Mère
Sainte-Louis, fondatrice des Sœurs de la Charité de Saint-Louis
Bienheureuse
Louise-Elisabeth de Lamoignon
Mère Saint-Louis,
fondatrice de la Charité de Saint-Louis (+ 1825)
Déclarée vénérable le 16 janvier 1986 par Jean-Paul II et proclamée bienheureuse le 27 mai 2012, sur l'Esplanade du port de Vannes (Morbihan)
Louise-Elisabeth de Lamoignon, née à Paris le 3 octobre 1763, épouse François-Edouard Molé, comte de Champlâtreux en 1779. Cinq enfants naissent dans ce foyer, trois mourront en bas âge. La révolution française n'épargne pas la famille: François-Edouard est guillotiné le 20 avril 1794. Madame Molé se retrouve veuve avec de jeunes enfants. En 1803, ses enfants établis, elle quitte Paris. Répondant à la demande de Monseigneur de Pancemont, elle fonde à Vannes une maison de charité, qu'elle place sous la protection de Saint Louis, modèle de foi, artisan de justice et de paix. Pour les fillettes pauvres et désœuvrées errant sur les bords du port, elle ouvre des ateliers de tissage et de coton, une fabrique de dentelle et une école.
"Louise-Elisabeth a vécu intensément les exigences de l'amour évangélique, tant dans l'état du mariage que dans la vie religieuse.
- Sa vie témoigne qu'à l'origine de cette union à Dieu, il y a d'abord l'accueil de la grâce donnée par 'Dieu lui-même qui nous a aimés le premier'. La jeune demoiselle de Lamoignon reçut Dieu, intimement, le jour de sa première communion: 'je reçus, quoique bien jeune alors, de grandes grâces de Dieu. Je ne les oublierai jamais'. Depuis ce jour, Louise-Elisabeth vécut sous le signe de l'union à Dieu chaque instant de sa vie, désirant 'lui rendre Amour pour Amour'. L'Eucharistie était devenue le centre et le moteur de sa vie car, disait-elle, 'en participant au Corps de Jésus-Christ, dans la communion [...] on pense, on parle et on agit comme Jésus-Christ'.
- Par ailleurs, Louise-Elisabeth communia intensément à la passion du Christ-Rédempteur, réalisant même, dans les belles années de son mariage, un 'pacte avec la croix'. La jeune femme décidait de s'abandonner intégralement dans les bras de son Sauveur. C'est ainsi qu'elle surmonta courageusement la misère, la perte de trois de ses cinq enfants et de son mari Édouard Molé, guillotiné pendant la révolution, avec le soutien de son 'Bien Aimé' Seigneur. Sensible à la misère des autres, elle voyait le Christ souffrant à travers le pauvre souffrant. Après des années à leur service, à Paris, celle que les pauvres appelaient 'l'ange des mansardes' acceptait, à quarante ans, de bouleverser sa vie pour la consacrer entièrement aux déshérités, à Vannes, en réponse à l'appel de Dieu et de l'évêque, Mgr de Pancemont.
- Enfin, Louise-Elisabeth communia profondément à la résurrection du Christ pendant toute son existence. Son mariage heureux fut une des plus belles grâces de sa vie. Elle disait de son mari qu'il était 'l'homme le plus vertueux et le meilleur'. Par ailleurs, le développement de son œuvre, au décès de la fondatrice, le 4 mars 1825, témoigne de la fécondité de sa vie unie au Christ. La congrégation compte alors une cinquantaine de religieuses désirant vivre selon son esprit et porter aux déshérités, dans les ateliers et écoles de la fondation, l'amour de Dieu qui les habite. Aujourd'hui, la congrégation compte près de 620 sœurs professes réparties en 10 pays, sur 3 continents."
+ Raymond Centène, évêque de Vannes
- Site des Sœurs de la Charité de Saint-Louis (SCSL)
- Abbaye de Rhuys - historique de la congrégation
- De Louise-Elisabeth à Mère Saint Louis - diocèse de
Vannes
SOURCE : https://nominis.cef.fr/contenus/saint/12582/Bienheureuse-Louise-Elisabeth-de-Lamoignon.html
Bse Marie-Louise-Élisabeth de Lamoignon
Veuve Molé de Champlâtreux (en religion Mère Saint-Louis)
Fondatrice de la Congrégation des « Sœurs de la Charité de Saint-Louis »
Marie-Louise-Élisabeth,
fille de Chrétien François de Lamoignon de Basville, garde des sceaux de France
en 1787, naît à Paris le 3 octobre 1763, dans l'hôtel particulier des
Lamoignon, et fait partie de la haute noblesse française.
Elle est baptisée le jour
même à l'église Saint-Sulpice. Louise-Élisabeth est proche de sa grand-mère,
Madame Berryer, qui reçoit la famille dans son château de Thubeuf en Normandie
et qui veille à la piété de sa petite-fille, tout en lui donnant des
précepteurs de qualité. La fillette est influencée par Bourdaloue qui est le
directeur spirituel de la famille. Elle n'oubliera jamais les grâces reçues de
sa première communion, à l'âge de huit ans.
Marie-Louise-Élisabeth épouse, en la chapelle de l'hôtel Lamoignon, en février 1779, Édouard François Mathieu Molé, conseilleur au Parlement de Paris, issu d'une famille de grands magistrats. Ils auront cinq enfants dont deux atteignent l'âge adulte.
Madame Molé forme, grâce à M. de Pancemont, nouveau curé de sa paroisse
Saint-Sulpice, un groupe de dames pour secourir la pauvreté du quartier pendant
le dur hiver 1788-1789. Au cours d'une retraite, elle sent l'appel du Christ.
Puis la Révolution survient, la famille reste en France, malgré un court intermède à Bruxelles en 1791. Le comte et la comtesse Molé de Champlâtreux sont de retour en janvier 1792 pour se mettre en règle avec la loi du 9 novembre 1791 sur les émigrés. Ils sont cependant arrêtés et enfermés à la Conciergerie. Madame Molé est libérée à cause de son état de santé, mais son mari, homme intègre et charitable, est guillotiné, le jour de Pâques 1794.
Madame Molé est profondément affectée par l'exécution de son mari et la mort de
sa fille de quatre ans en 1794 et songe à entrer dans un ordre contemplatif.
Elle a trente ans, et renouvelle son pacte avec la Croix du Christ. Elle est
expulsée de chez elle. Elle ne retrouve sa propriété de Méry-sur-Oise que l'année
suivante. Elle perd son frère qui combat contre la Convention thermidorienne en
Bretagne en 1795. C'est une nouvelle épreuve.
Elle est cependant dissuadée, à cette époque, d'entrer en religion par son confesseur, M. de Pancemont, avec qui elle correspond clandestinement et qui, revenu d'exil est devenu évêque de Vannes, l'encourage plutôt à fonder quelques années plus tard une congrégation religieuse, la congrégation des « Sœurs de la Charité de Saint-Louis », le 25 mai 1803.
Le Concordat est entré en vigueur depuis quelques mois, et la liberté
religieuse peut s'établir en France. Madame Molé s'installe à Vannes avec
quelques compagnes et sa mère, Madame de Lamoignon, dans un premier couvent
acheté par elle, près du port de Vannes. Ses deux enfants étant
« établis », elle y ouvre des classes pour les fillettes de familles
pauvres.
Elle prononce ses vœux
sous le nom de Sœur Saint-Louis (Mère Saint-Louis lorsqu'elle devient
supérieure de la Congrégation) et les vocations affluent. Elle y anime
notamment un atelier de dentelle et de tissage du coton.
Lorsque Pie VII (Barnaba
Chiaramonti, 1800-1823) vient sacrer Napoléon Ier, il bénit la fondatrice et
ses compagnes. Une nouvelle épreuve crucifiante survient en 1807, lorsque Mgr
de Pancemont meurt d'une attaque d'apoplexie. Une nouvelle maison de charité
ouvre en 1808 à Auray, dans l'ancien couvent des cordelières, puis fonde un
noviciat séparé en 1810. La congrégation est reconnue civilement par une
ordonnance royale, en 1816. En 1824, elle achète l'ancien couvent de
Saint-Gildas de Rhuys pour y ouvrir une école gratuite et une œuvre de
retraites.
