BENOÎT XVI
SOURCE : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070829_fr.html
BENOÎT XVI
SOURCE : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070905_fr.html
par
Albert Fandos
Origines
de Grégoire, sa famille
Grégoire est né entre les années 331- 335 (IV siècle
après J-C) dans la province antique du Pont (le nord de la Turquie actuelle)
dont sont originaires ses ancêtres paternels. Ses grands-parents appartenaient
à une lignée de nobles riches et cultivés. Chrétiens convaincus, ils ont dû
fuir les persécutions des empereurs Galère et Maximin Daïa (entre 306 et 313).
Le jeune Grégoire a sans doute recueilli auprès de sa grand-mère Macrine
« l’Ancienne » le récit des ces temps éprouvants où la famille se
cacha pendant sept ans dans les montagnes de la région.
Côté maternel, Grégoire est issu d’une puissante
famille chrétienne de Cappadoce (au centre de la Turquie actuelle) exerçant des
charges civiles et militaires à la cour de l’empereur. La branche maternelle n’a
pas non plus échappé aux persécutions, puisque le grand-père de Grégoire fut
mis à mort pour avoir indisposé l’empereur. Ses biens furent confisqués, puis
sans doute restitués à la famille après la tourmente. Grégoire a dû aussi
entendre sa famille parler avec vénération de Grégoire le Thaumaturge
( « le faiseur de miracles »), apôtre de la Cappadoce au 3e siècle
…
Le père de Grégoire, Basile « l’ancien »,
était rhéteur (professeur d’art oratoire) dans sa province du Pont (sans doute
à Néocésarée - aujourd’hui Niksar) où il avait une réputation d’éloquence. Sa
mère, Emmélie, orpheline renommée pour sa beauté, recherchée par de nombreux
prétendants, trouva en la personne de Basile, un mari et un protecteur.
Grégoire a eu 3 frères et 5 sœurs (peut-être la famille
comptait-elle un dixième enfant, mort en bas âge). Outre Grégoire,
L’Église a reconnu la sainteté de trois d’entre eux : Macrine la
sœur aînée, dont la vie nous est connue par le récit qu’en fit Grégoire, Basile (le
cadet, né vers 329, dit « le grand » ou encore « de
Césarée », capitale de la Cappadoce dont il fut l’évêque) et Pierre (le
benjamin, né vers 341, dit « de Sébastée », ville dont il fut
évêque). Grégoire parle aussi dans son œuvre de son frère Naucratios, mort
accidentellement à l’âge de 27 ans après s’être retiré avec son compagnon
Chrisaphios pour une vie d’ermites. On sait aussi qu’au moins une des sœurs de
Grégoire s’est mariée et a eu des enfants.
Vers 341, au moment de la mort du père, c’est Macrine
qui prend la direction de la famille. Macrine a fait vœu de virginité et exerce
sur tous ses frères et sœurs une grande influence religieuse. Après avoir
entraîné sa mère à se convertir à un idéal de vie dépouillée, les deux femmes
se retirent, en compagnie de Pierre, le jeune frère, dans leur domaine d’Annesi
(ou Annisa) au bord du fleuve Iris (aujourd’hui : le Yesil Irmak) où elles
vont créer un monastère.
Basile, de son côté, a le privilège d’entreprendre des
études dans les grandes écoles de Constantinople et d’Athènes, auprès de
maîtres renommés. Grégoire, quant à lui, semblant avoir été destiné à l’état
ecclésiastique [2], accomplira sa formation initiale dans
les écoles locales de Cappadoce.
Jeunesse et première
carrière de Grégoire
Outre l’éducation chrétienne reçue de sa famille,
Grégoire s’applique à étudier les sciences et la philosophie, il s’exerce aux
techniques de l’éloquence et du langage [3]. Grégoire lit des œuvres de Platon, subit
l’influence des Stoïciens, de Plotin et des néo-platoniciens … Il apprend les
mathématiques, l’astronomie, s’intéresse à la médecine [4]. Son œuvre théologique et spirituelle
sera toujours profondément marquée par sa culture générale.
Son frère Basile met Grégoire, tout à l’enthousiasme
de ses vingt ans, en contact avec Libanios, philosophe dont il a été l’élève et
qui est un des maîtres de la Seconde Sophistique (école de rhétorique
florissante au 4ème siècle). Toute sa vie, Grégoire honorera la
civilisation grecque et païenne, aimant s’entourer de gens lettrés et
correspondant avec des personnes cultivées. Peut-être Grégoire a-t-il été
marqué par les derniers soubresauts d’un « paganisme d’État », tel
qu’a tenté de le promouvoir dans son bref règne l’empereur Julien (dit
« l’Apostat »), entre 361 et 363 ? [5] En tous cas, Grégoire exhortera les
jeunes à étudier la culture « profane » qui peut aider à
s’élever plus haut (Vie de Moïse) [6].
Appelé comme lecteur dans l’Église, Grégoire est amené
à approfondir sa connaissance des textes de la Bible. Ses qualités de rhéteur
sont très appréciées à Césarée. Il a probablement séjourné plusieurs fois
auprès de Basile, lorsque ce dernier s’est retiré, pendant un temps, non loin de
la communauté de Macrine, pour mener une vie monastique. Peut-être est-ce au
contact de son frère qu’il acquiert des connaissances sur les travaux de
l’École d’Alexandrie (Philon, Origène). Grégoire qualifiera plusieurs fois sa
sœur Macrine et son frère Basile de didaskalos (professeur, maître).
Vers 364 pourtant, en abordant la trentaine, Grégoire
abandonne sa charge de lecteur et reprend une brillante carrière de rhéteur.
Sans doute la passion de la rhétorique est-elle la plus forte. Plus tard, dans
une lettre à Libanios (Lettre 14) [7] Grégoire exaltera encore cet amour
pour les lettres et l’éloquence. Peut-être aussi ressent-il le besoin de
s’émanciper de ses aînés.
Cette réorientation suscite des remous auprès de ses
proches et des milieux chrétiens de Césarée. Le lectorat est en effet considéré
comme la première marche vers une carrière dans l’Église. Son frère Basile et
son ami Grégoire de Nazianze s’en affligent et ce dernier lui adresse des
reproches appuyés [8]. Cependant « Grégoire n’a pas choisi
entre sa foi chrétienne et une carrière de rhéteur, mais entre une vocation
ecclésiastique et une carrière mondaine » [9].
Grégoire exercera pendant une dizaine d’années son
métier de maître en rhétorique. Il est à peu près certain que Grégoire se soit
marié. Mais on ignore précisément pendant combien de temps il le demeura.
Certains auteurs, se fondant sur la correspondance de Grégoire de Nysse, Basile
de Césarée et Grégoire de Nazianze, avancent que l’épouse de Grégoire s’appelait
Théosébie, que le couple eut un fils nommé Cynégios et que Grégoire devint veuf
vers 385 [10].
Au début de 369, Emmélie, la mère de Grégoire, meurt.
Sa dépouille est placée dans le sarcophage de son mari et enterrée dans la
chapelle des Quarante martyrs qu’elle avait fait construire près d’Ibora, dans
la Province du Pont.
Le rhéteur à Césarée
devient évêque de Nysse
En 370 [11], Basile est élu évêque de Césarée,
devenant ainsi métropolite (= archevêque) de Cappadoce. Une petite anecdote
livre un trait de caractère de Grégoire. A l’occasion de cette élection, des dissensions
interviennent entre Basile et l’un de ses oncles qui est aussi évêque. Grégoire
essaie maladroitement de les réconcilier en rédigeant de toutes pièces une
lettre censée provenir de l’un des protagonistes. Mais l’artifice est mis à
jour : colère et reproches pleuvent sur Grégoire de la part de son
aîné (Lettre 58 de Basile) ! [12]
En 371, Grégoire n’est pas loin de ses quarante ans.
Basile l’invite à rédiger, comme cela se pratique à l’époque, un éloge de la
virginité et de la vie monastique. Le Traité de la virginité est l’un
des premières textes connus de Grégoire. Dans cette œuvre de commande dédiée à
son frère, Grégoire force la note pour décrire les inconvénients du mariage,
mais sans pour autant dénigrer ce dernier. On voit même transparaître, entre
les lignes, la propre expérience de Grégoire et l’attachement qui a pu être le
sien pour l’amour conjugal.
Vers 372, l’empereur arien [13] Valens découpe la province de
Cappadoce, peut-être pour réduire l’influence de Basile, fidèle au dogme de
Nicée. L’Église est divisée. Basile cherche à accroître le nombre de ses
suffragants et mobilise alors son frère Grégoire en le nommant de force évêque
de Nysse, petite bourgade de l’ouest de la Cappadoce, à quelques kilomètres au
sud du fleuve Halys (aujourd’hui : le Kizil Irmak).
Mais Grégoire n’est pas homme de poigne, les affaires
administratives et ecclésiastiques ne sont pas son fort et il fait preuve, aux
yeux de son frère, d’une certaine naïveté au milieu des luttes entre partisans
de différents courants théologiques. Il rencontre des difficultés au point que
Basile doit dépêcher à Nysse, en 373, Amphiloque d’Iconium pour remettre de
l’ordre.
En 375, voilà Grégoire injustement accusé par une
conspiration arienne de dilapider les biens de l’Église et de procéder à
des ordinations illégales. Un synode réuni à Ancyre (auj. : Ankara) le
dépose de sa charge épiscopale et l’oblige à fuir. Un autre synode arien réuni
à Nysse en 376 remplace Grégoire par un évêque acquis aux thèses d’Arius.
Grégoire est condamné à l’exil, comme d’autres évêques du « parti
nicéen » [14]. Il faudra attendre l’automne 377 pour
que la mort de l’empereur Valens et la révocation des sentences d’exil
permettent le retour à Nysse de Grégoire. L’accueil de la population est
triomphal (Lettre 6) [15]. Grégoire peut reprendre les initiatives
qui lui tiennent à cœur : renforcer la vie monastique à Nysse, achever
l’oratoire (martyrium) dédié aux martyrs de Sébastée.
C’est aussi, semble-t-il, en août 377 (selon P.
Maraval) [16] ou en août 378 (selon J-R.
Pouchet) [17] que survient la mort de Basile de
Césarée [18]. Grégoire a environ 45 ans. C’est un
tournant de sa vie qui s’amorce alors. Grégoire se sent investi de l’héritage
pastoral de son illustre frère : soutenir coûte que coûte la foi de
Nicée, achever l’œuvre théologique de Basile, développer le mouvement
monastique initié par son frère et sa sœur. Il semble que la disparition de
Basile ait libéré en Grégoire des capacités d’engagement et des dimensions de
sa personnalité jusqu’alors retenues. Il va désormais passer en première ligne.
L’homme des conciles, le
conseiller du Prince
Théodose succède à Valens comme empereur d’Orient.
L’arianisme recule car le nouveau pouvoir soutient la théologie du concile de
Nicée. Grégoire prend une part active au synode d’Antioche en 378 (ou 379)
autour de l’évêque Mélèce. Il contribue à rapprocher deux courants (et surtout
des personnes !) tendant à s’opposer au sein des fidèles à la foi de
Nicée.
Au retour d’Antioche, il se rend auprès de sa sœur
Macrine mourante. Deux œuvres sont inspirées de ses derniers entretiens avec
son aînée : la Vie de Macrine et le dialogue Sur l’âme et
le résurrection.
Grégoire apparaît de plus en plus aux yeux de ses
pairs comme le successeur du grand Basile. Sa renommée s’étend au-delà de la
Cappadoce. Il résout non sans difficultés des crises fomentées par divers hérétiques
ariens, anoméens [19] et sabelliens [20]. C’est ainsi qu’en 380, il est appelé à
Ibora (province du Pont) pour veiller à une élection d’évêque. Puis il est
conduit à Sébastée, en Arménie, pour dénouer des rivalités autour du siège
épiscopal. Il y fait élire son frère Pierre (se souvenant des leçons politiques
de Basile !).
Revenu à Nysse, il s’attèle à poursuivre le combat
dogmatique entamé par Basile contre Eunome, prêtre influent qui nie la Trinité
divine. A cet effet, il publie les deux premiers livres d’un Contre Eunome
destiné à réfuter les thèses adverses et à nourrir le dogme trinitaire.
Théodose convoque en 381 ce qui restera pour
l’Histoire le « Concile de Constantinople » (second concile
œcuménique après celui de Nicée). L’empereur entend affermir les acquis du
concile de Nicée face aux controverses ariennes. Il s’agit aussi de répondre à
l’hérésie des « pneumatomaques » qui nient la divinité de
l’Esprit-Saint. Grégoire est chargé par le président du concile, Mélèce, de
raffermir la confiance et l’unité des évêques nicéens. Cependant, Mélèce meurt
au bout de quelques semaines. Grégoire prononcera son éloge funèbre. Grégoire
ne sera pas alors étranger à l’élection de son ami Grégoire de Nazianze pour
présider la suite du concile (mais Grégoire de Nazianze sera, peu après, poussé
à la démission). Au terme de ce concile est promulgué le célèbre « Symbole
de Nicée-Constantinople », qui demeure aujourd’hui encore le résumé de la
foi chrétienne.
Grégoire sort du concile avec la réputation de garant
de l’orthodoxie. Il a gagné la confiance de l’empereur qui le choisit, avec
Hellade (successeur de Basile), comme autorité de référence vis-à-vis des
autres évêques de la région. Dès lors, Grégoire reçoit des missions de
médiateur : en Arabie, il part avec la poste impériale (on dirait
aujourd’hui : en voiture de fonction avec chauffeur !) tenter de
réconcilier deux évêques qui se disputent le siège de Bostra. Au retour, il
s’arrête à Jérusalem, dont il garde un souvenir mitigé : joie de
rencontrer des gens de bien (Lettre 3) [21], peine de voir comme ailleurs hérésies
et désordre moral.
Fin 382, on retrouve Grégoire à Nysse. Il a le goût
d’enseigner auprès des fidèles qui se rassemblent et il sait mettre en valeur
les grands thèmes de la liturgie. En mai 383, il prononce dans un synode à
Constantinople son discours Sur la divinité du Fils et de l’Esprit-Saint.
Grégoire a cinquante ans passés. L’empereur l’invite souvent. En 385, Théodose
perd sa jeune fille Pulchérie, puis peu après son épouse Flacille :
Grégoire sera désigné pour prononcer les deux éloges funèbres. En 386, Théodose
quitte Constantinople pour s’installer à Milan. La faveur de la cour passe à
d’autres conseillers. Grégoire va alors se consacrer davantage aux fidèles de
l’Église de Nysse, à la prière et à son propre approfondissement spirituel.
Le recueillement des
jours, le partage spirituel
A partir de 385, les dix dernières années de la vie de
Grégoire de Nysse sont peu connues. Il n’est plus occupé par la cour de
Constantinople et il a perdu son épouse. Il se voue à son diocèse et aux
communautés monastiques avec lesquelles il partage les fruits de sa recherche
mystique. C’est en effet l’époque où Grégoire compose l’essentiel de son œuvre
spirituelle : notamment les Homélies sur le Cantique des Cantiques (dédiées
à la diaconesse Olympias et prêchées lors d’un carême entre 390 et 394) ;
la Vie de Moïse (datant de 392 environ et portant le
sous-titre : « traité de la perfection en matière de
vertu ») ; trois écrits spirituels exaltant l’ardeur
contemplative : le traité Sur la perfection (au moine
Olympios) ; la Profession chrétienne (au moine Harmonios) et l’Enseignement
sur la vie chrétienne.
Mariette Canévet écrit dans un article (Dictionnaire
de spiritualité p. 394 – éd. Beauchesne, 1965) : « il
semble que Grégoire ait reçu la grâce d’une expérience mystique de plus en plus
élevée au cours de sa vie, dont ses ouvrages se font les échos de plus en plus
profonds ».
On relève une dernière fois la présence de Grégoire dans
un synode à Constantinople. Nous sommes en 394. Sa trace est ensuite perdue.
Sans doute est-il mort en 395, à l’âge tout au plus de soixante cinq ans.
* * * * *
Arrivés au terme de cette notice, quels sont les
traits de caractère qu’on peut discerner chez Grégoire, en se fondant sur son
œuvre et sur le témoignage de ses proches (son frère Basile, Grégoire de
Nazianze) ?
Sa santé paraît avoir été fragile (peut-être
souffrait-il de calculs rénaux ?) [22]. Malgré des ressources ménagées,
Grégoire avait tendance à se dépenser, ce qui l’exposait régulièrement à la
fatigue, voire l’épuisement.
Certains commentateurs estiment que la très forte
personnalité de Basile a pu susciter chez Grégoire de Nysse un complexe
d’infériorité [23]. De fait, tout en aimant son jeune
frère, Basile livre sur lui des appréciations négatives : simplicité,
manque de sens politique, irréflexion, imprudence … Sûrement les deux frères
avaient-ils des personnalités contrastées : alors que Basile atteste de
qualités d’organisateur (avec le risque de ne pas toujours approfondir les
sujets qu’il aborde), Grégoire est plus porté à la recherche spéculative.
On note aussi chez Grégoire un tempérament fier,
conscient de son rang et de sa valeur. Dans une lettre (Lettre 1) [24], on le voit offusqué d’être mal
reçu par son métropolite Hellade, successeur de Basile. Les prétentions
aristocratiques de Grégoire, jointes au sentiment d’outrage fait à sa condition
« d’homme libre », s’expriment avec force. Cet événement est à
rapprocher d’autres échecs dans des missions de médiation (Jérusalem). Grégoire
peut susciter l’opposition, il semble peu enclin au compromis.
Par ailleurs, c’est une personne qui révèle aussi une
grande sensibilité. Au-delà des figures de rhétorique, il sait manifester sa
joie, son amitié. De même il peut s’indigner, montrer de la tristesse. L’homme
se passionne pour sa quête, tout en s’efforçant de garder une apparence
paisible, de se contenir. Perfectionnement, connaissance et maîtrise de soi
sont des valeurs de vie auxquelles Grégoire a souvent fait référence dans son
œuvre.
* * * * *
La localisation de Nysse en Capadoce
La ville de Nysse, dont Grégoire a été l'évêque,
n'existe plus aujourd'hui. Les archéologues spécialisés dans l'étude de
l'empire byzantin ont retrouvé des vestiges de Nysse sur deux collines appelées
Büyükkale Tepe et Küçükkale Tepe et situées à deux kilomètres au nord du
village d'Harmandali, dans la Turquie actuelle.
Il ne faut pas confondre Nysse en Cappadoce avec son
homonyme, une autre ville antique d'Asie mineure (appelée Nyssa en latin)
située près d'Ephèse, à côté du village de Sultanhisar. On trouve sur ce site
d'importantes ruines de monuments romains que visitent aujourd'hui les
touristes. Mais ce n'est pas la ville de Grégoire qui, elle, se trouve dans la
partie ouest de la Cappadoce entre le lac Tüz et le fleuve Kizil Irmak.
Pour plus de précision sur l'histoire de Nysse et sa
localisation, on pourra consulter les articles et ouvrages suivants :
En français :
MARAVAL, Pierre "Nysse en Cappadoce", Revue
d'Histoire et de Philosophie Religieuses, n° 55, 1975, P 237-242
En allemand :
[1] Sources
principales de cette notice biographique : - M. Aubineau, Traité
de la virginité, SC 119, Cerf, 1966 ; - P. Maraval, Lettres, SC
363, Cerf, 1990 ; - M. Canévet, art. « Grégoire de
Nysse » dans Dictionnaire de Spiritualité, Beauchesne, 1967 ;
- D. Coffigny, Grégoire de Nysse, Éditions de l’Atelier, 1993
[2] Daniélou,
« Le mariage de Grégoire de Nysse et la chronologie de sa vie »,
Revue des Études Augustiniennes, 1956 (T II 1-4), p.77.
[3] M.
Aubineau, ouvrage cité, p. 43-44.
[4] M.
Aubineau, ouvrage cité, p. 47.
[5] M.
Aubineau, ouvrage cité, p. 64-65.
[6] La
Vie de Moïse, éd. et trad. J. Daniélou, SC 1bis, Cerf, 2000 : voir p. 127,
§ 37.
[7] Grégoire
de Nysse – Lettres, éd. et trad. P. Maraval, SC 363, Cerf, 1990, p.
201-207.
[8] Grégoire
de Nazianze – Lettre XI, éd. Gallay (tome 1), Les Belles Lettres.
[9] M.
Aubineau, ouvrage cité, p. 64.
[10] J.
Daniélou, ouvrage cité, p.76-77.
[11] Sur
les discussions concernant cette date, voir : J-R. Pouchet, « La date
de l’élection épiscopale de saint Basile et celle de sa mort », Revue
d’Histoire Ecclésiastique 87, 1992, p. 5-33.
[12] Basile
– Lettres, éd. Y. Courtonne (3 tomes), Les Belles Lettres, 1957.
[13] Disciples
d’Arius, prêtre à Alexandrie, mort en 336. Les ariens niaient la nature divine
du Christ.
[14] Les
nicéens professent la vraie foi du concile de Nicée (325) : Jésus est vrai
Dieu et vrai homme.
[15] Grégoire
de Nysse – Lettres, éd. et trad. P. Maraval, SC 363, Cerf, 1990, p.
165-171.
[16] P.
Maraval, « La date de la mort de Basile de Césarée », Revue des
Études Augustiniennes n°34, 1988.
[17] J-R.
Pouchet, article dans Vig. Christ. N°42, 1988, p. 28-46.
[18] Les
sources traditionnelles mentionnent la date du 1er janvier 379 pour la
mort de Basile.
[19] Disciples
d’Eunome. Ils affirment que le Fils est « dissemblable » (anomoios)
du Père.
[20] Disciples
de Sabellius, ils voient dans les trois personnes divines de simples
manifestations d’une même individualité.
[21] Grégoire
de Nysse – Lettres, éd. et trad. P. Maraval, SC 363, Cerf, 1990, p. 125
[22] Lettre 225
de Basile de Césarée (réf. : voir note 12).
[23] A-G
Hamman, Les Pères de l’Église, collection les Pères dans la foi (n°1), éd.
Migne, 2000, p. 122
[24] Grégoire
de Nysse – Lettres, éd. et trad. P. Maraval, SC 363, Cerf, 1990, p. 83-10.
SOURCE : http://nouvl.evangelisation.free.fr/gregoire_de_nysse_bio.htm
Saint Grégoire de Nysse
Évêque de Nysse (+ 394)
L'Église accueille dans ses martyrologes (livre des témoins, en grec "marturos") et dans ses synaxaires (en grec "sunaxis" assemblée autour d'une personne) sa grand-mère, ses deux parents et cinq de ses frères et sœurs. Pourtant, il ne commençait pas dans cette voie. C'est un intellectuel passionné de rhétorique qui enseigne la philosophie. Son épouse l'adore et c'est réciproque. Quand son grand frère, saint Basile de Césarée, le consacre évêque de Nysse, une petite bourgade rurale de Cappadoce, cet intellectuel le ressent comme un exil, mais il l'accepte par devoir dans un monde si peu chrétien. Il se heurte à l'empereur qui soutient l'arianisme et qui l'exile. Il reviendra dans son diocèse à la mort de Valens et se fait le champion de la foi en la Trinité. Il sera l'un des principaux artisans de la victoire de l'orthodoxie au concile de Constantinople en 381. Saint Grégoire de Nysse est sans aucun doute l'un des plus grands théologiens spéculatifs, d'une ouverture d'esprit rarement égalée. Ce maître de la théologie contemplative par ses grands traités spirituels, est en même temps un pasteur et un catéchète soucieux de se faire comprendre par tous.
À Nysse en Cappadoce, peu avant 400, saint Grégoire, évêque, frère de saint Basile le Grand, remarquable par sa vie et sa doctrine. Il fut exilé hors de sa ville sous l’empereur arien Valens pour avoir confessé la foi orthodoxe.
Martyrologe romain
SOURCE : http://nominis.cef.fr/contenus/saint/5103/Saint-Gregoire-de-Nysse.html
Saint Grégoire de Nysse (vers 335-394)
Apôtre de la prière pour les défunts
Saint Grégoire de Nysse, le plus jeune des trois Pères Cappadociens avec Basile le Grand et Grégoire de Nazianze, se révèle un fin politicien ecclésiastique recherché et influent, un théologien expert, un orateur, un prédicateur et un exégète estimé. Nous le suivons à travers son Traité de l'âme et de la résurrection
Grégoire de Nysse avec son frère, Basile le grand, et leur ami commun Grégoire de Nazianze, sont dénommés les « trois grands Cappadociens » en raison de leur importance exceptionnelle pour la théologie et pour l'Église. Tous les trois ont renoncé à une carrière profane brillante pour suivre le Christ de manière radicale en s'adonnant à une vie ascétique et solitaire. Mais tous les trois furent appelés à l'épiscopat en raison de leur haute naissance et de leur formation solide. Leur importance fut remarquable pour consolider la foi de l'Église, et pour confirmer la communion ecclésiale avec Rome.
Grégoire naît entre 335 et 340. Il est encore jeune lorsque son père meurt. Il est nommé par son frère Basile évêque de Nysse, petite ville entre Césarée et Ancyre. Il participe en 381 au deuxième Concile œcuménique de Constantinople d'où nous vient le texte définitif de notre Credo. Il est estimé de l'empereur Théodose et prononce en 385 l'éloge funèbre de la Princesse Pulchérie et de l'Impératrice Flacilla. Il meurt vers 394.
Père Anne-Guillaume Vernaeckt
Grégoire de Nysse, Sur l'âme et la résurrection, Cerf, Paris 1995.
SOURCE : http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/la-vie-spirituelle/saintete-et-saints/saints/saint-gregoire-de-nysse-vers-335-394.html
Je suis la lumière du
monde
Notre libre arbitre est
tel qu’il est en son pouvoir de prendre la forme de ce qu’il veut. Aussi le
Verbe dit-il, avec raison, à l’Épouse qui est devenue belle : « En
repoussant toute participation avec le mal, tu t’es approchée de moi, et, en te
rendant proche de la beauté archétype, tu es devenue belle toi-même,
transformée comme un miroir en mon image. » Car la nature humaine,
métamorphosée selon les reflets de ses choix, ressemble vraiment à un miroir.
