lundi 19 juin 2023

PAPE FRANÇOIS, SUBLIMITAS ET MISERIA HOMINIS

 

LETTRE APOSTOLIQUE
SUBLIMITAS ET MISERIA HOMINIS
DU PAPE FRANÇOIS
POUR LE QUATRIÈME CENTENAIRE DE LA NAISSANCE
DE BLAISE PASCAL 

Grandeur et misère de l’homme forment le paradoxe qui se trouve au cœur de la réflexion et du message de Blaise Pascal, né il y a quatre siècles, le 19 juin 1623, à Clermont, dans le centre de la France. Dès l'enfance et tout au long de sa vie, il a cherché la vérité. Avec la raison, il en a tracé les signes, notamment dans les domaines des mathématiques, de la géométrie, de la physique et de la philosophie. Très tôt, il a fait des découvertes extraordinaires, au point d'atteindre une renommée considérable. Mais il ne s'est pas arrêté là. Dans un siècle de grands progrès en de nombreux domaines scientifiques, accompagnés d'un esprit de scepticisme philosophique et religieux croissant, Blaise Pascal s'est montré un infatigable chercheur de vérité qui, en tant que tel, reste toujours “inquiet”, attiré par de nouveaux et futurs horizons.

Cette raison, si pointue et en même temps si ouverte en lui, n'a jamais fait taire la question ancienne et toujours nouvelle qui résonne dans l'âme humaine : « Qu'est-ce que l'homme pour que tu te souviennes de lui, le fils de l'homme pour que tu prennes soin de lui ? » ( Ps 8, 5). Cette question est gravée dans le cœur de tout être humain, de tout temps et en tout lieu, de toute civilisation et de toute langue, de toute religion. « Qu'est-ce que l’homme dans la nature ? - se demande Pascal -. Un néant à l’égard de l'infini, un tout à l’égard du néant ». [1] Et en même temps, la question est là, dans ce psaume, au cœur de cette histoire d'amour entre Dieu et son peuple, histoire accomplie dans la chair du "Fils de l'homme" Jésus-Christ, que le Père a livré jusqu'à l'abandon pour le couronner de gloire et d'honneur au-dessus de toute créature (v. 6). À cette interrogation, formulée dans un langage si différent du langage mathématique et géométrique, Pascal ne s'est jamais fermé.

À l’origine, je crois pouvoir reconnaître chez lui une attitude de fond que j'appellerais une "ouverture étonnée à la réalité". Ouverture aux autres dimensions du savoir et de l'existence, ouverture aux autres, ouverture à la société. Par exemple, il est à l'origine, à Paris en 1661, du premier réseau de transports publics de l'histoire, les "carrosses à cinq sols". Si je mentionne cela au début de cette lettre, c'est pour insister sur le fait que ni sa conversion au Christ, surtout à partir de la "Nuit de feu" du 23 novembre 1654, ni son extraordinaire effort intellectuel pour défendre la foi chrétienne n'ont fait de lui un être isolé de son temps. Il était attentif aux problèmes les plus aigus de l'époque, ainsi qu'aux besoins matériels de toutes les composantes de la société dans laquelle il vivait.

Cette ouverture à la réalité a fait qu'il ne s'est pas fermé aux autres, même durant sa dernière maladie. C'est de cette époque, alors qu'il avait trente-neuf ans, que l’on rapporte ces paroles qui expriment l'étape finale de son parcours évangélique : « Si les médecins disent vrai, et que Dieu permette que je relève de cette maladie, je suis résolu de n’avoir d’autre occupation ni d’autre emploi tout le reste de mes jours que le service des pauvres ». [2] Il est touchant de constater que, dans les derniers jours de sa vie, un penseur aussi brillant que Blaise Pascal ne voyait pas d'autre urgence que de mettre son énergie au service de la miséricorde : « L'unique objet de l'Écriture est la charité ». [3]

Je me réjouis donc que la providence, en ce quatrième centenaire de sa naissance, me donne l'occasion de lui rendre hommage et de souligner ce qui, dans sa pensée et dans sa vie, me paraît propre à stimuler les chrétiens de notre temps et tous les hommes et femmes de bonne volonté dans la recherche du vrai bonheur : « Tous les hommes recherchent d’être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu’ils y emploient. Ils tendent tous à ce but ». [4] Quatre siècles après sa naissance, Pascal reste pour nous le compagnon de route qui accompagne notre recherche du vrai bonheur et, selon le don de la foi, notre reconnaissance humble et joyeuse du Seigneur mort et ressuscité.

Un amoureux du Christ qui parle à chacun

Si Blaise Pascal peut toucher tout le monde, c’est notamment parce qu’il a parlé de la condition humaine de façon admirable. Il serait toutefois trompeur de ne voir en lui qu’un spécialiste des mœurs humaines, aussi génial fût-il. Le monument que forment ses Pensées, dont certaines formules isolées sont restées célèbres, ne peut se comprendre réellement si l’on ignore que Jésus-Christ et l’Écriture Sainte en constituent à la fois le centre et la clé. Car si Pascal a entrepris de parler de l’homme et de Dieu, c’est parce qu’il était arrivé à la certitude que « non seulement nous ne connaissons Dieu que par Jésus‑Christ, mais nous ne nous connaissons nous-mêmes que par Jésus‑Christ. Nous ne connaissons la vie, la mort que par Jésus‑Christ. Hors de Jésus‑Christ, nous ne savons ce que c’est ni que notre vie ni que notre mort, ni que Dieu, ni que nous‑mêmes. Ainsi sans l’Écriture, qui n’a que Jésus‑Christ pour objet, nous ne connaissons rien et ne voyons qu’obscurité ». [5] Pour qu’elle soit entendue par tous, sans être regardée comme une pure affirmation doctrinale inaccessible à ceux qui ne partagent pas la foi de l’Église, ni comme une dévaluation des compétences légitimes de l’intelligence naturelle, une affirmation aussi extrême mérite d’être éclairée.

Foi, amour et liberté

Nous devons, comme chrétiens, nous tenir éloignés de la tentation de brandir notre foi comme une certitude incontestable qui s’imposerait à tous. Pascal avait certes le souci de faire connaître à tous les hommes que « Dieu et le vrai sont inséparables ». [6] Mais il savait que l’acte du croyant est possible par la grâce de Dieu, reçue dans un cœur libre. Lui qui par la foi avait fait la rencontre personnelle du « Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants », [7] avait reconnu en Jésus-Christ « le Chemin, la Vérité et la Vie » ( Jn 14, 6). C’est pourquoi je propose à tous ceux qui veulent continuer de rechercher la vérité – tâche qui en cette vie n’a pas de fin –, de se mettre à l’écoute de Blaise Pascal, un homme à l’intelligence prodigieuse qui a voulu rappeler qu’en dehors des visées de l’amour il n’y a pas de vérité qui vaille : « On se fait une idole de la vérité même, car la vérité hors de la charité n’est pas Dieu, et est son image et une idole qu’il ne faut point aimer ni adorer ». [8]

Pascal nous prémunit ainsi contre les fausses doctrines, les superstitions ou le libertinage qui tiennent tant d’entre nous éloignés de la paix et de la joie durables de Celui qui veut que nous choisissions « la vie et le bonheur », et non « la mort et le malheur » ( Dt 30, 15.19). Mais le drame de notre vie est que parfois nous voyons mal, et que par conséquent nous choisissons mal. En réalité, nous ne pouvons goûter au bonheur de l’Évangile « que si l’Esprit Saint nous envahit avec toute sa puissance et nous libère de la faiblesse de l’égoïsme, du confort, de l’orgueil ». [9] En outre, « sans la sagesse du discernement, nous pouvons devenir facilement des marionnettes à la merci des tendances du moment ». [10] C’est pourquoi l’intelligence et la foi vive de Blaise Pascal, qui a voulu montrer que la religion chrétienne est « vénérable parce qu’elle a bien connu l’homme » et « aimable parce qu’elle promet le vrai bien », [11] peuvent nous aider à progresser à travers les obscurités et les disgrâces de ce monde.

Un esprit scientifique exceptionnel

Lorsque sa mère meurt en 1626, Blaise Pascal est âgé de trois ans. Etienne, son père, juriste réputé, est également renommé pour ses dispositions scientifiques remarquables, en particulier dans les mathématiques et la géométrie. Décidé à faire seul l’éducation de ses trois enfants Jacqueline, Blaise et Gilberte, il s’installe à Paris en 1632. Très tôt, Blaise montre une intelligence exceptionnelle, et une grande exigence dans la recherche du vrai, ainsi que le rapporte sa sœur Gilberte : « Dès son enfance, il ne pouvait se rendre qu’à ce qui lui paraissait vrai évidemment ; de sorte que, quand on ne lui donnait pas de bonnes raisons, il en cherchait lui-même ». [12] Un jour, le père surprit son fils dans des recherches de géométrie et s’aperçut bientôt que, sans savoir que ces théorèmes existaient dans des livres sous d’autres noms, Blaise, âgé de douze ans, avait démontré entièrement seul, en dessinant des figures sur le sol, les trente-deux premières propositions d’Euclide. [13] Gilberte se souvient alors que leur père fut « épouvanté de la grandeur et de la puissance de ce génie ». [14]

Dans les années qui suivront, Blaise Pascal fera fructifier son immense talent en y consacrant sa force de travail. Dès l’âge de dix-sept ans, il fréquente les plus grands savants de son temps. Assez vite, se succèdent les découvertes et les publications. En 1642, âgé de dix-neuf ans, il invente une machine d’arithmétique, ancêtre de nos calculatrices. Blaise Pascal a cela d’extrêmement stimulant pour nous qu’il nous rappelle la grandeur de la raison humaine, et nous invite à nous en servir pour déchiffrer le monde qui nous entoure. L’ esprit de géométrie, qui est cette aptitude à bien comprendre le fonctionnement des choses dans leur détail, lui sera utile toute sa vie, ainsi que le relève l’éminent théologien Hans Urs von Balthasar : « Grâce à la précision de la géométrie et des sciences de la nature, il est capable d’atteindre à celle, toute différente, qui existe par exemple dans le domaine de l’existence et de la vie chrétienne ». [15] Cette pratique confiante de la raison naturelle qui le rend solidaire de tous ses frères humains en quête de vérité lui permettra de reconnaître les limites de l’intelligence elle-même et, en même temps, de s’ouvrir aux raisons surnaturelles de la Révélation, selon une logique du paradoxe qui fait la marque philosophique et le charme littéraire de ses Pensées : « L’Église a eu autant de peine à montrer que Jésus-Christ était homme, contre ceux qui le niaient, qu’à montrer qu’il était Dieu ; et les apparences étaient aussi grandes ». [16]

Les philosophes

Plusieurs des écrits de Pascal relèvent pour une large part du discours philosophique. En particulier ses Pensées, cet ensemble de fragments publiés à titre posthume qui sont les notes ou les brouillons d’un philosophe animé d’un projet théologique, dont les chercheurs s’attachent à reconstituer, non sans variations, la cohérence et l’ordre originaires. L’amour éperdu pour le Christ et le service des pauvres que j’ai mentionnés au début ne furent pas tant la marque d’une rupture dans l’esprit de ce disciple audacieux, que celle d’un approfondissement vers la radicalité évangélique, d’une progression vers la vérité vivante du Seigneur, avec le secours de la grâce. Lui qui avait la certitude surnaturelle de la foi, et qui la voyait si conforme à la raison, quoique la dépassant infiniment, a voulu pousser le plus loin possible la discussion avec ceux qui ne partageaient pas sa foi, car à « ceux qui ne l’ont pas, nous ne pouvons la donner que par raisonnement en attendant que Dieu la leur donne par sentiment de cœur ». [17] Évangélisation toute de respect et de patience que notre génération aura intérêt à imiter.

Il faut donc, pour bien comprendre le discours de Pascal sur le christianisme, être attentif à sa philosophie. Il admirait la sagesse des anciens philosophes grecs, capables de simplicité et de tranquillité dans leur art de bien vivre, comme membres d’une polis : « On ne s’imagine Platon et Aristote qu’avec de grandes robes de pédants. C’étaient des gens honnêtes et comme les autres, riants avec leurs amis. Et quand ils se sont divertis à faire leurs lois et leurs politiques, ils l’ont fait en se jouant. C’était la partie la moins philosophe et la moins sérieuse de leur vie ; la plus philosophe était de vivre simplement et tranquillement ». [18] Malgré leur grandeur et leur utilité, Pascal discerne pourtant les limites de ces philosophies : le stoïcisme mène à l’orgueil, [19] le scepticisme au désespoir. [20] La raison humaine est sans aucun doute une merveille de la création, qui distingue l’homme d’entre toutes les créatures, car « l’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant ». [21] On comprend alors que les limites des philosophes seront tout simplement les limites de la raison créée. Car Démocrite avait beau affirmer : « Je vais parler de tout », [22] la raison ne peut, à elle seule, résoudre les questions les plus hautes et les plus urgentes. Quel est en effet, à l’époque de Pascal comme aussi de nos jours, le sujet qui nous importe le plus ? C’est celui du sens intégral de notre destinée, de notre vie, et de notre espérance, tendue vers d’un bonheur qu’il n’est pas interdit de concevoir comme éternel, mais que seul Dieu est autorisé à donner : « Rien n’est si important à l’homme que son état ; rien ne lui est si redoutable que l’éternité ». [23]

En méditant les Pensées de Pascal , on retrouve, en quelque manière, ce principe fondamental : « La réalité est supérieure à l’idée », car il nous apprend à nous tenir éloigné des « diverses manières d’occulter la réalité », depuis les « purismes angéliques » jusqu’aux « intellectualismes sans sagesse ». [24] Rien n’est plus dangereux qu’une pensée désincarnée : « Qui veut faire l’ange, fait la bête ». [25]Et les idéologies mortifères dont nous continuons de souffrir dans les domaines économiques, sociaux, anthropologiques ou moraux tiennent ceux qui les suivent dans des bulles de croyance où l’idée s’est substituée au réel.

