Everlasting joy in return for
a single day’s effort on earth”. [82]
Rome, Saint John Lateran,
19 June 2023
FRANCIS
[1] Pensées, B
72, L 199. In the citations of the Pensées that follow, the letters B
and L refer, respectively, to the Brunschvicg and Lafuma numberings.
[2] G.
PERIER, Vie de M. Pascal, in Œuvres complètes, par M. Le Guern, I,
Paris, 1998, 91.
[3] Pensées,
B 670, L 270.
[4] B
425, L 148.
[5] B
546, L 417.
[6] Entretien
avec M. de Sacy, in Œuvres complètes, par M. Le Guern, II, Paris, 2000,
90.
[7] Pensées
(Mémorial), L 913.
[8] Pensées
(Le Mystère de Jésus), B 582, L 926.
[9] Apostolic
Exhortation Gaudete
et Exsultate, 65.
[11] Pensées,
B 187, L 12.
[12] G.
PERIER , op. cit., 64.
[13] Cf.
ibid., 65.
[14] Ibid.
[15] “Pascal”,
in: The Glory of the Lord, A Theological Aesthetics III: Lay Styles. San
Francisco; New York: Ignatius Press, Crossroads Publications, 1986, p. 182.
[16] Pensées,
B 764, L 307.
[17] B
282, L 110.
[18] B
331, L 533.
[19] PASCAL, Entretien
avec M. de Sacy, op. cit., 98.
[20] Cf. Pensées,
B 435, L 208.
[21] B
347, L 200.
[22] B
72, L 199.
[23] B
194, L 427.
[24] Apostolic
Exhortation Evangelii
Gaudium, 231.
[25] Pensées,
B 358, L 678.
[26] Apostolic
Exhortation Evangelii
Gaudium, 232.
[27] Pensées,
B 397, L 114.
[28] B
409, L 117.
[29] B
194, L 427.
[30] B
139, L 136.
[31] B
131, L 622.
[32] B
425, L 148.
[33] B
398, L 116.
[34] B
434, L 131.
[35] B
443, L 613.
[36] B
430, L 149.
[37] H.U.
VON BALTHASAR , op. cit., p. 186.
[38] Pensées,
B 430, L 149.
[39] Pensées
(Mémorial), L 913.
[40] Catechesis,
3 June 2020.
[41] Pensées
(Mémorial), L 913.
[42] L
913.
[43] Encyclical
Letter Fides
et Ratio (14 September 1998), 76: AAS 91 (1999), 64.
[44] H.
GOUHIER, Blaise Pascal. Commentaires, Paris, 1971, 44-45.
[45] Pensées,
B 547, L 189.
[46] Ibid.
[47] Apostolic
Exhortation Evangelii
Gaudium, 8.
[48] Cf. Pensées,
B 283, L 298.
[49] B
435, L 208.
[50] B
585, L 242.
[51] Pensées
(Le Mystère de Jésus), B 553, L 919.
[52] Catechesis,
21 November 2012.
[54] PASCAL, Entretien
avec M. de Sacy, op. cit., p. 87.
[55] Pensées,
B 273, L 173.
[56] B
283, L 298.
[57] Homily
for the Solemnity of Our Lord Jesus Christ, King of the Universe, 20
November 2022.
[58] SECOND
VATICAN ECUMENICAL COUNCIL, Declaration Dignitatis
Humanae, 11.
[59] Pensées,
B 430, L 149.
[60] B
248, L 7.
[61] B
284, L 380.
[62] B
793, L 308.
[63] B
793, L 308.
[64] B
1, L 512.
[65] B
282, L 110.
[66] Ibid.
[67] B
194, L 427.
[68] Catechesis,
9 February 2022.
[69] J.-L.
MARION, La Métaphysique et après, Paris, 2023, 356.
[70] Dix-septième
lettre provinciale, in Œuvres complètes, par M. Le Guern, II, Paris, 2000,
781.
[71] Cf.
B. NEVEU, L’erreur et son juge: remarques sur les censures doctrinales à
l’époque moderne, Naples, 1993.
[72] Cf.
CONGREGATION FOR THE DOCTRINE OF THE FAITH, Letter Placuit
Deo (22 February 2018); Apostolic Exhortation Gaudete
et Exsultate, 57-59.
[73] Apostolic
Exhortation Gaudete
et Exsultatee, 59.
[74] Apostolic
Letter Desiderio
Desideravi, 20.
[75] Cf. Pensées
(Le Mystère de Jésus), B 550, L 931. The initial words – “I love all men as my
brothers, because all are redeemed” – are crossed out in the Lafuma edition.
[76] B
482, L 360.
[77] Apostolic
Exhortation Evangelii
Gaudium, 237.
[78] G.
PERIER , op. cit., pp. 92-93.
[79] ID.,
op. cit., p. 93.
[80] ID.
op. cit., p. 90.
[81] ID.,
op. cit., p. 94.
[82] Pensées
(Mémorial), L 913.
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la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana
Grandezza e miseria
dell’uomo formano il paradosso che sta al centro della riflessione e del
messaggio di Blaise Pascal, nato quattro secoli fa, il 19 giugno 1623, a
Clermont, nella Francia centrale. Fin da bambino e per tutta la vita egli ha
cercato la verità. Con la ragione ne ha rintracciato i segni, specialmente nei
campi della matematica, della geometria, della fisica e della filosofia. Ha
fatto precocemente scoperte straordinarie, tanto da raggiungere una fama
notevole. Ma non si è fermato lì. In un secolo di grandi progressi in tanti
campi della scienza, accompagnati da un crescente spirito di scetticismo
filosofico e religioso, Blaise Pascal si è mostrato un infaticabile ricercatore
del vero, che come tale rimane sempre “inquieto”, attratto da nuovi e ulteriori
orizzonti.
