Guido
Reni (1575–1642). Immaculée Conception de la Très
Sainte Vierge Marie , 1627, 268 x 185,4, Metropolitan Museum of Art
Immaculée Conception
Depuis toujours, les
Églises d'Orient fêtaient la pureté originelle de Marie, en une fête de
"la Conception de la sainte Mère de Dieu" ou, plus exactement, la
fête de la conception de Marie dans le sein de sainte
Anne. Les Latins l'adoptèrent progressivement à partir du Xe siècle,
mais saint
Bernard, saint
Bonaventure, comme saint
Thomas d'Aquin se refusaient encore à admettre cette "Immaculée
Conception". Saint
Jean Dun Scot fut le premier à la faire triompher et à y faire se
rallier la Sorbonne de Paris. Les Papes intervinrent maintes fois au cours des
siècles pour imposer silence à cette querelle jusqu'au jour où Pie IX la
définit comme un dogme de foi, en 1854*: "Dès le premier instant de sa
conception, par grâce et privilège uniques du Dieu Tout-Puissant, la
bienheureuse Vierge Marie a été préservée du péché originel". Comme au
premier jour de la Création quand Adam et Eve sortaient des mains du Créateur,
la mère de son Fils était là, minuscule cellule humaine pourvue d'une âme toute
sainte. Elle est ainsi "devenue la gloire de notre nature
pécheresse."
- vidéos sur la webTV de
la CEF: Catéchèse
sur l'Immaculée Conception - Le
dogme de l'Immaculée Conception - L'Immaculée
Conception, c'est quoi ?
*La date du 8 décembre a
été fixée en 1854. Cependant, durant le temps de l'Avent tous les dimanches
ayant la préséance sur les autres jours, en 2019, cette solennité a été
célébrée le 9 décembre.
Solennité de l'Immaculée
Conception de la Vierge Marie. Vraiment comblée de grâce et bénie entre toutes
les femmes, elle fut préservée de toute souillure de la faute originelle dès le
premier instant de sa conception, par un privilège unique de Dieu en prévision
de la naissance et de la mort salvifique du Fils de Dieu. Cette doctrine
transmise par une tradition très ancienne, a été solennellement définie en ce
jour en 1854 par le bienheureux Pie IX.
Martyrologe romain
Il faut comprendre
l'Immaculée-Conception, non pas seulement comme une exemption virginale de la
tache originelle, mais comme une sanctification qui s'opère dès la naissance de
la vie de la Vierge, dans la vision des mérites de Jésus-Christ
Saint Jean Duns Scot
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/235/Immaculee-Conception.html
Immaculée conception :
comment le mystère de l’Église éclaire le mystère de Marie
Fr.
Jean-Thomas de Beauregard, op - publié le 07/12/21
Le dominicain Jean-Thomas
de Beauregard commente les lectures de la solennité de l’Immaculée Conception
de la Vierge Marie. Il souligne que c’est dans la révélation du mystère de
l’Église que saint Paul a discerné le rôle de Marie. « Ce qui est vrai de toute
l’Église et de tous les baptisés l’est, d’une manière spéciale, de Marie. »
On dit parfois que saint
Paul ne s’intéresse pas beaucoup à la Vierge Marie. Apparemment, il ne
l’évoque jamais, ou alors presque par inadvertance. Il est vrai qu’à la
différence du Christ ressuscité, qui était apparu à Paul sur le chemin de
Damas, la Vierge Marie n’est pas apparue à Paul. Pour ses apparitions, Marie
préfère les bergers, les petits, les sans-grades, plutôt que les géants de la
foi…
Pourtant, Marie n’est pas
totalement absente de la pensée de Paul. Car justement, en rencontrant le
Christ ressuscité, Paul a saisi en un seul instant tout le dessein de Dieu, qui
trouve son achèvement dans l’Église. Or c’est dans la révélation du mystère de
l’Église que Paul a peut-être, en creux, discerné le rôle de Marie.
Être saints et immaculés
C’est ce que suggère la
deuxième lecture que l’Église nous invite à méditer pour la solennité de
l’Immaculée Conception. Paul y affirme en effet, au sujet de toute l’Église,
que Dieu le Père « nous a élus en lui, dès avant la fondation du monde,
pour être saints et immaculés en sa présence dans l’amour […]. C’est dans le
Christ que nous avons été mis à part, désignés d’avance, selon le plan
préétabli de Celui qui mène toutes choses au gré de sa volonté » (Eph 1,
4-11). Ce que Paul affirme de tous les baptisés à titre individuel, et de toute
l’Église à titre collectif, ne s’applique-t-il pas d’une manière toute spéciale
à Marie ?
Le mystère de l’Église
éclaire le mystère de Marie. Ce qui est vrai de toute l’Église et de tous les
baptisés l’est, d’une manière spéciale, de Marie.
Pour s’en convaincre, il
suffit, dans les versets que nous venons de rappeler, de substituer, au
« nous » qui désigne les baptisés, le nom de « Marie ». Le
résultat est saisissant, puisqu’on obtient alors : « Dieu a élu Marie
en lui, dès avant la fondation du monde, pour être sainte et immaculée en sa
présence dans l’amour […] C’est dans le Christ que Marie a été mise à part,
désignée d’avance, selon le plan préétabli de Celui qui mène toutes choses au
gré de sa volonté. »
À travers ce simple jeu
de substitution, nous comprenons une vérité fondamentale : le mystère de
l’Église éclaire le mystère de Marie. Ce qui est vrai de toute l’Église et de
tous les baptisés l’est, d’une manière spéciale, de Marie. Il faut d’ailleurs
être attentif au sens dans lequel s’opère le mouvement : la focale est
d’abord sur l’Église, avant de se reporter sur Marie.
Marie est la première
L’opération ainsi
pratiquée sur le texte de saint Paul n’est pas illégitime. Elle est même typique.
Historiquement, c’est ainsi que les théologiens et les spirituels ont procédé.
C’est en méditant sur l’Église qu’ils ont découvert et approfondi le rôle de
Marie, et non pas l’inverse, au moins pendant tout le premier millénaire de
l’histoire de l’Église. Ce rappel historique ne vise en rien à diminuer la
Vierge. Mais l’observation du phénomène illustre une vérité profonde :
tout ce qui, en Marie, est exceptionnel et relève d’un privilège personnel, n’a
de sens qu’en relation à l’Église. C’est en cela que la Vierge Marie, selon les
mots du fameux cantique, est bien la « première en chemin ». Cette
primauté de Marie relève à la fois de la temporalité et de l’excellence.
Lire aussi :Le
chapelet de l’Immaculée conception, une prière pour se rapprocher de la grâce
de Marie
Marie est la
« première » chronologiquement, car elle est la première à avoir
accueilli le Christ, la première à avoir participé à sa manière à la Passion du
Christ, la première à être entrée corps et âme dans l’éternité bienheureuse
auprès de Dieu. Par notre baptême, nous accueillons nous aussi le Christ, nous
participons à sa mort et à sa résurrection, nous parviendrons à la béatitude.
Mais nous arrivons « après ». Marie est aussi la
« première » qualitativement, car nul n’a jamais mieux accueilli le
Christ, nul n’a participé avec plus d’intensité et d’intimité à la Passion du
Christ, nul n’est entré aussi resplendissant dans la béatitude — d’ailleurs nul
pour l’instant n’y est entré comme elle en son âme et en son corps. Tout cela,
nous le vivons ou le vivrons, mais jamais au degré atteint par la Vierge Marie.
Tout baptisé est
prédestiné
La prédestination de
Marie, son élection, sa mise à part, sont admirables. Mais la vérité révélée
par saint Paul est que tout baptisé est prédestiné, élu, mis à part. Dieu a un
projet d’amour absolument unique pour chacun de ses enfants. S’il y a, par
rapport à nous, primauté chronologique et primauté d’excellence dans le cas de
Marie, c’est à l’intérieur d’une même vocation : répondre à l’amour par
l’amour. La grâce de Marie n’est particulière que parce qu’elle réalise
parfaitement ce qui n’est réalisé que partiellement dans les autres membres de
l’Église. Marie a été miraculeusement préservée du péché en prévision des
mérites du Christ ? Nous sommes guéris du péché par la grâce du Christ dans le
baptême, l’eucharistie et la confession, et nous le serons définitivement dans
la gloire du Ciel. Les trajectoires sont identiques, même si la temporalité et
l’intensité sont différentes.
Si Marie n’avait pas joui
d’une sainteté tout à fait exceptionnelle, si elle avait été si peu que ce soit
affectée par le péché, elle n’aurait pas pu aimer son enfant pour ce qu’il
était vraiment.
Toutefois, il reste à
savoir pourquoi Marie a bénéficié, dans cette trajectoire commune, de
conditions aussi exceptionnelles. Bien sûr, c’est l’unicité de sa relation au
Christ qui fonde son statut exceptionnel. Mais à vrai dire, c’est pour une raison
très naturelle et très ordinaire que Marie a bénéficié de cette grâce
surnaturelle extraordinaire. Marie est une humble fille d’Israël, et elle est
la mère de Jésus. Or toute mère aspire à pouvoir tenir son enfant dans son cœur
comme dans ses bras. Il lui faut aimer son enfant autant qu’il est aimable. Or
cet enfant, pour Marie, c’est Dieu. Si Marie n’avait pas joui d’une sainteté
tout à fait exceptionnelle, si elle avait été si peu que ce soit affectée par
le péché, elle n’aurait pas pu aimer son enfant pour ce qu’il était vraiment.
Elle ne l’aurait aimé que comme un petit d’homme, ce qu’il était, mais il était
tellement plus ! Son amour aurait été à côté ou en-deçà de ce qu’était
réellement son fils. Elle aurait été une mère manquée.
Par amour et pour l’amour
Si Dieu le Père a dès le
premier instant façonné Marie comme la toute belle, l’immaculée, c’est donc par
amour, et pour l’amour, afin qu’elle puisse être vraiment mère de son Fils,
dans tout ce qu’il était. Et si Dieu le Père nous façonne progressivement comme
saints et immaculés, c’est donc par amour et pour l’amour, afin que nous
puissions vraiment être ses enfants et les frères de son Fils. Dès lors, nous
pouvons sans crainte ni jalousie invoquer Marie, l’Immaculée Conception.
Pas de crainte, car en
invoquant Marie nous n’ôtons rien à la majesté du Père, du Fils et de l’Esprit.
Ainsi que l’écrivait saint
Louis-Marie Grignion de Monfort, la Vierge Marie est comme un « écho
de Dieu, qui ne dit et ne répète que Dieu ». En l’invoquant, c’est
toujours Dieu que nous invoquons, et elle l’invoque avec nous de tout son amour
maternel et immaculé. Pas de jalousie, car en invoquant Marie nous contemplons
en miroir les perfections qui nous promises par le Dieu d’amour. Ce qu’elle vit
déjà en perfection, c’est le destin de toute l’Église, c’est notre avenir. Elle
nous précède sans nous écraser, elle nous attire sans nous violenter, elle nous
élève sans nous humilier. Elle nous tend la main. Saisissons-la.
Lire aussi :Marie
et l’Église, les deux Immaculées
Lire aussi :L’Immaculée
Conception : comment le mystère de Marie illumine-t-il l’Avent ?
Bartolomé Esteban Murillo (1617–1682).
Inmaculada Concepción, la Niña, vers
1668-1669, 190 x 160, Museo de Bellas Artes de Sevilla
Immaculée Conception de
la très Sainte Vierge Marie
La foi à l'Immaculée
Conception est immémoriale dans l'Église; toutefois la proclamation officielle,
définitive et infaillible de ce dogme ne date que du 8 décembre 1854, époque où
le pape Pie IX, dans une solennité incomparable, imposa cette croyance à tous
les fidèles. Une immense acclamation de joie fit écho dans tout l'univers à la
parole du Pontife, et le Ciel lui-même donna son témoignage quatre ans plus
tard. L'apparition de Lourdes eut lieu au commencement de l'année 1858; Marie
venait dire au monde: "Je suis l'Immaculée Conception!"
Ce privilège accordé à la
Sainte Vierge avait été prédit et figuré dès l'origine du monde. Par Son
Immaculée Conception, Marie devait écraser la tête du serpent qui a introduit
le péché originel sur la terre. Par Son Immaculée Conception, Elle est le lis
parmi les épines. Par Son Immaculée Conception, Elle est la Toison de Gédéon,
tour à tour demeurant seule sèche au milieu de la terre couverte de rosée, ou
seule humectée de rosée au milieu de la terre demeurée sèche...
Comment pourrait-on
raisonnablement supposer Marie un instant souillée du péché originel? La Mère
de Dieu devait être une demeure toute pure, un tabernacle sans tache pour le
Fils de Dieu. Si la gloire des parents rejaillit sur leurs enfants, il en est
ainsi de leur déshonneur; la tache originelle, en Marie, rejaillirait donc sur
Jésus-Christ Lui-même, ce qu'on ne peut admettre sans faire injure à la sagesse
de Dieu. Non, Satan n'eût jamais pu dire au Sauveur: "Toi qui prétends
vaincre ma puissance, souviens-Toi que j'ai régné sur Ta Mère."
L'Immaculée Conception
est digne de Dieu, digne de Jésus-Christ, digne de Marie. Cette grâce insigne
établit déjà Marie, dès le commencement de Son existence, dans un ordre à part.
L'homme qui naît souillé du péché originel est sujet à la concupiscence; Marie
doit être exempte de tout penchant au mal; Ses sens aussi bien que Sa volonté
tendent parfaitement à Dieu; en Elle, nulle faute, même involontaire; si Jésus
est impeccable par nature, Marie est impeccable par grâce; en Marie enfin,
nulle imperfection: "Vous êtes toute belle, est-il écrit, et il n'y a
point de tache en Vous." O vérité consolante pour nous! Si Marie n'a
jamais subi en aucune manière les atteintes du démon, comme à notre prière,
Elle saura nous rendre forts contre lui! Si Elle n'a jamais connu l'ombre du
péché, comme Elle sera puissante pour nous en préserver ou nous en délivrer!
Gloire à Dieu dans l'Immaculée Conception de Marie!
Abbé L. Jaud, Vie
des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950
SOURCE : http://magnificat.ca/cal/fr/saints/immaculee_conception.html
Francesco Rosa (1638–1687), Onofrio Palumbo (1606–1656). L'Immaculée
conception, XVIIe siècle, 228,7 x 175,9, Musée des Beaux-Arts de Brest
Fête de l'Immaculée
Conception de la très-Sainte Vierge
EN ORIENT,
Depuis la première moitié
du VIII° siècle (vers 750), était célébrée en Orient la fête de la Conception
de sainte Anne, mère de Marie (la Theotokos), le 9 décembre.
Le 8 décembre (la
conception de sainte Marie) est 9 mois avant le 8 septembre (la nativité de
sainte Marie)
PUIS EN OCCIDENT,
Les monastères anglais,
l’Église de Lyon et l’ordre des Franciscains furent des centres de rayonnement
qui facilitèrent l’entrée de cette fête en Occident.
En Angleterre,
• Saint Anselme et
spécialement de son disciple Eadmère († 1124) jouèrent un grand rôle.
• Dans un missel anglais
du XI° siècle, nous lisons les premiers témoignages de la fête de la Conception
immaculée de Marie: elle est en vue de la conception de Jésus, de la venue de
Dieu sur la terre.
• La diffusion d'un récit
miraculeux achève de vaincre les oppositions, c'est le récit de l’abbé Elsine
(ou Helsim), anglais : il est sauvé miraculeusement pendant un naufrage, grâce
à l’intervention de la Vierge, qui en échange lui demande la célébration de sa
Conception chaque 8 décembre.
Et ensuite à Lyon,
La fête anglaise passa
rapidement, au début du XII siècle, en Normandie et de là, dans le reste de la
France, accueillie avec enthousiasme par l’Église de Lyon vers 1130-1140,
première Eglise en dignité de la Gaule.
Ce geste courageux ne
tarda pas à provoquer des protestations parmi lesquelles la lettre célèbre que
saint Bernard écrivit au chapitre cathédral de Lyon.
Les débats du XIII°
siècle :
Au XIII° siècle les
oppositions vives des théologiens et des liturgistes n’ont pas manquées: à la
Sorbonne (qui par la suite se mit au service de l’Immaculée Conception) aucun
maître n’osait enseigner le privilège marial.
Saint Thomas († 1274)
combattait la doctrine de l’exemption de Marie du péché originel, mais il se
montrait cependant tolérant envers la fête, en y voyant une fête de la
sanctification de Marie dans le sein de sa mère.
L'influence des
franciscains :
En Italie l’importante
décision du Chapitre des franciscains, à Pise, en 1263, sous le gouvernement de
saint Bonaventure, a établi la fête de la Conception de Marie obligatoire dans
tout l’ordre franciscain.
L’intérêt théologique à
propos de la conception immaculée de Marie fut relancé, à partir de
l’Angleterre, par le franciscain Duns Scot (†1308) : c’est le Christ qui
préserva sa Mère de tout péché.
Le pape Sixte IV,
franciscain, comprend et favorise les initiatives mariales des frères mineurs
il autorise la messe du 8 décembre célébrant l'Immaculée conception, composée
par L. Nogarole en 1477.
LES DÉCISIONS DES
CONCILES ET DES PAPES
Au début, l’Église de
Rome ne célébrait pas solennellement la fête, mais elle n’était pas intervenue
pour l’interdire.
Au début du XIV° siècle
dans la cathédrale d’Anagni on célébrait la Conception de la Mère de Dieu, la curie
papale étant présente et complaisante.
Et pendant le séjour à
Avignon, la cour pontificale se réunissait le 8 décembre pour célébrer la
Conception de Marie.
Les textes liturgiques du
8 décembre, composés par le Concile de Bâle, furent accueillis avec enthousiasme
par les différentes Églises, mais en 1437 ce concile devint illégitime (à cause
de son insubordination au Pontife romain sur d’autres problèmes).
Leonardo Nogarole,
compose en 1477 une messe qui reçoit l’approbation du pape Sixte IV.
Jusqu’à Pie V, nous avons
trois donc possibilités :
1. les prières du 8
septembre avec le récit du sauvetage d’Elsin ;
2. la liturgie de L. Nogarole,
avec l’octave ;
3. l’office du concile de
Bâle.
Mais Pie V supprime la
mémoire du 8 décembre :
En 1570, le pape Pie V,
qui voulait simplifier le missel, a supprimé la mémoire du 8 décembre (comme
aussi de la Présentation de Marie et de la Visitation…)
Pie IX, le dogme, et la
redécouverte de la liturgie du 8 décembre :
Le pape Pie IX définit le
dogme de la conception immaculée en 1854 (Ineffabilis Deus) en S’inspirant de
la liturgie de L.Nogarole, et il fit composer une messe en reprenant sa
collecte.
Vatican II a retrouvé les
trésors du passé et il a introduit des lectures splendides :
Gn 3, 9-15.20 ; Eph
1,3-6.11-12 ; Lc 1, 26-38 : les lectures ont une beauté extraordinaire,
l’encyclique de Jean Paul II, la Redemptoris Mater, peut être lue comme un
commentaire de ces trois lectures pour la fête de l’Immaculée Conception :
Marie est pleine de grâce
(Lc 1), Marie a été aimée et bénie par Dieu le Père, depuis la création du
monde (Eph 1).
En Marie, le Fils de Dieu
s'incarne (Lc 1) : par elle le projet créateur est accompli et Satan est vaincu
(Gn 3).
F. Breynaert
Cf. Corrado Maggioni, Benedetto
il frutto del tuo grembo, Due millenni di pietà mariana, Portalupi Editore
s.r.l. 2000, p. 106-113
SOURCE : http://www.mariedenazareth.com/10762.0.html?&L=0
Francisco de Zurbarán (1598–1664), L’Immaculée
Conception de Matie avec Saint Joachim et Sainte Anne , vers 1660,
251 x 172, Scottish National Gallery
Immaculé conception, solennité
Introduction
Vous êtes toute belle, ô
ma Bien-Aimée ! et il n'y a point de tache en vous !... Voici la fête
privilégiée de Marie, celle qu'elle aime entre toutes ses fêtes, celle qu'elle
veut voir célébrer par ses enfants avec le plus de ferveur et de zèle, et à
laquelle sont attachées les plus précieuses faveurs.
Marie, devant porter dans
son sein l'Auteur même de la sainteté, ne pouvait être souillée d'aucune tache
; il ne convenait pas que le démon eût quelque droit sur celle qui ne venait au
monde que pour lui écraser la tête. Non, jamais cet esprit impur n'eut aucun
pouvoir sur l'auguste Vierge prédestinée pour être la Mère de Dieu. Il ne lui fut
point donné de siéger, même un instant, sur ce trône élevé pour l'adorable
Trinité ; jamais il n'entra dans ce sanctuaire préparé pour le Verbe fait
chair, pour le Rédempteur du genre humain. Satan fut vaincu de nouveau, comme
au jour de sa révolte contre le Tout-Puissant, le jour où Marie a été conçue
sans péché.
La croyance à l'Immaculée
Conception, de tout temps autorisée et approuvée, a été déclarée dogme de foi,
et l'Église prodigue ses plus riches faveurs à ceux qui l'honorent. Récitez
avec ferveur, chaque jour de l'Octave, quelques-unes des Prières pour honorer
l'Immaculée Conception, et comme hommage spécial, ajoutez-y l'hymne ci-après,
imitée du Te Deum.
Hymne
en l'honneur de l'immaculée conception de la bienheureuse Vierge Marie
Nous vous louons, ô
Marie, et nous proclamons avec joie votre Conception immaculée.
La terre et les cieux
admirent votre pureté divine, ô Vierge, Mère du Sauveur !
Dans tous les lieux du
monde, les âmes coupables ont recours à vous, ô Marie, refuge des pécheurs !
Les Chrétiens de toutes
les nations, les cœurs les plus purs s'unissent pour célébrer votre Conception
sans tache.
Ô Immaculée, toujours
immaculée !
Ô Immaculée Vierge Marie,
Mère de Dieu !
Vous êtes aimable comme
une aurore naissante ; votre clémence est pour les mortels comme un soleil
bienfaisant.
Toute la cour céleste
célèbre votre gloire, ô Fille bien-aimée de Dieu le Père !
À votre nom l'enfer
tremble, ô Mère admirable de Dieu le Fils !
Vous abrégez la peine des
âmes qui souffrent dans le Purgatoire, ô épouse du Saint Esprit !
Tous les enfants de la
sainte Église se plaisent à répéter : Salut à vous, Reine des Cieux, Mère de
miséricorde !
Bienheureuse est votre
mère sainte Anne ; saint Joseph, fidèle gardien de votre virginité, est digne
de tout respect.
C'est par vos mains
toutes célestes que Dieu répand l'abondance de ses grâces et de ses faveurs.
C'est en vous, Vierge
très pure, que le Fils de Dieu est descendu pour racheter tous les hommes.
L'archange vous a saluée
pleine de grâces, et le Très-Haut a mis en vous toutes ses complaisances.
C'est près du trône de
Dieu même que vous êtes assise, ô Reine du Ciel, et les Séraphins admirent la
gloire qui vous environne.
Vous êtes notre Avocate,
et vous demandez miséricorde pour les pécheurs.
Daignez donc, ô Marie, nous
vous en supplions, daignez nous secourir, nous qui célébrons avec joie et amour
votre immaculée Conception.
Obtenez-nous de partager
un jour, dans le Ciel, la félicité des Anges et des Saints.
Protégez votre famille
chérie, protégez vos enfants.
Comblez-les de vos
faveurs, enrichissez-les de vos vertus.
Nous nous réunissons en
cette solennité pour vous bénir ; et les siècles futurs rediront vos louanges.
Nous exaltons le nom de
Marie, aimable par-dessus tous les noms ; ce nom est la gloire de la terre et
des cieux.
Daignez, en mémoire de
votre Conception sans tache, nous obtenir une inviolable pureté.
Montrez-vous toujours
notre Mère, en vertu des paroles sacrées de votre divin Fils sur la croix.
Qu'à votre prière, Jésus
montre à son Père les plaies qu'il a reçues pour nous.
Qu'il montre surtout son
cœur percé par la lance en faveur des pauvres pécheurs.
Ô Marie pleine de
clémence ! ô Marie notre Mère ! ne nous abandonnez jamais.
Que tous les esprits,
tous les cœurs et toutes les bouches s'unissent pour célébrer le privilège de
votre immaculée Conception, ô Marie !
Ainsi soit-il.
Vous êtes toute belle, ô
Marie !
- Et la tache originelle
ne fut jamais en vous.
Prions. Ô Dieu, qui, par
l'immaculée Conception de la Vierge Marie, avez préparé à votre Fils une
demeure digne de lui, accordez à tous ceux qui célèbreront cette fête sacrée,
la prospérité et la paix en cette vie, et donnez-leur, après leur mort, la
félicité et la gloire du Paradis : par les mérites de Notre-Seigneur
Jésus-Christ votre Fils, qui, étant Dieu, vit et règne avec vous, en l'unité du
Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Litanies de l’Immaculée
Conception
Seigneur, ayez pitié de
nous, Seigneur, ayez pitié de nous
O Christ, ayez pitié de
nous, O Christ, ayez pitié de nous
Seigneur, ayez pitié de
nous, Seigneur, ayez pitié de nous
Jésus-Christ, écoutez-nous,
Jésus-Christ, écoutez nous
Jésus-Christ, exaucez
nous, Jésus-Christ, exaucez nous
Père céleste, qui êtes
Dieu, ayez pitié de nous
Fils, Rédempteur du
monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous
Esprit-Saint, qui êtes
Dieu, ayez pitié de nous
Sainte Trinité, qui êtes
un seul Dieu, ayez pitié de nous
Sainte Vierge, immaculée
entre toutes les vierges, priez pour nous
Vierge immaculée avant,
pendant et après votre conception, priez pour nous
Fille immaculée de Dieu
le Père, priez pour nous
Mère immaculée de Dieu le
Fils, priez pour nous
Épouse immaculée du Saint
Esprit, priez pour nous
Temple immaculé de la
très-sainte Trinité, priez pour nous
Image immaculée de la
sagesse de Dieu, priez pour nous
Aurore immaculée du
Soleil de justice, priez pour nous
Arche vivante et
immaculée où reposa Jésus-Christ, priez pour nous
Rejeton immaculé de la
race de David, priez pour nous
Voie immaculée qui
conduisez à Jésus, priez pour nous
Vierge immaculée, qui
avez triomphé du péché originel, priez pour nous
Vierge immaculée, qui
avez brisé la tête du serpent, priez pour nous
Reine immaculée du ciel
et de la terre, priez pour nous
Porte immaculée de la
Jérusalem céleste, priez pour nous
Dispensatrice immaculée
des grâces de Dieu, priez pour nous
Épouse immaculée de saint
Joseph, priez pour nous
Étoile immaculée de la
mer, priez pour nous
Tour immaculée, rempart
de l'Eglise militante, priez pour nous
Rose immaculée entre les
épines, priez pour nous
Olivier immaculé du champ
mystique, priez pour nous
Modèle immaculé de toutes
les perfections, priez pour nous
Cause immaculée de notre
bonheur, priez pour nous
Colonne immaculée de
notre foi, priez pour nous
Fontaine immaculée de
l'amour divin, priez pour nous
Signe immaculé, signe
certain de salut, priez pour nous
Règle immaculée de la parfaite
obéissance, priez pour nous
Maison immaculée de
pudeur et de chasteté, priez pour nous
Ancre immaculée de notre
salut, priez pour nous
Lumière immaculée des
Anges, priez pour nous
Couronne immaculée des
Patriarches, priez pour nous
Gloire immaculée des
Prophètes, priez pour nous
Maîtresse immaculée des
Apôtres, priez pour nous
Force immaculée des
Martyrs, priez pour nous
Soutien immaculé des
Confesseurs, priez pour nous
Pureté immaculée des
Vierges, priez pour nous
Joie immaculée de ceux
qui espèrent en vous, priez pour nous
Avocate immaculée des
pécheurs, priez pour nous
Guerrière immaculée,
terreur des hérétiques, priez pour nous
Mère et tutrice immaculée de notre famille, priez pour nous
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde,
pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu qui
effacez les péchés du monde,
exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu qui
effacez les péchés du monde,
ayez pitié de nous,
Seigneur.
Priez pour nous, Vierge
toujours sainte et immaculée,
- Afin que nous soyons
rendus dignes des promesses du Christ.
Prions. O Dieu, qui, par
l'Immaculée Conception de la sainte Vierge, avez préparé à votre Fils un
sanctuaire digne de lui, ayant préservé cette auguste Vierge de toute souillure
en vue de la mort de ce cher Fils ; daignez nous accorder, par son
intercession, de parvenir à votre gloire avec un cœur pur. Par le même
Jésus-Christ, notre Seigneur et notre Dieu qui vit et règne avec vous, dans
l’unité du Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. - Amen.
Lieux
consacrés à l'Immaculé Conception
La solennité de
l’Immaculée Conception, est la fête principale de nombreux sanctuaires français
consacrés à la Vierge. Si bien de ces célébrations sont postérieures à la
proclamation du dogme de l’Immaculée Conception par le pape Pie IX (8 décembre
1854), d’autres sont des traditions plus anciennes, telle la fête nationale de
la Corse qui, ce jour-là, célèbre la Vierge Immaculée souveraine de l’île comme
l’ont décidé les deux assemblées générales des Etats de la Corse de 1735 et
celle de 1761.
A Paris, où la statue de
la Vierge du trumeau de la Sainte Chapelle basse approuva de la tête le
franciscain Duns Scot qui avait bien parlé de son Immaculée Conception, dans
l’église Saint-Séverin, on célèbre, au 8 décembre, ancienne fête de Notre-Dame
des Advents, la principale solennité de Notre-Dame de Sainte-Espérance. Dès
1311, à la suite des thèses soutenues par Duns Scot et adoptées par
l’Université, une association se forma dans l’église Saint-Séverin pour les
honorer, promouvoir et défendre. Clément VI, Alexandre VI et Grégoire XV
concédèrent des indulgences à cette confrérie de la Conception protégée et
patronnée par les évêques de Paris. Si l’église Saint-Séverin, devenue
poudrière, fut sauvée de la Révolution, la statue de la Vierge en chaire fut détruite
en 1792. La mémoire en était presqu'effacée, quand, en 1840, l'abbé Hanicle,
curé de Saint-Séverin, fut inspiré de placer son ministère sous la protection
de la Mère de la sainte espérance. La paroisse applaudit à la pensée de son
curé et quatre cents personnes s'enrôlèrent aussitôt dans la confrérie
renouvelée où l’archevêque de Paris, Mgr. Affre, voulut être le premier
inscrit. Le 2 mai 1841, Mgr. Garibaldi, internonce à Paris, inaugurait
solennellement la Confrérie de l'Immaculée Vierge Notre-Dame de
Sainte-Espérance que Pie IX éleva au titre d’archiconfrérie universelle (26
novembre 1849). La nouvelle statue, sculptée par Buridan, auteur du groupe de
l'Assomption de la cathédrale de Chartres, fut couronnée au nom du Pape par
Mgr. Morlot, archevêque de Paris, le 19 août 1858.
Dans la banlieue de
Marseille, à Sainte-Marthe, on célèbre la fête de Notre-Dame de
Sainte-Espérance, encore appelée Notre-Dame de Toursainte en raison de la tour
octogone, ornée de colonnes engagées et de balcons à jour, bâtie, au mois de
décembre 1854, en l’honneur de la Vierge, par Joseph-Amédée Armand, président
de la chambre de commerce de Marseille, et sa sœur, à l'extrémité de leur
propriété, pour perpétuer le souvenir de la proclamation du dogme de
l'Immaculée-Conception. La tour, haute de 30 mètres, sert de piédestal à une
statue, haute de 10 mètres, représentant la Vierge dans l’attitude de la
Médaille Miraculeuse, qui fut bénite par Mgr de Mazenod, le 8 décembre 1857.
A Paimpol, au diocèse de
Saint-Brieuc, on célèbre pour les marins la fête patrionale de Notre-Dame de
Bonne-Nouvelle. Au diocèse de Moulins, à Beaulieu, près de Saint-Prix, on
visite Notre-Dame de Bon-Secours que Madame Bert a sauvée des révolutionnaires
en la cachant dans son lit. Au diocèse de Belley, dans la paroisse de Vieux,
canton de Champagne, les pèlerins viennent, le 8 décembre, auprès Notre-Dame de
Popolo, reconstruite après la Révolution. Au diocèse de Périgueux, on célèbre
la fête principale de Notre-Dame de Chancelade, célèbre abbaye fondée en 1128.
A Rodez, dans le diocèse de Perpignan, on vient visiter Notre-Dame de
Doma-Nova, une des plus anciennes et des plus vénérées du diocèse.
Dans l’archidiocèse
d’Albi, à Notre-Dame de la Drèche, on célèbre une messe solennelle en souvenir
d’un vœu. En 1630, la peste sévissait à Albi où, malgré les précautions
hygiéniques prises par les consuls, la mort emporta, du 18 octobre 1630 au 21
février 1631, deux cent quinze pestiférés, soignés sur les rives du Tarn, dans
la prairie des Clarisses, sans compter ceux qui mouraient chez eux. Dans cette
extrémité, l'évêque, Alphonse d'Elbène II, et les consuls, après une messe
célébrée sous le porche de Sainte-Cécile, firent le vœu de porter Notre-Dame de
la Drèche, dans les six mois qui suivront la cessation du fléau, une lampe
d'argent, du prix de trois cents livres, à mémoire perpétuelle de
l'entérinement de nos humbles requestes, et de faire chanter annuellement une
messe en l'honneur de la Conception-Immaculée. Le mal céda devant cet acte de
confiance filiale ; dès le 2 juillet, le pèlerinage s'accomplit, et les consuls
portèrent eux-mêmes l'ex-voto. La lampe fut allumée, et ne s'éteignit que cent
soixante ans plus tard, quand la Révolution l'eut volée avec quatre autres,
offertes dans des circonstances semblables.
Bartolomé Esteban Murillo (1617–1682).
Inmaculada Concepción, vers 1678, 274 x 190, musée du Prado
Historique
C'est, depuis le 8
décembre 1854, un dogme de foi que Notre Dame a été, en raison de sa maternité
divine et en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain,
préservée intacte de toute souillure du péché originel qui depuis la désobéissance
d'Adam atteint tous les humains. Il ne s'ensuit pas, cependant, que l'union
d'Anne et de Joachim, parents de la Vierge, ait eu quoi que ce soit de
miraculeux pour lui donner la vie.
Cette doctrine,
tardivement obligée pour tous les fidèles, s'enracine dans la longue histoire
spirituelle de l'Eglise dont on trouve, semble-t-il, une première approche,
bien avant le concile de Nicée, lorsque des Pères, en particulier saint Justin
(+ vers 165), saint Irénée (+ vers 202), l'antipape saint Hippolyte (+ 235) ou
Grégoire le Thamaturge (+ vers 270), montrent en Marie, déjà nommée la Sainte
Vierge , la nouvelle Eve.
Ce thème de la nouvelle
Eve est souvent repris par la suite, comme en témoignent, en Orient, les écrits
de saint Epiphane (+ 403) ou de saint Ephrem (+ 373) et, en Occident, ceux de
saint Jérôme, de saint Ambroise ou de saint Augustin.
S'il est bien hasardeux
de prétendre qu'on professait, dès le Vème siècle, la conception immaculée de
la Vierge, dans l'Occident latin il faut toutefois y remarquer le développement
d'une littérature spirituelle propre à la suggérer, singulièrement chez le
saint archevêque de Ravenne, Pierre Chrysologue (+ vers 450), chez saint Maxime
de Turin (+ vers 480) et chez le poète Sédulius (vers 431), dont les
enseignements préparaient ceux de saint Grégoire le Grand à propos de la
préparation lointaine de Marie pour sa maternité divine. On pensait alors
communément à Rome que si Marie écrasait la tête de l'antique serpent sous son
talon, elle ne le pouvait faire qu'en bénéficiant d'une préparation
exceptionnelle et, développant à l'envie ses privilèges de sainteté virginale,
on finissait par conclure, implicitement, qu'elle n'avait pas totalement
partagé le sort du reste de l'humanité quant au péché originel. Il semble que
ce fut la conviction de l'évêque Pulchrone de Verdun lorsque, revenant de Rome,
en 470, il fit construire une église pour abriter une statue de la Vierge
écrasant le dragon.
Il en va de même, au
siècle suivant, pour l'évêque Venance Fortunat de Poitiers (+ 600) et, par la
suite, pour saint Ildephonse de Tolède (+ 667), l'abbé Ambroise Autpert (+ 778)
ou le diacre Warnefride d'Aquilée. Toujours est-il qu'à l'époque carolingienne,
lorsqu'on célèbre la Nativité de la Sainte Vierge, les prédicateurs, Paschase
Radbert (+ 860) en fait foi, orientent vers la Conception que l'on commence, en
des situations particulières, à fêter vers le milieu du IXème siècle à Naples,
au cours du Xème siècle en Irlande et dans le premier quart du XIème siècle en
Angleterre.
C'est dans la seconde
moitié du XIème siècle qu'éclate, à propos de l'Immaculée Conception, la grande
controverse qui embrasera le siècle suivant. Saint Pierre Damien (+ 1072) et
saint Bruno (+ 1101) qui touchaient de très près les pontifes romains, ont fort
suggéré la conception immaculée vers quoi s'achemine aussi saint Anselme (+
1109) dont les disciples anglais, Eadmer de Cantorbéry (+ 1124) et Osbert de
Clare (+ 1160), professeront explicitement la véracité que saint Bernard
réfutera contre Abélard (+ 1142) et Pierre le Chantre (+ 1197) à une époque où
la croyance à ce privilège s'ancre progressivement dans les milieux populaires
et monastiques.
La première apologie De
Conceptione S. Mariæ fut rédigée, au début du XIIème siècle par le secrétaire
et l'ami de saint Anselme de Cantorbery, le moine Eadmer. Ainsi, au cours du
XIIème siècle, la Conception de la Vierge, encore que fort contestée, est
cependant de plus en plus fêtée à travers la chrétienté latine, mais la fête
préconisée n'allait pas sans d'âpres discussions et l'on se souvient que saint
Bernard, dans une lettre adressée aux chanoines de Lyon, prenait vivement parti
contre cette nouveauté que rien, selon lui, ne motivait, ce qui, par la suite,
sera l'avis de nombreux dominicains contre l'avis de nombreux franciscains.
Si les théologiens
scolastiques du XIIIème siècle ne sont guère favorables à l'Immaculée
Conception, ils ne peuvent, pour autant, empêcher ni la croyance ni la fête qui
progressent séparément tout au long du XIVème siècle où Duns Scot (+ 1308) entraîne
une forte réaction théologique ; la légende veut que la statue de la sainte
Vierge placée au trumeau de la Sainte-Chapelle basse ait approuvé un jour de la
tête le bienheureux Duns Scot qui avait bien parlé de son Immaculée Conception.
Boniface VIII (1294-1303)
réfugié à Agnani, accorde une indulgence à ses habitants qui célèbrent de la
fête de la Conception à laquelle Clément V assiste chez les Carmes d'Avignon.
Avec les dominicains, les
papes Jean XXII (1316-1334), Benoît XII (1334-1342) et Clément VI (1342-1352)
s'opposent à la doctrine de l'Immaculée Conception soutenue par les
Franciscains, les Carmes, les Augustins et la Sorbonne qui, contre Jean de
Monzon, se sont probablement rallié le pape Clément VII (1378-1394) et
l'obédience avignonnaise.
La fête de l'Immaculée
Conception est assez ancienne dans l'Eglise grecque où, vers le milieu du
VIIIème siècle, on la trouve à la date du 9 décembre dans le synaxaire de
Constantinople et, un peu avant, dans les canons de saint André de Crète (+
740). Par ailleurs, à peu près à la même époque, une homélie du moine Jean
d'Eubée la mentionne dans l'énumération des dix fêtes mariales, encore qu'elle
ne soit pas célébrée partout.
Sans doute a-t-on
commencé à la célébrer vers la fin du VIème siècle dans les laures monastiques.
Quoi qu'il en fût, Georges de Nicomédie, dans le dernier quart du IXème siècle,
la considérait comme la fête de la Vierge la plus récente, et ce n'est qu'en
1166 que l'empereur Manuel Comnène la rangea parmi les fêtes de précepte à
laquelle on donna, au siècle suivant, une vigile. C'est au milieu du IXème
siècle qu'on trouve, à Naples, dans un calendrier gravé sur le marbre, cette
inscription : CCEPTIO S. ANNE MARIE VIR (conception de sainte Anne Marie la
Vierge).