La condition humaine

La philosophie de Pascal, toute en paradoxes, procède d’un regard aussi humble que lucide, qui cherche à atteindre « la réalité éclairée par le raisonnement ». [26] Il part du constat que l’homme est comme un étranger à lui-même, grand et misérable. Grand par sa raison, par sa capacité à dompter ses passions, grand même « en ce qu’il se connaît misérable ». [27] Notamment, il aspire à autre chose qu’à assouvir ses instincts ou à leur résister, « car ce qui est nature aux animaux nous l’appelons misère en l’homme ». [28] Il existe une disproportion insupportable entre d’un côté notre volonté infinie d’être heureux et de connaître la vérité, et de l’autre côté notre raison limitée et notre faiblesse physique, qui aboutit à la mort. Car la force de Pascal est aussi dans son réalisme implacable : « Il ne faut pas avoir l’âme fort élevée pour comprendre qu’il n’y a point ici de satisfaction véritable et solide, que tous nos plaisirs ne sont que vanité, que nos maux sont infinis, et qu’enfin la mort, qui nous menace à chaque instant, doit infailliblement nous mettre, dans peu d’années, dans l’horrible nécessité d’être éternellement ou anéantis ou malheureux. Il n’y a rien de plus réel que cela, ni de plus terrible. Faisons tant que nous voudrons les braves : voilà la fin qui attend la plus belle vie du monde ». [29]Dans cette condition tragique, bien sûr, l’homme ne peut pas rester en lui-même, car sa misère et l’incertitude de sa destinée lui sont insupportables. Il lui faut donc se distraire, ce que Pascal reconnaît volontiers : « De là vient que les hommes aiment tant le bruit et le remuement ». [30] Car si l’homme ne se divertit de sa condition – et nous savons tous fort bien nous divertir par le travail, les loisirs ou les relations familiales ou amicales, mais aussi hélas par les vices auxquels portent certaines passions – son humanité éprouve « son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. [Et il sort] du fond de son âme l’ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir ». [31] Et pourtant le divertissement n’apaise ni ne comble notre grand désir de vie et de bonheur. Cela, tous, nous le savons bien.

C’est alors que Pascal pose sa grande hypothèse : « Qu’est-ce donc que nous crie cette avidité et cette impuissance sinon qu’il y a eu autrefois dans l’homme un véritable bonheur, dont il ne lui reste maintenant que la marque et la trace toute vide et qu’il essaye inutilement de remplir de tout ce qui l’environne, recherchant des choses absentes les secours qu’il n’obtient pas des présentes, mais qui en sont toutes incapables parce que ce gouffre infini ne peut être rempli que par un objet infini et immuable, c’est-à-dire que par Dieu même ». [32] Si l’homme est comme « un roi dépossédé », [33] qui ne tend qu’à retrouver sa grandeur perdue, et qui pourtant s’en voit incapable, qu’est-il donc ? « Quelle chimère est‑ce donc que l’homme, quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradiction, quel prodige, juge de toutes choses, imbécile ver de terre, dépositaire du vrai, cloaque d’incertitude et d’erreur, gloire et rebut de l’univers ! Qui démêlera cet embrouillement ? ». [34]Pascal, en philosophe, voit bien qu’à « mesure qu’on a de lumière, on découvre plus de grandeur et plus de bassesse dans l’homme », [35] mais que ces opposées sont inconciliables. Parce que la raison humaine ne peut pas les accorder, ni résoudre l’énigme.

C’est pourquoi Pascal relève que s’il y a un Dieu et que l’homme a reçu une révélation divine – ainsi que nombre de religions en font état –, et que cette révélation est véritable, là doit se trouver la réponse que l’homme attend pour résoudre les contradictions qui le torturent : « Les grandeurs et les misères de l’homme sont tellement visibles qu’il faut nécessairement que la véritable religion nous enseigne et qu’il y a quelque grand principe de grandeur en l’homme et qu’il y a un grand principe de misère. Il faut encore qu’elle nous rende raison de ces étonnantes contrariétés ». [36] Or, ayant étudié les grandes religions, Pascal conclut qu’« aucune forme de pensée, aucune pratique ascétique et mystique ne peut offrir de voie de rédemption », si ce n’est par « le critère supérieur de vérité qu’est l’illumination de la grâce ». [37] « C’est en vain, ô hommes - écrit Pascal en imaginant ce que le vrai Dieu pourrait nous dire - que vous cherchez dans vous‑mêmes le remède à vos misères. Toutes vos lumières ne peuvent arriver qu’à connaître que ce n’est point dans vous‑mêmes que vous trouverez ni la vérité ni le bien. Les philosophes vous l’ont promis et ils n’ont pu le faire. Ils ne savent ni quel est votre véritable bien, ni quel est [votre véritable état] ». [38]

Arrivé à ce point, Pascal, qui a scruté avec la force rare de son intelligence la condition humaine, et l’Écriture Sainte, et encore la tradition de l’Église, entend se proposer avec la simplicité de l’esprit d’enfance en humble témoin de l’Évangile. Il est ce chrétien qui veut parler de Jésus-Christ à ceux qui décrètent un peu vite qu’il n’y a pas de raison solide de croire aux vérités du christianisme. Pascal, au contraire, sait d’expérience que ce qui est dans la Révélation non seulement ne s’oppose pas aux requêtes de la raison, mais apporte la réponse inouïe à laquelle nulle philosophie n’aurait pu arriver par elle-même.

Conversion : la visite du Seigneur

Le 23 novembre 1654, Pascal a vécu une expérience très forte, que l’on appelle sa “Nuit de feu”. Cette expérience mystique, qui lui fit verser des pleurs de joie, a été si intense et si déterminante pour lui qu’il en a rendu compte sur un morceau de papier précisément daté, le Mémorial, qu’il avait glissé dans la doublure de son manteau, et que l’on n’a découvert qu’après sa mort. S’il est impossible de savoir exactement quelle est la nature de ce qui s’est passé dans l’âme de Pascal cette nuit-là, il apparaît qu’il s’agit d’une rencontre dont lui-même a reconnu l’analogie avec celle, fondamentale dans toute l’histoire de la révélation et du salut, vécue par Moïse devant le buisson ardent (cf. Ex 3). Le terme « Feu », [39] que Pascal a voulu placer en tête du Mémorial, nous invite, toute proportion gardée, à proposer ce rapprochement. Le parallèle semble indiqué par Pascal lui-même qui, immédiatement après l’évocation du feu, a repris le titre que le Seigneur s’était donné devant Moïse : « Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob » (Ex 3, 6.15), en ajoutant : « non des philosophes et des savants. Certitude. Certitude. Sentiment. Joie. Paix. Dieu de Jésus-Christ ».

Oui, notre Dieu est joie, et Blaise Pascal en témoigne à toute l’Église ainsi qu’à tout chercheur de Dieu : « Ce n’est pas le Dieu abstrait ou le Dieu cosmique, non. C’est le Dieu d’une personne, d’un appel, le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, le Dieu qui est certitude, qui est sentiment, qui est joie ». [40] Cette rencontre, qui a confirmé à Pascal la « grandeur de l’âme humaine », l’a comblé de cette joie vive et inépuisable : « Joie, joie, joie, pleurs de joie ». Et cette joie divine devient pour Pascal le lieu de la confession et de la prière : « Jésus-Christ. Je m’en suis séparé : je l’ai fui, renoncé, crucifié. Que je n’en sois jamais séparé ». [41] C’est l’expérience de l’amour de ce Dieu personnel, Jésus-Christ, puisqu’il a pris part à notre histoire et que sans cesse il prend part à notre vie, qui entraîne Pascal sur le chemin de la conversion profonde, et donc de cette « renonciation totale et douce», [42] parce que vécue dans la charité, à « l’homme ancien corrompu par les convoitises qui l’entraînent dans l’erreur » ( Ep 4, 22).

Comme le rappelait saint Jean-Paul II dans son Encyclique sur les rapports entre foi et raison, « des philosophes comme Blaise Pascal » s’illustrent par le refus de toute « présomption », ainsi que par leur choix d’une posture faite d’« humilité » autant que de « courage ». Ils ont fait l’expérience que « la foi libère la raison de la présomption ». [43] Avant la nuit du 23 novembre 1654, cela est clair, Pascal « n’a aucun doute sur l’existence de Dieu. Il sait aussi que ce Dieu est le souverain bien. […] Ce qui lui manque et ce qu’il attend, ce n’est pas un savoir mais un pouvoir, ce n’est pas une vérité mais une force ». [44] Or cette force lui est donnée par grâce : il se sent attiré, avec certitude et joie, par Jésus-Christ : « Nous ne connaissons Dieu que par J.-C. Sans ce médiateur est ôtée toute communication avec Dieu ». [45] Découvrir Jésus-Christ, c’est découvrir le Sauveur et Libérateur dont j’ai besoin : « Ce Dieu là n’est autre chose que le réparateur de notre misère. Ainsi nous ne pouvons bien connaître Dieu qu’en connaissant nos iniquités ». [46] Comme toute conversion authentique, la conversion de Blaise Pascal se joue dans l’humilité qui nous délivre « de notre conscience isolée et de l’autoréférence ». [47]

L’intelligence immense et inquiète de Blaise Pascal, emplie de paix et de joie devant la révélation de Jésus-Christ, nous invite, selon l’“ordre du cœur”, [48] à marcher sûrement à la clarté de ces « célestes lumières ». [49] Car si notre Dieu est un “Dieu caché” (cf. Is 45, 15), c’est parce qu’il « s’est voulu cacher », [50] de sorte que notre raison, illuminée par la grâce, n’aura jamais fini de le découvrir. C’est donc par l’illumination de la grâce que l’on peut le connaître. Mais la liberté de l’homme doit s’ouvrir, et déjà Jésus nous console : « Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais trouvé ». [51]

L’ordre du cœur et ses raisons de croire

Selon les mots de Benoît XVI, « la tradition catholique depuis le début a rejeté ce que l’on appelle le fidéisme, qui est la volonté de croire contre la raison ». [52] Dans ce sens, Pascal est profondément attaché au « caractère raisonnable de la foi en Dieu », [53] non seulement parce que « l’esprit ne peut être forcé de croire ce qu’il sait être faux », [54] mais que « si on choque les principes de la raison, notre religion sera absurde et ridicule ». [55] Mais si la foi est raisonnable, elle est aussi un don de Dieu, et ne s’aurait s’imposer : « On ne prouve pas qu’on doit être aimé en exposant d’ordre les causes de l’amour, cela serait ridicule », [56] relève Pascal avec la finesse de son humour, en traçant un parallèle entre l’amour humain et la façon dont Dieu nous fait signe. Pas plus que l’amour, « qui se propose mais ne s’impose pas – l’amour de Dieu ne s’impose jamais ». [57] Jésus « a rendu témoignage à la vérité » (cf. Jn 18, 37) mais « n’a pas voulu l’imposer par la force à ses contradicteurs ». [58] C’est pourquoi « il y a assez de lumière pour ceux qui ne désirent que de voir, et assez d’obscurité pour ceux qui ont une disposition contraire ». [59]

Il en vient à affirmer que « la foi est différente de la preuve. L’une est humaine, l’autre est un don de Dieu ». [60] Ainsi, il est impossible de croire « si Dieu n’incline le cœur ». [61] Si la foi est d’un ordre supérieur à la raison, cela ne signifie certainement pas qu’elle s’y oppose, mais qu’elle la dépasse infiniment. Lire l’œuvre de Pascal, ce n’est donc pas d’abord découvrir la raison qui éclaire la foi ; c’est se mettre à l’école d’un chrétien à la rationalité hors-normes, qui sut d’autant mieux rendre compte d’un ordre établi par le don de Dieu au-dessus de la raison : « La distance infinie des corps aux esprits figure la distance infiniment plus infinie des esprits à la charité car elle est surnaturelle ». [62]Scientifique rompu à la géométrie, c’est-à-dire à la science des corps posés dans l’espace, et géomètre rompu à la philosophie, c’est-à-dire à la science des esprits posés dans l’histoire, Blaise Pascal illuminé par la grâce de la foi pouvait ainsi transcrire la totalité de son expérience : « De tous les corps ensemble on ne saurait en faire réussir une petite pensée. Cela est impossible et d’un autre ordre. De tous les corps et esprits on n’en saurait tirer un mouvement de vraie charité. Cela est impossible et d’un autre ordre, surnaturel ». [63]