Mère Saint-Louis quitte, à Vannes, sa demeure terrestre, pour la rencontre avec Dieu, le 4 mars 1825, serrant sur son cœur le crucifix qui ne la quittait pas depuis ses jeunes années.
Au décès de la Fondatrice, la Congrégation compte une cinquantaine de religieuses.
Elles désirent vivre selon son esprit et porter aux déshérités l'amour de Dieu qui les habite.
L'œuvre de Mère Saint-Louis s'est poursuivie en France, et dans d'autres pays :
Angleterre, Canada, États-Unis, Haïti, Madagascar, Mali, Sénégal, Martinique,
Mexique de sorte qu'on peut dire que sa Congrégation a pris une dimension
internationale.
Le procès diocésain de
béatification débute en 1959, le diocèse de Vannes déposant le dossier à Rome
en 1962.
Déclarée vénérable
par Saint Jean-Paul II, le 16 janvier 1986, Louise-Elisabeth de
Lamoignon, épouse Molé de Champlâtreux (Mère Saint-Louis), a été proclamée
bienheureuse le 27 mai 2012, en la solennité de Pentecôte, sur
l’esplanade du port de Vannes, par le card. Angelo Amato s.d.b., Préfet de la
Congrégation pour les Causes des Saints, qui représentait le Pape Benoît
XVI (Joseph Ratzinger).
Une première en Bretagne
!
Pour voir la vidéo de la Béatification :
>>> Mère
Saint-Louis - YouTube
SOURCE : https://levangileauquotidien.org/FR/display-saint/0116e55c-c2bf-4871-8625-84a60ca401f2
Madame Molé
(1763-1821) une sainte pour aujourd'hui
Le Cardinal Amato,
assisté du Cardinal Poupard et de Mgr Centène, a conféré à Louise-Elisabeth de
Lamoignon, veuve Molé et en religion, Mère Saint-Louis le titre de bienheureuse
au cours d'une célébration émouvante qui s'est déroulée sur le parvis du Port de
Vannes le 27 mai 2012, en la fête de la Pentecôte.
Cet évènement extraordinaire mérite que l'on relise la biographie de cette
"grande dame", dont l'itinéraire de vie ne fut, ni simple, ni
ordinaire. Voici donc à grands traits, une synthèse rédigée à partir du livre
de Paula Hoesl (éditions SPES 1958).
L’enfance
de Louise-Elisabeth de Lamoignon
Marie-Louise Elisabeth de
Lamoignon nait le 7 octobre 1763 à Paris, son père est alors Garde des Sceaux
de la France sous Louis XVI. Elle a trois sœurs et 4 frères. Elevée dans une
famille aristocratique, elle reçoit une bonne instruction.
« Tenez-vous
droite » est, à l’époque, le premier mot de l’éducation des petites
filles. A 7 ans elle écoute plus qu’elle ne parle, dit sa mère qui tient
salon et reçoit des grands de ce monde. Louise-Elisabeth côtoie ainsi les
meilleurs intellectuels de Paris qui lui assurent une puissance de travail dans
la rigueur d’une pensée juste.
A 15 ans elle est
demandée en mariage par son cousin François-Edouard Molé qui a 19 ans. Elle n’a
pas à dire oui ou non, mais elle considère que ce fut un bon choix. « Mes
parents m’unirent à l’homme le plus vertueux et le meilleur qui soit »
Comtesse Molé est un
beau nom, auquel est associé une grosse fortune celle des Champlâtreux. Bien
vite la maternité l’épanouit. Entre 1781 et 1789 elle met au monde 4 enfants
dont 2 seulement arriveront à l’âge adulte : Louis-Mathieu et Félicité.
La
vie mondaine de Madame Molé de Champlâtreux
Dans le Paris de l’époque
la mode est à la charité depuis que Vincent de Paul, aidé de Louise
de Marillac a ouvert des orphelinats ; mais les philosophes préfèrent parler de
philanthropisme.
La vie de Madame Molé est
mondaine. Les honneurs, les richesses, les biens temporels, tout concourt à
mettre entre parenthèses l’éducation religieuse qu’elle a reçue. La vie est là
avec ses douceurs, ses mille tentations dans une société riche et oisive. La
capitulation lente de sa conscience, la descente insensible dans l’obscurité de
la médiocrité la rend sourde à la voix intérieure. Mais peu à peu elle comprend
que les richesses et les honneurs ne sont que des ombres qui, au lieu de
rassasier, irritent les passions sans jamais procurer le bonheur. Plus tard en
relisant sa vie, Louise-Elisabeth avouera que cette époque de sa vie fut un
désastre spirituel.
1789,
Révolution française et conversion spirituelle.
En 1789, la Révolution
française sème le trouble à Paris et les incidents se multiplient avec leur
cortège de violences. M. de Lamoignon, le père de Louise-Elisabeth est
assassiné.
Le 21 septembre 1790, mue
par une voie intérieure, Louise-Elisabeth pousse la porte de l’église saint
Sulpice où un nouveau curé vient d’arriver, M. de Pancemont. Elle
s’agenouille dans un confessionnal. Elle y entre pécheresse elle en
ressort convertie à l’Amour de Dieu retrouvé. Après cette conversion, rien ne
pourra désormais la séparer de l’amour de Dieu. Pourtant les épreuves qui
l’attendent seront dures et cruelles. La naissance d’une petite Louise en 1791,
la comble de joie, malgré le climat délétère qui règne à Paris.
Hiver 1792, il fait moins
18°: miséreux, pauvres hères, vagabonds, mendiants se pressent dans les rues.
La vie est impitoyable. Louise-Elisabeth qui retrouve l’ardeur de la prière,
change de style de vie. Elle abandonne la coquetterie vestimentaire de
l’aristocratie et adopte une tenue simple dépourvue de tous bijoux. Son mari se
moque un peu d’elle « Vous ressemblez à une soubrette, mais votre
beauté n’en est pas altérée. »
La transformation
spirituelle de madame Molé n’est pas une façade. Aussi puisque l’amour vit
de partage, son époux François-Edouard en reçoit l’usufruit puisque l’amour de
Dieu est fait pour sceller l’amour humain.
1792, les Saturnales de
l’horreur commencent. Louise-Elisabeth a 29 ans. Les queues d’affamés
s’agglutinent toujours aux portes des boutiques, on manque de pain de sucre de
savon. En 1793, le trône royal est abattu. La Comité de Salut public sème sa
terreur et les insurrections se succèdent. Les périls sont grands pour les
aristocrates. La famille Molé refuse de fuir en Angleterre car on n’emporte pas
sa Patrie à la semelle de ses souliers.
La souricière des
insurgés se referme sur eux ; le couple est arrêté et emprisonné.
Louise-Elisabeth tombe malade et frôle la paralysie, ses jambes ne la portent
plus. Quelques jours plus tard elle est libérée tandis que de la fenêtre de sa
prison François-Edouard voit passer les charrettes qui conduisent les
prisonniers vers la Guillotine. Il reconnaît des visages amis. Malgré les
lettres de supplications de son épouse, son tour arrive bientôt.
1794, un après-midi du 20 avril, jour de Pâques, il monte à l’échafaud grave et
résigné. Son épouse le crucifix dans les mains a passé toute la nuit en agonie
dans les larmes et les prières. Veuve à 30 ans, ce soir-là elle fait le vœu de
se consacrer à Dieu.
Douleur
et chagrin, faim et misère, isolement
Mais le choc est trop
brutal, Louise-Elisabeth croit mourir de chagrin. Son fils ainé Mathieu prend
la direction des choses malgré son jeune âge, il a 12 ans. Il voit arriver les
commissaires du Peuple chargés de l’inventaire de l’hôtel familial des Molé
devenu propriété de la Nation. On s’éloigne d’eux comme des pestiférés.