Tournée vers de l’or, elle paraît être de l’or et présente l’éclat de cette
matière à travers le reflet ; ou bien, si elle réfléchit quelque objet
vil, elle porte, à cause de la ressemblance, l’empreinte de cette laideur,
reproduisant dans sa propre forme les traits d’une grenouille, d’un crapaud, d’une
scolopendre ou de quelque autre vision déplaisante, selon celui d’entre eux
auquel elle fait face. Lors donc que l’âme, purifiée par le Verbe, a laissé le
mal derrière elle, elle reçoit en elle-même le disque du soleil et brille de la
lumière que l’on voit en elle. C’est pourquoi le Verbe lui dit : « Tu
es déjà devenue belle en t’approchant de ma lumière, car cette approche a
attiré en toi la participation à la beauté. »
St Grégoire de Nysse
Frère de Basile de
Césarée, saint Grégoire († 394) fut évêque de Nysse en Cappadoce. / Homélies
sur le Cantique des cantiques, IV, 2, trad. M. Canévet, Paris, Cerf, 2021,
Sources Chrétiennes 613, p. 275-277.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/lundi-4-avril/meditation-de-ce-jour-1/
Dieu pour seule tunique
J’ai ôté ma tunique : devrais-je la
remettre ? dit l’Épouse. J’ai lavé mes pieds : devrais-je
les salir ? (Ct 5, 3). Elle a parfaitement obéi à celui qui
l’invitait à devenir sa sœur, sa toute proche, sa colombe, sa parfaite, afin
que, par là, la Vérité pût s’établir à demeure dans son âme. Car elle a fait
cela même qu’elle entendait, en dépouillant cette tunique de peau qu’elle
avait revêtue après le péché (Gn 3, 21) et en lavant ses pieds de
l’élément terreux dont ils avaient été enveloppés lorsqu’elle avait quitté le
séjour du paradis pour revenir sur la terre et lorsqu’elle avait entendu la
parole : « Tu es terre et tu retourneras à la terre » (Gn
3, 19). Par là, elle a ouvert au Verbe l’entrée de son âme, en écartant le
voile couvrant son cœur, c’est-à-dire la chair. Et, du fait que le Verbe entre,
l’âme fait de lui son vêtement.
Quant à l’engagement de l’Épouse de ne plus reprendre
la tunique enlevée, mais de se contenter, conformément à la loi donnée aux
disciples, de la seule tunique qu’elle a revêtue lorsqu’elle a été renouvelée
par la naissance d’en haut (cf. Jn 3, 3.7), il réalise la parole du
Seigneur ordonnant à ceux qui ont été une fois ornés du vêtement divin de ne
plus revêtir la tunique du péché par-dessus et de ne pas avoir de la sorte deux
tuniques (cf. Mc 6, 9), mais de n’avoir que la nouvelle seule, afin qu’il
n’y ait pas sur la même personne deux tuniques incompatibles entre elles.
St Grégoire de Nysse
Frère de Basile de Césarée, saint Grégoire († 394) fut
évêque de Nysse en Cappadoce. / Homélie 11 sur le Cantique des Cantiques, 5,
trad. A. Rousseau, Bruxelles, Lessius, Les Pères dans la foi 49-50, 2008, p.
240-241.
SOURCE : https://fr.aleteia.org/daily-prayer/dimanche-11-juillet/meditation-de-ce-jour-1/
GRÉGOIRE, ÉVÊQUE DE
NYSSE,
À OLYMPIOS,
TOUCHANT LA PERFECTION
Ce texte de St Grégoire
de Nysse, Traduit par Michel Royer et que nous avons remis en pages après
autorisation, à d'abord été travaillé et mis en ligne par le Hiéromoine
Cassien. Il est aussi visible sur : http://racines.simplenet.com/ortho/
PRÉAMBULE
Toute à ton
honneur, pour toi qui as fait le libre choix du christianisme, cette ferveur
qui te pousse à connaître le chemin qui mène un homme à la perfection en
passant par une vie vertueuse, dans ton désir de voir se maintenir ta vie
durant toutes tes actions à l'abri du reproche. Pour moi, j'aurais tenu
par-dessus tout à ce que tu puisses trouver dans ma vie les exemples propres à
exciter ton zèle, que mes actes, plus que mes paroles, t'offrent l'enseignement
que tu recherches. Car mes directives, touchant l'acquisition des biens
spirituels, ne mériteraient ton crédit que si ma vie s'accordait à mes
discours. Mais j'en suis encore à désirer que cela se réalise et, à mes yeux,
je ne suis pas encore parvenu à cette perfection d'offrir ma vie en exemple
plutôt que de prêcher; aussi, dans ma crainte de te donner l'impression que je
ne t'apporte pas la moindre contribution ni le moindre secours dans ta
recherche, j'ai songé à t'exposer les conditions au prix desquelles on tend
nécessairement vers la vie parfaite; et c'est là le point de départ de mon
propos.
INTRODUCTION
Jésus
Christ, notre bon Maître, nous a fait la grâce d'avoir part à l'adoration de
son Nom; aussi bien ne recevons-nous le nôtre d'aucune des qualités qui nous
affectent, et notamment de la fortune s'il s'en trouve, ou de la noblesse,
d'une naissance obscure ou de la pauvreté, d'une notoriété qui nous viendrait
de quelque situation remarquable ou de notre élévation en dignité, mais à
l'exclusion de toutes ces sortes de choses susceptibles de nous désigner, nous
autres, qui croyons en Lui, recevons une appellation propre, unique, celle de
chrétiens; cette grâce nous a été conférée d'en haut : aussi serait-il bon sans
doute de considérer en premier lieu la grandeur de ce don, en sorte que nous
rendions de dignes actions de grâce au Dieu qui nous a fait un si merveilleux
présent; nous aurions ensuite à nous montrer, tout au long de notre vie, tels
que le réclame la puissance de ce grand Nom. En bref, l'excellence de cette
faveur, dont on nous a jugés dignes en nous faisant partager le Nom du Maître
de nos vies, s'éclairerait pour nous, si nous apprenions à connaître le contenu
propre de notre nom qui vaut en référence au Christ, en sorte que nous prenions
conscience, chaque fois que, sous ce vocable, nos prières appellent à notre
aide le Seigneur de l'univers, quel genre de lumière nous en recevons pour nos
âmes ou ce que nous pouvons saisir à travers ce Nom, en croyant invoquer le
Seigneur avec piété. Or, lorsque nous aurons ces notions, par voie de
conséquence nous apprendrons aussi avec précision comment nous présenter devant
les autres de la manière convenable par le moyen de notre ferveur touchant la
vie, en nous servant de notre nom comme d'un maître et d'un guide conduisant à
la vie.
Si
maintenant nous nous mettons à l'école de saint Paul, en vue de ce double
objectif dont j'ai parlé, nous suivrons une route tout à fait assurée qui nous
conduira avec certitude. Ce dernier, en effet, avec plus de perspicacité que
quiconque, a discerné l'être du Christ et a montré par ses oeuvres quel doit
être celui qui porte son Nom : il a imité le Christ d'une manière si sensible
qu'il a révélé en sa personne une figure de son Maître, son âme étant passée de
sa forme propre en celle de son modèle grâce à l'imitation la plus exacte; à un
tel point que, apparemment, ce n'était plus Paul qui vivait et parlait, mais que
le Christ en personne semblait vivre en lui; ainsi l'a exprimé celui qui avait
un sens merveilleux des biens qu'il possédait en propre : "Puisque vous
cherchez à découvrir une preuve que le Christ parle en moi", et "je
vis, non plus moi-même,s mais le Christ vit en moi".
Ce même Paul
nous a fait connaître le contenu du nom chrétien par ces paroles : "Christ
est la Puissance de Dieu et la Sagesse de Dieu"; il l'a également nommé
"notre Paix, ainsi que la Lumière inaccessible en laquelle Dieu réside, notre
Sanctification et notre Rédemption , notre Grand-prêtre et notre Pâque,
l'Offrande propitiatoire pour nos âmes, le Rayonnement de la Gloire de Dieu et
l'Effigie de sa Substance, Celui par qui Il a fait les siècles, l'Aliment et la
Boisson spirituels, le Rocher et l'Eau, l'Assise de notre foi et la Pierre
angulaire, l'Image du Dieu invisible et notre grand Dieu, la Tête du corps,
c'est-à-dire de l'Église et le Premier-né de la création nouvelle, le Prémices
de ceux qui se sont endormis, l'Aîné d'une multitude de frères, le Médiateur
entre Dieu et les hommes, le Fils unique couronné de gloire et d'honneur, le
Seigneur de gloire et le Principe de toute chose ". Paul dit de Lui en
effet : "Il est le Commencement", "le Roi de justice et le Roi
de paix", "le Roi universel", "Possesseur d'une autorité
sans limites sur son royaume", et de nombreux autres titres de ce genre,
qu'on ne saurait énumérer, étant donné leur multitude.
Or,
rapprochons tous ces qualificatifs et comparons-les mutuellement : tous, pourvus
de leur signification propre, contribueront, chacun pour sa part, à éclairer
Celui qu'ils signifient; il en résultera une notable mise en lumière du nom
formé sur celui du Christ et ces titres convergents nous révèleront de sa
Majesté ineffable autant que nos âmes peuvent en contenir.
Puis donc
que la dignité royale l'emporte sur toute dignité et pouvoir et puissance, que
par ailleurs, à travers le Nom d'Oint, la puissance royale apparaît d'une
manière intrinsèque et immédiate (on sait, suivant l'enseignement de l'histoire,
que l'onction inaugure l'avènement au trône), bref, puisque l'ensemble du
pouvoir des autres titres est renfermé dans la royauté, pour ces raisons,
quiconque a compris ces titres qu'elle renferme, a compris également et
simultanément le pouvoir qui englobe ces pouvoirs partiels; or telle est bien
la royauté que le Nom porté par le Christ désigne en propre. En conséquence, vu
que notre bon Maître nous accorde participation au plus grand, au plus divin et
au premier de tous les Noms, en faisant appeler chrétiens ceux qui ont
l'honneur de porter son Surnom de Christ, il faudra examiner chez nous aussi
toutes les interprétations possibles de ce vocable afin que, loin d'être en
nous mensongère, cette appellation reçoive le témoignage de notre vie.
Car ce n'est
pas le nom qui nous est donné qui fait ce que nous sommes : notre nature
fondamentale, quelle qu'elle soit d'ailleurs, se reconnaît aux traits
distinctifs qui s'attachent à son Nom.
Et par
exemple, si l'on donne le nom d'homme à un arbre ou à une pierre, est-ce pour
cela que la plante ou la pierre prendront la nature huraine ? Impossible !
Mais il faut
au préalable en posséder la nature, seulement ensuite porter son nom. Ainsi,
s'agirait-il même des êtres les plus ressemblants, on ne maintient pas le nom
propre quand on les désigne; comme si l'on disait de la statue d'un homme :
c'est un homme, ou de la reproduction d'un cheval : c'est un cheval. Eh bien !
si l'on doit appeler une chose par son nom et sans tomber dans le mensonge,
c'est sa nature qui nous désignera avec précision la vérité de son nom. Si
d'ailleurs on donne à une matière, quelle qu'elle soit justement, la forme
imitée de quelque objet, on le nomme un bronze, un marbre ou quelque autre
chose de ce genre, c'est-à-dire l'élément sur lequel le sculpteur a exercé son
art quand il représentait, en fiction, la forme extérieure de l'objet.
Par
conséquent, ceux qui reçoivent leur nom du Christ doivent au préalable
préalable être devenus tels que ce nom requiert, ensuite seulement prendre sur
eux ce nom. Comparons plutôt : si l'on veut distinguer un homme qui l'est par
nature, de celui qui porte le même nom du fait de sa ressemblance, on les
discernera l'un de l'autre en s'appuyant sur leurs notes spécifiques
respectives (on désignera le premier comme un vivant doué de raison et de
jugement, l'autre comme une matière inerte, parvenant à prendre forme humaine
par le biais de l'imitation); il en sera de même du chrétien qui l'est
réellement et de celui qui ne l'est qu'en apparence : nous les reconnaîtrons
aux qualités qu'ils ont en propre et qui se manifestent distinctifs.
Or, ces
traits, chez le chrétien authentique, sont ceux mêmes que nous avons découverts
dans le Christ. Il en est parmi eux que nous comprenons : nous les reproduisons
en les imitant; il en est d'autres, en revanche, qui dépassent notre
entendement et que nous ne pouvons imiter : ceux-là, nous les vénérons et les
adorons. Bref, tous les titres propres à révéler ce qu'est le Christ, doivent
briller dans la vie du chrétien, les uns par l'imitation qu'il en donne, les
autres par le culte qu'il leur voue, s'il recherche la "perfection de
l'homme de Dieu", comme le dit l'Apôtre, et se refuse absolument à mutiler
par malice la perfection.
Prenons
encore une comparaison. Ceux qui inventent les monstres de la mythologie, soit
dans la littérature, soit dans la peinture - qu'il s'agisse de figures à tête
de boeuf, à corps de cheval, à pieds de dragon, ou encore de quelque autre
monstre de la sorte issu de la combinaison d'espèces différentes - ne se
guident pas, dans leur oeuvre d'imitateur, d'après un modèle pris dans la
nature mais la trahissent par cette invention absurde et forment quelque figure
étrange et non un homme; ils représentent un être de fiction qui n'a aucune
existence réelle. Or, sans doute, nul n'irait prétendre que c'est un homme, ce
produit d'une composition monstrueuse, quand bien même une partie de l'oeuvre
se trouve-t-elle justement ressembler à la moitié d'un corps humain. De même,
on ne saurait non plus appeler chrétien avec rigueur l'homme qui aurait une
tête animale, entendez celui à qui il manquerait, faute d'avoir la foi, la Tête
de l'univers, laquelle est le Verbe, quand bien même serait-il parfait pour le
reste; il en serait de même pour l'homme dont le corps, entendez la pratique,
apparaîtrait en désaccord avec sa tête, la foi, en s'apparentant aux dragons
par sa colère, ou en se ravalant à la brute à l'instar d'un reptile, ou en
joignant à la figure humaine la passion des chevaux pour les femmes, passant de
la sorte à la double nature de l'hippocentaure composée de raisonnable et
d'irrationnel. Or, on peut voir nombre d'hommes de cette sorte : les uns sous
une tête de veau, entendez soumis à l'idolâtrie, parvenant à mener une vie
convenable, comme on dépeint le Minotaure, d'autres sous un masque chrétien
menant dans leur corps une vie bestiale, comme on représente les centaures et
les dragons.
Puis donc
que le chrétien, à l'image du corps humain, devrait pouvoir se reconnaître à
son intégrité, il convient que la vie du fidèle témoigne de l'empreinte de tous
les biens que nous comprenons dans le sens du Christ. Tu peux, il est vrai, sur
tel point de la vertu, te conformer aux exigences de ton nom, tout en cédant
sur d'autres à ce qui s'y oppose; mais cela revient à être divisé en toi-même,
tu aboutis à prendre le poste de ton ennemi, tu entres en lutte contre toi par
le jeu opposé du vice et de la vertu et tu ne souffriras plus aucune trêve ni
accommodement avec toi, à cause de la vie que tu mènes. "Quoi de commun en
effet entre la lumière et les ténèbres ?" selon le mot de l'Apôtre.
Et puisque,
de fait, l'antagonisme est total et sans compromis possible entre la lumière et
les ténèbres, celui qui s'attache aux deux à la fois sans écarter de lui l'un des
deux, se trouve à son tour, compte tenu de ce que ces principes s'opposent
diamétralement, nécessairement écartelé; il devient en même temps lumière et
ténèbres en sa vie où elles s'enchevêtrent, car d'un côté sa foi l'illumine par
son rayonnement, de l'autre sa vie de ténèbres obscurcit l'éclat qu'il reçoit
du Verbe. Ainsi la compromission de la lumière avec les ténèbres est
impossible, et ces éléments irréconciliables. Celui donc qui embrasse l'un et
l'autre contraires se rend son propre ennemi, il a été scindé en deux par sa
conduite touchant la vertu et le vice et il s'oppose à lui-même comme s'il se
tenait en face d'une formation ennemie.
Et de même
qu'il n'est pas possible à deux adversaires d'être également vainqueurs au duel
(car la victoire de l'un entraîne nécessairement la mort de son opposant),
pareillement dans ce combat intérieur qu'on engage tout au long d'une vie où
bien et mal sont mêlés, n'est-il pas possible à la formation supérieure d'être
victorieuse à moins qu'elle n'ait anéanti complètement sa rivale. De quelle
manière, en effet, l'armée de la piété l'emportera-t-elle sur la malice, si le
front du mal poursuit son offensive contre le front adverse ? Eh bien ! Si le
plus fort a l'intention de gagner la bataille, il lui faut mettre à mort sans
merci son opposant; et la vertu obtiendra le prix de la victoire contre le vice
lorsqu'elle s'alliera à la raison et réduira à néant tout ce qui lui est
contraire. Alors va s'accomplir l'oracle du prophète : "C'est Moi qui
ferai mourir et c'est Moi qui ferai vivre". Car le bien qui est en moi ne
peut vivre à moins que la mort de son ennemi ne l'appelle à la vie. En
revanche, tant que nous embrassons les deux, que nous étreignons solidement de
nos deux bras les contraires, impossible de les posséder ensemble et dans le
même temps; car la vertu échappe à la prise de celui qui empoigne avec force le
vice.
Revenons
donc en arrière et reprenons notre sujet à son point de départ : la seule voie
capable de mener à une vie pure et divine ceux qui aiment la sainteté, consiste
en l'étude de ce que signifie le Nom du Christ; il faut aussi que notre vie se
conforme à son Nom et qu'elle prenne pour guide dans la voie de la sainteté
l'examen de ses autres titres. Proposons donc à notre ferveur initiale toutes
les expressions et tous les titres que nous avons recueillis, au début de notre
traité, des lèvres sacrées de Paul, car ils sont propres à nous faire
comprendre ce qu'est le Christ; ce faisant, nous donnerons la plus ferme
assurance à nos pas sur le chemin qui mène à la sainteté de la vie, ici par
l'imitation, comme on l'a dit précédemment, là par l'adoration et la
vénération.
CORPS DU TRAITÉ
Mais adoptons l'ordre
selon lequel les Noms du Christ ont été énumérés et commençons par les
premiers.
Christ,
selon Paul, est à la fois Puissance de Dieu et Sagesse de Dieu. Par cette
dénomination, ce sont des notions qui conviennent à sa Divinité que nous
apprenons en premier lieu, ce qui nous rend ce Nom digne de vénération. Puisque
toute la création en effet, tout ce qui en elle est à la portée de nos sens et
tout ce qui en dépasse la portée, tient de Lui son origine et ne se maintient
dans l'être que par Lui, c'est une nécessité, pour définir ce qu'est le Christ
Auteur de l'univers, de rencontrer la sagesse unie à la force; car nous avons à
l'esprit cette loi, lorsque nous parlons de l'union de ces deux termes,
entendez la puissance et la sagesse : ni les grandes oeuvres, ni les merveilles
ineffables de la création ne sauraient exister sans que d'un côté la sagesse ne
conçoive leur venue à l'être et que de l'autre la puissance n'accompagne la
sagesse dans l'accomplissement de ses desseins; c'est en effet grâce à la
puissance que, ce qui est conçu, vient à se réaliser. Par conséquent, ce qui
est ici désigné dans le Christ, se divise en une double représentation
correspondante, en la sagesse et en la puissance, afin que d'un côté nous
prenions conscience, en considérant la grandeur de l'univers organisé, par ce
que nous en saisissons, de la Puissance ineffable de son Auteur; et que de
l'autre, en réfléchissant au problème des êtres, à leur genèse au sortir du
néant et à leur extrême diversité de nature créée par l'Esprit de Dieu, nous
adorions la Sagesse incompréhensible de Celui qui les a conçus, Sagesse dont
les desseins sont réalités.
Or la foi en
Christ, puissance et sagesse, n'est point pour nous science improductive et
vaine au regard de l'acquisition du bien. Ce qu'un tel, en effet, réclame en
priant et vers quoi il regarde avec les yeux de l'âme, il l'attire à soi grâce
à sa prière; et de cette façon, en même temps que "par la puissance
s'affermit dans l'homme intérieur", comme dit l'Apôtre, celui qui se
tourne vers la Puissance (or la Puissance, c'est Christ), en même temps devient
un sage, comme le dit le proverbe, celui qui invoque la Sagesse, et dans sa
pensée le Seigneur est encore la Sagesse. Pour me résumer, quiconque ajoute à
son nom celui du Christ - qui est Puissance et Sagesse - ajoute aussi à son
être la puissance en étant fortifié contre le péché, et en même temps se
manifeste en lui la sagesse par le choix qu'il fait du meilleur. Or, puisque la
sagesse et la puissance se manifestent en nous, l'une par notre choix du bien,
l'autre par notre affermissement dans ce choix, c'est bien l'union des deux qui
maintient la perfection de notre vie.
Nous qui
pensons aussi que le Christ est la paix, prouverons de la sorte l'authenticité
du qualificatif de chrétien sur nous-mêmes, dans la mesure où notre vie, à
travers la paix que nous portons, rayonnera du Christ. "Il a tué la haine"
selon le mot de l'Apôtre; de notre côté, évitons par conséquent de la raviver
autour de nous, montrons en revanche dans nos vies qu'elle a cessé de vivre. La
Générosité de Dieu l'a fait mourir pour notre salut; n'allons donc jamais la
ranimer nous-mêmes par un mouvement de colère ou de ressentiment, ce serait
agir contre notre intérêt, pour la ruine de nos âmes, et assurer de la sorte la
résurrection funeste de celle qui par bonheur n'est plus. Mais si nous avons le
Christ, qui est la paix, à notre tour mettons à mort la haine en nos âmes :
alors la mort de celle-ci, dont notre foi nous assure en Lui la réalité, se
maintiendra également dans notre vie à nous. De même, en effet, qu'en
"détruisant le mur qui nous séparait, il a en sa personne créé les deux en
un seul homme nouveau, faisant la paix", à notre tour, amenons à la
réconciliation tant ceux qui nous combattent de l'extérieur que ceux qui, dans
notre sein, forment des partis, afin que la chair ne convoite plus contre
l'esprit, ni l'esprit contre la chair; mais après avoir soumis l'orgueil de la
chair à la Loi de Dieu, vivons en paix autour de nous, régénérés que nous
sommes dans l'unité de l'humanité nouvelle et pacifique, devenu un seul, nous
qui étions deux. Car pour ceux qui étaient désunis, la paix peut se définir
ainsi : n'être plus qu'un coeur et qu'une âme. Lors donc que nous extirpons de
notre nature cette lutte intestine, nous nous trouvons à notre tour pacifiés en
nous-mêmes et devenons paix : la preuve est faite que nous portons sur nous,
véritablement et au sens propre, le Surnom du Christ.
La pensée
que le Christ est la vraie Lumière, incapable de nous tromper, nous enseigne
par ailleurs l'obligation pour notre vie d'être à son tour illuminée d'en haut
des rayons de la Lumière véritable. Or ce sont les vertus, ces rayons qui
émanent du soleil de justice pour nous illuminer; sous leur influence, nous
venons à écarter de nous les oeuvres des ténèbres, et, comme en plein jour, à
nous conduire avec dignité; ayant renoncé aux silences de la honte et accomplissant
toute chose dans la lumière, nous devenons nous-mêmes lumière, capable de
resplendir devant les autres, ce qui fait justement le propre de la lumière.
Si, comme
nous le pensons, le Christ est aussi notre Sanctification, c'est en nous
abstenant de toute action et de tout dessein profanes et impurs que nous
donnerons la preuve de notre authentique communion à son Nom, reconnaissant sa
Vertu sanctificatrice par nos oeuvres et non pas du bout des lèvres, par notre
vie.
En apprenant
aussi que le Christ est notre Rédemption : Il S'est offert Lui-même en rachat
pour nous, nous retirons de ce propos cette instruction : en nous offrant
l'immortalité comme une sorte de prix d'achat pour chacune de nos âmes,
Il~s'est acquis en bien propre ceux qu'Il a rachetés Lui-même de la mort par la
vertu de sa Vie. Si donc nous sommes passés au service de notre Rédempteur,
tournons-nous entièrement vers notre Maître, ne recherchons plus notre intérêt
personnel, mais vivons au service de Celui qui nous a obtenus en échange de sa
Vie. Car nous ne sommes plus nos maîtres, mais notre Rédempteur dispose
désormais des biens qu'Il s'est acquis, et cette acquisition, c'est nous-mêmes.
La Volonté de notre Maître sera donc la règle de notre existence. Oui, de même
qu'autrefois, à l'époque où la mort exerçait sur nous sa domination, le péché
faisait en nous la loi, aujourd'hui, où nous sommes devenus les sujets de la
Vie, il faudrait que notre comportement se transformât à l'image de cette Vie
qui a tout pouvoir sur nous; il est à craindre, en effet, si jamais nous nous
détournons des exigences de la Vie, qu'à nouveau nous ne passions
volontairement à l'ennemi, au cruel tyran de nos âmes, je veux dire : à la
mort, en cédant au péché.
Une même
pensée va nous apparenter au Christ, lorsque nous entendons Paul nous dire
"qu'Il est notre Pâque et qu'Il est notre Grand-prêtre : "Oui,
vraiment, notre Pâque a été immolée pour nous, Christ". Mais le Prêtre qui
a offert à Dieu la victime, n'est autre que le Christ en personne : Il S'est
offert pour nous en sacrifice, selon l'Apôtre, comme un oblat et une hostie.
Nous retirons ainsi de ces paroles l'enseignement suivant : quiconque tourne
les yeux vers Celui qui S'est offert comme un oblat et une hostie et S'est fait
notre pâque, à son tour s'offrira à Dieu en "hostie vivante, sainte,
agréable et Lui rendra de la sorte un culte spirituel". C'est ainsi par
ailleurs qu'il exercera son sacerdoce : "il refusera de se modeler au
monde présent, mais se transformera et se renouvellera dans son esprit en
s'efforçant de discerner quelle est la Volonté de Dieu, qui est excellente, qui
nous rend agréable à Lui et qui est parfaite". La chair ne peut, en effet,
tant qu'elle est en vie et qu'elle n'a pas été sanctifiée conformément au culte
spirituel, manifester en elle la Volonté de Dieu et son excellence; "Car
les pensées de la chair s'opposent à Dieu et ne se soumettent pas à sa loi;
elles ne le peuvent même pas", aussi longtemps que la chair demeure en
vie; si en revanche elle a été sacrifiée au moyen de l'hostie qui fait naître à
la Vie, au moyen de la mortification de nos membres terrestres qui sont les
instruments de nos passions, alors la Volonté divine qui rend agréable à Dieu
et qui est parfaite s'épanouira sans entrave dans la vie des croyants.