Ni l’ esprit de géométrie ni le raisonnement philosophique ne permettent à l’homme de parvenir seul à une « vue bien nette » du monde et de soi-même. Celui qui est penché sur les détails de ses calculs ne bénéficie pas de la vue d’ensemble qui permet de « voir tous les principes ». Cela, c’est le fait de l’ esprit de finesse, dont Pascal vante également les mérites, car lorsque l’on cherche à saisir la réalité, « il faut tout d’un coup voir la chose d’un seul regard ». [64] Cet esprit de finesse, c’est le domaine de ce que Pascal nomme le “cœur” : « Nous connaissons la vérité non seulement par la raison mais encore par le cœur, c’est de cette dernière sorte que nous connaissons les premiers principes et c’est en vain que le raisonnement, qui n’y a point de part, essaie de les combattre ». [65] Or les vérités divines - comme le fait que le Dieu qui nous a faits est amour, qu’il est Père, Fils et Esprit-Saint, qu’il s’est incarné en Jésus-Christ, mort et ressuscité pour notre salut - ne sont pas démontrables par la raison, mais peuvent être connues par la certitude de la foi, et passent ensuite du cœur spirituel à l’esprit rationnel, qui les reconnaît pour vraies et peut les exposer à son tour : « C’est pourquoi ceux à qui Dieu a donné la religion par sentiment du cœur sont bien heureux et bien légitimement persuadés ». [66]

Pascal ne s’est jamais résigné à ce que certains de ses frères humains non seulement ne connaissent pas Jésus-Christ, mais dédaignent par paresse, ou à cause de leurs passions, de prendre l’Évangile au sérieux. Car c’est en Jésus-Christ que se joue leur vie. « L’immortalité de l’âme est une chose qui nous importe si fort, qui nous touche si profondément, qu’il faut avoir perdu tout sentiment pour être dans l’indifférence de savoir ce qui en est. […] Et c’est pourquoi, entre ceux qui n’en sont pas persuadés, je fais une extrême différence de ceux qui travaillent de toutes leurs forces à s’en instruire, à ceux qui vivent sans s’en mettre en peine et sans y penser ». [67] Nous-mêmes savons bien que nous cherchons souvent à fuir la mort, ou à la maîtriser, pensant que nous pourrions « écarter la pensée de notre finitude » ou « ôter à la mort son pouvoir et chasser la peur. Mais la foi chrétienne n’est pas une façon d’exorciser la peur de la mort, elle nous aide plutôt à l’affronter. Tôt ou tard, tous nous passerons par cette porte. La vraie lumière qui éclaire le mystère de la mort vient de la résurrection du Christ ». [68]Seule la grâce de Dieu permet au cœur de l’homme d’accéder à l’ordre de la connaissance divine, à la charité. Ce qui fait écrire à un important commentateur contemporain de Pascal que « la pensée ne parvient à penser chrétiennement que si elle accède à ce que Jésus-Christ met en œuvre, la charité ». [69]

Pascal, la controverse et la charité

Avant de conclure, il me faut évoquer les rapports de Pascal avec le Jansénisme. L’une de ses sœurs, Jacqueline, était entrée en religion à Port-Royal, dans une congrégation dont la théologie était très influencée par Cornelius Jansen, dit Jansénius, lequel avait composé un traité, l’ Augustinus, paru en 1640. Après sa « nuit de feu », Pascal était venu faire une retraite à l’abbaye de Port-Royal, en janvier 1655. Or, dans les mois qui suivirent, une controverse importante et déjà ancienne opposant les Jésuites aux “jansénistes” qui étaient attachés à l’ Augustinus, se réveilla à la Sorbonne, l’université de Paris. La querelle portait principalement sur la question de la grâce de Dieu, et sur les rapports de la grâce et de la nature humaine, en particulier son libre-arbitre. Pascal, quoiqu’il n’appartînt pas à la congrégation de Port-Royal, et qu’il ne fût pas un homme de parti – « Je suis seul […], je ne suis point de Port-Royal », [70] écrira-t-il – fut chargé par les Jansénistes de les défendre, notamment parce que son art rhétorique était puissant. Il le fit en 1656 et 1657, en publiant une série de dix-huit lettres, dites Provinciales.

Si plusieurs propositions dites “jansénistes” étaient effectivement contraires à la foi, [71] ce que Pascal reconnaissait, il contestait qu’elles fussent présentes dans l’ Augustinus, et suivies par les gens de Port-Royal. Certaines de ses propres affirmations, néanmoins, ayant trait par exemple à la prédestination, tirées de la théologie du dernier saint Augustin, dont les formules avaient été affûtées par Jansénius, ne sonnent pas juste. Il faut toutefois comprendre que, comme saint Augustin avait voulu combattre au V e siècle les Pélagiens, lesquels affirmaient que l’homme peut, par ses propres forces et sans la grâce de Dieu, faire le bien et être sauvé, Pascal crut sincèrement s’attaquer alors au pélagianisme ou au semi-pélagianisme qu’il croyait identifier dans les doctrines suivies par les Jésuites molinistes, du nom du théologien Luis de Molina, mort en 1600 mais à l’influence encore vivace au milieu du XVII e siècle. Faisons-lui crédit de la franchise et de la sincérité de ses intentions.

Cette lettre n’est certes pas le lieu pour rouvrir la question. Toutefois, ce qu’il y a de juste mise en garde dans les positions de Pascal vaut encore pour notre temps : le néo-pélagianisme, [72] qui voudrait que tout dépende « de l’effort humain canalisé par des normes et des structures ecclésiales », [73] se reconnaît à ce qu’il « nous enivre de la présomption d’un salut gagné par nos propres efforts ». [74] Et il faut maintenant affirmer que l’ultime position de Pascal quant à la grâce, et au fait en particulier que Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité » ( 1 Tm 2, 4), s’énonçait en termes parfaitement catholiques à la fin de sa vie. [75]

Comme je le disais au début, Blaise Pascal, à la fin de sa vie, brève mais d’une richesse et d’une fécondité extraordinaires, avait mis l’amour de ses frères à la toute première place. Il se sentait et se savait membre d’un seul corps, car « Dieu ayant fait le ciel et la terre qui ne sentent point le bonheur de leur être, il a voulu faire des êtres qui le connussent et qui composassent un corps de membres pensants ». [76] Pascal, à sa place de fidèle laïc, a goûté à la joie de l’Évangile, dont l’Esprit veut féconder et guérir « toutes les dimensions de l’homme » et réunir « tous les hommes à la table du Royaume ». [77] Alors qu’il compose sa magnifique Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies en 1659, Pascal est un homme pacifié qui ne se situe plus dans la controverse, ni même dans l’apologétique. Très malade et sur le point de mourir, il demanda à communier, mais cela ne se fit pas immédiatement. Il demanda donc à sa sœur : « Ne pouvant pas communier dans le chef [Jésus-Christ], je voudrais bien communier dans les membres ». [78] Et il « avait un grand désir de mourir en la compagnie des pauvres ». [79] « Il meurt dans la simplicité d’un enfant », [80] dit-on de lui peu de temps avant son dernier souffle le 19 août 1662. Après avoir reçu les Sacrements, ses dernières paroles furent : « Que Dieu ne m’abandonne jamais ». [81]

Puissent son œuvre de lumière et les exemples de sa vie si profondément baptisée en Jésus-Christ, nous aider à parcourir jusqu’au bout le chemin de la vérité, de la conversion et de la charité. Car la vie d’un homme est si courte : « Éternellement en joie pour un jour d’exercice sur la terre ». [82]

Rome, Saint-Jean-de-Latran, le 19 juin 2023

FRANÇOIS

[1] Pascal, Pensées, numérotation Lafuma, n. 199.

[2] G. Périer, Vie de M. Pascal, in Œuvres complètes, par M. Le Guern, I, Paris, 1998, p. 91.

[3] Pascal, Pensées, Laf., n. 270.

[4] Ibid., n. 148.

[5] Ibid., n. 417.

[6] Pascal, Entretien avec M. de Sacy, in Œuvres complètes, par M. Le Guern, II, Paris, 2000, p. 90.

[7] Pascal, Pensées ( Mémorial), Laf., n. 913.

[8] Pascal, Pensées ( Le Mystère de Jésus), Laf., n. 926.

[9] Exhort. ap. Gaudete et exsultate, n. 65.

[10] Ibid., n. 167.

[11] Pascal, Pensées, Laf., n. 12.

[12] G. Périer, op. cit., p. 64.

[13] Cf. ibid., p. 65.

[14] Ibid.

[15] « Pascal », in La Gloire et la Croix, Styles, II., Paris, 1972, p. 78.

[16] Pascal, Pensées, Laf., n. 307.

[17] Ibid., n. 110.

[18] Ibid., n. 533.

[19] Cf. Pascal, Entretien avec M. de Sacy, op. cit., p. 98.

[20] Cf. Pascal, Pensées, Laf., n. 208.

[21] Ibid., n. 200.

[22] Ibid., n. 199.

[23] Ibid., n. 427.

[24] Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n. 231.

[25] Pascal, Pensées, Laf., n. 678.

[26] Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n. 232.

[27] Pascal, Pensées, Laf., n. 114.

[28] Ibid., n. 117.

[29] Ibid., n. 427.

[30] Ibid., n. 136.

[31] Ibid., n. 622.

[32] Ibid., n. 148.

[33] Ibid., n. 116.

[34] Ibid., n. 131.

[35] Ibid., n. 613.

[36] Ibid., n. 149.

[37] H.U. von Balthasar, op. cit., p. 82.

[38] Pascal, Pensées, Laf., n. 149.

[39] Pascal, Pensées ( Mémorial), Laf., n. 913.

[40] Catéchèse, 3 juin 2020.

[41] Pascal, Pensées ( Mémorial), Laf., n. 913.

[42] Ibid.

[43] Lett. Enc. Fides et Ratio, n. 76 : AAS 91 (1999), p. 64.

[44] H. Gouhier, Blaise Pascal. Commentaires, Paris, 1971, p. 44-45.

[45] Pascal, Pensées, Laf., n. 189.

[46] Ibid.

[47] Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n. 8.

[48] Cf. Pascal, Pensées, Laf., n. 298.

[49] Ibid., n. 208.

[50] Ibid., n. 242.

[51] Pascal, Pensées ( Le Mystère de Jésus), Laf., n. 919.

[52] Catéchèse, 21 novembre 2012.

[53] Ibid.

[54] Pascal, Entretien avec M. de Sacy, op. cit., p. 87.

[55] Pascal, Pensées, Laf., n. 173.

[56] Ibid., n. 298.

[57] Homélie en la Solennité du Christ-Roi de l’Univers, 20 novembre 2022.

[58] Conc. Oecum. Vat. II, Decl. Dignitatis humanae, n. 11.

[59] Pascal, Pensées, Laf., n. 149.

[60] Ibid., n. 7.

[61] Ibid., n. 380.

[62] Ibid., n. 308.

[63] Ibid.

[64] Ibid., n. 512.

[65] Ibid., n. 110.

[66] Ibid.

[67] Ibid., n. 427.

[68] Catéchèse, 9 février 2022.

[69] J.-L. Marion, La Métaphysique et après, Paris, 2023, p. 356.

[70] Pascal, Dix-septième lettre provinciale, in Œuvres complètes, par M. Le Guern, II, Paris, 2000, p. 781.

[71] Cf. B. Neveu, L’erreur et son juge : remarques sur les censures doctrinales à l’époque moderne, Naples, 1993.

[72] Cf. Cong. pour la Doctrine de la Foi, Lett. Placuit Deo (22 février 2018) ; Exhort. ap. Gaudete et exsultate, nn. 57-59.

[73] Exhort. ap. Gaudete et exsultate, n. 59.

[74] Lett. ap. Desiderio desideravi, n. 20.

[75] Cf. Pascal Pensées ( Le Mystère de Jésus), Laf., n. 931. Au début de ce passage on trouve, entre parenthèses, cette phrase: « J’aime tous les hommes comme mes frères, parce qu’ils sont tous rachetés ».

[76] Pascal, Pensées, Laf., n. 360.

[77] Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n. 237.

[78] G. Périer, op. cit., p. 92-93.

[79] Ibid., p. 93.

[80] Ibid., p. 90.

[81] Ibid., p. 94.

[82] Pascal, Pensées ( Mémorial), Laf., n. 913.

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SOURCE : https://www.vatican.va/content/francesco/fr/apost_letters/documents/20230619-sublimitas-et-miseria-hominis.html

APOSTOLIC LETTER
SUBLIMITAS ET MISERIA HOMINIS
OF THE HOLY FATHER
FRANCIS
ON THE FOURTH CENTENARY OF THE BIRTH
OF BLAISE PASCAL

THE GRANDEUR AND MISERY OF MAN. This paradox is central to the thought and enduring message of Blaise Pascal, born four centuries ago, on 19 June 1623 in Clermont in central France. From childhood, Pascal devoted his life to the pursuit of truth. By the use of reason, he sought its traces in the fields of mathematics, geometry, physics and philosophy, making remarkable discoveries and attaining great fame even at an early age. Yet he was not content with those achievements. In a century of great advances in many fields of science, accompanied by a growing spirit of philosophical and religious scepticism, Blaise Pascal proved to be a tireless seeker of truth, a “restless” spirit, open to ever new and greater horizons.

Pascal’s brilliant and inquisitive mind never ceased to ponder the question, ancient yet ever new, that wells up in the human heart: “What is man that you are mindful of him, the son of man that you care for him?” ( Ps 8:5). This question has perplexed men and women of every time and place, every culture, language and religion. “What is man in nature?” – Pascal asks – “Nothing with respect to the infinite, yet everything with respect to nothing”. [1] The question had been posed by the Psalmist in the context of the history of love between God and his people, a history culminating in the incarnation of the “Son of Man”, Jesus Christ, whom the Father gave up to forsakenness in order to crown him with glory and honour above every creature (cf. v. 6). To this question, raised in a language so different from that of mathematics and geometry, Pascal continued to devote his attention.