En Occident, il faut
attendre le début du IXème siècle pour trouver une attestation de cette fête
dans deux calendriers de Winchester, un martyrologe de saint-Augustin de
Cantorbery, un pontifical-bénédictionnaire de Cantorbery et un autre d'Exerter
à quoi s'ajoute le sacramentaire de Léofric. C'était une fête saxonne que les
Normands voulurent écarter du calendrier après qu'ils eurent conquis
l'Angleterre (1066). C'est alors qu'en revenant du Danemark, l'abbé Elsin,
moine de Winchester devenu Abbé de Saint-Augustin de Cantorbery, fut pris dans
une tempête au cours de laquelle la Vierge lui apparut pour lui demander de
créer un office de sa Conception.
Cela étant, cette fête
anglo-saxonne de la Conception semble différente de la Conceptio Sanctæ Mariæ
que les calendriers mozarabes (Espagne) marquent au 18 décembre ou au dimanche
avant Noël. C'est d'Espagne que cette fête passa dans quelques Ordines
monastiques de la Gaule carolingienne où elle était l'équivalent de
l'Annonciation qui, empêchée par le Carême, était transférée avant Noël.
Sans doute peut-on
affirmer que notre actuelle fête latine de la Conception fut empruntée aux
monastères grecs de l'Italie méridionale et centrale car, outre le témoignage
napolitain que nous signalions plus haut, on trouve un air singulier de parenté
entre les textes de la liturgie byzantine et ceux du pontifical d'Exeter. C'est
au concile de Verceil, en 1050, que le saint pape Léon IX (1048-1054)
recommanda vivement qu'on honorât la conception de la Vierge.
Toujours est-il qu'au
début du XIVème siècle, dans l'Eglise latine, la fête de la Conception est
presque universelle et la cour pontificale la connaît au retour d'Avignon,
encore que ni Clément VI (1342-1352), ni Benoît XIII (1389-1424), en Avignon,
ni Eugène IV (1431-1447), à Rome, ne la citent parmi les grandes fêtes de la
Vierge.
A Paris, dès 1311, du
côté nord de l'église Saint-Séverin, à l'entrée du chœur, il existait une
chapelle de la Conception où se réunissait une confrérie ; elle fut abattue
lorsqu'on élargit les bas-côtés (1490) et une nouvelle chapelle de la Vierge
fut édifiée au fond de l'abside, l'actuelle chapelle Notre-Dame de la
Sainte-Espérance titrée pour la confrérie du même nom, fondée en 1842 pour
faire disparaître les derniers restes du jansénisme. En 1365, la confrérie des
marchands et vendeurs de vin de Paris s'établit dans l'église Saint-Gervais,
dans la chapelle de la Conception-Notre-Dame dont elle adopta le patronage.
Après avoir inutilement
incité l'empereur Sigismond à promouvoir la fête et la doctrine de la
Conception pendant le concile de Constance, le roi Alphonse V d'Aragon se fait
plus pressant à l'approche du concile de Bâle où les Pères qui célèbrent la
fête dès 1432, chargent le cardinal-archevêque d'Arles (Louis d'Aleman) de
mener une enquête à ce sujet ; le décret du 17 septembre 1439, voté lors de la
trente-sixième session, déclare que la doctrine qu'il ne définit pourtant pas
comme dogme de foi, est pieuse, conforme au culte de l'Eglise, à la foi
catholique, à la droite raison et à l'Ecriture sainte ; de plus, ce concile de
Bâle érige la Conception en fête d'obligation pour toute l'Eglise.
Le décret de Bâle ne fut
officiellement reçu que par la France et l'Aragon qui reconnurent, malgré la
rupture avec Eugène IV, la légitimité de la continuation du concile, mais on
voit que la doctrine est aussi prêchée en Allemagne (Gabriel Biel), dans les
Flandres (Denys le Chartreux) et en Italie (Laurent Justinien et Bernardin de
Sienne).
Dans la dernière partie
du XVème siècle, la controverse fait rage, surtout en Italie, entre les
franciscains immaculistes et leurs adversaires dominicains ; cependant Sixte IV
(1471-1484) publie la constitution Cum praeexcelsa (29 avril 1476) où il
accorde des indulgences à ceux qui célébreraient la fête et l'octave de la
Conception pour quoi, par le bref Libenter ad ea (4 octobre 1480), il approuve
un nouvel office, composé par Léonard de Nogarole ; enfin, Sixte IV publie la
bulle Grave nimis (1482) qu'il reprend dans une nouvelle bulle, datée du 4
septembre 1483, où, sans obliger à la croyance, il en prend énergiquement la
défense.
Désormais, sans se mêler
directement aux discussions doctrinales qui, avec plus ou moins d'intensité,
continuent à diviser les théologiens, les papes soutiennent la fête de la
Conception et la croyance en l'Immaculée Conception par toutes sortes
d'indulgences, d'approbations, de reconnaissances d'associations pieuses de
privilèges et de permissions. Alexandre VI (1492-1503) confirme Grave nimis par
la bulle Illius qui (22 février 1502) ; Léon X (1513-1521), si Cajetan ne s'y
était opposé, aurait bien fait proclamer une définition doctrinale par le
concile de Latran V qui reprend décret de Bâle.
La cinquième session du
concile de Trente renouvelle les constitutions de Sixte IV (17 juin 1546). Pie
V (1566-1572), dans la bulle Ex omnibus afflictionibus (1er octobre 1567), a
condamné, entre autres propositions, celle où Baïus prétendait que la Vierge
était morte à cause du péché qu'elle avait contracté d'Adam ; par ailleurs, il
lui suffit de confirmer les constitutions antérieures (bulle Super speculam
Domini du 30 novembre 1570) et de conserver dans le bréviaire romain la fête de
la Conception (1568), fête qu'il veut double, mais dont il supprime toutefois
l'octave et, sauf pour les franciscains, les offices propres approuvés par
Sixte IV et Paul III (1534-1549). La fête de l'Immaculée Conception est promue
par Clément VIII (1592-1505) au rite double majeur (1602).
En dépit de la demande
expresse de Philippe III d'Espagne et des sages avis du saint cardinal Robert
Bellarmin, Paul V (1605-1621), dans la constitution Sanctissimus (12 septembre
1617), se contente d'interdire l'expression publique d'opinions contraires à
l'Immaculée Conception.
A la requête du roi
Philippe IV d'Espagne, Grégoire XV (1621-1623) publie la constitution de son
prédécesseur (4 juin 1622) à quoi il ajoute l'interdiction privée et
l'obligation de fêter la Conception, mais il permet aux dominicains d'en
discuter entre eux (28 juillet 1622).
Philippe IV d'Espagne,
avec cette fois le concours de l'Empereur Ferdinand II, du roi Sigismond de
Pologne, de l'archiduc Léopold d'Autriche, de l'archevêque-électeur de Cologne,
du duc de Bavière et du comte palatin du Rhin, s'adresse à Urbain VIII
(1623-1644) qui refuse d'aller plus loin (28 janvier 1627).
Si rien de nouveau ne se
fait sous le pontificat d'Innocent X (1644-1655), en revanche, Alexandre VII
(1655-1667), toujours à la demande du roi d'Espagne, donne la constitution
Sollicitudo omnium ecclesiarum (8 décembre 1661) où il renouvelle les
interdictions de ses prédécesseurs et affirme avec plus de force la croyance
sans pour autant lui donner la force d'une vérité de foi définie. La fête de
l'Immaculée Conception est, en 1693, gratifiée d'une octave par Innocent XI
(1676-1689), avant que Clément XI (1700-1721) en fasse une fête de précepte
pour l'Eglise universelle (bulle Commissi nobis du 6 décembre 1708).
Au terme d'une large
campagne d'opinion orchestrée par saint Léonard de Port-Maurice, Benoît XIV
(1740-1758) décrète, pour chaque 8 décembre, la tenue, à Sainte-Marie Majeure,
de la chapelle pontificale en l'honneur de l'Immaculée Conception (26 novembre
1742).
Benoît XIV ne publie pas
la bulle Mulierem pulchram, préparée par le jésuite Budrioli, où, après avoir
récapitulé les décisions pontificales en faveur de l'Immaculée Conception
réaffirmée avec force, le pape ne la proclame cependant pas comme un dogme.
L'apparition de la Vierge
Marie à Catherine Labouré au noviciat des filles de la Charité de Paris et la
diffusion de la médaille miraculeuse en l'honneur de Marie conçue sans péché
(1830) incitèrent beaucoup d'évêques à demander au Saint-Père que l'Immaculée
Conception fût définie comme dogme de foi. La plupart des évêques français,
largement relayés par leurs collègues espagnols et italiens, supplient, sans
succès, Grégoire XVI (1831-1846), arrêté par le silence des épiscopats
germaniques et anglo-saxons, de définir l'Immaculée Conception comme vérité de
foi.
La campagne s'intensifie
dès l'élection de Pie IX (1846-1878) qui institue à cet effet une consulte de
vingt théologiens (1° juin 1848) et une congrégation antépréparatoire de huit
cardinaux (avec un secrétaire et cinq consulteurs), présidée par le cardinal
Lambruschini (6 décembre 1848), avant que de solliciter l'avis écrit de tous
les évêques (encyclique Ubi primum , 2 février 1849). Fort des avis favorables
de la très grande majorité de l'épiscopat (546 sur 603) joints aux approbations
conjuguées de la consulte (17 sur 20) et de la congrégation, Pie IX demande
d'abord à deux groupes théologiens (l'un sous Perrone et l'autre sous
Passaglia) de préparer un projet de bulle (1851), puis, le 10 mai 1852, il
réunit, sous le cardinal Fornari, une commission spéciale pour élaborer le
texte définitif qui, après l'approbation d'un consistoire secret (1° décembre
1854), est promulgué le 8 décembre 1854 sous le titre Ineffabilis Deus .
Le dogme de l'Immaculée
Conception définit, à partir de l'Ecriture (Genèse III 15, S. Luc I 28 et I
42), que la Vierge Marie, en vue de sa maternité divine, fut, dès sa
conception, préservée du péché originel et mise en pleine possession de la
grâce sanctifiante.
Pie IX fit publier un
nouvel office en 1863. Les apparitions de Lourdes furent saluées comme une
confirmation céleste du dogme et Léon XIII, en 1879, décida que la fête serait
de rite double de première classe avec octave et une vigile. C'est une
solennité dans l'Ordo liturgique de Paul VI.
Inmaculada Concepción, San Francisco Church in San Cristobal de las Casas, Chiapas, Mexico
Prière
O Vierge par excellence,
toute pure et tout aimable Marie, vous avez paru sur la terre comme une aurore
éclatante, prévenant par la lumière de votre sainteté la venue du Soleil de
justice. Le jour où vous avez été donnée au monde peut être appelé, à juste
titre, un jour de salut et de grâces.
O Marie ! vous dirai-je
donc tout transporté de joie, d'espérance et d'amour, quelle serait notre
pauvreté si le Père des miséricordes ne vous eût tirée de ses trésors pour vous
donner à nous ! O mon bonheur, ô ma vie ! je sens que mon cœur veut vous aimer,
que ma langue veut vous louer, que mon esprit veut vous contempler, que mon âme
brûle d'être tout à vous. Vierge sainte, recevez-moi, et obtenez-moi un cœur
digne de vous appartenir ; prêtez-moi votre secours contre vos ennemis, et
mettez dans ma bouche des louanges qui vous soient agréables.
O Vierge comblée de
bonheur ! puisque vous avez dit : Je serai appelée bienheureuse par toutes les
générations, je veux contribuer à l'accomplissement de cette prophétie ; je
veux joindre ma faible voix à celles qui, dans tous les lieux du monde, vous
proclament bienheureuse.
Vous êtes bienheureuse, ô
Marie, parce que dès votre Conception le Très-Haut a orné votre âme d'une
incomparable beauté, et parce que vous avez été fidèle à conserver et à
accroître sans cesse le trésor des grâces qu'il avait mises en vous. Vous êtes
bienheureuse, parce que vous avez cru la parole que l'Ange vous a apportée de
la part du Seigneur : parce que vous avez accepté avec soumission tous les
desseins de Dieu sur vous, et que vous les avez accomplis avec amour, ô la plus
sainte et la plus humble servante du Seigneur !
Vous êtes bienheureuse, ô
Vierge immaculée, parce que votre âme possède, dans le degré le plus éminent,
les vertus que votre divin Fils a lui-même qualifiées de béatitudes. Nous
vénérons en vous, ô Marie, cette sublime pauvreté d'esprit, source de tant de
biens que le monde ne connaît pas, et nous confessons avec bonheur que, selon
la parole de Jésus-Christ, le royaume des cieux est à vous.
O heureuse Marie ! vous
êtes la Mère de Dieu et la Mère de l'homme ; vous êtes la Mère du Juge et la
Mère du coupable. Ah ! puisque vous êtes la Mère de l'un et de l'autre, puisque
tous deux sont vos enfants, ne permettez pas que votre enfant pécheur soit
condamné par votre Fils très-saint ; mais fléchissez par vos prières votre Fils
souverain juge, et ouvrez les portes de la céleste patrie à votre enfant exilé,
ô bienheureuse Marie !
Prosternés à vos pieds,
divine Vierge, nous vous offrons ces cantiques de louanges. Daignez, ô Mère de
bonté et de miséricorde, être notre conductrice durant le cours de cette vie,
et nous assister à l'heure de notre mort. Ainsi soit-il.
C'est ici cette Vierge
incomparable.
- En qui n'a jamais
existé la moindre tache du péché.
Réflexions de docteurs de
l'Église
Il convenait que cette
Vierge à qui le Père se disposait à donner son Fils unique, ce Fils engendré de
son cœur, égal à lui et qu'il aime comme lui-même, qu'il voulait lui donner de
sorte qu'il fût naturellement un seul et même Fils, commun à Dieu et à la
Vierge, il convenait que cette Vierge fût ornée de la plus haute sainteté qui
se puisse concevoir après celle de Dieu.
Saint Anselme de
Cantorbery. De conceptu virginali et originali peccato
Marie était le ciel où
devait se lever le soleil de justice, la terre qui devait porter l'épi de vie,
la mer qui devait produire la perle d'un prix infini.
C'est une terre qui ne
produira jamais l'épine du péché, qui produira, au contraire, un fruit de
grâce. C'est une terre qui n'entendra jamais des paroles de malédiction, mais
des paroles de bénédiction.
Ainsi, si les Anges, au
témoignage de la Sainte Ecriture, louaient Dieu en contemplant la création
naissante, cette création qui n'était pas sans défauts, quelles louanges ils
adressaient à Dieu en contemplant cette créature toute remplie de Dieu !
Saint Jean Damascène,
deuxième homélie sur la Nativité de la Vierge
Marie est un commencement
des œuvres de Dieu: il n'est donc pas étonnant que le Dieu qui devait racheter
le monde, ait commencé son œuvre par sa mère, afin que celle par qui le salut
était préparé à tous, jouit la première du fruit du salut.
Saint
Ambroise. Commentaire sur l'Évangile selon saint Luc
La femme avait été cause
que le genre humain croupissait, captif, dans sa corruption ; car il est écrit
: Le commencement du péché est dans la femme, et c'est par elle que nous
mourons (Eccl. XXV,35). Par elle le monde était prisonnier du démon. Les
événements conjurés contre l'homme, les eaux du déluge pouvaient détruire
l'homme, ils ne pouvaient détruire le péché. Isaac, né d'une mère stérile, mais
non d'une vierge, mérita de porter la figure de la croix : il mérita d'être
pris, lié, mais non d'être immolé en sacrifice. Moïse, sauvé des eaux, est
envoyé par Dieu pour sauver son peuple, mais non pour sauver le monde ; il peut
exterminer les égyptiens, mais non le péché ; le Pharaon et son armée, mais non
le démon et ses légions. David déclare qu'il a été conçu dans le péché ; il
demande la délivrance de son péché, mais il ne peut effacer le péché du monde.
Le monde, dans sa course, voyait les fautes s'aggraver, les ruines s'accumuler,
et il ne voyait venir ni remède, ni secours. Alors la cause revint à la femme,
à celle qui se trouvait à nos origines. A une source de mort sera substituée
une source de vie ; la mère du péché sera remplacée par la Mère du Christ.
Saint
Augustin. Natal. Dom. Alias de tempore
SOURCE : http://missel.free.fr/Sanctoral/12/08.php
Francisco de Zurbarán (1598–1664). Inmaculada Concepción, 1640, 201 x
145, Museum Cerralbo, Madrid, Spain.
MESSE À L'OCCASION DU 150
ANNIVERSAIRE
DE LA PROCLAMATION DU
DOGME
DE L'IMMACULÉE CONCEPTION
DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE
HOMÉLIE DU PAPE JEAN-PAUL
II
Solennité de l'Immaculée
Conception
Mercredi 8 décembre 2004
1. "Réjouis-toi,
comblée de grâce, le Seigneur est avec toi!" (Lc 1, 28).
A travers ces paroles de
l'Archange Gabriel, nous nous adressons à la Vierge Marie plusieurs fois par
jour. Nous les répétons aujourd'hui avec une joie fervente, en la solennité de
l'Immaculée Conception, en rappelant la date du 8 décembre 1854, lorsque le
bienheureux Pie IX proclama cet admirable dogme de la foi catholique
précisément dans cette Basilique vaticane.
Je salue cordialement
tous ceux qui sont réunis ici aujourd'hui, en particulier les représentants des
sociétés mariologiques nationales, qui ont participé au Congrès mariologique
marial international, organisé par l'Académie pontificale mariale.
Je vous salue également,
vous tous ici présents, très chers Frères et Soeurs, venus rendre un hommage
filial à la Vierge Immaculée. Je salue de façon particulière Monsieur le
Cardinal Camillo Ruini, auquel je renouvelle mes voeux les plus cordiaux pour
son jubilé sacerdotal, en lui exprimant toute ma gratitude pour le service
qu'il rend avec un dévouement généreux à l'Eglise en tant que mon Vicaire
général pour le Diocèse de Rome et en tant que Président de la Conférence
épiscopale italienne.
2. Combien est grand le
mystère de l'Immaculée Conception, que nous présente la liturgie d'aujourd'hui!
Un mystère qui ne cesse d'attirer la contemplation des croyants et qui inspire
la réflexion des théologiens. Le thème du Congrès qui vient d'être rappelé -
"Marie de Nazareth accueille le Fils de Dieu dans l'histoire" - a
permis un approfondissement de la doctrine de la conception immaculée de Marie
comme présupposé pour l'accueil en son sein virginal du Verbe de Dieu incarné,
Sauveur du genre humain.
"Pleine de
grâce", c'est à travers cette appellation, selon l'original en grec
de l'Evangile de Luc, que l'Ange s'adresse à Marie. Tel est le nom avec
lequel Dieu, à travers son messager, a voulu qualifier la Vierge. C'est de
cette façon qu'Il l'a pensée et vue depuis toujours, ab aeterno.
3. Dans l'hymne de la
Lettre aux Ephésiens, qui vient d'être proclamé, l'Apôtre loue Dieu le Père car
il "nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles aux cieux,
dans le Christ" (1, 3). Avec quelle bénédiction très spéciale Dieu
s'est-il adressé à Marie depuis le début des temps! Marie est véritablement
bénie entre toutes les femmes (cf. Lc 1, 42)!
Le Père l'a choisie dans
le Christ avant la création du monde, afin qu'elle soit sainte et immaculée en
sa présence dans l'amour, la prédestinant d'avance à l'adoption filiale par
Jésus Christ (cf. Ep 1, 4-5).
4. La prédestination de
Marie, comme celle de chacun de nous, est relative à la prédestination du Fils.
Le Christ est la "souche" qui devait "écraser la tête" de
l'antique serpent, selon le Livre de la Genèse (cf. Gn 3, 15); c'est l'Agneau
"sans tache" (cf. Ex 12, 5; 1 P 1, 19), immolé pour racheter l'humanité
du péché.
En prévision de sa mort
salvifique, Marie, sa Mère, a été préservée du péché originel et de tout autre
péché. Dans la victoire du nouvel Adam, il y a également celle de la nouvelle
Eve, mère des rachetés. L'Immaculée est ainsi un signe d'espérance pour tous
les vivants, qui ont vaincu Satan par le sang de l'Agneau (cf. Ap 12, 11).
5. Nous contemplons
aujourd'hui l'humble jeune fille de Nazareth sainte et immaculée en présence de
Dieu dans la charité (cf. Ep 1, 4), cette "charité" qui, dans sa
source originelle, est Dieu lui-même, un et trine.
Oeuvre sublime de la Très
Sainte Trinité que l'Immaculée Conception de la Mère du Rédempteur! Pie IX,
dans la Bulle Ineffabilis Deus, rappelle que le Tout-Puissant a établi
"par un seul et même décret l'origine de Marie et l'incarnation de la
Sagesse divine" (Pii IX Pontificis Maximi Acta, Pars prima, p. 559).
Le "oui" de la
Vierge à l'annonce de l'Ange prend place dans la situation concrète de notre
condition terrestre, en humble obéissance à la volonté divine de sauver
l'humanité non pas de l'histoire, mais dans l'histoire. En effet, préservée de
toute tache de péché originel, la "nouvelle Eve" a bénéficié de façon
particulière de l'oeuvre du Christ comme Médiateur et Rédempteur très parfait.
Rachetée la première par son Fils, participant en plénitude à sa sainteté, Elle
est déjà ce que toute l'Eglise désire et espère être. Elle est l'icône
eschatologique de l'Eglise.
6. C'est pourquoi
l'Immaculée, qui marque "le début de l'Eglise, épouse du Christ sans tache
et sans ride, resplendissante de beauté" (Préface), précède toujours le
Peuple de Dieu, dans le pèlerinage de la foi vers le Royaume des cieux (cf.
Lumen gentium, n. 58; Enc. Redemptoris Mater, n. 2).
Dans la Conception
immaculée de Marie, l'Eglise voit se projeter, anticipée à travers son membre
le plus noble, la grâce salvifique de Pâques.
Dans l'événement de
l'Incarnation, elle trouve le Fils et la Mère indissolublement associés:
"Celui qui est son Seigneur et sa Tête et celle qui, en prononçant le
premier fiat de la Nouvelle Alliance, préfigure sa condition d'épouse et de Mère"
(Redemptoris Mater, n. 1).
7. A Toi, Vierge
Immaculée, prédestinée par Dieu par-dessus toute autre créature comme avocate
de grâce et modèle de sainteté pour son peuple, je renouvelle aujourd'hui de
façon particulière l'acte de consécration de toute l'Eglise.
Puisses-tu guider ses
fils dans leur pèlerinage de foi, les faisant devenir toujours plus obéissants
et fidèles à la Parole de Dieu.
Puisses-tu accompagner
chaque chrétien sur le chemin de la conversion et de la sainteté, dans la lutte
contre le péché et dans la recherche de la beauté véritable, qui constitue
toujours la marque et le reflet de la Beauté divine.
Puisses-tu encore obtenir
la paix et le salut pour tous les peuples. Que le Père éternel, qui T'a voulue
Mère immaculée du Rédempteur, renouvelle également dans notre temps, à travers
toi, les prodiges de son amour miséricordieux. Amen!
Francisco de Zurbarán (1598–1664). L’Immaculée
Conception, vers1630, 128 x 89, Madrid, musée du Prado
BULLE
INEFFABILIS DEUS
de
Pie IX, Bulle de proclamation du dogme de l’Immaculée Conception
(8
décembre 1854)
Dieu, qui est ineffable -
Cette innocence originelle, l'Eglise l'a enseignée -
Pie, évêque, serviteur
des serviteurs de Dieu, Pour qu'à jamais s'en perpétue la mémoire. Dieu, qui
est ineffable
Dieu, qui est ineffable,
dont les voies sont la miséricorde et la vérité, dont la volonté est la
toute-puissance même, dont la sagesse atteint d'une extrémité jusqu'à l'autre
irrésistiblement et dispose avec douceur toutes choses, voyant dans sa
prescience, de toute éternité, la ruine lamentable de tout le genre humain,
suite de la transgression d'Adam, et ayant, dans le mystère caché dès l'origine
des siècles, décrété que, par le sacrement plus mystérieux encore de
l'incarnation du Verbe, il accomplirait l'oeuvre primitive de sa bonté, afin
que l'homme, poussé dans le mal par la perfidie de l'iniquité diabolique, ne
pérît pas contre le dessein de sa miséricorde ; et que ce qui devait tomber
dans le premier Adam fût relevé dans le second par un bonheur plus grand que
cette infortune ; choisit et prépara, dès le commencement et avant les siècles,
une Mère à son Fils unique, pour que d'elle fait chair, il naquit dans
l'heureuse plénitude des temps, et il l'aima entre toutes les créatures d'un
tel amour, qu'il mit en elle seule, par une souveraine prédilection, toutes ses
complaisances.
L'élevant
incomparablement au-dessus de tous les esprits angéliques, de tous les Saints,
il la combla de l'abondance des dons célestes, pris au trésor de la divinité,
d'une manière si merveilleuse, que toujours et entièrement pure de toute tache
du péché, toute belle et toute parfaite, elle avait en elle la plénitude
d'innocence et de sainteté la plus grande que l'on puisse concevoir au-dessous
de Dieu et telle que, sauf Dieu, personne ne peut la comprendre.
Et certes, il était tout
à fait convenable qu'elle brillât toujours des splendeurs de la sainteté la
plus parfaite, et qu'entièrement exempte de la tache même de la faute
originelle, elle remportât le plus complet triomphe sur l'antique serpent,
cette Mère si vénérable, à qui Dieu le Père a voulu donner son Fils unique,
engendré de son sein, égal à lui, et qu'il aime comme lui-même, et le donner de
telle sorte qu'il est naturellement un seul et même et commun Fils de Dieu le
Père et de la Vierge, Elle que le Fils lui-même a choisie pour être
substantiellement sa Mère, Elle de laquelle le Saint-Esprit a voulu que par son
opération fût conçu et naquît Celui de qui lui-même procède.
Cette
innocence originelle, l'Eglise l'a enseignée
Cette innocence
originelle de l'auguste Vierge si parfaitement en harmonie avec son admirable
sainteté et avec la dignité sublime de Mère de Dieu, l'Eglise catholique qui,
toujours enseignée par le Saint-Esprit, est la colonne et l'appui de la vérité,
agissant comme maîtresse de la doctrine divinement reçue et contenue dans le
dépôt de la révélation céleste, n'a jamais cessé de l'expliquer, de la
favoriser tous les jours de plus en plus par toutes les voies et par des actes
éclatants.
Cette doctrine, en
vigueur depuis les temps anciens, profondément gravée dans les âmes des fidèles
et propagée d'une manière merveilleuse dans tout l'univers catholique par les
soins et les efforts des pontifes sacrés ; cette doctrine, l'Eglise elle-même
l'a en effet très clairement enseignée lorsqu'elle n'a pas hésité à proposer la
Conception de la Vierge à la vénération et au culte public des fidèles.
Par cet acte solennel,
elle l'a présentée pour être honorée comme extraordinaire, admirable,
pleinement différente des commencements du reste des hommes et tout à fait
sainte ; car l'Eglise ne célèbre par des jours de fête que ce qui est saint. Et
c'est pourquoi elle a coutume d'employer, soit dans les offices
ecclésiastiques, soit dans la liturgie sacrée, les termes mêmes des divines
Ecritures parlant de la Sagesse incréée et représentant ses origines
éternelles, et d'en faire l'application aux commencements de cette Vierge, qui
avait été, dans les conseils de Dieu, l'objet du même décret que l'Incarnation
de la Sagesse divine.
Les actes de l'Eglise romaine - La fête de la Conception - La loi de la prière
Les actes de l'Eglise romaine
Toutes ces choses,
connues partout des fidèles, montrent suffisamment avec quel soin l'Eglise
romaine, mère et maîtresse de toutes les églises, s'est appliquée à propager
cette doctrine de l'Immaculée Conception de la Vierge ; mais cette Eglise,
centre de la vérité et de l'unité catholique, dans laquelle seule la religion a
été inviolablement gardée et de laquelle il faut que toutes les autres églises
empruntent la tradition de la foi, a une dignité et une autorité telles qu'il
convient d'en rappeler les actes en détail.
Elle n'eut jamais rien
plus à coeur que de soutenir, de protéger, de promouvoir et de défendre par les
voies les plus éclatantes l'Immaculée Conception de la Vierge, son culte et sa
doctrine.
C'est ce qu'attestent et
proclament tant d'actes solennels des Pontifes romains, nos prédécesseurs, à
qui, dans la personne du prince des Apôtres, Notre Seigneur Jésus-Christ a
lui-même divinement confié la charge et le pouvoir suprême de paître les agneaux
et les brebis, de confirmer leurs frères, de régir et de gouverner l'Eglise
universelle.
La
fête de la Conception
Nos prédécesseurs, en
effet, se firent gloire d'instituer dans l'Eglise romaine, en vertu de leur
autorité apostolique, la fête de la Conception avec un office et une messe
propres, où la prérogative de l'exemption de la souillure héréditaire était
affirmée de la manière la plus claire et la plus manifeste.
Ils s'attachèrent de plus
à accroître l'éclat de cette fête et à propager par tous les moyens le culte
institué, soit en l'enrichissant d'indulgences, soit en autorisant les villes,
les provinces, les royaumes, à se placer sous le patronage de la Mère de Dieu,
honorée sous le titre de l'Immaculée Conception, soit en approuvant des
confréries, des congrégations, des communautés religieuses instituées en
l'honneur de la Conception Immaculée, soit en excitant par leurs louanges la
piété de ceux qui érigeaient des monastères, des hôpitaux, des autels, des
temples sous ce titre, ou qui s'engageaient sur la foi du serment à défendre
énergiquement l'Immaculée Conception de la Mère de Dieu.
Ils furent surtout
heureux d'ordonner que la fête de la Conception fût célébrée dans toute
l'Eglise comme celle de la Nativité, et ensuite qu'on la célébrât avec octave
dans l'Eglise universelle, puis, qu'elle fût mise au rang des fêtes de précepte
et saintement observée partout ; enfin, que chaque année, le jour consacré à la
Conception de la Vierge, il y eût chapelle pontificale dans notre basilique
patriarcale libérienne.
La
loi de la prière
Désirant inculquer chaque
jour plus profondément dans les âmes des fidèles cette doctrine de l'Immaculée
Conception de la Mère de Dieu, et exciter leur piété à honorer et a vénérer la
Vierge conçue sans péché, ce fut avec une grande joie qu'ils permirent de
proclamer la Conception Immaculée de la Vierge dans les Litanies de Lorette et
dans la préface même de la messe, comme pour établir la loi de la prière.
Pour Nous, marchant sur
les traces d'un si grand nombre de Nos Prédécesseurs, non seulement Nous avons
reçu et approuvé ce qu'ils ont si sagement et si pieusement établi ; mais
encore Nous souvenant du décret de Sixte IV, Nous avons revêtu de la sanction
de Notre autorité un office propre de l'Immaculée Conception, et à la grande
consolation de Notre âme, Nous en avons accordé l'usage à l'Eglise universelle.
L'objet et la doctrine de
la fête de la Conception - Immaculée depuis le premier instant de sa conception
- Cette doctrine est pleinement en harmonie avec le culte ecclésiastique - L'autorité
du Concile de Trente
L'objet
et la doctrine de la fête de la Conception
Mais, parce que les
choses qui appartiennent au culte tiennent étroitement et par un lien intime à
l'objet même du culte, et qu'elles ne peuvent se maintenir déterminées et
fixes, si cet objet demeure dans un état de doute et d'ambiguïté, Nos
prédécesseurs les Pontifes romains, en mettant tous leurs soins a accroître le
culte de la Conception, s'appliquèrent avec sollicitude à en déclarer et à en
inculquer l'objet et la doctrine.
Ils enseignèrent donc clairement
et ouvertement que la fête avait pour objet la Conception de la Vierge, et ils
proscrivirent, comme fausse et contraire à l'esprit de l'Eglise, l'opinion de
ceux qui pensaient et affirmaient que ce n'est point la Conception, mais la
sanctification que l'Eglise honore.
Immaculée
depuis le premier instant de sa conception
Ils ne crurent pas devoir
agir avec plus de ménagement envers ceux qui, pour ruiner la doctrine de
l'Immaculée Conception de la Vierge, avaient imaginé une distinction entre le
premier et le second instant de la Conception, disant que l'Eglise, à la
vérité, célèbre la Conception, mais qu'elle n'entend pas l'honorer dans son premier
instant ou premier moment.
Nos prédécesseurs, en
effet, regardèrent comme de leur devoir de protéger et de propager avec le plus
grand zèle, non seulement la fête de la Conception de la bienheureuse Vierge,
mais encore la doctrine que la Conception, dès le premier instant, est le
véritable objet de ce culte.
De là ces paroles tout à
fait décisives par lesquelles Notre prédécesseur, Alexandre VII, déclara la véritable
intention de l'Eglise :
« C'est l'ancienne et
pieuse croyance des fidèles chrétiens, que l'âme de la bienheureuse Vierge
Marie, dès le premier instant de sa création et de son union au corps, a été,
par grâce et privilège spécial de Dieu, et en vue des mérites de Jésus-Christ,
son Fils, Rédempteur du genre humain, préservée et exempte du péché originel,
et C'est en ce sens qu'ils honorent et célèbrent avec solennité la fête de sa
Conception [1] »
Nos prédécesseurs
s'attachèrent surtout, avec un soin jaloux et une vigilance extrême, à
maintenir inviolable et à l'abri de toute attaque la doctrine de l'Immaculée
Conception de la Mère de Dieu.
Cette doctrine est
pleinement en harmonie avec le culte ecclésiastique
Non seulement ils ne
souffrirent jamais que cette doctrine fût en aucune façon censurée et outragée
; mais, allant beaucoup plus loin, ils proclamèrent, par des déclarations
formelles et réitérées, que la doctrine en vertu de laquelle nous confessons
l'Immaculée Conception de la Vierge est pleinement en harmonie avec le culte
ecclésiastique ; et que cette doctrine antique et universelle, telle que
l'Eglise romaine l'entend, la défend et la propage, est digne à tous égards
d'être formulée dans la Sacrée Liturgie elle-même et dans les solennités de la
prière.
Non contents de cela,
pour que cette doctrine de la Conception Immaculée de la Vierge demeurât
inviolable, ils défendirent, sous des peines sévères, de soutenir soit
publiquement, soit en particulier, la doctrine contraire, voulant, par les
coups répétés portés à cette dernière, la faire succomber. Et, afin que ces
déclarations éclatantes et réitérées ne parussent pas vaines, ils les
revêtirent d'une sanction.
Notre prédécesseur
Alexandre VII, que nous venons de citer, a rappelé toutes ces choses en ces
termes :
« Considérant que la
sainte Eglise romaine célèbre solennellement la fête de la Conception de Marie
sans tache et toujours Vierge, et qu'autrefois elle avait ordonné un office
propre sur ce mystère, selon la pieuse et dévote disposition de Notre
prédécesseur Sixte IV ; voulant à Notre tour favoriser cette louable dévotion,
ainsi que la fête et le culte qui en est l'expression, lequel n'a jamais changé
dans l'Eglise romaine depuis qu'il a été institué, et désirant à l'exemple des
pontifes romains, Nos prédécesseurs, protéger et favoriser cette piété et cette
dévotion qui consistent à honorer et célébrer la bienheureuse Vierge, comme
ayant été, par l'action du Saint-Esprit, préservée du péché originel ; enfin,
pour conserver le troupeau du Christ dans l'unité d'esprit et dans le lien de
la paix, pour éteindre les dissensions et faire disparaître les scandales ; sur
les instances et les prières des Évêques susnommés, unis aux chapitres de leurs
Eglises, ainsi que sur les instances et les prières du roi Philippe et de ses
royaumes, Nous renouvelons les constitutions et décrets que les Pontifes
romains, Nos prédécesseurs, et spécialement Sixte IV, Paul V et Grégoire XV ont
portés en faveur du sentiment qui affirme que l'âme de la bienheureuse Vierge
Marie, dans sa création et dans son union avec le corps, a été pourvue de la
grâce du Saint-Esprit et préservée du péché originel, et aussi en faveur de la
fête et du culte de la Conception de la Mère de Dieu, lesquels ont été établis,
comme il est dit plus haut, dans le sens de cette doctrine, et Nous commandons
que l'on, garde les dits constitutions et décrets sous les peines et censures
qui y sont spécifiées.
En outre, quant à tous et
à chacun de ceux qui cherchent à interpréter ces constitutions et décrets de
manière à diminuer la faveur qui en résulte pour la doctrine en question, et
qui s'efforcent de mettre en discussion la fête ou le culte rendu dans le sens
de cette doctrine, d'en faire l'objet de leurs attaques, soit directement, soit
indirectement, comme sous le prétexte d'examiner si cette doctrine peut être
définie, de commenter ou d'interpréter l'Ecriture sacrée, ou les saints Pères
ou les Docteurs ; tous ceux, en un mot, qui auraient l'audace, par quelque
motif que ce puisse être et de quelque façon que ce soit, de parler, de
prêcher, de traiter, de disputer contre elle, par écrit ou de vive voix, en
déterminant ceci ou cela, en affirmant, en faisant valoir des arguments ou en
faisant sans solution les arguments allégués, ou quel que puisse être le moyen
employé dans le même but ; quant à tous ceux-là, outre les peines et les
censures contenues dans les constitutions de Sixte IV, auxquels Nous entendons
les soumettre et les soumettons par les présentes, Nous voulons que, par ce
seul fait et sans autre déclaration, ils soient privés du pouvoir de prêcher,
de faire des leçons publiques ou d'enseigner et d'interpréter, ainsi que de
toute voix active ou passive dans toute l'élection : ils seront donc par le
fait même, et sans autre déclaration, frappés à perpétuité d'incapacité pour
prêcher, lire en public, enseigner et interpréter, et ils ne pourront être
absous ou dispensés de ces peines que par Nous mêmes ou par Nos successeurs ;
et Nous entendons les soumettre encore aux autres peines que Nous, ou les
Pontifes romains Nos successeurs, pourrons leur infliger, comme Nous les y
soumettons par les présentes, renouvelant les constitutions on décrets
ci-dessus rappelés de Paul V et de Grégoire XV.
Quant aux livres dans
lesquels la doctrine susdite, la fête on le culte rendu dans le sens de cette
doctrine se trouverait révoquée en doute, ou dans lesquels, en quelque manière
que ce soit, quelque chose serait écrit contre elle, ou qui contiendraient des
discours, disputes on traités destinés à la combattre, Nous prohibons tous ceux
qui ont été publiés postérieurement au décret cité de Paul V on qui seraient
publiés à l'avenir, et cela sous les peines et censures spécifiées à l'index
des livres prohibés, et Nous commandons et voulons qu'ils soient tenus et
considérés comme expressément prohibés par le fait même et sans aucune
déclaration. »
L'autorité
du Concile de Trente
Or, tout le monde sait
avec quel zèle cette doctrine de l'Immaculée Conception de la Vierge, Mère de
Dieu, a été professée, soutenue et défendue par les Ordres religieux les plus
illustres, par les académies de théologie les plus célèbres et par les Docteurs
les plus versés dans la science sacrée.
Tout le monde sait
également combien les évêques ont toujours été jaloux, même dans les assemblées
ecclésiastiques, de déclarer ouvertement et publiquement que la très sainte
Mère de Dieu, la Vierge Marie, par les mérites du Seigneur et Rédempteur
Jésus-Christ, n'a jamais été soumise au péché originel, mais qu'elle a été
entièrement préservée de la souillure originelle et de la sorte rachetée d'une
façon plus admirable.
A toutes ces autorités se
joint l'autorité la plus grave et la plus élevée, celle du Concile de Trente.
En formulant le décret
dogmatique sur le péché originel, où, conformément aux témoignages des saintes
Ecritures, des saints Pères et des plus accrédités Conciles, il a établi et
défini que tous les hommes naissent souillés par la faute originelle, le
Concile a déclaré solennellement qu'il n'était pas dans son intention de
comprendre dans ce décret et dans cette généralité de sa définition la
bienheureuse et Immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu.
Par cette déclaration,
les Pères de Trente ont montré, autant que les temps et les circonstances le
rendaient opportun, que la bienheureuse Vierge Marie a été exempte de la tache
originelle, et ils ont ainsi exprimé clairement que rien dans les divines
Lettres, rien dans la tradition ni dans l'autorité des Pères, ne peut être
valablement allégué qui, en quelque manière que ce soit, porte atteinte à cette
grande prérogative de la Vierge.
Cavalier d'Arpin (1568–1640). Inmaculada Concepción de la Virgen María,
vers 1583-1640, 226 x 127, Académie royale des
beaux-arts de San Fernando, Madrid.
