L'autel dédié à Elisabethen dans la collégiale
Saint Florin du monastère de Schönau.
Au centre de l'image, on peut apercevoir le
reliquaire contenant les reliques de Sainte Elisabeth de Schönau.
Altar
of St. Elisabeth of Schönau (with the reliquary in which Elisabeth's skull is
kept) in the monastery church of St. Florin, Kloster Schönau im Taunus
Altar
der Heiligen Elisabeth von Schönau (mit dem Reliquiar in dem Schädeldecke
Elisabeths aufbewahrt wird) in der Klosterkirche Sankt Florin, Kloster Schönau
im Taunus
Sainte Elisabeth de
Schönau
Visionnaire
allemande (+ 1164)
Moniale, elle s'efforça
d'être aussi fidèle à sa vocation de prière que sa santé fragile le lui
permettait. Elle était liée d'amitié avec sainte Hildegarde qui
venait la visiter. On lui attribue à tort une vie légendaire de sainte Ursule.
Par contre nous avons quinze lettres authentiques, dont une à sainte
Hildegarde. Elle y parle des extases dont Dieu lui fait la grâce.
À Schönau en Rhénanie,
l’an 1164, sainte Élisabeth, vierge moniale. Entrée au monastère à l’âge de
douze ans, elle s’efforça, malgré sa santé délicate, d’observer exactement la
Règle. Affligée de douloureuses peines intérieures, elle fut aussi comblée de
faveurs mystiques.
Martyrologe romain
SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1341/Sainte-Elisabeth-de-Sch%F6nau.html
Kleaster
Schönau, Strüth, relykkast mei plasse fan Elisabeth fan Schönau
ÉLISABETH DE SCHÖNAU
Religieuse, Mystique, Sainte
1129-1164
Élisabeth de Schönau, en
allemand Elisabeth von Schönau, naquit en 1129 près de Cologne.
Elisabeth entre comme
oblate au monastère bénédictin de Schönau où elle prononce ses vœux à 17 ans. À
partir de l'âge de 23 ans elle est en proie à des extases et des visions qui
font alors partie de la conception du monde et sont authentifiées par son abbé.
En 1155, son frère
Egbert, connu pour son engagement contre les cathares, la rejoint à Schönau et
transcrit ses visions en latin. Egbert incite Elisabeth à demander à l'ange qui
lui apparaît des précisions sur certaines questions litigieuses. Ainsi Elisabeth
a plusieurs visions attestant la réalité de la transsubstantiation, point
sensible dans la lutte contre les cathares. Sa description du martyre des
vierges de Cologne est clairement une vision sur commande : des
ossements trouvés à Cologne pouvaient ainsi servir de reliques.
Les opinions divergent
quant aux visions et révélations d'Elisabeth. L'Église ne s'est jamais
prononcée à leur sujet et ne les à même jamais examinées. Elizabeth elle-même
était convaincue de leur caractère surnaturel, comme elle dit dans une lettre à
sainte Hildegarde, avec laquelle elle était liée d'amitié, et qui venait la
visiter. Quinze lettres authentiques, dont une à Hildegarde sont parvenues
jusqu'à nous. Elle y parle des extases dont Dieu lui fait la grâce.
Elle est morte le 19 juin
1164 au monastère de Schönau im Taunus, dans les environs de Strüth en
Rhénanie-Palatinat.
Ses œuvres, écrites entre
1152 et 1157, sont à son époque beaucoup plus connues que celles de son aînée,
Hildegarde de Bingen (dix fois plus de manuscrits nous sont parvenus
d'Elisabeth que d’Hildegarde).
Lorsque ses écrits furent
publiés après sa mort, le qualificatif « sainte » fut ajouté à son
nom, bien qu'elle n'ait jamais été formellement canonisée. En 1584, son nom fut
inscrit dans le martyrologe romain, et il y figure toujours.
Œuvres :
Livres de visions I-III
Livre des voies divines
Livre du martyre des vierges de Cologne
Correspondance
SOURCE : http://nouvl.evangelisation.free.fr/elisabeth_de_schonau.htm
Elisabeth de
Schönau, Visions, traduction par Jean-Pierre Troadec
Julien Véronèse
Référence(s) :
Elisabeth de
Schönau, Visions, traduction par Jean-Pierre Troadec, avec une
introduction de Laurence Moulinier-Brogi, Paris, Cerf (« Sagesses
chrétiennes »), 2009, 198p. ISBN 978-2-204-08889-3.
Elisabeth de Schönau
(1129-1165) fait partie de ces femmes qui, à partir du XIIe siècle, durant
le « mâle Moyen Âge » cher à Georges Duby1,
parviennent à faire entendre leur voix. Moins connue que sa célèbre
contemporaine, Hildegarde de Bingen, car d’un niveau culturel moins élevé, elle
fait néanmoins partie des précurseurs de la floraison mystique ou extatique du
XIIe siècle et a laissé une œuvre assez conséquente : un Liber
viarum Dei (Livre des voies de Dieu) destiné aux clercs comme aux
laïcs ; des Revelationes de sacro exercitu virginum coloniensum
(Révélations sur l’armée sacrée des vierges de Cologne), qui diffuse l’histoire
de sainte Ursule ; et, enfin, un Liber visionum (Livre des visions),
divisé en trois livres traduits ici in extenso pour la première
fois en français et de très belle manière par Jean-Pierre Troadec2,
qui livre les révélations dont a bénéficié la sainte femme entre 1152 et 1156,
décrivant ainsi un parcours spirituel hors norme. Elisabeth, issue de la
noblesse rhénane, entrée à 12 ans au monastère, reçoit seule ses visions, au
prix de grandes souffrances ; mais son salut n’est pas seul en cause. Derrière
la sainte se tient toute une communauté de moniales et de moines bénédictins
recluse en prière et en dévotion, qui bénéficie elle aussi, de manière parfois
très concrète, des enseignements de la visionnaire sur la cour céleste,
l’assomption de la Vierge, la géographie de l’au-delà, le sort des âmes
(parfois celles de membres de la communauté) entre enfer, purgatoire et
paradis, sur la transformation eucharistique, la vertu des sacrements, etc. Sa
parole, potentiellement dangereuse, voire fausse – le démon, sous forme de
chien, de taureau, de chèvre ou d’un clerc distingué ne rôde-t-il pas au début
du livre I ? –, est elle-même médiatisée et encadrée – comme l’est plus
tardivement celle d’Angèle de Foligno – par un guide masculin, qui n’est autre
que son frère aîné Eckbert, présent au monastère de Schönau à partir de 1155,
ce qui donne une écriture à plusieurs voix : celle du narrateur (et en
même temps destinataire), Eckbert, audible notamment au début du livre I,
authentifiant et validant en quelque sorte une parole féminine sincère et
touchante par sa naïveté, à laquelle se rajoute parfois une strate de nature
épistolaire (cf. les deux lettres d’Elisabeth à Hildegarde dans le livre III).