C'est un
enseignement semblable que l'on retire en songeant que le Christ est le
propitiatoire aspergé de son propre sang : chaque homme, en songeant à cela,
devient en personne pour lui-même un propitiatoire, en purifiant son âme par la
mortification de ses membres.
Lorsqu'on
dit ailleurs du Christ qu'Il est le Rayonnement de la Gloire de Dieu et
l'Effigie de sa Substance, on nous donne en ces termes les notions concernant
sa Majesté adorable. Paul, cet homme véritablement inspiré, que Dieu Lui-même
enseignait, qui scrutait par le détail les mystères invisibles et les secrets
de Dieu à travers les trésors profonds de la Sagesse et de la Science divines,
voulant traduire les révélations que Dieu lui avait faites touchant la clé des
mystères insondables et impénétrables, n'a point trouvé en sa bouche
d'expression à la hauteur de sa pensée; aussi est-ce par quelques étincelles,
selon que l'oreille de ses auditeurs percevait ce qu'il avait lui-même saisi
dans le mystère, qu'il a fait entrevoir ce qu'il avait vu, ne parlant que dans
la mesure où le langage pouvait se montrer secourable à sa pensée.
C'est un
fait : il avait beau avoir compris ce qui est donné à nos facultés humaines de
saisir touchant la nature divine et, dans ces limites, tout compris, il révèle
que le fond de l'être transcendant est aussi inaccessible qu'impénétrable à nos
raisonnements humains. C'est pourquoi, lorsqu'il parle de ce qu'il a contemplé
en Lui, de la paix, de la puissance, de la vie, de la justice, de la lumière,
de la vérité et d'autres attributs semblables, il montre clairement que ce qui
constitue sa raison dernière est totalement insaisissable, en déclarant que
Dieu n'a jamais été vu et ne le sera jamais : "Lui qu'aucun homme n'a vu,
ni ne peut voir", dit-il. Aussi, dans sa quête d'une désignation pour ce
qui ne peut être appréhendé par nos raisonnements, n'ayant pas trouvé de nom
propre à traduire ces mystères impénétrables, il a appelé gloire et substance
ce qui est au-delà de tout bien et qui ne peut être conçu ni exprimé dignement.
Ainsi, pour commencer, Paul a laissé sans la nommer l'essence transcendante au
monde des réalités; puis comme il s'efforçait d'interpréter l'Unité étroite et
indissoluble du Fils avec le Père et son union, dans une contemplation infinie
et éternelle, avec le Père infini et éternel, il dit : Rayonnement de sa Gloire
et Effigie de sa Substance, voulant formuler par le rayonnement leur
Connaturalité et par l'effigie leur Égalité consubstantielle. Et de fait, on
n'imagine pas d'intermédiaire entre le rayon et la source qui l'émet, pas
davantage d'infériorité de l'effigie à la substance, l'effigie étant sa
représentation; au contraire, pour qui pense à une source lumineuse, son
rayonnement s'imagine parfaitement et simultanément auprès d'elle; de même,
pour qui a en tête les dimensions d'une substance, cette substance se mesure
parfaitement aussi sur son effigie qui s'offre à la vue.
C'est
pourquoi Paul dit encore que le Seigneur est "la Forme de Dieu", sans
rabaisser pour autant le Seigneur par cette notion de forme; il met, au
contraire, en pleine évidence la Grandeur de Dieu, par l'intermédiaire de la
Forme qui offre à notre contemplation la Majesté du Père : celle-ci ne dépasse
d'aucune manière les limites de la forme qui est la sienne, et on ne la trouve
pas en dehors de l'Effigie qui la circonscrit. Il n'existe rien, en effet, chez
le Père qui soit contraire à sa Forme et à sa Beauté, rien que la Beauté du
Fils unique ne glorifie. Aussi bien le Seigneur déclare-t-Il : "Celui qui
M'a vu a vu le Père", indiquant de la sorte qu'il n'existe aucune
dissemblance, ni par insuffisance, ni par exagération.
Lorsque Paul
exprime ailleurs que "le Christ soutient l'univers par sa parole
puissante", il met un terme au problème soulevé par ceux qui se mêlent
impudemment des mystères insondables, par ces gens, en quête d'un principe pour
la matière, qui ne se tiennent nulle part tranquilles, étant donné leur
curiosité intempestive : comment, disent-ils, de ce qui est immatériel, la
matière provient-elle et la quantité de ce qui en est exempt ? Comment encore,
de ce qui ignore la forme, la forme naît-elle, et de ce qui est invisible, la
couleur, et de ce qui est infini, ce que nous expérimentons grâce à ces
dimensions ? Et si la qualité est entièrement étrangère à ce qui est simple et
exempt de toute composition, d'où vient-il que la matière se trouve liée à des
qualités qui l'affectent ? Toutes ces questions, que se posent ces curieux, et
d'autres encore du même genre trouvent donc leur solution dans le mot de
l'Apôtre : "la parole puissante du Verbe soutient l'univers" et du
néant l'appelle à l'existence. Oui, tous les êtres, qu'ils appartiennent au
monde des matières ou qu'ils aient reçu la nature immatérielle, possèdent comme
principe unique de leur substance la parole de la Puissance ineffable.
Or la leçon
à tirer pour nous de ces propos, c'est d'avoir nos regards tournés vers Celui à
qui l'univers doit son origine. Si c'est en effet par Lui que nous avons été
amenés à l'existence et que c'est en Lui que nous nous y maintenons, cet acte
de foi s'impose absolument : rien n'échappe à la Connaissance de Celui en qui
nous sommes, par qui nous avons accédé à l'être et vers qui nous retournons.
L'innocence conforme à la Vie s'épanouira normalement, en harmonie avec cette
pensée : qui donc, je me demande, assuré par sa foi que sa vie vient du Christ,
lui est donnée par Lui et trouve en Lui sa stabilité, osera prendre pour témoin
d'une vie inconséquente Celui qui embrasse en Lui-même l'existence de chacun ?
En appelant
ailleurs le Seigneur "Aliment et Breuvage spirituels", le divin
Apôtre suggère par ces mots l'idée que la nature humaine n'est pas une
substance simple, qu'une partie spirituelle au contraire s'y mêle à la partie
sensible, qu'il y a donc une nourriture appropriée à chacune des parties qu'on
observe en nous : un aliment matériel pour soutenir notre corps et une
nourriture spirituelle pour produire en nous la vigueur de l'âme. Eh bien ! de
même que les composants solide et liquide de notre alimentation corporelle, en
s'unissant entre eux, assurent notre subsistance naturelle : une cuisson
proportionnée les mêle à chacun des éléments qui composent notre organisme, de
même Paul, d'une manière également proportionnée, répartit aussi la nourriture
spirituelle : il nomme alternativement la même chose aliment solide et boisson,
selon qu'elle s'accommode à l'usage particulier de ceux qui la portent à leur
bouche. De fait, ici, à l'adresse des âmes sans ressort et abattues, elle
devient un pain "qui affermit le coeur de l'homme"; là en revanche,
pour ceux que les travaux de cette vie ont épuisés et partant rendus assoiffés,
elle devient un vin " qui pousse le coeur à se réjouir".
Ce qui vient
d'être dit donne à entendre quelle puissance a le Verbe : Il assure sa
nourriture à l'âme qui, proportionnellement à ses besoins, reçoit de Lui la
grâce, selon le langage figuré du prophète qui, sous le signe du "pré
d'herbe fraîche" et "des eaux délassantes", exprime la
consolation venant du Verbe aux âmes fatiguées. Mais à supposer qu'on vienne à
dire aussi, en considération du mystère, que c'est au sens littéral que le
Seigneur est nommé "Aliment et Boisson spirituels", cet aspect même
n'est pas exclu de la signification propre à ces mots : "son Corps en
effet est vraiment une nourriture et son Sang vraiment un breuvage".
Pourtant, c'est en pensant au premier des deux sens, qu'on met à la libre
disposition général la communion au Verbe : reçu par ceux qui Le recherchent,
Il devient en effet leur aliment et leur boisson, même s'ils Le portent à leur
bouche sans discernement. En revanche, pour ce qui est du second sens, ce n'est
plus sans examen ni sans discernement que l'on communie à une telle nourriture
et à un tel breuvage, car l'Apôtre nous spécifie, en ces termes : "Que
chacun s'éprouve soi-même et qu'ayant ainsi fait, mange de ce pain et boive de
cette coupe. Pour qui en revanche mange et boit indignement, c'est sa propre
condamnation qu'il mange et qu'il boit".
C'est encore
vers ce sens littéral, à mon avis, que l'évangéliste regarde avec évidence en
notant ce qui suit : à l'occasion de la Passion mystique, le membre bien connu
du conseil et plein d'empressement, se servit d'un linge immaculé et pur
lorsqu'il prit le Seigneur par le milieu du corps; et c'est encore dans un
tombeau neuf et propre qu'il Le déposa. Partant, l'avertissement de l'Apôtre
autant que la remarque de l'évangéliste nous font une loi de recevoir le Corps
sacré dans une conscience pure; et s'il s'y trouvait quelque souillure du fait
d'un péché, il faudrait s'en être purifié au préalable par l'eau des larmes.
Le Christ,
appelé encore le Rocher, nous fait mettre à profit ce nom à la fois par
l'affermissement d'une base immuable de la vie selon la sainteté, par une
conduite inébranlable orientée vers la constance dans les épreuves, et à
travers les efforts de notre âme pour montrer sa solidité et son endurance
contre tout assaut du péché; grâce à ces efforts et d'autres semblables, nous
aussi deviendrons un rocher, en reproduisant autant qu'il est possible, à
l'intérieur de notre nature instable, la Stabilité et l'Immutabilité du
Seigneur.
Le même
Seigneur est désigné par le sage architecte comme fondement de la foi et la
pierre angulaire couronnant l'édifice; cela non plus ne s'avère pas une
contribution inutile pour nous à l'exercice de la vie selon la sainteté; car
nous apprenons par là que le Seigneur est à la fois le Principe et l'Achèvement
de tout genre de vie conforme au bien, de toute doctrine et de toute activité
qui sont bonnes.
En effet,
l'espérance, qui est à comprendre sous le terme de pierre de couronnement, à
laquelle se rapporte tout ce qui fait l'objet de nos soins touchant la
sainteté, c'est le Christ, ainsi désigné par Paul; en même temps, la foi en Lui
devient la base de cette haute tour qui s'édifie par notre vie; dès lors que
nous établissons sur la foi les principes de notre vie, comme on pose une
pierre de fondation, et que nous décidons d'établir dans la pureté nos pensées
et nos actes en dirigeant heureusement nos actions de chaque jour, la Tête qui
couronne l'univers vient également nous couronner; elle s'ajuste au sommet des
deux murs dont l'un se rapporte au corps, l'autre à l'âme et que notre vie
élève par les bonnes moeurs et la pureté, et elle assure notre connexion à
l'équerre; de sorte que s'il vient à manquer l'un des deux pans de muraille,
soit que les bonnes oeuvres, ce qui se voit, ne s'élèvent pas de concert avec
la pureté de notre âme, soit que la sainteté de celle-ci ne marche pas de pair
avec ce qui se voit, le Christ ne peut alors couronner cette vie incomplète : il
s'ajuste seulement à un édifice comportant deux murs élevés simultanément à
l'équerre, et l'équerre est irréalisable en dehors de l'élévation simultanée
des deux murs. Ainsi l'embellissement, qu'une pierre d'angle apporte en le
couronnant au sommet d'un édifice, sera disposé sur celui que nous élevons le
jour où notre vie, sous ses deux aspects, aura pris une extension harmonieuse,
conforme de part et d'autre à la règle d'une vie rectifiée au cordeau des
vertus, bref, lorsqu'elle sera devenue droite et sans écart, n'offre plus rien
en elle de tortueux ni d'infléchi.
Paul, en
appelant Image du Dieu invisible le Christ, le Dieu souverain de l'univers et
le grand Dieu (il proclame encore la Grandeur de notre Maître véritable par ces
mots : "notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ" ; et ailleurs :
"desquels est issu le Christ selon la chair, Lui qui est au-dessus de
tout, Dieu béni éternellement")... En s'exprimant de la sorte, il nous
donne, par ses paroles, l'instruction qui suit :
Celui dont
l'être, éternellement, est précisément identique à Lui-même (Il est par
ailleurs ce que justement l'Être immuable se trouve seul à connaître; car la
compréhension humaine, en la personne de ceux dont les pensées sont élevées, a
beau s'approcher constamment de Lui à mesure qu'elle progresse, elle se trouve
cependant toujours distancée par une mesure égale)... ce Christ, donc, qui est
au-delà de toute connaissance et de toute compréhension, qui est l'Ineffable,
l'Inexprimable et l'Inexplicable, voulant te rendre à nouveau image de Dieu,
S'est fait Lui-même par son Amour de l'homme Image du Dieu invisible; prenant
une forme humaine individuelle, Il S'est modelé à ton être, en sorte que, pour
ta part, grâce à Lui, tu recouvres la conformité et l'empreinte de la beauté
exemplaire et originelle, afin que tu deviennes cet être précis que tu étais à
l'origine.
Si donc nous
avons à devenir nous aussi l'image du Dieu invisible, modelons, comme il
convient, la manière d'être de notre vie d'après le type d'existence qui nous
est proposé; qu'est-ce à dire ? pour ceux qui vivent dans la chair, de ne pas
vivre selon la chair. Et de ce fait, si cette Image exemplaire du Dieu
invisible, venue par le canal de la Vierge habiter parmi nous, a fait en tout
l'expérience de notre condition, à la ressemblance de notre nature, du péché
seul pourtant elle n'a point partagé l'expérience : "Il n'a pas commis de
péché et l'on n'a pas trouvé d'artifice sur ses lèvres".
Prenons donc
une comparaison : si l'on nous enseignait l'art de peindre et que notre maître
ait placé devant nous sur un tableau une forme bien réussie, il nous faudrait,
chacun sur sa propre peinture, reproduire à la perfection, la beauté de cette
forme, en sorte de bien réussir tous nos tableaux, conformément à la beauté du
modèle proposé; de la même façon, puisque chacun est créateur-peintre de sa
propre vie, que la volonté libre est artisan de cette création et que les
vertus sont les couleurs servant à l'achèvement de l'image, le risque n'est pas
mince d'altérer la beauté exemplaire en la reproduisant et d'aboutir à une
figure hideuse et informe, par l'emploi qu'on aura fait de couleurs souillées,
en substituant, dans sa peinture, à la forme authentique du maître, l'empreinte
sombre du vice; ce sont au contraire les couleurs immaculées des vertus, mêlées
entre elles selon des teintes artistement composées, que l'on utilisera le
mieux qu'on pourra pour reproduire la beauté de l'image; nous deviendrons de la
sorte image de l'Image, ayant reçu l'empreinte de la beauté exemplaire au moyen
d'une imitation aussi active que possible; c'est ainsi qu'agissait Paul, en se
faisant imitateur du Christ par une vie de sainteté.
Maintenant
si, dans mon exposé, il faut encore énumérer en les distinguant, les couleurs
selon lesquelles s'opère l'imitation de l'Image, la première entre elles est
l'humilité : "Apprenez de Moi - nous dit le Christ - que Je suis doux et
humble de coeur". En seconde nuance, la longanimité, qui s'est manifestée
avec quelque vigueur en l'Image du Dieu invisible. Épée, bâton, liens et fouet,
joues qu'on meurtrit, visage que l'on conspue, dos qu'on livre à la
flagellation, jugement impie, sentence cruelle, joie de la soldatesque à cette
sombre sentence, parmi les railleries et les sarcasmes, les outrages et les
coups reçus du roseau, les clous, le fiel et le vinaigre et tout ce qu'il y a
de plus horrible, dirigé contre Lui sans raison, ou mieux, accordé en échange
de ses multiples Bienfaits. Quelle est donc sa défense contre les auteurs de
ces crimes ? "Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils
font". N'était-il pas capable, demandera-t-on, de déchirer les cieux et
d'en descendre les châtier, ou d'anéantir ces brutes en les engloutissant au
sein de la terre, ou de faire déborder contre eux la mer de ses rives pour
immerger la terre dans les abîmes, ou de lancer contre eux le déluge de feu de
Sodome, ou de déclencher contre eux quelque autre sombre cataclysme, par un
commandement ? Eh bien ! tout cela, Il l'a supporté avec douceur et
longanimité, Lui qui donne à ta propre vie, à travers sa Personne, l'obligation
d'être longanime. On peut de cette manière examiner à leur tour les autres
nuances touchant l'Image exemplaire de Dieu; celui qui tourne vers elle ses
regards et, en la suivant, embellit visiblement sa propre forme, devient lui
aussi image du Dieu invisible par la touche de la patience qu'il y met.
Celui qui a
appris que le Christ est la Tête de l'église, qu'il porte avant tout son
attention sur ce point : tout chef participe du corps qui lui est soumis par
une égale communauté d'origine et de substance et le lien originel qui rattache
à l'ensemble les membres pris individuellement, constitue une unité en ce qu'il
assure la sympathie des parties au tout, par une "conspiration" spécifique.
En conséquence, si quelque chose est extérieur au corps, il est de même
entièrement étranger au chef. La raison nous enseigne donc par là que les
membres pris un par un, ont à devenir précisément ce que la tête est par
nature, s'ils veulent être dans la familiarité de celle-ci. Or, c'est nous qui
sommes les membres, nous qui contribuons ensemble à former le Corps du Christ.
En conséquence, si l'on "détache un membre du Christ pour en faire le
membre d'une prostituée", en frappant devant soi de sa fièvre licencieuse
comme d'une épée, on rompt tout à fait, par cette passion mauvaise, les liens
qui unissent les membres à la tête. Or c'est encore ainsi que les autres
manoeuvres du mal deviennent des épées : par elles, les membres sont retranchés
de la cohésion du Corps; par elles, se trouvent séparés de la Tête tous ceux
envers lesquels s'opère cette coupure par le jeu des passions. Afin donc que le
Corps demeure tout entier en cohésion avec la nature, il convient aussi que
chacun des membres pris individuellement se tienne dans la familiarité de la
Tête; si l'on admet par exemple que la Tête est pureté en vertu de son essence,
il faut que soient entièrement purs les membres qui sont tributaires d'un tel
Chef; si nous concevons la Tête comme incorruptibilité, c'est dans
l'incorruptibilité que doivent se maintenir entièrement les membres. De la même
manière, il est conséquent que toutes les autres notions, auxquelles, dans
notre pensée, nous identifions la Tête, puissent se discerner aussi dans les
membres : la paix, la sainteté, la vérité et toutes les autres qualités de
cette sorte. Pour les membres, en effet, attester la présence en eux de ces
qualités et d'autres semblables, c'est témoigner de leur cohésion naturelle
avec la Tête, conformément au langage de l'apôtre : "La Tête c'est le
Christ; de Lui le Corps tout entier reçoit harmonie intime et cohésion et opère
son accroissement, en s'appropriant sous toutes les formes l'apport de
ressources vitales lié à l'activité des parties donnant chacune sa mesure."
Il convient
que ce nom de "Tête" donné au Christ nous procure encore cette
instruction : comme on le voit chez les êtres vivants, c'est de la tête que
part l'incitation du corps aux diverses actions. C'est, en effet, au moyen de
l'oeil et de l'oreille que chaque chose, une par une, se trouve menée à bien,
tant la démarche pour le pied que l'activité de la main. Si l'oeil, de fait, ne
surveille pas les occupations ou si l'oreille ne reçoit pas l'indication,
impossible aux mouvements dont j'ai parlé de se faire comme il faut. Ainsi
est-ce en nous conformant à notre véritable Chef que nous, son Corps, devons
aussi nous mouvoir d'une façon correspondante, prêts à toute impulsion et à
toute activité, partout où Celui qui a formé l'oeil et tant l'oreille, nous
montrera la voie. Puis donc que le Chef a les yeux tournés vers les choses d'en
haut, de même faut-il que les membres, qui ne font qu'un avec la Tête qui les
coiffe, suivent entièrement la conduite de leur Chef et que leur poids les
entraîne vers les choses d'en haut.
Lorsque nous
apprenons que le Christ est le "Premier-né de la création", le
"Premier-né d'entre les morts" et "l'Aîné d'une multitude de
frères", commençons par repousser les conceptions hérétiques, en songeant qu'ils
ne trouvent rien qui les justifient dans les paroles susdites pour constituer
leur doctrine pernicieuse; cela fait, nous méditerons aussi ce qui, pour nous,
dans ces noms, contribue à la vie morale. Étant donné, dis-je, que les ennemis
de Dieu déclarent que le Fils unique de Dieu, l'artisan de l'univers, Celui
"de qui, par qui et en qui toutes choses existent" est à la fois le
produit, la créature et l'ouvrage de Dieu, ils expliquent que c'est aussi pour
cette raison qu'Il est appelé le "Premier-né de toute créature", à
titre de frère de la création, en tant que revêtu de la primauté uniquement par
le privilège de l'ancienneté, comme il en est de Ruben, placé au premier rang
de ses frères, non par un privilège de nature, mais par l'ancienneté.
Il faut,
pour commencer, dire ceci contre eux : le même ne peut être, au regard de la
foi, à la fois fils unique et premier-né. Car on ne saurait concevoir ni le
fils unique accompagné de frères, ni le premier-né privé de frères, mais s'il
est fils unique : il n'a pas de frères, si, en revanche, il est premier-né
d'une famille : il n'est aucunement fils unique et n'en reçoit pas le nom. Par
conséquent, il est impossible de concilier et d'associer ces titres l'un avec
l'autre à propos de la même personne, c'est dire que le même est incapable de
porter les deux à la fois, et fils unique et premier-né. Et pourtant,
l'Écriture nous dit, touchant le Verbe qui était au commencement : Il est le
Dieu Fils-unique, et Paul, à l'opposé : Il est le Premier-né de toute créature.
Il convient donc de faire la part des choses au crible de la vérité, en
établissant une distinction exacte entre chacun de ces noms, en sorte que l'on
donne le nom de Fils unique au Verbe qui est avant tous les siècles et que,
d'un autre côté, le Verbe fait chair prenne celui de Premier-né de toute
création effectuée postérieurement dans le Christ.
C'est encore
d'après l'idée de premier-né, comme une suite logique, qu'il nous faut
concevoir la notion qui nous vient à l'esprit quand on nous dit qu'Il est le
Premier-né d'entre les morts et l'Aîné d'une multitude de frères. Ainsi, Celui
qui a été "Prémices de ceux qui se sont endormis", devient "le
Premier-né d'entre les morts", afin d'ouvrir à toute chair le chemin de la
résurrection; en outre, dans son dessein de nous transformer d'enfants de
colère que nous étions auparavant par la naissance selon la chair, en
"fils du jour et fils de lumière" au moyen de la naissance d'en haut
par l'eau et l'Esprit, le Christ en personne se soumet le premier dans le
courant du Jourdain à une telle naissance, attirant ainsi la grâce d'en haut
sur Lui, prémices de notre nature, en sorte que tous ceux qui sont enfantés à
la vie, par la seconde naissance selon l'Esprit, reçoivent le nom de frères de
Celui qui les a précédés dans la régénération par l'eau et l'Esprit.
De la même
façon, si nous pensons aussi que le Christ est le premier-né de la création qui
s'est opérée en Lui, nous ne sortons pas de la doctrine de la piété. Puisqu'en
effet, l'antique création s'en est allée, ayant perdu sa raison d'être par le
fait du péché, il était nécessaire qu'elle prît la succession des choses
disparues, la nouvelle création vivante, qui s'établit par la seconde naissance
et la résurrection d'entre les morts; et l'auteur de la vie qui en prend la
tête, en devient le premier-né et prend ce nom. Mais de quelle manière d'abord
il faut répondre à nos adversaires, avec le peu que nous avons dit, il serait
facile à qui veut bien s'en donner suffisamment la peine, d'être un allié
efficace pour la vérité. Comment ensuite nos propos peuvent contribuer
visiblement à la vie selon la sainteté, nous allons l'exposer en peu de mots.
Ruben fut
l'aîné de ceux que la naissance avait appelés au monde après lui; mais, par
surcroît, l'empreinte, qu'ils portaient visiblement sur eux, d'un air de
famille avec leur aîné, témoignait en faveur des puînés, de leur parenté avec
lui, au point que leur consanguinité, dont témoignait la similitude de leur
conformation, ne pouvait s'ignorer. En conséquence, si nous aussi, en naissant
à nouveau par l'eau et l'Esprit, d'une naissance analogue à celle du Christ,
sommes devenus les frères du Seigneur, qui, par nous, devient Lui-même l'aîné
d'une multitude de frères, il serait logique de faire apparaître notre parenté
légitime avec Lui par l'empreinte que porterait notre vie, où la forme du
premier-né de la création serait représentée. Or, quelle est l'empreinte
caractéristique de sa forme, d'après l'enseignement que nous avons reçu de l'
Écriture ? Nous l'avons souvent mentionnée : "Il n'a pas commis de péché
et on n'a point trouvé d'artifice sur ses lèvres". Si donc, nous nous
destinons à prendre le nom de frères de Celui qui fut le pionnier de notre
régénération, l'innocence de notre vie confirmera notre parenté avec Lui sans
qu'aucune souillure ne nous sépare de l'union avec la pureté. Mais notre Aîné
est aussi la Justice, la Sainteté, l'Amour, la Rédemption et les autres
attributs de ce genre. Si donc notre vie présente à son tour de telles
empreintes, nous fournirons des marques visibles de la noblesse de notre race,
en sorte que celui qui les remarque dans notre vie, vienne à témoigner en notre
faveur de notre fraternité avec le Christ. C'est bien Lui qui nous a ouvert la
porte de la résurrection et qui pour cela est devenu prémices de ceux qui se
sont endormis. C'est donc notre résurrection générale qui aura lieu "en un
clin d'oeil, au son de la dernière trompette", qu'Il a annoncée, par ce
qu'Il a accompli à la fois sur Lui-même et sur les autres hommes que la mort
avait pris en son pouvoir.
En vérité,
ce n'est pas une condition identique qui va recevoir en l'autre vie tous ceux
qui se lèveront de la terre où ils avaient leur tombeau, mais "ceux qui
ont fait le bien iront à une résurrection de vie, ceux qui par contre ont fait
le mal, à une résurrection de damnation". De la sorte, si la vie d'un
homme s'oriente vers cette terrible sentence de condamnation, quand bien même
est-il agrégé aux frères du Seigneur par la naissance d'en-haut, cet homme fait
mentir son nom et renie sa parenté légitime avec le Premier-né en se conformant
au mal.