Cette
doctrine a toujours été professée dans l'Eglise - L'opinion des Pères de
l'Eglise - Les images de l'Ancien Testament - La salutation de l'ange à Marie -
Cette
doctrine a toujours été professée dans l'Eglise
Et rien n'est plus
véritable : de célèbres monuments de la vénérable antiquité, tant de l'Eglise
orientale que de l'Eglise occidentale, prouvent en effet avec évidence que
cette doctrine de l'Immaculée Conception de la bienheureuse Vierge Marie, qui a
été, d'une manière si éclatante, expliquée, déclarée et confirmée chaque jour
davantage, qui s'est propagée d'une façon si merveilleuse chez tous les peuples
et parmi toutes les nations du monde catholique, avec le ferme assentiment de
l'Eglise, par son enseignement, son zèle, sa science et sa sagesse, a toujours
été professée dans l'Eglise comme reçue de main en main de nos pères et revêtue
du caractère de doctrine révélée.
Car l'Eglise du Christ,
vigilante gardienne et protectrice des dogmes qui lui sont confiés, n'y change
rien, n'en diminue rien, n'y ajoute rien ; mais, traitant avec une attention
scrupuleuse, avec fidélité et avec sagesse les choses anciennes, s'il en est
que l'antiquité ait ébauchées et que la foi des Pères ait indiquées, elle
s'étudie à les dégager, à les mettre en lumière, de telle sorte que ces
antiques dogmes de la doctrine céleste prennent l'évidence, l'éclat, la
netteté, tout en gardant leur plénitude, leur intégrité, leur propriété, et
qu'ils se développent, mais seulement dans leur propre nature, c'est-à-dire en
conservant l'identité du dogme, du sens, de la doctrine.
L'opinion
des Pères de l'Eglise
Les Pères et les
écrivains de l'Eglise, instruits par les oracles célestes, n'ont rien eu plus à
coeur dans les livres qu'ils ont composés pour expliquer les Ecritures, pour
défendre les dogmes, pour instruire les fidèles, que de célébrer à l'envi et
d'exalter de mille manières admirables la souveraine sainteté de la Vierge, sa
dignité, son intégrité de toute tache de péché et son éclatante victoire sur le
cruel ennemi du genre humain.
C'est pourquoi,
lorsqu'ils rapportent les paroles par lesquelles Dieu, dans les commencements
du monde, annonçant les remèdes préparés dans sa miséricorde pour régénérer les
mortels, confondit l'audace du serpent séducteur et releva merveilleusement
l'espérance de notre race en disant : « Je mettrai l'inimitié entre toi et la
femme, entre sa race et la tienne », les Pères enseignent que, par cet oracle,
a été clairement et ouvertement annoncé le miséricordieux Rédempteur du genre
humain, le Christ Jésus, Fils unique de Dieu, et que sa bienheureuse Mère la
Vierge Marie y est aussi désignée, que l'inimitié du Fils et de la Mère contre
le démon y est également et formellement exprimée.
C'est pourquoi, de même
que le Christ, Médiateur de Dieu et des hommes, ayant pris la nature humaine,
efface le sceau de la sentence qui était contre nous, et l'attache en vainqueur
à la croix, de même la très sainte Vierge, unie à lui par un lien étroit et
indissoluble, avec lui et par lui exerçant des hostilités éternelles contre le
serpent venimeux, et triomphant pleinement de cet ennemi, a écrasé sa tête de
son pied immaculé.
Les
images de l'Ancien Testament
Ce triomphe unique et glorieux
de la Vierge, son innocence très excellente, sa pureté, sa sainteté, son
intégrité préservée de toute souillure du péché, son ineffable richesse de
toutes les grâces célestes, de toutes les vertus, de tous les privilèges, sa
grandeur, les mêmes Pères en ont vu l'image :
Tantôt dans cette arche
de Noé, qui, après avoir été établie de Dieu, échappa pleinement saine et sauve
au commun naufrage du monde entier ;
Tantôt dans cette échelle
que Jacob vit s'élever de la terre au ciel sur les degrés de laquelle les anges
de Dieu montaient et descendaient, tandis que Dieu lui-même s'appuyait sur le
sommet ;
Tantôt dans ce buisson
que Moïse vit tout en feu dans un lieu sacré, et qui, au milieu des flammes
ardentes, loin de se consumer ou de souffrir la diminution même la plus légère,
verdissait merveilleusement et se couvrait de fleurs ;
Tantôt dans telle tour
inexpugnable en face de l'ennemi, à laquelle sont suspendus mille boucliers et
l'armure complète des forts ;
Tantôt dans ce jardin
fermé qui ne saurait être violé et où aucune ruse ne peut Introduire la
corruption ;
Tantôt dans cette
éclatante cité de Dieu, qui a ses fondements sur les montagnes saintes ;
Tantôt dans ce très
auguste temple de Dieu, qui, brillant des splendeurs divines, est plein de la
gloire du Seigneur ;
Tantôt dans une foule
d'autres symboles de même nature, par lesquels, selon la tradition des Pères,
la dignité sublime de la Mère de Dieu, son innocence sans tache et sa sainteté
préservée de toute atteinte, avaient été admirablement figurées et prédites.
La
salutation de l'ange à Marie
Pour décrire ce même
ensemble, cette abondance des dons divins et cette intégrité originelle de la
Vierge, de qui est né Jésus, ces mêmes Pères, se servant des paroles des
Prophètes, ont célébré l'auguste Vierge elle-même comme la colombe pure, la
sainte Jérusalem, le trône sublime de Dieu, l'arche de sanctification et la
maison que la Sagesse éternelle s'est bâtie ; comme cette reine, qui, remplie
de délices et appuyée sur son bien-aimé, sortit de la bouche du Très-Haut toute
parfaite, toute belle, toute chère à Dieu.
Et considérant dans leur
cœur et leur esprit que la bienheureuse Vierge Marie a été, au nom de Dieu et
par son ordre, appelée pleine de grâce par l'ange Gabriel lorsqu'il lui annonça
son incomparable dignité de Mère de Dieu, les Pères et les écrivains
ecclésiastiques ont enseigné que, par cette singulière et solennelle
salutation, dont il n'y a pas d'autre exemple, il est déclaré que la Mère de
Dieu est le siège de toutes les grâces divines, qu'elle a été ornée de tous les
dons du Saint-Esprit ; bien plus, qu'elle est comme le trésor infini de l'abîme
inépuisable de ces dons, de sorte qu'elle n'a jamais été atteinte par la
malédiction, et que, participant, en union avec son Fils, à la bénédiction éternelle,
elle a mérité d'entendre de la bouche d'Elisabeth, inspirée par l'Esprit Saint
:
« Vous êtes bénie entre
toutes les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni. »
Joan de Joanes. Inmaculada Concepción. entre 1535 et 1540, huile sur panneau de bois, 218 x 184, Fundación Banco Santander, Santander (Cantabrie)
La
Mère de Dieu - La Nouvelle Eve - Les noms de Marie - C'est elle qui a écrasé la
tête du serpent - La femme première-née - Le langage des Pères
La
Mère de Dieu
Aussi, c'est leur
sentiment, non moins clairement exprimé qu'unanime, que la glorieuse Vierge a
brillé d'un tel éclat de tous les dons célestes, d'une telle plénitude de grâce
et d'une telle innocence, qu'elle a été comme un miracle ineffable de Dieu, ou
plutôt le comble de tous les miracles, et en un mot Mère de Dieu, et que,
rapprochée de Dieu autant que le comporte la nature créée et plus que toutes
les créatures, elle s'élève à une hauteur que ne peuvent atteindre les louanges
ni des hommes ni des anges.
La
Nouvelle Eve
Pour attester cet état
d'innocence et de justice dans lequel a été créée la Mère de Dieu, non
seulement ils l'ont souvent comparée à Eve, vierge innocente et pure, avant
qu'elle fût tombée dans les embûches mortelles de l'astucieux serpent, mais
encore ils l'ont mise au-dessus d'elle, trouvant, mille manières admirables d'exprimer
cette supériorité.
Eve, en effet, en
obéissant misérablement au serpent, perdit l'innocence originelle et devint son
esclave ; mais la bienheureuse Vierge, augmentant sans cesse ses dons
d'origine, loin de jamais prêter l'oreille au serpent, détruisit entièrement,
par la vertu divine qu'elle avait reçue, sa force et sa puissance.
Les
noms de Marie
C'est pourquoi ils n'ont
jamais cessé d'appeler la Mère de Dieu :
Lis parmi les épines ;
Terre entièrement
intacte, virginale, sans tache, immaculée, toujours bénie et libre de toute
contagion du péché, dont a été formé le nouvel Adam ;
Paradis tout brillant,
tout agréable, tout parfait d'innocence, d'immortalité et de délices, établi
par Dieu même et défendu contre toutes les embûches du serpent venimeux ;
Bois incorruptible que le
ver du péché n'a jamais gâté ;
Fontaine toujours claire,
scellée par la vertu de l'Esprit Saint ;
Temple divin ;
Trésor d'immortalité ;
Seule fille non de la
mort, mais de la vie ;
Rejeton de grâce et non
de colère, qui, par une providence spéciale de Dieu, s'élevant verdoyante d'une
racine infectée et corrompue, a toujours fleuri en dehors des lois établies et
communes.
Et comme si ces choses,
malgré leur splendeur, étaient insuffisantes ils ont déclaré, par des paroles
expresses et précises que, lorsqu'il s'agit du péché, il ne saurait être en
aucune façon question de la sainte Vierge Marie, à qui a été donnée une
surabondance de grâces pour le vaincre entièrement.
C'est elle qui a écrasé
la tête du serpent
Ils ont professé que la
très glorieuse Vierge a été la réparatrice de sa race et une source de vie pour
le genre humain ; qu'elle était élue avant les siècles ; que le Tout-Puissant
se l'était préparée ; que Dieu l'avait prédite quand il dit au serpent : « Je
mettrai l'inimitié entre toi et la femme », et que c'est elle, il n'en faut pas
douter, qui a écrasé la tête venimeuse de ce même serpent.
C'est pourquoi ils ont
affirmé que cette bienheureuse Vierge avait été, par grâce, exempte de toute
tache du péché, et pure de toute contagion, et du corps, et de l'âme, et de
l'intelligence ; que, toujours en communication avec Dieu et unie à Lui par une
alliance éternelle, elle n'a jamais été dans les ténèbres, mais toujours dans
la lumière, et que c'est pour cela, pour la grâce originelle qui était en elle
et non pour l'état de son corps, qu'elle a été une demeure digne du Christ.
La
femme première-née
A tout ce que nous venons
de dire, il faut joindre les magnifiques paroles par lesquelles, en parlant de
la Conception de la Vierge, les Pères ont rendu ce témoignage que la nature,
s'avouant vaincue par la grâce, s'était arrêtée tremblante et dans
l'impuissance de suivre sa marche ; car il devait se faire que la Vierge Mère
de Dieu ne serait conçue d'Anne qu'après que la grâce aurait porté son fruit ;
cette conception, en effet, était celle de la femme première-née de qui devait
être conçu le premier-né de toutes les créatures.
Ils ont affirmé que la
chair de la Vierge prise d'Adam n'avait point reçu les souillures d'Adam,
qu'ainsi la Bienheureuse Vierge a été un temple créé par Dieu même, formé par
le Saint-Esprit, enrichi réellement de pourpre et de tout ce que l'or façonné
par ce nouveau Bésette peut donner d'éclat, qu'il faut à juste titre l'honorer
comme le chef-d'œuvre propre de la divinité, comme soustraite aux traits
enflammés du malin esprit, comme une nature toute belle et sans aucune tache,
répandant sur le monde, au moment de sa Conception Immaculée, tous les feux
d'une brillante aurore.
Il ne convenait pas, en
effet, que ce vase d'élection fût terni des souillures ordinaires ; car, bien
différent de tous les autres, il est venu de la nature, sans venir de la faute
; bien plus, il était tout à fait convenable que, comme le Fils unique a eu
pour Père dans les cieux celui que les Séraphins proclament trois fois Saint,
il eût aussi sur la terre une Mère qui n'eût jamais été privée de l'éclat de la
sainteté.
Le
langage des Pères
Et cette doctrine était
entrée si avant dans les esprits et les pensées de nos pères, qu'elle avait
fait adopter parmi eux ce langage tout particulier et si étonnant, par lequel
ils avaient coutume d'appeler la Mère de Dieu :
Immaculée et immaculée à
tous égards,
Innocente et l'innocence
même ;
Intègre et d'une
intégrité parfaite ;
Sainte et exempte de
toute souillure de péché, toute pure, toute chaste, le type même de la pureté
et de l'innocence ;
Plus belle que la beauté,
d'une grâce au-dessus de toute espèce de charmes ;
Plus sainte que la
sainteté, la seule sainte ;
Très pure d'âme et de
corps, Vierge qui a surpassé toute chasteté et toute virginité ;
La seule qui ait été
faite tout entière, le tabernacle de toutes les grâces du Saint-Esprit ;
Celle qui, au-dessous de
Dieu seul, est au-dessus de toutes les créatures, qui par nature est plus
belle, plus parfaite, plus sainte que les Chérubins et les Séraphins, que toute
l'armée des Anges, et dont, ni sur la terre, ni dans le ciel, aucune langue ne
peut dignement célébrer les louanges.
Ce langage, personne ne
l'ignore, a passé naturellement dans les monuments de la sainte liturgie et
dans les offices ecclésiastiques ; on l'y retrouve ça et là, il y règne et y
domine ; la Mère de Dieu y est invoquée et louée comme la seule colombe de
beauté, exempte de corruption ; comme la rosé toujours dans l'éclat de sa fleur
; comme entièrement et parfaitement pure, et toujours immaculée et toujours
heureuse, et elle y est célébrée comme l'innocence qui n'a souffert aucune
atteinte, comme une autre Eve qui a enfanté l'Emmanuel.
Antonio de Pereda (1611–1678). L'Immaculée
Conception, 1634, Museum of Fine Arts of Lyon
La piété des peuples -
Préparation pour la définition du dogme - Opinions des évêques et des cardinaux
-
La piété des peuples
Il n'y a donc pas lieu de
s'étonner si cette doctrine de l'Immaculée Conception de la Vierge Mère de
Dieu, consignée dans les divines Ecritures, au jugement des Pères, qui l'ont
transmise par leurs témoignages si exprès et en si grand nombre, doctrine
qu'expriment et exaltent tant d'illustres monuments de la vénérable antiquité,
et que l'Eglise a proposée et confirmée par le plus grave jugement, il n'y a
pas lieu de s'étonner si cette doctrine a excité tant de piété, de sentiments
religieux et d'amour chez les pasteurs mêmes de l'Eglise et chez les peuples
fidèles, qu'ils se sont glorifiés de la professer d'une manière de jour en jour
plus éclatante, et que rien ne leur est plus doux et plus cher que d'honorer,
de vénérer, d'invoquer et de célébrer partout, avec une dévotion ardente, la
Vierge Mère de Dieu, conçue sans tache originelle.
Aussi, dès les temps
anciens, les Pontifes, les membres du clergé, les Ordres religieux, les
empereurs mêmes et les rois ont demandé instamment à ce Siège apostolique de
définir l'Immaculée Conception de la très sainte Mère de Dieu comme dogme de la
foi catholique ! Ces demandes ont été renouvelées de nos jours ; elles ont été
adressées surtout à Notre prédécesseur Grégoire XVI, d'heureuse mémoire, et à
Nous-même, soit par les évêques, soit par le clergé séculier, soit par les
Ordres religieux et par les peuples fidèles.
Préparation pour la
définition du dogme
Aussi, connaissant
parfaitement toutes ces choses, y trouvant pour Nous-même les motifs de la plus
grande joie et en faisant l'objet d'un sérieux examen, à peine avons-Nous été,
malgré Notre indignité, porté, par les desseins mystérieux de la divine
Providence, sur cette chaire sublime de Pierre, pour prendre en main le
gouvernail de toute l'Eglise, que, dans le sentiment de vénération, de piété et
d'amour dont Nous fûmes dès Notre enfance pénétré pour la très sainte Vierge
Marie, Mère de Dieu, Nous n'avons rien eu plus à coeur que de faire tout ce que
pouvait encore désirer l'Eglise pour honorer davantage la bienheureuse Vierge
et donner un nouvel éclat à ses prérogatives.
Mais, voulant apporter en
cela toute la maturité possible, Nous constituâmes une Congrégation
particulière formés de plusieurs de Nos vénérables Frères les Cardinaux de la
sainte Eglise romaine, distingués par leur piété, leur prudence et leur science
dans les choses divines ; Nous choisîmes en outre, tant dans le clergé séculier
que dans le clergé régulier, des hommes profondément versés dans les sciences
théologiques, afin que tout ce qui concerne l'Immaculée Conception de la Vierge
fût examiné par eux avec le plus grand soin, et qu'ils nous exposassent leur
propre sentiment.
Opinions des évêques et
des cardinaux
Et quoique le grand
nombre des demandes qui Nous avaient été adressées de définir enfin l'Immaculée
Conception de la Vierge, Nous fit voir clairement quel était en ce point le sentiment
de la plupart des pasteurs de l'Eglise, Nous envoyâmes à tous Nos vénérables
Frères les évêques du monde catholique une lettre encyclique donnée à Gaëte le
2 février 1849, pour leur demander d'adresser à Dieu des prières, et de Nous
faire ensuite savoir par écrit quelle était la piété et la dévotion de leurs
fidèles envers la Conception Immaculée de la Mère de Dieu, et surtout ce qu'ils
pensaient eux-mêmes de la définition a porter ; quel était sur ce point leur
désir, afin de rendre Notre jugement suprême avec toute la solennité possible.
Ce n'a pas été, certes,
une faible consolation pour Nous quand les réponses de Nos vénérables Frètes
Nous sont arrivées.
Mettant à Nous écrire
l'empressement d'une joie et d'un bonheur inexprimables, non seulement ils Nous
ont confirmé de nouveau leurs pieux sentiments et la pensée qui les anime, eux
tout particulièrement, et leur clergé, et le peuple fidèle, envers la
Conception Immaculée de la bienheureuse Vierge, mais encore ils ont sollicité
de Nous, comme par l'expression d'un voeu commun, que l'Immaculée Conception de
la Vierge fût définie par le suprême jugement de Notre autorité.
Nous n'éprouvâmes pas
moins de joie lorsque nos vénérables frères les Cardinaux de la S. E. R.
composant la Congrégation spéciale dont Nous avons parlé, et les théologiens
consulteurs choisis parmi nous, après avoir mûrement examiné toutes choses,
Nous demandèrent avec le même zèle et le même empressement cette définition de
la Conception Immaculée de la Mère de Dieu.
Suivant les traces
glorieuses de Nos prédécesseurs, et désirant procéder conformément aux règles
établies, Nous avons ensuite convoqué et tenu un Consistoire où, après avoir
parlé à Nos vénérables frères les Cardinaux de la sainte Eglise romaine, Nous
avons eu l'extrême joie de les entendre Nous demander de vouloir bien émettre
une définition dogmatique au sujet de l'Immaculée Conception de la Vierge, Mère
de Dieu.
Plein de confiance en
Dieu - Définition du dogme - Actions de grâces - Il n'y a rien à craindre -
Publication de la lettre apostolique -
Plein de confiance en
Dieu
Plein de confiance en
Dieu et persuadé que le moment opportun était venu de définir l'Immaculée
Conception de la très sainte Vierge, Mère de Dieu, qu'attestent et mettent
merveilleusement en lumière les oracles divins, la vénérable tradition, le
sentiment permanent de l'Eglise, l'accord admirable des pasteurs catholiques et
des fidèles, les actes éclatants et les constitutions de Nos prédécesseurs ;
après avoir examiné toutes choses avec le plus grand soin et offert a Dieu des
prières assidues et ferventes ; il Nous a paru que Nous ne devions plus
différer de sanctionner et de définir par Notre jugement suprême l'Immaculée
Conception de la Vierge, et de satisfaire ainsi aux très pieux désirs du monde
catholique et à Notre propre dévotion envers la très sainte Vierge, afin
d'honorer de plus en plus en Elle son Fils unique Notre Seigneur Jésus-Christ,
puisque tout ce que l'on rend d'honneur et de louange à la Mère retourne a la
gloire du Fils.
Définition du dogme
C'est pourquoi, après
avoir continuellement offert, dans l'humilité et le jeûne, Nos prières
particulières et les prières publiques de l'Eglise, à Dieu le Père par son
Fils, pour qu'il daignât diriger et fortifier Notre âme par la vertu de
l'Esprit Saint ; après avoir encore imploré l'assistance de toute la Cour
céleste et appelé par nos gémissements l'Esprit consolateur ; agissant,
aujourd'hui sous son inspiration, pour l'honneur de la sainte et indivisible
Trinité, pour la glorification de la Vierge Mère de Dieu, pour l'exaltation de
la Foi catholique et pour l'accroissement de la Religion chrétienne ; par
l'autorité de Notre Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux Apôtres Pierre et
Paul, et par la Nôtre, Nous déclarons, prononçons et définissons que la
doctrine selon laquelle la bienheureuse Vierge Marie fut dès le premier instant
de sa Conception, par une grâce et un privilège spécial de Dieu tout-puissant,
en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, préservée et
exempte de toute souillure de la faute originelle, est révélée de Dieu, et que
par conséquent elle doit être crue formellement et constamment par tous les
fidèles.
Si donc quelques-uns, ce
qu'à Dieu ne plaise, avaient la présomption de penser dans leur cœur autrement
qu'il n'a été défini par Nous, qu'ils apprennent et sachent que, condamnés par
leur propre jugement, ils ont fait naufrage dans la foi et quitté l'unité de
l'Eglise ; et de plus, que, si par la parole, par l'écriture et par toute autre
voie extérieure, ils osaient exprimer ces sentiments de leur cœur, ils
encourraient par le fait même les peines portées par le droit.
Actions de grâces
Nos lèvres s'ouvrent dans
la joie et Notre langue parle dans l'allégresse !
Nous rendons et Nous ne
cesserons jamais de rendre les plus humbles et les plus ardentes actions de
grâces au Christ Jésus Notre Seigneur, qui, malgré notre indignité, nous a fait
la faveur singulière d'offrir et de décerner cet honneur, cette gloire et cette
louange à sa très sainte Mère, et nous reposons avec une confiance entière et
absolue dans la certitude de Nos espérances.
La bienheureuse Vierge,
qui, toute belle et immaculée, a brisé la tête venimeuse du cruel serpent et a
apporté le salut au monde ; qui est la louange des Prophètes et des Apôtres,
l'honneur des Martyrs, la joie et la couronne de tous les Saints, qui, refuge
assuré et auxiliatrice invincible de quiconque est en péril, médiatrice et
conciliatrice toute-puissante de la terre auprès de son Fils unique, gloire,
splendeur et sauvegarde de la sainte Eglise, a toujours détruit les hérésies ;
qui a arraché aux calamités les plus grandes et aux maux de toute espèce les
peuples fidèles et les nations, et qui nous a délivres nous-même des périls
sans nombre dont nous étions assaillis, la bienheureuse Vierge fera par son
puissant patronage que, tous les obstacles étant écartés, toutes les erreurs
vaincues, la sainte Eglise catholique, notre Mère, se fortifie et fleurisse
chaque jour davantage chez tous les peuples et dans toutes les contrées ; qu'elle
règne d'une mer à l'autre, des rives du fleuve aux extrémités de la terre ;
qu'elle jouisse pleinement de la paix, de la tranquillité, de la liberté, afin
que les coupables obtiennent le pardon, les malades le remède, les faibles la
force de l'âme, les affligés la consolation, ceux qui sont en péril le secours
; afin que tous ceux qui errent, voyant se dissiper les ténèbres de leur
esprit, reviennent au sentier de la vérité et de la justice, et qu'il n'y ait qu'un
troupeau et qu'un pasteur.
Il n'y a rien à craindre
Que tous Nos bien-aimés
fils de l'Eglise catholique entendent nos paroles ; qu'ils persévèrent, et avec
une ardeur encore plus vive de piété, de religion et d'amour, à honorer,
invoquer et prier la bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, conçue sans tache
originelle, et qu'ils aient recours avec une entière confiance à cette douce
Mère de grâce et de miséricorde dans tous leurs dangers, leurs angoisses, leurs
nécessités, leurs craintes et leurs frayeurs.
Il n'y a rien à craindre,
il n'y a jamais lieu de désespérer, quand on marche sons la conduite, sous le
patronage et sous la protection de Celle qui, ayant pour nous un cœur de mère,
et se chargeant de l'affaire de notre salut, étend sa sollicitude dans tout le
genre humain.
Etablie par le Seigneur
Reine du ciel et de la terre, exaltée au-dessus de tous les choeurs des anges
et de tous les ordres des Saints, assise à la droite de son fils unique Notre
Seigneur Jésus-Christ, ses prières maternelles ont une force très puissante ;
ce qu'elle veut elle l'obtient ; elle ne peut demander en vain.
Publication de la lettre
apostolique
Enfin, pour que cette
définition de l'Immaculée Conception de la bienheureuse Vierge Marie parvienne
à la connaissance de toute l'Eglise, Nous avons voulu publier cette lettre
apostolique, qui en conservera à jamais la mémoire ; ordonnant que les copies
ou exemplaires, même imprimés, de cette lettre, s'ils sont souscrits par un
notaire public ou munis du sceau d'une personne constituée en dignité
ecclésiastique, fassent foi pour tous, comme si l'original même était produit.
Qu'il ne soit donc permis
à aucun homme d'enfreindre ce texte de Notre déclaration, décision et
définition, ou par une audace téméraire de la contredire et de s'y opposer.
Si quelqu'un ne craint
pas de commettre cet attentat, qu'il sache qu'il encourra l'indignation de Dieu
tout-puissant et de ses bienheureux Apôtres Pierre et Paul.
Donné a Rome, à
Saint-Pierre, l'an de l'incarnation de Notre Seigneur mil huit cent
cinquante-quatre, le six des ides de décembre, de Notre pontificat l'an
neuvième
PIE IX, PAPE
SOURCE : http://www.fides.org/fra/approfondire/totustuus/immacolata_doc02.html
Juan de Valdés Leal (1622–1690). Inmaculada Concepción, entre 1659 et 1660, 410 x 252, église Sainte-Marie-Madeleine
Avant la proclamation du
dogme de l’Immaculée Conception, la messe était celle, mutatis mutandis, de la
Nativité de la Vierge au 8 septembre [1], célébrée comme fête double (3ème
classe)
L’office était au commun
de la Vierge Marie, avec à Matines, au 1er nocturne, la lecture du livre de
l’Ecclésiastique (24, 5-31), au second, une lecture du De Virginibus de St
Ambroise, et au troisième, le commentaire de la généalogie, comme au 8
septembre.
Innocent XII (1691-1700)
y ajouta un Octave.
Pie IX, après la
proclamation du dogme, fit composer un nouvel office, ainsi que de nouveaux
textes pour le Missel : une Vigile, et la messe du jour reprise pendant
l’octave, sauf le 11 (St Damase) et le 13 (Ste Lucie).
La Vigile et l’Octave
furent supprimés en 1955. Mais pour bien saisir l’esprit donné par la liturgie
de l’Église pendant un siècle à cette deuxième fête mariale en importance dans
le Calendrier (avec l’Assomption), on se reportera aux textes de la Vigile,
ainsi qu’à ceux donnés au bréviaire pendant l’octave : le 9 décembre, le 10
décembre, le 12 décembre, le 14 décembre, et enfin le jour octave, le 15
décembre.
[1] Voir Missale Romanum,
Editio Princeps, a cura du Manlio Sodi et A.-M. Triacca, n°2217.
Leçons des Matines
Invitatoire. Célébrons
l’Immaculée Conception de la Vierge Marie *. Adorons le Christ, son Fils, notre
Seigneur. Hymne Illustre gardienne des vierges, Mère immaculée de Dieu, porte
du royaume céleste, notre espérance et la joie du ciel !
Lis au milieu des épines,
colombe d’une incomparable beauté, tige produisant de sa racine bénie le remède
de nos blessures.
Tour inaccessible au
dragon, étoile propice aux naufragés, protégez-nous contre les ruses de
l’ennemi, et dirigez-nous par Votre lumière.
Dissipez les ombres de
l’erreur, éloignez les écueils périlleux, et ramenez ceux qui s’égarent au
milieu des flots agités, dans le chemin assuré du salut.
A vous gloire, ô Jésus,
qui êtes né de la Vierge ; gloire à vous avec le Père et l’Esprit-Saint dans
les siècles éternels. Amen.
AU PREMIER NOCTURNE.
Ant. 1 Il est admirable,
*votre nom, dans toute la terre, Seigneur ; vous vous êtes préparé une demeure
digne de vous dans le sein de la Vierge Marie.
Ant. 2 Dans le soleil, *
Dieu a placé sa tente.
Ant. 3 Dans sa
Conception, * Marie a reçu la bénédiction du Seigneur, et la miséricorde de
Dieu, son salut.
V/. Le Dieu tout-puissant
m’a ceinte de force.
R/. Et il a fait ma voie
sans tache.
Du livre de la Genèse.
Première leçon. Première
leçon. — Le serpent était le plus rusé de tous les animaux de la terre qu’avait
faits le Seigneur. Il dit à la femme : Pourquoi Dieu vous a-t-il commandé de ne
pas manger de tous les arbres du paradis ? La femme lui répondit : Nous
mangeons du fruit des arbres qui sont dans le paradis ; mais pour le fruit de
l’arbre qui est au milieu du paradis, Dieu nous a commandé de n’en point
manger, et de n’y point toucher, de peur que nous ne mourions. Mais le serpent
dit à la femme ; Point du tout, vous ne mourrez point de mort. Car Dieu sait
qu’en quelque jour que ce soit que vous en mangiez, vos yeux s’ouvriront ; et
vous serez comme des dieux, sachant le bien et le mal.
R/. Le péché est entré
dans le monde par un seul homme, en qui tous ont péché. * Ne craignez point,
Marie, vous avez trouvé grâce devant Dieu. V/. Le Seigneur a arraché votre âme
à la mort et il est devenu votre défenseur devant l’ennemi. * Ne.
Deuxième leçon. La femme
donc vit que le fruit de l’arbre était bon à manger, beau à voir et d’un aspect
qui excitait le désir ; elle en prit, en mangea et en donna à son mari, qui en
mangea. En effet leurs yeux s’ouvrirent ; et lorsqu’ils eurent connu qu’ils
étaient nus, ils entrelacèrent des feuilles de figuier, et s’en firent des
ceintures. Et lorsqu’ils eurent entendu la voix du Seigneur Dieu qui se
promenait dans le paradis, à la brise du soir, Adam et sa femme se cachèrent de
la face du Seigneur Dieu au milieu des arbres du paradis.
R/. Venez à moi, vous
tous qui me désirez avec ardeur : * Et je vous raconterai combien Dieu a fait
pour mon âme. V/. Le Seigneur vit, et il a accompli en moi sa miséricorde. *
Et.
Troisième leçon. Mais le
Seigneur Dieu appela Adam, et il lui dit : Où es-tu ? Adam répondit : J’ai
entendu votre voix dans le paradis ; et j’ai eu peur, parce que j’étais nu, et
je me suis caché. Dieu lui dit : Mais qui t’a appris que tu étais nu, si ce
n’est que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? Et Adam
répondit : La femme que vous m’avez donnée pour compagne m’a présenté du fruit
de l’arbre, et j’en ai mangé. Alors le Seigneur Dieu dit à.la femme : Pourquoi
as-tu fait cela ? Elle répondit : Le serpent m’a trompée, et j’ai mangé. Le
Seigneur Dieu dit au serpent : Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre
tous les animaux de la terre : tu ramperas sur ton ventre, et tu mangeras de la
terre tous les jours de ta vie. Je mettrai des inimitiés entre toi et la femme,
entre ta postérité et sa postérité : elle te brisera la tête, et toi, tu lui
tendras des embûches au talon.
R/. Mon élue est blanche
comme la neige sur le Liban ; ses lèvres sont comme un rayon qui distille le
miel ; * Le miel et le lait sont sous sa langue. V/. Viens du Liban, mon
épouse, viens, tu seras, couronnée d’une couronne de grâces. * Le miel. Gloire
au Père. * Le miel.
AU DEUXIÈME NOCTURNE.
Ant. 4 La grâce a été
répandue * en sa Conception, et elle est apparue brillante de beauté parmi les
filles des hommes.
Ant. 5 Dieu l’a protégée
* dès le matin, au lever de l’aurore ; le Très Haut a sanctifié son tabernacle.
Ant. 6 Des choses
glorieuses * ont été dites de toi, cité de Dieu ; le Seigneur t’a fondée sur
les montagnes saintes.
V/..J’ai connu que vous
m’avez aimée.
R/. En ce que mon ennemi ne
se réjouira pas à mon sujet.
Sermon de saint Jérôme,
Prêtre.
Quatrième leçon. Les
qualités et les grandeurs de la bienheureuse et glorieuse Marie, toujours
vierge, l’ange nous les déclare de la part de Dieu, quand il dit : « Salut,
pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les
femmes. » Il convenait que de tels dons fussent assurés à la Vierge. Celle-là
devait être pleine de grâce, qui a donné de la gloire au ciel et le Seigneur à
la terre, qui a fait luire la paix, qui a apporté la foi aux nations, une fin
aux vices, une règle de vie, .une discipline pour les mœurs. Pleine de grâce,
en effet, Marie en a reçu la plénitude, tandis que la grâce n’est donnée aux
autres que partiellement. Vraiment pleine de grâce, parce que si la grâce s’est
trouvée dans les saints Pères et dans les Prophètes, elle ne leur fut pas
octroyée dans sa plénitude ; mais en Marie fut mise, quoique d’une manière
différente, toute la somme des grâces qui se trouvent dans le Christ. Et c’est
pourquoi l’Ange lui dit : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes ; »
c’est-à-dire bénie au-dessus de toutes les femmes. Et par cela même, tout ce
qu’il y avait de malédiction attirée par Ève, a été effacé par la bénédiction
de Marie. C’est d’elle que Salomon chante comme à sa louange dans ses Cantiques
: « Viens, ma colombe, mon immaculée ; déjà l’hiver est passé, la pluie a cessé
; » et il ajoute : « Viens du Liban, viens, tu seras couronnée. »
R/. Moi je suis sortie de
la bouche du Très-Haut, engendrée la première avant toute créature ; moi j’ai
fait naître dans les cieux une lumière à jamais durable. * Les abîmes n’étaient
pas encore et moi déjà j’avais été conçue. V/. Car Dieu m’a créée dans la
justice, il m’a prise par la main et m’a gardée. * Les.
Cinquième leçon. C’est
donc bien justement qu’on l’invite à venir du Liban, parce que Liban
s’interprète : blancheur éclatante. Elle était éclatante de mérites et de
vertus sans nombre, plus blanche que la neige la plus pure. Comblée des dons du
Saint-Esprit, elle offre en tout la simplicité de la colombe, parce que tout ce
qui s’accomplit en elle est pureté et simplicité, tout est vérité et grâce,
tout est miséricorde et justice, de cette justice qui vient du ciel ; et elle
est immaculée, parce qu’il n’y a en elle aucune souillure. Elle a conçu, en
effet, un homme dans son sein, comme l’atteste Jérémie, sans rien perdre de sa
virginité. « Le Seigneur, dit ce Prophète, a créé un nouveau prodige sur la
terre : une femme environnera un homme. » Nouveauté vraiment inouïe, nouveauté
des vertus, excellente entre toutes les nouveautés : Dieu, que le monde ne
saurait contenir, que nul ne peut voir sans mourir, entre dans le sein d’une
vierge comme dans un saint asile, sans être prisonnier dans ce corps, et
cependant il s’y renferme tout entier, et il en sort, comme le dit Ézéchiel,
les portes fermées. Aussi est-il chanté dans le Cantique au sujet de Marie : «
Jardin fermé, fontaine scellée, source des délices du paradis. » Véritable
jardin de délices, qui réunit toutes les espèces de fleurs et tous les parfums
des vertus : si bien fermé que ni la violence ni la ruse ne peuvent en forcer
l’entrée ; fontaine scellée du sceau de toute la Trinité.
R/. Rien de souillé
n’entre en elle : * Car elle est l’éclat de la lumière éternelle et un miroir
sans tache. V/. Elle est plus belle que le soleil ; comparée à la lumière, elle
se trouve plus pure. * Car.
Des Actes du Pape Pie IX.
Sixième leçon. Or, la
victoire de la Vierge, Mère de Dieu, remportée sur le très cruel ennemi du
genre humain, cette victoire que les divines Écritures, la tradition la plus
vénérable, le sentiment perpétuel de l’Église, l’accord singulier des Évêques
et des fidèles, les actes insignes des souverains Pontifes, aussi bien que
leurs constitutions avaient déjà merveilleusement célébrée, Pie IX, Pontife
suprême, déférant au vœu de toute l’Église, résolut de la proclamer
solennellement par un oracle souverain et infaillible. C’est pourquoi le six
des ides de décembre de l’année 1854, dans la basilique du Vatican, au milieu
d’une immense assemblée de Pères de la sainte Église romaine, de Cardinaux et
d’Évêques venus même des contrées les plus lointaines, le Pape, aux
applaudissements de l’univers entier, proclama et définit solennellement que la
doctrine qui tient la bienheureuse Vierge Marie pure et préservée de toute
tache de la faute originelle, dès le premier instant de sa Conception, par un
privilège et un don singulier de la faveur divine, a été révélée de Dieu, et
doit, par conséquent, être crue fermement et invariablement par tous les
fidèles.
R/. Un grand prodige
parut dans le ciel : Une femme revêtue du soleil, ayant la lune sous ses pieds,
* Et sur sa tête une couronne de douze étoiles. V/. Le Seigneur l’a revêtue des
vêtements du salut, et du manteau de la justice, et, comme une épouse, il l’a
ornée de colliers. * Et. Gloire au Père. * Et.
AU TROISIÈME NOCTURNE.
Ant. 7 La sainteté et la
magnificence * éclatent dans sa Conception ; annoncez parmi tous les peuples sa
gloire.
Ant. 8 Réjouissez-vous
tous * dans le Seigneur, et célébrez la mémoire de sa sanctification.
Ant. 9 Il a fait connaître
* son œuvre, le Seigneur ; en présence des nations, il a revête la gloire de sa
Mère.
V/. Je vous exalterai,
Seigneur, parce que vous m’avez protégée.
R/. Et que vous n’avez
pas réjoui mes ennemis à mon sujet.
Lecture du saint Évangile
selon saint Luc.
En ce temps-là : L’Ange
Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth, à une
vierge qu’avait épousée un homme nommé Joseph, de la maison de David, et le nom
de la vierge était Marie. Et le reste.
Homélie de saint Germain,
Évêque.
Septième leçon. Je vous
salue, Marie, pleine de grâce, plus sainte que les Saints, plus élevée que les
cieux, plus glorieuse que les Chérubins, plus digne d’honneur que les
Séraphins, et vénérable au-dessus de toute créature. Salut, ô colombe, qui nous
apportez le fruit de l’olivier et nous annoncez Celui par qui nous sommes
préservés du déluge spirituel, et qui est le port du salut ; vous dont les
ailes ont la blancheur de l’argent et dont le dos brille de l’éclat de l’or et
des rayons de l’Esprit très saint et illuminateur. Salut, paradis de Dieu,
jardin raisonnable et très agréable, planté aujourd’hui à l’Orient par la main
toute bienveillante et toute puissante de ce même Dieu, exhalant pour lui
l’odeur suave du lis, et produisant la rosé d’une inaltérable beauté pour la
guérison de ceux qui avaient, du côté de l’Occident, bu jusqu’à la lie
l’amertume d’une mort désastreuse et funeste à l’âme ; paradis, dans lequel
l’arbre de vie fleurit pour la connaissance de la vérité, donnant l’immortalité
à ceux qui goûtent de son fruit. Salut, édifice sacrosaint, immaculé, palais
très pur de Dieu le souverain Roi, orné tout autour par la magnificence de ce
même Roi divin. Ce palais offre à tous l’hospitalité, et les réconforte par de
mystérieuses délices ; dans son enceinte se trouve la couche nuptiale de
l’Époux spirituel, elle n’a pas été faite à la main et elle brillé d’ornements
divers ; c’est là que le Verbe, voulant rappeler dans la voie droite l’humanité
errante, s’est uni la chair, afin de réconcilier avec son Père, ceux qui
s’étaient exilés par l’effet de leur propre volonté.
R/. C’est un jardin fermé
que ma sœur, mon épouse, un jardin fermé, une fontaine scellée. * De vous sont
nées les délices du paradis, ô Marie. V/. Ouvre-moi, ma sœur, mon amie, ma
colombe, mon immaculée. * De vous.