Louise-Elisabeth contrainte de quitter son logement réquisitionné, réussit à
trouver une mansarde lugubre au troisième étage sous les toits, sans meubles
sans argent et avec pour tout bagage une mauvaise paire de draps. Elle découvre
à son tour la misère, la faim et le manque. Pourtant au milieu des ces
terribles épreuves, et des plus dures afflictions, elle ressent la fournaise du
cœur de Dieu qui ne l’abandonne pas. Elle dit : « je sens bien
qu’une puissance surnaturelle agit en moi. ».
Quelques temps en plus
tard, en 1795 une période de paix s’annonce pour la famille Molé.
Grâce aux démarches faites par M. Martin elle part au château de Méry-sur-Oise
qu’on lui a restitué. M. Martin deviendra un ami de la famille et le précepteur
de Mathieu.
L’histoire continue, la
chute de Robespierre fait passer un souffle d’allégresse dans Paris. Partout
l’église traquée sort des ses cachettes. La loi Nivôse rétablissant la liberté
des cultes, provoque une renaissance religieuse en raz de marée. Les oratoires
se multiplient trop petits pour la ferveur des fidèles.
Mais les prêtres
réfractaires, (qui ont refusé de prêté serment à la constitution) restent
toujours menacés et se cachent. M. de Pancemont profite du temps que son
isolement lui impose pour réfléchir. Car il sait, grâce à l’optimisme de sa
foi, que la tourmente passera et qu’il faudra bien un jour tout restaurer dans
le Christ. Devenu directeur spirituel de Mme Molé sa fidèle paroissienne, il
voit déjà en elle une âme exceptionnelle capable de conduire d’autres personnes
dans les voies de la sainteté.
Devant la misère humaine
et morale qui s’étale autour d’elle, Louise-Elisabeth prie. « Mon
pays m’a persécutée et je l’ai haï, dit-elle. Mais mon cœur a puisé dans
l’amour du Christ une soif dévorante de pardon. » Elle poursuit en
disant : « Je donnerai ma vie pour aimer ». Cette
générosité est déjà le ruissellement de la charité du Christ.
D’une manière inattendue,
la Convention lui vient en aide. La loi Prairial restitue aux familles des
condamnés leurs biens mis sous séquestre. Heureuse pour ses enfants elle
entrevoit dès lors la possibilité de se libérer des soucis de l’intendance
quotidienne.
Renaissance
entre les bras de Dieu
Au cours de l’été 1795,
M. de Pancemont adresse à Mme Molé une liasse de documents sur les Ordres
religieux et monastiques depuis les origines, en lui demandant d’y puiser, avec
la grâce de l’Esprit-Saint des idées en vue de fonder une institution
religieuse adaptée au monde de son temps. Elle se jette dans ce travail avec
ardeur, mais comme c’est Dieu seul qui donne la Lumière, elle doit à maintes
reprises reprendre ses recherches, avec l’aide de son maitre spirituel qui
exige d’elle un ajustement constant à la grâce. Cette institution doit servir
la gloire de Dieu et non pas ses ambitions personnelles.
La Convention
révolutionnaire tire à sa fin avec de nouvelles élections qui surexcitent les
esprits et les espoirs des royalistes qui ne veulent toujours pas se résoudre à
abdiquer. Mme Molé rentrée à Paris s’abonne au Courrier Républicain qu’elle
n’hésite pas à faire lire à son curé M. de Pancemont. Petit à petit la frayeur
n’a plus d’emprise sur elle. Pourtant le décès de sa petite dernière Louise
âgée de 4 ans la submerge de chagrin, mais sans repli sur elle-même.
Elle reste ouverte à
toutes les détresses qui frappent à sa porte. « Dieu est un ouvrier
invisible Il agit sans qu’il y paraisse » La foi est le seul remède
dans les temps de sécheresse. « Je dis la foi, et non le goût et non
la raison et non les efforts. Je dis la foi toute nue, par laquelle notre âme
se met entre les bras de Dieu. » Sans l’aide et la rigueur de M. de
Pancemont elle se serait égarée dans une fausse spiritualité.
Les mois passent, Mathieu
âgé de 15 ans se marie avec Caroline de la Briche, mais ce sera un mariage
houleux, qui inquiètera sa mère toute sa vie.
Le
Concordat, la paix civile retrouvée
Le dimanche de Pâques
1802, le bourdon de Notre Dame muet depuis plus de 10 ans s’ébranle dans le
ciel de Paris. Les gens sortent des maisons pour mieux l’entendre, s’embrassent
dans les rues, les larmes aux yeux dans la joie de la résurrection du Christ et
de l’Eglise de France. Tout monde court à la cathédrale où un Te Deum va
être chanté en l’honneur de la ratification du Concordat. Les troupes rangées
le long des quais attendent l’arrivée du Premier Consul Bonaparte. L’immense
vaisseau de Notre Dame enfin retrouve vie. Au cours de la première semaine,
vingt sept évêques sont consacrés, et tous prêtent serment de fidélité au
Concordat. M. de Pancemont est nommé évêque au siège de Vannes, en signe
de gratitude pour sa participation aux négociations délicates du Concordat.
Pour Mme Molé, le
tournant de sa vie est proche. Sa dernière fille Félicité, ayant pris mari, son
cœur de mère est tranquille.
Qu’allez-vous faire de
moi demande-t-elle à son directeur spirituel devenu évêque. « Vous me
suivrez à Vannes, j’ai besoin de vous »
La
Maison du Père Eternel à Vannes
Avril 1803. Mme Molé
arrive à Vannes. Mgr de Pancemont lui présente la vieille bâtisse délabrée
qu’il a acquise en vue de l’œuvre qu’il souhaite lui confier. C’est la maison
du Père Eternel ainsi appelé parce qu’un bas-relief représentant le Père
du ciel est sculpté sur la porte d’entrée. Cette maison jadis achetée au temps
de la Réforme par Jeanne Quélen, pour être un lieu de prières, était devenue
pendant la Révolution, le théâtre de la débauche des marins et des soldats qui
y amenaient là de pauvres filles.
Mme Molé prend tout en
main, avec l’aide de quelques dames dévouées venues des environs de Vannes. Sa
mission consiste à donner une éducation aux petites filles malheureuses de
Vannes, qui lui sont confiées. L’instruction est le plus grand service de
charité que l’on peut rendre à ces enfants pauvres dit-elle, car rien
ne doit être négligé pour développer l’intelligence, ouvrir leur esprit à la
lumière et former leur raison ». Pour elle l’intelligence est, en chaque
homme, le reflet de Dieu.
Le 21 novembre 1803, en
la fête de la Présentation de Marie au Temple, elle est officiellement
nommée supérieure la Maison en présence de Mgr de Pancemont.
Educatrice
dans le respect et la bonté
Elle fait installer des
ateliers de tissage mécanique pour la filature du coton, le travail de la laine
et la fabrication des dentelles, car Mme Molé a le goût du progrès et rêve de
faire de ces ateliers des modèles du genre. C’est un succès ! On se
bouscule pour admirer le travail accompli et surtout pour voir la
transformation sociale des filles. « Les enfants changent à vue
d’œil ». On parle du Père Eternel dans toute la région, et d’autres villes
qui veulent à leur tour avoir une pareille maison d’éducation sociale la
sollicitent pour obtenir des renseignements.
Ce qu’elle exige avant
tout des éducatrices, c’est le respect et la bonté, car il faut dit-elle
réparer le malheur qui a été subi. « Lorsque vous les reprenez de
leurs fautes, n’élevez pas la voix, ayez soin de ne jamais les humilier,
étudiez leur caractère et efforcez-vous de gagner leur confiance. Pour élever
des enfants il faut autre chose que la piété. »
Décès
de Mgr de Pancemont
Le 5 mars 1807, Mgr de
Pancemont meurt épuisé des suites d’une hémorragie cérébrale sans doute due au
stress de sa mission pastorale : il fallait apaiser, réconcilier les
partisans d’un bord et de l’autre et manœuvrer sans cesse avec les autorités
préfectorales elles-mêmes tiraillées avec les ordres venus de Paris. Personne
en effet n’avait oublié l’épisode de Quiberon, au cours duquel les insurgés
bretons commandés par Cadoudal avaient tenté d’inverser le cours de la
Révolution.