Comme l’exprime très bien
Laurence Moulinier-Brogi dans sa belle introduction,
les Visions d’Elisabeth nous font avant tout « toucher du doigt
les singulières modalités de transmission d’un message » (p. 16). De fait,
la parole de la moniale ne va pas de soi, et c’est l’un des points
particulièrement intéressants de son livre. Elle est d’une part le prix de la
souffrance, d’un long chemin de croix menant à cette « lumière », à
cette « grâce », qui illumine le texte et la vie d’Elisabeth ;
les visions sont le fruit de l’ascèse, dont le menu n’est pas livré, mais dont
résulte l’affaiblissement physique continuel de la sainte, souvent plus morte
que vivante. C’est lorsque que son corps la lâche, ou qu’elle lâche son corps,
c’est selon, que les révélations frappent l’élue. À l’inverse d’Hildegarde,
Elisabeth se décrit souvent comme collapsa in extasim (p. 22), tombée
en extase ; une extase qui arrive et s’interrompt tout aussi brutalement,
et peut recommencer, au cours d’un même office, à plusieurs reprises, en
reprenant le « film » visionnaire à l’endroit où il s’était
interrompu. C’est ainsi qu’elle voit avec les yeux du cœur ou de l’esprit. Dans
le monde céleste, vécu et imaginé sur le mode de la montagne, du verger ou de
la cité, elle navigue seul initialement ; mais l’« ange du
Seigneur », assimilé à son ange gardien (p. 67, 86 et 99, auquel s’oppose
son « faux ange » p. 105), la guide bientôt et lui fait découvrir, en
les décryptant lorsque c’est nécessaire, les mystères et les secrets cachés au
commun en matière de dogmes et de sacrements. C’est ainsi qu’Elisabeth explique
par des images traduites en mots des vérités que la raison seule ne peut
explorer.
Cette parole, fruit d’une
élection divine, est d’autre part difficile à rapporter, du fait même qu’elle
dit l’indicible et dévoile ce qui normalement reste voilé. Et l’est d’autant
plus, au vu des tiers et de l’institution ecclésiastique, qu’elle a pour medium
une femme, potentiel « jouet de Satan » (p. 41). On retrouve ici, sur
un mode assez similaire, la dialectique entre révélation et occultation chère,
par exemple, aux textes de magie rituelle des XIIe-XVe siècles, qui se
prétendent eux aussi porteurs de révélations et d’enseignements divins3.
Vecteur d’une parole qui la dépasse (elle prononce au cours de ses extases des
mots latins qu’elle ne maîtrise pas, voire qu’elle ne connaît pas selon son
« confesseur » ; cf. par exemple p. 60), gardienne des
« secrets du Seigneur qui demeurent cachés aux yeux du commun des
mortels » (p. 39), Elisabeth, de peur qu’on ne lui prête de l’arrogance ou
de l’orgueil, dans un premier temps dissimule, même si ses comparses (notamment
sa supérieure) sont témoins de ses transports et les premières confidentes (p.
59). Mais la douleur qu’engendre ce silence est tel que la divulgation devient
vite une question de vie ou de mort, même si, y compris au cours du processus
de rédaction, elle ne peut encore tout dire, soit par ordre venu d’En-Haut (p.
76 : « Quand ma vision eut pris fin, je vis ma Dame qui se tenait
dans la clarté des cieux, et d’elle je reçus une certaine révélation dont je ne
veux pas encore dévoiler la teneur »), soit qu’elle craigne encore et
toujours la moquerie (p. 83 : « Presque tout ce qui s’était produit
familièrement sous mes yeux lors des fêtes des saints arriva encore au cours de
la seconde année, quelques visions nouvelles s’y ajoutant dont nous passerons
sous silence une grande partie à cause des incrédules » ; voir aussi
p. 104, où l’on apprend qu’elle garde sous son lit secrètement la partie de
l’ouvrage rédigé). Initialement incontrôlé et incontrôlable (p. 91 :
« Je demandai à voir la supérieure et commençai à lui dire en secret ce
que j’avais vu. Mais elle m’avoua avoir déjà tout entendu de ma propre
bouche »), le dévoilement de la parole divine apparaît comme maîtrisé par
le jeu de l’écrit, qui, même s’il ne peut tout retranscrire, dans un premier
temps au moins enraye la perte (p. 94 : « Quand il eut dit cela,
l’Ange s’éloigna. Je fis signe aux sœurs d’apporter des tablettes pour qu’elles
y consignent ces mots par écrit […] »). Si la tentation du secret et de
l’occultation reste toujours forte (ainsi p. 103, Elisabeth se rend-elle dans
un « lieu secret » pour prier), la moniale obéit in fine à
l’ordre de Dieu lorsqu’elle rend visible ce qu’elle seule connaît :
« L’ange arriva une fois encore et se tint devant moi en disant :
‘‘Pourquoi maintenez-vous l’or caché dans la boue ? [Mt 25, 25-26] Cet or
est la parole de Dieu qui est envoyée par votre bouche sur la terre, non pour
qu’elle soit cachée, mais pour qu’elle soit rendue manifeste pour la louange et
la gloire du Seigneur et pour le salut de son peuple » (p. 103-104 ;
voir aussi p. 122-123). À moins que derrière cet impératif il ne faille voir en
définitive que le désir de son frère, comme le laisse entendre le prologue du
livre I : « Alors qu’elle dissimulait beaucoup de choses aux curieux
qui la sollicitaient, tant elle craignait Dieu et avait l’esprit humble, elle
céda à ce frère qui s’affairait pour tout connaître, désireux qu’il était de
transmettre à la postérité ce qui était caché » (p. 40). Quoi qu’il en
soit, les visions et la parole singulière d’Elisabeth se tarissent au fur et à
mesure que le secret est levé et que l’œuvre s’écrit. Une fois que tout est
dit, que tout est écrit, reste encore au récit à être diffusé. Or, sur ce plan,
la postérité n’a pas été ingrate avec la moniale : le récit de ses
expériences a connu un succès immédiat comme de longue durée (plus de 150
manuscrits le conservent, dont 34 du XIIe siècle !), ce dont témoigne
aujourd’hui encore ce très beau livre.
Notes
1 Pour
une critique de la vision de Duby, cf. Amy Livingstone, « Pour une
révision du ‘mâle’ Moyen Âge de Georges Duby (États-Unis) », Clio, 8,
1998, disponible sur le site web de la revue.
2 À
partir de l’édition de référence de F. W. Roth, Die Visionen der heiligen
Elisabeth und die Schriften der Äbte Ekbert und Emecho von Schönau, Brünn,
1884.
3 J.-P.
Boudet et J. Véronèse, « Le secret dans la magie rituelle médiévale »,
dans Il Segreto, Micrologus, XIV (2006), p. 101-150.
Pour citer cet article
Référence électronique
Julien Véronèse,
« Elisabeth de Schönau, Visions, traduction par Jean-Pierre Troadec
», Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne],
2009, mis en ligne le 06 juillet 2010, consulté le 18 juin
2016. URL : http://crm.revues.org/11944
SOURCE : https://crm.revues.org/11944
Kleaster Schönau, Strüth, byld Elisabeth fan Schönau
Élisabeth de
Schönau, Visions
Trad. de Jean-Pierre
Troadec, introd. de Laurence Moulinier-Brogi. Paris, Éditions du Cerf, 2009,
199 p.