Proprio questa ragione
così acuta e al tempo stesso così aperta, in lui non metteva mai a tacere la
domanda antica e sempre nuova che risuona nell’animo umano: «Che cosa è mai
l’uomo perché di lui ti ricordi, il figlio dell’uomo, perché te ne curi?»
( Sal 8,5). Questa domanda è impressa nel cuore di ogni essere umano,
di ogni tempo e luogo, di ogni civiltà e lingua, di ogni religione. «Che cos’è
un uomo nella natura? – si chiede Pascal – Un nulla rispetto all’infinito, un
tutto rispetto al nulla». [1] E
al tempo stesso l’interrogativo è incastonato lì, in quel Salmo, nel vivo di
quella storia d’amore tra Dio e il suo popolo, storia compiuta nella carne del
“Figlio dell’uomo” Gesù Cristo, che il Padre ha donato fino all’abbandono per
coronarlo di gloria e di onore al di sopra di ogni creatura (cfr v. 6). A tale
interrogativo, posto in un linguaggio così diverso da quello matematico e
geometrico, Pascal non si è mai chiuso.
Alla base di questo mi
pare di poter riconoscere in lui un atteggiamento di fondo, che definirei
“stupita apertura alla realtà”. Apertura alle altre dimensioni del sapere e
dell’esistenza, apertura agli altri, apertura alla società. Ad esempio, egli fu
all’origine, nel 1661, a Parigi, della prima rete di trasporti pubblici della
storia, le cosiddette “Carrozze a cinque sols”. Se faccio tale
sottolineatura all’inizio di questa lettera, è per insistere sul fatto che né
la sua conversione a Cristo, a partire specialmente dalla “Notte di fuoco” del
23 novembre 1654, né il suo straordinario sforzo intellettuale di difesa della
fede cristiana hanno fatto di lui una persona isolata dal suo tempo. Era
attento ai problemi allora più sentiti, come pure ai bisogni materiali di tutte
le componenti della società in cui viveva.
Apertura alla realtà ha significato
per lui non chiudersi agli altri nemmeno nell’ora dell’ultima malattia. Di quel
periodo, quando aveva trentanove anni, si riportano queste parole, che
esprimono il passo conclusivo del suo cammino evangelico: «Se i medici dicono
il vero, e Dio permette che mi rialzi da questa malattia, sono deciso a non
avere alcun altro impiego né altra occupazione per tutto il resto della
mia vita che il servizio ai poveri». [2] È
commovente constatare che, negli ultimi giorni della sua vita, un pensatore
così geniale come Blaise Pascal non vedesse altra urgenza al di sopra di quella
di mettere le sue energie nelle opere di misericordia: «L’unico oggetto della
Scrittura è la carità». [3]
Mi rallegro dunque del
fatto che la provvidenza, in questo quarto centenario della sua nascita, mi
offra l’occasione di rendergli omaggio e di evidenziare ciò che, nel suo
pensiero e nella sua vita, mi sembra adatto a stimolare i cristiani del nostro
tempo e tutti gli uomini e le donne di buona volontà nella ricerca della vera
felicità: «Tutti gli uomini cercano di essere felici. Non ci sono eccezioni,
per quanto diversi possano essere i mezzi impiegati. Tutti mirano a questo
fine». [4] Quattro
secoli dopo la sua nascita, Pascal rimane per noi il compagno di strada che
accompagna la nostra ricerca della vera felicità e, secondo il dono della fede,
il nostro riconoscimento umile e gioioso del Signore morto e risorto.
Un innamorato di Cristo
che parla a tutti
Se Blaise Pascal può
toccare tutti, è soprattutto perché ha parlato mirabilmente della condizione
umana. Sarebbe tuttavia sbagliato non vedere in lui che uno specialista, per
quanto geniale, dei costumi umani. Il monumento che formano i suoi Pensieri,
di cui alcune formule isolate sono rimaste celebri, non si può comprendere
realmente se si ignora che Gesù Cristo e la Sacra Scrittura ne costituiscono al
contempo il centro e la chiave. Se infatti Pascal ha iniziato a parlare
dell’uomo e di Dio, è perché era arrivato alla certezza che «non solo non
conosciamo Dio se non tramite Gesù Cristo, ma non conosciamo noi stessi se non
tramite Gesù Cristo. Non conosciamo la vita, la morte, se non tramite Gesù
Cristo. Fuori di Gesù Cristo non sappiamo cos’è né la nostra vita, né la nostra
morte, né Dio né noi stessi. Così senza la Scrittura, che ha per unico oggetto
Gesù Cristo, non conosciamo nulla e vediamo solo oscurità». [5] Perché
possa essere capita da tutti, senza venir considerata come una pura
affermazione dottrinale inaccessibile a quanti non condividono la fede della
Chiesa, né come una svalutazione delle legittime competenze dell’intelligenza
naturale, un’affermazione così estrema merita di essere chiarita.
Fede, amore e libertà
Come cristiani dobbiamo
tenerci lontani dalla tentazione di brandire la nostra fede come una certezza
incontestabile che si imporrebbe a tutti. Pascal aveva certamente la
preoccupazione di far conoscere a tutti che «Dio e il vero sono
inseparabili». [6] Ma
sapeva che l’atto di credere è possibile per la grazia di Dio, ricevuta in un
cuore libero. Lui, che per la fede aveva fatto l’incontro personale con il «Dio
di Abramo, Dio di Isacco, Dio di Giacobbe, non dei filosofi e dei
sapienti», [7] aveva
riconosciuto in Gesù Cristo «la via, la verità e la vita» ( Gv 14,6).