La mort de Mgr de
Pancemont est une immense douleur pour Mme Molé, car auprès de lui les conseils
ne lui avaient jamais manqué. Elle est désespérée et elle pense à tout arrêter
pour rentrer à Paris et retrouver sa vie d’avant, ses enfants, ses amis.
C’est un dur combat
spirituel qu’elle va mener pour arriver à prendre une décision droite. Toute sa
vie elle se souviendra de la tentation de fuir qui l’a submergée. Nous
lecteurs, nous aimons cette madame Molé si fragile et humaine, en proie aux
tentations comme nous. Les saints en effet ne sont pas faits d’une autre argile
que nous, ils sont capables des mêmes doutes et des mêmes passions que nous.
Fondatrice
de Maisons de Charité
En 1808 elle fonde
une deuxième maison de charité à Auray.
On reste confondu par le
travail qu’elle accomplit désormais. Affermie dans sa spiritualité elle devient
à son tour « maîtresse spirituelle ». Il faut dire qu’elle a
engrangé depuis 20 ans des richesses théologiques admirables, dans la
lecture quotidienne de l’ Écriture Sainte et la fréquentation assidue des Pères
de L’Église. En outre son expérience de femme, d’épouse et de mère lui a fait
faire le tour du cœur humain.
Ses conférences abordent
des thèmes inédits comme celui du silence. « Plus on se répand au
dehors, plus on est pauvre au-dedans. », ou d’autres plus conventionnels
comme celui du temps qui passe « vivez chaque jour comme si c’était
le dernier ». Mais elle exhortait le plus souvent à la conversion du
cœur. « Il ne suffit pas de dire, je veux devenir meilleur, je veux
me corriger, il faut retourner son cœur, car Dieu nous juge sur nos œuvres et
non sur nos sentiments ».
Elle s’applique à
elle-même ces vigoureuses exhortations.
Oser
le désir d'aimer
Le 15 octobre, jour de la
fête de Sainte Thérèse d’Avila alors qu’elle priait profondément, elle comprit
que Dieu lui demandait de s’oublier totalement pour parvenir à l’union totale
de son Amour. Trois jours plus tard elle écrit dans son cahier spirituel :
Mon Père, je ne
dirai pas que j’aime, mais j’oserai vous dire que je suis consumée du désir
d’aimer. »
Oser le désir d’aimer,
c’est là un vœu de charité qui ouvre en elle une vie nouvelle. Elle a le
sentiment que toute sa vie devient un don. Elle s’abandonne définitivement dans
les bras de Dieu, en lui offrant tout ce qu’elle a de plus cher : ses
enfants, sa famille, ses objets personnels desquels elle se détache
physiquement et définitivement. Le chemin de l’humilité sera son chemin à elle.
Jésus m’a tout demandé, je lui ai tout promis, tout donné.
A la fin de l’année 1811,
Paris brille de mille feux, mais la situation de l’Église est grave. Depuis que
le pape est prisonnier, des cardinaux sont en exil, et des diocèses sont sans
évêques.
A Vannes la misère est
générale.
Le Conseil municipal de
séance en séance ne cesse de gémir : délabrement des édifices, malpropreté des
rues, encombrement du port, les hospices regorgent : presque six cents
indigents sont à la charge de la ville.
Au Père Éternel, les
enfants malheureux affluent et Mme Molé n’a pas le courage d’en refuser un
seul. Alors elle économise tout ce qu’elle peut sur son train de vie. Elle se
débat pour faire vivre cette maison dont elle a la charge. Il faut continuer à
acheter du coton pour faire tourner les ateliers. Elle a la certitude que Dieu
ne l’abandonnera pas. « Je garderai toutes mes petites filles, quand
même je devrais vendre ma dernière pantoufle. »
Administrer deux maisons,
celle de Vannes et celle d’Auray n’est pas de tout repos. Mais elle n’abdique
pas. Elle visite régulièrement les ateliers, les écoles, le noviciat. Elle fait
le catéchisme du dimanche. Elle s’enquiert de tout : la bonne mine des
petites filles, leur moral, leur progrès. Elle visite aussi l’infirmerie,
change le linge des malades et refait les pansements.
A ce rythme sa santé
restée fragile depuis l’épisode de la Terreur, ne tient pas bien. Il lui faut
de plus en plus souvent garder la chambre, et quelle chambre ! le vent s’y
engouffre par les fenêtres mal jointes et le toit laisse passer les grosses
averses.
La
guerre civile et la bataille de Quiberon
Mais la guerre civile entre les Patriotes et les Royalistes n’est pas finie. L’étourdissante Aventure des Cents Jours, ravive les plaies, une tentative d’insurrection enflamme toute la région d’Auray, et le Couvent du Père Eternel sur les rives du Loch se trouve en plein centre de la lutte : porte enfoncée à coups de crosse, bousculade des religieuses, destructions des ateliers, profanation de la sacristie.
Au matin, la ville d'Auray ramasse ses blessés, avec l’aide de toute la
population. La guerre civile se prolonge un mois encore. On se bat à
Locmariaquer, à Plescop, et jusque dans le faubourgs de Vannes. Mais un dernier
sursaut patriotique met fin à la guerre fratricide. Le lendemain, on chante à
Saint Patern le Te Deum, comme un chant d’Église et chant de guerre. Le soir dans
une liesse générale chouans et soldats impériaux trinquent et dansent des
ridées endiablées.
Une
nouvelle Congrégation
La paix revenue, Mme Molé
qu’on appelle désormais Mère Saint Louis, se préoccupe de faire
reconnaître par Rome les constitutions officielles de sa Congrégation.
Le 1er mars 1816,
parait l’ordonnance royale : les établissements d’éducation gratuite et de
charité, légalement fondés à Vannes et à Auray par Mme Molé de Champlâtreux,
sont confirmés. Les religieuses qui les dirigent prendront la dénomination
de Sœurs de la Charité de Saint-Louis.
Ce nom de Saint-Louis,
elle l’a choisi avec Mgr de Pancemont il y a 20 ans, pour être protecteur de
son œuvre. Il était son patron, le patron de cette France chrétienne qu’elle
avait vu ravagée.
A sa Congrégation qui
doit œuvrer en pleine pâte humaine elle donne pour guide le saint qui offrit le
plus le plus bel exemple d’une vie engagée dans le temporel. « Un mystique
qui gardait les deux pieds sur terre, rayonnait des plus belles vertus
humaines : loyauté, courage, sens de l’honneur, équité, franchise et
délicatesse. Un mystique dont la foi intrépide s’engageait dans les actes les
plus simples et dans le devoir de chaque jour. »
Mais ce qu’elle veut
surtout donner à ses filles, c’est la charité qui produit l’amour. C’est
pourquoi elle ajoute Saint Louis au mot Charité pour lui donner une résonance
particulière, saint Louis doit être le sceau imprimé fortement dans sa
Congrégation voué à la charité. Tendre amour du Christ, des enfants des
pécheurs, charité de saint Louis !
Précarité
mais charité
L’autorisation officielle
n’empêche pas la situation de la petite Congrégation d’être bien précaire.
Matériellement les ressources sont insuffisantes. Le marasme des affaires ruine
ses pauvres ateliers. Les denrées sont de plus en plus chères. Les commandes
manquent. A Vannes le nombre d’enfants trouvés est considérable. Pourtant il
faut vivre. Au Père Éternel de Vannes : 35 religieuses, 150 enfants dont 50
pensionnaires. Mme Molé porte tout devant Dieu dans ses prières.
Mais l’âge les infirmités
rendent de plus en plus pénibles le poids de sa charge. Elle voudrait prendre
la « dernière place » dans la maison pour pouvoir obéir elle qui n’a eu
qu’a commander. Mais si sa place est au Père-Eternel ce ne peut être qu’à la
tête, pour en assumer toutes les charges, tant que l’œuvre aura besoin d’elle
c'est-à-dire jusqu’à sa mort.