For this reason, I believe that it is fitting to describe Pascal as a man marked by a fundamental attitude of awe and openness to all reality. Openness to other dimensions of knowledge and life, openness to others, openness to society. For example, in 1661 he developed, in Paris, the first public transport system in history, the “five-penny coaches”. If I mention this at the beginning of this Letter, it is to make clear that neither his conversion to Christ, which began with the “night of fire” on 23 November 1654, nor his masterful intellectual defence of the Christian faith, made him any less a man of his time. He continued to be concerned with the questions that troubled his age and with the material needs of all the members of the society in which he lived.

This openness to the world around him kept him concerned for others even in his final illness, at only thirty-nine years of age. At this, the last stage of his earthly pilgrimage, he is reported to have said: “If the physicians tell the truth, and God grants that I recover from this sickness, I am resolved to have no other work or occupation for the rest of my life except to serve the poor”. [2] It is moving to realize that in the last days of his life, so great a genius as Blaise Pascal saw nothing more pressing than the need to devote his energies to works of mercy: “The sole object of Scripture is charity”. [3]

I am pleased that on this, the fourth centenary of his birth, God’s providence grants me this opportunity to pay homage to Pascal, and to recall those aspects of his life and thought that I deem helpful to encourage Christians in our day, and their contemporaries of good will, in the pursuit of authentic happiness. For “all people seek to be happy. This is true without exception, whatever the different means they employ. All tend to the same goal”. [4] Four centuries after his birth, Pascal remains our travelling companion, accompanying our quest for true happiness and, through the gift of faith, our humble and joyful recognition of the crucified and risen Lord.

A man in love with Christ, who speaks to everyone

If Blaise Pascal can attract everyone, it is above all because he spoke so convincingly of our human condition. Yet it would be mistaken to see in him merely an insightful observer of human behaviour. His monumental Pensées, some of whose individual aphorisms remain famous, cannot really be understood unless we realize that Jesus Christ and sacred Scripture are both their centre and the key to their understanding. For if Pascal proposed to speak of man and God, it was because he had arrived at the certainty that “not only do we know God solely through Jesus Christ, but we know ourselves solely through Jesus Christ. We do not know life and death except through Jesus Christ. Apart from Jesus Christ, we understand neither our life nor our death, neither God nor ourselves. Hence without the Scriptures, which speak solely of Jesus Christ, we know nothing and we see only darkness”. [5]  If this daring statement is to be understood by all, and not considered a purely dogmatic assertion incomprehensible to those who do not share the Church’s faith, or a disparagement of the legitimate scope of natural reason, it needs to be clarified.

Faith, love and freedom

As Christians, we need to avoid the temptation to present our faith as an incontestable certainty evident to everyone. Clearly, Pascal was concerned to make people realize that “God and truth are inseparable”, [6] yet he also knew that belief is possible only by the grace of God, embraced by a heart that is free. Through faith he had personally encountered “the God of Abraham, the God of Isaac, the God of Jacob, not the God of the philosophers and the learned”, [7] and had acknowledged Jesus Christ as “the way, and the truth, and the life” ( Jn 14:6). For this reason, I would suggest that everyone who wishes to persevere in seeking truth – a never-ending task in this life – should listen to Blaise Pascal, a man of prodigious intelligence who insisted that apart from the aspiration to love, no truth is worthwhile. “We make truth itself into an idol, for truth apart from charity is not God, but his image; it is an idol which must in no way be loved or worshipped”. [8]

 Pascal would thus shield us from the false teachings, superstitions and libertinism that avert so many people from the lasting peace and joy of the One who desires that we should choose “life and good”, not “death and evil” ( Deut 30:15.19). Yet the tragedy of this life is that we at times fail to see clearly, and as a result, we choose poorly. For we cannot savour the joy of the Gospel unless “the Holy Spirit fills us with his power and frees us from our weakness, our selfishness, our complacency and our pride”. [9] What is more, “without the wisdom of discernment, we can become prey to every passing trend”. [10] That is why an appreciation of the living faith of Blaise Pascal, who sought to demonstrate that the Christian religion is “venerable because it truly knows man” and “lovable because it promises true good”, [11] can help us make our way through the shadows and sorrows of this world.

An outstanding scientific mind

When his mother died in 1626, Blaise Pascal was three years old. His father, Étienne, a well-known jurist, was also renowned for his notable scientific gifts, particularly in the fields of mathematics and geometry. Choosing to provide personally for the education of his three children, Jacqueline, Blaise and Gilberte, he moved to Paris in 1632.  Very quickly, Blaise showed exceptional intelligence and persistence in seeking truth. His sister Gilberte tells us that, “from childhood, he could only accept things that struck him as evidently true; as a result, when not provided with good reasons, he sought them himself”. [12] One day his father found Blaise studying geometry and suddenly realized that, without knowing that the same theorems could be found in books under other names, Blaise, at age twelve, entirely on his own, by drawing figures on the ground, had demonstrated the first 32 propositions of Euclid. [13] Gilberte recalled that their father was “astounded at the depth and the power of his intellect”. [14]

In the years that followed, Blaise Pascal worked intensely to make his immense talent bear fruit. At seventeen, he was in communication with the most learned men of his time. In quick succession came his discoveries and his publications. In 1642, at the age of nineteen, he invented an arithmetic machine, the ancestor of our modern computers. In this regard, Pascal speaks to our own times, for he reminds us of the grandeur of human reason and encourages us to employ it in understanding the mysteries of the world around us. His grasp of mathematics, the ability to understand in detail how things work, would prove helpful to him throughout his life. In the words of the eminent theologian Hans Urs von Balthasar: “He trained himself in the precision appropriate to mathematics and natural science as such, so as to attain that quite other precision appropriate to the realm of being and to the Christian realm”. [15] Pascal’s confidence in the use of natural reason, which unites him to all seekers of truth, enabled him both to acknowledge its limits and to be receptive to the supernatural reasons of divine revelation, with that sense of paradox that was to find expression in the philosophical depth and literary charm of his Pensées. “The Church expended as much effort in demonstrating that Jesus Christ was man against those who denied this, as she did in demonstrating that he was God; and both were equally evident”. [16]

The philosophers

Many of Pascal’s writings are steeped in the language of philosophy. This is especially true of his Pensées, the collection of fragments, published posthumously, that are his notes and sketches for a philosophy inspired by a theological concern. Scholars have attempted, with varying results, to restore the collection’s original form and unity. Pascal’s passionate love for Christ and for serving the poor, which I mentioned earlier, were not so much the sign of a disconnect in the mind of this bold disciple, as of a deeper growth towards evangelical radicalism, a progression, aided by grace, towards the living truth of the Lord. Pascal, who possessed the supernatural certitude of faith and considered it fully compatible with reason while infinitely surpassing the latter, sought as much as possible to engage in dialogue with those who did not share his faith. For “to those who do not have faith, we cannot give it except by reasoning, as we wait for God to give it to them by moving their heart”. [17] Here we see a completely respectful and patient form of evangelization that our generation would do well to imitate.

It is necessary then, for a proper understanding of Pascal’s thinking on Christianity, to be attentive to his philosophy. He admired the wisdom of the ancient Greek philosophers, who sought with simplicity and tranquillity to live well as citizens of a polis: “We think of Plato and Aristotle as wearing the flowing robes of scholars. They were normal people, like everyone else, who enjoyed a good laugh with their friends. When they were composing their Laws and Politics, they did it for pleasure. It was the least philosophical and least serious part of their life; the most philosophical part was to live simply and peaceably”. [18] Yet for all their greatness and their usefulness, Pascal recognized the limits of those philosophies: Stoicism leads to pride; [19] scepticism to despair. [20] Human reason is a marvel of creation, which sets man apart from all other creatures, for “man is but a reed, the weakest in nature, yet he is a thinking reed”. [21] The limits of the philosophers are thus, quite simply, the limits of created reason. Democritus might well say, “I am going to speak about everything”, [22] but reason cannot, of itself, resolve the deepest and most urgent issues. In the end, both for the age of Pascal as well as for our own, what remains the greatest and most pressing question? It is that of the overall meaning of our destiny, our life and our hope, which is directed to a happiness that we are not forbidden to imagine as eternal, but which God alone can grant: “Nothing is as important to man as his own state; nothing to him is as fearsome as eternity”. [23]

In reflecting on Pascal’s Pensées, we constantly encounter, in one way or another, this fundamental principle: “reality is superior to ideas”. Pascal teaches us to keep our distance from “various means of masking reality”, from “angelic forms of purity” to “intellectual discourse bereft of wisdom”. [24] Nothing is more dangerous than a disembodied reason: “He who would act as an angel, acts as a beast”. [25] The baneful ideologies from which we continue to suffer in the areas of economics, social life, anthropology and morality, keep their followers imprisoned in a world of illusions, where ideas have replaced reality.

The human condition

Pascal’s philosophy, ever paradoxical, is grounded in an approach as simple as it is lucid: it seeks to attain to “reality illumined by reason”. [26] He starts by observing that man is in some way a stranger to himself, at once great and wretched. Great by virtue of his reason and his ability to master his passions, but great too “in that he acknowledges himself wretched”. [27] Indeed, man aspires to something other than satisfying or resisting his instincts, “for what is nature to animals, we call wretchedness in man”. [28]  An intolerable disproportion exists between, on the one hand, our limitless desire for happiness and knowledge of truth, and, on the other, our limited reason and physical frailty, which ultimately ends in death. Pascal’s strength is also his relentless realism: “It does not take great intelligence to realize that here below there is no true and solid satisfaction, that all our pleasures are but vanity, that our ills are infinite, and that death, which threatens us constantly, will infallibly set before us, in a few years, the dread alternative of being annihilated or of being unhappy for all eternity. Nothing is more real than that, nor more frightening. We can act as bravely as we like: this is the end that awaits the finest life in the world”. [29] In this tragic condition, surely an individual cannot retreat into himself, for his wretchedness and the uncertainly of his destiny prove unbearable to him. As a result, he needs to distract himself. Pascal readily acknowledges this: “Hence it is that men so greatly love noise and commotion”. [30] For if a person does not divert himself from his condition – and we know very well how to divert ourselves by work, forms of leisure, relationships in family or among friends, but also, alas, by the vices to which certain passions lead – his humanity experiences “its nothingness, its abandonment, its insufficiency, its dependence, its powerlessness, its emptiness. [And there emerge] from the depths of his soul ennui, melancholy, sadness, chagrin, spite, despair”. [31] Diversion fails to satisfy, much less fulfil, our great desire for life and happiness. This is something that all of us know quite well.

At this point, Pascal sets forth his great argument. “What is it, then, that this longing and this feeling of helplessness cry out to us, if not that man once enjoyed a true happiness, of which there now remains but an empty trace that he tries in vain to fill with everything around him, seeking in things he lacks what he cannot obtain from those he has. Yet none of these can provide it, for this infinite abyss cannot be bridged except by an infinite and immutable object, which is God himself”. [32] If man is like “a dispossessed king”, [33] seeking only to recover his lost grandeur while knowing that he is incapable of doing so, then what is he? “What a fantastic creature is man, a novelty, a monstrosity, chaotic, contradictory, prodigious, judge of all things, feeble earthworm, bearer of truth, mire of uncertainty and error, glory and refuse of the universe! Who can undo this tangle?” [34] As a philosopher, Pascal saw clearly that “the greater our intelligence, the more we discover man’s grandeur and his baseness”, [35] and that these contradictions are irreconcilable. Human reason cannot make them agree, nor resolve the enigma.

Pascal goes on to argue that if there is a God, and if man has received a divine revelation – as a number of religions profess – and if that revelation is true, it must contain the answer we await in order to resolve the contradictions that cause us such anguish. “The greatness and wretchedness of man are so evident that the true religion must necessarily teach us both that there is in man a great principle of grandeur and a great principle of wretchedness. It must also account for these astonishing contradictions”. [36] From his study of the great religions, Pascal concludes that, “no thought and no ascetic-mystical practice can offer a way of redemption”, unless by “the higher criterion of truth found in the illumination of grace”. [37] “It is in vain,” Pascal writes, imagining what the true God might tell us, “that you seek in yourselves the remedy for your miseries. All your intelligence could only attain the knowledge that it is not in yourselves that you will find either truth or goodness. The philosophers promised it to you and they were unable to deliver. They know neither what is your true good, nor your veritable state”. [38]

After applying his extraordinary intelligence to the study of the human condition, the sacred Scriptures and the Church’s tradition, Pascal now presents himself with childlike simplicity as a humble witness of the Gospel. As a Christian, he wishes to speak of Jesus Christ to those who have hastily concluded that there is no solid reason to believe in the truths of Christianity. For his part, he knows from experience that the content of divine revelation is not only not opposed to the demands of reason, but offers the amazing response that no philosophy could ever attain on its own.

Conversion: the visit of the Lord

On 23 November 1654, Pascal had a powerful experience that even now is referred to as his “night of fire”. This mystical experience, which caused him to weep tears of joy, was so intense and so decisive for him that he recorded it on a piece of paper, precisely dated, the “Memorial”, which he inserted in the lining of his coat, only to be discovered after his death. While it is impossible to know the exact nature of what took place in Pascal’s soul that night, it seems to have been an encounter which he himself acknowledged as analogous to the encounter, fundamental for the whole history of revelation and salvation, that Moses experienced in the presence of the burning bush (cf. Ex 3). The term “FIRE”, [39] which Pascal placed as the heading of the “Memorial”, invites us, relatively speaking, to make this comparison. The parallel would seem to be indicated by Pascal himself who, immediately after the evocation of fire, repeated the appellation that the Lord gave himself in the presence of Moses – “the God of Abraham, the God of Isaac, the God of Jacob” ( Ex 3:6.15) – and then added: “not of the philosophers and the sages. Certainty. Certainty. Feeling. Joy. Peace. God of Jesus Christ”.