Daniel Vidal
Le plus souvent évoquée
dans l’ombre de Hildegarde de Bingen, sa contemporaine et
sa correspondante, sa confidente et, sur bien des points, son modèle,
Élisabeth de Schönau (1129-1165) n’était connue du public français qu’au travers
d’articles nominatifs des dictionnaires de spiritualité, ou des ouvrages
consacrés à des ensembles de mystiques féminines. La publication du manuscrit
intégral de ses «visions» comble aujourd’hui une lacune que n’eurent pas, au
moins, à déplorer les lecteurs anglophones ou germanophones. Il faut donc se
féliciter de la traduction que propose Jean-Pierre Troadec, et des
indispensables mises en contexte de Laurence Moulinier. Pour la première fois,
nous pouvons pénétrer dans l’alchimie singulière d’une expérience, d’une
écriture et d’une passion spirituelles au cœur d’un Moyen Âge rhénan propice à
tous les vertiges de la foi, et à son incandescence. En espérant que nous
pourrons bientôt avoir accès au Livre des voies de Dieu, qui devrait
ajouter de précieuses informations sur la spiritualité de cette moniale en tous
ses états.
De cette passion, qu’il
faut entendre en son sens de plus grand bouleversement de corps et d’esprit,
les visions d’Élisabeth témoignent à chaque temps d’extase, de tremblement, de
trouble. D’illumination. Le corps pâtit en effet, se meurt, s’éteint, et
demeure en souffrance. Et l’esprit, sa raison et son «âme», bascule au revers
du monde, ainsi qu’il en va en toute quête mystique, puisqu’en ce revers
seulement Dieu s’éprouve et se trouve. Le trait, on le voit, est le plus
partagé des expériences spirituelles qui satureront les siècles à venir. Mais
les visions et extases d’Élisabeth n’interviennent pas au hasard. Non qu’elles
ne la prennent au dépourvu – à strictement parler, la moniale est déjà au
désert d’elle-même, en dépossession de cet amour-propre que des générations de
spirituels ne cesseront de traquer au nom d’un amour pur. Mais elles scandent
avec une régularité surprenante, et qui ne laisse pas de poser question, le
calendrier des saints de chaque jour. Cela est remarquable tout au long des
trois «Livres», même si le premier en est le témoignage le plus net. Au fur et
à mesure que s’écrivent les «livres» suivants, si l’extase suit moins la
régularité quasi automatique des fêtes singulières, c’est pour affirmer des
points de doctrine qui définiront plus tard, dans l’histoire de l’Église,
quelques-uns des dogmes essentiels.
Mais demeurons un instant
dans cette conjonction du rite et de l’extase. Car s’il est une leçon majeure à
retenir de la lecture des Visions, qui ne se présente pas toujours en
telle évidence chez les mystiques qui viendront, c’est bien cette rencontre de
l’ordonnancement monotone des noms de saints, et l’effondrement de la sœur en
son extase. Tout se passe comme si l’institution des noms réclamait la
destitution de soi-même en tant que créature enfin réduite à son néant. Les
saints magnifiés ne seraient alors que l’occasion d’une mise en forme chaque
jour reconduite, et amplifiée, d’un discours projeté au-delà de la rhétorique
théologique, à partir d’un corps extatique, gisant au sol pour retourner à la
racine de l’ordre du sacré. Il y a dès lors chez Élisabeth, comme en tout autre
sujet en proie à l’effusion mystique, un doute fondamental: ces paroles
énoncées au plus près d’une injonction intime, sont-elles d’une créature en mal
de soi, et donc peut-être l’œuvre du diable, qui s’insinuerait dans l’esprit de
la religieuse pour en subvertir la vocation, ou bien la pure et divine diction
de Dieu, et le présent de sa parole? Ce trouble à même l’âme d’Élisabeth
accompagne toute révélation et toute inquiétude du corps. Et l’on comprend
alors que l’institution s’emploie, pour son plus grand bénéfice, à garantir la
légitimité de ces visions, toujours en risque d’habiliter un désordre profane,
et de n’être que paroles d’un monde déserté de son dieu. Mais cela ne suffit
pas à la pleine intelligence des visions d’Élisabeth. L’autorité de l’Église,
certes, est requise pour preuve de conformité avec les canons et les dogmes. Mais
ce que nous devons saisir, dans cette relation quotidienne de la fête des
saints et de l’extase visionnaire qui aussitôt se déploie, c’est qu’il ne
serait pas d’extase s’il n’était de rituel. Non pas que celui-ci soit condition
de celle-là – ainsi qu’il en irait du temple, que l’on pourrait dire, aussi
bien, condition du prophète en insoumission. Mais qu’un jeu complexe se met en
place, dans cette mise en scène du corps, et cette parole
illuminante/illuminée, entre la contrainte du rite et la contrainte du for
intérieur. Les visions et extases d’Élisabeth, en cet âge où la spiritualité
féminine se développe en couvents et monastères, qualifient un positionnement
du sujet en offrande et souffrance de soi, comme travaillant sur la frontière
même qui distingue l’ordre du sacré et l’acte de croire. Cet acte relève
toujours, bien entendu, de la relation au sacré, mais n’accomplit le rite, ou
n’accède à son ordre, et ne l’accepte, qu’en l’incorporant comme instance
désormais au centre de ce que l’on peut appeler l’âme, l’autre nom du for
intérieur. Les visions extatiques d’Élisabeth procèdent ainsi, au jour le jour,
d’un désir infini d’incarnation. D’où les blessures de chair, la déchéance du
corps, seules voies d’accès à l’excès de Dieu et ses saints.
Mais on voit que cette
inscription du sacré à même le corps en transe et extase de la moniale, risque
d’apparaître comme profanation, et sortie radicale du champ des conduites
«légitimes». L’Église ne peut être surprise, et mise en défaut, par des
pratiques spirituelles qu’elle ne contrôlerait pas. Attentive à démêler ce qui
relève de la parole d’Élisabeth, et ce qui relève de l’autorité ecclésiastique,
Laurence Moulinier rappelle qu’Eckbert, le frère de la religieuse, la rejoignit
au couvent des hommes en 1155, soit peu de temps après les premières visions.
Jusqu’à cette date, la sœur n’avait pas publiquement fait état de leur contenu,
et ce n’est que sous l’influence de son frère, et avec sa «collaboration», que
ces visions prirent «la forme d’une œuvre». Le terme qu’utilise
L. Moulinier est lourd de tous les soupçons d’authenticité. «Femme sous
influence», écrit-elle encore. Cela mérite que l’on s’arrête un instant sur
cette «collaboration». J’ai dit la fragilité de la frontière entre le rite et
sa profanation, entre l’ordre du sacré et l’ordre de l’extase corporelle. À
coup sûr, le frère travaille à lever toute équivoque, afin que soient reçues
comme d’exacte spiritualité les visions d’Élisabeth. Mais il opère infiniment
plus loin qu’à leur simple légitimation. Il en réécrit le texte, en reformule
les propositions, en rectifie sans doute les énoncés. L. Moulinier peut
ainsi noter que «la voix d’Élisabeth se fait donc entendre sous forme d’une
prosopopée insérée dans un récit dont le principal narrateur est son frère, et
le Liber visionum se présente comme un récit autobiographique inclus
dans un récit d’Eckbert; ce dernier y varie les points de vue». Bref: le moine
écrit, à proprement parler, «en l’absence de l’auteur», ainsi que l’on définit,
en rhétorique, la prosopopée. Il propose une figure de l’extatique selon un
modèle à vocation pérenne. Femme inculte, ignorant tout du latin, «n’ayant rien
appris des hommes», etc. Dès lors, que telle vision soit traversée de
références latines, ne peut tenir que du miracle. Ainsi se constitue, sous la
haute et impérative présence du frère, la figure canonique d’une extatique
assujettie à Dieu, et dont les paroles, dûment revisitées et réordonnées, font
retour immédiat vers l’Église, pour sa plus grande gloire. Doit-on récuser sans
autre forme de procès l’authenticité du texte? Non, bien entendu, pour autant
que l’on puisse continuer à entendre, derrière les reconstitutions d’Eckbert,
la voix intime d’Élisabeth. Mais il s’opère, dans l’écriture de la spiritualité
féminine, un rapport de forces constant, et que l’on retrouve tout au long de
l’histoire de la mystique, entre la femme qui écrit, ou dicte ses visions et
révélations, et l’injonction du directeur de conscience, ou de toute autre
autorité, qui infléchit l’écriture ou la parole féminines vers une stricte
conformité aux enjeux théologico-politiques.