Le
"Médiateur entre Dieu et les hommes", Lui dont la Personne est le
lien qui noue l'humanité à Dieu, ne relie que ce qui précisément est digne de
s'unir à Dieu. Il avait créé par Lui-même une parenté entre l'homme qu'Il était
en personne et la Puissance de la Divinité : Il partageait notre nature, sans
être tombé toutefois au pouvoir des passions de la nature qui incitent au péché
(Il n'a pas, en effet, commis de péché, comme il est dit, et l'on n'a pas trouvé
d'artifice sur ses lèvres"); de la même façon, Il conduira à leur tour
tous les hommes un par un à l'union avec la Divinité, à condition qu'ils
n'apportent sur eux rien qui soit indigne de s'unir au divin. Au contraire, si
quelqu'un est véritablement le temple de Dieu, qu'il ne contient en lui-même
aucune idole du mal ni image faite d'après son modèle, cet homme sera accueilli
par le Médiateur dans la communion de la Divinité, puisqu'il s'est purifié pour
accueillir la pureté qui habite ici même. Car d'une part, "la sagesse
n'entrera pas dans une âme perverse", comme le dit la parole de Dieu; le
coeur pur, d'autre part, en lui-même n'a rien d'autre en vue que Dieu; comme il
adhère à Lui solidement par l'incorruptibilité, il a reçu de Dieu à l'intérieur
de son être tout ce qui constitue l'excellence de son règne.
Ce passage
offrirait pour nous une évidence plus grande par l'adjonction de la parole du
Seigneur rapportée par Marie aux apôtres, car elle ajouterait à la clarté de
nos propos : "Je m'en vais, dit-Il, à mon Père et à votre Père, à mon Dieu
et à votre Dieu." Voilà les paroles du Médiateur entre le Père et les
fils, qui étaient publiquement déshérités, de Celui qui, par sa personne, a
réconcilié les ennemis de Dieu avec l'authentique et unique Divinité. Les
hommes, en effet, selon la parole du prophète, se sont coupés par le péché du
sein maternel, où ils trouvaient la vie et se sont égarés, en proférant
l'erreur au lieu de la vérité, loin des entrailles où ils avaient été formés;
c'est pourquoi (notre Médiateur) S'est chargé des prémices de notre commune
nature en prenant un corps et une âme, les a sauvées en sa Personne, purifiées
de tout mal et de toute compromission avec lui et les a rendues saintes, afin
d'attirer à Soi, avec ces prémices et par elles, qu'Il a consacrées par
l'incorruptibilité, au Père de l'incorruptibilité, tout ce qui se trouve d'une
nature analogue à la leur et d'une même race, et afin d'accueillir à la fois
les fils qui étaient publiquement déshérités pour que le Père les adopte, et
les ennemis de Dieu, pour les rendre participant de sa Divinité. En résumé, de
même que les prémices de la pâte sont entrées dans la famille du vrai Dieu et
Père par le moyen de la pureté et de l'apatheia, nous aussi qui sommes la pâte,
adhérerons au Père de l'incorruptibilité par les mêmes voies, en imitant,
autant que nous le pourrons, l'apatheia et l'immutabilité de notre Médiateur.
Car nous
serons la couronne de pierres précieuses du Dieu-Fils unique, une fois devenus
par notre vie un objet précieux et glorieux. Paul dit en effet que
"S'étant abaissé un court instant au-dessous des anges" en subissant
la mort, Il S'est fait une couronne, par ce qu'Il a accompli en mourant, de
ceux qui jadis avaient été changés en épines par leur péché; par sa Passion, Il
a converti radicalement l'épine en un objet d'honneur et de gloire. Cela étant,
alors qu'une fois pour toutes "Celui qui enlève le péché du monde"
S'est coiffé de la couronne d'épines pour lui substituer la couronne tressée d'honneur
et de gloire, il y a risque grave qu'un homme, devenu épine et chardon par sa
vie mauvaise, se trouve serti ensuite au beau milieu de la Couronne du
Seigneur, en communiant à son Corps. A lui s'adresse très justement cette
parole : "Comment t'es-tu introduit en ce lieu sans avoir revêtu la robe
nuptiale ?" Comment es-tu venu te joindre, puisque tu es une épine, à ceux
qui s'associent en honneur et en gloire à ma couronne ? "Quelle entente
entre Christ et Bélial ? Quel rapport entre fidèle et infidèle ? Quoi de commun
entre la lumière et les ténèbres ?" Pour que notre vie ne profère jamais
contre nous l'accusation contenue dans ces paroles, il faut prendre soin de
débarrasser à chaque instant notre vie de toute action, de toute parole et de
toute pensée épineuses, mais devenons un objet d'honneur et de gloire afin
d'être par nous-mêmes une couronne pour le Chef de l'univers, une fois devenus
en quelque sorte le fief et la propriété de notre maître.
Le
"Seigneur de la Gloire" n'accepte en effet ni la nature, ni le nom de
seigneur d'aucune créature infâme. Partant, celui qui répugne à toute espèce de
turpitude et d'obscénité établit suzerain sur lui-même, pour ce qui est de la
part cachée de l'homme et aussi de celle qui se voit, Celui qui a la nature et
porte le nom de Seigneur, non de l'infamie, mais de la Gloire.
Mais Il est
également le Principe. Or un principe universel, dans son comportement, n'est
pas sans relation avec ce qui vient après lui; car si la vie se trouve
déterminer la nature du principe, on comprendra que ce qui vient après lui,
aura à son tour entièrement la nature de la vie; et si le principe est lumière,
on comprendra que ce qui vient après lui est également lumière. Or quel
avantage retirons-nous à croire que le Christ est le Principe ? Celui de
parvenir nous-mêmes à la ressemblance de ce qui constitue selon notre foi la
nature de notre principe. On ne dit point de la lumière, remarquons-le bien,
qu'elle est un principe de ténèbres, et si la vie est bien incluse dans un
principe, on n'ira point imaginer que ce principe aboutit à la mort. Eh bien,
si un homme se comportait en s'opposant à la nature de ce qui le régit et ne
s'attachait point à son principe par l'apatheia et la sainteté, le Principe
universel ne pourrait être principe de cet homme. À l'extrême opposé, le
principe de la vie des ténèbres, c'est le maître du monde des ténèbres; le
principe du péché mortel, c'est celui qui a la puissance de la mort.
Impossible, par conséquent, à celui qu'une vie mauvaise a placé sous les ordres
du principe des ténèbres, de s'arroger pour principe le Principe de tout bien.
C'est la
même réflexion qu'entraîne cette autre désignation du Christ : " le Roi de
justice et le Roi de paix ", chez ceux qui accueillent les paroles divines
pour les mettre à profit. Car celui qui, se conformant à l'enseignement
touchant la prière, appelle en lui par sa prière la venue du royaume de Dieu, à
l'annonce que le vrai Roi est un roi de justice et de paix, restaurera
pleinement dans sa vie la justice et la paix, afin que règne sur lui le Roi de
la justice et de la paix. Or, dans notre pensée, l'armée du Roi, c'est la vertu
sous toutes ses formes; par la justice et la paix, en effet, il faut entendre,
à mon avis, toutes les formes de vertus. Partant, si un homme a abandonné son
poste dans l'armée de Dieu pour s'enrôler dans le front adverse, qu'il s'est
fait le soldat de l'instigateur au mal et qu'il a dépouillé simultanément la
cuirasse de la justice et tous les éléments de l'armure complète qu'est la
paix, comment pourra-t-on ranger un tel homme sous les étendards du Roi de la
paix, puisqu'il a déserté la vérité ? L'emblème, il faut bien le dire, porté
sur l'armure de cet homme, fera apparaître le Roi sous lequel il milite, si, à
l'inverse de l'image ténébreuse peinte sur ses armes, cet emblème fait
apparaître, par l'empreinte qu'imprime la Vie, Celui qui lui montre le chemin.
Oh ! combien heureux celui qui n'a pas cessé de militer sous le commandement de
Dieu, qui est enrôlé dans les compagnies comptées par myriades et par myriades
et qui est armé contre le mal par les vertus : l'homme qui s'en est revêtu,
arbore, grâce à elles, l'image de son Roi !
CONCLUSION
Et
maintenant, à quoi bon prolonger plus avant ce discours qui expose, en les
recensant à la suite, tous les termes qui explicitent le Nom du Christ et qui
ont le pouvoir de nous conduire vers la vie selon la sainteté, vu que chacun de
ses Titres nous aide souverainement pour sa part, grâce à la signification
qu'il a en propre, à acquérir la perfection de la vie ? Par contre, j'estime
avantageux touchant ce qui demeure présent à notre souvenir, que la mémoire le
réduise en un condensé, en sorte que nous ayons comme un fil d'Ariane pour nous
mener au but de notre traité, établi dès le point de départ par cette
interrogation : comment un homme peut-il bien se maintenir dans un état parfait
? J'ai, en effet, ce sentiment : si un homme fait de ce condensé l'objet
constant de ses méditations, il est solidaire du Nom auquel on rend ses
adorations, tandis qu'il prend le nom de chrétien comme il a paru bon aux
apôtres, (solidaire) aussi nécessairement des autres noms que la pensée assigne
au Christ, dont il manifestera en sa personne la Puissance, puisqu'il est
devenu solidaire, toute sa vie durant, de chacune de ses Dénominations.
Je prends un
exemple; il y a trois choses qui caractérisent la vie du chrétien : l'action,
la parole et la pensée; ce qui, parmi elles, tient le premier rang par rapport
aux autres, c'est la pensée. L'activité mentale, en effet, est à l'origine de
toute parole; en second après l'opération de l'esprit, vient la parole qui rend
compte, par la voix, de l'empreinte, reçue dans l'âme, de l'activité mentale;
la troisième place, après l'intelligence et la parole, est occupée par l'action
qui amène à se réaliser ce que l'on a conçu. Ainsi, dans le cours de la vie, à
chaque impulsion reçue vers quelqu'une de ces activités, il est avantageux
touchant chacune d'elles, tant l'expression que la pratique et la pensée, de
faire un examen minutieux de ces objets de pensée sacrés que sont les notions
et les noms concernant le Christ; car on peut craindre de voir emportées hors
de l'influence puissante attachées à ces noms d'en haut, aussi bien nos oeuvres
que nos paroles ou que notre pensée. Paul dit en effet : "Tout ce qui ne
procède pas d'une conviction de foi est péché"; de même peut-on, par voie
de conséquence, mettre en pleine lumière les réflexions qui suivent : tout ce
qui ne vise pas Christ dans notre langage, dans nos oeuvres ou dans nos intentions,
regarde en totalité le monde hostile au Christ. Non, il est impossible à ce qui
se rend étranger à la lumière ou à la vie, de ne pas appartenir en totalité aux
ténèbres ou à la mort. Si donc ce qu'un homme accomplit, ce qu'il dit et ce
qu'il pense d'une manière non conforme au Christ s'associe au monde hostile au
bien, le fruit évident de ce qu'il fait, de ce qu'il pense ou des paroles qu'il
prononce, c'est-à-dire : le rejet du Christ par cet homme qui s'est détaché de
Lui, sera, pour tout le monde, chose évidente.
Elle est
donc véridique, la voix inspirée du psalmiste, qui déclare : "J'ai rangé
au nombre de ceux qui méprisent (Dieu), tous les pécheurs de la terre".
Car celui qui renie le Christ au sein des persécutions est contempteur du Nom auquel
on rend ses adorations; et pareillement quiconque renie la vérité, la justice,
la sainteté ou l'incorruptibilité, ou encore rejette de sa vie, s'il vient à
subir l'oppression qu'exercent les épreuves, quelque autre disposition ayant
une affinité, selon nous, avec la sainteté, cet homme reçoit du psaume le nom
de contempteur, puisqu'ii méprise, par sa vie, à travers chacune de ces
dispositions, Celui qui est ces dispositions mêmes.
Que lui
faut-il donc faire, à celui qui est jugé digne de porter l'excellent surnom de
chrétien ? Quoi d'autre, sinon d'ordonner continuellement en lui-même ses
intentions, ses paroles et ses actes, selon que chacun d'eux aboutit au Christ
ou s'oppose à Lui ? Or considérable est la facilité qu'il y a à départager semblables
opérations; car ce que l'on accomplit, ce qui se forme dans l'esprit ou se que
l'on exprime sous l'influence de quelque passion, n'a rien qui s'accorde avec
le Christ, mais porte le cachet de son adversaire : à l'égal d'une boue
fangeuse, il enduit de passions mauvaises la perle de l'âme, en ternissant
gravement l'éclat de la pierre de grand prix. En revanche, ce qui est pur de
toute affection passionnelle, se tourne vers le Principe de l'apatheia, qui est
le Christ; c'est en Lui, comme dans une source pure et incorruptible, qu'on
puise, en vue de son bien propre, les intentions (de ses actes), si bien qu'on
manifeste en soi la ressemblance avec le Modèle, comme on trouve la
ressemblance avec l'eau, pour l'eau qui jaillit de la source et pour l'eau de la
source qui a coulé dans l'amphore. Il n'y a, en effet, par nature, qu'une
pureté, celle qui est dans le Christ et celle qui se voit dans celui qui
participe de Lui; mais elle est dans le Premier comme en sa source, en celui
qui y participe comme en sa dérivation, tandis qu'il fait passer dans la
pratique de la vie la grâce incluse dans ses intentions; en sorte que l'accord
s'établit entre la part cachée de l'homme et celle qui se voit, puisqu'une vie
décente accompagne nos intentions, dont l'affinité au Christ est l'élément
moteur.
LA PERFECTION
CHRÉTIENNE
En bref, à mon avis du
moins, l'essence de la perfection dans la vie chrétienne consiste en la
communication, au niveau de l'âme, de l'expression et de la manière de vivre
avec l'ensemble des Noms du Christ qui nous donnent la signification de son
Nom, en sorte que nous prenions sur nous-mêmes la bénédiction de Paul appelant
une sanctification intégrale, en nous gardant constamment au niveau de l'être
tout entier, l'esprit, l'âme et le corps, du commerce avec le mal.
Or, si l'on
objectait la difficulté que nous avons à atteindre le bien, vu que le Seigneur
de la création est seul à ne point changer, tandis que la nature humaine est
changeante et que la mobilité est son comportement à elle (comment donc est-il
possible de se maintenir ferme et inébranlable dans le bien avec la versatilité
de notre nature ?), eh bien, nous prétendons répondre à une objection de ce
genre : on ne peut être couronné sans avoir respecté les règles de la
compétition ! Et point de compétition régulière, en absence d'un concurrent. Si
donc il manquait un adversaire, la couronne également ferait défaut : la
victoire ne tombe point comme cela du ciel, il faut une défaite ! Par
conséquent, luttons contre l'instabilité même de notre nature, attaquons-nous
intérieurement à elle comme à un adversaire pour ainsi dire, et devenons
vainqueurs, non par la destruction de notre nature, mais en la sauvegardant de
la chute. Et de fait, ce n'est pas uniquement dans le sens du mal que verse la
mobilité de l'homme, car il serait impossible assurément à ce dernier de
s'engager dans le bien, si le poids de sa nature l'entraînait uniquement du
côté opposé; mais, en réalité, la conversion la plus noble qu'elle peut
accomplir, c'est la croissance dans les biens spirituels, puisque le mouvement
vers un état meilleur opère de façon continue la divinisation progressive de
celui qui est mû par une noble fin. Ainsi ce qui paraissait redoutable (je veux
dire la mobilité de notre nature) s'est révélé dans mon propos comme l'aile
d'un oiseau, donnée pour s'envoler vers des sommets plus élevés; c'eût été pour
nous en revanche un châtiment que de nous voir refuser l'aptitude au progrès.
Il ne faut donc point qu'il se désole, celui qui constate dans notre nature son
inclination propre au changement, mais qu'il se tourne vers un bien supérieur
par une évolution continue, "qu'il se transforme d'un moindre degré de
gloire en une gloire plus éclatante", qu'il ne laisse pas de s'améliorer
par un progrès quotidien, en poursuivant sans cesse la perfection, sans jamais
parvenir à son terme.
Car telle
est la perfection véritable : ne jamais s'arrêter, accroître son effort vers un
nouveau palier et ne mettre aucune borne à la perfection, mû par une noble fin.
Ainsi ce qui paraissait redoutable (je veux dire la mobilité de notre nature)
s'est révélé dans mon propos comme l'aile d'un oiseau, donnée pour s'envoler
vers des sommets plus élevés; c'eût été pour nous en revanche un châtiment que
de nous voir refuser l'aptitude au progrès. Il ne faut donc point qu'il se
désole, celui qui constate dans notre nature son inclination propre au
changement, mais qu'il se tourne vers un bien supérieur par une évolution
continue, "qu'il se transforme d'un moindre degré de gloire en une gloire
plus éclatante", qu'il ne laisse pas de s'améliorer par un progrès
quotidien, en poursuivant sans cesse la perfection, sans jamais parvenir à son
terme.
Car telle
est la perfection véritable : ne jamais s'arrêter, accroître son effort vers un
nouveau palier et ne mettre aucune borne à la perfection.
SOURCE : http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Gdenysse/gregoire.html
Wednesday, 29 August 2007
SOURCE :
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070829_en.html
Wednesday, 5 September 2007
SOURCE : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070905_en.html
10 January (Eastern
calendar)
14 October (Coptic
calendar)
22
November (Coptic calendar)
Profile
Younger brother of Saint Basil
the Great. Friend of Saint Gregory
of Nanzienzen. Educated in
Athens, Greece.
Influenced by the works of Origen and Plato. Married to
Theosebeia, who may have been a deaconess. Professor of
rhetoric.
Disillusioned with his life as a teacher,
he became a priest and hermit;
his mother and
sister already lived the monastic life. Bishop of
Nyssa, Lower Armenia,
in 372. Archbishop of
Sebaste. Fought against Arianism,
but not as successfully as he hoped.
Easy-going, tactless, inefficient in monetary matters,
Gregory was cheated and deceived to the point that Demosthenes, governor of
Pontus, accused him of stealing Church property
and had him imprisoned.
He escaped, but was deposed by a synod of bishops in 376.
He wandered in exile for
two years, then was restored to his see.
Attended the Council of Antioch.
Fought the Meletian heresy.
Participated in the second ecumenical Council at Constantinople as
a theologian.
Fought Arianism and
reaffirmed the decrees of the Council of Nicaea. The council called him, “Father
of the Fathers” because he was widely venerated as the great pillar of
orthodoxy and the great opponent of Arianism. Father
of the Church.
There is some debate about Gregory’s relationship with
his wife following his episcopal consecration. Some say he continued to live
with her, but Saint Jerome says
that the eastern
churches did not permit this.
Born
c.333 at Caesarea, Cappadocia
c.398 of
natural causes
Additional Information
Book
of Saints, by the Monks of
Ramsgate
Lives
of the Saints, by Father Alban
Butler
Saints
of the Day, by Katherine Rabenstein
General
Audience, 29 August 2007
General
Audience, 5 September 2007
Saint Gregory of Nyssa
On
“Not Three Gods” (To Ablabius)
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Our Sunday Visitor’s Encyclopedia of Saints
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Catechetical Oration of Saint Gregory
Catholic Book Blogger: Saint Gregory: Learn to Be Like God
Catholic Book Blogger: Saint Gregory: Underestimating God
Christian Classics Ethereal Library
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Funeral Oration on Meletius, by Saint Gregory of Nyssa
On the Soul and the Resurrection, by Saint Gregory of Nyssa
The Life of Saint Macrina, by Saint Gregory of Nyssa
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Life of Saint Macrina, by Saint Gregory
of Nyssa (audiobook, read by Maria Lectrix)
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Treatise and Other Writings, by Saint Gregory of Nyssa
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Martirologio Romano, 2001 edición
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Pope Benedict XVI: Udienza Generale, 29 agosto 2007
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Answer to Eunomius’ Second Book
On the Holy Spirit (Against the Followers of Macedonius)
On the Holy Trinity, and of the Godhead of the Holy Spirit (To
Eustathius)
On the Baptism of Christ (Sermon for the Day of Lights)
MLA Citation
“Saint Gregory of Nyssa“. CatholicSaints.Info. 23
May 2020. Web. 11 July 2021.
<https://catholicsaints.info/saint-gregory-of-nyssa/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/saint-gregory-of-nyssa/
St. Gregory of Nyssa
St. Gregory of Nyssa (b.335 - d. 394) The son of two saints, Basil and Emmilia, young Gregory was raised by his older brother, St. Basil the Great, and his sister, Macrina, in modern-day Turkey. Gregory’s success in his studies suggested great things were ahead for him. After becoming a professor of rhetoric, he was persuaded to devote his learning and efforts to the Church. By then married, Gregory went on to study for the priesthood and become ordained (this at a time when celibacy was not a matter of law for priests).
He was elected Bishop of Nyssa (in Lower Armenia) in 372, a period of great tension over the Arian heresy, which denied the divinity of Christ. Briefly arrested after being falsely accused of embezzling Church funds, Gregory was restored to his see in 378, an act met with great joy by his people.
It was after the death of his beloved brother, Basil, that Gregory really came into his own. He wrote with great effectiveness against Arianism and other questionable doctrines, gaining a reputation as a defender of orthodoxy. He was sent on missions to counter other heresies and held a position of prominence at the Council of Constantinople. His fine reputation stayed with him for the remainder of his life, but over the centuries it gradually declined as the authorship of his writings became less and less certain. But, thanks to the work of scholars in the 20th century, his stature is once again appreciated. Indeed, St. Gregory of Nyssa is seen not simply as a pillar of orthodoxy but as one of the great contributors to the mystical tradition in Christian spirituality and to monasticism itself.
SOURCE : http://www.ucatholic.com/saints/saint-gregory-of-nyssa/
St. Gregory of Nyssa
Date of birth unknown; died after 385 or 386. He belongs to the group known as the "Cappadocian Fathers", a title which reveals at once his birthplace in Asia Minor and his intellectual characteristics. Gregory was born of a deeply religious family, not very rich in worldly goods, to which circumstances he probably owed the pious training of his youth. His mother Emmelia was a martyr's daughter; two of his brothers, Basil of Cæsarea and Peter of Sebaste, became bishops like himself; his eldest sister, Macrina, became a model of piety and is honoured as a saint. Another brother, Naucratius, a lawyer, inclined to a life of asceticism, but died too young to realize his desires. A letter of Gregory to his younger brother, Peter, exhibits the feelings of lively gratitude which both cherished for their elder brother Basil, whom Gregory calls "our father and our master". Probably, therefore, the difference in years between them was such as to have enabled Basil to supervise the education of his younger brothers. Basil's training was an antidote to the lessons of the pagan schools, wherein, as we know from a letter of St. Gregory of Nazianzus, Gregory of Nyssa spent some time, very probably in his early youth, for it is certain that while still a youth Gregory exercised the ecclesiastical office of rector. His family, it would seem, had endeavoured to turn his thoughts towards the Church, for when the young man chose a secular career and began the study of rhetoric, Basil remonstrated with him long and earnestly; when he had failed he called on Gregory's friends to influence him against that objectionable secular calling. It was all in vain; moreover, it would seem that the young man married. There exists a letter addressed to him by Gregory of Nazianzus condoling with him on the loss of one Theosebeia, who must have been his wife, and with whom he continued to live, as with a sister, even after he became bishop. This is also evident from his treatise "De virginitate".
Some think that Gregory spent a certain time in retreat before his consecration as bishop, but we have no proof of the fact. His extant letters make no mention of such retirement from the world. Nor are we better informed of the circumstances of his election to the See of Nyssa, a little town on the banks of the Halys, along the road between Cæsarea and Ancyra. According to Gregory of Nazianzus it was Basil who performed the episcopal consecration of his brother, before he himself had taken possession of the See of Sozima; which would place the beginning of Gregory of Nyssa's episcopate about 371. Was this brusque change in Gregory's career the result of a sudden vocation? St. Basil tells us that it was necessary to overcome his brother's repugnance, before he accepted the office of bishop. But this does not help us to an answer, as the episcopal charge in that day was beset with many dangers. Moreover in the fourth century, and even later, it was not uncommon to express dislike of the episcopal honour, and to fly from the prospect of election. The fugitives, however, were usually discovered and brought back, and the consecration took place when a show of resistance had saved the candidate's humility. Whether it was so in Gregory's case, or whether he really did feel his own unfitness, we do not know. In any case, St. Basil seems to have regretted at times the constraint thus put on his brother, now removed from his influence; in his letters he complains of Gregory's naive and clumsy interference with his (Basil's) business. To Basil the synod called in 372 by Gregory at Ancyra seemed the ruin of his own labours. In 375 Gregory seemed to him decidedly incapable of ruling a Church. At the same time he had but faint praise for Gregory's zeal for souls.
On arriving in his see Gregory had to face great difficulties. His sudden elevation may have turned against him some who had hoped for the office themselves. It would appear that one of the courtiers of Emperor Valens had solicited the see either for himself or one of his friends. When Demosthenes, Governor of Pontus, convened an assembly of Eastern bishops, a certain Philocares, at one of its sessions, accused Gregory of wasting church property, and of irregularity in his election to the episcopate, whereupon Demosthenes ordered the Bishop of Nyssa to be seized and brought before him. Gregory at first allowed himself to be led away by his captors, then losing heart and discouraged by the cold and brutal treatment he met with, he took an opportunity of escape and reached a place of safety. A Synod of Nyssa (376) deposed him, and he was reduced to wander from town to town, until the death of Valens in 378. The new emperor, Gratian, published an edict of tolerance, and Gregory returned to his see, where he was received with joy. A few months after this (January, 379) his brother Basil died; whereupon an era of activity began for Gregory. In 379 he assisted at the Council of Antioch which had been summoned because of the Meletian schism. Soon after this, it is supposed, he visited Palestine. There is reason for believing that he was sent officially to remedy the disorders of the Church of Arabia. But possibly his journey did not take place till after the Council of Constantinople in 381, convened by Emperor Theodosius for the welfare of religion in that city. It asserted the faith of Nicæa, and tried to put an end to Arianism and Pneumatism in the East. This council was not looked on as an important one at the time; even those present at it seldom refer to it in their writings. Gregory himself, though he assisted at the council, mentions it only casually in his funeral oration over Meletius of Antioch, who died during the course of this assembly.