Jusqu'au
bout
Et elle n’arrête pas, en
1816 elle ouvre à Pléchâtel une maison de Charité, et en 1818 une maison de
retraite spirituelle à Auray, puis en 1820 un noviciat à Saint Gildas de Rhuys.
Comme Thérèse d’Avila elle fonde, elle bâtit dans la Charité et dans la
confiance. Tout est pour Dieu.
Le 4 mars 1821, entourée
des enfants de son âme, « ses filles bien-aimées », elle meurt
paisiblement comme un enfant qui s’endort sur le sein de sa mère. La nouvelle
court à travers tout Vannes. La foule se presse dans la chapelle du
Père-éternel pour voir la sainte, et c’est dans la chapelle du Grand Séminaire
qu’ont lieu les obsèques.
Aujourd’hui encore Mme
Molé repose dans la chapelle du jardin du Père-Éternel de Vannes.
C’est un lieu de silence
et de paix où il fait bon méditer sur le destin de cette grande âme qui a eu la
générosité de se donner à Dieu et aux autres.
Aujourd'hui
Près de deux siècles plus
tard, la Congrégation des Sœurs de la Charité de Saint-Louis compte 145
maisons : en France, Angleterre, Canada, Etats-Unis, Haïti, Madagascar
etc. …
Madame Molé reste bien
vivante, au milieu de ses filles, avec son intelligence rayonnante et son cœur
généreux. Pour Vannes, elle est une grande dame de cœur et de prières.
Nous pouvons sans crainte la prier avec Vincent Ferrier et Pierre-René Rogue,
ce martyr de la Révolution mort à l’échafaud en 1795 comme le fut son époux.
Heureux sommes-nous à
Vannes d’avoir ces ardents témoins de la foi.
Jeannine Antoine
SOURCE : https://www.cathedrale-vannes.fr/index.php/saints-de-la-paroisse/bienheureuse-mme-mole
Vénérable Mère Saint-Louis — 1763-1825
Fondatrice de la
Congrégation des Soeurs de la Charité de St-Louis
Thérèse Tardif le jeudi, 01 janvier 2009. Dans Saints & Bienheureux
Rebâtir par l'amour ce
que les révolutions tranquilles ou sanglantes détruisent par ignorance et haine
Naissance et enfance
Marie-Louise-Elisabeth
Lamoignon naît dans l’Hôtel des Lamoignon, à Paris, le 3 octobre 1763. Elle est
la troisième de sept enfants. Elle est baptisée le jour même, à l’église
St-Sulpice. D’une famille de haute noblesse, Louise-Elisabeth grandit dans un
milieu chrétien, soucieux de justice et de charité. Son père est membre du
Parlement. Souvent la famille se retire en Province, à Tubeuf en Normandie.
A Thubeuf, la grand-mère
maternelle, Mme Berryer, récemment veuve, s’éprend d’affection pour la petite
Louise-Elisabeth, elle veille sur l’éducation chrétienne de sa petite-fille.
L’enfant recevra de cette aïeule une éducation raffinée, elle bénéficiera de
leçons des meilleurs maîtres et de la transmission des valeurs profondes de
piété, d’étude et des arts. Le père Louis Bourdaloue, Jésuite renommé,
surnommé, «le roi des prédicateurs et le prédicateur des rois!» mais aussi des
pauvres, ami de la famille, influence sa formation spirituelle. Elle lit le
latin et s’intéresse aux lectures sérieuses. Elle contemple l’image de Jésus en
croix, aime beaucoup la solitude pour prier et réfléchir.
Elle a environ 8 ans, le
13 juin 1771, elle fait sa première communion. Admirablement préparée, elle
reçoit ce jour-là de grandes grâces dont elle se souviendra toute sa vie. Elle
écrira plus tard à son directeur spirituel: «Le 13 juin, Fête-Dieu et jour de
ma première communion, je reçus, quoique bien jeune, de grandes grâces de Dieu,
je ne les oublierai jamais.»
Avec sa grand-maman, elle
visite fréquemment les paysans pauvres des alentours, leur apportant des
vêtements et faisant le don de ses jouets aux enfants. La petite fille est
heureuse d’accompagner Mme Berryer dans ses visites au monastère de la
Visitation, où pendant plus de 100 ans, des religieuses, du nom de Lamoignon
ont illustré l’Ordre de leur présence bienfaisante. Elle entrevoit déjà, dans
son esprit, la possibilité de donner une réponse d’amour « Au Dieu de bonté qui
me voulait tout entière», confie-t-elle à ses enfants. « Prévenue dès ma plus
tendre enfance des dons du Ciel, la solitude et la retraite eurent pour moi des
charmes et furent l’attrait de mon cœur. » (Testament 1810)
En elle, s’harmonisent
noblesse, élégance et richesse. Elle a 15 ans, suivant la coutume de l’époque,
M. Lamoignon, son père, la convoque à son bureau, très heureux de lui annoncer
que M. Edouard Molé de Champlâtreux, 19 ans, désire sa main et qu’il la lui a
accordée. « C’est un jeune homme vertueux, une âme charitable, il est issu
d‘une famille de grands magistrats, il fera un mari digne de vous », renchérit
le père. Elle accepte la proposition paternelle qui contrarie grandement son
plan d’intimité de vie avec Jésus. Fort heureusement, elle put écrire plus
tard: « Mes parents m’unirent à l’homme le plus vertueux et le meilleur ».
Le 9 février 1779 eut
lieu le mariage en la chapelle de l’Hôtel des Lamoignon. Leur foyer est bientôt
peuplé de cinq enfants dont trois meurent en bas âge. Seuls Mathieu et Félicité
survivront.
En 1788, Saint-Sulpice
(paroisse des Molé) a un nouveau curé. Et durant le rude hiver de 1789 des
hordes de mendiants affluent dans la capitale. La situation des pauvres est
dramatique. Le curé s’appelle M. de Pancemont. Il dit aux dames de la noblesse
dont Mme Molé fait partie: « J’ai recensé 25 000 pauvres dans cette grande
paroisse. Il faut que les familles plus favorisées se mobilisent. Nos ateliers
occupent de nombreux chômeurs, nos écoles ont recueilli des centaines
d’enfants, mais nous manquons d’argent.» Une dame se charge de trouver des
fonds, une autre apportera du linge, quant à Mme de Molé, elle visitera les
pauvres à domicile, faisant la soupe pour les familles des mamans malades et
laissant de l’argent pour l’achat des remèdes, etc… Louise-Elisabeth est si
généreuse envers les pauvres que son noble mari lui dit un jour, avec humour: «
On dit que par l’aumône on entre au Ciel dans une voiture à six chevaux, du
train où vous y allez, c’est à douze chevaux que vous y entrerez…»
Pacte avec la Croix
La voyant fréquenter
l’église régulièrement et avec tant de piété, M. le curé de Pancemont l’exhorte
à faire une retraite. Pendant cette retraite, elle reçoit un appel particulier
du Christ qui l’invite à Le suivre en portant sa croix. Or en plein bonheur conjugal
et maternel, elle répond à cet appel divin et fait une alliance avec la croix.
Elle expliquera: « C’était de faire un pacte avec la croix du Christ pour y
demeurer attachée le reste de ma vie et pour mourir consumée de toutes les
ardeurs de la charité. » Elle communique à son mari son état d’âme qu’il
partage. Il l’encourage à poursuivre son élan d’amour avec les démunis et à
demeurer l’ange des mansardes, comme on l’appelle dans les quartiers pauvres
qu’elle visite.