Perciò propongo a tutti coloro che vogliono continuare a ricercare la verità –
impresa che in questa vita non ha mai fine – di mettersi in ascolto di Blaise
Pascal, un uomo dall’intelligenza prodigiosa che ha voluto ricordare che al di fuori
della prospettiva dell’amore non c’è verità che valga: «Ci si fa un idolo
persino della verità stessa, perché la verità fuori della carità non è Dio, ma
è la sua immagine e un idolo che non bisogna amare, né adorare». [8]
Pascal ci premunisce così
contro le false dottrine, le superstizioni o il libertinaggio, che tengono
tanti di noi lontani dalla pace e dalla gioia durature di Colui che vuole che
scegliamo «la vita e il bene» e non «la morte e il male» ( Dt 30,15).
Ma il dramma della nostra vita è che talvolta vediamo male e, di conseguenza,
scegliamo male. In realtà, noi possiamo assaporare la felicità del Vangelo solo
«se lo Spirito Santo ci pervade con tutta la sua potenza e ci libera dalla
debolezza dell’egoismo, della pigrizia, dell’orgoglio». [9] Inoltre,
«senza la sapienza del discernimento possiamo trasformarci facilmente in
burattini alla mercé delle tendenze del momento». [10] Per
questo l’intelligenza e la fede viva di Pascal, che ha voluto mostrare che la
religione cristiana è «venerabile perché ha conosciuto bene l’uomo», e «amabile
perché promette il vero bene», [11] possono
aiutarci ad avanzare attraverso le oscurità e le disgrazie di questo mondo.
Una mente scientifica
eccezionale
Quando sua madre muore,
nel 1626, Blaise Pascal ha tre anni. Étienne, suo padre, giurista di fama, è
rinomato anche per le sue notevoli doti scientifiche, in particolare nella
matematica e nella geometria. Deciso a curare da solo l’educazione dei suoi tre
figli Jacqueline, Blaise et Gilberte, si stabilisce a Parigi nel 1632. Ben
presto, Blaise dà prova di una mente eccezionale e di una spiccata esigenza di
ricercare il vero, così come riferisce la sorella Gilberte: «Fin dall’infanzia,
non poteva arrendersi se non a ciò che gli apparisse manifestamente vero; così
che, quando non gli si davano buone ragioni, ne ricercava lui stesso». [12] Un
giorno, il padre sorprese il figlio in ricerche di geometria e si accorse
subito che, senza sapere che quei teoremi esistevano nei libri sotto altri
nomi, Blaise, dodicenne, aveva dimostrato completamente da solo, disegnando
delle figure per terra, le trentadue prime proposizioni di Euclide. [13] Gilberte
si ricorda a tale proposito che il padre fu «spaventato dalla grandezza e dalla
potenza di quell’ingegno». [14]
Negli anni che seguirono,
Blaise Pascal metterà a frutto il suo immenso talento consacrandovi la sua
forza di lavoro. A partire dai diciassette anni frequenta i maggiori dotti del
suo tempo. Presto si succedono le scoperte e le pubblicazioni. Nel 1642, a
diciannove anni, inventa una macchina di aritmetica, antenata delle nostre
calcolatrici. Blaise Pascal ha questo di estremamente stimolante per noi, che
ci richiama la grandezza della ragione umana, e ci invita a servircene per
decifrare il mondo che ci circonda. L’ esprit de géométrie, che è tale
attitudine a comprendere in dettaglio il funzionamento delle cose, gli sarà
utile per tutta la vita, come osserva l’eminente teologo Hans Urs von
Balthasar: «[Egli] si rende capace inoltre, dalla precisione propria dei piani
della geometria e delle scienze della natura, di raggiungere la precisione
tutta diversa che è propria del piano dell’esistenza in genere e della sfera
cristiana». [15] Questo
esercizio fiducioso della ragione naturale, che lo rende solidale con tutti i
fratelli umani in cerca di verità, gli permetterà di riconoscere i limiti
dell’intelligenza stessa e, nel contempo, di aprirsi alle ragioni
soprannaturali della Rivelazione, secondo una logica del paradosso che
costituisce il suo marchio filosofico e il fascino letterario dei suoi Pensieri:
«Alla Chiesa fu altrettanto difficile mostrare, contro chi lo negava, che Gesù
Cristo era uomo, quanto mostrare che era Dio. E le apparenze erano altrettanto
grandi». [16]
I filosofi
Molti scritti di Pascal
rientrano in larga parte nel discorso filosofico. In particolare i Pensieri,
quell’insieme di frammenti pubblicati postumi che sono le note o le bozze di un
filosofo animato da un progetto teologico, di cui i ricercatori si sforzano di
ricostruire, non senza variazioni, la coerenza e l’ordine originari. L’amore
appassionato per Cristo e il servizio ai poveri, che ho menzionato all’inizio,
non sono stati tanto il segno di una frattura nello spirito di questo discepolo
coraggioso, quanto quello di un approfondimento verso la radicalità evangelica,
di un avanzare verso la vivente verità del Signore, con l’aiuto della grazia.
Lui, che aveva la certezza soprannaturale della fede e che la vedeva tanto
conforme alla ragione, benché oltrepassandola infinitamente, ha voluto spingere
il più avanti possibile la discussione con quanti non condividevano la sua
fede, poiché a «quanti non la posseggono, non possiamo darla se non mediante il
ragionamento, in attesa che Dio la doni loro mediante il sentimento del
cuore». [17] Evangelizzazione
piena di rispetto e di pazienza, che la nostra generazione avrà interesse ad
imitare.