Si l’on s’en tient à la
relation de la femme engagée en mystique, et de son scribe organisant sa
parole, le cas d’Élisabeth s’inscrit dans un modèle plus général. De nombreux
cas viennent en mémoire. Christine de Suède en ses Révélations, Hildegarde
de Bingen en ses Œuvres divines, avaient connu mêmes contraintes et
distorsions. Margery Kempe, dans les années 1430, n’échappera pas entièrement à
ces réécritures, plusieurs scribes sous sa dictée réaménageant grammaire et
syntaxe, et sans doute dictée première de son Livre. Traduite par Ernest
Hello, Angèle de Foligno est assignée à une mystique négative par explicitation
tendancieuse de sa pensée. Au début du xixe siècle, Anne-Catherine
Emmerick (1774-1824), visionnaire stigmatisée, dicte à Clemens Brentano, poète
du «second romantisme» allemand, ses révélations. Mais Brentano prend tant de
liberté avec les confidences de sa mystique, qu’il fonde un récit très éloigné
de la Passion que lui donnait à entendre Emmerick. Et celle-ci
s’insurgeait contre cette métamorphose de ses paroles, qui cependant nous
parviennent ainsi recomposées par le scribe-poète. Catherine, note son
traducteur en 2005, «n’a jamais écrit une seule ligne relative à son expérience
spirituelle». Cas extrême, sans doute, d’une écriture déplaçant à l’envi
l’expérience de la parole. Mais on sait aussi des appropriations de la voix, et
des écrits, de femmes mystiques, par des confesseurs qui en dévoient la
dimension novatrice. Lorsque paraît, en 1740, le Traité de l’abandon
à la providence divine, l’ouvrage est aussitôt attribué à Jean-Pierre Caussade,
dont la spiritualité se situe dans l’héritage de Surin, Guilloré, Henri-M.
Boudon. Les recherches récentes de Jacques Gagey permettent d’identifier
l’auteur: une femme, lorraine, laïque, cultivée, proche des Visitandines,
confidente puis protectrice de Caussade – curieuse inversion de paternité! Plus
encore: le titre véritable du texte princeps, Traité où l’on découvre
la vraie perfection du salut, n’oriente pas d’emblée le lecteur vers le thème
convenu de l’abandon, que Caussade avait prescrit comme catégorie centrale de
l’expérience mystique.
Si je rappelle, parmi
tant d’autres, ces quelques cas de «détournements» ou d’appropriation indue de
la parole féminine par tel spirituel, moine ou confesseur, c’est pour mieux
situer les visions d’Élisabeth dans un contexte de contrôle strict de ce qui
aurait pu paraître comme dérive insupportable des voix du corps et de l’esprit.
Ainsi peut-on dire qu’Eckbert, véritablement, instrumentalise les extases et
visions de sa très protégée sœur en amplifiant certaines de leurs occurrences.
N’oublions pas qu’Élisabeth, ainsi que le note Jean-Noël Vuarnet dans
ses Extases féminines, fut plus «visuelle» que «visionnaire»: le
«récit» d’Eckbert transforme ainsi en images entièrement investies de symboles,
les données brutes de la moniale, ses «choses vues». Et cette mutation,
décisive, gomme de l’«ex-tase» ce qui permet précisément à la femme d’écrire et
dire, en toute transgression d’interdit, cela que seule lui autorise sa
«sortie» d’elle-même, tout «genre» ainsi aboli. Laurence Moulinier: Eckbert
«fut bien plus qu’un secrétaire (...) Il fit office de directeur spirituel
d’Élisabeth, s’occupa activement de la diffusion de son message en le couchant
par écrit, et de toute évidence l’orienta, en donnant notamment aux visions de
sa sœur un caractère érudit et logique». Il est dès lors bien délicat de
distinguer, dans les visions de la moniale, ce qui relève de son propre dire,
et de la mise en récit du frère.
Deux thèmes cependant,
bien que résolument configurés par Eckbert, témoignent de l’expérience propre
de la religieuse, qui pouvaient être majorés, mais qui constituent, si l’on
peut dire le «noyau dur» de cette chaîne de visions. La vision mariale n’est
certes pas nouvelle, mais plus insistante, et problématique pour l’Église, la
vision de l’assomption «corporelle» de la Vierge, dont plusieurs extases
d’Élisabeth confirment l’importance. Six visions en témoignent, sur fond
d’inquiétude: «La Dame des cieux m’apparut (...) Je la sollicitai par ces mots:
“Ma Dame, s’il vous plaît, ayez la bonté de bien vouloir nous dire sans
ambiguïté si vous êtes montée au ciel en esprit seulement ou, au contraire, en
chair et en âme?” Je posai cette question dans la mesure où, comme on sait, ce
qu’on trouve dans les livres des Pères prête à équivoque...» La vision se
déploierait-elle comme tentative de réponse à une indécision initiale touchant
à quelque point non élucidé des Écritures et de leurs commentaires? Y aurait-il
vision, en sa qualité la plus «visuelle», s’il n’y avait cette incertitude en
amont, au cœur même de l’interprétation du Texte? Elle s’installe au centre
d’un paradoxe, ou d’une aporie, et dessine les contours d’une réponse. Ainsi de
l’assomption corporelle, dont la fête fut dès lors «inscrite au calendrier du
monastère de Schönau», rappelle L. Moulinier, avant que le dogme ne soit
«définitivement adopté» en... 1950. D’un réseau de visions en archipel, Eckbert
prend en charge cette défiance toujours possible à l’égard des gloses savantes,
et peut alors transformer en argument théologique la formule, novatrice
parce que fondée en désarroi.
D’autres visions ne
connaîtront pas telle destinée dans la dogmatique de l’Église. Du moins
participeront-elles d’un débat passionné concernant le Christ-homme en sa
féminité. En extase, Élisabeth voit Jean l’Évangéliste et, «comme on (lui) lui
avait recommandé de le faire», lui demande: «Seigneur, pourquoi l’humanité
du Seigneur sauveur m’a-t-elle été montrée sous la forme d’une vierge et non
pas sous la forme d’un homme?» Jean répond: «Dieu a voulu qu’il en fût ainsi
pour que la vision que vous avez eue se révélât avoir l’avantage de donner à
voir aussi sa sainte mère». Notons que la question de la moniale est
«recommandée», sans doute par Eckbert lui-même – signe d’une importance
capitale dans la pensée christique du Moyen Âge et l’institution ecclésiale.