Tourmente révolutionnaire
1789, un climat
antireligieux envahit la France (ce qui ressemble étrangement au climat de la
province de Québec d’aujourd’hui.) Les dix années de bonheur de la famille Molé
seront suivies d’années d’angoisse et de souffrances. La révolution éclate. Les
révolutionnaires sont soulevés et aveuglés par une campagne de mensonges de
quelques chefs sans-dieu qui veulent détruire tout ce qui est beau, noble et
grand. Ils s’en prennent à l’Église et à la Royauté, et aussi à tous ceux qui
leur résistent, à tous ceux qui font le bien. Tout est mis à feu et à sang.
Madame de Molé vit dans
l’angoisse, 1789, son père meurt tragiquement. Le gouvernement révolutionnaire
contraint les prêtres à prêter serment d’obéir au nouveau régime. M. le curé de
Pancemont déclare publiquement dans la chair de son église: «Le devoir de ma
conscience m’impose de ne pas prêter serment, je ne jurerai pas». Tandis
que les «sans-culotte» criaient «Le serment ou la lanterne». (Lanterne: Sorte
de supplice que le peuple, au commencement de la révolution, fit souffrir à
quelques hommes qu’on lui désignait comme ses ennemis. Il consistait à le
suspendre à la corde qui dans les rues servait aux lanternes. Mettre à la
lanterne. On criait: A la lanterne. Qu’on le mette à la lanterne!)
Suite à ces événements,
M. de Pancemont s’exile à Bruxelles. De leur côté, les Molé quittent la France
quelque temps puis rentrent à Paris. Mme Molé souffre de voir les gens se haïr
et Dieu rejeté. Durant l’hiver 1792 elle refait son pacte avec la croix: « Seigneur
permettez-moi de faire alliance avec la croix de Jésus-Christ, par amour. Oui,
mon Dieu, c’est votre calice que je veux boire jusqu’à la dernière goutte. Que
tout le reste de ma vie et ma mort même ne soient qu’un acte de charité ».
Paris connaît une
nouvelle vague d’agitation qui abat le trône royal. « Les aristocrates à la
lanterne, criaient les révolutionnaires! » Toc, toc à la porte de la famille
Molé: Mathieu ouvre la porte il entend avec stupéfaction: « Par ordre du comité
révolutionnaire, nous venons quérir le citoyen Champlâtreux-Molé! » Ce fut le
premier emprisonnement du Comte Molé. Une journée plus tard, il est libéré.
Une année passe, toutes
les frontières françaises sont enfoncées par les troupes étrangères. La terreur
s’abat sur Paris. Les amis de M. Molé lui conseillent de se réfugier en
Angleterre. Sa réponse fut: «Je mourrai peut-être, mais je ne fuirai pas. Je ne
veux pas que mes enfants perdre leur fortune et leur patrie.» Quelques jours
plus tard, en pleine nuit, les révolutionnaires sont à la porte des Molé: «Par
ordre du Comité du Salut public, le citoyen et la citoyenne Champlâtreux-Molé
sont placés en état d’arrestation.» On amène le couple sous les yeux éplorés
des enfants.
Mathieu peut rendre
visite à sa mère à la conciergerie. Elle est alitée. « Mathieu je suis
paralysée des jambes, par pitié, prévenez votre père. » Mathieu fait les
démarches pour faire libérer ses parents. Il se fait répondre: « Vos parents
resteront en prison, leurs charités et leur paternalisme insultent le peuple. »
On finit par libérer Louise-Elisabeth étant donné son état de santé. On
autorise la présence de son mari à ses côtés, en résidence surveillée,
chez-lui. Le soir, dans le silence de la chambre, ils prient ensemble pour les
victimes de ces jours terribles. Un soir, nouvelle arrestation du Comte: « Citoyen
Molé, je t’arrête et tu vas me suivre jusqu’aux Luxembourg. »
Deux mois plus tard, le
jour de Pâques, 20 avril 1794, le Comte Champlâtreux-Molé fut guillotiné pour
avoir été un homme intègre et charitable envers les pauvres. L’œuvre des
révolutionnaires, c’est de détruire tout ce que les bons construisent par
amour. Les bons reconstruisent ce que les révolutionnaires détruisent par haine
et ignorance, se servant de calomnies et des mensonges les plus odieux et ils
massacrent le clergé et les meilleures institutions. Les révolutionnaires sont
supportés dans leur sale besogne par les media à la solde du super-pouvoir de
la haute finance et la haute Franc-maçonnerie.
Le soir, M. l’abbé de
Sambucy vient annoncer à Louise-Elisabeth la fatale nouvelle et lui communiquer
les adieux de son cher époux. Effondrée de douleur, elle prononce un oui
généreux à la dure épreuve puis dominant sa lourde peine, elle offre sa vie
dans une entière consécration à Jésus Rédempteur. Elle a 30 ans. Elle refait
son mystérieux pacte avec la croix qui la lie pour toujours avec l’amour
crucifiant du Christ, amour qui la consume et la conduira jusqu’au sommet de la
vie mystique.
On somme Mme Molé de
quitter son hôtel immédiatement sans avoir le temps d’apporter quoi que ce
soit. Son petit crucifix, sa Bible et l’Imitation de Jésus-Christ sont cachés
sur elle. On la porte sur une civière suivie de ses trois enfants de 10 ans, 7
ans et 3 ans, sans linge, sans argent, vers une mansarde de la rue du Bac, où
les souffrances morales encore plus que physiques se multiplient.
En 1795, Mme Molé obtient
qu’on lui restitue le château de Mery-sur-Oise. Elle s’occupe de l’éducation et
de la formation chrétienne de ses enfants, prépare leur avenir et met ordre
dans ses affaires. L’ancien curé se cache aux portes de Paris. Il peut envoyer
des messages à Mme Molé qui lui confirme vouloir se retirer dans la solitude profonde
dès que l’avenir de ses enfants sera assuré. M. le curé de Pancemont réfléchit:
« Solitude ? En ces temps difficiles où il faut tout restaurer, il faut plutôt
des bâtisseurs, Madame Molé est de cette trempe. Attendons l’heure de Dieu. »
Une correspondance clandestine s’établit entre Mme Molé et le prêtre.
Fin de juin 1895, une
petite armée d’émigrés royalistes débarque en Bretagne. Charles et Christian de
Lamoignon sont du groupe. Christian est blessé, Charles le transporte dans une
barque et il retourne au combat. La petite armée manquant de munitions fut
obligée de se rendre. Malgré la promesse du général Hoche de les épargner, la
Convention républicaine les fait exécuter, Charles est du nombre. Christian,
n’étant pas au combat, est sauvé et il guérit de sa blessure.
Nouvelle épreuve pour
Madame Molé. Elle se fixe un règlement de vie en vue de sa future fondation:
Messe à 7 heures du matin, oraison, travail des mains, surveillance des études
de ses enfants, etc… Elle recommence à s’occuper des pauvres du quartier de
Grenelle et des prisonniers du Châtelet. Un nouveau glaive transperce le cœur
de Madame Molé, sa dernière fille, Louise, âgée de 4 ans, est atteinte d’une
maladie grave et en meurt.
M. le curé de Pancemont
apprend par la Presse qu’il est impliqué dans un complot, il doit s’exiler. La
famille Molé est de nouveau en danger, elle quitte Paris pour Champlâtreux.
Mathieu se marie en août 1798. Et en mars 1801 Félicité se marie elle aussi.
Paris 1802 — Concordat
entre l’État et l’Église
Heureux souffle de
liberté religieuse. Finie la clandestinité pour M. le curé de Pancemont. En
avril 1803, il est nommé évêque de Vannes. Louise-Elisabeth lui demande quels
sont les plans de Dieu sur son œuvre et sur elle? « Vous me suivrez là-bas,
j’aurai besoin de vous», lui dit le prêtre.— «Adieu Paris, adieu Méry, adieu
Champlâtreux, adieu mes chers enfant! »
Louise-Elisabeth Molé
arrive à Vannes, accompagnée de quelques compagnes et de sa mère, madame de
Lamoignon. Elles habiteront désormais dans la maison du « Père Éternel »
achetée avec l’argent de Louise-Elisabeth. Le « Père Éternel » était un ancien
couvent ouvrant sur le port de Vannes. « L’œuvre de Dieu » prend forme dans ce
nouvel Institut. L’amour de Jésus-Christ porté jusqu’à l’héroïsme de la
charité. L’éducation des enfants pauvres et la conversion des pécheurs, par la
prière et l’œuvre des retraites manifesteront au monde l’amour de Dieu pour
tous.