Huitième leçon. Salut,
montagne de Dieu très fertile et ombragée, sur laquelle a été nourri l’agneau
plein de sagesse qui a porté nos péchés et nos infirmités ; montagne d’où a
roulé, sans qu’aucune main la détachât, cette pierre qui a brisé les autels des
idoles et qui « est devenue le sommet de l’angle : fait admirable à nos yeux. »
Salut, trône sacré de Dieu, autel divin, maison de gloire, ornement d’une
beauté incomparable, trésor choisi, propitiatoire de tout l’univers, ciel qui
raconte la gloire de Dieu. Salut, vase formé d’un or pur, contenant le plus
suave attrait de nos âmes : le Christ, qui est la manne véritable. O Vierge
très pure et très digne de toute louange comme de tout respect, temple consacré
à Dieu et surpassant en excellence toute créature, terre intacte, champ fécond
sans culture, vigne entièrement fleurie, fontaine répandant des eaux
abondantes, vierge féconde et mère sans union, trésor caché d’innocence et
beauté toute sainte, intercédez pour nous auprès de celui qui est à la fois
votre Fils (né de vous, sans avoir de père terrestre) et le Seigneur notre
Dieu, Créateur de toutes choses. Daignez, par vos prières toujours agréées et
douées de la puissance qui donne l’autorité maternelle, prendre en main le
gouvernement de l’ordre ecclésiastique et nous conduire au port tranquille.
R/. Mon âme glorifie le
Seigneur. * Car celui qui est puissant m’a fait de grandes choses, et son nom
est saint. V/. Voici que désormais toutes les nations me diront bienheureuse. *
Car. Gloire au Père. * Car.
Neuvième leçon. O Marie,
revêtez les prêtres de justice, inspirez-leur les pieux transports d’une foi
éprouvée, pure et sincère. Quant aux princes orthodoxes dont vous êtes, de
préférence à l’éclat de la pourpre et de l’or, aux perles et aux pierres
précieuses, le diadème, le manteau royal, la gloire la plus solide, dirigez-les
dans la tranquillité et la paix. Abattez et soumettez-leur les nations
infidèles, qui blasphèment contre vous et contre le Dieu né de vous.
Affermissez leurs peuples dans la foi, afin qu’ils persévèrent, selon le
précepte de Dieu, dans l’obéissance et dans une douce dépendance. Couronnez de
l’honneur de la victoire cette cité qui vous est consacrée, et pour laquelle
vous êtes comme une tour et un fondement ; gardez, en l’environnant de force,
l’habitation de Dieu ; conservez toujours la beauté du temple. Délivrez de tout
danger et de toute angoisse ceux qui vous louent ; donnez la liberté aux
captifs, un asile .aux voyageurs, et soyez la consolation des malheureux, quel
que soit le secours dont ils sont dépourvus. Tendez à l’univers entier votre
main secourable, afin que nous célébrions vos fêtes dans la joie et
l’allégresse, et que toutes se terminent comme celle que nous venons de
solenniser, en nous laissant des fruits éclatants de salut, en Jésus-Christ,
Roi de tous et notre vrai Dieu, à qui soient gloire et puissance, avec Dieu le
Père, le saint principe de sa vie, et l’Esprit coéternel, consubstantiel et
corégnant, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi
soit-il.
Juan Antonio de Frías y
Escalante (1633–1669). Inmaculada Concepción, vers 1667, 210 x
175, Museum of Fine Arts of Córdoba
Dom
Guéranger, l’Année Liturgique
Enfin, l’aurore du Soleil
tant désiré brille aux extrémités du ciel, tendre et radieuse. L’heureuse Mère
du Messie devait naître avant le Messie lui-même ; et ce jour est celui de la
Conception de Marie. La terre possède déjà un premier gage des célestes
miséricordes ; le Fils de l’homme est à la porte. Deux vrais Israélites,
Joachim et Anne, nobles rejetons de la famille de David, voient enfin, après
une longue stérilité, leur union rendue féconde par la toute-puissance divine.
Gloire au Seigneur qui s’est souvenu de ses promesses, et qui daigne, du haut
du ciel, annoncer la fin du déluge de l’iniquité, en envoyant à la terre la
blanche et douce colombe qui porte la nouvelle de paix !
La fête de l’Immaculée
Conception de la Sainte Vierge est la plus solennelle de toutes celles que
l’Église célèbre au saint temps de l’Avent ; et s’il était nécessaire que la
première partie du Cycle présentât la commémoration de quelqu’un des Mystères
de Marie, il n’en est aucun dont l’objet pût offrir de plus touchantes harmonies
avec les pieuses préoccupations de l’Église en cette mystique saison de
l’attente. Célébrons donc avec joie cette solennité ; car la Conception de
Marie présage la prochaine Naissance de Jésus.
L’intention de l’Église,
dans cette fête, n’est pas seulement de célébrer l’anniversaire de l’instant
fortuné auquel commença, au sein de la pieuse Anne, la vie de la très glorieuse
Vierge Marie ; mais encore d’honorer le sublime privilège en vertu duquel Marie
a été préservée de la tache originelle que, par un décret souverain et
universel, tous les enfants d’Adam contractent au moment même où ils sont
conçus dans le sein de leurs mères. La foi de l’Église catholique que nous
avons entendu solennellement reconnaître comme révélée de Dieu même, au jour à
jamais mémorable du huit Décembre 1854, cette foi qu’a proclamée l’oracle
apostolique, par la bouche de Pie IX, aux acclamations de la chrétienté tout
entière, nous enseigne qu’au moment où Dieu a uni l’âme de Marie qu’il venait
de créer au corps qu’elle devait animer, cette âme à jamais bénie, non
seulement n’a pas contracté la souillure qui envahit à ce moment toute âme
humaine, mais qu’elle a été remplie d’une grâce immense qui l’a rendue, dès ce
moment, le miroir de la sainteté de Dieu même, autant qu’il est possible à un
être créé.
Une telle suspension de
la loi portée par la justice divine contre toute la postérité de nos premiers
parents était motivée par le respect que Dieu porte à sa propre sainteté. Les
rapports que Marie devait avoir avec la divinité même, étant non seulement la
Fille du Père céleste, mais appelée à devenir la propre Mère du Fils, et le
Sanctuaire ineffable de l’Esprit-Saint, ces rapports exigeaient que rien de
souillé ne se rencontrât, même un seul instant, dans la créature prédestinée à
de si étroites relations avec l’adorable Trinité ; qu’aucune ombre n’eût jamais
obscurci en Marie la pureté parfaite que le Dieu souverainement saint veut
trouver même dans les êtres qu’il appelle à jouir au ciel de sa simple vue ; en
un mot, comme le dit le grand Docteur saint Anselme : « Il était juste qu’elle
fût ornée d’une pureté au-dessus de laquelle on n’en puisse concevoir de plus
grande que celle de Dieu même, cette Vierge à qui Dieu le Père devait donner
son Fils d’une manière si particulière que ce Fils deviendrait par nature le
Fils commun et unique de Dieu et de la Vierge ; cette Vierge que le Fils devait
élire pour en faire substantiellement sa Mère, et au sein de laquelle
l’Esprit-Saint voulait opérer la conception et la naissance de Celui dont il
procédait lui-même. » (De Conceptu Virginali. Cap. XVIII.)
En même temps, les
relations que le Fils de Dieu avait à contracter avec Marie, relations
ineffables de tendresse et de déférence filiales, avant été éternellement
présentes à sa pensée, elles obligent à conclure que le Verbe divin a ressenti
pour cette Mère qu’il devait avoir dans le temps, un amour d’une nature
infiniment supérieure à celui qu’il éprouvait pour tous les êtres créés par sa
puissance. L’honneur de Marie lui a été cher au-dessus de tout, parce qu’elle
devait être sa Mère, qu’elle l’était même déjà dans ses éternels et
miséricordieux desseins. L’amour du Fils a donc protégé la Mère ; et si
celle-ci, dans son humilité sublime, n’a repoussé aucune des conditions
auxquelles sont soumises toutes les créatures de Dieu, aucune des exigences
même de la loi de Moïse qui n’avait pas été portée pour elle, la main du Fils
divin a abaissé pour elle l’humiliante barrière qui arrête tout enfant d’Adam
venant en ce monde, et lui ferme le sentier de la lumière et de la grâce
jusqu’à ce qu’il ait été régénéré dans une nouvelle naissance.
Le Père céleste ne
pouvait pas faire moins pour la nouvelle Ève qu’il n’avait fait pour
l’ancienne, qui fut établie tout d’abord, ainsi que le premier homme, dans
l’état de sainteté originelle où elle ne sut pas se maintenir. Le Fils de Dieu
ne devait pas souffrir que la femme à laquelle il emprunterait sa nature
humaine eût à envier quelque chose à celle qui a été la mère de prévarication.
L’Esprit-Saint, qui devait la couvrir de son ombre et la rendre féconde par sa
divine opération, ne pouvait pas permettre que sa Bien-Aimée fût un seul
instant maculée de la tache honteuse avec laquelle nous sommes conçus. La
sentence est universelle ; mais une Mère de Dieu devait en être exempte. Dieu
auteur de la loi, Dieu qui a posé librement cette loi, n’était-il pas le maître
d’en affranchir celle qu’il avait destinée à lui être unie en tant de manières
? Il le pouvait, il le devait : il l’a donc fait.
Et n’était-ce pas cette
glorieuse exception qu’il annonçait lui-même au moment où comparurent devant sa
majesté offensée les deux prévaricateurs dont nous sommes tous issus ? La
promesse miséricordieuse descendait sur nous dans l’anathème qui tombait sur le
serpent. « J’établirai moi-même, disait le Seigneur, une inimitié entre toi et
la femme, entre ta race et son fruit ; et elle-même t’écrasera la tête. »
Ainsi, le salut était annoncé à la famille humaine sous la forme d’une victoire
contre Satan ; et cette victoire, c’est la Femme qui la devait remporter pour
nous tous. Et que l’on ne dise pas que ce sera le fils de la femme qui la
remportera seul, cette victoire : le Seigneur nous dit que l’inimitié de la
femme contre le serpent sera personnelle, et que, de son pied vainqueur, elle
brisera la tête de l’odieux reptile ; en un mot, que la nouvelle Ève sera digne
du nouvel Adam, triomphante comme lui ; que la race humaine un jour sera
vengée, non seulement parle Dieu fait homme, mais aussi par la Femme
miraculeusement soustraite à toute atteinte du péché ; en sorte que la création
primitive dans la sainteté et la justice (Ephes. 4, 24) reparaîtra en elle,
comme si la faute primitive n’avait pas été commise.
Relevez donc la tête,
enfants d’Adam, et secouez vos chaînes. Aujourd’hui, l’humiliation qui pesait
sur vous est anéantie. Voici que Marie, qui est votre chair et votre sang, a vu
reculer devant elle le torrent du péché qui entraîne toutes les générations :
le souffle du dragon infernal s’est détourné pour ne pas la flétrir ; la
dignité première de votre origine est rétablie en elle. Saluez donc ce jour
fortuné où la pureté première de votre sang est renouvelée : la nouvelle Ève
est produite ; et de son sang qui est aussi le vôtre, moins le péché, elle va
vous donner, sous peu d’heures, le Dieu-homme qui procède d’elle selon la
chair, comme il sort de son Père par une génération éternelle.
Et comment
n’admirerions-nous pas la pureté incomparable de Marie dans sa conception
immaculée, lorsque nous entendons, dans le divin Cantique, le Dieu même qui l’a
ainsi préparée pour être sa Mère, lui dire avec l’accent d’une complaisance
toute d’amour : « Vous êtes toute belle, ma bien-aimée, et il n’y a en vous
aucune tache ? » (Cant. 4, 7.) C’est le Dieu de toute sainteté qui parle ; son œil
qui pénètre tout ne découvre en Marie aucune trace, aucune cicatrice du péché ;
voilà pourquoi il se conjoint avec elle, et la félicite du don qu’il a daigné
lui faire. Après cela, nous étonnerons-nous que Gabriel, descendu des cieux
pour lui apporter le divin message, soit saisi d’admiration à la vue de cette
pureté dont le point de départ a été si glorieux et les accroissements sans
limites ; qu’il s’incline profondément devant une telle merveille, et qu’il
dise : « Salut, ô Marie, pleine de grâce ! » Gabriel mène sa vie immortelle au
centre de toutes les magnificences de la création, de toutes les richesses du
ciel ; il est le frère des Chérubins et des Séraphins, des Trônes et des
Dominations ; son regard parcourt éternellement ces neuf hiérarchies angéliques
où la lumière et la sainteté resplendissent souverainement, croissant toujours
de degré en degré ; mais voici qu’il a rencontré sur la terre, dans une
créature d’un rang inférieur aux Anges, la plénitude de la grâce, de cette
grâce qui n’a été donnée qu’avec mesure aux Esprits célestes, et qui repose en
Marie depuis le premier instant de sa création. C’est la future Mère de Dieu
toujours sainte, toujours pure, toujours immaculée.
Cette vérité révélée aux
Apôtres par le divin Fils de Marie, recueillie dans l’Église, enseignée par les
saints Docteurs, crue avec une fidélité toujours plus grande par le peuple
chrétien, était contenue dans la notion même d’une Mère de Dieu. Croire Marie
Mère de Dieu, c’était déjà croire implicitement que celle en qui devait se
réaliser ce titre sublime n’avait jamais rien eu de commun avec le péché, et
que nulle exception n’avait pu coûter à Dieu pour l’en préserver. Mais
désormais l’honneur de Marie est appuyé sur la sentence explicite qu’a dictée
l’Esprit-Saint. Pierre a parlé par la bouche de Pie IX ; et lorsque Pierre a
parlé, tout fidèle doit croire ; car le Fils de Dieu a dit : « J’ai prié pour
toi, Pierre, afin que ta foi ne défaille jamais » (Luc. 27, 32) ; et il a dit
aussi : « Je vous enverrai l’Esprit de vérité qui demeurera avec vous à jamais,
et vous fera souci venir de tout ce que je vous avais enseigné. » (Jean. 14,
20.)
Le symbole de notre foi a
donc acquis, non une vérité nouvelle, mais une nouvelle lumière sur la vérité
qui était auparavant l’objet de la croyance universelle. En ce jour, le serpent
infernal a senti de nouveau la pression victorieuse du pied de la Vierge-mère,
et le Seigneur a daigné nous donner le gage le plus signalé de ses
miséricordes. Il aime encore cette terre coupable ; car il a daigné l’éclairer
tout entière d’un des plus beaux rayons de la gloire de sa Mère. N’a-t-elle pas
tressailli, cette terre ? N’a-t-elle pas ressenti à ce moment un enthousiasme
que notre génération n’oubliera jamais ? Quelque chose de grand s’accomplissait
à cette moitié du siècle ; et nous attendrons désormais les temps avec plus de
confiance, puisque si l’Esprit-Saint nous avertit de craindre pour les jours où
les vérités diminuent chez les enfants des hommes, il nous dit assez par là que
nous devons regarder comme heureux les jours où les vérités croissent pour nous
en lumière et en autorité.
En attendant l’heure de
la proclamation solennelle du grand dogme, la sainte Église le confessait
chaque année, en célébrant la fête d’aujourd’hui. Cette fête n’était pas appelée,
il est vrai, la Conception immaculée, mais simplement la Conception de Marie.
Toutefois, le fait de son institution et de sa célébration exprimait déjà
suffisamment la croyance de la chrétienté. Saint Bernard et l’Angélique Docteur
saint Thomas s’accordent à enseigner que l’Église ne peut pas célébrer la fête
de ce qui n’est pas saint ; la Conception de Marie fut donc sainte et
immaculée, puisque l’Église, depuis tant de siècles, l’honore d’une fête
spéciale. La Nativité de Marie est l’objet d’une solennité dans l’Église, parce
que Marie naquit pleine de grâce ; si donc le premier instant de son existence
eût été marqué par la flétrissure commune, sa Conception n’aurait pu être
l’objet d’un culte. Or, il est peu de fêtes plus générales et mieux établies
dans l’Église que celle que nous célébrons aujourd’hui.
L’Église grecque,
héritière plus prochaine des pieuses traditions de l’Orient, la célébrait déjà
au VIe siècle, comme on le voit par le Type ou cérémonial de saint Sabbas. En
Occident nous la trouvons établie dès le VIIIe siècle, dans l’Église gothique
d’Espagne. Un célèbre calendrier gravé sur le marbre, au IXe siècle, pour
l’usage de l’Église de Naples, nous la montre déjà instituée à cette époque.
Paul Diacre, secrétaire de Charlemagne, puis moine au Mont-Cassin, célébrait le
mystère de l’Immaculée-Conception dans une Hymne remarquable. En 1066, la fête
s’établissait en Angleterre à la suite d’un prodige opéré sur mer en faveur du
pieux abbé Helsin, et bientôt elle s’étendait dans cette île par les soins du
grand saint Anselme, moine et archevêque de Cantorbéry ; delà elle passait en
Normandie, et prenait possession du sol français. Nous la trouvons en Allemagne
sanctionnée dans un concile présidé, en 1049, par saint Léon IX ; dans la
Navarre, en 1090, à l’abbaye d’Irach ; en Belgique, à Liège, en 1142. C’est
ainsi que toutes les Églises de l’Occident rendaient tour à tour témoignage au
mystère, en acceptant la fête qui l’exprimait.
Enfin, l’Église de Rome
l’adopta elle-même, et par son concours vint rendre plus imposant encore ce
concert de toutes les Églises. Ce fut Sixte IV qui, en 1476, rendit le décret
qui instituait la fête de la Conception de Notre-Dame dans la ville de saint
Pierre. Au siècle suivant, en 1568, saint Pie V publiait l’édition universelle
du Bréviaire Romain ; on y voyait cette fête inscrite au calendrier, comme
l’une des solennités chrétiennes qui doivent chaque année réunir les vœux des
fidèles. Rome n’avait pas déterminé le mouvement de la piété catholique envers
le mystère ; elle le sanctionnait de son autorité liturgique, comme elle l’a
confirmé, dans ces derniers temps, de son autorité doctrinale.
Les trois grands États de
l’Europe catholique, l’Empire d’Allemagne, la France et l’Espagne, se
signalèrent, chacun à sa manière, par les manifestations de leur piété envers
Marie immaculée dans sa Conception. La France, par l’entremise de Louis XIV,
obtint de Clément IX que la fête serait célébrée avec Octave dans le royaume :
faveur qui fut bientôt étendue à l’Église universelle par Innocent XII. Déjà,
depuis des siècles, la Faculté de théologie de Paris astreignait tous ses
Docteurs à prêter serment de soutenir le privilège de Marie, et elle maintint
cette pieuse pratique jusqu’à son dernier jour.
L’empereur Ferdinand III,
en 1647, fit élever sur la grande place de Vienne une splendide colonne
couverte d’emblèmes et de figures qui sont autant de symboles de la victoire
que Marie a remportée sur le péché, et surmontée de la statue de notre Reine
immaculée.
L’Espagne dépassa tous les
États catholiques par son zèle pour le privilège de Marie. Dès l’année 1398,
Jean Ier, roi d’Aragon, donnait une charte solennelle pour mettre sa personne
et son royaume sous la protection de Marie conçue sans péché. Plus tard, les
rois Philippe III et Philippe IV faisaient partir pour Rome des ambassades qui
sollicitaient en leur nom la solennelle décision que le ciel, dans sa
miséricorde, avait réservée pour nos temps. Charles III, au siècle dernier,
obtenait de Clément XIII que la Conception immaculée devînt la fête patronale
des Espagnes. Les habitants du royaume Catholique inscrivaient sur la porte ou
sur la façade de leurs maisons la louange du privilège de Marie ; ils se
saluaient en le prononçant dans une formule touchante. Marie de Jésus, abbesse
du monastère de l’Immaculée-Conception d’Agréda, écrivait son livre de la Cité
mystique de Dieu, dans lequel Murillo s’inspirait pour produire le chef-d’œuvre
de la peinture espagnole.
Mais il ne serait pas
juste d’omettre, dans cette énumération des hommages rendus à Marie immaculée,
la part immense qu’a eue l’Ordre Séraphique au triomphe terrestre de cette
auguste Souveraine de la terre et des cieux. Le pieux et profond docteur Jean
Duns Scot, qui le premier sut assigner au dogme de la Conception immaculée le
rang qu’il occupe dans la divine théorie de l’Incarnation du Verbe, ne
mérite-t-il pas d’être nommé aujourd’hui avec l’honneur qui lui est dû ? Et
toute l’Église n’a-t-elle pas applaudi à l’audience sublime que reçut du
Pontife la grande famille des Frères-Mineurs, au moment où toutes les pompes de
la solennelle proclamation du dogme paraissant accomplies, Pie IX y mit le
dernier sceau en acceptant des mains de l’Ordre de Saint-François l’hommage
touchant et les actions de grâces que lui offrait l’École scotiste, après
quatre siècles de savants travaux en faveur du privilège de Marie ?
En présence de
cinquante-quatre Cardinaux, de quarante-deux Archevêques et de
quatre-vingt-douze Évêques, sous les regards d’un peuple immense qui
remplissait le plus vaste temple de l’univers, et avait joint sa voix pour
implorer la présence de l’Esprit de vérité, le Vicaire du Christ venait de
prononcer l’oracle attendu depuis des siècles ; le divin Sacrifice avait été
offert par lui sur la Confession de saint Pierre ; la main du Pontife avait
orné d’un splendide diadème l’image de la Reine immaculée ; porté sur son trône
aérien et le front ceint de la triple couronne, il était arrivé près du
portique de la basilique. Là, prosternés à ses pieds, les deux représentants du
Patriarche Séraphique arrêtèrent sa marche triomphale. L’un présentait une
branche de lis en argent : c’était le Général des Frères-Mineurs de
l’Observance ; une tige de rosier chargée de ses fleurs, de même métal,
brillait aux mains du second : c’était le Général des Frères-Mineurs
Conventuels. Lis et roses, fleurs de Marie, pureté et amour symbolisés dans
cette offrande que rehaussait la blancheur de l’argent, pour rappeler le doux
éclat de l’astre sur lequel se réfléchit la lumière du soleil : car Marie « est
belle comme la lune », nous dit le divin Cantique (4, 9). Le Pontife ému daigna
accepter le don de la famille Franciscaine, de qui l’on pouvait dire en ce
jour, comme de l’étendard de notre héroïne française, « qu’ayant été à la
lutte, il était juste qu’elle fût aussi au triomphe. » Et ainsi se terminèrent
les pompes si imposantes de cette grande matinée du huit décembre 1854.
C’est ainsi que vous avez
été glorifiée sur la terre en votre Conception Immaculée, ô vous la plus humble
des créatures ! Mais comment les hommes ne mettraient-ils pas toute leur joie à
vous honorer, divine aurore du Soleil de justice ? Ne leur apportez-vous pas,
en ces jours, la nouvelle de leur salut ? N’êtes-vous pas, ô Marie, cette
radieuse espérance qui vient tout d’un coup briller au sein même de l’abîme de
la désolation ? Qu’allions-nous devenir sans le Christ qui vient nous sauver ?
Et vous êtes sa Mère à jamais chérie, la plus sainte des créatures de Dieu, la
plus pure des vierges, la plus aimante des mères !
O Marie ! Que votre douce
lumière réjouit délicieusement nos yeux fatigués ! De génération en génération,
les hommes se succédaient sur la terre ; ils regardaient le ciel avec
inquiétude, espérant à chaque instant voir poindre à l’horizon l’astre qui
devait les arracher à l’horreur des ténèbres ; mais la mort avait fermé leurs
yeux, avant qu’ils eussent pu seulement entrevoir l’objet de leurs désirs. Il
nous était réservé de voir votre lever radieux, ô brillante Etoile du matin !
Vous dont les rayons bénis se réfléchissent sur les ondes de la mer, et lui
apportent le calme après une nuit d’orages ! Oh ! Préparez nos yeux à
contempler l’éclat vainqueur du divin Soleil qui marche à votre suite. Préparez
nos cœurs ; car c’est à nos cœurs qu’il veut se révéler. Mais, pour mériter de
le voir, il est nécessaire que nos cœurs soient purs ; purifiez-les, ô vous,
l’Immaculée, la très pure ! Entre toutes les fêtes que l’Église a consacrées à
votre honneur, la divine Sagesse a voulu que celle de votre Conception sans
tache se célébrât dans ces jours de l’A vent, afin que les enfants de l’Église,
songeant avec quelle divine jalousie le Seigneur a pris soin d’éloigner de vous
tout contact du péché, par honneur pour Celui dont vous deviez être la Mère,
ils se préparassent eux-mêmes à le recevoir par le renoncement absolu à tout ce
qui est péché et affection au péché. Aidez-nous, ô Marie ! à opérer ce grand
changement. Détruisez en nous, par votre Conception Immaculée, les racines de
la cupidité, éteignez les flammes de la volupté, abaissez les hauteurs de la
superbe. Souvenez-vous que Dieu ne vous a choisie pour son habitation, qu’afin
de venir ensuite faire sa demeure en chacun de nous.
O Marie ! Arche
d’alliance, formée d’un bois incorruptible, revêtue de l’or le plus pur,
aidez-nous à correspondre aux desseins ineffables du Dieu qui, après s’être
glorifié dans votre pureté incomparable, veut maintenant se glorifier dans
notre indignité, et ne nous a arrachés au démon que pour faire de nous son
temple et sa demeure la plus chère Venez à notre aide, ô vous qui, par la
miséricorde de votre Fils, n’avez jamais connu le péché ! et recevez en ce jour
nos hommages. Car vous êtes l’Arche de Salut qui surnage seule sur les eaux du
déluge universel ; la blanche Toison rafraîchie par la rosée du ciel, pendant
que la terre entière demeure dans la sécheresse ; la Flamme que les grandes
eaux n’ont pu éteindre ; le Lis qui fleurit entre les épines ; le Jardin fermé
au serpent infernal ; la Fontaine scellée, dont la limpidité ne fut jamais
troublée ; la Maison du Seigneur, sur laquelle ses yeux sont ouverts sans
cesse, et dans laquelle rien de souillé ne doit jamais entrer ; la Cité
mystique dont on raconte tant de merveilles (Ps. 86). Nous nous plaisons à
redire vos titres d’honneur, ô Marie ! Car nous vous aimons ; et la gloire de
la Mère est celle des enfants. Continuez de bénir et de protéger ceux qui
honorent votre auguste privilège, vous qui êtes conçue en ce jour ; et bientôt
naissez, concevez l’Emmanuel, enfantez-le et montrez-le à notre amour.
L’Introït est un chant
d’actions de grâces emprunté à Isaïe et à David. Marie célèbre les dons
supérieurs dont Dieu l’a honorée et la victoire qu’il lui a donnée sur l’enfer.
La Collecte présente
l’application morale du mystère. Marie a été préservée de la tache originelle,
parce qu’elle devait être l’habitation du Dieu trois fois Saint. Que cette
pensée nous engage à recourir à la bonté divine pour en obtenir la purification
de nos âmes.
L’Apôtre nous enseigne
que Jésus, notre Emmanuel, est le premier-né de toute créature. (Coloss. 1,
15). Ce mot profond signifie non seulement qu’il est, en tant que Dieu,
éternellement engendré du Père ; mais il exprime encore que le Verbe divin, en
tant qu’homme, est antérieur à tous les êtres créés. Cependant ce monde était
sorti du néant, le genre humain habitait cette terre depuis déjà quatre mille
ans, lorsque le Fils de Dieu s’unit à une nature créée. C’est donc dans
l’intention éternelle de Dieu, et non dans l’ordre des temps, qu’il faut
chercher cette antériorité de l’Homme-Dieu sur toute créature. Le Tout-Puissant
a d’abord résolu de donner à son Fils éternel une nature créée, la nature
humaine, et, par suite de cette résolution, de créer pour être le domaine de
cet Homme-Dieu, tous les êtres spirituels et corporels. Voilà pourquoi la
divine Sagesse, le Fils de Dieu, dans le passage de l’Écriture que l’Église
nous propose aujourd’hui et que nous venons de lire, insiste sur sa
préexistence à toutes les créatures qui forment cet univers. Comme Dieu, il est
engendré de toute éternité au sein de son Pète ; comme homme, il était dans la
pensée de Dieu le type de toutes les créatures, avant qu’elles fussent sorties
du néant. Mais le Fils de Dieu, pour être un homme de notre filiation, ainsi
que l’exigeait le décret divin, devait naître dans le temps, et naître d’une
Mère : cette Mère a donc été présente éternellement à la pensée de Dieu comme
le moyen par lequel le Verbe prendrait la nature humaine ; le Fils et la Mère
sont donc unis dans le même plan de l’Incarnation ; Marie était donc présente
comme Jésus dans le décret divin, avant que la création sortît du néant. Voilà
pourquoi, dès les premiers siècles du christianisme, la sainte Église a reconnu
la voix de la Mère unie à celle du Fils dans ce sublime passage du livre sacré,
et a voulu qu’on le lût dans l’assemblée des fidèles, ainsi que les autres
passages analogues de l’Écriture, aux solennités de la Mère de Dieu. Mais si
Marie importe à ce degré dans le plan éternel ; si, comme son fils, elle est,
en un sens, avant toute créature, Dieu pouvait-il permettre qu’elle fût sujette
à la flétrissure originelle encourue par la race humaine ? Sans doute, elle ne
naîtrait qu’à son tour, ainsi que son fils, dans le temps marqué ; mais la
grâce détournerait le cours du torrent qui entraîne tous lès hommes, afin
qu’elle n’en fût pas même touchée, et qu’elle transmît à son fils qui devait
être aussi le Fils de Dieu, l’être humain primitif qui fut créé dans la
sainteté et dans la justice.
Le Graduel est formé des
éloges que les anciens de Béthulie adressèrent à Judith, après qu’elle eut
frappé l’ennemi de son peuple. Judith est un des types de Marie qui a brisé la
tête du serpent. Le Verset alléluiatique applique à Marie les paroles du divin
Cantique où l’Épouse de Dieu est déclarée toute belle et sans tache.
« En ce temps-là, l’Ange
Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth , à une
Vierge mariée à un homme de la maison de David, nommé Joseph, et le nom de la
Vierge était Marie. Et l’Ange étant entré où elle était, lui dit : Salut, ô
pleine de grâce ! Le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes.
» : Telle est la salutation qu’apporte à Marie l’Archange descendu du ciel.
Tout y respire l’admiration et le plus humble respect. Le saint Évangile nous dit
qu’à ces paroles la Vierge se sentit troublée, et qu’elle se demandait à
elle-même ce que pouvait signifier une telle salutation. Les saintes Écritures
en reproduisent plusieurs autres, et, comme le remarquent les Pères, saint
Ambroise, saint André de Crète, à la suite d’Origène, il n’en est pas une seule
qui contienne de tels éloges. La Vierge prudente dut donc s’étonner d’être le
sujet d’un langage si flatteur, et ainsi que le remarquent les auteurs de
l’antiquité, elle dut penser au colloque du jardin entre Ève et le serpent.
Elle se retrancha donc dans le silence, et attendit, pour répondre, que l’Archange
eût parlé une seconde fois.
Néanmoins Gabriel avait
parlé non seulement avec toute l’éloquence, mais avec toute la profondeur d’un
Esprit céleste initié aux pensées divines ; et, dans son langage surhumain, il
annonçait que le moment était venu où Ève se transformait en Marie. Une femme
était devant lui, destinée aux plus sublimes grandeurs, une future Mère de Dieu
; mais, à cet instant solennel, Marie n’était encore qu’une fille des hommes.
Or, dans ce premier état, mesurez la sainteté de Marie telle que Gabriel la
décrit ; vous comprendrez alors que l’oracle divin du paradis terrestre a déjà
reçu en elle son accomplissement.
L’Archange la proclame pleine
de grâce. Qu’est-ce à dire ? Sinon que la seconde femme possède en elle
l’élément dont le péché priva la première. Et remarquez qu’il ne dit pas
seulement que la grâce divine agit en elle, mais qu’elle en est remplie. « Chez
d’autres réside la grâce, dit notre saint Pierre Chrysologue, mais en Marie
habite la plénitude de la grâce. » En elle tout est resplendissant de la pureté
divine, et jamais le péché n’a répandu son ombre sur sa beauté. Voulez-vous
connaître la portée de l’expression angélique ? Demandez-la à la langue même
dont s’est servi le narrateur sacré d’une telle scène. Les grammairiens nous
disent que le mot unique qu’il emploie dépasse encore ce que nous exprimons par
« pleine de grâce ». Non seulement il rend l’état présent, mais encore le
passé, mais une incorporation native de la grâce, mais son attribution pleine
et complète, mais sa permanence totale. Il a fallu affaiblir le terme en le
traduisant.
Que si nous cherchons un
texte analogue dans les Écritures, afin de pénétrer les termes de la traduction
au moyen d’une confrontation, nous pouvons interroger l’Évangéliste saint Jean.
Parlant de l’humanité du Verbe incarné, il la caractérise d’un seul mot : il
dit qu’elle est « pleine de grâce et de vérité ». Mais cette plénitude serait-elle
réelle, si elle eût été précédée d’un moment où le péché tenait la place de la
grâce ? Appellera-t-on plein de grâce, celui qui aurait eu besoin d’être
purifié ? Sans doute il faut tenir compte respectueusement de la distance qui
sépare l’humanité du Verbe incarné de la personne de Marie au sein de laquelle
le Fils de Dieu a puisé cette humanité ; mais le texte sacré nous oblige à
confesser que la plénitude de la grâce a régné proportionnellement dans l’une
et dans l’autre.
Gabriel continue
d’énumérer les richesses surnaturelles de Marie. « Le Seigneur est avec vous »,
lui dit-il. Qu’est-ce à dire ? Sinon qu’avant même d’avoir conçu le Seigneur
dans son chaste sein, Marie le possède déjà dans son âme. Or, ces paroles
pourraient-elles subsister, s’il fallait entendre que cette société avec Dieu
n’a pas été perpétuelle, qu’elle ne s’est établie qu’après l’expulsion du péché
? Qui oserait le dire ? Qui oserait le penser, lorsque le langage de l’Archange
est d’une si haute gravité ? Qui ne sent ici le contraste entre Ève que le
Seigneur n’habite plus, et la seconde femme qui, l’ayant reçu en elle comme
Ève, dès le premier moment de son existence, l’a conserve par sa fidélité,
étant demeurée telle qu’elle fut des le commencement ?
Pour mieux saisir encore
l’intention du discours de Gabriel qui vient déclarer l’accomplissement de
l’oracle divin, et signale ici la femme promise pour être l’instrument de la
victoire sur Satan, écoutons les dernières paroles de la salutation. « Vous
êtes bénie entre les femmes » : qu’est-ce à dire ? Sinon que depuis quatre
mille ans toute femme ayant été sous la malédiction, condamnée à enfanter dans
la douleur, voici maintenant l’unique, celle qui a toujours été dans la
bénédiction, qui a été l’ennemie constante du serpent, et qui donnera sans douleur
le fruit de ses entrailles.
La Conception immaculée
de Marie est donc exprimée dans la salutation que lui adresse Gabriel ; et nous
comprenons maintenant le motif qui a porté la sainte Église à faire choix de ce
passage de l’Évangile, pour le faire lire aujourd’hui dans l’assemblée des
fidèles.
Après le chant triomphal
du Symbole de la foi, le chœur entonne l’Offertoire ; il est formé des paroles
de la Salutation de l’Ange. Disons à Marie avec Gabriel : Vous êtes
véritablement pleine de toute grâce.
Ercole Ramazzani (1535–1598). L'Immacolata
Concezione e l'albero della Scienza del Bene e del Male (Allegoria della
Concezione), 1573, 360 x 190, inscription : HERCULES RAMAZZANUS /
ROCHENSIS PINGEBAT / ANN. DNI. MDLXXIII, San Francesco (Ercole
Ramazzani de la Rocha - Aspetti del Manierismo nelle Marche della Controriforma,
Elenco completo delle opere, 17
Ercole
Ramazzani de la Rocha - Aspetti del Manierismo nelle Marche della Controriforma,
Catalogo delle opere in mostra, 23 ; Scansione da "Daniela Matteucci (a
cura di), Ercole Ramazzani de la Rocha: aspetti del manierismo nelle Marche della
Controriforma, Venezia, Marsilio, 2002, ISBN 9788831781077",
pag. 98)
Bhx
Cardinal Schuster, Liber
Sacramentorum
Ce dogme si consolant de
la foi catholique, si glorieux pour Marie et si honorable pour toute la famille
humaine, est seulement mystérieusement esquissé dans les Écritures de l’Ancien
et du Nouveau Testament. Il fait pourtant partie du divin dépôt de la tradition
catholique, et reconnaît dans les liturgies des différentes Églises
l’expression et la déclaration la plus autorisée de cette foi elle-même.
L’exemption de la
Bienheureuse Vierge Marie du péché originel est affirmée explicitement par le
Coran, qui, en cette circonstance, n’est que l’écho de la foi des Églises
nestoriennes : Toute créature humaine est touchée à sa naissance par Satan,
excepté Marie et son Fils [2]. — Saint Éphrem le Syrien, en un poème de l’an
370, met ces paroles sur les lèvres de l’Église d’Édesse : « Vous et votre Mère
êtes les seuls qui, à tout point de vue, soyez entièrement beaux ; puisque en
vous, Seigneur, il n’y a aucune tache, et aucune tache n’est dans votre Mère [3].
» Beaucoup d’autres Pères, surtout les Grecs de la première époque patristique,
répètent la même pensée relativement à la pureté absolue de la Vierge, quoique
le plus grand nombre d’entre eux, plutôt que de poser la question formelle de
la Conception comme plus tard la poseront les Scolastiques, la supposent
résolue au sens de la définition dogmatique de Pie IX, en tant que l’innocence
immaculée qu’ils attribuent à la Mère de Dieu doit être entendue si pleinement
qu’elle exclut même la tache de la faute originelle.
Une fête locale en
l’honneur de la Conception de Marie le 8 décembre est déjà mentionnée dans un
sermon de l’évêque Jean d’Eubée, contemporain de saint Jean Damascène [4].
Environ un siècle plus tard, la solennité avait gagné du terrain et était
devenue commune chez les Grecs, comme il résulte d’un discours de l’évêque
Georges de Nicomédie sur la Conceptio sanctae Annae [5]. — Les anciens prennent
habituellement ce terme au sens actif, en sorte que, dans leurs calendriers, le
titre de Conceptio Sanctae Mariae désigne au contraire le jour de l’Incarnation
du Sauveur.
La fête de la Conception
de sainte Anne, mère de la Mère de Dieu, figure au 9 décembre dans le
calendrier connu sous le nom de l’empereur Basile II Porphyrogénète ; elle est
également comptée parmi les jours festifs chômés, dans une constitution de
Michel Comnène en 1166.
En Occident, la Conceptio
sanctæ Annæ figure le 9 décembre dans le célèbre calendrier de marbre de
l’Église napolitaine qui remonte au IXe siècle ; la date et le titre révèlent
l’influence byzantine, influence qui domina non seulement à Naples, mais aussi
dans la Sicile et dans toute l’Italie méridionale, qui, durant de longs
siècles, continuèrent à appartenir à l’empire des lointains successeurs de
Constantin et de Théodose.
En Normandie, en
Angleterre et en Irlande, la fête de la Conception de la Bienheureuse Vierge le
8 décembre avait déjà été accueillie au XIIe siècle avec enthousiasme par
plusieurs abbayes et chapitres de chanoines, malgré les protestations de quelques
évêques qui y étaient opposés. Comment avait fait la primitive solennité
orientale pour arriver des rives du Bosphore en ces lointains pays ? On croit
communément que la transmission en est due à l’armée normande, alors que, au
XIe siècle, elle envahit le sud de l’Italie et s’y établit. Toutefois la chose
n’est pas absolument sûre, bien qu’on doive reconnaître que les premiers
documents anglais et irlandais sur la fête de la Conception révèlent évidemment
des sources grecques.
Reste à établir le sens
primitif de cette solennité de la Conception de sainte Anne, ou de la Mère de
Dieu. Aucun document liturgique ancien n’appose jamais, il est vrai, le titre
d’immaculée à celui de Conception, pourtant, de ce qui a été exposé ci-dessus,
il résulte qu’on devait l’entendre implicitement ; du reste, s’il en avait été
autrement, la solennité n’aurait eu aucune signification spéciale. Cela nous
est confirmé par la fête byzantine de la conception de saint Jean-Baptiste,
laquelle rappelait précisément la sanctification du Précurseur du Christ dans
le sein de sa mère.
La liturgie romaine se
tint satisfaite, de longs siècles durant, des quatre grandes fêtes byzantines
en l’honneur de Marie, sans célébrer aucunement sa Conception. Quand
commencèrent en Occident les premières controverses sur le contenu théologique
de la solennité, Rome, avant de se prononcer, laissa les champions de la
science sacrée se mesurer entre eux : saint Anselme, les chanoines de Lyon,
saint Bonaventure et Duns Scot, contre Eadmer, saint Bernard, saint Thomas et
les plus célèbres liturgistes du moyen âge.