Jean-Pierre Troadec note à juste titre que la «féminisation» du Christ, et son
image «virginale», thème central d’une passionnante réflexion séculaire, est
ainsi posée avec force par la visionnaire, qui a tâche ainsi d’intervenir dans
un débat aux enjeux considérables. Dont l’une des conséquences, et non des
moindres, est sans doute de basculer le culte christique en culte marial. Mais
il y a plus. Car s’établit alors une relation insoupçonnée entre la féminité du
Christ, et le statut de la visionnaire, qui ne peut se dire sa «fiancée» qu’en
se déprenant de sa féminité. J.-P. Troadec peut alors rappeler la thèse de la
psychanalyse, qu’exprime clairement Olivier Douville: «La mystique se fait
autre. Les mirages de l’identité se fracturent (...) Tant il est des femmes
mystiques qui s’éprouvèrent en tant qu’hommes. Hildegarde de Bingen et
Élisabeth de Schönau conçoivent leur itinéraire spirituel sous la nécessité de
se penser au masculin.». Se faire autre, en ce sens, signifie se faire homme.
L’interrogation de la visionnaire, dans le temps même où elle intervient au vif
d’une thématique concernant le principe féminin incarné par le Christ sous la
figure de la Vierge, pose ainsi la question de son propre statut de témoin.
En ce double jeu
d’Élisabeth, sachons lire ses visions comme quête institutionnellement
orientée, en même temps qu’affirmation d’une subjectivité capable d’en déborder
la raison. Telle paraît être, en ces extases singulières, l’une des leçons
essentielles de toute spiritualité. Certes, une illumination soudaine mais très
vite codifiée par les autorités d’Église – ainsi des avertissements
extatiques proférés contre les hérésies – on sait qu’Eckbert fut le
premier, rappelle L. Moulinier, «à nommer et à doter d’un contenu»
l’hérésie cathare. Mais, dans les paroles et les incertitudes d’un esprit en proie
à l’irruption de cet étrange remuement de l’être que compose la «scène
visuelle», l’assurance que l’extase peut être le plus court chemin pour aller
de soi-même à l’autre, et par cet autre, s’instituer sujet enfin accompli.
Pour citer cet article
Référence papier
Daniel Vidal,
« Élisabeth de Schönau, Visions », Archives de sciences sociales
des religions, 152 | 2010, 9-242.
Référence électronique
Daniel Vidal,
« Élisabeth de Schönau, Visions », Archives de sciences sociales
des religions [En ligne], 152 | octobre-décembre 2010, document
152-47, mis en ligne le 12 mai 2011, consulté le 18 juin 2016. URL :
http://assr.revues.org/22082
SOURCE : https://assr.revues.org/22082
Elisabeth de Schönau, Österreichische Nationalbibliothek - Austrian National Library
Also
known as
Elizabeth of Sconauge
Elisabeth of….
Profile
Born to the German nobility.
Raised and educated in
Schönau Benedictine abbey near
Bingen, Germany from
age 12. Elizabeth came to see the abbey as
home, and took vows as a Benedictine nun in 1147.
Friend of Saint Hildegard
von Bingen. Abbess at
Schonau from 1157 until
her death.
In 1152 she
began receiving ecstacies and visions of
Jesus and Mary,
received the gift of prophecy, and suffered the assaults of demonic forces.
With the help of her brother Egbert, a monk and abbot,
she wrote three
volumes describing her visions.
The periods in ecstacies weakened her already fragile health.
Born
18 June 1164 at
Bingen, Germany of
natural causes
buried in
the church of Saint Florin at the Schönau abbey
most relics were
destroyed by Swedish forces
in 1632
remaining relics enshrined in
the parish church
in Schönau
never formally canonized,
but popular devotion went on for centuries
added to the Roman
Martyrology in 1584 by Pope Gregory XIII
Benedctine nun with
a book
Additional
Information
Book
of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Saints
of the Day, by Katherine Rabenstein
books
Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints
other
sites in english
images
video
sitios
en español
Martirologio Romano, 2001 edición
fonti
in italiano
websites
in nederlandse
MLA
Citation
“Saint Elizabeth of
Schönau“. CatholicSaints.Info. 9 January 2022. Web. 18 June 2024.
<https://catholicsaints.info/saint-elizabeth-of-schonau/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-elizabeth-of-schonau/
Kloster
Schönau im Taunus
Le monastère de Schönau im Taunus
Klosterkirche
Sankt Florin, Kloster Schönau im Taunus
La
collégiale Saint-Florin du monastère de Schönau im Taunus
Feastday: June 18
Birth: 1129
Death: 1165
A
Benedictine abbess who
was a gifted mystic. She had her first vision in 1152 and was known for
ecstasies, prophecies, and diabolical visitations. She became abbess in
1157 . Her cult was never formalized, but she is listed as a saint in the Roman
Martyrology. Her brother, Ethbert, a Benedictine abbot, wrote her biography and
recorded her visions in
three books.
SOURCE : https://www.catholic.org/saints/saint.php?saint_id=3097
Book of
Saints – Elisabeth of Schonauge
Article
ELISABETH of SCHONAUGE
(Saint) Virgin (June 18) (12th century) A Benedictine nun of the Abbey of
Schonauge, near Bingen on the Rhine, of which monastery she was for many years
Abbess. Her sufferings from ill-health were lifelong, but borne with marvellous
cheerfulness. The friend of Saint Hildegarde, she, like that great
contemplative, was favoured with heavenly visions, and wrote valuable books on
Mystical Theology. She died A.D. 1165 at the age of thirty-six. Her name was
inserted in the Roman Martyrology, though she does not appear ever to have been
formally canonised.
MLA
Citation
Monks of Ramsgate.
“Elisabeth of Schonauge”. Book of Saints, 1921. CatholicSaints.Info. 25
November 2012.
Web. 18 June 2024. <http://catholicsaints.info/book-of-saints-elisabeth-of-schonauge/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/book-of-saints-elisabeth-of-schonauge/
Elizabeth of Schönau, OSB
V (RM)
Born 1130; died June 18,
1164.
Mysticism was a
phenomenon that found expression in the mid-11th century. It is an endeavor to
reach a knowledge of and union with God directly and
"experimentally." The mystic renounces his senses and the images they
offer of God. This is the "Negative road" that begins by recognizing
the complete "Otherness" of God. The pseudo- Dionysius wrote On the
Divine Names, which influenced this movement in the Middle Ages.
It is characterized by
abnormal psychic states which culminate in ecstasy. Such states are sanctified
when perfectly united with God and the whole personality is fully free. As a
rule, mystics exhibit extraordinary self-knowledge, which leads to an ever more
passionate love of God and His Son. Mystical life in no way need conflict with
a married, intellectual, or active life, although many mystics, like Elizabeth
were professed religious.
Elizabeth of Schönau
entered the great Black Benedictine double monastery at Schönau (16 miles
northeast of Bonn, Germany) at age 11 or 12. She was professed in 1147, and
shortly thereafter, she began to experience clairvoyance. This was the origin
of her experiences, but she distinguishes them from her later ones.
In 1157, Elizabeth became
abbess of Schönau and a friend of Saint Hildegard. In a letter to Hildegard,
Elizabeth describes how an angel had told her to proclaim a series of
judgements that would fall on the world unless they did penance, and how,
because she delayed obeying him, he had beaten her so severely with a whip that
she had been ill for three days! At a later time, when some prophecies had
failed in their fulfillment, the angel informed her that penance had actually
averted the impending doom. She was assailed with terrible temptations, but
prayed against them.