Our God is indeed joy, and Blaise Pascal testifies to this before the whole Church and before all those who seek God. “This is not the abstract God or the cosmic God, no. This is the God of a person, of a call, the God of Abraham, Isaac and Jacob, the God who is certitude, who is sentiment, who is joy”. [40] The encounter that night, which confirmed for Pascal the “grandeur of the human soul”, overwhelmed him with that same lively and fathomless joy: “Joy, joy, joy, tears of joy”. And that divine joy became for him an occasion of confession and prayer: “Jesus Christ. I separated myself from him. I fled him, denied him, crucified him. May I never be separated from him”. [41] Pascal’s experience of the love of God, who in Jesus Christ personally shared in our history and ceaselessly shares in our life, set Pascal on the path of profound conversion, a life of charity and thus the “complete and sweet renunciation” [42] of the “old self, corrupt and deluded by its lusts” ( Eph 4:22).

As Saint John Paul II noted in his encyclical on the relationship of faith and reason, “philosophers such as Pascal” are outstanding for their rejection of all presumption, as well as for their stance of humility and courage. They came to realize that “faith liberates reason from presumption”. [43] Certainly, prior to the night of 23 November 1654, Pascal “never doubted the existence of God. He also knew that God is the supreme good… What he lacked and longed for was not knowledge but power; not truth, but strength”. [44] That strength was now bestowed on him by grace, and he felt himself drawn with certitude and joy to Jesus Christ: “We know God only through Jesus Christ. Without this mediator, all communication with God is taken away”. [45] To discover Jesus Christ is to discover the Saviour and Liberator whom I need: “This God is nothing other than the redeemer of our miseries. Thus we can only really know God by knowing our iniquities”. [46] As with every authentic conversion, the conversion of Blaise Pascal took place in humility, which delivers us “from our narrowness and self-absorption”. [47]

The vast and restless intelligence of Blaise Pascal, brimming with peace and joy at the revelation of Jesus Christ, invites us, following “the order of the heart”, [48] to advance towards the brightness of “these heavenly lights”. [49] For if our God is a “hidden God” (cf. Is 45:15), it is because he “willed to conceal himself” [50] in such a way that our reason, illumined by grace, will never stop seeking to find him. Hence, it is by the illumination of grace that we come to know him. Yet our human freedom must be open to this, and indeed Jesus comforts us with these words: “You would not seek me if you had not found me”. [51]

The order of the heart and its reasons for believing

In the words of Pope Benedict XVI, “the Catholic tradition from the beginning has rejected what is called fideism, which is the desire to believe against reason”. [52] Pascal is likewise deeply attached to the “reasonableness of faith in God”, [53] not only because “the mind cannot be forced to believe what it knows to be false”, [54] but also because “if we contradict the principles of reason, our religion would be absurd and ridiculous”. [55] Yet while faith is reasonable, it remains a gift of God and may not be imposed. “We do not prove that we should be loved by setting out the reasons why; that would be ridiculous”, [56] Pascal tells us with his subtle humour, comparing human love and the way that God beckons us. Like human love, “which proposes but never imposes – the love of God never imposes itself”. [57] Jesus bore witness to the truth (cf. Jn 18:37), but “refused to use force to impose it on those who spoke out against it”. [58] That is why “there is enough light for those who desire only to see, and enough darkness for those disposed otherwise”. [59]

Pascal goes on to say that “faith differs from proof. One is human, while the other is God’s gift”. [60] Hence, it is impossible to believe “unless God inclines the heart”. [61] Although faith is of a higher order than reason, it does not follow that faith is opposed to reason; rather, faith infinitely surpasses reason. In reading Pascal’s work, we do not first encounter reason that clarifies faith, but a Christian of great logical rigour accounting for an order, graciously established by God, which transcends reason: “The infinite distance between bodies and minds represents the infinitely more infinite distance between minds and charity, for the latter is supernatural”. [62] As a scientist expert in geometry, the science of bodies positioned in space, and a mathematician expert in philosophy, the science of minds positioned in history, Blaise Pascal, enlightened by the grace of faith, could sum up his whole experience in these words: “From all bodies put together, one could not succeed in producing a tiny thought. That is impossible and of another order. From all bodies and minds, one could not draw an impulse of true charity. That is impossible and of another, supernatural order”. [63]

Neither the operations of geometry nor philosophical reasoning permit us, of themselves, to arrive at a “very clear view” of the world or of ourselves. Those enmeshed in the details of their calculations do not benefit from the view of the whole that enables us to “see all the principles”. That is the task of the “spirit of finesse” which Pascal extols, for in attempting to grasp reality, “one must immediately take things in at a single glance”. [64] This intuitive vision has to do with what Pascal calls the “heart”. “We know the truth not only by reason but even more by the heart; it is by the latter that we come to know the first principles, and it is in vain that reasoning, which has no part in it, tries to refute them”. [65] Divinely revealed truths – such as the fact that the God who created us is love, that he is Father, Son and Holy Spirit, and that he became incarnate in Jesus Christ, who died and rose for our salvation – are not demonstrable by reason. They can only be known by the certitude of faith, and then pass immediately from the spiritual heart to the rational mind, which acknowledges their truth and can explicate them in turn. “This is why those to whom God has given religious faith by moving their hearts are blessed indeed and rightly convinced”. [66]

Pascal never grew resigned to the fact that some men and women not only do not know Jesus Christ, but disdain, out of laziness or due to their passions, to take the Gospel seriously. For in Jesus Christ their very lives are at stake. “The immortality of the soul is so important to us, something that touches us so deeply, that we need to have lost all feeling to be unconcerned with knowing what is at stake… And that is why, among those who are not convinced about this, I would distinguish clearly between those who make every effort to investigate it, and those who go about their lives without being concerned about it or thinking of it”. [67] We know very well that often we attempt to flee death, or to overcome it, thinking that we can “banish the thought of our finite existence” or “remove its power and dispel fear. But Christian faith is not a way of exorcizing the fear of death; rather, it helps us to face death. Sooner or later, we will all pass through that door… The true light that illumines the mystery of death comes from the resurrection of Christ”. [68] Only God’s grace enables the human heart to know God and to live a life of charity. This led an important commentator on Pascal in our own day to write that “thought does not become Christian unless it attains to that which Jesus Christ brought about, which is charity”. [69]

Pascal, controversy and charity

Before concluding, I must mention Pascal’s relationship to Jansenism. One of his sisters, Jacqueline, had entered religious life in Port-Royal, in a religious congregation the theology of which was greatly influenced by Cornelius Jansen, whose treatise Augustinus appeared in 1640. In January 1655, following his “night of fire”, Pascal made a retreat at the abbey of Port-Royal. In the months that followed, an important and lengthy dispute about the Augustinus arose between Jesuits and “Jansenists” at the Sorbonne, the university of Paris. The controversy dealt chiefly with the question of God’s grace and the relationship between grace and human nature, specifically our free will. Pascal, while not a member of the congregation of Port-Royal, nor given to taking sides – as he wrote, “I am alone…. I am not at all part of Port-Royal” [70] – was charged by the Jansenists to defend them, given his outstanding rhetorical skill. He did so in 1656 and 1657, publishing a series of eighteen writings known as The Provincial Letters.

Although several propositions considered “Jansenist” were indeed contrary to the faith, [71] a fact that Pascal himself acknowledged, he maintained that those propositions were not present in the Augustinus or held by those associated with Port-Royal. Even so, some of his own statements, such as those on predestination, drawn from the later theology of Augustine and formulated more severely by Jansen, do not ring true. We should realize, however, that, just as Saint Augustine sought in the fifth century to combat the Pelagians, who claimed that man can, by his own powers and without God’s grace, do good and be saved, so Pascal, for his part, sincerely believed that he was battling an implicit pelagianism or semipelagianism in the teachings of the “Molinist” Jesuits, named after the theologian Luis de Molina, who had died in 1600 but was still quite influential in the middle of the seventeenth century. Let us credit Pascal with the candour and sincerity of his intentions.

This Letter is no place to reopen the question. Even so, what Pascal rightly warned against remains a source of concern for our own age: a “neo-pelagianism” [72] that would make everything depend on “human effort channelled by ecclesial rules and structures” [73] and can be recognized by the fact that it “intoxicates us with the presumption of a salvation earned through our own efforts”. [74] It should also be pointed out that Pascal’s final position on grace, and in particular the fact that God “desires everyone to be saved and to come to the knowledge of the truth” ( 1 Tim 2:4), was set out in perfectly Catholic terms at the end of his life. [75]

As I noted earlier, Blaise Pascal, at the conclusion of a life that was brief yet extraordinarily rich and fruitful, set the love of his brothers and sisters above all else. He felt and knew that he was a member of one body, for “God, having made the heaven and the earth which are not conscious of the happiness of their existence, wished to create beings who would know that happiness and constitute a body of thinking members”. [76] Pascal, as a lay Christian, savoured the joy of the Gospel, with which the Spirit wishes to heal and make fruitful “every aspect of humanity” and to bring “all men and women together at table in God’s Kingdom”. [77] When, in 1659, he composed his magnificent Prayer to Ask of God the Proper Use of Sickness, Pascal was a man at peace, no longer engaged in controversies or even apologetics. Gravely ill and at the point of dying, he asked to receive Holy Communion, but that was not immediately possible. So he asked his sister, “since I cannot communicate in the head [Jesus Christ], I would like to communicate in the members”. [78] He “greatly desired to die in the company of the poor”. [79] It was said of Pascal, shortly after he took his last breath on 19 August 1662, that “he died with the simplicity of a child”. [80] After receiving the sacraments, his last words were: “May God never abandon me”. [81]

May the brilliant work of Blaise Pascal and the example of his life, so profoundly immersed in Jesus Christ, help us to persevere to the end on the path of truth, conversion and charity. For this life passes away in a moment: “Everlasting joy in return for a single day’s effort on earth”. [82]

Rome, Saint John Lateran, 19 June 2023

FRANCIS

[1] Pensées, B 72, L 199. In the citations of the Pensées that follow, the letters B and L refer, respectively, to the Brunschvicg and Lafuma numberings.

[2] G. PERIER, Vie de M. Pascal, in Œuvres complètes, par M. Le Guern, I, Paris, 1998, 91.

[3] Pensées, B 670, L 270.

[4] B 425, L 148.

[5] B 546, L 417.

[6] Entretien avec M. de Sacy, in Œuvres complètes, par M. Le Guern, II, Paris, 2000, 90.

[7] Pensées (Mémorial), L 913.

[8] Pensées (Le Mystère de Jésus), B 582, L 926.

[9] Apostolic Exhortation Gaudete et Exsultate, 65.

[10]  Ibid., 167.

[11] Pensées, B 187, L 12.

[12] G. PERIER , op. cit., 64.

[13] Cf. ibid., 65.

[14] Ibid.

[15] “Pascal”, in: The Glory of the Lord, A Theological Aesthetics III: Lay Styles. San Francisco; New York: Ignatius Press, Crossroads Publications, 1986, p. 182.

[16] Pensées, B 764, L 307.

[17] B 282, L 110.

[18] B 331, L 533.

[19] PASCAL, Entretien avec M. de Sacy, op. cit., 98.

[20] Cf. Pensées, B 435, L 208.

[21] B 347, L 200.

[22] B 72, L 199.

[23] B 194, L 427.

[24] Apostolic Exhortation Evangelii Gaudium, 231.

[25] Pensées, B 358, L 678.

[26] Apostolic Exhortation Evangelii Gaudium, 232.

[27] Pensées, B 397, L 114.

[28] B 409, L 117.

[29] B 194, L 427.

[30] B 139, L 136.

[31] B 131, L 622.

[32] B 425, L 148.

[33] B 398, L 116.

[34] B 434, L 131.

[35] B 443, L 613.

[36] B 430, L 149.

[37] H.U. VON BALTHASAR , op. cit., p. 186.

[38] Pensées, B 430, L 149.

[39] Pensées (Mémorial), L 913.

[40] Catechesis, 3 June 2020.

[41] Pensées (Mémorial), L 913.

[42] L 913.

[43] Encyclical Letter Fides et Ratio (14 September 1998), 76: AAS 91 (1999), 64.

[44] H. GOUHIER, Blaise Pascal. Commentaires, Paris, 1971, 44-45.

[45] Pensées, B 547, L 189.

[46] Ibid.

[47] Apostolic Exhortation Evangelii Gaudium, 8.

[48] Cf. Pensées, B 283, L 298.

[49] B 435, L 208.

[50] B 585, L 242.

[51] Pensées (Le Mystère de Jésus), B 553, L 919.

[52] Catechesis, 21 November 2012.

[53]  Ibid.

[54] PASCAL, Entretien avec M. de Sacy, op. cit., p. 87.

[55] Pensées, B 273, L 173.

[56] B 283, L 298.

[57] Homily for the Solemnity of Our Lord Jesus Christ, King of the Universe, 20 November 2022.

[58] SECOND VATICAN ECUMENICAL COUNCIL, Declaration Dignitatis Humanae, 11.

[59] Pensées, B 430, L 149.

[60] B 248, L 7.

[61] B 284, L 380.

