mardi 17 janvier 2012

Quatrième mystère douloureux : LE PORTEMENT DE LA CROIX

MAESTRO DI TROGNANOLe Christ sur le chemin du Calvaire,  (Andata al Calvario),

1476-1491, Scultura lignea dorata e colorata, conservata nella Pinacoteca del Castello Sforzesco di Milano.

Foto di Giovanni Dall'Orto, 6-1-2007


31 Après s'être moqués de lui, ils lui retirèrent le manteau, lui remirent ses vêtements et l'emmenèrent pour le crucifier.

32 En sortant, ils rencontrèrent un homme de Cyrène, nommé Simon, qu'ils réquisitionnèrent pour porter sa croix.

ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU, XXVII : 31-32

THEOPHANES THE CRETAN (1490–1559), Passion de Jésus Christ,

Stavronikita monastery


21 Ils réquisitionnèrent un passant, Simon le Cyrénéen, le père d'Alexandre et de Rufus, qui revenait de la campagne, pour porter sa croix,

22 et ils le menèrent au lieu (dit) Golgotha, ce qui se traduit : lieu du Crâne.

ÉVANGILE SELON SAINT MARC, XV : 21-22

SIMONE MARTINI (1284–1344), Portement de la Croix (Andata al Calvario), 1333,

Tempera sur bois, 25 x 16, Paris, Musée du Louvre (faisait partie d'un polyptyque portatif dit Polyptyque Orsini, aujourd'hui dispersé entre Paris, Berlin et Anvers)


26 Comme ils l'emmenaient, ils saisirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait de la campagne, et ils le chargèrent de la croix, pour qu'il la portât derrière Jésus.

27 Or, il était suivi d'une grande masse du peuple et de femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui.

28 Se tournant vers elles, Jésus dit : " Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants,

29 car voici venir des jours où l'on dira : Heureuses les stériles, et les entrailles qui n'ont point enfanté et les mamelles qui n'ont point allaité !

30 Alors on se mettra à dire aux montagnes : Tombez sur nous ! et aux collines : Recouvrez-nous !

31 Car, si l'on traite ainsi le bois vert, qu'en sera-t-il du sec? "

32 On menait aussi deux autres, des malfaiteurs, pour être exécutés avec lui.

ÉVANGILE SELON SAINT LUC, XXIII : 26-32

MARTIN SCHONGAUEREcce Homo, gravure, xve siècle


4. Pilate sortit encore une fois et dit aux Juifs : "Voici que je vous l'amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime."

5. Jésus sortit donc, portant la couronne d'épines et le manteau d'écarlate, et Pilate leur dit : "Voici l'homme."

6. Lorsque les Princes des prêtres et les satellites le virent, ils s'écrièrent : "Crucifie-le, crucifie-le!" Pilate leur dit : "Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le ; car pour moi, je ne trouve aucun crime en lui."

7. Les Juifs lui répondirent: "Nous avons une loi, et d'après notre loi, il doit mourir, parce qu'il s'est fait Fils de Dieu"

8. Ayant entendu ces paroles, Pilate fut encore plus effrayé.

9. Et rentrant dans le prétoire, il dit à Jésus : "D'où es-tu ?" Mais Jésus ne lui fit aucune réponse.

10. Pilate lui dit : "C'est à moi que tu ne parles pas ? Ignores-tu que j'ai le pouvoir de te délivrer et le pouvoir de te crucifier ?"

11. Jésus répondit : "Tu n'aurais sur moi aucun pouvoir, s'il ne t'avait pas été donné d'en haut. C'est pourquoi celui qui m'a livré à toi a un plus grand péché."

12. Dès ce moment, Pilate cherchait à le délivrer. Mais les Juifs criaient, disant : "Si tu le délivres, tu n'es point ami de César ; quiconque se fait roi, se déclare contre César."

13. Pilate, ayant entendu ces paroles, fit conduire Jésus dehors, et il s'assit sur son tribunal, au lieu appelé Lithostrotos, et en hébreu Gabbatha.

14. C'était la Préparation de la Pâque, et environ la sixième heure. Pilate dit aux Juifs : "Voici votre roi."

15. Mais ils se mirent à crier : "Qu'il meure! Qu'il meure! Crucifie-le." Pilate leur dit : "Crucifierai-je votre roi?" les Princes des prêtres répondirent : "Nous n'avons de roi que César." 