An edict of Theodosius (30
July, 381; Cod. Theod., LXVI, tit. I., L. 3) having appointed certain episcopal
sees as centres of Catholic communion
in the East, Helladius of Cæsarea, Gregory of Nyssa and Otreius of Melitene were
chosen to fill them. At Constantinople Gregory gave evidence on two occasions
of his talent as an orator; he delivered the discourse at the enthronization of St.
Gregory of Nazianzus, also the aforesaid oration over Meletius
of Antioch. It is very probable that Gregory was present at another Council
of Constantinople in 383; his "Oratio de deitate Filii et Spiritus
Sancti" seems to confirm this. In 385 or 386 he preached the funeral
sermon over the imperial Princess Pulcheria, and shortly afterwards over
Empress Flaccilla. A little later we meet him again at Constantinople, on which
occasion his counsel was sought for the repression of ecclesiastical disorders
in Arabia; he then disappears from history, and probably did not long survive
this journey. From the above it will be seen that his life is little known to
us. It is difficult to outline clearly his personality,
while his writings contain too many flights of eloquence to permit final
judgment on his real character.
Works
Exegetical
Most of his writings treat of the Sacred
Scriptures. He was an ardent admirer of Origen,
and applied constantly the latter's principles of hermeneutics.
Gregory is ever in quest of allegorical interpretations and mystical meanings
hidden away beneath the literal sense of texts. As a rule, however, the
"great Cappadocians" tried to eliminate this tendency. His
"Treatise on the Work of the Six Days" follows St. Basil's Hexæmeron.
Another work, "On the Creation of Man", deals with the work of the
Sixth Day, and contains some curious anatomical details; it was translated into
Latin by Dionysius
Exiguus. His account of Moses as legislator offers much fine-spun
allegorizing, and the same is true of
his "Explanation of the Titles of the Psalms". In a brief tractate on
the witch of
Endor he says that the woman did
not see Samuel, but only a demon, who put on the figure of the prophet.
Besides a homily on
the sixth Psalm, he wrote eight homilies on
Ecclesiastes, in which he taught that the soul should
rise above the senses, and that true peace
is only to be found in contempt of worldly greatness. He is also the author of
fifteen homilies on
the Canticle of Canticles (the union of the soul with
its Creator), five very eloquent homilies on
the Lord's
Prayer, and eight highly rhetorical homilies on
the Beatitudes.
Theological
In theology Gregory
shows himself more original and more at ease. Yet his originality is purely in
manner, since he added little that is new. His diction, however, offers many
felicitous and pleasing allusions, suggested probably by his mystical turn of
mind. These grave studies were taken up by him late in life, hence he follows
step by step the teaching of St. Basil and of St.
Gregory of Nazianzus. Like them he defends the unity of the Divine nature
and the trinity of Persons; where he loses their guidance, our confidence in
him tends to decrease. In his teaching on the Eucharist he appears really
original; his Christological doctrine,
however, is based entirely on Origen and St.
Athanasius. The most important of his theological writings
is his large "Catechesis", or "Oratio Catechetica", an
argumentative defence in forty chapters of Catholic
teaching as against Jews, heathens,
and heretics.
The most extensive of his extant works is his refutation of Eunomius in
twelve books, a defence of St. Basil against that heretic,
and also of the Nicene
Creed against Arianism;
this work is of capital importance in the history of the Arian controversy.
He also wrote two works against Apollinaris of Laodicea,
in refutation of the false
doctrines of that writer, viz. that the body of Christ descended
from heaven,
and that in Christ, the Divine Word acted as the rational soul.
Among the works of Gregory are certain "Opuscula" on the Trinity
addressed to Ablabius, the tribune Simplicius, and Eustathius
of Sebaste. He wrote also against Arius and Sabellius, and against the
Macedonians, who denied the divinity of the Holy Spirit; the latter work he
never finished. In the "De anima et resurrectione" we have a dialogue
between Gregory and his deceased sister, Macrina; it treats of death, resurrection,
and our last end. He defends human liberty against the fatalism of the astrologers in
a work "On Fate", and in his treatise "On Children",
dedicated to Hieros, Prefect of Cappadocia, he undertook to explain why
Providence permits the premature death of children.
Ascetical
He wrote also on Christian life
and conduct, e.g. "On the meaning of the Christian name or
profession", addressed to Harmonius, and "On Perfection and what
manner of man the Christian should be", dedicated to the monk Olympius.
For the monks,
he wrote a work on the Divine purpose in creation. His admirable book "On
Virginity", written about 370, was composed to strengthen in all who read
it the desire for a life of perfect virtue.
Sermons and homilies
Gregory wrote also many sermons and homilies,
some of which we have already mentioned; others of importance are his panegyric
on St. Basil, and his sermons on
the Divinity of the Son and of the Holy Ghost.
Correspondence
A few of his letters (twenty-six) have survived; two of them offer a peculiar interest owing to the severity of his strictures on contemporary pilgrimages to Jerusalem.
For a discussion of his peculiar doctrine concerning the general restoration (Apocatastasis) to divine favour of all sinful creatures at the end of time, i.e. the temporary nature of the pains of hell, see the articles APOCATASTASIS and MIVART. The theory of interpolation of the writings of Gregory and of Origen, sustained among others by Vincenzi (below), seems, in this respect at least, both useless and gratuitous (Bardenhewer).
Sources
The writings of Gregory are best collected in P.G.,
XLIV-XLVI. There is no critical edition as yet, though one was begun by FORBES
and OEHLER (Burntisland, 1855, 61); of another edition planned by Oehler, only
one volume appeared (Halle, 1865). The best of the earlier editions is that of
FRONTO DUCÆUS (Paris, 1615). Cf. VINCENZI, In Gregorii Nysseni et
Origenis scripta et doctrinam nova recensio, etc. (Rome, 1864-69); BAUER, Die
Trostreden des Gregorios von Nyssa in ihrem Verhältniss zur antiken Rhetorik (Marburg,
1892); BOUËDRON, Doctrines philosophiques de Saint Grégoire de Nysse (Nantes,
1861); KOCH, Das mystische Schauen beim hl. Gr. v. Nyssa in Theol.
Quartalschrift (1898), LXXX, 397-420; DIEKAMP, Die Gotteslehre des
hl. Gregor von Nyssa: ein Beitrag zur Dogmengesch. der patristischen Zeit (Münster,
1897); WEISS, Die Erziehungslehre der Kappadozier (Freiburg, 1903);
HILT, St. Gregorii episcopi Nysseni doctrina de angelis exposita (Freiburg,
1860); KRAMPF, Der Urzustand des Menschen nach der Lehre des hl. Gregor
von Nyssa, eine dogmatisch-patristische Studie (Würzburg, 1889);
REICHE, Die kunstlerischen Elemente in der Welt und Lebens-Anschauung des
Gregor von Nyssa (Jena, 1897); and on the large Catechesis (logos
katechetikos ho megas), generally known as Oratio Catechetica, see SRAWLEY
in Journal of Theol. Studies (1902), III, 421-8, also his new edition
of the Oratio (Cambridge, 1903). For an English version of several
works of Gregory see Library of Nicene and Post-Nicene Fathers, second
series (New York, 1893), II, v; and for a German version of some works, HAYD in
the Kemptener Bibliothek der Kirchenväter (1874).
Leclercq, Henri. "St. Gregory of
Nyssa." The Catholic Encyclopedia. Vol. 7. New York: Robert
Appleton Company, 1910. 2 Mar.
2016 <http://www.newadvent.org/cathen/07016a.htm>.
Transcription. This article was transcribed for
New Advent by Elizabeth T. knuth.
Ecclesiastical approbation. Nihil Obstat. June
1, 1910. Remy Lafort, S.T.D., Censor. Imprimatur. +John Cardinal
Farley, Archbishop of New York.
Copyright © 2020 by Kevin Knight.
Dedicated to the Immaculate Heart of Mary.
SOURCE : http://www.newadvent.org/cathen/07016a.htm
Gregory of Nyssa B (RM)
Born at Caesarea, Cappadocia, c. 330-335; died c. 395-400.
This mystic among the three great Cappadocians was probably considerably
younger than his brother Basil the Great. Like his brother, Gregory was well
educated at Athens in both secular studies and theology, and married
Theosebeia. (Gregory Nazianzen had a high opinion about both husband and wife.
In his short eulogium of her, Nazianzen says that she rivaled her
brothers-in-law who were in the priesthood, and calls her sacred, or one
consecrated in God; she may have been a deaconess.) He became a rhetorician and
a professor of rhetoric. Later, depressed with his students and at the
persuasion of his friends, especially Gregory Nazianzen who exhorted him to
turn to the sacred ministry, he was ordained and withdrew to seclusion. He
joined his mother, Emmelia and sister, Macrina in Neocaesarea, and entered upon
a strict monastic life the first five years after his ordination.
When Basil had become metropolitan of Caesarea and was trying to strengthen the
anti-Arian front through the appointment of orthodox bishops, he made Gregory
bishop of the neighboring Cappodocian town of Nyssa, Lower Armenia, in 372.
When Basil was criticized for nepotism, he declared that it was better that his
brother should do honor to the place than that the place should honor his
brother.
His see was infested with Arianism. Gregory, a theologian and mystic, a man of
learning, was not equal to the practical demands of the bishopric. He was
easy-going, tactless, inefficient in monetary matters, and allowed himself to
be cheated and deceived to the point that Demosthenes, the governor of Pontus,
accused him of stealing Church property and had him imprisoned. He escaped but
was deposed by a synod of Galatian and Pontiac bishops in 376. For several
years until the death of Emperor Valens, he had to lead an uncertain, wandering
life, "buffeted about like a piece of wood upon the water" (Gregory
of Nazianzen). Gregory remained in exile until 378, when Emperor Gratian
restored him to the see. In 379, he attended the Council of Antioch, which
denounced the Meletian heresy, and was sent by that council to Palestine and
Arabia to combat heresy there.
In the year 381, he participated in the second ecumenical Council at
Constantinople, where he stood out as an authoritative theologian. The attacked
Arianism and eloquently reaffirmed the decrees of the Council of Nicaea. The
council called him, "Father of the Fathers" because he was widely
venerated as the great pillar of orthodoxy and the great opponent of Arianism.
Influenced by the writings of Origen and Plato, Gregory wrote numerous
theological treatises, which were considered the true exposition of the
Catholic faith. Among them were his Catechetical Discourse, treatises against
Eunomius and Apollinaris, a book On Virginity, and commentaries on the
Scriptures.
A good many of his writings survive:
Answer to Eunomius' Second Book
On the Holy Spirit (Against the Followers of Macedonius)
On the Holy Trinity, and of the Godhead of the Holy Spirit
On "Not Three Gods" (To Ablabius)
On the Faith (To Simplicius)
Funeral Oration on Meletius
On the Baptism of Christ (Sermon for the Day of Lights)
Letters
Canonical Epistle to St. Letoius
He surpasses the other
Cappadocian fathers in the depth and richness of his philosophy and theology
and the appeal of his ascetical works. On the Soul and the Resurrection is in
the form of a dialogue with his sister Macrina, and another dialogue, Against
Fate, shows what a hold astrology had on people's minds. His ascetical works,
such as the Life of Moses, and his sermons on the Song of Songs are well
reputed.
One of his letters has a special interest in that it shows that the custom of
religious pilgrimage was already being seriously abused at the end of the
fourth century. A selection of translated texts from Gregory's mystical
writings, under the title From Glory to Glory, was published in 1963. Overall,
Gregory's writings are remarkable for depth of thought and lucidity of
expression. Of the three 'great Cappadocians'--Basil, Gregory Nazianzen,
Gregory of Nyssa--he is the least prolific but the most profound.
Gregory was in Constantinople on several further occasions. At the imperial
court his eloquence was so highly esteemed that he was asked to deliver the
eulogy for the wife of Theodosius the Great and for his daughter Pulcheria. The
last account we have of him relates to his appearance at a synod in
Constantinople in 394. Presumably he died soon after this, probably on January
10, the date on which the Greeks have always kept his feast.
Apparently there is some debate about Gregory's relationship with his wife
following his episcopal consecration. Some imagine that he continued to cohabit
with her. But Saint Jerome testifies that the custom of the eastern churches
did not suffer such a thing. She seems to have lived to see him ordained a
bishop, and to have died about the year 384; but she professed a state of
continency (Attwater, Benedictines, Delaney, Encyclopedia, Farmer, Husenbeth,
Schamoni). Click here to see an anonymous Russian icon of Saint Gregory.
SOURCE : http://www.saintpatrickdc.org/ss/0309.shtml
March 9
St. Gregory of Nyssa, Bishop and Confessor
HE was younger brother to St. Basil the Great; was educated in polite and
sacred studies, and married to a virtuous lady. He afterwards renounced the
world, and was ordained lector; but was overcome by his violent passion for
eloquence to teach rhetoric. St. Gregory Nazianzen wrote to him in the
strongest terms, exhorting him to renounce that paltry or ignoble glory, as he
elegantly calls it. 1 This
letter produced its desired effect. St. Gregory returned to the sacred ministry
in the lower functions of the altar: after some time he was called by his
brother Basil to assist him in his pastoral duties, and in 372 was chosen
bishop of Nyssa, a city of Cappadocia, near the Lesser Armenia. The Arians, who
trembled at his name, prevailed with Demosthenes, vicar or deputy-governor of
the province to banish him. Upon the death of the Arian emperor, Valens, in
378, St. Gregory was restored to his see by the Emperor Gratian. Our holy
prelate was chosen by his colleagues to redress the abuses and dissensions
which heresy had introduced in Arabia and Palestine. He assisted at the council
of Constantinople in 381, and was always regarded as the centre of the Catholic
communion in the East. Those prelates only who joined themselves to him, were
looked upon as orthodox. He died about the year 400, probably on the 10th of
January, on which the Greeks have always kept his festival: the Latins honour
his memory on the 9th of March. The high reputation of his learning and virtue
procured him the title of Father of the Fathers, as the seventh general council
testifies. His sermons are the monuments of his piety; but his great
penetration and learning appear more in his polemic works, especially in his
twelve books against Eunomius. See his life collected from his works, St. Greg.
Nazianzen, Socrates, and Theodoret, by Hermant, Tillemont, t. 9. p. 561.
Ceillier, t. 8. p. 200. Dr. Cave imagines, that St. Gregory continued to
cohabit with his wife after he was bishop. But Saint Jerom testifies that the
custom of the eastern churches did not suffer such a thing. She seems to have
lived to see him bishop, and to have died about the year 384; but she professed
a state of constinency: hence St. Gregory Nazianzen, in his short eulogium of
her, says, she rivalled her brothers-in-law, who were in the priesthood, and
calls her sacred, or one consecrated to God; probably she was a deaconess
Note 1. [Greek], Naz. ep. 43. [back]
Rev. Alban
Butler (1711–73). Volume III: March. The Lives of the
Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/3/092.html
March 9
Appendix on the Writings of St. Gregory of Nyssa
ST. GREGORY OF NYSSA wrote many learned works, extant in three volumes in
folio, published by the learned Jesuit, Fronto le Duc, at Paris, an. 1615 and
1638. They are eternal monuments of this father’s great zeal, piety, and
eloquence. Photius commends his diction, as surpassing that of all other
rhetoricians, in perspicuity, elegance, and a pleasing turn of expression; and
says, that in the beauty and sweetness of his eloquence, and the copiousness of
his arguments in his polemical works against Eunomius, he far outwent the rest
who handled the same subject. He wrote many commentaries on holy scripture. The
first is his Hexæmeron, or book on the six days’ work of the creation of the
world. It is a supplement to his brother Basil’s work on the same subject, who
had omitted the obscurer questions, above the reach of the vulgar, to whom he
preached. Gregory filled up that deficiency, at the request of many learned
men, with an accuracy that became the brother of the great Basil. He shows in
this work a great knowledge of philosophy. He finishes it by saying, the widow
that offered her two mites did not hinder the magnificent presents of the rich;
nor did they who offered skins, wood, and goats’ hair towards the tabernacle,
hinder those who could give gold, silver, and precious stones. “I shall be
happy,” says he, “if I can present hairs; and shall rejoice to see others add
ornaments of purple, or gold tissue.” His book, on the Workmanship of Man, may
be looked upon as a continuation of the former, though it was written first. He
shows it was suitable that man, being made to command in quality of king all
this lower creation, should find his palace already adorned, and that other
things should be created before he appeared who was to be the spectator of the
miracles of the Omnipotent. His frame is so admirable, his nature so excellent,
that the whole Blessed Trinity proceeds as it were by a council, to his
formation. He is a king, by his superiority and command over all other
creatures by his gift of reason; is part spiritual, by which he can unite
himself to God; part material, by which he has it in his power to use and even
enslave himself to creatures. Virtue is his purple garment, immortality his
sceptre, and eternal glory his crown. His resemblance to his Creator consists
in the soul only, that is, in its moral virtues and God’s grace; which divine
resemblance men most basely efface in themselves by sin. He speaks of the
dignity and spiritual nature of the soul, and the future resurrection of the
body, and concludes with an anatomical description of it, which shows him to
have been well skilled in medicine, and in that branch of natural philosophy,
for that age. The two homilies on the words, Let us make man, are
falsely ascribed to him. Being desired by one Cæsarius to prescribe him rules
of a perfect virtue, he did this by his Life of Moses, the pattern of virtue.
He closes it with this lesson, that perfection consists not in avoiding sin for
fear of torments, as slaves do; nor for the hope of recompense, as mercenaries
do; but in “fearing, as the only thing to be dreaded, to lose the friendship of
God; and in having only one desire, viz., of God’s friendship, in which alone
man’s spiritual life consists. This is to be obtained by fixing the mind only
on divine and heavenly things.” We have next his two treatises, on the
Inscriptions of the Psalms, and An Exposition of the Sixth Psalm, full of
allegorical and moral instructions. In the first of these, extolling the divine
sentiments and instructions of those holy prayers, he says, that all Christians
learned them, and thought that time lost in which they had them not in their
mouths: even little children and old men sung them: all in affliction found
them their comfort sent by God: those who travelled by land or sea, those who
were employed in sedentary trades, and the faithful of all ages, sexes, and
conditions, sick and well, made the Psalms their occupation. These divine
canticles were sung by them in all times of joy, in marriages and festivals; by
day, and in the night vigils, &c. His eight homilies, on the Three First
Chapters of Ecclesiastes, are an excellent moral instruction and literal
explication of that book. He addressed his fifteen homilies, on the Book of
Canticles, which he had preached to his flock, to Olympias, a lady of
Constantinople, who, after twenty months’ marriage being left a widow,
distributed a great estate to the church and poor, a great part by the hands of
our saint, whom she had settled an acquaintance with in a journey he had made
to the imperial city. St. Gregory extols the excellency of that divine book,
not to be read but by pure hearts, disengaged from all love of creatures, and
free from all corporeal images. He says the Holy Ghost instructs us by degrees;
by the Book of Proverbs to avoid sin; by Ecclesiastes to draw our affections
from creatures; by this of Canticles he teaches perfection, which is pure
charity. He explains it mystically. He has five orations on the Lord’s Prayer.
In the first, he elegantly shows the universal, indispensable necessity of
prayer, which alone unites the heart to God, and preserves it from the approach
of sin. Every breath we draw ought also to be accompanied with thanksgiving, as
it brings us innumerable benefits from God, which we ought continually to
acknowledge. But we must only pray for spiritual, not temporal things. In the
second, he shows that none can justly call God father who remain in sin,
without desires of repentance, and who consequently bear the ensigns of the
devil. Resemblance with God is the mark of being his son; that title further
obliges us to have our minds and hearts always in heaven. By the next we pray
that God alone may reign in us, and his will be ever done by us; and that the
devil or self-love never have any share in our hearts or actions. By the fourth
we ask bread, i. e. absolute necessaries, not dainties, not riches,
or anything superfluous, or for the world, and even bread only for to-day,
without solicitude for to-morrow, which perhaps will never come: all irregular
desires, and all occasions of them, must be excluded. “The serpent is watching
at your heel, but do you watch his head: give him no admittance into your mind:
from the least entrance he will draw in after him the foldings of his whole
body. If Eve’s counsellor persuade you that anything looks beautiful and tastes
sweet, if you listen you are soon drawn into gluttony, and lust, and avarice,
&c.” The fifth petition he thus paraphrases: “I have forgiven my debtors,
do not reject your suppliant. I dismissed my debtor cheerful and free: I am
your debtor, send me not away sorrowful. May my dispositions, my sentence
prevail with you. I have pardoned, pardon: I have showed compassion, imitate
your servant’s mercy. My offences are indeed far more grievous; but consider how
much you excel in all good. It is just that you manifest to sinners a mercy
suiting your infinite greatness. I have given proof of mercy in little things,
according to the capacity of my nature; but your bounty is not to be confined
by the narrowness of my power, &c.” His eight sermons, on the Eight
Beatitudes, are written in the same style. What he says in them on the motives
of humility, which he thinks is meant by the first beatitude, of poverty of
spirit, and on meekness, proves how much his heart was filled with those divine
virtues.
Besides what we have of St. Gregory on the holy scripture, time has preserved
us many other works of piety of this father. His discourse entitled, on his
Ordination, ought to be called, on the Dedication. It was spoken by him on the
consecration of a magnificent church, built by Rufin, (præfect of the
prætorium,) ann. 394, at the Borough of the Oak, near Chalcedon. His sermon, on
Loving the Poor, is a pathetic exhortation to alms, from the last sentence on
the wicked for a neglect of that duty. “At which threat,” he says, “I am most
vehemently terrified, and disturbed in mind.” He excites to compassion for the
lepers in particular, who, under their miseries, are our brethren, and it is
only God’s favour that has preserved us sound rather than them; and who knows
what we ourselves may become? His dialogue against Fate, was a disputation with
a Heathen philosopher, who maintained a destiny or overruling fate in all
things. His canonical epistle to Letoius, bishop of Melitine, metropolis of
Armenia, has a place among the canons of penance in the Greek church, published
by Beveridge. He condemns apostasy to perpetual penance, deprived of the
sacraments till the article of death: if only extorted by torments, for nine
years; the same law for witchcraft; nine years for simple fornication; eighteen
for adultery; twenty-seven for murder, or for rapine. But he permits the terms
to be abridged in cases of extraordinary fervour. Simple theft he orders to be
expiated by the sinner giving all his substance to the poor; if he has none, to
work to relieve them.
His discourse against those who defer baptism, is an invitation to sinners to
penance, and chiefly of catechumens to baptism, death being always uncertain.
He is surprised to see an earthquake or pestilence drive all to penance and to
the font: though an apoplexy or other sudden death may as easily surprise men
any night of their lives. He relates this frightful example. When the Nomades
Scythians plundered those parts, Archias, a young nobleman of Comanes, whom he
knew very well, and who deferred his baptism, fell into their hands, and was
shot to death by their arrows, crying out lamentably: “Mountains and woods,
baptize me; trees and rocks, give me the grace of the sacrament.” Which
miserable death more afflicted the city than all the rest of the war. His
sermons, against Fornication, on Penance, on Alms, and on Pentecost, are in the
same style. In that against Usurers, he exerts a more than ordinary zeal, and
tells them: “Love the poor. In his necessity he has recourse to you, to assist
his misery, but by lending him on usury you increase it: you sow new miseries
on his sorrows, and add to his afflictions. In appearance you do him a
pleasure, but in reality ruin him; like one who, overcome by a sick man’s
importunities, gives him wine, a present satisfaction, but a real poison. Usury
gives no relief, but makes your neighbour’s want greater than it was. The
usurer is no way profitable to the republic, neither by tilling the ground, by trade,
&c.; yet idle at home, would have all to produce to him; hates all he gains
not by. But though you were to give alms of these unjust exactions, they would
carry along with them the tears of others robbed by them. The beggar who
receives, did he know it, would refuse to be fed with the flesh and blood of a
brother; with bread extorted by rapine from other poor. Give it back to him
from whom you unjustly took it.—But to hide their malice, they change the name
of usury into milder words, calling it interest or moderate profit, like the
Heathens, who called their furies by the soft names Eumenides.” He relates that
a rich usurer of Nyssa, was so covetous as to deny himself and children
necessaries, and not to use the bath to save three farthings, dying suddenly,
left his money all hid and buried where his children could never find it, who
by that means were all reduced to beggary. “The usurers answer me,” says he,
“then we will not lend; and what will the poor do? I bid them give, and exhort
to lend, but without interest; for he that refuses to lend, and he that lends
at usury, are equally criminal;” viz., if the necessity of another be extreme.
His sermon on the Lent Fast, displays the advantage of fasting for the health
of both body and soul; he demands during these forty days’ strenuous labour to
cure all their vices, and insists on total abstinence from wine at large, and
that weakness of constitution and health is ordinarily a vain pretence. St.
Gregory’s great Catechistical Discourse is commended by Theodoret, (dial. 2
& 3.) Leontius, (b. 3.) Euthymius, (Panopl. p. 215.) Germanus patr. of
Constantinople (in Photius cod. 233, &c.) The last lines are an addition.
In the fortieth chapter he expounds to the catechumens the mysteries of the
Unity and Trinity of God, and the Incarnation: also the two sacraments of
baptism and the body of Christ, in which latter Christ’s real body is mixed
with our corruptible bodies, to bestow on us immortality and grace. In his book
upon Virginity, he extols its merit and dignity.
St. Gregory was much scandalized in his journey to Jerusalem to see
contentions reign in that holy place; yet he had the comfort to find there
several persons of great virtue, especially three very devout ladies, to whom
he afterwards wrote a letter, in which he says (t. 3. p. 655, 656.) “When I saw
those holy places, I was filled with a joy and pleasure which no tongue can
express.” Soon after his return he wrote a short treatise on those who go to
Jerusalem, (t. 3. app. p. 72.) in which he condemns pilgrimages, when made an
occasion of sloth, dissipation of mind, and other dangers; and observes that
they are no part of the gospel precepts. Dr. Cave (p. 44.) borrows the
sophistry of Du Moulin to employ this piece against the practice of pilgrimages;
but in part very unjustly, as Gretser (not. in Notas Molinei) demonstrates.