Quant à l’expansion du
dogme catholique de l’Immaculée Conception, il fut d’une si grande importance
que l’Ordre récent des Mineurs s’en fit l’apôtre et le défenseur en Europe. Dès
1263, la fête était devenue obligatoire dans tous les couvents franciscains, et
l’on doit certainement à leur immense influence et à leur popularité que, dans
la trente-sixième session de l’assemblée schismatique de Baie, le 17 septembre
1439, les Pères aient déclaré que cette doctrine trouvait son plein assentiment
dans les sources de la révélation catholique.
Avec Sixte IV — un pape
franciscain — l’Église romaine fit un pas vraiment décisif. Par une
constitution du 27 février 1477 ce Pontife prescrivit la fête et l’office
Conceptionis Immaculatae Virginis Mariae à toute la Ville éternelle ; deux ans
plus tard il fit construire et doter, dans la basilique vaticane, une chapelle
dédiée à la sainte Vierge, sous le même titre de l’Immaculée Conception.
On sait l’attitude favorable
du concile de Trente vis-à-vis du dogme de l’Immaculée Conception de Marie ;
mais la souveraine circonspection du Saint-Siège laissa passer encore trois
siècles avant d’en venir à une décision sans appel de la controverse qui,
depuis plus de neuf cents ans, s’agitait entre les plus éminents théologiens
d’Europe.
Cette gloire fut accordée
par la divine Providence au saint pontife Pie IX, sous lequel furent finalement
achevées les longues études des docteurs sur les sources de la doctrine
catholique relativement à la conception immaculée de Marie. Le 8 décembre 1854,
en présence d’une imposante assemblée de plusieurs centaines d’évêques, le Pape
promulgua enfin à Saint-Pierre sa bulle dogmatique Ineffabilis Deus, dans
laquelle cette doctrine fut définie comme conforme à la foi catholique, révélée
de Dieu, et, par conséquent, devant être crue et tenue fermement par tous les
fidèles.
Les Orientaux, chez qui
ce dogme trouvait les témoignages les plus anciens et les plus explicites,
commencèrent, puisque la promulgation avait été faite par l’évêque exécré de
l’antique Rome, à s’en déclarer les adversaires, accusant les papistes de
nouveauté ; mais déjà dès le XVIIe siècle, le P. Besson, jésuite, après avoir
démontré, par plus de deux cents textes tirés de leurs liturgies, le parfait
accord des anciens Pères d’Orient avec les Docteurs latins relativement au
dogme de l’Immaculée Conception, avait obtenu des Orientaux une déclaration
explicite, écrite et signée par trois patriarches et par un archimandrite. Celle
du Chef de l’Église syriaque était ainsi conçue : Ego pauper Ignatius Andréas,
Patriarcha Antiochenus nationis Syrorum, confirma hanc sententiam orthodoxam,
quatn explanavit P. Ioseph e S. I. dominam nostram Virginem purissimam sanctam
Mariam, semper liberam extitisse et immunem a peccato originali, ut
explicuerunt antiqui Sancti Patres longe plurimi, magistri Orientalis
Ecclesiae.
L’introït est tiré
d’Isaïe (61, 10), lequel, au nom d’Israël, se réjouit dans le Seigneur parce
qu’il l’a recouvert d’un manteau de salut et de sainteté, comme une épouse
parée de ses bijoux. Ce cantique triomphal ne résonne mieux dans aucune bouche
mortelle que sur les lèvres immaculées de Marie, qui, pas un seul instant de sa
vie, ne fut privée de ce splendide vêtement de salut dont parle ici le
Prophète.
La collecte vaut, à elle
seule, un concis mais très élégant traité théologique du dogme de l’Immaculée
Conception. Le rythme antique qui distinguait les collectes romaines des
sacramentaires classiques en a été entièrement banni, mais le rédacteur a voulu
avant tout que la legem credendi lex statuat supplicandi, selon la belle
expression du pape Célestin Ier. On y enseigne d’abord que le privilège de
l’Immaculée Conception de Marie était ordonné, dans les desseins de Dieu, à préparer
un tabernacle entièrement saint au Verbe éternel qui, en elle et d’elle, devait
se faire chair. On indique ensuite le prix que coûta au Christ ce privilège,
c’est-à-dire les mérites de la Passion et de la mort de Jésus prévus, par la
Sagesse éternelle de Dieu ; en sorte que le Christ est, et demeure toujours, le
Sauveur universel et le Rédempteur de tout le genre humain. Marie, chef-d’œuvre
de Dieu, est la première à participer d’une façon absolument spéciale et plus
sublime qu’aucun autre mortel, à la grâce de la rédemption. Nous supplions en
dernier lieu la clémence divine par l’intercession d’une Créature si noble et
si privilégiée, que Dieu ne laissa effleurer par aucun souffle impur, de nous
accorder à nous aussi la grâce de la pureté d’esprit, pour arriver à Lui, que
seuls ceux qui ont le cœur pur, selon la parole évangélique, méritent de voir.
La lecture est tirée du
Livre des Proverbes (8, 22-35) ; au sens littéral, elle doit être entendue de
l’Éternelle Sagesse, coéternelle au Père, et par laquelle Dieu tira le monde du
néant. Comme hier à la messe vigiliale, aujourd’hui également l’Église adapte à
la Vierge Mère ce qui est dit du Verbe éternel de Dieu au Livre de la Sagesse.
Après Jésus, en effet, sa Mère bénie, Termine fisse d’eterno consiglio, et
chef-d’œuvre de la création est, en raison de sa sublime dignité, la véritable
première-née de la famille humaine ; en sorte que vraiment son archétype idéal
resplendissait dans l’Esprit du Créateur alors qu’il tirait le monde du néant,
et, comme une couronne de gloire, en disposait les mouvements et l’histoire
autour de Marie.
Le répons s’inspire du
livre de Judith, laquelle, par sa victoire sur le tyran Holopherne, est un des
plus beaux symboles de Notre-Dame. Comme l’héroïne de Béthulie, ainsi Marie,
par la divine grâce, écrasa la tête de l’orgueilleux dragon infernal et délivra
son peuple de la honte de la servitude. Le verset alléluiatique est tiré du
Cantique, là où l’Époux exprime toute la complaisance qu’il prend en son Épouse
Immaculée, ornée des plus belles vertus. Cette Épouse, comme le dit saint Paul,
est l’Église, mais dans la liturgie ce verset s’adapte à la Très Sainte Vierge
comme à la plus sublime expression ds la sainteté qui orne l’Épouse mystique du
Sauveur.
La lecture évangélique
tirée de saint Luc (1, 26-28) rapporte le magnifique salut de l’ange Gabriel à
la Bienheureuse Vierge. Le texte évangélique, quelque beau qu’il soit, ne nous
révèle pas, pris isolément, tous ces abîmes de grâce et de magnificence que
nous y apercevons maintenant, après la définition dogmatique de Pie IX, alors
que la lumière de la divine tradition de l’Église a fait resplendir dans toute
sa plénitude le salut angélique à Marie et nous a permis de scruter une telle
profondeur de mystères de sainteté et de grâce que nous ne soupçonnions pas
même auparavant. Bénie êtes-vous entre les femmes, c’est-à-dire bénie plus que
tous les mortels ; en dehors donc du sort commun des enfants d’Adam, dont la
bénédiction est à peine un antidote contre la malédiction jadis héritée d’Ève.
Vous, au contraire, vous êtes bénie plus que toutes les créatures, parce que la
grâce et la bénédiction qui entourent votre immaculée conception à ce point que
le serpent maudit n’a pu la flétrir du souffle empoisonné du péché, fortifient
également l’heure suprême de votre pèlerinage terrestre, pour que la corruption
n’atteigne pas votre corps très saint qui fut jadis le temple de l’Auteur de la
vie.
Le verset de l’offertoire
répète le salut angélique à la Vierge et il est à peu près identique à celui du
IVe dimanche de l’Avent.
La secrète de ce jour a
un sens tout spécial, parce que le sacrifice que nous allons offrir à l’auguste
Trinité représente le prix auquel Jésus acquit précisément à sa Bienheureuse
Mère le privilège de l’Immaculée Conception. Et, grâces à Dieu, nous sommes
frères de Jésus, aussi nous unissons-nous à Lui en un même amour pour Marie sa
Mère et la nôtre, et nous présentons avec Lui au Père le fruit de sa passion et
sa mort, comme le prix auquel il voulut que fût mérité par la Vierge le
privilège commémoré par la liturgie de ce jour.
Selon l’usage romain, on
insère dans le texte de la première partie de l’anaphore eucharistique
(Préface) la commémoration du mystère célébré aujourd’hui par l’Église : « II
est vraiment digne, etc. de vous louer, de vous bénir et de célébrer vos
gloires en la solennité de l’Immaculée Conception de la Bienheureuse et
toujours Vierge Marie. Celle-ci, en effet, à l’ombre de la puissance du
Saint-Esprit, conçut votre Fils unique et, conservant intacte la gloire de la
virginité, donna le jour à Jésus-Christ l’éternelle lumière du monde, par
lequel, etc. »
L’antienne pour la
communion du peuple s’est inspirée dans sa première partie du psaume 86, et
dans sa dernière du cantique Magnificat. « O Marie, vos gloires ont été
annoncées, car Celui qui seul est puissant vous orna de grâces sublimes. ». Ces
gloires extérieures de Marie augmenteront de plus en plus dans l’Église avec la
succession des siècles, puisqu’elles font partie de ce progrès extrinsèque de
la théologie sacrée et de la piété chrétienne qui sont justement les
caractéristiques de la vitalité intense et intime de la famille de
Jésus-Christ.
Dans la postcommunion,
nous supplions le Seigneur afin que, comme la grâce prévint sa bienheureuse
Mère de telle sorte que sa conception immaculée l’exempta de la contagion
commune du péché, ainsi la divine Eucharistie soit également pour nous
l’antidote contre le poison qui infecte nos veines, conséquence du fruit mortel
de l’Éden.
La blessure de notre
nature viciée par le péché originel est telle que, avec notre intelligence
obscurcie, notre volonté affaiblie et nos passions déréglées, nous ne pouvons
espérer surmonter les obstacles. Nous avons donc besoin de la grâce de
Jésus-Christ, et, pour l’obtenir, nous devons nous y préparer par l’humilité,
la prière et la docilité. Une tendre dévotion envers l’Immaculée Mère de Dieu
est parmi les moyens les plus puissants pour neutraliser en nous les effets du
virus de l’arbre néfaste du paradis terrestre.
[2] Cf. G. HUBY, Christus.
Paris, Beauchesne, 1916, p. 775, n° I.
[3] Carm. Nisib., n° 27.
Édit. Bickell, p. 122.
[4] P. G., XCVI, col.
1499.
[5] P. G., C. col. 1353.
Alonso Vázquez (1564–1608).
Inmaculada, vers 1590, 283 x 56, Museo de Bellas Artes de Sevilla
Dom Pius Parsch, le Guide
dans l’année liturgique
L’Épouse parée.
C’est un jour de fête et
de joie, un jour glorieux pour la Mère de la chrétienté ; que ses enfants se
parent pour ce jour ! Nous célébrons l’instant bienheureux où commença
l’existence de la Sainte Vierge, nous célébrons en même temps le sublime
privilège, par lequel, seule de tous les humains, Marie fut, en vue des mérites
du Christ, préservée, dès le premier instant de sa conception, de la souillure
du péché originel. Dans son origine et son principe, cette grande fête de
l’Église n’avait aucune relation avec l’Avent. Elle fut fixée au 8 décembre
pour tenir compte des neuf mois qui la séparent de la Nativité de la Sainte
Vierge (le 8 septembre).
Cependant il est facile
de faire rentrer cette fête dans les pensées de l’Avent. En ce temps où nous
attendons le Sauveur, où nous avons les sentiments des hommes non encore
rachetés, où nous levons volontiers nos regards vers la Mère du Rédempteur,
cette fête est comme l’aurore du soleil de Noël qui se lève. C’est pour nous
une vraie fête de l’Avent.
La vie de Marie au-dessus
des temps. — La liturgie de la messe et de l’office nous met devant les yeux la
vie de la Très Sainte Vierge et même elle étend cette vie dans le passé et dans
l’avenir. Nous pouvons dans cette vie distinguer quatre périodes.
a) La vie de Marie avant
la création du monde. La Leçon annonce : « Le Seigneur m’a possédée au
commencement de mes voies... de toute éternité j’ai été créée... Les abîmes
n’existaient pas encore… » Marie, dans les plans de la Providence, était
destinée, de toute éternité, à être la Mère de Dieu, l’Immaculée, la sagesse,
c’est-à-dire l’image parfaite de la sainteté de Dieu. Telle est l’image de
Marie dans le sein de la divine Trinité.
b) La vie préhistorique
de Marie. Marie nous apparaît dans les figures et les prophéties de l’Ancienne
Loi. On nous présente d’abord l’image que Dieu a tracée lui-même de la Sainte
Vierge : la femme qui écrase la tête du serpent (Écriture, au bréviaire), puis
passent devant nos yeux toutes les femmes illustres de l’Ancien Testament :
Ève, Sara, Judith (Grad.). Les Prophètes l’annoncent dans leurs prophéties, par
exemple Isaïe : « Une vierge concevra... ». C’est l’image de Marie dans
l’Ancien Testament.
c) La vie historique de
Marie. La liturgie de la messe nous fait assister à son premier moment et nous
l’entendons remercier Dieu des grâces qu’il lui a faites : « Je me réjouirai
d’une grande joie dans le Seigneur... car il m’a revêtue du vêtement divin de
la grâce et m’a parée des ornements de la sainteté, comme une fiancée, dans
tout l’éclat de ses joyaux » (Intr.). Nous assistons ensuite à la seconde des
grandes heures de sa destinée, cette heure pour laquelle Dieu l’a revêtue de sa
magnifique parure de fiancée ; nous entendons l’ange proclamer sa haute dignité
: « Peine de grâce, le Seigneur est avec toi. »
d) La vie céleste de
Marie. Elle règne désormais au ciel avec la couronne de Reine, et en faisant
son entrée dans la cour céleste, avec sa parure de fiancée, elle chante encore
son cantique d’action de grâces : « Je me réjouis d’une grande joie dans le
Seigneur » (Intr.). Dieu a préparé pour son Fils un temple plus beau que le
temple de Salomon, le corps et l’âme de l’Immaculée.
La prière des Heures, le
jour de l’Immaculée.
I Vêpres (la veille au
soir). — Un air de fête retentit dans notre âme et nous sommes transportés à
l’aube de la Rédemption : Les desseins éternels de Dieu s’accomplissent, l’âme
immaculée et pleine de grâce de Marie s’unit avec son corps très saint pour
devenir la demeure de Dieu parmi les hommes. La Vierge Immaculée est le modèle
parfait des enfants de Dieu. Unissons-nous, avec ardeur, au chant de louange
qui jaillit de son cœur : « Mon âme glorifie le Seigneur. »
Matines. Le soir répand
son obscurité délivrante et apaisante sur tous les bruits et les soucis du
jour, c’est le silence solennel. L’Église, dans la personne de ses enfants,
étend les mains pour la prière de la nuit : elle se présente aujourd’hui à Dieu
comme Épouse Immaculée, dans la personne de Marie, Vierge sans tache et Mère de
Dieu. Les regards de notre âme plongent dans l’éternité et contemplent Marie,
la première-née de toute créature, le reflet de la lumière éternelle, la
créature bénie, choisie dans les desseins de Dieu, pour être immaculée. Peu à
peu l’image sainte se détache des profondeurs de l’éternité et apparaît aux
frontières du temps, sous l’aspect d’une femme revêtue du soleil, avec la lune
à ses pieds, manifestation de la gloire de Dieu aux yeux de tous les peuples.
Puis l’image se rapproche et Marie nous apparaît comme l’Épouse de Dieu,
environnée de l’éclat royal du Christ, descendant du Liban, d’une beauté
céleste, ornée de la couronne de la grâce, prenant place parmi les filles des
hommes. Alors les portes du paradis terrestre s’ouvrent et le fleuve du péché
originel se répand sur le monde. Au milieu de cette malédiction terrestre,
Marie, la femme qui écrase la tête du serpent, apparaît comme notre
consolation. Laudes. Le jour de grâce, tout baigné de la fraîcheur de la rosée,
se dégage de l’obscurité de la nuit, et la vie se réveille dans la nature et
dans le cœur des hommes. Le Christ mystique célèbre l’heure de sa Résurrection
et convoque tous les hommes à louer Dieu. L’Épouse sans tache, l’Église et
l’âme, se pare pour recevoir son Époux auquel elle fait signe de loin. comme au
soleil « qui se lève sur les hauteurs ».
Prime. C’est la
préparation au pèlerinage à travers le jour. Je dirige mon âme ornée de la
lumière et de la grâce divines, vers les devoirs de la journée, vers les heures
joyeuses et les heures pénibles. Mon Âme doit s’avancer comme une fiancée, en
ce jour de l’Immaculée.
Tierce. C’est la première
halte dans la journée. La -chaleur de la vie divine et la force du Saint-Esprit
ont disposé mon âme à recevoir les fruits de la messe. « Ton vêtement a l’éclat
de la neige et ton visage brille comme le soleil. » Alors je célèbre la messe.
Sexte. C’est la seconde
halte du jour. C’est l’aspect sombre de la fête : le combat contre le péché,
combat qui a commencé au Golgotha... Puissent les grâces de la messe faire
perdre à mon âme l’image d’Ève et la faire ressembler davantage à Marie !
None. « Entraîne-nous
vers toi, Vierge immaculée, nous marcherons sur tes pas, attirés par l’odeur de
tes parfums. » Le jour de fête s’incline déjà vers le soir ; j’âme toute
remplie d’harmonie intérieure, est prête à offrir au Créateur par les mains de
Marie toute son existence, pour la retrouver, au jour de l’avènement du
Seigneur, transformée en vie éternelle et glorieuse.
Vêpres. Avec une majesté
silencieuse le soleil baisse à l’horizon, ses derniers rayons revêtent d’un
manteau de gloire la fin de ce jour de Rédemption. Dans mon Ame descend la paix
de la sainteté. Je suis, moi aussi, un rameau de la tige de Jessé, car ma vie
est la vie divine. J’ai en moi comme un reflet du privilège de Marie, car la
flamme du sacrifice purifie toutes les tâches de mon âme. J’ai puisé de
nouvelles forces qui me permettront d’écraser en moi l’antique serpent, en
tuant le vieil homme, et de tendre vers l’idéal de la pureté sans tache (Ant.
Magn.). « Mon âme glorifie le Seigneur, car il a fait en moi de grandes choses
».
La messe (Gaudens
gaudebo). — Au jour de la fête, la matière est si abondante, qu’on en est comme
aveuglé et qu’on peut à peine analyser chaque partie de l’office. Ce n’est que
pendant l’Octave, que l’âme peut réfléchir et donner plus de profondeur à ses
pensées. Essayons, aujourd’hui, de méditer la messe de la fête d’une manière
plus précise.
Introït : c’est comme un
chant de triomphe, après la défaite que le péché a infligée à l’humanité ;
c’est comme un rayon de soleil, au sein des ténèbres, quand nous entendons l’Épouse
immaculée de Dieu entonner ce chant de joie. Il faut entendre et chanter cette
mélodie enthousiaste, pour en saisir tout le bonheur et toute la joie. Pour les
prêtres, elle a encore une signification particulière. De ce manteau intérieur
de la grâce, les vêtements sacrés, qu’ils portent tous les jours, sont un
vivant symbole. Ainsi pourrait chanter le baptisé, ainsi pourrait chanter tout
enfant de Dieu, quand il pense au vêtement de la grâce sanctifiante, à l’armure
de grâce qu’il a reçue au Baptême, dans la Confirmation et dans l’Eucharistie.
La Leçon nous montre
l’image ravissante de l’Immaculée, dans les desseins éternels de Dieu, faisant
la joie de la Sainte Trinité. La leçon s’achève en forme d’instruction (ce qui
est le rôle de l’avant-messe) en proclamant bienheureux : « ceux qui veillent
journellement aux portes ». La Conception Immaculée de Marie est le seuil de la
Rédemption, l’étoile matinale du salut, ce salut que nous puisons dans l’«
Œuvre de la Rédemption » (la sainte Messe : « il puise le salut dans le
Seigneur »). Les chemins de Marie ont été rendus « immaculés » par privilège
divin, nous aussi nous devons tendre à rendre nos voies sans tache et, pour
cela, « nous attacher à la discipline ».
Dans l’Introït et la
Leçon, Marie a parlé elle-même. Désormais, c’est l’Église qui chante. Au
Graduel, l’Église exprime son ravissement. La mélodie du « Tu gloria Jerusalem
» rend ce sentiment mieux encore que les paroles, c’est un mouvement entraînant
vers la Vierge glorieuse, une participation animée à la victoire merveilleuse
de la nouvelle Judith sur l’Holopherne des enfers. Plus grave et plus
majestueux est l’Alléluia qui suit ; sans doute, il déborde encore d’une
indicible allégresse, mais il a, dans sa grave conclusion en mineur, comme un
frémissement sacré devant le Verbe éternel qui, à l’Évangile, descend dans le
sein de la Vierge. On entend déjà, dans cet Alléluia, comme le prélude du «
gratia plena » de l’Ange, dans les paroles « Tu es toute belle ». Cet « Ave »
de l’ange est répété à l’Offertoire comme un chant de joie et de triomphe.
Notre offrande à nous est imparfaite, elle seule est « pleine de grâce, bénie »
en tout. La Communion chante avant tout le privilège de l’Immaculée-Conception,
mais elle chante aussi la gloire de l’Église et de l’âme qui, précisément, par
la visite de celui « qui est puissant », ont été faites grandes. Ici encore la
Communion des saints vient à notre secours ; Marie supplée à la pauvreté de la
demeure que nous offrons à Dieu. En elle et par elle, le Seigneur nous
considère avec complaisance. La Postcommunion est d’une pensée très profonde.
Il y a deux idées dominantes : la blessure mortelle du péché et l’Immaculée. Ce
que Marie a été dès le commencement, nous devons le devenir par l’Eucharistie :
sans tache.
SOURCE : http://www.introibo.fr/08-12-Immaculee-Conception-de-la
El Greco (1541–1614). la Inmaculada Concepción siendo a
contemplada por San Juan Evangelista, 1580-1585, 236 x
115, Museum of Santa Cruz
Feast of the
Immaculate Conception
Also known as
Immaculate Conception of
Mary
Mary, the Immaculate
Conception
Nossa Senhora da
Conceição
Our Lady of the Immaculate
Conception
9
December (Latin calendar if 8
December is a Sunday in order to avoid conflict with Advent)
Profile
The Blessed
Virgin Mary was preserved from the stain of original sin in the first
instant of her conception in the womb of her mother.
This was a singular privilege and grace of God, granted in view of the merits
of Jesus Christ. By her conception is meant not the act or part of her parents
in it, nor the formation of her body, nor the conception of Christ later in her
own womb; from the moment her soul was created and infused into her body, it
was free from original sin and filled with sanctifying grace. Her soul was
never stained by original sin, nor by the depraved emotions, passions, and
weaknesses consequent on that sin, but created in a state of original sanctity,
innocence, and justice. She had at least the graces of the first Eve before the
Fall and more. This privilege was befitting the one who was to be mother of the
Redeemer.
The doctrine was defined
by Blessed Pope Pius
IX, 8
December 1854.
It is in accord with the texts of Scripture (Genesis 3), “I will put enmities
between thee [the serpent] and the woman, and thy seed and her seed”; (Luke 1),
“Hail, full of grace.” It is established by tradition, by the writings of the
Fathers, by feasts observed in honour of this prerogative, by the general
belief of the faithful. The very controversies over it among theologians
brought about a clear understanding and acceptance of the doctrine long before
it was declared by Blessed Pope Pius
IX. After the declaration, some Protestant writers denounced what they
styled Mariolatry (idolatry of Mary). However, there is a
constantly-growing devotion among Catholics, and respect among some Protestant
groups for the prerogatives of the Mother of Our Redeemer.
Among the many masters
who have represented the Immaculate Conception in art are: Carducci, Carreno de
Miranda, Falco, Holbein, Montanes, Muller, Murillo, Reni, Ribera, and
Signorelli. It is the title she used when appearing at Lourdes.
The feast originated in
the East about the 8th
century where it was celebrated on 9
December. In the Western Church it appeared first in England in
the 11th
century and was included in the calendar of the universal Church in
the 14th
century. It has a vigil and an octave, and is a holy day of obligation in
the United
States, Ireland,
and Scotland.
Name Meaning
stainless (immaculata)
(Latin)
–
–
Agra, India, archdiocese of
Baltimore, Maryland, archdiocese of
Besancon, France, archdiocese of
Bismarck, North
Dakota, diocese of
Brooklyn, New
York, diocese of
Brownsville, Texas, diocese of
Burlington, Vermont, diocese of
Camden, New
Jersey, diocese of
Chicago, Illinois, archdiocese of
Crookston, Minnesota, diocese of
Denver, Colorado, archdiocese of
Dhaka,
Bangladesh, archdiocese of
Edmundston,
New Brunswick, diocese of
Fort
Wayne-South Bend, Indiana, diocese of
Galveston-Houston, Texas, archdiocese of
Grand
Falls, Newfoundland, diocese of
Huambo,
Angola, archdiocese of
Johannesburg,
South Africa, diocese of
Kansas
City, Kansas, archdiocese of
Kansas
City – Saint Joseph, Missouri, diocese of
Keimoes-Upington,
South Africa, diocese of
Kingston,
Ontario, archdiocese of
Lafayette, Louisiana, diocese of
Malolos, Philippines, diocese of
Mbanza
Congo, Angola, diocese of
Memphis, Tennessee, diocese of
Mobile, Alabama, archdiocese of
Mont-Laurier, Québec, diocese of
Nelson,
British Columbia, diocese of
Ogdensburg, New
York, diocese of
Ozamiz, Philippines, archdiocese of
Palermo, Italy, archdiocese of
Philadelphia, Pennsylvania, archdiocese of
Philippines,
military ordinariate of
Pittsburgh, Pennsylvania, diocese of
Pondicherry
and Cuddalore, India, archdiocese of
Portland, Oregon, archdiocese of
Québec, Québec, archdiocese of
Rockford, Illinois, diocese of
Saint
John, New Brunswick, diocese of
Saint
John’s, Newfoundland, diocese of
Seattle, Washington, archdiocese of
Shreveport, Louisiana, diocese of
Southwark, England, archdiocese of
Spokane, Washington, diocese of
Springfield, Illinois, diocese of
Syracuse, New
York, diocese of
Virac, Philippines, diocese of
in Brazil
in Colombia
in France
–
in Italy
Cerva,
Catanzaro
in Malta
Additional Information
Ad
Diem Illum Laetissiumum: On the Immaculate
Conception, by Pope Saint Pius
X
Encyclopaedia
Britannica, by Bishop John
Edward Cuthbert Hedley
Fulgens
Corona: Proclaiming a Marian year to Commemorate the Centenary of the
Definition of the Dogma of the Immaculate Conception, Pope Pius
XII
Handbook
of Christian Feasts and Customs
Ineffabilis
Deus: The Immaculate Conception, by Pope Blessed Pius
IX
The
Lady Was Immaculate, by Father Daniel Aloysius Lord, SJ
Light
From the Altar, edited by Father James
J McGovern
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Lives
of the Saints, by Father Francis
Xavier Weninger
The
Liturgical Year, by Father Prosper
Gueranger
Memorandum
on the Immaculate Conception, by Blessed John
Henry Newman
Our
Lady’s Feasts, by Sister Mary Jean Dorcy, O.P.
Ubi
Primum: On The Immaculate
Conception, by Pope Blessed Pius
IX
Father Francis
Cuthbert Doyle, OSB
What
is Meant by the Immaculate Conception?
The
Possiblity of the Immaculate Conception
Veneration
of the Blessed Virgin Mary, by Father B
Rohner, OSB
other sites in english
1001
Patron Saints and Their Feast Days, Australian Catholic Truth Society
images
audio
video
sitios en español
Martirologio
Romano, 2001 edición
sites en français
Abbé
Christian-Philippe Chanut
fonti in italiano
websites in nederlandse
nettsteder i norsk
Readings
O God, who by the
Immaculate Conception of the Blessed Virgin prepared a worthy dwelling for your
Son, grant, we pray, that, as you preserved her from every stain by virtue of
the Death of your Son, which you foresaw, so, through her intercession, we,
too, may be cleansed and admitted to your presence. Through our Lord Jesus
Christ, your Son, who lives and reigns with you in the unity of the Holy
Spirit, one God, for ever and ever. – collect prayer, Solemnity of the
Immaculate Conception of the Blessed Virgin Mary
MLA Citation
“Feast of the Immaculate
Conception“. CatholicSaints.Info. 5 May 2020. Web. 22 November
2020. <https://catholicsaints.info/feast-of-the-immaculate-conception/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/feast-of-the-immaculate-conception/
Giorgio Vasari (1511–1574), Allegory
of the Immaculate Conception, 1541, tempera on wood, 58 x 39, Uffizi
Solemnity of the
Immaculate Conception
The Immaculate
Conception, a solemnity, is the patronal feast of the United States. It is one
of the few Holy days of obligation on the Church calendar — that is, all
Catholics are obligated to attend Mass on this day. As this feast occurs early
in Advent, it is a perfect time to consider Mary and her important role in the
celebration of Christmas.
A feast called the
Conception of Mary arose in the Eastern Church in the seventh century. It came
to the West in the eighth century. In the eleventh century it received its
present name, the Immaculate Conception.
In 1854, Pope Pius IX’s
solemn declaration, Ineffabilis Deus, clarified with finality the long-held
belief of the Church that Mary was conceived free from original sin. In
proclaiming the Immaculate Conception of Mary as a dogma of the Church, the
pope expressed precisely and clearly that Mary was conceived free from the
stain of original sin.
This privilege of Mary
derives from God’s having chosen her as Mother of the Savior; thus she received
the benefits of salvation in Christ from the very moment of her conception.
This great gift to Mary, an ordinary human being just like us, was fitting
because she was destined to be Mother of God. The purity and holiness of the
Blessed Virgin Mary is a model for all Christians
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/the-immaculate-conception/
Francisco de Zurbarán (1598–1664), Immaculée
Conception, 1630, oil on canvas, 174 x 138, Colegio Parroquial de
Nuestra Señora del Carmen
IMMACULATE CONCEPTION
The doctrine
In the Constitution Ineffabilis
Deus of 8 December, 1854, Pius
IX pronounced and defined that
theBlessed
Virgin Mary "in the first instance of her conception, by a
singular privilege and grace granted
byGod,
in view of the merits of Jesus
Christ, the Saviour of the human
race, was preserved exempt from all stain of original
sin."
"The Blessed Virgin
Mary..."
The subject of this
immunity from original
sin is the person of Mary at
the moment of the creation of
hersoul and
its infusion into her body.
"...in the first
instance of her conception..."
The
term conception does not mean the active or generative conception
by her parents.
Her body was formed in the womb of the mother,
and the father had
the usual share in its formation. The question does not concern the
immaculateness of the generative activity of her parents.
Neither does it concern the passive conception absolutely and simply (conceptio
seminis carnis, inchoata), which, according to the order of nature,
precedes the infusion of the rational soul.
The person is
truly conceived when the soul iscreated and
infused into the body. Mary was
preserved exempt from all stain of original
sin at the first moment of her animation, and sanctifying
grace was given to her before sin could
have taken effect in hersoul.
"...was preserved
exempt from all stain of original sin..."
The formal active essence of original
sin was not removed from her soul,
as it is removed from others bybaptism;
it was excluded, it never was in her soul.
Simultaneously with the exclusion of sin.
The state of original sanctity,
innocence, and justice, as opposed to original
sin, was conferred upon her, by which giftevery
stain and fault, all depraved emotions, passions,
and debilities, essentially pertaining to original
sin, were excluded. But she was not made exempt from the temporal penalties
of Adam —
from sorrow, bodily infirmities, and death.
"...by a singular
privilege and grace granted by God, in view of the merits of Jesus Christ, the
Saviour of the human race."
The immunity from original
sin was given to Mary by
a singular exemption from a universal law through
the same merits of Christ,
by which other men are
cleansed from sin by baptism. Mary needed
the redeeming
Saviour to obtain this exemption, and to be delivered from the
universal necessity and
debt (debitum) of being subject to original
sin. The person of Mary,
in consequence of her origin from Adam,
should have been subject to sin,
but, being the new Eve who
was to be the mother of the new Adam,
she was, by theeternal counsel
of God and
by the merits of Christ,
withdrawn from the general law of original
sin. Herredemption was
the very masterpiece of Christ's redeeming wisdom.
He is a greater redeemer who pays the debt that
it may not be incurred than he who pays after it has fallen on the debtor.
Such is the meaning of
the term "Immaculate Conception."
Proof from Scripture
Genesis 3:15
No direct or categorical
and stringent proof of
the dogma can
be brought forward from Scripture.
But the first scriptural passage
which contains the promise of
the redemption,
mentions also the Mother
of the Redeemer. The sentence against
the first parents was
accompanied by the Earliest Gospel (Proto-evangelium), which put enmity between
the serpent and
the woman:
"and I will put enmity between thee and the woman and
her seed; she (he) shall crush thy head and thou shalt lie in wait for her
(his) heel" (Genesis
3:15). The translation "she" of the Vulgate is
interpretative; it originated after the fourth century, and cannot be defended
critically. The conqueror from the seed of the woman,
who should crush the serpent's head, is Christ;
the woman at
enmity with the serpent is Mary. God puts
enmity between her and Satan in
the same manner and measure, as there is enmity between Christ and
the seed of the serpent. Mary was
ever to be in that exalted state of soul which
the serpent had destroyed in man,
i.e. insanctifying
grace. Only the continual union of Mary with grace explains
sufficiently the enmity between her and Satan.
The Proto-evangelium, therefore, in the original text contains a direct promise
of theRedeemer,
and in conjunction therewith the manifestation of the masterpiece of His Redemption,
the perfect preservation of His virginal
Mother from original
sin.
Luke 1:28
The salutation of
the angel
Gabriel — chaire kecharitomene, Hail, full of grace (Luke
1:28) indicates a unique abundance of grace,
a supernatural,
godlike state of soul,
which finds its explanation only in theImmaculate Conception of Mary.
But the term kecharitomene (full of grace)
serves only as an illustration, not as a proof of
the dogma.
Other texts
From the texts Proverbs
8 and Ecclesiasticus
24 (which exalt the Wisdom of God and
which in the liturgyare
applied to Mary,
the most beautiful work of God's Wisdom),
or from the Canticle
of Canticles (4:7,
"Thou art all fair, O my love, and there is not a spot in thee"),
no theological conclusion
can be drawn. These passages, applied to the Mother
of God, may be readily understood by those who know the privilegeof Mary,
but do not avail to prove the doctrine dogmatically,
and are therefore omitted from theConstitution "Ineffabilis
Deus". For the theologian it is a matter of conscience not
to take an extreme position by applying to a creature texts which might imply
the prerogatives of God.
Proof from Tradition
In regard to the
sinlessness of Mary the
older Fathers are
very cautious: some of them even seem to have been in error on
this matter.
Origen,
although he ascribed to Mary high
spiritual prerogatives, thought that, at the time of Christ's
passion, the sword of disbelief pierced Mary's soul;
that she was struck by the poniard of doubt;
and that for her sins also Christ died
(Origen,
"In Luc. hom. xvii").
In the same manner St.
Basil writes in the fourth century: he sees in the sword, of
which Simeonspeaks,
the doubt which
pierced Mary's soul (Epistle
259).
St.
Chrysostom accuses her of ambition,
and of putting herself forward unduly when she sought to speak to Jesus at Capharnaum (Matthew
12:46; Chrysostom, Homily
44 on Matthew).
But these stray private
opinions merely serve to show that theology is
a progressive science.
If we were to attempt to set forth the full doctrine of
the Fathers on
the sanctity of
the Blessed
Virgin, which includes particularly the implicit belief in
the immaculateness of her conception, we should be forced to transcribe a
multitude of passages. In the testimony of the Fathers two
points are insisted upon: her absolute purity and her position as the
second Eve (cf. 1
Corinthians 15:22).
Mary as the second Eve
This celebrated
comparison between Eve,
while yet immaculate and incorrupt — that is to say, not subject to original
sin — and the Blessed
Virgin is developed by:
Justin (Dialogue
with Trypho 100),
Irenaeus (Against
Heresies III.22.4),
Tertullian (On
the Flesh of Christ 17),
Julius
Firmicus Maternus (De errore profan. relig xxvi),
Cyril
of Jerusalem (Catecheses 12.29),
Epiphanius (Hæres.,
lxxviii, 18),
Theodotus
of Ancyra (Or. in S. Deip n. 11), and
Sedulius (Carmen
paschale, II, 28).
The absolute purity of
Mary
Patristic writings
on Mary's purity abound.
The Fathers call Mary the
tabernacle exempt from defilement and corruption (Hippolytus,
"Ontt. in illud, Dominus pascit me");
Origen calls
her worthy of God,
immaculate of the immaculate, most complete sanctity,
perfectjustice,
neither deceived by the persuasion of the serpent,
nor infected with his poisonous breathings ("Hom. i in diversa");
Ambrose says she is
incorrupt, a virgin immune
through grace from
every stain of sin ("Sermo
xxii in Ps. cxviii);
Maximus
of Turin calls her a dwelling fit for Christ,
not because of her habit of body, but because of original grace ("Nom.
viii de Natali Domini");
Theodotus
of Ancyra terms her a virgin innocent,
without spot, void of culpability, holy in
body and insoul,
a lily springing among thorns, untaught the ills of Eve,
nor was there any communion in her of light with darkness, and, when not yet
born, she was consecrated to God ("Orat.
in S. Dei Genitr.").
In refuting Pelagius St.
Augustine declares that all the just have truly known of sin "except
the Holy
Virgin Mary, of whom, for the honour of
the Lord,
I will have no question whatever where sin is
concerned" (On
Nature and Grace 36).
Mary was
pledged to Christ (Peter
Chrysologus, "Sermo cxl de Annunt. B.M.V.");
it is evident and notorious that
she was pure from eternity,
exempt from every defect (Typicon S. Sabae);
she was formed without
any stain (St.
Proclus, "Laudatio in S. Dei Gen. ort.", I, 3);
she was created in
a condition more
sublime and glorious than
all other natures (Theodorus
of Jerusalem in Mansi,
XII, 1140);
when the Virgin
Mother of God was to be born of Anne, nature did
not dare to anticipate the germ ofgrace,
but remained devoid of fruit (John
Damascene, "Hom. i in B. V. Nativ.", ii).
The Syrian Fathers never
tire of extolling the sinlessness of Mary. St.
Ephraem considers no terms of eulogy too high to describe the
excellence of Mary's grace and sanctity:
"Most holy Lady,
Mother ofGod, alone most pure in soul and
body, alone exceeding all perfection of purity ...., alone made in thy entirety
the home of all the graces of
the Most
Holy Spirit, and hence exceeding beyond all compare even the angelic virtues in
purity and sanctity of soul and
body . . . . my Lady most holy,
all-pure, all-immaculate, all-stainless, all-undefiled, all-incorrupt,
all-inviolate spotless robe of Him Who clothes Himself with light as with a
garment . . . flower unfading, purple woven by God,
alone most immaculate" ("Precationes ad Deiparam" in
Opp. Graec. Lat., III, 524-37).
To St.
Ephraem she was as innocent as Eve before
her fall, a virgin most
estranged from every stain of sin,
more holy than
the Seraphim,
the sealed fountain of the Holy
Ghost, the pure seed of God,
ever in body and in mind intact
and immaculate ("Carmina
Nisibena").
Jacob
of Sarug says that "the very fact that God has
elected her proves that
none was ever holierthan Mary;
if any stain had disfigured her soul,
if any other virgin had
been purer and holier, Godwould
have selected her and rejected Mary".
It seems, however, that Jacob
of Sarug, if he had any clear idea of
the doctrine of sin,
held that Mary was
perfectly pure from original
sin ("the sentence against Adam and Eve")
at the Annunciation.
St.
John Damascene (Or. i Nativ. Deip., n. 2) esteems the supernatural influence
of God at
the generation of Mary to
be so comprehensive that he extends it also to her parents.
He says of them that, during the generation, they were filled and purified by
the Holy
Ghost, and freed from sexual concupiscence.
Consequently according to the Damascene,
even the human element of her origin, the material of which she was formed, was
pure and holy.