16. Alors il le leur livra pour être crucifié.

17. Et ils prirent Jésus et l'emmenèrent. Jésus, portant sa croix, arriva hors de la ville au lieu nommé Calvaire, en Hébreu Golgotha ;

18 C'est là qu'il fut crucifié, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu.

19 Pilate fit une inscription, qu'il plaça sur la croix, et qui était ainsi conçue: Jésus de Nazareth, roi des Juifs.

20 Beaucoup de Juifs lurent cette inscription, parce que le lieu où Jésus fut crucifié était près de la ville: elle était en hébreu, en grec et en latin.

21 Les principaux sacrificateurs des Juifs dirent à Pilate: N'écris pas: Roi des Juifs. Mais écris qu'il a dit: Je suis roi des Juifs.

22 Pilate répondit: Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit.

23  Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ;

ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat.

Ils prirent aussi la tunique ;

c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas.

24 Alors ils se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura. ». Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : 

Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement.

C’est bien ce que firent les soldats.

ÉVANGILE SELON SAINT JEAN, XIX : 4-24

El Greco, 1577-1579, Le Partage de la tunique du Christ (El expolio),

huile sur toile, 285 x 173, cathédrale de Tolède.

El Greco  (1541–1614). Le partage de la tunique du Christ (L'Expolio),

vers 1581, 47 x 58, Museum of Fine Arts of Lyon


Le Partage de la Tunique du Christ - Le drame de la Croix

Publié le : 10 Avril 2020

En ce Vendredi Saint, « L'image à la clé » proposée par la revue Narthex.fr, a choisi de vous plonger dans la vision maniériste du Greco (1541-1614). Dans ce tableau contrasté à la fois sombre et lumineux, « Le Partage de la Tunique », daté de 1581-1586, la figure centrale du Christ se détache et nous interpelle par son calme et sa confiance absolue en son Père, vers lequel Il tourne son regard.

Le Vendredi Saint, les Chrétiens lisent le récit de la Passion du Christ.

Ce tableau représente un court passage de la Passion : le partage de la tunique du Christ. Cet événement est relaté dans les quatre Évangiles, et très développé dans celui de Jean.

Le Greco, peintre espagnol du 16e siècle, a représenté cette scène plusieurs fois. Une première version, au cadrage très différent, a été peinte pour la cathédrale de Tolède. D’ailleurs le chapitre avait cherché à faire baisser le prix de l’œuvre, car la partie inférieure prend ses distances avec le texte évangélique en présentant les trois Marie. Dans la version du musée des Beaux-Arts de Lyon, les saintes ont disparu, même si le fragment de textile jaune au tout premier plan rappelle leur présence, ou bien celle du personnage qui prépare la Croix.

Ce tableau est considéré comme le fruit d’une double influence, celle de la peinture vénitienne et celle des icônes grecques. Le Greco a un usage italien de la couleur, elles sont vives, acides. Regardez la confrontation brutale entre le rose profond et modulé de la tunique du Christ, et le vert pomme que porte le soldat qui est en train de lui retirer son vêtement, alors qu’il le tient attaché. L’influence des icônes se retrouve dans la construction de l’œuvre : tous les personnages sont regroupés, ils semblent flotter dans un espace irréel.

Le ciel tumultueux, presque déchiré ou abstrait, typique du Greco, semble noyer l’ensemble des personnages. Même le ciel est menaçant, tout hérissé de hallebardes et de pointes. 

Hormis le Christ et le soldat qui l’attache, deux protagonistes attirent le regard. Tout d’abord le militaire en armure, dont le visage sombre et ombrageux contraste avec celui du Christ. Son armure typique des armées du roi Philippe II reflète la tunique du Christ. Son regard, au creux de ses orbites sombres, ne contemple pas le Christ, mais il semble nous interroger. C’est le cas également pour l’homme au turban rouge, qui pointe le Christ du doigt dans un geste de dérision, mais finalement, n’est-ce pas un moyen d’interpeller le spectateur, de nous renvoyer à la contemplation du drame de la Croix et de la mise à mort du Messie ?

La lumière qui baigne le visage du Christ rend son visage livide, presque déjà mort. Ce tableau montre en quelques quelque sorte la fin de l’histoire. Dans tout ce tumulte, seul le Christ semble calme, prêt à donner sa vie, le regard tout tourné vers son Père.

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SOURCE : https://www.narthex.fr/blogs/blog-video-limage-a-la-cle/le-partage-de-la-tunique-du-christ-le-drame-de-la-croix-1?fbclid=IwAR1DH6-isIaS3wvizUBpLM7GfTafJqODNhGb5BVxlTxTJnEC_492E_M4BFs