Occorre dunque, per
comprendere bene il discorso di Pascal sul cristianesimo, essere attenti alla
sua filosofia. Egli ammirava la sapienza degli antichi filosofi greci, capaci
di semplicità e di tranquillità nella loro arte di ben vivere, come membri di
una polis: «Ci si immagina Platone e Aristotele con grandi paludamenti da
pedanti. Erano gentiluomini ed erano come gli altri, pronti a ridere con i loro
amici. E quando si sono divertiti a scrivere le loro Leggi e la
loro Politica, l’hanno fatto per diletto. Era la parte meno filosofica e
meno seria della loro vita, giacché la più filosofica era di vivere
semplicemente e tranquillamente». [18] Malgrado
la loro grandezza e la loro utilità, Pascal tuttavia riconosce i limiti di
questi filosofi: lo stoicismo porta all’orgoglio, [19] lo
scetticismo alla disperazione. [20] La
ragione umana è senza alcun dubbio una meraviglia della creazione, che
distingue l’uomo tra tutte le creature, perché «l’uomo non è che una canna, la
più debole della natura, ma è una canna che pensa». [21] Si
comprende allora che i limiti dei filosofi saranno semplicemente i limiti della
ragione creata. Democrito, infatti, aveva un bel dire: «Parlerò di
tutto»; [22] la
ragione non può, da sola, risolvere le questioni più alte e più urgenti. Qual
è, effettivamente, all’epoca di Pascal come pure ai nostri giorni, il tema che
più ci interessa? È quello del senso integrale del nostro destino, della nostra
vita, e della nostra speranza, protesa a una felicità che non è proibito di
concepire eterna, ma che solo Dio è autorizzato a donare: «Nulla è tanto
importante per l’uomo quanto il suo stato. Nulla è tanto temibile per lui
quanto l’eternità». [23]
Meditando i Pensieri di
Pascal, si ritrova, in qualche modo, questo principio fondamentale: «la realtà
è superiore all’idea», perché Pascal ci insegna a tenerci lontano da «diverse
forme di occultamento della realtà», dai «purismi angelicati» agli «intellettualismi
senza saggezza». [24] Niente
è più pericoloso di un pensiero disincarnato: «Chi vuole fare l’angelo fa la
bestia». [25] E
le ideologie mortifere di cui continuiamo a soffrire in ambito economico,
sociale, antropologico e morale tengono quanti le seguono dentro bolle di
credenza dove l’idea si è sostituita alla realtà.
La condizione umana
La filosofia di Pascal,
tutta in paradossi, procede da uno sguardo tanto umile quanto lucido, che cerca
di raggiungere «la realtà illuminata dal ragionamento». [26] Egli
parte dalla constatazione che l’uomo è come un estraneo a sé stesso, grande e miserabile.
Grande per la sua ragione, per la sua capacità di dominare le sue passioni,
grande anche «in quanto si riconosce miserabile». [27] In
particolare, aspira ad altro che ad appagare i propri istinti o a resistervi,
«infatti, ciò che è natura negli animali, noi la chiamiamo miseria
nell’uomo». [28] Esiste
una sproporzione insopportabile tra, da una parte, la nostra volontà infinita
di essere felici e di conoscere la verità e, dall’altra, la nostra ragione
limitata e la nostra debolezza fisica, che conduce alla morte. Perché la forza
di Pascal è anche nel suo implacabile realismo: «Non occorre un’anima molto
elevata per capire che in questo mondo non esistono soddisfazioni autentiche e
stabili, che tutti i nostri piaceri non sono altro che vanità e i nostri mali
sono infiniti, e che infine la morte, che ci minaccia ad ogni istante, deve
immancabilmente metterci entro pochi anni nell’orribile necessità di essere
eternamente o annientati o infelici. Nulla è più reale né più terribile di
questo. Facciamo pure gli spavaldi quanto vogliamo: ecco la fine che attende la
vita più bella del mondo». [29] In
questa condizione tragica, si comprende che l’uomo non possa rimanere in sé
stesso, poiché la sua miseria e l’incertezza del suo destino gli risultano
insopportabili. Ha bisogno quindi di distrarsi, ciò che Pascal riconosce di
buon grado: «Da qui deriva che gli uomini amano tanto il clamore e il
movimento». [30] Se
infatti l’uomo non si distrae dalla propria condizione – e tutti sappiamo tanto
bene distrarci con il lavoro, i piaceri o le relazioni familiari o amicali, ma
ahimè anche con i vizi a cui ci portano certe passioni – la sua umanità
sperimenta «il suo nulla, il suo abbandono, la sua insufficienza, la sua dipendenza,
la sua impotenza, il suo vuoto. [Ed escono] dal fondo della sua anima […] la
noia, l’umor nero, la tristezza, il dispiacere, la stizza, la
disperazione». [31] E
tuttavia il divertimento non placa, né colma, il nostro grande desiderio di
vita e di felicità. Questo, tutti noi lo sappiamo bene.
È allora che Pascal pone
la sua grande ipotesi: «Cosa dunque ci gridano quest’avidità e quest’impotenza,
se non che un tempo ci fu nell’uomo un’autentica felicità di cui ora gli
restano soltanto il segno e l’orma del tutto vuota, che egli tenta invano di
riempire con tutto ciò che lo circonda, chiedendo alle cose assenti l’aiuto che
non ottiene dalle presenti? Ma invano, perché quest’abisso infinito non può
essere colmato se non da un oggetto infinito e immutabile, ossia da Dio
stesso». [32] Se
l’uomo è come «un re spodestato», [33] che
tende solo a ritrovare la grandezza perduta e che tuttavia se ne vede incapace,
chi è dunque? «Quale chimera è dunque l’uomo? Quale stramberia, quale
mostruosità, quale caos, quale soggetto di contraddizioni, quale prodigio?