Some set too great a value on pilgrimages, and made them an essential part of
perfection: and by them even many monks and nuns exchanged their solitude into
a vagabond life. These abuses St. Gregory justly reproves. What he says, that
he himself received no good by visiting the holy places, must be understood to
be a Miosis, or extenuation to check the monks’ too ardent passion for
pilgrimages, and only means, the presence of those holy places, barely of
itself, contributes nothing to a man’s sanctification: but he does not deny it
to be profitable by many devout persons uniting together in prayer and
mortification, and by exciting hearts more powerfully to devotion. “Movemur locis
ipsis in quibus eorum quos admiramur aut diligimus adsunt vestigia,” said
Atticus in Cicero. “Me quidem illæ ipsæ nostræ Athenæ, non tam operibus
magnificis exquisitisque antiquorum artibus delectant, quam recordatione
summorum virorum, ubi quis habitare, ubi sedere, ubi disputare sit solitus,
studiosque eorum sepulchra contemplor.” Much more must the sight of the places
of Christ’s mysteries stir up our sentiments and love. Why else did St. Gregory
go over Calvary, Golgotha, Olivet, Bethlehem? What was the unspeakable
(spiritual certainly, not corporal) pleasure he was filled with at their sight?
a real spiritual benefit, and that which is sought by true pilgrims. Does he
not relate and approve the pilgrimages of his friend, the monk Olympius? Nor
could he be ignorant of the doctrine and practice of the church. He must know
in the third century that his countryman Alexander, a bishop in Cappadocia,
admonished by divine oracle, went to Jerusalem to pray, and to visit the holy
places, &c. as Eusebius relates; (Hist. lib. 6. cap. 11. p. 212.) and that
this had been always the tradition and practice. “Longum est nunc ab
ascensu Domini usque ad præsentem diem per singulas ætates currere, qui
episcoporum, qui martyrum, qui eloquentium in doctrina ecclesiastica virorum
venerint Hierosolymam, putantes se minus religionis, minus habere scientiæ, nec
summam ut dicitur manum accepisse virtutum, nisi in illis Christum adorassent
locis de quibus primum Evangelium de patibulo coruscaverat.” St. Jerom, in
ep. Paulæ et Eustochii ad Marcellam. (T. 4. p. 550. ed. Ben.) As for the abuses
which St. Gregory censures, they are condemned in the canon law, by all divines
and men of sound judgment. If, with Benedict XIV., we grant this father
reprehended the abuses of pilgrimages, so as to think the devotion itself not
much to be recommended, this can only regard the circumstances of many who
abuse them, which all condemn. He could not oppose the torrent of other
fathers, and the practice of the whole church. And his devotion to holy places,
relics, &c. is evident in his writings, and in the practice of St. Macrina
and his whole family.
His discourse on the Resurrection, is the dialogue he had with his
sister St. Macrina the day before her death. His treatise on the Name and
Profession of a Christian, was written to show no one ought to bear that name
who does not practise the rules of this profession, and who has not its spirit,
without which a man may perform exterior duties, but will upon occasions betray
himself, and forget his obligation. When a mountebank at Alexandria had taught
an ape dressed in woman’s clothes to dance most ingeniously, the people took it
for a woman, till one threw some almonds on the stage; for then the beast could
no longer contain, but tearing off its clothes, went about the stage picking up
its dainty fruit, and showed itself to be an ape. Occasions of vain-glory,
ambition, pleasure, &c. are the devil’s baits, and prove who are
Christians, and who hypocrites and dissemblers under so great a name, whose lives
are an injury and blasphemy against Christ and his holy religion. His book on
Perfection teaches that that life is most perfect which resembles nearest the
life of Christ in humility and charity, and in dying to all passions and to the
love of creatures: that in which Christ most perfectly lives, and which is his
best living image, which appears in a man’s thoughts, words, and actions; for
these show the image which is imprinted on the soul. But there is no perfection
which is not occupied in continually advancing higher.
His book on the Resolution of Perfection to the monks, shows perfection to
consist in every action being referred to God, and done perfectly conformable
to his will in the spirit of Christ. St. Gregory had excommunicated certain
persons, who, instead of repenting, fell to threats and violence. The saint
made against them his sermon, entitled, Against those who do not Receive
Chastisement submissively; in which, after exhorting them to submission, he
offers himself to suffer torments and death, closing it thus; “How can we
murmur to suffer, who are the ministers of a God crucified? yet under all you
inflict, I receive your insolences and persecutions as a father and mother do
from their dearest children, with tenderness.” In the discourse on Children
dying without Baptism, he shows that such can never enjoy God; yet feel not the
severe torments of the rest of the damned. We have his sermons on Pentecost,
Christ’s Birth, Baptism, Ascension, and on his Resurrection, (but of these last
only the first, third, and fourth, are St. Gregory’s,) and two on St. Stephen,
three on the Forty Martyrs; the lives of St. Gregory Thaumaturgus, St.
Theodorus, St. Ephrem, St. Meletius, and his own sister, St. Macrina: his
panegyric on his brother, St. Basil the Great, the funeral oration of
Pulcheria, daughter to the Emperor Theodosius, six years old, and that of his
mother, the empress Flaccilla, who died soon after her, at the waters in
Thrace. St. Gregory was invited to make these two discourses in 385, when he
was at Constantinople. We have only five of St. Gregory’s letters in his works.
Zacagnius has published fourteen others out of the Vatican library. Caraccioli,
of Pisa in 1731, has given us seven more with tedious notes.
Saint Gregory surpasses himself in perspicuity and strength of
reasoning, in his polemic works against all the chief heretics of his time. His
twelve books against Eunomius, were ever most justly valued above the rest. St.
Basil had refuted that heresiarch’s apology; nor durst he publish any answer,
till after the death of that eloquent champion of the faith. Then the Apology
of his Apology began to creep privately abroad. St. Gregory got at last a copy,
and wrote his twelve excellent books, in which he vindicates St. Basil’s
memory, and gives many secret histories of the base Eunomius’s life. He proves
against him the Divinity and Consubstantiality of God the Son. Though he
employs the scripture with extraordinary sagacity, he says, tradition, by
succession from the apostles, is alone sufficient to condemn heretics. (Or. 3.
contra Eunom. p. 123.) We have his Treatise to Ablavius, that there are not
three gods. A Treatise on Faith also against the Arians. That on Common
Notions, is an explication of the terms used about the Blessed Trinity. We have
his ten Syllogisms against the Manichees, proving that evil cannot be a God.
The heresy of the Apollinarists beginning to be broached, St. Gregory wrote to
Theophilus, patriarch of Alexandria, against them, showing there is but one
person in Christ. But his great work against Apollinaris, is his Anterretic,
quoted by Leontius, the sixth general council, &c. Only a fragment was
printed in the edition of his father’s works; but it was published from MSS. by
Zacagnius, prefect of the Vatican library, in 1698. He shows in it that the
Divinity could not suffer, and that there must be two natures in Christ, who
was perfect God and perfect man. He proves, also, against Apollinaris, that
Christ had a human soul with human understanding. His book of Testimonies
against the Jews, is another fruit of his zeal.
St. Gregory so clearly establishes the procession of the Holy Ghost from the
Son, that some Greeks, obstinate in that heresy, erased out of his writings the
words out of, as they confessed in a council at Constantinople, in
1280. He expressly condemned Nestorianism before it was broached, and says, “No
one dare call the holy Virgin and mother of God, mother of man.” (Ep. ad
Eustath. p. 1093.) He asserts her virginity in and after the birth of Christ. (Or.
contr. Eunom. p. 108, and Serm. in natale Christi, p. 776.) He is no less clear
for Transubstantiation in his great catechistical discourse, (c. 37, p. 534,
535,) for the sacrifice and the altar. Or. in Bapt. Christi, p. 801. Private
confession of sins is plain from his epistle to Letoius (p. 954) in which he
writes thus: “Whoever secretly steals another man’s goods, if he afterwards
discover his sin by declaration to the priest, his heart being changed, he will
cure his wound, giving what he has to the poor.” This for occult theft, for
which no canonical penance was prescribed. He inculcates the authority of
priests, of binding and loosing before God, (Serm. de Castig. 746, 747.) and
calls St. Peter “prince of the apostolic choir,” (Serm. 2. de Sancto Stephano
edito a Zacagnio, p. 339.) and (ib. p. 343.) “the head of the apostles;” and
adds, In glorifying him all the members of the church are glorified, and that
it is founded on him.” He writes very expressly and at length on the invocation
of saints, and says they enjoy the beatific vision immediately after death, in
his sermons on St. Theodorus, on the Forty Martyrs, St. Ephrem, St. Meletius,
&c.
Rev. Alban Butler (1711–73). Volume III: March. The Lives
of the Saints. 1866.
SOURCE : http://www.bartleby.com/210/3/093.html
San Gregorio di Nissa Vescovo
Cesarea di Cappadocia, circa 335 - 395
È uno dei più importanti Padri della Chiesa d'Oriente. A lui si deve il primo trattato sulla perfezione cristiana, il «De virginitate». Nato intorno al 335, a differenza del fratello Basilio, futuro vescovo di Cesarea, inizialmente non scelse la vita monastica ma gli studi di filosofia e retorica. Fu solo dopo aver insegnato per anni che raggiune Basilio ad Annesi, sulle rive dell'Iris, dove si era ritirato insieme a Gregorio di Nazianzo. E quando Basilio fu eletto alla sede arcivescovile di Cesarea, volle i suoi due compagni come vescovi a Nissa e a Sasima. Nella sua sede episcopale Gregorio dovette affrontare non poche difficoltà: accuse mossegli dagli ariani lo portarono nel 376 all'esilio, ma quando si scoprì che erano false venne reintegrato nella sede. Nel 381 i padri che con lui parteciparono al Concilio Costantinopolitano I lo definirono la «colonna dell'ortodossia». Morì intorno al 395. (Avvenire)
Etimologia: Gregorio = colui che risveglia, dal greco
Emblema: Bastone pastorale
Martirologio Romano: A Nissa in Cappadocia, nell’odierna Turchia, san Gregorio, vescovo, fratello di san Basilio Magno: illustre per vita e per dottrina, a motivo della retta fede da lui professata fu scacciato dalla sua città dall’imperatore ariano Valente.
S. Gregorio di Nissa è uno dei grandi "Padri Cappadoci" a nessuno di loro inferiore come filosofo, teologo e mistico. Fratello di S. Basilio il Grande e di S. Macrina, di cui scrisse la vita, nacque a Cesarea verso il 335. Si applicò allo studio delle lettere in patria e in seno alla famiglia molto religiosa e ricca. Non pare che abbia avuto occasione di frequentare le grandi scuole del tempo, tanto più che suo padre era retore e avvocato.
Gregorio nella sua chiesa adempiva già l'ufficio di lettore quando, sedotto dalle attrattive del mondo, innamorato dell'arte di Libanio, sofista e rètore pagano, si fece professore di belle lettere e sposò la giovane Teosebia. Tuttavia, le rimostranze di suo fratello e di S. Gregorio di Nazianzo gli fecero ben presto comprendere la vanità del mondo. Allora abbandonò la cattedra, verso il 360 raggiunse i suoi amici nel cenobio fondato da S. Basilio sulle rive dell'Iris, nel Ponto, per darsi all'ascesi e allo studio della Scrittura e dei grandi teologi, in modo speciale Origene. Possiamo farci un'idea del suo stato d'animo in quel tempo leggendo il De Virginitate che scrisse per ordine di Basilio, suo maestro. Da quanto dice era pienamente felice di potersi dedicare alla vita contemplativa, lontano dal tumulto degli affari.
In quella solitudine Gregorio rimase per oltre dieci anni, fino a tanto cioè che suo fratello, eletto metropolita di Cesarea di Cappadocia, nel 371 lo richiamò per consacrarlo, nonostante la sua resistenza, vescovo di Nissa. S. Basilio non poté mai vantarsi delle attitudini amministrative dell'eletto. In diverse lettere egli si lamenta della sua ingenuità. A chi, nel 375, gli propose di inviarlo in missione a Roma, onde superare le difficoltà sorte con papa Damaso, che non si rendeva ben conto della situazione in Oriente, rispose, conscio dell'inesperienza assoluta di lui negli affari ecclesiastici: "Gregorio sarebbe certamente venerato e apprezzato da un uomo benevolo, ma con un uomo altero come Damaso, compreso della sua importanza, posto in alto e appunto per questo incapace di intendere coloro che, dal basso, gli dicono la verità, la visita di uno così estraneo all'adulazione come Gregorio, non servirebbe a nulla".
Ciò nonostante S. Basilio aveva un'assoluta fiducia in lui perché lo sapeva fedele sostenitore del Concilio di Nicea. Fu difatti il suo costante attaccamento alla dottrina di S. Atanasio che gli attirò l'odio e la persecuzione degli ariani. Nella primavera del 376, un sinodo di vescovi cortigiani, convocato da Demostene, governatore del Ponto, e tenuto a Nissa stessa, depose Gregorio durante la sua assenza, con il falso pretesto di aver dilapidato i beni della sua chiesa. Questi avrebbe voluto ritirarsi ma S. Gregorio di Nazianzo lo esortò a tenere duro. La morte dell'imperatore Valente, avvenuta il 9-8-378 nella lotta contro i Goti. Gli permise difatti di rientrare trionfalmente nella sua sede.
Nel 379, nove mesi dopo la morte di suo fratello, S. Gregorio prese parte al concilio di Antiochia, riunito per estinguere lo scisma Meleziano ivi sorto e in cui si vide affidare dai padri conciliari una missione di grande fiducia presso i vescovi discordi del Ponto e dell'Armenia. Mentre assolveva il suo compito, nel 380 fu scelto come arcivescovo di Sebaste. Egli protestò per quella sua elezione, ma per qualche mese s'incaricò provvisoriamente dell'amministrazione religiosa della diocesi.
Il vescovo di Nissa, se era poco abile negli affari, s'imponeva con la sua eloquenza e la vastità della scienza filosofìca e teologica. Nel 2° concilio ecumenico radunato da Teodosio I nel 381 a Costantinopoli fu salutato "colonna dell'ortodossia". In esecuzione del 3° canone del concilio, l'imperatore stabilì che sarebbero stati esclusi, come eretici notori, dalle chiese della provincia del Ponto, coloro che non erano in comunione con i vescovi Elladio di Cesarea, Otreio di Mitilene nella Piccola Armenia, e Gregorio di Nissa. E probabile che il santo sia stato incaricato di redigere la professione di fede che concluse i lavori del concilio. Sembra pure che abbia ricevuto l'incombenza di stabilire l'ordine nelle chiese della Palestina e dell'Arabia. San Gregorio ricomparirà ancora più di una volta, a Costantinopoli per i discorsi d'occasione e per le grandi orazioni funebri in morte della principessa Pulcheria e dell'imperatrice Flacilla. Nel 394 prese parte al concilio celebrato sotto la presidenza del patriarca Nettario. Nella suddetta città, dopo d'allora, il suo nome non compare più nei documenti del tempo. Se ne deduce che sia morto poco dopo.
San Gregorio fu oratore stimato, ma meno vivo del Nazianzeno, fu uomo di azione, ma inferiore a Basilio. Fu invece il più speculativo dei Cappadoci e il più profondo dei padri greci del secolo IV. Contro Eunomio, vescovo ariano di Cizico, difese energicamente dalle accuse suo fratello, e contro Apollinare di Loadicea rivendicò a Cristo un corpo umano e un'anima razionale. Nella controversia trinitaria rappresentò l'ortodossia cattolica e seguì la terminologia già fissata dagli altri cappadoci. Nella spiegazione teologica del dogma qualche volta fu molto audace, altre volte invece assai impreciso. La vita spirituale non è considerata dal Nisseno come contemplazione di Dio presente nell'anima, bensì come un avvicinarsi dell'anima a Dio e come l'unione con Lui nell'estasi dell'amore. La via della perfezione comincia quindi con l'illuminazione della fede, che coincide con la purificazione dell'anima; attraversa la seconda fase, che è l'oscurarsi delle realtà sensibili, mentre l'anima scopre in sé l'immagine della Santissima Trinità; nella fase finale sfocia nella conoscenza di Dio nella tenebra, che spinge l'anima alla ricerca instancabile dello Sposo divino, perché trovare Iddio non è riposarci in Lui, ma cercarlo senza sosta.
L'escatologia di Gregorio è molto discussa perché da una parte afferma l'eternità delle pene dell'inferno, e dall'altra - basandosi sull'efficacia dell'immenso amore del Verbo incarnato e sul trionfo finale del regno di Dio - insegna la restaurazione universale, teoria tanto cara ad Origine, ma riprovata dalla Chiesa.
Autore: Guido Pettinati
BENEDETTO XVI
UDIENZA GENERALE
San Gregorio di Nissa
I: Vita e scritti
Cari fratelli e sorelle,
nelle ultime catechesi ho parlato di due grandi
Dottori della Chiesa del IV secolo, Basilio e Gregorio Nazianzeno, Vescovi in
Cappadocia, nell’attuale Turchia. Oggi ne aggiungiamo un terzo, il fratello di
Basilio, san Gregorio di Nissa, che si è mostrato uomo di carattere meditativo,
con grandi capacità di riflessione, e di vivace intelligenza, aperta alla
cultura del suo tempo. Si è rivelato così un pensatore originale e profondo
nella storia del cristianesimo.
Nacque intorno al 335; la sua formazione cristiana fu
curata particolarmente dal fratello Basilio – da lui definito «padre e maestro»
(Ep. 13,4) – e dalla sorella Macrina. Compì gli studi, apprezzando
particolarmente la filosofia e la retorica. In un primo tempo si dedicò
all’insegnamento e si sposò. Poi anch’egli, come il fratello e la sorella, si
dedicò interamente alla vita ascetica. Più tardi venne eletto Vescovo di Nissa,
e si dimostrò pastore zelante, così da attirarsi la stima della comunità.
Accusato di malversazioni economiche dagli avversari eretici, dovette per breve
tempo abbandonare la sua sede episcopale, ma poi vi rientrò trionfalmente
(cfr Ep. 6) e continuò ad impegnarsi nella lotta per difendere la vera
fede.
Soprattutto dopo la morte di Basilio, quasi
raccogliendone l’eredità spirituale, cooperò al trionfo dell’ortodossia. Partecipò
a vari sinodi; cercò di dirimere i contrasti tra le Chiese; prese parte attiva
alla riorganizzazione ecclesiastica e, come «colonna dell’ortodossia», fu un
protagonista del Concilio di Costantinopoli del 381, che definì la divinità
dello Spirito Santo. Ebbe vari incarichi ufficiali da parte dell’imperatore
Teodosio, pronunciò importanti omelie e discorsi funebri, si dedicò a comporre
diverse opere teologiche. Nel 394 partecipò ancora a un sinodo tenutosi a
Costantinopoli. Non è conosciuta la data della sua morte.
Gregorio esprime con chiarezza la finalità dei suoi
studi, lo scopo supremo a cui mira nel suo lavoro di teologo: non impiegare la
vita in cose vane, ma trovare la luce che consenta di discernere ciò che è
veramente utile (cfr Om. sull’Ecclesiaste 1). Trovò questo bene
supremo nel cristianesimo, grazie al quale è possibile «l’imitazione della
natura divina» (La professione cristiana). Con la sua acuta intelligenza e le
sue vaste conoscenze filosofiche e teologiche, egli difese la fede cristiana
contro gli eretici, che negavano la divinità del Figlio e dello Spirito Santo
(come Eunomio e i macedoniani), o compromettevano la perfetta umanità di Cristo
(come Apollinare). Commentò la Sacra Scrittura, soffermandosi sulla creazione
dell’uomo. Questo era per lui un tema centrale: la creazione. Egli vedeva nella
creatura il riflesso del Creatore e trovava qui la strada verso Dio. Ma egli scrisse
anche un importante libro sulla vita di Mosè, che presenta come uomo in cammino
verso Dio: questa salita verso il Monte Sinai diventa per lui un’'immagine
della nostra salita nella vita umana verso la vera vita, verso l'incontro con
Dio. Egli ha interpretato anche la preghiera del Signore, il Padre Nostro, e le
Beatitudini. Nel suo Grande discorso catechetico espose le linee
fondamentali della teologia, non per una teologia accademica chiusa in se
stessa, ma per offrire ai catechisti un sistema di riferimento da tener
presente nelle loro istruzioni, quasi il quadro nel quale si muove poi
l'interpretazione pedagogica della fede.
Gregorio, inoltre, è insigne per la sua dottrina
spirituale. Tutta la sua teologia non era una riflessione accademica, ma espressione
di una vita spirituale, di una vita di fede vissuta. Da grande «padre della
mistica» prospettò in vari trattati – come La professione cristiana e La
perfezione cristiana – il cammino che i cristiani devono intraprendere per
raggiungere la vera vita, la perfezione. Esaltò la verginità consacrata (La
verginità), e ne propose un modello insigne nella vita della sorella
Macrina, che è rimasta per lui sempre una guida, un esempio (cfr Vita di
Macrina). Tenne vari discorsi e omelie, e scrisse numerose lettere.
Commentando la creazione dell’uomo, Gregorio mette in evidenza che Dio, «il
migliore degli artisti, forgia la nostra natura in maniera da renderla adatta
all’esercizio della regalità. Attraverso la superiorità stabilita dall’anima, e
per mezzo della stessa conformazione del corpo, Egli dispone le cose in modo
che l’uomo sia realmente idoneo al potere regale» (La creazione dell’uomo 4).
Ma vediamo come l’uomo, nella rete dei peccati, spesso abusi della creazione,
non eserciti una vera regalità. Per questo, infatti, per realizzare cioè una
vera responsabilità verso le creature, deve essere penetrato da Dio e vivere
nella sua luce. L’uomo è un riflesso di quella bellezza originaria che è Dio:
«Tutto quanto Dio creò era ottimo», scrive il santo Vescovo. E aggiunge: «Lo
testimonia il racconto della creazione (cfr Gn 1,31). Fra le cose
ottime c’era anche l’uomo, ornato di una bellezza di gran lunga superiore a
tutte le cose belle. Che cos’altro, infatti, poteva essere bello, al pari di
chi era simile alla bellezza pura e incorruttibile? ... Riflesso e immagine
della vita eterna, egli era bello davvero, anzi bellissimo, con il segno
raggiante della vita sul suo volto» (Om. sul Cantico 12).
L’uomo è stato onorato da Dio e posto al di sopra di
ogni altra creatura: «Non il cielo è stato fatto a immagine di Dio, non la
luna, non il sole, non la bellezza delle stelle, nessun’altra delle cose che
appaiono nella creazione. Solo tu [anima umana] sei stata resa immagine
della natura che sovrasta ogni intelletto, somiglianza della bellezza
incorruttibile, impronta della vera divinità, ricettacolo della vita beata,
immagine della vera luce, guardando la quale tu diventi quello che Egli è,
perché per mezzo del raggio riflesso proveniente dalla tua purezza tu imiti
Colui che brilla in te. Nessuna cosa che esiste è così grande da essere
commisurata alla tua grandezza» (ibid., 2). Meditiamo questo elogio dell’uomo.
Vediamo anche come l’uomo sia degradato dal peccato. E cerchiamo di ritornare
alla grandezza originaria: solo se Dio è presente, l'uomo arriva a questa sua
vera grandezza.
L’uomo, dunque, riconosce dentro di sé il riflesso
della luce divina: purificando il suo cuore, egli ritorna ad essere, come era
al principio, una limpida immagine di Dio, Bellezza esemplare (cfr Discorso
catechetico 6). Così l’uomo, purificandosi, può vedere Dio, come i puri di
cuore (cfr Mt 5,8): «Se, con un tenore di vita diligente e
attento, laverai le brutture che si sono depositate sul tuo cuore, risplenderà
in te la divina bellezza ... Contemplando te stesso, vedrai in te Colui che è
il desiderio del tuo cuore, e sarai beato» (Le Beatitudini 6). Bisogna
quindi lavare le brutture che si sono depositate sul nostro cuore e ritrovare
in noi stessi la luce di Dio.
L’uomo ha dunque come fine la contemplazione di Dio.
Solo in essa potrà trovare il suo appagamento. Per anticipare in qualche misura
tale obiettivo già in questa vita, egli deve progredire incessantemente verso
una vita spirituale, una vita in dialogo con Dio. In altre parole – ed è questa
la lezione più importante che san Gregorio Nisseno ci consegna – la piena
realizzazione dell’uomo consiste nella santità, in una vita vissuta
nell’incontro con Dio, che così diventa luminosa anche per gli altri, anche per
il mondo.
Saluti:
Je souhaite la bienvenue aux pèlerins de langue
française, et je salue particulièrement les membres du groupe œcuménique,
catholique et orthodoxe, venus d’Athènes, ainsi que les jeunes de Tarse-Mersin,
en Turquie. A la suite de saint Grégoire, je vous invite tous à vous faire
serviteurs de ce qu’il y a de beau et de noble dans le cœur de l’homme, pour
qu’il puisse contempler Dieu. Avec ma Bénédiction apostolique.
I offer a warm welcome to all the English-speaking
visitors and pilgrims present at today’s audience, including participants in
the Summer University program sponsored by the European Union of Jewish
Students, as well as pilgrims from Sweden and from Indonesia. Upon all of you,
I invoke God’s abundant blessings of peace and joy.
Sehr herzlich heiße ich alle deutschsprachigen Pilger
und Besucher willkommen. Besonders grüße ich die Bürgermeister aus dem
Landkreis Altötting sowie die Seminaristen aus dem Bistum 's-Hertogenbosch in
den Niederlanden gemeinsam mit ihrem Bischof. Gregor von Nyssa erinnert uns an
unsere Berufung zur Heiligkeit. Bemühen wir uns täglich neu um ein Leben im
Einklang mit Gott. Dazu schenkke der Herr uns seine Gnade.
Saludo cordialmente a los visitantes de lengua
española. En particular, a las Siervas de María Ministras de los Enfermos, así
como a los distintos grupos y parroquias venidos de España, El Salvador,
México, y de otros países latinoamericanos. Os animo a que íntimamente unidos a
Cristo en la Eucaristía y viviendo con espíritu de caridad, recorráis con
alegría el camino que lleva a la santidad. ¡Que Dios os bendiga!
Saúdo cordialmente quantos me ouvem de língua
portuguesa: em particular ao grupo de portugueses da Paróquia de
Nossa Senhora do Carmo de Lisboa. Sejam todos bem-vindos! Grato pela
vossa presença, desejo-vos todo o bem; e que Roma vos confirme na fé e nos
propósitos de vida e de testemunho cristão. É o que imploro para todos, por
Nossa Senhora, com a Bênção Apostólica.
Saluto in lingua ceca:
Srdečně zdravím poutníky z královéhradecké diecéze!