She would often fall into
ecstasies while saying the Divine Office or at Mass on Sundays and on feast
days. At the prompting of the abbey's founder, Abbot Hildelin, she recorded
some of her visions on wax tablets, which were sent to her brother, canon
Egbert, in Bonn. Later he took the habit at Schönau and succeeded Hildelin as
abbot in the same Benedictine monastery. He wrote her vita and three books of
her visions using the tablets she wrote, supplemented by her oral explanations.
The first book seems to
be the simple language that Elizabeth might have used herself, but the others
are more sophisticated--probably written by Egbert. The last and most famous
book dealt with her vision of Saint Ursula. This was the result of pressure
placed on her brother by Bishop Gerlac of Deutz, who had assisted in the
translation of the supposed relics of Saint Ursula and her 11,000 virgins after
searching nine years for them. Under strong pressure from her brother,
Elizabeth evolved an elaboration of the already fantastic story of Ursula. She
even introduced into it a Pope Cyriacus, who never existed.
Elizabeth "saw"
the whole of Our Lord's life and that of various saints, but had to describe it
in terms of which she had "real" knowledge. We need to discriminate
between gift as given and the way in which it is described by the
recipient--some may be part of the imagination without basis in historical
fact. For example, inculpably, Elizabeth contributed to the further elaboration
of the mythical legend of Saint Ursula. She knew when she had been in ecstasy,
which was different than being "near" ecstasy. She described her
visions in moral and allegorical rather than mystical terms. Like most medieval
mystics, she was practical, and believed in her smallness before God. This is
the "heart of the mystical life--the self, as such, is nothing; it needs
to be wholly filled and activated by God" (Attwater, Benedictines,
Encyclopedia, Martindale, Walsh).
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0618.shtml
St. Elizabeth of Schönau
Born about 1129; d. 18
June, 1165.-Feast 18 June. She was born of an obscure family,
entered the double
monastery of Schönau in Nassau at the age of twelve,
received the Benedictine habit, made
her profession in 1147, and in 1157 was superioress of the nuns under
the Abbot Hildelin. After her death she was buried in
the abbey church of
St. Florin. When her writings were published the name of saint was
added. She was never formally canonized,
but in 1584 her name was entered in the Roman Martyrology and
has remained there.
Given to works of piety from
her youth, much afflicted with bodily and mental suffering,
a zealous observer
of the Rule
of St. Benedict and of the regulation of her convent,
and devoted to practices of mortification, Elizabeth was
favoured, from 1152, with ecstasies and visions of
various kinds. These generally occurred on Sundays and Holy Days at Mass or Divine
Office or after hearing or reading the lives of saints. Christ,
His Blessed
Mother, an angel,
or the special saint of the day would appear to her and instruct her;
or she would see quite realistic representations of
the Passion, Resurrection,
and Ascension,
or other scenes of the Old and New
Testaments. What she saw and heard she put down on wax tablets. Her abbot, Hildelin,
told her to relate these things to her brother Egbert (Eckebert),
then priest at
the church of Bonn.
At first she hesitated fearing lest she be deceived or be looked upon
as a deceiver; but she obeyed. Egbert (who became a monk of Schönau in
1155 and succeeded Hildelin as second abbot)
put everything in writing, later arranged the material at leisure, and then
published all under his sister's name.
Thus came
into existence
three books of
"Visions". Of these the first is written in language very simple and
in unaffected style, so that it may easily pass as the work of Elizabeth.
The other two are more elaborate and replete with theological terminology,
so that they show more of the work of Egbert than of Elizabeth.
"Liber viarum
Dei". This seems to be an imitation of the "Scivias" (scire vias
Domini) of St. Hildegarde of Bingen, her friend and correspondent. It
contains admonitions to all classes of society,
to the clergy and laity,
to the married and unmarried. Here the influence of Egbert is
very plain. She utters prophetic threats
of judgment against priests who
are unfaithful shepherds of the flock of Christ,
against the avarice and
worldliness of the monks who
only wear the garb of poverty and self-denial, against
the vices of the laity,
and against bishops and
superiors delinquent in their duty;
she urges all to combat earnestly the heresy of
the Cathari;
she declares Victor
IV, the antipope supported
by Frederick against Alexander
III, as the one chosen of God. All
of this appears in Egbert's own writings.
The revelation on
the martyrdom of St.
Ursula and her companions. This is full of fantastic exaggerations and
anachronisms, but has become the foundation of the
subsequent Ursula legends.
There is a great
diversity of opinion in regard to her revelations. The Church has
never passed sentence upon them nor even examined
them. Elizabeth herself was convinced of their supernatural character,
as she states in a letter to Hildegarde; her brother held the same
opinion; Trithemius considers
them genuine; Eusebius
Amort (De revelationibus visionibus et apparitionibus privatis
regulae tutae, etc., Augsburg, 1744) holds them to be nothing more than
what Elizabeth's own imagination could
produce, or illusions of the devil, since in some things they disagree
with history and with other revelations (Acta SS., Oct, IX,
81). A complete edition of her writings was made by
F.W.E. Roth (Brunn, 1884); translations appeared
in Italian (Venice, 1859), French (Tournai, 1864), and
in Icelandic (1226-1254).
Mershman,
Francis. "St. Elizabeth of Schönau." The Catholic
Encyclopedia. Vol. 5. New York: Robert Appleton
Company, 1909. 18 Jun.
2016 <http://www.newadvent.org/cathen/05392a.htm>.
Transcription. Dedicated
with Love to Grandmother Elizabeth (Mary) Bennett Brown Knight.
Ecclesiastical
approbation. Nihil Obstat. May 1, 1909. Remy Lafort,
Censor. Imprimatur. +John M. Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2023 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/05392a.htm
June 18
St. Elizabeth of
Sconauge, Virgin and Abbess
THREE monasteries in
Germany bear the name of Sconauge: one of Cistercian monks near Heidelberg,
founded by Buggo, bishop of Worms in 1135; another of nuns of the same Order in
Franconia; a third of monks of the Order of St. Bennet in the diocess of
Triers, four German miles from Bingen, was founded by Hildelin, a nobleman,
who, in 1125, took himself the monastic habit, and was chosen first abbot. Not
far distant he built a great nunnery of the same Order and name which is now
extinct, though the three former remain to this day. Soon after the foundation
of this house, when regular discipline flourished there with great edification
to the church, St. Elizabeth, who from her infancy had been a vessel of
election, made her religious profession, and was afterwards chosen abbess. At
twenty-three years of age she began to be favoured with heavenly visions. 1 She
died in the year 1165, of her age thirty-six, on the 18th of June, on which day
her name is inserted in the Roman Martyrology, though she was never solemnly
beatified, as Chatelain takes notice. See her encomium by an abbot of Sconauge,
&c., in the Bollandists, t. 3, Jun. ad diem 18.
Note 1. The visions
printed under her name were committed to writing by her brother Egbert. Lewis
du Mesnil, the learned Jesuit, complains that he confounded without discernment
private opinions and histories with revelations, as is evident from what he
writes of St. Ursula, and Cyriacus, whom he imagines to have been pope after
St. Pontian. See on the same the remark of Papebroke: also Amort, de
Revelationibus. [back]
Rev. Alban Butler
(1711–73). Volume VI: June. The Lives of the Saints. 1866.