Giudice di tutte le cose, debole verme della terra, depositario del vero,
cloaca di incertezza e di errore, gloria e rifiuto dell’universo. Chi
sbroglierà questo groviglio?». [34] Pascal,
come filosofo, vede bene che «quanto più si hanno lumi, tanto più si scopre
grandezza e bassezza nell’uomo», [35] ma
che questi opposti sono inconciliabili. Perché la ragione umana non può
armonizzarli, né risolvere l’enigma.
Per questo Pascal rileva
che, se c’è un Dio e se l’uomo ha ricevuto una rivelazione divina – come diverse
religioni affermano – e se tale rivelazione è veritiera, là deve trovarsi la
risposta che l’uomo attende per risolvere le contraddizioni che lo tormentano:
«Le grandezze e le miserie dell’uomo sono così palesi che necessariamente
occorre che la vera religione ci insegni che c’è nell’uomo qualche grande
principio di grandezza, e che c’è un grande principio di miseria. Inoltre,
occorre che essa ci spieghi questi stupefacenti contrasti». [36] Ora,
avendo studiato le grandi religioni, Pascal conclude che «nessun pensare e
nessun fare ascetico-mistico può offrire una via di salvezza», se non a partire
dal «superiore criterio di verità della irradiazione della grazia
nell’anima». [37]«Invano,
o uomini – scrive Pascal immaginando ciò che il vero Dio potrebbe dirci –
cercate in voi stessi il rimedio alle vostre miserie. Tutti i vostri lumi
possono giungere al massimo a capire che non troverete in voi né la verità né
il bene. I filosofi ve l’hanno promesso e non vi sono riusciti. Essi non sanno
né quale sia il vostro vero bene, né quale sia la vostra vera
condizione». [38]
Arrivato a questo punto,
Pascal, che ha scrutato con la singolare forza della sua intelligenza la
condizione umana, la Sacra Scrittura e la tradizione della Chiesa, intende
proporsi con la semplicità dello spirito d’infanzia quale umile testimone del
Vangelo. È quel cristiano che vuole parlare di Gesù Cristo a quanti concludono
un po’ in fretta che non ci sono ragioni consistenti per credere alle verità
del cristianesimo. Pascal, al contrario, sa per esperienza che ciò che si trova
nella Rivelazione non solo non si oppone alle richieste della ragione, ma
apporta la risposta inaudita alla quale nessuna filosofia avrebbe potuto
giungere da sé stessa.
Conversione: la visita
del Signore
Il 23 novembre 1654,
Pascal ha vissuto un’esperienza fortissima, di cui si parla fino ad oggi come
della sua “Notte di fuoco”. Questa esperienza mistica, che gli fece versare
lacrime di gioia, è stata così intensa e così determinante per lui che l’ha registrata
su un pezzo di carta datato con precisione, il “Memoriale”, che egli aveva
infilato nella fodera del suo mantello e che è stato scoperto solo dopo la sua
morte. Se è impossibile sapere esattamente quale sia la natura di ciò che
accadde nell’anima di Pascal quella notte, sembra trattarsi di un incontro di
cui egli stesso ha riconosciuto l’analogia con quello, fondamentale in tutta la
storia della rivelazione e della salvezza, vissuto da Mosè davanti al roveto
ardente (cfr Es 3). Il termine «fuoco», [39] che
Pascal ha voluto collocare in testa al “Memoriale”, ci invita, con le debite
proporzioni, a proporre tale accostamento. Il parallelismo sembra indicato da
Pascal stesso che, immediatamente dopo l’evocazione del fuoco, ha ripreso il
titolo che il Signore si era dato davanti a Mosè: «Dio di Abramo, Dio di
Isacco, Dio di Giacobbe» ( Es 3,6.15), aggiungendo: «non dei filosofi
e dei sapienti. Certezza, certezza, sensazione, gioia, pace. Dio di Gesù
Cristo».
Sì, il nostro Dio è
gioia, e Blaise Pascal lo testimonia a tutta la Chiesa come pure a tutti i
cercatori di Dio: «Non è il Dio astratto o il Dio cosmico, no. È il Dio di una
persona, di una chiamata, il Dio di Abramo, di Isacco, di Giacobbe, il Dio che
è certezza, che è sentimento, che è gioia». [40] Quell’incontro,
che ha confermato a Pascal la «grandezza dell’anima umana», l’ha colmato di
questa gioia viva e inesauribile: «Gioia, gioia, gioia, lacrime di gioia». E
questa gioia divina diventa per Pascal il luogo della confessione e della
preghiera: «Gesù Cristo. Mi sono separato da lui, l’ho fuggito, rinnegato,
crocifisso. Che io non sia mai separato da lui!». [41] È
l’esperienza dell’amore di quel Dio personale, Gesù Cristo, il quale ha preso
parte alla nostra storia e incessantemente prende parte alla nostra vita, a
trascinare Pascal sulla via della conversione profonda e quindi della «rinuncia
totale e dolce» [42],
perché vissuta nella carità, all’«uomo vecchio che si corrompe seguendo le
passioni ingannevoli» ( Ef 4,22).
Come ricordava San
Giovanni Paolo II nella sua Enciclica sui rapporti tra fede e ragione, filosofi
come Pascal si distinguono per il rifiuto di ogni presunzione e per la loro
scelta di un atteggiamento fatto tanto di umiltà quanto di coraggio. Hanno
sperimentato che la fede «libera la ragione dalla presunzione». [43] Prima
della notte del 23 novembre 1654, questo è chiaro, Pascal «non ha alcun dubbio
sull’esistenza di Dio. Sa anche che questo Dio è il sommo bene. […] Ciò che gli
manca, e che attende, non è un sapere ma un potere, non una verità ma una
forza». [44] Ora
questa forza gli viene donata per grazia: egli si sente attratto, con certezza
e con gioia, da Gesù Cristo: «Conosciamo Dio solo per mezzo di Gesù Cristo.