[62] B 793, L 308.

[63] B 793, L 308.

[64] B 1, L 512.

[65] B 282, L 110.

[66] Ibid.

[67] B 194, L 427.

[68] Catechesis, 9 February 2022.

[69] J.-L. MARION, La Métaphysique et après, Paris, 2023, 356.

[70] Dix-septième lettre provinciale, in Œuvres complètes, par M. Le Guern, II, Paris, 2000, 781.

[71] Cf. B. NEVEU, L’erreur et son juge: remarques sur les censures doctrinales à l’époque moderne, Naples, 1993.

[72] Cf. CONGREGATION FOR THE DOCTRINE OF THE FAITH, Letter Placuit Deo (22 February 2018); Apostolic Exhortation Gaudete et Exsultate, 57-59.

[73] Apostolic Exhortation Gaudete et Exsultatee, 59.

[74] Apostolic Letter Desiderio Desideravi, 20.

[75] Cf. Pensées (Le Mystère de Jésus), B 550, L 931. The initial words – “I love all men as my brothers, because all are redeemed” – are crossed out in the Lafuma edition.

[76] B 482, L 360.

[77] Apostolic Exhortation Evangelii Gaudium, 237.

[78] G. PERIER , op. cit., pp. 92-93.

[79] ID., op. cit., p. 93.

[80] ID. op. cit., p. 90.

[81] ID., op. cit., p. 94.

[82] Pensées (Mémorial), L 913.

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SOURCE : https://www.vatican.va/content/francesco/en/apost_letters/documents/20230619-sublimitas-et-miseria-hominis.html

LETTERA APOSTOLICA
SUBLIMITAS ET MISERIA HOMINIS
DEL SANTO PADRE
FRANCESCO
NEL QUARTO CENTENARIO DELLA NASCITA
DI BLAISE PASCAL

Grandezza e miseria dell’uomo formano il paradosso che sta al centro della riflessione e del messaggio di Blaise Pascal, nato quattro secoli fa, il 19 giugno 1623, a Clermont, nella Francia centrale. Fin da bambino e per tutta la vita egli ha cercato la verità. Con la ragione ne ha rintracciato i segni, specialmente nei campi della matematica, della geometria, della fisica e della filosofia. Ha fatto precocemente scoperte straordinarie, tanto da raggiungere una fama notevole. Ma non si è fermato lì. In un secolo di grandi progressi in tanti campi della scienza, accompagnati da un crescente spirito di scetticismo filosofico e religioso, Blaise Pascal si è mostrato un infaticabile ricercatore del vero, che come tale rimane sempre “inquieto”, attratto da nuovi e ulteriori orizzonti.

Proprio questa ragione così acuta e al tempo stesso così aperta, in lui non metteva mai a tacere la domanda antica e sempre nuova che risuona nell’animo umano: «Che cosa è mai l’uomo perché di lui ti ricordi, il figlio dell’uomo, perché te ne curi?» ( Sal 8,5). Questa domanda è impressa nel cuore di ogni essere umano, di ogni tempo e luogo, di ogni civiltà e lingua, di ogni religione. «Che cos’è un uomo nella natura? – si chiede Pascal – Un nulla rispetto all’infinito, un tutto rispetto al nulla». [1] E al tempo stesso l’interrogativo è incastonato lì, in quel Salmo, nel vivo di quella storia d’amore tra Dio e il suo popolo, storia compiuta nella carne del “Figlio dell’uomo” Gesù Cristo, che il Padre ha donato fino all’abbandono per coronarlo di gloria e di onore al di sopra di ogni creatura (cfr v. 6). A tale interrogativo, posto in un linguaggio così diverso da quello matematico e geometrico, Pascal non si è mai chiuso.

Alla base di questo mi pare di poter riconoscere in lui un atteggiamento di fondo, che definirei “stupita apertura alla realtà”. Apertura alle altre dimensioni del sapere e dell’esistenza, apertura agli altri, apertura alla società. Ad esempio, egli fu all’origine, nel 1661, a Parigi, della prima rete di trasporti pubblici della storia, le cosiddette “Carrozze a cinque sols”. Se faccio tale sottolineatura all’inizio di questa lettera, è per insistere sul fatto che né la sua conversione a Cristo, a partire specialmente dalla “Notte di fuoco” del 23 novembre 1654, né il suo straordinario sforzo intellettuale di difesa della fede cristiana hanno fatto di lui una persona isolata dal suo tempo. Era attento ai problemi allora più sentiti, come pure ai bisogni materiali di tutte le componenti della società in cui viveva.

Apertura alla realtà ha significato per lui non chiudersi agli altri nemmeno nell’ora dell’ultima malattia. Di quel periodo, quando aveva trentanove anni, si riportano queste parole, che esprimono il passo conclusivo del suo cammino evangelico: «Se i medici dicono il vero, e Dio permette che mi rialzi da questa malattia, sono deciso a non avere alcun altro impiego né altra  occupazione per tutto il resto della mia vita che il servizio ai poveri». [2] È commovente constatare che, negli ultimi giorni della sua vita, un pensatore così geniale come Blaise Pascal non vedesse altra urgenza al di sopra di quella di mettere le sue energie nelle opere di misericordia: «L’unico oggetto della Scrittura è la carità». [3]

Mi rallegro dunque del fatto che la provvidenza, in questo quarto centenario della sua nascita, mi offra l’occasione di rendergli omaggio e di evidenziare ciò che, nel suo pensiero e nella sua vita, mi sembra adatto a stimolare i cristiani del nostro tempo e tutti gli uomini e le donne di buona volontà nella ricerca della vera felicità: «Tutti gli uomini cercano di essere felici. Non ci sono eccezioni, per quanto diversi possano essere i mezzi impiegati. Tutti mirano a questo fine». [4] Quattro secoli dopo la sua nascita, Pascal rimane per noi il compagno di strada che accompagna la nostra ricerca della vera felicità e, secondo il dono della fede, il nostro riconoscimento umile e gioioso del Signore morto e risorto.

Un innamorato di Cristo che parla a tutti

Se Blaise Pascal può toccare tutti, è soprattutto perché ha parlato mirabilmente della condizione umana. Sarebbe tuttavia sbagliato non vedere in lui che uno specialista, per quanto geniale, dei costumi umani. Il monumento che formano i suoi Pensieri, di cui alcune formule isolate sono rimaste celebri, non si può comprendere realmente se si ignora che Gesù Cristo e la Sacra Scrittura ne costituiscono al contempo il centro e la chiave. Se infatti Pascal ha iniziato a parlare dell’uomo e di Dio, è perché era arrivato alla certezza che «non solo non conosciamo Dio se non tramite Gesù Cristo, ma non conosciamo noi stessi se non tramite Gesù Cristo. Non conosciamo la vita, la morte, se non tramite Gesù Cristo. Fuori di Gesù Cristo non sappiamo cos’è né la nostra vita, né la nostra morte, né Dio né noi stessi. Così senza la Scrittura, che ha per unico oggetto Gesù Cristo, non conosciamo nulla e vediamo solo oscurità». [5] Perché possa essere capita da tutti, senza venir considerata come una pura affermazione dottrinale inaccessibile a quanti non condividono la fede della Chiesa, né come una svalutazione delle legittime competenze dell’intelligenza naturale, un’affermazione così estrema merita di essere chiarita.

Fede, amore e libertà

Come cristiani dobbiamo tenerci lontani dalla tentazione di brandire la nostra fede come una certezza incontestabile che si imporrebbe a tutti. Pascal aveva certamente la preoccupazione di far conoscere a tutti che «Dio e il vero sono inseparabili». [6] Ma sapeva che l’atto di credere è possibile per la grazia di Dio, ricevuta in un cuore libero. Lui, che per la fede aveva fatto l’incontro personale con il «Dio di Abramo, Dio di Isacco, Dio di Giacobbe, non dei filosofi e dei sapienti», [7] aveva riconosciuto in Gesù Cristo «la via, la verità e la vita» ( Gv 14,6). Perciò propongo a tutti coloro che vogliono continuare a ricercare la verità – impresa che in questa vita non ha mai fine – di mettersi in ascolto di Blaise Pascal, un uomo dall’intelligenza prodigiosa che ha voluto ricordare che al di fuori della prospettiva dell’amore non c’è verità che valga: «Ci si fa un idolo persino della verità stessa, perché la verità fuori della carità non è Dio, ma è la sua immagine e un idolo che non bisogna amare, né adorare». [8]

Pascal ci premunisce così contro le false dottrine, le superstizioni o il libertinaggio, che tengono tanti di noi lontani dalla pace e dalla gioia durature di Colui che vuole che scegliamo «la vita e il bene» e non «la morte e il male» ( Dt 30,15). Ma il dramma della nostra vita è che talvolta vediamo male e, di conseguenza, scegliamo male. In realtà, noi possiamo assaporare la felicità del Vangelo solo «se lo Spirito Santo ci pervade con tutta la sua potenza e ci libera dalla debolezza dell’egoismo, della pigrizia, dell’orgoglio». [9] Inoltre, «senza la sapienza del discernimento possiamo trasformarci facilmente in burattini alla mercé delle tendenze del momento». [10] Per questo l’intelligenza e la fede viva di Pascal, che ha voluto mostrare che la religione cristiana è «venerabile perché ha conosciuto bene l’uomo», e «amabile perché promette il vero bene», [11] possono aiutarci ad avanzare attraverso le oscurità e le disgrazie di questo mondo.

Una mente scientifica eccezionale

Quando sua madre muore, nel 1626, Blaise Pascal ha tre anni. Étienne, suo padre, giurista di fama, è rinomato anche per le sue notevoli doti scientifiche, in particolare nella matematica e nella geometria. Deciso a curare da solo l’educazione dei suoi tre figli Jacqueline, Blaise et Gilberte, si stabilisce a Parigi nel 1632. Ben presto, Blaise dà prova di una mente eccezionale e di una spiccata esigenza di ricercare il vero, così come riferisce la sorella Gilberte: «Fin dall’infanzia, non poteva arrendersi se non a ciò che gli apparisse manifestamente vero; così che, quando non gli si davano buone ragioni, ne ricercava lui stesso». [12] Un giorno, il padre sorprese il figlio in ricerche di geometria e si accorse subito che, senza sapere che quei teoremi esistevano nei libri sotto altri nomi, Blaise, dodicenne, aveva dimostrato completamente da solo, disegnando delle figure per terra, le trentadue prime proposizioni di Euclide. [13] Gilberte si ricorda a tale proposito che il padre fu «spaventato dalla grandezza e dalla potenza di quell’ingegno». [14]

Negli anni che seguirono, Blaise Pascal metterà a frutto il suo immenso talento consacrandovi la sua forza di lavoro. A partire dai diciassette anni frequenta i maggiori dotti del suo tempo. Presto si succedono le scoperte e le pubblicazioni. Nel 1642, a diciannove anni, inventa una macchina di aritmetica, antenata delle nostre calcolatrici. Blaise Pascal ha questo di estremamente stimolante per noi, che ci richiama la grandezza della ragione umana, e ci invita a servircene per decifrare il mondo che ci circonda. L’ esprit de géométrie, che è tale attitudine a comprendere in dettaglio il funzionamento delle cose, gli sarà utile per tutta la vita, come osserva l’eminente teologo Hans Urs von Balthasar: «[Egli] si rende capace inoltre, dalla precisione propria dei piani della geometria e delle scienze della natura, di raggiungere la precisione tutta diversa che è propria del piano dell’esistenza in genere e della sfera cristiana». [15] Questo esercizio fiducioso della ragione naturale, che lo rende solidale con tutti i fratelli umani in cerca di verità, gli permetterà di riconoscere i limiti dell’intelligenza stessa e, nel contempo, di aprirsi alle ragioni soprannaturali della Rivelazione, secondo una logica del paradosso che costituisce il suo marchio filosofico e il fascino letterario dei suoi Pensieri: «Alla Chiesa fu altrettanto difficile mostrare, contro chi lo negava, che Gesù Cristo era uomo, quanto mostrare che era Dio. E le apparenze erano altrettanto grandi». [16]

I filosofi

Molti scritti di Pascal rientrano in larga parte nel discorso filosofico. In particolare i Pensieri, quell’insieme di frammenti pubblicati postumi che sono le note o le bozze di un filosofo animato da un progetto teologico, di cui i ricercatori si sforzano di ricostruire, non senza variazioni, la coerenza e l’ordine originari. L’amore appassionato per Cristo e il servizio ai poveri, che ho menzionato all’inizio, non sono stati tanto il segno di una frattura nello spirito di questo discepolo coraggioso, quanto quello di un approfondimento verso la radicalità evangelica, di un avanzare verso la vivente verità del Signore, con l’aiuto della grazia. Lui, che aveva la certezza soprannaturale della fede e che la vedeva tanto conforme alla ragione, benché oltrepassandola infinitamente, ha voluto spingere il più avanti possibile la discussione con quanti non condividevano la sua fede, poiché a «quanti non la posseggono, non possiamo darla se non mediante il ragionamento, in attesa che Dio la doni loro mediante il sentimento del cuore». [17] Evangelizzazione piena di rispetto e di pazienza, che la nostra generazione avrà interesse ad imitare.