Mgr de Pancemont confie à
Louise-Elisabeth l’éducation des fillettes qui viennent de la dernière classe
du malheur et de l’indigence. Elle répond: «Les enfants de mon âme me sont
aussi précieux que ceux de ma chair.» Quelque temps après, Louise-Elisabeth
Molé de Champlâtreux prononce ses vœux de religion et prend le nom de Mère
Saint-Louis. «Seigneur, que votre propre zèle soit en moi comme un feu
dévorant, un zèle universel, tendre, ingénieux, actif.»
Les vocations se
multiplient, Mère Saint-Louis est heureuse de voir ses filles au travail. La
communauté ouvre des écoles gratuites pour les fillettes pauvres, puis un
internat. On doit déjà agrandir les locaux pour les 500 demandes d’accueil qui
viennent de toutes parts.
Le gouvernement approuve
la fondation du « Père Éternel »
Le Pape Pie VII (venu à
Paris sacrer Napoléon) bénit la fondatrice et ses filles en disant: « Votre
maison de charité sera le berceau de beaucoup d’autres. Je souhaite que les
évêques de France et d’Italie créent dans leurs diocèses de semblables
établissements. »
En 1807, Mère Saint-Louis
se doit d’être fidèle encore à son pacte de la Croix. Une autre lourde croix
s’appesantit sur ses épaules. Monseigneur de Pancemont est foudroyé par une
crise d’apoplexie. Il meurt sans avoir repris connaissance. Il fut enseveli dans
la chapelle du « Père Éternel ». Alors que Mère Saint-Louis prie près de sa
tombe, paix et forces lui furent rendues.
En 1808, Mère Saint-Louis
fonde à Auray une seconde maison de charité dans l’ancien couvent des
cordelières. « Nous avons une centaine de filles à Vannes, nous en
accueillerons 80 ici, à la demande de M. le curé Deshayes », dit-elle.
En 1810, elle fait part
de son projet de créer un noviciat séparé de la communauté, à l’abbé Le Gal,
vicaire général et supérieur du séminaire de Vannes, qui vient d’être nommé
supérieur des maisons de charité du « Père Éternel ».
En 1816, une ordonnance
royale donne à l’œuvre de Mme Molé de Champlâtreux la dénomination de « Sœurs
de la Charité de Saint-Louis ».
Malgré les épreuves et
les difficultés de santé multiples, Mère Saint-Louis répond favorablement à
l’appel du curé de Pléchatel. Des religieuses s’installent dans l’ancien
prieuré. Les buts de la nouvelle fondation: école gratuite et œuvre de
retraites.
1818. Monsieur Deshayes
rêvait de ressusciter dans sa paroisse, l’œuvre des retraites que la révolution
avait interrompue. Son désir fut immédiatement secondé par Mère Saint-Louis.
Elle aménagea et agrandit la Maison d’Auray. « Cette année, dit-elle, nous
prévoyons 12 retraites de 8 jours. Plus de 800 retraitants sont annoncés cette
semaine… Où allons-nous les loger? »
En 1824, Mère Saint-Louis
achète l’ancien monastère en ruine de St-Gildas de Rhuys. Elle veut y faire
renaître la vie religieuse. Elle entreprend aussi l’ouverture d’une école
gratuite pour les enfants du pays.
Quelque temps après, son
état de santé se détériore rapidement. Elle connaît de grands troubles
intérieurs. Elle prie: « Mon Dieu, où êtes-vous? Que la souffrance et la peine
ne m’écartent pas de vos chemins. Que votre saint nom soit béni. »
Mère Saint-Louis meurt.
Quelques jours avant sa mort la sérénité de son visage annonce la paix de son
âme. Elle s’éteint, en serrant sur son cœur, le crucifix qui l’avait suivie
depuis ses jeunes années. C’était le 4 mars 1825. Toute la ville, notables et
pauvres lui rendent hommage. Aux funérailles, le prêtre, conscient de la valeur
de la belle âme qui vient de s’envoler dira à ses filles: «Vous savez combien
elle mérite nos regrets. Mes sœurs, soyez dignes de votre mère!» Aujourd’hui,
Mère Saint-Louis repose à Vannes, dans la chapelle de la communauté.
« Il ne suffit pas à une
âme consumée par l’amour divin d’en goûter les douceurs. Elle aime et est
aimée, mais cela ne lui suffit pas, elle voudrait faire connaître et goûter à
toutes les créatures l’objet de son amour. Elle ne trouve de véritable bonheur qu’à
voir son règne s’étendre… » — Mère Saint-Louis aux premières religieuses
Rayonnement au Canada et
dans d’autres pays
En 1902-1903 en France,
on refuse aux religieuses le droit d’enseigner. Elles doivent choisir entre la
sécularisation ou l’expatriation. Certaines continuent en France dans les
écoles libres. D’autres partent vers l’Angleterre et le Canada enrichir de leur
enseignement les enfants de nos campagnes.
Mère St-Félix avec seize
compagnes à l’âme d’apôtres optent pour le Canada. Après des adieux touchants à
leurs Mères et soeurs de France, à leurs parents bien-aimés, le 4 octobre, le
généreux contingent prenait le chemin de l’exil, s’imaginant bien aller à la
recherche du martyre. Après une mauvaise traversée de dix-neuf jours, le « Canada
» abordait à Québec. Les Religieuses françaises saluent avec fierté la ville
fondée par Samuel de Champlain aux enseignes françaises. Devant l’inscription «
Hôtel St-Louis », elles se sentent déjà chez-elles en pays français. Elles sont
accueillies bien cordialement et fraternellement par les révérendes Sœurs
Missionnaires de Marie. Dès le lendemain les sœurs étaient dirigées vers
St-Philémon de Bellechasse. Une petite maison de bois leur servait de couvent.
Mère St-Félix demanda et obtint la permission de se servir de sa dote pour la
construction d’un nouveau couvent. Le six janvier 1905, le nouveau couvent,
sous le patronage de la Sainte-Famille recevait la bénédiction de l’Église.
En 1907, Mère Saint-Félix
est nommée à Loretteville où il n’y a pas encore de couvent et où il n’y avait
que seize sous noirs dans la caisse. Douée de qualités exceptionnelles, elle
entreprend la construction du couvent de Loretteville, quêtant elle-même les
sous pour en payer les frais. Aussi son couvent terminé fait l’admiration de
tous. C’est du beau, du solide, du bien fait, construit en granit des champs.
Le 24 décembre 1911, le couvent reçoit la bénédiction de l’Église.
Les Sœurs de la Charité
de Saint-Louis sont maintenant présentes sur 3 continents: Angleterre 1898;
Canada 1903, Etats-Unis 1908; Haïti 1945; Madagascar 1956; Italie 1962; Mali
1966; Sénégal et Martinique en 1972.
Que de remerciements et
de reconnaissance nous devons au dévouement de ces saintes religieuses qui nous
ont transmis notre belle culture catholique et française, malheureusement si
chambardée de nos jours par les « fous » de la révolution tranquille. Ils ont
volé sournoisement nos écoles à ces saintes âmes qui les avaient construites. «
Pardonnez-leur Seigneur, car ils ne savent pas ce qu’ils ont fait. Nous prions
pour leur conversion en chrétiens que nous sommes. »
Nous avons pris ces
renseignements et images dans une brochure à bandes dessinées, titrée « Marie-Louise-Elisabeth
Molé » (Editions Fleurus); aussi dans l’excellent résumé fait par Soeur Jeanne
D’Arc Reimnitz, S.C.S.L., écrit à l’occasion du centième anniversaire de leur
implantation en Amérique et dans le livre « Une éducatrice émérite ».