This opinion of an immaculate active generation and the sanctity of
the "conceptio carnis" was taken up by some Western authors;
it was put forward by Petrus
Comestor in his treatise against St.
Bernard and by others. Some writers even taught that Mary was
born of a virginand
that she was conceived in a miraculous manner
when Joachim and Anne met
at the golden gate of thetemple (Trombelli, "Mari SS.
Vita", Sect.
V, ii, 8; Summa aurea, II, 948. Cf. also the "Revelations" ofCatherine
Emmerich which contain the entire apocryphal legend
of the miraculous conception
of Mary.
From this summary it
appears that the belief in Mary's immunity
from sin in
her conception was prevalent amongst the Fathers, especially those of
the Greek
Church. The rhetorical character, however, of many of these and similar
passages prevents us from laying too much stress on them, and interpreting them
in a strictly literal sense. The Greek Fathers never
formally or explicitly discussed the question of theImmaculate Conception.
The conception of St.
John the Baptist
A comparison with the
conception of Christ and
that of St. John may serve to light both on the dogma and
on the reasons which led the Greeks to celebrate at an early date the Feast of
the Conception of Mary.
The conception of
the Mother
of God was beyond all comparison more noble than that of St.
John the Baptist, whilst it was immeasurably beneath that of her Divine
Son.
The soul of
the precursor was
not preserved immaculate at its union with the body, but was sanctified either
shortly after conception from a previous state of sin,
or through the presence ofJesus at
the Visitation.
Our
Lord, being conceived by the Holy
Ghost, was, by virtue of his miraculous
conception, ipso factofree from the taint of original
sin.
Of these three
conceptions the Church celebrates feasts.
The Orientals have
a Feast of the Conception of St. John the Baptist (23 September), which dates back
to the fifth century; it is thus older than the Feast of the Conception of
Mary, and, during the Middle
Ages, was kept also by many Western dioceses on
24 September. The Conception of Mary is celebrated by the Latins on
8 December; by the Orientals on
9 December; the Conception of Christ has its feast in
the universal calendar on
25 March. In celebrating thefeast of
Mary's Conception the Greeks of old did not consider the theological distinction
of the active and the passive conceptions, which was indeed unknown to them.
They did not think it absurd to celebrate a conception which was not
immaculate, as we see from the Feast of the Conception of St. John. They
solemnized the Conception of Mary, perhaps because, according to the "Proto-evangelium"
of St. James, it was preceded by miraculous events
(the apparition of
an angel to Joachim,
etc.), similar to those which preceded the conception of St.
John, and that of our
Lord Himself. Their object was less the purity of the conception than
the holiness and heavenly mission
of the person conceived.
In the Office of 9 December, however, Mary,
from the time of
her conception, is called beautiful, pure, holy,
just, etc., terms never used in the Office of 23 September (sc.
of St.
John the Baptist). The analogy of St.
John's sanctification may have given rise to the Feast of the
Conception of Mary. If it was necessary that
the precursor
of the Lordshould be so pure and "filled with the Holy
Ghost" even from his mother's womb,
such a purity was assuredly not less befitting His
Mother. The moment of St.
John's sanctification is by later writers thought to be
the Visitation ("the infant leaped in her womb"), but
the angel's words
(Luke
1:15) seem to indicate a sanctification at the conception. This would
render the origin of Mary more
similar to that of John.
And if the Conception of John had
its feast,
why not that of Mary?
Proof from reason
There is an incongruity
in the supposition that the flesh, from which the flesh of the Son
of God was to be formed, should ever have belonged to one who was the
slave of that arch-enemy,
whose power He came on earth to destroy. Hence the axiom of Pseudo-Anselmus (Eadmer)
developed by Duns
Scotus, Decuit, potuit, ergo fecit, it was becoming that the Mother
of the Redeemer should have been free from the power of sin and
from the first moment of her existence; God could
give her this privilege,
therefore He gave it to her. Again it is remarked that a peculiar privilege was
granted to the prophet
Jeremiah and to St.
John the Baptist. They were sanctified in their mother's womb, because by
their preaching they had a special share in the work of preparing the way
for Christ.
Consequently some much higher prerogative is due toMary.
(A treatise of P.
Marchant, claiming for St. Joseph also the privilege of St.
John, was placed on theIndex in
1833.) Scotus says
that "the perfect Mediator must,
in some one case, have done the work of mediation most perfectly, which would
not be unless there was some one person at
least, in whose regard the wrath of God was
anticipated and not merely appeased."
The feast of the
Immaculate Conception
The older feast of
the Conception of Mary (Conception of St. Anne), which originated in the monasteries of
Palestine at least as early as the seventh century, and the modern feast of
the Immaculate Conception are not identical in their object.
Originally the Church celebrated
only the Feast of the Conception of Mary, as she kept the Feast of St.
John's conception, not discussing the sinlessness. This feast in
the course of centuries became the Feast of the Immaculate Conception,
as dogmatical argumentation brought about precise and correct ideas,
and as the thesis of the theological schools
regarding the preservation of Mary from
all stain of original
singained strength. Even after the dogma had
been universally accepted in the Latin
Church, and had gained authoritative support through diocesan decrees and papal decisions,
the old term remained, and before 1854 the term "Immaculata
Conceptio" is nowhere found in the liturgical
books, except in the invitatoriumof
the Votive
Office of the Conception. The Greeks, Syrians,
etc. call it the Conception of St. Anne (Eullepsis tes hagias kai
theoprometoros Annas, "the Conception of St. Anne, the ancestress of
God").
Passaglia in
his "De Immaculato Deiparae Conceptu," basing his opinion upon the
"Typicon" of St. Sabas: which was substantially composed in the
fifth century, believes that
the reference to the feast forms
part of the authentic original,
and that consequently it was celebrated in the Patriarchate of Jerusalem in
the fifth century (III, n. 1604). But the Typicon was interpolated by the Damascene, Sophronius,
and others, and, from the ninth to the twelfth centuries, many new feasts and offices were
added.
To determine the origin
of this feast we
must take into account the genuine documents
we possess, the oldest of which is the canon of the feast,
composed by St.
Andrew of Crete, who wrote his liturgical hymnsin
the second half of the seventh century, when a monk at
the monastery of
St. Sabas near Jerusalem (d.Archbishop of Crete about
720). But the solemnity cannot
then have been generally accepted throughout the Orient,
for John, first monk and
later bishop in
the Isle of Euboea, about 750 in a sermon,
speaking in favour of the propagation of this feast,
says that it was not yet known to
all the faithful (ei
kai me para tois pasi gnorizetai; P.G., XCVI, 1499). But a century later George
of Nicomedia, made metropolitan byPhotius in
860, could say that the solemnity was
not of recent origin (P.G., C, 1335). It is therefore, safe to affirm that
the feast of
the Conception of St. Anne appears in the Orient not earlier than the
end of the seventh or the beginning of the eighth century.
As in other cases of the
same kind the feast originated
in the monastic communities.
The monks,
who arranged the psalmody and composed the various poetical pieces
for the office, also selected the date,
9 December, which was always retained in the Oriental calendars.
Gradually the solemnity emerged
from thecloister,
entered into the cathedrals,
was glorified by preachers and poets, and eventually became a fixedfeast of
the calendar,
approved by Church
and State.
It is registered in
the calendar of
Basil II (976-1025) and by the Constitution of Emperor Manuel I Comnenus on the
days of the year which are half or entire holidays, promulgated in
1166, it is numbered among the days which have full sabbath rest.
Up to the time of
Basil II, Lower Italy, Sicily,
and Sardiniastill
belonged to the Byzantine
Empire; the city of Naples was
not lost to the Greeks until 1127, when Roger II conquered the city.
The influence of Constantinople was
consequently strong in the Neapolitan
Church, and, as early as the ninth century, the Feast of the Conception was
doubtlessly kept there, as elsewhere in Lower Italy on
9 December, as indeed appears from the marble calendar found in 1742 in the
Church of S. Giorgio Maggiore at Naples.
Today the Conception of
St. Anne is in the Greek
Church one of the minor feasts of
the year. The lesson inMatins contains
allusions to the apocryphal "Proto-evangelium"
of St. James, which dates from
the second half of the second century (see SAINT ANNE).
To the Greek Orthodox of our days, however, the feast means
very little; they continue to call it "Conception of St. Anne",
indicating unintentionally, perhaps, the active conception which was certainly
not immaculate. In the Menaea of
9 December this feast holds
only the second place, the first canon being sung in commemoration of
the dedication of
the Church of the Resurrection at Constantinople.
The Russian hagiographer Muraview
and several other Orthodox authors even loudly declaimed against
the dogma after
its promulgation,
although their own preachers formerly taught the Immaculate Conception in
their writings long before the definition of
1854.
In the Western
Church the feast appeared
(8 December), when in the Orient its
development had come to a standstill. The timid beginnings of the new feast in
some Anglo-Saxon monasteries in
the eleventh century, partly smothered by the Norman conquest, were followed by
its reception in some chapters anddioceses by
the Anglo-Norman clergy.
But the attempts to introduce it officially provoked contradiction and
theoretical discussion, bearing upon its legitimacy and its meaning, which were
continued for centuries and were not definitively settled before 1854. The
"Martyrology of Tallaght" compiled about 790 and the
"Feilire" of St. Aengus (800) register the Conception of
Mary on 3 May. It is doubtful,
however, if an actualfeast corresponded
to this rubric of
the learned monk St.
Aengus. This Irish feast certainly
stands alone and outside the line of liturgical development.
It is a mere isolated appearance, not a living germ. The Scholiast adds, in the
lower margin of the "Feilire", that the conception (Inceptio) took
place in February, since Mary was
born after seven months — a singular notion found also in
some Greek authors. The first definite and reliable knowledge of
the feast in
the West comes
from England;
it is found in a calendar of
Old Minster, Winchester (Conceptio
S'ce Dei Genetricis Mari), dating from about 1030, and in anothercalendar of
New Minster, Winchester,
written between 1035 and 1056; a pontifical of Exeter of
the eleventh century (assigned to 1046-1072) contains a "benedictio in
Conceptione S. Mariae"; a similarbenediction is
found in a Canterbury pontifical written
probably in the first half of the eleventh century, certainly before the
Conquest. These episcopal benedictions show that the feast not
only commended itself to the devotion of individuals, but that it was
recognized by authority and was observed by theSaxon monks with
considerable solemnity.
The existing evidence goes to show that the establishment of the feast in England was
due to the monks of Winchester before
the Conquest (1066).
The Normans on their
arrival in England were
disposed to treat in a contemptuous fashion Englishliturgical observances;
to them this feast must
have appeared specifically English, a product of insular simplicity
and ignorance.
Doubtless its public celebration was abolished at Winchester and Canterbury,
but it did not die out of the hearts of individuals, and on the first
favourable opportunity the feast was
restored in the monasteries.
At Canterbury however,
it was not re-established before 1328. Several documents state that in Norman
times it began at Ramsey,
pursuant to a vision vouchsafed to Helsin or Æthelsige, Abbot of Ramsey on
his journey back from Denmark,
whither he had been sent by William I about 1070. An angel appeared
to him during a severe gale and saved the ship after the abbot had
promised to establish the Feast of the Conception in his monastery.
However we may consider thesupernatural feature
of the legend, it must be admitted that the sending of Helsin to Denmark is
an historical fact. The account of the vision has found its way into
many breviaries,
even into the Roman
Breviary of 1473. The Council of Canterbury (1325)
attributes the re-establishment of the feast in Englandto St.
Anselm, Archbishop of Canterbury (d.
1109). But although this great doctor wrote
a special treatise "De Conceptu virginali et originali peccato", by
which he laid down the principles of the Immaculate Conception, it
is certain that
he did not introduce the feast anywhere.
The letter ascribed to him, which contains the Helsin narrative, is spurious.
The principal propagator of the feast after
the Conquest was Anselm, the nephew of St.
Anselm. He was educated at Canterbury where
he may have known some Saxonmonks who remembered the solemnity in
former days; after 1109 he was for a time Abbot of
St. Sabas atRome,
where the Divine
Offices were celebrated according to the Greek calendar.
When in 1121 he was appointed Abbot of Bury
St. Edmund's he established the feast there;
partly at least through his efforts other monasteries also
adopted it, like Reading, St.
Albans, Worcester, Gloucester,
and Winchcombe.
But a number of others
decried its observance as hitherto unheard of and absurd, the
old Oriental feastbeing
unknown to them. Two bishops,
Roger of Salisbury and Bernard of St. Davids, declared that thefestival was
forbidden by a council, and that the observance must be stopped. And when,
during thevacancy of
the See
of London, Osbert de Clare, Prior of Westminster,
undertook to introduce the feast atWestminster (8
December, 1127), a number of monks arose
against him in the choir and said that thefeast must
not be kept, for its establishment had not the authority of Rome (cf.
Osbert's letter to Anselm in Bishop,
p. 24). Whereupon the matter was brought before the Council of London in
1129. The synoddecided
in favour of the feast,
and Bishop
Gilbert of London adopted it for his diocese.
Thereafter thefeast spread
in England,
but for a time retained its private character,
the Synod of Oxford (1222)
having refused to raise it to the rank of a holiday of obligation.
In Normandy at
the time of Bishop Rotric (1165-83) the Conception of Mary, in the Archdiocese
of Rouenand its six suffragan dioceses,
was a feast of precept equal
in dignity to the Annunciation.
At the same time the Norman students at the University
of Paris chose it as their patronal feast.
Owing to the close connection of Normandy with England,
it may have been imported from the latter country into Normandy,
or the Norman barons and clergy may
have brought it home from their wars in
Lower Italy,
it was universally solemnised by the Greek inhabitants. During
the Middle
Ages the Feast of the Conception of Mary was commonly called the
"Feast of the Norman nation", which shows that it was celebrated inNormandy with
great splendour and that it spread from there over Western
Europe. Passaglia contends
(III, 1755) that the feast was
celebrated in Spain in
the seventh century. Bishop
Ullathorne also (p. 161) finds this opinion acceptable. If this
be true,
it is difficult to understand why it should have entirely disappeared
from Spain later
on, for neither does the genuine Mozarabic Liturgy contain
it, nor the tenth century calendar of Toledo edited by Morin.
The two proofs given
by Passaglia are
futile: the life of St.
Isidore, falsely attributed to St.
Ildephonsus, which mentions the feast,
is interpolated, while, in theVisigoth lawbook,
the expression "Conceptio S. Mariae" is to be understood of the Annunciation.
The controversy
No controversy arose over
the Immaculate Conception on the European continent
before the twelfth century. The Norman clergy abolished
the feast in
some monasteries of England where
it had been established by the Anglo-Saxon monks.
But towards the end of the eleventh century, through the efforts of Anselm
the Younger, it was taken up again in several Anglo-Norman establishments.
That St.
Anselm the Elder re-established the feast in England is
highly improbable, although it was not new to him. He had been made familiar
with it as well by the Saxon monks of Canterbury,
as by the Greeks with whom he came in contact during exile in
Campania and Apulin (1098-9). The treatise "De Conceptu virginali"
usually ascribed to him, was composed by his friend and disciple,
the Saxon monk Eadmer
of Canterbury. When the canons of the cathedral of Lyons,
who no doubt knew Anselm
the Younger Abbot of Bury
St. Edmund's, personally introduced the feast into
their choir after the death of their bishop in
1240, St.
Bernard deemed it his duty to
publish a protest against this new way of honouring Mary.
He addressed to the canons a vehement letter (Epist. 174), in which
he reproved them for taking the step upon their own authority and before they
had consulted the Holy
See. Not knowing that the feast had
been celebrated with the rich tradition of the Greek and Syrian Churches regarding
the sinlessness of Mary,
he asserted that the feast was
foreign to the old tradition of
the Church.
Yet it is evident from the tenor of his language that he had in mind only
the active conception or the formation of the flesh, and that the distinction
between the active conception, the formation of the body, and its animation by
the soul had
not yet been drawn. No doubt, when the feast was
introduced in England and Normandy,
the axiom "decuit, potuit, ergo fecit", the childlike piety and
enthusiasm of the simplices building upon revelations and apocryphal legends,
had the upper hand. The object of the feast was
not clearly determined, no positive theological reasons
had been placed in evidence.
St.
Bernard was perfectly justified when he demanded a careful inquiry
into the reasons for observing thefeast.
Not adverting to the possibility of sanctification at the time of the infusion
of the soul,
he writes that there can be question only of sanctification after conception,
which would render holy the
nativity, not the conception itself (Scheeben,
"Dogmatik", III, p. 550). Hence Albert
the Great observes: "We say that the Blessed
Virgin was not sanctified before animation, and the affirmative
contrary to this is theheresy condemned
by St.
Bernard in his epistle to
the canons of Lyons"
(III Sent., dist. iii, p. I, ad 1, Q. i).
St.
Bernard was at once answered in a treatise written by either Richard
of St. Victor or Peter
Comestor. In this treatise appeal is made to a feast which
had been established to commemorate an insupportabletradition.
It maintained that the flesh of Mary needed
no purification; that it was sanctified before the conception. Some writers of
those times entertained the fantastic idea that
before Adam fell,
a portion of his flesh had been reserved by God and
transmitted from generation to generation, and that out of this flesh the body
of Mary was
formed (Scheeben,
op. cit., III, 551), and this formation they commemorated by a feast.
The letter of St.
Bernard did not prevent the extension of the feast,
for in 1154 it was observed all over France,
until in 1275, through the efforts of the Paris
University, it was abolished in Paris and
other dioceses.
After the saint's death
the controversy arose anew between Nicholas of St. Albans, an English monk who
defended the festival as
established in England,
and Peter
Cellensis, the celebrated Bishop of Chartres.
Nicholas remarks that the soul of Mary was
pierced twice by the sword, i.e. at the foot of the cross and
when St.
Bernard wrote his letter against her feast (Scheeben,
III, 551). The point continued to be debated throughout the thirteenth and
fourteenth centuries, and illustrious names appeared on each side.St.
Peter Damian, Peter
the Lombard, Alexander
of Hales, St.
Bonaventure, and Albert
the Great are quoted as opposing it.
St. Thomas at first
pronounced in favour of the doctrine in
his treatise on the "Sentences" (in I. Sent. c. 44, q. I ad 3), yet
in his "Summa
Theologica" he concluded against it. Much discussion has arisen
as to whether St. Thomas did or did not deny that the Blessed
Virgin was immaculate at the instant of her animation, and learned
books have been written to vindicate him from having actually drawn the
negative conclusion. Yet it is hard to say that St. Thomas did not
require an instant at least, after the animation of Mary,
before her sanctification. His great difficulty appears to have arisen from
the doubt as
to how she could have been redeemed if
she had not sinned.
This difficulty he raised in no fewer than ten passages in his writings (see,
e.g., Summa III:27:2,
ad 2). But while St. Thomas thus held back from the essential
point of the doctrine,
he himself laid down the principles which, after they had been drawn together
and worked out, enabled other minds to
furnish the true solution
of this difficulty from his own premises.
In the thirteenth century
the opposition was largely due to a want of clear insight into the subject in
dispute. The word "conception" was used in different senses, which
had not been separated by carefuldefinition.
If St. Thomas, St.
Bonaventure, and other theologians had known the doctrine in
the sense of the definition of
1854, they would have been its strongest defenders instead of being its
opponents.
We may formulate the
question discussed by them in two propositions, both of which are against the
sense of the dogma of
1854:
the sanctification
of Mary took
place before the infusion of the soul into
the flesh, so that the immunity of the soul was
a consequence of the sanctification of the flesh and there was no liability on
the part of the soul to
contract original
sin. This would approach the opinion of the Damasceneconcerning
the holiness of
the active conception.
The sanctification took
place after the infusion of the soul by redemption from
the servitude of sin,
into which the soul had
been drawn by its union with the unsanctified flesh. This form of the
thesis excluded an immaculate conception.
The theologians forgot
that between sanctification before infusion, and
sanctification after infusion, there was a medium: sanctification of
the soul at
the moment of its infusion. To them the idea seemed
strange that what was subsequent in the order of nature could be simultaneous
in point of time.
Speculatively taken, the soul must
be created before
it can be infused and sanctified but in reality, the soul is createdsnd
sanctified at the very moment of its infusion into the body. Their principal
difficulty was the declaration of St.
Paul (Romans
5:12) that all men have sinned in Adam.
The purpose of this Paulinedeclaration,
however, is to insist on the need which all men have
of redemption by Christ. Our
Lady was no exception to this rule. A second difficulty was the
silence of the earlier Fathers. But the divines of those times were
distinguished not so much for their knowledge of
the Fathers or of history, as for their exercise of the power of
reasoning. They read the Western Fathers more
than those of the Eastern
Church, who exhibit in far greater completeness the tradition of
the Immaculate Conception. And many works of the Fathers which
had then been lost sight of have since been brought to light.
The famous Duns
Scotus (d. 1308) at last (in III Sent., dist. iii, in both commentaries)
laid the foundations of the true doctrine so
solidly and dispelled the objections in a manner so satisfactory, that from
that time onward
the doctrine prevailed.
He showed that the sanctification after animation —sanctificatio post
animationem — demanded that it should follow in the order of nature (naturae)
not oftime (temporis);
he removed the great difficulty of St. Thomas showing that, so far
from being excluded from redemption,
the Blessed
Virgin obtained of her Divine
Son the greatest of redemptions through themystery of
her preservation from all sin.
He also brought forward, by way of illustration, the somewhat dangerous
and doubtful argument
of Eadmer (S.
Anselm) "decuit, potuit, ergo fecit."
From the time of Scotus not
only did the doctrine become
the common opinion at the universities,
but thefeast spread
widely to those countries where it had not been previously adopted. With the
exception of the Dominicans,
all or nearly all, of the religious orders took it up: The Franciscans at
the general
chapterat Pisa in
1263 adopted the Feast of the Conception of Mary for the entire order; this,
however, does not mean that they professed at that time the doctrine of
the Immaculate Conception. Following in the footsteps of their own Duns
Scotus, the learned Petrus
Aureolus and Franciscus
de Mayronis became the most fervent champions of the doctrine,
although their older teachers (St.
Bonaventure included) had been opposed to it. The controversy
continued, but the defenders of the opposing opinion were almost entirely
confined to the members of the Dominican
Order. In 1439 the dispute was brought before the Council
of Basle where the University
of Paris, formerly opposed to the doctrine, proved to
be its most ardent advocate, asking for a dogmatical definition. The two
referees at the council were John
of Segovia and John Turrecremata (Torquemada). After it had been
discussed for the space of two years before that assemblage, the bishops declared
the Immaculate Conception to be a doctrine which
was pious, consonant with Catholic
worship, Catholic faith,
right reason,
and Holy
Scripture; nor, said they, was it henceforth allowable to preach or declare
to the contrary (Mansi,
XXXIX, 182). The Fathers of the Councilsay that the Church of Rome was
celebrating the feast.
This is true only
in a certain sense. It was kept in a number of churches of Rome,
especially in those of the religious orders, but it was not received
in the official calendar.
As the council at the time was
not ecumenical, it could not pronounce with authority. The memorandum of
the Dominican Torquemada formed
the armoury for all attacks upon the doctrine made
bySt.
Antoninus of Florence (d. 1459), and by the Dominicans Bandelli
and Spina.
By a Decree of
28 February, 1476, Sixtus
IV at last adopted the feast for
the entire Latin
Church and granted an indulgence to
all who would assist at the Divine
Offices of the solemnity (Denzinger,
734). TheOffice adopted by Sixtus
IV was composed by Leonard de Nogarolis, whilst the Franciscans,
since 1480, used a very beautiful Office from the pen of Bernardine
dei Busti (Sicut Lilium), which was granted also to others (e.g. to Spain,
1761), and was chanted by
the Franciscans up
to the second half of the nineteenth century. As the public acknowledgment of
the feast of Sixtus
IV did not prove sufficient
to appease the conflict, he published in 1483 a constitution in which
he punished with excommunication all
those of either opinion who charged the opposite opinion with heresy (Grave
nimis, 4 Sept., 1483; Denzinger,
735). In 1546 the Council
of Trent, when the question was touched upon, declared that "it was
not the intention of
this Holy
Synod to include in the decree which
concerns original
sin the Blessed
and Immaculate Virgin Mary Mother of God" (Sess. V, De peccato
originali, v, in Denzinger,
792). Since, however, this decree did
not define the doctrine,
the theological opponents
of the mystery,
though more and more reduced in numbers, did not yield. St.
Pius V not only condemned proposition 73 of Baius that
"no one but Christ was
without original
sin, and that therefore the Blessed
Virgin had died because of the sin contracted
in Adam,
and had endured afilictions in this life, like the rest of the just, as
punishment of actual and original
sin" (Denzinger,
1073) but he also issued a constitution in which he forbade all
public discussion of the subject. Finally he inserted a new and simplified
Office of the Conception in the liturgical
books ("Super speculam", Dec., 1570; "Superni
omnipotentis", March, 1571; "Bullarium Marianum", pp. 72, 75).
Whilst these disputes
went on, the great universities and
almost all the great orders had become so many bulwarks for the defense of
the dogma.
In 1497 the University
of Paris decreed that
henceforward no one should be admitted a member of the university, who did
not swear that he would do the utmost to defend and assert
the Immaculate Conception of Mary. Toulouse followed
the example; in Italy, Bologna andNaples;
in the German
Empire, Cologne, Maine,
and Vienna;
in Belgium, Louvain;
in England before
theReformation. Oxford and Cambridge;
in Spain Salamanca, Toledo, Seville,
and Valencia; in Portugal,Coimbra and Evora;
in America, Mexico and Lima.
The Friars
Minor confirmed in 1621 the election of theImmaculate
Mother as patron of
the order, and bound themselves by oath to
teach the mystery in
public and in private. The Dominicans,
however, were under special obligation to
follow the doctrines of St.
Thomas, and the common conclusion was that St. Thomas was opposed to
the Immaculate Conception. Therefore the Dominicans asserted
that the doctrine was
an error against faith (John
of Montesono, 1373); although they adopted the feast,
they termed it persistently "Sanctificatio B.M.V." not
"Conceptio", until in 1622 Gregory
XV abolished the term "sanctificatio". Paul
V (1617) decreed that
no one should dare to teach publicly that Mary was
conceived in original
sin, and Gregory
XV (1622) imposed absolute silence (in
scriptis et sermonibus etiam privatis) upon the adversaries of the doctrine until
the Holy
See shoulddefine the
question. To put an end to all further cavilling, Alexander
VII promulgated on
8 December 1661, the famous constitution "Sollicitudo omnium
Ecclesiarum", defining the true sense
of the word conceptio, and forbidding all further discussion against the
common and pious sentiment of the Church.
He declared that the immunity of Mary from original
sin in the first moment of the creation of
her soul and
its infusion into the body was the object of the feast (Densinger,
1100).
Explicit universal
acceptance
Since the time of Alexander
VII, long before the final definition,
there was no doubt on
the part oftheologians that
the privilege was amongst the truths revealed by God.
Wherefore Pius
IX, surrounded by a splendid throng of cardinals and bishops,
8 December 1854, promulgated the dogma.
A new Office was prescribed for the entire Latin
Church by Pius
IX (25 December, 1863), by which decree all
the otherOffices in
use were abolished, including the old Office Sicut lilium of
the Franciscans,
and the Officecomposed by Passaglia (approved
2 Feb., 1849).
In 1904 the golden jubilee of
the definition of the dogma was
celebrated with great splendour (Pius
X, Enc., 2 Feb., 1904). Clement
IX added to the feast an octave for
the dioceses within
the temporal possessions of the pope (1667). Innocent
XII (1693) raised it to a double of the second class with anoctave for
the universal Church,
which rank had been already given to it in 1664 for Spain,
in 1665 forTuscany and Savoy,
in 1667 for the Society
of Jesus, the Hermits
of St. Augustine, etc., Clement
XIdecreed on
6 Dec., 1708, that the feast should
be a holiday of obligation throughout
the entire Church.
At last Leo
XIII, 30 Nov 1879, raised the feast to
a double of the first class with a vigil,
a dignity which had long before been granted to Sicily (1739),
to Spain (1760)
and to the United
States (1847). A Votive
Officeof the Conception of Mary, which is now recited in almost the
entire Latin
Church on free Saturdays, was granted first to the Benedictine nuns of
St. Anne at Rome in
1603, to the Franciscans in
1609, to theConventuals in
1612, etc. The Syrian and Chaldean Churches celebrate
this feast with
the Greeks on 9 December; in Armenia it
is one of the few immovable feasts of
the year (9 December); the schismaticAbyssinians and Copts keep
it on 7 August whilst they celebrate the Nativity
of Mary on 1 May; theCatholic Copts,
however, have transferred the feast to
10 December (Nativity,
10 September). The EasternCatholics have
since 1854 changed the name of the feast in
accordance with the dogma to
the "Immaculate Conception of the Virgin Mary."
The Archdiocese
of Palermo solemnizes a Commemoration of the Immaculate Conception on
1 September to give thanks for the preservation of the city on occasion of the
earthquake, 1 September, 1726. A similar commemoration is
held on 14 January at Catania (earthquake,
11 Jan., 1693); and by the Oblate Fatherson 17 Feb., because their rule
was approved 17 Feb., 1826. Between 20 September 1839, and 7 May 1847,
the privilege of
adding to the Litany
of Loretto the invocation, "Queen conceived without original
sin", had been granted to 300 dioceses and religious communities.
The Immaculate Conception was declared on 8 November, 1760,
principal patron of
all the possessions of the crown of Spain,
including those in America. The decree of
the First
Council of Baltimore (1846) electing Mary in
her Immaculate Conception principalPatron of
the United
States, was confirmed on 7 February, 1847.
Holweck,
Frederick. "Immaculate Conception." The Catholic
Encyclopedia. Vol. 7. New York: Robert Appleton Company,1910. 8
Dec. 2015 <http://www.newadvent.org/cathen/07674d.htm>.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. June 1, 1910. Remy Lafort, S.T.D.,
Censor. Imprimatur. +John Cardinal Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2020 by Kevin
Knight. Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/07674d.htm
Diego Vélasquez (1599–1660). Immaculée Conception, 1618, 135 x 102, National Gallery, Londres
INEFFABILIS DEUS
Apostolic Constitution of Pope
Pius IX on the Immaculate Conception (December 8, 1854)
God ineffable -- whose ways are mercy and truth, whose
will is omnipotence itself, and whose wisdom "reaches from end to end
mightily, and orders all things sweetly" -- having foreseen from all
eternity the lamentable wretchedness of the entire human race which would
result from the sin of Adam, decreed, by a plan hidden from the centuries, to
complete the first work of his goodness by a mystery yet more wondrously
sublime through the Incarnation of the Word. This he decreed in order that man
who, contrary to the plan of Divine Mercy had been led into sin by the cunning
malice of Satan, should not perish; and in order that what had been lost in the
first Adam would be gloriously restored in the Second Adam. From the very
beginning, and before time began, the eternal Father chose and prepared for his
only-begotten Son a Mother in whom the Son of God would become incarnate and
from whom, in the blessed fullness of time, he would be born into this world.
Above all creatures did God so lover her that truly in her was the Father well
pleased with singular delight. Therefore, far above all the angels and all the
saints so wondrously did God endow her with the abundance of all heavenly gifts
poured from the treasury of his divinity that this mother, ever absolutely free
of all stain of sin, all fair and perfect, would possess that fullness of holy
innocence and sanctity than which, under God, one cannot even imagine anything
greater, and which, outside of God, no mind can succeed in comprehending fully.
SUPREME REASON FOR THE PRIVILEGE
: THE DIVINE MATERNITY
And indeed it was wholly fitting that so wonderful a
mother should be ever resplendent with the glory of most sublime holiness and
so completely free from all taint of original sin that she would triumph
utterly over the ancient serpent. To her did the Father will to give his
only-begotten Son -- the Son whom, equal to the Father and begotten by him, the
Father loves from his heart -- and to give this Son in such a way that he would
be the one and the same common Son of God the Father and of the Blessed Virgin
Mary. It was she whom the Son himself chose to make his Mother and it was from
her that the Holy Spirit willed and brought it about that he should be
conceived and born from whom he himself proceeds.[1]
LITURGICAL ARGUMENT
The Catholic Church, directed by the Holy Spirit of
God, is the pillar and base of truth and has ever held as divinely revealed and
as contained in the deposit of heavenly revelation this doctrine concerning the
original innocence of the august Virgin -- a doctrine which is so perfectly in
harmony with her wonderful sanctity and preeminent dignity as Mother of God --
and thus has never ceased to explain, to teach and to foster this doctrine age after
age in many ways and by solemn acts. From this very doctrine, flourishing and
wondrously propagated in the Catholic world through the efforts and zeal of the
bishops, was made very clear by the Church when she did not hesitate to present
for the public devotion and veneration of the faithful the Feast of the
Conception of the Blessed Virgin.[2] By this most significant fact, the Church
made it clear indeed that the conception of Mary is to be venerated as
something extraordinary, wonderful, eminently holy, and different from the
conception of all other human beings -- for the Church celebrates only the
feast days of the saints.
And hence the very words with which the Sacred
Scriptures speak of Uncreated Wisdom and set forth his eternal origin, the
Church, both in its ecclesiastical offices and in its liturgy, has been wont to
apply likewise to the origin of the Blessed Virgin, inasmuch as God, by one and
the same decree, had established the origin of Mary and the Incarnation of
Divine Wisdom.
ORDINARY TEACHING OF THE ROMAN
CHURCH
These truths, so generally accepted and put into
practice by the faithful, indicate how zealously the Roman Church, mother and
teacher of all Churches, has continued to teach this doctrine of the Immaculate
Conception of the Virgin. Yet the more important actions of the Church deserve
to be mentioned in detail. For such dignity and authority belong to the Church
that she alone is the center of truth and of Catholic unity. It is the Church
in which alone religion has been inviolably preserved and from which all other
Churches must receive the tradition of the Faith.[3]
The same Roman Church, therefore, desired nothing more
than by the most persuasive means to state, to protect, to promote and to
defend the doctrine of the Immaculate Conception. This fact is most clearly
shown to the whole world by numerous and significant acts of the Roman
Pontiffs, our predecessors. To them, in the person of the Prince of the
Apostles, were divinely entrusted by Christ our Lord, the charge and supreme
care and the power of feeding the lambs and sheep; in particular, of confirming
their brethren, and of ruling and governing the universal Church.
VENERATION
OF THE IMMACULATE
Our predecessors, indeed, by virtue of their apostolic
authority, gloried in instituting the Feast of the Conception in the Roman
Church. They did so to enhance its importance and dignity by a suitable Office
and Mass, whereby the prerogative of the Virgin, her exception from the
hereditary taint, was most distinctly affirmed. As to the homage already
instituted, they spared no effort to promote and to extend it either by the
granting of indulgences, or by allowing cities, provinces and kingdoms to
choose as their patroness God's own Mother, under the title of "The
Immaculate Conception." Again, our predecessors approved confraternities,
congregations and religious communities founded in honor of the Immaculate
Conception, monasteries, hospitals, altars, or churches; they praised persons
who vowed to uphold with all their ability the doctrine of the Immaculate
Conception of the Mother of God. Besides, it afforded the greatest joy to our
predecessors to ordain that the Feast of the Conception should be celebrated in
every church with the very same honor as the Feast of the Nativity; that it
should be celebrated with an octave by the whole Church; that it should be
reverently and generally observed as a holy day of obligation; and that a
pontifical Capella should be held in our Liberian pontifical basilica on the
day dedicated to the conception of the Virgin. Finally, in their desire to
impress this doctrine of the Immaculate Conception of the Mother of God upon
the hearts of the faithful, and to intensify the people's piety and enthusiasm
for the homage and the veneration of the Virgin conceived without the stain of
original sin, they delighted to grant, with the greatest pleasure, permission
to proclaim the Immaculate Conception of the Virgin in the Litany of Loreto,
and in the Preface of the Mass, so that the rule of prayer might thus serve to
illustrate the rule of belief. Therefore, we ourselves, following the procedure
of our predecessors, have not only approved and accepted what had already been
established, but bearing in mind, moreover, the decree of Sixtus IV, [4] have
confirmed by our authority a proper Office in honor of the Immaculate
Conception, and have with exceeding joy extended its use to the universal
Church.[5]
THE
ROMAN DOCTRINE
Now inasmuch as whatever pertains to sacred worship is
intimately connected with its object and cannot have either consistency or
durability if this object is vague or uncertain, our predecessors, the Roman
Pontiffs, therefore, while directing all their efforts toward an increase of
the devotion to the conception, made it their aim not only to emphasize the
object with the utmost zeal, but also to enunciate the exact doctrine.[6]
Definitely and clearly they taught that the feast was held in honor of the
conception of the Virgin. They denounced as false and absolutely foreign to the
mind of the Church the opinion of those who held and affirmed that it was not
the conception of the Virgin but her sanctification that was honored by the
Church. They never thought that greater leniency should be extended toward
those who, attempting to disprove the doctrine of the Immaculate Conception of
the Virgin, devised a distinction between the first and second instance of
conception and inferred that the conception which the Church celebrates was not
that of the first instance of conception but the second. In fact, they held it
was their duty not only to uphold and defend with all their power the Feast of
the Conception of the Blessed Virgin but also to assert that the true object of
this veneration was her conception considered in its first instant. Hence the
words of one of our predecessors, Alexander VII, who authoritatively and
decisively declared the mind of the Church: "Concerning the most Blessed
Virgin Mary, Mother of God, ancient indeed is that devotion of the faithful
based on the belief that her soul, in the first instant of its creation and in
the first instant of the soul's infusion into the body, was, by a special grace
and privilege of God, in view of the merits of Jesus Christ, her Son and the
Redeemer of the human race, preserved free from all stain of original sin. And
in this sense have the faithful ever solemnized and celebrated the Feast of the
Conception."[7]
Moreover, our predecessors considered it their special
solemn duty with all diligence, zeal, and effort to preserve intact the
doctrine of the Immaculate Conception of the Mother of God. For, not only have
they in no way ever allowed this doctrine to be censured or changed, but they
have gone much further and by clear statements repeatedly asserted that the
doctrine by which we profess the Immaculate Conception of the Virgin is on its
own merits entirely in harmony with the ecclesiastical veneration; that it is
ancient and widespread, and of the same nature as that which the Roman Church
has undertaken to promote and to protect, and that it is entirely worthy to be
used in the Sacred Liturgy and solemn prayers. Not content with this they most
strictly prohibited any opinion contrary to this doctrine to be defended in
public or private in order that the doctrine of the Immaculate Conception of the
Virgin might remain inviolate. By repeated blows they wished to put an end to
such an opinion. And lest these oft-repeated and clearest statements seem
useless, they added a sanction to them.
PAPAL
SANCTIONS
All these things our illustrious predecessor, Alexander
VII, summed up in these words: "We have in mind the fact that the Holy
Roman Church solemnly celebrated the Feast of the Conception of the undefiled
and ever-Virgin Mary, and has long ago appointed for this a special and proper
Office according to the pious, devout, and laudable instruction which was given
by our predecessor, Sixtus IV. Likewise, we were desirous, after the example of
our predecessors, to favor this praiseworthy piety, devotion, feast and
veneration -- a veneration which is in keeping with the piety unchanged in the
Roman Church from the day it was instituted. We also desired to protect this
piety and devotion of venerating and extolling the most Blessed Virgin
preserved from original sin by the grace of the Holy Spirit. Moreover, we were
anxious to preserve the unity of the Spirit in the bond of peace in the flock
of Christ by putting down arguments and controversies and by removing scandals.
So at the instance and request of the bishops mentioned above, with the
chapters of the churches, and of King Philip and his kingdoms, we renew the
Constitutions and Decrees issued by the Roman Pontiffs, our predecessors,
especially Sixtus IV,[8] Paul V,[9] and Gregory XV,[10] in favor of the
doctrine asserting that the soul of the Blessed Virgin, in its creation and
infusion into the body, was endowed with the grace of the Holy Spirit and
preserved from original sin; and also in favor of the feast and veneration of
the conception of the Virgin Mother of God, which, as is manifest, was
instituted in keeping with that pious belief. So we command this feast to be
observed under the censures and penalties contained in the same Constitutions.