Occorre dunque, per comprendere bene il discorso di Pascal sul cristianesimo, essere attenti alla sua filosofia. Egli ammirava la sapienza degli antichi filosofi greci, capaci di semplicità e di tranquillità nella loro arte di ben vivere, come membri di una polis: «Ci si immagina Platone e Aristotele con grandi paludamenti da pedanti. Erano gentiluomini ed erano come gli altri, pronti a ridere con i loro amici. E quando si sono divertiti a scrivere le loro Leggi e la loro Politica, l’hanno fatto per diletto. Era la parte meno filosofica e meno seria della loro vita, giacché la più filosofica era di vivere semplicemente e tranquillamente». [18] Malgrado la loro grandezza e la loro utilità, Pascal tuttavia riconosce i limiti di questi filosofi: lo stoicismo porta all’orgoglio, [19] lo scetticismo alla disperazione. [20] La ragione umana è senza alcun dubbio una meraviglia della creazione, che distingue l’uomo tra tutte le creature, perché «l’uomo non è che una canna, la più debole della natura, ma è una canna che pensa». [21] Si comprende allora che i limiti dei filosofi saranno semplicemente i limiti della ragione creata. Democrito, infatti, aveva un bel dire: «Parlerò di tutto»; [22] la ragione non può, da sola, risolvere le questioni più alte e più urgenti. Qual è, effettivamente, all’epoca di Pascal come pure ai nostri giorni, il tema che più ci interessa? È quello del senso integrale del nostro destino, della nostra vita, e della nostra speranza, protesa a una felicità che non è proibito di concepire eterna, ma che solo Dio è autorizzato a donare: «Nulla è tanto importante per l’uomo quanto il suo stato. Nulla è tanto temibile per lui quanto l’eternità». [23]

Meditando i Pensieri di Pascal, si ritrova, in qualche modo, questo principio fondamentale: «la realtà è superiore all’idea», perché Pascal ci insegna a tenerci lontano da «diverse forme di occultamento della realtà», dai «purismi angelicati» agli «intellettualismi senza saggezza». [24] Niente è più pericoloso di un pensiero disincarnato: «Chi vuole fare l’angelo fa la bestia». [25] E le ideologie mortifere di cui continuiamo a soffrire in ambito economico, sociale, antropologico e morale tengono quanti le seguono dentro bolle di credenza dove l’idea si è sostituita alla realtà.

La condizione umana

La filosofia di Pascal, tutta in paradossi, procede da uno sguardo tanto umile quanto lucido, che cerca di raggiungere «la realtà illuminata dal ragionamento». [26] Egli parte dalla constatazione che l’uomo è come un estraneo a sé stesso, grande e miserabile. Grande per la sua ragione, per la sua capacità di dominare le sue passioni, grande anche «in quanto si riconosce miserabile». [27] In particolare, aspira ad altro che ad appagare i propri istinti o a resistervi, «infatti, ciò che è natura negli animali, noi la chiamiamo miseria nell’uomo». [28] Esiste una sproporzione insopportabile tra, da una parte, la nostra volontà infinita di essere felici e di conoscere la verità e, dall’altra, la nostra ragione limitata e la nostra debolezza fisica, che conduce alla morte. Perché la forza di Pascal è anche nel suo implacabile realismo: «Non occorre un’anima molto elevata per capire che in questo mondo non esistono soddisfazioni autentiche e stabili, che tutti i nostri piaceri non sono altro che vanità e i nostri mali sono infiniti, e che infine la morte, che ci minaccia ad ogni istante, deve immancabilmente metterci entro pochi anni nell’orribile necessità di essere eternamente o annientati o infelici. Nulla è più reale né più terribile di questo. Facciamo pure gli spavaldi quanto vogliamo: ecco la fine che attende la vita più bella del mondo». [29] In questa condizione tragica, si comprende che l’uomo non possa rimanere in sé stesso, poiché la sua miseria e l’incertezza del suo destino gli risultano insopportabili. Ha bisogno quindi di distrarsi, ciò che Pascal riconosce di buon grado: «Da qui deriva che gli uomini amano tanto il clamore e il movimento». [30] Se infatti l’uomo non si distrae dalla propria condizione – e tutti sappiamo tanto bene distrarci con il lavoro, i piaceri o le relazioni familiari o amicali, ma ahimè anche con i vizi a cui ci portano certe passioni – la sua umanità sperimenta «il suo nulla, il suo abbandono, la sua insufficienza, la sua dipendenza, la sua impotenza, il suo vuoto. [Ed escono] dal fondo della sua anima […] la noia, l’umor nero, la tristezza, il dispiacere, la stizza, la disperazione». [31] E tuttavia il divertimento non placa, né colma, il nostro grande desiderio di vita e di felicità. Questo, tutti noi lo sappiamo bene.

È allora che Pascal pone la sua grande ipotesi: «Cosa dunque ci gridano quest’avidità e quest’impotenza, se non che un tempo ci fu nell’uomo un’autentica felicità di cui ora gli restano soltanto il segno e l’orma del tutto vuota, che egli tenta invano di riempire con tutto ciò che lo circonda, chiedendo alle cose assenti l’aiuto che non ottiene dalle presenti? Ma invano, perché quest’abisso infinito non può essere colmato se non da un oggetto infinito e immutabile, ossia da Dio stesso». [32] Se l’uomo è come «un re spodestato», [33] che tende solo a ritrovare la grandezza perduta e che tuttavia se ne vede incapace, chi è dunque? «Quale chimera è dunque l’uomo? Quale stramberia, quale mostruosità, quale caos, quale soggetto di contraddizioni, quale prodigio? Giudice di tutte le cose, debole verme della terra, depositario del vero, cloaca di incertezza e di errore, gloria e rifiuto dell’universo. Chi sbroglierà questo groviglio?». [34] Pascal, come filosofo, vede bene che «quanto più si hanno lumi, tanto più si scopre grandezza e bassezza nell’uomo», [35] ma che questi opposti sono inconciliabili. Perché la ragione umana non può armonizzarli, né risolvere l’enigma.

Per questo Pascal rileva che, se c’è un Dio e se l’uomo ha ricevuto una rivelazione divina – come diverse religioni affermano – e se tale rivelazione è veritiera, là deve trovarsi la risposta che l’uomo attende per risolvere le contraddizioni che lo tormentano: «Le grandezze e le miserie dell’uomo sono così palesi che necessariamente occorre che la vera religione ci insegni che c’è nell’uomo qualche grande principio di grandezza, e che c’è un grande principio di miseria. Inoltre, occorre che essa ci spieghi questi stupefacenti contrasti». [36] Ora, avendo studiato le grandi religioni, Pascal conclude che «nessun pensare e nessun fare ascetico-mistico può offrire una via di salvezza», se non a partire dal «superiore criterio di verità della irradiazione della grazia nell’anima». [37]«Invano, o uomini – scrive Pascal immaginando ciò che il vero Dio potrebbe dirci – cercate in voi stessi il rimedio alle vostre miserie. Tutti i vostri lumi possono giungere al massimo a capire che non troverete in voi né la verità né il bene. I filosofi ve l’hanno promesso e non vi sono riusciti. Essi non sanno né quale sia il vostro vero bene, né quale sia la vostra vera condizione». [38]

Arrivato a questo punto, Pascal, che ha scrutato con la singolare forza della sua intelligenza la condizione umana, la Sacra Scrittura e la tradizione della Chiesa, intende proporsi con la semplicità dello spirito d’infanzia quale umile testimone del Vangelo. È quel cristiano che vuole parlare di Gesù Cristo a quanti concludono un po’ in fretta che non ci sono ragioni consistenti per credere alle verità del cristianesimo. Pascal, al contrario, sa per esperienza che ciò che si trova nella Rivelazione non solo non si oppone alle richieste della ragione, ma apporta la risposta inaudita alla quale nessuna filosofia avrebbe potuto giungere da sé stessa.

Conversione: la visita del Signore

Il 23 novembre 1654, Pascal ha vissuto un’esperienza fortissima, di cui si parla fino ad oggi come della sua “Notte di fuoco”. Questa esperienza mistica, che gli fece versare lacrime di gioia, è stata così intensa e così determinante per lui che l’ha registrata su un pezzo di carta datato con precisione, il “Memoriale”, che egli aveva infilato nella fodera del suo mantello e che è stato scoperto solo dopo la sua morte. Se è impossibile sapere esattamente quale sia la natura di ciò che accadde nell’anima di Pascal quella notte, sembra trattarsi di un incontro di cui egli stesso ha riconosciuto l’analogia con quello, fondamentale in tutta la storia della rivelazione e della salvezza, vissuto da Mosè davanti al roveto ardente (cfr Es 3). Il termine «fuoco», [39] che Pascal ha voluto collocare in testa al “Memoriale”, ci invita, con le debite proporzioni, a proporre tale accostamento. Il parallelismo sembra indicato da Pascal stesso che, immediatamente dopo l’evocazione del fuoco, ha ripreso il titolo che il Signore si era dato davanti a Mosè: «Dio di Abramo, Dio di Isacco, Dio di Giacobbe» ( Es 3,6.15), aggiungendo: «non dei filosofi e dei sapienti. Certezza, certezza, sensazione, gioia, pace. Dio di Gesù Cristo».

Sì, il nostro Dio è gioia, e Blaise Pascal lo testimonia a tutta la Chiesa come pure a tutti i cercatori di Dio: «Non è il Dio astratto o il Dio cosmico, no. È il Dio di una persona, di una chiamata, il Dio di Abramo, di Isacco, di Giacobbe, il Dio che è certezza, che è sentimento, che è gioia». [40] Quell’incontro, che ha confermato a Pascal la «grandezza dell’anima umana», l’ha colmato di questa gioia viva e inesauribile: «Gioia, gioia, gioia, lacrime di gioia». E questa gioia divina diventa per Pascal il luogo della confessione e della preghiera: «Gesù Cristo. Mi sono separato da lui, l’ho fuggito, rinnegato, crocifisso. Che io non sia mai separato da lui!». [41] È l’esperienza dell’amore di quel Dio personale, Gesù Cristo, il quale ha preso parte alla nostra storia e incessantemente prende parte alla nostra vita, a trascinare Pascal sulla via della conversione profonda e quindi della «rinuncia totale e dolce» [42], perché vissuta nella carità, all’«uomo vecchio che si corrompe seguendo le passioni ingannevoli» ( Ef 4,22).

Come ricordava San Giovanni Paolo II nella sua Enciclica sui rapporti tra fede e ragione, filosofi come Pascal si distinguono per il rifiuto di ogni presunzione e per la loro scelta di un atteggiamento fatto tanto di umiltà quanto di coraggio. Hanno sperimentato che la fede «libera la ragione dalla presunzione». [43] Prima della notte del 23 novembre 1654, questo è chiaro, Pascal «non ha alcun dubbio sull’esistenza di Dio. Sa anche che questo Dio è il sommo bene. […] Ciò che gli manca, e che attende, non è un sapere ma un potere, non una verità ma una forza». [44] Ora questa forza gli viene donata per grazia: egli si sente attratto, con certezza e con gioia, da Gesù Cristo: «Conosciamo Dio solo per mezzo di Gesù Cristo. Senza questo mediatore è esclusa ogni comunicazione con Dio». [45] Scoprire Gesù Cristo è scoprire il Salvatore e Liberatore di cui ho bisogno: «Quel Dio non è altro che il riparatore della nostra miseria. Perciò non possiamo conoscere bene Dio senza conoscere le nostre iniquità». [46] Come ogni autentica conversione, la conversione di Blaise Pascal avviene nell’umiltà, che ci libera «dalla nostra coscienza isolata e dall’autoreferenzialità». [47]

L’intelligenza immensa e inquieta di Blaise Pascal, colmata di pace e di gioia davanti alla rivelazione di Gesù Cristo, ci invita, secondo “l’ordine del cuore”, [48] a camminare con sicurezza rischiarati da «questi lumi celesti». [49] Infatti, se il nostro Dio è un “Dio nascosto” (cfr Is 45,15), è perché Lui «volle nascondersi», [50] così che la nostra ragione, illuminata dalla grazia, non avrà mai finito di scoprirlo. È dunque per l’illuminazione della grazia che lo si può conoscere. Ma la libertà dell’uomo deve aprirsi; e ancora Gesù ci consola: «Tu non mi cercheresti se non mi avessi trovato». [51]

L’ordine del cuore e le sue ragioni di credere

Secondo le parole di Benedetto XVI, «la tradizione cattolica sin dall’inizio ha rigettato il cosiddetto fideismo, che è la volontà di credere contro la ragione». [52] In questa linea Pascal è profondamente attaccato alla «ragionevolezza della fede in Dio», [53] non solo perché «la mente non può essere costretta a credere ciò che sa essere falso», [54] ma perché «se si urtano i principi della ragione, la nostra religione sarà assurda e ridicola». [55] Ma, se la fede è ragionevole, è anche un dono di Dio e non potrebbe imporsi: «Non si dimostra che si deve essere amati esponendo con ordine le cause dell’amore. Sarebbe ridicolo», [56] osserva Pascal con la finezza del suo umorismo, tracciando un parallelo tra l’amore umano e la maniera in cui Dio si manifesta a noi. Niente più che l’amore, «che si propone ma non s’impone - l’amore di Dio non si impone mai». [57] Gesù ha reso testimonianza alla verità (cfr Gv 18,37) ma «non volle imporla con la forza a coloro che la respingevano». [58] Per questo «c’è abbastanza luce per chi desidera solo vedere, e abbastanza oscurità per chi ha una disposizione opposta». [59]