Thérèse Tardif
Cathédrale
Saint-Pierre de Vannes (Morbihan, France) : Croix reliquaire pour la
bienheureuse mère Saint-Louis (Marie-Louise-Élisabeth de Lamoignon, ép. Molé de
Champlâtreux)
Saint Peter cathedral of Vannes (Morbihan, France) : cross-reliquary for blessed mère Saint-Louis (Marie-Louise-Élisabeth de Lamoignon, married Molé de Champlâtreux)
Blessed
Marie-Louise-Élisabeth de Lamoignon de Dolé de Champlâtreux
Also known as
Mère Saint-Louis
Mother Saint Louis
Profile
Married. Widow.
On 25
May 1803 she
founded the Sisters of Charity of Saint Louis in Vannes, France for
the education of poor and abandoned girls.
Born
3
October 1763 in Paris, France
4
March 1825 in Vannes,
Morbihan, France
16
January 1986 by Pope John
Paul II (decree of heroic
virtues)
27
November 2011 by Pope Benedict
XVI
Additional
Information
other
sites in english
images
fonti
in italiano
spletne
strani v slovenšcini
MLA
Citation
“Blessed
Marie-Louise-Élisabeth de Lamoignon de Dolé de Champlâtreux“. CatholicSaints.Info.
25 December 2019. Web. 4 March 2022.
<https://catholicsaints.info/blessed-marie-louise-elisabeth-de-lamoignon-de-dole-de-champlatreux/>
SOURCE : https://catholicsaints.info/blessed-marie-louise-elisabeth-de-lamoignon-de-dole-de-champlatreux/
Couvent
des Sœurs de la Charité de Saint-Louis à Vannes (Morbihan, France)
Convent
of the Sisters of Saint Louis Charity in Vannes (Morbihan, France)
Beata Maria Luisa
(Elisabeth de Lamoignon) Fondatrice
Parigi, Francia, 3
ottobre 1763 - Vannes, Francia, 4 marzo 1825
Nascita e infanzia
Marie Louise Élisabeth de Lamoignon nacque il 3 ottobre 1763 a Parigi. Era figlia di Christian François del Lamoignon de Basville, custode dei sigilli di Francia nel 1787, e Marie Élisabeth Berryer. La famiglia faceva parte dell'alta nobiltà francese.
Marie Louise Élisabeth fu battezzata lo stesso giorno della sua nascita nella chiesa di Saint Sulpice.
Vive la sua infanzia in maniera felice, molto spesso accanto alla nonna madame Berryer, nel suo castello di Thubeuf in Normandia.
La ragazza è influenzata dal gesuita Louis Bourdaloue, direttore spirituale della famiglia.
Riceve la sua prima comunione all’età di otto anni.
Sposa a sedici anni
A soli sedici anni, nel febbraio 1779, sposa nella cappella dell'Hotel Lamoignon, Édouard François Mathieu Molé, consigliere del Parlamento di Parigi.
Dalla loro unione nasceranno cinque figli. Solo due di essi raggiungeranno l'età adulta: Louis Mathieu futuro ministro della Restaurazione e Félicité che sposò Christian de Lamoignon.
Marie Louise Élisabeth, divenuta la contessa Molé, cresce spiritualmente grazie
al parroco di Saint Suplice, Mr. de Pancemont. Con gruppo di donne decide di
impegnarsi nell’aiuto ai poveri del quartiere e durante un ritiro spirituale
con il parroco sente la chiamata di Cristo.
Con la Rivoluzione francese viene ghigliottinato il marito
Con l’avvento delle Rivoluzione la famiglia rimane in Francia.
Dopo un breve soggiorno a Bruxelles nel 1791, il conte e la contessa Mole de Champlatreux ritornano nella capitale francese, nel gennaio 1792, per conformarsi alle nove leggi. Durante la Rivoluzione i coniugi Mole vengono arrestati e rinchiusi alla Conciergerie . Marie Louise Élisabeth fu rilasciata per la sua salute cagionevole, ma il marito, uomo integro e caritatevole, sarà ghigliottinato nel giorno di Pasqua del 1794.
Madame Molé è profondamente colpita dall'esecuzione di suo marito. Inoltre, è
scossa anche dalla morte della figlia di quattro anni.
Verso il convento
Dopo queste vicissitudini familiari, Marie Louise Élisabeth pensa di ritirarsi in un convento, ma fu dissuasa dal suo confessore.
A trent'anni e rinnova il suo patto con la “Croce di Cristo”.
Il suo direttore spirituale, M. de Pacemont, con il quale aveva una corrispondenza segreta, tornato dall’esilio, nel 1802 venne nominato vescovo di Vannes.
Sarà lui ad incoraggiarla a fondare una congregazione religiosa nel 1803, che si occupi delle ragazze perdute. Gli scrive: "Dio ti sta aspettando per iniziare il suo lavoro".
I suoi due figli sono sposati, e lei accetta la proposta.
Fondatrice delle Suore di Carità di Saint Louis
Marie Louise Élisabeth si stabilisce a Vannes con alcune compagne e con sua madre, Madame de Lamoignon, in un primo convento acquistato, vicino al porto della città. Qui, madame Molé apre una scuola per le ragazze di famiglie povere.
Il 15 maggio 1803, in questo convento fonderà la congregazione delle Suore della Carità di Saint Louis.
Alle Figlie della Carità, la fondatrice chiedeva di formarsi sul modello di Maria ai piedi della Croce.
Marie Louise Élisabeth pronuncia i suoi voti religiosi e assume il nome di Suor Saint-Louis.
In pochi giorni è nominata superiora generale e diventa Madre Saint Louis.
In Bretagna l’Istituto religioso cresce: nel 1807 viene aperta una casa a Auray, nel 1816 fu aperta una seconda casa a Pléchâtel e nel 1824 venne acquistato l'ex convento si Saint Gildas del Rhuys dove fu aperta una scuola gratuita.
L'istituto religioso è il 24 aprile 1816 riceve l’approvazione diocesana dal
nuovo vescovo di Vannes, mons. Pierre Ferdinand de Basset-Roquesfort.
Morte della fondatrice
Madre Saint-Louis morì il 4 marzo 1825, stringendo sul suo cuore il crocifisso che non l'aveva lasciata sin dai suoi primi anni. È stata sepolta a Vannes nella cappella della comunità.
Alla morte della fondatrice la congregazione contava una cinquantina di suore
che desiderano vivere secondo lo spirito di Madre Saint Louis per portare ai
diseredati l'amore di Dio, che viveva in loro. Papa Gregorio XVI concederà
l'approvazione definitiva dell'Istituto il 4 dicembre 1840.
Beatificazione di Madre Saint Louis
Nel 1959, presso la diocesi di Vannes venne aperto il processo per la beatificazione di Madre Saint Luois. Nel 1977, è stata approvata la Positio storica.
Il 16 gennaio 1986 Giovanni Paolo II dichiara venerabile Madre Saint Louis.
Il 10 febbraio 2011 la Santa Sede riconosce il miracolo per la guarigione di Marcel Lesage, un Quebecker affetto da osteomielite cronica, guarito a seguito delle preghiere a Madre Saint Louis da parte della sua famiglia.
Il 19 dicembre 2011 Benevdetto XVI promulga il decreto per la beatificazione, e Madre Saint Louis è beatificata sulla spianata del porto di Vanne il 27 maggio 2012. Questa è stata la prima beatificazione celebrata in Bretagna. La festa per Madre Saint Louis è stata fissata nel giorno 4 marzo.
Autore: Mauro Bonato
SOURCE : http://www.santiebeati.it/dettaglio/95648
Voir
aussi : https://www.youtube.com/watch?v=AWTEwdrdJv8
https://pbmsl.org/mere_saint-louis.html
http://www.soeursdelacharitestlouis.org/sites/default/files/livret_beatification_inter-english.pdf
https://forumcatholique.forum-canada.com/t5948-4-mars-bienheureuse-louise-elisabeth-de-lamoignon
https://svetniki.org/blazena-marija-luiza-elizabeta-de-lamoignon-redovna-ustanoviteljica/