"And therefore, against all and everyone of those
who shall continue to construe the said Constitutions and Decrees in a manner
apt to frustrate the favor which is thereby given to the said doctrine, and to
the feast and relative veneration, or who shall dare to call into question the
said sentence, feast and worship, or in any way whatever, directly or indirectly,
shall declare themselves opposed to it under any pretext whatsoever, were it
but only to the extent of examining the possibilities of effecting the
definition, or who shall comment upon and interpret the Sacred Scripture, or
the Fathers or Doctors in connection therewith, or finally, for any reason, or
on any occasion, shall dare, either in writing or verbally, to speak, preach,
treat, dispute or determine upon, or assert whatsoever against the foregoing
matters, or who shall adduce any arguments against them, while leaving them
unresolved, or who shall disagree therewith in any other conceivable manner, we
hereby declare that in addition to the penalties and censures contained in the
Constitutions issued by Sixtus IV to which we want them to be subjected and to
which we subject them by the present Constitution, we hereby decree that they
be deprived of the authority of preaching, reading in public, that is to say
teaching and interpreting; and that they be also deprived ipso facto of the
power of voting, either actively or passively, in all elections, without the
need for any further declaration; and that also, ipso facto, without any
further declaration, they shall incur the penalty of perpetual disability from
preaching, reading in public, teaching and interpreting, and that it shall not
be possible to absolve them from such penalty, or remove it, save through
ourselves, or the Roman Pontiffs who shall succeed us.
"We also require that the same shall remain
subject to any other penalties which by us, of our own free will -- or by the
Roman Pontiffs, our successors (according as they may decree) -- shall be
deemed advisable to establish, and by the present Constitution we declare them
subject thereto, and hereby renew the above Decrees and Constitutions of Paul V
and Gregory XV.
"Moreover, as regards those books in which the
said sentence, feast and relative veneration are called into question or are
contradicted in any way whatsoever, according to what has already been stated,
either in writing or verbally, in discourses, sermons, lectures, treatises and
debates -- that may have been printed after the above-praised Decree of Paul V,
or may be printed hereafter we hereby prohibit them, subject to the penalties
and censures established by the Index of prohibited books, and ipso facto,
without any further declaration, we desire and command that they be held as
expressly prohibited."[11]
TESTIMONIES OF THE CATHOLIC
WORLD
All are aware with how much diligence this doctrine of
the Immaculate Conception of the Mother of God has been handed down, proposed
and defended by the most outstanding religious orders, by the more celebrated
theological academies, and by very eminent doctors in the sciences of theology.
All know, likewise, how eager the bishops have been to profess openly and
publicly, even in ecclesiastical assemblies, that Mary, the most holy Mother of
God, by virtue of the foreseen merits of Christ, our Lord and Redeemer, was
never subject to original sin, but was completely preserved from the original
taint, and hence she was redeemed in a manner more sublime.
THE
COUNCIL OF TRENT
Besides, we must note a fact of the greatest
importance indeed. Even the Council of Trent itself, when it promulgated the
dogmatic decree concerning original sin, following the testimonies of the
Sacred Scriptures, of the Holy Fathers and of the renowned Council, decreed and
defined that all men are born infected by original sin; nevertheless, it
solemnly declared that it had no intention of including the blessed and
immaculate Virgin Mary, the Mother of God, in this decree and in the general
extension of its definition. Indeed, considering the times and circumstances,
the Fathers of Trent sufficiently intimated by this declaration that the
Blessed Virgin Mary was free from the original stain; and thus they clearly
signified that nothing could be reasonably cited from the Sacred Scriptures,
from Tradition, or from the authority of the Fathers, which would in any way be
opposed to so great a prerogative of the Blessed Virgin.[12]
TESTIMONIES
OF TRADITION
And indeed, illustrious documents of venerable
antiquity, of both the Eastern and the Western Church, very forcibly testify
that this doctrine of the Immaculate Conception of the most Blessed Virgin,
which was daily more and more splendidly explained, stated and confirmed by the
highest authority, teaching, zeal, knowledge, and wisdom of the Church, and
which was disseminated among all peoples and nations of the Catholic world in a
marvelous manner -- this doctrine always existed in the Church as a doctrine
that has been received from our ancestors, and that has been stamped with the
character of revealed doctrine. For the Church of Christ, watchful guardian
that she is, and defender of the dogmas deposited with her, never changes
anything, never diminishes anything, never adds anything to them; but with all
diligence she treats the ancient documents faithfully and wisely; if they
really are of ancient origin and if the faith of the Fathers has transmitted
them, she strives to investigate and explain them in such a way that the
ancient dogmas of heavenly doctrine will be made evident and clear, but will
retain their full, integral, and proper nature, and will grow only within their
own genus -- that is, within the same dogma, in the same sense and the same
meaning.
INTERPRETERS
OF THE SACRED SCRIPTURE
The Fathers and writers of the Church, well versed in
the heavenly Scriptures, had nothing more at heart than to vie with one another
in preaching and teaching in many wonderful ways the Virgin's supreme sanctity,
dignity, and immunity from all stain of sin, and her renowned victory over the
most foul enemy of the human race. This they did in the books they wrote to
explain the Scriptures, to vindicate the dogmas, and to instruct the faithful.
These ecclesiastical writers in quoting the words by which at the beginning of
the world God announced his merciful remedies prepared for the regeneration of
mankind -- words by which he crushed the audacity of the deceitful serpent and
wondrously raised up the hope of our race, saying, "I will put enmities
between you and the woman, between your seed and her seed"[13] -- taught
that by this divine prophecy the merciful Redeemer of mankind, Jesus Christ,
the only begotten Son of God, was clearly foretold: That his most Blessed
Mother, the Virgin Mary, was prophetically indicated; and, at the same time,
the very enmity of both against the evil one was significantly expressed.
Hence, just as Christ, the Mediator between God and man, assumed human nature,
blotted the handwriting of the decree that stood against us, and fastened it
triumphantly to the cross, so the most holy Virgin, united with him by a most
intimate and indissoluble bond, was, with him and through him, eternally at
enmity with the evil serpent, and most completely triumphed over him, and thus
crushed his head with her immaculate foot.[14]
This sublime and singular privilege of the Blessed
Virgin, together with her most excellent innocence, purity, holiness and
freedom from every stain of sin, as well as the unspeakable abundance and
greatness of all heavenly graces, virtues and privileges -- these the Fathers
beheld in that ark of Noah, which was built by divine command and escaped
entirely safe and sound from the common shipwreck of the whole world;[15] in
the ladder which Jacob saw reaching from the earth to heaven, by whose rungs
the angels of God ascended and descended, and on whose top the Lord himself
leaned'[16] in that bush which Moses saw in the holy place burning on all
sides, which was not consumed or injured in any way but grew green and
blossomed beautifully;[17] in that impregnable tower before the enemy, from
which hung a thousand bucklers and all the armor of the strong;[18] in that
garden enclosed on all sides, which cannot be violated or corrupted by any
deceitful plots;[19] as in that resplendent city of God, which has its
foundations on the holy mountains;[20] in that most august temple of God,
which, radiant with divine splendors, is full of the glory of God;[21] and in
very many other biblical types of this kind. In such allusions the Fathers
taught that the exalted dignity of the Mother of God, her spotless innocence
and her sanctity unstained by any fault, had been prophesied in a wonderful
manner.
In like manner did they use the words of the prophets
to describe this wondrous abundance of divine gifts and the original innocence
of the Virgin of whom Jesus was born. They celebrated the august Virgin as the
spotless dove, as the holy Jerusalem, as the exalted throne of God, as the ark
and house of holiness which Eternal Wisdom built, and as that Queen who,
abounding in delights and leaning on her Beloved, came forth from the mouth of
the Most High, entirely perfect, beautiful, most dear to God and never stained
with the least blemish.
THE
ANNUNCIATION
When the Fathers and writers of the Church meditated
on the fact that the most Blessed Virgin was, in the name and by order of God
himself, proclaimed full of grace[22] by the Angel Gabriel when he announced
her most sublime dignity of Mother of God, they thought that this singular and
solemn salutation, never heard before, showed that the Mother of God is the
seat of all divine graces and is adorned with all gifts of the Holy Spirit. To
them Mary is an almost infinite treasury, an inexhaustible abyss of these
gifts, to such an extent that she was never subject to the curse and was,
together with her Son, the only partaker of perpetual benediction. Hence she
was worthy to hear Elizabeth, inspired by the Holy Spirit, exclaim:
"Blessed are you among women, and blessed is the fruit of your
womb."[23]
MARY COMPARED WITH EVE
Hence, it is the clear and unanimous opinion of the
Fathers that the most glorious Virgin, for whom "he who is mighty has done
great things," was resplendent with such an abundance of heavenly gifts,
with such a fullness of grace and with such innocence, that she is an
unspeakable miracle of God -- indeed, the crown of all miracles and truly the
Mother of God; that she approaches as near to God himself as is possible for a
created being; and that she is above all men and angels in glory. Hence, to
demonstrate the original innocence and sanctity of the Mother of God, not only
did they frequently compare her to Eve while yet a virgin, while yet innocence,
while yet incorrupt, while not yet deceived by the deadly snares of the most
treacherous serpent; but they have also exalted her above Eve with a wonderful
variety of expressions. Eve listened to the serpent with lamentable
consequences; she fell from original innocence and became his slave. The most
Blessed Virgin, on the contrary, ever increased her original gift, and not only
never lent an ear to the serpent, but by divinely given power she utterly
destroyed the force and dominion of the evil one.
BIBLICAL FIGURES
Accordingly, the Fathers have never ceased to call the
Mother of God the lily among thorns, the land entirely intact, the Virgin
undefiled, immaculate, ever blessed, and free from all contagion of sin, she
from whom was formed the new Adam, the flawless, brightest, and most beautiful
paradise of innocence, immortality and delights planted by God himself and
protected against all the snares of the poisonous serpent, the incorruptible
wood that the worm of sin had never corrupted, the fountain ever clear and
sealed with the power of the Holy Spirit, the most holy temple, the treasure of
immortality, the one and only daughter of life -- not of death -- the plant not
of anger but of grace, through the singular providence of God growing ever
green contrary to the common law, coming as it does from a corrupted and
tainted root.
EXPLICIT AFFIRMATION . . .
As if these splendid eulogies and tributes were not
sufficient, the Fathers proclaimed with particular and definite statements that
when one treats of sin, the holy Virgin Mary is not even to be mentioned; for
to her more grace was given than was necessary to conquer sin completely.[24]
They also declared that the most glorious Virgin was Reparatrix of the first
parents, the giver of life to posterity; that she was chosen before the ages,
prepared for himself by the Most High, foretold by God when he said to the
serpent, "I will put enmities between you and the woman."[25] --
unmistakable evidence that she crushed the poisonous head of the serpent. And
hence they affirmed that the Blessed Virgin was, through grace, entirely free
from every stain of sin, and from all corruption of body, soul and mind; that
she was always united with God and joined to him by an eternal covenant; that
she was never in darkness but always in light; and that, therefore, she was
entirely a fit habitation for Christ, not because of the state of her body, but
because of her original grace.
.
. . OF A SUPEREMINENT SANCTITY
To these praises they have added very noble words.
Speaking of the conception of the Virgin, they testified that nature yielded to
grace and, unable to go on, stood trembling. The Virgin Mother of God would not
be conceived by Anna before grace would bear its fruits; it was proper that she
be conceived as the first-born, by whom "the first-born of every
creature" would be conceived. They testified, too, that the flesh of the
Virgin, although derived from Adam, did not contract the stains of Adam, and
that on this account the most Blessed Virgin was the tabernacle created by God
himself and formed by the Holy Spirit, truly a work in royal purple, adorned
and woven with gold, which that new Beseleel[26] made. They affirmed that the
same Virgin is, and is deservedly, the first and especial work of God, escaping
the fiery arrows the evil one; that she is beautiful by nature and entirely
free from all stain; that at her Immaculate Conception she came into the world
all radiant like the dawn. For it was certainly not fitting that this vessel of
election should be wounded by the common injuries, since she, differing so much
from the others, had only nature in common with them, not sin. In fact, it was
quite fitting that, as the Only-Begotten has a Father in heaven, whom the
Seraphim extol as thrice holy, so he should have a Mother on earth who would never
be without the splendor of holiness.
This doctrine so filled the minds and souls of our
ancestors in the faith that a singular and truly marvelous style of speech came
into vogue among them. They have frequently addressed the Mother of God as
immaculate, as immaculate in every respect; innocent, and verily most innocent;
spotless, and entirely spotless; holy and removed from every stain of sin; all
pure, all stainless, the very model of purity and innocence; more beautiful
than beauty, more lovely than loveliness; more holy than holiness, singularly
holy and most pure in soul and body; the one who surpassed all integrity and
virginity; the only one who has become the dwelling place of all the graces of
the most Holy Spirit. God alone excepted, Mary is more excellent than all, and
by nature fair and beautiful, and more holy than the Cherubim and Seraphim. To
praise her all the tongues of heaven and earth do not suffice.
Everyone is cognizant that this style of speech has
passed almost spontaneously into the books of the most holy liturgy and the
Offices of the Church, in which they occur so often and abundantly. In them,
the Mother of God is invoked and praised as the one spotless and most beautiful
dove, as a rose ever blooming, as perfectly pure, ever immaculate, and ever
blessed. She is celebrated as innocence never sullied and as the second Eve who
brought forth the Emmanuel.
PREPARATION FOR THE DEFINITION
No wonder, then, that the Pastors of the Church and
the faithful gloried daily more and more in professing with so much piety,
religion, and love this doctrine of the Immaculate Conception of the Virgin
Mother of God, which, as the Fathers discerned, was recorded in the Divine
Scriptures; which was handed down in so many of their most important writings;
which was expressed and celebrated in so many illustrious monuments of
venerable antiquity; which was proposed and confirmed by the official and
authoritative teaching of the Church. Hence, nothing was dearer, nothing more
pleasing to these pastors than to venerate, invoke, and proclaim with most
ardent affection the Virgin Mother of God conceived without original stain.
Accordingly, from ancient times the bishops of the Church, ecclesiastics,
religious orders, and even emperors and kings, have earnestly petitioned this
Apostolic See to define a dogma of the Catholic Faith the Immaculate Conception
of the most holy Mother of God. These petitions were renewed in these our own
times; they were especially brought to the attention of Gregory XVI, our predecessor
of happy memory, and to ourselves, not only by bishops, but by the secular
clergy and religious orders, by sovereign rulers and by the faithful.
Mindful, indeed, of all these things and considering
them most attentively with particular joy in our heart, as soon as we, by the
inscrutable design of Providence, had been raised to the sublime Chair of St.
Peter -- in spite of our unworthiness -- and had begun to govern the universal
Church, nothing have we had more at heart -- a heart which from our tenderest
years has overflowed with devoted veneration and love for the most Blessed
Virgin -- than to show forth her prerogatives in resplendent light.
That we might proceed with great prudence, we
established a special congregation of our venerable brethren, the cardinals of
the holy Roman Church, illustrious for their piety, wisdom, and knowledge of
the sacred scriptures. We also selected priests, both secular and regular, well
trained in the theological sciences, that they should most carefully consider
all matters pertaining to the Immaculate Conception of the Virgin and make
known to us their opinion.
THE MIND OF THE BISHOPS
Although we knew the mind
of the bishops from the petitions which we had received from them, namely, that
the Immaculate Conception of the Blessed Virgin be finally defined,
nevertheless, on February 2, 1849,[27] we sent an Encyclical Letter from Gaeta
to all our venerable brethren, the bishops of the Catholic world, that they
should offer prayers to God and then tell us in writing what the piety and
devotion of their faithful was in regard to the Immaculate Conception of the
Mother of God. We likewise inquired what the bishops themselves thought about
defining this doctrine and what their wishes were in regard to making known
with all possible solemnity our supreme judgment.
We were certainly filled
with the greatest consolation when the replies of our venerable brethren came
to us. For, replying to us with a most enthusiastic joy, exultation and zeal,
they not only again confirmed their own singular piety toward the Immaculate
Conception of the most Blessed Virgin, and that of the secular and religious
clergy and of the faithful, but with one voice they even entreated us to define
our supreme judgment and authority the Immaculate Conception of the Virgin. In
the meantime we were indeed filled with no less joy when, after a diligent
examination, our venerable brethren, the cardinals of the special congregation
and the theologians chosen by us as counselors (whom we mentioned above), asked
with the same enthusiasm and fervor for the definition of the Immaculate Conception
of the Mother of God.
Consequently, following
the examples of our predecessors, and desiring to proceed in the traditional
manner, we announced and held a consistory, in which we addressed our brethren,
the cardinals of the Holy Roman Church. It was the greatest spiritual joy for
us when we heard them ask us to promulgate the dogmatic definition of the
Immaculate Conception of the Virgin Mother of God.[28]
Therefore, having full
trust in the Lord that the opportune time had come for defining the Immaculate
Conception of the Blessed Virgin Mary, Mother of God, which Holy Scripture,
venerable Tradition, the constant mind of the Church, the desire of Catholic
bishops and the faithful, and the memorable Acts and Constitutions of our
predecessors, wonderfully illustrate and proclaim, and having most diligently
considered all things, as we poured forth to God ceaseless and fervent prayers,
we concluded that we should no longer delay in decreeing and defining by our
supreme authority the Immaculate Conception of the Blessed Virgin. And thus, we
can satisfy the most holy desire of the Catholic world as well as our own
devotion toward the most holy Virgin, and at the same time honor more and more
the only begotten Son, Jesus Christ our Lord through his holy Mother -- since
whatever honor and praise are bestowed on the Mother redound to the Son.
THE DEFINITION
Wherefore, in humility
and fasting, we unceasingly offered our private prayers as well as the public
prayers of the Church to God the Father through his Son, that he would deign to
direct and strengthen our mind by the power of the Holy Spirit. In like manner
did we implore the help of the entire heavenly host as we ardently invoked the
Paraclete. Accordingly, by the inspiration of the Holy Spirit, for the honor of
the Holy and undivided Trinity, for the glory and adornment of the Virgin
Mother of God, for the exaltation of the Catholic Faith, and for the
furtherance of the Catholic religion, by the authority of Jesus Christ our
Lord, of the Blessed Apostles Peter and Paul, and by our own:
We declare, pronounce,
and define that the doctrine which holds that the most Blessed Virgin Mary, in
the first instance of her conception, by a singular grace and privilege granted
by Almighty God, in view of the merits of Jesus Christ, the Savior of the human
race, was preserved free from all stain of original sin, is a doctrine revealed
by God and therefore to be believed firmly and constantly by all the faithful.
[Declaramus, pronuntiamus
et definimus doctrinam quae tenet beatissimam Virginem Mariam in primo instanti
suae conceptionis fuisse singulari Omnipotentis Dei gratia et privilegio,
intuitu meritorum Christi Jesu Salvatoris humani generis, ab omni originalis
culpae labe praeservatam immunem, esse a Deo revelatam, atque idcirco ab
omnibus fidelibus firmiter constanterque credendam.]
Hence, if anyone shall
dare -- which God forbid! -- to think otherwise than as has been defined by us,
let him know and understand that he is condemned by his own judgment; that he
has suffered shipwreck in the faith; that he has separated from the unity of
the Church; and that, furthermore, by his own action he incurs the penalties
established by law if he should dare to express in words or writing or by any
other outward means the errors he thinks in his heart.
HOPED-FOR RESULTS
Our soul overflows with
joy and our tongue with exultation. We give, and we shall continue to give, the
humblest and deepest thanks to Jesus Christ, our Lord, because through his
singular grace he has granted to us, unworthy though we be, to decree and offer
this honor and glory and praise to his most holy Mother. All our hope do we
repose in the most Blessed Virgin -- in the all fair and immaculate one who has
crushed the poisonous head of the most cruel serpent and brought salvation to
the world: in her who is the glory of the prophets and apostles, the honor of
the martyrs, the crown and joy of all the saints; in her who is the safest refuge
and the most trustworthy helper of all who are in danger; in her who, with her
only-begotten Son, is the most powerful Mediatrix and Conciliatrix in the whole
world; in her who is the most excellent glory, ornament, and impregnable
stronghold of the holy Church; in her who has destroyed all heresies and
snatched the faithful people and nations from all kinds of direst calamities;
in her do we hope who has delivered us from so many threatening dangers. We
have, therefore, a very certain hope and complete confidence that the most
Blessed Virgin will ensure by her most powerful patronage that all difficulties
be removed and all errors dissipated, so that our Holy Mother the Catholic
Church may flourish daily more and more throughout all the nations and countries,
and may reign "from sea to sea and from the river to the ends of the
earth," and may enjoy genuine peace, tranquility and liberty. We are firm
in our confidence that she will obtain pardon for the sinner, health for the
sick, strength of heart for the weak, consolation for the afflicted, help for
those in danger; that she will remove spiritual blindness from all who are in
error, so that they may return to the path of truth and justice, and that here
may be one flock and one shepherd.
Let all the children of
the Catholic Church, who are so very dear to us, hear these words of ours. With
a still more ardent zeal for piety, religion and love, let them continue to
venerate, invoke and pray to the most Blessed Virgin Mary, Mother of God,
conceived without original sin. Let them fly with utter confidence to this most
sweet Mother of mercy and grace in all dangers, difficulties, needs, doubts and
fears. Under her guidance, under her patronage, under her kindness and
protection, nothing is to be feared; nothing is hopeless. Because, while
bearing toward us a truly motherly affection and having in her care the work of
our salvation, she is solicitous about the whole human race. And since she has
been appointed by God to be the Queen of heaven and earth, and is exalted above
all the choirs of angels and saints, and even stands at the right hand of her
only-begotten Son, Jesus Christ our Lord, she presents our petitions in a most
efficacious manner. What she asks, she obtains. Her pleas can never be unheard.
Given at St. Peter's in
Rome, the eighth day of December, 1854, in the eighth year of our pontificate.
PIUS IX
FOOTNOTES
1. Et quidem decebat
omnino, ut perfectissimae sanctitatis splendoribus semper ornata fulgeret, ac
vel ab ipsa originalis culpae labe plane immunis amplissimum de antiquo sepente
triumphum referret tam venerabilis mater, cui Deus Pater unicum Filius suum,
quem de corde suo aequalem sibi genitum tamquam seipsum diligit, ita dare
disposuit, ut naturaliter esset unus idemque communis Dei Patris et Virginis
Filius, et quam ipse Filius, Filius substantialiter facere sibi matrem elegit,
et de qua Siritus Sanctus voluit et operatus est, ut conciperetur et nasceretur
ille, de quo ipse procedit.
2. Cf. Ibid., n. 16.
3. Cf. St. Irenaeus, Adv.
Haereses, book III, c. III, n. 2.
4. C.A. Cum Praeexcelsa,
February 28, 1476; Denz., n. 734.
5. Decree of the Sared
Cong. of Rites; September 30, 1847.
6. This has been the
constant care of the Popes, as is shown by the condemnation of one of the
propositions of Anthony de Rosmini-Serbati (cf. Denzinger, nn. 1891-1930). This
is how the 34th proposition runs (Denzinger, n. 1924): "Ad praeservandam
B. V. Mariam a labe originis, satis erat, ut incorruptum maneret minimum sesmen
in homine, neglectum forte ab ipso demone, e quo incorrupto semine de
generatione in generationem transfuso, suo tempore oriretur Virgo Maria."
Decree of the Holy Office, December 14, 1887 (AAS 20, 393). Denz. n. 1924.
7. Apost. Const.
Sollicitudo Omnium Ecclesiarum, December 8, 1661.
8. Apost. Const. Cum
Praeexcelsa, February 28, 1476; Grave Nemis, September 4, 1483; Denz., nn. 734,
735.
9. Apost. Const.
Sanctissimus, September 12, 1617.
10. Apost. Const.
Sanctissimus, June 4, 1622.
11. Alexander VIII,
Apost. Const. Sollicitudo Omnium Ecclesiarum, December 8, 1661.
12. Sess. V, Can. 6;
Denz. n. 792. Declarat tamen haec ipsa sancta Synodus, non esse suae
intentionis, comprehendere in hoc decreto, ubi de peccato originali agitur,
beatam et immaculatam Virginem Mariam Dei genitricem, sed observandas esse constitutiones
felicis recordationis Sixti Papae IV, sub poenis in eis constitutionibus
contentis, quas innovat.
13. Gn 3:15.
14. Quo circa sicut
Christus Dei hominumque mediator, humana assumpta natura, delens quod adversus
nos erat chirographum decretia, illud cruci triumphator affixit; sic
Sanctissima Virgo, Arctissimo et indissolubili vinculo cum eo conjuncta, una
cum illo et per illum, sempiternas contra venenosum serpentem inimicitias
exercens, ac de ipso plenissime triumphans, illus caput immaculato pede
contrivit.
15. Cf. Gn. 6:9.
16. Cf. Gn 28:12.
17. Cf. Ex 3:2.
18. Cf. Sg 4:4.
19. Cf. Sg 4:12.
20. Cf. Ps 87:1.
21. Cf. Is 6:1-4.
22. Cf. Lk 1:28.
23. Ibid., 42.
24. Cf. St. Augustine: De
Natura et Gratia, c. 36.
25. Gn 3:15.
26. Cf. Ex 31:2.
27. Cf. Ibid., n. 19ff.
28. Cf. Ibid., n. 27ff.
SOURCE : http://www.newadvent.org/library/docs_pi09id.htm
Juan de Roelas (vers
1570 –1625). Alegoría de la Virgen Inmaculada, 1616,
323 x 195, musée national de la sculpture,
Valladolid (Espagne)
December 8
The Conception of the
Blessed Virgin Mary
SO great are the
advantages we reap from the incarnation of the Son of God, and so
incomprehensible is the goodness which he hath displayed in this wonderful
mystery, that to contemplate it, and to thank and praise him for the same,
ought to be the primary object of all our devotions, and the employment of our
whole lives. In the feast of the Conception of the immaculate Virgin Mother of
God we celebrate the joyful dawning of that bright day of mercy, the first
appearance which that most glorious of all pure creatures made in the world,
with those first seeds of grace which produced the most admirable fruit in her
soul. Her conception was itself a glorious mystery, a great grace, and the
first effect of her predestination. Her Divine Son, the eternal God, in the first
moment of her being, considered the sublime dignity to which he had decreed to
raise her, and remembered that august, dear, sacred, and venerable name of his
mother, which she was one day to bear; and he beheld her with a complacency,
and distinguished her in a manner suitable to the near relation she was to
bear. He called her not his servant in whom he gloried, as he did Israel, 1 but
his mother, whom for the sake of his own glory he decreed exceedingly to exalt
in grace and glory. From that instant the eternal Word of God, which was to
take flesh of her, looked upon it as particularly incumbent on him, in the view
of his future incarnation, to sanctify this virgin, to enrich her with his
choicest gifts, and to heap upon her the most singular favours with a profusion
worthy his omnipotence. She could say with much greater reason than Isaiah: 2 The
Lord hath called me from the womb: from the bowels of my mother he hath been
mindful of my name. From that very moment he prepared her to be his most
holy tabernacle. When Almighty God commanded a temple to be built to his honour
in Jerusalem, what preparations did he not ordain! What purity did he not
require in the things that belonged to that work, even in the persons and
materials that were employed in it! David, though a great saint, was excepted
against by God, because he had been stained with blood spilt in just wars.
Again, what purifications, consecrations, rites, and ceremonies did he not
order to sanctify all the parts of the building! This for a material temple, in
which the ark was to be placed, and men were to offer their homages and
sacrifices to his adorable Majesty. What then did he not do for Mary in
spiritually decking her, whose chaste womb was to be his living tabernacle,
from whose pure flesh he was to derive his own most holy body, and of whom he
would himself be born! So tender a mercy was this great work to him, that the
church, in her most earnest daily supplications, conjures him, as by a most
endearing motive, that he will be pleased to hear her prayers, and enrich her
children with his special graces, by his effusion and liberality towards her,
when he most wonderfully prepared and fitted both her body and soul, that she
might be made a worthy dwelling for himself.
The first condition in
the spiritual embellishing of a soul is perfect purity, or cleanness from
whatever can be a blot or stain in her. A skilful statuary is careful, in the
first place, that there be no irregularity or deformity in the piece which he
is going to carve. And if a house is to be put in order and adorned, to receive
some guest of great distinction, the first thing is to remove all filth, and
whatever is offensive. Almighty God therefore was pleased to preserve this holy
Virgin from contracting any stain of sin, whether original or actual. Without
the privilege of an extraordinary grace, the greatest saints daily fall into
venial sins of surprise and inadvertence, through a neglect of a universal
watchfulness over all the secret motions of their hearts in the course of
action. But Mary was distinguished by this rare privilege, and by the succour
of an extraordinary grace was so strengthened, that her interior beauty was
never sullied with the least spot, and charity or the divine love never
suffered the least remission or abatement in her soul; but from the moment in
which she attained the use of reason, increased, and she continually pressed forward
with fresh ardour towards the attainment of higher perfection of virtue and
holiness. Her exemption from original sin was yet a more extraordinary
privilege of grace. It is an undoubted truth, in which all divines are agreed,
that she was sanctified and freed from original sin before she was born, and
that she was brought forth into this world in a state of perfect sanctity. Some
have thought it more consonant to the sacred oracles that she was thus
sanctified only after her conception, and after the union of the rational soul
with the body. But it is the most generally received belief, though not defined
as an article of faith, that in her very conception she was immaculate. Many
prelates, and a great number of Catholic universities, 3 have
declared themselves in strong terms in favour of this doctrine; and several
popes have severely forbidden any one to impugn the same, or to dispute or
write against it. Nevertheless, it is forbidden to rank it among articles of
faith defined by the church, or to censure those who privately hold
the contrary. It is needless here to produce the passages of holy scripture
usually alleged by theologians, and other proofs by which this assertion is
confirmed. It is sufficient for us, who desire, as dutiful sons of the church,
to follow, in all such points, her direction, that she manifestly favours this
opinion, which is founded in the clear testimonies of the most illustrious
among the fathers, in the decrees of several particular councils, and the
suffrages of most learned and eminent masters of the theological schools. 4 The
very respect which we owe to the Mother of God, and the honour which is due to
her divine Son, incline us to believe this privilege most suitable to her state
of spotless sanctity. To have been one moment infected with sin was not
agreeable to the undefiled purity of her who was chosen to be ever holy, that
she might be worthy to bring forth the author of sanctity. Had she ever been in
sin, notwithstanding the advantages of her other privileges and graces, and her
predestination to the sublime dignity of Mother of God, she would have been for
that moment before she was cleansed, the object of his indignation and just
hatred. St. Austin thought this reason sufficient for exempting her, whenever
mention is made of sin. “Out of reverence,” says he, “and for the honour which
is due to her Son, I will have no question put about her when we speak of any
sin.” 5 Christ
was no less her Redeemer, Reconciler, and most perfect Saviour and Benefactor,
by preserving her from this stain, than he would have been by cleansing her
from it; as by descending from Adam she was liable to this debt, and would have
contracted the contagion, had she not been preserved from it through the grace
and merits of her Son.
To understand how great a
grace, and how singular a prerogative this total exemption from all sin was in
Mary, we may take a survey of the havoc that monster made amongst men from the
beginning of the world, excepting Mary. The most holy amongst the saints all
received their existence in sin; they were all obliged to say with St.
Paul: We were the children of wrath, even as the rest. 6 The
fall of our first father Adam involved all mankind in guilt and misery. From
that time, for the space of four thousand years, sin reigned without control on
every side. By its dire effects the greatest part of the world was plunged into
the most frightful state of spiritual darkness and blindness. Even the sons of
light were born under its slavery: Abraham, Moses, Elias, Jeremy, Job, and all
the other saints confessed with David: Behold, I was conceived in
iniquities, and in sin my mother conceived me. 7 Sin
was become a universal leprosy, a contagion which no one could escape; an evil
common to all mankind, and infecting every particular individual that descended
from Adam, as his own inherent guilt; something accidental, and foreign to our
nature, yet so general an attendant upon it, that it might almost seem a
constituent part thereof. It was communicated with the flesh and blood which
men received from their parents, and from their first father, Adam. Every child
contracted this infection with the first principle of life. Mary, by a singular
privilege, was exempted from it, and entered a world of sin, spotless and
holy. Who is she that cometh forth as the morning rising, fair as the
moon, bright as the sun, terrible as an army set in array! 8 These
words we may understand as spoken by the angels at the first glorious
appearance of the Mother of God, astonished to behold her, after the dismal
night of darkness and sin, as the morning rising, beautiful as the moon,
shining as the sun, decked with the brightest ornaments of grace, and terrible
to all the powers of hell, as the face of an army drawn up in battalia,
displaying her beams on the horizon of the earth, which had been hitherto
covered with the hideous deformity of sin. What a glorious spectacle, what a
subject of joy was it to the heavenly spirits, to see the empire of sin broken,
and a descendant of Adam come forth free from the general contagion of his
race, making her appearance pure, holy, and beautiful, richly adorned with the
most precious gifts of grace, and outshining the highest angels and cherubims!
Shall we refuse to her our admiration and praises? Shall we not offer to God
our best homages in thanksgiving for such a mercy, and for so great a present
which he has bestowed on the world in Mary?
The grace which exempted
Mary from original sin, preserved her also from the sting of concupiscence, or
inordinate love of creatures, and tendency to evil. The first sin of Adam
brought on us a deluge of evils, and by the two wounds of ignorance and
concupiscence which it has left in us, its malignity has spread its influence
over all the powers of our souls. Through it our understanding is liable to be
deceived, and to be led away with errors; our will is abandoned to the assaults
of the basest passions: our senses are become inlets of dangerous suggestions:
we are subjected to spiritual weakness, inconstancy, and vanity, and are
tyrannized over by inordinate appetites. Hence proceeds in us a difficulty in
doing good, a repugnance to our duties, a proneness to evil, the poisoned charm
of vice, and the intestine war of the flesh against the spirit. All this we
experience and groan under; yet under the weight of such miseries, by a much
greater evil, we are blind, proud, and insensible. The excess of our misery is,
that though it be extreme, we do not sufficiently deplore it, humble ourselves
under it, and labour by watchfulness, mortification, and prayer to acquire
strength against our dangers. Mary employed earnestly these arms during the
course of her life, though free from this inward proneness to evil and from
the fomes peccati or dangerous sting of concupiscence, which we
inherit with original sin, and which remains after baptism, for the exercise of
our virtue and fidelity. We court our dangers, indulge and fortify our enemies,
and caress and adore those idols which we are bound to destroy. To procure for
ourselves some part in the blessing which Mary enjoyed, in the empire over our
passions, we must check them, restrain our senses, and die to ourselves. We
must never cease sighing to God, to implore his aid against this domestic
enemy, and never enter into any truce with him. Have mercy on me, O Lord,
for I am weak: heal me, O Lord, for my bones are troubled. 9 If
our weakness and dangers call for our tears, we have still much greater reason
to weep for our guilt and repeated transgressions. Whereas grace in Mary
triumphed even over original sin; we, on the contrary, even after baptism and
penance, by which we were cleansed from sin, return to it again, increase our
hereditary weakness and miseries: and, what is of all things most grievous,
infinitely aggravate our guilt by daily offences. Who will give water to
my head, and a fountain of tears to my eyes? 10 O
Mother of Mercy let your happy privilege, your exemption from all sin and
concupiscence, inspire you with pity for our miseries: and by your spotless
purity and abundant graces, obtain for us strength against all our dangers, the
deliverance from all our miseries, and the most powerful remedies of divine
grace. Thus, from this mystery, we are to draw lessons of confusion and
instruction for ourselves.
Mary, in her conception,
was not only free from stain, but moreover was adorned with the most precious
graces, so as to appear beautiful and glorious in the eyes of God. And the
grace she then received was the seed of the great virtues which she exercised,
and the higher graces to which, by the improvement of her first stock, she was
afterwards raised, during the whole course of her mortal life. By the first
graces she was free from all inclination to accursed pride, and from all
inordinate self-love, and remained always perfectly empty of herself. This
disposition she expressed when honoured with the highest graces, and exalted to
the most sublime and wonderful spiritual dignity; under which, sinking lower in
her own abyss of weakness and nothingness, she sincerely and purely gave all
glory to him. She confessed aloud that he chose her not for any merit, or
anything he saw in her, but because he would signalize his omnipotence by
choosing the weakest and meanest instrument, and because he saw in her the
nothingness in which he most fitly exerted and manifested his infinite power
and greatness. By a lurking pride we obstruct the designs of the divine mercy
in our favour. The vessel of our heart cannot receive the plentiful effusion of
divine grace, so long as it is filled with the poison of self-love. The more
perfectly it is cleansed and empty, the more is it fitted to receive. As the
prophet called for vessels that were empty, that they might be filled with
miraculous oil; so must we present to God hearts that are perfectly empty, when
we pray that he replenish them with his grace. The exercise of humility,
meekness, patience, resignation, obedience, self-denial, rigorous
self-examination, compunction and penance begin the work: but prayer and divine
love perfect the cleansing of the fountain from which they spring. Thus are we
to attain that purity of heart and affections by which we shall bear some
degree of resemblance to the holy Mother of God. This grace we ought earnestly
to beg of God, through her intercession, and particularly to commend to him,
through her, the preservation of the holy virtue of purity. The venerable and
pious John of Avila gives this advice in the following words: “I have
particularly seen much profit received through her means, by persons molested
with temptations of the flesh, who recited some prayer in memory of her
spotless conception, and of that virginal purity with which she conceived the
Son of God.”
The Immaculate Conception
of the holy Mother of God was not only in itself a great and glorious mystery,
but likewise joyful to mankind. Certain glimmerings of the benefit of our
redemption had gone before from the fall of Adam in several revelations, types,
and figures; in which the distant prospect of this wonderful mercy filled the
patriarchs and other saints of the old law with comfort and holy joy. But the
Conception of Mary displayed the first rays of its approaching light, and may
be said to have been its rising morning, or the dawning of its day. 11 In
this mystery she appeared pure and glorious, shining among the daughters of
Adam as a lily among thorns. 12 To
her from the moment of her Conception God said: Thou art all beautiful my
love, and there is no spot in thee. 13 She
was the enclosed garden, which the serpent could never enter;
and the sealed fountain which he never defiled. 14 She
was the Throne and the Tabernacle of the true Solomon, and the Ark of the
Testament, to contain, not corruptible manna, but the Author of the
incorruptible life of our souls. Saluting her with these epithets, in
exultation and praise, let us sing with the church: “This is the Conception of
the glorious Virgin Mary, of the seed of Abraham, sprung from the tribe of
Juda, illustrious of the house of David, whose life, by its brightness,
illustrates all churches.”
Note 3. See their
suffrages enumerated by F. Francis Davenport, called in religion F. Fr. of St.
Clare; and by Frassen, t. 8, p. 188. [back]
Note 4. The question
concerning the Immaculate Conception of the Blessed Virgin Mary had been
agitated with great warmth in the university of Paris, when both the university
and bishop, in 1387, condemned certain propositions of John de Montesano, a
Dominican, in which this privilege was denied. The council of Basil, in 1439,
(Sess. 36,) declared the belief of her Immaculate Conception to be conformable
to the doctrine and devotion of the church, to the Catholic faith, right
reason, and the holy scriptures, and to be held by all Catholics. But this
council was at that time a schismatical assembly, nor could its decree be of
force. It was, nevertheless, received by a provincial council held at Avignon
in 1457, and by the university of Paris. When some gave scandal by warmly
contesting the Immaculate Conception, this famous university passed a decree in
1497, in which it was enacted, that no one should be admitted in it to the
degree of doctor of divinity who did not bind himself by oath to defend this
point. (See Spondan, Contin. Baron. ad an. 1497. Bulæus, Hist. Universit.
Paris, t. 5, p. 815. Fleury, cont. t. 24, p. 336. Frassen, t. 8, p. 227.) The
council of Trent declared, in the decree concerning original sin, that it was
not its intention to include in it the Immaculate Virgin Mary, Mother of God,
and ordered the decree of Sixtus IV. relating to this point to be observed.
That pope, in 1476, granted certain indulgences to those who assisted at the
office and mass on the feast of her Conception; and, in 1483, by another
constitution, forbade any one to censure this festival, or to condemn the
opinion which asserted the Virgin Mary’s Immaculate Conception. St. Pius V. by
his bull in 1570, forbade either the opinion which affirmed, or that which
denied it, to be censured. Paul V. in 1616, reiterated the same prohibition,
and, in 1617, forbade any one to affirm in sermons, theses, or other like
public acts, that the Blessed Virgin Mary was conceived in original sin.