A letter from Elisabeth
of Schoenau
Sender
Receiver
Hillin,
archbishop of the city of Trier
Translated letter:
A certain small spark
sent from the seat of great majesty, and a voice thundering in the heart of a
small worm-person speaks.(!2) To Hillin, archbishop of Trier. The one who was
and is and is to come warns you. Rise up in the spirit of humility and fear of
the Lord your God. Extend your pastoral staff over the flocks which you have
received from the Lord to govern and guard. Strike strongly and gently by
imploring and rebuking, not like a hireling whose sheep are not his own (Jn.
10:12), but like a faithful and prudent servant whom a master established over
his household so that he might give them a measure of wheat at the proper time
(Lk. 12:42). Again the same Lord admonishes you, saying, “Give the reason that
you have defrauded me of my chosen pearls and precious gems, which had been
sent to you from the power of great majesty. You have thrown them behind you
and have not wished to obey me. Don’t you know that I have said, You have
hidden these things from the wise and prudent and revealed them to the little
ones’ (Lk. 10:21)? Take up and open the book and you will discover what I have
said and what has been done: The apostolic see is filled with pride and
avarice is cultivated,’ et cetera.(!3) If you will not tell them what has been
revealed to you and they die in their sins, you will bear the judgment of God.
And you should know that the one who has been chosen by Caesar is more
acceptable to me.(!4) If he fears me and executes my judgment, I will give him
a new heart and place my spirit within his heart (Ez. 36:26). So now, pay
attention and do what is pleasing to me and do not fear, because I am with you
all the days of your life (Is. 43:5), and I will not abandon you but will give
you a named place in my kingdom where the harmonies of my saints ring forth
without cease, which no one knows but those who hear.” May He offer this place
to you, He who is the font and source of all goodness.(1)
Original letter:
Quedam parva scintilla
emissa de sede magne maiestatis, et vox tonans in cor cuiusdam vermiculi hominis
dicit. H. archiepiscopo Treverensi. Admonet te, qui erat et qui est et qui
venturus est. Excitare in spiritu humilitatis et timoris domini dei tui.
Extende virgam pastoralem super greges, quos suscepisti domino regere et
custodire. Percute foriter et suaviter obsecrando, increpando, non quasi
mercennarius, cuius non sunt oves proprie, sed quasi fidelis servus et prudens,
quem constituit dominus super familiam suam, et det illi in tempore suo tritici
mensuram. Iterum admonet te idem dominus dicens: Redde rationem, quia
defraudasti michi margaritas electas, et gemmas preciosas, que tibi misse
fuerant de magne maiestatis potentia, proiecisti post tergum tuum, et noluisti
obedire mihi. Nonne tu scis, quia dixi: Abscondisti hec a sapientibus et
prudentibus et revelasti ea parvulis? Recipe et revolve volumen et invenies,
que dixi, et que facta sunt. Sedes apostolica obsessa est superbia, et colitur
avaricia, et cetera. Quod non si indicabis eis, que tibi revelata sunt, et ipsi
in peccatis suis moriuntur, iudicium dei portabis. Et notum sit tibi, quod, qui
electus est Cesare, ipse acceptabilior est ante me. Quod si me timuerit et
iudicium meum fecerit, dabo ei cor novum, et spiritum meum ponam in medio
cordis sui. Nunc ergo attende et fac, que mihi placita sunt, et noli timere,
quia ego tecum sum omnibus diebus vite tue, et non deseram te, sed dabo tibi
locum nominatum in regno meo, ubi sonant iugiter organa sanctorum meorum, quod
nemo scit, nisi qui accipit. Quem tibi prestare dignetus, qui est fons et origo
totius bonitatis.
Historical context:
Elisabeth admonishes the
archbishop on episcopal responsibility and criticizes his failure to relay her
divine message of condemnation to Rome. Throughout the letter, there are
references to Elisabeth’s earlier letter addressed to the bishops of Trier,
Mainz, and Cologne, in which she charged those prelates to preach the message
of The Book of the Ways of God. This letter states a divine preference for the
“antipope” Victor IV supported by Emperor Frederick Barbarossa and was probably
written shortly after the election.
Scholarly notes:
(1) This translation is copyrighted by Anne Clark. For permission to reproduce, contact Paulist Press.
(2)Elisabeth’s use of the image “worm-person” (vermiculus homo; vermicula)
seems to have influenced Ekbert, who used it in his prayer to Mary, John the
Baptist, and John the Evangelist: “Give, I beseech, the hand of your support to
your supplicant, a worm-person. . . .” (Visionen, 324).
(3)This is a quotation from The Book of the Ways of God, ch. 15.
(4)For the contested papal election in September 1159, see Peter Munz,
Frederick Barbarossa: A Study in Medieval Politics (Ithaca: Cornell University
Press, 1969), 205-19.
Printed source:
Die Visionen der hl.
Elisabeth und die Schriften der Aebte Ekbert und Emecho von Schönau, ed. F.W.E.
Roth (Brünn: Verlag der Studien aus dem Benedictiner- und Cistercienser-Orden,
1884), Bk.6, ch.4, p.140-41; trans. Anne L. Clark, The Complete Works of
Elisabeth of Schönau (New York: Paulist Press, 2000), 4.
SOURCE : https://web.archive.org/web/20141217192205/http://epistolae.ccnmtl.columbia.edu/letter/105.html
Saint
Elisabeth of Schönau, XVIth century, Morgan Library and Museum, New York City
Santa Elisabetta di
Schonau Religiosa
Festa: 18 giugno
Bonn, Germania, 1129 –
Schonau, Germania, 18 giugno 1164
Nobile, nata a Bonn nel
1129, Elisabetta entrò a 12 anni nel monastero benedettino di Schönau,
divenendone badessa nel 1157. Visionaria fin da giovane, le sue estasi
mistiche, trascritte su sollecitazione del fratello Egberto, la resero celebre.
Le sue opere, tra cui i Libri Visionum e il Liber Viarum Dei, affrontano temi
come la riforma della Chiesa, la penitenza e l'Assunzione di Maria. Influenzata
dal fratello, Egberto, sostenitore dell'imperatore Federico Barbarossa,
Elisabetta si schierò contro l'antipapa Vittore IV. Mistica eclettica, le sue
lettere, a tratti dure nel condannare i vizi del tempo, rivelano un animo
complesso. Meno originale di Ildegarda di Bingen, Elisabetta rimane comunque
una figura di spicco nel panorama mistico del XII secolo. Morta nel 1164, fu
canonizzata nel 1584.
Martirologio
Romano: A Schönau nella Renania in Germania, santa Elisabetta, vergine,
insigne nell’osservanza della vita monastica.
Di nobile famiglia, com'è stato ultimamente dimostrato, Elisabetta nacque con ogni probabilità a Bonn, in Renania, nel 1129. Poteva avere dodici anni quando i genitori, di cui si conosce soltanto il nome del padre, Hartwig, l'affidarono per l'educazione alle monache della doppia abbazia benedettina di Schònau sul Reno, nei pressi di Sankt Goarshausen, dove ella prese poi il velo e fece la professione religiosa nel 1147. Dieci anni più tardi venne eletta magistra, ossia superiora delle monache che non avevano badessa poiché dipendenti dall'abate, che era allora Egberto, fratello della stessa Elisabetta, il quale esercitò sempre grande influenza su di lei e ne fu anche consigliere spirituale e suo primo biografo. Tra i suoi parenti più immediati, dei quali rimane il ricordo, si hanno un altro fratello, di nome Ruggero, premostratense, che fu prevosto a Pòhlde (Sassonia), ed il nipote Simone, che divenne a sua volta abate di Schònau.