Senza questo mediatore è esclusa ogni comunicazione con Dio». [45] Scoprire
Gesù Cristo è scoprire il Salvatore e Liberatore di cui ho bisogno: «Quel Dio
non è altro che il riparatore della nostra miseria. Perciò non possiamo
conoscere bene Dio senza conoscere le nostre iniquità». [46] Come
ogni autentica conversione, la conversione di Blaise Pascal avviene
nell’umiltà, che ci libera «dalla nostra coscienza isolata e
dall’autoreferenzialità». [47]
L’intelligenza immensa e
inquieta di Blaise Pascal, colmata di pace e di gioia davanti alla rivelazione
di Gesù Cristo, ci invita, secondo “l’ordine del cuore”, [48] a
camminare con sicurezza rischiarati da «questi lumi celesti». [49] Infatti,
se il nostro Dio è un “Dio nascosto” (cfr Is 45,15), è perché Lui
«volle nascondersi», [50] così
che la nostra ragione, illuminata dalla grazia, non avrà mai finito di
scoprirlo. È dunque per l’illuminazione della grazia che lo si può conoscere.
Ma la libertà dell’uomo deve aprirsi; e ancora Gesù ci consola: «Tu non mi
cercheresti se non mi avessi trovato». [51]
L’ordine del cuore e le
sue ragioni di credere
Secondo le parole di
Benedetto XVI, «la tradizione cattolica sin dall’inizio ha rigettato il
cosiddetto fideismo, che è la volontà di credere contro la ragione». [52] In
questa linea Pascal è profondamente attaccato alla «ragionevolezza della fede
in Dio», [53] non
solo perché «la mente non può essere costretta a credere ciò che sa essere
falso», [54] ma
perché «se si urtano i principi della ragione, la nostra religione sarà assurda
e ridicola». [55] Ma,
se la fede è ragionevole, è anche un dono di Dio e non potrebbe imporsi: «Non
si dimostra che si deve essere amati esponendo con ordine le cause dell’amore.
Sarebbe ridicolo», [56] osserva
Pascal con la finezza del suo umorismo, tracciando un parallelo tra l’amore
umano e la maniera in cui Dio si manifesta a noi. Niente più che l’amore, «che
si propone ma non s’impone - l’amore di Dio non si impone mai». [57] Gesù
ha reso testimonianza alla verità (cfr Gv 18,37) ma «non volle
imporla con la forza a coloro che la respingevano». [58] Per
questo «c’è abbastanza luce per chi desidera solo vedere, e abbastanza oscurità
per chi ha una disposizione opposta». [59]
Giunge quindi ad
affermare che «la fede è diversa dalla prova. L’una è umana, l’altra è un dono
di Dio». [60] Perciò,
è impossibile credere «se Dio non inclina il cuore». [61] Se
la fede è di un ordine superiore alla ragione, ciò non significa affatto che vi
si opponga, ma che la supera infinitamente. Leggere l’opera di Pascal non è
dunque anzitutto scoprire la ragione che illumina la fede; è mettersi alla
scuola di un cristiano di razionalità eccezionale, che ha saputo tanto meglio
rendere conto di un ordine stabilito dal dono di Dio al di sopra della ragione:
«La distanza infinita tra i corpi e le menti raffigura la distanza
infinitamente più infinita tra le menti e la carità, poiché questa è
soprannaturale». [62] Scienziato
esperto di geometria, vale a dire della scienza dei corpi posti nello spazio, e
geometra esperto di filosofia, vale a dire della scienza delle menti poste
nella storia, Blaise Pascal illuminato dalla grazia della fede poteva così
trascrivere la totalità della sua esperienza: «Da tutti i corpi insieme non si
saprebbe far uscire un piccolo pensiero: è impossibile, appartiene a un altro
ordine. Da tutti i corpi e da tutte le menti non si può trarre un moto di vera
carità: è impossibile, appartiene a un altro ordine, soprannaturale». [63]
Né l’intelligenza
geometrica né il ragionamento filosofico permettono all’uomo di giungere da
solo a «una vista molto nitida» sul mondo e su sé stessi. Chi è riverso sui
dettagli dei suoi calcoli non beneficia della visione d’insieme che permette di
“scorgere tutti i principi”. Questo appartiene all’«intelligenza intuitiva», di
cui Pascal vanta ugualmente i meriti, poiché quando si cerca di cogliere la
realtà, «bisogna vedere la cosa all’istante, con un solo colpo d’occhio». [64] Questa
intelligenza intuitiva è connessa con ciò che Pascal chiama il “cuore”:
«Conosciamo la realtà non solo con la ragione, ma anche con il cuore. È in
quest’ultimo modo che conosciamo i primi principi, e invano il ragionamento,
che non vi partecipa affatto, cerca di metterli in dubbio». [65] Ora,
le verità divine, come il fatto che il Dio che ci ha fatti è amore, che è
Padre, Figlio e Spirito Santo, che si è incarnato in Gesù Cristo, morto e
risorto per la nostra salvezza, non sono dimostrabili con la ragione, ma
possono essere conosciute con la certezza della fede, e passano poi dal cuore
spirituale alla mente razionale, che le riconosce come vere e può a sua volta
esporle: «Ecco perché coloro cui Dio ha dato la religione mediante il
sentimento del cuore sono ben fortunati e ben legittimamente convinti». [66]
Pascal non si è mai
rassegnato al fatto che alcuni suoi fratelli in umanità non solo non conoscono
Gesù Cristo, ma disdegnano per pigrizia, o a causa delle loro passioni, di
prendere sul serio il Vangelo. Infatti è in Gesù Cristo che si gioca la loro
vita. «L’immortalità dell’anima è una cosa che ci preme a tal punto, ci tocca
così profondamente, che bisogna essere del tutto insensati per non essere
interessati a conoscere come stanno le cose. […] Ragion per cui, nell’ambito di
coloro che non ne sono convinti, io pongo un’estrema differenza tra quanti si
impegnano con tutte le loro forze per istruirsi, e quanti vivono senza darsene
pena né pensiero». [67] Noi
stessi sappiamo bene che spesso cerchiamo di fuggire la morte, o di dominarla,
pensando di poter «allontanare il pensiero della nostra finitudine» o «togliere
alla morte il suo potere e scacciare il timore. Ma la fede cristiana non è un
modo per esorcizzare la paura della morte, piuttosto ci aiuta ad affrontarla.