Drazí, přeji vám, aby vaše dovolená i tato pouť přispěly nejen ke zdraví těla,
ale i duše. K tomu vám rád žehnám! Chvála Kristu!
Traduzione italiana:
Un cordiale benvenuto ai pellegrini della Diocesi di
Hradec Králové. Carissimi, auguro a voi tutti che questo pellegrinaggio, come
anche le vostre ferie, giovino non solo alla salute del corpo, ma anche a
quella dell'anima. Con questi voti, volentieri vi benedico. Sia lodato Gesù
Cristo!
Saluto in lingua croata:
Srdačno pozdravljam i blagoslivljam sve hrvatske
hodočasnike, a posebno sjemeništarce te učenike i nastavnike klasičnih
gimnazija iz Splita, Sinja i Zagreba. Gospodin Isus, koji je pozvao apostole da
budu s njim te ih poslao naviještati Radosnu vijest, pratio vas na vašemu putu
te i vas učinio svojim uvjerljivim svjedocima. Hvaljen Isus i Marija!
Traduzione italiana:
Di cuore saluto e benedico i pellegrini croati,
particolarmente i seminaristi e gli alunni ed insegnanti dei licei classici di
Split, Sinj e Zagreb. Il Signore Gesù, che ha chiamato gli apostoli ad essere
con lui e li ha inviati ad annunciare il Lieto messaggio, vi accompagni sulla
vostra via e anche di voi faccia dei suoi testimoni convincenti. Siano lodati
Gesù e Maria!
Saluto in lingua polacca:
Pozdrawiam Polaków, a szczególnie pielgrzymów z
Diecezji Radomskiej, przybyłych z okazji piętnastolecia jej istnienia. Cieszę
się, że przed pięciu laty mogłem odwiedzić wasze miasto i konsekrować waszego
biskupa Zygmunta. Chętnie błogosławię korony, którymi zostanie ozdobiony obraz
Matki Bożej Bolesnej w Kałkowie. Jej opiece polecam was i wszystkich tu
obecnych. Niech będzie pochwalony Jezus Chrystus!
Traduzione italiana:
Saluto i polacchi, e in modo particolare i pellegrini
dalla Diocesi di Radom, che sono giunti in occasione del quindicesimo anniversario
della sua creazione. Sono lieto che cinque anni fa ho potuto far visita alla
vostra città e consacrare il vostro vescovo Zygmunt. Volentieri benedico le
corone con le quali verrà decorata l’effige della Madonna Addolorata a Kałków. Alla
Sua protezione affido voi e tutti i presenti. Sia lodato Gesù Cristo!
Saluto in lingua slovacca:
S láskou vítam slovenských pútnikov z Považskej
Teplej, Košíc a Vrútok. Bratia a sestry, prajem vám, aby vaša púť do Ríma bola
pre každého z vás posilou vo viere. Zo srdca žehnám vás i vašich drahých vo
vlasti. Pochválený buď Ježiš Kristus!
Traduzione italiana:
Con affetto do un cordiale benvenuto ai pellegrini
slovacchi provenienti da Považská Teplá, Košice e Vrútky. Fratelli e sorelle,
auguro che il vostro pellegrinaggio a Roma sia per ciascuno un sostegno nella
fede. Di cuore benedico voi ed i vostri cari in Patria. Sia lodato Gesù Cristo!
Saluto in lingua ungherese:
Isten hozott Benneteket, kedves magyar zarándokok!
Kívánom kedves Mindannyiotoknak, hogy e zarándoklat az örök városban elmélyítse
egységetek az egyházzal, mely az apostolfejedelmekre épült. Szeretettel adom
Rátok apostoli áldásomat. Dicsértessék a Jézus Krisztus!
Traduzione italiana:
Saluto cordialmente i pellegrini ungheresi. Carissimi,
vi auguro che il vostro pellegrinaggio nella città eterna approfondisca il
vostro legame con la Chiesa fondata sui principi degli apostoli. Di cuore
imparto a tutti voi la Benedizione Apostolica. Sia lodato Gesù Cristo!
* * *
Rivolgo ora una parola di cordiale benvenuto ai
pellegrini di lingua italiana. In particolare, saluto i fedeli delle varie
Parrocchie, accompagnati dai propri parroci ed auguro che questo incontro
rinsaldi ciascuno nella fedeltà a Cristo e nella generosa testimonianza
cristiana. Saluto poi la Delegazione della Repubblica di San Marino, qui
convenuta in occasione del 25°
anniversario della visita del mio amato predecessore Giovanni Paolo II a
quella terra. Cari amici, il ricordo di un evento così significativo possa
suscitare in voi rinnovata adesione a Dio, sorgente di luce, di speranza e di
pace.
Il mio pensiero si rivolge infine ai giovani,
ai malati e agli sposi novelli. L'eroico esempio di San Giovanni
Battista, di cui celebriamo oggi il martirio, solleciti voi, cari giovani,
a progettare il vostro futuro in piena fedeltà al Vangelo. Aiuti voi,
cari ammalati, ad affrontare la sofferenza con coraggio, trovando in
Cristo crocifisso serenità e conforto. Conduca voi, cari sposi novelli, a
un amore profondo verso Dio e tra di voi, per sperimentare ogni giorno la
consolante gioia che scaturisce dal dono reciproco di sé.
APPELLO
In questi giorni, alcune regioni geografiche sono
devastate da gravi calamità: mi riferisco alle inondazioni in alcuni Paesi
orientali, come pure ai disastrosi incendi in Grecia, in Italia e in altre
Nazioni europee. Davanti a così drammatiche emergenze, che hanno causato
numerose vittime e ingenti danni materiali, non si può non essere preoccupati
per l'irresponsabile comportamento di taluni che mettono a rischio l'incolumità
delle persone e distruggono il patrimonio ambientale, bene prezioso dell'intera
umanità. Mi unisco a quanti giustamente stigmatizzano tali azioni criminose e
invito tutti a pregare per le vittime di queste tragedie.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/it/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070829.html
BENEDETTO XVI
UDIENZA GENERALE
San Gregorio di Nissa
II: La dottrina
Cari fratelli e sorelle,
vi propongo alcuni aspetti della dottrina di san
Gregorio Nisseno, del
quale abbiamo già parlato mercoledì scorso. Anzitutto Gregorio di Nissa
manifesta una concezione molto elevata della dignità dell’uomo. Il fine
dell’uomo, dice il santo Vescovo, è quello di rendersi simile a Dio, e questo
fine lo raggiunge anzitutto attraverso l’amore, la conoscenza e la pratica
delle virtù, «raggi luminosi che discendono dalla natura divina» (Le
Beatitudini 6), in un movimento perpetuo di adesione al bene, come il
corridore è proteso in avanti. Gregorio usa, a questo riguardo, un’efficace
immagine, presente già nella Lettera di Paolo ai Filippesi: epekteinómenos (3,13),
cioè «protendendomi» verso ciò che è più grande, verso la verità e l’amore.
Questa icastica espressione indica una realtà profonda: la perfezione che
vogliamo trovare non è una cosa conquistata per sempre; perfezione è questo
rimanere in cammino, è una continua disponibilità ad andare avanti, perché non
si raggiunge mai la piena somiglianza con Dio: siamo sempre in cammino
(cfr Om. sul Cantico 12). La storia di ogni anima è quella di un
amore ogni volta colmato, e allo stesso tempo aperto su nuovi orizzonti, perché
Dio dilata continuamente le possibilità dell’anima, per renderla capace di beni
sempre maggiori. Dio stesso, che ha deposto in noi i germi di bene, e dal quale
parte ogni iniziativa di santità, «modella il blocco ... Limando e pulendo il
nostro spirito, forma in noi il Cristo» (Sui Salmi 2,11).
Gregorio si preoccupa di precisare: «Non è in effetti
opera nostra, e non è neppure la riuscita di una potenza umana divenire simili
alla Divinità, ma è il risultato della munificenza di Dio, che fin dalla sua
prima origine ha fatto grazia della somiglianza con Lui alla nostra natura» (La
verginità 12,2). Per l’anima, dunque, «si tratta non di conoscere qualcosa
di Dio, ma di avere in sé Dio» (Le Beatitudini 6). Del resto, nota
acutamente Gregorio, «la divinità è purezza, è affrancamento dalle passioni e
rimozione di ogni male: se tutte queste cose sono in te, Dio è realmente in te»
(ibid.).
Quando abbiamo Dio in noi, quando l’uomo ama Dio, per
quella reciprocità che è propria della legge dell’amore, egli vuole ciò che Dio
stesso vuole (cfr Om. sul Cantico 9), e quindi coopera con Dio a
modellare in sé la divina immagine, così che «la nostra nascita spirituale è il
risultato di una libera scelta, e noi siamo in qualche modo i genitori di noi
stessi, creandoci come noi stessi vogliamo essere, e per nostra volontà
formandoci secondo il modello che scegliamo» (Vita di Mosè 2,3). Per
ascendere verso Dio, l’uomo deve purificarsi: «La via, che riconduce al cielo
la natura umana, altro non è che l’allontanamento dai mali di questo mondo ...
Divenire simile a Dio significa divenire giusto, santo e buono... Se dunque,
secondo l’Ecclesiaste (5,1), “Dio è nel cielo” e se, secondo il profeta (Sal 72,28),
voi “aderite a Dio”, ne consegue necessariamente che dovete essere là dove Dio
si trova, dal momento che siete uniti a Lui. Poiché egli vi ha comandato che,
quando pregate, chiamiate Dio Padre, vi dice di diventare senz'altro simili al
vostro Padre celeste, con una vita degna di Dio, come il Signore ci ordina più
chiaramente altrove, dicendo: “Siate perfetti come è perfetto il Padre vostro
celeste!” (Mt 5,48)» (La preghiera del Signore 2).
In questo cammino di ascesa spirituale, Cristo è il
modello e il maestro, che ci fa vedere la bella immagine di Dio (cfr La perfezione
cristiana). Ciascuno di noi, guardando a Lui, si ritrova ad essere «il pittore
della propria vita», che ha la volontà come esecutrice del lavoro e le virtù
come colori di cui servirsi (ibid.). Dunque, se l’uomo è ritenuto degno del
nome di Cristo, come deve comportarsi? Gregorio risponde così: «[Deve]
esaminare sempre nel suo intimo i propri pensieri, le proprie parole e le
proprie azioni, per vedere se esse sono rivolte a Cristo o se si allontanano da
Lui» (ibid.). E questo punto è importante per il valore che dà alla parola
“cristiano”. “Cristiano” è uno che porta il nome di Cristo e quindi deve
assimilarsi a Lui anche nella vita. Noi cristiani col Battesimo ci assumiamo
una grande responsabilità.
Ma Cristo – ricorda Gregorio – è presente anche nei
poveri, per cui essi non devono mai essere oltraggiati: «Non disprezzare
costoro, che giacciono stesi, come se per questo non valessero niente.
Considera chi sono, e scoprirai quale è la loro dignità: essi ci rappresentano
la Persona del Salvatore. Ed è così, perché il Signore, nella sua bontà, prestò
loro la sua stessa Persona, affinché, per mezzo di essa, si muovano a
compassione coloro che sono duri di cuore e nemici dei poveri» (L’amore per i
poveri). Gregorio, abbiamo detto, parla di salita: salita a Dio nella
preghiera mediante la purezza del cuore; ma salita a Dio anche mediante l’amore
per il prossimo. L’amore è la scala che guida verso Dio. Di conseguenza, il
Nisseno apostrofa vivacemente ogni suo ascoltatore: «Sii generoso con questi
fratelli, vittime della sventura. Da’ all’affamato ciò che togli al tuo ventre»
(ibid.).
Con molta chiarezza Gregorio ricorda che tutti
dipendiamo da Dio, e perciò esclama: «Non pensate che tutto sia vostro! Ci deve
essere anche una parte per i poveri, gli amici di Dio. La verità, infatti, è
che tutto viene da Dio, Padre universale, e che noi siamo fratelli, e
apparteniamo a una medesima stirpe» (ibid.). E allora il cristiano si esamini,
insiste ancora Gregorio: «Ma a che ti serve digiunare e fare astinenza dalle
carni, se poi con la tua malvagità non fai altro che addentare il tuo fratello?
Che guadagno ne trai, dinanzi a Dio, dal fatto di non mangiare del tuo, se poi,
agendo da ingiusto, strappi dalle mani del povero ciò che è suo?» (ibid.).
Concludiamo queste nostre catechesi sui tre grandi
Padri Cappadoci richiamando ancora quell’aspetto importante della dottrina
spirituale di Gregorio Nisseno, che è la preghiera. Per progredire nel cammino
verso la perfezione ed accogliere in sé Dio, portare in sé lo Spirito di Dio,
l’amore di Dio, l’uomo deve rivolgersi con fiducia a Lui nella preghiera:
«Attraverso la preghiera riusciamo a stare con Dio. Ma chi è con Dio è lontano
dal nemico. La preghiera è sostegno e difesa della castità, freno dell’ira,
acquietamento e dominio della superbia. La preghiera è custodia della
verginità, protezione della fedeltà nel matrimonio, speranza per coloro che
vegliano, abbondanza di frutti per gli agricoltori, sicurezza per i naviganti»
(La preghiera del Signore 1). Il cristiano prega ispirandosi sempre alla
preghiera del Signore: «Se dunque vogliamo pregare che scenda su di noi il
Regno di Dio, questo gli chiediamo con la potenza della Parola: che io sia
allontanato dalla corruzione, che sia liberato dalla morte, che sia sciolto
dalle catene dell’errore; non regni mai la morte su di me, non abbia mai potere
su di noi la tirannia del male, non domini su di me l’avversario né mi faccia
prigioniero attraverso il peccato, ma venga su di me il tuo Regno, affinché si
allontanino da me o, meglio ancora, si annullino le passioni che ora mi
dominano e signoreggiano» (ibid., 3).
Terminata la sua vita terrena, il cristiano potrà così
rivolgersi con serenità a Dio. Parlando di questo, san Gregorio pensa alla
morte della sorella Macrina e scrive che essa nel momento della morte pregava
Dio così: «Tu che hai sulla terra il potere di rimettere i peccati perdonami,
affinché io possa avere ristoro» (cfr Sal 38,14), e perché venga
trovata al tuo cospetto senza macchia, nel momento in cui vengo spogliata del
mio corpo (cfr Col 2,11), così che il mio spirito, santo e
immacolato (cfr Ef 5,27), venga accolto nelle tue mani, “come incenso
di fronte a te” (Sal 140,2)» (Vita di Macrina 24). Questo
insegnamento di san Gregorio rimane valido sempre: non solo parlare di Dio, ma
portare Dio in sé. Lo facciamo con l’impegno della preghiera e vivendo nello
spirito dell’amore per tutti i nostri fratelli.
Saluti:
Je suis heureux d’accueillir ce matin les pèlerins de
langue française, en particulier le séminaire interdiocésain de Lorraine, avec
Mgr Raffin, Évêque de Metz, les séminaristes et le Conseil central des Missions
étrangères de Paris, ainsi que les pèlerins du diocèse arménien catholique
d’Alep. En suivant l’enseignement de saint Grégoire de Nysse, je vous invite
tous à donner toujours à la prière une place essentielle dans votre vie!
I extend a warm welcome to all the English-speaking
pilgrims and visitors here today, including the groups from England, Scotland,
Ireland, Sweden, Japan, Korea and the United States. I thank you for the
affection with which you have greeted me. Upon you all, I invoke God’s
blessings of joy and peace.
Frohen Herzens begrüße ich die zahlreichen Pilger und
Besucher aus dem deutschen Sprachraum, ganz besonders die vielen Gläubigen aus
Bayern: die Pilger aus Bamberg, die zum 1000-jährigen Bistumsjubiläum mit ihrem
Erzbischof Ludwig Schick nach Rom gekommen sind, die Teilnehmer der
Diözesanwallfahrt des Bistums Passau mit Bischof Wilhelm Schraml sowie die
Kirchenchöre und Musiker aus den Diözesen Regensburg und Würzburg in Begleitung
der Weihbischöfe Reinhard Pappenberger und Helmut Bauer. Auch ich werde mich in
diesen Tagen auf eine Pilgerfahrt begeben und freue mich auf den nahen Besuch
in Österreich anläßlich der 850-Jahr-Feier des Heiligtums von Mariazell. Meine
Reise steht unter dem Motto „Auf Christus schauen“. Diese Einladung gilt uns
allen, denn Christus ist der Herr unseres Lebens. Gott segne euch und eure
Familien!
Saludo cordialmente a los visitantes de lengua
española. En particular, a los distintos grupos y parroquias venidos de España,
Chile, México, y de otros países latinoamericanos. Saludo de modo especial a
los directivos y miembros de CajaSur, de Córdoba: que esta entidad, fundada por
la Iglesia, siga inspirándose en los valores cristianos y en la doctrina social
católica, y esté siempre al servicio de la sociedad, sobre todo de los más
necesitados. Muchas gracias.
Saluto in lingua croata:
Pozdravljam sve hrvatske hodočasnike, a posebno
vjernike župe Svetoga Josipa Radnika iz Zagreba. Neka vaši domovi, poput
Nazaretskoga, budu mjesta čvrste vjere, uzajamne ljubavi, trajnoga mira i
marljivoga rada kako bi vaše obitelji uvijek pratio Božji blagoslov. Hvaljen
Isus i Marija!
Traduzione italiana:
Saluto i pellegrini croati, particolarmente i fedeli
della parrocchia di San Giuseppe Lavoratore di Zagreb. Siano le vostre case,
come quella di Nazaret, i luoghi della fede salda, dell’amore reciproco, della
pace costante e del lavoro diligente affinché la benedizione di Dio accompagni
sempre le vostre famiglie. Siano lodati Gesù e Maria!
Saluto in lingua polacca:
Pozdrawiam uczestniczących w audiencji Polaków. Waszej
modlitwie polecam dzisiaj szczególnie dzieci i młodzież, którzy rozpoczynają
nowy rok szkolny i katechetyczny. Niech z Bożą łaską i z pomocą wychowawców
rozwijają swoje talenty, wzrastając w świętości życia. Wam tu obecnym i waszym
bliskim serdecznie błogosławię.
Traduzione italiana:
Saluto tutti i Polacchi partecipanti a questa udienza
generale. Alla vostra preghiera affido i bambini e tutta la gioventù che ha
cominciato il nuovo anno scolastico e catechistico. Auspico che con la grazia
di Dio e con l’aiuto degli insegnanti sappiano sviluppare i loro talenti e
crescano nella santità della vita. A tutti voi qui presenti e ai vostri cari
imparto la mia benedizione.
Saluto in lingua slovacca:
Zo srdca vítam slovenských pútnikov z farností
Prešov-Svätý Mikuláš, Zohor a Plaveč ako aj Sestry Božského Vykupiteľa, ktoré
slávia dvadsiate piate výročie svojej rehoľnej profesie. Bratia a sestry,
prajem vám požehnaný pobyt v Ríme a s láskou žehnam vás i vašich drahých.
Pochválený buď Ježiš Kristus!
Traduzione italiana:
Di cuore do un benvenuto ai pellegrini slovacchi
provenienti dalle parrocchie Prešov-San Nicola, Zohor, Plaveč come pure alle
Suore del Divin Redentore, che celebrano venticinquesimo anniversario della
loro professione religiosa. Fratelli e sorelle, vi auguro un proficuo soggiorno
a Roma e con affetto benedico voi ed i vostri cari. Sia lodato Gesù Cristo!
Saluto in lingua ungherese:
Isten hozta a magyar zarándokokat, első helyen a
nagyváradi Mária Rádió munkatársait! E napokban kezdődik a tanítás az
iskolákban. Különösen is figyelmetekbe ajánlom a hittan órákat. Szeretettel
adom Rátok apostoli áldásomat. Dicsértessék a Jézus Krisztus!
Traduzione italiana:
Saluto cordialmente i pellegrini ungheresi,
specialmente i collaboratori della Radio Maria in Oradea. In questi giorni si
inaugura l’anno scolastico. Vi raccomando le lezioni della religione. Di cuore
imparto a tutti voi la Benedizione Apostolica. Sia lodato Gesù Cristo!
* * *
Rivolgo un cordiale pensiero ai pellegrini di lingua
italiana. In particolare, saluto le Suore di Sant’Anna e le
incoraggio a proseguire con generosità il loro servizio educativo in fedeltà al
carisma dell’Istituto. Saluto, inoltre, i partecipanti al convegno dell’Opera
dell’Amore Infinito e li esorto a modellare la loro vita sul Vangelo per
essere nella società seminatori dell’amore di Cristo. Saluto, poi, i Missionari e
le Missionarie della Carità con i collaboratori, qui convenuti nel
decimo anniversario di morte della Beata Teresa di Calcutta. Cari amici, la
vita e la testimonianza di questa autentica discepola di Cristo, di cui proprio
oggi celebriamo la memoria liturgica, sono un invito a voi e a tutta la Chiesa
a servire sempre fedelmente Dio nei più poveri e bisognosi. Continuate a
seguire il suo esempio e siate dappertutto strumenti della divina misericordia.
Saluto infine i giovani, i malati e
gli sposi novelli. Cari giovani, riprendendo dopo le vacanze le
consuete attività quotidiane, intensificate anche il ritmo del vostro intimo
dialogo con Dio e impegnatevi a diffondere la sua luce e la sua pace attorno a
voi. Voi, cari malati, trovate sostegno e conforto nel Signore Gesù, che
continua la sua opera di redenzione nella vita di ogni uomo. E voi, cari sposi
novelli, sforzatevi, con l’aiuto divino, di rendere il vostro amore sempre più
vero, duraturo e solidale.
APPELLO
Invio adesso un saluto in lingua inglese ai
partecipanti al Simposio Internazionale sulla cura dell’ambiente dell’Artico.
Domani, sulla costa occidentale della Groenlandia, Sua
Santità Bartolomeo I, Patriarca Ecumenico di Costantinopoli, inaugurerà un
simposio intitolato: "L'Artico: Specchio di vita". Desidero salutare
tutti i partecipanti, vari responsabili religiosi, scienziati, giornalisti e
altre parti interessate, e assicurarli del mio sostegno ai loro sforzi. La
tutela delle risorse idriche e l'attenzione per il clima sono questioni di
estrema importanza per tutta la famiglia umana. Incoraggiato dal crescente
riconoscimento della necessità di tutelare l'ambiente, invito tutti voi a
unirvi a me nella preghiera e nell'opera di maggior rispetto per le meraviglie
del Creato di Dio!
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana
SOURCE : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/it/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070905.html
Den hellige Gregor av Nyssa (~335-~395)
Minnedag: 9.
mars
Den hellige Gregor av Nyssa (gr: Άγιος Γρηγόριος Νύσσης;
lat: Gregorius Nyssenus) ble født rundt år 335 i Caesarea Mazaca, det
administrative senteret i den romerske provinsen Kappadokia i Lilleasia (nå
Kayseri i Tyrkia). Han var en av ti søsken i en familie som var moderat
velstående og tilhørte det landeiende aristokratiet, men som også var en
fremtredende gammel kristen familie. Den var også uvanlig from med en særegen
historie i religiøs henseende: Gregors farmor Macrina den Eldre (d.
ca 340), hans foreldre Basilios den Eldre og
Emmelia (270-340/ca 300-372), hans eldre søster Macrina den Yngre (ca
327-379), hans eldre bror Basilios den Store (ca
330-79) og hans yngre bror Peter av Sebasteia (ca
340-392), telles alle med blant helgenene. En annen bror, Naukratios (ca 331-ca
358), var vakker, sporty og ustadig og utmerket seg som en både lærd og aktiv
eremitt. Han støttet de fattige ved å dra på fiskeekspedisjoner, men døde brått
og tragisk i en jaktulykke som 27-åring.
Basilios den Eldre var en rik advokat og en velkjent
lærer i retorikk, og Emmelia var datter av en martyr. Av deres ti barn (fem
sønner og fem døtre) var det ni som vokste opp. Faren døde rundt 540, da Gregor
var rundt fem år gammel, og han ble oppdratt av broren Basilios og søsteren
Macrina. I et brev Gregor skrev til den yngre broren Peter gir han uttrykk for
den takknemligheten de begge følte til sin eldre bror Basilios, som Gregor
kaller «vår far og vår mester». I motsetning til broren Basilios og hans venn
Gregor av Nazianz nøt ikke Gregor godt av en universitetsutdannelse i Aten. I
et av sine brev hevder han at alt han hadde fått av høyere utdannelse, hadde han
fått av broren Basilios. Dette er imidlertid vanskelig å tro, siden hans grep
om filosofi og teologi var Basilios langt overlegen.1 Trolig
tilbrakte han en tid i ungdommen i de hedenske skolene. Som ung hadde han en
tid det kirkelige embetet lektor.
Det er trolig at Gregor giftet seg, men det er også et
faktum at han trolig siden angret på dette, for et avsnitt i kapittel tre av
hans «Om jomfruelighet» diskuterer den ekteskapelige stand på en lite smigrende
måte.2 Alle
henvisningene til Gregors eventuelle ekteskap er imidlertid tvetydige og kan
tolkes i motsatt retning. Den salige Theosebia (Theosebeia)
(d. 385), som var diakonisse i Nyssa, æres som helgen av den ortodokse kirke.
Hun hadde et nært forhold til Gregor, men historikerne er altså uenig om hun
var hans søster eller hans hustru. Da hun døde i 385, priste Basilios den
Stores hellige venn Gregor av Nazianz (329-ca
390) («teologen») henne i en eulogi. Den hellige Kyrillos av
Jerusalem (ca 315-86) skrev ved hennes død et kondolansebrev til
Gregor av Nyssa, hvor han nevner «din søster Theosebia» og «sann
ledsager/gemalinne til en prest». Denne tvetydigheten har ført til at noen
historikere har antatt at hun ikke var Gregors kjødelige søster, men hans
hustru. Noen hevder at Gregor av Nyssa ble konsekrert til biskop etter å ha
blitt enkemann, andre at han fortsatte å leve med sin hustru som bror og søster
etter utnevnelsen til biskop.
Som ung var Gregor lærer i retorikk, men hans familie
ville at han skulle slå inn på en kirkelig karriere. Basilios prøvde lenge og
innstendig å overtale ham, men da han mislyktes, appellerte han til Gregors
venner om å få broren vekk fra sin sekulære løpebane. Gregor av Nazianz hadde
høye tanker om sin navnebror og fikk til slutt overtalt ham til å vie sine
evner til Kirkens tjeneste, etter at han var blitt noe desillusjonert i sin
lærerstilling og deprimert over studentene. Gregor ble presteviet rundt 362.