Reduce da una grave malattia nel 1152, Elisabetta cominciò ad avere visioni ed estasi, durante le quali si trovava a parlare con Nostro Signore, con la Madonna e con i santi del giorno, estasi che duravano talvolta parecchie settimane e che a mano a mano debilitarono talmente il suo fisico, cagionevole peraltro sin dall'infanzia, da condurla, appena trentacinquenne, alla tomba nella stessa Schonau il 18 giug. 1164 e non 1165, come trovasi anche indicato.
Fatta segno di particolare venerazione già da viva ed ancor più dopo la morte, soltanto nel 1584, al tempo di Gregorio XIII, il nome di Elisabetta di Schonau venne iscritto nel Martirologio Romano sotto la data del 18 giug.: « Schonaugiae, in Germania, sanctae Elisabeth virginis, ob monasticae vitae observantiam Celebris » (Comm. Martyr. Rom., p. 244, n. 8); nel 1854, poi, il suo ufficio liturgico fu inserito nel proprium della diocesi di Limburgo (Assia), che celebra tuttora la festa della santa nel giorno suindicato. Delle reliquie della santa, profanate dagli Svedesi nel 1632, si potè salvare soltanto la testa, che è venerata attualmente nella chiesa parrocchiale di Schonau.
Indottavi dal fratello Egberto (m. 1184), Elisabetta mise in scritto, a mano a mano che si manifestavano, tutte le sue visioni, per cui si ebbero i tre Libri visionum, che godettero di larga diffusione durante il Medioevo, come dimostra il gran numero di mss. ancor oggi esistenti; il Liber viarum Dei, compilato ad imitazione della Scivias di s. Ildegarda ed incentrato quasi interamente sulla necessità della penitenza e di una riforma morale della Chiesa; le Visiones de resurrectione beatae Mariae Virginis, sull'Assunzione di Maria S.ma, ossia sulla traslazione gloriosa della Madre di Dio in corpo ed anima dalla terra al cielo; il Liber revelationum de sacro exercitu virginum Coloniensium, compiuto nell'anno corrente tra l'ott. del 1156 e l'ott. del 1157, in cui tratta in termini assolutamente fantastici di s. Orsola e delle sue undicimila vergini martiri, e che doveva contribuire notevolmente allo sviluppo ed alla divulgazione della leggenda fiorita intorno alla santa patrona di Colonia.
Nei vari scritti di Elisabetta di Schonau, non sempre dotati di sani criteri teologici e politici, si sente assai chiaramente l'influsso, talvolta poco felice, del fratello e superiore Egberto, il quale contribuì inoltre grandemente alla redazione stessa delle opere suddette, e non solo sotto l'aspetto letterario per compensare le deficienze stilistiche della sorella, ma influenzandone anche in varie occasioni lo stesso suo pensiero, come si avverte, per esempio, nella questione dello scisma provocato dall'imperatore Federico Barbarossa (del cui partito Egberto era buon aderente) con l'elezione nel 1159 dell'antipapa Vittore IV (V) in opposizione al legittimo pontefice Alessandro III. Attraverso un'attenta lettura delle opere è possibile distinguere, infatti, sia pure con una certa approssimazione, quanto spetta ad Egberto da quanto appartiene, invece, realmente alla sua veggente sorella.
Di lei restano, altresì, ventitré lettere, molto varie di contenuto, dirette a vescovi, abati, monache (tra quest'ultime figura anche s. Ildegarda), che vanno dal 1154 all'anno della sua morte, in cui spesso l'estatica monaca di Schonau si lascia andare ad un linguaggio alquanto duro, specie per stigmatizzare i vizi dell'epoca, un linguaggio in vero contrasto con la semplicità del suo animo infantile, mostrandosi tuttavia sempre meno originale della sua grande amica s. Ildegarda di Bingen, la « profetessa di Germania », l'altra celebre mistica benedettina tedesca, rimasta anch'essa famosa per le visioni.
Autore: Niccolò Del Re
SOURCE : https://www.santiebeati.it/dettaglio/58090
Elisabeth van Schönau osb,
Schönau, Duitsland; priorin; † 1164.
Feest 18 & 19
(bisdom Limburg, Duitsland) juni.
Ze werd rond 1129 (1126?[102])
in de Duitse plaats Bingen geboren. Op haar twaalfde kwam ze terecht bij de
benedictinessen te Schönau bij Bonn; zij waren de vrouwelijke afdeling van
het dubbelklooster de
benedictijner. (Mannen- en vrouwenklooster op hetzelfde landgoed; vaak onder
dezelfde abt of abdis, maar strikt gescheiden). Daar deed ze in 1147 haar
professie. Ondanks een aantal zeer smartelijke kwalen werd ze in 1157 toch
benoemd tot priorin.
Net als haar vriendin, de
grote abdis Hildegard van Bingen, werd ze in haar gebed begiftigd met visioenen
en andere bijzondere genadegaven. Deze overkwamen haar met name op zon- en
feestdagen tijdens het officie. Op uitdrukkelijk verzoek van abt Hildelin gaf zij
de inhoud ervan prijs aan haar broer Egbert die in het naburige mannenklooster
verbleef. Zo ontstonden haar geschriften, waarvan vooral Revelationes
(Openbaringen) grote invloed zou krijgen. Daarin beschrijft ze o.a., hoe ze in
haar gebed op mystieke wijze aanwezig was bij de pelgrimstocht en marteldood
van Sint-Ursula en haar elfduizend maagden.
Ze weet zelfs van velen, die haar vergezelden, de naam te noemen. Zo'n honderd
jaar later zou Hermann-Joseph van Steinfeld hetzelfde overkomen; hij vulde
Elisabeth's visioenen van Ursula aan met nog meer gegevens en namen. Daarmee
werden deze twee bidders van grote invloed op de devotie en afbeeldingen van
Sint-Ursula in de late middeleeuwen.
Naast deze visioenen
ontving zij ook aanwijzingen voor verschillende groepen christenen, zoals
geestelijken, hoogwaardigheidsbekleders, reliegieuzen en echtelieden. Daarin
heeft Elisabeth scherpe kritiek op de prelaten van haar tijd, die veelal in
grote weelde leefden, en meer bedacht waren op hun rijke voorkomen dan op de
gezondheid van hun ziel, het welzijn van de hun toevertrouwde gelovigen en het
lot der armen.
Ze staat te boek als een
zeer zachtaardige vrouw, terwijl ze tegelijkertijd werd bezocht door vlagen van
eenzaamheid, geloofstwijfel en zelfmoordneigingen.
Verering & Cultuur
Toen ze stierf, was ze pas zesendertig jaar oud. Ze werd bijgezet in de
St-Florinskerk van Schönau. Haar hoofd is er nog altijd voorwerp van verering.
Haar levensbeschrijving
en de uitgave van haar geschriften danken we aan haar broer Egbert.
Afgebeeld
Zij wordt zelf afgebeeld als benedictines met boek.
[000; 000»Jutta; 101; 102; 103; 105; 106; 107; 108; 111; 132; 180p:67; 312p.17.228;
340; 390/7p:141; Dries van den Akker s.j./2010.09.02]
© A. van den Akker
s.j. / A.W. Gerritsen
SOURCE : https://www.heiligen-3s.nl/heiligen/06/18/06-18-1164-elisabeth.php
Voir aussi : Les Archives de littérature du Moyen Âge: https://www.arlima.net/eh/elisabeth_von_schonau.html