Prima o poi, tutti andremo per quella porta. La vera luce che illumina il
mistero della morte viene dalla risurrezione di Cristo». [68] Solo
la grazia di Dio permette al cuore dell’uomo di accedere all’ordine della
conoscenza divina, alla carità. Questo ha fatto scrivere a un importante
commentatore contemporaneo di Pascal che «il pensiero non arriva a pensare
cristianamente se non accede a ciò che Gesù Cristo mette in atto, la
carità». [69]
Pascal, la controversia e
la carità
Prima di concludere, è
necessario evocare i rapporti di Pascal con il Giansenismo. Una delle sue
sorelle, Jacqueline, era entrata nella vita religiosa a Port-Royal, in una
congregazione la cui teologia era molto influenzata da Cornelius Jansen, il
quale aveva composto un trattato, l’ Augustinus, pubblicato nel 1640. Dopo
la sua “Notte di fuoco”, Pascal si era recato a fare un ritiro all’abbazia di
Port-Royal, nel gennaio 1655. Ora, nei mesi seguenti, una controversia
importante e già antica, che opponeva i Gesuiti ai “Giansenisti”, legati
all’ Augustinus, si risvegliò alla Sorbona, l’università di Parigi. La
disputa verteva principalmente sulla questione della grazia di Dio e sui
rapporti tra la grazia e la natura umana, in particolare il suo libero arbitrio.
Pascal, benché non appartenesse alla congregazione di Port-Royal, e benché non
fosse un uomo di parte – «sono solo, egli scrive, […] non sono affatto di
Port-Royal» [70] –
fu incaricato dai Giansenisti di difenderli, soprattutto perché la sua arte
retorica era potente. Lo fece nel 1656 e nel 1657, pubblicando una serie di
diciotto lettere, denominate Provinciali.
Se molte proposizioni
dette “gianseniste” erano effettivamente contrarie alla fede, [71] ciò
che Pascal riconosceva, egli contestava che esse fossero presenti nell’ Augustinus e
seguite dai membri di Port-Royal. Alcune delle sue stesse affermazioni, però,
concernenti ad esempio la predestinazione, tratte dalla teologia dell’ultimo
Sant’Agostino, le cui formule erano state già affilate da Giansenio, non
suonano giuste. Bisogna tuttavia comprendere che, come Sant’Agostino aveva
voluto combattere nel V secolo i Pelagiani, i quali sostenevano che l’uomo può
con le proprie forze e senza la grazia di Dio fare il bene ed essere salvato,
Pascal ha creduto sinceramente di opporsi al pelagianesimo o al
semi-pelagianesimo che riteneva di identificare nelle dottrine seguite dai
Gesuiti molinisti (dal nome del teologo Luis de Molina, morto nel
1600 ma il cui influsso era ancora vivo a metà del XVII secolo). Facciamogli
credito sulla franchezza e la sincerità delle sue intenzioni.
Questa lettera non è
certo il luogo per riaprire la questione. Tuttavia, ciò che vi è di giusta
messa in guardia nelle posizioni di Pascal vale ancora per il nostro tempo: il
«neo-pelagianesimo», [72] che
vorrebbe far dipendere tutto «dallo sforzo umano incanalato attraverso norme e
strutture ecclesiali», [73] si
riconosce dal fatto che «ci intossica con la presunzione di una salvezza guadagnata
con le nostre forze». [74] E
occorre ora affermare che l’ultima posizione di Pascal quanto alla grazia, e in
particolare al fatto che Dio «vuole che tutti gli uomini siano salvati e
giungano alla conoscenza della verità» ( 1 Tm 2,4), si enunciava in
termini perfettamente cattolici alla fine della sua vita. [75]
Come dicevo in apertura,
Blaise Pascal, al termine della sua vita breve ma di una ricchezza e fecondità
straordinarie, aveva messo l’amore dei fratelli al primo posto. Egli si sentiva
e si sapeva membro di un unico corpo, perché «Dio, dopo aver creato il cielo e
la terra, che non sentono affatto la felicità del loro essere, volle creare
degli esseri capaci di conoscerlo e di costituire un corpo di membra
pensanti». [76] Pascal,
nella sua posizione di fedele laico, ha gustato la gioia del Vangelo, con cui
lo Spirito vuole fecondare e guarire «tutte le dimensioni dell’uomo» e riunire
«tutti gli uomini alla mensa del Regno». [77] Quando
compone la sua magnifica Preghiera per domandare a Dio il buon uso delle
malattie, nel 1659, Pascal è un uomo pacificato, che non si pone più nella
controversia, e neppure nell’apologetica. Essendo molto malato e sul punto di
morire, chiede di comunicarsi, ma questo non avviene immediatamente. Allora
domanda alla sorella: «Non potendo comunicare nel capo [Gesù Cristo], vorrei
comunicare nelle membra». [78] E
«aveva un gran desiderio di morire in compagnia dei poveri». [79] «Muore
nella semplicità di un bambino», [80] si
dice di lui poco prima del suo ultimo respiro, il 19 agosto 1662. Dopo aver
ricevuto i Sacramenti, le sue ultime parole furono: «Che Dio non mi abbandoni
mai». [81]
Possano la sua opera
luminosa e gli esempi della sua vita, così profondamente battezzata in Gesù
Cristo, aiutarci a percorrere sino alla fine il cammino della verità, della
conversione e della carità. Perché la vita di un uomo è tanto breve:
«Eternamente nella gioia per un giorno di prova sulla terra». [82]
Roma, San Giovanni in
Laterano, 19 giugno 2023
FRANCESCO
[1] Pensieri,
n. 230.Per l’edizione italiana degli scritti di Pascal si fa riferimento
a Opere complete, a cura di Maria Vita Romeo, Firenze-Milano 2020.