Giunge quindi ad affermare che «la fede è diversa dalla prova. L’una è umana, l’altra è un dono di Dio». [60] Perciò, è impossibile credere «se Dio non inclina il cuore». [61] Se la fede è di un ordine superiore alla ragione, ciò non significa affatto che vi si opponga, ma che la supera infinitamente. Leggere l’opera di Pascal non è dunque anzitutto scoprire la ragione che illumina la fede; è mettersi alla scuola di un cristiano di razionalità eccezionale, che ha saputo tanto meglio rendere conto di un ordine stabilito dal dono di Dio al di sopra della ragione: «La distanza infinita tra i corpi e le menti raffigura la distanza infinitamente più infinita tra le menti e la carità, poiché questa è soprannaturale». [62] Scienziato esperto di geometria, vale a dire della scienza dei corpi posti nello spazio, e geometra esperto di filosofia, vale a dire della scienza delle menti poste nella storia, Blaise Pascal illuminato dalla grazia della fede poteva così trascrivere la totalità della sua esperienza: «Da tutti i corpi insieme non si saprebbe far uscire un piccolo pensiero: è impossibile, appartiene a un altro ordine. Da tutti i corpi e da tutte le menti non si può trarre un moto di vera carità: è impossibile, appartiene a un altro ordine, soprannaturale». [63]

Né l’intelligenza geometrica né il ragionamento filosofico permettono all’uomo di giungere da solo a «una vista molto nitida» sul mondo e su sé stessi. Chi è riverso sui dettagli dei suoi calcoli non beneficia della visione d’insieme che permette di “scorgere tutti i principi”. Questo appartiene all’«intelligenza intuitiva», di cui Pascal vanta ugualmente i meriti, poiché quando si cerca di cogliere la realtà, «bisogna vedere la cosa all’istante, con un solo colpo d’occhio». [64] Questa intelligenza intuitiva è connessa con ciò che Pascal chiama il “cuore”: «Conosciamo la realtà non solo con la ragione, ma anche con il cuore. È in quest’ultimo modo che conosciamo i primi principi, e invano il ragionamento, che non vi partecipa affatto, cerca di metterli in dubbio». [65] Ora, le verità divine, come il fatto che il Dio che ci ha fatti è amore, che è Padre, Figlio e Spirito Santo, che si è incarnato in Gesù Cristo, morto e risorto per la nostra salvezza, non sono dimostrabili con la ragione, ma possono essere conosciute con la certezza della fede, e passano poi dal cuore spirituale alla mente razionale, che le riconosce come vere e può a sua volta esporle: «Ecco perché coloro cui Dio ha dato la religione mediante il sentimento del cuore sono ben fortunati e ben legittimamente convinti». [66]

Pascal non si è mai rassegnato al fatto che alcuni suoi fratelli in umanità non solo non conoscono Gesù Cristo, ma disdegnano per pigrizia, o a causa delle loro passioni, di prendere sul serio il Vangelo. Infatti è in Gesù Cristo che si gioca la loro vita. «L’immortalità dell’anima è una cosa che ci preme a tal punto, ci tocca così profondamente, che bisogna essere del tutto insensati per non essere interessati a conoscere come stanno le cose. […] Ragion per cui, nell’ambito di coloro che non ne sono convinti, io pongo un’estrema differenza tra quanti si impegnano con tutte le loro forze per istruirsi, e quanti vivono senza darsene pena né pensiero». [67] Noi stessi sappiamo bene che spesso cerchiamo di fuggire la morte, o di dominarla, pensando di poter «allontanare il pensiero della nostra finitudine» o «togliere alla morte il suo potere e scacciare il timore. Ma la fede cristiana non è un modo per esorcizzare la paura della morte, piuttosto ci aiuta ad affrontarla. Prima o poi, tutti andremo per quella porta. La vera luce che illumina il mistero della morte viene dalla risurrezione di Cristo». [68] Solo la grazia di Dio permette al cuore dell’uomo di accedere all’ordine della conoscenza divina, alla carità. Questo ha fatto scrivere a un importante commentatore contemporaneo di Pascal che «il pensiero non arriva a pensare cristianamente se non accede a ciò che Gesù Cristo mette in atto, la carità». [69]

Pascal, la controversia e la carità

Prima di concludere, è necessario evocare i rapporti di Pascal con il Giansenismo. Una delle sue sorelle, Jacqueline, era entrata nella vita religiosa a Port-Royal, in una congregazione la cui teologia era molto influenzata da Cornelius Jansen, il quale aveva composto un trattato, l’ Augustinus, pubblicato nel 1640. Dopo la sua “Notte di fuoco”, Pascal si era recato a fare un ritiro all’abbazia di Port-Royal, nel gennaio 1655. Ora, nei mesi seguenti, una controversia importante e già antica, che opponeva i Gesuiti ai “Giansenisti”, legati all’ Augustinus, si risvegliò alla Sorbona, l’università di Parigi. La disputa verteva principalmente sulla questione della grazia di Dio e sui rapporti tra la grazia e la natura umana, in particolare il suo libero arbitrio. Pascal, benché non appartenesse alla congregazione di Port-Royal, e benché non fosse un uomo di parte – «sono solo, egli scrive, […] non sono affatto di Port-Royal» [70] – fu incaricato dai Giansenisti di difenderli, soprattutto perché la sua arte retorica era potente. Lo fece nel 1656 e nel 1657, pubblicando una serie di diciotto lettere, denominate Provinciali.

Se molte proposizioni dette “gianseniste” erano effettivamente contrarie alla fede, [71] ciò che Pascal riconosceva, egli contestava che esse fossero presenti nell’ Augustinus e seguite dai membri di Port-Royal. Alcune delle sue stesse affermazioni, però, concernenti ad esempio la predestinazione, tratte dalla teologia dell’ultimo Sant’Agostino, le cui formule erano state già affilate da Giansenio, non suonano giuste. Bisogna tuttavia comprendere che, come Sant’Agostino aveva voluto combattere nel V secolo i Pelagiani, i quali sostenevano che l’uomo può con le proprie forze e senza la grazia di Dio fare il bene ed essere salvato, Pascal ha creduto sinceramente di opporsi al pelagianesimo o al semi-pelagianesimo che riteneva di identificare nelle dottrine seguite dai Gesuiti molinisti (dal nome del teologo Luis de Molina, morto nel 1600 ma il cui influsso era ancora vivo a metà del XVII secolo). Facciamogli credito sulla franchezza e la sincerità delle sue intenzioni.

Questa lettera non è certo il luogo per riaprire la questione. Tuttavia, ciò che vi è di giusta messa in guardia nelle posizioni di Pascal vale ancora per il nostro tempo: il «neo-pelagianesimo», [72] che vorrebbe far dipendere tutto «dallo sforzo umano incanalato attraverso norme e strutture ecclesiali», [73] si riconosce dal fatto che «ci intossica con la presunzione di una salvezza guadagnata con le nostre forze». [74] E occorre ora affermare che l’ultima posizione di Pascal quanto alla grazia, e in particolare al fatto che Dio «vuole che tutti gli uomini siano salvati e giungano alla conoscenza della verità» ( 1 Tm 2,4), si enunciava in termini perfettamente cattolici alla fine della sua vita. [75]

Come dicevo in apertura, Blaise Pascal, al termine della sua vita breve ma di una ricchezza e fecondità straordinarie, aveva messo l’amore dei fratelli al primo posto. Egli si sentiva e si sapeva membro di un unico corpo, perché «Dio, dopo aver creato il cielo e la terra, che non sentono affatto la felicità del loro essere, volle creare degli esseri capaci di conoscerlo e di costituire un corpo di membra pensanti». [76] Pascal, nella sua posizione di fedele laico, ha gustato la gioia del Vangelo, con cui lo Spirito vuole fecondare e guarire «tutte le dimensioni dell’uomo» e riunire «tutti gli uomini alla mensa del Regno». [77] Quando compone la sua magnifica Preghiera per domandare a Dio il buon uso delle malattie, nel 1659, Pascal è un uomo pacificato, che non si pone più nella controversia, e neppure nell’apologetica. Essendo molto malato e sul punto di morire, chiede di comunicarsi, ma questo non avviene immediatamente. Allora domanda alla sorella: «Non potendo comunicare nel capo [Gesù Cristo], vorrei comunicare nelle membra». [78] E «aveva un gran desiderio di morire in compagnia dei poveri». [79] «Muore nella semplicità di un bambino», [80] si dice di lui poco prima del suo ultimo respiro, il 19 agosto 1662. Dopo aver ricevuto i Sacramenti, le sue ultime parole furono: «Che Dio non mi abbandoni mai». [81]

Possano la sua opera luminosa e gli esempi della sua vita, così profondamente battezzata in Gesù Cristo, aiutarci a percorrere sino alla fine il cammino della verità, della conversione e della carità. Perché la vita di un uomo è tanto breve: «Eternamente nella gioia per un giorno di prova sulla terra». [82]

Roma, San Giovanni in Laterano, 19 giugno 2023

FRANCESCO

[1] Pensieri, n. 230.Per l’edizione italiana degli scritti di Pascal si fa riferimento a Opere complete, a cura di Maria Vita Romeo, Firenze-Milano 2020.

[2] G. Périer, Vie de M. Pascal, in Œuvres complètes, par M. Le Guern, I, Paris 1998, « Bibliothèque de la Pléiade » (34), 91.

[3] B. Pascal, Pensieri, n. 301.

[4] Ibid., n. 181.

[5] Ibid., n. 36.

[6] Id., Colloquio di Pascal con il Signor de Saci su Epitteto e Montaigne, 28: Opere complete, cit., 1539.

[7] Pensieri, n. 757 [il Memoriale].

[8] Ibid., n. 767.

[9] Esort. ap. Gaudete et exsultate, 65.

[10] Ibid., 167.

[11] Pensieri, n. 46.

[12] G. Périer, op. cit., 64.

[13] Cfr ibid., 65.

[14] Ibid.

[15] “Pascal”, in Gloria. Un’estetica teologica. III. Stili laicali, Milano 1976, 169.

[16] Pensieri, n. 338.

[17] Ibid., n. 142.

[18] Ibid., n. 457.

[19] Cfr Colloquio di Pascal con il Signor de Saci su Epitteto e Montaigne, [57]: Opere complete, cit., 1551.

[20] Cfr Pensieri, n. 240.

[21] Ibid., n. 231.

[22] Ibid., n. 230.

[23] Ibid., n. 682.

[24] Esort. ap. Evangelii gaudium, 231.

[25] Pensieri, n. 558.

[26] Esort. ap. Evangelii gaudium, 232.

[27] Pensieri, n. 146.

[28] Ibid., n. 149.

[29] Ibid., n. 682.

[30] Ibid., n. 168.

[31] Ibid., n. 515.

[32] Ibid., n. 181.

[33] Ibid., n. 148.

[34] Ibid., n. 164.

[35] Ibid., n. 506.

[36] Ibid., n. 182.

[37] H.U. von Balthasar, “Pascal”, in Gloria. Un’estetica teologica, III, Stili laicali, Milano 1976, 172.

[38] Pensieri, n. 182.

[39] Ibid., n. 757.

[40] Catechesi, 3 giugno 2020.

[41] Pensieri, n. 757 [il Memoriale].

[42] Ibid.

[43] Fides et ratio (14 settembre 1998), 76: AAS 91 (1999), 64.

[44] H. Gouhier, Blaise Pascal. Commentaires, Paris 1971, 44-45.

[45] Pensieri, n. 221.

[46] Ibid.

[47] Esort. ap. Evangelii gaudium, 8.

[48] Pensieri, n. 329.

[49] Ibid., n. 240.

[50] Ibid., n. 275.

[51] Ibid., n. 762.

[52] Catechesi, 21 novembre 2012.

[53] Ibid.

[54] Colloquio di Pascal con il Signor de Saci su Epitteto e Montaigne, [12]: Opere complete, cit., 1535.

[55] Pensieri, n. 204.

[56] Ibid., n. 329.

[57] Omelia nella Solennità di Cristo Re dell’universo, 20 novembre 2022.

[58] Conc. Ecum. Vat. II, Dich. Dignitatis humanae, 11.

[59] Pensieri, n. 182.

[60] Ibid., n. 41.

[61] Ibid., n. 412.

[62] Ibid., n. 339.

[63] Ibid.

[64] Ibid., n. 671.

[65] Ibid., n. 142.

[66] Ibid.

[67] Ibid., n. 682.

[68] Catechesi, 9 febbraio 2022.

[69] J.-L. Marion, La Métaphysique et après, Paris 2023, 356.

[70] Diciassettesima lettera provinciale: Opere Complete, cit., 1267.

[71] Cfr B. Neveu, L’erreur et son juge : remarques sur les censures doctrinales à l’époque moderne, Naples 1993.

[72] Cfr Congr. per la Dottrina della Fede, Lettera Placuit Deo (22 febbraio 2018); Esort. ap. Gaudete et exsultate, 57-59.

[73] Esort. ap. Gaudete et exsultate, 59.

[74] Lett. ap. Desiderio desideravi, 20.

[75] Cfr B. Pascal, Œuvres complètes, éd par L. Lafuma, Paris 1963, n. 931, p. 623. All’inizio di tale frammento si trova, barrata, questa frase: «Amo tutti gli uomini come miei fratelli, perché sono tutti redenti».

[76] Pensieri, n. 392.

[77] Esort. ap. Evangelii gaudium, 237.

[78] G. Périer, op. cit., 92-93.

[79] Ibid., 93.

[80] Ibid., 90.

[81] Ibid., 94.

[82] B. Pascal,  Œuvres complètes, par L. Lafuma, cit., n. 913.

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