Gregory XV. in 1622, forbade any one to affirm this even in private
disputations, except those to whom the holy see gives a special license to do
it, which he granted to the Dominicans, provided they do it privately, and only
among themselves: but he ordered, that in the office or mass of this festival
no other title than simply that of the Conception should be used. Alexander
VII., in 1671, declared that the devotion of honouring the Immaculate
Conception of the Blessed Virgin Mary is pious; yet prohibits the censuring
these who do not believe her Conception immaculate. Philip III. of Spain
demanded of Paul V. and Philip IV. of Gregory XV. a definition of this
question, but could obtain nothing more than the foregoing bulls. See Luke
Wadding, (the learned Irish Franciscan, who lived some time in Spain, and died
at Rome in 1655,) De legatione Philippi III. et Philippi IV. ad Paulum V. et
Greg. XV. pro definiendâ Controversia de Conceptione Virginis. In the latest
edition of the Roman Index, a certain little office of the Immaculate
Conception is condemned; but this censure is not to be extended to other such
little offices. In the prayers themselves it is called the Conception of the
Immaculate Virgin, which phrase is ambiguous, and may be understood to imply
only she was spotless from all actual sin, and was cleansed from original sin
before she was born, in which all Catholics agree. Benedict XIII. granted to
the subjects of Austria and the empire a weekly office of the Immaculate
Conception on every Saturday; but the epithet Immaculate Conception occurs not
in any of the prayers, but only in the title of the office. This prudent
reserve of the church in her public prayers is a caution to her children,
whilst they maintain this pious sentiment, not to exceed the bounds which she
has prescribed them: though certain devotions are used in many parts, in which
the Conception is called immaculate in the prayers themselves. It is the
mystery of the Immaculation, or Sanctification of the Blessed Virgin Mary,
which is the object of the devotion of the church on this festival, rather than
her bare Conception; according to the remark of the ingenious author of
Observations, Hist. et Crit. sur les Erreurs des Peintres, &c. anno 1771,
t. 1, pp. 35, 36. [back]
Note 5. S. Aug. 1,
de Nat. et Grat. c. 36, n. 42, p. 144. [back]
Note 7. Ps. l.
7. [back]
Note 9. Ps. vii.
3. [back]
Note 11. St. Bernard
reproves the canons of the church of Lyons, because, by their own private
authority, they celebrated a festival of the Immaculate Conception of the
Blessed Virgin Mary, without consulting the Roman see. (ep. 174.) Long before
that time this festival was kept with great devotion in the eastern churches;
and was a holiday before the Emperor Emmanuel Comnenus enforced its observance,
about the year 1150, (ap. Balsam, in nomocan Photii.) George, bishop of
Nicomedia, in the reign of Heraclius, calls it a feast of ancient date.
Baronius, Benedict XIV., &c. suppose, that in the West it was first
instituted in England, by St. Anselm, about the year 1150. But St. Anselm’s
letter on which this opinion is founded, seems not to be genuine. (See Lupus,
ad Conc. Mogunt. sub Leone IX., t. 3, p. 497.) And Jos. Assemani demonstrates,
from the marble calendar of Naples, engraved in the ninth age, that this feast
was then kept in that city, and that the church of Naples was the first in the
West which adopted it in imitation of the Orientals. Pope Sixtus IV., in 1483,
commanded it to be kept a holiday. See Bened. XIV. De Festis B. Mariæ V., c.
15, p. 348. Jos. Assemani, in Calend. Univ. t. 5, p. 433, ad p. 462, and
Mazocchius, In Vetus Marmoreum Neap. Calendarium. [back]
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume XII: December. The Lives of the
Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/12/081.html
Immacolata Concezione della
Beata Vergine Maria
Già celebrata dal sec.
XI, questa solennità si inserisce nel contesto dell’Avvento-Natale,
congiungendo l’attesa messianica e il ritorno glorioso di Cristo con l’ammirata
memoria della Madre. In tal senso questo periodo liturgico deve essere
considerato un tempo particolarmente adatto per il culto della Madre del
Signore. Maria è la tutta santa, immune da ogni macchia di peccato, dallo
Spirito Santo quasi plasmata e resa nuova creatura. Già profeticamente
adombrata nella promessa fatta ai progenitori della vittoria sul serpente,
Maria è la Vergine che concepirà e partorirà un figlio il cui nome sarà
Emmanuele. Il dogma dell’Immacolata Concezione fu proclamato da Pio IX nel
1854. (Mess. Rom.)
Patronato: Patrona e
Regina dell’ordine francescano
Martirologio
Romano: Solennità dell’Immacolata Concezione della beata Vergine Maria,
che veramente piena di grazia e benedetta tra le donne, in vista della nascita
e della morte salvifica del Figlio di Dio, fu sin dal primo momento della sua
concezione, per singolare privilegio di Dio, preservata immune da ogni macchia
della colpa originale, come solennemente definito da papa Pio IX, sulla base di
una dottrina di antica tradizione, come dogma di fede, proprio nel giorno che
oggi ricorre.
Solennità dell’Immacolata Concezione di Maria: del suo concepimento, avvenuto in modo del tutto naturale nel grembo di sua madre, come avviene per ogni nuova creatura umana; ma “immacolato” perché in quel momento stesso questa nuova creatura umana, a differenza di ogni altra, è stata preservata dalla macchia del peccato originale che misteriosamente si trasmette attraverso la generazione.
Questo avvenimento, a cui la Chiesa guarda con stupore e gioia grande, è l’inizio di una storia nuova di cui anche noi siamo parte: la storia della redenzione iniziata da Dio nella casa di Anna e Gioacchino, i genitori di Maria.
Dio non si arrende di fronte al male ed è capace sempre di operare nuovi inizi!
Maria, donna della nostra stirpe, è nel Suo piano dall’eternità. Dio stesso ne ha annunciato la straordinaria missione fin da quando, di fronte al peccato dei progenitori, promise solennemente la salvezza: «Io porrò inimicizia tra te [Satana] e la donna, tra tua stirpe e la sua, ed essa ti schiaccerà il capo, e tu le insidierai il calcagno» (Gen 3,9-15.20).
Nell’Eden sconvolto dal peccato, Dio immediatamente ricuce i fili della comunione spezzata dal peccato e, con un nuovo inizio, prosegue la sua storia d’amore per l’umanità promettendo la vittoria attraverso questa donna che già in quel momento appare sull’orizzonte come colei che diventerà la madre del Verbo eterno, il Figlio del Padre che si farà uomo per salvare gli uomini!
L’immacolato concepimento di Maria, avvenuto tanti secoli dopo quella promessa, è dunque l’aurora della storia nuova.
Maria è la prima dei redenti. A lei Dio Padre applica anticipatamente meriti
della passione, morte e risurrezione di Cristo: mistero di grazia, di amore
gratuito, Mistero di incomparabile bellezza che le insidie di Satana ed i suoi
continui tentativi di seminare tragedie nella storia, non riescono a infrangere!
Ed ecco, nella pagina evangelica di Luca (Lc 1,26-38), il fatto in vista del
quale Dio preservò Maria dal peccato originale, la rese «piena di grazia» fin
dal primo istante della sua esistenza: l’incarnazione del Verbo eterno del
Padre che si fa uomo diventando figlio di Maria…
Dio bussa alla porta della casa di Nazaret, bussa al cuore di quella giovane donna – quindicenne, promessa sposa a Giuseppe – e le chiede il suo sì, la sua adesione ad un progetto immenso, inaudito, incredibile: vuoi diventare la madre di mio figlio?
Maria è turbata di fronte a quella presenza; la sua ragione interroga, pone delle domande… E’ una creatura umana, non un automa…! Riceve una risposta misteriosa – diventerai madre per opera dello Spirito Santo – ma il suo cuore si apre all’accoglienza e risponde con le commoventi parole che abbiamo ascoltato: «Ecce ancilla Domini, fiat mihi secundum verbum tuum»: Eccomi, sono a totale disposizione; avvenga di me quello che hai detto… E’ l’offerta di tutta se stessa, di ogni palpito del suo cuore, di ogni pensiero della sua mente, di ogni atomo del suo essere!
Tre volte al giorno la Chiesa ripete, nella preghiera dell’Angelus, queste parole di Maria facendo memoria del più sublime dei misteri: Dio che si fa uomo nell’istante in cui questa ragazza di Galilea spalanca la sua vita ad accoglierlo!
Che momento di grazia è quello in cui la nostra voce pronuncia queste parole, e il nostro cuore aderisce alla verità che contengono! Dobbiamo riprendere, se l’abbiamo smarrito, l’uso di questa preghiera nei tre momenti forti della giornata – il mattino; a mezzogiorno; e al giungere della sera – quando le campane suonano per ricordare il più grande avvenimento della storia. Dobbiamo riprendere, se l’abbiamo smarrito, l’uso di questa preghiera, almeno in uno di questi momenti della giornata… se non lo possiamo fare in tutti e tre (…ma, sinceramente, è così difficile farlo?).
L’Angelus è una preghiera brevissima, tanto cara al popolo cristiano che conserva la sua identità… Torni ad essere quel soffio, quel respiro, grazie al quale la nostra anima s’innalza a Dio nello scorrere delle ore, mentre il nostro cuore, spesso in subbuglio, si reca in pellegrinaggio spirituale a Nazaret, dove ha avuto inizio la più grande avventura della storia!
Recitandolo lungo la giornata, noi facciamo memoria di questa storia di cui, per grazia di Dio, siamo divenuti partecipi nel Battesimo. Il nostro cuore sarà pur in subbuglio nello scorrere delle ore e delle vicende della vita, ma noi sappiamo di essere dentro a questa storia sublime, sappiamo che le vicende, le fatiche, il dolore, le gioie che proviamo sono abitati dalla Grazia del Signore, dal suo amore indefettibilmente fedele! Dentro alla nostra vita quotidiana, intrecciato con essa, c’è il mistero di Nazaret, c’è l’inizio della nuova storia, c’è l’incarnazione, la passione, morte e risurrezione del Figlio di Dio divenuto uomo per la nostra salvezza! Come vivere senza ricordare che questo è il fondamento, il centro della nostra vita?
Il Male – che non è qualcosa di astratto, ma un essere angelico divenuto perverso: Satana, il Demonio –, il Male che c’è – e che non è una fiaba o una simbolica rappresentazione della fragilità umana – come aveva insidiato e fatto cadere il primo uomo e la prima donna, così continua lungo la storia il suo intento diabolico, per una misteriosa permissione di Dio. Non potendo nulla contro il Creatore, tenta di spezzare la comunione delle creature con Dio, illudendole, come aveva fatto con Adamo ed Eva, di poter diventare grandi in opposizione a Dio anziché nell’obbedienza amorosa e nella comunione con Lui…
Ideologie utopistiche negli ultimi secoli hanno disastrosamente segnato la storia proclamando che il Male non c’è e che basta una buona organizzazione sociale tra gli uomini per far trionfare la pace e l’armonia, per creare il paradiso in terra… Menzogne colossali venute anch’esse da Satana, come dimostrano gli esiti insanguinati di regimi che, proclamando i più alti valori dell’uomo, distruggevano in ecatombe, anche fisicamente, milioni di esseri umani.
Sul nostro orizzonte però risplende Gesù Cristo il Vincitore, e con lui risplende la prima dei redenti, Maria Immacolata, come segno di sicura speranza e di consolazione.
A lei, splendente di luce incomparabile noi diciamo, nel giorno della sua festa:
Donna pensata da Dio ed amata di pura predilezione, annunciata nell’Eden sconvolto, concepita immacolata nel grembo di Anna, prima dei redenti e inizio della storia nuova, stringici al Tuo cuore di Madre.
Ave, piena di grazia, meraviglia del creato, Madre di Dio e dei salvati! Prega
per noi peccatori, adesso e nell’ora della nostra morte. Amen.
Autore: Mons. Edoardo Aldo Cerrato CO
Diego Vélasquez (1599–1660). L’Immaculée
Conception, entre 1618 et 1620, 142 x 98, Fondation
Focus-Abengoa
SINTESI STORICA
L'8 dicembre la Chiesa universale è in festa perché celebra la solennità più
popolare e più antica in onore della Vergine Maria, venerata da tutti come
l’Immacolata Concezione.
Il motivo di tanta gioia: è
una verità meno storica che teologica.
La sua spiegazione è più teologica che biblica, perché legata alla predestinazione del Cristo, suo figlio venturo. Il riferimento biblico è più indiretto che diretto, pertanto, anche la sua storia è particolare. La si può dividere in tre periodi: nel primo è intuita con fede e devozione in Oriente (VI-IX sec.); nel secondo è spiegata teologicamente in Occidente (XI-XIV sec.); e nel terzo è maturata e definita da papa Pio IX, che coronava così un lungo cammino di fede devozione e scienza con la bolla Ineffabilis Deus dell’8 dicembre 1854.
La ragione teologica è stata proposta e consegnata alla storia dal francescano Giovanni Duns Scoto all’inizio del 1307, quando, alla Sorbona di Parigi, difese il privilegio mariano facendolo scaturire strettamente dal Primato assoluto di Cristo, come naturale suo fondamento e come sua massima espressione di bellezza. E l’uomo del terzo millennio, se resta fedele a tale interpretazione cristocentrica, potrà goderlo come erede e fruitore incantato meravigliato e grato di questo Capolavoro di Cristo, come, a sua volta, Cristo è Capolavoro di Dio.
Anche nell’evoluzione storico-teologica del meraviglioso privilegio mariano si
possono distinguere tre momenti: preistoria storia e metastoria. Il primo
momento rimanda al disegno divino rivelato, specialmente da Paolo (Ef 1,
3-6) e già anticipato nel protovangelo (Gn 2, 18; 3, 15); il secondo momento
abbraccia invece tutta l’avventura storico-sacra, che ha, nella pienezza del
tempo (Gal 4, 4), il suo inizio, e sul Calvario, il suo completamento (Gv 19,
26-27); il terzo momento, infine, rappresenta, con l’Assunzione, il godimento
beato della gloria di Dio nei cieli.
1. Fase
storico-liturgica
L’idea della massima perfezione di Maria Vergine appartiene tecnicamente al secondo momento storico della continuità esistenziale di Cristo nella sua Chiesa, attraverso i suoi fedeli. La sua definitiva definizione, perciò, ha alle spalle ben XIX secoli di storia! Cronologicamente, le prime affermazioni generali in suo onore appaiono indirettamente in Oriente nel secolo II nel Protovangelo di Giacomo, che parla del parto speciale di Anna: il concepimento e la nascita di Maria. Al di là di ogni considerazione tecnica, il racconto apocrifo contiene anche delle implicite istanze teologiche in ordine alla santità di Maria, ma non in ordine alla “concezione verginale”; anzi quando nel IV sec., si comincia a diffondere per devozione l’espressione “concezione verginale”, si alzano le prime proteste, come quella di Epifanio, che respinge con decisione tale possibilità in Anna.
E pur quando, nel VII sec., si comincia a usare il termine “immacolata” in riferimento alla Vergine Maria, come per es., con papa Onorio I, che scrive al Patriarca Sergio di Costantinopoli: «Cristo, concepito senza peccato dallo Spirito Santo, è pure nato senza peccato dalla santa e immacolata Vergine Madre di Dio»; o con il Sinodo Lateranense del 649, che al canone 3 recita: «Sia condannato chiunque non professi secondo i Santi Padri propriamente e in verità Maria, Madre di Dio, santa e sempre Vergine e Immacolata»; tuttavia il senso del termine “immacolata” resta sempre di carattere più spirituale-mistico che teologico.
2. Difficoltà teologica
In Occidente, la celebrazione liturgica della festa dell'Immacolata Concezione di Maria, all'8 dicembre, è documentabile in Inghilterra nel secolo XI, ma trovò una certa resistenza nei teologi. L’avversione non riguardava certamente la Madonna in sé e per sé, che veniva venerata sempre come la più sublime delle creature in grazia e bellezza, ma la salvaguardia della dottrina universale della Redenzione di Cristo: “tutti peccarono e tutti attendono la gloria di Dio… tutti peccarono in Adamo” (Rm 3, 23; 5, 17). Di conseguenza, se Maria fosse stata “concepita immacolata”, non avrebbe avuto bisogno della Redenzione, e così la Redenzione non sarebbe stata più universale, contraddicendo i testi sacri.
Comunque, è bene precisare ancora. La liturgia della festa dell’Immacolata celebrava la “nascita” immacolata di Maria e non il suo “concepimento” immacolato, ossia riguardava più l’aspetto spirituale o di santità, che quello teologico. Come a dire: Maria, concepita come tutte le creature nel peccato originale, sarebbe stata poi purificata dal peccato dalla grazia dello Spirito Santo, e nata santa, come anche Giovanni Battista.
Nonostante tutto, la festa liturgica si diffonde celermente in Occidente, prima in Francia e poi in Italia e così nel resto del continente. All’Università di Parigi, per esempio, gli studenti della Normandia la scelgono come festa patronale o dei normanni; anche i canonici di Lione l’accolsero di buon grado nel 1140, benché ben presto ricevettero un aspro rimprovero da parte dell’abate Bernardo di Chiaravalle, che si meravigliava come mai si siano “trovati dei canonici che vogliono oscurare lo splendore della chiesa di Lione con l’introduzione di una festa che la Chiesa ignora, che la ragione disapprova e che la tradizione non raccomanda” (Epistola 174, n. 1).
Che la Chiesa di Roma non ancora celebrasse la festa della Concezione di Maria è documentato anche da Tommaso d’Aquino: “La Chiesa romana, benché non celebri la Concezione della beata Vergine Maria, tuttavia tollera la consuetudine di quelle chiese che la celebrano” (ST, III, q. 27, a. 2, ad 3). L’Ordine francescano, invece, decide, nel Capitolo generale di Pisa del 1263, di celebrarla in tutte le chiese francescane, senza con questo modificare il valore della stessa festa. Tutti i Teologi dell’Università di Parigi, infatti, erano contrari a tale festa meno per motivi dottrinali che spirituali, tanto da costituire una specie di “roccaforte dei macolisti”. Nell’Università di Oxford, al contrario, alcuni Maestri francescani cominciarono ad aprirsi anche al suo valore teologico, formando le basi per l’ipotesi degli “immacolisti”, pur non avendo ancora trovato delle ragioni apodittiche per affermarla.
3. Soluzione di Giovanni Duns Scoto
Tra la fine del XIII secolo e l’inizio del XIV secolo, nel 1307, la questione dell’Immacolata Concezione di Maria registra alcune novità importanti, dovute al francescano Giovanni Duns Scoto, che la considera non più in sé, ma nel contesto più ampio e specifico del Primato cosmico di Cristo, ossia nella teoria del cristocentrico ontologico, che ha il suo punto di forza nella “predestinazione assoluta” di Cristo-Uomo, da cui fa scaturire come corollario anche la “predestinazione di Maria” nell’unico e medesimo decreto divino.
Con questo fondamento cristocentrico, Duns Scoto, nella specifica questione “Se la beata Vergine Maria sia stata concepita nel peccato originale” (Ordinatio, III, d. 3, q. 1: “Utrum beata Virgo concepta fuerit in peccato originali?”), imposta la sua soluzione intorno a tre argomenti specifici: possibilità in Dio di potere santificare nel primo istante; valore universale del peccato originale e valore universale della redenzione di Cristo; e preservazione dal peccato originale della Madre di Cristo.
La santificazione di Maria, da tutti affermata, precisa Duns Scoto può avvenire in tre modi: “post aliquod tempus in peccato”, nell’“unum istans temporis“ e nel “numquam temporis”. Escludendo le due prime ipotesi, ne accetta la terza, ossia la santità di Maria è fuori dal tempo e da sempre, cioè eterna, che significa: “Dio nel primo istante della creazione di Maria poté darle tanta grazia quanta ne dà a chiunque riceve la circoncisione o il battesimo”. In altre parole: il primo istante storico di Maria coincide con il primo istante della grazia. In questo modo, Duns Scoto si è assicurato la possibilità della “concezione immacolata”.
Circa l’universalità del peccato originale e della redenzione, Duns Scoto approfondisce il concetto della “redenzione universale” di Cristo, da tutti ugualmente affermata, introducendo la specifica novità del valore intensivo. In questo modo si assicura la possibilità di poter estendere il concetto di redenzione a tutti i gradi possibili, da quello estensivo a quello intensivo (o della “preservazione”). Da notare che il Maestro francescano afferma tale possibilità non per i meriti di Maria ex se, ma ex merito alterius, cioè di Cristo.
E infine, nel terzo argomento ancora intorno all’universalità della redenzione di Cristo, Duns Scoto utilizza lo stesso argomento degli avversari e lo ritorce contro di loro dicendo: “Proprio dall’universalità della redenzione di Cristo si argomenta che Maria non ha contratto il peccato originale, perché preservata”. E aggiunge: “E’ un bene maggiore preservare qualcuno dal male, che permettere che egli incorra nel male e poi liberarlo… Allora a Maria Vergine viene conferito un bene maggiore preservandola dalla colpa originale, che riconciliarla dopo averla contratta”. E ancora: “Maria più che mai ha avuto bisogno di Cristo redentore… anzi Maria ebbe massimamente bisogno del Redentore per non contrarre il peccato… E di più, Maria ebbe bisogno di un Mediatore che prevenisse il peccato per non doverlo mai subire o contrarre”. E conclude da onesto e umile saggio: “Quale di queste tre possibilità che ho mostrato si sia verificato in Maria, lo sa solo Dio. Ma se la mia soluzione non contrasta con l’autorità della Chiesa o quella della Scrittura, sembra giusto che si debba attribuire a Maria ciò che è più eccellente”.
4. Verso la definizione dogmatica
Da quanto esposto velocemente, si può notare che la soluzione di Duns Scoto è determinante nella storia del dogma. Difatti, già nel 1307, l’Università di Parigi decreta: “l’8 dicembre, Concezione della Santa Vergine Maria, non si legge in nessuna facoltà”; nel 1325, Giovanni XXII celebra “con insolita pomposità” la liturgia in onore della Vergine Immacolata, nella città di Avignone; Sisto IV negli anni 1480 approva l’“Ufficio e la messa in onore della Concezione Immacolata”, confermandolo solennemente nel 1483. E dopo alterne vicende, anche tragiche, e innumerevoli consultazioni di teologi, vescovi e cardinali, si giunge a identificare i cinque argomenti fondamentali su cui basare il dogma: la convenienza, la Scrittura, la Tradizione, la festa liturgica, il "sensus fidei". E di fronte a un così plebiscito universale della Chiesa tutta, Pio IX, l'8 dicembre del 1854, con la Bolla Ineffabilis Deus, così definisce: “dichiariamo, affermiamo e definiamo rivelata da Dio la dottrina che sostiene che la beatissima Vergine Maria fu preservata, per particolare grazia e privilegio di Dio onnipotente, in previsione dei meriti di Gesù Cristo Salvatore del genere umano, immune da ogni macchia di peccato originale fin dal primo istante del suo concepimento”.
5. Diversi anniversari
Nella preparazione del I centenario della proclamazione del dogma dell’Immacolata, Pio XII indice un Anno Mariano (dicembre 1953-dicembre 1954), già preceduto dalla solenne proclamazione, il 1 novembre 1950, del dogma dell’Assunzione della Beata Vergine Maria al cielo in anima e corpo, in cui le due verità mariane vengono messe in strettissima relazione: ”l’Immacolata Madre di Dio sempre vergine Maria - così recita la Costituzione apostolica Munificentissimus Deus - terminato il corso della vita terrena, fu assunta alla gloria celeste in anima e corpo”. E a conclusione delle celebrazioni centenarie, propone con più chiarezza le ragioni indirette presenti nella Scrittura, con l’enciclica Fulgens corona, dell’8 settembre 1953; in cui interpreta come una conferma da parte della Vergine, la sua auto definizione rivelata a Bernardetta: «Io sono l’Immacolata Concezione».
Anche Giovanni Paolo II, nel 150° anniversario della definizione dogmatica
dell’Immacolata Concezione di Maria Vergine, l’8 dicembre 2014, nella sua omelia,
ha voluto ricordare due cose importanti: la predestinazione di Maria è
strettamente legata alla predestinazione di Cristo, che viene espressa “con un
solo e medesimo decreto”; e Maria ha beneficiato in modo singolare dell’opera
di Cristo quale perfettissimo Mediatore e Redentore che ha redenta in modo
specialissimo sua Madre non permettendo al peccato di poterla toccare: difatti
è più perfetta la redenzione preventiva di quella post peccato.
La conoscenza della storia contribuisce a celebrare meglio il mistero della
fede.
Autore: P. Giovanni Lauriola ofm
José Claudio Antolinez (–1675). Inmaculada Concepción , vers 1670, 188 x 153, Bowes Museum
Che cosa vuol dire Immacolata Concezione?
Vuol dire che la Vergine Maria, pur essendo stata concepita dai suoi genitori
(sant’Anna e san Gioacchino) così come vengono concepite tutte le creature
umane, non è mai stata toccata dal peccato originale fin dal primo istante del
suo concepimento.
Perché la Vergine Maria è stata concepita immacolatamente?
La risposta sta nel fatto che la Vergine Maria non solo avrebbe dovuto
concepire il Verbo incarnato e quindi portare con sé, nel Suo Grembo, il Dio
fattosi uomo; ma anche perché avrebbe dovuto dare al Verbo incarnato la natura
umana. Il catechismo afferma che Gesù Cristo è vero Dio ma anche vero uomo,
nell’unico soggetto che è divino. Si tratta dell’unione ipostatica.
Ebbene, non si può pensare che Dio, somma perfezione e somma purezza, possa
aver ricevuto la natura umana da una creatura toccata –anche se brevemente –
dal peccato e, quindi, in quanto tale, soggetta in qualche modo all’azione del
Maligno.
In che parte del Vangelo si può facilmente dedurre che la Vergine Maria è
Immacolata?
Nell’Annunciazione l’Angelo saluta Maria con l’appellativo “Piena di Grazia”.
Tali parole fanno chiaramente capire che non si tratta semplicemente di un saluto
rivolto a chi è nello stato di Grazia, ma a chi è totalmente pieno della Vita
di Dio, totalmente pieno di questa Vita perché costitutivamente immacolato.
Chi ha promulgato il dogma dell’Immacolata Concezione?
Il dogma fu promulgato nella Cappella Sistina dal beato Pio IX l’8 dicembre
1854. Il Pontefice, durante il suo esilio in Gaeta (1849-1851) – dovuto alla
Rivoluzione mazziniana che nel 1848-1849 aveva portato alla costituzione della
Seconda Repubblica Romana, per sua natura massonica e anticristiana – aveva
fatto voto in una cappella dedicata all’Immacolata che, qualora avesse ricevuto
la grazia del ritorno a Roma e del ripristino dell’ordine cristiano nell’Europa
allora sconvolta dalla Rivoluzione, avrebbe appunto impegnato tutto se stesso
nell’attuazione della proclamazione del gran dogma mariano. Come Pio IX ebbe
poi a dire, sentì tale esigenza come una chiamata interiore, che ricevette
mentre era assorto in preghiera dinanzi all’immagine dell’Immacolata.
Perché si attese il XIX secolo per promulgare tale dogma?
Primo: perché il dogma dell’Immacolata Concezione è un dogma di approfondimento
della Rivelazione (approfondimento vuol dire che è comunque contenuto
implicitamente nella Rivelazione) per cui era naturale che tale approfondimento
avvenisse nel corso della storia.
Secondo: perché tale dogma fu una risposta all’influenza illuminista (prima) e positivista (poi) che affermavano una sorta di “immacolata concezione” dell’uomo. Si tratta del mito del buon selvaggio secondo cui l’uomo sarebbe in natura buono ma poi verrebbe rovinato dalle strutture sociali. La conseguenza di questa errata antropologia era il ritenere che la soluzione di ogni male non stesse prima di tutto nella conversione del cuore dell’uomo ma solo nella teorizzazione di ideologie rivoluzionarie e utopiche atte a realizzare una sorta di “paradiso sulla terra”.
Ebbene, il dogma dell’Immacolata Concezione nel 1854 e la sua conferma venuta dall’Alto che si avrà quattro anni dopo a Lourdes (La Vergine si presentò a Bernadette con queste testuali parole: “Io sono l’Immacolata Concezione”), furono una risposta cattolica a questo errore. Se la Vergine Maria è stata concepita immacolatamente vuol dire che tutti gli altri uomini nascono macchiati dal peccato. E la salvezza non ci viene dalla scienza o dal progresso, ma solo dalla grazia divina e dalla nostra adesione – di fede e di opere – alla Redenzione di Cristo.
Occorre aggiungere anche che il fatto che si sia atteso tanto tempo prima di promulgare il dogma, è fattore ulteriormente accertativo della validità della decisione di Pio IX, in quanto fu frutto di secolari discussioni teologiche, che, pur basate su iniziali posizioni distanti, portarono però alla scoperta della verità sulla materia del dogma.
Inoltre, un altro fattore decisivo, era costituito dal fatto che ormai già da
secoli, ovunque nella cattolicità, si venerava Maria anche sotto il titolo di
Immacolata, e centinaia erano le cappelle già consacrate al suo immenso
privilegio. Proprio in una di queste, come detto, il beato Pio IX ebbe la
suggestione di giungere alla grande epocale decisione del dogma.
Autori: Corrado Gnerre e
Massimo Viglione
Alonso del Arco (1635–1704). Inmaculada
Concepción , vers 1680, 165 X 125, Villanubla, Valladolid, iglesia parroquial
« Ave o Maria, piena di grazia, il Signore è con te. Tu sei benedetta fra le
donne ». Queste parole dell’Angelo, rivolte a quest’umile verginella di Nazaret
risuonano nella storia, nella nostra vita, soprattutto hanno scolpito la nostra
identità di uomini.
« Ave o Maria »: possiamo dire che in questo saluto angelico rivolto ad una donna c’è il saluto che compendia l’inizio del mondo e della vita vera. L’inizio del mondo, perché? Con quel saluto, l’Angelo annunciava a Maria che in Lei vi era tutta la pienezza di Dio, la riconosceva piena di grazia. Con la risposta di Maria: «Ecco: sono la serva del Signore. Fiat, sia fatto di me come tu stai dicendo», in quel momento, si compiva il disegno eterno di Dio, Dio si incarnava in Lei, Dio diventava uomo in Lei e così poteva ricreare quel mondo creato ma abbrutito dal peccato, dalla disobbedienza nostra.
In Maria, Dio crea un nuovo mondo; in Maria Dio crea il mondo, lo ricrea. Diceva sant’Anselmo d’Aosta che Maria è la Madre della ri-creazione, di questo mondo ricreato, fatto bello, fatto puro, fatto santo, il mondo nuovo, il mondo di Dio. Maria è il mondo di Dio, il Paradiso di Dio. Maria, con questo saluto angelico, si professa la schiava, la serva, ma per mezzo della sua risposta all’Angelo, del suo Sì, permette a Dio che diventi uomo, dunque che Dio entri nel mondo, che Dio venga in mezzo a noi.
Maria la celebriamo tutta santa, tutta Immacolata: è il Giardino nuovo, il Grembo della Nuova Alleanza che accoglie il Verbo e in Lui accoglie tutti i figli di Dio, che diventeranno figli in quel Figlio, nel Figlio che Lei genera, dandoGli la natura di uomo, a Colui che era sempre Dio e che rimane Dio per sempre.
Maria, dunque, è l’inizio di questo mondo bello, di questo mondo rinnovato. Potremmo dire, in modo molto semplice, che la nuova creazione, quella promessa da Dio alla fine dei tempi, quei cieli nuovi, quella terra nuova, già sono presenti, già sono creati da Dio in questa creatura immacolata, senza macchia di peccato. Quella creazione nuova che inizia con la ri-creazione del mondo, per mezzo dell’Incarnazione, è già fatta da Dio, è già esistente, la si può già vedere in questa creatura tutta di Dio. Perciò Maria è il mondo di Dio, è il mondo della creazione bella, pura, santa, così come è uscita dalle mani di Dio.
Ecco cosa significa Immacolata Concezione. Forse oggi, in un mondo che vede la libertà come la capacità di fare il male – sono libero, secondo molti, quando sono capace di commettere il peccato –, questa parola non significa più niente: Immacolata Concezione sembra una parola vuota. Eppure, senza l’Immacolata noi non potremmo sospirare, così come facciamo, a questo mondo nuovo, a questo mondo bello, a questo mondo della bellezza. Immacolata Concezione significa che Dio in Lei ha fatto sì che mai potesse esserci la benché minima macchia di peccato. Per uno speciale privilegio della grazia, Dio ha preservato la sua Madre dal contagio della colpa originale: singulari privilegio dirà il beato Pio IX quando definirà l’Immacolata Concezione. Singulari privilegio in vista dei meriti di Cristo, dei meriti della Redenzione. Cristo ha salvato, ha redento la sua Madre in modo unico, facendo sì che mai cadesse in peccato, che non venisse contaminata dall’ombra, dalla macchia, dalla sporcizia del peccato. Perché? Perché quella Donna, quella Madre, quella Vergine doveva essere la Madre di Cristo, la Madre del Verbo Incarnato, la Madre di Dio e dunque la Madre nostra.
Immacolata Concezione significa perciò che in Lei non c’è alcun legame con il peccato, nessun legame con la falsa libertà, con quella concupiscenza che ci rende in fondo schiavi di noi stessi, delle nostre passioni disordinate, dei nostri modi di cercare noi stessi e quello che ci fa piacere, quello che ci procura semplicemente una soddisfazione, molto spesso egoistica. Il peccato è la scelta, in fondo, dell’egoismo, è una scelta egoistica, è un abuso della libertà, è una falsa libertà e lo si vede negli effetti tristi che rovinano e che sporcano la nostra anima, fatta bella però da Dio, creata bella e in vista dell’eterna bellezza. Nell’Immacolata tutto questo non c’è, per un singolare privilegio della grazia, perché Dio, in Lei, manifestasse la bellezza incontaminata della creazione uscita dalle sue mani, della creazione che Lui aveva voluto e che in realtà ha fatto. Dunque, Maria è stata predestinata, insieme con il Figlio, dall’eternità “santa e immacolata nella carità”. Ne è testimone la Lettera agli Efesini, che si legge in questa solennità: «Dio ci ha scelti per essere santi e immacolati di fronte a Lui nella carità» (Ef 1,4). Questa santità e questa immacolatezza che si applicano a tutti i figli di Dio, redenti nel Figlio, queste qualità cioè, sono state donate in modo unico, in modo singolare a Colei che è la Madre di Cristo, a Colei che è stata scelta anche quale Madre nostra.
Nella Madonna noi contempliamo questa bellezza di Dio, questa creazione nuova, ma allo stesso tempo possiamo vedere anche la Chiesa nuova, quella Chiesa che tutti noi sospiriamo; quella Chiesa libera dal compromesso del peccato, libera dai quei difetti umani che rovinano questo volto bello; quella Chiesa che noi vorremmo, quella Chiesa contro cui, in effetti, ci scagliamo quando vediamo i cattivi esempi di uomini ma non della Chiesa. La Chiesa è santa e immacolata, senza ruga, tutta santa, e Maria è la Madre della Chiesa. Maria è il modello della Chiesa; è quello che la Chiesa sarà nella pienezza dei tempi, è quello che la Chiesa è chiamata ad essere, è quello che noi, che siamo membra di questa Chiesa, siamo chiamati ad essere. Dunque, le promesse di Dio di una creazione nuova, di una Chiesa che entra nell’eternità senza macchia, senza compromesso col peccato c’è già: questa Chiesa è una Donna, questa Chiesa è una Madre, questa Chiesa è una Vergine, questa Chiesa è una Figlia, questa Chiesa è Maria.
La nostra fede in Dio e nella verità dell’Immacolata Concezione, il nostro credere che Maria è la Madre di Dio, è la nostra Madre Immacolata, non è secondario per la fede di un cristiano. La devozione alla Madonna non è qualcosa da relegare a una pietà più o meno marcata del fedele. La devozione alla Madonna che si innesta nella fede in Dio onnipotente che l’ha resa Immacolata, è necessaria, è il cuore della nostra identità cattolica. Credere in Dio che ha arricchito la sua Madre di queste prerogative uniche, e amare questa Madre che è già quello che noi dovremmo essere, che è già la Chiesa nella sua pienezza, è necessario, per rimanere nella Fede della Chiesa, per rimanere fedeli alla nostra identità cattolica. La Madonna, nell’impianto, se possiamo dire così, della Fede, è quella chiave di volta che tiene insieme tutte le verità, perché è una Madre che genera con il suo grembo i figli, che ha fatto il Figlio e che genera i figli di Dio. La Madonna, le verità che riguardano la Madonna e pertanto l’amore alla Madonna, ci fanno tenere la nostra attenzione su tutte le verità della fede, soprattutto della Chiesa in quanto tale. La devozione alla Madonna ci previene da quella tentazione di dire: «Cristo sì, ma la Chiesa non mi piace. Questa Chiesa non la voglio. Questa Chiesa così come è fatta non è la Chiesa di Cristo, dunque la scarto».
La devozione alla Madonna, l’amore alla Madonna ci previene da quella tentazione, sempre ricorrente nel popolo di Dio, di abbandonare i Sacramenti, di abbandonare la Confessione, di abbandonare l’amore a Gesù Eucaristia, di abbandonare l’adorazione a Gesù Eucaristia. Quando c’è un vero amore a Maria c’è la pratica sacramentale costante della Confessione, dell’Adorazione eucaristica, della fede viva nel popolo di Dio. Dove c’è anche una tradizione mariana, che si alimenta attraverso una pietà popolare, che può essere una processione mariana, una novena mariana, il santo Rosario, lì la fede diventa salda, lì la fede scende nella vita del popolo di Dio. Dove c’è la Madonna, lì c’è Gesù. In altri termini: dove c’è l’amore alla Madonna, lì c’è la verità di Cristo e della Chiesa, dei pastori e dei fedeli che in unità costituiscono l’unico popolo di Dio.
Per contro, dove non c’è la Madonna, dove non c’è questa fede in Dio e questa fede nelle verità mariane e una devozione vera alla Madonna, lì pian piano viene a mancare l’identità cattolica della Chiesa. Questo è già successo diverse volte. Quando si respinge la Madonna, la si ritiene qualcosa di superato, una devozioncella per vecchine che non hanno molto da fare, la fede s’illanguidisce, la fede diventa puro soggettivismo: credo quando mi sento di credere, vado a Messa quando me la sento, mi confesso forse a Natale. La fede perde quell’identità, perde quel calore che solo una Madre può dare, perché è la madre che genera la vita, che dà la vita al figlio, lo assiste, lo educa, lo segue nella sua crescita, lo guida. Una Chiesa senza una Madre diventa ben presto una Chiesa senza un cuore, una Chiesa senza un’identità, una Chiesa senza una forma, una Chiesa difforme che diviene facilmente un’altra cosa. Una Chiesa che non sa più generare. Non più la Chiesa che Cristo ha costituito, quella Chiesa che è già ben salda a Pentecoste dove ci sono i Dodici, dove c’è Pietro, la pietra della Chiesa, e i Dodici, che sono radunati attorno a Maria, sono alla scuola di Maria e Maria è la Madre e la Maestra di questa Chiesa.
L’Immacolata Concezione di Maria è quella verità che ci fa guardare all’identità della nostra fede, all’identità cristiana, all’identità cattolica. L’Immacolata è quel giardino di Dio purissimo che tiene salde in unità le verità della Fede e la nostra identità.
Ecco allora il segreto: dobbiamo amare la Madonna, dobbiamo venerare la Madonna. Da questo amore, da questa venerazione dipenderà la nostra esistenza cristiana, il nostro essere Chiesa in questo tempo, in questo momento. Purtroppo, un abbandono progressivo della Madonna, generato da un abbandono dello studio sistematico della Madonna, ha generato una Chiesa per tanti versi senza una forma, una Chiesa che ha smarrito la sua identità. Questo ci deve far riflettere attentamente e ci deve spingere a non essere superficiali, a non essere frettolosi nel liberarci di Maria per fare spazio a cose più nutrite, alle cose più importanti, liberarci di quello che noi riteniamo superfluo, secondario, quale la devozione alla Madonna, la recita del santo Rosario, la Consacrazione alla Madonna. Consacrazione sì, non basta solo affidamento. Bisogna consacrarsi alla Madonna, così come si è fatto sempre nella Chiesa, sin dai primi secoli.
Non siamo più superficiali perché questa superficialità ha portato la Chiesa, in tanti suoi membri, in uno stato di smarrimento, di smarrimento della fede, nelle secche di una Chiesa che ormai è diventata una semplice assemblea, ma non più quel Mistero di Fede creduto e vissuto. Non siamo più superficiali! Guardiamo alla fede dei nostri Padri, alla fede che ha plasmato la nostra cultura e la nostra identità. A Firenze, ad esempio, l’anno sociale iniziava il giorno dell’Annunciazione, quando l’Angelo disse: «Ave gratia plena». Concludendo, possiamo dire che l’Immacolata Concezione di Maria ci spinge tutti ad andare con fiducia a Maria, ad avvicinarci a Lei con fede, con amore e a mettere la nostra vita nelle sue mani, a consacrare la nostra vita a Lei, perché dov’è Maria, lì è Gesù, dov’è Gesù lì è Maria.
Autore: Padre Serafino M. Lanzetta FI
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/20600
Voir aussi : http://www.mariedenazareth.com/15324.0.html?&L=0
http://fr.be.opusdei.org/art.php?p=11427
Gallery of the Immaculate
Conception : http://www.catholictradition.org/Mary/gallery6.htm
Inmaculada Concepción en la Pintura : http://elmiradorespagnol.free.fr/inmaculada/