Gregor sluttet seg til Basilios og Gregor på det
avsidesliggende stedet Annesi ved bredden av Iris (i dag Yesilirmak), nær
Neocaesarea (i dag Niksar i Nord-Tyrkia), ikke langt fra moren og søsterens
kloster på den andre siden av elven. Sammen med de andre studerte han der de
eldre kirkefedrene, fremfor alt Origenes, som var hans fremste
inspirasjonskilde ved siden av nyplatonismen. Frukten av disse studiene var
Gregors første traktat om den kristne fullkommenheten: De Virginitate, «Om
jomfrueligheten», som altså omtaler ekteskapet på en slik måte at det gjør det
mindre sannsynlig at han var gift. Sølibat var ikke påbudt for prester den
gangen, men en eventuell hustru kan også ha sluttet seg til svigermoren Emmelia
og svigerinnen Macrina i deres kloster i Pontos.
Da Basilios i 364 ble presteviet og hentet til
Caesarea, overtok hans yngste bror Peter av Sebasteia som abbed i klosteret. Basilios
ble erkebiskop av Caesarea Mazaca i 370. Broren Gregor fortsatte å leve i
avsondrethet i klosteret, men selv om han elsket sine studier i ensomheten der,
skulle han ikke få lov til å bli værende der lenge.
Keiser Valens (364-78) fryktet Basilios og forsøkte
administrativt å begrense hans autoritet, og Basilios sto flere ganger i fare
for å bli avsatt. Hovedsakelig for å svekke Basilios' innflytelse delte keiser
Valens Kappadokia politisk i to provinser, og da hevdet biskop Anthimos av
Tyana å være metropolitt over «Nye Kappadokia» eller Cappadocia Secunda (den
vestlige delen) på linje med Basilios i Gamle Kappadokia. Basilios motsatte seg
dette og sa at delingen bare var sivil, men han måtte til slutt gå med på at
delingen også gjaldt hans kirkeprovins. Tyana (Tyanna) var en gammel by i
Anatolia som nå ligger i ruiner ved dagens Kemerhisar, fem kilometer sør for
Nigde.
For å styrke sin egen stilling ville Basilios plassere
pålitelige (og anti-arianske) biskoper i bispedømmene som nå havnet utenfor
hans provins, så i 372 utnevnte han sin venn Gregor av Nazianz og sin bror
Gregor til biskoper, begge sterkt mot deres vilje. Gregor av Nazianz ble biskop
av byen Sasima (i dag landsbyen Zamzama) litt nord for dagens Yer Hissar. Bror
Gregor ble utnevnt til biskop av Nyssa (i dag Nevsehir) ved elven Kizilirmak
(gresk: Halys), et avsidesliggende bispedømme i Nedre Armenia langs veien
mellom Caesarea og Ancyra (dagens Ankara), rundt femten mil vest for Caesarea.
Begge bispedømmene lå etter delingen i provinsen Cappadocia Secunda.
Gregor av Nyssa føyde seg og ble bispeviet av
Basilios, mens Gregor av Nazianz nektet å tiltre sitt embete. Hvis han i det
hele tatt var i Sasima, var det bare i en svært kort periode. Som påstått
metropolitt utnevnte Anthimus av Tyana en konkurrerende kandidat til
bispesetet, og i praksis overlot Gregor byen til ham. Selv forvaltet han i
stedet bispesetet i Nazianz etter sin fars død uten å være bispeviet. Nazianz
(Nazianzus) ble senere til den tyrkiske landsbyen Nenizi øst for Ak-Serai
(tidligere Archelais), men har noen ganger feilaktig blitt identifisert med
Diocaesarea. Dette bispedømmet var også blitt en del av provinsen Cappadocia
Secunda.
Sannheten var at selv om Gregor og Gregor var hellige
menn, var de begge fullstendig uegnet til bispeembetet, noe de selv innså, og
Basilios utnevnte dem bare for å få deres stemmer når han trengte dem. Ingen av
de to Gregor tilga ham noen gang fullstendig dette. Dette medførte et brudd
mellom Basilios og Gregor av Nazianz, og de to vennene ble aldri forsonet, til
Basilios' store sorg, for han satte dette vennskapet meget høyt.
Noen mener at Gregor tilbrakte en viss tid i retrett
før sin bispevielse, men det finnes ingen bevis på dette. Hans bevarte brev
nevner ikke noen slik tilbaketrekking fra verden. Det er en del debatt omkring
Gregors forhold til sin angivelige hustru Theosebia etter sin bispevielse. Noen
mener at han fortsatte å bo sammen med henne, men den hellige Hieronymus sier
at Østkirkens skikk ikke tillater noe slikt. Hun skal ha levd en stund etter
hans bispevielse og døde rundt 384.
Begynnelsen av Gregors tid som biskop av Nyssa var
vanskelig, for hans bispedømme var et arnested for arianismen. Hans plutselige
opphøyelse kan også ha fått noen som håpet på embetet selv, til å vende seg mot
ham. Det synes som om en av hoffmennene til keiser Valens hadde sett seg ut
setet for enten seg selv eller en av sine venner. Dessuten var Gregor en lærd
teolog og mystiker, og han hadde ikke brorens administrative evner og innsikt i
kirkelige saker. Han var alt for lettsindig og uforsiktig og manglet taktfølelse,
og det varte ikke lenge før Basilios angret på at han presset broren til å bli
biskop. Ikke minst klager han i sine brev over Gregors naive og klossete
innblanding i storebrorens saker. For Basilios syntes den synoden som Gregor
kalte sammen til Ancyra i 372, å ødelegge hans eget arbeid. I 375 var Basilios
kommet til at Gregor var fullstendig ute av stand til å lede en kirke. Samtidig
hadde han bare en halvhjertet pris for Gregors nidkjærhet for sjelene.
Gregor var også ubrukelig i pengespørsmål og lot seg
bli snytt og bedratt i en slik grad at Demosthenes, guvernøren av Pontos, fikk
kalt sammen en forsamling av østlige biskoper. En viss Filokares beskyldte
Gregor for å stjele kirkelig eiendom og for irregulariteter i hans valg til
biskop. Dette gjorde at guvernøren fikk ham fengslet i 375. Det var nok ikke
snakk om noe kriminelt fra Gregors side, bare ren udugelighet, men anklagen
fikk større vekt fordi den var ledd i en ariansk kampanje mot ham. Gregor lot
seg først føre bort, men avskrekket av kulden og den brutale behandlingen han
ble møtt med, benyttet han en anledning til å rømme til et trygt sted, noe hans
motstandere lot som om de anså som en innrømmelse av skyld. Til tross for sterk
støtte fra Basilios ble han i 376 avsatt in absentia av en synode i
Nyssa bestående av de arianske biskopene i Galatia og Pontos.
Han ble i eksil til 378, etter at keiser Valens døde
den 9. august i et slag mot goterne og vestkeiseren Gratian (375-83) utstedte
et toleranseedikt som kalte alle forviste biskoper tilbake. De to årene i eksil
hadde han åpenbart tilbrakt på vandring, «dyttet omkring som et stykke tre på
vannet» (Gregor av Nazianz). Han fikk en varm velkomst av sitt folk, men hans
glede over dette ble avbrutt av broren Basilios' død den 1. januar 379. Han tok
dødsfallet svært tungt, men holdt gravtalen ved begravelsen i Caesarea.
I oktober 379 deltok Gregor på den synoden i Antiokia
som den hellige Meletius hadde
innkalt etter at også han hadde fått tillatelse til å vende tilbake til sitt
bispesete. Synoden skulle få slutt på det såkalte «meletianske skisma». På
denne synoden var det 152 biskoper som støttet Meletius, mens det til
sammenligning i 363 bare hadde vært 26 som støttet ham. Synoden erklærte enhet
i troen med Roma, og dermed var enheten mellom øst og vest gjenopprettet.
Konsilet sendte Gregor av Nyssa til Palestina og Arabia (det vil si dagens
Jordan), hvor kirkene var infisert av det arianske kjetteri, for å sette
gjennom den ortodokse lære. På reisen besøkte han Jerusalem, og dette besøket
ga ham avsmak for de mer og mer populære pilegrimsreisene. Han vurderte den
religiøse verdien av valfarter som temmelig lav, i alle fall slik de ble
praktisert på den tiden, og han meldte at å besøke de hellige steder, ikke
hadde gjort ham noe godt! Et av hans bevarte brev forteller om dette, og viser
at skikken med religiøse pilegrimsreiser allerede på slutten av 300-tallet ble
alvorlig misbrukt.
Men trolig skjedde ikke denne reisen til Palestina før
etter konsilet i Konstantinopel i 381. For Gregor dro rett fra konsilet i
Antiokia til søsteren Macrinas kloster ved elven Iris i Pontos, hvor han fant
henne syk, liggende på to planker som seng. De hadde ikke sett hverandre på
åtte år etter at han var blitt tvunget av Basilios til å bli biskop av Nyssa og
deretter blitt drevet bort fra sitt bispesete av arianere. Gregor ble svært
trøstet av søsterens munterhet og oppmuntring, og han var svært imponert over
den sterke kjærlighet som hun forberedte seg på døden med. Selv om hun fant det
vanskelig å snakke, ble hennes diskusjon om det evige liv utviklet av Gregor i
hans avhandling De Anima et Resurrectione («Om sjelen og
oppstandelsen»; peri psyches kai anastaseos) i form av en dialog
mellom ham selv og Macrina mens hun lå døende, derav verkets tittel, ta
Makrinia.3
Macrinas døde i desember 379. Hennes fattigdom var så
stor at man ikke fant noe annet å dekke hennes legeme med da det ble båret til
graven, enn hennes gamle kutte og grove slør, så derfor bidro Gregor med en
bispekappe i lin. Det eneste hun etterlot seg, var et jernkors hun bar rundt
halsen og en ring. Gregor ga korset til en nonne ved navn Vestiana, mens han
selv beholdt ringen, som inneholdt en bit av Det sanne Kors. Stedets biskop
Araxius og Gregor bar selv båren sammen med to prester i begravelsesprosesjonen
mens kor sang salmer hele veien til begravelsesstedet. Men press fra
menneskemengden og jamringen fra folket, spesielt fra kvinnene, var svært
forstyrrende for det høytidelige ved sangen.
Macrina ble gravlagt i klosterkirken for De førti
martyrer av Sebasteia, i samme gravhvelv som moren og besteforeldrene. Hennes
biografi ble skrevet av hennes bror Gregor i form av en lovtale i et brev til
en eneboer ved navn Olympios, Vita Macrinae Junioris.4 I
biografien beskriver Gregor et mirakel som hun bevirket for å helbrede det syke
øyet til en ung jente, og han sier om andre rapporterte mirakler: «Selv om de
synes utrolige, menes de alle å være ekte av dem som omhyggelig har undersøkt
dem. Men de regnes av de verdsligsinnede som utenfor det mulige.» Derfor ville
han ikke liste dem opp, «for at de vantro ikke skal lide skade ved å bli ledet
til ikke å tro på Guds gaver».
I 380 ser det ut til at Gregor ble valgt til
erkebiskop av Sebasteia (Sebastia, Sebastea, Sebaste; gk: Σεβάστεια),
hovedstaden i provinsen Armenia Minor, i dag Sivas i tyrkisk Anatolia. Han
protesterte mot denne utnevnelsen, men det ser ut til at han i noen måneder
midlertidig tok seg av administrasjonen av bispedømmet. Senere i 380 eller i
381 ble erkebispedømmet Sebasteia overtatt av hans yngste bror Peter.
I 381 innkalte keiser Theodosios I den Store (379-95)
et konsil i Konstantinopel, som møttes fra mai til juli 381. Opprinnelig var
det et østlig rikskonsil, hvor det bare deltok rundt 150 østlige biskoper.
Konsilet ble ikke regnet som spesielt viktig i samtiden, og selv de som var til
stede, refererer sjelden til det i sine skrifter. Under konsilet ble Gregor av
Nazianz innsatt som erkebiskop av Konstantinopel (379-81) i basilikaen St.
Sofia av patriark Meletius av Antiokia, konsilets første president. Gregor
holdt prekenen i den anledning. Patriark Meletius døde uventet midt under
konsilet, og Gregor av Nyssa holdt prekenen i hans begravelse, med alle
konsilfedrene og de troende i byen til stede.5
Konsilet fastla for godt læren om Treenigheten og
vedtok en kraftig erklæring om Den Hellige Ånds guddom, rettet mot
makedonianerne og pneumatomakerne (som avviste Den Hellige Ånds guddom).
Konsilet fordømte også arianerne og semi-arianerne. Det vedtok en klargjørende
tilføyelse til trosbekjennelsen fra Nikea om Den Hellige Ånd: «Herre og
livgiver, som utgår fra Faderen, som med Faderen og Sønnen tilbes og
forherliges, og som har talt ved profetene». Dermed oppsto den nicaeno-konstantinopolitanske trosbekjennelse,
som vi fortsatt bruker. Senere tilføyde man i vest: Utgår fra Faderen og
Sønnen) (Filioque). Ingen vestlige biskoper var til stede, heller ikke den
hellige pave Damasus
I (366-84), men da konsilbeslutningene senere ble forelagt ham,
godkjente han dem, og konsilet ble dermed regnet som økumenisk. Det kalles «Det
andre økumeniske konsil i Konstantinopel (I)» (381). Paven godkjente også
trosbekjennelsen i sin endelige form, selv om den først ble opptatt i det
romerske missalet av pave Benedikt VIII (1012-24).
Da keiser Valens døde i 378, hadde hovedstaden
Konstantinopel i mer enn tretti år vært dominert av arianere, slik at de
ortodokse ikke en gang hadde noen kirke. Nabobiskopene sendte i år 379 bud
etter Gregor av Nazianz for å gjenreise byens kristne samfunn. Den lærde og
kontemplative mannen fant intrigene og volden i Konstantinopel ytterst
frastøtende, men han gikk til slutt med på deres ønske. Gregor bodde først i et
hus som tilhørte slektninger, men han gjorde om huset til en kirke viet til den
hellige Anastasia.
Der holdt han sine berømte prekener om treenigheten som ga ham tilnavnet Theologos,
«Teologen», det vil si den som har innsikt i troen og forståelse av Kristi
guddom. Arianere og apollinaristene angrep ham gjennom sladder, fornærmelser og
vold, og det oppsto kontroverser med en Maximus, som prøvde å avsette ham mens
han var syk, men Gregor seiret til slutt. Hans veltalende forkynnelse i
Konstantinopel betydde mye for at arianismen igjen ble forkastet på det store
konsilet der i mai 381 under den nylig døpte keiser Theodosios I. Keiseren ba
arianerne om å underkaste seg eller forsvinne. De fleste forsvant.
Men opposisjonen mot Gregor avtok ikke, og
vanskelighetene ble så alvorlige, angrepene så sterke og intrigene så
motbydelige at han ga opp få uker etter konsilet. Han trakk seg tilbake for
fredens skyld, ettersom hans viktige arbeid med å gjenreise ortodoksien i
hovedstaden nå var fullført, og keiseren gikk motvillig med på det. I likhet
med sin navnebror av Nyssa passet ikke Gregor som biskop, det var pennen som
var hans redskap. Etter et verdig og rørende farvel med Konstantinopel vendte
han tilbake til hjembyen Nazianz, som igjen var uten biskop.
Gregor av Nyssa ble hyllet som en «rettroenhetens
søyle» på konsilet, hvor han sammen med Gregor av Nazianz hadde mye av ansvaret
for den trinitariske formelen som ble vedtatt. I et edikt fra keiser Theodosios
av 30. juli 381 erklærte han at de som ikke var i kommunion med Helladius av
Caesarea (Basilios' etterfølger), Gregor av Nyssa og Otreius av Melitene,
skulle utvises fra provinsen Pontos som notoriske heretikere.6 Etter at
Gregor avviste å bli forfremmet til det viktige erkebispesetet Sebasteia,
gjorde hans lille bispedømme i Nyssa ham fri til å forkynne i Konstantinopel
ved viktige anledninger. Under den ulærde Nektarios, Gregor av Nazianz'
etterfølger som erkebiskop av Konstantinopel (381-97), var Gregor av Nyssa den
ledende ortodokse teologen i Kirken i Lilleasia i den fortsatte striden med
arianerne.
Den hellige
Gregor av Nyssas kjeveben i klosteret Visoki Decani ved Pec i Kosovo. Foto:
OrthodoxPhotos.com
Viktige misjoner ble betrodd Gregor, og han reiste mye
som predikant. Det er svært trolig at han var til stede på en ny synode i
Konstantinopel i 383, noe som synes å bli bekreftet av hans Oratio de
deitate Filii et Spiritus Sancti. I 385 eller 386 prekte han i begravelsen til
keiser Theodosios' datter, prinsesse Pulcheria, og kort etter igjen i
begravelsen til keiserens hustru, keiserinne Flaccilla. Han deltok også på en
synode i Konstantinopel i 394, men det var hans siste opptreden. Man mener at
han døde i Nyssa like etter, ettersom notisene om ham i kirkelige registre da
stanser. Det er mulig at han døde en 10. januar rundt 395, den datoen da
Østkirken alltid har feiret hans fest. Han var en høyt respektert skikkelse i
Østkirken ved sin død. Konsilet i Nikea (II) i 680-81 kalte ham «Fedrenes Far».
Gregor var ingen fremragende biskop, men til gjengjeld
var han en fremragende teolog og hans betydning skyldes hans skrifter. Gregor
regnes som en av «De tre kappadokiske kirkefedrene»; de andre er broren
Basilios den Store og Gregor av Nazianz. Han er den minst profilerte av dem,
men i sine bevarte skrifter overgår han de to andre i dybde og rikdom i sin
filosofi og teologi og tiltrekningskraft i sine asketiske arbeider.
De fleste av hans skrifter omhandler bibelske
skrifter. Han var en lidenskapelig beundrer av Origenes og anvendte alltid
dennes prinsipper for hermeneutikk (fortolkning). Gregor er alltid på jakt
etter allegoriske tolkninger og mystiske betydninger som er gjemt under
tekstens bokstavelige betydning. Som regel pleide imidlertid de store
kappadokierne å eliminere denne tendensen. Gregor kompletterte Basilios'
eksegetiske verk Hexaëmeron («De seks dager»), som består av ni
prekener om verdens skapelse, med en avhandling «Om menneskets skapelse». Denne
inneholder noen kuriøse anatomiske detaljer og ble oversatt til latin av
Dionysius Exiguus.
Et av hans mest berømte skrifter er «Moses' liv», og
hans beretning om Moses som lovgiver inneholder mye forseggjort allegorisering,
og det samme gjelder hans «Forklaring av Salmenes titler». I en kort traktat om
Spåkvinnen i Endor (1.Sam 28,3-25) sier han at kvinnen ikke så Samuel, men en
demon som hadde tatt på seg profetens skikkelse. Ved siden av en preken om
Salme 6 skrev han åtte prekener om Forkynneren, hvor han lærte at sjelen skulle
heve seg over sansene, og at sann fred bare kan finnes i forakt for verdslig
storhet. Gregor er også forfatteren av femten prekener om Salomos Høysang
(sjelens forening med sin Skaper), fem svært uttrykksfulle prekener om Fadervår
samt åtte svært retoriske prekener om Saligprisningene.
I teologien viser Gregor seg mer original og mer
ubesværet. Likevel er hans originalitet utelukkende i stil, siden han kommer
med lite som er nytt. Hans uttrykksmåte byr imidlertid på mange treffende og
attraktive allusjoner, noe som trolig skyldes hans mystiske sinnelag. Han tok
opp sine dypere teologiske studier sent i livet, og derfor følger han trinn for
trinn læren til Basilios og Gregor av Nazianz. I likhet med dem forsvarer han
den guddommelige naturs enhet og Treenigheten av personer, men der hvor han
mister deres veiledning, tenderer vår tillit til ham til å synke. I sin lære om
eukaristien synes han virkelig original, men hans kristologiske doktrine er i
sin helhet basert på Origenes og den hellige Athanasius av
Alexandria.
Det viktigste av hans teologiske skrifter er hans
store Katekese eller Oratio Catechetica («Stor kateketisk bønn»), et
argumentativt forsvar i førti kapitler for katolsk lære mot jøder, hedninger og
heretikere. Dette verket er av spesiell betydning fordi det utvikler
systematisk sakramentenes plass i det kristne syn på gjenopprettelsen av Guds
bilde i den menneskelige natur – tapt gjennom synd i Adams fall. Det mest
omfattende av hans bevarte verker er hans tilbakevisning av Eunomius i tolv
bøker, et forsvar for Basilios mot samme heretiker og også av den nikenske
trosbekjennelsen mot arianismen – dette verket er av stor betydning i historien
om den arianske kontroversen. Han skrev også to verker mot Apollinaris av
Laodicea og dennes falske doktriner, for eksempel at Kristi legeme steg ned fra
himmelen og at Det guddommelige Ord i Kristus opptrådte som den rasjonelle
sjelen. Blant Gregors verker er visse Opuscula om Treenigheten adressert til
Ablabius, tribunen Simplicius og Eustathius av Sebasteia. Han skrev også mot
Arius og Sabellius og mot makedonierne, som benektet Den Hellige Ånds guddom,
men dette siste verket ble aldri fullført. De anima et resurrectione («Om
sjelen og oppstandelsen») er formet som en dialog mellom Gregor og hans døende
søster Macrina den Yngre om døden, oppstandelsen og vårt endelige mål. Han
forsvarer den menneskelige frihet mot astrologenes fatalisme i verket «Om
skjebnen», som viser hvilket grep astrologien hadde i folks sinn. I sin
avhandling «Om barn», dedikert til Hieros, prefekt av Kappadokia, satte han seg
fore å forklare hvorfor Forsynet tillater at barn dør tidlig.
Gregor forkastet Origenes' lære om sjelenes
preeksistens, men han overtok hans lære om «alle tings endelige forsoning» (gr:
apokatastasis pantōn; αποκαταστασις παντων), det vil si at alle til slutt vil
få del i saligheten, også djevelen. Denne læren er i strid med dogmet om den
evige straff i helvete. Gregor er den første kristne teologen som argumenterer
for Guds uendelighet. Origenes hadde eksplisitt argumentert for at Gud er
begrenset, et essensielt begrep i platonismen siden å være begrenset er å være
klart definert og som man kan kjenne. Gregor argumenterer imidlertid at hvis
Gud er begrenset, må han være begrenset av noe større enn ham selv. Men siden
det ikke finnes noe som er større enn Gud, må han være uten grenser og dermed
uendelig. Ideen var allerede utviklet av nyplatonske filosofer, spesielt
Plotinus, men han var den første kristne som forsvarte ideen, bortsett fra noen
antydninger i arbeidet til den hellige Ireneus av Lyon.
Gregor skrev også om det kristne liv og kristen
oppførsel, for eksempel «Om betydningen av det kristne navn eller bekjennelse»,
adressert til Harmonius, samt «Om perfeksjon og hva slags menneske en kristen
skal være», adressert til munken Olympius. For munker skrev han et verk om det
guddommelige formål i skapelsen. Hans beundringsverdige bok «Om jomfruelighet»,
skrevet rundt 370, ble skrevet for å styrke i alle som leste den, en lengsel
etter et liv av perfekte dyder. Han skrev også biografier om sin søster Macrina
den Yngre og om den hellige Gregor Thaumaturgos (Undergjøreren)
(ca 213-ca 270).
Gregor skrev også mange prekener og taler, hvorav noen
allerede er nevnt. Andre av betydning er hans lovtale over broren Basilios og
hans preken om Sønnens og Den Hellige Ånds guddom. Noen få av hans brev (26) er
bevart. Gregors skrifter er samlet i Jacques-Paul Migne (ed.), Patrologia
Graeca (PG), XLIV-XLVI, og i Werner Jaegers Gregorii Nysseni Opera.
Se Gregory
of Nyssa Home Page som inkluderer mange engelske oversettelser av hans
skrifter, med introduksjoner.
Gregors ry levde videre gjennom hans verker, men det
bleknet gradvis etter hvert som det ble glemt hvem som hadde skrevet hva av
fedrene. Det var ikke før i andre halvpart av 1900-tallet at han skulle bli
fullt ut anerkjent igjen, takket være arbeidet til flere vitenskapsmenn og
oppdagelsen av autentiske tekster. Arbeidet til Werner Jaeger (1888-1961), Hans
Urs von Balthasar (1905-88), Jean Daniélou SJ (1905-74) og andre har nå vist
betydningen av hans bidrag, ikke bare til de doktrinære fremgangene i hans tid,
men enda viktigere til det som utviklet seg til den mystiske tradisjonen i
kristen spiritualitet. Et utvalg av Gregors skrifter ble i 1963 utgitt på
engelsk under tittelen «From Glory to Glory». Han regnes i våre dager som et
viktig ledd i overføringen av Origenes' tanker til senere tider, og som en
åndelig forfatter av stor autoritet og dybde. I sin teologi søkte han alltid en
harmoni mellom tro og fornuft.
Gregor av Nyssas minnedag er 9. mars, mens han i
østkirken minnes den 10. januar sammen med søsteren (hustruen?) Theosebia. Den
koptiske kirken minnes ham den 14. oktober og 22. november. Han blir fremstilt
som biskop med Omoforion (liturgisk verdighetstegn, tilsvarer latinsk pallium),
bok og skrivefjær. Vi vet
ingenting om hans grav, men en angivelig hoderelikvie finnes i klosteret Iviron
på Athos.
1 Anthony Meredith SJ, The Cappadocians, 52-53
2 Anthony Meredith SJ, The Cappadocians, 52
3 I Jacques-Paul Migne (ed.), Patrologia Graeca (PG), XLVI, s 12 ff
4 I Jacques-Paul Migne (ed.), Patrologia Graeca (PG), XLVI, s 960 ff
5 J.-P. Migne (ed.), Patrologia Graeca (PG) 46, 851-64
6 Codex Theodosianus, LXVI, tit I, Liber 3
Jean Daniélou. « Akolouthia chez Grégoire de Nysse », Revue des Sciences Religieuses Année 1953 27-3 pp. 219-249
Jean Daniélou. « Chronologie des sermons de Grégoire de Nysse », Revue des Sciences Religieuses Année 1955 29-4 pp. 346-372
Jean Daniélou. « Grégoire de Nysse et le néo-platonisme de l'École d'Athènes », Revue des Études Grecques Année 1967 80-379-383 pp. 395-401