[2] G.
Périer, Vie de M. Pascal, in Œuvres complètes, par M. Le Guern, I,
Paris 1998, « Bibliothèque de la Pléiade » (34), 91.
[3] B.
Pascal, Pensieri, n. 301.
[4] Ibid.,
n. 181.
[5] Ibid.,
n. 36.
[6] Id., Colloquio
di Pascal con il Signor de Saci su Epitteto e Montaigne, 28: Opere
complete, cit., 1539.
[7] Pensieri,
n. 757 [il Memoriale].
[8] Ibid.,
n. 767.
[9] Esort.
ap. Gaudete
et exsultate, 65.
[11] Pensieri,
n. 46.
[12] G.
Périer, op. cit., 64.
[13] Cfr ibid.,
65.
[14] Ibid.
[15] “Pascal”,
in Gloria. Un’estetica teologica. III. Stili laicali, Milano 1976, 169.
[16] Pensieri,
n. 338.
[17] Ibid.,
n. 142.
[18] Ibid.,
n. 457.
[19] Cfr Colloquio
di Pascal con il Signor de Saci su Epitteto e Montaigne, [57]: Opere
complete, cit., 1551.
[20] Cfr Pensieri,
n. 240.
[21] Ibid.,
n. 231.
[22] Ibid.,
n. 230.
[23] Ibid.,
n. 682.
[24] Esort.
ap. Evangelii
gaudium, 231.
[25] Pensieri,
n. 558.
[26] Esort.
ap. Evangelii
gaudium, 232.
[27] Pensieri,
n. 146.
[28] Ibid.,
n. 149.
[29] Ibid.,
n. 682.
[30] Ibid.,
n. 168.
[31] Ibid.,
n. 515.
[32] Ibid.,
n. 181.
[33] Ibid.,
n. 148.
[34] Ibid.,
n. 164.
[35] Ibid.,
n. 506.
[36] Ibid.,
n. 182.
[37] H.U.
von Balthasar, “Pascal”, in Gloria. Un’estetica teologica, III, Stili
laicali, Milano 1976, 172.
[38] Pensieri,
n. 182.
[39] Ibid.,
n. 757.
[40] Catechesi,
3 giugno 2020.
[41] Pensieri,
n. 757 [il Memoriale].
[42] Ibid.
[43] Fides
et ratio (14 settembre 1998), 76: AAS 91 (1999), 64.
[44] H.
Gouhier, Blaise Pascal. Commentaires, Paris 1971, 44-45.
[45] Pensieri,
n. 221.
[46] Ibid.
[47] Esort.
ap. Evangelii
gaudium, 8.
[48] Pensieri,
n. 329.
[49] Ibid.,
n. 240.
[50] Ibid.,
n. 275.
[51] Ibid.,
n. 762.
[52] Catechesi,
21 novembre 2012.
[54] Colloquio
di Pascal con il Signor de Saci su Epitteto e Montaigne, [12]: Opere
complete, cit., 1535.
[55] Pensieri,
n. 204.
[56] Ibid.,
n. 329.
[57] Omelia
nella Solennità di Cristo Re dell’universo, 20 novembre 2022.
[58] Conc.
Ecum. Vat. II, Dich. Dignitatis
humanae, 11.
[59] Pensieri,
n. 182.
[60] Ibid.,
n. 41.
[61] Ibid.,
n. 412.
[62] Ibid.,
n. 339.
[63] Ibid.
[64] Ibid.,
n. 671.
[65] Ibid.,
n. 142.
[66] Ibid.
[67] Ibid.,
n. 682.
[68] Catechesi,
9 febbraio 2022.
[69] J.-L.
Marion, La Métaphysique et après, Paris 2023, 356.
[70] Diciassettesima
lettera provinciale: Opere Complete, cit., 1267.
[71] Cfr
B. Neveu, L’erreur et son juge : remarques sur les censures doctrinales à
l’époque moderne, Naples 1993.
[72] Cfr
Congr. per la Dottrina della Fede, Lettera Placuit
Deo (22 febbraio 2018); Esort. ap. Gaudete
et exsultate, 57-59.
[73] Esort.
ap. Gaudete
et exsultate, 59.
[74] Lett.
ap. Desiderio
desideravi, 20.
[75] Cfr
B. Pascal, Œuvres complètes, éd par L. Lafuma, Paris 1963, n. 931, p. 623.
All’inizio di tale frammento si trova, barrata, questa frase: «Amo tutti gli
uomini come miei fratelli, perché sono tutti redenti».
[76] Pensieri,
n. 392.
[77] Esort.
ap. Evangelii
gaudium, 237.
[78] G.
Périer, op. cit., 92-93.
[79] Ibid.,
93.
[80] Ibid.,
90.
[81] Ibid.,
94.
[82] B.
Pascal, Œuvres complètes, par L. Lafuma, cit., n. 913.
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